Le delta du Rhône

Page 1

S I X M I L L E S E N M E R , Q UAT R E PA S À T E R R E

De

n

natio i t s

UE

S ARLE A NTIQ

e n ô h R u d a t Le del SAINTES-MARIES-DE-LA-MER • PORT-ST-LOUIS-DU-RHÔNE PORT NAPOLÉON • PORT-DE-BOUC • MARTIGUES

gratuit


[

au

qu’ s u j n o ongati

Prol

2

1 1 0 2 r janvie

[

CÉSAR

le Rhône pour mémoire Buste de Jules César, marbre Ier siècle avant J.-C. (fouille L. Long, DRASSM) / Musée départemental Arles antique © J.-L. Maby

20 ANS DE FOUILLES DANS LE FLEUVE À ARLES

M U S É E D É PA R T E M E N TA L A R L E S A N T I Q U E 24 OCTOBRE 2009 / 19 SEPTEMBRE 2010 Presqu’île du cirque romain 13200 Arles 04 90 18 88 88 - arles-antique.cg13.fr Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la culture et de la communication / Direction des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat.

cg13.fr


Quatre ans c’est court ! Seulement trois numéros avant que ce petit dernier soit déposé dans les capitaineries, les offices de tourisme et chez les shipchandlers partenaires. Quel média peut se vanter de s’être installé dans le paysage en trois parutions ? Et pourtant, cette quatrième “saison” était attendue de pied ferme par ceux qui nous diffusent et ceux qui nous lisent. Quel plus beau compliment que d’entendre « alors, il sort quand, Cabotages ? » Cet objet bizarre, mi-guide-mi-mag’, entre le Bloc Marine, le Michelin et la presse nautique a simplement comblé la brèche qui existait entre ceux qui ne voyaient dans les plaisanciers que des fanatiques du saute-vagues à voile ou à moteur et les autres qui les prenaient pour des touristes ordinaires. Le “nautourisme” est une réalité depuis que l’on navigue pour son plaisir, c’est maintenant un concept éditorial.

Quatre ans, c’est long ! Déjà quatre numéros. Quelle évolution d’une saison à l’autre ! Plus de ports, plus de pages, plus de contenus. Ceux qui nous suivent depuis nos débuts le savent, ceux qui nous prennent en route le voient : « pour un gratuit, ils se fichent pas de nous ! », second compliment qui nous va droit au cœur. Gratuit ? Financé par la publicité n’est pas tout à fait le mot exact. Il y a, certes, des entreprises du nautisme de plus en plus nombreuses qui comprennent que nous touchons le cœur de cible de ceux qui naviguent mais il y a aussi nos sponsors que sont les collectivités locales partenaires, les villes portuaires qui partagent avec nous le souci de faire sortir plus souvent les bateaux, d’aller voir dans le port d’à côté, de venir chez elles. Et nos lecteurs qui ne nous achètent pas mais nous cherchent et nous lisent d’escale en escale. Bientôt sur web-mobile ! L’été en bateau est un moment privilégié pour la lecture. Nous resterons toujours un média “papier” qu’on emporte dans son

Baie d’Aigues-Mortes

De Saint-Loup à Saint-Clair

Adminsitration, service commercial : direction@cabotages.fr Alain Pasquet, directeur de publication, directeur commercial Julia Chaine, secrétariat commercial et web : contact@cabotages.fr Thierry Dutto, partenariat publicité Méditerranée : thierrydutto@cabotages.fr Patrick Faure, partenariat publicité Provence Côte d’Azur : contact@cabotages.fr

Alain Pasquet

Julia Chaine

Thierry Dutto

Patrick Faure

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 3

Alain Pasquet, Christophe Naigeon

80 PORTS, 10 BASSINS DE NAVIGATION

Delta du Rhône De Couronne à Croisette De Croisette à Sicié

Entre mer et étangs

Pyrénées-sur-Mer

sac marin, qu’on lit dans le soleil du cockpit. Depuis un an, nos articles pouvaient se retrouver sur www.cabotages.fr. Mais désormais l’Internet “classique” est un outil spécifique de préparation des croisières côtières : on y trouve non seulement un accès facile à toutes les escales mais, grâce à une application cartographique et météorologique, chacun pourra trouver les moments les plus opportuns et les escales les plus faciles en fonction de la force du vent, de l’état de la mer et du bateau qu’on a. Et, dernière nouveauté pour votre mobilité en avant-première mondiale, une application pour LES TÉLÉPHONES PORTABLES avec accès au web. Partout où votre téléphone “passe”, vous pourrez bientôt faire votre programme de navigation en temps réel et avoir un point de vue unique sur la Méditerranée. Bonne saison de navigation et rendez-vous en décembre au salon Nautic de Paris pour un grand événement signé Cabotages.

Toulon grande rade

La côte des Maures De Giens au Cap Nègre

Tout au long de votre navigation estivale, demandez nos 10 éditions gratuites dans les capitaineries, les offices de tourisme et chez les shipchandlers partenaires, à chacune de vos escales. Préparez aussi des croisières plus lointaines dans nos rubriques “destinations”, en Corse, aux Baléares, à Malte ou, plus simplement sur les canaux du Sud de la France. Si votre route ne vous mène pas des Pyrénées à l’Estérel, commandez l’intégrale des éditions de 2010 sur www.laboutiquedecabotages.fr (conditionnement et transport : 19, 35 €). Cabotages est édité par Bastaque Éditions 16 rue Garenne, 34200 Sète Tél : 04 67 17 14 30 Fax : 04 67 17 14 32

e b

Rédaction : redaction@cabotages.fr Christophe Naigeon, directeur de la rédaction, rédacteur en chef Emma Chazelles, rédactrice navigatrice Guy Brevet, rédacteur navigateur Claude Roger, rédacteur navigateur Ont collaboré à ce numéro : Sandrine Mazziotta, Marilyn Beaufour, Hélène Petit, Jeanne Chemin

bastaque editions

Christophe Naigeon

Emma Chazelles

Claude Roger

Guy Brevet

Fabrication, iconographie Emmanuelle Grimaud, maquette, infographie : studio@cabotages.fr Michel Léo Ménella, illustrateur Site web www.cabotages.fr Claude Depretz, webmaster www.cabotages.fr : claude@cabotages.fr Imprimerie : Tugrupografico - Espagne Encre : SunChemical Certified ISSN : en cours - Dépôt légal Juin 2010

Emmanuelle Grimaud

Michel Léo Ménella

Claude Despretz


C

’est une navigation de contrastes qui prévaut dans ce bassin, comme lorsque l’on passe du noir au blanc, du bruit au silence, de l’ombre à la lumière, quelque soit le sens de navigation l’impression est perceptible. En faisant route à l’Est, passé le sémaphore de l’Espiguette on laisse derrière soi la côte urbanisée dans les années soixante pour la plus grande joie du tourisme de masse et de la plaisance pour tous. Aussitôt le vide s’installe… plus personne. Le seul béton est celui des épis de pierre qui tentent d’enrayer l’inexorable disparition des plages de Camargue. Des dunes de faible hauteur avec leur maigre végétation, des plages étroites, des bouquets d’arbres de loin en loin et quelques rares cahutes se succèdent au long des milles parcourus. Puis, dans le lointain, surgit un amer vertical blanc ou jaune selon la lumière : le clocher des SaintesMaries-de-la-Mer. Bientôt c’est tout le village qui sort de sous l’horizon dans une même bande de couleur sable. À la fin de la traversée du golfe des Saintes-Maries apparaît le phare de Bauduc à la pointe du même nom. Attention, on est prié de l’arrondir large à cause des bancs de sable qui ne tiennent pas en place. Quelques milles plus loin, c’est celui de Faraman, rayé noir et blanc tel un sucre d’orge. Au loin, derrière un plat ruban de verdure s’annoncent des mâts, pylônes et imposantes masses cubiques décorées de panaches de fumée qui fleurent bon le tissu industriel… C’est le complexe sidérurgique de Fos et Port-Saint-Louis-du-Rhône.  Adieu la solitude et les paisibles espaces naturels, on passe l’embouchure du Grand Rhône et ses eaux limoneuses (attention, autres bancs de sable nomades !) et voila le Golfe de Fos avec, en face, les quatre énormes cheminées rayées rouges et blanches de la centrale électrique de Lavera et, sur sa droite, le Cap Couronne. Mais, pour l’atteindre il faut affronter la fréquentation de supertankers, vraquiers, méthaniers et

28

ion Destinat ône Rh Canal du

Beaucaire

Arles

e n ô h R u d a t l e d e L

Les Saintes-Maries-de-la-Mer LA CAMARGUE

POINTE DE BEAUDUC autres citernes gorgées de produits chimiques, sous nombre de pavillons et port d’attaches exotiques, à l’arrêt sur ancre ou en mouvement dans le rail. Prudence et circonspection avec ces monstres prioritaires… À gauche ou à droite du chenal des “gros”, vous pouvez naviguer en toute sécurité dans le golfe de Fos, faire le détour par Port-Saint-Louisdu-Rhône, Port-de-Bouc, Martigues et pousser l’aventure vers l’étang de Berre.

Sommaire

Naviguer en Méditerranée Les ports : nouveaux rôles ? La sécurité selon d’Aboville Météo : qu’est-ce qui est utile ? Transportables, la solution ? Les sémaphores veillent Tortues et requins Rando palmée : conseils d’un pro Redoutables oiseaux pêcheurs Peintres officiels de la marine Bibliothèque de bord

p.30 p.32 p.34 p.36 p.38 p.40 p.42 p.44 p.46 p.48 p.50

4 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


ion Destinat ue tiq Arles An

6

Port Napoléon

8

Les-Stes-Maries-de-la-Mer

19

10 LA CRAU

Miramas

Port-St-Louis-du-Rhône

12

Saint-Chamas Istres ÉTANG DE BERRE

Port Saint-Louis du-Rhône

Martigues Port-de-Bouc

GOLFE DE FOS

Port Napoléon

Port-de-Bouc

14

Matigues L’étang de Berre

16

Carro BOUÉES DE ROUSTAN

CAP COURONNE

18

Carro www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 5


Les Saintes-Maries-de-la-Mer

Escales

L’église des Saintes, un amer, un centre et une vigie

Jamais le terme de “trait de côte” n’a été aussi bien porté qu’en Camargue. Sur cette horizontale monotone, l’église des Saintes Maries s’élève tel un mirage de cathédrale.

V

Port Gardian

ous avez passé les phares de Beauduc ou de l’Espiguette depuis longtemps. L’église des Saintes est votre seul amer, posé sur la ligne d’horizon, puis, se rapprochant, sur un village blanc et bas. Quant au Petit Rhône qu’en venant de l’ouest vous guettez pour éviter les bancs de sable de son embouchure, vous en percevrez la présence avant de le voir, caché dans la végétation : la couleur de l’eau change, les remous freinent ou accélèrent votre marche. De l’est, foncez sur l’église et peu avant les bouées qui délimitent la plage de ville, virez sur bâbord vers l’entrée du port. Un instant plus tôt, vous aurez vu à droite un bâtiment blanc en tronçon de cylindre, les arènes, élément fondamental de l’identité saintoise. BLANCHES ET NOIRE Toros, chevaux, abrivados, flamands roses, pèlerinages, gitans… les Saintes sont riches en clichés, mais pour nous, elles sont le genre d’étape où « plus je reste, plus j’ai envie de rester ». D’autant plus que port Gardian est un modèle du genre pour son accueil et ses installations. Pièce centrale du paysage, de l’histoire, de la culture, des rituels religieux camarguais, marqueur pour tous ceux qui, pèlerins ou navigateurs, se perdraient dans ce monde plat et humide, l’église renvoie à la

longue histoire – légende ? – fondatrice de la localité : les trois “Marie” – Madeleine, Jacobé et Salomé (voir l’encadré). Au VIe siècle est attestée la présence d’une chapelle construite à l’emplacement d’un autel de terre que les deux Maries auraient dressé. C’est à la fin du XIIe siècle que l’on situe le début de la construction de la nouvelle église, de type de l’architecture romane provençale, dont la fortification est renforcée à la fin du XIVe siècle.

Terre isolée, hameau du bout du monde, soumis aux vents, aux flots, aux moustiques, aux fièvres des marais qu’on appelait pas encore le paludisme, aux maigres

récoltes permises par les terres salées, la pêche y tenait traditionnellement une place essentielle, complétée par la chasse. L’industrie du sel y constituait aussi au Moyen Age une source de revenus importante. Plus tard, taureaux noirs et chevaux blancs semblant y survivre, leur élevage s’est imposé. Attirant depuis toujours les pèlerins, et, depuis le début du siècle, les touristes, les Saintes-Maries-de-la-Mer ont connu un destin extraordinaire. Du large, vous le sentirez toujours : quelque chose attire vers les Saintes. Guy Brevet et Jeanne Chemin

L’AVANT PORT D’ARLES Notre Dame de la Mer, Ville de la Mer, Commune de la Mer, les Maries, les Deux Maries de la Mer, les Trois Maries… avant de s’appeler les Saintes-Maries-dela-Mer en 1838, la commune fut dénommée, dans les documents officiels ou par l’usage populaire, sous divers vocables. Sachez, quand vous passerez les amarres à Port Gardian que vous êtes là dans l’ancien avant-port de la ville d’Arles (voir en pages suivantes)… au IVe siècle avant JC. L’importance stratégique de la Ville de la Mer, mais aussi l’attachement que les comtes de Provence vouaient à ce lieu, objet d’une pieuse vénération, expliquent que ceux-ci témoignèrent constamment protection et ­sollicitude à l’égard d’une communauté isolée, pauvre, asservie à une nature souvent rude.

L’histoire des trois Maries Voici l’histoire des Maries et de Sara : Marie Jacobé, soeur de ­Marie Madeleine, est la tante de Jésus. Marie Salomé, épouse d’un pêcheur, est la mère des apôtres Jean et Jacques. L’histoire raconte que les trois “Marie” Madeleine, Jacobé et Salomé, ainsi que quelques proches chassés de Jérusalem par les romains, furent capturés par des infidèles et jetés à Jaffa dans un bateau sans voiles et sans rames. Après une longue dérive en Méditerranée, elles se seraient échouées en Camargue. Les rescapés se dispersent : Maximin et Lazare, partent vers Aix et Marseille dont ils deviennent les premiers évêques, Marie Madeleine part pour Marseille puis la Sainte Baume, Marthe pour Tarascon. Marie Jacobé et Marie Salomé, trop âgées, restent sur place, avec leur servante Sara. Elles construisent un oratoire qui deviendra plus tard l’église des Saintes Maries. Sara patronne des gens du voyage est la “femme à la peau noire” qui, dans la tradition gitane, guida leur migration des pays de l’est vers la mer. Les reliques, retrouvées et identifiées en 1498, sont à l’origine de cette vénération et de cette fête religieuse. La première journée, le 24 mai, est avec la descente des chasses contenant les reliques des deux saintes, une procession dans les rues avec Sara, alors que lors de la seconde journée, c’est au tour de la barque des deux Maries d’être conduite jusqu’à la mer. Les châsses sont ensuite remontées au sommet de l’église au dessus du chœur par des poulies.

6 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


4

Le Conseil général

pas à terre

des Bouches-du-Rhône agit au quotidien pour la protection et

Pourquoi pas le cheval ?

L

es Saintes peuvent rebuter par son côté surfait de village touristique, ses rues commerçantes et ses produits “typiques”, toutes choses qu’il faut savoir dépasser pour approcher un peu l’identité - soigneusement cultivée des Saintois(es). L’église est l’amer et le centre, mais aussi la vigie : la terrasse offre une vue sur le village, la lande et les marias, la mer. Autre incontournable : le musée Baroncelli. Si vous voulez sortir de la ville, plusieurs balades sont à faire à partir des Saintes, à pied, à cheval et à vélo (deux loueurs), en direction de sites du Parc Naturel Régional de Camargue (Mas de Pin Fourcat, parc ornithologique de Pont de Gau…) ou encore vers des manades non loin du village. Pour gagner du temps, l’office de tourisme reste votre meilleur interlocuteur pour les directions à prendre, les temps et distances (pas loin des arènes). 4˚ 25,25'E Étang des launes

25,40'

anet

G

F

E

plongée et la Prud’homie de pêche

Mairie

4˚ 25,75'E Plage

Arènes

‹ Diffusion d’outils de communication

Adresses

25,90'

spécifiques

‹ Conception de sentiers découverte

43˚27'N 2,6

Plage

terrestres

• Optimisation de la qualité environnementale

3

1,2 e Es t

O

26,90' 4,2

Digu

Accueil

Digue Ouest

‹ Mouillages écologiques pour les plongeurs ‹ charte de partenariat avec les clubs de

Plage

M P

2,8

GOLFE DES SAINTES-MARIES FI.G.2,5s8m2M

4,4

Bal.r.

5

3 FI.R.4s8m7M

32

Services Maritimes Capitainerie 25,40' Rue Théodore Aubanel 04 90 97 85 87 Services Touristiques Office de Tourisme

4˚ 25,25'E

et de leur environnement marin (baie de La Ciotat) :

K

2,5

43˚26,75'N

• Plan de gestion global de l’Ile Verte, du Mugel

D

I 2,5 H

e

du milieu marin

Épi Est

2,5

J

26,90' P lag

25,60' Avenue Van Gogh

dore Aub

éo Rue Th

Maison du Port

43˚27'N

4˚ 25,50'E

la valorisation

0

300 m

6

5 av Van Gogh 04 90 97 82 25,60' 55 Mairie Av de la République 04 90 97 80 05

4˚ 25,50'E

La Poste 25,75'E 44˚av Loén Gambetta25,90' 04 90 97 96 00 Urgences bloc marine 2009 © Gendarmerie Nationale 3 av Arles 04 90 97 80 04

Police Municipale Av Van Gogh 04 90 97 89 50 Hôpitaux les plus proches Hôpital de Nîmes 04 66 02 25 02 CHU à St Gilles 04 66 58 30 20 CHU d’Arles 04 90 96 38 19

des 8 ports départementaux : équipements portuaires, intégration paysagère, soutien à la pêche professionnelle…

• Soutien technique et financier : ‹ aux structures de concertation ou de gestion (GIPREB, Parc marin de la Côte Bleue, GIP des Calanques, Parc Naturel Régional de Camargue …)

La liste des médecins, dentistes et pharmaciens de garde est disponible au commissariat de police. Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr

‹ aux associations de protection et d’éducation à l’environnement

Péchés capitaux Autour de la tradition i saisi par l’ambiance taurine de cet écrin de la culture camarguaise vous décidez d’accorder votre look à cette nouvelle passion, la boutique Tout pour le Gardian, rue Victor Hugo, sera votre sésame… Et, avant d’aller aux arènes, passez acheter au moins un coussin de gradin chez Maria y Maria. Pour les péchés de gourmandise, le restaurant Casa Romana, rue Roumanille, est une excellente adresse où le chef est de réel talent et les produits d’une qualité irréprochable. Tout près du port, le Jardin des Délices est un restaurant de poissons et co-

quillages fréquentable ainsi que, dans le même registre, Le Chalut, avenue Frédéric Mistral. On peut recommander aussi Le brûleur de Loup avenue Léon Gambetta (derrière la mairie). Pour boire un verre ou manger en écoutant de la musique, deux bonnes adresses : rue Victor Hugo, El Campo, restaurant avec patio couvert donnant sur l’avenue et le café-pub-pizzéria La Bodega, bar et salle agréable et terrasse arborée fort plaisante aux beaux jours. Nous prenons nos petits déjeuners au Bar des Poètes et de bonnes salades juste à côté, chez Fanneù, ambiance familiale.

nécessaires pour sensibiliser et porter à connaissance, voire d’aide à la décision :

‹ Inventaire départemental des macrodéchets sur le littoral des Bouches-du-Rhône

‹ Etude de l’évolution du trait de côte du littoral des Bouches-du-Rhône au regard de l’érosion marine. © scorsonelli

S

• La diffusion d’études départementales

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 7 cg13.fr


Port Napoléon

Tous les services au fond du golfe de Fos V

Port Napoléon

ous avez choisi de pousser vers le fond du golfe de Fos et vous avez raison. Vous allez perdre quelques préjugés. Après avoir tourné bien large autour des bouées du Rhône (en hiver, en plus des bancs de sable, attention aux troncs d’arbre charriés par le fleuve), restez bien sagement dans le couloir de navigation occidental entre la côte (ne pas la serrer de près) et le chenal des navires de commerce. Là, bien à l’abri dans la zone des “petits” où vous croiserez quelques chalutiers suivis de leurs nuées de gabians, vous entrez dans un univers que les croiseurs connaissent mal. C’est dommage, car il gagne à être connu ce curieux mélange-cohabitation de la nature la plus sauvage et de l’industrie la plus lourde dans lequel se glisse modestement l’homme avec ses cabanons, ses guinguettes et ses barques plates. RESPECTEZ LES CHENAUX En piquant Nord-Est après la bouée de Roustan Est, vous allez parcourir presque cinq milles le long de la plage Napoléon, faite des sables très fins charriés par le fleuve et domaine du char à voile et des sports de glisse. En arrivant dans la “poche” que constitue le fond du golfe, un choix s’offre à vous. Soit vous

traversez le chenal en incurvant votre trajectoire vers l’Est et faites route vers Port-de-Bouc, Martigues et l’étang de Berre (voir en pages suivantes), soit vous contournez la pointe du They de la Gracieuse et repartez plein Ouest. Encore une fois attention ! Ne serrez pas la côte. Faites bien le tour des bouées cardinales GE et GN et restez dans les chenaux de navigation balisés. Sur bâbord, s’ouvre une petite baie. C’est un bon mouillage par vents d’Ouest, Sud et Est si votre charrue croche bien dans les fonds limoneux. Gardez un œil prudent sur le sondeur et, si possible, ayez un(e) équipier(e) à l’avant car il y a ici un phénomène qu’on ne trouve pas le long des plages : il y a de petites «falaises» de sable sousmarines qui font de brusques trottoirs sur lesquels on se plante comme sur des rochers (moins de dégâts toutefois…). Regardez la carte des fonds, on passe de 6 m à 1 m sur la longueur d’un bateau. DANS UN AUTRE MONDE Deux milles après la pointe, vous arrivez dans l’alignement parfait d’une digue de près d’un mille (digue Saint-Louis, évidemment). Si vous laissez le feu rouge sur votre bâbord, vous vous engagez vers Port Saint-Louis-du-Rhône.

Si, un demi-mille avant le musoir vous virez de 15° environ vers le sud vous pouvez vous engager entre les bouées rouges et vertes qui balisent l’étroit chenal vers Port Napoléon. Et là, vous allez comprendre ce qu’on vous a dit dans les lignes précédentes et que vous n’avez peut-être pas cru : à quelques mètres de chacun de vos bords, des pêcheurs à pied ont de l’eau jusqu’aux cuisses, sont assis parfois même sur des pliants, et leurs fils plongent là où votre

Escales

coque glisse tranquillement sans alarme de sondeur. Étonnant et un peu inquiétant. Mais pas de souci, quand vous verrez la taille des bateaux dans Port Napoléon, vous comprendrez aussi que votre mouille-cul préféré n’avait rien à craindre pourvu qu’il suive le droit chemin. Vous y êtes. Un abri qui protège de tout sauf du vent. Et aussi une réalisation dont beaucoup de ports pourraient s’inpirer (on pense à Sète, à Port-la-Nouvelle et à d’autres qui ont d’importantes friches industrielles et un large hinterland). Une occasion que Port Saint-Louis-du-Rhône a su saisir : des terrains plats à réaménager, des chenaux sécurisés, des autorités locales motivées, des programmes européens d’aide à la réhabilitation économique... tout y était pour que ça réussisse. ZONE TECHNIQUE UNIQUE L’idée est venue du Nord de l’Europe, des migrateurs saisonniers qui savent ce que beau temps veut dire. Quitter Londres, Amsterdam ou Bruxelles et être quelques heures après sur la belle bleue, le rêve devenait possible : un coup de fil et le bateau est mis à l’eau. Des outils de levage peuvent manipuler de très grosses unités, y compris les plus grands catamarans.

8 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Chantier Naval – Port Napoléon Des travaux à faire ? Tous les corps de métier sont là pour faire le travail pendant l’hiver. Une restauration importante ? Des hangars immenses et surveillés, la possibilité d’entreprendre un chantier de plusieurs années s’il le faut. Sur place, on peut manger et dormir dans des petits bungalows simples et pas chers, ou

dans son camping car. Le chantier a le label «port propre», on s’y promène en vélo ou en voiture électrique. Port à sec et port à flot, c’est aussi un lieu de vente et d’achat de bateaux neufs et d’occasion, bureau d’expertise à l’appui. Christophe Naigeon

C h a n t ier Naval S h ipyard

“Une gamme complète de services techniques dédiés à votre bateau, de sa préparation, à son entretien, sa customisation, jusqu'à son hivernage"

4

pas à terre

Visiter les “theys”

A

Péchés capitaux

P

de la Gracieuse). Attention : n’oubliez jamais une bonne crème anti-moustiques, ces insectes font partie de ce riche écosystème !

Electricité - Electronique Gréement - Sellerie - Carénage Antifouling - Mécanique Electricity - Electronic - Rigging Saddlery - Antifouling - Mecanic Insurance work

Régime flamand

ort Napoléon n’offre pas beaucoup de distractions. Pour cela, mieux vaut se faire conduire vers Port Saint-Louis-duRhône. Sinon, vous pouvez voyager sans bouger en passant la soirée au restaurant de la zone technique, dans le bâtiment de la capitainerie, le Lighthouse bar restaurant cosmopolite, utile pour pratiquer les langues étrangères. Wallons, Flamands,

Bataves, Germains, Angles, Saxons et certainement quelques Vikings, toutes les tribus d’Europe du Nord sont là. Les patrons et cuisiniers sont sympas, la carte fait voyager loin de la Méditerranée vers la Baltique et la Mer du Nord, pendant la Happy Hour très animée la bière coule à flots. Pour le régime, le Lighthouse n’est pas light…

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 9

MMarine

Chantier Naval – Shipyard

Port Napoléon – 13230 Port Saint Louis du Rhône Fax +33 (0)4 42 48 51 21 – info@mmarine.fr

www.mmarine.fr

u sud de Port Napoléon, le morceau de terre qui constitue la rive gauche du Rhône est un immense banc de sable couvert de végétation de terres salées, de vases qui se craquèlent aux périodes de sécheresse, les sansouires. On y trouve la salicorne à gros épis qui abrite essentiellement des oiseaux mais où la faune est assez pauvre. En revanche, dans les zones où l’eau est plus douce, qu’on appelle des enganes, on trouve la salicorne ligneuse, l’arroche pourprière, l’inule et la saladelle. La faune est plus riche : fauvettes, alouettes, bergeronnettes… et, bien sûr, partout, les échassiers et les oiseaux pêcheurs, de terre et de mer. De belles pistes cyclables permettent d’aller jusqu’à la plage Napoléon et de poursuivre vers les zones sauvages que les voitures ne peuvent atteindre. À droite (Ouest) c’est l’embouchure du Rhône (They de Roustan), à gauche, c’est la pointe qui mène presque au milieu du golfe de Fos (They


Port-Saint-Louis-du-Rhône

L’escale bon enfant où se marient les eaux

Escales

L’embouchure du Rhône n’est pas navigable. Sauf avec un bateau à fond plat, il n’est pas possible de passer de la mer au fleuve. Passez donc au large et ne vous fiez pas à votre navigation de l’an dernier : les bancs de sable changent de place sans arrêt.

A

Port-Saint-Louis-du-Rhône

vant que ne soit “shuntée” la partie basse du Rhône par le creusement d’un canal et la construction d’une écluse qui permette de passer du golfe de Fos au fleuve, le trafic ne pouvait être que saisonnier et toujours difficile (voir les pages suivantes). Port-Saint-Louis-du-Rhône  est né en 1871 du mariage des eaux douces et salées rendu possible par le creusement du canal Saint-Louis. L’écluse passée, les péniches  peuvent  transborder leur chargement dans les eaux calmes du grand bassin. Mais ce n’est pas un fleuve tranquille… DÉJÀ L’IMPÔT INTEMPÉRIES La naissance de Port-Saint-Louisdu-Rhône est marquée par une calamité. Hiver 1711 : la crue est si importante que le Rhône change de lit ! Il déménage sur 25 km, entre Chamone et la mer. Les riverains, dont les biens se trouvent sur le nouveau parcours, perdent tout. Le Conseil du Roi, qui souhaite les indemniser, cherche de l’argent. Il crée un impôt ad hoc : à partir de 1723 le Lyonnais, le Dauphiné, le Languedoc et la Provence doivent payer une taxe sur le transport du sel par les voies navigables. Ce péage sert aussi à financer l’endiguement du nouveau bras du fleuve, et, en 1737, la construction de la tour Saint-Louis près d’une chapelle dédiée au bon roi que l’Évêché vient de consacrer. À l’embouchure du Rhône, cette tour a

Premier pas vers le renouveau, le bassin central, presque vide de bateaux de commerce, devient un beau port de plaisance en 1992. Profitant de espaces vacants, s’installent chantiers nautiques et ports à sec (voir pages suivantes). RETOUR DES BEAUX JOURS

trois vocations : phare, poste de douane et protection contre les pillards. Elle s’arme de deux ou trois canons gardés par quelques hommes invalides. À l’abri de sa présence rassurante, des pêcheurs construisent des cabanes. Vient la Révolution. En 1789, les Provençaux la débaptisent et la nomment Tour des Embouchures, puis tour Monnaidière du nom des révolutionnaires d’Arles, les Monnaidiers, qui se réunissent rue de la Monnaie. La tour récupère son nom d’origine après la révolution. Le Génie militaire l’occupe avant de céder la place aux Ponts et Chaussées. LA MALARIA, UNE PLAIE En 1802, Napoléon Bonaparte décrète la construction du canal d’Arles. Les travaux durent 70 ans ! À cette époque, il n’y a là que des marécages infestés de moustiques. La malaria décime les équipes d’ouvriers de ce gigantesque chantier. Ce qui n’empêche pas Napoléon III de lancer le creu-

sement du canal Saint-Louis. Destiné à permettre l’échange des bateaux jusqu’à 6 m de tirant d’eau entre le golfe de Fos et les eaux douces navigables, il comprend un canal de 50 m de large, un bassin de 6 ha et une écluse de 160 m de long sur 22 m de large. Premier coup de pioche en 1864. En 1871 l’ouvrage est ouvert à la circulation mais le chantier dure encore trois ans. L’installation de la Compagnie Générale de Navigation en 1880 lance le port. La ligne de chemin de fer Arles – Port Saint-Louis, mise en service en 1887, fait affluer les industriels. La commune, à cheval sur Arles et Fos, devient indépendante en 1904. Suit un demisiècle d’essor dont l’apogée se situe dans les années 1960. Mais au début des années 70, quand l’état décide de créer le complexe portuaire et industriel de Fos, commence le déclin de Port Saint-Louis, comme en témoignent aujourd’hui les nombreuses friches industrielles, vestiges de l’âge d’or.

Les beaux jours sont en train de revenir. Le développement de la plaisance a redonné de l’intérêt à ce site très protégé, aux immenses espaces en train de s’équiper et disposant d’une importante main d’œuvre. Les risques de réchauffement climatique relancent aujourd’hui le fret fluvial. Une seule péniche peut représenter jusqu’à 200 camions ! Il y a fort à parier que Port  Saint-Louis-du-Rhône  retrouve un jour son lustre d’antan. Et, pourvu qu’on parvienne à résoudre la question des moustiques sans pour autant menacer l’écosystème, le tourisme pourrait bien être la troisième voie : la Camargue, ses plages, ses étangs, ses chevaux et ses oiseaux sont à deux pas. Les aménagements autour du grand bassin sont plutôt réussis. Mérite le détour, comme on dit… Et la tour ? Depuis 1973, la commune gère ce monument emblématique. Restaurée, elle est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 1942. Elle abrite désormais l’office de tourisme. Christophe Naigeon

10 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


4

pas à terre

Une ville sans chichis

P

ort Saint-Louis-du-Rhône a du charme. Sa situation, entre un immense bassin en train d’être aménagé avec un goût certain et les rives du Rhône en font un lieu de promenade agréable (voir l’Office de tourisme dans la tour). Les jours de marché (mercredi matin), toute la rue principale (avenue du Port) est bouchée et envahie par des étals qui n’ont rien de fabriqué pour les touristes comme les «marchés de Provence» qu’on trouve souvent plus à l’est… De la fripe de déballage, des produits de terroir, des trucs de camelots qui font forcément des miracles à prix imbattable. Le rayon d’action de la promenade est un peu court avant d’arriver aux immeubles récents, mais il fait bon flâner dans cette ville cosmopolite au caractère bien trempé. Autre idée, longez la rive nord (côté ville) du Services Martimes Capitainerie Quai du Commandant Favier - Bassin central 04 42 86 39 11 Port Napoléon Presqu’île du Mazet 04 42 48 41 21 Douanes 04 42 11 71 50 Port-Saint-Louis Société Nautique Anse de Carteau 04 42 86 14 42 SNSM Port-Saint-Louis 04 94 61 71 10 CNR Ecluse Port-Saint-Louis 04 42 86 02 04 Services Touristiques Office de Tourisme Tour St Louis Quai Bonnarel 04 42 86 01 21

Mairie 04 42 86 90 00 Av Gabriel Péri BP 142 La Poste 04 42 11 71 60 22 av du Port Urgences Commissariat de Police 33 av de la République 04 92 86 50 21 Autres Services Pharmacies Pharmacie du Stade 04 42 86 00 39 Pharmacie du Port 04 42 86 09 68 Pharmacie St Louis 04 42 86 12 23 Dentistes 04 42 86 06 06 04 42 86 18 10

chenal qui va du bassin à la mer. C’est un sentier de mémoire industrielle. Sur l’autre rive, au bout, des cabanons de plage et un petit bistrot bien comme on les aime, sans chichis. Si vous avez un vélo, il y a 14 km de pistes !

Médecins Cabinets Médicaux 04 42 48 40 50 04 42 86 07 36 04 42 48 56 07 04 42 48 40 11 04 42 86 05 86 Ambulances 04 42 48 00 62 04 42 06 83 89 04 42 49 79 79 Transports Taxi 04 42 48 42 99 06 75 22 16 66 06 60 83 17 62 Le Bac de Barcarin géré par le Syndicat Mixte des Traversées du Delta du Rhône . Tarif pour les voitures, camions, caravanes 4€50 le passage

Adresses

Tarif pour les motos de plus de 500cc, 3€ le passage Gratuité pour les SaintLouisiens et Saliniers Location de voiture Saint Louis Services 06 23 13 63 76 Avitaillement Se ravitailler Intermarché 2 av République 04 42 86 23 66 Tily Distribution zac la Malebarge 2 esplanade Paix 04 42 86 52 00

Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr

Péchés capitaux Grand choix de simplicité

P

ort Saint-Louis-du-Rhône n’est pas une ville de luxe ni de luxure. Vous n’y craindrez pas d’y commettre le péché d’envie tant les tentations sont peu nombreuses. En revanche, aller en enfer par gourmandise, c’est possible ! Il y a plein d’endroits très simples ou le classique moules-frites est à recommander, notamment à l’entracte, au bord du bassin du port (attention, prenez de l’anti-moustique – “5x5 tropical” –, ils ­attaquent fort dès le coucher du soleil !). Plus gastronomique, nous recommandons le Passe-Port, ancienne capitainerie près du pont mobile où tout est grillé au feu de bois au premier étage et où, l’été, on mange au bord du quai. Ou encore, à l’autre bout de la ville (à 5 minutes à pied) dans la rue du Port, vous trouverez Le Cambodge, plus exotique, pas cher et

excellent, ou, plus central, le Brasero qui fait aussi de bonnes pizzas au feu de bois. Le Quai Ouest, entre Rhône et bassin de plaisance est aussi un lieu très prisé que nous aimons bien fréquenter. Évitez ­seulement le resto en arrière de la capitainerie de plaisance…

Restaurant le Passe-Port

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 11


Port-de-Bouc

Un point stratégique qui mérite un détour

Escales

À l’entrée du canal de Caronte qui mène à Martigues et à l’étang de Berre, Port-de-Bouc n’a pas une réputation à la hauteur du charme de son centre-ville. Il est vrai que l’environnement n’a rien de la nature sauvage, mais il y a là un îlot de vie bien sympathique.

S

Port-de-Bouc

i vous venez de la Côte bleue, vous n’aurez pas à traverser le “rail” des cargos. Après le cap Couronne, il vous suffira de tourner autour des bouées de Carro ou de passer à l’intérieur, mais pas trop près des dalles de rochers qui se trouvent là et lèvent une jolie houle en cas de vent d’Ouest à la plus grande joie des planchistes et autre kitesurfers qui pullulent ici. Passée Arnette, un cap presque au Nord (autour de 340°) vous fera longer la côte Est du golfe de Fos, totalement différente de la rive d’en face : un massif calcaire pelé où s’accroche une végétation pour le moins méritante quant on sait combien la terre est ici rare et le vent violent. C’est ce qu’on appelle les “garrigues en peau de léopard” où le chêne vert est en train de disparaître, le pin d’Alep et l’olivier de se maintenir malgré les incendies. Peut-être verrez-vous un aigle de Bonelli ou un faucon. UN FORT, UNE TOUR Le premier amer n’a rien de bucolique mais fait partie du paysage depuis toujours dirait-on tant on y est habitués : les quatre cheminées de Lavéra dont l’alignement est un repère de route très utile

et très précis dans les navigations sur l’axe 270°/90°. C’est la centrale thermique du Ponteau qui fournit de l’électricité quand il y a des pics de consommation. Il paraît que grâce aux eaux chaudes de refroidissement de la centrale qui se jettent dans la mer se développent dans le sable de la crique des Renards des populations de cordelles, des vers de pêche dont raffolent les dorades… Mais c’est un secret. L’amer suivant est dans l’axe de votre navigation. C’est le fort de Bouc, encore appelé fort Vauban. On se doute des raisons qui ont poussé le célèbre bâtisseur de places-fortes à construire un ouvrage militaire sur les vestiges d’une tour du XIIe siècle. Bien que le véritable chenal n’ait été creusé qu’en 1863 (voir pages suivantes), il y avait là depuis les Romains un passage hautement stratégique vers les eaux intérieures, et, surtout, un golfe à défendre. Tenir les points de massage de la mer à la terre, c’est tenir l’ensemble du plan d’eau. Passée la bouée rouge des Tasques, vous laissez le fort Vauban à votre droite et entrez dans le port. À gauche, l’immense “tour de contrôle” des grands navires de commerce qui circulent et mouillent dans le golfe de Fos. Sous la tour, un petit port de plaisance, la Lecque, où se

côtoient quelques voiles latines traditionnelles et le célèbre remorqueur de haute mer l’Abeille Provence. Impressionnant. Mais il vous faudra aller plus loin, laissant le port pétrolier à votre droite pour aller, cap au Nord, vers le port de plaisance avec accueil des passagers. De là, part le canal de Fos, dans la ville, plutôt sympathique et bon enfant. LA RENAISSANCE DU PORT Maintenant que vous êtes à terre, un peu d’histoire : site industriel important dès le milieu du XIXe siècle, Port de Bouc – prononcez «bou» – devient une commune en 1866. A ce moment-là, elle possède déjà des chantiers navals réputés, des salins, une usine à plomb, puis, en 1876, la sècherie de morue Cabissol de la Lèque. Quand, pour le meilleur et pour le pire, commence la grande épopée du pétrole et de l’automobile, en 1894 y est créée la raffinerie de pétrole La Phocéenne. Suivront deux usines de produits chimiques, Saint-Gobain et Kulhman. La ville traverse une période prospère et, au cœur des “trente glorieuses”, sa population est de 14 000 âmes.

En 1966, tout se gâte : la fermeture des chantiers navals met 2000 personnes au chômage. Mais on rêve de la grande zone industrielle de Fos qui promet des milliers d’emplois. Des sidérurgistes lorrains s’investissent dans le projet. La ville construit des habitations pouvant accueillir 7500 nouveaux habitants. Patatras ! Au lendemain du premier choc pétrolier, en 1975 s’arrête le développement de la zone industrielle de Fos. Ce destin contrarié n’abat pas les Port-de-boucains. La situation géographique de la ville, entre mer, canal et étang, est un précieux atout. La ville retournera vers la mer : les autorités créent la criée publique de toute la région PACA pour la vente du poisson. Du coup, la ville attire des sociétés de transformation des produits de la mer. À titre d’exemple, la renommée de la foire-exposition Les Sardinades dépasse les frontières. Et enfin, malgré un environnement qui ne favorise pas l’image touristique, Port de Bouc développe le tourisme et la plaisance. Une image qui reste à forger dans l’esprit des plaisanciers de passage. Christophe Naigeon

12 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


4

pas à terre

Visites organisées

Services Maritimes Capitainerie SODEPORT Rue de la république 04 42 06 38 50 Douanes 04 42 06 71 06 17 quai Liberté Société nautique Chemin de la jetée 04 42 06 20 18 Services Touristiques Office de Tourisme 22 bis Cours Landrivon 04 42 06 27 28 Mairie 04 42 40 04 04 Cours Landrivon La Poste 04 42 40 52 90 Rue république Urgences Gendarmerie Nationale 04 42 05 05 85 Police Municipale 04 42 40 65 85 Sapeurs Pompiers 18 ou 04 42 06 39 94 Hôpital Hôpital de Martigues 04 42 43 22 22

Autres Services Pharmacies 04 42 06 32 21 04 42 06 20 34 04 42 06 25 74 04 42 40 13 43 Médecins Cabinets Médicaux 04 42 06 2175 04 42 06 26 20 04 42 40 06 66 04 42 40 05 85 04 42 40 17 17 04 42 06 36 36 Dentistes Cabinets Dentaires 04 42 06 29 13 04 42 06 62 30 04 42 06 20 66 04 42 06 23 53 04 42 06 20 66 04 42 06 65 97 Ambulances 04 42 04 03 44 04 42 06 27 09 Transports Les Bus du Soleil 04 42 41 39 10

Taxi 04 42 06 23 85 06 07 57 08 58 06 23 08 68 98 06 12 51 15 10 Location de voitures Locavi 04 42 06 11 22 Cargo Voyage 04 42 40 15 22 Avitaillement Se ravitailler Netto 04 42 06 38 63 49 av Maurice Thorez Bekrar Ali 25 av Ambroise Croizat 04 42 40 13 98 Epicerie d’Agadir bât A 85 av M. Thorez 04 42 06 07 21 Boulangerie Le Fournil du Cours 14 cours Landrivon 04 42 06 39 15 Le Pétrin D’Honoré 3 quai Liberté 04 42 06 19 00

Adresses

Le Vieux Moulin av Joseph Millat 04 42 06 51 91 Les Trois B 2 r Fanouris 04 42 06 62 03 Martigues Fos Ergas rte Nationale 04 42 43 90 62 Provence Boulangerie 568HLM Aigues Douces bât m 22 r Turenne 04 42 06 00 91 Boulangerie De Provence 22 bd Guy Mocquet 04 42 06 53 48 Tabac/Presse Bar Tabac de la Paix 2 cours Landrivon 04 42 06 20 62 Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr

Péchés capitaux Les sardinades

L

es sardinades sont une spécialité de Port-de-Bouc qui, dit-on a fait le tour du monde. D’accord. En tout cas un site web leur est consacré : www.sardinades.com. Voici ce qui s’y dit : «des plaisirs simples mais hospitaliers et festifs, c’est la philosophie de la ville pour ses animations estivales. (…) Ici, c’est le poisson nouvelle vague, la sardine, fine, un peu grasse, fraîche, reine du poisson bleu. Mais à Port de Bouc, les choses se font en grand. Ainsi, tous les jours de juillet et d’août, le port Renaissance s’habille de fête, des centaines de touristes et vacanciers s’installent pour une soirée au grand air, autour d’une grillade de sardines ou de tous les produits de la mer. Et pour ceux qui

n’aimeraient pas le poisson, une variété d’autres spécialités du bassin méditerranéen. Les tables, les terrasses des bars, restaurants, glaciers se remplissent et le port se décore des mille couleurs de l’été. Des baladins, troubadours viennent donner l’aubade musicale certains soirs. Tous les bénévoles de l’association Promomer, l’office du tourisme, la coopérative des pêcheurs Copémart, les services tehniques de la municipalité, tout le monde est sur le pont quotidiennement pour assurer le service avec convivialité, gentillesse et dévouement. C’est tous les soirs à partir de 18h, du 28 juin au 31 août sur le port Renaissance.

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 13

www.cabotages.fr

En été l’Office de Tourisme organise des visites guidées à pied de la ville, valorisant son identité maritime. Premier rendez-vous rafraîchissant sous les platanes du Cours Landrivon, balade à travers les étals d’un marché coloré, divertissement au gré des festivités estivales, flânerie au bord du canal d’Arles à Bouc, halte sur le pont Van Gogh, pour assisté à la navigation des péniches, rencontre avec les pêcheurs… La promenade se poursuit en passant par la criée aux poissons, le port Renaissance, le port abri de la Lèque… Une balade entre terre et mer où se côtoient les chalutiers, les voiliers et les pointus. Enfin, la Jetée construite à l’initiative de Bonaparte, d’une longueur de 450 m, dévoile une vue exceptionnelle sur le golfe de Fos et le Fort de Bouc.

Cab SIX

L MIL

ES

EN

ME

R, Q

s

ge a t o

TRE UA

0

201

PAS

ER ÀT

RE

er

-

-M sur

ULS NY R - BA R ME ÈRE S SU B R È - CE GEL US - AR CRE RE DE LIOU L AP U C S - CO D UR DRE TO AU T VEN R PO

es éné r y P

tuit

gra

PRÉPAREZ VOTRE CROISIÈRE DE L’ANNÉE PROCHAINE Commander les éditions 2010 pour les recevoir chez vous pour 19,35 e frais de port, manutantention, conditionnement compris.

Nom .......................................................... Prénom ..................................................... Tél ............................................................. E-mail ........................................................ Adresse d’envoi ....................................... ................................................................... ...................................................................

Je joins à cette commande un chèque de 19,35 e à l’ordre de Bastaque Éditions, 16 rue Garenne, 34200 Sète ou sur commande ou sur www .laboutiquedecabotages.fr


Martigues

La cité lacustre gauloise devenue vénitienne

Escales

Les transports par mer de Martigues vers l’Italie sont attestés à partir de 600 ans avant J.C. La ville traverse l’occupation gauloise puis l’époque gallo-romaine. Elle multiplie ses relations avec Marseille la Grecque. Aujourd’hui on surnomme Martigues La Venise provençale.

A

Martigues

près avoir demandé l’autorisation sur le canal 12 à «Fos Port Contrôle» (la tour de contrôle maritime de Port-deBouc), vous pouvez vous engager – uniquement au moteur – dans le canal de Caronte. Attention au trafic commercial intense qui a la priorité. Après le premier tiers, le chenal s’élargit au bassin d’évolution et vous trouvez à droite une vaste zone nautique, Port Maritima, sans intérêt nautouristique. Il faut passer sous le pont de l’autoroute pour rejoindre le bassin de Ferrières, au centre-ville, où il y a 10 places pour les visiteurs. Quand vous remonterez le chenal de Caronte vers Martigues, sachez que vous ne serez pas le premier. Doublé le pont de l’autoroute, vous approcherez de

la “Venise provençale”, cité lacustre depuis presque trois mille ans, qui fut gauloise, romaine, mérovingienne… Les historiens attestent la présence de villages lacustres sur l’emplacement de la ville actuelle dès 800 - 700 avant J.C. Exactement sur la rive nord du chenal de Caronte, à l’emplacement de l’ancien site des Salins de Ferrières occupé aujourd’hui par l’Hôtel de ville. La fondation de Massalia (Marseille) en 600 avant J-C change l’histoire de Martigues. C’est pour la construction de Massalia qu’ouvre la carrière de pierres à ciel ouvert le long du littoral de la côte bleue près de La Couronne-Carro. Ces pierres roses sont transportées par bateaux et amplifient les relations avec Marseille.

Eglise de L’Annonciade : XVIIe siècle à Jonquières, typique à l’intérieur du style baroque ostentatoire de la contre-Réforme.

Sous l’impulsion des Hellènes, les habitants de Martigues débutent la culture du vin. Les terres autour de la ville offrent l’une des rares dépressions fertiles (800 ha) de la région. Les maisons sont en terre crue, en brique et en pierre et couvrent environ 1,5 ha, protégées par un rempart qui enserre la ville. Des fouilles de 1978 ont mis à jour des objets de cette période. ENTRE GRECS ET GAULOIS Cette île, immergée au milieu du chenal de Caronte a probablement été créée par les Gaulois pour y réaliser un habitat protégé par les eaux. Avec des travaux énormes pour stabiliser un sol marécageux. Un incendie le détruit entièrement en 400 avant J.C, déclenché par les Hellènes de plus en plus hégémoniques. La cité est reconstruite exactement au même emplacement. Nous sommes en 350 Avant J.C. Martigues atteint maintenant 4 à 5 ha et probablement plusieurs milliers d’habitants, principalement des paysans, des pêcheurs et des tailleurs de pierres. Les relations économiques avec Marseille prospèrent. Vers 200 avant J.C les Gaulois construisent un deuxième village sur l’île de Martigues. Mais les tensions entre Hellènes et Gaulois demeurent durant les IIIe et IIe siècles avant J-C. Dans le même temps débute la colonisation romaine, accélérée du fait de ces divisions. Les armées romaines envahissent le sud de la Gaule en 125-124 avant J.C et baptisent “Narbonnaise” la nouvelle province annexée en 122 avant J.C. Mais cette dernière se trouve affaiblie à son tour par la menace de l’invasion par la vallée du Rhône des Cimbres (tribu venue du Danemark) et des Teutons (tribu germaine). Après sept siècles de prospérité, l’activité de Martigues décline et les habitants désertent la ville vers 50 avant J.C. Autre facteur de chute : à la même époque,

César donne le statut de colonie à Arles qui signe le début de l’essor de cette dernière au détriment des cités voisines. L’occupation gallo-romaine voit la création de cités romaines. Celle bâtie sur le territoire de Martigues s’appelle Maritima Avaticorum Colonia, en fait une vaste exploitation agricole. Les produits sont transportés par cabotage à partir des ports installés sur la côte comme le port de Sénèmes dans l’anse des Laurons ou de Tholon. Le christianisme s’implante à partir des IIIe et IVe siècles dans la région. LA CHUTE DE L’EMPIRE Les Skires, menés par Odoacre, s’emparent de Rome en 476 et signent la chute de l’empire romain et son agonie dans tout le sud de la France. Childebert, fils du roi mérovingien Clovis, achète la Provence en 536-537. Il signe un acte de donation qui attribue le village de Saint-Geniez, situé au sud de l’Etang de Caronte, probablement l’actuel quartier de Jonquières, à Césaire l’Archevêque d’Arles qui devient propriétaire terrien de la région. Ce dernier cède Martigues au Comte de Provence­­Raimond Bérenger V en 1226. Riche de ce passé, Martigues devient au fil du temps une ville prospère et compte aujourd’hui sept ports à flot et deux à terre. Christophe Naigeon

14 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


4

pas à terre

MARTIGUES ON ON LA LA DÉCOUVRE, DÉCOUVRE, ON ON YY REVIENT REVIENT

Martigues-les-trois-églises

À

partir de 1549, Henri II cherche à rassembler Ferrières, l’Île et Jonquières en une même communauté. Finalement, la fusion des trois bourgs aura lieu le 21 avril 1581 pour donner naissance à Martigues. Aujourd’hui la présence de Trois églises importantes, raconte encore l’histoire de cette fusion. Voici une idée de balade, de la rive droite la rive gauche, en passant par l’île.

A

rrêtez de passer, arrêtez-vous !

Sur l’autoroute, si vous avez imprudemment regardé en bas, vous avez pu voir, d’un côté le chenal de Caronte, ces centaines de mâts et ses zones techniques, de l’autre, presque comme une vue d’avion sur une ville dont on se dit “tiens, ça à l’air pas mal !“.

Saint-Louis à Ferrières : d’origine XIVe siècle, reconstruite XVIIe siècle. C’est là que fut signé l’accord de fusion entre les trois communes.

Et sur l’autoroute maritime Est-Ouest qui fait franchir le golfe de Fos entre les bouées de Roustan et de Carro, on se dépêche de passer comme devant une grotte habitée par des monstres capables de surgir à tout moment. Quant à aller au fond de leur antre… Erreur, double erreur ! Ce qui est dangereux est de leur couper la route. Si on prend les bords du chenal des “gros“, on a toute la place qu’on veut et, sauf les jours de grand mistral, c’est plutôt protégé. Alors, foncez au fond du golfe, prenez le canal de Caronte (tirant d’air à 30 m !) et atterrissez dans l’un des sept ports de Martigues. Avec 1.500 places à flot, vous avez toute chance de vous mettre à l’abri, y compris du vent, contrarié par les constructions.

Sainte-Madeleine-de-l’Ile : XVIIe siècle, restaurée XIXe siècle : riche façade ­classique, décoration à l’italienne, plafond caissonné ; buffet d’orgues Louis XVI.

Adresses

Services Maritimes Capitainerie Ecoplis Sud - 13500 Martigues 04 42 07 00 00 Affaires Maritimes 7 quai Paul Doumer 04 42 80 35 38 S.N.S.M 04 42 43 17 17

Services Touristiques Office de tourisme Rond Point de l’Hôtel de ville 04 42 42 31 10 Mairie Av Louis Sammut 04 42 44 33 33 La Poste 04 42 40 57 40 Bd Hélène Fournier

Urgences Centre Hospitalier de Martigues 04 42 43 22 22 3 bd des rayettes Gendarmerie Nationale Av Doct Fleming 04 42 80 08 29 Police Municipale Rond Point de l’Hôtel de Ville 04 42 41 31 10

Autres Services Marché Le marché aux poissons, tous les jours port de Carro Musées -Galerie de L’histoire de Martigues Rond-point De l’Hôtel de ville 04 42 44 31 51 -Musée vitrine archéologique 04 42 42 18 43 Rue Marguetorte - Place Maritima - L’île -Musée Ziem 04 42 41 39 60 Bd Du 14 juillet La liste des médecins, dentistes et pharmaciens de garde est disponible au commissariat de police. Toutes les adresses de ravitaillement, shopping, services, etc. sont disponibles sur www.Cabotages.fr

Péchés capitaux Le Miroir aux oiseaux

E

n commençant par le restaurant le plus gastronomique, nous pouvons indiquer Le Bouchon à la Mer, 19, quai Lucien Toulmond (04 42 49 41 41), ou bien encore Chez Pascal, au N° 3 du même quai (04 42 42 16 89). Dans le quartier du Miroir aux Oiseaux, une superbe adresse avec une tonnelle au calme sur le canal vénitien : Le Miroir, 4 rue Marcel Galdy (04 42 80 50 45).

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 15

Le Miroir

Un conseil, essayez plutôt les ports de Ferrières, du Miroir aux Oiseaux, du Canal Saint-Sébastien ou côté étang de Berre, Joncquières. Pour ce dernier, si votre tirant d’air est supérieur à 10 m, appelez la capitainerie par VHF (canal 9) pour demander l’ouverture du dernier pont. Une fois amarré, vous allez oublier l’industrie, la circulation, le bruit et les parfums raffinés des environs pour vous retrouver dans un havre de calme, une ville propre et riche d’histoire, animée tout l’été – mais sans flons-flons intempestifs – qui a reçu le label Station Touristique Balnéaire.

UN IMMENSE TERRAIN DE JEU NAUTIQUE Un autre atout de Martigues est d’être ouverte sur l’étang de Berre, magnifique terrain de jeu pour le nautisme, la voile en particulier. Il n’y a pas un week-end, du printemps à l’automne, sans qu’il n’y ait une régate ou un événement nautique. Championnat de France, d’Europe… les fédérations y ont vu un plan d’eau idéal, bien venté et où la mer ne se lève jamais trop haut. Les projets de la Semovim (Société d’Economie Mixte de Gestion des Equipements touristiques de la Ville de Martigues) qui gère l’essentiel des ports de Martigues, y compris un port à sec de 950 places qui accepte les voiliers de 16 tonnes sont tournés vers la reconquête de cet espace nautique. Le faire connaître, le valoriser, y multiplier les événements. Martigues, une perle dans un écrin ingrat, sans doute. Mais, comme dit Dominique Lefèvre, Directeur Général de la Semovim,

“si on la découvre, on y revient !“


L’étang de Berre

Une bien surprenante mer intérieure

Destination Etang

La côte méditerranéenne française recèle deux petites mers intérieures navigables, le bassin de Thau près de Sète et l’étang de Berre près de Marseille. Alors si vous avez poussé jusqu’à Martigues, profitez de l’ouverture du pont basculant au passage d’un cargo pour découvrir l’étang de Berre !

© Claude Roger

A

L’étang de Berre

u débouché du canal de Caronte, vous arrivez dans le plus grand étang d’eau saumâtre d’Europe : 15 500 ha, 20 km de long et 16 km de largeur maximale, 6 à 8 m de profondeur remontant à 2-3 m près des côtes sableuses de la côte basse Est, ourlée de plages de sable en contraste avec la côte Ouest appuyée sur des collines aux falaises escarpées. Quelque 900 millions de mètres cubes… pas tous bons pour le pastis ! Et cela, c’est la faute aux Romains. À l’aube de l’histoire lors des dernières glaciations, l’étang de Berre était d’eau douce, alimenté par plusieurs rivières, comme l’Arc ou la Toulourbe. Jusqu’à ce que les Romains colonisent ses rives pour profiter de l’eau et des terres fertiles pour cultiver la vigne et l’olivier. La proximité de la mer leur permit de créer des salines. Puis ils imaginèrent que ce plan d’eau où le vent Maître – le Mistral – ne levait jamais de tempêtes sérieuses. Ne reculant devant rien, un siècle avant notre ère, ils vont creuser un canal pour relier par intermittence l’étang avec la Méditerranée. Le sel pénètre modérément dans l’étang mais le Stagnum Mastromela entre fort dans l’histoire ! (voir en page de droite). ETAPES TRANQUILLES Passé le pont levant, surprise : ce n’est pas une baignoire mais un immense bassin ! Et, vu d’ici, ni raffineries, ni centres urbani-

sés ni d’entrelacs d’autoroutes visibles… Juste un paysage méditerranéen avec un petit air de calanques, des côtes rocheuses abruptes, de grands pins verts, des villas ocres… et une belle eau bleue transparente, des ports et des abris éloignés des bourgs… Amateurs de lumières de la ville, de gastronomie ou de visites historiques, passez votre chemin ! Prévoyez plutôt un bon avitaillement avant de vous aventurer dans cette petite mer intérieure. Et aussi un appareil photo pour étonner vos amis. Passage obligé pour vous mettre en bouche dans un périple du Nord au Sud : l’Anse du Ranquet, qui rappelle les criques de l’Estaque. Ensuite, pas d’abri organisé avant les Heures Claires, le port d’Istres. Un bassin de plus de 200 places appuyé sur l’ancien bassin des barques de pêche au pied d’une côte relevée et rocheuse. Un des ports les plus plaisants du bassin, dans la verdure au creux d’une butte rocheuse. Continuons vers Saint-Chamas, un site et un environnement exceptionnels. Tout au nord de l’étang, dans le fond d’une petite baie encombrée de roseaux, quelques pontons près du rivage sont réservés aux bateaux de pêche. Au Sud de la ville, au bout d’un enrochement, le port de plaisance de 200 places demeure un site tranquille malgré un fréquent clapot. En continuant vers l’Est, près de la centrale électrique signalée par deux hautes cheminées, le

port du Canet ou de Beau Rivage se niche dans un creux d’où on ne voit que les roches de la rive et ses pins. Malheureusement, éloigné de tout, on est enfermé derrière des grillages de sécurité… OCÉAN DE CONTRASTES La côte devient plus plate vers l’Est et on ne peut guère s’en approcher. De toute façon, on arrive vers Berre l’Etang et ses complexes pétrochimiques au fond de l’étang de Vaïne, séparé par un seuil sableux peu profond, sur lequel la piste de l’aéroport de Marseille Marignane avance : seuls les passionnés de naturalisme apprécieront le contraste entre torchères et leurs odeurs, réservoirs et tuyaux rutilants au soleil et les flamands roses parmi des colonies de cygnes survolées par toutes sortes d’espèces volantes. Mais autant piquer sur La Mède pour aller près d’un port pétrolier ! A bout du cordon de sable de la plage de Jaï qui sépare

l’étang fermé du Bolmon de celui de Berre, au pied des deux rochers visibles de loin les Trois Frères, s’ouvre une passe dans la digue de l’ancien canal de Marseille au Rhône fermé depuis l’éboulement du Tunnel du Rove. Là, l’ancien port de La Mède autrefois actif n’accueille plus de bateaux. Mais l’accostage le long des anciens quais de pierre reste possible ainsi que le mouillage dans l’ancienne zone d’évitement des péniches. C’est isolé même des bruits de l’urbanisation trépidante des alentours et des points de vue et odeurs des raffineries ! C’est une étape rare… d’où on pourra visiter la tranchée de Gignac qui va au tunnel fermé. Ou vers l’ouest en cas de cambuse un peu vide, regagner par le canal le port de Jonquières au pied de Martigues… Moralité, si vous voulez découvrir un univers surprenant à plus d’un titre, aussi fort dans ses aspects naturels qu’industriels, faites le détour, passez Caronte. Claude Roger

© Claude Roger

16 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Économie, écologie… salée, douce… Malgré les attaques de l’industrie et de l’urbanisation, l’étang de Berre est en train de redevenir un petit paradis nautique grâce aux militants, aux communes riveraines et à l’Europe.

L

e site de Berre, déjà économiquement hautement stratégique dès l’antiquité, le sera toujours au Moyen Âge et encore davantage à partir du XIXe siècle : en 1863 puis en 1874 et en 1925, le canal de Caronte sera approfondi jusqu’à 9m, mettant l’étang en communication permanente avec la mer : les eaux de l’étang deviennent salées. Elles le sont d’autant plus après la mise en service en 1925 du canal-tunnel du Rove qui ouvre un accès au port de Marseille, apportant de l’eau “neuve” et créant un courant favorable à la vie aquatique. Hélas, il s’effondre en partie et est fermé en 1963. Les choses s’aggravent en 1966 quand EDF met en service une centrale électrique alimentée par le canal de Cadarache qui dérive les eaux douces et les alluvions de la Durance vers l’étang de Berre. Non seulement les apports d’eau

puis leurs premiers vols dès 1910. La vocation aéronautique survivra à la disparition des aéronefs amphibies : base aéronavale d’Istres et aéroport de Marignane. Avec le développement économique, vient l’explosion démographique et la pression urbaine : Marseille et Aix sont proches, ainsi que Fos et son complexe sidérurgique, créateur d’emplois. Autant de bonnes nouvelles économiques, mauvaises pour l’environnement et le paysage. LA NATURE REVIENT AU GALOP Mais les pressions militantes en faveur d’une réhabilitation augmentent d’autant que les aléas climatiques montrent que dès que l’hydraulicité est réduite par des sécheresses (1990, 2005), la sa-

© Fotolia

douce explosent pour représenter près de quatre fois par an le volume d’eau de l’étang avec ses 23 milliards de mètres cubes annuels, mais apportent 520.000t d’alluvions qui s’accumulent et ont des répercussions hydrologiques et écologiques jusqu’en Camargue. La vie au fond va s’éteindre sous les effets de la baisse de salinité, de la stratification des couches d’eau et de sédiments, de l’eutrophisation de l’étang. Côté pollution, c’est au cœur de la crise de 1929 que Shell Berre s’installe au bord de l’étang pour diversifier ses activités vers la pétrochimie. À la Mède, Total rivalise de torchères, de réservoirs et d’odeurs. A tel point qu’en 1957 il faut interdire la pêche dans l’étang à cause de l’accumulation de la pollution chimique accumulée dans la chair des poissons. Elle ne sera à nouveau autorisée qu’en 1994, sous surveillance. Il y a aussi le bruit : Latécoère et Mermoz obtinrent qu’on crée sur l’étang de Vaïne une base pour les hydravions, vus comme le transport de l’avenir de-

linité remonte autour de 30mg/l et que la vie au fond et dans l’eau repart… Une condamnation de l’Europe facilitera les choses, obligeant la France à de sévères mesures. Du coup, l’étang de Berre retrouve ses attraits touristiques. Comment ? Depuis 1990, les rejets d’eaux douces par EDF sont contrôlés, les stations d’épuration se multiplient et la qualité de l’eau est sous surveillance. Des plages rouvrent d’année en année. Le GIPREB (Groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre) veille, publie bilans et études. Et il y a toujours le projet qui ressort périodiquement de l’eau comme le monstre du Loch Ness, de rouvrir le canal du Rove… Les actions du Conservatoire du Littoral et ce qui est entrepris au titre de Natura 2000 convergent avec les efforts d’Istres, Martigues, Saint-Chamas et Marignane pour sauver et mettre en valeur ce site naturel superbe mais aussi ce qui reste des vestiges romains et féodaux, des vieilles maisons provençales. C.R.

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 17


Carro

Un charmant petit bout du monde

Escales

Il est difficile d’y trouver une place en saison. Il n’a pas les équipements des «grands». Mais ceux qui y sont venus une fois veulent y retourner car c’est un endroit charmant, magnifiquement situé.

J’AI DEUX AMERS…

D

C

Carro

arro marque la brutale transition entre les rivages de sable du Languedoc et les côtes rocheuses de Provence. Sous la coque, c’est aussi le passage entre les fosses marines et le plateau continental. En quittant Carro pour aller vers l’ouest, on a toujours un petit pincement à l’idée de franchir les 8 milles du golfe de Fos en évitant l’accolade avec un des supertankers remplis d’un bon vieux brut dont on fait les marées noires ou l’un de ces chimiquiers farcis de produits aussi toxiques que volatils qui ne mollissent pas dans le rail. Et, une fois le grand Rhône franchi, restent les 21 milles de côte de sable sans aucun abri jusqu’aux Saintes Maries de la Mer. Au contraire, en arrivant par l’ouest, quand on est dans le parfait alignement du phare de Couronne et des quatre cheminées rouges et blanches de Lavéra on peut se dire au contraire qu’avant de se mettre sous la protection de la Bonne Mère à 13 milles de là, on aura toute la côte bleue pour se réfugier. SURFS ET CAMPING CARS Dès qu’on approche, on est frappé par le nombre impressionnant de camping-cars sur le parking en promontoire sur le front de

mer ! L’été, cuisson garantie sur cette «plancha» bitumée sans un seul arbre… Peu importe, la plupart de leurs occupants passent leur journée à l’eau. Ce sont des funboarders. Les haut fonds tout le long de la dalle rocheuse qui plonge dans la mer créent un tremplin sur lequel les vagues déferlent de plusieurs mètres. Quand on sait que, de surcroît, le vent à cap Couronne souffle un jour sur deux à plus de dix noeuds et un sur quatre à plus de vingt, on comprend que les conditions y sont optimales pour la glisse et le saut. Cela doit inciter le caboteur à la prudence car ce qui fait le bonheur des planches à voile peut faire le malheur des bateaux de croisière. Pour entrer à Carro, laissez le Cap Couronne à tribord et, si vous arrivez de l’ouest, bien arrondir la cardinale sud pour parer les hauts fonds du front de mer. TOUT SAUF UNE MARINA L’entrée du port est cachée. On a un moment l’impression d’aller droit sur la petite plage au fond de la petite anse. Mais, quand on a contourné la digue on trouve sur bâbord le quai des visiteurs. En manoeuvrant dans le port, attention aux corps morts et bouées de tailles diverses à la

eux amers marquent le passage à Carro : les quatre cheminées de Lavéra et le sémaphore de la Couronne. Ce dernier vient d’être profondément rénové. Il avait été construit sous Napoléon III pour y installer le télégraphe aérien. L’amiral Decres, Ministre de la Marine, avait choisi ce système à signaux visuels dit Sémaphore, pour surveiller le littoral. Descendant des tours sarrasines, il veille aujourd’hui sur la navigation à la sortie du golfe de Fos. Quand aux quatre cheminées rayées de rouge et de blanc, elles sont situées dans le petit hameau résidentiel de Ponteau, avec une plage, trois pontons pour les petits bateaux et une zone de cabanons “sau­vages” que d’aucuns voudraient voir disparaître. Il faut dire que tout ceci se trouve à deux pas de la station d’épuration et d’un site classé Sévéso : Naphtachimie, spécialisée dans les dérivés du pétrole et Appryl, plus gros producteur mondial de polypropylènes. Et pourtant, les occupants s’accrochent à cette zone de liberté. Pour l’un d’entre eux : « de l’Italie à l’Espagne, tout est bétonné, réglementé, au bord de mer. Heureusement qu’ici, il y a des raffineries, ça permet qu’on nous fiche la paix. On veut nous faire payer partout pour les vacances ».

Avant

surface ou entre deux eaux. Un œil pour la route, un autre pour le plaisir des yeux ! Carro est un petit port de pêche. À l’échelle de sa minuscule capitainerie, le port de plaisance est… confidentiel et les places de passage sont à compter sur les doigts. C’est donc un privilège de s’amarrer dans ce charmant petit havre qui n’a rien d’une marina. L’hiver, pas de problème pour trouver une place. C’est presque toujours vide. En revanche, pas de capitainerie, pas d’eau, pas

Après

d’électricité, les bornes hibernent sous des sacs étanches. L’été, c’est plutôt bondé et il est inutile d’arriver après 16 h. Appel préalable sur le canal 9 recommandé. On peut toujours jeter l’ancre au Nord-Ouest devant la plage, mais le mouillage est intenable par fort vent de Sud /Sud-Est et l’entrée du port devient délicate. Tentez quand même votre chance. En toute saison, on aime ce port du bout du monde. Guy Brevet et Jeanne Chemin

18 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Quand Arles parlait latin Dossier réalisé par Emma Chazelles et Christophe Naigeon

U

n demi-siècle avant notre ère, Arelate – Arles – était la petite sœur de Rome, un ville-port construite sur les deux berges du Rhodanus. La ville chérie de César. Elle lui avait permis de vaincre son rival Pompée à Marseille : les charpentiers de marine d’Arelate lui construisirent douze grandes galères en un mois pour faire le blocus de la Phocéenne ! Les Romains n’étaient pas des marins comme les Grecs ou les Phéniciens. Mais ils apprirent vite. D’abord, ils copièrent et utilisèrent des “consultants” étrangers pour construire et diriger leurs navires. Puis ils innovèrent, tant dans la charpenterie de marine que dans l’art de la guerre navale ou le commerce maritime. La puissance militaire de Rome établit la Pax Romana – la paix romaine – sur les eaux de la Mare Nostrum, tenant les pirates à distance et permettant un florissant commerce. La mer était sillonnée d’une multitude de navires de guerre et marchands qui protégeaient et nourrissaient l’Empire. Lorsque vous naviguez le long du littoral de Camargue sachez que la côte était déjà aussi redoutée des capitaines romains dont ils connaissaient les caprices d’un fleuve bien plus sauvage qu’aujourd’hui, les dangers des bancs de sable nomades et des vagues qui se lèvent sur les hauts-fonds. Lorsque vous arrivez dans le golfe des Saintes-Maries, sachez aussi que les étangs de Faraman et de Beauduc étaint en pleine mer mais que la côte était environ trois kilomètres au sud à la hauteur de Port Gardian… Il y avait là l’avant-port d’Arles que les archéologues plongeurs commencent à mettre au jour comme ils ont découvert dans le Rhône les trésors aujourd’hui exposés au musée de l’Arles antique.

LA MARE NOSTRUM AU TEMPS DES ROMAINS • Comment Rome se constitua une marine de guerre : p 20 - 21 • Les navires de commerce, leurs cargaisons, leurs passagers : p 22 -23 À BORD D’UNE CORBITA, DE LA MER VERS ARELATE • «Nous abordons une côte dangereuse» : p 24 • «Je comprends que César aime cette ville» : p 26 RECHERCHES FLUVIALES ET PROJETS NAUTIQUES • Luc Long et les plongeurs archéologues : p 25 • Bientôt un port de plaisance à Arles : p 27 Remerciements à toute l’équipe du Musée de l’Arles Antique

Lorsque vous êtes à Port SaintLouis-du-Rhône, sachez enfin qu’il n’y avait là pas de Rhône du tout, peut-être un canal – dit de Marius – que les chercheurs n’ont pas encore pu attester et qui aurait permis de haler les navires de la mer vers Arles, laissant le fleuve pour la descente. Mais apprenez que bientôt – dans quelques années – vous pourrez faire escale à Arles où un port de plaisance accessible aux voiliers marins va se construire.


La Mare Nostrum au temps des Romains

Comment Rome se constitua une marine de guerre Autant ses légions semèrent très tôt la terreur, autant sa marine se ridiculisa longtemps face aux ennemis et aux tempêtes de ce qui n’était pas encore Mare Nostrum. Mais Rome apprît vite et, après avoir copié les autres, inventa une nouvelle façon de combattre en mer et créa les bateaux pour cela.

NAVIS ACTUARIA Le navis actuaria entièrement découvert, à voile et à rames (pas moins de dix-huit avirons) sert tout ce qui doit être rapide, transport des hommes comme une reconnaissance, port de message urgent et ne participe jamais au combat naval.

PENTÉCONTORE La célèbre Pentécontore, est une des plus vieille galère déployée par Rome pour son propre compte. Cette unité légère, à coque évasée qui mesure 30 m de long pour moins de 4m de large est une monoris, c’est à dire qu’elle ne possède qu’un seul rang de 50 rameurs. Elle est utilisée comme navire éclaireur et de liaison et pour le transport rapide des troupes, ordres et dépêches, à l’instar de la frégate ou du croiseur plus tardifs. Elle est abandonnée en 50 av. J.C. au profit des Liburnes, inspirées de navires pirates Illyriens, plus rapides et plus maniables.

BIRÈME ET TRIRÈME IMPÉRIALE La birème impériale romaine ou Dikrotus, très répandue de –300 à 50 après J.-C., file 6 nœuds. Plus légère et plus puissante que le Pentécontore, elle se distingue par un étagement d’apostis, ouvertures permettant le passage des avirons. Elle est dotée d’un petit auvent, une diacta, et parfois d’une sculpture dorée. En chêne, elle reste plus lourde que son équivalente grecque. La Trirème a deux mâts gréés en permanence, même durant le combat. Sous l’Empire, la grand-voile arbore Aigle, lauriers et le fameux S.P.Q.R. La voile de beaupré s’orne du nom du vaisseau et des insignes du capitaine et à l’arrière se trouve le porte-enseigne de la Légion. Elle file 7 à 8 nœuds propulsée par 170 rameurs payés issus des classes sociales les plus basses (pas esclaves comme chez les Grecs) auxquels il faut d’ajouter une vingtaine de marins et une cinquantaine d’hommes de troupe.

LES UNITÉS OFFENSIVES Les unités offensives, selon leur vogue – le nombre de rangs de nage ou de rameur – sont des Trirèmes de 35 x 6 m, quadrirèmes ou quinquérèmes assez comparables aux navires grecs. Mais le rostre de bronze n’a pour les romains qu’une seule vocation artistique, l’éperonnage restant une manœuvre typiquement grecque. La technique de nage complexe nécessitait quant à elle un entraînement de huit mois par an pour un rameur à plein temps.

LES DECERIS La Deceris était longue de 45 m et large de 8 m. Son équipage était composé de 600 marins et de 300 fantassins. Ce navir de guerre avait généralement des tours en bois à l’avant et à l’arrière, pour observer et pour mettre les archers en position haute. Sous la République il n’y avait pas encore d’escadre régulière. C’est le chef des troupes terrestres qui commande également la flotte. Sur chaque navire se trouve un capitaine, un pilote et des décurions qui commandent l’équipage. Au début les capitaines étaient des affranchis grecs.

20 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


U

n demi-siècle avant notre ère, la guerre civile fait rage à Rome. Pompée et César s’affrontent pour le pouvoir. Le conflit s’étend hors les murs, chacun cherche des appuis dans les villes de l’Empire. La Provence – province chérie de Rome – est au cœur du bras de fer entre ces deux géants, prétendants au poste de Consul. Massalia, devenue romaine depuis le déclin des fondateurs grecs, prend parti pour Pompée. César ne peut laisser faire. Il veut soumettre la ville. Ses légions terrestres l’entourent, mais la mer reste ouverte. Il faut barrer la baie. Il faut des bateaux. César n’en a pas. Pompée les lui a volés. Qu’à cela ne tienne, c’est d’Arelate – Arles – qui le soutient, que la plus incroyable opération de construction navale connue va se dérouler. DOUZE GALÈRES EN UN MOIS !

Un jour de printemps de –49 av. J.-C., l’officier Decimus Junius Brutus entre dans les navalia, ateliers de charpente de la rive droite et annonce la commande de César : douze galères. On imagine un dialogue à la Astérix avec le maître-charpentier gaulois : « Pour quand, oh, grand Decimus Junius Brutus ? ». « Dans un mois ». « Mais… C’est imposs… ». « Labor improdus omnia vincit1. Les arènes d’Arelate viennent de recevoir de nouveaux lions d’Afrique… Avé ! ». L’histoire ne dit pas quelle potion prirent les ouvriers, mais le miracle s’accomplit. Decimus Junius Brutus n’avait pas sous-estimé le talent des charpentiers de marine gaulois. En un temps record, sans même prendre le temps de sécher le bois coupé à la hâte dans les forêts qui poussaient dru dans le delta du Rhodanus, ils construisirent douze galères qui devaient mesurer entre cinquante et soixante-dix mètres comme on les faisait à l’époque ! Cette armada de bois vert, peu manœuvrante, menée par des novices et chargée de fantassins et d’armes, résiste à la descize, la descente à la voile des 30 km qui mènent à l’embouchure, cingle vers le Cap Couronne, longe la Côte bleue et vient s’ancrer devant l’île de Ratonneau. Ces sortes de barges à rame, formant une muraille flottante, complètent ainsi le blocus terrestre du Lacydon. Le 21 juin, avec dix-sept navires faits pour la mer et le combat naval, Pompée tente de forcer le blocus. Mais les légionnaires d’élite de César, capturant les embarcations assaillantes avec des grappins, transforment la

bataille navale en un combat au corps à corps où ils excellent. Avec trois bateaux coulés et six capturés, Pompée perd la Bataille de Marseille. Une grande partie des terres de Massalia sont confisquées au profit d’Arelate la fidèle. En –46, César pardonnant à ces Gaulois celto-ligures d’avoir brûlé Rome en –390, accordera à Arles le statut de Colonie de droit romain et y installera les vétérans de la VIème Légion. ROMAINS, PAS MARINS Trois siècles auparavant, avant sa lutte contre Carthage – conflit en trois épisodes connu sous le nom de Guerres Puniques dont l’enjeu n’était rien de moins que la maîtrise de la Méditerranée Occidentale – Rome ne possédait pas de marine de guerre. Quand Rome voulut s’opposer à la colonisation de la stratégique Sicile par les Phéniciens et mena le premier combat naval de son histoire, elle utilisa les navires et des “consultants” grecs. Quand elle se dota de ses propres bâtiments, en bonne copiste, elle s’inspira des navires étrusques, italiques ou carthaginois qu’elle adapta à ses besoins et à son goût. Cette flotte romanisée était sous commandement d’excellents pilotes, issus des états conquis. Le navire militaire type était conçu pour aller vite : au portant grâce à ses voiles carrées, le reste du temps avec ses rameurs. Long, fin et léger, il pouvait être remisé sur les plages ou tiré sur des rampes de halage. Il n’en existe pas de vestiges, à la différence des puissants cargos de commerce dont on a retrouvé, conservées dans les sédiments, nombres d’épaves lestées par leurs cargaisons. Mais les sources indirectes écrites et les représentations – mosaïques, bas-reliefs, peintures sur céramique - que nous ont laissés les artistes, donnent à comprendre, mais aussi à rêver. COMBAT TERRESTRE EN MER Partis de rien, les Romains ont vite appris. César, dans la Guerre des Gaules décrit sa Galère–Amirale de 70m qui transporte des centaines d’hommes, rameurs et combattants. Elle possède deux tours d’archers, des dauphins, pointes de plomb hissées sur les vergues, des armes de jet lourdes : catapultes et balistes et son pont complet favorise la lutte à l’abordage grâce à cette fameuse invention romaine dite corvus ou corbeau. Ce pont mobile est une passerelle d’assaut articulée à partir du mât qui se

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 21

Marseille, bâtie et fortifiée du temps des Grecs (ci-dessus) fut pour les Romains, une place forte très convoitée. Pompée s’y perdit...

fiche par des crocs sur le pont du navire ennemi, empêchant sa manœuvre, notamment le redoutable éperonnage, par ailleurs sans effet sur les impénétrables bordés en chêne que les charpentiers gaulois leur faisaient. Le bateau de guerre romain n’est pas une torpille à rame comme la galère grecque au rostre pointu, c’est une forteresse, un morceau de champ de bataille flottant. Car le Romain, piètre marin, est un as de l’infanterie et un fin stratège. Il utilise sur le navire abordé les techniques de combat du plancher des vaches, comme pour prendre les forteresses en bois des Gaulois d’Armorique (par Toutatis !). Les romains ont aussi mis au point l’ancre à jas telle qu’on la connaît – presque – aujourd’hui et, pour se protéger des redoutables frondeurs des Baléares qui bombardaient les navires, ils revêtirent leurs coques de cuir, inventant les premiers “cuirassés”.

Si l’incompétence fût à l’origine de la disparition au large de Tunis de la première flotte romaine, et la tempête celle du naufrage de la seconde au large de la Sicile, un lobby de riches propriétaires terriens et commerçants de la province de Campanie, inquiets des menaces carthaginoises sur le stratégique détroit de Messine, finança les quelques centaines de vaisseaux de la troisième. On connaît la suite… Après la conquête de la Sicile, de la Corse, de la Sardaigne et de Carthage contre Scipion l’Africain en –146, Rome se rendra maîtresse de la Méditerranée Occidentale. Retournement de l’histoire, ceux qui étaient considérés par les Grecs comme des barbares, devinrent ainsi respectables au point d’être invités à participer pour la première fois cette même année aux jeux Olympiques. La nouvelle Civilisation Gréco-­ romaine voyait le jour. Emma Chazelles

DES BATAILLES TITANESQUES Les batailles navales antiques étaient gigantesques : la bataille du Cap d’Ecnore (Sicile) qui eut lieu en –256 entre Romains et Carthaginois vit s’opposer à nombre presque égal de part et d’autre, près de 300.000 hommes sur 700 navires ! Scipion l’Africain engagea pour sa part 35.000 soldats sur 50 Pentécontores et 400 navires de transport pour la bataille de Zama en –202 contre Hannibal.


La Mare Nostrum au temps des Romains

Les navires de commerce, leurs cargaisons, leurs passagers Le trafic commercial est considérable lorsque Rome est à son apogée. Les progrès techniques de la navigation et de la construction navale permettent de transporter à peu près tout à peu près n’importe où. Les navires de guerre veillent sur les précieux convois marchands et la spéculation va bon train.

Oneraria © Navistory

M

are Nostrum est imprévisible et dangereuse. Comme les flottes de guerre, les navires marchands ne naviguaient que de mi-mars à mi-septembre, sans instruments, en suivant les périples, instructions nautiques de l’époque qui se transmettent oralement, de capitaine en capitaine. Le calcul astronomique, la science des vents et des courants s’associaient au courage et à l’impérieuse nécessité d’approvisionner l’Empire et les colonies. Le transport de commerce qui s’effectuait depuis toujours le long des côtes avec des cabo-

teurs portés autant par les vents que le courant ligure, connait un essor remarquable avec les nouveaux itinéraires de navigation hauturière ouverts grâce à la découverte de l’étoile polaire grâce aux Phéniciens. L’une des routes les plus connues, celle du Commerce du Levant, passait par la Sicile et les Baléares pour rejoindre l’Espagne et ses mines d’argent. Il y avait sur la mer autant de voiliers qu’à l’époque moderne de la navigation de plaisance. Les besoins étaient immenses.

Corbita © Navistory

BON PORT, BONNE CARÈNE Tant que les ports n’étaient pas nombreux, il fallait utiliser des navires échouables, à fond plat, qui tapaient et se brisaient souvent dans la tempête. Avec la multiplication des ports équipés de quais d’accostage, les bateaux purent avoir des quilles structurantes qui constituaient aussi d’utiles plans anti-dérive lorsque les bateaux marchaient près du vent de travers. Tous redoutaient les attaques des pirates et naviguaient en convoi. Mais, malgré ses aléas et ses dangers, la voie maritime restait incomparablement plus rapide que le routage terrestre, également peu sûr. Armer un navire pouvait faire gagner rapidement beaucoup d’argent. La spéculation allait bon train pour ces marchandises assurées par des banquiers. Ces bateaux aux ventres ronds souvent recouverts d’une feuille de plomb contre les attaques des vers, avaient deux ou trois mâts gréés en carré et disposaient de deux gouvernails pour les manœuvres, un sur chaque bord. Ils étaient chargés de dolia – citernes de terre cuite – et d’amphores pour le vin, pour l’huile, les fruits secs, les poissons séchés et le garum – sauce à base

de poisson, proche du Nùoc Mam vietnamien – de sacs de céréales mais aussi parfums et de produits manufacturés : vaisselle fine, tissus, objets et métaux précieux. ONENARIA, CORBITA, PONTO L’Onenaria fut longtemps le cargo standard dont s’inspira la Corbita, plus massive. Avec ses 55 m de long pour 14m de large, elle portait 40.000 amphores et souvent jusqu’à 400 passagers pour un poids total de 2.000 t. Navigant souvent en escadre, elles bénéficiaient de la protection de la flotte militaire pour parer aux attaques des pirates. Autres temps, même mœurs… Le Ponto, massif navire de charge était, comme son nom l’indique, entièrement ponté. Deux gigantesques mâts aux voiles carrées de grande taille assuraient une puissante marche hauturière et le fond plat permettait la remontée des fleuves. Il était orné d’une figure de proue en col de cygne et possédait un rostre où pouvait figurer un taureau, un bouc ou un sanglier. Cet appendice, outre la protection de l’avant lors de l’échouage présentait l’avantage d’accroître la stabilité de route. Ces bateaux marchands transportaient vraiment de tout : il y

22 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


OSTIA ANTICA ET SES NAVIRES Si vous accostez à Ostia (Ostie), juste à côté, visitez Ostia Antica, sur le Tibre, ancien port de Rome, ses entrepôts, ses magasins, ses bureaux et, au sol, les publicités en mosaïque des armateurs. Ostie connaissait un trafic fou. Rome avait presque un million d’habitats sous Auguste. Son ravitaillement en blé exigeait plus de cent navires marchands transportant chacun 100 à 150 t de céréales depuis l’Afrique. Au portant, ils filaient 4 nœuds, maximum 7. D’Ostie à Alexandrie il fallait une à deux semaines à l’aller deux ou trois mois au retour. Il n’y avait qu’une rotation par saison.

ponto © Navistory

avait d’impressionnants porteobélisques, comme celui de Caligula, livrant le marbre pour la construction d’Ostie, il y avait les Hippago, spécialement conçus pour transporter les chevaux, et bien d’autres curiosités. Rien ne semblait impossible aux na-

vigateurs antiques et, lorsqu’il s’agissait de remonter le Rhône, ils savaient en franchir les bancs de sable, en remonter le courant, transborder, gruter, gérer des cargaisons qui venaient de partout et allaient partout. Emma Chazelles

Mouillages grecs, ancres romaines Les Grecs savaient qu’un bon mouillage était un mouillage lourd. D’autant que les chaînes n’étaient pas utilisées. À une grosse pierre, ils ajoutaient des “crocs” en bois pour accrocher au fond (droite). Les Romains ont joué davantage sur l’effet “charrue” en inventant l’ancre à jas, véritable ancêtre de la nôtre. Le poids était un “T” de métal lourd à 90° par rapport au “V” d’ancrage en bout de hampe, permettant à l’ensembe d’être bien orienté et facilitant l’enfoncement dans le fond (ci-dessous).

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 23

Les passagers avaient la vie dure Comme cela se fait aujourd’hui, les cargos romains pouvaient transporter des passagers. Dans des conditions de confort et de sécurité pour le moins précaires…

T

out est bon pour que les armateurs et les banquiers rentrent dans leurs frais. Les bateaux marchands transportent des hippopotames, des crocodiles, des autruches, et, pour plaire à la foule des théâtres, des lions et des léopards. Il n’y a guère que les éléphants… Il y a aussi des passagers. Magistrats et fonctionnaires en mission pour la cité, passagers contraints comme les esclaves, obligés comme les soldats ou indésirables comme Sénèque, exilé en Corse, voyageaient sur la mer violette1. Érudits et riches héritiers désœuvrés qui surmontent leurs peurs et satisfont à leur curiosité naviguent à la découverte du monde. On ne saurait oublier nos explorateurs, géographes et historiens préférés et célèbres tels que Pythéas, Strabon et Pline qui nous permettent d’en écrire quelque chose à notre tour. Pour douze oboles – trois jours du salaire d’un ouvrier – le passager est provisionné en eau potable. À part cela, aucun confort, aucun aménagement spécifique. Le passager qui ne connaît ni le moment de son embarquement – météo et armement du navire obligent – ni sa date d’arrivée à destination, doit emporter sa nourriture, son brasero, sa vaisselle et sa natte. Il dort sur le pont quand il y en a un et, pour les gens bien nés, la dunette du capitaine peut être partagée.

PAS D’EAUX NOIRES JETÉES ! Quand il faut trouver place dans la cale, au milieu des marchandises, il faut supporter la ­soutine : c’est là, en fond de cale, que croupissent les eaux noires car on répugne à souiller la mer, royaume de monstres invisibles et des dieux, en y rejetant ordures et excréments. Il est également interdit de se couper les ongles et les cheveux… et de faire l’amour, par respect pour Vénus. Par beau temps, loin des côtes et lassé de contempler l’horizon, on s’occupe à la pêche, en parties de cartes ou de dés. On chante en s’accompagnant d’instruments de musique. On s’ennuie dans le meilleur des cas car si le temps

Pour ne pas facher les dieux (ici Neptune), on ne rejetait aucun déchet à la mer

est mauvais le cauchemar commence. Il faut courir d’un bord à l’autre pour équilibrer le navire ou on se retrouve dans la cale puante à caler la cargaison. Quand on est enfin invité à la manœuvre, le pire est là. Elle consiste en effet à jeter par-dessus bord tout ce qui peut alléger l’embarcation : d’abord les objets personnels et, parfois, le passager lui même. Les esclaves sont les premiers à passer à l’eau. Les passagers ne doivent pas montrer qu’ils ont des biens. Hérodote raconte que le poète Arion, embarqué sur un navire corinthien, avait demandé à chanter un dernier poème avant de disparaître dans les flots avec ses objets précieux pour ne pas être détroussé par l’équipage. Il sera sauvé par un dauphin… C’est parfois le mal de mer qui invite à plonger pour rejoindre la côte, comme le fit Sénèque, en petite tenue, après avoir prié le pilote de s’en approcher au plus près. Quand l’eau vient à manquer on utilise la recette suivante, transmise par Pline l’Ancien : « On étend autour du navire des toisons qui s’humectent en absorbant les exhalaisons de la mer, et l’eau que l’on exprime est douce ou encore, on plonge dans la mer avec des filets des boules de cire creuses ou des récipients vides et bouchés : l’eau recueillie à l’intérieur est douce : le fait test que sur terre l’eau de mer filtrée par l’argile devient douce… ». On est loin de La Croisière s’amuse… Emma Chazelles 1 «Sur la Mer Violette. Naviguer dans l’Antiquité» de Claude Sintes, directeur musée de l’Arles Antique, Signets – Belles Lettres, 2009).


Carnet de bord d’un voyageur : chapitre 1

“Aux bouches du Rhône, nous abordons une côte dangereuse” Fréquenté par les marchands Phéniciens dès le VIIe siècle avant J.-C., le Rhône est l’axe de pénétration le plus prisé d’Europe. Voici ce qu’aurait pu être le carnet de bord d’un passager venu par la mer sur un cargo et qui se serait rendu en Arles du temps de César.

A

vec notre massive Corbita chargée de sacs et d’amphores, de quelques blocs de marbre pour la villa d’un notable d’Arelate, des derniers articles à la mode venus de Rome, de quelques autres passagers épuisés, nous arrivons en vue de la ligne incertaine de ce qui ne s’appelle pas encore la Camargue mais qui est déjà ce littoral bas, sableux et dangereux, signalé comme tel par le grand géographe Strabon. À juste titre : on y a trouvera au XXe siècle une trentaine d’épaves de bateaux échoués à l’époque romaine. Et toutes celles qu’on n’aura pas trouvées ? En approchant, on peut apercevoir un paysage boisé et, en pénétrant dans l’estuaire profond, des îles nombreuses et de grands marécages. Arelate ne

signifie-t-il pas près des eaux ou bâtie dans un marécage ? UN RIVAGE BIEN INCERTAIN Dans la perpétuelle lutte que se livrent le fleuve-torrent et la mer, le trait de côte se situe aujourd’hui bien au large par rapport à ses positions à l’ère moderne. Le Petit Rhône n’existe pas. Installé plus à l’ouest, Rhodanus connaît des crues magistrales et un débit plus puissant. L’existence du canal de Marius, creusé parallèlement au fleuve et rapidement ensablé sera par la suite contestée mais le général de ce nom aura, avec l’empereur, transmis à la postérité l’un des deux prénoms emblématiques de la Provence. Au débouché du Rhône SaintFerréol, un des bras les plus im-

portants qui disparaîtra, nous arrivons dans l’avant-port d’Arles, à trois kilomètres au large de ce qui s’appelle maintenant les Saintes-Maries-de-la-Mer. Un arrêt est nécessaire, le tirant d’eau de notre embarcation exige une rupture de charge. « L’entrée du fleuve reste toujours difficile à cause de la rapidité des eaux, des atterrissements qui s’y forment, et parce que le pays est si plat que l’on ne peut, dans un temps couvert distinguer la terre, même de fort des Nautes le droit de près. Aussi les  Marseillais,  cherchant  de toutes les manières à, s’approprier cette contrée, y ontils fait construire des tours qui servent de signaux… », écrivait déjà Aristote en –385. En trois siècles, rien n’a changé et ne changera certainement jamais. Nous retrouvons là d’autres grands navires hauturiers et les cargos de cabotage maritime qui circulent sans cesse de mars à septembre, avant la période de Mare Clausum où la navigation est trop risquée. FLEUVE BIEN ­IMPÉTUEUX Notre équipage nous amarre aux appontements où les bateliers du fleuve et leurs barges, les Naviculaires, ont leur royaume de plein droit. Notre navire est déchargé de ce qui doit débarquer ici : vin, huile, garum, fruits secs, olives et salaisons en amphores mais aussi sacs de blé, vaisselle fine et tissus, verrerie et céramique. Tout est systématiquement inventorié et pesé. Les droits de douane, les impôts à la circulation sont perçus. Un naviculaire est chargé de ce qui doit remonter jusqu’à Arelate. La Corbita reprend sa route vers Portus Veneris, le Port de Vénus (Port vendres), à quatre jours de là avec cet vent Maître

(Mistral).  Les  passagers  qui continuent m’ont vus débarquer avec envie. Au moins, les fonds ont-ils été nettoyés et la puanteur leur sera moins pénible pendant quelques jours. J’ai obtenu des Nautes le droit de naviguer vers Arelate sur la barge. Il faudrait un bon vent de sud pour remonter le fleuve à la voile. Nous allons donc être halés à partir de ces rives incertaines, fluctuantes et certainement pas accores. Les bateliers passent des cordages à la base du mât de halage fortement haubané, encastré dans le pont au tiers avant du bateau, une solide coque de chêne faite pour encaisser les coups avec les autres navires, les mauvaises rencontres avec les troncs d’arbre que le fleuve charrie. CORPORATION DES NAUTES Quelle incroyable corporation que celle des Nautes rhodaniens ! Sur la place des Corporations à Ostie, j’ai vu lors d’un voyage à Rome que ces Gaulois avaient une agence référencée par la Mosaïque de la Schola, là où les meilleurs comptoirs et transporteurs de l’Empire font leur publicité. Ces mariniers constituent une caste qu’on appelle “le corps splendide” exercent leur monopole non seulement sur tout le cours du Rhône, mais sur la Saône. Nous voici remorqués par des bœufs depuis les berges. On m’a dit qu’il y avait parfois des chevaux, ou même des hommes. Je sais aussi que les naufrages sont fréquents, surtout en période de crue, lorsque la neige des montagnes fond dans les Alpes. Je pense à la quantité d’épaves qu’il y a au fond de ce fleuve qui porte bien le nom que les Celtes lui donnent : Roth ou Rod, l’impétueux, le violent. Un jour, si on sortait ces épaves et leurs chargements de la vase, elles raconteraient notre histoire. Mais ne rêvons pas. Qui s’intéresserait aux dépotoirs de l’Empire de César ?

24 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


DRASSM

BOUZIGUES

Luc Long et les ­plongeurs archéologues Depuis 1989, les travaux entrepris par le Département de Recherche en Archéologie Subaquatique et Sous-Marine (DRASSM), permettent de reconstituer le visage de la ville-port antique, qui se mirait jadis dans le Rhône

D

epuis vingt ans, malgré son courant violent, les dangers des hélices et la nage troublante des silures gardiens du temple, les chercheurs-plongeurs libèrent le fleuve, bon an mal an, d’inestimables trésors. L’inépuisable dépotoir (on y jetait les pots) a déjà livré quantité d’amphores phéniciennes, grecques, italiques, gauloises à traçabilité et ‘’code barre’’ explicites quant à leur provenance, contenu, producteur… (voir www.cabotges.fr). On retrouve aussi en grand nombre de tuyaux et lingots de plomb et d’étain, barres de fer et pierres à bâtir. D’exceptionnelles épaves de bateaux vieux de plus de deux mille ans restent en attente d’être relevées, mais donnent un éclairage singulier sur la navigation fluviale et les échanges commerciaux entretenus en Gaule Transalpine. DANS UN LIT TUMULTUEUX Une Vénus romaine, découverte en 1651 dans le lit tumultueux était  restée  orpheline  quand en 2007, à la faveur d’une campagne de fouilles exceptionnelle, Luc Long accouche l’ancien Eridan (fleuve) de fabuleux rejetons comme le César, devenu emblème de la ville. Figures mythologiques, bustes d’acteurs  politiques,  d’émouvantes représentations de Minerve  et  de  Neptune  et  les somptueux marbres, portraits d’Auguste et de César, longtemps hébergés dans les profondeurs peu ragoûtantes mais protectrices sont enfin rendus à la lumière de la Petite Rome Gauloise. Mises au rebut à la défaveur du temps ou naufragées lors de leur convoyage, les dernières découvertes conservent une part de mystère mais confirment Luc Long dans son intuition d’une rive droite développée à l’époque romaine. Encore fantomatique, l’actuel  quartier  Trinquetaille aurait été un formidable espace résidentiel qui se livre peu à peu sous forme de magnifiques lapidaires et statuaire. Bien des pièces de ce puzzle géant et bavard dorment encore dans les eaux qui baignent cette berge.

Parmi les trésors, les épaves de navires fluvio-maritimes baptisées Arles-Rhône 7 et 8 : 70 t pour 20 m de long et 1,50 m de tirant d’eau. Ou encore ce Ponto (p 22 et 23) qui remontait à la voile ou tractés par halage pour décharger ses dolia à Arelate. D’autres continuaient vers la Saône, le Rhin et la Loire, l’Armorique et la Britannie. Et aussi les chalands qui préfigurent les allèges à fond plat du moyen âge. L’épave d’Arles-Rhône 3, est une embarcation gallo-romaine de tradition celtique, fouillée par l’équipe d’Arkaeos est un monoxyle (un seul tronc) d’une longueur d’environ 26 m encore en place dans le fleuve avec son mobilier de bord et sa cargaison. Construit sur sole (fond plat), la structure de cette barge est en chêne blanc, le reste en résineux. La technique pour assurer l’étanchéité des joints de bordage est le lutage : une toile enduite de résine est mise en place entre les planches du fond. Les barres de pierre calcaire qui constituent sa cargaison étaient sans doute destinées à la construction d’une villa, hypothèse à retenir car, sur les Romains les questions sont légion et, comme le dit philosophiquement Fabrice Denise, commissaire de l’expo César, ”plus on trouve moins on sait“. Mais, pour en savoir un peu plus, lisez le livre de Luc Long : “Les Secrets du Rhône”, Éditions Actes Sud, 2008.

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 25

Musée de l’Étang de Thau Découvrez les métiers de la pêche, la culture des huîtres et des moules

L

e bassin de Thau est un monde. Son écologie le rend unique : ses sources souterraines, ses hippocampes dorés rarissimes, ses coquillages, ses poissons... et aussi ses hommes et ses femmes au caractère bien trempé !

D

ans le cadre charmant du village de Bouzigues, sur le quai du petit port de pèche, le Musée de l’Étang de Thau vous invite à découvrir l’activité principale des riverains : l’élevage des huîtres et des moules, des coquillages et de la pêche.

C

’est un musée vivant et chaleureux, accueillant pour les adultes et les enfants. Des reconstitutions saisissantes, des espaces pédagogiques et ludiques, un son et lumière, des projections de films, des aquariums, des maquettes... RENSEIGNEMENTS RÉSERVATIONS Muse de l’Étang de Thau Quai du Port de Pêche 34140 Bouzigues Tél : 04.67.78.33.57 Fax : 04.67.78.51.56 musee.etang.thau@libertysurf.fr Adulte : 4 € - Enfant : 3 € Groupe adulte : 3 € - Enfant : 2,5 € Été : 10 h / 12 h 30 - 14 h 30 / 19 h


Carnet de bord d’un voyageur : chapitre 2

“Je comprends pourquoi César aime cette ville” Nous poursuivons notre périple de la mer à Arles en compagnie du passager venu de la mer dans un cargo. Après avoir remonté le Rhône, il découvre Arles, la ville double, la Petite Rome.

N

ous avons parcouru près de quatorze lieues (30 km) contre le courant en suivant les méandres du Rhodanus, bien calme et bien bas en cette saison si l’on en juge par la hauteur de la ligne d’eau visible sur les berges et la quantité de débris déposés par les crues dans les branches du bord. Arelate ! Enfin. Ma patience est récompensée. On m’avait parlé d’une petite Rome, il n’y a pas mieux pour la décrire. Un fleuve comme le Tibre, sept collines, des maisons aux tuiles rouges, et les arcades blanches de ce cirque splendide sur la hauteur… Une lumière plus vive, peut-être. MAGNIFIQUEMENT SITUÉE J’ai du mal à croire que ce fut un jour un hameau Gaulois, Théliné, minuscule comptoir gréco-celtoligure créé du temps où les Phocéens commençaient à développer Massalia. Je comprends maintenant pourquoi César a tant aimé cette ville, et pas seulement parce qu’elle lui avait offert la victoire contre Pompée (voir pages 20 et 21). Arelate est magnifiquement située sur ce couloir d’échanges dont je viens de prendre la mesure de l’importance stratégique. Ici se croisent quantités de voiliers fluviaux-maritimes et de chalands, redistribuant les marchandises venues par la mer de toutes les cités méditerranéennes et destinées aux terres du Nord et à la Mer Extérieure, par la remontée des affluents.

Je crois bien qu’on ne pourrait tenir la Gaule sans être le maître du Rhodanus. Grâce à lui le limes1 peut repousser loin la limite entre la civilisation et le ­Barbaricum. SURPRENANTS GAULOIS ! Pendant que nous remontions lentement le cours du fleuve, j’ai observé les Gaulois qui vivent dans ces parages. On se les représente souvent hirsutes et malodorants. Il est vrai qu’ils mettent du beurre dans leurs longs cheveux. Mais l’huile d’olive dont nous nous oignons n’est-elle pas, pour eux, une puanteur ? On se moque de leurs braies2 mais plus d’un Romain s’est convaincu que ce vêtement convient mieux à l’activité que nos tuniques et nos toges patriciennes. En arrivant dans la partie du port sur la rive droite où se concentrent les ateliers des charpentiers, je vois bien la maîtrise que ces gens ont de la construction navale et du travail du bois : à côté des navires en construction, des fûts de chêne, certainement plus solides que nos amphores. César a bien fait de donner à cette partie de la Gaule le statut de Colonie intégrée à l’Empire. Si la rive droite paraît au premier abord très industrieuse, on découvre rapidement que c’est aussi un quartier3 très vivant. Derrière les entrepôts, les magasins et les chantiers navals se trouvent riches bâtisses, habitations, temples et monuments, ornés de colonnes et de statues de marbre.

Cette cité mérite bien le nom de Duplex-Arelate qu’on lui donne parfois pour exprimer qu’elle est double : port et ville, ville sur deux rives. Sa partie gauche, plus administrative, est aussi celle du stade, du théâtre et des arènes. Entre les deux, un pont flottant est ancré sur chaque berge entre de monumentales colonnes de pierre. Une partie de ce pont se lève pour laisser passer les bateaux.

4

Alors que nous approchons du port fluvial, un chaland de près de trente mètres poursuit sa route, croisant ici la Via Domitia, l’axe terrestre qui relie l’Espagne à l’Italie et franchit le fleuve sur ce pont de bateaux, levé pour lui ouvrir le chemin vers les terres du Nord. Je ne me lasse pas de regarder tout cela pendant que les Nautes nous amarrent au quai et que je peux débarquer. Un passage aux thermes et à moi, Arelate !

pas à terre

Gladiateurs et velum

P

our avoir visité Rome plusieurs fois, je ne risque pas de me perdre à Arelate. Je me repère aux deux rues principales, le cardo, axe Nord-Sud et le ­decumanus, l’axe Est-Ouest, qui forment la base urbanistique de toute cité romaine digne de ce nom. Les deux rues perpendiculaires se croisent au forum, intersection conçue ici comme partout comme un grand espace public pourvu de temples. Je suis trop fatigué pour aller dès maintenant au théâtre antique où sont annoncés de fameux combats de gladiateurs. De la rue où je marche, admiratif, j’en-

tends déjà crier les quelque dix mille spectateurs du spectacle du jour. Comme le soleil darde, on a tendu le velum, une toile de lin protectrice soutenue par des cordages fixés à des mâts installés dans les murs au-dessus des gradins. Le spectacle de cette machinerie énorme et légère à la fois est, je crois pour beaucoup, un spectacle plus admirable que les combats de gladiateurs euxmêmes4. En attendant d’aller me coucher, j’irai boire à l’auberge un de ces vins que l’on cultive un peu plus au nord, dans la vallée du Rhodanus.

1 Limes : ligne frontière de l’Empire ponctuée tous les cinq kilomètres d’une tour de guet. 2 Braies : sorte de pantalons larges resserrés sur le bas de la jambe. 3 L’actuel quartier de Trinquetaille. 4 C’est ce qu’écrira Pline l’Ancien dans Histoires Naturelles XIX 23-24, un demi-siècle après J.-C.

26 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Bientôt un port de plaisance à Arles Si Arles se penche sur son passé nautique, la plus grande commune de France regarde aussi vers l’avenir de la navigation dans ses eaux. Dans les cartons, un projet de port.

T

out a commencé après les inondations de 2002 et 2003. Déjà, depuis les années 1990, on réfléchissait à une stratégie globale du risque d’inondation, mais les crues exceptionnelles du début du nouveau siècle ont amené les présidents des régions Rhône-Alpes, Provence-AlpesCôte d’Azur et Languedoc-Roussillon, concernées par le cours haut et bas du Rhône, à considérer la question du bassin versant, du cours et du delta du fleuve comme un enjeu non seulement interrégional mais européen. L’idée a suivi son cours et en 2007 un contrat État-Région a décidé d’une enveloppe de quelque 614 millions d’Euros pour financer six thèmes prioritaires et complémentaires : patrimoine et culture, inondations, qualité des eaux, ressources et biodiversité, énergie, transport fluvial, tourisme. Pour ce qui concerne la navigation, la réfection des quais et l’aménagement des berges depuis le pont de la voie rapide jusqu’à la sortie du “virage” du Rhône était la première chose à faire (2008 à 2011). Mais, bien plus intéressant pour les caboteurs est le projet de port de plaisance. Puisqu’il n’y a pas de pont sur le Rhône avant celui de la RN113, il sera possible, en prenant l’écluse de Port SaintLouis-du-Rhône, de remonter jusqu’à Arles où on trouvera tous les équipements d’un “vrai” port. Sur le fleuve, rive gauche juste avant le pont et tout près du musée de l’Arles antique, est prévue une petite halte fluviale, le temps de visiter l’expo César…

À quelques centaines de mètres en aval, dans le bief qui rejoint l’écluse, sera construit un ponton d’attente pour s’amarrer en attendant l’ouverture. Et là, grande nouveauté, le petit pont qui enjambe le canal après l’écluse sera levant, permettant aux voiliers de passer sans démâter. Ensuite, on entrera dans le bassin que l’on aperçoit très bien quand on passe sur la RN113, avec un ponton d’attente à gauche (pour passer l’écluse en sortant) et, à droite, des places de passage, une capitainerie, des sanitaires… 230 ANNEAUX BIEN ÉQUIPÉS Dans la partie du bassin qui tourne sur la droite, appelé bassin d’honneur avec des anneaux pour des usagers permanents avec des unités importantes. Le canal parallèle à la route sera réaménagé et offert à dix péniches d’habitation et la petite plaisance trouvera sa place plus loin, après le virage du canal. Le tout se terminera au pont Van Gogh par une zone technique, un carénage, une cale de mise à l’eau, des shipchandlers, de la restauration et… un lieu consacré aux vieux gréements. Au total, un budget de sept millions d’Euros pour 230 anneaux et un bel aménagement tout près du centre-ville et un magnifique lieu culturel. Le document du projet ne dit pas si un mur anti-bruit est prévu entre la RN113 et les bassins de plaisance, mais, de notre avis de futurs usagers, cela paraitrait tomber sous le sens dans un projet aussi prometteur.

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 27


Destination

Destination Canal du Rhône à Sète

Beaucaire : l’escale canaux à marquer d’une pierre blanche Après des heures de navigation solitaire, l’arrivée à Beaucaire est comme une explosion de civilisation : toutes les couleurs en plus du vert des arbres et de l’eau et du bleu du ciel. Tous les sons après le clapotis du sillage et le ronron du moteur. Le port en pleine ville avec ses cafés, ses badauds, la musique de la fête… le batelier en est tout étourdi. Ce n’est pas nouveau.

BEAUCAIRE ET LA MÉDITERRANÉE

D

Canal du Rhône à Sète

éjà, du temps où elle s’appelait Ugernum et qu’elle était au carrefour du Rhodanus et de la Via Domitia, les Romains y faisaient des affaires dans ce grand espace d’échanges en forme de delta entre Nîmes, Avignon et Arles. Son nom a changé, mais béu caire, le beau caillou en occitan, est restée marquée d’une pierre blanche sur le chemin des commerçants de toute l’Europe. Après l’An Mil, alors que la fin du monde annoncée n’avait pas eu lieu, les échanges ont pris un phénoménal essor. En 1168 des textes signalent le très important marché de Beaucaire qui se tient le 22 juillet de chaque année. Ce marché devient officiellement une foire en 1217 par décret du Comte de Toulouse. Le succès est d’autant plus important et rapide que le décret précise «que toutes les marchandises qui sortiraient de cette foire seraient affranchies de tout droit». La Foire dite de la Madelaine est ouverte au son de la trompe le 21 juillet à minuit. La franchise et le débarquement des marchandises peuvent commencer pour, officiellement, trois jours. En fait,

elle s’allonge jusqu’à dix jours, contrariant ainsi les affaires du Fermier du Languedoc, chargé de collecter les taxes. Pourtant, le privilège est maintenu et on vient du monde entier pour faire des affaires seulement interrompues par la peste de 1720 et la Révolution de 1798. ON Y FAIT LA FOIRE EN TOUTE FRANCHISE On y vend des produits alimentaires, céréales et salaisons, et des objets utilitaires comme les clous, les savons, et les bois de service, mais aussi soieries et fines dentelles, draps de Bedarieux et toile de Grenoble. Le mètre étalon garant pour tous les drapiers d’une mesure commune est enchâssé dans le mur extérieur de l’hôtel de ville. On déambule sur la belle promenade du Pré et les auberges bruissent d’une clientèle abondante. Cela dure jusqu’au milieu du XIXe siècle : en 1842, cinquante-deux navires, dont deux génois, cinq sardes, un espagnol et un corse, sont venus prendre place dans le port de Beaucaire.

« En remontant le Rhône à son embouchure, les commerçants du Levant se joignent aux navires espagnols et italiens, parcourent une distance de 45 kilomètres environ, qui sépare Beaucaire de la Méditerranée, et apportent dans ce marché les ouvrages et les productions de leurs pays. D’un autre côté, le canal d’Aigues-Mortes facilite les transports qu’un encombrement à l’embouchure du Rhône rendait difficile. Tous ces moyens de communication font de cette foire une des plus remarquables de l’Europe ». « Ainsi que par le passé, les chargements des bâtiments Catalans, consistent, aujourd’hui, en barils d’anchois et de sardines, en lièges, en planches ou en bouchons, en vins, en citrons et en oranges, venant des iles Baléares. - Les chargements venus d’Italie se composent de riz, de citrons, de balais, d’oranges, de confitures, de vermicelles, d’huiles, d’objets de mercerie, de parfumerie et de quelques étoffes. À ces importations, on peut joindre les marchandises de l’Allemagne et de la Suisse, qui descendent le Rhône, comme les marchands lyonnais, bourguignons , etc. , etc., et viennent débarquer, sur la rive droite du grand fleuve, les marchandises servant à alimenter la foire ». Notice sur la foire de Beaucaire par Mr. Hector Rivoire. Extraits des mémoires de l’Académie de Nîmes, 1842-43-44 Sachez aussi que dans la ville de Beaucaire « il était autrefois en usage de donner un mouton, un tonneau de vin et un sac de pain au patron de la première barque qui y arrivait chargé de marchandises pour la foire ; l’usage de donner un mouton s’est conservé, et la ville de Beaucaire, représentée par la personne de son maire, offre cette récompense au premier bateau chargé de marchandises qui vient s’installer pour la Foire ».

AVEC LA VAPEUR, TOUT PART EN FUMÉE Mais, dès le début du XIXe, l’arrivée des bateaux à vapeur à roues à aube fait disparaître progressivement la batellerie traditionnelle au profit de grandes compagnies batelières qui ne résisteront pas à leur tour à la concurrence du train : en 1858, la Compagnie des Chemins de Fer du Midi prend à bail le canal dont le trafic diminue. Le chemin de fer et la fin du commerce fluvial vont progres-

sivement anéantir la Foire de la Madelaine et plonger Beaucaire dans l’anonymat…. jusqu’à l’élection en 1971 d’une beaucairoise au rang de cinquième dauphine… de Miss Univers ! Et, à propos de beauté, la «Belle Pierre» a gardé l’essentiel de ses multiples périodes de prospérité et, une fois enroulées les amarres aux taquets, les quatre pas à terre seront une suite de découvertes dans cette ville labellisée «ville d’art et d’histoire». Emma Chazelles

28 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Q

D’AiguesMortes à Beaucaire

uittant l’enceinte médiévale fortifiée d’Aigues-Mortes, le navigateur fluvial (tirant d’eau 1,50 m mais plutôt 1,20 à cause de l’ensablement) embarque pour une navigation toute en couleurs, entre fresque horizontale rose des flamants tête dans la vase et croupion au soleil, et silhouettes noires et blanches des taureaux et des chevaux sur fond de petits îlots de verdure, proches des grands mas et manades. Les premières traces d’un bateau de promenade datent de 1849 sur le canal des Landes. Mais c’est à la fin des années 50 que les premiers House-boats sont mis en location sur le canal du Midi par des compagnies anglaises. Les pénichettes n’apparaîtront qu’en 1981. Aujourd’hui, avec la volonté de valorisation des territoires et du patrimoine, on voit se multiplier actions d’entretien, aménagements nouveaux et on assiste à la multiplication des ports de plaisance fluviaux. En 1991, sont créées les Voies Navigables de France, établissement public, acteur du renouveau du transport fluvial. De tradition batelière, les VNF commencent à prendre timidement en compte l’intérêt économique du tourisme fluvial. Tout va lentement sur les canaux…

Rouvrir le canal vers le Rhône ?

C’est un euphémisme de dire que le port de Beaucaire est encombré… Avec 230 places à flot sur des catways ou à quai et 25 places d’accueil devant la capitainerie (une superbe villa avec de spacieux sanitaires, un barbecue, un bibliothèque, une salle de réunion avec la WiFi…), le lieu est très prisé. À voir les noms et les pavillons des bateaux, on voit bien que nombreux sont ceux des pays du nord qui apprécient ce port méridional : 30% d’Anglais, 12% de Hollandais, 25% de Suisses, Allemands, Belges, Danois, Suédois et Norvégiens… pour un gros tiers de français. Comme à l’époque de la Foire, Beaucaire est le point de rencontre de toute l’Europe pluvieuse et fluviale… Un quart des places sont occupées par des habitants permanents des bateaux pénichettes, péniches (12 places jusqu’à 38 m et 2 m de tirant d’eau). Pour les autres, c’est un excellent port d’hivernage, totalement abrité des crues du Rhône, en eau douce (bon pour les plastiques, pas pour le bois !!). Du coup, la liste d’attente est longue : une centaine sur la liste d’attente.

Une partie des demandes sera bientôt satisfaite : la zone technique qui est aujourd’hui un peu une verrue sur le beau visage de la ville sera déplacée et modernisée, faisant place à 70 places nouvelles. Mais il faudra très vite trouver d’autres places si un autre projet voit le jour : l’ouverture directe du port de Beaucaire sur le Grand Rhône. Cette liaison directe existait autrefois, permettant aux commerçants du Moyen-Âge de venir de la mer. Or, il y a trente ans, avant que le tourisme fluvial ne se développe, des nouveaux ouvrages ont été réalisés pour réguler le cours du Rhône, diminuant considérablement l’alimentation en eau du canal à Beaucaire. Depuis, l’eau qui passe renouvelle le canal mais n’autorise plus les bateaux à passer. Les plaisanciers doivent donc faire un grand détour pour rejoindre Arles et la mer par Port Saint-Louis-du-Rhône. Le projet est de rouvrir le passage, mettant la Méditerranée à deux heures et demie de Beaucaire, au lieu de sept ou huit heures. Pour quelque onze millions d’euros, Beaucaire pourrait ne plus être un cul de sac mais retrouver sa vocation fluvio-maritime.

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 29

La zone de carénage qui va faire l’objet bientôt d’un projet de rénovation et d’extention du port.

L’ANTICYCLONE ARRIVE

préparez vos escales

avec

CABOTAGES.FR 2010

80 ports

Le premier guide du

nautourisme et de la plaisance côtière en Méditerranée


Méditerranée :

La trop bonne réputation Dans cette édition 2010 de cabotages, il est beaucoup question de sécurité et de responsabilité. Les bateaux, les équipements, la science de la météo… Pour ouvrir ce chapitre qui ne se referme jamais, nous avons demandé à deux grands marins, un amiral de la Royale et un champion de voile, de nous dire ce qu’est pour eux l’esprit «marin» de la Méditerranée. Nous retranscrivons ici la substance de leurs propos. Mais commençons par une voix du passé récent, Jean-François Deniau, ancien ministre et académicien :

Jean François Deniau, fondateur des Écrivains de marine, “voileux” de toujours :

De vrais pêcheurs et de grands marins

Bien que n’en étant pas originaire, j’ai lutté contre les appréciations peu flatteuses concernant son caractère maritime du style : « ce n’est pas une vraie mer », définition du pêcheur marseillais : « c’est le mari de la femme qui va chercher le poisson à la gare », « Sainte Vierge, protégez les marins qui sont au port, les autres qu’ils se démerdent » dit avec l’“assent” bien sûr.

Parce qu’il y a du soleil, on croit qu’il fait toujours beau. Mer à part, certes, mais mer capricieuse et d’une grande violence exigeant parfois plus de qualités maritimes que l’océan. Elle ne prévient pas. L’empereur Charles Quint a fait, à propos de ses dangers, l’une des plus belles remarques maritimes que je connaisse : « il n’y a que deux bons ports en Méditerranée, Car-

thagène et le mois de juin». J’ai navigué à la voile (Ndlr : en Méditerranée) sur mon petit yawl Laërtes pendant plus de dix ans (…). J’ai rencontré de vrais pêcheurs et de grands marins. » Extrait “Méditerranée” du Dictionnaire Amoureux de la Mer et de l’Aventure, Plon, 2002.

Laërtes, le “petit yawl” de Jean-François Deniau

Vice-amiral d’escadre Yann Tainguy, préfet maritime de la Méditerranée :

La carte postale est trompeuse

La Méditerranée a l’image d’une carte postale : des calanques à l’eau transparente, des plages, une mer bleue et calme… Vous ne

verrez jamais ni Mistral ni coup d’Est. Curieusement, l’Atlantique des cartes postales a des vagues, du vent, des phares dans la tempête. L’image de la Méditerranée auprès de ceux qui viennent y naviguer pendant l’été – et ils sont plus nombreux qu’ailleurs – est la cause de bien des imprudences. C’est très préoccupant. De mars 2009 quand j’ai pris mes fonctions, à mars 2010, nous avons fait 2.600 interventions de sauvetage impliquant 5.800 personnes parmi lesquelles il y a eu 27 morts et 6 disparus. Un mort tous les dix jours pour la côte méditerra-

néenne française et la Corse. Les causes sont de trois ordres qui se ramènent – presque – toutes à la question du temps du vacancier, essentiellement citadin, en tout cas pas marin. Il veut profiter tout de suite : pas de préparation matérielle ou physique. C’est surtout vrai pour la plongée qui connaît de plus en plus d’accidents, non pas à cause des clubs, très professionnels, mais des pratiquants. Il veut profiter le plus longtemps : la météo devrait imposer sa loi au calendrier des vacances, or c’est le contraire qui se produit. Les

plaisanciers commettent des imprudences pour “être à l’heure”. Il veut aller vite : la vitesse, avec les grands yachts comme avec les jetskis, les gens vont trop vite. Lors d’une opération «coup de poing» que nous avions menée dans la baie de Saint-Tropez, il y avait tellement d’infractions que nous n’avions pas assez de personnel pour verbaliser tout le monde ! Un gros travail de prévention à mener et ce travail – notamment grâce aux médias – doit être mené en amont, pour corriger l’idée que les gens se font de la Méditerranée.

Bruno Jeanjean, capitaine du port de Palavas, détenteur du Trophée Jules Verne :

Il faut de grandes courses à la voile Ici, c’est une mer casse-bateaux. La houle est courte, le vent violent et imprévisible en force et en direction. Il ne faut pas la prendre à la légère, c’est un fait que ceux qui naviguent régulièrement en Méditerranée ont compris. Le plaisancier a des abris à peu près partout pour se mettre en sécurité. Mais la côte peut être un danger et il faut savoir s’en méfier, ce que les gens de la course au large savent paradoxalement très bien !

Quant à dire qu’il y a moins d’esprit “marin” en Méditerranée… je dirais que la voile est devenue un sport majeur pour les Bretons. Même en hiver, sur l’Atlantique comme sur la Manche, vous verrez tous les week-ends des bateaux sortir. Ici, regardez, un jour comme aujourd’hui (ndlr : début du printemps, soleil, force 4 de Nord-Ouest), on voit deux voiles dans toute la baie d’AiguesMortes. Si on retire les écoles de voile qui font sortir leurs élèves…

Pour arriver à donner une image et à créer un esprit marin, il faudrait qu’on puisse organiser en Méditerranée de grandes courses à la voile où de grands marins s’engageraient sur de beaux projets. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas de course référente et que des petites organisations. Regardez l’image maritime que les villes atlantiques qui sont devenues les points de départ des grandes courses ont acquise !

30 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Jean Merrien, précurseur oublié Qui est Jean Merrien ? Premier indice : né en 1905, de son vrai nom René de la Poix de Frémenville, cet écrivain prolixe mérite bien une rubrique à la croisée des “Portraits de marins” et “Au Fil des Pages”. Second indice qui favorisera les plus âgés de nos caboteurs : cet écrivain a servi et sert toujours de référence aux grands noms de la littérature maritime. Un véritable maître à penser des premières générations de plaisanciers.

J

ean Mérrien est un historiographe de l’aventure maritime, chantre de la plaisance et du cabotage avant l’heure. Un passionné de la mer dès son plus jeune âge. Il a écrit de nombreux manuels d’initiation au bateau et à la croisière, des récits de navigateurs solitaires, des livres d’histoires de bateaux et de grands Yachts, des guides de voyage et autres nouvelles et romans autour de la mer et des marins. Il a entre autres ouvrages donc, rédigé Un Dictionnaire de la Mer entre 1944 et 1958 avec plein d’illustrations en style ancien de Bernard Duval… Autant dire qu’on n’y trouvera pas la définition du GPS mais une somme sur le langage des marins et la pratique de la voile – les sous-titres de ce dictionnaire. Cette véritable et vénérable bible des plaisanciers a longtemps concurrencé le mythique Cours des Glénans !!! Ce dictionnaire récemment réédité, est un régal pour les caboteurs curieux certes des termes et de la langue maritimes mais aussi des principes marins et de la navigation comme du rêve auxquels ils renvoient. Bien sûr, il est

vite devenu obsolète avec le développement de la plaisance tout plastique et tout électronique, mais les définitions et les illustrations vieillottes au fil desquelles notre curiosité est piquée au vif à chaque page, dégagent un charme et des renseignements qui poussent à aller plus loin dans la lecture ! Un exemple (pris au hasard…) : c’est quoi un caboteur ? Le Petit Robert satisfait à la tradition minimaliste et en escalier : CABOTEUR : marin qui fait le cabotage. CABOTAGE, n.m 1678 : navigation à distance limitée des côtes… Avec le Dictionnaire de la Mer, les réponses sont certes à tiroir mais bien plus complètes. A Caboteur on a : navire faisant le cabotage ou le bornage. Et cabotage ? Nom masculin qui viendrait de deux celui de navigateurs, les Cabots aux XVe et XVIe siècles ou de l’espagnol cabo, cap. C’est une navigation de commerce à plus grand rayon d’action que le bornage mais plus petit que le long court… Ah, on est bien dans un dictionnaire… Voyons bornage : mode de navigation pour bateaux de moins de 100 tonneaux, dans un rayon de 65 milles du port d’armement… Hum !!! Pus précis mais pas sûr que tous les caboteurs d’aujourd’hui entrent dans cette définition… Claude Roger Dictionnaire de la Mer, réédition 2001, Omnibus Édit. ISBM 2-258-05560.1

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 31

Deux mille bateaux mouillent une journée d’été sur la côte méditerranéenne continentale et en Corse, tel est l’un des résultats d’une étude menée en 2009 par la Préfecture maritime de Méditerranée rendue publique en mai dernier. Comme on pouvait s’y attendre, l’immense majorité des mouillages concerne la région PACA 1.391), puis la Corse (453) et enfin le LangudocRoussillon (91). La zone entre Giens et Nice est la plus fréquentée, avec un record diurne de 263 bateaux entre Lardier et la pointe Saint-Tropez ! Sinon, en moyenne, la rade d’Hyères vient en tête, Porquerolles y étant pour l’essentiel : 200 mouillages de jour pour 140 de nuit. Le détail : De jour ou de nuit ? Certains sites sont plutôt “nuit“, d’autres “jour“. Si Pampelone voit les yachts entre l’heure de l’apéro de midi et le moment où il faut aller se faire voir chez Sénéquier, certains sites sont fréquentés par des plaisanciers de croisière : Toulon, Ajaccio, Calvi, l’Île Rousse. Pour Toulon, c’est la preuve qu’il s’agit d’un bassin à réputation plus nautique que touristique. Quant à la Corse, pas étonnant, on n’y va pas avec un pêche-promenade. Voile ou moteur ? Le moteur l’emporte de la Côte Vermeille jusqu’à la Côte Bleue. De Marseille à la Rade d’Hyères, la voile l’emporte très largement. Puis c’est l’effondrement : de Cavalaire à Cannes, le moteur prend le dessus. Nice et Monaco sauvent l’honneur de la voile. La taille des bateaux ? L’étude ne présente, hélas, que trois classes : les moins de 6m, les plus de 30m et les autres. Mettre dans la même baignoire les bateaux de 6,50 qui rentrent dans des recoins de calanques et des yachts de près de cent pieds capables de boucher la plage d’Argent n’est pas très opérationnel… Organiser les mouillages ? C’est dans l’air. Les Zones de Mouillages Organisés (ZMO) ne sont pour l’instant que sept en Languedoc-Roussillon, huit en PACA et onze en Corse. La Corse du Sud est championne avec près de deux mille postes,

Mouillages: la fin des forains ? Bouches du Rhône et Var, loin derrière. En revanche, le Var est recordman absolu (cinq fois plus que la totalité des autres) des amarrages en Autorisation d’Occupation Temporaire (des corpsmorts “sauvages“ peu à peu légalisés). L’ancre sera de plus en plus bannie, ça, c’est sûr Elle n’a rien pour elle : elle abîme les fonds, elle implique de grands espaces d’évitement, elle crée des conflits entre plaisanciers, elle est parfois peu sûre. Un corps mort ou un ancrage écologique règlent ces problèmes. Bien que les contextes soient bien différents sur la côte rectiligne et les lagunes du Languedoc-Roussillon, les services de l’État sont bien décidés à ce que le développement de la plaisance ne se fasse pas au détriment de l’environnement, des paysages côtiers, des autres usagers du littoral. Selon les cas, les mouillages seront purement et simplement interdits, contrôlés ou organisés. Et, sans que cela soit dit explicitement, payants “en échange d’un service“. Un anneau solide en est un… On aura compris quand on lit que l’étude insiste sur le fait que “le mouillage n’a pas vocation à répondre à l’insuffisance structurelle de places dans les ports mais devrait s’intégrer dans une politique portuaire globale“. Notre nombre et l’irrespect de certains pour la mer auront raison de la joyeuse anarchie du mouillage forain.


Les ports :

Tapis rouge vers la ville, tapis bleu vers la mer

De nombreuses réflexions sont menées pour renouveler la vocation des ports de plaisance et faire évoluer les capitaineries vers des fonctions plus diversifiées. Lesquelles ? Pour l’instant, il est surtout question d’inciter le plaisancier à contribuer davantage à l’économie des villes portuaires et de l’arrière-pays. Et la mer, dans tout ça ? À ce déséquilibre, Cabotages répond par la notion de nautourisme® où l’eau, le ciel et la terre sont le monde où nous naviguons.

I

l est dans l’air du temps que les ports ne soient pas que des parkings à bateaux à l’année ou à la journée. En échange du loyer : une place, parfois une aide à l’amarrage, un bulletin météo, de l’eau, de l’électricité, des toilettes propres et une douche chaude. Métier ingrat que celui de maître, capitaine ou directeur de port ! En saison, il distribue les clés des “chambres”, veille à la paix et la sécurité des pontons, fait face avec le sourire aux demandes multilingues des passagers chez qui la moyenne mondiale de casse-pieds est respectée. Les neuf autres mois, il administre, gère les listes d’attente, répare pontons, bornes et sanitaires, cherche des anneaux supplémentaires dans tous les recoins, veille sur les bateaux abandonnés pour l’hivernage, se paye les tempêtes quand les propriétaires sont au chaud à l’autre bout de la France, fait face aux usagers permanents chez qui la moyenne nationale des mauvais coucheurs… Les choses changent. Sans l’avoir demandé, le ports se voit doté d’une ambition nouvelle : porte

d’entrée de la ville, antichambre de l’arrière-pays, ambassadeur du terroir. TU VIENS, BEAU MARIN ? Des marchés paysans le matin ou des concerts sur les pontons à l’heure de l’apéro, pourquoi pas ? Mais il ne s’agit pas d’offrir un service au plaisancier ou de rendre son escale plus douce. Il faut faire entrer dans l’économie locale ce nomade considéré par les économistes comme des “CSP++”, catégorie socioprofessionnelle haut de gamme. Tout ce qui compte de fournisseurs de biens et services à terre s’intéresse à celuilà qui débarque de la solitude et du silence, forcément frustré de ne pas avoir pu consommer dans le grand désert bleu, avide, glouton, impatient d’acheter, de se jeter dans la foule qu’ils a cherché à grand prix à fuir ? «Tu viens, beau marin !», on entend ça dans tous les ports du monde depuis que le premier navire s’y est amarré... Au plaisancier, la terre fait de l’œil. Mais qu’est-ce qu’un plaisancier à terre ?

Un piéton qui a du mal à marcher droit. À part ça, il se fond dans la masse des touristes, dans le nombre des consommateurs. Il va au restaurant, fait ses courses, un peu de shopping… Mais sa belle CSP qui le rend si sexy aux yeux des cités portuaires est en priorité employée à entretenir sa danseuse. Son bateau. Que lui reste-t-il à terre ? Les dépenses d’un plaisancier n’y sont pas différentes de ceux d’un estivant motorisé. Numériquement, les touristes venus par la mer sont population négligeable : les voyageurs d’un seul TGV représentent un plus gros potentiel de dépense qu’un mois entier de passage dans un port moyen de Méditerranée.

nombre qu’ils sont dans une cité balnéaire où des dizaines de milliers de personnes s’amusent et consomment.

PAS UN CROISIÉRISTE Sans doute la plaisance contribue-t-elle à faire vivre les producteurs de fromages du Larzac, de charcuterie de Corse ou de vin de Cassis, mais pas plus que le même nombre de camping-caristes, plagistes et autres fantassins du tourisme. Les plaisanciers ne représenteront jamais plus que le très petit

32 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


LE PORT OUVERT SUR LA MER Et pourtant, il est vrai que le plaisancier n’est pas seulement un obsédé de vent, de vagues et de soleil. Le navigateur est à sa manière un touriste, curieux des trois mondes qu’il côtoie : le ciel, le vent et les oiseaux ; la mer, les fonds et les poissons ; la côte, les

ports, les villes d’escale. C’est le mélange subtilement équilibré de ces trois univers qui fait le charme du cabotage. Pourquoi les capitaineries ne seraient pas davantage des portes se sortie sur la mer, les antichambres du grand large, les ambassadrices de la vie marine et sous-marine ? On pourrait se prendre à rêver que les ports soient davantage impliqués dans la sensibilisation à la sécurité, à l’environnement, à l’esprit marin, qu’on les aide à faire de la pédagogie, à être les lieux d’échange d’expérience, des centres de ressources équipés de moyens pour préparer les escales futures, croisières lointaines ou sorties d’un jour.

Pôle Nautique

Port de Plaisance

Canet-en-Roussillon

Plaisirs de la mer et pôle de compétences !

LE NAUTOURISME ? Cabotages a inventé le terme de Nautourisme® pour désigner ce tourisme complet, fait de curiosité pour les autres marins et les autres bateaux, la nature et la culture, de respect pour la vie marine et les autres usagers, du monde aquatique et littoral. S’il est demandé aux capitaineries de dérouler sur les pontons un tapis rouge vers la ville, nous adorerions qu’on les aide à déployer aussi un tapis bleu vers le large : à inciter les plaisanciers à sortir les bateaux plus souvent, à les faire partir à la découverte des autres ports, à élargir le rayon des ronds dans l’eau du dimanche. Offices du Nautourisme ?

© Ville de Canet-en-Roussillon

Autre illusion : la découverte de l’arrière-pays. On-t-ils déjà navigué ceux-là qui affirment qu’à peine arrivés à Port Camargue le plaisancier va partir visiter le Pont du Gard, à Sète Carcassonne, à Bandol les gorges du Verdon ? Qu’il va tourner la clé de la première voiture de location et se jeter dans les embouteillages de l’été à la découverte des églises romanes et des éleveurs de brebis ? C’est oublier que passer ses vacances en bateau est un choix radical : l’itinérance nautique qui pousse les marins à partir et arriver avec le même bonheur, à vivre la mer avec passion et la terre avec plaisir. Pour les vacances au moins, ces terriens changent d’apparence, de langage, de véhicule, d’identité. Marcher, pédaler, pourquoi pas. Une voiture, un bus, un train, finie l’aventure. Deux stations de métro à Marseille quand on est amarré au Vieux Port, c’est comme une apnée souterraine dans cet autre monde qu’on croyait avoir quitté. La plaisance n’est pas La Croisière s’amuse où trois mille passagers sont pris en main par les tour-operators.

Christophe Naigeon

Canet-en-Roussillon,

au Coeur du Pays Catalan ! À quelques milles des criques, en bordure d’une plage de sable fin, le Port de Canet-en-Roussillon offre un véritable confort. Ce lieu de plaisance dédié aux amoureux de la mer est également une plate-forme de compétences grâce à la qualité et à la diversité des professionnels exerçant leurs activités sur l’espace technique et le pôle nautique en cours de réalisation. Pour une escale technique ou une escale « loisir », tous les équipements sont prévus pour accueillir des navires jusqu’à 35 mètres. N’hésitez pas à venir nous rendre visite !

France

Nice Cannes

Montpellier Sète

Toulouse

Marseille 170 milles

100 milles

Canet-en-Roussillon

Espagne

Empuriabrava

Roses

Bastia 240 milles

Corse

Girona 160 milles

Vers Barcelone

310 milles

Ajaccio

Vers Baléares Vers Sardaigne Renseignements : SCEREM (Société Canet-en-Roussillon Économie Mixte) Capitainerie • BP 210 • 66141 Canet-en-Roussillon Cedex • France ✆ +33 (0) 4 68 86 72 73 • Fax : +33 (0) 4 68 86 72 72 • contact@scerem.fr • www.scerem.fr

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 33


Sécurité

Gérard d’Aboville

“La réglementation déresponsabilise” (Gérard d’Aboville) Avec le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques, celui qui a été le premier à traverser l’Atlantique à la rame lutte pour simplifier la réglementation nautique et remettre au goût du jour solidarité et bon sens marin.

L

’histoire commence en 1967 alors que la plaisance décolle. Dans les solitudes du grand large, Éric Tabarly remporte six régates internationales avec Pen Duik III. Dans les foules parisiennes, le Salon Nautique de Paris explose dans les 25 hectares du bâtiment pourtant révolutionnaire du CNIT à la Défense. Depuis vingt ans, la fameuse école fondée en 1947, le Centre Nautique des Glénans, était devenue l’ENA des apprentis navigateurs, le Label Rouge des marins élevés au grain breton, et faisait des petits sur toutes les côtes. La voile légère avait pris son envol populaire avec les Caravelle, Vaurien, 420… et la croisière côtière marchait dans son sillage avec le Corsaire (1953, Herbulot) puis le Muscadet (1963, Harlé) et l’Arpège (1967, Dufour) en tête de ligne. LES “PETITS BAIGNEURS”

équipement, douanes, affaires maritimes… Chaque ministère, chaque administration, chaque député fait son règlement, ses normes, son décret, sa loi. L’AFFAIRE “PAVILLON BELGE” Il faut coordonner : en 1967 un décret du troisième gouvernement Pompidou instaure le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques qui, statutairement, a «une vocation de conception, de coordination, de concertation et d’impulsion» et «émet (…) des propositions et recommandations transmises aux ministres concernés». En d’autres termes, un organe consultatif, le genre d’institution qui justifierait l’adage «la démocratie, c’est cause toujours». Sauf que… lorsque l’outil, aussi peu affûté soit-il, est mené par un homme déterminé, du travail est abattu. « Nous sommes en partie un organisme de lobbying » résume

Gérard d’Aboville, son actuel président. Depuis quinze ans, celui qui fut le premier à traverser l’Atlantique puis le Pacifique à la rame n’est pas de ceux qui renoncent. Comme «l’Affaire du Pavillon Belge», dossier emblématique. « La première année, ils étaient 50, ils étaient 500 la seconde et 5.000 la troisième, il fallait faire quelque chose » se souvient-il. Il y avait les six catégories de navigation, chacune avec ses équipements obligatoires. « On ne pensait plus à la sécurité mais à l’inventaire à présenter aux contrôles. Le plaisancier se disait « j’ai tout, il ne peut rien m’arriver». Il y a un moment où la réglementation déresponsabilise ». Ainsi, après des années de palabres, le CSNPSN a pu obtenir une législation plus proche de celle de nos voisins européens et, surtout de l’esprit de la marine : prévoyance et responsabilité. Un radeau pour deux personnes est désormais suffisant s’il n’y a que deux embarqués dans un

bateau de six places, mais en cas de méchant vent, il sera toujours plus dangereux de risquer une entrée à la volée dans un port étroit et mal protégé que de se mettre à la cape ou en fuite, loin de la côte, hors de la zone autorisée. Victoire du bon sens marin. LA RADIO POUR TOUS Autres dossier en cours : la généralisation de la VHF. « Le certificat actuel obligatoire pour utiliser la radio du bord est obsolète. Il faut quelque chose de plus pratique qui incite les gens à en avoir une à bord ». Gérard d’Aboville argumente : « c’est pétole. Un voilier encalminé veut rentrer au moteur. Ça ne démarre pas. Il n’a pas d’autre moyen de communication que la fusée rouge. Les sauveteurs vont prévoir le pire et dépêcher un navire de la SNSM, un hélico. C’est disproportionné. Si le capitaine avait pu expliquer à la radio de quoi il retournait, un autre plaisancier ou un pêcheur

Bref, la navigation de plaisance devient une activité économique porteuse, un loisir accessible pour les uns, une machine à rêver pour les autres. La régate est lancée entre les architectes pour tirer le meilleur parti possible du polyester. En 1967 se tourne à Chichoulet, secret port “sauvage” de l’embouchure de l’Aude un film culte, Le Petit Baigneur, où Louis de Funès incarne avec tumulte l’un de ces patrons de l’industrie naissante du moule-à-gaufres qui, grâce à cette matière très plastique, va permettre la production nautique de masse. Cela ne va pas sans poser des tas de problèmes : sécurité, infrastructures portuaires, équipements des navires, coexistence avec la pêche et le commerce… bientôt la pollution, la surpopulation portuaire. La navigation de plaisance est une longue traversée horizontale de l’administration française : sports, transports, industrie, environnement, pêche,

34 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


ELECTRICITE, CONFORT, ACCASTILLAGE...

Le Partenaire Indispensable des Shipchandlers

aurait pu lui porter un jerrycan, le remorquer. La VHF, c’est donner la possibilité d’être entendu de tous, d’expliquer ce qui se passe et d’obtenir la réponse appropriée. C’est diminuer les alertes “de confort” et ramener la solidarité entre marins ». Enrichir l’État et les marchands de radios marines ? La dépense serait compensée par l’exonération de la redevance et la suppression des fusées-parachute – les plus chères – des équipements obligatoires. « Notre travail étant d’apporter les arguments et de faire pression pour changer la loi, de dos-

sier VHF est de ceux dont nous nous chargeons avec la SNSM et tous les services chargés de la sécurité ». Parmi les arguments en faveur de la radio : une expérimentation de bulletins météo en boucle sur le canal 16. Une idée à soumettre au CSNPSN ? Passez par l’un de ceux qui y sont représentés. Christophe Naigeon Fusée ou matériel électronique, des solutions pour lesquelles la VHF est une alternative ou un complément en cas de problème.

EUROMARINE est distributeur auprès de votre Shipchandler des produits écologiques ECOVER Liste des points de vente sur

www.euromarine.fr

by

Choisissez la Qualité et la Créativité Comment saisir le CSNPSN ? Le Conseil est constitué de reremonter par l’une des fédéraprésentants de neuf ministères ! tions sportives agréées (voile, Mais aussi d’administrations motonautisme, sports sous-macomme les Voies Navigables de rins, ski nautique, canoë-Kayak, France, le Conservatoire du Litaviron, pêche en mer) ou les astoral ou le comité Olympique… sociations concernées par le suainsi que de la Fédération des jet représentés au CSNPSN (Les Industries Nautiques et la FéGlénans, la SNSM, le Yacht-Club dération Française des ports de de France, la Fédération des Plaisance. Si vous êtes porteur Pêcheurs Plaisanciers, l’Union Nationale pour la Course au d’une idée susceptible d’avoir des répercussions réglemenLarge…). Pour en savoir plus, rendez-vous sur la toile : taires ou législatives, faites-la www.csnpsn.developpement-durable.gouv.fr

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 35

sécurité sauvetage équipement

Liste des points de vente sur

www.forwater.fr Vous pouvez retrouver tous les produits chez votre Shipchandler habituel

Rue des Bergers Z.A du Cabrau 13310 SAINT MARTIN DE CRAU Tél. 04 90 47 37 36

10, rue de Bourgogne Z.A du Parc - 89140 CUY Tél. 03 86 95 03 33


Météo à bord :

Quels instruments sont vraiment utiles ? La mer n’est jamais mauvaise. Le méchant, c’est le vent. Celui qui déchaine les vagues, qui pousse à la côte, qui amène le grain violent, qui déchire les voiles. Celui de Méditerranée est redouté de tous les marins sérieux. Ceux qui n’en ont pas peur sont des inconscients. Un seul remède, la météo. Voici quelques conseils pour avoir ce qu’il faut, mais pas plus, qui est trop.

S

oyons bien d’accord : les prévisions ne se réalisent pas toujours. La fiabilité du bulletin est de 70% « la dépression pouvant être plus creuse »… Un vent de Nord force 5 fraichissant est annoncé, et c’est finalement du Sud, force 2. Cependant, tout caboteur un tant soit peu conscient du risque d’un changement brutal de temps ne peut tourner le dos aux diverses aides à la navigation avant de quitter le port et que Radio-Ponton ne saurait en aucun cas remplacer. L’outil le moins onéreux est le bulletin météo affiché à la capitainerie. Si vous avez une VHF complétez avec les bulletins réguliers. Mais la consultation indispensable et régulière de ces aides ne suffit pas : il vous faut un carnet et un crayon pour noter ce qu’il en était hier et la tendance prévue pour demain et après-demain. La mémoire est souvent défaillante. L’EXPÉRIENCE ET LE “PIF” Autre instrument indispensable et obligatoire et tout aussi gratuit : votre “nez”, votre expérience pour sentir l’évolution de la météo. Et sans vous laisser influencer par les on-part-on-partpas de votre équipage, les décisions du voisin, l’avis du vieux pêcheur indigène. Car c’est à vous, capitaine, de tenir compte de la tendance passée et à venir, du comportement antérieur de votre équipage dans le vent qui monte avant de décider de rester au port ou d’aller voir ailleurs quel temps il fera demain ! Mieux vaut une journée

de navigation perdue qu’une menace de divorce et/ou de vente forcée du bateau… Pour aller plus loin, essayons de distinguer les instruments incontournables et/ou obligatoires des utiles ou même des futiles… INSTRUMENTS DE FRIME Éliminons d’entrée tous ceux qui, certes performants, sont superflus pour une navigation côtière : tous les instruments d’acquisition de documents au large, cartes avancées de pression, de vents, d’isobares en surface et en altitude par télécopie, Navifax ou Seafax et autres fac-similés. De même pour les systèms satellitaires de communication type Immarsat et autre Iridium ou Thurya : utiles pour la navigation hauturière et/ou en solitaire mais pas vraiment nécessaires pour le cabotage, d’autant que chaque équipement revient coute entre 2.000 et 3.000 € et impose de grosses antennes difficilement logeables sur nos généralement petites unités. LES INCONTOURNABLES Obligatoires ou non, sont incontournables le baromètre à aiguille ou enregistreur ou même électronique (on peut aller jusqu’à la petite station météo du commerce terrestre) : de 30 à 100 e. Ce sont ses variations qu’il faut surveiller : chute brutale, attention les dégâts ; chute lente, on va incessamment de-

voir revoir le programme des jours suivants… La VHF : plus qu’indispensable puisqu’elle assure également la sécurité via la surveillance du canal 16 par les CROSS et tous les sémaphores, et qu’elle assure des liaisons de quelques milles à quelques dizaines de milles. Maintenant couplée à un GPS, elle donne la position par appel automatique de détresse d’un numéro international du Système Mondial de détresse et de sécurité en mer (SMDSM). La veille est la meilleure garantie contre les surprises d’un changement de temps entre les trois bulletins quotidiens. Le long de la Côte d’Azur, les bulletins des Cross sont répétés en boucle sur le canal 63 en dehors d’heures de rendez-vous et il serait souhaitable que cette expérience se généralise. Comptez entre 100 et 200 € pour une VHF fixe, idem pour une portable,

bien utile lors des arrivées de port, en annexe ou même dans le cockpit. Le GSM, notre téléphone portable quotidien. Météo France a un système par département et nos bateaux sont très souvent à portée de réseau. Avant de partir ou en cours de route faites le numéro 0892 6808 suivi des deux numéros du département. C’est payant mais ce n’est pas volé. Et cela présente l’avantage d’avoir la météo du point d’arrivée alors que la capitainerie que vous quittez ne donne que le bulletin de zone de départ. Un conseil, si vous partez de Marseille vers les Saintes-Maries, écoutez aussi la météo de Guissan. Ce qui se passe là-bas pourrait bien être une précieuse indication sur ce que vous pourrez trouver demain ou après-demain. À force de naviguer, on se fait ainsi sa propre interprétation, fruit de l’expérience.

36 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Le récepteur radio grand public : en navigation côtière, de très nombreuses stations émettent des bulletins sur GO, PO et FM. Un autoradio à bord fait d’autant l’affaire qu’il est fixe et a un lecteur pour vos CD audio préféré. Plus chic et entre nécessaire et utile : le récepteur BLU (Bande Latérale Unique - oui, la voie de Donald le canard), obligatoire en hauturier pour recevoir la météo du et au large. S’il vous vient l’idée de naviguer plus ou moins loin de votre bassin habituel, emportez-le : il vous permettra d’avoir des nouvelles de votre port d’attache car multi-bandes, il permet de capter sur grandes ondes de nombreux émetteurs français ainsi que Radio France Internationale partout dans le monde ! (entre 100 et 300 €). Prévoir alors une bonne antenne… LES SIMPLEMENT UTILES L’anémomètre. Si vous n’avez pas d’anémomètre en tête de mat, pourquoi pas un à main ? Utile pour départager entre les avis (« ça monte, ça monte pas ») ! Et malgré le côté rigolo à manipuler, en impose un peu aux novices… De 50 à 150 €, selon qu’ils sont autonomes (mécaniques) ou à piles (électroniques et affichages de diverses informations). Très courant sur nos bateaux : le Navtex pour recevoir sous forme de petits messages les avis urgents aux navigateurs, des bulletins météo, des avis de coups de vent via des satellites, près et loin de la côte. Comptez 500 €. Tout aussi courant maintenant, l’ordinateur et la liaison Internet : pas un réel besoin pour nos navigations le

plus souvent estivales et proches des côtes. Mais il existe une foultitude de sites météorologiques selon les activités pratiquées et votre degré d’addiction… Pour des traversée plus lointaines (Corse, Tunisie, Baléares), Météo France par exemple propose un abonnement au logiciel Navimail pour récupérer les données météo marines valables pour votre position et les mailles géographiques voisines. Durée et coût variables à consulter sur le site de Météo France. Mais tout cela risque d’être vite périmé avec l’arrivée de l’Ipad …et ses promesses. LES ACCESSOIRES Si vous naviguez dans une zone dont vous ne maitrisez pas bien la langue : le glossaire ! En météo, les mots ont leur importance et une traduction approximative peut modifier le sens d’une prévision. Sans oublier l’indispensable Guide marine de Météo France disponible en capitainerie et téléchargeable : mis à jour chaque année, vous y trouverez entre autres renseignements utiles, lexique, glossaire, cartes des zones météo nationales et internationales, listes des émetteurs VHF et BLU et horaires d’émission. L’ENNEMI : LE CALENDRIER ! L’ennemi du marin, c’est le calendrier. Se croire obligé d’arriver à tel endroit tel jour est le meilleur moyen de perdre tout discernement, toute prudence. Demandez à la SNSM. Il y a un pic de sauvetages les jours de mauvais temps en fin de semaine, aux dates où il faut rendre les bateaux loués, où il faut prendre un train pour retourner au boulot… En mer, le temps (chrono) se plie au temps (météo). Claude Roger Face à un ciel que l’on a du mal à interpréter, rien ne vaut le croisement des informations que peuvent donner les différents outils météo de bord, sans oublier le bulletin affiché à la capitainerie.

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 37


Le transportable :

solution pour les nomades ? Avoir son bateau à l’anneau et à l’année est un rêve de plus en plus inaccessible. Prendre l’avion ou le train et louer un bateau n’importe où dans le monde est une pratique de plus en plus répandue pour la croisière à voile. Nomadiser en remorquant son esquif comme d’autres leur caravane est, pour une navigation strictement côtière et le plus souvent à la journée, une idée tentante.

E

ntre deux et douze ans, voire plus, pour obtenir une place à flot dans un port de Méditerranée… Les ports à sec, tout le monde n’aime pas et, pour beaucoup, cela revient cher. Alors, une solution est d’avoir soi-même son port à domicile, pourvu que l’on dispose d’un hangar, d’un garage ou simplement d’un abri bâché au fond de son jardin. Sans oublier une remorque et une voiture capable de tirer le tout. Et, enfin – c’est évident – d’un endroit adapté pour mettre le bateau à l’eau, garer la voiture et la remorque en lieu sûr pendant qu’on est sur la mer jolie. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, avoir son port d’attache à la maison est une option que 95% des propriétaires de semi-rigides choisissent. Mais pas forcément si simple ou si économique que cela. TRÈS SOPHISTIQUÉS Si hisser son Laser sur deux poutres installées en mezzanine dans son garage au-dessus de la voiture familiale ne pose guère de problème de place ou de manutention, ranger un semi-rigide de six mètres cinquante est une autre affaire. Certains, comme Jean-Louis Attard, responsable des relations

extérieures du site www.pneuboat.com, en arrivent même à découper le mur et la porte d’entrée de leur garage pour faire passer leur dernière acquisition, forcément plus grande. Car, pour un “pneuboater” comme pour un marin “rigide”, le proverbe selon lequel il manque toujours un mètre à son bateau, reste vrai. D’autant plus que la différence entre les deux commence à s’estomper. Les “gonflables” d’aujourd’hui ne se dégonflent plus d’un été à l’autre. Cela évite d’infliger des faux plis aux boudins. Leurs postes de pilotage, leurs fonds, leurs sièges moelleux, leurs arceaux, leurs coques profilées, leurs bastingages et leurs moteurs puissants sont de plus en plus luxueux, à mille mille des saucisses-mobylettes qui ont permis autrefois à tant de gens de jouir de la mer comme des milliardaires et qui ne sont plus maintenant que des annexes. Entre 25.000 € (rarement moins) et 50.000 € (parfois bien plus) l’engin, l’option semi-rigide transportable n’est plus une option d’économie à l’achat. Et à l’usage ? Si l’on est un expert-comptable, on doit compter l’amortissement du garage, calculer le préjudice subi par la voiture qui couche dehors… Si l’on ne calcule que les coûts directs, pour une trentaine de

sorties annuelles et une centaine d’heures de navigation, il faut compter entre 500 et 1.200 litres d’essence (650 à 1 .600 € selon la puissance, plus 200 à 300 €pour l’hivernage et l’entretien courant et ajouter en moyenne 10 € par mise à l’eau. MISES À L’EAU TRÈS CHÈRES Car mettre son bateau à l’eau a maintenant un prix. Extrêmement variable : de 5 à 8 €

à Frontignan, jusqu’à 278 € à Porto Ottioli en Sardaigne ! « Il est compréhensible qu’on fasse payer de 5 à 10 € car créer des rampes de mise à l’eau et des parkings a un coût » admet Jean-Louis Attard, qui poursuit « mais nous participons largement à l’économie du tourisme local et du nautisme qui étouffe faute de places à l’eau, alors, il faut que les prix restent raisonnables. Pour les milliers de personnes qui ont des petits bateaux de 3 ou 4 m, payer plus de 10 € à chaque fois est très cher ». Cher et rare. De plus en plus rare, même, car contrairement à ce que l’on pourrait penser, les communes hésitent de plus en plus à créer des cales de mise à l’eau. Une raison est qu’elle transforment les zones portuaires – hautement touristiques et où chaque usage est calculé – en disgracieux parkings que les attelages squattent à la journée – voire plus – en consommant deux places. Une autre raison est l’embouteillage que chaque fin de journée provoque sur le quai à l’heure où les vacanciers se promènent avant l’apéro. Pas bon pour l’image balnéaire. LE JET-SKI, UNE NUISANCE ? Mais la troisième raison est la plus forte : jet-skis et autres scooters des mers, de plus en plus nombreux, sont resentis comme de vraies nuisances, pas seulement sur l’eau mais dans les ports : vrooom-vrooom des moteurs pour frimer ou rincer les turbines, circulation anarchique dans les ports… Cette plaisance-là est de plus en plus vécue comme une déplaisance

CHER NOMADISME NAUTIQUE ! Le nomadisme nautique peut coûter cher. Pour aller en Corse, paradis des pneumarins et de tout ceux qui ont leur bateaux en remorque, il faudra débourser jusqu’à 1.000 € rien que pour traverser en ferry : 4 personnes, une voiture, une remorque en période haute.

38 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


et les communes commencent à en mesurer l’impact négatif. À cause du comportement de certains, dans toute l’Europe, les ports luttent contre ce motonautisme en fermant les cales de mise à l’eau. L’Allemagne et l’Angleterre ont fermé plus d’une centaine de rampes… Du coup, les usagers plus raisonnables que sont les pneumarins organisés en font les frais. L’Association des usagers des cales de mise à l’eau de Méditerranée (AUCMED) qui a établi une charte de comportement (voir l’encadré), regrette cette limitation de l’accès à la mer : « au-delà du mécontentement grandissant des plaisanciers, le tourisme et l’activité des industries du nautisme se trouvent largement affectés : 70% des immatriculations de la plaisance concernent des embarcations de moins de six

mètres (…) cette “plaisance sur remorque” n’est pas représentée dans toutes les instances concernées (…) ce qui entraine des décisions qui ignorent ou vont à l’encontre de l’usage de ces cales ». Ces mots, extraits d’un rapport remis en 2009 au Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques (CSNPSN), montrent tout de même que la question est à l’ordre du jour à “l’interministérielle” pour chercher des solutions. Tâche difficile car, comme disent certaines mauvaises langues « pour construire une cale de mise à l’eau, il faut consulter 7 ministères ». Et pourtant, depuis un édit de François 1er, les communes littorales doivent accès à la mer libre et gratuit. Une loi à rafraîchir… Christophe Naigeon

NOUVEAU SUCCÈS POUR LE SALON DU SEMI-RIGIDE DE PORT-BARCARÈS

D

u 21 au 24 mai s’est tenu au port de plaisance de Barcarès le second RIBMED, salon du bateau semi-rigide, premier du genre en France.

Les plus grandes marques étaient représentées, exposant une soixantaine de bateaux, aussi bien à terre qu’à flot, pour permettre aux visiteurs intéressés de faire des essais en mer ou sur l’étang, selon la météo. Bénéficier de ces deux plans d’eau est un atout majeur du site de Barcarès pour une telle manifestation qui fait suite au RIBEX de Cowes (Grande-Bretagne) et place Barcarès en seconde place européenne pour ce type de bateau.

Le but du salon est de présenter les nouveautés mondiales dans ce secteur en pleine évolution, de faciliter les essais et les ventes, mais aussi de faire se rencontrer les spécialistes, professionnels et organisations d’utilisateurs. Le premier salon, lancé à l’initiative de Joëlle Ferrand, Maire de Barcarès, avait mobilisé les équipes de la municipalité, de l’Office de tourisme, de la Capitainerie pour en faire un événement certes très “pro“ mais très convivial dès sa première édition.

LA CHARTE DE L’AUCMED Tout usager de cales de mise à l’eau se doit de : - Respecter la signalétique mise en place par les mairies ou les gestionnaires de ports - Ne pas gêner et donner la priorité aux professionnels de la mer - Préparer son embarcation en dehors de la cale, aussi bien pour mettre à l’eau qu’en sortir - Restreindre l’utilisation de la cale à la seule mise à l’eau et sortie - Ne jamais stationner sur la cale ou l’encombrer - Stationner véhicule et remorque sur les aires et parking prévus à cet effet - Ne pas utiliser les équipements portuaires destinés aux usagers résidents du port (point d’eau, borne électrique aire de carénage) sauf si compris dans les prestations de la capitainerie pour les usagers sur remorques - Veiller à la sécurité de tous les usagers en ayant une conduite adaptée et en effectuant des manœuvres avec douceur et maîtrise, sur la cale et dans le port.

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 39

Pour cette seconde année, le succès ne s’est pas démenti, montrant que le semi-rigide, par sa facilité de transport et de mise à l’eau, par ses qualités marines et son confort, est un bateau à part entière capable de satisfaire les plus exigeants sur toutes les eaux.

Rendez-vous en 2011 pour le week-end de Pentecôte !

LES EXPOSANTS ET LES MARQUES Bear Marine Plaisance (Port Vendres) : Zodiac, Lomac, Joker Boat, Sea Hank, Pacific Craft Barcarès Yachting (Barcarès) : Capelli Marine Center (Barcarès) : Sacs Clinique du Bateau : Bombard, Black Fin Zar France : Zar Yachting Spirit (Canet) : BWA CG Info Service : Aqua dream, Vaillant Remora : Semi-rigide électrique Rafales (La Haye-Fouassière) : Rafale Barcelone Marina Port-Vell / SNSM / Société Générale

Communiqué

actualité :


Les sémaphores veillent à nouveau sur nous La Marine nationale s’est décidée à réhabiliter les sémaphores. Sur le point d’être abandonnés, ils sont maintenant rénovés, équipés, gardés 24 heures sur 24. Descendants lointains des tours de guet romaines, génoises ou sarrasines, et plus proches des ancêtres équipés du télégraphe de Chappe (un mât, quatre bras et 301 positions possibles), les sémaphores centralisent aujourd’hui toutes les missions de surveillance (voir en page de droite) en liaison avec tous les services concernés par la circulation maritime, le sauvetage, la pollution, les pêches, le trafic de drogue et de clandestins… Selon l’endroit où il se trouve, chacun a un rôle particulier, mais aussi une architecture, une histoire, une position géographique… et des guetteurs sémaphoriques, marins bien particuliers. Un exemple parmi les 19 de Méditerranée française, Capo Grosso, en Corse.

Cap Corse : “au-delà du bout du monde”

buissons qui veulent bien pousser dans la pente ! ». Le Libeccio monte encore. Il faut rentrer dans la salle abritée. Le veilleur de quart est en train d’appeler un cargo, à peine visible sur la ligne d’horizon embrumée. Identité, longueur, jauge, cargaison, destination… Puis un grand yacht. Puis un autre cargo. La minutieuse routine. UN INTENSE TRAFIC

Le sémaphore du Capo Grosso, à l’extrême pointe de la pointe du cap Corse gère un intense trafic commercial et fait face à des conditions météorologiques dantesques… dans une situation de solitude et d’isolement uniques. Un endroit où il faut s’accrocher.

T

empête. Gris comme le ciel et blanc comme la mer ce jourlà. Tempête, c’est la mascotte du sémaphore du cap Corse, un chat venu un jour y élire domicile. Le Libeccio monte, monte. Il ne reste plus qu’un voilier en vue, grand largue, en fuite vers la partie abritée du cap, côté Mer Tyrrhénienne, où le coup de vent annoncé ne lève pas de houle, où l’on peut mouiller face à la côte en sécurité. Devant la porte du sémaphore, Tempête, entre les pieds du maître Stéphane Duprez miaule comme le vent dans les antennes. Dedans, le premier maître gille Azara prépare le café sans chichis. « Faites vos prises de vues extérieures maintenant, ditil, on va devoir bientôt amener les couleurs à cause du vent ». Photos, donc du sémaphore planté sur le Capo Grosso, tour

de contrôle sur un mamelon dénudé, sous un plafond de nuages gris et ondulants, réplique mouvante de la falaise de schiste qui tombe à pic dans une mer qui moutonne déjà serré. En plein mois d’août. « Si vous voulez monter sur le chemin de ronde, c’est le moment. À partir de force 7, ce sera interdit ». Photos, donc sur l’étroit balcon qui domine une houle maintenant profonde. « Les nouveaux qui arrivent ici sous-estiment la hauteur des vagues. À 110 mètres, il faut regarder les bateaux passer dans la vague pour apprécier le vrai état de la mer » commente encore Gilles Azara. Et ici, ça monte vite. Encore plus vite et encore plus fort que partout ailleurs en Méditerranée. Plus qu’au cap Béar, disent-ils. Un effet venturi exceptionnel sur ces falaises du cap Corse. « Quand la météo annonce force 8, on a 9 ou 10 ». Le record de vent a été établi à 214 km/h, dernier chiffre donné par l’anémomètre avant qu’il ne soit emporté… Ceux qui ont installé les éoliennes sur les

sommets juste derrière ont mesuré jusqu’à 240 km/h. Et 300 jours de vent pas an. « À Bonifacio, ils en ont 365, plaisante Stéphane Duprez, mais les records de puissance sont pour nous ! » Au point que les équipes peuvent rester enfermées sans autorisation de mettre le nez dehors, mêmes sur les marches du perron, pendant trois jours de suite. Seule exception pour la relève. « Sinon on devient fous ! » DES POSIDONIES À 110 M ! Sur la passerelle de veille, tout bouge, les vitres plient sous la force du vent. Lors des grosses tempêtes, les posidonies et le sel viennent se coller dessus et bouchent la vue. Un comble ! À la moindre accalmie, l’équipe de veille sort gratter ce qu’elle peut. Mais ça recommence aussitôt. « Vous voyez, le parking en bas, on a mis un muret côté au vent et une glissière sous le vent. Trois voitures avaient été emportées dans la mer, dont celle de la femme du chef de l’époque, retenue par miracle par les quelques

Sur l’écran de l’ordinateur, la carte de ce coin de Méditerranée au trafic commercial intense : golfe de Gènes, Provence et Côte d’Azur, jusqu’à la Toscane. L’homme de quart met des noms sur les points signalés par le radar. Vers le sud et sur le versant occidental du cap Corse, les signalements sont peu nombreux. Essentiellement des yachts. Au nord et côté oriental, les points sont les uns sur les autres. « C’est le Canal de Corse, entre la Corse et les îles italiennes, Capraia et Elbe. Qu’ils viennent du nord ou du sud, de Marseille, de Gènes, de Livourne, de Naples, de Malte, tous passent par là. Il y en a plus de 80 par jour » explique le premier maître. Gérer ce trafic est la mission principale du sémaphore du Cap Corse, en relation avec celui de Sagro, un peu plus au sud, vers Bastia. Ce n’est pas le rail d’Ouessant mais peu s’en faut. D’ailleurs, devrait être bientôt signée une convention tripartite France-Italie OMI (Organisation Maritime Internationale) qui instaurera une “recommandation de route” aux navires de commerce. Ces recommandations ne seront obligation que pour les navires des deux pays signataires mais elles permettront d’engager la responsabilité des bâtiments des autres nationalités qui n’en tiendraient pas compte et entreraient en ­collision.

40 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Places disponibles !

VOTRE BATEAU ICI ! L a collaboration entre les deux rives de la Mer Tyrrhénienne est indispensable et ancienne. Elle s’en trouvera renforcée. D’ailleurs, un cours de langue de Dante est donné aux nouveaux arrivants pour favoriser les échanges avec les nombreux navires italiens qui naviguent sur cet autoroute maritime. Les autres missions, à part la surveillance du respect des eaux territoriales par les pêcheurs, sont les mêmes que pour les autres sémaphores : sauvetage, lutte contre les pollutions, le pillage des sites archéologiques marins, signalement de navires suspects de contrebande, trafic de clandestins, terrorisme… la routine, quoi. En bas, le café attend. Plusieurs étages à redescendre. D’abord l’escalier métallique en hélice peint en bleu “cabine de plage à Deauville” par les équipes qui en sont fières, puis dans la avec salon partie ancienne du bâtiment dont le toit en ogive a été conservé un élégant escalier de tomettes rouges, presque bourgeois, qui contraste avec la batterie d’ordinateurs façon Star Trek ancienne version. Au plafond, on devine encore l’ancienne ouverture par laquelle on passait la “marionnette” articulée du télégraphe Chappe d’antan. ECRANS PLATS, JEUX VIDÉO Encore quelques marches et on arrive à la partie consacrée à la vie des équipages, aux allures de pavillon de banlieue : cuisine nickel, coin salon avec canapés simili, TV et console vidéo. « Aux guetteurs sémaphoriques de ma génération, la Marine nationale envoyait des livres. Maintenant, c’est des écrans plats et des jeux vidéo… ».

Avec en permanence deux équipes de trois de service pour trois jours et qui se relaient par quarts de quatre heures, il faut rompre la monotonie de la vie dans ce sémaphore «au-delà du bout du monde» comme l’appelle le premier maître Azara. Ici, à 10 km du premier hameau, à 30 km de Macinaggio, ville bien calme en dehors de la saison touristique, à une heure de Bastia, il n’y a RIEN. Juste un bout de lande maigre et la mer. Et le vent. Autrefois, le chef et son adjoint vivaient ici avec leurs familles. Sans école, sans loisirs, sans vie sociale. Trop dur. Tous vivent maintenant à Bastia. Même si, comme pour le maître Duprez, le compagne travaille aussi dans le sémaphore.

PORT À SEC & À FLOT MULTISERVICES

Port Saint-Louis-du-Rhône 250 PLACES À FLOTS DE 8 À 25 M - 700 PLACES À SEC

L’équipe de Capo Grosso et le chat Tempête

Alors que les phares se vident de leurs gardiens, les sémaphores « qui ont leurs lumières à l’intérieur » comme le dit Gilles Azara, ont besoin d’hommes et de femmes efficaces, motivés et heureux de faire ce travail, même dans des coins aussi reculés, ventés, superbement solitaires que le Capo Grosso. Le Libeccio est monté d’un cran de plus. Le drapeau a été amené. Le chat Tempête est bien au chaud, au sec et au calme. Sur la route de retour quelques marcheurs inquiets du sentier des Douaniers se hâtent vers le petit port de Centuri. C. Naigeon

EQUIPEMENTS

SERVICES

. Travel lift 65 T . Grues de 20 et 70 T . Remorques hydrauliques . Restaurant . Appartements . Surveillance vidéo

. Chantiers naval . Brookers . Shipchandler . Electricité - Peinture . Mécanique . Voilerie - Sellerie

Presqu’Île du Mazet - 13230 Port-Saint-Louis-du-Rhônes Tél : 04

42 48 41 21

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 41

w w w . p o r t - n a p o l e o n . c o m


Tortue verte © Mila Zinkova

Tortues de Méditerranée, les dinosaures de la mer A

vec la poule, c’est une descendante des dinosaures. Comme la poule, elle avait des dents et les a perdues au profit d’un bec. Comme la poule et les dinos, elle pond des œufs. La comparaison s’arrête là. Bien que rare, c’est la tortue que vous aurez le plus de chances de rencontrer en mer. Dans ce cas, voici ce que vous pouvez savoir à propos des Chélonidae :

L

LA TORTUE CAOUANNE : DES AMOURS EN CROISIÈRE

LA TORTUE VERTE : LE LIÈVRE DES TORTUES

en Méditerranée : la Tortue Caouanne et la Tortue Verte. D’autres nous rendent visite en passant par Gibraltar, comme l’énorme Tortue Luth.

Celle que vous avez le plus de chances de rencontrer est la Tortue Caouanne ou Caretta-Caretta qui peut dépasser 1 m de long et 150 kg. Sa tête, très large, est pourvue de deux écailles préfrontales et d’un bec orné. Sa carapace en forme de cœur arbore une dossière brun-rouge et un plastron jaune pâle tâché d’orange. Ses pattes à deux griffes font office de nageoires à l’avant et de gouvernails à l’arrière. Carnivore, elle ne néglige ni les éponges ni les algues en complément des mollusques, crabes et poissons. Elle atteint sa maturité vers l’âge de dix ans et, toutes les deux ou trois saisons entre avril et septembre, pond jusqu’à quatre à sept fois de 60 à 200 œufs. Au lieu de s’accoupler comme les autres sur les lieux de ponte (Turquie, Chypre, Libye, Sicile, plus rarement en Corse), c’est au cours de ses croisières qu’elle se fait féconder... Entre 60 et 75 jours plus tard, les petites tortues nées dans le sable iront rejoindre la mer en se repérant au bruit des vagues, de nuit de préférence. Mais il arrive que les lumières artificielles du rivage les attirent. On raconte qu’en Calabre, quelques soixante-dix jeunes éblouies se retrouvèrent… sous les tables d’un restaurant de plage. La côte, l’été, est bien un lieu de perdition !

La Tortue Verte, omnivore quand elle est petite, devient herbivore à l’âge adulte. Les herbiers qu’elle ingurgite lui donnent sa couleur (serait-elle rose comme les flamants si elle mangeait des crevettes ?). Très légèrement plus petite que la Caouanne, c’est la plus rapide de toutes, capable d’atteindre 35 km/h grâce au profil aplati de sa carapace. Elle ne possède qu’une seule griffe sur chaque nageoire. La zone d’alimentation étant le plus souvent éloignée du site de ponte, les tortues de mer parcourent jusqu’à 2.000 km. Comme les oiseaux migrateurs, elles naviguent grâce à leur perception du champ magnétique terrestre. Des scientifiques de Montpellier se sont livrés à un deux expériences. Des capteurs satellite ont été placés sur le dos de tortues vertes capturées dans l’Océan indien puis relâchées loin de leur destination. Avec leur compas intégré, elles ont retrouvé leur point de destination, mais en nageant bien plus que nécessaire. Leur instrumentation de bord n’indique que le cap, pas la position. Elles ne pouvaient pas évaluer la dérive due aux courants. On leur a aussi mis un aimant sur la tête pour leur faire perdre le Nord. Mais elles sont quand même arrivées à destination. Ont-elles un système de compensation dans leur compas ?

a tortue est le plus vieux reptile de la planète (200 millions d’années). Ces corps massifs, si harmonieux et rapides dans l’eau, peinent sur le sable car bien que pélagiques (pelagos, la haute mer) les femelles doivent aller sur les plages pour pondre. On en recense huit espèces qui ont en commun la détestation de l’eau froide. Il y en a donc dans toutes les mers du globe sauf dans les océans Arctique et Antarctique. Ceci expliquant peut-être cela, sachez que le genre mâle ou femelle de la tortue dépend de la température de l’eau lors d’une phase embryonnaire délicate au quarantième jour d’incubation des œufs : à entre 27° et 31° (l’idéal à 29°), l’équilibre des sexes est maintenu. Mais plus il fait chaud, plus il y a de filles, et inversement. Damned ! Le réchauffement climatique pourrait avoir raison des mâles. Deux espèces se reproduisent

LA TORTUE LUTH : LA DURE À CUIR Celle-là, si vous la voyez en Méditerranée au cours de vs navigations, c’est presque un miracle. On en observe pas plus d’une par an ! La Tortue Luth ou Tortue cuir, est la seule à ne pas posséder l’armure classique d’écailles mais de petits osselets imbriqués recouverts d’une épaisse couche de graisse et d’une peau de cuir. Elle pèse sa tonne pour deux mètres de long et se gave de méduses qu’elle peut aller chasser jusqu’à 900 m de fond. On se prend à souhaiter qu’elle prolifère pour nettoyer nos rivages lors des invasions de ces gelly-fish (poissons-gelée, comme disent les Anglais) mais, alors qu’elle pourrait être notre meilleure alliée, nous sommes son pire ennemi : elle confond les sacs en pastique que nous jetons avec les méduses et meut d’occlusions intestinale. Bien que toutes les tortues marines soient protégées en France depuis 1991 et dans bien des pays au monde, l’Homme a bien d’autres manière de nuire aux tortues, Luth, Vertes, Caouanne et autres : filets de pêche, pollutions chimiques et par hydrocarbures, braconnage des œufs, perturbation de ses lieux de ponte par l’urbanisation, fabrication de soupe de tortue, de lunettes et de bijoux d’écaille, souvenirs touristiques… Guy Brevet avec Abigaël Silva (10 ans), conseillère technique

42 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Les requins : Blanc et Pèlerin, géants de chez nous

E

n 1975, le film Jaws (Les Dents de la Mer) favorisa la mauvaise réputation des requins. Pourtant, ils ne font pas plus de vingt morts par an. Rien, comparé aux victimes des guêpes, abeilles, méduses, serpents et autres bêtes-à-bon-dieu empoisonnantes, allergisantes… Un prédateur ? Sans aucun doute. Mais L’Homme le bat à plate couture : plus de 80 millions de requins disparaissent chaque année victime du finning (fin, nageoire en anglais) pratique qui consiste à capturer des requins, à leur couper les ailerons et – le plus souvent – à les rejeter vivants et amputés à la mer, pour satisfaire, en Indonésie, Japon, Chine, Thaïlande le goût des mangeurs de soupe d’ailerons. Pour ses vertus aphrodisiaques et anticancéreuses infondées, un bol s’y vend jusqu’à 100 €. En 2003 douze millions de tonnes d’ailerons séchés ont été importés à Hong Kong. Un aileron de 10 cm se vendait alors 600 € le kg. PETIT, DÉJÀ GRAND En Méditerranée, le Grand Requin Blanc décrit par Aristote, très présent dans la Mare Nostrum durant l’Antiquité a de quoi faire peur : un spécimen capturé en 1987 pesait 3,5 t pour 7,10 m ! C’est non seulement un géant mais aussi un requin très spécial. Contrairement à la plupart des poissons, il n’a pas de vessie natatoire (un “ballon” intérieur qui fait flotter) mais un énorme foie (90% de sa cavité abdominale)

gorgé d’une huile plus légère que l’eau. Son dos est marron ou gris mais sa face ventrale blanche, d’où son nom. On le rencontre essentiellement dans le triangle Baléares-CorseSicile. L’accouplement a lieu au printemps, les œufs se développent et éclosent dans l’utérus de la femelle (ovovivipare) et la gestation est estimée entre 12 et 18 mois. Les jeunes Grands Blancs mesurent plus d’un mètre à la naissance et sont déjà des prédateurs capables de survivre. Un autre géant est le pèlerin, ou encore Cetorhinus maximus dont le nom est composé de Ketos (monstre marin), des Rhinos (nez) et de Maximus (grand), autrement dit le monstre marin au grand nez. Il porte bien son nom, le bougre (voir la photo). Mais on pourrait aussi l’appeler “grande bouche” si l’on se réfère aux énormes fentes branchiales qu’il garde ouvertes pour se nourrir de plancton, base de la nourriture de cet inoffensif monstre : c’est le second plus gros poisson du monde, après le requin ­Baleine, et peut atteindre 12 m. Le pèlerin n’est pas strictement Méditerranéen mais on commencerait à l’y trouver en nombre de plus en plus grand. C’est pourquoi un réseau d’observation a été constitué pour étudier sa présence. Vous avez certainement vu les affiches dans les capitaineries. Si vous en croisez, n’ayez pas peur, le requin pèlerin est uniquement mangeur de plancton. Signalezle simplement, contribuant ainsi à sa protection. G.B.

Requin pèlerin © Chris Gotschalk

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 43


Rando palmée, chasse sous-marine Conseils d’un pro du “snorkeling” Pas besoin de bouteille pour connaître l’ivresse des fonds marins ! De la plage, du rocher ou du bateau au mouillage, la tentation est toujours forte d’aller voir de plus près ce qui se passe à un, deux ou trois mètres de profondeur, là où il y a encore de la lumière et des couleurs, là où on peut faire “un canard” sans être un apnéiste entrainé. N’y résistons pas. Voici les conseils avisés de Julien Collet, rédacteur en chef de Tribu Snorkeling :

d’éponges encroûtantes, d’algues, d’anémones prendra du temps pour se reconstituer. En snorkeling vous avez la possibilité de visiter la plupart des réserves marines intégrales, interdites aux plongeurs en bouteille, aux pêcheurs et au mouillage. Privilège extraordinaire que l’on ne mesure qu’in situ. LA PECHE SOUS-MARINE Même si arbalètes et tridents parsèment les allées des hypermarchés dès le début mai, quelques règles doivent être rappelées : Il n’est plus nécessaire d’avoir une autorisation des Affaires maritimes ou une licence sportive pour pratiquer la pêche sous-marine, seule une attestation d’assurance, couvrant cette pratique, peut-être exigée. La pêche sous-marine est autorisée à partir de l’âge de 16 ans. Il est interdit d’utiliser une lampe et de pêcher entre le coucher et le lever du soleil. La bouée de signalisation est obligatoire. Il est interdit de maintenir une arbalète sous-marine armée hors de l’eau. Il est interdit de cueillir les oursins de mai à octobre à peu près partout. Enfin et surtout, chaque espèce de poisson bénéficie d’une taille minimale en dessous de laquelle il est interdit de la capturer (rouget 11 cm, sar 15 cm, loup 20 cm, etc.) Faites-vous un devoir de consommer ce que vous avez capturé. Julien Collet

E

nfiler palmes, masque et tuba pour partir à la découverte du monde sous-marin, si proche sous la surface, est une habitude presque ancestrale pour beaucoup. La découverte des fonds sableux (plus vivants que l’on imagine), des herbiers de posidonie (poumons et nurseries de la Méditerranée) ou des innombrables formes de décor rocheux se prête à des randonnées plus ou moins longues, parfois à la cueillette, voire à la prédation d’une friture pour améliorer l’apéro. Tout cela semble si naturel que l’on en oublie parfois que certaines règles, de prudence comme légales, doivent être respectées. LA RANDO PALMEE Toute balade palmée doit se faire équipé d’une bouée de signalisation surmontée d’un drapeau “alpha” (10 € en grandes surfaces). Cette obligation est plus que salutaire, la multiplication des

engins motorisés et des comportements “débridés” impose cette mesure minimale. Toute embarcation devrait rester à une distance de 100 m de votre bouée de signalisation ; en pratique c’est souvent moins, il est donc prudent de limiter la corde qui permet de la tirer à 25 m au maximum. Cette bouée permet d’emmener avec soi toutes sortes de choses et, in fine, d’être utilisée comme base de repos ! Dans l’eau, la déperdition de chaleur est très rapide et la contemplation d’un groupe de rougets ou d’un ballet de castagnoles fait vite oublier toute notion de temps ! Une combinaison est particulièrement utile aux enfants, moins armés pour l’homéothermie et plus insouciants des dangers du soleil. Les écosystèmes marins méditerranéens sont fragiles et fragilisés. Il faut éviter de toucher, s’appuyer ou se mettre debout sur les fonds rocheux : la vie fixée constituée

BIEN CHOISIR SON MATERIEL

Le masque Lorsque vous essayez un masque, il doit se maintenir sur votre visage, sans la sangle, par une sorte de léger effet ventouse (en aspirant par le nez et en prenant soin que vos cheveux ne viennent se glisser sous les bords du masque). Aucune partie rigide ne doit vous gêner, notamment au bas du front et à la base du nez. La jupe (la partie souple du masque) peut-être en pvc, en caoutchouc ou en silicone, plus confortable et qui vieillit le mieux. Attention, les jupes translucides, plus seyantes, laissent entrer la lumière sur les côtés et provoquent des reflets. Evitez les verres en plastique et tous les modèles ne répondant pas aux normes françaises. Si vous vous aventurez sous l’eau, vous devrez pouvoir pincer aisément vos narines (compensez la pression de l’eau exercée sur vos tympans en pinçant votre narines et en soufflant par le nez bouche fermée). Le tuba Habituez-vous à utiliser un modèle simple, dépourvu de siphon ou de valves permettant l’évacuation “automatique” de l’eau. Les tubas sont souvent légèrement galbés pour mieux épouser la forme de la tête. L’embout sera plus souple et agréable en bouche s’il est en silicone. Les palmes Il n’existe pas de palmes idéales. Tout dépend de votre stature, de votre force, de votre condition physique et de l’usage que vous désirez en faire. L’ensemble de la palme doit être léger. La voilure, souple, présente un effet ressort perceptible lorsqu’on la plie. La partie chaussante est solidaire de la voilure, et l’ensemble suffisamment rigide. Le port de chaussons en néoprène protège votre pied des ampoules que pourrait provoquer une partie chaussante trop rigide. Le chausson ne doit pas serrer pour ne pas gêner la circulation sanguine. Selon l’épaisseur du chausson, choisissez une ou deux pointures au-dessus de la vôtre.

44 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Daniel Mercier, le fondateur des Guides de la Mer

d’eau, il y a des paysages magnifiques. Du coup, faire la découverte d’une bouteille en plastique dans un joli creux de rocher frappe plus que tout discours. Cela, nous pouvons le faire aussi grâce à l’image. Cela ne risque-t-il pas de faire venir trop de monde ? Il faut que cela s’accompagne d’éducation. Les coups de palme sur les rochers, s’accrocher au coraux… tout cela doit être connu comme des gestes à ne pas faire. Cette éducatin est possible. Moi qui suis aussi un montagnard, je peux vous dire que les huit millions de personnes qui pratiquent la montagne ne l’ont pas dégradée. Les milliers de personnes qui plongent peuvent aussi être tolérées si on parvient à construire une véritable organisation de professionnels.

Quand on naît en 1931 à Clamart, près de Paris, rien ne prédispose à devenir un gourou de la plongée. Et pourtant, tout de suite après la guerre, alors qu’il a 16 ans, Daniel Mercier fait sa première plongée à Antibes. À 30 ans, sa première descente en scaphandre. En 1966, il crée le Spondyle Club. En 1967, il est moniteur d’Etat et, en 1968, il crée l’Association Nationale des Moniteurs de Plongée. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est la création des Guides de la mer en 1973 et le lancement du Festival Mondial de l’Image Sous-Marine un an après. Comme les lecteurs de Cabotages, les élèves de Daniel Mercier et des Guides de la mer sont des touristes, curieux et respectueux, qui considèrent la plongée comme une activité sportive mais aussi culturelle.

r-

Sai ntCy

La Londe - Jardin des Mattes

re s

biè

Cio

ta t-

or

-C

le

eil

Le M u Po rt d gel San ’A ary lon - Po rtiss ol Le Pra det - L a Garo nne

s re

au

s ée

n rra ite éd

sM

sM

de

de

La

al or Litt

ars

Le

M

er

n rdi d

.

m

l Va x- Ja

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 45

SAINT-CYR-SUR-MER Balade aquatique de Port d’Alon (Coordonnées : voir précédent) SANARY-SUR-MER Sentier sous-marin de Portissol Office de Tourisme de Sanary-sur-Mer 04 94 74 01 04 infostourisme@sanarysurmer.com www.sanarysurmer.com TOULON Sentier de la Plage de la Garonne Association NATUROSCOPE Toulon/ Le Pradet 06 23 87 75 30 contact-var@naturoscope.fr www.naturoscope.fr PARC NATIONAL DE PORT CROS Sentier sous-marin de la Palud Parc National de Port Cros 04 94 12 82 30 port-cros@espaces-naturels.fr www.portcrosparcnational.fr LA LONDE-LES-MAURES Sentier “Le Jardin des Mattes” Office de Tourisme de La Londe 04 94 01 53 10 lalonde.tourisme@wanadoo.fr www.ot-lalondelesmaures.fr

oi Cr

BANYULS-SUR-MER Sentier sous-marin de Peyrefite jeanfrancois.laffon@cg66.fr frédéric.cadene@cg66.fr - www.cg66.fr CAP D’AGDE Sentier sous-marin du Cap d’Agde Association ADENA - 04 67 01 60 23 adena.bagnas@free.fr www.adena-bagnas.com CARRY-LE-ROUET Sentier sous-marin Côte Bleue PARC MARIN DE LA CÔTE BLEUE Réservation : 06 83 09 38 42 syndicatmixte@parcmarincotebleue.fr www.parcmarincotebleue.fr ENSUES-LA-REDONNE Sentier sous-marin de La Redonne AIEJE - 04 42 40 02 39 / 06 27 14 78 33 aiejeplongee@orange.fr - www.aieje.fr MARSEILLE Sentier sous-marin de Corbières (Coordonnées : voir précédent) LA CIOTAT La calanque du Mugel Cpie côte provençale Atelier Bleu du Cap de l’Aigle 04 42 08 07 67 - cpie.cp@atelierbleu.fr www.atelierbleu.fr

alu aP

de la Méditerranée continentale française

s-L

LES SENTIERS SOUS-MARINS

Cro

Banyuls/Cerbère - Peyrefitte

Théoule Pte de l’Aiguille

.

. ... . . .

Randos Villefranche S/M

l yo Ra

rin Ma nne c r a do tP Re ue o a -R -L -le ès rry su Ca n E

. .

Propos recueillis par C.N.

Le

L’Atelier Bleu - CPIE Côte Provençale est un acteur reconnu de l’EEDD depuis 25 ans. Il est le principal intervenant d’une approche de l’environnement par la pratique des activités aquatiques et subaquatiques. Labellisé Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE), l’Atelier Bleu du Cap de l’Aigle à La Ciotat promeut des comportements éco-citoyens responsables, actifs et respectueux de l’environnement. Il participe également au développement durable notamment en informant et sensibilisant les acteurs et les usagers du bord de mer. Au fil des ans, l’association s’est développée autour de son cœur de métier “l’animation nature” sur le littoral en diversifiant ses approches et les publics accueillis. Plus de détails : www.atelierbleu.fr

.

Cap d’Agde La Plagette

D’abord, il est utile de pouvoir aller décrocher une ancre, se défaire d’un filin pris dans l’hélice ou gratter des coquillages qui masquent le sondeur. Ensuite, découvrir les fonds autour de son bateau incitent au respect lors du mouillage. Dans un mètre

tPor

L’ATELIER BLEU

Navigation et plongée sontelles compatibles ? Ce n’est pas facile. Entre plongeurs et plaisanciers, la cohabitation est parfois difficile. J’avais demandé que la navigation soit interdite à moins de cinq cents mètres des côtes, mais je ne l’ai pas obtenu. Alors, il faut se contenter de faire respecter la signalisation. En revanche, un plaisancier peut facilement et utilement devenir lui-même un plongeur, avec ou sans bouteilles.

.

Comment est partie l’idée des Guides de la mer ? Dans les années soixante-dix, il y avait surtout la nage avec palmes et le tir au fusil sous-marin sur cible. Du sport qui n’intéressait guère le grand public. Or, j’étais persuadé que le lieu où ces sports se pratiquaient, la mer, les premiers mètres sous la surface et en dessous, la biologie, l’archéologie, la photographie sousmarines étaient capables de passionner les gens. En 1973, nous avons eu l’occasion de le prouver. Avec Guy Poulet (Ndlr : grand alpiniste doublé d’un pionnier de la plongée), nous avons eu l’idée d’installer des stands sur les aspects “culturels” de la plongée et l’image sous-marine. Très gros succès de ces premières Journées subaquatiques qui se sont ensuite déroulées tous les ans. Cela a donné naissance à deux choses : les Guides de la mer, moniteurs embarqués pour expliquer aux gens les poissons, les oursins, les anémones de mer… et, un événement d’imagerie subaquatique qui, au fil des années est devenu le Festival Mondial de l’Image Sous-Marine.

LE RAYOL CANADEL-SUR-MER Sentier marin du Domaine du Rayol, le Jardin des Méditerranées 04 98 04 44 00 info@domainedurayol.org www.domainedurayol.org LITTORAL DES MAURES Sentier “les Balades aquatiques” Observatoire marin du Sivom du littoral des Maures 04 94 00 46 25 contact@observatoire-marin.com www.observatoire-marin.com VILLEFRANCHE-SUR-MER Randonnée Palmée Centre de découverte du monde marin 04 93 55 33 33 centredecouverte-marin@wanadoo.fr www.decouvertemondemarin.org THEOULE-SUR-MER Sentier de la Pointe de l’Aiguille Centre de Découverte du Monde Marin (Coordonnées : voir précédent) CORSE Sentier de Lavezzi www.oec.fr Sentier de Lumio www.isbulecamare.org


Cormoran et Sterne : redoutables oiseaux-pecheurs Rien de commun entre ces deux oiseaux si ce n’est qu’ils sont des plongeurs experts ! Le cormoran est un grand oiseau noirâtre vu de loin mais avec des reflets bronzés magnifiques. La sterne est blanche, toute fine et vive en perpétuelle agitation. Mais tous les deux attirent immanquablement le regard. Et sont de redoutables chasseurs !

L

’un nage en semi immersion et fait des “canards” pour aller chercher ses proies, l’autre vole et plonge en piqué sur les poissons qu’elle a repérés du ciel. L’un est sombre, l’autre blanche et noire, l’un est pataud hors de l’eau, l’autre vole comme un petit avion de chasse, l’un fait de longues siestes immobiles, l’autre semble en perpétuelle agitation. Le cormoran est sédentaire, la sterne est migrante. On les aime tous les deux même s’ils sont de féroces concurrents pour la friture du soir.

CORMORAN : UNE TORPILLE Contrairement à de nombreux oiseaux, peu de doute sur l’identification du cormoran. Quand il nage, on ne voit pas son corps mais seulement son long gracieux cou qui dépasse… et disparaît soudain en plongée pour réapparaitre bien plus loin après une longue apnée. Il peut plonger jusqu’à quarante mètres et rester sous l’eau pendant une minute. Mais la littérature scientifique nous raconte qu’il se contente de dix mètres en une demi-minute.

Cormoran

Le cormoran, de la famille des Phalacrocoracidés (où les scientifiques vont-ils chercher des noms pareils ?) et donc cousin des pélicans, a trois occupations principales visibles de tout un chacun. Soit il nage comme un canard qui adurait l’air d’être trop lesté, le cou dressé en relevant sa tête et son bec fort et crochu, comme si il n’arrivait pas à respirer en flottant ; soit il vole au ras de l’eau à sa manière, à la force des ailes au ras de l’eau, le cou tenu un peu au dessous de l’horizontale (en groupe, ils se mettent en ”V” comme les oies) ; soit il fait du “bronzing”, les ailes écartées sur un rocher, un pieu, une branche, une bouée de corpsmort. Pourquoi a-t-il toujours l’air d’être accroché sur un fil comme du linge mouillé ? C’est que le cormoran, n’a pas le plumage imperméable et doit se sécher au soleil après une séance de plongée. Il y aurait aujourd’hui quelque cent mille individus en France, ce qui en fait la bête noire des pisciculteurs, aquaculteurs et… des chercheurs de l’Ifremer. Il trouve ses 500 à 800 g se poisson quotidiens par jour de ­poisson qu’ils trouvent en mer, en rivière, dans les étangs intérieurs et… dans les bassins d’élevage. Il y a 40 ans, il était en voie de disparition et a donc été classé espèce protégée. Bien protégée puisqu’il pullule aujourd’hui au point que des battues administratives avec quotas sont organisées pour limiter la population, comme pour les sangliers. Mais sa chair est beaucoup moins prisée et la motivation des chasseurs moindre… Du coup, la destruction des nids près des rivières où il aime se reproduire devient d’actualité.

STERNE : UN MISSILE Aïe ! Là c’est plus coton de distinguer nos sternidés des laridés, ces derniers comprenant nos mouettes. Aïe encore ! Dans le langage courant, ces dernières mélangent allégrement le goéland, plus robuste, aux ailes larges, aux pattes souvent jaunes, plus longues et palmées qui lui permettent de marcher sur les pontons avec la mouette rieuse, à tête noire et bec rouge, plus vive, rarement au sol pour montrer ses trois doigts rouges. Eh oui, la mouette tridactyle de Gaston Lagaffe pour les BDéistes, n’est ni un goéland – bien que de la même famille – ni une sterne… La sterne est généralement un oiseau migrateur. La variété arctique vole huit mois par an pour passer de l’Arctique à l’Antarctique ! La Sterne pierregarin ou Sterna hirundo ou encore hirondelle de mer, hiverne dans le golfe du Mexique et au sud de la Floride, avant d’aller vers le Nord en été. C’est celle que nous trouvons généralement dans nos régions Quelques signes pour distinguer notre hirondelle des mers… D’abord, elle est le plus souvent en bande au dessus d’une “chasse”. Les pêcheurs savent bien qu’elles signalent une concentration de poissons chassés par des bars ou des thons et mettent plein gaz dans leur direction pour participer à la curée ! Ensuite, la bande est bruyante au plus fort de sa razzia au dessus du banc : encore pour les amateurs de BD, le fameux ­“Pirrlouittt” du compagnon de Johan ! Enfin, c’est fin, c’est svelte c’est vif, ça plonge en piqué avec des ailes étroites orientées vers l’arrière et la queue fourchue qui dessinent un W tendu : le vol est très gracieux, quasi sur place avec des battements secs avant le plongeon le plus souvent couronné de succès à en juger par le reflet argenté dans le bec englouti immédiatement au retour dans les airs.

46 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Pub 100x277mm:Mise en page 1 07/05/10 12:19 Page1

4 ports

aux caracteres ` uniques... ll io ure

P

Co

endres V t or

Sterne © Pierre Garin

rouge, est très mince et très pointu, plutôt orienté vers le bas. Les pattes courtes ne permettent pas la marche : ça vole ou ça flotte ! Plusieurs espèces visitent nos côtes l’été mais certaines hivernent ici. Citons pour le charme de son nom la guifette : moustache noire, bec rouge, petite taille, voltiges acrobatiques en prime ! Claude Roger

er

L’observation de plus près ajoute des détails pour confirmation : la tête ne porte pas une cagoule noire comme la mouette mais seulement une casquette noire, laissant le front plus blanc en hiver ! Le bec, souvent coloré de

re

Banyuls-sur-M

b Cer

è

`

...venez les decouvrir LE GREBE : UN SCHNORKEL Voilà encore un oiseau plongeur familier de nos côtes dont l’observation sera l’occasion d’un jeu de bord pour nos jeunes (et les autres) ! Il ne marche pas, vole peu mais nage vite en tendant un long cou avec une tête terminée par un long bec rosé vers le ciel, comme le schnorkel d’un sous marin. Après de multiples tours sur l’eau sans apparentes raisons, Hop ! il plonge brutalement… un long moment. Pour réapparaitre où ? Entre quel bateau ? Près de quel ponton ? Suspens… souvent sans réponse car il est capable de rester sous l’eau de nombreuses minutes… Souvent en couple, c’est encore plus drôle : entre diverses figures compliquées et mouvements de cou spectaculaires, ils plongent chacun de leur côté pour ressurgir séparément avant de revenir flirter ensemble… Le grèbe huppé est exclusivement aquatique, plongeur et nageur expert, au bec pointu et sans queue visible. Ses pattes non palmées sortent très en arrière. Ses rares vols s’effectuent au ras de l’eau avec des ailes à battements rapides, une silhouette au cou long tendu, un corps allongé et les pattes trainant derrière. Vous le verrez facilement sur les plans d’eau intérieurs, les estuaires et les côtes abritées, les ports et les digues.

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 47

● Culture et patrimoine : Fauvisme, Aristide Maillol, traditions catalanes... ● Gastronomie de la mer, vins de Banyuls et de Collioure... ● Nature préservée : oliviers, vignes en terrasse, mimosas, eucalyptus... ● Fêtes : de la St-Vincent, des pêcheurs, des vendanges, de la St-Sauveur, de l’orange. Avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie de Perpignan et des Pyrénées-Orientales, des municipalités, des offices de tourisme et des quatre ports de la côte Vermeille.

Tél. : 04 68 35 90 99 - Mél. michelle.sans@perpignan.cci.fr


Peintres officiels de la marine “De l’eau de mer autour du cœur et sa couleur dans les yeux” D’escale en escale, vous trouverez cent galeries où s’exposent des “marines”. Art d’amateurs, art de vacances, art mineur ? Il est de grands peintres inspirés par la mer, les bateaux, les ports, les marins. Il en est même d’officiels qui portent le nom de POM.

I

l y a quelque chose de désuet là-dedans : Peintre Officiel de la Marine. Peintre de marine, on connaît : des œuvres des barbouilleurs du dimanche au Radeau de la Méduse, la gamme est vaste de ceux que la mer inspire. Les POM, c’est autre chose. «La peinture maritime est souvent considérée comme ringarde. C’est un défi pour nous de prouver que c’est aussi un art contemporain», affirme Dirk ­Verdoorn dont les coques de fer et les ports de la Mer du Nord donnent lieu à des œuvres fortes,

bien loin des reflets des barques au coucher du soleil… Reportezvous au catalogue du dernier du Salon de la Marine au Palais de Chaillot l’hiver dernier (www. musee-marine.fr), vous n’y verrez rien de mièvre. PEINTRES POMPONS ? Pourquoi qualifier cette peinture de “marine” ? Dit-on que Van Gogh a fait de la peinture “de Provence” ou Monet “de campagne” ? Et pourtant, des peintres se revendiquent et se réunissent sous

l’appellation de Peintres Officiels de la Marine, les POM. Confrérie, club, lobby ? Une académie, comme dit encore Dirk Verdoorn (voir l’interview). Joseph Vernet fut honoré du titre de ”peintre de la marine du roi” mais le corps des Peintres Officiels de la Marine n’a été créé qu’en 1830. C’est tout de même le collectif d’artistes le plus ancien. Les POM ne sont pas que des gens de peinture. Il y a parmi eux des photographes (Philip Plisson, Jean Gaumy) et des sculpteurs (Richard Texier, Jean Lemonnier) ou des illustrateurs (Titouan Lamazou) qui, à leur manière, sont des témoins et des historiens de la mer, dans tous ses états : « À l’étendue de la science, à l’acuité de la vision, à la liberté d’interprétation, l’observation du réel permet l’heureuse et juste représentation du sujet, maritime en l’occurrence » écrit le site des POM. Il n’est pas nécessaire d’être un grand marin, mais, comme l’écrivit l’un d’entre eux il faut avoir « l’eau de mer autour du cœur et sa couleur dans les yeux ». Et souvent être né près des bateaux, comme Patrick Ca-

mus : « je suis né à Brest, mon regard d’enfant s’est promené sur les navires de la marine marchande et de la Marine nationale ? Ce fut un point de départ, la mer et la peinture allaient se rejoindre ». Après avoir été nommé plus de quatre fois consécutives “peintre agréé” (nommé pour 3 ans avec le grade de lieutenant de vaisseau), on devient «titulaire» au grade de capitaine de corvette. Si le statut ne donne pas droit à traitement, il permet le port de l’uniforme et l’embarquement sur les vaisseaux de la Royale pour continuer à témoigner. Les œuvres d’un POM sont reconnaissables à une petite ancre marine à l’arrière de sa signature. De date plus récente, en 2003, a été créé le corps des Écrivains de Marine par Jean-François Deniau (lire absolument La Mer et Ronde). On y côtoire Didier Decoin, Patrick Poivre d’Arvor, Michel Déon, Bernard Giraudeau, Titouan Lamazou (également POM), Erik Orsenna, Yann Queffélec, Pierre Schoendoerffer… du beau monde. Christophe Naigeon et Claude Roger

Dirk Verdoorn : marinier, marin, POM de Hollande On a connu dans l’histoire d’autres peintres Hollandais qui ont élu domicile dans le Sud… SAns avoir du sacrifier une oreille, Dirk Verdoorn vit aujourd’hui en Italie. Après avoir été médaillé de bronze au Salon de Paris en 2001 puis d’or en 2003, il est POM agréé depuis 2005. C’est aussi un «voileux» pour qui les traversées méditerranéennes sont monnaire courante. Pourquoi veut-on devenir Peintre Officiel de la ­Marine ? J’ai toujours considéré cela comme un honneur. Être POM, c’était pour moi être reconnu par d’autres peintres pour lesquels j’avais toujours eu de l’estime et qui sont seuls habilités

à choisir les membres de cette sorte d’académie française. Car c’en est une : quand on y est, c’est comme sous la Coupole, on n’en ressort que les pieds devant ! Quels avantages y trouvezvous à cette officialisation ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, le fait qu’il n’y ait pas de salaire ni de commandes officielles est un grand avantage : nous restons totalement indépendants, personne ne nous oblige à produire ceci ou cela. En revanche, c’est pour nous une ouverture exceptionnelle pour embarquer sur tous les bateaux et toutes les mers du monde, dans des conditions magnifiques pour travailler.

48 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


JOSEPH VERNET

Le “POP”, peintre officiel des ports de louis xiv

Les mots marins

Jeux

SOLUTIONS DES JEUX SUR WWW.CABOTAGES.FR

POM bien avant l’heure, Joseph Vernet occupe une place particulière. Au Musée de la Marine à Paris, la salle qui lui est consacrée est immense car ses toiles le sont. Il ne s’agit pas simplement d’œuvres d’artiste : Louis XIV préoccupé du développement et de la défense des ports français, lui passa commande d’une vingtaine de tableaux destinés à représenter avec précision le bassin, les bâtiments, les fortifications, tout ce qui pouvait intéresser l’état-major, les finances, l’équipement et toutes les administrations concernées. Un itinéraire précis fut établi. Les ports les plus importants devaient comporter plusieurs tableaux et les premiers plans montrer dans le détail les activités propres à chaque région.

Il fallut dix ans à Vernet pour réaliser quinze chefs-d’œuvre, riches de détails anecdotiques et architecturaux, témoins d’une époque. Anecdote : il détestait Sète, ville qu’il décrivait comme peu accueillante, puante, laide… et il avait hâte de retourner à Bordeaux. C’est pourquoi sa toile sur Sète est la seule à être une vue de loin, à représenter une tempête, très peu le port. Chef d’œuvre quand même car Vernet est un grand peintre à qui on pardonne cette faute de goût touristique. Voici ce que dit sa biographie : « Peintre réaliste, il n’hésite pas un jour, au cours d’une tempête, à se faire attacher au mât d’un navire pour mieux contempler les éléments déchaînés ». Si l’une des caractéristiques des POM actuels est d’être des “reporters” de la marine, Joseph Vernet en était bien un.

HORIZONTALEMENT

N’est-ce pas aussi une sorte de “label” ? Oui, c’est une sorte de label qui se retrouve dans la petite ancre que nous aposons à côté de notre signature.Il ne faut pas nier l’avantage de la notoriété et des conséquences commerciales qu’il y a à être POM. Par exemple, cela m’a permis d’être engagé par des armateurs grecs, italiens, français pour voyager sur leurs bateaux et les peindre. Comme ça, j’ai pu voyager au Japon, au Canada… complétant ainsi les grands voyages faits avec la avec la Marine nationale française. Autrefois, les artistes officiels du roi travaillaient pour la Cour, ils y gagnaient la sécurité de l’emploi, les voyages… ils ont réalisé des chefs-d’œuvre.

Comment êtes-vous venu à être peintre de mer ? Je suis fils de marinier. Mon père a navigué sur tous les canaux de France. J’en ai fait autant, puis je suis devenu marin sur des caboteurs du côté de la Mer du Nord, de la Baltique, autour de Hambourg. J’ai ensuite monté une affaire de navigation fluviale. Puis, en 1982, j’ai cessé de travailler sur l’eau. J’ai été décorateur de théâtre, animateur, professeur de dessin… En peinture, je suis autodidacte. Quand j’ai commencé à en vivre à partir de 1997, je suis allé naturellement vers les images de mon enfance. Une sorte de nostalgie. Et même aujourd’hui, quand je crois m’en éloigner en peignant l’Inde plus que les mers froides, il y a encore de l’eau, la mer. C.N.

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 49

I - Ceux-ci n’ont généralement pas une vie de caboteur II - Difficile à trouver dans presque tous les ports. Arrière-pays de la Camargue III - Pas nitouches, hautement explosives IV – Bateau de Tunis. À l’endroit, un plaisancier n’en n’est pas tout à fait un. V - Vieux filets. Tout sauf mécontent. VI - Pronom. Le raguage peut le faire. Petit têtu. VII - Cap au 180°. Ne se crée pas, se transforme. VIII - Un peu d’eau. Peut en contenir dix litres et vous sauver la vie. Presque au centre du monde. Les mêmes qu’en début de ligne, dans un ordre différent. IX - Archipel d’Asie coupé en deux par la guerre et sa toponymie. Le sel les conserve dans la cambuse. X - Pointe ou de marée. Arrière au ponton. Drôle de participe. XI- Ceux-ci sont anglais mais pas nautiques. L’alerte peut l’être par le canal 16. XII - Poussé dans le mauvais sens. Dessina ou prit la place. XIII- Prendre une mesure définitive pour ne pas faire saisir son bateau par autrui. Mais tu n’abuses pas forcément. VERTICALEMENT 1 - Haubans raidis par un palan. Le sont par la voile ou la vapeur. 2 - Personnage biblique à qui l’on prête une méthode contraceptive. Fixa ensemble. 3 - Sans faille. On en prend quand ça forcit. En gousse. 4 - Au pluriel, ce cervidé lapon serait breton. Avec les coutumes. Cap au 360°, c’est pareil. 5 - Liberté ou moitié de position. Mis devant le vice, c’est une vertu. 6 - Suites totalement désordonnées. Trois fois la première. Les beaufs en font une injure. 7 - Ajoutez SM, vous êtes sauvés ! Agit pour le régime ou la censure. 8 - Bateau de cabotage, ou anagramme d’un combat. Avant «delà», c’est pour l’éternité. Naviguer finit comme ça. 9 - Mesure de sensibilité du temps de l’argentique. Toutes les écoles ne les interdisent pas. 10 – Comme les peintres, ils peuvent être de marine. Se bouge. 11 - Partie de l’autre côté du port. Petits cordages. 12 - Gourou des extraterrestres. Met en pratique l’exemple du personnage de 2. 13 - Chaînes servant à supporter les basses vergues ou filins qui relient le parachute au harnais. Mer anglaise démontée.


page réalisée par

Pour les capitaines… Un Air de Sète (Relié) de Jacques Rouré et Michel Descossy Editeur : Equinoxe (4 avril 2006) Collection : Impressions du Sud Prix : 28 € Un air de Sète propose un hommage à la ville de Sète à travers des créations littéraires : récit, roman, nouvelles, etc. de J. Rouré et des photographies. Il vous dévoile les coins et recoins de cet incontournable port méditerranéen. Les romans des îles : L’Ile mystérieuse ; Seconde Patrie ; L’Ecole des Robinsons ; L’Ile à hélice (Broché) De Jules Verne Editeur : Omnibus Prix : 26 € Les quatre romans d’aventures qui forment ce volume mettent en scène des îles tantôt inquiétantes, délirantes, initiatiques ou nourricières, sur lesquelles des hommes tentent de survivre contre vents et marées. Belem : Le Temps des Naufrageurs (Album) de Jean-Yves Delitte Editeur : Chasse-Marée Prix : 13 € Le récit du dernier voyage du célèbre voilier long-courrier français, qui appareille de Nantes le 31 juillet 1896. Il fait escale à Montevideo, puis à Belém et revient finalement à son port de départ le 26 janvier 1897 après 46 jours d’une traversée difficile. Un ouvrage qui se lit comme une aventure aux multiples rebondissements, avec pour toile de fond le quotidien rude des matelots de la voile. Albatros de Kiley/Holmes Editeur : Phébus (17 septembre 1998) Collection : Phébus Libretto Prix : 10 € Un yacht pris dans la tempête... cinq passagers promis à la mort qui vont

se déchirer, pour aboutir à la survivance de deux d’entre eux, après avoir dérivé sur l’Océan pendant des jours. Une histoire de violence et d’horreur en raison des difficultés rencontrées mais aussi des caractères des naufragés Seule la Mer s’en Souviendra de Isabelle Autissier Editeur : Grasset & Fasquelle (3 juin 2009) Prix : 18 € En 1969, Peter March, un marin anglais, inventeur de systèmes électroniques pour voiliers, décide de participer à la première course autour du monde en solitaire et sans escale. Il entend ainsi prouver l’excellence de ses inventions. Peter est terrifié lorsqu’il découvre une grave avarie sur l’un des flotteurs du trimaran. Il décide alors de tricher, en faisant escale. Prix Amerigo Vespucci 2009. Ciel ! Mon Mari veut Naviguer... de Christine de Bonviller Editeur : Editions L’Ancre de Marine Prix : 20 € Lyonnaise d’ascendance ardéchoise, l’auteure se retrouve sur l’Echappée Belle avec son breton de mari et leurs enfants pour une croisière transatlantique. Son récit plein d’humour commence évidemment par la construction du voilier... La Petite Bibliothèque Maritime idéale de Stéphane Heuet Editeur : Arthaud; Collection : Beaux Livres Prix : 24 € Stéphane Heuel, né à Brest, a longtemps navigué avant de faire escale à terre pour se lancer dans l’adaptation en bande dessinée d’A la recherche du temps perdu de Proust (Delcourt). Les cinq premiers albums ont rencontré un franc succès. Tout en continuant à son pas cette oeuvre titanesque. Il écrit et dessine sa bibliothèque maritime idéale.

Amour de Plaisance de Jean Mauviel Editeur : Le Télégramme - Pêcheur d’images Collection : GUIDES Les différents sujets et thèmes préoccupant la vie du marin : faire son sac, les cartes et le GPS, le pavillon, la psychologie du bord, la nourriture, le mouillage, les soins à apporter au bateau, porter assistance, rester humble avec les éléments naturels, etc.

Léocadie, le Roman de la Grande Pêche de Serge Deschamps Editeur : Éditions des Falaises Prix : 18 € Léocadie est un trois-mâts goélette armé à Fécamp qui part en 1922 pour la brume des bancs de terre-Neuve. À l’issue d’une tempête d’anthologie, une partie des doris ne revient pas à bord. Leurs équipages vont aller au bout de leurs forces pour rallier la terre groenlandaise et pour y survivre. Pendant ce temps, le capitaine du Léocadie les cherche désespérément. Une magnifique histoire de voile, de corde et de mer glacée et, surtout, de solidarité marine.

…et les moussaillons La Princetta et le Capitaine D’Anne-Laure Bondoux Éditeur : Livre de Poche Jeunesse Prix : 6,50 € Pour échapper à un mariage arrangé avec le prince d’Andemark, Malva, 16 ans, héritière du trône de Galnicie, s’enfuit de nuit, avec la complicité de son précepteur l’Archonte. En s’embarquant sur les mers, elle finit par rencontrer le capitaine Orfeus McBott qui a fuit la Galnicie à la mort de son pirate de père. Un roman d’aventure passionnant qui ravira les passionnés d’aventure et de grand large. Un Chaton à la Mer ! de Ruth Brown Anne Krief (Traduction) Editeur : Gallimard-Jeunesse Prix : 12,50 € En 1838, bravant la tempête, Grace Darling, fille du gardien du phare de Longstone en Angleterre, sauva de la mort les passagers d’un navire en détresse. Parallèlement, Lizzie, une chatte, tente de sauver son chaton de la noyade. Une histoire de courage dans un phare au milieu de l’océan. Océans - Petites Histoires des Fonds Marins (livre et CD) de Stéphane Durand et Marc Boutavant Jacques Perrin (Narrateur) Editeur : Seuil Jeunesse (22 octobre 2009) Collection : Crea.Jeuness Prix : 18 € Minuscule et invisible comme une goutte d’eau dans l’océan, le jeune corail vagabondait par le vaste monde, émerveillé par mille splendeurs et risquant mille périls. Un jour, il eut envie de trouver un

endroit où se poser. Des contes pour plonger au cœur des océans à la rencontre de ses incroyables habitants, à lire ou à écouter ! Mon Encyclo de la Mer de Patrick Louisy Editeur : Milan Jeunesse Collection : Albumsnature Prix : 16 € Cette mini-encyclopédie présente plus de 150 photos d’animaux, d’activités et de paysages marins. Elle permet aux plus jeunes de découvrir la richesse des océans, à travers des textes simples et des photos spectaculaires, amusantes et étonnantes. Odyssée, Tome 1 : La Malédiction des Pierres Noires de Michel Honaker Editeur : Flammarion Prix : 5,70 € Il y a longtemps, bien trop longtemps maintenant, qu’Ulysse a quitté le rivage de son cher royaume d’Ithaque pour partir à la guerre. Pénélope et Télémaque espèrent chaque jour son retour. Mais le voyage n’est pas fini. Ainsi en ont décidé les Dieux... Depuis dix ans, la ville de Troie est assiégée par l’armée grecque. Elle compte parmi ses généraux le héros aux mille ruses, Ulysse. Le destin de tout un peuple repose entre ses mains. Mais pour l’accomplir ne devra-t-il pas renoncer à sa vie de simple mortel ?

50 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr


Cabotages Méditerranée

Tous les sports d’eau : Voile • Surf • Canoé • Kayak Trekking • Rafting • Camping…

AU ! NOUVE ches étan les Sacs s en vente otage de Cab ie limitée en sér

www.cabotages.fr www.laboutiquedecabotages.fr

Photos non contractuelles

Spécification : Tarpaulin PVC Etanche



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.