Pyrénées sur Mer

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S I X M I L L E S E N M E R , Q UAT R E PA S À T E R R E

r e M r u s s Pyrénée AUTOUR DU CAP DE CREUS • CERBÈRE • BANYULS PORT-VENDRES • COLLIOURE • ARGELÈS-SUR-MER

gratuit


FRANCE

Pyrénées-Orientales

• 05/2010

© Y.Chocoloff - 12/08

Venez buller en Pays Catalan!

www.cdt-66.com


Quatre ans c’est court ! Seulement trois numéros avant que ce petit dernier soit déposé dans les capitaineries, les offices de tourisme et chez les shipchandlers partenaires. Quel média peut se vanter de s’être installé dans le paysage en trois parutions ? Et pourtant, cette quatrième “saison” était attendue de pied ferme par ceux qui nous diffusent et ceux qui nous lisent. Quel plus beau compliment que d’entendre « alors, il sort quand, Cabotages ? » Cet objet bizarre, mi-guide-mi-mag’, entre le Bloc Marine, le Michelin et la presse nautique a simplement comblé la brèche qui existait entre ceux qui ne voyaient dans les plaisanciers que des fanatiques du saute-vagues à voile ou à moteur et les autres qui les prenaient pour des touristes ordinaires. Le “nautourisme” est une réalité depuis que l’on navigue pour son plaisir, c’est maintenant un concept éditorial.

Quatre ans, c’est long ! Déjà quatre numéros. Quelle évolution d’une saison à l’autre ! Plus de ports, plus de pages, plus de contenus. Ceux qui nous suivent depuis nos débuts le savent, ceux qui nous prennent en route le voient : « pour un gratuit, ils se fichent pas de nous ! », second compliment qui nous va droit au cœur. Gratuit ? Financé par la publicité n’est pas tout à fait le mot exact. Il y a, certes, des entreprises du nautisme de plus en plus nombreuses qui comprennent que nous touchons le cœur de cible de ceux qui naviguent mais il y a aussi nos sponsors que sont les collectivités locales partenaires, les villes portuaires qui partagent avec nous le souci de faire sortir plus souvent les bateaux, d’aller voir dans le port d’à côté, de venir chez elles. Et nos lecteurs qui ne nous achètent pas mais nous cherchent et nous lisent d’escale en escale. Bientôt sur web-mobile ! L’été en bateau est un moment privilégié pour la lecture. Nous resterons toujours un média “papier” qu’on emporte dans son

Baie d’Aigues-Mortes

De Saint-Loup à Saint-Clair

Adminsitration, service commercial : direction@cabotages.fr Alain Pasquet, directeur de publication, directeur commercial Julia Chaine, secrétariat commercial et web : contact@cabotages.fr Thierry Dutto, partenariat publicité Méditerranée : thierrydutto@cabotages.fr Patrick Faure, partenariat publicité Provence Côte d’Azur : contact@cabotages.fr

Alain Pasquet

Julia Chaine

Thierry Dutto

Patrick Faure

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Alain Pasquet, Christophe Naigeon

80 PORTS, 10 BASSINS DE NAVIGATION

Delta du Rhône De Couronne à Croisette De Croisette à Sicié

Entre mer et étangs

Pyrénées-sur-Mer

sac marin, qu’on lit dans le soleil du cockpit. Depuis un an, nos articles pouvaient se retrouver sur www.cabotages.fr. Mais désormais l’Internet “classique” est un outil spécifique de préparation des croisières côtières : on y trouve non seulement un accès facile à toutes les escales mais, grâce à une application cartographique et météorologique, chacun pourra trouver les moments les plus opportuns et les escales les plus faciles en fonction de la force du vent, de l’état de la mer et du bateau qu’on a. Et, dernière nouveauté pour votre mobilité en avant-première mondiale, une application pour LES TÉLÉPHONES PORTABLES avec accès au web. Partout où votre téléphone “passe”, vous pourrez bientôt faire votre programme de navigation en temps réel et avoir un point de vue unique sur la Méditerranée. Bonne saison de navigation et rendez-vous en décembre au salon Nautic de Paris pour un grand événement signé Cabotages.

Toulon grande rade

La côte des Maures De Giens au Cap Nègre

Tout au long de votre navigation estivale, demandez nos 10 éditions gratuites dans les capitaineries, les offices de tourisme et chez les shipchandlers partenaires, à chacune de vos escales. Préparez aussi des croisières plus lointaines dans nos rubriques “destinations”, en Corse, aux Baléares, à Malte ou, plus simplement sur les canaux du Sud de la France. Si votre route ne vous mène pas des Pyrénées à l’Estérel, commandez l’intégrale des éditions de 2010 sur www.laboutiquedecabotages.fr (conditionnement et transport : 19, 35 €). Cabotages est édité par Bastaque Éditions 16 rue Garenne, 34200 Sète Tél : 04 67 17 14 30 Fax : 04 67 17 14 32

e b

Rédaction : redaction@cabotages.fr Christophe Naigeon, directeur de la rédaction, rédacteur en chef Emma Chazelles, rédactrice navigatrice Guy Brevet, rédacteur navigateur Claude Roger, rédacteur navigateur Ont collaboré à ce numéro : Sandrine Mazziotta, Marilyn Beaufour, Hélène Petit, Jeanne Chemin

bastaque editions

Christophe Naigeon

Emma Chazelles

Claude Roger

Guy Brevet

Fabrication, iconographie Emmanuelle Grimaud, maquette, infographie : studio@cabotages.fr Michel Léo Ménella, illustrateur Site web www.cabotages.fr Claude Depretz, webmaster www.cabotages.fr : claude@cabotages.fr Imprimerie : Tugrupografico - Espagne Encre : SunChemical Certified ISSN : 1969 - 3184 - Dépôt légal Juin 2010

Emmanuelle Grimaud

Michel Léo Ménella

Claude Despretz


Cap de Creus

Argelès-sur-mer

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Collioure Port-Vendres

MASSIF DES ALBÈRES

Cerbère

VIGNOBLE DE BANYULS

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Banyuls

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Port-Vendres Collioure

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out au bout du Golfe du Lion, s’ouvre un bassin de navigation radicalement différent de ce qui a commencé aux quatre cheminées rayées de Lavera, amer qui signale le passage de la côte rocheuse à l’Est à la côte sableuse à l’Ouest. Un autre amer, plus romantique, marque la fin de cette plage de 260 km, le “château” de Valmy à Argelès et le départ brutal des Pyrénées-surMer, appellation fantaisiste mais autrement plus précise, en ce qui nous concerne, qu’ “Orientales”. Du bout de la plage du Racou à la sortie du port d’Argelès jusqu’à La Selva et la pointe du Cap de Creus s’étend l’aire de jeu des caboteurs de la région qui ignorent la frontière pour sauter de crique en baie dès que le temps

Sommaire

le permet. Car, attention, ici c’est bien pire que sur la côte d’Azur, région nautique déjà traîtresse… Cap Béar, Cap Cerbère, Cap de Creus… trois Cap Horn qui enseignent vite aux plaisanciers ce qu’est un effet Venturi. La Tramontane et toutes ses variantes locales qui déboulent des hauteurs froides vers la mer chaude plus vite que les touristes teutons sur les plages de la Costa Brava exigent que le capitaine veille pendant que les enfants et les créatures de rêve barbotent au mouillage. Mais quel bonheur que ces rocs, ces pics, ces caps, ces péninsules qu’à aucun prix il faudrait qu’on nous les amputasse ! À goûter avec prudence mais sans modération.

Escales des saveurs Naviguer en Méditerranée Les ports : nouveaux rôles ? La sécurité selon d’Aboville Météo : qu’est-ce qui est utile ? Transportables, la solution ? Les sémaphores veillent Tortues et requins Rando palmée : conseils d’un pro Redoutables oiseaux pêcheurs Peintres officiels de la marine Bateaux et navigation des Romains Bibliothèque de bord / Jeux

p.24 p.26 p.28 p.30 p.32 p.34 p.36 p.38 p.40 p.42 p.44 p.46 p.50

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r e M r u s s e é n é r Py

CAP BÉAR Banyuls

PARC MARIN DE LA CÔTE VERMEILLE

Cerbère CAP CERBÈRE Port Bou

El Port de la Selva

CAP DE CREUS

Cadaquès

s Destination Baléare

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Les Pyrénées catalanes

Autour du cap des vents

Escales

Le Cap de Creus est la pointe extrême des Pyrénées qui tombent dans la mer. Bien connu des marins, c’est aussi un haut lieu du tourisme : nature presque partout préservée, fonds sous-marins magnifiques, villages pittoresques. On ne peut pas toujours parler d’abris sûrs tant les vents y sont forts et soudains, mais on peut dire que c’est, pour le marin prudent, un bassin de navigation haut de gamme.

Autour du Cap de Creus

CAP DE CREUS : sauvage ­parenthèse nature

E

n 1934, Salvador Dali en a fait Le Spectre du Sex Appeal… Depuis qu’ils naviguent, les marins en ont plutôt vu le Vaisseau Fantôme tant la réputation du Cap de Creus est sulfureuse : des coups de vent accélérés par un formidable effet venturi, une mer hachée par le ressac, des cailloux bien méchants… Une sorte de Cap de Bonne Espérance qui délimiterait le golfe du Lion à l’ouest comme le Cap Couronne le fait à l’Est. Mistral pour l’un, Tramontane pour l’autre. Sans compter les tempêtes venues du large et qui en ont sculpté les roches claires, calcaire en France, granit en Espagne. Au Cap de Creus – littéralement le cap de la Croix – le chaos rocheux avec ses pierres en équilibre, passées au burin des intempéries est tel que le corps peint par le Maître, avec ses béquilles, ses décharnements et ses ­amputations, n’est,

tout compte fait, pas si éloigné que ça de ce que l’on voit dans ce lieu torturé. Pour les marins, Cap de Creus c’est aussi un amer et un guide avec ce phare trapu solidement ancré dans un bâtiment blanc et qui tient en quatre chiffres : 87 m d’altitude, un éclair toutes les 10 secondes visible à 34 milles, une position à 42°19’ 08.15“ N / 3°18’57.20“ E. C’est le point le plus oriental de l’Espagne, comme, à mille kilomètres de distance, le Cap Finisterre est le plus occidental. Cap de Creus, c’est aussi pour les promeneurs un dédale de chemins dans une nature sauvage où tout est préservé : le Parc naturel qui existe depuis 10 ans a réussi à préserver – avec l’aide d’Éole et de Pandore réunis – un espace exempt du béton des promoteurs. C’est, comme le souligne opportunément le site officiel de la Costa Brava, “le plus grand secteur inhabité de l’Espagne méditerranéenne”. Hommage du Vice rendu à la Vertu, en quelque sorte !

Ne boudons pas notre plaisir, ce parc qui englobe une partie terrestre et maritime est aussi le paradis des plongeurs. Alors, navigateurs qui avez trouvé le bon créneau de beau temps sans vent et une place pour mouiller à proximité, profitez de cette parenthèse de pleine nature dans cet océan de villégiature. Sans jamais quitter les yeux les cartes marines et des oreilles les bulletins météo. EL PORT DE LA SELVA : bel endroit, mais prudence… Situé sur la Mar d’Amunt, El Port de la Selva est le premier – ou le dernier – abri organisé et équipé après – ou avant – le passage du Cap de Creus. Au risque de faire un copié-collé de tous les textes sur tous les ports de la région, disons tout de même que El Port de la Selva (El Puerto de la Selva en langue castillane) est un ancien port de pêche où, depuis les années soixante, l’économie du tourisme et de la plaisance ont très largement dépassé l’activité traditionnelle, qui, toutefois, demeure. C’est une anse profonde entre deux rives de roches abruptes et fermée au fond par une plage de sable. Ce n’est donc pas une calanque avec quarante mètres de fond dès qu’on s’éloigne de

plus d’un mètre du bord, mais une baie où l’on trouve des fonds entre 7 et 10 mètres pour mouiller (attention, zone interdite entre les bouées). Sachant que dans ces parages aucun bateau ne peut se sentir protégé du vent qui “tombe” violemment de la montagne comme il peut venir avec force de la mer, le port de la Selva est protégé de la houle, pourvu qu’elle ne vienne pas pile du nord. On peut s’en douter pour peu que l’on soit un peu observateur : s’il y a une plage et des hauts-fonds, c’est que parfois la mer vient y pousser le sable avec ses lames de Caterpillar… C’est un plaisir pour les yeux du plaisancier que cet abri dans un si beau cadre, relativement bien préservé. Le village, bien que très largement revu et corrigé depuis l’invention du ciment et des menuiseries d’aluminium, a gardé un certain cachet. Il est fait mention ici d’un hameau un peu avant l’An Mil, puis plus rien jusqu’au XVIIe siècle où les pêcheurs du village de la Selva del Mar, perché sur la montagne en retrait et à l’abri des visites de navigateurs indésirables, décidèrent de construire de plus en plus ­nombreuses des maisons de bord de mer, là où ils tiraient leurs barques.

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Salvador Dali, Maître du Cap

Un peu de vin, un peu d’huile, un peu de commerce sont venus ensuite, sans grand succès durable apporter un complément à la pêche, mais – au risque encore une fois de répéter ce qui a eu lieu cent fois dans les plus beaux endroits de la côte – ce sont des intellectuels et des artistes venus d’ailleurs qui ont lancé la mode balnéaire à Port de la Selva. Avec, ici aussi, quelques effets positifs à cette colonisation pour les habitants permanents qui, en un siècle, sont passés de 1.500 à 9.000 habitants. Certains parmi les navigateurs de nos connaissances ont eu à se plaindre d’un mauvais accueil et de graves incompréhensions à propos de mouillages. D’autres nous ont rapporté des commentaires positifs. Quant à nous, nous avons trouvé un port petit mais assez bien organisé, avec une capitainerie presque neuve et des projets d’extension de la zone des amarrages protégés. Car il n’y a que derrière le môle et sur les pontons payants que l’on se sent vraiment à l’abri et qu’on peut envisager sereinement d’aller grimper sur les trente kilomètres de sentiers forestiers ou les sommets de la Sierra de Rodes où s’élancent les parapentistes. CADAQUÈS : le plus célèbre des mouillages Situé sur la Mar d’Avall, au sud de la pointe du Cap de Creus, ce n’est pas un port, tout juste un abri, en fait une plage sur laquelle les pêcheurs tiraient les barques au sec. Presque exacte-

ment symétrique de la baie de Port de la Selva avec sa large ouverture au Sud-Est par où s’engouffre la houle quand le vent souffle de l’Est ou du Sud, c’est un mouillage très fréquenté à la belle saison. Et pour cause ! C’est non seulement un magnifique endroit dans un cadre naturel exceptionnel, c’est aussi, malgré la prolifération urbaine, un très beau village. Il porte les traces de ses origines modestes quand les pêcheurs étaient les seuls à profiter du paysage, mais aussi les différentes strates de l’engouement des étrangers pour cet endroit : Dali, bien sûr, mais aussi Picasso, Matisse, Duchamp, Max Ernst, Man Ray, Derain ont fait ce cet endroit un haut lieu de l’art moderne, attirant dans leur sillage les grands et les riches de ce monde. Par beau temps, n’hésitez dont jamais à faire halte à cet endroit qui gagne à être abordé par la mer pour profiter totalement de cet amoncellement de maisons blanches en pied de montagne, entre deux tranches de bleu. À terre, vous trouverez évidemment des dizaines de terrasses de cafés et de restaurants et, dans les ruelles, de nombreuses galeries d’art. Mais le plus beau monument est le village luimême, serré autour de son église, tout aussi blanche, du XVIIe siècle. Christophe Naigeon

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ort-Bou est avant tout une grande gare de triage qui fait le pendant de celle de Cerbère. La ville ne présente pas d’intérêt touristique particulier mais c’est un très bon abri avec son port récent et bien ­protégé. Si le mauvais temps vous empêche de franchir la Cap Cerbère, faites-y escale.

PORT BOU : EN ATTENDANT DE PASSER LE CAP CERBÈRE

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Ce n’est pas une oeuvre des plus connues du Maître de Cadaquès, mais c’est le seul qui ait eu le Cap de Creus comme source d’inspiration. Pour qui connaît ce lieu sauvage où la mer et le vent s’acharnent à déchiqueter la roche, à mutiler ce géant avec la patience des temps géologiques, cette toile n’est pas si loin de la réalité. Pour qui a vu le soir arriver sur le cap y reconnaît la violence des couleurs et la dureté des lignes. On est loin de la montre molle... Pour qui a navigué au pied de cet édifice du haut duquel peut à tout moment tomber une avalanche de Tramontane comprend ce petit marin qui regarde cette précaire immobilité.

Quant à l’escale de Cadaquès, si elle n’est qu’un mouillage peu abrité, elle est celle du génie aux moustaches folles. Le Théâtre-musée inauguré en 1974 est construit sur les restes de l’ancien théâtre municipal de Figueres que la guerre civile a détruit. Ne manquez pas la visite !


Les Pyrénées catalanes

Les cascades sous-marines du Cap de Creus

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Autour du Cap de Creus

n 1993, une équipe de chercheurs franco-catalane a commencé une série de mesures pour étudier les échanges d’eau et de particules entre la côte du Golfe du Lion et le large. Intéressant, utile, mais, pas de quoi, en apparence, bouleverser les connaissances océanographiques et encore moins frapper l’opinion publique. Dix années passent dans la rigoureuse routine de la démarche scientifique. Jusqu’aux hivers de 2004 et 2005 quand, à bord de bateaux français, espagnols et américains, l’équipe se met à truffer le canyon du Cap Creus d’instruments pour mesurer la vitesse et la puissance des courants, la transparence ou l’opacité de l’eau, capturer les particules en mouvement... C’est là qu’ils font une découverte tout à fait épatante et un peu hors-sujet : ils sont témoins d’un phénomène déjà observé mais d’une ampleur unique au monde, un “cascading” (sic) bien plus intense que tout ce qui avait été mesuré jusque-là. Ils découvrent que le canyon du Cap Creus qui relie la bande côtière (200 m de profondeur) aux grands fonds Méditerranéens

(2.500 m) est un immense torrent saisonnier, capable de charrier en 40 jours l’équivalent de 14 ans du débit du Rhône (2005), à la vitesse d’un bon marcheur. Rien d’étonnant alors que le fond soit profondément creusé, tel un labour de géant, de sillons de dix mètres de profondeur et de cent mètres de large en moyenne. Comment ça marche ? Deux ou trois choses à savoir pour comprendre : Un, l’eau froide est plus dense, plus “lourde” que l’eau chaude. Elle a donc tendance à “couler”. Deux, plus l’eau est salée plus elle est lourde. Trois, le vent provoque de l’évaporation qui entraîne deux choses : le refroidissement du liquide (on souffle sur sa soupe) et une plus forte concentration de sel. Mettez ces trois ingrédients ensemble, laissez la Tramontane ou le Mistral agiter fortement et longtemps le tout et vous obtenez un phénomène de “cascading”. En hiver, les vents de terre, froids et violents soufflent parfois des jours et des jours, provoquant les trois événements ci-dessus décrits. Rien que du très logique dans la mécanique des fluides.

Escales

Ce n’est pas le Triangle des Bermudes, mais avec un peu d’imagination... La mer se dérobe soudain comme si on avait enlevé le bouchon au fond de la baignoire : en une journée,18 milliards de mètres cubes d’eau de surface “plongent” à 2.500  m ! Cela pour la seule région du Cap Creus ! Une véritable cascade sous-marine, 50 fois plus haute et 36 fois plus puissante que les chutes du Niagara...

L’extraordinaire tient à la quantité d’eau mise en branle lorsque les conditions météo sont réunies comme ce fut le cas - exceptionnellement - trois années de suite en 2004, 2005 et 2006. LE CAVIAR DES POISSONS Autre chose : ce courant entraîne au fond des quantités énormes de matière organique fraîche contenue dans les eaux de surface, apportant aux “dé-

serts” sous-marins quantité de ­nourriture carbonée de premier choix, du “caviar” comme dit Serge Heussner, chercheur au CNRS et “cascadeur” en chef de l’équipe basée à l’université de Perpignan. Comment les organismes ­vivants, minuscules, moyens et gros réagissent-ils à cet apport nourrissant pour certains mais étouffant pour d’autres ? Ce phénomène a-t-il une influence directe ou indirecte dans la production de poissons ou de crustacés en Méditerranée ? Comment le milieu “traditionnel” des grands fonds, habitué à vivre chichement d’éléments carbonés dégradés par une lente descente depuis la surface, réagit-il à cette éphémère et violente abondance ? Mystère. Mystère aussi, la constatation d’autres chercheurs qui ont mesuré, lors de ces phénomènes, un véritable boom du phytoplancton dans les eaux côtières alors que les éléments nutritifs ont fichu le camp au fond... Cause unique ou coïncidence ? Une découverte en entraîne une autre, un mystère dévoilé en fait apparaître un nouveau. Dernière question : par quelle eau est remplacée celle qui plonge ? Par celle apportée par le courant Liguro-provençal qui charrie d’Est en Ouest l’équivalent de 1000 fois le débit du Rhône... Christophe Naigeon

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Les belles catalanes sur la plage… L’origine de la “Catalane” se perd dans celles de la voile latine, tout autour de la Méditerranée. Si Banyuls fut l’endroit où ces bateaux furent les plus beaux, les plus rapides, les plus solides... toutes les villes de la Côte Vermeille en comptent de superbes. Grâce à des associations comme Vela i Vent à qui nous devons ces photos et ce texte, la Catalane a gardé sa place comme un “vrai” bateau et non un objet de folklore ou de muséographie nostalgique. Que tous les caboteurs qui naviguent dans ces eaux aient une pensée pour les charpentiers et les marins pour qui le Llagut fut une raison et un moyen de vivre.

COMBIEN DE TEMPS MET LA MER POUR DÉGRADER CE QUE VOUS JETEZ PAR DESSUS-BORD ?

il faut jusqu’à : 1 MOIS

L

(attachée) sur une antenne, composée de deux parties : le quart (partie basse) et la penne (partie haute). Elle permet toutes les allures possibles de navigation à la voile. A “la bonne”, la voile est sous le vent du mat et complètement déployée ce qui offre un maximum de puissance. Le centre de la voile se déplace sur l’avant ce qui permet de garder un cap serré au vent c’est-à-dire faire du près pour

journal

1,5 MOIS

boîte en carton

5 MOIS a voile latine est certainement la plus ancienne du monde. Les représentations de bateaux méditerranéens dans l’antiquité montrent une voile rectangulaire suspendue à une vergue (ou antenne) accrochée au mat par son milieu. Deux écoutes et deux balancines orientaient la voile. Puis les voiles devinrent trapézoïdales et enfin triangulaires. La voile latine semble être en usage dès la fin de l’antiquité.

papier toilette

coton

épluchure

14 MOIS

allumette

fil de coton

photo bois, mégot, couche bio

3 ANS

laine bois peint

13 ANS

La Llevantina

50 ANS

boîte de conserve polystyrène

80 ANS

flotteur bouée pile mercure

200 ANS

aluminium

400 ANS couche 600 ANS

La plus ancienne représentation incontestable d’une telle voile remonte au VIIe siècle de notre ère. C’est la voile que les marins de la Méditerranée occidentale ont emmené partout où ils ont navigué. Elle s’est maintenue pendant de nombreux siècles jusqu’au dernier où elle devint de plus en plus verticale pour simplifier les manœuvres et réduire le nombre d’équipiers. La barque catalane l’a conservée dans ses formes originelles et elle n’a été supplantée que par le moteur. La pratique de la voile latine diffère des autres voiles et du maniement du gréement marconi qui équipe tous les voiliers actuels. Le mat incliné vers l’avant est une des caractéristiques des barques catalanes. La voile latine est enverguée

remonter au vent. Afin de conserver la voile à la bonne main il est nécessaire de “tréhucher”, ce qui signifie passer la voile et l’antenne du bon côté du mat. La “tréhuche” se fait aussi bien par l’arrière du bateau (empannage) que par l’avant (virement). L’empannage est réalisé en descendant le lit du vent tandis que le virement n’est faisable qu’en remontant au vent. Par petit temps ou vent faible il est possible de rajouter sur l’avant une petite voile appelée polacre en catalan ou foc en français (“Foc” signifiant le feu en catalan, le terme ne pouvait pas convenir pour désigner cette voile). Chaque barque est aussi armée de deux avirons pour pallier le manque de vent. La vela est en coton formée de laizes de 55 cm

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plastique

filet et fil de pêche

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verre

de large cousues à la main verticalement, et possède deux ou trois bandes de ris disposés en éventail à partir de la pointe avant. Les ris servent à raccourcir la voile en l’accrochant à l’antenne. La ralingue du bas (bord de la voile) est doublée de cuir à l’avant pour la préserver du frottement. La forme arrondie du bas de la voile permet de dégager le pont pour laisser de la place aux rameurs et de la visibilité au barreur. La ralingue du haut se termine à chaque extrémité par une bague qui permet de la fixer aux bouts de l’antenne. Le mat est implanté au milieu de la barque, et mesure la même longueur que celle-ci. Il est incliné vers l’avant afin de faciliter certaines manœuvres de la voile.


Cerbère

Des raisins, des oranges et un rayon vert

Escales

En 2010, Cerbère ne pourra toujours pas accueillir de bateaux sur son ponton. La tempête du 27 décembre 2008 a démoli la digue, transporté ses blocs de pierre de plusieurs tonnes 40 m plus loin. Mais le mouillage est charmant.

À

Cerbère

droite en entrant, attention aux îlots Campagnies (ou Canadell), magnifiques pour une baignade comme pour un échouage ! À gauche, le cap Cerbère, connu pour son phare solaire, ses vents et son ressac. De nuit, dans l’axe de l’entrée, si les traditions sont respectées, vous pourrez voir la rosace illuminée de l’église Saint Sauveur. Ce monument vaut plus pour l’anecdote que pour l’architecture : à la fin du XIXe siècle, Cerbère, simple hameau de Banyuls, n’avait qu’une chapelle, insuffisante pour les élégantes bourgeoises et leurs maris en redingote. Un siècle après la Révolution, un riche producteur de vin de messe qui se trouvait également être le curé du cru, acheta des terrains communaux pour en faire don à l’église. Avec son bon argent et celui prélevé chez les notables en échange d’une place au nom des sponsors, il y eut donc une église digne de la bonne société, puis une école catholique et un orphelinat. NOBLES CATALANES Autre “monument” qui ne peut passer inaperçu, le viaduc qui barre de ses piliers le flanc nord de la baie. Ouverte sur le monde par ses voies ferrées, Cerbère est restée enclavée jusqu’à une date récente, faute de voie routière. Ce n’est qu’en 1913 que la route Cera10 km – sera inaugurée. Jusque-là, le trafic commercial avec les communes voisines se faisait à bord des lourdes et nobles catalanes. Imaginons couler dans les fonds des embarcations le jus des raisins vendangés sur les hauteurs de Cerbère, transportés à la voile vers les caves de Banyuls… La corniche actuelle est plus récente. Belle ou laide, elle fait partie du paysage comme le centre de plongée et son incongrue façade à vitrail, comme les arches de la voie ferrée (construites par Eiffel),

Après la tempête de 2008, es travaux de reconstruction de la digue ont commencé (à droite sur la photo)

et… l’hôtel Belvédère du Rayon Vert où la bonne société faisait la fête avant que la Guerre d’Espagne ne mette fin aux frivolités. L’ÂGE D’OR Depuis le creusement du tunnel vers l’Espagne en 1878, l’histoire de Cerbère est liée au train. Vins, minerais, fruits et légumes sont passés dans cette immense gare dont on prend la mesure en montant au premier virage sur la route de Port Bou. La frontière a fait la richesse de Cerbère : 250 douaniers, des centaines d’employés des chemins de fer et d’ouvriers, et, surtout, jusqu’à 65 transitaires. Ceux-ci amassèrent des fortunes : chaque année pour la Saint Sauveur, ils se retrouvaient sur la place de la République et l’arrosaient de champagne. Puis l’Europe sans frontières a cassé la machine à sous… L’envers du décor, une autre histoire, celle des transbordeuses d’oranges (voir l’encadré). Revers de fortune ou tempêtes, Cerbère ne s’est jamais laissé abattre. Une belle escale toujours riche de souvenirs. E. Chazelles & C. Naigeon

LA GRÈVE DES TRANSBORDEUSES D’ORANGES

L

e 21 janvier 1878 les voies ferrées espagnole et française se rejoignent à Cerbère. Mais il y a un hic. Les voies n’ont pas le même écartement : 1,43 m pour la France et 1,66 m pour l’Espagne. Pourquoi ? Au moment où les Anglais adoptent le standard européen les chemins de fer espagnols rachètent leur stock de rails et de traverses aux anciennes normes british… Cette incompatibilité matérielle oblige passagers et marchandises à changer de train. Le produit principal venant d’Espagne est l’orange de Murcia et de Valence. De Cerbère, il en part pour tout les pays. Leur manutention est délicate et leur conditionnement doit être parfait car le voyage peut s’avérer long, jusqu’en Russie quelquefois. Ainsi naît le métier de transbordeuse d’oranges, des femmes. Leur salaire est faible et le travail de nuit pénible. Rémunérées à la tâche, elles charrient à la lanterne des paniers de 15 à 20 kg. Jugez donc : 5.000 personnes en ont charrié pendant 80 ans, manipulant au total quelque 20 mil-

lions de tonnes d’agrumes et 15 millions de marchandises diverses. Le 26 février 1906, les femmes décident d’arrêter : elles réclament les 25% d’augmentation qu’on leur promet depuis 1903. Leurs patrons ne veulent rien entendre. Elles forment un syndicat. Les transbordeuses sont appelées “les Rouges”. Elles se couchent sur les rails, prêtes à mourir sous les roues du train de Perpignan qui s’arrête à deux mètres à peine de leurs corps. Elles se glissent sous les essieux. Il faudra faire intervenir les soldats de la caserne de Perpignan pour les en déloger. Ce mouvement de grève est le premier purement féminin de l’histoire française. Il dure presque un an. Les femmes ont fermement tenu leurs positions et sont demeurées inflexibles jusqu’à satisfaction de leurs revendications. Le transbordement s’est prolongé jusqu’en 1960 quand une autre solution a été trouvée : changer simplement les essieux. Fini le métier de transbordeuse.

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pas à terre 4 ports Le rayon vert

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renez la peine de monter sur la route de Port Bou. Vous y aurez une vue bien différente de ce que vous voyez de la mer, notamment sur la gare et l’hôtel Belvédère du Rayon Vert. Ce bâtiment en forme d’étrave de bateau, construit en bordure de voie ferrée prend dans cet axe une toute autre allure. Premier bâtiment au monde à être construit en ciment armé à cause de l’étroitesse de sa base qui exigeait des prouesses techniques, ce palace achevé en 1932 après sept ans de chantier est un lieu privé, classé monument historique. Il n’est pas officiellement visitable mais on peut y louer des petits studios “dans leur jus” avec une vue splendide sur la baie. Jackie, la gardienne, est une intarissable amoureuse du lieu et on la comprend.

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Salle de cinéma avec piano pour les films muets, carrelages, boiseries et vitres à biseau, marbres blancs et aluminium associés, fresques kitsch peintes par un client insolvable… c’est un décor de film fantastique. Pour réserver, appelez le 04 68 88 41 54. Pour 60 € le studio pour 4 personnes, vous verrez le Rayon vert au lever du soleil. C’est fou, non ? 3˚ 10,25'E

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Piscine 3˚ 10'E Tennis La Poste Rue Mitjaville 04 68 88 41 69 Vitailler – Se Ravitailler David Danièle 8 r Alexandre Ducros 04 68 88 45 41 Petit Casino 14 pl République 04 68 88 41 63 Boulangerie Les Pious, 6 pl République 04 68 54 97 46 Carrer del Forn 04 68 54 96 39 Au croc’odile 1 r BEL HORIZON 06 63 89 98 87 Presse MERLETTE P L 5 pl République 04 68 88 41 05

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Plage d'El Saurel

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...venez les decouvrir Plage d'El Canu

3˚ 10,25'E Distributeurs bancaires Banque Populaire du Sud 8 r Mitjaville Crédit Agricole 3 r Larousse Transports Gare SNCF marine 2009 © 04 68 88 61bloc 64 ou 04 68 88 60 00 Taxi Taxi du cap cerbère rue Watteau 5 cité Many 04 68 88 40 85 La liste des médecins, dentistes et pharmaciens de garde est disponible au commissariat de police. Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 11

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Services Maritimes Capitainerie Port de Cerbère Affaires maritimes 1, rue Paquebots - 66660 Port Vendres 04 68 98 34 80 Société Nautique Claude Molins 04 68 88 47 71 Services Touristiques Office du Tourisme 23 r Mar Joffre 04 68 88 42 36 Mairie 23 av du Gral De Gaulle 04 66 88 41 85

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Adresses

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● Culture et patrimoine : Fauvisme, Aristide Maillol, traditions catalanes... ● Gastronomie de la mer, vins de Banyuls et de Collioure... ● Nature préservée : oliviers, vignes en terrasse, mimosas, eucalyptus... ● Fêtes : de la St-Vincent, des pêcheurs, des vendanges, de la St-Sauveur, de l’orange. Avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie de Perpignan et des Pyrénées-Orientales, des municipalités, des offices de tourisme et des quatre ports de la côte Vermeille.

Tél. : 04 68 35 90 99 - Mél. michelle.sans@perpignan.cci.fr


Banyuls

Escales

Du sucre dans le sel Ancien grand port de pêche à la voile, aujourd’hui escale d’exception pour l’accueil, Banyuls est la capitale du vin doux qui porte son nom. Mais il y a aussi d’autres découvertes à faire, d’autres histoires à raconter.

Banyuls

T

rois amers forment un alignement presque parfait sur la ligne des 42°29’N : la bouée nord de la réserve marine de CerbèreBanyuls, le centre héliomarin dans la première anse au nord du port et la tour Madloc à 656 m d’altitude sur la crête du massif des Albères. Quand vous êtes au sud de la première, vous ne devez pas dépasser 8 nœuds et la pêche est interdite. Allez-y avec l’un des clubs de plongée de l’endroit. Le second, bien placé devant une plage ne vous est souhaité qu’en cas de problème de santé. Le troisième est une ancienne tour de guet pour surveiller pirates et flottes ennemies, construite en 1285. En cas d’alerte, elle communiquait avec deux tours voisines par à un système de feux (flammes la nuit, fumée le jour : la tour Massane au nord-ouest et, au sud-est, la tour Carroig, aujourd’hui disparue. TROPHÉE ET AQUARIUM Comme les autres ports, Banyuls n’est pas protégé des coups de mer d’est et de nord-est. L’entrée est délicate par vent marin violent et, si on se rate, mieux vaut finir en surf sur la plage plutôt qu’en vrac sur les cailloux en embuscade derrière le feu vert. Une fois dedans, c’est un abri tout à fait satisfaisant et une halte haut de gamme : Banyuls a reçu le trophée de la meilleure escale de Méditerranée au salon nautique de Paris en 2008. Qu’on se le dise !

Deux autres amers d’évidence peuvent aussi guider le plaisancier : les arcades qui supportent la route de côte sur la face nord du port et, face sud, le grand bâtiment blanc du laboratoire Arago de l’Université Pierre et Marie Curie qui abrite plusieurs laboratoires publics et privés. C’est par là qu’il faut vous diriger pour aller vers la capitainerie et, quand vous serez à pied, vers le très bel aquarium attenant. Si vous ne plongez pas, allez au moins profiter au sec de ses collections : plus de 200 espèces de poissons et d’invertébrés.

vœu est encore satisfait de nos jours, en juin. Fin». Autour, le paysage est marqué par la géométrie des rangs de ceps et des “peus de gall“, ces canaux de drainage en forme de pattes de coq qui évitent que la bonne terre schisteuse qui porte le terroir de Banyuls ne parte à la mer au premier orage. Et partout où les yeux se portent, les ceps descendent les pentes jusqu’à la mer, entre les roches brunes et rouges, mettant du vert dans le bleu, du végétal dans le minéral, du vin dans l’eau et du sucre dans le sel.

PATTES DE COQ

DYNAMITE ET ÉCOLOGIE

Une autre curiosité qui attire le regard est une petite chapelle construite sur une colline presque dans l’axe du port. La chapelle de la Salette tient son nom de Notre Dame de la Salette, dans les Alpes. Cette bizarrerie toponymique s’explique par une histoire humaine, presque un conte : «il était une fois un riche propriétaire, le baron Reig, qui ne pouvait avoir d’enfant. Très pieu, il allait chaque année prier au sanctuaire de la Salette, en Isère. Mais ces voyages étant trop fatigants, il fit construire une chapelle éponyme au dessus de Banyuls… Lorsqu’il mourut, il fit don de ses vignes aux communes où il en avait avec pour obligation de les donner à travailler aux pauvres et de faire chaque année un pèlerinage de Banyuls à la chapelle. Le second

Quand vous quitterez l’escale pour faire route vers le nord, faites une halte avant le cap Béar, dans l’anse des Paulilles, mélange de terres basses et de roches, avec ses deux plages – chose rare – et une histoire mouvementée. Après la défaite de 1870, Gambetta décida d’implanter une usine de poudre à canon, « le plus loin possible des frontières avec la Prusse ». Le

site de Paulilles, qui dispose de l’eau douce nécessaire au traitement de la nitroglycérine (procédé Alfred Nobel) est choisi. Son isolement met la population en sécurité au cas où… On y crée un quai de chargement et dans la petite plaine, on construit l’usine. Quatre cents personnes y travaillent et, en 1960, on y produit 20 t de dynamite par jour. Puis le marché de la dynamite… implose. En 1984, le site est fermé. En 1989, le promoteur JeanClaude Méry l’achète avec le projet d’y faire une marina autour d’un port de 500 anneaux. Tollé dans la population. Pétitions, manifestations, lobbies. Finalement, c’est le Conservatoire du Littoral avec l’appui du Conseil général qui rachète les site pour en faire un lieu de préservation. Avec simplicité, bâtiments, jardins et littoral sont réhabilités. Ils accueillent désormais le public, un atelier de restauration de barques catalanes, un musée. Le mouillage est autorisé dans la baie. Nous le recommandons. Christophe Naigeon Emma Chazelles


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pas à terre

Écoutez par le tuba…

U

ne fois le bateau en sécurité, plusieurs choix s’offrent à vous : aquarium (voir plus haut), chapelle de la Salette (quelques kilomètre de montée mais une vue splendide), sentier du littoral vers le Cap Béar en passant par la baie des Paulilles. Mais le choix qui s’impose est de faire une plongée dans la réserve marine de Cerbère-Banyuls dont l’essentiel des 65 ha se trouve sur cette dernière commune. Quatre coups de palmes, donc, pour découvrir à la fois les architectures rocheuses intéressantes, une flore subaquatique comme on n’en voit plus mais, surtout, des poissons qui ont perdu l’habitude de se méfier des humains. Une zone de réserve totale près du cap Rédéris, 11,3 ba4,5 jaunes dans les rolisée par des bittes CAP DEStoute C ELM MES M chers, activité humaine. 0,2 prohibe Plage Un sentier sous-marin sonorisé et comdes Elmes

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menté par un tuba spécial qui transmet les vibrations par les dents et les os crâniens, a aussi été aménagé sur 250 m. Renseignez-vous à l’Office de tourisme, sur la place de ville ou au 04 68 88 56 87.

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Office du18,8 Tourisme 22 (0,6) ___) Av de la République 04 68 88 48 58 B Baie Baie Baie Mouillage Urgences Mouillage et dragage interdits 8,9 et dragage (0,6) 6) Gendarmerie ___ _) de de Ba B Banyuls Ba B Banyu Banyuls 122 interdits 1,rue Amiral Vilarem 04 68 88 30 60 42˚˚2 29'N 9N 42˚29'N 22,5 Pompiers 6,2 7,99 16,8du Mas Reig Route 18 ou 04 68 88 30 62 Anse de 0,9 Anse Autres Services 3,7 FI.WG. WG. s WG.4s 26 de Bus la Ville Fontaulé 5 Les Courriers Catalan Î le e Gro Grosse ro o sse 2,6 O Oc(2)R.6s Desserte Banyuls à 17,1 Île Pe Petite Cerbère et Banyuls à 6 2,9 Perpignan du lundi au Iso.4s samedi 3,7m CAP DU TROC 15,2 11,4 04 68 55 68 00 1,2m B 1,7m Musée (0 (0,4) __4) ___ C La liste des médecins, La Laboratoire D E F dentistes et pharmaciens 28,80' 2 8,80' 28,80' 28,80' 8 ((0,7) Q uai _ ) ___ Arag Arago ra G e o r g e s Pe tit de garde est disponible au 07,80' 0 07 7 7,8 ,8 80' 3˚ 08'E 08' 08,2 08,20' 0 08,20 08 8 20 commissariat de police. Toutes les adresses de Services Maritimes Sautevage CROSS MED Services Touristiques ravitaillement, shopping, Capitainerie et bureau 04 94 61 71 10 Mairie 04 68 88 00 62 . de Plaisance out sont oute National nal 114 services,Route etc. dispodu Port Yacht Club 6 av de la République nibles sur Av Fontaulé 2 bis av de Fontaulé La Poste 04 68 88 52 29 www.Cabotages.fr 04 68 88 30 32 04 68 88 04 04 Place Dina Vierny Saint Jean 20

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Péchés capitaux

La vue du Catalan

bloc marine 2009 ©

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l y a de multiples restaurants le long de la plage de ville. Ce sont des restaus de vacances, simples et animés. Si vous voulez une soirée plus grandiose pour faire le grand jeu avec vue sur la baie éclairée ou un déjeuner-piscine un peu exceptionnel, faites l’effort de monter jusqu’au restaurant le Miradou de l’hôtel Le Catalan, au dessus du port, sur la route de Cerbère.

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Castel-Béar


Port-Vendres

Port de Vénus… de Neptune et Bacchus

Escales

Le “port de Vénus” ne met pas tous ses thons dans le même filet : plaisance, pêche, commerce, croisière, il y a toujours un secteur en crise, un autre en expansion

P

Port-Vendres

ortus Veneris – qui doit son nom à Vénus au culte de laquelle un temple y aurait été dédié – est sans doute connu comme abri depuis que les bateaux circulent en Méditerranée. Ce havre naturel devenu port artificiel pour la première fois sous Jacques 1er au XIIIe siècle, n’a pourtant pas laissé à tous la chance de venir s’y mettre en sécurité, si l’on en croit le nombre d’épaves de toutes les époques qui se trouvent aux abords. Refuge des marins prévoyants, Port Vendres ferme vite sa porte quand la houle d’est nord-est se lève : un méchant ressac le long du cap Béar en rend l’entrée délicate. ENTRE FORT ET SÉMAPHORE De loin, on reconnaît à gauche de l’entrée le cap Béar, avec son sémaphore imposant et son phare qui ressemble à une tour de jeu d’échecs. Rendu célèbre par les bulletins de la météo marine qui en font une sorte de cap Horn catalan, Béar joue assez bien son rôle d’accélérateur de vents et d’amplificateur de vagues. Pourtant, cap Cerbère et cap Creus sont encore plus doués pour cela. Sorte de symétrie au sémaphore de Béar côté droit, le fort Saint Elme, ancienne tour de guet, fortifié en 1552 par Charles Quint

et revisité par Vauban en 1680, défend à la fois Collioure et PortVendres. Héroïquement parfois : lors d’un assaut espagnol en 1794, il reçut 10.800 coups de canon sans céder à l’ennemi… C’est aujourd’hui une propriété privée. LES AMBITIONS DE VAUBAN Vous entrez dans la passe. Sur bâbord, un coup d’œil au curieux feu rouge du môle perché sur ses grandes pattes blanches depuis 1869. Mais, à tribord, avant la moderne criée aux poissons, vous passez sous la première des deux redoutes construites par Vauban. Le «monsieur fortifications» de Louis XIV avait de grandes ambitions pour Port Vendres.  Mais  Louvois,  son “monsieur finances” l’obligea à se contenter de deux constructions de part et d’autre du bassin, juste assez pour abriter l’artillerie qu’il faut pour repousser les navires indésirables. Sur le rocher au dessus du feu vert qui signale les roches affleurantes se dresse la redoute du Fanal avec sa tour blanche chapeautée de vert, et un peu plus en ville, de l’autre côté, celle dite de Béar, aujourd’hui aménagée en monument commémoratif de la conquête du Maghreb. Car l’histoire coloniale a marqué la vie de Port Vendres. En fai-

sant route vers la capitainerie, vous passez devant le port de commerce dont la vie, faite de hauts et de bas, a suivi l’histoire tumultueuse des relations entre la France et l’Afrique, et en particulier depuis 1830 avec l’Algérie qui va assurer jusque dans les années 1960 l’essentiel du trafic du port. DES THONS ET DES FRUITS Avec l’arrivée du train en 1867, c’est l’explosion. Le nombre de passagers et de marchandises ne cesse d’augmenter jusqu’au début de la seconde guerre mondiale. Un service de liaison avec les paquebots est mis en œuvre à partir de 1885. Le trajet de Port Vendres - Afrique du Nord a la réputation d’être « la

traversée la plus courte dans les eaux les plus calmes ». Les destructions de la seconde guerre mondiale puis l’indépendance de l’Algérie porteront un coup fatal aux activités portuaires. La pêche, notamment au thon, prendra le relais, le temps que les activités commerciales trouvent de nouveaux débouchés vers l’Afrique noire. Maintenant que les thoniers connaissent un sévère déclin, Port Vendres est devenu le second port fruitier français de Méditerranée. Ananas, bananes et autres fruits exotiques qui peuvent mûrir pendant le transport en conteneurs arrivent régulièrement de Côte d’Ivoire, du Cameroun… Pour faire face à l’augmentation du trafic, le port est sans cesse modernisé, un troisième quai est un projet. Autre filon en voie d’exploitation : la croisière grâce à une ville “typique” et un arrière pays qui ressemble encore à la Côte d’Azur des années vingt. Port-Vendres fait partie de ces ports où le plaisancier aime entrer. Bien plus que dans une marina, on se sent appartenir – modestement – à la famille des gens de mer. Il y en a les ambiances, les bruits, les parfums, les couleurs. Une escale comme on les aime, au caractère bien trempé, même par temps sec. Et où les plaisirs de Bacchus rivalisent avec ceux de Neptune. Quant à Vénus, c’est une autre histoire… Christophe Naigeon Emma Chazelles

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Le Conseil général

pas à terre

des Bouches-du-Rhône agit au quotidien pour la protection et

Obélisque chez les sans-culottes

nents connus de l’époque en allégories un peu naïves. La place devait faire partie d’un ensemble architectural ambitieux, imaginé par De Wailly, peintre, urbaniste et architecte du Roy. Mais cette idée d’une ville nouvelle dans ce petit port qui comptait moins de 150 habitants ne verra jamais le jour. Trois mois après l’inauguration de l’Obélisque en mars 1789, c’est la Révolution. Les ornements en bronze partent à la fonderie de l’arsenal de Toulouse pour faire les canons dont la Convention a besoin pour la guerre déclarée en janvier 1793 à l’Espagne. L’obélisque connaîtra bien d’autres vicissitudes mais les quatre bas-reliefs sont encore là. Vous pouvez 35 aujourd’hui admirer «La Servitude en France, abolie» restaurée 150 ans après 36 sa création par le sculpteur Alain Fous. Quant à “L’Amérique indépendante”, il 37 favorisera en 1990 le jumelage de Port3˚ 07'E RÉGL EMEN avec Yorktown. vendres TÉ

A

llez vers la place de l’Obélisque qui est aussi celle du marché. Les platanes vous y tiendront à l’ombre. Intrigant, ce monument que Louis XVI voulait à sa gloire. D’énormes travaux 34 la ont été nécessaires pour dresser sur place de l’actuelle mairie le premier mo3,1 nument élevé de France : 100 pieds (30 m) de haut. L’aiguille rose, coiffée d’un 33 globe terrestre est soutenue par quatre 24tortues de 28 bronze. En bronze aussi les 3˚ 06,50'E 30 bas-reliefs du socle : les quatre ZcontiONE 26,5

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Affaires Maritimes Rue des Paquebots 04 68 98 34 80 Douanes 04 68 82 00 99 Quai de la République

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Sauvetage CROSS MED 13,194 61 71 10 04 Club SNCV Quai F. Joly 04 68 82 04 78 Services Touristiques Office du Tourisme 1 quai François Joly 04 68 82 07 54 Mairie Rue Jules Pams 04 68 82 01 03 La Poste Quai Forgas 04 68 82 04 40 La liste des médecins, dentistes et pharmaciens de garde est disponible au commissariat de police. Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr

• Optimisation de la qualité environnementale des 8 ports départementaux : équipements portuaires, intégration paysagère, soutien à la pêche professionnelle…

• Soutien technique et financier : ‹ aux structures de concertation ou de gestion (GIPREB, Parc marin de la Côte Bleue, GIP des Calanques, Parc Naturel Régional de Camargue …)

‹ aux associations de protection et d’éducation à l’environnement

• La diffusion d’études départementales

Péchés capitaux Tous à la criée

nécessaires pour sensibiliser et porter à connaissance, voire d’aide à la décision :

bloc marine 2009 ©

L

e matin (11 h 30 / 12 h 30) puis le soir (15 h 30 / 18 h 30), rendez-vous dans une bien belle boutique astucieusement implantée sur le site de la criée (sous le fanal vert de l’entrée). L’accueil est sympathique dans ce palais bien réfrigéré (appréciable l’été…) où se côtoient dans une ambiance chaleureuse habitués et plaisanciers. Les produits frais sont un régal : petites huîtres, amandes, crevettes, oursins qu’accompagne un verre de vin blanc du cru. Plateaux-apéro pour 8 ou 10 €, vin compris. Cette caverne recèle aussi toute l’épicerie de la mer dont on peut rêver ainsi

que quelques produits de terroir comme l’huile ou les olives et le vin. Les poissons frais sont vendus à l’extérieur. On peut aussi faire provision de salades de crustacés, de paella, de gratins, tout ce qui est si savoureux à bord quand l’envie de déserter la cambuse nous prend. Encre de sèches, soupes de poissons, croûtons, anchois frais, langoustes, faites votre marché ! Sur le chemin, près de l’obélisque passez ensuite à la cave du Roussillon, une vieille maison dont la réputation n’est pas surfaite. Excellents choix de vins à tous les prix.

‹ Inventaire départemental des macrodéchets sur le littoral des Bouches-du-Rhône

‹ Etude de l’évolution du trait de côte du littoral des Bouches-du-Rhône au regard de l’érosion marine. © scorsonelli

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CAP GROS

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Collioure

Pas seulement des grands fauves

Où que l’on se mette, Collioure est une carte postale. Alors, une fois amarrés à la bouée qu’on vous aura attribuée au cœur de la ville, vous pouvez vous contenter de regarder autour de vous.

C

Collioure

ollioure partage avec PortArgelès le privilège de donner à voir le Canigou dans les manœuvres d’approche. Quand il reste un peu de neige, c’est proprement splendide. Et, à part une disgracieuse barre de maisons récentes qui casse la perspective entre l’église et les sommets, on ferait exprès de rentrer et de sortir du port, rien que pour jouer avec ce zoom qui, en avant ou en arrière, fait découvrir de nouvelles beautés. D’autres amers sont partagés entre Collioure et ses proches voisins, comme la tour Madeloc sur la crête des Albères (voir Banyuls) et le fort Saint Elme (voir Port Vendres). Mais Collioure, la “perle de la Côte Vermeille”, a bien d’autres sujets de carte postale. FANAL, PRISON, CLOCHER De loin, le point de repère, c’est le clocher de l’église Notre Dame des Anges, avec son air de fusée médiévale dont le dôme, s’il était vert ou rouge plutôt que rose, le ferait passer pour un phare. Ce qu’il fut d’ailleurs vers 1642 avant de devenir prison en 1677 puis clocher en 1693. Le dôme est de 1810. Sous ces dehors austères, l’église recèle des trésors baroques, notamment un retable sculpté sur bois par le catalan Joseph Sunyer et recouvert de feuille d’or. Le vrai fanal a des allures plus romantiques avec son capuchon de fer forgé qui éveille l’imaginaire : bouchon sur une carafe de bon vin, tonnelle pour y faire grimper un chasselas, palais d’Orient…

Escales

Mais il ne date pas de l’époque des califes de Bagdad : le môle d’abritement a été inauguré avec son fanal le 15 avril 1886. Jusqu’à une date récente, Collioure a donc été exposé à tous les coups de mer et ses deux ports, l’Aval et l’Amont de part et d’autre du château royal, n’étaient des abris que par tramontane. AUTREFOIS CAUCOLIBERIS Le château royal est une autre évidence pour qui arrive par la mer. Il a du impressionner plus d’un capitaine, comprenant qu’il n’entrait pas dans n’importe quel port de pêcheurs. Sans doute y avait-il là déjà des constructions du temps où fut fondée Caucoliberis (Collioure) deux mille ans avant notre ère. Les Gaulois puis les Romains s’y installèrent. Les Wisigoths s’y battirent en 670. Les Sarrazins l’envahirent comme toute la Septimanie, les Francs les en chassèrent, les pirates Arabes et Normands y jetèrent la confusion, les querelles de princes et d’église, la sécheresse, les inondations, la peste et la famine firent le reste. Bien longtemps avant les Fauves, c’était la jungle. Collioure a eu très tôt des tours, des murs, des casemates. Ce qu’on voit aujourd’hui demande un effort d’imagination : enlevez ce que Vauban (encore lui !) a fait

sous Louis XIV et vous aurez une petite idée de sa magnificence quand les Comtes de Barcelone, les Rois d’Aragon et les Rois de Majorque en firent l’une de leurs résidences à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècles ! À terre, la visite s’impose. Et, des remparts, vous pourrez surveiller votre mouillage. UN BALCON SUR LA VILLE Car Collioure n’a pas de places de passage à quai. À part une possibilité d’accostage de courte durée en face du quai de l’Amirauté en hiver quand il n’y a pas de bateaux de visite en mer, les visiteurs s’amarrent à quatorze bouées sur coffres dans la baie. Fini le temps où quarante bateaux se tamponnaient, polluaient, labouraient les posidonies, risquaient d’arracher le collecteur d’égout. Depuis trois ans, les places sont payantes (de 15 à 30 € pour 24 h). Les plages

de la ville sont redevenues baignables et il paraît que les posidonies recolonisent les fonds. Manquent encore des sanitaires et des douches comme dans n’importe quel port de plaisance, mais le classement comme monument historique de la moindre pierre rend leur implantation difficile, dit-on à la Mairie. Mais ça va se faire. Maintenant que vous êtes à la bouée, levez la tête vers le sud. Le moulin à vent installé sur la première colline est le plus ancien du Roussillon. Un peu plus bas à droite, le bâtiment que vous voyez est le cloître des Dominicains. Il faut y entrer pour en voir la grâce architecturale. Bref, vous n’allez pas vous ennuyer. Et nous n’avons pas parlé des peintres… Vous pouvez aussi vous contenter de rester à bord et de regarder autour de vous. C’est ça, Collioure. C. Naigeon & E. Chazelles

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pas à terre

Peintres et poètes

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mando) à l’Oli qui est aussi le point de départ d’un «sentier mauresque». La Chapelle Saint Vincent, sur son rocher qui était sans doute un îlot, abrite les reliques de celui qui y fût supplicié. Emportées par les troupes espagnoles en 1642, elles n’ont été ramenées de Rome qu’en 1700, le 16 août, date qui donne lieu chaque année à une procession de barques et à de grandes fêtes.

as de plage de sable fin mais celle du petit port a d’autres attraits qui lui donnent cette parfaite harmonie. Elle nous invite à rencontrer Matisse et Derain qui, dès 1905, en ont immortalisé la beauté singulière. Au détour d’un circuit pédestre le “Chemin du Fauvisme”, à l’intérieur de la vieille ville comme au port, vous pourrez en vingt stations redécouvrir sous forme de promenade guidée les sites qui ont inspiré deux des artistes emblématiques du port de pêche de jadis. Collioure abrite aujourd’hui nombre de galeries et un Musée d’Art Moderne, installé dans la villa de l’ancien sénateur Gaston Pams. C’est Mouillage et dragageMachado, Collioure encore qu’Antonio interdits le grand poète humaniste espagnol fuyant la dictature franquiste, a choisi pour exil en 1939. Envie de marcher ? Consacrez une 9,7 heure à la parcourir, de Fort Miradou (centre national d’entraînement com1,2 20

20,3

3˚ 05'E

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7,2

Adresses

Presqu'île Saint-Vincent

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Services maritimes Capitainerie à la mairie 04 68 82 05 66 3˚ 05'EAffaires Maritimes Port Vendres 04 68 98 34 80

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Douanes à Port Vendres 04 68 82 00 90 CRS du 1/07 au 31/08 3˚ 05,25'E 04 68 82 17 69

42˚31,50'N

Services touristiques Office de tourisme Place du 18 juin 04 68 82 15 47 Mairie 04 68 82 05 66 3, rue de la République La poste 04 68 98 36 00 1, rue République 1,3 Urgences Gendarmerie 1,1 Juillet 04 68 82 00 60 Août 04 68 82 25 63 Police Municipale 04 68 82 09 53

La liste des médecins, dentistes et pharmaciens de garde est disponible au commissariat de police. 200 m Sauvetage CROSS MED Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, 04 94 61 71 10 Club Nautique Collioure services, etc. sont disponibles sur Plage Saint Vincent www.Cabotages.fr 04 68 98 06 32

Péchés capitaux Chez Sola et Neptune

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our commencer la journée, notre bon balcon sur la baie, route de Port Vendres plan est de mettre pied à terre, de lon(04 68 82 02 27). Situé en revanche dans bloc 2009 © une petite rue (la Fraternité), le très à la ger le château sur le quai, de remonter lemarine lit de la rivière et d’aller jusqu’au premier mode 5ème Péché est tenu par un jeune pont. Au café Chez Sola, vous commanchef japonais imaginatif et propose des dez un petit déjeuner copieux (5,80 €) et, plats “fusion culturelle”, souvent intéressur la terrasse bien agréable, vous lisez sants. Mais, quitte à naviguer à contrecourant, disons que ses expérimentale journal ou écrivez les cartes postales achetés au point presse d’à côté (la poste tions ne sont pas toujours heureuses et que l’envahissant discours dont le serest en face pour expédier le courrier…). Si vous êtes plutôt pour le courrier élecvice entoure les œuvres du maître est un peu… bourratif. A essayer quand même tronique, Sola propose une liaison WI-FI gratuite. (04 68 98 09 76). Et, passage obligé, au moins un verre Pour les repas, c’est l’embarras du choix. Un must classique gastronomique est dans la salle des Templiers. C’est un mule Neptune, magnifiquement situé en sée de peinture tout à fait incroyable.

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6,8


Argelès-sur-Mer

Le port qui descend de la montagne

Escales

Dernier ou premier port de la côte sableuse ou de la côte rocheuse… difficile de trancher. Ce qui saute aux yeux c’est la rupture du paysage. Port-Argelès se trouve exactement à la jointure.

P

Argelès-sur-Mer

ort-Argelès est posé sur le lit de la rivière Massane. Ce n’était il y a vingt ans que la digue anti-ensablement de son embouchure, l’ouvrage antiinondation de la plaine d’Argelès. Sur bâbord, le Racou, une plage minuscule en sépare l’entrée des premiers récifs de la côte Vermeille, les confins nord du massif des Albères. Quelques cabanes en planches devenues cabanons puis modestes villas dans les années trente quand les Bains de Mer sont venus à la mode. Une forte personnalité, un rêve inabouti de «commune libre», des rues exclusivement en langue catalane. Le dernier – ou le premier, c’est aussi selon – endroit pour étaler sa serviette et planter son parasol. Sur tribord, pas de problème pour avoir du sable sur sa tartine de goûter quand souffle l’un des douze vents du Roussillon. Ici commence l’immense cordon littoral qui, de grau en grau et d’étang en étang ne finira, à peine interrompu par quelques tentatives de promontoires rocheux, qu’à l’est du golfe de Fos. SEA, SNOW & SUN Mais c’est entre le premier et l’arrière-plan que se joue sans doute le plus impressionnant contraste : devant l’étrave, une plaine aussi plate et fertile que savent en faire les fleuves côtiers qui dévalent des hauteurs et déposent là leurs bagages limoneux, lassés des rapides dans la caillasse. Au fond, la muraille du Canigou, haute de 2.784 m, impressionnante l’été, majestueuse dans les navigations de fin d’hi-

ver quand la tramontane a lavé la lumière et que, surgie de la mer, la neige étincelle. Argelès peut revendiquer le titre de porte de la Côte Vermeille. De la mer, ça saute aux yeux. On y prend la mesure de sa solidarité avec le massif pyrénéen, planté comme une citadelle sans faubourgs au milieu d’un monde horizontal, maritime et terrestre. Argelès est comme le champ de mars d’une forteresse baroque dont on peut apercevoir, avec les jumelles de bord, les casemates de toutes les époques, témoins d’un passé où les frontières se défendaient d’autant plus férocement qu’elles étaient bien incertaines. VRAI-FAUX CHÂTEAU Puis quand les manœuvres d’approche contraignent les yeux à se porter moins loin, c’est un morceau de Disneyland que l’on découvre. À dix heures et environ trois milles à l’intérieur des terres, bien clair sur un fond de reliefs boisés, se tient fièrement le vrai-faux château de Valmy, sorte de «folie» achevée en 1900, un Xanadu sorti du rêve de Citizen Kane le magnat de la presse : son créateur, Pierre Bardou, fit aussi fortune avec du papier, les fameuses feuilles JOB qui partirent en fumée avec des centaines de millions de cigarettes prolétaires. Son gendre, Jules Pams, ministre de l’Agriculture et ­adversaire malheureux de Raymond Poincaré à la présidentielle de 1913, inventeur de la loi VDN sur les vins doux naturels qui fit la fortune du vignoble catalan, y amena le tout-Paris.

L’endroit ne mérite pas l’effort d’y aller quand on est un navigateur-piéton, mais quatre chambres d’hôtes que l’on dit somptueuses pourront accueillir vos nuits de fête quand votre bateau hivernera.

fois passées les amarres, prenez le petit train et allez vers le ­“village”, l’ancienne ville fortifiée en galets et pierre de taille qui, au XIVe siècle, était un verrou important entre plaine et montagne.

UNE STATION DU XIXe SIÈCLE

Christophe Naigeon Emma Chazelles

En entrant dans le port, l’architecture rose de la marina ne mérite pas un regard. En revanche, sur bâbord, vous apercevez la charmante station balnéaire née au XIXe siècle autour d’une pinède plantée en 1860 pour assainir les zones marécageuses littorales. De ces marécages il reste aujourd’hui un vestige intouchable, au sud de l’entrée du port, classée aujourd’hui “zone humide protégée” qui oriente les projets d’expansion du port (environ 300 places à l’horizon 20122013) vers le fond du site actuel. Si l’architecture du siècle dernier a moins de charme à vos yeux que les vieilles pierres, une

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4

pas à terre

Un château en Espagne

À

Port-Argelès, à deux pas de l’office du tourisme, restaurants et cafés complètent un dédale sympathique de petits commerces artisanaux rassemblés dans des chalets de bois et où l’on aime déambuler comme dans un village de cinéma. Essayer aussi les itinéraires pédestres comme le sentier du littoral vers le hameau du Racou, les criques de Porteils et de l’Ouille qui concrétisent un bord de mer aux mille visages tant admirés lors de l’approche en bateau et l’arrièrepays que ferme sur d’autres châteaux en Espagne la somptueuse barrière des Pyrénées. Une balade de 13 km (comptez 3 h aller-retour) peut vous conduire du cordon dunaire au Grau de Massane qui donne encore son nom à la réserve naturelle de 300 ha : la forêt des Coulomates. L’apport d’eau douce y a favorisé une remarquable végétation arborescente. Puis vous continuez vers le massif schisteux des Albères qui se baigne résolument dans la mer. Vous pouvez aussi choisir “le chemin des conques” 42˚32,75'N à coupler avec la visite du musée “Casa 3˚ 03'E

Château de Valmy

des Albères” ou encore le site classé de 145 ha formant la réserve naturelle littorale: le Mas Larrieu. Pour accéder en permanence au village, à la gare, au port, à la plage et retour, un petit train-bus est à votre disposition 7 jours sur 7 (04 68 81 47 45) Argelès-sur-mer “la naturelle”, labellisée “station Kids”, propose aux moins de 12 ans un passeport ouvrant droit à des tarifs préférentiels pour de nom42˚32,75'N breuses animations. 3˚ 03,25'E

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Adresses

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Urgences Gendarmerie Nationale 92 av de la libération 04 68 81 03 96 42˚32,50'N Centre d’interventions et de Secours 6 rue Sorède 04 68 81 25 85

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Voitures et remorques

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Affaires Maritimes à Grau de Services Touristiques 200 m la Massane Port Vendres Office du Tourisme Le 1 rue Paquebots Racou Place de l’Europe 03,25'E 04 68 98 34 80 043˚ 68 81 15 85 Sauvetage CROSS MED Mairie 04 68 95 34 58 04 94 61 71 10 Allée Ferdinan Buisson du

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Péchés capitaux

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Services Maritimes Capitainerie 0 Résidence Mers du Sud 3˚ 03'E 04 68 81 63 27 Douanes 04 68 81 00 44

bloc marine 2009 ©

L’Abalounge

our la gourmandise et le plaisir, côté village, d eux suggestions : le Cayrou et ses spécialités gastronomiques ou le Flowers, plus simple. Côté port, La Bodéga et ses spécialités catalanes, éventuellement quelques moules-frites à l’Améthyste et surtout un lieu bien agréable, zen et pas mauvais du tout, l’Abalounge, à côté de la capitainerie, qui offre un vrai dépaysement.

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La liste des médecins, dentistes et pharmaciens de garde est disponible au commissariat de police. 7,2

Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr


Destination Baléares

Palma de Majorque n’est pas celle que vous croyez

Destination Baléares

Les Illes Balears catalanes ou Islas Baleares castillanes avec les cent et une terres émergées qui forment l’archipel nous offrent de nombreux visages, du simple gros caillou aux réserves naturelles de Cabrera et de Sa Dragonera, cette petite île du Dragon, base du célèbre pirate turc Barberousse où vit désormais un lézard endémique qui se fait rare. Le dragon ? Mais le plus inattendu c’est bien Palma de Majorque, capitale de la Grande Baléare. Sa réputation d’île bétonnée offerte au tourisme de masse – le “17e Land allemand” - et peu culturelle – sex on the beach- est contrebalancée par la découverte de deux doux amers, gardiens du port et témoins de la grande histoire : le château Bellver qui émerge de son bouquet de pins sur la hauteur et la Cathédrale de la Seu, en bord de mer au cœur de ville. Mais n’anticipons pas… Arrivons d’abord en vue des côtes de La Majeure. au maniement de la fronde a été redécouverte dans les années quatre-vingt et élevée au rang de sport national. Alors, c’est sans crainte que nous naviguons vers Majorque dont l’économie florissante est depuis les années cinquante liée au tourisme à plus de 85%. Avec chaque année plusieurs millions de visiteurs le visage de la Palma moderne s’est paré de cette gigantesque barrière d’immeubles blancs, les pieds dans les palmiers et les palmiers dans l’eau. PERPIGNAN POUR CAPITALE

L

Baléares

e plateau aux abruptes falaises calcaires de Cap Blanco qu’on aperçoit au Sud-Est et le Cap de Figuera avec sa basse dentelle rocheuse que nous longeons ferment la gigantesque Bahia de Palma. L’arrivée s’effectue dans un complet ravissement et sans dommage mais ce n’était pas autrefois le cas des envahisseurs venus de la mer. Pourtant, de ces escarpements les célèbres Frondeurs baléares repoussaient à coups de lance-pierre les navigateurs de l’Antiquité qui nous ont précédés avec des intentions souvent moins pacifiques. Ce sont les Phéniciens, premiers grands marins de l’histoire de la Méditerranée qui virent ici couler leurs vaisseaux, qui leur ont

donné le nom de bá lé Yaroh, littéralement “maitres du lancement”. Dans le grand répertoire phonétique des langues, ce sobriquet deviendra Baleares et, par extension le nom de l’Archipel qu’ils habitaient. On raconte que les mères plaçaient les repas de leurs enfants dans les arbres et que ceux-ci ne pouvaient manger qu’en “dégommant” la cible avec une pierre… Les Grecs, puis les Romains subiront cette redoutable canonnade : des pierres d’un demi kilo, puis des billes de métal gravées de prières ou d’injures lancées à la ligne de flottaison. Fracassant. Les marins de Rome, après des mois d’un siège indescriptible, ne parviendront à approcher et

On longe la digue Ouest, un long bras coudé à l’extrémité marquée par un feu à colonne rouge. La ville est protégée par de basses collines et des arrière-plans montagneux. De la verdure émerge l’élégant château Bellver, construit à la naissance du XIVe siècle de e é id une peu à l, comme résidence o ix un . Port ville lage ie de e mouil rt de la d’été de Jaume II, a b La ud l’éca de o premier véritable bala roi du royaume indépendant de Majorque. Ce royaume de à débarMajorque, forquer qu’en mé par ailleurs ayant redu Roussillon, de couvert de la Cerdagne et de la Seicuir la coque gneurie de Montpellier, avait Perde leurs gapignan pour capitale. lères, inventant ainsi Construit à partir d’un plan circules premiers cuirassés de laire de Pere Salvà, architecte du l’histoire. palais de l’Almundaina bâti en Bientôt connus dans toute la ville, le château Bellver, de style Méditerranée, les Frondeurs bagothique méditerranéen, est l’un léares seront enrôlés comme des plus beaux édifices de ce artilleurs mercenaires. On les regenre en Europe. Le site, fortifié trouvera aux cotés des Carthagiet protégé par des douves, outre nois lors des Guerres puniques, d’offrir une vue extraordinaire sur d’Hannibal dans la traversée des la baie et de voir venir les danAlpes avec ses éléphants et avec gers, présentait pour l’époque Jules César dans la Guerre des l’avantage d’un climat salubre Gaules. jugé bénéfique pour ce roi tuberConservée au cours des siècles culeux qui n’en jouira guère… par les bergers, cette habileté

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de la capitale, les riches heures de sa période romaine et de la Medina Mayurka. À ne pas manquer. Derrière la digue qui ferme avec le môle de Poniente, la première darse du Port Pi qui accueille les ferries nombreux appelant à une réelle vigilance de notre part, on repère la zone militaire à l’ancien sémaphore, une tour carrée de facture délicate parée de ses quatre bras, surmontée depuis d’un signal optique.

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pas à terre Cathédrale de la Seu

DES PONTONS EN VILLE

Lorsqu’il ne fut plus résidence royale, on y frappa la monnaie. Mais, avant cela et pendant six siècles, ce sera une prison. Du passage d’officiers français capturés, il garde gravé dans la pierre un “vive Napoléon !”. Ses trois tours cylindriques sont intégrées au corps principal alors que la Torre de Homenaje, donjon isolé, est délicatement relié à l’ensemble par une arche. La cour ronde intérieure, le Patio de Armas, ceinte de deux étages d’arcades finement déliées est étourdissante de beauté. On ne se lasse pas de faire la toupie au centre de ce puits de soleil qui en enferme un autre, une citerne souterraine qui recueille les eaux de pluie du toit plat. De là-haut, on peut déambuler, découvrir le port, la baie, la ville. Quand vous vous résignerez à redescendre, arrêtez-vous au rez-de-chaussée : le musée y retrace l’histoire de Palma, la préhistoire de Majorque, l’architecture moderniste

À l’extérieur du môle, le bâtiment du Club de Mar Mallorca et les premiers pontons d’une série invraisemblable, à la verticale des quais installés tout au long de l’Avenue promenade Gabriel Roca qui ceinture le port. Nous approchons à tribord la digue opposée del Levante, un vaste terre-plein, mi-zone commerciale occupée par un nombre incalculable de remorques colorées, masquant pratiquement la double base circulaire du Phare aux volets verts, et mi-zone de chantiers de constructions navales, abritant de gigantesques larves fantomatiques aux formes naviculaires. Nous prenons le chenal dans la ligne de mire du portail latéral, dit du Mirador, de la cathédrale de la Seu qui domine le très chic Real Club Nautico. À bâbord, des moulins rappellent la grande prospérité agricole des périodes romaine et arabes, quand l’île a été plantée successivement de vigne et d’oliviers, de blé, de figuiers, d’amandiers et d’orangers… Au fond du port, les bateaux de pêcheurs, dans un beau désordre de filets offrent un charmant ensemble pour les clients installés à la terrasse d’un bar restaurant. Presque deux mille places soit environ les deux tiers, sont réservées aux plaisanciers… Nous pouvons enrouler aux taquets et partir explorer la ville. Emma Chazelles

La Seu, débauche architecturale Son style gothique est dit levantin : son toit est presque plat et, à la différence du style gothique classique, elle ne possède ni transept ni déambulatoire. Le clocher abrite neuf cloches dont l’Aloi, Louange qui pèse 4.517 kg. L’une de ses seize chapelles garde les tombeaux de Jacques II et de Jacques III. La plus singulière, la chapelle San Pere, restaurée en 2007 par le mallorquin Miquel Barcelo présente quant à elle 300 m2 d’argile cuite qui recouvre ses parois travaillées et peintes de thèmes naturalistes naïfs, évocateurs de pains, de poissons, de palmiers et de dieux des mers. Une réelle surprise dans une unité que magnifie le baldaquin d’Antoni Gaudi, représentation de la couronne d’épines du christ, en surplomb du maître autel en albâtre.

La cathédrale de la Seu est édifiée à partir de 1229. Comme le Palais et les murs de la cité de l’Almudaina, elle se trouve à l’emplacement de l’ancienne mosquée de Medina Mayurka, rasée par Jaume I d’Aragon “El Conqueridor”. Cet énorme joyau qui marque avec magnificence l’ancrage de l’île dans la chrétienté, ne connaîtra la fin de ses travaux qu’en 1600… Bien que sa superficie au sol – 121m x 55 m – et reste cependant inférieure à la plupart des cathédrales européennes sa hauteur – 44m – la met au second rang d’Europe après Cologne. Directement en bord de quai, avec les montagnes pour toile de fond, sa hauteur lui confère une présence exceptionnelle entre ciel et mer et nourrit notre émotion face à ce qui apparaît alors comme une débauche architecturale.

Péchés capitaux

Chateau de Bellver

À

Lire et boire

peine débarqués, l’endroit le plus proche pour se restaurer est situé au port de pêche, au pied de la vieille ville et de ses remparts, c’est le restaurant Port Pesque, où l’on sert sans discontinuer des tapas – évidemment – mais aussi des plats simples et savoureux. Une très belle terrasse sur le port satisfera ceux qui ne veulent pas tout de suite s’arracher à la mer. En centre-ville, la librairie-bar Babel (3, Baixos, www. labibliotecadebabel.es) offre d’excellents vins à déguster en écou-

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tant le piano et en lisant dans une superbe architecture. Et, comme dans toute ville touristique, il y a des centaines de lieux pour boire et manger… partez à l’aventure.


Destination Baléares

Port Soller, dans les olives et les agrumes

Destination Baléares

Seul abri de la côte Nord-Ouest, à 20 milles de la petite île de Sa Dragonera, Porto Sóller est dominé par la chaîne de la Sierra de Tramuntana où culmine à 1.445 m le puissant Puig Major. Peu de places à quai mais un mouillage charmant au bout d’une vallée qui regorge d’orangers.

N

Baléares

ous longeons les hautes falaises qui tombent à pic dans la mer et que surveille le Puffin des Baléares, espèce native de l’archipel à la technique de chasse imparable. Les fonds rocheux recèlent quantité d’arénicoles, étoiles de mer, hippocampes, mais aussi seiches, mérous, cigales de mer et murènes (non venimeuses mais attention aux morsures !). Le long de cette muraille imprenable de 90 km (47 milles jusqu’à Formentor) sur 15 km de large où peuvent souffler des vents violents et froids, on se prend à rêver de son versant Est abrité où les Jardins d’Alfabia, sont plantés d’oliviers vieux de plus de cinq cents ans. George Sand, dans “Un Hiver à Majorque” – récit de son séjour sur l’île avec Frédéric Chopin en 1938 – abandonnera l’inhospitalité de Palma pour Valdemossa, considéré comme un des plus beaux villages de l’île. Elle y décrit les oliviers aux troncs fantastiques et tourmentés, si nombreux qu’on les utilisait pour la construction des bateaux et prodigues en “mauvaise huile”. Un des nombreux commentaires peu amènes qui truffent son roman, en vente cependant partout dans l’île, mais en anglais ! LE TRAIN DES ORANGERS Il n’y a pas seulement des oliviers. Toute la vallée de Sóller regorge d’agrumes. On peut en traverser les grands vergers avec “l’Éclair rouge”, un merveilleux petit train au wagon de bois qui parcourt en une heure les 27 km qui séparent la Capitale de Port Sóller. Inauguré en 1912, il signe la fin du grand isolement des Sollerics qui ne sont pas des ­usagers

de la mer. À cette époque, il sert principalement au transport des agrumes dont le convoyage nécessitait jusqu’alors une journée d’un voyage pénible sur des routes mal carrossées et difficiles. Mais, si ses habitants ne sont guère marins, c’est bien la mer la première respiration de Sóller. D’abord vers Marseille et Barcelone, où étaient débarqués les fruits magnifiques produits ici en quantité. À ce commerce juteux d’oranges sucrées tempéré par celui des citrons s’ajoute un autre nectar fort prisé, le vin. On dit que la richesse des vignerons du XIXe siècle se lit sur les pierres tombales particulièrement opulentes du petit cimetière de Sóller. Nous passons la pointe de Sa Fordada et de Deya en direction de Cap Gros, un mont qui fait penser à un hérisson, museau dans l’eau, qui porterait sur son dos un phare, planté à 118m, visible à 18 milles (39°48’03‘’N -02°40’86’’E). Il ferme avec la Punta Pages plus au Nord et la pointe de Sa Creu, l’anse de Sóller. En arrière plan un sommet s’orne de deux radômes faciles à repérer du large. Le coquet phare de Sa Creu aux rayures blanc et noir qu’on laisse à bâbord est ombragé par un rang de pins. Accroché au rocher rayé de rouge et de gris, il surplombe l’ancien phare au soubassement circulaire et jouxte un petit bâtiment blanc qui marque l’entrée du port construit à flanc de montagne. Le môle Muelle de la Armada délimite avec la digue

Est la zone interdite d’une base de la marine nationale. L’extrémité de la digue forme avec la Pointe Pared à tribord un dernier étranglement derrière lequel se déploie enfin la baie. LE TRAMWAY DES ANGLAIS Le port de pêcheurs est blotti dans une des rades d’un grand bassin tracé à l’équerre sous un escarpement rocheux qui porte une ancienne tour de guet, la Piccada, construite au XVIe siècle pour prévenir des raids des Sarrasins. Le port est séparé de la plage plantée de palmiers par un épi doublé d’un terre-plein central. Partout domine la pureté de ligne des sommets lointains. Les massifs proches à la végétation dense enserrent les pentes douces de la vallée qui descend en promenade vers la mer. Un joli berceau pour notre mouillage prévu face à la plage, derrière les bouées rouges (non éclairées la nuit). Seule une vingtaine de places à quai sont destinées à l’accueil passager. Les quais ouvrent sur les terrasses des cafés et des restaurants que la route, doublée de la voie de tramway, sépare des commerces et des habitations aux volets peints de ce vert embléma-

tique des maisons de pécheurs de l’île. Aux amarres, une multitude de jolies barques traditionnelles ont baissé leur mât et se serrent de chaque côté des pontons. Côté plage se développe la station balnéaire et ses immeubles blancs qui finissent par se perdent à mi pente dans les contreforts arborescents. On peine à imaginer le trafic commercial d’autrefois et la grande activité du chantier de construction navale dont il ne reste aucune trace sauf sur quelque mer du globe ce paille-bot de 32 m, Le Concepcio réalisé ici en 1852 et qui navigue encore aujourd’hui sous le nom d’Isla Mauritia. On voit passer le très rutilant et charmant tramway construit par les britanniques en 1913. Il assure le trajet jusqu’à la ville distante de quelques kilomètres et sa gare centenaire. La fréquentation de ce petit paradis, jadis au bout du monde, s’est encore accrue encore depuis la création d’un tunnel routier en 1997. Car La Vallée des Oranges est aussi devenue un circuit très apprécié des randonneurs. Une belle idée pour vous dégourdir les jambes quand vous aurez abordé la plage avec votre annexe.

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pas à terre

Une chèvre digne de Picasso

L

es marcheurs pourront admirer dans cette beauté sauvage de nombreux oiseaux de proie mais ne rencontreront pas la Muotragus Balearicus dont on a perdu la trace vers 2000 ans avant J.-C. Cette antilope rustique qui annonçait peut-être Picasso portait ses yeux sur

l’avant du crâne. On lui suppose une coexistence avec la chèvre et l’homme qui serait arrivée sur l’île probablement vers –6000. C’est Dorothéa Bates, paléontologue britannique (Les Anglais et les Français se sont disputés plusieurs fois l’autorité de la région) qui en à découvert les ossements en 1909, dans une de ces grottes dont l’île n’à plus le secret. Certaines d’entre-elles bien plus célèbres ont même été visitées par Victor Hugo et dit-on inspiré Jules Verne. C’est le Musée des Sciences Naturelles de Sóller qui garde le squelette de cette première visiteuse de l’époque pré-talayotique qui nous a légué le mystère de ses constructions de pierres naviculaires et vous pourrez également, en visitant le Jardin botanique attenant découvrir d’autres trésors dont une cinquantaine de plantes natives et de nombreuses autres variétés de la Méditerranée.

Péchés capitaux Albatros et Miquelina

P

our l’heure, repoussant le plaisir d’aller sur les pas de Miró découvrir les quelques beautés architecturales du petit port, comme cette façade de banque déjà entraperçue, nous allons nous régaler de tapas à l’Albatros (qui sert en hiver, dès le lever du jour un jus pressé d’oranges fraîches absolument divin). C’est aussi une station WIFI. Le petit bar restaurant annexe comme vérifié dès l’arrivée, une belle terrasse sur le quai. Mais l’espace est ici très rare et la salle, en cas de refuge par grand vent, est minuscule. Cet inconvénient est compensé par un concept singulier de gestion de l’espace : une grande baie vitrée latérale qui donne sur un tout aussi

minuscule… salon de coiffure. Spectacle décoiffant ! Tout au bout du port , un restaurant plus classique mais excellent et bon marché, le Miquelina, offre en plus d’une magnifique vue sur la ville et les montagnes, une belle carte de poissons.

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Escales des saveurs

Produits des terroirs littoraux

Les anchois, mets de roi

Sandrine Mazziotta-Bastien

C

ollioure est un paradis presque inaccessible tant les places y sont rares. Si vous avez la chance d’y trouver une bouée libre, vous allez vous régaler de couleurs et… d’anchois. Matisse et Derain ont pu s’inspirer des lumières chaudes et fortes des paysages de Collioure mais n’ont sans doute pas été insensibles aux rouges et jaunes profonds, aux bruns chaleureux et aux reflets d’argent, à l’or d’huile et de citron d’une assiette d’anchois aux poivrons marinés. Un tableau que les Fauves n’auraient pas renié !

poivrons rouges grillés et marinés à l’ail et l’huile d’olive, sur une pizza ou sur une tranche de pain grillé. Il rentre aussi dans la composition de nombreux mets tels que la tapenade ou dans de nombreuses recettes de pâtes. Un régal ! Frais, en beignet, mariné, grillé comme une sardine, ses fumets vont du zéphyr le plus discret au plus puissant arôme marin. À Collioure, la tradition est la conserve, celle qui fait de l’anchois presque un condiment tant un seul suffit à parfumer tout un plat.

Salé, sucré, salé. Vous venez de la mer et vous appréciez à la première terrasse du port la suavité d’un vin de Banyuls. Puis, retour au sel. Et, avec un vin blanc sec du Cellier Dominicain de Collioure (vendanges encore manuelles, arômes de fleur blanche, fenouil et noisette), vient le temps de l’anchois, plat du peuple promu plat de roi. L’anchois se déguste en entrée où il se marie à merveille avec des

L’anchois y est pêché, au filet, de mai à octobre. Les pêcheurs l’attirent dans leurs filets à l’aide du lamparo, la lampe placée à l’avant du bateau. À leur arrivée au port, ils sont triés selon leur grosseur, acheminés vers les ateliers de salaison. Ils sont alors salés, étêtés et éviscérés à la main puis placés, pour une phase de maturation de trois à six mois dans des fûts, en couches croisées, en alternance avec une strate de sel.

À Collioure, la salaison du thon, des sardines et des anchois remonte au Moyen-Âge. Cette activité y a pris tant d’importance qu’en 1466, Louis XVI a exempté les habitants de l’impôt sur le sel, la gabelle. Aujourd’hui, il ne reste, en raison de la raréfaction des anchois pour cause de surpêche, que deux conservateurs, des sociétés artisanales et familiales :les maisons Roque et Desclaux. Leurs ateliers se visitent et une dégustation de leurs produits est offerte sur place. Vous y découvrirez les filets d’anchois au sel, les filets à l’huile, les filets marinés au

vinaigre (appelés aussi boquerones et délicieux à l’apéritif!) et la crème d’anchois. Comme les marins d’autrefois, ne les oubliez pas dans votre avitaillement. À défaut de barrique, quelques pots suffiront pour la croisière.

Recette facile à bord : Spaghetti aux anchois Ingrédients pour 4 personnes : 150 g d’anchois de Collioure 350 g de spaghetti un brin de persil plat 1/2 gousse d’ail 2 cuil. à soupe d’huile d’olive. Trempez les anchois 10 mn dans l’eau froide et égouttez-les.

Hachez finement le persil et l’ail. Mélangez bien ces ingrédients à l’huile d’olive. Incorporez le tout dans les spaghetti cuits al dente, bien sûr. Poivrez, salez (attention, l’anchois est déjà salé !) et servez tout de suite.

L’oursin, la chataigne de mer

P

rofitez de votre balade de Pyrénée aussi pour déguster une des spécialités du littoral, les oursins. Appelé Châtaigne de mer ou Hérisson de mer, l’oursin est un régal pour les amateurs de goût iodé qui apprécient ses saveurs à la fois amères et sucrées. La partie consommable de l’oursin sont les cinq glandes sexuelles, les gonades. Il s’agit en fait de ce qu’on appelle communément corail. En Méditérannée, la période autorisée de pêche s’étend du 1er octobre au 30 avril afin de permettre à l’espèce qui est mena-

cée de se reproduire. La pêche est très règlementée. En période de pêche, les amateurs peuvent prélever quatre douzaines d’oursins par personne s’ils pêchent à pied, mais une douzaine seulement s’ils pêchent au large, quel que soit le nombre d’occupants du bateau. Les professionnels, eux, ne sont pas limités. Si vous décidez d’acheter des oursins, savez-vous les ouvrir? Utilisez un couteau ou un ciseau à partir de la bouche (la zone molle dépourvue de piquants) jusqu’à mi-hauteur. Pensez, pour ne pas vous blesser, à utiliser des gants ou un torchon plié. Il faut ensuite enlever l’appareil digestif afin d’enlever le corail. Comment savoir si un oursin est frais? Un oursin frais doit avoir des piquants durs et bien dressés. Dans leur coquille, ils se conservent trois jours au réfrigérateur dans un linge humide et seulement un jour ou deux lorsqu’ils sont décoquillés. Le corail est consommé cru, parfois accompagné d’une goutte de jus de citron, de sel et pourquoi pas d’échalottes. Il peut être ajouté dans une soupe de poissons, une

Recette de l’Oursinade Ingrédients pour 6 personnes : 4 douzaines d’oursins 6 tranches de baudroie 6 tranches de daurade 1 carotte émincée 1 oignon émincé 6 oeufs 12 tranches de pain 2 verres de vin blanc 2 cuillères de farine 1 bouquet garni d’herbes de Provence Persil Huile d’olive 175 g de beurre Sel, poivre Dans une casserole, faites légèrement revenir, dans l’huile d’olive, l’oignon et la carotte. Ajoutez les tranches de poisson, le persil, les herbes de Provence et mouillez avec le vin blanc. Assaisonnez et portez à ébullition. Couvrez, éteignez le feu et laissez reposer 20 minutes. omelette ou une sauce, telle que la sauce à la béchamel et à la crème fraîche que l’on nomme Oursi-

Dans une autre casserole, que vous mettez au bain-marie, faites fondre votre beurre dans un peu d’eau. Salez, poivrez. Battez dans cette préparation, hors du feu, 6 oeufs dont un oeuf dur finement hâché. Ajoutez la farine et les 3/4 du bouillon de cuisson des poissons. Fouettez bien ce mélange afin d’obtenir une crème onctueuse. Ajoutez les lamelles rouges (le corail) des 4 douzaines d’oursins que vous aurez retirées à l’aide d’une cuillère. Dans chaque assiette, disposez 2 tranches de baguette de pain, si possible de la veille. Mouillez-les avec le bouillon restant. Tartinez les tranches avec la crème d’oursins et disposez les tranches de poisson. nade. Mais attention, pour les puristes, l’Oursinade est un plat qui n’a rien à voir avec cette sauce.

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Le Rivesaltes, or des Catalans N

avigation estivale ne rime guère avec foie gras. Quoi que… Mais le Muscat de Rivesaltes (à réessayer à noël), si. Il se marie aussi à merveille avec les mets sucrés-salés et les desserts à base de fruits jaunes (une tarte à l’abricot chez le bon pâtissier du port !). Et avec une crème brûlée ou une île flottante… pas mal non plus! Vous pourrez aussi essayer une association originale en le dégustant avec un fromage bleu (un roquefort paysan du marché). Et bien sûr, à l’heure de l’apéro, à sa température idéale de dégustation, entre 8 et 10°C, quand il fait 35° dans le cockpit ! Le long des côtes vous avez certainement vu quelques arpents des cinq mille hectares que recouvrent cette appellation, sur quatre-vingt dix communes des Pyrénées-Orientales et neuf de l’Aude. C’est là qu’est né le Muscat de Rivesaltes, délicieux fruit de l’union

des terres arides et du climat méditerranéen. Ce vin doux naturel est obtenu par une opération de «mutage». Cela consiste à apporter un supplément d’alcool vinique neutre sur le moût de raisin afin d’arrêter la fermentation et de conserver une partie du sucre. Ce vin à la robe dorée est élaboré à partir de deux cépages : le muscat à petits grains qui apporte des parfums de fruits exotiques et d’agrumes et le muscat d’Alexandrie, qui offre des arômes de fruits mûrs et de fleurs blanches. La proportion des deux cépages varie selon les producteurs. À vous de goûter et de choisir. Il est généralement mis en bouteille très tôt afin de conserver ses arômes de fruits frais. Il peut être gardé en cave quelques années. Ses arômes évolueront alors vers des notes de miel, d’abricot et sa robe se fera plus ambrée.

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© Rosenzweig

Foie gras poêlé au Muscat de Rivesaltes Ingrédients pour 4 personnes : 4 escalopes de foie gras de 90 g environ 10 cl de muscat de Rivesaltes Sel, poivre Mettez votre foie gras cinq minutes au congélateur avant la cuisson. Pour que l’escalope ne fonde pas, le foie gras doit être très frais et la poêle très chaude! Poêlez les escalopes sans ma-

tière grasse, environ une minute de chaque côté. Salez, poivrez. Réservez au chaud. Jetez l’excès de graisse et déglacez votre poêle avec le Muscat de Rivesaltes. Nappez vos escalopes de cette sauce et servez. Bon profit ! disent les Catalans. Bon appétit aux autres !


Méditerranée :

La trop bonne réputation Dans cette édition 2010 de cabotages, il est beaucoup question de sécurité et de responsabilité. Les bateaux, les équipements, la science de la météo… Pour ouvrir ce chapitre qui ne se referme jamais, nous avons demandé à deux grands marins, un amiral de la Royale et un champion de voile, de nous dire ce qu’est pour eux l’esprit «marin» de la Méditerranée. Nous retranscrivons ici la substance de leurs propos. Mais commençons par une voix du passé récent, Jean-François Deniau, ancien ministre et académicien :

Jean François Deniau, fondateur des Écrivains de marine, “voileux” de toujours :

De vrais pêcheurs et de grands marins

Bien que n’en étant pas originaire, j’ai lutté contre les appréciations peu flatteuses concernant son caractère maritime du style : « ce n’est pas une vraie mer », définition du pêcheur marseillais : « c’est le mari de la femme qui va chercher le poisson à la gare », « Sainte Vierge, protégez les marins qui sont au port, les autres qu’ils se démerdent » dit avec l’“assent” bien sûr.

Parce qu’il y a du soleil, on croit qu’il fait toujours beau. Mer à part, certes, mais mer capricieuse et d’une grande violence exigeant parfois plus de qualités maritimes que l’océan. Elle ne prévient pas. L’empereur Charles Quint a fait, à propos de ses dangers, l’une des plus belles remarques maritimes que je connaisse : « il n’y a que deux bons ports en Méditerranée, Car-

thagène et le mois de juin». J’ai navigué à la voile (Ndlr : en Méditerranée) sur mon petit yawl Laërtes pendant plus de dix ans (…). J’ai rencontré de vrais pêcheurs et de grands marins. » Extrait “Méditerranée” du Dictionnaire Amoureux de la Mer et de l’Aventure, Plon, 2002.

Laërtes, le “petit yawl” de Jean-François Deniau

Vice-amiral d’escadre Yann Tainguy, préfet maritime de la Méditerranée :

La carte postale est trompeuse

La Méditerranée a l’image d’une carte postale : des calanques à l’eau transparente, des plages, une mer bleue et calme… Vous ne

verrez jamais ni Mistral ni coup d’Est. Curieusement, l’Atlantique des cartes postales a des vagues, du vent, des phares dans la tempête. L’image de la Méditerranée auprès de ceux qui viennent y naviguer pendant l’été – et ils sont plus nombreux qu’ailleurs – est la cause de bien des imprudences. C’est très préoccupant. De mars 2009 quand j’ai pris mes fonctions, à mars 2010, nous avons fait 2.600 interventions de sauvetage impliquant 5.800 personnes parmi lesquelles il y a eu 27 morts et 6 disparus. Un mort tous les dix jours pour la côte méditerra-

néenne française et la Corse. Les causes sont de trois ordres qui se ramènent – presque – toutes à la question du temps du vacancier, essentiellement citadin, en tout cas pas marin. Il veut profiter tout de suite : pas de préparation matérielle ou physique. C’est surtout vrai pour la plongée qui connaît de plus en plus d’accidents, non pas à cause des clubs, très professionnels, mais des pratiquants. Il veut profiter le plus longtemps : la météo devrait imposer sa loi au calendrier des vacances, or c’est le contraire qui se produit. Les

plaisanciers commettent des imprudences pour “être à l’heure”. Il veut aller vite : la vitesse, avec les grands yachts comme avec les jetskis, les gens vont trop vite. Lors d’une opération «coup de poing» que nous avions menée dans la baie de Saint-Tropez, il y avait tellement d’infractions que nous n’avions pas assez de personnel pour verbaliser tout le monde ! Un gros travail de prévention à mener et ce travail – notamment grâce aux médias – doit être mené en amont, pour corriger l’idée que les gens se font de la Méditerranée.

Bruno Jeanjean, capitaine du port de Palavas, détenteur du Trophée Jules Verne :

Il faut de grandes courses à la voile Ici, c’est une mer casse-bateaux. La houle est courte, le vent violent et imprévisible en force et en direction. Il ne faut pas la prendre à la légère, c’est un fait que ceux qui naviguent régulièrement en Méditerranée ont compris. Le plaisancier a des abris à peu près partout pour se mettre en sécurité. Mais la côte peut être un danger et il faut savoir s’en méfier, ce que les gens de la course au large savent paradoxalement très bien !

Quant à dire qu’il y a moins d’esprit “marin” en Méditerranée… je dirais que la voile est devenue un sport majeur pour les Bretons. Même en hiver, sur l’Atlantique comme sur la Manche, vous verrez tous les week-ends des bateaux sortir. Ici, regardez, un jour comme aujourd’hui (ndlr : début du printemps, soleil, force 4 de Nord-Ouest), on voit deux voiles dans toute la baie d’AiguesMortes. Si on retire les écoles de voile qui font sortir leurs élèves…

Pour arriver à donner une image et à créer un esprit marin, il faudrait qu’on puisse organiser en Méditerranée de grandes courses à la voile où de grands marins s’engageraient sur de beaux projets. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas de course référente et que des petites organisations. Regardez l’image maritime que les villes atlantiques qui sont devenues les points de départ des grandes courses ont acquise !

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Jean Merrien, précurseur oublié Qui est Jean Merrien ? Premier indice : né en 1905, de son vrai nom René de la Poix de Frémenville, cet écrivain prolixe mérite bien une rubrique à la croisée des “Portraits de marins” et “Au Fil des Pages”. Second indice qui favorisera les plus âgés de nos caboteurs : cet écrivain a servi et sert toujours de référence aux grands noms de la littérature maritime. Un véritable maître à penser des premières générations de plaisanciers.

J

ean Mérrien est un historiographe de l’aventure maritime, chantre de la plaisance et du cabotage avant l’heure. Un passionné de la mer dès son plus jeune âge. Il a écrit de nombreux manuels d’initiation au bateau et à la croisière, des récits de navigateurs solitaires, des livres d’histoires de bateaux et de grands Yachts, des guides de voyage et autres nouvelles et romans autour de la mer et des marins. Il a entre autres ouvrages donc, rédigé Un Dictionnaire de la Mer entre 1944 et 1958 avec plein d’illustrations en style ancien de Bernard Duval… Autant dire qu’on n’y trouvera pas la définition du GPS mais une somme sur le langage des marins et la pratique de la voile – les sous-titres de ce dictionnaire. Cette véritable et vénérable bible des plaisanciers a longtemps concurrencé le mythique Cours des Glénans !!! Ce dictionnaire récemment réédité, est un régal pour les caboteurs curieux certes des termes et de la langue maritimes mais aussi des principes marins et de la navigation comme du rêve auxquels ils renvoient. Bien sûr, il est

vite devenu obsolète avec le développement de la plaisance tout plastique et tout électronique, mais les définitions et les illustrations vieillottes au fil desquelles notre curiosité est piquée au vif à chaque page, dégagent un charme et des renseignements qui poussent à aller plus loin dans la lecture ! Un exemple (pris au hasard…) : c’est quoi un caboteur ? Le Petit Robert satisfait à la tradition minimaliste et en escalier : CABOTEUR : marin qui fait le cabotage. CABOTAGE, n.m 1678 : navigation à distance limitée des côtes… Avec le Dictionnaire de la Mer, les réponses sont certes à tiroir mais bien plus complètes. A Caboteur on a : navire faisant le cabotage ou le bornage. Et cabotage ? Nom masculin qui viendrait de deux celui de navigateurs, les Cabots aux XVe et XVIe siècles ou de l’espagnol cabo, cap. C’est une navigation de commerce à plus grand rayon d’action que le bornage mais plus petit que le long court… Ah, on est bien dans un dictionnaire… Voyons bornage : mode de navigation pour bateaux de moins de 100 tonneaux, dans un rayon de 65 milles du port d’armement… Hum !!! Pus précis mais pas sûr que tous les caboteurs d’aujourd’hui entrent dans cette définition… Claude Roger Dictionnaire de la Mer, réédition 2001, Omnibus Édit. ISBM 2-258-05560.1

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Deux mille bateaux mouillent une journée d’été sur la côte méditerranéenne continentale et en Corse, tel est l’un des résultats d’une étude menée en 2009 par la Préfecture maritime de Méditerranée rendue publique en mai dernier. Comme on pouvait s’y attendre, l’immense majorité des mouillages concerne la région PACA 1.391), puis la Corse (453) et enfin le LangudocRoussillon (91). La zone entre Giens et Nice est la plus fréquentée, avec un record diurne de 263 bateaux entre Lardier et la pointe Saint-Tropez ! Sinon, en moyenne, la rade d’Hyères vient en tête, Porquerolles y étant pour l’essentiel : 200 mouillages de jour pour 140 de nuit. Le détail : De jour ou de nuit ? Certains sites sont plutôt “nuit“, d’autres “jour“. Si Pampelone voit les yachts entre l’heure de l’apéro de midi et le moment où il faut aller se faire voir chez Sénéquier, certains sites sont fréquentés par des plaisanciers de croisière : Toulon, Ajaccio, Calvi, l’Île Rousse. Pour Toulon, c’est la preuve qu’il s’agit d’un bassin à réputation plus nautique que touristique. Quant à la Corse, pas étonnant, on n’y va pas avec un pêche-promenade. Voile ou moteur ? Le moteur l’emporte de la Côte Vermeille jusqu’à la Côte Bleue. De Marseille à la Rade d’Hyères, la voile l’emporte très largement. Puis c’est l’effondrement : de Cavalaire à Cannes, le moteur prend le dessus. Nice et Monaco sauvent l’honneur de la voile. La taille des bateaux ? L’étude ne présente, hélas, que trois classes : les moins de 6m, les plus de 30m et les autres. Mettre dans la même baignoire les bateaux de 6,50 qui rentrent dans des recoins de calanques et des yachts de près de cent pieds capables de boucher la plage d’Argent n’est pas très opérationnel… Organiser les mouillages ? C’est dans l’air. Les Zones de Mouillages Organisés (ZMO) ne sont pour l’instant que sept en Languedoc-Roussillon, huit en PACA et onze en Corse. La Corse du Sud est championne avec près de deux mille postes,

Mouillages: la fin des forains ? Bouches du Rhône et Var, loin derrière. En revanche, le Var est recordman absolu (cinq fois plus que la totalité des autres) des amarrages en Autorisation d’Occupation Temporaire (des corpsmorts “sauvages“ peu à peu légalisés). L’ancre sera de plus en plus bannie, ça, c’est sûr Elle n’a rien pour elle : elle abîme les fonds, elle implique de grands espaces d’évitement, elle crée des conflits entre plaisanciers, elle est parfois peu sûre. Un corps mort ou un ancrage écologique règlent ces problèmes. Bien que les contextes soient bien différents sur la côte rectiligne et les lagunes du Languedoc-Roussillon, les services de l’État sont bien décidés à ce que le développement de la plaisance ne se fasse pas au détriment de l’environnement, des paysages côtiers, des autres usagers du littoral. Selon les cas, les mouillages seront purement et simplement interdits, contrôlés ou organisés. Et, sans que cela soit dit explicitement, payants “en échange d’un service“. Un anneau solide en est un… On aura compris quand on lit que l’étude insiste sur le fait que “le mouillage n’a pas vocation à répondre à l’insuffisance structurelle de places dans les ports mais devrait s’intégrer dans une politique portuaire globale“. Notre nombre et l’irrespect de certains pour la mer auront raison de la joyeuse anarchie du mouillage forain.


Les ports :

Tapis rouge vers la ville, tapis bleu vers la mer

De nombreuses réflexions sont menées pour renouveler la vocation des ports de plaisance et faire évoluer les capitaineries vers des fonctions plus diversifiées. Lesquelles ? Pour l’instant, il est surtout question d’inciter le plaisancier à contribuer davantage à l’économie des villes portuaires et de l’arrière-pays. Et la mer, dans tout ça ? À ce déséquilibre, Cabotages répond par la notion de nautourisme® où l’eau, le ciel et la terre sont le monde où nous naviguons.

I

l est dans l’air du temps que les ports ne soient pas que des parkings à bateaux à l’année ou à la journée. En échange du loyer : une place, parfois une aide à l’amarrage, un bulletin météo, de l’eau, de l’électricité, des toilettes propres et une douche chaude. Métier ingrat que celui de maître, capitaine ou directeur de port ! En saison, il distribue les clés des “chambres”, veille à la paix et la sécurité des pontons, fait face avec le sourire aux demandes multilingues des passagers chez qui la moyenne mondiale de casse-pieds est respectée. Les neuf autres mois, il administre, gère les listes d’attente, répare pontons, bornes et sanitaires, cherche des anneaux supplémentaires dans tous les recoins, veille sur les bateaux abandonnés pour l’hivernage, se paye les tempêtes quand les propriétaires sont au chaud à l’autre bout de la France, fait face aux usagers permanents chez qui la moyenne nationale des mauvais coucheurs… Les choses changent. Sans l’avoir demandé, le port se voit doté d’une ambition nouvelle :

porte d’entrée de la ville, antichambre de l’arrière-pays, ambassadeur du terroir. TU VIENS, BEAU MARIN ? Des marchés paysans le matin ou des concerts sur les pontons à l’heure de l’apéro, pourquoi pas ? Mais il ne s’agit pas d’offrir un service au plaisancier ou de rendre son escale plus douce. Il faut faire entrer dans l’économie locale ce nomade considéré par les économistes comme des “CSP++”, catégorie socioprofessionnelle haut de gamme. Tout ce qui compte de fournisseurs de biens et services à terre s’intéresse à celuilà qui débarque de la solitude et du silence, forcément frustré de ne pas avoir pu consommer dans le grand désert bleu, avide, glouton, impatient d’acheter, de se jeter dans la foule qu’ils a cherché à grand prix à fuir ? «Tu viens, beau marin !», on entend ça dans tous les ports du monde depuis que le premier navire s’y est amarré... Au plaisancier, la terre fait de l’œil. Mais qu’est-ce qu’un plaisancier à terre ?

Un piéton qui a du mal à marcher droit. À part ça, il se fond dans la masse des touristes, dans le nombre des consommateurs. Il va au restaurant, fait ses courses, un peu de shopping… Mais sa belle CSP qui le rend si sexy aux yeux des cités portuaires est en priorité employée à entretenir sa danseuse. Son bateau. Que lui reste-t-il à terre ? Les dépenses d’un plaisancier n’y sont pas différentes de ceux d’un estivant motorisé. Numériquement, les touristes venus par la mer sont population négligeable : les voyageurs d’un seul TGV représentent un plus gros potentiel de dépense qu’un mois entier de passage dans un port moyen de Méditerranée.

nombre qu’ils sont dans une cité balnéaire où des dizaines de milliers de personnes s’amusent et consomment.

PAS UN CROISIÉRISTE Sans doute la plaisance contribue-t-elle à faire vivre les producteurs de fromages du Larzac, de charcuterie de Corse ou de vin de Cassis, mais pas plus que le même nombre de camping-caristes, plagistes et autres fantassins du tourisme. Les plaisanciers ne représenteront jamais plus que le très petit

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Autre illusion : la découverte de l’arrière-pays. On-t-ils déjà navigué ceux-là qui affirment qu’à peine arrivés à Port Camargue le plaisancier va partir visiter le Pont du Gard, à Sète, Carcassonne, à Bandol, les gorges du Verdon ? Qu’il va tourner la clé de la première voiture de location et se jeter dans les embouteillages de l’été à la découverte des églises romanes et des éleveurs de brebis ? C’est oublier que passer ses vacances en bateau est un choix radical : l’itinérance nautique qui pousse les marins à partir et arriver avec le même bonheur, à vivre la mer avec passion et la terre avec plaisir. Pour les vacances au moins, ces terriens changent d’apparence, de langage, de véhicule, d’identité. Marcher, pédaler, pourquoi pas. Une voiture, un bus, un train, finie l’aventure. Deux stations de métro à Marseille quand on est amarré au Vieux Port, c’est comme une apnée souterraine dans cet autre monde qu’on croyait avoir quitté. La plaisance n’est pas La Croisière s’amuse où trois mille passagers sont pris en main par les tour-operators. LE PORT OUVERT SUR LA MER Et pourtant, il est vrai que le plaisancier n’est pas seulement un obsédé de vent, de vagues et de soleil. Le navigateur est à sa manière un touriste, curieux des trois mondes qu’il côtoie : le ciel, le vent et les oiseaux ; la mer, les fonds et les poissons ; la côte, les

ports, les villes d’escale. C’est le mélange subtilement équilibré de ces trois univers qui fait le charme du cabotage. Pourquoi les capitaineries ne seraient pas davantage des portes se sortie sur la mer, les antichambres du grand large, les ambassadrices de la vie marine et sous-marine ? On pourrait se prendre à rêver que les ports soient davantage impliqués dans la sensibilisation à la sécurité, à l’environnement, à l’esprit marin, qu’on les aide à faire de la pédagogie, à être les lieux d’échange d’expérience, des centres de ressources équipés de moyens pour préparer les escales futures, croisières lointaines ou sorties d’un jour. LE NAUTOURISME ? Cabotages a inventé le terme de Nautourisme® pour désigner ce tourisme complet, fait de curiosité pour les autres marins et les autres bateaux, la nature et la culture, de respect pour la vie marine et les autres usagers, du monde aquatique et littoral. S’il est demandé aux capitaineries de dérouler sur les pontons un tapis rouge vers la ville, nous adorerions qu’on les aide à déployer aussi un tapis bleu vers le large : à inciter les plaisanciers à sortir les bateaux plus souvent, à les faire partir à la découverte des autres ports, à élargir le rayon des ronds dans l’eau du dimanche. Offices du Nautourisme ? Christophe Naigeon

25 juillet - 7 août . 14 ème édition Métisète présente Théâtre de la Mer 1er août : ElEcTro-WorlD

RAPH DUMAS & THE PRIMAVERAS - GOTAN PROJECT 2 août : FASTE lUNDI à bAMAko

BALLAKE SISSOKO - SALIF KEITA 3 août : lA roUTE DES orIENTAlES

TITI ROBIN - FAIZ ALI FAIZ / JAADU 4 août : AFrIqUES VolcANIqUES

STAFF BANDA BILILI - ANGELIQUE KIDJO 5 août : grooVE & FUNk SESSIoN - En partenariat avec cosmic groove

BIBI TANGA & THE SELENITES GEORGE CLINTON & PARLIAMENT FUNKADELIC 6 août : joUTES cUbAINES

BAMBOLEO - KLIMAX Y GIRALDO PILOTO 7 août : SAlSA y cUMbIA

EL HIJO DE LA CUMBIA - LA 33 bassin de Thau et quartiers sétois 25 juillet : balaruc-les-bains : JALEO REAL - WILLIAM VIVANCO 26 juillet : Marseillan : LE BAND - RENE LACAILLE 27 juillet : Poussan : SARAH SAVOY & THE FRANCADIANS - NOVALIMA 29 juillet : Ile de Thau - Sète : LE GOTTA - SEPTETO NABORI 31 juillet : la ola - Plage de Sète : EleKtropiK Mix : DJ RKK (Nova) - SHEYLA COSTA

Informations : 04 67 74 48 44 - www.fiestasete.com Réservations : points de location habituels

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Sécurité

Gérard d’Aboville

“La réglementation déresponsabilise” (Gérard d’Aboville) Avec le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques, celui qui a été le premier à traverser l’Atlantique à la rame lutte pour simplifier la réglementation nautique et remettre au goût du jour solidarité et bon sens marin.

L

’histoire commence en 1967 alors que la plaisance décolle. Dans les solitudes du grand large, Éric Tabarly remporte six régates internationales avec Pen Duik III. Dans les foules parisiennes, le Salon Nautique de Paris explose dans les 25 hectares du bâtiment pourtant révolutionnaire du CNIT à la Défense. Depuis vingt ans, la fameuse école fondée en 1947, le Centre Nautique des Glénans, était devenue l’ENA des apprentis navigateurs, le Label Rouge des marins élevés au grain breton, et faisait des petits sur toutes les côtes. La voile légère avait pris son envol populaire avec les Caravelle, Vaurien, 420… et la croisière côtière marchait dans son sillage avec le Corsaire (1953, Herbulot) puis le Muscadet (1963, Harlé) et l’Arpège (1967, Dufour) en tête de ligne. LES “PETITS BAIGNEURS”

équipement, douanes, affaires maritimes… Chaque ministère, chaque administration, chaque député fait son règlement, ses normes, son décret, sa loi. L’AFFAIRE “PAVILLON BELGE” Il faut coordonner : en 1967 un décret du troisième gouvernement Pompidou instaure le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques qui, statutairement, a «une vocation de conception, de coordination, de concertation et d’impulsion» et «émet (…) des propositions et recommandations transmises aux ministres concernés». En d’autres termes, un organe consultatif, le genre d’institution qui justifierait l’adage «la démocratie, c’est cause toujours». Sauf que… lorsque l’outil, aussi peu affûté soit-il, est mené par un homme déterminé, du travail est abattu. « Nous sommes en partie un organisme de lobbying » résume

Gérard d’Aboville, son actuel président. Depuis quinze ans, celui qui fut le premier à traverser l’Atlantique puis le Pacifique à la rame n’est pas de ceux qui renoncent. Comme «l’Affaire du Pavillon Belge», dossier emblématique. « La première année, ils étaient 50, ils étaient 500 la seconde et 5.000 la troisième, il fallait faire quelque chose » se souvient-il. Il y avait les six catégories de navigation, chacune avec ses équipements obligatoires. « On ne pensait plus à la sécurité mais à l’inventaire à présenter aux contrôles. Le plaisancier se disait « j’ai tout, il ne peut rien m’arriver». Il y a un moment où la réglementation déresponsabilise ». Ainsi, après des années de palabres, le CSNPSN a pu obtenir une législation plus proche de celle de nos voisins européens et, surtout de l’esprit de la marine : prévoyance et responsabilité. Un radeau pour deux personnes est désormais suffisant s’il n’y a que deux embarqués dans un

bateau de six places, mais en cas de méchant vent, il sera toujours plus dangereux de risquer une entrée à la volée dans un port étroit et mal protégé que de se mettre à la cape ou en fuite, loin de la côte, hors de la zone autorisée. Victoire du bon sens marin. LA RADIO POUR TOUS Autres dossier en cours : la généralisation de la VHF. « Le certificat actuel obligatoire pour utiliser la radio du bord est obsolète. Il faut quelque chose de plus pratique qui incite les gens à en avoir une à bord ». Gérard d’Aboville argumente : « c’est pétole. Un voilier encalminé veut rentrer au moteur. Ça ne démarre pas. Il n’a pas d’autre moyen de communication que la fusée rouge. Les sauveteurs vont prévoir le pire et dépêcher un navire de la SNSM, un hélico. C’est disproportionné. Si le capitaine avait pu expliquer à la radio de quoi il retournait, un autre plaisancier ou un pêcheur

Bref, la navigation de plaisance devient une activité économique porteuse, un loisir accessible pour les uns, une machine à rêver pour les autres. La régate est lancée entre les architectes pour tirer le meilleur parti possible du polyester. En 1967 se tourne à Chichoulet, secret port “sauvage” de l’embouchure de l’Aude un film culte, Le Petit Baigneur, où Louis de Funès incarne avec tumulte l’un de ces patrons de l’industrie naissante du moule-à-gaufres qui, grâce à cette matière très plastique, va permettre la production nautique de masse. Cela ne va pas sans poser des tas de problèmes : sécurité, infrastructures portuaires, équipements des navires, coexistence avec la pêche et le commerce… bientôt la pollution, la surpopulation portuaire. La navigation de plaisance est une longue traversée horizontale de l’administration française : sports, transports, industrie, environnement, pêche,

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Places disponibles !

VOTRE BATEAU ICI ! aurait pu lui porter un jerrycan, le remorquer. La VHF, c’est donner la possibilité d’être entendu de tous, d’expliquer ce qui se passe et d’obtenir la réponse appropriée. C’est diminuer les alertes “de confort” et ramener la solidarité entre marins ». Enrichir l’État et les marchands de radios marines ? La dépense serait compensée par l’exonération de la redevance et la suppression des fusées-parachute – les plus chères – des équipements obligatoires. « Notre travail étant d’apporter les arguments et de faire pression pour changer la loi, de dos-

sier VHF est de ceux dont nous nous chargeons avec la SNSM et tous les services chargés de la sécurité ». Parmi les arguments en faveur de la radio : une expérimentation de bulletins météo en boucle sur le canal 16. Une idée à soumettre au CSNPSN ? Passez par l’un de ceux qui y sont représentés. Christophe Naigeon Fusée ou matériel électronique, des solutions pour lesquelles la VHF est une alternative ou un complément en cas de problème.

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Comment saisir le CSNPSN ? Le Conseil est constitué de reremonter par l’une des fédéraprésentants de neuf ministères ! tions sportives agréées (voile, Mais aussi d’administrations motonautisme, sports sous-macomme les Voies Navigables de rins, ski nautique, canoë-Kayak, France, le Conservatoire du Litaviron, pêche en mer) ou les astoral ou le comité Olympique… sociations concernées par le suainsi que de la Fédération des jet représentés au CSNPSN (Les Industries Nautiques et la FéGlénans, la SNSM, le Yacht-Club dération Française des ports de de France, la Fédération des Plaisance. Si vous êtes porteur Pêcheurs Plaisanciers, l’Union Nationale pour la Course au d’une idée susceptible d’avoir des répercussions réglemenLarge…). Pour en savoir plus, rendez-vous sur la toile : taires ou législatives, faites-la www.csnpsn.developpement-durable.gouv.fr

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Météo à bord :

Quels instruments sont vraiment utiles ? La mer n’est jamais mauvaise. Le méchant, c’est le vent. Celui qui déchaine les vagues, qui pousse à la côte, qui amène le grain violent, qui déchire les voiles. Celui de Méditerranée est redouté de tous les marins sérieux. Ceux qui n’en ont pas peur sont des inconscients. Un seul remède, la météo. Voici quelques conseils pour avoir ce qu’il faut, mais pas plus, qui est trop.

S

oyons bien d’accord : les prévisions ne se réalisent pas toujours. La fiabilité du bulletin est de 70% « la dépression pouvant être plus creuse »… Un vent de Nord force 5 fraichissant est annoncé, et c’est finalement du Sud, force 2. Cependant, tout caboteur un tant soit peu conscient du risque d’un changement brutal de temps ne peut tourner le dos aux diverses aides à la navigation avant de quitter le port et que Radio-Ponton ne saurait en aucun cas remplacer. L’outil le moins onéreux est le bulletin météo affiché à la capitainerie. Si vous avez une VHF complétez avec les bulletins réguliers. Mais la consultation indispensable et régulière de ces aides ne suffit pas : il vous faut un carnet et un crayon pour noter ce qu’il en était hier et la tendance prévue pour demain et après-demain. La mémoire est souvent défaillante. L’EXPÉRIENCE ET LE “PIF” Autre instrument indispensable et obligatoire et tout aussi gratuit : votre “nez”, votre expérience pour sentir l’évolution de la météo. Et sans vous laisser influencer par les on-part-on-partpas de votre équipage, les décisions du voisin, l’avis du vieux pêcheur indigène. Car c’est à vous, capitaine, de tenir compte de la tendance passée et à venir, du comportement antérieur de votre équipage dans le vent qui monte avant de décider de rester au port ou d’aller voir ailleurs quel temps il fera demain ! Mieux vaut une journée

de navigation perdue qu’une menace de divorce et/ou de vente forcée du bateau… Pour aller plus loin, essayons de distinguer les instruments incontournables et/ou obligatoires des utiles ou même des futiles… INSTRUMENTS DE FRIME Éliminons d’entrée tous ceux qui, certes performants, sont superflus pour une navigation côtière : tous les instruments d’acquisition de documents au large, cartes avancées de pression, de vents, d’isobares en surface et en altitude par télécopie, Navifax ou Seafax et autres fac-similés. De même pour les systèms satellitaires de communication type Immarsat et autre Iridium ou Thurya : utiles pour la navigation hauturière et/ou en solitaire mais pas vraiment nécessaires pour le cabotage, d’autant que chaque équipement coute entre 2.000 et 3.000 € et impose de grosses antennes difficilement logeables sur nos généralement petites unités. LES INCONTOURNABLES Obligatoires ou non, sont incontournables le baromètre à aiguille ou enregistreur ou même électronique (on peut aller jusqu’à la petite station météo du commerce terrestre) : de 30 à 100 e. Ce sont ses variations qu’il faut surveiller : chute brutale, attention les dégâts ; chute lente, on va incessamment devoir revoir le programme des jours suivants…

La VHF : plus qu’indispensable puisqu’elle assure également la sécurité via la surveillance du canal 16 par les CROSS et tous les sémaphores, et qu’elle assure des liaisons de quelques milles à quelques dizaines de milles. Maintenant couplée à un GPS, elle donne la position par appel automatique de détresse d’un numéro international du Système Mondial de détresse et de sécurité en mer (SMDSM). La veille est la meilleure garantie contre les surprises d’un changement de temps entre les trois bulletins quotidiens. Le long de la Côte d’Azur, les bulletins des Cross sont répétés en boucle sur le canal 63 en dehors d’heures de rendez-vous et il serait souhaitable que cette expérience se généralise. Comptez entre 100 et 200 € pour une VHF fixe, idem pour une portable, bien utile lors des arrivées de port, en annexe ou même dans le cockpit.

Le GSM, notre téléphone portable quotidien. Météo France a un système par département et nos bateaux sont très souvent à portée de réseau. Avant de partir ou en cours de route faites le numéro 0892 6808 suivi des deux numéros du département. C’est payant mais ce n’est pas volé. Et cela présente l’avantage d’avoir la météo du point d’arrivée alors que la capitainerie que vous quittez ne donne que le bulletin de zone de départ. Un conseil, si vous partez de Marseille vers les Saintes-Maries, écoutez aussi la météo de Guissan. Ce qui se passe là-bas pourrait bien être une précieuse indication sur ce que vous pourrez trouver demain ou après-demain. À force de naviguer, on se fait ainsi sa propre interprétation, fruit de l’expérience. Le récepteur radio grand public : en navigation côtière, de très nombreuses stations émet-

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tent des bulletins sur GO, PO et FM. Un autoradio à bord fait d’autant l’affaire qu’il est fixe et a un lecteur pour vos CD audio préféré. Plus chic et entre nécessaire et utile : le récepteur BLU (Bande Latérale Unique - oui, la voie de Donald le canard), obligatoire en hauturier pour recevoir la météo du et au large. S’il vous vient l’idée de naviguer plus ou moins loin de votre bassin habituel, emportez-le : il vous permettra d’avoir des nouvelles de votre port d’attache car multi-bandes, il permet de capter sur grandes ondes de nombreux émetteurs français ainsi que Radio France Internationale partout dans le monde ! (entre 100 et 300 €). Prévoir alors une bonne antenne… LES SIMPLEMENT UTILES L’anémomètre. Si vous n’avez pas d’anémomètre en tête de mat, pourquoi pas un à main ? Utile pour départager entre les avis (« ça monte, ça monte pas ») ! Et malgré le côté rigolo à manipuler, en impose un peu aux novices… De 50 à 150 €, selon qu’ils sont autonomes (mécaniques) ou à piles (électroniques et affichages de diverses informations). Très courant sur nos bateaux : le Navtex pour recevoir sous forme de petits messages les avis urgents aux navigateurs, des bulletins météo, des avis de coups de vent via des satellites, près et loin de la côte. Comptez 500 €. Tout aussi courant maintenant, l’ordinateur et la liaison Internet : pas un réel besoin pour nos navigations le plus souvent estivales et proches des côtes. Mais il existe

une foultitude de sites météorologiques selon les activités pratiquées et votre degré d’addiction… Pour des traversée plus lointaines (Corse, Tunisie, Baléares), Météo France par exemple propose un abonnement au logiciel Navimail pour récupérer les données météo marines valables pour votre position et les mailles géographiques voisines. Durée et coût variables à consulter sur le site de Météo France. Mais tout cela risque d’être vite périmé avec l’arrivée de l’Ipad …et ses promesses. LES ACCESSOIRES Si vous naviguez dans une zone dont vous ne maitrisez pas bien la langue : le glossaire ! En météo, les mots ont leur importance et une traduction approximative peut modifier le sens d’une prévision. Sans oublier l’indispensable Guide marine de Météo France disponible en capitainerie et téléchargeable : mis à jour chaque année, vous y trouverez entre autres renseignements utiles, lexique, glossaire, cartes des zones météo nationales et internationales, listes des émetteurs VHF et BLU et horaires d’émission. L’ENNEMI : LE CALENDRIER ! L’ennemi du marin, c’est le calendrier. Se croire obligé d’arriver à tel endroit tel jour est le meilleur moyen de perdre tout discernement, toute prudence. Demandez à la SNSM. Il y a un pic de sauvetages les jours de mauvais temps en fin de semaine, aux dates où il faut rendre les bateaux loués, où il faut prendre un train pour retourner au boulot… En mer, le temps (chrono) se plie au temps (météo). Claude Roger

Face à un ciel que l’on a du mal à interpréter, rien ne vaut le croisement des informations que peuvent donner les différents outils météo de bord, sans oublier le bulletin affiché à la capitainerie.

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Le transportable :

solution pour les nomades ? Avoir son bateau à l’anneau et à l’année est un rêve de plus en plus inaccessible. Prendre l’avion ou le train et louer un bateau n’importe où dans le monde est une pratique de plus en plus répandue pour la croisière à voile. Nomadiser en remorquant son esquif comme d’autres leur caravane est, pour une navigation strictement côtière et le plus souvent à la journée, une idée tentante.

E

ntre deux et douze ans, voire plus, pour obtenir une place à flot dans un port de Méditerranée… Les ports à sec, tout le monde n’aime pas et, pour beaucoup, cela revient cher. Alors, une solution est d’avoir soi-même son port à domicile, pourvu que l’on dispose d’un hangar, d’un garage ou simplement d’un abri bâché au fond de son jardin. Sans oublier une remorque et une voiture capable de tirer le tout. Et, enfin – c’est évident – d’un endroit adapté pour mettre le bateau à l’eau, garer la voiture et la remorque en lieu sûr pendant qu’on est sur la mer jolie. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, avoir son port d’attache à la maison est une option que 95% des propriétaires de semi-rigides choisissent. Mais pas forcément si simple ou si économique que cela. TRÈS SOPHISTIQUÉS Si hisser son Laser sur deux poutres installées en mezzanine dans son garage au-dessus de la voiture familiale ne pose guère de problème de place ou de manutention, ranger un semi-rigide de six mètres cinquante est une autre affaire. Certains, comme Jean-Louis Attard, responsable des relations

extérieures du site www.pneuboat.com, en arrivent même à découper le mur et la porte d’entrée de leur garage pour faire passer leur dernière acquisition, forcément plus grande. Car, pour un “pneuboater” comme pour un marin “rigide”, le proverbe selon lequel il manque toujours un mètre à son bateau, reste vrai. D’autant plus que la différence entre les deux commence à s’estomper. Les “gonflables” d’aujourd’hui ne se dégonflent plus d’un été à l’autre. Cela évite d’infliger des faux plis aux boudins. Leurs postes de pilotage, leurs fonds, leurs sièges moelleux, leurs arceaux, leurs coques profilées, leurs bastingages et leurs moteurs puissants sont de plus en plus luxueux, à mille mille des saucisses-mobylettes qui ont permis autrefois à tant de gens de jouir de la mer comme des milliardaires et qui ne sont plus maintenant que des annexes. Entre 25.000 € (rarement moins) et 50.000 € (parfois bien plus) l’engin, l’option semi-rigide transportable n’est plus une option d’économie à l’achat. Et à l’usage ? Si l’on est un expert-comptable, on doit compter l’amortissement du garage, calculer le préjudice subi par la voiture qui couche dehors… Si l’on ne calcule que les coûts directs, pour une trentaine de

sorties annuelles et une centaine d’heures de navigation, il faut compter entre 500 et 1.200 litres d’essence (650 à 1 .600 € selon la puissance, plus 200 à 300 €pour l’hivernage et l’entretien courant et ajouter en moyenne 10 € par mise à l’eau. MISES À L’EAU TRÈS CHÈRES Car mettre son bateau à l’eau a maintenant un prix. Extrêmement variable : de 5 à 8 €

à Frontignan, jusqu’à 278 € à Porto Ottioli en Sardaigne ! « Il est compréhensible qu’on fasse payer de 5 à 10 € car créer des rampes de mise à l’eau et des parkings a un coût » admet Jean-Louis Attard, qui poursuit « mais nous participons largement à l’économie du tourisme local et du nautisme qui étouffe faute de places à l’eau, alors, il faut que les prix restent raisonnables. Pour les milliers de personnes qui ont des petits bateaux de 3 ou 4 m, payer plus de 10 € à chaque fois est très cher ». Cher et rare. De plus en plus rare, même, car contrairement à ce que l’on pourrait penser, les communes hésitent de plus en plus à créer des cales de mise à l’eau. Une raison est qu’elle transforment les zones portuaires – hautement touristiques et où chaque usage est calculé – en disgracieux parkings que les attelages squattent à la journée – voire plus – en consommant deux places. Une autre raison est l’embouteillage que chaque fin de journée provoque sur le quai à l’heure où les vacanciers se promènent avant l’apéro. Pas bon pour l’image balnéaire. LE JET-SKI, UNE NUISANCE ? Mais la troisième raison est la plus forte : jet-skis et autres scooters des mers, de plus en plus nombreux, sont resentis comme de vraies nuisances, pas seulement sur l’eau mais dans les ports : vrooom-vrooom des moteurs pour frimer ou rincer les turbines, circulation anarchique dans les ports… Cette plaisance-là est de plus en plus vécue comme une déplaisance

CHER NOMADISME NAUTIQUE ! Le nomadisme nautique peut coûter cher. Pour aller en Corse, paradis des pneumarins et de tout ceux qui ont leur bateaux en remorque, il faudra débourser jusqu’à 1.000 € rien que pour traverser en ferry : 4 personnes, une voiture, une remorque en période haute.

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et les communes commencent à en mesurer l’impact négatif. À cause du comportement de certains, dans toute l’Europe, les ports luttent contre ce motonautisme en fermant les cales de mise à l’eau. L’Allemagne et l’Angleterre ont fermé plus d’une centaine de rampes… Du coup, les usagers plus raisonnables que sont les pneumarins organisés en font les frais. L’Association des usagers des cales de mise à l’eau de Méditerranée (AUCMED) qui a établi une charte de comportement (voir l’encadré), regrette cette limitation de l’accès à la mer : « au-delà du mécontentement grandissant des plaisanciers, le tourisme et l’activité des industries du nautisme se trouvent largement affectés : 70% des immatriculations de la plaisance concernent des embarcations de moins de six

mètres (…) cette “plaisance sur remorque” n’est pas représentée dans toutes les instances concernées (…) ce qui entraine des décisions qui ignorent ou vont à l’encontre de l’usage de ces cales ». Ces mots, extraits d’un rapport remis en 2009 au Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques (CSNPSN), montrent tout de même que la question est à l’ordre du jour à “l’interministérielle” pour chercher des solutions. Tâche difficile car, comme disent certaines mauvaises langues « pour construire une cale de mise à l’eau, il faut consulter 7 ministères ». Et pourtant, depuis un édit de François 1er, les communes littorales doivent accès à la mer libre et gratuit. Une loi à rafraîchir… Christophe Naigeon

NOUVEAU SUCCÈS POUR LE SALON DU SEMI-RIGIDE DE PORT-BARCARÈS

D

u 21 au 24 mai s’est tenu au port de plaisance de Barcarès le second RIBMED, salon du bateau semi-rigide, premier du genre en France.

Les plus grandes marques étaient représentées, exposant une soixantaine de bateaux, aussi bien à terre qu’à flot, pour permettre aux visiteurs intéressés de faire des essais en mer ou sur l’étang, selon la météo. Bénéficier de ces deux plans d’eau est un atout majeur du site de Barcarès pour une telle manifestation qui fait suite au RIBEX de Cowes (Grande-Bretagne) et place Barcarès en seconde place européenne pour ce type de bateau.

Le but du salon est de présenter les nouveautés mondiales dans ce secteur en pleine évolution, de faciliter les essais et les ventes, mais aussi de faire se rencontrer les spécialistes, professionnels et organisations d’utilisateurs. Le premier salon, lancé à l’initiative de Joëlle Ferrand, Maire de Barcarès, avait mobilisé les équipes de la municipalité, de l’Office de tourisme, de la Capitainerie pour en faire un événement certes très “pro“ mais très convivial dès sa première édition.

LA CHARTE DE L’AUCMED Tout usager de cales de mise à l’eau se doit de : - Respecter la signalétique mise en place par les mairies ou les gestionnaires de ports - Ne pas gêner et donner la priorité aux professionnels de la mer - Préparer son embarcation en dehors de la cale, aussi bien pour mettre à l’eau qu’en sortir - Restreindre l’utilisation de la cale à la seule mise à l’eau et sortie - Ne jamais stationner sur la cale ou l’encombrer - Stationner véhicule et remorque sur les aires et parking prévus à cet effet - Ne pas utiliser les équipements portuaires destinés aux usagers résidents du port (point d’eau, borne électrique aire de carénage) sauf si compris dans les prestations de la capitainerie pour les usagers sur remorques - Veiller à la sécurité de tous les usagers en ayant une conduite adaptée et en effectuant des manœuvres avec douceur et maîtrise, sur la cale et dans le port.

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Pour cette seconde année, le succès ne s’est pas démenti, montrant que le semi-rigide, par sa facilité de transport et de mise à l’eau, par ses qualités marines et son confort, est un bateau à part entière capable de satisfaire les plus exigeants sur toutes les eaux.

Rendez-vous en 2011 pour le week-end de Pentecôte !

LES EXPOSANTS ET LES MARQUES Bear Marine Plaisance (Port Vendres) : Zodiac, Lomac, Joker Boat, Sea Hank, Pacific Craft Barcarès Yachting (Barcarès) : Capelli Marine Center (Barcarès) : Sacs Clinique du Bateau : Bombard, Black Fin Zar France : Zar Yachting Spirit (Canet) : BWA CG Info Service : Aqua dream, Vaillant Remora : Semi-rigide électrique Rafales (La Haye-Fouassière) : Rafale Barcelone Marina Port-Vell / SNSM / Société Générale

Communiqué

actualité :


Les sémaphores veillent à nouveau sur nous La Marine nationale s’est décidée à réhabiliter les sémaphores. Sur le point d’être abandonnés, ils sont maintenant rénovés, équipés, gardés 24 heures sur 24. Descendants lointains des tours de guet romaines, génoises ou sarrasines, et plus proches des ancêtres équipés du télégraphe de Chappe (un mât, quatre bras et 301 positions possibles), les sémaphores centralisent aujourd’hui toutes les missions de surveillance (voir en page de droite) en liaison avec tous les services concernés par la circulation maritime, le sauvetage, la pollution, les pêches, le trafic de drogue et de clandestins… Selon l’endroit où il se trouve, chacun a un rôle particulier, mais aussi une architecture, une histoire, une position géographique… et des guetteurs sémaphoriques, marins bien particuliers. Un exemple parmi les 19 de Méditerranée française, Capo Grosso, en Corse.

Cap Corse : “au-delà du bout du monde”

buissons qui veulent bien pousser dans la pente ! ». Le Libeccio monte encore. Il faut rentrer dans la salle abritée. Le veilleur de quart est en train d’appeler un cargo, à peine visible sur la ligne d’horizon embrumée. Identité, longueur, jauge, cargaison, destination… Puis un grand yacht. Puis un autre cargo. La minutieuse routine. UN INTENSE TRAFIC

Le sémaphore du Capo Grosso, à l’extrême pointe de la pointe du cap Corse gère un intense trafic commercial et fait face à des conditions météorologiques dantesques… dans une situation de solitude et d’isolement uniques. Un endroit où il faut s’accrocher.

T

empête. Gris comme le ciel et blanc comme la mer ce jourlà. Tempête, c’est la mascotte du sémaphore du cap Corse, un chat venu un jour y élire domicile. Le Libeccio monte, monte. Il ne reste plus qu’un voilier en vue, grand largue, en fuite vers la partie abritée du cap, côté Mer Tyrrhénienne, où le coup de vent annoncé ne lève pas de houle, où l’on peut mouiller face à la côte en sécurité. Devant la porte du sémaphore, Tempête, entre les pieds du maître Stéphane Duprez miaule comme le vent dans les antennes. Dedans, le premier maître gille Azara prépare le café sans chichis. « Faites vos prises de vues extérieures maintenant, ditil, on va devoir bientôt amener les couleurs à cause du vent ». Photos, donc du sémaphore planté sur le Capo Grosso, tour

de contrôle sur un mamelon dénudé, sous un plafond de nuages gris et ondulants, réplique mouvante de la falaise de schiste qui tombe à pic dans une mer qui moutonne déjà serré. En plein mois d’août. « Si vous voulez monter sur le chemin de ronde, c’est le moment. À partir de force 7, ce sera interdit ». Photos, donc sur l’étroit balcon qui domine une houle maintenant profonde. « Les nouveaux qui arrivent ici sous-estiment la hauteur des vagues. À 110 mètres, il faut regarder les bateaux passer dans la vague pour apprécier le vrai état de la mer » commente encore Gilles Azara. Et ici, ça monte vite. Encore plus vite et encore plus fort que partout ailleurs en Méditerranée. Plus qu’au cap Béar, disent-ils. Un effet venturi exceptionnel sur ces falaises du cap Corse. « Quand la météo annonce force 8, on a 9 ou 10 ». Le record de vent a été établi à 214 km/h, dernier chiffre donné par l’anémomètre avant qu’il ne soit emporté… Ceux qui ont installé les éoliennes sur les

sommets juste derrière ont mesuré jusqu’à 240 km/h. Et 300 jours de vent pas an. « À Bonifacio, ils en ont 365, plaisante Stéphane Duprez, mais les records de puissance sont pour nous ! » Au point que les équipes peuvent rester enfermées sans autorisation de mettre le nez dehors, mêmes sur les marches du perron, pendant trois jours de suite. Seule exception pour la relève. « Sinon on devient fous ! » DES POSIDONIES À 110 M ! Sur la passerelle de veille, tout bouge, les vitres plient sous la force du vent. Lors des grosses tempêtes, les posidonies et le sel viennent se coller dessus et bouchent la vue. Un comble ! À la moindre accalmie, l’équipe de veille sort gratter ce qu’elle peut. Mais ça recommence aussitôt. « Vous voyez, le parking en bas, on a mis un muret côté au vent et une glissière sous le vent. Trois voitures avaient été emportées dans la mer, dont celle de la femme du chef de l’époque, retenue par miracle par les quelques

Sur l’écran de l’ordinateur, la carte de ce coin de Méditerranée au trafic commercial intense : golfe de Gènes, Provence et Côte d’Azur, jusqu’à la Toscane. L’homme de quart met des noms sur les points signalés par le radar. Vers le sud et sur le versant occidental du cap Corse, les signalements sont peu nombreux. Essentiellement des yachts. Au nord et côté oriental, les points sont les uns sur les autres. « C’est le Canal de Corse, entre la Corse et les îles italiennes, Capraia et Elbe. Qu’ils viennent du nord ou du sud, de Marseille, de Gènes, de Livourne, de Naples, de Malte, tous passent par là. Il y en a plus de 80 par jour » explique le premier maître. Gérer ce trafic est la mission principale du sémaphore du Cap Corse, en relation avec celui de Sagro, un peu plus au sud, vers Bastia. Ce n’est pas le rail d’Ouessant mais peu s’en faut. D’ailleurs, devrait être bientôt signée une convention tripartite France-Italie OMI (Organisation Maritime Internationale) qui instaurera une “recommandation de route” aux navires de commerce. Ces recommandations ne seront obligation que pour les navires des deux pays signataires mais elles permettront d’engager la responsabilité des bâtiments des autres nationalités qui n’en tiendraient pas compte et entreraient en ­collision.

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Pôle Nautique

Port de Plaisance

Canet-en-Roussillon

L a collaboration entre les deux rives de la Mer Tyrrhénienne est indispensable et ancienne. Elle s’en trouvera renforcée. D’ailleurs, un cours de langue de Dante est donné aux nouveaux arrivants pour favoriser les échanges avec les nombreux navires italiens qui naviguent sur cet autoroute maritime. Les autres missions, à part la surveillance du respect des eaux territoriales par les pêcheurs, sont les mêmes que pour les autres sémaphores : sauvetage, lutte contre les pollutions, le pillage des sites archéologiques marins, signalement de navires suspects de contrebande, trafic de clandestins, terrorisme… la routine, quoi. En bas, le café attend. Plusieurs étages à redescendre. D’abord l’escalier métallique en hélice peint en bleu “cabine de plage à Deauville” par les équipes qui en sont fières, puis dans la avec salon partie ancienne du bâtiment dont le toit en ogive a été conservé un élégant escalier de tomettes rouges, presque bourgeois, qui contraste avec la batterie d’ordinateurs façon Star Trek ancienne version. Au plafond, on devine encore l’ancienne ouverture par laquelle on passait la “marionnette” articulée du télégraphe Chappe d’antan. ECRANS PLATS, JEUX VIDÉO Encore quelques marches et on arrive à la partie consacrée à la vie des équipages, aux allures de pavillon de banlieue : cuisine nickel, coin salon avec canapés simili, TV et console vidéo. « Aux guetteurs sémaphoriques de ma génération, la Marine nationale envoyait des livres. Maintenant, c’est des écrans plats et des jeux vidéo… ».

Avec en permanence deux équipes de trois de service pour trois jours et qui se relaient par quarts de quatre heures, il faut rompre la monotonie de la vie dans ce sémaphore «au-delà du bout du monde» comme l’appelle le premier maître Azara. Ici, à 10 km du premier hameau, à 30 km de Macinaggio, ville bien calme en dehors de la saison touristique, à une heure de Bastia, il n’y a RIEN. Juste un bout de lande maigre et la mer. Et le vent. Autrefois, le chef et son adjoint vivaient ici avec leurs familles. Sans école, sans loisirs, sans vie sociale. Trop dur. Tous vivent maintenant à Bastia. Même si, comme pour le maître Duprez, le compagne travaille aussi dans le sémaphore.

© Ville de Canet-en-Roussillon

Plaisirs de la mer et pôle de compétences !

Canet-en-Roussillon,

au Coeur du Pays Catalan ! L’équipe de Capo Grosso et le chat Tempête

Alors que les phares se vident de leurs gardiens, les sémaphores « qui ont leurs lumières à l’intérieur » comme le dit Gilles Azara, ont besoin d’hommes et de femmes efficaces, motivés et heureux de faire ce travail, même dans des coins aussi reculés, ventés, superbement solitaires que le Capo Grosso. Le Libeccio est monté d’un cran de plus. Le drapeau a été amené. Le chat Tempête est bien au chaud, au sec et au calme. Sur la route de retour quelques marcheurs inquiets du sentier des Douaniers se hâtent vers le petit port de Centuri. C. Naigeon

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À quelques milles des criques, en bordure d’une plage de sable fin, le Port de Canet-en-Roussillon offre un véritable confort. Ce lieu de plaisance dédié aux amoureux de la mer est également une plate-forme de compétences grâce à la qualité et à la diversité des professionnels exerçant leurs activités sur l’espace technique et le pôle nautique en cours de réalisation. Pour une escale technique ou une escale « loisir », tous les équipements sont prévus pour accueillir des navires jusqu’à 35 mètres. N’hésitez pas à venir nous rendre visite !

France

Nice Cannes

Montpellier Sète

Toulouse

Marseille 170 milles

100 milles

Canet-en-Roussillon

Espagne

Empuriabrava

Roses

Bastia 240 milles

Corse

Girona 160 milles

Vers Barcelone

310 milles

Ajaccio

Vers Baléares Vers Sardaigne Renseignements : SCEREM (Société Canet-en-Roussillon Économie Mixte) Capitainerie • BP 210 • 66141 Canet-en-Roussillon Cedex • France ✆ +33 (0) 4 68 86 72 73 • Fax : +33 (0) 4 68 86 72 72 • contact@scerem.fr • www.scerem.fr


Tortue verte © Mila Zinkova

Tortues de Méditerranée, les dinosaures de la mer A

vec la poule, c’est une descendante des dinosaures. Comme la poule, elle avait des dents et les a perdues au profit d’un bec. Comme la poule et les dinos, elle pond des œufs. La comparaison s’arrête là. Bien que rare, c’est la tortue que vous aurez le plus de chances de rencontrer en mer. Dans ce cas, voici ce que vous pouvez savoir à propos des Chélonidae :

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LA TORTUE CAOUANNE : DES AMOURS EN CROISIÈRE

LA TORTUE VERTE : LE LIÈVRE DES TORTUES

en Méditerranée : la Tortue Caouanne et la Tortue Verte. D’autres nous rendent visite en passant par Gibraltar, comme l’énorme Tortue Luth.

Celle que vous avez le plus de chances de rencontrer est la Tortue Caouanne ou Caretta-Caretta qui peut dépasser 1 m de long et 150 kg. Sa tête, très large, est pourvue de deux écailles préfrontales et d’un bec orné. Sa carapace en forme de cœur arbore une dossière brun-rouge et un plastron jaune pâle tâché d’orange. Ses pattes à deux griffes font office de nageoires à l’avant et de gouvernails à l’arrière. Carnivore, elle ne néglige ni les éponges ni les algues en complément des mollusques, crabes et poissons. Elle atteint sa maturité vers l’âge de dix ans et, toutes les deux ou trois saisons entre avril et septembre, pond jusqu’à quatre à sept fois de 60 à 200 œufs. Au lieu de s’accoupler comme les autres sur les lieux de ponte (Turquie, Chypre, Libye, Sicile, plus rarement en Corse), c’est au cours de ses croisières qu’elle se fait féconder... Entre 60 et 75 jours plus tard, les petites tortues nées dans le sable iront rejoindre la mer en se repérant au bruit des vagues, de nuit de préférence. Mais il arrive que les lumières artificielles du rivage les attirent. On raconte qu’en Calabre, quelques soixante-dix jeunes éblouies se retrouvèrent… sous les tables d’un restaurant de plage. La côte, l’été, est bien un lieu de perdition !

La Tortue Verte, omnivore quand elle est petite, devient herbivore à l’âge adulte. Les herbiers qu’elle ingurgite lui donnent sa couleur (serait-elle rose comme les flamants si elle mangeait des crevettes ?). Très légèrement plus petite que la Caouanne, c’est la plus rapide de toutes, capable d’atteindre 35 km/h grâce au profil aplati de sa carapace. Elle ne possède qu’une seule griffe sur chaque nageoire. La zone d’alimentation étant le plus souvent éloignée du site de ponte, les tortues de mer parcourent jusqu’à 2.000 km. Comme les oiseaux migrateurs, elles naviguent grâce à leur perception du champ magnétique terrestre. Des scientifiques de Montpellier se sont livrés à un deux expériences. Des capteurs satellite ont été placés sur le dos de tortues vertes capturées dans l’Océan indien puis relâchées loin de leur destination. Avec leur compas intégré, elles ont retrouvé leur point de destination, mais en nageant bien plus que nécessaire. Leur instrumentation de bord n’indique que le cap, pas la position. Elles ne pouvaient pas évaluer la dérive due aux courants. On leur a aussi mis un aimant sur la tête pour leur faire perdre le Nord. Mais elles sont quand même arrivées à destination. Ont-elles un système de compensation dans leur compas ?

a tortue est le plus vieux reptile de la planète (200 millions d’années). Ces corps massifs, si harmonieux et rapides dans l’eau, peinent sur le sable car bien que pélagiques (pelagos, la haute mer) les femelles doivent aller sur les plages pour pondre. On en recense huit espèces qui ont en commun la détestation de l’eau froide. Il y en a donc dans toutes les mers du globe sauf dans les océans Arctique et Antarctique. Ceci expliquant peut-être cela, sachez que le genre mâle ou femelle de la tortue dépend de la température de l’eau lors d’une phase embryonnaire délicate au quarantième jour d’incubation des œufs : à entre 27° et 31° (l’idéal à 29°), l’équilibre des sexes est maintenu. Mais plus il fait chaud, plus il y a de filles, et inversement. Damned ! Le réchauffement climatique pourrait avoir raison des mâles. Deux espèces se reproduisent

LA TORTUE LUTH : LA DURE À CUIR Celle-là, si vous la voyez en Méditerranée au cours de vos navigations, c’est presque un miracle. On en observe pas plus d’une par an ! La Tortue Luth ou Tortue cuir, est la seule à ne pas posséder l’armure classique d’écailles mais de petits osselets imbriqués recouverts d’une épaisse couche de graisse et d’une peau de cuir. Elle pèse sa tonne pour deux mètres de long et se gave de méduses qu’elle peut aller chasser jusqu’à 900 m de fond. On se prend à souhaiter qu’elle prolifère pour nettoyer nos rivages lors des invasions de ces gelly-fish (poissons-gelée, comme disent les Anglais) mais, alors qu’elle pourrait être notre meilleure alliée, nous sommes son pire ennemi : elle confond les sacs en pastique que nous jetons avec les méduses et meurt d’occlusions intestinale. Bien que toutes les tortues marines soient protégées en France depuis 1991 et dans bien des pays au monde, l’Homme a bien d’autres manière de nuire aux tortues, Luth, Vertes, Caouanne et autres : filets de pêche, pollutions chimiques et par hydrocarbures, braconnage des œufs, perturbation de ses lieux de ponte par l’urbanisation, fabrication de soupe de tortue, de lunettes et de bijoux d’écaille, souvenirs touristiques… Guy Brevet avec Abigaël Silva (10 ans), conseillère technique

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Les requins : Blanc et Pèlerin, géants de chez nous

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n 1975, le film Jaws (Les Dents de la Mer) favorisa la mauvaise réputation des requins. Pourtant, ils ne font pas plus de vingt morts par an. Rien, comparé aux victimes des guêpes, abeilles, méduses, serpents et autres bêtes-à-bon-dieu empoisonnantes, allergisantes… Un prédateur ? Sans aucun doute. Mais L’Homme le bat à plate couture : plus de 80 millions de requins disparaissent chaque année victime du finning (fin, nageoire en anglais) pratique qui consiste à capturer des requins, à leur couper les ailerons et – le plus souvent – à les rejeter vivants et amputés à la mer, pour satisfaire, en Indonésie, Japon, Chine, Thaïlande le goût des mangeurs de soupe d’ailerons. Pour ses vertus aphrodisiaques et anticancéreuses infondées, un bol s’y vend jusqu’à 100 €. En 2003 douze millions de tonnes d’ailerons séchés ont été importés à Hong Kong. Un aileron de 10 cm se vendait alors 600 € le kg. PETIT, DÉJÀ GRAND En Méditerranée, le Grand Requin Blanc décrit par Aristote, très présent dans la Mare Nostrum durant l’Antiquité a de quoi faire peur : un spécimen capturé en 1987 pesait 3,5 t pour 7,10 m ! C’est non seulement un géant mais aussi un requin très spécial. Contrairement à la plupart des poissons, il n’a pas de vessie natatoire (un “ballon” intérieur qui fait flotter) mais un énorme foie (90% de sa cavité abdominale)

gorgé d’une huile plus légère que l’eau. Son dos est marron ou gris mais sa face ventrale blanche, d’où son nom. On le rencontre essentiellement dans le triangle Baléares-CorseSicile. L’accouplement a lieu au printemps, les œufs se développent et éclosent dans l’utérus de la femelle (ovovivipare) et la gestation est estimée entre 12 et 18 mois. Les jeunes Grands Blancs mesurent plus d’un mètre à la naissance et sont déjà des prédateurs capables de survivre. Un autre géant est le pèlerin, ou encore Cetorhinus maximus dont le nom est composé de Ketos (monstre marin), des Rhinos (nez) et de Maximus (grand), autrement dit le monstre marin au grand nez. Il porte bien son nom, le bougre (voir la photo). Mais on pourrait aussi l’appeler “grande bouche” si l’on se réfère aux énormes fentes branchiales qu’il garde ouvertes pour se nourrir de plancton, base de la nourriture de cet inoffensif monstre : c’est le second plus gros poisson du monde, après le requin ­Baleine, et peut atteindre 12 m. Le pèlerin n’est pas strictement Méditerranéen mais on commencerait à l’y trouver en nombre de plus en plus grand. C’est pourquoi un réseau d’observation a été constitué pour étudier sa présence. Vous avez certainement vu les affiches dans les capitaineries. Si vous en croisez, n’ayez pas peur, le requin pèlerin est uniquement mangeur de plancton. Signalezle simplement, contribuant ainsi à sa protection. G.B.

Requin pèlerin © Chris Gotschalk

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Rando palmée, chasse sous-marine Conseils d’un pro du “snorkeling” Pas besoin de bouteille pour connaître l’ivresse des fonds marins ! De la plage, du rocher ou du bateau au mouillage, la tentation est toujours forte d’aller voir de plus près ce qui se passe à un, deux ou trois mètres de profondeur, là où il y a encore de la lumière et des couleurs, là où on peut faire “un canard” sans être un apnéiste entrainé. N’y résistons pas. Voici les conseils avisés de Julien Collet, rédacteur en chef de Tribu Snorkeling :

d’éponges encroûtantes, d’algues, d’anémones prendra du temps pour se reconstituer. En snorkeling vous avez la possibilité de visiter la plupart des réserves marines intégrales, interdites aux plongeurs en bouteille, aux pêcheurs et au mouillage. Privilège extraordinaire que l’on ne mesure qu’in situ. LA PECHE SOUS-MARINE Même si arbalètes et tridents parsèment les allées des hypermarchés dès le début mai, quelques règles doivent être rappelées : Il n’est plus nécessaire d’avoir une autorisation des Affaires maritimes ou une licence sportive pour pratiquer la pêche sous-marine, seule une attestation d’assurance, couvrant cette pratique, peut-être exigée. La pêche sous-marine est autorisée à partir de l’âge de 16 ans. Il est interdit d’utiliser une lampe et de pêcher entre le coucher et le lever du soleil. La bouée de signalisation est obligatoire. Il est interdit de maintenir une arbalète sous-marine armée hors de l’eau. Il est interdit de cueillir les oursins de mai à octobre à peu près partout. Enfin et surtout, chaque espèce de poisson bénéficie d’une taille minimale en dessous de laquelle il est interdit de la capturer (rouget 11 cm, sar 15 cm, loup 20 cm, etc.) Faites-vous un devoir de consommer ce que vous avez capturé. Julien Collet

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nfiler palmes, masque et tuba pour partir à la découverte du monde sous-marin, si proche sous la surface, est une habitude presque ancestrale pour beaucoup. La découverte des fonds sableux (plus vivants que l’on imagine), des herbiers de posidonie (poumons et nurseries de la Méditerranée) ou des innombrables formes de décor rocheux se prête à des randonnées plus ou moins longues, parfois à la cueillette, voire à la prédation d’une friture pour améliorer l’apéro. Tout cela semble si naturel que l’on en oublie parfois que certaines règles, de prudence comme légales, doivent être respectées. LA RANDO PALMEE Toute balade palmée doit se faire équipé d’une bouée de signalisation surmontée d’un drapeau “alpha” (10 € en grandes surfaces). Cette obligation est plus que salutaire, la multiplication des

engins motorisés et des comportements “débridés” impose cette mesure minimale. Toute embarcation devrait rester à une distance de 100 m de votre bouée de signalisation ; en pratique c’est souvent moins, il est donc prudent de limiter la corde qui permet de la tirer à 25 m au maximum. Cette bouée permet d’emmener avec soi toutes sortes de choses et, in fine, d’être utilisée comme base de repos ! Dans l’eau, la déperdition de chaleur est très rapide et la contemplation d’un groupe de rougets ou d’un ballet de castagnoles fait vite oublier toute notion de temps ! Une combinaison est particulièrement utile aux enfants, moins armés pour l’homéothermie et plus insouciants des dangers du soleil. Les écosystèmes marins méditerranéens sont fragiles et fragilisés. Il faut éviter de toucher, s’appuyer ou se mettre debout sur les fonds rocheux : la vie fixée constituée

BIEN CHOISIR SON MATERIEL

Le masque Lorsque vous essayez un masque, il doit se maintenir sur votre visage, sans la sangle, par une sorte de léger effet ventouse (en aspirant par le nez et en prenant soin que vos cheveux ne viennent se glisser sous les bords du masque). Aucune partie rigide ne doit vous gêner, notamment au bas du front et à la base du nez. La jupe (la partie souple du masque) peut-être en pvc, en caoutchouc ou en silicone, plus confortable et qui vieillit le mieux. Attention, les jupes translucides, plus seyantes, laissent entrer la lumière sur les côtés et provoquent des reflets. Evitez les verres en plastique et tous les modèles ne répondant pas aux normes françaises. Si vous vous aventurez sous l’eau, vous devrez pouvoir pincer aisément vos narines (compensez la pression de l’eau exercée sur vos tympans en pinçant votre narines et en soufflant par le nez bouche fermée). Le tuba Habituez-vous à utiliser un modèle simple, dépourvu de siphon ou de valves permettant l’évacuation “automatique” de l’eau. Les tubas sont souvent légèrement galbés pour mieux épouser la forme de la tête. L’embout sera plus souple et agréable en bouche s’il est en silicone. Les palmes Il n’existe pas de palmes idéales. Tout dépend de votre stature, de votre force, de votre condition physique et de l’usage que vous désirez en faire. L’ensemble de la palme doit être léger. La voilure, souple, présente un effet ressort perceptible lorsqu’on la plie. La partie chaussante est solidaire de la voilure, et l’ensemble suffisamment rigide. Le port de chaussons en néoprène protège votre pied des ampoules que pourrait provoquer une partie chaussante trop rigide. Le chausson ne doit pas serrer pour ne pas gêner la circulation sanguine. Selon l’épaisseur du chausson, choisissez une ou deux pointures au-dessus de la vôtre.

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Daniel Mercier, le fondateur des Guides de la Mer

d’eau, il y a des paysages magnifiques. Du coup, faire la découverte d’une bouteille en plastique dans un joli creux de rocher frappe plus que tout discours. Cela, nous pouvons le faire aussi grâce à l’image. Cela ne risque-t-il pas de faire venir trop de monde ? Il faut que cela s’accompagne d’éducation. Les coups de palme sur les rochers, s’accrocher au coraux… tout cela doit être connu comme des gestes à ne pas faire. Cette éducatin est possible. Moi qui suis aussi un montagnard, je peux vous dire que les huit millions de personnes qui pratiquent la montagne ne l’ont pas dégradée. Les milliers de personnes qui plongent peuvent aussi être tolérées si on parvient à construire une véritable organisation de professionnels.

Quand on naît en 1931 à Clamart, près de Paris, rien ne prédispose à devenir un gourou de la plongée. Et pourtant, tout de suite après la guerre, alors qu’il a 16 ans, Daniel Mercier fait sa première plongée à Antibes. À 30 ans, sa première descente en scaphandre. En 1966, il crée le Spondyle Club. En 1967, il est moniteur d’Etat et, en 1968, il crée l’Association Nationale des Moniteurs de Plongée. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est la création des Guides de la mer en 1973 et le lancement du Festival Mondial de l’Image Sous-Marine un an après. Comme les lecteurs de Cabotages, les élèves de Daniel Mercier et des Guides de la mer sont des touristes, curieux et respectueux, qui considèrent la plongée comme une activité sportive mais aussi culturelle.

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SAINT-CYR-SUR-MER Balade aquatique de Port d’Alon (Coordonnées : voir précédent) SANARY-SUR-MER Sentier sous-marin de Portissol Office de Tourisme de Sanary-sur-Mer 04 94 74 01 04 infostourisme@sanarysurmer.com www.sanarysurmer.com TOULON Sentier de la Plage de la Garonne Association NATUROSCOPE Toulon/ Le Pradet 06 23 87 75 30 contact-var@naturoscope.fr www.naturoscope.fr PARC NATIONAL DE PORT CROS Sentier sous-marin de la Palud Parc National de Port Cros 04 94 12 82 30 port-cros@espaces-naturels.fr www.portcrosparcnational.fr LA LONDE-LES-MAURES Sentier “Le Jardin des Mattes” Office de Tourisme de La Londe 04 94 01 53 10 lalonde.tourisme@wanadoo.fr www.ot-lalondelesmaures.fr

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BANYULS-SUR-MER Sentier sous-marin de Peyrefite jeanfrancois.laffon@cg66.fr frédéric.cadene@cg66.fr - www.cg66.fr CAP D’AGDE Sentier sous-marin du Cap d’Agde Association ADENA - 04 67 01 60 23 adena.bagnas@free.fr www.adena-bagnas.com CARRY-LE-ROUET Sentier sous-marin Côte Bleue PARC MARIN DE LA CÔTE BLEUE Réservation : 06 83 09 38 42 syndicatmixte@parcmarincotebleue.fr www.parcmarincotebleue.fr ENSUES-LA-REDONNE Sentier sous-marin de La Redonne AIEJE - 04 42 40 02 39 / 06 27 14 78 33 aiejeplongee@orange.fr - www.aieje.fr MARSEILLE Sentier sous-marin de Corbières (Coordonnées : voir précédent) LA CIOTAT La calanque du Mugel Cpie côte provençale Atelier Bleu du Cap de l’Aigle 04 42 08 07 67 - cpie.cp@atelierbleu.fr www.atelierbleu.fr

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Propos recueillis par C.N.

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L’Atelier Bleu - CPIE Côte Provençale est un acteur reconnu de l’EEDD depuis 25 ans. Il est le principal intervenant d’une approche de l’environnement par la pratique des activités aquatiques et subaquatiques. Labellisé Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE), l’Atelier Bleu du Cap de l’Aigle à La Ciotat promeut des comportements éco-citoyens responsables, actifs et respectueux de l’environnement. Il participe également au développement durable notamment en informant et sensibilisant les acteurs et les usagers du bord de mer. Au fil des ans, l’association s’est développée autour de son cœur de métier “l’animation nature” sur le littoral en diversifiant ses approches et les publics accueillis. Plus de détails : www.atelierbleu.fr

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Cap d’Agde La Plagette

D’abord, il est utile de pouvoir aller décrocher une ancre, se défaire d’un filin pris dans l’hélice ou gratter des coquillages qui masquent le sondeur. Ensuite, découvrir les fonds autour de son bateau incitent au respect lors du mouillage. Dans un mètre

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L’ATELIER BLEU

Navigation et plongée sontelles compatibles ? Ce n’est pas facile. Entre plongeurs et plaisanciers, la cohabitation est parfois difficile. J’avais demandé que la navigation soit interdite à moins de cinq cents mètres des côtes, mais je ne l’ai pas obtenu. Alors, il faut se contenter de faire respecter la signalisation. En revanche, un plaisancier peut facilement et utilement devenir lui-même un plongeur, avec ou sans bouteilles.

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Comment est partie l’idée des Guides de la mer ? Dans les années soixante-dix, il y avait surtout la nage avec palmes et le tir au fusil sous-marin sur cible. Du sport qui n’intéressait guère le grand public. Or, j’étais persuadé que le lieu où ces sports se pratiquaient, la mer, les premiers mètres sous la surface et en dessous, la biologie, l’archéologie, la photographie sousmarines étaient capables de passionner les gens. En 1973, nous avons eu l’occasion de le prouver. Avec Guy Poulet (Ndlr : grand alpiniste doublé d’un pionnier de la plongée), nous avons eu l’idée d’installer des stands sur les aspects “culturels” de la plongée et l’image sous-marine. Très gros succès de ces premières Journées subaquatiques qui se sont ensuite déroulées tous les ans. Cela a donné naissance à deux choses : les Guides de la mer, moniteurs embarqués pour expliquer aux gens les poissons, les oursins, les anémones de mer… et, un événement d’imagerie subaquatique qui, au fil des années est devenu le Festival Mondial de l’Image Sous-Marine.

LE RAYOL CANADEL-SUR-MER Sentier marin du Domaine du Rayol, le Jardin des Méditerranées 04 98 04 44 00 info@domainedurayol.org www.domainedurayol.org LITTORAL DES MAURES Sentier “les Balades aquatiques” Observatoire marin du Sivom du littoral des Maures 04 94 00 46 25 contact@observatoire-marin.com www.observatoire-marin.com VILLEFRANCHE-SUR-MER Randonnée Palmée Centre de découverte du monde marin 04 93 55 33 33 centredecouverte-marin@wanadoo.fr www.decouvertemondemarin.org THEOULE-SUR-MER Sentier de la Pointe de l’Aiguille Centre de Découverte du Monde Marin (Coordonnées : voir précédent) CORSE Sentier de Lavezzi www.oec.fr Sentier de Lumio www.isbulecamare.org


Cormoran et Sterne : redoutables oiseaux-pecheurs Rien de commun entre ces deux oiseaux si ce n’est qu’ils sont des plongeurs experts ! Le cormoran est un grand oiseau noirâtre vu de loin mais avec des reflets bronzés magnifiques. La sterne est blanche, toute fine et vive en perpétuelle agitation. Mais tous les deux attirent immanquablement le regard. Et sont de redoutables chasseurs !

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’un nage en semi immersion et fait des “canards” pour aller chercher ses proies, l’autre vole et plonge en piqué sur les poissons qu’elle a repérés du ciel. L’un est sombre, l’autre blanche et noire, l’un est pataud hors de l’eau, l’autre vole comme un petit avion de chasse, l’un fait de longues siestes immobiles, l’autre semble en perpétuelle agitation. Le cormoran est sédentaire, la sterne est migrante. On les aime tous les deux même s’ils sont de féroces concurrents pour la friture du soir.

CORMORAN : UNE TORPILLE Contrairement à de nombreux oiseaux, peu de doute sur l’identification du cormoran. Quand il nage, on ne voit pas son corps mais seulement son long gracieux cou qui dépasse… et disparaît soudain en plongée pour réapparaitre bien plus loin après une longue apnée. Il peut plonger jusqu’à quarante mètres et rester sous l’eau pendant une minute. Mais la littérature scientifique nous raconte qu’il se contente de dix mètres en une demi-minute.

Cormoran

Le cormoran, de la famille des Phalacrocoracidés (où les scientifiques vont-ils chercher des noms pareils ?) et donc cousin des pélicans, a trois occupations principales visibles de tout un chacun. Soit il nage comme un canard qui adurait l’air d’être trop lesté, le cou dressé en relevant sa tête et son bec fort et crochu, comme si il n’arrivait pas à respirer en flottant ; soit il vole au ras de l’eau à sa manière, à la force des ailes au ras de l’eau, le cou tenu un peu au dessous de l’horizontale (en groupe, ils se mettent en ”V” comme les oies) ; soit il fait du “bronzing”, les ailes écartées sur un rocher, un pieu, une branche, une bouée de corpsmort. Pourquoi a-t-il toujours l’air d’être accroché sur un fil comme du linge mouillé ? C’est que le cormoran, n’a pas le plumage imperméable et doit se sécher au soleil après une séance de plongée. Il y aurait aujourd’hui quelque cent mille individus en France, ce qui en fait la bête noire des pisciculteurs, aquaculteurs et… des chercheurs de l’Ifremer. Il trouve ses 500 à 800 g se poisson quotidiens par jour de ­poisson qu’ils trouvent en mer, en rivière, dans les étangs intérieurs et… dans les bassins d’élevage. Il y a 40 ans, il était en voie de disparition et a donc été classé espèce protégée. Bien protégée puisqu’il pullule aujourd’hui au point que des battues administratives avec quotas sont organisées pour limiter la population, comme pour les sangliers. Mais sa chair est beaucoup moins prisée et la motivation des chasseurs moindre… Du coup, la destruction des nids près des rivières où il aime se reproduire devient d’actualité.

STERNE : UN MISSILE Aïe ! Là c’est plus coton de distinguer nos sternidés des laridés, ces derniers comprenant nos mouettes. Aïe encore ! Dans le langage courant, ces dernières mélangent allégrement le goéland, plus robuste, aux ailes larges, aux pattes souvent jaunes, plus longues et palmées qui lui permettent de marcher sur les pontons avec la mouette rieuse, à tête noire et bec rouge, plus vive, rarement au sol pour montrer ses trois doigts rouges. Eh oui, la mouette tridactyle de Gaston Lagaffe pour les BDéistes, n’est ni un goéland – bien que de la même famille – ni une sterne… La sterne est généralement un oiseau migrateur. La variété arctique vole huit mois par an pour passer de l’Arctique à l’Antarctique ! La Sterne pierregarin ou Sterna hirundo ou encore hirondelle de mer, hiverne dans le golfe du Mexique et au sud de la Floride, avant d’aller vers le Nord en été. C’est celle que nous trouvons généralement dans nos régions Quelques signes pour distinguer notre hirondelle des mers… D’abord, elle est le plus souvent en bande au dessus d’une “chasse”. Les pêcheurs savent bien qu’elles signalent une concentration de poissons chassés par des bars ou des thons et mettent plein gaz dans leur direction pour participer à la curée ! Ensuite, la bande est bruyante au plus fort de sa razzia au dessus du banc : encore pour les amateurs de BD, le fameux ­“Pirrlouittt” du compagnon de Johan ! Enfin, c’est fin, c’est svelte c’est vif, ça plonge en piqué avec des ailes étroites orientées vers l’arrière et la queue fourchue qui dessinent un W tendu : le vol est très gracieux, quasi sur place avec des battements secs avant le plongeon le plus souvent couronné de succès à en juger par le reflet argenté dans le bec englouti immédiatement au retour dans les airs.

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L’observation de plus près ajoute des détails pour confirmation : la tête ne porte pas une cagoule noire comme la mouette mais seulement une casquette noire, laissant le front plus blanc en hiver ! Le bec, souvent coloré de

rouge, est très mince et très pointu, plutôt orienté vers le bas. Les pattes courtes ne permettent pas la marche : ça vole ou ça flotte ! Plusieurs espèces visitent nos côtes l’été mais certaines hivernent ici. Citons pour le charme de son nom la guifette : moustache noire, bec rouge, petite taille, voltiges acrobatiques en prime ! Claude Roger

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Sterne © Pierre Garin

PRÉPAREZ VOTRE CROISIÈRE DE L’ANNÉE PROCHAINE LE GREBE : UN SCHNORKEL Voilà encore un oiseau plongeur familier de nos côtes dont l’observation sera l’occasion d’un jeu de bord pour nos jeunes (et les autres) ! Il ne marche pas, vole peu mais nage vite en tendant un long cou avec une tête terminée par un long bec rosé vers le ciel, comme le schnorkel d’un sous marin. Après de multiples tours sur l’eau sans apparentes raisons, Hop ! il plonge brutalement… un long moment. Pour réapparaitre où ? Entre quel bateau ? Près de quel ponton ? Suspens… souvent sans réponse car il est capable de rester sous l’eau de nombreuses minutes… Souvent en couple, c’est encore plus drôle : entre diverses figures compliquées et mouvements de cou spectaculaires, ils plongent chacun de leur côté pour ressurgir séparément avant de revenir flirter ensemble… Le grèbe huppé est exclusivement aquatique, plongeur et nageur expert, au bec pointu et sans queue visible. Ses pattes non palmées sortent très en arrière. Ses rares vols s’effectuent au ras de l’eau avec des ailes à battements rapides, une silhouette au cou long tendu, un corps allongé et les pattes trainant derrière. Vous le verrez facilement sur les plans d’eau intérieurs, les estuaires et les côtes abritées, les ports et les digues.

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Peintres officiels de la marine “De l’eau de mer autour du cœur et sa couleur dans les yeux” D’escale en escale, vous trouverez cent galeries où s’exposent des “marines”. Art d’amateurs, art de vacances, art mineur ? Il est de grands peintres inspirés par la mer, les bateaux, les ports, les marins. Il en est même d’officiels qui portent le nom de POM.

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l y a quelque chose de désuet là-dedans : Peintre Officiel de la Marine. Peintre de marine, on connaît : des œuvres des barbouilleurs du dimanche au Radeau de la Méduse, la gamme est vaste de ceux que la mer inspire. Les POM, c’est autre chose. «La peinture maritime est souvent considérée comme ringarde. C’est un défi pour nous de prouver que c’est aussi un art contemporain», affirme Dirk ­Verdoorn dont les coques de fer et les ports de la Mer du Nord donnent lieu à des œuvres fortes,

bien loin des reflets des barques au coucher du soleil… Reportezvous au catalogue du dernier du Salon de la Marine au Palais de Chaillot l’hiver dernier (www. musee-marine.fr), vous n’y verrez rien de mièvre. PEINTRES POMPONS ? Pourquoi qualifier cette peinture de “marine” ? Dit-on que Van Gogh a fait de la peinture “de Provence” ou Monet “de campagne” ? Et pourtant, des peintres se revendiquent et se réunissent sous

l’appellation de Peintres Officiels de la Marine, les POM. Confrérie, club, lobby ? Une académie, comme dit encore Dirk Verdoorn (voir l’interview). Joseph Vernet fut honoré du titre de ”peintre de la marine du roi” mais le corps des Peintres Officiels de la Marine n’a été créé qu’en 1830. C’est tout de même le collectif d’artistes le plus ancien. Les POM ne sont pas que des gens de peinture. Il y a parmi eux des photographes (Philip Plisson, Jean Gaumy) et des sculpteurs (Richard Texier, Jean Lemonnier) ou des illustrateurs (Titouan Lamazou) qui, à leur manière, sont des témoins et des historiens de la mer, dans tous ses états : « À l’étendue de la science, à l’acuité de la vision, à la liberté d’interprétation, l’observation du réel permet l’heureuse et juste représentation du sujet, maritime en l’occurrence » écrit le site des POM. Il n’est pas nécessaire d’être un grand marin, mais, comme l’écrivit l’un d’entre eux il faut avoir « l’eau de mer autour du cœur et sa couleur dans les yeux ». Et souvent être né près des bateaux, comme Patrick Ca-

mus : « je suis né à Brest, mon regard d’enfant s’est promené sur les navires de la marine marchande et de la Marine nationale ? Ce fut un point de départ, la mer et la peinture allaient se rejoindre ». Après avoir été nommé plus de quatre fois consécutives “peintre agréé” (nommé pour 3 ans avec le grade de lieutenant de vaisseau), on devient «titulaire» au grade de capitaine de corvette. Si le statut ne donne pas droit à traitement, il permet le port de l’uniforme et l’embarquement sur les vaisseaux de la Royale pour continuer à témoigner. Les œuvres d’un POM sont reconnaissables à une petite ancre marine à l’arrière de sa signature. De date plus récente, en 2003, a été créé le corps des Écrivains de Marine par Jean-François Deniau (lire absolument La Mer et Ronde). On y côtoire Didier Decoin, Patrick Poivre d’Arvor, Michel Déon, Bernard Giraudeau, Titouan Lamazou (également POM), Erik Orsenna, Yann Queffélec, Pierre Schoendoerffer… du beau monde. Christophe Naigeon et Claude Roger

Dirk Verdoorn : marinier, marin, POM de Hollande On a connu dans l’histoire d’autres peintres Hollandais qui ont élu domicile dans le Sud… SAns avoir du sacrifier une oreille, Dirk Verdoorn vit aujourd’hui en Italie. Après avoir été médaillé de bronze au Salon de Paris en 2001 puis d’or en 2003, il est POM agréé depuis 2005. C’est aussi un «voileux» pour qui les traversées méditerranéennes sont monnaire courante. Pourquoi veut-on devenir Peintre Officiel de la ­Marine ? J’ai toujours considéré cela comme un honneur. Être POM, c’était pour moi être reconnu par d’autres peintres pour lesquels j’avais toujours eu de l’estime et qui sont seuls habilités

à choisir les membres de cette sorte d’académie française. Car c’en est une : quand on y est, c’est comme sous la Coupole, on n’en ressort que les pieds devant ! Quels avantages y trouvezvous à cette officialisation ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, le fait qu’il n’y ait pas de salaire ni de commandes officielles est un grand avantage : nous restons totalement indépendants, personne ne nous oblige à produire ceci ou cela. En revanche, c’est pour nous une ouverture exceptionnelle pour embarquer sur tous les bateaux et toutes les mers du monde, dans des conditions magnifiques pour travailler.

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JOSEPH VERNET

Le “POP”, peintre officiel des ports de louis xiv POM bien avant l’heure, Joseph Vernet occupe une place particulière. Au Musée de la Marine à Paris, la salle qui lui est consacrée est immense car ses toiles le sont. Il ne s’agit pas simplement d’œuvres d’artiste : Louis XIV préoccupé du développement et de la défense des ports français, lui passa commande d’une vingtaine de tableaux destinés à représenter avec précision le bassin, les bâtiments, les fortifications, tout ce qui pouvait intéresser l’état-major, les finances, l’équipement et toutes les administrations concernées. Un itinéraire précis fut établi. Les ports les plus importants devaient comporter plusieurs tableaux et les premiers plans montrer dans le détail les activités propres à chaque région.

Il fallut dix ans à Vernet pour réaliser quinze chefs-d’œuvre, riches de détails anecdotiques et architecturaux, témoins d’une époque. Anecdote : il détestait Sète, ville qu’il décrivait comme peu accueillante, puante, laide… et il avait hâte de retourner à Bordeaux. C’est pourquoi sa toile sur Sète est la seule à être une vue de loin, à représenter une tempête, très peu le port. Chef d’œuvre quand même car Vernet est un grand peintre à qui on pardonne cette faute de goût touristique. Voici ce que dit sa biographie : « Peintre réaliste, il n’hésite pas un jour, au cours d’une tempête, à se faire attacher au mât d’un navire pour mieux contempler les éléments déchaînés ». Si l’une des caractéristiques des POM actuels est d’être des “reporters” de la marine, Joseph Vernet en était bien un.

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N’est-ce pas aussi une sorte de “label” ? Oui, c’est une sorte de label qui se retrouve dans la petite ancre que nous aposons à côté de notre signature.Il ne faut pas nier l’avantage de la notoriété et des conséquences commerciales qu’il y a à être POM. Par exemple, cela m’a permis d’être engagé par des armateurs grecs, italiens, français pour voyager sur leurs bateaux et les peindre. Comme ça, j’ai pu voyager au Japon, au Canada… complétant ainsi les grands voyages faits avec la avec la Marine nationale française. Autrefois, les artistes officiels du roi travaillaient pour la Cour, ils y gagnaient la sécurité de l’emploi, les voyages… ils ont réalisé des chefs-d’œuvre.

Comment êtes-vous venu à être peintre de mer ? Je suis fils de marinier. Mon père a navigué sur tous les canaux de France. J’en ai fait autant, puis je suis devenu marin sur des caboteurs du côté de la Mer du Nord, de la Baltique, autour de Hambourg. J’ai ensuite monté une affaire de navigation fluviale. Puis, en 1982, j’ai cessé de travailler sur l’eau. J’ai été décorateur de théâtre, animateur, professeur de dessin… En peinture, je suis autodidacte. Quand j’ai commencé à en vivre à partir de 1997, je suis allé naturellement vers les images de mon enfance. Une sorte de nostalgie. Et même aujourd’hui, quand je crois m’en éloigner en peignant l’Inde plus que les mers froides, il y a encore de l’eau, la mer. C.N.

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Les cargos romains, leurs cargaisons, leurs passagers Le trafic commercial est considérable lorsque Rome est à son apogée. Les progrès techniques de la navigation et de la construction navale permettent de transporter à peu près tout à peu près n’importe où. Les navires de guerre veillent sur les précieux convois marchands et la spéculation va bon train.

Oneraria © Navistory

M

are Nostrum est imprévisible et dangereuse. Comme les flottes de guerre, les navires marchands ne naviguaient que de mi-mars à miseptembre, sans instruments, en suivant les périples, instructions nautiques de l’époque qui se transmettent oralement, de capitaine en capitaine. Le calcul astronomique, la science des vents et des courants s’associaient au courage et à l’impérieuse nécessité d’approvisionner l’Empire et les colonies. Le transport de commerce qui s’effectuait depuis toujours le

long des côtes avec des caboteurs portés autant par les vents que le courant ligure, connait un essor remarquable avec les nouveaux itinéraires de navigation hauturière ouverts grâce à la découverte de l’étoile polaire par les Phéniciens. L’une des routes les plus connues, celle du Commerce du Levant, passait par la Sicile et les Baléares pour rejoindre l’Espagne et ses mines d’argent. Il y avait sur la mer autant de voiliers qu’à l’époque moderne de la navigation de plaisance. Les besoins étaient immenses.

Corbita © Navistory

BON PORT, BONNE CARÈNE Tant que les ports n’étaient pas nombreux, il fallait utiliser des navires échouables, à fond plat, qui tapaient et se brisaient souvent dans la tempête. Avec la multiplication des ports équipés de quais d’accostage, les bateaux purent avoir des quilles structurantes qui constituaient aussi d’utiles plans anti-dérive lorsque les bateaux marchaient près du vent de travers. Tous redoutaient les attaques des pirates et naviguaient en convoi. Mais, malgré ses aléas et ses dangers, la voie maritime restait incomparablement plus rapide que le routage terrestre, également peu sûr. Armer un navire pouvait faire gagner rapidement beaucoup d’argent. La spéculation allait bon train pour ces marchandises assurées par des banquiers. Ces bateaux aux ventres ronds souvent recouverts d’une feuille de plomb contre les attaques des vers, avaient deux ou trois mâts gréés en carré et disposaient de deux gouvernails pour les manœuvres, un sur chaque bord. Ils étaient chargés de dolia – citernes de terre cuite – et d’amphores pour le vin, pour l’huile, les fruits secs, les poissons séchés et le garum – sauce à base

de poisson, proche du Nùoc Mam vietnamien – de sacs de céréales mais aussi parfums et de produits manufacturés : vaisselle fine, tissus, objets et métaux précieux. ONENARIA, CORBITA, PONTO L’Onenaria fut longtemps le cargo standard dont s’inspira la Corbita, plus massive. Avec ses 55 m de long pour 14 m de large, elle portait 40.000 amphores et souvent jusqu’à 400 passagers pour un poids total de 2.000 t. Navigant souvent en escadre, elles bénéficiaient de la protection de la flotte militaire pour parer aux attaques des pirates. Autres temps, même mœurs… Le Ponto, massif navire de charge était, comme son nom l’indique, entièrement ponté. Deux gigantesques mâts aux voiles carrées de grande taille assuraient une puissante marche hauturière et le fond plat permettait la remontée des fleuves. Il était orné d’une figure de proue en col de cygne et possédait un rostre où pouvait figurer un taureau, un bouc ou un sanglier. Cet appendice, outre la protection de l’avant lors de l’échouage présentait l’avantage d’accroître la stabilité de route. Ces bateaux marchands transportaient vraiment de tout : il y

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OSTIA ANTICA ET SES NAVIRES Si vous accostez à Ostia (Ostie), juste à côté, visitez Ostia Antica, sur le Tibre, ancien port de Rome, ses entrepôts, ses magasins, ses bureaux et, au sol, les publicités en mosaïque des armateurs. Ostie connaissait un trafic fou. Rome avait presque un million d’habitats sous Auguste. Son ravitaillement en blé exigeait plus de cent navires marchands transportant chacun 100 à 150 t de céréales depuis l’Afrique. Au portant, ils filaient 4 nœuds, maximum 7. D’Ostie à Alexandrie il fallait une à deux semaines à l’aller deux ou trois mois au retour. Il n’y avait qu’une rotation par saison.

ponto © Navistory

avait d’impressionnants porteobélisques, comme celui de Caligula, livrant le marbre pour la construction d’Ostie, il y avait les Hippago, spécialement conçus pour transporter les chevaux, et bien d’autres curiosités. Rien ne semblait impossible aux na-

vigateurs antiques et, lorsqu’il s’agissait de remonter le Rhône, ils savaient en franchir les bancs de sable, en remonter le courant, transborder, gruter, gérer des cargaisons qui venaient de partout et allaient partout. Emma Chazelles

Mouillages grecs, ancres romaines Les Grecs savaient qu’un bon mouillage était un mouillage lourd. D’autant que les chaînes n’étaient pas utilisées. À une grosse pierre, ils ajoutaient des “crocs” en bois pour accrocher au fond (droite). Les Romains ont joué davantage sur l’effet “charrue” en inventant l’ancre à jas, véritable ancêtre de la nôtre. Le poids était un “T” de métal lourd à 90° par rapport au “V” d’ancrage en bout de hampe, permettant à l’ensembe d’être bien orienté et facilitant l’enfoncement dans le fond (ci-dessous).

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Les passagers avaient la vie dure Comme cela se fait aujourd’hui, les cargos romains pouvaient transporter des passagers. Dans des conditions de confort et de sécurité pour le moins précaires…

T

out est bon pour que les armateurs et les banquiers rentrent dans leurs frais. Les bateaux marchands transportent des hippopotames, des crocodiles, des autruches, et, pour plaire à la foule des théâtres, des lions et des léopards. Il n’y a guère que les éléphants… Il y a aussi des passagers. Magistrats et fonctionnaires en mission pour la cité, passagers contraints comme les esclaves, obligés comme les soldats ou indésirables comme Sénèque, exilé en Corse, voyageaient sur la mer violette1. Érudits et riches héritiers désœuvrés qui surmontent leurs peurs et satisfont à leur curiosité naviguent à la découverte du monde. On ne saurait oublier nos explorateurs, géographes et historiens préférés et célèbres tels que Pythéas, Strabon et Pline qui nous permettent d’en écrire quelque chose à notre tour. Pour douze oboles – trois jours du salaire d’un ouvrier – le passager est provisionné en eau potable. À part cela, aucun confort, aucun aménagement spécifique. Le passager qui ne connaît ni le moment de son embarquement – météo et armement du navire obligent – ni sa date d’arrivée à destination, doit emporter sa nourriture, son brasero, sa vaisselle et sa natte. Il dort sur le pont quand il y en a un et, pour les gens bien nés, la dunette du capitaine peut être partagée.

PAS D’EAUX NOIRES JETÉES ! Quand il faut trouver place dans la cale, au milieu des marchandises, il faut supporter la ­soutine : c’est là, en fond de cale, que croupissent les eaux noires car on répugne à souiller la mer, royaume de monstres invisibles et des dieux, en y rejetant ordures et excréments. Il est également interdit de se couper les ongles et les cheveux… et de faire l’amour, par respect pour Vénus. Par beau temps, loin des côtes et lassé de contempler l’horizon, on s’occupe à la pêche, en parties de cartes ou de dés. On chante en s’accompagnant d’instruments de musique. On s’ennuie dans le meilleur des cas car si le temps

Pour ne pas facher les dieux (ici Neptune), on ne rejetait aucun déchet à la mer

est mauvais le cauchemar commence. Il faut courir d’un bord à l’autre pour équilibrer le navire ou on se retrouve dans la cale puante à caler la cargaison. Quand on est enfin invité à la manœuvre, le pire est là. Elle consiste en effet à jeter par-dessus bord tout ce qui peut alléger l’embarcation : d’abord les objets personnels et, parfois, le passager lui même. Les esclaves sont les premiers à passer à l’eau. Les passagers ne doivent pas montrer qu’ils ont des biens. Hérodote raconte que le poète Arion, embarqué sur un navire corinthien, avait demandé à chanter un dernier poème avant de disparaître dans les flots avec ses objets précieux pour ne pas être détroussé par l’équipage. Il sera sauvé par un dauphin… C’est parfois le mal de mer qui invite à plonger pour rejoindre la côte, comme le fit Sénèque, en petite tenue, après avoir prié le pilote de s’en approcher au plus près. Quand l’eau vient à manquer on utilise la recette suivante, transmise par Pline l’Ancien : « On étend autour du navire des toisons qui s’humectent en absorbant les exhalaisons de la mer, et l’eau que l’on exprime est douce ou encore, on plonge dans la mer avec des filets des boules de cire creuses ou des récipients vides et bouchés : l’eau recueillie à l’intérieur est douce : le fait test que sur terre l’eau de mer filtrée par l’argile devient douce… ». On est loin de La Croisière s’amuse… Emma Chazelles 1 «Sur la Mer Violette. Naviguer dans l’Antiquité» de Claude Sintes, directeur musée de l’Arles Antique, Signets – Belles Lettres, 2009).


Comment Rome se constitua une marine de guerre Autant ses légions semèrent très tôt la terreur, autant sa marine se ridiculisa longtemps face aux ennemis et aux tempêtes de ce qui n’était pas encore Mare Nostrum. Mais Rome apprît vite et, après avoir copié les autres, inventa une nouvelle façon de combattre en mer et créa les bateaux pour cela.

NAVIS ACTUARIA Le navis actuaria entièrement découvert, à voile et à rames (pas moins de dix-huit avirons) sert tout ce qui doit être rapide, transport des hommes comme une reconnaissance, port de message urgent et ne participe jamais au combat naval.

PENTÉCONTORE La célèbre Pentécontore, est une des plus vieille galère déployée par Rome pour son propre compte. Cette unité légère, à coque évasée qui mesure 30 m de long pour moins de 4m de large est une monoris, c’est à dire qu’elle ne possède qu’un seul rang de 50 rameurs. Elle est utilisée comme navire éclaireur et de liaison et pour le transport rapide des troupes, ordres et dépêches, à l’instar de la frégate ou du croiseur plus tardifs. Elle est abandonnée en 50 av. J.C. au profit des Liburnes, inspirées de navires pirates Illyriens, plus rapides et plus maniables.

BIRÈME ET TRIRÈME IMPÉRIALE La birème impériale romaine ou Dikrotus, très répandue de –300 à 50 après J.-C., file 6 nœuds. Plus légère et plus puissante que le Pentécontore, elle se distingue par un étagement d’apostis, ouvertures permettant le passage des avirons. Elle est dotée d’un petit auvent, une diacta, et parfois d’une sculpture dorée. En chêne, elle reste plus lourde que son équivalente grecque. La Trirème a deux mâts gréés en permanence, même durant le combat. Sous l’Empire, la grand-voile arbore Aigle, lauriers et le fameux S.P.Q.R. La voile de beaupré s’orne du nom du vaisseau et des insignes du capitaine et à l’arrière se trouve le porte-enseigne de la Légion. Elle file 7 à 8 nœuds propulsée par 170 rameurs payés issus des classes sociales les plus basses (pas esclaves comme chez les Grecs) auxquels il faut d’ajouter une vingtaine de marins et une cinquantaine d’hommes de troupe.

LES UNITÉS OFFENSIVES Les unités offensives, selon leur vogue – le nombre de rangs de nage ou de rameur – sont des Trirèmes de 35 x 6 m, quadrirèmes ou quinquérèmes assez comparables aux navires grecs. Mais le rostre de bronze n’a pour les romains qu’une seule vocation artistique, l’éperonnage restant une manœuvre typiquement grecque. La technique de nage complexe nécessitait quant à elle un entraînement de huit mois par an pour un rameur à plein temps.

LES DECERIS La Deceris était longue de 45 m et large de 8 m. Son équipage était composé de 600 marins et de 300 fantassins. Ce navir de guerre avait généralement des tours en bois à l’avant et à l’arrière, pour observer et pour mettre les archers en position haute. Sous la République il n’y avait pas encore d’escadre régulière. C’est le chef des troupes terrestres qui commande également la flotte. Sur chaque navire se trouve un capitaine, un pilote et des décurions qui commandent l’équipage. Au début les capitaines étaient des affranchis grecs. 1

Le travail vient à bout de tout (Virgile)

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U

n demi-siècle avant notre ère, la guerre civile fait rage à Rome. Pompée et César s’affrontent pour le pouvoir. Le conflit s’étend hors les murs, chacun cherche des appuis dans les villes de l’Empire. La Provence – province chérie de Rome – est au cœur du bras de fer entre ces deux géants, prétendants au poste de Consul. Massalia, devenue romaine depuis le déclin des fondateurs grecs, prend parti pour Pompée. César ne peut laisser faire. Il veut soumettre la ville. Ses légions terrestres l’entourent, mais la mer reste ouverte. Il faut barrer la baie. Il faut des bateaux. César n’en a pas. Pompée les lui a volés. Qu’à cela ne tienne, c’est d’Arelate – Arles – qui le soutient, que la plus incroyable opération de construction navale connue va se dérouler. DOUZE GALÈRES EN UN MOIS !

Un jour de printemps de –49 av. J.-C., l’officier Decimus Junius Brutus entre dans les navalia, ateliers de charpente de la rive droite et annonce la commande de César : douze galères. On imagine un dialogue à la Astérix avec le maître-charpentier gaulois : « Pour quand, oh, grand Decimus Junius Brutus ? ». « Dans un mois ». « Mais… C’est imposs… ». « Labor improdus omnia vincit1. Les arènes d’Arelate viennent de recevoir de nouveaux lions d’Afrique… Avé ! ». L’histoire ne dit pas quelle potion prirent les ouvriers, mais le miracle s’accomplit. Decimus Junius Brutus n’avait pas sous-estimé le talent des charpentiers de marine gaulois. En un temps record, sans même prendre le temps de sécher le bois coupé à la hâte dans les forêts qui poussaient dru dans le delta du Rhodanus, ils construisirent douze galères qui devaient mesurer entre cinquante et soixante-dix mètres comme on les faisait à l’époque ! Cette armada de bois vert, peu manœuvrante, menée par des novices et chargée de fantassins et d’armes, résiste à la descize, la descente à la voile des 30 km qui mènent à l’embouchure, cingle vers le Cap Couronne, longe la Côte bleue et vient s’ancrer devant l’île de Ratonneau. Ces sortes de barges à rame, formant une muraille flottante, complètent ainsi le blocus terrestre du Lacydon. Le 21 juin, avec dix-sept navires faits pour la mer et le combat naval, Pompée tente de forcer le blocus. Mais les légionnaires d’élite de César, capturant les embarcations assaillantes avec des grappins, transforment la

bataille navale en un combat au corps à corps où ils excellent. Avec trois bateaux coulés et six capturés, Pompée perd la Bataille de Marseille. Une grande partie des terres de Massalia sont confisquées au profit d’Arelate la fidèle. En –46, César pardonnant à ces Gaulois celto-ligures d’avoir brûlé Rome en –390, accordera à Arles le statut de Colonie de droit romain et y installera les vétérans de la VIème Légion. ROMAINS, PAS MARINS Trois siècles auparavant, avant sa lutte contre Carthage – conflit en trois épisodes connu sous le nom de Guerres Puniques dont l’enjeu n’était rien de moins que la maîtrise de la Méditerranée Occidentale – Rome ne possédait pas de marine de guerre. Quand Rome voulut s’opposer à la colonisation de la stratégique Sicile par les Phéniciens et mena le premier combat naval de son histoire, elle utilisa les navires et des “consultants” grecs. Quand elle se dota de ses propres bâtiments, en bonne copiste, elle s’inspira des navires étrusques, italiques ou carthaginois qu’elle adapta à ses besoins et à son goût. Cette flotte romanisée était sous commandement d’excellents pilotes, issus des états conquis. Le navire militaire type était conçu pour aller vite : au portant grâce à ses voiles carrées, le reste du temps avec ses rameurs. Long, fin et léger, il pouvait être remisé sur les plages ou tiré sur des rampes de halage. Il n’en existe pas de vestiges, à la différence des puissants cargos de commerce dont on a retrouvé, conservées dans les sédiments, nombres d’épaves lestées par leurs cargaisons. Mais les sources indirectes écrites et les représentations – mosaïques, bas-reliefs, peintures sur céramique - que nous ont laissés les artistes, donnent à comprendre, mais aussi à rêver. COMBAT TERRESTRE EN MER Partis de rien, les Romains ont vite appris. César, dans la Guerre des Gaules décrit sa Galère–Amirale de 70m qui transporte des centaines d’hommes, rameurs et combattants. Elle possède deux tours d’archers, des dauphins, pointes de plomb hissées sur les vergues, des armes de jet lourdes : catapultes et balistes et son pont complet favorise la lutte à l’abordage grâce à cette fameuse invention romaine dite corvus ou corbeau. Ce pont mobile est une passerelle d’assaut articulée à partir du mât qui se

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Marseille, bâtie et fortifiée du temps des Grecs (ci-dessus) fut pour les Romains, une place forte très convoitée. Pompée s’y perdit...

fiche par des crocs sur le pont du navire ennemi, empêchant sa manœuvre, notamment le redoutable éperonnage, par ailleurs sans effet sur les impénétrables bordés en chêne que les charpentiers gaulois leur faisaient. Le bateau de guerre romain n’est pas une torpille à rame comme la galère grecque au rostre pointu, c’est une forteresse, un morceau de champ de bataille flottant. Car le Romain, piètre marin, est un as de l’infanterie et un fin stratège. Il utilise sur le navire abordé les techniques de combat du plancher des vaches, comme pour prendre les forteresses en bois des Gaulois d’Armorique (par Toutatis !). Les romains ont aussi mis au point l’ancre à jas telle qu’on la connaît – presque – aujourd’hui et, pour se protéger des redoutables frondeurs des Baléares qui bombardaient les navires, ils revêtirent leurs coques de cuir, inventant les premiers “cuirassés”.

Si l’incompétence fût à l’origine de la disparition au large de Tunis de la première flotte romaine, et la tempête celle du naufrage de la seconde au large de la Sicile, un lobby de riches propriétaires terriens et commerçants de la province de Campanie, inquiets des menaces carthaginoises sur le stratégique détroit de Messine, finança les quelques centaines de vaisseaux de la troisième. On connaît la suite… Après la conquête de la Sicile, de la Corse, de la Sardaigne et de Carthage contre Scipion l’Africain en –146, Rome se rendra maîtresse de la Méditerranée Occidentale. Retournement de l’histoire, ceux qui étaient considérés par les Grecs comme des barbares, devinrent ainsi respectables au point d’être invités à participer pour la première fois cette même année aux jeux Olympiques. La nouvelle Civilisation Gréco-­ romaine voyait le jour. Emma Chazelles

DES BATAILLES TITANESQUES Les batailles navales antiques étaient gigantesques : la bataille du Cap d’Ecnore (Sicile) qui eut lieu en –256 entre Romains et Carthaginois vit s’opposer à nombre presque égal de part et d’autre, près de 300.000 hommes sur 700 navires ! Scipion l’Africain engagea pour sa part 35.000 soldats sur 50 Pentécontores et 400 navires de transport pour la bataille de Zama en –202 contre Hannibal.


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Pour les capitaines… Un Air de Sète (Relié) de Jacques Rouré et Michel Descossy Editeur : Equinoxe (4 avril 2006) Collection : Impressions du Sud Prix : 28 € Un air de Sète propose un hommage à la ville de Sète à travers des créations littéraires : récit, roman, nouvelles, etc. de J. Rouré et des photographies. Il vous dévoile les coins et recoins de cet incontournable port méditerranéen. Les romans des îles : L’Ile mystérieuse ; Seconde Patrie ; L’Ecole des Robinsons ; L’Ile à hélice (Broché) De Jules Verne Editeur : Omnibus Prix : 26 € Les quatre romans d’aventures qui forment ce volume mettent en scène des îles tantôt inquiétantes, délirantes, initiatiques ou nourricières, sur lesquelles des hommes tentent de survivre contre vents et marées. Belem : Le Temps des Naufrageurs (Album) de Jean-Yves Delitte Editeur : Chasse-Marée Prix : 13 € Le récit du dernier voyage du célèbre voilier long-courrier français, qui appareille de Nantes le 31 juillet 1896. Il fait escale à Montevideo, puis à Belém et revient finalement à son port de départ le 26 janvier 1897 après 46 jours d’une traversée difficile. Un ouvrage qui se lit comme une aventure aux multiples rebondissements, avec pour toile de fond le quotidien rude des matelots de la voile. Albatros de Kiley/Holmes Editeur : Phébus (17 septembre 1998) Collection : Phébus Libretto Prix : 10 € Un yacht pris dans la tempête... cinq passagers promis à la mort qui vont

se déchirer, pour aboutir à la survivance de deux d’entre eux, après avoir dérivé sur l’Océan pendant des jours. Une histoire de violence et d’horreur en raison des difficultés rencontrées mais aussi des caractères des naufragés Seule la Mer s’en Souviendra de Isabelle Autissier Editeur : Grasset & Fasquelle (3 juin 2009) Prix : 18 € En 1969, Peter March, un marin anglais, inventeur de systèmes électroniques pour voiliers, décide de participer à la première course autour du monde en solitaire et sans escale. Il entend ainsi prouver l’excellence de ses inventions. Peter est terrifié lorsqu’il découvre une grave avarie sur l’un des flotteurs du trimaran. Il décide alors de tricher, en faisant escale. Prix Amerigo Vespucci 2009. Ciel ! Mon Mari veut Naviguer... de Christine de Bonviller Editeur : Editions L’Ancre de Marine Prix : 20 € Lyonnaise d’ascendance ardéchoise, l’auteure se retrouve sur l’Echappée Belle avec son breton de mari et leurs enfants pour une croisière transatlantique. Son récit plein d’humour commence évidemment par la construction du voilier... La Petite Bibliothèque Maritime idéale de Stéphane Heuet Editeur : Arthaud; Collection : Beaux Livres Prix : 24 € Stéphane Heuel, né à Brest, a longtemps navigué avant de faire escale à terre pour se lancer dans l’adaptation en bande dessinée d’A la recherche du temps perdu de Proust (Delcourt). Les cinq premiers albums ont rencontré un franc succès. Tout en continuant à son pas cette oeuvre titanesque. Il écrit et dessine sa bibliothèque maritime idéale.

Amour de Plaisance de Jean Mauviel Editeur : Le Télégramme - Pêcheur d’images Collection : GUIDES Les différents sujets et thèmes préoccupant la vie du marin : faire son sac, les cartes et le GPS, le pavillon, la psychologie du bord, la nourriture, le mouillage, les soins à apporter au bateau, porter assistance, rester humble avec les éléments naturels, etc.

Léocadie, le Roman de la Grande Pêche de Serge Deschamps Editeur : Éditions des Falaises Prix : 18 € Léocadie est un trois-mâts goélette armé à Fécamp qui part en 1922 pour la brume des bancs de terre-Neuve. À l’issue d’une tempête d’anthologie, une partie des doris ne revient pas à bord. Leurs équipages vont aller au bout de leurs forces pour rallier la terre groenlandaise et pour y survivre. Pendant ce temps, le capitaine du Léocadie les cherche désespérément. Une magnifique histoire de voile, de corde et de mer glacée et, surtout, de solidarité marine.

…et les moussaillons La Princetta et le Capitaine D’Anne-Laure Bondoux Éditeur : Livre de Poche Jeunesse Prix : 6,50 € Pour échapper à un mariage arrangé avec le prince d’Andemark, Malva, 16 ans, héritière du trône de Galnicie, s’enfuit de nuit, avec la complicité de son précepteur l’Archonte. En s’embarquant sur les mers, elle finit par rencontrer le capitaine Orfeus McBott qui a fuit la Galnicie à la mort de son pirate de père. Un roman d’aventure passionnant qui ravira les passionnés d’aventure et de grand large. Un Chaton à la Mer ! de Ruth Brown Anne Krief (Traduction) Editeur : Gallimard-Jeunesse Prix : 12,50 € En 1838, bravant la tempête, Grace Darling, fille du gardien du phare de Longstone en Angleterre, sauva de la mort les passagers d’un navire en détresse. Parallèlement, Lizzie, une chatte, tente de sauver son chaton de la noyade. Une histoire de courage dans un phare au milieu de l’océan. Océans - Petites Histoires des Fonds Marins (livre et CD) de Stéphane Durand et Marc Boutavant Jacques Perrin (Narrateur) Editeur : Seuil Jeunesse (22 octobre 2009) Collection : Crea.Jeuness Prix : 18 € Minuscule et invisible comme une goutte d’eau dans l’océan, le jeune corail vagabondait par le vaste monde, émerveillé par mille splendeurs et risquant mille périls. Un jour, il eut envie de trouver un

endroit où se poser. Des contes pour plonger au cœur des océans à la rencontre de ses incroyables habitants, à lire ou à écouter ! Mon Encyclo de la Mer de Patrick Louisy Editeur : Milan Jeunesse Collection : Albumsnature Prix : 16 € Cette mini-encyclopédie présente plus de 150 photos d’animaux, d’activités et de paysages marins. Elle permet aux plus jeunes de découvrir la richesse des océans, à travers des textes simples et des photos spectaculaires, amusantes et étonnantes. Odyssée, Tome 1 : La Malédiction des Pierres Noires de Michel Honaker Editeur : Flammarion Prix : 5,70 € Il y a longtemps, bien trop longtemps maintenant, qu’Ulysse a quitté le rivage de son cher royaume d’Ithaque pour partir à la guerre. Pénélope et Télémaque espèrent chaque jour son retour. Mais le voyage n’est pas fini. Ainsi en ont décidé les Dieux... Depuis dix ans, la ville de Troie est assiégée par l’armée grecque. Elle compte parmi ses généraux le héros aux mille ruses, Ulysse. Le destin de tout un peuple repose entre ses mains. Mais pour l’accomplir ne devra-t-il pas renoncer à sa vie de simple mortel ?

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Jeux

Les mots marins

L’ANTICYCLONE ARRIVE

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CABOTAGES.FR HORIZONTALEMENT I - Ceux-ci n’ont généralement pas une vie de caboteur II - Difficile à trouver dans presque tous les ports. Arrière-pays de la Camargue III - Pas nitouches, hautement explosives IV – Bateau de Tunis. À l’endroit, un plaisancier n’en n’est pas tout à fait un. V - Vieux filets. Tout sauf mécontent. VI - Pronom. Le raguage peut le faire. Petit têtu. VII - Cap au 180°. Ne se crée pas, se transforme. VIII - Un peu d’eau. Peut en contenir dix litres et vous sauver la vie. Presque au centre du monde. Les mêmes qu’en début de ligne, dans un ordre différent. IX - Archipel d’Asie coupé en deux par la guerre et sa toponymie. Le sel les conserve dans la cambuse. X - Pointe ou de marée. Arrière au ponton. Drôle de participe. XI- Ceux-ci sont anglais mais pas nautiques. L’alerte peut l’être par le canal 16. XII - Poussé dans le mauvais sens. Dessina ou prit la place. XIII- Prendre une mesure définitive pour ne pas faire saisir son bateau par autrui. Mais tu n’abuses pas forcément.

2010

80 ports

VERTICALEMENT 1 - Haubans raidis par un palan. Le sont par la voile ou la vapeur. 2 - Personnage biblique à qui l’on prête une méthode contraceptive. Fixa ensemble. 3 - Sans faille. On en prend quand ça forcit. En gousse. 4 - Au pluriel, ce cervidé lapon serait breton. Avec les coutumes. Cap au 360°, c’est pareil. 5 - Liberté ou moitié de position. Mis devant le vice, c’est une vertu. 6 - Suites totalement désordonnées. Trois fois la première. Les beaufs en font une injure. 7 - Ajoutez SM, vous êtes sauvés ! Agit pour le régime ou la censure. 8 - Bateau de cabotage, ou anagramme d’un combat. Avant «delà», c’est pour l’éternité. Naviguer finit comme ça. 9 - Mesure de sensibilité du temps de l’argentique. Toutes les écoles ne les interdisent pas. 10 – Comme les peintres, ils peuvent être de marine. Se bouge. 11 - Partie de l’autre côté du port. Petits cordages. 12 - Gourou des extraterrestres. Met en pratique l’exemple du personnage de 2. 13 - Chaînes servant à supporter les basses vergues ou filins qui relient le parachute au harnais. Mer anglaise démontée. SOLUTIONS DES JEUX SUR WWW.CABOTAGES.FR

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Le premier guide du

nautourisme et de la plaisance côtière en Méditerranée



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