LE JASEUR
BORÉAL
Février 2017
TABLE DES MATIÈRES
Sur les traces des animaux à la Forêt Montmorency
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Combat contre l’huile de palme
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Éloge à une laisse
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Une note de l’AEFEUL
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À vélo
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Quand le houblon rend service aux bélugas
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Colloques de l’hiver 2017
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Circumnavigation de la Isla Gordon et de ses Ventisqueros
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COP 22 et changements climatiques
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Cowboys nordiques sur roues
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La Guerre des tuques
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Manner over manner
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Chacun son monde
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Secrets de plantes
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La poésie, pour un monde doux
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Le comité du Jaseur Boréal, votre journal étudiant Coordonnatrire: Clara Canac-Marquis Collaboratrices : Béatrice Côté, Emma Côté, Nadia Larocque Lemay et Marimay Loubier Graphiste : Vanessa Audet
lejaseurboreal@ffgg.ulaval.ca lejaseurboreal.ffgg.ulaval.ca /lejaseurboreal
Photo de la page couverture prise par Martine Lapointe Tirage : 110 exemplaires Distribution : pavillons Abitibi-Price et Gene-H.-Kruger
Imprimé sur du papier Rolland Enviro100
La réalisation du journal est rendue possible grâce à la contribution financière du Fonds d’investissement étudiant et de vos associations étudiantes. Merci !
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LE MOT DU COMITÉ Vous le saviez sûrement déjà : 2016 aura été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre. Elle se classe, dans l’ordre, devant les années 2014, 2010, 2013, 2005 et 2009. Sans doute, nous vivons un air de changement. Le pont de glace qui reliait auparavant l’Île d’Orléans à la Rive-Nord peine maintenant à se former. En date d’aujourd’hui, certains bourgeons ont déjà débourré! Le froid est doux et la neige mollasse. Le mythique hiver québécois aurait-il perdu ses plumes? Victime de son temps, le Jaseur Boréal doit, lui-aussi, s’adapter aux changements rapides. Hélas, nous vous annonçons que votre journal est en péril. En effet, une bonne partie de l’équipe de gestion graduera prochainement, si ce n’est déjà fait. L’heure est à former la relève pour assurer la résilience du Jaseur face aux événements prochains... Si ça vous tente de vous impliquer dans ce projet commun, joignez-nous sur facebook! Pour que le chant de la FFGG puisse être entendu encore et encore! Le comité.
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Sur les traces des animaux à la Forêt Montmorency Par Maxime Brousseau, candidat à la maîtrise en biologie Lorsqu’on se balade en forêt durant la saison blanche, il est possible de voir plusieurs traces dans la neige que les animaux ont laissées derrière eux. Ces empreintes peuvent paraître anodines, mais elles renferment beaucoup d’informations sur le comportement et la biologie des animaux.
Cet ambitieux programme a permis de démontrer la validité des pistes comme indice d’abondance et de tendance populationnelle. Il a également permis la réalisation de projets de maîtrise et de doctorat ayant mené à la publication de quatre articles scientifiques. Jusqu’à présent, les données indiquent que les animaux de la Forêt Montmorency se portent bien, soutenant du même coup le modèle d’aménagement de la Forêt d’enseignement et de recherche. Les observations suggèrent entre autres Depuis bientôt 20 ans, un projet à long terme de suivis que l’habitat de la martre n’est pas seulement restreint hivernaux des animaux à la Forêt Montmorency a été aux vieilles forêts, contrairement à ce que la littérature mis en place par André Desrochers, professeur à l’Uni- laissait entendre. versité Laval. Ce chercheur a établi un plan d’échantillonnage comprenant des transects hors-pistes, sur che- La science collaborative est de plus en plus mise de mins et en sentiers. Depuis le lancement du programme, l’avant dans différents projets de recherche. Avec la veplusieurs bénévoles se sont relayés tous les hivers afin nue des téléphones intelligents disposant de GPS, mond’arpenter la Forêt. En date du 31 mars 2016, ce sont sieur et madame tout-le-monde peuvent se promener 2423 km (1132 km de motoneige, 780 km de raquette, en forêt, faire des observations, les géoréférencer et en323 km de ski et 187 km de marche) qui ont été par- suite les partager à la communauté. Cette nouvelle façon courus et plus de 53 000 pistes qui ont été enregistrées. d’acquérir des données peut se faire à peu de frais et sur Une base de données impressionnante qui a peu d’égal une beaucoup plus grande surface. C’est également une ailleurs au monde. bonne occasion de vulgariser la science et d’y impliquer le public. Il a été possible d’identifier les traces de 13 espèces de mammifères, soit le loup, le renard, l’écureuil, le lièvre, Lorsque vous aurez une journée de libre, chaussez vos le polatouche, la belette, la loutre, le vison, le lynx, la raquettes et venez explorer votre forêt universitaire. Une martre, le pécan, le porc-épic et l’orignal, en plus de 2 es- belle façon de contribuer à la recherche, de se mettre en pèces d’oiseaux, soit la gélinotte et le tétras. Des photos forme et d’en apprendre davantage sur la biologie aniet différentes mesures telles que la largeur d’une patte ou male. Si vous êtes intéressés, vous pouvez rejoindre le la longueur de l’enjambée sont prises afin de confirmer groupe Facebook Pistage Forêt Montmorency. Au plail’identification. sir de vous y voir !
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Combat contre l’huile de palme
Par Béatrice Côté, étudiante en environnements naturels et aménagés L’huile de palme. Ce fléau qui est sur la bouche de quasi toute personne qui se proclame environnementaliste. On en entend parler depuis déjà plusieurs années, mais à part qu’il se trouve dans le célèbre Nutella ou dans les Doritos, peu de gens connaissent vraiment l’étendue de l’utilisation de cette huile.
reste utilisé en Indonésie.3 Aussi, la forte teneur en eau du « bois » du palmier et son faible taux de récupération entraînent des coûts de transports et de séchage élevés. Il n’a donc pas les propriétés physiques pour servir à la fabrication d’objets en bois massif ou toute autre utilisation commerciale.4
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Exemple de déforestation dut à l’huile de palme en Indonésie.
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Cet intérêt sans cesse grandissant apporte son lot de conséquences, la déforestation étant l’une des principales. Effectivement, ce sont près de 2 millions d’hectares de forêts qui sont coupés chaque année seulement sur l’île de Sumatra, soit l’équivalent de 6 terrains de football qui sont rasés chaque minute. L’ONG Sampan a aussi dénoncé que 78 % de la surface de Bornéo, soit la plus grande île de l’archipel indonésien, était à présent exclusivement accaparée par des particuliers, œuvrant entre autres pour les industries commercialisant ladite huile. Le palmier à huile donnant un rendement satisfaisant pendant environ 25 ans, il faut constamment trouver de nouvelles terres pour sa plantation puisque le sol se retrouve appauvri, en plus d’être contaminé par des pesticides, comme le paraquat, herbicide très persistant dans les sols qui est interdit en Europe mais qui
http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/03/19/
De plus, des menaces planent sur plusieurs espèces animales, comme par exemple l’orang-outan qui est en danger critique d’extinction (on prédit son extinction à Fabrication l’état sauvage en 2020), le gibbon, le tigre ou l’éléphant Tout d’abord, l’huile de palme provient du palmier à de Sumatra. L’orang-outan est recherché par les braconhuile (Elaeis guineensis). Cette espèce est cultivée en niers, qui bien souvent le maltraitent pour ensuite le monoculture dans les zones tropicales, majoritairement vendre clandestinement comme animal de compagnie, en Indonésie et en Malaisie, mais aussi dans certains ou le laissent sur les terres où il meurt à petit feu des pays d’Afrique centrale et de l’ouest, ainsi qu’en Colom- suites de ses blessures. bie et en Équateur. Finalement, les multinationales coupent non seulement Il existe deux types d’huiles provenant du fruit du pal- les forêts vierges mais elles y mettent aussi le feu, alors mier à huile : l’huile de palme, extraite de la chair du que cette pratique est illégale sur l’île de Sumatra. Les fruit, et l’huile de palmiste, qui provient du noyau du espèces qui tentent d’échapper aux coupes sont donc fruit.1 souvent rattrapées par les feux et n’ont aucune chance de survie. Par le fait même, cette manière de procéder augControverse mente de façon considérable la diffusion de gaz à effets L’huile de palme est l’huile végétale la plus consom- de serre et fait de l’Indonésie l’un des principaux émetmée dans le monde. « Il se produit 1,9 tonne d’huile de teurs de GES. En effet, plusieurs incendies se produisent palme chaque seconde dans le monde, soit 60 millions sur des tourbières, qui sont de grands puits de carbone. de tonnes d’huile de palme par an (2015) dont 90 % À titre d’exemple, un hectare de tourbière tropicale peut [proviennent d’] Indonésie et [de] Malaisie. Cela repré- relâcher 6000 tonnes de CO2 lorsque celui-ci est brûlé. sente un quart du marché des huiles végétales.»2
Une soixantaine d’appellations différentes Bon. Un peu décourageant n’est-ce pas? Mais, ne baissons pas les bras, il reste de l’espoir! Et cet espoir, c’est nous, consommateurs aguerris! http://petitguidevert.pagesperso-orange.fr/petitguidevert.htm
En alimentation, c’est surtout le préfixe palm- qui réfère à l’huile. Malheureusement, elle se trouve aussi sous le nom générique « huile végétale ». En cas, de doute, on peut toujours contacter les compagnies pour demander plus de détails, ce qui leur met une pression supplémentaire d’afficher plus clairement les ingrédients contenus dans leur produit. Pour ce qui est des savons et shampooings, le terme le plus récurent est le « sodium lauryl sulfate ». Pour en savoir davantage sur les marques et produits à éviter, je vous invite à consulter le Petit guide vert sur l’internet. Bref, il est souvent possible de se tourner vers des produits exempts d’huile de palme et de ses dérivés. Une autre façon est tout simplement de privilégier les plats préparés soi-même à l’aide de produits bios, locaux ou encore de saison. On peut se tourner vers l’huile d’olive ou l’huile de coco, car bien que cette dernière soit aussi produite dans les régions tropicales ce qui engendre beaucoup de transport, sa production serait apparemment durable comparée à la palme.
http://petitguidevert.pagesperso-orange.fr/petitguidevert.htm
http://louvainfo.be/articles/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-sa-
En rouge : le produit contient assurément de l’huile de palme ; en orange : hautement probable qu’il en contienne
Comme vous le savez sûrement, nous avons un grand pouvoir entre les mains, soit celui de choisir ce que l’on met dans notre panier. Par contre, l’huile de palme se retrouve sous plusieurs noms qui donnent parfois des maux de tête. Voici les principaux, qui sont les plus faciles à éviter :
Acides gras principaux issus de la palme
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Fortement conseillé pour mieux comprendre le portrait de la situation : http://ici.tou.tv/decouverte/S27E33
Éloge à une laisse
Par Jean Ferland-Bilodeau, étudiant en aménagement et environnement forestiers Dans le texte qui suit, je ne cherche pas à généraliser ce qui se passe, mais je vise plutôt à décrire comment je (ou des proches) vis cela.
Le pire dans ce genre d’histoire des gens qui traversent la rue est que la personne qui conduit son char à la lumière rouge est aussi en train de texter. Je crois qu’elle attend le texto de la personne qui traverse la rue qui va lui dire qu’elle peut maintenant y aller...
Je vais, ici, accorder un peu d’attention à quelque chose qui, à mes yeux, en reçoit justement trop. Depuis quelques années, c’est un phénomène grandissant et dérangeant : on remarque que de plus en plus de gens sont enclins à passer beaucoup de temps sur leur cellulaire ou tout appareil similaire. On peut même croire que certains gens en deviennent dépendants et ça leur parait plus important qu’un crayon lors d’un examen.
Santé Canada va bientôt émettre un nouvel avertissement : augmentation fulgurante du nombre de tendinites du pouce chez les 18-25 ans, causée par un excès de scrollage sur Facebook. Mais ils scrollent pour quoi en bout de ligne ? Pour voir si un de leurs amis a publié une photo d’un repas de famille.
Je ne cherche pas à dénigrer l’utilisation de l’objet en soit, mais plutôt à dénoncer son abus et la déconnexion Que ce soit en famille ou entre amis, on connait presque avec la réalité qui s’en suit. Je trouve même que ça l’a sa tous quelqu’un qui « s’éffouère » dans le divan à tapon- place comme pour le GPS en voiture et communiquer ner sur son cell à attendre que le temps passe, que le rapidement avec des gens. repas se prépare ou que la vaisselle se fasse. Il ne faut juste pas trop descendre trop creux dans le C’est rendu que le monde accorde plus d’importance à puits, sinon on aura de la misère à en ressortir. envoyer des photos pour avoir des likes et obtenir de l’affection virtuelle qui leur procure une bonne dose de dopamine (neurotransmetteur responsable des émotions, ici = joie/satisfaction) qu’à profiter réellement du moment/activité avec les personnes autour. On n’est pas obligé de toujours partager une photo d’un beau paysage ou d’un gâteau de fête. Fermement, je crois qu’on doit faire attention aux technologies à caractère social (ou plutôt anti-social) comme le cellulaire qui pogne internet partout. Cet objet qui semble nous rapprocher des gens éloignés peut avoir l’effet pervers de nous éloigner des gens proches. Danger extrême! Il y a quelques temps, ma mère me racontait, après une sortie en ville : « J’étais à la lumière rouge pis j’ai vu une personne traverser la rue sans faire attention aux autos parce qu’elle traversait en textant! »
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Une note de l’AEFEUL
Par Renée Ferland-Bilodeau, étudiante en aménagement et environnement forestiers VP communications à l’AEFEUL Bon retour à l’école à tous les étudiants et étudiantes! Votre association étudiante vous souhaite beaucoup de bonheur et du succès dans vos études pour l’année 2017. Voici une brève présentation de ce qui s’est passé durant la dernière session et ce qui est à venir pour les 4 mois nous séparant de l’été.
Lors de l’assemblée générale de début de session, vous avez élu un nouveau vice-président aux affaires socioculturelles : Léo Painchaud. Étudiant en aménagement en 3ème année, Léo entame son demi mandat avec force en organisant entre autres la classique partie de Pêche aux poissons des chenaux le 2 février. On lui souhaite la meilleure des chances pour remplir ce poste ô combien important, mais aussi très demandant. Vous aurez aussi pu remarquer, lors de la même assemblée générale, que Lors de la dernière session, le VP Sport a organisé un le poste de vice-président externe est toujours vacant : tournoi de babyfoot regroupant 20 équipes, tant des vous êtes donc invités à nous démontrer votre intérêt étudiants d’environnement, de foresterie que de géogra- pour ce poste à tout moment. phie, qui n’est toujours pas terminé au moment où ces lignes sont écrites. Dans le même sujet, l’exécutif a pris La soirée Pré-jeux interfacultaires (JIF) aura lieu le la décision de révoquer le permis d’exploitation de la 23 février prochain. Il s’agit d’une soirée importante, deuxième table de babyfoot, dans l’optique de la mettre puisqu’elle déterminera la couleur de nos gilets pour à vendre. les JIF! Les jeux proprement dits auront lieu, comme à l’habitude, au mois de mars. Rappelons-nous que l’an De plus, une commande de linge à l’effigie de l’AEFEUL dernier, la délégation Forgéo a remporté ex æquo la a été faite suite à un intérêt démontré par les Abitibi deuxième position avec l’Agétaac, suite à l’obtention des Priciens/iennes. Sur une note plus négative, un vol de prix de participation et d’esprit d’équipe. 1800$ appartenant à l’AEFEUL mais aussi aux finissants a eu lieu au mois de novembre. Suite à une enquête Toutes ces activités et évènements (et plusieurs autres…) du service de sécurité de l’Université, la totalité de la ne seraient rien sans votre participation. Vous nous avez somme a heureusement pu être récupérée en début de prouvé à multiples reprises votre intérêt vis-à-vis la vie session. sociale à notre pavillon, et tant que vous serez crinqués, nous le seront aussi ! Début décembre nous avons eu l’annuel Bières et saucisses de la faculté, qui a été tout aussi populaire qu’à Bonne session à tous et à toutes! l’habitude. Vous aurez finalement pu remarquer que le tableau dans la cafétéria est plus attirant que jamais, suite à l’achat de craies de couleur lors de la dernière session. Le début de l’année aura été très mouvementé. Tout d’abord, la SSF a organisé une soirée Hawaïenne mémorable pour fêter la rentrée, où plusieurs facultés différentes étaient représentées. Ce même comité a aussi vécu la culmination de ses efforts en présentant la 38e édition du Salon de la Forêt les 21 et 22 janvier. Plusieurs étudiants étaient présents en tant que bénévoles pour cet évènement dont nous pouvons tous être fiers.
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À vélo
Par Anne Voyer, étudiante en aménagement et environnement forestiers C’est un matin d’automne comme les autres D’un automne déjà bien mûr et gris D’un matin froid aux vents féroces D’un vent à couper le souffle
Pour m’apaiser, ralentir le rythme, m’attarder à la beauté Pour chaque passant détaillé, une histoire inventée Et pour me protéger contre ces monstres d’acier Une chanson fredonnée ou un vers récité
Sur ce vélo qui me mène, je progresse avec peine Cette peine nécessaire, peine libératrice Pour chasser, à chaque coup donné La peur, l’ennui et la tristesse
La chaleur et le calme cheminent tranquillement en moi Jusqu’à atteindre mon coeur emballé qui les attendait Armée de cette force nouvelle, la journée sera douce C’eût été un matin comme les autres...
LA CAGOULE
Par Amilie Laroche, étudiante en géographie
Morale de cette histoire: c’est encore mieux avec le vent, l’eau et la neige dans la face! Vol. 6 n°3
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Quand le houblon rend service aux bélugas Par Laurence Garneau, étudiante en environnements naturels et aménagéss On le sait bien, éducation rime avec fermentation et université avec microbrassée. Eh oui, nous, ô grand-e-s étudiant-e-s universitaires, aimons bien boire de la bière.
récemment, la microbrasserie s’est alliée à l’IRIS (Institut de recherche et d’information socio-économique) avec une nouvelle concoction, la bière Sentinelle, qui contribue pour 0,10$ par bouteille vendue à la recherche scientifique.
Pour autant qu’une classique Pabst ou une Boréale fait bien l’affaire, au Québec nous avons la chance d’être entourés de passionné-e-s du houblon. De Québec à l’Estrie jusqu’à la Gaspésie, nos papilles sont constamment interpellées par ces goûts bien de chez nous. Des 103 microbrasseries dans la belle province, quelquesunes d’entre elles se donnent un défi supplémentaire celui de profiter de leur succès pour contribuer à des causes environnementales ou sociales qui nous tiennent à cœur en tant que peuple buveur. « Qui prend bière prend conscience » Les Bières Béluga Ltée sont un premier exemple d’une bière locale brassée avec cœur. Les créateurs de ces bières sont Patrick Cool, Frédérick Jodoin et Eric Buteau. Ces trois amoureux des mammifères marins ont commencé leur projet en 2015. Ils ont créé une bière, puis deux, puis une troisième, en partenariat avec l’organisme Baleines en direct ainsi que le GREMM, basés à Tadoussac. Ainsi, les trois passionnés nous ont fourni une GolLa bière Sein d’esprit den Ale, une Scotch Ale et finalement une blanche aux framboises. À chaque bouteille vendue, 0,11$ vont à la De nombreuses autres microbrasseries brassent avec recherche pour une meilleure connaissance et pour la cœur pour des causes sociales ou environnementales protection des bélugas du Saint-Laurent. qui leur sont importantes. Nommons, entre autres, la brasserie New Deal de Boucherville, qui crée des bières « Liberté, égalité, biodiversité » locales et bio et qui participe à l’insertion sociale des Une deuxième bière à rechercher dans les dépanneurs handicapé-e-s, la micro Multi-Brasses qui a développé est la Rescousse de Dieu du Ciel ! En plus de créer depuis la Nord-Sud, versant 10% de ses profits à l’organisme de 1998 des bières goûteuses et audacieuses, la brasserie a solidarité Nord-Sud, la Sein d’esprit (gingembre et gredécidé de se lancer à la rescousse des espèces en voie nade – miam!) qui vient en aide aux femmes atteintes d’extinction au Québec, comme le carcajou, la rainette du cancer du sein à coups de 1$ par bouteille. Et la liste faux-grillon et le chevalier cuivré. C’est en 2011 que la continue ! microbrasserie s’est alliée au projet Rescousse qui promeut la biodiversité en contribuant à la protection des Avec toutes ces bières intelligentes sur les tablettes, preespèces en péril. Cette bière est une Altbier (Ale rousse nons cœur à boire, car l’occasion est parfaite pour faire de tradition allemande), dont chaque bouteille vendue y d’une bière, deux coups ! contribue, pour une somme de 0,11 $ versée à la Fondation de la faune du Québec. Ainsi, en 5 ans, la fondation a amassé une somme dépassant 64 000$. Depuis tout - 10 -
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Colloques de l’hiver 2017
http://www.ipac.ulaval.ca/colloque-etudiant/
Le deuxième colloque sera sur les Acteurs du patrimoine et il est présenté par l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval, le 31 mars. Des sujets tels que les autochtones et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) seront abordés.
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Le quatrième colloque est celui du Centre d’études nordiques les 16 et 17 février. Il a pour objectif de souligner « la contribution des membres et collaborateurs du CEN au développement et au rayonnement de l’expertise québécoise en sciences environnementales nordiques ».
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de-lUniversit%C3%A9-Laval-1558997214423246/
http://www.af2r.org/activites-et-evenements/colloque-
annuel/2017-amenagement-durable-des-forets
Le troisième est le 8e Colloque annuel du département de biologie. Il se déroulera les 29 et 30 mars. Il y aura des conférenciers invités, ainsi que des présentations sur les Le premier colloque est celui de l’Association forestière projets de recherche des étudiants gradués. Des affiches des deux rives (AF2R) sur l’Aménagement durable des faites par les étudiants de 1er cycle participant au cours forêts : solutions et outils pratiques. Comme ils le men- Initiation à la recherche y seront aussi exposées. tionnent sur leur site web, les présentations seront centrées sur les six grands défis de la Stratégie d’aménagement durable des forêts (SADF) et ce colloque a pour objectif de « réfléchir sur différentes visions, différentes méthodes pour tendre vers un aménagement durable des forêts, afin d’inspirer les professionnels de la foresterie dans leur travail quotidien ».
http://www.cen.ulaval.ca/page.aspx?lien=colloque2017
Plusieurs colloques sont à l’horizon pour l’hiver 2017, ici-même à l’Université Laval. Voici ceux qui pourront intéresser les personnes ayant un intérêt pour la foresterie, la biologie, les sciences environnementales nordiques et le patrimoine culturel.
https://www.facebook.com/Colloque-du-D%C3%A9partement-de-biologie-
Par Vanessa Audet, étudiante en environnements naturels et aménagés
Circumnavigation de la Isla Gordon et de ses Ventisqueros Par Zacharie Bousquet, étudiant en échange de la faculté de Bordeaux Après 3 ans de Terre plus ou moins ferme, c’està-dire entrecoupés de quelques épisodes maritimes dont j’aimerais faire ici la narration, je rouvre mon carnet de voyage précédent pour vous faire part de mes tribulations dans le Grand Sud. Je m’explique : tout d’abord, cet article fait suite à un précédent publié dans un autre journal, tout aussi humble que le Jaseur Boréal mais moins subtil de par son petit nom : le Point G, de la Faculté de géographie de Bordeaux. Ainsi, c’est avec bonheur que je publierai cet article suivant en parallèle avec notre cher Point G, si vous m’acceptez parmi vous, le temps d’un éditorial. Je serai donc pour cette session d’hiver votre phyto-journaliste – pardonnez-moi ce jeu de mot – en herbe, qui sera probablement le seul d’ailleurs puisque j’étudie en géographie, mais c’est ce qui fait de moi votre cousin. Transcendons les barrières!
crinière. Ce sont des «lobos marineros de dos pelos». En compagnie d’une centaine de mouettes qui dégagent une immonde puanteur, le spectacle est surprenant dans toute sa cacophonie. Sur la route, vent de pleine face et donc malheureusement moteur à fond, nous passons devant les premiers glaciers qui tombent dans la mer. Le canal du Beagle se rétrécit au fur et à mesure que nous avançons et il ne devient plus qu’une vallée navigable entre l’Isla Gordon et le commencement de la Cordillère de Darwin, chaîne de montagnes préalpine de la Cordillère des Andes dont le plus haut sommet s’élève à 2000m et des poussières (je ne me rappelle plus, c’était noté en pieds sur la carte, sacrebleu!). À cause du rude climat des hautes latitudes, la logique d’étagement est répartie sur de très faibles altitudes, spécialement sur les versants Sud, dans cet hémisphère, les plus exposés au froid. Au niveau de la mer poussent des forêts de conifères et quelques feuillus puis, à moins de 100 mètres, les derniers arbres nains sont remplacés par une végétation herbacée dense constituée de mousses et de lichens. Celle-ci est très spongieuse en raison de l’huJe reprends les termes qui furent écrits dans le n°14 du midité ambiante qui règne dans le secteur et qui d’ailPoint G, de mars 2016, afin d’introduire le cadre du ré- leurs nous glace les os ! Au-delà des 300 mètres sont les cit : neiges éternelles et les glaciers qui érodent lentement les pics pointus et affûtés de ces jeunes montagnes à peine « Me voilà embarqué en qualité d’équipier à bord du quarantenaires, en millions d’années je veux dire... valeureux Fuga, authentique voilier de convoyage d’une douzaine de mètres. C’est en compagnie de mon homo- Autrement, engoncés dans leur imperméables, Dario logue et ami Maxime, sous les ordres du sympathique et Sergio, conversant dans un français teinté de leurs capitaine Dario, Argentin de souche, du sage Franco de accents argentin et italien respectifs, parlent d’une toute racine italienne et de de Xavier et Maïthé, un brin fan- autre logique de répartition que de celle de l’étagement farons et Parisiens par excellence que nous appareillons alpin : il s’agit de la répartition des plus belles femmes d’Ushuïa le 13 février de l’hiver dernier. Après être passé dans le monde dont nous passerons sur les détails une énième fois au Chili par Puerto Williams, “capitale mais qui incite tout autant au voyage et fait réfléchir à des Terres Antarctiques Chiliennes“, la véridique ville la quelques destinations. Ce qui fait que je me retrouve au plus australe du Monde, nous avons rallié sans incident sein de votre pays chères amies Québécoises (Spotted notable l’Ile Gordon. » aux jolies filles de l’Abitibi Price haha), puisque oui il s’agit d’un pays! Passant sur le Seno Pia, le Seno GaribalAu départ de la Caleta Olla, le 15 : une colonie de lions di et leurs fjords profonds, leurs glaciers de marée surde mer peuple une petite plage de l’estancia. Les mas- prenants aux baies de vêlage somptueuses je ne saurai todontes se prélassent au soleil et lorsque l’on se rap- ici relater, par mesure de commodité, qu’un épisode des proche d’eux à seulement quelques dizaines de mètres plus virevoltants. L’exploration d’un fjord en particulier, on peut entendre leurs grognements et mieux jauger de celui de l’Estrecho Fouquet, voilà ou je voulais en venir. leur corpulence. Ils méritent bien leur titre de lions de Après déjà 5 jours de déambulation, nous entamons mer puisqu’autour de leur cou s’ébauche un semblant de la seconde moitié de notre circumnavigation. Dans le - 12 -
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bras sud-ouest du canal du Beagle, ce lieu divin s’offre à nous, mentionné dans le guide nautique comme le plus impressionnant. Ce fjord long d’une douzaine de miles, si long qu’il coupe l’Isla Hoste en deux parties distinctes; à l’est les terres gardent le patronyme d’Isla Hoste, mais à l’ouest du bras du Fouquet s’est formée une péninsule, la péninsule de Cloué. Même topos que pour l’entrée dans chaque fjord, il faut trouver le bon passage car à l’entrée, l’arc morainique constitue un haut fond dangereux à passer et là encore des phoques se prélassent sur les rochers qui émergent, blocs erratiques perchés autrefois au sein du glacier, déposés en terre ferme voilà sûrement 18 000 ans et trempouillant aujourd’hui dans l’eau du simple fait de la dernière transgression marine. Ce fjord est très enclavé dans une vallée encaissée aux pentes abruptes et aux sommets enneigés. Le pays de la cascade ne s’arrête jamais de fuiter, et au milieu du fjord un magnifique glacier, dont les fractures et saillies de glace sont dressées comme les pics d’un hérisson apeuré, pointent le ciel depuis un épicentre inconnu dans toutes les directions. Peut-être est-ce un ultime moyen d’autodéfense contre un assaillant invisible... Voués à la fonte, certains glaçons ont des formes singulières et l’un d’entre eux attire particulièrement mon attention, on dirait le visage d’un petit totem qui sourit nerveusement et nous observe d’un mauvais œil, nous humains...
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L’esprit d’exploration qui nous transcende depuis le début du voyage nous pousse jusqu’au fond du fjord. Épopée fantastique au bout de laquelle nous nous retrouvons au centre d’un envoûtant cirque glaciaire aux allures d’un colisée romain dont les 5 glaciers perchés environnants font office de gradins. Quand une partie de l’un deux s’effondre dans une avalanche rocambolesque, cette chute se confondrait presque, si l’on reste dans le même ton, avec les acclamations d’un brouhaha d’applaudissements d’une foule déchaînée, tandis que nous serions les gladiateurs passifs d’un combat enhardit que se livrent deux titans colossaux : nos valeureux glaciers face à un Anthropocène impitoyable... Dès lors, sur le chemin du retour et pour les quelques jours de mer à suivre, moult réflexions transcendent mon esprit et se réactivent après la relecture de mon petit carnet, c’est alors que je clos cet épisode et vous remercie de m’avoir accordé un instant. Par cet intermède, c’est aussi ainsi que j’initie ceci, pour initier ceux et celles qui souhaiteraient parler plus en détails de ce voyage ou d’un des vôtres autour d’un P’tit Caaf ou d’une Boréale, car si vous aussi comptez jaser d’une quelconque expérience dans notre Point G, venez tremper votre plume comme on dit chez nous, vous êtes certainement les bienvenus et n’hésitez pas, contactez-nous!
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COP 22 et changements climatiques
Par Vicky Tremblay, étudiante en aménagement et environnement forestiers Bonjour chers forestiers, Je vous écris aujourd’hui pour vous faire part de mes aventures Marocaines. En tant que membre de la délégation de l’International Forestery Student Association (IFSA), j’ai participé du 7 au 13 novembre dernier à la vingt-deuxième Conference of Parties (COP 22) sur les changements climatiques à Marrakech, au Maroc. Comme vous le savez probablement déjà, l’IFSA est une organisation jeunesse mondiale non gouvernementale en foresterie enregistrée à l’Organisation des Nations Unies (ONU). L’objectif de présence de la délégation sur place était de représenter la jeunesse forestière et rapporter les évènements et conférences à l’aide d’un blogue où nous tenions notre communauté informée chaque jour.
de l’objectif donné à la COP 21 de l’an dernier à Paris, soit limiter l’augmentation de la température mondiale à 2 degrés Celsius. L’aspect financier de la réalisation de cet objectif était aussi à l’honneur lors de l’événement puisqu’il n’avait pas été traité en détail l’an dernier. L’accord, au COP 21 à Paris, avait été ratifié par 55 pays, dont le Canada et ces états correspondent à 55% des émissions de gaz à effet de serre mondiale.
L’Afrique dans la lutte aux changements climatiques Puisque la rencontre se déroulait au Maroc, les discussions ont été particulièrement orientées sur les problématiques et projets présents sur le continent Africain. D’ailleurs, bien que l’Afrique émet seulement 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiale, le continent détient six pays dans le palmarès des dix pays les plus affectés par les changements climatiques. Effectivement, l’eau est déjà une ressource difficile d’accès dans plusieurs régions Africaines et les dérèglements climatiques ajoutent au défi. Mais, devant ces difficultés, les gens ont su développer des technologies innovantes et Conference of Parties vertes comme, entre autres : la récolte de l’eau du brouilLa COP 22 est composée de conférences qui regroupent lard (pour les habitants qui vivent près des montagnes), différents acteurs politiques, environnementaux, so- la récupération et le recyclage de produits de plastique ciaux et scientifiques de partout dans le monde. C’est et électronique (très peu développé auparavant sur le une plateforme très efficace pour permettre aux pays continent) et la distribution de panneaux solaires (pour d’échanger sur leurs projets et découvertes sur les sujets les petits villages qui se servent de bois pour cuisiner qui touchent aux dérèglements climatiques. Cette an- afin de diminuer la pression de coupe sur les forêts envinée, le «plan de match» était orienté vers la réalisation ronnantes).
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Foresterie canadienne et changements climatiques Le Canada, en plus d’investir 2,56 milliards de dollars pour le soutien des pays en voie de développement, versera 1,8 milliard pour encourager le secteur privé canadien à se tourner vers les énergies vertes et renouvelables. Le Gouvernement Canadien a profité de l’occasion pour reconnaître l’importance de la lutte contre les changements climatiques et encourager la réduction d’émissions de gaz à effet de serre, car investir dans un futur plus vert maintenant peut apporter un avantage compétitif dans le futur.
actuelle. Donc, la meilleure façon d’assurer le succès des résolutions d’aujourd’hui est d’y impliquer les jeunes qui prendront la relève demain.
REDD + Reducing emissions from deforestation and forest degradation in developing countries (REDD+) est un projet mis en place par l’United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) pour aider les pays en voie de développement à protéger leurs forêts. Les pays intéressés par ce support doivent soumettre une application formelle par le biais d’un organisme non gouvernemental (ONG). Plusieurs ONG de partout dans le monde participent et aident à la responsabilisation des populations qui vivent des forêts et aident à trouver des solutions alternatives à la coupe forestière telle que l’implantation de panneaux solaires.
Blogue IFSA https://wordpress.com/post/blogifsa.wordpress.com
Genre et justice climatique Aussi, des présentations sur la situation des femmes africaines et les changements climatiques ont attiré mon attention puisque, bien naïvement, je ne voyais pas la corrélation entre ces deux sujets. J’ai rapidement été éclairée puisqu’en Afrique la condition féminine est loin d’être aussi développée que dans les pays occidentaux. Ainsi, les femmes sont particulièrement affectées par l’épuisement et la raréfaction des puits puisque ce sont elles les responsables de la plus rigoureuse des tâches : récolter l’eau pour toute la famille. Cette corvée prend en moyenne 3h30 et rapporte environ seulement 30 litres d’eau, potable ou non. Ainsi, même les jeunes filles doivent s’y mettre et ce, de plus en plus jeune dû au climat changeant. Cette situation les empêche d’avoir accès à l’éducation.
Je profite de l’occasion pour remercier Résolu, Rexforêt, IFSA Ulaval et AEFEUL qui ont été des partenaires importants à mes aventures académiques. Je vous invite aussi à consulter les liens ci-joints à la fin de mon article pour plus d’information si vous êtes intéressés par le sujet.
Canada’s national statement at COP 22 http://news.gc.ca/web/article-en.do?mthd=index&crtr. page=1&nid=1155259 Le Canada et les changements climatiques http://www.rncan.gc.ca/forets/video/13560 REDD + http://redd.unfccc.int/ Suivi des résolutions prises à Paris http://www.cop21paris.org/fr Articles liés au COP 22 http://cop22-marrakech.com/index.php Article de presse sur l’évènement http://www.thehindubusinessline.com/specials/cleantech/cop-22-now-begins-the-fun/article9208324.ece
Jeunesse et implication Membre d’une délégation jeunesse, nous étions sur place pour promouvoir l’éducation, plus particulièrement sur la foresterie et son environnement, et encourager l’implication et la responsabilisation des jeunes dans les décisions et les évènements d’importance. N’oublions pas que la jeunesse compose 50% de la population mondiale Vol. 6 n°3
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Cowboys nordiques sur roues Par Amilie Laroche, étudiante en géographie
Vous n’avez jamais roulé l’hiver en vélo? Ne vous tassez pas du chemin pour autant! Je vous conseille de faire comme moi et de vous renseigner auprès des meilleures sources sur le sujet pour alimenter votre curiosité. • Vélocentrix est un organisme à Limoilou où se rassemblent les trippeux de vélo. Ces experts offrent des ateliers et des conférences à toutes les semaines! http://www.velocentrix.org/ • Le groupe Facebook L’hiver à vélo, à Québec est une plateforme où 500 utilisateurs de vélo partagent l’état des pistes cyclables, leurs trucs pour préparer leur bécane et les actualités sur le sujet. • Devenez membres de La Coop Roue-Libre de l’Université Laval et participez aux formations sur base de contribution volontaire! http://cooprouelibre.com/
S’il existe une catégorie d’humains encore plus bad-ass que les cyclo-cowboys, c’est les cyclistes d’hiver. Quel courage ont-ils de braver le froid jour après jour, emmitouflés, mais pas trop, pour pouvoir pédaler. Ces gens-là sont comme des superhéros du Nord avec un cardio qui feraient frétiller même Josée Lavigueur. C’est clair que l’utilisation du vélo en hiver a beaucoup augmentée. D’après la ville de Québec, 10 % des cyclistes roulent en hiver. D’ailleurs, tout l’hiver devant l’ABP, il y a une quinzaine de vélos. Je profite de cette tribune pour vous souligner mon admiration, Géographes et Forestiers qui pédalez vers l’éducation.
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Le premier été où j’ai vécu en ville, je me suis métamorphosée en cyclo-cowboy. Quel plaisir que de faire du slalom dans le trafic sur Hochelaga pour me rendre au boulot sur Laurier. Une bad-ass pas de casque. Après avoir frôlé la mort quelques fois, suite à de douteuses manœuvres surmontées par des inattentions de la part d’automobilistes, ma perception du partage de la route a heureusement évoluée. Après tout, les routes sont des biens publics et le droit de les utiliser n’est pas uniquement réservé aux brûleurs d’essence.
Au début de l’hiver, en retard pour le travail, j’en ai fait l’expérience pour la première fois; ce fut terrible. La neige mouillée s’accumulait en mottes sur les freins qui ont gelés, c’était hyper glissant et j’ai encore manqué mourir pour arriver en temps au travail. Ok, j’exagère mais je n’étais pas du tout préparée à cela, et le bike non plus. J’ai donc effectué des recherches et discuté avec des cyclistes hivernaux. Depuis, la question m’intéresse beaucoup.
http://www.citycle.com/9322-le-velo-en-hiver-
« Tasse-toé du chemin ! » c’est le genre de commentaire que mon père disait à l’intention des cyclistes hivernaux sur les routes de campagne quand j’étais au primaire. Pour lui, c’était complètement loufoque que quelqu’un fasse du vélo en hiver. J’ai toujours eu l’impression qu’un coup de vent pouvait potentiellement propulser le dit-cycliste devant la voiture, qu’il se ferait happer mortellement de plein fouet, envoyant valser le véhicule qui ferait des tonneaux impressionnants, m’expédiant ainsi directement en prison pour avoir sauvagement assassiné un cycliste. Le deuxième scénario qui me vient à l’esprit est plus du type « Je sais ce que tu as fait l’été dernier », donc je vous l’épargne. Ok, j’exagère un peu, mais à peine.
La Guerre des tuques
Par Association des étudiants en géographie OYEZ! OYEZ !
En soirée, tous les participants et leurs amis seront conviés pour une soirée Sous-Bois dans la cafétéria du Abitibi-Price. Des bières seront vendues sur place et le film original de la Guerre des tuques sera projeté.
http://www.telequebec.tv/cinema/la-guerre-des-tuques/
Qui n’a jamais rêvé de jouer à la Guerre des Tuques ? De se construire un énorme fort ? Luc Chicoine et François En terminant, n’oubliez pas de respecter les lois de la « les lunettes » vous invitent à la première édition de la guerre en tout temps lors de la partie. Guerre des tuques de la FFGG. Les lois de la Guerre Le mercredi 22 février 2016 dès 13h présentez-vous au Grand Axe pour retomber en enfance et jouer dans Première loi : Chaque équipe doit inclure minimalela neige. Sortez votre gros manteau, vos bottes et vos ment un membre issu de chacune des associations étumitaines pour affronter vos collègues dans une atmosdiantes de la faculté. phère ludique et hivernale. N’oubliez pas d’apporter pelles, moules pour châteaux de sables, sceaux ou bacs Deuxième loi : Chaque équipe doit se confectionner un de recyclage pour construire votre fort. Toutefois, il ne drapeau qui sera utilisé pendant la guerre. sera pas permis de se lancer de vraies boules de neige (message de la direction). Troisième loi : La guerre commence à 13h le 22 février et se termine au coucher du soleil. Le jeu sera choisi en fonction du nombre de personnes présentes. Inscrivez-vous dans une équipe d’ici le grand Quatrième loi : Il n’est pas nécessaire de consommer de jour. Le formulaire d’inscription se trouve sur la page l’alcool pour avoir du plaisir dans cette activité. Facebook de l’association www.facebook.com/assogeo. Il s’agit d’un google doc où vous pouvez vous-même Cinquième loi : Le chien Cléo ne doit pas mourir. vous inscrire dans une équipe.
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Manner over manner
Par Julien Villettaz, étudiant en aménagement et environnement forestiers Avec l’avènement du modernisme au niveau international sur notre planète, l’exosquelette de nombreuses facettes de notre existence grandiose semble siéger là où auparavant, l’essence se terrait. Dans la vie moderne, le contenant supplante fortement le contenu et ce, sur plusieurs aspects. Afin d’entamer allègrement cet essai critique, il convient d’aborder notre relation perverse avec les biens matériaux manufacturés ou, plus précisément, la suprématie indéfectible qui est accordée aux emballages sublimes, au dépit d’une fonctionnalité accrue. Premièrement, pour tout produit que nous achetons, nous désirons avant tout une enveloppe plutôt qu’une fonction utile. Le merveilleux monde de l’évasion du temps et des temps libres s’acquitte, avant toute chose, de paraître particulièrement inaccessible et personnalisé, sans pour autant tomber dans les bonnes grâces de notre esprit plaisantin. Nos divertissements doivent avoir une apparence excentrique, sans nécessairement nous divertir réellement. Le temple incontesté du conditionnement physique n’a maintenant plus la prétention d’éloigner notre enveloppe charnelle de notre trépas, mais uniquement de devenir une partie intégrante du club sélectif des êtres les plus attractifs.
Les gens vont au gymnase pour mettre en forme leur corps à l’image voulue et non pas pour être en santé. Dans le même ordre de pensée, les pratiquants de la grande religion des coureurs matinaux, vêtus de leur tenue cérémonielle la plus tendance, visent avant tout la clameur des foules les regardant passer, tout en dégustant leur expresso fait maison. Les coureurs courent après le temps et se doivent d’être vus dans leurs plus beaux habits, plutôt que de courir pour leur bien-être personnel. L’accoutrement qui gît paisiblement sur nos silhouettes humanoïdes n’a plus la fonction de nous protéger contre les assauts incessants du climat de notre planète hostile, il fait aujourd’hui office de paravent à notre personnalité hors normes et à ses secrets les plus sombres. Les vêtements ne servent plus à nous couvrir et nous tenir au chaud, ils servent à cacher notre identité profonde et à nous élever sur le plan social. Les automobiles renforcent incessamment leur positon en tant que symbole incontesté du capitalisme nord-américain, en adoptant les designs les plus osés afin d’ébahir la galerie à un prix le plus exorbitant possible et en ne lésinant pas sur la consommation de carburant fossile. Les voitures sont maintenant un objet de parade, peu importe qu’elles soient fiables, elles doivent s’abstenir d’être trop économes.
http://www.ralentirtravaux.com/lettres/sequences/troisieme/jean-
not_colin/vanite_allegorie.php
Vanité de Philippe de Champaigne
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Outre la panoplie d’éléments matériels qui sont affectés par le syndrome dont il est question dans cet article, il est essentiel d’aborder également la problématique soulevée par le choix et l’utilisation d’expressions fantasmagoriques sans aucune retenue, bien que dans les faits, les opinions véhiculées sombrent habituellement dans le monde douloureux de l’incompréhension. Dans un tout autre domaine, les mots que nous utilisons sont trop souvent beaux et recherchés alors qu’ils échouent à exprimer notre pensée. Le monde tel qu’il est aujourd’hui utilise une multitude de sigles pour soit disant faciliter la communication; ce fait est aisément contestable lorsque l’on observe l’allongement incessant de ces prétendus raccourcis alors que les organismes et les concepts représentés sont moins fonctionnels. Les acronymes ne sont guère mieux, plus ils s’étirent, moins ils sont représentatifs et plus souvent qu’autrement, ce qu’ils désignent est inutile. Les documents écrits, qu’ils soient de fiction, d’opinion ou descriptifs, qu’ils soient écrits par de simples auditeurs de radio poubelles ou par des érudits, s’allongent généralement proportionnellement à leur déficience en contenu. Les textes… (soupir profond), leur longueur témoigne habituellement de leur manque de fond. Les monologues les plus ressentis et ceux qui passent à l’histoire ne sont rarement riches en information ou en opinions pertinentes. Les discours les plus mielleux et les plus faux font toujours forte impression. La déification actuelle du « verdissement » de notre civilisation me semble parfois bien hypocrite et avant tout égocentrée et axée sur la sauvegarde de notre opinion de nous-même. Sur l’environnement, tant de choses à dire, voulons-nous réellement un monde meilleur pour les générations futures et notre belle planète ou seulement une conscience tranquille à l’heure de notre trépas? L’expression développement durable est, pour le moins discutable si l’on s’attarde un tant soit peu sur ses prémisses soit, la croissance soutenue et infinie, de façon éthique qui plus est, de notre société sur notre petite planète fragile aux ressources finies. Le développement durable s’inscrit dans la même veine car si l’on creuse un peu, peut-on vraiment développer indéfiniment et de façon durable sur une planète aux ressources limitées; l’heure est à la décroissance. La science artistique vénérée de la sylviculture mérite-elle aussi quelques critiques? Comment prétendre à une vision s’étendant sur de longs horizons si l’on n’y applique que rarement de l’itération et des suivis rigoureux? On entend souvent dire que les forestiers ça pensent à long terme. Avant de s’en vanter, il faudrait d’abord faire plus de suivis afin de savoir si nos traitements et nos belles Vol. 6 n°3
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théories fonctionnent réellement. Alors que plusieurs millions d’êtres humains sont retenus la tête sous l’eau impropre afin de soutenir notre croisière de rêve occidentaux dans nos palais d’ivoire, je trouve particulièrement amusant d’entendre les végétaliens bombarder allègrement toute personne impure qui osent porter à sa bouche des produits de l’exploitation systémique de nos amis les animaux. Les vegans (végétaliens) sont l’exemple typique des humains se souciant uniquement des symptômes; ils imaginent leur vision comme étant la seule valable et méprisent toutes autres attitudes sans même effleurer les causes profondes. L’être humain, le summum de l’évolution, l’animal social, adore être cajolé par mille et une flatteries et autant de conversations futiles, la vérité est l’arme des salauds de la pire espèce. Les relations interpersonnelles sont encore plus décevantes, pour être considéré comme sociable, il importe d’être maître du « small talk » et d’éviter soigneusement les vraies questions. L’amour moderne est également un art public qui ne doit pas dépasser la sexualité lors des moments intimes. Tous doivent le voir exposé au grand jour, mais c’est également une des pires craintes apportées par la nuit. L’amour suit également les mêmes règles, il faut le clamer haut et fort en public tout en se restreignant au maximum dans l’intimité; le vrai Amour fait peur. Les relations professionnelles ne font guère plus de merveilles, il importe avant tout d’être à la fois faussement enjoué, servile et convenablement productif. Toute autre attitude pourrait se méprendre avec de l’insubordination. Le milieu du travail n’y échappe pas, les employés énergiques et peu productifs sont appréciés alors que ceux plus calmes et efficaces sont perçus comme des menaces. Nos grandes études font de nous l’élite de la population, bien qu’il nous soit difficile de se souvenir d’un cours datant de plus d’une année, peu importe car dans les fait, la douce étoffe cartonnée estampée du sceau sacro-saint de l’université nous ouvrira toute les portes. Les diplômes sont acquis grâce à des connaissances superficielles pour une fraction de la matière « apprise » et ils font lois lors de l’embauche au lieu des compétences. Afin de terminer cet essai insolite et plutôt percutant, il est essentiel d’aborder les systèmes qui ont fait prospérer l’humanité. La joute politique illustre bien cette prédominance implacable de la manière sur la matière, l’écoute d’une séance complète de la chambre des communes, sans s’endormir, vous en convaincra. Finalement, les institutions mères de notre société sont dans
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le même bateau; il suffit d’écouter le contenant suremballé de la politique pour mettre en évidence ce manque de contenu. La farce démocratique représentée par les élections et une des mieux bâties, les réels maîtres du jeu s’en sortent toujours renforcés et si le résultat est profondément insensé, on peut toujours blâmer la fange et la plèbe qui ont voté. La démocratie renforce le phénomène, peu importe l’issue du vote, les industriels s’en mettent plein les poches et si par miracle le résultat est inattendu, parfois également très stupide (DT for president), toute la planète monte aux barricades pour se plaindre. La religion moderne occidentale de la science n’a pas que de bons côtés. Tout en prônant la remise en question perpétuelle, les nouvelles idées ont trop souvent des bâtons dans les roues, alors que les recherches conciliantes reçoivent de légères tapes agréables dans le dos. La science, cet étendard de l’humanité, favorise les études confirmant les acquis ou les améliorants de peu alors que les recherches révolutionnaires bien étayées ont bien de la peine à percer. Les institutions religieuses ayant pour objectif initial l’illumination de l’humain, cette créature divine et hors normes dotée de conscience, tendent à s’éloigner, lentement mais surement, des facteurs ayant menés les saints vers cette même illumination, au dépend des rituels étincelants
mais sans fondements véritables. La religion, au lieu de nous sortir de l’ombre, occulte la spiritualité qui l’a fait naître pour mieux renforcer des rituels sans buts. Les individus se décrivent souvent comme étant profondément éthiques et moraux, cela est incontestable dans bien des situations mais leurs vertus étincelantes chancellent invariablement lorsque les problèmes sérieux s’élèvent. L’éthique sert avant tout de couverture médiatique et d’armure brillante en public pour être délaissée à la moindre difficulté. Ainsi, nous sommes donc rendus au cas de la société et des liens qui la consolide. Sommes-nous vraiment ces être sociaux se souciant sans relâche du sors de nos pairs ou ces pensées sontelles seulement restreintes à ceux qui nous ressemble? Voilà donc ce qui reste de notre belle société qui prétend tous nous unir, quelques îlots égocentrés constitués de nos proches formés à notre image. Si vous vous sentez trop visé par cet article d’opinion, vous avez l’occasion, encore une fois, de seulement apprécier sa formulation peu commune et les jolies expressions qui le composent, au lieu de s’occuper du fond qu’il cherche à exposer. En fin de compte, si ce texte vous dérange, faites comme à l’habitude et fiez-vous au contenant.
À chacun son monde
(une réponse à l’article précédent) Par Clara Canac-Marquis, étudiante en aménagement et environnement forestiers On peut cracher partout, sur Le monde est tel que nous le modulons puisque nous en l’humain en premier. sommes les seuls interprètes! On peut dire que chaque bonne action cache un vice : la philanthropie pour se faire bonne conscience, l’activité physique par obsession corporelle, la générosité calculée… Crédit photo: Mathilde Routhier
Pour ma part, l’expérience m’oblige de penser autrement. Je ne connais que des humains cherchant le bon, parfois maladroitement. Je n’ai vu et vécu des conflits que là où la communication était imparfaite, où il y avait malentendu (culturel, situationnel, etc.). Croyons en l’humain et il se montrera capable. Crachons sur tous les êtres, ne voyons que leurs vices, et ils se montreront exécrables. - 20 -
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Secrets de plantes
Par Elise Bouchard, étudiante en aménagement et environnement forestiers Je marche en forêt avec un individu « X ». Mécontent d’avoir de la gomme de sapin sur les mains, il arrache une trille en fleur, la seule des environs, pour s’essuyer: «Tu sais que ça prend sept ans avant qu’une trille fasse une fleur?» lui dis-je «Ouais ben c’était ça ou le semi d’érable à sucre à côté»
Okay. Fair enough. Qui de la trille ou de l’érable doit survivre? C’est le champ d’expertise des divinités; je n’en jugerai pas. Mais oui, ça prend 7 ans (et plus) aux trilles pour fleurir une première fois, comme plusieurs plantes printanières ; 8 ans pour l’ail des bois, 10 ans pour l’Érythrone d’Amérique. C’est si long pour de si petites plantes. Qu’un arbre mette autant de temps à se reproduire, ça se comprend. Il doit grandir, étendre ses racines et atteindre la canopée; c’est une histoire de priorité. Mais pour une plante de quelques décimètres? Incrustons-nous dans la vie de l’Érythrone d’Amérique, le temps d’un instant ?
semaines après, plus rien. Plus aucun signe de leur présence; disparition complète. Avais-je rêvé? Que s’était-il passé? Combustion spontanée? Métamorphose? Non. La vie saisonnière de l’Érythrone ne dépasse guère 7 semaines, moment auquel ses feuilles se fanent et ses racines meurent. Il ne reste que ce petit bulbe qui attendra 10 mois avant d’entrer à nouveau en action. L’une des premières plantes à émerger de la neige, elle capte les nutriments qui seraient autrement lessivés par les eaux de fonte, puis complète son cycle de vie au moment où les feuilles des arbres referment la canopée. En cette période de débourrement, les arbres ont besoin d’énergie et les grandes colonies d’Érythrones meurent à point, libérant les nutriments emmagasinés dans leurs tissus dans l’écosystème, comme un sacrifice collectif pour le bien de la communauté. Une histoire... brève et touchante! Si vous quittez l’érablière pour marcher vers le nord, en forêt boréale, vous tomberez sans doute sur une plante assez fréquente: L’Aralie à tiges nues.
Plante aux feuilles pointues et à fleur unique jaune éclatant, elle tapisse les sous-bois en abondance, parfois jusqu’à 110 individus par mètre carré. Je me rappelle mon premier stage en forêt; je marchais dans de larges colonies d’Érythrones et me demandais bien quelle était cette plante aux feuilles tachetées. Puis, quelques Vol. 6 n°3
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L’Aralie est une piètre reproductrice, malgré son abondance en forêt. Très peu de plants font des fleurs et aucune plantule n’a jamais été observée en nature (ça sonne comme un défi, vous ne trouvez pas?). Les scientifiques affligent les graines des pires traitements en laboratoire, pour essayer, tant bien que mal, de les faire germer, mais le succès est faible. Comment se propage-t-elle alors? Végétativement, oui, vous l’aurez deviné. Mais ne pensez pas que tous les plants que vous croisez sont des clones. Plusieurs d’entre eux sont en fait un seul individu! Les longs rhizomes1 courent sous le sol forestier et donnent naissance à de nouveaux ramets2 lorsque les conditions sont propices. (Voir définition de ramet et de rhizome à la fin du texte). Vous la considériez comme une petite plante de sous-bois, n’est-ce pas? Regardez autour de vous; la plupart des plants d’Aralie dans un rayon de 10 mètres appartiennent au même individu. Ils sont connectés entre eux par un long rhizome souterrain, parsemé de bourgeons dormants qui attendent leur tour pour faire grossir cette entité individuelle. Les proportions changent; c’est vous, soudainement, qui êtes la petitesse dans leur univers! Retour à l’érablière; il ne faut pas confondre les trilles avec l’Arisème petit-prêcheur, qui se ressemblent tout de même lorsqu’elles ne sont pas en fleurs.
Une année, le plant est mâle, l’autre année, il est femelle. Il peut changer de sexe, comme cela, selon son bon vouloir, mais surtout, selon son âge et les conditions du terrain. Attention messieurs, ravalez votre orgueil, car le stade femelle, chez l’Arisème, est le stade ultime! Les plants deviennent femelles lorsque la saison a été bonne et qu’ils ont accumulé beaucoup de réserves. Il faut également avoir un certain âge, une certaine maturité, pour être femelle. À l’opposé, suite à une année difficile, une production de graines énergivore par exemple, le plant redeviendra mâle le temps de refaire ses réserves. Mais qu’on soit juvénile, mâle ou femelle; hors de question de vieillir! Les parties aériennes de l’Arisème se renouvellent à chaque année alors que les parties souterraines se remplacent graduellement. Imaginez; pendant que de nouvelles racines s’étendent d’un côté, les vieilles racines se désintègrent de l’autre. Inusité comme processus! De quoi en rendre jaloux plus d’un. En conclusion, Parce que connaître, c’est apprécié Et que certaines plantes, comme les humains, sont plus discrètes que leurs extravagants voisins, il faut prendre le temps, de s’arrêter, et de se soucier, des détails.
L’Arisème petit-prêcheur; plante de jeunesse éternelle Alors, qui sauveriez-vous? La trille ou l’érable? qui ne s’arrête pas aux genres: féminin ou masculin, peu lui importe. Mais… toutes les plantes n’ont pas la même modération et humilité envers leur environnement. L’évolution a des enfants rois, des êtres tout conçus pour tuer, accaparer l’espace, ne rien laisser pour les autres. Je les ai découvertes dans mon cours de malherbologie; des plantes pour lesquelles nous sommes chanceux que nos deux mondes, le végétal et l’animal, ne fonctionnent pas à la même échelle, car j’aurais sincèrement peur pour nous.
1 Rhizome: n.m. Tige souterraine, souvent charnue et hori-
zontale, parfois verticale. Se distingue d’une racine, car, comme toute tige, il porte des feuilles, des fleurs, des racines et d’autres tiges. De plus, il est généralement garni d’écailles, absentes sur les racines. 2 n.m. Rameau feuillé d’un rhizome, devenu indépendant ou pouvant le devenir; à l’origine, rattaché à un rhizome qui en connecte plusieurs. Unité répétitive d’un tapis formé par propagation végétative.
Les experts en parlent avec de l’impuissance dans la voix, mais aussi, une admiration inévitable. Comment ne pas admirer ces combats acharnés, ces adaptations invraisemblables, ces pulsions de vie que rien ne semble arrêter?
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La poésie, pour un monde doux
Par Anne Voyer, étudiante en aménagement et environnement forestiers Loin de ces cours de français où l’on nous apprend que la poésie n’existe que de manière structurée - presque mathématique - sous forme de poèmes, aux rimes agencées et minutieusement calculées, je pense que la poésie est partout et qu’elle est nécessaire. Elle ponctue notre quotidien de moments d’extase et nous permet de le savourer vraiment.
De même, nous pouvons nous représenter et nous raconter nos corps, nos territoires et notre histoire de bien des façons. Nous pouvons les observer d’un œil hagard et les détester pour ce qu’ils sont, ou ne sont pas. Nous pouvons les comparer jusqu’à ce que tous les éléments qui les composent en viennent à nous décevoir, voire nous humilier. Mais nous pouvons aussi apprendre à les aimer. Et, à cet égard, je ne connais pas d’alliée ou d’arme plus puissante que la poésie. Vous m’accuserez de jouer à l’autruche; vous m’accuserez d’enfouir ma tête dans un désert d’imaginaire pour ignorer la laideur et les inégalités. Je vous répondrai que je vois les choses autrement. La poésie est pour moi un baume. Et ce dernier n’apaise que temporairement la douleur et les blessures qui, elles, sont toujours présentes et grassement nourries par la cruauté de notre monde-bulldozer. Ce monde étourdi par une quête sans fin du plus-que-parfait, plus-que-productif, plus-queprofitable... Le soulagement est donc temporaire, mais ô combien réconfortant et abordable. ***
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Image : Mathilde Cinq-Mars
Pensées réconfort : J’aime mon corps. J’aime mon ventre emplumé qui est un duvet chaud et confortable. J’aime mes poils qui forment un vaste champ d’herbes folles et fières. J’aime mes cicatrices qui racontent mon courage et ma force. J’aime mon Québec qui est une grande forêt où les arbres s’amusent, saison après saison, à se vêtir de diverses étoffes aux couleurs chatoyantes. J’aime mon Fleuve qui, À chaque instant, nous pouvons choisir de bâiller, en- lorsque je l’arpente, me raconte les tumultes de notre nuyés que nous sommes par cette routine qui s’installe histoire. J’aime Monsieur Soleil qui irise mon ciel. Et toi peu à peu jusqu’à constituer la trame de nos vies. Nous aussi je t’aime, je t’aime pour ton unicité. pouvons aussi nous impatienter et nous mettre en colère contre un présent qui n’est jamais assez survoltant, ni assez satisfaisant. Mais nous pouvons aussi choisir d’accueillir chacun de ces instants comme une opportunité : l’opportunité d’ouvrir grand les yeux, pour trouver mille raisons de sourire et de s’émerveiller.
Galerie d’arts Hé les artistes!! Vous avez maintenant une section «Galerie d’art» dans votre Jaseur Boréal! N’hésitez pas à nous envoyer vos plus belles oeuvres (photos, dessins, peintres, caricatures..) pour partager votre talent avec nous. L’ORIGNAL, Camille Proulx «Tantôt, j’ai fait mon cours de maniement d’armes à feu et d’initiation à la chasse. Ben oui, chasseuse-cueilleuse ça me tente! Woupelay que j’me suis trouvée ti-coune quand on regardait où c’est qu’il faut tirer sur l’orignal. Cette bête m’impressionne beaucoup trop pour m’imaginer en abattre une. Je m’en tiendrai au dessin et à la chasse du petit gibier.»
POLYPORE D’UN ARTISTE «On m’a dit un jour que l’art servait à faire réfléchir. Ici, représentation d’un arbre sur champignon cueilli du sujet même de l’inspiration. Le tout, gravé par un singe autrefois arboricole et imprimé sur papier. Représentation d’une recherche de reconnaissance sociale? Manifestation d’un esprit créatif? Mémoire d’un géant oublié? »
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Bibliographie Dans le but d’alléger les articles, notez que toutes les références sont maintenant réunies et présentées dans une même page. Colloques de l’hiver 2017 • Association forestière des deux rives. 2017. [En ligne] http://www.af2r.org/activites-et-/colloqueannuel/2017-amenagement-durable-des-forets • Centre d’études nordiques. 2017. [En ligne] http://www.cen.ulaval.ca/page.aspx?lien=colloque2017 COP 22 et changements climatiques • Blogue IFSA : https://wordpress.com/post/blogifsa.wordpress.com • Canada’s national statement at COP 22 :http://news.gc.ca/web/article-en.do?mthd=index&crtr. page=1&nid=1155259 • Le Canada et les changements climatiques : http://www.rncan.gc.ca/forets/video/13560 • REDD + : http://redd.unfccc.int/ • Suivi des résolutions prises à Paris : http://www.cop21paris.org/fr • Articles liés au COP 22 : http://cop22-marrakech.com/index.php • Article de presse sur l’évènement : http://www.thehindubusinessline.com/specials/clean-tech/cop-22-nowbegins-the-fun/article9208324.ece Combat contre l’huile de palme • Huile de palme et santé. 2015. [En ligne] http://www.huiledepalmeetsante.org/quest-ce-que-lhuile-de-palme/ • Agroneo. 2016. [En ligne] https://agroneo.com/plantes/arboriculture/palmiers/palmier-a-huile • ConsoGlobe. 2016. [En ligne] http://www.planetoscope.com/Commerce/1093-production-mondiale-dhuile-de-palme.html • SAgE Pesticides. 2017. [En ligne] http://www.sagepesticides.qc.ca/Recherche/resultats. aspx?Search=matiere&ID=83 • Food and Agriculture Organization of the United Nations. 2005. Situation des forêts du monde. 168p. • s.a. s.d. Huile de Palme : Le petit guide vert. [En ligne] http://petitguidevert.pagesperso-orange.fr/petitguidevert.html • Radio-Canada. 2015. Découverte : Les victimes de l’huile de palme. Document audiovisuel. [En ligne] http:// ici.tou.tv/decouverte/S27E33 Secrets de plantes • Lamoureux, G. 2002. Flore printanière. Collaboration à la photographie : R. Larose. Fleurbec éditeur, SaintHenri-de-Lévis, Québec. • Source des images : http://espacepourlavie.ca/flore-biodome
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Jeux Identifiez à quels animaux de la Forêt Montmorency appartiennent ces traces!
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Associez les différents grattés à des animaux de la Forêt Montmorency!
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1. Lièvre 2. Canidé (surement un loup) 3. Écureuil 4. Orignal 5. Porc-Épic 6. Lièvre - 26 -
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