Kwata Magazine Numéro 006

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04 Sommaire 05 Edito

PORTRAIT

59 Mason

INTERVIEW

07 Defustel Ndjoko

33 Nabil 38 Don Jumper 40 sadrak

10 Touristiquement 229

41 Lady B 42 Ifrikya Spirit

COVER

MODE

TO-WEAR

17 Cover 18 Krotal 22 Boudor

50 Maryel Fautier

26 Mashup culturel...

SPORT

DOSSIER HI-TECH

58 Le Bitcoin

MOOD DE FIFY

48 Le bled nage dans la merde

SUCCESS STORY 4 • www.kwatamag.com • Novembre - Decembre 2017

DANS MON BLED 54 Mouanko

60 Judo

AGENDA

62 Calendrier By There We Go

EN COUVERTURE BOUDOR & KROTAL Photo By STUDIO 9 DOUALA


EDITO

C

ulture urbaine africaine, culture africaine tout court, musique, humour, mode, danse, peinture et j’en passe. Plusieurs secteurs d’activités meublent le contenu culturel d’un pays, et en Afrique aujourd’hui on observe du mouvement. Ça bouge ! Les « Hiphopeurs », les artistes chanteurs et autres musiciens, les humoristes, les labels, les majors, les promoteurs, les bloggeurs, les médias, les créateurs de mode et stylistes modélistes, et tous les acteurs de cette culture sont au taquet. Je vais m’abstenir de citer des entreprises et des marques qui pour mettre en avant leurs produits ou services associent leur image à ces stars, ceux-là qui représentent et portent haut nos drapeaux africains. Eh oui ça bouge ! Dans ce numéro nous sommes allés vers les pionniers et les acteurs actuels de la culture d’ici et d’ailleurs. Nous avons visité des secteurs divers pour faire le point en cette fin d’année et ceci en faisant un détour au 229 et au Maghreb. Retrouvez en interview Krotal, Boudor, sadraK, Don Jumper, Nabil et La miss Lady B. Leur point de vue sur l’évolution de la culture urbaine africaine, leurs parcours et leurs projets. Tout est dit dedans ! Quand on regarde le jeune Tenor, ses ainés Stanley, Locko, Magasco, Jovi, Mink’s, et les autres artistes peintres et dessinateurs comme Keulion, Rostand Pokam, Felix Fokoua, ceux du cinéma Syndy Emade, Thierry Ntamack, ceux de la mode Maryel Fautier, Defustel, Fredy Manyongo, ceux des nouveaux médias Anicet Nemani, Atome, et bien sûr tous les autres de chacun des domaines cités et non cités, quelles pourraient être les perspectives en 2018 ?

Paola Yoko

KWATA MAGAZINE #DIGITALMAGAZINE N*006 - NOVEMBRE - DECEMBRE 2017 - GRATUIT Edité par :

Guyrault - Prince

Kevin Yatarola

Open creative service - Arobiz Cor-

Responsable de publication

Oronce hounkponou

poration

Franck EPOUPA

KWATA ENTREPRISE

Rédacteur en chef :

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Kwata magazine :

Fidele NTOOGUE

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Fredy Manyongo

Paola yoko

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La reproduction, même partielle, des

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articles et illustrations parus dans

Fidele NTOOGUE - Paola YOKO -

Studio 9 Douala

kwata magazine est strictement

Fredy MANYONGO - NEMS -

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interdite, sauf accord de la rédaction.

Nji Asonganyi

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PORTRAIT

PORTRAIT DEFUSTEL NDJOKO

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LE de PLUS DANDY DES BAHAMS “Le choix la réussite doit être basé sur la ’est l’une des icônes de la mode masculine 2016 a été une année majeure pour Defustel vu passion ” européenne, véritable afro dandy qui séduit qu’il collabore avec des marques de luxe et de

C

par son esthétique, et son style. Gaspard Defustel Njoko est un quarantenaire, né à baham (ouest du Cameroun) et cadet d’une fratrie de six frères. Defustel dès son plus jeune âge dégageait déjà un esprit très entrepreneurial ce qui lui vaut de se retrouver à la vingtaine révolue, dans la capitale bruxelloise, où un jour il s’est fait remarquer dans la rue grace à son style très atypique et de là tout a basculé. Influenceur, designer, égérie, blogueur…. Defustel a su s’imposer sur la sphère internationale de la mode masculine dès 2014, au point de devenir quelques temps après l’égérie du pitti Uomo (le plus prestigieux salon de la mode masculine au monde). Son style chic, éclectique, coloré, dandy et traditionnel influence à travers le globe que ce soit de Fortezza da basso en Florence (Italie) à NewYork, passant par l’Afrique, tout le monde entier semble être conquis.

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référence telles que: la maison Roberto Botticelli dont il est aussi égérie à travers une ligne de chaussures, la lunetterie de luxe Mondelliani où il design une collection capsule de lunettes inspirée de la morphologie nasale africaine… sans oublier la maison de costumes Tombolini. Soucieux du partage et de Afrique, il décide de s’associer à l’organisation du salon de la mode masculine d’Abidjan (Abidjan mens fashion week) en tant que designer et consultant international. Son prestige et son élégance lui valent d’être désigné par la version italienne du magazine «the players » comme l’une des icônes de la mode en 2017. A cela s’ajoute une distinction nationale comme «Ambassadeur de la destination Cameroun » décerné par le ministère du tourisme camerounais en vue de saluer son travail qui valorise le nom du Cameroun sur la scène de la mode internationale.

François Moukelle


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TO-WEAR TOURISTIQUEMENT 229

A LA DÉCOUVERTE DE LA PLUS BELLE BÉNINOISE … COTONOU Photos: Oronce photography DA/stylisme: Fredy Manyongo Model: Edmonda Guassen Make Up: Anouar Boni Coiffure: Mma Mma Assistant shoot: Stéphane Houngbedji

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PLACE DU SOUVENIR Ex place des martyrs, c’est le symbole de ces béninois qui ont empêché un coup d’État en 1977 contre le régime en place. Robe en wax zippée: Félicien Casterman Chaussures : marché missebo Lunette : Dior B.O : Brunelle y

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ZÉMIDJAN (ZÉM) Moyen de transport très répandu au Bénin surtout à Cotonou. ces conducteurs sont aisément reconnaissables par leurs chemises jaunes. Ensemble top 3 et pantalon : lolo Andoche Sac pouffe: Olowu Bracelets: Perlicious Sandales: marché missebo B.O: Brunelle y

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MARCHÉ DANTOKPA Créé en 1963, il est le plus grand marché à ciel ouvert de l’afrique de l’ouest. Bomber: nana wax T-shirt: modern et chic Jupe: jean luciani couture Sac panier: perlicious Lunette : marché missebo Foulard: habillerie manyongo B.O: brunelle y Baskets: no name (marché missebo)

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HALL DES ARTS ET LOISIRS Espace d’exposition et de vente qui a à offrir en matière d’artisanat local. Veste en wax : Félicien Casterman Pantalon: Ifè (Stéphane houngbedji) Collier: Nana wax Bracelet: Perlicious Sac artisanal: Hall des arts Ballerines: Aldo

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PLACE DE L’ÉTOILE ROUGE Située en plein cœur de la ville de Cotonou, c’est l’une des plus remarquables de l’histoire socio-politique de Cotonou et du Bénin. CAPE EN SEQUIN ROSE: PERLICIOUS PANTALON EN WAX: SEMILIKO COLLIER ET B.O: PERLICIOUS BRACELETS: PERLICIOUS CHAUSSURES: ZARA

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ROOF TOP 360 (RÉSIDENCE HOME) On dirait le toit de Cotonou, somptueux cadre ou se mêle beauté, luxe, calme et volupté offrant une vue angulaire 360° sur toute la ville de Cotonou. Robe en soie imprimée: NANA WAX Pochette baoulé: NANA WAX B.O plaqué or et wax: NANA WAX.

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COVER

BOUDOR KROTAL PHOTO BY ASSAD NSANGOU STUDIO 9 DOUALA

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COVER

KROTAL Le rappeur le plus « féroce » du 237 a profité le temps d’une fin d’après-midi très chargée, pour nous parler de sa carrière du temps de Magma Fusion, ses voyages, ses collaborations, mais surtout de sa vision pour ce qu’il nomme, rappeurs de lumières ou de buzz. Attention, ça ne caresse pas du tout !

Kwatamag : Tu reviens d’un voyage du côté de Dakar, où tu en as profité pour rencontrer un de tes frères d’armes à savoir Didier Awadi. Peut-on s’attendre très prochainement à une future collaboration ? Krotal : Oui, disons que cette idée de collaboration est vieille, une très très vieille idée car on travaille sur pas mal de choses depuis assez longtemps ; et ouais, on peut se dire que l’on s’attend à quelque chose dans les mois à venir. Kwatamag : Sinon pour toi le hip hop kamer se porte bien aujourd’hui grâce aux ténors comme toi ? Ceux-là qui ont posé les premières bases au Kamer ? Krotal : Nous n’avons pas fondé les bases du hiphop car, Sydney par exemple le précurseur du rap en France qui venait déjà faire des showrooms au Cameroun avec Dj David Guetta en 84 est encore vivant. Le hiphop est un mouvement mondial. Quand tu me demandes si le hip hop se porte mieux, je dirai oui dans un sens il se porte mieux. Maintenant est-ce que c’est lié à la façon dont la communication est conçue de nos jours ? Je Reviens de Dakar où des gars rappaient devant 20.000 - 25.000 personnes, aucun d’eux n’est diffusé sur Trace. Et le public scandait

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entièrement leurs chansons, en Wolof. Ouais c’est bien. On fabrique des icônes à coup de likes, de j’aime, de machins. La musique c’est un ensemble de corps de métiers, et ça ne se limite pas au buzz, à briller, à faire des primes de couv, à passer à la télé. La musique, tu la communiques à celui qui écoute, tu crées une énergie telle que les gens se sentent concernés par ce que tu fais. N’oubliez pas ! Le hip hop est un mouvement d’abord à la base, ce n’est pas un phénomène de mode, c’est une culture à part entière avec une philosophie. Kwatamag : J’ai un peu envie de reprendre une phrase que tu utilises dans le titre «Naya». Tu dis : le hip hop est une clinique. En d’autres termes cela veut dire quoi exactement ? Krotal : Qu’est-ce que je dis avant ? « Si mes fauves sont blessés, le hip hop est une clinique ». Moi je marche avec des vrais gars, pas avec des acteurs. Si je serre la main à un bandit et que je te dis ça c’est un bandit, c’est que c’est un vrai bandit ! Kwatamag : C’est quoi les grosses difficultés que tu as souvent rencontré depuis le début de ta carrière jusqu’à présent ?


“ On fabrique des

icônes a coup de likes ”

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COVER

Krotal : Au début, la médiocrité de la qualité du matériel de studio qu’on retrouvait ici à l’époque. Quand on essayait d’envoyer nos produits ailleurs pour se faire auditionner, on nous disait toujours que les sons, le mix et le mastering sont mal faits. Sauf que voilà nous, nous sommes hip hop. Le jour où un aîné te dit « au fait, si je ramène un studio totalement hip hop qu’est-ce qu’on fait ? » je lui dis que Mbom ramène ! Et c’est ce que nous avons fait. C’est des actes concrets. En 97, on n’était pas dans le calcul. Il y’avait des ainés qui ne comprenaient pas trop pourquoi nous mettions de l’argent dans le hip hop alors que « ça ne paye pas ». On est venu trouver un environnement où on avait des stars de la musique camerounaise, mais en réalité dans beaucoup d’amateurisme. Donc on a appris comment il fallait faire. On a appris qu’un artiste ne se vendait pas lui-même, qu’il lui fallait un manager ou alors un agent. Qu’il lui faille une équipe autour de lui et qu’un promoteur de spectacles et d’évènements ne discute pas avec un artiste. Kwatamag : Les plus beaux moments de ta carrière ? Krotal : Waouh ! Beaucoup de victoires. L’avènement du premier studio numérique à une époque où on était interdit de radio et de télé, on a créé un espace à Yaoundé où il y avait 5.000 personnes chaque mois qui venaient regarder du hip hop, alors qu’on n’était diffusé ni en radio, ni en télé, qui scandaient nos refrains.

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On faisait de la communication de bouche à oreille. Ça c’était de beaux moments. Après avoir fait la première partie du groupe sénégalais Positive Black Soul en 1997 quand il faisait le tour du monde, ça c’était beau. J’ai fait la coupe du monde de football. J’ai fait l’ouverture, la clôture, j’ai côtoyé tout le monde. Kwatamag : Des projets en cours ? Krotal : Ouais, j’ai sorti mon troisième album « cœur de lion peau de panthère » depuis 2015 sur les plateformes de téléchargement, en version numérique. Et nous avons présenté les versions physiques à Douala. Et maintenant il y a tous les projets des gars que je produis à savoir Pat le reflem, Mr Lego, Jael, Abracadabra, Daris, Ex Ak Sang Grave, et bien d’autres. Kwatamag : Un mot pour les fans Krotal : Un mot pour mes fans et pour mes KwataPeeps, mais écoutez, je vais toujours me répéter, je vais toujours dire la même chose c’est : Esperance – Persévérance – Endurance – Travail

Fidèle Ntoogue


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COVER

BOUDOR Boudor, rappeur camerounais aux lyrics atypiques, est l’un des grands pères du hip hop camerounais dans la même lignée que Krotal. C’est dans une ambiance assez détendue qu’il s’est prêté au jeu de question - réponse face à la team Kwatamag.

Kwatamag : Alors Boudor en lui-même c’est qui ? Boudor : Tonton Boudor est l’un des grands pères du Hip-hop kamer, car c’est depuis 1989 que le combat a commencé. Tonton Boudor est un messager très engagé, oui je mets un accent sur le message car le plus important quand on est rappeur, ce n’est pas la danse des lolos ou des corps, mais c’est la danse des méninges et des cœurs. En réalité, c’est un artiste, qui a pour but de transmettre un message positif. C’est un enlumineur et non un « enténébreur ». Voilà en gros qui est tonton Boudor. Kwatamag : Dirait-on aujourd’hui au Cameroun qu’on a des valeurs Hiphop qui existe de manière à représenter le pays à l’international ? Boudor : Oui, bien sûr ! prenons le cas de Krotal par exemple qui vient du Sénégal où on lui a remis un matériel professionnel pour le journal télévisé rappé. Ou encore un jeune frère comme Tenor qui tourne, sans oublier Stanley également. En réalité, on a des artistes qui tournent. Kwatamag : Parles-nous un peu de la transition culturelle entre la ‘Old school’ dont tu fais partie et la ‘New school’. Kwatamag : Parles-nous un peu de la transition culturelle entre la ‘Old school’ dont tu fais partie et la ‘New school’. Boudor : La génération d’aujourd’hui s’est un peu laissée embrigader par les médias, par la télé. Tout le monde veut se faire voir et non se 22 • www.kwatamag.com • Novembre - Decembre 2017

faire comprendre. En réalité, moi je pense qu’un jeune d’aujourd’hui, avant de savoir où il va, il est important de savoir d’où il vient. C’est ça qui fait la force du football par exemple. Eto’o Fils n’existe que parce que Roger Milla a existé. On le sait bien. Alors qu’à l’époque, nous de la vieille école, quand on allait au studio on était pressé de faire des maquettes. Kwatamag : Si un jeune veut faire de sa musique un métier, comment penses-tu qu’il devrait la proposer au public ? parce que faire de la musique un métier c’est gagner de l’argent, c’est pouvoir payer son loyer. Boudor : Moi par exemple j’ai fait de la musique un métier. J’ai fait des ateliers de coaching scénique au festival Gabao. Ça c’est parce que scéniquement Gilles KAMDEM qui est le directeur du festival a vu que je peux apporter quelque chose de bon à cette jeunesse. J’ai été rémunérer pour ça. Et la rémunération est constante, parce qu’elle ne va pas que dans les ateliers de coaching scénique. Aujourd’hui j’ai un livre qui doit sortir. Je me dis aussi que lorsque tu gagnes un peu d’argent dans le domaine musical, il faut investir. Moi je fais dans la duplication. C’est-àdire, je me dis que cet argent que j’ai gagné dans le hiphop, dans les festivals et autres, je l’investis, je le mets quelque part et on ne dira pas que c’est pas le hiphop qui me fait gagner de l’argent parce que j’ai investi.


“Le plus important quand on est rappeur, ce n’est pas la danse des lolos ou des corps, mais c’est la danse des méninges et des cœurs ”

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COVER

Kwatamag : Les artistes aujourd’hui tels que Locko, Stanley, Mink’s et plein d’autres de la nouvelle génération sortent de nombreux projets. Qu’est-ce que tu peux dire de la musique qu’ils font et de leur stratégie qui est à la fois marketing et culturelle ? Boudor : On ne peut que respecter. Et c’est aussi une question de choix. C’est-à-dire aujourd’hui il y en a qui vont te dire « mon rap paie les factures ». Eux ils veulent payer des factures, alors que nous on n’a pas un problème avec les factures. Parce que en réalité entre payer les factures et les consciences, qu’est ce qui est plus important ? Eveiller les consciences c’est ça le hiphop à la base ! Mais maintenant, eux ils choisissent de payer les factures, on respecte ça. Donc ils sont obligés de faire dans ce qu’on appelle la musique commerciale. On respecte cela et c’est leur choix. Ça fait danser les gens, ça fait noyer les soucis. Mais nous on reste dans notre choix, c’est-à-dire, on a fait un choix qu’on assume. Et quoiqu’il arrive, on est dedans à fond la caisse. Kwatamag : En tant que soldat, en tant que représentant 237 et de l’Afrique, qu’est-ce que tu peux dire à la jeunesse africaine qui aujourd’hui va te lire à travers ce magazine ? Boudor : A la jeunesse africaine, je vais d’abord m’adresser à ceux qui font dans ce qu’on appelle musique urbaine aujourd’hui. Il est important qu’ils comprennent qu’avant de savoir où ils

vont, qu’ils sachent d’où ils viennent. Parce que les vieux ont fait un travail énorme à la base, mais on a l’impression que par moment les gars avancent comme des voitures sans rétroviseurs. Et c’est très dangereux. Par la suite je dirais à ces jeunes-là de marcher avec leur cœur, de faire battre les cœurs du peuple musicalement, parce que en faisant battre les cœurs on est sûr qu’il y a des gens qui vivent encore. Qu’ils entrent plus dans la musique qu’ils créent, la musique originale. Et j’entends par original « or », « origine » et « ale » qui veut dire dieu en sanskrit. Qu’ils soient des dieux dans ce qu’ils font, qu’ils soient « or » comme lumière et qu’ils pensent à d’où ils viennent, à leurs racines. Kwatamag : Des projets ? Boudor : Oh ! Il y a un embouteillage de projets. Le plus imminent est le bled hip up et le quatrième album que j’ai baptisé « one » et que je suis déjà en train de finaliser. Sans oublier le festival Koubalanta en février prochain pour sa 5ème édition. Voilà un peu en quelque sorte. Kwatamag : Un mot. Boudor : KwataPeeps faut lire Kwata Magazine (rire). Merci à Kwata Magazine.

Team Kwata

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DOSSIER MASHUP CULTUREL : EVOLUTION

C’est entre 1989 - 2000 que surgit l’expression «culture urbaine» au Cameroun avec des comme: Krotal, SadraK, Boudor, Don Jumper, Nabil, Lady B et bien d’autres. Qui de la génération branchée n’a pas connu les expressions «Yor» et «Yoryette» ?

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DOSSIER

GÉNÉRATION BRANCHÉE...

A

vant le mot «yor», nous avons connu ce qu’on appelait au debut du hip hop camerounais, «la jeunesse branchée...Une «jeunesse cablée». En plus simple, c’était un mouvement pour tous ceux là qui suivaient la tendance, la mode du moment. Oui! C’était l’époque dédiée à l’amour pour le «trop grand». pantalon extra-large (baguy) , caleçons apparents, des sweats à capuches et des t-shirts amples, baskets avec ou sans lacets, bobs... Normal! Le rêve américain commençait à se vivre aux travers de nos hip-hopeurs. Le hip-hop est né, son esthétique aussi. A Yaoundé comme à Douala, le hip hop aux travers du rap, était devenu un grand mouvement grâce notamment aux «block parties» et aux Sunday rap» (un type de soirée qui réunit la jeunesse) durant lesquelles, des rappeurs clash» et improvisent sur des faces B, leurs textes...En effet, entre les années 80 à 90, on est encore loin de la mise au point des «beat». Des noms comme UMAR CVM avec Tom Sepha (Rasyn), Joël Geek et DJ Bilick (fondateur du Zomloa Familia), Anonyme Posee, Otoul Baka, le collectif Magma fusion, Benjo, Krotal, Protek Tho’or, Big Bzy, Bashirou, Dj bilick, negrisim, les frères Rouly (de beaux gosses soit dit en passant) , Ak Sang grave, Joël teek ,Racine , Eben, et bien d’autres, commencent déjà à se frayer une place dans ce mouvement encore noyé par le Makossa et Bikutsi qui eux, s’exportaient réellement et même, se faisaient respecter. «Le hip hop est voyou». Ainsi, le pensait la société. Mais African Logic par exemple à Yaoundé, était toujours rem-

pli de beau monde. «C’était le lieu où on parlait plus d’art d’avenir et c’est ce lieu qui vas accueillir le premier vrais grands concert de rap et rnb», nous signale la scenographe Louise Abomba. Entre les années 90 à 2000, les filles commencent aussi à «cracher sur le mic». C’est le cas notamment de Force à 4 avec comme lead vocal, Spirit (Aujourd’hui décédée), Cory Parker (Cory Denguemo, l’ex-chanteuse du groupe Macase) et Vegans. «Elle c’était un diamant, une magicienne des mots et du Flow» se rappelle Louise Abomba. Avec le temps, Lady B se fait connaitre du grand public. D’un commun accord, le photographe Francis Njel et la comédienne Jeanne Mbenti (Le Blanc d’Eyenga 1), indiquent: c’était surtout la première fille du milieu à avoir une visibilité. Plus tard, la liste des rappeuses au féminin s’élargit avec 20Cent, Amina, Nikdel, Adomine, La Meuf, Neverdie... Puis, avec le temps, le rap au féminin ou masculin se marie aux « DJing ». On pense au model «statois» où chaque rappeur doit avoir son DJ sur scène; on pense aussi à voir son projet greffé sur un t-shirt (streatwear), on fait des «collabo» avec des chanteurs de RnB... Même le tag et la danse dite hip hop s’y invitent, sans compter les ingénieurs de son et même les producteurs de son! Le «make music and bizness» prend corps avec le temps. Les label produisent et vendent désormais leurs poulains à l’extérieur et les vidéos (de qualité) elles, se vendent à ce jour au prix d’une brique* voir, plus.

Fidele Ntoogue Novembre - Decembre 2017 • www.kwatamag.com • 27


DOSSIER

VOX - POP

QUE PENSES-TU DE L’EVOLUTION DE LA CULTURE URBAINE EN AFRIQUE ?

J

Nabila Artiste Musicienne

e trouve qu’actuellement la culture urbaine en Afrique est en plein essor. Certes on peut encore aller plus loin mais on est déjà en net progrès par rapport à il y’a de cela quelques années. C’est vrai que ce n’est pas dans tous les domaines et je ne parlerai pour ma part que de 02 domaines que je peux prétendre maîtriser : la musique et la comédie. Mais déjà si on prête attention, en regardant des chaînes de télévision locale et internationale, on voit déjà une nette progression dans la qualité des clips, des messages véhiculés, ou encore des nominations et collaborations à l’international. C’est d’ailleurs ce que coke studio fait et c’est très beau à voir. Maintenant il y’a encore beaucoup à faire sur l’image et la considération que certaines personnes ont de notre passion, de notre métier. Et d’autres pensent que ce n’est qu’un hobby et ne nous prennent pas au sérieux. Sans oublier que certains grands artistes ne peuvent pas encore vivre de leur art.

Mais je suis contente de cette évolution, car je vois de plus en plus mes confrères voyager pour aller travailler, apprendre et collaborer au prêt d’autres. Mon rêve est que certains grands artistes connus sur tout le globe viennent collaborer avec les acteurs majeurs africains. Que cela ne se comptes pas sur les doigts d’une seule main. Nous avons un style, une histoire, un savoir, des instruments qu’on pourrait leur apprendre et imposer au reste du globe. En ce qui concerne la comédie, je ne suis pas comédienne, mais je suis très proche d’une étoile montante reconnue de la comédie camerounaise : Moustik le karismatik. J’ai aussi cité l’humour car pour moi c’est comme la musique c’est un art urbain. Et tout comme le sport à l’époque qui n’était pas pris au sérieux, cela procure de la bonne humeur, ça adouci les mœurs et est source de revenus pour tout le monde. Merci à vous !

E

lle est en pleine expansion en Afrique et même au Cameroun surtout avec la nouvelle vision apportée par la jeune génération, qui a su faire la synthèse pour produire une couleur afro propre à nous entre ancien et nouveau style. Ce qui constitue une forte image et vendable de la musique africaine.

J-Jack - Artiste Musicien

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DOSSIER

INTERVIEW NABIL - DON JUMPER - SADRAK - LADY B PHOTO BY PRO DIGITAL

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“All what I have being dreaming about as a kid, I can do it here in Africa.“

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DOSSIER

NABIL

Nabstar, Nabi Fongod, Sabi Pikin is a rapper, host and he KwataMag: So ‘Sabi Pikin’ is your new name? NabStar: yes, it’s still my name, you know when you have too much ‘sabi’ you should be given many names. KwataMag: we observed at the birth of hiphop generally in Cameroon your dynamism as an entertainer, a rapper but at a certain point you disappeared. Where were you? NabStar: First I didn’t disappear. I have many powers but disappearing is not part of it. I did what I could, meaning like I started radio in Cameroon when there were no private radio stations. So when I got to the first private radio station, I had the responsibility to introduce urban culture to mainstream and in 2001/2002 the mainstream was Makossa, Bikutsi and all our traditional rhythms. Hiphop is a culture that comes from people with a certain mentality and it’s a fairly young culture for it started in the late 70s, meaning those interested in hip-hop in the late 2000s were young. So we had to find a balance to introduce hip-hop to people who didn’t know about it. I told people back in 2002 – 2003 that in 20 years, the biggest thing in the world will be music coming out of Africa, and by music coming out of Africa I don’t mean music sounding like that of the USA or France but urban music related to Africans to the extends of pidgin. That is why many people will tell you that the first time they ever heard a Cameroonian entertain people in Douala and in pidgin was me, though in my shows I spoke mainly in good English but every time I had to communicate with people, I did it in pidgin. That was days back then but I had to leave Cameroon and go and cultivate

myself after 4 years and starting at the age of 17 and doing the best I could and giving the best I could to Cameroon music. I had to cultivate myself mentally, spiritually, culturally in-order to bring the best of myself to Cameroon. KwataMag: in the middle of all this African and Cameroonian culture in which we live today, how is hip-hop culturally adapted? NabStar: For what I know in Douala when I started my shows, all I knew was hip-hop. I was one like many others who listened only to hip-hop even when everywhere you stepped there was no hip-hop. So, once you have that culture, it’s easy to transmit it to others. Just like Jumper, you know Jumper is a rapper and tends to vehiculate it around him. With people like that, we had to express ourselves so we went to the radio station and did something good. And when I say main stream was Makossa and traditional sons, it wasn’t something people aged from 15 to 25 years were hooked on and they had nothing entertaining. So, when you came with something new and entertaining they were happy. The process we used to take hip-hop from underground music to main stream, is same applied today to transform music to become an urban culture. So, I can say urban music is the new Makossa, because everywhere you go, you listen to Locko, Mr Leo, Daphné and all those artists doing urban music. The success behind this is that the transformation was done in a very smart way, credits has to be given to Jovi for this, and he’s been a major part of this transformation. Though there are still people who love Makossa as it was way back then.

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DOSSIER KwataMag: so, we can say today that african hip-hop is getting into our culture just like Makossa.? NabStar: all I can say is that African hip-hop as we all know, hip-hop doesn’t originate from Africa. African hip-hop doesn’t really get to be our culture but it’s urban music. What we do as urban music is a mixture of hip-hop and traditional music. KwataMag: let’s come back to Nabil, can you talk to us about your current projects as an artist apart from TIA because TIA is part of a chapter we will talk about later? NabStar: oh, my projects as an artist, I just did a song with Gasha called “we still dey”. It was a project that I love so much because it was very artistic, you know I like acting a lot and I had that opportunity, to play a video boy and I worked with Tatapon Beyala who is amazing though still coming up but I think her chances and the ideas she has and her concept is great, working with her was very amazing. For now, I’m trying to concentrate on media and not music. I’d like people to understand that I’m having fun ever since I came back. That is how I take life. Since a kid I was dreaming of being an actor, a musician, a radio and tv entertainer and I’m leaving my dream. If I have to opportunity to realize a film like I wrote the script to co-realize the movie, I do it. So, everything I always wanted to do as a kid, I’m doing it. KwataMag: Now can you talk to us about TIA, that’s from the music till now? NabStar: it’s been a while I was away and I had to refuel and learn many things. I didn’t want to come back to Cameroon on purpose so as to change my mentality and make sure that I integrate a new way of doing things and understand the right way of doing things. I went to discipline myself and after doing that, I decided to come back to Cameroon. When I came back, things I expected to be terrible were not that terrible at all and I understood Africa with another mentality, there was positivity and a lot of hope and for

me the concept is that we can do it. Not like what we use to say “this is Cameroon what can we do about that!”. This idea of this is Africa that came to me, I used it to express myself. All what I have being dreaming about as a kid, I can do it here in Africa. One of my biggest dreams was to work with DJ Pazo, who someone I didn’t really know but we got to know ourselves through the internet and we worked over distance and I’d like to come here and work with him. With my skill as an entertainer I said to him “you can sing”. We have produced the show called “This Is Africa”, TIA where we showcase artist, giving them a certain value to able to justify their work. This is creating a platform to help the artist express himself and let people get in contact with him. This is what TIA is all about and we have people like Jovi and Oz working with us and expressing themselves through the platform. KwataMag: That is Nabstar Radio or Nabstar entertainment? NabStar: Nabstar Entertainment is the company producing Nabstar Radio. Nabstar radio is working now with Sweet FM and Canal 2, Nabstar radio running from Mondays to Fridays with different terms, Monday we have RnB, Tuesday we play Dance Hall, Wednesday we play African music, Thursday we play throwback old school music, Friday we play hip-hop and on Friday nights from 9 to 11 PM we have the big show where we decorate the studio and invite guest with whom we actually talk. KwataMag: Your last word to your fans and followers? Nabstar: To be franc with you, 15 years earlier, I could tell someone what to do. Today there is nothing I can tell anyone because it’s all around you, like don’t be left aside. Our culture surrounds us! Look at how Nigerians take Yoruba to the US and have Young Thug say “pélé pélé” 4 times not even knowing what he is talking about. You can best represent the culture that surrounds you.

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“La musique Africaine est drivée par la musique dite urbaine que ce soit ici ou ailleurs “ 34 • www.kwatamag.com • Novembre - Decembre 2017


DOSSIER

DON JUMPER Kwatamag: Jumper vous êtes un pionnier du hip hop, mais aussi un animateur tv. Qu’est-ce qui vous a poussé à un moment à vous dévouer à ce métier de la communication média ? Don Jumper: Avant la télé c’etait d’abord la radio, je le mentionne parce qu’il est plus facile ainsi de visualiser le tableau illustrant derrière ce choix car comme en studio ou sur scène je pouvais parler dans un micro (genre dynamique avec ou sans fil, à la tv c’est plus des micros cravates) et puis j’avais mon texte avec moi, cette possibilité aussi de jouer avec les figures de style et les mots .je dirai donc que c’est en grande partie l’envie de me trouver une plate forme d’expression pour passer mon message exactement comme on le ferait sur disque ou un tout autre support qui m’a conduit à ce grand carrefour qu’est la communication et puis le Hiphop peut avoir des tonnes de dérivés lifestyle today mais nous l’avons connu comme un moyen d’expression, revendication, un désir de représentation,d’ouverture et d’apprentissage de l’autre : De la communication sociale sur tape en fait Kwatamag: Il y a quelques mois vous faisiez votre come-back avec 2 singles de RAP pur. On se demande aussi d’où est partie votre motivation ? Don Jumper: Hahaha j’aime bien ce qualificatif que vous avez associé au Rap que je

fais : «Pur» Ça va faire plaisir à tous ces jeunes qui ont bossé là dessus car oui , ils y sont pour beaucoup dans l’univers sonore que vous avez écouté Le 06 octobre très exactement avec les gars de ma team on a balancé sur ma chaîne YouTube «Don Jumper « les titres Mc gigolo et Kikok. Pour ceux qui me connaissent vraiment il n’y a aucune surprise car on charbonne tous les jours et partout ça grâce des textes (sur du papier à l’ancienne oui), on attendait juste le bon moment à cause de nos emplois du temps toujours chargés et qui ne coïncident pratiquement jamais . À un moment on a compris qu’il n’existe vraiment pas le «bon» moment pour faire son truc alors on s’est dit : «let’s do it» Kwatamag: Pouvez-vous dire qu’il y a un changement remarquable dans la culture urbaine africaine aujourd’hui ? Don Jumper: c’est pas un changement remarquable mais une révolution. La musique Africaine est drivée par la musique dite urbaine que ce soit ici ou ailleurs (nigeria,Togo,Mali,Afrique du Sud, Benin, Ghana,etc.) est le réservoir des tendances, la fontaine du style et de l’originalité à laquelle viennent s’abreuver tous les autres, les plus grands noms de la musique sur cette planète en premier

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INTERVIEW

Kwatamag: Selon vous en tant acteur et homme de media, quelle est la place de hip hop camerounais dans tout ça ? Don Jumper: j’ai l’habite de rappeler aux personnes qui m’entourent et aux proches la sagesse populaire qui dit que l’on ne défonce pas des portes ouvertes car c’est une perte de temps que l’on peut mettre à profit dans le développement ou les stratégies de développement. Actuellement dans notre pays le hiphop avec tout ce que ça comporte comme courants connexes et annexes constitue le moteur de notre véhicule culturel. Je vous laisse décider de sa place Kwatamag: Quels sont vos projets futurs ? Don Jumper : pour ce qui est de mes projets immédiats dans la musique, c’est d’abord la sortie d’un EP et un Album qui suivra au courant de l’année 2018 On va aussi monter sur quelques scènes en cette fin d’année question de «warm» tout ça car tout se gère au sol et pour moi c’est la scène. Pour ce qui est des autres projets, ouvrez les yeux et scrutez le ciel si vous n’avez pas d’écrans à proximité Je suis un Mc dans le sens le plus large du terme et ça vaux ce que ça vaux Merci à vous et Kwata Shout out pour ce que vous faites Wasssséééé

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‘‘j’ai écrit certaines phrases de « cash». Et j’ai mis un chant de fond dans le refrain... Lui arrangeait tout ça à sa façon”

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DOSSIER

SADRAK « L’ivresse fait partie des choses qui nous inspire » C’est au cours d’un shooting que sadraK Pondi nous parle de sa vision du hip hop 237 d’hier à aujourd’hui. Fils de Mr Pondi et Ngo Njock (originaires de Manguènn ma Ndjock et d’Eseka), SadraK toujours fidèle à son franc parler, n’a pas raté l’occasion d’encenser et même, de faire des critiques sur certains artistes. Un avis sur mesure à propos de l’une des œuvres de Ténor et voilà qu’il met de l’eau au moulin de plusieurs afficionados de la chose musicale. Kwatamag : Commençons par le début. Comment tu entres dans le milieu du rap? SadraK: C’était une rencontre hasardeuse au niveau du Cinéma le Kondi, ici à Douala. Je devais avoir 13 ans. C’était lors d’un concert des gars sur scène dansaient, rappaient et arboraient des looks vestimentaires «un genre un genre» (rires). Grosses chaînes au cou, casquettes, blousons etc... Il s’est trouvé que certains des gars que j’ai vu sur scène là bas résidaient dans le même quartier que moi; j’ai commencé à trainer avec eux. Des gars comme Beauté ( fils de feu Mbe Maurice ) y’avait aussi Dimitri Tedga. Puis y a eu Eboa Priso et Alain Nkot. Ensemble on écoutait des groupes comme Public Enemy, RUN DMC. Ensuite, on a commencé à recevoir des cassettes vidéo des rappeurs français. NTM a dû être l’un des premiers groupes qui m’a convaincu en français. La claque c’était avec Mc Solaar qui écrivait bien et il était très jeune en plus...Le groupe IAM je l’ai découvert sur Africa numéro 1. C’était la magie...Mon premier texte je l’écris vers 1990. Kwatamag : Pour certaines personnes, tu es plutôt un rappeur atypique, avec des textes qui se dégainent constamment, spontanément et aisément comme si tu avais une usine à fabrique. Mais dis-nous comment tu fais?

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SadraK: C’est ce que les gens croient. Quand quelqu’un voit l’autre faire sa chose, il croit que c’est facile. Mes textes sont peut-être spontanés, mais je passe des heures et des jours entiers à les écrire. Avant j’écrivais dans ma tête. C’est derniers temps par contre, j’écris beaucoup avec un stylo. Kwatamag : A ton actif, tu as fait de nombreux featuring. Mais sadraK, ne roule toujours pas carrosse pourtant il voyage beaucoup hors du pays et travaille sur des projets externes. Alors est ce que le hip hop nourrit sadraK? SadraK : Oui au sens propre. il m’arrive de faire avec NeGriSsiM’ des festivals qui payent bien. Au sens figuré aussi le hip hop nourrit. C’est une grosse culture. On retrouve des gens assez inspirés et inspirants. A Dakar (Sénégal) où j’ai vécu, j’ai rencontré plein de personnes là-bas bas. Même dans la vie professionnelle ça rapporte. Parce qu’à un moment de ma vie, j’ai work pour des entreprises et le hip hop m’apporte une qualité de présence. Donc, le hip hop me nourrit. Bien sûr certaines périodes paient mieux que d’autres.


DOSSIER Kwatamag: Quelle note donne tu au hip hop d’avant face à celui d’aujourd’hui ? sadraK : (rires) Je donne 20/20 à celui d’avant et 20/20 à celui d’aujourd’hui. 20/20 parce qu’on est un pays qui aime le...vin. On peut lui reprocher de nous éloigner de la sobriété et des responsabilités. Mais, l’ivresse fait partie des choses qui nous inspire... Puis, il n’y a pas que l’alcool qui donne l’ivresse. L’ivresse c’est la passion; et c’est cette passion là qui nous anime. Avant il y avait une vraie passion. Aujourd’hui aussi il ya une vraie passion. Certes, les orientations sont différentes. Aujourd’hui les vidéos clips se font beaucoup mieux, les chansons sont de mieux en mieux mixées, mieux masteurisées, les artistes voyagent. Kwatamag : Il y’a eu les projets «rap conteur», HHD (hip hop développé) et «Cash» de Jovi, avec toi et tes idées à la base. Puis, plus rien. Peut-on dire que SadraK se fait constamment arnaquer? SadraK : Moi même je suis un arnaqueur... Je me soigne. Ça va aller...J’ai toujours aimé les collectifs. Je fais partie d’un des groupes les plus anciens du Cameroun. NeGriSsiM’ c’est 20 ans d’amitié. Au Cameroun c’est une performance...Notre nouveau clip va sortir d’un moment à l’autre. On a enregistré un super album de plus de 16 titres. On a fait avec beaucoup de coeur, à une période où Evindi et SunDjaH venaient de perdre leur chère maman qui nous a toujours aimé et soutenus. On était dans cette douleur avec le grand frère Brice Sassene qui nous a mis dans cette culture. Je salue d’ailleurs Brice... L’album est très chargé en terme d’émotions...C’est quand je reviens au Cameroun que l’idée du HHD émerge...Bobby Shamahn me présente Mickael Epaka qui a une super oreille musicale. Il avait un espace et moi du matos. On a fait HHD, une expérience hyper instructive... Disons Pour l’heure, il n’y a pas encore une grosse industrie musicale au Cameroun ce qui fait que les artistes se marchent un peu dessus. Il y’a aussi trop d’ego ; notre problème à tous. La vérité est que personne ne peut travailler seul... Avec Jovi, quelqu’un que j’aime bien d’ailleurs, c’est moi qui ai trouvé la phrase «mets largent à terre». Et j’ai écrit certaines phrases de « cash». Et j’ai mis un chant de fond dans le refrain...Lui arrangeait tout ça à sa façon. ça me plaisait. On travaillait dans une bonne ambiance...J’ai écrit une première chanson pour ReniSs, puis j’ai

participé aux premières conversations et à l’écriture des premiers mots qui ont été à l’origine de «La sauce « de Reniss. On s’était rendu compte que Reniss aime faire la cuisine. Et elle la fait bien d’ailleurs...J’ai tourné les mauvaises pages. Là par exemple, c’est Ndukong Bertrand (February 16th), le petit frère de Jovi, qui a réalisé le nouveau clip de Negrissim. Mon home boy Evindi est arrivé de Suède l’autre jour en me disant qu’il aime beaucoup le work de NDuKonG. On a travaillé avec NDuKonG. Et tout le monde est satisfait du résultat. Kwatamag : Donne-nous des noms du show biz Kamer que tu apprécies et avec lesquels tu aimerais bosser. Des jeunes par exemple? SadraK : Spido par exemple. Une énergie incroyable. On s’est rencontré chez Didier Toko, une autre personne qui m’inspire beaucoup. J’aime ce que font les home boys Pepe du Way et Hallère. C’est magique. J’aime Le berger sur scène. Lady B aussi reste incroyable sur scène...j’aime ce que fait Jovi. C’est un putain d’artiste qui a étudié le son en Inde. Il ya des gens comme Mr ArreH que les gens ne know pas encore. il arrive fort. J’aime l’énergie d’Oshiminh, Holokost, Armand BiyaG, le groupe Kunde, Palesto, Bashirou dont l’album «hypnose» reste l’un des meilleurs de l’histoire de la musique urbaine Camer. J’adore Locko. Il est d’une élégante sobriété...Ténor a une présence scénique extraordinaire, certes certains de ses sons ne sont pas vraiment aboutis . C’est comme son titre «bad thing». Mais on peut le lui pardonner, parce qu’il est jeune, et à son âge ce qu’il fait est énorme... J’ai composé et écrit un son sur le dernier album de Dynastie le Tigre. Je sens qu’on va encore collaborer...J’aime la rappeuse Miney. Surtout quand elle rappe en français. Son accent déchire. J’ai écrit un bon son pour elle récemment...Drax, Dj KriSs c’est mes gars. Andy, Papi Anza, c’est du talent pur...J’ai toujours trouvé magique ce que font Douleur, Govinal Essomba, Toto Guillaume, Panebo, Belka Tobie, Corry, Boudor, Bona, Charlotte Dipanda, Kareyce Fotso, Ben et Grâce Decca...Tous ces jeunes Camerounais sont bons dè(rires)... Kwatamag : sadraK se prend-il la tête ? Parce qu’à une période où tu bossais dans une grosse boite de com’ c’est une des choses qui se rapportait.

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SadraK : oui je me prends la tête, les orteils et les quatre membres...Je suis un genre d’enfoiré de luxe... Kwatamag : As-tu des projets en cours? SadraK : Oui je fais un gros concert le samedi 24 février 2018 à l’Institut Français de Douala. Deux heures de show livE avec musiciens et Dj... Y aura beaucoup d’invité(e)s de marque. Je vais réunir quelques unes de mes icônes camers. Y aura ceux qui m’ont inspiré hier, ceux qui m’inspirent aujourd’hui et ceux et celles qui sont déjà entrain de m’inspirer pour demain... L’événement s’appelle FLOW DE FOUS AUTOUR DU FEU. On va s’éclater comme pop corn dans

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l’huile chaude... En attendant le 24 février 2018, retrouvez-moi en décembre au Sud ( salon urbain de Douala), au Douala Hip-hop Festival et au Balama(marché des arts de Bali) où j’anime une scène le soir du 9 décembre... À part ça je finalise un livre où je raconte des scènes de mes voyages. Si vous voulez des extraits de mon livre, je vous donne seulement en exclu mondiale. Lectrices et lecteurs méritent ça. Y a quoi? Merci Fidèle. Mè yéga. Merci KwatamaG. Ce que vous faites est énorme. Plein de bonnes forces à vous pour la suite...BiG Up!

Fidele Ntoogue


“je suis difficile, peutêtre même, ingérable”

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DOSSIER

LADY B DANSEUSE, CHANTEUSE, RAPPEUSE Celle qui a été choisie cette année comme étant la «légende» du prochain Douala Hip Hop Festival, nous parle autour d’une tasse de café, de ses débuts dans la musique 237; de ses passions, ses colères dans le biz, mais encore... Du comment elle voit le show biz actuel.

Kwatamag: Avant qu’on ne connaisse Lady B, il y avait la chanteuse du cabaret Le Fako, notamment dans les années 2000 si j’ai besoin bonne mémoire. Parce quil faut quand même rappeller que tu te révèles au grand public lorsqu’en 2002, tu remportes avec ton groupe, la compétition «coca cola dream»! Lady B: J’entre dans ce milieu sous la casquette de danseuse. La musique, il faut dire aussi que j’écrivais souvent quelques textes. Entre 2000 et 2001, je suis venue ici à Douala avec mon groupe et pendant ce temps, je m’exerce vraiment à chanter à la Cigale de Bonanjo. J’y ai travaillé durant 3ans en tant que chanteuse. Mais c’est mon expérience avec Coca Cola dream qui reste magique. Sydney avec lequel je bossais dans ce cabaret et qui avait même deja participé à ce concours avant, me fait comprendre que dois my inscrire. Alors il se trouvait que j’avais justement fait les choeurs dans unes des chansons de Snake Eyes, qui lui en allant postuler a été surpris qu’on lui demande plutôt de m’amener à participer à ce concours. Mais j’avoue vraiment que je n’y croyais pas du tout au départ. Kwatamag: Mais as tu décidé de faire du rap parce que le champs était libre à l’époque, ou pour tout autre chose? Vu que tu es quand même la première rappeuse au féminin à avoir eu une visibilité; je parle notamment du fait d’avoir fait par exemple un clip!

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Lady B: Je pense que c’était une grâce pour moi. Parce qu’à l’époque à Yaoundé, il y avait déjà une «go» du nom de Clémentine, qui rappait aux côtés des gens comme Krotal; à Douala il t’avait Lex, la grande soeur de 20cent. Moi je n’étais que danseuse! Ca doit aussi être le fait d’avoir participer à ce concours. Kwatamag: Lady B artiste capricieuse ou pas du tout ? Toi c’est quoi le caractère que tu collerais à ta personne artistique ? Lady B: (Rires) C’est vrai que je suis difficile, peutêtre même, ingérable. Je m’améliore tous les jours, mais il reste que le plus important c’est ce que je veux. Même si je demande l’avis des autres, le mien compte toujours. Je travaille avec une équipe. C’est à dire que je n’ai pas le monopole du savoir ! Moi j’écris et les autres ont chacun leurs «taf». Par exemple si mon manager vient me dire : écoute Lady B, je sais que tu aimes fumer, mais devant les gens il faut une pause. Je l’écoute ! En fait, la liberté d’échanger avec les autres n’a pas de prix Kwatamag: Tu es en «autoprod” ? Lady B: Oui et depuis longtemps.


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DOSSIER

Kwatamag : En juillet dernier, tu sors le titre «C’est la faute à paaaa Biya» très belle mélodie avec un texte imposant. Sauf que le public le voit mal. On trouve que tu commences à prendre parti comme des « babyloniens» ; d’aucuns disent même qu’il y’a trop du sadraK à l’intérieur. Toi c’est quoi ton histoire ? Lady B: Non, je ne fais pas de la politique. J’essaye juste de conscientiser le peuple. La chanson a été écrite par sadraK Pondi du groupe Negrissim. Et il faut donner à César ce qui est à César. Au Cameroun on refuse de rêver, de dessiner l’avenir ou de travailler en collectif. Moi J’aime les textes de sadraK. Et ce dernier texte arrive à un moment où je n’étais pas bien avec moi-même. Si je n’étais pas passionnée, j’allais arrêter la musique. Déjà ce que j’ai eu avec MTN et après mon entourage, ne m’a vraiment pas aidé à me sentir bien. Donc après je me suis dit : Non ! Comment faisaient Félix Moumie, Oum Nyobe et les autres ? sadraK par la suite me propose cette chanson. On a terminé le son ensemble et au studio je me suis laissée dirigée par lui. Puis, sadraK c’est un aîné de la profession. J’avais envie d’apprendre. Au Nigeria ils font des collabo’ pourquoi pas nous ? Kwatamag : Mais, si la démarche des «collabo» t’est si chère comme tu le dis, cela signifie que tu pourrais en faire avec ses jeunes qui t’adulent depuis leur bas âge ? Pourrais-tu aller vers eux ? Lady B: Bien sûr, ça me tente. Sauf que j’ai mes

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critères. Moi je t’ai dit bien avant que je suis une artiste engagée. Sinon dans la nouvelle génération j’aime bien Ténor. Je trouve qu’il a beaucoup d’énergie. C’est aussi un Bon rappeur. Euuuuh... Je ne peux pas citer Jovi parce qu’il est de ma génération. J’ai d’ailleurs déjà travaillé avec lui sur mon précédent album, «aux pays des femmes sages». Reniss je l’aime bien aussi. J’aime son côté hip hop. Beaucoup de gens ne savent d’ailleurs pas que c’est une très bonne rappeuse. Il y’a Blanche Bailey qui chante bien aussi et il y’a, Salatiel et Askia. A propos de tes projets, tu as récemment lancé une compétition de rap féminin dans plusieurs villes du Cameroun, alors à ce jour, où en es-tu ? Lady B: Oui «Ladies Révélation». Nous sommes encore au niveau des présélections. La finale aura lieu en décembre. Les programmations se feront jusqu’en mars 2018, en partenariat avec l’IFC. Il y aura aussi mon album qui se prépare pour 2018.

Fidele Ntoogue


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VIEW

IFRIKYA SPIRIT

«Nous avons même partagé la scène avec le grand Richard Bona»

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ous faisons le temps d’une interview, une immersion dans l’univers musical de la région africaine du Sahel, avec le Ifriirya Spirit; un groupe d’artistes marocains qui ont comme fils conducteur musical, le diwan, les musiques approfondies du monde et les nombreuses expériences accumulées au courant de leur voyages. Kwatamag : Vous avez récemment fait un show memorable à Yaoundé (Cameroun), lors du festival le Kolatier. Dites nous un peu ce qui vous a motivé à faire ce voyage. Ifrikya Spirit: C’est d’abord la direction artistique d’Ifrikya qui signifie Afrique. L’Africanité c’est notre ligne éditoriale, notre ligne directrice. Nous revendiquons l’identité africaine dans ses aspects culturels, en tout cas à travers la musique que nous faisons. Il était donc logique pour nous de se produire en Afrique Subsaherienne, vue que l’Algerie s’arrête dans la région du Sahel. Et à Marseille, j’ai rencontré mr Luc Yatchokeu qui est le promoteur de Kolatier. Nous avons échangé et gardé contact. D’ailleurs c’est même çà le but d’un marché. Voilà, nous avons été sélectionnés et nous avons même créé un super slogan pour les gens de Yaoundé, lors de notre passage au Kolatier. Kwatamag : Tout ce que nous savons du groupe c’est qu’il a été créé en 2009, mais on n’en sait 46 • www.kwatamag.com • Novembre - Decembre 2017

pas plus sur le parcours d’Ifrikya Spirit Ifrikya Spirit : Le groupe est né d’une collaboration. Ils ont travaillé ensemble pendant 45 jours pendant une résidence artistique du festival panafricain d’Alger qui était à sa deuxième édition. Il y avait eu le gros festival en 69, qui reuinnissait 60 pays je crois bien. Le festival réunissait plus de 60 pays. Au sortir de ses travaux de résidence, les fondateurs du groupe Ifrkya Spirit sont partis de cette idée là de rassembler les cultures africaines. Puis, se sont ajoutés : Amine Houame et Sou Alia, la chanteuse du groupe ; comédienne de théâtre reconvertie en chanteuse. Gherasse Mehdi à la Batterie, Samy Gherbouba à la basse, Nazim Bakour à la guitare et Mourah Réda au clavier et aux arrangements. Kwatamag :Comment peut-on décrire l’univers musical du groupe ?


Ifrikya Spirit: Il était question d’introduire les instruments du sud d’algerie et de travailler sur les similitudes qui nous lient. On a entamé un travail de recherche, essayant de trouver la meilleure façon de mettre nos identités musicales individuelles dans un même projet musical. Notre musique aujourd’hui, nous la voulons universelle et universaliste; on essaie de travailler dans ce sens. D’ailleurs, nous avons fait de très belles rencontres musicales récemment lors du Kolatier ! Kwatamag : Parlez nous des instruments que vous utilisez. Ifrikya Spirit: Nous travaillons sur des instruments du Sud de l’Autilise; Il y’a aussi, le Djembe, les percussions, le tam-tam, le N’goni, un Balafon, une Tama, une flûte mandingue. Tout çà est soutenu derrière par une section rythmique plutôt moderne avec de la basse, la batterie, piano, clavier et tout... On travaille sur cette fusion entre la musique africaine et les sonorités que nous qualifions d’occidentales. Kwatamag : On n’a surtout remarqué que durant

votre passage au Kolatier, vous aimiez bien travailler sur le métissage. On a d’ailleurs senti de la Bossa Nova, certains rytmes venus du Cameroun et d’autres pays! Alors comment faites vous pour arriver à un tel résultat ? Ifrikya Spirit: Disons que c’est juste l’ouverture d’esprit par exemple. L’ouverture vers d’autres musiques; se les approprier et proposer quelque chose de différent. Le groupe en lui même est constitué de personnes ayant des influences diverses. Il yen a qui viennent d’une école jazzy, dautres de celle du Rock, musiques classiques et même plus. Kwatamag : Votre premier et dernier album sort en 2015 et depuis on se demande bien ce qui s’est passé ! Ifrikya Spirit: En 2016, nous avons fait une tournée américaine qui se déroulait de façon quotidienne. Nous avons même partagé la scène avec le grand Richard Bona. Mais depuis notre retour, nous travaillons sur un second album.

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LE MOOD DE FIFY

Le bled nage dans la merde!

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uais! D’entrée de jeu je sais que plusieurs parmi vous seriez très choqués par une telle titraille. Mais je m’en fou. Cette fois, ca sort comme ca doit naturellement sortir; donc, sans péridurale.Vraiment, le camerounais perd chaque jour que le bon Dieu crée, sa superbe intelligence. Et c’est bien dommage. C’est pas pour insulter ou jeter la pierre sur qui que ce soit hein? D’ailleurs qui suis-je pour ainsi agir? En écrivant cette lettre qui vous est adressée, je me suis posé mille questions . J’en suis arrivée à en choisir une seule: c’est quoi votre meilleur moment? Ouais, je profite pour plagier mon ami et «frère « Dieunedort Tchuemtchoua, qui indique dans un de ses récents «one man show», que le meilleur moment pour beaucoup, c’est lorsqu’ils sont sur le trône. Pour ceux qui se sentent égarés, le trône ici renvoit aux chiottes, à la merde. Maintenant revenons à notre contexte. Ou plus tôt à ce que j’ai voulu énoncer au départ. Le bled est dans la merde! Sans blague.On devrait interdire l’utilisation de linternet au Cameroun, tout court. Au départ, je me disais qu’on devrait juste interdire l’usage des smartphones, iphones... Bref tous ces gadgets du net à certaines personnes. Récemment, j’ai décidé d’intégrer plusieurs groupes whasap, facebook et autres, pour épier ce qui s’y passe. Sans exagération, je suis actu, dans près de 300 groupes whasap. De ces noms:Plaisirs sexuels, Baise.

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com. Comme quoi, une fois que tu y, tu es directement servit? Ou programmé pour un plan de kene? Virtuellement ? ‘‘Lesbiennes du Mboa’’. Du genre un club secret? Je me suis toujours poser la question de savoir comment ce serait dans la vraie vie - on s’echangerait peut-être des «cartes de visites lesbiennes» avec le poste qui va avec? Non les gars delirent franchement sur le net. Mieux, ils s’ennuient. En intégrant un autre crew du nom de «cuisine pour tous», je me suis dit: voilà Fify,comme tu aimes la bouffe là, voici alors un groupe dans lequel tu sera à ton aise. On cuisinera (virtuellement) et tu en aura pour tes mégas. Que nenni! Le groupe s’est transformé en réunion pour filles et femmes dont le coeur a souvent été brisé par l’amour qu’elles eprouvaient pour un djo. Une arnaque. Sur Facebook, je me suis inscrite dans un groupe de plus de 5000 membres (je crois): kerelles kongossa (kk). Et comme j’aime le tchotchori (comme 99% des camerounais), je me suis dit: voilà un groupe inspirants pour mon mood quotidien. Mais j’ai très vite compris avec le temps que plusieurs des membres y font des postes juste pour faire la promotion de leur piment. De ces cancans posters et posts. De ces cancans clashs. En y réfléchissant, les parents de plusieurs adhérents de ces groupes devraient trouver un moyen en mode espion, pour appliquer la censure.


Plus j’y pense, eux mêmes ne sont pas en reste ces adultes, pères et mères d’enfants. Ils sont même les premiers à servir des livefacebook sexuellement transmissibles. Tenez par exemple ceux du mois derniers avec Lady Ponce, Longue Longue et Aline Zomo Ben. Je n’ai vraiment pas envie d’entrer dans les détails. Rien qu’à y penser j’ai déjà la nausée. Nous avons touché le fond les amis...le fond de la merde. Finalement la merde c’est ce qui nous défini au 237. Non mais prenez un livre les gars! Lisez, trouvezvous d’autres centres d’intérêts! Surtout, éteignez vos téléviseurs. Comme le dit le chanteur Steve Anselme, « il y’a peu de bonnes

nouvelles à la télé «. Les médias organisent des débats dans lesquels la moralité est très vite piétinée, bafouée; font de sacrés reportages quand même (à la Une du journal) sur des affaires de moeurs qui n’aideront en rien notre société bien malade. Et on appelle çà «liberté d’expression». Moi je dit: c’est la liberté de pondre sa merde. Ca vous travaille hein? Bande de malades. Si vous n’êtes pas contents, alors venez me taper. En même temps, malade je le suis aussi. A preuve, cette lettre à vous adressée, reste une belle merde!

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PORTRAIT

MODE

PADOUE TOUKAP

MARYEL FAUTIER PHOTO BY TEAM KWATA

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MARYEL FAUTIER F

autier Djouom Nelson Maryel, communément appelé Maryel Fautier est un jeune couturier camerounais âgé de 33 ans. C’est en classe de CM1, à l’âge de 9 ans qu’il fait ses premiers pas dans le métier aux côtés de son père Fautier Roger, qui lui aussi était couturier et auprès de qui il nourrit sa passion. En 2007, il s’inscrit à Jemann Institut of Fashion, l’une des meilleures écoles de couture au Cameroun, pour perfectionner ses connaissances dans le domaine. Il ne commencera

qu’à gagner de l’argent avec ce métier en 2005, soit 02 ans après la mort de son père. En 24 ans d’expérience dans le métier et 12 ans profession, il est aujourd’hui fondateur de Maryel Couture et a participé en 2009 à Afrique Collection. Maryel se veut donc être un entrepreneur dans le domaine de la mode dont le projet immédiat est de transmettre son peu de savoir à ses frères et sœurs africains.

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“Le choix de la réussite doit être basé sur la passion ”

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DANS MON BLED

Mouanko, berceau de l’église catholique camerounaise « Sambo yéyé »

D

u 28 au 29 nous sommes allés découvrir la commune de Mouanko, qui est située dans la Région du Littoral et plus précisément dans le département de la Sanaga Maritime. Mouanko ? C’est un village de pêcheurs. Les huîtres palourdes, que l’on nomme localement, «bissondas», sont les principaux produits de pêche de cette région. Les « mwadja moto », « sambo yéyé » ou petits poissons, ne sont pas en reste. Mouanko ? C’est une très belle destination touristique située dans la réserve de faune de DoualaEdéa avec une biodiversité unique au Monde. L’histoire de Mouanko est très ancienne. En effet, c’est ici qu’est née la Mariemberg, la première église catholique cons truite à l’époque du

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Kamerun allemand. Durant notre séjour en cette localité, nous avons eu le plaisir de rencontrer le prêtre qui gère la dite église. Selon l’ascète, la religion occupe une place de choix en occupe une place de choix dans le paysage socioculturel de Mouanko. On y rencontre une multitude des églises dites de réveil, notamment sur la bande côtière (Malbengue, Yoyo I et II, Bolondo, Souellaba... L’islam est aussi présent notamment à Yoyo. Les Eglises dites instituées, l’Islam, le catholicisme, l’Eglise Presbytérienne Camerounaise et l’Eglise Baptiste encadrent aussi une bonne tranche de la population.


Venir à Mouanko sans venir partager la parole divine avec les populations d’ici serait en effet vu d’un mauvais œil. La preuve ? Et notre délégation qui n’avait pas été briefée à l’avance, a dû affronter la colère des villageois. Ceux-ci n’ont simplement pas apprécié le fait que nous ayons préféré les chimpanzés à la religion. Les chimpanzés ? Justement parce que nous avons visité l’ile aux chimpanzés en commençant par le camp, siège de l’association « papaye ». Selon Bosco le guide que nous avons rencontré sur cette ile, Papaye est le nom donné au premier chimpanzé de ce camp. Il avait été adopté 16 ans plutôt. Aujourd’hui, Papaye réside du côté de Limbé. Ce camp installé à son nom, compte 3 résidents, parmi lesquels, Bosco et Jonathan ; de charmantes personnes. Le camp accueille des chimpanzés orphelins, victimes de la barbarie des braconniers. Grenadine, Cannabis et Cerises sont ceux qui nous ont le plus charmés. Tel des

bébés humains, ils sont nourrit à l’aide d’un biberon. Selon Bosco, les chimpanzés ont des comportements très proches de ceux des hommes. A la seule différence qu’une fois dans leur milieu naturel (la forêt), ils peuvent devenir très brutaux. C’est le cas des plus âgés qui se trouvent sur l’ile en face du camp « Papaye ». Pour le reste, Mouanko a été dotée d’une unité autonome ou plutôt semi-autonome en 1950. Il devient le district de Mouanko le 08 août 1959 puis, érigé en arrondissement le 14 novembre 1979. Principales ethnies -Les Malimba -Les Yakalak -Les Pongo-Songo

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NOS WAKAS

LANCEMENT OFFICIEL NOURISHKA COSMETIQUES Lancé le 29 septembre dernier à douala, la gamme nourishka cosmetiques est en vente à la pharmacie de Douala et dans toutes les boutiques nourishka cosmetiques.

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NOS WAKAS THE MUB

Le MuB ou Make-up Bar est un évènement visant à valoriser la femme et sa beauté. Cet évènement associe différentes activités qui ont pour but d’exalter l’image en soi.

Prochaine édition ce Décembre 2017 Novembre - Decembre 2017 • www.kwatamag.com • 57


HI-TECH LE BITCOIN

H

ello KwataPeeps ! Aujourd’hui nous vous parlerons d’argent !!! Ah oui, quand on prononce ce mot, nous sommes certains d’avoir toute votre attention ! Mais ici, il ne s’agit pas du cash, mais plutôt du ‘bitcoin’, une crypto monnaie telle que Ethereum, Monero, LEO Coin etc. Du Nkap virtuel. Le bitcoin est une crypto-monnaie, un système de paiement pair-à-pair inventé par Satoshi Nakamoto en 2008 mais publié en tant que logiciel libre en 2009. Ce système a été inventé pour faciliter les paiements électroniques, sans forcément passer sous le contrôle des organismes tels que les Banques Centrales. Ce qui implique que les comptes ne sont pas gérés au niveau des Etats. Mais attention, les transactions restent légales et transparentes car elles sont vérifiées par les nœuds du réseau et enregistrées dans un registre public infalsifiable appelé BlockChain. N’ayez pas peur ! Ces transactions restent anonymes et donc, impossible de vérifier l’auteur d’une transaction. La différence entre les principales cryptos monnaie n’est autre que leur taux de change par rapport à nos monnaies traditionnelles telles que le CFA, l’Euro ou encore le Dollar. Il faut savoir que la valeur du bitcoin dépasse actuellement les 6000$!! vous comprenez ça ? Donc plus de 3 200 000 FCFA !!! Fini de blablater sur le principe et entrons dans le vif du sujet : comment obtenir des bitcoins ?? Le premier moyen d’avoir les bitcoins c’est éventuellement d’échanger ses CFAs contre des bitcoins. Il faut donc se rendre dans un établissement dédié pour cela, quoique nous ne pensons pas qu’il en existe vraiment sur le territoire camerounais. Le deuxième moyen est de vendre des services et accepter une rémunération en Bitcoin. Il faudrait juste que tes clients puissent régler via Bitcoin !! Le troisième moyen et sans doute le plus intéressant, est le minage. Tout comme on fait le minage pour obtenir de l’or, on le fait aussi pour avoir des bitcoins « gratuitement ». Le minage consiste à louer la puissance de calcul de son/ses ordinateur(s) pour la vérification et le traitement des transactions bitcoins en échange des bitcoins. En faisant ainsi, tu rejoins la communauté Blockchain pour aider au développement de la crypto monnaie ! Mais (il y a toujours un mais, on va faire comment eh ??) l’exécution des algorithmes Blockchain est très gourmand en ressources de l’ordinateur utilisé. Du coup, les répercussions se font sentir au niveau des factures d’électricité qui arrivent très, très élevées. Alors les KwataGeek qu’en dites-vous ? A vous d’en juger. Devons-nous aller vers un futur où l’économie numérique occupera une place majeure dans notre système monétaire et dans lequel les cryptos monnaies y jouerons le plus grand rôle ? Nous pensons que ça vaut le coût de s’y intéresser. Allons même plus loin, soyons encore plus fous, et créons une crypto monnaie propre au Kamer.

Guyrault

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SUCCESS STORY ‘‘La success story qui éveille les consciences’’

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attu, maltraité, marginalisé à son bas âge, puis devenu malvoyant depuis l’âge de 14 ans il a réussi à porter trois grosses casquettes dans l’Entertainment camerounais et mondial : il est réalisateur ; scénariste et créateur de mode. Mason Cyrille Elong Ewing est un malvoyant réalisateur, scénariste et créateur de mode. A 36 ans il est le créateur d’un holding appelé Mason Ewing Corporation basé à Los Angeles qui aujourd’hui compte plusieurs filiales dans le monde à l’instar d’EwingWood au Cameroun. Ayant des origines camerounaises, après la mort de sa mère il immigre en France où son oncle et sa tante qui l’accueillent passe leur temps à le maltraiter, ensuite s’exile aux Etats Unis car au départ en France il est marginalisé à cause de son état malvoyant. La marque Mason Ewing ne m’appartient pas … Parti d’une histoire d’amour entre une mère et ses enfants, Mason Ewing a voulu réaliser le rêve de sa mère qui avait toujours rêvé d’avoir une entreprisse de mode à elle. Alors Quand il créé le holding Mason Ewing Corporation il l’a fait connaitre au grand public par la marque de vêtements Mason Ewing qui compte aujourd’hui

une ligne de T-shirts avec du braille et une autre ligne où il y a la gamme Espoir pour l’Avenir. Ne jamais écouter les autres … Tout petit déjà Mason aimait regarder la télévision et il a très vite été pris par la beauté des films. C’est ainsi qu’il décide de se lancer dans la réalisation mais étant malvoyant a été rejeté en France et s’est exilé aux Etats-Unis d’Amérique où il finit par se lancer et en 2017, est très bien accueillit dans son pays natal : Le Cameroun. Un destin bien tracé … Des rêves devenus passion, des passions transformées en profession pour enfin donner naissance à des projets viables. Pour ce qui est de l’audiovisuel, en 2018, Mason naviguera entre les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et le Cameroun où se prépare actuellement un long métrage intitulé : Coup de foudre à Yaoundé. Et dans la mode, en Mars 2018 se déroulera à l’hôtel Hilton de Yaoundé le défilé Espoir pour l’avenir soutenu par la fondation de Samuel Eto’o.

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SPORT

JUDO

YAMASHITA : MÉDAILLÉ DE BRONZE AUX JEUX DE LA FRANCOPHONIE SE PRÉPARE POUR LES J.O

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À

juste 22 ans le jeune judoka commence déjà à se révéler au monde international des arts martiaux. Récemment médaillé de bronze aux derniers jeux de la francophonie, Yamashita de son vrai nom BELL NGINDJEL Franck Parisi est connu comme l’un des espoirs du judo camerounais et a été reçu à cet effet par le chef de l’Etat S.E Paul Biya au palais d’Etoudi. Yamashita débute le judo à l’âge de 5 ans influencé par une famille de judoka et principalement par son père, et coach depuis l’enfance (BELL NGINDJEL Gustave Jonathan), qui cherchait à canaliser son énergie débordante d’enfant. « A la maison c’est papa et au club c’est maitre et il est la première personne à le remettre sur le droit chemin » nous parle-t-il de son père qui l’a toujours encouragé non seulement dans ses études, mais aussi dans la discipline. Eh oui, cette ceinture noire 2e dan est diplômée d’une licence en génie biomédicale obtenue à l’IUT de Douala et espère jumeler ces deux passions à savoir être le meilleur judoka de la planète et faire un travail où il pourrait aider les gens. Depuis l’époque du mini judo, Yamashita a pu gagner de nombreux titres parmi les-

quels la FENASCO, les Dixiades, les jeux Universitaires, le Championnat national, la Coupe du Cameroun et les récents jeux de la francophonie pour ne citer que ceux-là. Ces victoires sont le résultat de minimum 12h d’entrainement par semaine entre club, entrainement personnel et club universitaire. Franck considère le judo comme un cadeau. Il suit et respecte le code moral de cette discipline et cela lui a permis d’acquérir beaucoup dans la vie. L’un de ces cadeaux de la vie est le respect des autres. D’ailleurs il déclare : « En judo, mes meilleurs moments sont en groupe avec les autres judokas lorsqu’ils me soutiennent ». Actuellement en pleine préparation pour les qualifications aux prochains jeux olympiques avec d’autres athlètes, il espère bien tout donner avec ses coéquipiers et porter le judo camerounais au sommet de cette compétition. Ses pires moments : la défaite et la difficulté du travail Ses points forts : le travail, aimer la rivalité, accepter parfois la défaite.

Nems

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