KIBLIND 72 - Météo

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KIBLIND Magazine Numéro Météo


Musiques Avril–Juillet 2020  Gaîté Lyrique 03–04.04 Japan Connection Festival Henrik Schwarz & Kuniyuki Takahashi, Hugo LX & DJ Nori, Akiko Nakayama, Hiroaki Umeda, Nonotak, Aalko, Make It Deep Soundsystem, Kuniyuki Takahashi & Satoshi Tomiie, Hiroshi Watanabe, DJ Masda, Akiko Kiyama, Daisuke Tanabe, Intercity-Express, OYÉ 09.04 Howling 15.04 Bande de VOYOU Voyou, Albin de la Simone, Fishbach, invité·e·s 17–19.04 Trax Market 21.04 Fakear 22.04 Cali 28–30.04 Baxter Dury, Working Men’s Club 13.05 Lewis OfMan 20.05 Linn Da Quebrada 27.05 Erik Truffaz Quartet, Andrina Bollinger, Arthur Hnatek 02.06 Victor Solf 04.06 Jehnny Beth 10.06 Zed Yun Pavarotti À venir Juniore, Teenage Fanclub…

Établissement culturel de la Ville de Paris


NUITSeSONORES 18 édition 22 → 26 juillet 2020 Lyon, France

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Photo : Florent Tanet

Édito Il est assez difficile de circonscrire le terme de météo. Il trompe son monde avec ses airs d’évidence, de « coucou tout le monde me connaît, pas la peine de me présenter ». Mais il recouvre tellement de situations différentes qu’il semble impossible de taper juste. La météo est tout. Elle peut être l’objet de la plus nulle des discussions aussi bien que l’indice du plus grave dérèglement climatique. Elle décide autant de l’issue d’une partie de boules que de celle d’une finale de Champions League. Elle donne à l’artiste le plus beau des spectacles et au passant la pire des gouillasses. Résultante de la puissance céleste et créatrice de la flaque d’eau, elle est l’alpha et l’oméga. Elle dessine les contours de notre quotidien, modèle notre humeur, change la matière de nos vêtements et nous en faisons le cadet de nos soucis. Nous, pauvres pécheurs, nous ne lui rendons pas justice. Elle gît là, entre deux pubs Darty, à l’heure où l’on va pisser. Il est temps de lui rendre l’hommage mérité.


Kiblind magazine n°72 Météo - Printemps 2020 ENTRÉE 10

ENQUÊTE

INTRO PICTOS

57

Météo 24

INTERVIEW

Jon McNaught 26

CRÉATIONS ORIGINALES

Météo dessinée 34

DISCUSSION

Mes nuits de boue 44

RÉTROGRAPHIE

La colère des dieux 47

À Mouthe, sans moumoute DISCUSSION

La météo des cases 62

INTERLUDE

Météo rance 64

DISCUSSION

Simulation de pluies naturelles et manipulées 66

BACK 2 BACK

Tonya Kinzinger & Sébastien Folin 70

INTERLUDE

Météorama 52

SORTIE 73

DISCUSSION

REPORTAGE GRAPHIQUE

Y a plus de saison 54

Menton 84


Contributeurs

SIMON BAILLY Comme beaucoup de gens importants (Philippe Séguin…), Simon Bailly est passé par Épinal, pour y faire ses études et travailler au centre de l’imagerie en tant qu’illustrateur. Les Vosges forment bien puisqu’il travaille aujourd’hui pour Libération, le New York Times ou Gallimard.

ÉLODIE BOUHLAL Parce qu’elle possède un téléphone intelligent et qu’elle a donc le pouvoir de traîner sur Etsy, Pinterest, Instagram et Internet en général, nous lui avons demandé de nous dénicher les meilleurs créateurs, les meilleures collaborations, les choses jolies.

JON McNAUGHT Voilà longtemps que nous avons l'œil sur le petit Jon McNaught. À peine sorti chez Nobrow (qui éditait alors en français), Automne nous envoyait deux claques en travers de la figure. La première est esthétique : quelques traits, des aplats et une utilisation de la couleur toute douce envoyaient nos yeux pas trop loin du paradis. La deuxième, c'est la délicatesse avec laquelle Jon McNaught déploie sa vision de la vie : un ralentissement du monde, une mise à distance de ses absurdités et une émotion de l'instant. Après ce premier album sorti en 2012 suivront Pebble Island, Dimanche et, en 2020, L'Été à Kingdom Fields dont la création de cette couverture est une sorte de spin-off. Les années 2010 furent ainsi décennie que Jon McNaught dédia à nous prouver qu'il serait un des grands auteurs de ce début de siècle. À qui d'autre, alors, confier le thème si universel de la météo, symbole du temps qui passe et empreint d'une mélancolie que l'auteur anglais dessine comme personne.

> jonmcnaught.co.uk

SIMON BOURNEL-BOSSON On se souvient de Simon hasardant ses premiers dessins sur les tables de nos bureaux. « Le p’tiot », qu’on l’appelait. Il vole maintenant, sans nous, avec propres clients, Møme, RBMA et le Musée du quai Branly, parmi d’autres. Et parfois, quand il a besoin de réconfort, il revient au bercail nous dessiner des stations balnéaires.


Contributeurs

MALINA CIMINO

MICHEL LAGARDE

NICOLAS TELLOP

Passionnée de longue date par l’illustration et les jolies choses, Malina Cimino œuvre çà (Beware) et là (nous), et puis là aussi (agence Costume 3 Pièces) pour partager tout son amour. Elle fait bien.

Michel Lagarde a su associer le statut de mémoire vivante de l’illustration française avec celui de connaisseur patenté des évolutions actuelles. Un savoir qu’il distille via ses éditions Michel Lagarde, son agence Illustrissimo et la galerie Treize-Dix.

Avant même de prendre son petit déjeuner, Nicolas Tellop a déjà écrit pour La Septième Obsession, Carbone et Diacritik. Ce qui lui laisse le temps de faire des livres sur Astro Boy, les courses-poursuites, Corto Maltese et Franquin, chez Impressions Nouvelles, Aedon et Apjabd.

FRAGMENT.IN Le collectif Fragment.in est un trio d'artistes issue de l'ECAL de Lausanne. Obsédés par les tensions à l'œuvre entre la technologie et le changement climatique, ils nous présentent ici leur œuvre Displuvium, consacrée à la géo-ingénierie et présentée au Festival Mirage de Lyon.

CHESTER HOLME Un Anglais n’est pas forcément un ennemi. Il peut aussi être un illustrateur au talent incroyable, passé par la Kingston University et bossant pour Nike, Virgin ou Usbek & Rica.

MARIE-LOU MORIN Journaliste passée par Grazia, I-D et L'Obs, elle est plutôt sensible à la question musicale. Alors, il lui arrive couramment de se rendre à des festivals estivaux. Pas de bol pour elle, elle a aussi ce qu'on appelle la guigne.

NATACHA PASCHAL En un livre autoédité, son Fake Vogue, Natacha Paschal a réussi à mettre à genoux tous les petits aficionados du dessin. Nous en sommes évidemment. Cyrillus aussi, la direction artistique de Grazia aussi et les connoisseurs de chez Agent 002 aussi.

NICOLAS PELLION Certainement l’un des meilleurs connaisseurs du rap actuel, Nicolas Pellion participe à l’émission « La Sauce » sur OKLM, écrit pour L’Abcdrduson, Libération et Yard et a surtout créé son propre site PureBakingSoda, qui vient de fêter ses dix ans.

FLORENT TANET Ce directeur artistique parisien est ce genre de photographe qui mêle goulûment son art aux autres champs qui le passionnent, le graphisme et la sculpture au premier chef.

PASCALINE VALLÉE Après plus de 5 ans chez Mouvement et un passage par Arts Magazine, Pascaline Vallée a de quoi dire sur l'art en général. Mais la nantaise, désormais freelance s'émeut aussi de la banalité, de ces petits rien qui disent de grandes choses. Les discussion météorologiques sont un bon exemple.


STAFF Directeur de la publication : Jérémie Martinez Direction Kiblind : Jérémie Martinez Jean Tourette Gabriel Viry Team Kiblind Magazine : Maxime Gueugneau & Marie-Camille Alban - Agathe Bruguière - Alix Hassler - Jérémie Martinez Elora Quittet - Justine Ravinet - Jean Tourette - Olivier Trias - Gabriel Viry Réviseur : Raphaël Lagier Merci à : Alizée Avice, Cécile Lombardie, Olivia Perdriau et Matthieu Sandjivy Direction artistique : KIBLIND Agence (www.kiblind.com)

INFOS Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fedrigoni Couverture : Symbol Freelife E/E49 Country 250g Papier intérieur : Arcoprint Milk 100g et Symbol Freelife Gloss 200g Typographies : Kiblind Magazine (Benoît Bodhuin) et Orphéon (Marine Stephan) Imprimeur : Musumeci S.p.A. www.musumecispa.it Édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon. 27 rue Bouteille - 69001 Lyon 69 rue Armand Carrel - 75019 Paris 04 78 27 69 82 - www.kiblind.com Le magazine est diffusé en France. www.kiblind.com www.kiblind-store.com Ce numéro comprend un cahier supplémentaire de 16 pages pour la région Rhône-Alpes. ISSN : 1628-4146 Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Contact : redaction@kiblind.com



Entrée

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IN THE MOOD Pochettes d’albums, couvertures, posters, etc. Voici tout ce qu’on a croisé de graphique et d’illustré ces trois derniers mois et qu’on mettrait bien dans notre salon. Revue

Psykologi magazine Artwork par Molly Rose

4/ 2019

Miksi suurimmalla hädän hetkellä tarvitaan juuri psykologia? ”Meillä on ammattikunnista syvin tietämys siitä, miten ihminen vaikeassa tilanteessa reagoi.” –– SPR:n psykologien valmiusryhmän johtaja Atte Varis

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”Onneksi te tulitte!” Atte Varis luotsaa SPR:n psykologien valmiusryhmää

Disque

Temmuz de Houschyar Artwork par Houschyar Disque

Houses are Built the Same de Cathédrale Artwork par Laura Kopf

5 Psykologi – kuka muu muka?

Affiche

8 Työtaistelu on oikeus

Le Grand Saut Festival Artwork par Candice Roger

Disque

Mind Games de Fonkynson ft. Desire Artwork par Pierre-Nicolas Riou Affiche

Festival Longueur d’ondes 17ème festival de la radio et de l’écoute Artwork par Sébastien Plassard

20 Työterveyspsykologi ammattihenkilöksi


Entrée

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Affiche

Festival Les Embellies #22 Artwork par Yoann Buffeteau

Affiche

Concert de O rage à l’Asile 404 (Marseille) Artwork par Alice Bien Disque

Blue Is My Color de Born Idiot Artwork par 1000rouges (Camille Le Treust)

Affiche (en risographie)

Tournée de Biche - Discipline Tour Artwork par Brice Lenoble

Roman

Furie de John Farris, aux Editions Gallmeister Artwork par Audrey Spiry

Disque

Bijoux d'amour de Mou Artwork par Romain Figaro


Entrée

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À L’ANCIENNE Pierre Le-Tan Pour remédier à notre ignorance, le galeriste, agent et éditeur Michel Lagarde nous plonge dans l’œuvre d’une légende des arts dessinés.

1-4 : Couvertures pour le New Yorker 5 : Couverture de Quelques collectionneurs, Flammarion 6 : Autoportrait issu de la collection personnelle d'Alexis Le Tan 7-8 : Couvertures pour Patrick Modiano, collection Folio 9-10 : Couvertures pour les éditions Le Promeneur 11-12 : Couvertures pour les éditions Faber

Le 17 septembre, à l’âge de 69 ans, disparaissait avec la discrétion élégante qui a toujours été la sienne le plus raffiné et le plus littéraire des dessinateurs de sa génération. Sa première parution à la une du New Yorker, alors qu’il n’avait que 17 ans, est une étape décisive de son parcours qui fera de lui l’un des dessinateurs français les plus appréciés dans le monde. Il était l’une des stars du célèbre magazine, reconnu aussi bien au Japon qu’aux États-Unis et trop peu célébré dans son propre pays. Le centre d’art Reina Sofia à Madrid lui rendit un hommage à la hauteur de son immense talent en 2004. On attend toujours la grande exposition rétrospective à Paris. En 1988, il publiait un court récit intitulé

Paris de ma jeunesse, « un titre volontairement désuet » pour ce temps où il était « encore un homme jeune ». Cette « évocation insouciante et facétieuse qui mélangeait souvenirs véridiques et anecdotes inventées » fut alors amicalement préfacée par Patrick Modiano. Les deux hommes sont de nouveau réunis sous la même jaquette dans cette jolie réédition augmentée de quelques textes peu avant le décès du célèbre illustrateur. Ses couvertures de la collection Folio pour Modiano hantent désormais la mémoire de ses admirateurs, et le Paris fantasmé de sa jeunesse est indissociable de son ami devenu entre-temps Nobel de littérature. S’il existait un Nobel du dessin, il l’aurait mérité. Michel Lagarde


Entrée

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Entrée

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LA BIBLIOTHÈQUE IMPECCABLE Nine Antico On a demandé à l'autrice de Maléfiques et Autel California (L'Association) et scénariste de Il était 2 fois Arthur (Dupuis) de nous sortir cinq livres de sa bibliothèque et d'en parler un petit peu.

Les 1001 livres d’enfants, Julia Eccleshare, complété par Nathalie Beau, Flammarion, 2010 Une nuit, ma bibliothèque s'est écroulée dans mon studio, faisant un grand tas de livres jusqu'à mon lit. Et ceux qui étaient le plus près de moi étaient mes livres pour enfants. Ça avait du sens, car c'est enfant que j'ai su que je voulais faire du dessin, grâce à eux. J'adore retrouver mes anciens livres. Et découvrir de nouveaux titres. Ce recueil est très bien fait car il recense aussi des livres non traduits en français et donne très envie de découvrir des pépites de l'étranger.

Ghost World, Daniel Clowes, Vertige Graphic, 2002 (1999) C'est le livre qui m'a fait découvrir le monde de la bande dessinée, l'existence de Daniel Clowes, Robert Crumb, Charles Burns, Joe Matt, Debbie Drechsler etc.. Alors on pouvait raconter une chronique profondément mélancolique en bd... Le graphisme élégant, le soin particulier apporté aux typos et aux têtes de chapitre ; ça m'a charmée. Je n'arrive pas à qualifier autrement que "glamour" cette façon de dessiner, d'ombrer une case, qui donne une force cinématographique. Mais la vérité est que j'ai d'abord vu le film de Terry Swigoff. C'est par le cinéma que je suis rentrée dans l'univers bande dessinée.

Lettres à Nelson Algreen, Simone de Beauvoir, Gallimard, 1999 Ce qui me touche chez Simone de Beauvoir, c'est sa façon de mélanger sa "petite" histoire à la grande, dans ses mémoires. Elle était tombée amoureuse de l'écrivain Nelson Algren lors d'un de ses séjours aux États- Unis. Leur correspondance est fascinante à lire en parallèle de ses mémoires, La Force de l'Âge, parce qu'on voit ce qu'elle trie en écrivant à son amoureux (qui vit à Chicago).

Eve’s Hollywood, Eve Babitz, Delacorte Press/S.Lawrence, 1974 Ce titre apparaissait dans plusieurs bibliographies quand je me documentais pour ma bd Autel California. Eve Babitz, c'est la femme qui pose nue face à Duchamp jouant aux échecs. Elle est un peu la Sagan de Los Angeles. C'est la première personne que le journaliste Philippe Garnier a voulu rencontrer quand il a emménagé à L.A. Rien que pour ça, j'avais envie de la lire ! Je me rappelle un chapitre où elle décrit l'ennui au lycée pendant une récrée où les élèves restent confinées à cause de la pluie, avec leurs cheveux qui frisent, perdant tour à tout leur aura de perfection.

Fragiles ou contagieuses, le pouvoir médical et le corps des femmes, Barbara Ehrenreich & Deirdre English, Cambourakis, 2016 C'est une claque de lire les essais inédits en français, de ces autrices (des militantes du Mouvement pour le corps aux USA dans les 70's) qui nous font comprendre comment les femmes et leurs savoirs ont été écartées de la médecine avec Sorcières sages femmes et Infirmières. Et comme on nous a inculqué, façonné, inscrite dans une "condition", selon la classe sociale à laquelle on appartenait. Une histoire anatomique d'une manipulation toujours à l'œuvre...


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Le dans tous ses états ! Pierre Mornet

Avril & Druillet Pénélope Bagieu Fanny Michaëlis Di Rosa & Blutch Lucas Weinachter Philippe Delerm Alessandra Maria Jean-Marie Vives Thomas Ehretsmann Michael Lindsay-Hogg Daniel Maja Gabrielle Piquet Anne Simon Blacksad, le jeu vidéo Frédéric Borel Les salons du dessin

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Entrée

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CONTREFAÇON

Natacha Paschal


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ANTOINE+MANUEL

ANTOIN E +M ANU E L

MARS-AVRIL-MAI- JUIN


Entrée

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ESPACE FUN

Vous venez de vous enfiler une montagne d’infos : un peu de divertissement ne vous fera pas de mal. POINTS À RELIER par Agathe Bruguière

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Temps Pète

Eau Rage Oeufs

JOLIS RÉBUS par Simon Bailly


EntrĂŠe

JEU DES 7 ERREURS par Chester Holme

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Photo : Florent Tanet


Météo Météo Météo Météo Météo Météo


intro pictos

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Au jour le jour, le plus dur, c’est de garder une allure présentable. Un coup de et c’est foutu. Une cagoule et c’est perdu. Un

qui morve et voilà tout notre plan

de séduction du monde qui s’envole. Après, en dehors de ces problèmes esthétiques, la météo a ses bons côtés. Ce sont ses changements d’humeur qui participent à faire de chaque jour un

différent. Symbole d’une vie

qui ne présente jamais le même visage, la météo raye l’ordinaire, déchire la routine. Un paysage trop vu ? Quelques rais de lumière perçant au milieu des changer tout ça.

vont


Météo

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Pictos : Alizée Avice

Un festival de hippies ? Une torrentielle le transforme en concours de ventriglisse. Une rencontre inopinée un matin de tête dans le

?

La météo fournira la matière nécessaire à votre prestance. Le problème, c’est surtout l'

. Son incroyable

arrogance lui a fait croire qu’il pouvait avoir la main, piper les

et prendre

le pouvoir sur la nature. La météo devient alors la messagère. Et la

qu’elle

nous envoie via les diverses catastrophes climatiques qui se succèdent est on ne peut claire : ça suffit, oui ?



Interview

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L’illustrateur d’Automne, Dimanche, Pebble Island et récemment de l’Été à Kingdom Fields, observe le monde depuis la fenêtre de son bureau londonien. Du haut de ses 35 ans, Jon Mc Naught maîtrise les silences et la grandeur des paysages comme personne, qu’importe les saisons, qu’importe le temps. Le lauréat du prix Révélation du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême

Jon McNaught, maître du temps en 2013 a vécu enfant quelques mois au large de l'Argentine, dans les îles Malouines. C’est peutêtre un peu pour cela qu’aujourd’hui, l’illustrateur devenu professeur, a développé ce regard mélancolique si singulier. Il capture avec talent ces instants suspendus, ces moments où le temps n’est plus qu’une sensation éphémère, comme un souffle sur la peau.


Interview

Flagstones lithographie.

Quel temps fait-il à Londres aujourd’hui  ? Plus sérieusement, est-ce que la météo a une influence sur ton travail ? Il fait froid aujourd’hui, mais le ciel est dégagé et l’air est vif. On est au début du mois de mars, donc ça commence à ressembler un peu au printemps (même s’il pleut tous les jours depuis quelques semaines). J’aime bien cette période de l’année où on sent progressivement un peu plus de douceur et d’optimisme

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après un hiver souvent long et rigoureux. En réalité, on peut dire que mon travail est très influencé par la météo… Une grande partie de l’atmosphère d’un lieu change lorsque la météo change. Chacune des saisons apporte avec elle son lot de souvenirs et les premiers jours d’une nouvelle saison évoquent une odeur dans l’air, une sensation singulière sur la peau qui me font penser aux années passées, à des moments particuliers. C’est

d’ailleurs probablement ce qui m’inspire le plus : l’envie de capturer ces sentiments éphémères et de les retranscrire dans une œuvre d’art ou une bande dessinée. Tu as vécu à l’autre bout du monde, sur les îles Malouines, au large de l’Argentine, lorsque tu étais enfant. C’est aussi là que se déroule l’action de l’album Pebble Island. Est-ce que le climat là-bas a eu un impact


Jon McNaught

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Est-ce que cela a joué sur ton sens de l’observation et ta capacité à créer une véritable esthétique de la contemplation ? Oui, très certainement. Beaucoup de mes souvenirs d’enfance sont liés à des promenades dans des paysages incroyables, à la découverte d’endroits paisibles et tranquilles. Mes bandes dessinées sont toutes un peu comme ça aussi. Il s’agit d’une certaine manière de voyages et d’expériences calmes et solitaires. Je pense que les bandes dessinées sont tout simplement un lieu idéal pour la contemplation. Ton rapport au temps qui passe et à la météo se retrouve dans L’Été à Kingdom Fields, Automne, Dimanche et Pebble Island

Dimanche, Nobrow, 2017.

sur ton travail et ta façon de dessiner ? Les Malouines ont des conditions météorologiques très extrêmes, et mes premiers souvenirs de ma vie là-bas sont très liés aux éléments. Je n’y ai vécu qu’un an à l’âge de 6 ans, mais les souvenirs de beaux paysages désolés et d’un long hiver enneigé sont toujours un peu avec moi. Parfois, quand il y a du givre sur le sol ou de la neige dans l’air, j’ai un flash… Je me remémore une promenade où je marchais péniblement dans la neige avec ma famille au cours de cette fameuse année aux Malouines. J’ai réalisé beaucoup d’œuvres à partir de photos de cette époque, et j’ai toujours essayé par différents moyens d’évoquer l’atmosphère d’un ciel brumeux et de paysages s’étirant au loin. Dans un endroit comme les Malouines, on se sent toujours très petit, très apaisé sous ces ciels immenses… Et je pense qu’une bonne partie de mon travail consiste à essayer de capturer ce sentiment très particulier.

"En réalité, on peut dire que mon travail est très influencé par la météo… Une grande partie de l’atmosphère d’un lieu change lorsque la météo change."


Interview

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Dimanche, Nobrow, 2017.

Comment expliques-tu l’évolution de ton travail dans ces quatre livres ? Ces quatre livres traitent de lieux et de saisons spécifiques. Dimanche est un long après-midi d’été dans un jardin de banlieue, Pebble Island est une histoire d’hiver se déroulant sur une île des Malouines, Automne parle de l’automne dans une maison de soins infirmiers dans une petite ville, et L’Été à Kingdom Fields est basé sur des vacances estivales dans une caravane en bord de mer. Tout cela se déroule dans des endroits fictifs, mais basés sur des lieux réels où j’ai vécu. En dix ans mes livres ont évolué, ils sont devenus plus gros et plus ambitieux au fur et à mesure que les années passaient. Le premier livre est presque entièrement muet et n’explore finalement que le paysage et l’atmosphère qui s’en dégage. Puis je me suis progressivement intéressé aux individus. J’ai alors peuplé ces paysages avec des personnages, et tenté d’explorer comment ils pouvaient y vivre et quel rapport ils pouvaient entretenir avec les lieux. J’ai donc logiquement introduit des dialogues et développé les relations entre les personnages et leur rapport à l’environnement qui les entoure et comment ce lien évolue avec le temps.

"Mes bandes dessinées sont toutes un peu comme ça aussi. Il s’agit d’une certaine manière de voyages et d’expériences calmes et solitaires. Je pense que les bandes dessinées sont tout simplement un lieu idéal pour la contemplation."

Les ombres, les reflets, les couleurs ont une part prépondérante dans ton travail, comment travailles-tu cet aspect ? Quelles techniques d’impression privilégies-tu pour travailler sur ces effets en particulier ? L’impression a toujours eu une place importante dans ma pratique artistique. J’ai travaillé pendant de nombreuses années en tant que technicien en impression (enseignant la lithographie), et je continue à faire des sérigraphies et des lithographies de beaucoup de mes


Comment concilies-tu le fait d’être enseignant, de réaliser des œuvres personnelles et de produire également des travaux de commande ? C’est un peu délicat de concilier tout ça… Mais c’est nécessaire pour gagner sa vie… À vrai dire j’apprécie tous ces aspects de ma carrière, même si évidemment, j’aimerais pouvoir passer plus de temps à faire des bandes dessinées ! Je n’enseigne qu’occasionnellement et sur de courts modules, mais je suis toujours très heureux de travailler avec des étudiants et d’être dans une salle pleine d’idées et d’énergie (en particulier après avoir passé beaucoup de temps seul à travailler sur des bandes dessinées).

Histoires de Pebble Island, Dargaud, 2016.

Quels sont les projets ou les images qui t’ont le plus marqué dans ton travail ? Dimanche a une place particulière… Ça a commencé comme un défi que je m’étais fixé de réaliser une bande dessinée auto-imprimée au cours de l’été. J’avais jusqu’alors fait beaucoup de petites bandes dessinées, mais pas assez développées pour faire un livre à proprement parler. Alors je me suis mis à dessiner deux garçons grimpant sur un toit, et puis tous les jours, j’ai essayé de faire une strip sur la base de ce qu’ils voyaient. Ça a été un excellent exercice, ça m’a permis de laisser mon esprit vagabonder, et finalement de trouver la voie pour créer toutes mes autres bandes dessinées. C’est aussi le premier livre que j’ai réussi à publier, donc ça m’a vraiment mis sur de bons rails. Un autre projet qui a été très important pour moi : les pochettes pour la

London Review of books, 2017.

œuvres. Ma technique de dessin à évoluée parallèlement à mon expérience d’impression (étant donné que j’imprimais mes premières BD moi-même), je dessine donc chaque page (avec un pinceau et de l’encre noire) sur deux ou trois feuilles de film transparent, dans l’objectifs de pouvoir composer les couleurs avec un système de calque sur la page. Ce travail est souvent adapté commercialement en utilisant des tons directs Pantone. Le résultat est assez similaire à mes propres impressions que je réalise en studio. Pour ce qui est de ma technique d’impression préférée, c’est donc logiquement la lithographie offset. J’ai travaillé pendant des années dans un studio de lithographie, et j’aime beaucoup mélanger les couleurs sur la table et le son du sifflement de l’encre lorsque vous manipulez le rouleau. J’aime aussi le contrôle qu’on peut avoir sur les couleurs à l’aide de cette technique et la possibilité de les superposer, de créer de nouvelles nuances là où elles se chevauchent.

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London Review of books, 2017.

Jon McNaught


L'été à Kingdom Fields, Dargaud 2020.

Interview 32


Jon McNaught

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L'été à Kingdom Fields, Dargaud 2020 - Suzie puddle.

London Review of Books. Je leur ai présenté quelques idées il y a environ 8 ans, et depuis, je leur dessine trois ou quatre couvertures par an. Je leur envoie des images basées sur des choses que je vois dans ma vie quotidienne ; une chaise perchée sur une clôture de jardin, des reflets dans une fenêtre de train, des maillots de bain séchant au soleil sur un toit de voiture. Chacune de mes couvertures pour eux contient un instantané de quelque chose d’une beauté extraordinaire dans un endroit ordinaire. Ça m’a pas mal aidé à observer le monde autour de moi, à être plus curieux, toujours en quête d’histoires à raconter.

L'été à Kingdom Fields, Dargaud 2020 - Gulls on rocks.

Peux-tu nous dire quelques mots sur cette couverture ? L’image est une représentation d’un parc de jeux pour enfants, là où se déroule mon dernier livre (L’Été à Kingdom Fields). Dans ce livre, il y a une forte tempête de pluie estivale pendant une journée, journée pendant laquelle une famille prend abri dans un musée. Cette image montre les animaux souriants, trempés de pluie, dans le parc abandonné. J’adore utiliser des personnages de dessins animés peints sur des équipements comme dans ce terrain de jeu. Là, les animaux continuent de sourire sans sourciller au fil des ans, quel que soit le temps, jusqu’à ce qu’ils soient finalement simplement cassés ou remplacés.

L'été à Kingdom Fields, Dargaud 2020 - Suzie cabinet.

Quels sont tes projets à venir ? Je commence tout juste à travailler sur une nouvelle bande dessinée, mais ça ne se fera pas avant un petit moment… En attendant, je fais des BD plus courtes que je publierai moi-même en ligne et sous forme de tirages en petit nombre d’exemplaires. Je dessine également de nombreuses nouvelles œuvres pour la London Review of Books.

Interview  :  Jérémie Martinez Portrait : Eleni Kalorkoti


Créations originales -

Le temps qu'il fait est sans doute la préoccupation la plus partagée. Personne ne peut dire qu'il s'en fout totalement et pour certains l'enjeu est même vital. Qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il canicule, les réactions diffèrent, les paysages changent et les émotions varient. Les huit illustrateurs ont placé le curseur où bon leur semblait, jouant des différentes esthétiques que peuvent offrir les fluctuations météorologiques. Ils ont pu créer avec toute la liberté que leur permet le format magazine : nous leur avons donné le moins d'indications possible pour que ce dessin reflète totalement leur réponse à ce thème : Météo. Merci à Takashi Nakamura, Clémence Sauvage, Gaëlle Malenfant, Valentin Lergès, Roxane Lumeret, Marie Larrivé, Zack Rosebrugh et Linda Merad d'avoir bien voulu parler météo avec nous.


ClĂŠmence Sauvage | SauvĂŠ instagram.com/sauvage.clemence


Gaëlle Malenfant | Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille malenf.com


Marie LarrivĂŠ | Les Jours ĂŠtranges marielarrive.com


Roxane Lumeret | DĂŠpression au-dessus du jardin roxanelumeret.com


Takashi Nakamura | DĂŠblayer la neige depuis le toit takasinakamura83.tumblr.com


Valentin Lergès | Evaporation valentinlerges.tumblr.com


Zack Rosebrugh | The Weathermen zackrosebrugh.com


Linda Merad | Le Calme avant la tempĂŞte lindamerad.com


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Discussion

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Mes Nuits de boue La journaliste Marie-Lou Morin, passée notamment par L'Obs, Grazia et I-D, nous raconte ses tracas météorologiques en période festivalière. Et non, Woodstock n'est pas la règle. Ça a commencé il y a quelques années déjà… Quand, par une terrible corrélation de faits indiscutables, on a décidé de me surnommer « la guigne ». À la suite de ça, le pouvoir de la pensée magique a fait le reste. Un surnom peut enfermer les gens de façon irrémédiable dans ce qui constitue leurs plus grandes angoisses. Mon angoisse, à moi, c’était la météo. Indomptable et imprévisible, elle a pu gâcher les meilleurs moments de mon existence. Et m’a certainement fait perdre mon insouciance. La malédiction s’abat sur moi telle Tantale et sa famille. Voilà, c’est dit : partout où je passe, le beau temps trépasse. Il y a bien eu ce mois d’avril 2003 où, lors d’un voyage scolaire, j’ai vu Venise couverte de neige… Mais « la guigne » date bien de 2015. Baleapop, SaintJean-de-Luz. Six ans que le festival existe déjà, et on me l’a promis, malgré le climat capricieux du Pays basque, jamais une goutte de pluie. Avec allégresse, je mets donc deux maillots de bain, trois robes et des espadrilles dans ma valise en me voyant déjà springbreaker au bord de l’océan. Alors que je rejoins mes amis, arrivés plut tôt, au bord de la piscine, le temps est à la fête. Direction le parc

Ducontenia pour découvrir ce que le collectif Moï Moï, instigateur du festival, a préparé. Devant la mélancolie de Flavien Berger, le temps se brouille. L’odeur de pétrichor commence à se faire sentir. La terre sèche se couvre peu à peu de pluie, et exhale ce mélange d’humus et de roche si particulier. C’est beau, mais je commence à m’inquiéter. On ne tiendra jamais tous sous ce chapiteau si ça dégénère. Puis une pluie diluvienne s’abat sur le parc. Alors que Jessica93 déroule toute la noirceur de son shoegaze dans une gadoue démiurgique, facilitant (ou pas) les pogos déchaînés, c’est la coupure électrique, fatale. Je suis couverte de boue, les gens dévalent les pentes tout autour de moi. Sur le chemin du retour, alors que personne ne veut nous prendre en stop (on a clairement l’air d’une bande de punks à chien), la pluie continue de tomber : elle durera trois jours. Le lendemain, alors que ma chevelure a pris des airs de perruque de Louis XIV, et que je suis la risée de ma colocataire de chambre, les festivaliers m’assurent qu’ils n’ont jamais vécu un Baleapop comme celui-ci. Mes amis me regardent, et conviennent unanimement que ma venue n’y est pas pour rien dans tout ça. La « guigne » est née.


Marie-Lou Morin

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“Voilà, c’est dit : partout où je passe, le beau temps trépasse.”

D'autres nuits de boue Woodstock, 1969

Dour, 2012

Burning Man, 2017

Évidemment, le plus mythique en termes de météo pourrie. Orages en série, pluie diluvienne, champs de boue, le festival a failli devenir la plus grande électrocution de masse jamais organisée. La prestation des Grateful Dead, interrompue pendant quarante minutes à cause des coups de jus, sera la plus pitoyable de leur carrière.

Certes, la plupart des festivaliers de Dour sont de toute façon défoncés. La légende dit qu’on n’y dort pas, et qu’on y mange à peine… durant 5 jours. Mais cette année-là, il a tout de même fallu pomper 50 000 litres d’eau sur l’une des scènes, submergée par la pluie. La descente n’a pas dû être facile.

On est ici sur un tout autre registre. Dans le Nevada, en plein mois d’août, la température atteint 40 degrés cette année-là. La foudre qui a frappé non loin a provoqué un feu de forêt, condamnant une partie de la route. Ce qui n’a pas empêché les techies de la Silicon Valley de se croire, une nouvelle fois, sur un catwalk. Une vision de l’enfer, sur terre.

Glastonbury, 2005 L’Angleterre n’est pas réputée pour son temps idyllique. Et tout festivalier qui se respecte sait qu’il doit s’armer de bottes pour affronter Glastonbury. Mais l’année 2005 fut la plus catastrophique. Les inondations étaient telles que les tentes vides se sont mises à flotter dans le camping.

Baleapop, 2015 Certainement le festival le plus enthousiasmant de cette dernière décennie. Le collectif Moï Moï a raccroché les gants, mais on les remercie de nous avoir fait vivre de si grands moments. 2015 fut l’édition la plus pluvieuse, avec coupure de courant monumentale dès le premier soir.

Festival Météo Parce que cet événement a pourri toutes mes recherches internet sur le sujet en revenant inlassablement en suggestion Google, il méritait d’être dans ces pages. Ce festival de jazz manie l’ironie à merveille car il a lieu à Mulhouse, ville où il pleut 80 % du temps (801,2 mm de précipitations annuelles contre une moyenne nationale de 312 mm).


Discussion

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En 2016, rebelote. We Love Green quitte le bois de Boulogne pour rejoindre celui de Vincennes. C’est une tradition, depuis sa création, je ne manque aucune édition. Les jours précédents, en plein mois de juin et alors que j’y ai connu des moments de douce communion sous une chaleur qui sentait bon l’été, la pluie a transformé le bois en arène de catch. Confiante, mais surtout naïve, je ne renonce pas devant l’adversité. Chaussée de baskets, j’estime que la pluie qu’ils annoncent à nouveau ne m’empêchera pas d’atteindre le carré VIP pour resquiller la queue aux toilettes. Sur place, l’apocalypse m’attend. Woodstock au bois de Vincennes. L’orga s’agite dans tous les sens, les concerts sont annulés les uns après les autres… Où sont les couronnes de fleurs, les tatouages éphémères, les filles qui ont pris un passeport pour Coachella ? WLG n’est plus qu’un immense terrain de boue, où chacun peine à se mouvoir, englué dans une fange monstrueuse. Mes amis me regardent, et m’accusent une nouvelle fois. « C’est normal, la guigne est avec nous. » Le lendemain, après avoir constaté que les bottes de pluie sont en rupture de stock dans toute la capitale, je déclare forfait. Je ne suis plus jamais retournée à We Love Green. Il a toujours fait beau depuis. Ma famille, maraîchère, m’a appris à me méfier du mauvais temps. J’ai été bercée par des histoires de déluge mortifère, de récoltes gâchées, de chrysanthèmes décapités par la grêle…

La pluie est l’ennemi numéro 1, le vent une plaie, l’orage une malédiction. La dépression, souvent due à une perturbation, fait partie de mon champ lexical. La météo est le baromètre de mon humeur, et je peine à braver les éléments quand il s’agit de faire la fête. Jusqu’à ce jour d’août 2017… Au Flow Festival, à Helsinki, ma peine de cœur sous le bras, je me retrouve seule avec des inconnus, à devoir couvrir un festival gigantesque. Évidemment, les journalistes arrivés quelques jours avant avaient profité des bains finlandais en se baignant dans la Baltique sous un soleil radieux. Je plonge dans les festivités à cœur corps perdu. Dans la soirée, un orage éclate. Je me retrouve sous des trombes d’eau devant le set de Soichi Terada, chantre de la house japonaise. Son enthousiasme et son sourire éternel me culpabilisent. Je reste. Il laisse la place à Jon Hopkins, que j’ai déjà vu mille fois, mais soudain une épiphanie. Sous cette pluie d’été, j’oublie tout. Mes filtres mentaux explosent. Je ne suis plus, je suis autre. Hypnotisée par de longues plages ambient, des montées grandioses, je suis (sobre) purifiée de mes angoisses. Un moment de grâce qui m’a guérie à jamais de cette méfiance envers les éléments. Un baptême, puis une renaissance.

Texte : Marie-Lou Morin Photos : Hannah Thual @ Baléapop


Rétrographie

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LA COLÈRE DES DIEUX Ou diverses interprétations populaires de ce qui nous vient d’en-haut

Apocalypse, Le Sixième Sceau, Albrecht Dürer, 1498


CE QUI EST EN HAUT Avant d’être vulgairement baptisée la « science de la pluie et du beau temps » – qui n’est d’ailleurs pas une « science exacte », comme le quidam mouillé aime à le rappeler sporadiquement – la météo était à l’origine d’une très haute espèce. Forgée dans l’Antiquité grecque par Aristote lui-même, la météoro-logia s’intéressait à l’étude de ce qui se

passe « au-dessus de nos têtes », littéralement les météores : tonnerre, éclairs, pluie, neige, grêle, etc. ; bref, tout ce qui a lieu dans l’atmosphère. En fonction de l’intensité, variable, et de la turbulence, inhabituelle, ces événements incertains, accidentels, inspiraient la crainte ou brutalement la peur. L’angoisse qui en découle mettait la raison en sommeil le temps d’un orage et attisait les superstitions. Si bien qu’on entendait dans les nues la voix d’un présage et voyait dans la foudre le châtiment divin. La puissance évocatrice des phénomènes climatiques tient au

fait essentiel qu’ils viennent d’en haut, physiquement, c’est-à-dire d’un espace qui semble infini et dont l’origine n’est pas visible. Pour l’ignorant, la pluie paraissait tomber du ciel depuis une source inconnue, comme une fontaine versatile et incontrôlable. Aussi, et très naturellement, on identifiait dans la manifestation exacerbée des épisodes célestes l’expression de la volonté divine ; parce que le divin en soi est invisible, impalpable, au-dessus de nous : dans les cieux, exactement. Du moins c’est là que les Hommes l’ont d’abord placé, comme une vigie au-dessus de l’horizon, surveillant

1) Les Quatre Éléments, Gravure de D. Stolcius von Stolcenberg, in Viridarium chymicum, 1624

Autrefois, on regardait le ciel avant de prendre une décision. Pauvres mortels, bien conscients de notre petitesse devant la Nature, cloués au sol comme des moutons et partageant silencieusement le rêve d’Icare, nous scrutions les figures des nuages et le vol des oiseaux à l’affût de symboles. De signes, d’enhaut. Et si ceux-là étaient présents, si la lumière, la couleur et la forme s’alignaient dans l’esprit de l’interprète, on décidait d’agir. Ce qui pouvait entraîner des conséquences plus ou moins épiques, comme déclarer la guerre à un voisin ou fonder une cité nouvelle. Ces rituels, de nos jours perçus comme la simple expression d’un folklore mystique, n’étaient pourtant pas dénués d’une certaine sagesse. Et comme bien souvent, ce qui relevait d’abord de la banale croyance se commuta, à force d’observations, en savoir, puis en connaissance ; quand les vapes de l’irrationnel furent dissipées par la loi de causalité, la preuve et la déduction. De la mythologie à la science, logiquement. Pourtant, le mythe avait ça de beau qu’il favorisait la rêverie et magnifiait le réel par le filtre de l’imaginaire. Alors la Nature, comme toutes ses manifestations climatiques, semblait aussi terrible que fascinante, surtout lorsqu’elle était transfigurée par un artiste, à travers ses récits, ses vers, et ses illustrations.

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2) L'union des quatre éléments formant la chrysopée, par Matthäus Merian, gravure pour le Musaeum Hermeticum, 1678

Rétrographie


La colère des dieux

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son troupeau, épiant les humaines faiblesses et les corrigeant à coup de catastrophes pour que la leçon soit bien comprise. Puis, par extension sémantique, l’expression de la colère divine est descendue sur terre, pour embrasser et réunir dans la terreur les désastres célestes et terrestres. Dès qu’il y a renversement de l’ordre de la Nature et quelle qu’en soit la provenance. Dès que les éléments se déchaînent.

LE FEU, L’AIR, L’EAU, LA TERRE Dans son traité des Météorologiques, Aristote circonscrit clairement le champ d’étude : il s’agit d’étudier les phénomènes célestes qui se produisent dans le ciel et plus précisément dans la zone comprise entre la Terre et la Lune. Cet espace, qu’il appelle le monde « sublunaire », est imparfait, désordonné, chaotique, et s’oppose au monde « supralunaire » qui s’étend de la Lune à la sphère des étoiles fixes, où règnent l’ordre, la permanence et l’harmonie. Le monde sublunaire d’Aristote (qui n’est ni plus ni moins que la Terre sur laquelle nous vivons et son atmosphère) est composé de matière, mouvante et corruptible, faite à partir des quatre éléments fondamentaux : la Terre évidemment, l’Air qui nous entoure, l’Eau des mers, océans et fleuves, et le Feu (1 et 2). Les éléments se retrouvent tous assemblés dans la matière, en différentes proportions. Mais pour un adepte de la « juste mesure » comme l’était Aristote, lorsqu’un déséquilibre apparaît, la catastrophe n’est jamais loin. Par conséquent, les éléments portent en eux-mêmes de funestes prémonitions, qui se manifestent lorsque la Nature est contrariée. On parle alors à juste titre de déchaînement : l’Eau des mers se fracasse sur les terres sous

3) Neptune, debout sur un char tiré par deux chevaux marins, Mosaïque d’Hadrumète, IIIe s.

la forme du redoutable tsunami ; l’Air forme les volutes tournoyantes et dévastatrices du cyclone, la Terre tremble et provoque le séisme, qui s’accompagne parfois d’un Feu remontant des entrailles et jaillissant en éruption volcanique ; ce même Feu, enfin, qui vient aussi du ciel et s’abat violemment sans qu’on sache où et quand.

DES DIEUX ET DES HOMMES C’est l’apanage des dieux que d’être imprévisibles. Et ils peuvent eux aussi être terrifiants, violents, implacables, frappant impunément avec une totale liberté. Il était donc assez logique de coiffer les phénomènes météorologiques des mêmes attributs mystérieux, de déifier les catastrophes. Peut-être était-ce là une vaine tentative de prendre prise sur la Nature, en se persuadant qu’on pouvait l’amadouer en dressant des autels à ses dieux. Depuis la nuit des Temps, et dans toutes les civilisations qui lui ont succédé, les Hommes associent les dieux aux formes de la Nature et

« C’est l’apanage des dieux que d’être imprévisibles. Et ils peuvent eux aussi être terrifiants, violents, implacables, frappant impunément avec une totale liberté. Il était donc assez logique de coiffer les phénomènes météorologiques des mêmes attributs mystérieux, de déifier les catastrophes ».


Rétrographie

aux conditions climatiques qui en découlent. Le pandémonium grec, qui nous est sans doute le plus familier, en témoigne généreusement. Gaïa, pour commencer, divinité primordiale de la Terre, engendre seule Ouranos, le Ciel étoilé, avant de s’unir à lui pour initier une généalogie élémentaire mythique, dont descendront les principaux dieux de l’Olympe ; le terrible Poséidon (3), associé à l’Eau, qui gouverne les mers et les océans, commande les tempêtes, les tremblements de terre, est particulièrement redouté par les pêcheurs grecs ; Éole, dieu du vent et digne représentant de l’Air est lui aussi bien connu des navigateurs et imploré souvent en cas de bourrasques maritimes ; dieu du Feu, de la forge et des volcans, Héphaïstos vit dans les tréfonds de l’île de Lemnos, d’où il façonne des armes admirables comme celles d’Achille et d’Héraclès. Et Zeus (4 et 5), bien entendu, roi de l’Olympe et incarnation météorophobique par excellence, qui unit les quatre éléments primordiaux en déclenchant l’orage. Son symbole est le foudre, que lui ont offert ses oncles, les trois cyclopes ouraniens, pour le remercier de les avoir libérés. Il l’utilisera pour renverser Cronos, son père, et devenir seul maître des dieux. Le foudre est composé de trois éclairs : le premier pour avertir, le second pour punir, le dernier pour la fin des temps et la destruction du monde. Beaucoup d’autres cultures offrent des personnages semblables, tant la peur du ciel est universelle : Thor (6) et son impitoyable marteau de tonnerre, le mjöllnir, dans la mythologie viking ; Indra (7) le dieu du ciel védique, perché sur un éléphant blanc et foudroyant avec sa massue vajra ; Tlaloc (8) chez les Aztèques ou Chac chez les Mayas, sont des dieux de la foudre, de la pluie et

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4) Zeus brandissant le foudre, accompagné de l’aigle, Jacob Matham, 1597

5) Zeus tout puissant, dans Jupiter et Sémélé, Gustave Moreau, 1895

6) Thor, illustration de Johannes Gehrts, 1901

7) Indra, peintre anonyme, 1820

8) Tlaloc, représenté d’après le codex Magliabechiano

9) Raiden, Tawaraya Sotatsu, XVIIe s.


11) Le Jugement Dernier, in La Bible illustrée par Gustave Doré, 1886

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10) Le Déluge, in La Bible illustrée par Gustave Doré, 1866

La colère des dieux

des tremblements ; Lei Gong, « Sire Tonnerre », et Dian Mu, « Mère éclair », forment le couple de l’orage en Chine, qui punit de mort ceux qui ont péché ; au Japon, Raiden (9) provoque la terreur en secouant le ciel et la terre ; ou encore Shango, le grand dieu guerrier africain armé de sa hache à double tranchant, qui punit par foudroiement les menteurs et les malfaiteurs.

CHÂTIMENT DIVIN Pour le monothéiste, c’e st un peu différent. Comme si on avait remis dans une seule main la somme des compétences et caractéristiques des précédents. D’un point de vue pratique, il faut avouer que c’e st quand même plus commode : déjà, on évite la confusion entre les spécialistes, en invoquant la même et seule entité quel que soit le sujet de la prière ; puis on fait des économies sur la variété des lieux de culte. De plus, comme il paraît que les dieux se jalousaient entre eux, on ne risque plus de froisser les susceptibilités par un excès de zèle trop appuyé dans une direc-

tion. Et pourtant, cela n’a pas suffi à calmer le ciel. La colère divine se manifeste dès le premier livre de l’Ancien Testament, sous la forme d’une pluie torrentielle et ininterrompue qui engloutit la terre. C’est le Déluge (10). La raison est assez univoque : dieu vient de créer le monde et les humains, il les observe, il n’est pas satisfait de sa création, alors il efface tout et recommence. Comme un artiste mécontent froisserait sa feuille de papier et la jetterait à la poubelle, sans plus d’état d’âme. Le texte de référence n’est pas plus explicite : « L’Éternel vit que les hommes commettaient beaucoup de mal sur la terre et que toutes les pensées de leur cœur se portaient constamment et uniquement vers le mal. L’Éternel regretta d’avoir fait l’homme sur la terre et eut le cœur peiné. L’Éternel dit : « J'exterminerai de la surface de la terre l’homme que j'ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles et aux oiseaux, car je regrette de les avoir faits. » (Genèse, 6, 5-7).

L’eau du ciel vient laver la faute. Dans d’autres légendes, c’est par le feu que les Hommes sont châtiés, ou par l’absence d’air pur, ou parce que la Terre s’ouvre. Il arrive même que ce soit un peu tout à la fois, en version cataclysme total : c’est l’Apocalypse. Une conséquence du Jugement Dernier ? Parce que dans toutes ces histoires, il est toujours bien question de fautes et de punitions (11). En l’absence d’éléments de compréhension rationnels devant les catastrophes climatiques, les Hommes se sont tournés vers la croyance divine pour se procurer un succédané d’explication. Un mécanisme de défense superstitieux, histoire de s’affliger collectivement les maux de la Terre sans en comprendre les causes véritables et accepter son impuissance devant la fatalité naturelle. La triste ironie, c’est qu’aujourd’hui l’Humanité a toutes les raisons pour observer le ciel et les preuves pour se sentir fautive devant la Nature. Mais elle semble attendre, et préférer se tourner vers la Providence. Texte : Jean Tourette


MÉTÉORAMA

Interlude

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INVASION Le 23 août 1992, l’ouragan Andrew frappe la Floride. Des vents soufflent à plus de 150 miles à l’heure, arrachant les toits des maisons, des bâtiments… et d’un centre d’élevage de pythons birmans, parmi les 5 plus grandes espèces de serpents au monde. Près de 1 000 spécimens s'échappent de leur cage. Un vrai désastre pour l’écosystème car, près de 28 ans ans après, des études montrent que l’invasion des pythons a fait reculer la population des ratons laveurs et d’opossums de 99 %. Les seules espèces qui peuvent menacer les pythons sont les alligators. Snake VS Croco, qui sortira vainqueur ?

ŒUFS (EM)BROUILLÉS En 2013, les responsables excédés du parc de la Vallée de la Mort ont lancé un appel aux touristes pour que ces derniers cessent de faire frire des oeufs directement sur la chaussée. La légende disait que dans cet endroit connu pour son record absolu de chaleur (56,7°C), seul le soleil suffisait à vous faire une bonne omelette. Et bien sachez que c’est faux et que les gardes vous invitent à aller vous en faire cuire un ailleurs.

MISTER FREEZE

À SEC

- 98°C. C’est la température la plus basse jamais relevée sur Terre, dans l'Inlandsis Est-Antarctique. « À cet endroit, nous sommes si proche de la limite de la Terre que cette température aurait pu être relevée sur une autre planète » indique l'auteur de l’étude. Bien entendu, aucun homme n’a atteint physiquement la zone (les relevés sont opérés par satellites), même si certaines villes du nord-est de la Sibérie, habitées en permanence, n’ont pas à rougir de leur records de froid de -67,8°C.

Les vallées sèches de McMurdo en Antarctique sont les zones les plus sèches de la planète. Si certaines parties du désert d’Atacama au Chili n’ont pas vu de pluie depuis 400 ans, le record monte à 2 millions d’années pour certains endroits des vallées sèches. Les conditions climatiques proches de la planète Mars ont conduit la Nasa à tester les équipements destinés à leurs futures missions.


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FROZEN

ALERTE ROUGE

Selon le spécialiste des bonhommes de neige Bob Eckstein, la ville de Bruxelles, en Belgique, a accueilli un festival de bonhommes de neige obscènes au XVIe siècle. Surnommé le « Miracle de 1511 », cet événement abrita environ 110 bonhommes aux positions plutôt impudiques voire pornographiques, façonnés par les habitants en signe de protestation contre la maison au pouvoir, les Habsbourg, et le système de classes. Double fun fact : lors du dégel printanier, la fonte des neiges provoqua des inondations dans la ville. La météo avait clairement choisi son camp.

Depuis 1818, la région du Kerala en Inde a été touchée par de mystérieuses pluies rouges. Sanction divine, ADN extraterrestre ou explosion d’un météore : de multiples pistes ont été envisagées. Il s’agirait en fait d’une forte présence de spores d’algue de lichens qui s’élèveraient vers les nuages et retomberaient sous forme de pluie.

Illustration : Agathe Bruguière Texte : Marie-Camille Alban, Alix Hassler & Cécile Lombardie

OVER THE RAINBOW 8 heures et 58 minutes. C’est le record tenu par l’arc-en-ciel le plus long du monde, enregistré à Taipei, Taïwan, en 2017.

ELLE PLIT MAIS NE ROMPT PAS Emblème de la France, la Tour Eiffel et ses 324 mètres de haut -antenne comprise- est en proie aux éléments. En 1976, en raison de fortes chaleurs (la dilatation du métal faisant bouger le monument), elle s’est inclinée de 18 cm, puis de 13 cm, lors de LA tempête de 1999. Les doigts dans le nez pour la dame de fer ! L’ingénieur Gustave Eiffel avait en effet prévu qu’elle puisse supporter une amplitude d’oscillation allant jusqu’à 70 centimètres.

GROS CAILLOU

SOUS LE VENT

Le grêlon le plus lourd du monde a été découvert lors d’un orage à Gopalganj, ville bangladaise, le 14 avril 1986. Le caillou glacé pesait pas moins de 1,02 kilos. En France, c’est l'Alsace qui détient le record depuis 1958 avec un grêlon de 978g tombé près de Strasbourg. Hopla !

Le vent le plus fort jamais enregistré soufflait à 407 km/h. La rafale a été observée le 10 avril 1996 à Barrow Island, en Australie lors du passage du cyclone Olivia. Côté bourrasque, la France n’est pas en reste avec ses 360 km/h au sommet du mont Aigoual dans les Cévennes.


Discussion

Ancienne de chez Mouvement et Arts Magazine, Pascaline Vallée se penche ici sur l'importance de la futilité : quand nos discussions météorologiques rejoignent les enjeux capitaux de notre temps.

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Y a plus de saison


Pascaline Vallée

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Simple comme bonjour. C’est même, le plus souvent, ce qui vient immédiatement après. Avec pour vocabulaire de base celui des éléments et des sensations, la discussion météo est sans doute la plus pratiquée par les Français. Contrairement aux tenues des présentatrices qui l’annoncent à la télé, le sujet est indémodable. Dans nos sociétés occidentales, elle est partagée par la plupart des classes sociales et des générations. Nous la lançons le plus souvent sans nous en rendre compte, d’une exclamation en entrant quelque part, ou d’un incontrôlable « ça va ? Il fait beau chez toi ? » lors d’un appel téléphonique. Palette aux mille nuances, la discussion météo se conjugue à tous les temps : passé, présent, futur. Elle est alimentée par de fines observations comme par les impressions les plus superficielles. Parfois, pour se donner du crédit, on emprunte à la froideur clinique des bulletins officiels, vents calculés de près et crues vigilancées d’orange ou de rouge. Selon les humeurs, on se prend à espérer, pariant contre les experts qu’un temps si beau ne peut pas s’arrêter demain.

Est-ce tant que le sujet nous préoccupe ? Hormis pour les exploitants agricoles et les personnes travaillant en extérieur, l’enjeu n’est pas crucial, mais il touche à ce que nous avons de plus commun : le ciel au-dessus de notre tête. Quelle que soit notre vie, il y aura bien un moment où il faudra mettre le nez dehors, en filant ou en flânant, et donc se retrouver aux prises avec les éléments – au contact de l’air.

Georges Perec

Belinda Cannone

Cyrille Javary

« Mon propos dans les pages qui suivent a plutôt été de décrire le reste : ce que l’on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n’a pas d’importance : ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages. » dans Tentative d’épuisement d’un lieu parisien

« Toutes les conversations mentionnaient la douceur de l’air, sa clarté, et les yeux pétillaient tandis que la voix s’abaissait comme pour ne pas attirer, par si réjouissante confidence, l’ire de quelque fée mauvaise que la joie aurait offusquée […] » dans S’émerveiller

« [En chinois], l’idéogramme “changement” combine en haut le signe du soleil, en bas celui de la pluie. […] Pour un cultivateur, le changement n’est pas un concept mais une nécessité […]. Seule l’alternance rythmée du soleil et de la pluie produit la récolte. » dans Yin Yang, La dynamique du monde

Sous ses apparences futiles, la discussion météo revêt aussi une importance sociale. Discuter « de la pluie et du beau temps », c’est déjà discuter, ne pas être seul. Plus qu’une manière de lier connaissance, elle est aussi l’assurance de l’entente. Se réjouir, s’alarmer ou se plaindre, ensemble. Lorsque le thermomètre taquine le zéro degré et que vous affirmez qu’il fait froid, il y a peu de chances que l’on vous contredise. Avec vous, on acquiesce : on est du même côté dans la bataille que nous livrent (ou les cadeaux que nous offrent) les éléments. De fait, parler météo n’e st souvent qu’un prétexte. En réalité, c’est leur état intérieur que dévoilent les

6 vigies météo

Stéphane Audeguy « Alors Akira Kumo s’arc-boute et tourne son visage, encore une fois, comme il l’a fait toute sa vie, vers le ciel, vers le ciel de Paris et ses nuages si simples et tellement étranges. Il aura fallu beaucoup de temps aux Hommes, pense-t-il […], pour admettre l’idée que les nuages, comme toute chose occupant de l’espace et du temps, pèsent un certain poids. » dans La Théorie des nuages

Victor Hugo « Je vis, je suis, je contemple. Dieu à un pôle, la nature à un autre, l’humanité au milieu. Chaque jour m’apporte un nouveau firmament d’idées. L’infini du rêve se déroule devant mon esprit, et je passe en revue les constellations de la pensée. » dans Choses vues

ONERC Créé en 2001, l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique publie des informations et recommandations, en lien avec le GIEC.


Pascaline Vallée

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“Dans la littérature, surtout romantique, le ciel est souvent le miroir idéal des sentiments humains.” interlocuteurs. Dans la littérature, surtout romantique, le ciel est souvent le miroir idéal des sentiments humains. Plus prosaïquement, nous nous servons régulièrement du temps pour exprimer, en la lui attribuant, notre lassitude ou joie de vivre. Le temps et l’humeur partagent pas mal d’adjectifs : radieux, maussade, sombre, dégagé, comme si les deux étaient inextricablement liés, le moral indexé sur la courbe des températures. D’ailleurs, on attribue aux vents violents des syndromes d’énervement, de dépression, voire de folie. Par habitude, les paroles posées sur le temps qu’il fait sont associées aux oiseux : seuls les vieux et les poètes ont le temps de regarder les nuages. Ces dernières années, pourtant, des propos engagés se glissent de plus en plus dans l’inoffensive discussion météo. Discrètement, l’ordinaire se modifie, alerte par à-coups. Avis fatalistes, révoltés ou sceptiques commentent la santé du monde. On en relève les signes, niveaux d’eau et de chaleur déboussolés. On s’alarme ou on se rassure (« en 66, souvenez-vous… ») ; nous n’avons, à notre disposition, que des « peut-être » pour expliquer. Pour couper court au désarroi, on se replie sur la seule vérité tangible : le constat que sont perdus les repères séculaires du cycle naturel. L’immuable « Y a plus d’saisons » est une autre manière de dire que le monde marche sur la tête.

Rien n’est plus mouvant que la météo. D’un lieu à l’autre, d’un moment à l’autre, le temps change. La course des vents est infinie, et le soleil d’hiver n’est pas le même que celui de l’été. Dans les enseignements de méditation, qui empruntent beaucoup aux philosophies asiatiques, on vous propose d’imaginer que les pensées encombrantes sont des nuages, qu’il faut apprendre à laisser passer. Non pas à éliminer, mais à observer pour s’en distancier. « La seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout change tout le temps », dit le Grand commentaire du Yi-jing. Positiver à longueur d’hiver, s’inventer un ciel intérieur au beau fixe, ne serait donc pas une bonne idée, et serait même néfaste pour la santé. Il faut s’accorder au temps, celui qu’il fait comme celui qui passe, accepter les ciels chargés et faire qu’ils soient suivis de clarté. Observer le temps et ses effets, voilà une activité que l’on ne s’autorise plus, ou jamais assez. On se contente d’un bol d’air, coup d’œil soupiré vers le ciel, et des rectangles découpés par nos fenêtres dans le paysage. Pourtant, s’intéresser aux modifications atmosphériques, qu’elles soient à peine perceptibles ou spectaculaires, offre un certain avantage : être reliés à notre monde. Certes, le temps n’en sera pas changé, mais cela nous rendra plus attentifs et sensibles. À la nature, à soi, au mouvement des choses.

Texte : Pascaline Vallée Images : Dimitry Anikin


Enquête

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À Mouthe, sans moumoute

Il aurait pu rester anecdotique dans l’esprit de ceux qui le traversent pour la consonance somme toute rigolote de son nom mais un 13 janvier 1968 en a décidé autrement. Alors que 50 000 écoliers français s’apprêtaient à vivre leurs premières classes de neige, ce petit bourg franc-comtois frôlant les 800 âmes inscrit à son thermomètre la température minimale record enregistrée en France métropolitaine, à savoir -36,7°. Il n’en fallait pas plus pour que son département se retrouve affublé d’un sobriquet évocateur : « la petite Sibérie française ».


Enquête

52 années et quelques drames écologiques plus tard, nous avons voulu prendre par nous-mêmes la température de ce patelin que Météo France avait désigné comme l’élu. Moon boots aux pieds et pneus neige intégrés à la vago, voilà la franc-comtoise de naissance que je suis et Justine, ma coéquipière

ATTENTION! De légendaires expressions franc-comtoises se sont glissées dans ce texte

franc-comtoise d’adoption, toutes seules les deux*, prêtes à aller conquérir un des chefs-lieux du Haut-Doubs. Deux heures trente de voyage depuis Lyon et de mémoire d’estomac, une bonne cinquantaine de virages escarpés plus tard, nous voici face à la terre promise du Grand Est. À coups de rayons de soleil destructeurs pour n’importe quel œil qui daignerait rester ouvert, Mouthe démonte en deux

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secondes le premier cliché qu’on voudrait lui coller aux basques, celui qui dit qu’« il fait toujours cru* à Mouthe ». D’emblée, son panneau de bienvenue, fier témoin d’un graphisme d’époque, annonce, lui, un autre record qui fait sa fierté : celui de Fabrice Guy, enfant du pays sacré champion olympique aux Jeux olympiques d’Albertville de 1992. Il faut dire que les montagnes jurassiennes offrent un terrain idéal pour l’entraînement. Ski alpin, ski de fond et raquettes font partie des activités qui font vivre la vallée l’hiver, à côté des balades de chiens de traîneau et de son fameux parc polaire. Mais un événement annuel en particulier met du baume au cœur des Meuthiards depuis plusieurs siècles : la Transjurassienne. Course de ski de fond lancée en 1979 sous l’impulsion de Jacky Mandrillon et de Georges Berthet, la « Transju » est depuis devenue la course la plus populaire de ski nordique en France. Ameutant plus de 4 000 participants, celle qui relie le village de Lamoura à Mouthe à travers un parcours de 68 kilomètres est devenue le nerf économique du Val de Mouthe. Attendue comme la Tante Airie* par tous les commerçants du village mais aussi

par des skieurs chevronnés français et internationaux, la Transju est pourtant dépendante des caprices de la météo lors de chaque édition. Et elle n’y aura pas échappé en 2020. Alors que sur le bas-côté, des sculptures de bonhommes de neige portent des dossards de skieurs et que les échoppes ci et là ont accroché des guirlandes de drapeaux censées attirer le chaland venu du pays voisin*, l’heure n’est plus à la fête. Désolée et désemparée, Mouthe s’est retrouvée sans autre choix que de laisser flotter l’ombre de la manifestation qui lui permet de maintenir à flot son économie. Et le pire, c’est qu’elle n’y peut rien. Il y a quelques jours encore, les organisateurs de la Transjurassienne pensaient pouvoir contourner les contraintes climatiques et modifier le tracé de la course de façon à ce qu’elle soit maintenue. Mais le couperet est ensuite tombé : avec ses 930 mètres d’altitude, Mouthe n’a pas pu profiter du taux d’enneigement nécessaire, et le parcours prévu comme solution de repli non plus. C’est la septième fois depuis sa création que la Transju doit être annulée et la deuxième fois en quatre ans.


Elora Quittet

La faute à pas de bol, la faute à pas de neige Loin d’être anecdotique, cet énième changement de plan est symptomatique du climat de plus en plus doux des montagnes d’ici et d’ailleurs. Selon les experts du GIEC, le réchauffement climatique en altitude est « deux fois plus important que le réchauffement planétaire global ». C’est en arpentant la rue principale du village que nous tomberons sur celui qui en parle le mieux : Mickaël, Meuthiard pure souche et gérant d’une des boutiques de location de skis de la commune. Pour lui, il est désormais impossible de nier les bouleversements dus à la hausse des températures. « Ici, on était connu pour les grandes périodes de froid. En février, il y avait toujours 2 à 3 semaines où il faisait de -15 °C à -20 °C. Maintenant, la norme, c’est ce qu’on a en ce moment : -11 °C au lever du jour et 15 °C l’aprèsmidi. Donc forcément, en ce qui concerne l’enneigement, on voit que c’est de plus en plus difficile en dessous de 1 200-1 300 mètres d’altitude ». Selon le gérant de Pécoud Sport, le problème est global

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et devient catastrophique surtout pour les stations de moyenne altitude. En Europe par exemple, de plus en plus de courses longue distance ont dû être annulées pour les mêmes raisons. En réponse à cela, il nous raconte que plusieurs stations de ski fondent leurs espoirs sur le « snow-farming », une méthode consistant à préserver des restes de la neige de l’hiver en les recouvrant de sciure jusqu’à la prochaine année. Grâce à la sciure, plus de deux tiers de cet amas de neige subsiste. À l’arrivée de l’hiver, il sera étalé et permettra de former une piste de plusieurs kilomètres. Or, cette technique, en plus d’être un non-sens écologique, ne peut être que provisoire. À l’heure actuelle en France, plusieurs milliers d’hectares de pistes sont pourtant enneigées artificiellement. Le village voisin de Métabief s’était aussi laissé prendre au jeu et projette d’installer plusieurs canons à neige. Mais la Ville, qui devait financer le projet à hauteur de 21 millions d’euros, a refusé en avançant l’argument suivant : l’avenir ne se trouve plus dans la neige. En Isère, le Conseil général a été du même avis en 2003 lorsqu’il a décidé d’arrêter les frais pour les sites les plus La source du Doubs


Enquête

Philippe, gérant du restaurant L’Oeil de Boeuf

Ingrid, co-propriétaire de l’auberge Chez Liadet

Mickäel, gérant de la boutique de matériel de ski Pécoud Sport

60 menacés et de proposer des aides à la diversification des activités. À titre d’exemple, dans l’ensemble des Alpes, la consommation d’eau pour les canons représente l’équivalent de celle d’une ville d’un million et demi d’habitants. Selon les chercheurs du Centre national de recherches météorologiques, « les stations de moyenne altitude connaîtront un enneigement si dégradé en 2030-2050 qu’elles ne pourront très probablement plus avoir une activité commerciale basée sur le ski ». Partant de ce triste constat, comment un village ayant bâti sa réputation sur l’or blanc comme Mouthe pourra-t-il s’en sortir ? Pour Sorya, employée à l’Office du tourisme, on a désormais meilleur temps* de miser sur des activités hors neige, même en hiver. Celle qui doit chaque jour assurer également le rôle de Madame Météo au téléphone a proposé cet hiver aux touristes des randonnées pédestres et des balades en trottinette électrique, et elle leur proposera bientôt de l’accrobranche. Ingrid, tenancière de l’institution Chez Liadet, nous confie avoir également pensé à l’après avec des projets de piscine en tête. Selon Philippe, patron du restaurant l’Œil de Bœuf, « on devrait par exemple profiter d’avoir la source du Doubs pour miser sur de l’aquatique ». Pour le restaurateur débarqué il y a 13 ans, comme pour tous les commerçants, l’annulation de la Transjurassienne a été une grosse claque. Il faut dire qu’en temps de course, le restaurant avait pris pour habitude d’envoyer, à chaque service, 150 assiettes. L’année dernière déjà, la situation s’était envenimée avec la décision de faire arrêter la course à Chaux-Neuve et non plus à Mouthe. Philippe ainsi que plusieurs commerçants du coin avaient alors gentiment râlé et fait circuler une pétition pour rendre à

César ce qui appartenait de droit à César. « On a voulu faire quelque chose, car on voyait que Mouthe commençait à s’éteindre », affirmet-il. De façon plus générale, Ingrid de Chez Liadet observe une diminution du nombre de personnes faisant la Grande Traversée du Jura à ski mais selon elle, les changements climatiques ne sont pas les seuls responsables. « Il faut pas se leurrer, les gens skient de moins en moins, c’est devenu assez onéreux », nous confesse-t-elle. Heureusement, le ski de fond, grande spécialité de la région, est moins restrictif car on peut s’y adonner même avec peu de neige. Derrière son comptoir, Ingrid relativise et emploie plusieurs fois la notion de « cycle ». Pour elle, tout est une histoire de cycles. « En 1985 déjà, il n’y avait pas eu du tout de neige. Une année sans neige, ce n’est pas nouveau. En 2012 par contre, on était obligés de peller* les toits parce qu’il était tombé un mètre de neige d’un coup. Je pense que ça tourne. Avant, on pouvait skier plus tôt. Maintenant, par contre, on skie de plus en plus tard. C’est décalé, on aura tendance à avoir plus de neige en mars qu’en janvier. » Ces changements de temporalité, cumulés aux rabasses* de pluie beaucoup plus fréquentes qu’avant, poussent donc les acteurs du Val de Mouthe à développer certains dons d’improvisation.

« L’état d’esprit maintenant, c’est : il faut bosser quand la neige est là », Mickaël Si Mouthe est toujours dans l’inconscient collectif la légendaire « ville la plus froide de France », il semblerait donc qu’elle ait été


Elora Quittet

déchue de son titre. Cela s’explique d’ailleurs aussi par un changement particulier que nous explique Mickaël. « Nos grosses périodes de froid venaient d’une masse d’air provenant de l’Arctique, et qui, quand il y avait des couches de neige suffisantes, se refroidissait beaucoup et redescendait sur l’Europe. Comme en Arctique, il fait de plus en plus chaud, il y a de moins en moins de glace et la situation s’emballe ». Ces changements climatiques, en plus d’avoir de nombreux effets sur l’économie locale, en ont également sur l’environnement avoisinant. Mickaël nous apprend que des parasites nommés scolytes sont en train de « flinguer les forêts » en infectant le bois. En conséquence, le bois se fait de plus en plus précieux, ce qui amène une inflation significative de son prix de vente. Lorsque Mouthe était encore la ville glaciale que l’on connaît, ce parasite friand de périodes de douceur disparaissait naturellement. Depuis que les températures sont plus douces, les tiques se sont également invitées en masse et avec elles se joint à la fête la maladie de Lyme.

*

Malgré ces chamboulements environnementaux et économiques, les Meuthiards se veulent rassurants et optimistes. Pour les personnes que nous avons rencontrées, le ski nordique a encore de belles années devant lui. Praticable avec peu de neige, le ski de fond est notamment l’une des Diplôme remis par l’Office du Tourisme activités phares de la qui relate un exploit aujourd’hui doucement ironique région avec ses 250 kiloSi Mouthe est touchée de plein fouet mètres de pistes. La luge a, elle aussi, par le réchauffement climatique et toujours la cote et n’est pas très souffre de son statut de station de gourmande en termes d’enneigemoyenne altitude, elle a su garder la ment. La piste juste en face de chez face et ne pas céder à des pratiques Liadet est la preuve de son succès. douteuses de substitution pour C’est d’ailleurs à quelques mètres de attirer le chaland. Contrairement celle-ci que nous avons été amenées à nombre de stations des Alpes, à découvrir un des lieux qui vaut le elle a également su garder son déplacement, la source du Doubs, authenticité, sa particularité régioberceau de cette rivière de 453 km nale et échapper au bétonnage et de long. Autre étape indispensable aux constructions massives dont du Val de Mouthe : le parc polaire. souffrent les grandes stations de Créé en 1995 par Claudia et Gilles, ski. Mouthe, de par ses habitants à deux aventuriers habitués à faire de la gentillesse incommensurable, les l’attelage, ce parc accueillait à son multiples activités qu’elle propose ouverture quelques chiens polaires. – froid ou non, neige ou non, Transju Il abrite aujourd’hui des dizaines ou non – et ne l’oublions pas, de par d’animaux dont des yaks, des rennes, les incroyables mets qu’elle offre à des cerfs, des chamois, des daims et rousiller*, mérite amplement qu’on des mouflons. s’y arrête. C’est d’ailleurs bien émeillées* que nous la quittons pour reprendre la route vers Lyon, des PETIT LEXIQUE COMTOIS POUR COMPRENDRE souvenirs de neige, de gentillesse, CET ARTICLE DANS SON ENTIÈRETÉ : de chaleur humaine, de cancoillotte, Avoir meilleur temps : mieux faire de... de paysages, d’animaux, de nature, Être émeillé : être tout à fait ému de saucisses et même de karaoké Faire cru : faire froid La/le : déterminant à placer automatiquement devant un nom propre plein la tête. Le Philippe* avait Pays : ici, le mot « pays » est également utilisé pour dire « village », raison : « les gens ne connaissent notamment par Mamie Dédée pas assez la Franche-Comté et c’est Peller : pelleter la neiger bien dommage », vindiou* ! Pont’ : le Pontarlier, anis distillé de la région Rabasse : grosse averse Rousiller : grignoter Tante Airie : substitut féminin du Père Noël, bonne fée du folklore franc-comtois Toutes seules les deux : tout.es seul.es les deux Vindiou : onomatopée pour marquer son mécontentement Texte & photos : Elora Quittet


Discussion

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La Météo des cases Nicolas Tellop s'échappe un temps de la rédaction de La Septième Obsession pour observer les perturbations météorologiques en milieu gauffrier. Le rôle du temps qu'il fait et du temps qui passe en bande dessinée.

Le monde des images n’est pas bien différent du nôtre puisqu’il dispose lui aussi de sa propre pesanteur, de sa propre atmosphère et de son propre climat. Ne classe-t-on pas les couleurs selon qu’elles sont chaudes ou froides, comme s’il existait un baromètre chromatique selon lequel était réglée la température des images ? La bande dessinée ne fait pas exception à la règle. Son régime est celui de la miniature et de l’enfermement (la case), et pourtant sa force et sa poésie résident dans sa capacité à déployer un monde dans toute son épaisseur, jusqu’à nous en faire ressentir les moindres variations atmosphériques. Il suffit pour cela qu’un personnage frissonne pour que s’exprime le souffle glacé de l’hiver, ou qu’une ou deux gouttes de sueur jaillissent de son front pour que l’accablement de la chaleur soit signifié. De la même façon, les nuages, les arbres,

les fleurs – bref, le moindre élément de décor permet de déterminer la saison à laquelle se déroule l’action. Malgré tout, dans les bandes dessinées, en particulier celles issues du giron franco-belge de la deuxième moitié du XXe siècle, il se passe quelque chose de magique. Quel que soit le climat, qu’il soit tempéré, chaud, humide, rigoureux ou glacial, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il canicule, le lecteur, lui, y est toujours bien. Il y est comme à la maison, à l’abri de tout et en particulier des intempéries. Même la météo la plus désagréable, de celles qu’en temps normal on qualifierait avec tout un chapelet d’injures, semble confortable, douillette, apaisante. C’est que les images caressent l’œil du lecteur. Elles lui ouvrent des fenêtres sur un monde qui tient davantage du rêve que d’une représentation du réel – poésies tout

en formes et couleurs, elles transfigurent. La météo n’y fonctionne donc pas comme dans la réalité. De la même façon qu’on n’a jamais vraiment mal dans ce genre de bande dessinée (chez Tintin, Spirou ou Astérix, on s’assomme à toutes les planches ou presque, mais même asséné sérieusement ce geste reste « pour du jeu »), le temps n’a jamais vraiment d’impact sérieux. Si, après avoir été exposé à la pluie, Fantasio s’enrhume dans Il y a un sorcier à Champignac, ce n’est que pour les besoins d’un running gag et cela ne l’empêche pas de continuer à se balader en short et en polo. D’ailleurs, son camarade Spirou, d’abord enrhumé lui aussi, guérit à la case suivante. Le début du Voyageur du Mésozoïque, une autre aventure de Spirou et Fantasio, en formule comme le théorème. En plein pôle Nord, une mission de sauvetage vient en aide au Comte


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Six titres perturbés

Nicolas Tellop

de Champignac. Retranché dans un campement scientifique, celui-ci ne donne plus signe de vie. En arrivant, les deux sauveteurs, qui souffrent du froid polaire, s’attendent à trouver le cadavre du vieil homme, et le voilà qui sort de son repaire en marcel et se plaignant de la chaleur ! Il y a bien sûr une explication logique à ce phénomène (merci la science-fiction), mais cet épisode résume surtout de quoi est faite la météo en bande dessinée : une matière illusionniste, celle des songes et des paradoxes. À cela on pourrait ajouter Obélix qui, au début d’Astérix et Cléopâtre, se promène dans le village gaulois enneigé en n’ajoutant à sa tenue habituelle (il est torse nu) qu’une écharpe – ou encore les cousins anthropomorphes d’Amérique Picsou, Donald et Daisy qui sortent cul nu, qu’importe le temps qu’il fait. Et puis la bande dessinée dispose d’un pouvoir qui n’appartient qu’à elle : elle découpe la vie. Elle la découpe en termes d’espace mais aussi en termes de moments, organisant ses récits sous la forme de segments consécutifs. Lire une bande dessinée, c’est parcourir des instants pris successivement, c’est avancer dans une existence reconstituée au fil des images, c’est donner peu à peu un sens aux objets, à la nature, au monde et à la vie elle-même. L’enchaînement des saisons y occupe une place cruciale, surtout dans les

strips américains publiés quotidiennement : la météo, le temps qu’il fait, se fait l’écho du temps qui passe. Lire Peanuts de Charles M. Schulz, Calvin & Hobbes de Bill Watterson, Mutts de Patrick McDonnell, et avant eux Gasoline Alley de Frank King, c’est suivre le cycle des jours, des semaines, des mois et des ans au rythme des saisons. Une année de ces publications permet de reconstituer une année d’existence par le biais de la météo et de ses marqueurs caractéristiques – une période qui s’achève pour laisser place à une autre, et ainsi de suite. De ce point de vue, un an pourrait être à son tour raconté à la faveur des quatre cases d’un strip – printemps, été, automne, hiver – bande dessinée macrocosmique à travers laquelle la vie se lirait comme une histoire à suivre après la chute. Car la bande dessinée est perpétuelle transition, tout comme l’état de la météo ne s’arrête jamais à rien de définitif. L’incomplétude qui se dessine dans cette alternance atmosphérique infinie nous apprend que la vie continue quoi qu’il arrive. Le jeune lecteur sait de quoi il s’agit : cela s’appelle grandir.

Texte : Nicolas Tellop Image : Walt & Skeezix , 1921-1934 Frank King, Éditions 2024.

L’Étoile mystérieuse Hergé La rumeur dit la fin du monde imminente : une énorme météorite menace de percuter la Terre. Plus elle s’approche, plus la température augmente... Scènes de cauchemars que ces pages où Tintin attend l’apocalypse alors que la fournaise pèse sur la ville. Un des meilleurs débuts d’album qui soient.

SOS Météores Edgar P. Jacobs En France, Blake et Mortimer font face à des dérèglements météorologiques délirants : le diabolique Olrik ne serait-il pas une fois de plus derrière ces étranges phénomènes ? Classique absolu de la science-fiction que ce récit qui fait du climat l’instrument et l’enjeu de l’action.

La Faim des Schtroumpfs Peyo et Yvan Delporte Lorsque l’École de Marcinelle met de la neige dans ses cases, c’est un enchantement immédiat – y compris dans cette histoire que l’on retrouve dans l’album La Schtroumpfette, où les petits lutins bleus sont obligés d’entamer un exode au milieu de l’hiver suite à la perte de leurs provisions. Féérique.

Les Yeux du brouillard Henri Verne et William Vance L’action se déroule à Londres, ville du smog par excellence. Une jeune fille court dans les rues, poursuivie par des ombres indistinctes au milieu du brouillard. Cette aventure so British de l’increvable aventurier Bob Morane cite par son atmosphère les classiques cinématographiques de la Hammer.

X-Men Chris Claremont et divers Len Wein et Dave Cockrum créent Tornade (Storm, en VO) en 1975 dans Giant-Size X-Men #1. Il s’agit d’une mutante capable d’influencer les conditions météorologiques dans des périmètres plus ou moins vastes – l’idéal pour élaborer des planches de comics plus spectaculaires les unes que les autres.

L’Homme gribouillé Serge Lehman et Frederick Peeters L’action commence dans un Paris diluvien. La pluie ne cesse de tomber et le niveau de la Seine grimpe dangereusement… Suivent le brouillard, le froid et la neige, au cœur de la montagne. Chef-d’œuvre du fantastique moderne, ce titre excelle dans la construction d’atmosphères climatiques oppressantes.


Interlude

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MÉTÉO RANCE toujours un temps d’avance Vous vous apprêtez à courir sous la pluie ? Voici 5 tips pour conserver classe et dignité dans l’exercice.

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Portez un vêtement de pluie adapté. Si vous n’avez pas à dispo un ciré nordique des plus stylés, sachez que le poncho est dorénavant accepté. Note → Nous déconseillons les parapluies car ils peuvent ralentir votre avancée et votre confort (protection partielle, retournement intempestif, envol, etc.).

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Protégez votre visage et vos yeux. Plutôt qu’une banale capuche ou casquette, optez pour la capuche de pluie, dite « bonnet de mémé », à la fois couvrante et gage de bonne visibilité.

Mentalisez votre itinéraire avant de vous lancer. Nous rappelons à nos aimables lecteurs qu’il est compliqué de sortir un téléphone portable sous une saucée pour vérifier son chemin.

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Ouvrez davantage les yeux que si vous couriez par temps clair - si tant est que ce soit possible-. Si le nuage de pluie est très sombre, n’hésitez pas à vous munir d’une lampe de poche pour révéler les obstacles potentiels.

À l’arrivée, n’oubliez pas de vous hydrater. Certes, votre parcours aura été arrosé, mais à moins de courir la bouche ouverte, votre organisme n’aura rien absorbé. Il serait dommage de se sentir mal une fois parvenu au sec.

PLUIELIST Rihanna ft Jay Z – Umbrella Prince – Purple Rain Sarah Vaughan – Stormy Weather Eurythmics – Here Comes the Rain Again Carlos – Señor Météo Geri Halliwell – It’s Raining Men Mariah Carey – Through the Rain


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Illustration : Agathe Bruguière Texte : Marie-Camille Alban, Alix Hassler

Et les nominés pour l’Oscar du temps le plus pourri dans un film sont

JURRASIC PARK et sa célèbre attaque du T Rex sous la pluie MATRIX REVOLUTIONS échauffourée d’anthologie entre Néo et de nombreux Agent Smith FORREST GUMP et sa description exhaustive des différents types de pluie au Vietnam MATCH POINT l’averse n’aura pas suffi à rafraîchir l’ambiance caliente entre Scarlett et Jonathan PSYCHOSE quoi de mieux qu’une petite escale dans un hôtel familial par temps pluvieux

En cas de mauvais temps prolongé, n’hésitez pas à fleurir votre langage. Plutôt expressions imagées ? Si tu ne trouves pas, retourne le magazine pour les solutions.

? Plutôt patois ndie) ! (Norma Quelle chilaéese averse ! → Quelle gros (Cévennes) made ra e un e dr On va se prenr des cordes → Il va tombe (Dauphiné) picasse ça ou e in éz Ça br → Ça bruine (Lorraine) rincée J’ai pris une pé(e) suite à une averse → Je suis trem ennes)

es (Ard Y’a des gloy aques d’eau → Il y a des fl gne)

(Auver Ça pleut t → Il pleu tes) (Poitou-Charen uiller On va se ratoendre une saucée → On va se pr

« Un temps de chien » / « Un froid de canard » /

« Une tempête dans un verre d’eau » « Pleuvoir comme vache qui pisse »


Discussion

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Simulation de pluies naturelles et manipulées Le collectif d'artistes Fragment.in présentait au Mirage Festival son œuvre de géo-inginerie Displuvium, reproduisant la pluie en milieu confiné. Ils nous racontent sa genèse en même temps que leur passion pour l'arrogance humaine vis-à-vis de la météo. Dans la Grèce antique, ainsi que parmi d’autres civilisations de l’époque, les changements climatiques étaient souvent attribués aux dieux. Ainsi Éole était considéré comme le maître et le régisseur des vents alors que Zeus utilisait la foudre pour exprimer sa colère. Plus tard, la science va remplacer les mythes et s’imposer comme la manière universelle de comprendre et expliquer nos phénomènes naturels. En effet, dès la fin du XVIIe siècle, l’humain n’a cessé de développer des outils de plus en plus précis pour observer, mesurer, prédire et visualiser l’atmosphère et ses changements météorologiques. Les premières expéditions de ballons météo en 1890 ainsi que la multiplication des stations météorologiques connectées entre elles en sont les premiers exemples parlants. Aujourd’hui, comme l’explique Andrew Blum dans son dernier livre The Weather Machine, l’arrivée des satellites GEO et LEO et le développement fulgurant de la puissance de calcul des ordinateurs compilant les « Weather Models » ont aidé à rendre presque parfaites les prédictions Displuvium, édition en pierre pour la NOV gallery (c) Florian Amoser


Collectif Fragment.in

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“Displuvium propose une réflexion sur le désir humain de contrôler son environnement naturel, en particulier les phénomènes météorologiques comme la pluie.” météorologiques. Celles-ci sont maintenant accessibles en temps réel et à portée de main grâce à nos applications mobiles. Savoir le temps qu’il va faire demain influence nos décisions mais quel impact la météo a-t-elle sur notre humeur, notre santé et notre quotidien ? Chaque personne est plus ou moins « météosensible ». Cependant, l’é tude menée dans le livre Les Baromètres humains démontre qu’un brusque changement de pression ou d’humidité augmente l’apparition de migraines, que les hautes températures sont propices à un taux de suicide et de crime élevé et que le beau temps semble influencer notre envie d’aller voter. Inversement, dans notre ère dite Anthropocène, le dérèglement climatique dû aux activités humaines n’est plus à contester. Les catastrophes naturelles et les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient, attisant notre désir de vouloir les prévenir et les maîtriser. Nos avancées technologiques et les moyens investis en sont les témoins. Cependant cet

impact bien réel semble global et relativement lent et s’étend sur une longue période. Qu’en est-il des modifications, plus locales et immédiates que l’humain et la technologie peuvent avoir sur un phénomène météorologique tel que la pluie ? Cette dernière question nous a interpellés. Dans un premier temps, c’est la rencontre avec Renaud Defrancesco, un ami designer de l’ECAL qui a fait naître les prémices de notre installation. Il est venu nous voir avec l’idée de créer un projet lié à l’eau et en particulier à la pluie. Après quelques discussions, le challenge technique de pouvoir recréer l’effet de gouttes tombant sur la surface d’une flaque d’eau est vite apparu. Réaliser cette prouesse technologique nous attirait, mais nous voulions aussi et surtout créer une œuvre qui pouvait s’inscrire dans le prolongement de nos réflexions et réalisations artistiques précédentes. Notre questionnement autour de la notion de contrôle et d’autorité au travers de notre installation VR 2199

ainsi que l’accueil du côté imprévisible de la météo comme antidote au contrôle dans The Weather Followers ont également été des sources d’inspiration. En 2015, lors d’une discussion avec des scientifiques du CERN pendant notre résidence artistique sur le campus de Meyrin, nous avons également pu décrypter comment les gouttes de pluie tombent de manière aléatoire. Ces différents ingrédients ainsi que la lecture du Guide des chasseurs de nuages – qui mentionnait un épisode d’ensemencement – ont aidé à définir l’aspect final de l’installation. Celle-ci a été réalisée en collaboration avec le designer Renaud Defrancesco. Elle prend la forme d’un bassin circulaire rempli d’eau posé à même le sol. À la surface de l’eau, le visiteur peut observer la pluie tomber : des gouttes d’eau sont générées grâce à de minuscules buses subaquatiques. Deux écrans accrochés au mur présentent une cartographie d’événements historiques liés à des épisodes de pluie tantôt d’origine naturelle, tantôt influencés par l’homme. Ces séquences, non linéaires et de durées variables, offrent


Discussion

la clé de lecture de l’œuvre. Elles dictent les motifs créés par les ondulations de la pluie dans le bassin. Lorsque c’est au tour d’un phénomène météorologique influencé par l’homme, les gouttes s’organisent en motifs géométriques réguliers. L’artificiel et le contrôle remplacent alors le naturel et l’aléatoire. À quel moment une pluie semblant naturelle se révèle-t-elle être une averse créée et contrôlée artificiellement ? Cette « pluie programmée » dérange par son artifice, mais surprend aussi par son étrange beauté. Les travaux de notre collectif sont souvent conçus comme des espaces de discussion sur les thèmes et enjeux contemporains qui nous tiennent à cœur. Dans la lignée de nos autres œuvres, Displuvium propose donc une réflexion sur le désir humain de contrôler son environnement naturel, en particulier les phénomènes météorologiques comme la pluie. Le choix de la forme et des matériaux de Displuvium est inspiré de l’atrium romain que les familles aisées faisaient construire dans leur demeure. Au centre, une ouverture dans le toit – le compluvium – permettait à l’eau de pluie de s’écouler dans un bassin. Le préfixe latin dis- évoque une séparation, une anomalie ou un problème de fonctionnement, en référence aux phénomènes météorologiques modifiés. Nos recherches nous ont appris que depuis la fin des années 1940, plusieurs entités gouvernementales ou privées pratiquent l’e nsemencement des nuages, une intervention chimique ayant pour but d’influencer les précipitations. Le processus consiste en la propulsion d’iodure d’argent dans l’atmosphère au moyen de petites fusées

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ou par voie aérienne. Cette pratique controversée permet par exemple de soulager des périodes de forte sécheresse et d’éviter que la grêle ne ruine des récoltes, mais aussi d’empêcher la pluie de tomber sur une parade militaire d’importance nationale ou encore d’intensifier les averses au-dessus de régions stratégiques de conflits. Pour des raisons éthiques et écologiques, l’ensemencement des nuages est régulièrement critiqué. Ces critiques ne sont que partiellement fondées, en effet la plupart de nos lectures ont indiqué que si la dispersion d’iodure d’argent reste dans la limite des régulations en vigueur, elle n’est pas nocive pour l’humain, la faune ou la flore. Cependant, alors que certains pensent que la technologie de demain est censée résoudre les désordres engendrés par la technologie d’hier, les effets secondaires de la géo-ingénierie ne sont eux absolument pas connus. Ils se matérialisent pourtant de manière bien réelle comme le démontre l’épisode d’ensemencement survenu à Pékin en 2008 (voir encadré) où une tempête de neige a soudainement remplacé la pluie escomptée. Au-delà des sommes astronomiques investies dans la géo-ingénierie, l’élément le plus sombre de cette pratique réside selon nous dans le comportement irresponsable qu’ont certaines entités gouvernementales ou privées à jouer de manière divine aux apprentis sorciers du climat, entraînant des réactions en chaîne ayant des effets imprévisibles sur notre écosystème. Texte : Collectif Fragment.in Images : Fragment.in

Displuvium, exposition HeK, Bâle (c)Fragmentin


Collectif Fragment.in

5 exemples de Géo-ingénierie

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Chernobyl, Gomel, Biélorussie, 1986 Raisons:​ politique / sécuritaire But: ​empêcher qu’une pluie radioactive se déverse sur des villes Technique de dispersion: ​par avion Effets secondaires: ​pluies acides Suite à l'effondrement catastrophique du réacteur nucléaire de Tchernobyl à Pripyat, en Ukraine, les Biélorusses ont signalé de fortes pluies de couleur noire autour de la ville de Gomel. Peu de temps auparavant, des avions avaient été repérés dans le ciel en train de propulser des matériaux colorés derrière eux. En effet, alors que les vents étaient sur le point de transporter le nuage radioactif en direction des zones fortement peuplées de Moscou et de Nijni Novgorod, les nuages au dessus de la Biélorussie auraient été ensemencés pour provoquer de la pluie de manière anticipée.

Moscou, Russie, 2008 Raison:​ politique But: ​empêcher qu’il pleuve (sur les parades militaires) Technique de dispersion: ​par avion Effet secondaire: ​inconnu L'aviation russe reçoit de nouveaux ordres du maire de Moscou Yury Luzhkov : mener des opérations d'ensemencement des nuages l​​ e jour de leur parade militaire. Un mélange d'iodure d'argent, d'azote liquide et de ciment en poudre est alors libéré dans l'atmosphère afin de disperser les nuages e​​ t d'assurer le soleil au dessus des forces russes.

St-Saphorin, Suisse, 2014 Raison:​ économique But: ​empêcher qu’il grêle (sur les vignes) Technique de dispersion: ​par fusée Effet secondaire: ​inconnu Les tempêtes de grêle peuvent être particulièrement dévastatrices pour une récolte de raisins. En été 2014, un orage violent planait au-dessus des vignes escarpées du Lavaux, anéantissant environ 40 hectares de raisins Chasselas. Plusieurs vignerons de la région ont cependant essayé de réagir en envoyant dans le ciel des fusées chargées en iodure d'argent. Elles devaient - en théorie - fragmenter la glace en grêlons plus fins et moins destructeurs. Les fusées ont-elles été bien lancées le 5 juin 2014? Ont-elles été efficaces?

Vail, Colorado, États-Unis, 2018

Displuvium, détail écran 2 (c)Fragmentin

Raison:​ économique But: ​augmenter la quantité de neige Technique de dispersion: ​disperseur au sol Effets secondaires : ​chutes de neige trop abondantes L’hiver 2017-2018 dans les montagnes du Colorado fut très sec. Étant donné que 13% de tous les emplois non agricoles de la région sont regroupés dans le secteur de l'hôtellerie et des loisirs (en particulier les sports d'hiver), il n'est pas surprenant que des entités privées et publiques aient investi des millions de dollars dans l'ensemencement des nuages au dessus de la célèbres station de ski de Vail. Les investisseurs ont été ravis des résultats obtenus cette saison. Cependant, une abondance anormale de neige s’en est suivie, augmentant drastiquement les dommages collatéraux comme le déclenchement d’avalanches.

Pékin, 2018 Raisons :​ Sanitaire / Sécuritaire But: ​déclencher des précipitations pour réduire la pollution de l’air Technique de dispersion: ​disperseur au sol Effets secondaires: ​chutes de neige En 2018, alors qu’il n’a plus plu à Pékin depuis un mois et que les niveaux de pollution atteignent un niveau alarmant, le gouvernement chinois demande secrètement au BWMO (Le Bureau des Modifications Météorologiques de Pékin) de lancer une opération d'ensemencement des nuages pour tenter de déclencher des précipitations. Cependant, les choses ne se déroule pas comme prévu: des températures glaciales inattendues transforment les précipitations en une tempête de neige, paralysant l’entier de la ville.


Back 2 Back

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K C A B ACK 2

B

MÉTÉO

TONYA KINZINGER

SÉBASTIEN FOLIN

À chaque numéro, nous demandons à deux personnalités en lien avec notre thématique de l’illustrer avec une playlist. Cette fois, c’est Tonya Kinzinger et Sébastien Folin qui nous ont gentiment répondu et ça nous fait drôlement chaud au coeur. À écouter sur notre Spotify. Tonya Kinzinger, ex-actrice star de « Sous le Soleil » continue de profiter de l’action des UVB grâce à son rôle dans la série « Un Si Grand Soleil » diffusée sur France 2.

Sébastien Folin, ex-présentateur météo adoré de tous est aujourd’hui devenu animateur et producteur conscient et engagé.

Witches Cowboy Junkies

2’44’’

She’s a Rainbow The Rolling Stones

4’12’’

4’08’’

Riders on the storm The Doors

7’15’’

4’53’’

Black Hole Sun Soundgarden

5’19’’

3’20’’

Qui Sème le Vent récolte le Tempo MC Solaar

3’03’’

2’57’’

Sun is Shining Bob Marley

4’59’' 3’57’’

Sorry About The Weather Mark Curry Tennessee Whiskey Chris Stapleton Lovely Billie Eilish (ft. Khalid) Permanent David Cook Blackbird Song Lee DeWyze

4’15’’

Sun Goddess Earth Wind and Fire

Cover Me Up Jason Isbell

4’54’’

Purple Rain Prince

8’41’’

Sweet Emotion Aerosmith

4’34’’

Sun Talisco

3’13’’

What I’d Give Sugarland

5’57’'

It’s Raining Again Supertramp

4’24’'

5’57’’

Forest Fire Lloyd Cole And The Commotions

4’35’’

5’42’’

When the Rain Begins to Fall Jermaine Jackson & Pia Zadora

4’06’’

4’24’’

Here comes The Sun The Beatles

3’05’’

4’06’’

I Am The Black Gold Of The Sun Nuyorican Soul

5’20’'

Like a Rock Bob Segar Smoke On The Water Deep Purple Ramble On Led Zeppelin In My Own Time Delta Goodrem



Chasse > Julien Caretti, étudiant de 5e année édition multimédia

L’ÉC O L E DES M É T IE R S DU D E S SI N

> formation initiale - Un cursus en 5 ans pour se spécialiser en illustration multimédia, cinéma d’animation ou jeu vidéo - Un parcours en 3 ans pour se spécialiser en infographie 3D - En fin d’études, les étudiants accèdent à un job dating réunissant 60 entreprises de l’image

1 rue Félix Rollet, Lyon 3e métro ligne D - Monplaisir Lumière tél. : 04 72 12 01 01 www.cohl.fr

> formation des professionnels Des formations de 70 heures, conventionnées par l’Afdas, pour développer ses compétences ou se reconvertir - le personnage en illustration jeunesse - la création de décors sous Photosphop - l’illustration vectorielle sous Illustrator - le character design : acting et posing - la mise en couleur en bande dessinée


Sortie

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Kent State ÉCHOS Le 4 mai 1970, la garde nationale américaine tire sur des étudiants dans l’enceinte de l’université de Kent State, dans l’Ohio. Les 67 balles feront 4 morts et 9 blessés. Le drame, peu connu des Français, est caractéristique de la schizophrénie américaine. Les hippies contre la famille américaine, le pacifisme contre la folie guerrière, le progressisme contre le conservatisme. La fusillade de Kent State est la confrontation directe de ces deux Amériques et écrase à première vue tout l’éventail de nuances qui se tient entre les deux. Le 4 mai 1970, Derf Backderf a dix ans et vit à Richfield, dans l’Ohio. Il n’est pas un témoin direct. Il se souvient avoir vu passer quelques jours plus tôt les pelotons de soldats armés. Mais la fusillade aura un impact durable sur l’esprit des gens. La région d’Akron en restera profondément marquée et Derf Backderf grandira dans cet environnement abîmé. C’est donc, une fois encore, avec une partie de luimême que l’auteur de Mon Ami Dahmer raconte un bout de son Amérique. Ce soupçon d’autobiographie, bien plus léger que dans ses productions précédentes, lui permet d’insuffler à l’histoire américaine l’étincelle de vie. Un drame comme celui-ci n’est pas mathématique. Si le travail journalistique est remarquable, Derf Backderf parvient à se dépêtrer de la donnée pure pour s’attacher aux principaux acteurs du drame. Il se glisse à leurs côtés pendant ces premiers jours de mai et délaisse ainsi la froideur documentaire pour un récit incarné. Les balles ne font pas seulement des morts, mais déchirent

une histoire, des rêves, une génération. Les tirs ne sont pas seulement un résultat mécanique, mais l’aboutissement de peurs, d’ignorances et d’incompétences. Les nuances, alors, se révèlent peu à peu et dessinent une Amérique qui ne comprend pas comment elle a pu en arriver là. La narration très cinématographique, chère à l’auteur, marche parfaitement. Les regards croisés des différents héros de l’histoire se couplent avec une montée en tension de la situation et la fusillade tombe comme un climax inexorable autant qu’absurde. Derf Backderf démontre une maîtrise bluffante de la mise en scène et son dessin y gagne une noblesse inattendue. La démonstration du tragique y est implacable. Le timing choisi par l’auteur de Trashed ne peut pas être le fruit du hasard. La résonance de l’affaire de Kent State avec l’état actuel de son pays est omniprésente à la lecture du livre. Des compatriotes qui se considèrent comme ennemis, un président et une administration aveuglée par la peur de l’autre et un débat étouffé sous les coups de menton : voilà ce qui a tué 4 personnes et blessé 9 autres le 4 mai 1970. Voilà ce qui pourrait arriver à tout moment aujourd’hui.. M. Gueugneau

Kent State, Quatre morts dans l'Ohio de Derf Backderf, disponible chez Ça et là, 288 pages, 24 euros caetla.fr


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La Flamme

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PIED On vient à peine de quitter Jorge Gonzalez sur un superbe La Mécanique du fouet et le voilà qu’il revient très tôt en 2020 avec La Flamme. Une nouvelle fois ces 304 pages sont autant de pistes d’atterrissages pour superlatifs. L’auteur argentin y livre une réflexion sur la transmission. Existe-t-il un gène de la vocation ? Si oui, mute-t-il au fil du temps ? Des erreurs viennent-elles s’y glisser ? Entre son grandpère, légende albicéleste, et son fils, quatre générations se confrontent au football, sport si puissant qu’il peut faire dévier les trajectoires familiales. La réflexion est profonde et sa réalisation n’en est pas moins puissante. Car le monument est également pictural. Des ombres du quartier portuaire d’Avallaneda aux couleurs vives du Cadix d’aujourd’hui, Jorge Gonzales croise les textures et les outils. Le trait est fugace, les ambiances omniprésentes : c’est la vie qui transpire et qu’on touche presque. Une chance qu’il ait été nul au foot. M. Gueugneau

La Flamme de Jorge Gonzalez, disponible dans la collection Aire Libre de chez Dupuis, 304 pages, 39 euros dupuis.com

Support Magazine ÉVENTAIL Aux commandes de Support Magazine, média print et digital, il y a Léopoldine Siaud, qui dirigeait feu Papier Magazine. Elle est toujours animée par la même vocation : diffuser le dessin contemporain, rechercher de jeunes talents et mettre en avant une multiplicité de styles et de sensibilités. Le premier numéro qui sortira en mars, et sera publié annuellement par la suite, propose deux cents pages recensant cent illustrateurs du monde entier, les invitant à choisir le dessin réalisé dans l’année dont ils sont le plus fiers, et d’en expliquer les raisons. Un projet global, étayé par le site, base de données archivées, fonctionnant comme un index, pour s’y perdre ou s’y retrouver, à vous de voir ! Malina Cimino

Support Magazine #1, revue annuelle éditée par Support éditions, 200 pages, 35 euros

Eldorado PARCOURS Tobias Tycho Schalken n’est pas banal. Adoubé par le monde de l’art contemporain, exposant entre autres aux côtés de Sophie Calle et Bill Viola, le Hollandais n’a pourtant jamais renié son amour de la bande dessinée. Un attachement financièrement discutable mais artistiquement passionnant et qui prend tout son sens lorsqu’il plonge le neuvième art dans les autres. Son nouvel album chez Frémok, Eldorado, mêle ainsi ses différentes pratiques et tisse un étonnant fil rouge entre installations, sculptures, peintures et BD, donc. Au-delà d’une beauté plastique indéniable, le livre fascine par cette intrigante collusion qui se crée entre les différents médiums. La narration séquentielle propre à la bande dessinée joue une nouvelle partition et dessine un récit, tout de même. Pas d’histoire à proprement parler mais un élan vers l’inaccessible, une course à l’ailleurs conjuguée aux différents temps de l’art d’aujourd’hui. M. Gueugneau

Eldorado de Tobias Tycho Schalken, disponible chez Frémok, 232 pages, 34 euros

remok.org


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Laurence 666

Laurence 666 #8 , disponible chez Mauvaise Foi éditions, 180 pages, 20 euros mauvaisefoi-editions.com

Le Mystère de la Maison Brume DÉMO La bonne compagnie d’un lotissement chic est tourmentée par le mystère du palais qui se trouve en son centre. Une excursion est nécessaire et trois courageux s’y lancent avec des objectifs personnels. Puisant allègrement dans les codes du jeu vidéo, Lisa Mouchet enchaîne les vues à la première personne, les plans, les zones d’ombres et de lumière. Elle garde un chouïa du langage propre à la bande dessinée en sauvegardant le phylactère et la case dans des usages peu académiques. Outre l’expérience littéraire, Le Mystère de la Maison Brume est aussi une aventure graphique sublime. Lisa Mouchet nous régale dans ce récit à trois voix, avec trois styles distincts qui lui permettent d’étaler tranquillement ses talents de dessinatrice, immenses. Une démonstration qui en appelle d’autres. M. Gueugneau Le Mystère de la Maison Brume , par Lisa Mouchet disponible chez les éditions Magnani, 168 pages, 24 euros editions-magnani.com

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MORT OU VIF Elles ne sont pas nombreuses les revues étudiantes qui perdurent. Créées dans le faste des années jeunesse, elles tombent généralement d’ellesmêmes aux premières rides. Laurence 666 n’est pas de cette classe-là : elle a 8 ans. Les quatre dessinateurs des éditions Mauvaise Foi (Hugo Charpentier, Chloé Fournier, Rémy Mattei et Manuel Lieffroy) ont réussi à créer quelque chose de plus grand qu’eux. En agglomérant une communauté d’illustrateurs aussi large que réjouissante, ils ont créé une vraie vision de la BD : multiple. Dans Laurence 666, les styles et les compositions se confrontent, se complètent et se soutiennent. Le scénario de ce numéro 8 qui rassemble course-poursuite, charme ferroviaire et grands espaces, est en ce sens une aubaine. Ces grands classiques de la narration se font tordre à mesure que les habitués (Marthe Jung, Geoffroy Monde, Emre Orhun, Elosterv) et les nouveaux copains (Lisa Mouchet, Antoine Eckart, Xavier Bouyssou, Marie Mirgaine) s’attaquent à leur cas. Et offrent au lecteur un très beau paysage de la bande dessinée d’aujourd’hui. M. Gueugneau

Sleepless Son rapport avec le surnaturel, sa solitude chevillée au corps et la rousseur flamboyante de ses cheveux : Dana Scully est l’héroïne parfaite pour la bande dessinée indépendante. La merveilleuse Melek Zertal s’en saisit pour dessiner une histoire de coucher de soleil perpétuel et sortir (enfin) un premier livre en France. Et ce sont les mains d’or de Fidèle Éditions qui se sont chargées de l’impression risographique, impressionnante comme toujours. > Sleepless de Melek Zertal disponible chez Fidèle Édition, 28 pages, 18 euros > fidele-editions.com

Stickboy Dennis Worden a traîné avec les bons gars, pendant la bonne période. Mais contrairement à Groening, Clowes, Burns ou Bagge, la réussite a oublié de frapper à sa porte. Arbitraire lave l’affront en publiant Stickboy, son chef-d’œuvre au long cours. On y suit les pérégrinations dépressives d’un homme-bâton, propices à la méta-BD comme au dessin trash, pendant lesquelles l’auteur démontre par l’humour noir que la quête de sens est un chemin pavé de mauvaises intentions.

> Stickboy, de Dennis Worden disponible chez Arbitraire, 160 pages, 18 euros > arbitraire.fr


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Gousse & Gigot MUE Comme partout, l’adolescence dans le Pays Marylène est un calvaire. Et si, comme Gousse et Gigot, vous êtes les filles illégitimes d’un tyran mort et détesté, c’est vraiment chaud. À la sortie de l’enfance débute leur long périple vers la maturité, avec ces points de côté que nous connaissons tous : la peur, le physique mutant et l’amour. La saga d’Anne Simon, Les Contes de Marylène, se poursuit et nous accueillons tendrement ce 4e tome qui regroupe les aventures inédites et déjà parues des deux inséparables sœurs. Le plaisir ne baisse pas. L’attachement de l’autrice pour ses personnages transpire à chaque trait et le lecteur en récupère soigneusement les gouttes. Son dessin unique, à la fois humble et infaillible, et l’intelligence de son discours, touchant avec justesse les maux de notre époque, sont comme un doux foyer retrouvé après une longue excursion. Le prochain volume est attendu de pied ferme. M. Gueugneau Gousse & Gigot d’Anne Simon disponible chez Misma, 164 pages, 19 euros misma.fr

Atelier

J’ai rarement vu ça !

INTIME C’est évident, il y a quelque chose du voyeurisme làdedans. Et qu’on en soit au troisième tome nous charge en plus d’une addiction. Car Les carnets de dessins téléphoniques de Jochen Gerner, dont Atelier est le dernier né, ne sont pas de banals sketchbooks. Ils se remplissent au fur et à mesure des discussions téléphoniques. On ne sait ni avec qui, ni précisément quand. En résulte un agrégat de notes, de dessins, de traces laissés par le dessinateur. Un journal d’autant plus passionnant qu’il est écrit sans filtre, car sans y penser. Des formes, des traits, des références littéraires ou cinématographiques, des commandes : la plus sincère des discussions s’établit entre Jochen Gerner et le lecteur, inconnu entré par effraction dans l’esprit de l’artiste. M. Gueugneau

ET SI Gérard Menvussat, détective au long cours, tente de se reposer dans un palace de bord de mer. Mais un matin, sa tranquillité est troublée par un crime tragique ! Marie Laverdure, la charismatique et orgueilleuse propriétaire de l’hôtel, a été assassinée… Débute alors une enquête pleine de rebondissements aussi surréalistes que cocasses. Nous retrouvons avec plaisir dans J’ai rarement vu ça le dessin étrange, virtuose et symboliste de Jérémy Piningre. Mathieu Lefèvre signe de son côté un scénario qui se dévoile secrètement page après page… Et si le coupable était là depuis le début, sous nos yeux ? Julia Mahler & Alice Schneider / Librairie La Régulière

Atelier de Jochen Gerner, disponible chez L’Association, 88 pages, 31 euros

J’ai rarement vu ça ! de Jérémy Piningre et Mathieu Lefèvre, disponible chez les éditions 2024, 170 pages, 25 euros

lassociation.fr

editions2024.com


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Le Temple du silence : mondes et univers oubliés DIMENSION Avec The Wigglemuch, Herbert Crowley (18731937), Britannique exilé aux ÉtatsUnis, fait en 1910 une entrée remarquable mais fugace dans l’histoire des comics. Une découverte pour Justin Duerr en 2008 qui mène alors une enquête palpitante sur sa vie pleine de vicissitudes, aussi fascinante que son œuvre. Elle révèle des sculptures et des illustrations de créatures grotesques et enfantines, des paysages nocturnes au symbolisme mystérieux, des temples floraux minutieux et symétriques : une œuvre singulière où l’enchanteur côtoie l’inquiétant. Herbert Crowley sort enfin de l’oubli. David Raiffé / Librairie Mollat Le Temple du silence : mondes et univers oubliés de Justin Duerr et Herbert Crowley disponible chez Urban Comics, 108 pages, 49 euros urban-comics.com

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L’Été à Kingdom Fields Des vacances en mobil-home d’une mère et ses deux enfants, Jon McNaught fait un chant du cygne. L’Été à Kingdom Fields transforme le rêve du tourisme de masse en théâtre fané. Tout cela sans heurts, sans discours pompeux. Le dessin est d’une douceur dont seul l’Anglais a le secret, jouant sur une colorisation resserrée et des aplats limitant les détails. Une esthétique suave qui va à merveille avec le regard bienveillant posé par l’auteur sur des personnages en mutation. M. Gueugneau > L’Été à Kingdom Fields de Jon McNaught disponible chez Dargaud, 104 pages, 18 euros > dargaud.fr

Guide de survie dans la jungle Un guide de survie trouvé au hasard suffit à un mignon monstre pour se découvrir inventeur type Lépine. Sitôt ce pitch énoncé, Hao Shuo ne prend pas le temps de se présenter. L’auteur est là, dès la couverture. Il déploie son univers et son histoire en un dessin : un trait simple, peu de couleurs, et un niveau d’absurde de qualité. Le reste sera du même tonneau, avec une narration moderne, à mi-chemin entre la bande dessinée et l’illustration classique. Un livre jeunesse ? Nah. M. Gueugneau > Guide de survie dans la jungle de Hao Shuo disponible chez les éditions 2024, 40 pages, 14,50 euros > editions2024.com

La Mécanique du sage

La Mécanique du sage de Gabrielle Piquet disponible chez Atrabile, 96 pages, 15 euros atrabile.org

CREUX Pourquoi placer l’un des maux de notre siècle dans un autre ? Pour l’universaliser, pardi. Le sens de la vie est une notion qui revient avec force à l’âge des bullshit jobs, de la superficialité exacerbée et des séparateurs de jaunes d’œufs. Nombreux sont ceux qui, quand ils en ont le luxe, se demandent ce qu’ils foutent là, si l’herbe n’est pas plus intéressante ailleurs et si l’amour, le vrai, ne les attend pas au coin du prochain pays sud-américain. La vie qui sonne creux, voilà dans quoi vient toquer Gabrielle Piquet avec l’histoire de Charles Hamilton. Cet Écossais du début du XXe siècle essaie de trouver dans la fête, l’amour, la paternité, la littérature et le développement personnel de quoi satisfaire son envie de réussir sa vie. Il a tout, mais ne ressent rien. Des dessins chics et monochromes, de type ligne claire, accompagnent fort à propos cette vie de dandy. Cette délicatesse esthétique pour mener le lecteur à se pencher sur cette vie a priori anodine. A priori seulement car, en bien des points, elle ressemble à la nôtre. M. Gueugneau


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Faux Real

Musique

Refuge

RÉVÉLATION Avec leurs vestes à franges cousues par maman, leurs mulets et leur musique oscillant entre new wave, pop et R’n’B, les frères Virgile et Elliott Arndt se sont taillé une réputation DIY costaud en conquérant les scènes underground des quatre coins des Amériques. Accompagné de copains de tournée aussi fantas(ti)ques que Kirin J. Callinan, le duo franco-américain a su s’imposer en ne laissant jamais aucun de leurs morceaux fuiter sur internet. Il faut dire que mis à part ce fin modus operandi, leur musique a elle aussi de quoi rendre zinzin tout admirateur alors frustré de ne pas pouvoir acheter leur disque. Le premier EP éponyme de Faux Real, avec ses cinq morceaux plus stimulants qu’un litron de taurine, justifie à lui seul cette attente interminable. Elora Quittet

APOCALYPSE RÊVÉE Si le mot « sublime » devait se matérialiser, alors il le ferait à travers le second album de Refuge. Hunger est l’exploration d’un monde réduit à son essence la plus pure, dénué de toute superficialité, où reste seulement la pureté. Avec une voix qui pourrait transpercer les cieux, Florian raconte la vie entre explosion de sentiments, période de doutes et contemplation. Ses incantations sont portées par des morceaux au caractère imprévisible s’amusant à passer de la délicatesse du piano aux sonorités brutes de la musique électronique tout en s’acoquinant aux rythmiques traditionnelles indiennes et même à l’autotune. Aussi beau qu’apocalyptique, Hunger est le parfait compagnon pour une fin du monde fringante. Elora Quittet

Faux Real de Faux Real Sortie le 3 avril chez Believe

Hunger de Refuge disponible chez Pont Futur

believemusic.com

instagram.com/pontfutur

Jonathan Bree

Wave Temples

Mystérieuse créature au pouvoir d’attraction certain, le producteur néo-zélandais vient nous coller un quatrième album fascinant sous le nez. Sa voix suave y conte des des aventures malencontreuses en s’appuyant sur des mélodies pop 60’s. Dans cette nouvelle traversée, Bree s’autorise des arrangements dansants, un falsetto enfantin et même un duo avec Princess Chelsea. Après l’excellent Sleepwalking, le grand maître du sarcasme et de la nonchalance maitrisée n’a rien perdu de sa superbe. EQ

Alors que notre cerveau fumait après avoir sombré dans de rudes pérégrinations musicales sur Bandcamp, Wave Temples nous tombe dessus comme une bénédiction. Avec ses productions ambient, new age et gentiment mystiques, le Floridien montre le chemin vers un monde utopique où la nature a repris ses droits. Tales from the Cinematic Abyss, dernier-né de sa collection de rêveries aquatiques, dépeint en deux morceaux de 26 minutes des bords de mer aussi désolés qu’inspirants. EQ

> After the Curtains Close de Jonathan Bree sortie le 17 juillet 2020 chez Cargo Records et Lil’ Chief Records > cargo-records.de

> Tales from the Cinematic Abyss (K7) de Wave Temples sortie le 24 avril chez Not Not Fun Records > notnotfun.com

Porches

Beatrice Dillon

Composé à une période où Aaron Maine était aussi amoureux que paumé, Ricky Music est aussi beau que peut l’être un esprit troublé. Alors que la phrase significative « I am so happy I could die » résonne dans le morceau « Do U Wanna », les douces vocalises autotunées de Porches se baladent sur des morceaux pop mélancoliques (« Hair », « rangerover »), doucement R’n’B (« I Can’t Even Think ») et même dance (« Madonna »). Ils dessinent ensemble un album à la sincérité désarmante. EQ

Le premier « vrai » album de Beatrice Dillon nous conforte dans notre idée qu'il faut tout attendre de cet amoureuse de la matière sonore. Sur une suite de variations – ou quasi -, la voilà qui donne à la musique électronique une légèreté et une sensibilité qu'on lui connait peu ces derniers temps. Des productions minimales basées sur un duo percussion/ synthé viennent se cogner dans différentes compositions rythmiques et offrent un corps rebondi là où ne devrait exister que la sècheresse. C'est fort. MG

> Ricky Music de Porches Disponible chez Domino > dominomusic.com

> Workaround de Beatrice Dillon, disponible chez Pan > p-a-n.bandcamp.com


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Vague Imaginaires MARQUISES Le chauvinisme n'est pas forcément une attitude que nous approuvons mais l'apparition d'un Grenoblois dans la discographie idéale du label californien Not Not Fun a, c'est vrai, réchauffé un peu notre cœur. Un dangereux mouvement de l'âme qui n'aura – heureusement pas été vain puisque le nouveau projet de Denis Morin est de ceux dont on peut être fier. Surtout lui d'ailleurs. Sa musique explore les terres d'une contrée irréelle qu'on situerait savamment auprès des tropiques. Tout en caresses synthétiques et field recordings locaux, il crée dans nos esprits les doux côteaux d'une île qu'on aimerait croire légendaire. À peine accidenté par quelques légères percussions, notre voyages à bord de cette barque de la tranquillité se fait comme dans un rêve éveillé.. Maxime Gueugneau L'Île d'Or de Vague Imaginaires, disponible chez Not Not Fun

Musique

Lil Wayne LIBÉRÉ Son contrat avec Cash Money Records étant rompu, Lil Wayne découvre la liberté artistique après un quart de siècle de carrière menée boulet au pied. Sur Funeral, il pratique le rap comme un sport extrême, pousse sur ses cordes rêches pour dévaler des textes sans compter la mesure, souvent sans arrêt au stand refrain. Un rap au kilomètre inspiré par les tongue twisters du Midwest, qui rappelle les freestyles de ses belles années. Même les productions, puisant dans toutes les époques de sa longue carrière, sont montées comme un skate park de bounce, de synthés dubstep et d’imageries rock. Nicolas Pellion Funeral de Lil Wayne, disponible chez Young Money/Republic lilwaynehq.com

notnotfun.com

D.J. Fresh & Curren$y

Caleb Landry Jones

Les Tonite Show du producteur californien Dj Fresh sont-ils l'épopée hip-hop la plus fascinante du XXIe siècle ? Depuis près de quinze ans, ses mixtapes ont accueilli les icônes de la Bay Area (E-40, J.Stalin) mais aussi Raekwon, Trae Tha Truth et Freddie Gibbs. Ses productions, dégoulinantes de la sensualité crade du vieux RNB 80's, sont une des plus belles choses que les alentours de San Francisco aient donné au rap. C'est le touche-à-tout de la Nouvelle-Orléans Curren$y qui s'en sort avec brio sur la dernière en date. MG

ACROBATIES SONORES Pénétrer dans The Mother Stone, c’est comme pousser la porte d’un Magic Mirror puis découvrir une grandiose piste de cirque peuplée de personnages excentriques après avoir déambulé dans de sombres couloirs. En Monsieur Loyal de ce joyeux bordel, Caleb Landry Jones orchestre le tout en donnant vie à des trompettes, pianos, orgues électriques, batteries, violons et en doublant des paroles feutrées à souhait. À la fois baroque, pop, lo-fi et cinématique, The Mother Stone est un tour de force faisant travailler l’imaginaire sans relâche. Au croisement entre les styles des Beatles, de Connan Mockasin et de Syd Barrett, le premier album parfois déroutant mais surtout extrêmement exaltant de l’artiste et acteur américain (Twin Peaks, The Florida Project) est une ode au psychédélisme. Elora Quittet

The Mother Stone de Caleb Landry Jones Sortie le 1er mai chez Sacred Bones Records sacredbonesrecords.com

> The Tonite Show de D.J. Fresh et Curren$y, disponible chez Fresh In The Flesh Music/RBC Records > twitter.com/DJFreshX3

Maghreb K7 Club Péroline Barbet continue son exploration de la production raï des immigrés lyonnais. Après le projet Place du Pont production présenté en 2014 avec le CMTRA, la chercheuse s'associe avec Simon Debarbieux pour proposer Maghreb K7 Club. La compilation regroupe 8 titres tirés des cassettes audios qui tournaient fort sur la place lyonnaise, entre les années 80 et 90. Un raï cosmopolite s'en dégage, touchant aux traditions originelles autant qu'aux matériaux sonores entendus sur place. MG > Maghreb K7 Club disponible chez Les Disques Bongo Joe et Sofa Records > bongojoe.ch


Sortie

80

Jolies choses

01

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05

06

01

03

05

CASQUETTE Bichon

PLAID Maite García

thebichon.com 02

smallable.com 04

FOULARD Alexandra de Assunçao x Promod x Solidarité Femmes promod.fr

CHAUSSETTES Linda Retterová retterova.com 06

MARQUE-PAGE Artemis Octaveo octaveo.com

CACTUS Blandine Pannequin x Saguaeo saguarocactus.fr


Sortie

81

Sélection par Élodie Bouhlal

07

08

09

10

11

12

07

09

11

TOTE-BAG Sébastien Pastor x Atelier Coton

PIN'S Laura Berger

12

10

MUG Alexandra Bowman alexandrabowman.com

slowdownstudio.com

nucleusportland.com

ateliercoton.com 08

PUZZLE Charlie Bennell

VASE Ninon et Auguste esty.com

TABLETTE Jenna Haugmard x Le Chocolat des Français lechocolatdesfrancais.fr


Sortie

82

BON AIR 29-31.05 @ FRICHE BELLE DE MAI, MARSEILLE

À une époque où l’oxygène est de plus en plus précieux, le festival marseillais arrive avec une promesse tout à fait honnête, celle de nous faire respirer à plein poumons son air iodé et d’en profiter – tant qu’à faire – pour nous faire vivre un des plus beaux week-ends de l’année. La lumière pour seul guide, nous serons directement happés vers un des endroits les plus radieux de la cité phocéenne : le toit-terrasse de la Friche Belle de Mai où notre hôte Laurent Garnier nous souhaitera la bienvenue. À l’heure où elle décidera de s’en aller, nous trouverons refuge à la Cartonnerie, au Cabaret Aléatoire et à la scène Boule à Facettes, où des artistes comme Floating Points, Marcel Dettmann, Simo Cell, Sheitan Brothers et Sicaria Sound prendront au sérieux leurs rôles de passeurs vers un monde utopique. EQ

LE BEAU FESTIVAL 14-17.05 @ LA BOULE NOIRE & LA STATION-GARE DES MINES, PARIS

En voilà un qui porte bien son petit nom. Pas peu fier des excellents artistes qu’il a permis de mettre en avant ces trois dernières éditions comme Deerhoof, Mammane Sani, The Holydrug Couple, Jacco Gardner ou Thurston Moore, le petit et très mignon festival enquille avec une quatrième année de vie. C’est le monde qui s’invitera à sa table pour célébrer celle-ci, avec le Québec en première ligne représenté par TOPS et sa douce pop et par Corridor, premier groupe francophone à avoir signé chez Sub Pop. La Panaméenne Michelle Blades et ses ballades pop folk, le duo franco-américain Powerdove et sa magnétique noise folk ainsi que les Belges Aksak Maboul et leurs expérimentations hypnotiques mettront du baume au cœur de qui voudra. EQ

BANDIT FESTIVAL 15-17.05 @ IPN/ ATELIER TA, TOULOUSE

Il y a mille et une manières de raconter une histoire. Toutes sortes de médiums permettent de planter le décor dans nos esprits ne demandant qu’à partir, loin. Désireux de célébrer tous ceux-là, le festival autofinancé Bandit invitera sur trois jours des acteurs du milieu de l’illustration, du cinéma, de la littérature et de la musique. Pour que le festivalier se déconnecte d’un monde réel qui est – il faut le dire – parfois un peu chiant, il saura utiliser les bonnes ruses, à savoir des projections de films courts, des concerts, des ateliers participatifs, des échanges autour de la création sonore, des apéros-lectures et des enregistrements radiophoniques. L’exposition dédiée à Anne Simon, l’illustratrice à l’origine de l’affiche du festival, ainsi que la performance « Les dessinants » où un dessin sera fabriqué en direct à partir d’une histoire racontée, finiront de convaincre. Et comme une histoire est encore meilleure quand on peut la lire à l’infini, des gens bien de la micro-édition comme Biscoto, Misma et Super Loto vendront leurs belles choses à côté de gens tout aussi bien de la musique comme Hidden Bay Records et Ligature. EQ CONFORMÉMENT AUX DÉCISIONS GOUVERNEMENTALES LIÉES À L’ÉPIDÉMIE COVID-19, CERTAINS DES ÉVÈNEMENTS CITÉS CI-DESSOUS ONT PU ÊTRE ANNULÉS OU REPORTÉS »


Agenda

83

NU

AN

PULP FESTIVAL 24-26.04 @ LA FERME DU BUISSON, NOISIEL(77)

Pas besoin d’être un as de la bande dessinée pour savoir apprécier le Pulp Festival. Car le festival a plus d’un tour dans son sac, il ne se contente pas de balancer de la BD à tout-va mais cherche à créer des synergies entre les pratiques artistiques. Ainsi, il invitera le spectateur à venir voir le dialogue entre la dessinatrice Catherine Meurisse et la chorégraphe DD Dorvillier, à assister au concert dessiné de Philippe Dupuy et de Pierre Bastien et à observer le doigté agile de François Olislaeger et David Prudhomme, dessinant à l’unisson sur une bande-son signée Mathieu Boogaerts. Côté expositions, « Haircut Football Club » célébrera l’amour du jeu et du mulet tandis que l’on pourra plonger en immersion dans les univers de Fanny Michaëlis et Ulli Lust, contempler les peintures de Lorenzo Mattotti et s’extasier devant le travail graphique de Typex. La remise du Prix Pulp 2020, des performances, des ateliers et un grand salon de la BD contribueront aussi à rendre cette 7e édition inoubliable. EQ

NUITS SONORES 19-24.05 @ LYON

Elles justifient à elles seules que l’on dilapide consciencieusement ses jours de congés avant l’été. Abandonnés à elles depuis des années, nous sommes les esclaves consentants de leur excellente programmation. Chaque année, elles trouvent de nouveaux moyens de nous séduire davantage et chaque année, on replonge les yeux fermés. Alors que la programmation de ses journées prêtées à Jeff Mills, Dj Harvey, Helena Hauff et Honey Dijon nous promet de folles enjambées sous le soleil couchant, le nouveau programme « Dance to Act », en collaboration avec European Lab, mêlera musique, militantisme et représentation sociale. Les Nuits, elles, nous enlaceront fort et n’auront pas de mal à nous garder prisonniers avec des atouts charme comme Mykki Blanco, Caribou, TNGHT, Folamour, Motor City Drum Ensemble ou encore Daniel Avery. EQ

A

U N N

REP 22-2 ORTÉ 6 JU ILLE T

LES RENCONTRES DE L’ILLUSTRATION 19 AU 29.03 @ STRASBOURG

S’il n’en restait qu’un, ce serait celui-là. Ponte parmi les pontes, le festival des Rencontres de l’illustration de Strasbourg sait toujours exactement où viser, généralement dans le cœur et dans les yeux. Pendant 10 jours, il rendra hommage à l’enfant chéri de Strasbourg, Tomi Ungerer, à travers plusieurs expositions et spectacles. Nostalgiques mais pas pour autant conservatrices, les Rencontres de l’illustration mettront également en lumière tout ce qui fait la fierté actuelle de Strasbourg, comme son festival Central Vapeur et ses dizaines d’illustrateurs hyper-talentueux. Entre autres délicatesses pour les sens, une exposition de 42 kakémonos illustrés, un labyrinthe interactif pensé par les éditions 2024, une bataille de dessin mais aussi des projections, des concerts dessinés et des ateliers viendront rhabiller la ville pour la faire briller toujours plus fort. EQ

CONFORMÉMENT AUX DÉCISIONS GOUVERNEMENTALES LIÉES À L’ÉPIDÉMIE COVID-19, CERTAINS DES ÉVÈNEMENTS CITÉS CI-DESSOUS ONT PU ÊTRE ANNULÉS OU REPORTÉS »








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