KIBLIND Magazine NumĂŠro Extraterrestre
Justine Ravinet pour KIBLIND et Adobe
Qu’il s’agisse de réaliser des logos, affiches, brochures, publicités, vidéos etc, Creative Cloud est l’instrument indispensable pour donner vie à votre univers créatif. Utilisez les templates Adobe Stock pour démarrer votre projet. Combinez des images pour créer d'incroyables illustrations. Ajoutez du caractère à votre projet avec les polices TypeKit. Utilisez les applications mobiles pour esquisser, dessiner et créer des mises en page au gré de votre inspiration… Tout ce dont vous avez besoin pour créer, collaborer et trouver l'inspiration.
Photoshop
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Retouche et composition d’images
Dessin vectoriel et illustration
InDesign
Adobe Stock
Création de mises en page pour l’impression et la publication numérique
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Adobe Dimension CC
Animation de personnages 2D en temps réel
Production et montage vidéo
KIBLIND
Nouvelle version de Lightroom CC Le service photo avec 1 To d’espace de stockage en mode cloud
Des milliers de polices issues des plus grandes fonderies au monde
Création d’images 3D photoréalistes
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Photo : Florent Tanet
Édito Puisque nous n’avons aucune preuve formelle de son existence, mais que, quand même, hein, il doit bien y en avoir quelque part, l’extraterrestre sert de réceptacle géant à tous nos fantasmes. La concordance des temps faisant son job, couplant une exploration galopante de l’univers avec l’invasion de la culture pop, l’attention portée à cet inconnu ultime est exponentielle. La palette d’individus, de planètes, de civilisations qu’on a créés sous ce prétexte est gigantesque. Mais sous cette montagne de possibles se cache un seul terme : l’autre. Et donc, forcément, un peu beaucoup nous. L’imagination humaine est franchement égocentrée – comment pourrait-il en être autrement – et l’extraterrestre, sous ses airs d’hyper-étranger, nous est quand même bien familier. Comme nous ne pouvons lui conférer que des qualités bien trop terriennes, l’extraterrestre se meut en miroir déformant, dont le résultat est à chaque fois admirable. En attendant que le paradoxe de Fermi soit résolu et qu’un de ces gars se ramène pour clore toutes sortes de discussions affligeantes, les extraterrestres sont aujourd’hui un pur fruit de l’esprit humain. Mais n’est-ce pas là le plus intéressant ?
Kiblind magazine n°65 Extraterrestre ÉTÉ 2018 SÉLECTION 1/2 10 INTRO PICTOS
Extraterrestre
DISCUSSION
Extraterrestres : de quel côté des manettes? 50
20
INTERLUDE
INTERVIEW
On les appelle extraterrestres
Floor van het Nederhend 22
CARNET DE VOYAGE
Rencontres du 3e type 28
INTERLUDE
Contact 33
CRÉATIONS ORIGINALES
Extraterrestres dessinés 34
DISCUSSION
Lumière d'E.T. 46
53
REPORTAGE GRAPHIQUE
Résurrection 54
RÉTROGRAPHIE
Dans la peau d'un alien 62
INTERLUDE
Le mouvement Raélien 67
OUTRO
Playlist extraterrestre 68
DISCUSSION
Les saturnales de Sun Ra 48
SÉLECTION 2/2 70
Contributeurs
Groduk & Boucar – Passionnées par les meilleures choses de la vie comme les épées et les piscines, Margaux Hauduc et Océane Carbou, diplômées d’Estienne, n’ont pas fini de nous faire rêver. En tatouage, en sérigraphie ou en habits, la fausse naïveté du duo parisien marche à tous les coups.
Matthieu Chiara – Parisien grand, ancien de la HEAR bourré de talent, Matthieu Chiara monopolise notre attention depuis plus de 2 ans grâce à son excellent Hors-Jeu (éd. L’Agrume) et son Dessins variés, effets divers à l’origine de sa présence ici.
Malina Cimino – Passionnée de longue date par l’illustration et les jolies choses, Malina Cimino œuvre ça (Beware) et là (nous) pour partager tout son amour. Elle fait bien.
Floor van het Nederend – Pour cette couverture extraterrestre, nous avons dû fouiller des heures le pays amstellodamois, et arracher ce monolithe noir : Floor van het Nederend. Élevé à l’ennui en classe, la tête remplie de vieux Spirou et la main guidée par les grands Américains Crumb et Pettibon, Floor est un autodidacte. Eh oui. Dans sa mythologie règne autant la culture pop que la conscience environnementale. Le rendu vit beaucoup et fort, il séduit par sa fausse nonchalance et frappe par son efficacité. Et surtout, il laisse notre imagination créer la suite.
Patrick Hellio – Chroniqueur pour le podcast « Silence On Joue » de Libération et par ailleurs journaliste volant de-ci de-là pour apporter la bonne parole, Patrick Hellio a fait de sa vie un chef-d’œuvre : son métier est de jouer aux jeux vidéo.
Michel Lagarde – Michel Lagarde a su associer le statut de mémoire vivante de l’illustration française à celui de connaisseur patenté des évolutions actuelles. Un savoir qu’il distille via ses éditions Michel Lagarde, son agence Illustrissimo et la Galerie Treize-Dix.
Contributeurs
Nicolas Pellion – Quand on dit rap, il y a Nicolas Pellion qui va avec. Certainement l’un des meilleurs connaisseurs en France, il participe à l’émission « La Sauce » sur OKLM, a écrit pour l’Abcdr du Son, Libération et Yard et a surtout créé son propre site Purebakingsoda.
Manon Raupp – Férue de musique indépendante jouissive, Manon Raupp, depuis Toulouse, fabrique tout aussi indépendamment son fanzine Ductus Pop.
Nathan Reneaud – Le programmateur du festival international du film indépendant de Bordeaux est du genre hyperactif puisqu’il est également le cofondateur de Accreds.fr, et livre régulièrement son point de vue pour Carbone, Rockyrama, Études ou Slate.fr.
Basil Sedbuk – Basil Sedbuk est un passionné d’illustration, au regard juste et bienveillant, et qui a la bonne idée d’abreuver son monde grâce à son excellent blog, LaBelleIllustration.blogspot.com.
Florent Servia – Pour s’attaquer à la musique par le versant le plus accidenté – le jazz – il nous fallait un alpiniste hors pair. On l’a trouvé en la personne de Florent, cofondateur de la radio Le GriGri, directeur de Djam, et programmateur de La Petite Halle.
Martin Sztajman –
Le cofondateur de Fidèle éditions et ancien étudiant à Angoulême n’a pas oublié d’ajouter l’humour à l’élégance de son allure. Une drôlerie qu’il diffuse via sa propre maison, mais aussi chez Cambourakis, son blog libredroits.tumblr.com ou la revue libanaise Samandal dont est issu le « prefect_moments.jpg » de ce numéro.
Florent Tanet – Ce directeur artistique parisien est ce genre de photographe qui mêle goulument son art aux autres champs qui le passionnent : le graphisme et la sculpture au premier chef.
Delphine Zehnder –
Ancienne du Petit Bain parisien, Delphine est également amoureuse de la bande dessinée dont elle colporte les ébats autant qu’elle peut.
STAFF Directeur de la publication : Jérémie Martinez Direction Kiblind : Jérémie Martinez Jean Tourette Gabriel Viry Team Kiblind Magazine : Maxime Gueugneau & Agathe Bruguière - Alix Hassler - Jérémie Martinez - Elora Quittet Justine Ravinet - Jean Tourette - Olivier Trias - Gabriel Viry Réviseur : Raphaël Lagier Merci à : Matthieu Sandjivy, Alexandra Beaume, Angèle Giraudo, Louise Grillot Direction artistique : KIBLIND Agence (www.kiblind.com)
INFOS Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fedrigoni Couverture : Arcoprint Milk 300g - Papier intérieur : Arcoprint Milk 100g Typographies : Kiblind Magazine (Benoît Bodhuin) et Orphéon (Marine Stephan) Imprimeur : DEUX-PONTS Manufacture d'histoires www.deux-ponts.fr Édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon . 27 rue Bouteille - 69001 Lyon 69 rue Armand Carrel - 75019 Paris 04 78 27 69 82 - www.kiblind.com Le magazine est diffusé en France. www.kiblind.com. www.kiblind-store.com Ce numéro comprend un cahier supplémentaire de 24 pages pour la région Rhône-Alpes. ISSN : 1628-4146 Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Contact : redaction@kiblind.com
Identité visuelle 18e Biennale de la danse Conception graphique ©(LA)HORDE, avec la complicité de Marie Gatti / Design logos ©groupe CCC / Photos ©Tom de Peyret Réalisation graphique Agence Long Island
SĂŠlection 1/2
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INSTANT INSTA
joefivethree
lisa_zordan
martinsztajman
r_kikuo_johnson
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lasserusse
typeclass_lobe
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LE BULLETIN DU PRINTEMPS
SCREEN SHOT Ce qu'il se passe sur internet, reste sur internet
Souffrant de légers soucis de mégalomanie, nous avons pris la liberté de juger la saison passée via six de ses moments forts. Parce que si on ne la note pas, comment voulez-vous que la vie s'améliore ?
Apollo Bretzel
La tête dans le cosmos, des apprentis ingénieurs strasbourgeois ont lancé une page Facebook dédiée aux aventures de « Bretz’il » et « Bretz’elle », deux bretzels propulsés dans la stratosphère. La finalité ? Le genre de celui qui montera le plus haut sera attribué au mot bretzel et viendra ainsi clore un débat haletant. → L'apocalypse : 9/10
Il faut savoir aimer les chaînes d'informations. Apprécions leur souci du show et leur haine totale de la retenue. Les 183 000 impacts de foudre que la France a subie au mois de mai furent traités comme autant de messages mystiques annonciateurs de fin du monde. Ça nous a donné le sentiment de vivre quelque chose d'important.
→ Poser des questions à un objet : 4/10
Peut-être sommes-nous encore dans une zone test, une sorte de version bêta de la vie d'après. Et sans doute sommes-nous des vieux cons. Mais il faut avouer que poser des questions sur la météo à une enceinte, ça paraît encore un peu flou comme principe. → Les triple albums : 10/10
→ L'étouffement : 2/10
Du benchmarking des migrants selon Collomb à l'affaire de l'Aquarius, du triomphe d'Orban en Hongrie à la victoire du combo Ligue du Nord/5 étoiles en Italie, ça va, la honte n'a pas eu l'air d'étouffer les Européens ce printemps. → Les publicités avec Antoine Griezmann : 3/10
À l'heure où nous bouclons, nous ne savons pas si il sera le héros que la France attendait ou bien un simple joueur de foot. Tout ce que nous savons, c'est qu'il s'agit d'un garçon très enthousiaste quant aux produits qu'il achète puisqu'il nous les conseille fort un peu partout. Et il en aime beaucoup.
On ne saurait dire si ce sont les meilleurs, les plus grands, les plus beaux. Mais les Rae Sremmurd (« No Type », « Black Beatles »), deux jeunes frères d'Atlanta, protégés du producteur Mike Will Made It, mais les bougres ont réussi l'impossible : un triple album ni lourd, ni superficiellement rempli, qui dit quelque chose de la qualité du rap aujourd'hui. → The Carters : 6/10
Dans l'idée, tout est super. Un retour de Beyoncé, avec son mari, dans le Louvre, pour un clip puissant aux tenants et aboutissants bien mystérieux. Mais soudain, un doute nous prend : et si tout ça commençait un peu à sonner creux ?
World Wide Web patriote
Le bienheureux Jean-Noël fait l’acquisition en 1994 du nom de domaine france.com et y développe son site de tourisme. En 2015, l’État veut récupérer le bébé portant son nom. Le tribunal lui donne raison. Ni une ni deux, Jean-Noël porte plainte au tribunal américain à l’encontre de la République française. Fallait pas le chercher. God Save the Bills
Ce 19 mai s’est ajouté au bonheur d’Harry et de Meghan celui de Claire Olivier, Anglaise de 31 ans qui a eu la bonne idée de vendre sur eBay le sac de goodies qu’elle venait de se faire offrir. Résultat : un modeste pactole de 25 000 euros pour un sac en toile, un magnet, une médaille en chocolat et une bouteille d’eau.
Sélection 1/2
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ARCHIVE DE SAISON Michel Lagarde fouille dans ses précieuses archives pour raviver un souvenir d'antan qui nous fascine toujours autant. Cette fois-ci, c’est Jean-Michel Folon. Jean-Michel Folon est né à Bruxelles en 1934 et s’est éteint en 2005 à Monaco. On le sait peu, mais ses dessins n’ont pas toujours été en couleurs. Au départ étaient le trait, la découverte fondamentale de Steinberg et le désir de parler du monde. « L’humour, dit Folon, c’est le refus de parler tragiquement des choses tragiques », comme en témoigne la parution récente d’Humour blanc où ressurgissent ses premiers dessins oubliés dans un superbe ouvrage des Cahiers dessinés. C’est au contact de sa première épouse, Colette Portal, qu’il découvrira l’aquarelle et connaîtra un succès fulgurant à la fin des années 1960, après quelques années de vaches maigres. Ses dessins envahissent la planète et les couvertures de presse, du New Yorker à Graphis, en passant par le Nouvel Observateur et la plupart des journaux français. Sa première exposition parisienne a lieu en 1968, une date clé dans son parcours. Il s’installe cette année-là en famille dans le petit village de Burcy en Seine-et-Marne, attiré par une petite annonce de France Soir qui promet une « vue imprenable ». Dans cet univers idyllique, il va créer pendant deux décennies des images dont la beauté intacte restera gravée dans la mémoire collective. Tous les Français nés avant les années 1970 se souviennent de ses petits hommes bleus des génériques de fin d’Antenne 2, d’une multitude d’affiches célèbres pour le festival de Cannes ou des films de Woody Allen. L’éclipse aura lieu après les célébrations du bicentenaire de la Révolution en 1989, et son art passera désormais par des sculptures monumentales. La fondation qui porte son nom est installée à La Hulpe, à quelques kilomètres de Bruxelles. Elle présente actuellement ses « photos graphiques », qui donnent vie à un deuxième ouvrage aux Cahiers dessinés. — Michel Lagarde > Photos graphiques de Folon, disponible chez Les Cahiers dessinés. Exposition « Photos graphiques » à la fondation Folon, à La Hulpe, en Belgique.
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PERFECT_ MOMENTS.JPG Martin Sztajman nous fait partager ces délicieux instants où le temps semble s'arrêter. Ce visuel est tiré d’une série à retrouver dans la revue Samandal (@samandalcomics). Vous pouvez retrouver Martin chez Fidèle Éditions, sur lemonde.fr tous les dimanches pour sa série Rhétoriques et sur son tumblr : martinsztajman.tumblr.com.
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VINYLS & PENCILS
Pochettes illustrées, la bande son de l'été Afin d’arpenter les sentiers sauvages d’un été chaleureux dans les meilleures conditions, vous trouverez, à la suite de ces quelques lignes, une sélection de jolis albums ou d'EP sortis récemment et illustrés avec brio par la fine fleur de l’illustration qu’on aime fort (et une petite autopromo aussi).
Jeremy Perrodeau pour Triptides (Visitors)
Studio Jimbo pour Basile di Manski (Chosing you)
Cyril Pedrosa et Voyou pour Voyou (Seul sur ton tandem)
Floor Vanhetnederend pour Altin Gün (On)
Aline Zalko pour Génération(s) éperdue(s) hommage à Yves Simon
Antoine Duruflé pour Lucien & The Kimono Orchestra (Horizon)
Elzo Durt pour Pierre Sandwidi (Le troubadour de la savane)
Ugobienvenu pour Antoine de Barge (Dolly-Zéro)
Kiblind pour Aventure (Bonnie Banane & Chassol, feu au lac)
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CLIP Black & proud Quel est le point commun entre Kery James, Beyoncé et Childish Gambino ? Tous ont parfaitement compris l’importance de ce petit morceau de vidéo qu’on appelle clip pour faire passer de vrais messages. À coups de références à des fusillades, à Jim Crow et au phénomène des “blackfaces”, le récent clip de Childish Gambino, “This Is America”, dénonce de façon délicate et brutale et est vu plus de 266 millions de fois. Il y a deux ans, Queen B balançait “Formation”, ode à la cause afro-américaine où ses poses lascives sur une voiture de police déchaînaient les passions. Avant ça, les Black Panthers, Malcolm X, Fela Kuti ou Huey P. Newton étaient évoqués dans la vidéo de “Musique Nègre” de Kery James. Tant de références à l’histoire mondiale, qui, un jour, on l’espère n’auront plus à être évoquées pour demander le droit à l’égalité.
FAITS DIVERS
— Dessins variés, effets divers, Matthieu Chiara
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JEU DES 7 ERREURS Groduk & Boucar
JEU DES 7 ERREURS Groduk & Boucar COUPE DU MONDE DE LA MASCOTTE «J'ai trouvé l'idée devant un feu de circulation», explique Boscardin, le designer de Ciao la mascotte de la Coupe du Monde de 1990 en Italie. « Cela m'a fait comprendre que le drapeau italien était un élément à prendre en compte. J'ai fait quelques croquis simples dans ma voiture et, dans ma recherche, j'ai cassé le mot «ITALIA» en dix bâtons tricolores de sorte qu'ils deviennent un athlète». Ces quelques mots pour lui rendre un immense hommage. Surtout quand on voit ce qui se passe depuis avec l'éternel animal sympa (2002 mis à part...). La petite dernière : Ettie, mascotte de la Coupe du Monde de football féminin qui aura lieu en France l'année prochaine. Elle n'est autre que la fille de Footix... Pas mal pour montrer à quel point le football féminin est un sport à part entière, absolument libéré de l'autorité paternelle.
ETTIE, FRANCE 2019
FOOTIX, FRANCE 1998
CIAO, ITALIE 1990
NIK, ATO, KAZ CORÉE-JAPON 2002
ZABIVAKA, RUSSIE 2018
New-York ?
© Michel Denancé /Lugdunum
Non, Lugdunum !
UNE SPIRALE POUR REMONTER LE TEMPS
lugdunum.grandlyon.com
UN ÉQUIPEMENT CULTUREL DE LA MÉTROPOLE DE LYON
Photo : Florent Tanet
extraterrestre extraterrestre extraterrestre extraterrestre extraterrestre extraterrestre extraterrestre extraterrestre
intro pictos
À l'heure où les
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trouvent vachement
marrant de creuser leur propre dans le sol désormais mortifère de la
,
il est grand temps de se tourner vers le ciel et, derrière lui, des
et, à côté d'elles,
des planètes. Sur celles-ci, espérons tous ensemble trouver des peuples un peu moins oin-oin que le nôtre. Des
, exactement,
qui dans un retournement spectaculaire, ne représenteraient plus une menace pour nous mais serait nos meilleurs copains. À ce moment là, de deux choses l'une : soit on a de la
et on tombe sur
Extraterrestre
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des types sympas genre
ou Widget
ou Alf. Soit tout devient pénible pour tout le monde et s'engage alors une guerre où aucune
ne nous sauvera d'une mort
spectaculaire en forme de
.
Au moins, on partira avec panache. Pour trancher entre ces deux potentiels avenirs radieux, on a demandé à des illustrateurs, des ufologues, du
,
Steven Spielberg, des pixels, Sun Ra, l'Histoire et Floor van het Nederend de nous donner leur point de vue sur cette vérité lointaine.
Interview
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Floor est né il y a 30 ans à Haarlem et a grandi avec des albums déchirés de Spirou et Fantasio. Il vit à Amsterdam où il dessine et peint essentiellement des chats et des déserts, et ça lui va bien. Il en profite pour croiser la bande dessinée, le monde de l’art et l’univers de la commande pour ses copains
Floor van het Nederend, l’autre Hollandais volant de Patta ou d’autres. Il sort un deuxième roman graphique, avec son pote Pepijn Lanen, rappeur et chroniqueur, pour parler d’un garçon nommé « I », qui après s’être regardé dans son miroir de salle de bain va parcourir plusieurs dimensions. Planant.
Interview
De quelle planète viens-tu ? J’ai voyagé sur différentes planètes avant d’atterrir sur celle-ci. Mon parcours en tant qu’illustrateur a commencé quand j’étais à l’école primaire. Je dessinais principalement des dinosaures. Au lycée, j’ai commencé à dessiner des choses plus inspirées par les graffitis et j’ai perdu un peu d’intérêt pour la bande dessinée. En raison de cette perte de motivation pour le dessin, j’ai fait un baccalauréat en sciences de la communication. Cela n’avait plus rien à voir avec l’illustration. Vers l’âge de 25 ans je pense, j’ai dessiné un Tshirt pour le groupe dans lequel je jouais à l’époque, qui s’appelait Bat
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Country. Les gens l’ont beaucoup aimé et ont commencé à me demander de dessiner leurs flyers et leurs chemises. J’ai donc pris mes crayons et à partir de là, tout s’est enchaîné. Quels artistes tu considères comme des extraterrestres ? Il y a beaucoup d’artistes qui ont une grande influence sur moi. Mais si je devais n’en citer que quelques-uns qui viennent vraiment d’une autre planète, je dirais Robert Crumb et Raymond Pettibon. Leur travail est super fort, et j’aime aussi leur capacité à être reconnus à la fois dans la culture underground et dans la culture populaire..
Comment gères-tu le fait d’être à la fois dans l’illustration et dans l’art, dans la pratique artistique et dans le commercial ? Est-ce en lien avec le fait d’être autodidacte ? Ha ha… J’aime essayer différents styles et différentes façons de m’exprimer. J’apprends beaucoup en faisant des choses commerciales, de même qu’en m’exprimant dans un travail non commercial. Pour moi, il est important de rester en contact avec les deux mondes, d’être à la fois un étranger et un citoyen dans les deux mondes. Pas de haute culture sans culture pop et vice versa.
Plants Plants Plants, 2016
" J’ai créé Malvin the Cat pour une bande dessinée appelée Art Loot, qui était un projet artistique sur la culture pop. Malvin est un anti-héros, il est maladroit, il fume, il n’est pas courageux du tout. Le tabagisme symbolise une forme d’anarchie ou de contre-culture."
Hokusai, 2018
Waterfall, 2017
Waterfalls, 2016
Schokkend Nieuws JP, 2018
Floor van het Nederend 25
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Landscape I, 2017
Landscape 0, 2017
Landscape VI, 2018
DeLorean Cowboy, 2018
" Les montagnes symbolisent quelque chose de puissant, de gigantesque, elles renvoient à l’idée d’invincibilité. C’est évidemment très iconique. J’aime les dessiner d’une façon comique, mais en préservant toujours les dangers et les mystères qui les entourent."
On, 2018
Hot Lava Sex Machine, 2018
Interview
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Qui est ce Malvin le chat, est-ce aussi un alien, un représentant de la pop culture ? Oui, c’est un clin d’œil, un hommage à tous les chats qui nous ont marqués (Itchy & Scratchy, Snow Ball dans les Simpsons, Fritz le chat, l’horloge KitCat, Félix le chat…). J’ai créé Malvin the Cat pour une bande dessinée appelée Art Loot, qui était un projet artistique sur la culture pop. Malvin est un anti-héros, il est maladroit, il fume, il n’est pas courageux du tout. Le tabagisme symbolise une forme d’anarchie ou de contre-culture. Il ne se soucie pas d’être un héros et il incarne une forme d’abandon. Mais d’un autre côté, il conserve malgré tout une espèce de boussole morale.
pour le nouveau livre Hotel Dorado, j’étais heureux de pouvoir faire équipe avec un écrivain expérimenté, Pepijn Lanen, qui est à la fois rappeur et chroniqueur dans pas mal de magazines. Art Loot faisait partie d’un projet plus vaste, alors qu’Hotel Dorado, c’est vraiment de la bande dessinée. Ça a été une belle expérience, très instructive, de travailler avec un écrivain. La collaboration a vraiment apporté quelque chose au projet initial. Et chacun a beaucoup appris de l’expertise de l’autre.
Comment s’est passée la réalisation de ton premier projet de bande dessinée, Art loot ? Et pour ton nouveau projet Hotel Dorado, réalisé en binôme ? Art Loot était plus un mélange entre bande dessinée et exposition, entre « low culture » et « high culture » justement. La bande dessinée a été faite à partir de tous les dessins que j’ai réalisés au cours des années précédentes, le tout combiné en une histoire. Mais à vrai dire, mes compétences en écriture de scénario ne sont pas si bonnes que ça… Alors
Interview : Jérémie Martinez Portrait : Floor
Hotel Dorado, 2018
www.floorvanhetnederend.com
Floor Worplace , Amsterdam, 2018.
Pourquoi dessiner ces nombreux paysages désertiques ? Je suis très préoccupé par tout ce qui est en en lien avec la nature. Et j’aime créer des endroits pour moi où on peut facilement imaginer que des aventures pourraient avoir lieu. Les montagnes symbolisent quelque chose de puissant, de gigantesque, elles renvoient à l’idée d’invincibilité. C’est évidemment très iconique. J’aime les dessiner d’une façon comique, mais en préservant toujours les dangers et les mystères qui les entourent.
Ton futur proche ? Après avoir travaillé assez longtemps sur Hotel Dorado, je voudrais me concentrer sur mon propre travail. Juste faire quelques peintures et des travaux plus personnels. Hotel Dorado m’a donné beaucoup d’idées pour de nouveaux boulots, et là je vais prendre un moment pour travailler tranquillement dessus.
Art Loot, 2017
Floor van het Nederend
Carnet de voyage
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Rencontres e du 3 type 194 2 ouv : « B re rép le f ataille ons eu e a pen de Lo ur s d epé ant p Ang rag lus eles ed i e p eurs », la heu DC lus ieu A rs O res en VN I
L’étude des OVNI n’est pas tout à fait une science dure, mais elle a engendré une nébuleuse mondiale et des repas extraterrestres, chaque mois, dans les grandes villes françaises. Tour de table de l’ufologie parisienne entre une pizzeria de La Chapelle et un nouveau média qui fait, lui aussi, le pari du crédit...
Rencontres du 3 e type
29 1947 :L Kenn 'entrepren eth A eur et rno a chose s étra ld aurait c viateur nges d roisé les mé de a dias a méric ns le ciel q s a u i e n des « s appe souco upes » lleront
t
en barqu IS dé ole N V s O : Les Valen 1965 France, à n e
1947
: Affa
« Chez Cyrille », quelque part dans l’univers, ou plus précisément au nord de Paris : comme chaque troisième samedi du mois, cette petite pizzeria populaire accueille un repas ufologique, regroupant une trentaine de convives, pour parler OVNI, pluie, beau temps et quatre saisons. Ils avaient auparavant leurs petites habitudes à la cafétéria Casino de La Défense, mais les repas locaux ont connu une scission entre l’organisateur du soir et OVNI Paris. L’ufologie? C’est la discipline d’observation, de recherche et d’enquête sur les phénomènes volants non identifiés (UFO en anglais), qui trouve ses racines dans quelques cas passionnels de l’aprèsguerre : l’affaire Roswell et les premières « soucoupes » volantes, toujours en 1947, décrites par l’aviateur américain Kenneth Arnold. Depuis plus de 70 ans, l’ufologie forme une véritable constellation mondiale, qui scintille en permanence et a trouvé une nouvelle dimension, encore plus prolifique, avec Internet. En France, les premiers repas ufologiques ont été lancés dans les années quatre-vingt et ont essaimé,
ire Ro
swell
depuis, sur l’ensemble du territoire, comme l’explique Chantal X, à la tête du réseau associatif éponyme : « Ce sont des moments de rencontre et de partage, organisés à intervalles réguliers, pour permettre à des anonymes de se réunir librement et de partager leurs expériences. Le sujet est un peu controversé et sensible, il fallait donc trouver un moyen de se
Aux États-Unis, la liberté d’expression est l’article premier de la Constitution : on peut tout dire et tout relayer, notamment que des extraterrestres ont infiltré le service d’ordre du Président Obama. rassembler pour parler. » Des repas similaires sont désormais organisés partout en France, généralement articulés autour d’une conférence, d’un débat voire d’une sortie collective. À Annecy, par exemple, quatre
jours plus tôt, le rendez-vous à l’American Diner, dédié aux objets aquatiques N.I., se prolongeait le lendemain par une veillée-surveillance du ciel, en compagnie de chercheurs ufologues. « Nous réunissons des personnes de tous milieux et de tous horizons, qui sont passionnées du sujet ou qui ont vécu une expérience d’OVNI. » Aux plus « allumés » (il y en a), pas plus qu’à la glace mystère, nous n’aurons le loisir de goûter, mais l’un de nos guides, Stéphane, nous met l’eau à la bouche dans l’arrière-café : « Nous proposons une visioconférence d’un célèbre ufologue canadien, David Jacobs, autour de son dernier livre, Secret Life ». Le sous-titre français est un peu appétissant : « Le plan extraterrestre pour contrôler l’humanité ». « Lui va assez loin, car il explique que nous allons nous faire supplanter par des hybrides, mais c’est une position, parmi d’innombrables ressources, sachant que l’ufologie est devenue un immense magma alimenté par de nombreux scientifiques de haut vol, venus de disciplines allant de l’astrophysique à la médecine. »
Carnet de voyage
30 1981 :
Les O V toujou NIS sont d e reto rs en ur, Prove nce
des mps X e t e :L s 1979 gosse
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es arr 9 z i b 198 ts bje ntre o ' d ee g ue ag l bel 91 V : e i c et 19 89 19 ns le da
Contrairement à d’autres, Stéphane ne revendique pas d’expérience extraterrestre, mais il est passionné du sujet depuis l’enfance, portant aussi bien sa stature d’encyclopédiste que la chemisette couleur ciel : « C’est un dossier complexe, sérieux, pléthorique. Nous avons aujourd’hui des preuves, des études et des milliers de témoignages qui rendent incompréhensible le fait d’être encore ignoré ou raillé des médias ». Avant cet apéritif explicatif, sans verre ni cacahuète, Chantal avait d’ailleurs posé ses conditions, nous condamnant en quelque sorte à rester à jeun et à ne pas créer de contact avec les autres humains. « Vous savez, on a eu tellement de problèmes... »
Kidnapping « En France, le phénomène OVNI reste tabou, alors qu’il fait le 20 heures dans d’autres pays et des cartons d’audience aux États-Unis ». Bob Bellanca a créé BTLV pour y remédier, un portail médiatique, par-
tenaire des repas. « En même temps, ce n’est pas comparable, car on n’a pas la même culture du spectacle sur un sujet qui peut facilement engendrer des méprises. Et puis, aux États-Unis, la liberté d’expression est l’article premier de la Constitution : on peut tout dire et tout relayer, notamment que des extraterrestres ont infiltré le service d’ordre du Président Obama. » Cela dit, au-delà de la portée médiatique, la France est l’un des premiers pays à avoir établi une autorité officielle, dédiée aux phénomènes aérospatiaux non identifiés. Depuis 1977, le Geipan est une mission rattachée à l’agence spatiale nationale (CNES), chargée de recevoir les signalements, d’enquêter et d’expliquer les phénomènes, en collaboration avec les instances militaires et d’autres ressources de surveillance, comme Météo France. Près de 3 000 cas ont été traités depuis sa création et environ 7 % restent sans explication, ce qui ne signifie pas qu’il s’agisse de soucoupes remplies de petits hommes bizarres, pas plus que le Geipan ne rejette d’emblée
toute hypothèse extraterrestre, comme le résume l’un de ses postulats : « Nous n’avons trouvé aucune preuve ; une absence de preuve ne peut être une preuve d’absence. » Les relations du Geipan avec les fans d’OVNI sont complexes : si l’organisme a déjà reçu son rond de serviette, au repas toulousain, les théories du complot sont tenaces sur le sujet, en France comme à l’étranger. Dès l’affaire Roswell, les autorités militaires américaines ont été accusées d’évoquer puis de démentir, à quelques heures d’intervalle, l’hypothèse d’une soucoupe, finalement expliquée par le crash d’un ballon météo top secret. Il en est de même concernant le Geipan que d’aucuns considèrent comme un outil des pouvoirs publics pour étouffer la vérité. « Cela recouvre surtout une opposition de fond, résume Chantal, entre un courant sceptique et une communauté de croyants. C’est une vraie guerre de tranchées, un peu insoluble, qui explique la difficulté de collaborer alors que nous nous intéressons à la même chose. » « De toute façon, ajoute Stéphane, les moyens du Geipan sont très limités – quelques agents pour des milliers de cas – et il ne s’intéresse qu’aux phénomènes spatiaux, alors que nous regardons beaucoup plus loin » Au-delà des OVNI, en effet, l’ufologie actuelle intervient sur de nombreux périmètres, de l’archéologie aux rencontres extraterrestres. Comment
Rencontres du 3 e type
ces foutus Égyptiens ont-ils fait pour construire aussi rapidement les Pyramides, en plein cagnard? Quant à la découverte d’objets ou d’espèces d’un autre monde, elle est également protéiforme : les ufologues les classent généralement sur une échelle de 0 à 5, de la simple observation d’un phénomène physique aux expériences d’abduction (enlèvement ou kidnapping). « Certaines personnes ici déclarent en avoir vécu. Plus largement, depuis plus de cinquante ans, de nombreux scientifiques s’intéressent à la question, en mobilisant leur discipline respective. Grâce à l’hypnose, par exemple, des psychiatres ont pu identifier des phénomènes d’abduction. Et en médecine, des praticiens américains ont retrouvé des implants inconnus dans le corps de patients, ce qui soulève deux questions fondamentales : comment sont-ils arrivés là ? Et à quoi servent-ils ? ». À cet instant même, nous réalisons que nous sommes définitivement beaucoup trop terre-à-terre....
seurs non 1998 : 5 chas OVNI entifient un alcoolisées id in. ex s, dans le V à Haravillier . es ag oign Croquis-tém
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Toute la vérité « Il y a YouTube et YouPorn : j’aimerais être le YouStrange, dont nous avons d’ailleurs déposé le domaine. » À l’autre extrémité de Paris, côté Boulogne, Bob Bellanca affiche ses ambitions, une chemise immaculée et un peu de sa réussite, entre une photo à côté de Cameron Diaz (époque Fun Radio) et un étage entier consacré à ses nouvelles activités numériques. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Bellanca est une sorte d’extraterrestre des médias ou une chronique, en accéléré, de mille et une vies : apprenti footballeur, animateur radio (Skyrock, matinale de Fun, Europe 1 Sport, Ouï FM), chroniqueur TV (Ciel mon mardi, Ardimat, Combien ça coûte ?), humoriste, chanteur (Viens Chercher, La Tourista...), comédien pour Julie Lescaut, etc. En 2012, il lance Bob dit Toute la Vérité (BTLV) sur Ado FM, une émission quotidienne sur le paranormal inspiré des formats américains à succès, dont le célèbre Coast to Coast
de George Noory. « Le programme fonctionnait bien mais, en juillet 2013, la radio décide soudainement de l’arrêter. Sur les conseils de mes proches, dont Pierre Bellanger (fondateur de Skyrock), j’ai décidé de la poursuivre sur le web avant de le décliner en image ». BTLV se définit, depuis sa création, comme un « média complémentaire » avec une prédilection certaine pour l’ésotérisme, la spiritualité et l’ufologie. « On a pour ambition de répondre à trois questions fondamentales : d’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Et là où les autres médias s’arrêtent, nous on commence, sur un terrain encore assez vierge malgré l’intérêt du public », à l’instar des 15 000 abonnés payants que Bellanca additionne depuis cinq ans. Pour ce faire, BTLV dispose d’une petite équipe de rédaction et de 2 studios d’enregistrement, capable de générer un flux d’information et d’enchaîner les émissions sur le bien-être, les avancées scientifiques ou les grandes énigmes de l’humanité. « Nous avons déjà plus de 3 000 heures de programmes, accessibles en podcasts ou en replay. » À la une, par exemple, cette semaine : la commande vocale, les Vikings (pas si méchants que cela !), l’exorcisme (« Il ramène un fantôme chez lui, sa copine le largue... »), Stephen Hawking, la fonte des glaces dans l’Antarctique, la Nuit du Paranormal, l’initiation aux pratiques zen, l’armement russe, la coursepoursuite dans le ciel italien entre deux avions militaires et un OVNI,
2009 : Savez-vous qu e le garde du corps d'Oba ma est un extraterrestre ? 1995 : l'extra Jacques Pr terr ade quelq estre de Ro l exhume ues m illions swell devan t de Fra médu nçais sés...
Carnet de voyage
etc. « Les thèmes ufologiques font partie des sujets les plus demandés, ce qui est logique car ils parlent de nous et nous sommes tous des mômes par rapport aux mystères de l’univers. Le souci, c’est que nous sommes dans une société du spectacle qui veut voir ; or, on n’a souvent rien à montrer car ce qui s’est passé est passé et repose, le plus souvent, sur du témoignage. Aux États-Unis, la mise en scène spectaculaire est complètement assumée. Mais en France, le sujet reste largement occulté. Et quand on y fait du spectacle, ça peut vite tourner au fiasco ! » En 1995, par exemple, TF1 propose une édition exceptionnelle de L’Odyssée de l’étrange, animée par Jacques Pradel, pour diffuser l’autopsie d’un corps ressemblant à une créature extraterrestre, en lien supposé avec l’affaire Roswell. La chaîne française a acquis les droits du film, qu’elle a commercialisé en VHS et revendus très cher dans une trentaine de pays. Sur le plateau, Pradel reçoit la crème de l’astronomie, de la chirurgie faciale et même du cinéma pour débattre de l’authenticité des images. Le doute est largement permis, mais il faudra attendre 2005 pour que la source du film avoue finalement l’escroquerie... Bob Bellanca n’est pas ufologue mais « en questionnement permanent », à l’image de sa ligne éditoriale dont il revendique le ressort journalistique, la rigueur et l’accessibilité scientifique dans la tradition de Temps X des frères Bogdanoff. « BTLV est reconnu comme un site d’information. Et nous nous appuyons systématiquement sur des scientifiques établis, comme les paléontologues du Musée de l’Homme au sujet
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Rencontres du 3 e type
Au-delà de la portée médiatique, la France est l’un des premiers pays à avoir établi une autorité officielle dédiée aux phénomènes aérospatiaux non identifiés.
V BTL lance eron a c n m a lla tre C b Be : Bo ra peut ê tre vie 3 1 0 u 2 a ve une trou et re iaz dans D
des momies alien découvertes, en 2016, au Pérou. » Le média se lance également dans la production et la réalisation de documentaires sur les grandes affaires ufologiques françaises, de Valensole (1965) à Haravilliers : en 1998, dans un hameau du Vexin, un OVNI en forme de soucoupe est identifié par 5 témoins et l’un d’entre eux, aujourd’hui décédé, aurait même été kidnappé momentanément par une créature de type robotique. « Nous avons retrouvé de nouveaux éléments, c’est pourquoi nous avons décidé d’en faire un documentaire. » Entretemps, toutes les grandes figures de l’ufologie française ont enquêté sur ce mystère. C’est notamment le cas de Jacques Vallée, astronome, informaticien et auteur de SF, établi en Californie, dont le pedigree n’a rien de bien terrestre : en plus de ses missions auprès de l’Observatoire de Paris, la NASA, le programme Arpanet (ancêtre d’Internet) ou le
Génopole d’Évry, il a également servi de modèle à Spielberg (Rencontres du 3e type) et participe au CUFOS, un groupe international d’experts qui s’intéresse aux OVNI sans avoir forcément de parti pris. De BTLV au repas ufologique, ce type de références reste en tous les cas du pain béni pour nous donner à manger sans avoir l’air de nous tendre une hostie. « Bob, ce qu’il fait, c’est du sérieux, commente-ton ici, avant de passer à table. Et il a su faire le ménage... » « Nous avons tous une grande responsabilité, complète Stéphane, pour accompagner et protéger les témoins, rectifier les informations quand elles évoluent, et surtout éviter les fake news. » Cela pourrait s’appeler un comble dans un autre monde, mais pas dans celui qui comble ses invités à coup de crudités plutôt qu’à la soupe aux choux. Texte : Gabriel Viry
Interlude : contact avec les extraterrestres
MÉTHODE 1 : LE RADIOTÉLÉSCOPE GÉANT Détrônant la station d’écoute Arecibo (Porto Rico) et ses 305 mètres de diamètre, le radiotéléscope FAST couvre une surface de 30 terrains de football. Pour le construire, la Chine a déplacé 10 000 personnes et dépensé 1,2 milliard de yuans, soit 165 millions d’€. Chers aliens, soyez sympas, faites coucou.
MÉTHODE 3 : FAIRE DANSER LES EXTRATERRESTRES C’est ce qu’a tenté de faire Curiosity, le robot astromobile de la NASA, en diffusant sur Mars une chanson de Will.i.am, des Black Eyes Peas. Le titre « Reach for the stars » est ainsi la première chanson diffusée sur une autre planète que la Terre.
MÉTHODE 5 : RECYCLER SA PARABOLE TÉLÉ Plus DIY que les radiotéléscopes mais nettement plus abordable, une bonne solution pour les paraboles des années 2000 ! Un Russe s’est déjà lancé dans l’aventure en émettant des messages de salutations dans le cosmos. Namaste.
Illustration et pictos : Agathe Bruguière Texte : Alix Hassler
MÉTHODE 2 : ENVOYER DES BOUTEILLES À LA MER INTERSTELLAIRES - Lancées en 1972 et 1973, les sondes Pioneer ont propulsé dans l’espace une plaque métallique, gravée d’une représentation de l’humanité : un homme et une femme nus, ainsi que plusieurs symboles pour informer de l’origine de l’objet. - En 1977, un message plus détaillé, le Voyager Golden Record, a été envoyé sous la forme d’un disque vidéonumérique. Son contenu est fait d’images et de sons : photos de la terre, d’humains, de nature, enregistrements sonores ainsi qu’un échantillon de musique, allant de Mozart à Chuck Berry. La NASA estime que ce disque survivra plus longtemps que la Terre et le Soleil.
MÉTHODE 4 : LA RADIO PIRATE Depuis les années 70, la radio UVB76 ou « Buzzer » émet en continu un bourdonnement entrecoupé de bips, dont personne n’a jamais trouvé la source. Et si Bill, l’extraterrestre du Bigdil, tentait de communiquer avec nous ?
MÉTHODE 6 : FABRIQUER SON VAISSEAU SPATIAL Tel Jean-Claude, le célèbre protagoniste d’un épisode de Strip-Tease diffusé en 1993. Il a construit une soucoupe volante au fonctionnement « paranormal », afin de se rendre dans la 4ème dimension et percer le secret du triangle des bermudes <3
COMMENT ENTRER EN CONTACT AVEC LES EXTRATERRESTRES ? — Différentes méthodes scientifiques et amateurs sont utilisées pour entrer en contact avec une autre civilisation intelligente dans l'Univers. Il s’agit de capter des signaux provenant d’autres planètes ou alors d’envoyer des messages, en espérant tomber sur un copain dans l’immensité du cosmos.
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Gabri Molist | DĂŠtour gabri-molist.tumblr.com
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Julie Guillem | Lost In Space julieguillem.com
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Haam Ju-hae | Extraterrestrial instagram.com/haamjuhae
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Raphaelle Macaron | Ziegfeld raphaellemacaron.com
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Yann Le Bec | Lumière yannlebec.tumblr.com
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Mona Leu-leu | New World monaleuleu.com
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Noémie Chust | Infiltrée noemiechust.tumblr.com
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Manon Debaye | L'Attaque des RĂŠptiliens manondebaye.com/illustration
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Sarah Mazzetti | Extra sarahmazzetti.com
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Evan Renaudie | La fin evanrenaudie.tumblr.com
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GABRI MOLIST
YANN LE BEC
Parce que le Barcelonais, qui vit aujourd’hui à Bruxelles, doctorant à la LUCA School of Arts, mêle admirablement rigueur graphique et vivacité du trait, c’est deux bons jabs qu’on se prend à chacune de ses œuvres et qui nous laissent K.-O. instagram.com/gabrimolist
Quand on dit Yann Le Bec, il y a élégance qui va avec. L’illustrateur parisien, passé par le Royal College of Arts, construit, dans ses travaux en noir et blanc, une harmonie peu commune, un silence délicat qui enfonce peu à peu le spectateur dans chacune de ses images. yannlebec.tumblr.com
JULIE GUILLEM
NOÉMIE CHUST
Sortie tout droit de l’ENSAD parisienne, Julie Guillem n’a pas tardé à mettre ses illustrations classieuses au service de la littérature jeunesse, dont le récent Cerf-Volant aux éditions de La Martinière qui caresse nos yeux tous les jours. Elle œuvre aussi pour la presse, Le Monde et Le 1 par exemple. julieguillem.com
À tout juste 20 ans, Noémie Chust n’a aucun problème avec le fait d’incarner la punchline de Corneille : « La valeur n’attend point le nombre des années. » Elle n’est même pas encore dans la section Illustration de la HEAR (qu’elle intègre l’année prochaine) qu’elle s’acoquine déjà avec 476.fr et Michel Lagarde. La ptiote. instagram.com/noemiechust
HAAM JU-HAE
MANON DEBAYE
Il faut savoir dire les vérités qui fâchent : Internet c’est formidable. Grâce à lui, nous avons pu faire la connaissance de Haam ju-hae, Coréen de Séoul, et de son travail ouaté et gracieux, même quand il fait une bonne blague. Il a sorti un livre, si vous le trouvez, on est preneurs. instagram.com/haamjuhae
Cofondatrice du collectif Mökki et des excellentes revues qui en résultent, la vitriote Manon Debaye, diplômée de la HEAR, se sert de ce formidable terrain de jeu pour aller plus haut comme Tina Arena. Ses deux bandes dessinées éditées par Mökki et sa collaboration régulière avec le New York Times valident largement cette façon de faire. manondebaye.com
RAPHAËLLE MACARON La rédactrice en chef de la revue Samandal a fait ses études à la ALBA de Beyrouth où elle est née et a vécu jusqu’en 2012 avant de se décider à aller partout (Florence, Montréal, Paris où elle vit...). Tout ceci n’explique en rien pourquoi son style, à mi-chemin du comics et de la BD franco-belge, nous séduit autant. aphaellemacaron.com
MONA LEU-LEU Après un master à la HEAR, Mona Leu-Leu a décidé qu’il fallait améliorer le monde. Ce qu’elle fait, depuis Strasbourg, où son dessin narratif se nourrit de sa connaissance du papier, le matériau faisant partie intégrante de son travail. monaleuleu.tumblr.com
SARAH MAZZETTI Les galons de la Milanaise Sarah Mazzetti ne font pas rigoler. Des awards jusqu’au menton (Society of Illustrators, YCN Awards, etc.), des reconnaissances glorieuses (It’s Nice That Annual, 3x3 Magazine) et des apparitions chic (Il Sole 24 Ore, Saveur Magazine, New York Times) font d’elle notre Madonna à nous. sarahmazzetti.com
EVAN RENAUDIE Il y a 25 ans, à l’heure de la distribution des talents, Evan Renaudie a répondu présent. Deux fois même. L’étudiant en 4e année à la HEAR est en effet le cofondateur de Passport Éditions et de 100 % éditions, et ne rechigne pas à mettre sa belle main à la pâte pour créer des choses superbes. instagram.com/evan.renaudie
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Lumière d'E.T.
Fin 1980 : à la demande de Steven Spielberg, la scénariste Melissa Mathison écrit un film de science-fiction qui s'adresse en priorité aux enfants. Eté 1982 : l'Amérique entière pleure, E.T. devient le plus gros succès commercial de son réalisateur. Retour sur cette œuvre iconique, ce rêve disneyen où la lumière est reine.
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“ Je pense que l'animation est un parent par adoption du cinéma."
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Six mois séparent la sortie américaine de E.T. de sa sortie française. Six mois qui laissent le temps à aux Cahiers du Cinéma de prendre la mesure du phénomène. Ecrit par la regrettée Melissa Mathison, qui s'était fait une spécialité d'écrire des films pour les enfants, E.T. fait la couverture du numéro de décembre 1982. Pour la première fois, la revue spécialisée consacre un dossier à Spielberg. Bill Krohn, le correspondant américain des Cahiers, a vu les choses de près. Il rendra compte de « L'été de E.T. » dans un texte indispensable : « Les dix premières séances de E.T. avaient affiché complet et les gens arrivaient le samedi à quatre heures du matin afin d'être sûrs d'avoir des places pour la première séance. Parmi les gens qui faisaient la queue, beaucoup étaient des habitués des files d'attente ; ils passaient le temps en lisant, en jouant à des jeux électroniques de poche, en évoquant le temps qu'ils avaient passé sous la pluie pour voir Star Wars, et le nombre de fois qu'ils avaient vu Close Encounters of the Third Kind (Rencontres du troisième type, ndlr). »
Sous l'égide de la Lune Ces fans avaient donc assisté à plusieurs reprises à la rencontre pacifique entre humains et extraterrestres. La première chez Spielberg avant E.T. Peut-être avaient-ils été particulièrement sensibles à la référence à Pinocchio, ils avaient vu comment le héros Roy Neary (Richard Dreyfuss) se raccroche à ce souvenir d'enfance, au point de tout lui sacrifier : son couple, sa paternité, sa vie terrestre. Dans ce petit ovni qui se résume à une lumière rouge et qui suit les plus grands dans leur sillage, ils avaient aussi sûrement vu une réminiscence des fées disneyennes. La Fée bleue ou encore Clochette. Avec E.T., Spielberg ira justement voir du côté de Peter Pan. Le soir, pour s'endormir, le petite Gertie (Drew Barrymore), se fait lire l'histoire de « l'enfant qui ne voulait pas grandir ». On sait le rôle qu'a joué l'envol du BMX d'Elliot dans l'identité visuelle d'Amblin Entertainement. Le nom de la société co-créée par Spielberg vient
Nathan Reneaud
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d'Amblin', une œuvre de jeunesse qu'il réalise avec la contribution du chef opérateur Allan Daviau. C'est ce dernier qui fera de E.T. un grand film de lumières, placé sous l'égide de la Lune. On ne compte plus les sources qui reproduisent la forme lunaire, l'intérieur du vaisseau de E.T., les phares des voitures, les ampoules électriques surtout. Comme s'il s'agissait de rendre hommage à la Mère de la Nuit : à ses débuts, raconte l'astrophysicien Trin Xuan Than « l'éclairage était une pâle imitation de celui dispensé par la Lune » – il faut lire ses Voies de la lumière. Hors de l'influence lunaire, il y a les fameux contre-jours de la chambre d'Elliot, il y a ces plans nocturnes irisés et bleutés si caractéristiques du cinéma de Spielberg, sans oublier le fantastique halo qui éclaire la cabane où se réfugie E.T., avant de s'exposer au regard de son frère humain.
Des orphelins et des adoptés « D'où vient Spielberg ? » se demandera Bill Krohn, comme s'il parlait d'un alien : « Du dessin animé, il ne l'a jamais caché dans ses interviews. » A ce propos, Spielberg a eu une phrase féconde. Elle en dit long sur un tas de choses, sur son histoire personnelle, sur son travail, sur E.T. et sur le cinéma américain des années 80 en général : « Je pense que l'animation est un parent par adoption du cinéma. ». Il y a des orphelins, il y a des enfants abandonnés et des parents de substitutions. E.T. est les deux fois, un substitut du père absent, un frère adoptif pour Elliot (son nom d'adoption est comme la contraction de celui du garçon et leurs corps réagissent en miroir). Au cours de la décennie, Spielberg trouvera en George Lucas un frère
spirituel qui est, comme lui, un amoureux du dessin animé. Avec Star Wars, Lucas réalise le rêve disneyen de briser les frontières entre film d'animation et film en prises de vue réelle. Grâce au numérique et pour faire plaisir à son fils, il donne vie à Jar Jar Binks, une créature mal-aimée inspirée de Dingo. « Je suis ton père » de Star Wars est la réplique qui résume peut-être le mieux l'esprit du temps : l'obsession de la filiation, surtout la dyade père-fils, la surprésence des démiurges, le conflit entre le naturel et le synthétique, entre l'humain et le non-humain.
D'où vient E.T. ? demande-t-on à Elliot. Un grand se moque de lui en faisant un jeu de mots : « From your-anus ? ». L'orifice qui se trouve au centre de ce que l'on appelle parfois « la Lune » se confond avec une planète, comme l'infiniment petit d'un fœtus se confondait avec l'infiniment grand du cosmos dans 2001. Avec E.T., le cinéma américain des années 80 se questionnait sur la nature de ses images et poursuivait sa fantastique « odyssée de l'espèce ». Texte : Nathan Reneaud Images : Kiblind
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Les saturnales de Sun Ra « Que pensez-vous des gens de la Terre ? Pourquoi ont-ils l’air triste ? » À cette question, Sun Ra répond, dans le documentaire A Joyful Noise : « Ils sont tristes parce qu’ils n’ont pas de musique. » A-t-on déjà autant admiré un homme inlassablement vêtu de costumes de carnaval à trois francs six sous ? Depuis des décennies, Sun Ra fait l’objet d’un engouement croissant ; son interminable discographie – plus d’une centaine d’enregistrements –, rééditée autant que faire se peut, intrigue ceux que l’originalité attire. Longtemps introuvables, ses disques se trouvent chez tous les disquaires aujourd’hui. Tout en couleurs et en illustrations hallucinées, les pochettes témoignent
d’un univers pour le moins mystérieux. Qui ne connaît pas Sun Ra ni la mythologie du free jazz et de ses expansions rhizomatiques ne sait pas où il fourre ses oreilles. Sun Ra, de surnom, aurait été sommé par des extraterrestres, l’ayant emmené sur Saturne en soucoupe volante, de sauver le monde par sa musique. Mieux, il viendrait tout simplement de Saturne, débarqué à la naissance. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ses fantaisies n’étaient pas gratuites. Elles furent la réponse
d’un musicien pas comme les autres à ce qui clochait en ce bas monde. De quoi parlait Sun Ra dans ses chansons bancales et irrésistibles ? D’amour. D’ailleurs. Dans « Prelude to a Kiss » : « Oh how my love song so gently cries / For the tenderness within your eyes / My love is a prelude that never dies / A prelude to a kiss », ou dans « Door of the cosmos » : « Love and life / Interested me so / That I dared to knock / At the door of the cosmos. ».
Florent Servia
Comme souvent lorsqu’il s’agit de l’histoire afro-américaine, l’esclavage marque le point de départ de la réflexion. Fervent lecteur quand il ne triture pas harmonies et instruments, Sun Ra contourne les affres de la ségrégation en cherchant les origines de son peuple dans l’Égypte ancestrale. Dès la fin des années 1950, il élabore une narration complète aux allures de solution pour la population afro-américaine opprimée. Entre les civilisations égyptiennes passées et un devenir extraterrestre, il leur concocte la possibilité d’un ailleurs plus heureux, où les Afro-Américains seraient entre eux. Dans Space is the place et A Joyful Noise, les deux films classiques qui mirent en image ses délires mystiques, Sun Ra débite les aphorismes à la manière d’un prêcheur zélé. En Égypte, dans A Joyful Noise, le gourou commence fort : « La planète Terre ne produit que les corps morts de l’humanité, tout le reste vient du cosmos », avant de définir la musique comme un « langage spirituel » ou de s’épancher sur l’équilibre de l’univers : « Je suis assis devant la Maison blanche, regardant de l’autre côté de la rue sans voir la Maison noire. Il ne peut pas y avoir une chose sans son opposé. » Il est difficile de saisir rationnellement tout ce que Sun Ra avançait. Mais sous l’apparence foutraque des fioritures de son discours – les cartésiens s’y perdraient –, des tenues vestimentaires de son Arkestra et des sorties d’album pêle-mêle, Sun Ra avait mis la discipline au service de l’avant-gardisme. La scénographie de danses et de processions avait fait de ses concerts avec l’Arkestra un spectacle rare et demandé que ses musiciens, sous la houlette du saxophoniste Marshall Allen, poursuivent avec succès depuis sa disparition en 1993. Jusquelà, Sun Ra avait enchaîné les concerts avec son dévoué Arkestra. Fidèles, ils l’avaient accompagné dans toute son
aventure discographique, témoignage précieux de la profonde quête musicale et spirituelle de Sun Ra. Habité d’une vision, le pianiste usa de menus moyens déployés quotidiennement durant toute sa vie. En publiant par exemple fréquemment mais à faibles tirages avec son label El Saturn. Précurseur dans ce domaine, Sun Ra tenta ainsi d’allier dès les années 1950 l’indépendance des idées à celle du business. Depuis un ancrage terrestre, sa fiction cosmique tendait vers une autre réalité, comme pour inciter ses auditeurs à penser différemment. Elle se matérialisait dans une musique préfiguratrice du free jazz, où le champ des dissonances bigarrées et les polyrythmies omniprésentes – il disait de ses musiciens qu’ils étaient tous percussionnistes – délaissaient rarement le groove ou les harmoniques aussi chantantes et hypnotiques que dissonantes ! Là fut la force d’un Sun Ra attentif au déploiement de son œuvre. Expérimentateur, il s’essaya au Rhodes comme au Wurlitzer, à l’o rgue ou même aux boîtes à rythmes, incitant également son orchestre à découvrir des instruments exotiques. Ces essais deviendront de véritables aventures soniques, des terrae incognitae pour ses auditeurs. Ses joyeuses cacophonies n’ont pas fini d’inspirer des générations de mélomanes et musiciens.
À écouter « India », in Supersonic Sounds, 1956 « Enlightenment », in Jazz in Silhouette, 1959 « Love in Outer Space – vocal », in The Night of the Purple Moon, 1970 « Tenderness », in God is More than Love Can Ever Be, 1979 « Door of the Cosmos », in Sleeping Beauty, 1979 « Reflections in Blue », in Reflections in Blue, 1987
Texte : Florent Servia Images : Kiblind
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Extraterrestre : de quel côté des manettes ?
Patrick Hellio
Dès ses débuts en labo avec Spacewar puis en arcade avec Space Invaders et bien d’autres, le jeu vidéo a eu le regard rivé vers les étoiles. En ces temps de conquête spatiale, l’absolue noirceur de l’espace suscite les rêves les plus fous autant qu’elle ménage les capacités d’affichage encore bien chiches des machines. Toile de fond, l’espace apporte sa cohorte de menaces extraterrestres souvent empreintes de décennies d’imagerie kitsch alimentée par les studios hollywoodiens ou la littérature. Autre absolu teinté de mystère, inconnu à tendance envahissante quand il n’affiche pas clairement des velléités de génocide, l’extraterrestre est souvent le candidat idéal pour jouer la chair à canon dans un jeu vidéo cathartique. Masse plurielle informe et anonyme, silhouette xénomorphe aussi inquiétante que déterminée, l’extraterrestre compte parmi ces représentants d’un mal absolu que l’on peut dégommer d’un clic de manette sans le moindre questionnement éthique. C’est lui ou nous après tout. Space Invaders de Taito est l’une des premières et encore aujourd’hui l’une des plus emblématiques mises en scène d’une invasion alien massive. Coude à coude, en rangs serrés, les créatures du jeu d’arcade créé par Tomohiro Nishikado sont l’incarnation même de la menace extraterrestre s’abattant inéluctablement sur un joueur qui doit jongler avec un canon mobile pour sauver sa peau. Et accessoirement, sans pression, celle de l’humanité. Refroidi par les critiques sur ses précédents jeux invitant à dégainer contre des humains ou des animaux et conscient du phénomène pop grandissant autour de Star Wars, Taito et Nishikado privilégient la piste spatiale pour le fameux jeu de 1978. « Quand je pensais au mot
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espace, la première référence qui me venait à l’esprit était le film La Guerre des mondes que j’avais vu lorsque j’étais plus jeune », explique le game designer japonais qui y puise l’apparence des créatures de son Space Invaders, aujourd’hui devenues d’authentiques icônes du jeu vidéo. À une époque où même James Bond se paye un voyage spatial dans Moonraker, l’extraterrestre décroche un contrat CDI d’antagoniste de référence pour le jeu vidéo. Du shoot ’em up à la R-Type au jeu de stratégie type X-COM en passant par le jeu d’action en vue subjective à la Alien Trilogy, qui puise dans l’imagerie angoissante de la créature imaginée par H.R. Giger, l’extraterrestre est un antagoniste de choix dans le jeu vidéo. Dans un contexte de Guerre froide bien réelle qui terrifie, l’extraterrestre fait presque office de défouloir exotique. Le jeu d’arcade Missile Command demandait ainsi initialement au joueur de protéger ses villes d’une offensive nucléaire ennemie qui deviendra finalement une « confrontation interplanétaire ». Presque rassurant l’alien, en fait. Comme un fil rouge reliant un jeu vidéo pourtant toujours plus protéiforme, réunissant dans une même thématique autant les parties foutraques et décomplexées de la série Earth Defense Force que les sueurs froides inoubliables du Dead Space original, l’extraterrestre fait peur.
« Amis terriens, amies terriennes, han han » Indéboulonnable épouvantail du jeu vidéo, l’extraterrestre ? Heureusement quelques productions ont adopté le point de vue de ces visiteurs venus d’ailleurs aux projets pas toujours si
“ Dans un contexte de Guerre froide bien réelle qui terrifie, l’extraterrestre fait presque office de défouloir exotique."
Patrick Hellio
funestes. Le film ET l’Extraterrestre de Spielberg (1982) contribuera à en redéfinir une image positive et le jeu adapté d’Atari suivra la même ligne mais son caractère de nanar vidéoludique peinera à en faire un étendard de la cause alien. Le malheureux Alf aura droit au même traitement. S’il n’a pas son équivalent d’une Soupe aux choux, le média arbore quelques perles comme le très nineties ToeJam and Earl de Sega qui invite à suivre un duo d’aliens de la planète Funkotron accidentés sur Terre. Une perle funky de la Megadrive. Le thème de l’alien perdu sur Terre en détresse est en fait un classique, que l’on retrouve dans des titres comme l’ovni Under the Skin de Cap-
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com (2004) et autres Alien Hominid. Dédramatiser la présence alien et la rendre sympathique, un point ’n click comme Stupid Invaders (2001), inspiré d’une série, s’y emploie pareillement. Mais attention, diriger un Petit-Gris n’est pas forcément rallier une cause pacifique comme l’a brillamment rappelé la série Destroy All Humans dont le principal protagoniste est Crypto, un rescapé de Roswell que l’on doit aider à envahir la Terre. Et puis le grand frisson, on l’a incontestablement quand le jeu vidéo permet de se mettre dans la peau d’icônes comme l’Alien de Giger ou le Predator que certains jeux s’amusent à opposer par vue subjective interposée. Paradoxalement, l’extra-
terrestre plus autre que jamais prend une dimension étrangement familière via cette vue immersive. Alors que l’extraterrestre a cédé sa place d’ennemi standard du jeu vidéo au profit de la figure ressassée du zombie, c’est par la capacité de certains titres à imaginer des univers étendus et métissés que le jeu vidéo se distingue. De L’Arche du Captain Blood hier à Mass Effect aujourd’hui, c’est une certaine vision d’unité intersidérale qui peut être promue à coup de souris et de manettes. Comme une interactive rencontre du troisième type. Texte : Patrick Hellio Images : Kiblind
Sources : Space Invaders, comment Tomohiro Nishikado a donné naissance au jeu vidéo japonais, Florent Gorges, éditions Omaké Books, 2017 Atari, L’Histoire et l’art d’une marque culte, Tim Lapetino, éditions Huginn & Muninn, 2016
3 jeux contre des aliens ennemis, 3 jeux qui nous mettent du côté des aliens. Space Invaders (arcade, 1978)
ToeJam and Earl (Megadrive, 1991)
La confrontation séminale contre l’envahisseur extraterrestre vient du Japon et devient l’un des piliers de l’histoire du jeu vidéo. Des rangs d’aliens descendent l’écran vers le joueur qui doit les aligner avec un canon. Simple, efficace et terriblement addictif, le titre crée un genre à lui seul et embarque le monde entier.
Deux aliens funky se retrouvent par accident sur Terre et doivent traverser une vingtaine de niveaux pour récupérer les dix composants essentiels à la réparation de leur vaisseau spatial. Jouable seul ou à deux, comprenant une composante aléatoire optionnelle, le titre aux héros attachants n’a rien perdu de son fun.
X-COM : Enemy Unknown (PC, Amiga, 1994)
Alien vs. Predator (Jaguar, 1994)
Une organisation spéciale est sur le pont pour protéger la planète d’une invasion extraterrestre foudroyante. Jeu de stratégie en tour par tour, X-COM est toujours aussi stupéfiant par sa capacité à créer une authentique tension lors des escarmouches. Bon nombre de suites et de spin-offs ont poursuivi la saga.
Bijou de la console maudite d’Atari, Alien vs. Predator permet d’adopter le point de vue de deux des extraterrestres les plus emblématiques du cinéma s’affrontant dans des niveaux labyrinthiques où les soldats humains en prennent pour leur grade. Le principe sera repris dans une saga à succès sur PC dans les années 2000.
Halo, Combat Evolved (Xbox, 2001)
Destroy All Humans! (PlayStation 2, Xbox, 2005)
Master Chief livre une lutte à mort contre les envahisseurs Covenant qui mettent l’humanité en péril. Jeu emblématique de la Xbox, Halo a donné ses lettres de noblesse au FPS sur consoles et ouvre une longue série développant une solide mythologie.
Un extraterrestre de mauvais poil débarque sur la planète avec la ferme intention d’« aliener » ses habitants. Dans une ambiance sci-fi typique des fifties, ce titre en monde ouvert plein d’humour et assez original propose de vivre l’invasion alien du côté extraterrestre.
Interlude : On les appelle extraterrestres
Illustration et pictos : Agathe Bruguière Texte : Alix Hassler
LES CHANTEURS Caractéristiques : succès commercial, coiffures de l’espace, tendance à disparaître Mylène Farmer Elle détient le record du nombre de titres à la 1re place du Top 50, soit 17 chansons. Malgré sa discrétion, son public lui voue un culte. En 1991, un fan a même tué d’une balle le réceptionniste de sa maison de disque car il refusait de lui donner l’adresse de son domicile. David Bowie Yeux vairons, joue le rôle d’un extraterrestre dans “The man who fell to earth”, chante “Life on mars”, quelle preuve faut-il de plus ? Jul « On m’appelle l’Ovni ». Et d’ajouter « Je suis dans l’insomnie », révélant enfin au monde que les extraterrestres souffrent eux aussi de troubles du sommeil.
LES EXTRATERRESTRES INFILTRÉS Caractéristiques : physique atypique, discours étrange, prénoms anciens
LES SPORTIFS Caractéristiques : Grands, anormalement titrés, à la retraite à moins de 50 ans Michaël Jordan 1,98 m de ressort, meilleur joueur des meilleures équipes de l'histoire, la Dream Team de 92 et les Chicago Bulls de 96. Preuve que le mec est au-dessus, il possède une paire de chaussures à son nom, dont le principe même est d’atteindre le ciel (ou à défaut le panier). Usain Bolt Surnommé l’éclair, le plus grand sprinter de tous les temps, le plus titré aux JO et aux championnats du monde. Vous court un 100m en 9s 69. Pas humain. Serena Williams La tenniswoman a remporté 39 titres du grand Chelem et tourné dans un clip de Beyoncé.
Jean-Claude Van Damme Derrière des kilos de muscles, une pensée venue d’un autre monde : « Nous les humains, on a inventé le temps. Mais le temps n'existe pas, car il y a une matter, une puissance de compression, qui n'est pas la même pour chaque species on earth." Igor et Grichka Bogdanov Deux doctorants auto-revendiqués « gueules d'extraterrestre ». A 3 ans, ils parlaient 4 langues, à 16, ils pilotaient des hélicoptères et aujourd’hui infiltrés, on les retrouve à Fort Boyard. Yvette Horner 2 000 concerts d’accordéon et 150 albums vendus à 30 millions d’exemplaires, le tout avec un brushing flamboyant toujours impeccable. Bon voyage vers les étoiles Yvette.
ON LES APPELLE EXTRATERRESTRES — L’humain s’évertue à tourner sa tête vers les étoiles, en quête de petits hommes verts. Mais s’ils étaient déjà parmi nous ? Ces êtres extraordinaires qui transcendent la condition terrestre, si uniques qu’ils semblent débarquer tout droit d’une autre planète. Petite typologie des extraterrestres planqués dans des corps d’Hommes (ou de femmes).
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Illustration : Simon Bournel-Bosson Texte : Maxime Gueugneau
Résurrection « Voilà, vous traversez Bulle et après le Migros, vous tournez sur la droite et vous y serez. Vous verrez, il y a un grand château sur une colline tout mignonne. Pour les clopes et le club sandwich, ça fera quatorze francs nonante». Le pompiste de l'Agip a su très exactement décrire l'endroit dans lequel nous avions décider de passer le week-end. La mignonnerie. C'est effectivement ce que le monde vient chercher en Suisse et surtout dans le Pays de Gruyère. Bien plus, évidemment, que des clopes et des sandwichs triangle qui restent d'un intérêt très relatif. De toute façon, nous n'étions pas venus pour fumer – pas que – et manger du pain de mie : nous sommes là pour l'enquête. Gruyères, symbole de la radicalité bucolique suisse, du champêtre extrême et des pots de fleurs aux balcons n'est pas si immaculée qu'on le prétend. Le plus beau village romand 2015 n'est pas ce diamant d'innocence que l'office du tourisme nous vend – plutôt bien d'ailleurs, les fascicules sont nombreux et très aguicheurs. Comme toute beauté elle possède son grain. En son sein est renfermée la noirceur la plus pure.
En trompe l'œil Vu depuis l'unique rue de Gruyères, on ne peut pas dire que ça file froid dans le dos. Tout cela ressemble franchement à ce qu'on peut attendre d'un beau village labellisé par l'appellation éponyme. On flaire
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57 un peu l'attrape-touriste, oui, mais pas de quoi s'offusquer : après tout, nous sommes dans les Alpes suisses et qui vient ici, à part les touristes ? « Non, effectivement, il y a très peu d'habitants à Gruyères. Ils viennent du coin, mais sur place, il n'y a pas grand monde. » C'est ce que nous confirme la première autochtone à qui l'on demande de nous confier les us et coutumes de la ville. Où, d'ailleurs, pourraient-ils se cacher ceux-là, le village étant tellement empêtré dans son besoin d'être charmant qu'il en oublie de convier la vie, la vraie, à son festin. Parmi les hôtels, les restaurants de fondue et les magasins de souvenirs, les logements n'ont guère de place où se mettre. Et on imagine mal l'avenir plus populaire : une barre se fonderait avec difficulté dans ce paysage enchanteur mêlant verte campagne, pâturages caprins et château multi-séculaire. Donc nous sommes là, casquette au vent, sac à dos dans le dos, au milieu de l'unique artère face au magasin de souvenirs, face à si ces si belles visières-fromage. Les groupes de touristes se font de plus en plus nombreux mais nous n'y prenons pas garde, on continue d'être insouciant, admirant les gentilles petites chèvres et humant l'air pur qui nous vient du parking gratuit. Ces gens ont l'air d'aimables retraités qui passent là un séjour bien mérité. C'est vrai qu'ils sont nombreux, mais rien d'affolant. Ils nous frôlent, nous bousculent en s'excusant, nous leur répondons avec politesse. Partout où on regarde, ils sont là, apparemment ravis de l'escapade gruéroise, photographiant les paysages et les petites maisons sur la colline. Et aussi, ils aiment bien nous regarder. Longtemps. Tous. Ils cherchent à nous parler. Ils sont vieux et suisses
allemands pour la plupart. On ne comprend pas ce qu'ils disent. On ne comprend pas ce qu'ils nous veulent. Le malaise nous prend à la gorge jusqu'à ce que même une certaine panique s'installe. Ces gars nous encerclent. Notre position est délicate, on décide dans le calme de se mettre à l'abri sans montrer à l'agresseur que notre réserve de sang-froid est aux abois. On s'engouffre dans le premier bâtiment qui vient : une église, merde, plus précisément, un calvaire, putain.
À l'intérieur, un détachement de personnes âgées nous attend, évidemment. Sans geste brusque, avec le sourire léger ils se placent entre nous et la porte. Au fond du bâtiment, deux yeux brillent. Sans doute est-ce la lumière. On ne distingue pas bien leur propriétaire, mais il a l'air plutôt peu sympa. Et puis il bave. Et de toute façon on n'a pas le temps, on met des coups d'épaule, on fuit, repère un bar ouvert, claque la porte, ouf sauvés.
Le rade du coin On est à l'abri. Le sang reflue du cerveau, les muscles refroidissent et comme toujours dans ces caslà, on se sent facilement cons. On appelle ça le recul. Alors, ça y est, on passe une frontière et tout ce qui nous semblait adorable de l'autre côté des Alpes devient tout à coup une attaque ordonnée du troisième âge alémanique. Qu'est-ce que c'est que ce délire, encore. On aurait dû dormir un peu plus, cette nuit, ça nous va mal de nous lever à l'aube. Excusez-moi, deux pintes s'il vous plait. Enfin, on est de toute façon mieux dans un bar que dans une église. Ça reste plus raccord avec ce qu'on fait d'habitude. Il est intéressant cet endroit, il y a un côté cathédrale ou intérieur de baleine. Il y a un côté un peu flippant aussi. Des têtes de bébés accrochées au mur et des ogives en forme de colonne vertébrale donnent à l'endroit un petit air lugubre. Non, t'as raison Simon, c'est pas un PMU. La dame qui nous sert nos Cardinal nous dit que le bar a été la dernière œuvre d'Hans Ruedi Giger, inventeur de l'art biomécanique et créateur des xénomorphes, les aliens de Alien. Et que c'est donc pour cette raison que nous sommes assis dans des sièges de type exosquelette avec vertèbres apparentes. Entre autres. « Avant, j'étais propriétaire d'un bar à Bulle, j'y étais bien, j'avais mes clients fidèles. Et puis, il y avait ce bar qui se montait, le bar du musée HR Giger. Ce qui tombe plutôt bien parce que j'adore son travail. J'ai dit non une première fois, je devais aller m'installer en Thaïlande avec mon ex-mari, ça ne le faisait pas trop. Et puis, quand je suis revenue, la gérante précédente
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59 s'en allait. Alors, j'ai postulé, et c'est Giger lui-même qui m'a choisie. » Giger, Giger, mais oui, mais oui. Il semble bien que ce gars-là ait posé sa patte velue sur ce bout de Suisse pittoresque. En fait de petit village charmant comme tout, il est possible qu'on soit tombés sur la base d'un super vilain, adorateur du malin et séducteur de propriétaires de bars à Bulle. « Moi, j'étais fan de Giger, donc je suis super contente de tenir ce bar. C'est sûr qu'on n'a plus trop d'habitués. Beaucoup de touristes du monde entier, des fans, des curieux et des gens qui ne connaissaient pas du tout son art. C'est pas vraiment le même métier qu'avant. » Je suis désolé madame, mais j'arrive pas bien à vous suivre. Ça te fait ça aussi, Simon ? Je...pfff... combien de degrés la Cardinale ? C'est une blague ? Je deviens vraiment faible avec l'âge. Non, c'est bon je m'allonge deux secondes et on repart, pas de problème, juste un petit coup de barre.
Le grain de beauté On a du mal à mettre en ordre la chronologie. Mais quand on émerge à peu près, on est devant la télé. Enfin, devant une télé, pas la télé, ce qui signifierait qu'on serait chez nous, là où tout ressemble à un bisou, où on est bien, confort et sécurité. Non, là on est devant une télé, dans une salle bien sombre, loin de chez nous. À l'écran, un type tout vieux, une femme à ses côtés pour le soutenir. Il semble pas en forme. Mais il a des favoris. Quand même, ça a pas l'air d'aller au mieux. On n'a jamais vu ce type mais les gens qui le suivent ont l'air de beaucoup l'aimer. Il se balade dans les rues de Gruyères et la foule le prend en photo, sourit bêtement et parfois même, semble émue. Les images d'après le montrent signant des autographes d'une main fébrile devant des fans qui, pour le coup, pleurent vraiment. C'est HR Giger, en fait. « Danke Master », entend-on après chaque signature. Ça ressemble plus à une sorte de guide spirituel qu'à
un artiste qu'on admire. Une sorte d'aura se dégage de ce gars-là, et agit sur les gens de telle manière qu'ils arborent des dessins du maître sur la peau. Dans le reportage, une fille se fait même signer l'autographe à même la main. Ce qui n'a que très peu de sens à moins de conserver une hygiène douteuse jusqu'à la fin des temps. « Les fans ont un respect énorme pour monsieur Giger. Il y en a certains qui viennent en pèlerinage, tous les ans, on les reconnaît à force. » L'air de rien, l'administratrice du musée est venue nous récupérer dans la salle et nous a fait la visite des lieux. Elle nous montre les toiles, les sculptures et les installations qui forment la crème de l'univers de HR Giger. Un fil rouge tient les différentes œuvres : ce mélange de technologie et de biologie qui fait
la marque de fabrique du peintre et l'innovation principale de son œuvre, commencée dans les années 60. Cette recette unique vient développer les thèmes de l'ailleurs, de la mort, du mal, du sexe et de la souffrance. Moralement, on est dans le dur. La technique est superbe et la créativité impensable. Mais quand même, les coccinelles, c'est joli les coccinelles ? Ou n'importe, un arcen-ciel, des enfants qui jouent, une tête de Zidane, n'importe quoi mais pas ce bébé encastré dans une valise. Je sais que ça te choque Simon. Ça a du en choquer pas mal dans le coin. « C'est une ville très catholique à la base, alors quand Monsieur Giger est arrivé avec tous ses monstres, c'est sûr que ça un petit peu bloqué. » Et bah alors, pourquoi il est venu se mettre ici, en plein milieu de la carte postale ?
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« Un jour, le directeur d'alors du Château de Gruyères, qui était fan de science-fiction, invite Monsieur Giger pour une exposition. Là, c'est le choc esthétique. Monsieur Giger tombe amoureux de la colline. On lui dit que le château Saint-Germain, qui est en fait une dépendance du château de Gruyères, est en vente. Monsieur Giger a toujours rêvé de la vie de châtelain. Et ça faisait quelques temps qu'il rachetait ses propres œuvres en vue d'un potentiel musée. Il craque, il achète le bâtiment et installe son musée dedans. Il y a mis toutes ses forces et tout son argent. Il a même revendu les terres de ses parents, mais c'est pas pour rien. Chaque année la fréquentation augmente. Même les petits vieux (les petits vieux, putain !, ndla) qui reviennent de promenade trouvent ça intéressant. Je crois qu'il a réussi son pari. Comme il aimait bien le dire : mon musée est le grain de beauté de la Suisse. » Bien, bien, bien. C'est pas pour être malpolis, mais comme on ne sait pas bien comment on est arrivés là et comment en sortir, on s'échapperait bien pour souffler et remettre deux-trois machins dans les bonnes cases. On sort enfin de là. Juste en face, c'est le bar. La gérante nous fait un grand sourire, mais la méfiance reste de mise par chez nous. Peut-être ce blackout y est pour quelque chose.
Tout est bien qui finit Il fait pas si mal être dehors et retrouver cette rue principale qui sonne encore plus fausse que tout à l'heure. C'est sûr que le contraste entre les peintures légèrement affolantes du créateur d'Alien (oui, il y
ou Ridley Scott. T'es ici au paradis, mon vieux, metstoi à l'aise. C'est pas notre petit coup de mou de tout à l'heure qui va gâcher la fête. On a du en boire une de trop, voilà tout. Je sais pas pourquoi on a flippé à ce point. J'ai du mal à me rendre compte de ce qu'il s'est vraiment passé, mais il me semble évident que, par exemple, cette personne qui nous ressert sans cesse du fromage, des patates et des cornichons, ne peut absolument pas nous vouloir de mal. Oui, t'as raison, c'est quand même un peu rude au troisième service. Je me suis endormi sur ma chaise ? Ok, on rentre.
Epilogue a plein de xéno- morphes dans le musée, allez-y les fans, vous serez refaits) et ces balcons fleuris, ces grues en fer forgé et cette atmosphère de village mignon pulvérisée par tous les détails de Gruyères. Mais il y a autre chose dans l'air. Quelque chose comme... oui, c'est ça... des litres de fromage fondu. Rincés par cette journée qui n'a aucun sens, nous nous voyions offrir par la vie le plus beau des cadeaux : une région dont le principe gastronomique premier est de chauffer du gruyère jusqu'à ce qu'il recouvre tous les aliments assez sympas pour aller à sa rencontre. C'est notre moment, Simon, on y a droit. Nous sommes des citoyens honnêtes harassés par un boulot dur et compliqué : la déclaration des droits de l'homme nous autorise (nous conseille même, après vérification, ndlr) - de goûter à cette raclette à volonté servie par le restaurant Gruyère Traditions. Et tant pis si on en prend trop, Simon, régale-toi, qui va te juger ? Dieu, Giger
C'est cette nuit-là, à quatre heures du matin que notre vie a pris un autre sens. Simon s'est réveillé brusquement, transpirant, avec un mal de ventre pas possible. Je le sais parce que j'ai entendu des gémissements depuis mon lit à moi. Et la chasse d'eau. Plusieurs fois. Je m'inquiète pas plus que ça, on a mangé des caisses de fromage fondu et le métabolisme de Simon doit être en train de faire preuve de son mécontentement. Je me rendors sans trop de mal. Trois heures après, l'histoire se répète en plus dur. Quand il sort des WC, la lumière du jour me montre une vérité crue : le gars est vert. Il me dit qu'on ne peut pas partir aujourd'hui, qu'il est malade comme un chien, qu'il sait pas comment on va faire. Puis il s'allonge. Et j'entends le plus terrible des cris. Et je vois ce crane oblong, noir et brillant sortir du ventre de mon ami dessinateur.
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Dans la peau d’un alien À la recherche de la face extraterrestre de l’Homme
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Il n’y a encore pas si longtemps, on croyait que la Terre était le centre de l’Univers. Un univers composé de corps célestes aux mouvements réguliers et limité par la sphère des étoiles fixes visibles à l’œil nu, comme une tapisserie scintillante sur un mur euclidien. Une grosse boule en somme. Aujourd’hui, on en sait un peu plus. Notre bonne vieille Terre est la 3e planète du système solaire, lui-même inclus avec deux centaines de milliards d’étoiles dans la Voie lactée, notre galaxie, qui n’est qu’un point du superamas de la Vierge, groupe supragalactique grand comme une mouche sur la carte de notre univers, pour la partie seulement observable actuellement de celui-ci… De quoi se sentir petit, infiniment. Si bien qu’on peut être logiquement amené, au moins une fois dans sa petite vie risible, à se demander si, par le plus grand des hasards, on est seul dans l’univers. Deux réponses possibles (considérant que « peutêtre », c’est tricher) : oui ou non. Dans le premier cas, sachant que les probabilités et une calculatrice conduisent à un recensement d’au moins 2,4 x 1022 planètes, il faudrait être sacrément égocentrique pour croire que dans ce joli lot de zéros, seule la nôtre ait pu voir la vie apparaître ; dans l'alternative opposée, on envisage, en plus de l’immensité spatiale, qu’avec un âge d’à peu près 14 milliards d’années l’univers a forcément connu d’autres formes de vie, disparues ou non. Et pourtant : on n’est pas plus avancé ; car, quand bien même il y aurait des existences extraterrestres, on n’en a toujours aucune
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En l’absence de rencontre officielle, on observe dans une large majorité des cas que l’Homme a créé un fantasme extraterrestre à son image. preuve tangible. Bref, c’est fort probable, mais improuvable. Mais comme nous sommes déraisonnables, illogiques et romantiques, parions comme Pascal et prêtons vie à ce qu’on ne voit pas. De toute façon, c’est ce qu’il y a de moins risqué et ça ne peut pas faire de mal (si jamais Ils nous observent).
HUMANOÏDES Pour écrire un bon roman de science-fiction, il faut être à la pointe des avancées scientifiques et technologiques de son temps, condition sine qua non d’une vision future crédible. Anticiper suffisamment et créer, pour ainsi dire, du vraisemblable dans la fiction. Sinon, ça ne fonctionne pas : si la place de la fantaisie est trop importante, que l’univers fictionnel est trop éloigné du nôtre, la construction narrative n’aura pas les accroches nécessaires pour remporter l’adhésion et l’histoire sera tout simplement incroyable. En revanche, si les racines dans notre monde actuel sont assez profondes et identifiables, soit par ressemblances formelles soit par analogies évolutives, on peut véritablement se projeter et laisser une place légitime au doute. Et lorsque le doute s’installe, tout devient possible.
Si on part donc du principe que les extraterrestres existent, à quoi peuvent-ils bien ressembler ? Le bon sens répondrait sans hésitation : « Aucune idée ! » Et il aurait bien raison, tant l’apparition de la vie dépend d’un enchaînement de causes multifactorielles, dont la compréhension intellectuelle se fait pas à pas à mesure que la science progresse. L’importance du milieu, du climat et de l’environnement dans l’évolution depuis l’apparition des organismes monocellulaires, a impacté la forme des espèces et a façonné l’apparence des corps. Aussi, capitaliser sur un modèle plutôt qu’un autre, et sur une forme unique de bon développement, serait encore une fois hypothétique. Mais comme on aime être incohérent, on a tendance à miser soit sur une ressemblance troublante avec la machine humaine, soit sur quelque chose d’excessivement opposé. Les représentations extraterrestres oscillent entre ces deux conceptions : anthropomorphique et nimportequoimorphique. Avec tout le respect bien mérité pour les ufologues, et en l’absence de rencontre officielle, on observe dans une large majorité des cas que l’Homme a
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créé un fantasme extraterrestre à son image. La « divine forme humaine » chère aux Humanistes de la Renaissance, gravée dans le papier par Léonard de Vinci avec son Homme de Vitruve, semble avoir été le paradigme le plus en vogue pour servir d’esquisse. Et si la taille, la corpulence, le degré de pilosité, la quantité de dents, d’écailles, la viscosité serpentine ou le diamètre de la tête peuvent différer, très souvent on retrouve le schéma pentanatomique composé de deux membres inférieurs, deux membres supérieurs et d’une tête (avec un cerveau). La plus célèbre « espèce » extraterrestre témoigne de cette expression humanoïde. C’est le « petitgris », décrit déjà en 1901 par H. G. Wells dans Les Premiers Hommes sur la Lune : un être de petite taille à la peau grise (d’où son nom), avec deux bras et deux jambes, une large tête triangulaire dépourvue de cheveux, un visage sans nez au-dessus d’une petite bouche et d’énormes yeux noirs. Sa notoriété sera accrue au cours du siècle avec entre autres : le canular Roswell et la zone 51 en 1947, l’enlèvement du couple Hill en 1965, Rencontre du troisième Type de Spielberg en 1977, la série culte X-Files dans les 90’s, ou encore le peuple des Asgards dans Stargate. Si bien que son faciès très reconnaissable est devenu le symbole iconique et universel de l’extraterrestre, toutes catégories confondues. En déroulant la liste des incarnations les plus connues, on retrouve très souvent le même principe corporel proche de l’hominidé : la créature de Predator, les Martiens de
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On a imaginé l’extraterrestre comme un prolongement de soi-même, certes un peu différent et avec des capacités amplifiées, peut-être pour se projeter philosophiquement dans un autre corps, dans lequel on devient cet autre, cet étranger à soi-même. Mars Attacks, les Na’Vi d’Avatar, les Coneheads, Superman de Krypton, Spock le Vulcain évidemment, les Reptiliens de V, et aussi E.T. dans une certaine mesure. Sans oublier « La Denrée » de La Soupe aux choux, pour la blague (RIP Jacques Villeret…). Certains justifieront simplement la ressemblance formelle en arguant que cette disposition organique est le must en matière d’évolution et que par conséquent, si d’autres formes de vie aussi évoluées que la nôtre existent sur des exoplanètes, elles doivent nécessairement avoir la même forme. Anthropocentrisme ? Pour les tenants de la thèse, le raisonnement tient bien la route et paraît scientifiquement très crédible. Mais encore une fois, dans le vide sidéral laissé par le non-manifesté, toutes les théories se valent face au silence de la preuve.
DES ALIENS ET DES HOMMES Les autres « créatures » extraterrestres, non humanoïdes, que l’on rencontre beaucoup dans la fiction et nettement moins souvent dans les faits divers, sont à quelques exceptions très notables, des êtres gélatineux et souvent métamorphes, tels que La Chose de Carpenter ou encore, plus glaçant, les monstres tentaculaires, comme le terrible Cthulhu et d’autres Grands Anciens imaginés par Lovecraft. À noter toutefois une certaine frénésie du robot de l’espace, à la précision chirurgicale et à la technologie avancée, mais qui n’est d’une certaine manière que le prolongement transhumaniste du premier modèle. Reste un cas, certainement un des plus terrifiants, où la classification est indécise : le xénomorphe imaginé par Giger pour l’Alien de Ridley
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Scott. Bien qu’il s’agisse objectivement d’un genre à part, mélange de peau de serpent, d’anguille, de lézard et de composés organiques visqueux, à la fois angulaires et arrondis, qui n’a rien d’humain a priori, on retrouve néanmoins un fonctionnement bipède, deux bras et une tête, très singulière en effet. Et en observant attentivement le Necronom IV de Giger, qui a historiquement servi de référence à sa créature, il y a bien quelques signes qui trahissent l’ « humanité ». On a imaginé l’extraterrestre comme un prolongement de soi-même, certes un peu différent et avec des capacités amplifiées, peut-être pour se projeter philosophiquement dans un autre corps, dans lequel on devient cet autre, cet étranger à soi-même. Voire quelque chose de carrément transcendant. Tout un pan de la culture geek et certains ufologues considèrent que les E.T. sont venus sur Terre pour nous transmettre des connaissances.
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Pour nous porter la Lumière pourrait-on lire entre les lignes, comme des anges, des démons… ou des dieux. Ce qui pose naturellement la question de la moralité des extraterrestres. Sont-ils essentiellement gentils ou méchants ? Souhaitentils le bonheur de l’Humanité ou son déclin ? Sont-ils des amis ? Difficile à dire. Surtout que dans les grandes fresques galactiques, de même que dans l’histoire des relations internationales, il y a toujours un peu des deux. Et si finalement ils étaient venus sur Terre, il y a très longtemps - environ 3 millions d’années - et qu’ils avaient créé l’Homme à leur image, comme nous l’explique l’Auvergnat Raël, qui les a rencontrés sur le Puy de Dôme en 1973 ? Allez, pour l’Auvergne on signe ! Après tout, on est toujours l’extraterrestre d’un autre.
Texte : Jean Tourette
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Interlude : Le mouvement Raëlien
CV DU PATRON - 30 sept 1946 : Naissance de Claude Vorilhon à Vichy, en plein cœur de l’Auvergne - Années 60 : Carrière de chanteur, sous le nom de Claude Celler. Après 6 disques, suicide de son producteur en 1970, mettant fin à sa carrière. - 1971 : Création à Clermont-Ferrand d’une revue de sport automobile, Autopop. Échec engendré par le choc pétrolier et l’interdiction des compétitions automobiles. - 1974 : Fondation du mouvement Raëlien
Illustration et pictos : Agathe Bruguière Texte : Alix Hassler
SYSTÈME POLITIQUE La géniocratie, sorte de démocratie sélective où ne sont éligibles aux postes publics que les individus ayant un coefficient intellectuel supérieur de 50 % à la moyenne.
SYSTÈME ÉCONOMIQUE Le paradisme qui libère les Hommes de l’obligation de travailler en les remplaçant par les robots et les ordinateurs.
FINANCEMENT Il est recommandé de verser environ 10 % de ses revenus annuels au Mouvement raëlien international, dont le siège est en…Suisse, forcément.
DATES-CLÉ - 13 déc : anniversaire de la 1ère rencontre avec les extraterrestres, au Puy de la Vache - 7 oct : anniversaire de la 2nd rencontre, pendant laquelle les Elohim conduisent Raël sur leur planète. Il y retrouve la dream team du ciel Bouddha, Moïse, son demi-frère Jésus et Mahomet. - 1er dimanche d’avril : fête de la création du premier être humain sur Terre - 6 août : anniversaire de la bombe atomique sur Hiroshima, début du calendrier raëlien LE LOGO Un joli pompage de symboles, mélangeant le sceau de Salomon, l’étoile de David et le swastika ou croix gammée asiatique.
LE DESSEIN : L’AMBASSADE POUR ACCUEILLIR LES ELOHIM - Elle doit être construite avant 2035 sur un territoire neutre, possédant le droit d’extraterritorialité et un espace aérien neutre. - Pays contactés pour l’accueil du bâtiment : 3 refus d’Israël, refus de la France, du Canada, des États-Unis, du Pérou, du Portugal. - Prix de construction : 20 M$ U.S.
MŒURS - Les raëliens prônent la libération sexuelle. Ils pratiquent notamment la méditation sensuelle pour atteindre l’orgasme cosmique. - Les anges sont des femmes au service des Elohim et de Raël, dont le physique est « un critère important » et qui mettent « au service de leurs Créateurs et de leur Prophète leur beauté intérieure et extérieure ». Les anges sont réparties par grade, la plus haute distinction ne permettant des relations sexuelles qu’entre elle et avec Raël.
LE MOUVEMENT RAËLIEN — Le mouvement Raëlien a été lancé en 1974 par le Français Claude Vorilhon, dit Raël. Il est né des rencontres du prophète avec une délégation d’extraterrestres, les Elohim, au cours desquelles ces derniers lui révèlent avoir créé scientifiquement toute forme de vie, dont les humains, et demandent la construction d’une Ambassade en vue de leur retour. C’est ce à quoi s’emploie Raël depuis plus de 40 ans. Le mouvement revendique aujourd’hui plus de 85 000 membres dans 120 pays.
Outro
68
e r t s e r r e t a r t x E t s t i l o y r i V Pla s i o ç n a r F . . . r a p
Pour cette playlist extraterrestre, nous avons demandé au multi-tâches, multi-groupes et multi-sympa François Virot de nous faire passer ses préférences intergalactiques.
John Williams - Wild signals / Close Encounters of the Third Kind OST (1977) Little Snake – Lilith (1977) The Space Lady - Synthesize me (1990) Mr. Oizo - The One you buy (2016) Clara Clara - Bugarach (2016) Mariah - Shinzo no tobira (1983) Big Blood - Planet caravan (Black Sabbath cover) (2015) Sun Ra - Space is the place (1973)
Le dernier album solo de François Virot, Marginal Spots, est sorti en 2016 chez Born Bad Records. Son dernier album avec Clara Clara, Bugarach, est sorti la même année chez Clapping Music. Il a aussi sorti un split avec Phern en 2017 chez Atelier Ciseaux. Et il est en concert souvent.
4’12’’ 2’22’’ 4’44’’ 1’13’’ 3’49’’ 4’40’’ 6’23’’ 21’14’’
• CLUB •
• CLUB •
À LA PETITE HALLE
SAM 15 SEPT
SMMMILE VEGAN POP FESTIVAL
SAM 15 SEPT
HOUSE OF MODA X SMMMILE
AÉREA NEGROT + DISCODROMO + RENO & CRAME (HOUSE OF MODA)
DREAM KOALA + FANG THE GREAT
À LA PETITE HALLE
DIM 16 SEPT
SMMMILE VEGAN POP FESTIVAL
LUN 17 SEPT
YOUNGBLOOD BRASS BAND
SARAH MAISON + BUVETTE + JUDAH WARSKY
JEU 28 SEPT
JOHN GARCIA & THE BAND OF GOLD
MER 27 SEPT
MER 19 SEPT
NIGHT LOVELL
THE ARISTOCRATS
JEU 28 SEPT
NUIT BLANCHE 2018 : MATIÈRE NOIRE ALL NIGHT LONG
JEU 11 OCT
MAR 09 OCT
DESIIGNER
THE AMITY AFFLICTION
EN DIAGONALE
SAM 13 OCT
LFSM
KIBLIND ÉDITIONS
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N’écoutant que leur courage, Simon Bournel-Bosson et Maxime Gueugneau, les compères de KIBLIND sont partis à la découverte d’un humus exceptionnel : la « Diagonale du vide », nom peu reluisant pour désigner un quart du territoire français.
DIM 19 OCT
RÊVERIE + GAVLYN + DJ LALA + ENKRYPT & SURPRISES !
MATT SIMONS
JEU 07 NOV
SAM 10 NOV
FRANK TURNER AND THE SLEEPING SOULS
MARLON WILLIAMS
LUN 12 NOV
TESSERACT + BETWEEN THE BURIED AND ME + PLINI • CLUB •
SAM 17 NOV
PARIS SOUND CLASH
MER 21 NOV
TALIB KWELI
SOUL STEREO SOUND SYSTEM VS HEARTICAL SOUND & LABEL
VEN 23 NOV
Disponible sur kiblind-store.com
MER 14 NOV
VILLAGERS
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MER 28 NOV
MAR 27 NOV
MY BRIGHTEST DIAMOND
DENZEL CURRY
MUDHONEY
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PARC DE LA VILLETTE
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PARIS 19E
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01 42 06 05 52
Sélection 2/2
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magazine
Paysageur RANDONNÉE Le premier contact avec Le Paysageur ne ment pas. Au toucher, on sait déjà que le contact sera enrichissant. On sent que la bête, malgré ses couleurs hypnotisantes, ne nous veut aucun mal. Mieux, quand la main caresse la couverture splendide de Julia Spiers, un léger ronronnement s’échappe du papier Arctic Volume. Il se laisse dompter bien facilement, cet objet qui entend nous parler de puissants paysages. D’ailleurs, il s’ouvre devant nous, sans résistance, presque de lui-même. Au bout de quelques pages à peine et avec notre accord, nous sommes totalement sous le charme. C’est que la séduction, commencée en couverture, a continué avec l’édito qui nous parle de flânerie, de pensées vagabondes et d’esprit nomade. L’action téméraire qui consiste à lancer une nouvelle revue n’est jamais gratuite. Derrière elle se cache bien souvent une vision du monde, un angle neuf pour nous raconter l’actualité. En prônant la déambulation comme moyen d’éclairage pertinent, Claire Fau et Maxime Lancien ont glissé des mots doux à notre oreille. Et nous mettent dans leur poche sans effort.
Aux mots succèdent les actes. Et ceux-là, qu’ils soient littéraires, journalistiques, photographiques ou dessinés et qui font l’âme du Paysageur, ne trahissent pas les promesses des fondateurs. On voyage, pour sûr, mais pas de zapping touristique ou de vitesse déraisonnée. Émerveillé ou vindicatif, le propos des différents auteurs ne s’emporte jamais, préférant la sagesse de celui qui sait prendre son temps. Le rythme ici est le pas. « Seules les pensées qu’on a en marchant valent quelque chose », nous disait Nieztsche. Il semble que Yoann Morvan, Sophie de Bayser, Mathieu Asselin, Céline Clanet et les autres contributeurs du Paysageur aient suivi l’aphorisme à la lettre. De la Laponie aux paysages du cinéma, des Monsanto cities étasuniennes aux berges du Var, la marche se fait sans fatigue mais inspire toujours autant. Et fait de la revue une bien belle balade. M. Gueugneau
Paysageur, revue des éditions Paradisier, 114 pages, 20€ paysageur.com
Sélection 2/2
71
Bright BRILLANT Mine de plomb, fusain, beaucoup de noir pour retranscrire la lumière, le génie unique de Rebecka Tollens est là. Elle nous transporte dans une dimension mystérieuse et belle, où se côtoient la fragilité de l’enfance, la force des femmes et la puissance de la nature. On cherche à comprendre les expressions des visages, savoir ce que nous disent ces yeux qui nous fixent, ce qu’expriment ces bouches, ces mains, ces corps, qui semblent nous raconter une histoire, nous révéler des secrets. On est fasciné par l’énergie du trait et de la forme. Le grand format, 30 × 40, et la qualité d’impression magnifient les dessins et donnent envie d’encadrer toutes les pages, tellement c’est beau. Basil Sedbuk
Bright de Rebecka Tollens, disponible chez United Dead Artists, 20 € uniteddeadartists.com
Bonjour Tristesse Inculte Futur SALUT En très peu de mots, et étranglée entre d’autres critiques, on vous conseille, voire on vous prie, de lire la nouvelle bande dessinée de Frédéric Rébéna, Bonjour Tristesse. Exercice périlleux que de reprendre un roman aussi célèbre. Celui dont chacun a les images figées dans la tête grâce aux mots de Françoise Sagan. Ici, le dessinateur talentueux détruit et reconstruit avec habileté le récit de l’auteure, et en livre sa version dans laquelle il rend compte du soleil sur la peau, des tensions, de la sensualité, de l’amour et de la peur de la solitude. C’est d’une traite, et quasiment en apnée, que l’on découvre l’été où Cécile rompt avec sa jeunesse. Frédéric Rébéna dit tout, en un dessin, parfois silencieux, mais qui résonne dans notre tête avec fureur.
CULTE Ça ne lui fera sûrement pas plaisir mais Moolinex est une institution. C’est comme ça, il ne l’a pas choisi, il s’en remettra. C’est de toute façon comme ça que finissent les anciens du mouvement underground français des années 1990, ce blizzard qui libère, qui s’en fout, qui peint, dessine, sculpte, partout, tout le temps, qui enfante les gens de l’Association, du Dernier Cri et des Requins Marteaux. C’est chez ces derniers que sort aujourd’hui la première monographie de l’artiste parisien, Inculte Futur, où se déploie une sélection juste et foisonnante de son travail protéiforme. Parmi les dessins, broderies et figurines en plastique se dessine pourtant un fil rouge : son besoin insatiable, maladif de créer.
Malina Cimino
M. Gueugneau
Bonjour Tristesse de Frédéric Rébéna, disponible chez Rue de Sèvres, 96 pages, 18 €
Inculte Futur de Moolinex, disponible chez Les Requins Marteaux, 192 pages, 30 €
editions-ruedesevres.fr
lesrequinsmarteaux.com
Sélection 2/2
72
Otto ou l’Île miroir Entre chien et loup
SAS Avant/Après et Dedans/Dehors n’étaient, semble-t-il, pas allés au bout des choses niveau dualité, Anne-Margot Ramstein saute le pas de la symétrie avec Otto ou l’île miroir, magnifique conte tout en nuances de gris où la fesse s'impose. Échoué sur une île déserte, notre narrateur apprend par tous les trous que je est définitivement un autre et qu’il sait être sympa. Le style rigoureux d’Anne-Margot Ramstein fusionne sans peine avec l’impératif géométrique en même temps qu’il gagne en texture, ce qui n’est pas pour nous déplaire. L'édition vient mettre la touche finale avec un objet cartonné aussi déroutant que pertinent et qui renforce le sentiment d’une œuvre à part.
OSCILLATION Cornélius nous offre une fois de plus une pépite : Entre chien et loup de Zuo Ma. L’auteur livre une bande dessinée résolument moderne, découpée en onze récits, en noir et blanc, tout en piochant dans l’univers visuel traditionnel et les croyances ancestrales chinoises. Oscillant entre la réalité, où la campagne tient une grande place, et un monde imaginaire parfois cauchemardesque, il convoque ses souvenirs d’enfance empreints de superstition pour dire les changements sociaux qui s’opèrent dans la Chine rurale et l’écart qui se creuse entre les générations... Delphine Zehnder
M. Gueugneau
Otto ou l’île miroir d’Anne-Margot Ramstein, disponible chez les éditions 2024, 48 pages, 23 €
editions2024 .com
Entre chien et loup de Zuo Ma, disponible chez Cornélius, 216 pages, 21,50 €
cornelius.fr
Portrait de ville : Stockholm
Oh ! Mon Bateau
Les éditions Be-Pôles, portées par le studio du même nom, prennent depuis dix ans un malin plaisir à laisser des artistes arpenter les villes du monde. En découle à chaque voyage un Portrait de ville, carnet de route rempli par les divagations de leur auteur. Vous pensez bien qu’on est absolument ravis de voir le dessinateur Jochen Gerner s’occuper de Stockholm.
On dirait bien que Lisa Laubreaux s’est fait un petit plaisir. Sur le livre à compléter Oh ! Mon Bateau, elle prend par avance quelques vacances et dessine de son trait naïf et charmeur les tribulations estivales. Aux enfants, nous laisserons le soin de compléter ; quant à nous, nous nous garderons le droit d’admirer les compositions de l’illustratrice marseillaise.
> Portrait de Ville : Stockholm de Jochen Gerner, disponible aux éditions Be-Pôles, 64 pages, 20 € > portraitsdevilles.fr
Lieux infinis
> Oh ! Mon Bateau de Lisa Laubreaux, disponible chez Maison Georges > maisongeorges.fr
Le Vent se lève
Le pavillon français de la Biennale d’architecture de Venise a, cette année, visé follement juste. D’une part, il a confié au trio d’architectes Encore Heureux la réflexion sur les lieux infinis, ces lieux réservés à l’imprévu, à l’essai et au mélange, tels le Centquatre à Paris ou La Convention à Auch. D’autre part, il a confié le catalogue d’exposition aux éditions B42, qui en ont fait une merveille.
On ne voit pas assez le dessin de Marie Saarbach. Il devrait apparaître partout, devant notre nez tout le temps. Sans lui, il fait froid, on tremble, on a peur. Seuil Jeunesse vient heureusement nous consoler avec Le Vent se lève, livre jeunesse dans lequel l’auteur joue avec la météo pour démontrer toute l’étendue de son talent, mêlant comme personne abstraction, naïveté et jeux de textures.
> Lieux infinis , catalogue d’exposition sous la direction d’Encore Heureux, disponible chez B42, 356 pages, 28 € > editions-b42.com
> Le Vent se lève de Marie Saarbach, disponible chez Seuil Jeunesse, 32 pages, 13,50 € > seuil.com
Sélection 2/2
73
Musique
Cam MacLean Playboi Carti PROMESSE Montréal seraitelle la terre promise de la pop moderne ? Abritant des projets comme Homeshake, TOPS et Vesuvio Solo, on dirait que la ville essaie sévèrement de nous faire pencher pour cette hypothèse en nous envoyant son dernier poulain Cam MacLean, qui n’est autre que la moitié de Vesuvio Solo. Fétichiste de la pop sur bande FM des années 1970, le Canadien nous envoûte avec des titres où sa voix haut perchée – croisement entre celles de Sean Nicholas Savage et de Jonathan Pierce de The Drums – habille des mélodies mielleuses où riffs délicats et notes de synthé soft-rock fusionnent inlassablement.
VIEUX BEAU Playboi Carti a fait bouillir le rap dans une casserole pour n’en garder que les sucs. Sa réduction moléculaire se fait d’abord au niveau du flow et des textes, réduits au minimum pour forcer les mots à faire une gymnastique hypnotisante. Les productions de Pi’erre Bourne passent de l’ambiant nuageux au rap de texture, qui sature, gratte et bourdonne. Une jungle étrange et expérimentale, qui permet au rap de garder toute sa vivacité, alors qu’il approche de ses 40 ans. Nicolas Pellion
Elora Quittet
Wait for love de Cam MacLean, disponible le 06.07 chez Atelier Ciseaux
Die Lit de Playboi Carti, disponible chez AWGE/Interscope
atelierciseaux.com
cashcarti.com
Silo #4
AUDITORIUM Quelque part dans le Gard – à Cannes-et-Clairans pour les amateurs – est sise une ancienne cave coopérative où subsiste une grande cuve de béton, transformée en espace de musique aux propriétés sonores et sensorielles uniques. Coup de bol, c’est le collectif Silo qui s’en occupe. À coup de résidences automnales, la cuve devient studio accueillant des artistes aux qualités elles aussi singulières. La session de septembre 2017 vient de se voir résumée en un disque vinyle, Silo #4, dont la pochette imprimée manuellement symbolise on ne peut mieux l’exigence du projet. Vincent Gallo, Tomi Yard et Seabuckthorn sont parmi les sept participants de cette expérience rare où règnent l’art de l’essai et la transcendance. M. Gueugneau
Silo #4, une compilation disponible chez le collectif Silo s-i-l-o.fr
African Scream Contest vol. 2 Samy Ben Redjeb, fier tenancier du précieux label Analog Africa, a encore frappé. Dix ans après avoir sorti le premier volume d’African Scream Contest, bourré d’afro-funk béninoise (et togolaise) des années 1970, il retourne sur cette terre fertile et méconnue de la musique ouest-africaine pour bisser un coup. Résultat : le bonheur. > African Scream Contest vol. 2 – Bénin 1963-1980, compilation disponible chez Analog Africa > analogafrica.bandcamp.com
Boombox 3 Soul Jazz est passé maître dans l’art de rassembler la quintessence du rap US 80’s dans ses compilations. Troisième aller simple dans le Bronx des années 1980, là où tout allait commencer et où les New York City Breakers glissaient au son des Sugar Daddy, des Majestics et des Brother’s Disco. EQ > Boombox 3 – Early Independent Hip Hop, Electro and Disco Rap 1979-83 , compilation disponible chez Soul Jazz Records > soundsoftheuniverse.com
Sélection 2/2
74
Trust Fund
Musique
Halo Maud
MÉLANCOLIE Trust Fund revient avec un nouvel album, Bringing the Backline, et continue visiblement d’exceller dans l’art de pondre des tubes. Ellis Jones chante, de sa voix fluette, les tracas de l’existence et les situations embarrassantes avec une sincérité non dénuée d’autodérision, et on se prend vite à reprendre en chœur avec lui : « The train is going past a nuclear power plant / I can’t remember why we broke up / Oh yeah, of course I do » (« Abundant »). Un disque de pop ensoleillée, comme parfois un peu désespérée.
DREAM POP Depuis quelques années, une bande de visiteurs a été délogée de sa lune natale pour se crasher sur Terre avec une mission bien précise : répandre la lumière partout sur son passage. Parmi les Moodoïd, Melody’s Echo Chamber et Marietta se cache leur amie et collaboratrice Halo Maud. Repérée par la Souterraine (évidemment) en 2015, Maud Nadal nous offre un premier LP où synthétiseurs réverbés, percussions feutrées et échos célestes se faufilent entre des textes en anglais et en français questionnant notre place dans le monde : un effort dream pop à l’aura infinie.
Manon Raupp
Elora Quittet
Bringing the Backline de Trust Fund, sortie le 02.07 en autoproduction
Je suis une île de Halo Maud, disponible chez Heavenly Sweetness
trustfund.bandcamp.com
heavenlyrecordings.com
Fantastic Mister Zguy
Jon Hassell
À ces artistes qui sont là pour parler des sujets qui rassemblent, à Fantastic Mister Zguy pour sa chanson sur les slips de bain Speedo, merci. Joie supplémentaire, elle est entourée de 4 autres titres feel good indie qui dessinent un EP pop spontané et léger à la Mac Demarco ou Moldy Peaches. EQ
Il est un tantinet difficile de parler d’un album de Jon Hassell en quelques mots. Ce Listening to Pictures est magistral, d’une profondeur et d’une intelligence confondantes. Est-ce étonnant de la part du trompettiste de 81 ans qui a frayé avec Eno et Stockhausen, pionnier de l’ambient et actuel peintre de paysages musicaux inconnus.
> SurFantastic de Fantastic Mister Zguy, disponible en autoproduction > facebook.com/FantasticMisterZguy
> Listening to Pictures – Pentimento Volume One de Jon Hassell, disponible chez Ndeya > jonhassell.com
Oiseaux-Tempête
Jowee Omicil
Est-ce la vieillesse qui nous pousse ainsi à radoter ? Estce une obsession maladive qui remplace toute capacité au renouvellement ? Ou bien est-ce que ce projet d’OiseauxTempête est définitivement invincible ? Toujours est-il que nous voilà encore à conseiller le groupe parisien, brasseur de post-rock et d’électronique, via Tarab, version live du précédent Al-’An.
L’an passé, les simples Français que nous étions découvraient, ébahis, le saxophoniste canado-haïtien Jowee Omicil grâce à son Let’s BasH!, sorti sur Jazz Village. Ébahissement réédité avec Love Matters! qui fait encore du brassage d’influences éparses (musique caribéenne, Bach, Monk, etc.) une force indomptable.
> Tarab par Oiseaux-Tempête, disponible chez Sub Rosa > subrosa.net
> Love Matters! de Jowee Omicil, disponible chez Jazz Village > joweeomicil.com
Sélection 2/2
75
Léa Le Faucon
Tanqué SLIP DE BAIN 35 € Illustrés par Élodie Lascar, des slips sérigraphiés pour être bien gaulé. A soutenir sur > kickstarter.com
Shopping
TOTEBAG 12 € Totebags de l’amour pour été à la plage (aou-cha-cha).
T-SHIRT 35 € La tatoueuse Léa Le Faucon se met au textile le temps d’une collab avec la marque Germaines. De quoi ravir les frileux de l’aiguille.
> cloebrgn.bigcartel.com
> lealefaucon.tictail.com
Cloé Bourguignon
Alice Wietzel PIN 8€ À épingler toute l'année pour nager dans le bonheur. > alicewietzel.tictail.com
Mathilde Dubois CARNET 8€ Un carnet acidulé, où l'on n’écrit (apparement) que des bonnes nouvelles. > mathildedubois.com
La Bobette x Anna Wanda Gogusey MAILLOT DE BAIN 149 € L’illustratrice Anna Wanda Gogusey fait jaillir tigres et oiseaux sur ce maillot tropicool. > labobette.com
Rixe club T-SHIRT KO 30 € Un T-shirt à tomber par terre, illustré par l’unique Simon Bournel-Bosson. > rixe-club.com
Sélection 2/2
Pete the Monkey Festival ANIMAL Si vous aimez la sauvagerie, le tropical ou la jungle, il faudra aller en Normandie cette année, dans le petit village de Saint-Aubin-sur-Mer pour le Pete the Monkey Festival où règne musique (Bamao Yendé, Voyou, Forever Pavot, etc.) et bonne ambiance. On s’amuse et en plus on donne des sou-sous pour la construction d’une réserve de singes en Bolivie : un voyage trois étoiles. AB
76
Le Diamant Vert REPOS
Le collectif Moï Moï, organisateur du Baleapop, en a eu ras le bol d'être sympa. Alors, il a fait un retour aux sources : son festival sera son festival, organisé comme il l'entend, avec qui il l'entend pour faire la foutue fête avec Wolf Muller & Niklas Wandt, Black Zone Myth Chant, Don't DJ, Soichi Terada, OKO DJ et Jita Sensation pour la musique et Alison Flora et ADD pour l'art.
Du 17.08 au 19.08
Du 23 au 26.08 à Saint-Jean-de-Luz
Du 13.07 au 15.07 à Saint-Aubin-sur-Mer
Restons Sérieux
Hello Birds
GRAVE
Du 10.07 au 14.07 à Paris
RESET
Allez hop, finies la recherches, Le Diamant Vert on l'a foutu dans le Cantal et d'ailleurs, c'est pas une pierre, c'est un festival. Plus de mystère, plus de caillou, mais la préciosité reste néanmoins, avec un environnement fou et une programmation d’équerre avec Bon Voyage Organisation, Bamao Yendé, Woody Murder Mystery, Fantastic Mister Zguy et compagnie. à Teissière-lès-Bouliès
La chanson française à contre-courant, celle que Michel Sardou aurait accablée (preuve de bon goût pour nous autres mortels), se célèbre au Supersonic du 10 au 14 juillet. Une sauterie où l’on partagera volontiers un godet avec Bertrand Burgalat, Ricky Hollywood, Cachette à Branlette ou Kumisolo. EQ
Baleapop
GAZOUILLIS À l’heure où les damnés de la Terre vont se faire bronzer sur la Côte d’Azur, les sages préfèrent débuter leur été à Étretat en Normandie pour le festival Hello Birds et apprécier le bonheur aux côtés de Johan Papaconstantino, Témé Tan, Madam Crocodile, Trax magazine crew, etc., et ce gratuitement. AB Du 06.07 au 08.07 à Étretat
Romain Bernard à Ombres Blanches VIEUX MOTARD C'est sûr que nous ne sommes pas en avance sur celle-ci mais notre retard n'empêche pas ce conseil : allez voir le travail du dessinateur Romain Bernard (aka Tight) à Ombres Blanches, c'est tellement beau qu'on le publiait dans le dernier numéro. Jusqu'au 13.07 à Toulouse
Événements
Levitation Festival JOIE Angers is the new Austin. Pour la sixième édition du Levitation Festival, le haut du panier du rock indé international (The Brian Jonestown Massacre, Spiritualized, The Soft Moon) s’acoquinera avec nos gloires locales (Flavien Berger, J.C. Satàn, Rendez-Vous) pour un week-end dégoulinant de jubilation. EQ 21.09 & 22.09 à Angers
Qui Embrouille Qui #2 OBLAH Mélange des genres, attention portée au public, exigence artistique et amour de la fête font du collectif Qui Embrouille Qui, portée par AZF, l'un des plus passionnants de la scène parisienne. La 2e édition de leur festival se fait cette fois-ci en trois jours, ce qui nous laisse dire que si des points de vie vont rester sur le carreau, ce sera sans regret aucun. Les 09, 10 & 11.08 à Aubervilliers
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Paris International Festival of Psychedelic Music TRANSE Le festival le plus psyché de Paris est de retour à la rentrée pour nous faire voir le monde à travers son kaléidoscope. Scéno immersive et programmation hautement corrosive, le PIFPM mise cette année sur Thee Oh Sees, Ariel Pink ou TH Da Freak pour nous faire voir le monde sous psychotropes. EQ
Baignade interdite TÉMÉRAIRE Pour sa septième édition dans le Tarn, Baignade interdite met le pâté (ça va hein) : une piscine municipale en friche et une programmation ultradéfricheuse mais jamais obscure (Fumaça Preta, Gum Takes Tooth, Shopping, Noyades…) pour un plongeon dans un océan d’aventures. Slips de bain tolérés. EQ
Du 01.09 au 04.09 à Paris
Du 30.08 au 02.09 à Rivières (Tarn)
Astropolis
Roméo Julien à Fotokino
DARON 24e réunion annuelle dans le manoir de Keroual cet été. Détrompez-vous, ce n’est pas un rassemblement de druides mais bien le festival Astropolis dans le pays brestois où la musique électronique apparaît comme le phare guidant tous les navires, avec comme lumières des pépites tels Laurent Garnier, Nina Kraviz, Agoria. AB Du 06.07 au 08.07 à Brest
SÉJOUR TOUT COMPRIS Le travail de Roméo Julien tient autant de la géométrie euclidienne que de l'illustration. Ses compositions figuratives se trouve si bien planifiées qu'elles confinent à l'abstraction et laissent le spectateur face à ses propres choix. Un artiste admirable qu'ont retrouve avec plaisir au sein du non-moins admirable Studio Fotokino pour une résidence et une expo. Du 01.09 au 9.09 à Marseille
© F. Iovino, L. Labat, Roque de la Cruz, R. Rezvani - Licences : 1-1054424, 2-1054425, 3-1054423
SAISON 2018-19 FAITES LE PLEIN DE
DANSE Mourad Merzouki, Ailey II, Cirque Éloize, Batsheva Dance Company, Malandain Ballet Biarritz, Merce Cunningham… LES ABONNEMENTS CONTINUENT !
Pôle européen de création
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