De Couronne à Croisette

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S I X M I L L E S E N M E R , Q UAT R E PA S À T E R R E

e t t e s i o r C à e De Couronn CARRO • SAUSSET-LES-PINS • CARRY-LE-ROUET L’ESTAQUE • MARSEILLE • LA POINTE-ROUGE • LE FRIOUL gratuit


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le Rhône pour mémoire Buste de Jules César, marbre Ier siècle avant J.-C. (fouille L. Long, DRASSM) / Musée départemental Arles antique © J.-L. Maby

20 ANS DE FOUILLES DANS LE FLEUVE À ARLES

M U S É E D É PA R T E M E N TA L A R L E S A N T I Q U E 24 OCTOBRE 2009 / 19 SEPTEMBRE 2010 Presqu’île du cirque romain 13200 Arles 04 90 18 88 88 - arles-antique.cg13.fr Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la culture et de la communication / Direction des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat.

cg13.fr


Quatre ans c’est court ! Seulement trois numéros avant que ce petit dernier soit déposé dans les capitaineries, les offices de tourisme et chez les shipchandlers partenaires. Quel média peut se vanter de s’être installé dans le paysage en trois parutions ? Et pourtant, cette quatrième “saison” était attendue de pied ferme par ceux qui nous diffusent et ceux qui nous lisent. Quel plus beau compliment que d’entendre « alors, il sort quand, Cabotages ? » Cet objet bizarre, mi-guide-mi-mag’, entre le Bloc Marine, le Michelin et la presse nautique a simplement comblé la brèche qui existait entre ceux qui ne voyaient dans les plaisanciers que des fanatiques du saute-vagues à voile ou à moteur et les autres qui les prenaient pour des touristes ordinaires. Le “nautourisme” est une réalité depuis que l’on navigue pour son plaisir, c’est maintenant un concept éditorial.

Quatre ans, c’est long ! Déjà quatre numéros. Quelle évolution d’une saison à l’autre ! Plus de ports, plus de pages, plus de contenus. Ceux qui nous suivent depuis nos débuts le savent, ceux qui nous prennent en route le voient : « pour un gratuit, ils se fichent pas de nous ! », second compliment qui nous va droit au cœur. Gratuit ? Financé par la publicité n’est pas tout à fait le mot exact. Il y a, certes, des entreprises du nautisme de plus en plus nombreuses qui comprennent que nous touchons le cœur de cible de ceux qui naviguent mais il y a aussi nos sponsors que sont les collectivités locales partenaires, les villes portuaires qui partagent avec nous le souci de faire sortir plus souvent les bateaux, d’aller voir dans le port d’à côté, de venir chez elles. Et nos lecteurs qui ne nous achètent pas mais nous cherchent et nous lisent d’escale en escale. Bientôt sur web-mobile ! L’été en bateau est un moment privilégié pour la lecture. Nous resterons toujours un média “papier” qu’on emporte dans son

Baie d’Aigues-Mortes

De Saint-Loup à Saint-Clair

Adminsitration, service commercial : direction@cabotages.fr Alain Pasquet, directeur de publication, directeur commercial Julia Chaine, secrétariat commercial et web : contact@cabotages.fr Thierry Dutto, partenariat publicité Méditerranée : thierrydutto@cabotages.fr Patrick Faure, partenariat publicité Provence Côte d’Azur : contact@cabotages.fr

Alain Pasquet

Julia Chaine

Thierry Dutto

Patrick Faure

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Alain Pasquet, Christophe Naigeon

80 PORTS, 10 BASSINS DE NAVIGATION

Delta du Rhône De Couronne à Croisette De Croisette à Sicié

Entre mer et étangs

Pyrénées-sur-Mer

sac marin, qu’on lit dans le soleil du cockpit. Depuis un an, nos articles pouvaient se retrouver sur www.cabotages.fr. Mais désormais l’Internet “classique” est un outil spécifique de préparation des croisières côtières : on y trouve non seulement un accès facile à toutes les escales mais, grâce à une application cartographique et météorologique, chacun pourra trouver les moments les plus opportuns et les escales les plus faciles en fonction de la force du vent, de l’état de la mer et du bateau qu’on a. Et, dernière nouveauté pour votre mobilité en avant-première mondiale, une application pour LES TÉLÉPHONES PORTABLES avec accès au web. Partout où votre téléphone “passe”, vous pourrez bientôt faire votre programme de navigation en temps réel et avoir un point de vue unique sur la Méditerranée. Bonne saison de navigation et rendez-vous en décembre au salon Nautic de Paris pour un grand événement signé Cabotages.

Toulon grande rade

La côte des Maures De Giens au Cap Nègre

Tout au long de votre navigation estivale, demandez nos 10 éditions gratuites dans les capitaineries, les offices de tourisme et chez les shipchandlers partenaires, à chacune de vos escales. Préparez aussi des croisières plus lointaines dans nos rubriques “destinations”, en Corse, aux Baléares, à Malte ou, plus simplement sur les canaux du Sud de la France. Si votre route ne vous mène pas des Pyrénées à l’Estérel, commandez l’intégrale des éditions de 2010 sur www.laboutiquedecabotages.fr (conditionnement et transport : 19, 35 €). Cabotages est édité par Bastaque Éditions 16 rue Garenne, 34200 Sète Tél : 04 67 17 14 30 Fax : 04 67 17 14 32

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Rédaction : redaction@cabotages.fr Christophe Naigeon, directeur de la rédaction, rédacteur en chef Emma Chazelles, rédactrice navigatrice Guy Brevet, rédacteur navigateur Claude Roger, rédacteur navigateur Ont collaboré à ce numéro : Sandrine Mazziotta, Marilyn Beaufour, Hélène Petit, Jeanne Chemin

bastaque editions

Christophe Naigeon

Emma Chazelles

Claude Roger

Guy Brevet

Fabrication, iconographie Emmanuelle Grimaud, maquette, infographie : studio@cabotages.fr Michel Léo Ménella, illustrateur Site web www.cabotages.fr Claude Depretz, webmaster www.cabotages.fr : claude@cabotages.fr Imprimerie : Tugrupografico - Espagne Encre : SunChemical Certified ISSN : en cours - Dépôt légal Juin 2010

Emmanuelle Grimaud

Michel Léo Ménella

Claude Despretz


e t t e s i o r C à e n n o De Cour CHAÎNE DE L’ESTAQUE

Carro

Niolon

Sausset-les-Pins CAP Carry-le-Rouet La Redonne COURONNE RÉSERVE MARINE DE LA CÔTE BLEUE

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arro, La Couronne, Saussetles-Pins, Carry-le-Rouet, Ensuès La Redonne, Niolon… des noms qui s’égrènent sur la carte marine, quelques amers faciles à repérer comme l’immeuble de Carry, la villa de Sausset, les viaducs du train de Marseille à Miramas… La Côte Bleue s’étend du Cap Couronne à la calanque de la Vesse, du golfe de Fos aux confins de Marseille. Aussi se trouve-t-elle prise entre deux repères symboliques de la civilisation : les quatre cheminées de Lavéra à l’ouest et les barres d’immeubles de Marseille à l’est. La ville et l’industrie prennent en tenaille ces trente kilomètres de littoral rocheux qui s’abaisse doucement en abordant le delta du Rhône jusqu’à n’être plus qu’une dalle plongeante, bonheur des véliplanchistes, malheur des capitaines dont les épaves jonchent les fonds. Danger de pollution ici, risque de bétonnage là, menace de surpâturage touristique et d’incendie partout, la Côte Bleue a su résister autant que faire ce peut

à la destruction. Depuis 1980, le Conservatoire du Littoral a commencé à acquérir des terres pour les protéger. Aujourd’hui, avec plus de 3.300 ha, c’est le plus vaste site du conservatoire en France continentale. En mer, un Parc marin prend le relais et assure sa part de protection. Et la rade de Marseille ! Quel plaisancier n’en garde pas l’image bleue dans les yeux ? C’est en venant de l’Ouest qu’elle est la plus belle, avec ses roches de Marseilleveyre qui écrasent la ville, avec l’archipel du Frioul qui se confond avec la Pointe Rouge, avec la BonneMère qui veille toujours. Magnifique aussi en arrivant par le phare du Planier, avec un cap à prendre au ras de Pomègues et Ratonneau, dans le chenal des Ferries. La découverte est plus longue en arrivant par le cap Croisette et les Goudes (attention à la digue des Catalans la nuit !!), mais, plus proche des cailloux, elle découvre les ports secrets de la rade Sud. Vous avez compris, par tous les côtés, on l’aime.

Sommaire

Naviguer en Méditerranée Les ports : nouveaux rôles ? La sécurité selon d’Aboville Météo : qu’est-ce qui est utile ? Transportables, la solution ? Les sémaphores veillent Tortues et requins Rando palmée : conseils d’un pro Redoutables oiseaux pêcheurs Peintres officiels de la marine Bateaux et navigation des Romains Bibliothèque de bord / Jeux

p.28 p.30 p.32 p.34 p.36 p.38 p.40 p.42 p.44 p.46 p.48 p.50

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L’Estaque

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Carry-le-Rouet

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Niolon - La Redonne

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Carro Sausset-les-Pins

Marseille

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Le Frioul

L’Estaque Marseille

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La Pointe-Rouge

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Les îles du Frioul

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La Pointe-Rouge

CAP CROISETTE

Les îles

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MASSIF DE MARSEILLEVEYRE

LES CALANQUES


Carro

Un charmant petit bout du monde

Escales

Il est difficile d’y trouver une place en saison. Il n’a pas les équipements des «grands». Mais ceux qui y sont venus une fois veulent y retourner car c’est un endroit charmant, magnifiquement situé.

J’AI DEUX AMERS…

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C

Carro

arro marque la brutale transition entre les rivages de sable du Languedoc et les côtes rocheuses de Provence. Sous la coque, c’est aussi le passage entre les fosses marines et le plateau continental. En quittant Carro pour aller vers l’ouest, on a toujours un petit pincement à l’idée de franchir les 8 milles du golfe de Fos en évitant l’accolade avec un des supertankers remplis d’un bon vieux brut dont on fait les marées noires ou l’un de ces chimiquiers farcis de produits aussi toxiques que volatils qui ne mollissent pas dans le rail. Et, une fois le grand Rhône franchi, restent les 21 milles de côte de sable sans aucun abri jusqu’aux Saintes Maries de la Mer. Au contraire, en arrivant par l’ouest, quand on est dans le parfait alignement du phare de Couronne et des quatre cheminées rouges et blanches de Lavéra on peut se dire au contraire qu’avant de se mettre sous la protection de la Bonne Mère à 13 milles de là, on aura toute la côte bleue pour se réfugier. SURFS ET CAMPING CARS Dès qu’on approche, on est frappé par le nombre impressionnant de camping-cars sur le parking en promontoire sur le front de

mer ! L’été, cuisson garantie sur cette «plancha» bitumée sans un seul arbre… Peu importe, la plupart de leurs occupants passent leur journée à l’eau. Ce sont des funboarders. Les haut fonds tout le long de la dalle rocheuse qui plonge dans la mer créent un tremplin sur lequel les vagues déferlent de plusieurs mètres. Quand on sait que, de surcroît, le vent à cap Couronne souffle un jour sur deux à plus de dix noeuds et un sur quatre à plus de vingt, on comprend que les conditions y sont optimales pour la glisse et le saut. Cela doit inciter le caboteur à la prudence car ce qui fait le bonheur des planches à voile peut faire le malheur des bateaux de croisière. Pour entrer à Carro, laissez le Cap Couronne à tribord et, si vous arrivez de l’ouest, bien arrondir la cardinale sud pour parer les hauts fonds du front de mer. TOUT SAUF UNE MARINA L’entrée du port est cachée. On a un moment l’impression d’aller droit sur la petite plage au fond de la petite anse. Mais, quand on a contourné la digue on trouve sur bâbord le quai des visiteurs. En manoeuvrant dans le port, attention aux corps morts et bouées de tailles diverses à la

eux amers marquent le passage à Carro : les quatre cheminées de Lavéra et le sémaphore de la Couronne. Ce dernier vient d’être profondément rénové. Il avait été construit sous Napoléon III pour y installer le télégraphe aérien. L’amiral Decres, Ministre de la Marine, avait choisi ce système à signaux visuels dit Sémaphore, pour surveiller le littoral. Descendant des tours sarrasines, il veille aujourd’hui sur la navigation à la sortie du golfe de Fos. Quand aux quatre cheminées rayées de rouge et de blanc, elles sont situées dans le petit hameau résidentiel de Ponteau, avec une plage, trois pontons pour les petits bateaux et une zone de cabanons “sau­vages” que d’aucuns voudraient voir disparaître. Il faut dire que tout ceci se trouve à deux pas de la station d’épuration et d’un site classé Sévéso : Naphtachimie, spécialisée dans les dérivés du pétrole et Appryl, plus gros producteur mondial de polypropylènes. Et pourtant, les occupants s’accrochent à cette zone de liberté. Pour l’un d’entre eux : « de l’Italie à l’Espagne, tout est bétonné, réglementé, au bord de mer. Heureusement qu’ici, il y a des raffineries, ça permet qu’on nous fiche la paix. On veut nous faire payer partout pour les vacances ».

Avant

surface ou entre deux eaux. Un œil pour la route, un autre pour le plaisir des yeux ! Carro est un petit port de pêche. À l’échelle de sa minuscule capitainerie, le port de plaisance est… confidentiel et les places de passage sont à compter sur les doigts. C’est donc un privilège de s’amarrer dans ce charmant petit havre qui n’a rien d’une marina. L’hiver, pas de problème pour trouver une place. C’est presque toujours vide. En revanche, pas de capitainerie, pas d’eau, pas

Après

d’électricité, les bornes hibernent sous des sacs étanches. L’été, c’est plutôt bondé et il est inutile d’arriver après 16 h. Appel préalable sur le canal 9 recommandé. On peut toujours jeter l’ancre au Nord-Ouest devant la plage, mais le mouillage est intenable par fort vent de Sud /Sud-Est et l’entrée du port devient délicate. Tentez quand même votre chance. En toute saison, on aime ce port du bout du monde. Guy Brevet et Jeanne Chemin

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pas à terre Marché ou marcher

ous les matins des jours où les pêcheurs sont sortis pendant la nuit, leurs femmes, mères, filles, cousines ou aimables concubines vendent sur le quai sud une grande variété de poissons du genre «les plus frais que ceuxlà sont encore au fond de la mer !». Si vous en avez le talent et l’audace, vous pourrez affronter à la pétanque les aficionados locaux du cochonnet sur le terrain qui borde en arc de cercle le fond du port, grand lieu de convivialité locale partagée avec le Cercle des Pêcheurs, de l’autre coté de la rue. On peut aussi randonner par le sentier côtier, dit du Loup de Mer, jusqu’à Sausset les Pins, via le cap Couronne et le village éponyme. Avec 25 km de frange côtière et 3.300 ha de littoral protégé, ses innombrables anses,

criques, ravins et pointes rocheuses, ses deux réserves marines et quelques petits ports, la Côte Bleue – ou encore appelée chaîne de l’Estaque ou chaîne de la Nerthe – a bien plus que son nom pour ­séduire.

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Services Touristiques Office de tourisme 4 Rond Point de l’Hôtel de ville Fl.WR.6s8M R.6s 04 42 42 31 10 Mairie 04 42 44 33 33 43˚19,75'N 43˚19,75'N Av Louis Sammut La Poste 04 42 40 57 40 Bd Hélène Fournier Urgences Anse Centre Hospitalier 11 3 bd des rayettes 04 42 43 22 22 de Pointe Roquetaillad ade de Gendarmerie Nationale Port à sec Carro Av Doct Fleming 04 42 80 08 29 Police Municipale Rond Point de l’Hôtel de Ville 12 04 42 41 31 10 La liste des médecins, dentistes et Pointe Carro 13 pharmaciens de garde est dispo0 200 m 13 nible au commissariat de police. Services Maritimes Affaires Maritimes 5˚ 02,50'E 5˚ 02,75'E Toutes les adresses de ravitailleCapitainerie 7 quai Paul Doumer ment, shopping, services, etc. sont Ecoplis Sud - 13500 Martigues 04 42 80 35 38 disponibles sur www.Cabotages.fr 04 42 07 00 00 S.N.S.M 04 42 43 17 17 10

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Péchés capitaux Pas trop de sel… 17

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i l’envie vous prend de ne pas taper dans la cambuse de votre esquif pour vous restaurer, allez sur le front de mer manger gastronomique au Côté Mer, un bel établissement vitré et de bois recouvert avec vue sur la Grande Bleue et les parkings, moyennant une addition à assez haute teneur en chlorure de sodium… Vous pourrez tout aussi bien vous régaler pour un prix hyposodé au restaurant-grill Le Chalut, place Joseph Fasciola, juste avant le Cercle des Pêcheurs, avec vue sur le port. Il y a d’autres établissements au fond du port et, plus haut, dans l’avenue qui y débouche. Nous avons noté en particulier Lou Mistraou, bonne alternative. Tous ces lieux sont plutôt “bonne franquette», à l’image de Carro.

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Je joins à cette commande un chèque de 19,35 e à l’ordre de Bastaque Éditions, 16 rue Garenne, 34200 Sète ou sur commande ou sur www .laboutiquedecabotages.fr


Sausset-les-Pins

Escales

La ville dont le prince est Jules

Il est de belles endormies réveillées par un prince. Sausset l’a été par Jules Charles-Roux, fils d’un industriel un peu mégalo qui a construit le «château», une folle villa devenue le principal point de repère des navigateurs.

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Sausset-les-Pins

n venant du large, ce qui doit permettre de savoir que vous naviguez bien en direction de Sausset-les-Pins est une vaste demeure qui surplombe le port : le “château”, grande bâtisse claire au toit rouge flanquée d’une tourelle à chapeau pointu au milieu d’une tache verte. Sur la droite, un ensemble de petits immeubles collectifs également bien en vue… Avec ses deux digues récemment renforcées, le port est bien abrité des vents d’Ouest/NordOuest, moins bien des coups d’Est/Nord-Est mais dispose d’un petit avant-port qui autorise des entrées un peu mouvementées. Sausset-les-Pins constitue non seulement un refuge sûr, mais surtout une étape accueillante, pleine de charme, avec un port en cœur de ville (mais des places d’accueil au calme !), des marchés, des étals de poissons pêchés du jour, des cafés et des restaurants qui le cernent. LE CHÂTEAU, DOUX AMER On ne peut pas rater le château. D’ailleurs, il a été fait pour. En 1854, Jean-Baptiste Charles Roux, propriétaire d’une huilerie-savonnerie à Marseille, arrive à Saussetles-Pins et fait construire l’année suivante une sorte de château, dans une pinède de 300 ha, face à la mer. Il la veut imposante et dominante comme une forteresse au-dessus des cabanes de Sausset, visible plus que voyante. Ce qui n’est pas la même chose.

Car ce qui est depuis un amer pour tous les navigateurs, est voulu par ce capitaine d’industrie comme un point de repère très personnel : il tient à voir son château depuis son bureau de Marseille où, pour affaires, il doit s’exiler loin de son sweet home ! Sa famille fait également bâtir la “ferme neuve”, bâtiment agricole dont l’activité génère la création de nombreux emplois sur la commune. Elle abrite aujourd’hui les services municipaux et des salles de réunions. Si Jean-Baptiste reste dans les mémoires des Saussétois par son ostensible fortune, c’est dans leurs cœurs que reste son fils Jules. Engagé dans de nombreuses activités économiques, politiques et artistiques, il fera du château un musée et un centre culturel. offrira à la municipalité divers terrains, y compris un champ d’olivier qui bordait la petite anse naturelle de Sausset les Pins, emplacement du port actuel. Après la disparition de Jules, la famille vendra le château en 1931 sous forme de copropriétés. Une partie des 300 ha de pinède sera morcelée en 1978 et à trois nouveaux lotissements y seront bâtis. AVANT TRAIN ET ROUTE À l’époque de la construction du château – sous Napoléon III – Sausset-les-Pins était un “quartier” de Carry-le-Rouet. Si ce n’est le chemin des douaniers qui relie encore aujourd’hui Mar-

tigues à Marseille, le hameau n’avait aucun autre accès que maritime. Et, à part quelques fermes éparses où l’on vivait de la vigne, de l’olivier et de l’élevage de chèvres, l’essentiel des quelques maisons étaient situées autour de la petite rade, là où se concentre maintenant l’activité touristique. Il faudra attendre les années 1860 pour que les premières villas apparaissent et que l’église Saint Pierre, patron des pêcheurs, soit construite. La fresque peinte sur le mur qui ceint le port montre bien que la pêche, notamment au thon, y était l’activité essentielle. L’événement annuel était la seinche au thon (équivalent à la matanza catalane et espagnole) qui rassemblait tous les hommes du village, sur les bateaux groupés en cercle, pêche collective qui se finissait par l’étalage des captures sur le quai. En 1868, le port s’agrandit, une jetée et une anse supplémen-

taires sont construites. Ces grands travaux, financés en partie par Jules Charles-Roux, permettront le développement de la pêche. Comme d’autres localités, c’est l’ouverture, en 1915, de la ligne de chemin de fer Port de Bouc – l’Estaque, qui permettra de désenclaver Sausset et lui permettra de devenir une petite station balnéaire familiale. La commune devient indépendante de Carry en 1924. Affirmant sa vocation de station touristique, la commune ne connaît pas les faramineux écarts saisonniers de population qui affectent bien d’autres cités de vacanciers : 8.000 hab l’hiver, environ 11.000 l’été. Une population résidente permanente, plutôt jeune, travaillant à Marseille ou à Fos, participe à maintenir l’équilibre démographique. Ce qui explique l’activité et l’ambiance de village que connaît la commune, y compris hors saison. Guy Brevet et Jeanne Chemin

L’ENNEMI, C’EST LE FEU

L’acquisition d’une grande partie de l’espace naturel du massif de la Nerthe par le Conservatoire l’a soustrait à d’importants projets d’urbanisation, mais ce site particulièrement exposé a subi, au cours de ces quinze dernières années, de nombreux incendies qui ont gravement entamé son patrimoine végétal. La gestion du site privilégie les écosystèmes adaptés au feu, favorise la régénération naturelle des forêts, diversifie les espèces en plantant des feuillus dans les vallons, crée des zones coupe-feu (oliviers, restanques débroussaillées, zones pâturées par un troupeau de chèvres du Rove…).

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Le Conseil général

pas à terre

des Bouches-du-Rhône agit au quotidien pour la protection et

Balade à pied ou à cheval

B

ien sûr, le charme de Sausset réside avant tout dans son port et les terrasses de café ouvertes sur lui. Ceux que l’urbanisme intéresse pourront aller au-delà, reconnaître divers types architecturaux, de la petite station familiale (pas évidente à identifier) à l’extension la plus récente, laquelle apparaît diversifiée, privilégiant l’habitat bas (rarement plus de 4 étages), aux couleurs provençales, ocre, safran, vert et bleus. Deux balades à pied permettent d’aller facilement, tant vers Carry-le-Rouet (avec un itinéraire qui emprunte régulièrement la route), que vers la Couronne (comptez 1h-1h30). A choisir, c’est plutôt cette dernière que nous conseillons, du fait de la présence d’un itinéraire pédestre réservé, sur une portion de côte peu bâtie, et qui rejoint la jolie plage de la Couronne. 5˚ 06,50'E

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Vous pouvez aussi faire des promenades à cheval dans l’immédiat arrièrepays planté de pins et d’oliviers en vous adressant aux “Crinières de la Côte Bleue” (04 42 45 60 65).

la valorisation

du milieu marin • Plan de gestion global de l’Ile Verte, du Mugel et de leur environnement marin (baie de La Ciotat) :

‹ Mouillages écologiques pour les plongeurs ‹ charte de partenariat avec les clubs de Services Maritimes Capitainerie Av du Port 04 42 13 23 06 Société Nautique Quai du Port route Couronne 04 42 49 28 83 Services Touristiques Office du tourisme 16 av du Port 04 42 45 60 65 Mairie Place des Droits de l’Homme 04 42 44 51 51 La Poste Av Adolphe Fouque 04 42 13 23 50 Urgences Gendarmerie d’été 04 42 44 79 00 Police Municipale 04 42 44 58 14

plongée et la Prud’homie de pêche

Adresses

‹ Diffusion d’outils de communication spécifiques

‹ Conception de sentiers découverte terrestres Sapeurs Pompiers 04 42 44 23 11 Poste de secours des plages 04 42 45 15 09

• Optimisation de la qualité environnementale des 8 ports départementaux : équipements portuaires, intégration paysagère, soutien à la pêche professionnelle…

La liste des médecins, dentistes et pharmaciens de garde est disponible au commissariat de police.

• Soutien technique et financier :

Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr

‹ aux structures de concertation ou de gestion (GIPREB, Parc marin de la Côte Bleue, GIP des Calanques, Parc Naturel Régional de Camargue …)

Péchés capitaux

‹ aux associations de protection et d’éducation à l’environnement

bloc marine 2009 ©

Pirate et galinette

• La diffusion d’études départementales nécessaires pour sensibiliser et porter à connaissance, voire d’aide à la décision :

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‹ Inventaire départemental des macrodéchets sur le littoral des Bouches-du-Rhône

‹ Etude de l’évolution du trait de côte du littoral des Bouches-du-Rhône au regard de l’érosion marine. © scorsonelli

chetez vos poissons aux petits étals, dont l’un La Galinette est tenu par une dame à l’allure et l’amabilité chaleureuse toute méditerranéenne. En matière de restauration, il y a l’embarras du choix sur le port. Le Pirate, conseillé par un autochtone, s’est révélé être une adresse sympathique avec un choix de moules frites marinière, au pistou, au roquefort, et même aux trois fromages ! (plats autour d’une dizaine d’euros). Ils servent bien sûr d’autres plats tout aussi gouleyants. Sinon, le restaurant de l’hôtel de la Plage, avec sa vue en hauteur sur le port et ses deux tenancières bien sympathiques est à conseiller, y compris pour un séjour sans bateau.

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Le port des secrets et des carrières

De la mer, Carry semble être une ville de béton. Approchez-vous et découvrez une station à l’histoire ancienne et au charme de la Belle Époque. Et quelques secrets bien gardés…

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Carry-le-Rouet

n longeant la Côte Bleue pour chercher Carry-le-Rouet, il est difficile de compter sur le viaduc ferroviaire qui saute de crique en calanque si on ne connaît pas par cœur le nombre d’arches. Compliqué aussi de se repérer d’après les villas cossues (le mot est aussi faible que leur vue est superbe) qui s’égrènent tout au long de ce littoral accidenté. En revanche, le navigateur indécis aura l’oeil irrémédiablement attiré par le principal et peu romantique amer, une tour d’habitation d’une quinzaine d’étages qui domine le port au nord. Moins beau mais tout aussi incongru et visible que le bloc de pierre qui tombe du ciel au début de 2001 Odyssée de l’Espace. Le genre d’immeuble qu’il faut absolument habiter pour ne pas le voir. Mais vous pouvez vous y fier, foncez tout droit, Carry, c’est par là. Du coup, vous avez l’impression de cingler vers une grande ville. En fait, la commune est peu construite : sur le millier d’hectares qu’elle compte, un gros quart seulement est urbanisé. Le reste est une réserve naturelle boisée. Alors, après tout, l’idée de concentrer la population dans un immeuble n’est peut-être pas si mauvaise… Sous la coque, une autre réserve : 85 ha de domaine maritime côtier interdits à toute forme de pêche pour protéger les écosystèmes marins.

Vous approchez des deux digues qui protègent le port. Près de l’entrée, mieux vaut ne pas serrer la côte ouest débordée par des petits fonds. MAISON SECRÈTE DE FERNANDEL N’approchez pas mais regardez. C’est là que se trouve la l’Oustaou de la Mar, la plus intéressante et la plus secrète villa de Carry : la maison de Fernandel. Après avoir choisi Carry-le-Rouet comme lieu de villégiature dans les années 1930, l’acteur s’est fait construire cette grande maison où il prenait ses quartiers d’été, allait pêcher à bord de son bateau nommé Caméra, et, comme le raconte l’histoire locale, jouait à la pétanque et prenait le pastis avec ses amis du village. C’est ainsi que Fernand Joseph Désiré Contandin dit Fernandel, a contribué à la notoriété de cette petite station. Ses propriétaires successifs ne veulent pas qu’on sache où est l’Oustaou de la Mar. On peut vous le dire, c’est la bâtisse jaune avec trois arches et une tour carrée à droite, la quatrième avant la digue en venant de la mer, au dessus d’une plagette protégée par une minuscule digue pour tirer une barque au sec. L’information est publique depuis qu’elle a été mise en vente sur Internet en mars dernier. Mais, puisque la villa n’est en aucun cas à visiter, gardez cette information pour vous.

En regardant les reliefs qui entourent le port de Carry, ditesvous que, bien avant que la star de Marseille ne fasse carrière, d’autres y ont vécu ici au secret d’abris bien cachés sous les roches. C’étaient des nomades, il y a quelque 20.000 ans, lors de la dernière glaciation. Bien plus tard, d’autres, au lieu de s’y cacher, les ont exploitées à des fins de construction (de villas somptueuses ?) : ce sont les Romains, qui nommèrent le lieu In carus positio, autrement dit “le mouillage près de la carrière”, qui a donné Carry. LA VIGIE MARSEILLAISE Le Rouet est un hameau voisin, un peu plus à l’est dans une petite anse fermée par le cap de la Vierge dont la vigie participa longtemps à la garde de Marseille. Elle signalait par des feux l’arrivée de navires venant du golfe de Fos à la vigie marseillaise qui se trouvait à l’emplacement de Notredame de la Garde. Les douaniers s’y installeront au XVIIIe siècle et l’Empire confirmera Carry comme maillon de défense de la rade de Marseille par l’implantation d’une batterie destinée à lutter contre les attaques des commandos anglais.

Escales

© Guy Brevet

Carry-le-Rouet

Autre curiosité, qui fut autrefois un amer avant d’être caché par le casino, le château que les seigneurs de Jarente construisirent au XVIe siècle. C’est aujourd’hui l’hôtel Villa Arena, bâtiment Belle Époque visible du port dans l’alignement de l’avenue Aristide Briand. Car c’est au début du XXe siècle que Carry commença à vivre son âge d’or. L’ouverture, en 1915, de la ligne de Chemin de fer Miramas-Marseille, le «petit train de la Côte Bleue», en fit la station balnéaire des Marseillais. Les premiers lotissements verront le jour avant la guerre de 1940 avec l’arrivée de l’eau et de l’électricité. La commune, autrefois petite bourgade d’une trentaine de foyers de pêcheurs et d’agriculteurs pauvres, comptait cette année là 700 habitants. Il y en a aujourd’hui 6.117. Trois fois plus l’été. Guy Brevet et Jeanne Chemin

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pas à terre Sur le sentier des douaniers

À

voir, sur le cap de la Vierge au Rouet, la chapelle Notre Dame du Rouet, construite en 1353 puis reconstruite deux fois sur ce site. Trois itinéraires pédestres sont possibles à partir de Carry. Le “sentier des douaniers” (balisage rouge et blanc GR) offre deux variantes : l’une, courte et sans aucune difficulté (environ 2 km / 1h30 A/R), à partir de la plage de Fernandel, vous fera découvrir le bord de mer de Carry (fin de la balade à la plage du camping Lou Souleil) ; l’autre, plus longue (7 km, environ 4 h aller, autant pour le retour, 100 m de dénivelé) permet d’aller de Carry à la calanque des Anthénors. Le troisième itinéraire, «le tour du Romaron» sera parcouru en 5 h 30 environ. L’office de tourisme, au Casino, vous

fournira toutes les indications et un plan. Présence également d’un centre de plongée et autres sports nautiques (dont kayaks) sur le port.

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Services Maritimes Capitainerie Square Fernandel 04 42 45 25 13 Société nautique Square Fernandel 04 42 45 13 12 Services touristiques Office de tourisme Av Aristide Briand 04 42 13 20 36 Mairie 04 42 13 25 25 Bd des Moulin La Poste 04 42 13 20 90 39, bd Montus Urgences 1,8 Gendarmerie Nationale Av Pierre Sémard 04 42 45 00 04 Police municipale 5 bd Philippe Jourde 04 42 44 64 75 Autres Services Pharmacies Pharmacie du Centre 22, av Aristide Briand 04 42 44 57 77

Adresses

Pharmacie de la Côte Bleue Av Driao de la Mar 04 42 44 57 20 Médecins 04 42 44 52 19 04 42 44 90 55 04 42 35 16 55 Dentiste 04 42 45 03 09 04 42 45 29 99 Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr

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Péchés capitaux

La journée de l’oursin

arry offre une succession de restaurants autour du port ; désigné par plusieurs autochtones comme étant un bon rapport qualité-prix, Les Terrasses, sur la rive ouest du port à deux pas du Casino, s’est effectivement révélé être une bonne adresse, avec des styles de menus très variés. Pour ceux qui peuvent, février est le mois des oursinades, dégustation d’oursins et autres fruits de mer, sur le port. Douze ans après l’installation de Don Camillo à Carry, il arriva une drôle d’aventure au Peppone de l’époque, le maire Jean-Baptiste Grimaldi : il se vit offrir son poids en oursins par les pêcheurs qui avaient fabriqué une sorte de balance. L’histoire se répandit alentours et, presque dix ans plus tard, un

autre maire décida de faire de ce jour la journée de l’oursin qui devînt ensuite le mois de l’oursin. Les trois premiers ­dimanches de février c’est l’occasion de grandes dégustations et de joyeuses fêtes.

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© Guy Brevet

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Le train de la Côte Bleue

Escales

Une autre manière de faire du cabotage

Le train de la Côte Bleue

Que fait un train dans un guide du cabotage ? Tout simplement parce que c’est le meilleur moyen de visiter la Côte Bleue, au moment où il est si difficile de trouver une place dans un port ou un mouillage dans une calanque.

V

ous avez trouvé une place à Sausset les Pins. Chanceux. Vous ne voulez pas la lâcher. Mais vous voulez aller jouer au casino de Carry le Rouet. Ou Dîner sur le petit port d’Ensuès – La Redonne. Ou plonger à Niolon. Ou parcourir le chemin des peintres à l’Estaque. Ou chercher un ami à Marseille. Ne bougez pas votre bateau, prenez l’un des plus beaux trains du sud de la France. Oh, ce n’est qu’un très banal TER ! Mais non content de desservir des petits endroits splendides, la vue qu’il offre sur la rade de Marseille est unique. De Carro – La Couronne à Marseille Saint Charles, c’est quarante minutes de spectacle.

Alors, plutôt que de chercher un hypothétique loueur de vélo et de pédaler en plein cagnard sur des routes encombrées, dangereuses et pentues, prenez l’un des quatorze omnibus qui passent chaque jour et partez à la découverte de la Côte Bleue. TOUTE UNE HISTOIRE ! En plus, ce train a toute une histoire. À l’origine, en 1835, trois tracés avaient été étudiés pour aller de Marseille vers le nordest. Juste avant que Louis-Napoléon ne prenne la couronne d’empereur et le numéro III du nom, fut inauguré le tunnel de La Nerthe, long de près de

cinq kilomètres entre le Pas des Lanciers et l’Estaque, exploit technique pour l’époque. S’ouvrait alors une grande ligne vers Avignon exploitée par la célèbre compagnie ferroviaire Paris – Lyon – Méditerranée (PLM). Un second empire, une troisième république et une première guerre contre les Allemands plus tard, les affaires reprenant, la PLM songea à doubler la ligne en passant par la côte, l’un des deux anciens tracés non retenus en leur temps, qui permettait de disposer d’une voie de secours en cas de panne ou d’accident dans le tunnel de la Nerthe. Les délais entre l’idée et la réalisation étaient déjà ce qu’ils sont encore : en 1871 le projet était imaginé, en mai 1883 l’État français et la compagnie signaient une convention d’étude, en juin 1904 le Parlement votait la loi d’utilité publique du projet, en 1908, les travaux commençaient, en 1915 la ligne Port de Bouc – Marseille était ouverte. À peu près un kilomètre par an… L’ingénieur en chef Paul Séjourné, surnommé le “Gustave Eiffel des ponts en maçonnerie”, fut chargé des travaux. Un autre exploit. De la mer, on voit très bien

les viaducs. Entre eux, très peu de terrain plat découvert. Dès qu’elle quitte un pont, la voie s’enfonce dans un tunnel. Quand il n’y avait pas de roche dure à percer dans des conditions acrobatiques, il fallait retenir les pentes de marnes noires qui s’effondraient. Certaines gares, comme celle de la Redonne, durent être carrément suspendues en haut de falaises artificielles. DES MILLIERS D’OUVRIERS Heureusement, les ingénieurs trouvaient sur place les pierres nécessaires à la construction des renforts et des ponts, les composants pour fabriquer le béton et produire les ballasts. C’est ainsi que les carrières de la Vesse et de la Redonne furent créées. Onze ans de travaux, des milliers d’ouvriers. En désenclavant tous les petits ports de la Côte Bleue, cette ligne lança le développement économique et touristique de Carry le Rouet et de Sausset les Pins. Aujourd’hui, pour beaucoup de Marseillais, c’est un train de banlieue bien pratique et, pour ceux qui ne s’en lassent pas, un enchantement de chaque jour. Christophe Naigeon

UNE HAUTE FRÉQUENTATION

L

’attrait de la Côte Bleue sur la population marseillaise n’est pas à prouver. On estime la fréquentation à près de 60.000 personnes hébergées, sans compter les “excursionnistes”… Quant aux plages, la fréquentation a été multipliée par six ces dix dernières années : environ 50.000 baigneurs pour une journée d’été normale ! La fréquentation des bateaux n’est pas en reste. La capacité des ports est de près de 2.000 anneaux dont 97% pour les plaisanciers. Carro, Sausset, Carry et la Redonne totalisent 1.400 postes dont seulement une soixantaine pour les visiteurs. Mais dix ports-abris peuvent accueillir près de 800 petits bateaux. Résultat, les caboteurs avec leurs ancres et leurs chaînes, les nageurs, plongeurs, pêcheurs, récolteurs d’oursins, de corail et de coquillages ont fini par exercer une pression insupportable sur le milieu. À terre comme sous l’eau, aux mêmes maux les mêmes remèdes : protéger. Trois ans après les premiers achats de terrains par le Conservatoire du Littoral, en 1993 a été créée le Parc Marin de la Côte Bleue qui, entre autres, gère deux zones strictement défendues, à Carry le Rouet et au cap Couronne.

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Niolon

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iolon est un minuscule port accessible à des bateaux en harmonie avec sa taille. Il se cache derrière une petite pointe surmontée de blockhaus de la dernière guerre repeints en blanc. Ce fort fut, lors de la dernière guerre, occupé par l’armée allemande, ce qui explique que le lieu soit doté de ces disgracieuses bonbonnières en béton surarmé. Ces casemates, ainsi qu’un ancien fort militaire construit en 1860, abritent le Centre de plongée de l’UCPA. Les fonds sous-marins en effet réservent de belles plongées sur cette portion de côte en particulier vers la petite île de l’Elevine.

On trouve près du port quelques commerces, bars, restaurants. Sur le Chemin du port, on trouvera l’Auberge du Mérou où on se régalera de produits de la mer et d’une vue sur toute la rade de Marseille. En montant au dessus du village par le chemin longeant la voie ferrée vers l’ouest et en prenant, à droite, le sentier qui monte vers le fort militaire avant le viaduc, on bénéficiera d’une vue remarquable sur toute la rade de Marseille et les différentes sortes de navires qui y croisent : porte-conteneurs, vraquiers, cargos mixtes, ferries et autres monstres de ferraille plus ou moins rouillés ou étincelants de peinture. La petite calanque d’à côté qui abrite aussi quelques bateaux est celle de la Vesse, la dernière avant l’Estaque.

La Redonne

Modeste et charmante L

e petit port de La Redonne se repère facilement du large grâce au viaduc à six arches qui le surplombe. De là, on a une vision panoramique de la rade. Y entrer demande d’être à la barre d’une unité de taille très modeste (la modestie n’altérant en rien la valeur affective et le sentiment d’orgueil ressenti par le propriétaire de la dite unité).

De petits restaurants, plus simples qu’à Niolon, pourront vous retenir encore un peu sur le quai devant lequel dansent les pointus des pêcheurs.

Cette calanque très boisée a vu au fil du temps ses cabanons cachés sous les pins se transformer en villas. C’est, on peut le dire, quasiment un petit paradis. Quelques petits restaurants le long du quai pourront vous accueillir. Un sentier des douaniers permet de longer la côte sur environ 5 km et de découvrir une infinité de criques qui appellent au bain. Au retour vers le petit port (très peu de places de passage), on peut admirer ce village abrité du Mistral comme des vents d’est, dans un repli rocheux surmonté par la chaîne de l’Estaque.

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L’Estaque

Attachant port d’attache

Escales

Port des peintres, des écrivains et des cinéastes, l’Estaque est aussi une ville industrielle au caractère bien marqué où se mélangent fort bien les gens, les métiers et les bateaux.

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L’Estaque

n arrivant par l’ouest, l’Estaque est reconnaissable à l’église qui domine le port. Pour entrer, veillez bien à prendre la passe réservée à la plaisance (passe du phare de l’Estaque) à l’extrémité ouest de la digue intérieure et non celle des chalutiers, à l’est de la digue intérieure. Une fois au port, sous l’église, votre regard tombera forcément sur les troquets qui le surplombent… quelle émotion, certains sont là depuis très, très, très longtemps et ont vu passer des générations de marins, pêcheurs, touristes et autres buveurs de tout poil. Ici, vous êtes encore sur la Côte Bleue et déjà à Marseille. Mais avant tout à l’Estaque (prononcez l’Estaaqueu), un “village” maritime au caractère bien… trempé. En  provençal  l’estaco,  veut dire l’attache, celle qui permet d’amarrer les bateaux à un pieu. Attache également sentimentale… Robert Guédiguian a fait de ce quartier populaire et bien vivant, un excellent portrait dans son film Marius et Jeannette (1997).

DES SARDINES ET DES TUILES Du fait de sa situation naturellement protégée des vents violents d’ouest et de nord-ouest, la vocation maritime de l’Estaque est ancienne. Grecs et Phéniciens en auraient fait un port «pinardier» où transitaient des milliers d’amphores. La vigne y fut cultivée jusqu’au XVIIIe siècle, mais l’activité essentielle a longtemps été, bien sûr, la pêche à la sardine et la seinche au thon, laquelle nécessitait une main d’œuvre abondante. La deuxième activité qui s’est

développée pour atteindre son apogée à la fin du XIX e siècle est la fabrication de tuiles. Briques et tuiles faites avec l’argile du bassin de Séon (lieu qui portait également le vignoble) sont renommées depuis l’antiquité. Les tuiles étaient transportées sur des tartanes malonières (barques à fond plat) jusqu’au port de la Joliette pour être exportées vers les colonies. La Tuile de l’Estaque a occupé une place importante dans l’architecture coloniale, en Indochine notamment. POPULAIRE À LA “FOLIE” Parallèlement aux activités artisanales, le quartier a connu un fort développement industriel à partir de 1885, avec l’arrivée de diverses usines liées à la chimie, l’industrie minière, la réparation navale. La population est passée de moins de trois cents habitants en 1872 à près de quatorze mille en 1931 ! L’architecture de style industriel de la gare est remarquable de cette époque faste. Malheureusement, toutes les petites tuileries ont disparu dans les années 1930-1940 et le déclin de toutes les activités industrielles qui a suivi ont fait de l’Estaque une zone économiquement sinistrée comme en témoignent les friches industrielles qui ne sont esthétiques que dans les films. L’Estaque, c’est aussi la mer et les vacances. L’Estaque-Plage s’est construite autour du port. De grandes plages de sables occupaient son littoral et étaient le lieu de diverses activités, pêche, petits commerces, restaurants… lieu de week-end fréquenté par les Marseillais pour y déguster

oursins, sardines et panisses. Le village est resté à l’écart jusqu’au début du XXe siècle, quand la route est arrivée et que la voie ferrée Marseille-Miramas a été mise en service (voir pages précédentes). Lieu populaire, l’architecture diversifiée révèle une belle mixité sociale. Les petites maisons traditionnelles où résidaient les ouvriers des usines, côtoient les bastides et les villas de bord de mer construites par les riches Marseillais. Ces «folies» architecturales révèlent toute la fantaisie de ceux qui les ont bâties. A l’Estaque-Plage, tout près de l’Office de tourisme, la «Palestine» est une magnifique villa de style mauresque construite au début du XXe siècle par un amoureux de l’Orient, Pierre Leclerc.

sionnisme, fauvisme, cubisme, entre 1860 et 1920, comme Paul Cézanne, Pierre-Auguste Renoir, Georges Braque, André Derain, Raoul Dufy... D’autres artistes y séjournèrent, comme Camille de Saint-Saëns et Émile Zola, lequel participera à la fondation du journal La Marseillaise. L’Estaque est un port – quatre ports – un peu compliqué qui n’accueille les visiteurs qu’à l’extrême ouest (port Ouest Marseille) et à l’extrême est (Port sud) et où le plaisancier côtoie les “gors culs” du port de commerce et de passagers. Mais son charme épicé justifie la manœuvre. Guy Brevet et Jeanne Chemin

ON Y FAIT BIEN DES CHICHIS En sept lettres, on y fait bien des chichis… Énigme de cruciverbistes facile à deviner ici. Lorsque vous arrivez, on vous l’annonce, ici, on mange des chichis (beignets frits) et des panisses (beignets de farine de pois chiches) ! En vente un peu partout, y compris sur le marché. Derrière les bistrots et les restaurants, l’Estaque se révèle être un lacis de ruelles étroites, de petites maisons, le tout ordonné et coloré, du moins dans sa partie centrale, ce qui témoigne aussi de son intérêt touristique. Lieu de vie, lieu de charme, le village a été plébiscité par un certain nombre de peintres, impres-

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pas à terre lies”, monter jusqu’à l’église (proche de laquelle Paul Cézanne avait élu domicile) pour profiter d’une jolie vue sur l’Estaque et le port jusqu’à Marseille, poursuivre vers la petite chapelle Notre-Dame de la Galline, ou encore vers le viaduc de Riaux. Plusieurs circuits de découverte autour de la thématique des peintres sont proposés ce qui fournit également, en dehors de l’intérêt de la chose picturale, un bon prétexte à l’errance. L’office de tourisme n’est ouvert qu’en saison mais un plan des différents itinéraires des peintres est affiché dehors. A condition d’être là au bon moment, les joutes (entre avril et septembre), la fête de l’Estaque (1er week-end de septembre), le pèlerinage de la Galline (2e dimanche de septembre), vous offriront de partager les événements forts de l’Estaque avec ses habitants.

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Services touristiques Mairie des 15e et 16e arrt Parc François Billoux 04 91 14 60 40 Mairie de Marseille Hotel de Ville, Place Villeneuve Bargemon Office du tourisme 122 Plage de l’Estaque 04 91 13 89 00 La poste 04 96 15 10 90 2 Plage de l’Estaque Urgences Commissariat 24 Bld Roger Chieuse 04 91 09 12 40 La liste des médecins, dentistes et pharmaciens de garde est disponible au commissariat de police. Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr

Péchés capitaux Le pouls de l’Estaque

V

ous serez certainement attablé à la terrasse de l’un des cafés avant même d’avoir eu le temps de lire cet article. C’est bien, car c’est là aussi que vous prendrez le pouls de l’Estaque. On a testé pour vous les 4 Dauphins, bon pastis, bon accueil, qui propose de la paella en saison. Vous n’avez que quelques pas à faire (la porte à côté pour tout vous dire) pour rejoindre La Rade, restaurant actif toute l’année, où vous pourrez trouver un choix de plats locaux, de la bouillabaisse à une variété de poissons et fruits de mer (divers menus ; à la carte, plats à une douzaine d’euros). Et poursuivez bien sûr dans le péché de gourmandise avec les chichis et les panisses.

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A

rrêtez de passer, arrêtez-vous !

Sur l’autoroute, si vous avez imprudemment regardé en bas, vous avez pu voir, d’un côté le chenal de Caronte, ces centaines de mâts et ses zones techniques, de l’autre, presque comme une vue d’avion sur une ville dont on se dit “tiens, ça à l’air pas mal !“. Et sur l’autoroute maritime Est-Ouest qui fait franchir le golfe de Fos entre les bouées de Roustan et de Carro, on se dépêche de passer comme devant une grotte habitée par des monstres capables de surgir à tout moment. Quant à aller au fond de leur antre… Erreur, double erreur ! Ce qui est dangereux est de leur couper la route. Si on prend les bords du chenal des “gros“, on a toute la place qu’on veut et, sauf les jours de grand mistral, c’est plutôt protégé. Alors, foncez au fond du golfe, prenez le canal de Caronte (tirant d’air à 30 m !) et atterrissez dans l’un des sept ports de Martigues. Avec 1.500 places à flot, vous avez toute chance de vous mettre à l’abri, y compris du vent, contrarié par les constructions. Un conseil, essayez plutôt les ports de Ferrières, du Miroir aux Oiseaux, du Canal Saint-Sébastien ou côté étang de Berre, Joncquières. Pour ce dernier, si votre tirant d’air est supérieur à 10 m, appelez la capitainerie par VHF (canal 9) pour demander l’ouverture du dernier pont. Une fois amarré, vous allez oublier l’industrie, la circulation, le bruit et les parfums raffinés des environs pour vous retrouver dans un havre de calme, une ville propre et riche d’histoire, animée tout l’été – mais sans flons-flons intempestifs – qui a reçu le label Station Touristique Balnéaire.

UN IMMENSE TERRAIN DE JEU NAUTIQUE Un autre atout de Martigues est d’être ouverte sur l’étang de Berre, magnifique terrain de jeu pour le nautisme, la voile en particulier. Il n’y a pas un week-end, du printemps à l’automne, sans qu’il n’y ait une régate ou un événement nautique. Championnat de France, d’Europe… les fédérations y ont vu un plan d’eau idéal, bien venté et où la mer ne se lève jamais trop haut. Les projets de la Semovim (Société d’Economie Mixte de Gestion des Equipements touristiques de la Ville de Martigues) qui gère l’essentiel des ports de Martigues, y compris un port à sec de 950 places qui accepte les voiliers de 16 tonnes sont tournés vers la reconquête de cet espace nautique. Le faire connaître, le valoriser, y multiplier les événements. Martigues, une perle dans un écrin ingrat, sans doute. Mais, comme dit Dominique Lefèvre, Directeur Général de la Semovim,

“si on la découvre, on y revient !“


Marseille

Escales

Lacydon : atterrissez dans un mythe

On ne se lasse jamais d’arriver à Marseille. Du moment où les massifs qui l’entourent sont visibles à celui où l’on saute à terre dans le Vieux Port, c’est une suite ininterrompue de découvertes. Petit guide d’atterrissage au Lacydon :

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Marseille

u haut de ces pyramides, 115 siècles vous contemplent » pourriez-vous dire à votre équipage si vous vous preniez pour le petit empereur en approchant Marseille. La chaîne de l’Étoile au Nord, les massifs d’Allauch et de Carpiagne à l’Est, du Puget et de Marseilleveyre au Sud, donnent à la baie de Marseille son écrin blanc et cette lumière bleue d’été. Ce sont des calcaires riches en carbonate de calcium, solides et clairs, de la roche dont on fait des maisons, formé par une barrière corallienne au fond d’une mer peu profonde dans un climat tropical. C’est grâce au surgissement des Pyrénées, là-bas à l’autre bout du golfe du Lion que ces dépôts patiemment déposés en couches

plates comme des lasagnes par Thétis, la mer de l’époque, ont fait des plis, se sont brisés, ont créé ces promontoires : les îles du Frioul qui, de loin, vous trompent tant elles se confondent avec la côte, Notre Dame de la Garde qui veille sur vous et s’illumine le soir, Marseilleveyre que vous voyez en arrière de la Pointe Rouge, ce massif où les Gaulois de la famille de Gypis ont pu faire découvrir au Grec Prôtis, à peine débarqué de sa galère, le magnifique site du Lacydon qui deviendra le vieux Port. Le reste, ce que vous ne voyez pas mais qui défile sous votre coque, est un immense effondrement. Il y a 35 millions d’années, au fond du grand lac qui s’est formé là, se sont accumulés

La Bonne Mère

des sédiments sur un kilomètre d’épaisseur auxquels s’ajoutaient les éboulis provenant des berges. Des collines aussi importantes que celles que l’on voit tout autour sont “tombées dans ce trou” et s’y sont fait ensevelir. De ce grand chambardement est né le site magnifique où vous croisez, le port exceptionnel où vous allez bientôt vous abriter. Bienvenue à Marseille ! LA BONNE MÈRE VEILLE Du large, c’est l’amer le plus sûr. C’est aussi un symbole. Marseille en vue ! Notre Dame de la Garde a été construite entre 1863 et 1893 sur l’ancien site d’une chapelle du XIIIe, consacrée elle aussi à la Vierge Marie. Comme la Major que l’on découvre presque en même temps, elle est d’un style néo-byzantin très riche. Elle est surmontée d’un beffroi de 90 m surplombé  d’une  immense Mère à l’Enfant couverte d’or de 11 m de haut, réalisée par l’orfèvre parisien Charles Christofle. Les Marseillais l’appellent la Bonne Mère. Protectrice de la ville, on y dépose des ex-voto aux couleurs de l’Olympique de Marseille… Anecdote : à la fin de la construction, un attelage de mules devait monter le bourdon de 8 t en haut de la colline. Au milieu de la pente, les mules n’en pouvaient plus. Quelqu’un dit alors: «faù ana cerca Molinàri» («Il faut aller chercher Molinari»). Cet entrepreneur réputé fit placer une énorme poulie au pied de la basilique. Il y passa une très longue corde qu’il attacha d’un côté à la charrette et de l’autre aux mules placées dans le sens de la descente. Comme il était plus facile pour ces animaux de tirer en descendant qu’en montant, le bourdon pût être installé. Depuis, à Marseille, lorsqu’on se trouve devant une difficulté on dit : «Il faut aller chercher Molinari.»

La Bonne Mère, indissociable de l’image de la ville, raconte le brassage des civilisations. C’est au VIe siècle avant J.-C. qu’apparaît la “première Dame de Garde” de Marseille. Car si la tradition fait remonter la première aux temps préhistoriques, c’est avec certitude qu’on place au temps des Phocéens une gardienne sur la colline. Le site va abriter le temple de la déesse Poliade de Phocée, Aphrodite, et garder ainsi le feu de la cité. Le nom de Notre Dame de la Garde, viendrait donc de cette idée d’un lieu gardien du feu sacré. Puis, le christianisme reprit les lieux de culte païens pour y mettre le sien. La construction de la basilique en 1853 fait prendre tout son sens à la colline de la Garde : signal sacré, signal urbain. Et, de surcroît, amer pour les marins. LES TROIS “MAJOR” Arrivés dans l’avant-port, c’est la Major attire le regard sur bâbord, du côté des ferries. C’est Byzance ! L’architecte Léon Vaudoyer a construit entre le Vieux Port et le “nouveau” un édifice qui tient plus du palais que du lieu de prière. Marbre et porphyre, mosaïques, coupoles, alternance de pierres vertes et blanches, il affirme la volonté de Marseille d’être la porte de l’Orient. Aussi grande que Saint Pierre de Rome, elle peut accueillir trois mille fidèles. Le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte en posa la première pierre en 1852, le pape Léon XIII en fit une basilique en 1896. La Major mesure 142 m de long, son portique culmine à 60 m et la nef à 20 m alors que la coupole monte à 70 m pour 17,70 m de diamètre, ce qui en fait la sixième du monde. Pour la construire, il a fallu démolir deux travées de l’ancienne cathédrale Notre Dame qui se trouvait là, car, depuis le Ve siècle, plusieurs édifices religieux se sont succédé à cet emplacement. Les travaux de la nouvelle ont révélé l’existence

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La Major

d’une troisième église paléochrétienne et d’un baptistère établis sur le même site : ainsi peut-on parler des cathédrales de Sainte Marie Majeure.

une vue splendide sur les îles, les ports et la ville.

PHARO PIEDS DANS L’EAU

Passée l’anse du Pharo, on entre dans la passe d’entrée du Vieux Port sous la double autorité des Forts Saint Jean et Saint Nicolas. À bâbord, le Fort Saint-Jean et sa Tour du Fanal, ancienne Commanderie des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem date de la fin XIIIe siècle. Sa Tour Carrée, dite du Roi René, édifiée au XVe siècle est incluse dans les remparts, élevés en 1666 par l’ingénieur Clerville, sous l’autorité de Vauban et à la demande de Louis XIV. Aujourd’hui le Fort abrite des collections dont quelques reproductions ornent la façade rose pâle. Si la tour Carrée, qui est ouverte au public, offre une vue incomparable sur la rade, on aime aussi la nuit, doucement bercé par le bateau, se surprendre à suivre sur les murailles, si sobres le jour, les ombres portées des promeneurs amoureux de la ville et du large.

Un coup d’œil à tribord vers la colline du Pharo, troisième bâtiment d’époque Napoléon III, auquel il faudra ajouter plus loin la Bourse et la gare Saint Charles. De passage à Marseille en 1852, Louis Napoléon Bonaparte, encore président des Français, décide de la construction d’une villa «pieds dans l’eau» à Marseille. Cette “marina” avant l’heure dont la première pierre a été posée en 1858, ne vit jamais ni l’empereur ni l’impératrice, qui, entre-temps, avaient pris du galon. Eugénie en fit cadeau à la ville. Son style n’est pas éblouissant de légèreté ou de finesse, mais sa situation sur la hauteur au bout du port en fait un élément paysager important pour l’équilibre de cette partie de la ville. Après avoir accueilli la faculté de médecine, le Pharo abrite aujourd’hui des salons professionnels et des séminaires et offre aux participants

SAINT-JEAN, TOUR CARRÉE

Le fort Saint-Jean

lies bastides. Nous avons voulu avoir la nôtre à l’entrée de ce grand port » a fait également bâtir, côté phare vert, le Fort Saint Nicolas “La citadelle des Marseillais”, achevée en 1664. L’objectif est le même que celui qui a prévalu à l’édification de Saint Jean : mettre fin au soulèvement des habitants de Marseille qui bafouent l’autorité royale. On remarque que les canons sont tournés vers la ville… SAINT-NICOLAS, CITADELLE Au Moyen Âge le site abrite alors une petite chapelle fondée entre De l’autre côté, un fort signé 1150 et 1228 dédiée à Saint NiVauban. Louis XIV qui aurait colas. Elle dépend de l’Abbaye dit « Nous avons remarqué que Saint Victor. les Marseillais prisaient les joAu pied de celle-ci, au niveau de l’ouverture la plus étroite entre les deux Forts, le Sénéchal de Provence ordonne en 1322 l’aménagement d’une palissade en bois La citadelle Saint-Nicolas et Saint-Jean à l’extrémité de laquelle on fixe une chaîne qui barre la passe du port. Elle est renforcée progressivement par la suite pour former trente ans plus tard deux véritables piles. C’est aussi la période d’importants travaux auLe Pharo

tour de la chapelle Saint ­Nicolas afin de créer un chemin de ronde et une muraille rejoignant la chaîne du port. Ce système de défense se révèlera totalement inefficace en 1423 contre l’attaque du roi Alphonse V d’Aragon. La ville sera pillée durant trois jours par les Aragonais, les galères catalanes ayant pris le Chapelle à revers. Ils emporteront pour trophée la chaîne du port qui est aujourd’hui exposée en Espagne, dans la cathédrale de Valence.

Saint-Laurent


Marseille SAINT-LAURENT DU PÊCHEUR

Marseille

Côté fanal rouge, juste au-dessus des bateaux des Affaires Maritimes se trouve l’un des plus purs bâtiments du port. Avec un clocher comme on en trouve un autre à Collioure, c’est l’église Saint Laurent, construite au XIIe siècle, la paroisse des pêcheurs et des marins. Très endommagée par la destruction du quartier en 1943, elle conserve cependant la beauté de son architecture romane en calcaire rose venu du Cap Couronne. A ses côtés a été construite en 1604 la chapelle Sainte Catherine, au style gothique tardif, unique dans son genre à Marseille.

Saint-Victor

SAINT-VICTOR DE LA LÉGION Toujours sur tribord, juste après la capitainerie et le CNTL, au-dessus du bassin dit du Carénage, se tient une église avec un clocher “à peigne”, c’est l’abbaye Saint Victor. La légende raconte que Victor, officier des légions romaines converti au christianisme, a été supplicié vers 228 parce qu’il avait refusé d’offrir de l’encens à Jupiter et renversé l’autel. L’empereur Maximien lui fit couper un pied, puis écraser par une meule puis décapiter avec ses compagnons évangélisateurs. Leurs corps, jetés à la mer, ont été ramenés par un ange dans une petite grotte. Vers 413 y fut fondé un monastère en son honneur. Détruite  par  les  Sarrasins, l’église a été reconstruite au XIe siècle, puis fortifiée par Urbain V au XIVe. Les cryptes contiennent la basilique primitive.

tion vaut la peine de se trouver une soirée libre. MAIRIE ET FÉRIBÔTE Vous êtes maintenant dans la seconde moitié du bassin. L’hôtel de ville de Marseille occupe une place privilégiée sur le Vieux Port. En fait, c’est tout un ensemble qu’il faut regarder : la bâtisse, bel exemple d’architecture baroque provençale du XVIIe siècle, le quai du Port, très large à cet endroit et qui ouvre sur le bassin d’honneur où deux superbes  voiliers  historiques sont amarrés. Sans oublier le terminus du “féribôte” le César, rendu célèbre par Pagnol, mis en service en 1890, et qui fait traverser le bassin jusqu’au Bar de la Marine. La mairie a échappé à la destruction des maisons du quai du Port à la fin de la seconde guerre mondiale, ce qui fait qu’elle trône maintenant toute seule dans son style entre deux barres d’immeubles récents. Sur l’autre rive, la “Nautique” vous salue. Parce qu’il est inné chez les Marseillais de prendre ce plan d’eau, d’aller aux îles ou dans les calanque, est acquise l’importance de la plaisance et des régates… Avec le troisième club de France après la Société des Régates du Havre (1838) et la Société Nautique de Sète (1863), la Nautique (1887) est une vieille dame d’une éternelle jeunesse, fondée par des régatiers dissidents de la Société des Régates de Marseille.

La mairie

Criée, devenu Opéra et entrez sur la Place aux huiles… Les immeubles qui la bordent ont encore les voûtes et les portes cintrées… Mais ce n’est pas de l’huile que vous y trouverez, mais du vin rosé et surtout le “Pastis”, mélange d’anis étoilé du Yunnan (Chine), d’une pointe de réglisse des rives syriennes de l’Euphrate, et des plantes aromatiques de Provence… De l’autre côté du port, osez les ruelles fraîches du Panier. Per-

ché sur une petite colline, c’est le quartier originel des vagues successives d’immigration, des Grecs aux Comoriens. Tout y est pittoresque comme le nom des rues et le comportement de ses habitants. Déambuler sans but le long des rues est encore le meilleur moyen de visiter ce petit village dans la ville. Un dédale. Mais à Marseille, on ne se perd pas, car jamais on ne quitte longtemps la mer de vue. Christophe Naigeon

VOUS ÊTES ARRIVÉS ! En face, la Cannebière continue de donner le ton maritime de la ville… l’avenue porte le nom du chanvre qui y était tissé pour les cordages. Pas très loin se trouve aussi l’avenue de la Corderie… Descendez face à l’ancienne

LA CRIÉE THÉÂTRE Au 30 Quai Rive Neuve, l’ancienne criée aux poissons est devenue un théâtre depuis 1981. Les ballets de Roland Petit l’ont rendu célèbre. Sa programma-

Théâtre de La Criée

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Ecrivains

Gustave flaubert : On y entend parler cent langues inconnues Gustave Flaubert (1821 – 1880) fit entre 1840 et 1868, une série de voyages, traversant les Pyrénées, la Corse et la Bretagne, puis Carthage et l’Orient. « Marseille est une jolie ville, bâtie de grandes maisons qui ont l’air de palais. Le soleil, le grand air du Midi entrent librement dans ses longues rues ; on y sent je ne sais quoi d’oriental, on y marche à l’aise, on respire content, la peau se dilate et hume le soleil comme un grand bain de lumière. Marseille est maintenant ce que devait être la Perse dans l’Antiquité, Alexandrie au Moyen Âge : un capharnaüm, une Babel de toutes les nations, où l’on voit des cheveux blonds, ras, de grandes barbes

noires, la peau blanche rayée de veines bleues, le teint olivâtre de l’Asie, des yeux bleus, des regards noirs, tous les costumes, la veste, le manteau, le drap, la toile, la collerette rabattue, le turban et les larges pantalons des Turcs. Vous entendez parler cent langues inconnues, le slave, le sanscrit, le persan, le scythe, l’égyptien, tous les idiomes, ceux qu’on parle au pays des neiges, ceux qu’on soupire dans les terres du Sud. » Gustave Flaubert, Voyages, Éd. Arlea N° 109, 2007, 700 p, 18 €

Albert Londres : On y embarque pour toutes les mers Albert Londres (1884 – 1932), journaliste, reporter de guerre. En 1927, il s’éprend de Marseille, cité grouillante de vie qu’il voit mal aimée. « C’est un port, l’un des plus beaux du bord des eaux. Il est illustre sur tous les parallèles. À tout instant du jour et de la nuit, des bateaux labourent pour lui au plus loin des mers. Il est l’un des grands seigneurs du large. Phare français, il balaye de sa lumière les cinq parties de la terre. Il s’appelle le port de Marseille. Il a plus de cinq kilomètres de long. Il n’en finit pas. Peut-être bien a-t-il six, ou même sept kilomètres. Môle A,

môle B, môle C. Il va presque jusqu’au milieu de l’alphabet, le port de Marseille… C’est le marché offert par la France aux vendeurs du vaste monde. Les chameaux portant leur faix vers les mahonnes d’au-delà de nos mers, sans le savoir, marchent vers lui. Port de Marseille, cour d’honneur d’un imaginaire palais du commerce universel ». Albert Londres, Marseille, Porte du Sud, Éd. Jeanne Laffite, les Arsenaulx, Marseille.

Blaise Cendrars : La ville appartient à celui qui vient du large Blaise Cendrars (1887 – 1961) cesse de voyager quand en 1940 il découvre la Côte Bleue (« je n’ai jamais été aussi heureux qu’à la Redonne »), et Marseille. « Marseille est une ville selon mon cœur. C’est aujourd’hui la seule des capitales antiques qui ne nous écrase pas avec les monuments de son passé. Son destin prodigieux de vous saute pas aux yeux, pas plus que ne vous éblouissent sa fortune et sa richesse ou que ne nous stupéfie par son aspect ultra-ultra (comme tant d’autres ports up to date) le modernisme du premier port de France, le plus spécialisé de la Méditerranée et l’un des plus importants du globe. Ce n’est pas une ville d’architecture,

de religion, de belles-lettres, d’académie ou de beaux-arts. Ce n’est point le produit de l’histoire, de l’anthropogéographie, de l’économie politique ou de la politique, royale ou républicaine. Aujourd’hui elle paraît embourgeoisée et populacière. Elle a l’air bon enfant et rigolarde. Elle est sale et mal foutue. Mais c’est néanmoins une des villes les plus mystérieuses du monde et des plus difficiles à déchiffrer » Blaise Cendrars, Je Débarque à Marseille, in Marseille revue Culturelle de la Ville, n°200.

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Marseille

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Basilique Notre Dame de la Garde (montagne) 210m dôme Dame Méditerranée - www.cabotages.fr 20 Notre - Cabotages Statue de le Garde


Péchés capitaux

Gourmandise, envie, luxure… Marseille fait succomber à la tentation

M

arseille est un inépuisable terrain de jeu pour qui veut succomber aux tentations. Les péchés que nous vous incitons à commettre avec nous sont – bien entendu – véniels et… bienséants. Nos coups de cœur n’ont rien d’exhaustif et nos lecteurs sont invités à nous faire connaître leurs avis sur www. cabotages.fr. Voici quelques-uns de nos rituels à chaque fois que nous venons nous amarrer au Vieux-port. Four des navettes. À deux pas du port (136 rue Sainte), il est une boulangerie où vous pourrez aller chercher le pain frais à servir à votre équipage et, surtout, rapporter les fameuses Navettes, ces biscuits dont la fleur d’oranger embaume tout le quartier. Ils se conservent très bien à bord et, tout en «calant» l’estomac de ceux qui sont de quart, ils leur porteront un petit vent de nostalgie terrestre. Chez Jeannot. Au fond de la calanque du vallon des Auffes (il faut marcher le long de la corniche Kennedy), il y a le célèbre Fonfon. Si vous voulez dépenser moins d’argent et que vous en avez assez des produits de la mer, préférez Chez Jeannot où les pizzas sont excellentes. Il y a une salle intérieur mais préférez l’annexe en verrière sur le petit port. Il est prudent de réserver : 04 91 52 11 28 La Casertane. C’est notre cantine à midi. Derrière l’Opéra, à deux pas de la place d’Estienne d’Orves (éviter la «célèbre», mauvaise et très peu aimable pizzeriza qui s’y trouve), au 71 rue Francis Davso, vous trouverez les meilleures pâtes de la galaxie (on ne galège pas !). Vite et aimablement servies, elles sont toujours variées, imaginatives et sans fioritures inutiles. Simplement avec un filet d’huile d’olive et du parmesan, c’est parfait. La Casertane fait aussi boutique de produits italiens pour emporter à bord. La 504. Le soir, au bout de la place d’Estienne d’Orves – ou au bout de la place aux Huiles, c’est selon – se trouve un excellent restaurant Tagine – Couscous, magnifiquement décoré, où les plats

très classiques et parfaits sont servis avec le sourire. Ne pas arriver trop tard, c’est un endroit assez couru. Quelques places seulement en plein air sur la place. Bière de Marseille. Au 4 de la place de Lenche (à côté du théâtre du même nom) se trouve une cave où nous aimons aller. Il existe bien d’autres caves et bistrots à vin à Marseille, mais celleci propose la bière de Marseille, La Cagole, en versions Blanche, blonde et brune. Nous ne repartons jamais sans. La Part des Anges. Restaurant et cave à vin, c’est une belle adresse pour qui ne craint pas les ambiances «où-ça-causeet-où-ça-rit». On peut y manger de manière traditionnelle, mais l’originalité du lieu est qu’on peut se faire servir collectivement des assiettes de fromage ou de charcuterie autour d’une bonne bouteille. Une sympathique alternative à la restauration classique. Cela se trouve 33, rue Sainte. Pelle Mêle Jazz Côté Sud. Au 8 Place aux Huiles se trouve le site Jazz le plus proche du port. Une petite boîte où se produisent des artistes locaux et des invités du monde entier. Jamais de grands concerts, plutôt une ambiance «cave de Saint Germain des Prés». C’est aussi un café dans la journée. Shipchandler Maglione. C’est le meilleur ! Place aux Huiles, des trésors de visserie inox et laiton à l’unité (pas dans des sacs sur présentoirs !) et de quincaillerie classique. Des Winches en bronze et des poulies en bois ou céléron, en plus de l’accastillage moderne. Et, cerise sur la gâteau, on vous fait du matelotage si vous n’avez pas des doigts de fée. Rien à voir avec le marchand de scaphandres et de meubles de marine du quai Rive Neuve…

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La Pointe-Rouge

Une plage, des cabanons, tout un monde

Escales

La Pointe-Rouge, c’est deux mondes : la plage, le port. La plage, c’est deux univers : les adeptes des sports aux noms anglais, les occupants des cabanons. Le port, c’en est trois : les plaisanciers, les plongeurs, les voileux. Et, en plus, c’est un quartier de Marseille bien vivant.

Q

La Pointe-Rouge

uand on arrive par la mer, La Pointe-Rouge est un port de 1.200 places bien tassées où les postes de passage sont peu nombreux et les manœuvres pas faciles quand le mistral pousse. C’est un lieu fonctionnel, point. Pris sur la mer, il n’est bordé que de shipchandlers, de rayonnages à bateaux, de hangars de clubs de plongée, d’empilements de dériveurs des écoles de voile. Il est fermé côté sud par une zone technique très fréquentée. Moralité, sortez du monde portuaire pour aller vers celui de la plage. Dans la journée, pour peu qu’il y ait un bon Nord-Ouest, vous verrez évoluer les as du kite-surf qui se régalent sur ce plan d’eau sans risque avec l’anse du Prado et la Bonne Mère côté pile pour arrière plan. Ou, comme c’est souvent le cas, vous pourrez suivre des matches de beach-volley ou de sand-soccer de haut niveau. Voilà pour l’univers des activités fatigantes aux noms anglais. TOUS LES SPORTS EN “ING” En revanche, les adeptes du tchatching, du pastissing ou du rienfaire-du-tout-ing trouveront leur compte sur cette belle plage de sable en croissant où le spectacle est permanent. Le tout Marseille Les Services Maritimes Capitainerie de la Pointe Rouge 04 91 73 13 21 Capitainerie du Vieux Port 04 91 73 93 63 Capitainerie Marseille Port Ouest 04 91 46 53 40 Capitainerie Marseille Port des Corbières 04 91 03 85 83 Capitainerie Marseille Port Servaux 04 91 46 60 99 Capitainerie Marseille Frioul 04 91 59 01 82 Affaires Maritimes 04 91 36 69 00 Douanes 04 91 14 15 16 Base Nautique Port de la Pointe Rouge 04 91 73 74 23 Services Touristiques Mairie 04 91 55 11 11 Quai Port

cosmopolite des familles et des bandes de copains se retrouve là, à cet endroit resté populaire sans réussir à devenir branché, pour notre plus grand bonheur. Ne cherchez pas à y faire une sieste tranquille avec parasol et matelas de location, massage à la demande et rondelles de concombre sur les yeux, ce n’est pas le genre de la maison. Le genre, ce serait plutôt déjeuner tranquille les pieds dans le sable (la pizza aux anchois !) en regardant ses mômes se baigner (sans danger), pique-niquer dans le sable avec pépé-mémé (et la glacière bleue), prendre l’apéro devant les cabanons-cabines qui s’alignent coquettement tout autour de la plage et dont on jalouse (forcément) les heureux occupants. Mais les moments privilégiés de La Pointe-Rouge sont le matin et le soir. Le matin, plutôt que de rester dans votre cockpit avec vos semblables pour tout panorama, faites les cent mètres qui vous séparent du premier café qui ouvre sur la plage (marchand de journaux au-dessus) et faitesvous servir un premier café en regardant l’anse encore déserte qui se peuple peu à peu, la lumière chaude qui bleuit doucement, les cabanons qui se réveillent. Le soir, quand la foule est

Autres Services Pharmacies Pharmacie de la République: (pharmacien biwww.marseille-tourisme.com lingue français/anglais) : Urgences 7 rue de la République Gendarmerie nationale 04 91 90 32 27 162 av Timone Pharmacie du Vieux Port 04 91 85 70 00 ouverte 7 jours sur 7 : Police nationale 4 Quai du Port, Vieux Port 223 bd Plombière 04 91 91 63 10 04 91 55 14 30 Médecins Sapeurs Pompiers Cabinets Médicaux 04 96 75 11 00 04 91 54 23 62 04 95 05 40 00 04 91 83 18 07 04 96 11 67 20 04 91 34 28 08 Centre anti poison 04 91 73 50 49 04 91 75 25 25 04 91 05 38 38 Hôpital de la Timone 04 91 52 16 58 264 rue St Pierre 04 91 50 09 07 04 91 38 60 00 04 91 49 22 81 Hôpital Nord Dentistes Chemin Bourrely Centre dentaire de 04 91 96 80 00 Marseille Hôpital Salvator 04 96 11 62 96 249 bd Ste Marguerite Cabinets dentaires 04 91 38 00 00 04 91 81 77 12 04 91 37 83 83 Office du tourisme 4, La canebière 04 91 13 89 00 + d’infos sur

r­ epartie avec les bus et que la nuit tombe, s’organisent les dîners de plage, les bains de minuit, les petites fiestas. Si vous n’aimez pas, poussez un peu plus loin en direction de la corniche. À cinq minutes, là où commence l’avenue de La Pointe-Rouge, il y a des restos et des bars de nuit fort agréables. Moins facile pour y trouver une place, moins bien coté que le Frioul, c’est, de très loin, un endroit plus chaleureux, plus varié et aux commerçants plus sympathiques.

04 91 02 55 24 04 91 42 00 19 04 91 77 32 85 04 91 29 39 68 04 91 32 90 78 04 91 74 74 30 04 91 66 66 77 04 91 37 86 33 04 91 29 39 68 04 91 34 61 32 04 91 91 26 11 04 91 43 13 50 04 91 90 68 70 Ambulances 04 91 93 95 19 04 91 48 61 52 04 91 48 84 35 04 91 24 94 46 04 91 78 17 16 04 91 26 13 58 Transports Aéroport Marseille Provence 04 42 14 14 14 Gare SNCF St Charles www.sncf.com Bus R.T.M www.rtm.fr

Christophe Naigeon Location de voiture à la gare 7 jours sur 7, square Narvik Avis 0 820 61 16 36 Hertz 04 91 05 51 20 National Citer 04 91 05 90 86 Europcar 04 91 50 12 76 Location de vélos Europcar 59 all Léon Gambetta 04 91 10 74 90 Square Narvik Esplanade St Charles 0 825 825 680 Moov’Elec 71 Cours Lieutaud 04 91 63 17 25 Point 124 35/37 chemin Saint Jean du Désert 04 91 49 57 52 Wallgren Wallgreen av St Menet 04 91 27 01 50

BIG STORE 28 cours Lieutaud 04 91 55 66 14 Madoire Jacques 3 av Parc Borely 04 91 77 14 51 Tandem 16 av Parc Borely 04 91 22 64 80 Loisirs Ferme Pédagogique Collet Des Comtes 137, Boulevard Des Libérateurs 04 91 88 23 72 Ferme Pédagogique Du Roy D’Espagne Rue Jules Rimet 04 91 73 97 53 Ferme Pédagogique La Tour Des Pins 2, Traverse Cade 04 91 63 26 68 Grimpozarbres (Parc Acrobatique Forestier) 20, Boulevard Madeleine Rémusat Saint-Jérôme 04 91 12 29 46

Adresses

Observatoire Astronomique De Marseille Boulevard Cassini 04 95 04 41 26 Pastré Aventure (Parc Acrobatique Forestier) Parc Pastré 155, Avenue Madrague de Montredon 06 27 41 06 21 Relais Nature De La Moline (Ferme Découverte) 26, Boulevard Marius Richard 04 91 34 39 58 Relais Nature St Joseph (Ferme Découverte Ferme Pédagogique) 64, Boulevard Simon Bolivar 04 91 60 14 60

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Cinéma

Littérature

Deux écrivains parlent des cabanons De la mer, la rade sud de Marseille semble être simplement la plongée dans l’eau des habitations qui déferlent du haut de la ville étendue jusqu’au massif de Marseilleveyre. Mais, si l’on s’approche, on découvre que dans chaque anfractuosité de cette alternance de plages et de dents de pierre blanche se trouve un village distinct, parfois un petit port. Deux écrivains, à deux époques, ont raconté ces lieux magnifiques. Jean-Claude Izzo, Total Khéops, Éditions Gallimard, 1995 : « On longe la Corniche, jusqu’à la plage du Roucas-Blanc, puis on continue en suivant la mer. La Vieille-Chapelle. La Pointe Rouge. La Campagne Pastrée. La Grotte-Roland. Autant de quartiers comme des villages encore. Puis la Madrague de Montredon. Marseille s’arrête là. Apparemment. Une petite route sinueuse, taillée dans la roche blanche, surplombe la mer. Au bout, abrité par des collines arides, le port des Goudes. La route se termine un kilomètre plus loin. À Callelongue, impasse des Muets. Derrière, les calanques de Sormiou, Morguiou, Sugitton, En-Vau. De vraies merveilles. Comme on n’en

trouve pas sur toute la côte. On ne peut y aller qu’à pied. Ou en bateau. C’est ça la chance. Après, bien après, il y a le port de Cassis. Et les touristes. Ma maison, c’est un cabanon. Comme presque toutes les maisons ici. Des briques, des planches et quelques tuiles. Le mien était construit sur les rochers, au-dessus de la mer. Deux pièces. Une petite chambre et une grande salle à manger-cuisine, meublées simplement, de bric et de broc. Une succursale d’Emmaüs. Mon bateau était amarré huit marches plus bas. Un bateau de pêcheur, un pointu, que j’avais acheté à Honorine, ma voisine. Ce cabanon, je l’avais hérité de mes parents. C’était leur seul bien. Et j’étais leur fils unique. »

Alexandre Dumas, Le Fils du Forçat Publié en 1859 : « Château, bastide ou cabanon, c’est tout un à Marseille, c’est-à-dire que le caractère et l’imagination du propriétaire décident du titre que porte toute habitation extra-muros, bien plus que la taille ou l’architecture de ladite habitation. Si le Marseillais est orgueilleux, la maison sera un château ; s’il est simple, elle deviendra une bastide ; s’il est modeste, il la nommera un cabanon. Mais lui seul peut établir cette classification, car rien ne ressemble autant à un château marseillais qu’une bastide, si ce n’est peutêtre un cabanon(…) À l’intérieur, il [le cabanon de M. Coumbes] se composait de trois pièces au rez-dechaussée, de quatre au premier étage. Celles du bas étaient assez spacieuses ; pour celles du premier, il semblait que l’architecte eût pris pour modèle la dunette d’un vaisseau. On ne respirait, dans chacune de ces cabines, qu’à la condition de laisser la fenêtre ouverte. Tout cela était meublé de vieux meubles achetés par M. Coumbes chez tous les brocanteurs des anciens quartiers.

À l’extérieur, le cabanon de M. Coumbes avait un aspect tout à fait fantastique. Dans son adoration profonde pour ce monument, chaque année il s’était plu à l’embellir ! Et ces embellissements faisaient plus d’honneur au cœur qu’au goût du propriétaire. (…) Des tons plats, M. Coumbes passa aux arabesques, puis il se lança dans les fictions architecturales avec plus ou moins de perspective. Le cabanon fut successivement un temple grec, un mausolée, un Alhambra, une caverne norvégienne, une hutte couverte de neige. »

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Raimu, Marseillais de Toulon E

n 1958, Orson Welles rend visite à Marcel Pagnol pour ‘‘voir Monsieur Raimu’’ qu’il considère comme le plus grand acteur de tous les temps. Mais l’écrivain-cinéaste lui apprend la mort de Jean Auguste Muraire, alias Raimu. Et Orson Welles, l’immense figure du cinéma, se met à pleurer. Lui qui avait mis en émoi toute l’Amérique vingt ans plus tôt en adaptant pour la radio La Guerre des Mondes de H.G Wells, ne rencontrera pas le génial acteur français. L’auteur involontaire du canular du siècle qui jeta un million de New-Yorkais paniqués par une invasion d’extraterrestres sur les routes, repartira avec ses projets de films. Déplacer les foules, ces deux géants savaient le faire. On peut imaginer ce que leur association aurait pu donner... En 1900, le jeune Auguste qui n’a que dix-sept ans, s’appelle Rallum et commence sa carrière comme comique troupier dans les bars à matelots de Toulon. Il multiplie les petits boulots : croupier à Aix les Bains, souffleur au théâtre de l’Alcazar de Marseille. Puis il devient, sous le nom de Raimu, une vedette régionale, grâce au répertoire de chansons de Polin. Mais c’est grâce à Félix Mayol, un autre Toulonnais qui le fait “monter” à Paris que la chance lui sourit, dans les revues du Concert Mayol mais aussi aux Folies Bergères, au Casino de Paris... En 1929 c’est la consécration, au Théâtre de Paris avec Marius, une œuvre marseillaise où il incarne

César, un personnage haut en couleur, né sous la plume d’un autre exilé de la Provence, Marcel Pagnol. Adapté à l’écran par le metteur en scène américain Alexandre Korda, Marius devient un des premiers succès du cinéma parlant français. Raimu tourne ensuite Fanny sous la direction de Marc Allégret et César réalisé par Pagnol, bouclant ainsi l’inoubliable Trilogie marseillaise. C’est à Toulon, sa ville natale, dans la douce fraîcheur d’une petite place homonyme que Raimu nous « fend le cœur », éternellement. On s’y réjouit de la reproduction en bronze de la célèbre partie de cartes, liée à jamais au Bar de la Marine de… Marseille. Partie de cartes qui faillit ne jamais exister, supprimée par son auteur qui la jugeait trop en gueule. En cachette, Raimu et ses comparses dont le caméraman, répétèrent la scène et l’interprétèrent sous les yeux de Pagnol qui, pour seul commentaire, tracera dans la loge de son acteur fétiche les quelques mots, qu’il considérera comme le plus beau compliment qu’on lui ait fait « Raimu tu es un génie » !


Les îles du Frioul

Peste, fievre jaune, Caroline protège Marseille

Escales

Pour se protéger des maladies exotiques qui arrivent avec les navires marchands, Marseille se dote d’une quarantaine moderne. En 1828, le Frioul remplace le lazaret continental d’Arenc : on crée un port et on construit l’hôpital Caroline, chefd’œuvre d’architecture construit par un architecte humaniste.

A

Les îles du Frioul

rrivée dans les cales d’un bateau chargé riches étoffes venues de Syrie, la peste s’abat sur Marseille en 1720 et tue la moitié de la population : 50.000 morts en deux ans ! Fléau sanitaire, c’est aussi une catastrophe économique qui brise l’essor de la métropole phocéenne. C’est à cause du dynamisme de ce port tourné vers le monde entier que surgit un autre danger : la fièvre jaune. Cette maladie ­virale aiguë vient des colonies françaises d’Afrique et des Caraïbes, sources d’un commerce intense et lucratif. La fièvre jaune était entrée à Barcelone en 1820 où elle avait tué 20.000 personnes. Marseille, déjà échaudé par la peste, y voit un véritable danger pour la population et l’économie locale. Comme d’autres villes portuaires à l’époque, Marseille prend alors la décision de renforcer sa ceinture sanitaire. Des établisse-

ments comme le vieux lazaret d’Arenc, situé sur la côte où l’on isolait les arrivants des pays où sévissait des maladies contagieuses, s’avèrent inefficace face à des épidémies aussi violentes. Il faut isoler les malades sur une île. L’HÔPITAL CAROLINE L’Intendance sanitaire du port, la Chambre de commerce, le Conseil municipal et le préfet choisissent naturellement l’archipel du Frioul. Dorénavant, les navires attendent dans le port agrandi de Pomègues et dans le nouveau, le port Dieudonné (actuel port Frioul) qui résulte de la construction de la digue Berry qui relie les îles Pomègues et Ratonneau (réalisée en 1822). Les pouvoirs publics commandent à l’architecte néo-classique Michel-Robert Penchaud (17721833) la construction de l’établis-

sement sanitaire sur l’île Ratonneau. L’hôpital Caroline voit le jour, du prénom de la duchesse du Berry. Les travaux débutent en 1823 pour se terminer en 1828. D’une superficie de 10.000 m2, il abrite 48 malades et 24 convalescents. Tous sont cantonnés dans des espaces séparés. Le fort vent qui circule partout et que tous les plaisanciers connaissent, servait à assurer la ventilation et une certaine sécurité sanitaire. La chapelle, au centre, a la forme d’un temple grec. Des vitres entre les colonnes permettent aux pensionnaires d’assister à la messe sans sortir des dortoirs. L’hôpital Caroline ferme définitivement ses portes en 1941, après une épidémie de typhus. Une association «Hôpital Caroline» créée en 1978, obtient le classement du site aux Monuments historiques en 1980. Une autre, l’association Les amis de Michel-Robert Penchaud lui succède en 2007 et œuvre particulièrement à la défense du nom de l’architecte, père de l’hôpital Caroline. Ses projets : informer le grand public (un site Internet est presque terminé) et organiser des chantiers d’été pour restaurer le bâti.

Bernard Franchi, son président, précise : « Nous défendons cet architecte qui, au-delà des préoccupations sanitaires, a réalisé un chef-d’œuvre. Il est un des plus grands architectes de Marseille. L’hôpital Caroline reflète son humanisme. Sa forte culture classique imprègne le lieu et place l’homme au centre. Comment expliquer autrement un si grand espace pour à peine une cinquantaine d’hommes ? » Aujourd’hui, la mairie de Marseille est propriétaire de l’hôpital. Se promener à l’intérieur de l’hôpital est interdit pour des raisons de sécurité. Contentons-nous pour l’instant de le regarder à travers le grillage et de faire une balade à pied dans l’île qui, en plus de la vue superbe sur Marseille, permet d’avoir une vision d’ensemble des bâtiments.

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Le château d’If

Oubliettes et cellule V.I.P. au port des galères Q

uand François 1er débarque sur l’îlot d’If dans l’archipel du Frioul en 1516, il en voit immédiatement l’intérêt stratégique. Il fait construire une forteresse pour verrouiller la rade de Marseille. Les travaux se déroulent de 1527 à 1531. Les fortifications comprennent une enceinte entourant un bâtiment carré flanqué de trois tours cylindriques. Un donjon complète l’ensemble. Soixante hommes et un gouver-

neur occupent la forteresse. Mais elle ne connaît ni siège ni combat et devient rapidement une prison. Ses premiers détenus sont deux pêcheurs marseillais, en 1540. On y enferme les opposants au Roi, notamment des Protestants, et des républicains sous le Second Empire. Les conditions de vie sont si dures dans les cachots du bas que l’espérance de vie des prisonniers est de neuf mois. Il est possible,

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moyennant finance, d’obtenir des cellules au premier étage appelées “pistoles”, du nom de la monnaie servant au paiement. Spacieuses, elles comportent fenêtres et cheminées. Le jeune Mirabeau en fut pensionnaire ainsi que Jean-Baptiste Chataud, capitaine du navire Grand SaintAntoine, par lequel la peste est arrivée à Marseille en 1720. Sous Louis XIV, Marseille compte 34 galères. Parmi les galériens, beaucoup proviennent du château d’If. Sortis des oubliettes, ils sont à l’air libre, mais les conditions de vie ne sont pas meilleures : attachés jour et nuit à leur banc sur le pont ouvert au soleil et aux intempéries, les rames qu’ils manipu-

lent à cinq font douze mètres de long. Ils rament à raison de vingt à vingt-cinq coups par minute. Le sort des galériens protestants est pire. À bord, ils subissent des sévices supplémentaires. Près de 1550 «galériens pour la foi», condamnés pour n’avoir pas voulu renier leur religion, y passent jusqu’à trente ans de leur vie. Depuis la révocation de l’Édit de Nantes (1685), c’est le châtiment réservé aux Protestants qui essaient de sortir du territoire. Dans la cour du château d’If, une plaque commémore la mémoire de 3.500 d’entre eux. Louis XV supprime la peine des galères en 1748. Elle est commuée en travaux forcés.


La Rade de Marseille

Escales

Des dessous riches et profonds

La baie de Marseille, ses îles et ses calanques avec le Planier qui veille en bon gardien sur cette baie dont les fonds regorgent d’épaves. Pas étonnant ! La géologie s’en est mêlée et sous l’eau, le paysage est à l’image du littoral, découpé et contrasté.

L

La Rade de Marseille

orsqu’on vient de Camargue et qu’on franchit le golfe de Fos, on change de monde. Après des milles et des milles de côte plate et sableuse, on aperçoit des reliefs rocheux et le sondeur indique des profondeurs qui dépassent enfin 15 à 20 m. Pourtant, les apparences sont trompeuses.Vu sous un autre angle, on n’a pas vraiment quitté le golfe du Lion. Si l’on enlevait le bouchon au fond de la Méditerranée pour la vider, on verrait bien que l’on est toujours dans les mêmes types de fonds que devant les Saintes Maries de la Mer : le grand plateau continental qui se prolonge loin en Provence. Pour s’en faire une idée, il suffit de tracer une ligne de Cadaquès en Espagne à Cassis en France, à quelques milles nautiques près. C’est, en plus irrégulier, un «bord de marche» au-delà duquel, en allant vers le sud-est, on plonge rapidement vers -1.000 ou -1.500m. En longeant la côte de cap Couronne (Carro) au Bec de l’Aigle (La Ciotat) on se trouve sur un «trottoir» de plus en plus étroit. À Marseille il est encore large, mais passé les Goudes, il se rétrécit. Dans les calanques et aux abords de cap Canaille, on navigue audessus de pentes et de canyons de plus en plus abrupts pour arriver, devant Toulon, à rendre fou notre sondeur. Secret militaire… DES SECS ET DES GOUFFRES Autre changement : on passe d’ouest en est du calcaire blanc à des roches cristallines. Sous la mer, on passe du royaume des gorgones à celui des mérous. Si donc on délimite une zone triangulaire qui va de Carro à La Ciotat avec la pointe au phare du Planier, on trouve de tout.

À l’ouest,le plateau continental accidenté recouvert par des vases sableuses ou argileuses mélangées à des sables et des graviers du large. Des têtes de roches forment des écueils sousmarins, des dalles et des sortes de rigoles creusées dans le calcaire qui émergent sur cette vaste surface sous-marine. À environ 9 milles au sud du port de Marseille, l’isobathe est de 200 m pour atteindre des fonds de 1.000 m avec un talus abrupt à 12 milles. Une crête rocheuse sous-marine relie le Cap Croisette à l’écueil du Planier et de la Pierre à la Dague, vestige d’un paysage émergé lors de la dernière période glacière. L’îlot du Planier constitue la partie émergée d’un haut-fond tabulaire culminant à -12 m parcouru par un réseau de galeries et de grottes. C’est le «sec du Veyron». Le canyon de Cassidaigne débute par un large cirque aux parois abruptes où les fonds atteignent rapidement - 400 puis - 800 m. Au sud, ils descendent à -1.500 m. Vers Marseille, le sondeur indique -35 m. Il fut une époque lointaine où on faisait le chemin à pied au milieu des pingouins.

été assez rapide pour conserver sous l’eau un paysage façonné dans le calcaire avec de nombreuses grottes. La mer a ainsi protégé des centaines de sites préhistoriques. La grotte Cosquer, sanctuaire préhistorique majeur découvert au cours de l’été 1991 par un plongeur de Cassis témoigne de la présence des hommes préhistoriques dans la baie de Marseille. Les peintures sont intactes audessus du niveau actuel de la mer. Au sol, on trouve des vestiges faits d’objets (lamelles de silex) ou de traces (marquages de concrétions, mouchages de torches, boulettes de glaise malaxées puis rejetées, raclage au

doigt de l’argile). Des charbons parsèment le sol et des petits foyers d’éclairage. Cette grotte aurait été occupée il y a 27.000 ans. Mais la plupart de peintures et des gravures de chevaux, les plus abondantes, de bouquetins et de chamois, de bisons et d’aurochs, de cerfs et grande originalité de cette grotte, de phoques et de pingouins témoignent de la présence de l’homme à une seconde période, environ entre 18.500 et 19.500 ans. On y trouve aussi des représentations chamaniques et de sexe. L’entrée de la grotte serait submergée depuis 70.00 ans. À quand le tour de la Canebière ? Hélène Petit Christophe Naigeon

DES BISONS SOUS LA MER À chaque période glacière, le niveau marin a baissé, la mer s’est retirée découvrant le plateau continental. Il y a 19.000 ans, la mer se trouvait à 135 m plus bas. Le plateau était émergé jusqu’au grands canyons de Planier et de Cassidaigne. Il était habité par des hommes préhistoriques. La remontée des eaux s’est amorcée 5.000 ans après, lentement puis avec des phases d’accélération. Les calanques ont été façonnées quand le niveau était à -110 m. La dernière remontée a

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Mistral, le maître vent

Cabotages Méditerranée

L

orsque l’on pense à la Provence, la première image qui s’y associe est le Mistral. Il en est le symbole, avec ses rafales qui peuvent se déchaîner chaque jour de l’année, comme un habitant des lieux. Les anciens le connaissaient : il souffle, disaient-ils, 3, 6 ou 9 jours de rang. Un proverbe est même plus précis, annonçant que s’il se lève dans la journée, il dure trois jours, s’il se lève la nuit sa durée est celle d’un pain cuit. Une courte durée, qui ne tient pas compte de son coté fantasque. Le mistral est capable de bien pire, avec un record dans les chroniques de quatorze mois sans discontinuer entre janvier 1769 et février 1770 (Galtier, 1984). Un tel record le place bien en Maître, d’où son nom. Mais il n’est pas seul à souffler, la Provence est le siège de nombre de vents, tous nommés comme pour mieux les connaître, les dominer. La roso de touti li vènt que boufon en Prouvènço dessinée par le Capitaine Négrel au siècle dernier en dénombre trente deux, selon une répartition saisonnière. Lis aurasso sont les vents de terre, les vents violents venant par le quart nord ouest, lis aureto (brises) venant quart sud ouest au printemps, li marinado (vents marins) venant l’été par le sud est et les vents froids (li rispo) venant quart nord est. Quelques

noms de vents ont résisté au modernisme, mais force est de constater qu’ils débordent des directions précisées sur ces roses. La connaissance actuelle a perdu en poésie mais gagné en précision. Le mistral est la conséquence d’un flux de Nord Ouest guidée par l’anticyclone des Açores qui va incomplètement traverser les Alpes. L’air chaud réussira à passer cette barrière naturelle alimentant la dépression du Golfe de Gènes, alors que l’air froid s’engouffrera dans la vallée du Rhône, et formera le Mistral, un vent rafaleux, asséché par l’effet de foehn (Jacq, 2005). Dans la chaleur de l’été, il est un autre vent dont il faut parler. Un de ces zéphyrs dont on se plaît à imaginer le souffle. Brise marine, il souffle du Sud-Ouest et porte deux noms. Sur la rose des vents du Capitaine Négrel, il est nommé vent di damo le Vent des Dames. Les marseillais lui prêtent la douceur de la caresse d’une vierge, et l’appellent le vent des demoiselles. il est là, chaque jour après midi, rafraîchissant l’atmosphère pour la plus grande joie des joueurs de boules qui l’attendaient presque pour commencer leur partie.

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Méditerranée :

La trop bonne réputation Dans cette édition 2010 de cabotages, il est beaucoup question de sécurité et de responsabilité. Les bateaux, les équipements, la science de la météo… Pour ouvrir ce chapitre qui ne se referme jamais, nous avons demandé à deux grands marins, un amiral de la Royale et un champion de voile, de nous dire ce qu’est pour eux l’esprit «marin» de la Méditerranée. Nous retranscrivons ici la substance de leurs propos. Mais commençons par une voix du passé récent, Jean-François Deniau, ancien ministre et académicien :

Jean François Deniau, fondateur des Écrivains de marine, “voileux” de toujours :

De vrais pêcheurs et de grands marins

Bien que n’en étant pas originaire, j’ai lutté contre les appréciations peu flatteuses concernant son caractère maritime du style : « ce n’est pas une vraie mer », définition du pêcheur marseillais : « c’est le mari de la femme qui va chercher le poisson à la gare », « Sainte Vierge, protégez les marins qui sont au port, les autres qu’ils se démerdent » dit avec l’“assent” bien sûr.

Parce qu’il y a du soleil, on croit qu’il fait toujours beau. Mer à part, certes, mais mer capricieuse et d’une grande violence exigeant parfois plus de qualités maritimes que l’océan. Elle ne prévient pas. L’empereur Charles Quint a fait, à propos de ses dangers, l’une des plus belles remarques maritimes que je connaisse : « il n’y a que deux bons ports en Méditerranée, Car-

thagène et le mois de juin». J’ai navigué à la voile (Ndlr : en Méditerranée) sur mon petit yawl Laërtes pendant plus de dix ans (…). J’ai rencontré de vrais pêcheurs et de grands marins. » Extrait “Méditerranée” du Dictionnaire Amoureux de la Mer et de l’Aventure, Plon, 2002.

Laërtes, le “petit yawl” de Jean-François Deniau

Vice-amiral d’escadre Yann Tainguy, préfet maritime de la Méditerranée :

La carte postale est trompeuse

La Méditerranée a l’image d’une carte postale : des calanques à l’eau transparente, des plages, une mer bleue et calme… Vous ne

verrez jamais ni Mistral ni coup d’Est. Curieusement, l’Atlantique des cartes postales a des vagues, du vent, des phares dans la tempête. L’image de la Méditerranée auprès de ceux qui viennent y naviguer pendant l’été – et ils sont plus nombreux qu’ailleurs – est la cause de bien des imprudences. C’est très préoccupant. De mars 2009 quand j’ai pris mes fonctions, à mars 2010, nous avons fait 2.600 interventions de sauvetage impliquant 5.800 personnes parmi lesquelles il y a eu 27 morts et 6 disparus. Un mort tous les dix jours pour la côte méditerra-

néenne française et la Corse. Les causes sont de trois ordres qui se ramènent – presque – toutes à la question du temps du vacancier, essentiellement citadin, en tout cas pas marin. Il veut profiter tout de suite : pas de préparation matérielle ou physique. C’est surtout vrai pour la plongée qui connaît de plus en plus d’accidents, non pas à cause des clubs, très professionnels, mais des pratiquants. Il veut profiter le plus longtemps : la météo devrait imposer sa loi au calendrier des vacances, or c’est le contraire qui se produit. Les

plaisanciers commettent des imprudences pour “être à l’heure”. Il veut aller vite : la vitesse, avec les grands yachts comme avec les jetskis, les gens vont trop vite. Lors d’une opération «coup de poing» que nous avions menée dans la baie de Saint-Tropez, il y avait tellement d’infractions que nous n’avions pas assez de personnel pour verbaliser tout le monde ! Un gros travail de prévention à mener et ce travail – notamment grâce aux médias – doit être mené en amont, pour corriger l’idée que les gens se font de la Méditerranée.

Bruno Jeanjean, capitaine du port de Palavas, détenteur du Trophée Jules Verne :

Il faut de grandes courses à la voile Ici, c’est une mer casse-bateaux. La houle est courte, le vent violent et imprévisible en force et en direction. Il ne faut pas la prendre à la légère, c’est un fait que ceux qui naviguent régulièrement en Méditerranée ont compris. Le plaisancier a des abris à peu près partout pour se mettre en sécurité. Mais la côte peut être un danger et il faut savoir s’en méfier, ce que les gens de la course au large savent paradoxalement très bien !

Quant à dire qu’il y a moins d’esprit “marin” en Méditerranée… je dirais que la voile est devenue un sport majeur pour les Bretons. Même en hiver, sur l’Atlantique comme sur la Manche, vous verrez tous les week-ends des bateaux sortir. Ici, regardez, un jour comme aujourd’hui (ndlr : début du printemps, soleil, force 4 de Nord-Ouest), on voit deux voiles dans toute la baie d’AiguesMortes. Si on retire les écoles de voile qui font sortir leurs élèves…

Pour arriver à donner une image et à créer un esprit marin, il faudrait qu’on puisse organiser en Méditerranée de grandes courses à la voile où de grands marins s’engageraient sur de beaux projets. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas de course référente et que des petites organisations. Regardez l’image maritime que les villes atlantiques qui sont devenues les points de départ des grandes courses ont acquise !

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Jean Merrien, précurseur oublié Qui est Jean Merrien ? Premier indice : né en 1905, de son vrai nom René de la Poix de Frémenville, cet écrivain prolixe mérite bien une rubrique à la croisée des “Portraits de marins” et “Au Fil des Pages”. Second indice qui favorisera les plus âgés de nos caboteurs : cet écrivain a servi et sert toujours de référence aux grands noms de la littérature maritime. Un véritable maître à penser des premières générations de plaisanciers.

J

ean Mérrien est un historiographe de l’aventure maritime, chantre de la plaisance et du cabotage avant l’heure. Un passionné de la mer dès son plus jeune âge. Il a écrit de nombreux manuels d’initiation au bateau et à la croisière, des récits de navigateurs solitaires, des livres d’histoires de bateaux et de grands Yachts, des guides de voyage et autres nouvelles et romans autour de la mer et des marins. Il a entre autres ouvrages donc, rédigé Un Dictionnaire de la Mer entre 1944 et 1958 avec plein d’illustrations en style ancien de Bernard Duval… Autant dire qu’on n’y trouvera pas la définition du GPS mais une somme sur le langage des marins et la pratique de la voile – les sous-titres de ce dictionnaire. Cette véritable et vénérable bible des plaisanciers a longtemps concurrencé le mythique Cours des Glénans !!! Ce dictionnaire récemment réédité, est un régal pour les caboteurs curieux certes des termes et de la langue maritimes mais aussi des principes marins et de la navigation comme du rêve auxquels ils renvoient. Bien sûr, il est

vite devenu obsolète avec le développement de la plaisance tout plastique et tout électronique, mais les définitions et les illustrations vieillottes au fil desquelles notre curiosité est piquée au vif à chaque page, dégagent un charme et des renseignements qui poussent à aller plus loin dans la lecture ! Un exemple (pris au hasard…) : c’est quoi un caboteur ? Le Petit Robert satisfait à la tradition minimaliste et en escalier : CABOTEUR : marin qui fait le cabotage. CABOTAGE, n.m 1678 : navigation à distance limitée des côtes… Avec le Dictionnaire de la Mer, les réponses sont certes à tiroir mais bien plus complètes. A Caboteur on a : navire faisant le cabotage ou le bornage. Et cabotage ? Nom masculin qui viendrait de deux celui de navigateurs, les Cabots aux XVe et XVIe siècles ou de l’espagnol cabo, cap. C’est une navigation de commerce à plus grand rayon d’action que le bornage mais plus petit que le long court… Ah, on est bien dans un dictionnaire… Voyons bornage : mode de navigation pour bateaux de moins de 100 tonneaux, dans un rayon de 65 milles du port d’armement… Hum !!! Plus précis mais pas sûr que tous les caboteurs d’aujourd’hui entrent dans cette définition… Claude Roger Dictionnaire de la Mer, réédition 2001, Omnibus Édit. ISBM 2-258-05560.1

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Deux mille bateaux mouillent une journée d’été sur la côte méditerranéenne continentale et en Corse, tel est l’un des résultats d’une étude menée en 2009 par la Préfecture maritime de Méditerranée rendue publique en mai dernier. Comme on pouvait s’y attendre, l’immense majorité des mouillages concerne la région PACA 1.391), puis la Corse (453) et enfin le LangudocRoussillon (91). La zone entre Giens et Nice est la plus fréquentée, avec un record diurne de 263 bateaux entre Lardier et la pointe Saint-Tropez ! Sinon, en moyenne, la rade d’Hyères vient en tête, Porquerolles y étant pour l’essentiel : 200 mouillages de jour pour 140 de nuit. Le détail : De jour ou de nuit ? Certains sites sont plutôt “nuit“, d’autres “jour“. Si Pampelone voit les yachts entre l’heure de l’apéro de midi et le moment où il faut aller se faire voir chez Sénéquier, certains sites sont fréquentés par des plaisanciers de croisière : Toulon, Ajaccio, Calvi, l’Île Rousse. Pour Toulon, c’est la preuve qu’il s’agit d’un bassin à réputation plus nautique que touristique. Quant à la Corse, pas étonnant, on n’y va pas avec un pêche-promenade. Voile ou moteur ? Le moteur l’emporte de la Côte Vermeille jusqu’à la Côte Bleue. De Marseille à la Rade d’Hyères, la voile l’emporte très largement. Puis c’est l’effondrement : de Cavalaire à Cannes, le moteur prend le dessus. Nice et Monaco sauvent l’honneur de la voile. La taille des bateaux ? L’étude ne présente, hélas, que trois classes : les moins de 6m, les plus de 30m et les autres. Mettre dans la même baignoire les bateaux de 6,50 qui rentrent dans des recoins de calanques et des yachts de près de cent pieds capables de boucher la plage d’Argent n’est pas très opérationnel… Organiser les mouillages ? C’est dans l’air. Les Zones de Mouillages Organisés (ZMO) ne sont pour l’instant que sept en Languedoc-Roussillon, huit en PACA et onze en Corse. La Corse du Sud est championne avec près de deux mille postes,

Mouillages: la fin des forains ? Bouches du Rhône et Var, loin derrière. En revanche, le Var est recordman absolu (cinq fois plus que la totalité des autres) des amarrages en Autorisation d’Occupation Temporaire (des corpsmorts “sauvages“ peu à peu légalisés). L’ancre sera de plus en plus bannie, ça, c’est sûr Elle n’a rien pour elle : elle abîme les fonds, elle implique de grands espaces d’évitement, elle crée des conflits entre plaisanciers, elle est parfois peu sûre. Un corps mort ou un ancrage écologique règlent ces problèmes. Bien que les contextes soient bien différents sur la côte rectiligne et les lagunes du Languedoc-Roussillon, les services de l’État sont bien décidés à ce que le développement de la plaisance ne se fasse pas au détriment de l’environnement, des paysages côtiers, des autres usagers du littoral. Selon les cas, les mouillages seront purement et simplement interdits, contrôlés ou organisés. Et, sans que cela soit dit explicitement, payants “en échange d’un service“. Un anneau solide en est un… On aura compris quand on lit que l’étude insiste sur le fait que “le mouillage n’a pas vocation à répondre à l’insuffisance structurelle de places dans les ports mais devrait s’intégrer dans une politique portuaire globale“. Notre nombre et l’irrespect de certains pour la mer auront raison de la joyeuse anarchie du mouillage forain.


Les ports :

Tapis rouge vers la ville, tapis bleu vers la mer

De nombreuses réflexions sont menées pour renouveler la vocation des ports de plaisance et faire évoluer les capitaineries vers des fonctions plus diversifiées. Lesquelles ? Pour l’instant, il est surtout question d’inciter le plaisancier à contribuer davantage à l’économie des villes portuaires et de l’arrière-pays. Et la mer, dans tout ça ? À ce déséquilibre, Cabotages répond par la notion de nautourisme® où l’eau, le ciel et la terre sont le monde où nous naviguons.

I

l est dans l’air du temps que les ports ne soient pas que des parkings à bateaux à l’année ou à la journée. En échange du loyer : une place, parfois une aide à l’amarrage, un bulletin météo, de l’eau, de l’électricité, des toilettes propres et une douche chaude. Métier ingrat que celui de maître, capitaine ou directeur de port ! En saison, il distribue les clés des “chambres”, veille à la paix et la sécurité des pontons, fait face avec le sourire aux demandes multilingues des passagers chez qui la moyenne mondiale de casse-pieds est respectée. Les neuf autres mois, il administre, gère les listes d’attente, répare pontons, bornes et sanitaires, cherche des anneaux supplémentaires dans tous les recoins, veille sur les bateaux abandonnés pour l’hivernage, se paye les tempêtes quand les propriétaires sont au chaud à l’autre bout de la France, fait face aux usagers permanents chez qui la moyenne nationale des mauvais coucheurs… Les choses changent. Sans l’avoir demandé, le port se voit doté d’une ambition nouvelle :

porte d’entrée de la ville, antichambre de l’arrière-pays, ambassadeur du terroir. TU VIENS, BEAU MARIN ? Des marchés paysans le matin ou des concerts sur les pontons à l’heure de l’apéro, pourquoi pas ? Mais il ne s’agit pas d’offrir un service au plaisancier ou de rendre son escale plus douce. Il faut faire entrer dans l’économie locale ce nomade considéré par les économistes comme des “CSP++”, catégorie socioprofessionnelle haut de gamme. Tout ce qui compte de fournisseurs de biens et services à terre s’intéresse à celuilà qui débarque de la solitude et du silence, forcément frustré de ne pas avoir pu consommer dans le grand désert bleu, avide, glouton, impatient d’acheter, de se jeter dans la foule qu’ils a cherché à grand prix à fuir ? «Tu viens, beau marin !», on entend ça dans tous les ports du monde depuis que le premier navire s’y est amarré... Au plaisancier, la terre fait de l’œil. Mais qu’est-ce qu’un plaisancier à terre ?

Un piéton qui a du mal à marcher droit. À part ça, il se fond dans la masse des touristes, dans le nombre des consommateurs. Il va au restaurant, fait ses courses, un peu de shopping… Mais sa belle CSP qui le rend si sexy aux yeux des cités portuaires est en priorité employée à entretenir sa danseuse. Son bateau. Que lui reste-t-il à terre ? Les dépenses d’un plaisancier n’y sont pas différentes de ceux d’un estivant motorisé. Numériquement, les touristes venus par la mer sont population négligeable : les voyageurs d’un seul TGV représentent un plus gros potentiel de dépense qu’un mois entier de passage dans un port moyen de Méditerranée.

nombre qu’ils sont dans une cité balnéaire où des dizaines de milliers de personnes s’amusent et consomment.

PAS UN CROISIÉRISTE Sans doute la plaisance contribue-t-elle à faire vivre les producteurs de fromages du Larzac, de charcuterie de Corse ou de vin de Cassis, mais pas plus que le même nombre de camping-caristes, plagistes et autres fantassins du tourisme. Les plaisanciers ne représenteront jamais plus que le très petit

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LE PORT OUVERT SUR LA MER Et pourtant, il est vrai que le plaisancier n’est pas seulement un obsédé de vent, de vagues et de soleil. Le navigateur est à sa manière un touriste, curieux des trois mondes qu’il côtoie : le ciel, le vent et les oiseaux ; la mer, les fonds et les poissons ; la côte, les

ports, les villes d’escale. C’est le mélange subtilement équilibré de ces trois univers qui fait le charme du cabotage. Pourquoi les capitaineries ne seraient pas davantage des portes se sortie sur la mer, les antichambres du grand large, les ambassadrices de la vie marine et sous-marine ? On pourrait se prendre à rêver que les ports soient davantage impliqués dans la sensibilisation à la sécurité, à l’environnement, à l’esprit marin, qu’on les aide à faire de la pédagogie, à être les lieux d’échange d’expérience, des centres de ressources équipés de moyens pour préparer les escales futures, croisières lointaines ou sorties d’un jour.

Pôle Nautique

Port de Plaisance

Canet-en-Roussillon

Plaisirs de la mer et pôle de compétences !

LE NAUTOURISME ? Cabotages a inventé le terme de Nautourisme® pour désigner ce tourisme complet, fait de curiosité pour les autres marins et les autres bateaux, la nature et la culture, de respect pour la vie marine et les autres usagers, du monde aquatique et littoral. S’il est demandé aux capitaineries de dérouler sur les pontons un tapis rouge vers la ville, nous adorerions qu’on les aide à déployer aussi un tapis bleu vers le large : à inciter les plaisanciers à sortir les bateaux plus souvent, à les faire partir à la découverte des autres ports, à élargir le rayon des ronds dans l’eau du dimanche. Offices du Nautourisme ?

© Ville de Canet-en-Roussillon

Autre illusion : la découverte de l’arrière-pays. On-t-ils déjà navigué ceux-là qui affirment qu’à peine arrivés à Port Camargue le plaisancier va partir visiter le Pont du Gard, à Sète, Carcassonne, à Bandol, les gorges du Verdon ? Qu’il va tourner la clé de la première voiture de location et se jeter dans les embouteillages de l’été à la découverte des églises romanes et des éleveurs de brebis ? C’est oublier que passer ses vacances en bateau est un choix radical : l’itinérance nautique qui pousse les marins à partir et arriver avec le même bonheur, à vivre la mer avec passion et la terre avec plaisir. Pour les vacances au moins, ces terriens changent d’apparence, de langage, de véhicule, d’identité. Marcher, pédaler, pourquoi pas. Une voiture, un bus, un train, finie l’aventure. Deux stations de métro à Marseille quand on est amarré au Vieux Port, c’est comme une apnée souterraine dans cet autre monde qu’on croyait avoir quitté. La plaisance n’est pas La Croisière s’amuse où trois mille passagers sont pris en main par les tour-operators.

Christophe Naigeon

Canet-en-Roussillon,

au Coeur du Pays Catalan ! À quelques milles des criques, en bordure d’une plage de sable fin, le Port de Canet-en-Roussillon offre un véritable confort. Ce lieu de plaisance dédié aux amoureux de la mer est également une plate-forme de compétences grâce à la qualité et à la diversité des professionnels exerçant leurs activités sur l’espace technique et le pôle nautique en cours de réalisation. Pour une escale technique ou une escale « loisir », tous les équipements sont prévus pour accueillir des navires jusqu’à 35 mètres. N’hésitez pas à venir nous rendre visite !

France

Nice Cannes

Montpellier Sète

Toulouse

Marseille 170 milles

100 milles

Canet-en-Roussillon

Espagne

Empuriabrava

Roses

Bastia 240 milles

Corse

Girona 160 milles

Vers Barcelone

310 milles

Ajaccio

Vers Baléares Vers Sardaigne Renseignements : SCEREM (Société Canet-en-Roussillon Économie Mixte) Capitainerie • BP 210 • 66141 Canet-en-Roussillon Cedex • France ✆ +33 (0) 4 68 86 72 73 • Fax : +33 (0) 4 68 86 72 72 • contact@scerem.fr • www.scerem.fr

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Sécurité

Gérard d’Aboville

“La réglementation déresponsabilise” (Gérard d’Aboville) Avec le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques, celui qui a été le premier à traverser l’Atlantique à la rame lutte pour simplifier la réglementation nautique et remettre au goût du jour solidarité et bon sens marin.

L

’histoire commence en 1967 alors que la plaisance décolle. Dans les solitudes du grand large, Éric Tabarly remporte six régates internationales avec Pen Duik III. Dans les foules parisiennes, le Salon Nautique de Paris explose dans les 25 hectares du bâtiment pourtant révolutionnaire du CNIT à la Défense. Depuis vingt ans, la fameuse école fondée en 1947, le Centre Nautique des Glénans, était devenue l’ENA des apprentis navigateurs, le Label Rouge des marins élevés au grain breton, et faisait des petits sur toutes les côtes. La voile légère avait pris son envol populaire avec les Caravelle, Vaurien, 420… et la croisière côtière marchait dans son sillage avec le Corsaire (1953, Herbulot) puis le Muscadet (1963, Harlé) et l’Arpège (1967, Dufour) en tête de ligne. LES “PETITS BAIGNEURS”

équipement, douanes, affaires maritimes… Chaque ministère, chaque administration, chaque député fait son règlement, ses normes, son décret, sa loi. L’AFFAIRE “PAVILLON BELGE” Il faut coordonner : en 1967 un décret du troisième gouvernement Pompidou instaure le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques qui, statutairement, a «une vocation de conception, de coordination, de concertation et d’impulsion» et «émet (…) des propositions et recommandations transmises aux ministres concernés». En d’autres termes, un organe consultatif, le genre d’institution qui justifierait l’adage «la démocratie, c’est cause toujours». Sauf que… lorsque l’outil, aussi peu affûté soit-il, est mené par un homme déterminé, du travail est abattu. « Nous sommes en partie un organisme de lobbying » résume

Gérard d’Aboville, son actuel président. Depuis quinze ans, celui qui fut le premier à traverser l’Atlantique puis le Pacifique à la rame n’est pas de ceux qui renoncent. Comme «l’Affaire du Pavillon Belge», dossier emblématique. « La première année, ils étaient 50, ils étaient 500 la seconde et 5.000 la troisième, il fallait faire quelque chose » se souvient-il. Il y avait les six catégories de navigation, chacune avec ses équipements obligatoires. « On ne pensait plus à la sécurité mais à l’inventaire à présenter aux contrôles. Le plaisancier se disait « j’ai tout, il ne peut rien m’arriver». Il y a un moment où la réglementation déresponsabilise ». Ainsi, après des années de palabres, le CSNPSN a pu obtenir une législation plus proche de celle de nos voisins européens et, surtout de l’esprit de la marine : prévoyance et responsabilité. Un radeau pour deux personnes est désormais suffisant s’il n’y a que deux embarqués dans un

bateau de six places, mais en cas de méchant vent, il sera toujours plus dangereux de risquer une entrée à la volée dans un port étroit et mal protégé que de se mettre à la cape ou en fuite, loin de la côte, hors de la zone autorisée. Victoire du bon sens marin. LA RADIO POUR TOUS Autres dossier en cours : la généralisation de la VHF. « Le certificat actuel obligatoire pour utiliser la radio du bord est obsolète. Il faut quelque chose de plus pratique qui incite les gens à en avoir une à bord ». Gérard d’Aboville argumente : « c’est pétole. Un voilier encalminé veut rentrer au moteur. Ça ne démarre pas. Il n’a pas d’autre moyen de communication que la fusée rouge. Les sauveteurs vont prévoir le pire et dépêcher un navire de la SNSM, un hélico. C’est disproportionné. Si le capitaine avait pu expliquer à la radio de quoi il retournait, un autre plaisancier ou un pêcheur

Bref, la navigation de plaisance devient une activité économique porteuse, un loisir accessible pour les uns, une machine à rêver pour les autres. La régate est lancée entre les architectes pour tirer le meilleur parti possible du polyester. En 1967 se tourne à Chichoulet, secret port “sauvage” de l’embouchure de l’Aude un film culte, Le Petit Baigneur, où Louis de Funès incarne avec tumulte l’un de ces patrons de l’industrie naissante du moule-à-gaufres qui, grâce à cette matière très plastique, va permettre la production nautique de masse. Cela ne va pas sans poser des tas de problèmes : sécurité, infrastructures portuaires, équipements des navires, coexistence avec la pêche et le commerce… bientôt la pollution, la surpopulation portuaire. La navigation de plaisance est une longue traversée horizontale de l’administration française : sports, transports, industrie, environnement, pêche,

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aurait pu lui porter un jerrycan, le remorquer. La VHF, c’est donner la possibilité d’être entendu de tous, d’expliquer ce qui se passe et d’obtenir la réponse appropriée. C’est diminuer les alertes “de confort” et ramener la solidarité entre marins ». Enrichir l’État et les marchands de radios marines ? La dépense serait compensée par l’exonération de la redevance et la suppression des fusées-parachute – les plus chères – des équipements obligatoires. « Notre travail étant d’apporter les arguments et de faire pression pour changer la loi, de dos-

sier VHF est de ceux dont nous nous chargeons avec la SNSM et tous les services chargés de la sécurité ». Parmi les arguments en faveur de la radio : une expérimentation de bulletins météo en boucle sur le canal 16. Une idée à soumettre au CSNPSN ? Passez par l’un de ceux qui y sont représentés. Christophe Naigeon Fusée ou matériel électronique, des solutions pour lesquelles la VHF est une alternative ou un complément en cas de problème.

Comment saisir le CSNPSN ? Le Conseil est constitué de reremonter par l’une des fédéraprésentants de neuf ministères ! tions sportives agréées (voile, Mais aussi d’administrations motonautisme, sports sous-macomme les Voies Navigables de rins, ski nautique, canoë-Kayak, France, le Conservatoire du Litaviron, pêche en mer) ou les astoral ou le comité Olympique… sociations concernées par le suainsi que de la Fédération des jet représentés au CSNPSN (Les Industries Nautiques et la FéGlénans, la SNSM, le Yacht-Club dération Française des ports de de France, la Fédération des Plaisance. Si vous êtes porteur Pêcheurs Plaisanciers, l’Union Nationale pour la Course au d’une idée susceptible d’avoir des répercussions réglemenLarge…). Pour en savoir plus, rendez-vous sur la toile : taires ou législatives, faites-la www.csnpsn.developpement-durable.gouv.fr

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Météo à bord :

Quels instruments sont vraiment utiles ? La mer n’est jamais mauvaise. Le méchant, c’est le vent. Celui qui déchaine les vagues, qui pousse à la côte, qui amène le grain violent, qui déchire les voiles. Celui de Méditerranée est redouté de tous les marins sérieux. Ceux qui n’en ont pas peur sont des inconscients. Un seul remède, la météo. Voici quelques conseils pour avoir ce qu’il faut, mais pas plus, qui est trop.

S

oyons bien d’accord : les prévisions ne se réalisent pas toujours. La fiabilité du bulletin est de 70% « la dépression pouvant être plus creuse »… Un vent de Nord force 5 fraichissant est annoncé, et c’est finalement du Sud, force 2. Cependant, tout caboteur un tant soit peu conscient du risque d’un changement brutal de temps ne peut tourner le dos aux diverses aides à la navigation avant de quitter le port et que Radio-Ponton ne saurait en aucun cas remplacer. L’outil le moins onéreux est le bulletin météo affiché à la capitainerie. Si vous avez une VHF complétez avec les bulletins réguliers. Mais la consultation indispensable et régulière de ces aides ne suffit pas : il vous faut un carnet et un crayon pour noter ce qu’il en était hier et la tendance prévue pour demain et après-demain. La mémoire est souvent défaillante. L’EXPÉRIENCE ET LE “PIF” Autre instrument indispensable et obligatoire et tout aussi gratuit : votre “nez”, votre expérience pour sentir l’évolution de la météo. Et sans vous laisser influencer par les on-part-on-partpas de votre équipage, les décisions du voisin, l’avis du vieux pêcheur indigène. Car c’est à vous, capitaine, de tenir compte de la tendance passée et à venir, du comportement antérieur de votre équipage dans le vent qui monte avant de décider de rester au port ou d’aller voir ailleurs quel temps il fera demain ! Mieux vaut une journée

de navigation perdue qu’une menace de divorce et/ou de vente forcée du bateau… Pour aller plus loin, essayons de distinguer les instruments incontournables et/ou obligatoires des utiles ou même des futiles… INSTRUMENTS DE FRIME Éliminons d’entrée tous ceux qui, certes performants, sont superflus pour une navigation côtière : tous les instruments d’acquisition de documents au large, cartes avancées de pression, de vents, d’isobares en surface et en altitude par télécopie, Navifax ou Seafax et autres fac-similés. De même pour les systèms satellitaires de communication type Immarsat et autre Iridium ou Thurya : utiles pour la navigation hauturière et/ou en solitaire mais pas vraiment nécessaires pour le cabotage, d’autant que chaque équipement coute entre 2.000 et 3.000 € et impose de grosses antennes difficilement logeables sur nos généralement petites unités. LES INCONTOURNABLES Obligatoires ou non, sont incontournables le baromètre à aiguille ou enregistreur ou même électronique (on peut aller jusqu’à la petite station météo du commerce terrestre) : de 30 à 100 e. Ce sont ses variations qu’il faut surveiller : chute brutale, attention les dégâts ; chute lente, on va incessamment devoir revoir le programme des jours suivants…

La VHF : plus qu’indispensable puisqu’elle assure également la sécurité via la surveillance du canal 16 par les CROSS et tous les sémaphores, et qu’elle assure des liaisons de quelques milles à quelques dizaines de milles. Maintenant couplée à un GPS, elle donne la position par appel automatique de détresse d’un numéro international du Système Mondial de détresse et de sécurité en mer (SMDSM). La veille est la meilleure garantie contre les surprises d’un changement de temps entre les trois bulletins quotidiens. Le long de la Côte d’Azur, les bulletins des Cross sont répétés en boucle sur le canal 63 en dehors d’heures de rendez-vous et il serait souhaitable que cette expérience se généralise. Comptez entre 100 et 200 € pour une VHF fixe, idem pour une portable, bien utile lors des arrivées de port, en annexe ou même dans le cockpit.

Le GSM, notre téléphone portable quotidien. Météo France a un système par département et nos bateaux sont très souvent à portée de réseau. Avant de partir ou en cours de route faites le numéro 0892 6808 suivi des deux numéros du département. C’est payant mais ce n’est pas volé. Et cela présente l’avantage d’avoir la météo du point d’arrivée alors que la capitainerie que vous quittez ne donne que le bulletin de zone de départ. Un conseil, si vous partez de Marseille vers les Saintes-Maries, écoutez aussi la météo de Guissan. Ce qui se passe là-bas pourrait bien être une précieuse indication sur ce que vous pourrez trouver demain ou après-demain. À force de naviguer, on se fait ainsi sa propre interprétation, fruit de l’expérience. Le récepteur radio grand public : en navigation côtière, de très nombreuses stations émet-

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tent des bulletins sur GO, PO et FM. Un autoradio à bord fait d’autant l’affaire qu’il est fixe et a un lecteur pour vos CD audio préféré. Plus chic et entre nécessaire et utile : le récepteur BLU (Bande Latérale Unique - oui, la voie de Donald le canard), obligatoire en hauturier pour recevoir la météo du et au large. S’il vous vient l’idée de naviguer plus ou moins loin de votre bassin habituel, emportez-le : il vous permettra d’avoir des nouvelles de votre port d’attache car multi-bandes, il permet de capter sur grandes ondes de nombreux émetteurs français ainsi que Radio France Internationale partout dans le monde ! (entre 100 et 300 €). Prévoir alors une bonne antenne… LES SIMPLEMENT UTILES L’anémomètre. Si vous n’avez pas d’anémomètre en tête de mat, pourquoi pas un à main ? Utile pour départager entre les avis (« ça monte, ça monte pas ») ! Et malgré le côté rigolo à manipuler, en impose un peu aux novices… De 50 à 150 €, selon qu’ils sont autonomes (mécaniques) ou à piles (électroniques et affichages de diverses informations). Très courant sur nos bateaux : le Navtex pour recevoir sous forme de petits messages les avis urgents aux navigateurs, des bulletins météo, des avis de coups de vent via des satellites, près et loin de la côte. Comptez 500 €. Tout aussi courant maintenant, l’ordinateur et la liaison Internet : pas un réel besoin pour nos navigations le plus souvent estivales et proches des côtes. Mais il existe

une foultitude de sites météorologiques selon les activités pratiquées et votre degré d’addiction… Pour des traversée plus lointaines (Corse, Tunisie, Baléares), Météo France par exemple propose un abonnement au logiciel Navimail pour récupérer les données météo marines valables pour votre position et les mailles géographiques voisines. Durée et coût variables à consulter sur le site de Météo France. Mais tout cela risque d’être vite périmé avec l’arrivée de l’Ipad …et ses promesses.

à votre service…

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LES ACCESSOIRES Si vous naviguez dans une zone dont vous ne maitrisez pas bien la langue : le glossaire ! En météo, les mots ont leur importance et une traduction approximative peut modifier le sens d’une prévision. Sans oublier l’indispensable Guide marine de Météo France disponible en capitainerie et téléchargeable : mis à jour chaque année, vous y trouverez entre autres renseignements utiles, lexique, glossaire, cartes des zones météo nationales et internationales, listes des émetteurs VHF et BLU et horaires d’émission. L’ENNEMI : LE CALENDRIER ! L’ennemi du marin, c’est le calendrier. Se croire obligé d’arriver à tel endroit tel jour est le meilleur moyen de perdre tout discernement, toute prudence. Demandez à la SNSM. Il y a un pic de sauvetages les jours de mauvais temps en fin de semaine, aux dates où il faut rendre les bateaux loués, où il faut prendre un train pour retourner au boulot… En mer, le temps (chrono) se plie au temps (météo). Claude Roger

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Le transportable :

solution pour les nomades ? Avoir son bateau à l’anneau et à l’année est un rêve de plus en plus inaccessible. Prendre l’avion ou le train et louer un bateau n’importe où dans le monde est une pratique de plus en plus répandue pour la croisière à voile. Nomadiser en remorquant son esquif comme d’autres leur caravane est, pour une navigation strictement côtière et le plus souvent à la journée, une idée tentante.

E

ntre deux et douze ans, voire plus, pour obtenir une place à flot dans un port de Méditerranée… Les ports à sec, tout le monde n’aime pas et, pour beaucoup, cela revient cher. Alors, une solution est d’avoir soi-même son port à domicile, pourvu que l’on dispose d’un hangar, d’un garage ou simplement d’un abri bâché au fond de son jardin. Sans oublier une remorque et une voiture capable de tirer le tout. Et, enfin – c’est évident – d’un endroit adapté pour mettre le bateau à l’eau, garer la voiture et la remorque en lieu sûr pendant qu’on est sur la mer jolie. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, avoir son port d’attache à la maison est une option que 95% des propriétaires de semi-rigides choisissent. Mais pas forcément si simple ou si économique que cela. TRÈS SOPHISTIQUÉS Si hisser son Laser sur deux poutres installées en mezzanine dans son garage au-dessus de la voiture familiale ne pose guère de problème de place ou de manutention, ranger un semi-rigide de six mètres cinquante est une autre affaire. Certains, comme Jean-Louis Attard, responsable des relations

extérieures du site www.pneuboat.com, en arrivent même à découper le mur et la porte d’entrée de leur garage pour faire passer leur dernière acquisition, forcément plus grande. Car, pour un “pneuboater” comme pour un marin “rigide”, le proverbe selon lequel il manque toujours un mètre à son bateau, reste vrai. D’autant plus que la différence entre les deux commence à s’estomper. Les “gonflables” d’aujourd’hui ne se dégonflent plus d’un été à l’autre. Cela évite d’infliger des faux plis aux boudins. Leurs postes de pilotage, leurs fonds, leurs sièges moelleux, leurs arceaux, leurs coques profilées, leurs bastingages et leurs moteurs puissants sont de plus en plus luxueux, à mille mille des saucisses-mobylettes qui ont permis autrefois à tant de gens de jouir de la mer comme des milliardaires et qui ne sont plus maintenant que des annexes. Entre 25.000 € (rarement moins) et 50.000 € (parfois bien plus) l’engin, l’option semi-rigide transportable n’est plus une option d’économie à l’achat. Et à l’usage ? Si l’on est un expert-comptable, on doit compter l’amortissement du garage, calculer le préjudice subi par la voiture qui couche dehors… Si l’on ne calcule que les coûts directs, pour une trentaine de

sorties annuelles et une centaine d’heures de navigation, il faut compter entre 500 et 1.200 litres d’essence (650 à 1 .600 € selon la puissance, plus 200 à 300 €pour l’hivernage et l’entretien courant et ajouter en moyenne 10 € par mise à l’eau. MISES À L’EAU TRÈS CHÈRES Car mettre son bateau à l’eau a maintenant un prix. Extrêmement variable : de 5 à 8 €

à Frontignan, jusqu’à 278 € à Porto Ottioli en Sardaigne ! « Il est compréhensible qu’on fasse payer de 5 à 10 € car créer des rampes de mise à l’eau et des parkings a un coût » admet Jean-Louis Attard, qui poursuit « mais nous participons largement à l’économie du tourisme local et du nautisme qui étouffe faute de places à l’eau, alors, il faut que les prix restent raisonnables. Pour les milliers de personnes qui ont des petits bateaux de 3 ou 4 m, payer plus de 10 € à chaque fois est très cher ». Cher et rare. De plus en plus rare, même, car contrairement à ce que l’on pourrait penser, les communes hésitent de plus en plus à créer des cales de mise à l’eau. Une raison est qu’elle transforment les zones portuaires – hautement touristiques et où chaque usage est calculé – en disgracieux parkings que les attelages squattent à la journée – voire plus – en consommant deux places. Une autre raison est l’embouteillage que chaque fin de journée provoque sur le quai à l’heure où les vacanciers se promènent avant l’apéro. Pas bon pour l’image balnéaire. LE JET-SKI, UNE NUISANCE ? Mais la troisième raison est la plus forte : jet-skis et autres scooters des mers, de plus en plus nombreux, sont resentis comme de vraies nuisances, pas seulement sur l’eau mais dans les ports : vrooom-vrooom des moteurs pour frimer ou rincer les turbines, circulation anarchique dans les ports… Cette plaisance-là est de plus en plus vécue comme une déplaisance

CHER NOMADISME NAUTIQUE ! Le nomadisme nautique peut coûter cher. Pour aller en Corse, paradis des pneumarins et de tout ceux qui ont leur bateaux en remorque, il faudra débourser jusqu’à 1.000 € rien que pour traverser en ferry : 4 personnes, une voiture, une remorque en période haute.

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et les communes commencent à en mesurer l’impact négatif. À cause du comportement de certains, dans toute l’Europe, les ports luttent contre ce motonautisme en fermant les cales de mise à l’eau. L’Allemagne et l’Angleterre ont fermé plus d’une centaine de rampes… Du coup, les usagers plus raisonnables que sont les pneumarins organisés en font les frais. L’Association des usagers des cales de mise à l’eau de Méditerranée (AUCMED) qui a établi une charte de comportement (voir l’encadré), regrette cette limitation de l’accès à la mer : « au-delà du mécontentement grandissant des plaisanciers, le tourisme et l’activité des industries du nautisme se trouvent largement affectés : 70% des immatriculations de la plaisance concernent des embarcations de moins de six

mètres (…) cette “plaisance sur remorque” n’est pas représentée dans toutes les instances concernées (…) ce qui entraine des décisions qui ignorent ou vont à l’encontre de l’usage de ces cales ». Ces mots, extraits d’un rapport remis en 2009 au Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques (CSNPSN), montrent tout de même que la question est à l’ordre du jour à “l’interministérielle” pour chercher des solutions. Tâche difficile car, comme disent certaines mauvaises langues « pour construire une cale de mise à l’eau, il faut consulter 7 ministères ». Et pourtant, depuis un édit de François 1er, les communes littorales doivent accès à la mer libre et gratuit. Une loi à rafraîchir… Christophe Naigeon

NOUVEAU SUCCÈS POUR LE SALON DU SEMI-RIGIDE DE PORT-BARCARÈS

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u 21 au 24 mai s’est tenu au port de plaisance de Barcarès le second RIBMED, salon du bateau semi-rigide, premier du genre en France.

Les plus grandes marques étaient représentées, exposant une soixantaine de bateaux, aussi bien à terre qu’à flot, pour permettre aux visiteurs intéressés de faire des essais en mer ou sur l’étang, selon la météo. Bénéficier de ces deux plans d’eau est un atout majeur du site de Barcarès pour une telle manifestation qui fait suite au RIBEX de Cowes (Grande-Bretagne) et place Barcarès en seconde place européenne pour ce type de bateau.

Le but du salon est de présenter les nouveautés mondiales dans ce secteur en pleine évolution, de faciliter les essais et les ventes, mais aussi de faire se rencontrer les spécialistes, professionnels et organisations d’utilisateurs. Le premier salon, lancé à l’initiative de Joëlle Ferrand, Maire de Barcarès, avait mobilisé les équipes de la municipalité, de l’Office de tourisme, de la Capitainerie pour en faire un événement certes très “pro“ mais très convivial dès sa première édition.

LA CHARTE DE L’AUCMED Tout usager de cales de mise à l’eau se doit de : - Respecter la signalétique mise en place par les mairies ou les gestionnaires de ports - Ne pas gêner et donner la priorité aux professionnels de la mer - Préparer son embarcation en dehors de la cale, aussi bien pour mettre à l’eau qu’en sortir - Restreindre l’utilisation de la cale à la seule mise à l’eau et sortie - Ne jamais stationner sur la cale ou l’encombrer - Stationner véhicule et remorque sur les aires et parking prévus à cet effet - Ne pas utiliser les équipements portuaires destinés aux usagers résidents du port (point d’eau, borne électrique aire de carénage) sauf si compris dans les prestations de la capitainerie pour les usagers sur remorques - Veiller à la sécurité de tous les usagers en ayant une conduite adaptée et en effectuant des manœuvres avec douceur et maîtrise, sur la cale et dans le port.

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Pour cette seconde année, le succès ne s’est pas démenti, montrant que le semi-rigide, par sa facilité de transport et de mise à l’eau, par ses qualités marines et son confort, est un bateau à part entière capable de satisfaire les plus exigeants sur toutes les eaux.

Rendez-vous en 2011 pour le week-end de Pentecôte !

LES EXPOSANTS ET LES MARQUES Bear Marine Plaisance (Port Vendres) : Zodiac, Lomac, Joker Boat, Sea Hank, Pacific Craft Barcarès Yachting (Barcarès) : Capelli Marine Center (Barcarès) : Sacs Clinique du Bateau : Bombard, Black Fin Zar France : Zar Yachting Spirit (Canet) : BWA CG Info Service : Aqua dream, Vaillant Remora : Semi-rigide électrique Rafales (La Haye-Fouassière) : Rafale Barcelone Marina Port-Vell / SNSM / Société Générale

Communiqué

actualité :


Les sémaphores veillent à nouveau sur nous La Marine nationale s’est décidée à réhabiliter les sémaphores. Sur le point d’être abandonnés, ils sont maintenant rénovés, équipés, gardés 24 heures sur 24. Descendants lointains des tours de guet romaines, génoises ou sarrasines, et plus proches des ancêtres équipés du télégraphe de Chappe (un mât, quatre bras et 301 positions possibles), les sémaphores centralisent aujourd’hui toutes les missions de surveillance (voir en page de droite) en liaison avec tous les services concernés par la circulation maritime, le sauvetage, la pollution, les pêches, le trafic de drogue et de clandestins… Selon l’endroit où il se trouve, chacun a un rôle particulier, mais aussi une architecture, une histoire, une position géographique… et des guetteurs sémaphoriques, marins bien particuliers. Un exemple parmi les 19 de Méditerranée française, Capo Grosso, en Corse.

Cap Corse : “au-delà du bout du monde”

buissons qui veulent bien pousser dans la pente ! ». Le Libeccio monte encore. Il faut rentrer dans la salle abritée. Le veilleur de quart est en train d’appeler un cargo, à peine visible sur la ligne d’horizon embrumée. Identité, longueur, jauge, cargaison, destination… Puis un grand yacht. Puis un autre cargo. La minutieuse routine. UN INTENSE TRAFIC

Le sémaphore du Capo Grosso, à l’extrême pointe de la pointe du cap Corse gère un intense trafic commercial et fait face à des conditions météorologiques dantesques… dans une situation de solitude et d’isolement uniques. Un endroit où il faut s’accrocher.

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empête. Gris comme le ciel et blanc comme la mer ce jourlà. Tempête, c’est la mascotte du sémaphore du cap Corse, un chat venu un jour y élire domicile. Le Libeccio monte, monte. Il ne reste plus qu’un voilier en vue, grand largue, en fuite vers la partie abritée du cap, côté Mer Tyrrhénienne, où le coup de vent annoncé ne lève pas de houle, où l’on peut mouiller face à la côte en sécurité. Devant la porte du sémaphore, Tempête, entre les pieds du maître Stéphane Duprez miaule comme le vent dans les antennes. Dedans, le premier maître gille Azara prépare le café sans chichis. « Faites vos prises de vues extérieures maintenant, ditil, on va devoir bientôt amener les couleurs à cause du vent ». Photos, donc du sémaphore planté sur le Capo Grosso, tour

de contrôle sur un mamelon dénudé, sous un plafond de nuages gris et ondulants, réplique mouvante de la falaise de schiste qui tombe à pic dans une mer qui moutonne déjà serré. En plein mois d’août. « Si vous voulez monter sur le chemin de ronde, c’est le moment. À partir de force 7, ce sera interdit ». Photos, donc sur l’étroit balcon qui domine une houle maintenant profonde. « Les nouveaux qui arrivent ici sous-estiment la hauteur des vagues. À 110 mètres, il faut regarder les bateaux passer dans la vague pour apprécier le vrai état de la mer » commente encore Gilles Azara. Et ici, ça monte vite. Encore plus vite et encore plus fort que partout ailleurs en Méditerranée. Plus qu’au cap Béar, disent-ils. Un effet venturi exceptionnel sur ces falaises du cap Corse. « Quand la météo annonce force 8, on a 9 ou 10 ». Le record de vent a été établi à 214 km/h, dernier chiffre donné par l’anémomètre avant qu’il ne soit emporté… Ceux qui ont installé les éoliennes sur les

sommets juste derrière ont mesuré jusqu’à 240 km/h. Et 300 jours de vent pas an. « À Bonifacio, ils en ont 365, plaisante Stéphane Duprez, mais les records de puissance sont pour nous ! » Au point que les équipes peuvent rester enfermées sans autorisation de mettre le nez dehors, mêmes sur les marches du perron, pendant trois jours de suite. Seule exception pour la relève. « Sinon on devient fous ! » DES POSIDONIES À 110 M ! Sur la passerelle de veille, tout bouge, les vitres plient sous la force du vent. Lors des grosses tempêtes, les posidonies et le sel viennent se coller dessus et bouchent la vue. Un comble ! À la moindre accalmie, l’équipe de veille sort gratter ce qu’elle peut. Mais ça recommence aussitôt. « Vous voyez, le parking en bas, on a mis un muret côté au vent et une glissière sous le vent. Trois voitures avaient été emportées dans la mer, dont celle de la femme du chef de l’époque, retenue par miracle par les quelques

Sur l’écran de l’ordinateur, la carte de ce coin de Méditerranée au trafic commercial intense : golfe de Gènes, Provence et Côte d’Azur, jusqu’à la Toscane. L’homme de quart met des noms sur les points signalés par le radar. Vers le sud et sur le versant occidental du cap Corse, les signalements sont peu nombreux. Essentiellement des yachts. Au nord et côté oriental, les points sont les uns sur les autres. « C’est le Canal de Corse, entre la Corse et les îles italiennes, Capraia et Elbe. Qu’ils viennent du nord ou du sud, de Marseille, de Gènes, de Livourne, de Naples, de Malte, tous passent par là. Il y en a plus de 80 par jour » explique le premier maître. Gérer ce trafic est la mission principale du sémaphore du Cap Corse, en relation avec celui de Sagro, un peu plus au sud, vers Bastia. Ce n’est pas le rail d’Ouessant mais peu s’en faut. D’ailleurs, devrait être bientôt signée une convention tripartite France-Italie OMI (Organisation Maritime Internationale) qui instaurera une “recommandation de route” aux navires de commerce. Ces recommandations ne seront obligation que pour les navires des deux pays signataires mais elles permettront d’engager la responsabilité des bâtiments des autres nationalités qui n’en tiendraient pas compte et entreraient en ­collision.

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Places disponibles !

VOTRE BATEAU ICI ! L a collaboration entre les deux rives de la Mer Tyrrhénienne est indispensable et ancienne. Elle s’en trouvera renforcée. D’ailleurs, un cours de langue de Dante est donné aux nouveaux arrivants pour favoriser les échanges avec les nombreux navires italiens qui naviguent sur cet autoroute maritime. Les autres missions, à part la surveillance du respect des eaux territoriales par les pêcheurs, sont les mêmes que pour les autres sémaphores : sauvetage, lutte contre les pollutions, le pillage des sites archéologiques marins, signalement de navires suspects de contrebande, trafic de clandestins, terrorisme… la routine, quoi. En bas, le café attend. Plusieurs étages à redescendre. D’abord l’escalier métallique en hélice peint en bleu “cabine de plage à Deauville” par les équipes qui en sont fières, puis dans la avec salon partie ancienne du bâtiment dont le toit en ogive a été conservé un élégant escalier de tomettes rouges, presque bourgeois, qui contraste avec la batterie d’ordinateurs façon Star Trek ancienne version. Au plafond, on devine encore l’ancienne ouverture par laquelle on passait la “marionnette” articulée du télégraphe Chappe d’antan. ECRANS PLATS, JEUX VIDÉO Encore quelques marches et on arrive à la partie consacrée à la vie des équipages, aux allures de pavillon de banlieue : cuisine nickel, coin salon avec canapés simili, TV et console vidéo. « Aux guetteurs sémaphoriques de ma génération, la Marine nationale envoyait des livres. Maintenant, c’est des écrans plats et des jeux vidéo… ».

Avec en permanence deux équipes de trois de service pour trois jours et qui se relaient par quarts de quatre heures, il faut rompre la monotonie de la vie dans ce sémaphore «au-delà du bout du monde» comme l’appelle le premier maître Azara. Ici, à 10 km du premier hameau, à 30 km de Macinaggio, ville bien calme en dehors de la saison touristique, à une heure de Bastia, il n’y a RIEN. Juste un bout de lande maigre et la mer. Et le vent. Autrefois, le chef et son adjoint vivaient ici avec leurs familles. Sans école, sans loisirs, sans vie sociale. Trop dur. Tous vivent maintenant à Bastia. Même si, comme pour le maître Duprez, le compagne travaille aussi dans le sémaphore.

PORT À SEC & À FLOT MULTISERVICES

Port Saint-Louis-du-Rhône 250 PLACES À FLOTS DE 8 À 25 M - 700 PLACES À SEC

L’équipe de Capo Grosso et le chat Tempête

Alors que les phares se vident de leurs gardiens, les sémaphores « qui ont leurs lumières à l’intérieur » comme le dit Gilles Azara, ont besoin d’hommes et de femmes efficaces, motivés et heureux de faire ce travail, même dans des coins aussi reculés, ventés, superbement solitaires que le Capo Grosso. Le Libeccio est monté d’un cran de plus. Le drapeau a été amené. Le chat Tempête est bien au chaud, au sec et au calme. Sur la route de retour quelques marcheurs inquiets du sentier des Douaniers se hâtent vers le petit port de Centuri. C. Naigeon

EQUIPEMENTS

SERVICES

. Travel lift 65 T . Grues de 20 et 70 T . Remorques hydrauliques . Restaurant . Appartements . Surveillance vidéo

. Chantiers naval . Brookers . Shipchandler . Electricité - Peinture . Mécanique . Voilerie - Sellerie

Presqu’Île du Mazet - 13230 Port-Saint-Louis-du-Rhônes Tél : 04

42 48 41 21

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Tortue verte © Mila Zinkova

Tortues de Méditerranée, les dinosaures de la mer A

vec la poule, c’est une descendante des dinosaures. Comme la poule, elle avait des dents et les a perdues au profit d’un bec. Comme la poule et les dinos, elle pond des œufs. La comparaison s’arrête là. Bien que rare, c’est la tortue que vous aurez le plus de chances de rencontrer en mer. Dans ce cas, voici ce que vous pouvez savoir à propos des Chélonidae :

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LA TORTUE CAOUANNE : DES AMOURS EN CROISIÈRE

LA TORTUE VERTE : LE LIÈVRE DES TORTUES

en Méditerranée : la Tortue Caouanne et la Tortue Verte. D’autres nous rendent visite en passant par Gibraltar, comme l’énorme Tortue Luth.

Celle que vous avez le plus de chances de rencontrer est la Tortue Caouanne ou Caretta-Caretta qui peut dépasser 1 m de long et 150 kg. Sa tête, très large, est pourvue de deux écailles préfrontales et d’un bec orné. Sa carapace en forme de cœur arbore une dossière brun-rouge et un plastron jaune pâle tâché d’orange. Ses pattes à deux griffes font office de nageoires à l’avant et de gouvernails à l’arrière. Carnivore, elle ne néglige ni les éponges ni les algues en complément des mollusques, crabes et poissons. Elle atteint sa maturité vers l’âge de dix ans et, toutes les deux ou trois saisons entre avril et septembre, pond jusqu’à quatre à sept fois de 60 à 200 œufs. Au lieu de s’accoupler comme les autres sur les lieux de ponte (Turquie, Chypre, Libye, Sicile, plus rarement en Corse), c’est au cours de ses croisières qu’elle se fait féconder... Entre 60 et 75 jours plus tard, les petites tortues nées dans le sable iront rejoindre la mer en se repérant au bruit des vagues, de nuit de préférence. Mais il arrive que les lumières artificielles du rivage les attirent. On raconte qu’en Calabre, quelques soixante-dix jeunes éblouies se retrouvèrent… sous les tables d’un restaurant de plage. La côte, l’été, est bien un lieu de perdition !

La Tortue Verte, omnivore quand elle est petite, devient herbivore à l’âge adulte. Les herbiers qu’elle ingurgite lui donnent sa couleur (serait-elle rose comme les flamants si elle mangeait des crevettes ?). Très légèrement plus petite que la Caouanne, c’est la plus rapide de toutes, capable d’atteindre 35 km/h grâce au profil aplati de sa carapace. Elle ne possède qu’une seule griffe sur chaque nageoire. La zone d’alimentation étant le plus souvent éloignée du site de ponte, les tortues de mer parcourent jusqu’à 2.000 km. Comme les oiseaux migrateurs, elles naviguent grâce à leur perception du champ magnétique terrestre. Des scientifiques de Montpellier se sont livrés à un deux expériences. Des capteurs satellite ont été placés sur le dos de tortues vertes capturées dans l’Océan indien puis relâchées loin de leur destination. Avec leur compas intégré, elles ont retrouvé leur point de destination, mais en nageant bien plus que nécessaire. Leur instrumentation de bord n’indique que le cap, pas la position. Elles ne pouvaient pas évaluer la dérive due aux courants. On leur a aussi mis un aimant sur la tête pour leur faire perdre le Nord. Mais elles sont quand même arrivées à destination. Ont-elles un système de compensation dans leur compas ?

a tortue est le plus vieux reptile de la planète (200 millions d’années). Ces corps massifs, si harmonieux et rapides dans l’eau, peinent sur le sable car bien que pélagiques (pelagos, la haute mer) les femelles doivent aller sur les plages pour pondre. On en recense huit espèces qui ont en commun la détestation de l’eau froide. Il y en a donc dans toutes les mers du globe sauf dans les océans Arctique et Antarctique. Ceci expliquant peut-être cela, sachez que le genre mâle ou femelle de la tortue dépend de la température de l’eau lors d’une phase embryonnaire délicate au quarantième jour d’incubation des œufs : à entre 27° et 31° (l’idéal à 29°), l’équilibre des sexes est maintenu. Mais plus il fait chaud, plus il y a de filles, et inversement. Damned ! Le réchauffement climatique pourrait avoir raison des mâles. Deux espèces se reproduisent

LA TORTUE LUTH : LA DURE À CUIR Celle-là, si vous la voyez en Méditerranée au cours de vos navigations, c’est presque un miracle. On en observe pas plus d’une par an ! La Tortue Luth ou Tortue cuir, est la seule à ne pas posséder l’armure classique d’écailles mais de petits osselets imbriqués recouverts d’une épaisse couche de graisse et d’une peau de cuir. Elle pèse sa tonne pour deux mètres de long et se gave de méduses qu’elle peut aller chasser jusqu’à 900 m de fond. On se prend à souhaiter qu’elle prolifère pour nettoyer nos rivages lors des invasions de ces gelly-fish (poissons-gelée, comme disent les Anglais) mais, alors qu’elle pourrait être notre meilleure alliée, nous sommes son pire ennemi : elle confond les sacs en pastique que nous jetons avec les méduses et meurt d’occlusions intestinale. Bien que toutes les tortues marines soient protégées en France depuis 1991 et dans bien des pays au monde, l’Homme a bien d’autres manière de nuire aux tortues, Luth, Vertes, Caouanne et autres : filets de pêche, pollutions chimiques et par hydrocarbures, braconnage des œufs, perturbation de ses lieux de ponte par l’urbanisation, fabrication de soupe de tortue, de lunettes et de bijoux d’écaille, souvenirs touristiques… Guy Brevet avec Abigaël Silva (10 ans), conseillère technique

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En Méditerranée, le Grand Requin Blanc décrit par Aristote, très présent dans la Mare Nostrum durant l’Antiquité a de quoi faire peur : un spécimen capturé en 1987 pesait 3,5 t pour 7,10 m ! C’est non seulement un géant mais aussi un requin très spécial. Contrairement à la plupart des poissons, il n’a pas de vessie natatoire (un “ballon” intérieur qui fait flotter) mais un énorme foie (90% de sa cavité abdominale)

gorgé d’une huile plus légère que l’eau. Son dos est marron ou gris mais sa face ventrale blanche, d’où son nom. On le rencontre essentiellement dans le triangle Baléares-CorseSicile. L’accouplement a lieu au printemps, les œufs se développent et éclosent dans l’utérus de la femelle (ovovivipare) et la gestation est estimée entre 12 et 18 mois. Les jeunes Grands Blancs mesurent plus d’un mètre à la naissance et sont déjà des prédateurs capables de survivre. Un autre géant est le pèlerin, ou encore Cetorhinus maximus dont le nom est composé de Ketos (monstre marin), des Rhinos (nez) et de Maximus (grand), autrement dit le monstre marin au grand nez. Il porte bien son nom, le bougre (voir la photo). Mais on pourrait aussi l’appeler “grande bouche” si l’on se réfère aux énormes fentes branchiales qu’il garde ouvertes pour se nourrir de plancton, base de la nourriture de cet inoffensif monstre : c’est le second plus gros poisson du monde, après le requin ­Baleine, et peut atteindre 12 m. Le pèlerin n’est pas strictement Méditerranéen mais on commencerait à l’y trouver en nombre de plus en plus grand. C’est pourquoi un réseau d’observation a été constitué pour étudier sa présence. Vous avez certainement vu les affiches dans les capitaineries. Si vous en croisez, n’ayez pas peur, le requin pèlerin est uniquement mangeur de plancton. Signalezle simplement, contribuant ainsi à sa protection. G.B.

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n 1975, le film Jaws (Les Dents de la Mer) favorisa la mauvaise réputation des requins. Pourtant, ils ne font pas plus de vingt morts par an. Rien, comparé aux victimes des guêpes, abeilles, méduses, serpents et autres bêtes-à-bon-dieu empoisonnantes, allergisantes… Un prédateur ? Sans aucun doute. Mais L’Homme le bat à plate couture : plus de 80 millions de requins disparaissent chaque année victime du finning (fin, nageoire en anglais) pratique qui consiste à capturer des requins, à leur couper les ailerons et – le plus souvent – à les rejeter vivants et amputés à la mer, pour satisfaire, en Indonésie, Japon, Chine, Thaïlande le goût des mangeurs de soupe d’ailerons. Pour ses vertus aphrodisiaques et anticancéreuses infondées, un bol s’y vend jusqu’à 100 €. En 2003 douze millions de tonnes d’ailerons séchés ont été importés à Hong Kong. Un aileron de 10 cm se vendait alors 600 € le kg.

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Les requins : Blanc et Pèlerin, géants de chez nous

...venez les decouvrir ● Culture et patrimoine : Fauvisme, Aristide Maillol, traditions catalanes... ● Gastronomie de la mer, vins de Banyuls et de Collioure... ● Nature préservée : oliviers, vignes en terrasse, mimosas, eucalyptus... ● Fêtes : de la St-Vincent, des pêcheurs, des vendanges, de la St-Sauveur, de l’orange. Avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie de Perpignan et des Pyrénées-Orientales, des municipalités, des offices de tourisme et des quatre ports de la côte Vermeille.

Requin pèlerin © Chris Gotschalk

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Tél. : 04 68 35 90 99 - Mél. michelle.sans@perpignan.cci.fr


Rando palmée, chasse sous-marine Conseils d’un pro du “snorkeling” Pas besoin de bouteille pour connaître l’ivresse des fonds marins ! De la plage, du rocher ou du bateau au mouillage, la tentation est toujours forte d’aller voir de plus près ce qui se passe à un, deux ou trois mètres de profondeur, là où il y a encore de la lumière et des couleurs, là où on peut faire “un canard” sans être un apnéiste entrainé. N’y résistons pas. Voici les conseils avisés de Julien Collet, rédacteur en chef de Tribu Snorkeling :

d’éponges encroûtantes, d’algues, d’anémones prendra du temps pour se reconstituer. En snorkeling vous avez la possibilité de visiter la plupart des réserves marines intégrales, interdites aux plongeurs en bouteille, aux pêcheurs et au mouillage. Privilège extraordinaire que l’on ne mesure qu’in situ. LA PECHE SOUS-MARINE Même si arbalètes et tridents parsèment les allées des hypermarchés dès le début mai, quelques règles doivent être rappelées : Il n’est plus nécessaire d’avoir une autorisation des Affaires maritimes ou une licence sportive pour pratiquer la pêche sous-marine, seule une attestation d’assurance, couvrant cette pratique, peut-être exigée. La pêche sous-marine est autorisée à partir de l’âge de 16 ans. Il est interdit d’utiliser une lampe et de pêcher entre le coucher et le lever du soleil. La bouée de signalisation est obligatoire. Il est interdit de maintenir une arbalète sous-marine armée hors de l’eau. Il est interdit de cueillir les oursins de mai à octobre à peu près partout. Enfin et surtout, chaque espèce de poisson bénéficie d’une taille minimale en dessous de laquelle il est interdit de la capturer (rouget 11 cm, sar 15 cm, loup 20 cm, etc.) Faites-vous un devoir de consommer ce que vous avez capturé. Julien Collet

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nfiler palmes, masque et tuba pour partir à la découverte du monde sous-marin, si proche sous la surface, est une habitude presque ancestrale pour beaucoup. La découverte des fonds sableux (plus vivants que l’on imagine), des herbiers de posidonie (poumons et nurseries de la Méditerranée) ou des innombrables formes de décor rocheux se prête à des randonnées plus ou moins longues, parfois à la cueillette, voire à la prédation d’une friture pour améliorer l’apéro. Tout cela semble si naturel que l’on en oublie parfois que certaines règles, de prudence comme légales, doivent être respectées. LA RANDO PALMEE Toute balade palmée doit se faire équipé d’une bouée de signalisation surmontée d’un drapeau “alpha” (10 € en grandes surfaces). Cette obligation est plus que salutaire, la multiplication des

engins motorisés et des comportements “débridés” impose cette mesure minimale. Toute embarcation devrait rester à une distance de 100 m de votre bouée de signalisation ; en pratique c’est souvent moins, il est donc prudent de limiter la corde qui permet de la tirer à 25 m au maximum. Cette bouée permet d’emmener avec soi toutes sortes de choses et, in fine, d’être utilisée comme base de repos ! Dans l’eau, la déperdition de chaleur est très rapide et la contemplation d’un groupe de rougets ou d’un ballet de castagnoles fait vite oublier toute notion de temps ! Une combinaison est particulièrement utile aux enfants, moins armés pour l’homéothermie et plus insouciants des dangers du soleil. Les écosystèmes marins méditerranéens sont fragiles et fragilisés. Il faut éviter de toucher, s’appuyer ou se mettre debout sur les fonds rocheux : la vie fixée constituée

BIEN CHOISIR SON MATERIEL

Le masque Lorsque vous essayez un masque, il doit se maintenir sur votre visage, sans la sangle, par une sorte de léger effet ventouse (en aspirant par le nez et en prenant soin que vos cheveux ne viennent se glisser sous les bords du masque). Aucune partie rigide ne doit vous gêner, notamment au bas du front et à la base du nez. La jupe (la partie souple du masque) peut-être en pvc, en caoutchouc ou en silicone, plus confortable et qui vieillit le mieux. Attention, les jupes translucides, plus seyantes, laissent entrer la lumière sur les côtés et provoquent des reflets. Evitez les verres en plastique et tous les modèles ne répondant pas aux normes françaises. Si vous vous aventurez sous l’eau, vous devrez pouvoir pincer aisément vos narines (compensez la pression de l’eau exercée sur vos tympans en pinçant votre narines et en soufflant par le nez bouche fermée). Le tuba Habituez-vous à utiliser un modèle simple, dépourvu de siphon ou de valves permettant l’évacuation “automatique” de l’eau. Les tubas sont souvent légèrement galbés pour mieux épouser la forme de la tête. L’embout sera plus souple et agréable en bouche s’il est en silicone. Les palmes Il n’existe pas de palmes idéales. Tout dépend de votre stature, de votre force, de votre condition physique et de l’usage que vous désirez en faire. L’ensemble de la palme doit être léger. La voilure, souple, présente un effet ressort perceptible lorsqu’on la plie. La partie chaussante est solidaire de la voilure, et l’ensemble suffisamment rigide. Le port de chaussons en néoprène protège votre pied des ampoules que pourrait provoquer une partie chaussante trop rigide. Le chausson ne doit pas serrer pour ne pas gêner la circulation sanguine. Selon l’épaisseur du chausson, choisissez une ou deux pointures au-dessus de la vôtre.

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Daniel Mercier, le fondateur des Guides de la Mer

d’eau, il y a des paysages magnifiques. Du coup, faire la découverte d’une bouteille en plastique dans un joli creux de rocher frappe plus que tout discours. Cela, nous pouvons le faire aussi grâce à l’image. Cela ne risque-t-il pas de faire venir trop de monde ? Il faut que cela s’accompagne d’éducation. Les coups de palme sur les rochers, s’accrocher au coraux… tout cela doit être connu comme des gestes à ne pas faire. Cette éducatin est possible. Moi qui suis aussi un montagnard, je peux vous dire que les huit millions de personnes qui pratiquent la montagne ne l’ont pas dégradée. Les milliers de personnes qui plongent peuvent aussi être tolérées si on parvient à construire une véritable organisation de professionnels.

Quand on naît en 1931 à Clamart, près de Paris, rien ne prédispose à devenir un gourou de la plongée. Et pourtant, tout de suite après la guerre, alors qu’il a 16 ans, Daniel Mercier fait sa première plongée à Antibes. À 30 ans, sa première descente en scaphandre. En 1966, il crée le Spondyle Club. En 1967, il est moniteur d’Etat et, en 1968, il crée l’Association Nationale des Moniteurs de Plongée. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est la création des Guides de la mer en 1973 et le lancement du Festival Mondial de l’Image Sous-Marine un an après. Comme les lecteurs de Cabotages, les élèves de Daniel Mercier et des Guides de la mer sont des touristes, curieux et respectueux, qui considèrent la plongée comme une activité sportive mais aussi culturelle.

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SAINT-CYR-SUR-MER Balade aquatique de Port d’Alon (Coordonnées : voir précédent) SANARY-SUR-MER Sentier sous-marin de Portissol Office de Tourisme de Sanary-sur-Mer 04 94 74 01 04 infostourisme@sanarysurmer.com www.sanarysurmer.com TOULON Sentier de la Plage de la Garonne Association NATUROSCOPE Toulon/ Le Pradet 06 23 87 75 30 contact-var@naturoscope.fr www.naturoscope.fr PARC NATIONAL DE PORT CROS Sentier sous-marin de la Palud Parc National de Port Cros 04 94 12 82 30 port-cros@espaces-naturels.fr www.portcrosparcnational.fr LA LONDE-LES-MAURES Sentier “Le Jardin des Mattes” Office de Tourisme de La Londe 04 94 01 53 10 lalonde.tourisme@wanadoo.fr www.ot-lalondelesmaures.fr

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BANYULS-SUR-MER Sentier sous-marin de Peyrefite jeanfrancois.laffon@cg66.fr frédéric.cadene@cg66.fr - www.cg66.fr CAP D’AGDE Sentier sous-marin du Cap d’Agde Association ADENA - 04 67 01 60 23 adena.bagnas@free.fr www.adena-bagnas.com CARRY-LE-ROUET Sentier sous-marin Côte Bleue PARC MARIN DE LA CÔTE BLEUE Réservation : 06 83 09 38 42 syndicatmixte@parcmarincotebleue.fr www.parcmarincotebleue.fr ENSUES-LA-REDONNE Sentier sous-marin de La Redonne AIEJE - 04 42 40 02 39 / 06 27 14 78 33 aiejeplongee@orange.fr - www.aieje.fr MARSEILLE Sentier sous-marin de Corbières (Coordonnées : voir précédent) LA CIOTAT La calanque du Mugel Cpie côte provençale Atelier Bleu du Cap de l’Aigle 04 42 08 07 67 - cpie.cp@atelierbleu.fr www.atelierbleu.fr

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L’Atelier Bleu - CPIE Côte Provençale est un acteur reconnu de l’EEDD depuis 25 ans. Il est le principal intervenant d’une approche de l’environnement par la pratique des activités aquatiques et subaquatiques. Labellisé Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE), l’Atelier Bleu du Cap de l’Aigle à La Ciotat promeut des comportements éco-citoyens responsables, actifs et respectueux de l’environnement. Il participe également au développement durable notamment en informant et sensibilisant les acteurs et les usagers du bord de mer. Au fil des ans, l’association s’est développée autour de son cœur de métier “l’animation nature” sur le littoral en diversifiant ses approches et les publics accueillis. Plus de détails : www.atelierbleu.fr

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Cap d’Agde La Plagette

D’abord, il est utile de pouvoir aller décrocher une ancre, se défaire d’un filin pris dans l’hélice ou gratter des coquillages qui masquent le sondeur. Ensuite, découvrir les fonds autour de son bateau incitent au respect lors du mouillage. Dans un mètre

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L’ATELIER BLEU

Navigation et plongée sontelles compatibles ? Ce n’est pas facile. Entre plongeurs et plaisanciers, la cohabitation est parfois difficile. J’avais demandé que la navigation soit interdite à moins de cinq cents mètres des côtes, mais je ne l’ai pas obtenu. Alors, il faut se contenter de faire respecter la signalisation. En revanche, un plaisancier peut facilement et utilement devenir lui-même un plongeur, avec ou sans bouteilles.

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Comment est partie l’idée des Guides de la mer ? Dans les années soixante-dix, il y avait surtout la nage avec palmes et le tir au fusil sous-marin sur cible. Du sport qui n’intéressait guère le grand public. Or, j’étais persuadé que le lieu où ces sports se pratiquaient, la mer, les premiers mètres sous la surface et en dessous, la biologie, l’archéologie, la photographie sousmarines étaient capables de passionner les gens. En 1973, nous avons eu l’occasion de le prouver. Avec Guy Poulet (Ndlr : grand alpiniste doublé d’un pionnier de la plongée), nous avons eu l’idée d’installer des stands sur les aspects “culturels” de la plongée et l’image sous-marine. Très gros succès de ces premières Journées subaquatiques qui se sont ensuite déroulées tous les ans. Cela a donné naissance à deux choses : les Guides de la mer, moniteurs embarqués pour expliquer aux gens les poissons, les oursins, les anémones de mer… et, un événement d’imagerie subaquatique qui, au fil des années est devenu le Festival Mondial de l’Image Sous-Marine.

LE RAYOL CANADEL-SUR-MER Sentier marin du Domaine du Rayol, le Jardin des Méditerranées 04 98 04 44 00 info@domainedurayol.org www.domainedurayol.org LITTORAL DES MAURES Sentier “les Balades aquatiques” Observatoire marin du Sivom du littoral des Maures 04 94 00 46 25 contact@observatoire-marin.com www.observatoire-marin.com VILLEFRANCHE-SUR-MER Randonnée Palmée Centre de découverte du monde marin 04 93 55 33 33 centredecouverte-marin@wanadoo.fr www.decouvertemondemarin.org THEOULE-SUR-MER Sentier de la Pointe de l’Aiguille Centre de Découverte du Monde Marin (Coordonnées : voir précédent) CORSE Sentier de Lavezzi www.oec.fr Sentier de Lumio www.isbulecamare.org


Cormoran et Sterne : redoutables oiseaux-pecheurs Rien de commun entre ces deux oiseaux si ce n’est qu’ils sont des plongeurs experts ! Le cormoran est un grand oiseau noirâtre vu de loin mais avec des reflets bronzés magnifiques. La sterne est blanche, toute fine et vive en perpétuelle agitation. Mais tous les deux attirent immanquablement le regard. Et sont de redoutables chasseurs !

L

’un nage en semi immersion et fait des “canards” pour aller chercher ses proies, l’autre vole et plonge en piqué sur les poissons qu’elle a repérés du ciel. L’un est sombre, l’autre blanche et noire, l’un est pataud hors de l’eau, l’autre vole comme un petit avion de chasse, l’un fait de longues siestes immobiles, l’autre semble en perpétuelle agitation. Le cormoran est sédentaire, la sterne est migrante. On les aime tous les deux même s’ils sont de féroces concurrents pour la friture du soir.

CORMORAN : UNE TORPILLE Contrairement à de nombreux oiseaux, peu de doute sur l’identification du cormoran. Quand il nage, on ne voit pas son corps mais seulement son long gracieux cou qui dépasse… et disparaît soudain en plongée pour réapparaitre bien plus loin après une longue apnée. Il peut plonger jusqu’à quarante mètres et rester sous l’eau pendant une minute. Mais la littérature scientifique nous raconte qu’il se contente de dix mètres en une demi-minute.

Cormoran

Le cormoran, de la famille des Phalacrocoracidés (où les scientifiques vont-ils chercher des noms pareils ?) et donc cousin des pélicans, a trois occupations principales visibles de tout un chacun. Soit il nage comme un canard qui aurait l’air d’être trop lesté, le cou dressé en relevant sa tête et son bec fort et crochu, comme si il n’arrivait pas à respirer en flottant ; soit il vole au ras de l’eau à sa manière, à la force des ailes au ras de l’eau, le cou tenu un peu au dessous de l’horizontale (en groupe, ils se mettent en ”V” comme les oies) ; soit il fait du “bronzing”, les ailes écartées sur un rocher, un pieu, une branche, une bouée de corpsmort. Pourquoi a-t-il toujours l’air d’être accroché sur un fil comme du linge mouillé ? C’est que le cormoran, n’a pas le plumage imperméable et doit se sécher au soleil après une séance de plongée. Il y aurait aujourd’hui quelque cent mille individus en France, ce qui en fait la bête noire des pisciculteurs, aquaculteurs et… des chercheurs de l’Ifremer. Il trouve ses 500 à 800 g de poissons quotidiens par jour de ­poisson qu’ils trouvent en mer, en rivière, dans les étangs intérieurs et… dans les bassins d’élevage. Il y a 40 ans, il était en voie de disparition et a donc été classé espèce protégée. Bien protégée puisqu’il pullule aujourd’hui au point que des battues administratives avec quotas sont organisées pour limiter la population, comme pour les sangliers. Mais sa chair est beaucoup moins prisée et la motivation des chasseurs moindre… Du coup, la destruction des nids près des rivières où il aime se reproduire devient d’actualité.

STERNE : UN MISSILE Aïe ! Là c’est plus coton de distinguer nos sternidés des laridés, ces derniers comprenant nos mouettes. Aïe encore ! Dans le langage courant, ces dernières mélangent allégrement le goéland, plus robuste, aux ailes larges, aux pattes souvent jaunes, plus longues et palmées qui lui permettent de marcher sur les pontons avec la mouette rieuse, à tête noire et bec rouge, plus vive, rarement au sol pour montrer ses trois doigts rouges. Eh oui, la mouette tridactyle de Gaston Lagaffe pour les BDéistes, n’est ni un goéland – bien que de la même famille – ni une sterne… La sterne est généralement un oiseau migrateur. La variété arctique vole huit mois par an pour passer de l’Arctique à l’Antarctique ! La Sterne pierregarin ou Sterna hirundo ou encore hirondelle de mer, hiverne dans le golfe du Mexique et au sud de la Floride, avant d’aller vers le Nord en été. C’est celle que nous trouvons généralement dans nos régions Quelques signes pour distinguer notre hirondelle des mers… D’abord, elle est le plus souvent en bande au dessus d’une “chasse”. Les pêcheurs savent bien qu’elles signalent une concentration de poissons chassés par des bars ou des thons et mettent plein gaz dans leur direction pour participer à la curée ! Ensuite, la bande est bruyante au plus fort de sa razzia au dessus du banc : encore pour les amateurs de BD, le fameux ­“Pirrlouittt” du compagnon de Johan ! Enfin, c’est fin, c’est svelte, c’est vif, ça plonge en piqué avec des ailes étroites orientées vers l’arrière et la queue fourchue qui dessinent un W tendu : le vol est très gracieux, quasi sur place avec des battements secs avant le plongeon le plus souvent couronné de succès à en juger par le reflet argenté dans le bec englouti immédiatement au retour dans les airs.

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COMBIEN DE TEMPS MET LA MER POUR DÉGRADER CE QUE VOUS JETEZ PAR DESSUS-BORD ?

il faut jusqu’à :

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1,5 MOIS Sterne © Pierre Garin

L’observation de plus près ajoute des détails pour confirmation : la tête ne porte pas une cagoule noire comme la mouette mais seulement une casquette noire, laissant le front plus blanc en hiver ! Le bec, souvent coloré de

rouge, est très mince et très pointu, plutôt orienté vers le bas. Les pattes courtes ne permettent pas la marche : ça vole ou ça flotte ! Plusieurs espèces visitent nos côtes l’été mais certaines hivernent ici. Citons pour le charme de son nom la guifette : moustache noire, bec rouge, petite taille, voltiges acrobatiques en prime ! Claude Roger

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80 ANS LE GREBE : UN SCHNORKEL Voilà encore un oiseau plongeur familier de nos côtes dont l’observation sera l’occasion d’un jeu de bord pour nos jeunes (et les autres) ! Il ne marche pas, vole peu mais nage vite en tendant un long cou avec une tête terminée par un long bec rosé vers le ciel, comme le schnorkel d’un sous marin. Après de multiples tours sur l’eau sans apparentes raisons, Hop ! il plonge brutalement… un long moment. Pour réapparaitre où ? Entre quel bateau ? Près de quel ponton ? Suspens… souvent sans réponse car il est capable de rester sous l’eau de nombreuses minutes… Souvent en couple, c’est encore plus drôle : entre diverses figures compliquées et mouvements de cou spectaculaires, ils plongent chacun de leur côté pour ressurgir séparément avant de revenir flirter ensemble… Le grèbe huppé est exclusivement aquatique, plongeur et nageur expert, au bec pointu et sans queue visible. Ses pattes non palmées sortent très en arrière. Ses rares vols s’effectuent au ras de l’eau avec des ailes à battements rapides, une silhouette au cou long tendu, un corps allongé et les pattes trainant derrière. Vous le verrez facilement sur les plans d’eau intérieurs, les estuaires et les côtes abritées, les ports et les digues.

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Peintres officiels de la marine “De l’eau de mer autour du cœur et sa couleur dans les yeux” D’escale en escale, vous trouverez cent galeries où s’exposent des “marines”. Art d’amateurs, art de vacances, art mineur ? Il est de grands peintres inspirés par la mer, les bateaux, les ports, les marins. Il en est même d’officiels qui portent le nom de POM.

I

l y a quelque chose de désuet là-dedans : Peintre Officiel de la Marine. Peintre de marine, on connaît : des œuvres des barbouilleurs du dimanche au Radeau de la Méduse, la gamme est vaste de ceux que la mer inspire. Les POM, c’est autre chose. «La peinture maritime est souvent considérée comme ringarde. C’est un défi pour nous de prouver que c’est aussi un art contemporain», affirme Dirk ­Verdoorn dont les coques de fer et les ports de la Mer du Nord donnent lieu à des œuvres fortes,

bien loin des reflets des barques au coucher du soleil… Reportezvous au catalogue du dernier du Salon de la Marine au Palais de Chaillot l’hiver dernier (www. musee-marine.fr), vous n’y verrez rien de mièvre. PEINTRES POMPONS ? Pourquoi qualifier cette peinture de “marine” ? Dit-on que Van Gogh a fait de la peinture “de Provence” ou Monet “de campagne” ? Et pourtant, des peintres se revendiquent et se réunissent sous

l’appellation de Peintres Officiels de la Marine, les POM. Confrérie, club, lobby ? Une académie, comme dit encore Dirk Verdoorn (voir l’interview). Joseph Vernet fut honoré du titre de ”peintre de la marine du roi” mais le corps des Peintres Officiels de la Marine n’a été créé qu’en 1830. C’est tout de même le collectif d’artistes le plus ancien. Les POM ne sont pas que des gens de peinture. Il y a parmi eux des photographes (Philip Plisson, Jean Gaumy) et des sculpteurs (Richard Texier, Jean Lemonnier) ou des illustrateurs (Titouan Lamazou) qui, à leur manière, sont des témoins et des historiens de la mer, dans tous ses états : « À l’étendue de la science, à l’acuité de la vision, à la liberté d’interprétation, l’observation du réel permet l’heureuse et juste représentation du sujet, maritime en l’occurrence » écrit le site des POM. Il n’est pas nécessaire d’être un grand marin, mais, comme l’écrivit l’un d’entre eux il faut avoir « l’eau de mer autour du cœur et sa couleur dans les yeux ». Et souvent être né près des bateaux, comme Patrick Ca-

mus : « je suis né à Brest, mon regard d’enfant s’est promené sur les navires de la marine marchande et de la Marine nationale ? Ce fut un point de départ, la mer et la peinture allaient se rejoindre ». Après avoir été nommé plus de quatre fois consécutives “peintre agréé” (nommé pour 3 ans avec le grade de lieutenant de vaisseau), on devient «titulaire» au grade de capitaine de corvette. Si le statut ne donne pas droit à traitement, il permet le port de l’uniforme et l’embarquement sur les vaisseaux de la Royale pour continuer à témoigner. Les œuvres d’un POM sont reconnaissables à une petite ancre marine à l’arrière de sa signature. De date plus récente, en 2003, a été créé le corps des Écrivains de Marine par Jean-François Deniau (lire absolument La Mer et Ronde). On y côtoire Didier Decoin, Patrick Poivre d’Arvor, Michel Déon, Bernard Giraudeau, Titouan Lamazou (également POM), Erik Orsenna, Yann Queffélec, Pierre Schoendoerffer… du beau monde. Christophe Naigeon et Claude Roger

Dirk Verdoorn : marinier, marin, POM de Hollande On a connu dans l’histoire d’autres peintres Hollandais qui ont élu domicile dans le Sud… Sans avoir du sacrifier une oreille, Dirk Verdoorn vit aujourd’hui en Italie. Après avoir été médaillé de bronze au Salon de Paris en 2001 puis d’or en 2003, il est POM agréé depuis 2005. C’est aussi un «voileux» pour qui les traversées méditerranéennes sont monnaire courante. Pourquoi veut-on devenir Peintre Officiel de la ­Marine ? J’ai toujours considéré cela comme un honneur. Être POM, c’était pour moi être reconnu par d’autres peintres pour lesquels j’avais toujours eu de l’estime et qui sont seuls habilités

à choisir les membres de cette sorte d’académie française. Car c’en est une : quand on y est, c’est comme sous la Coupole, on n’en ressort que les pieds devant ! Quels avantages y trouvezvous à cette officialisation ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, le fait qu’il n’y ait pas de salaire ni de commandes officielles est un grand avantage : nous restons totalement indépendants, personne ne nous oblige à produire ceci ou cela. En revanche, c’est pour nous une ouverture exceptionnelle pour embarquer sur tous les bateaux et toutes les mers du monde, dans des conditions magnifiques pour travailler.

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JOSEPH VERNET

Le “POP”, peintre officiel des ports de louis xiv POM bien avant l’heure, Joseph Vernet occupe une place particulière. Au Musée de la Marine à Paris, la salle qui lui est consacrée est immense car ses toiles le sont. Il ne s’agit pas simplement d’œuvres d’artiste : Louis XIV préoccupé du développement et de la défense des ports français, lui passa commande d’une vingtaine de tableaux destinés à représenter avec précision le bassin, les bâtiments, les fortifications, tout ce qui pouvait intéresser l’état-major, les finances, l’équipement et toutes les administrations concernées. Un itinéraire précis fut établi. Les ports les plus importants devaient comporter plusieurs tableaux et les premiers plans montrer dans le détail les activités propres à chaque région.

Il fallut dix ans à Vernet pour réaliser quinze chefs-d’œuvre, riches de détails anecdotiques et architecturaux, témoins d’une époque. Anecdote : il détestait Sète, ville qu’il décrivait comme peu accueillante, puante, laide… et il avait hâte de retourner à Bordeaux. C’est pourquoi sa toile sur Sète est la seule à être une vue de loin, à représenter une tempête, très peu le port. Chef d’œuvre quand même car Vernet est un grand peintre à qui on pardonne cette faute de goût touristique. Voici ce que dit sa biographie : « Peintre réaliste, il n’hésite pas un jour, au cours d’une tempête, à se faire attacher au mât d’un navire pour mieux contempler les éléments déchaînés ». Si l’une des caractéristiques des POM actuels est d’être des “reporters” de la marine, Joseph Vernet en était bien un.

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N’est-ce pas aussi une sorte de “label” ? Oui, c’est une sorte de label qui se retrouve dans la petite ancre que nous aposons à côté de notre signature.Il ne faut pas nier l’avantage de la notoriété et des conséquences commerciales qu’il y a à être POM. Par exemple, cela m’a permis d’être engagé par des armateurs grecs, italiens, français pour voyager sur leurs bateaux et les peindre. Comme ça, j’ai pu voyager au Japon, au Canada… complétant ainsi les grands voyages faits avec la avec la Marine nationale française. Autrefois, les artistes officiels du roi travaillaient pour la Cour, ils y gagnaient la sécurité de l’emploi, les voyages… ils ont réalisé des chefs-d’œuvre.

Comment êtes-vous venu à être peintre de mer ? Je suis fils de marinier. Mon père a navigué sur tous les canaux de France. J’en ai fait autant, puis je suis devenu marin sur des caboteurs du côté de la Mer du Nord, de la Baltique, autour de Hambourg. J’ai ensuite monté une affaire de navigation fluviale. Puis, en 1982, j’ai cessé de travailler sur l’eau. J’ai été décorateur de théâtre, animateur, professeur de dessin… En peinture, je suis autodidacte. Quand j’ai commencé à en vivre à partir de 1997, je suis allé naturellement vers les images de mon enfance. Une sorte de nostalgie. Et même aujourd’hui, quand je crois m’en éloigner en peignant l’Inde plus que les mers froides, il y a encore de l’eau, la mer. C.N.

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Les cargos romains, leurs cargaisons, leurs passagers Le trafic commercial est considérable lorsque Rome est à son apogée. Les progrès techniques de la navigation et de la construction navale permettent de transporter à peu près tout à peu près n’importe où. Les navires de guerre veillent sur les précieux convois marchands et la spéculation va bon train.

Oneraria © Navistory

M

are Nostrum est imprévisible et dangereuse. Comme les flottes de guerre, les navires marchands ne naviguaient que de mi-mars à miseptembre, sans instruments, en suivant les périples, instructions nautiques de l’époque qui se transmettent oralement, de capitaine en capitaine. Le calcul astronomique, la science des vents et des courants s’associaient au courage et à l’impérieuse nécessité d’approvisionner l’Empire et les colonies. Le transport de commerce qui s’effectuait depuis toujours le

long des côtes avec des caboteurs portés autant par les vents que le courant ligure, connait un essor remarquable avec les nouveaux itinéraires de navigation hauturière ouverts grâce à la découverte de l’étoile polaire par les Phéniciens. L’une des routes les plus connues, celle du Commerce du Levant, passait par la Sicile et les Baléares pour rejoindre l’Espagne et ses mines d’argent. Il y avait sur la mer autant de voiliers qu’à l’époque moderne de la navigation de plaisance. Les besoins étaient immenses.

Corbita © Navistory

BON PORT, BONNE CARÈNE Tant que les ports n’étaient pas nombreux, il fallait utiliser des navires échouables, à fond plat, qui tapaient et se brisaient souvent dans la tempête. Avec la multiplication des ports équipés de quais d’accostage, les bateaux purent avoir des quilles structurantes qui constituaient aussi d’utiles plans anti-dérive lorsque les bateaux marchaient près du vent de travers. Tous redoutaient les attaques des pirates et naviguaient en convoi. Mais, malgré ses aléas et ses dangers, la voie maritime restait incomparablement plus rapide que le routage terrestre, également peu sûr. Armer un navire pouvait faire gagner rapidement beaucoup d’argent. La spéculation allait bon train pour ces marchandises assurées par des banquiers. Ces bateaux aux ventres ronds souvent recouverts d’une feuille de plomb contre les attaques des vers, avaient deux ou trois mâts gréés en carré et disposaient de deux gouvernails pour les manœuvres, un sur chaque bord. Ils étaient chargés de dolia – citernes de terre cuite – et d’amphores pour le vin, pour l’huile, les fruits secs, les poissons séchés et le garum – sauce à base

de poisson, proche du Nùoc Mam vietnamien – de sacs de céréales mais aussi parfums et de produits manufacturés : vaisselle fine, tissus, objets et métaux précieux. ONENARIA, CORBITA, PONTO L’Onenaria fut longtemps le cargo standard dont s’inspira la Corbita, plus massive. Avec ses 55 m de long pour 14 m de large, elle portait 40.000 amphores et souvent jusqu’à 400 passagers pour un poids total de 2.000 t. Navigant souvent en escadre, elles bénéficiaient de la protection de la flotte militaire pour parer aux attaques des pirates. Autres temps, même mœurs… Le Ponto, massif navire de charge était, comme son nom l’indique, entièrement ponté. Deux gigantesques mâts aux voiles carrées de grande taille assuraient une puissante marche hauturière et le fond plat permettait la remontée des fleuves. Il était orné d’une figure de proue en col de cygne et possédait un rostre où pouvait figurer un taureau, un bouc ou un sanglier. Cet appendice, outre la protection de l’avant lors de l’échouage présentait l’avantage d’accroître la stabilité de route. Ces bateaux marchands transportaient vraiment de tout : il y

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OSTIA ANTICA ET SES NAVIRES Si vous accostez à Ostia (Ostie), juste à côté, visitez Ostia Antica, sur le Tibre, ancien port de Rome, ses entrepôts, ses magasins, ses bureaux et, au sol, les publicités en mosaïque des armateurs. Ostie connaissait un trafic fou. Rome avait presque un million d’habitats sous Auguste. Son ravitaillement en blé exigeait plus de cent navires marchands transportant chacun 100 à 150 t de céréales depuis l’Afrique. Au portant, ils filaient 4 nœuds, maximum 7. D’Ostie à Alexandrie il fallait une à deux semaines à l’aller deux ou trois mois au retour. Il n’y avait qu’une rotation par saison.

ponto © Navistory

avait d’impressionnants porteobélisques, comme celui de Caligula, livrant le marbre pour la construction d’Ostie, il y avait les Hippago, spécialement conçus pour transporter les chevaux, et bien d’autres curiosités. Rien ne semblait impossible aux na-

vigateurs antiques et, lorsqu’il s’agissait de remonter le Rhône, ils savaient en franchir les bancs de sable, en remonter le courant, transborder, gruter, gérer des cargaisons qui venaient de partout et allaient partout. Emma Chazelles

Mouillages grecs, ancres romaines Les Grecs savaient qu’un bon mouillage était un mouillage lourd. D’autant que les chaînes n’étaient pas utilisées. À une grosse pierre, ils ajoutaient des “crocs” en bois pour accrocher au fond (droite). Les Romains ont joué davantage sur l’effet “charrue” en inventant l’ancre à jas, véritable ancêtre de la nôtre. Le poids était un “T” de métal lourd à 90° par rapport au “V” d’ancrage en bout de hampe, permettant à l’ensembe d’être bien orienté et facilitant l’enfoncement dans le fond (ci-dessous).

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Les passagers avaient la vie dure Comme cela se fait aujourd’hui, les cargos romains pouvaient transporter des passagers. Dans des conditions de confort et de sécurité pour le moins précaires…

T

out est bon pour que les armateurs et les banquiers rentrent dans leurs frais. Les bateaux marchands transportent des hippopotames, des crocodiles, des autruches, et, pour plaire à la foule des théâtres, des lions et des léopards. Il n’y a guère que les éléphants… Il y a aussi des passagers. Magistrats et fonctionnaires en mission pour la cité, passagers contraints comme les esclaves, obligés comme les soldats ou indésirables comme Sénèque, exilé en Corse, voyageaient sur la mer violette1. Érudits et riches héritiers désœuvrés qui surmontent leurs peurs et satisfont à leur curiosité naviguent à la découverte du monde. On ne saurait oublier nos explorateurs, géographes et historiens préférés et célèbres tels que Pythéas, Strabon et Pline qui nous permettent d’en écrire quelque chose à notre tour. Pour douze oboles – trois jours du salaire d’un ouvrier – le passager est provisionné en eau potable. À part cela, aucun confort, aucun aménagement spécifique. Le passager qui ne connaît ni le moment de son embarquement – météo et armement du navire obligent – ni sa date d’arrivée à destination, doit emporter sa nourriture, son brasero, sa vaisselle et sa natte. Il dort sur le pont quand il y en a un et, pour les gens bien nés, la dunette du capitaine peut être partagée.

PAS D’EAUX NOIRES JETÉES ! Quand il faut trouver place dans la cale, au milieu des marchandises, il faut supporter la ­soutine : c’est là, en fond de cale, que croupissent les eaux noires car on répugne à souiller la mer, royaume de monstres invisibles et des dieux, en y rejetant ordures et excréments. Il est également interdit de se couper les ongles et les cheveux… et de faire l’amour, par respect pour Vénus. Par beau temps, loin des côtes et lassé de contempler l’horizon, on s’occupe à la pêche, en parties de cartes ou de dés. On chante en s’accompagnant d’instruments de musique. On s’ennuie dans le meilleur des cas car si le temps

Pour ne pas facher les dieux (ici Neptune), on ne rejetait aucun déchet à la mer

est mauvais le cauchemar commence. Il faut courir d’un bord à l’autre pour équilibrer le navire ou on se retrouve dans la cale puante à caler la cargaison. Quand on est enfin invité à la manœuvre, le pire est là. Elle consiste en effet à jeter par-dessus bord tout ce qui peut alléger l’embarcation : d’abord les objets personnels et, parfois, le passager lui même. Les esclaves sont les premiers à passer à l’eau. Les passagers ne doivent pas montrer qu’ils ont des biens. Hérodote raconte que le poète Arion, embarqué sur un navire corinthien, avait demandé à chanter un dernier poème avant de disparaître dans les flots avec ses objets précieux pour ne pas être détroussé par l’équipage. Il sera sauvé par un dauphin… C’est parfois le mal de mer qui invite à plonger pour rejoindre la côte, comme le fit Sénèque, en petite tenue, après avoir prié le pilote de s’en approcher au plus près. Quand l’eau vient à manquer on utilise la recette suivante, transmise par Pline l’Ancien : « On étend autour du navire des toisons qui s’humectent en absorbant les exhalaisons de la mer, et l’eau que l’on exprime est douce ou encore, on plonge dans la mer avec des filets des boules de cire creuses ou des récipients vides et bouchés : l’eau recueillie à l’intérieur est douce : le fait test que sur terre l’eau de mer filtrée par l’argile devient douce… ». On est loin de La Croisière s’amuse… Emma Chazelles 1 «Sur la Mer Violette. Naviguer dans l’Antiquité» de Claude Sintes, directeur musée de l’Arles Antique, Signets – Belles Lettres, 2009).


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Pour les capitaines… Un Air de Sète (Relié) de Jacques Rouré et Michel Descossy Editeur : Equinoxe (4 avril 2006) Collection : Impressions du Sud Prix : 28 € Un air de Sète propose un hommage à la ville de Sète à travers des créations littéraires : récit, roman, nouvelles, etc. de J. Rouré et des photographies. Il vous dévoile les coins et recoins de cet incontournable port méditerranéen. Les romans des îles : L’Ile mystérieuse ; Seconde Patrie ; L’Ecole des Robinsons ; L’Ile à hélice (Broché) De Jules Verne Editeur : Omnibus Prix : 26 € Les quatre romans d’aventures qui forment ce volume mettent en scène des îles tantôt inquiétantes, délirantes, initiatiques ou nourricières, sur lesquelles des hommes tentent de survivre contre vents et marées. Belem : Le Temps des Naufrageurs (Album) de Jean-Yves Delitte Editeur : Chasse-Marée Prix : 13 € Le récit du dernier voyage du célèbre voilier long-courrier français, qui appareille de Nantes le 31 juillet 1896. Il fait escale à Montevideo, puis à Belém et revient finalement à son port de départ le 26 janvier 1897 après 46 jours d’une traversée difficile. Un ouvrage qui se lit comme une aventure aux multiples rebondissements, avec pour toile de fond le quotidien rude des matelots de la voile. Albatros de Kiley/Holmes Editeur : Phébus (17 septembre 1998) Collection : Phébus Libretto Prix : 10 € Un yacht pris dans la tempête... cinq passagers promis à la mort qui vont

se déchirer, pour aboutir à la survivance de deux d’entre eux, après avoir dérivé sur l’Océan pendant des jours. Une histoire de violence et d’horreur en raison des difficultés rencontrées mais aussi des caractères des naufragés Seule la Mer s’en Souviendra de Isabelle Autissier Editeur : Grasset & Fasquelle (3 juin 2009) Prix : 18 € En 1969, Peter March, un marin anglais, inventeur de systèmes électroniques pour voiliers, décide de participer à la première course autour du monde en solitaire et sans escale. Il entend ainsi prouver l’excellence de ses inventions. Peter est terrifié lorsqu’il découvre une grave avarie sur l’un des flotteurs du trimaran. Il décide alors de tricher, en faisant escale. Prix Amerigo Vespucci 2009. Ciel ! Mon Mari veut Naviguer... de Christine de Bonviller Editeur : Editions L’Ancre de Marine Prix : 20 € Lyonnaise d’ascendance ardéchoise, l’auteure se retrouve sur l’Echappée Belle avec son breton de mari et leurs enfants pour une croisière transatlantique. Son récit plein d’humour commence évidemment par la construction du voilier... La Petite Bibliothèque Maritime idéale de Stéphane Heuet Editeur : Arthaud; Collection : Beaux Livres Prix : 24 € Stéphane Heuel, né à Brest, a longtemps navigué avant de faire escale à terre pour se lancer dans l’adaptation en bande dessinée d’A la recherche du temps perdu de Proust (Delcourt). Les cinq premiers albums ont rencontré un franc succès. Tout en continuant à son pas cette oeuvre titanesque. Il écrit et dessine sa bibliothèque maritime idéale.

Amour de Plaisance de Jean Mauviel Editeur : Le Télégramme - Pêcheur d’images Collection : GUIDES Les différents sujets et thèmes préoccupant la vie du marin : faire son sac, les cartes et le GPS, le pavillon, la psychologie du bord, la nourriture, le mouillage, les soins à apporter au bateau, porter assistance, rester humble avec les éléments naturels, etc.

Léocadie, le Roman de la Grande Pêche de Serge Deschamps Editeur : Éditions des Falaises Prix : 18 € Léocadie est un trois-mâts goélette armé à Fécamp qui part en 1922 pour la brume des bancs de terre-Neuve. À l’issue d’une tempête d’anthologie, une partie des doris ne revient pas à bord. Leurs équipages vont aller au bout de leurs forces pour rallier la terre groenlandaise et pour y survivre. Pendant ce temps, le capitaine du Léocadie les cherche désespérément. Une magnifique histoire de voile, de corde et de mer glacée et, surtout, de solidarité marine.

…et les moussaillons La Princetta et le Capitaine D’Anne-Laure Bondoux Éditeur : Livre de Poche Jeunesse Prix : 6,50 € Pour échapper à un mariage arrangé avec le prince d’Andemark, Malva, 16 ans, héritière du trône de Galnicie, s’enfuit de nuit, avec la complicité de son précepteur l’Archonte. En s’embarquant sur les mers, elle finit par rencontrer le capitaine Orfeus McBott qui a fuit la Galnicie à la mort de son pirate de père. Un roman d’aventure passionnant qui ravira les passionnés d’aventure et de grand large. Un Chaton à la Mer ! de Ruth Brown Anne Krief (Traduction) Editeur : Gallimard-Jeunesse Prix : 12,50 € En 1838, bravant la tempête, Grace Darling, fille du gardien du phare de Longstone en Angleterre, sauva de la mort les passagers d’un navire en détresse. Parallèlement, Lizzie, une chatte, tente de sauver son chaton de la noyade. Une histoire de courage dans un phare au milieu de l’océan. Océans - Petites Histoires des Fonds Marins (livre et CD) de Stéphane Durand et Marc Boutavant Jacques Perrin (Narrateur) Editeur : Seuil Jeunesse (22 octobre 2009) Collection : Crea.Jeuness Prix : 18 € Minuscule et invisible comme une goutte d’eau dans l’océan, le jeune corail vagabondait par le vaste monde, émerveillé par mille splendeurs et risquant mille périls. Un jour, il eut envie de trouver un

endroit où se poser. Des contes pour plonger au cœur des océans à la rencontre de ses incroyables habitants, à lire ou à écouter ! Mon Encyclo de la Mer de Patrick Louisy Editeur : Milan Jeunesse Collection : Albumsnature Prix : 16 € Cette mini-encyclopédie présente plus de 150 photos d’animaux, d’activités et de paysages marins. Elle permet aux plus jeunes de découvrir la richesse des océans, à travers des textes simples et des photos spectaculaires, amusantes et étonnantes. Odyssée, Tome 1 : La Malédiction des Pierres Noires de Michel Honaker Editeur : Flammarion Prix : 5,70 € Il y a longtemps, bien trop longtemps maintenant, qu’Ulysse a quitté le rivage de son cher royaume d’Ithaque pour partir à la guerre. Pénélope et Télémaque espèrent chaque jour son retour. Mais le voyage n’est pas fini. Ainsi en ont décidé les Dieux... Depuis dix ans, la ville de Troie est assiégée par l’armée grecque. Elle compte parmi ses généraux le héros aux mille ruses, Ulysse. Le destin de tout un peuple repose entre ses mains. Mais pour l’accomplir ne devra-t-il pas renoncer à sa vie de simple mortel ?

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Les mots marins

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CABOTAGES.FR HORIZONTALEMENT I - Ceux-ci n’ont généralement pas une vie de caboteur II - Difficile à trouver dans presque tous les ports. Arrière-pays de la Camargue III - Pas nitouches, hautement explosives IV – Bateau de Tunis. À l’endroit, un plaisancier n’en n’est pas tout à fait un. V - Vieux filets. Tout sauf mécontent. VI - Pronom. Le raguage peut le faire. Petit têtu. VII - Cap au 180°. Ne se crée pas, se transforme. VIII - Un peu d’eau. Peut en contenir dix litres et vous sauver la vie. Presque au centre du monde. Les mêmes qu’en début de ligne, dans un ordre différent. IX - Archipel d’Asie coupé en deux par la guerre et sa toponymie. Le sel les conserve dans la cambuse. X - Pointe ou de marée. Arrière au ponton. Drôle de participe. XI- Ceux-ci sont anglais mais pas nautiques. L’alerte peut l’être par le canal 16. XII - Poussé dans le mauvais sens. Dessina ou prit la place. XIII- Prendre une mesure définitive pour ne pas faire saisir son bateau par autrui. Mais tu n’abuses pas forcément.

2010

80 ports

VERTICALEMENT 1 - Haubans raidis par un palan. Le sont par la voile ou la vapeur. 2 - Personnage biblique à qui l’on prête une méthode contraceptive. Fixa ensemble. 3 - Sans faille. On en prend quand ça forcit. En gousse. 4 - Au pluriel, ce cervidé lapon serait breton. Avec les coutumes. Cap au 360°, c’est pareil. 5 - Liberté ou moitié de position. Mis devant le vice, c’est une vertu. 6 - Suites totalement désordonnées. Trois fois la première. Les beaufs en font une injure. 7 - Ajoutez SM, vous êtes sauvés ! Agit pour le régime ou la censure. 8 - Bateau de cabotage, ou anagramme d’un combat. Avant «delà», c’est pour l’éternité. Naviguer finit comme ça. 9 - Mesure de sensibilité du temps de l’argentique. Toutes les écoles ne les interdisent pas. 10 – Comme les peintres, ils peuvent être de marine. Se bouge. 11 - Partie de l’autre côté du port. Petits cordages. 12 - Gourou des extraterrestres. Met en pratique l’exemple du personnage de 2. 13 - Chaînes servant à supporter les basses vergues ou filins qui relient le parachute au harnais. Mer anglaise démontée. SOLUTIONS DES JEUX SUR WWW.CABOTAGES.FR

Le premier guide du

nautourisme et de la plaisance côtière en Méditerranée



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