MAG 200 : En souvenir du rav Yossef 'Hayim Sitruk zatsal

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‫בס"ד‬

NUMERO 200

EN SOUVENIR DU GRAND-RABBIN YOSSEF âHAYIM

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SITRUK ‫זצ״ל‬

Le Grand Dossier:

L'Histoire est-elle devenue folle ?


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Novembre 2016 ● Hechwan 5776

Sommaire Editorial Courrier

10 Actualite Permanence de la quête du sens

16 VIE JUIVE En souvenir du rav Yossef 'Hayim Sitruk zatsal, ancien Grand rabbin de France

50 Grand Dossier L'Histoire est-elle devenue folle ?

85 Famille Logothérapie

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Kountrass n° 200 - 200 Kountrass !

N

ous étions plongés dans la parution du numéro 199 de Kountrass, et dans les préparatifs du numéro suivant, le fameux 200, quand la nouvelle est tombée : hélas, le GrandRabbin Yossef 'Hayim Sitruk zatsal est décédé, nous laissant dans la tristesse, tandis que lui passait à un monde meilleur, celui de la récompense pour ses grands actes, pour l'extraordinaire dynamisme qu'il a su insuffler à la communauté juive française, et pour le développement de la Tora auquel il aura participé avec tant d'intelligence et de tact. Il s'est tout de suite imposé que le n° 200 allait être dédié à la mémoire du Grand-rabbin zatsal. Et la joie d'arriver à un tel numéro ? Elle est bien là après 30 ans de parution, 200 numéros ! Il n'y a pas plus grande joie que celle de redécouvrir également l'immense travail du Grand-rabbin Sitruk, entraînant une communauté (presque) toute entière dans son sillage – lui faisant quitter la banalité et le profane, l'usé et le stupide, pour accéder à la spiritualité et au bonheur, à la famille juive et à la sainteté. On ne peut imaginer plénitude plus grande pour nous que celle d'une communauté parvenue, grâce à un homme, à retrouver le chemin de la pratique et de l'étude de la Tora, à se remotiver pour une vie spirituelle et à suivre son dirigeant pour ne plus hésiter à envoyer ses propres enfants dans les Yechivoth d'Erets Israël, pour la plupart d'entre eux. Pourtant, comment rendre en quelques pages la vie et l'engagement de « Jo » ! ? Cela n'aura pas été chose facile, et nous espérons ne pas avoir manqué à notre devoir de reconnaissance d'une part, et à celui d'information de l'autre, afin de montrer à ceux qui ne l'ont peu connu combien une personne, douée d'une grande volonté, est capable d'enclencher de véritables révolutions ! Il nous semble important de rappeler qu'en fait, le Grand-rabbin Sitruk n'était pas le premier « Grand-rabbin orthodoxe » de France. Loin de là : le rav Yits'hak David Zinsheim était un gadol, et ses livres, le Yad David avec ses innombrables tomes, occupent une place de choix dans les bibliothèques des Yechivoth. L'honnêteté veut également que nous reconnaissions au Grand-rabbin René Sirat le mérite d'avoir agi selon la Halakha, en refusant de reconnaître la conversion plus que légère de l'épouse de l'un des notables de la communauté, effectuée au Maroc du Sud, position courageuse qu'il a payée de son poste ! Cependant, le Grand-rabbin Sitruk avait pour lui une capacité que nul n'a égalée : celle d'entraîner derrière lui des centaines, des milliers, des dizaines de milliers de Juifs à revenir à la Tora ! A chaque station de sa vie, c'est cette force qui l'animait, et qui l'amenait à œuvrer autour de lui : aux EIF, à son premier poste à Strasbourg, puis plus encore à celui de Marseille, où il a trouvé une communauté vide de pratique juive, et enfin au poste de Grand-rabbin de France. Nous avons tous le sentiment d'avoir eu droit à la présence, parmi nous, d'un Juif d'une envergure exceptionnelle, sachant se mesurer avec les grands de la Nation tout comme avec les petites gens de la communauté. Que sa mémoire reste bénédiction pour nous tous, et pour sa grande famille ! ● Rav H. Kahn

DIRECTEUR : Rav Kahn (ravKahn@kountrass.com) JOURNALISTES : Rav Lionel Cohn, rav D. Eliézer, rav M. Kottek, rav E. Lemmel, Ya'aqov Manela, Karen Ohayon ComitÉ de lecture : Rav Ye'hiel Bamberger, rav Yehochou'a Hemmendinger, Jacques Salavize CORRECTIONS : Y. Guedj - H. Gamrasni Secrétariat : Mme V. Guedj (abo@Kountrass.com) ABONNEMENTS : m. Chemla PUBLICITÉ : Mme Guedj GRAPHISTE/ MAQUETTISTE : Mme E. Ehrlich (elynor.ehrlich@gmail.com) Photos : Flash 90 © «KOUNTRASS» ISSN 0334 8857

Mail : kountrassnews@gmail.com Site : http://www.kountrass.com Tél. 972.2.53.70.586 - Fax : 972.153.2.53.72.707

Direction : 02.96.69.941 Secrétariat : 02.96.69.939

Israël : 2, re'hov Méa Ché'arim B. P. 5553 - 91054 Jérusalem France : B. P. 30.139 94004 CRETEIL CEDEX La rédaction de Kountrass décline toute responsabilité en ce qui concerne le contenu des annonces publicitaires ainsi que la cacherouth des produits alimentaires ou des restaurants. Elle se réserve le droit de raccourcir, modifier ou corriger — pour raisons de style, de contingences techniques ou halakhiques — les articles ou les lettres qui lui sont adressés. La direction n'accorde d'exclusivité à aucun annonceur. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les articles et les maquettes publicitaires sont la propriété exclusive du journal et ne peuvent être reproduits sans accord écrit de la rédaction. Ce magazine contient des enseignements de Tora. Nous vous serions donc obligés de le déposer dans une Gueniza et de ne pas l'introduire dans des endroits incompatibles avec le respect qui lui est dû.


Kountras @netvision.net.il

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Tout en vous remerciant pour votre remarquable numéro sur le rav Rubinstein de Paris (198), je me permets de m'adresser au public via votre journal : mon arrièregrand-père était rav à Paris au début du 20e siècle, en remplacement du rav Yehouda Lubetski. Son nom : rav Hirsch Eischisky, auteur du Erets Tsvi (on peut trouver ce livre sur internet) et la synagogue dans laquelle il officiait était située rue de l'Hôtel de Ville. Reste-t-il quelque chose de cet oratoire ? S'en souvient-on encore ? A-t-il des descendants ? Veuillez me contacter via le mail de Kountrass. Michaël Eizik

Les Juifs oppriment les Palestiniens ? Dans l'avant-dernier Kountrass (198, p. 22), il y a une rubrique de type marxiste où il est dit en substance que les Juifs oppriment les Palestiniens. Grâce aux livres comme "Histoire des Juifs en terre musulmane" de Martin Gilbert, on apprend au contraire que plus d'un million de Juifs furent expulsés des 57 pays de la Ligue Islamique mondiale, persécutés et parfois même pendus sur la place publique comme en Iraq.

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Les Juifs n'ont pas volé la terre des Arabes. La vérité est que, déjà au 19ème siècle, de grandes parties de la Terre d'Israel étaient possédées par de riches propriétaires terriens qui habitaient à Damas, à Beyrouth ou au Caire. Grâce à de riches familles juives, ou des collectes, les Juifs ont acheté à prix d'or et souvent avec des pièces en or, des marécages insalubres qui sont devenus Richon Letsion ou Zi'hron Ya'akov. De fait, de nombreux notables arabes ont vendu des terres aux Juifs, comme par exemple le premier Président de l'OLP, Ahmed Shukeiri. De nos jours, un Palestinien qui vend des terres à un Juif reçoit la peine de mort de la part de son peuple. Quant à Yasser Arafat, Guy Millière auteur de "Comment le peuple palestinien fut inventé" décrit mieux que moi comment le KGB a inventé Arafat à l'université Lubumba à Moscou, et lui a donné l'ordre d'avoir une barbe comme Che Guevara, un uniforme comme Che Guevara, et un revolver qu'il exhiba à l'ONU en 1974. Enfin, il est écrit à quatre endroits différents dans le Coran que la terre d'Israël appartient au peuple d'Israel. La plupart parlent de l'esclavage, des Hébreux en Egypte et de l'importance de la Terre Promise. Le plus étonnant est la Sourate 5, versets 20, 21 : "Juifs, vous êtes un peuple de rois et de prophètes. Vous devez retourner vers votre terre, sinon un autre peuple volera votre terre"… D. Orbach Merci pour cette mise au point. Aucun doute que nous ne pouvons qu'y adhérer. Quant à l'expression incriminée, elle était en fait ironique, et ne correspondait pas à ce que voulait réellement dire Yeshayahou Baboulin, mais se faisait l'écho des racourcis usités de nos jours un peu partout...


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Ouvrons les yeux

Permanence de la quête du sens Par rav Lionel Cohn

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lors que Kountrass édite son 200ème numéro – date importante de la reconstruction de la Tora en France –, il convient de réfléchir sur la signification de la constance dans la recherche. Il est, évident que la valeur de l'individu se jauge à la proportion de sa quête du sens, et, selon ce critère, le peuple juif est assurément en tête de liste. Si l'on refuse de réfléchir, de s'interroger, on se réfugie dans l'instant, et on évacue la dignité de l'homme, sa supériorité sur l'animal, qui, lui, n'est pas armé pour la réflexion. Cette prise de conscience est assurément banale, mais il importe quelquefois de balayer les banalités pour "ouvrir les yeux". C'est d'ailleurs ce que nous répétons tous les matins dans la prière de Cha'harith : « Souverain du monde, nous exprimons nos supplications devant Toi, non que nous soyons des justes, mais parce que nous nous fions à Ta grande miséricorde : que sommes-nous ? Que valent nos bonnes actions ? Que valent nos forces, notre vigueur ?... Tous les puissants ne sont-ils pas dénués de valeur ?... Les gens de renom ne sont-ils pas comme inexistants, les sages comme sans savoir, les gens intelligents comme dépourvus d'intelligence ? Leurs actions sont, pour la plupart, néant, et les jours de leur vie sont vains, la supériorité de l'homme sur l'animal n'existe pas, car tout est vanité… La seule chose qui vaille c'est l'alliance avec Toi… » Ce texte que l'on récite dans la prière quotidienne est, en fait, tiré de la prière solennelle de la fin de Yom Kippour, Ne'ïla. Le but est de

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nous réveiller au fait que, sans référence à la spiritualité, à la sainteté, rien n'a de réelle valeur dans ce monde-ci. Mais c'est précisément ce lien profond avec Celui Qui S'est révélé au Mont Sinaï en présence de tout un peuple, qui donne un sens à l'existence de l'humanité depuis plus de trois millénaires. Bien que déclarée caduque par le christianisme [qui y trouve sa source cependant], la Loi d'Israël est à l'origine de la culture européenne et de la civilisation occidentale. L'autre source idéologique de l'humanité – la religion islamique – ne s'affirme qu'en se faisant reconnaitre comme descendant de Yichma'ël, fils d'Avraham avinou. La recherche d'une signification – qui est le seul critère de la justification de l'existence – n'a ainsi d'autre contexte que cette référence à la Révélation du Sinaï, et donc à l'existence du peuple juif. C'est le message transmis dans le Kouzari par rabbi Yehouda haLévy. Mais ce que l'on doit relever aujourd'hui – et qui caractérise précisément notre époque –, c'est cette perte de repères, qui est à la source de l'inquiétude contemporaine. Le plus remarquable, aujourd'hui, est la rapidité avec laquelle cette dégradation se produit. "Ouvrons les yeux" et nous constaterons que les crises qui ont ébranlé le 20e siècle s'aggravent de plus en plus. Ce n'est plus l'individu qui est en jeu à travers génocides, exécutions massives, destruction de toutes références aux cultures du passé, mais la personne humaine elle-même qui est en danger : l'Humain semble perdre son essence. Et, après réflexion,


il n'y a eu que peu d'époques, dans l'histoire de l'humanité, qui ont effacé à ce point la dignité humaine. Il importe, dans ces conditions, de prendre conscience des divers mouvements qui ont bouleversé le monde durant les trente dernières années [depuis le début de la parution de Kountrass (en 1986)]. Alors que deux guerres mondiales avaient déjà déstabilisé la première moitié du vingtième siècle, la montée du nationalisme, l'ébranlement des bases rationnelles et démocratiques ont ensuite tracé la voie et ont abouti au chaos actuel. Les changements qui se sont déroulés durant ces trente ans ont été profonds, et ont bouleversé, par leur rapidité, la situation de la planète. Même l'idéologie marxiste censée annoncer une période heureuse pour l'humanité a perdu tout attrait après l'implosion de l'Union soviétique et la chute du Mur de Berlin. Par ailleurs, le terrorisme islamiste est devenu un facteur de déstabilisation dans le monde, en Europe comme en Amérique, ou au Moyen-Orient [en particulier après l'avènement en 1979 de la République islamiste en Iran]. Relevons que, dans le domaine technique, les progrès ont été encore plus prodigieux : les téléphones mobiles, les réseaux sociaux, internet…, autant d'innovations dans ce dernier quart de siècle qui ont transformé la société. Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Comme l'explique rav Dessler : « Toute avancée dans le domaine technique signifie un recul dans le domaine

métaphysique, spirituel ». Comprenons bien : il ne s'agit pas de dénigrer le progrès matériel, mais son utilisation négative imposée par la dictature médiatique qui représente également l'un des phénomènes marquants de notre époque. Il est certain que cette "descente aux enfers", cette influence croissante du matérialisme le plus vil, ne peut que contribuer à ce détournement de la quête d'un sens. Or, le rôle d'une société qui désire survivre est de donner un sens, une signification à son existence, et à l'existence de l'individu. L'absence de recherche, la "montée de l'insignifiance" – ainsi que nous l'avons définie – ne peut qu'aboutir au refus de l'existence. Il est remarquable que ce soit souvent des écrivains juifs – bien éloignés de la tradition, mais qui en ressentent, consciem-

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ment ou non, la nostalgie – qui traduisent cette insignifiance. Prenons l'exemple de Kafka qui, à la recherche du château, c'est-à-dire de l'absolu, se perd dans les méandres de l'existence, soit dans la perte de toutes les références. C'est aussi le cas de Stefan Zweig, écrivain juif viennois, très à la mode dans le monde occidental, qui, déçu de la déchéance européenne, finit par se suicider en 1942. De même, Romain Gary – autre écrivain juif très célèbre – met lui aussi fin à ses jours, n'ayant pas réussi à se rattacher à un système transcendant. La quête ne donnant aucun résultat, l'échec "attend à la porte". C'est ici qu'intervient la Tora. Il importe ici de se référer au Midrach sur les Tehilim, qui s'exprime clairement. Au chapitre 36, verset 10, il est écrit : "Auprès de Toi est la source de vie, à Ta lumière, on verra la lumière". Le Midrach explique cette phrase par l'apologue suivant : « Un individu se trouve, la nuit, plongé dans l'obscurité. Pour pouvoir s'éclairer, il allume une bougie. Celle-ci s'éteint, et à nouveau le voici dans le noir ; il rallume la bougie mais celle-ci s'éteint encore, et ainsi à plusieurs reprises. Il se dit alors : à

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quoi bon se servir de la bougie ? Attendons le soleil, et c'est lui qui m'éclairera de façon définitive ! » Ainsi, dit le Midrach, les enfants d'Israël passent d'exil en exil, et chaque fois, une lumière apparait, puis disparait. Après l'exil d'Egypte, Moché et Aharon apparaissent, mais cela resta provisoire ; après l'exil de Babel, 'Hananya, Michaël et 'Azaria éclairèrent le peuple ; après l'intervention de l'hellénisme, c'est Mattithyahou qui symbolisa la délivrance. Maintenant, nous nous trouvons dans l'exil d'Edom, et les enfants d'Israël supplient D' afin que ce ne soient plus des expédients provisoires qui libèrent le peuple : Israël veut voir le Tout-Puissant Lui-même assurer la délivrance ! C'est la lumière éclatante du soleil dont Israël veut voir l'avènement, comme il est écrit : « Eternel, D', éclaire-nous" (Tehilim/Psaumes 118,27) ». Si l'on tente d'approfondir ce texte du Midrach, il semble que l'on puisse voir ici la permanence de la quête de la signifiance qui caractérise le peuple d'Israël, à chaque époque, mais qui se veut toujours plus "éclairante". L'histoire d'Israël se situe toujours à la rencontre entre le provisoire et l'Eternel, et de ce fait, l'effort du Juif fidèle s'intègre dans ce besoin permanent d'"achever" l'"inachevé", c'està-dire de dépasser l'imminent, le quotidien pour s'inscrire dans le transcendant et tenter de s'en rapprocher. A son modeste niveau, ces réflexions sur l'actualité, de même que l'idéologie qui anime Kountrass, s'inscrivent dans ce désir d'arriver à éclairer à la lumière du soleil, c'est-à-dire de la Tora, les faits si complexes de notre temps. Il importe de saluer ce deux-centième numéro et de souhaiter que cette publication puisse continuer à faire œuvre de Kidouch Hachem, de sanctification du Nom Divin, et reste empreinte de spiritualité, rapprochant la Gueoula, la Rédemption finale ! •


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Décryptage

Le Grand-rabbin sefarade : "En Syrie se passe une Shoah. Nous n'avons pas le droit de nous taire" Par le rav H. Kahn

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ountrass a lancé, voici déjà quelques mois un site, destiné à un public plus large que celui de notre magazine. De fait, la plupart des articles paraissant sur le site n'ont pas leur place dans nos colonnes. Nous voudrions faire exception avec la présente nouvelle. Elle fait part d'une prise de position du Grand-rabbin actuel d'Israël sefarade, le rav Yits'hak Yossef, et concerne la situation en Syrie. Comme cet article a fait ce qu'on appelle de nos jours un "buzz" sur internet avec 38.000 visites à l'heure actuelle – semble-t-il, même dans les pays arabes francophones –, il nous a semblé intéressant de le faire paraître également ici, pour que nos lecteurs puissent le lire à leur tour. Une fois n'est pas coutume. Le rav Yits'hak Yossef, Grand rabbin sefarade d'Israël, fils du rav 'Ovadya Yossef zatsal, s'est exprimé de manière très marquante à l'égard de ce qui se passe en Syrie : « Une Shoah», a-t-il exprimé. Cela s'est passé au cours d'une rencontre non moins exceptionnelle : le Président de l'Etat, Reouven Rivlin, a accueilli un forum d'un genre nouveau, réunissant Juifs et musulmans, homme de religion et

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hommes politiques, afin de réfléchir pour calmer les gestes de violence effectués au nom de la foi… Du côté musulman étaient présents le responsable des cours de justice musulmane et le conseiller en matière de religion d'Abbou Mazen. Le rav Yossef a déclaré : "Nous vivions en paix voici 70-100 ans. C'est tellement important. Nous devons tout faire pour revenir à une telle situation." Il a évoqué la mémoire de son père, Grand-rabbin d'Egypte, se rendant chez le roi Farouk à chaque fête avec les autres responsables religieux. "Mon père a été le premier à fixer que, selon la Halakha, il est permis de rendre des territoires si cela peut permettre d'arriver à


la paix", a-t-il ajouté. Quant à ce qui se passe en Syrie, il a demandé aux hommes de religion de publier un appel s'opposant au "génocide d'Alep". « A proximité d'ici, quand nous nous réunissons, des gens sont tués au quotidien, des femmes, des enfants, par voie d'armes chimiques et biologiques, par des engins explosifs jetés sur eux. Des millions d'exilés, des centaines de milliers de personnes sont jetés dans la famine. Ce ne sont pas nos proches, mais ce sont des humains qui connaissent une sorte de shoah en réduit ! » Le rav a ajouté : « Le peuple juif a connu voici 70 ans une shoah terrible, avec des millions de Juifs assassinés, des millions d'autres qui sont restés des migrants et que nul ne voulait accueillir. La bête nazie a tué ces millions, et le monde l'a vu, tout en restant silencieux. Nous, à titre de Juifs qui avons connu cela sur notre peau, n'avons cessé depuis lors de crier : pourquoi le monde s'est-il tu ? Je veux profiter du présent forum pour dire : à titre de Juifs, nous n'avons pas le droit de nous taire. D'ici doit sortir l'appel : on ne peut pas se taire face à un génocide, ni en Syrie, ni nulle part ailleurs, ni envers quelque peuple que ce soit, même si cela ne sont pas nos alliés. » Une déclaration digne de notre peuple !●

Avis aux lecteurs : Nous const poste, entre atons que France et I la sraël, n'est de sa form p as au mieux e. Par exem ple, dans jours de no les premiers vem naux en pro bre nous avons reçu d venance de France, exp eux jourle 21… sep édiés le 14 tembre ! et Evidemment, le dernier numéro de consacré à S Ko ouccoth, arr ivant pour R untrass, 'Hechvan, c' och 'Hodech est désagré able. Mais les thèmes d il est e notre mag azine, en gén vrai que rissent pas ér avec le tem ps, et, au co al, ne péles réimpri ntraire, no mons dans us la collectio du Judaïsm n Connaissa e. n ce Nous prion s donc nos lecteurs de nous excuse bien vouloir r pour ce d ésagrément, vraiment pa qui ne dépen s de notre vo d lonté. A louer à Guilo, Jérusalem 3 pièces, 3e étage. Très bon état. Spacieux et central. Très éclairé avec mirpéset. Prix : 3300 ch. Tél : 054.555.29.18

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Cela se passe

« A ta mémoire, papa ! »

Par Ya'akov Manela

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oici deux ans, rav Kalman Lévin ‫ הי"ד‬perdait la vie dans l'attentat qui a frappé la synagogue de Har Nof, ce quartier de Jérusalem, avec trois autres pères de famille. Son fils, Yera'hmiel, a emprunté une voie plus qu'originale pour faire « quelque chose » en son souvenir : donner un rein à un enfant qui en avait besoin… Comment le fils de rav Kalman zatsal en est-il arrivé à cela ? A dire vrai, et comme c'est souvent le cas, du fait d'un souci qui s'est déclaré chez son propre enfant, nommé d'après son père, Kalman. A la naissance, il a été question d'un problème néphrétique. Yera'hmiel a alors été amené à fréquenter le service où étaient hospitalisés des enfants en attente de greffe de rein. Il a compris ce que cela pouvait signifier pour eux… Il se rend depuis lors de manière fixe à l'hôpital Cha'aré Tsédek à Jérusalem, prépare des sandwichs pour les parents, ou leur offre du thé, des gâ-

Rav Kalman Lévin ‫הי"ד‬ teaux, et, surtout, il joue avec leurs enfants – qui restent des enfants, quand bien même sont-ils reliés à des appareils de dialyse… Il s'évertue également à étudier la Tora avec eux, afin de rattraper ce qu'ils manquent à l'école. « Je suis volontaire dans ce service depuis un an et demi, raconte rav Yera'hmiel, et un sentiment ne cesse de me poursuivre : Pour poursuivre la lecture de cet article, procurez-vous dès à présent

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Interview

Interview exceptionnelle du directeur de Kountrass ! Par Ya'akov Manela

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ne occasion à ne pas manquer : c'est la seule interview à paraître, si D' veut, avec celle prévue pour le numéro 300, nous garantit le rav Kahn… Mais, ajoute-t-il, pas de photo. Pourquoi ? 18 │

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« A dire vrai, certains Grands du peuple juif refusaient qu'on les photographie, pour des raisons à teneur kabbalistique. Bien évidemment, nous n'en sommes pas là. Cependant, il y a quelque chose de gênant à faire montre de sa propre personne dans une telle parution. Dans aucun journal orthodoxe vous ne trouverez la photo des rédacteurs ou directeurs. Nous ne faisons pas autre chose que de tenter de transmettre des paroles de Tora, autant que possible. Mettre en avant notre propre personnalité se révèle contraire à cela. C'est arrivé en une seule fois, en 30 ans : un jour, à Moscou, j'ai pu, en tant que Kohen faire le pidyon haben d'une vingtaine de jeunes, parmi les quelque quarante se trouvant dans la Yechiva de rav Moché Soloveitchik zatsal… En ces temps-là, une femme russe normale ne pouvait songer à avoir plus qu'un enfant, tant les accouchements, dans les hôpitaux soviétiques, étaient chose traumatisante. Donc, tout fils était premier-né pratiquement à coup sûr – une grande affaire pour le Kohen… Nous en avons parlé dans Kountrass, ce qui ne pouvait pas passer sans photo.

Et des photos de femmes ? Tous les journaux orthodoxes évitent les photos de femmes, autant que faire se peut. En vérité, rav Eliachiv zatsal m'avait dit qu'en arrière-plan, cela est


acceptable, mais en fait, nous tâchons de nous en passer. Cela serait désolant si un media orthodoxe tombait dans le travers actuel, qui fait de la femme une « chose » permettant de mieux vendre des voitures ou des caramels, ou attirant l'œil et amenant la personne à d'autres pensées. D'un autre côté, quand nous avons parlé de Mme Sara Shnierer, la fondatrice du Beth Ya'akov, nous nous apprêtions à ne pas faire paraitre sa photo, mais le rav Bamberger de 'Haïfa, gendre du rav Wolbe, et membre du comité rabbinique de lecture du journal, nous y a amenés malgré tout ! Chaque chose a sa limite… Toutefois, le sujet des photos nous cause encore d'autres soucis : nous n'avons évidemment aucune idée de l'apparence qu'avaient nos grands ancêtres. Et si nous tentons de les dessiner, nous avons toutes les chances au monde de les défigurer, voire de les trahir. Nous avons déjà vu une représentation des douze frères, formant les douze tribus, les montrant comme une bande de gamins à culotte courte… Désolant ! Quelle influence cela peut-il avoir sur les enfants qui voient cela ? Evidemment, uniquement un grand dédain. Ils risquent fort d'en tirer une vision méprisante de nos ancêtres. De ce fait, nous évitons au maximum de publier des représentations contemNUMERO 199

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LA SOUCCA

poraines de ces hautes périodes historiques de notre peuple.

D'où proviennent vos choix de dossiers ? Un peu l'inspiration du moment… Je me dois de dire que l'idée même des "grands dossiers" est due à un conseil qui nous avait été donné par un journaliste du Monde (alors en poste à Jérusalem) lors du lancement de Kountrass : « Prenez un sujet, et traitez-le à fond ». Nous avons suivi cette recommandation depuis lors. Toutefois, les temps ont changé : au début, nous pouvions consacrer un numéro entier à un sujet. Aujourd'hui, les habitudes de lecture du public ont évolué, et il lui faut désormais du rapide et du court… Nous avons été amenés à nous adapter à cela, et même si nos grands dossiers sont encore un peu longs, nous veillons à les articuler en chapitres bien distincts. Pourtant, sans nul doute, les lecteurs de longue date regrettent l'ancien format, et les jeunes ont quelque difficulté à lire des longs dossiers…

Quels sont les grands dossiers qui vous ont marqué ? Le problème n'est évidemment pas moi, bien que, je dois l'avouer, l'effort que j'ai dû déployer pour la rédaction de certains d'entre eux m'a apporté également des informations ou des idées que j'ignorais. Par exemple, un travail récent sur les Juifs en Provence m'a permis de découvrir une époque de 200 ● Novembre 2016 │

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grande importance dans l'histoire de notre peuple et de ses Sages, fort peu connue et encore moins étudiée. Flavius Josèphe également : la grande question qui se pose à son égard est celle de connaître son véritable positionnement personnel, par rapport aux Sages de son époque. Accueilli chez les Romains, auprès desquels il a passé le reste de sa vie (une trentaine d'années), considéré passablement comme traître à son peuple, a-t-il en fait conservé une attache réelle au judaïsme, ou non ? Cela m'a pris deux longs mois de travail (et à la fin, à la naissance d'un de nos fils, les amis nous demandaient si nous allions l'appeler Flavius, ou Josèphe…). A la publication de ce fameux dossier, j'ai eu le grand plaisir d'avoir un écho du rav Avraham Farbstein, roch Yechiva de la Yechivath 'Hévron. Il m'a fait dire : « C'est comme cela qu'il faut écrire » ! J'ai demandé à son messager d'où le rav comprenait le français. Réponse :

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« Ce n'est pas grand-chose pour lui… » Le dossier « Shoah », rédigé par le regretté rav Refaël Choukroun zatsal, a pour sûr, lui aussi, eu un impact très important. D'autres éditeurs ont par la suite publié des ouvrages dans ce sens. Le rav Choukroun avait su emprunter une voie originale et remarquable, visant à montrer comment les gens qui avaient vécu cette période y avaient eux-mêmes réagi ! Avaient-ils tout abandonné, ou alors avaient-ils continué à respecter, à la lettre, dans la mesure du possible, et parfois de l'impossible, les lois de la Tora ? La réponse a été apportée par de nombreux extraits de responsa de l'époque, dues en particulier au rav de Kovna, compilées par le rav Efraïm Oschri, prouvant à quel point les gens concernés ont su exprimer sans relâche leur fidélité à la Tora et au Maître du monde, quelles que soient les conditions. Verdier a publié après cela un livre (« Célébration dans la tourmente ») sous la plume du Grand-rabbin Ephraïm Rosen avec la participation de Judith Aronowicz, dans la même veine, et les responsa du rav Oschri ont vu le jour, de manière toutefois très édulcorée, dans l'une des grandes maisons d'édition françaises.


Quels sont vos rapports avec les De tout cela, on peut constater à quel point les dirigeants de la communauté Grands de la Tora ? Dans le temps, nous avions comme référence le rav Moché Soloveitchik zatsal, de Zürich. C'était la haute personnalité du monde de la Tora en Europe. Il se montrait toujours ouvert à nos questions. Une fois, il m'a dit : « Sachez qu'entre la Yechiva que vous dirigez et le journal, c'est le journal qui compte le plus ». Déclaration surprenante, surtout de la bouche de l'un des leaders du monde de la Tora. « Des Yechivoth, d'autres peuvent en fonder » – alors, je dirigeais la Yechivath Rachi, de Jérusalem. « Par contre, un journal – je constate qu'il a de l'importance pour la communauté, avec les retours que j'ai. Sachez donc qu'il faut lui donner la priorité ». Rav Soloveitchik ne parlait pas le français, mais son épouse oui – et ses enfants m'ont dit, au décès de la rabbanith, que le journal avait perdu une grande lectrice… De plus, en effet, des Français qui venaient consulter le rav pouvaient citer devant lui… Kountrass. Rav Wolbe zatsal, pour sa part, savait le français, et le seul journal que l'on pouvait trouver dans la salle d'attente chez lui était le nôtre… Son gendre, comme dit, fait partie du comité de lecture rabbinique de notre parution. Quant aux rabbanim de nos jours, citons le rav 'Hayim Kanievski : à une époque, il était question que Kountrass soit vendu à un groupe qui s'y intéressait, opération face à laquelle nous avions des doutes, redoutant que cela allait signifier un changement de cap, léger, mais réel. Le rav nous a répondu, via un petit-fils, sous forme de « psak », de décision incontournable (formule assez surprenante en la présente occurrence) : nous n'avions pas le droit de céder le journal…

de Tora voient medias de cette inspiration un élément important dans la vie communautaire.

Et vous constatez cet impact sur le terrain ? Il arrive évidemment que des gens nous disent : « Votre journal a accompagné notre famille, et c'est grâce à vous que nos enfants sont dans le bon chemin » – parfois même à la Yechiva. Sur certains points fondamentaux de Halakha, Kountrass a même lancé campagne ! Je pense là aux problèmes de repos dans les cimetières en France et en Algérie. La situation en France n'a pas son pareil dans le monde entier, toutes périodes confondues : jamais une communauté n'a vu ses morts ne pouvoir reposer que pendant quelques années, quelques décennies, mais 50 ou 100 ans plus tard, tous auront été vidés de leurs

Cimetière juif de Saida

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tombes ! Ils auront été exhumés, puis déposés dans un ossuaire, parmi les nonJuifs, sans possibilité aucune de récupérer leurs restes funéraires ; pire : ils peuvent avoir été incinérés (la municipalité de Paris nous a pourtant garanti avoir cessé de le faire en 2010 – admettons-le. Mais auparavant ?). On nous dira : « Mais que peut-on faire ? » Notre réponse est claire : refusons une telle conduite, si opposée à notre tradition (tout comme les musulmans savent le faire…) ; gérons le problème. Cela n'est pas ce qui est fait, et c'est contre cela que nous nous élevons. Quant à la France : il faut peut-être lui rappeler qu'elle était le symbole de la liberté et de la fraternité, du respect d'autrui ; or, dans ce domaine, elle a adopté une conduite que nulle autre Nation au monde n'a suivie, pas même les pays musulmans, ou l'Allemagne nazie, qui, elle aussi, respectait les sites funéraires en général... Nous savons pertinemment que nos lecteurs souffrent un peu de notre insistance, mais il nous arrive de leur dire : vous avez raison, nous vous comprenons parfaitement, mais est-ce qu'une campagne de cet ordre, venant défendre la mémoire (et plus que cela : les restes funéraires) de nos ancêtres, ne mérite-t-elle pas un petit désagrément – à savoir, cet aspect redondant ? N'estce pas un opprobre terrible à l'égard de notre communauté, qui délaisse de la sorte ses morts ?

Et en Algérie ? La situation est quelque peu différente : là, on parle encore avant le désastre, en tout cas, pour une partie des cimetières, et on peut encore empê-

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cher le pire. Quel est le problème ? La France, pourtant désignée comme gardien des cimetières des ressortissants européens (les Juifs ont été introduits dans cette catégorie au moment de l'indépendance de l'Algérie), veut cesser de remplir ses obligations trop coûteuses. C'est surprenant, mais c'est comme cela : un Etat souverain peut aussi en arriver à une telle démission. Nous ne pouvons toutefois pas nous soumettre à cela. De fait, si la communauté juive de France accepte que l'on puisse exhumer des corps, demain, d'autres pays exigeront la même chose, en Tunisie, en Roumanie et en Pologne. Toute la gola va en souffrir ! Néanmoins, il y a plus : il est question de « petits cimetières » de quelques tombes. Etonnant, non ? Comment comprendre que l'on ait, alors, mis en place des cimetières pour sept ou dix morts ? La réponse est par trop évidente : reposaient dans ces lieux dix ou cent fois plus de défunts mais, avec les temps, les pierres tombales ont disparu. Si l'on se contente d'exhumer les sept encore repérables, cela signifie que l'on laisse les autres à la merci des tracteurs etc., qui vont, un jour ou un autre, labourer ce champ de repos… Comment peut-on envisager une telle conduite ? Kountrass a donc ses campagnes, qui ne vont pas directement dans l'intérêt de notre parution, mais uniquement dans celui du respect de la Halakha.

A ce niveau, le dossier est-il clos ? On attendait, pour boucler le dossier "Cimetières juifs d'Algérie", la réponse du rav 'Hanokh Ehrentreu de Londres, l'une des personnalités les plus marquantes d'Angleterre sur le plan de la


Halakha, et rav du Comité rabbinique européen, placé sous la direction du rav Goldschmidt de Moscou. Elle a paru, et est destinée au Grand-rabbin Korsia : "Je déclare de manière qui ne peut pas être comprise de deux façons que la Halakha juive interdit d'exhumer ou d'enlever des corps ou des squelettes de leur tombe – ainsi que cela est indiqué de manière claire dans le Talmud et dans la Halakha juive". Le rav ajoute : "En conséquence, je vous demande de vous diriger vers le Ministère des Affaires Etrangères français afin que ses responsables veillent à ce que les cimetières juifs continuent à être respectés et entretenus là où ils sont, sans que les corps ne soient enlevés ou les os exhumés". Ce, après l'intervention décisive du rav Aharon Leib Steinmann et du rav 'Hayim Kanievsky en faveur de la sauvegarde de ces cimetières. Dès lors, le Consistoire lui-même, conscient que le dossier finissait par concerner la communauté juive toute entière, a décidé de revoir son acceptation quant à l'exhumation des tombes et de s'en tenir à ce qui serait tranché au niveau européen. La réponse du rav Ehrentreu est donc tombée, et, la bonne nouvelle semble bien réelle : il est donc possible d'annoncer que le danger qui planait sur les tombes d'Algérie a été écarté. Kountrass, qui mène ce combat depuis plus d'un an, en est plus qu'heureux.

on ne peut plus enterrer de manière définitive en France, à perpétuité. Il est donc certain qu'à échéance, les corps seront déterrés et… Dans le fond, nul ne sait ce qu'on en fera : déposés dans l'ossuaire (il est toutefois plein), incinérés (la mairie nous dit qu'on a cessé de le faire à partir de 2010), ou jetés quelque part dans les catacombes souterraines de Paris (210 km de long) ? De toutes manières, ce traitement est totalement exclu au plan de la Halakha, d'autant plus qu'alors, ainsi que nous l'a déclaré la mairie, on ne respecte plus la séparation d'avec les corps non-juifs dans l'ossuaire, et à plus forte raison dans les catacombes. Le problème est encore plus grave quand on loue une place pour quelques

Mais dans tout cela, en quoi le grand public est-il concerné ? Un élément échappe à la plupart des membres de notre communauté – et personne n'ose le soulever : 200 ● Novembre 2016 │

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décennies : à terme, on exhume les corps, et nul ne peut rien trouver à y redire (sauf les descendants directs, qui peuvent payer une autre fois la location de la place, mais le savent-ils ? Vivent-ils encore en France ? Vivent-ils encore ?). Mais il y a problème à la base : dans les cimetières parisiens, on effectue une sorte de roulement ! A Pantin, à chaque place, on a déjà enterré cinq personnes par concession (calcul simple à faire : 200.000 places, et un million de personnes déjà enterrées dans ce site, selon les renseignements fournis par Wikipedia). L'expérience prouve que les fossoyeurs, en récupérant des corps, le font de manière très approximative, passant avec une quelconque machine sur le terrain et laissant donc un grand nombre de restes funéraires. De fait, si le « locataire » (on ne peut plus parler de propriétaire) précédent n'était pas juif, la nouvelle tombe contient de nombreux de ses ossements, et le corps de notre coreligionnaire est déposé avec eux ! Si le propriétaire précédent était juif, alors tout d'abord il est absolument interdit de le sortir de sa tombe pour faire de la place à un autre Juif ; puis chacun doit avoir son propre emplacement. Le tout aboutit au fait que la pratique funéraire à Paris et banlieue est en totale contradiction avec la Halakha.

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En conclusion, les problèmes rencontrés en Algérie [et donc résolus] restent simples comparés à ceux qui se posent aujourd'hui en France. Problèmes d'autant plus difficiles à dénouer que personne ne se résout à en parler…

Voici donc tout un programme pour l'année qui vient de commencer ? Espérons que cette question va rapidement arriver à son bon dénouement.

L'avenir de Kountrass ? Il ne dépend pas de nous : tant qu'un lectorat suffisant s'intéressera à nos articles de recherche et d'analyse, dans les domaines de la Halakha, de la pensée juive, de l'histoire de nos communautés, etc., et que l'Eternel nous en donnera la force, nous serons là, plume en main. Les sujets à aborder sont innombrables, et cela ne nous dérange pas de songer à encore cent numéros ! Pour cela, au public de nous en donner les moyens. Il en retourne de la diffusion de la Tora en langue française, comme nous le disait à l'occasion le rav David Abou'hatséra. •


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La vie telle qu'elle est

Qui est riche ? Par Ya'akov Manela

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e rav Yists'hak Zilberstein, gendre de rav Eliachiv zatsal, et l'un des décisionnaires importants de la génération, rapporte en introduction à l'un de ses derniers ouvrages l'histoire vécue qui suit. Un avrekh (étudiant en Tora, père de famille) a fiancé une fille avec un futur conjoint dont le père est un ba'al habayith ("maitre de maison", expression consacrée à une personne qui se consacre au travail, et non point à l'étude de la Tora). Le premier parvient avec peine à trouver de quoi terminer le mois, alors que le second n'éprouve aucun problème dans ce domaine. Quant aux dépenses d'un mariage, l'avrekh n'avait réellement aucune idée comment simplement commencer à y faire face. Comme d'habitude, engagement fut pris entre les deux partis d'effectuer l'achat d'un appartement pour le jeune couple et chacun des parents s'engagea à mettre une certaine somme sur la table pour y parvenir.

Une fois l'appartement trouvé, [dans les conditions les plus économiques possible, bien entendu], il s'avéra qu'il fallait encore ajouter 100.000 shékels à la somme initialement prévue. Là, une discussion s'éleva entre les deux partis : l'avrekh arguait qu'il n'avait pas de quoi terminer le mois, qu'en plus, il avait un demi-million de shékels de dettes du fait des mariages d'enfants précédents, et que c'était donc le ba'al habayith, vivant de son commerce, qui devait ajouter cette somme dans la caisse commune. Ce dernier annonça qu'il souffrait lui aussi encore d'une dette de la même hauteur, et qu'il ne voyait pas pourquoi cette dernière somme ne ferait pas, elle aussi, l'objet d'un partage entre eux. Ne trouvant pas moyen d'arriver à un accord, ils décidèrent de se rendre chez le rav Aharon Leib Steinmann pour présenter leurs doléances. Le premier exprima donc sa vision des faits, argumentant que c'était au commerçant de tout compléter, et ce dernier répondait également du tac au tac insistant, que là aussi, il y avait lieu de diviser la dette de manière équitable.

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Nécrologie

A propos de l'enterrement de Chim'on Peres Par rav H. Kahn

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him'on Peres a eu droit à un enterrement d'une ampleur que peu de dirigeants d'Etat ont connue : un nombre record de présidents et d'hommes politiques du monde entier y ont participé. Pourquoi cela ? Peres représentait aux yeux du monde un espoir de paix, à laquelle tous aspirent. La paix ! Qui n'en veut pas ? Peres n'a cessé d'y croire, et d'œuvrer en sa faveur : Oslo, puis son centre de la paix, et ses contacts suivis avec tous les dirigeants importants du monde pour arriver à obtenir ce résultat fabuleux – auquel il n'est pas vraiment parvenu, recevant tout de même le prix Nobel de la paix, mais..., d'"autres" l'ont également reçu. Que faut-il en penser en vérité ? Certains commencent à parler, et à reprocher à Peres les centaines de morts que ses projets de paix ont fini par provoquer de manière directe ou indirecte ! S'il faut être honnête, il faut reconnaitre qu'une démarche de guerre et de tension avec les arabes aurait peut-être provoqué encore plus de morts, alors que, grâce à la tentative d'Oslo, il y en a eu peut-être moins. C'est en fait le risque que prend tout dirigeant politique : s'il lance ses armées dans le combat, il peut arriver à gagner et

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à faire régner la paix par la suite, mais cela peut coûter cher en vies humaines. Et s'il refuse le combat, cela peut être encore plus grave sur ce plan précis. Mais il est vrai, à un niveau plus général, que son projet de paix est une totale illusion : Peres y a cru en bon homme de gauche, et tous les dirigeants qui sont venus (excepté Abbas, bien entendu, si ce n'est en ce que cette "paix" pourrait bien signifier la fin d'Israël et le rejet de tous les Juifs à la mer, retour à l'expéditeur européen ou nord-africain) ont rendu honneur à ce message du défunt. Ils ont quelque peu fermé les yeux sur le fait qu'il avait été l'investigateur de la fameuse usine de textile de Dimona, que certains soupçonnent encore de servir également à fabriquer des bombes atomiques, ou encore sur le fait qu'il a encouragé les implantations dans les territoires dits occupés ou libérés, selon les options, entre autres. C'est inquiétant : c'est donc que ces dirigeants occidentaux n'ont toujours pas compris ce que veut le monde arabe de nos jours ! Dans la mentalité musulmane, l'islam n'acceptera la paix que le jour où l'Occident sera vaincu ! Le monde reviendra au calme quand tout le monde se pliera devant un islam vainqueur ! Peres a totalement refusé de considérer cet aspect de la question, et le monde en a fait de même. On est venu ici pour saluer un prophète irraisonnable, un visionnaire fou, que rien au monde n'est parvenu à ébranler dans ses convictions. La drôle de guerre, entre Rome et la Perse (Yoma 9a), bat son plein, mais une partie de ses principaux acteurs n'a pas encore pris conscience du combat dans lequel le monde est plongé… ●


Par rav Lionel Cohn

Le Pr Jacques Goldberg zal

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la veille de Roch haChana est décédé à Strasbourg le Professeur Jacques Goldberg, et il fut enterré à Jérusalem le lendemain du Jour du jugement. Il était une personnalité importante du judaïsme parisien. Professeur à la Sorbonne, spécialiste en bio sociologie animale et humaine, il a enseigné en même temps, pendant vingt-cinq ans, le judaïsme à un public très large. Auteur de nombreux essais scientifiques, [dont l'un, "Les sociétés animales", a

reçu le prix de l'Académie française en 2000], il a aussi écrit un livre sur le judaïsme, "Science et Tradition d'Israël", tentant d'y démontrer les convergences entre la pensée de 'Hazal et les recherches scientifiques contemporaines. Juif orthodoxe, il faisait un vrai Kidouch Hachem dans le monde scientifique. Pour son activité éducative parmi la jeunesse, du fait de ses conférences régulières sur l'importance de la Tora à notre époque, il avait reçu, du Grandrabbin Kaplan, le titre honorifique de 'haver (titre accordé à des notables importants de la communauté). Ses enfants continuent fidèlement la tradition de leur père. Kountrass exprime sa sympathie et présente ses condoléances à sa famille.●

M. Gilbert Klein zal

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Hochana Rabba est décédé à Jérusalem M. Gilbert Klein, qui habitait dans la capitale depuis environ trois ans. M. Klein était une personnalité centrale de la communauté de Strasbourg. Il appartenait à une vieille famille alsacienne, et il avait un rôle important dans toutes les œuvres de Tora et de bienfaisance. Il avait épousé Dinah Catane, fille de Moché Catane, et ils eurent cinq enfants, tous actifs dans les diverses communautés où ils habitent, à Strasbourg, à Paris, à Londres et à Jérusalem. Etant le beau-frère du roch Yechiva d'Ofakim, le rav Ya'akov Horovitz zal, Gilbert

Klein avait pris sur lui d'organiser en France le comité de soutien de la Yechiva de cette ville. Il fut très actif dans ce domaine, et contribua, avec son épouse, à faire connaitre en France cette institution. Le roch Yechiva, le rav Ya'akov Horovitz, avec le rav Pinkus, lui avaient décerné le titre de 'haver. Miné par la maladie, Gilbert avait décidé de s'installer à Jérusalem pour se consacrer, ici aussi, à toutes sortes d'activités de bienfaisance. A son enterrement, des rabbanim ont évoqué l'influence positive de M. Gilbert Klein. Le judaïsme de Tora a besoin, en France plus qu'ailleurs, de personnalités dévouées à cette haute cause, et sa disparition crée un vide. Kountrass présente ses condoléances à sa veuve, collaboratrice de toutes ses mitsvoth, ainsi qu'à ses enfants.

Le rav Kahn, et toute l'équipe de Kountrass, présentent leurs plus sincères condoléances à Mme Annie-Claire Schwilli, née Hammel (Noisy-le-Sec) en la triste occurrence du décès de son frère, Pierrot, du mochav Patsaël, dans la vallée du Jourdain, après une longue maladie.

Toute l'équipe de Kountrass présente ses plus sincères condoléances à M. Eric Constantini pour le décès de son père, M. Albert Avraham Constantini, à Paris.

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En souvenir U

ne question lancinante nous poursuit depuis le décès du Rav Sitruk zatsal : comment définir réellement son œuvre ? En quoi a-t-elle été différente de celle de ses prédécesseurs, voire de ses contemporains ? Le Grand-rabbin Sitruk a vécu à une période charnière dans l'histoire du peuple juif. Quand on réfléchit en effet aux évènements qui ont marqué la communauté juive à la fin des années 60, on se rend compte qu'un profond changement s'y est produit, tout comme dans le monde entier. Durant cette période, le dynamisme personnel du rav Sitruk a eu une importance capitale.

En Erets Israël : le mouvement de la Techouva Prenons l'exemple d'Erets Israël : jusqu'à cette époque, on considérait que les personnes qui avaient abandonné le judaïsme étaient définitivement perdues pour la Tora. Il n'y avait plus de dialogue possible avec eux, tant les murailles entre les « clans » religieux et non religieux étaient objectivement infranchissables. Puis quelque chose s'est passé entre la Guerre des Six Jours (1967) – marquée

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par une fierté maximale et une image d'Israël à l'armée invincible – et celle de Yom Kippour (1973), durant laquelle cette illusion s'est totalement effondrée, l'issue de la guerre étant alors apparue à tous comme étant le fait d'un miracle total. Les cœurs se sont ouverts, le message de Tora a commencé à intéresser le grand public, mais, surtout, le vieux monde orthodoxe, qui ne voyait alors

Durant un séminaire de 'Arakhim


r du zatsal

ancien Grand-rabbin de France Les participants à un séminaire de 'A

aucun intérêt à tenter d'établir un dialogue avec le monde non pratiquant, a compris qu'il fallait changer totalement de position, et commencer à se tourner vers l'extérieur. L'un des grands leaders de ce changement a été le rav Wolbe zatsal, qui n'a alors pas hésité à se présenter devant des officiers de l'armée ou devant des membres de kiboutsim les plus éloignés, pour leur apporter la "bonne parole". Et voici que le "mouvement de la Techouva" a été lancé ! Phénomène inouï et inconnu jusqu'à lors ! On a fondé des "Yechivoth" pour Ba'alé Techouva, dans lesquelles on ne demandait aucun niveau de connaissance, ni aucun engagement sur le plan de la pratique des mitsvoth. Seule l'envie d'apprendre et de comprendre était retenue comme critère d'admission. Et la plupart du temps, le résultat y était garanti : aucun jeune qui rejoignait les bancs de ces institutions ne parvenait à y résister ! Nous vivons encore dans cette dynamique : des "séminaires" sont sans cesse organisés, attirant un public important de personnes non pratiquantes.

rakhim

L'organisation de fêtes telles Roch HaChana ou Yom Kippour dans des kiboutsim est devenue fort courante de nos jours alors que ce genre de célébrations n'y avaient jamais été respectées. Ces initiatives se font parfois grâce à un noyau de personnes pratiquantes venues de l'extérieur, mais elles attirent toujours le public local. Nous voyons également de bons exemples de cet état d'esprit dans la personnalité des députés actuels : voila des Juifs orthodoxes qui savent comment s'adresser au public 'hiloni (laïc), savent comment se conduire face à eux, et qui finissent par avoir une popularité extraordinaire. Cela ne signifie pas que tout le monde religieux a franchi le pas. Il reste encore des

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personnes fonctionnant à l'ancienne prêtes à lancer des pierres sur ceux qui viennent transgresser le Chabbath dans leurs quartiers, ou qui s'y rendent d e manière impudique ! C'est la conduite qui était valable avant cette révolution et qui nous permet de prendre conscience de la véritable transformation qui s'est produite dans les mentalités. Ce remarquable changement est peut-être plus marqué en Erets Israël, mais a eu également des effets à l'étranger, et notamment en France (les Etats Unis ou l'Angleterre ont été moins concernés par ce phénomène, bien qu'une certaine ouverture se soit aussi amorcée dans les pays anglo-saxons).

La mutation des années 60 en France En ces hautes années, le rabbin français faisait office de fonctionnaire : au mieux, il était en mesure de tenir un discours des plus insipides, mais jamais il ne visait à descendre dans l'enceinte communautaire et à engager un dialogue avec le

Napoule (194 Au camp de la

8) - photo E-B.

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1968

public. Il n'en était du reste pas capable, dans la plupart des cas. Sur le papier à en-tête de l'un des Grands-rabbins français de l'époque on pouvait lire : ne pas déranger aux heures de sieste… La jeunesse quittait le giron communautaire : qu'est-ce qui pouvait la retenir ? Qu'avait-on à lui proposer ? Aucune explication, aucune pensée, aucun système. A partir de l'année 1968, une nouvelle dynamique s'est fait jour. On a su interpeller l'establishment, poser des questions, donner des réponses puisées dans la pensée juive traditionnel, faire sortir la communauté de sa profonde léthargie. Du coup, la dynamique a totalement changé : au lieu de la perdition continue de forces, les communautés ont repris du poids, les jeunes sont revenus à la pratique, de nouvelles communautés ont vu le jour, ainsi que des écoles juives avec des cours de Tora, des Yechivoth !

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Un profond c

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C

'est un fait : en ces annéeslà, quand le Grand-rabbin Sitruk, œuvrait, on sentait que quelque chose bougeait tant en France qu'en Erets Israël. Peut-on comprendre ce phénomène ? Et peuton conjuguer ces transformations avec la "révolution des étudiants", de l'année 1968 ? Il nous semble que cela est possible. Le prophète Zecharia (5, verset 5 et suivants) transmet une prophétie très obscure : « …L'ange qui conversait avec moi sortit et me dit : "Lève donc les yeux et regarde ce qui apparaît-là." Et je dis : "Qu'est-ce ?" II répondit : "C'est l'êpha [a priori, une mesure de poids] qui apparaît." Et il ajouta: "C'est vers elle que se portent les regards sur toute la terre." Or, voici qu'un bloc de plomb était soulevé et qu'on [voyait] une femme assise dans l'êpha. Il dit: "C'est là la Méchanceté !" Il la repoussa au fond de l'êpha et rejeta la masse de plomb sur l'ouverture. Je levai les yeux et je vis sortir deux femmes, les ailes gonflées par le vent. Elles avaient, en effet, des ailes pareilles aux ailes de la cigogne, et elles transportèrent l'êpha entre ciel et terre. Je dis à l'ange, qui conversait avec moi : "Où transportent-elles l'êpha ?" Il me répondit : "[Elles vont] pour lui bâtir une de-

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meure dans le pays de Chinar [Babylonie], et quand celle-ci sera solidement établie, elle y sera déposée à demeure fixe". » Les commentaires tentent d'apporter une explication littérale à ces versets, mais, nos Sages, dans deux Guemaroth (Sanhédrin 68a et Yoma 69b – et Rachi sur Zecharia, en une seconde explication), expliquent que nos Maitres demandèrent à D', au début du Second Temple, que la propension à l'idolâtrie soit annulée dans le monde, ce qui leur fut accordé. Constatant qu'ils vivaient visiblement un moment de grâce, ils présentèrent également une demande du même ordre concernant les relations interdites. Cependant, une fois cette seconde faiblesse supprimée, ils s'aperçurent que le monde n'était plus viable ("on ne trouva plus d'œufs pour nourrir des malades"…).Ils se contentèrent alors d'œuvrer pour que la propension à l'inceste soit affaiblie. A priori, apparait là une notion révolutionnaire : il s'avèrerait que la conduite des hommes est dépendante de certains vecteurs, de logiciels dirions-nous de nos jours, que l'on peut faire changer, reprendre, transformer ! L'humanité est plongée dans le paganisme, actionnons alors un simple changement de programme, et cette


changement dans

osphère…

orientation est annulée ! Nous sommes tellement plongés dans le "Yétser hara'" qu'il nous semble être une donnée incontournable, inévitable et cela n'est pas totalement faux. Nous sommes tous affectés par le penchant spécifique qui a cours de nos jours, mais cela n'empêche que sa présence et sa force sont variables, dépendant d'une décision en tout haut lieu… Remarquons bien qu'à cette même période du Second Temple, il se passe en Grèce un phénomène inexplicable. Quelques décennies avant Alexandre le Grand et alors que nos Sages s'occupaient de la disparition du Yétser hara', des personnalités grecques

s'éveillent soudain à la philosophie, et commencent à poser des questions de fond. Et le panthéon d'Athènes, pourtant rempli de statues les plus diverses, perd tout son attrait, le paganisme tombe en désuétude et, bien que cette pratique dure encore plusieurs siècles, elle devient une sorte de routine ne résultant plus d'une véritable croyance (cf. 'Houlin 13b ) !

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La Vie d'un

Grand Homme La synagogue de la rue Deloye de Nice

Les premiers pas C'est à Tunis, en 1944 (29 tichri 5705), que naît Yossef Sitruk, dans une famille très unie de cinq enfants, dont le grandpère est avocat. Ce n'est qu'à partir de 1959 que le jeune Yossef découvre de manière sérieuse le judaïsme lorsqu'il commence à fréquenter les éclaireurs israélites de

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France (EIF) à Nice. Sa première visite à la synagogue de la ville fut toutefois assez cocasse car il s'y rend en uniforme scout, et se fait réprimander par un membre de la communauté lui enjoignant de retourner s'habiller correctement et de vêtir un pantalon et non des culottes courtes ! Malgré cet accueil qui en aurait refroidi plus d'un, le jeune s'exécute, et


revient ensuite à la synagogue… Du reste, ce Juif deviendra par la suite son beau-père… Il apprend l'hébreu, fait ses premiers pas dans l'exploration de la tradition juive et connaît sa première expérience de prise de responsabilité au service de la communauté. C'est également aux EI qu'il rencontre celle qui deviendra plus tard sa femme, Danielle née Azoulay. Constatant ses capacités de leader et sa soif de judaïsme, celui qui est alors rabbin de Nice, rav Chaoul Naouri, l'encourage à devenir rabbin. Et cette proposition arriva juste dans une période d'échec scolaire : il s'était présenté au baccalauréat ainsi qu'à un examen d'entrée dans une grande école, mais, s'il fut accepté dans cette dernière institution, il échoua au baccalauréat. C'est à ce moment que le rabbin Naouri intervint, comprenant les capacités exceptionnelles de ce jeune, et lui suggéra de s'accorder une année « spirituelle » pour goûter tout d'abord aux études de Tora. Rapidement, il comprit que c'est là qu'il allait faire carrière. Mais il fallait encore obtenir l'accord de son père, ce qui n'était pas chose simple. Avec respect, il demanda à son père son autorisation. Question qui fut suivie par un silence. "Bon, fut la réponse, mais il faut que tu fasses là aussi les choses avec le plus de sérieux possible !" L'affaire était conclue. C'est ainsi qu'il intégra l'école rabbinique en 1964, accompagné de deux autres éclaireurs israélites niçois : les futurs rabbins Bismuth et Hassoun. Les trois compagnons logèrent la première année à l'école Gilbert Bloch d'Orsay, créée après la guerre par Robert Gamzon fondateur du mouvement des

EIF et qui devint vivier de futurs cadres communautaires. Pendant ses études rabbiniques, Jo poursuivit son engagement scout en assurant la formation des cadres au niveau national. La chance voulut qu'à cette époque, la cinquième année d'études rabbiniques comprenne un séjour en Yechiva en Erets Israël. C'était en 1969. Il s'installa donc à Bené Brak, avec son épouse et les deux enfants qu'il avait déjà et se renseigna sur une Yechiva susceptible de l'accepter. On lui signala que la Yechivath Cheérith Yossef de Beèr Ya'akov accueillait des éléments français, donc assez peu formés à l'étude de la Guemara. S'y trouvait déjà le rabbin Kapétas, qui deviendra plus tard rabbin de Vincennes. Pour le rabbin Sitruk, ce fut une expérience qui le marqua à vie : il découvrit l'exceptionnelle personnalité du Roch Yechiva, le rav Nissim Toledano zatsal, un disciple de la Yechivath Poniewezh ainsi que la conception du limoud tel que le pratique le judaïsme lituanien dans tout son être1 ! 1 Bien qu'en vérité, à en croire les anciens témoignages, [tels que ceux du 'Hida dans ses écrits sur son séjour à Tunis], le "pilpoul" n'était pas moins pratiqué dans les communautés d'Afrique du Nord ! Plus encore : il est communément admis que le "pilpoul" spécifique dit de "Lituanie" prend sa source dans les œuvres des grands Sages de Turquie. Mais cela est déjà un autre sujet.

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archeologie - Antiquités de Afoula

Tel 'Afoula

A

ussi surprenant que cela puisse paraître, la "naissance", ou plutôt, la renaissance de Tel 'Afoula est assez récente : elle date d'une opération menée par une école de la ville pour nettoyer un site archéologique oublié et à le dégager de ses ruines, ou plutôt de son oubli, achevée en 2015. De la sorte, un site médiéval a été remis à l'honneur, re'hov Barkan, en plein centre-ville, ses vestiges dégagés, d'intéressantes pierres rendues visibles et une visite devenue possible.

Toutefois, les archéologues ont compté dix couches différentes, menant depuis la période historique la plus éloignée, à celle du Moyen Age, quand les Croisés ont créé leur

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Etat dans le pays, installant un peu partout des forteresses pour défendre leurs troupes. Ici, à 'Afoula, les envahisseurs n'ont pas hésité à utiliser des sarcophages anciens pour consolider leur forteresse – ils sont apparents sur les vestiges présentés au public. Quant à l'antiquité de la ville, elle peut être prouvée par l'appellation de l'un des quartiers de la partie supérieure de l'agglomération, Guiv'ath hamoré,

qui n'est pas, comme on aurait pu le croire, une colline consacrée au souvenir d'un quelconque enseignant des petites classes, ou à la branche professionnelle tout entière, mais son nom apparaît déjà dans les temps les plus reculés (Choftim/Juges 7,1), et signifie en fait la "colline du gardien", étant donné sa hauteur et l'exceptionnelle visibilité dont on peut jouir sur toute la région.●

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grand dossier

L'Histoire est-elle devenue folle ?

Une mise au point sur les diverses questions de datation officielle, qui vont en opposition à notre tradition. 40 │

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Par le rav H. Kahn

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oici un sujet qui va déranger nombre de nos lecteurs, même si par le passé, nous avons déjà abordé l'un ou l'autre des aspects de la question : une image d'ensemble, que nous voudrions tracer dans le présent Grand Dossier, va nous amener à concevoir que, sous de très nombreux angles, la datation adoptée par l'Histoire va à l'encontre de la nôtre. Messieurs les rabbins, occupez-vous donc de religion, et ne touchez donc pas à la science ! Quel toupet ! Mais, allons-nous répondre, en acceptant les données telles que la science veut nous les apprendre, notre connaissance de notre histoire va être totalement remise en question : la sortie d'Egypte ne va pas avoir eu lieu, le don de la Tora représentera un phénomène sans base historique aucune, le royaume de David et de Chelomo se verra réduit à néant, et le reste à l'avenant. Donc, difficile de rester indifférent, et d'accepter la version de l'histoire telle que forgée et enseignée par l'Occident. Il en va donc de notre croyance et de notre tradition, et nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de nous taire quand elle est mise en danger ! Nous avons l'obligation de présenter au public nos doutes face aux conclusions des scientifiques. De fait, c'est seulement ainsi que nous pourrons défendre et illustrer le judaïsme ! Les numéros déjà consacrés à ce sujet : N° 29 : Une révision de la chronologie du second Temple : la discorde entre historiens et sources juives enfin résolue ? N° 71 : Le christianisme vu par les Juifs, p. 28 N° 134 : La Bible retrouvée dans l'Histoire ? Un livre : Bible et archéologie, paru aux éditions Kountrass en parallèle au présent dossier.

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Droit au but

L'oiseau enchanteur

Par Nathan Catz

«J

e ne suis pas un amateur de nature professionnel : jamais vous ne me trouverez me promener dans les montagnes avec un guide des arbres… Toutefois, quand un élément brille de beauté dans le monde de l'Eternel, je m'efforce de m'y intéresser et de profiter de ses qualités. Voici quelques années, j'ai été séduit par le chant agréable d'un oiseau. Il n'émettait pas les gazouillis habituels, mais bien un chant, prenant le cœur. Il a recommencé plusieurs fois, et j'ai compris que cette créature devait être arrivée récemment dans nos contrées : j'y étais né et j'avais grandi là, et jamais je n'avais entendu cette musique.

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Par la suite j'ai repéré l'oiseau – magnifique. Une forme harmonieuse, avec un bec jaune, sur un plumage d'un noir très sombre. Ses ailes étaient marquées de points blancs. De temps à autre, il déposait des brindilles sur mon climatiseur, près de ma fenêtre. J'aimais l'observer, et surtout écouter ses beaux airs. Il paraîtrait drôle de dire que je me suis senti attaché, lié à cet oiseau et je ne suis vraiment pas un « humaniste» qui aime les animaux plus que les hommes… Toutefois, ce passereau m'intéressait effectivement. J'ai fait mon enquête à son égard : il s'appelle martin, commun ou indien. Il n'a pas les capacités du perroquet, mais fait partie des oiseaux capables de reprendre les sons et d'imiter des voix.


Droit au but

L'influence de la mitsva elle-même Par Ya'akov Manela

çant qu'il avait décidé de revenir à la pratique. Il demandait au rav seulement de lui expliquer les tenants et les aboutissants de la mitsva des Tefilinnes, acceptant de l'accomplir que s'il en comprenait le sens.

D

urant la période où le rav Ye'hezkel Avramsky (1886-1976) a vécu et œuvré à Londres, un professeur juif s'est adressé à lui, lui annon-

Le rav lui répondit qu'il y était prêt, mais à une condition : avant leur rencontre et leur discussion, qu'il mette les Tefilinnes durant un mois ! "Mais si au bout de cette période, je ne reçois pas de réponses qui me conviennent ?" Le rav lui a assuré qu'il n'y aura pas de problèmes, et qu'il sera alors en mesure de comprendre. Le professeur accepta, et se mit à mettre les Tefilinnes au quotidien. Au bout de deux semaines, il se rendit chez rav Avramsky, qui s'étonna de sa venue prématurée : "Non, inutile de m'expliquer le pourquoi de la mitsva, j'ai tout compris… La sainteté de l'acte a une influence bien plus grande que tout autre chose…" •

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LES TANAÏM La tombe de rabbi Yehouda nessia (l'amora, petit-fils du rédacteur de la Michna) et de son Beth Din, Avnit (situé au Nord de Abikur, un quartier de Tsfat à côté de la Metsoudat Biria)

L

La Nessiouth

a présente rubrique présente un carrefour de l'histoire juive. Jusqu'alors, nous avons suivi la Michna des Pirké Avoth, les Principes de nos Pères, situant les Sages qui y apparaissaient et expliquant quelque peu leurs messages. Dans le début du second chapitre de Avoth, nous arrivons déjà à la fin de la période des Tanaïm avec rabban Gamliel fils de rabbi Yehouda nessia (nous traduirons le titre nassi par "prince" bien que ce ne soit pas idéal), plus couramment appelé "Rabbi".

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Il est clair que la Michna n'est pas un texte à prétentions historiques. Constatons qu'après les enseignements du Tana rabban Gamliel, elle revient parler de Maitres des générations bien antérieures, tels que rabban Yo'hanan ben Zaccaï, officiellement présenté comme l'un des disciples de Hillel et Chamaï (michna 8 du 2e chapitre). Les commentaires expliquent que rabban Yo'hanan ne s'inscrit pas dans la filiation directe de Hillel, mais est considéré ainsi car il avait de nombreux disciples, tout comme d'autres Tanaïm. Ainsi la Michna cite également d'autres Sages, et non des moindres, tels que rab-


bi 'Akiva, rabbi Méïr et tant d'autres. En réalité, la Michna suit en premier lieu la grande filiation du peuple juif qui se greffe sur celle des descendants de Hillel. Cette famille va marquer le peuple juif de l'époque et occuper la fonction de "nassi" durant plusieurs générations. Même si d'autres Maîtres ont également œuvré à cette période, ils n'avaient pas une ascendance aussi importante que celle des descendants d'Hillel (rabbi 'Akiva était même descendant de convertis, ce qui ne l'a pas empêché de jouer un rôle déterminant). En quoi consistait précisément ce rôle de "nassi" ? Tâchons de définir ce sujet dans l'exposition de cette rubrique, avant de poursuivre notre enquête auprès des Sages de la Michna.

La formation au poste de nassi La Guemara dans Ketouvoth (103b), nous livre la conduite des derniers jours de Rabbi, le rédacteur de la Michna : « "J'ai besoin de Chim'on, mon jeune fils", demanda-t-il, et il lui livra les règles de la Sagesse. "Je veux mon fils aîné Gamliel", continua-t-il, et il lui transmit les règles de la nessiouth" ». Ainsi donc ce grand dirigeant qu'était Rabbi établit une distinction entre ces deux fonctions : celle de la transmission de la connaissance de

la Tora, et celle de la direction du peuple d'Israël. Cette période de "nessiouth" a été engagée par Hillel l'Ancien, né en -113, et s'achève vers 425, avec rabban Gamliel le 6e. Cette institution ne concerne qu'Erets Israël, même si elle peut influencer les communautés de l'étranger. Dans la seconde communauté juive importante de l'époque, celle de Babylonie, un autre régime politique fut mis en place, sous l'égide d'un "Reich galouta" (justement, le chef de l'exil, l'exilarque) – cf. Sanhédrin 5a. Le terme de "nassi" lui-même est déjà exprimé dans divers versets (par ex., Bamidbar 25,14). Mais par la suite, la direction du peuple d'Israël passe entre les mains de rois, après la période des Juges. Ce n'est qu'après le 1er Temple que le principe d'un nassi revient, exprimé déjà par le prophète Ezéchiel (12,10 et suivants), face à la dissolution du régime monarchique. 'Ezra, au retour de l'exil, emploie également cette expression (1,8), mais dans un premier temps, ce seront les Grands prêtres qui dirigeront le peuple d'Israël (Ezra lui-même, Chim'on hatsadik et autres).

Daniel

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chronique du livre

E

n chemin vers Hachem, histoires vraies de Techouva, éditions Torah-Box, Léa Nabet, 2016, 383 p.

Les histoires présentées dans cet ouvrage sont excellentes, captivantes, et peuvent très certainement entrainer d'autres personnes à suivre leur bon exemple. Certains récits concernent du reste des personnalités connues du public francophone, et sont édifiantes. L'introduction, et surtout le FAQ de la techouva qui fait suite à l'ouvrage sont intéressants, même s'ils auraient pu être de meilleure qualité sur le plan de l'écriture.

A

u fond de l'abîme, Henri Manen, journal du camp des Milles, éditions Ampelos, 2013, 53 p.

Un petit livret surprenant : il s'agit en effet, du carnet d'un pasteur protestant, rédigé durant la Shoah. Il s'occupait des personnes regroupées dans le camp de Milles, et fut choqué au plus profond de son être par ce qu'il y vécut. Il déploya d'énormes efforts, avec sa femme, pour tenter de sauver des individus, quels qu'ils soient. A ce titre, ce pasteur fut plus que méritant (Yad Vachem lui a du reste accordé le titre de Juste des nations), et son exemple encourageant à plus d'un égard : il y avait donc des non-Juifs restés droits et humanistes, même à cette période.• 200 ● Novembre 2016 │

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BaLade

Har HaTayassim

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ne belle promenade dans la région de Jérusalem, qui nécessite toutefois une grande endurance, du fait de sa longueur... Elle commence au Har haTayassim, la colline la plus haute de la région (796 m), entre Tsova et Ramath Raziel, sur la route 395 entre Hadassa Ein Karem et Echtaol. Ce site a été choisi comme lieu de commémoration des morts de l'armée de l'air du fait de sa hauteur, mais également parce qu'un avion, avec un équipage assez nombreux de Juifs, est tombé non loin de cet endroit lors de la Guerre d'Indépendance. Toute la région donnant sur le sud, jusqu'à la route 386, est répertoriée et protegée comme étant. Nous allons la parcourir. Nous prendrons le chemin marqué en noir situé avant l'accès au Har haTayassim vers l'ouest, avant Ramat Raziel. Si nous voulons grimper sur la colline à notre droite, nous verrons à son sommet un mikvé ancien. Le chemin lui-même descend allègrement vers le sud. Après quelques deux kilomètres, nous nous trouvons devant une nouvelle montée vers le Har Hapitoulim (628 m). Il est conseillé de la gravir, car on dit la vue depuis cette colline exceptionnelle. Sachant le chemin du retour très long, nous avons préféré emprunter un sentier qui part sur la gauche, au col sous le Har Hapitoulim. Nous savons que cela n'est pas recommandé, d'autant plus que nous avons trouvé des preuves claires qu'il ne s'agit que d'un chemin tracé par des animaux, et donc qu'il n'est pas forcément praticable pour des humains. Pourtant, nous l'avons fait ! Cela n'était pas très

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facile, mais nous sommes tout de même parvenus à rejoindre le chemin par lequel nous serions passés si nous avions grimpé sur le Har Hapitoulim, puis revenus vers le nord, pour rejoindre notre point de départ. Ledit chemin forestier, rencontré à la fin de notre sentier animal, est marqué en noir, et en remontant quelques centaines de mètres, nous arrivons à un chemin dépeint en vert, qui va nous permettre de monter à souhait quatre longs kilomètres jusqu'à la fin, face à l'hôpital Ethanim, autrement dit, à l'est du Har haTayassim, alors que nous avons laissé la voiture de l'autre côté, à l'ouest. Il nous faudra donc parcourir le site (500 m) pour retourner à la voiture.


Cependant, revenons-en d'abord aux pieds du Har Hapitoulim. Si nos lecteurs veulent cesser là leur promenade, du fait de la difficulté de la remontée, ils peuvent se laisser séduire par la route forestière marquée en vert vers la droite, afin de rejoindre la route 386 que l'on voit de loin, dans le na'hal Sorek. Erreur ! (que nous avons faite…) : au fond du na'hal passe un véritable fleuve… qu'il est impossible de franchir à pied, et sans doute en voiture. Il s'agit d'eaux sortant de la station d'épuration localisée un kilomètre plus haut en direction de Jérusalem. L'eau semble bonne, car nous avons vu un faon en boire, et plusieurs canards y nager… A priori, nous comprenons qu'il est possible de remonter le courant d'eau par le chemin forestier qui se dirige vers l'est, jusqu'à l'usine, pour rejoindre la route. Seconde option : nous pouvons demander à un accompagnateur de descendre avec la voiture jusqu'à ce passage, et nous faire monter ce long chemin, fort beau du reste, car on peut y voir d'exceptionnels paysages du na'hal Sorek (il est d'ailleurs plus conseillé de faire ce chemin à pied, car on a le loisir de l'admirer, si la fatigue ne gâche pas trop le plaisir…).

à un chemin forestier qui nous permet, en le prenant sur la gauche, d'arriver à la route 386 de Hadassa à Bar Guiora, sans être bloqués par la rivière, qui passe sous ce chemin à diverses reprises. Si nous remontons à la route 395, nous aurons droit à une récompense : le 'Ein haTayassim ! Il s'agit d'une source d'eau vive, avec un bassin extérieur et il est possible d'y plonger. Le tout peut prendre quatre bonnes heures, et nécessite une grande endurance. Si on va tout droit et ressort par le bas du Har Hapitoulim, on s'en tire pour une heure et demie ou deux heures, mais il faut un chauffeur qui nous prenne sur la 386 – chose pas forcément aisée, car l'accès à cette zone nécessite un grand détour.•

Mais la véritable solution consiste, une fois sortis du sentier des bêtes prenant avant le Har Hapitoulim, à prendre sur la droite : nous arriverons assez rapidement 200 ● Novembre 2016 │

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Education

Logothérapie Par le rav Elie Lemmel

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ous avez sûrement déjà entendu parler de Victor Frankl, un grand psychiatre juif autrichien, ayant survécu à Auschwitz et inventeur de la logothérapie. Dans l'un de ses ouvrages, il écrit cette phrase toute simple mais oh combien porteuse de sens : « Il faut choisir de ne plus être l'enfant de son passé mais décider de devenir le parent de son futur. » A travers cet enseignement, Frankl nous renvoie à une idée forte dans la construction de l'être. Chaque moment de vie peut être pris comme un nouveau départ, et même si la réalité est constituée par le passé qui est le nôtre, nous avons la liberté d'en faire un propulseur vers une nouvelle histoire. Nouvelle histoire tout en restant souvent dans le même quotidien, voici un défi dans lequel chacun d'entre nous peut se lancer. Ne pas confondre transformation avec changement radical, mais imaginer au moins que la vie n'est

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pas obligatoirement un "copié-collé" comportemental permanent. L'enjeu sera de savoir comment faire pour que ce passé ne perturbe point notre désir d'avancer, et que notre quotidien ne s o i t pas juste un monde de réparation mais bien de construction. Bon nombre de personnes ont la fâcheuse habitude de penser que leur passé les marque à jamais et que leur vie ne sera qu'un ersatz de ce qu'elle aurait pu être. « Ein mithpalelim 'al leché'avar » on ne prie pas sur ce qui est passé. A travers cet enseignement, nos Maîtres nous renvoient à l'inanité des regrets permanents et au désir fou et irréalisable que ce que nous avons mal fait réussisse à disparaître. Enseignement à tirer d'une erreur mais dans une dimension plus « pédagogique » et non point culpabilisante. Bon nombre de personnes sont toute leur vie en train d'évoquer les miasmes de leur passé et essayent d'imaginer combien leur vie aurait été différente si... et si...


Ce type de réflexion est valable dans tous les domaines, même dans ceux de la réussite. « Si je n'avais pas été ici, je n'aurais pas rencontré cela et j'aurais décidé de faire autrement, et ma réussite aurait peut être été encore plus extraordinaire. » Les interactions présentes dans la vie de chacun d'entre nous sont tellement multiples qu'on ne peut pas imaginer l'intégralité des scenarii qui auraient pu exister. C'est donc en premier lieu un travail d'acceptation qu'il nous faut mener. Acceptation des données sur lesquelles nous n'avons pas eu de contrôle, qui ne sont pas nécessairement le fruit de nos choix conscients, qui nous apprennent que c'est avec la réalité que Hachem nous présente que nous devons construire nos parcours d'existence. Ce que nous pensons être parfois des échecs, au regard des normes dans lesquelles nous vivons, sont aussi sources de nouvelles dimensions à l'intérieur de nous-mêmes. Une nouvelle sensibilité à la vie, aux choses et aux autres peut en découler. Savoir utiliser une réalité qui ne concorde pas toujours avec celle dont nous avions rêvé, c'est sortir de l'univers du conventionnel qui nous formate, c'est créer de nouvelles perspectives, c'est réaliser que dans tout il existe des sources de progrès.

S'il existe un domaine dans lequel la distorsion avec l'idéal est le plus grand, c'est sans nul doute celui de l'éducation des enfants. Nous luttons de toutes nos forces pour créer une correspondance entre le réel et ce que nous souhaitons, entre le quotidien et le rêve, et nos enfants font souvent les frais de cette démarche. Parfois le désir de ne point décevoir nos attentes les amènent à se mouler parfaitement dans la coque rigide que nous leur avons proposée. Je ne parle pas de ce que nous devons transmettre en tant que parents juifs, à savoir l'importance de la Tora et des mitsvoth, mais bien plus des conventions quotidiennes, dans l'image que nous attendons d'eux. L'univers du judaïsme orthodoxe se « distingue » particulièrement dans ce domaine, et nombre d'enfant qui en font partie le ressentiront un jour. Alors on s'adapte, on accepte, on fait avec. Mais où se situe la place de l'épanouissement de l'individu enfermé dans le carcan du « religieusement correct » ? Je reprécise à nouveau que la place de la Halakha ne peut bouger d'une quelconque manière ; mais il s'agit bien plus des postures que prennent certains pensant que c'est dans ce type de posture que doit s'exprimer l'être juif croyant et respectueux des commandements.

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entre femmes

Derrière toute grande femme, se cache… Par Mme Karen Ohayon

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a nuit fut normale. Rien à déclarer. Les problèmes ne se réveillèrent qu'après. En même temps que la maisonnée. Ouriel m'appelle. Que fait-il réveillé ? Jamais il ne se réveille avant moi. Il a de la fièvre. Un Doliprane, et dodo petit Ouriel, je reviens te voir dans deux heures, quand tout le monde sera parti à l'école. Je file réveiller Baroukh et Yonathan, mais la chambre a une drôle d'odeur. Je rentre pour vérifier, mais j'ai du mal à avancer. Les semelles de mes chaussures collent par terre. J'arrive à marcher, mais dans un style qui rappelle étrangement une pantomime. Après enquête, c'est du miel. Les enfants ont dû être nostalgiques de Roch Hachana. Cela m'apprendra à dire régulièrement à qui veut l'entendre : il n'y a pas pire qu'une bouteille d'huile renversée. Maintenant je sais : si, il y a pire ! Par contre, cela n'explique pas l'odeur. Je mets un peu de temps à en découvrir la source. Il y a dans la chambre un pot de peinture ouvert. Je n'essaye même pas de comprendre pourquoi ni qui ni quand, cela fait bien longtemps que je me suis résolue à ne plus poser certaines question et, je suis d'ailleurs beaucoup plus sereine depuis cette résolution (je propose tout de même : peut-être ont-ils tenté de camoufler la couche de miel par terre sous une couche de peinture).

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Les enfants sont partis. Ouriel dort toujours. Yehoudit joue avec un camion. Je m'apprête à faire du repassage qu'on m'a apporté, histoire de mettre un peu de beurre dans les épinards surgelés (qui sont de toute façon hors de prix et qu'on achète à la Hiloula de GlinGlin). Mais mon fer à repasser refuse de coopérer. Il veut bien s'allumer, il veut bien glisser, mais à froid. Ca ne repasse pas top, à froid, vous le saviez… ? J'essaye de le vider de son eau, de faire le traitement anticalcaire, il reste toujours froid dans le dos… A 11 h 20, le dentiste m'appelle. "Eh bien, vous ne venez pas ?" Je suis déjà tellement sur les nerfs que je lui réponds, sans faire attention : « S...shkoune hada ? » J'avais rendez-vous à 11 h 00 pour Tehila. Je devais la garder à la maison et l'accompagner chez le dentiste. Pourtant, je l'ai envoyée à l'école. Et j'ai gardé Ouriel au lit avec la fièvre. C'était l'inverse qu'il fallait faire… Prochain rendez-vous disponible


dans deux mois. Pas le choix. A 11 h 30, l'un de mes boss m'appelle (en Israël, on fait toutes au moins quatre boulots), et me rappelle qu'il attend la traduction d'une vidéo pour le jour-même. Je ne sais pas de quoi il parle. Il dit m'avoir laissé un message. Ce doit être le seul sur terre à ignorer que je ne prends pas mes messages. Je passe suffisamment de temps avec ce téléphone, pour ne pas en plus consacrer 30 minutes en fin de journée pour écouter les messages ! Bref, je dois me mettre au travail illico-presto, "sans faute, promis, oui ce sera prêt aujourd'hui, je fais de mon mieux !" A 12 h 00, ma belle-mère qui est "dans le coin" demande si elle peut "faire un saut". Je me dis qu'au point où j'en suis, une ou deux belles-mères en plus, cela ne changera plus rien. Elle m'aidera à réveiller Ouriel, à ramasser le miel, à réparer mon fer ou à traduire la vidéo. Je fais un peu d'ordre tout de même. C'est dans ces moments-là que je regrette n'avoir pas de lave-vaisselle. Ne serait-ce que pour y cacher la vaisselle sale et arborer fièrement un évier vide et propre. Je fais donc rapidement un peu de vaisselle. Yehoudith

vient près de moi et me pose une question intelligente qui me conforte dans l'idée que cette petite, elle ira loin ! " Maman, combien il y a de dentifrice dans le dentifrice ?

- Plait-il ? - Tu sais combien il y a de dentifrice dans le tube ? Euh non, j'avoue que non… - Ben moi je sais ! - Combien ? - Depuis le salon juuuuuuuuusqu'à la chambre de Chelomo !."

Trop intelligente cette petite. Je n'ai pas compris sa réponse. Mais j'ai comme un soupçon. Je vais vite vérifier. Effectivement, elle a raison, je vois très bien la pâte qui va du salon juuuuusqu'à la chambre de Chelomo, et même jusqu'à la fenêtre dans ladite chambre. J'avais raison, cette petite elle est allée très loin. On sonne à la porte. Pas le temps de tout essuyer. J'explique à ma belle-mère que c'est une crème pour éloigner les fourmis, que mon mari l'a posée ce matin et ça doit sécher toute la journée (ça fait bien, genre son fils = le super héros qui sauve la maison de l'attaque sournoise des bêbêtes, un bon point pour moi !).

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par Mme Karen Ohayon

LEKH LEKHA : 1- Quel est le second nom de la ville de Chekhem ? 2- Pourquoi la famine s'abat-elle sur la terre d'Israël à l'arrivée d'Avraham ? 3- Par quel mérite Loth devient-il riche ?

WAYERA :

1- Les anges demandent où se trouve Sara. Ne le savent-ils pas ? 2- D'où apprend-on que les juges doivent faire une enquête poussée avant de statuer ? 3- Combien de Tsadikim Avraham se proposet-il de chercher dans Sodome ?

'HAYE SARAH : 1- Qui est le père d'Efron ?

Objet mystère : Je viens de l'arbre et ne sers pas à grand-chose, mais le Tsadik a plus d'un tour dans son sac ! Après quelques arrangements, il me place près de l'eau et les résultats sont là, sous forme de fiche de paye un peu particulière.

je ? Que suis-

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2- Que répond Eli'ézer à Avraham quand il lui demande d'aller chercher une femme pour Yits'hak ? 3- Que refuse Eliezer de faire chez Bethouel, avant d'avoir parlé de mariage ?

TOLDOT: 1- Quel âge a Yits'hak lorsque naissent ses jumeaux ? 2- Quel plat offre Yaakov à 'Essav en échange du droit d'aînesse ? Pour quelle raison l'avait-il préparé ? 3- Pourquoi Hachem précise-t-il à Yits'hak de ne pas descendre en Egypte ?

WAYETSE : 1- Comment le verset exprime que Ya'akov a prié ? 2- Après combien d'années de travail Ya'akov a t'il pu se marier avec Ra'hel ? 3- Pourquoi Ya'akov se met en colère contre Ra'hel ?

ique g o l e m Problè suite tte z ce e t é l Comp : e . logiqu , 5, 8, _ , _ 3 , 1, 1, 2


CARRES DE PECHES Ingrédie

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pâte : Pour la e margarin 300 g de re c su e ue 1 verre d e levure chimiq d ts e h c sa 2 e 3 œufs de farin et demi 4 verres : garniture e pommes Pour la pote d rop (ou m o c e d hes au si 500 g e de pêc it o b e d 1 gran ) re abricots en poud mandes e 125 g d'a c a sucre gl 100 g de 1 œuf

1 Préparez d'abord les ingrédients.

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Bonjour, les cuisiniers ! Cette fois-ci, nous préparons un gâteau composé d'une couche de pâte ressemblant à une pâte à tarte, puis d'une garniture, et enfin de miettes de pâte sur le dessus. Généralement, la garniture est faite de pâte de datte, ganache au chocolat, crème pralinée. Mais cette fois-ci, je voulais un résultat plus frais, plus fruité, et moins lourd. En voici donc la recette, très rapide à faire, puisqu'en 15 minutes, c'était déjà au four ! Vous êtes prêts ? C'est parti !

2

Préparez la pâte en mélangeant la margarine ramollie, le sucre, les œufs et la levure. Ajoutez ensuite la farine.

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Séparez la pâte obtenue en deux. Prenez une moitié et étalezla dans un grand moule (30cm sur 40).

Mettez l'autre moitié de côté. Préparez la garniture en mélangeant la compote, le sucre, l'œuf et les amandes. Ajoutez les pêches au sirop coupées en petits cubes, et une cuillère à soupe du sirop de la boite (on n'utilise pas le reste du sirop).

5 Etalez la garniture sur la pâte.

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Yeladim

Apprenons à connaître :

200 de Q.I. ! Savez-vous ce qu'est le QI ? Q et I sont les initiales de Quotien Intellectuel. Ce quotient est un chiffre. Plus il est grand, plus il démontre que la personne est intelligente. Et comment obtient-on ce chiffre ? En se livrant à des tests spécifiques, en répondant à des questions. Le QI d'un homme normal est d'environ 100. Puisque vous avez entre les mains le 200ème numéro de Kountrass, nous avons choisi de vous parler d'un homme qui a atteint un QI de 200, et a ainsi battu le record mondial ! Il s'agit de Kim Ung-Yong, un scientifique coréen, qui a aujourd'hui 54 ans. Alors qu'il était encore tout jeune enfant, Kim était au-delà de la norme. Il parlait couramment à l'âge d'un an et demi et à 4 ans il savait déjà lire quatre langues : le japonais, le coréen, l'anglais et l'allemand ! De plus, il était capable de résoudre des problèmes mathématiques très complexes. A 5 ans, Kim suit les cours de physique à l'université, et à 7 ans il est invité à rejoindre la NASA où il finira ses études et travaillera pendant 10 ans. A 15 ans, il décide de retourner en Corée, et passe un doctorat d'ingénierie civile à l'université. Il devient plus tard professeur adjoint à l'université de Chungbuk. Cela rappelle un peu notre rubrique Hiloula, n'est-ce-pas ? Un enfant tsadik et doué depuis son jeune âge, qui devient par la suite un grand rav. Mais il y a une différence. Une grande différence. Lorsque Kim quitte l'Amérique pour retourner en Corée, il devient salarié dans une petite entreprise. Les médias n'hésitent pas à appeler cela un "échec". Mais Kim explique qu'à la NASA il était devenu un robot. "Je me levais, Je devais résoudre les équations mathématiques du jour, je mangeais et j'allais dormir. Rien ne me rendait heureux. J'étais isolé, sans ami". Car ce n'est pas l'intelligence qui rend heureux. Ni l'argent. "On voulait faire de moi un homme politique, ou le PDG d'une multinationale, mais j'ai préféré prendre un autre chemin. Je souhaitais être près de ma famille, de ma mère. Cela ne donne pas le droit aux gens d'appeler cela un échec. Et puis j'en ai assez d'être le point de mire, comme un singe au zoo. A mon avis, on donne trop d'importance au Q.I. Certains pensent que si l'on a un QI élevé, on est un surhomme, et on peut tout faire. C'est faux. Moi, par exemple, je suis très mauvais en musique, en sport aussi. Avoir un QI élevé est un talent comme un autre, tout simplement. Chacun a ses capacités et ses rêves. L'essentiel est que chacun trouve sa voie pour être réellement heureux". Elle est là notre différence : les capacités intellectuelles de Kim ne l'ont pas satisfait, parce qu'elles ne sont pas le but de la vie. Le rav qui étudie et propage la Tora fait exactement ce pourquoi il a été créé. C'est le but de la vie. Et c'est pourquoi on y trouve la satisfaction et la joie qu'on ne peut trouver nulle part ailleurs !●

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’AU JUSQU BRE M 4 DECE 6 1 0 2

DE REMISE

SUR PLUS DE 50 PARMI LES MEILLEURS SETS Ne s’applique qu’aux séries en anglais énumérées ci-dessous. Les titres en Hébreu sont exclus, à l’exception des Chass et séries de Michnayot.

4Aryeh Kaplan Anthology by Rabbi Aryeh Kaplan 4Aleinu L’Shabei’ach by Rabbi Yitzchok Zilberstein 4Baal HaTurim (Davis Edition) 4Bereishis (Tanach Series) by Rabbi Meir Zlotowitz 4Book of Mitzvos / Sefer HaChinuch (Schottenstein Edition) 4Call of the Torah by Rabbi Ellie Munk 4Children’s Siddur and Tehillim by Shmuel Blitz 4Daily Dose of Torah Series 1, 2, and 3 (Kleinman Edition) 4Family Haggadah Leatherette 4Family Zemiros Sets — Interlinear and Leatherette 4Festivals in Halachah by Rabbi S. Y. Zevin 4History Trilogy by Rabbi Berel Wein 4Insights in the Torah by Rabbi Zalman Sorotzkin 4Interlinear Chumash (Schottenstein Edition)

4Interlinear Siddur and Tehillim (Schottenstein Edition) 4Kosher by Design Cookbook Series by Susie Fishbein 4Kitzur Shulchan Aruch (Kleinman Edition) 4Laws of Shabbos by Rabbi S.B. Cohen 4Lesson a Day by Rabbi Shimon Finkelman 4Machzor — Classic and Interlinear 4Midrash Rabbah (Kleinman Edition) 4Megillos (Tanach Series) by Rabbi Meir Zlotowitz 4Later Prophets (Milstein Edition) 4Mishnah Elucidated (Schottenstein Edition) 4Mishnah Yad Avraham 4Mishnah — Hebrew Edition (Ryzman Edition) 4Studies in the Weekly Parshah by Rabbi Yehuda Nachshoni 4Pirkei Avos Treasury by Rabbi Moshe Lieber 4Ramban on Chumash

4Rashi on Chumash (Sapirstein Edition) 4Rav Lau on Avos 4Early Prophets (Rubin Edition) 4Sand and Stars by Yafffa Ganz 4Schottenstein Edition Talmud Sets 4Sfas Emes by Rabbi Yosef Stern 4Stone Edition Chumash 4Stories My Grandfather Told Me by Zev Greenwald 4Story a Day by G. Sofer 4Tales of Tzaddikim by G. Matov 4Tanach (Stone Edition) 4Tehillim (Tanach Series) by Rabbi A. C. Feuer 4Treasury of Chasidic Tales by Rabbi S. Y. Zevin 4Weekly Midrash

Disponible chez tous les libraires participants et en ligne www.lehmanns.co.uk


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