LE JASEUR
BORÉAL
Novembre 2016
TABLE DES MATIÈRES
L’innovation dans nos murs
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Chasse d’automne
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Premières impressions au prélude d’un échange à Göttingen, Allemagne
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Aberdeen Canyon
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Des couleurs d’automne aux formes d’hiver
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La semaine des sciences forestières, un rendez-vous à ne pas manquer!
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L’asclépiade, poison, mais comestible?
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22e Conference of Parties à Marrakesh
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En quête de quête
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Le Canada à quatre pattes
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Poésie
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Opérations forestières autrichiennes
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Quête identitaire
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Sortir de l’impasse
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Conférence de Bernard Lavallée au Colloque Facultaire de la FFGG
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Le comité du Jaseur Boréal, votre journal étudiant Coordonnatrice: Clara Canac-Marquis Collaborateurs : Béatrice Côté, Emma Côté, Elisabeth Guilbault, Nadia Larocque Lemay, Marimay Loubier et Mathilde Routhier Graphiste : Vanessa Audet
lejaseurboreal@ffgg.ulaval.ca lejaseurboreal.ffgg.ulaval.ca /lejaseurboreal
Photo de la page couverture prise par Marie-Christine Laurin Tirage : 110 exemplaires Distribution : pavillons Abitibi-Price et Gene-H.-Kruger
Imprimé sur du papier Rolland Enviro100
La réalisation du journal est rendue possible grâce à la contribution financière du Fonds d’investissement étudiant. Merci !
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LE MOT DU COMITÉ La communauté des étudiant(e)s de l’Université Laval se divise en populations inféodées à leurs pavillons respectifs. Nous sommes habitant(e)s de l’Abitibi-Price. Notre population, représentée au sein de la FFGG, est composée de quatre sous-populations de domaines d’études distincts et interconnectés : géomatique, géographie, foresterie et environnement. Nos caractères typiques, selon une étude empirique, sont notamment un intérêt pour l’environnement naturel, un penchant granola, une relation amour-haine avec les SIGS et le port de la chemise canadienne. Hé ben, à vous (à nous) habitant(e)s du ABP : ce journal est vôtre! À l’avenir, sachez que le comité dédiera des efforts à ce que le Jaseur Boréal porte la voix de l’ensemble de notre population (toutes sous-populations et tous stades de développement).
Photo: Marimay Loubier Vol. 6 n°2
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L’innovation dans nos murs Par Laura Ouellet, étudiante en architecture L’environnement bâti est la première source de demande en énergie et en matériaux dont la transformation génère des gaz à effet de serre. Cela confère une responsabilité grandissante aux membres de l’industrie, qui se tournent de plus en plus vers le développement durable. Jason F. McLennan en fait une synthèse plutôt complète : une philosophie qui tente de maximiser la qualité de nos bâtiments tout en minimisant nos impacts négatifs sur l’environnement. Le CLT, ou bois massif lamellé-croisé, est un matériau qui s’inscrit tout à fait dans le mouvement, et particulièrement au Québec. En effet, les condos Origine, en construction dans l’écoquartier de la Pointe-Aux-Lièvres, représentent la plus haute structure en bois massif dans le monde.
aussi les attentes de ce côté. Il est rapidement assemblé sur le site, réduisant les nuisances de chantier; il offre une bonne résistance au feu; il apporte une insonorisation suffisante au bâtiment4; et plus encore. Ce sont ces caractéristiques qui fondent la crédibilité d’Origine dans le monde durable. Après tout, la qualité d’un bâtiment découle de la matière qui le compose.
Le CLT est entièrement renouvelable et recyclable et propose même un bilan positif de séquestration de CO2. De plus, sa transformation nécessite peu d’énergie, ce qui génère peu de gaz à effet de serre. Néanmoins, la définition de McLennan dépasse l’enjeu environnemental : le bâtiment est d’abord un lieu de sécurité et de confort pour ses usagers et le CLT satisfait
ORIGINE (2016), Vivez la nature au centre-ville, http://condosorigine.com.
Tu as un projet de développement durable lié au plein air qui se déroule en Gaspésie ? Un petit coup de pouce de 2000$ ? La Bourse Colvert pour le développement du plein air durable en Gaspésie est une initiative des étudiants de la cohorte 2015-2016 de l’AEC en Guide d’aventure du Cégep de la Gaspésie et des Îles. Désireux de redonner au suivant les surplus amassés dans le cadre de leur formation en vue de leur expédition finale, les diplômés ont choisi de créer une bourse visant à appuyer le financement d’un projet de développement durable à but non lucratif dans le domaine du plein air en Gaspésie. Visite www.facebook.com/boursecolvert ou parle à Élisabeth Guilbault pour plus de détails…
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Chasse d’automne
Par Jean Ferland-Bilodeau, étudiant en aménagement et environnement forestiers
La chasse, c’est aussi une façon de se doser d’adrénaline, parce qu’un orignal qui arrive sur le call à 100 pieds, laissez-moi vous l’dire, ça fait pomper la patate en masse. Difficile à expliquer comme phénomène puisque tu vas voir la même bête durant l’été et ça va être plutôt de la joie qui t’emplira (ou un feeling de même...). Quand tu chasses, t’es souvent sur les nerfs et le moindre craquement ou son de pas dans les feuilles peut t’extirper rapidement d’une sieste improvisée et te ramener sur le qui-vive. Lorsqu’un animal est abattu, le bonheur coule abondamment au sein d’une équipe de chasse et il s’agit toujours d’un moment particulier. Le stress diminue et pas besoin de se lever trop tôt le lendemain, surtout si on fête ça un peu.
Source : http://images.nationalgeographic.com/wpf/media-live/photos/000/121/cache/moose-snake-
Mon dada, c’est la chasse au gros gibier. C’est à ce moment que je prends du temps pour m’assoir sur une roche, une souche ou un tronc afin de contempler la nature. T’es là, tu fais rien, tu respires doucement et t’écoutes les oiseaux chanter, t’observes l’eau ruisseler et les arbres valser dans le vent, pendant que le gibier lui, s’en vient tranquillement vers toi ou se retrouve à l’autre bout du monde juste pour te narguer. L’idée est de se fondre dans l’habitat de la bête et de se mettre dans sa
peau, connaitre ses déplacements afin de le déjouer : la traque est une expérience unique. Certes, comme dans bien des choses, parfois c’est facile et d’autres fois c’est plus difficile. Certains auront du succès et d’autres pas. On récoltera une grosse, une petite ou aucune bête, on passera quand même du beau temps. La finalité est la même : ça fait du bien de relaxer dans le bois.
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Difficile de se le cacher, le pavillon Abitibi-Price regorge de gens amateurs de plein air, et ce sous toutes ses formes. Qu’on soit trippeu(se) de camping, kayak, canot, pêche, chasse, trekking, promenade ou d’un mélange de ces activités, chacun possède une méthode pour prendre l’air en forêt tout en pratiquant quelque chose qu’il aime. La sérénité que l’on peut retrouver ben profond dans l’bois nous permet de nous changer les idées et de décrocher un peu de la civilisation.
Premières impressions au prélude d’un échange à Göttingen, Allemagne Par Émilie St-Jean, étudiante en aménagement et environnement forestiers
Je suis partie en échange dans À (ne pas) savoir : la petite ville de Göttingen • Provenance des collègues forestiers à la maîtrise: Ald’octobre jusqu’en août 2017. lemagne, Brésil, Cameroun, Chine, Colombie, CoCet article veut énumérer les rée du Sud, Équateur, États-Unis, Éthiopie, France, éléments de ce nouvel environnement qui ont premièGhana, Inde, Indonésie, Iran, Italie, Népal, Nigéria, rement attiré ma curiosité. Pakistan, Pérou, Philippines, Syrie et Vietnam. Avec toutes ces différentes origines et études, un travail L’Université pour tous : Sans parler amplement du fait de mise à niveau des connaissances forestières est que les frais de scolarité sont ici inexistants, l’université donc inévitable. veut être accueillante pour tous. On y trouve salles de • jeux et garderies pour les enfants des étudiants et les • Les Allemands ne mettent pas de draps plats entre chiens et leur maître sont les bienvenus dans les transleur drap contour et leur douillette. D’ailleurs, ports en commun, à l’intérieur, dans les classes, avec chaque membre d’un couple a sa propre douillette bols d’eau fournis près des cafés. et son propre matelas, un à côté de l’autre. Curieux n’est-ce pas ? Ils disent qu’ainsi, il n’y a personne qui Fahrradfreundliches Göttingen : La ville est tout à fait peut tirer la couverte de l’autre et si un des deux a un conviviale pour se déplacer avec sa bécane : un réseau sommeil agité, l’autre peut dormir en paix sur son de pistes cyclables ultra développé, le transport gratuit propre matelas. de vélos dans les autobus, des machines distributrices de • pièces à plusieurs endroits, ateliers dans les résidences et • Le coût de la vie, en particulier l’épicerie, est étondes feux de signalisation particuliers aux vélos. Comme namment inférieur qu’au Québec. Attention à la à Québec, le vol de bicycles reste cependant un proligne cependant, c’est surtout la bière, le fromage, le blème majeur, à tel point qu’en moyenne, une personne pain et la viande qui sont avantageux, pas pour rien se fera voler son vélo une fois aux trois ans. que l’Allemagne gagne la palme du pays européen ayant le plus de gens souffrant d’embonpoint. Blablacar à 190 km/h : Le covoiturage reste une des • meilleures façons en termes d’économie d’argent et de • IFSA m’a permis, avant d’être arrivée, d’avoir des temps pour se déplacer en Allemagne. Particulièrement amis à contacter sur place. Ça, c’était juste pour « d’est en ouest et vice versa, directions dans lesquelles les plugger » un exemple de services que votre comité réseaux de chemins de fer sont en général moins bien peut vous offrir. développés. Reste à savoir si vous voulez rouler sans limites de vitesse sur les Autobahns avec des inconnus. Auf Wiedersehen!
Provenance des étudiants dans le cours de politique forestière
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Aberdeen Canyon
Par Guillaume Moreau, candidat à la maîtrise en sciences forestières Voici une histoire qui s’est déroulée à l’été 2015 durant une expédition où mes trois amis et moi parcourûmes plus de 1000 km de canot en 45 jours, reliant 3 rivières sauvages du Yukon et du Territoire du Nord-Ouest à l’océan Arctique, soit la rivière Hart, la rivière Peel et le fleuve Mackenzie. Nous étions partis depuis 18 jours et notre expédition allait merveilleusement bien. Les montagnes magnifiques, l’eau pristine, une faune et une flore riches nous entouraient. Nous étions complètement sous le charme de cette grande région sauvage. Après quelques jours sur la rivière Peel, un obstacle de taille se dressait devant nous : une suite de chutes et de rapides infranchissables qui prennent vie en plein cœur d’un canyon abrupt et étroit que l’on nomme « The Aberdeen Canyon ». Un seul choix s’offrait à nous : un portage de 8 km en pleine tourbière, avec de la boue jusqu’aux genoux et des mouches en quantité industrielle. Avec tout notre équipement et la nourriture nécessaire pour les 20 prochains jours d’expédition, la tâche était considérable.
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Nous décidâmes de faire le portage en deux jours, apportant l’équipement nécessaire pour camper à la fin des rapides du canyon le premier jour et les canots le lendemain. La première journée se déroula bien et, malgré la fatigue et les piqûres, nous réussîmes le portage. Le lendemain, un beau soleil réconfortant brillait dans le ciel. Nous étions loin de nous douter de la suite des choses. En effet, quelques heures plus tard, en plein milieu du portage, nous fûmes frappés par une véritable tempête. Un important orage s’abattit sur nous ; pluie torrentielle, éclairs, vents violents, tout y était. À la fin de la journée, trempés jusqu’aux os, fatigués par notre portage, nous eûmes toute une surprise en revenant à notre site de camping : les tentes avaient disparu. Avec elles étaient également disparus notre linge chaud, nos sacs de couchage, nos matelas de sol et notre fusil pour nous protéger des ours. Le temps de réaliser que nos tentes avaient été projetées dans la rivière par les vents violents, la nuit tombait et une pluie forte et froide s’abattait sur nous. Sans perdre une minute, nous montâmes une bâche, nous réussîmes à allumer un feu avec le bois détrempé des quelques aulnes présents dans le canyon. Nous fîmes le bilan de la situation : nous étions à la limite du cercle polaire, en zone arctique, nous n’avions pratiquement plus de linge chaud, nous étions détrempés, fatigués, il faisait froid, 350 kilomètres de canot nous séparaient du
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village le plus proche et notre seule source de chaleur était un faible feu d’aulnaies. Cette situation semblait décourageante, mais nous n’en étions pas à notre première expédition et il n’était pas question de se décourager. Nous avions encore notre nourriture, soit l’essentiel. Tout de même, à ce moment, il n’y avait plus de doute dans nos esprits : la véritable aventure commençait. Il fallait se rendre à l’évidence, nous avions froid, notre feu ne suffisait pas et le niveau de la rivière allait monter extrêmement vite à cause de toute cette pluie. Ce n’était pas le temps de traîner, il fallait bouger. En moins de deux, nous étions repartis avec un seul but en tête : sortir du canyon avant la montée des eaux et trouver un peuplement d’épinette noire mature pour faire un feu et se réchauffer. Nous parcourûmes 20 km sous la pluie avant de nous arrêter, épuisés. Cette nuit-là, personne ne trouva le sommeil, nous passâmes la nuit autour du feu à sécher notre linge.
le niveau de la rivière avait monté d’un mètre durant la nuit. L’eau était maintenant boueuse et déchaînée. Chaque petit rapide était maintenant d’une taille démesurée. Des arbres déracinés descendaient la rivière à nos côtés et nous étions transportés par ce torrent d’eau qui défilait à toute allure. Heureusement, grâce à notre expérience et nos habilités de pagayeur, nous rejoignîmes Fort McPherson en moins d’une semaine, là où une tente, des sacs de couchage et du linge chaud nous attendaient grâce à un ami d’Inuvik. Nous pûmes finir notre expédition jusqu’à la mer de Beaufort et Tuktoyaktuk sur les berges de l’océan Arctique.
Cette histoire rappelle que le Grand Nord canadien est un territoire sauvage d’une grande beauté, mais qu’il est aussi imprévisible et sans pitié pour les curieux qui s’y aventurent. Les grandes rivières sauvages qui façonnent ce territoire sont d’une richesse incommensurable, un véritable bijou de beauté et de pureté. Les hommes et Le lendemain, le beau temps était de retour et nous les femmes qui parcourent ces régions sauvages sont étions enfin au sec. Nous mangeâmes un deuxième re- amenés à se dépasser et à puiser des forces qui leur sont pas Happy Yak et nous parcourûmes 160 km de canot parfois insoupçonnées. avant de nous reposer. Comme nous l’avions anticipé,
Des couleurs d’automne aux formes d’hiver Par Julien Villettaz, étudiant en aménagement et environnement forestiers Demain déjà, le jour sera nuit et la nuit sera claire. Nos amis silencieux ont, pour la plupart, effeuillé leur tenue d’été. Seuls les hêtres et les chênes l’ont conservée, mais seulement en pâle imitation des gardiens toujours verts venus du Nord. Tous ensemble, ils appréhendent la douce couverture scintillante qui accentuera leurs formes et charmera la lune. Chaque année, ce processus lent nous transporte d’une merveille à l’autre en passant par les tableaux les plus sublimes. La saison des couleurs est initiée par l’arbre « canadien » par excellence et par sa cousine la plaine. Leurs habits incandescents contrastent alors ardemment avec ceux des autres convives forestiers. Les cimes des érablières semblent ainsi relâcher des flammes bénies léchant affectueusement les cieux. Les frênes ne tardent pas à les suivre, nous offrant ainsi une migration colorée passant par la multitude quasiment infinie des teintes de vert afin d’aboutir à un jaune canari nous rappelant amère-
ment les jeux interfacultaires. Les ormes majestueux, ceux qui restent du moins, distribuent sans réserve les couleurs ambrées les plus rafraîchissantes. Seul le BOJ peut s’approcher davantage de l’or pur avec la synergie incomparable de ses feuilles et de son écorce rayonnante. Le bois barré, pour sa part, ne passe pas par une myriade de pigments, son feuillage semble s’effacer lentement jusqu’à devenir translucide tel un ectoplasme nageant dans le vent. Les chênes rouges font ressortir la signification de leur appellation tout en conservant une jolie part d’émeraude dans leur feuillage. Les peupliers à grandes dents nous convient à un bal de couleurs encore plus exaltant en invitant à la fois plusieurs verts, jaunes, rouges et oranges, tous dans la même feuille. Les sumacs vinaigriers, passant généralement inaperçus, créent des boules de feu spectaculaires à ce moment de l’année. L’érable de Norvège, révéré par les aménagistes urbains et détesté par les « vrais » forestiers, nous offre enfin un spectacle digne de ce nom en se recouvrant de son manteau caméléon. Le hêtre à grandes feuilles, cette plaie acidifiante au fût grisâtre, nous révèle enfin une image appréciée avec son vert tendre apaisant, avant
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d’atteindre une teinte cuivrée. Cela conclut ce résumé, bien incomplet hélas, de la grande valse des couleurs, offertes par les feuillus, peintes sur la toile bleue et blanche sans fin. Les résineux, pour leur part, ne font pas que nous procurer des emplois. Certains d’entre eux s’adonnent également à une élégante métamorphose colorée. Les pins blancs, ces rois peu contestés de la forêt, amorcent le renouvèlement de leurs aiguilles en offrant des visions féériques. Le jaunissement de la base de leur feuillage alors que les pointes gardent leur personnalité vert forêt fait ressortir la douceur de leurs caresses. Les mélèzes partagent eux aussi leur beauté intérieure durant plusieurs phases distinctes, rallongeant ainsi la saison des visions colorées. Après nous avoir longtemps fait languir en étirant le début de leur transformation, car ils semblent toujours commencer à jaunir, ils présentent enfin une teinte bicolore incomparable comme l’atteste le mélèze devant notre joli pavillon (voir photo). Ensuite, les mélèzaies conservent leur teinte jaune soleil alors que les feuillus brunissent et subissent des pertes capillaires importantes. Enfin, quand les fûts sont tous exposés et que seuls les géants verts gardent leur capacité photosynthétique, il nous est parfois donné l’occasion inégalée d’observer un mélèze solitaire du haut d’une montagne, comme la dernière braise semée par un volcan dans la vallée.
Bien que les couleurs divines aient tiré leur révérence, l’arrivée de l’hiver ne signifie pas pour autant une baisse de l’intensité de la contemplation. En fait, l’absence de couvert nous permet d’observer à souhait les courbes et les fûts des géants qui nous font une révérence silencieuse. Quoi de plus adéquat pour bien saisir l’architecture de chaque espèce que de les voir mises à nues sous le « soleil de novembre ». Pendant que les citadins courent après le temps et les cadeaux de Noël, il me semble plus adéquat de marcher tranquillement les yeux vers le ciel et la tête dans les nuages. Lorsque enfin la neige étendra son manteau immaculé, les conifères se plairont à la soutenir seulement pour notre bien-être intérieur, créant ainsi des temples fermés où l’infini s’étend sous la pleine lune. Le paysage tout entier semble alors étiré vers les rebords de la terre. La neige fait aussi office de toile gigantesque pour les sillons creusés par le vent nordique. Le piétinement des machines et des humains-machines laisse des runes complexes et désormais inconnues derrière son passage. Les couleurs des réverbères et de toutes autres sources lumineuses sont réfléchies et accentuées par l’habit blanc pur de l’hiver. Les choux-fleurs et les moutons aériens semblent également plus présents durant la saison froide. Toutes ces formes excentriques nourrissent notre esprit jusqu’au verdissement hâtif des peupliers faux-trembles annonçant le recommencement de ce processus itératif sans fin et sans faille. Ainsi se complète ce voyage dans l’Entier qui unit les choses, des couleurs d’automne aux formes d’hivers.
Strophaire bleutée/Stropharia caerulea Vol. 6 n°2
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Le fameux mélèze du ABP
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La semaine des sciences forestières, un rendezvous à ne pas manquer! Par Anne-Marie Voyer, étudiante en aménagement et environnement forestiers Depuis maintenant 38 ans, la semaine des sciences forestières met de l’avant le thème de la forêt afin d’informer le public de tout âge. L’an dernier, c’est plus de 5000 visiteurs qui ont assisté au salon de la forêt. Mais la semaine des sciences forestières, ce n’est pas juste un salon. C’est aussi une soirée de contes et légendes, un concours photo, une compétition de génie en arbre, des jeux forestiers, le fameux colloque Kruger et bien plus!
Génie en arbre Viens mettre à l’épreuve tes connaissances forestières le 19 janvier! Une compétition amicale entre étudiants et ingénieurs forestiers permet de fraterniser et de tester ses connaissances. Inscris-toi!
Colloque Kruger Il fait jaser et tout le monde l’attend. Cette année, il se tiendra le 26 janvier. Cette journée-conférence permet d’en savoir plus sur un sujet d’actualité choisi par les membres de la SSF. Des conférenciers invités aborderont ce sujet et par la suite, une table ronde permettra Le salon de la forêt aux gens de s’exprimer. De plus, un cocktail d’honneur Le salon de la forêt se tiendra la fin de semaine du 21 sera servi. Une belle journée à ne pas manquer si tu et 22 janvier prochain. Plusieurs exposants seront pré- veux approfondir tes connaissances et te faire un réseau sents tout au long de l’évènement. Il y en a pour tous de contacts. les goûts! Opération forestière, écoles, menuiserie, loisirs, trappage et plus encore! De plus, des salles seront Concours photo réservées à l’intention du cinéma forestier. Environ cinq Artistes (ou pas), le thème de cette année sera : « La films vous seront présentés durant cette fin de semaine. forêt à travers le temps ». À vos appareils! Le gagnant se Il ne faut surtout pas oublier les jeux forestiers : Sciage verra attribuer un prix et les plus belles photos seront au godendart, soude à la corde, montée de la poulie, affichées tout au long de l’année dans le pavillon ABP. sciotte et bien plus. Bienvenue à tous les participants ; pas besoin d’être un bûcheron! Les détails sont à venir sur la page Facebook de la semaine des sciences forestières. Pour plus d’informations : Soirée conte et légende La soirée contes et légendes se tiendra le 17 janvier à la ssf@ffgg.ulaval.ca cafétéria de l’ABP. En plus, de la bière sera disponible http://ssf.ffgg.ulaval.ca afin de festoyer un peu.
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Hors saison L’asclépiade, poison, mais comestible ?
Par Camille Proulx, étudiante en aménagement et environnement forestiers L’asclépiade est toxique au point d’être sur la liste du centre antipoison du Québec. Ceci étant dit, l’asclépiade peut être consommée de plusieurs façons… Trouver l’erreur ? Il n’y en a pas. En effet, la plante contient une toxine, la cardénolide, qui pourrait dans les cas extrêmes provoquer un arrêt cardiaque, mais qui plus généralement peut causer des problèmes gastro-intestinaux. Sans preuves scientifiques à l’appui, la toxine contenue dans la sève peut être éliminée à la cuisson, permettant ainsi de consommer la plante de trois façons :
elle est aussi connue pour sa relation avec le monarque. Plus récemment, on la nomme le soyer d’Amérique en raison de sa fibre, laquelle pourrait servir d’absorbant pétrolier et entrer dans la fabrication de vêtements d’hiver! Où la trouver ? L’asclépiade est indigène au Québec, on la trouve un peu partout, dans les terrains vagues ou dans les champs. Pour plus d’indications, consultez un ouvrage de référence. Avec quoi ne pas la confondre ? La pousse d’asclépiade peut ressembler à celle de l’apocyn à feuilles d’androsème, une plante toxique. L’asclépiade incarnate pourrait aussi être confondue, mais celle-ci pousse en milieux humides. Pour assurer une bonne identification, utilisez un ouvrage de référence.
http://mek.niif.hu/05100/05178/html/kepek/070.jpg
• Les jeunes pousses – cueillies en juin • Les fleurs en ombelles – cueillies en juin et juillet • Les fruits – cueillis en août, à petite taille avant leur maturité. Références : pour l’asclépiade, cette fiche dit tout : https:// www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Publications/FicheAsclePour apprêter la plante, on la rince d’abord abondam- piade.pdf. Pour la cueillette de plantes en général, faites ment. On peut même immédiatement la laisser tremper aller votre curiosité et avancez vos propres recherches, dans un sceau d’eau au moment de la récolte. Le MA- car une un large éventail de plantes sont comestibles ne PAQ recommande de la faire tremper dans une eau sa- serait-ce qu’en partie. Je vous recommande de consulter lée pendant 24 heures. Ensuite, on la fera bouillir de 5 à plusieurs livres (pas seulement Internet) pour compa10 minutes dans deux eaux salées (on jette la première, rer les informations qui sont parfois peu détaillées. Les puis on recommence). publications de Fleurbec, que vous pouvez facilement L’asclépiade est une plante fort intéressante. Au-delà de trouver dans des boutiques de livres usagés, sont partila controverse concernant sa consommation (certains culièrement intéressantes. auteurs sont alarmants et d’autres la commercialisent),
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22e Conference of Parties à Marrakesh
Par Vicky Tremblay, étudiante en aménagement et environnement forestiers
Je m’appelle Vicky et je suis étudiante en troisième année en aménagement et environnement forestiers à l’Université Laval. Je suis présentement en étude à l’étranger à Prague en République Tchèque pour l’année (yeee ! Belle forêt, beau pays et bon houblonnage). Je vous écris aujourd’hui parce que un, je m’ennuie un peu de vous ;) et deux, parce que j’ai de beaux projets à vous partager.
aux précédentes résolutions. Je suis très enthousiaste de participer à l’événement et de vous partager mes impressions et mes découvertes suite aux conférences. Je vous invite à me suivre sur le blog que je tiendrai avec les autres membres de la délégation IFSA à Marrakech (je publierai le lien plus tard). Je vous invite aussi à consulter les liens ci-joints à la fin de mon article pour plus d’information si vous êtes intéressés par le sujet. IFSA, en plus d’être un super comité à l’Université Laval, est une organisation jeunesse mondiale en foresterie enregistrée à l’ONU. Grâce à la rencontre annuelle de l’association, soit l’International Forestry Students’ Symposium (IFSS), qui a eu lieu en Autriche en août dernier, j’ai pu mieux saisir la portée de ce comité étudiant. Effectivement, en plus de rencontrer des personnes extraordinaires et inspirantes, je peux aujourd’hui m’impliquer dans d’autres événements liés à la foresterie à portée internationale. Alors, je vous encourage aussi à participer aux évènements IFSA internationaux, tel le 45e IFSS qui se déroulera en Afrique du Sud du 2 au 17 juillet prochain, et ce, même si vous ne vous impliquez pas pour le moment dans le comité local.
http://www.playtheglobe.org/prague-athletics/
Effectivement, je vais faire partie de la délégation de l’International Forestry Students’ Associtation (IFSA) qui se déplace à Marrakech, au Maroc, pour la 22nd Conference Of Parties sur les changements climatiques (COP22). Ces conférences se déroulent du 7 au 18 novembre et regroupent différents acteurs politiques, environnementaux et scientifiques de partout dans le monde. Les discussions porteront entre autres sur les résolutions prises par 55 pays lors de la COP21 à Paris l’an dernier. Les acteurs présents représentaient 55% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et s’étaient engagés sur une base volontaire à limiter le réchauffe- Je profite aussi de l’occasion pour remercier Résolu, Rexment climatique à 2 degrés Celsius. Puisque cette année forêt et AEFEUL qui sont des partenaires importants à la rencontre se déroule en Afrique, les discussions seront mes aventures académiques. orientées vers la lutte aux changements climatiques sur ce continent en plus de parler des aspects financiers liés
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La griffe du chien : En quête de quête Par Gabriel Rocheleau, diplômé en on-ne-sait-quoi Je me présente : Prédicateur1 de Virginité. Contempteur2 en chef des engagements vains et des « TU DOIS », je prêche l’espace ; le vide. Méfiant quant aux promesses d’un ailleurs meilleur, je déclare ceci : laissez tomber ce que certains appellent « être quelqu’un ».
pas encore entendu dire qu’ici, les règles n’ont pas autorité. Pouffons de rire face à leurs 1001 principes. l00l principes… lol.
Bonne chance aux prisonniers marchant pour une destination… ils en auront besoin. Avancer autour d’un rond-point distrait les nerveux, mais regardez-les, ils sont si mal chaussés. Auraient-ils égaré l’entendement, croyant que les moyens en valent la peine? S’ils savaient reconnaître qu’ils sont des leurres, des appâts, ils abandonneraient leurs larmes. Voici ma suggestion : marchez enfin de fin en fin, mettant fin à chaque existence pour accueillir la réalité avec une infinie virginité.
Osez justement pimenter votre existence avec un choix douteux quotidien. Dans ce séjour du côté de la déraison, profitez-en pour apercevoir l’incohérence d’une existence résignée. Un mauvais choix par jour éloigne la banalité pour toujours.
Tous ne sont pas enthousiasmés par l’avortement de leur course imaginaire. Ils tremblent devant l’effritement de leur direction. Je vous présente les Yang-yang : grands amateurs d’activité active pour qui être, c’est faire ; accomplir. Eh oui, concrétiser le chaos en lui prêtant un sens réconforte les frileux de l’âme. Regardez-les qui protègent leurs manteaux avec pudeur. Ils ne prennent même pas le temps de cligner de l’œil. Auraient-ils peur d’être mis à nu? De sombrer dans le vide?
Prédicateur de Virginité, je suis venu. Ne vous y méprenez pas, je conserve mon Intérêt Citoyen. Sans quoi, de PrédICateur, je serai promu chez les Prédateurs.
Déjà, nos cocons éclosent. La chenille est là, mais nos sourires dansent. La plus fière des chenilles pâlit à la vue du plus simple des papillons. C’est bien connu, les teints pâles ne tolèrent pas le piment.
Dictez vos règles ou trichez les leurs.
Voilà la barrière conditionnant l’existence des chenilles: la peur du vide. Captives de leurs choix sensés, elles choisissent la survie monotone, la sécurité d’une vie assez banale pour s’y oublier. Malheureuses! Elles n’ont
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Metapop
1. Prédicateur : Celui qui prêche, qui annonce la parole de Dieu 2. Contempteur : Personne qui dénigre quelqu’un ou quelque chose. - 13 -
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http://cdn.bulbagarden.net/upload/thumb/c/cd/011Metapod.
Plus audacieux encore, risquez l’absence de décision. Épicez vos choix, vos aspirations et « votre identité » d’ambiguïté. Défendez l’indécision comme une huile précieuse, et coulez entre les doigts de ceux voulant Les sceptiques sont conviés au rejet de leur cocon. Bien- vous saisir. Défendez-là, mais si on la désire, donnez-là, venue dans cet envol au-delà des formalités, des choix on s’y perdra. raisonnables et des vaines ambitions, là où tout est permis mais rien n’est prescrit. Ici, la virginité existentielle Les bambins et leurs petites roues sont difficilement est non seulement admise, mais célébrée. Que vous sou- séparables, mais il faut parfois se briser pour mieux haitiez être ou ne pas être, cela en soi est suffisant. se déconstruire. Débâtissez jusqu’à votre perte, le vide étant devenu votre seul refuge. Le jour venu, vous serez Chez nous, l’incohérence est loi. Dans cette danse sans propriétaire d’une forêt vierge. Résistez à la tentation de public, jonglons entre l’active passivité et l’activité pas- faire venir les cartographes, tout serait perdu! Laissez-la sive ; valsons entre le Yin-yang et le Yang-yin. fleurir, et surtout gardez-vous de la déflorer.2
Le Canada à quatre pattes
Par Félix-Antoine Rhéaume-Gonzalez, candidat à la maîtrise en agroforesterie Je suis une chienne de chasse. Mes ancêtres pistaient l’ours et le cougar. Courir en montagne et dormir dehors, c’est dans mes gènes.
Après 19 jours de marche, on a franchi la dernière montagne et on est arrivés dans une ville. Mon humain chantait avec euphorie la même chanson : Alberta, Alberta... Je sentais que les choses allaient changer. Mon humain est allé chercher des grosses boîtes que j’avais déjà senties et il a assemblé une machine sur deux roues avec une grosse niche pour moi derrière. Je connaissais Quand la neige s’est mise à fondre, l’humain qui prend le manège. Il ouvrait une petite porte, je sautais dans soin de moi est devenu plus agité, comme si une aven- mon palais et on roulait. ture se préparait. Il me mettait souvent un harnais et des sacs sur le dos avant d’aller marcher en montagne. Un J’ai vu beaucoup de paysage dans mon palais. Je restais beau matin, quand les journées étaient plus longues que couchée presque toute la journée à gruger un os en reles nuits, on est partis vers l’Est. Je n’oublierai jamais ce gardant les prairies. J’aurais aimé courir après les petits moment. On a franchi la porte de la maison, il a barré animaux sur le bord de la route mais on passait tellela porte, il m’a murmuré quelque chose à l’oreille et on a ment vite… commencé à marcher. Quand le soleil s’est couché, on a dormi dehors. Que ça sent bon la nuit… Quand il y avait des côtes, mon humain soufflait fort et on avançait. C’était magique ce palais! Un jour, j’ai senti qu’on approchait d’un grand lac d’eau froide. Les gens avaient un accent différent et ça sentait la viande frite. On voyait des drapeaux partout. Un soir, mon humain m’a laissé courir sur la plage. Soudainement, des feux se sont mis à exploser autour de nous et des couleurs vives ont surgi dans le ciel. C’était l’apocalypse! J’ai pris mes jambes à mon cou et je me suis sauvée. Je suis retournée vers la route de laquelle on était arrivés. Les grosses boîtes en métal sur quatre roues passaient proche de moi. La première qui s’est arrêtée m’a ouvert la porte et j’ai sauté dedans. Mon humain n’a pas suivi. Ce soir-là j’ai dormi sur un coussin. Il faisait chaud et l’eau goûtait le chlore.
Moi et mon équipement pour 3 jours
Quand le soleil est sorti, on a marché vers une montagne blanche plus haute que les autres. L’humain me gardait attaché à lui quand on marchait sur les chemins durs et me laissait courir quand on sortait des chemins. Malgré ma conviction d’être sur une piste, l’humain refusait de me suivre. Après quelques heures je revenais à lui et il me serrait dans ses bras.
Le lendemain j’ai retrouvé mon humain. Il avait l’air soulagé de me revoir. Je suis remontée dans mon palais et on a filé vers l’Est.
Peu de temps après, mon humain m’a amenée dans l’eau. Je sentais qu’il m’entraînait dans une autre aventure. Mon palais ne bougeait plus. Il me mettait une veste de mousse orange et me gardait avec lui dans l’eau. J’avais On a traversé des montagnes enneigées et des rivières des gâteries succulentes en sortant de l’eau! qui sentaient la glace. On ne croisait pas beaucoup d’humains sur le chemin. Quand on passait par des villages On est restés quelques jours sur le bord d’un grand lac les gens nous regardaient avec des grands yeux. On ne et un autre humain avec des cheveux gris est venu vers sentait pas très bon… nous. Les deux avaient le même sang. Ils remplissaient des barils bleus et les mettaient dans quelque chose qui - 14 -
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flottait sans bruit sur l’eau. On est partis dans ce machin flottant. Le sol était rond et glissant et mon humain ne me laissait pas sauter dans l’eau. Au début, je n’aimais pas beaucoup ça. Je me suis habituée. Après tout, mon humain était à côté de moi toute la journée.
On était partis de Revelstoke, en Colombie-Britannique, et on s’est retrouvés à Québec après un périple de presque 4 mois. On avait parcouru 5000 kilomètres. Le Canada à pied, en vélo et en canot, c’est pas pour les doux!
On voyait défiler les paysages. Je regardais dans l’eau et Pour plus d’info sur le périple, consultez hikebikepadje voyais le ciel et les arbres ondulés. Le vent était frais. dlecanada.blogspot.ca ou venez me parler! Je me couchais et je pourchassais les ours et les chevreuils jusqu’à ce que mon humain me réveille. Alors je sortais du machin flottant et je courais sur la plage à la recherche d’une bestiole. On est arrivés dans une ville d’importance capitale. Les deux humains, souriants, criaient : Ottawa! À partir de ce moment, mon humain m’a quittée. Je suis partie dans une boite en métal avec l’autre humain. Il m’a promis qu’il me rejoindrait. Mon humain, il est fort. Je savais qu’il y arriverait. Trois semaines plus tard, il a franchi les derniers pas qui nous séparaient.
En canot sur la rivière Mattawa
Poésie
Par Anne Voyer, étudiante en aménagement et environnement forestiers Tu fais partie des fleurs sauvages [Traduction (très) libre du “You belong among the wildflowers” de Tom Petty…] A-t-on déjà prononcé compliment plus beau et plus doux que ce dernier? Comme cette simple phrase m’émeut! Mais, puis-je seulement me sentir concernée? Je ne sais pas. Je pense que la fleur artificielle, celle teintée, celle qui a poussé bien droite parce que tutorée, celle qui ressemble aux autres et qui le souhaite, celle qui veut faire partie des fleurs “parfaites”, et bien, elle est là, bien présente au fond de moi, entretenue par les nombreuses attentes de la société, par ses normes et ses modèles aussi. Mais ne puis-je pas me départir de ces carcans? Vol. 6 n°2
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Oh, quelle délicieuse idée que celle de me rapprocher de cette fleur sauvage! Cette fleur qui pousse en beauté, sans besoin d’artifices et sans avoir à être modifiée de quelque façon. Cette fleur qui croît doucement dans les lieux les plus secrets, et souvent, sans qu’on ne la remarque. Cette fleur si bien intégrée à son environnement qu’elle n’y porte préjudice. Cette fleur qui de par sa seule présence, contribue à diversifier le paysage. Cette fleur qui doit parfois croître dans des conditions adverses mais qui, vaillante, ne s’essouffle pas, parce qu’elle a besoin de bien peu pour s’épanouir. Cette fleur silencieuse, à l’écoute. Source d’inspiration inépuisable. Je t’observe. [À toutes les fleurs sauvages du pavillon Abitibi-Price, parce qu’elles y sont présentes en abondance.]
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Plume naïve Les oies sauvages qui par centaines, en migration, te tirent de ton sommeil. Leur trajectoire passant devant la fenêtre de ta chambre laissée entrouverte. Le soir d’avant, une promenade dans les rues désertes de cette ville au ciel brillant de mille feux, de mille étoiles. Cette ville qui sent bon le bois parce que cernée par une nature presque-sauvage. Cette ville que tu connais par cœur et qui, impersonnelle, te connaît aussi. Un sentiment d’attachement pour ces lieux que tu redécouvres et qui, depuis ton retour, prennent des airs d’œuvre d’art, d’œuvre éphémère en fait. Si fragiles… Est-ce ton œil qui s’y pose différemment ou ont-ils vraiment changé? Tu t’émerveilles et tu réfléchis: Reviendras-tu t’établir ici, dans ce coin presque-perdu? L’énergie et la force de la grande ville te retiendront-elles longtemps? Et te retiendront-elles toujours?
Ou, seras-tu porté vers d’autres lieux et d’autres âmes inconnus? Tu y trouves du beau, des gens de cœur, des repères et de l’espace. Y revenir fait donc partie de l’univers des possibles, mais certainement pas de l’univers des faciles. Pour survivre dans ce lieu aux durs hivers et aux automnes sombres, tu te dis que c’est cet espace qu’il faudra habiter. Mais ne pas lui laisser prendre toute la place, surtout ne pas le laisser remplir de vide ton cœur et ta tête. Ne pas perdre espoir. Il faudra faire preuve d’audace et de courage. Il faudra t’occuper de projets qui te tiennent à cœur, t’occuper par des actions porteuses d’espoir et, avec tes concitoyens, dessiner un lieu que vous aimerez et où il fera bon vivre. Parce que tu le réalises: ces lieux sont presque-vierges. La terre y est fertile et pleine de promesses d’avenir. Et puis, les choses y sont encore à échelle humaine. Alors, tu pourras y planter les arbres que tu aimes, les regarder grandir et porter leurs fruits.
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Opérations forestières autrichiennes (suite) IFSS 2016 Par Alexandre Veilleux, étudiant en opérations forestières Il y a déjà quelque temps depuis l’article de madame Élise Bouchard chers lecteurs et lectrices ! Voici donc un bref rafraîchissement de la situation forestière autrichienne !
chemin), de construire un chemin plus incliné et d’éviter de construire en lacet dans la pente. Lorsque les opérations se font au sol, les sentiers de débardage peuvent avoir jusqu’ à 30% de pente.
Mise en contexte La forêt couvre 3.99 millions d’hectares en Autriche et cela correspond à 47.6% du territoire (Austrian Forest report 2015). Tout près de 80% de cette superficie appartient à des propriétaires privés. L’industrie forestière crée un revenu pour quelque 300 000 personnes qui sont dispersées à l’intérieur de 172 000 entreprises et sa production annuelle se chiffre à plus de 12 milliards d’euros. L’industrie forestière dégage un surplus d’exportation de 3.7 milliards d’euros. Elle se positionne deuxième au pays, tout de suite après le tourisme, en Opérations forestières : Téléphérage ce qui concerne les activités économiques impliquant Nous avons la chance de visiter la compagnie Mayr l’échange de devises. Melnhof Forsttechnkik ! Elle conçoit des systèmes de téléphérage (Cable yarding) et offre un service de récolte. Opérations forestières : Construction de chemin Plongeons maintenant dans le monde des opérations Le peuplement d’épinettes de Norvège que nous visitons forestières autrichiennes. Dès le début de l’IFSS, nous est âgé de 100 ans et mesure 40 mètres de hauteur. Le suivons un atelier sur la construction de chemin. Le volume est de 1100 m3/ha, ce qui est hors de l’ordinaire professeur Karl Stampher, de l’Université BOKU, in- si on le compare à la moyenne autrichienne, qui est de dique que dans ce pays il y a plus 128 000 km de che- 350 m3/ha (Austrian Forest report 2015). mins forestiers. Le taux de densité des chemins forestiers (Road Density) est de 28m/ha dans les territoires Les opérations sont en pente forte et on débusque le privés gérés par des entreprises et est de 45m/ha dans bois à l’aide du téléphérage! On retrouve sur le chemin les terrains récoltés par des particuliers. Cette augmen- forestier un camion avec une plateforme sur laquelle tation s’explique par le fait que les propriétaires qui ré- une tour est installée ! coltent à petite échelle utilisent un treuil fixé à l’arrière d’un tracteur afin de débusquer les billes de bois. Ils peuvent débusquer sur une distance de 80m à 100m en descendant et de 150m à 200m en remontant la pente. Ils peuvent tirer le bois sur de plus grandes distances lorsqu’ils remontent la pente, car il y a toujours de la tension dans le câble et donc les billes peuvent maintenir davantage leur trajectoire. Le coût moyen est de 40 à 50 € par mètre de chemin construit et peut s’élever jusqu’a 100 €/m dans les pentes fortes. Les routes forestières peuvent être inclinées jusqu’ à un maximum de 15%, car pour des raisons monétaires il est préférable (afin de réduire la distance du Vol. 6 n°2
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À côté de la tour, il y a une cabine où l’opérateur peut opérer une tête d’abattage multifonctionnelle. Elle est très similaire à celles qu’on retrouve au Québec, à l’exception qu’il y a une articulation entre les rouleaux d’entraînements et les couteaux d’ébranchage qui permet à l’opérateur de détacher les billes plus facilement du câble de débusquage. Ce procédé de récolte permet à une équipe d’empiler au bord du chemin 150 à 170 m3 de bois par chiffre de neuf heures. Un maximum de 250 m3 peut être atteint dans des conditions optimales.
morque. Ce camion peut transporter 28 m3 de bois. Le bois est empilé à côté de la plate- forme d’ébranchage et de tronçonnage. Il est transporté au fur et à mesure à l’usine. Il n’y a pas beaucoup d’espace pour empiler les billes, parfois il y a seulement un voyage d’avance prêt à être emporté. Le chantier est situé a 5 km de l’usine et le chantier le plus loin que possède cette compagnie est à 32 km.
L’équipe est composée d’un attacheur de billes qui attache les arbres entiers par le gros bout et d’un opérateur de la tête d’abattage multifonctionnelle qui détache, ébranche et tronçonne les arbres entiers. La machine nécessite donc deux employés afin de fonctionner. Son coût d’opération (comprenant les deux employés) est de 150€/h. Les arbres sont préalablement abattus manuel- Bref, la foresterie autrichienne a su composer avec les lement à l’aide d’une scie mécanique sur le flanc de la contraintes opérationnelles de son territoire! montagne. Un énorme remerciement aux membres organisateurs Les câbles peuvent être installés à des endroits très en de l’IFSS 44th qui ont fait vivre une expérience inpente, cependant leur inclinaison doit être inférieure à croyable a plus de 120 étudiants en provenance de 31 70%. La moyenne du gradient de pente où opère cette différents pays ! J’aimerais également remercier FPIncompagnie est de 63%. Une fois installés, les câbles novations qui m’a grandement aidé à participer à cet s’étendent sur une longueur de 900m. On peut récolter événement. J’espère que cette brève excursion dans le des arbres en périphérie à l’aide d’un câble de débus- monde des opérations forestières autrichienne vous a quage qui est d’une longueur de 80m. La petite grue plu! mobile acquière son énergie grâce au moteur du camion et celle observée peut débusquer une charge de 3 tonnes.
Si vous avez une quelconque question, n’hésitez pas à m’écrire à : alexandre.veilleux.2@ulaval.ca
Transport Dans le chantier de téléphérage, les camions transportant le bois sont tous munis d’une autochargeuse qui est fixée à l’arrière du panier. En plus, il tire une semi-re-
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Quête identitaire
Par Clara Canac-Marquis, étudiante en aménagement et environnement forestiers Hier, les arbres étaient vêtus de leurs plus belles couleurs, le temps agréable, les récoltes abondantes. Le ciel était un tapis blanc où défilaient par milliers les chanteurs. La musique d’aujourd’hui est celle des branches fouettées par le vent. Les couleurs ont été avalées, les fruits ont gelé. Trop fierpette pour suivre les troupes, le Jaseur Boréal est l’un de ces quelques oiseaux batailleurs qui résidera au Sud du Québec au cours des prochains mois. Il devra être fort. À l’aube de cette épreuve, il se consacre pleinement à sa préparation mentale et physique Le journal facultaire a voulu l’aider. Nous vous présentons ici, en bribes, l’historique du Jaseur Boréal et de ses ancêtres. Nous espérons qu’elles lui donneront envie de relever les prochains défis tête haute, torse bombé, fier de ses origines. Bons frias. À l’époque de Luc Bouthillier (fin des années 70)
culture au Vandry ont créé de l’émoi quand nous avons réalisé que la salle était attenante à la morgue, et j’en passe…
En attendant était une sorte d’exutoire à nos frustrations devant tant de mesures inadéquates et un véhicule de revendication. Pourtant, il y avait aussi des critiques de sport, de cinéma, de livres dans ce journal. Sans compter les caricatures qui, à ma souvenance, étaient impitoyables pour nos profs submergés par les hordes étudiantes, et des photos de party rarement à l’avantage de À l’époque, le journal s’appelait En attendant. Des co- ceux qui se laissaient croquer le portrait. » hortes de 140 à 150 étudiants cohabitaient dans un pavillon aux infrastructures dépassées (pas de cafétéria, - Luc Bouthillier etc.). ANNÉES 80 (au début) À ce sujet, Luc Bouthillier nous a raconté : « Le doyen et le secrétaire de la fac réglaient ou tentaient de régler les problèmes au fur et à mesure de manière provisoire. D’où la fameuse formule : «en attendant, nous allons faire ceci ou cela». Par exemple, il n’y avait qu’une seule toilette pour les filles dans tout l’édifice. On y avait installé une sorte d’antichambre avec un beau petit banc en velours rouge «pour faire patienter les dames quand le cabinet est occupé» m’expliqua le plus sérieusement du monde le doyen de l’époque. […] Les cours de math et d’économique au 1112 du pouliot dans la chaleur d’un En attendant fût par la suite remplacé par La petite amphi surpeuplé m’ont laissé des souvenirs impéris- bouchée. Voici quelques anecdotes croustillantes de sables qui n’ont rien d’académiques. Des cours de sylvi- l’époque : Vol. 6 n°2
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« Quand j’étais étudiant au bac, entre 1978 et 1983, le journal étudiant s’appelait «La petite bouchée». Ça avait commencé comme un lieu d’échanges de recettes granola (l’époque était très granola). Le café étudiant vendait toutes sortes de denrées cuisinées par les étudiants (soupe, carrés aux dates, gâteau aux carottes, sous-marins, etc.) et le journal en faisait circuler les recettes. Puis, ça a évolué pour devenir un vrai journal étudiant. C’était ronéotypé sur une imprimante à alcool […] avec des matrices tapées à la machine à écrire. On faisait des numéros de une à 4 feuilles «8 1/2 par 14», qu’on pliait en deux, ça faisait de 4 à 16 pages pliées de petit journal. On publiait par période une fois par semaine et à d’autres, deux fois par semaine, dépendant du nombre de contributeurs disponibles. La Petite Bouchée était assez irrévérencieuse, on y trouvait des commentaires sur les cours, sur les programmes, sur l’aménagement des locaux au pavillon de foresterie (à l’époque on vivait une époque de surpopulation assez sérieuse), sur l’association de campus et sur l’actualité forestière du moment. Les collaborateurs utilisaient des pseudonymes mais dans le bloc technique, on pouvait trouver leurs vrais noms: Louis Bernier «la Laitue Mycorhisée»; moi, «l’Amanite Vireuse»; il y avait aussi «le Rhizome de Ginseng»; etc. L’éditorial se nommait «La chronique du pilum» parce que les collaborateurs se nommaient entre-eux «les légionnaires de la Petite Bouchée» » - Robert Beauregard
Saint-Bernard avec un petit tonneau de rhum accroché au cou. Le prof, qui était plutôt apprécié des étudiants […], considérait que le journal le présentait comme un alcoolique. L’intention du caricaturiste était pourtant toute autre puisqu’il avait bien remarqué que sa « victime » avait une tête qui pouvait rappeler celle d’un Saint-Bernard, notamment les paupières un peu tombantes. Bref, je me rappelle être allé voir le doyen de l’époque pour expliquer la chose et m’assurer que nous ne recevrions pas une mise en demeure. Autre souvenir : les membres du Comité de l’album des finissants avaient pu emprunter une dactylo électrique (les fameuses IBM Selectric, le nec plus ultra des dactylos à l’époque) du secrétariat de la faculté pour préparer les textes. Un jour, ils s’aperçoivent que la dactylo avait disparu du local de l’asso. Ils ont éventuellement fait passer une annonce dans le journal, demandant de bien vouloir rendre l’appareil et promettant que l’anonymat de « l’emprunteur » serait respecté. Sinon, l’asso aurait à rembourser à la faculté le montant de la dactylo. L’affaire connut un heureux dénouement, comme dans les vieux films, puisque « l’emprunteur » fit éventuellement parvenir un message à l’effet que la dactylo pourrait être récupérée dans un casier à la gare d’autobus de Québec (qui se trouvait lors sur le boulevard Charest). Elle était bien là et on n’a jamais su qui était l’emprunteur (La petite bouchée n’avait malheureusement pas de chroniqueur judiciaire qui aurait pu enquêter sérieusement là-dessus!). Pour la petite histoire, les surnoms Laitue mycorhizée et Amanite vireuse avaient été inspirés par le héros des Aventures potagères du Concombre masqué, une BD de Mandryka. » - Louis Bernier HISTOIRE RÉCENTE Vers la fin des années 90, le journal facultaire se nommait Entre les branches. Evelyne et Nelson Thiffault s’y sont notamment impliqués.
« Mon collègue Beauregard t’a fait un bon résumé de « La petite bouchée » telle que je l’ai connue à l’époque.
Puis, en 2011 fût fondé l’Arbritibi. Cela suivi une période morte lors de laquelle les étudiants de la FFGG étaient invités à publier dans l’Agral, le journal des étuPour ma part, je me rappelle qu’un prof de la faculté diants en agronomie de l’Université. avait menacé de poursuivre le journal (ainsi que l’asso étudiante dont j’étais vice-président) suite à une carica- En 2015, L’Arbritibi fût renommé Le Jaseur Boréal ; une ture où notre collaborateur l’avait représenté comme un libération pour la lettre R. - 20 -
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Sortir de l’impasse
Par Thierry Lefèvre, professionnel de recherche, département de chimie Les chercheurs en foresterie le savent bien : les écosystèmes se transforment, aussi bien localement que mondialement. Anthropisation, pollution ou changement climatique, différents processus sont à l’œuvre. L’empreinte humaine se manifeste sous diverses formes et a de multiples conséquences. Les activités humaines sont à l’origine de différentes « crises écologiques », parmi lesquelles l’érosion de la biodiversité et la perte des services écosystémiques, les changements climatiques, la déforestation, l’appauvrissement des sols, la modification des cycles biogéochimiques ou l’accès à l’eau potable.
Dans l’ouvrage « Sortir de l’impasse – Qu’est-ce qui freine la transition écologique », un livre à paraître aux Éditions MultiMondes, j’ai tenté de comprendre ce qui freine la transition que les écologistes appellent de leurs vœux. Les différents facteurs impliqués sont regroupés et traités selon cinq grands secteurs sociétaux, soit la démographie, l’économie, la technologie, la gouvernance et les facteurs humains et sociaux.
Il s’avère en premier lieu que la dégradation environnementale dépend fortement de la croissance démographique, mais nous devons réaliser que l’ampleur de cette dégradation est fortement modulée par la « culture » de la société. Par exemple, le système économique capitaliste que nous connaissons possède des attributs (la croissance économique, la concurrence, les contraintes du crédit) qui exacerbent l’empreinte écologique de la Conséquence : notre civilisation, telle qu’elle fonctionne civilisation. actuellement, c’est-à-dire selon une société technoscientifique capitaliste, matérialiste, hyper-productive et Certains aspects de la technologie, par exemple son hyper-consommatrice, est en train de transformer les évolution rapide et sa complexification, certains traits processus bio-géo-physico-chimiques qui gouvernent humains (le goût du changement et du confort, la prola planète. Dit autrement, notre civilisation n’est pas pension à chercher la facilité) et certaines particularités viable. de la gouvernance (les échéances électorales, le diktat de l’économie, la gouvernance mondiale) contribuent égaOr, nous n’avons jamais eu une conscience aussi vive de lement à amplifier l’impact humain. cet impact qu’aujourd’hui. Nous savons que ces transformations terrestres sont néfastes pour la santé humaine, L’analyse, dont on n’a ici qu’un très bref aperçu, reprépour la qualité de vie des plus défavorisés et, à terme, sente sans doute un point de départ possible sur lequel pour l’économie; nous savons que plus nous attendons, établir une stratégie visant à sortir de l’impasse dans laplus la facture de la limitation de la détérioration éco- quelle la civilisation reste pour l’instant désespérément logique sera salée; nous savons que les transformations embourbée. que nous imposons à la nature représentent ultimement une menace pour la civilisation elle-même, sinon pour l’humanité… Thierry Lefèvre, Alors, une question s’impose naturellement : si nous sommes conscients de ces menaces, et puisque l’être humain est un être rationnel doué de la faculté d’anticiper, pourquoi (ré)agissons-nous si peu et si lentement ? Il semble que collectivement nous soyons dans l’incapacité d’opérer une réelle transition verte, la transformation sociétale nécessaire pour rendre notre civilisation soutenable. Cette inaptitude suggère qu’au-delà de l’incurie et de la cupidité, il existe des verrouillages qui bloquent la mise en place de réformes profondes. Vol. 6 n°2
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Sortir de l’impasse – Qu’est-ce qui freine la transition écologique, Éditions Multimondes, 2016, Montréal, QC, Canada
Conférence de Bernard Lavallée au Colloque Facultaire de la FFGG Par Béatrice Côté, étudiante en environnements naturels et aménagés
valent à celles créées par tous les moyens de transport réunis à travers le monde! Ne soyez pas trop apeurés, il ne s’agit pas de devenir végétarien ou même végétalien du jour au lendemain, mais le simple de fait de réduire sa consommation de 100g à moins de 50g par jour fait passer nos émissions de CO2 de 7,19kg à 4,67kg (comparativement à 3,81kg pour un végétarien). Le mouvement du Lundi sans viande est aussi une bonne façon de changer nos habitudes. Finalement, encourager la pêche durable en consultant différents guides (voir les sites internet ci-dessous pour plus d’informations!) et diversifier notre consommation de poisson en mangeant, par exemple, du maquereau, du hareng ou des sardines est un autre petit geste à adopter.
Source : https://www.ecosia.org/images?q=logo+aliment+bi
La balle est donc dans notre camp, car chaque petit Détenant une maîtrise en nutrition, celui qui est aus- geste compte! si chroniqueur, blogueur et vulgarisateur scientifique nous a fait part des points abordés dans son livre Sauver Le livre « Sauver la planète une bouchée à la fois » de Berla planète une bouchée à la fois, qui vise à nous guider nard Lavallée est disponible dans toutes les librairies du dans nos choix alimentaires tout en diminuant notre Québec en format papier et numérique au coût de 26,95$. impact environnemental. Pour y parvenir, le nutri- Vous pouvez aussi le suivre sur La Presse+. tionniste propose de manger local. Il faut dire qu’au Québec, nos aliments voyagent de 3500 à 5000 kilo- Pour plus d’informations mètres entre leur lieu de production et notre assiette. Paniers bios : www.paniersbio.org Suivre les saisons, courir les marchés publics, s’inscrire aux paniers bios d’Équiterre, acheter des aliments du Guide de consommation des produits de la mer : Québec et faire de l’agriculture urbaine en cultivant https://www.sepaq.com/dotAsset/2796022.pdf quelques plants de tomates ou de fines herbes chez soi sont quelques solutions proposées afin de réduire la Application de Seafood Watch : chaîne d’intermédiaires entre les producteurs et nous, https://itunes.apple.com/us/app/seafood-watch/ les consommateurs. Deuxième action : manger bio. id301269738?mt=8 (App Store) Depuis quelques années, on entend beaucoup parler https://play.google.com/store/apps/details?id=org. des néonicotinoïdes, ces pesticides associés à la mort de montereybayaquarium.seafoodwatch&hl=fr_CA centaines de milliers d’abeilles, sans compter les autres (Google Play) pollinisateurs sauvages comme les bourdons et les papillons. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’environ 35% des aliments que l’on consomme nécessitent l’intervention des abeilles. Sans elles, notre sécurité alimentaire est grandement compromise. Pour acheter des aliments biologiques, assurez-vous qu’ils portent le logo BIO Québec, promettant que 90% et plus du produit est constitué d’ingrédients biologiques. Un autre geste à poser est de manger moins de viande. Sachez que les émissions de gaz à effet de serre générées par l’agriculture équi- 22 -
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Les 16 et 17 novembre derniers a eu lieu le VIe Colloque Facultaire de la Faculté de foresterie, géographie et géomatique. Cet événement se reproduit tous les deux ans et rassemble des étudiants présentant, pour la plupart, leur projet de recherche à la maîtrise ou au doctorat, ainsi que des professeurs de la faculté. Pour la première fois cette année, le Colloque accueillait aussi deux conférenciers s’illustrant au Québec et à l’international, soient le nutritionniste Bernard Lavallée ainsi que la chargée de recherche Lisa Wingate. J’ai eu la chance d’assister aux deux conférences, mais je m’attarderai ici qu’à celle de l’homme que l’on surnomme le « nutritionniste urbain ».
Bibliographie Dans le but d’alléger les articles, notez que toutes les références sont maintenant réunies et présentées dans une même page. Hors saison : L’asclépiade, poison, mais comestible? MAPAQ, s. d. Fiche d’information : Asclépiade, disponible en ligne : https://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Publications/FicheAsclepiade.pdf L’innovation dans nos murs ARCHITECTURE 2030, 2015, The 2030 Challenge, disponible en ligne : http://architecture2030.org MCLENNAN, J. F., 2004, The Philosophy of Sustainable Design, Ecotone, Brainbridge. BLONDEAU-PATISSIER, R., 2015, Construire en CLT : caractéristiques, comportements et mise en œuvre du bois massif lamellé-collé, Le moniteur, Paris. CECOBOIS, 2016, Bois lamellé-croisé (CLT) : de solides atouts, disponible en ligne : http://www.cecobois.com/publications_documents/CECO-3344_CLT-Bois_Lamelle-Croise_FR_Web.pdf
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