Hors-série Languedoc Roussillon

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Cabotages Coastwise SIX MILLES EN MER, QUATRE PAS À TERRE - SIX MILES OFFSHORE, FOUR STEPS ASHORE

30 escales s e g a t o b a C e d c o d e u g n a L n e Roussillon

Gratuit / Free

Hors série


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Port-Vendres is a natural haven nested between the sea and mountains, which offers sailors a safe deep water port. The backdrop is magnificent with the Albères mountain range and its terraced vineyard tapestry. To the left of the entrance, is Cape Béar headland and its impressive lighthouse sheltering Paulilles Bay, one of the most beautiful in the Mediterranean Sea.

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C’est sur ce terroir que nait le vin qui porte le nom de « Banyuls ». Blottis au creux des Pyrénées, une plage, un port, des vignes, voilà ce que vous découvrirez en arrivant à Banyuls-sur-Mer, patrie du célèbre sculpteur catalan Aristide Maillol. Votre curiosité vous poussera à flâner dans les r ruelles du Cap d’Osna, à i o découvrir l’église romane de la r Rectorie, la chapelle de la Salette ou l’aquarium du Laboratoire Arago.

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Due to its geographical position, Collioure, has remained an important commercial port in the Mediterranean Sea. In ancient times it was a the destination for numerous peoples: phocean, phoenician, Greek and Roman sailors … Its fame was only enhanced by Henri Matisse and André Derain who painted it during all 1905 summer, giving birth to the Fauvism. Today art is still well and truly alive in Colloure, with its Modern Art Museum, 35 picture galleries and the " Road of the Fauvism ".

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It is on this soil that the wine which bears the name "Banyuls" is born. Nestled in the hollow of Pyrenees Mountains you will discover a beach, a port, the town and many vineyards. Banyulssur-Mer was also homeland of the famous Catalan sculptor Aristide Maillol. Your curiosity will lead you to explore the alleys of the Cap d' Osna, the Romanic church of Rectorie, the chapel of Salette and the aquarium of the Laboratory Arago.

Havre naturel niché entre mer et montagnes, Port-Vendres offre aux navigateurs un port en eau profonde. Un fond de toile magnifique avec, le massif des Albères et ses flancs couverts par les vignes en terrasses. A gauche de l’entrée, le Cap Béar avec son imposant sémaphore abrite la baie de Paulilles, l’une des plus belles de Méditerranée.

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Petit port au charme méridional, il est à l’image de la station : paisible et accueillant. Il offre au visiteur une occasion unique de découvrir de splendides fonds sousmarins peuplés de mérous et autres espèces protégées. Après avoir visitez le Belvédère, premier bâtiment mondial construit en béton armé, rendez-vous au phare d solaire où le point de vue sur la côte catalane est remarquable.

A small port and village with Southern charm: peaceful and friendly. It offers to the visitor the unique opportunity to discover magnificent sea beds populated with gropers and the other protected species. Plan a visit to the world’s first building, built in reinforced concrete, “The Belvedere”, then go to the solar lighthouse, where the view of the Catalan coast is remarkable.

... venez les decouvrir

ASSOCIATION PORTS DE CARACTÈRE

Secrétariat : Chambre de Commerce et d’Industrie de Perpignan et des P.-O. Tél. : 04 68 35 90 99 - Fax : 04 68 35 98 92 - michele.sans@perpignan.cci.fr

Photos Philippe Mahé - Odysséa®

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Dès l’antiquité, Collioure, grâce à sa position géographique était un important port marchand de la Méditerranée, destination de nombreux navigateurs phocéens, phéniciens, grecs, romains… Rendu célèbre par Henri Matisse et André Derain qui le peignirent pendant tout l’été 1905, donnant naissance au Fauvisme, s Collioure continue de faire vivre t l’Art à travers r son Musée d’Art a Moderne, 35 galeries de peinture et le « Chemin du Fauvisme ».

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L’ANTICYCLONE ARRIVE

Alain Pasquet, Christophe Naigeon

LA MER VUE DU BATEAU, LA CÔTE ABORDÉE PAR LE LARGE, LA VILLE DÉCOUVERTE À PARTIR DU PORT

préparez vos escales

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epuis trois saisons, Cabotages.Coastwise est distribué dans tous les ports du Languedoc-Roussillon. Grâce à l’accueil des capitaineries qui ont vu dans ce gratuit un média original et un cadeau d’accueil valorisant pour les plaisanciers de passage, ce journal s’est fait une place privilégiée dans le public des marins de cabotage, c’est-à-dire 98% de ceux qui naviguent en Méditerranée. Son format, son bilinguisme, le soin apporté à sa rédaction et à sa présentation, son ton complice avec ses lecteurs font de Cabotages.Coastwise un média à part, seul dans sa catégorie : ni presse nautique ni dépliant de syndicat d’initiative, c’est un guide du voyage en bateau, naturaliste, culturel et patrimonial, qui donne à lire, à réfléchir et à se distraire. C’est aussi un guide pratique qui oriente les marins devenus piétons vers ce que les villes portuaires peuvent apporter à leur curiosité, leur gourmandise ou leur envie de faire la fête. Il est dans l’air du temps que les ports veulent ne plus être des parkings à bateaux. Ils ambitionnent de devenir non seulement des portes d’entrée vers la terre mais des lieux d’animation. Ils ont raison. Enfin, on s’aperçoit que les navigateurs sont des touristes, pas seulement obsédés par le vent, les vagues et le soleil, mais curieux du monde aquatique et côtier qui est le leur ! Michelin avait trouvé ça il y a 100 ans à propos des automobilistes et avait créé son fameux guide...

avec

CABOTAGES.FR

TU VIENS, BEAU MARIN ! Le plaisancier est considéré par les économistes comme un CSP++ (catégorie socioprofessionnelle haut de gamme). Tout ce qui compte de fournisseurs de biens et services à terre s’intéresse désormais à ces gens-là qui débarquent de la solitude et du silence et que l’on suppose avides de consommer, de se jeter dans la foule ou la première voiture de location à la découverte de l’arrière-pays, ses produits de terroir et ses églises romanes ! « Tu viens, beau marin ! » on entend ça dans tous les ports du monde depuis que le premier navire s’y est amarré... Ceux qui ont décidé de passer leurs vacances sur un bateau ont fait un choix radical : le nomadisme nautique qui, depuis toujours aussi, pousse les marins à partir et arriver avec le même bonheur, à vivre la mer avec passion et la terre avec plaisir. Pour les vacances au moins, ces terriens changent d’identité, d’apparence, de langage, de véhicule. Marcher, pédaler, pourquoi pas. Mais une auto ou un bus, c’est la fin de l’aventure. N’écoutons pas les sirènes qui chantent et restons attachés à nos mâts. Les plaisanciers ne représentent pas plus que le petit nombre qu’ils sont dans une station où des milliers de personnes se distraient et consomment. Numériquement, la plaisance n’est pas La Croisière s’amuse. Cherchons plutôt à décoller les ventouses des pontons, faire aller les bateaux plus souvent de port en port, à sortir hors-saison, élargissons le rayon des ronds dans l’eau du dimanche. En Méditerranée il y a presque toujours un port à moins d’une heure ou deux de navigation. C’est pour cela que ce numéro “compilation” de Cabotages.Coastwise a été réalisé. Le meilleur de trois ans d’articles pour le meilleur du Languedoc-Roussillon à découvrir d’escale en escale, été comme hiver. www.cabotages.fr - Languedoc-Roussillon - Cabotages.Coastwise - 3

30 ports en Languedoc Roussillon

Le premier guide touristique et nautique de la plaisance côtière en Méditerranée


AIGUES MORTES LE GRAU DU ROI LA GRANDE MOTTE CARNON BALARUC PALAVAS PORT BOUZIGUES CAMARGUE MÈZE FRONTIGNAN SÈTE MARSEILLAN AGDE GRAU D’AGDE CAP D’AGDE VALRAS-PLAGE GRAU DE VENDRES GRUISSAN

PORT-LA-NOUVELLE

PORT LEUCATE PORT BARCARÈS SAINTE-MARIE-LA-MER CANET-EN-ROUSSILLON

Édition Golfe du Lion

ARGELÈS-SUR-MER COLLIOURE PORT-VENDRES BANYULS CERBÈRE

LES ESCALES DE CABOTAGES.COASTWISE EN LANGUEDOC-ROUSSILLON à retrouver sur www.cabotages.fr et tout l’été dans les capitaineries


Sommaire

NOS RUBRIQUES AU FIL DES CÔTES

LES PORTS Cerbère

Banyuls

Port Vendres

p6 Saint Cyprien

p8

Collioure

p 10

Canet en Roussillon Sainte Marie la Mer

Argelès sur Mer

p 12 Port Barcares

p 14

- Béar et sicié, les deux ‘‘cap horn’’ de la Méditerranée

5

- Paulilles l’ancienne dynamiterie

11

- Sable, dunes et argouilles

19

- Quelque part entre terre et mer

27

- L’univers secret des étangs

35

- Les dunes entre l’Orb et l’Hérault

41

- Faire cohabiter 12.000 plaisanciers avec 120.000 huîtres

45

- Salins, étangs et domaines protégés

61

- Des étangs et des dunes

63

AU FIL DU TEMPS

Port Leucate

- Amphores et navires pinardiers de l’antiquité

37

LES P’TITS BATEAUX

p 16 Port la Nouvelle

p 18

Le Cap d’Agde

Narbonne Plage

Gruissan

p 26

p 20

p 28 Agde

p 22 Grau de Vendres

p 30 Le Grau d’Agde

p 24

Le bassin de Thau

49

- Quels équipements pour caboter en sécurité ?

51

HISTOIRE DES PORTS

Valras Plage

p 32

- Cabotage : pourquoi pas un ‘‘soixante-quarante’’ ?

p 34 Marseillan

- La maman d’Hercule s’appelait Françoise !

25

- Saint Pierre et les prud’hommes

29

- Sète, c’est fou, non ?

53

- Barberoussette, le naufrageur de Sète

56

- 24 juillet 1710, promenade des Anglais 57

LA VIE SOUS-MARINE

- Le sable sait cacher ses trésors

21

OISEAUX DE MER

- Le beau goéland, splendide fléau

43

PECHE

p 36

p 38

p 40

Bouzigues

Mèze

Balaruc

p 42

p 44

67

LA VIE DES EAUX

- Il court, il court, le courant ligure !

Frontignan

Sète

- Amateurs et armateurs, pas dans le même filet

59

LES TENTATIONS DE LA CAMBUSE

p 46 Palavas les flots

p 48 Carnon

p 50 Port Camargue La Grande Motte

p 52 Le Grau du Roi

p 58 Aigues Mortes

- Anchois de Collioure, Muscat de Rivesaltes, oursins de partout...

13

- Huîtres de Leucate, moules de Thau, bourride de Gruissan...

47

Les carnets de bord du capitaine Cab’

- Arriver et vivre au port

71

OSEZ D’AUTRES ESCALES

- Béziers canal du Midi

70

- Macinaggio Cap Corse

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LE COURRIER DE WWW.CABOTAGES.FR

p 46

p 48

Cabotages.Coastwise est édité par Bastaque Éditions 16 rue Garenne, 34200 Sète Tél : 04.67.17.14.30 Fax : 04.67.17.14.32

p 50

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p 58

Laure Gasc, partenariat publicité Sud Ouest LanguedocRoussillon : contact@cabotages.fr

bastaque editions

Adminsitration, service commercial : direction@cabotages.fr Alain Pasquet, directeur de publication, directeur commercial Julia Chaine, assistante, agendas : contact@cabotages.fr Thierry Dutto, partenariat publicité Méditerranée : thierry@cabotages.fr Patrick Faure, partenariat publicité Provence Côte d’Azur : contact@cabotages.fr

Alain Pasquet Julia Chaine Directeur de Secrétariat publication, publicité

p 52

Rédaction : redaction@cabotages.fr Christophe Naigeon, directeur de la rédaction, rédacteur en chef Emma Chazelles, rédactrice navigatrice : redaction@cabotages.fr Guy Brevet, rédacteur navigateur : redaction@cabotages.fr Claude Roger, rédacteur navigateur : redaction@cabotages.fr Ont collaboré à ce numéro : Sandrine Mazziotta, Marilyn Beaufour, Hélène Petit, Jeanne Chemin

Thierry Dutto Patrick Faure Laure Gasc Christophe Publicité Publicité Côte Publicité Sud Naigeon Méditerranée d’Azur Ouest LR Directeur de la rédaction

www.cabotages.fr - Languedoc-Roussillon - Cabotages.Coastwise - 5

Emma Chazelles Rédactrice

Claude Roger Rédacteur

- Le domaine maritime, c’est quoi ?

17

- Pourquoi la mer est-elle salée ?

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Fabrication, iconographie Emmanuelle Grimaud, maquette, infographie : studio@cabotages.fr Michel Léo Ménella, illustrateur : redaction@cabotages.fr Site web www.cabotages.fr Claude Depretz, webmaster www.cabotages.fr : claude@cabotages.fr Imprimerie : Gieza Services - Espagne Encre : SunChemical Certified ISSN : en cours - Dépôt légal décembre 2009

Guy Brevet Rédacteur

Emmanuelle Grimaud Maquettiste

Michel Léo Ménella Illustrateur

Claude Despretz Webmaster


Cerbère

Trains de vagues sur ville ferroviaire Cerbère, autrefois ville-gare prospère ruinée par la disparition des frontières, des douaniers et des transitaires, a vu son port ravagé par une tempête. Mais reste un mouillage plein de charme.

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erbère ne pouvait accueillir que quelques bateaux sur un ponton installé pour l’été. En 2009, aucune embarcation ne pourra s’y amarrer. La tempête du 27 décembre 2008 a démoli la digue, transporté ses blocs de pierre de plusieurs tonnes 40 m plus loin. Pendant huit heures, des vagues entre six et douze mètres ont déferlé jusqu’au parvis de l’église. Pas une maison, pas un café du front de mer qui n’ait eu façade, fenêtres, vitrine, terrasse, bombardés par les pierres, arrachés par le vent, écrasés par les masses d’eau en furie. LE CURÉ TROUVE DES SPONSORS De tous les ports de la Côte Vermeille, Cerbère faisait sans doute parti des plus exposés à ces énormes trains de vagues venus de l’est. Si cet été le temps est au beau, tentez quand même un mouillage pour profiter du charme un peu nostalgique de cette ville à la drôle d’histoire. À droite en entrant, attention aux îlots Campagnies (ou Canadell), ­magnifiques pour une baignade comme pour un échouage ! À gauche, le cap Cerbère, connu pour son phare qui fonctionne grâce au soleil (presque tout le temps), son effet venturi en cas de vent (souvent) et son ressac en cas de houle (parfois).

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steps ashore pas à terre

De nuit, dans l’axe de l’entrée, si les traditions sont respectées, vous pourrez voir la grande rosace illuminée de l’église Saint Sauveur. Ce monument aux couleurs tarama et crevette vaut plus pour l’anecdote que pour l’architecture : à la fin du XIXe siècle, Cerbère, simple hameau de Banyuls, n’avait qu’une chapelle, insuffisante pour les élégantes bourgeoises et leurs maris en redingote. Un gros et riche producteur de vin de messe qui se trouvait également être le curé du cru, acheta des terrains communaux pour en faire don à l’église (un siècle après la Révolution…). Avec son bon argent et celui prélevé chez les notables en échange d’une place au nom des sponsors, il y eut donc une église digne de la bonne société, puis une école catholique et un orphelinat. LOURDES ET NOBLES CATALANES Autre “monument” qui ne peut passer inaperçu, le viaduc qui barre de ses piliers le flanc nord de la baie. Ouverte sur le monde par ses voies ferrées, Cerbère est restée enclavée jusqu’à une date récente, faute de voie routière. Ce n’est qu’en 1913 que la route Cerbère-Banyuls – 123 virages pour 10 km – sera inaugurée. Jusquelà, le trafic commercial avec les communes voisines se faisait à bord des lourdes

Le cap Cerbère

et nobles catalanes. Imaginons couler dans les fonds des embarcations le jus des raisins vendangés sur les hauteurs de Cerbère, transportés à la voile vers les caves de Banyuls… La corniche actuelle est plus récente. Belle ou laide, elle fait partie du paysage comme le centre de plongée et son incongrue façade à vitrail, comme les arches de la voie ferrée (construites par Eiffel), et… l’hôtel Belvédère du Rayon Vert où la bonne société faisait la fête (voir 4 Pas à Terre) avant que la Guerre d’Espagne de mette fin aux frivolités. TRANSITAIRES ET TRIEUSES D’ORANGE Depuis le creusement du tunnel vers l’Espagne en 1878, l’histoire de Cerbère est liée au train. Vins, minerais, fruits et légumes sont passés dans cette immense gare dont on prend la mesure en montant au premier virage sur la route de Port Bou. La frontière a fait la richesse de Cerbère : 250 douaniers, des centaines d’employés des chemins de fer et d’ouvriers, et, surtout, jusqu’à 65 transitaires. Ceux-ci amassèrent des fortunes : chaque

Prenez la peine de monter sur la route de Port Bou. Vous y aurez une vue bien différente de ce que vous voyez de la mer, notamment sur la gare et l’hôtel Belvédère du Rayon Vert. Ce bâtiment en forme d’étrave de bateau, construit en bordure de voie ferrée prend dans cet axe une toute autre allure. Premier bâtiment au monde à être construit en ciment armé à cause de l’étroitesse de sa base qui exigeait des prouesses techniques, ce palace achevé en 1932 après sept ans de chantier est un lieu privé, classé monument historique. Il n’est pas officiellement visitable mais on peut y louer des petits studios «dans leur jus» avec une vue splendide sur la baie. Jackie, la gardienne, est une intarissable amoureuse

année pour la Saint Sauveur, ils se retrouvaient tous sur la place de la République et l’arrosaient de champagne… On raconte même qu’ils allumaient leurs cigares avec des billets ! Puis l’Europe sans frontières a cassé la machine à sous… Vu de l’autre côté de la Lutte des classes façon Zola, une autre histoire : pour une différence de 23 cm dans l’écartement des voies françaises et espagnoles, passagers et marchandises ont du changer de train à Cerbère. Arrêt-buffet pour les uns, transbordement pour les autres. Pendant 80 ans, 5.000 «dockers» ont charrié 20 millions de tonnes d’agrumes et 15 millions de tonnes de marchandises diverses. La grève des transbordeuses d’oranges qui a duré presque un an a été la première mouvement social exclusivement féminin de l’histoire (voir www.cabotages.fr). Grèves, revers de fortune, tempêtes, Cerbère ne s’est jamais laissé abattre. Une belle escale toujours riche de ­souvenirs.

du lieu et on la comprend. Salle de cinéma avec piano pour les films muets, carrelages, boiseries et vitres à biseau, marbres blancs et aluminium associés, fresques kitsch peintes par un client insolvable… c’est un décor de film fantastique. Pour réserver, appelez le 04 68 88 41 54. Pour 60 € le studio pour 4 personnes, vous verrez le Rayon vert au lever du soleil. C’est fou, non ? Take the trouble to go up the Port Bou road, and you will get an entirely different view than you get from the sea, particularly of the station and the ‘Hôtel Belvédère du Rayon Vert’. This building, designed in the shape of a ship’s stem and located right next to the railway, takes on a completely different appearance from this angle. It was

Christophe Naigeon Emma Chazelles

the first building in the world to be built with reinforced concrete because of the narrowness of its foundations. This required great technical skill, and the hotel was completed in 1932 after seven years of work. It is a privately-owned building and a classified historical monument. Officially, it is not open for visitors but you can rent small studio apartments ‘in their original state’ with a magnificent view over the bay. Jackie, the caretaker, has an indefatigable love for the place, and you can understand why. There’s a cinema room with a piano for silent films, magnificent tiling, wood panelling and windowpanes with bevelled edges. The white marble is framed with aluminium and there are kitsch frescoes painted by a bankrupt client – it is like something out of a fantasy film. To book, call 04.68.88.41.54. For €60 you can rent the 4-person studio apartment, and see the green ray (Rayon Vert) at sunrise. What a find!

6 - Cabotages.Coastwise - Languedoc-Roussillon - www.cabotages.fr


A railway town assaulted by the waves

Don’t muddle them up! From afar, Sète’s Cerbère used to have a few moorings on a summer jetty, but in 2009, there won’t be any available. The storm of 27 December 2008 destroyed the harbour wall and shifted its huge stone blocks weighing several tonnes 40m further up. For eight hours, waves of between six and twelve metres pounded down as far up as the town church and its square. There was not a single house or café on the seafront that didn’t have their walls, windows and shop fronts bombarded with rocks, ripped apart by the wind and crushed under heaving masses of furious water. Of all the ports on the Côte Vermeille, Cerbère was undoubtedly most vulnerable to the enormous waves that moved in from the East. Nonetheless, if the weather is good this summer, try dropping anchor here, and experience the slightly nostalgic charm of this town at the mercy of history. PARISH PRIEST COUGHS UP TO BUILD THE CHURCH On the right as you come in, don’t miss the ‘Îlots Campagnies’ (or ‘Îlots Canadell’), which are great for a quick swim…and for running aground on if you’re not careful! On the left is Cap Cerbère, famous for its solar-powered lighthouse (the sun shines here almost all the time), the wind funnel it creates when the wind blows (as it often does) and the power of its backwash when the swell rises (as occasionally it does). At night, if all is the same as it has been for years, you can see the huge illuminated rosette window of the ‘Église Saint Sauveur’ from the harbour channel. The story behind this taramasalata-and-shrimp-pink monument is a lot more interesting than the edifice itself. At the end of the 19th century, Cerbère was no more than an outlying hamlet of Banyuls,

Station and hotel

and had no more than a chapel, which was not enough for its elegant bourgeois ladies and their frock-coat wearing husbands. A rich Eucharist wine producer, who also happened to be the parish priest, bought up some communal land in order to donate it to the church (a century after the Revolution). His money, together with contributions taken from worthy men of the town in exchange for a place on the contributors’ list, was enough to build a church that met the demands of high society, and then build a Catholic school and an orphanage. THE TRADITION OF CATALAN BOATS The other ‘monument’ that you won’t miss is the viaduct whose pillars mark out the northern end of the bay. Although the railways opened Cerbère up to the world, it remained quite isolated until very recently, because it had no road. It was only in 1913 that the CerbèreBanyuls road – with 123 bends along its 10km – was built. Until then, merchandise was transported to and from neighbouring towns on board the noble Catalan fishing boats. It is difficult to imagine, isn’t it? The fresh juice of the grapes harvested on the Cerbère heights dripping down into the bottom of the boats, being carried by sailing boat to the wine cellars of Banyuls… Today’s coast road is much more modern. Whether you think it beautiful or ugly, it is an essential part of the landscape, as is the diving centre with its incongruous stained glass window, the railway arches (built by Eiffel), and…the ‘Hôtel Belvédère du Rayon Vert’ where high society parties were held (see 4 Pas à Terre), before the Spanish Civil War put an end to such frivolity. FREIGHT AGENTS AND ORANGE SORTERS Since the tunnel to Spain was built in 1878, Cerbère’s history has been linked to the railways. Wines, mineral ore, fruit and vegetables came through this huge station, the size of which can only really be taken in if you climb to the first turn in the Port Bou road. The border was what made Cerbère rich. It meant 250 customs officials, hundreds of railway employees and workers, and most importantly, up to 65 freight agents. They made fortunes. Every year to celebrate the Transfiguration they all gathered at the ‘Place de la République’ and downed champagne. It is said that they even lit their cigars with bank notes! But then a borderless Europe put a stop to all that. If you take a Zola-esque look from the other side of the class struggle, you get a different story. Because of a 23 cm difference in the French and Spanish railway gauges, passengers and goods were forced to change trains at Cerbère. This meant a meal break for some, and heavy transhipment work for others. Over an 80–year period, 5,000 «Dockers» hauled 20 million tonnes of citrus fruit and 15 million tonnes of other goods from train to train. The orange handler women’s strike, which lasted nearly a year, was the first exclusively female social protest in history (see www.cabotages.fr). Through all the strikes, the twists of fate and the storms, Cerbère has never given up. It is a beautiful place to stop that will leave you with some wonderful memories.

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Cerbère was once a prosperous railway town that has been ruined by the disappearance of European borders, customs officials and freight agents. Now it has had its port destroyed by a violent storm. Nevertheless it remains a charming little anchorage.

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Le bar fumoir

*Logiciel conçu en partenariat avec l’AITF (Association des Ingénieurs Territoriaux de France) et de l’ATTF (Association des Techniciens supérieurs Territoriaux de France). Le premier immeuble en béton armé construit en France

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Banyuls

Du sucre dans le sel Ancien grand port de pêche à la voile, aujourd’hui escale d’exception pour l’accueil, banyuls est la capitale du vin doux qui porte son nom. Mais il y a aussi d’autres découvertes à faire, d’autres histoires à raconter.

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rois amers forment un alignement presque parfait sur la ligne des 42°29’N : la bouée nord de la réserve marine de Cerbère-Banyuls, le centre héliomarin dans la première anse au nord du port et la tour Madloc à 656 m d’altitude sur la crête du massif des Albères. Quand vous êtes au sud de la première, vous ne devez pas dépasser 8 nœuds et la pêche est interdite. Allez-y avec l’un des clubs de plongée de l’endroit. Le second, bien placé devant une plage ne vous est souhaité qu’en cas de problème de santé. Le troisième est une ancienne tour de guet pour surveiller pirates et flottes ennemies, construite en 1285. En cas d’alerte, elle communiquait avec deux tours voisines par à un système de feux

4 U

(flammes la nuit, fumée le jour) : la tour Massane au nord-ouest et, au sud-est, la tour Carroig, aujourd’hui disparue. UN TROPHÉE ET UN AQUARIUM Comme les autres ports, Banyuls n’est pas protégé des coups de mer d’est et de nordest. L’entrée est très délicate par vent marin violent et, si on se rate, mieux vaut finir en surf sur la plage plutôt qu’en vrac sur les cailloux en embuscade derrière le feu vert. Une fois dedans, c’est un abri tout à fait satisfaisant et une halte haut de gamme : Banyuls a reçu le trophée de la meilleure escale de Méditerranée au salon nautique de Paris en 2008. Qu’on se le dise ! Deux autres amers d’évidence peuvent aussi guider le plaisancier : les arcades

steps ashore pas à terre

ne fois le bateau en sécurité, plusieurs choix s’offrent à vous : visiter l’aquarium (voir plus haut), grimper à la chapelle de la Salette (quelques kilomètre de montée mais une vue splendide), parcourir le sentier du littoral vers le Cap Béar en passant par la baie des Paulilles. Mais le choix qui s’impose est de faire une plongée dans la réserve marine de Cerbère-Banyuls dont l’essentiel des 65 ha se trouve sur cette dernière commune. Ici, ce ne sont pas les clubs de plongée qui manquent. Quatre coups de palmes, donc, pour découvrir à la fois les archi-

tectures rocheuses intéressantes, une flore subaquatique comme on n’en voit plus mais, surtout, des poissons qui ont perdu l’habitude de se méfier des humains. Une zone de réserve totale près du cap Rédéris, balisée par des bittes jaunes dans les rochers, prohibe toute activité humaine. Et surtout, chose étonnante, un sentier sous-marin sonorisé et commenté par un tuba spécial qui transmet les vibrations par les dents et les os crâniens, a aussi été aménagé sur 250 m. Renseignez-vous à l’Office de tourisme, sur la place de ville ou au 04 68 88 56 87.

qui supportent la route de côte sur la face nord du port et, face sud, le grand bâtiment blanc du laboratoire Arago de l’Université Pierre et Marie Curie qui abrite plusieurs laboratoires publics et privés. C’est par là qu’il faut vous diriger pour aller vers la capitainerie et, quand vous serez à pied, vers le très bel aquarium attenant. Si vous ne plongez pas, allez au moins profiter au sec de ses collections : plus de 200 espèces de poissons et d’invertébrés. CHAPELLE ET PATTES DE COQ Une autre curiosité qui attire le regard est une petite chapelle construite sur une colline presque dans l’axe du port. La chapelle de la Salette tient son nom de

Chapelle de la Salette

Notre Dame de la Salette, dans les Alpes. Cette bizarrerie toponymique s’explique par une histoire humaine, presque un conte : «il était une fois un riche propriétaire, le baron Reig, qui ne pouvait avoir d’enfant. Très pieu, il allait chaque année prier au sanctuaire de la Salette, en Isère. Mais ces voyages étant trop fatigants, il fit construire une chapelle éponyme au dessus de Banyuls… Lorsqu’il mourut, il fit don de ses vignes aux communes où il en avait avec pour obligation de les donner à travailler aux pauvres et de faire chaque année un pèlerinage de Banyuls à la chapelle. Le second vœu est encore satisfait de nos jours, en juin. Fin». Autour, le paysage est marqué par la géométrie des rangs de ceps et des

Once you’ve got your boat tied up, you have a number of choices - the aquarium (see above), the ‘Chapelle de la Salette’ (a few kilometres climb, but worth the view) or the coastal path to Cap Béar with a stop off at Paulilles bay. But what you must do is go diving in the Cerbère-Banyuls marine reserve whose 65 hectares are located just off Banyuls. Get your flippers on and explore fascinating rock structures, subaquatic flora like you just don’t see anymore, and, best of all, fish that have forgotten that they’re supposed to be afraid of humans. A total conservation zone is marked out next to ‘Cap Rédéris’ by yellow bollards on the rocks and all human activity is prohibited. There is now also a 250m long underwater trail with commentary via a special snorkel, which transmits vibrations via your teeth and skull bones. Find out more at the Tourist Office in the town square, or on 04.68.88.56.87.

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«peus de gall», ces canaux de drainage en forme de pattes de coq qui évitent que la bonne terre schisteuse qui porte le terroir de Banyuls ne parte à la mer au premier orage. Et partout où les yeux se portent, les ceps descendent les pente jusqu’à la mer, entre les roches brunes et rouges, mettant du vert dans le bleu, du végétal dans le minéral, du vin dans l’eau et du sucre dans le sel. DYNAMITE ET ÉCOLOGIE Quand vous quitterez l’escale pour faire route vers le nord, faites une halte avant le cap Béar, dans l’anse des Paulilles, mélange de terres basses et de roches, avec ses deux plages – chose rare – et une histoire mouvementée. Après la défaite de 1870, Gambetta décida d’implanter une usine de poudre à canon, « le plus loin possible des frontières avec la Prusse ». Le site de Paulilles, qui dispose de l’eau douce nécessaire au traitement de la nitroglycérine (procédé Alfred Nobel) est choisi. Son isolement met la population en sécurité au cas où… On y crée un quai de chargement et dans la petite plaine, on construit l’usine. Quatre cents personnes y travaillent et, en 1960, on y produit 20 t de dynamite par jour.

Puis le marché de la dynamite… implose. En 1984, le site est fermé. En 1989, le promoteur Jean-Claude Méry l’achète avec le projet d’y faire une marina autour d’un port de 500 anneaux. Tollé dans la population. Pétitions, manifestations, lobbies. ­Finalement, c’est le Conservatoire du Littoral avec l’appui du Conseil général qui rachète les site pour en faire un lieu de préservation. Avec simplicité, bâtiments, jardins et littoral sont réhabilités. Ils accueillent désormais le public, un atelier de restauration de barques catalanes, un musée. Le mouillage est autorisé dans la baie. Nous le recommandons. Christophe Naigeon Emma Chazelles

Salt air and sweet wine Formerly a fishing port and now an anchorage well known for its warm welcome, Banyuls is home to the sweet wine that bears its name. But it is much more than that, and holds many more secrets to be discovered. It has three landmarks that are almost perfectly aligned on the 42°29’N line of latitude: the northern marker buoy of the Cerbère-Banyuls marine reserve, the ‘Centre Héliomarin’ health centre on the first bay to the north of the port and the ‘Tour Madloc’ at an altitude of 656 m on the summit of the Albères massif. If you’re south of the buoy, you are not allowed to go above 8 knots, and fishing is prohibited. Don’t miss the opportunity to explore this reserve with one of the local diving clubs. You only want to visit the ‘Centre Héliomarin’, which holds prime position on a beachfront, if you have health problems. And the ‘Tour Madloc’ is an old watchtower for spotting pirates and enemy ships, built in 1285. If there was trouble, it sent a warning to its two neighbouring towers – the ‘Tour Massane’ to the north-east and the ‘Tour Carroig’, now no more, to the south-east – via a beacon system (flames in the night, smoke in the day). A TROPHY AND AN AQUARIUM Like the other ports along this coast, Banyuls is not protected against the sea on its eastern and north-eastern sides. Getting into the harbour is a bit tricky in a strong southerly breeze, and if you mess up, you’re better off surfing in to the beach rather than ending up dumped on the pebbles which lurk behind the green light. But once you’re in, it’s a great little harbour and a top-class port of call. Banyuls won the trophy for the best Mediterranean yacht-stop at the Paris boat fair in 2008. Worth a visit, you could say! The amateur sailor can use two other highprofile landmarks to plot his way in - the archways that support the coast road on the northern side of the port, and on the south side, the big white building of the Arago laboratory at ‘Université Pierre et Marie Curie’, home to a number of laboratories, both public and private. That’s the way you need to head to get to the harbour authority offices and, once you’ve landed, to the beautiful aquarium next door. If you’re not a diver and you want to stay dry, at the very least you need to have a look at their collection, which holds over 200 species of fish and invertebrates. THE CHAPEL AND COCK’S FEET Another place of interest that you will see is a little chapel built on a hill almost in line with the port. The ‘Chapelle de la Salette’ takes

its name from ‘Notre Dame de la Salette’, in the Alps. There is a fascinating tale behind this strange name, almost worthy of a fairytale… “Once upon a time there was a rich landowner, Baron Reig, who was unable to have children. A very pious man, he went to pray every year at the ‘Sanctuaire de la Salette’ in Isère. But these journeys became too much for him, so he had a chapel with the same name built above Banyuls. When he died, he gave his vines to the communes where they were situated, on condition that the poor be allowed to work them and that each year a pilgrimage from Banyuls to the chapel should be made. The pilgrimage still takes place to this day in June. Everywhere the landscape is marked by the geometrical rows of vines and ‘peus de gall’, drainage channels in the shape of cock’s feet, which stop the good shaly Banyuls earth from heading out to sea with the first storm. And wherever you look, vines roll down the slopes to the sea, between the brown and red rocks, turning blue into green, mineral into vegetable, water into wine and salt air into sugar. DYNAMITE AND ECOLOGY If you head north out of the port, make sure you stop off near the ‘Cap Béar’ at Paulilles bay, a interesting mix of lowlands and rocks, with two beaches (a rare thing for a bay like this), and an interesting history. After the French defeat in 1870, French politician Léon Gambetta decided to build a gunpowder factory “as far away as possible from the Prussian border”. The Paulilles site was chosen, because it had the freshwater necessary for processing nitro-glycerine (Alfred Nobel’s manufacturing process). It was isolated, which kept the local population safe if anything should go wrong. A loading quay was built and the factory was built on the small area of flat ground. Four hundred people worked there, and in 1960, it produced 20 tonnes of dynamite a day. But then the dynamite market went and imploded. In 1984 the site was closed. In 1989, the promoter Jean-Claude Méry bought it with the idea of setting up a marina as part of a port with 500 moorings. But there was public outcry, and petitions, protests and lobbying ensued. Finally the ‘Conservatoire du Littoral’ bought the site with the help of the local authorities, to turn it into a conservation area. The buildings, gardens and coastline have been restored in a simple style and they now host tourists, a Catalan fishing boat restoration workshop and a museum. Mooring is allowed in the bay, and we recommend it highly.

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BÉAR ET SICIÉ, LES DEUX ‘‘CAP HORN’’ DE LA MÉDITERRANÉE Sicié ! Béar ! Avant de s’y risquer, on regarde à deux fois la météo. Si elle annonce force 5 à Porquerolles ou Collioure, ce sera force 6 ou 7 près des caps. Et la mer, bien formée ailleurs, y sera impraticable à moins de deux ou trois milles des roches. Avec la Tramontane ou le Mistral, ce sont – toutes proportions gardées – nos Cap Horn à nous. Pourquoi ? ’était un joyeux mouillage dans les criques. Mais il faut faire route, vers l’ouest ou vers C l’est, passer Sicié, ou Béar. Quelques cirrus ça

et là et reviennent en mémoire des dictions marins : «Nues étendues et fouettées, pour bientôt un frais entêté» ou bien «Barbes de chat aux nuages annoncent vents de grand tapage», ou encore «Ciel maquerellé et queues de juments font serrer de la toile aux vaisseaux les plus grands». Du vent s’annonce. Quand on doit doubler ces caps, on ne rit pas avec ça. Qu’ont-ils de si particulier ces caps ? Rien, sauf leur taille et leur position : le mont Béar, orienté est-ouest, culmine à 800 m et le massif du cap Sicié, nord-sud, est un à-pic de 365 m. En s’avançant sur la mer, ces massifs sont des barrages perpendiculaires à la plupart des vents redoutés dans le coin : Tramontane pour l’un, Mistral pour l’autre, mais aussi leurs opposés, appelés, entre autres nominations, Marinada ou Migjorn ici, Levant ou Eissero là. Et, comme une voile crée une surpression et un ralentissement du flux d’un côté et, de l’autre une dépression et une accélération, au bout des caps, tout va plus vite. Cap Béar et cap ­Sicié, par leur hauteur, provoquent de forts “effets de cap”. Ce phénomène, connu sous le nom d’effet ­Venturi, a été mis en évidence en 1796 par Giovanni Battista du même nom. C’est ce qui permet aux avions de voler, aux voiliers d’avancer et aux kayaks de rivière d’aller plus vite dans les canyons resserrés ou les “rapides” peu profonds. Cette loi de la dynamique des fluides s’applique aussi bien aux courants et à la houle. Les avancées des caps provoquent une rupture et les courants se mettent à tournoyer autour du cap en s’accélérant. Deux courants distincts de part et d’autre du cap vont converger vers lui. Pareil pour la houle. Le cap la brise et elle se sépare en deux. D’ailleurs, il suffit de faire une expérience toute simple pour comprendre ce phénomène : on

souffle fort au dessus d’une bassine remplie d’eau et, dès que les vagues se forment, on met le doigt au milieu. Immédiatement, deux vagues différentes vont se former et se séparer au niveau du doigt. Si on ajoute à cela l’effet boomerang du ressac, on comprend pourquoi il vaut mieux s’abstenir ou passer loin des perturbateurs. Par beau temps, quand il est possible de venir raser les cailloux, ces endroits sont des paradis pour la plongée. La dangerosité des lieux et le brassage des eaux sont une protection et une aubaine pour la vie sous-marine. Aux alentours du cap Béar, la première réserve marine fut créée en 1974. Elle s’étend sur 650 ha dont 65 ha sont en zone de protection intégrale. Elle est bornée par deux balises jaunes, facilement repérées entre le Cap Peyrefite et le Cap Bear. Une merveille. De très nombreux centres de plongée la font découvrir aux plongeurs débutants. Sicié est plus périlleux. Hauts fonds et rochers émergeants protègent le cap des intrus. À son aplomb, les fonds sont à l’image de la côte : jusqu’à 60 m de distance et à 10 m de profondeur, c’est un bloc rocheux très pentu, parsemé de blocs de toute taille et de zones d’éboulis avec ses failles et ses surplombs. Dans les criques, des blocs de rochers issus de l’érosion sont posés sur le sable et remontent jusqu’à la surface. Des herbiers de posidonies colonisent les fonds sableux. Entre le Cap Sicié et les îlots des Deux Frères, les zones de coralligènes sont exceptionnelles. Mais attention, un plongeur est aussi un marin qui doit rentrer se mettre à l’abri. Les trésors des fonds ne doivent pas faire oublier les dangers de la surface. Ceux qui restent en surface doivent assurer leur sécurité sous-marine mais aussi faire grand cas de la météo marine. Une dernière chose : ce n’est pas parce que Béar et Sicié sont les petits Caps Horn que les avoir doublés donne la permission aux marins de «pisser au vent» sur le pont du bateau ou de poser les bottes sur la table des bistrots bretons comme c’est le privilège des cap-horniers…. Hélène Petit

CAPE SICIÉ AND CAPE BÉAR, THE TWO FRENCH MEDITERRANEAN "CAPE HORNS" Sicié! Béar! Before venturing to these capes, you must look twice at the weather forecast. If it announces force 5 winds at Porquerolles or Collioure, there will be force 6 or 7 winds near to the capes. And the sea, which will be wellformed elsewhere, will be impassable at less than two or three nautical miles from the rocks. With the Tramontane or the Mistral, these are – in certain respects – the two Cape Horns of the French Mediterranean coast. Why? The mooring was most pleasant in the creeks but we really had to continue our journey either to the west or to the east past Sicié or Béar. A few cirrus here and there and we remembered some sailors’ sayings: Clouds stretched and wispy, wind cold and crispy" or even "Cats’ whiskers (Translator’s note: cirrus clouds) precede a strong gale", or even "Mackerel sky and mares' tails make lofty ships carry low sails". Wind was on its way. Doubling these capes should be taken very seriously. What is so special about them? Nothing, apart from their size and location: Mount Béar, oriented east-west, is 800 metres high at its highest point and the massif of Cape Sicié is a 365-metre high cliff. By running out into the sea, these massifs represent a perpendicular block to the majority of the most feared winds in the area: The Tramontane on the one hand and the Mistral on the other, but also their opposites, called, among other names, Marinada (maritime air) or Migjorn (sirocco) in some places and Levant or Eissero in others. And, as a sail produces excessive pressure and a slowing down of flows on one side and, on the other, a depression and acceleration, at the end of the capes, everything goes much faster. Due to their heights, Cape Béar and Cape Sicié produce strong "cape effects". This phenomenon, which is known under the name of Venturi effect, was highlighted by Giovanni Battista Venturi in 1796. This phenomenon enables airplanes to fly, yachts to move forward and river canoes to go quicker in narrow canyons or rapids which are not very deep. This fluid dynamic law applies in the same way to currents and the swell. The fact that the capes run out into the sea represents a break in the flows and the currents start to spin round and round around the cape gaining speed. Two distinctive currents around the cape will begin to converge on it.

The same will happen for the swell. The cape breaks the swell in two. You only have to carry out a straightforward experience to understand this phenomenon: blow strongly above a bowl full of water and, as soon as there are waves, place a finger in the middle. Two separate waves are immediately created and are separated in two at the finger. If you add the boomerang effect of the undertow, you now understand why it is better to avoid the area or sail past the ‘troublemakers’ at a distance. In fine weather, when you can graze the rocks, these areas are a diver’s paradise. The way the water moves and the fact that these places are so dangerous act as a godsend and protect underwater life. The first marine reserve was created in 1974 around Cape Béar. It spreads out over 650 hectares (6,500,000 sq. m.) and 65 hectares (650,000 sq. m.) of the reserve is in a full protection zone. It is marked out by two easilyrecognisable yellow buoys between Cape Peyrefite and Cape Béar. A mine of underwater treasures. A large number of diving clubs bring beginner divers here. Sicié is more hazardous. High beds and emerging rocks protect the cape from unwanted visitors. Directly below, the bed reflects the coastline: extending in places up to 60 metres and at a depth of 10 metres, it is a very steep block of rock, with blocks of all sizes and zones of fallen earth scattered here and there, with faults and overhangs. In the creeks, blocks of rock from the erosion process have been placed on the sand and tips can be seen on the surface. Posidonia beds have colonised the sandy bottom. Between Cape Sicié and the ‘Deux Frères’ (Two Brothers) islands, the corallogenic zones are quite exceptional. But in the same way as sailors, divers have to be careful and leave to take shelter when necessary. Underwater treasures should not make them forget the dangers of conditions on the surface of the water. Those who do not dive should look after their safety underwater but must also pay particular attention to the marine weather forecast. One last thing: it is not because Béar and Sicié are small Cape Horns that sailors are allowed, once they have doubled them, to pee over the edge to the wind or to put their boots on brittany’s bup tables as indeed true CapHorners are entitled to do!


Port Vendres

À la fois nautique et maritime Le «port de Vénus» ne met pas tous ses thons dans le même filet : plaisance, pêche, commerce, croisière, il y a toujours un secteur en crise, un autre en expansion…

L

a terrible tempête du 26 décembre 2008 qui a anéanti la digue de Cerbère, ravagé la baie de Banyuls, détruit les catalanes de Collioure a fait perdre à Port Vendres cinq mille tonnes d’enrochements. Et pourtant, c’est le port le plus abrité de la Côte Vermeille. Parmi toutes les criques qui creusent la côte au pied du massif des Albères, c’est la plus étroite, la plus longue et la plus profonde. Portus Veneris – qui doit son nom à Vénus au culte de laquelle un temple y aurait été dédié – est sans doute connu comme abri depuis que les bateaux circulent en Méditerranée. Ce havre naturel devenu port artificiel pour la première fois sous Jacques 1er au XIIIe siècle, n’a pourtant pas laissé à tous la chance de venir s’y mettre en sécurité, si l’on en croit le nombre d’épaves de toutes les époques qui se trouvent aux abords. Refuge des marins prévoyants, Port Vendres ferme vite sa porte quand la houle d’est nordest se lève : un méchant ressac le long du cap Béar en rend l’entrée délicate.

fortifications” de Louis XIV avait de grandes ambitions pour Port Vendres. Mais Louvois, son «monsieur finances» l’obligea à se contenter de deux constructions de part et d’autre du bassin, juste assez pour abriter l’artillerie qu’il faut pour repousser les navires indésirables. Sur le rocher au dessus du feu vert qui signale les roches affleurantes se dresse la redoute du Fanal avec sa tour blanche chapeautée de vert, et un peu plus en ville, de l’autre côté, celle dite de Béar, aujourd’hui aménagée en monument commémoratif de la conquête du ­Maghreb. Car l’histoire coloniale a marqué la vie de Port Vendres. En faisant route vers la capitainerie, vous passez devant le port de commerce dont la vie, faite de hauts et de bas, a suivi l’histoire tumultueuse des relations entre la France et l’Afrique, et en particulier depuis 1830 avec l’Algérie qui va assurer jusque dans les années 1960 l’essentiel du trafic du port.

THONS ET FRUITS EXOTIQUES Avec l’arrivée du train en 1867, c’est l’explosion. Le nombre de passagers et de marchandises ne cesse d’augmenter jusqu’au début de la seconde guerre mondiale. Un service de liaison avec les paquebots est mis en œuvre à partir de 1885. Le trajet de Port Vendres Afrique du Nord a la réputation d’être « la traversée la plus courte dans les eaux les plus calmes ». Les destructions de la seconde guerre mondiale puis l’indépendance de l’Algérie porteront un coup fatal aux activités portuaires. La pêche, notamment au thon, prendra le relais, le temps que les activités commerciales trouvent de nouveaux débouchés vers l’Afrique noire. Maintenant que les thoniers connaissent un sévère déclin, Port Vendres est devenu le second port fruitier français de Méditerranée. Ananas,

bananes et autres fruits exotiques qui peuvent mûrir pendant le transport en conteneurs arrivent régulièrement de Côte d’Ivoire, du Cameroun… Pour faire face à l’augmentation du trafic, le port est sans cesse modernisé, un troisième quai est un projet. Autre filon en voie d’exploitation : la croisière grâce à une ville “typique” et un arrière pays qui ressemble encore à la Côte d’Azur des années vingt. Port Vendres fait partie de ces ports où le plaisancier aime entrer. Bien plus que dans une marina, on se sent appartenir – modestement – à la famille des gens de mer. Il y en a les ambiances, les bruits, les parfums, les couleurs. Une escale comme on les aime, au caractère bien trempé, même par temps sec. Christophe Naigeon Emma Chazelles

ENTRE FORT ET SÉMAPHORE De loin, on reconnaît à gauche de l’entrée le cap Béar, avec son sémaphore imposant et son phare qui ressemble à une tour de jeu d’échecs. Rendu célèbre par les bulletins de la météo marine qui en font une sorte de cap Horn catalan, Béar joue assez bien son rôle d’accélérateur de vents et d’amplificateur de vagues. Pourtant, cap Cerbère et cap Creus sont encore plus doués pour cela. Sorte de symétrique au sémaphore de Béar côté droit, le fort Saint Elme, ancienne tour de guet, fortifié en 1552 par Charles Quint et revisité par Vauban en 1680, défend à la fois Collioure et Port Vendres. Héroïquement parfois : lors d’un assaut espagnol en 1794, il reçut 10.800 coups de canon sans céder à l’ennemi… C’est aujourd’hui une propriété privée. LES AMBITIONS DE VAUBAN Vous entrez dans la passe. Sur bâbord, un coup d’œil au curieux feu rouge du môle perché sur ses grandes pattes blanches depuis 1869. Mais, à tribord, avant la moderne criée aux poissons, vous passez sous la première des deux redoutes construites par Vauban. Le “monsieur

4 A

steps ashore pas à terre

llez vers la place de l’Obélisque qui est aussi celle du marché. Les platanes vous y tiendront à l’ombre. Intrigant, ce monument que Louis XVI voulait à sa gloire. D’énormes travaux ont été nécessaires pour dresser sur la place de l’actuelle mairie le premier monument élevé de France : 100 pieds (30 m) de haut. L’aiguille rose, coiffée d’un globe terrestre est soutenue par quatre tortues de bronze. En bronze aussi les bas-reliefs du socle : les quatre continents connus de l’époque en allégories un peu naïves. La place devait faire partie d’un ensemble architectural ambitieux, imaginé par De Wailly, peintre, urbaniste et architecte du Roy. Mais cette idée d’une

ville nouvelle dans ce petit port qui comptait moins de 150 habitants ne verra jamais le jour. Trois mois après l’inauguration de l’Obélisque en mars 1789, c’est la Révolution. Les ornements en bronze partent à la fonderie de l’arsenal de Toulouse pour faire les canons dont la Convention a besoin pour la guerre déclarée en janvier 1793 à l’Espagne. L’obélisque connaîtra bien d’autres vicissitudes mais les quatre bas-reliefs sont encore là. Vous pouvez aujourd’hui admirer «La Servitude en France, abolie» restaurée 150 ans après sa création par le sculpteur Alain Fous. Quant à «L’Amérique indépendante», il favorisera en 1990 le jumelage de Port-vendres avec Yorktown.

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PAULILLES L’ANCIENNE DYNAMITERIE

PAULILLES, THE FORMER DYNAMITE FACTORY

Onshore and offshore pleasure Formerly a fishing port and now an anchorage Don’t put all your eggs in one basket – or all your fish in one net, for that matter! The «Port of Venus» covers the bases with yachting, fishing, shops and cruise trade. There is always one sector in crisis – but another is expanding at the same time. It has three landmarks that are almost perfectly The terrible storm of 26th December 2008 wiped out the Cerbère harbour wall, devastated the Bay of Banyuls, destroyed Collioure’s traditional fishing fleet and caused Port Vendres to loose 5,000 tonnes of rock fill – despite being the best-sheltered port in the Côte Vermeille area. Of all the coves that cut into the coast at the foot of the Albères hills, Port Vendres is the narrowest, longest and deepest. Portus Veneris – the name comes from Venus, in whose honour a temple is said to have stood here – was probably known as a safe harbour here ever since boats have been sailing around the Mediterranean. This natural haven became a man-made port for the first time under Jacques 1st in the 13th century, but judging by the number of wrecks in the area, not every sailor was lucky enough to make it to safety. Port Vendres offers refuge to sailors that are well-prepared, but the door closes off when the east-north-easterly swell rises. A nasty backwash along Cap Béar makes it difficult to get into the harbour. BETWEEN FORT AND LIGHTHOUSE The Cap Béar headland, with its large signalling station and its lighthouse that looks like a castle from a chessboard, can be seen from a good distance. The spot is well-known for its shipping weather forecasts, which have made it a sort of Catalonian Cape Horn. The headland contributes to accelerating the winds and amplifying the waves. However, Cap Cerbère and Cap Creus are even better at this. In an almost symmetrical position opposite Cap Béar, the former watchtower Fort Saint Elme, built in 1552 by Charles Quint and renovated by the famous French military engineer Vauban in 1680, defends both Collioure and Port Vendres. Its history includes some truly heroic chapters. During a Spanish attack in 1794, it took 10,800 cannon shots without surrendering. Today the fort is a private estate. VAUBAN’S AMBITIONS As you sail into the strait, glance to your port side at the strange red light that stands on its big white legs the end of breakwater since

AN OBELISK AND A REVOLUTION Head for ‘Place de l’Obélisque’, which is the local marketplace. You can enjoy a shady spot here, under the plane trees. Take a look at this intriguing monument that Louis 16th wanted built in his honour. It took an incredible feat to erect this monument on the spot where the Town Hall now stands. It is 100 feet (30 m) high. The pink needle, topped with a globe, was borne up by four bronze tortoises. The bas-reliefs on the base were also made of bronze, and show rather naïve representations of the four continents known at that time. The intention was for this square to form part of an ambitious architectural project dreamed up by De Wailly, the King’s painter, urban planner and architect. However, this plan for a new town at this harbour of less than 150 residents was never implemented. Three months after the inauguration of the obelisk in March 1789, along came the Revolution. The bronze decorations were melted down in Toulouse to turn into the cannons the government needed for its war against Spain, declared in January 1793. The obelisk lived through many other trials, but the four bas-reliefs have come through it all. You can today enjoy the fresco showing «Slavery abolished in France», thanks to its restoration 150 years after its creation, by sculptor Alain Fous. The «Independent America»

1869. On your starboard side, before you get to the modern fish market, you will see two fortifications built by Vauban. The military engineer had big ambitions for Port Vendres under Louis 14th. However, the Secretary of State Louvois, who held the purse-strings, forced him to settle for two constructions, either side of the port, just enough for the artillery that would be needed to drive off unwelcome visitors. On the banks above the green light warning sailors of the underwater rocks, stands the Fanal fort with its white tower and green hat. On the other side, the Béar side, a little nearer the town, there is a second fortification which today stands as a monument to French victories in North Africa. Port Vendres was intimately connected with France’s colonial history. As you head for the harbour authority offices, you will pass the commercial docks, whose up-and-down history has see-sawed with the fortunes of the relations between France and Africa, in particular Algeria since 1830, which accounted for most of the traffic through the port until the 1960s. TUNA AND EXOTIC FRUIT When the railways arrived in 1867, things really took off. The volume of passengers and goods kept increasing until the start of the Second World War. A steamer connection was set up in 1885. The Port Vendres/North Africa route had the reputation for being «the shortest crossing in the calmest waters». The damage caused by the Second World War, followed by Algerian independence, was a lethal blow for the commercial port. Fishing, and in particular tuna fishing, took up the baton, whilst new trade routes were starting to open up with Sub-Saharan Africa. Tuna fishing is now in steep decline, but Port Vendres has since become the second-largest fruit-handling port in the Mediterranean. Pineapples, bananas and other exotic fruits that can ripen during container transport are brought in regularly from the Ivory Coast and Cameroon. Faced with this increasing shipping traffic, the port has been regularly modernising and a third quay is being planned. Another business that is booming is cruise tourism, attracted by a «typical» town and a landscape that still looks like the French Riviera did in the 1920s. Port Vendres is one of those harbours that yachters love calling in on. Beyond simply mooring up at a marina, it feels like you are welcomed into the family of seafarers. There is a special atmosphere to soak up – sounds, fragrances and colours. A characterful port of call, if ever there was one.

fresco helped to promote the twinning scheme between Port Vendres and Yorktown in 1990.

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Article réalisé avec le concours du La chaîne des Albères, à l’est des Pyrénées, plonge en Méditerranée dans un paysage de contrastes où les vignes en terrasse surplombent les ports de pêche : c’est la Côte Vermeille, très découpée et montagneuse, qui fascina Brayer, Derain, Matisse et Picasso. Elle se caractérise par une succession de lignes de crêtes et de points hauts souvent marqués par la présence de forts, tours à signaux et batteries.

The Albères mountain range, east of the Pyrénées, plummets into the Mediterranean Sea in a landscape of contrasts where sloping vineyards overlook the fishing harbours. This is the ragged and hilly Côte Vermeille, which fascinated Brayer, Derain, Matisse, Picasso and Charles Rennie Mackintosh. It features a sequence of crest lines and peaks, frequently marked with forts, communication towers and batteries.

e Conservatoire du littoral préserve le caractère pittoresque de la Côte Vermeille et sa L mémoire en réaménageant le site de Paulilles.

Territoire façonné par la nature et l’histoire, l’anse de Paulilles offre de multiples visages. De la côte rocheuse à la côte sableuse, schistes rouges, sables blancs et galets multicolores bordent les eaux claires de cette baie. Véritable amphithéâtre marin abrité par les caps Béar et Ullestrell, l’anse de Paulilles recèle une richesse aquatique insoupçonnée. Un herbier de posidonies, bien que relativement pauvre dans ces eaux, offre gîte et couvert à toute une faune méditerranéenne. Coquillages, crustacés et poissons y abondent. Quelques bâtiments conservés de l’ancienne dynamiterie, installée en 1870 après la chute de Sedan, gardent mémoire d’une activité industrielle qui aura duré plus d’un siècle : nous sommes en 1870, un peu partout en Europe résonne le bruit des bottes. Dans le monde, de grands travaux de génie civil sont en cours et la colonisation de l’Afrique commence. Alfred Nobel, inventeur de la dynamite, puissant explosif plus stable que le nitroglycérine du Salaire de la Peur, n’a pas encore créé le célèbre prix qui récompensera, à partir de 1901, les hommes et les femmes qui font progresser la recherche et la société. L’anse de Paulilles est à terre un territoire viticole, et en mer une baie paisible où pêchent les marins de Collioure, de Port Vendres, de

The Coastal Protection Agency ( Conservatoire du Littoral ), which occupies the land of Paulilles site, has preserved the picturesque aspect and history of the Côte Vermeille. As a territory shaped by nature and history, Paulille’s cove presents many faces. Red shale, white sands, and multicoloured pebbles form the boundaries of the bay’s clear waters. Being a true marine amphitheatre sheltered by the Béar and Ullestrell headlands, Paulille’s cove contains hidden aquatic richness. An underwater garden (posidoniae herbarium), although of quite poor quality, offers board and lodging to a range of Mediterranean marine life. Seashells, shellfish, and fish are found in abundance here. A few buildings remain from the old dynamite factory, which had been installed in 1870 after the fall of Sedan. They keep alive the memory of an industrial activity that lasted more than a century: we are in 1870, sabre-rattling echoes across Europe. Throughout the world, major civil works are underway and the colonisation of Africa has begun. Alfred Nobel, the inventor of dynamite, the powerful explosive more stable than the nitro-glycerine from the film, “Wages of Fear”, has not yet instituted the famed Prize that will be awarded, starting in 1901, to men and women who render the greatest service to research and society. Paulille’s cove is a wine growing area; towards the sea, it is a quiet bay where fishing is

­ anyuls et de Cerbère. Situé à l’extrême sud de B la France, loin des zones de combat, le site est un emplacement idéal pour installer une usine de poudres et d’explosifs militaires. Abrité par les caps Béar et Ullestrell, défendu par la place forte de Port Vendres, il offre un embarcadère sûr, indispensable à ces transports dangereux qui, à l’époque, sont exclusivement effectués par voie maritime. Sous la conduite de Paul Barbe, homme politique influent associé à Alfred Nobel, sort de terre un ingénieux complexe industriel. Une communauté autarcique va s’y développer : les ouvriers, anciens viticulteurs pour la plupart, vécurent ainsi à l’écart des ateliers, dans un petit hameau doté d’une école et de jardins familiaux. À cette époque, malgré la fréquence des accidents liés aux explosions, règne la paix sociale. Dans les années 1930, favorisé par une solidarité forgée par le danger et l’exercice d’une activité pénible, apparaît un puissant syndicalisme. À l’issue de graves explosions endeuillant la communauté, les ouvriers de la dynamiterie prennent l’initiative de grèves importantes. Le site sera modifié en fonction des besoins de production, des inondations, des explosions, mais on repère aujourd’hui encore la centrale vapeur, les ateliers d’encartouchage, le château d’eau... La maison du directeur était prudemment en recul et en hauteur pour échapper aux crues du Cosprons ; aujourd’hui, maison de site, elle accueille les visiteurs. L’usine ainsi reconvertie garde trace de son passé et porte « l’avenir d’une mémoire». L ‘anse de Paulilles est un charmant mouillage à l’abri de la Tramontane. Mais attention aux posidonies, jetez l’ancre là où l’au est claire et donc le sable nu…

commonplace for the inhabitants of Collioure, Port Vendres, Banyuls and Cerbère. As it is located at the extreme south of France, far from the battle areas, it was an ideal location for a factory producing military gunpowder and explosives. Sheltered by both the Béar and Ullestrell headlands, and protected by Port Vendres fort, it provided a safe landing stage, essential for these hazardous transports, all of which were carried by sea in those days. Under the management of Paul Barbe, an influent politician in partnership with Alfred Nobel, an intricate industrial complex soon developed. A self-sustaining community begins: the workers, most of them former wine-growers, live near the workshops, in a little hamlet equipped with a school and family gardens. Social stability endures, despite the frequent accidents resulting from explosions. In the thirties, a strong trade union begins, encouraged by a solidarity strengthened by danger and unsafe practice. As a result of serious explosions which plunged the community into mourning, strikes were frequent. The site was then made safer, lessening the risk of floods and explosions and one can still see today the steam generator, the cartridge loading workshops and the water tower. The director’s house is remote, on high ground, in order to avoid the Cosprons floods; today it has become a visitor’s centre. The preserved factory reveals its past and bears “the future of a memory”. Paulille’s cove is a charming mooring, well protected from the Tramontane. But avoid underwater growth (posidoniae) - drop anchor where waters are clear, and where sand is bare …


Collioure

Pas seulement des grands fauves Où que l’on se mette, Collioure est une carte postale. Alors, une fois amarrés à la bouée qu’on vous aura attribuée au cœur de la ville, vous pouvez vous contenter de regarder autour de vous.

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ollioure partage avec Port-Argelès le privilège de donner à voir le Canigou dans les manœuvres d’approche. Quand il reste un peu de neige, c’est proprement splendide. Et, à part une disgracieuse barre de maisons récentes qui casse la perspective entre l’église et les sommets, on ferait exprès de rentrer et de sortir du port, rien que pour jouer avec ce zoom qui, en avant ou en arrière, fait découvrir de nouvelles beautés. FANAL, PRISON, CLOCHER D’autres amers sont partagés entre Collioure et ses proches voisins, comme la tour Madeloc sur la crête des Albères (voir Banyuls) et le fort Saint Elme (voir Port Vendres). Mais Collioure, la “perle de la Côte Vermeille”, a bien d’autres sujets de carte postale. De loin, le point de repère, c’est le clocher de l’église Notre Dame des Anges, avec son air de fusée médiévale dont le dôme, s’il était vert ou rouge plutôt que rose, le ferait passer pour un phare. Ce qu’il fut d’ailleurs vers 1642 avant de devenir prison en 1677 puis clocher en 1693. Le dôme est de 1810. Sous ces dehors austères, l’église recèle des trésors baroques, notamment un retable sculpté sur bois par le catalan ­Joseph Sunyer et recouvert de feuille d’or.

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steps ashore pas à terre

Le vrai fanal a des allures plus romantiques avec son capuchon de fer forgé qui éveille l’imaginaire : bouchon sur une carafe de bon vin, tonnelle pour y faire grimper un chasselas, palais d’Orient… Mais il ne date pas de l’époque des califes de ­Bagdad : le môle d’abritement a été inauguré avec son fanal le 15 avril 1886. Jusqu’à une date récente, Collioure a donc été exposé à tous les coups de mer et ses deux ports, l’Aval et l’Amont de part et d’autre du château royal, n’étaient des abris que par tramontane. DE CAUCOLIBERIS AU CHÂTEAU ROYAL Le château royal est une autre évidence pour qui arrive par la mer. Il a du impressionner plus d’un capitaine, comprenant qu’il n’entrait pas dans n’importe quel port de pêcheurs. Sans doute y avait-il là déjà des constructions du temps où fut fondée Caucoliberis (Collioure) deux mille ans avant notre ère. Les Gaulois puis les Romains s’y installèrent. Les Wisigoths s’y battirent en 670. Les Sarrazins l’envahirent comme toute la Septimanie, les Francs les en chassèrent, les pirates Arabes et Normands y jetèrent la confusion, les querelles de princes et d’église, la sécheresse, les inondations, la peste et

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Le phare vert

la famine firent le reste. Bien longtemps avant les Fauves, c’était le jungle. Collioure a eu très tôt des tours, des murs, des casemates. Ce qu’on voit aujourd’hui demande un effort d’imagination : enlevez ce que Vauban (encore lui !) a fait sous Louis XIV et vous aurez une petite idée de sa magnificence quand les Comtes de Barcelone, les Rois d’Aragon et les Rois de Majorque en firent l’une de leurs résidences à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècles ! À terre, la visite s’impose. Et, des remparts, vous pourrez surveiller votre mouillage.

sanitaires et des douches comme dans n’importe quel port de plaisance, mais le classement comme monument historique de la moindre pierre rend leur implantation difficile, dit-on à la Mairie. Mais ça va se faire. Maintenant que vous êtes à la bouée, levez la tête vers le sud. Le moulin à vent installé sur la première colline est le plus ancien du Roussillon. Un peu plus bas à droite, le bâtiment que vous voyez est le cloître des Dominicains. Il faut y entrer pour en voir la grâce architecturale. Bref, vous n’allez pas vous ennuyer. Et nous n’avons pas parlé des peintres… Vous pouvez aussi vous contenter de rester à bord et de regarder autour de vous. C’est ça, Collioure. Christophe Naigeon Emma Chazelles

MOUILLAGE : BALCON SUR LA VILLE Car Collioure n’a pas de places de passage à quai. À part une possibilité d’accostage de courte durée en face du quai de l’Amirauté en hiver quand il n’y a pas de bateaux de visite en mer, les visiteurs s’amarrent à quatorze bouées sur coffres dans la baie. Fini le temps où quarante bateaux se tamponnaient, polluaient, labouraient les posidonies, risquaient d’arracher le collecteur d’égout. Depuis trois ans, les places sont payantes (de 15 à 30 e pour 24 h). Les plages de la ville sont redevenues baignables et il paraît que les posidonies recolonisent les fonds. Manquent encore des Plaisancier amarré

as de plage de sable fin mais celle du petit port a d’autres ­attraits qui lui donnent cette parfaite harmonie. Elle nous invite à rencontrer Matisse et Derain qui, dès 1905, en ont immortalisé la beauté singulière. Au décours d’un circuit pédestre le «Chemin du Fauvisme», à l’intérieur de la vieille ville comme au port, vous pourrez en vingt stations redécouvrir sous forme de promenade guidée les sites qui ont inspiré deux des artistes emblématiques du port de pêche de jadis. Collioure abrite aujourd’hui nombre de galeries et un Musée d’Art Moderne, installé dans la villa de l’ancien sénateur Gaston Pams. C’est Collioure encore qu’Antonio Machado, le grand poète humaniste espagnol

fuyant la dictature franquiste, a choisi pour exil en 1939. Envie de marcher ? Consacrez une heure à la parcourir, de Fort Miradou (centre national d’entraînement commando) à l’Oli qui est aussi le point de départ d’un «sentier mauresque». La Chapelle Saint Vincent, sur son

rocher qui était sans doute un îlot, abrite les reliques de celui qui y fût supplicié. Emportées par les troupes espagnoles en 1642, elles n’ont été ramenées de Rome qu’en 1700, le 16 août, date qui donne lieu chaque année à une procession de barques et à de grandes fêtes.

Horloge du clocher

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LES TENTATIONS DE LA CAMBUSE

Beauty – and not just in the eyes of the painters one of their personal residences in the late 13th and early 14th century. Once you’ve landed, the Château is really worth a visit. You can keep an eye on your mooring from up on the castle walls.

Along with Port-Argelès, Collioure enjoys the privilege of giving you a view of the Canigou mountain as you approach the port. The view is splendid, particularly when there is still some snow capping the peak. If it wasn’t for the ugly row of modern houses that block out the view between the church and the mountain tops, you would be tempted to come in and out of the port, simply to zoom in and out of this stunning panorama. There are other landmarks to spot around Collioure, like Tour Madeloc on the Albères ridge (see Banyuls) and Fort Saint Elme (see Port Vendres). Collioure is known as ‘The Pearl of the Côte Vermeille’, and offers plenty more picturepostcard scenes.

ANCHORAGE AND A STUNNING VIEW OF THE TOWN Collioure has no dockside moorings. Docking is allowed for short periods in winter opposite Quai de l’Amirauté if there are no other boats visiting. Otherwise visiting yachters moor up on one of fourteen mooring buoys in the bay. In times gone by, boats jostled, polluted the bay, ploughed up the sea grass and came close to pulling up the sewage outflow system. Those days are no more. Berths now costs €15 to €30 for a 24hr mooring. The town’s beaches are much cleaner now, and the sea grass appears to be coming back. There still aren’t any toilets or showers as you find in other yachting ports, but the problem is that almost every little bit of land is listed as a historical monument, making it difficult for the town authorities to develop new facilities. But all that is in the pipeline. Now you are anchored by the buoy, raise your head and look southwards. You will see the oldest windmill in the Rousillon region, up there on the first hill. The building you can see a little lower down on the right is the Dominican cloister. It is worth a visit, in order to contemplate its architectural beauty. You certainly won’t regret it. And we still haven’t talked about those famous painters… For the moment, have a look around and enjoy the view from the boat. Soak in the flavour of Collioure.

LIGHTHOUSE, PRISON, CHURCH From a distance the most distinctive marker is the steeple of Notre Dame des Anges, looking like some kind of medieval rocket, topped with a dome that would make it look like a lighthouse, if it were green or red, rather than pink. But that is indeed what the tower was in around 1642, before being turned into a prison in 1677 and then a church in 1693. The dome dates from 1810. The austere exterior offers a home for some baroque treasures, in particular a sculpted wooden altarpiece by Catalan artist Joseph Sunyer, inlaid with gold leaf. The actual signal light looks even more romantic with its wrought-iron cap. If you let the imagination run, you can see it as a wine carafe, a curving trellis frame for climbing vines or an Oriental palace. But this structure does not date from the time of the Caliphs in Baghdad. The pier and its light were inaugurated on 15th April 1886. All that means that until recent times, Collioure was exposed to all seaboard winds and the two harbours either side of the Château Royal were only sheltered when the Tramontane blew down from the north. FROM CAUCOLIBERIS TO CHÂTEAU ROYAL The Château Royal is another striking feature when you arrive from the sea. It must have impressed seafarers over the ages, realising that this was not just any old fishing port they were entering. There were likely to have already been buildings here from the early days of Caucoliberis (Collioure), two thousand years ago. The Gauls settled here, then the Romans. The Visigoths fought here in 670. The Saracens invaded the village along with the whole region, the Franks drove them back, Arabian and Norman pirates tormented the coasts – and the quarrels of princes and ecclesiastical powers, drought, flood, plague and famine did the rest. A turbulent history, to be sure! Collioure was very quickly fortified with towers, walls and bunkers. With a little imagination, if you ignore all that Vauban (yes, him again!) built under Louis 14th, you can start to visualise the splendours of the town under the Counts of Barcelona, Kings of Aragon and Majorca, who made this place

ANCHOIS DE COLLIOURE, MUSCAT DE RIVESALTES, OURSINS DE PARTOUT...

Fotolia-Niderlander

Whichever way you come at it, Collioure is pretty as a picture postcard. So once you have moored up with one of the buoys they will give you in the heart of the village, just take a look around and enjoy what you see.

Vous ne connaissez pas encore Collioure, ce petit port catalan de la Côte Vermeille ? Il ne vous reste alors qu'à le découvrir car il est sûr que vous serez séduit par les charmes de ce village qui a inspiré les plus grands peintres . Et quelques cuisiniers... ous ne pourrez pas rester insensible à la V gastronomie de Collioure. Vous pourrez siroter en terrasse un verre de vin de Collioure ou

pourquoi pas boire, en apéritif, un verre de Banyuls, ce vin doux naturel vieilli en fût de chêne. Mais vous pourrez aussi découvrir l'autre grande spécialité de Collioure, les anchois. L'anchois est pêché, au filet, du mois de mai au mois d'octobre. Les pêcheurs attirent les anchois dans leurs filets à l'aide du lamparo, la lampe placée à l'avant du bateau qui éclaire la surface de la mer pour attirer les poissons. À leur arrivée au port, ils sont triés selon leur grosseur, acheminés vers les ateliers de salaison. Ils sont alors salés, étêtés et éviscérés à la main puis sont placés, pour une phase de maturation qui durera entre trois et six mois dans des fûts, en couches croisées, en alternance avec une couche de sel. La salaison du thon, des sardines et des anchois dans ce village remontent au Moyen-Âge. Cette activité se développa tant qu'en 1466, le Roi Louis XVI exempta les habitants de Collioure, de la gabette, l'impôt sur le sel. Aujourd'hui, il ne reste, en raison de la raréfaction des anchois causée par une surpêche, que deux conservateurs, des sociétés artisanales et familiales, les maisons Roque et Desclaux. Leurs ateliers se visitent et une dégustation de leurs produits est offerte sur place. Vous y découvrirez les filets d'anchois au sel, les filets à l'huile, les filets marinés au vinaigre (appelés aussi boquerones et délicieux à l'apéritif!) et la crème d'anchois. L'anchois se déguste en entrée (il se marie à merveille avec des poivrons rouges grillés et marinés à à l'ail et l'huile d'olive), sur une pizza ou sur une tranche de pain grillé. Il rentre aussi dans la composition de nombreux mets tels que la tapenade ou dans de nombreuses recettes de pâtes. Un régal!

Vous avez choisi de faire escale en Catalogne. Excellente idée ! Vous allez découvrir une région riche en culture et traditions. Pour une première approche de la culture catalane, installez-vous en terrasse et commandez un nectar né de terres arides et du climat méditerranéen... un Muscat de Rivesaltes. You won’t find fine white sands, but the harbour beach has other charms to offer. Its atmosphere will take you back to 1905, when Matisse and Derain immortalised Collioure’s beauty in their paintings in the early days of the Fauvist movement. Take a walk around the town on the ‘Fauvism Trail’, visiting the old town and the harbour, with twenty information points at the various spots that so inspired these artists. These days, Collioure is bursting with galleries and a Modern Art Museum, in the villa of former Senator Gaston Pams. Collioure was the hideaway chosen by Antonio Machado, the great Spanish humanist poet when he fled the Franco dictatorship in 1939. If you feel like more walking, try setting out across the town from Fort Miradou (the national commando training centre) to Oli, the starting point of another walk – the ‘Moorish Trail’. At Saint Vincent Chapel, up on a rock which was probably once a little island, there are relics of the martyred saint. They were seized by Spanish troops in 1642 and only brought back from Rome in 1700, on the 16th August, a date that is marked every year by festivities and a boat procession.

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Cette appellation qui recouvre plus de 5000 hectares s'étend sur 90 communes des Pyrénées-Orientales et 9 communes de l'Aude. Le Muscat de Rivesaltes est un vin doux naturel, obtenu par une opération de mutage qui consiste à apporter un supplément d'alcool vinique neutre sur le moût de raisin afin d'arrêter la fermentation et donc conserver une partie du sucre. Ce vin à la robe dorée est élaboré à partir de deux cépages : le muscat à petits grains qui apporte des parfums de fruits exotiques et d'agrumes et le muscat d'Alexandrie, qui offre des arômes de fruits mûrs et de fleurs blanches. La proportion des deux cépages varie selon les producteurs. Le Muscat de Rivesaltes et généralement mis en bouteille très tôt afin de conserver ses arômes de fruits frais. Il peut être gardé en cave quelques années. Ses arômes évolueront alors vers des notes de miel, d'abricot et sa robe se fera plus ambrée. Régalez-vous avec un Muscat de Rivesaltes à l'apéritif. Il se marie aussi à meveille avec le foie gras, les mets sucrés-salés et les desserts à base de fruits jaunes, telles qu'une tarte à l'abricot. Et avec une crème brûlée ou une île flottante, il n'est pas mal non plus! Vous pourrez aussi essayer une association originale en le dégustant avec un fromage bleu, comme le roquefort. La température idéale de dégustation est entre 8 et 10°C. Mais n'oubliez pas, aussi délicieux soit-il, le muscat est à consommer avec modération!

Par Sandrine Mazziotta-Bastien Vous naviguez le long de la côte catalane. Attention aux zones protégées où oute pêche ou cueillette est interdite ! Plutôàt que de piller la nature, achetez vos oursins chez les professionnels, notamment à côté de la criée de Port Vendres qu’on recommande ! Appelé Châtaigne de mer ou Hérisson de mer, l'oursin est un régal pour les amateurs de goût iodé qui apprécient ses saveurs douces-amères. La partie consommable de l'oursin sont les cinq glandes sexuelles, les gonades. Il s'agit en fait de ce qu'on appelle communément corail. En Méditérannée, la période autorisée de pêche s'étend du 1er octobre au 30 avril afin de permettre à l'espèce qui est menacée de se reproduire. La pêche est très règlementée. En période de pêche, les amateurs peuvent prélever quatre douzaines d’oursins par personne s’ils pêchent à pied, mais une douzaine seulement s’ils pêchent au large, quel que soit le nombre d’occupants du bateau. Les professionnels, eux, ne sont pas limités. Si vous décidez d'acheter des oursins, savezvous les ouvrir? Utilisez un couteau ou un ciseau à partir de la bouche (la zone molle dépourvue de piquants) jusqu'à mi-hauteur. Pensez, pour ne pas vous blesser, à utiliser des gants ou un torchon plié. Il faut ensuite enlever l'appareil digestif afin d'enlever le corail. Comment savoir si un oursin est frais? Un oursin frais doit avoir des piquants durs et bien dressés. Dans leur coquille, ils se conservent trois jours au réfrigérateur dans un linge humide et seulement un jour ou deux lorsqu'ils sont décoquillés. Le corail est consommé cru, parfois accompagné d'une goutte de jus de citron, de sel et pourquoi pas d'échalottes. Il peut aussi être ajouté dans une soupe de poissons, une omelette ou une sauce, telle que la sauce à la béchamel et à la crème fraîche que l'on nomme Oursinade. Mais attention, pour les puristes, l'Oursinade est un plat qui n'a rien à voir avec cette sauce. En voici la recette :

Recette de l'Oursinade 4 douzaines d'oursins, 6 tranches de baudroie 6 tranches de daurade 1 carotte et 1 oignon émincé, 6 oeufs 12 tranches de pain 2 verres de vin blanc 2 cuillères de farine 1 bouquet garni d'herbes de Provence, persil Huile d'olive, 175 g de beurre, sel, poivre Dans une casserole, faites légèrement revenir, dans l'huile d'olive, l'oignon et la carotte. Ajoutez les tranches de poisson, le persil, les herbes de Provence et mouillez avec le vin blanc. Assaisonnez et portez à ébullition. Couvrez, éteignez le feu et laissez reposer 20 minutes. Dans une autre casserole, que vous mettez au bain-marie, faites fondre votre beurre dans un peu d'eau. Salez, poivrez. Battez dans cette préparation, hors du feu, 6 oeufs dont un oeuf dur finement hâché. Ajoutez la farine et les 3/4 du bouillon de cuisson des poissons. Fouettez bien ce mélange afin d'obtenir une crème onctueuse. Ajoutez le corail des oursins que vous aurez retirées à l'aide d'une cuillère. Dans chaque assiette, disposez 2 tranches de baguette de pain, si possible de la veille. Mouillez-les avec le bouillon restant. Tartinez les tranches avec la crème d'oursins et disposez les tranches de poisson.

Foie gras poêlé au Muscat de Rivesaltes 4 escalopes de foie gras de 90 g environ 15 cl de muscat de Rivesaltes Sel, poivre Mettez votre foie gras cinq minutes au congélateur avant la cuisson. Pour que l'escalope ne fonde pas, le foie gras doit être très frais et la poêle très chaude. Poêlez les escalopes sans matière grasse, environ une minute de chaque côté. Salez, poivrez. Réservez au chaud. Jetez l'excès de graisse et déglacez votre poêle avec le Muscat de Rivesaltes. Nappez vos escaloppes de cette sauce et servez.


Argelès sur Mer

Le port qui descend de la montagne Dernier ou premier port de la côte sableuse ou de la côte rocheuse… difficile de trancher. Ce qui saute aux yeux c’est la rupture du paysage. Port-Argelès se trouve exactement à la jointure. Puis quand les manœuvres d’approche contraignent les yeux à se porter moins loin, c’est un morceau de Disneyland que l’on découvre. À dix heures et environ trois milles à l’intérieur des terres, bien clair sur un fond de reliefs boisés, se tient fièrement le vrai-faux château de Valmy, sorte de “folie” achevée en 1900, un Xanadu sorti du rêve de Citizen Kane le magnat de la presse : son créateur, Pierre Bardou, fit aussi fortune avec du papier, les fameuses feuilles JOB qui partirent en fumée avec des centaines de millions de cigarettes prolétaires. Son gendre, Jules Pams, ministre de l’Agriculture et adversaire malheureux de Raymond Poincaré à la présidentielle de 1913, inventeur de la loi VDN sur les vins doux naturels qui fit la fortune du vignoble catalan, y amena le tout-Paris. L’endroit ne mérite pas l’effort d’y aller quand on est un navigateur-piéton, mais quatre chambres d’hôtes que l’on dit somptueuses pourront accueillir vos nuits de fête quand votre bateau hivernera.

P

ort-Argelès est posé sur le lit de la rivière Massane. Ce n’était il y a vingt ans que la digue anti-ensablement de son embouchure, l’ouvrage anti-inondation de la plaine d’Argelès. Sur bâbord, le Racou, une plage minuscule en sépare l’entrée des premiers récifs de la côte Vermeille, les confins nord du massif des Albères. Quelques cabanes en planches devenues cabanons puis modestes villas dans les années trente quand les Bains de Mer sont venus à la mode. Une forte personnalité, un rêve

inabouti de “commune libre”, des rues exclusivement en langue catalane. Le dernier – ou le premier, c’est aussi selon – endroit pour étaler sa serviette et planter son parasol. Sur tribord, pas de problème pour avoir du sable sur sa tartine de goûter quand souffle l’un des douze vents du Roussillon. Ici commence l’immense cordon littoral qui, de grau en grau et d’étang en étang ne finira, à peine interrompu par quelques tentatives de promontoires rocheux, qu’à l’est du golfe de Fos.

Style balnéaire

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steps ashore pas à terre À

Port-Argelès, à deux pas de l’office du tourisme, restaurants et cafés complètent un dédale sympathique de petits commerces artisanaux rassemblés dans des chalets de bois et où l’on aime déambuler comme dans un village de cinéma. Essayer aussi les itinéraires pédestres comme le sentier du littoral vers le hameau du Racou, les criques de Porteils et de l’Ouille qui concrétisent un bord de mer aux milles visages tant admirés lors de l’approche en bateau et l’arrière-pays que ferme sur d’autres châteaux en Espagne la somptueuse barrière des Pyrénées. Une balade de 13 km (comptez 3 h

Mais c’est entre le premier et l’arrièreplan que se joue sans doute le plus impressionnant contraste : devant l’étrave, une plaine aussi plate et fertile que savent en faire les fleuves côtiers qui dévalent des hauteurs et déposent là leurs bagages limoneux, lassés des rapides dans la caillasse. SEA, SNOW & SUN Au fond, la muraille du Canigou, haute de 2.784 m, impressionnante l’été, majestueuse dans les navigations de fin d’hiver quand la tramontane a lavé la lumière et que, surgie de la mer, la neige étincelle. Argelès peut revendiquer le titre de porte de la Côte Vermeille. De la mer, ça saute aux yeux. On y prend la mesure de sa solidarité avec le massif pyrénéen, planté comme une citadelle sans faubourgs au milieu d’un monde horizontal, maritime et terrestre. Argelès est comme le champ de mars d’une forteresse baroque dont on peut apercevoir, avec les jumelles de bord, les casemates de toutes les époques, témoins d’un passé où les frontières se défendaient d’autant plus férocement qu’elles étaient bien incertaines.

aller-retour) peut vous conduire du cordon dunaire au Grau de ­Massane qui donne encore son nom à la réserve naturelle de 300 ha : la forêt des Coulomates. L’apport d’eau douce y a favorisé une remarquable végétation arborescente. Puis vous continuez vers le massif schisteux des Albères qui se baigne résolument dans la mer. Vous pouvez aussi choisir “le chemin des conques” à coupler avec la visite du musée “Casa des Albères” ou encore le site classé de 145 ha formant la réserve naturelle littorale : le Mas Larrieu. Pour accéder en permanence au village, à la gare, au port, à la plage et retour, un petit train-bus est à votre disposition 7 jours sur 7 (04 68 81 47 45). Argelès-sur-mer “la naturelle”, labellisée “station Kids”, propose aux moins de 12 ans un passeport ouvrant droit à des tarifs préférentiels pour de nombreuses animations.

VIEILLE STATION, VIEILLE VILLE En entrant dans le port, l’architecture rose de la marina ne mérite pas un regard. En revanche, sur bâbord, vous apercevez la charmante station balnéaire née au XIXe siècle autour d’une pinède plantée en 1860 pour assainir les zones marécageuses littorales. De ces marécages il reste aujourd’hui un vestige intouchable, au sud de l’entrée du port, classée aujourd’hui “zone humide protégée” qui oriente les projets d’expansion du port (environ 300 places à l’horizon 2012-2013) vers le fond du site actuel. Si l’architecture du siècle dernier a moins de charme à vos yeux que les vieilles pierres, une fois passées les amarres, prenez le petit train et allez vers le «village», l’ancienne ville fortifiée en galets et pierre de taille qui, au XIVe siècle, était un verrou important entre plaine et montagne. Christophe Naigeon - Emma Chazelles

Château de Valmy

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Down the mountain to the harbour Port-Argelès stands at a natural frontier – where the sandy coastline ends and the rocks begin. Or the other way round, depending on which way you look. In any case, the standout feature is the contrasting landscape.

can be seen in the hills if you use your binoculars – symbols of times gone by, when the borders were insecure and fiercely defended.

Port-Argelès lies on the bed of the River Massane. The sea wall built to stop sand silting in the estuary and to prevent flooding of the Argelès Plain was built only twenty years ago. On the port side there is the tiny Racou beach, just before the first rocks of the Côte Vermeille, the northern arm of the Albères ridge. What started life as a cluster of beach huts developed into small villas in the 1930s when the fashion was for bathing in the sea. The community has a strong identity, a long-cherished dream of freedom and street names that are in Catalonian only. This is the last (or first, depending on your point of view) place along this bit of coast to lay down your towel on soft white sand. On the starboard side however, you will find no shortage of sand in your sandwiches when the winds get up. This is the start of the long coastal stretch that goes all the way to the Gulf of Fos, a succession of coastal waterways and lagoons, almost unbroken by rocks.

FAIRYTALE CASTLE When you have to look closer at hand with all the manoeuvres to be done, it feels like you are approaching something from Disneyland. Three miles inland, at about ten o’clock, a fairytale palace, the Château de Valmy stands proud in the midst of the surrounding woodland. It was a kind of ‘folly’ built in 1900 by a turn-of-the-century Citizen Kane figure. Pierre Bardou, like Orson Welles’ character, made his fortune in paper – but not newspapers, cigarette papers. JOB was the brand loved by the masses. Bardou’s son-inlaw, Jules Pams was Minister of Agriculture and defeated presidential candidate in 1913. He introduced a law promoting natural sweet wines, which ensured that Catalan winemakers made a fortune, and drew Parisians to the region. The château is not really worth a visit if you are only on foot. However, it is said that the four bedrooms are sumptuous, a fitting venue for parties and festivities when your boat is wintering.

SEA, SNOW & SUN The most striking contrast is probably the difference between the foreground and the background. In front of your bow, you will see a flat and fertile plain, typical of coastal rivers that course down from the hills and deposit their silt as they pause for breath after the pell-mell descent through the rapids. In the background is the Canigou, standing proud at 2,784 m (9,133 ft). It is a sight to behold in the summer, but is particularly majestic in late wintertime, when the north wind clears the air and the snows glisten high above the sea. Argelès is legitimately known as the gateway to the Côte Vermeille. This is particularly striking, when seen from the sea. It is seen nestling against the Pyrenees like an isolated citadel surrounded by a earthbound, seaside environment. Argelès is like the esplanade leading up to a baroque fortress. Fortifications

SEASIDE RESORT AND OLD TOWN The pinkish marina architecture is not of much interest as you enter the harbour. However, on the port side, you will see the charming 19th century seaside resort, built around a pine grove that was planted in 1860 to clean up the marshy coastal areas. One last vestige remains of these marshes, to the south of the harbour mouth. It is classified as «protected wetlands», which means that the plans to expand the port (with 300 more berths by 2012-2013) have to use the back of the current site. If you prefer quaint old houses to 20th century houses, take the little tourist train up into the «village», the old fortified town, built of pebbles and dressed stone. In the 16th century this stronghold was an important defensive feature between the mountains and the plains.

Around the Tourist Office in Port-Argelès, there are restaurants, cafés and cute craft shops in wooden chalets. It makes for very pleasant browsing, with an atmosphere a bit like a village from a film set. There are also some pretty footpaths to explore, like the coastal path to a little hamlet called Racou and the Porteils and Ouille coves. The walks will let you explore this diverse coastline that is so admired by voyagers arriving by boat, this coastline that closes off the great barrier of the Pyrenees from the Spanish castles on the other side. A 13 km walk (approximately 3hr round trip) will take you from the sand dunes to the Massane waterway and the nearby 300 ha Forest of Coulomates. The inflow of freshwater from the mountains has promoted flourishing, luxuriant plant life. You then continue up towards the Albères ridge, with its feet paddling in the sea. After that, you can take the «Chemin des Conques» and combine it with a visit to the «Casa des Albères» museum or the 145 hectare coastal nature reserve at Mas Larrieu. The little tourist train runs 7 days a week to take you backwards and forwards between the village, station, harbour and beach (04 68 81 47 45).

Argelès-sur-mer has claimed the name «la naturelle» for itself and offers a special pass for under-12s, offering reductions for many fun activities.

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Saint Cyprien

Une escale pour tous les goûts

Un des plus grands ports de plaisance du littoral, des bassins gigantesques mais des marinas plutôt réussies, une réputation sportive reconnue, un attrait culturel confirmé par plusieurs musées, de larges espaces verts : Saint Cyp’ a de beaux atouts.

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ernier maillon de la chaîne des ports de la côte sableuse du LanguedocRoussillon, tout près des premiers contreforts rocheux des Pyrénées, Saint Cyprien se repère bien du large grâce aux grands immeubles en front de mer. Car les jetées qui délimitent un assez vaste avant-port où se trouvent la capitainerie et le poste de ravitaillement sur le terrain central, ne se détachent pas très bien. Deux bassins Nord et Sud, avec de larges cales de halage de part et d’autres de deux passes et entre, un grand terreplein et la capitainerie, accueillent les caboteurs dans un abri parfait par tramontane. Cas fréquent… GAGNEE SUR LES MARAIS La petite activité de pêche au chalut et au lamparo accueillie au bassin Nord participe à l’animation de la station. Il rappelle aussi qu’avant les actuels 2.200 anneaux d’amarrage gagnés sur les marécages, le site a d’abord été un village carolingien de bord de mer dédié à Saint Cyprien. Le petit port du bourg d’Elne situé à cinq kilomètres de là dans les terres, a pu croître au fil successifs assainissements des marais inaugurés par les Templiers à partir du XIIe siècle. Les chevaliers du Temple entendaient y développer l’agriculture,

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la pêche et le commerce pour financer la Croisade. Après des hauts et des bas au cours de l’histoire, l’économie s’y est relancée au milieu du XVIIIe siècle sur la base de la morue, de l’huile et du charbon extrait du mont Canigou dans les Pyrénées toutes proches. UN PARI GAGNÉ À la fin des années 40, sur les ruines de la seconde Guerre mondiale, a germé l’idée d’un village de mer. Mais il faudra attendre les années 60 et l’arrivée des nouvelles populations venues d’Algérie pour que le projet prenne corps. Mais là, on changeait d’échelle ! Au fond du bassin Sud, un pont ouvrant donne accès aux marinas des Capelans qui accueillent les propriétaires de cette réalisation architecturale plutôt réussie. La lagune a été creusée dans un ancien étang en conservant des rives tourmentées et en ménageant une vaste île. Si c’est votre jour de chance, vous aurez peut-être une place à Port Soleil, Port du Ponant, Port au Prince ou Port d’Attache. Au sud et au fond, un Aqualand attirera petits et grands. C’est également dans cet ensemble des Capelans qu’on trouvera

steps ashore pas à terre

e classique petit train estival à roulettes, le «Saint Cyprien ­Express» qui part de l’office de tourisme permet de quitter la plage pour rejoindre le vieux village. Celui-ci propose plusieurs musées autour de thématiques diverses pour les esthètes. Les curieux s’arrêteront à la médiathèque Prosper Mérimée voir le programme des rencontres musicales et artistiques. Un arrêt à recommander : la visite de la collection privée de François Dénoyer qui rassemble des Maillol, des Chagall et autres Gromaire.

Si vous avez loué un vélo sur le port, poussez jusqu’à Elne. Son cloître est mondialement connu. Il a été construit sur le modèle roman au XVIIe et XVIIIe siècle par les chanoines de la cathédrale : cinq piliers quadrangulaires aux coins et huit colonnes réunis par des arcs plein-cintres. Les sculptures et les doubles colonnes de marbre blanc dans la luminosité de l’ensemble créent l’ambiance propice à la méditation. La cathédrale romane juchée sur un tertre offre un large panorama sur le Roussillon. Un peu plus loin et si l’art contem-

commerces et boutiques si on s’abstient (mais ce serait vraiment dommage…) d’aller flâner dans le vieux village. Cette dernière transformation du site a mis la touche finale à cette grande station balnéaire moderne qui se voulait être l’une des plus belles de la côte lorsque le projet fut lancé en 1967. Pari plutôt réussi car, à l’époque, associer grand port d’accueil pour la plaisance et marinas coquettes était plutôt novateur. Sans être d’une bouleversante beauté, l’ensemble est loin d’être un mur de béton et, au contraire, son architecture est très aérée.

fêtes et culture, les choix d’artistes sont plutôt éclectiques. La réputation méritée d’ambiance sportive et familiale pas trop bétonnée fait de Saint Cyprien une excellente étape à l’aller ou au retour sur la route de l’Espagne et des Baléares. Claude Roger

TERRE OU MER ? Saint Cyp’ joue délibérément la carte des sports terrestres et nautiques mais le farniente et le culturel sont plus que tolérés ! A vous donc de choisir pour profiter d’équipements remarquables de golf, tennis, football et même cheval pour aller un peu vers l’arrière-pays. La saison est riche en animations sportives avec d’authentiques champions. Sans oublier bien sûr les sports de glisse, favorisés par des brises thermiques musclées quand la tramontane est provisoirement un peu faiblarde. Pour libérer les parents, la station offre diverses prises en charge des “kids” très à l’honneur ici. Et bien sûr le soir, casino, fête foraine et autres activités noctambules complètent la liste des possibles. Côté

porain est plus votre tasse de thé, l’arrêt place de la République pour le Centre d’Art Contemporain qui propose chaque année plusieurs expositions thématiques différentes, est pour vous. Si le côté «muscles» l’emporte chez vous, une halte au grand stade des Capelans s’impose ! Vous pourrez d’ailleurs y retourner la nuit venue pour une séance de cinéma en plein air. Un coup de cœur perso dans un style différent ? Le château d’eau sur le point culminant du cœur de village, élément incontournable du paysage local. Il domine la plaine du Roussillon et son revêtement de plaques en plexiglas reflète les variations des couleurs de l’atmosphère en une multitude colorée en constant mouvement…

Centre d’Art Contemporain

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A port of call to suit all tastes One of the largest yacht harbours on the coastline, gigantic basins but nevertheless rather appealing marinas, an acknowledged sporting reputation, cultural appeal with its numerous museums and huge green spaces: Saint Cyp’ has a number of attractive features.

LE COURRIER DE WWW.CABOTAGES.FR LE DOMAINE MARITIME, C’EST QUOI ? “On parle beaucoup du “domaine public maritime” mais il me semble que peu de gens savent ni de quoi il s’agit, ni ce que cela recouvre exactement, ni l’origine de cette notion que je crois fort ancienne. Chacun interprète ce “droit” à sa manière... Pouvez-vous nous éclairer ?” Damien, Port Leucate. e Domaine Public Maritime (DPM) est, en L effet, une notion fort ancienne puisque l’on retrouve déjà dans le droit romain de l’empe-

The last link in the chain of ports along the sandy coastline of the Languedoc-Roussillon, very near to the first rocky foothills of the Pyrennes, Saint Cyprien can easily be located at open sea thanks to the large buildings along the seafront. As the jetties which mark out quite a huge outer harbour where the harbour master’s office and refuelling station are located on the central land are not very noticeable. The two basins, one in the North and the other in the South, with wide launching ramp on either side of two channels, and on either side of a large level surface and the harbour captain’s office, welcome coasters in a shelter which is perfect when the Tramontane wind blows. Which is often… RECLAIMED FROM THE MARSHES The minor trawler and lampara fishing activity which takes place in the Northern basin adds to the lively atmosphere in the resort. It is also a reminder that prior to the current 2,200 mooring berths which were reclaimed from the marshland, the site was initially a seaside Carolingian village dedicated to Saint Cyprien. This small port of the market town of Elne situated at five kilometres from here further inland, was able to grow as a result of the successive decontaminations of the marshes which began with the Templars in the 12th century. The knights of the Temple intended to develop farming, fishing and trade here to finance the Crusade. After an up-and-down history, the economy was revived here in the middle of the 18th century thanks to cod, oil and coal extracted from Mount Canigou in the nearby Pyrenees. At the end of the 1940s, the idea of a seaside village germinated on the ruins of the Second World War. But it was not until the 1960s and the arrival of new populations from Algeria that the project took shape. But that was on quite a different scale! IT WAS A SUCCESS At the bottom of the Southern basin, an opening bridge enables you to gain access to the Capelans marinas which welcome the

The traditional small tourist train, the “Saint Cyprien Express”, which starts at the tourist office, will take you from the beach to the old part of the village. There are a number of museums on a variety of themes for aesthetes there. Those who are interested will stop at the Prosper Mérimée multimedia library to see the programme of musical and artistic events. One stop that we would recommend: visit François Dénoyer’s private collection which includes paintings by Maillol, Chagall and Gromaire. If you have rented a bicycle on the harbour, cycle up to Elne. Its cloister is known worldwide. It was built on the Romanesque model during the 17th and 18th centuries by the canons of the cathedral: five four-angled pillars in the corners and eight columns united by semicircular arches. The sculptures and the double white marble columns in the brightness of the site as a whole create an atmosphere which is propitious to meditation. The Romanesque cathedral perched on a hillock offers a wide panorama over the Roussillon. A little further on and if modern art is more your cup of tea, you must stop at Place de la République (Republic Square) and visit the Modern Art Centre which organises exhibitions on a number of different themes each year.

owners of this rather successful architectural prowess. The lagoon was excavated in a former pond. It preserved its rugged banks and now includes a huge island. If it is your lucky day, you might find a berth at Port Soleil, Port du Ponant, Port au Prince or Port d’Attache. An Aqualand which is situated to the south at the end will attract both the young and the old alike. It is also in this Capelans area that you will find shops and boutiques if you choose (but that would be a real shame…) not to go for a stroll in the old village. This last transformation of the site put the final touches to this huge modern seaside resort which aimed to be one of the most beautiful on the coast when the project was launched in 1967. And it was a success as at that time the combination of a large yacht harbour and charming marinas was rather innovative. Without being astoundingly beautiful, the site as a whole is not at all a concrete wall. On the contrary its architecture is very airy. LAND OR SEA? Saint Cyp deliberately plays the on-land and nautical sports card but lazing around and culture are more than tolerated! It is up to you to choose between the remarkable golf, tennis and football facilities on offer. There is even horse-riding if you want to discover the area further inland. The season offers a host of sporting activities with genuine champions. Not to be forgotten are the board sports which are encouraged by strong thermal breezes when the Tramontane wind occasionally blows slightly weaker. To allow parents to have a spot of free time, the resort offers a variety of activities for kids who have the place of honour here. And naturally in the evening, the casino, funfair and other night activities complete the list of possibilities. As far as festivals and culture are concerned, artistic choices are rather eclectic. Its much-deserved reputation as a more or less unspoilt resort with a sporting and family feel makes Saint Cyprien an excellent stopover on your way to or from Spain and the Balearics.

If you are more interested by “training your muscles”, you must stop at the Capelans stadium! You could even come back in the evening and enjoy a film at the outdoor cinema. My personal favourite in a completely different style: the water tower on the highest point of the village centre. It is an unmistakeable feature of the local landscape. It dominates the Roussillon plain and its coating made from Plexiglas sheets reflects the variations in the colours around in a colourful multitude of shapes which are in constant movement…

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reur Justinien le principe selon lequel le rivage de la mer appartient aux “choses communes” et dépend de la puissance publique. Après que ses principes aient été définis dans l’ordonnance de la marine d’août 1681 de Colbert, c’est aujourd’hui le Code général de la propriété des personnes publiques qui donne la définition de cette surface estimée à plus de 100 000 km² en France Métropolitaine. Une distinction est faite entre DPM naturel et DPM artificiel. Le DPM naturel est constitué : 1 - du sol et sous sol de la mer, compris entre la limite haute du rivage, c’est-à-dire celle des plus hautes mers en l’absence de perturbations météorologiques exceptionnelles, et la limite, côté large, de la mer territoriale (jusqu’à 12 milles nautiques), 2- des étangs salés en communication naturelle avec la mer, 3- des lais et relais (dépôts alluvionnaires) de mer formés à partir du 1er/12/1963 (loi datant du 28/11/1963) ou faisant partie du domaine privé de l’État à cette date, sous réserve du droit des tiers, 4- des parties non aliénées de la zone dite des 50 pas géométriques dans les départements d’outre-mer depuis la loi du 3/01/1986 dite loi littoral, 5- des terrains réservés acquis par l’État et le DPM artificiel est constitué : 1- des ouvrages portuaires et leurs dépendances 2- des ouvrages liés à la navigation (phares...) Le DPM artificiel a pour vocation de mettre en valeur le littoral, ce qui est fait avec l’aménagement des ports, et donc l’utilisation du DPM artificiel est avant tout une utilisation

WHAT IS THE ‘DOMAINE MARITIME’? “I often hear talk of the ‘Domaine Public Maritime’ (a concept under French law of publicly-owned coastal areas), but it seems to me that few people really know what it means, what precisely it includes, and the origin of the whole idea, which I think goes back a very long way. Everyone has his or her own idea and interpretation of what this ‘law’ really means. Can you shed some light on this?” Damien, Port Leucate. The French ‘Domaine Public Maritime’ (DPM) is indeed an ancient idea. The principle by which the coast belongs to the ‘common things’ and thus falls under the jurisdiction of the public authorities is an idea that goes as far back as the Institutes of the Roman Emperor Justinian. These principles were later set out by JeanBaptiste Colbert under Louis 14th, in a Marine Order of August 1681, but today the French General Property Code for Public Institutions defines this area, which is estimated to cover over 38,000 square miles (100,000 km²) in mainland France. A distinction is drawn between the natural DPM and the man-made DPM. The natural DPM is made up of: 1- the ocean floor and subfloor, from the high water mark under normal weather conditions, to the limit, width-ways, of our territorial waters (up to 12 nautical miles), 2- salt pools withnatural connections to the sea, 2- sea foreshore areas (alluvial deposits) formed since 01/12/1963 (by an Act passed 28/11/1963) or that were State property at this time, subject to the rights of third parties, 3- areas that form part of the so-called '50 pas géométriques' zone in overseas départements since the Act dated 03/01/1986 known as the ‘loi littoral’, 4- preservation areas which have been acquired by the State and the man-made DPM consists of: 1- harbour structures and associated buildings 2- navigational structures (lighthouses, etc.) The purpose of the man-made DPM is to make the coast usable, through the establishment of ports, so the primary purpose of the manmade DPM is economic and commercial. The natural DPM is designated for unrestricted use by members of the public for fishing, walking, and seaside and water sports activities. The rules which apply to the DPM have been largely formed through ministerial instructions and a wealth of case law. They are outlined in the Act dated 3 January 1986 relating to the management, protection and use of the coastline, a law that applies both to the natural and man-made DPM.

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­ conomique et commerciale. Le DPM naturel, é quant à lui, répond au principe de son libre usage par le public pour la pêche, la promenade, les activités balnéaires et nautiques. Les règles qui s’appliquent au DPM ont fait surtout l’objet d’instructions du Ministère et d’une jurisprudence abondante. Pour l’essentiel, ces principes se retrouvent dans la loi du 3 janvier 1986 relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral, loi qui s’applique aussi bien au DPM naturel qu’artificiel. Qui gère le Domaine public maritime? L’État est responsable de la conservation du DPM et en est le gestionnaire. Le Préfet est l’autorité qui en général réglemente localement l’utilisation du DPM, autorise les occupations privatives et assure la défense de son intégrité en poursuivant les auteurs de ces atteintes à ce domaine. En ce qui concerne les occupations privatives, qui vont de l’installation d’une simple marche permettant à un riverain d’aborder le rivage à des constructions plus lourdes liées à l’activité portuaire par exemple, l’outil juridique de droit commun est l’autorisation d’occupation temporaire (A.O.T.). Cette autorisation est assujettie à redevance et délivrée à titre personnel, précaire et révocable, c’est-à-dire qu’il peut y être mis fin à tout moment si l’intérêt du domaine ou un intérêt général le justifient. A côté des occupations privatives, Le DPM fait l’objet de concessions de service public. Ainsi, l’État délègue, généralement aux communes, l’exploitation des plages pour un meilleur service au public. Il en est de même de l’exploitation des ports de plaisance qui va aussi faire le plus souvent l’objet d’une gestion déléguée. Sandrine Mazziotta

Who manages the DPM? The State is responsible for the conservation of the DPM and its management. The Prefect generally administrates local use of the DPM, authorises private occupation and ensures its integrity by prosecuting those who infringe its rules. As far as private occupation is concerned, this can range from the construction of a simple step to help a local resident climb the banks, to larger structures in connection to port activity. The legal tool used under common law is called a 'temporary occupation authorisation' (A.O.T.). This authorisation is given for a fee and on an individual basis, and may be terminated at any time if so required in the interests of the public or the domaine. In addition to private use, the DPM is subject to public service concessions. For example, beach management is delegated by the State, usually to the local authorities, in order to provide a better service for the public. The same goes for yachting port management, which is usually delegated.


Canet en Roussillon

Le port du “centre du monde“… Le Canet en Roussillon est le port le plus proche de Perpignan, ville qui vaut le détour et dont la gare, selon Dali, est le centre du monde… Mais l’escale nautique se justifie également par les attraits de son calme et de sa vieille ville toute proche.

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’arrivée du large révèle un arrière plan exceptionnel drapé de couleurs changeantes au gré des heures, des lumières et de la visibilité : en face, les monts des Corbières à moins de 10 milles de la côte, au sud, le pic du Canigou qui domine les Pyrénées barrent l’horizon. L’entrée du Canet se trouve au nord d’immeubles blancs entre deux châteaux d’eau bleutés. En suivant la côte, le rivage toujours parfaitement rectiligne, ourlé d’une belle et large plage de sable est débordé par deux digues en enrochement qui s’avancent vers le large et protègent un vaste avantport. Une élégante tourelle blanche légèrement au Nord du port émerge des dunes. Une sculpture en inox “à la Zorglub” dans l’axe du chenal signale le môle, près de la capitainerie. KYNÈTE, KAN, CANNE ? Le port, créé par les romains, a été aménagé sur un bras secondaire du Tet au lieu-dit le Gouffre qui a donné son nom au bassin principal. Quant au nom de la commune, ce n’est qu’à partir de l’an Mil que datent les premières mentions officielles du Canet. La canne de Provence – petit bambou ou gros roseau ? – en seraitelle à l’origine ? Les historiens ne sont pas d’accord. N’est-ce pas plutôt la tribu ibérique des “Kynètes“ ? Ou bien encore la juxtaposition de “Kan“, “petite hauteur“ en ancien indo-européen et de la terminaison latine “ittum“ ? Et pourquoi pas, pour mettre tout le monde d’accord, dire que Canet est “la-petite-hauteur-où-lesKynètes-vivent-dans-les-roseaux“ ?

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Bien avant que le lieu ait ce nom, vers l’an 1.000 avant notre ère, des hommes vivaient là. Les archéologues ont trouvé haches, bijoux, épées et objets usuels datant de l’âge du bronze. Les Romains, en plus du port, y ont bien plus tard laissé des traces de villas et de citernes, et les Wisigoths qui leur succédèrent développèrent aussi le site. Mais, avec la fin de la Pax Romana qui livra la Méditerranée orientale à tous les conflits, toutes les invasions et toutes les pirateries, les villes du littoral furent mises à mal. En Languedoc-Roussillon s’ajoutèrent les conflits de frontières entre la France et l’Espagne (voir nos articles de 2008 sur www.cabotages.fr). Mauvaise passe. Il faudra attendre le début du XXe siècle pour que la Pax Europea et la mondialisation des loisirs ne viennent réduire les différents frontaliers aux emplacements des serviettes sur le sable… Le Canet profitera alors pleinement de la mode des bains de mer répandue chez les Perpignanais et des afflux de “congés payés“.

Palavas et Montpellier mais par un tramway. La vieille ville de Perpignan n’est qu’à 12 km et ses vieilles ruelles n’ont pas beaucoup changé depuis le XVIIIe siècle. Si vos envies vous y mènent, vous partirez classiquement de la Tour du Castillet toute de brique rouge de 1360, avec son musée des traditions locales à l’intérieur et sa terrasse pour son panorama sur la ville et ses enivrons. La Loge qui abritait le Tribunal de Commerce maritime, l’ancien consulat et la cathédrale St Jean à nef unique, du XVIIIe siècle entre autres étapes

Ces nombreux bassins ont été gagnés sur les terres dans un abri naturel : toutes conditions pour faire du Canet un abri sûr, dans une eau à faible salinité favorable aux hivernages sans souci. Une dernière extension vers l’intérieur est actuellement en cours. Le simple énoncé de ces divers bassins indique bien l’importance du port et la variété des activités offertes à moins de cinq milles du grand complexe de Saint Cyprien ! Concurrence oblige ! Claude Roger

DU BRONZE AUX BRONZÉS L’âge des bronzés en fera une grande station balnéaire et un immense port de plaisance, avec un large temps d’avance sur ses rivales créées par la Mission Racine qui aménagera le littoral dans les années 60. C’est donc dans un de ces ports “historiques“ où vous entrez. Un chenal balisé – le vent d’est peut soulever un clapot désagréable – conduit à la passe bordée à

steps ashore pas à terre

anet plage est LA station des C Perpignanais, longtemps reliée non par un petit train comme

gauche par une très large cale de halage puis par la station de carburant. Au débouché de la passe sur la gauche, la capitainerie annexe vous attend en saison ; la capitainerie principale se trouve sur le môle central au fond du premier bassin. Une seconde passe donne accès au bassin des Marinas et au bassin des Anneaux du Roussillon pour les catamarans puis à celui des Corbières où l’on trouve nos chers vieux gréements.

complèteront ce circuit intérieur. Comme en beaucoup d’endroits, un “petit train” offre un bon plan aux caboteurs désireux de faire quelques pas autour de leur escale. Si la plage est belle, le front de mer est bordé d’immeubles de type Biarritz ou Deauville dont la continuité n’est que rarement rompue par une villa vestige de la station balnéaire d’antan. Mais à deux kilomètres, le vieux village du Canet a conservé son cachet d’ancien bourg catalan bien restauré et entretenu où il fait bon flâner dans les ruelles qui entourent ruines du château vicomtal, son église en pierres rousses et ses remparts de galets.

L’entrée du port

L’aquarium à deux pas du port, abrite plus de 350 espèces de poissons. L’étang du Canet permet également des ballades agréables : le Conservatoire du Littoral en a fait l’acquisition pour ralentir son comblement et protéger ce petit condensé de nature entre plaine et côte du Roussillon. The Canet beach is THE resort for the inhabitants of Perpignan, which was linked for a long time by a tramway and not by a small train like Palavas and Montpellier. The old town of Perpignan is only 12 km away. Its old lanes have not changed much since the 18th century. If you are tempted by a visit, you could start at the redbrick Castillet Tower which dates back to 1360 with its museum of local traditions inside and its terrace for its panorama over the town and surrounding area. The Lodge which housed the Maritime Shipping Court, the former consulate and the 18th-century Saint Jean cathedral

with its single nave will complete this internal circuit. As in many other places, the “little train” is perfect for coasters who want to visit the area in and around their stopover. Although the beach is beautiful, the sea front is lined with Biarritz or Deauville looking buildings. Their continuous line is only rarely broken by a relic of a villa from the seaside resort of yesteryear. But two kilometres from here, the old village of Canet has kept its former Catalan town character. It has been restored and maintained well and it is very pleasant to stroll down the lanes around the ruins of the Viscount castle, its redbrick church and its pebble ramparts. The aquarium which is at a stone’s throw from the port is home to more than 350 species of fish. The Canet lake is also a lovely area for strolls: the Coastline Conservatory bought it in order to slow down the filling up of the lake and protect this small microcosm of nature between the Roussillon coast and plain.

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SABLE, DUNES ET ARGOUILLES

Catalane

The port of the “centre of the world”… The Canet en Roussillon is the nearest port to Perpignan which is worth visiting. According to Dali its station is the centre of the world… But there are number of reasons for calling in at the port: its tranquillity and the nearby old town.

The view from open sea reveals an exceptional background draped in changeable colours depending on the time, light and visibility: opposite the Corbières Mounts at less than 10 miles from the coast and in the south the Canigou peak which dominates the Pyrenees bar the horizon. The entrance to Canet is located to the north of the white buildings between two bluish water towers. Following the coastline, the shore, which is always in a perfect straight line edged by a beautiful and wide sandy beach, is projected further out by two riprap breakwaters which stretch out towards the open sea and protect the huge outer harbour. An elegant white turret which is slightly to the north of the harbour emerges from the dunes. A stainless steel “mad scientist” looking sculpture in the harbour channel marks the beginning of the pier near to the harbour master’s office. KYNETE, KAN OR CANE? The port, which was created by the Romans, was developed on a secondary arm of the Tet River, in a locality called Gouffre which gave its name to the main basin. As far as the name of the commune is concerned, the first official references to Canet date back to the year one thousand. Is the cane of Provence – a small bamboo or a large reed – at the origin of its name? Historians do not see eye to eye on the question. Is it not rather the Iberian tribe of the “Kynetes”? Or even still the combination of “Kan”, a small height in the primitive Indo-European language and the Latin suffix “ittum” meaning little. In the end, we could say that Canet means “the-little-height-wherethe-Kynetes-lived-in-the-reeds”? People lived here towards 1000 BC well before the place was given this name. Archaeologists have found axes, jewellery, swords and everyday objects dating from the Bronze Age. In addition to the port the Romans left traces of villas and tanks here much later, and the Visigoths who followed them also developed the site. But, with the end of the Pax Romana which abandoned the Eastern Mediterranean to all sorts of conflicts, invasions and kinds of piracy, the coastline towns suffered greatly. In

Languedoc-Roussillon there were in addition conflicts between France and Spain (see our articles written in 2008 on www.cabotages.fr). This was far from an easy time for the area. FROM THE BRONZE AGE TO THE AGE OF BRONZED PEOPLE It was not until the beginning of the 20th century that the Pax Europea and the globalisation of leisure activities reduced border differences to the positions of towels on the sand… The Canet was able to take full advantage of the fashion for sea bathing among the inhabitants of Perpignan and the influx of those on “holiday leave”. The age of bronzed people transformed the town into a large seaside resort and a huge yacht harbour, which was widely ahead of its rivals created by the Racine Mission, which was an interministerial tourist development programme of the Languedoc-Roussillon coastline during the 1960s. So, you are now entering one of these “historic” harbours. A marked channel – the easterly wind can cause an unpleasant chop to rise – leads to the pass which is bordered on the left by a very wide launching ramp and then by the refuelling station. At the opening of the pass on the left you will see the harbour master’s branch office which you will be able to use in high season; the main harbour master’s office is on the central quay at the bottom of the first basin. A second pass gives access to the Marinas basin and to the Anneaux du Roussillon basin for the catamarans, and then to the Corbières basin where we can find our dear old shipping vessels. These numerous basins were reclaimed from land in a natural shelter: all the conditions are united to make Canet a safe shelter in water with a low salt content which is a perfect, problem-free winter harbour. A last extension inland is currently in progress. The number of these various basins is a clear indication of the importance of the harbour and the variety of activities offered at less than five miles from the great Saint Cyprien resort complex! Competition being what it was and all!

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Au-delà de la Côte Vermeille, plages et stations littorales sont traversées par des agouilles (oueds) qui grossissent brusquement par temps d’orage. Les embouchures fluctuantes des fleuves et les étangs abritent de riches écosystèmes, et accueillent de grandes populations d’oiseaux en migration. e Conservatoire du Littoral préserve le caracL tère La protection foncière des zones humides mise en place par le Conservatoire du litto-

ral permet le maintien de leur fonctionnement naturel. De grandes propriétés cohérentes ont été constituées sur cette portion du littoral au fil des acquisitions depuis plus de 25 ans.

SAND, DUNES AND ARGOUILLES North of the Côte Vermeille, beaches and coastal areas are traversed by agouilles (small streams carrying rainwater) that suddenly swell during rainstorms. The ever-changing estuaries of rivers and wetlands host large populations of migrating birds. The wetlands protection established by the Coastal Protection Agency (Conservatoire du Littoral) helps maintain their natural state. Large areas have been acquired on this part of the coast over more than 25 years.

LE MAS LARRIEU La Réserve naturelle du Mas Larrieu, située au nord d’Argelès-Plage, abrite l’un des derniers massifs dunaires du Roussillon. Façonné par le souffle de la tramontane et les incursions de la mer, il offre un paysage vierge et sauvage, traversé par le Tech, cours d’eau au faible débit. Lors des pluies d’automne, fréquentes sur la côte catalane, cette rivière se transforme en véritable torrent, entraînant de grosses crues qui bouleversent les lieux. Le cours du Tech s’est ainsi modifié naturellement en 1940. Depuis, il se déverse dans la mer par un tracé plus direct. Son embouchure est très exposée aux vents. Par ailleurs, le cordon dunaire subit une double agression : l’érosion provoquée par les tempêtes et la surfréquentation estivale. L’originalité de cette Réserve réside dans la juxtaposition sur une petite surface (145 ha de biotopes écologiquement riches et diversifiés : milieux dunaires, milieux aquatiques, marécages, roselières, groupements forestiers. Le Mas Larrieu subit la double influence du Tech et de la Mer, offrant ainsi un relief et une végétation variée représentative de l’écosystème d’une embouchure de rivière (le Tech) en Méditerranée. La façade maritime du Mas Larrieu, située entre l’ancien lit du Tech et le “grau” de la Riberette, se présente telle une plage de sable nu. Les dunes mobiles qui la bordent, peu élevées, sont colonisées par le chiendent des sables, l’oyat, l’euphorbe des rivages et le chardon bleu, plantes stabilisatrices des massifs dunaires embryonnaires. Cette Réserve naturelle abrite un fabuleux trésor biologique : 456 espèces de papillons diurnes et nocturnes y ont élu domicile, ainsi que de nombreuses libellules.

MAS LARRIEU The Mas Larrieu nature reserve, located north of Argelès-Plage, is the home of one of the last areas of sand dunes in Roussillon. Shaped by the breath of the Tramontane and storms at sea, it reveals an untouched, wild setting, where the Tech river makes its way to the sea. During the autumn rains, which are frequent on the Catalan coast, this watercourse turns into a real torrent, causing heavy flooding. This changed the course of the Tech in 1940, which now flows to the sea by a more direct course. Its estuary is windswept. In addition, the dune ridge suffers a double blow: erosion caused by storms and the impact of large crowds in the summer. The uniqueness of this reserve lies in great variety in a small area (145 ha): dune fields, lakes, swamps, reed beds and forests form a diverse, ecologically rich area. Mas Larrieu is under the double influence of Tech and the sea, thus providing a landscape and varied vegetation typical of the ecosystem of a Mediterranean river mouth (Tech). The Mas Larrieu shoreline, located between the old bed of the Tech and the Riberette “grau” is a bare sand beach. Along the coast, the low moving dunes are colonised by sand couchgrass, marram grass, sea spurge and globe thistle, all of them acting as stabilizers of new dunes. This nature Reserve hosts a fabulous biological treasure: 456 species of butterflies and moths have taken up residence there and many dragonflies too.

LE CANET – SAINT NAZAIRE L’étang de Canet-Saint-Nazaire, situé dans la plaine du Roussillon, s’étend sur 500 ha inscrits dans un ensemble de plus de 1 000 ha acquis par le Conservatoire du littoral. Cet espace représente l’une des zones humides les plus importantes des Pyrénées-Orientales. La présence de milieux saumâtres, salés et doux et la géomorphologie du site favorisent une grande biodiversité naturelle. L’étang est alimenté en eau douce par de petits cours d’eau, dont le torrent du Réart. Il communiquait encore récemment avec la mer par des chenaux naturels, les graus. Mais cette liaison maritime s’est réduite de façon notable ; depuis un siècle, la surface d’eau de l’étang a diminué de moitié. Aujourd’hui, les gestionnaires tentent de réguler le processus de sédimentation en prévoyant les aménagements qui permettront de lutter contre le comblement et l’érosion. Le niveau de l’étang est actuellement contrôlé par un système de vannes.

in a total of more than 1000 ha acquired by Conservatoire du Littoral. This area is one of the most important wetlands in the PyrénéesOrientales. The presence of a brackish water habitat, both salty and fresh, in the geological context, allows for a great natural biodiversity. The lake is supplied with fresh water by small streams, including the Réart torrent. Still recently, it connected with the sea through natural channels, named “graus”. This maritime link has been significantly reduced over the last century and the area of water has shrunk by half. The Agency tries to regulate the sedimentation process by providing measures to fight sedimentation and erosion. For the present, the level of the lake is currently controlled by water gates.

LE CANET – SAINT NAZAIRE The lake of Canet-Saint Nazaire, located in the Roussillon plain, stretches over 500 ha, set

Article réalisé avec le concours du


Sainte Marie la Mer

Un petit coin de paradis… Ni fautes d’orthographe, ni confusion avec LES SainteS MarieS DE la mer ou Port Gardian au mitan de la Camargue… mais un havre de paix au mitan des roseaux entre Canet de Roussillon et Port Barcarès, malheureusement (ou heureusement ?) réservé aux caboteurs d’environ 1m, 50 de tirant d’eau…

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ci, pas d’amer remarquable, ni montagne ni château, pour repérer la modeste passe d’entrée du port de Sainte Marie la Mer. Juste un drapeau bleu sur un mât. Pas de grands immeubles en front de mer pour signaler cette vieille station balnéaire de Salanque. L’une des rares à ne pas avoir été sur la liste de la Mission Racine d’aménagement du littoral, elle est restée modeste et familiale. C’est un petit paradis pour ceux qui cherchent discrétion, calme et nature. DE SALANQUE EN CAMARGUE Ne pas confondre avec les Saintes Maries de la Mer, en Camargue, à une bonne centaine de milles de là. Ici, il n’y a qu’une Marie, celle de son église romane du XIIe siècle. Dans la nuit des temps, c’était «Sancte Marie de Pabirans» qui s’est transformé en «de la Mer» vers les années 1200. D’où vient cet ancien nom ? Peut-être d’un certain Papirius, colon romain qui y aurait eu un domaine. On trouve un Saint Jean de Pabiran, près de Montagnac dans l’Hérault. Pourtant, il y a bien une relation avec la presque homonyme ville de Camargue :

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les rituels gitans. Le site historique www. jtosti.com indique que « la plage de SainteMarie avait (…) une importance religieuse non négligeable : c’est en effet là que, par temps de sécheresse, on descendait en procession les reliques de saint Gaudérique depuis l’abbaye de Saint-Martin du Canigou. La châsse contenant ces reliques était solennellement immergée à plusieurs reprises, et il finissait bien par pleuvoir un jour ou l’autre, preuve que le saint avait été efficace. Au XXe siècle, les Gitans ont poursuivi cette tradition d’immersion, dans un pèlerinage rappelant celui des Saintes Maries de la Mer. » Bien qu’entouré de marécages qui le protègent des turbulences entre la France et l’Espagne du côté mer, le village vit modestement dans ses remparts du côté de l’intérieur jusqu’au XIXe siècle. Ils seront alors démolis pour cause d’urbanisation. L’extension s’opère à l’est vers la mer avec la création d’un bourg en bord de mer sur des parties marécageuses assainies. Quelques pêcheurs installent des cabanes pour leur matériel, puis s’y logent. La mode des bains de mer arrivant, l’urbanisation sans devenir galopante

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passe au petit trot dès la fin de la seconde ­guerre mondiale. A 6 milles au sud de Port Barcarès ce petit port a été récemment aménagé dans un abri naturel. Venant du Nord, un court épi d’enrochement précède une plage suivie d’une petite jetée qui déborde à peine. UN PETIT PORT BIEN TRANQUILLE En saison, un balisage de bouées conduit à l’entrée orientée Est-Ouest d’une dizaine de mètres de large, pas protégée des vents marins. Une capitainerie est ouverte en été au nord de la passe ainsi qu’un petit ponton visiteurs.

ue dire à ceux qui, en manque de béton, sont attirés par les boutiques de frivolités, les rangées de restos “typiques”, les nuits agitées dans les boites et les luna-parks ? Qu’ils savourent le calme et admirent le site en attendant une prochaine étape… Au cœur d’un marais salant caractéristique de la région qu’on voit ici de son cockpit, le site s’intègre dans une réserve naturelle : le vieux village y a sauvegardé sa tranquillité et son charme. L’église présente un magnifique chevet. Difficile de ne pas voir également une fresque de 300 m de long réalisée par Leslie Dykes en 1993 : les physionomistes rugbyphiles pourront exercer leur connaissance en portraits de joueurs célèbres. Après une petite marche d’un ­kilomètre le long de la plage des Thoreilles vers le Nord, les estomacs trouveront à se sustenter dans une des cabanes faites pour.

Le port est établi dans la rive sud de l’embouchure de la Têt, petit fleuve côtier qui abrite toujours des petites embarcations à moteur sagement rangées en épi le long de la rive, face à de petites villas sur la rive nord. Le bassin dans l’axe de la passe et à gauche de la petite rivière, non pas entouré d’immeubles mais de… roseaux, comprend quand même huit pontons pour quelques 500 places. Tout cela a un charme indéniable, à dimension humaine : ce n’est pas ici que vous ferez admirer votre dernier 50 pieds… le port n’est accessible officiellement qu’à ceux qui ont moins d’un mètre cinquante de tirant d’eau. En pratique, il est dragué à 2 mètres. Comme on peut s’y attendre dans un endroit idyllique : très peu de places de passage et pas de possibilité de mouillage car si l’abri est sûr, la côte est très exposée à la houle même modérée… autant dire qu’en dehors des calmes plats, il y a au moins du clapot à l’extérieur ! Mais par grand beau temps, on va vous confier qu’à un mille au nord, devant la plage des Thoreilles, là où les baraques à poisson proposent l’été fritures et grillades, certains mouillent plus ou moins longtemps, selon la météo. Ici, pas d’immeubles : les petites maisons à un seul étage construites au début du XXe siècle existent toujours. Une volonté de garder au fil des années un caractère familial. Nuits calmes à bord garanties, d’autant que le port est tout à l’extrémité Ouest de Sainte Marie – plage… Certains aiment, d’autres s’y ennuieront. Claude Roger

In this town in which cinema came to lWhat can we say to those who miss the “concrete side” of an area and who are normally attracted by tourist shops, lines of “typical” restaurants, and sleepless nights in nightclubs and Luna parks? That they should enjoy the tranquillity and admire the site before going to another stopover … In the heart of a salt marsh which is characteristic of the region and which can be seen from our cockpit, the site blends into a natural reserve: the old village has kept its tranquillity and charm. The church has a magnificent apse. It is also difficult not to see a 300 m long fresco painted by Leslie Dykes in 1993: rugby lovers with a good memory for faces will be able to test their knowledge on famous players. After having walked for about a kilometre along the Thoreilles beach towards the north, you will be able to satisfy your hunger at one of the cabins which are there for that purpose.

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La vie sous-marine

LE SABLE SAIT CACHER SES TRÉSORS Le plateau continental du Golfe du Lion passe pour un désert de sable sans vie ni intérêt. Erreur ! La vie y est intense. Sous nos coques défilent de vastes plateaux rocheux, des récifs isolés, des épaves qui abritent une faune importante et variée. Mais le sable aussi recèle bien des richesses.

A heavenly spot… Be careful not to make any spelling mistakes and confuse this town with LES SainteS MarieS DE la mer (also called Port Gardian) in the underworld of the Camargue… but a heavenly spot in the underworld of the reeds between Canet de Roussillon and Port Bacarès. Unfortunately (or fortunately?) it can only accept coasters of approximately 1 metre, with a draught of 50… Here there is no remarkable landmark, or mountain or castle to locate the humble entrance pass of the Sainte Marie la Mer harbour. Just a blue flag on a mast. There are no large seafront buildings to pinpoint this old Salanque seaside resort. It is one of the rare resorts which was not on the Racine Mission coastline development list. It has remained a humble family harbour. It is paradise for those who are looking for discreetness, tranquillity and nature. It should not be confused with Les Saintes Maries de la Mer, in Camargue, which is a good hundred miles from here. Here, there is only one Marie and she is at the 12th-century Romanesque church. In the mists of time, it was “Sancte Marie de Pabirans” which was transformed into “de la Mer” (from the sea) in approximately 1200. Where does its former name come from? Perhaps from a certain Papirius, a Roman settler who is supposed to have possessed an estate here. There is a Saint Jean de Pabiran, near to Montagnac in the Hérault department. FROM SALANQUE TO CAMARGUE There is nevertheless a link with the town that has practically the same name in the Camargue: gypsy rituals. The historical website www.jtosti.com indicates that “the SainteMarie beach was (…) of significant religious importance: it was indeed there that during droughts, the relics of Saint Gaudérique were brought down in a procession from the SaintMartin du Canigou Abbey. The reliquaries were solemnly immersed several times in the water and one day or another it ended up raining which was proof that the saint had been efficient. In the 20th century, the Gypsies continued this tradition of immersing the relics, in a pilgrimage which was similar to that of Les Saintes Maries de la Mer.” Although it was surrounded by marshlands which protected it from the unsettled conditions between France and Spain from the sea, the village lived humbly within its ramparts further inland until the 19th century. They were then demolished for urban development. The east side was extended towards the sea with the creation of a small seaside town on decontaminated marshland. A few fishermen installed cabins for their equipment and then began living there. With the arrival of the fashion for sea bathing,

urban development without proceeding at a galloping pace advanced at a gentle “trot” at the end of the second world war. A SMALL TRANQUIL PORT Six miles to the south of Port Barcarès, this small port has been recently developed in a natural shelter. If you arrive from the north, you will see a riprap groyne just before a beach followed by a small jetty which scarcely projects beyond. In the high season, a line of buoys leads to the east-west facing entrance which is ten metres wide and which is not protected from sea winds. A harbour master’s office is open in the summer to the north of the pass as well as a small visitors’ pontoon. The port is situated on the south bank of the mouth of the Têt which is a small coastal river. It always shelters small motor boats which have been neatly moored in angles along the bank, facing small villas on the north bank. The basin in line with the pass and to the left of the small river is not surrounded by buildings but by… reeds. It nevertheless has eight pontoons for some 500 berths. This human-scale port is undeniably charming: you will not be able to show off your last 50-foot vessel here… the harbour is only open to boats with less than a one metre fifty draught. As you might expect in such an idyllic setting: there are very few visitor moorings and no berthing possibilities as although the shelter is safe, the coast is greatly exposed to the swell, even if only moderate… it suffices to say that apart from calm periods there is always some chop outside! But during beautiful weather, you will be told that at one mile to the north, in front of the Thoreilles beach, where fishing huts sell fried and grilled fish during the summer, certain cast anchor for a long or short period of time depending on the weather. Here, there are no buildings: the small onestorey houses built at the beginning of the 20th century can still be seen today. Over the years there has been a desire to keep a family feel to the place. You are guaranteed of enjoying calm nights on board especially as the harbour is at the other end to the west of Sainte Marie beach… This will undoubtedly appeal to some of you, others however might find this boring.

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V

ous avez beau scruter les fonds, vous ne voyez rien. En plus, l’eau n’est pas claire. Mais ceci n’est pas dû à la pollution. Le trouble vient des alluvions fins du Rhône, riches en éléments nutritifs, portés vers l’ouest par le courant ligure. Du coup, la vie explose. Il y a beaucoup plus de poisson en LanguedocRoussillon que dans les eaux claires de Provence. Pour vous en convaincre, comparez le retour des chalutiers dans le petit port du Grau du Roi à celui des «pointus» à Marseille, la Ciotat ou Toulon...

Pour commencer l’exploration, mouillez dans trois mètres de fond, à la limite des bouées de plage, et sautez à l’eau pour une petite virée avec palmes, masque et tuba. Du sable, du sable, toujours du sable. Mais c’est bizarre, cette impression que parfois ça bouge sur le fond. Patientez, observez, le monde des sables est plutôt timide. Il s’enfouit pour se protéger, se cacher, se tenir à l’affût. Vous verrez blennies et gobies, ces petits poissons qui ne dépassent pas quelques centimètres. Ici et là, un ver dont seul sort le panache, un Bernard-l’hermite, des crabes, une ophiure, drôle d’étoile de mer qui cherche de jeunes mollusques avec ses longs bras sans ventouses, une vive embusquée, enterrée jusqu’aux yeux, toutes épines sorties. Et, en nageant dans les lagunes, vous aurez la chance de voir un hippocampe, signe du bon état sanitaire des eaux. Et voyez tous ces trous, preuve de la présence des tellines, des couteaux et des palourdes dont les coquilles vides jonchent les plages ; et le concombre de mer peu ragoûtant, de la famille des oursins et des étoiles de mer, qui filtre les sédiments et remplit le rôle écologique de nettoyeur, indispensable à l’équilibre du milieu. Le sable est aussi le domaine des poissons plats, mimétiques et semi enterrés : turbots, barbues et soles que l’on trouve surtout au débouché des eaux douces, sur des fonds un peu vaseux et dans les étangs, grâce à leur tolérance aux variations de salinité. Maintenant, levez l’ancre, sortez la ligne de traîne, longez la côte. À moins de cinq nœuds, vous pourrez chasser les chasseurs : maquereaux, bonites, liches et loups qui se gavent des dizaines d’espèces de petits poissons côtiers. Tout en traînant, ne quittez pas des yeux le sondeur. Surprise ! les fonds remontent rapidement alors que vous ne vous approchez pas de la côte. Les roches immergées sont une spécificité de la région. Et la vie s’y manifeste de façon spectaculaire. Chaque banc rocheux a ses English translation next page

habitués selon la profondeur et les conditions de courant et de turbidité, selon la présence de failles et de cavités. Soumis à des turbulences, le rocher abritera essentiellement des anémones, des huîtres, des moules, des oursins, des ascidies, des spirographes et des éponges. Plus au large, le rocher se pare de gorgones et dans les trous, langoustes, homards et cigales trouvent refuge. Quand aux poissons, la liste est longue : congres, rascasses, castagnoles, girelles, sars, labres, mostelles, rougets de roche et rougets grondins, bogues, chinchards, tacauds et loups se côtoient. On y trouve aussi poulpes et seiches. A des profondeurs très variables, ces épaves constituent un milieu attirant faune fixée et espèces nobles comme le loup. Les habitants les plus remarquables de ces épaves sont les anémones-bijoux. Crustacés, petites limaces et nudibranches s’invitent fréquemment dans les infrastructures. Les congres sont aussi de la partie et des poissons de toute taille, bogues, chinchards, sars et tacauds, nagent à quelques mètres au dessus formant parfois de véritables nuages. Les barbiers rassemblés en bancs s’égaillent autour des carcasses. Ces lieux «accidentels» sont si propices à la prolifération poissonneuse que l’idée de faire des récifs artificiels, expérimentée avec succès, est dans l’air. Leur impact sur la population globale du golfe du Lion reste à

prouver mais, au moins pour la plaisance, ce sont de bons spots de pêche. Même la création d’une grande ligne d’éoliennes offshore implantées sur des amas de blocs de béton, serait, selon certains, l’occasion de créer autant de nurseries. On dit même que cela gêne les chalutages dans les zones où il est interdit... Hélène Petit


désireux d’aller voir par eux-mêmes ce qu’il en est vraiment devront passer par Port Leucate. La jetée sud déborde assez pour faciliter l’entrée dans un petit avant-port garni de pontons parallèles à la courte jetée Nord pour augmenter les possibilités d’accueil estival et qui le transforme un peu en chenal vers une seconde passe. Celle-ci est resserrée par le terre-plein d’une cale de halage à gauche et la capitainerie avec son ponton d’accueil à droite. Le bassin Nord comme Sud sont accessibles à tous ; au fond, un pont tournant dessert le bassin de la Tourette, le “vrai” Port Barcarès sur l’étang de Salses. Les immeubles assurent une bonne protection contre la tramontane… et l’animation du soir.

Port Barcares

L’ange à la porte de l’étang Port Barcarès communique avec l’étang de Salses. Pour les caboteurs dont les tirants d’eau et d’air le permettent, c’est l’occasion d’une croisière dans cette splendide mer intérieure.

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ifficile de ne pas repérer l’entrée de Port Barcarès de loin, à 5,5 milles à l’est de Canet en Roussillon. On croirait que tout est fait pour qu’on ne se trompe pas : un château d’eau très remarquable autour duquel se serrent des petites maisons à deux étages ; les grands immeubles de la station moderne ; le Lydia, petit paquebot grec volontairement échoué dans la plage de sable à mi distance de Port Leucate. Attention, ce dernier ne signale pas une entrée de port ! C’est plutôt une originale invitation à venir s’y amuser, y dîner et s’y confronter à quelques “bandits manchots”. El Barcarès en Catalan signifie l’abri des barques. Le Barcarès était autrefois le port des barques du village de Saint Laurent de la Salanque, en retrait dans les terres. C’était, entre l’estuaire de l’Agly et le Grau Saint Ange qui communique avec l’étang de Salses (ou de Leucate) une extension du village où les pêcheurs vivaient dans une assez grande insalubrité. Malgré les efforts pour assainir la zone côtière

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­ ntrepris depuis les Templiers, toute la e bande entre mer et étangs est restée très inhospitalière jusqu’au XXe siècle. PORT DES BARQUES OU PORT St ANGE ? Les installations portuaires de l’embouchure de l’Agly entreprises par les Templiers ont été abandonnées depuis longtemps. L’intérêt s’est déplacé vers le nord du hameau de Barcarès, au Grau Saint Ange. Port Saint Ange est un excellent abri et un

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our les caboteurs curieux ou bloqués et qui se doteront d’un moyen de transport, la région offre un important patrimoine culturel et touristique dans le proche arrière pays : des cars desservent le site de l’Homme de Tautavel ; des circuits proposent la visite de châteaux cathares, de la forteresse de Salses, la découverte de la flore et de la faune de cette petite mer intérieure que sont ces étangs bordés de « sagnes » (roseaux) dont les pêcheurs faisaient leurs cabanes. Le Conservatoire du Littoral y a même créé un sentier de découverte près de la Coudalère pour découvrir les métiers ancestraux autour des roseaux et de la pêche dans leur environnement naturel local faunistique et floristique. A suivre par petits et grands curieux !

Autre visite quasi incontournable au cours de l’escale : le Lydia, symbole même de Port Barcarès ! De mer comme de terre, cet ancien paquebot grec volontairement échoué à quelques mètres de la plage parait un peu surréaliste dans ces ensembles bétonnés avec ses 90 m de long, tout de blanc vêtu, sa chaine et son ancre «en action» au milieu du sable.. à quelques mètres du rivage. Son volontaire échouage a nécessité d’importants travaux : creusement d’un bassin raccroché par un chenal à la mer de 600 m pour y tirer le Lydia puis asséché en fin de travaux et placé sur une grande dalle de béton. En y allant depuis le port, on passera devant un grand monument qui rappelle un moment difficile de l’his-

important carrefour de navigation : il communique avec Port Leucate via l’étang de Salses. Mais attention : tirants d’air de 3 m à la sortie du premier bassin (ou demander la levée du pont dans la dérivation), de 7,5 m au débouché dans l’étang et de 16 m pour l’entrée dans le port de Leucate. Cette porte des étangs ouvre sur des lagunes à découvrir pour la paisible beauté de ces espaces naturels protégés. Les voileux dotés d’un mat plus haut mais

PARTI DE RIEN Oublions-les un instant et imaginons un désert de sable et de marais partiellement occupé par des pêcheurs. Malgré la concurrence de nuées de moustiques, la mode des bains de mer «bons pour la santé» lancée au Second Empire va lancer le développement du bourg du ­Barcarès bien avant que la Mission ­Racine s’en préoccupe. Le magnifique lido, entre mer et lagune, reste en attente d’un projet d’assainissement et d’aménagement. En 1926 on envisage d’y creuser… une nouvelle Venise ! L’idée resurgira au cours des années 1960 sous la volonté de l’Agence pour l’aménagement du Littoral et de l’architecte Georges Candilis de faire ici une station pilote autour de marinas tournées vers la mer avec des embarcadères particuliers et des “vaporetti” pour s’y déplacer. L’idée sera reprise sur la Côte d’Azur avec les Marines de ­Cogolin et Port Grimaud. Une autre voie architecturale sera retenue pour Port Barcarès. Cependant, sur l’étang, la marina de la Coudalère rappelle l’idée d’origine. À voir lorsque vous franchirez la passe pour ­visiter le monde des étangs. Claude Roger

Etang de Leucate

toire locale : un camp de regroupement des Républicains Espagnols a été ouvert au Barcarès en 1939. En cette année de mémoire des 70 ans de la “Retirada”, plus d’un caboteur aura une pointe d’émotion devant ce monument à la mémoire des régiments de Volontaires Etrangers créés et basés ici avant de partir au front en 1940… For coasters who are either curious or blocked and who have another means of transport, the region has a huge cultural and tourist heritage a little further inland: coach trips are organised to the Man of Tautavel site; tourist circuits will take you to visit Cathar castles and the Salses fortress, or will take you on a journey of discovery of the fauna and flora of this small inland sea represented by these lakes lined with “sagnes” (reeds) which the fishermen used to build their cabins. The Coastline Conservatory has even created a discovery walk here near to the Coudalère which will enable you to learn about ancestral trades using the reeds and fishing in their natural local fauna and flora environment. Suitable for young and old alike!

Another visit which is an absolute must during the stopover: the Lydia, the very symbol of Port Barcarès! Both from the sea and the land, this ancient Greek liner which was deliberately run aground a few metres from the beach seems to be somewhat surreal in these expanses of concrete with its 90 m in length, all dressed in white, its cable and anchor “in action” in the middle of the sand… a few metres from the shore. Its deliberate running aground required major works: excavation of a basin linked to the sea by a 600metre long channel to pull the Lydia then dried at the end of the works and placed on a large slab of concrete. If you go there from the harbour, you will pass in front of a monument which is a painful reminder of the town’s history: a refugee camp for Spanish Republicans was opened in Barcarès in 1939. In this year which commemorates the 70th anniversary of the “Retirada” (the withdrawal), more than one coaster will feel a pang of emotion before this monument in memory of the regiments of Foreign Volunteers created and based here before leaving for the frontline in 1940…

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Sub-marine life

THE SAND KNOWS HOW TO HIDE ITS TREASURES The continental shelf of the Gulf of Lion would appear to be a desert of sand without any life and of no particular interest. But that would be a mistake as life is very intense. Huge rocky plateaus, isolated reefs and wrecks which house a varied and large fauna stream past under our hulls. But great treasures lie hidden in the sand.

The angel at the gate to the lakes Port Barcarès is connected to the Salses lake. Coasters whose draughts and heights allow you to enter, it is time to enjoy a cruise in this splendid inland sea. It is difficult not to locate the entrance to Port Barcarès from far away 5.5 miles to the east of Canet en Roussillon. You would think that everything has been done so that you do not miss it: small two-storey houses are huddled around a very remarkable water towel; the large buildings of the modern resort; the Lydia, a small Greek liner which was run aground intentionally on the sandy beach halfway from Port Leucate. Please note however that this liner does not indicate the entrance to the port! It is more an original way of inviting you to come and enjoy the site, have a meal and meet some “one-armed bandits”. El Barcares in Catalan means the boat shelter. In the past, Le Barcarès was the port for the boats from the village of Saint Laurent de la Salanque, located further inland. It was, between the Agly estuary and the Grau Saint Ange which is connected to the Salse (or Leucate) lake, an extension of the village where the fishermen used to live in quite insalubrious conditions. Despite the efforts to decontaminate the coastal area since the Templars, all the stretch of land between the sea and the lakes remained very inhospitable until the 20th century. BOAT PORT OR PORT ST ANGE? The port infrastructures at the mouth of the Agly which had been begun by the Templars have been abandoned for a long time now. Interest shifted towards the north of the hamlet of Barcarès, to Grau Saint Ange. Port Saint Ange is an excellent shelter and a major navigation crossroads: it connects with Port Leucate via the Salses lake. But be careful: maximum heights of 3 metres when you leave the first basin (or ask for the bridge to be raised in the drift), of 7.5 metres at the opening into the lake and of 16 metres when you enter the Leucate port. This gate to the lakes opens out onto lagoons which are an absolute must for the peaceful beauty of these natural protected spaces. Sailors whose mast is too high but who nevertheless want to see for themselves

what it looks like will have to pass through Port Leucate. The southern jetty extends enough to facilitate the entrance into a small outer harbour which has pontoons parallel to the small northern jetty. This increases the number of berths during the summer and transforms it a little into a channel towards a second pass. This is quite narrow due to the level surface of a boat launching ramp on the left and the harbour master’s office and a mooring pontoon on the right. The north basin like the south one are open to all: at the bottom a swing bridge leads to the Tourette basin, which is the “true” Port Barcarès on the Salses lake. The buildings protect you from the Tramontane wind… and from the lively evening activities. BEGAN FROM NOTHING Let’s forget about them for a while and try and imagine a desert of sand and marshes which was partially inhabited by fishermen. Despite stiff competition from the swarms of mosquitoes, the fashion for sea bathing which was “good for your health” and which began during the Second Empire launched the development of the small town of Barcarès well before the Racine Mission started to preoccupy itself with it. The magnificent sand bar, between the sea and the lagoon, is awaiting a decontamination and development project. In 1926 they envisaged excavating… a new Venice! The idea suddenly reappeared during the 1960s steered by the Agency for the development of the Coastline and the architect, Georges Candilis, who wanted to build a pilot resort here centred around marinas facing the sea with particular landing stages and “vaporetti” (Venice waterbuses) to get around. The idea will be used on the French Riviera with the Marines de Cogolin and Port Grimaud. Another architectural approach was used in Port Barcarès. Nevertheless, the Coudalère marina on the lake is a reminder of the original idea. You will see it when you cross the pass to visit the world of lakes.

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Although you have spent a lot of time scanning the beds, you have seen nothing. To make matters worse, the water is not very clear. But this is not because of pollution. The problem comes from the fine alluvium of the Rhone River, which is full of nutrients, and which is carried to the west by the Ligurian current. Consequently, the sealife there is very active. There are more fish in the LanguedocRoussillon region than in the clearer waters of the Provence. If you need further convincing, compare the return of trawlers in the small port of Grau du Roi to that of the pointus (Provencal fishing boats) in the cities of Marseilles, La Ciotat or Toulon… To begin exploring, drop anchor at a depth of three metres, just beyond the beach buoys, and jump in the water for a short swim with flippers, diving mask and snorkel. Sand, sand and more sand. But it’s strange as there is a feeling that sometime something moves on the bed. Wait and watch as the sand world is known to be rather shy. It buries itself for protection, to hide and to be on the lookout. You will see blennies and gobies – very small fish which are never much longer than a few centimetres. Now and again, there is a sea worm with only its feathers visible, a hermit crab, crabs, a brittle star, which is a strange kind of starfish which looks for young molluscs with its long arms which have no suckers, a weever which is hiding in the sand with only its eyes visible pointing up its prickles. And by swimming in the lagoons you will have the possibility of seeing a seahorse, which is a sign that the area has good-quality water. And if you look at all the holes, you will undoubtedly notice some tellines (wedge shells), razor shells and clams whose empty shells are often strewn on the beaches; and the uninviting sea cucumber, from the sea urchin and starfish family, which filters the sediments and fulfils the ecological role of cleaner, which is indispensable for the balance of the surroundings. Mimetic and half-buried flat fish also live in the sand: turbots, brills and soles that are mainly found at the opening of freshwater areas, on slightly muddy beds and in lakes, due to their tolerance to variations in saltness. Now, lift anchor, bring out the drag net and sail along the coast. At less than five knots, you will be able to hunt the hunters: mackerels, bonitoes, liches and sea perch which stuff themselves on tens of species of small coastal fish. While dragging, do not keep your eyes off the sounder. A surprise is in store for you! The bottom of the sea suddenly rises although you are not near the coast. Sunken rocks are a specific feature of the region. And sea life is quite spectacular here. Each rocky bank has

its regular visitors depending on the depth and the conditions of the current and the cloudiness, and depending on the presence of faults and cavities. Due to the unsettled conditions, the rock will mainly house anemones, oysters, mussels, sea urchins, red bait, spirographs (or fan worms) and sponges. Towards the open sea, the rock is decorated with Gorgone algae and in the holes, crayfish, lobsters and sea crickets find refuge. As far as fish are concerned, the list is long: conger eels, scorpion fish, Ray’s bream, rainbow wrasse, sargo breams, wrasse, forkbeard, rock mullet and cuckoo gurnard, bogues, horse mackerel, pout and sea perch mix together. There are also octopus and cuttlefish. At a variety of depths, these wrecks represent an environment attracting fixed fauna and noble species like the sea perch. The jewellery-anemones are the most remarkable inhabitants of these wrecks. Shellfish, small slugs and nudibranches (sea slugs) can often be found in these infrastructures. Conger eels are also present as are fish of all sizes, bogues, horse mackerel, sargo breams and pout swim a few metres above sometimes forming real clouds of fish. The clingfish which gather on © Liv Friis-larsen - Fotolia.com

the beds have fun around the shells. These accidental places have turned out to be so favourable for the development of sea species that the idea of making artificial reefs, which has already been successfully experimented, is being talked out. Their impact on the overall population of the Gulf of Lion remains to be proved but, at least for pleasure boating, these areas represent good fishing spots. Even the creation of a long line of offshore wind turbines placed on blocks of concrete would, according to certain, represent the opportunity of creating as many nurseries. It has even been said that it disturbs trawling in the zones where it is forbidden… Hélène Petit


Port Leucate

Entre mer et étangs, entre vent et soleil… Qui n’a pas entendu parler de cet ensemble de ports qui s’est voulu le plus vaste de Méditerranée au cœur du royaume de la glisse et du vent, créé de toute pièce à partir de 1965 dans le cordon de sable entre mer et étang ?

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es grands ensembles, on aime ou on n’aime pas. Ici, c’est un sommet du genre : une succession d’immeubles où s’intercalent des darses, des marinas où se rangent les bateaux, des plans d’eau immenses. Port Leucate est un complexe estival de loisirs conçu pour satisfaire toutes les envies de dizaines de milliers d’estivants tout en préservant, en arrièrepays, une belle et sauvage nature lagunaire. Plus loin, en toile de fond, le Canigou et les Corbières. De quoi satisfaire un large échantillon d’attentes ! SORCIER, PAS SORCIER Pas sorcier : l’atterrissage. Peu de meilleur repère entre le Cap d’Agde et les Pyrénées que la falaise grise haute de 60 m du Cap Leucate, surmontée d’un phare et d’une antenne et qui déborde de l’orientation générale du littoral. Au nord de l’entrée du port : l’anse de La Franqui et sa plage ne passent pas inaperçues non plus. C’est là qu’est né Henri de Monfreid, l’écrivain et aventurier qui devînt, bien

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avant les pirates d’aujourd’hui, une sorte de flibustier, corsaire, trafiquant dans le golfe d’Aden. À l’occasion de votre passage devant cette plage où planches à voile et kite-surfs s’entrecroisent, pensez au boutre, lent, lourd mais fier de l’auteur d’Aventures en Mer Rouge. Plus sorcier (ou sorcière) : Leucate vient du grec Luekos qui signifie blanc : il y a un million d’années Leucate n’était qu’un îlot qui fut réuni au fil du temps à la terre par des apports d’alluvions. Des hommes y ont habité il y a 7.000 ans dans des avens naturels creusés dans la falaise. Et pas que des hommes, selon la légende : une sorcière postée par la déesse Océane sur le rocher du Cap était sensée préserver l’île de la cupidité et de la stupidité des hommes. Mission accomplie ? Pas certain. Mais ce n’est qu’une légende… STATION ANTI-MITAGE Conçu pour des vacances ensoleillées, trépidantes, sportives, Port Leucate a été dessiné par les architectes ­Candilis et

Duplay à partir de 1965. C’est aujourd’hui trois bassins qui abritent 1.100 bateaux, une ville qui héberge 60.000 habitants l’été pour 2.700 l’hiver, une cité-port ­naturiste, 8 km de lido, 16 km de littoral, 31 km de berges autour des 8.000 ha d’étangs… Et on est loin du projet ­initial… On a compris, Port Leucate est clairement un parti pris : concentrer l’habitat estival pour empêcher le mitage de la côte, construire haut et serré à des endroits précis pour ne pas lotir en continu sur les 150 km d’Argelès à Aigues Mortes. Port Camargue, la Grande Motte, le Cap d’Agde, Gruissan au nord, Port Barcarès et Saint Cyprien au sud sont les cousinscousines nés de la “Mission Racine” d’aménagement du littoral dans les années 60-70. Chaque urbaniste, chaque architecte, chaque élu a fait ses choix dans le style d’aménagement. Tout un chacun juge du résultat. Ce qui est indiscutable, c’est la

préservation des larges interstices entre ces stations, grands espaces de nature où le promeneur curieux, amateur de nature et de silence trouve largement son compte. UN PEU DE NAVIGATION INTERIEURE Vous êtes entrés dans l’immense bassin des ports. Vous pouvez en ressortir par l’autre bout et commencer une nouvelle aventure : le pont viaduc au sud des bassins laisse 16 m de tirant d’air, ce qui permet à beaucoup de caboteurs de moins d’1,5 m de tirant d’eau de faire un tour dans la tranquillité de l’étang de Salses (ou étang de Leucate) et, pourquoi pas, de rejoindre Port Barcarès par la voie intérieure si vous faites moins de 7 m de tirant d’air. C’est un inconvénient pour les voileux impénitents : le retour aux eaux de la Méditerranée passe par le Nord et la sortie par Port ­Leucate. Claude Roger

La plage de la Franqui

steps ashore pas à terre

eucate-plage, ancien hameau de pêcheurs a gardé le charme rétro L des stations balnéaires familiales.

Plus loin et pour les amoureux d’histoire qui loueraient un vélo dans l’attente d’une tramontane moins vigoureuse, à 16 km de là la forteresse de Salses, une des plus anciennes de France toute en brique ocre rouge avec son donjon magnifique, révèle des couleurs fantastiques au coucher de soleil, au milieu de la plaine du Roussillon qu’elle défendait contre les envahissements espagnols successifs… Le coup d’œil aux marinas du Lac Marin vaut le coup surtout pour les eaux de couleurs changeantes et les vues sur la rive ouest, à faire plutôt sur l’eau que le long à pied ou en vélo. Car surprise, des lieux naturels tranquilles et préservés, où les touristes vont peu, existent encore !

Les ostréicultuerus de Leucate

À pied comme en bateau, pourquoi ne pas aller au nord de Cap Leucate, vers l’Anse de la Franqui, jamais un port, toujours une légende ! Refuge naturel quand ça se lève à l’est ou au sud-est, pas le moindre môle, juste un mouillage très incertain par tramontane. Le grau de l’étang de la Palme juste au Nord lui aussi à visiter, n’est pas accessible. Les projets d’aménagement n’ont pas manqué depuis le XIIIe siècle sans la moindre esquisse de réalisation même au cours des années 60. Autant s’en réjouir car sous le massif rocheux de la falaise, la magnifique plage des Cossoules se déroule sur 8 km pour le plus grands plaisir des chars à voile, speed-sails et autres glisses qui ont le vent pour seul moteur pour aller toujours plus vite, plus haut plus fort dans les brises musclées qui ne manquent pas par ici !

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Histoires de ports LA MAMAN D’HERCULE S’APPELAIT FRANÇOISE ! Leucate est riche d’une belle histoire : en 1590 une femme, Françoise de Cezelli se distingue lors d’une la bataille en résistant aux Espagnols qui exécutent son mari. Henri IV la récompense et la charge de gouverner la ville jusqu’à la majorité de son fils aîné, Hercule. Aujourd’hui, sa statue trône sur une place et des cuvées portent son nom.

Between the sea and the lakes, between the wind and the sun… Who has not heard of this set of ports which was intended to be the largest in the Mediterranean at the heart of the kingdom of wind and board sports, created from nothing in 1965 in the band of sand between the sea and the lake? You either like these sites or you don’t. Here this is the pinnacle of this kind of place: docks, marinas where boats are moored and huge stretches of water are slotted in between a line of buildings. Port Leucate is a summer leisure complex which has been designed to meet all the needs of tens of thousands of holidaymakers while at the same time preserving a beautiful and wild lagoon environment further inland. Even further, the backdrop is comprised of the Canigou and the Corbières. Enough to satisfy a wide range of requests! SIMPLE OR NOT SO SIMPLE, THIS IS THE QUESTION! Landing is simple enough. There is not a better landmark between the Cap d’Agde and the Pyrenees than the 60-metre high grey cliff of Cap Leucate, which is topped by a lighthouse and an antenna and which extends from the general orientation of the coastline. To the north of the entrance to the port: the cove of La Franqui and its beach do not go unnoticed either. It was here that Henri de Monfreid, an author and adventurer, was born. Well before the pirates of today he became a sort of buccaneer, privateer and smuggler in the gulf of Aden. When you sail past this beach where sailboards and kite surfs crisscross each other, have a thought for the slow, heavy but proud dhow of the author of Aventures en Mer Rouge (Adventures in the Red Sea). A bit more complicated: Leucate comes from the Greek word Luekos which means white: a million years ago Leucate was nothing more than a small island which was joined to the land over the years by alluvial deposits. The area was inhabited 7,000 years ago. The population lived in natural swallow holes which were excavated into the cliff. And according to legend, the population was not only comprised of men and women: a witch had been sent to the Cape rock by the Ocean goddess to preserve the island from man’s

Leucate beach, which was a former fishermen’s hamlet, has also kept the retro style of family seaside resorts. Further on and for history lovers who hire a bicycle while they wait for a less powerful Tramontane wind, at 16 km from here is the red-ochre brick Salses fortress. It is one of the oldest in France and has a magnificent keep. At sunset you will appreciate an array of incredible colours in the middle of the Roussillon plain which it defended from successive Spanish invasions… It is well worth taking a look at the Lac Marin marinas for the changing colours and the views over the west bank. You are better doing this on the water as opposed to by foot or on a bicycle. And it is indeed a surprise to see that natural, tranquil preserved locations which tourists visit little still exist! Whether by foot or by boat, why not head north from Cap Leucate to the cove of La

cupidity and stupidity. Did she succeed? It is not so sure... But it is only a legend… AN ANTI URBAN SPRAWL RESORT Conceived to give sunny, lively and sporting holidays, Port Leucate was designed by the architects Candilis and Duplay from 1965. Today there are three basins which shelter 1,100 boats, a town with a summer population of 60,000 inhabitants and 2,700 in the winter, 8 km of sand bar, 16 km of coastline, 31 km of banks around 8,000 hectares of lakes… It is quite clear what Port Leucate’s ambition is: concentrate summer housing to prevent an urban sprawl along the coast, build high buildings close together at precise locations to avoid building blocks continuously along the 150 km from Argelès to Aigues Mortes. Port Camargue, La Grande Motte, Cap d’Agde, Gruissan to the north, Port Barcarès and Saint Cyprine to the south are cousins born from the Racine Mission which developed the coastline during the 1960s and 1970s. Each urban planner, each architect and each local authority has made choices regarding the style of development. All and sundry are able to judge the results. What is unquestionable is the preservation of the large gaps between these resorts. They are wide natural spaces where curious walkers who love nature and silence will find exactly what they need. A LITTLE INLAND NAVIGATION… You have entered the huge port basin. You can leave by the other end and start a new adventure: the viaduct bridge to the south of the basins allows for a height of 16 m, which enables many coasters with less than 1.5 m of draught to have a sail in the tranquillity of the Salses lake (or Leucate lake) and why not, to sail up to Port Barcarès using the inland waterways if your height does not exceed 7 metres. It is a disadvantage for unrepentant sailors: to return to the waters of the Mediterranean you need to sail to the north and leave by Port Leucate.

Franqui, which has never been a port but has always been a legend! This is a natural shelter when the wind blows from the east or southeast. There is not the slightest pier, just very uncertain berths when the Tramontane wind blows. The channel of the Palme lake just to the north is also worth visiting. However it is not accessible. There has been no shortage of development projects since the 13th century but there has never been the slightest outline even during the 1960s. We might as well be grateful as under the rocky massif of the cliff, the magnificent beach of the Cossoules extends over 8 km which is a delight for the sand yachts, speed-sails and other board sports which only have the wind to power them to go even faster, even higher and even stronger in the tough breezes which are very frequent in this area!

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n joli nom provenant du grec Leukos qui U signifie blanc et une héroïne, Françoise de Cézelli. Leucate peut être fière de son passé. Les

faits se déroulent en 1590. La montpelliéraine Françoise de Cézelli, épouse du gouverneur, sauve la ville en sacrifiant son mari. L’histoire débute en 1577 par son mariage avec JeanAntoine Bourcier, seigneur de Pantnau de Barri, de qui elle eut cinq enfants : Hercule, Anne-Françoise, Antoine, Paul et Françoise. Son époux devient plus tard gouverneur de Leucate. Cette forteresse stratégique garde alors la frontière entre la France et l’Espagne. Le contexte : la guerre civile déchire le Languedoc comme elle déchire tout le pays entre Catholiques et Protestants. L’accession au trône d’Henri de Navarre en 1589 (Henri IV est protestant) entraîne un regain de violence. Le gouverneur de Leucate se positionne. Il se rallie au nouveau roi et doit affronter la colère des ligueurs du maréchal de Joyeuse. Ils appartiennent à la Ligue, un mouvement politico-religieux, qui refuse par tous les moyens que gouverne un roi protestant. Le maréchal fait appel à l’Espagne. Celle-ci envoie les troupes. Le gouverneur de Leucate part le 22 juillet 1590 avertir le duc de Montmorency du débarquement dans le port de la Franqui, de 500 soldats espagnols et allemands. Il tombe dans une embuscade. Les Ligueurs l’emprisonnent à Narbonne. Celui-ci trouve le moyen de prévenir son épouse et lui demande d’organiser la résistance de Leucate que les Ligueurs s’apprêtent à attaquer. Françoise de Cézelli prépare la défense de la

HERCULES’ MOTHER WAS NAMED FRANÇOISE Leucate possesses a grand history: in 1590 a woman, Françoise de Cezelli, distinguished herself during a battle resisting the Spanish, who executed her husband. Henri IV rewarded her by giving her the responsibility of governing the city until her eldest son, Hercules, came of age. Today, her statue sits enthroned in a square and vintages bear her name. With its pretty name coming from the Greek “leukos”, meaning white, and its heroine Françoise de Cézelli, Leucate can be proud of its history. The events in question unfolded in 1590. Françoise de Cézelli, the governor’s wife from Montpellier, saved the city by sacrificing her husband. The story begins in 1577 with her marriage to Jean-Antoine Bourcier, seigneur of Pantnau de Barri, with whom she had five children: Hercules, AnneFrançoise, Antoine, Paul, and Françoise. Her husband later became governor of Leucate. At the time, this highly strategic fortress guarded the border between France and Spain. During the civil war, Languedoc was torn between Catholics and Protestants, as was the rest of the country. The accession of Henri de Navarre (a Protestant) to the throne in 1589 led to renewed violence. The governor of Leucate took a stand: he rallied to the side of the new king and consequently faced the anger of the members of Marshal de Joyeuse’s confederation. They belonged to the Catholic League, a politico-religious movement that absolutely refused to let a Protestant king govern. As a result, the Marshal appealed to Spain, who sent troops. The governor of Leucate set out on 22 July 1590 to warn the Duke de Montmorency that 500 Spanish and German soldiers had just landed at the port of Franqui. He fell into an ambush, and the Catholic Leaguers imprisoned him in Narbonne.

ville. Les troupes espagnoles attaquent en août. Ardente et en première ligne, elle galvanise le courage de la garnison de Leucate et des habitants. Ils repoussent tous les assauts. Les Ligueurs exercent alors sur elle un odieux chantage. Les clés de la ville en échange de la vie de son mari le gouverneur. Grande dame, elle répond aux lâches : «Ma fortune, ma vie sont à moi, prenez les, je vous les donne volontiers pour mon époux. Mais la ville est au roi et mon honneur à Dieu. Je dois les conserver jusqu’au dernier soupir.» Furieux, les Ligueurs exécutent son époux sous ses yeux. Cruauté inutile puisque l’adversaire abandonne le siège au bout de trois semaines. Françoise de Cézelli a sauvé Leucate. Elle rejoint Paris trois ans plus tard à la demande du roi Henri IV. Il lui accorde en récompense de son sacrifice et de son courage le gouvernement de Leucate jusqu’à la majorité de son fils Hercule. Elle dirige la ville pendant 27 ans. Décédée à 56 ans à Montpellier, sa dépouille repose aux côtés de son mari, à la cathédrale Saint-Paul à Narbonne. Françoise de Cézelli tombe alors dans l’oubli. Un projet de monument dédié à « La Jeanne d’Arc du Languedoc » sur le site du Peyrou est voté en 1896 en conseil municipal à Montpellier. Il passe aux oubliettes. Les autorités inaugurent une statue en bronze de l’héroïne à Leucate le 16 août 1899, œuvres du sculpteur Ducuing. Vêtue d’un manteau, la statue brandit haut et fort les clés de Leucate. En mai 1942, le gouvernement de Vichy ordonne sa destruction afin de récupérer le bronze. Quand la statue bascule de son socle, la main tenant les clés se brise et tombe sur la place. Un leucatois la récupère et la porte symboliquement en mairie où elle trône toujours. Leucate inaugure une nouvelle statue le 17 août 1975 qui existe toujours. Marilyn Beaufour

He found a way to warn his wife and ask her to organise Leucate’s resistance, which the Leaguers were getting ready to attack. Françoise de Cézelli prepared the city’s defence. The Spanish troops attacked in August. Ardently from the front lines, she galvanised the courage of Leucate’s garrison and its inhabitants. They pushed back every attack. The Leaguers then gave her a horrible ultimatum: the keys to the city in exchange for the life of her husband, the governor. A great lady, she answered the cowards: “My fortune and my life are mine. Take them; I give them willingly for my husband. But the city belongs to the king and my honour to God. I must preserve them until my last breath.” Furious, the Leaguers executed her spouse before her eyes–a pointlessly cruel act, since the enemy abandoned the siege after three weeks. Françoise de Cézelli had saved Leucate. Three years later, she revisited Paris on the request of King Henri IV. In return for her courage and sacrifice, he granted her the government of Leucate until her son Hercules reached his majority. She ran the city for 27 years. When she died at age 56 in Montpellier, her remains were laid to rest alongside her husband’s, in Saint Paul’s cathedral in Narbonne. Françoise de Cézelli was then forgotten. A planned monument dedicated to “Languedoc’s Joan of Arc” on a Peyrou site was approved in 1896 in Montpellier’s municipal council.It was then shelved. However, on 16 August 1899, local authorities unveiled a bronze statue of the heroine in Leucate, by the sculptor Ducuing. Dressed in a coat, the statue boldly brandished the keys to Leucate. In May 1942, the Vichy government ordered its destruction in order to recover the bronze. When the statue toppled from its pedestal, the hand holding the keys broke off and fell onto the square. A Leucate resident recovered it and carried it symbolically to the city hall, where it remains, displayed prominently. Leucate unveiled a new statue on 17 August 1975, which still stands.


Port la Nouvelle

Un canal, un étang et un vrai port Aux portes de Narbonne et de ses vieux quartiers, au centre d’un port actif, au carrefour de voies navigables, voici une escale peu banale et pleine d’histoire.

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ne balise d’atterrissage au large, des cargos, pétroliers, gaziers au mouillage d’attente ou sur route, des chalutiers entrants ou sortants, deux puissantes jetées débordant largement, la grande tour rouge et blanche d’une cimenterie, de hauts silos et des réservoirs de carburants : pas de doute, on arrive dans un grand port de commerce. Port la Nouvelle : longtemps classé portabri seulement ouvert aux plaisanciers par mauvais temps, le caboteur y est maintenant bienvenu. UN MÔLE, UNE LANTERNE L’entrée se repère facilement avec son phare rayé rouge et blanc sur bâbord et, en arrière plan, un parc d’éoliennes sur la colline. Avec un chenal dragué à 8 m, vous pouvez quitter des yeux le sondeur pour surveiller le trafic et, quand souffle le Marin, prendre garde à la houle de SudEst qui prend la même route que vous. C’est pour cette raison que les premiers travaux portuaires ont commencé dans les premiers jours du XVIIIe siècle. Depuis 1681, le Canal du Midi fonctionnait et la jonction perpendiculaire de Narbonne vers la mer par le canal de la Roubine

avait été réalisée en 1787. Mais la barre dangereuse qui se levait dès force 6 de Sud à Nord-Est rendait l’entrée trop souvent dangereuse pour que l’exploitation du canal soit satisfaisante. En passant entre les deux grandes jetées qui vous protègent désormais, pensez que c’est en 1704 que la première pierre du môle de la digue ouest a été posée en grande cérémonie et qu’une plaque a été immergée portant la mention : « on ne pouvait autrefois entrer sans courir grand risque de s’y perdre, et (…) l’on peut aller à présent en toute sécurité, y ayant fait faire des jetées pour arrêter les flots de la mer et y changer ce que la nature y avait fait d’elle-même » Et, si vous entrez de nuit et voyez les éclats vert et rouge d’aujourd’hui, pensez aussi que c’est seulement en 1794, alors que régnait en France la Terreur révolutionnaire, que le premier feu de signalisation – une simple lanterne – a été allumé sur ce premier petit môle. LES ROMAINS DE NARBONNE Vous arrivez maintenant dans un avantport qui est la zone de manœuvre des pétroliers (attention, mouillage défendu et

navigation par moments interdite), puis dans le chenal aménagé dans l’ancien grau de l’étang de Sigean (ou de Bages). Ici, les navires romains ne rencontraient pas d’obstacle pour rejoindre la Nautique, port antique de Narbonne. Il n’y avait pas à l’époque ce long cordon de sable et de marais, ce lido qu’il a fallu creuser. Dans le chenal, sur tribord, les installations portuaires, sur bâbord, la ville qui n’avait autrefois que trente habitants, regroupés autour d’une église. Peu à peu, le port se construisant le long du quai, on y a creusé de nouvelles darses, ancêtres de celles que vous longez en embouquant le chenal car le port de plaisance et sa capitainerie sont tout au fond. PIEDS-NOIRS ET CHALUTIERS A droite en entrant, le premier bâtiment visible est un préventorium ; à gauche, le casino. Port la Nouvelle est bien une étape à facette multiples ! Les maisons d’habitation et la station estivale sont à l’ouest ; à l’est, les darses, d’abord pour les pétroliers, puis pour les grains et autres vracs, enfin pour la pêche. Car Port la Nouvelle compte une importante flottille qui lui permet de figurer parmi les grands ports de pêche méditerranéens. L’histoire a commencé avec l’indépendance de l’Algérie. 1962 : une

© OT Port La Nouvelle

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steps ashore pas à terre

e classique petit train estival à Si vous ne voulez pas démâter, louez un vélo. Partez le long du canal de la Roubine. Visitez les salines et de l’Ile de St Lucie, riche réserve naturelle dans un exceptionnel milieu naturel sauvegardé. Des roseaux, des oiseaux dans un univers bleu et vert… Les paresseux feront le circuit dans le Petit Train jaune (à moteur diesel et sur roues), successeur en saison du célèbre TATA, tramway folklorique qui a rendu bien des services aux villages des Corbières. Si vos mollets ne rechignent pas à une vingtaine de kilomètres, Narbonne, ses

c­ inquantaine de chalutiers passe de l’autre côté de la Méditerranée. Une vingtaine est accueillie à Port la Nouvelle. En deux ans, plus d’un millier de Pieds-noirs s’installent. De 2.500 hab, la ville passe à plus de 3.600. Des lotissements et des équipements nouveaux sont construits. La cohabitation avec les catalanes de la petite pêche artisanale locale pose un problème d’encombrement, il faut créer un nouveau bassin, une criée, une cale de halage, un atelier de filets. Une nouvelle vie économique et sociale commence. Du coup, la ville ainsi relancée s’ouvre au tourisme qui démarre sur toute la côte. Vous êtes maintenant à destination. Les pontons de plaisance sont en plein centre, côté ville. Cela facilite les balades urbaines et l’avitaillement. Que ceux qui n’aiment pas l’environnement un peu industriel d’un port actif passent leur chemin et continuent vers Gruissan au Nord ou Leucate vers le Sud ! Pour retrouver le calme et la tranquillité des eaux, un autre plan : au-delà du pont qui ferme le port de plaisance, commence l’étang vers Bages et Port la Nautique dans l’univers des «Golfes Clairs» chantés par Trénet. Et, si vous piquez tout de suite à droite, vous pouvez vous engager dans le canal de la Roubine qui, après démâtage, vous conduira au Canal du Midi. Deux autres mondes ! Claude Roger

Port de plaisance

belles maisons et ses canaux sont à portée ! Si vous avez un bateau assez petit ou une annexe assez grande, passez sous le pont et à vous les villages médiévaux, les vestiges d’anciens ports romains qui desservaient Narbonne alors en bordure de mer ! La Nautique, l’un des grands ports gallo-romain, conserve de nombreuses traces de son passé : ancres, céramiques, mobilier. Et Bages ! tous les secrets de la pêche à l’anguille sont dans ce typique village médiéval. A y voir : la Maison des Arts qui expose et vend les productions d’artistes de haute qualité.

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A canal, a lagoon and a real port On the edge of Narbonne and its old quarters, at the centre of a working port and at the crossroads of the waterways, this is an unusual stopover which is full of history.

QUELQUE PART ENTRE TERRE ET MER Offshore landing markers, cargo ships, oil tankers and gas-carriers at holding anchorage or on their way, two powerful jetties jutting out a long way, the big red and white tower of a cement works, the tall fuel bunkers and tanks: there’s no doubt that you’re arriving in a big trading port. Coasters are now welcome at Port la Nouvelle, which was classified as a harbour of refuge for a long time and only open to amateur sailors in bad weather. It’s easy to make out the entrance, with its red and white striped lighthouse to port and, further on, a wind farm on the hill. The channel has been dredged to 8m, which means you can take your eyes off the depth sounder and watch the traffic. When the Marin [South East wind] blows, watch out for the swell from the South East, which is coming your way.

of Narbonne. At that time there was no long ribbon of sand and swamps, creating a barrier beach which had to be dug away. Once in the channel, the harbour facilities are to starboard. To port lies the town, which used to be nothing more than thirty inhabitants huddled round a church. The port grew up along the quays little by little. New docks were dug out, which were the forerunners of the ones you sail past as you enter the channel on your way to the yacht harbour and its harbour master’s office at the end.

THE ROMANS OF NARBONNE You are now arriving in an outer harbour which is a working area for oil tankers (watch out - you’re not allowed to drop anchor and sometimes sailing isn’t allowed), followed by the channel developed from the Sigean (or Bages) lagoon’s old “grau” [Languedoc word for a channel linking a lagoon to the sea]. Roman ships did not come across any obstacles here on their way to Nautique, the ancient port

PIEDS-NOIRS AND TRAWLERS As you enter, the first building you see to the right is a sanatorium; the building on the left is the casino. Port la Nouvelle really is a multifaceted stopover! The houses and the summer resort are to the west; the docks are to the east – oil tankers first, then grain and other bulk goods, and, finally, the fishing harbour. Port la Nouvelle has a significant fishing fleet, making it one of the Mediterranean’s great fishing harbours. The story began when Algeria became independent, in 1962. Fifty or so trawlers crossed to the other side of the Mediterranean, and around twenty of them ended up in Port la Nouvelle. Two years later, over a thousand “Pieds-noirs” [French citizens born in Algeria] had moved in. The town of 2,500 inhabitants grew to 3,600. Housing estates and new facilities were built. Cohabitation with the little “catalan” fishing boats traditionally used for fishing in the local area led to problems of overcrowding. A new harbour, a fish auction, a slipway and a netting workshop had to be created. It was the beginning of a new social and economic life and the revived town suddenly opened up to the tourism which was developing all along the coast. You have now reached your destination. The yacht pontoons are right in the centre, near the town, making it easy for you to stroll through and victual up. Anyone who doesn’t like the slightly industrial environment of a working port should be on their way and continue to Gruissan, to the North, or Leucate, to the South! If you’d rather go back to the peace and tranquility of the water, here’s another idea: the lagoon heading towards Bages and Port la Nautique starts beyond the bridge which closes off the yacht harbour. These are the “Golfes Clairs” [Clear Bays] which locally-born crooner Charles Trénet sang about. And if you swing round to the right straightaway, you can go into the Canal de la Roubine, where, after taking down your mast, you can carry on to the Canal du Midi. Two different worlds!

If you don’t want to take down the mast, rent a bicycle and go off along the Canal de la Roubine. Visit the salt refineries and the Ile de St. Lucie, a fantastic nature reserve in an exceptional, safeguarded natural setting. It’s a blue and green world of reeds and birds... If you’re feeling lazy, take a tour on the yellow Scenic Train during the tourist season. This is the successor of the famous TATA, the traditional tram which was really useful for the Corbières villages. If your calves don’t start aching at the mere thought of twenty kilometres or so, Narbonne, with its beautiful houses and canals, is within your reach!

If your boat is small enough or your dinghy is big enough, go under the bridge and explore the medieval villages. These are the vestiges of the ancient Roman ports which served Narbonne when it was next to the sea! La Nautique, one of the great GalloRoman ports, still bears many traces of its past: acres, ceramics and furniture. And then there’s Bages! What this typical medieval village doesn’t know about eel fishing isn’t worth knowing. Not to be missed: La Maison des Arts, which exhibits and sells high quality artists’ work.

A LANTERN ON THE BREAKWATER This is why the first harbour works were begun here, right at the start of the 18th century. The Canal du Midi had been operating since 1681, and the perpendicular bend of the Canal de la Roubine joining Narbonne to the sea was built in 1787. But the dangerous swell raised by the force 6 South-North East wind meant that the entrance was often too dangerous for the channel to be satisfactorily used. As you pass between the two large jetties which will protect you from that point on, just think that the first stone of the western harbour wall’s breakwater was laid in 1704, with great ceremony. A plaque was submerged, bearing the following inscription: “it was not possible before to enter here without running a great risk of being lost. Now (...) you can go through in total safety, as jetties have been built to stop the flow of the sea and to change what was created by nature herself.” If you’re coming in at night, past today’s shining red and green lights, you should also think that it was only in 1794, when the Revolutionary Terror held France in its thrall, that the first navigation light – a simple lantern – was lit on this first little breakwater.

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Terre de transition entre les étangs de BagesSigean et les contreforts des Corbières, le littoral entre Barcarès et Port-la-Nouvelle est entre terre et mer à proprement parler. Le département de l’Aude compte en effet les plus grands espaces de lido naturel, avec les étangs de Lapalme et Salses-Leucate. agunes, étangs, zones humides : l’eau, L omniprésente, est source de diversités paysagère et écologique. Le Conservatoire

du littoral les protège en achetant les sites naturels du pourtour de ces étangs, encore qu’il ne soit pas très présent sur les rives de l’étang de Salses-Leucate mais participe à la lutte contre la «cabanisation» sur le plateau de la Franqui. Ce phénomène de cabanisation est une menace récurrente : pratique traditionnelle de bord d’étang, elle s’étend sur de nombreux secteurs et dérive vers des occupations de plus en plus installées, avec un durcissement des constructions de plus en plus lourdes jusqu’à la transformation en résidence principale Pour contenir cette dérive, une vigilance constante et une concertation étroite avec les communes est nécessaire. FRÊNES ET DORADILLES Sur ces contreforts montagneux souffle la tramontane, vent puissant qui a permis de faire de ce territoire l’un des tout premiers parcs éoliens de France. Au loin, on peut apercevoir les pales des éoliennes qui tournent dans le paysage. Face aux salins de Tallavignes et à proximité d’un grands port, le domaine de Frescati offre un vaste espace de découverte. Au

domaine de “l’eau fraîche”, mouvance du littoral et rugosité du plateau impriment dans le paysage lignes courbes et brisées. Avec près d’une trentaine d’habitats écologiques, le domaine de Frescati offre une belle diversité. De forêts riveraines en falaises calcaires s’étagent une flore et une faune dont les écologies sont aux antipodes. Alors que les frênes à feuilles étroites, ou frênes du midi, recherchent l’humidité et les limons des rivages pour s’élever à une vingtaine de mètres, les petites fougères que sont les doradilles n’ont besoin que de fissures pour survivre dans les conditions arides des parois rocheuses. GARRIGUE, LE RETOUR Comme en témoignent quelques ruines d’anciennes bergeries, le pâturage a été ici longtemps pratiqué. Si, au cours de son histoire, l’arrière-pays languedocien a connu dans certains secteurs le surpâturage et la désertification, la déprise agricole de ces dernières décennies a produit l’effet inverse. Les milieux ouverts se sont peu à peu transformés en garrigues hautes et en forêts, réduisant ainsi l’étagement de la végétation propice à la biodiversité. Rescapé de ces périodes, un milieu particulièrement rare en Méditerranée subsiste à Frescati : il s’agit des “parcours substeppiques”. Habitats d’intérêt communautaire prioritaires, ces pelouses rocailleuses abritent de nombreuses plantes à forte valeur patrimoniale. Alors que les chevaux camarguais paissent dans les zones humides et équilibrent ainsi prés-salés et forêts riveraines, le mouton est un précieux auxiliaire de gestion pour la garrigue. Article réalisé avec le concours du

SOMEWHERE BETWEEN LAND AND SEA Between the Bages-Sigean salt lagoons (etangs) and the Corbières foothills, the coastline from Barcares to Port-la-Nouvelle lies between lagoon and sea. In fact, the Aude départment accounts for the longest natural sand bar in France, if you take into account the Lapalme and Salses-Leucate lagoons. Lagoons, salt marshes, wetlands - water is everywhere, creating a variety of landscapes and habitats. The Coastal Protection Agency (Conservatoire du Littoral) protects them by buying up the sites surrounding these lagoons, although it is not very involved around the Salses -Leucates lagoon. However, it does contribute to fight against illegal constructions on La Franqui plateau. This phenomenon, (cabanisation) is a recurrent threat, having been a traditional practice on the banks of lagoons, it is now spreading to many other areas. Buildings have become more permanent with time and habitable. To prevent this, constant vigilance and close cooperation between the Agency and local councils is essential. ASH TREES AND SPLEENWORTS The wind blowing across these foothills is called the Tramontane, powerful enough for the first French wind farm to be built here. In the distance, you can see wind turbines. Facing the Tallavignes salt-works and close to a major harbour, the Frascati estate is set in beautiful countryside. In the freshwater areas, the varied coastline combines with the ruggedness of the plateau to make varied patterns in the landscape. With nearly thirty ecological habitats, Frascati estate offers great diversity. From shoreline forests to limestone cliffs, flora and fauna are widespread. While the narrow-leafed ash (or Southern ash) seeks moisture and silt shores to grow to about twenty metres, the small ferns called spleenworts only need fissures to survive in the dried-up rock faces.

THE RETURN OF THE GARRIGUE (Garrigue : Southern France scrubland) From the evidence of deserted sheep enclosures, grazing has long been practiced here. In the past, the Languedoc hinterland has experienced overgrazing and desertification, agricultural decline in recent decades has reversed the process. Open land has been gradually transformed into garrigues and forests, thus reducing the layering of vegetation, which favoured biodiversity. At Frascati, unusually in the Mediterranean, this open land has survived, called “pseudo-steppes”. Here, many rare plants survive. While Camargue horses graze in wetlands and keep salt meadows in balance with shoreline forests, sheep have helped to control the garrigue.


Gruissan

Un joli tableau à double entrée Parmi les derniers grands aménagements littoraux, Gruissan présente le double avantage d’être aussi un vieux village et d’avoir, tout près, la montagne de la Clape. Sans oublier ses “chalets” ! © OT Gruissan

I

l y a deux entrées pour Gruissan. Au Sud-Ouest, le rectiligne Canal de Grazel ouvre, deux kilomètres à l’intérieur, l’accès à Port Barberousse du vieux Gruissan : un port privé accessible aux visiteurs qui calent moins de 1, 20 m, complété par un joli bassin après une passerelle routière, pour quelques petits bateaux à moteur. À environ deux milles au Nord-Est, une autre entrée mène les plus grosses unités vers Gruissan “la neuve” et son port en cœur de ville. On y accède par deux puissantes jetées et un chenal d’un mille bien balisé, dragué à 2,50 m. Du large, avant des les distinguer, ces deux entrées ont deux amers communs, le massif de la Clape et l’ancien donjon du village. PIRATES ET NAUFRAGES La montagne de la Clape, qui était autrefois une île, porte deux radômes à 235 m d’altitude et, plus près de Gruissan, les falaises qui se dressent du côté de la chapelle des Auzils dont le chemin d’accès est connu pour ses cénotaphes (voir 4 Pas à Terre). Le donjon cylindrique qui trône au sommet de la colline où s’enroule le vieux village porte un nom fort évocateur : Barberousse. La Tour Barberousse, comme ses sœurs du littoral méditerranéen, servait, certes, à se défendre mais, heureusement le plus souvent à surveiller préventivement

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l­’horizon. Si celle de Gruissan prît un jour le nom redouté de la famille de pirates qui s’empara d’Alger en 1529, ce n’est pas que le personnage à la barbe carotte y eût habité. Tant pis pour le mythe ! Au contraire, c’est parce que l’on redoutait qu’il y vînt que cette appellation-repoussoir lui fut donnée, afin que vigilance soit entretenue ! De la fin de l’empire romain qui assurait la paix sur la Mare Nostrum, jusqu’au XVIe siècle, les villageois des côtes se sont réfugiés sur les hauteurs. Voguant en vue de Gruissan, c’est donc à vous et non point aux Gruissanais de se prendre pour un pirate barbaresque venant chercher des esclaves dans les villes de la côte. Une longue tradition… En revanche, une autre tradition, heureusement, perdure : la fête de la Saint Pierre. Au XVIIIe siècle, alors qu’une relative sécurité était revenue, les Gruissanais trouvèrent sur la plage une proue de navire représentant Saint Pierre, reconnaissable aux grosses clés qu’il a en mains. Ils lui dédièrent alors une grande cérémonie avec procession, sérénade et danse scottish, liesse populaire à la fin juin de chaque année. Loin de s’éteindre, la tradition demeure encore (voir «Saint Pierre et les Prud’hommes» sur www.cabotages.fr).

de La Clape (clap ou clapas en occitan signifie cailloux). Plusieurs itinéraires de 2 h 30 environ, sont à portée dont celui de la Chapelle des Auzils. Le sentier qui y monte est bordé de cénotaphes, un cimetière marin sans corps, qui perpétue la mémoire des matelots et capitaines disparus sur les mers du monde. Les inscriptions révèlent de tragiques histoires d’hommes et de mer. De là-haut, la vue est superbe. Pour les moins motivés à quitter le niveau des vagues, le circuit des Goules à l’Ouest propose une visite des Salins et d’un écomusée.

des ­pilotis. Du déshabilloir de plage au camping sauvage on passait à la ville de plus en plus organisée, habitée en partie toute l’année. CHALETS OU VILLAS ? Avenues, rues, ruelles révèlent tous les matériaux, toutes les couleurs, toute la flore, tous les aménagements et tous les engins de plage des heureux propriétaires qui ont su préserver ce site unique où existe une sorte de vie communautaire. Hélas, contrairement au règlement, de plus en plus de propriétaires murent les rez-de plage pour en faire des garages et des annexes, masquant ainsi les pilotis. Les «chalets» qui deviennent des villas font perdent une grande part de son caractère à la «cité sur échasses». Une tempête ramènera peut-être un jour ce petit monde à la vocation d’origine des pilotis : ne pas avoir les pieds dans l’eau. Le port quant à lui a su préserver des proportions modestes grâce à sa division en bassins et marinas. La station est animée sans tomber dans les excès, les commerces sont nombreux mais pas trop débordants et certains détails visent à donner à l’ensemble un cachet personnel : place décorée de «menhirs», toits semi-cylindriques des immeubles, pôles d’intérêts différenciés, vues sur le vieux Gruissan et sa tour. Des «signes» comme les pyramides de la Grande Motte ou les balcons de la Baie des Anges pour les cartes postales… Claude Roger

DANS LE RESPECT DU PAYSAGE Sur tribord au loin, une grande roue de Luna Park rappelle à la modernité. Gruissan, comme Port Camargue, la Grande

steps ashore pas à terre

ne inoubliable promenade – U terrestre mais à thème maritime – est la montée des chemins pierreux

Motte et le Cap d’Agde au Nord-Est et Port Leucate, Port Barcarès et Saint Cyprien au Sud-Ouest, est une création des années soixante et de la Mission dite «Racine» d’aménagement du littoral qui visait à créer des lieux à haute densité balnéaire, bien circonscrits, préservant l’environnement alentour. Chacun a eu son projet, son architecte, son ambition. Pour Gruissan, le projet initial de 1964 était une cité pharaonique et «futuriste». L’aménagement du vaste espace de sable entre Vieux Gruissan et mer a donné lieu à de un délire en forme de métropole Star Treck directement tombée de l’espacetemps dans les lagunes du Languedoc. Si le nouveau Gruissan finalement sorti des cartons n’est pas à proprement parler un joyau architectural, au moins s’inscritil dans le respect du site. Le massif de la Clape au nord n’a pas été mité de villas pour milliardaires comme prévu, et l’extraordinaire Gruissan des chalets sur pilotis n’a pas été rasé au profit d’un port dantesque ! Ce véritable décor de cinéma – 37,2° le Matin de Beineix – est un village de 1.300 “cabanes” sur pilotis nées avec la mode des bains de mer : sous Napoléon III, tout a commencé par des cabines de plage plus ou moins sophistiquées. À la fin du siècle, une tempête a détruit tout ce qui y avait été peu à peu construit en dur. Puis les cabines sont revenues. Puis la guerre est passée. Puis, une fois la plage débarrassée des bunkers, des «chalets» de planches se sont posés sur

la chapelle des Auzils

An unforgettable walk – on land, but with a nautical theme – is climbing the stony paths of La Clape (clap or clapas means stones in Occitan). There are several routes lasting about 2 and a half hours within reach, including the walk to the Chapelle des Auzils. The path climbing up to it is lined with cenotaphs, forming a marine cemetery with no bodies, to perpetuate the memories of the sailors and captains who disappeared under the waves around the world. The inscriptions tell tragic tales of men and the sea. The view is superb from up there. For those with less inclination to climb above sea level, the Goules trail, to the West, offers a visit to the salt refineries and an ecomuseum.

L’intérieur de l’église en centre ville

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Histoires de ports SAINT PIERRE ET LES PRUD’HOMMES Au XVIIe siècle, des Gruissanais trouvent une proue de bateau sur la plage. Ils reconnaissent Saint Pierre. Depuis, ils dédient une fête à ce personnage à la fin juin de chaque année. Procession, sérénade et liesse… En point d’orgue le spectacle unique des prud’hommes dansant une scottish dans l’église avec les pêcheurs et leurs épouses.

“Huts” on stilts

ers le milieu du XVII siècle, des pêcheurs « V de Gruissan trouvèrent au bord de la mer, parmi les épaves d’un navire naufragé, une e

A lovely scene which you can take in two ways Amidst the recent large developments along the coasts, Gruissan has the double advantage of being an old village and of having the Clape mountain just next to it. Not forgetting its famous “chalets”! There are two entrances to Gruissan. To the South-West, two kilometres inland, the straight Canal de Grazel opens into old Gruissan’s Port Barberousse. This is a private harbour which is accessible to visitors drawing less than 1.20m, complemented by a pretty harbour after a road bridge. About two nautical miles North-East, another entrance takes bigger boats to “new” Gruissan and its harbour in the town centre. It is reached by two powerful jetties and a milelong channel, which is well signposted and has been dredged to 2.50m. From the open sea, before you can make out the two entrances, you see their two common markers: the Clape massif and the old keep of the village castle. The Clape mountain, which used to be an island, has two radomes at a height of 235m. Closer to Gruissan, the cliffs tower up on the Chapelle des Auzils side. The access path to the chapel is marked out by its cenotaphs. (See 4 Pas à Terre). The circular keep crowning the summit of the hill, with the old village nestled round it, has a very evocative name: Barbarossa. PIRATES AND SHIPWRECKS La Tour Barberousse, like its sisters along the Mediterranean coast, certainly had a defensive purpose, but, luckily, was more often used to watch over the horizon as a preventative measure. Although Gruissan’s tower took the dreaded name of the family of pirates who took over Algiers in 1529, it isn’t because the carroty-bearded character lived there. So much for the legend! In fact, it was because he was feared that it was given this repellent name, just to make people watch out! From the end of the Roman empire, which had guaranteed peace in the Mare Nostrum, until the 16th century, the villagers from the coast took refuge along the heights. Sailing along in sight of Gruissan, it’s you, therefore, rather than the Gruissanais, who could be taken for a Barbary pirate coming to look for slaves in the coastal villages. There’s a long tradition, after all... Thankfully, there is another tradition which endures: the festival of Saint Peter. In the 18th century, when relative safety had been restored, the Gruissanais found the figurehead of a boat representing St. Peter on the beach – he could be recognised by the large keys he was holding. So they dedicated a great ceremony to him, with a procession, a serenade and a kind of polka dance. This is the cause of widespread jubilation at the end of June every year. The tradition still goes on and shows no signs of fading (see “Saint Peter and the Labour Judges” at www.cabotages.fr). RESPECTING THE LANDSCAPE Far away to starboard, a big wheel from Luna Park brings you back into the present. Like Port Camargue, La Grande Motte and Cap d’Agde to the North-East and Port Leucate, Port Bacarès

and Saint Cyprien to the South-West, Gruissan is a 1960s creation of the coastal development Mission known as “Racine”. This Mission aimed to create high density seaside resorts, which were well controlled, thereby preserving the surrounding environment. Each resort had its own project, architect and ambition. For Gruissan, the initial 1964 project was a Pharaonic, “futuristic” city. The development of the vast expanse of sand between Old Gruissan and the sea gave rise to madness in the form of a Star Trek metropolis, fallen straight out of space and time into the Languedoc lagoons. Even if the new Gruissan wasn’t exactly an architectural jewel when it was finally all unpacked, at least it respected its environment. The Clape massif to the north hasn’t been eaten away at by multimillionaires’ villas, as originally planned, and the extraordinary Gruissan of chalets on stilts wasn’t razed to the ground in favour of a Dantesque harbour! This real film set – for Betty Blue, by JeanJacques Beineix – is a village of 1,300 “huts” on stilts, which appeared with the fashion for sea bathing: it all began with more or less sophisticated beach huts in the time of Napolean III. At the end of the century, everything permanent which had gradually been built was destroyed by a storm. Then the huts returned. Then the war happened. Then, once the bunkers had been cleared from the beach, wooden “chalets” were built on stilts. From changing rooms on the beach, to rough camping, to the development of an increasingly organised town, part of which is lived in all year round. CHALETS OR VILLAS? The avenues, streets and alleyways reveal every kind of building material, every colour, every kind of plant, every kind of development and every kind of beach craft belonging to the lucky owners who managed to preserve this unique place, where there is a kind of community lifestyle. Unfortunately, against regulations, more and more of the owners are walling in the beach level to create garages and annexes, covering up the stilts in the process. The “chalets” which are becoming villas are robbing the “city on stilts” of a great part of its character. Perhaps one day a storm will remind this little world of the original purpose of the stilts: not getting your feet wet. The port, however, has managed to keep its modest proportions, thanks to its division into harbours and marinas. The resort is busy in the summer, but without being too busy; there are plenty of shops, but it isn’t overflowing with them and some points seem to give the whole thing a personal touch: the square decorated with “menhirs”, semi-cylindrical roofs on buildings, different centres of interest and views over old Gruissan and its tower. Instantly recognisable “signs” for the postcards, like the pyramids at La Grande Motte or the balconies at La Baie des Anges...

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« figure de proue » en bois, finement sculptée et peinte de diverses couleurs » écrit Jean Carbonel, historien. Ils reconnaissent immédiatement Saint Pierre. Le buste, à la belle tête barbue, comporte deux grosses clés. Celles du paradis ! en déduisent les hommes qui ont fait cette trouvaille. Les Gruissanais, marins à la réputation légendaire de courage dans tout le royaume de France, vivent cet événement avec une intensité peu commune. La statue fait aussitôt l’objet d’une vénération particulière, en raison des circonstances extraordinaires de sa découverte. La fête de la Saint Pierre, célébrée dans toutes les villes marines, revêt une importance particulière à cause de cette statue. Le dimanche matin, un cortège se forme devant la Prud’homie. Quatre pêcheurs portent Saint Pierre sur un brancard rouge tandis que le petit orchestre gruissanais joue une quadrille. Quatre juges revêtus de leur toge noire avec rabat blanc complètent la petite troupe. Une toque à galon d’or coiffe le président de la Prud’homie tandis que les Assesseurs sont coiffés de leurs toques à galon d’argent. Déambulent derrière par ordre d’importance : le Syndicat des Gens de mer, le Garde maritime, le Garde prud’homal enfin le groupe des pêcheurs et leurs épouses (plusieurs centaines) en leurs plus beaux habits. Tout ce petit monde, suivi du village entier et des touristes, se dirige vers l’église en musique. Le clergé accueille la relique au porche de l’église avant de la laisser pénétrer dans une nef déjà pleine à craquer. Ici aussi chacun s’assoit à sa place attitrée. Les Prud’hommes regagnent leur banc réservé. Les autorités, capitaines, maire… et marguilliers (teneurs du registre de la paroisse) s’installent sur les stalles (sièges en bois autour du chœur). Enfin les pêcheurs s’assoient sur les bancs. La grand’messe commence sur la musique de Lulli dispensée par les orgues. Après la lecture de l’évangile, le clergé s’installe au centre du chœur tandis que les quatre Prud’hommes se placent au fond de l’église devant les pêcheurs amassés près des fonds baptismaux. Un air fuse, non plus les grandes orgues mais une scottish (danse anglaise voisine de la polka, à quatre temps). Les Prud’hommes suivis des pêcheurs remontent vers le chœur en respectant le rythme de la danse. Ils doivent suivre un rite particulier. Les Prud’hommes tiennent une hampe surmontée de la petite barque dorée dans leur main droite. Elle symbolise le travail. Un cierge allumé brille dans leur main gauche qui représente la foi. Ils se déplacent donc vers le chœur en dansant. Seuls les Prud’hommes, les pêcheurs et leurs épouses ont ce droit. Les autres se contentent de rester spectateurs malgré une probable envie de bouger à l’écoute de cette musique entraînante. Après la scottish, les grandes orgues reprennent leur empire et l’office s’achève. Pourquoi une scottish ? Parce que son rythme rappelle les mouvements et ondulations de la houle qui balance à la fois pêcheurs et barques. L’orchestre reconduit en musique les Prud’hommes à la Prud’homie tandis que le buste reste à l’église. Il est reconduit à la Prud’homie après les Vêpres de l’après-midi. La fête se complète par une sérénade la veille au soir, un hommage aux marins disparus le dimanche après-midi et deux bals. Ne manquez pas cette fête de la Saint Pierre, à nulle autre pareille.

SAINT PETER AND THE LABOUR JUDGES In the 17th century, residents found the bow of a boat. They recognised the figurehead to be that of St Peter. Since then, they dedicate a festival every June to him, including a procession, a serenade and much jubilation. The festival’s high point is a singular sight: labour judges dancing a polka in the church with the fishermen and their wives. «About the middle of the 17th century, Gruissan fishermen found a finely carved wooden figurehead painted in many colours among the ruins of shipwreck on the shore”, wrote historian Jean Carbonel. They immediately recognised Saint Peter: the bust, with the beautiful bearded head, carried two large keys. “The keys to heaven!” deduced the men who made the discovery. Gruissan residents, seafarers with a legendary reputation for courage throughout the French realm, experienced this event with unusual intensity. The statue immediately became the subject of great veneration due to the extraordinary circumstances of its discovery. The feast of Saint Peter, which is celebrated in every seafaring town, takes on a unique importance here because of this statue. On Sunday morning, a procession forms in front of the “Prud’homie” (the Labour Relations Board). Four fishermen carry Saint Peter on a red stretcher, while the small Gruissan orchestra plays a quadrille. Four judges dressed in their black gowns with a white tie complete the small company. The president of the Labour Board wears a cap with a gold braid, while the Assessors wear caps with a silver braid. Strolling behind, in order of importance, come the Mariners’ Union, the Maritime Guard, the Labour Board Guard, and finally the fishermen and their wives (numbering several hundred) in their finest clothes. The whole group, followed by the entire village and nearby tourists, heads toward the church in a musical procession. The clergy welcome the relic on the porch of the church before letting it enter the packed nave. Here again, the people sit in their appointed places. The Labour Court judges go to their reserved seats. The authorities, captains, the mayor, and the churchwardens (who keep the parish register) settle into the stalls, the wooden seats around the choir. Finally, the fishermen sit on the benches. The high mass starts with music by Lully issuing from the organs. After a reading from the Gospel, the clergy sit down in the centre of the choir, while the four Labour Court judges stand at the back of the church in front of the fishermen, gathered near the baptismal font. A tune streams forth, no longer the great organ music, but rather a “Scottish” polka (an English dance similar to the polka, in quadruple time). The labour judges, followed by the fishermen, go back up to the choir, moving in time to the dance. They must follow a particular ritual. In their right hands, the labour judges hold poles topped with small gilded boats, symbolising labour. A lit candle glimmers in their left hands, representing faith. They proceed to dance toward the choir. Only the labour judges, the fishermen, and their wives are entitled to perform this ritual. The others in the church content themselves with remaining spectators, in spite of their desire to move to the sound of the lively music. Following the polka, the great organ music reasserts its authority, and the service ends. Why a polka? Because its rhythm evokes the movements and undulations of the waves, which carry both the fishermen and their boats. The orchestra plays while escorting the labour judges back to the Labour Board, and the bust remains at the church. The latter is transported back to the Labour Board at the end of the afternoon Vespers. The festival is complemented by a serenade the evening before, a tribute to lost sailors on Sunday afternoon, and two dances. Don’t miss this festival to Saint Peter— it’s like no other.


Narbonne Plage

Ni bling-bling, ni boum-boum Si vous avez un petit bateau, vous pouvez tenter l’escale de Narbonne Plage. C’est un petit mais bon abri, plutôt familial, d’où de belles balades sont à faire.

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huit milles de l’embouchure de l’Orb et à trois milles de Gruissan, en avant des premiers monts calcaires de la Clape, Port Narbonne a été gagné sur la mer au débouché d’un ancien canal. La suite de maisons basses le long de la plage et un clocher au sud d’un groupe de maisons blotties autour et sur une colline signale l’entrée. Amer supplémentaire, un immeuble blanc carré de dix étages au pied du port. Juste dans l’axe de la passe, on apercevra assez vite un feu à terre sur un monticule situé tout au fond du site et un monument (voir 4 Pas à Terre). Deux longues jetées en enrochements délimitent un petit avant-port sans grande profondeur où aucune manœuvre n’est possible ; une digue intérieure s’appuie sur la digue ouest, le tout dans l’espoir de protéger l’entrée de l’ensablement. Car ici, les fonds varient selon la saison pour n’être parfois que de 1,70m et même moins l’hiver avant dragage. En cas de doute, la capitainerie précisera par VHF mais de toute façon, il convient de suivre scrupuleusement le balisage du chenal si on cale plus.

Capitainerie et port sont implantés à gauche après une passe étroite. En fait le chenal continue vers le feu à terre et une passerelle routière pour desservir le Bassin Brossolette réservé aux embarcations modestes à moteur de 1m de tirant d’eau. De l’autre coté de la route, un mignon bassin creusé dans des terrains plats où se nichent les petits bateaux à moteur est à découvrir à pied. C’est l’abri historique du lieu. UN ACCES VERS NARBONNE Le chenal est en fait le Canal des Exals entre la mer et un abri naturel anciennement utilisé comme port de transbordement pour la Narbonne antique. La ligne de côte s’est beaucoup modifiée au cours

des ­millénaires par ici et l’Aude a changé de tracé à plusieurs reprises au cours de l’histoire. La ville de Narbonne a été un grand port sur un bon millier d’années au fond de l’étang de Sigean. L’accès à l’ancien port romain de Narbonne dont on retrouve les traces à Port la Nautique aujourd’hui port de plaisance au fonds de l’étang, est aujourd’hui à Port la Nouvelle. D’après les traces et vestiges retrouvés à Narbonne Plage, aucun port en mer n’aurait existé ici, juste de quoi effectuer des transbordements à partir de bateaux au mouillage. Narbonne Plage est une grande agglomération balnéaire de l’entre deux guer-

res. L’abri étant excellent, un petit port sauvage de proximité s’était organisé après guerre pour cent à deux cents bateaux. La Mission d’Aménagement Racine n’a pas retenu le site dans ses projets de stations balnéaires et de nouveaux ports languedociens : la municipalité s’est lancée dans les années 80 dans la réalisation de l’avant-port et de sa protection par les jetées dont les travaux auront demandé huit ans. Même si les villas récentes le long d’une belle plage rectiligne sur plusieurs kilomètres n’ont rien de particulier, il se dégage indéniablement un certain charme de cette escale interdite aux grands yachts ! Claude Roger

© OT Gruissan

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steps ashore pas à terre

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Le Gouffre Doux - © C. Deschênes

utant le dire tout de suite, on a vite fait le tour de l’endroit si l’on s’en tient au port et à la plage. C’est pourquoi l’Office de tourisme propose de nombreuses excursions dans l’arrière-pays, très riche en découvertes possibles. A Saint Pierre, troquez les tongs pour les chaussures de marche et marchez dans le massif de la Clape. Vue splendide sur la côte et les garrigues boisées. Et suivez le fléchage vers le Gouffre Doux : un site géologique curieux, un lac rond au pied d’une falaise. Mais interdiction formelle de s’y baigner : ce petit lac est en fait un siphon très profond capable de se vider d’un coup sans prévenir ! Par contre les caboteurs grimpeurs trouveront des voies autorisées sur les vingt mètres de la falaise.

Les caboteurs naturalistes et/ou sans chaussures de marche continueront la plage jusqu’à l’étang de Pissevache et de Vendres dans une ancienne boucle de l’Aude. Les roselières accueillent une très grande variété d’oiseaux dont l’ibis sacré. Pousser un peu plus loin amène au site si particulier des Cabanes de Fleury et de l’embouchure de l’Aude. Les caboteurs qui ne veulent pas marcher traverseront simplement la route pour gagner le Quai Brossolette et son monument en tuyau d’orgues élancés vers le ciel juste à côté du feu d’atterrissage. La fière devise « Souffre et meurs sans parler » en frontispice rappelle le souvenir du grand résistant Pierre Brossolette qui a préféré sauter par la fenêtre plutôt que de parler sous la torture.

Pourquoi le souvenir de Pierre Brossolette se retrouve-t-il aussi fréquemment à Narbonne Plage ? C’est que ce grand résistant, journaliste reconnu, devait être envoyé à Gibraltar pour officier à la BBC début septembre 1942. Après plusieurs tentatives à partir de la région de Toulouse, il parvient à embarquer depuis Narbonne Plage dans des conditions mouvementées : le pointu qui assure la navette entre la plage et le bateau attirera l’attention des Allemands à son second transbordement et ses passagers seront internés avant de parvenir à s’évader. Pas Pierre Brossolette. Tous les détails sur : h t t p : / b e a u c o u d r a y. f r e e . f r / brossolette05.htm

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Ensemble, mettons le cap sur votre réussite !

Not too much bling and not too much bass If you have a small boat, you can try the stopover at Narbonne Plage. It’s a small haven, but a good one, with a rather homely feel. There are some lovely strolls to take too. Eight miles from the mouth of the Orb and three miles from Gruissan, before the first limestone mountains of La Clape, Port Narbonne became accessible from the sea when an old canal was unblocked. The row of low houses along the beach and a bell tower, to the south of a group of houses huddled around and on a hill, signals the entrance. Another marker is a square, white ten-story building at the foot of the harbour. As soon as you are lined up in the fairway, you will quickly notice a landfall light on a hillock located right at the bottom of the town, and a monument (see 4 Pas à Terre). Two long stone jetties mark the boundaries of a small outer harbour, which isn’t very deep. No manoeuvring is possible here; an inner sea wall rests on the west sea wall, all in the hope of protecting the entrance from silting up. The shallows here vary from season to season, and sometimes they are only 1.70m and even less in winter before dredging. If you’re not sure, the harbour master’s office will specify on VHF, but, in any case, it’s best to follow the channel markers with great care if your hull is deeper. The harbour master’s office and the harbour are on the left, after a narrow fairway. In fact, the channel continues towards the landfall light and a road bridge serving the Brossolette harbour, which is reserved for smaller craft with motors and a draught of 1m. If you walk over to the other side of the road, you’ll discover a sweet little harbour dug out of flat fields, where little motor boats nest. This is the town’s old harbour.

The channel is actually the Canal des Exals, between the sea and an old natural harbour, which was used as a transhipment port for ancient Narbonne. The coast line here has changed a lot over the millennia and the Aude has changed its course on several occasions during its history.

We may as well say straight away, that if you stick to the harbour and the beach, you’ll have seen all there is to see very quickly. This is why the Tourist Office offers so many excursions into the surrounding countryside, where there is a wealth of discoveries to make. At Saint Pierre, swap your flip-flops for walking boots and head off into the Clape massif, where there are splendid views over the coast and the wooded garrigue scrubland. Then follow the signs to the Gouffre Doux: an unusual geological site consisting of a round lake at the foot of a cliff. But there is an official ban on swimming here: this little lake is actually an extremely deep siphon, and can suddenly empty with no warning! Rock climbing coasters, on the other hand, can take advantage of the authorised routes on the twenty metres of cliff. Naturalist coasters and/or coasters with no walking boots can go along the beach as far as the Pissevache lagoon and Vendres, which is in an old loop of the Aude. The reed beds shelter a huge variety of birds, including the sacred ibis. If you push on a bit further, you’ll reach the very special Cabanes de Fleury and the mouth of the Aude.

Coasters who don’t feel like walking can simply cross the road to reach the Quai Brossolette and its monument of organ pipes soaring towards the sky, just next to the landfall light. The proud motto on the frontispiece, “Suffer and die without talking”, is in memory of the great Resistance fighter Pierre Brossolette, who chose to jump out of a window rather than risk talking under torture. Why does the memory of Pierre Brossolette crop up so often in Narbonne Plage? It’s because this great Resistance fighter, a wellknown journalist, had to be sent to Gibraltar to officiate at the BBC at the beginning of September 1942. After several attempts to leave from the Toulouse region, he managed to embark at Narbonne Plage in eventful conditions: the «pointu» traditional fishing boat providing a shuttle service between the beach and the boat caught the attention of the Germans on its second trip. Its passengers managed to escape after a brief internment but not Pierre Brossolette. All the details can be found at (in French) http:/beaucoudray.free.fr/brossolette05.htm

A WAY INTO NARBONNE The town of Narbonne was a great port at the end of the Sigean lagoon for well over a thousand years. Traces of the ancient port of Narbonne can be found at Port la Nautique, which is now a yacht harbour at the end of the lagoon. Narbonne is now accessed from Port Nouvelle. According to the traces and vestiges found at Narbonne Plage, there was never a sea port here, but just the facilities to carry out transhipments from boats at anchor. Narbonne Plage is a large seaside town from the inter-war period. As the shelter was excellent, a little natural harbour nearby was organised to take one to two hundred boats after the war. The Racine Development Mission did not choose this site for its seaside resort and new Languedoc harbours project: In the 1980s, the local authorities began the creation of the outer harbour and its protection by jetties, which would have taken eight years to build. Even though the new villas lining several kilometres of the straight beach have nothing special about them, it’s clear that this stopover, where large yachts are not allowed, has a certain undeniable charm!

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Institut de Promotion et de Formation aux Métiers de la Mer 68, allée des Forges - 83500 La Seyne-sur-Mer Tél. 04 94 10 26 80 - Fax 04 94 10 26 81 Site internet : www.ipfm.fr Email : info@ipfm.fr

Pôle économique

Formation continue

Formation professionnelle Formation initiale par alternance


Grau de Vendres

Profiter de l’avant-première… A l’embouchure de l’Aude, deux petits hameaux ont poussé l’un en face de l’autre : les Cabanes de Fleury sur la rive Sud et Port Chichoulet sur la rive Nord à l’intérieur des terres dans l’environnement préservé de l’étang de Pissevache.

© Hervé Jacquet

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es aménagements en cours à Port Chichoulet incitent à ne pas attendre pour bénéficier d’une étape rare et précieuse. Il y a fort à parier que le site devienne rapidement une «étape incontournable» dans de nombreux guides marins et touristiques alors qu’il est encore réservé aux caboteurs à la recherche de coins perdus dans une nature brute de décoffrage ! UNE ESCALE CHAMPÊTRE A trois milles à l’ouest de Valras, l’Aude se jette dans la mer après une dernière traversée d’un milieu plat et marécageux. Un fort épi en enrochement s’avance dans la mer à l’est pour tenter de limiter l’ensablement qui menace en permanence l’entré du grau : les sondes ne dépassent pas toujours le mètre cinquante avant les deux mètres et plus de l’entrée du chenal et les trois mètres de l’Aude à cet endroit. Prudence donc à l’entrée mais le plan d’eau est très tranquille une fois sur le fleuve dont le courant occasionne rarement des problèmes. Les deux ports sont face à face à quelques centaines de mètres de l’embouchure. Port Chichoulet sur la rive Est est facilement repérable : l’entré est juste avant un port à sec pour 140 bateaux dont le choix de l’emplacement n’est pas pour le moins qu’on puisse dire, du plus bel effet dans le paysage. Une fois la passe prise, un étonnant bloc de béton balise le fond du port… Port Cabanes sur la rive ouest comprend deux bassins très proches, la capitainerie étant au second dit Port Cabanes 1, le plus nord. Mais les places y sont plus rares. Si Port Chichoulet présente les aspects d’un port «moderne», le port des Cabanes demeure rustique et sa bourgade qui offre peu de services, conserve un charme et un calme encore indéniable alors que la pression touristique commence à se faire sentir. L’Aude se remonte sans difficulté jusqu’au pont permettant de changer de rives à

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Lou Cabanaïre - officieux office du tourisme

quelques kilomètres au Nord mais les rives ne sont pas accostables : les pontons bricolés existants sont privatifs (même si les actes de propriété en bonne et due forme doivent être rares…). La balade permet toutefois de passer aux Cabanes de Fleury, petit abri sur la rive ouest isolé au milieu des roseaux et de terre-pleins plats balayés par le vent, à un mille de l’embouchure. UNE NATURE A L’ETAT PUR Ici, marais et roseaux envahissaient l’embouchure de l’Aude depuis des lustres. Quelques barques passaient dans le paysage ; quelques bateaux trouvaient un ponton bricolé pour hiverner au calme. Parfois le fleuve se trouve barrer plus ou moins longtemps par une pêche au «globe» : un vaste filet est tendu de part et d’autre des rives sur quatre piquets porteurs de câbles d’acier aux quatre coins du filet, deux de part et d’autre. Le pêcheur

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va en barque enlever à la main les poissons restés dans les mailles ou avec un seau, ceux qui sautent dans la poche au fur et à mesure que le filet est levé à l’aide d’un gros treuil sur chaque rive manœuvré sur la terre ferme par un acolyte. Prudence donc si vous remontez l’Aude : cette pêche se pratique encore pour votre plus grand plaisir de touriste amateur de photos et… amateur de poissons frais ! Vous trouverez encore tout cela ici dans un cadre très nature… De même que les chalets sur pilotis de Gruissan Plage ont bénéficié de la publicité faite par le film de Beineix 37,2° le Matin, la pointe de Chichoulet a connu Louis De Funès et Michel Galabru embarqués par Robert Dhéry sur le Petit Baigneur pour quelques scènes d’anthologie en 1967. Une fois la fine équipe envolée, le lieu est retourné à l’oubli en dehors de quelques initiés qui se sont bien gardé d’en faire trop la publicité.

es rives de l’Aude bordées de chemins de halage appellent à des balades à pied ou en vélo au milieu des roselières. Un petit pont facilite le passage d’une rive à l’autre pour une boucle de quelques kilomètres dans des paysages somptueux. De quoi satisfaire joggers et marcheurs tranquilles plus à la recherche de tranquillité que de commerces ou boites… Les plus courageux pousseront du côté de Fleury par l’étang de ­Pissevache. Remonter un peu l’Aude en annexe est également un bon plan. L’univers de landes salées plantées de roseaux rappelle l’ambiance camarguaise par de nombreux points, en moins fréquentée. Possibilités aussi de se promener à cheval. Demander à l’Office de tourisme officieux qu’est l’accueillant patron de l’excellent restaurant Lou Cabanaïre qui se fera un plaisir de vous parler des autres raretés du site..

Il faudra attendre 1989 pour que quelques autres fadas ressuscitent la conchyliculture, née sous les Romains, disparue depuis. Au départ, une coopérative conchylicole commence la réhabilitation du site avec l’aide de fonds européens. La plaisance est associée dès l’origine au projet, d’où la restructuration des jetées de l’Aude et la création de cent anneaux. Certains conchyliculteurs abandonnent, des pêcheurs s’installent, le Conseil Général apporte son soutien : une amélioration de la voirie, un parc de stationnement, une aire de carénage, une centaine d’anneaux en plus. Petit à petit, un port émerge dans le calme, loin du bétonnage généralisé de la côte. Avis donc aux caboteurs à la recherche de calme et de nature qui passeraient au large sans même une courte visite : ils risquent fort de s’en mordre les doigts la prochaine fois !!!

The banks of the Aude are lined with towpaths crying out for bike rides or walks among the reed beds. A small bridge makes it easy to cross from one side to the other of a loop a few kilometres long through gorgeous countryside. It should keep peaceful joggers and walkers, who are more in search of peace and quiet than shops and nightclubs, happy... If you’re feeling brave you can go as far as the Fleury side via the Pissevache lagoon. Sailing a little way up the Aude in a dinghy is also a good plan. The reed-filled world of the salty wetlands reminds you of the atmosphere in the Camargue for several reasons, although it is less busy. It’s also possible to go horse riding. Ask at the unofficial Tourist Office, in the form of the owner of the excellent Lou Cabanaïre restaurant.

Claude Roger

L’étang de Pissevache

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LE COURRIER DE WWW.CABOTAGES.FR

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our trouver l’origine de l’eau de mer salée, il faut remonter dans le temps à l’époque de la toute première jeunesse de notre planète Terre. Il y a 4 milliards d’années, l’activité volcanique terrestre était très forte. L’atmosphère avait alors un tout autre aspect, elle était riche notamment en vapeur d’eau, dioxyde de carbone et autres gaz composés de chlore et soufre. Puis au bout d’un certain temps, environ 100 millions d’années, la terre s’est refroidie et la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère s’est condensée. Cette vapeur d’eau, en précipitant, a emporté avec elle de nombreux autres gaz de l’atmosphère. Cette combinaison entre la vapeur d’eau et le dioxyde de carbone ou encore le dioxyde de soufre est à l’origine de la formation de pluies acides. Ces

Enjoy a sneak preview... At the mouth of the Aude, two little hamlets have grown up facing each other: Les Cabanes de Fleury, on the South bank and Port Chichoulet on the North bank, in the Pissevache lagoon landscape protection area. The developments currently underway at Port Chichoulet mean you shouldn’t delay if you want to enjoy this rare and precious stopover. It’s a safe bet that this spot will rapidly become an “unmissable stage” in numerous nautical and tourist guides – but still just for coasters in search of lost little corners with nature red in tooth and claw! A RURAL STOPOVER Three miles west of Valras, the Aude flows into the sea after finally crossing the marshy plains. A big stone groyne juts out into the sea to the east, in an attempt to limit the silting up which is a permanent threat to the channel entrance: depth sounding is often less than one and a half metres before the two metre channel entrance and the three metres of the Aude. Therefore, take care when entering, but this area of water is calmer once you’re on the river, where the current rarely causes a problem. The two ports face each other across a few hundred metres of estuary. It’s easy to make out Port Chichoulet on the East bank: the entrance is just before a dry port for 140 boats – the choice of location does not have the greatest effect in terms of improving the landscape, to say the least. Once you’re in the fairway, the end of the harbour is signposted by a formidable block of concrete... On the west bank, Port Cabanes has two harbours very close to each other. The harbour master’s office is at the second one, known as Port Cabanes 1, which is the furthest north. But moorings are scarcer there. Although Port Chichoulet has the appearance of a “modern” port, Cabanes harbour is still rustic and the village, which has few facilities, is still undeniably charming and calming, despite the fact that the pressures of tourism are starting to make themselves felt. It’s easy to sail up the Aude to the bridge where people cross from one bank to another a few kilometres to the North, but you can’t come alongside the banks: the DIY pontoons there are private property (even if deeds of ownership in good and due form must be rare...). Nevertheless, taking this little wander means you go past Les Cabanes de Fleury, a little shelter on the west bank which is all alone among the reeds, and the flat quay surfaces swept by the wind, one mile from the river mouth.

NATURE IN ITS PUREST STATE Marshes and reeds have been invading the mouth of the Aude here for ages. A few little boats came through the countryside: the odd boat found a DIY pontoon where it could spend the winter in peace. Sometimes the river is blocked for a while by “globe” fishing: an enormous net is cast from one bank to another on four stakes at the four corners of the net (two on each side), carrying steel cables. The fisherman takes a boat out to lift the fish out of the net, either by hand or using a bucket, and they practically throw themselves out of the net as it’s raised by a large winch on each bank, operated from dry land by an assistant. Take care if you’re sailing up the Aude: this fishing method is still used, for your enjoyment as a tourist who loves taking pictures and... who loves fresh fish! You will still find all this in a very natural setting... Just as the chalets on stilts in Gruissan Plage benefited from the publicity caused by the Beineix film Betty Blue, Chichoulet point was where Louis de Funès and Michel Galabru were launched into a few scenes by Robert Dhéry in Le Petit Baigneur in 1967. Once all the gang had vanished, the place was forgotten again, apart from a few insiders who have been careful not to publicise it too much. It wasn’t until 1989 that anyone else was mad enough to revive the shellfish farming, which started with the Romans, and which had since disappeared. At first, a shellfish cooperative began to rehabilitate the site with the help of European funds. Boating was associated with the project from the start, which is why the Aude jetties were redeveloped and one hundred mooring rings were created. Some shellfish farmers left, fishermen moved in and the Departmental Council provided their support: improved road networks, a car park and a hundred more mooring rings: little by little, a port emerged from the peace and quiet, nothing like the widespread concreting along the coast. Therefore, coasters in search of peace and nature who sail past without even a short visit should be warned: they might end up kicking themselves next time!!!

Les Salins du Midi à Aigues Mortes - Photo Stefi123

dernières sont responsables du phénomène d’érosion, qui arrache à la croûte terrestre, aux éléments qui la composent, des fragments de leur structure, notamment des sels. Les sels sont des composés chimiques constitués à partir de l’assemblage d’un acide et d’une base. Ces sels issus de l’usure des roches par les pluies acides sont ensuite entraînés dans les rivières et les fleuves pour être conduits jusqu’à ces grandes étendues d’eau que sont les mers et océans. Contrairement aux fleuves et rivières qui s’écoulent continuellement, les mers et océans représentent des étendues d’eau plus stables et sont donc soumis à une plus forte évaporation. Or au cours de l’évaporation, s’élèvent principalement dans l’atmosphère les molécules d’eau. Le sel reste alors dans la mer et au fur et à mesure de l’évaporation qui touche l’ensemble de l’étendue des eaux, sa concentration augmente. C’est le principe même des marais salants qui extraient le sel marin par l’évaporation complète de petites quantités d’eau de mer. Mais au sein des mers et océans un équilibre s’est installé entre l’eau apportée par les cours d’eau et celle qui s’évapore, ce qui rend à peu près stable la salinité de ces éléments à notre échelle. Cependant cette salinité n’est pas uniforme sur l’ensemble des étendues d’eau de notre planète. Certaines mers connaissent une salinité exceptionnelle, la mer Morte par exemple, tandis que d’autres parties d’océan possèdent une eau très peu salée. Les icebergs ont aussi leur part de responsabilité dans la salinité de l’eau, puisqu’ils sont constitués d’eau douce. La fonte de ces derniers à grande échelle pourrait entraîner une modification de la salinité des océans.

“Globe” fishing Salins de Gruissan

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Par Cécile Pérol

WHY IS SEA WATER SALTY? To understand the origins of salty sea water, we have to go back in time to the very beginning of our planet – Earth. 4 billion years ago, there was a great deal of volcanic activity on land. The atmosphere was quite different from what it is like now. It was filled with water vapour, carbon dioxide and other gases comprised of chlorine and sulphur. Then after a certain time, approximately 100 million years, the Earth cooled down and the water vapour in the atmosphere condensed. This water vapour, in precipitating, took with it numerous other gases from the atmosphere. This combination between the water vapour and the carbon dioxide or even the sulphur dioxide is at the origin of the formation of acid rain. Acid rain is responsible for a phenomenon of erosion which tears from the earth’s crust and from the elements that comprise it, fragments of their structure, and in particular salt. Salt is a chemical compound formed by a chemical reaction between an acid and a base. This salt which comes from the erosion of the rocks by the acid rain is then swept along in

Photo André Karvath

Document Hannes Grobe

POURQUOI LA MER EST-ELLE SALÉE ?

the rivers and streams and taken to the great stretches of water which we call the seas and oceans. Contrary to rivers and streams which flow continuously, the seas and oceans represent more stable stretches of water and are thus subjected to a stronger rate of evaporation. However, during evaporation, the main elements which are evaporated are water molecules. The salt consequently remains in the sea and as the evaporation progresses affecting all stretches of water, the concentration of salt increases. This is the very principle of the salt marshes which extract the sea salt by complete evaporation of small quantities of salt water. However in the seas and oceans a balance has been created between the water brought by the waterways and the water that evaporates. This means that the salinity of these elements at our scale is more or less stable. Nevertheless, such salinity is not uniform on all stretches of water on our planet. Certain seas have an exceptional salinity, for example the Dead Sea, while other oceans areas have water with a poor salt content. The icebergs are also to blame for the salinity of water as they are comprised of fresh water. Their large-scale melting could well lead to a change in the salinity of ocean water.


Valras Plage

Histoire de se dessaler un peu… Et pourquoi pas une étape fluviale, tranquille et familiale dans l’embouchure de l’Orb à Valras-Plage ou même un peu plus en amont, à Sérignan-Port de l’Orb ?

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e long et rectiligne cordon de sable qu’on peut suivre sans crainte sur la ligne de fond des trois mètres entre le Cap d’Agde et Cap Leucate est largement débordé par deux puissantes digues d’enrochements incurveés qui protègent l’embouchure de l’Orb de l’ensablement et d’une barre houleuse dès Force 5-6 de Sud-Ouest. L’entrée du fleuve ainsi canalisée en est très facilitée. De grands immeubles et un château d’eau caractéristique aident l’atterrissage en venant du large. Mais l’amer le plus remarquable est un haut immeuble carré d’habitation un peu à l’ouest de la station, visible de très loin et aussi incongru que celui de Carry le Rouet pour ceux qui connaissent…

Le port de Valras est creusé dans la rive ouest du fleuve. La passe d’entrée se détache mal entre les digues orientées Est mais la tour d’habitation de quinze étages dans l’ouest du lit du fleuve lève le doute : on peut l’embouquer sans crainte. Un ponton flottant accueille les visiteurs l’été à l’extérieur ; deux bassins de part et d’autre de l’entrée, face à un terre-plein avec carburant, accueil et capitainerie. LE PLAISIR DES TERRES En patois local, un valras est une zone ou une vallée plate. Dans la région, ça a été longtemps un peu synonyme de roseaux, marécages, moustiques. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle qu’une petite communauté de pêcheurs s’est installée

par ici. Leur emblème : l’hippocampe, toujours d’actualité dans les armes de la station ! Cette dernière est née de l’engouement lors de la Restauration pour les bains de mer : la station balnéaire va se développer à partir de 1850 ; la vague des congés payés post 1936 lancera la plage et des loisirs plus sportifs. L’activité de la pêche cèdera la place à la plaisance à partir des années 60 – il ne reste plus qu’un seul chalutier actif mais sans passer par les aménagements type Mission Racine : du coup, vous découvrirez au gré d’une balade d’anciennes villas de célébrités comme Vincent Scotto du côté de la rue des Muriers et des vestiges des temps anciens le long du front de mer… Tranquillité donc : des familles de canards risquent d’escalader votre jupe arrière pour réclamer leur dû. Animation aussi : le large terre-plein du port, envahi le jour par la fête foraine qui se déchaîne le soir, se transforme en caverne d’Ali-baba tentatrice pour petits et grands dès la tombée du jour. SE LA JOUER TRANQUILLE… Et pourquoi pas continuer la remontée de l’Orb, fleuve ici navigable sans problème ? A un demi mille en amont, le Bassin Jean Gau également sur la rive ouest, est réservé aux caboteurs ayant moins de 1,40 m de tirant d’eau. Son nom est celui de la célébrité locale née à Sérignan en 1902 : un circumnavigateur solitaire qui

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steps ashore pas à terre

ci, vous avez le choix entre flâner en ville et aller le long des rives de l’Orb – ou de pratiquer les deux. En ville et en front de mer : les ruelles de l’ancienne station, les boutiques, le front de mer guideront naturellement vos pas entre des traces du XIXe siècle balnéaire triomphant et les villas récentes. La ballade est assez agréable. En balade le long de l’Orb : du port et de son Théâtre de la Mer, pourquoi ne pas longer la rive ouest de l’Orb vers le port de pêche, le bassin Jean Gau ? La promenade est paisible, fréquentée en particulier par les pêcheurs

à la ligne d’eau douce/salée. Le vélo autorise différents circuits en boucle plus ou moins longue vers la rive gauche, les dunes, le Canal du Midi, l’étang de la Grande Mouïre avec en sus, les vignobles du Biterrois et ses promesses de dégustation… Plus loin : la ville de Molière, Pézenas, outre ses vieilles maisons, propose sa Maison des Métiers d’Art où toutes les tentations de l’artisanat d’art de qualité s’offrent à votre convoitise. Pour les enfants, juste à côté du port, ne pas rater le musée de la maquette ! De quoi passer une journée-repos.

a réalisé son premier tour du monde en solitaire sur son Atom de moins de 10 m, en 1.300 jours, 27 étapes et XXL péripéties en 1957. Disciple de Joshua Soclum, ami de Moitissiez, d’Errol Flynn et d’un grand nombre de fans, il récidivera à plusieurs reprises, accumulant vagues géantes, chavirages, naufrages et autres exploits avant de mourir toujours aussi discrètement en 1979 à 77 ans dont une bonne cinquantaine sur l’eau salée… Attraction locale subsidiaire : difficile vraisemblablement de trouver une passe plus étroite. Mieux vaut prévoir des pares-battages à bâbord et tribord si on est un peu large ! SÉRIGNAN, PORT DE L’ORB Et on continue ! A un mille de l’embouchure, Sérigan-Port de l’Orb ravira les amateurs d’isolement : comptez un bon kilomètre pour le ravitaillement et plus… pour aller à la fête foraine de Valras-Plage dont on n’entendra pas les échos du soir. Située sur la rive ouest, la passe est donc à bâbord en remontant le fleuve, entre deux petites digues bordées de pontons flottants parallèles au fleuve. La capitainerie toute blanche au milieu d’un bosquet de pins a des airs d’opérette anglocaribéenne. Valras la trépidante le soir, et Sérignan l’isolée au calme, deux étapes bien abritées loin des fréquents murs de béton des grandes stations languedociennes ! A vous de choisir… Claude Roger

Here, you can choose between loafing round town and going along the banks of the Orb – or both. The town and the sea front: the alleyways of the old resort, the shops and the seafront naturally guide your footsteps towards the traces of the 19th century seaside resort which prevails over the recent villas. Strolling along the sea front is quite pleasant. If you fancy a wander, from the port and the Théâtre de la Mer, why not go along the west bank of the Orb towards the fishing port, the Jean Gau harbour? It’s a peaceful walk, particularly popular with fresh/salt water line fishermen. A bicycle makes various longer or shorter round trips possible, towards the left bank, the dunes, the Canal du Midi and the Grande Mouïre lagoon, with the Biterrois vineyards and the promise of some tasting sessions as well... Further afield, Pézenas, Molière’s home town, apart from its old houses, offers its Maison des Métiers d’Art, where all kinds of tempting arts and crafts are available for you to lust after. Just next to the harbour, children won’t want to miss the model museum! A nice way to spend a day off.

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Get a bit of the salt off... Why not try a river stopover, in peace and quiet at the mouth of the Orb at Valras-Plage or even a bit further upstream, at SérignanPort de l’Orb? The long-straight ribbon of sand, which you can follow with no concerns along the line of three metres depth between Cap d’Agde and Cap Leucate, is far exceeded by two powerful, curving stone sea walls protecting the mouth of the Orb from silting up and from a stormy swell created by Force 5-6 sou’westers. This makes the entrance to the channelled river much easier. Large buildings and a distinctive water tower help you to land when coming in from the open sea. But the most noticeable landmark is a tall, square block of flats slightly to the west of the resort, which is visible from very far away and is as incongruous as the one in Carry le Rouet, if you know it... Valras harbour is dug into the west bank of the river. The entrance fairway doesn’t stand out well between the sea walls pointing east, but a fifteen story block of flats to the west of the river bed removes any doubt: you can enter it with no worries. A floating pontoon outside welcomes summer visitors: there are two harbours on either side of the entrance, opposite a quay surface with fuel, a reception and the harbour master’s office. THE PLEASURE OF VENTURING A LITTLE FURTHER INLAND In the local dialect, a valras is a flat valley or area. In this region, this has been slightly synonymous with reeds, marshes and mosquitoes for a long time. It wasn’t until the beginning of the 19th century that a small fishing community settled here. Their symbol was the sea horse, which still features on the resort’s coat of arms! The resort was born from the Restoration craze for sea bathing: the seaside resort began to develop from 1850 onwards, and then the wave of paid holidays after 1936 launched the beach and more sporting activities. The fishing industry gave way to sailing from the 1960s – there’s only one working trawler left – but the area wasn’t subjected to the developments planned by the Racine Mission. If you go for a stroll, you’ll suddenly come across villas which used to belong to

celebrities like the famous composer Vincent Scotto, next to the Rue des Muriers, and the remnants of ancient times along the sea front... Remain calm: families of ducks might try to clamber up your rear skirt, to claim their own form of harbour duties. But get excited too: the harbour’s large quay surface, invaded all day by the fair (which goes wild at night), is transformed into a tempting Aladdin’s cave for children and grown-ups alike as soon as day falls. FIND A LITTLE PEACE AND QUIET... Why not carry on up the Orb, as the river here is easily navigable? Half a mile upstream, the Bassin Jean Gau is also on the west bank, and is reserved for coasters with a draught of less than 1.40m. It’s named after a local celebrity who was born in Sérignan in 1902. He circumnavigated the globe alone for the first time in 1957, in his Atom, which was under 10m. It took 1,300 days, with 27 stages and innumerable adventures. A disciple of Joshua Slocum, friend of Bernard Moitissier and Errol Flynn and a great number of fans, he did it again on several occasions, collecting giant waves, capsizing and being shipwrecked, as well as enjoying other exploits, before dying just as discretely in 1979, having spent a good fifty of his 77 years on salt water... An additional local attraction: it must be hard to find a narrower fairway. It might be best to sort out some port and starboard fenders if you’re a bit wide! Ever onwards! One mile from the mouth of the river, Sérignan-Port de l’Orb will be a hit with isolation lovers: you’ll need to travel at least a kilometre to victual up and even further to go to the fair at Valras-Plage, which you won’t even hear the faintest echoes of in the evening. On the west bank, the fairway is then to port as you travel upstream, between two little walls edged by floating pontoons parallel to the river. The white harbour master’s house in the middle of a pine grove is like something out of an Anglo-Caribbean operetta. Valras is hectic in the evenings and Sérignan is isolated and peaceful – these two wellsheltered stopovers are very far from the walls of concrete so common at the big Languedoc resorts! It’s your choice…

L’UNIVERS SECRET DES ÉTANGS

Au début de l’Antiquité, l’espace lagunaire narbonnais, qui regroupe les étangs de Bages-Sigean et de Campignol-l’Ayrolle, était plus vaste qu’aujourd’hui et formait un golfe sur la Méditerranée dont le massif de la Clape était probablement une île. Il constitue aujourd’hui un ensemble de zones humides d’une superficie de 8 000 ha qui communique avec la mer seulement par le grau de Port-La-Nouvelle.

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e la mer, on ne le voit pas, mais le complexe lagunaire qui se trouve derrière le cordon sableux entre Gruissan et Port la Nouvelle offre des paysages d’une rare beauté : îles sauvages ou accueillantes, curiosités géologiques, vignes en culture jusqu’au bord de l’eau. Depuis les points hauts ou “pechs”, le paysage s’exprime dans une mosaïque de milieux : vignes, vergers, élevage, étangs, sansouires, roselières. L’ÎLE SAINTE LUCIE L’île Sainte-Lucie a toujours été un havre très convoité. Située aux avant-postes de la route de l’ambre et de l’étain à l’âge du bronze, elle fut habitée dès l’Antiquité. A l’époque romaine, une lutte entre les hommes et les éléments s’engage afin de préserver l’accès à la mer. De multiples tentatives verront le jour pour pallier les fluctuations du cours de l’Aude, enrayer le comblement des chenaux et permettre à Narbonne de poursuivre son activité maritime. Rendue à sa nature depuis une cinquantaine d’année, elle offre un charme rare. Du roc Saint-Antoine qui surplombe la Méditerranée à près de 39 m d’altitude, s’ouvre une vue spectaculaire sur cet univers d’étangs saumâtres, de roselières et de salins. DOUL - LA SALINE Le site du Doul-la Saline à Peyriac-de-Mer, acquis en 1978 par le Conservatoire est constitué de deux petits étangs, la Saline d’une part, ensemble de bassins dont l’exploitation salinière a été abandonnée en 1979 et le Doul, étang dont les caractéristiques naturelles permettaient aux sauniers de s’en servir comme d’un bassin de pré concentration des eaux. Il présente aujourd’hui une salinité deux fois supérieure à celle de la mer. Une promenade sur pilotis à fleur d’eau permet de découvrir l’ensemble. LE GRAND CASTELOU Le Grand Castelou est une ancienne saline transformée dans la seconde moitié du XIXe siècle en vignoble submersible pour lutter contre le phylloxéra. Un réseau hydraulique ingénieux prélevait l’eau douce dans le canal de la Robine pour inonder les parcelles en hiver, permettant aux pieds francs de vigne de ne pas être attaqués par le puceron et de lutter contre les remontées de sel. Aujourd’hui, ce site de 157 hA appartenant au Conservatoire du littoral reste mixte : certaines parcelles sont encore cultivées et d’autres subissent à nouveau les remontées salées. LA CLAPE Du temps où l’Aude se déversait par un large delta dans le golfe de Narbonne, le massif de la Clape était une île recouverte de forêts. Au fil des siècles, écoulement d’eaux continentales et crues diluviennes entraînèrent un lent mais inexorable comblement de cette petite mer intérieure. Plateaux arides, combes intimes et gouffres profonds retracent une histoire géologique qui remonte à plus de cent millions d’années.

Port Jean Gau

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L’OUSTALET Au pied de la Clape, l’Oustalet (“petite maison” en occitan), ancien domaine viticole, présente une curiosité : l’Oeil-Doux, petit lac rond alimenté par une résurgence au pied d’un demi-cirque rocheux de 20 m de haut. Forêts de chênes verts et de pins, vignes sur le coteau rocailleux laissent place à la sansouïre sur la lagune humide. Lors des pluies d’automne, les résurgences de la Clape jaillissent tels des geysers, c’est peut-être ce qui, au-delà de l’étymologie occitane “pitz vaca”, le pis de la vache, a donné ce nom déconcertant de “Pissevaches”. Cette immense steppe salée de 900 hectares où restent quelques nappes d’eau saumâtres est une étape importante sur la route des grandes migrations.

THE SECRET WORLD OF SALT LAKES In Antiquity, there was a lagoon in the Narbonne region, which combined those of Bages-Sigean and Campignol-l’Ayrolle. It was larger than today and formed a gulf on the Mediterranean. The Clape massif was probably an island at these times. It is now a series of salt lakes and wetlands with a surface area of 8000 ha which communicate with the sea only through the grau (inlet) of Port-La-Nouvelle. Not visible from the sea, the coastal lagoons behind the sand bar between Gruissan and Port la Nouvelle offer dramatic landscapes : uninhabited islands, geological features and vineyards cultivated to the waterfront. Starting from the peaks or “pechs”, the scenery is a mosaic of habitats - vineyards, orchards, livestock, ponds, sansouires (salt plains on the edge of marshes) and reed beds. SAINT LUCIA ISLAND Saint Lucia island has always been a popular haven. Located at the outpost of the Bronze Age amber and tin road, it has been inhabited from ancient times. In Roman times, there was a struggle between man and the elements to keep access to the sea. There were many attempts to control the movements of the Aude watercourse, to prevent sedimentation and to allow Narbonne to remain a port. Since fifty years ago the island has returned to its original state and it offers remarkable views. The SaintAntoine peak overlooks the Mediterranean from a height of 39 metres, giving a dramatic outlook on this landscape of brackish ponds, reedbeds and salt works. DOUL – LA SALINE At Peyriac-de-Mer, the site of Doul-la Saline was acquired in 1978 by the Agency and consists of two small lagoons. First, la Saline, a salt works where operations ceased in 1979, and then le Doul, a lagoon with special features enabling salt workers to use it as a salt concentration pool. Today, its salinity is twice that of the sea. A promenade deck raised on stilts makes it possible to visit the site. LE GRAND CASTELOU Grand Castelou is a former salt marsh, cultivated during the second half of the nineteenth century into a vineyard which could be flooded to fight phylloxera, A clever hydraulic network took fresh water from the Canal de Robine to flood the land in winter, so the ungrafted vinestocks were protected both from the aphid and the salt. Nowadays, 157 ha of this site belong to the Conservatoire du Littoral. Some plots are still cultivated and others are occasionally subject to salt water flooding. LA CLAPE At the time when the Aude river flowed into the Narbonne gulf through a wide delta, the Clape massif was an island covered with forests. Over the centuries, land water runoff and floods slowly filled this small inland sea. Arid tablelands, small valleys and deep chasms are evidence of a geological history dating back a million years. L’OUSTALET At the foot of La Clape, the Oustalet (little house” in Occitan), a former vinery, has a curiosity - the Oeil-Doux (Soft Eye), a little circular lake supplied by a spring at the bottom of a 20 metre high rocky outcrop. Holm oak and pine forests, like grapevines on the rocky hillside, give way to sansouires at the edge of the lagoon. During the autumn rains, the underground courses of the Clape river gush out like geysers, called Pissevaches (cows piss ), in the Occitan etymology Pitz vaca (cow’s udder). This huge salt steppe covers 90 ha where some brackish lakes remain, an important stage for bird migration.

Article réalisé avec le concours du


Le Cap d’Agde

Brescout - © J. Guittet

Volcanique et antique port des années twist Creusé dans les alluvions de l’Hérault sur les vestiges d’anciens volcans, ce fleuron de l’aménagement littoral des années soixante est un ancien port phénicien.

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e pas confondre ! Vus de loin, le mont Saint Clair de Sète et le Mont Saint Loup d’Agde peuvent vous faire commettre une erreur de onze milles nautiques et de 150 millions d’années... Le premier est un massif calcaire Jurassique formé alors que vivaient ici des dinosaures dans une sorte de forêt tropicale, le second est un volcan éteint depuis 700.000 ans – autant dire hier – à l’époque où l’auroch, le renne et l’Homo antecessor subsistaient par un froid plus que polaire et que la mer était plus basse d’environ 120m. Si l’on s’approche, le doute disparaît. À la différence de la colline urbaine de Sète, celle d’Agde (113m, 43°17’57 N – 3°30’04 E)

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est boisée. Elle porte à son sommet un sémaphore, une tour crénelée dite “Tour des Anglais” et un émetteur de radio-télévision facilement reconnaissables. BRESCOU, “CHÂTEAU D’IF” La seconde découverte est le fort de Brescou (43°15’47 N – 3°30’05 E) qui barre l’entrée de la passe. Bien visible quand on vient en longeant le rivage, il se détache moins en arrivant du large. Attention aux cailloux ! Construit en 1586 par le Vicomte de Joyeuse sur une petite partie immergée du massif volcanique qui se prolonge sous la mer, le fort primitif avait pour mission la défense de l’entrée du Grau d’Agde. Détruit en 1632 et reconstruit en 1680, il fut surtout une prison qui reçut de nombreux suspect sous la révolution. Mais on sait moins que pendant les guerres de religion il eut pour prisonnier le Protestant Étienne Durand, père de la célèbre Marie, arrêtée en 1728 à l’âge de 18 ans et enfermée pendant 38 ans dans la tour de Constance à Aigues Mortes et

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e ratez pas le Musée de l’Éphèbe. Ainsi nommé pour cette splendide statue découverte dans les vases de l’embouchure de l’Hérault et représentant un jeune homme nu, chef d’œuvre de l’art du IVe siècle avant notre ère. Mais l’essentiel du musés présente de manière très agréable toutes les découvertes que différents archéologues-plongeurs, amateurs ou professionnels, on mis a jour

dans le fleuve et dans l’espace maritime d’Agde. Des centaines d’amphores racontent l’histoire du trafic maritime du temps des Phocéens qui fondèrent la cité, puis des romains et gallo-romains, quand des milliers d’hectolitres de vin transitaient dans les ports de Méditerranée (voir l’article page de droite). Des bronzes aussi, qui donnent la mesure du raffinement et du savoir-faire de ces sociétés anti-

de Pierre, pasteur, pendu à Montpellier. Passez donc votre chemin et découvrez sur tribord une jolie baie où il n’est pas possible de mouiller l’été : la Grande Conque et sa plage de sable noir, petit cratère partiellement ouvert sur la mer. Ce site unique dans la région est une merveille pour l’exploration subaquatique. Un sentier sous-marin accessible à tous avec palmes et masque a été tracé sur 400 m. DEUX GALÈRES PHÉNICIENNES Entrez dans le port, un géant de 33 ha (un mille d’un bout à l’autre). Après l’avantport, face à vous, la capitainerie. Là, un sympathique marché aux poissons. Vers le centre-port, vous passez devant l’Ile aux Loisirs avec le casino et quelques boîtes de nuit, son luna-park visible de loin en mer la nuit à cause de sa grande roue. Mais la curiosité, c’est le Mobi-Deck, sorte de bibliothèque à bateaux aux catways mobiles qui se resserrent d’une travée à l’autre et ne laissent qu’un seul chenal libre pour l’entrée et la sortie. Expérimenté

ques. Et, pour ceux qui aiment les aspects plus militaires de l’histoire, se trouve dans ce musée un gisement unique de vingt-neuf mousquets et de seize “pierriers”, petits canons à culasse mobile provenant d’une galère royale. Sans compter de très nombreux accessoires maritimes, ancres de pierre antiques, de bois plus récentes, des poulies, des sondes, des cloches de quart… Le musée de l’Éphèbe, tout près du centre ville (suivre la balisage), est ouvert en saison estivale de 10 h à 18 h tous les jours. Tarif adulte 4,50 €, nombreux tarifs réduits pour groupes, jeunes, chômeurs, personnes handicapées…

pour la première fois en France au Cap d’Agde, le Mobi-Deck coûte 30% plus cher qu’un système classique mais permet de gagner 30% de place en plus. Utile, sans doute, alors que les 3.300 places sont pleines depuis longtemps. Parmi les cinq projets de la Mission Racine d’aménagement du littoral dans les années soixante, le Cap d’Agde a vu son port creusé jusqu’à trois mètres dans des marécages, des fonds de sable, des alluvions de l’Hérault. Exploit technique des «30 Glorieuses» qui permit accessoirement de découvrir deux galères phéniciennes. Bien longtemps avant les années yéyé, les Antiques faisaient du développement territorial... Aujourd’hui, pas de galère. Le Cap d’Agde, surgi de nulle part, sait conserver un peu de vie l’hiver, notamment grâce à la présence d’une vraie ville juste à côté. Christophe Naigeon

Tél : 04 67 94 69 60.

Le musée de l’Ephèbe

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Volcanic and antique port of the swinging sixties Dug out in the alluvial deposits of the Hérault on the remains of former volcanoes, this jewel of sixties’ coastal development is a former Phoenician port. Don’t muddle them up! From afar, Sète’s Mont Saint Clair and Agde’s Mont Saint Loup can mislead you by eleven nautical miles and 150 million years... The first is a Jurassic limestone bank formed at the time when dinosaurs roamed here in a sort of tropical forest, and the second is an former volcano, which became extinct 700,000 years ago – in other words, yesterday – at the time when aurochs, reindeers and Homo antecessor survived sub-polar temperatures and the sea was approximately 120m lower. As you approach, any doubts you may have will soon disappear. Unlike the urban hill of Sète, the Agde hill (113m, 43°17’57 N – 3°30’04 E) is covered in trees. There is a signal station right at the top, a crenellated tower called “Tour des Anglais” and a radio-television transmitter that are easily recognisable. BRESCOU, «CHÂTEAU D’IF» The second discovery is the Brescou Fort (43°15’47 N – 3°30’05 E) which blocks the entrance to the channel. Clearly visible when approaching from the shore, it is less noticeable when you come from the open sea. Watch out for stones! Built in 1586 by the Viscount of Joyeuse on a small submerged part of the volcanic bank that continues underwater, the primitive fort’s role was to defend the entrance to Grau d’Agde. Destroyed in 1632 and rebuilt in 1680, it was notably a prison for several suspects during the revolution, but it is less well-known for having imprisoned the Protestant Étienne Durand during the Wars of Religion, father of the famous Marie Durand, arrested in 1728 at the age of 18 and imprisoned for 38 years in the Constance Tower at Aigues Mortes, and of Pierre, Protestant minister, hung at Montpellier.

So keep going and discover, to starboard, a pretty bay where it is not possible to cast anchor in the summer: the Grande Conque and its beach of black sand, a small crater partially open over the sea. This unique site in the region is a must for underwater exploration, and an underwater trail, accessible to anyone with flippers and a mask, has been outlined over 400m. TWO PHOENICIAN GALLEYS Go into the 33 ha huge port (one mile from one end to the other), and after passing the outer harbour, you will see the harbour master’s offices opposite you. There, you will discover a pleasant fish market. Towards the mid-harbour, you will go past the Ile aux Loisirs with its casino and nightclubs, and its Luna-Park that can be seen far out at sea at night-time, thanks to its large wheel. The most interesting feature, however, is the Mobi-Deck, a kind of boat stacking system with mobile pontoons that join up to each other and only leave one channel free for entering and exiting. Tested for the first time in France at Cap d’Agde, the Mobi-Deck costs 30% more than a traditional system but enables to gain 30% more space, which is clearly useful as the 3,300 spaces have been full for a long time. As one of the five projects of the “Mission Racine” to develop the coastline in the sixties, Cap d’Agde’s harbour was dug out up to three metres in the marshes, sand bottoms, and the alluvial deposits of the Hérault. This was a technical feat of the “Glorious Thirty” which also enabled to discover two Phoenician galleys. Indeed, long before the “yé-yé” years, the people of yesteryear were already planning territorial development... Nowadays, there are no galleys. Cap d’Agde, appearing out of nowhere, manages to stay open in the winter, thanks in particular to the presence of a real town just down the road.

Le port - © Laurent Uroz

Don’t miss the Ephèbe Museum, which takes its name from the splendid statue discovered in the silt of the Hérault mouth, representing a young naked man, a masterpiece of 4th century BC art. The majority of the museum provides a very pleasant display of all of the discoveries made by various archaeologistsdivers, whether amateur or professional, in the river or sea areas of Agde, and hundreds of amphora tell the story of maritime trade during the era of the Phocians who founded the city, then of the Romans and GalloRomans, when thousands of hectolitres of wine passed through the Mediterranean harbours (see the article pages 22 and 23).

p.m. Adult rate €4.50, several reduced rates for groups, young people, unemployed, disabled… Tel.: 04 67 94 69 60

There are also bronze statues, which show the extent of refinement and know-how of these ancient societies, and, for those who appreciate the more military aspects of history, this museum houses a unique collection of twenty-nine muskets and sixteen “pierriers”, small canons with mobile breeches from a royal galley, not forgetting a large number of sea accessories, antique stone anchors, more recent wooden ones, pulleys, lead-lines, bells … The Ephèbe Museum, right next to the town centre (follow the signs), is open every day in the summer season from 10.00 a.m. to 6.00

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AMPHORES ET NAVIRES PINARDIERS DE L’ANTIQUITÉ Six cents ans avant note ère, des navigateurs Grecs après avoir colonisé et couvert de ceps et d’oliviers la Sicile et l’Italie du Sud, fondent des villes portuaires pour assurer la maîtrise d’un commerce maritime en grande partie fondé sur l’huile et, surtout, le vin. Pour le transporter, des amphores par millions... et des bateaux ‘‘pinardiers’’ spécialement conçus que l’on retrouve grâce aux progrès de l’archéologie sousmarine.

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a plupart des épaves antiques retrouvées sont celles de bateaux de commerce aux formes arrondies. Quasiment pas de trace des fins bateaux de guerre que l’on voit sur les vases et les murs des palais. Trop légers, chargés de rameurs et de guerriers qui tombaient à la mer, ils coulaient en se disloquant et s’éparpillaient sur le fond, vite recyclés. Les navires de commerce, lourdement chargés et costauds s’enfonçaient avec leur cargaison dans la vase, se recouvraient de sable. Conservés ainsi presque intacts jusqu’à ce qu’un caprice des courants ne les remette à nu ou qu’un plongeur chanceux… Phéniciens, Grecs et Romains feront naviguer des bateaux de plus en plus grands aux charpentes et aux cargaisons de plus en plus phénoménales. Chacun établit ses comptoirs sur les routes maritimes et des corporations se développent comme en témoignent les mosaïques d’Ostie (port de Rome) où des enseignes devant des «bureaux» de commerce figurent notamment Narbonne et les Bouches-du-Rhône. Pourquoi par la mer ? C’est que les voies terrestres sont encore moins sécurisées. Durant quatre siècles que dure la Pax Romana (entre -200 et +200) les fondateurs d’Olbia, d’Agde, de Narbonne, de Lattes et de Marseille profitent de la surveillance de la mer par les galères impériales. Après le déclin de la Grèce, c’est le triangle Espagne – Italie – Gaule romaine qui concentre l’essentiel du commerce maritime. Les navires sont longs de 40 m et pèsent jusqu’à 400 t, comme La Madrague de Giens retrouvée dans les années 70, lestée de six mille amphores. Ces bateaux sont avant tout des «pinardiers», qui, jusqu’au 1er siècle vont transporter le vin d’Italie vers la Gaule et, ensuite, de la Gaule vers l’Italie. Flux et reflux des marchés… Les récipients d’argile purifiée cuite sont les quasi uniques contenants des denrées liquides (rarement solides). L’amphore, avec sa forme fuselée, son col étroit et ses deux anses élégantes symbolise les antiques libations. Mais il en existe autant de types différents que de lieux où elle est produite, autant de formes et de volumes que de denrées qu’elle contient. Utilisée pour le stockage dans les entrepôts et comme contenant pour le transport, c’est un emballage jetable. Vidée, elle est pilée et mise en poudre ou brisée au mortier pour devenir matériau de construction, son col parfois utilisé comme élément de canalisation. C’est aussi une unité de mesure très précise : 19,56 l à Athènes et 26,26 l à Rome qui conserve une amphore-étalon au Capitole. L’amphore est aussi un support de communication. Comme sur les conteneurs maritimes d’aujourd’hui où l’on trouve des signes ésotériques pour le profane, dans l’argile de l’amphore est gravé un véritable bon de fret maritime. L’opercule de mortier qui sert de bouchon porte le plus souvent un cachet, l’épaule un timbrage, une estampille, ou des sceaux gravés à la pointe ou encore des marques peintes qui permettent de dater très précisément la fabrication de l’amphore, de retrouver l’adresse de l’atelier du potier où elle a été fabriquée mais aussi d’identifier le Mercator, le commerçant, son contenu, son origine et sa destination. La traçabilité est totale. Une chance inouïe pour l’archéologue qui se retrouvera fort dépourvu quand le tonneau de bois gaulois – réutilisable et putrescible – remplacera, vers le 3e siècle, les indestructibles récipients de terre. Ainsi, une amphore n’est jamais perdue en route. À cette époque, les déroutages son fréquents. La météo n’est pas une science, la Méditerranée déjà capricieuse, la navigation empirique. Les marques servent à la redistribution des cargaisons sur des navires de cabotage plus petits (20 t comme La Cavalière, retrouvée dans la baie qui lui donne son nom). Parmi les treize épaves phocéennes retrouvées devant Marseille, deux d’entre-elles, les plus anciennes, longues de 8 m seulement, rappellent

Fouilles archéologiques © CCJ-CNRS

les «barquettes» et contenaient une trentaine d’amphores. Quatre cents tonnes, vingt tonnes, cinq tonnes… Quarante mètres, vingt mètres, huit mètres… les épaves racontent le commerce de gros, demi-gros ou détail, de haute mer, de cabotage ou de porte-à-porte comme l’a mis en évidence Luc Long, archéologue plongeur, conservateur en chef du patrimoine au DDRASSM de Marseille. Sur ces «pinardiers», pas de cabines, la dizaine d’homme d’équipage dort à la belle étoile. Il n’y a dans la cale que les réserves de vie, l’eau douce et une cambuse. Priorité à la cargaison. Les Acratopotes, autrement dit buveurs de vin rouge, sont si nombreux à cette époque que le «vin de table» va être bientôt être transporté en vrac, dans d’énormes jarres appelées dolia, alors que les amphores sont réservées aux «grands crus». Le dolium, également en terre cuite, peut contenir jusqu’à 2.500 l, être haut de 1,70 m pour 1,20 m de diamètre. Installé à poste fixe au centre de la carène, ce n’est pas un «jetable». Le bateau est construit à sa mesure. On cale les dolia dans la coque en construction avant de poser les barrots et le pont. Certains navires pouvaient en contenir quinze ! L’arrimage délicat et la solidité toute relative de ce énormes jarres de terre font courir un risque aux navigateurs. Au point que Robert Roman, chercheur en charpenterie de marine antique à la MMSH d’Aix en Provence pense que ce système a du être abandonné en moins de deux siècles pour des raisons de sécurité… Tout aussi savant est le chargement des amphores qui, en cas de tempête, ne doivent pas briser les dolia. La forme de l’amphore permet de les caler sur trois ou quatre niveaux à partir d’un premier rang pris dans un rack. La stabilité du chargement est confortée par quelques fagots glissés dans les interstices. Quand un dolium se brise en route, c’est une catastrophe pour l’équilibre du navire. Leur état fait l’objet de tous les soins. Beaucoup d’entre eux ont des fissures colmatées par des joints de plomb… Quant au remplissage ou au vidage de ces bateaux-citernes, on peut laisser aussi libre cours à son imagination, penser à la cohorte d’esclaves portant chacun une amphore sur le dos, une main au dessus de l’épaule tenant l’anse et l’autre, sur les reins, agrippant la pointe ? ou à deux, comme un palanquin, des tiges passées entre les anses ? allant et venant entre ces navires et d’immenses entrepôts pendant que le capitaine surveillait d’un oeil l’arrimage de la cargaison, de l’autre l’état du ciel. Emma Chazelles English translation next page

Amphotes au musée de l’Éphèbe au Cap d’Adge


Agde

La belle inaccessible La vieille cité Agathoise ne peut guère être considérée comme une escale. Pas de pontons d’accueil – ou presque – , il faut donc faire étape au Cap d’Agde et prendre un vélo.

C

’est un peu frustrant… Comme au Grau d’Agde, le cours de l’Hérault est navigable mais ses rives inabordables. À part la zone technique et le port de pêche à côté de la criée aux poissons – bien sûr interdites aux plaisanciers – les rives n’ont pas été aménagées pour qu’un caboteur en visite puisse s’amarrer. Les bateaux locaux qui jalonnent le cours du fleuve sont au milieu des roseaux, tenus pas des perches à distance de la berge instable et ensablée. N’essayez même pas, sauf en canoë. Cependant, la croisière sur l’Hérault jusqu’à la vieille cité agathoise vaut la peine d’être tentée au moteur et à petite vitesse pour profiter du charme de cette jolie incursion en eau douce. Si votre tirant d’air est inférieur à 10 m, vous pourrez aller jusqu’aux quais de basalte qui forment l’ancien port d’Agde, au cœur de la ville. Mais là aussi, faute de ponton flottant sur la rive droite, il est à peine pensable de faire escale. Sur la rive gauche, des restaurants flottants ont été installés et donnent envie de s’y arrêter. Alors ? On se prend à rêver d’un accueil pour une vingtaine de petits bateaux (voir photo)…

Ce serait si agréable de faire halte une heure ou deux, le temps de flâner dans les ruelles de cette ville historique où chaque détail est une évocation : sculptures de pierre noire, portes de bois joliment patinées, perspectives étroites sur des maisons tantôt en roche volcanique nue, tantôt chaulées à l’italienne, des pans de petits palais des temps de fortune, des demeures bourgeoises un peu sur le retour, des maisons prolétaires rapetassées, des blocs entiers joliment refaits, des trompe l’œil grandioses, du linge aux fenêtres pour mettre de la couleur, et une vie de quartier gouailleuse et que la mode n’est pas encore venue standardiser, ­“Côté-Sudiser” comme le Panier à Marseille ou l’ancien quartier des pêcheurs à Saint Tropez… UN MUSÉE AU CHARME DÉSUET Dans l’une de ces ruelles (suivre la signalétique), abrité par l’ancien Hôtel de la Charité créé par l’évêque d’Agde Louis Fouquet, se trouve le Musée Agathois. Contrairement à son frère le Musée de l’Éphèbe au Cap d’Agde qui jouit d’une muséographie contemporaine, celuici est délicieusement kitsch, vieillot à

s­ ouhait, mais qui a fini par être lui-même un musée de la muséographie… Tout à fait charmant, in donne une belle idée de la vie bourgeoise et maritime des XVIII et XIXe siècles. Personnages de cire, reconstitution de salons, cuisines, ateliers, de cabines de bateaux, un charme désuet et un attrait certain pour les enfants (ouvert tous les jours de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h, tarif 4,50 €, nombreuses réductions. Tél : 04 67 94 82 51). Alors, en attendant d’y venir – peut-être un Agde - © N. Chorrier jour – en bateau, amarrez-vous dans le port du Cap d’Agde et louez un vélo : Passion-Cycle, Résidence Port Richelieu IV, avenue des Sergents, tél. 04 67 51 14 21. Longez les plages vers le Grau d’Agde, remontez par la piste cyclable le long de la rive gauche

jusqu’à la ville phocéenne en passant par l’Agenouillade. S’il fait chaud, la fraîcheur des terrasses de cafés sous les platanes de l’esplanade vous récompenseront de vos efforts à l’arrivée. Christophe Naigeon

The unapproachable beauty The old Agathois city can hardly be considered as a port of call. No welcoming hulks – well almost – , therefore a stopover must take place at Cap d’Agde, and then take a bicycle. It’s a bit frustrating… As in Grau d’Agde, the Hérault watercourse is navigable, but its banks are inaccessible. Apart from the technical area and the fishing port neighbouring the fish auction sales place – forbidden to amateur sailors, of course – the banks have not been upgraded for a visiting coaster to moor. Local boats posted on the watercourse are in the middle of reeds, held by poles at bay from the unstable and sandy banks. Do not even try, except with a canoe. However, the cruise on the Hérault river to the old Agathois city is worth having a go, motoring at low speed to enjoy the charm of this beautiful freshwater incursion. If your air draught is below 10 m, you can go to the basalt docks that constitute the Agde old harbour, in the heart of the city. But there again, in want of floating docks on the

right bank, it is hardly thinkable to call. On the left bank, floating restaurants have been installed, and give you the mood for a stop. So what? You find yourself dreaming to find a venue for around twenty small boats ( see picture )…It would be so pleasant to stop for an hour or two, the time to wander in this historic city alleyways where every detail is a reminiscence : black stone sculptures, nicely finished wooden doors, narrow views on houses sometimes made from raw volcanic rocks, sometimes whitewashed the Italian way, trails of small palaces of former rich times, middle-class over the hill residences, patched up proletarian houses, entire blocks nicely redone, gorgeous trompes-l’oeil, linens at the windows to add colour, and a cheeky district life that fashion has not yet standardized, “southcoasted” like the Panier in Marseille or the old fishermen part of St Tropez… A QUAINT CHARM MUSEUM In one of these lanes (follow the signs) sits the Museum Agathois, housed in the

former Hôtel de la Charité once founded by the Agde bishop Louis Fouquet. Unlike its brother, the Museum de l’Ephèbe in Cap d’Agde, which enjoys a contemporary museography, this one is delightfully kitsch, incredibly old-fashioned, but as become being a museum of museography by itself… Quite charming, it gives a nice picture of the bourgeois and maritime life in the eighteenth and nineteenth centuries. Waxwork, reconstitution of living-rooms, kitchens, workshops, boat cabins, a quaint charm and a definite appeal for children (open daily from 9 am to 12 and from 14 pm to 18 pm, price 4,50 Euro, reductions. Tel: 04 67 51 14 21). So, till you could come by boat – maybe one day –, moor in the Cap d’Agde marina, go up along the left bank on the cycle track to the phocaean town, across the Agenouillade. If it gets hot, the coolness of the cafes outside tables, under the esplanade plane-trees, will reward you of your efforts upon arrival.

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AMPHORAE & WINE CARRIERS FROM ANCIENT TIMES Underwater exploration, born with the invention of the aqualung by Captain Cousteau, has started to replace Indiana Jones style archaeology. The tales told by hieroglyphics, mosaics and ancient texts have been confirmed, clarified and elaborated by the discoveries of shipwrecks which tell of the lives, technologies and fortunes of seafarers down the eras. ‘Mare Nostrum’ gives and takes away, and sometimes gives back…

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Un magnifique trompe l’œil à découvrir

steps ashore pas à terre

Le Musée agathois, un charmant musée à l’ancienne à ne pas rater lors des déambulations en ville.

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The majority of shipwrecks that have been found are commercial ships with their rounded shape. There is hardly a trace of the sleek, thin warships that can be seen on vases and palace walls. They were light and loaded with rowers and warriors who jumped into the sea, so the boats came apart as they sank and spread out on the bottom, where they were soon recycled. Heavily loaded big commercial ships got stuck with their cargo in the mud, and were covered with sand. And there they remain preserved almost untouched until a current happens to reveal them, or a lucky diver stumbles across them. The Phoenicians, Greeks and Romans began launching ever larger ships with more and more phenomenal architecture and cargoes. They all set up their trading posts along sea routes and developed corporations, of which the mosaics of Ostia (Rome’s port) tell the story. Signs in front of trading ‘offices’ include mentions of Narbonne and the Bouches-du-Rhône. Why all this trade by sea? Because land routes were even less safe. During the four centuries of the Pax Romana (between 200 B.C. and 200 A.D.) the founders of Olbia, Agde, Narbonne, Lattes and Marseilles benefited from protection at sea by the imperial galleys. After the decline of Greece, the triangle of Spain – Italy – Roman Gaul was where the majority of sea trade was to be found. The ships were 130 ft (40 m) long and weighed up to 400 tonnes, like La Madrague de Giens found in the 1970s, loaded with six thousand amphorae! These boats were primarily wine carriers, which until the 1st century shipped Italian wine to Gaul, and later, Gaulish wine to Italy. That’s the ebb and flow of the markets! These baked purified clay containers were almost the only containers used for liquid (and occasionally solid) foodstuffs. The amphora, with its tapered shape, narrow neck and two elegant handles stands as a symbol of ancient libations. But there were as many different types as places where they were produced, as many shapes and sizes as the foodstuffs that they contained. Used for storage in warehouses and as a transport container, they were disposable packaging. Once emptied, they were ground into powder or broken down to be used as a construction material, with their necks sometimes being used for pipes. They were also a very precise unit of measurement. An amphora held 19.56 litres in Athens and 26.26 litres in Rome, which kept a standard amphora at the Capitol. The amphora was also a means of communication. Just as today’s sea containers carry the mysterious marks of a secular society, a genuine seacarriage delivery document was engraved into the clay of the amphorae. The mortar lids which corked the containers usually bore a seal, their shoulders a stamp, a date-stamp, or seals engraved with a sharp implement or other painted marks which make it possible to precisely date the manufacture of an amphora, to find the address of the potter’s workshop where it was manufactured but also to identify the Mercator, the merchant, the contents, along with its source and destination. 100% traceability! This is an unimaginable opportunity for archaeologists,

who lose a great deal of information when the Gaulish wooden barrel – reusable and perishable – replaces these indestructible earthen vessels, towards the 3rd century. All this meant that an amphora could never be lost en route. At that time, routes were often changed. The science of meteorology did not exist, the Mediterranean was unpredictable as it is now, and navigation was empirical. The marks were used for the distribution of cargo on smaller local trading vessels (20 tonnes like La Cavalière, found in the bay which gave it its name). Among the thirteen Phocaen wrecks found off Marseilles, the two oldest were only 26 ft (8 m) and were more like little fishing boats, which could carry about thirty amphorae. Four hundred tonnes, twenty tonnes, five tonnes…130 foot, 65 foot, 26 foot – these wrecks tell the story of trade at all levels, on the high seas, plying down the coast or stopping doorto-door as Luc Long, the archaeologist diver, head cultural preservationist at the DDRASSM in Marseilles has shown. These ‘wine carriers’ had no cabins, and their crews of about a dozen men slept under the stars. The hold carried no more than the bare essentials, freshwater and a store-room. Cargo was the priority. So many people drank wine in those days that ‘vin de table’ was soon transported in bulk, in enormous jars called dolia, while the amphorae were reserved for the ‘vintage’ stuff. Dolia were also made of baked clay, but could contain up to 2,500 l, and be as tall as 5 ½ ft (1.7 m) with a diameter of nearly 4 ft (1.2 m). Fixed to the centre of the hull, this was no ‘disposable’ packaging. The boat was made to fit them. The dolia were wedged into the hull while it was being built, before the crossbeams and the bridge were fitted. Some ships carried fifteen of them! The delicate job of securing these enormous earthenware jars and their rather uncertain strength incurred extra risks for sailors. Robert Roman, ancient shipbuilding researcher at the MMSH humanities research centre in Aix en Provence thinks that this system must have been abandoned in less than two centuries for safety reasons. Stacking the amphorae also required expertise so that they did not break the dolia under storm conditions. The shape of the amphora made it possible to stack them three or four high on top of a first row laid in a rack. For extra stability, a few fenders were slid into the gaps. If a dolium broke en route, it would have been a catastrophe for the ship’s balance, so they were very carefully maintained. Many of them are found with cracks that have been repaired with lead seals. As for filling and emptying these tankers, you can just imagine the cohort of slaves each carrying an amphora on their back, one arm over their shoulder to hold the handle, and the other behind their back, holding the bottom. Or maybe they did it in pairs, like a sedan chair, with poles threaded through the handles? They must have to-ed and fro-ed between these ships and huge warehouses while the captain kept one eye on them and the other on the heavens. Emma Chazelles


Le calme ou la furie des eaux Le Grau d’Agde, village de pêcheurs puis station balnéaire qui s’est développée à l’embouchure de l’Hérault, a encore en mémoire une tempête d’il y a plus de 1.500 ans…

À

un peu moins de trois milles à l’ouest de l’îlot de fort Brescou vous pouvez difficilement rater l’entrée du Grau d’Agde. Les deux phares jumeaux que l’on croirait faits en pâte à modeler blanche en sont les repères évidents, plantés comme des chandeliers au bout de deux digues construites en blocs de roches sombres qui rappellent le passé volcanique des lieux. La passe n’est pas une simple entrée de port. C’est l’estuaire de l’Hérault, qui prend sa source au Mont Aigoual et sait se montrer violent. Généralement, ses crues surviennent pendant les «moussons» d’automne et de printemps, lorsque l’air chaud et humide de la mer rencontre les terres froides de l’intérieur. Or, ce vent d’est à sud, chargé de pluie, le «marin», crée aussi de fortes houles qui peuvent rendre dangereuses les entrées de port. Dans le Grau d’Agde, si un fort courant sortant de l’Hérault vient à s’opposer à un train de houle entrant, mieux vaut ne pas chercher à passer. CROISIÈRE À REMONTER LE TEMPS Par beau temps, en revanche, entrer dans le Grau ne présente aucune difficulté. Le courant est faible. Attention cependant, les berges ne sont pas accores. Observez la manière qu’ont les barques de s’amarrer sur la rive droite : elles utilisent des pontons ou des perches qui les tiennent à distance des digues de basalte. Sachez aussi qu’il n’y a que très peu, voire pas de possibilités de s’amarrer sur l’Hérault.

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Et pour en finir, à partir de seize heures rentrent les chalutiers devant lesquels il vaut mieux ne pas se trouver en travers au milieu du chenal… Cela dit, c’est une expérience dont on se souvient : vous allez faire une petite croisière dans le monde balnéaire du début du XXe siècle. Sur la rive gauche (dans le sens du courant), c’est le bourg des pêcheurs avec ses guinguettes sur pilotis, ses villas délicieusement kitsch, ses couleurs, son marché… le Grau d’Agde a un charme fou. Et, de l’eau, on a tout le plaisir des yeux en toute quiétude pour ceux qui préfèrent les bains de mer aux bains de foule. Mais celle qui déambule sur le quai est plutôt bon enfant, à l’image de la station. Sur la rive droite, les maisons s’étendent moins profondément dans les terres pour laisser la place à une splendide forêt plantée de pins et de tamaris, d’où son nom de Tamarissière. Réalisée à la fin du XVIIIe siècle par un ingénieur du nom de Grognard son but était de fixer le sol et d’empêcher l’ensablement de l’embouchure. Au début du XXe siècle, le bois couvrait près de cinquante hectares. Réserve de chasse privée, c’est un lieu public depuis 1905 et maintenant un site historique classé. S’y est développé un petit village balnéaire, entre le port et la plage, où règne le calme. En tout cas dès que le lancinant charivari des cigales et des goélands s’apaise ! CRUE + TEMPÊTE = INONDATION Poursuivez vers le nord en remontant l’Hérault comme le faisaient 600 ans avant J.-C. les grands navires phocéens qui fondèrent Marseille et Agde. Car les deux cités ont les mêmes origines et ont connu, à l’époque, une belle prospérité. Évidemment, le situation du port de Marseille lui a permis un développement ultérieur que le Grau d’Agde ne pouvait assurer, mais, du temps des caboteurs grecs chargés d’amphores, l’Hérault était un port bien suffisant pour que la ville d’Agde connaisse son heure de gloire économique et culturelle. À moins d’un demi mille depuis l’entrée dans la passe, vous pourrez apercevoir sur tribord une église blanche récente

steps ashore pas à terre

ifficile de conseiller quatre pas à terre quand on ne peut pas… mettre pied à terre ! Ce qui, à part des exceptions hors-saison pour de courtes durées. Il est bi en dommage qu’aucun ponton d’accueil ne soit prévu dans cet endroit aussi charmant ! Peut-être un jour… En attendant, le conseil est de faire la visite sur l’eau puis d’aller remettre votre bateau au port du Cap d’Agde et de louer des vélos (Passion-

­ ycle, Résidence Port RicheC lieu IV, avenue des Sergents, 34300 le Cap d’Agde, tél 04 67 51 14 21). Vous pourrez alors suivre la piste cyclable aménagée le long des berges de l’Hérault, de la vieille ville d’Agde vers le Grau. Vous pourrez faire la boucle par la chapelle de l’Agenouillade et, arrivés à l’embouchure, vous pourrez prendre l’un des bacs qui font traverser le fleuve et poursuivre la balade vers la Tamarissière.

L’Agenouillade

Le Grau d’Agde

dont l’architecture n’a rien de remarquable. C’est le Sacré-Cœur du Grau, à ne pas confondre avec Notre-Dame du Grau, l’ancien sanctuaire fondé dans l’Antiquité et dédié au à la vierge Marie. Le site religieux intéressant est invisible des berges, c’est la chapelle de l’Agenouillade, en souvenir d’une prière qui sauva la ville d’une terrible inondation : vers 450, un coup de «marin» particulièrement fort fit remonter la mer de près d’un kilomètre dans les terres et bloqua l’écoulement de l’Hérault qui se répandit dans cette zone basse. Tout semblait perdu lorsque la Vierge, agenouillée sur un rocher, apparut à un moine en prières. L’ouragan se calma. Les eaux se retirèrent. Mais, dans la roche, est restée imprimée la trace des genou de Marie. À la fin du XVIe siècle, fut créé là un couvent et une chapelle dont le nom est associé au souvenir très vif du miracle de la

tempête : Notre Dame de l’Agenouillade. À l’intérieur se trouve le rocher portant l’empreinte de la vierge. Ces églises sont devenues des hauts lieux de pèlerinage sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. La Révolution française détruisit tous ces sanctuaires et il faudra attendre le XIXe siècle pour que soit reconstruite une église, l’actuelle Notre Dame du Grau, en pierre sombre, devant laquelle se disputent aujourd’hui d’interminables parties de pétanque. Maintenant, continuez de remonter ­l’Hérault jusqu’à Agde (attention, tirant d’air de 10 m sous le pont !). Vous croiserez de bien étranges bateaux amarrés, des constructions d’amateurs jamais terminées, des rêves de navires magnifiques perdus dans les roseaux des berges. Christophe Naigeon La chapelle de l’Agenouillade est ouverte tous les jours, de 10h à 18h en entrée libre.

Berges, réservées aux riverains

Difficult to advise four steps on the ground when you cannot have access... to land, apart from rare short periods in the off-season ! It is a pity that no landing stage is allowed for in such a charming place ! Maybe one day... Meanwhile, our tip is to visit on the waters, then to go put your boat in the port of Cap d’Agde and rent bicycles. You can then follow the bike path built along the banks of the Hérault, from the old town of Agde towards Le Grau. You can do the loop by the Chapel of the Agenouillade and, when arrived at the mouth, you can take one of the ferries crossing the river and continue rambling towards Tamarissière.

A touch of the 1930’s

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LES DUNES ENTRE L’ORB ET L’HÉRAULT En approchant ou en quittant le Cap d’Agde, vous longez l’un des plus hauts cordons dunaires de la côte languedocienne. Tout ce sable qui trace cette belle ligne paille entre bleu de mer et bleu de ciel vient des Alpes, de la vallée du Rhône, arraché par le fleuve et transporté par le courant ligure qui pousse ces limons d’est en ouest (voir p 57).

A The calm or the sea rage Le Grau d’Agde, a fishing village and seaside resort that has developed at the mouth of the Hérault, still has in mind a storm that happened more than 1,500 years ago... Just under three miles west of the Fort Brescou island you can hardly miss the entrance of Grau d’Agde. The twin lighthouses that you could think made of plasticine clay are its obvious landmarks, setting the stage as candelsticks at the end of two dikes built in blocks of dark rocks that recall the volcanic past of the place. The channel is not a mere port mouth. It is the estuary of the Hérault river, which rises in Mount Aigoual and can be violent. Generally, its floods occur during the «monsoons» in autumn and spring, when warm moist air from the sea meets the cold ground of the inland. But this wind blowing from east to south, loaded with rain and named “Le marin”, also creates strong heaves that can make the ports entrance dangerous. In Grau d’Agde, when a strong stream out of the Hérault comes to oppose an incoming swell, it is better not to try to pass. A CRUISE BACK IN TIME In good weather conditions, however, entering the Grau presents no difficulty. The stream is limited. Take care anyway, the banks are not good for shoring up. Watch the way the boats are moored to the right side one : they use pontoons or poles that hold them off the basalt seawalls. Bear also in mind that there is little or no opportunity to moor on the Hérault. And to get over with it, the trawlers come back starting from 16.00 p.m, and you’d better not find yourself askew in front of them in the middle of the fairway. This being said, it is a memorable experience: here you go for a short cruise in the early twentieth century seaside world. On the left bank, along the flow, you’ll find the fishermen market town with its open-air cafés on piers,its deliciously kitsch villas, its colors, its market... Grau d’Agde has a great charm. And from the water, you will have all the time to enjoy quietly the scenery, for those who prefer the sea baths to the walkabouts. And the crowd wandering about on the wharf is a friendly one, just like the resort. On the right bank, the houses extend less deeply into the land to make way for a splendid forest of planted pines and tamarinds, hence its name Tamarissière. Achieved in the late eighteenth century by an engineer named Grognard, its purpose was to fix the soil and to prevent silting of the mouth. In the early twentieth century, the wood covered nearly 125 acres. Once a private hunting ground, it is a public place since 1905 and has become now a registered historical site. A small seaside resort has grown, between the port and the beach, where quietness prevails. At least as soon as the throbbing uproar of cicadas and gulls calms down ! FLOOD + TEMPEST = FLOOD Carry on north up the Hérault as 600 years BC, the great Phocaean vessels who founded Marseilles and Agde did. For the two cities have the same origins and have known at that time a great prosperity. Obviously, the situation of the port of Marseille has enabled a further development that the Grau d’Agde could not reach, but at the time of

Greek coasters loaded with amphoras, the Hérault was a port sufficient enough for the town of Agde to enjoy its moment of glory, economically as well as culturally speaking. At less than half a mile from the entrance to the narrow passage, you will see a recent white church at starboard, whose architecture is not outstanding. This is the Sacred Heart of Grau, not to be confused with Notre-Dame du Grau, the former sanctuary founded in ancient times and dedicated to the Virgin Mary. This interesting religious site is unseen from the banks, in memory of a prayer that saved the city from a terrible flood : around year 450, a particularly strong stroke of «seaman» brought the sea on nearly one kilometer inside the land and led to the Hérault flowing into this lowland. All seemed lost when the Virgin, kneeling on a rock, appeared to the eyes of a monk in prayer. The hurricane slacked off. The waters retreated. But in the rock, the print of Mary’s knee remained imprinted. At the end of the sixteenth century, a convent was established there and a chapel whose name is associated with the keen memory of the miracle during the storm: Our Lady of Agenouillade. Within it lies the rock bearing the imprint of the Virgin. These churches have become places of pilgrimage on the way to Saint James of Compostela. The French Revolution destroyed all these shrines and it was not until the nineteenth century that a church was rebuilt, the today Notre Dame du Grau, made from dark stones, in front of which are now played endless petanque games. Now, proceed sailing up the Hérault to Agde (beware to the air draft of 10 m under the bridge !). You’ll come across many strange moored boats, never completed constructions of amateurs, dreams of magnificent vessels lost in the reeds of the banks.

The Herault river mouth

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la pression pourrait être déstabilisante. Une grande partie de la Réserve est interdite d’accès, les visites guidées qui sont proposées au public empruntent des sentiers cachés en périphérie du site afin d’observer les oiseaux sans les déranger.

DUNES BETWEEN ORB AND HERAULT

While approaching or leaving Cap dAgde, ux apports Rhône – affaiblis par le bétonnayou pass one of the highest sand bars on the ge de son cours – s’ajoutent ceux des trois Languedoc coast. The sand that marks this fleuves côtiers de la zone, l’Aude, l’Orb et l’Hébeautiful line between the blue of the sea and rault qui, lors des pluies d’automne et de printhe sky comes from the Alps, through the Rhône temps, charrient encore de bienvenus alluvions. valley, brought by the river and carried by the Derrière la dune, les zones basses sont des terLigurian Stream which pushes it from east to res tantôt inondées par les afflux d’eau douce, west ( see p 57). tantôt par les coups de mer. Sur le littoral de l’Hérault, le Conservatoire du In addition to the Rhône contribution the three littoral intervient depuis près de trente ans. Trois coastal rivers of this area contribute, the Aude, grands domaines constituent le patrimoine prothe Orb, and the Hérault. They carry silt when tégé de cette côte : au sud, sur les communes de the autumn and spring rains occur. Behind Sérignan et de Valras-Plage, Les Orpellières avec the sand bar, low-lying areas are flooded plus de 150 ha, puis, en lisière sur la commune sometimes by fresh water, sometimes by sea surges. de Portiragnes, la Grande Maïre avec près de On the Hérault seashore, the Coastal Protection 145 ha, enfin, plus au Nord sur les communes Agency has been active for nearly thirty years. d’Agde et de Marseillan, Le Bagnas et ses 700 Three large areas form the protected heritage ha protégés. of this coast - to the south, in the Sérignan and LES ORPELLIÈRES Valras-Plage parishes, Les Orpellières with more Le Domaine des Orpellières, vaste zone de than 150 ha, on the outskirts of the Portiragnes près salés située à l’embouchure de l’Orb, est commune, the Grande Maïre with nearly 145 ha, protégé des assauts de la Méditerranée par un and finally to the north, the towns of Agde and long cordon dunaire. Sans cesse modelée par Marseillan and Le Bagnas with its preserved 700 les vents de terre et de mer et, lors des grandes ha. tempêtes, par les attaques des vagues, la flèche THE ORPELLIERES littorale des Orpellières connaît un incessant Domaine des Orpellières, a vast salt meadow mouvement. Ce site a fait l’objet d’une exploitaarea at the mouth of the Orb, is protected from tion agricole, principalement des vignes, jusqu’à the mediterranean sea by a long sand bar. la deuxième guerre mondiale, avec des apports Continually shaped by earth and sea winds d’eau douce à partir de l’Orb qui servaient à desand during major storm surges, the Orpellières saler les terres. Depuis l’abandon de cette exsand bar moves continually. This site had been ploitation et de l’apport contrôlé d’eau douce, le used for agriculture, mainly vine growing, until milieu s’est salinisé : la salicorne a colonisé une World War 2, with fresh water supplies coming partie du site. Aujourd’hui, un équilibre naturel a from the Orb, helping to desalinate the land. Since the decline in this farming and the supply été trouvé entre milieu salé et milieu doux. of fresh water, the area has become salty and Le cordon dunaire des Orpellières fait l’objet salicornia (glasswort) has colonized some areas. d’un programme de reconquête ambitieux afin Glasswort was traditionally used to make soda de maintenir l’équilibre écologique de la zone ash, used in glass production. Today a natural humide de l’arrière-dune. Pour pallier la rupture balance has arisen between a salty environment du cordon, des ganivelles, barrières confectionand a freshwater one. nées en bois de châtaignier ont été posées. PlanThe Orpellières sand bar is subject to an tés d’oyats, espèce végétale dotées de longues ambitious restoration programme aiming racines, ces équipements se comportent comme at maintaining the ecological balance of the de véritables pièges à sable. La fréquentation salt marshes behind it. To strengthen the bar, anarchique a été canalisée. Respecter les planchestnut split wood fencing has been erected. tes et les ganivelles permet de préserver le site. Planted with marram grass, with its long, tough Le Conservatoire du littoral confie une grande long roots, the bar is strengthened. Squatters partie de ces terres à des éleveurs (taureaux, have been moved away from the area. The chevaux, moutons) dont l’activité extensive est Coastal protection agency gives much of the bien adaptée à ce type de milieu. land to breeders of bulls, horses and sheep, who graze well on this type of land. LA GRANDE MAÏRE La Grande Maïre, ancien estuaire de l’Orb, est THE GRANDE MAÏRE une coulée de nature sauvage, un paysage aux The Grande Maïre, near the Orb estuary, is a multiples visages. wild, natural lagoon, with many views. To the north west, the Midi Canal, built by Au Sud, le canal du Midi, construit par Paul RiPeter Paul Riquet from 1667 to 1681, collects quet de 1667 à 1681, collecte les eaux venant des the waters coming from the hills and villages. coteaux et du village. Une succession d’“épanA row of spillways, partially made from basalt, choirs”, partiellement en basalte, permettent allow water to flow to the farmlands below, leur déversement vers les terres agricoles en unaffecting the flow of the river. contrebas évitant ainsi d’interrompre l’écouleThe Grande Maïre area is typical of a natural ment jusqu’au littoral. coastline where the movement of water still L’atmosphère de la Grande Maïre est celle d’un shapes the landscape. In contrast to most littoral originel où le mouvement des eaux falanguedocian lagoons which are closed to the çonne encore le paysage. A la différence de la sea by a sand bar, this lagoon is open to the sea. plupart des étangs languedociens confinés car Flamingo?, purple heron, little tern and common protégés de la mer par un « lido» de sable, ces tern, all nest there when water levels allow it. lagunes sont totalement ouvertes sur le large. THE BAGNAS LAGOON Échasse, héron pourpré, sternes naine et pierreThe Bagnas lagoon, nearby the Cap d’Agde garin nichent quand les niveaux d’eau des matourist resort, is the largest game reserve of the rais le permettent. district. Located west of Thau lagoon, on the L’ÉTANG DU BAGNAS former delta of the Hérault river, the Bagnas L’étang du Bagnas, à proximité immédiate de is a wetland of international importance for la station touristique du Cap d’Agde, est la plus migrating waterfowl. The challenge is to find grande Réserve naturelle de la région. Situé à a balance between the protection of this major migratory bird site and access by the public l’ouest de l’étang de Thau, sur l’ancien delta which could affect the site. Access to most of de l’Hérault, le Bagnas est une zone humide the reserve is prohibited to the public. Guided d’importance internationale pour l’accueil des tours are proposed, using hidden paths at the oiseaux d’eau. edge of the site, for watching the birds without Le principal enjeu de la gestion de ce site est de disturbing them. trouver un équilibre entre la préservation de ce site majeur pour l’accueil de l’avifaune migratrice et la valorisation auprès d’un public dont Article réalisé avec le concours du


Le bassin de Thau

Petite mer, usine de vie marine… Le bassin de Thau est un monde. Une croisière de quelques jours est un bonheur pour les yeux et les papilles. Mais, si vous voulez y caboter plus malin, voici quelques informations utiles pour comprendre comment marche cette «machine de vie» qui fait si bien pousser les huîtres.

U

ne grande pierre bleue ovale sertie entre quatre griffes vertes : collines de la Mourre et mont Saint Loup au SudOuest, massif de la Gardiole et mont Saint Clair au Nord-Est. Une petite mer de vingt kilomètres de long sur quatre à cinq, séparée de la grande par un cordon de sable de onze kilomètres, le lido, plage de Sète. Trois cent quarante millions de mètres cubes, son volume d’eau, lui vaut de porter le titre de bassin. Et pourtant, le terme d’étang est souvent employé alors que l’eau n’y est pas stagnante, bien au contraire. C’est plutôt une lagune. Quoi qu’il en soit, d’Argelès au Grau du Roi, c’est le plus grand plan d’eau côtier. Et aussi le plus profond. La preuve ? Prenez votre calculette : avec une superficie de 7.500 ha, sa profondeur moyenne est de quatre mètres cinquante, alors que les autres en dépassent rarement trois. DEUX CANAUX, QUATRE MERS Navigable, donc. Seule la rive Sud-Est, le long du lido, est à éviter. Les fonds remontent brutalement de cinq mètres à quelques dizaines de centimètres… Les zones marécageuses et humides des alentours dites “gourds“ sont des réserves naturelles de grand intérêt. Navigable, donc navigué. Le bassin de Thau est la jonction salée entre les eaux douces du canal du Midi et du canal de Rhône à Sète, et, par ces deux voies, celle de quatre mers d’Europe : Atlantique, Méditerranée, Mer du Nord, Baltique. La preuve ? Voyez les couleurs arborées par les voiliers qui remâtent après avoir franchi le continent par les voies d’eau intérieures : îles britanniques, côtes wallonnes, bataves, germaniques ou scandinaves. On trouve même de lacustres Helvètes… Carrefour mondial très fréquenté, y compris par les marins d’un été qui pilotent des pénichettes rembourrées comme des auto-tamponneuses et les considèrent comme telles ! Mais le plan d’eau est sûr. Quand le vent s’y lève, la mer reste couchée. Les dangers sont bien signalés, les chenaux balisés. La nuit, en revanche, attention à ne pas vous frotter aux installations conchylicoles, non signalées. Pour notre plus grande gourmandise, le quart de la superficie est occupé par les “tables“ à huîtres… qui garnissent celles de nos cockpits. La pointe courte

MER DU NORD ET MER ROUGE Le bassin de Thau est le berceau de la conchyliculture, l’huître en est la reine et Bouzigues son palais. La région fournit l’essentiel du naissain pour la France entière et la renommée de la “Bouzigues” déborde largement le cadre national, n’en déplaise à ceux qui ne jurent que par les atlantiques ! Pourquoi cette excellence ? L’huître pousse en eau salée mais profite d’une eau plus douce pour s’affiner. L’essentiel de l’eau du basin provenant de la mer, elle est salée, mais il suffit de déguster en hiver puis en été pour sentir que le degré de salinité varie beaucoup entre les saisons, passant de la mer du Nord à la mer Rouge : entre vingt-sept et quarante grammes de sel par litre. L’été, le bassin est plus salé que la mer. Sous la double action du soleil et du vent, en particulier du mistral – sec –, cent dix millions de mètres cubes s’évaporent chaque année, laissant environ 3,3 millions de tonnes de sel dans l’eau qui reste. C’est beaucoup – le tiers – par rapport aux quelques 10 millions de tonnes que contient la totalité de l’eau du bassin. Un second phénomène s’ajoute : plus l’eau est salée, plus elle est “lourde“. Lestée par le sel ainsi abandonné, l’eau de surface “coule“ vers les couches inférieures où poussent les huîtres. Voilà donc pourquoi, en été, le bassin est plus salé que la mer ouverte (40g/l contre 35g/l). Mais il est bien plus doux l’hiver (27g/l contre 35g/l). Pourquoi ? GOUTTE D’EAU DANS LA MER Le principe est simple et bien connu : une goutte de pluie dans la mer ne la change pas. Dans un espace restreint comme le bassin de Thau, ce n’est plus tout à fait vrai. Les 640 litres par mètre carré (6.400 m3 par hectare) qui tombent en moyenne chaque année, essentiellement de l’automne au printemps, représentent, sur les 7.500 ha du bassin, 48 millions de mètres cubes, soit la moitié de ce qui s’en évapore l’été. À cela il faut ajouter ce qui tombe sur ce qu’on appelle le “bassin versant“, la zone alentour de récupération des précipitations. Celui de Thau couvre, selon les calculs de l’IFREMER, 25.000 ha qui reçoivent donc, selon les nôtres, 160 millions de mètres cubes de pluie. Si, comme l’indique la même institution, un tiers s’infiltre ou s’évapore, il en revient à la lagune 106 millions. Ajoutez à cela la dizaine de millions que représentent les apports “invisibles“ des sources sous-marines, comme celle du Gouffre de la Bise, entre Balaruc et Bouzigues, une résurgence à 20°C qui jaillit à trente mètres de fond. En revanche, les

canaux du Midi et du Rhône à Sète ne comptent pas pour grand chose car l’eau n’y circule que très peu. Le bassin recevrait donc bon an mal an la moitié de son volume total en eau “nouvelle“ et douce (164 millions de m3) pour l’essentiel entre octobre et mars, alors qu’il en perdrait un tiers (110 millions de m3) par évaporation, principalement en saison chaude et ventée. Ces “gouttes d’eau“ sont assez nombreuses pour faire l’objet de contrôles permanents pour prévenir d’éventuelles pollutions agricoles et industrielles : la qualité du milieu préféré des huîtres et notre santé en dépendent. TROIS ÉTROITS ENTONNOIRS Quant à parler du renouvellement de l’eau… selon les “sources“ les plus sérieuses (IFREMER, Thau Agglomération, Écologistes de l’Euzière…) cela va de cinq mois à… plusieurs années. Heureusement, ces querelles de chiffres n’ont pas de sens. Quel rapport entre le fond de la lagune vers Marseillan et les abords de la Pointe Courte où le courant peut atteindre deux nœuds ? Et quel rapport entre la couche d’eau marine superficielle et récente, la couche des mélanges et celle plus stagnante du fond ? Elles se remplacent et glissent en tous sens en permanence… En fait, c’est la marée qui cause les plus grands mouvements d’échange. À Sète, le marnage est en moyenne de 40 cm. À chaque marée montante, le bassin de Thau va se remplir par les trois étroits entonnoirs que sont le grau de Pisse-Seaume, le chenal des Quilles et les canaux de Sète. Évidemment, pendant les six heures et demie que cela dure avant que le mouvement ne s’inverse, le bassin n’aura pas le temps de se mettre à niveau. Selon que les vents accélèrent ou ralentissent le mouvement, la “marée“ dans la lagune varie entre un et cinq centimètres. C’est peu, dites-vous ?

Balaruc-les-Bains

Prenez encore votre calculette : 1 cm de hauteur sur 7.500 ha, cela fait… 750.000 m3. Pour un marnage de cinq centimètres, on arrive à 3.750.000 m3 à écouler en six heures, dont l’essentiel sous les ponts de la Pointe Courte. Grosso modo 150 m3/s : une piscine chaque seconde ! Et cela quatre fois par cycle de 24 heures 50 minutes et 28 secondes, cycle de la lune. Quant à savoir si c’est de l’eau “neuve“ ou bien si c’est en grande partie la même qui fait le va-et-vient entre les bassins du port de Sète et les Eaux Blanches… il faudrait justement la colorer… Maintenant, vous pouvez ranger vos affaires et aller vous y baigner. Pas l’hiver : la température y est deux fois moindre qu’en pleine mer (7° en moyenne). Mais l’été, elle peut monter à 28°C. Les Caraïbes ! Profitez-en car, selon certains experts, le lido, malgré les efforts pour le conserver, devrait disparaître pour cause de hausse du niveau de la mer. Le bassin de Thau deviendrait le golfe de Thau. Selon d’autres savants, au contraire, le bassin entame une nouvelle période d’ensablement et va se combler… Claude Roger et Christophe Naigeon

Alors, ça se comble ?

Silting up?

Sans remonter à 40 millions d’années en arrière au cours desquelles se sont constituées les montagnes environnantes et la cuvette du bassin, sachez qu’il y a 15 à 18 000 ans, la mer est remontée jusqu’à la chaîne de la Gardiole. À l’époque romaine, le mont Saint Clair est encore une île. Mais entre cet obstacle et le volcan d’Agde, les courants marins littoraux vont déposer du sable qui petit à petit va isoler l’étang de la mer. La construction du lido actuel est donc de l’histoire récente. La preuve ? Au XVIIe siècle, le grau du Quinzième existe encore et celui de Pisse Saume à Marseillan-Plage n’est rouvert que dans les années 70. Un nouveau cycle de sédimentation du bassin aurait repris sur le temps géologique mais l’actuel remontée de la mer lui en laisserat-il le temps ?. .

We don’t need to go back 40 million years to when the surrounding mountains and lagoon basin were formed, to find out that 15,000 to 18,000 years ago, the sea went as far up as the Gardiole hills. In the Roman era, Mont Saint Clair was still an island. But coastal currents started depositing sand between there and the Agde volcano, which little by little separated the lagoon from the sea. The formation of the current lido is therefore actually quite recent. How do we know that? In the 17th century, Le Grau du Quinzième passage was still there and Le Grau de Pisse Saume passage at Marseillan-Plage was only re-opened in the 1970’s. A new cycle of sedimentation in the lagoon is working against the geological clock, but will the current rise in sea levels give it enough time?.

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Oiseaux de mer

A mini sea and a live oyster factory The Bassin de Thau is a world of its own, where visual and culinary delights are just waiting to greet you. Here’s a bit of useful information to help you plan your trip there, and to give you an idea of how this highly successful ‘live oyster factory’ works. It is a large round blue rock held in place by four green claws: the Mourre hills and Mont Saint Loup to the south-west, and the Massif de la Gardiole and Mont Saint Clair to the north-east. A mini sea twenty kilometre long by around four or five kilometre wide, separated from the Mediterranean by an eleven kilometre sand bar, the lido, which forms Sète beach. It holds three hundred and forty million cubic metres of water, which is why it gets called a ‘bassin’ (basin). But it is often thought of as more of an ‘étang’ or small lake, even though its water is far from stagnant. Quite the opposite in fact. It is really a lagoon. Either way, it is the largest and deepest coastal body of water between Argelès and Le Grau du Roi. It has a surface area of 7,500 ha and an average depth of 4.50 metres (15 ft) while the other lakes in the area are rarely deeper than 3 metres (10 ft). TWO CANALS, FOUR SEAS The bassin is therefore totally safe for sailing - but just avoid the south-eastern bank along the lido. There the bottom rises sharply from 5 metres (16 ft) to just a few tens of centimetres. The boggy wetlands around there are called ‘gourds’ by the locals and they form important nature reserves. You can sail down it, so people do. The Bassin de Thau is the saltwater junction between the freshwater Canal du Midi and the Rhône – Sète Canal, and therefore between the four European seas: the Atlantic, the Mediterranean, the North Sea and the Baltic Sea. Just look at the flags flown by the yachts that put their masts back up after crossing the continent on inland waterways – they’ve come here from the British Isles, and the coasts of Belgium, Holland, Germany and Scandinavia. Even landlocked Switzerland has representatives here. This is a busy global crossroads, complete with summer sailors who sail their padded houseboats like bumper cars! But it’s a safe stretch of water. Even when the wind gets going here, the sea stays calm. Hazards are clearly signposted, and channels are marked. At night, though, be careful not to bump into the shellfish farming facilities which are not marked. A quarter of the lagoon’s surface area is devoted to feeding our culinary habit and the “tables” which they use to grow oysters… which might just find their way onto your own table! NORTH SEA AND RED SEA The Bassin de Thau is the cradle of shell-fish farming. The oyster is king here and Bouzigues is his palace. This area is the main supplier of oysters for the whole of France, and the reputation of “Bouzigues” stretches way beyond those borders, to the chagrin of those who won’t eat anything but Atlantic oysters. What makes it so special? Oysters need salt water but fresher water helps them get a more refined flavour. Most of the Bassin’s water is seawater that is on its way down from the North Sea to the Red Sea, but you just have to try oysters in winter and then in summer to know that its degree of saltiness varies a great deal from season to season, ranging from twenty-seven to forty grams of salt per litre. In summer, the lagoon is more salty than the sea. With the sun, and in particular the dry mistral wind, one hundred and ten million cubic metres evaporate every year, leaving about 3.3 million tonnes of salt in the remaining water. That’s a lot – a third of the 10 or so million tonnes contained by the entirety of the water in the Bassin. And a second phenomenon comes into play here as well - the saltier the water is, the “heavier” it becomes. The surface water ‘sinks’ to the bottom where the oysters grow, weighed down by the remaining salt. And that’s why, in summer, the basin is more

salty than the open sea (40g/l as opposed to 35g/l). But in winter, it is a lot less salty (27g/l as opposed to 35g/l) Why’s that? A DROP IN THE OCEAN It’s a simple principle that we all know well – a drop of rain in the ocean makes no difference. But in a limited area like the Bassin de Thau, things are different. The 640 litres per square metre (6,400 m3 per hectare) which fall on average each year, mainly between autumn and spring, equals 48 million cubic metres mixing into the basin’s 7,500 hectares, i.e. half the amount that evaporates in summer. And don’t forget the rain that falls in the lagoon’s surrounding ‘catchment area’. According to IFREMER calculations, the Bassin de Thau’s catchment area is 25,000 ha which we reckon must mean that it collects about 160 million cubic metres of rain. If, as the same organisation suggests, a third of this seeps into the water table or evaporates, 106 million cubic metres will still end up in the lagoon. Add to that the ten or so million that come from ‘invisible’ underwater springs, like the Gouffre de la Bise located between Balaruc and Bouzigues, a 20°C spring 30 metres below the surface. On the other hand, the Canal du Midi and the Rhône-Sète Canal don’t really make any difference, because the water there barely moves. So year in year out the Bassin receives half its total volume in ‘new’, fresh water (164 million m3), mainly between October and March, while it loses a third (110 million m3) by evaporation, mainly in the hot, windy summer. These ‘drops’ are significant enough to need to be continually monitored for agricultural or industrial pollution – the quality of the oyster’s favourite environment and our health depend on it. THREE NARROW FUNNELS As for the rate at which the water is renewed, the best sources (such as IFREMER, Thau Agglomeration, the ‘Écologistes de l’Euzière’ environmental group,) say that that takes anything from five months to…several years. Fortunately, these statistical debates don’t really matter. What is the relationship between the bottom of the lagoon near Marseillan and the banks near La Pointe Courte where the current reaches two knots, and what is the link between the recent surface seawater layer, the mixed layer and the more stagnant layer on the bottom? They are continually swapping places and changing direction. In fact, it is the tide that causes the largest water movements. In Sète, the tidal range is 40 cm on average. With each high tide, the Bassin de Thau fills up via its three narrow funnels - Le Grau de Pisse-Seaume, the Quilles channel and the Sète canals. Of course, over the six and a half hours before the tide turns, the Bassin does not have time to level out. Depending on whether the winds accelerate or restrain this movement, the lagoon ‘tide’ can vary between one and five centimetres. Not much you reckon? Back to the calculator: a 1 cm rise over 7,500 ha - that makes... 750,000 m3. A tidal rise of five centimetres gives 3,750,000 m3 which has to run off in six hours, most of which flows under the bridges of La Pointe Courte. At roughly 150 m3 per second – that’s a swimming pool’s worth every second! And that happens four times every 24 hours 50 minutes and 28 seconds (i.e. each lunar cycle). As for whether this is ‘new’ water or basically the same water moving between the Bassin du Port de Sète and the Bassin des Eaux Blanches – well all we need to do to find that out is add some pigment to it… Okay, class over, tidy your things away and go for a swim. But not in winter. The temperature here is half that of the open sea (on average 7°C). But in the summer, it can reach 28°C. You’d think you were in the Caribbean! And make the most of it, because some experts reckon that despite efforts to preserve it, the lido will disappear with the rise in sea levels. The Bassin de Thau will become the Thau Gulf. But then, other experts say the opposite. They claim the lagoon is entering a new period of sedimentation, and is going to silt up…

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LE BEAU GOÉLAND, SPLENDIDE FLÉAU Gabian, le Retour. À la fin du XIXe siècle, il avait disparu. Dans les années 20, 120 couples sont arrivés à Marseille. En 2001 on en comptabilisait 23.000 sur les 120 000 couples de la Méditerranée occidentale (10% de la population mondiale !). L’espèce qui progresse de 8% par an est un colonisateur si efficace qu’il en vient à perturber l’écosystème.

L

e goéland est tout sauf un pêcheur : il ne sait plonger ni en piqué comme la Sterne, ni en «canard» comme le Cormoran. Tout au plus parvient-il à s’immerger une seconde à vingt centimètres pour récupérer une sardine morte ! Il nage mieux qu’il ne marche mais ses terrains de prédilection sont les îles rocheuses et les falaises côtières. Terrien, il suit aussi les tracteurs et les camions de poubelles. Moins romantique… Kleptomane et opportuniste, il vole les proies des autres et adapte son régime à ce qui se présente : petits poissons, œufs et oisillons, charognes, déchets de nos pêcheries et de nos villes. Les décharges à ciel ouvert ont largement causé sa formidable expansion. D’espèce protégée (directive 79/409), il est devenu une nuisance. Premiers visés, les autres oiseaux. Les Gabians mangent les œufs des Puffins et des Faucons pèlerins, croquent à leur envol les petits d’Océanites tempêtes. Dans les zones de nidification, ce colocataire sans scrupule élimine ses voisins dont il n’hésite pas à attaquer les femelles couveuses à coups de bec pour les forcer à quitter le nid et gober leurs œufs…

Danger pour l’avifaune, le Goéland finit par modifier l’écosystème. Par ses fientes, d’abord. Si la récolte de guano est une ressource pour les îles du Pérou qui exportent cet engrais «bio» riche en phosphates et en nitrates, sa présence massive modifie la chimie du sol : les plantes locales disparaissent, des espèces «nitrophiles» les remplacent. Du coup, la faune change : lapins de garenne et rats noirs prolifèrent (île Riou) finissant de détruire la flore autochtone. L’incessant piétinement des palmes, le «nettoyage» permanent du sol et les prélèvements des végétaux pour construire les nids (15 variétés prélevées pour les construire), désertifie les zones d’habitat dense. Et, en ville, il peut devenir un danger. Les couvreurs qui les délogent sont agressés. Bref, la perturbation est si massive qu’elle motive des interventions pour en limiter la population. Première méthode : fermer les décharges. L’incinérateur de Toulon est, estiment les scientifiques, en grande partie responsable de la diminution de 17% de la population de Goélands dans les Îles d’Hyères depuis 1982. Pour les décharges qui existent encore, les couvrir avec des filets qui empêchent les oiseaux d’atterrir. Frontignan a employé ce moyen pour interdire certaines zones où le Goéland était indésirable. Seconde méthode : stériliser les œufs. Détruire les nids ne sert à rien. Le Goéland refait aussitôt une couvée. Alors, pour tromper l’oiseau couveur, une huile minérale pulvérisée sur les œufs empêche l’air de pénétrer les pores de la coquille et asphyxie l’embryon. Pas facile d’atteindre les nids ! Le Grau du Roi et Gruissan s’y sont risqué avec un certain succès. Mais là, pas de falaises ni de rochers inaccessibles. Troisième méthode : la poudre et le plomb. Pendant 60 jours en 2008, sur les Îles Sanguinaires, au sud d’Ajaccio, le tir au fusil a été autorisé au personnel de l’Office National de la Chasse. Mais le Gabian jouit encore d’un statut de «protégé». N’essayez pas de faire un ball-trap depuis votre bateau ! Emma Chazelles

THE GULL, A WONDERFUL SCOURGE Return of the Gabian At the end of the 19th century, it had disappeared, but 120 couples arrived in Marseilles in the twenties. In 2001, there were 23,000 couples out of the 120,000 couples of the western Mediterranean area (10% of the worldwide population!). The species, which progresses by 8% each year, is such an efficient coloniser, that it is actually disturbing the ecosystem. The sea gull is anything but an expert at fishing: it doesn’t know how to dive, whether by picking like Terns, or in “duck-style” like Cormorants. At the very best, it manages to go twenty centimetres underwater for one second, and comes up with a dead sardine! It swims better than it can walk, but its favourite haunts are the rocky islands and coastal cliffs, and as an earthling, it also follows tractors and dustbin lorries. Not so romantic… Kleptomaniac and opportunist, it steals prey from other birds and adapts its diet to whatever is on the menu: small fish, eggs and fledglings, rotting carcasses, waste from our fishing areas and our towns. Open-air tips are the main cause of its fast growth, and from protected species, it has become a nuisance, its first victims being other birds. Gabians eat the eggs of Falcons and Puffins, and munch small Storm-Petrels as they

take off. In nesting areas, this shameless lodger eliminates its neighbours, attacking the brooder females, forcing them to leave the nest, and then swallowing their eggs. As a danger to the avifauna, the Gull is ending up by changing the ecosystem, primarily by its droppings. Although gathering guano is a resource for the islands of Peru which export this “organic” fertiliser enriched with phosphates and nitrates, its mass presence is changing the soil’s chemical substance: local plants are disappearing to be replaced by “nitrate-loving” species. As a result, the wildlife is changing, with an abundance of wild rabbits and black rats (Riou island) that are destroying the native flora. The stamping of the webbed feet, the permanent “cleaning” of the earth and the removal of the plants used for making nests (15 types removed for making them), is leaving areas of high habitat, empty. In towns, they can even become dangerous, as roofers who dislodge them are attacked. In short, the disruption is so great that it has given rise to operations to limit the population. First method: close the tips. Scientists believe that the incinerator in Toulon is largely responsible for the reduction by 17% of the Gull population in the Hyères Islands since 1982. The remaining tips need to be covered with nets to prevent the birds from landing. Frontignan has used this method to ban certain areas where the Gull was “persona non grata”. Second method: sterilise the eggs. Destroying the nests is useless, as the Gulls just start up a new brood immediately. So, in order to mislead the brooder birds, a mineral oil is sprayed on the eggs, preventing the air from penetrating via the pores of the shell and thus suffocating the embryo. But it’s not easy to reach the nests! Grau du Roi and Gruissan took the risk, with a certain degree of success, but they don’t have to contend with cliffs or inaccessible rocks. Third method: powder and lead. For 60 days in 2008, rifle shooting was permitted in an island close to Ajaccio in Corsica, for personnel from the National Hunt Office. However, the Gabian is still a “protected species”, so don’t attempt a claypigeon shooting from your boat!


Marseillan

Port du vin et patrie du Vermouth La porte d’entrée du Bassin de Thau par la porte fluviale ! A vous le canal du Midi et l’Atlantique au Nord, la Méditerranée et la côte d’Azur au sud ! Un lieu d’échange, un peu le bout du monde donc où la vie coule tranquille…

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out au fond sud-ouest de l’étang de Thau, il est un petit port pittoresque, Marseillan. N’y cherchez pas un canal, c’est un cul-de-sac ! Pour y entrer ou sortir de la “petite mer du Languedoc”, il faut aller à plus d’un kilomètre vers le sud au fond du bassin de Thau. Le grau de Pisse Saume dragué à deux mètres offre un accès à la mer pour les embarcations de moins de trois mètres de tirant d’air pour passer sous les ponts routiers à Marseillan-plage. Et, tout à côté à la Pointe des Onglous signalée par une tourelle blanche à chapeau rouge, le Canal du Midi offre la possibilité de regagner la mer à Port la Nouvelle via le canal de la Robine. Le petit phare rouge à bande verte qui signale port, se remarque bien. Deux courts épis d’enrochement derrière un autre parallèle au rivage encadrent l’entrée d’un bassin-chenal. La profondeur ne dépasse guère les deux mètres. Entre l’entrée et l’épi sur la gauche, un bassin d’un mètre vingt de profondeur accueille des bateaux à l’année sur pieux. De nuit, des feux signalent les diverses extrémités de cette géométrie un peu alambiquée. QUAI RICHE, QUAI PAUVRE Le caboteur est donc amené à pénétrer dans ce port couloir jusqu’à trouver sur sa gauche la capitainerie à clocheton dont

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on dit qu’elle serait la plus petite du monde construite en dur ! Les quelques pontons sur ce bord sont en général complets. On s’amarre le plus souvent à couple le long du quai rive Est. Côté “pauvre“. Car ce port présente une particularité : rive Ouest, les riches, rive Est, les pauvres. Côté riches, deux grands négociants tiennent tout le pavé. Côté pauvres, les habitations, plus nombreuses et plus modestes, se trouvent au-dessus de rez-de-chaussée à haute porte charretière, consacrés au travail. Et comme Marseillan a été – par la superficie – le second port de l’Hérault après Sète pour les vins et spiritueux, certaines demeures ont encore fière allure, témoignant que du sang très bourgeois coulait dans ses veines. Mais aussi du sang républicain : place de la République se trouve la première Marianne jamais érigée en France, dès 1878, en souvenir de la résistance des ­Marseillanais contre le coup d’État, en 1851, de Louis napoléon Bonaparte, devenu Napoléon III. Pour mettre fin à la lutte des classes, disons que c’est à la Royauté que Marseillan doit sa naissance et son essor. Ses premiers quais émergèrent au XVIIIe alors que se construisait le Canal du Midi. Et grâce à lui.

steps ashore pas à terre

n ville, beaucoup de choses à découvrir en flânant. Des maisons patriciennes, des docks, des chais, un théâtre à l’italienne avec ses colonnes imposantes… La pierre basaltique noire tirée du volcan d’Agde leur ajoute un cachet particulier dans une région où les pierres jaunes de calcaires dominent. Marseillan a su conserver son âme tout en restaurant l’essentiel : ça sent encore la bourgeoisie et le cossu du commerce de vin. L’église

Saint Jean Baptiste et son orgue du XVIIe comme la place du marché couvert méritent le détour. La belle ancienne maison du Château du Prieuré transformée par les Pourcel concourt à la renommée du lieu ! Un peu au nord du bassin de plaisance, derrière deux petites jetées, s’abritent les bateaux de pêche et des services conchylicoles dans le Bassin Tabarka. Divisé en deux et entouré de terre-pleins comme un grand, il a tout d’un port miniatu-

Quand Paul Riquet imagina le tracé de cette véritable folie d’architecture, le port de Marseillan n’était pas le centre du village. Il n’y avait là qu’une poignée de maisons. En bout d’étang, peu profond, sujet à l’envasement, il fallait périodiquement le draguer et le curer. VINS ET SPIRITUEUX A TOUS LES ETAGES… Par chance, l’endroit fut retenu pour être le débouché au canal du Midi. Avec l’ouverture du canal, du jour au lendemain Marseillan ne fut plus au bout du monde mais à un carrefour commercial de première importance. Au XIXe siècle avec de déve-

re mais mal mis en valeur par les constructions qui l’entourent. Une balade vers le sud le long du chemin de halage mènera jusqu’à la Pointe des Onglous et le départ du canal du Midi et, au-delà, à la réserve naturelle du Bagnas. Take a stroll around the town there are loads of things to explore. Aristocratic houses, the docks, wine cellars and an Italian-style theatre with imposing columns. Their black basalt rock from the Agde volcano gives them a unique style in a region where yellow limestone tends to dominate. Marseillan has held on to its soul while restoring what really matters – it still oozes that well-to-do middle-class feeling that come with the wine trade. The

loppement de la viticulture et l’essor des apéritifs à base de vin, le port connut un boom considérable. Ici furent inventés et fabriqués le ­Quinquina, l’apéritif Mignon et le Noilly Prat. Ce dernier est d’ailleurs toujours produit dans un chai au fond du port dont la visite est agrémentée par une dégustation. On y admirera des alambics et autres instruments d’époque. Puis, avec les crises successives de la viticulture du Midi et l’engouement pour d’autres boissons à l’heure de l’apéro, fabriques et négoces de Marseillan ont périclité pour s’éteindre presque totalement dans les années 50-60. Marseillan aurait pu retourner à son sommeil d’antan, son port aux vases d’autrefois. Mais la fée Tourisme est passée par là. Pas de plage à perte de vue, pas de station balnéaire champignon, pas de cabanes à frites. La plaisance et la croisière fluviale ont donné à Marseillan un second souffle dans les années 70. Sa situation exceptionnelle payait une seconde fois. Son plan d’eau magnifique a attiré la prestigieuse école de voile des Glénans, donnant à la rombière vieillie en fûts de chêne des allures de skipper bronzé… Les anciens chais se sont transformés en boutiques et en restaurants, le “château“, rive Ouest, est devenu un “gastro“ des frères Pourcel. Et le potentiel de développement est grand tant les chais et petits bâtiments industriels sont encore nombreux dans les rues de deuxième et troisième rang derrière les quais. Mais il ne faudrait pas que Marseillan en perde son âme. Elle est forte et belle. Claude Roger

Saint Jean Baptiste church with its 17th century organ, and the covered market square are worth a visit. The beautiful old Château du Prieuré, transformed by the Pourcel brothers is almost as famous as the town itself! A little to the north of the yachting area, behind the two little breakwaters, is the Bassin Tabarka where the fishing and shellfish farming boats moor up. Divided in two and surrounded by harbour yards, it is a genuine miniature port which is somewhat obscured by the structures that surround it. Stroll south along the towpath and you will come to La Pointe des Onglous and the beginning of the Canal du Midi and beyond, the Bagnas nature reserve.

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Wine port and home of Vermouth This is the river access into the Bassin de Thau, from where you can connect to the Canal du Midi and the Atlantic to the north, the Mediterranean and the Côte d’Azur to the south! It’s a meeting point, a place where time moves slowly by...

FAIRE COHABITER 12.000 PLAISANCIERS AVEC 120.000 HUÎTRES MAKING 12000 LEISURE BOATERS LIVE TOGETHER WITH 120000 OYSTERS L’étang, encore appelé «bassin» de Thau est un monde en lui-même. C’est aussi un lieu de mini-croisière magnifique. En un seul weekend, faire Sète – La Pointe Courte, Balaruc les Bains, Bouzigues, Mèze et Marseillan, dormant et dînant ici, déjeunant là, se baignant partout est un enchantement.

At the south-western end of the Bassin de Thau you will find a picturesque little port called Marseillan. Don’t expect to find a way through there, it’s a dead-end! To get in or out of the “little Languedoc sea”, you need to go about a mile south to the end of the Bassin de Thau. The Grau de Pisse Saume has been dredged two metres deep and provides access to the sea for vessels with under three metres of mast clearance, so that they can get under the road bridges at Marseillan-plage. And just nearby, at the Pointe des Onglous marked by a red-topped white turret, the Canal du Midi is the way back to the sea at Port la Nouvelle via the Canal de la Robine. The little red lighthouse with the green stripe which marks out the harbour is clearly visible. Two short swathes of rip rap, which run parallel to the bank one behind the other, form the entrance to the channel basin, which is barely deeper than two metres. Between the entrance and the left-hand groyne, a 1.2 m (4 ft) deep basin offers year-long moorings on stakes. At night, lights mark the opposite ends of this area, with its strangely convoluted shape. RICH MAN, POOR MAN Sailors are directed in to this corridor port with the harbour master’s office and its little steeple on the left, which is said to be the smallest permanent harbour master’s building in the world! The few jetties on this side are generally full up, so you usually end up mooring on the eastern side of the docks, which is the “poor” side. You see, there is one unusual thing about this port: the rich are on the west bank, the poor are on the east bank. On the “rich” side, two big merchants own the whole front. On the poor side, the more numerous and modest dwellings are built on top of first-floor workshops with high carriage entrances. And since Marseillan, after Sète, was the second largest port in the Hérault region for wines and spirits, some houses still have that proud look about them, as if they are determined not to forget that bourgeois blood once ran in their veins. It was Republican blood as well: the first ever Marianne statue in France was erected on Place de la République here back in 1878 to mark the resistance of the people of Marseillan to the coup d’état, in 1851, by Louis Napoleon Bonaparte, who went on to become Napoleon III.

So as note to take sides in the class struggle, let us also mention that Marseillan owes its birth and growth to Royalty. Its first docks were built in the 18th century at the same time as the Canal du Midi was being built. When Paul Riquet was planning the route for this architectural folly, the port of Marseillan was not at the centre of the village. There were just a handful of houses there. It was situated at the end of the Bassin, where the water was not very deep and was vulnerable to silting up, so it regularly had to be dredged and cleaned. WINES AND SPIRITS EVERYWHERE YOU TURN… By chance, this place was chosen as the end of the Canal du Midi. When the canal opened, it immediately turned Marseillan from a little village on the way to nowhere into an important commercial crossroads. In the 19th century, with the development of winegrowing and the increasingly popularity of wine-based aperitifs, the port experienced boom times. This is where the quinine based aperitifs, Mignon and Noilly Prat were invented and produced. The latter is still made here in a cellar at the end of the port - they do a great tour with a tasting session at the end. You can see the stills and other wine-making tools from the period. With successive crises in the wine industry in the south of France and an increasing interest in other aperitif drinks, Marseillan production and trade went downhill to finally almost entirely collapse in the 1950s and 1960s. Marseillan might very well have returned to its former slumber, and its harbour might have slipped back into the mud, but for the fact that the Tourism fairy waved its magic wand. Here there is no endless beach, no booming seaside resort, and no chip vans. It is yachting and river cruising that gave Marseillan a second birth in the 1970s. Its exceptional location saved it once again. Its water is magnificent for sailing, and this attracted the prestigious Glénans sailing school, tarting up the tired old with jaunty boating life. The old wine cellars were transformed into fancy shops and restaurants, the “château”, on the west bank became a classy restaurant run by the Pourcel brothers. And there is plenty more room for development, with lots of old wine cellars and manufacturing buildings still available two or three roads back from the quayside. But Marseillan must not lose its soul, which has withstood the test of time.

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The pond, also named Thau “basin”, is a complete world by itself. It is as well a gorgeous place for a mini-cruise. In the course of a single week-end, going from Sète-La Pointe Courte, to Balaruc les Bains, Bouzigues, Mèze, and Marseilllan, sleeping and dining here, having lunch there, and swimming everywhere is an enchantment at any time.

’Étang de Thau est le plus vaste (7.500 ha) et le plus profond des étangs de la région Languedoc-Roussillon. A l’inverse des lagunes littorales languedociennes, cet étang a une origine tectonique. Il a également pour particularité d’être situé entre le Mont Saint Clair (Sète) et les anciens volcans d’Agde (Mont Saint Loup et Mont Saint Martin). Les trois graus de cet étang sont permanents et lui donnent des caractéristiques physico-chimiques et biologiques quasi-marines. C’est pourquoi l’étang est traditionnellement utilisé pour la conchyliculture.

The Etang de Thau is the largest ( 7500 ha ) and the deepest pond of the Languedoc-Roussillon region. Unlike Languedoc coastal lagoons, it is of tectonic origin. An other distinctive feature is that it is located between Mont Saint Clair ( Sète ) and Agde ancient volcanoes ( Mont Saint Loup and Mont Saint Martin ). Its three graus ( sea inlets ) are permanent, so this confers to it physicochemical and biological characteristics that are almost marine ones. This explains why it is traditionally used for shellfish farming purposes.

LA PLUS GROSSE PERLE DU CHAPELET Long de vingt kilomètres et large de quatre, l’étang de Thau est la plus grosse perle du chapelet des lagunes littorales. L’étang s’ouvre à l’est sur le canal du Rhône et à l’ouest sur le canal du midi, relié à l’Atlantique, d’où arrivent chaque année 12.000 plaisanciers, ce qui ne va pas sans poser des problèmes dans un milieu pour lequel la pureté des eaux est promordiale. L’été, la lagune est plus salée que la mer car l’eau s’évapore plus vite qu’elle ne rentre par les graus. L’hiver, elle se dessale en recevant le tribut des ruisseaux côtiers qui drainent un bassin versant de 32.000 ha. Il faut une année à l’étang pour renouveler ses 300 millions de m3. L’étang de Thau fait vivre plus de 750 ostréiculteurs qui élèvent les fameuses huîtres dites de Bouzigues même si elles viennent de Mèze, et de nombreux pêcheurs. Le poisson abonde, loups, rougets, dorades, soles, seiches et mulets qui l’hiver, quitte les eaux refroidies de la lagune pour rejoindre la mer et y rentrent au printemps avec l’eau salée, alléchés par la tiédeur de l’étang et la saveur du phytoplancton. Signe de la propreté des eaux du bassin, la présence de l’hippocampe, fragile animal et parfait indicateur d’éco-toxicité. Les coquillages y «poussent» très bien. Il suffit de regarder la coque des bateaux après l’hivernage : chaque plaisancier devient conchyliculteur malgré lui… Les huîtres, quant à elles, grandissent fixées à des cordages pendus à des poutres, les fameuses « tables » de 50 m sur 12. Ce sont 2.750 «tables» que l’on trouve dans l’étang de Thau et sous chacune grossissent 120.000 huîtres !

THE BIGGEST PEARL OF THE ROSARY Twenty kilometers long and four kilometers wide, Thau pond is the biggest pearl of the rosary formed by the coast lagoons. The pond opens east to the Rhône sluice, and west to the Midi sluice, the latter being connected to the Atlantic Ocean, from which 12000 amateur sailors arrive every year. This does not go without problems in an environment where water purity is of the essence. In the summer time, the lagoon is saltier than the sea itself, as the quantity of evaporated water is superior to the one supplied by the graus. During winter, salinity decreases, due to the contribution of coastal streams that drain a catchment basin covering 32000 ha. It takes a year for the pond to renew its 300 millions cubic meters. More than 350 oyster-farmers earn their living from Thau pond, raising the well-known oysters named after Bouzigues appellation, even though they come from Mèzes. Many fishermen work here as well. Fish is found in abundance, such as sea basses, red mullets, sea brams, soles, cuttlefishes, and grey mullets that leave the lagoon cooled waters in winter to reach the sea, and then come back in spring with saltwater, being attracted by the mildness of the pond and the taste of phytoplankton. The telltale sign of water cleanliness is the presence of the sea horse, a delicate animal that gives a perfect indication of ecotoxicity. Shellfish “sprouts” there very well indeed. Just take a look at the hulls of boats after wintering: each sailor unwillingly turns into an oyster bed worker… As to the oysters themselves, they are grown attached to ropes hanging from beams, the well-known “tables” that measure 50 m by 12 m. There are no less than 2750 “tables” in the Thau pond, and under each of them, 120000 oysters grow !

RUNNING PROJECTS DES PROJETS ENCOURS All around Bassin de Thau, the Conservatory has not stepped in much so far, with the exception Sur le pourtour du Bassin de Thau, le Conserof Bagnas, at the south end. However, it has vatoire est peu intervenu jusqu’à présent à l’expurchased nearly 50 ha on the North bank, in ception du Bagnas, à son extrémité sud. Sur la a place called Pré de Baugé. It consists in wet rive nord, il s’est cependant porté acquéreur grasslands in bocage style, which is a rarity on de près de 50 ha sur le Pré de Baugé, prairie the Languedoc coast. At completion, 200 ha of humide bocagère, milieu rare sur le littoral lanwetlands around this bocage, hemmed in by guedocien. intensive agriculture farms ( wheat, melons ), À terme, 200 ha de zones humides autour de ce should fall under the Conservatory protection. bocage, enclavé entre des propriétés agricoles This area has been classified until now as a intensives (blé, melons), devraient être sous voluntary natural reserve; it is a nesting site but protection du Conservatoire. also a food plot, which means a place where Ce site, jusqu’alors classé Réserve naturelle birds, mostly ducks, come to feed themselves volontaire, est un site de nidification mais ausfrom the evening to the morning. It is closely si un site de gagnage, c’est à dire un lieu où les linked to the important nesting sites in the oiseaux, principalement les canards, viennent vicinity ( Bagnas, Salins du quinzième ). se nourrir du soir au matin, étroitement lié aux sites importants de nidification proches (BaArticle réalisé avec le concours du gnas, Salins du quinzième).

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Mèze

Oeufs, coquilles, futailles et régates Étape fluviale pour les pénichettes plutôt négligée au profit de Marseillan, Mèze est aussi une escale pour caboteurs plaisanciers à la recherche d’un certain art de vivre au calme.

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u milieu du Bassin de Thau, en regardant vers Mèze, jetez un œil à l’arrière-pays avant d’être trop occupé par les manœuvres d’approche : là où pousse aujourd’hui le Picpoul de Pinet vivaient au crétacé supérieur (70-65 millions d’années avant notre ère) des colonies de dinosaures. Importantes si on en juge par la quantité de traces, d’os et surtout d’œufs et de nids découverts dans les années 90 à quelques kilomètres du centre-ville de Mèze. Un brachiosaure de 25 m de long qui pesait 50 t trône au Musée-parc des Dinosaures, aménagé pour faire découvrir ce trésor aux visiteurs. C’est le plus grand squelette complet du monde. Il y a là aussi l’une des plus grandes «couveuses» d’œufs jamais découverte magnifiquement conservés dans la vase et le sable. Juste avant leur extinction massive, on trouve ici une très large gamme de ces animaux, herbivores et carnivores de toutes tailles, qui peuplaient la région, gigantesque plaine au climat tropical humide.

Regardez maintenant la petite hauteur derrière la ville. Vous vous transportez en -600 avant J.-C. Lieu élevé d’où monte une fumée… ce serait le sens antique du nom de Mèze, autrement dit “Mansa” dans la ­langue des Phocéens qui ont fondé le bourg en même temps que Marseille et Agde. En ces temps sans phares ni balises, sur cette côte incertaine, des feux sur des monticules faisaient office de repères à la navigation. MÈZE CULTIVE DES HUÎTRES ! À l’ère des GPS, le seul danger est la zone des tables ostréicoles autour desquelles il faut enrouler large pour entrer dans le large chenal d’accès. La nuit, il n’y a pas de signalisation. À part cet inconvénient, les espaces ostréicoles sont plutôt de fort bon augure. Ils annoncent des plateaux de coquillages à déguster en ville. Car contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’huître dite de Bouzigues pousse très largement dans les eaux territoriales de Mèze ! En croisant le long de ces belles géométries, dites merci aux navigateurs qui, entrés ici il y a vingt-cinq siècles, ont apporté la culture de l’huître. Le passage entre les tables permet de voir la ville de Mèze de loin. Son clocher carré émerge des toits. C’est l’église Saint Hilaire qui mérite un crochet, ca-

pitaine ! Avec sa nef unique à quatre travées, ses voûtes d’ogives en brique, elle aurait été érigée en collégiale dès 446. Puis on découvre la tourelle blanche au musoir d’une jetée coudée. Passée la capitainerie moderne, vous vous amarrez rive Ouest à des pontons ancrés sur le quai Augustin, ou bien sur poteaux rive Est. N’allez pas au fond, c’est réservé à la flottille de pêche. Vous y trouverez aussi le bateau bigarré d’un marin lui-même très haut en couleur, même s’il dit être Vert avant tout (voir l’encadré). MÈZE ATTIRE LES FOUDRES ! Mèze n’a rien d’une station bétonnée. Elle vit toute l’année et a conservé sa personnalité. Comme Marseillan, le port a longtemps profité de l’activité maritime de Sète vers l’intérieur avec une batellerie tournée entièrement vers l’économie viticole. Difficile d’imaginer les quais du tranquille port de Mèze encombrés de fûts, résonnant des coups de marteaux des tonneliers. C’est à ce rythme qu’a vécu ce gros bourg du XVIIIe au XIXe siècle : premier port du Languedoc avant Sète, cité prospère et industrielle à partir des années 1700, c’est là que se stockaient et s’exportaient les vins de la plaine de l’Hérault. La ville des tonneaux et foudres en tous genres de toutes tailles comptera jusqu’à 5.800 hab. en 1886. Une multitude de métiers participaient à la vie économique

“vinophile” tournée vers une clientèle plus nationale et internationale que locale : courtiers, tonneliers, charrons, maîtres de chais, distillateurs, transporteurs, transitaires… rivalisaient d’activité, même après la crise du phylloxera de 1876 et la Grande Guerre. Le déclin est arrivé quand les négociants ont loué leurs futailles au lieu de les faire fabriquer sur place. Délocalisation… Puis sont arrivés les “pinardiers”, bateaux-citernes, ­camions-citernes, ­camions-citernes… et le coup de grâce, le décollage du port de Sète. À la fin des années 40, les derniers tonneliers ont fermé boutique. Sans l’ostréiculture, le port serait totalement tombé dans l’oubli. MÈZE MET LES VOILES ! Puis la plaisance et la voile légère ont apporté leur écot. La voilerie Begot s’y est installée. Comme à Marseillan, la qualité vélistique du plan d’eau – beaucoup de vent, peu de vagues – est un formidable atout. Entre croisières à la «pépère» et compétitions musclées, on est ici dans la capitale de ceux qui régatent «dans une baignoire» comme aiment à se moquer leurs confrères de mer. Mais attention, Mèze a des régatiers redoutables, terriblement affûtés par les nombreux évènements nautiques qui s’y déroulent en toute saison et par tout temps ! Claude Roger

de Mèze d dinosaure Le plus gran

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steps ashore pas à terre

uelques pas à terre vous mèneront au fond du port dont la partie nord débouche sur le basin des Nacelles, tout en longueur au pied d’un vieux rempart. Les petites embarcations et bateaux de pêche y trouvent la tranquillité d’un abri parfait. Suivez la rive sud ouest : peut-être avez-vous remarqué lors de votre entrée dans le port à 500 m de la passe, deux petites jetées en enrochement. Elles abritent Port Taurus, la base nautique de sport

qui accueille également quelques voiliers de croisière chanceux d’y avoir trouvé un mouillage paisible tout en étant proche du centre. De toute façon, le vieux Mèze est un gros bourg sympathique ramassé autour de son port. Il a conservé une belle personnalité qu’il fait bon de découvrir le nez en l’air sans guide en suivant son instinct : le marché couvert, la place, une maison de maître ou un ancien chai attireront votre attention.

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Eggs, shellfish, barrels and regattas Mèze is a river stop for houseboats, and now tends to be less popular than Marseillan, which makes it a great stopover for sailors who are looking for a bit of peace and tranquillity. arrived two and a half thousand years ago, bringing oyster farming with them. As you do so, you can see the town of Mèze in the distance, with its square bell tower that rises above the roofs. That’s the Saint Hilaire church, which is well worth a visit! It was built by the local priests in 446 AD, with its single nave with four bays and brickwork vaults. Next you’ll see the white turret at the head of an angled jetty. Carry on past the modern harbour master’s offices and tie up on the jetties on the west bank attached to the St. Augustin dock, or use the stakes on the east bank. Don’t go right down to the end, that is reserved for fishing boats, and the brightly-coloured boat of a colourful seafaring character, who claims to be more Green than any other colour (see insert).

Take a look at the countryside behind Mèze from the middle of the Bassin de Thau before you get too focussed on your landing manoeuvres. In the Late Cretaceous period (70-65 million years ago), colonies of dinosaurs once lived where the Picpoul de Pinet grapes now grow. There must have been a lot of them, judging by the number of footprints, bones and especially eggs and nests that were found in the 1990s just a few miles from the centre of Mèze. A 25-metre Brachiosaurus which weighed 50 tonnes is exhibited for visitors at the Musée-parc des Dinosaures. It is the biggest complete skeleton in the world. The museum also hosts one of the largest egg ‘incubators’ ever unearthed, which has been magnificently preserved in mud and sand. This area was once a huge tropical plain where a great variety of herbivores and carnivores of all shapes and sizes used to live just before they became extinct. Now look up at the little hill behind the town, and imagine yourself back 600 years B.C. “A high place where smoke rises” - this is the ancient meaning of the name Mèze, or “Mansa” in the language of the Phocaen people who founded the town at the same time as Marseilles and Agde. In those days, with no lighthouses or markers, beacons on hill tops were the only navigational aids they had. MÈZE PRODUCES OYSTERS! In the days of GPS, the only danger we face are the oyster “tables” which you need to keep well clear of as you head into the wide access channel. At night, they are not marked. Apart from this inconvenience, the oyster areas are a really good thing. They mean that there are some great seafood dishes to try in the town. Because despite what you might think, the so-called Bouzigues oyster grows extensively in the waters off Mèze! As you make your way through the mathematically beautiful squares, be grateful to the sailors who

A THRIVING WINE TRADE! Mèze is far from being a concrete jungle of a modern resort. It’s full of life all year round, and has managed to hold on to its traditional character. Like Marseillan, the port benefited for a long time from ships on the way inland from Sète, with a host of river traffic that was devoted exclusively to the wine trade. It is hard to imagine the quayside of this quiet Mèze port, loaded with casks and resonating with the sounds of coopers’ hammers on barrels. That was the way this large town used to be in the 18th and 19th centuries, when it was the biggest port in the Languedoc region ahead of Sète. It became wealthy in the early 1700s, and it was here that the wines of the Hérault region were stored and exported. This town which made casks and barrels of all shapes and sizes had a population of as many as 5,800 people in 1886. A host of trades supplied the wine industry which targeted more of a national and international market than a local one: brokers, coopers, wheelwrights, winehouse merchants, distillers, transporters, freight forwarders all in stiff competition with one another, even after the phylloxera grape pest crisis of 1876 and the Great War. Decline began when the merchants started renting barrels instead of having them made locally, which took business away from Mèze. That was when the wine carrier ships came on the scene, tanker ships, tanker trucks and all that, followed by the straw that broke the camel’s back, the opening of Sète port. At the end of the 1940’s, the last coopers shut up shop. If it weren’t for oyster farming, this port would have come to a complete standstill. MÈZE GOES SAILING! Then pleasure boating and yachting came to the rescue. The Bergot sail loft was set up here. Like Marseillan, the water here is perfect for sailing, with lots of wind and few waves, and it’s a big draw. With everything from a pleasant Sunday outing to full-blown competitions, this is the place to be for those who do their boat racing “in a bath” as their sea-loving colleagues like to joke. But be careful, Mèze has some pretty sharp and well practised sailors, what with the number of sailing regattas that take place here throughout the year whatever the weather!

LES TENTATIONS DE LA CAMBUSE HUÎTRES DE LEUCATE, MOULES DE THAU, BOURRIDE DE GRUISSAN... Vous êtes amateur ou amatrice de coquillages ? Alors, pourquoi ne pas profiter du port de Leucate et de ses 1000 anneaux pour faire une escale dégustation ? Les plus connues sont sans doute à Bouzigues, sur le bassin de Thau, mais essayons un peu plus d’originalité... n ce qui concerne les huîtres, l'espèce la plus E connue que l'on trouve à Leucate est l'huître creuse qui arrive de l'Atlantique sous forme de

naissin pour être élevée dans l'étang. En effet, les eaux des étangs, riche en sels minéraux, ont une valeur nutritive qui favorise le développement du plancton. Ainsi, les huîtres arrivent à maturité en 18 mois tandis qu'il faudrait trois ans pour obtenir le même résultat sur l'océan. Les parcs d'élevage sont formés de structure qui ressemblent à d'immenses tables dont les pieds métalliques s'enfoncent dans le sol, des traverses en bois faisant office de plateau. Deux méthodes d'élevage sont pratiquées. La première concerne les petites huîtres qui ont été captées sur des coquilles percées. Elle consiste à enfiler les huîtres comme des perles sur des cordes accrochées aux traverses. La seconde méthode est réservée aux jeunes huîtres livrées séparément. Elles seront collées trois par trois avec du ciment sur les cordages, avant d'être suspendues.

Les huîtres gratinées au parmesan

Cette recette propose une autre façon de manger des huîtres. Voici une entrée facile et rapide à préparer ! Ingrédients pour 4 personnes : 2 douzaines d'Huîtres de Leucate 250 ml de parmesan râpé et 375 ml de chapelure 80 ml de beurre fondu 100 ml de vin blanc, jus de citron, gros sel Ouvrez les huîtres et réservez les coquilles. Faites chauffer le vin blanc et lorsque le vin frémit, pochez les huîtres à feu doux pendant une minute. Remettez-les dans leur coquille. Placez-les dans un plat allant au four sur un lit de gros sel, afin de les stabiliser. Versez un jus de citron sur les huîtres et parsemez-les du parmesan que vous aurez râpé puis de chapelure. Ensuite, arrosezles du beurre fondu. Enfin, faites-les griller sur la position grill du four, durant environ 5 mn.

Par Sandrine-Mazziotta-Bastien

Les moules farcies à la sétoise Voici une recette que vous pourrez accompagner d’un verre de Picpoul de Pinet, ce vin blanc sec dont le terroir s’étend autour du Bassin de Thau, au milieu du triangle AgdePézenas-Sète. Ingrédients pour 4 personnes : 24 grosses moules du Bassin de Thau 150 g de chair à saucisse, 150 g de chair de veau, 1 oeuf, 8 cl de lait, 10 cl d’huile d’olive 4 gousses d’ail, 4 échalotes, 3 brins de sarriette 3 cuillerées à soupe de persil plat ciselé 50 g de mie de pain, 200 g de tomates pelées 1 bouquet garni, sel fin, poivre noir du moulin. Hachez finement la chair de veau et incorporer l’oeuf entier. Montez cette farce au mixeur avec 7,5 cl d’huile d’olive en ajoutant un peu de lait. Salez et poivrez. Mélangez en ajoutant la chair à saucisse, 3 gousses d’ail pelées et hachées, le persil et la sarriette hachée. Incorporez la mie de pain et le reste de lait. Ouvrez les moules en deux. Récupérez leur jus et réservez-le après l’avoir filtré. Farcissez les moules avec la préparation précédente. Pelez et ciselez les échalotes. Pelez et hachez la gousse d’ail restante. Faites chauffer 3 cuillerées à soupe d’huile d’olive dans une sauteuse, mettez les échalotes et faites-les suer. Ajoutez les moules farcies en les rangeant délicatement, puis les tomates concassées, le bouquet garni, l’ail haché et le jus des moules. Salez et poivrez. Faites cuire pendant 15 minutes. Poudrez de persil au moment de servir.

Classé parmi les plus beaux villages de france, Gruissan a certainement fait partie de vos escales. Vous avez eu raison. Cet ancien village de pêcheurs et de saulniers a su conserver son charme d'antan. Vous avez certainement flâné dans ses ruelles qui circulent autour d'un gros bloc de calcaire sur lequel se situent les ruines de la Tour Barberousse. Mais avez-vous dégusté une de ses spécialités, la bourride d'anguilles? Il faut savoir que la pêche à l'anguille est une tradition dans les étangs du Narbonnais depuis l'Antiquité. Elle se perpétue depuis des générations et les pêcheurs d'aujourd'hui utilisent encore les techniques traditionnelles. La Confrérie de l'Anguille, des produits de la Mer et du Terroir gruissanais a tenu en octobre dernier son 14e Grand Chapitre. Les personnes intronisées ont repris en coeur cette déclaration: « Sous la bienveillante clémence d’Éole, Dieu des Vents, d’Hélios, Dieu du Soleil et de la Lumière, de Poséidon, Dieu de la Mer, de Dionysos, Dieu de la Vigne et du Vin, et, sous le contrôle des Gentes Dames et des Dignitaires de la Confrérie de l’Anguille, des produits de la Mer et du Terroir Gruissanais, nous nous engageons à porter, haut et fort les valeurs culinaires de l’Anguille apprêtée selon la recette ancestrale de la "Bourride d’Anguilles à la Gruissanaise", à promouvoir les produits de la Mer et du Terroir Gruissanais, ainsi qu’à participer à la promotion touristique de Gruissan, perle méditerranéenne du pays Cathare ! »

La bourride gruissanaise A short walk takes you to the end of the port, the northern part of which opens into the Nacelles basin, which runs along the bottom of an old fortress. Small vessels and fishing boats lie peacefully anchored there. Follow the south-western bank. You might have noticed two little rip-rap breakwaters on your way into the port about 500 yards from the channel. They form the Port Taurus watersports centre

which also hosts the few lucky yachts that manage to find a quiet anchorage there close to the centre of town. Old Mèze is a lovely big village which huddles round its harbour. It has managed to hold on to its character which is best explored without a guide, just following your nose. Explore the covered market, the square, a cellar master’s house or an old wine cellar.

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Le Bassin de Thau est un petit monde à explorer le temps d’un week-end en croisière. Balaruc est connu pour ses lieux de cure, Marseillan pour son vin d’apéritif Noilly – Prat, Mèze et Bouzigues pour leurs huîtres. Mais les eaux du bassin sont aussi un lieu privilégié pour la culture des moules. Quelques chiffres. 13.000 : c’est le nombre de tonnes d’huîtres de l’appellation Bouzigues produites chaque année sur le Bassin de Thau, ce qui correspond à 8,5% de la production nationale. L’huître creuse constitue 80% de la production. 8.000 : c’est le nombre de tonnes de moules produites chaque année dans le Bassin de Thau, dont 3.000 à 5.000 t de moules de pleine mer. Ces dernières sont produites sur de longues filières immergées à cinq mètres sous la surface et par des fonds de 20 à 30 m. Elles séduisent les amateurs de moules par leur goût iodé et corsé. Leur grande taille permet d’en faire facilement des plats cuisinés, comme la moule farcie à la sétoise.

Ingrédients pour 4 personnes : 1kg d’anguilles 1 ou 2 pommes de terre par personne 1/2 boîte de concentré de tomate Petit salé Sel, ail, persil, huile d’olive, 1 piment de Cayenne Préparez une persillade hachée fin en mélangeant huile d'olive, persil et ail. Coupez les pommes de terre en quartier. Découpez les anguilles en morceaux de 5 cm environ. Faites revenir le petit salé. Dans une marmite, faites revenir la persillade puis ajoutez le concentré de tomate en remuant sans arrêt. Ensuite, dans cette même marmite, faites un lit de pommes de terre, un lit d’anguilles et ainsi de suite. Ajoutez le petit salé et couvrez le tout avec de l’eau froide. Salez et ajoutez le piment de Cayenne. Recouvrez la marmite jusqu’à ébullition à feu vif. Une fois l’ébullition atteinte, ôtez le couvercle et laissez cuire le tout à feu vif pendant 15 mn. Servez avec des tranches de pain grillées et frottées à l'ail.


Bouzigues

Pas vraiment un port, tout à fait un régal ! Vous passez les ponts de la Pointe Courte à Sète et entrez dans le bassin de Thau. À moins d’une heure de là, faites une première escale à Bouzigues. Un tour en ville et mettez-vous devant une table à huîtres !

© Jean Brel

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ouzigues ! Un nom qui fait rêver et saliver à la fois. Celui d’un village comme un romancier aimerait en inventer pour faire “Sud“, celui d’un grand cru d’huîtres qu’on remercie chaque jour les marins Phocéens d’avoir apporté ici, même si cela n’est pas bien certain. Ce qui est sûr, c’est que la fameuse et unique conchyliculture bouzigote y a été mise au point au début du XXe siècle et a démarré à grande échelle après la seconde guerre mondiale. Le traditionnel ramassage de clovisses et de palourdes en apnée par six à huit mètres de fond a incité quelques précurseurs à se lancer dans l’ostréiculture et – innovation également importante – l’aquaculture du loup. DEUX FOIS MERCI, LES GRECS ! Après le déclin de la viticulture – autre apport des Grecs ! – l’élevage de l’huître a sauvé le bassin de Thau. Aujourd’hui, d’où que vous veniez, Bouzigues se signale derrière la géométrie transparente des tables ostréicoles auxquelles sont suspendues de longues cordes où sont fixées les huîtres (voir l’encadré). Contrairement à celles de l’Atlantique, les «Bouzigues» ne sont pas mises à l’air par la marée basse. Jamais privées d’eau et de nourriture, elles grossissent trois fois plus

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© Céline Cabaye

vite, sans forçage. Les ressources nutritives du bassin, la qualité et les écarts de salinité de son eau (voir l’article p 4 et 5) n’y sont pas non plus pour rien. Thau exporte son naissain vers tous les autres bassins conchylicoles français. Mais Bouzigues crée plus d’envies qu’il ne lui est possible d’en satisfaire. Les plus de 2.000 tables ostréicoles du bassin de Thau ne suffisent pas à combler la demande. Même si on ajoutait la production de Leucate. Heureusement, il y a la pleine mer. Les caboteurs le savent : entre le Cap d’Agde et Sète, ils doivent s’écarter à plusieurs reprises de la route directe pour contourner les grandes fermes conchylicoles. Ils savent qu’en dehors

steps ashore pas à terre

es Saintes peuvent rebuter par Comme Balaruc et Mèze, l’arrière pays n’offre guère de possibilités de belles balades à pied sauf à faire nettement plus de 4 pas ! Peu importe. Flâner le long de la rive permet d’apprécier le charme et la tranquillité de l’escale. L’incursion dans les ruelles du vieux village de pêcheurs ou pousser jusqu’aux installations conchylicoles ravira tout

un chacun sans demander un exploit physique ! Plus d’un caboteur se satisfait d’humer les parfums de l’étang en regardant les boulistes dans l’attente que le soleil fasse jouer les couleurs au fil des heures. Vous avez envie de tout savoir sur l’huître et sa production ? A vous la visite organisée des fermes ostréicoles ou du Musée de l’Etang de Thau. Une belle scénographie

des passages balisés, la navigation y est non seulement interdite mais dangereuse du fait des nombreuses bouées et bouts flottants. UN QUAI PLUS QU’UN PORT Le village de Bouzigues est bien visible le long d’une falaise, derrière les tables dont vous longez le coté Est. A l’ouest, le capharnaüm de pontons, de grues, de tapis roulants et de cabanes assez incompréhensible vu de loin, signale la zone technique des conchyliculteurs. Deux courtes jetées s’avancent sur l’étang ouvrant sur deux passes : à droite, le bassin de pêche et des petites embarcations à moteur, à gauche le mini port de plaisance et un ponton central. En règle générale, il n’y a pas de place pour accoster autrement qu’à couple d’une pénichette le long du quai sur la gauche par 1,80 m d’eau en moyenne. Un ponton flottant à l’extérieur augmente la capacité d’accueil en belle saison. Il s’agit plus d’un quai que d’un port. Ici, dans les pires moments, la tempête ne lève jamais d’énormes vagues. Grâce à la pointe de Balaruc, Bouzigues est mieux abrité du clapot d’Est à Sud-Est que Mèze et Marseillan. Pour les pêcheurs et les conchyliculteurs, la nécessité de créer d’importantes infrastructures portuaires ne s’est pas faite sentir. Cependant, le “port” de Bouzigues a profité de l’âge d’or du commerce de la vigne. A partir de 1671, les Bouziguauds s’unirent pour construire un premier quai et creuser sur 80 m de long pour accueillir les bateaux chargés des barriques qui s’échangeaient ici. En 1682, fut entreprise la construction de deux jetées, à l’Est et à l’Ouest, pour pro-

téger le quai du vent marin. Dix ans plus tard elles furent allongées et consolidées. Encore davantage en 1820 et 1840. Mais comme les autres ports commerciaux du bassin, l’activité de transport vinicole par voie maritime s’effondre à la fin du XIXe siècle avec les arrivées successives du phylloxéra, du train, des transports routiers. LES HOMMES DES TAVERNES Maintenant, les barques plates – les sapinous – filent à toute la vitesse de leur hors-bord vers leur propre quai plus à l’ouest. L’engouement pour la plaisance dans les années 70 a poussé à un curage du port autour de deux mètres pour accueillir une dizaine de pénichettes et offrir quatre-vingts anneaux d’amarrage. Les premiers habitants de Posygium ou Bosygium ou “terre-en-friche”, l’ancien nom de Bouzigues, nichaient dans des grottes naturelles aménagées dans la petite falaise qui borde toute la rive de Bouzigues. Aujourd’hui tout le long de la rive au pied des anciennes grottes les ostréiculteurs, devenus hommes des tavernes, ouvrent des lieux de dégustation, restaurants plus ou moins finis, plus ou moins sophistiqués, mais souvent bien sympathiques où il convient, en toute saison, de retenir sa place ! Car dès qu’apparaît un rayon de soleil hivernal, les Montpelliérains viennent ici en terrasse déguster leurs plateaux. Et l’été, le musée de l’Étang de Thau, à deux pas du quai d’accueil, la beauté du site et sa renommée n’attirent pas que les caboteurs gourmands et curieux que nous sommes ! Claude Roger

y fait découvrir les diverses techniques de production et les divers aspects des métiers des agriculteurs de la mer. A l’occasion des premières fêtes de l’huitre, le Foyer Rural a promu une grande exposition au début des années 1980 dont le succès a été tel qu’elle est devenue permanente à partir de 1985. De fil en aiguille, un musée a été imaginé. Inauguré en 1991, il présente sous un angle ethnologique mais pour petits et grands, les activités vivantes des ostréiculteurs et des pêcheurs. Une mine de connaissance fort bien présentée et fort ludique avec aquariums, vidéo, animations et reconstitutions.

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Not really a harbour but you’ll love it! Head under the bridges of La Pointe Courte in Sète and into the Bassin de Thau. It will take you less than an hour from there to get to Bouzigues. Stroll into town and order a plate of oysters! Bouzigues ! It’s the stuff that dreams are made of and the home of untold culinary delights. The name “Bouzigues” sounds like a village invented by a novelist to give that ‘South-ofFrance’ feel. The very name evokes gourmet oysters for which we owe our deepest thanks to the Phocaen sailors who introduced them here. At least we think they did. What we know for sure is that the unique approach to shellfish farming here that has become so famous was developed at the beginning of the 20th century and took off in a big way after the second world war. There was a tradition of collecting cockles and clams by free-diving to a depth of six or eight metres, which gave some pioneers the idea of starting oyster and – an equally important innovation – sea bass farming. THANK YOU TO THE GREEKS – TWICE OVER! After the decline in winegrowing – also brought over by the Greeks! – oyster farming saved the Bassin de Thau. Today, no matter which direction you are coming from, Bouzigues can easily been seen thanks to the transparent squares of the oyster “tables”. Long ropes are suspended from them to which the oysters are attached (see insert). Unlike Atlantic oysters, “Bouzigues” oysters are not exposed to the air at low tide, so they are never without water and food, and grow three times quicker, without artificial stimulation. The Bassin’s nutritional resources and the water quality, with its varying salt content (see article p. 4 and 5), also play an important role. Thau exports seed oysters to all the other shellfish farming areas in France, but more people want Bouzigues oysters than can be supplied. The 2,000 plus oyster tables in the Bassin de Thau are not sufficient to meet demand, even if you include the Leucate production area. Thankfully there is also the open sea. We sailors know about that – between Cap d’Agde and Sète you have to change course several times from the direct route in order to avoid large shellfish farms. Outside the marked routes sailing is not only prohibited but is also dangerous because of the numerous buoys and floating paraphernalia.

and what there is dates from the golden age of the wine trade. In 1671, the people of Bouzigues first came together to build a dock and deepen the bay over a stretch of 80 metres so that they could welcome boats loaded with the barrels that were traded here. In 1682 they began construction of two breakwaters to the east and to the west, to protect the dock from the sea wind. Ten years later these were extended and strengthened, and then again in 1820 and 1840. But like the other trade ports in the Bassin, the wineshipping business collapsed at the end of the 19th century with the successive arrival of phylloxera grape pest, the train, and road transport. THE TAVERN MEN Nowadays the flat boats they call “sapinous” fly past with their outboard motors at full throttle towards their own dock further west. The harbour was dredged two metres deep in the 1970’s to satisfy the increase in yachting, and it now has room for ten houseboats, as well as offering twenty other mooring berths. The first inhabitants of Posygium or Bosygium (the ancient name for Bouzigues which apparently means “wasteland”) lived in natural caves formed in the little cliff face that lines the water’s edge here. Now, at the foot of those same caves, oyster farmers have turned their hand to hospitality, and have opened up eating places and restaurants that vary in sophistication and finesse, but are often very pleasant. It’s worth making a reservation whatever the season, because as soon as there is a ray of winter sunshine, people come down from Montpellier to sit out on the terraces and sample these dishes. In the summer, the Bassin de Thau museum, just a short walk from the landing dock, the beauty of the area and its fame attract many visitors alongside us gourmet sailors!

MORE OF A DOCK THAN A HARBOUR The village of Bouzigues can be seen along a cliff, behind the oyster tables which you pass to the east of. To the west, the jumble of jetties, cranes, conveyor belts and huts, which are all a bit of a blur from a distance, mark the shellfish farming industrial area. Two short breakwaters stretch into the lagoon, creating two channels: to the right, the fishing and light motor vessel lake, to the left, the small pleasure harbour and central jetty. There is often nowhere to tie up other than alongside a houseboat along the left quayside, which has an average depth of 1.8 m (6 ft). A floating jetty further out provides more mooring places in high season, but it’s more of a dock than a harbour. Even in the worst weather, the storms never create big waves here. Thanks to La Pointe de Balaruc, Bouzigues is better sheltered from the east-south-easterly swell than Mèze and Marseillan. Fishermen and shellfish farmers have never felt the need to build large harbour structures,

Les Saintes can be off-putting, due Like at Balaruc and Mèze, there isn’t much in the way of beautiful walks in the surrounding countryside unless you’re really ready to go hiking! But no matter. Take a stroll along the water’s edge and enjoy the charm and tranquillity of this little stopover. You will love exploring the little streets of the old fishing village or heading right through to the shellfish farming areas, and you can do all that without expending lots of energy! Many a sailor has contented himself with the scents of the lagoon while watching the boules players and the colours of the sun playing on the water. If you want to find out more about oysters and oyster farming, go on the guided tour of the oyster farms or to the Bassin de

CABOTAGE : POURQUOI PAS UN ‘‘SOIXANTE-QUARANTE’’ ? À quoi peut ressembler le bateau idéal pour la croisière côtière ? Vaste débat que nous ouvrons ici pour le poursuivre avec nos lecteurs sur Cabotages.fr. es statistiques le prouvent, le plaisancier-type L n’est pas un jeune capitaine (60% de plus de 50 ans). Quand il acquiert un bateau pour les 10

ou 15 ans qui viennent, il doit prévoir de naviguer en renonçant à faire le singe dans les haubans ou à border l’écoute de foc avec les dents… En revanche, dans les décennies à venir, le climat ne gagnera pas en sagesse : vents plus forts, pétoles caniculaires, orages à tendance cyclonique… La Méditerranée sera plus extrémiste que jamais. Donc – surpopulation nautique aidant – les occasions se multiplieront de prendre des coups dans les mauvaises mers, les cailloux ou les ports. Il faut donc un bateau sûr. Plus personne ne navigue à la voile sans moteur. Mais, l’inverse n’est pas sans danger. Écoutez le Canal 16 et comptez les Pan-Pan ! d’origine mécanique. Voile et moteur, donc. Un moteur endurant, peu consommateur, qui pousse à 6-8 nœuds suffit (4 à 5 étapes de 8 h entre Cerbère et Menton). Les solutions hybrides ou électricité seule peuvent convenir grâce à la possibilité de recharger souvent à quai. Côté voiles, le bateau doit être bien toilé pour le petit temps (soit il n’y a pas assez de vent…) mais facile à réduire dans les coups de tabac (… soit il y en a trop…) et qui remonte bien (… soit on l’a dans le nez !). Tout sur enrouleur et tout renvoyé au cockpit pour naviguer en équipage réduit. Le caboteurtype n’a pas besoin d’équipiers expérimentés pour les quarts de nuit mais transporte souvent des passagers peu compétents… Guindeau électrique et propulseur d’étrave remplacent avantageusement des gros bras au mouillage et les gaffes dans les ports ! Le concept pourrait être un «sixty-forty» (60% voile, 40% moteur) plutôt qu’un fifty à l’ancienne, souvent «caravane flottante», peu marin, mauvais voilier, mauvaise vedette. Sa taille ? Pas trop grand pour nos ports serrés, assez long pour nos vagues courtes, laissant de la place pour y vivre confortablement à deux et occasionnellement davantage : 33 à 36 pieds. Moins peut bien sûr faire l’affaire, plus peut devenir un handicap.

Quel compromis entre voile pure et caravaning nautique ?

WHY NOT A ‘‘SIXTY-FORTY’’ ? What does the ideal boat for coastal cruising look like? This will undoubtedly give rise to a huge debate!

Thau museum. Some great installations there will give you an overview of the various production techniques and different aspects of this profession. During the first “Fêtes de l’Huître” oyster festivals at the beginning of the 1980s, the Community Centre set up a big exhibition which was so successful it became permanent in 1985. One thing led to another, and somebody had the idea of creating a museum. It was opened in 1991 and tells of the life and work of oyster farmers and fishermen from an anthropological perspective which both children and adults will enjoy. It is a gold-mine of information which is well presented and a lot of fun, featuring aquariums, videos, activities and reconstructions.

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Statistics have proven that the average yachtsman is not a young captain (60% are over the age of 50). When they buy a boat for the next 10 to 15 years, they have to envisage a sailing approach which will not require them to clown around in the shrouds or haul in the jib using their teeth… On the other hand, in the decades to come, the climate will not calm down: there will be stronger winds, scorching calm periods, cyclonic storms… The Mediterranean will be more extreme than ever. Thus – due to nautical overpopulation – the chances of receiving knocks in bad seas, boulders or harbours will increase. We will thus need a reliable boat. Nobody uses sailing boats without a motor any more. However, the contrary is not danger-free. Listen to Channel 16 and count the number of PanPans! due to mechanical problems. So we will need a sail and a motor. A hard-wearing motor, which consumes little fuel and which sails at 6 to 8 knots is sufficient (4 to 5 8 hour-sessions at sea between Cerbère and Mention). Hybrid solutions or electricity alone may suffice as there is often the possibility of recharging at a quay. As far as the sails are concerned, the boat must be well-sailed for calm weather (either there is not enough wind …) but easy to reduce in the event of squalls (… or there is too much wind) and which beat up well to windward (… or it is against you!). Everything on the reel and everything transmitted to the cockpit to sail with a reduced crew. A typical coaster does not need experienced crew members for night watches and often transports passengers with few skills … An electrical anchor windlass and bow thrusters replace strongarmed crew members easily during anchoring and the boat hooks in ports! The concept is a “sixty-forty” (60% sails and 40% motor) rather than a traditional fifty, which is often a “floating caravan”. It is inadequate for sailing and is in addition a poor yacht and motorboat.

Les p’tits bateaux... Le caboteur n’est pas le marin d’une seule saison de vacances (50% sont retraités). Il doit pouvoir naviguer à l’abri du froid et de la pluie. Un poste de barre intérieur est une solution sur les grosses unités. Un renvoi de commande ou une télécommande de pilote est moins onéreux et moins mangeur d’espace. Conséquence : route, côte, chalutiers, ferries, cargos et autres plaisanciers doivent être visibles de l’intérieur. Le salon de pont est un must pour la vie à bord. C’est le lieu de vie principal : salle à manger, salon, bibliothèque… qui permet de ne pas passer ses vacances dans un sousmarin alors que le paysage et les villes d’escale sont si beaux à voir. Pourtant très à la mode, le «deck saloon» est souvent raté : on ne voit plus rien quand on est assis. En revanche un «pilot house» du genre guérite est trop petit. Pour vivre et naviguer à l’abri, il faut trouver la bonne hauteur de plancher (rangements dessous) qui élève la hauteur des yeux sans monter trop celle du rouf (fardage et vue bouchée !). Inutile de multiplier les couchages comme pour la location. En cas de surpopulation temporaire, un carré où on peut cabaner lors des belles nuits d’été au mouillage fait l’affaire. Des coffres-banquettes larges et longs sont bienvenus, d’autant qu’ils favorisent les apéros avec les voisins de panne. Pour gagner de la place, on peut réduire la taille des réservoirs d’eau potable, se passer de désalinisateur et de groupe électrogène puisqu’on peut être à quai dès que c’est nécessaire. Pour la construction, chacun choisira son matériau mais la solution du dériveur ou du biquille est intéressante dans nos petits ports où les faibles tirants d’eau sont souvent récompensés par de la place. En tout cas, le bateau doit être «propre», sans rejets au port et au mouillage. Grande différence avec les bateaux TDM qui peuvent dégazer dans des millions de mètres cubes d’eau rien que pour leurs bactéries… Débat à suivre sur www. cabotages.fr ! Christophe Naigeon

And what about its size? Not too big for our jammed harbours, sufficiently long for our short waves, leaving room for two passengers (and occasionally more) to live in comfort: 33 to 36 feet. Less would probably suffice but more could become a handicap. The coaster is not a single holiday season sailor (50% of them are retired). They must be able to sail sheltered from the cold and rain. An interior steering station is a solution on large boats. Remote controls using mechanical or electronic means are less expensive and take up less room. The consequence is that the road, the coast, trawlers, ferry boats, cargo boats and other yachtsmen must be visible from the inside. The deck saloon is a must for life onboard. It is the main living area: dining room, lounge, library … which prevents passengers from spending their holidays in a submarine when the landscape and ports of call are so breathtaking. Despite the fact that it is very fashionable, the deck saloon is often inadequate: passengers cannot see anything when they are sitting. On the other hand a pilot house like a brake cabin is too small. In order to live and sail sheltered from bad weather, we have to find the right ceiling height (storage units underneath) which raises the height of the eyes without raising that of the deckhouse too much (dunnage and blocked view!) There is no need to increase the number of bunks like in rentals. In the event of a temporary increase in the number of passengers, the solution would be to use the saloon as additional sleeping area. This is perfect during beautiful summer nights when the boat is moored. Wide and long benchchests are most welcome in particular as they favour aperitifs with your pontoon neighbours. To gain room, we can reduce the size of drinking water reservoirs, do without a desalination unit and generating set as we can berth as soon as necessary. As far as the construction is concerned, each future owner will choose their materials but the solution of a sailing dinghy or twinkeeler is of interest in our small ports where the low draughts are often rewarded. In any event, the boat must be “clean”, without discharge of waste in the harbour and during mooring. This is a major difference with roundthe-world boats which can degas in millions of cubic meters of water merely for their bacteria…


Balaruc

Un drôle de port en plein changement Balaruc n’est pas une étape courante. Baraluc les Usines, le port d’accueil des “trois ville”, a un charme… spécial. Et une histoire peu banale dont la fin est encore loin d’être écrite.

L

es canaux de Sète sont un splendide accès au bassin de Thau pour les voileux qui n’entendent pas démâter et aller sur les canaux. Une croisière citadine «royale» même si le canal de ce nom n’est pas navigable au-dessus de deux mètres de tirant d’air. Malgré ce petit regret, la traversée de Sète reste un rare régal ! Il faut embouquer le canal maritime, attendre un peu dans le bassin du Midi, puis prendre le canal transversal… et aussi passer les ponts qui tournent, pivotent, se lèvent, spécialement pour nous. Il y a même un pont ferroviaire où on pourrait croire que les TGV s’arrêtent pour nous laisser passer… Les horaires que communique la capitainerie de commerce par VHF 12 doivent tenir compte du Chaix… À Sète, rien n’est banal. ARRÊT À LA POINTE COURTE Le second bonheur est l’arrêt à la Point Courte. Un monde en soi. Un petit quartier résidentiel qui, dans une ville normale, n’aurait pas vraiment la cote : une voie de grande circulation le surplombe au sud, tout comme une voie ferrée où passent nuit et jour des trains sur un pont de fer, des usines en ligne de mire et le fond marécageux du bassin au Nord-Est. Mais Sète n’est pas une ville ordinaire. La Pointe Courte est donc un quartier extraordinaire. Et, de plus, rendu célèbre par Agnès Varda qui a donné son nom à son premier film, tourné en 1955 avec Sylvia Montfort et Philippe Noiret et qui y a sa “traverse”. Le long du canal, vous pouvez vous amarrer (attention aux fonds au bord du quai et au courant, souvent fort) et prendre le premier café de la journée au bar du Passage où vous trouverez des photos du tournage. Profitez-en pour aller voir le petit port de pêche des Nacelles de l’autre côté. Les barques, les filets, les cabanes… un poème. La Pointe Courte était, à l’origine, un village de pêcheurs. UN NOUVEL UNIVERS Cap sur Balaruc. L’entrée du bassin par l’étang des Eaux Blanches entre la pointe du Barrou et celle de Balaruc est tout aussi grandiose. Vous entrez dans un nouvel univers entre le mont Saint Clair de Sète, les collines boisées de l’arrière-pays et le mont Saint Loup du Cap d’Agde. En face, la tourelle de Roquerols émerge d’un haut fond qui déborde une pointe où se trouve Balaruc-les-Bains. Là, on peut aller droit vers la tourelle où l’on pourra choisir entre Bouzigues et Mèze selon

qu’on passera à sa gauche ou à sa droite. Pour Balaruc, il faut bifurquer tout de suite à l’Est et suivre le chenal balisé qui rejoint le Canal du Rhône à Sète. Sur la rive gauche du chenal, vous pouvez apercevoir les quelques pontons de ­Balaruc les Bains d’où vous pourrez visiter Balaruc le Vieux. Balaruc les Bains est la seconde station thermale française avec près de 2.000 touristes par jour. Et ceci depuis les gallo­romains qui déjà trouvaient la source thermale à 40° mélangée aux boues marines, excellentes contre les rhumatismes. Balaruc le Vieux, à quelques encablures de là vite parcourues en bus, est un ancien village médiéval en circulade à l’intérieur de ses remparts a su conserver tout son charme. La citadelle domine le fond du Bassin et de ses remparts, la vue est superbe. Sur la droite, vous voyez des usines, en particulier une vieille cimenterie à moitié à l’abandon, au fond de l’étang des Eaux

Blanches, séparé de l’étang de Thau par un étranglement d’un kilomètre de large. Au fond, Balaruc les Usines où se trouve le port. UN PORT EN DEVENIR ? Un drôle de port que celui de Balaruc les Usines. D’abord son histoire et le statut qui en découle. L’histoire d’abord : cette partie du bassin de Thau, l’étang des Eaux Blanches, est propriété privée des Raffineries du Midi. Cette grosse société de raffinage et de stockage de carburants s’est installée ici à la fin du XIXe siècle après avoir fait creuser un bassin entre 5 et 6 m de profondeur et baliser un chenal d’accès depuis Sète. Toute activité a cessé en 1990. Depuis, peu à peu et d’une façon sauvage, la plaisance a grignoté le plan d’eau de la raffinerie qui s’est spontanément transformé en port franc. Un squat à bateaux autogéré : pas de capitainerie, pas d’eau ni d’électricité, pas d’appontements et, par conséquent, ni taxe ni redevance. L’Association des Pêcheurs Plaisanciers de Balaruc les Bains s’est créée en 1996 et

a joint ses efforts avec l’Association Sportive pour obtenir un droit d’occupation légale, au moins temporaire, pour gérer le “port” et, surtout, le faire dépolluer. C’est urgent car les hydrocarbures remontent et menacent tout le bassin dès que les vases du fond sont agitées. Un gros risque car les 250 bateaux qui y sont actuellement mêlent ancres, piquets, passerelles et coques à l’abandon derrière un barrage flottant peu esthétique mais qui a le mérite de contenir la nappe de pollution depuis 2007. Pour combien de temps ? Quand on connaît les enjeux économiques autour de la propreté des eaux dans un bassin qui vit essentiellement de la conchyliculture, de la plaisance et du tourisme, cette poche “sale” est une bombe à retardement. Mais ne vous laissez pas impressionner. L’escale a son charme propre et, dans quelques années, aura vraisemblablement un tout autre aspect comme le laissent imaginer les nouveaux immeubles qui dominent le port. Alors, patience. Claude Roger

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QUELS ÉQUIPEMENTS POUR CABOTER EN SÉCURITÉ ? Bientôt plus personne ne saura ce qu’est un sextant. Moins romantique que la bonne vieille navigation “à l’estime”, le GPS est toujours préférable à la plaisance «au pif», source de tragédie dès que le temps change. Vous pensez que rester dans la zone des six milles dispense de tout instrument ? Erreur. n jour d’été dans une calanque de Cassis… un nuage froid nous saisit. En cinq minutes, U on ne voit plus à vingt mètres. Un GPS “rando” de première génération avec les waypoints de tous les caps et passages utiles nous a fait rentrer à Marseille en deux heures ! Un équipement manuel, sans carto, à moins de 200 € ! C’est aujourd’hui le GPS de secours. De secours, car le point faible de l’électronique, c’est la panne. De l’appareil, de l’alimentation. Un GPS cartographique mixte route-mer (autant le rentabiliser) qui s’alimente sur le 12V, ou plus simplement, le «vieux basique» Furuno GP32 sans carto sera complété par un autre, portable, à piles.

A strange port where The winds of change are blowing Balaruc is not your standard layover. Balaruc les Usines is the port of the three Balaruc “towns” and has, shall we say, an unusual charm and an interesting history which is far from over yet. The Sète canals are a splendid way in to the Bassin de Thau for sailors who are not intending to take their masts down and head inland down the canals. A “royal” city cruise, although you can only sail down the Canal Royal if your mast clearance is less than two metres. Nevertheless, for those who can do it, crossing Sète in a boat is a real treat! You need to go down the sea canal, wait for a short while in the Bassin du Midi, and then take the link canal…going through the bridges that turn, pivot and open just for you. There is even a railway bridge where you could almost believe that the TGVs stop to let you through. The opening times transmitted by the harbour master on VHF radio channel 12 must take the train timetables into account...In Sète, nothing is commonplace. STOP OFF AT LA POINTE COURTE Next you need to stop off at La Pointe Courte, which is a world of its own. It is a small residential area which in any normal town would not be particularly desirable - it is overlooked by a main road to the south and a railway where trains pass night and day over an iron bridge, and has a view over factories and wetlands of the lagoon to the north-east. But Sète is no ordinary town and La Pointe Courte is a wonderful place to visit. It was made famous by Agnès Varda who named her first film after this place in 1955. She filmed with Sylvia Montfort and Philippe Noiret and the town then returned the favour by naming a street after her. Along the canal, you can moor up (watch out for the deep water next to the jetty and the current which is often strong) and get your morning cup of coffee in the Bar du Passage where you will find photos of the film shoot. Take the opportunity to go and see the little fishing port of Nacelles on the other side. Boats, nets, huts… it’s like something straight out of a book. La Pointe Courte started life as a fishing village. A NEW WORLD Balaruc ahoy! The entrance into the lagoon via the Etang des Eaux Blanches between La Pointe du Barrou and La Pointe de Balaruc is just as spectacular. Between Sète’s Mont Saint Clair with its backdrop of wooded hills and Cap d’Agde’s Mont Saint Loup, this is a magnificent place. Ahead, the Roquerols turret rises out of the shallows which surround a promontory where Balaruc-les-Bains is located. Head straight towards the turret, and then pass to its left or right to go to either Bouzigues or Mèze. To get to Balaruc you need to take an eastward heading straightaway and follow the signposted channel which joins the Rhône-Sète Canal.

On the left bank of the channel, you can see the jetties of Balaruc-les-Bains, from where you can visit Balaruc-le-Vieux. Balaruc-les-Bains is the second-largest French thermal spa, with nearly 2000 tourists a day. And that’s been the case, ever since the Gauls of the Roman era discovered the 40° hot spring, mixed with sea mud, which is excellent for rheumatism. Balaruc-le-Vieux, not far away by bus is an old fortified medieval village built in the round, which seems almost untouched by modern life. The citadel overlooks the Bassin and the view from its walls is superb. On the right, you can see the factories on the other side of the Etang des Eaux Blanches, in particular an old half-abandoned cement factory, all separated from the Bassin de Thau by a narrow kilometre-wide strip. Behind that is Balaruc-les-Usines where the port is. A PROPER PORT ONE DAY? The Balaruc-les-Usines port is a strange one. But first we need to explain its history, and why it is a little different. This part of the Bassin de Thau, the Etang des Eaux Blanches, belongs to the ‘Raffineries du Midi’ oil company. This huge oil refinery and storage business set up here at the end of the 19th century, had a pool of between 5 and 6 m deep dug and marked out an access channel from Sète. Its operations closed down in 1990. Since then yachting use has eaten into the refinery’s harbour slowly but surely, but without any overall planning. The area has basically turned into a free port, a self-managed boater’s squat, with no harbour master, no running water, electricity or jetties and, therefore, no duties or fees. The Balaruc les Bains amateur fishing association was formed in 1996 and has added its efforts to those of the sports association to try and make legal mooring rates apply, at least temporarily, in order to manage the «port», and start cleaning it up. The need is urgent, because when the mud on the bottom is disturbed, oil rises to the surface and threatens the whole Bassin. The risk is considerable, since there are 250 boats anchored there at the moment with an array of anchors, stakes, gangways and abandoned hulls behind a floating barrage which is not pretty but has managed to contain the layer of pollution since 2007. But how long much longer will it continue to hold? If you think how important water purity is for the economy of the Bassin that basically lives off shellfish farming, pleasure boating and tourism, this ‘dirty’ zone is a time bomb waiting to go off. But don’t be put off. The port has its own special charm, and in a few years it will likely look entirely different, as the new residential blocks that have been built around the port suggest. We just need to be patient!

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INDISPENSABLES CARTES MARINES ! Et, quoi qu’il en soit, les cartes marines sont indispensables. À tout moment, vous pouvez reporter votre position indiquée par le GPS, mieux que sur un grand écran ! En revanche, mieux vaut mettre ses sous dans la VHF. Un jour, elle vous sauvera la vie ou celle d’un autre. Être vivant ou être un héros valent bien de passer la licence. D’autant que si elle est reliée au GPS, la touche “distress” donnera automatiquement votre position à tous les centres de secours.

Puisqu’un caboteur navigue près des côtes, un sondeur est indispensable. Pas besoin de savoir si on a 800 ou 802 mètres d’eau sous la coque ! Ce qui compte, c’est ± 30 cm dans la zone de 0 à 3 m de fond. Une alarme réglée à un mètre du "touché" et vous voilà tranquilles quand, par mistral violent, vous devrez longer la Camargue en rasant les plages et les bancs de sable du Rhône. Un sondeur de pêche vous permettra aussi de voir tous les poissons que vous aurez ratés, c’est bon pour le moral ! L’idéal serait un sondeur qui "voit devant". Cela existe. Le Twinscope à balayage vertical et horizontal permet de se frayer un chemin entre les cailloux sans faire appel à une vigie sur le bout-dehors. Pour plus de 3.200 € ! Bon, on garde encore la vigie. PAS DE COURSE À L’ÉQUIPEMENT Un radar ? On dirait plutôt que c’est superflu. Pourtant, à l’approche de Marseille ou de Toulon, en sortie du golfe de Fos, quand la visibilité est mauvaise, on en connaît qui font des prières. Ferries, cargos, pétroliers, chalutiers qui entrent et sortent à toute vitesse sont parfois des terreurs. Ne comptez pas trop sur les réflecteurs cylindriques accrochés dans les haubans. Une solution est un détecteur de radar «mer-veille» qui sonne quand il est dans le champ d’un radar et en indique la direction. Un pilote ? Indispensable pour naviguer seul. Pas besoin qu’il soit relié au GPS, à l’anémomètre… Un “gardeur de cap” est suffisant pour aller en toute sécurité vaquer à l’intérieur ou à l’avant du bateau. Une télécommande du pilote permet aussi de rester au chaud (ou au frais) quand le cockpit n’est plus un lieu fréquentable. Au total ? Un GPS fixe à 400 €, un de secours à 200 €, une VHF à 400 €, un sondeur à 150 €, un Mer-veille à 350 €, un pilote pour 400 € vous voici en sécurité pour moins de 2.000 €. C’ela fait beaucoup. Alors, un peu chaque année, en commençant par le GPS de secours. Et un téléphone portable pour appeler la SNSM. Et, surtout une grande dose de prudence et de sens marin.

Les p’tits bateaux... WHAT EQUIPMENT DO YOU NEED TO COAST IN SAFETY? Soon nobody will know what a sextant is. Less romantic than the good old “dead reckoning”, the GPS system is still better than “guesswork” boating, which is a source of tragedy as soon as the weather changes. Do you think that because you stay in the six-mile zone you do not need any instruments? This is a huge mistake. One summer day while we were moored in a calanque (deep narrow creek) in Cassis … a cold cloud came over us. We could not see further than twenty metres within five minutes. A first generation “hiking” GPS system with the waypoints of all the capes and useful routes enabled us to return to Marseilles in two hours! Manual equipment without cartography at less than €200! It represents today the back-up GPS system. Only a back-up system, mind you, as the weak point of the electronics is the possibility of a failure. Either that of the machine or the power supply. A dual road-sea cartographic GPS system (might as well get the most from it) which feeds on the 12 v, or more simply, the “old basic” Furuno GP32 without cartography which will be accompanied by another portable battery-operated system (also ensure that you have the required batteries on hand!!!) INDISPENSABLE NAUTICAL CHARTS! And come what may nautical charts are indispensable. You will be able to transfer your position indicated by the GPS at any moment better than on a big screen! On the other hand, you are better placing your money in the VHF radio. It will save your life or that of another person one day. Being alive or being a hero is worth obtaining the licence. Particularly since if it is linked to the GPS, the distress button will automatically give your position to all the rescue centres. Since a coaster sails near the coasts, a sounder is indispensable. There is no need to know whether you have 800 or 802 metres of water under the hull! What matters is ± 30 cm in the 0 to 3 metre deep zone. An alarm which is set at one metre from the «touched area» will ensure that you feel more comfortable if violent Mistral winds force you to hug the Camargue, skimming over the beaches and the sand banks of the Rhone. A fishing sounder will also enable you to see all the fish that you would have missed, it is good for morale! Ideally you need a sounder that «sees ahead». It exists. The Twinscope with a vertical and horizontal scanning mode enables you to make your way between the stones without using a lookout on the boom. Its cost however is more than €3,200! Okay, okay, we’ll keep the lookout. NO RACE FOR EQUIPMENT A radar? We would say that it is rather superfluous. However, when you sail near to Marseilles or Toulon, coming out of the Gulf of Fos, when visibility is poor, we know of some people who pray. Ferry boats, cargo boats, oil tankers and trawlers which enter and exit at all speeds are sometimes real terrors. Do not rely too much on the cylindrical reflectors which are hooked in the shrouds. One solution is a “sea-watch” radar detector which rings when it is in the presence of marine radar signals and indicates the direction of them. A pilot? Indispensable when sailing alone. It is unnecessary for it to be linked to the GPS system, to the airspeed indicator… A “cape keeper” is sufficient to sail in full security and to go about your work inside or outside the boat. A pilot remote control also enables you to keep warm (or cool) when the cockpit cannot be used. All in all? A fixed GPS system at €400, a backup system at €200, a VHF radio at €400, a sounder at €150, a sea-watch at €350 and a pilot for €400. You can be in full security for less than € 2,000. Yes, it does indeed represent a lot of money. So the best idea is to buy a little each year beginning with the back-up GPS system. And a mobile to call the SNSM lifeboats. And in particular you need a good dose of caution and good sailing sense.


Sète

Grande histoire, petites histoires au fil de l’eau Il y a tant à raconter sur Sète… Une escale d’une vie n’y suffirait pas. Alors, pour commencer, laissez-nous vous accompagner pendant vos manœuvre d’atterrissage.

L

a colline de Sète se repère de loin. Le Mont Saint Clair ! Que de légendes à son sujet ! Un volcan, comme à Agde ? Non, rien à voir avec le basaltique mont Saint Loup, très jeune loup de 640.000 ans qui a explosé, apportant un peu de chaleur alors que, par un froid glaciaire, des pré-néandethaliens fabriquaient les premiers bifaces pour chasser le renne ! Le Jurassique Saint Clair fait figure de doyen avec ces quelques 150 millions d’années. Son calcaire est l’oeuvre de Thétis, l’ancêtre de la Méditerranée, avant qu’elle ne décide de tirer sa révérence, laissant un paysage de marécages. DÉJÀ, DES LASAGNES… Tout de suite – quelques dizaines de millions d’années plus tard – s’installa ici une grande colonie de dinosaures. Des herbivores, des carnivores, d’effrayants comme cette monstrueuse poule de cinq mètres, sans plumes, au “bec” armé d’une centaine de dents de 15 cm… et des géants comme le brachiosaure de 25 m de long et de 50 t trouvé à Mèze. Il y a pondu des centaines d’œufs et s’ébrouait dans la forêt tropicale humide sans se douter qu’une “extinction de masse” l’attendait en cette triste année de – 65.000.000 avant J.-C. Finie l’ère secondaire. Le tertiaire se terminait à son tour quand la marée remonta. Mais elle ne dût pas reconnaître l’endroit. Pendant son absence, quelque part entre la fin de l’éocène et le début de l’oligocène, les Pyrénées avaient jailli et, dans un mouvement de pousse-

toi-de-là-que-je-m’y-mette, avaient fait des plis dans les couches calcaires que Thétis avait déposées bien à plat comme des lasagnes. Et c’est là, il y a à peu près 35 millions d’années que le Saint Clair devînt un mont et la Gardiole un massif. Deux îles, d’abord. Puis, avec le dépôt de sédiments apportés par les fleuves et les courants, la Gardiole se rattacha au continent et le Saint Clair faillit ne plus être l’île singulière du poète… CETUS, SETTIM, CETARIUM L’île bleue, dit-on aussi quand on laisse Paul Valéry à son cimetière marin, sous le phare au flanc de ce mont qui ressemble à une grosse baleine. Cetus, le cétacé des latins, devenu Ceta, Cète ou Cette comme on le lit sur les cartes anciennes. Les armes de la ville portent un animal marin plutôt imaginaire. Légende ? D’autres sources feraient remonter le nom de Sète au temps des phéniciens : Settim. Dans la langue de ces marins qui fondèrent Agde six siècles avant notre ère, ce mot désignait un promontoire boisé. Explication plus prosaïque : un repère à la navigation ? Il y aurait même une troisième explication selon laquelle l’origine serait Cetarium, le vivier. Les premières populations qui se moquaient pas mal d’avoir la vue sur la mer n’habitaient pas le mont Saint Clair mais les bords poissonneux du bassin de Thau. Les Catarii auraient été des mareyeurs gallo-romains, devenus plus tard

© CCI de Sète

Setori, nom que l’on donne encore aux sétois et à leur parler. Sète est donc un promontoire boisé en forme de baleine au pied duquel vivent des pêcheurs. On s’en doutait. Quoi qu’il en soit, ces Setori se sont installés là en nombre dès que le môle Saint Louis fut achevé et qu’une ville pût se développer ici. Son nom s’écrivit d’abord comme aujourd’hui : Sète. Puis ce fût Cette. En 1928, l’orthographe officielle redevînt Sète. Rangez les dictionnaires et sortez les pare-battages. On approche. Normalement, vous n’entrez pas par la voie royale, l’entrée Est réservée aux ferries et aux cargos, sauf en cas de mauvais temps. Alors, prenez sagement la passe Ouest. Devant vous, le môle fondateur du port dont la première pierre fut posée le 29 juillet 1666. LE MARKETING ROYAL Louis XIV voulait donner un grand retentissement à la création d’un « port facile et assuré ». Il profita que chaque année se tenait en juillet la grande foire de Beaucaire où « marchands et négociants de presque toutes les nations ont coutume de se rendre ». Il les invita pour qu’ils « portent eux-mêmes la nouvelle dans leur pays ». L’organisateur de la cérémonie, l’Intendant de Languedoc, construisit en trois semaines une ville artificielle en bois et en toiles peintes en trompe l’œil, une avenue bordée de bâtiments et couverte de feuillages pour héberger et promener les V.I.P. au frais, une église dédiée à Saint Louis, patron du port. Le jour de la fête, des centaines de traiteurs, cuisiniers, cabaretiers, marchands de fruits, de limonade et de “liqueurs à glace” régalèrent les visiteurs. Il y eut un spectacle de joutes (voir l’article en pages suivantes) Ce fut donc une belle fête au retentissement international. L’opération marketing avait réussi. LES ANGLAIS ARRIVENT ! À l’Ouest, à l’extrémité terrestre du môle, après la terrasse de l’Ameriklub, vous voyez un fort. C’est le fort Saint Pierre. Non, ce n’est pas un fort “Vauban”, malgré les apparences. Quand il fut construit,

en 1711, le Maréchal de France qui voulait ériger une “ceinture de fer” autour du royaume de Louis XIV était mort depuis quatre ans. Sète était un trou ce cette ceinture. On va voir pourquoi. Prenez la passe, et, dans un grand cercle sur bâbord, dépassez la station d’essence (à hauteur de thoniers !), la base Tabarly où se trouvent la SNSM, l’école de voile et la société Nautique de Sète, l’une des plus vieilles sinon la plus ancienne de France. Là, au pied du phare, après le carénage des chalutiers, un terre-plein avec des pêcheurs à la ligne. C’est là que se trouvait le premier fort. Bien équipé et armé, il interdisait à tout navire ennemi d’entrer. Mais, comme la ligne Maginot, il n’empêchait pas les armées d’arriver par l’autre côté. C’est ce que firent les troupes du commandant Norris de la marine royale britannique en débarquant le 24 juillet 1710 dans la baie du Lazaret, du côté où se trouve aujourd’hui le port des Quilles et où le premier projet de port pour Sète avait été tenté puis abandonné aux sables. Après cinq jours de bataille le duc de Noailles repoussa l’ennemi. Les Sétois, terrorisés par la canonnade des 26 navires et l’invasion des 1500 soldats anglais, avaient fui ou s’étaient réfugiés dans le seul endroit solide du Saint Clair, l’église Saint Louis dont vous apercevez la statue au dessus des toits du Quartier Haut (voir l’article de notre édition de 2008 sur www.cabotages.fr). C’est pourquoi, à la suite de cette malheureuse affaire, il fut décidé que Sète devait être défendue. C’est ainsi que quatre forts furent construits, parmi lesquels, en 1711, le fort Saint Pierre qui, depuis que les Anglais sont devenus des touristes pacifiques, s’est changé en ce magnifique Théâtre de la Mer où vous attendent les concerts de l’été au clair de lune. Vous êtes arrivés, la capitainerie-péniche fait aussi partie des monuments locaux. Et si les sanitaires vous semblent un peu tristounets, sachez qu’ils sont l’ancienne partie basse de la construction qui existait en amont du phare, détruite pendant les bombardements de 1944. Mais c’est une autre histoire, et il y en a tant à raconter… Revenez l’année prochaine. Christophe Naigeon

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Histoires de ports

A history of anecdotes as the years flow by There’s so much to tell you about Sète... You could stay there your whole life and it wouldn’t be long enough. So we’ll make a start by guiding you through your landing manoeuvres. Sète’s hill is easy to make out from a distance. Mont Saint Claire, surrounded by so many legends! Is it a volcano, like at Agde? No, it’s got nothing in common with the basalt Mont Saint Loup, or “Saint Wolf’s mountain” – at 640,000 years, that’s a very young wolf. When it exploded, it provided a bit of warmth in the glacial chill where PreNeanderthals were making the first bifacial tools for hunting reindeer. The Jurassic Mont Saint Clair is the local patriarch at 150 million years old. The limestone mountain was the work of Thethys, the forerunner to the Mediterranean, before it went elsewhere, leaving a landscape of marshes in its wake. LASAGNE MAKES AN EARLY APPEARANCE... Straight away – a few dozen million years later – a large colony of dinosaurs settled here. Herbivores, carnivores and real horrors, like a five metre high chicken, with no feathers and a “beak” armed with a hundred or so 15cm teeth... not to mention giants like the 25m long, 50 tonne brachiosaurus found at Mèze. It laid hundreds of eggs and stomped about the humid, tropical forests, without the slightest suspicion that a “mass extinction” was coming in that sad year of – 65,000,000 BC. So ended the Mesozoic era. The tertiary period came to an end when the waters rose again – although they wouldn’t even have recognised the place. While it had been away, at some point between the end of the Eocene and the beginning of the Oligocene period, the Pyrenees had sprung up, and, in pushing everything else out of their way, made folds in the limestone layers which Thethys had laid out so nice and flat, just like sheets of lasagne. And this was where, almost 35 million years ago, Saint Clair became a mountain and La Gardiole became a massif, although they were both islands at first. Then, as the tides and rivers deposited sediment, La Gardiole was attached to the continent again and Saint Clair nearly stopped being the “île singulière” [unique island] written about by local singersongwriter Georges Brassens. CETUS, SETTIM, CETARIUM You might also call it a blue island, as you leave poet, essayist and philosopher Paul Valéry in the cemetery by the sea, which is beneath the lighthouse at the side of this mountain, which resembles a large whale. Cetus, which means cetacean in Latin, became Ceta, Cète or Cette, as it is written in ancient documents. The town’s coat of arms bears a rather imaginary looking sea creature. A legend? Other sources trace the name Sète back to the time of the Phoenicians: Settim. In the language of these sailors, who founded Agde six centuries before our era, this word denoted a wooded promontory. So a more prosaic explanation might be that it was used as a marker for sailors? There is even a third explanation, according to which the origin is Cetarium, or fishpond. The first inhabitants, who couldn’t give a fig about the sea views, lived on the edge of the fish-filled Thau basin, rather than on Mont Saint Clair. The Catarii would have been GalloRoman fish merchants, who later became the Setori, a name still used to describe the inhabitants of Sète and their local language. All this tells us that Sète is a wooded promontory in the shape of a whale where fishermen live. We suspected as much... In any event, these Setori settled there in large numbers after the Saint Louis breakwater was completed and it became possible for a town to develop here. At that point, the name was spelt as it is today: Sète. Then it was Cette. In 1928, the official spelling became Sète again. ROYAL MARKETING You’re getting close, so put your dictionaries away and get your fenders out. You don’t

normally take the more regal option of the East entrance, which is reserved for ferries and cargo ships, except when the weather is bad. So it’s best to take the West fairway. The breakwater which founded the port, the first stone of which was laid on 29th July 1666, is in front of you. Louis XIV wanted to give the creation of an “easy and assured port” a great impact. He took advantage of the fact that a huge fair was held in Beaucaire every July, which was “habitually visited by merchants and traders from almost every nation”. He invited them so that they “would take the news back to their countries themselves”. In just three weeks, the ceremony’s organiser, the Intendant of Languedoc, built a trompe l’œil artificial town of wood and painted canvas, an avenue lined with buildings and shaded by foliage so that V.I.P.s could stroll along in comfort and a church dedicated to St. Louis, the patron saint of the port. On the day of the festival, the visitors were regaled by hundreds of caterers, cooks, tavern owners, and vendors of fruit, lemonade and “iced liqueurs”. There was also a sea jousting show (see article on the following pages). It was a wonderful festival with international impact – the marketing operation was a success. THE ENGLISH ARE COMING! To the West, at the landward end of the breakwater, after the Ameriklub terrace, you’ll see a fort. This is the Saint Pierre fort. And no, it isn’t one of famous 17th century military engineer Vauban’s forts, despite appearances to the contrary. When it was built in 1711, this Marshall of France, who wanted to erect a “ring of fire” around Louis XIV’s kingdom, had already been dead for four years. Sète was a gap in these defences –we’ll soon find out why. Take the fairway and, in a large circle to port, go past the fuel station (which is so high you’ll have to be a tuna boat to use it!), and the Tabarly base, where the SNSM is. This is Sète’s sailing school and Sailing Club, one of the oldest, if not the oldest, in France. At the foot of the light house, after the trawlers’ dry dock, is a quay surface popular with line fishermen. This is where the first fort was. It was well-equipped and armed and prevented any enemy ships from entering. Unfortunately, like the Maginot line, it didn’t stop armies arriving from the other side. That’s what Captain Norris of the British Royal Navy and his troops did, when they landed on 24th July 1710 in Lazaret Bay, on the side where the port of Quilles is today, and where the first project to build a harbour for Sète was attempted and then abandoned to the sands. After a battle lasting five days, the Duke of Noailles successfully repelled the enemy. The Sétois, terrified by the cannonade of 26 ships and the invasion of 1500 soldiers, fled or took refuge in the only solid building on Mont Saint Clair, the Saint Louis church, with its statue which can be seen over the roofs of the “Quartier Haut” [Higher District] (see article from our 2008 edition on www. cabotages.fr). That was why, after this unfortunate affair, it was decided that Sète had to be defended. So four forts were built, including, in 1711, the Saint Pierre fort. When the English had become peaceful tourists, this became the magnificent Théâtre de la Mer, where you can expect to enjoy summer concerts in the moonlight. You have arrived – the harbour master’s office/barge is also a local monument. If the toilet block seems a bit grim to you, we can tell you that it used to be the bottom part of the building which was just above the lighthouse, until it was destroyed in the 1944 bombing raids. But that’s another story, and there are so many of them to tell... you’ll have to come back next year.

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SÈTE, C’EST FOU, NON ?

P

arodions Brassens : à Sète, les mieux lotis sont les morts et les petites gens. La place qu’ils ont, plus d’un rupin vivant la leur envie. Pour avoir la «vue canal» comme disent les agences immobilières - ils doivent supporter le bruit et la fumée des embouteillages. Alors que celui «Qui passe sa mort en vacances» au cimetière marin, ou qui vit au quartier haut - autrefois bas quartier - jouit de l’un des plus beaux panoramas de la Terre. Avec, en prime, les chants du vent et des oiseaux de mer, le feu des levers de soleil. Jamais aucune rombière accastillée Triangle d’Or autour du Palais consulaire ne recevra autant de fleurs que les pensionnaires du cimetière italien, ni autant d’hommages de la rue que les paulettes qui étendent leur linge à la fenêtre du côté de l’église Saint Louis. Et la pointe courte ? Agnès Varda et le TGV - pardon l’artiste ! - se sont associés pour faire de ce bric-à-brac un lieu bran-

ché où l’on vient de loin s’arsouiller avec le petit peuple. Sans négliger de reluquer les maisons à vendre («mais enfin, chéri, tu n’entends pas les trains, tu ne sens pas ces drôles d’odeurs ?»)... Il y a aussi ces immeubles façon HLM années 50, 60, 70, directs sur le port, qui font kiffer les promoteurs aux rêves de marinas. Il y a aussi les petits ateliers des artistes qui ne «montent» pas à la capitale, ces fêtes d’amis, ces bistrots, ouverts comme la salle de séjour du grand appartement qui s’appelle le quartier où l’on vit. On y retrouve sa famille, celle qu’on invente au gré des rencontres. Car, dans ces quartiers, on dit bonjour aux inconnus sur les trottoirs. Et même aux étrangers. C’est fou, non ? Christophe Naigeon

Le Bar du Plateau, port d’attache de la rédaction de Cabotages, dans le Quartier Haut de Sète...

It’s the dead and the poor that are the best off in Sète. There are a fair number of rich people alive who envy them their position. If you want a «canal view», you have to put up with the racket and the fumes from the traffic jams. So any lucky soul «Spending his afterlife on holiday» in the Cemetery by the Sea, or who lives in the upper area enjoys the most beautiful view. And there’s a bonus in the singing of the wind and the sea birds and the fiery light of the sunrise. None of the old biddies in all their finery around the Palais Consulaire will receive as many flowers as the residents of the Italian Cemetery nor as many compliments in the street as the local women hanging their laundry out of the window near Saint Louis Church. And what about the Pointe Courte fishermen’s quarter? Agnès Varda, Director of the film «La Pointe Courte» and the TGV have between them transformed this rundown area into a fashionable one where people come and mix with the locals. Don’t forget to take a close look at the houses for sale («but darling, can’t you hear the trains, are you not aware of those strange smells?»)... There are also high rise flats like council houses from the 50s, 60s and 70s that make entrepreneurs drool as they dream of building marinas. There are also little

workshops, a breeding ground for artists who never «go up» to the capital, those celebrations amongst friends, bistros that are like the lounge in a fine flat known as ‘the living room’. This is where people find themselves a family, one they invent depending on whom they meet. You know, in these parts they say ‘Hello’ to strangers in the street. Crazy, isn’t it !


Les joutes sétoises

Sète ne les a pas inventées, mais magnifiées

Voici quelques informations sur le tournoi de “la Rouge et la Bleue” qui vous permettront de ne pas avoir l’air trop ignare lorsque vous assisterez aux prochains joutes :

L

es joutes sétoises n’existeraient pas si ce tournoi nautique n’avait pas été porté à sa quintessence et codifié par les gens d’ici, dès lors qu’ils commencèrent à le pratiquer le 29 juillet 1666, pour l’inauguration du port. Mais c’est en 1270, à Aigues Mortes que les premières joutes eurent lieu dans le golfe du Lion. Les croisés, attendant de s’embarquer, eurent l’idée de tuer le temps en organisant des tournois où les palefrois étaient remplacés par les chaloupes qui servaient au transbordement vers les navires. Ainsi, sans risquer de se blesser, fantassins et marins trouvaient le moyen de laver à l’eau de mer et à la manière des chevaliers, le vieux linge sale qui existe de tout temps entre ces corps d’armée. Les médisants pourront dire qu’au moins, et contrairement aux Bretons, les marins languedociens savaient nager ! METTEZ-VOUS D’ACCORD ! Mais, Languedociens, il vous faut déchanter ! Voici de quoi vous mettre d’accord : des historiens rapportent que le plus ancien document de l’époque post-latine fait état d’un tournoi de joute à Lyon le 2 juin 1177, pour la commémoration du millénaire des martyrs chrétiens de Lyon et de Vienne. Aujourd’hui encore les joutes sur le Rhône et la Saône sont très vivantes, même si les règles et les barques en sont très différentes. Poursuivons ce zoom arrière dans le temps et l’espace : on retrouve un nombre incalculable de traces de joutes sous l’empire romain, lors de spectacles nautiques se déroulant dans des arènes conçues pour être mises en eau (l’ancêtre du toro-piscine, en somme...). Selon toute vraisemblance, les Romains ont diffusé les joutes dans tout leur empire, dont une description de fête à... Strasbourg en 303 !, en l’honneur de l’empereur Dioclétien. Certains historiens plaident en faveur d’une introduction des joutes dès la fondation de Massalia... L’honneur méditerranéen serait sauf. Il l’est d’autant plus que les plus anciennes représentations de joutes nautiques se trouvent sur des bas reliefs datant de l’ancien empire égyptien (III à VI dynasties, -2780 à -2380). Il semblerait pourtant s’agir d’avantage de rixes plutôt que de

loisirs, vu que l’affrontement se déroulait sans aucune protection, avec des gaffes munies de ferrures à deux pointes à leurs extrémités. Heureusement, comme l’escrime et son fleuret moucheté, la boxe et ses gants de cuir ou encore le paint-ball, la joute, avec son bouclier (pavois), sa lance de bois et son bain forcé pour le perdant est devenue un sport civilisé. Mais un sport de costauds, comme l’ex rugbyman Aurélien Evangelisti, multi-champion sétois : 1,88 m pour 130 kg de force et d’équilibre. LA ROUGE ET LA BLEUE On ne sait guère comment l’architecture des barques fut élaborée. Mais leurs évolutions n’ont pas suivi le même chemin en eau de mer et en eau douce. Sur le Rhône, où la pratique est encore vivante, les barques n’ont pas cette haute plateforme sur laquelle est juché le jouteur, mais un “tabagnon” à peine plus haut que la chaloupe. Si le jouteur d’eau douce tombe de moins haut, sa lance, en revanche, est deux fois plus longue. Et bien d’autres différences encore... Et maintenant, unpeu de vocabulaire utile : Lance : Les Sétois utilisent le bois du Nord, qui casse souvent. A Mèze, on utilise du bois rouge et les lances ont 20 ans d’âge. Elles portent à leur extrémité un trident d’acier qui leur permet de se ficher dans le pavois de l’adversaire. Pavois : boulier de bois, tenu par le jouteur qui protége la poitrine de celui-ci qui doit recevoir le coup de lance. Tintaine : Ce sont des poutres qui supportent la plate-forme du jouteur ; elles doivent mesurer 8 mètres et elles sont reliées entre elles par des traverses. Plancher : Situé à l’extrémité des bigues, selon le nombre de jouteurs assis sur la bigue, le plancher doit être à environ deux mètres au dessus de l’eau. Le jouteur dispose sur son plancher de deux cale-pieds, grâce auxquels il peut s’arc-bouter. Au fait, savez-vous pourquoi les barques sont rouges et bleues ? Au XVIIIe siècle, les tournois opposaient les célibataires des différents quartiers aux hommes mariés de la cité royale. La couleur des habits, des lances et des barques des jeunes était le bleu, alors que les hommes mariés étaient voués au rouge...

On a conservé ces couleurs, même si ne n’opposent plus célibataires et hommes mariés. Christophe Naigeon

Cettarames, l’aviron d’hier

Cettarames, rowing from yesteryear

On peut associer le muscle à la culture : l’aviron à l’ancienne, tel qu’il se pratiquait sur les chaloupes et les petites embarcations de pêche, revit à Sète depuis 1995. Tout a commencé lorsque fut découverte à la Plagette une épave de barque «à la cettoise». À défaut de pouvoir la réparer ou la reconstruire il fut fait un moulage en résine de cette coque traditionnelle, sauvée par les matériaux modernes. Ainsi, il fut possible de redonner vie à ce mode écologique de propulsion, et, surtout, d’en faire un sport populaire et d’organiser des championnats. Avec cinq barques identiques (600 kg par unité) pour Sète, deux pour l’Estaque, deux pour Gruissan et une pour Mèze, des compétitions farouches mais fort sympathiques, ont lieu plusieurs fois par an. À Sète, les quartiers s’affrontent dans des défis qui se terminent par des fêtes mémorables. Les équipages (six rameurs et un barreur) tous de rayé et de blanc vêtus, s’entraînent tout l’hiver sur les canaux. Les fins skifs de l’aviron classique sont sans doute plus élégants, mais les canaux de Sète ne sont pas ceux d’Oxford ni de Cambridge. Les barques pointues d’ici sont plus ventrues - et les rameurs parfois aussi - mais les galériens de l’île singulière... le sont tout autant. Alors, si ça vous dit : Cettarames, 17 rue Révolution, 04 67 51 22 95

This is a way to combine muscle-power and culture: old-style rowing, as practised in rowing boats and small fishing vessels, was revived in Sète in 1995. It all started when the wreck of a small boat “à la cettoise” [in the Sète style] was found at La Plagette. As it could not be repaired or reconstructed, a resin mould was made of the traditional hull shape and so it was saved by the use of modern materials. This made it possible to give this eco-friendly means of propulsion a new lease of life and, above all, to make it into a popular sport and organise championships. Sète has five identical boats (each weighing 600 kg), L’Estaque and Gruissan have two each and Mèze has one. Extremely friendly but fierce competitions are held several times a year. In Sète, boats from the different parts of the town challenge each other to fight it out, and it’s all rounded off by unforgettable parties. The teams (six rowers and a cox) all dressed in navy blue and white striped tops with white trousers, train on the canals throughout the winter. The slender skiffs used in classical rowing are undoubtedly more elegant, but the canals of Sète are not the rivers of Oxford or Cambridge. The “pointu” fishing boats they use here are wider-bellied – so are the rowers sometimes - but the galley slaves of the unique island of Sète... well they are even more so. So, if that appeals to you: Cettarames, 17 Rue Révolution, 04 67 51 22 95

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The sea jousts Sète may not have invented them, but it did glorify them Here are a few basic details on “the Red and the Blue” which will help you to feel a little less ignorant when you watch a tournament: Sea jousting only exists in Sète because the water tournament was pared down to its purest essentials and rules were set out by the locals when the game was first played here on 29th July 1666, for the port’s inauguration. But it was in 1270, in Aigues Mortes, that the first sea jousts took place in the Gulf of Lions. While the Crusaders were waiting to set sail, they decided to kill time by organising tournaments in which palfreys were replaced by the sloops used to ferry goods and equipment back and forth to the ships. And so, with no risk of any serious injuries, the footsoldiers and sailors found a noble and knightly way to wash the dirty linen which has always existed between the two branches of the armed forces, by dipping it in sea water. People could be nasty and say that at least, unlike the Bretons, sailors from the Languedoc knew how to swim! MAKE YOUR MINDS UP! But we have to disillusion you, Languedocians! Here’s a way to bury the hatchet: historians tell us that the oldest document from the post-Roman era was a report of a jousting tournament in Lyons on 2nd June 1177, to commemorate the one thousandth anniversary of the Christian martyrdoms in Lyons and Vienne. Nowadays, jousting on the Rivers Rhône and Saône is still very lively, even if the rules and the boats are very different. Let’s continue to zoom back in time and space: there is an incalculable amount of evidence of jousting under the Roman Empire, when water displays took place in amphitheatres specially designed to be filled with water (the predecessor of the “toropiscine” or bull pool, in fact...). The Romans, it would seem, spread jousting throughout their Empire, and there is a description of a celebration in... Strasbourg in 303! This was held in honour of the Emperor Diocletian. Some historians argue in favour of the theory that jousting was introduced as far back as the foundation of Massalia... (600 BC, now Marseilles). That would save the honour of the Mediterranean! And it may be even safer than that, as the oldest representations of sea jousting have been found on bas-reliefs dating from the ancient Egyptian Empire (III to VI dynasties, 2780 BC to 2380 BC). It does, however, seem that these were more akin to brawls than to a leisure activity, as the confrontation would take place without any form of protection, using boat hooks with metal tips at both ends. Fortunately, as with fencing and the button on the foil, boxing with leather gloves and

La saint pierre, fête des pêcheurs Chaque année en juillet (du 15 au 18 en 2009), Sète célèbre le saint des pêcheurs à l’occasion du grand pardon de la Saint Pierre, comme tous les ans. Au cours de ces festivités célébrées depuis 1948, la ville rend hommage à sa mer nourricière : la Méditerranée. Les pêcheurs d’étang, les chalutiers et thoniers, les plaisanciers, les marins au commerce,

nowadays paint-balling, jousting, with a shield (pavois), a wooden lance and an enforced bath for the loser has become a civilised sport. But it is a sport for the sturdy, like ex-rugby player Aurélien Évangélisti, current champion of Sète: 1.88 m (6’ 2’’) combined with 130 kg (20st 6lb) of strength and balance. THE RED AND THE BLUE Little is known about how the boats came to be as they are. But they have developed differently on salt water and fresh water. On the Rhône river, where jousting is still very much alive and kicking, the boats are not equipped with the raised platform for the jousters to perch on, but with a “tabagnon” - another type of platform, scarcely higher than the sloop. Although fresh water jousters don’t have so far to fall, their lances are twice as long, and there are plenty of other differences... And now for a bit of useful vocabulary: Lance: Jousters from Sète use wood from the north, which often breaks. At Mèze, they use redwood and the lances are 20 years old. All of them have a steel prong at the end which enables them to drive into the opponent’s shield. Pavois [shield]: a wooden shield, held by the jouster to protect his chest from his opponent’s lance. Tintaine [beams]: These are the beams holding the jouster’s platform up; they must measure 8 metres and are joined together by crossbars. Plancher [base]: The base, which is situated at the stern of the boats, according to the number of jousters sitting in the boats, must be at least two metres above the water. There are two toe clips on the base which the jousters can use to brace themselves. Incidentally, do you know why the boats are painted red and blue? In the 18th century, the tournaments were fought between bachelors from the various districts and married men from the royal city. The younger jousters had blue clothes, lances and boats, while the married men were devoted to the colour red… These colours have been kept even though the tournaments no longer pit bachelors and married men against each other.

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Un croiseur classique équipé et accastillé pour naviguer voile et moteur, un bateau en bois sans souci de calfatage, une unité historique totalement rénovée, un habitable chaleureux et confortable, un accueil sympathique dans les ports, peu d’entretien, pas de taxe annuelle, un investissement sans dépréciation. transformation en 1953

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Construit en 1947 par le chantier Scotto, un des trois grands faiseurs de barquettes de Marseille, Niort (Ny-Hor, puis Saudade) a été transformé en voilier de croisière en 1953. Il vient d’être totalement rénové par Daniel Scotto, troisième charpentier de la lignée Scotto di Perotolo. Déjà restauré en 1990 par Patrick Girard à Hyères, il avait été élu par Voiles et Voiliers « plus beau pointu de la Méditerranée ».

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les équipages de sauveteurs ou encore de la marine nationale remercient la protection que leur a accordée, au cours de l’année, leur saint patron Pierre. Tous soudés par une dévotion réelle portent en un pas chaloupé sa statue et sa lourde barque lors de solennels défilés. La sortie de la flottille de bateaux pavoisés et le lancer de la gerbe de fleurs au large restent un moment intense, à la mémoire des marins disparus. (Voir le programme dans les pages “Agenda”)

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Saint pierre, the fishermens’ festival Every July (from 15th to 18th in 2009), Sète celebrates the patron saint of fishermen on the occasion of St. Peter’s great pardon for sinners, given every year. During these celebrations, which have been held since 1948, the town pays homage to the sea which nourishes it: the Mediterranean. Lagoon fishermen, trawlers, tuna boats, pleasure boats, able seamen, salvage teams and even the national navy give thanks to St. Peter, their patron saint, for the protection which they have been granted throughout the year. All bound together by genuine devotion, carrying his statue and heavy boat in a rolling gait during solemn processions. When the flotilla of rejoicing boats comes out to throw bouquets of flowers into the brine in memory of lost sailors, it’s always an intense moment. (See the programme of events on the “Diary” pages).

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Barberoussette le pirate naufrageur du mont Saint-Clair

Au XVIe siècle, le pirate Barberoussette allume des feux sur le mont Saint Clair pour attirer les bateaux. Il les dépouille une fois échoués sur la côte. Il est arrêté par le duc de Montmorency.

I

l était une fois un pirate affublé d’une petite barbe couleur rouille. On l’appelait Barberoussette. De son vrai nom Gaspard Dot, il est originaire de Provence. Il s’installe sur le mont Saint Clair et choisit de faire carrière dans la piraterie avec naufrageur comme spécialité. Nous sommes au XVIe siècle. Si certains fait sont avérés, son existence par exemple, d’autres relèvent de l’imaginaire collectif. « Nous n’avons aucune trace de sa vie au niveau de l’état civil, car il a existé avant la création de la ville de Sète, précise Cathy Lopez, responsable des Archives de Sète, un mystère l’entoure. Il fait rêver car il transgresse la loi. Et puis le pirate, le corsaire concrétisent la liberté de l’infini maritime.» La tactique du pirate ? La hauteur du mont Saint Clair permet au pirate et à ses acolytes d’allumer des feux afin de tromper les navires. En mer, les capitaines se croient guidés par le phare d’Agde et leurs bateaux s’écrasent contre les rochers de Sète. Il ne reste plus qu’à la bande de brigands cachés près de la plage du Lazaret de s’élancer à bord de leur brigantin une petite goélette très rapide gréée carré à a misaine et aurique à l’artimon. Ils montent à l’assaut de la malheureuse embarcation et trucident sans pitié capitaine et marins. Barberoussette embarque son butin, tissus, armes et chevaux et rejoint prestement l’îlot de Brescou à environ 1.800 m au large d’Agde. L’homme est futé et fait preuve d’une hardiesse et d’un sang-froid à toute épreuve. Au moment où les échanges maritimes, fret et transport des passagers, s’intensifient le long de la côte languedocienne, c’est pour lui une manne. Malgré les tentatives pour mettre fin aux agissements des voleurs, personne n’arrive à capturer les larrons. Les autorités, fortement agacées, veulent en finir avec ce hors-la-loi. D’autant plus que, d’après la légende, il fournit en armes et matériel

Par Marilyn Beaufour Illustration : Michel Léo Ménella militaire le maréchal de Joyeuse, serviteur de la Ligue, un mouvement politicoreligieux qui veut empêcher l’accession au trône du futur roi de France protestant Henri IV. Un jour, les habitants de la région, fatigués de ses forfaitures, implorent le gouverneur du Languedoc, le duc de Montmorency, d’arrêter le pirate et sa bande. Le samedi 23 mai 1586, dans la maison commune d’Agde, le gouverneur assène : « Depuis février, Barberoussette nous fait courir. Il empoisonne la navigation et nous moque. Il faut terminer ses outrances. Messieurs, je veux des propositions. » En effet depuis février, Barberoussette ne se contente plus de piller les bateaux échoués à Sète, mais organise un véritable blocus du port d’Agde qui commence à pâtir du manque de nourriture. Un grand officier, Bertichères, suggère : « Monseigneur, pour aller de l’avant, il faut navires et guetteurs. Les navires pour chasser Barberoussette sur mer. Les guetteurs à cheval pour le suivre à terre, puisqu’il accoste et débarque. Je peux fournir quelques chevaux légers, de bons cavaliers et pister ce brigand à terre. » Le 29 mai, un commando repère Barberoussette près de Sérignan. Il est chassé à coups d’arquebuse. Il est finalement arrêté avec huit de ses hommes. Il risque la pendaison. Mais le duc de Montmorency admire en secret cet homme intrépide et guerrier. En échange de sa vie, il exige sa collaboration ‘‘d’expert’’. Barberoussette devient ainsi responsable d’un chantier de galère à Agde. Comble d’ironie, il est chargé de gérer vingt-cinq forçats. Après la gloire locale, Barberoussette se range, se marie, devient père de quatre enfants et, ainsi «rangé des voitures» tombe dans l’oubli. Après la capture du pirate, le duc de Montmorency sécurise le mont Saint Clair. Il fait ériger au sommet une tour garnie de bastions où une garnison militaire stationne en permanence. L’édifice prend le nom de Fort Montmorencette. Mais l’ombre de Barberoussette plane toujours sur l’île Singulière. Il paraît même que le pirate a caché un butin sur Saint Clair. Avis aux chercheurs de trésor.

BARBEROUSSETTE, PIRATE AND BOAT WRECKER In the 16th century, Barberoussette,

a red-bearded pirate, lit fires on Mont Saint Clair to attract boats. He then plundered them once they had grounded on the coast. He was arrested by the Duke of Montmorency. Once upon a time, there was a pirate who had a small rust-coloured beard. He was called Barberoussette because of the colour of his beard. Gaspard Dot, his real name, was born in Provence. He settled on Mont Saint Clair and made a career for himself in piracy, specialising in boat wrecking. It was the 16th century. Although certain facts have been confirmed, and in particular the fact that Barberoussette actually existed, other details are entirely imaginary. “He is not mentioned at all in any official records as he lived before the town of Sète was created”, said Cathy Lopez, who is in charge of the Sète Archives. “He is somewhat of a mystery.” “He appeals to people’s imagination as he broke the law. A pirate or a corsair represented a life of freedom sailing on boundless seas.” What was the pirate’s tactic? The height of Mont Saint Clair enabled the pirate and his accomplices to light fires which misled vessels. The captains at sea thought they were being guided by the Agde lighthouse and their boats ended up crashing against the rocks of Sète. The bandits, who were hiding near to the Lazaret beach, simply had to rush onboard their brigantine – a very fast, small schooner with a square rigged foremast and a rigged mizzenmast. They launched an attack on the unfortunate boat and ruthlessly killed the captain and sailors. Barberoussette took the loot, material, weapons and horses and promptly headed for the small island of Brescou at approximately 1,800 metres off Agde. The man was cunning and daring, and maintained his composure at all times. The rise in the number of maritime, freight and passenger crossings along the Languedoc coast was a godsend for him. Despite attempts to put an end to the thieves’ work, nobody managed to capture the pirates. The authorities were at the end of their tether and wanted desperately to get

rid of this outlaw. This was particularly so since, according to legend, he supplied the Marshal de Joyeuse, fervent supporter of the League, a political and religious movement which wanted to prevent the future protestant King of France, Henry IV, from acceding to the throne, with weapons and military equipment. One day, the region’s inhabitants, who had grown weary of his abuses of authority, beseeched the Governor of Languedoc, the Duke of Montmorency, to arrest the pirate and his band of thieves. On Saturday 23 May 1586, in the Town Hall of Agde, the Governor hurled: “Barberoussette has had us running around since February. He is destroying maritime activities and mocking us. We have to put an end to such goings-on. Gentlemen, let me have your suggestions.” Indeed, since February, Barberoussette had not contented himself with pillaging boats that ran aground at Sète, but had organised a true blockade of the port of Agde, which had begun to suffer from the lack of food. Bertichères, a leading officer suggested, “Sir, we have to take the initiative and to do that we need vessels and lookout men - vessels to chase after Barberoussette on the sea and lookout men on horseback to follow him on land when he disembarks. I can supply some light horses, good horsemen and track this bandit on land.” On 29 May, a commando spotted Barberoussette near to Sérignan. Harquebuses were used to chase after him. He was finally arrested with eight of his men. He should have been hanged but the Duke of Montmorency secretly admired the fearless man and warrior. In exchange for his life, he demanded that Barberoussette work as an expert. He was thus placed in charge of a galley shipyard in Agde. Although it may seem ironic, he had to manage twenty-five convicts! After his period of fame, Barberoussette settled down, got married and had four children. Once he “had gone straight” he was forgotten. After the pirate had been captured, the Duke of Montmorency ensured that Mount Saint Clair was made safe. He had a tower with bastions built on the summit and a garrison was permanently stationed there. The tower was called Fort Montmorencette. But the presence of Barberoussette can still be felt on the Singulière island. Apparently, the pirate hid booty on Saint Clair. So if there are any treasure hunters out there…?

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Le 24 juillet 1710, 26 navires anglais et hollandais répandent la terreur à Sète, 1500 Anglais débarquent dans la ville et sèment la panique. Le but : créer une diversion sur le rivage et alléger la pression militaire contre les Protestants dans les Cévennes. En cinq jours et à l’aide de renforts, l’armée française les repousse.

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arie étend son linge et son regard se porte machinalement vers la mer. Horreur et stupéfaction ! Vingt-six navires battant pavillon anglais et hollandais mouillent au large du port de Sète. Nous sommes au matin du 24 juillet 1710. En ce début de ce XVIIIe siècle, les guerres de religion font rage dans les Cévennes et les batailles liées à la succession d’Espagne mettent la région à feu et à sang. Le Languedoc est en état de guerre. L’apparition des bateaux au large de Sète ce matin de juillet répand la panique sur la côte comme un feu de poudre. John Norris, le commandant des forces navales anglaises en Méditerranée, accentue la pression en ordonnant des tirs au canon sur la ville en fin d’après-midi sans pour autant débarquer. Les habitants se cachent, terrorisés. Le but de l’attaque est clair : créer une diversion en bord de mer afin d’alléger la pression en Cévennes. Les Anglais espèrent un soulèvement général et la victoire des Protestants. À la faveur de la nuit, 1500 marins anglais touchent terre sur les 3000 de l’expédition par le môle Saint-Louis. Un choix stratégique puisque le lieu s’avère dépourvu de défenses. L’aube se lève le 25 juillet sur une ville occupée sur Saint Clair tandis que les navires de Sa Gracieuse Majesté tirent sur la ville. La population s’enfuit vers l’étang de Thau. Ceux qui restent coincés s’enferment dans la nouvelle église Saint Louis et dans le fort du grand môle. Tous se rendent. Mais François Dubois, le capitaine du fort du grand Môle, réussit à faire prévenir le duc de Roquelaure, commandant en chef des troupes du Languedoc à Montpellier. Ce dernier vole au secours des Sétois et obstrue le canal avec des barques coulées qui interdisent le gué de la Peyrade. Avec ses trois compagnies de cavaliers, il repousse 300 anglais tandis qu’un messager galope vers le Roussillon demander l’aide des troupes du duc de Noailles. Car depuis la ville de Sète, l’ennemi menace les villages au bord de l’étang de Thau, surtout Mèze. L’armée du duc de Noailles est mise en place avec une remarquable rapidité, arrive à Mèze dès le 26 juillet vers midi. Jugez du peu : 900 dragons, 1000 grenadiers et 12 pièces embarquées à Béziers sur le canal des Deux-Mers. Le commandant Norris a laissé 600 hommes à Sète et rien ne peut empêcher le pillage de la ville. Le 28 juin, le duc de Noailles investit le port. Il se heurte aux troupes anglaises sur la plage, grimpe sur la colline et engage une bataille au corps à corps. Les Français reprennent le dessus et Norris ordonne l’évacuation. Restés dans le fort Saint-Louis 70 Anglais résistent en vain. Leur commandant les abandonne à leur sort. La flotte anglaise reste encore deux jours au large de Sète avant de lever l’ancre et de cingler vers la Provence. Les Anglais laissent 70 prisonniers et 300 morts contre quelques victimes françaises seulement. Mais, même si l’invasion n’a pas fonctionné, elle a mis au jour l’inefficacité de la défense en Languedoc et la faiblesse de Sète. Dès la fin de 1710 et en 1711, l’île se couvre de défenses avec quatre forts et une redoute (ouvrage à la forme carrée). Dans le même temps, le fort Saint-Louis se voit octroyé un complément d’armement un mois à peine après la tentative britannique : 24 canons, 4.926 boulets, 2 mortiers, 200 bombes, 300 fusées, 20.000 livres de poudre et 400 livres de mèches. Les travaux de défense se poursuivent jusqu’en 1780. Sète devient imprenable.

Histoires de ports

24 juillet 1710 Sanglante promenade des Anglais A BLOODY INROAD BY THE ENGLISH On 24 July 1710, 26 English and Dutch boats brought terror to Sète, 1,500 English troops came ashore in the town, spreading panic. Their intention was to create a diversion on the coast and thus relieve the military pressure against the Protestants in the Cévennes. Within five days and with the aid of reinforcements the French army drove them out. Marie was hanging out her washing and automatically looked out to sea. Horror of horrors! Twenty-six boats flying English and Dutch flags were berthed offshore from the port of Sète. It was the morning of 24 July 1710. At that time, at the beginning of the 18th century, the wars of religion were raging throughout the Cévennes and the battles in connection with the Spanish succession resulted in torching and bloodshed throughout the region. Languedoc was in a state of war. The appearance of these boats offshore from Sète on that July morning spread panic along the coast like wildfire. John Norris, Commander of the English Naval forces in the Mediterranean, increased the pressure towards the end of the afternoon by ordering cannon fire against the town, but no troops had yet disembarked. The inhabitants hid, terrified. The aim of the attack is clear: to create Par Marilyn Beaufour Illustration : Michel Léo Ménella

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a diversion on the coast to relieve pressure in the Cévennes. The English were hoping for a general uprising and for a victory for the Protestants. Under cover of darkness, 1,500 English sailors from a total force of 3,000 reached land by way of the Saint-Louis breakwater. This was a strategic choice as there were no defences at that particular location. On 25 July, day dawned on an occupied town on Saint Clair with Her Majesty’s ships firing on the town. The population fled towards the Thau Lake. Those who found themselves trapped, locked themselves in to the new Saint Louis church and in the fort on the great breakwater. They all surrendered. But François Dubois, Captain of the fort on the great breakwater, managed to warn the Duc de Roquelaure, commander-in-chief of the troops from Languedoc to Montpellier. The Duc de Roquelaure rushed to the assistance of the people of Sète and blocked the canal with sunken boats preventing anyone from crossing the canal from La Peyrade. With his three companies of horsemen he fought off 300 English troops while a messenger galloped to Roussillon to ask for assistance from the troops of the Duc de Noailles. This was because after the town of Sète, the enemy would threaten the villages around the Thau Lake, especially Mèze. The army of the Duc de Noailles took up its position extremely quickly, reaching Mèze around midday on 26 July. Ima-

gine the scene: a mere 900 dragoons and 1,000 grenadiers with 12 cannons on board at Béziers on the canal des Deux-Mers! Commander Norris left 600 men in Sète and nothing could save the town from pillage. On 28 June, the Duc de Noailles surrounded the port. He clashed with the English troops on the beach, climbed the hill and engaged in hand-tohand fighting. The French gained control again and Norris ordered a retreat. 70 Englishmen remaining in fort Saint-Louis resisted in vain. Their commander abandoned them to their fate. The English fleet remained another two days offshore from Sète before lifting anchor and heading for Provence. The English left 70 prisoners and 300 dead compared with only a few French victims. But, even if the invasion did not succeed, it highlighted the ineffective defences in Languedoc and the vulnerability of Sète. From the end of 1710 and in 1711, the island became covered with defensive structures: four forts and one redoute (a square-shaped fortification). At the same time, fort Saint-Louis was allocated supplementary munitions barely a month after the Britons’ attempted attack: 24 cannons, 4,926 cannonballs, 2 howitzers 200 bombs, 300 guns, 20,000 pounds of powder and 400 pounds of fuses. The defensive building continued until 1780. Sète became impregnable.


Frontignan

Rurale, ouvrière, bourgeoise, maritime à la fois Frontignan a des vies multiples : avec sa grande voisine, Sète, elle est industrieuse ; avec la mer, c’est un port accueillant et une belle plage protégée ; avec la terre, elle produit un nectar, le Muscat.

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e loin, c’est le massif de la Gardiole que l’on voit. Séparé de la côte par la mince bande des étangs, ces collines illuminent le décor bleu et vert du blanc de la roche calcaire. La Gardiole est un domaine protégé. On le comprend. Là, dans cette garrigue, s’épanouissent une flore et une faune spécifiques, inconnues ailleurs, adaptées au climat et aux milieux méditerranéens, ouverts, lumineux, secs et chauds. Si vos pas courageux vous portent jusque là-bas, vous y rencontrerez dans les herbes sèches, les chênes kermès

rabougris ou les rares buissons épineux de genêt et de cade, la Magicienne Dentelée, qui est la plus grosse sauterelle de France (17 cm), sous les pierres, le Scorpion Jaune du Languedoc, dans les airs l’Aigle de Bonelli, menacé de disparition. Au pied du massif pousse la vigne. Frontignan c’est le régime salé - sucré. Il y a Frontignan Plage, tourné vers la mer et l’étang, et Frontignan Vignes qui produit le muscat, divine douceur pour le gosier du marin gavé d’embruns au chlorure de sodium.

Plus bas, vous devinez la ville. Comme beaucoup de hameaux du Languedoc devenus villages et dont certains ont poussé en cités, Frontignan aurait été la ferme d’un Romain. Ave Frontinius! Avais-tu aussi une vigne ? Adorais-tu Bacchus ? Sans doute, car la culture du cep et la science du vin avaient été apportées ici par un dieu bien plus ancien, Dionysos, celui des Grecs qui s’installèrent ici alors que Romulus et Remus venaient à peine de sortir de dessous la louve pour fonder Rome. Approchez. Amenez les voiles. Adieu poésie. Ce que vous voyez, ces gros camemberts blancs, sont des réservoirs d’hydrocarbures. Ils révèlent la vie industrieuse de Frontignan la Peyrade. Au XIXe siècle et au tout début du XXe, la Compagnie Bordelaise de Produits Chimiques, la Compagnie Industrielle des Pétroles, les Ciments Lafarge et d’autres sociétés profitèrent de la proximité des quatre voies essentielles qui se rejoignent ici : route, train, canal, mer. Espagne, Italie, Europe et Afrique du Nord à portée. VIVE LE SECOND EMPIRE ! Ainsi s’est crée ce paysage que d’aucuns regrettent. Pas ceux, nombreux, qui y ont trouvé du travail. Devenue ouvrière, la ville rurale s’est aussi – corollairement – embourgeoisée et le centre ville en porte les marques architecturales. On peut lire sur les façades patriciennes les rêves juxtaposés des magnats du négoce et des capitaines d’industrie. La ville est remaniée pour répondre à son nouveau standing. On s’inspire de Paris pour reconstruire la Mairie démolie en 1895 : « La façade principale est la copie

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presque conforme – un peu plus chargée en décorations – de celle de la mairie du XIe arrondissement de Paris » («Exposition sur les mairies des chefs-lieux de cantons de l’Hérault»). À ces demeures Second Empire, de belles traces des splendeurs passées se voient encore dans les pierres de Frontignan et en racontent l’histoire plus ancienne. PETITE SŒUR DE SÈTE Au XVIIe siècle, Frontignan était un port important. En 1630, la ville devint l’un des quatre principaux sièges de l’amirauté en Languedoc. En 1666, les Frontignanais participèrent à la création de la ville et du port royal de Sète, décidée par Louis XIV. Ils n’en furent pas récompensés car Sète, mieux située, mieux protégée allait s’imposer comme port principal. Mais la ville n’a pas périclité pour autant. Elle est devenue la partenaire de Sète, sa petite soeur en développement. Depuis qu’on a démoli l’ancien Kursaal sur la plage de Sète pour y installer les nouveaux quais, le port de Sète déborde largement sur La Peyrade, autant pour ses activités commerciales et industrielles que pour la pêche. Quant au port de plaisance de Frontignan, il offre à la plupart des plaisanciers sétois le carénage qui leur manque cruellement chez eux. Avant d’entrer dans le port en virant sur tribord, jetez un œil à la côte : à l’est, le domaine naturel protégé des Aresquiers est une plage, un site très apprécié de plongée et de surfcasting. Là, plus d’industrie, c’est Frontignan Plage, votre résidence provisoire. Christophe Naigeon

steps ashore pas à terre

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Rural, working class, middle class and maritime all at once Frontignan leads many lives: through its larger neighbour, Sète, it’s industrious; through the sea, it’s a welcoming port and a beautiful protected beach; through the land, it produces nectar in the form of Muscat. From a distance, it’s recognisable by the La Gardiole massif. Separated from the coast by a thin strip of lagoons, these hills light up the blue and green setting with their white limestone rocks. La Gardiole is a protected area, and you can understand why. In this scrubland “garrigue”, unique flora and fauna, which are specifically adapted to the open, bright, dry and hot Mediterranean climate and habitat, thrive. If you’re brave enough to venture this far, among the dry grasses, you will find stunted Kermes oaks and sparse broom and juniper bushes. You might spot the “Magicienne Dentelée” [the Predatory bush cricket], the largest grasshopper in France (17cm). The Languedoc yellow scorpion lurks under rocks, while, up in the air, the Bonelli eagle is threatened with extinction. Vines grow at the foot of the massif. Frontignan has a sweet side and a savoury side; the “savoury” part, Frontignan Plage, faces the sea and the lagoon. The “sweet part”, Frontignan Vignes, produces Muscat, that divine syrup which is so good for soothing sailors’ throats when the salt makes them sore! Lower down, you can make out the town. Like a lot of Languedoc hamlets which have become villages, some of which have grown into cities, Frontignan would have been a Roman farm. Ave Frontinius! Did you grow vines too? Did you worship Bacchus? Undoubtedly you did, because growing vine stock and the art of wine making was brought here by a much older god – Dionysus. This Greek god settled here when Romulus and Remus had only just come out from under the wolf’s belly to found Rome. LONG LIVE THE SECOND EMPIRE! Draw near and lower your sails – goodbye poetic landscapes. What you can see, those big white camemberts, are hydrocarbon storage tanks. They reveal Frontignan la Peyrade’s industrial side. In the 19th century and right at the beginning of the 20th, the Bordelaise Chemical Products Company, the Industrial Petroleums Company, Lafarge Cements and other companies took advantage of the four essential networks

which met here: roads, trains, canals and the sea. Spain, Italy, Europe and North Africa are all within reach, and so it was that this landscape was created - and a lot of people regret it. Not the many people who found work here though. The rural town, which had become a working town, also – inevitably – became middle class and the town centre bears the architectural traces of this. The juxtaposed dreams of trade magnates and captains of industry can be read on the patrician facades. The town was redeveloped to fit in with its new standing. Paris was taken as the inspiration when the Town Hall, which was demolished in 1895, was re-built: “The main façade is practically a perfect replica – with a few more decorative elements – of the one on the Town Hall of Paris’ 11th administrative district” (Exposition sur les mairies des chefs-lieux de cantons de l’Hérault) [Exhibition on the town halls of the principal towns of the constituencies of the Hérault department]). In these Second Empire buildings, there are beautiful traces of past splendours still borne witness to by the stones of Frontignan, telling of an even older history. SÈTE’S LITTLE SISTER In the 17th century, Frontignan was an important port. In 1630, the town became one of the four major seats of the admiralty in Languedoc. In 1666, the Frontignanais took part in the creation of the town and royal port of Sète, as Louis XIV had decided. They didn’t get much out of it, as Sète, which had a better location and was better protected, would grow to become the main port. But, for all that, the town didn’t go into a decline. It went into partnership with Sète, becoming like its little sister in terms of development. Since the old Kursaal on Sète’s beach was demolished to make way for the new quays, Sète’s harbour has overflowed quite a way into La Peyrade, in terms of commercial and industrial activities as well as fishing. Meanwhile, Frontignan’s yacht harbour offers most Sète amateur sailors the dry dock which they are so cruelly deprived of. Before entering the port by bearing to starboard, cast an eye over the coast: to the east, the Aresquiers nature reserve is a beach, an area which is much appreciated by divers and surfcasters. Then, with more industry, there’s Frontignan Plage, your temporary home.

IL COURT, IL COURT, LE COURANT LIGURE ! Pas un souffle de vent, pas une vague. Et pourtant, 1,4 millions de m3/s se déplacent sous votre coque. Responsable : le courant Ligure qui se forme dans le sud du Golfe de Gênes pour ensuite parcourir un long chemin de l’Italie à l’Espagne.

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ibraltar est la porte ouverte aux eaux atlantiques froides. Le froid allant toujours vers le chaud, ce passage stratégique donne naissance à tous les courants méditerranéens. Ces masses d’eau vont couler comme un fleuve sur des centaines de milles, se séparant en bras au gré des obstacles. Le courant Liguroprovençal est l’un d’entre eux. Mais nous n’en sommes pas là… Laissons nous porter pour la croisière que, depuis la nuit des temps, suivent les organismes marins. Car ce tourbillon est un gigantesque shaker où se prépare un véritable cocktail de vie ! Gibraltar franchi, les eaux nous portent sur quelques 850 milles le long de l’Afrique jusqu’au canal de Sardaigne. Là, un premier bras se forme et remonte plein nord à l’ouest de la Sardaigne et de la Corse. Plus loin, la Sicile divise le reste du flot en deux branches. L’une part au sud entre Malte et la Libye, se dilue un peu avant l’Égypte puis reprend force, remonte le long d’Israël et du Liban, contourne Chypre et revient via la Turquie et la Grèce se glisser dans l’Adriatique jusqu’à Venise. Revenons au canal de Sicile et suivons la branche qui a choisi de lécher la botte de l’Italie sans oublier Palerme ni la baie de Naples, de faire le tour des Éoliennes, puis de filer jusqu’au Golfe de Gênes où, bloqué, il vire à l’ouest. C’est le courant Ligure. Un peu plus loin, vers Monaco, il retrouve les eaux remontées à l’ouest de la Corse pour ne plus former qu’un seul flot sous le nom de courant Liguro-provençal. Les saisons jouent aussi leur rôle. Son débit maximum est en hiver. Et c’est aussi à cette période qu’il se rapproche le plus de la côte. Étroit, profond et rapide en saison froide, il s’élargit et ralentit aux beaux jours.

La vie des eaux De juin à décembre, le «fleuve», large de 40 à 50 km et profond de 100 à 200 m, avance à un nœud de moyenne (50 cm/s) en surface, cinq fois moins vite au fond. De janvier à mi-mars, il ne fait plus que 20 à 30 km de large, mais entre 250 et 400 m de profondeur, sa vitesse est encore de 10 cm/s. À hauteur de Marseille, après avoir cheminé au-dessus des fosses marines de Côte d’Azur, le courant «monte» sur le plateau continental. Passé le Golfe de Fos, il ne reste plus par endroits que de 15 à 20 m de fond à plusieurs milles du bord. La perturbation du flot dans sa partie côtière se trouve aggravée par la rencontre avec le Rhône. Les satellites en montrent le panache et les plaisanciers ont tous vu les eaux changer brusquement de couleur et d’odeur et leur GPS indiquer un écart de vitesse d’au moins un nœud avec ce que dit le speedo à ailettes. Mais, globalement, le fleuve a peu d’influence le courant Liguro-provençal car, en dehors des périodes de fortes pluies, son débit est mille fois plus important. Ensuite, le flot court rapidement le long du Golfe du Lion. Pour vous en rendre compte, un jour sans vent, mouillez devant la plage. Votre bateau mettra aussitôt son nez dans le courant. Ne laissez pas un enfant plonger, il ne nagera peut-être pas assez vite pour regagner le bord ! Plus loin, le courant atteindra l’Espagne, deviendra courant «catalan» et cinglera cap au sud vers les Baléares. Hélène Petit, Christophe Naigeon

THE LIGURIAN CURRENT FLOWS AND FLOWS AND FLOWS! There’s not a breath of wind, not a wave in sight. And yet, 1.4 million cubic metres per second of water have moved under your hull. This is due to the Ligurian current which is formed in the south of the Gulf of Genoa and which then travels on a long journey from Italy to Spain.

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’escale de Frontignan incite à la balade hors-les-murs. Côté sel, allez vers l’est en direction de la plage des Aresquiers en longeant l’étang d’Ingril. Ou bien prenez le bus (horaires disponibles à l’Office de tourisme de la capitainerie). Au-delà du pont qui enjambe le canal du Midi, la côte est protégée. Ou passez le pont et offrez-vous une balade à cheval dans le parc protégé de la Gardiole. En vélo, le chemin de halage du canal est aussi un belle idée de promenade et une source de découvertes loin des autos. Côté sucre, il vous faudra prendre le bus dans l’autre sens, vers Frontignan Ville. Allez tout droit à la coopérative et dégustez certains muscats de 12 ans d’âge tels que Voltaire en réclamait comme “extrême onction”. En attendant, à votre santé !

Stopping in Frontignan is a good excuse for having a wander around the area. On the “savoury” side, head East towards the Aresquiers beach by going around the Ingril lagoon. Or take the bus (timetables available at the Tourist Office in the harbour master’s office). After the bridge straddling the Midi Canal, the coastline is a nature reserve area. Or cross the bridge and treat yourself to a horse-ride in the Gardiole nature reserve. The towpath of the Canal is also an ideal place to go for a stroll, and is a source of discoveries away from the noise of traffic. For the “sweet” side, you will need to take the bus in the other direction, towards Frontignan Ville. Go straight to the winegrowers’ cooperative and taste some 12 year-old Muscats, like the ones Voltaire nicknamed “Extreme Unction”. Until you need it, let’s drink to your health!

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Gibraltar is an open door for cold Atlantic water. As the cold always heads towards the warmth, this strategic passage gives birth to all the Mediterranean currents. These bodies of water flow like a river over hundreds of nautical miles, separating into arms as soon as they encounter obstacles. The LigurianProvencal current is one of them. But let’s not go too quickly… All aboard to enjoy the cruise taken by all marine organisms since the mists of time. This whirlwind is like a gigantic shaker in which a true cocktail of life is mixed together! Once passed Gibraltar, the water carries us over 850 nautical miles along Africa to the Sardinia Channel. There, the water breaks up and forms a first arm which goes right up north to the west of Sardinia and Corsica. Further along, Sicily divides the rest of the water in two branches. One branch travels south between Malta and Libya, weakens somewhat before Egypt and then gains strength, climbs back up along Israel and Lebanon, goes round Cyprus and comes back via Turkey and Greece before sliding into the Adriatic up to Venice. Back to the Sicilian channel to follow the branch that chooses to lick the boot of Italy without forgetting Palermo and the bay of Naples, to go round the Aeolian islands, and then rushes off to the Gulf of Genoa where, as it is blocked, turns to the west. This is the Ligurian current. Slightly further away, towards Monaco, it meets up with the water which has come up to the west of Corsica and forms one single body of water called the Ligurian-Provencal current.

Seasons also play a major role. Its maximum flow is in winter. And it is also at this time of the year that it is the closest to the coast. Narrow, deep and fast during the cold season, it becomes wider and slows down in warmer weather. From June to December, the river, with a width between 40 and 50 km and a depth between 100 and 200 metres, passes at an average speed of a knot (50 cm per second) on the surface. Its flow is five times slower on the bottom. From January to the middle of March, its width is only 20 to 30 km but has a depth between 250 and 400 metres, its speed is still at 10 cm per second. At a level with Marseilles, after having travelled above the marine bed of the Côte d’Azur, the current “climbs” onto the continental shelf. Past the Gulf of Fos, there is now only 15 to 20 metres of depth in places at several nautical miles from the coast. The disturbance suffered by the flood along the coastal section is made worse by its meeting with the Rhone River. The satellites have clearly shown the panache of the phenomenon and yachtsmen and women have all seen the water suddenly change colour and smell and their GPS show a difference in speed of at least one knot compared with the speedometer. But, generally speaking, the river has little influence on the Ligurian-Provencal current as, apart from periods of strong rainfall, its flow is a thousand times faster. Then the flood runs quickly along the Gulf of Lion. If you want to see the current for yourself, all you have to do is anchor in front of the beach on a day without any wind. Your boat will be quickly pointing its nose in the direction of the current. Don’t let a child dive in as they may not swim quickly enough to get back to the coast! Further along, the current reaches Spain and becomes the Catalan current. It will make for the south towards the Balearic Islands.


Palavas les flots

Un port cent pour cent pur sel Le nom même de Palavas les Flots est évocateur : congés payés, vacances populaires de l’après guerre, le petit train et Dubout le dessinateur fou… Un cliché ? Pas si sûr.

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itué à l’estuaire du Lez et au débouché naturel des étangs du Méjean et du Grec, le port de Palavas les Flots, gagné sur la mer, en est indépendant. C’est un port en eau claire (sauf si le vent et la mer repoussent le cours du Lez vers l’intérieur), en eau profonde (assez pour les grandes unités avec 4 à 5 m) et en eau parfois agitée – à entrée – lorsque souffle le Marin. C’est aussi un port facilement reconnaissable avec sa longue et puissante jetée d’enrochements, mais surtout grâce à un amer remarquable : le Phare de la Méditerranée. L’ancien château d’eau de la ville, transformé en restaurant panoramique, sorte de soucoupe volante aux couleurs changeantes, surmontée d’une fusée clignotante du plus bel effet la nuit… UN OVNI ET UN TRAIN Malgré cet apparence futuriste, le site est ancien. Pavallanium serait «le domaine de Papilus», riche Romain. Pour d’autres, l’origine du nom viendrait plutôt de palus, marais, en latin, comme dans paludier, paludisme… Rien d’étonnant. D’abord réduit à quelques cabanes de pêcheurs, le bourg est devenu une station balnéaire en vogue bien avant le Front Populaire. La preuve ? Son célèbre Petit Train entre Montpellier et Palavas a été déclaré d’utilité publique par Napoléon III en 1872, 64 ans avant les Congés payés ! Il circulera jusqu’en 1968. Son histoire est racontée à côté du musée Albert Dubout, célébrité locale qui a immortalisé dans ses dessins humoristiques une population de vacanciers franchouillards

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et gouailleurs. Clin d’œil à l’histoire : un tramway tout neuf devrait arriver ici dans quelques années… Fera-t-il aussi bien que son prédécesseur qui drainait deux millions de passagers par an au plus fort de son succès ? Certainement, car il y a là un village plein de charme qui vit toute l’année, avec 6.000 habitants permanents (un zéro de plus pour le chiffre de l’été) dans un cadre de vie qui reste avant tout marqué par la mer, le canal et les étangs. La municipalité assume l’héritage de cette image «popu», l’assume, en ravive même les couleurs et l’identité, valorise sa diversité architecturale que des étudiants en architecture viennent de loin voir de près. Si votre bateau est assez petit pour remonter le Lez, profitez-en pour en faire autant. UN MUSÉE ET UN CHÂTEAU Autre curiosité, moins connue : le fortin qui abrite le musée Dubout à la sortie de la ville vers Carnon était le château d’eau en lieu et place du phare actuel. Réguliè-

steps ashore pas à terre

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rement confrontés à la piraterie, les États du Languedoc décidèrent la construction de huit tours de guet entre le Grau du Roi et le Cap D’Agde. Celle de Palavas, la redoute de Ballestras, fut édifiée en 1743 à l’emplacement actuel du «Phare». Une communauté de pêcheurs s’est installée à ses pieds, constituant le premier embryon de population palavasienne. Au XXe siècle, la demande d’eau croissant au rythme de l’accroissement de la population, la redoute fut d’abord transformée en réservoir d’eau, avant d’être ensevelie en 1943 lors de la construction d’un château d’eau grand format en béton. Fin 1980, la municipalité s’est intéressée à la reconversion du château d’eau et à la restauration de la Redoute. Celle-ci est démontée pierre par pierre par les Compagnons du Devoir, puis remontée à quelques centaines de mètres de là pour abriter le musée Dubout. TROIS PORTS Il y a trois ports à Palavas. Le premier est le port de pêche. En remontant le Lez qui

una Park, jeux de plage, course camarguaise et corrida, joutes, galeries d’art, casino, animations incessantes, boutiques, restos, marché au poisson tous les matins, glaciers sur les deux rives du Lez reliées par un… téléphérique, le “Transmickey”, qui ravira les enfants... Vos quatre pas à terre pourront vous conduire en bien des lieux ! Pour avoir une vue sur la ville, les étangs, Montpellier et l’arrière pays, rien ne vaut l’ascension en ascenseur – et payante – du Phare de la Méditerranée. Le chef de cuisine du lieu venant de changer une nouvelle fois, à vous de tester si le restaurant tournant vaut le panorama ! Et bien sûr, le Musée Albert Dubout, cette “ballestras” est accessible

coupe la ville en deux, les rives très fréquentées par les piétons sont encombrées de filets de pêche : le tourisme n’a pas tué les «petits métiers» qui, au contraire, y trouvent chaque matin un débouché pour leurs produits. Pas de vente à la criée, un contact direct avec le client ! Le second est le bassin fluvial Paul Riquet du nom du créateur du Canal du Midi, aménagé un peu en amont pour 250 embarcations à moteur qui peuvent passer sous le pont. Sur le canal du Rhône à Sète qui passe derrière, une base fluviale de pénichettes complète cette halte citadine à la croisée de la mer et des canaux. Et enfin le port de plaisance, en cœur de ville, entre restaurants et casinos, pour le plus grand plaisir des touristes assis aux terrasses. Sans compter le plaisir de voir, à côté de la capitainerie, les esquifs colorés et gréés «latin» qui rappellent que le port, amoureux des vieux gréements et un lieu très actif de la voile traditionnelle.

à pied mais pour se plonger immédiatement dans l’ambiance des dessins de Dubout, mieux vaut prendre le drôle de bateau à roue qui y va depuis la rive gauche. A côté et pour le même prix, une locomotive de l’ancien train rendu célèbre par le dessinateur est exposée avec photos et commentaires. Un jardin agréable tout autour donne un peu de calme à cette folle journée à Palavas les Flots ! Luna Park, beach toys, Camargue bull running and corridas, sea jousting, art galleries, the casino, endless entertainment, shops, restaurants, a fish market every morning, ice cream parlours on the two banks of the Lez, linked by a... cable car, the “Transmickey”, which kids will go crazy about... Your “quatre pas à terre” [four steps

Claude Roger Guy Brevet

on land] could take you to a lot of places! For a view over the town, the lagoons, Montpellier and the countryside, you can’t beat a (paying) ride in the lift at the Phare de la Méditerranée. They’ve just changed chefs here again, so it’s up to you to test it out and see if the rotating restaurant lives up to the view! And, of course, there’s the Albert Dubout Museum. This “ballestras” fort is accessible on foot, but why not dive straight into the atmosphere of Dubout’s drawings and take the funny little paddle boat which goes there from the left bank. Included in the price, a locomotive from the old train made famous by the illustrator is exhibited nearby, with photos and information. It’s surrounded by a pleasant garden, which provides a little calm in your fun-filled day at Palavas les Flots!

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LE SALIN DE FRONTIGNAN Aménagé sans doute dès l’époque romaine, intensivement exploité jusqu’à la fin du XVIe siècle, le salin de Frontignan , après une période se sommeil jusqu’à la révolution reprend du service en juillet 1795 avant de s’éteindre en 1968, incapable de répondre à l’intensification de la production qu’imposent les temps modernes. Ces 233 ha deviennent propriété du Conservatoire du littoral en 1989. Avec sa mosaïque de milieux aquatiques, le salin offre aux oiseaux d’eau une grande variété de ressources. Nombre d’espèces des milieux saumâtres y trouvent un habitat de nidification tels les tadornes, sternes, avocettes, échasses, gravelots à collier interrompu… et le goéland leucophée aux mœurs prédatrices dont la population fait l’objet d’un programme de régulation depuis 2007. En migration, une foule d’échassiers petits et grands (bécasseaux, chevaliers, hérons, flamants…) s’y activent, sondant la vase en quête d’invertébrés très nombreux dans le salin.

A hundred per cent salt port Even the name of Palavas les Flots is evocative: paid leave, post-war seaside holidays, the scenic train and the crazy cartoonist Dubout... A cliché? Don’t be so sure. Located at the Lez estuary and the natural opening of the Méjean and Le Grec lagoons, the port of Palavas les Flots may have been won back from the sea, but it’s independent from it. It’s a clear water port (except when the wind and the sea force the course of the Lez inland), a deep water port (deep enough for boats with a draught of 4 to 5m) and sometimes a choppy port – when entering – when the Marin wind blows. It’s also a port which is easy to recognise, with its long, powerful stone jetty, but mostly thanks to a remarkable marker: Le Phare de la Méditerranée. Formerly the town’s water tower, transformed into a panoramic restaurant, it’s like a kind of flying saucer in changing colours, topped off with a flashing rocket, which looks lovely at night... A UFO AND A TRAIN Despite this futuristic appearance, the site is ancient. Pavallanium could mean “Papilus’ lands” (Papilus was a rich Roman). Others think the name is more likely to be derived from palus, meaning marsh in Latin, as in the French words paludier [salt worker] and paludisme [malaria]... No great surprise there. Initially just a few fishermens’ huts, the town became a fashionable bathing resort well before the Popular Front government introduced paid leave. The proof? The famous Scenic Train between Montpellier and Palavas was declared of public interest by Napoleon III in 1872, 64 years before the introduction of paid holidays! It ran until 1968. Its story is told next to the Albert Dubout museum, which is based on a local celebrity who immortalised a population of cheeky holiday makers in his humorous cartoons. An allusion to history: a brand new tram is due to arrive here in a few years... Will it do as well as its predecessor, which attracted two million passengers per year at the height of its success? Certainly, because this village is full of charm and lively all year round, with 6,000 permanent inhabitants (add a zero to that number in the summer) and with a lifestyle which is still, above all, influenced by the sea, the canal and the lagoons. The local authority has adopted the legacy of this popular image and, in adopting it, has even revived its colours and identity, promoting the town’s architectural diversity, which students of architecture come from afar to see close-up. If your boat is small

enough to go up the Lez, take advantage of it to go a bit further. A MUSEUM AND A TOWER Another unusual feature, which is less well-known: the little fort which houses the Dubout museum, on the way out of town towards Carnon, used to be the water tower, and used to be on the site of the current lighthouse. Faced with regular pirate attacks, the government of Languedoc decided to build eight watchtowers between Le Grau du Roi and Cap D’Agde. The one at Palavas, the Ballestras redoubt, was built in 1743 on what is now the site of the “Lighthouse”. A fishing community settled at the foot of it, forming the first embryonic Palavasian population. In the 20th century, as demand for water grew with the population, the tower was initially converted into a water tank, before being buried in 1943 when a large, concrete water tower was being built. At the end of 1980, the local authorities became interested in redeveloping the water tower and restoring the Redoubt. So it was dismantled stone by stone by the “Compagnons du Devoir” [professional association which trains young people and carries out public interest work], then put back together a few hundred metres away to house the Dubout museum. THREE HARBOURS There are three harbours in Palavas. The first is the fishing harbour. As you go up the Lez, which cuts the town in two, you’ll see that the banks are very busy with people and are cluttered with fishing nets: tourism hasn’t killed the traditional jobs here. In fact, they find an outlet for their products here every morning. Why bother selling it at the fish auction, when you can go to the customer direct! The second is the Paul Riquet river harbour, named after the creator of the Canal du Midi, which is a little further upstream and equipped for 250 small motor boats which can go under the bridge. On the Canal du Rhône à Sète, which runs behind it, there is a river harbour for ”pénichette” barges, which completes this city stopover at the crossroads between the sea and the canals. And finally, the yacht harbour is at the heart of the town, amidst the restaurants and casinos, for the enjoyment of the tourists sitting on the terraces. Not to mention the pleasure of seeing, on the side nearest the harbour master’s office, the brightly coloured “lateen” rigged skiffs, which remind you that this port, where old-fashioned rigging is popular, is very active in terms of traditional sailing.

LE DOMAINE DES ARESQUIERS Classé en 1978 au titre des sites et paysages avec les étangs limitrophes de Vic et d’Ingril, le domaine des Aresquiers (87 ha) est acquis en 1982 par le Conservatoire du littoral et dévasté la même année par une tempête qui abattra la plupart des somptueux pins dont le lieu pouvait s’enorgueillir. Dans ce monde d’étangs salés, il fait figure d’intrus. Pourtant, cette position originale lui confère une grande valeur écologique. Sa rareté est d’abord paysagère puisqu’il constitue un îlot végétal au milieu d’un paysage plat de lagunes. D’un point de vue écologique, la proximité d’un milieu forestier et d’un milieu salé est favorable à la présence d’espèces remarquables. Cette zone intermédiaire entre milieu salé et milieu forestier est une aire de lutte perpétuelle : en fonction de la profondeur du sol et de sa concentration en sel, elle-même déterminée par les conditions climatiques, les espèces caractéristiques de l’un ou l’autre des milieux apparaissent et disparaissent.

DOMAINE DES ARESQUIERS Listed in 1978 in the sites and landscapes category together with the adjacent ponds of Vic and Ingril, the Aresquiers domain ( 87 hectares ) was acquired in 1982 by Conservatoire du Littoral, but devastated the same year by a storm which destroyed most of the gorgeous pines that were the pride of the area. It looks like an intruder in the middle of the salt marsh world. However, this unusual location gives it great ecological value. Its rarity lies first in its location in the middle of a landscape of lagoons. From an ecological point of view, the proximity of wooden and salty environments encourages unusual species. This zone between marsh and forest is a place of perpetual struggle, governed by soil depth and salt concentration. This in turn is affected by climatic conditions (storms, droughts) and different species favoured by one or the other environment appear and disappear.

SALINS, ÉTANGS ET DOMAINES PROTÉGÉS

BRINE PITS, PONDS AND PROTECTED AREAS

L’ÉTANG DE VIC Le vaste étang de Vic (1352 ha acquis par le Conservatoire) bénéficie d’un environnement relativement sauvegardé : son bassin versant est peu urbanisé et les accès aux berges sont limités. Bordé au nord par de vastes marais humides, il accueille de nombreux oiseaux. Chasse et pêche y sont des activités très pratiquées. Les salines de Villeneuve-lès-Maguelone bordent la rive nord de l’étang de Vic-laGardiole. Après l’abandon de la saliculture, le site a été classé et acquis par le Conservatoire en 1992 pour préserver le rôle tampon de cette zone humide et encourager la venue des oiseaux migrateurs. L’ÉTANG DU MÉJAN L’étang du Méjean et l’étang de l’Or constituent la frange littorale de l’agglomération de Montpellier. Protégé de la pression urbaine et touristique depuis 1985 par le Conservatoire du littoral, le site naturel protégé du Méjean offre un paysage lagunaire rappelant la Camargue. Oasis de nature en milieu péri-urbain, le Méjean est un site de caractère qui accueille promeneurs, manadiers et chasseurs. Malgré une forte fréquentation, la palette des milieux naturels présente un grand intérêt écologique grâce à la gestion hydraulique du site, reposant sur un système de plusieurs martellières (vannes) et de roubines (canaux), afin de réguler les niveaux et entrées d’eau douce ou salée. Il accueille une grande richesse écologique au coeur d’une mosaïque de paysages constituée de marais, de roselières, de préssalés, de sansouires, d’une haie de tamaris au bord de l’eau, et d’une ripisylve, le long des roubines, étoffée de haies de frênes, de peupliers et de platanes. Article réalisé avec le concours du

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THE FRONTIGNAN BRINE PIT Probably established in Roman times and intensively exploited until the late sixteenth century, the Frontignan salt-works, after a dormant period until the Revolution, came back into production in July 1795, closing in 1968, unable to compete with modern production methods. This 233 ha became the property of Conservatoire du Littoral in 1989. With its mosaic of aquatic environments, the brine pit provides waterfowl with a wide variety of habitats. A number of brackish environment species nest here: shell ducks, terns, avocets, waders, snowy plovers…and the yellow-legged gull with its predatory behaviour, whose population is subject to a regulation program since 2007. During migration, a host of small and large wading birds - sandpipers, greenshanks, herons, flamingos are busy probing the silt in search of shellfish that are found in abundance in these brackish waters.

VIC LAGOON The large lagoon of Vic ( 1352 ha), acquired by Conservatoire ) enjoys a relatively protected environment : its shoreline is not urbanised and access is difficult. Its Northern side is surrounded by marsh wetlands, home to many birds. Both hunting and fishing are common here. The brine pits of Villeneuvelès-Maguelone form the northern borders of Vic-la-Gardiole lagoon. After the ending of salt production, the site was listed and purchased by Conservatoire in 1992 to miaintain the buffering role of this wet area and encourage the visits of migratory birds. MEJAN POND The Méjan and the Or ponds are the coastal belt of Montpellier city. Protected from urban and tourist pressure since 1985 by Conservatoire du Littoral, the Méjan site is much like the Camargue. An oasis of nature in a suburban environment, Méjan has a special character that welcomes walkers, manadiers (herdsmen ) and hunters. Despite overcrowding, the range of natural environments is of great ecological interest, thanks to the management of water flow, based on a system with several martellières ( sluiceways ), and roubines ( canals ), that regulate the levels and inputs of fresh and saline water. The pond hosts a rich ecological heritage in the heart of a mosaic of landscapes consisting of marshes, reed beds, salt grasslands, sansouires, tamarisk hedges next to the water and shoreline vegetation, along the roubines, with rows of ash, poplar and plane trees. This diverse environment supports a variety of fauna, typical of coastal wetlands. Coots, grey herons, wading birds and shelducks are typical here.


Carnon

Un port entre dunes et potagers Carnon, port accueillant pour les bateaux, cultive son littoral et son arrière-pays. En sauvant ses dunes et en soignant son agriculture, il joue une carte verte qui vaut de l’or.

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alavas a sa tour restaurant panoramique, Carnon sa grande roue, encore plus tournante, plus lumineuse. De nuit et de loin, c’est un bon amer. De près, attention, c’est une lanterne de naufrageur : foncez droit dessus, vous finirez sur la plage. Il faut chercher, un demi mille à l’ouest dans les lumières de la ville, les feux rouge et vert de l’entrée balisée aussi par le au grand immeuble clair planté au débouché du chenal. Les immeubles qui entourent le bassin de la plaisance et qui vont vous abriter des vents de terre ne sont pas les habitations balnéaires “historiques” de Carnon. Le paysage urbain typique, c’est l’alignement de “Villa Mon Rêve” d’après-guerre le long des belles plages du Travers ourlées par une dune. Avant, il n’y avait que quelques cabanons de pêcheurs installés le long du grau naturel entre mer et étang, transformés en résidences de vacances. On en trouve encore au bord des canaux. Ce n’est qu’au début du XXe siècle, grâce à la proximité de Montpellier et à la mode des bains de mer que commencent à s’édifier du côté de la plage Est des baraques pour les pique-nique, des buvettes puis, petit à petit, des maisons.

le courant ligure (voir www.cabotages. fr) ne rechargent plus les côtes en sable. Alors, le peu qui reste, les stations font tout pour se le garder… Carnon, en plantant des claies faites de piquets de châtaignier il y a déjà une vingtaine d’années, a été pionnière. Disposées en casiers sur les dunes, les «ganivelles» présentent un double avantage : elles interceptent le sable transporté par le vent et préservent la dune contre le piétinement en partie responsable de la disparition de la végétation. Et ça marche. Un premier étage de ganivelles a été souvent recouvert de sable et un second a été réinstallé par dessus. Maintenant, d’Argelès à Port Camargue, leur géométrie fait partie du paysage. DE L’OR VERT CAROTTE Vous entrez maintenant dans l’avant-port, tellement grand qu’il sert de plan d’eau pour les flottilles d’Optimists de l’école de voile. Puis vous embouquez le canal dans lequel il peut y avoir jusqu’à deux nœuds

de courant. Pas d’amarrage le long des berges : c’est le port de pêche, petit mais qui offre tous les matins ses produits frais aux estivants, habitants et restaurateurs de Carnon. Au bout à droite, quai d’accueil, gazole et capitainerie. Alors, le grand bassin s’offre à vous. Vous en remarquez aussitôt l’eau verte comme dans une piscine qui aurait «tourné». Ne vous y méprenez pas, elle n’est pas sale, seulement très riche en éléments organiques, micro algues, plancton et toutes sortes de végétaux qui adorent les eaux très saumâtres. Car, contrairement à Palavas et à beaucoup d’autres, le port n’est pas gagné sur la mer mais sur l’étang de l’Or (ou de Mauguio), non navigable, dans le déversoir duquel il se trouve. D’où la vitesse du courant et la couleur très végétale de l’eau. Couleur qui a bien plus à voir avec le nom de l’étang de l’Or qu’on pourrait le croire. Cet “Or” n’est pas jaune mais vert: estanh de l’òrt en occitan signifie “étang

du jardin”. Tout s’explique : la plaine de Mauguio (commune de rattachement de Carnon) est le potager du Montpellierais. Ainsi, en plus des poissons frais, vous y trouverez d’excellents légumes. Vous vous amarrez à la place qu’on vous a assignée, entre les piquets. Côté Ouest, vous êtes au calme mais vous devez marcher un peu, côté Est, vous êtes dans la joyeuse animation des quais. Mais toujours sur une eau calme, civilisée comme ce qui vous entoure, pur produit des grands aménagements imaginés dans les années soixante. Le port voit le jour en 1970 et devient le nouveau centre ville, les immeubles y poussent comme des champignons, la population, de 3.000 permanents, décuple l’été. Port de plaisance et plage des Montpelliérais, Carnon s’éveille dès que brille le soleil, même en hiver. Et vous, en sens inverse, vous trouverez facilement un transport public pour aller visiter la “capitale”, à deux pas. Claude Roger

LE SABLE VAUT DE L’OR Si vous êtes arrivés par l’Ouest, vous avez observé de nombreux “épis” le long de la côte. Si vous êtes venus par l’Est, vous avez longé le plus ancien parc de “ganivelles” du Languedoc. L’un comme l’autre sont des moyens de retenir le sable, de préserver l’environnement littoral, gagne-pain des stations d’été. Plus de plage, plus de sous… aujourd’hui, toutes l’ont compris et investissent dans l’économie verte ! De moins en moins riche en alluvions pour cause de domestication croissante et de bétonnage des berges, le Rhône et

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our peu que vous comptiez les distances en temps, Montpellier est à un quart d’heure ou à une heure. Mais, puisque vous êtes à contre temps et à contre sens des flux de la ville vers la plage, le trajet en bus sera rapide. Alors, pourquoi pas une petite journée dans la capitale ? Un départ de Carnon vers 10 h, une promenade à l’ombre des platanes de l’Esplanade où on peut vous recommander l’Eden pour déjeuner au frais, une visite au musée Fabre qui vient d’être refait à neuf, un peu de shopping

au Triangle ou dans les ruelles du vieux centre jusqu’à la place de la Canourgue, retour place de la Comédie où vous prenez le tram (le bleu avec des oiseaux blancs) direction Odysseum. Au terminus, à côté de la patinoire, des cinémas et du planétarium, arrêt obligatoire à l’aquarium Mare Nostrum. Si vous avez découpé le bon dans Cabotages.Coastwise, c’est gratuit. De toute manière, ça vaut la peine : un vrai voyage dans le monde marin et sousmarin, une simulation de tempête

en mer australe, de la cabine du Capitaine Nemo, de la cabane de l’explorateur… Des espaces pédagogiques exceptionnels où les enfants peuvent «tripoter» les animaux marins avec un animateur, faire des jeux… En sortant, vous ne regarderez plus jamais ni la mer ni les “musées” avec le même œil. If you measure distance in time, Montpellier is either a quarter of an hour or an hour away, depending how busy it is. But, seeing as you’re out of time with most people, due to the fact that you’re going the opposite way to the flow from the town to the beach, the bus journey won’t take long. So why not spend a day in the capital? Set off from Carnon at around 10am, go for a stroll in the shade of the plane trees on L’Esplanade, where we can recommend L’Eden

for lunch in the shade, pay a visit to the Fabre Museum, which has just been renovated, do a bit of shopping in Le Triangle or the alleyways of the old centre going towards La Place de la Canourgue, then back to La Place de la Comédie, where you can take the tram (the blue one with the white birds on) towards Odysseum. At the terminus, next to the ice rink, cinemas and planetarium, you just have to stop by the Mare Nostrum aquarium. If you’ve cut out the voucher in Cabotages.Coastwise, it’s free. It’s worth it even if you haven’t: it’s a true journey into the world of the waves and the world beneath the waves, with a simulation of a storm in southern seas, Captain Nemo’s cabin, and an explorer’s hut... There are exceptional educational areas, where children can “mess around” with the sea creatures with a staff member and

play games... When you leave, you’ll never look at the sea or “museums” in the same way again.

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L’ÉTANG DE L’OR L’étang de l’Or n’est pas à proprement parler en Petite Camargue. Mais si ce n’est la frontière entre deux départements, l’écologie s’en approche bien… Constitué de 3.000 ha d’eau saumâtre, est ceinturé par 2.000 ha de marais, zone tampon entre la riche plaine agricole de Mauguio et le plan d’eau. Marais et sansouires ont connu des aménagements, en particulier le drainage agricole, ainsi que des modifications d’usage qui influent sur leur évolution. Sur ces sites traditionnellement utilisés pour la chasse et l’élevage des taureaux “Camargue”, le tourisme de nature amène de nouveaux visiteurs.

A harbour amidst the dunes and vegetable gardens Carnon, which is a welcoming port for boats, farms its coast and the area inland. By saving the dunes and taking good care of the agriculture, Carnon has played a green card that is worth its weight in gold. Palavas has its panoramic restaurant tower and Carnon has its big wheel, which turns even more and is even more lit up. At night, from a distance, it’s a good marker. But watch out when you draw nearer – it’s a wrecker’s lantern: if you go straight on, you’ll end up on the beach. Half a mile to the west, amid the lights of the town, what you should be looking for are the red and green lights of the entrance, which is also signposted by a large, pale building planted at the channel entrance. The buildings surrounding the yacht harbour, which will shelter you from the off-shore winds, aren’t Carnon’s “historic” resort accommodation. The typical urban landscape here is the row of post-war “Villa Mon Rêve” (Dream Villas) along the lovely beaches of Travers, hemmed in by a dune. Before this, there were only a few fishermen’s huts built along the natural channel between the sea and the lagoon, which had been converted into holiday homes. They can still be found on the edges of the canals. It wasn’t until the beginning of the 20th century that, thanks to the proximity of Montpellier and the fashion for sea bathing, little picnic huts began to be built along the East beach side, followed by refreshment areas and, little by little, houses. SAND IS WORTH ITS WEIGHT IN GOLD If you arrived from the West, you will have noticed the large amount of groynes along the coast. If you came from the East, you will have sailed along the oldest area of “ganivelles” [barriers made from wooden slats] in the Languedoc. They are both ways of holding back the sand, to preserve the coastal environment, which is a source of income for the summer resorts. No more beach means no more money... everyone’s grasped this by now, and they’re investing in the green economy! With lower and lower levels of alluvia, owing to increased domestication of animals and concreting of river banks, the Rhône and the Ligurian current (see www.cabotages.fr) no longer reload the coasts with sand. So the resorts do whatever they can to keep the little that’s left... By planting fences made from chestnut stakes as long as about twenty years ago, Carnon was a pioneer in this area. Turning the dunes into a series of pigeonholes, the “ganivelles” have two advantages: they intercept the sand carried by the wind

and protect the dune from people walking over it, which is partly to blame for the disappearance of the vegetation. And it works. The first level of “ganivelles” is often covered by sand, and a second is built on top to replace it. Their geometry now forms part of the landscape from Argelès to Port Camargue. GREEN GOLD AND CARROTS You are now entering the outer harbour, which is so big that it is used as a practice area by flotillas of Optimists from the sailing school. Then you enter the canal, where the current can be as fast as two knots. There’s no mooring along the banks: this is the fishing harbour, which is small but which sells its fresh produce to the holiday makers, residents and restauranteurs of Carnon every morning. At the end on your right is the visitor’s quay, diesel and the harbour master’s office. So the big harbour’s all yours. You will soon notice that the water is green, like a swimming pool that’s “on the turn”. Don’t be deceived – it’s not dirty, just very rich in organic elements, microalgae, plankton and all kinds of plants which thrive in very briny water. Unlike Palavas and many other places, the harbour hasn’t been won back from the sea, but from the “Étang de l’Or” [Golden Lagoon] (or Mauguio Lagoon), which is not navigable – the harbour is in the lagoon’s spillway. This explains the rate of the current and the plant-like colour of the water. This colour has more to do with the name of the “Étang de l’Or” than you might think. “Or”, or gold, is not yellow in this case, but green: in the Occitan language, estanh de l’òrt means “Garden Lagoon”. It can all be explained: the Mauguio plain (an area in Carnon’s administrative district) is Montpellier’s vegetable garden. So, in addition to fresh fish, you’ll find excellent vegetables there too. Moor in the place assigned to you, between the poles. On the West side, you’re nice and quiet, but you’ve got a bit of a walk if you want to go anywhere; on the East side, you’re right in the middle of the cheerful bustle of the quays. But you’re still in quiet, civilised waters, to match your surroundings, which are a pure product of the great developments thought up in the sixties. The harbour was created in 1970 and became the new town centre. Buildings sprang up like mushrooms and the population of 3,000 permanent inhabitants increases tenfold in the summer. Montpellier’s yacht harbour and beach, Carnon comes to life as soon as the sun shines, even in the winter. You, on the other hand, will find it easy to use public transport to visit the “capital”, a stone’s throw away.

DUNES DE LA GRANDE MOTTE Aux portes de la ville, à quelques pas des pyramides contemporaines de la Grande-Motte, ondulent les lignes courbes d’un immense champ de dunes : étrange sentiment que celui de se sentir ici isolé, au bout du monde, à quelques encablures d’une des plages les plus fréquentées du littoral languedocien. Situé en bordure de l’étang de l’Or, vaste espace lacustre où se rassemblent au moment des migrations d’innombrables colonies d’oiseaux, le Grand Travers diffuse comme un parfum de Camargue. Le Conservatoire du littoral participe avec les activités agricoles à la préservation de cette côte sableuse; le cordon dunaire est l’objet de toutes les attentions (défens en recul, réactivation de la dynamique sableuse). L’ÉTANG DU PONANT Enclave de nature de 400 ha préservée entre les stations touristiques de la Grande Motte et du Grau du Roi, l’ensemble Etang du Po-

nant - Boucanet joue pleinement le rôle de “poumon vert”. En retrait d’un littoral absorbé par l’urbanisation, le bois a permis le développement d’un centre équestre depuis 1945. L’étang très recherché pour les loisirs aquatiques (voile, aviron…) est aussi exploité par les pêcheurs professionnels d’anguilles. LE TOIT DE LA CAMARGUE ! Quinze mètres ! Tel est le point culminant de Camargue à deux pas des dunes de l’Espiguette fières de leurs 12 m. Un vrai atout qui offre une perspective rare dans la platitude du delta du Rhône et fait découvrir un paysage surprenant. L’Espiguette, à l’ouest de la Petite Camargue, constitue la limite entre une nature sauvage et l’urbanisation touristique du Grau du Roi et de Port-Camargue. C’est l’action combinée des vents et des courants marins qui a façonné cette côte au fil des siècles. Des formations Dunaires exceptionnelles par leur taille, leur diversité et leur dynamique s’y observent : dunes embryonnaires, blanches, grises, boisées à genévrier de Phénicie et à pin pignon, steppes salées, sansouires, lagunes… Les grandes étendues de sable donnent à ces lieux une véritable allure de désert. Le caractère insolite de ce site est renforcé par la présence d’un phare ensablé à plus de 500 m du rivage. Le site de l’Espiguette est particulièrement intéressant pour comprendre le processus d’évolution du trait de côte. La pointe, située à l’ouest engraisse de manière conséquente (plusieurs mètres par an) alors que la partie orientale du site est attaquée par la mer et régresse. La mobilité incessante du terrain rend toute installation d’une végétation pérenne extrêmement difficile.

DES ÉTANGS ET DES DUNES

SALT LAKES AND SAND DUNES L’ETANG DE L’OR Strictly speaking, the Or lagoon is not located in the Petite Camargue. On the border between two départements, it has varied habitats. Marshlands and sansouïres have been landscaped, together with field drainage and other changes of use have affected its development. They have been used in the past for hunting and breeding Camargue bulls. Nowadays “green” tourism attracts new visitors. DUNES DE LA GRANDE MOTTE At the gates of the town, within walking distance of the modern pyramids of La Grande Motte, you can see the curved lines of a huge dune field. There’s a strange feeling of being lost there, only a stone’s throw from one of the most popular beaches of the Languedoc. In a huge lake system located on the edge of the Or pond, called Le Grand Travers, countless bird flocks gather during the migration season, giving it the feel of the Camargue. The Conservatoire du Littoral is involved with the protection of this sandy coast, including its agriculture and the dune range is well-cared for by managing grazing areas and controlling dune development. L’ETANG DU PONANT This countryside area covering 400 ha, uniting Etang du Ponant and Boucanet, is well protected between Grande Motte and Grau du Roi resorts, and acts as a “green lung”. Set back from a developed coast, forests have been the home of an equestrian centre since 1945. The pond is well used for water sports such s sailing and rowing and is also farmed by professional eel fishermen.

feature that relieves the flatness of the Rhône delta and reveals an unusual landscape. Espiguette, west of Petite Camargue, is the boundary between wilderness and the towns of Grau du Roi and Port-Camargue. The dual action of wind and sea have shaped this coast over the centuries. Exceptionally large, changing dunes can be observed, embryonic dunes, white and grey dunes and wooded dunes with Phoenician juniper and parasol pines. Here are to be found salt steppes, sansouires and lagoons. Vast sand tracts make this site a real desert. The magic of the place is enhanced by a lighthouse stranded more than 500 metres from the shore. The Espiguette area is particularly important in understanding the development of the shoreline. Its western headland widens significantly by several metres per year, while the eastern part is eroded by the sea and diminishes. These changes make it very difficult for any vegetation to survive.

LE TOIT DE LA CAMARGUE ! Fifteen metres! That’s the maximum height in Camargue. Within a stone’s throw, the Espiguette sand dunes are proud of their 12 metres. This Article réalisé avec le concours du

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Port Camargue et La Grande Motte

Deux fleurons des années ‘60

Ces deux voisines qui se font faces dans la baie d’Aigues Mortes, Port ­Camargue et la Grande Motte, créées à la même époque – la fin des années 60 – par le même architecte – Jean Balladur – et dans le même souci d’aménagement du littoral, ne se ressemblent guère et ont connu des destins bien différents.

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ous sommes au début des années 60. Alors que, de l’autre côté du Rhône, le Gendarme de Saint Tropez voit déferler les touristes sur la côte d’Azur, les pandores Languedociens regardent passer les trains de voitures venues de toute l’Europe sur la route d’Espagne. La Costa Brava est aménagée, Germains, Bataves et Wikings s’y disputent appartements et places au soleil. Qui s’arrêterait ici, dans ces marais putrides infestés de moustiques ? Et pourtant, le potentiel est immense : plus de cent cinquante kilomètres de sable pour poser sa serviette ! On est au cœur des Trente Glorieuses, il y a de l’argent et de l’ambition. Le gouvernement De Gaulle crée la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale) dirigée par Pierre Racine. À partir de 1963, la mission interministérielle d’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon dite «mission Racine» va créer Port Camargue, la Grande Motte, le Cap d’Agde, Gruissan, Port Leucate, Port Barcarès et Saint Cyprien. Des villes balnéaires qui concentrent les vacanciers pour mieux préserver les zones naturelles intermédiaires, à la beauté fragile. Dans la baie d’Aigues Mortes, Port Camargue et la Grande Motte se font face, différentes mais toutes deux construites par l’architecte Jean Balladur. PORT CAMARGUE : LE PLUS GRAND D’EUROPE En venant du Grau du Roi, l’amer principal est le phare de l’Espiguette. Attention, bancs de sable ! Approchez, l’architecture homogène de la marina puis la capitainerie vous guideront. La passe est large, l’accès facile, mais restez à distance des enrochements. Bienvenue dans le plus grand port de plaisance d’Europe ! Avant d’atterrir, faites le tour des marinas. Sauf en hélico, il n’y a qu’en bateau qu’on prend la mesure de cette opération de 80 ha. Imaginez que là, à la fin des années 50, avant que l’on assèche les marais, qu’on assainisse, qu’on amène l’eau potable et qu’on reboise, ce n’était qu’un bout de côte insalubre, plus couru par

les moustiques que par les touristes. Ce qui deviendra Port Camargue est encore un espace naturel, vierge de toute construction. Ici, comme à la Grande Motte, l’architecte Jean Balladur est chargé du programme. En 1968, une digue est construite à l’Est de la baie pour stopper l’ensablement par les limons du Rhône. En 1969, les bassins sont creusés, les quais et les pontons réalisés, les premiers bateaux accueillis et on démarre la construction des marinas, achevées en 1980. Le parti pris architectural est un habitat bas, collectif ou individuel. Tout est fini en 1985. Port Camargue compte aujourd’hui plus de 5.000 anneaux – dont 2.239 en marinas privées – et 4.500 appartements. Mille personnes y vivent à l’année mais c’est insuffisant pour animer une vie hors-saison. C’est pourquoi les efforts portent sur des activités permanentes et une diversification du port : planche à voile, aviron, canoë-kayak… L’ancien casino a été récupéré pour en faire un Centre Européen du Nautisme et un hôtel trois étoiles doit compléter l’offre d’hébergement tandis que s’affirme le tourisme d’affaires en «pack» (sports nautiques + séminaire + hôtellerie). Pour la commune du Grau du Roi, Port Camargue est un très gros poumon économique : la station abrite 80 associations et entreprises, dont 30 sur le plateau technique (C.A. consolidé de 64 millions d’euros en 2007) et plus de 380 emplois permanents. Port Camargue soigne aussi son image : la station, certifiée ISO 14.001 (management environnemental) depuis 2004, est labellisée France Station Nautique et fêtera en 2010 ses 25 ans de “Pavillon Bleu”. La station mise également sur l’événementiel sportif : depuis deux ans, le bateau et l’équipe de Kito de Pavant y a élu domicile, d’autres 60 pieds sont attendus.

Port Camargue - © DR

LA GRANDE MOTTE : LES PYRAMIDES SUR MER Une rangée de pyramides d’un blanc immaculé flotte sur la mer… Ce n’est pas un mirage, vous arrivez sur la Grande Motte et la côte basse de Petite Camargue n’est pas encore visible. Visiblement, Jean Balladur a appliqué ici d’autres concepts. Émerveillé par le site de Teotihuacan au Mexique, il a placé la cité sous le signe des temples du Nouveau Monde et d’un “nouveau baroque“ de courbes et de géométries très Seventies. Précolombiens et contemporains se rejoignant dans l’adoration du Soleil, ces formes libèrent des espaces en degrés qui recueillent tous les rayons de l’astre solaire. Pari architectural audacieux, polémiques virulentes, mais, au bout du compte le succès. Le temps a vêtu d’une abondance d’espaces verts le béton étalé nu sur le sable des premières années. Le rideau d’immeubles du front de mer protége les arrières des nuisances salines promptes à tout brûler. Près d’un tiers de la cité est occupé par le végétal. Au point que l’association Les Écologistes de l’Euzière organise des ­visites de cet écosystème original dans lequel on peut circuler à pied ou à vélo par des “voies vertes” sur près de 7 km. Au fil du temps, la clientèle a évolué. Le tourisme de masse s’est dilué alentour et le standing de la station a été tiré vers le haut. La proximité de Montpellier y est

pour quelque chose. Dès les premiers beaux jours, l’immense plage du Grand Travers est investie par la population des communes alentours, y compris entre douze et quatorze heures en semaine par les employés et étudiants de l’agglomération. Qualité de vie “Sud de France” oblige ! Comme Port Camargue, la Grande Motte essaie de vivre toute l’année et diversifie ses activités. Mais, ici, c’est plus facile : il faut deux fois moins de temps pour venir de Montpellier. Alors, de plus en plus nombreux sont ceux qui travaillent à la “capitale” et habitent là, au bord de la mer. Les étudiants aussi, se font des “colocs” pendant la saison d’hiver dans les studios qui seront repris l’été venu par les estivants. Ainsi, la Grande Motte évolue de station touristique à ville à part entière (8.500 hab permanents pour une capacité d’accueil estivale de 11.000). Malgré ce changement, sa cohérence urbanistique a protégé la cité des intrusions architecturales parasites qui l’auraient dénaturé. Qu’on l’aime ou pas, la Grande Motte est restée elle-même, une sculpture sur le sable. Pour la petite histoire la Grande Motte tire son nom de la dune la plus haute du littoral (plus de cinq mètres) qui se trouvait là, aujourd’hui appelée Point Zéro sur le plan de la ville. Guy Brevet Jeanne Chemin

Façades d’immeuble de la Grande Motte

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The sisters from the golden sixties Port Camargue and La Grande Motte were created in the same era, by the same architect, with the same desire to develop the coast, but they scarcely resemble each other and have known very different destinies. We are at the beginning of the 1960s. While the police in Saint Tropez were dealing with an eruption of tourists on the Côte d’Azur, as they famously did in the popular comedy film of the era “Le Gendarme de Saint Tropez”, the Languedoc cops watched a series of cars from all over Europe go past on their way to Spain. The Costa Brava had been developed, and Germanic, Batavian and Viking hordes were fighting it out over apartments and their place in the sun. Who’d bother to stop here in this putrid, mosquito-infested swamp? But the potential was huge: over one hundred and fifty kilometres of sand to spread your towel on! This was right in the middle of the “Trente Glorieuses,” thirty years of economic boom, so there was the money and the ambition. De Gaulle’s government created the DATAR (Delegation for territorial planning and regional action), which was run by Pierre Racine. From 1963 onwards, the interministerial mission for tourist development on the Languedoc-Roussillon coast, known as the “Racine mission”, would create Port Camargue, La Grande Motte, Le Cap d’Agde, Gruissan, Port Leucate, Port Barcarès and Saint Cyprien. Resort towns which would keep holiday makers in one place, to better preserve the natural areas in between, with their fragile beauty. Port Camargue and La Grande Motte face each other across the bay of Aigues Mortes, and are very different, despite the fact that they were both built by the architect Jean Balladur. PORT CAMARGUE: THE BIGGEST IN EUROPE Coming from Grau du Roi, the main marker is the L’Espiguette lighthouse. Look out for sand banks! But keep going, the marina’s homogenous architecture, followed by the harbour master’s office, will guide you. The fairway is wide and access is easy, but keep your distance from the rip-rap breakwaters. Welcome to the biggest yachting harbour in Europe! Before you moor, take a little tour of the marinas. Unless you’re in a chopper, the only way to get a sense of the size of this 80ha operation is in a boat. Just imagine that, at the end of the 1950s, before they drained the marshes and cleaned it up, before they put in a supply of drinking water and reforested the area, this was nothing more than an unhealthy little patch of coast, more popular with mosquitoes than it was with tourists. The area which would become Port Camargue was still a natural environment, virgin land in terms of development. As at La Grande Motte, the architect Jean Balladur was in charge of the programme. In 1968, a sea wall was built to the east of the bay to stop it being silted-up by sediment from the Rhône. In 1969, the basins were dug out, quays and pontoons were made, the first boats were welcomed and the construction of the marinas, which was finished in 1980, got underway. The architectural bias was towards low-rise housing, whether it was blocks of flats or individual dwellings. It was all finished in 1985. Today, Port Camargue has over 5,000 mooring rings – 2,239 of them in private marinas – and 4,500 apartments. A thousand people live there all year round, but this is not enough to keep it lively out-of-season. This is why efforts are focused on permanent activities and diversification of the port: windsurfing, rowing, and canoeing... The old casino has been revamped into a European Sailing Centre and a three star hotel, which completes the range of accommodation available, while also creating

opportunities for business tourism by offering packages (watersports + seminars + the hotel business). For the local area of Grau du Roi, Port Camargue is an enormous economic lifeline: the resort is home to 80 associations and companies, 30 of them in the port’s technical zone (consolidated T.O. of 64 million euros in 2007), providing over 380 permanent jobs. Port Camargue also looks after its image: the resort has been ISO 14.001 certified (environmental management) since 2004, it is an approved France Sailing Resort and, in 2010, it will celebrate 25 years of having a “Blue Flag”. The resort also takes part in the sporting calendar of events: For two years, Kito de Pavant’s boat and crew have chosen it as their home and more 60 footers are expected. LA GRANDE MOTTE: PYRAMIDS UPON THE SEA A row of pure white pyramids floating above the sea... It’s not a mirage, you’re arriving in La Grande Motte and the low coastline of the Petite Camargue is not yet visible. It’s clearly visible that Jean Balladur applied different concepts here. Amazed by the site of Teotihuacan in Mexico, he built the city in the style of the temples of the New World and in a “new baroque” of curves and geometry which is very Seventies. Pre-Colombians and modern people coming together in the adoration of the Sun. The shapes create spaces at angles which capture every ray of our solar system’s star. A daring architectural gamble, leading to raging controversy, but, at the end of the day, a success. Time has clothed the parks in an abundance of green, replacing the bare concrete set against sand of the early years. The wall of buildings on the seafront protects the rest of the town from the salt pollution which tends to sear through everything. Nearly a third of the city is covered by plant life - to such an extent that the L’Euzière Ecologists organise trips to this original ecosystem, where you can travel for almost 7km on foot or by bicycle through “green lanes”. Over the course of time, the clientele has evolved. Mass tourism has decreased in the area and the resort’s standing has been pulled up. Montpellier is nearby for a reason. From the first signs of spring, the huge Grand Travers beach is taken over by the population of the surrounding villages, and even, between twelve and two on weekdays, by workers and students from the town. That “South of France” quality of life is a duty, you know! Like Port Camargue, La Grande Motte tries to make a living all year round and diversify its activities. But it’s a little easier here: it takes half as long to get here from Montpellier. Plus, increasing numbers of people work in Montpellier and live here, next to the sea. Students also share winter lets on the studio flats, which will be taken by holiday makers when the summer comes. This means that La Grande Motte is developing from a tourist resort to a town in its own right (8,500 permanent inhabitants, with a summer capacity of 11,000). Despite these changes, the town’s urban coherence has protected it from the parasitical architectural intrusions which would have robbed it of its character. Whether you like it or not, La Grande Motte is still itself, a sculpture on the sand. As an aside, La Grande Motte [lit: the Big Lump] takes its name from the highest dune on this coast (over five metres high), which was located here. Today, this is called Point Zero on the town map.

La Grande Motte - © DR

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Le Grau du Roi

Marins salés, marins d’eau douce À l’embouchure du capricieux Vidourle venu des Cévennes et au débouché de la Grande Roubine qui passe dans les salants d’Aigues Mortes, le Grau du Roi est un vivant port de pêche et une charmante petite ville.

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e Grau du Roi et la passe qui mène au port sont est aisément reconnaissables aux deux amers que constituent l’ancien phare, à bâbord, et les immeubles qui s’élèvent en face sur l’autre rive du chenal qui coupe la ville en deux. La ville et son port sont situés à une double embouchure : celle du Vidourle, fleuve côtier aux crues violentes et soudaines, et du canal maritime, la Grande Roubine, qui conduit à Aigues-Mortes. Pour entrer dans la passe, présentez-vous bien dans l’axe. Le courant étant sortant, méfiez-vous des éventuels remous et bois flottants en période de fortes précipitations sur l’arrière-pays. De même, à l’entrée comme à la sortie, gardez bien à l’esprit que le Grau du Roi est surtout un port de pêche, que les chalutiers sont prioritaires et les pêcheurs conscients de leurs prérogatives. Une fois dans la passe où il n’y a pas de places d’accueil, vous devrez franchir le

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pont tournant pour accéder au port de plaisance, situé sur le Canal Maritime (consultez les horaires d’ouverture des ponts tournant et levant). Restez sur tribord, les pontons sont situés surtout à tribord (et après l’entrée du port de pêche), ainsi qu’à bâbord après le chantier naval repérable à la maison rose, et avant le pont levant. Le port du Grau du Roi, de petite capacité, présente la particularité d’être un lieu où se rencontrent marins d’eau salée et marins d’eau douce ; il constitue en effet pour ces derniers, venant d’Aigues-Mortes, la dernière étape fluviale. En décalage avec l’activité commerciale dense, surtout en période estivale, que connaît le centre du Grau du Roi, le port constitue une jolie escale. BALNÉAIRE DEPUIS 1924 Le port du Grau du Roi est historiquement lié au destin d’Aigues Mortes. Successivement Grau des Consuls, Grau Henry, Grau

du Roy (vers 1630), Grau Napoléon (sous le premier empire), Grau d’Aigues Mortes (utilisé régulièrement jusqu’en 1879, date de son autonomie de la commune d’Aigues Mortes), le nom de la localité a changé fréquemment. Le port royal a été, durant de nombreux siècles, Aigues Mortes. Pour ce faire, les navires devaient remonter un chenal à travers un étang. Un grau (passage) artificiel a été creusé en 1278. Pour maintenir cette voie navigable, stabilisée par deux môles empierrés au XIXe siècle, l’histoire d’Aigues Mortes et du Grau du Roi est indissociable d’une lutte permanente et de travaux incessants contre l’ensablement et les changements de lit du Rhône. Au débouché du Grau sur la mer, des cabanes, puis des maisons voient le jour, embryon d’un village de pêcheurs. La localité compte 500 hab en 1850, 1.000 hab en 1900.

Au début du XXe siècle, le Grau du Roi attire des touristes et des curistes à la recherche des bienfaits de l’eau de mer. Les flux s’intensifient d’abord avec la prolongation de la ligne de chemin de fer Nîmes – Aigues Mortes en 1873, puis la desserte de Grau du Roi en 1909. La commune, qui s’équipe rapidement d’instituts, de cabines de plage… devient Station Balnéaire et Climatique par décret présidentiel en 1924. C’est surtout après la deuxième guerre mondiale, avec le développement des congés payés en 1936, que la ville s’étire et se transforme. Si la pêche est toujours active comme en témoigne la présence d’une vingtaine de chalutiers dans le port, c’est le tourisme qui marque les esprits, l’espace et l’économie, notamment avec le projet d’aménagement spectaculaire de Port Camargue. UNE COMMUNE DE TERRE ET D’EAU Le Grau du Roi est le seul accès à la mer du Gard. Il s’en est fallu de peu pour que le département ne dispose même pas cette façade maritime d’une vingtaine de kilomètres ! Le découpage initial des départements n’en prévoyait pas. Prévu pour être dans l’Hérault, le canton d’Aigues-Mortes, suite aux protestations des Gardois, a été échangé contre le canton de Ganges, au pied des Cévennes, très riche à l’époque, notamment grâce au ver à soie. La soie a périclité, le tourisme prospéré. Une cité industrielle s’est endormie, un village de pêcheurs s’est éveillé. Avec le tourisme, le littoral a été l’objet d’une forte urbanisation, avec l’extension que connut le centre-ville, en direction de l’ouest, vers la page du Boucanet, et de l’est, avec la station de Port Camargue créée ex-nihilo. Heureusement, une bonne portion du territoire communal est préservée, au niveau de la longue plage de l’Espiguette. Cette commune grande comme la moitié de Paris intra-muros compte bien d’autres espaces naturels : un tiers de sa superficie est occupé par des zones humides. Les étangs et toute la faune qu’ils abritent ne sont jamais loin. C’est la petite Camargue qui, en bien des aspects, n’a rien à envier à la grande. Guy Brevet Jeanne Chemin

steps ashore pas à terre

e port constitue un bon camp de base pour tourner le dos à la mer, tentation que ne manqueront pas d’avoir ceux qui se lassent vite de l’enfilade de boutiques du centre-ville. Plusieurs circuits sont ainsi possibles, à pied, à cheval, en VTT, pour partir à la découverte de la Petite Camargue. Autre balade, le phare de l’Espiguette, autrefois bâti à 150 m du rivage… et dont le retrait actuel par rapport à ce dernier donne bien la mesure de l’atterrissement dont ce secteur est l’objet.

The harbour makes a good base camp if you feel like getting away from the seaside, which is particularly tempting for those who quickly tire of the succession of shops in the town centre. There are also several tours you can make, on foot, on horseback or by mountain bike, if you want to go off and discover the Little Camargue. There’s another stroll to the Espiguette lighthouse, which used to be 150m from the shore... its current distance from that position gives you a good idea of the extent to which this area silts up.

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Pêche

AMATEURS ET ARMATEURS, PAS DANS LE MÊME FILET Il y avait déjà les restrictions de taille. Maintenant, on parle de permis, de quotas et de périodes d’interdiction. La pêche maritime «amateur» est en voie de se soumettre à des règles de plus en plus strictes, proches – toutes proportions gardées – de celles des professionnels. Mais tout réside, justement, dans les proportions. Alors, pour vous faire une idée, voici mis en parallèle quelques chiffres à méditer. En regardant tremper le fil.

Mais, même si on ne peut pas toujours tenir compte de ce que l’économie de la moule fait pour celle de l’huile à frite, l’enquête BVAIFREMER fait prendre la mesure de ce que 15.000 t prélevées produisent dans le secteur du loisir et du tourisme, sans qu’il soit nécessaire d’y mettre subventions, détaxes et aides à la casse. Si la CNPPM a voulu ainsi montrer le poids économique de l’activité qu’elle représente, mission accomplie. Au moment où les

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inquiétudes légitimes sur la raréfaction des ressources halieutiques tendraient à faire partager à tous les pêcheurs confondus des règles de limitation, il était utile que les amateurs montrent leur «poids» dans les prélèvements. Mais ce n’est pas nécessairement parce qu’ils prélèvent quarante fois moins que les amateurs sont exactement proportionnellement responsables. Ils ne pêchent pas aux mêmes endroits, aux mêmes moments, les mêmes espèces… On ne compare pas le dégazage sauvage d’un pétrolier au large et les 10 t de caca rejetés en une saison dans une petite calanque par 60 bateaux sales. Et pourtant, il s’agit bien de la même chose, au fond. Le respect. L’enquête a montré que les pêcheurs de plaisance le comprenaient : 90% d’entre eux sont favorables à l’instauration de périodes d’interdiction pour “repos biologique”, 84% acceptent une limitation des prises par sortie pour les espèces en danger et 82% l’instauration de contrôles contre le braconnage. Quant au permis de pêcher, ils sont contre à 60% mais l’accepteraient pour certaines espèces. Alors, irresponsables les “amateurs” ? Armés pour se défendre, disposés à agir, en tout cas. Christophe Naigeon

Chantier nautique

Salt water sailors, fresh water sailors At the mouth of the temperamental Vidourle, which has come from the Cévennes mountains, and the outlet of the Grande Roubine, which passes through the Aigues Mortes salterns, Le Grau du Roi is a lively fishing port and a delightful little town. Le Grau du Roi and the fairway leading to the harbour are easily recognisable by the two markers created by the old lighthouse, to port, and the buildings rising up on the other bank of the channel which cuts the town in two. The town and its harbour are located at a double river mouth: the Vidourle, a coastal river which floods suddenly and violently and the maritime canal, La Grande Roubine, which leads to Aigues Mortes. To enter the fairway, line yourself up with it properly. As the current flows out to sea, watch out for possible eddies and driftwood when it’s been raining heavily in the hinterland. Also, going in as well as coming out, bear in mind that Le Grau du Roi is primarily a fishing port, trawlers take priority and fishermen are aware of their prerogative. Once in the fairway, where there are no berths, you have to pass through the swing bridge to access the yacht harbour, which is on the Maritime Canal (check the opening times for the swing and vertical lift bridges). Keep to starboard, as the pontoons are mainly to starboard (and after the entrance to the fishing harbour), as well as to port after the shipyard, which can be spotted by the pink house and before the vertical lift bridge. Le Grau du Roi’s harbour, which has a small capacity, is unusual in that it is a place where salt water sailors meet fresh water sailors; for the latter, who come down from Aigues Mortes, it is, in fact, the last stage on the waterways. In contrast to the hectic shops in the centre of Le Grau du Roi, especially during the summer, the port is a pretty stopover. A SEASIDE RESORT SINCE 1924 The fate of Le Grau du Roi as a port is historically linked to that of Aigues Mortes. Successively known as Grau des Consuls, Grau Henry, Grau du Roy (around 1630), Grau Napoléon (under the first empire), Grau d’Aigues Mortes (regularly used until 1879, the date when the village became independent from Aigues Mortes), the place has changed its name frequently. For many centuries, Aigues Mortes was the royal port. In order to reach it, ships had to go up a channel after crossing a lagoon. An artificial “grau” (channel) was dug in 1278. In order to keep this passageway navigable,

it was stabilised by two stone breakwaters in the 19th century. The history of Aigues Mortes and Le Grau du Roi is inextricably linked to a permanent struggle and unceasing work to prevent this channel from silting up and to deal with changes in the bed of the Rhône. Cabins were built where the “grau” opens into the sea, which were then followed by houses, creating an embryonic fishing village. There were 500 inhabitants in 1850 and 1,000 in 1900. At the beginning of the 20th century, Le Grau du Roi started to attract tourists and people hoping to benefit from the health-bringing qualities of the sea water. The flow first began to intensify with the extension of the Nîmes – Aigues Mortes railway line in 1873, followed by the Grau du Roi service in 1909. The village, which rapidly acquired salons and beach huts, was made a Seaside and Health Resort by presidential decree in 1924. The town’s main expansion and transformation occurred after the Second World War, with the development of paid holidays in 1936. Although there is still a thriving fishing industry, as demonstrated by the twenty or so trawlers in the harbour, it’s tourism that defines the location’s spirit, area and economy, particularly through the spectacular development of Port Camargue. AREA OF LAND AND WATER Le Grau du Roi is the Gard department’s only access to the sea. And the department gained this twenty kilometres or so of sea coast right at the last minute! Indeed, when the regional departments were first carved up, it didn’t have any. The canton of Aigues Mortes was intended to be part of L’Hérault, but was exchanged for the Ganges canton at the foot of the Cévennes. This area was very rich at that time, mainly thanks to its silkworms. The silk industry collapsed, but tourism prospered. As an industrial city fell asleep, a fishing village woke up. With the advent of tourism, the coast was subject to intense development, with the extension of the town centre to the west towards the Boucanet beach and, to the east, with the ex nihilo creation of the Port Camargue resort. Luckily, a good share of the commune’s land was preserved around the long Espiguette beach. This commune, which is as big as the part of Paris within the city walls, has a lot of other natural areas: one third of it is covered by wetlands. The lagoons, and all the wildlife they are home to, are never far away. This is the Little Camargue, which, in many respects, has little reason to envy the big one.

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atégorie amateurs : 15.000 t. Professionnels : 1.000.000 t (dont 400.000 t rejetées, morts, à la mer). Écrasante victoire des hommes aux cirés jaunes dans leurs chalutiers, fileyeurs et autres palangriers face aux concurrents à casquette, glacière et moulinets, dans leurs barcasses ou assis sur leurs pliants. Faut-il une autre preuve que les mouilleurs de bouchons, trempeurs de dures américaines ou autres remorqueurs de rapalas sont de petits bras ? Facile : 11 kg de poissons (hors coquillages et céphalopodes) est la moyenne annuelle pêchée par chacun des 2,5 millions de membres que comptent les familles Péchapied et Péchalo, père, mère, enfants et grandsparents confondus ; 50 t est celle que sort de l’eau chacun des 12.000 employés de la pêche professionnelle ! Et alors, ça prouve quoi ? Toute la question est là. « Nous voulions contrer des rumeurs et des fausses informations qui exagèrent les prélèvements sur la ressource par la pêche de loisir » déclarait en 2006 Jean Kiffer, président de la Confédération Nationale de la Plaisance et de la Pêche en Mer (CNPPM) alors qu’il venait de commander une enquête indépendante à l’institut BVA associé à l’IFREMER. Les résultats aujourd’hui partiellement disponibles ne manquent pas d’intérêt. Surtout lorsque l’on aborde les questions économiques. Alors que les criées françaises vendent bon en mal an pour un milliard d’Euros, le poisson «gratuit» de l’amateur en rapporte le double ! En trois temps ? Acte un : l’investissement. Un pêcheur dépense en moyenne 70€/an en matériel et appâts et 17€ en livres, guides, revues spécialisées. Total : 250 millions d’Euros. Acte deux : le bateau. Là, ça peut aller jusqu’à 4.000€/an pour les pêcheurs les plus acharnés, mais la moyenne n’est “que” de 1.700€/an pour chacun des 235.000 bateaux utilisés pour la pêche. Total : 400 millions d’Euros. Acte trois : les à-côtés. Chaque sortie de pêche induit une dépense moyenne de 28€ (déplacement, frais de bouche et hébergement compris). Pour 50 millions de sorties par an, on arrive à un troisième total de 1,4 milliard d’Euros dépensés. Additionnez les trois totaux, on arrive à 2 milliards. Bien sûr, la pêche professionnelle fait aussi vivre les marchands de gazole, de filets, d’accastillage, de bateaux et d’électronique marine, des grossistes, des conservateurs, des transporteurs, des poissonniers, des restaurateurs… jusqu’aux marchands de brosses à dents. Les valeurs ajoutées de toute la filière dépassent largement le budget de la pêche «du dimanche». English translation next page


Aigues Mortes

La citadelle bâtie sur le sable Entre Port Camargue et la Grande Motte, marinas seventies, le Grau du Roi n’offre pratiquement pas de places d’accueil. Alors, poursuivez jusqu’à Aigues Mortes, la cité où les chevaliers désoeuvrés inventèrent les joutes. Avant d’aller mourir pour la Foi.

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u chenal principal du Grau du Roi, vous accédez à Aigues Mortes en laissant sur bâbord l’embouchure du Vidourle, rivière capricieuse qui descend des montagnes cévenoles, célèbre pour ses folles crues, les Vidourlades. Franchissez le pont levant (se renseigner sur les horaires) et embouquez le chenal maritime rectiligne (tirant d’eau 1,7 m) au long duquel, vous longez sur bâbord les “camelles” des Salins du Midi, montagnes de sel de plus de 20 m de haut et de 400 m de long. Et, devant, vous voyez enfin les remparts de la cité médiévale. Si vous avez un mât, le pont fixe au niveau de la Tour de Constance mettra fin à toute velléité d’aller plus avant goûter à l’eau douce ! Mais, pour l’instant, arrêtez-vous.

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Les Croisades ! C’est pour reprendre le tombeau du Christ des mains des mahométans que Louis IX (post-mortem appelé Saint Louis) fit construire la ville d’Aigues Mortes au XIIIe siècle. Chargé par le pape Innocent IV de prendre le commandement de la croisade en 1240, il lui fallait un port d’embarquement. Aucune ville du littoral Languedocien n’étant possession royale, et pour ne pas être l’obligé de ceux parmi ses vassaux qui auraient pu en mettre à sa disposition, il trouva que le site d’un petit port perdu dans les lagunes, Aquae Mortae, était l’endroit idéal. AU MILIEU DES MARAIS Située sur le bord d’une immense lagune reliée à la mer par des graus et le bras du Petit Rhône par des marais, cette cité appartenait aux moines de l’Abbaye de Psalmody. Louis IX la leur échangea contre des terres dans le Sommiérois. Il fit construire une chaussée endiguée pour relier la ville à la terre ferme. Plus tard y fut la Tour Carbonnière, à fin de défense. Saint Louis embarqua à Aigues Mortes pour ses deux croisades, en 1248 et 1270. C’est au cours de la seconde qu’il mourut du typhus. De son vivant, il pût voir achevée la Tour de Constance mais seulement les fondations des remparts qui ne seront achevés que deux rois plus tard, sous le règne de son petit fils Philippe le Bel succédant à son père Philippe le Hardi. Au centre d’Aigues mortes, l’église Notre Dame des Sablons – nom donné en référence à l’environnement sablonneux des marais qui cernent la cité – est contemporaine de ces guerres menées au nom de la “vraie foi”. Les croisades finies, le port périclita au fil du temps, ensablé par les crues conju-

steps ashore pas à terre

a visite intra muros s’avère incontournable pour voir et accéder a tous les centres d’intérêt historiques et architecturaux, en particuliers la Tour de Constance qui d’ouvrage défensif devînt prison : pour les Templiers au début du XIVe siècle, plus tard pour les protestantes refusant d’abjurer leur foi. Du chemin de ronde sur les remparts (un quadrilatère de 1.634m) pour ceux que les subtilités défensives de l’architecture du Moyen âge ne passionnent pas, la vue est magnifique sur les salins et les marais de la Camargue. Au centre de la place Saint Louis que jouxte l’église des Sablons on peut admirer une statue monumentale du dit gaillard à sang bleu en croisé

à croix rouge. Par des sentiers non balisés vous pourrez rejoindre la Tour Carbonière construite vers la fin du XIII e, carrée, enjambant la route, elle s’élève, solitaire et imposante au dessus des marécages. C’était un lieu de péage incontournable dans tous les sens du terme ! De même vous pourrez rejoindre les ruines du Fort de Peccais, bâti sur les bords de l’ancien canal du même nom qui reliait les salines à la mer. Depuis la cité sont organisées des visites des Salins du Midi en petit train, des visites de caves du fameux Vin des Sables, le Listel et des excursions en Camargue vers ces lieux entre terre et eau où vi-

guées du Rhône et du Vidourle. Pour des raisons politiques aussi car Marseille fut rattachée à la couronne de France en 1481 à la couronne de France et concurrença gravement la cité languedocienne. Il fallut attendre 1532 pour que sur ordre de François Ier un premier canal fut creusé des salines à la mer. Il finit par se refermer. Un second fut entrepris en 1725 pour relier cette fois la cité d’Aigues Mortes à la mer par le Grau dit «du Roi». Cet ouvrage mit fin à l’étouffement du port par les sables. Et c’est en 1806, par l’achèvement du canal du Rhône à Sète qu’Aigues Mortes devint, en plus, un port fluvial. Depuis, Aigues Mortes a débordé de son enceinte. Endormie et oubliée au XIXe siècle elle a repris vie en grande partie grâce au tourisme. La Cité historique offre avec ses remparts dominant la Camargue un des ensembles d’architecture médiévale les mieux conservés de France. Guy Brevet Jeanne Chemin

Voiles en terre de Camargue

Les joutes avant Sète C’est en 1270, à Aigues Mortes – tout de même avec une antériorité de quelque quatre siècles sur leur officialisation à Sète – que les premières joutes eurent lieu dans le golfe du Lion. Les croisés, attendant de s’embarquer, eurent l’idée de tuer le temps en organisant des tournois où les palefrois étaient remplacés par les chaloupes qui servaient au transbordement des marchandises et des équipements vers les navires. Ainsi, sans risquer de se blesser gravement, les sol-

vent les chevaux blancs, les taureaux noirs et les flamands roses. Si vous désirez changer vos habitudes de loup de mer, vivez les émotions du marin d’eau douce : embarquez sur une des péniches d’excursion amarrées devant les remparts, vous serez comblés ! A visit to the city within the walls is unmissable if you want to see and access all the historical and architectural points of interest, particularly the Tour de Constance, which changed from a defensive building to a prison: At the start of the 14th century, it held Templars, who were later followed by Protestants who refused to forswear their religion. For those left cold by the defensive subtleties of the Middle Ages, there is a magnificent view of the salt refineries and marshes of the Camargue from the round walk at the top of the ramparts (a 1,634m quadrangle). In the middle of Saint Louis square, next to the Church of the Wind-blown sands (église

dats (la piétaille, les biffins !), et les marins trouvaient alors le moyen de laver à l’eau de mer et à la manière des nobles chevaliers, le vieux linge sale qui existe de tout temps entre ces corps d’armée (l’aviation n’existait pas). Les médisants pourront dire qu’au moins, et contrairement aux Bretons, les marins languedociens savaient nager ! Et les imaginatifs pourront penser que certains chevaliers on pu voir dans cette pratique populaire le moyen de répéter quelques gestes qui leur seraient utiles au combat. Sans armure, évidemment.

des Sablons), you can admire a monumental statue of this robust, blue-blooded fellow who fought under the red cross. Using unmarked paths, you can go to the Tour Carbonnière, which was built at the end of the 13th century. This square tower straddles the road and rises up, solitary and imposing, above the marshes. It was a toll booth which you couldn’t miss for a number of reasons! You can also visit the ruins of the Fort de Peccais, built on the banks of the old canal of the same name, which linked the salt refineries to the sea. There are organised trips from the city to the Salins du Midi by scenic railway, visits to the cellars of the famous Vin des Sables, the “Listel”, and excursions into the Camargue to see the half-water, half-land environment where white horses, black bulls and pink flamingos live. If you’re tired of being a master mariner, give the fresh water experience a try: set sail on one of the pleasure trip narrow boats moored in front of the ramparts – you’ll love it!

Saint Louis

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Between the seventies marinas of Port Camargue and La Grande Motte, Le Grau du Roi offers hardly any moorings for visitors. So carry on to Aigues Mortes, the city where knights who found themselves at a loose end invented sea jousting. Before they went and died for their Faith. It has three landmarks that are almost From Le Grau du Roi’s main channel, you reach Aigues Mortes by leaving the mouth of the Vidourle to port. This is a temperamental river which comes down from the Cévennes mountains and is famous for its massive floods, the Vidourlades. Pass through the vertical lift bridge (check the opening times) and enter the straight maritime channel (1.7m draught). To port, you follow the “camelles” from the “Salins du Midi” [the Southern France salt refineries], mountains of salt over 20m high and 400m long. And, just ahead, you finally see the ramparts of the medieval city. If you have a mast, the fixed bridge near the Tour de Constance will put an end to any vague desires you may be harbouring to venture further and taste the fresh water! But in either case, stop here for now. The Aigues Mortes harbour master’s office is on the Quai des Croisades. AMONGST THE MARSHES The Crusades! Louis IX (posthumously known as Saint Louis) built the town of Aigues Mortes in the 13th century, to help win the tomb of Christ back from the Muslims. As Pope Innocent IV had made him responsible for taking command of the crusade in 1240, he needed an embarkation port. As none of the towns on the Languedoc coast were royal possessions, and so that he wouldn’t be obliged to any of his vassals who could have made one available to him, he found that the site of a little harbour lost among the lagoons, Aquae Mortae, was the perfect spot. Located on the edge of an enormous lagoon connected to the sea by channels and a branch of the Petit Rhône running through the marshes, this city belonged to the monks of L’Abbaye de Psalmody. Louis IX exchanged it for lands in the Sommières region. He built a road surrounded by dykes to link the town to solid ground. Later, the Tour Carbonnière was built, as a defence. Saint Louis embarked for his two crusades, in 1248 and 1270, from Aigues Mortes. It was during the second of these that he died from typhus. In his lifetime, the only part of the Tour de Constance he saw completed was the foundations of the ramparts, which would not be finished until two kings later, during

the reign of his grandson Philip the Fair, who succeeded his father, Philip the Bold. The church of Notre Dame des Sablons [lit: Our Lady of the Wind-blown Sands] – a name which refers to the sandy environment of the marshes surrounding the city – was built at the same time as the wars fought in the name of the “true faith”. Once the crusades were over, the port declined over time as it was silted up by the combined flooding of the Rhône and the Vidourle. This was also for political reasons, as Marseilles was linked to the French crown again in 1481, giving the Languedoc city serious competition. It wasn’t until 1532 that the first canal was dug from the salt refineries to the sea, on the orders of François I. Eventually, it closed up again. A second canal was built in 1725, this time to link the city of Aigues Mortes to the sea by the “Grau” known as “du Roi”. This work finally put an end to the port being suffocated by the sands. In 1806, when the Rhône canal from Sète to Aigues Mortes was finished, Aigues Mortes became also a river port. Since then, Aigues Mortes has overflowed its surrounding wall. A sleepy, forgotten town in the 19th century, it was largely thanks to tourism that it came back to life. With its ramparts dominating the Camargue, the historic City is one of the best-preserved collections of medieval architecture in France.

AMATEURS & PROFESSIONNALS ARE NOT IN THE SAME BOAT Restrictions on the size of fish caught have existed for a while Now licences, quotas and closed season periods are being proposed. ‘Amateur’ sea-fishing is facing increasingly strict regulations that, all things being equal, are somewhat similar to those applying to commercial fishermen. The problem is that things are far from being equal. Here are a few statistics to get you thinking, while you’re waiting for the fish to bite. Amateur fishermen catch 15,000 t of fish a year. Commercial fishermen catch 1,000,000 tonnes (of which 400,000 t are thrown back dead into the sea). That’s an overwhelming victory for the men in yellow oilskins on board their trawlers and long-line fishing vessels against their flat-capped competitors, equipped with coolbox and fishing reels, perched in old fishing boats or on camp stools.

Fishing

The citadel built upon the sand

Of course, commercial fishing also provides business for other industries – oil companies, net makers, ship outfitters, boat-sellers, marine electronics companies, as well as wholesalers, cold storage companies, transporters, fishmongers, restaurateurs… right down to toothbrush salesmen. The added value of the entire industry far outweighs the ‘Sunday’ fishing budget. But, even if we can’t calculate the impact of the fish industry on the chip fat industry, the BVA-IFREMER report gives us an idea of the positive impact of the 15,000 tonnes of ‘amateur’ fish caught on the leisure and tourism sector, without the need for grants, tax relief and other financial support. If the CNPPM was looking to demonstrate the economic impact of the leisure activity it represents, then it has undoubtedly succeeded. At a time when legitimate concerns on the

SEA JOUSTING BEFORE SÈTE It was in 1270, in Aigues Mortes – still some four centuries before they were made official in Sète - that the first sea jousts took place in the Gulf of Lions. While the Crusaders were waiting to set sail, they decided to fill the time by organising tournaments in which palfreys were replaced by the sloops used to ferry goods and equipment back and forth to the ships. And so with no risk of any serious injuries, the soldiers (the rank and file, the footsoldiers!) and the sailors found a noble and knightly way to wash the dirty linen which has always existed between the two branches of the armed forces (there was no such thing as aviation then), by dipping it in sea water. People could be nasty and say that at least, unlike the Bretons, sailors from the Languedoc knew how to swim! And those with a good imagination could think some of the cavalry saw this popular activity as a good opportunity to practice a few strokes that might be useful to them on the battlefield. Without armour of course. Isn’t it obvious that these amateurs with their floats, hard bait or crankbait are in an entirely different league? On average, each of the 2.5 million members of the angling and leisure sea-fishing family – including mums, dads, kids and grandparents – catch 11 kg of fish a year (excluding shellfish and molluscs). Each of France’s 12,000 commercial fishing employees catches an annual average of 50 tonnes! So what does that prove? Well, that is the question. “We want to counter-act the rumours and misinformation which exaggerate the environmental impact of amateur fishing” said Jean Kiffer in 2006, President of the CNPPM (French National Amateur Sea Fishing Confederation), on the commissioning of an independent survey by the BVA research institute and the IFREMER sea exploitation research centre. And the initial results are fascinating. Especially if you look at the economics. While French fish markets sell €1 billion worth of fish a year whatever the weather, the amateurs’ ‘free’ fish brings in twice that for the economy! How’s that you say? Well, simply put, it works like this: First, the investment. An amateur fisherman spends on average €70/ year on equipment and bait, and €17 on books, manuals and specialist magazines. That makes € 250 million. Next, the boat. A boat can cost up to €4,000/ year for the keenest fishermen, but the average is ‘only’ €1,700/ year for each of the 235,000 boats used for fishing. Total: €400 million. And then there’re the extras. A fishing trip costs an average of €28 (including transport, food and accommodation expenses). 50 million trips a year gives us a third figure of €1.4 billion spent. Add up the three totals, and it comes to €2 billion.

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reduction of fishing resources tend to produce legislation to limit fishing, the amateurs needed to show where they fit in the fishing chain. But just because they fish forty times less doesn’t mean that they should be held responsible for a fortieth of the problem. They do not fish in the same places, at the same times, or target the same species. You can’t compare large-scale oil dumping at sea and the 10 t of waste left in a little cove by 60 dirty boats during one season. Nonetheless, at the end of the day, it’s all about the same thing. Respect. And the survey shows that amateur fishermen know all about that - 90% of them favour ‘ecological rest’ periods where fishing is temporarily prohibited; 84% accept catch quotas for endangered species and 82% are for the implementation of poaching inspections. As for fishing licences, 60% of them are against the idea, but understand that they might be necessary for certain species. So, are ‘amateurs’ really irresponsible? Well, either way, they are certainly ready to stand up for themselves, with figures to back them up. Christophe Naigeon


Cabotage sur le canal du Midi

Béziers, canal bucolique BÉZIERS CANAL DU MIDI Depuis trois ans dans toutes les capitaineries Cabotages.Coastwise incite les plaisanciers à tenter une escale dans le port d’à côté, une croisière vers d’autres bassins de navigation, l’exploration de lignes de côtes inconnues et surprenantescomme la Méditerranée sait nous en offrir. À partir de 2010, en plus des soixante-dix ports du Cap Cerbère à la Rade d’Agay, nous vous proposerons des navigations un peu diférentes, avec votre bateau

Avec une petite vedette, une barque à moteur ou une pénichette de location, pour un jour ou un week-end, passez à l’eau douce le temps d’une jolie croisière vers Béziers, une ville bien vivante et un port plein de projets.

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es beaux jours d’automne sont là. Voiliers qui faisaient les fiers dans les vents chauds de l’été, vedettes qui taillaient leur route houleuse sur la mer ouverte, mâtés, quillards, gros, pressés et puissants, passez votre chemin ! Ici, il faut être bas, plat et tenir trois nœuds pendant des heures sans fâcher au moteur. Vous êtes sur un canal. Avec le bateau ad hoc, le capitaine muni du permis fluvial (la location en dispense... bizarre), parti du bassin de Thau ou de Cap d’Agde, peut aller à la découverte de l’arrière-pays, le nez en l’air, sans GPS ni anémo, sans ligne de mouillage, sans autre souci que ses pare battages qu’il aura, pour une fois, le droit de laisser pendre au ras de l’eau. Faisant la haie sur le passage les platanes et tous les arbres qui aiment avoir les pieds dans l’eau sauront, selon la saison, porter ou retirer leurs feuilles pour cacher ou laisser passer la lumière vers les eaux vertes.

Et, puis, quant à partir sur l’eau douce, autant opter pour un port résolument fluvial. Sautons donc l’escale d’Agde encore très maritime - mais profitons de sa superbe et unique écluse ronde - et filons lentement vers Béziers. VILLENEUVE-LES-BÉZIERS Loin des zones urbanisées et des flonflons de la côte, le canal du Midi serpente mollement entre marais salés et vignobles, se glisse sous les voies rapides, frôle quelques villages. Première escale : la petite halte portuaire de Villeneuve-les-Béziers, patrie de la poésie de langue d’Oc chantée par Jean Laurès, ancienne ville romaine développée sous Charlemagne avant que son élan ne soit brisé par un incendie au Moyen-Âge. Le feu fut si impressionnant et les destructions si grandes que la ville garda jusqu’en 1631 le nom expressif de Villeneuve-laCrémade !

Puis, sous son nouveau nom, la ville a retrouvé sa splendeur. Pour vous en convaincre, faites le parcours en deux étapes que propose l’Office de tourisme avant de reprendre le fil de la croisière. Le temps de passer sous l’autoroute A9 pour se convaincre – s’il était nécessaire – qu’on a fait le bon choix de locomotion, et on arrive à la seconde curiosité technique du parcours : le pont-canal qui franchit l’Orb douze mètres plus haut. Superbe, ces plans d’eau qui se chevauchent Mais, hélas, impossible aux pénichettes de passer directement du canal au fleuve. Le dragage du bras de l’Orb qui faisait autrefois la jonction est en projet. On peut espérer un jour rejoindre le canal depuis Valras. POINT DE VUE SUR BÉZIERS Si l’on sait que Béziers vient du celte Baeterrae qui désigne un passage à gué, on comprend la dimension fluviale de la ville,

bien avant que Pierre-Paul Riquet ne vienne tracer cette folle ligne d’eau pour relier les deux mers. L’arrivée à Béziers par la voie fluviale donne l’impression de découvrir une ville inconnue tant le «point de vue canal» change la perspective. Après tant d’horizontalité, le site presque trois fois millénaire prend une majesté toute particulière quand les lumières chaudes de l’automne, coupantes de l’hiver ou floutées du printemps jouent avec les vieilles pierres sur la hauteur. LE PORT NEUF À RÉNOVER Les responsables du tourisme le reconnaissent, le port fluvial de Béziers n’est pas à la hauteur des splendeurs de la ville. L’étape de Béziers a mauvaise réputation chez les bateliers. Mais la communauté BéziersMéditerranée a décidé de changer les choses. Dès la saison prochaine, les premiers effets des investissements consentis à sa rénovation vont se faire sentir.

Photos Gilles Deschamps - CABM

RELANCER L’ÉCONOMIE PAR LE CANAL, UNE IDÉE PAS DU TOUT BARGE

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’aménagement de la côte languedocienne a commencé comme ça dans les années soixante : des centaines de milliers de vacanciers de toute l’Europe passaient sur la route du Languedoc-Roussillon vers l’Espagne sans s’arrêter. Embouteillages, nuisances, frais d’entretien, peu de retombées économiques. Pour les arrêter en chemin, on a créé une offre touristique massive sous la forme de stations balnéaires comme La Grande Motte, Saint ­Cyprien, Gruissan, Canet en Roussillon... Sur le canal du Midi à Béziers passent en moyenne annuelle près de 10.000 bateaux, de location à 80%. Pendant la saison qui dure 22 semaines et concentre la quasi-totalité des passages aux écluses, c’est près de 400 bateaux par jour. Seulement un sur deux fait halte à Port Neuf.

L’idée est donc simple : faire s’arrêter sinon la totalité des pénichettes, en tout cas le plus possible. Mais tout aussi évident est le «facteur limitant» inhérent à ce projet : il n’y a que 28 places d’accueil. Rien ne sert donc de promouvoir l’escale de Béziers si le nombre d’anneaux ne suit pas. Si on ajoute à cela la mauvaise réputation du Port Neuf considéré comme vétuste, mal équipé, rendant peu de services, peu sûr... il saute aux yeux que la première chose à faire est une refonte quantitative et qualitative du pour dont le principal et capital atout est d’être presque en centre-ville. Une première étude a été rendue en 2001 et préconise de faire de Port Neuf la « vitrine fluviale de Béziers ». Des places et des services en plus, certes, mais il ne s’agit pas seu-

lement de faire un beau parking à bateaux. Ce que font aujourd’hui les ports de plaisance qui ont la chance d’être en cœur de ville, le port fluvial de Béziers veut le faire : une porte d’entrée du canal vers la ville mais aussi un lieu d’intérêt et d’animation touristique pour les touristes à pied. Légèrement en amont, la fameuse écluse de Fonsérane attire 300.000 visiteurs par an, mettant ce monument de la technique du XVIIe siècle au niveau des grands sites touristiques de la région. L’autre dimension du projet est de faire le lien entre les écluses et le port en créant un ensemble touristique proprement fluvial, donnant ainsi à la ville où naquit Pierre-Paul Riquet l’image fluviale qu’elle mérite. Les recettes attendues de cette politique sont évaluées à près d’un million d’Euros par an.

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0 1 0 2 En Osez d’autres escales

Les carnets de bord du capitaine Cab’

Par Claude Roger

& MACINAGGIO CAP CORSE ou une embarcation de location si la distance est un peu grande pour y arriver, ou si certains passages vous sont impossibles pour cause de tirant d’air ou de tirant d’eau. Deux idées, donc : La première est une croisière sans vague ni courant, avec une côte visible autant sur babord que sur tribord et de quoi s’amarrer à tout moment : une navigaton fluviale sur le canal du Midi. Première destination, Béziers.

Mais, dès maintenant, ne faites pas comme ces milliers de navigateurs qui passent sans s’arrêter. Le port est presque en cœur de ville. Pour une heure ou un jour, Béziers mérite très largement le léger inconfort portuaire. La cathédrale Saint Nazaire, l’église de la Madeleine, le théâtre à l’italienne, les arènes romaines et quantité de musées jalonneront des balades au hasard des villes qui rappellent autant l’époque antique que le Moyen-Âge, la Renaissance, les Lumières, l’essor du XIXe siècle... LE PLUS GRAND VIGNOBLE Et souvenons-nous aussi que la vigne a fait entrer Béziers deux fois dans l’histoire. Une première fois pour son formidable essor qui a fait la fortune des «châteaux». Ce fut là le plus grand vignoble de France. Mais c’est aussi de Béziers que partit la grande révolte des vignerons avec un premier rassemblement de 120.000 personnes le 12 mai 1907. Au hasard des librairies,

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steps ashore pas à terre

La seconde nécessite, certes, une traversée qui ne se fait pas avec un permis ou un équipement “6 milles” mais qui ouvre, pour quelques dizaines d’euros laissés à une compagnie de ferries, un univers de splendides mouillages presque infini, à défaut de places de port, impossibles à trouver en été, la Corse. Ce ne sont pas les loueurs qui manquent dans l’île. Seconde destination : le cap Corse et Macinaggio (voir page suivante).

cherchez les œuvres de Gaston Baissette ou de Marcellin Albert, deux écrivain très engagés. LES ÉCLUSES DE FONSÉRANES Après la crise de la surproduction, le vignoble biterrois s’est réformé et une visite des chais s’impose si votre rayon d’action de marinier devenu piéton vous le permet. En tout cas, une pénichette est le bon moyen pour transportes quelques bonnes bouteilles... Et, en quittant Béziers, ne manquez pas de franchir les écluses de Fonséranes qui sont sans doute, parmi bien d’autres merveilles techniques et esthétiques du canal du Midi, l’un des points les plus spectaculaires. Constitué à l’origine de dix écluses en enfilade, il n’en resta “que” sept en service. Les écluses sont une attraction qui attire des dizaines de milliers de visiteurs. Alors, les franchir en bateau est un “must”, un Éverest de la batellerie !

i vous n’avez pas de bateau et si la locaS tion d’une pénichette que vous devrez piloter et où vous devrez faire ménage et

cuisine vous rebute, faites une croisière sur une péniche-hôtel. La péniche Les Anges d’Eux est particulièrement raffinée Une autre idée est de faire du vélo sur le chemin de halage qui est aujourd’hui aménagée en piste cyclable sur presque toute sa longueur. Une manière économique et sportive - légèrement - de découvrir le canal du Midi. La communauté de Béziers propose de nombreuses idées de randonnées à partir du canal. Consultez pour cela et bien d’autres choses le site internet suivant : http://www.beziersmediterranee.com. Et, bien entendu, n’oubliez pas de visiter les caveaux et les chais où vous pourrez déguster et acquérir les vins de la région qui - vous pourrez le constater si vous êtres assez vieux pour cela - ont fait d’énormes progrès depuis les révoltes des vignerons de 1907…!

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ARRIVER ET VIVRE AU PORT Dans ses carnets de voyage, le Capitaine Cab’, le marin de Cabotages.Coastwise, observe, commente, se moque - parfois - et tire quelques notes de la fréquentation de ses contemporains navigateurs. Il nous livre ici quelque-unes de ses pages sur l’atterrissage, l’amarrage et la vie sur loes pontons :

L’ACCOSTAGE Trois difficultés attendent le caboteur en fin de navigation : trouver une place dans le port souhaité si le mouillage n’est pas envisagé, accoster puis s’amarrer, deux phases propices à divers incidents et « coups de gueule » d’autant que les cas de figures sont multiples ! Rappel de quelques règles d’or de l’accostage : si l’absence de marées et de courants en Méditerranée éliminent un certain nombre de gags involontaires, le vent vient souvent compliquer la chose. Donc on va tout faire pour terminer face à lui pour être certain de s’arrêter quand on veut même si le moteur aide bien à contrôler son erre. Second point : préparer à l’avant et à l’arrière des amarres assez longues, claires et en dehors de tout, surtout si on doit en passer une sur une bouée pour arriver perpendiculaire à un quai… Et prévoir alors son largage : le meilleur nœud de chaise sur une bouée un peu bas par rapport au pont même avec un faible vent, peut compliquer le départ…

Une suggestion pour simplifier cette étape : le mousqueton automatique fixé sur la gaffe ou/et l’amarrage en double pour se déhaler tranquillement. Et enfin la dernière étape pas toujours la plus calme, l’accostage proprement dit : si il n’y a pas de comité d’accueil officiel ou spontané, il va bien falloir qu’un équipier saute ni trop tôt ni trop tard pour tenir le bateau à la place prévue et mettre définitivement fin aux angoisses du chef de bord – vais-je le rater ou l’ai-je bien réussi ? - : il ne reste plus qu’à frapper les amarres. Mais maintenant, on a tout son temps : en théorie le bateau maintenu comme un cheval sauvage par l’avant ou l’arrière, est à sa place et y restera sans partir se coller à son voisin, sans taper sur le ponton...car, bien sûr vous avez choisi une place assez large pour vous !

Quelques règles de base ? Même pour une courte étape, tout de suite prévoir des amarres tendues croisées et des gardes montantes et descendantes. Et si elles couinaient hier, passer un peu de produit vaisselle avant de se coucher… Pensez au renforcement éventuel du vent et à sa rotation : éloigner ou rapprocher le bateau du ponton ou du voisin, installer une contre garde avant le coup de vent, ne vous garantit peut être pas un meilleur sommeil mais sûrement moins d’efforts physiques en pleine nuit ! Pensez également au prochain départ: par exemple si vous avez pris une bouée sur l’arrière (ou l’avant !) avec un nœud certes solide mais difficilement largable sous tension, la partie risque de se terminer en tour de manège, pas toujours dans la gaité…

LE VOISINAGE Ah les voisins !… Chez soi comme au port, on ne choisit pas ses voisins ! Source de conflit, source de rencontres agréables, à chacun de voir et au hasard de faire le reste ! En cabotage au port, le « voisin correct » est venu vous proposer son aide pour passer vos amarres. Ce n’est pas pour autant qu’il ne vous importunera pas un peu plus tard : il met sa TV un peu fort, sa radio cause dans le cockpit, il tente de s’incruster pour raconter ses exploits par Force 10 hier, vous délivre une palanquée de conseils que, votre grande expérience aidant, vous trouvez inutiles et franchement vexants ; en plus, ils sont nombreux sur son bateau et parlent fort à point d’heure, allument le barbecue à votre vent et que commence la fête… Et ceci n’est rien si ce malotru n’a eu qu’une place à couple de votre bateau et occupe son temps à passer par votre bord pour monter et descendre à quai ! De plus c’est un très gros «moteur» alors que vous êtes fan de voile, ou c’est un «voileux» fondamentaliste qui regarde votre belle vedette de travers… Mais, vu de l’autre côté de la lorgnette, les ports encombrés un peu «camping de la plage» sont autant d’occasions de nouer des relations plus ou moins éphémères avec votre voisin(e). Ah, les amours de pontons ! J’ai de très bons souvenirs d’amarrages le long de bateaux plus petits ou plus gros que le mien, où la

L’AMARRAGE Il suffit de remonter un ponton pour savourer l’extrême variété des amarrages entre les anxieux qui n’hésitent pas à doubler ou tripler leurs amarres passées sur chaînes et amortisseurs et les désinvoltes qui tournent un bout douteux en usure, diamètre et nœud… Pas de marées ni de courants en Méditerranée pour compliquer l’amarrage, mais de brutales variations de force et de direction des vents en font souvent une phase de cabotage à ne pas négliger. D’autant qu’à des conditions climatiques changeantes, s’ajoute une très grande variabilité des cas de figure selon les ports et même dans un port: sur catway, sur bouée, sur pendille, le long d’un quai, sur l’arrière ou l’avant, sur cordages entre piquets, sur ancre et quai, etc…

convivialité s’instaurait en quelques minutes grâce au respect de règles minimales pour chacun, d’échange de coups de main pour réparer un truc, de raccords et tuyaux d’eau ou d’électricité, de vin ou d’apéritifs ou de bonne bouffe, d’idées sur la prochaine étape, d’une adresse du bon resto du coin (un souci quand on connaît pas !). Il suffit de peu de choses pour rendre une étape inoubliable… Pour les bonnes raisons, cela va de soi.


Macinaggio

Vigies et marins du Cap Corse

Un jour, une nuit de traversée. Le jour se lève. Dans le levant, la Corse émerge. Le vent aussi. Mistral ou Libeccio, ce qui souffle d’ouest ou du nord rend inconfortable la baie de Saint Florent et le versant oriental du Cap Corse. Le contourner est prudent. C’est aussi l’occasion d’une belle découverte.

P

as de langoustes ce soir à Centuri. Le Libeccio forcit et lève un méchant courant côtier. Une invitation à se mettre à l’abri du vent d’ouest. Il en va ainsi avec la météo. Privés d’une halte gourmande et du charme du petit port ouvert à tout vent, décidons, prudents, de gagner ­Macinaggio, la marine de Rogliano. Cap à l‘est l’étrave ouvre alors la route littorale des tours, balisée de ces amers de pierre, symboles de l’île que les Grecs appelaient Kallistè, la Plus Belle, et les ­Génois la Superbe. Plus prosaïques, les Phéniciens la nommaient Kyrnos. Kyr désignant un cap ou un promontoire, on l’associe librement au Promontoire Sacré, nom que les Romains lui attribuèrent et à notre choix d’une première navigation vers sa presqu’île. Le somptueux caillou, fiché dans ce coin de Méditerranée a de tous temps séduit le voyageur. Bien avant de se laisser voir, la Corse charme le navigateur. Tels les sirènes d’Ulysse, les vents ivres de ces parfums capiteux qu’ils respirent sur Kyrnos soufflent ses fragrances vers le large. Véritable taillemer de quarante kilomètres sur quinze de large le Cap Corse,

isula inde – île dans l’île – s’étire dans un crawl magistral plein nord vers le golfe de Gênes nous rappelant que l’insularité actuelle de ce petit paradis arraché au massif continental de l’Estérel n’a que cinq millions d’années. Longeant les étonnantes géométries ondulatoires des affleurements côtiers de cet Élysée de la géologie comme un spécialiste l’avait qualifié en 1820, le bateau approche le bout de ce doigt pétrifié de la Corse, distant seulement de quelques milles des îles italiennes de Capraia et ­d’Elbe. Ce cap, c’est un môle pour s’amarrer, mais aussi un plongeoir qui a propulsé sur toutes les mers du globe ces grands navigateurs que sont les Capcorsins, transporteurs et commerçants infatigables, chercheurs d’aventures ou poursuivant un rêve d’Amérique (voir l’encadré).

DE LIGURE À TYRRHÉNIENNE On a laissé derière Capo Grosso, coiffé de son sémaphore, puis la marine de Tollare avec sa tour ronde en surplomb, blanche au milieu d’un petit groupe de maisons basses. Ce charmant mais minisccule abri n’est pas assez sûr par ce temps. Sous la coque, la mer Ligure devient Tyrrhénienne, transition secrète et houleuse que ponctue à bâbord et à un mille des roches l’île de la Giraglia, extrême Nord des terres à 43°01,67’ N, 9°24,39’ E. Ce rocher de serpentine verte doit en partie son léger manteau végétal à la terre du cap, jadis apportée à force d’homme pour y étaLe port de Macinaggio, de jour comme de nuit blir 45 journées de vigne, 450 ares de terre arable. Peine perdue. Le fruit de Dionysos ne s’y cueille plus et personne ne vient gravir les 104 marches qui donnent accès au joli phare à soubassement blanc, le plus puissant de Corse avec une portée de 29 milles. Construit en 1839 et allumé en 1848, il est désormais automatisé et jouxte une tour, carrée, génoise, pièce essentielle et stratégi-

que de l’échiquier de surveillance qui en comptait quatre-vingt dix, établi dès le début du XVIe siècle sur tout le littoral corse. Pisanes, rondes génoises, carrées, il est difficile de déterminer l’origine de ces tours que l’on dit indistinctement «génoises». Il y avait celles des hameaux, nombreuses, construites sur le même modèle, avec leur couronne de mâchicoulis et leurs archères pour seules ouvertures. La population, soumise aux raids turcs et barbaresques, y trouvait refuge. Quant aux tours de guet, établies à partir de 1531, on en comptait une trentaine pour le seul cap. L’entretien d’une flotte militaire par les Corses étant au-dessus de leurs moyens et Gênes n’employant que deux galères le long des côtes de l’île, on construisit des tours en augmentant la taglia - la taille - payée par les insulaires. Elles sont, d’après la description qu’en fit en 1852 le journaliste Victor Arduin-Dumazet « rondes mais pas toujours, légèrement coniques, hautes de douze à dix-sept mètres, larges de dix à la base et de sept au sommet, avec un premier étage voûté qui abrite un logement confortable et un deuxième qui supporte une plateforme garnie d’artillerie, elles n’ont qu’une entrée étroite, seulement desservie par une échelle mobile. Les tours ont un objectif essentiel : signaler le soir, après l’Ave maria, la présence (ou l’absence) de navires sur la mer. Chaque soir les gardiens des tours jouaient sur le nombre de feux pour alerter (ou rassurer) les populations, un feu signifiant la mer est libre, deux signalant deux navires à l’horizon et allumaient un feu en plus pour chaque voile aperçue ». Chaque tour de guet devait être visible de la suivante de sorte qu’en une heure toute l’île était informée de l’imminence d’un danger. L’obligation était de monter avant le lever du jour sur la plateforme pour observer la mer et de répondre aux signaux des navigateurs. LA VIE DANS LES TOURS DE GUET On imagine, à l’instar de nos gardiens sémaphoriques, la garnison de la Giraglia livrée à la mer et aux vents ici particulièrement vifs, contenue là, des mois durant avec pour autorisation de sortie, règlement oblige, le seul ravitaillement et aller chercher la solde… à un mille du petit port de Barcaggio qui lui fait face, au bout de cette plaine basse et plate, de cette plage aux dunes de sable fin. Garde-manger et prison, chaque tour était aussi le bureau des Douanes et des Affaires maritimes, la Perception, un lieu où se traitaient questions et trafics divers.

Les douaniers avaient aussi leurs chemins. Les amoureux des balades littorales, amenés par les bateaux de promenade, peuvent y choisir de crapahuter vers Macinaggio à l’est ou bien vers l’ouest pour gagner Centuri… sur un chemin de terre pour lequel de bonnes chaussures, des mollets couverts (attention aux épines !), chapeau et réserve d’eau sont requis. Passée la Giraglia entre île et continent (attention aux courants !), doublons la pointe d’Agnello, pointe nord du cap Corse, et incurvons progressivement notre route vers le sud-est. Sur un piton rocheux se dresse la tour d’Agnello, dite aussi «Tour au Effraies» où nichent les oiseaux de nuit. C’est la porte d’entrée vers le Canal Corse, la Turrenikon Pélagos (Mer des Étrusques) des Grecs, baptisée plus tard la

LES PREMIERS HABITANTS La curiosité et le besoin d’aller sans cesee vers d’autres territoire a amené sur la côte est du cap, à la faveur probable des périodes de glaciation, dites du Würm, mais aussi des récessions marines, les premières populations de la Corse. Les périodes successives d’assèchement de la Méditerranée résultant des fermetures de Gibraltar, ont permis aux premières embarcations rudimentaires de quitter le continent pour cette terre qui porte traces de civilisations néolithique et torréenne. Plus tard, vers 1300 av J-C arrivèrent sans doute les Shardanes, ces Peuples de la Mer chassés par Ramsès.

Tyrrhenum Mare par les Romains, couloir maritime stratégique très fréquenté et aux profondeurs abyssales. Juste derrière, la baie d’Agnello offre par beau temps un joli mouillage, autrefois concédé par l’Évêque de Milo aux corsaires turcs et barbaresques « qui pouvaient faire aiguade et y relâcher à condition de n’avoir aucun commerce avec les populations voisines… ». Ce privilège s’est éteint avec la construction de la tour côtière. Déjà un peu abritée du vent d’ouest, la côte est un nouvel enchantement d’anses et de baies, de sables blonds ou noirs, de petites criques de sable blanc. La Cala Francese puis la Cala Genovese baignées de transparences vertes et bleues, terres saupoudrées des cocons roux de la posidonie que la mer et le vent roulent et tissent inlassablement. On découvre maintenant la rade de Santa Maria della Capella où Pascal Paoli renonça à construire le port de la Corse indépendante car la rade foraine est barrée par un haut fonds. C’est un beau mouillage si on prend garde aux roches affleurantes.

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En haut : la tour d’Agnello et, au fond, la Giraglia Au milieu : la tour et l’île de la Finocchiarola En bas : un pan de mur de la tour Santa Maria

Là, une tour bien singulière. La Tour fendue, la seule parmi toutes à avoir été construite les pieds dans l’eau vient contredire l’idéedes architectes militaires qui voudrait que la rotondité offre moins de prise aux boulets de canon. Ceux de l’amiral anglais Nelson ont fait mouche et la tour fendue par la précision de ses tirs dévoile ses éléments de constructions que surmontent encore une Gardiola. À terre, sous un carré de vigne oublié on devine la petite chapelle romane Santa Maria bâtie au XIe siècle. Elle est vide, mais il faudra revenir à pied pour apprécier sa double abside et le cirque éblouissant à la végétation luxuriante où elle se cache. TROIS TOURS QUI SONT QUATRE Senteurs du maquis, odeurs de mer, parfums de campagne... sur la plage on trouve aussi les bouses des vaches qui paissent le plus souvent librement au-dessus de l’étroit cordon littoral et viennent de temps à autre rêver face à la mer. Poursuivons les tours et détours des tours. Après la Giraglia et l’Agnello, laissons-nous pousser vers la troisième du groupe dit «des trois Tours» qui, comme les mousquetaires, étaient quatre, avec celle de Santa Maria. Quelques siècles plus tôt, avant même que nous arrivions à notre destination de Massinaggio, Bastia aurait déjà été avertie qu’une voile suspecte faisait route. Cette «génoise» se trouve sur un petit archipel constitué de trois îlots. Comme leurs appellations l’indiquent, Mezzana est au milieu des trois, A Terra se trouve à seulement 200 m du rivage, et le plus grand et le plus éloigné doit son nom de Finocchiarola, autrement dit “fenouil” aux parfums qu’il exhale. C’est lui qui porte les ruines de l’ancienne tour. La Finocchiarola est désormais une réserve naturelle où le goéland d’Audouin, si rare en Méditerranée, vient se reproduire. Afin d’étendre son territoire à d’autres zones, on cherche à le séduire par des leurres en plâtre, visibles de la mer pour peu qu’on s’approche un peu (attention aux cailloux !). L’oiseau rare y côtoie cormorans huppés, puffins et hérons cendrés, faucons pèlerins

et crécelles mais aussi les petits ducs du maquis, grands amateurs de rongeurs. Du beau monde. Ces trois jardins, à proximité desquels on a retrouvé nombre d’amphores de l’époque où l’île était province romaine, sont aussi l’escale de nombreux migrateurs qui posent leurs pattes ici sur la plus petite marguerite d’Europe (attention, ne pas effeuiller !), une endémique qui se plaît au milieu du fenouil et du poireau sauvage et dans ce maquis où dominent le Genévrier de Phénicie, la Bruyère multiflore et arborescente, , lentisque, myrte et romarin, ciste de Montpellier et colectomie. La route s’incurve vers le sud (attention, ne tentez pas de passer entre les îles et la côte, sauf bateau à fond plat !). Une plage, un promontoire, une plage, encore. Sur la hauteur, des promeneurs. Jouir de ces petits paradis peu fréquentés, parmi lesquels on dénombre de petits marais, véritables pouponnières grouillantes d’un monde aquatique inénarrable, suppose une bonne marche par le sentier douanier et les plages du village. Sur ces dernières, la posidonie détachée de sa prairie sous-marine vient s’entasser en un un tapis gris, si épais et si doux à l’œil comme aux pieds qu’on dirait d’énormes peluches oubliées là par quelque géant. Autrefois, les moines du couvent de Saint François venaient la récolter pour bourrer leurs paillasses. Les ballots étaient charriés vers les hauteurs, là où l’on aperçoit maintenant les nouveaux moulins à vent, ces éoliennes blanches qui coiffent la crête à 300 m d’altitude et poursuivent la tradition : le nom de Macinaggio a la même racine que macinato qui signifie moulu en Italien, et que moulin. Le couvent Saint François a été le refuge de l’Impératrice Eugénie de retour d’Egypte sur l’Aigle, le yacht impérial pris dans une tempête. Elle témoigne dans ses écrits de l’accueil charmant de Madame Lucchetti, qui élevait des vers à soie dans les anciennes cellules des religieux. Mais la rumeur de l’histoire dit aussi qu’en fait de fortune de mer, l’impératrice avait un amant. Qui a dit que l’amour finissait toujours par un naufrage ? Dernier coup d’oeil avant de vous consacrer à la manoeuvre d’atterrissage : audessus du couvent, trois pics, trois villages en hémicycle et le magnifique couvent qui épaule une église conventuelle malheureusement ruinée. « Des patrons des barques m’ont assuré être venus de Livourne à vue sur le portail de l’église qui est fort élevé » écrivit Miss Thomasina Campbell dans ses Notes sur l’Île de Corse à la fin du XIXe siècle. Doux abri que Macinaggio, marine de Rogliano, qui fût au XVIIIe siècle le port principal du cap Corse, d’où partait le courrier pour la France (Pascal Paoli écrivit plus de quinze mille lettres !), d’où Damiano Lucchetti a sauvé du naufrage les précieuses collections de tableaux du cardinal Fesch et où ont débarqué Pascal Paoli en 1790 et, trois ans plus tard, Napoléon Bonaparte. Derrière la pointe de la Coscia qui ferme la rade, un bon mouillage par ce temps, Tamarone, la plage de Macinaggio. Le petit port moderne a été aménagé en 1971 sur

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Depuis le XVIIe siècle les Capcorsins ont navigué aux Caraïbes. Beaucoup se sont expatriés à Porto Rico, clandestins faute d’autorisation de commerce avec la colonie espagnole. Contrebandiers, ils y ont cependant été considérés comme des héros pour avoir permis en 1640 à la Citadelle de survivre. Grâce à leurs goélettes plus agiles que les hauts bords hollandais ennemis, ils livrèrent à la population assiégée provisions de bouche et armes. Alors, quand la vapeur vînt à ruiner la marine à voile de Macinaggio, c’est ici qu’ils reprirent leurs activités de transporteurs en chargeant des bateaux de canne ou de mélasse vers les raffineries d’où ils repartaient avec le sucre fini. La fortune, avant d’être ruinés par… le chemin de fer. Maudite vapeur ! Beaucoup sont restés, s’installant planteurs de café et de canne alors que d’autres rentraient au pays. Mais tous ont fait construire sur le cap d’immenses demeures « les maisons des Américains » et d’extravagants caveaux d’architecture antique. Certains de ces mausolsées ont l’eau et l’électricité. Dans ce maquis, ces édifices baroques créent un contraste troublant, le plus souvent émouvant.

le site où quatre siècles plus tôt en 1571, les felouques chrétiennes se sont illustrées durant la guerre contre les Turcs. En 1620 les Génois ont construit le premier port. En 1750 est installée une digue en partie transportée depuis Toulon par… l’occupant français aux ordres du Marquis de Cursay et détruit plus tard par les Anglais. À 40 milles de l’île d’Elbe, très apprécié par les plaisanciers italiens, le port de plaisance le plus proche du continent où l’accueil est plus qu’aimable, offre 600 anneaux et se déploie en deux bassins séparés par un terre-plein central qui sert de zone technique. LES MARINS DU CAP CORSE Macinaggio cache bien son passé exceptionnel que l’historien Philippe Lucchetti, réveille en contant le destin singulier de cette marine à voile : « Les bateaux, les pinques, naviguent à l’année, même durant les équinoxes et seul l‘équipage, le plus souvent familial, change. On y trouve père, grand père, novice. Le Pinque, le pinco génois, est une barque non pontée, proche de la Tartane, un gros bateau de charge de 200 à 300 tonneaux, gréé en chébec aux voiles latines ou équipé d’antennes et de vergues portant des voiles auriques. L’arrière est équipé d’un tapecul. Peu naufragent. Les marins du cap Corse sont de magnifiques professionnels et de grands commerçants. Pas seulement pour échanger de l’argent contre des marchandises, mais pour naviguer. Ce sont des transporteurs avant tout ». Alors que l’on dit les Corses ont développé une aversion pour la mer par laquelle arrivaient tous leurs ennuis - invasions et maladies - les Capcorsins sont des coureurs de mer. Si certains ont fait fortune à l’étranger, beaucoup ont été ruinés par la la marine à vapeur dont les navires, trop gros, se sont déroutés vers Bastia. Aujourd’hui, le port est surchargé en période estivale. On le comprend. Chanceux,

Maisons et caveaux d’Américains

vous serez amarré au coeur du charmant petit village, si accueillant avec ses restaurants, boutiques en front de mer dont une bonne librairie pour ceux qui sont curieux de connaître mieux nos hôtes. Alors, n’attendez pas la fin du jour pour vous présenter à Macinaggio : «À chi primu’junghje, primu macina !» dit le proverbe corse. Le premier arrivé au moulin est le premier à moudre... Emma Chazelles À lire : Le Voyage en Corse, anthologie de voyageurs de l’Antiquité à nos jours, par Michel Vergé-Franceschi, Robert Laffont, Bouquins. Tours et Châteaux du Cap Corse, étude historique, par Camille Piccioni, La Découvrance. La Corse, Île de Beauté, Terre de Liberté, par Jean-Paul Brighelli, Découvertes Gallimard.

VIEILLES MÉDISANCES Pour plaisanter ou pour médire, on ne fait pas toujours une bonne réputation aux Corses. Cela ne date pas d’hier. Déjà, Sénèque, condamné à l’exil à Bastia de 41 à 48, cherchait à se faire plaindre de sa chère maman en noircissant sa situation. Entre autres gérémiades, il disait notamment : « quoi de plus horrible que l’aspect de ce pays ?». Et à propos des indigènes, il déclarait : « Se venger est la première loi des Corses, la seconde vivre de rapines, la troisième mentir, la quatrième nier les Dieux». Quant au célèbre géographe grec Strabon, celui-là même qui nia les découvertes de Pythéas, il écrivait ces gentillesses : « Les montagnards qui y demeurent et vivent de brigandages sont plus sauvages que les bêtes mêmes. Toutes les fois qu’un général romain (...) en ramène une certaine quantité d’esclaves, c’est un spectacle singulier que de voir leur férocité et leur stupidité». En revanche, Diodore de Sicile, en 44 av. J.-C. déclarait : « Ils observent entre eux les règles de la justice et de l’humanité avec plus d’exactitude que les autres barbares. (...) Le même esprit d’équité paraît les conduire dans toutes les rencontres de la vie ».

Mac inag gio , le

port dans sa

Tour de la Finocchiarola

prem ière vers ion

Baie de Tamarone Antenne et moulin de Coscia

Pointe de Coscia Départ du chemin des douaniers

Mouillage de Macinaggio

Port de Macinaggio


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EE N A R R E IT D E M LA Z E R V U O C E D

Sur Cabotages.fr

Des Pyrénées à l’Esterel, 70 escales, 10 mouillages, e 280 milles de croisière côtièr

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e is w t s a o C / s e g a t o Cab Cartes-En-Main (Sadik F. 2009)

Le journal gratuit

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Cabotages/Coastwise est une production de Bastaque éditions 16, rue Garenne, 34200 Sète - Tél. 04 67 17 14 30 - Fax. 04 67 17 14 32 Email. contact@cabotages.fr


épouvantail qui ne fait peur à personne. Il décide de changer de tête, mais celles de grandmère Adélie, grand-père Léon, tante Rose, maman et papa, et le chien Corsaire ne lui conviennent pas. Heureusement, Jules, le petit garçon de la famille, comprend le désarroi du chapeau et se déguise en pirate... Une histoire farfelue, de joyeuses illustrations pour un très joli album jeunesse.

Le goût des marseillais Textes : Frédéric SAILER Photos : Poisson d’Avril avec la participation photographique de Christian CRES Editeur : Editions Crès Prix : 30 € Ca vous intéresse de savoir ce qu’il y a dedans ? Forcément ! Vous trouverez dans ce livre des produits et des recettes chers aux marseillais. Il vous révèle pourquoi on ne peut pas résister aux chocolats du Panier, que les fumigènes du Vélodrome ont quelquefois des origines curieuses, que le 51 est aussi une boisson d’amoureux… Et ses pages de recettes transmises par Raymonde, Annie, Philippe, et tant d’autres, vous permettent de réaliser vous-même daube, sardines à l’escabèche, tapenade, alouettes sans tête et autres spécialités savoureuses. Un très beau livre au goût de soleil et de bonne humeur !

Les stars et la mer Frédéric MITTERRAND Editeur : Chasse Marée Collection : Bords de mer Prix : 9.99 € De Greta Garbo à Brigitte Bardot, les stars ont souvent associé leur image photogénique à celle de la mer et des bateaux. Paquebots, yachts ou gondoles ont accueilli les plus grandes célébrités du monde du cinéma et des lettres. Ce livre est l’occasion d’une promenade en leur compagnie.

Plages et calanques de Marseille : de Ponteau à Port-Pin, le guide des bords de mer Gilles DEL PAPPAS Photographies : Sylvain AGEORGES Editeur : les Beaux Jours Prix : 19 € Contes de la Méditerranée Jeannine ANZIANI Isabelle NEGRE Arnaud TIMSIT Editeur : Lutin Malin Prix : 11 € Quatre petits contes qui relatent les aventures d’autant d’habitants de la Méditerranée : Fifi Filippi la Sardine, Pimpon le voilier rêveur, Philomène la nasse rebelle et Pouloupou le poulpe. Une joyeuse plongée à faire en famille sous l’eau si bleue des calanques où se vivent de curieuses aventures…

Un port au fil du temps : l’histoire d’un site portuaire, depuis le campement préhistorique jusqu’au grand port industriel d’aujourd’hui Texte : Anne MILLARD Illustrations : Steve NOON Traduit de l’anglais par Catherine GRIVE

Ce guide présente les plages et calanques des environs de Marseille : les plages du Vieux-Port à Callelongue, la Côte Bleue de l’Estaque à Ponteau, les calanques de Marseilleveyre à Cassis. Chaque site est photographié et décrit de manière pratique (accès, fréquentation, douches, restauration...).

Editeur : Gallimard Jeunesse Prix : 16 € Voyage aux calanques : l’histoire, toute simple, de six jours d’escapade en barquette entre Marseille et Cassis : et les informations pratiques pour explorer ce lieu exceptionnel Texte et photographies : Patrick MOUTON Editeur : Glénat - Prix : 15 € L’auteur propose un voyage dans l’un des plus beaux sites de la Méditerranée en suivant le parcours d’un petit bateau de pêche six jours au début de l’été. Il aborde divers thèmes comme la géographie, l’histoire, la géologie, la faune et la flore terrestre et sous-marine du lieu et ouvre la porte à diverses activités : promenade et randonnée, navigation, escalade, kayak, plongée...

C’est un de ces ouvrages qui suivent un enfant pendant des années. Il commence par être fasciné par les illustrations, puis s’intéresse aux légendes puis enfin aux textes. Il peut le lire paresseusement ou y chercher des informations pour un exposé… Celui-ci retrace pour nous l’évolution d’un port, depuis son installation dans une baie naturelle jusqu’aux quais modernes actuels. Outre les changements d’architecture, l’enfant suit aussi, au fil des pages, les évolutions techniques sur les quais ou dans les bateaux ainsi que les différents types de commerce pratiqués. En résumé : un livre incontournable !

Editeur : Glénat - Prix : 20 €

100 belles plongées à Marseille et dans sa région Didier BOGHOSSIAN, Hervé CHAUVEZ, Marie-Laure GARRIER, François SCORSONELLI

Editeur : Citadelles et Mazenod Prix : 75 € Cela faisait des années que nous attendions qu’un tel ouvrage paraisse, plus aucun livre sur le sujet n’étant disponible. Une histoire des compagnies maritimes et de leurs paquebots à travers les affiches publicitaires, une découverte artistique, culturelle, humaine et industrielle des XIXe et XXe siècles, un hommage enfin rendu à Sandy Hook, Ottomar Anton, Edouard Collin et aux dizaines d’autres artistes qui ont conçu les affiches des grandes compagnies : Cunard, Les Messageries Maritimes, Red Star Line, etc ont participé ainsi à leur entrée dans l’Histoire, un superbe livre à offrir et à s’offrir. L’océan dans les yeux : carnet de voyage d’une navigatrice en solitaire Luce MOLINIER Editions Gramond Collection : Carnets vagabonds Prix : 19 €

Vents de Méditerranée : découvrir, comprendre, anticiper Juan RIGO Photographies Isabelle MOUREAU

Cet ouvrage décrit l’histoire des vents de Méditerranée, leurs spécificités et les signes qui permettent de les détecter. Il est complété d’un cahier pratique réunissant des informations utiles : bulletins météo, zones et fréquences de diffusion, échelle de Beaufort et les principaux phénomènes à connaître pour naviguer en toute sécurité. Né d’une coédition Glénat / Météo France, richement illustré et savamment documenté, ce joli livre intelligent est à mettre absolument entre toutes les mains.

Affiches des compagnies maritimes Gabriele CADRINGHER Anne WEALLANS

Le vin & la mer : à l’usage des épicuriens et des marins Marc LAGRANGE Préface de Yves COPPENS Editeur : Féret Prix : 49 € Ce très beau livre met en évidence les liens étroits entre le monde marin et le monde vinique. Il débute avec des références à la mythologie antique et aux rites initiatiques comme le passage des lignes dans la Marine, la bénédiction des bateaux… L’étude aborde également la place du vin à bord des navires, les naufrages et cargaisons de tonneaux laissées au fond des cales, etc. Il faut absolument souligner également la richesse de ses illustrations.

Carnet de bord de la jeune navigatrice marseillaise sur la transat 6,50 en solitaire.

Méditerranée : à la découverte des paysages sous-marins Photographies : Frédéric BASSEMAYOUSSE Jean-Georges HARMELIN Edition : Glénat / Chasse Marée Collec. : Grand bleu - Prix : 39 € Ouvrage abordant plusieurs thématiques : visite des paysages sous-marins (bords de mer, petits fonds, grottes...) ; protection des espèces et des espaces mais aussi le coralligène, le changement climatique, les récifs articiels, la biodiversité...; catalogue de 300 espèces animales et végétales sous forme de fiches illustrées.

Editeur : Gap - Prix : 30 € Sélection de cent sites de plongée autour de Marseille, de la Côte Bleue à La Ciotat, accompagnée de renseignements utiles pour la préparation des plongées, de descriptifs des sites et de conseils.

Le chapeau qui rêvait d’être un pirate Orianne LALLEMAND Illustrations de Elodie COUDRAY Editeur : Gautier-Languereau Prix : 14.90 € Ce chapeau qui rêve d’être pirate en a assez d’être porté par un

74 - Cabotages.Coastwise - Languedoc-Roussillon - www.cabotages.fr


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