CABOTAGES LES MÉDIAS DU NAUTOURISME
LA MÉDITERRANÉE À L’HONNEUR 60 pages de reportages
invitation à
LA DÉMO DE L’APPLI lundi 9 décembre à 12 h scène centrale, Hall 1, et tous les jours stand 1J70 en partenariat avec LL’Hérault, LHérault LHérault, L’ Hé lt département dép départem é t mentt marin i !
À bord ou à terre le premier guide des nautouristes
Kurt Arrigo, Camper & Nicholsons Marinas
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LE GrAND POrT DE LA VALETTE à MALTE EST LA ScèNE OU SE jOUENT LES PLUS bEAUx SPEcTAcLES DE VOILE : 28 juin 2014 : Trophée Bailli de Suffren, déparT de SainT-Tropez 18 octobre 2014 : rolex Middle Sea race, départ de la Valette
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édito
Ce numéro spécial de Cabotages pour le salon Nautic de Paris est réalisé et publié par Bastaque Éditions 16 rue Garenne, 34200 SÈTE Directeur de publication : Christophe Naigeon christophe.naigeon@cabotages.fr Directeur du développement : Alain Pasquet alain.pasquet@cabotages.fr Rédacteurs navigateurs : redaction@cabotages.fr Djinn et Christophe Naigeon Emma et Bastien Chazelles Guy Brevet Claude Roger Assistante de direction : Julia Chaine julia.chaine@cabotages.fr Finalisation maquette retouches photos : Emmanuelle Grimaud studio@cabotages.fr Photos : Cabotages (sauf autre mention) Correspondance : contact@cabotages.fr Imprimeur : Jomogar - Madrid - Espagne
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LA MÉDITERRANÉE À L’HONNEUR Caboter, c’est découvrir des rivages et des ports inconnus, y rencontrer des gens et goûter de nouvelles choses. Ce numéro spécial Nautic de Cabotages est un florilège de nos éditions 2013 qui décrit mieux que les mots le concept de NAUTOURISME ®, le nôtre depuis 2007. Une mini-croisière dans les limites du département de l’Hérault nous fait découvrir 12 escales, 12 métiers, 12 gens de mer comme nous aimons en rencontrer au hasard de nos navigations, typés, chaleureux, passionnés. Une seconde croisière nous avait menés des Pyrénées aux Alpes. Nous n’avions d’yeux que pour ce qui se mange, se boit et qui a un lien avec la mer. Presque tout, en fait. Car tout, en Méditerranée, a un lien avec la mer. Nous avions fait 56 escales épicuriennes, nous vous en offrons ici six, pour vous mettre l’eau à la bouche. Et puis, histoire d’aller plus loin, nous vous envoyons une carte postale d’une île que nous aimons particulièrement, Capraia, la part de Toscane la plus proche de la Corse. Capraia est un volcan sur la mer, une oasis de calme où les voitures sont bannies, au coeur d’une réserve naturelle. Et enfin, parce que nous aimons les beaux bateaux et les histoires de mer, nous fêtons les 150 ans de la Société Nautique de Sète, la seconde plus ancienne de Méditerranée après Cannes, et anticipons un bel événement maritime comme la Méditerranée n’en crée pas encore assez, Escale à Sète, qui se déroulera en avril prochain. Et les autres destinations, les autres mers ? Cette année, nous avons choisi de mettre la Méditerranée à l’honneur. Christophe Naigeon, Alain Pasquet
Cabotages - Nautic 2013 - 3
SALON PROFESSIONNEL
- 10/2013 - ©Photos : Fotolia
SEAPROSHOW.COM
MONTPELLIER, PARC DES EXPOSITIONS
2 > 3 AVRIL 2014
4 - Cabotages - Nautic 2013
SOMMAIRE Pages 7-25
1
port portrait
LE GASTRONAUTE Pages 27-45 Bons baisers de ... l ’isola di Capraia
Pages 46-49 Environnement : le bassin de Thau manque de pompes 50-51 Patrimoine maritime : la Société Nautique de Sète / Escale à Sète 54-56 Livres de bord 58
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Cabotages
* Voir conditions sur Cabotages.fr
1
12 escales 1
2 rencontre
port portrait s
dans les cité s portuaires de l’Hérault
L’été dernier, nous avons fait une croisière d’à peine 70 milles, de La Grande-Motte vers le port du Chichoulet en passant par le bassin de Thau. L’idée : faire à chaque escale la rencontre d’une personne liée au monde de la mer par son métier ou sa passion. Et voici , comme un puzzle, une étrange carte marine du département où est né Cabotages, l’Hérault.
L’Hérault, département marin ! Plus de 10 000 anneaux répartis dans 19 ports, près de 90 km de littoral, 1 000 marins-pêcheurs, 450 conchyliculteurs, la mer est au cœur du patrimoine et de la culture héraultaise.
crédit photo : conseil général de l’Hérault
Le Département est propriétaire de 8 ports départementaux dédiés à la pêche, la conchyliculture et le nautisme. Il s’engage également pour le développement de la plaisance, le soutien aux filières professionnelles, la préservation de l’environnement, le tourisme. L’Hérault, une identité forte, côté mer !
herault.fr
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André Vezinhet
PRÉSIDENT D
Il semble qu’aujourd’hui tout le monde découvre le lien qui unit la terre à la mer. Et en Hérault ? Peut-être certains le découvrent-ils maintenant, mais depuis 15 ans que je suis Président du Département, je ne cesse de dire que notre bande littorale de 90 kilomètres de plages de sable fin représente bien plus que le vieux binôme bronzage-baignade. La limiter à cet attrait touristique ne saurait rendre compte de tous ses mérites et de toutes ses richesses. Même si depuis les années 60 la plage attire les foules, le Département développe et fait apprécier ce qu’est le littoral de part et d’autre : les espaces lagunaires, le nautisme… Il est vrai qu’ici la plage n’est le plus souvent qu’un cordon entre deux eaux… Le Languedoc-Roussillon représente 45% de l’espace lagunaire français. L’Hérault en possède une très large part avec 14 000 hectares de lagunes qui forment un chaînage ininterrompu de l’étang de l’Or à l’Est vers le Gard à l’étang de Vendres, à l’Ouest, aux confins de l’Aude. A lui seul, le bassin de Thau, véritable “mer intérieure”, en compte sept mille hectares. Eminemment “cultivable“, ce bassin, ouvert à la plaisance, se situe au débouché de la ville de Sète et des deux canaux du Sud, le canal du Rhône à Sète et le Canal du Midi. Depuis vingt ans, Le Conseil général, à travers les contrats de baie et de lagune, se concentre sur la qualité de l’eau qui est, à nos yeux, le point capital. Cependant, l’obstruction des “graus” a conduit beaucoup de ces lagunes côtières à perdre leur vocation économique comme pourvoyeurs d’emplois dans les métiers de la mer. Seul l’étang de l’Or et le bassin de Thau ont conservé et développé une forte activité de pêche traditionnelle et de conchyliculture. Toutefois, les autres espaces conservent une vocation écologique et touristique de première importance. Dans ce cadre, le Département a opéré de magnifiques restaurations
U CONSEIL G
dans des sites très dégradés comme les étangs de Vendres où la roselière a été réhabilitée. C’est maintenant un site naturel remarquable qui jouxte le port du Chichoulet, à la fois centre conchylicole moderne et port de plaisance totalement rénové, que l’on peut découvrir à pied, à cheval ou à vélo. Nous avons fait un effort considérable sur les pistes cyclables qui permettront bientôt de faire le tour de la plupart de ces étangs en deux roues.
ÉNÉR AL
“ NOTRE TERRITOIRE S'ÉTEND LOIN AU LARGE DE LA LIGNE D'ÉCUME “
Et côté mer ? Le Skipper Hérault s’est illustré dans de grandes courses. Côté mer, nous avons huit ports départementaux que nous avons réaménagés. Tous ont des vocations multiples et mêlent la conchyliculture, la pêche, la plaisance… Certains, comme Bouzigues et Marseillan, sont des perles gastronomiques, nautiques et touristiques. Même si d’autres ports de notre côte comme Palavas, La Grande Motte ou Le Cap d’Agde ne relèvent pas de notre compétence, nous accompagnons financièrement leurs projets depuis longtemps. Même Sète, aujourd’hui géré par la Région, a été fortement soutenu par le Département. De là, nous avons décidé d’accompagner les manifestations nautiques et de parrainer un skipper qui porte les couleurs de l’Hérault. Aujourd’hui, Xavier Macaire remporte des courses de prestige et s’illustre sur les podiums les plus en vue. Mais ce qui a peut-être encore plus de valeur à nos yeux, c’est que sa notoriété est mise au service de la formation des jeunes. Ce skipper – un homme d’exception que j’ai fait citoyen d’honneur du Département – initie les collégiens à l’art du nautisme et aux valeurs des métiers de la mer et des étangs. Au-delà de tout cela et grâce à nos actions dans ce domaine, je constate aujourd’hui que les acteurs économiques et les élus du Département, jusque dans les Hauts-Cantons, ont pris conscience que le territoire ne s’arrêtait plus à la ligne d’écume sur le sable mais s’étendait loin vers le large.
Les 8 ports départementaux Bouzigues : pêche/plaisance Mèze ville : pêche/plaisance Mèze le Mourre-Blanc : conchyliculture/pêche Marseillan les Mazets : conchyliculture/pêche Marseillan Tabarka : pêche/plaisance Le Grau d’Agde : pêche Le Chichoulet à Vendres : conchyliculture/pêche/plaisance Le port du Barrou à Sète : conchyliculture/pêche
Cabotages - Nautic 2013 - 9
1ère escale : La Grande-Motte ort u Hérault : un p
n portrait
Xavier Macaire LA VOILE DE
N COMPÉTITIO
Avec un petit Nord Nord-Ouest comme nous avons ce matin, on se demande si on va passer l’Espiguette. Un œil sur le sondeur et l’autre sur la voile, nous avons longtemps louché avant de regarder droit devant. Le phare, le sémaphore et les bancs de sable passés, nous filons en laissant un peu de mou aux voiles vers la Cité inca. Partis au point du jour des Saintes-Maries-de-la-Mer exprès pour ce moment parfait où le soleil frappe de plein fouet les façades de La Grande-Motte, nous répétons le rituel de redécouverte de cette ville-objet posée sur le sable il y a cinquante ans, monument du patrimoine du XXe siècle. Jean Balladur faisait des rêves précolombiens. Celui qui sait déchiffrer les messages laissés en ville comme un jeu de piste en trouvera les inspirations. Celui qui arrive par la mer voit dans cette bande découpée de plaques brillantes, anguleuses ou ovales, les images des Trente Glorieuses, au temps où les promesses de la modernité n’avaient encore déçu personne et où des filles libérées nous éblouissaient avec des minirobes géométriques et brillantes. La Grande-Motte taille maintenant des robes aux voiliers des champions.
RÊVES DE CHAMPION DANS LA CITÉ INCA
X
avier Macaire est encore là en ce début d’été quand nous commençons notre périple à La Grande-Motte. Les derniers jours avant des vacances bien méritées : seconde place à la Solitaire du Figaro. Mission accomplie, le Skipper Hérault peut ranger pour quelque temps le bateau orange et bleu. Courte pause car la Générali Solo attend… entre autres engagements où il va porter les couleurs du Département marin et montrer, comme Kito de Pavant dans l’autre cité de Balladur, la voisine Port Camargue, que la Méditerranée produit de grands champions. APRÈS LA GÉNÉRATION DES VAURIENS
Et pourtant Xavier Macaire n’est pas né ici, mais à Rouen, une semaine après un certain 21 avril 1981. Pas dans le milieu de la voile non plus. Mais il quitte à cinq ans l’embouchure de la Seine pour les Bouches-du-Rhône. Papa a un biquille anglais, un Westerly qui n’incite pas à la course sauvage, mais les écoles de voile de Marseille puis de SaintCyr-les-Lecques, de Normandie pendant les vacances de retour au pays, forment le gamin à la régate sur Optimist, 420, Hobbie Cat… le chemin balisé de tous les voileux nés après la génération des Vauriens, Caravelles, Moth. Pourtant, le bois dont on fait les bateaux, le jeune skipper en fait son métier : BEP+CAP spécialité charpente marine, un « choix de raison» qui laisse la place à l’envie de course. «Ce que j’aime, ce n’est pas tant la compétition que régler un bateau pour en tirer le meilleur avec la mer et le vent qu’on a. La régate permet de progresser en se confrontant aux autres, mais la vrai plaisir est d’avoir un bateau au maxi10 - Cabotages - Nautic 2013
mum de ses possibilités ». Pour se perfectionner, à 25 ans, il fait deux ans de préparation olympique sur 470 à La Rochelle. Et là, alors que pour gagner sa vie il pose des ponts en teck sur les bateaux des autres, son désir de course entre les bouées devient un rêve précis : la transat solitaire en 6,50. POUR L’AVENTURE, PAS POUR GAGNER
Pendant ses congés, il fait des régates en championnat de France, puis passe le Brevet d’État d’Éducateur Sportif. Et, enfin, il achète un Pogo II. En 2009, il prend le départ de la Transat 6,50 « pour le défi, pour l’aventure, pas pour gagner ». Pas pour gagner ? Mon œil ! Il arrive 3e. En 2010, c’est la course Le s S a b l e s – Le s Açores – Les Sables, puis la fameuse Solitaire du Figaro en 2011 sur un Bénéteau en copropriété, sans budget, avec des voiles prêtées. « Je dormais au camping, c’était la débrouille totale ! ». Il finit 10e, et second des “bizuths“. En 2012, finis les bouts de ficelle. Il remporte la sélection de Skipper Hérault un projet porté par le Département de l’Hérault: un bateau avec une garde-robe, un salaire, une structure, le Centre d’Entraînement Méditerranéen de la Grande-Motte, quelques sponsors à trouver en complément. Les conditions de la réussite. La Méditerranée, le Golfe du Lion, l’Hérault s’offrent la seconde marche du podium Figaro. Et la fabrique des rêves tourne toujours : la Générali solo, la Transat AG2R et… le Vendée Globe ! « Pourquoi n’y aurait-il pas des entreprises de l’Hérault qui se lanceraient aux côtés du Conseil général 34 pour investir leur image dans la voile ?». L’appel est lancé.
2e escale : Carnon Carnon, comme Palavas, a peu la réputation d’être un port d’escales. Pourtant, c’est un port très facile d’accès pour celui qui n’est jamais venu. L’avant-port, le chenal d’accès, le quai d’accueil bien visible à droite, tout cela fait que le navigateur qui s’angoisse toujours un peu dans les ports qu’il ne connaît pas trouve ici de quoi se tranquilliser s’il ne se laisse pas surprendre par le courant de marée qui fait circuler l’eau bleue de la mer et celle, très végétale, de l’étang de l’Or. Étang qui n’est pas jaune d’or mais de la couleur verte de l’Hort, le potager qui lui a donné son nom. Carnon, c’est aussi la mer la plus proche de Montpellier, celle qui donne envie aux passagers des avions qui se posent à Fréjorgues de piquer une tête, mais que, pour un caprice de la politique locale a privé des derniers kilomètres de tram qui auraient évité les embouteillages du retour des plages. Carnon, c’est aussi de jolies petites maisons “bains de mer“ du début du XXe siècle, parmi lesquelles quelques architectures intéressantes. C’est aussi quelques bateaux de pêche de “petits métiers“ qui offrent, le matin dans le chenal, un charmant marché aux poissons.
Hérault : un p
ort un portra
Gérald Rival LA PÊCHE AU
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GROS
EAU DOUCE, EAU DE MER, MÊME PASSION DE LA PÊCHE
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érald Rival a une double vie : Carnon et Palavas. Ces deux vies se réunissent à travers un slogan qu’il revendique : pêcher-manger. Pêcher et manger sont en effet les deux pôles de sa vie publique : un restaurant à Palavas, le Saint-Georges, coté au Michelin dont il est chef et propriétaire, membre du cercle sélect des Disciples d’Escoffier, et, à Carnon, le siège de président du Carnon Fishing Club, membre de la Fédération Méditerranéenne des Pêcheurs Plaisanciers Sportifs Français (FMPPSF).
continue à pêcher fin, avec mes cannes de rivière pour les daurades et les loups. Carpe et daurade sont très proches. D’ailleurs, certains commencent à pêcher en mer à la mouche les poissons carnassiers ! » Car la fédération à laquelle il appartient, d’origine Atlantique, s’intéresse à toutes les formes de pêche, pas seulement le Big Game Fishing. Le slogan pêcher-manger s’applique à la philosophie de Gérald : « on ne doit jamais prendre plus que ce qu’on peut manger ou offrir à un copain. Un membre du club qui se vante d’avoir mis au congélateur les cinquante daurades qu’il a prises, je le flingue ! ». D’ailleurs, adepte du no-kill (on prend des poissons avec des hameçons sans ardillons, on fait la photo et on les libère), il regrette que la mer n’ait pas la même réglementation que la pèche en rivière : « il faudrait un permis de pêche qui permettrait de financer des inspecteurs pour limiter les abus et préserver la ressource. Si vous vous promenez sur les marchés, vous voyez des poissons de taille
interdite et personne ne dit rien ! Jamais vous ne vendrez une truite ou une carpe de la taille des daurades qu’on trouve ici ! ». Pour la pêche au gros, les contraintes sont très sévères. POURQUOI NOUS SURVEILLER AUTANT ?
Des quotas sont fixés pour chaque club et le président en est responsable. Chaque prise, du 15 juillet au 30 août, doit être déclarée, les amendes sont élevées. Même le no-kill est limité : 15 juin au 14 juillet / 1er au 15 octobre. « Pourquoi sommes-nous tellement surveillés alors que nous représentons très peu dans la quantité des prises des thoniers professionnels avec leurs sennes et leurs palangres ? » Pourtant, le Carnon Fishing Club pratique volontiers l’autorégulation : « j’interdis à mes adhérents de sortir en mer entre le 1er janvier et le 1er mars ». En association avec l’association écologique Aileron et l’IFREMER, il étudie les migrations des thons. Un animal, tagué ici a été pêché en Irlande. Vous avez dit passion ?
UN SLOGAN : PÊCHER-MANGER
C’est à côté de la célèbre boutique d’articles de pêche La Daurade que nous rencontrons celui qui a commencé à cinq ans une longue carrière par la pêche à pied sur les plages du Touquet. Le jeu d’enfant s’est transformé en passion adulte et en thérapie : « le métier de chef cuisinier est très stressant, la pêche est une cure de calme et de nature ». C’est aussi très technique. Gérald est d’abord un pêcheur en eau douce, rivières, torrents, lacs. Toutes les pêches, jusqu’à la plus aristocratique, la mouche. Puis est venue la pêche en mer, moins fine, mais, quand on tâte du gros et qu’on mène des bagarres de plusieurs heures contre trois cents kilos de pure puissance, c’est une autre passion ! Son expérience des eaux douces lui donne un regard nouveau sur la pêche en mer. « Je Cabotages - Nautic 2013 - 11
3e escale : Palavas-les-Flots
B
runo Jeanjean est le maître du port. Un métier qu’il exerce ici depuis 1996 – au moment de l’extension du port de Palavas – avec la passion de l’accueil dans une ville qu’il adore. « Palavas a une identité très forte, entre la pêche qui est au cœur de la cité, la tradition très familiale et bon-enfant de la station, la voile sportive et les jolis bateaux de tradition qu’on voit dans le port, on n’a pas besoin de se prendre pour autre chose que ce que l’on est » raconte celui qui, authentique enfant du pays (« j’étais en CP avec tous les pêcheurs du coin »), a pourtant connu des horizons lointains et des exploits plus médiatiques. DU MARAUDEUR AU JULES VERNE
o Hérault : un p
rt un portrait
Bruno, c’est, dans l’équipage de Franck Cammas (Groupama III) le détenteur du Trophée Jules Verne de 2010 à 2012 à presque 19 nœuds de moyenne, c’est, en 1994 avec Bertrand Pacé, un champion du monde de match-racing et, avec Marc Pajot, il a participé trois fois à la Coupe de l’America. Entre autres… comme il se doit dans la carrière d’un pro de la voile. Pour le Jules Verne, il était maître de port. La commune de Palavas lui a alors accordé un congé spécial. Bon investissement d’image ! Pour Bruno, tout a commencé quand papa a acheté un Maraudeur, l’un de ces premiers “croiseurs“ de moins de cinq mètres nés dans les années 1950, qui se vendait même, prêt à naviguer, au BHV de Paris et qui ont fait la joie de milliers d’apprentis navigateurs. Dont certains sont devenus des grands.
Bruno Jeanjean MAÎTRE DE P
ORT
Les plaisanciers qui viennent de loin font plutôt relâche dans les grands ports proches, La Grande-Motte, Le Cap d’Agde... Et pourtant, les milliers de bateaux qui tournent dans la baie d’Aigues-Mortes aiment passer un jour ou deux dans cette ville-port au caractère fort, bien vivante toute l’année. L’un des traits de caractère de la ville est son canal qui la coupe en deux mais lui donne sa cohérence, démultiplie sa façade nautique jusque dans les petits bras intérieurs où est installé un port où s’amarrent des centaines de “pêche-promenade“. Le port et le canal sont séparés dès l’entrée, mais les petits sans-mât qui ont la chance de pouvoir remonter le chenal circulent entre deux berges colorées par les “petits métiers“, leurs bouées, leurs filets, leurs étals. On ne peut pas s’y amarrer, mais un aller-retour vaut la peine. Deux autres points de vue sur la ville : le Phare de la Méditerranée, ancien château d’eau devenu restaurant tournant, et le funiculaire Transcanal, qui tient lieu de pont panoramique près du Casino. 12 - Cabotages - Nautic 2013
« Sur toutes les plages, il y avait des dériveurs, on faisait de la voile tout le temps. Et, un jour, quand Marc Pajot s’est installé à Sète pour la Coupe de l’America, j’ai posé ma candidature. Voilà. » Bertrand Pacé, Thierry Peponnet, Albert Jacobsoone (sept participations) ont comme lui, à vingt ans et des poussières, vécu ces années palpitantes à Sète et… épousé des Sétoises ! BRAS DE POPEYE ET RÊVES EN TÊTE
Pourtant, Bruno ne considère pas son travail comme alimentaire. Bien au contraire. Il se passionne pour la vie de la capitainerie dont il a fait une sorte de société nautique là où d’autres restent des gardiens de parking. « Nous sommes une base logistique pour tous ceux qui, autour du port, organisent la vie nautique. Il y a ceux qui font des régates (nous avons la plus belle flotte de Surprise avec 20 unités), ceux qui rassemblent des bateaux de tradition (nous avons créé un espace spécial pour que les touristes puissent les admirer), ceux qui organisent des courses comme le Défi des Ports de Pêche… La capitainerie doit animer la vie du port qui devient de plus en plus un lieu de vie. Ici, 80% de notre clientèle est de Montpellier et environs. Il y a du monde sur les pontons et dans les bateaux toute l’année. Notre travail ne s’arrête pas à la gestion des places. » Autour de la cinquantaine, les avant-bras de Popeye de ceux qui ont enroulé des centaines de kilomètres d’écoutes sur les winches et le regard de l’enfant qui rêvait déjà d’en découdre sur le Maraudeur de papa, Bruno Jeanjean n’a plus d’envies de records fous. Des projets, oui. Mais encore secrets. À suivre.
MAÎTRE DE PORT, MAÎTRE SUR LA MER
43°31’ N - 3°56’ E VHF Canal 9
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© Photo : Patrick EOCHE
L’ESCALE ‘ A‘ DECOUVRIR Labels : Ports Propres, Pavillon bleu Capitainerie du Port de Palavas-les-Flots 34250 PALAVAS LES FLOTS Téléphone : +33 (0)4 67 07 73 50 Fax : +33 (0)4 67 50 61 04 accueil.port@palavaslesflots.com www.palavaslesflots.com
4e escale : Frontignan ort u Hérault : un p
n portrait
Philippe Kerneis VOILIER GRÉ
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Trop près de Sète pour y faire escale ? Que nenni ! Frontignan a son charme propre et, tant que sa grande voisine n’a pas fini sa modernisation, c’est sans aucun doute le port le plus facile dans le coin. Même si vos talents de manœuvrier portuaire ne sont pas au niveau olympique, chenal d’accès, quai d’accueil et station d’avitaillement sont un jeu d’enfant. Et pour les malins qui veulent frimer devant la terrasse du Barracuda, en profitant du petit courant de marée qui entre ou sort de d’étang d’Ingrill, une arrivée nez à quai et vous voilà gentiment rabattu d’un côté ou de l’autre. Très classe à condition de ne se tromper ni sur le sens du courant ni sur la longueur de sa coque…À part ce jeu que nous aimons, une autre expérience consiste à faire mettre son bateau à terre par les grutiers les plus précautionneux de la baie et à profiter de cette excellente zone technique. Beaucoup de Sétois carènent ici. Nous profitons de l’escale pour un coup de nettoyeur et un grattage d’hélice du Laertes.
METTRE LES VOILES, FAIRE DES VOILES, REMETTRE LES VOILES…
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hilippe Kerneis est notre voilier. Clipper Voiles, installé à Frontignan depuis 1990 après avoir commencé à Sète en 1981, est spécialiste de la voile hauturière et, surtout, du sur-mesure pour habiller les rêves de navigation. Les plus fous. Sébastien Roubinet (voir Balaruc) se fournit ici pour ses expéditions polaires en catamaran-luge. Joli banc d’essai pour le matériel embarqué... Table à dessin et coupe informatisée, Philippe ne les a que depuis 1993, même si, fort en maths et en géométrie, il est sans doute né avec une équerre dans l’œil. Et l’envie de bateau, elle, bien chevillée au cœur depuis les premières vacances où, gamin, il régate dans la baie de Saint-Malo. DES VOILES DANS LA COUR DU LYCÉE
Avec un père officier de la Royale, la navigation était ancrée dans la culture familiale. Mais un certain vent a soufflé sur ceux qui avaient vingt ans en mai 1968, entraînant plutôt la jeunesse amoureuse de la mer vers des horizons moins disciplinés et des villes moins bourgeoises que dans la banlieue Ouest de Paris où il vivait alors. Philippe devient dessinateur-maquettiste pour financer son envie de mettre un jour les voiles pour de vrai. En faire n’est pas encore dans son plan de carrière. Et pourtant… Ses premières voiles, il les dessine avec quelques bons manuels techniques et un copain dont la mère, proviseure d’un lycée de Chartres, leur laissait, pendant les va14 - Cabotages - Nautic 2013
cances, la cour de récréation pour tracer les découpes à la craie et ses trois machines à coudre pour les assembler ! Ces voiles, elles ont tenu les quatre ans de tour de l’Atalantique qu’il a entrepris en 1976 avec l’Endurance 35 en ferrociment construit en cinq ans sur un terrain en bord de l’Oise. Un an aux beaux-Arts en architecture navale ont aidé, mais, dans les années post soixante-huit, la plaisance et la construction amateur étaient en plein boom. « Il n’y avait pas de marché de l’occasion et un bateau neuf était inabordable. Le ferrociment était un moyen pas cher et coopératif de fabriquer des bateaux ». Sur une armature de métal et un treillis grillagé, les coques de ferrociment doivent être faites en une seule journée, sans raccord ultérieur possible (ceux qui n’ont pas respecté ce principe n’ont pas flotté longtemps). Du coup, tous les auto constructeurs se donnaient rendez-vous le jour fatidique et, œuvre accomplie, faisaient la fête le soir. « Pour mon bateau, en 1972, on était quarante ! » raconte Philippe. Quant au mât de 12 mètres, « il a été acheté d’occase en Suisse,
découpé dans un mât de 18 mètres et rapporté sur une remorque de 420 tractée par une 2CV à travers le Jura… La tête des douaniers volants qui ont suivi le convoi et fouillé le mât creux ! » LES RÊVES SONT INALTÉRABLES
Et voilà Philippe et deux compères partis à travers le monde. Un peu de charter pour payer les frais, des boulots à terre. Retour après trois ans et demi à Carantec, dans la maison de ses parents dotée d’une grande cave où il ouvre sa première voilerie. Re-départ en bateau. « Avec deux copines. L’une a débarqué au Sénégal, l’autre est devenue ma femme ». Retour à terre, dans le Sud cette fois. Sète. Une autre voilerie. Puis Frontignan. Son ancien bateau, Gwin Rhu (vin rouge en Breton), l’Endurance 35, vit une retraite au soleil des Antilles. Philippe prépare la sienne en formant ses deux employés à la reprise. La plaisance a changé, il ne fera pas d’heures supplémentaires. Mais les rêves, eux, sont inaltérables.
5e escale : Sète Sète est notre port d’attache. Pourtant, rien n’est jamais familier dans cet univers où se côtoient thoniers, chalutiers et “petits métiers“, cargos, ferries et navires de croisière, voiliers, canots et grands yachts qui trouvent place dans le nouveau bassin du Midi, et, le long des canaux, des bateau patrimoniaux, des catas géants, de grands coursiers à voile et des coques rouillées en attente de… C’est un lieu puissant et poétique, plan d’eau tentaculaire en cœur de ville, cœur battant qui rythme la vie avec les retours des pêcheurs, avec les ponts qui tournent ou se lèvent, avec les marées qui transforment les canaux en torrents alternatifs, vers la mer ou l’étang. C’est le seul véritable abri tout-temps-toute-heure du Golfe. C’est aussi un port de plaisance qui a 150 ans d’histoire de régates, en pleine modernisation, se débarrassant de tout ce qui faisait sa réputation d’être sale, remuant, mal équipé. Avec une cité pareille en arrière plan, ces défauts n’étaient qu’un regret, désormais on peut y faire escale une semaine, le temps de visiter la ville et de faire quelques ronds dans l’eau du bassin de Thau.
UN ARMATEUR, UN BATEAU, UN MARIN
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irginie Angevin, nous l’avons rencontrée à Frontignan, l’escale précédente où nous avions profité de la zone technique pour mettre à sec et gratter les moules de l’hélice. Elle admirait le travail que faisait un homme râblé et buriné, à grands coups de spatule, passant à l’enduit gras la coque de son “petit gros“, un chalutier breton de 9 mètres, rond, épais, trapu, l’étrave haute et la cabine à la proue, un air de dogue teigneux, qu’elle venait d’acheter à Brest. Une armatrice ! « Non, je suis armateur » nous répond celle qui n’a pas besoin de noms féminisés pour affirmer qu’elle est une femme avec un métier arraché aux misogynes. Nous la retrouvons à Sète, devant la criée où arrive le bateau de son mari Patrice, l’Angevine, chalutier de 25 mètres dont elle assure la gérance de fait depuis 1998. « J’ai été un petit rat gratte-papiers, je gérais l’armement de mon mari, sans responsabilité. Maintenant, j’ai mon premier bateau à moi, le Guy-Pierre-François, que je confie à un patron de pêche. »
à la journée, on rapporte du poisson presque vivant ! On n’a rien à faire de ces bateaux-usines ». Mais les banques prêtaient… et les banques ont tout repris, les bateaux, les maisons. « Il y a eu tellement de belles années ! Quand on voulait remplacer un moteur, on faisait des heures en plus. La quantité pêchée passait avant la marge. On prenait, c’est tout. Mais on ne s’est jamais posé la question de la valorisation du poisson. Les agriculteurs ont su se reconvertir, inventer le bio, de nouveaux produits, de nouveaux circuits. La pêche doit en faire autant. » Sacrément culottée, Virginie. Femme et novatrice dans un monde d’hommes plutôt conservateur.
Elle ne vient pas du milieu de la pêche, elle n’a jamais voulu devenir une femme de pêcheur qui vend le poisson du mari. Quand l’armement de Patrice, son mari, a battu de l’aile, au lieu d’aller droit dans le mur, elle a mis la société en redressement judiciaire. Un moratoire sur les dettes, étalement des charges, le temps de redémarrer. Une pratique mal acceptée dans le milieu. Pari réussi. UN BATEAU, UN PATRON PAR AN
Autre pari : après un séjour à la fac en droit maritime, elle veut lancer une “coopérative juridique“ pour aider les pêcheurs. Elle se bat aussi pour le statut de la femme “conjoint-collaboratrice“ comme en agriculture, mais, là, elle se heurte encore à un rejet. Alors, elle y va. Tout en poursuivant l’appui à la gestion du bateau de son mari, elle trouve un bateau à sa mesure. Son projet est de faire une “pépinière“ de pêcheurs : un bateau à elle, un patron-pêcheur à son compte qui lui verse des royalties. Si ça marche, on reproduit l’opération. « Les matelots qui ont perdu leur boulot sont trop fiers pour se recycler et un marin de chalutier ne sait pas être un marin de petit métier ». Un par an, elle veut marier un marin avec un bateau. Déjà, elle cherche.
Hérault : un p
ort un portra
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Virginie Angevin ARMATEUR À
L A PÊCHE
LES BANQUES ONT TOUT REPRIS
Pour Virginie, la crise de la pêche est avant tout une crise de la gestion des entreprises, poussées au surarmement par les réglementations de Bruxelles qui n’ont pas su comprendre la spécificité de la Méditerranée : « on nous a poussés à avoir des bateaux équipés pour partir en mer un mois, avec des congélateurs énormes, des moteurs surpuissants, des équipements de sécurité pour aller à Terre-Neuve ! Ici, on pêche Cabotages - Nautic 2013 - 15
6e escale : Balaruc-les-Bains ort u Hérault : un p
n portrait
Sébastien Roubinet R EXPLORATEU
Balaruc est un lieu unique pour les amoureux de bateaux extraordinaires qui ont leur quartier général devant des maisons qui ressemblent à des constructions californiennes. C’est le paradis des multicoques : bateaux mythiques, prototypes, folies d’architectes. C’est aussi le siège des Golden Oldies Multihulls, élite des multis de légende, dont la plupart sont dessinés par les deux plus grands architectes de la catégorie, James Warham et Dick Newick et qui ont marqué l’histoire comme VSD, Thaiti Douche, Moxie, Sopra… et d’autres, inspirés de pirogues polynésiennes comme Sandek ou le prao Lady Godiva. La plupart ont été restaurés ici, par les chantiers de Balaruc. Beaucoup hivernent sur des coffres dans ces eaux peu profondes mais où il y a la place pour qu’ils étendent leurs ailes. C’est là qu’est né Babouchka, le dernier cata des glaces de Sébastien Roubinet.
UN CATAMARAN-LUGE VERS LE PÔLE
S
ébastien Roubinet n’est pas là quand nous faisons escale à Balaruc fin juillet. Bonne excuse, il est en train de glisser avec Babouchka, son nouveau cata-desglaces sur la banquise, en route vers le pôle nord. Celui qui se revendique comme un “aventurier-bricoleur“ envoyait sur son site web le carnet du jour : « 13 milles gagnés dans le nord aujourd’hui, en commençant au près à tirer des bords entre les plaques puis a la rame lorsque le vent est tombé. Il commence maintenant a pleuvoir et on attend l’arrivée du coup de vent d’ouest qui va sévir les deux prochains jours et probablement changer pas mal l’état de la banquise notamment au nord dans notre futur terrain de jeu. Côté animaux, pas grand chose à part quelques oiseaux et deux morues arctiques aperçues entre deux glaçons.»
DES VOILES DANS LA COUR DU LYCÉE
La mission est une aventure extraordinaire : traverser l’Arctique par le pôle entre Point Barrow en Alaska au Spitsberg en Norvège, 1750 milles plus loin. Babouchka est un voilier-luge de 5 mètres et de 400 kilos, mû par un seul grand génois et monté sur amortisseurs, aussi bon sur la mer que sur la glace, à condition qu’elle soit assez lisse pour glisser à la force du vent… et des bras car il faut souvent pous16 - Cabotages - Nautic 2013
ser, tirer, hisser le bateau avec un treuil à main pour franchir les obstacles. Un travail harassant mais une voie nouvelle ouverte dans l’exploration écologique. La mission est aussi scientifique. Avec des instruments légers, Sébastien Roubinet et Vincent Berthet, son équipier spécialiste du pôle, prennent des mesures sur l’évolution de la calotte glaciaire soumise au réchauffement climatique. Sébastien n’en est pas à son premier exploit. À 14 ans, à bord d’un Hobbie Cat il rallie Suède, Norvège et Danemark, traverse l’Atlantique en solitaire à bord d’un 6,50 construit par lui. Plus tard, il est second sur Tara, le navire explorateur de JeanLoup Étienne. TARA , PAS ASSEZ ÉCOLO !
Pas assez écolo pour lui, il imagine les mêmes explorations avec des moyens légers, sans trace polluante. Pour lui, l’exigence environnementale dépasse l’intérêt scientifique : « les expéditions dites environnementales polluent malgré leurs objectifs, moi je veux naviguer intégralement propre ». Alors, il construit Babouche, son premier cata-des-glaces 100% voile. Avant La Voie du Pôle, il a ouvert pour la première fois le Passage du Nord-Ouest à la voile seule en 2007, qui relie l’Atlantique au Pacifique. John Cabot l’avait imaginé en 1490, il ne fut franchi qu’en 1906 par Amundsen et vingt-cinq fois depuis, toujours avec des brise-glace ou des gros bateaux passant en force.
Quant à la Voie du Pôle, personne ne l’a jamais ouverte en voilier. Tous les riverains du bassin de Thau, mais aussi les paysans du Larzac qui l’on vu s’entraîner l’hiver sur la neige du causse connaissent les étranges bateaux de Sébastien. Un grand coup de chapeau à lui. Mais, comme dans l’ombre de chaque héros il y a une femme, saluons aussi Anne-Lise, sa compagne, courageuse et indispensable équipière à terre. PS : depuis notre reportage, Sébastien et son équipier ont du abandonner l’aventure pour des raisons météorologiques qui devenaient trop dangereuses. Ils ont été récupérés avec leur bateau par un brise-glace russe. Parions qu’il réussira la prochaine fois ! Ci-dessous : Babouche, le premier navire polaire de Sébastien. En Haut, avec son équipier pour la Voie du Pôle.
7e escale : le port départemental de Bouzigues
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hilippe Vaudo est un calme. Toujours sourire. Pourtant, il a eu son compte de tempêtes. Et maintenant qu’il navigue dans des eaux plus calmes, il met son énergie dans ses nouveaux projets, toujours tambour battant. Sur ses tables de l’étang, dans son mas conchylicole de Bouzigues où il travaille et reçoit des groupes de touristes, sur l’étal de la halle de Sète où il sert des plateaux d’huîtres, ou à L’ Annexe, un bar à coquillages qu’il vient d’ouvrir à deux pas de là, devant l’ordinateur où il propose sa production sur Internet, Philippe est à son poste. Le secret ? Une belle lignée de travailleurs, durs à cuire, élevés à la dure de la mer. Générations de pêcheurs, mareyeurs, ostréiculteurs. En 1960 – Philippe est né en 1964 - Jean, le père, achète un bateau pour la pêche à la sardine au lamparo au nom drôlement prémonitoire, le Ça dépend des jours ! Toute la vie de Philippe, ça a dépendu des jours…
ÇA DÉPEND DES JOURS , COMME UN SLOGAN
Il y eut les joyeux jours d’enfance dans le cabanon de la digue du canal, de plus difficiles en 1969 quand il a fallu vendre le bateau, d’autres pleins d’espoir avec une autre embarcation pour pêcher les palourdes. « On faisait poser un verre au fond d’une grande boîte de conserve et on explorait les fonds à la recherche des deux petits trous qui signalent la palourde. Avec une fourchette à dents recourbées ou avec l’arseillère, on récoltait ! » Puis papa Jean achète ses premières tables conchylicoles en 1974 et maman Micheline prend un étal aux halles de Sète. En 1976, patatras ! C’est l’année de la terrible malaïgue, eutrophisation foudroyante des eaux qui deviennent blanches et étouffent toute vie. Ils surmontent l’épreuve. Philippe grandit. Il rêve d’être commissaire de police mais la fac après le Bac ne lui va pas. Il fait cent métiers : plongeur-pêcheur de moules et de violets, mécanicien motoriste maritime, employé par une société d’oléagineux sur le port, puis retour sur les bancs de l’école au Lycée de la Mer pour le diplôme obligatoire pour s’installer ostréiculteur. L’HUÎTRE , UNE AFFAIRE DE FAMILLE
La guigne ! L’année où il s’installe, c’est l’algue toxique qui sévit ! Il crée un GAEC avec son frère aîné Guy, mais en 2003, les 1 500 mètres de filets de crin destinés à protéger les coquillages des dents des daurades, achetés à prix d’or et installés au prix d’efforts énormes, sont malencontreusement détruits. Il vend tout, travaille pour payer ses dettes. En 2009, la chance revient. Il embauche puis s’associe à Simon, jeune diplômé plein d’enthousiasme. Ils modifient le GAEC en Earl, et ça repart ! Aujourd’hui, ils produisent 24 tonnes
Dès qu’on sort du bout de canal de Sète qui débouche dans le bassin de Thau, soit on prend le chenal à droite vers Balaruc où nous étions hier, soit on tire tout droit vers le port départemental de Bouzigues. On passe alors la balise jaune et noire de Roquerols où Georges Brassens amarrait avec son Sauve-qui-Peut et, un mille plus loin, on arrive dans ce village en longueur étalé sur la petite côte à l’Est du bassin. Bouzigues ! Un nom comme un romancier aimerait en inventer, celui d’un grand cru d’huîtres qu’on remercie les marins Phocéens d’avoir apporté ici, même si cela n’est pas certain. Ce qui est sûr, c’est que la fameuse et unique conchyliculture bouzigote y a été mise au point au début du XXe siècle et a démarré à grande échelle après la seconde guerre mondiale. Le traditionnel ramassage de clovisses et de palourdes en apnée a incité quelques précurseurs à se lancer dans l’ostréiculture et – innovation dès la fin des années 1970 – l’aquaculture du loup. Difficile d’y trouver de la place en été mais on se met facilement à couple avec les péniches.
MARÉE HAUTE, MARÉE BASSE SUR THAU Hérault : un p
ort un portra
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Philippe Vaudo OSTRÉICULTE
d’huîtres et 30 tonnes de moules : 85% vendues aux halles, 5% au bar à huîtres, 3% sur Internet, le reste sur des salons. Le modèle économique est nouveau, en lien direct avec la demande des Sétois et des touristes avec 70% de la production vendue ouverte, toute l’année, et pas seulement à Noël. Ils viennent de créer la Philémon (Philippe + Simon), une huître régulièrement sortie de l’eau pour imiter les marées, vendue trois fois plus cher. C’est le créneau en vogue.
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Seuls à Sète à être vraiment producteurs et vendeurs, ils cherchent à faire créer un “label rouge“ de qualité en plus de l’appellation Bouzigues. Novateurs, bosseurs, Philippe et Simon, mais aussi Jean et Micheline (près de 170 ans à eux deux), toute la famille et pièces rapportées sont avec eux sur le pont. Le système Vaudo demande de la main d’œuvre, mais les consommateurs aiment ce contact direct.
Cabotages - Nautic 2013 - 17
o Hérault : un p
rt un portrait
Pierre Chastan MARIN DU M
ONDE
8e escale : le port départemental de Mèze
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ierre Chastan est un philosophe qui ne philosophe pas. Il raconte les choses comme elles se passent. Anecdotes, détails, digressions, mis bout à bout, dessinent une carte que celui qui écoute devra finir. « L’eau est le fluide qui réunit tout » sera sa seule sentence, avec une citation de son maître et ami Jean-Yves Cousteau et qui résume la vie de Pierre : « les missions impossibles sont les seules qui réussissent ». Les mères doivent se méfier quand elles offrent un livre. À 11 ans Pierre reçoit Kurun autour du Monde (Le Toumelin, Flammarion). Alea jacta est : « un jour je construirai mon bateau et je ferai le tour du monde ». Ce fils d’agriculteur – chèvres, lavande, bois – de Dieulefit (Drôme), « trois mois sans soleil “, se prend à rêver de mer. L’aventure ne lui fait pas peur. Papy Urbain, en 1925, avait traversé la France à vélo pour aller voir l’Exposition universelle à Paris ! Opportun précédent. LE DROIT DES GÉNÉRATIONS FUTURES
Pierre devient imprimeur. Pour quelqu’un qui, plus tard, portera 9 millions de signatures sur un bateau appelé Message… À 17 ans, il achète un Mousse. Installé à Puteaux, il navigue sur la Seine, l’Oise, la Marne et dans l’Isère, sur le lac de Paladru : « Chaque caillou était une île du Pacifique, chaque crique un atoll ». La nature fait naître une autre vocation qui prendra forme avec la rencontre du Commandant au bonnet rouge à La Rochelle. Dès
De Bouzigues, avec un petit bateau, on peut longer la côte entre les mas conchylicoles et les tables à huîtres, à condition de faire attention aux barges des “pros“. Il est prudent de suivre le chenal balisé au Sud. Mais gaffe aux “pénichouettes“ (le nom de pénichette® fait l’objet d’une appropriation lexicale commerciale…), dont les skippers ne sont pas toujours au fait des règles de navigation. L’approche du port départemental de Mèze est un plaisir pour les yeux. L’église, les remparts, la plagette (diminutif autorisé), l’entrée avec un môle assez bas pour laisser entrevoir la ville en arrière-plan du bassin incitent à rester largement en dessous de la vitesse maximale autorisée. On peut d’autant mieux profiter de la vue que les places d’accueil sont faciles, juste en face de la capitainerie. Nous tombons ce juillet en plein festival de Thau. Dans le cockpit, nous sommes aux loges royales. Peu après minuit, blues, jazz, rock et dérivés vont se coucher et, dans le matin encore frais en ces temps de canicule, nous pouvons profiter du marché du samedi dans la très belle halle et sur les places tout alentour. 18 - Cabotages - Nautic 2013
lors, Pierre devient le messager d’un concept qui va bien plus loin que l’écologie : le Droit des Générations futures « à jouir d’une Terre indemne et non contaminée ». Il travaille avec Cousteau pour obtenir des signatures à une pétition mondiale. Il parcourt le monde pour la faire signer, y compris dans les avions qu’il prend. Mais il veut frapper un grand coup médiatique. Il se fait dessiner par l’architecte Amiet, un ketch de 11,50 m, rustique, capable de se redresser tout seul. 6000 SIGNATURES JUSQU’À NEW YORK
Baptisé Message, le bateau avait sa vocation tracée : être une sorte de bouteille à la mer. Dedans, un bout de papier avec la charte. Après avoir trouvé 6 000 signatures nouvelles, Message arrive sous la statue de la Liberté en 2001. À force de persévérance et de culot, le 17 octobre, Pierre Chastan, porte-parole des 9 millions de signataires de la pétition, rencontre enfin Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU ! Aujourd’hui, Message est sagement à Mèze, mais, à 72 ans, Pierre est toujours habité du même feu militant : antinucléaire, anti gaz de schistes, anticonsumériste… mais “pro“ tout ce qui peut faire que nos enfants ne vivent pas plus mal que nous. Passez le voir à Mèze, lisez son livre, demandez-lui aussi comment les recherches de la physique quantique peuvent expliquer que les coïncidences – dont il a largement bénéficié pour accomplir ses missions dites impossibles – peuvent être sollicitées par la foi que l’on a dans ses projets.
VOUS AVEZ DIT MISSION IMPOSSIBLE ?
9 e escale : le port départemental de Marseillan Hérault : un p
C’est le bout de ce monde qu’est le Bassin de Thau. Le port départemental de Marseillan, pour peu que l’on puisse y trouver place pour sa coque et assez d’eau pour sa quille, est une escale comme nous les aimons. Vivante, préservée, pas trop retapée, elle raconte de belles histoires du temps où le Canal du Midi a donné soudain vie à ce port qui se mit à retentir des coups de maillets des tonneliers. Port du vin, capitale des vermouths – dont le Noilly-Prat, “Martini“ de l’agent 007 en personne – il tenta un moment de rivaliser avec Sète. Ce port étroit est cerné par deux rives dont les maisons évoquent les anciens chais. L’une est “bourgeoise“ l’autre “ouvrière“, mais les deux sont aujourd’hui fort convoitées par les nouveaux arrivants qui s’extasient – légitimement – devant ce micro Saint-Tropez qui n’aurait pas connu la Nouvelle Vague. Cette fois, nous allons aux Onglous, tout au fond DIREC TEUR du bassin, au débouché du Canal du Midi. On adore son petit phare qui joue au grand, on est ému par la Cour des miracles, le port fluvial dont Voies Navigables de France n’ont pas les moyens de faire évacuer les épaves coulées ou encore accrochées aux berges comme à des rêves perdus de navigation. Mais le linéaire de quai réservé à l’école des Glénans, c’est autre chose…
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Hervé Colas
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ervé Colas est né sur une immense plage avec des rochers de granite. « À Fontainebleau, il y avait autrefois la mer » se plait-il à dire, comme pour justifier de sa vocation, comme il rit quand on lui demande s’il est le frère d’Alain Colas. « Oui, mon frère s’appelle Alain, aussi ». C’est pourtant ce même Alain qui lui fait mettre pour la première fois un pied sur un bateau, une Caravelle louée dans l’île de Ré. Hervé a 11 ans, la plaisance explose en France, il entre dans la secte voileuse. Ré, Audierne, la Corse… tous les ans il passe ses vacances en stage de voile. À 17 ans, il coupe les amarres avec l’école classique, traverse « une période assez Rock’n Roll », passe tout de même un BEP d’électricité (atavisme familial avec un père à EDF) et, pour ne pas quitter la mer de vue, fait un stage de croisière… aux Onglous. Premier séjour aux Glénans de Méditerranée. ET TOUJOURS, LE RETOUR AUX ONGLOUS
Embauché chez IBM comme électricien, il remarque que dans « l’un des boxes vitrés de deux mètres sur deux où travaillaient les gens sous stress », il y a des posters de voile. L’occupant est le président du club nautique de Corbeille-Essonne, société nautique plutôt bien dotée, dont l’un des anges financeurs est la SNECMA. Son président cherche un moniteur. Hervé passe un brevet d’État, se fait embaucher, crée une section croisières sur la Seine. Ainsi revenu au monde de la navigation, il achète un Vent d’Ouest (proche du Soling) et tire des bords entre le Sud et le Nord : retour à Marseillan en 1991, projet sur le site de Meulun-Sénart, retour aux Onglous, comme bénévole puis comme salarié. Comme c’est l’esprit maison, il fait tous les postes, toutes les grandes bases des Glénans : un an dans l’archipel en Bretagne, puis Concarneau, Bonifacio. De la Corse, il garde un souvenir fort : « la Corse est le futur eldorado des Glénans ». Retour à la base départ, à Marseillan, en 2003. Retour aussi à l’école. Il passe un Master II d’économie sociale et solidaire, « en plein dans l’esprit des Glénans qui sont tou-
DE CENTRE D
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E VOILE
DANS LE PUR ESPRIT DES GLÉNANS
jours, comme cela a été voulu par Philippe Vianey, le créateur, une entreprise de solidarité », il est vrai, en très grande partie animée par des bénévoles. Ce jour là, Hervé Colas est dans la cour de la base des Onglous. Quatre-vingt ados, dont une large proportion d’étrangers, reviennent de la séance du matin, amarrent et rangent les catas, douchent les gilets et les combis, se préparent pour le déjeuner. Pendant ce temps, une cinquantaine de stagiaires – plus âgés – sont embarqués depuis Sète sur les bateaux de croisière. Toujours en mouvement, il imagine l’avenir de l’école qui doit toujours s’adapter sans perdre son âme. « En Bretagne, quand les stagiaires ne font pas de voile, ils vont à marée basse faire de la pêche à pied. Ici, il faut les intéresser à autre chose, et je pense en particulier au patrimoine de la Méditerranée. Voile et culture ne sont pas incompatibles, au contraire ». À qui le dis-tu, Hervé !
Cabotages - Nautic 2013 - 19
10e escale : Le Grau d’Agde ort un Hérault : un p
portrait
Aurélie Dessein DIREC TRICE D
E CRIÉE
Le quai de la criée départementale du Grau d’Agde n’est pas un quai d’accueil et les imprudents qui s’y seraient risqués se ferait légitimement virer après 15 heures quand commencent à revenir les chalutiers. Donc, soit vous avez un bateau qui ne dépasse pas 12 mètres de tirant d’air antennes comprises et vous pouvez aller jusqu’à la belle ville d’Agde, soit vous restez dans le grau et vous pouvez vous amarrer au nouveau ponton (gratuit entre 8 et 22 heures) installé le long des guinguettes de la rive gauche. C’est un lieu tout à fait charmant, dans la lignée des bords de Marne impressionnistes. Un autre charme du lieu est le retour des bateaux de pêche qui remontent l’Hérault. Bientôt, les touristes pourront assister à la criée. Le projet est dans les cartons et ce domaine jusque-là réservé aux professionnels deviendra une attraction touristique au Grau d’Agde comme à Sète ou au Guilvinec en Bretagne. La pêche, mise à mal dans l’opinion ces derniers temps, pourrait y trouver de quoi se refaire une belle image.
POUR L’AMOUR DE LA MER ET DES PÊCHEURS que vivent les pêcheurs. J’ai fait quatre-vingts embarquements, j’ai tout partagé, les coups durs, les beaux moments, j’ai dormi comme eux, par terre ! » raconte-t-elle. De beaux souvenirs. Alors, quand elle postule pour la criée du Grau d’Agde, elle a déjà la solide réputation dans le milieu. Compétente, certes, mais on sent aussi qu’elle aime avec passion ce qu’elle fait. « Soit on adore, soit on déteste. Moi, c’est un milieu qui me fascine. Pourtant c’est un travail ingrat. On doit gérer les services offerts à deux groupes aux intérêts antagonistes, vendeurs et acheteurs, on vit des taxes prélevées sur les deux – davantage sur les pêcheurs – et il y en a forcément un
A
urélie Dessein est directrice de la criée départementale du Grau d’Agde. Elles sont deux en France, une en Bretagne (Quiberon), une en Méditerranée. Avec Virginie Angevin, armateur à la pêche rencontrée à Sète, c’est la parité qui s’installe timidement mais fermement dans ce monde jusque-là bien verrouillé. Et pourtant, Aurélie n’est née ni dans le Sud ni dans le monde de la pêche. Cette jeune rochelaise aux parents agriculteurs a simplement été attrapée, petite, par la mer. Une sorte de tropisme. La mer, sous toutes ses formes, notamment la plongée et la voile. Des choses pas très sérieuses pour des parents… Alors, Aurélie fait des études. Quatre ans de biologie de l’environnement marin à Bordeaux puis un an de spécialisation en exploitation des ressources vivantes de la mer à Caen qui se terminent par un premier stage à… Sète.
PLUS DUR D’ÊTRE JEUNE QUE FEMME !
Après une expérience peu concluante dans un Office interprofessionnel, elle postule à l’AMOP (Association Méditerranéenne des Organisations de Producteurs) où, de 2002 à 2011, elle défend les intérêts des chalutiers. Un handicap d’être une femme ? « Non, c’est plus grave d’être jeune ! », car ce qui compte c’est de savoir de quoi on parle. Une lacune vite comblée : « Là, j’ai appris à connaître ce 20 - Cabotages - Nautic 2013
qui n’est pas content. Ils se traitent volontiers de menteurs et de voleurs ! ». Mais, dans cette confrontation d’intérêts, « une femme, fait-elle remarquer, est moins agressée et moins agressive qu’un homme ». SERVIR LES ACHETEURS ET LES VENDEURS
La journée d’une directrice de criée ? : « ça commence à huit heures, ça finit à 20 heures. Le matin, c’est l’administration, les finances, le montage de dossiers. L’après-midi, c’est la vente. Une criée, c’est des bateaux et des poissons mais c’est surtout des hommes et de l’argent. Pour les hommes, en dehors des pêcheurs et des mareyeurs, ici il y en a quinze à gérer pour que ça marche ». Le rêve d’une plus grande criée pour prendre du galon ? Pas forcément. « Ici, je fais tout ! Il a fallu que j’apprenne ce qu’était une tour à glace, à connaître le métier du trading du poisson, à négocier avec les grandes surfaces, à diriger un programme de rénovation, à monter un projet touristique… Ce n’est jamais pareil, j’aime arriver à mon travail le matin ». En projet avec le Département de l’Hérault, une plateforme de stockage, un atelier de mareyage, l’ouverture aux visites. Crise de la pêche ? Comme Virginie à Sète, elle pense davantage à la valorisation du poisson qu’à la quantité. L’intérêt est de vendre cher, pas forcément beaucoup. Et, quand le produit se vend mal, qu’il faut jeter, ça lui fend le cœur. Donner aux Restos ? Il faut au moins un camion entier pour que les services vétérinaires se déplacent et valident le don. Il est plus facile de vendre que de donner…
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Des événements nautiques et des régates, toute l’année
Adossé à la côte d’origine volcanique classée Site Natura 2000 et distingué par le “Pavillon Bleu” d’Europe, il offre le meilleur accueil aux bateaux et leur propose de partir à la découverte du territoire avec ses escales “Odyssea”. Avec 3500 emplacements, des équipements modernes et des entreprises spécialisées, le port offre des services de qualité aux plaisanciers.
Réputé comme la Capitale du nautisme en Méditerranée, reconnu par le label “France Station Nautique”, Le Cap d’Agde permet un large choix d’activités. Vous y trouverez de nombreuses idées pour naviguer entre eaux douces et salées. Centre nautique, voile, planche à voile, catamaran, plongée sous-marine, promenade sur la Canal du Midi, pêche en mer, jet ski, aviron…
> Coupe Internationale de Méditerranée et de l’amitié en dériveur 420 - CIMA 22 au 26 avril 2014 > Fête du Nautisme > Salon Nautique d’Automne 29 octobre au 2 novembre 2014 De nombreuses régates, dont > L’Escalagde - Régate franco-catalane 29 mai au 1er juin 2014
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11e escale : Valras-Plage
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UN MARIN AUSSI GRAND QUE MODESTE Hérault : un p
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Jean Gau
N AVENTURIER
AVIGATEUR
Il faut savoir lire entre les lignes… d’immeubles balnéaires récents pour déchiffrer l’histoire plus ancienne de Valras-Plage, quand c’était la station où le Tout-Béziers du second Empire s’y pressait. Par le pouvoir du chemin de fer – ici un tramway – à donner vie aux endroits où il passe, par celui de l’argent du vin qui coulait encore sans souci des vignobles de Faugères et de Saint-Chinian, de belles maisons “bains de mer années 1850“ y ont été construites et peuvent être découvertes dans les interstices des constructions plus modernes qui ont poussé là depuis l’époque des Congés Payés puis de l’aménagement littoral des années 1960. Des chalets Belle Époque sont encore visibles, comme la maison de Vincent Scotto qui témoignent des fantaisies architecturales qu’on se permettait à cette époque. Plus prosaïquement, ce que nous aimons particulièrement à l’escale de Valras sont les produits de la mer qui nous sont offerts par les pêcheurs qui amarrent leurs barques sur la rive droite de l’Orb. Aux très belles halles Marty, marché couvert joliment restauré, aussi bien que chez le grand poissonnier du bord du fleuve, c’est un plaisir toujours renouvelé au rythme des arrivages. Nous passons devant en allant jusqu’au port Jean Gau, héros mondial local. 22 - Cabotages - Nautic 2013
ean Gau est un marin peu connu, et pourtant un grand. On pourrait le comparer à l’Américain Joshua Slocum, premier circumnavigateur en solitaire 60 ans plus tôt, mais il n’a pas publié son carnet de bord. Ni aucun livre de souvenirs. Jean Bussières (Collection Navigateurs Insolites) lui a consacré un livre, mais c’est à peu près tout ce qui existe comme documents sur cet homme étonnant. En 2008, le salon nautique du Cap d’Agde a exposé quelques marines peintes par ce marin languedocien aux multiples talents et, en 2011, Une association Agathoise* lui a consacré une exposition (les photos illustrent cet article). S’ÉCHOUER N’EST PAS ÉCHOUER
Les marins lui vouent un grand respect. Quelques vers aussi naïfs qu’admiratifs lui ont été dédiés, reprenant chacune des lettres de son nom : Je veux chanter Jean Gau, célèbre phénomène / Enfant de Sérignan, dans l’onde son domaine / Affrontant la tempête à la terrible voix / Narguant les océans dans sa coque de noix / Gau, si petit et si grand entre le ciel et l’eau / Audacieux, tout seul, dans son frêle bateau / Unique dans le monde et géant sur les flots. Neuvième circumnavigateur solitaire à la voile depuis Joshua Slocum, ce natif de Sérignan né en 1902 a bouclé son premier tour du monde sur Atom, un Tahiti ketch de 9,14 mètres en 1957, après mille trois cents jours de mer, vingt-trois escales, un nombre incalculable de péripéties, dont la rencontre avec une déferlante géante et un échouage… Son deuxième tour du monde, achevé en 1968, lui fera connaître un chavirage au cap de Bonne Espérance et un échouage dans les récifs
des Warriors. Quand, en 1973, une énième tempête le fera couler devant Bizerte, Jean Gau sera sauvé par un berger qui le ramènera sur son âne, épuisé, vers le premier lieu habité. ONDA LA GOÉLETTE, ATOM LE KETCH
Quelle vie incroyable ! Plus attiré par l’eau salée que par le jus de la vigne qui lui était pourtant destiné, lui qui ne connaissait rien à la navigation, commence par une traversée Valras – New York. Rien que ça ! Là-bas, il prend la nationalité américaine et travaille dans des restaurants pour gagner sa vie et financer ses rêves. À 27 ans, il achète une goélette de 12 mètres, l’Onda. Sa première traversée en solitaire de l’Atlantique, en 1937, s’achève par un échouage en Espagne. Sans se décourager, à la plonge et aux fourneaux, il économise encore pour acheter Atom. Il n’a jamais fait la Une des médias. Mais il a été l’ami de Bernard Moitessier, Eroll Flynn, Winston Churchill… et de milliers d’inconnus qui l’accueillaient partout en héros. À Sérignan, il revenait de temps en temps, fidèle à son village. Sa dernière transatlantique, il l’a faite à 71 ans ! Mort à Pézenas en 1979, il avait 77 ans, dont plus de cinquante passés en mer. En ces temps où il n’y avait ni caméras embarquées ni sponsors, où un compétiteur comme Tabarly pouvait couper la radio pour finir une grande course en secret, un marin comme Jean Gau avait sa place, loin des médias mais proche du cœur des gens de mer. * Voir sur leur site : http://agdeinfos.canalblog.com
12e escale : le port départemental du Chichoulet Le Chichoulet ! Pourvu qu’on ait un tirant d’eau raisonnable le port départemental du Chichoulet dans le grau de Vendres (prononcer « Vindres ») est un petit port qui n’a rien à envier aux grands en termes d’équipements et de confort, et, qui pour l’accueil et la tranquillité, aurait plutôt des leçons à donner... Le site est un estuaire au milieu de zones basses, de marais salés mis sous la protection du Conservatoire du Littoral. Nature garantie. Pour les balades dans l’immédiat arrière-pays le plaisancier à l’embarras du choix pour la découverte de ces milieux sauvages. Une idée est la promenade à cheval que des manades proposent ici. Avec des vélos, notre conseil est de pousser un peu plus loin vers Fleury d’Aude, par la route qui s’élève rapidement dans un milieu de bois et de vignes absolument intact, sans qu’aucun vilain lotissement ou centre commercial ne vienne en gâcher l’harmonie. Et, pour les environs immédiats, le centre de gravité de l’estuaire et passé de la rive droite à la rive gauche. Alors que le Cabanaïre, côté Cabanes de Fleury, animait seul la station, l’offre gastronomique du centre conchylicole du Chichoulet en a fait une escale gastronomique.
T
hierry Blanc est installé sur la base conchylicole du port départemental du Chichoulet, comme il aime à le faire remarquer, « juste derrière la maison où a été tourné le Petit Baigneur ». Au-delà du folklore local, le Chichoulet a connu bien des innovations depuis le voilier révolutionnaire de Louis de Funès. En dehors de la création du port à flot et à sec, la moule de pleine mer en est le fleuron économique. Thierry Blanc, biologiste, plongeur, restaurateur, en est l’un des pionniers. Moule de pleine mer ? « À la fin des années 1970, on s’est aperçu qu’on avait en pleine mer une richesse inexploitée : des captages naturels de moules et d’huîtres qui se fixaient partout où il y avait des récifs naturels ou artificiels, y compris les carcasses de voitures qu’on jetait à la mer pour favoriser la petite pêche. Certains se sont dit pourquoi pas exploiter ce phénomène ? » Pendant une quinzaine d’années, ce fut une grande période d’engouement, mais aussi d’expérimentation, de tâtonnements, de déconvenues, notamment lors des grandes tempêtes, comme celle de 1982, qui ravageaient tout malgré les 20 mètres de profondeur d’immersion.
Hérault : un p
ort un portra
it
Thierry Blanc
ennemi aux dents longues et son acolyte le sar qui sévissent autant sur les huîtres. Au prix d’efforts incessants, il fait partie des rares qui maintiennent le flambeau de la moule de Vendres. Pas seulement la faute aux daurades, la France produit à peine la moitié de ses besoins, Atlantique et Manche compris. D’autres pays ont des conditions naturelles plus favorables et des coûts de production bien moindres. « Pour mon entreprise, Culture Marine, la demande de l’été est entre 6 et 10 tonnes/jour. De mon élevage, je ne peux pas en sortir plus que deux. Alors j’importe pour satisfaire le marché.
MYTILICULTE
UR
Moule d’Espagne en hiver, d’Italie printemps, de Grèce l’été. Nous réservons la moule de Vendres à la vente directe. Comme elle n’a jamais connu de frigo, elle tient bien sur les étals. » Installé dans les locaux de l’ancienne coopérative qui a du cesser son activité, il promeut la moule de Méditerranée, grosse, charnue, douce, à déguster crue ou farcie. « Au-delà de Lyon, à Paris, on ne connaît que la moule de Bouchot, préparée comme en Belgique, avec des frites ». La mode de la moule à déguster comme une huître est encore à lancer. Commencez par une escale au Chichoulet.
CONTRE LES TEMPÊTES ET LES DAURADES !
ON DEVRAIT PRODUIRE DEUX FOIS PLUS
« Ici, personne n’était du métier. Il y avait d’anciens viticulteurs ! Six ans après le démarrage, il ne restait plus que trois entreprises sur huit ». En s’inspirant du savoir-faire des Japonais, dans les années 1990, les premiers élevages de moules sur filières ont été installés avec succès. Entre Palavas, Gruissan, Marseillan, Vendres… 25 000 tonnes de moules sont produites en Languedoc-Roussillon. « Puis, entre 1995 et 2000, catastrophe ! » raconte Thierry : « ça a commencé à Marseillan. Les daurades ont commencé à ravager les élevages. On pensait que c’était à cause de la proximité avec l’étang de Thau. Mais ça a gagné toute la zone. On ne sait pas pourquoi, mais comme si ça s’était inscrit dans leur mémoire, elles ont rendu tout élevage impossible. Il ne restait rien sur les cordes ! ». La production totale est tombée à 4 000 tonnes ! Thierry s’est battu. Avec des filets, des “chaussettes“ de protection, il s’est obstiné contre cet Cabotages - Nautic 2013 - 23
Les plus avisés naviguent avec les meilleures cartes
Les plus malins, les plus curieux, les plus gourmets, préparent l’escale avec l’appli Cabotages
Disponible avec l’appli Navionics, en App Store et www.cabotages.fr
Épilogue : Sète, Port Saint-Clair Henri Cabanel aura été notre dernière rencontre, de retour dans notre port d’attache à Sète. Pourtant, son port d’attache à lui est dans les terres de l’arrière-pays, à Servian et son métier, hérité d’une longue lignée, est viticulteur. Nous l’avons reçu dans notre bateau pour tenter de faire avec lui une sorte de synthèse de tous les personnages que nous avons rencontrés au cours de ce périple. Pourquoi lui ? Pour ceux qui ne le connaissent pas, il est Conseiller général de Servian et viceprésident à l’agriculture et la forêt, et surtour, pour ce qui nous concerne, aux ports, à la pêche et à la conchyliculture. Mélange intéressant ! Entre le sucre de la vigne et le sel de la mer, il est une sorte de passerelle entre deux mondes dont il parle le langage commun.
Votre premier souvenir de mer ? J’ai cinq ou six ans. Comme tous les ans depuis une bonne quinzaine d’années, toute ma famille déménage de Servian au Grau d’Agde pour s’installer au Château Vert, “résidence” d’été louée vide. Alors, on empile tout le nécessaire dans le camion de vendanges (au début, c’était avec la carriole à cheval) et je passe là deux mois, un avec ma mère, l’autre avec ma tante. Et là, j’apprends à nager, à aimer la mer. On pêchait un peu, mais jamais je n’ai mis les pieds sur un bateau. Mais vous n’avez pas quitté la terre pour autant Non, même si mes parents ne souhaitaient pas que je devienne viticulteur à mon tour, je l’ai fait et je ne le regrette pas. Je suis un paysan. Profondément ancré dans ce terroir. Et si aujourd’hui je peux parler et me faire comprendre des conchyliculteurs et des pêcheurs, c’est parce que j’ai cette forte identité. J’aime parler avec les producteurs, pas seulement les représentants des organisations professionnelles. Quel est le point commun en dehors du cliché “paysan de la mer, paysan de la terre“ ? L’individualisme. Je pensais que les viticulteurs étaient les champions dans ce domaine, mais les gens de mer le sont davantage encore. C’est aussi typiquement méditerranéen : une personne, une idée ! Pour monter une stratégie et des projets communs… Pourtant les viticulteurs ont été obligés de se défendre collectivement. Oui, la crise de la viticulture est antérieure à celle de la pêche. Bien des coopératives ont fermé, bien des viticulteurs ont été ruinés. Mais, pour survivre, ils ont du s’unir, s’organiser,
se reconvertir, imaginer de nouveaux produits, travailler la qualité, penser au produit plus qu’à la quantité produite, trouver de nouveaux débouchés. Arracher une vigne c’est comme déchirer un bateau. On peut l’accepter à condition que ce soit pour rebondir. Sans donner de leçons, la vigne peut montrer à la mer qu’il peut y avoir un horizon au-delà de la crise. C’est de cela dont nous parlons. Quand le département de l’Hérault a lancé les Vincœurs, c’était pour mettre en valeur ceux qui avaient su trouver une sortie par le haut à la crise de la viticulture. Le travail est aujourd’hui à faire avec les pêcheurs.
Hérault : inte
rview
Henri Cabanel VITICULTEUR
UN HOMME SUCRÉ-SALÉ Du coup, la nature est restée beaucoup plus puissante. Il faut encore plus savoir faire avec. Quant à l’homme, il a appris de la mer et de la terre que le temps de la nature est un temps long qu’il faut savoir respecter.
Et la profession viticole est mieux organisée… Là aussi, il faut que la pêche soit plus forte pour faire reconnaître à Bruxelles la spécificité méditerranéenne. Et, pour être plus forte, elle ne doit pas rester dans son “métier” mais raisonner en filière : pêcheurs, mareyeurs, restaurateurs, poissonniers... Ce qui profite à l’un profite à l’autre. Les filières organisées représentent un vrai poids économique et politique. Les métiers vont comprendre qu’il faut dépasser l’intérêt particulier, car on est plus fort et plus crédible en s’unissant. Et la mer, que vous a-t-elle appris qui soit utile au viticulteur, ou à l’homme politique ? Encore plus que la terre, la mer m’a appris ce qu’était la fragilité du milieu. Les pêcheurs encore plus que les conchyliculteurs, vivent en prise directe avec un milieu naturel qu’ils ne maîtrisent pas. La terre est travaillée, artificialisée depuis très, très longtemps, l’élevage des coquillages est beaucoup plus récent, la pêche est encore une activité de “chasse“. Cabotages - Nautic 2013 - 25
STAR CLIPPERS Croisières d’exception
à bord d’authentiques voiliers
Quoi de plus exaltant pour l’esprit que de revivre l’époque romantique des grands clippers ? La compagnie Star Clippers reprend fièrement la tradition des grands voiliers avec le Star Clipper et le Star Flyer (85 cabines) et un somptueux 5-mâts, le Royal Clipper (114 cabines). Il ne s’agit pas de croisière au sens classique du terme. Bien-sûr, vous y retrouverez tous les atouts d’une croisière, un hébergement moderne et confortable, le dynamisme d’un lieu unique vous transportant d’île en île, servi par un personnel discret et attentif, et un large programme d’excursions et d’activités. Mais à bord des Star Clippers, la croisière est avant tout un savant mélange de tradition nautique, de sensations grisantes, dans une ambiance merveilleusement détendue, tout comme sur un yacht privé. Pas de file d’attente, de ports encombrés, de repas aux horaires et places imposés. Vous pourrez découvrir les îles luxuriantes des Caraïbes, les trésors de la Méditerranée, l’enchantement des îles Grecques et l’authenticité de la Turquie, sans oublier les Grande Traversées et le canal de Panama... ...laissez vous tenter, vous serez choyés !
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w w w. s t a r c l i p p e r s . c o m GRANDES
TRAVERSÉES
PANAMA
6 escales pour les
GA ST R ON AU T ES L
es plaisanciers sont curieux de ce qu’il y a sur et sous la mer, dans le ciel et de sur la côte qui défile, de ce qu’il y a à découvrir en arrivant à l’escale. Ils sont aussi des voyageurs à la découverte de bonnes choses, de ce qui croît sur la terre, de ce qui vit dans la mer ou qui vole dans le ciel et qui peut éventuellement, pour leur plus grand plaisir, finir dans leur verre ou leur assiette. Les quatre éditions de notre numéro de l’été 2013, distribué dans les capitaineries de la Méditerranée était destiné aux gastronautes, les navigateurs gourmets. Ces pages en sont un florilège, six escales la découverte des produits, des mets et des lieux que chaque escale évoque. Les produits gastronautiques que nous avons choisis ont la mer pour lieu de vie, ou bien la mer les a transportés dans les cales des navires, ou en a propagé la recette en faisant voyager les hommes. Parfois, c’est un amer, un coteau, un sommet, une lagune presque invisible qui évoque une plante, un plat, un vin.
Cabotages
28
Collioure
37
Bandol
31
Gruissan
41
Les Embiez
35
Port St Louis
43
Le Lavandou
Les anchois
Les anguilles
Les coquillages
CABOTAGES LE GASTRONAUTE
14 escales au fil des bons produits de la mer et du littoral Pyrénées-Orientales - Aude
CERBÈRE - BANYULS - PORT-VENDRES COLLIOURE - ARGELÈS - SAINT-CYPRIEN CANET-EN-ROUSSILLON - SAINTE-MARIE-LA-MER PORT BARCARÈS - PORT LEUCATE - LA NOUVELLE GRUISSAN - NARBONNE-PLAGE - GRAU DE VENDRES GRATUIT, NE PEUT ÊTRE VENDU
2013
Cabotages
CABOTAGES LE GASTRONAUTE
14 escales au fil des bons produits de la mer et du littoral Hérault - Gard
GRAU DE VENDRES - VALRAS-SÉRIGNAN LE CAP D’AGDE - MARSEILLAN - MÈZE BOUZIGUES - BALARUC - SÈTE - FRONTIGNAN PALAVAS - CARNON - LA GRANDE MOTTE LE GRAU DU ROI - PORT CAMARGUE GRATUIT, NE PEUT ÊTRE VENDU
Cabotages
Les grands crus
Le “petit jaune”
Le Pistou
CABOTAGES LE GASTRONAUTE
14 escales au fil des bons produits de la mer et du littoral Bouches-du-Rhône
2013
PORT GARDIAN - PORT SAINT-LOUIS PORT-DE-BOUC - MARTIGUES - CARRO SAUSSET-LES-PINS - CARRY-LE-ROUET LA REDONNE - L’ESTAQUE - MARSEILLE LA POINTE-ROUGE - CASSIS - LA CIOTAT GRATUIT, NE PEUT ÊTRE VENDU
Cabotages
CABOTAGES LE GASTRONAUTE
14 escales au fil des bons produits de la mer et du littoral. Var - Alpes-Maritimes
2013
BANDOL - LES EMBIEZ - TOULON HYÈRES - PORQUEROLLES - BORMES LE LAVANDOU - SAINTE-MAXIME - FRÉJUS SAINT-RAPHAËL - CANNES - ANTIBES NICE - MENTON GRATUIT, NE PEUT ÊTRE VENDU
2013
Les 4 éditions et 56 escales de Cabotages le Gastronaute de l’été 2013 sont disponibles en lecture numérique sur www.cabotages.fr
COLLIOURE COLLIOURE 42°31,6’ N – 003°05,4’ E Port géré par la municipalité : Tél :+ 33 (0) 4 68 82 05 66
Collioure est un mouillage organisé payant au cœur d’une ville historique superbe célèbre pour ses vins d’appellation et ses anchois.
C
ollioure est la plus belle escale des Pyrénées Orientales, proche de la côte sableuse qui commence à Argelès-surMer. C’est une ville-monument où, des Romains à Louis XIV en passant par les Sarrasins et les rois de Majorque, on a construit des tours, des châteaux, des fortins. Pour les plaisanciers d’aujourd’hui, il n’y a qu’un mouillage organisé payant mais les bateaux qui y trouvent une place profitent d’une situation exceptionnelle, au cœur d’un site éminemment touristique. Collioure c’est aussi la ville des peintres inventeurs du fauvisme, Matisse et Derain dont on retrouve dans toute la ville et à toutes les heures les lumières violentes, leur source d’inspiration. Côté gourmandise, Collioure est une appellation pour des vins et des anchois d’exception
Colliure is an organised fee-paying mooring located in the heart of a superb historic town, famous for its wines with and its anchovies.
C
olliure is the prettiest port of call in the Pyrénées Orientales region, and is close to the sandy coast that starts at Argelèssur-Mer. This is a monument of a town, where everyone from the Romans to the Saracens and the Kings of Majorca to Louis XIV built towers, castles and little forts. For today’s boaters, there is only one organised fee-paying mooring, but boats that do find a space there can enjoy an outstanding location at the heart of a superior tourist site. Colliure is also the town of Matisse and Derain – the painters who invented Fauvism – and the bright lights that were the source of their inspiration can be seen at all hours everywhere in the town. As far as fine dining goes, Colliure is a designation for both exceptional wines and anchovies.
Tout ce que vous voulez savoir sur l’anchois
C
ollioure, qui ne possède pas de place à quai mais quelques coffres dans sa baie où repousse la posidonie, fait vivre deux ports presque siamois, celui de la ville, port d’Amont, et le Raval, port du faubourg. Caucholiberi, fondé deux mille ans avant notre ère, posséda une Commanderie construite par les Templiers, tombée plus tard aux mains des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Annexée à la France en 1659 puis “vaubanisée”, voir à Argelès-sur-Mer la vieille ville implantée sur la rive gauche de la rivière du Douy disparut et perdit son église au profit des glacis qui entourent le château. Collioure se sépara de Port-Vendres en 1823. Le torrent de Ravaner marque sa frontière avec Argelès. Les fortifications ont disparu au XIXe quand la ville s’est étendue et a vu arriver le chemin de fer ouvrant la possibilité d’un commerce d’exportation pour ses vins, ses salaisons et les produits de sa pêche. PÊCHEUR ET VITICULTEUR, DEUX MÉTIERS EN UN Pêche et viticulture, constituèrent la double pratique nécessaire à la survie de la population avant l’invention du tourisme et la folie des peintres pour la lumière baignant ici la montagne et la mer. Côté viticulture, la réputation des vins de Collioure n’est plus à faire. Sur 330 hectares, l’AOC couvre les quatre communes des Ports de Caractère et ses vins, des trois couleurs, accompagneront toutes les spécialités locales, sous influence catalane et roussillonaise. Mais nous retiendrons plutôt le blanc car à Collioure, nous avons choisi les anchois. Ici, difficile d’éviter ce poisson dont la capture se faisait jusqu’à la disparition des “barques” la nuit à la lumière du “lamparo”.
28 - Cabotages - Nautic 2013 photo team-vtt-valence.blogspot
© CG66
Pyrénées
Le Parc Naturel Régional © Y. Chocoloff
Méditerranée
Le Parc Naturel Marin © CG66
• Septembre 2013
Canigó
Grand Site de France
COLLIOURE Mais, avant de passer à table, un peu de science : dans la grande famille des poissons qui se partage en deux groupes – les sélaciens cartilagineux auquel appartiennent la raie ou la baudroie, et les des téléostéens ou poissons osseux avec des arrêtes – l’anchois, rangé dans le second est un clupe. Corps allongé en forme d’obus, nageoire dorsale, couverture de grandes écailles lisses et argentées, nageoire caudale fourchue, l’anchois, Engraulis encrasicholus a pour proche cousinage maquereaux et sardines. La famille des poissons dits bleus. GARUM DE CÉSAR
Une bon
ne adres
se
Hôtel restaurant LES TEMPLIERS 12 Quai de l’Amirauté 04 68 98 31 10
La cuisine romaine en raffolait car il permettait la confection d’un condiment roi : le garum. On laissait macérer les intestins crus dans le sel, le tout étant exposé au soleil jusqu’à l’obtention d’un caramel auquel était adjointe une décoction savante de plantes balsamiques. Sous l’Empereur César, la valeur marchande de ce condiment, qui rappelle le Nuoc Mam vietnamien, a atteint des sommets jamais égalés par notre pourtant peu démocratisé caviar. On en a analysé les traces recueillies dans des amphores propres à son conditionnement et à son transport.
À Collioure, l’anchois était à sa grande période au sel, comme la sardine l’est toujours à l’huile. Aussitôt débarqués, les poissons étaient préparés selon une vieille recette de la Renaissance : brassage dans le sel, étêtage, éviscération puis mise sous presse dans la saumure pendant trois mois avant la mise en bocaux et en barils. COLLIOURE, SITE REMARQUABLE DU GOÛT Aujourd’hui, en boîte, sous verre, fourrant les olives et mis en tube, la tradition de qualité des produits issus du savoir faire et de l’inventivité de Collioure ne s’est pas altérée. Ces diverses spécialités font que Collioure est inscrit comme Site Remarquable du Goût. L’anchois se déguste également frais, en friture et beaucoup d’entre nous ignorent la délicatesse de sa chair, mais aussi, plus classiquement à l’escabèche et... sur les pizzas, ceux issus de la saumure. On peut le préparer le matin pour l’apéritif du soir mais il ne fait pas craindre de trier - vider et étêter - le petit poisson auquel on retire également l’arête centrale. On laisse macérer les filets au moins six heures dans une mélange alliant le vinaigre blanc, le sel et l’eau. Rincés, séchés et couverts d’une savoureuse huile d’olive, on peut les accommoder avec le gingembre, le persil ou bien le saupoudrer de poivre rose... Fais maison, ils n’ont jamais tout à fait le même goût, un charme supplémentaire. Le beurre d’anchois peut accompagner délicieusement le rôti de bœuf. La préparation ne révélant rien de ses composants, il convient, hélas, de dévoiler les secrets de cette cuisine aux convives – les malheureux ! – allergiques aux produits de la mer. Pour ceux qui, enfants, ont détesté les anchois sur les pizzas, ces préparations ont de quoi les réconcilier avec lui.
Pêcheurs et viticulteurs Collioure a toujours été tournée vers la mer. C’est un cas particulier en Languedoc-Roussillon où la tradition est plutôt de lui tourner le dos. Les plaines fertiles suffisaient à faire vivre les gens. De Cerbère à Collioure, la vigne pousse mais elle a longtemps été une culture pauvre. Ainsi, pendant des siècles, les gens ont été obligés de compter sur les ressources marines. La pêche était le complément de la viticulture, à des heures et à des périodes de l’année différentes. Ni la vigne ni la pêche ne pouvaient les faire vivre seules. Quand ces pêcheurs-viticulteurs étaient dans les vignes, ils avaient toujours un œil sur la mer. Dès qu’un banc de poissons était repéré, ils dévalaient la pente pour sauter dans la barque. Il n’y a pas toujours du travail à la vigne et pas toujours du poisson dans la mer. Ils savaient synchroniser leur double vie de vignerons-marins.
Les symboles de Collioure : les citadelles fortifiées et les belles barques, hier brûlées sur les plages, aujourd’hui dorlotées par les associations du patrimoine maritime
30 - Cabotages - Nautic 2013
Tout autant que la vigne, la pêche a marqué toute la ville de Collioure jusque dans les années 1970. Quelle animation ! Chaque soir, les pêcheurs tiraient au sec sur la plage plus de soixante barques, à chaque changement de lune ils teignaient tous les filets, dans les nombreux cafés – cafés “rouges”, cafés “blancs” selon les idées politiques –, les pêcheurs se partageaient la recette, et aussi, partout dans la ville il y avait les anchois, le sel, la saumure, l’odeur du poisson en plus des parfums de nos vins... Lors de l’épidémie de grippe espagnole de l’après-guerre, il n’y a eu aucune victime à Collioure. Le sel répandu dans les rues a empêché le virus de se développer.
GRUISSAN Gruissan offre un joli bourg à deux pas d’un port moderne et, un peu plus loin, un village de vacances sur pilotis comme au cinéma...
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ruissan a trois vies et deux ports. Le long de la plage, ce qu’on voit en premier, ce sont les chalets sur pilotis qui ont été rendus célèbres par le film de Beineix, 37,2° le Matin. Si on prend l’entrée principale du port de plaisance, après un long cheminement dans un bassin plein d’oiseaux, on arrive à une cité balnéaire nouvelle et une marina de taille moyenne, festive et bien achalandée pour le plaisancier. Si l’on continue vers le sud, on trouve un chenal qui mène au vieux village de Gruissan aux maisons serrées autour d’une colline surmontée de la tour dite de Barberousse. Derrière, un bel étang et, plus loin, les hauteurs de la Clape où le chemin qui mène à la chapelle des Auzils est jalonné de cénotaphes, tombes vides à la mémoire de marins jamais retrouvés.
Gruissan offers a nice market town, a stone’s throw from the modern harbour and, further, a holiday village on stilts like you see in a film...
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ruissan has three lives and two harbours. The first thing you see along the beach is the chalets on stilts which were made famous in Beineix’s film “Betty Blue”. Taking the main entrance to the marina, after a long sail in a basin full of birds, you arrive in a new seaside town and an average-sized marina that is fun and well-stocked for the pleasure boater. Continuing south, there is a channel leading to the old village of Gruissan with houses squeezed together on a hill with at its top the Barberousse tower (Redbeard’s tower). Behind, there is a pretty lagoon and in the distance, the heights of Clape, where the path leading to the Auzils chapel is lined with cenotaphs, the empty tombs in memory of sailors whose remains were never found.
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ruissan a trois vies et deux ports. En venant du large, le long de la plage, ce qu’on voit en premier, ce sont les chalets sur pilotis rendus célèbres par le film de Jean-Jacques Beineix, 37,2° le Matin. Pourtant, cette notoriété cinématrographique fait... écran à une histoire tout aussi romanesque. Cette ancienne cité balnéaire a été un lieu majeur dans l’histoire balnéaire d’avant l’invention du tourisme de masse (lire le livre de Claude Fagedet - si vous le trouvez - ou voir les éditions précédentes de Cabotages Méditerranée). Si on prend l’entrée principale du port de plaisance, après un long cheminement dans un bassin plein d’oiseaux, on arrive à une cité balnéaire nouvelle et une marina de taille moyenne, festive et bien achalandée pour le plaisancier. Le quai d’accueil également station de carburant est pratique et bien placé, la capitainerie accueillante.
GRUISSAN 43°06,7’ N – 003°06,0’ E Tél. : + 33 (0) 4 68 75 21 60 www.gruissan-mediterranee.com
Des étangs, des salins et des anguilles
Cabotages - Nautic 2013 - 31
Mais, si vous préférez marcher à plat, prenez vers l’Ouest en direction des salins (à visiter, voir l’encadré) en direction d’un autre plan d’eau intérieur, l’étang d’Ayrolles, autre haut lieu de la pêche à l’anguille. On peut aussi y accéder à partir de l’escale de Port-la-Nouvelle en remontant (sans mât et avec faible tirant d’eau) le canal de la Robine en direction de Narbonne. Par un bout ou par un autre, le matin ou le soir, les heures du lever et du coucher de soleil montrent toujours un magnifique tableau dont les barques, les pêcheurs et les géométries des filets sont les acteurs. LA BOURRIDE ET LA CONFRÉRIE DE L’ANGUILLE
GRUISSAN
Une bonne adresse L’ÉCAILLE D’ARGENT Poissonnerie 1 rue Pasteur 04 34 36 09 88
Si l’on continue vers le sud, on trouve un chenal qui mène au vieux village de Gruissan avec ses maisons serrées autour d’une colline surmontée de la tour dite de Barberousse. Elle n’a pas appartenu au célèbre pirate mais, au contraire, porte le nom de celui dont on redoutait l’arrivée au temps où les barbaresques hantaient la Méditerranée. Derrière, se trouve un chapelet de beaux étangs où l’on pêche l’anguille et, plus loin, les hauteurs de la Clape où pousse la vigne qui produit de quoi accompagner à table les fruits de la mer et des lagunes. Une fois à quai, une bonne idée est de faire une grande marche sur le massif de la Clape vers la chapelle des Auzils en remontant le chemin d’un véritable cimetière marin, c’est-à-dire peuplé de cénotaphes à la mémoire des marins de Gruissan morts sur toutes les mers du monde et jamais retrouvés.
En haut, l’anguille que l’on peut pêcher dans l’étang d’Ayrolles © Fotolia À gauche, les salins de Saint-Martin. © Lemoine
à haute valeur ajoutée, récoltée délicatement par les sauniers.
Les salins de Gruissan Avoir des salins c’est s’assurer la conservation des produits. Gruissan, petite ville fortifiée, avait besoin de mettre à l’abri de la nourriture en cas de siège. Poissons, viandes, légumes, tout se conserve dans le sel. Par chance, Gruissan dispose d’un site propice à la récolte du sel, le salin de Saint-Martin, exploité en “marais salants”, technique utilisée depuis l’Antiquté. L’été, au petit matin, lorsque le vent “Cers” cesse de souffler, une fine pellicule de sel se forme à la surface des tables salantes. Un sel si léger qu’il flotte à a surface : c’est la “fleur de sel”, produit
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Le salin de l’île Saint Martin produit bien sûr également du “gros” sel en cristaux , nature ou associé à des épices ou à des aromates naturels, présentés dans différents conditionnements . Et, chose plus étonnante, on y trouve un sel liquide, l’Elixsel, aux étonnantes qualités, paraît-il. Ce qui est certain c’est que le lieu, à un bon kilomètres du vieux-village, mérite le déplacement. C’est un écomusée, un restaurant de belle qualité et magnifiquement placé, c’est aussi un élevage d’huîtres à déguster sur place ou à emporter à bord. Le Salin de l’île Saint-Martin Route de l’Ayrolle ,11430 Gruissan Cambuse du Saunier : 04 84 25 13 24 Vente d’huîtres : 04 84 25 13 24 Boutique et visites : 04 82 53 10 61 Administration : 09 54 35 47 56 Email : sassdg@free.fr
La pêche à l’anguille est une tradition dans les étangs du Narbonnais depuis l’Antiquité. Elle se perpétue depuis des générations et les pêcheurs d’aujourd’hui utilisent encore les techniques traditionnelles. La Confrérie de l’Anguille, des produits de la Mer et du Terroir gruissanais a tenu en octobre dernier son 18e Grand Chapitre. Les personnes intronisées ont repris en coeur cette déclaration: « Sous la bienveillante clémence d’Éole, Dieu des Vents, d’Hélios, Dieu du Soleil et de la Lumière, de Poséidon, Dieu de la Mer, de Dionysos, Dieu de la Vigne et du Vin, et, sous le contrôle des Gentes Dames et des Dignitaires de la Confrérie de l’Anguille, des produits de la Mer et du Terroir Gruissanais, nous nous engageons à porter haut et fort les valeurs culinaires de l’Anguille apprêtée selon la recette ancestrale de la Bourride d’Anguilles à la Gruissanaise, à promouvoir les produits de la Mer et du Terroir Gruissanais, ainsi qu’à participer à la promotion touristique de Gruissan, perle méditerranéenne du pays Cathare !» Les anguilles du Narbonnais ont ceci en commun avec toutes celles de la planète d’être nées dans la mer des Sargasses. On doit la découverte de cette nurserie géante – six millions de kilomètres carrés d’eaux atlantiques proches de la Floride – à un Danois, Johannes Schmidt, biologiste et océanographe (1877-1933). En 1904, il prélève une larve d’anguille au large des îles Féroé et s’interroge sur le chemin qu’elle a parcouru. Il lui faudra huit ans pour trouver des larves tout juste écloses, dans la mer des Sargasses, confirmant ainsi son hypothèse que les anguilles d’Europe atteignent notre littoral portées par les courants du Gulf Stream. BÉTOUS, TRABAQUES ET CAPÉCHADES Si on ne sait rien sur le mode de reproduction de l’anguille qui n’a jamais été observé, en revanche, on connaît le long voyage de plus de 7 mois effectué par des millions d’individus pour parcourir les 6 000 kilomètres et atteindre les eaux douces et saumâtres où elle va grandir. L’espèce d’anguille la plus capturée dans les étangs de Bages, Ayrolles, ou Gruissan reste là entre sept et quatorze ans avant de refaire le grand voyage, à la fin de l’automne. Pour la traversée, elle s’habille en marin, c’est à dire en anguille argentée, ce qui lui sert à éblouir les prédateurs. Les pêcheurs tendent sur son passage des filets perpendiculaires au rivage qui obligent les anguilles à se diriger vers un piège à trois poches. Ici, on appelle ces filets des trabaques ou des capéchades et on les place au début de la migration. Quant aux bétous, ce sont les barques plates des pêcheurs, autrement dit des bettes, bateaux classiques des lagunes du Languedoc-Roussillon. On peut déguster l’anguille à la gruissanaise – ou sous d’autres formes - dans les restaurants autour des étangs.
• Photos © iStockphoto, CIVL • 04/2013
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PORT SAINT-LOUIS DU RHÔNE
P
Port Saint-Louis-du-Rhône mérite qu’on fasse le détour. En plein changement, cette ville renaît de ses cendres et prend de belles couleurs.
ort Saint-Louis-du-Rhône a connu sa prospérité dès qu’a été “shuntée” la partie basse du Rhône grâce au creusement d’un canal et la construction d’une écluse qui permettent de passer du golfe de Fos au fleuve dont les caprices rendaient le trafic difficile et saisonnier. Port Saint-Louis-du-Rhône est né en 1871 du mariage des eaux douces et salées rendu possible par le creusement du canal Saint-Louis. L’écluse passée, les péniches peuvent transborder leur chargement dans les eaux calmes du grand bassin. Mais ce n’est pas un fleuve tranquille… Aujourd’hui, au lieu de passer tout droit entre les bouées de Roustan et de Couronne, un détour par le fond du golfe de Fos et vers le Rhône n’entraînera pas de regrets. Le seul ennemi, est le moustique.
Port Saint-Louis-du-Rhône is worth the trip. This town is changing fast and rising out of the ashes into full bloom.
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ort Saint-Louis-du-Rhône found fortune once the lower end of the Rhône river was “shunted” during the canal excavation and the construction of a lock enabling navigation from the Gulf of Fos into the river whose whims made navigation tricky and seasonal. Port Saint-Louis-du-Rhône came into being in 1871 out of the union of the fresh and saltwater created by the excavation of the Saint-Louis canal. Once the barges have gone through the lock, they can then tranship their cargo in the quiet waters of the main dock. But this is no calm river... Instead of sailing straight ahead between the Roustan and Couronne buoys, make a detour to the back of the Gulf of Fos and into the Rhône and you won’t regret it. The only enemy here is the mosquito!
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es moules ne sont pas réservées à Lille et sa braderie. La Méditerranée n’a rien à envier aux côtes de la mer du Nord – à part les frites – et la moule gagne du terrain sur toute la côte. L’avantage est que la matière première est locale, pas chère, et offre aux restaurateurs qui la mettent sur leur carte l’accès à une clientèle qui sait les apprécier sans se ruiner. Il y a plein de façons de les accommoder. Certaines en font disparaître totalement la saveur fine, comme la sauce Roquefort ou un Curry trop violent. Comme la simple pizza napolitaine (tomate-anchois) est le meilleur test de qualité, la moule marinière éventuellement avec un peu de céleri et de vin blanc, laisse toute sa place à la fine saveur marine. Mais attention ! On juge un bon restaurant de moules à la cuisson : ceux qui prennent soin de leur clientèle les servent encore pleines et souples, presque blanches ou jaune clair. Refusez les petits morceaux de caoutchouc orangers. Et essayez les moules crues, si elles ne tombent pas dans le défaut d’une petite amertume, elle savent être presque sucrées. Et que d’iode !
PORT SAINT-LOUIS DU-RHÔNE 43°23,3’ N – 004°48,5’ E Tél. : + 33 (0) 4 42 86 39 11 www.portsaintlouis-plaisance.fr
Carteau ses palourdes et ses moules
D’ABORD LA PALOURDE En Langueroc, la meilleure pousse dans le bassin de Thau. En Provence, c’est dans l’anse de Carteau, au fond du golfe de Fos, à l’entrée de Port Saint-Louis-duRhône. Son histoire commence à la fin des années 1970, quand ce port fluvio-maritime à la charnière entre le Rhône et la mer, est en crise. Des centaines de dockers sont au chômage. Autant d’autres dans les métiers périphériques. La pêche aussi périclitait. Et pourtant, à ceux qui sont tombés tout petits dans la pêche, quoi qu’ils aient fait après, la mer tendait ses bras.
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PORT SAINT-LOUIS DU RHÔNE
Une bonne adresse
L’anse de Carteau est un immense haut-fond où explose le phytoplancton, les prairies sous-marines et la vie. À cette époque, il suffisait de plonger en apnée à moins d’un mètre pour cueillir un coquillage qui pullulait dans l’indifférence générale : la palourde, la vongola des spaghetti et de tant d’autres belles recettes. C’était de l’or. Dans les années 1980, quatre pêcheurs de Carteau faisaient une autre expérience : l’élevage de moules sur des radeaux. Voyant que ça avait marché, les pêcheurs mytiliculteurs ont demandé au port l’octroi d’une concession et cinquante entreprises se sont installées, créant cent tables de 750 mètres carrés et portant chacune mille cinq cents cordes. Aujourd’hui, ils ne sont plus cinquante mais le nombre de tables (24 000 € chacune à la vente) n’a pas changé, pas plus que la production qui est bon an mal an de 3 000 tonnes (60% pour l’Espagne, le reste pour le marché local).
Restaurant Le Passe Port Allée quai Bonnardel Tél. 04 42 86 24 42
LE PARADIS DES MOULES Carteau est un paradis pour l’élevage des moules : brassage de l’eau salée de la mer et des eaux douces du Rhône, faible profondeur qui laisse entrer la lumière du soleil et favorise la photosynthèse des prairies sous-marines, tout y est. À condition que la teneur en sel suive le cours normal des variations saisonnières et reste dans des limites compatibles avec la tolérance des êtres vivants. Or, la coupure des arrivées d’eau du Rhône provoque la mort des moules par sous-alimentation. Contre cela, les conchyliculteurs de Carteau ont investi 300 000 € pour curer les roubines (canaux de circulation) et faciliter leur entretien régulier. Et la qualité de l’eau ? Le Rhône n’a pas bonne réputation. En zone portuaire, les moules ne peuvent pas être classés “A”, mais “B”, obligeant à une phase d’épuration. Mais ce qui était une contrainte est devenu un avantage : l’épuration nettoie parfaitement les coquillages de tout résidu sableux ou vaseux (sept kilos à la tonne !) C’est un plus gastronomique indéniable. Même les classe “A” pratiquent l’épuration car rien n’est plus désagréable que du sable sous la dent. LA ROYALE OU LA MARINE La Carteau se vend bien. Elle n’a ni marque déposée ni appellation d’origine, ni label. Elle s’est appelée Belle de Carteau, Camarguaise, Martiguaise, Rivages de Camargue. Un maire divers droite l’a appelée Royale, mais son successeur, communiste, l’a démocratisée en Marine. L’histoire – qui ressemble parfois à celle de Clochemerle – la fera peutêtre encore changer de prénom... Ce que les conchyliculteurs ne veulent pas changer, c’est leur statut de pêcheurs. « On se bat pour garder le statut de pêcheurs. Ce serait inconcevable qu’on perde le droit de pêche. Et on le perdrait si on cessait de capturer les naissains », dit Albert Castejon, l’un des pionniers de Carteau. De toute manière, acheter les naissains serait une hérésie économique. « Quand on vide une table, on y laisse environ 30% de moules trop petites pour être commercialisées. Pour réapprovisionner les 70% vides, il faut aller pêcher des naissains. Si on les achetait, vu les faibles marges qu’on fait, la moule ne serait pas rentable », précise Paul Scotti, jeune président de la coopérative des pêcheurs mytiliculteurs de Carteau.
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BANDOL B
Bandol est une station typique de la Côte d’Azur avec un port entouré de mille boutiques à touristes. Les rues “derrière” sont plus tranquilles.
andol est aussi célèbre que Cassis pour ses vins. Mais ici ils sont surtout rouges et ont constitué la première AOC de France en 1941. En approchant du port, on passe devant l’île de Bendor qui appartient comme les Embiez à Paul Ricard et a été consacrée aux artistes. Au XIXe siècle, le chemin de fer a amené ici Thomas Mann, Aldous Huxley, Marcel Pagnol, Catherine Mansfield, Raimu… En 1923, Bandol est classée “station climatique”. Le port accueille aujourd’hui plus de 1.600 bateaux, voiliers et yachts à moteurs de toute taille. Deux projets sont en cours : regrouper sur un même quai les barquettes, bettes et autres pointus traditionnels, réaménager un autre quai pour les grosses unités de croisière.
Bandol is a typical Côte d’Azur resort with a harbour surrounded by a million tourist shops. The streets that lie “behind” are quieter.
B
andol is as famous for its wine as Cassis is. But the wines here are mostly reds, and were the first in France to be officially designated (AOC) in 1941. As you near the harbour, you pass in front of Bendor island which, like Les Embiez, belongs to Paul Ricard and is dedicated to artists. In the 19th century, the railway brought Thomas Mann, Aldous Huxley, Marcel Pagnol, Catherine Mansfield, Raimu etc. here. In 1923, Bandol was classified as a “climate resort”. The harbour currently accommodates more than 1,600 boats, yachts and motor yachts of all sizes. The town has two projects underway: one to group all the fishing vessels (“barquettes”, “bettes” and traditional “pointus”) along one quay; and the other to redevelop a second quay for the large cruise ships.
Q
ue l’on vienne de la Ciotat ou du cap Sicié via les Embiez, on ne voit qu’une chose en direction de Bandol : les barres d’immeubles blancs démesurément allongées, incrustées comme des pans de falaises stratifiées dans le vert des collines qui dominent la baie. Ils affichent la vocation de Bandol : accueillir une population nombreuse pour dynamiser la commune. Douze mille habitants l’été mais quand même pas loin de neuf mille le reste de l’année. Ce qui, pour une station balnéaire, est une proportion raisonnable. Il faut dire que ce fut longtemps un désert. Depuis la fin de l’Empire romain, l’ancien Bendorium, livré aux envahisseurs et aux pillards barbaresques, avait vu ses habitants fuir vers la Cadière (Cathedra). Ils ne sont revenus que quelque mille deux cents ans plus tard, en 1715. Et pas en masse : sept familles pionnières installées là sous la protection du seigneur du lieu, François Boyer de Foresta dont l’ancêtre, Antoine Boyer, avait été anobli par Henri IV pour sa bravoure au cours des guerres de religion. Il se vit également attribuer le fort de Bandol.
BANDOL 43°08,0’ N – 005°45,4’ E Tél. : + 33 (0) 4 94 29 42 64 www.bandol.fr
Au jeu des sept familles, on gagne de grands crus
LA PÊCHE À LA MADRAGUE Les sept familles pionnières qui ont fondé Bandol au début du XVIIIe siècle et leurs descendants ont créé le vignoble de Bandol dont le vin est servi à la table de Louis XV ! C’est la réussite. Le port, qui était déjà un bon abri naturel, voit sa sûreté renforcée par un môle de neuf mètres pour abriter les bateaux et leur précieuse cargaison. Alors que la révolution éclate, à peine deux générations après celle des pionniers, il y a déjà 1 200 Bandolais. En réalité, Bandol n’a jamais été un grand port de pêche, à part une activité saisonnière de capture des thons rouges quand ces grands prédateurs passaient près des côtes. Cabotages - Nautic 2013 - 37
BANDOL vité portuaire. L’arrivée du chemin de fer en 1859, ruine le commerce maritime. Les grandes tartanes restent en rade. Bandol est au bord de la ruine. Mais, sous l’impulsion de quelques vignerons avant- gardistes, le vignoble est arraché, replanté, amélioré, se lance dans la recherche de la qualité. Le jeu en vaut la chandelle. Il savent que ces terres, entre la mer et les montagnes, exposées au Sud avec trois mille heures de soleil pas an, sont un trésor. Peu d’extrêmes de température, juste ce qu’il faut de pluie, peu de mistral… Mais comme il faut que la vigne souffre un peu pour donner le meilleur, les sols pauvres de marnes et calcaires bien drainés sont là pour assurer ce qu’il faut de stress au bénéfice du fruit. Mais, on l’a vu trop souvent dans le Sud de la France à une époque, la tentation est forte de faire “pisser la vigne”. Dès le début, les vignerons de Bandol ont choisi de limiter les quantités pour que la vigne concentre ses qualités sur un plus petit nombre de raisins. C’est pourquoi le décret du 11 novembre 1941 qui crée l’appellation et fixe son cahier des charges, limite la production à 40 hectolitres à l’hectare. Aujourd’hui, la moyenne est de 35 hectos. LA TENTATION DES ROSÉS
Daniel Vernet, peintre des ports pour Louis XV, a représenté une de ces pêches à la madrague, long filet destiné à capturer les poissons migrants et qui a donné son nom à la cabane de pêcheurs où on les entreposait. Dans la commune de Saint-Cyr-les-Lecques, près de la Pointe Grenier, un charmant petit port porte le nom de Madrague, comme la villa de Brigitte Bardot à Saint-Tropez. BANDOL, SAUVÉ PAR SON VIN La principale activité de Bandol était l’exportation des produits de l’arrière pays, l’huile d’olive, mais principalement le vin. Sous le second Empire, Bandol exporte près de dix mille fûts et fait travailler trois cents tonneliers. Du coup, quand la crise de la vigne surviendra avec le phylloxéra, puceron ravageur de la vigne, ce sera le coup de grâce pour l’acti-
se
ne adres
Une bon
Maison des Vins de Bandol 238 chemin de la Ferrage 83330 Le Castellet Tél. +33 (0)4 94 90 29 59
Associé au Cinsault et à la Grenache, le Mourvèdre, cépage-roi et majoritaire de l’appellation Bandol, contribue par sa nature à cette faible production. Il évite aussi que de pareille conditions d’ensoleillement ne donne des vins trop lourds, en tirant l’assemblage vers des arômes de griotte, framboise, violette Bandol, surtout réputé pour ses rouges de garde, fait peu de blancs et, de date plus récente, des rosés. Sur une côte d’Azur où le rosé est un “vin de soif” à allonger de glaçons, les rosés de Bandol jouent la carte des bons vins sur la carte des restaurants. Il est vrai qu’ils ont de quoi réconcilier avec ce produit qu’on connaît plutôt vendu en jerrycans… mais n’est-ce pas un risque que de vouloir jouer dans cette cour aussi mal fréquentée ? Alors, quand vous faites escale à Bandol ou à Saint-Cyrsur-Mer, avec un carton d’un excellent rouge pour accompagner les plats riches de l’automne, tentez pour l’été un rosé frais avec une daurade aux petits légumes. Glaçons interdits !
Bienvenue au Port de Bandol Welcome - Benvenuti - Willkommen
Abri naturel connu depuis l’antiquité, le port de Bandol, avec ses 1600 anneaux, est aujourd’hui le neuvième port de plaisance nationale. Cent soixante places de passage sont mises à la disposition des bateaux en escale. Fortement fréquenté en période estivale, il reste très actif toute l’année avec une station carburant ouverte 24h/24 et 7j/7, celle-ci propose une pompe gas-oil à gros débit pour une distribution plus rapide aux grosses unités. En effet, le quai d’Honneur dispose d’installations équipées pour accueillir des yachts jusqu’à 40 mètres de long. Ils côtoient les pointus de tradition, apportant l’âme des voiles latines à cette station balnéaire de renom.
La zone de carénage, nouvellement restaurée dans le respect de la qualité environnemental, peut accueillir des bateaux jusqu’à 35 tonnes. Tous les corps de métiers sont représentés sur ce site qui fonctionne été comme hiver. Lauréat du Pavillon Bleu depuis 1998, le port dispose notamment des équipements requis pour vidanger les eaux noires, grises et les huiles moteur. Les 17 hectares, de la surface du Port de plaisance, sont couverts par une connexion avec le hot spot wifi gratuit et 18 caméras assurent une vidéo surveillance 24h/24.
Capitainerie du Port - 83150 Bandol -
e-mail :
tél. +33 494294264 fax +33 494299320
port-bandol@wanadoo.fr www.bandol.fr
Le Salon du Nautisme, à accès gratuit, est programmé depuis 19 ans avec l’arrivée du printemps ; il reste le plus important de la côte méditerranéenne après ceux de Marseille et Cannes. Grace à sa situation près du cœur de la ville, le port offre l’accès à plus de 200 commerces et restaurants ouverts toute l’année (dimanche compris), au Grand Casino et à toutes les animations organisées sur la Station de Bandol.
L’île de Bendor à Bandol (Var) L’île de Bendor, plus petit port-abri de Méditerranée. Entrepreneur, visionnaire, Paul Ricard qui a acheté l’île en 1950, était aussi bâtisseur et mécène. Il a façonné cette île dont il a dessiné les plans et fait surgir un véritable hameau, avec ses plages, ses boutiques et son petit port-abri. Séparée de Bandol par un filet de mer, l’île de Bendor dispose de l’emblématique et majestueux hôtel DELOS, des restaurants, des musées de l’île et des petites boutiques des créateurs. De nombreuses manifestations artistiques y rassemblent peintres et sculpteurs.
A Bendor en saison, l’amarrage de votre bateau est réservé pour tout séjour à l’hôtel DELOS. Les petites villas, dépendances du DELOS, disposent chacune d’un jardin privatif et d’un accès direct à la marina.
L’île des Embiez à Six-Fours les plages (Var) L’île des Embiez est une étape idéale pour se reposer et avitailler sur la route de la Corse. Ou encore un but de croisières pour tout ceux qui aiment la terre ferme et qui peuvent profiter des infrastructures de loisirs estivals proposés sur l’île de Paul Ricard. Le port des Embiez garantit une qualité d’accueil que tous les plaisanciers savent reconnaître et dont profitent les 700 chanceux qui ont une place à l’année. Pavillon Bleu, Label Port propre, le Port St Pierre des Embiez est le premier du Var a avoir la certification ISO 14 001 grâce à sa politique environnementale.
Le port des Embiez est à 10 milles de la Ciotat et de 4 milles de Bandol. Attention en prenant le raccourci entre les Embiez et l’île du Grand Rouveau, le chenal est étroit entre les cailloux. En approche, joindre la capitainerie canal VHF 9 (24/24 – 365) ou au 04 94 10 65 21. Longueur maxi : 40 m tirant d’eau maxi : 3 m.
www.lesilespaulricard.com
Crédits photos Sté PAUL RICARD S.A © Copyright
Bienvenue sur Les Îles Paul Ricard
L
Les Embiez, étape parfois un peu trop «animée» le soir mais magnifiquement préservée le jour, est une escale à envisager quand il y a des enfants à bord.
’île des Embiez est une étape appréciée des caboteurs : parce qu’arriver sur une île nourrit l’imaginaire, parce que le port bien protégé est tout le contraire d’un parking à bateaux, parce que ces 95 ha sans voitures imaginés à échelle humaine laissent la part belle aux espaces naturels. On y trouve 90% des essences végétales méditerranéennes et des oiseaux en quantité : hérons cendrés, cormorans, martins-pêcheurs…Ce complexe touristique écolo surgi ex-nihilo sur un îlot inhabité, est indissociable du nom de Paul Ricard. Pour “le roi du pastis”, la diversification touristique a commencé dès 1940 avec l’achat du domaine de Méjanes en Camargue, suite à la décision du gouvernement de Vichy d’interdire les apéritifs de plus de 16°.
LES EMBIEZ LES EMBIEZ 43°04,8’ N – 005°47,1’ E Tél. : + 33 (0) 4 94 10 65 21
Les Embiez can be a little “frantic” at night, but during the day it is wonderfully protected, and should be a planned port of call if you are travelling with children.
C
oasters appreciate stopping at Les Embiez island because arriving at an island fuels your imagination, because the well-protected harbour is not at all a parking area for boats and because its car-free 95 hectares which have been developed on a human scale are the perfect showcase for its natural spaces. Here you’ll find 90% of the Mediterranean’s plant species and an abundance of birdlife: grey herons, cormorants, kingfishers etc. This eco-tourist complex built from nothing on a deserted island cannot be separated from one man: Paul Ricard. For the “king of pastis”, tourist diversification began in 1940 with the purchase of the Méjanes estate in the Camargue, after the Vichy government’s decision to ban alcoholic aperitifs in excess of 16°.
L
e port de Saint-Pierre-les-Embiez est la première marina créée en France. Paul Ricard en est le propriétaire et le fondateur. En 1963, c’était une véritable nouveauté. Techniquement, le chantier aussi a été innovant : pour minorer les nuisances sur l’environnement marin, le port a été creusé à sec dans les anciennes salines pendant qu’une digue provisoire contenait la mer. Ces salines avaient été créées par les moines de l’Abbaye de Saint-Victor de Marseille en 1068. Le sel était le seul moyen de conserver les aliments, autant dire de l’or. Sur cette côte de Provence abrupte cet archipel en partie marécageux s’y prêtait. Pour embarquer la récolte, un petit port avait été aménagé. Il n’y avait pas de village. C’est Six-Fours, au XVe siècle, qui reprit ces salins et un de ses notables y planta des vignes. Le reste de l’île servait de pâturage, les bêtes ne risquant pas de s’en aller. En 1934, les dernières huit cents tonnes de sel ont été récoltées, avant l’abandon du site.
Le petit jaune, le blanc, le rouge, le rosé
BLEU + JAUNE = VERT Les deux couleurs fétiches du propriétaire, le bleu et le jaune, ont permis de faire de ce tas de cailloux et de marais un havre pour les marins et un sanctuaire de nature ouvert à tous. Car ici, c’est un site écologique exemplaire, prouvant si c’est nécessaire que le bleu et le jaune ensemble font du vert. Un peu fous de père en fils, les Ricard n’ont jamais lésiné sur leurs rêves. Ni sur ce qu’il faut faire pour les réaliser, depuis que le pasticchio, bricolé avec un alambic clandestin après l’interdiction de la sulfureuse absinthe, est devenu “Le vrai Pastis de Marseille” en 1932. Cet héritier assagi de l’absinthe qui “rend fou”, alcool « qui cachait ses 72 degrés dans la candeur d’une eau fraîche
Cabotages - Nautic 2013 - 41
LES EMBIEZ légèrement sucrée» (Marie-Claude Delahaye, Le Livre du Pastis, “Z” Editions), interdite en 1915, est né ici, en 1951, grâce à la loi qui autorisait les alcools à 45°. Surfant sur la frustration qu’avait fait naître la disparition de la mortelle “fée verte”, les marques se sont ruées sur cette occasion d’apporter à nouveau de la fraicheur au goût d’anis. Pernod fut l’un des premiers avec son “51” commémorant l’année de promulgation de la nouvelle loi et qui devint ensuite Pastis 51 affichant la recette « cinq volumes d’eau, un volume de Pernod ». Il y eut aussi le Casanis, qui affiche ses origines corses par le bandeau noué sur le front du Maure. Mais la saga la plus fameuse est celle de Ricard. L’histoire du Pastis est une partie flamboyante de celle du marketing et de la publicité. Avant la loi Evin de 1991, les marques d’alcool pouvaient s’afficher et parrainer des manifestations sportives. Ce fut l’occasion d’un débordement d’imagination pour accompagner les fêtes sportives populaires, notamment le Tour de France dont le Pastis, en tout cas pour les spectateurs, était un dopant autorisé. Paul Ricard alla même jusqu’à assurer ses livraisons en dromadaire alors que les transporteurs étaient en grève. Il en fit une campagne de publicité, utilisant l’animal comme symbole de la soif… LES VINS DES EMBIEZ
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Une bon
Domaine des Embiez Ile des Embiez 83140 Six Fours les Plages 04 94 10 65 20 dtarpi@paul-ricard.com Inscription dégustation: Tél. 06 09 11 69 55
Les Ricard ont aussi été des vignerons. Les premières vignes plantées sur l’île des Embiez l’ont été vers 1600. Lorsque Paul Ricard devient propriétaire de l’île en 1958, la vigne couvre dix hectares. Mais elle date de... 1901. Il replante tout. Depuis 1978 les vins y sont classés en AOC Côtes de Provence et Vins de Pays du Var. Aujourd’hui, l’île continue de produire bon an mal an cinquante mille bouteilles de rouges, blancs et rosés à partir des variétés typiques du Sud, le merlot, le cabernet sauvignon, le grenache, le cinsault, l’ugni blanc, le rolle, le syrah et le sauvignon blanc qui poussent sur des sols argilo-calcaires et schisteux. Certaines parcelles sont exposées aux embruns salés, d’autres soumises à la sécheresse ou aux vents, ce qui donne du caractère aux productions de l’île.
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Le rosé (vin de plaisir aux arômes fruités), le blanc (vin aromatique aux notes d’agrumes) et le rouge (vin intense de cépage Merlot, à la robe rubis) sont amoureusement soignés par, Laurent Martinez le maître de chai. Ces vins peuvent se déguster à la cave du domaine, ouverte tous les jours en juillet/ août, sauf le jeudi. Une bonne idée est de faire escale aux premiers jours de septembre, au moment des vendanges. DEUX MÉCÈNES DE LA MER Si les gens de mer ont la réputation de ne pas lésiner sur les produits de distillation qui se marient si bien avec le sel des embruns, ce n’est pas le “petit jaune”, ni les cognacs ni les vodkas du groupe Pernod-Ricard qui nous arrêtent ici au pied du cap Sicié. La seconde couleur de l’étiquette porte l’amour de la dynastie Ricard pour la “grande bleue”, la faune et la flore des fonds comme la population navigant en surface. La fortune de l’un a largement servi la seconde. Les Ricard – Paul et par contagion son fils Patrick et une large part de la famille – ont été des mécènes de la mer.
LE LAVANDOU Le Lavandou a su résister aux sirènes du snobisme et reste une station familiale où il fait bon jouer aux boules…
L
e port du Lavandou est au pied du mont Saint Clair. Le hameau du même nom se devine dans la pinède. La chapelle éponyme doit sa célébrité à son roumérage, procession annuelle dédiée à Saint Clair, patron des couturières qui guérissait de la cécité. Lou Roumérage qui signifie «voyage à Rome» en Provençal s’est étendu à tout pèlerinage, y compris d’un bout du village à l’autre. Jusqu’en 1909, le Lavandou, a dépendu de Bormes dont il était simplement le quartier des pêcheurs. Trois interprétations à ce nom. La lavande, évidente mais peu probable : Lavanda Stoeochas de son nom latin, se dit ici queirélé. La ville est très animée mais le soir un certain calme retombe sur le port d’où l’on goûte une très belle vue sur la rade.
BORMES LES MIMOSAS 43°07,5’ N – 006°22,0’ E Tél. : + 33 (0) 4 94 01 55 81 www.portdebormes.com LE LAVANDOU 43°08,1’ N – 006°22,3’ E Tél. : + 33 (0) 4 94 00 41 10 www.ot-lelavandou.fr
Le Lavandou has been able to resist the temptations of going upmarket; it is still a family resort where you can bowl a good old game of French “boules”...
T
he harbour of Le Lavandou is at the foot of Mount Saint Clair. The hamlet of the same name can be made out in the pine forest. The eponymous chapel owes its fame to its “roumérage”, an annual procession dedicated to Saint Clair, the patron saint of seamstresses and healer of the blind. Lou Roumérage which means “journey to Rome” in Provençal is applied to any pilgrimage, including from one end of the village to the other. Until 1909, Le Lavandou belonged to Bormes and was merely its fishermen’s neighbourhood. There are three ways to interpret the name. Lavender is an obvious, but unlikely answer: its Latin name Lavanda Stoeochas is called “queirélé” in these parts. The town is very lively but in the evening stillness falls in the port where you can enjoy the very beautiful view of the natural harbour.
L
es ports du Lavandou et de Bormes-les-Mimosas se font face, à moins d’un mille. Mais ce sont de faux jumeaux. Le Lavandou est un port en ville. Bormes, presque tout neuf, est loin du charmant village de Bormes-les-Mimosas, haut sur la colline. Il faut, pour y accéder, prendre un bus. Pour une escale d’un soir, optez pour le Lavandou. L’explication du nom Lavandou par la lavande est aussi évidente que peu probable : Lavanda Stoeochas de son nom latin, se dit ici queirélé. L’étymologie a moins discutée est la thèse de Frédéric Mistral, dans Trésor du Félibrige qui défend une origine liée au lavoir, le lavador où les Lavandouraines, femmes de pêcheurs, lavent et battent leur linge sur de larges pierres plates dans ce bassin public. Liqueur (alcool, huile essentielle et un brin de lavande en macération pour faire joli) et bonbons à la lavande – qui existent également – n’ont rien à voir avec cette jolie escale. Le seul produit qui peut paraître naturel issu de la lavande est le miel. Mais attention aux faux miels à base de mélasse parfumée qui envahissent aujourd’hui le marché ! Vérifiez-en le caractère artisanal authentique.
Une soupe au pistou et quelques douceurs
LE BASILIC AUX MULTIPLES VERTUS Puisque nous sommes dans les plantes délicates et les fins arômes, nous proposerons ici une spécialité à base du fragile basilic. Attention, ne pas confondre pistou et pesto, le cousin italien. Le pistou, c’est le mortier qui sert à piler (pestare) le basilic, cette petite plante qui fleure bon le girofle et non pas la préparation. Ocynmum basiliciumb est originaire d’Inde où il porte depuis 4 000 ans le nom de tulsi. Utilisé par les Égyptiens dans les rituels de momification, pour ses qualités anti bactériennes utiles à la conservation des corps, on le glissait entre les mains des défunts comme sésame vers l’au-delà.
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LE LAVANDOU
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La Bonne Fourchette 2 Rue Patron Ravello 83980 Le lavandou Tél. 04 94 87 39 94
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La Fleur de Thym 2 Rue Pierre Toesca 83230 Bormes-les-Mimosas Tél. 04 94 71 42 72
photo Jason Clevenger
La vieille gare du Lavandou et le Saint-Clair
Parvenu en Grèce, ou il devint symbole de fertilité, sa cueillette du Basiliskon fut interdite aux femmes. Revêtu d’habits neufs, et exempt de tout objet en métal, l’élu, généralement un personnage puissant, avait purifié trois fois sa main droite avec une branche de chêne et l’eau de trois sources. Quand il arrive en Provence littorale, après un passage à Gènes, le basilic qu’on appelle “l’herbe royale” ou “l’oranger des savetiers” (on sait qu’il a la vertu d’éloigner mouches et moucherons mais l’explication reste un peu courte), il servira la soupe de fin d’été. On trouve différentes recettes de cette soupe au pistou qui mêle à l’origine haricots verts coupés en morceaux, pommes de terre émincées et tomates hachées cuits. La préparation était versée dans un plat où l’on avait réservé une pommade préparée avec la patience propre aux rituels et comprenant : basilic écrasé sous le pilon du mortier, gousses d’ail écrasées et quelques cuillères à bouche d’huile d’olive. La soupe se doit d’être épaisse aussi y ajoutait-on traditionnellement le vermicelle. Mais vous trouverez des haricots rouges et blancs, la courgette et le céleri et parfois même un supplément de fromage râpé. Pour le pesto, délice ligure, l’herbe “aux sauces”, qui accompagne les pâtes, associe au basilic et à l’ail broyés l’huile d’olive, des pignons et du parmesan. Il est même, en Ligurie, une spécialité qui nous paraît étrange : des spaghetti et des pommes de terre bouillies, mélangées avec le pesto ! Vous pouvez penser que c’est bourratif ? Nourrissant, certes, mais très bon.
Bormes-les-Mimosas
S
i vous optez pour l’excellent port de Bormes, sachez que Joséphine de Beauharnais introduisit le Mimosa en France. Elle envoya dans différents jardins botaniques – dont celui de Toulon – des boutures que le capitaine Cook avait rapportées d’Australie en 1770. Il faudra attendre la naissance de la “Côte d’Azur” pour acclimater cet acacia. L’une de ses espèces rustiques, l’Acacia Déalba, fut employée dès cette époque par les parfumeries de Grasse et les savonneries locales. Le mimosa se plaît sur ce sol. Il s’est mis à pousser hors des jardins. On le retrouve à l’état sauvage, érigé, buissonnant, pleureur. Le Tanneron, à la frontière du Var et des Alpes maritimes, en est la plus grande forêt d’Europe. En bas du village, Gérard Cavatore propose 160 variétés agréées par le Conservatoire français des collections végétales. Côté culinaire, on fait de la liqueur avec la fleur jaune : de l’alcool neutre auquel on ajoute un extrait naturel de la fleur (ou un arôme artificiel, souvent), du sucre. Rien d’aussi fin et léger que cette plante délicate. En revanche, les plus âgés de nos lecteurs peuvent se souvenir de leur enfance quand leur grand-mère leur offrait dans une boîte en fer de ces petits bonbons à base de fleurs cristallisées dans le sucre, violette, verveine, rose ou mimosa. Cette méthode de cristallisation de fleurs au sucre candi a été utilisée par des artisans confiseurs en 1818 mais les bonbons aux saveurs délicates ne sont plus guère à la mode. La fraise Tagada et ses sœurs chimiques ont tué ces désuètes friandises aux fleurs naturelles.
Publireportage
LE LAVANDOU Le port international et la station balnéaire du Lavandou sont au cœur du massif des Maures et de la charmante station balnéaire du Lavandou connue pour ses douze plages de sable fin s’étirant de la plage de l’Anglade jusqu’à celle de Pramousquier. Situé en face des Iles du Levant et de Port Cros, joyaux de la Cote d’azur varoise, le port du Lavandou est situé dans la rade de Bormes-Le Lavandou, très bien protégée du mistral par le Cap Bénat et des vents d’Est par le Cap Nègre. Le port est composé du “vieux port” historique et du nouveau port. Il offre une capacité d’accueil de près de 1060 postes d’amarrage de bateaux de plaisance. NAVIGUER JUSQU’AU PORT DU LAVANDOU : Le port est d’accès facile de jour et de nuit. Un feu d’entrée vous accueille à l’entrée du port, les principaux points remarquables du port sont les suivants : Digue S Iso.WG.4s (43°08’2N-006°22,5S E), Musoir ancienne jetée Q(9)W.15s (43°08’2N -006°22’3 E), Contre-jetée (nouveau bassin) FI(2)R.6s non visible du large, Cap Bénat (FI.R.5s21M) marque l’extrémité Sud de la rade de Bormes. Les vents dominants sont orientés Nord Ouest/ Est. Les principaux dangers en venant au port sont les suivants : l’îlot dit de la Fourmigue situé à 1,5 miles au NE du Cap Bénat et à 2,25 Miles au SE du port matérialisé par une bouée conique noir et jaune. VOTRE ACCUEIL AU PORT INTERNATIONAL DU LAVANDOU : Votre accueil au port s’effectue sur la panne d’accueil à l’entrée du nouveau port, votre guidage s’effectue depuis la capitainerie par la radio Canal VHF 9. Le port baignant sur un plan d’eau de 7 ha est réparti sur 3 bassins offrant un tirant d’eau de 1 à 9 mètres. Votre amarrage s’effectue sur pontons flottants avec catways dans le nouveau port, sur chaînes dans l’ancien port. L’équipe de la Capitainerie du port vous accueille 7 jours sur 7, soit en saison les mois de juillet et d’août de 7h30-20h30 et hors saison de 8h à 12h et de 14h à 18h (téléphone 04 94 00 41 10 / Fax : 04 94 15 24 51). 6 agents portuaires permanents (plus neuf saisonniers en pleine saison) sont à votre disposition lors de votre escale au port du Lavandou auquel s’ajoute six agents d’accueil et administratif pour faciliter vos formalités administratives au port. Le port dispose de son propre site internet : www.portdulavandou.com et d’un accès Facebook sur www.facebook.com/PortDuLavandou Une messagerie électronique est disponible à l’adresse courriel suivante : secretariat@capitainerie-lelavandou.fr Le port est actuellement dirigé par un Directeur (Frédéric CACHART) et un Maître de port (Didier ABBA). Le port est labellisé Pavillon bleu des ports de plaisance depuis de nombreuses années et en démarche de certification européenne “Port propre”. Le port est aussi signataire et membre de la Charte Pelagos de protection des mammifères marins en Méditerranée et membre des dix ports affiliés et adhérents du Var Provence Cruise Club (Club de croisières internationales sous l’égide de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Var et du Conseil Général du Var). VISITER LE LAVANDOU ET SES JOYAUX Port d’escales de navires de croisières, le port du Lavandou est la porte d’entrée vers de nombreux atouts et joyaux touristiques typiquement provençaux et méditerranéens directement et facilement accessibles à tous visiteurs.
Dès la sortie du port, en saison, un petit train touristique vous accueille pour vous emmener à la découverte de ses richesses. La station balnéaire du Lavandou, Cité des dauphins et des baleines, vous offre douze plages de sables fins et l’ensemble de ses activités nautiques (location de bateaux coque en dure et semi-rigide, école de voiles municipales et école de voiles de Cavalière, ski nautique, clubs de plongée sous-marine, école de parachutisme ascensionnel, jet-ski, jeux d’eau). Vous aurez accès à de nombreuses plages publiques et privées, de nombreux restaurants et commerces en bordure de plage (ex : plage de Saint Clair, plage du Layet, plage de Pramousquier…). Tous les jeudis matin, vous pourrez vous rendre au plus grand marché provençal du Var sur la place du marché du Lavandou, près d’une centaine de commerçants ambulants et sédentaires vous feront découvrir tous les mets provençaux concoctés dans la meilleure tradition. En saison, un marché bio vous attend tous les dimanches matins sur la place de l’Hôtel de Ville, place Ernest Reyer. En toute saison, vous pourrez parcourir les petites ruelles du vieux village de pêcheurs et suivre le chemin des fontaines du Lavandou situé dans le cœur historique du vieux village du Lavandou ou encore rejoindre, par le sentier des douaniers, le chemin des peintres impressionnistes et néo impressionnistes vers Saint Clair, peintres ayant donnés leurs lettres de noblesse et ayant contribué à la renommée de la station balnéaire du Lavandou (Théo Van Rysselberghe…) au début du XIXe siècle. La vigne du Lavandou vous accueille grâce à l’unique domaine viticole du Lavandou appelé domaine de l’Anglade ou vous pourrez déguster tous les cépages de Provence. Face à vous, vous pourrez vous rendre sur les trois Iles d’Or (Ile du Levant, Parc National de Port Cros et Ile de Porquerolles) au départ de la gare maritime du port grâce aux bateaux de la compagnie des Iles d’Or ou encore visiter les magnifiques fonds marins côtiers grâce au Seascope. Enfin, à quelques kilomètres du Lavandou, les villages de l’arrière-pays des Maures vous attendent en particulier Bormes-les-Mimosas, Collobrières et sa fabrique de marrons glacés ou encore les jardins méditerranéens du domaine du Rayol-Canadel. Vous pouvez retrouver toute l’offre touristique du Lavandou sur le site internet de l’Office du Tourisme du Lavandou à l’adresse suivante : www.ot-lelavandou.fr Au plaisir de vous accueillir dans la Cité des dauphins et des baleines pour une escale 100% Lavandou, une escale 100% méditerranéenne ! Rédacteur : Frédéric CACHART en partenariat avec l’Office du Tourisme du Lavandou. Cabotages - Nautic 2013 - 45
Capraia, volcanique et paisible On a beau adorer le Cap Corse , ses criques et ses gourmandises, forcément, voir tous les jours une île à moins de quinze milles nautiques rend irrésistible l’envie de traverser le canal de Corse. Quasiment plein Est (86°) en doublant les îlots de la Finocchiarola, on arrive à la voile en trois heures par petit temps au cap Sud de l’île de Capraia, la Punta del Zenobito. Le Cénobite ? Vite, la tablette pour chercher : un moine vivant comme un ermite, mais en communauté. Alors, pourquoi “le”, cénobite ? Alors, il s’agit du Coenobita, crustacé des rivages marins, à ne pas confondre avec Bernard l’hermite ! Bon. Retournons à la navigation. Si on ne savait pas que l’île est un volcan éteint, on le verrait tout de suite. Ce cap est immédiatement suivi, côté Est, par une crique, la Cala Rossa, encaissée dans les roches rouges sang d’un demi-cratère. De la lave à peine sèche (de 23 millions d’années tout de même) couverte de bouquets de plantes de roche jaunes du plus bel effet. On pourquit le contournement par le rocher du Chat et la pointe du Turc et , le long d’une côte raide et accore , on arrive à la Punta de Ferraione en passant devant l’une des rarissimes plages de l’île. Une tour ronde massive et un fort anguleux surveillent la baie, le seul vrai abri de Capraia. C’est l’embouchure d’un petit cours d’eau, une sorte d’oued qui doit sacrément débiter quand les orages tombent sur les hauteurs, 450 mètres plus haut. Disons-le tout de suite, c’est un port rare et cher. Il y a quelques mouillages sur la côte Ouest, mais gaffe au libeccio qui se lève ici aussi vite et fort qu’en Corse et pousse vers les cailloux. Par temps calme ou vent d’Est, si le mouillage tient (mais pas trop) dans les
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Bons baisers de ... l ’isola di Capraia roches, c’est parfait. Magnigfiques baignades dans une eau limpidissime. Sachez que l’île est à 80% une réserve naturelle. Mouillages et pêche y sont bannis. Il est possible de jeter l’ancre dans la rade, ou de demander une place à l’excellent mouillage organisé à l’entrée du port, ou, si vous avez de la chance (et 120 € à débourser pour un voilier de 11 mètres), Sonia, “l’uomo del porto” vous placera dans ce havre de tranquillité. En fin de journée, vous pourrez admirer le travail d’orfèvre de ladite Sonia, dans son gommone, (son Zod’) qui place au millimètre des yachts de 40 mètres dans ce port minuscule. Au bout d’un môle moderne, une fois par jour, arrive le ferry du continent, de Toscane. C’est un autre moment de folle agitation quand les quelques voitures autorisées, des dizaines de vélos avec remorque, des centaines de piétons tirant valises et caddies à roulettes circulent sur le quai comme une fourmilière dérangée. Vous regardez cela de haut, en sirotant un Aperol Spritz à la terrasse de chez Antonio Piccini où nous recommandons de réserver pour le soir (cuisine simple et pâtes excellentes) si vous avez la flemme de monter au village. Le vrai. Comme d’habitude dans cette mer infestée de pirates, le bourg de Capraia est sur la hauteur, au bout d’une route à gravir lentement pour voir entre les aloès le paysage s’ouvrir peu à peu, vers les élevages de poissons à gauche, ou les curieux bâtiments anciens abandonnés sur la hauteur. On ira demain. Ou bien vous attendez la navette, un minibus qui attend au fond du port. Le village, dans son ensemble, est vite vu. Il est préservé comme ils savent si bien le faire, des façades de couleur qui contrastent avec l’église baroque blanche... Mais, en Italie, les dieux des arts se cachent dans les détails. Marchez lentement et observez les portes, les niches, les balcons, les pierres sculptées, les escaliers usés, les mosaïques, les bougainvillées qui grimpent jusque sur les murs des carabiniers... Et encore des petites terrasses avec trois tables pour déguster la bière locale et des panini gastronomiques, pour trois sous. Ici, c’est chic, c’est simple, c’est pas Saint Trop’.
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Dans les vignes d’Eros C’est Eros qui nous conduit. Eros Bollani est, avec le maire, le personnage central de l’île. Dans l’ordre croissant d’intérêt pour nous, il est designer industriel, directeur du port et seul vigneron de Capraia. Son domaine, la Piana (la plaine) est l’ancien cratère du volcan principal. Un kilomètre dans un minuscule 4x4 puis à pied, on découvre ses vignes. Tout bio. Avec sa fille, Alicia, qui grappille ici et là tantôt un raisin mûr, tantôt une prune ou une figue pour nous faire partager son bonheur de vivre au paradis, il nous fait visiter ce petit domaine tiré au cordeau. Forcément, ici, c’est un Vermentino toscano au parfum de pomme et de fleur blanche qui pousse là en majorité. Ce qui n’exclut pas les rouges, notamment l’antique Aleatico, généralement cultivé comme cépage d’appoint et qui fait ici un vin très aromatisé, haut en alcool (14,5°) et qui ressemble en bien des points aux vins mutés de Banyuls tant il accompagne à merveille les chocolats ! Ici, après la vendange, le raisin part en bateau pour l’île d’Elbe, et après vinification, le vin revient en bouteilles à Capraia. Appellation contrôlée.
Ancien pénitentier agricole Au matin du second jour, visite au signor Sindaco, Gaetano Guarente. Intarisable sur l’histoire de son île et encore plus sur son avenir. En résumé : « Le tourisme existe partout en Italie depuis très longtemps. Ici, il n’a que vingt ans ! Nous avons du tout faire quand le centre pénitencier a fermé ses portes ». Pénitencier ? Décidément les îles toscanes ont vocation à retenir des prisonniers : un célèbre à Elbe, de nombreux encore sur la petite Gorgonna, à 20 milles au nord, interdite aux plaisanciers sauf urgence, et ici, autrefois environ mille personnes, prisonniers et gardiens.
Quand nous montons la route et franchissons le grand porche qui délimitait l’entrée du domaine fermé de 50 hectares, nous prenons la mesure du travail... de forçats. Ils n’en étaient pas vraiment, mais ils ont travaillé dur pour façonner les pentes qui dominent la ville : barrages, canaux de drainage, systèmes d’irrigation, terrasses, murettes, bâtiments, ateliers... C’était une colonie agricole. Le domaine produisait. Comme compensation à la présence de la colonie agricole, le village de 120 habitants libres, avait reçu une petite usine de fabrication de cigares, ces petits bâtons noirs, tordus et corsés qu’on appelle Toscans.
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Bons baisers de ... l ’isola di Capraia
À gauche, Eros Bollani et sa fille Alicia dans leur vignoble. C’est elle qui gère le domaine. On peut acheter leur production dans une petite cahute en bois, sur le port, et dans un bar à vins, La Chiarantjna, en centreville. À recommander. Ci-dessous, Gaetano Guarente, signor Sindaco - le Maire - de Capraia, fou amoureux de son île. La ville est jumelée avec Macinaggio, le port le plus proche sur le Cap corse.
Pas de port, interdit d’aborder. Il fallait mouiller, se faire contrôler, aborder en barque. Idem pour les ferries et les navires de commerce. Puis, il y a 20 ans, le centre a fermé. Que faire ? Une seule ressource, le tourisme. Avec, tout de suite, ce qui fait aujourd’hui le bonheur des privilégiés que nous sommes : un port charmant, un réseau de sentiers de randonnée, des spots de plongée, un parc naturel terrestre et marin qui en fait un sanctuaire de nature sauvage. Du coup, fait remarquer le maire, « nous avons un bijou, mais pas les moyens de l’exploiter. Il nous faut un vrai projet touristique ». Et ses yeux se tournent vers le seul endroit capable d’accueillir un tel projet dans l’esprit de l’île : l’ancien pénitencier, avec son “château” byzantin, ses maisons disséminées, ses restanques et sa vue splendide sur le port, la mer, les collines. Tout est à faire, tout est sans aucun entretien depuis un quart de siècle. Mais cela fait rêver. Venir ici hors saison, peindre, écrire, échanger, marcher... Gaetano Guarente cherche à multiplier les échanges. D’où le jumelage avec Macinaggio.
Mais là, c’est le plein été. Quand nous redescendons vers le port en fin d’après-midi, les grands yachts se sont amarrés sur le quai où quelques bateaux de pêche nourrissaient le village avant que les bassins d’aquaculture ne soient installés à l’entrée du port. Parmi les pêcheurs qui subsistent d’aujourd’hui, Carabottino est, pour ceux qui aiment la gastronomie comme d’autres aiment l’art brut, un chef d’œuvre. Se fondant sur une loi italienne qui autorise les producteurs agricoles - ou les pêcheurs - à ouvrir un restaurant pourvu que ce qui est servi est ce qui est produit, Carabottino et son épouse ont ouvert un de ces restaurants dont on se souvient toute sa vie. De la soupe de poissons qui ouvre le festin, au gâteau qui le ferme, et au vino della casa qui accompagne toutes les merveilles de la mer, à lui seul, Carabottino mérite la traversée. Le troisième jour, nous faisons route vers Elbe. Superbe, sans doute. Historique, certainement. Mais nous regrettons déjà Capraia. Djinn et Christophe Naigeon
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Pollution marine :
le bassin de Thau manque de pompes Cette petite mer intérieure qu’est le Bassin de Thau, lagune côtière entre Sète et Agde, est le point de rencontre d’usagers souvent antagonistes mais, par force, solidaires : pêche et conchyliculture ont besoin d’une eau propre. Le tourisme aussi. Pas seulement pour la baignade, mais aussi pour se régaler des produits de la mer. Mais le tourisme pollue, notamment à cause des bateaux et, surtout, des house boats qui, faute de stations de pompage des eaux usées, rejettent tout dans l’eau.
U
ne petite mer de vingt kilomètres de long sur quatre à cinq, séparée de la grande par un cordon de sable de onze kilomètres, le lido, plage de Sète. Grâce à sa profondeur - à part la rive Sud-Est, le long du lido - il est navigable. Donc navigué. Le bassin de Thau est la jonction salée entre les eaux douces du canal du Midi et du canal de Rhône à Sète, et, par ces deux voies, celle de quatre mers d’Europe : Atlantique, Méditerranée, Mer du Nord, Baltique.
UN CONTRAT SUR THAU... En mars 2012 a été signé un Contrat de gestion intégrée pour le Bassin de Thau. L’appellation un peu bureaucratique correspond en fait à une idée assez simple, en apparence : faire en sorte de protéger ce bassin exceptionnel et fragile sans en faire un « espace de réglementation, mais un espace de vie ». En pratique, c’est plus compliqué. Il s’agit non seulement de faire travailler ensemble des institutions organisées comme des poupées russes (État, Région, Département, Communautés de communes, communes... ne collaborant pas pour autant toujours dans une totale harmonie), et de faire cohabiter des intérêts professionnels souvent peu compatibles. Sur un tel espace les usages sont nombreux : pêche et conchyliculture, plaisance et loisirs nautiques, tourisme et immobilier, entreprises, thermalisme, trans-
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Carrefour mondial très fréquenté, le plan d’eau est sûr. Quand le vent s’y lève, la mer reste couchée. Les dangers sont signalés, les chenaux balisés. La nuit, en revanche, attention à ne pas se frotter aux installations conchylicoles non signalées. Pour notre plus grande gourmandise, le quart de la superficie est occupé par les tables à huîtres qu’on aime sur celles de nos cockpits. Là commence le paradoxe. Il faut de l’eau sans reproche pour les huîtres tant appréciées des
ports, agriculture... Il aura fallu des années de conviction et de diplomatie pour que ces métiers acceptent l’idée que l’eau du Bassin est un patrimoine commun et se mettent autour d’une table. Mais, complexité supplémentaire, il ne s’agit seulement d’un périmètre professionnel, mais aussi d’un territoire qui bien loin d’être strictement aquatique : Il y a le bassin et ses berges où se côtoient des villages et des exploitations conchylicoles, des centres de vacances et une station thermale qui exigent à la fois une qualité des eaux optimale et nécessitent pour traiter leurs rejets que soit mis en place un système d’épuration exemplaire. Il y a aussi l’arrière-pays, de plus en plus goudronné et bétonné où l’eau de pluie n’a plus guère d’obstacles pour déverser dans le bassin de Thau les déchets urbains et les pollutions routières. L’agriculture a aussi sa part avec les pesticides employés, notam-
plaisanciers, ces mêmes touristes qui, pointilleux sur ce qu’ils mangent, en sont les pollueurs. Pas de leur faute ! Ou peu. Bien sûr, ils jettent des bouteilles et des sacs en plastique, des mégots et des papiers. Entre autres. Mais il est une forme de pollution pour laquelle ils ne sont pour rien, pas plus que les constructreurs des bateaux qui naviguent sur les canaux et le bassin de Thau. Celle des eaux dites grises et noires, les rejets des éviers, douches et toilettes.
ment dans la viticulture. Alors que Christian Bourquin, président de la région Languedoc-Roussillon, élargissait le débat en évoquant Aqua Domitia, le futur canal prolongeant l’oeuvre de Philippe Lamour jusqu’à Narbonne, André Vezinhet, président du Conseil général de l’Hérault et organisateur de la manifestation, insistait quant à lui sur une autre transversalité qui lie les territoires côtiers du Golfe du Lion : les lagunes qui commencent au confins des Pyrénées Orientales et s’achèvent en Camargue, des milieux dont on n’a pas fini de découvrir les richesses naturelles et la contribution à la richesse économique. « Le Bassin de Thau est une maquette de la Méditerranée » avait résumé Yves Pietrasanta, chercheur et président de la Communauté de communes Nord du Bassin de Thau, montrant la valeur exemplaire de ce contrat. Un modèle pour la Méditerranée ?
Environnement Depuis 2008, obligation est faite aux constructeurs d’équiper les bateaux maritimes et fluviaux de réservoirs de rétention. D’après une enquête réalisée en 2011 par la société Ecotank auprès des trois plus grands loueurs qui représentaient à eux seuls 10 000 contrats de location et 60 types de péniches différentes, 70% des embarcations en étaient pourvues. Et pourtant, la même étude estime que, pour le seul tronçon du canal du Midi entre Castenaudary et le débouché des Onglous dans le bassin de Thau, 15 millions de litres d’eaux noires et grises sont rejetées chaque saison !
LES EAUX DE THAU Trois cent quarante millions de mètre cubes ! C’est
“MARÉE NOIRE” DANS LA COURSIVE ! L’équipe de Cabotages est peu familière de la navigation en eaux intérieures. Ainsi, la première fois que nous avons pris une de ces péniches (reportage dans Cabotages n°5), nous avons voulu nous faire expliquer le fonctionnement des vannes d’évacuation. « Ne vous en faites pas, nous a-t-on répondu, elles sont toujours ouvertes. Il n’y a pas assez de stations de pompage et si nous fermons les vannes, nous devons intervenir sans arrêt pour des toilettes qui débordent. Alors...» Tout était dit. Même si les plaisanciers fluviaux voulaient bien faire, ils ne le pourraient pas. Avec une capacité des réservoirs d’eaux usées de 400 à 1 000 litres selon la taille des péniches, il faut en moyenne une vidange tous les deux jours. Comme il n’y a pas de jauge sur les deux tiers des bateaux on imagine la panique quand la “marée noire” se répand dans la coursive ! Alors la marée noire se répand dans l’eau. Même si le courant des canaux est très faible, une telle quantité d’eaux bactériologiquement polluantes se répand nécessairement dans le bassin de Thau qui devrait être un sanctuaire de pureté pour les coquillages. Sans compter le nombre de ces bateaux qui le traversent et y stationnent, rejetant directement près des tables à huîtres. L’IFREMER, qui effectue des contrôles en de nombreux points du bassin, est en mesure de le fermer en cas de pollution constatée. Il faudra ensuite trois contrôles positifs consécutifs pour le rouvrir. Catastrophe en pleine saison !
LE SEUL CANAL DU MIDI... Selon les chiffres 2011 publiés par VNF, le Canal du Midi représente à lui seul : • 45 000 plaisanciers. • 10 000 bateaux. • 300 bateaux-logement. • 50 bateaux à passagers. • 30% du tourisme fluvial français Si on ne veut plus de pollution liée au rejet de eaux usées (germes pathologiques, phosphate, nitrate, M.E.S) avec des conséquences biologiques (perte de fertilité et hermaphrodisme chez les poissons) et écologiques (eutrophisation du milieu) à moyen terme alors, il ne faut plus de rejets dans le Canal.
l’estimation du volume d’eau contenu dans le plus grand étang côtier du Languedoc. Sa superficie, de 7 500 hectares et sa profondeur moyenne de trois mètres cinquante - parfois dix mètres - justifient cette première place. Il y a, devant Balaruc-les-Bains, une source d’eau douce, ou presque, qui jaillit tout l’année à une température constante autour de 20°C. Elle produit quelque 9,5 millions de mètres cubes par an. D’autres sources d’eau douce, souterraines et de surface, alimentent le bassin. Les 35 000 hectares du bassin versant fournissent des eaux de surface (quelques ruisseaux à sec en été) et souterraines (eaux de pluie qui l’infiltre sans les fissures du massif calcaire) : 30 millions de mètres cubes d’eau par an. On pourrait penser aussi que les canaux, canal du Midi et canal du Rhône à Sète, constituent une part importante de l’approvisionnement. Mais ce ne sont pas des fleuves. Peu d’eau y circule. En revanche, le risque de pollution importée est important et la protection de l’étang de Thau ne peut être dissociée de la surveillance de la qualité de l’eau des canaux. En plus de celle des bateaux. L’essentiel de l’eau vient de la mer. Par les graus, passages ouverts entre l’étang et la pleine mer, la Méditerranée remplit ses étangs côtiers. Celui de Thau est ouvert par le grau de Pisse Saume, vers Marseillan et les canaux de Sète. Les échanges sont permanents entre la mer et l’étang : la minuscule marée (entre 1 et 5 centimètres à cet endroit) fait circuler selon son amplitude, entre 750 000 et 3 750 000 mètres cubes d’eau deux fois par jour dans les deux sens. Ce phénomène est accentué par le vent qui “pousse” l’eau dans un sens ou dans l’autre, provoquant des transferts qui peuvent atteindre le demi-million de mètres cubes. Mais l’étang ne fait pas que recevoir de l'eau, il en perd aussi énormément : l’action conjuguée du soleil et du vent provoque une évaporation estimée à un peu moins d’un million de mètres cubes. La salinité varie beaucoup entre les saisons : les valeurs extrêmes se situent à 27 pour 1 000 pour le minimum et 40 pour 1 000 pour le maximum.
UNE POMPE TOUS LES VINGT KILOMÈTRES Du coup, les élus du bassin, conscients qu’il faut ménager les deux ressources essentielles que sont le tourisme et la conchyliculture, dans le cadre d’un travail collectif avec les acteurs économiques, ont commencé à équiper chaque port du bassin de pompes à eaux usées. « Cela ne suffit pas, il faudrait, sur les canaux, une station tous les vingt kilomètres » estime Christophe Morgo, conseiller général du canton de Mèze. La problématique des rejets des eaux usées dans les canaux du Midi et du Rhône-Sète est alarmante car, en plus des péniches, une population d’environ 30 000 personnes se sert actuellement des canaux comme égout. La difficulté cependant n’est pas d’ordre technique mais politique, car il n’y a pas pour l’instant de pilotage global sur un linéaire de 300 kilomètres qui traverse plusieurs départements. Cabotages - Nautic 2013 - 51
arriv
À
Sète, l’EPR Port Sud de France investit dans la plaisance qui connaît une totale métamorphose. Du Nord au Sud, le port fait peau neuve pour offrir un meilleur service, accuellir plus de bateaux et, nouveauté, s’ouvrir à la grande plaisance. Dans le Bassin du Midi entièrement réhabilité, une première tranche a permis la création de 180 postes d’amarrage. Ce nouveau port, à quelques pas de la gare SNCF et du centre historique, à 30 mn de l’aéroport et de la ville de Montpellier, abrité, sécurisé et vidéosurveillé, avec un parking clôturé, peut accueillir 136 bateaux de 8 à 15 mètres et 41 bateaux entre 15 et 50 mètres.
Promesse tenue !
Port Saint-Clair certifié Port Propre et ISO 14001
52 - Cabotages - Nautic 2013
BASSIN DU MIDI 41 places pour yachts jusqu’à 50 mètres.
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e d n a r g La e c n a s i p l a e à S ète
Bassin et parking sécurisés grandet espace vidéode surveillés manoeuvres, grand eau, électricité espace de(16A manoeuvres, à 250A), eau, sanitaires, électricité point (16Apropre. à 250A), sanitaires, point propre.
CANAL MARITIME CANAL MARITIME
15 places pour 15 places pour multicoques multicoques voiliers classiques, voiliers classiques, vieux gréements vieux de 20 àgréements 30 mètres. de 20 à 30 mètres.
Plaisance :
Sète à neuf
D
ans le vieux bassin, le long du môle Saint-Louis, c’est un port de moyenne plaisance entièrement rénové qui va bientôt surgir : une digue flottante brise-clapot et anti-pollution, des pontons neufs équipés de catways et une zone technique mise aux normes environnementales, des sanitaires neufs et bientôt une nouvelle capitainerie avec un quai d’accueil. Sète, escale haute en couleurs et riche de son patrimoine, de sa culture et de sa gastronomie devient le port touttemps incontournable en Languedoc.
t r o p x u e i v Le it n u e ra j
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Digue flottante anti-clapot
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Capitainerie quai d’accueil Base Tabarly
30 postes pour bateaux de 5 à 30 m, accueil des associations et de la SNSM
Môle Saint-Louis 9 pontons avec catways
Port-Saint-Clair - Môle Saint-Louis, 34200 Sète Capitainerie : 04 67 74 98 97 - Fax : 04 67 74 15 57 p o r t s t c l a i r @ p o r t s u d d e fra n c e - s e te . fr
PORT DU MÔLE SAINT-LOUIS DUrénovation, MÔLE SAINT-LOUIS en PORT cours de 500 places totalement rénové, 500 pour bateaux 5 à 15 places m, pour bateaux 5 à 15 pompage des eaux usées, m, grue 8t, pompage des eaux usées, grue 5t, point propre, vidéosurveillance, déchetterie, WiFi, bureau du port. WiFi, bureau du port. Cabotages - Nautic 2013 - 53
PORT SUD DE FRANCE
SÈTE SAINT-CLAIR
La Société Nautique de Sète, 150 ans et une nouvelle jeunesse QUAND LES PÊCHEURS ÉTAIENT DES VOILEUX
Plus tard, les bateaux se sont allégés, les gréements simplifiés, l’accastillage est devenu plus efficace. En même temps, les moteurs ont remplacé peu à peu les voiles. D’année en année, il y eut besoin de moins en moins de marins à bord et il y eut de moins en moins de voileux parmi les pêcheurs. La plaisance s’est peu à peu détachée de la pêche. Des années vingt aux années soixante, ce mouvement s’est poursuivi, interrompu ou accéléré selon qu’on était en guerre ou en train de reconstruire… La voile de plaisance n’est jamais morte, malgré les destructions, l’enthousiasme des enfants et petits-enfants des fondateurs ne s’est jamais éteint. La Cul-de-Bœuf, où la fameuse panne où ceux qu’on appelait les “Messieurs“ amarraient leurs yachts (prononcer Yakk). LA RÉVOLUTION DE LA PLAISANCE
Q
uand la Société des Régates Cettoises, ancêtre de la Société Nautique de Sète, Sète avait deux siècles. Le port avait donné naissance à la ville qui n’existait pas avant 1666. Les commerçants de l’Europe du Nord et les entrepreneurs venus de toute la région vers ce nouveau centre donnaient vie à l’économie qui s’est nourrie de son plan d’eau exceptionnel. Ces mêmes commerçants, chefs d’entreprise, transitaires, armateurs, banquiers… ont aussi créé ici un nouveau loisir : la navigation de plaisance. La mer n’était jusque-là faite que pour transporter des marchandises et des voyageurs, pour aller pêcher, mais pas un terrain de jeu. Pourtant, le savoir-faire des marins est devenu art vélistique comme celui des hussards est devenu art équestre. Quel rapport entre Sète qui résonnait du fracas des marteaux des tonneliers et du roulement des fûts embarqués sur les navires de charge et des lieux de plaisir et de villégiature comme Cowes, Newport ou Cannes ? Aucun. Sète est encore une fois bien singulière. Alors que des Anglais, des Russes et des Austro-Hongrois oisifs inventaient la Côte d’Azur sous la houlette de l’impératrice Eugénie, faisaient de la voile comme ils jouaient au polo ou au golf, la voile de loisir est née à Sète du mariage du commerce et de la pêche. 54 - Cabotages - Nautic 2013
Pour naviguer et, surtout faire des régates, il fallait le savoir-faire et les bras de ceux pour qui la voile était le quotidien. Les pêcheurs, les pilotes, les matelots.
Et sont arrivées les années soixante. Il y a eu la naissance des marinas géantes tout le long de la côte. Sète, qui était déjà une ville et un port, est restée à l’abri de ce vent-là. Il y a eu aussi l’explosion de la plaisance en France. Le premier Salon nautique inauguré par le Général de Gaulle en 1962 a donné le coup d’envoi de la démocratisation de la voile. Il y a eu enfin l’arrivée des PiedsNoirs avec leurs bateaux et leurs techniques de pêche qui ont révolutionné l’économie. Sète, a suivi ce mouvement-là.
Patrimoine maritime Jules Verne, Bertrand Pacé, huit fois vainqueur du Tour de France à la voile, entre autres... Puis, après la gloire, ce fut le déclin de la SNS. LES TEMPS SONT VENUS DE LA RELANCE Aujourd’hui, la Région investit massivement dans la relance du port de Sète. La plaisance fait partie du plan général et la Société Nautique y a sa place. Il s’agit de faire en sorte que Sète rayonne à nouveau sur les plans d’eaux du monde. Le printemps et l’été 2013 ont montré que les Régates Cettoises n’étaient pas mortes. Mais aussi la Société Nautique doit pouvoir redonner aux Sétois une part de leur histoire, celle de leur lien avec la mer et la voile. Marins ou pas, les Sétois sont des gens de mer. Le commerce maritime, la pêche et la plaisance sont les facettes d’un même bijou qui brille au milieu de la ville, son plan d’eau.
Résultat : la pêche a eu besoin de plus de place, la plaisance aussi. Le Cul-de-Bœuf a été rendu à la pêche et le bout du môle Saint-Louis attribué à la plaisance, avec des pannes neuves et, surtout, la fameuse péniche Vercors qui était le siège de la SNS, son club-house et le restaurant où tous, plaisanciers et piétons, se retrouvaient dans une ambiance nautique fort conviviale. La Société Nautique a écrit pendant ces annéeslà des pages magnifiques de son histoire et de l’histoire de la voile de compétition en Méditerranée. La liste des victoires est longue.
LA SNS, SECONDE EN MÉDITERRANÉE La SNS est la seconde plus ancienne Société nautique de Méditerranée, créée juste un peu après Cannes. C’est aussi la septième en France, la première étant celle du Havre. Sept clubs sont alliés au Yacht Club de France sur la Côte d’Azur, la SNS et la seule sur la Côte du LanguedocRoussillon. Son siège est au Môle Saint-Louis.
LES FOLLES ANNÉES DE L’AMERICA Puis sont arrivées ce qu’on a appelé les “années Pajot“. En 1985, le fameux skipper a choisi Sète comme base d’entraînement pour la plus prestigieuse de toutes les régates du monde, la Coupe de l’America. Ce fut, à Sète, un grand sujet de polémiques, mais aussi, sur la mer un grand sujet d’admiration. Et même si jamais la France n’a réussi à détrôner les anglo-saxons, ces années ont été celles de moissons de médailles dans le monde entier. Les marins de Pajot s’entraînaient sur tous les plans d’eau du monde et remportaient des titres mondiaux. Certains de ces marins d’exception sont restés ici, certains ont épousé des Sétoises et contribuent encore au rayonnement de la voile : il y a dans cette ville Albert Jacobsoone, recordman du monde d’inscriptions à la Coupe de l’America avec sept participations et Thierry Peponnet – trois participations – et champion olympique, Bruno Jeanjean, équipier gagnant du Trophée Cabotages - Nautic 2013 - 55
Patrimoine maritime musique et de chants de marins internationaux, près de mille intervenants du monde maritime... Mais Sète ne s’en tient pas à un événement biennal, aussi mémorable soit-il. Beaucoup avaient dit, au lendemain de l’édition 2012 « pourquoi pas l’année prochaine ? ». L’idée est donc d’assurer une continuité pendant les 24 mois de carence. LE PATRIMOINE MARITIME NAVIGANT Il y a eu, en avril 2013, les festivités du 150e anniversaire de la Société Nautique de Sète (voir l’article en page précédente) avec, entre autres, le rassemblement des Golden Oldies Multihulls, patrimoine de multicoques de légende. Et il y a eu, tout au long de l’année, les autres points forts de la tradition maritime sétoise : en juillet, le Grand Pardon de la Saint-Pierre dans et devant le port, les Fêtes de la Saint-Louis sur le cadre royal. Et même ces festivités traditionnelles “cettoises” se sont trouvées rajeunies par le souffle d’Escale à Sète. Ainsi, en étroite collaboration avec les gens de mer, professionnels et associations, la Ville de Sète et ses partenaires ont mis en oeuvre un dispositif durable de valorisation du patrimoine maritime vivant à l’échelle du bassin de Thau : métiers de la pêche, de la conchyliculture, activités portuaires, traditions maritimes, environnement… Pour lancer cet ambitieux projet, 2013 a été une année pilote soutenue par l’Union européenne (axe 4 du Fonds européen pour la pêche), le Conseil régional Languedoc-Roussillon, le Conseil général de l’Hérault, Thau agglomération et la Ville de Sète. Tout le monde s’y met pour remettre du sel dans la minestrone à la Sétoise enrichie une nouvelle fois de nouveaux éléments venus du Nord de la France et d’Europe, attirés ici par la vie maritime et qui auraient été fort déçus de trouver une ville qui tournerait le dos à la mer d’où elle est née. LE PATRIMOINE MARITIME VIVANT
La belle marine aime Sète Après un immense succès en 2012, Escale à Sète revient en avril 2014 avec encore plus de bateaux de tradition, plus de musique de marins, plus de produits de la mer, plus d’ambiance nautique.
E
scale à Sète était un pari un peu fou, porté par une association de bénévoles qui ne rechignent pas à la tâche et qui ont su fédérer autour de l’événement d’autres associations de passionnés. Il y a eu un coup d’essai en 2010, jolie réussite. Puis il y a eu 2012, immense succès. Un afflux du public qui a totalement dépassé les espérances : 200 000 visiteurs ! Les cafés et les restaurants, par manque de vaisselle et de matière première, devaient fermer quelques heures par jour pour la plonge et le réapprovisionne56 - Cabotages - Nautic 2013
ment. Pas un incident, que de la bonne humeur, de la musique partout, et des beaux bateaux, de toutes les tailles, qui émerveillaient marins et terriens. Et les Sétois, qui doutaient parfois appartenir à une grande cité maritime , ont du coup retrouvé la foi en leur destinée. Au programme de 2014 : quatre nations invitées d’honneur, plus de cent navires de légende dont quatre des plus grands voiliers historiques au monde, parade d’arrivée et de départ grands voiliers, défilé des équipages, trente groupes de
Le patrimoine de Sète c’est non seulement des bateaux et une histoire, mais c’est aussi le présent, les métiers et les produits qui lui donnent sa saveur. Quels meilleurs vecteurs que les poissons et les coquillages pour prolonger la fête de la mer toute l’année ? Le programme “Patrimoine maritime vivant” , crée l’événement gastronomique au sein des rendez-vous de la tradition maritime sétoise. À chaque fois, recettes et produits typiques de la pêche et de la conchyliculture locale sont à découvrir sur les étals, dans les restaurants, les guinguettes… La criée, les halles centrales, les musées maritimes, les constructions portuaires, les bateaux traditionnels, la flotte de pêche et la conchyliculture active en coeur de ville, l’histoire et l’art de vivre entre mer et étang, la culture, les métiers, les sports, la faune et la flore maritime…, c’est tout ça le patrimoine maritime vivant. Cabotages, avec Le Gastronaute, guide de croisière culinaire, s’inscrit dans cette démarche que résume ainsi un Sétois : « Ici, on ne va pas se laisser gagner par les frites. Les moules, on va leur apprendre à les manger crues ! »
BIENVENUE AU CŒUR
D’UN
PATRIMOINE MARITIME
VIVANT PROCHAIN RENDEZ-VOUS
21 ET 22 DÉCEMBRE, HALLES CENTRALES DE SÈTE « SAVEURS EN FÊTES, HALLES ABORDAGE ! »
www.patrimoinemaritimevivant.com
Informations : Office de tourisme : 60, Grand rue Mario-Roustan - 34200 Sète www.tourisme-sete.com / Tel: 33 (0)4 99 04 71 71 / Mail : tourisme@ot-sete.fr
LIVRES DE BORD 150ans de Plaisance à
Sète
CATAMARANS UN ART DE VIVRE Marc Pajot Éditions de La Martinière contact@lamartiniere.fr 26 x 26 cm - 192 pages 42 € ouvrage réalisé sous la direction de Djinn et Christophe Naigeon à l’occasion du
150e anniversaire de la Société Nautique de Sète
150 ANS DE PLAISANCE À SÈTE Djinn et Christophe Naigeon SNS Éditeur Môle Saint Louis 34200 Sète 21 x 21 cm - 124 pages 20 € au profit de la SNS À commander à la SNS Ce livre est plus un acte d’amour de la mer et des bateaux qu’un ouvrage académique. Les auteurs, Djinn et Christophe Naigeon, journalistes et navigateurs de plaisance amarrés au môle Saint-Louis, n’ont pas cherché à faire œuvre d’historiens. Ils ont voulu rendre compte d’une mémoire dispersée dans la ville, dans les écrits et les récits d’acteurs ou d’observateurs de la vie maritime, dans des documents, dûment archivés pour certains, au fond des placards pour d’autres. « Si ces quelques pages donnent envie d’aller plus loin, de chercher encore, si elles contribuent à faire aimer cette cité maritime, alors elles auront atteint leur but », disent-ils. Un énorme travail de recherche iconographique pour cet ouvrage en noir et blanc aux 150 illustrations dont la plupart sont inédites, qui raconte non seulement l’histoire de la Société Nautique de Sète à l’occasino de ses 150 ans, mais l’histoire de la plaisance dans le Golfe du Lion, si différent de la Côte d’Azur !
58 - Cabotages - Nautic 2013
CES BATEAUX QUI ONT DÉCOUVERT LE MONDE Jean-Benoît Héron Éditions Glénat Collection : Histoire maritime 12 x 190 cm - 128 pages 13,50 € Ils ont pour noms de baptême la Santa Maria, la Boussole, le Golden Hind, la Calypso, Tara. Tous ces bateaux ont pour point commun d’avoir découvert de nouvelles terres, de nouvelles mers, et ainsi d’avoir repoussé les limites de notre horizon. Sans eux, Christophe Colomb n’aurait pas découvert l’Amérique, La Pérouse ne se serait pas aventuré dans les îles du Pacifique, Francis Drake n’aurait pas fait son tour du monde, Cousteau n’aurait pas exploré le fond des océans, Jean-Louis Étienne n’aurait pas mené à bien ses explorations scientifiques en Antarctique. Bateaux phéniciens, drakkars, caravelles, galions, goélettes : à travers une vingtaine de portraits de bateaux mythiques, Jean-Benoît Héron nous raconte l’histoire des explorations maritimes. Il nous emmène à bord des embarcations des grands explorateurs et nous fait partager la vie de ces aventuriers des mers, qu’ils s’appellent Phyteas, Magellan, James Cook ou Thor Heyerdahl. Ses dessins à l’aquarelle, d’une précision et d’un réalisme remarquables, font de ce petit livre un grand ouvrage.
HISTOIRES VRAIES EN MER MÉDITERRANÉE Raymond Alcovère Papillon Rouge Éditeur 34560 Villeveyrac 23,5 x 15,5 cm - 288 pages Prix : 20,50 € Pour ceux qui, à bord, ne veulent pas s’attaquer à un gros roman, ou pour les jeunes (ceux qui lisent encore sur du papier) qui aiment les histoires extraordinaires, ce livre a sa place dans la bibliothèque de bord. Avec ces 25 histoires vraies et étonnantes, toutes situées en mer Méditerranée on traverse les époques. Quelle est cette curieuse machine, trouvée au fond de l’eau, qui va bouleverser l’histoire des sciences ? Pourquoi ce pêcheur de crevettes a-t-il reçu sur sa barque une bombe atomique ? Comment ces sous-marins français ont-ils pu disparaître de façon mystérieuse à quelques encablures des côtes ? Et bien d’autres. Un ouvrage et une collection un peu rétro illustrée de dessins originaux.
Qu’il soit un bateau de sport ou de croisière, le catamaran fait de plus en plus d’adeptes. Et pourtant, ce navire à deux coques a dû faire ses preuves pour devenir une véritable légende et désormais un art de vivre. Marc Pajot retrace l’histoire et l’évolution des catamarans, des pirogues polynésiennes aux projets novateurs et futuristes, en passant par les catamarans de course des plus célèbres navigateurs. Marc Pajot s’est illustré durant plus de vingt-cinq ans dans le monde du yachting international de compétition. Plusieurs fois champion de France, détenteur de 4 titres de champion du monde, il totalise 15 traversées de l’Atlantique, remportant notamment la course La Baule – Dakar et la Route du rhum en solitaire. Début 2001, il s’est éloigné de la compétition professionnelle pour embrasser une carrière de yacht broker, conseiller technique et courtier pour la vente de motor yachts, voiliers et catamarans. Jean-Christophe Guillaumin, rédacteur en chef des magazines Multicoques Mag et Multihulls World depuis plus de quinze ans, est un passionné de multicoques sous toutes leurs formes : trimarans de course, catamarans de sport, catamarans de voyage, à voile ou à moteur, et même praos. Son éclectisme n’a d’égal que sa passion pour ces bateaux qui ont révolutionné le monde du nautisme.
DU 15 AU 23 MARS
LA CIOTAT
2014 SALON NAUTIQUE À FLOT www.salon-lesnauticales.com