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Volume 4 numéro 4 16 février 2015
Espèces phares et conservation p.3 Conjoncture forestière pour l’année 2015 p.4-5 Chronique d’une étrange p.6 Péripéties d’hiver p.7 Entrejambe, égalité et identité sexuelle p.8 C’t’une fois p.9 Pour les enteilleux de la saison 2015 p.10-11-12 Chronique littéraire p.13 La griffe du chien p.14-15 Vol. 5 no 4 16 février 2015
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Chères lectrices, Chers lecteurs,
Le mot du comité Ce mois-ci dans L’Arbritibi, c’est un menu plutôt varié qu’on vous offre. La chronique littéraire s’adresse aux cœurs virils à l’accent bauceron, la chronique d’une étrange aborde la vie sentimentale des bipèdes à deux ailes et notre chien préféré nous entretient… sur rien! L’actualité forestière est abordée par Alexandre dans son article sur la conjoncture 2015 et la conservation des espèces chouchou par Viengxay. À tous les acéricoles amateurs, Michaël vous dresse un portrait complet de l’entaillage et de ce que cette pratique implique! Finalement, le titre de l’article de Zacharie saura vous intriguer suffisamment pour le lire, on n’en doute point! Lisez-nous ! Écrivez-nous ! Le comité de L’Arbritibi, votre journal étudiant. Pour tout commentaire ou nous proposer un article, n’hésitez pas à nous contacter par courriel ou via notre page Facebook ! Retrouvez également les versions électroniques du journal sur notre site internet.
larbritibi@ffgg.ulaval.ca www.larbritibi.ffgg.ulaval.ca /larbritibi
Présidente : Mathilde Routhier Collaborateurs : Étienne Bellesiles, Michaël Cliche, Viengxay Matthayasack, Alexandre Prioletta, Gabriel Rocheleau, Zacharie Routhier, Anthony Fournier, Clara Canac-Marquis et Geneviève Gariépy Infographistes : Viengxay Matthayasack et Mathilde Routhier Crédit photo (page couverture) : Mathilde Routhier Tirage : 120 exemplaires Distribution : pavillons Abitibi-Price et Gene-H.-Kruger
La réalisation du journal est rendue possible grâce à la contribution financière du Fond d’étude et de recherche, de même que du Fond d’investissement étudiant. Merci! 16 février 2015 Vo. 5 no4
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Espèces phares et conservation Par Viengxay Matthayasack de façon notable la diminution de la population de L. rosalia. De plus, des lois environnementales furent inaugurées en plus de pouvoir assurer la protection et la reforestation de plusieurs forêts tropicales.
Crédits photo : Marie-Pier Peron
Miaou, la St-Valentin est dans le coin... donc un article sur un sujet cute doit figurer dans le journal. À l'ordre du jour? Les espèces charismatiques et la conservation! Une espèce charismatique se définit comme étant un animal trop mignon (ex: chat, panda géant, dauphin, gorille, etc.) qui suscite de l’émotion et de la compassion chez les gens. Grâce à cet animal, on peut avoir recours à une technique particulière de conservation.
Toutefois, la tactique a son lot de défauts. D'abord, elle est scientifiquement douteuse puisque les zones protégées ne prennent pas toujours compte de toutes les espèces menacées du territoire. Ensuite, l'intérêt international et local ne convergent pas toujours dans la même direction...si les gens en Amérique aiment bien les éléphants et les lions, les gens en Afrique préfèrent les zèbres et les girafes, qui sont moins effrayants et plus utiles pour vivre. Enfin, peu de territoires sont propices pour les animaux charismatiques (la plupart sont de gros mammifères exigeants au niveau du territoire), plusieurs interventions peuvent s’avérer impossibles (ex : certains mammifères marins) et le niveau de logistique est souvent plus élevé que prévu (ex: malgré un acharnement depuis presque cent ans, la conservation du panda géant est une catastrophe qui serait malheureusement difficile à détailler ici).
Malgré la création de la convention sur la diversité biologique en 1992 (un traité international visant, entre autre, à conserver la biodiversité), la protection de la nature demeure dispendieuse, requiert de la logistique et comporte des risques. Il faut donc innover pour atteindre des buts réalistes. La tactique des espèces phares est parfois utilisée dans le but de faire de la conservation. L’espèce phare se définit ainsi: une espèce qui a la capacité de capter l'imagination du public et d'inciter les gens à supporter les actions de conservation et/ou de donner des fonds. En somme, la protection d’un habitat passera par la protection d’un animal. Le premier cas connu d’espèce phare ayant eu un succès concerne le lion tamarin doré (Leotopithecus rosalia) au Brésil. Frôlant l'extinction, un plan de conservation fut établi vers les années 70. Grâce aux fonds récoltés, des recherches sur la reproduction en captivité, la sensibilisation de la population locale, des recherches professionnelles et autres projets ont freiné Vol. 5 no 4 16 février 2015
Source de l’ : http://www.najoth.org/najoth/2013/06/sur-les-traces-del-arche-de-noe/
En fin de compte, est-ce bon ou mauvais? Entre les « caribous » et la « forêt boréale », il y a une route nettement plus parcimonieuse qui permet à des projets de conservation de devenir une réalité puisque beaucoup de gens seront prêts à y débourser des fonds et s'impliquer. C'est aussi une façon de s'entendre, de discuter et de vulgariser la nature...mais à quel prix scientifique?
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Conjoncture forestière pour l’année 2015 Par Alexandre Prioletta « Ce que nous devons apprendre à faire, nous l'apprenons en le faisant » - Aristote. En d’autres
Ici au Québec…
mots, il faut prendre des initiatives, s’informer et développer des automatismes pour rester à jour. Voici un court article, mettant de l’avant les tendances pour le secteur de la foresterie pour 2015.
À l’international Pour commencer, le début de l’année a été marqué par la relance du secteur de la construction aux ÉtatsUnis. Résultat de cette relance économique : de nombreuses mises en chantier et, conséquemment, une demande en produits du bois encore plus grande! Ainsi, la prévision de croissance franchira les 1,17 millions d’unités résidentielles en 2015. 15 millions additionnels sont prévus pour 2016.
De janvier à septembre 2014, la production de panneaux au Québec s’est vue augmenter de 8%. Pour l’année 2015, on prévoit que Norbord, spécialisé dans la production de panneaux OSB, sera encore plus solide vue sa récente acquisition l’entreprise Ainsworth. Pour
Quant à la demande américaine de bois d’œuvre, elle devrait augmenter de 8% en 2015 et d’un 9% additionnel en 2016 (RBC). Elle devrait ainsi franchir les 62,2 milliards PMP par an lors de la présente année. Cependant, les marchés étrangers tels que la Russie et la Chine nous feront compétition et donc les exportations canadiennes de bois d’œuvre pour se situeront à 6,9 milliards PMP. Malgré les différentes entreprises qui ferment, notamment dans le Maine avec Irving et la scierie de Alexandre Lemay à Sainte-Marie, la capacité de production de bois d’œuvre devrait augmenter de 2% au cours de l’année. Ce pourcentage sera inférieur à l’augmentation prévue de la demande (10%) qui fera probablement augmenter les prix. Pour le moment, le taux de change est favorable à l’industrie forestière en raison de la chute du prix du pétrole. Cependant, cette conjoncture risque d’être que pour une courte durée en raison de la fin de l’accord canado-américain sur le bois d’œuvre qui viendra à échéance en octobre prochain.
sa part, Uniboard demeurera le tributaire de la construction résidentielle et de la production de meubles. En raison des grands froids de l’hiver 2014, les stocks de bois de feuillus de trituration se sont écoulés rapidement cette année, augmentant par le fait même la concurrence. Les entreprises de Tembec (Matane), Domtarm (Windsor), Fortess (Thurso), et Uniboards (Sayabec) en profitèrent pour écouler leur stock.
Les pâtes et papiers 16 février 2015 Vo. 5 no4
5 Dans le secteur des pâtes et papiers, l’environnement économique sera incertain cette année en raison d’une baisse notable de la demande, que l’on prévoit être de l’ordre de 1-2% par année pour 2015-2016.
Tendances à la baisse
Bois de pâte résineux
Ainsi, Domtar a amputé en 2014 de 9% sa production de papier fin non couché grâce à la fermeture de l’usine de Courtland en Alabama, qui fournissait 695 000t/année. De plus, son usine d’Ashdown en Arkansas subira une réduction de capacité de 4% en 2015. Cette décision de réduire sa capacité à 330 000 tonnes aura pour conséquence probable d’attirer la concurrence des compétiteurs d’ailleurs. On prévoit donc une constance dans les prix malgré un déclin annuel de la production de 3-4%. À l’international, le prix des pâtes commerciales résineuses devrait rester stable, voir même s’orienter vers une progression de 2%. Pour les pâtes commerciales feuillues, la compétition y est féroce en raison des nombreux investissements au Brésil. Les compagnies brésiliennes auront des subventions de 6,2 milliards d’ici 2016, ce qui entraînera un fléchissement des prix vers la baisse. Quant aux pâtes dissolvantes, les prix de vente sont actuellement en chute libre (-52% depuis 2011) vu la hausse de production à travers le monde. Pis encore, la Chine impose des taxes aux producteurs nordaméricains. Tembec (Témiscamingue) est directement touchée par mauvaise conjoncture et demande donc d’assouplir les conditions de prêt à Investissement Québec. Finalement, les produits du carton et d’emballage semblent bien se porter en raison de la reprise économique américaine qui favorise une croissance des échanges commerciaux.
Bref, pour cette année…
Sources : Analyse : Vincent Miville, ing.f, M.Sc. Économiste forestier RBC,Banque Scotia,TD,Desjardin,BMO,Wells Fargo, Freddie Mac,Fannie Mae,RISI,CIBC,Vertical Research Partners,Capital Economics, Kruger,Domtar,Fortress, Uniboard,Tembec,Les Affaires,BNDES,PaperAge, Random Lenghts,Pribec. Images: RISI,RBC,Random Lenghts compilation:FPFQ, http://www.foretprivee.ca/wp-content/uploads/2012/02/FCN-PLUS-15-01011.pdf
T’aimes le disco et t’as pas peur de le dire, tu chantes dans ta douche, t’aimes juste ce qui n’est pas connu, tu penses que tout le monde devrait écouter TA musique et t’as toujours quelque chose à dire, même à un micro… Réveilles le Cat Charest, le Jean-Loup ou la Maria en toi et rejoins l’équipe d’enfer de la radio du meilleur pavillon. Viens nous donner ton nom à la radio (dans l’asso).
Tendances à la hausse : Bois de sciage résineux Produits de construction Feuillus de qualité sciage et déroulage Bois de feuillus pour la trituration (granule de chauffage)
Source : https://fanart.tv/series/166801/radio-enfer/
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Chronique d’une étrange Mon cœur préfère la vie d’oiseau Par Geneviève Gariépi, étudiante en Sciences humaines Toute la population d’oiseaux du coin est rassemblée, femelles d’un côté, mâles de l’autre. On sent une certaine fébrilité dans l’atmosphère : c’est tout à fait normal, car c’est la persistance de leurs gènes qui est en jeu.
Selon le rituel que suivent naturellement ces oiseaux, les mâles défileront un à un devant le public féminin, tentant de faire valoir la beauté et la brillance de leur plumage, la portée et la qualité de leur chant. Ils lissent frénétiquement leurs plumes. Il n’y a aucune communication entre eux, aucune hostilité non plus : simplement, chacun doit être à son meilleur. Perpétuer leur lignée est leur ultime raison de vivre. Les critères de sélection des femelles sont plutôt prévisibles, et les mâles les connaissent d’instinct. Malgré tout, ils n’ont qu’un contrôle limité sur l’issue de l’évènement qui prendra place d’un instant à l’autre. Certains sont chétifs; certains ont une robe plus terne; l’un deux a perdu presque toute la garniture de son aile droite lors d’un incident qui a failli lui coûter la vie; l’autre est né avec une malformation qui affecte sa voix; certains feront mauvaise impression car ils sont épuisés, n’ayant pas mangé depuis plusieurs jours. Cela, ils ne le savent pas; on pourrait dire qu’ils ne s’en inquiètent pas. Certains échoueront et seront rejetés, derniers représentants de leur ascendance. Cela ne les peine pas le moins du monde : déclassés, ils continueront à vivre jusqu'à leur mort. Ils ne mourront pas amers et ils ne tueront pas, du moins pas par jalousie, les mâles qui auront réussi à s’accoupler. Les femelles également sont bien insouciantes. Groupées, elles échangent de légers gazouillis (on pourrait penser qu’elles sont impatientes, mais ce serait une erreur). Il y a peu en jeu pour elles
comparativement à ce que risquent les mâles. Elles choisiront le plus beau, le plus vigoureux, le meilleur chanteur; celui-ci n’opposera aucune résistance, ne manifestera aucune joie. Il y a fort à parier qu’il y aura assez de mâles pour elles. Par contre, si ce n’était pas le cas, elles ne s’en inquiéteraient pas non plus. Le défilé commence. C’est une démonstration éclatante à la fois de beauté et d’insignifiance, d’une importance capitale et dont l’effet sur le monde sera tout à fait négligeable. L’indifférence règne. Les femelles sélectionnent les mâles qui leur plaisent le plus. Les mâles ne soupirent pas de soulagement. Ils se préparent à faire leur devoir, simplement. Ni l’un ni l’autre ne s’inquiète du déroulement des rapports
Source :https://lesindignesduquebec.files.wordpress.com/2013/08/fo us-de-bassan.jpg
sexuels ou de la réaction de sa mère. Ils construisent leur nid, puis le peuplent. Ils perpétuent l’espèce. Ces oiseaux, vous voyez, parce qu’ils n’aspirent qu’à se reproduire et parce qu’ils ne connaissent pas l’émotion, ne connaîtront jamais ni exaltation ni mélancolie, ni fureur ni reconnaissance. Libres, dirait-on, de ces douloureuses passions; dépourvus, par le fait même, de ces doux emportements.
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Péripéties d’hiver Par Clara Canac-Marquis Chers lecteurs, histoire vraie.
voici
une
Je voulais d’abord la taire; je suis gênée de m’être tout simplement perdue dans de telles conditions. Puis, j’ai cru bon user de notre tribune facultaire afin de vous sensibiliser aux risques liés à la randonnée hivernale en forêt.
QUI : Moi-même. QUOI : Perdue en forêt. OÙ : Parc national de la Gaspésie. QUAND : Le 5 janvier 2015, entre 16h30 et 23h30. COMMENT : Arrivée au sommet vers 16h00 et seule à redescendre en raquette, je quittai mes amis comme une grande fille pressée, voulant retourner à l’auto avant la brunante. Suivant les traces d’autres aventuriers ayant passés avant moi, j’empruntai la mauvaise direction. Le chemin était tellement abrupt que je n’osai le rebrousser. Je retrouvai rapidement la rivière qui passait proche : connaissant grossièrement ma position, je continuai mon expédition en longeant difficilement le cours d’eau. Je marchais alors en oblique, à travers les broussailles et dans la totale obscurité. FACTEURS AGGRAVANTS : Partie comme un coup de vent pour cette première randonnée, je n’avais pas dûment préparé mon sac à dos comme l’aurais fait une forestière avisée. Manquaient à l’appel : lampe de poche, couteau, couverture de survie, GPS, boussole, et cetera. J’avais en ma possession une collation dégueulasse mais préparée avec amour, une bouteille d’eau gelée, un bon manteau et beaucoup de volonté. J’étais fatiguée… ce matin-là, je m’étais levée à 4h00 et j’avais affronté sur la route un blizzard apeurant (la vitesse recommandée dans de telles conditions est d’environ 10km/heure). Il faisait -22°C.
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CITATION MARQUANTE : « Il annonce -33°C cette nuit, a toffera pas longtemps la ptite! » - Un camionneur attentionné. LEÇON : Chers randonneurs, considérez toujours le risque de vous perdre lors de vos balades en forêt. Ayez TOUJOURS en votre possession une LAMPE FRONTALE, une BOUSSOLE, une COLLATION. Je vous recommande aussi une petite COUVERTURE DE SURVIE (elle vous réchauffera et vous permettra de refléter la lumière des hélicoptères à votre recherche, s’il y a (moi, pour ma part, j’avais trouvé un 2 piasses dans mes poches que j’affectionnais amoureusement en espérant ne pas avoir à l’utiliser), un COUTEAU et un BRIQUET. Restez avec vos AMIS – ils sont gentils, ont possiblement un meilleur sens de l’orientation que vous et vous aiderons advenant une situation problématique! CONCLUSION DE L’HISTOIRE: Perdue, fatiguée et ne voyant rien, je décidai de m’arrêter un moment afin de me reposer et de réfléchir un tantinet. Je me bâtis alors un refuge sous la neige en y creusant un véritable cercueil à l’aide de mes raquettes, que je tapissai de chaleureuses branches de sapin. J’enlevai ma « première couche » humide, fit pipi afin d’éviter de réchauffer inutilement mon urine, abatis des chicots en m’inspirant des expérimentés gars d’OP et disposai mes précieuses bûches de façon à ce qu’elles illustrent un énorme SOS vu des airs. Je me couchai tranquillement en espérant le lendemain. Quelques heures et quelques séances de jumpings jacks plus tard, je commençai à avoir peur pour l’intégrité de mes orteils, attaqués par le froid. Je constatai également la lumière offerte par la lune qui éclairait mes traces et décidai de retourner sur mes pas. Ce fût relativement long et difficile mais définitivement une bonne décision : je retrouvai le sentier vers 11h30, puis je rencontrai presque immédiatement de dévoués motoneigistes policiers qui me cherchaient. Bref, tout est bien qui finit bien.
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Entrejambe, égalité et identité sexuelle Par Zacharie Routhier
Féminisme (moderne) : mouvement politique qui prône l’égalité réelle entre les hommes et les femmes dans la vie privée et dans la vie publique. .
Parler de féminisme, particulièrement en tant qu’homme, nécessite précaution et délicatesse. C’est un mouvement social qui est selon moi mal compris et la plupart du temps généralisé. Je vais donc humblement proposer, au fil de ce texte, ma vision toute personnelle sur le sujet ainsi que sur son intime lien avec l’identité sexuelle.
sociaux, eux, sont des facteurs qui entravent leur libre choix. Encore aujourd’hui, certains abandonnent malheureusement une voie professionnelle les passionnant par peur du jugement des autres. En occident, nous sommes libres des systèmes fascistes, mais n’échappons certainement pas aux normes sociales, qui se révèlent être plus subtiles et vicieuses.
D’abord, rappelons l’évidence : le terme « féminisme » ne signifie en aucun cas la volonté d’une supériorité féminine par rapport au sexe masculin. Le mouvement social représenté par ce terme est né à une époque où le genre opprimé était sans équivoque les femmes, d’où son appellation unilatérale. Bien entendu, ce dernier vise l’égalité de tous.
Si l’on pousse la réflexion encore plus loin, on peut même se demander si notre société forme nos jeunes de manière à ce qu’ils se développent à leur plein potentiel. Quand un enfant vient au monde, son entrejambe le confine à une identité sexuelle qui l’opprimera de manière croissante au fil des années. En gros, les attraits féminins ou masculins du nouveau-né amènent son entourage à le traiter d’une manière spécifique. « Ti-Joe, lâche c’te Barbie là, c’pour les filles, ça ». Cela dirige son développement neuronal vers un standard sociétal associé à son genre. Inévitablement, plus l’individu se différencie sexuellement, plus son environnement social le pousse à continuer dans cette direction.
Mais l’égalité de quoi au juste? Le féminisme ne cherche pas à masculiniser les femmes ou à féminiser les hommes. Lorsque l’on parle d’égalité, à mon sens, cela n’insinue pas que l’un et l’autre sexe doit adopter un comportement asexué et semblable. Ni qu’ils doivent se répartir également dans les différents domaines d’emplois. Lorsque je vous jase d’égalité, j’ai en tête deux sortes de justice. D’abord, une représentativité légale sans équivoque pour tous et chacun. Cela se traduit par l’égalité absolue des deux sexes devant l’état et les lois. Je grefferais à ce point un salaire équivalent pour un même travail, avantages sociaux égaux et tout le tralala. Ensuite, la seconde justice à laquelle je fais référence est l’égalité des chances, c’est-à-dire la possibilité qu’homme et femme puissent faire le métier qui leur chante. Et c’est ici que cela se corse.
Cela relance un tout nouveau débat. Un sexe est-il un prétexte suffisant pour endoctriner un individu à agir de façon préétablie par son genre et ainsi limiter une frange potentielle de son développement? Et puis, est-ce un phénomène souhaitable? Peut-être, peut-être pas. Pour l’instant, on va dormir làdessus.
« Mais ça, c’est déjà acquis » Eh bien, pas vraiment. Bien sûr, théoriquement, il n’y a aucune barrière légale à ce que Ti-Joe devienne esthéticien et à ce que Josie-Rose soit camionneuse. Par contre, les préjugés, l’éducation et les standards
Vous avez aimé cet article? Vous apprécierez le blogue La Pagaille, désordre et opinions (www.lapagaille.org).
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C’t’une fois Par Mathilde Routhier C’t’une fois. C’t’une fois une fille. C’t’une fois quelqu’un qui voulait devenir enseignante. Toute sa vie, elle avait voulu faire son show devant une classe. Une classe du primaire, une classe de math, une classe de français… C’t’une fois une fille qui voulait enseigner en région parce qu’était tannée de sa grande ville pis parce que c’est toujours plus vert chez le voisin. C’te fille-là est partie sur une bine étudier dans l’bas du fleuve. Pour pas de raisons, pour toutes les raisons. Parce qu’il y avait l’eau et le vent pis 3000 étudiants. Ça a toffé un an. Pourquoi c’te fille là est pu en enseignement? Pourtant elle aime toujours ça faire son show en avant. Parce que l’enseignement c’est tellement plus que ça. Parce que dans’vie cette fille-là a d’la misère à pas se donner à 100% dans les projets auxquels elle croit. Parce qu’a beau avoir trop d’amour à donner, à 40 par classe elle se serait noyée dedans. Parce qu’elle a eu peur de se faire avaler tout rond par le système d’éducation et finir par dire aux nouveaux : « Tsé y’est encore temps d’changer d’métier ». C’te fille là est encore convaincue qu’enseigner, c’est le plus beau métier du monde et que les jeunes, ils sont tous incroyables quand on sait les accrocher, les approcher.
y’a dit : « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard? » La fille a répondu que ce qu’elle voulait faire, ça n’existait pas. À Rimouski, elle n’avait lu que des livres peignant le Québec de gouache noire et collante. Pis dans son cours sur l’histoire du système scolaire au Québec, à s’faisait dire par son prof que tout était dont mieux à Québec. Qu’ils faisaient donc pitié en région. Ça l’avait écœurée. Du beau, y’en a partout. Sinon qu’est-ce qu’elle était allée faire là elle, à s’faire venter les notes de cours à 3h de chez eux? À Québec t’as peut-être plein de magasins pis de boutiques, mais personne ne peut se lever avec le Rocher Percé dans’face. À Montréal t’as peut-être une vie étudiante débordante, mais au primaire, t’as 40 élèves par classe alors qu’en Gaspésie t’en a 12. Quel élève peut avoir le meilleur soutien pendant ses apprentissages alors? Ce que je veux faire? J’veux que l’Québec s’aime. Partout. J’veux montrer à ceux qui n’aiment pas leur coin qu’ils ont tort. J’veux que chaque village trouve son p’tit quelque chose de spécial. St-Élie c’est un conteur? Ailleurs y’a ben quelqu’un qui fait de la bonne confiture. Pis ailleurs le lac doit ben être d’une beauté foudroyante. Pis ailleurs encore y’a autre chose qui donne le goût d’vivre. C’est l’histoire d’une fille qui veut rêver encore pis qu’des fois, à trouve qu’y’a trop de choses qui cachent le ciel.
C`te fille là, à s’est ramassé en foresterie. À s’est dit : des arbres c’toujours de bonne humeur. Pis en plus, ça pousse en région. Est revenue dans’grand’ville pour mieux en repartir dans une coupe d’années. Faire quoi? On verra. Quand a quitté l’enseignement, est retournée au Cégep pour terminer ses sciences. Au Cégep y’avait une orienteur à la voix trop aigue pour la ligue. À lui a fait faire un test; le test ne pouvait rien donner comme ligne directrice : pas assez cohérent. Ils l’ont regardé pareil. Expliqué, il faisait du sens. Faut croire que l’humain y’est tough à mettre en boîte pis à classer. À Havre-aux-Maisons, été 2014
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Pour les entailleux de la saison 2015 Par Michaël Cliche Je m’adresse à tous ceux qui souhaitent, au printemps 2015, entailler des érables, autant pour les maniaques de l’acériculture que pour « Billy » qui a trouvé un vilebrequin chez son grand-père et qui veut entailler l’érable qu’il a sur son terrain à Charlesbourg. Il y a deux méthodes classiques d’exploitation : les chaudières et la tubulure. Règle générale, pour l’entaillage, il faut retenir que l’entaille est une blessure causée à l’arbre et que cette blessure engendre un processus de défense, soit la compartimentation dans la tige. Ce processus naturel oblige l’acériculteur à changer annuellement l’emplacement de l’entaille, faute de quoi il ne récoltera pas d’eau d’érable.
Quoi installer? L’ampleur de la compartimentation dépend de plusieurs facteurs dont le diamètre de l’entaille. Il est préférable d’utiliser un chalumeau de faible diamètre. Il en existe pour tous les goûts, autant pour la tubulure que pour les chaudières. De plus, de nouveaux modèles sont mis en marché presque chaque année. Lesquels sont les meilleurs? Beaucoup de recherches sont faites présentement sur le sujet, mais peu d’information est disponible. Par conséquent, la seule solution que j’ai à vous offrir c’est... d’essayer et d’en discuter avec d’autres acériculteurs. Le système de tubulures est plus dispendieux et complexe à installer, mais aussi plus performant et moins exigeant en terme de travail à faire durant la saison. Tout dépend donc de l’ampleur de votre projet d’exploitation. Encore une fois, pour « Billy » qui entaille un érable et qui fait bouillir l’eau dans sa friteuse, il est évident que la tubulure n’est d’aucun intérêt. Un dernier conseil, en acériculture, tout est dispendieux. C’est comme si les détaillants d’équipements savaient que les Québécois avaient cette activité à cœur. Si vous allez à la quincaillerie et que Crédit photo: Mathilde Routhier vous achetez un petit maillet pour enfoncer les chalumeaux lors de l’entaillage, il vous coûtera 39,99 $. Si vous dites que ce marteau vous servira à enfoncer
des petits clous pour construire une cabane à oiseaux, il vous coûtera curieusement 9,99 $... Quand entailler? C’est LA question qui tue et ma réponse à cette dernière est : « Commence à entailler quand ça sera prêt...». En fait, peu de recherches ont été effectuées sur le sujet et il n’existe pas vraiment d’autres outils pour le savoir que l’expérience. L’objectif est d’avoir fini d’entailler avant les premières bonne coulées. Il ne faut toutefois pas être trop hâtif puisqu’un entaillage précoce peut compromettre le rendement de l’entaille, et ce, pour deux raisons : la contamination bactérienne et les processus de défense de l’arbre (Centre ACER, 2004). Il s’agit donc d’un compromis à faire ! Généralement, on entaille plus tôt pour les systèmes à la tubulure et le plus tard possible avec un système aux chaudières. Plus précisément, on cherche à avoir terminé l’entaillage une dizaine de jours avant la première coulée. Généralement, cette première coulée a lieu au mois de février ou en mars, plus tôt ou plus tard selon l’endroit. Évidemment, il faudra commencer plus tôt si le nombre d’entailles à faire est très élevé. Bon an mal an, un entailleux exérimenté et équipé pourra faire entre 400 et 600 entailles de QUALITÉ par jour. Un bon moyen d’avoir une idée du moment de l’entaillage est d’en discuter avec les acériculteurs des terres avoisinantes ou de la région. Si, pour vous comme pour « Billy », cela est impossible, faites des tests et conservez des statistiques.
Quoi entailler? Bon, vous savez déjà reconnaître l’érable à sucre, l’érable noir, l’érable rouge et l’érable argenté. Concernant leur potentiel en acériculture, les meilleures sont l’érable à sucre et l’érable noir, suivi de l’érable rouge et finalement de l’érable argenté qui a le plus faible potentiel (Marquis, 2012). Concernant le nombre d’entailles par érables, bien que ce soit du cas par cas, on considère qu’il n’y a pas vraiment de gain à faire en mettant plus de deux 16 février 2015 Vo. 5 no4
entailles par arbre et ce, même si le DHP excède 24’’. Le diamètre minimum pour une entaille est d’environ 8’’, mais plusieurs conseillers acéricoles conseillent d’augmenter cette valeur à 10’’. À partir de 16’’, on peut mettre deux entailles. Il faut cependant toujours garder en tête que deux entailles génèrent une compartimentation plus importante du bois et ce, même s’il est bien fait (APBB)!
11 pour percer l’écorce sans provoquer son décollement, puis rapidement pour avoir une coupe nette qui facilitera la circulation de l’eau d’érable. Finalement, l’angle du trou doit être d’environ 10°de manière à ce que l’eau d’érable s’écoule et orienté perpendiculairement au tronc.
Comment entailler?
Avec quoi entailler?
L’entaillage est une étape tributaire du succès et de la pérennité de la récolte d’eau d’érable. L’emplacement de l’entaille sur l’arbre est sans aucun doute l’étape la plus cruciale de l’entaillage. À cette étape, on veut s’assurer de percer un trou dans du « bois blanc » et non dans du bois compartimenté ce qui n’est pas toujours évident lorsque les érables ont été surentaillées ou que les trous des dernières années sont peu visibles à cause de la croissance de l’arbre. L’entaillage systématique et l’entaillage directement audessus ou en-dessous d’une blessure ou d’une entaille récente sont à proscrire. En effet, le compartimentage dû à une entaille est d’environ 1’’ de large et de 24-32’’ de haut environ (Centre ACER, 2004 & APBB, 2014).
L’expérience et la pratique ne sont pas les seuls facteurs de succès pour un bon entaillage, l’équipement a lui aussi un rôle majeur. En effet, la mèche doit être adaptée au chalumeau utilisée. Les détaillants sont généralement en mesure de conseiller la taille appropriée de mèche pour le modèle de chalumeau. La forme et les propriétés de la mèche sont elles aussi importantes, notamment pour extraire tous les copeaux du trou ou encore pour ne pas accumuler les copeaux durant le perçage (APBB, 2014). Il est donc important de se renseigner sur les bons fabricants de la région dans laquelle vous êtes. Ah j’oubliais, contrairement à la croyance populaire, les mèches dorées ne sont pas meilleures que les autres...
La hauteur de la zone d’exploitation sur le tronc devrait être aux alentours de un mètre et ce, sur toute la circonférence de l’arbre (Centre ACER, 2004). Avec les chaudières, un bon truc est de se servir de la hauteur de la neige pour varier les hauteurs d’entailles. Avec la tubulure, une chute (tube collectant le chalumeau et le tube latéral) de bonne longueur est essentielle pour conserver une bonne marge de manœuvre à ce niveau (Centre ACER, 2004 & APBB, 2014). Dans le cas de la tubulure, il faut également veiller à ce que la chute soit disposée de manière à optimiser le vide dans l’entaille et qu’il n’y ait pas accumulation d’eau et de gel.
L’entailloir doit préférablement avoir un voltage élevé (au moins 18 volts) compte tenu du couple élevé nécessaire pour faire une entaille franche. Il faudra également prévoir des batteries de rechange conservées à la chaleur car une batterie est bonne pour 250 à 300 entailles environ et qu’elle perd beaucoup de son énergie au froid. Il est préférable de changer de batterie avant que sa vélocité ne diminue trop pour être en mesure de toujours faire des entailles de qualité. Pour « Billy », le vilbrequin n’est certes pas le meilleur des outils, malheureusement...
La profondeur de l’entaille doit varier fonction de la croissance radiale des érables, allant de 4 cm à 7 cm environ (Centre ACER, 2004 & APBB, 2014). Le danger en entaillant plus profondément est d’atteindre le bois compartimenté et donc d’entailler inutilement compte tenu que la sève ne coule pas dans cette section. La forme du trou doit être la plus ronde possible, exempte de copeaux et sa coupe doit être la plus nette possible. Pour ce faire, il faut avoir une bonne vitesse de rotation sur l’entailloir. Il faut commencer doucement Vol. 5 no 4 16 février 2015
Le marteau, lui, doit être petite taille (environ ½ lb) et muni d’un accessoire pour préparer l’écorce (APBB, 2014). Enfoncer le chalumeau est un travail délicat; un chalumeau trop peu enfoncé tombera ou sera expulsé avec les cycles gel-dégel. En contrepartie, un chalumeau enfoncé trop fort a de fortes chances de causer des fissures de part et d’autre du trou, augmentant ainsi de beaucoup le phénomène de compartimentation. Un bon truc est d’être attentif au son. Lorsque ce dernier change, le chalumeau est généralement suffisamment
12 enfoncé. Cette astuce n’est toutefois pas évidente avec tous les types de chalumeau. Le reste du matériel varie selon le système de récolte. Par contre, à la chaudière comme à la tubulure, une veste d’entaillage (une veste d’inventaire peut faire le travail) peut être un bon investissement pour augmenter la productivité! Dernière chose, il ne faut JAMAIS mettre quoi que ce soit dans le trou de l’entaille, même pas de l’alcool, car ces pratiques augmentent significativement le volume de bois compartimenté. Nettoyer préalablement les chalumeaux et le matériel est suffisant et n’engendre pas de problème chez les arbres (APBB, 2014). Conclusion En espérant que ça vous soit ne serait-ce que légèrement utile, je vous souhaite une bonne saison 2015.
Sources : Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB). 2014. Entaillage des érables. Saint-Georges (Québec). Centre ACER. 2004. Cahier de transfert technologique en acériculture. Section 3 : Entaillage et désentaillage des érables. Québec. Rubrique 500. Marquis, F. 2012. Les érables du Québec. Notes de cours. Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique. Université Laval, Québec.
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Chronique littéraire « Ça c’est un gars de Beauce qui a écrit pour les Beaucerons » Par Mathilde Routhier
On a souvent dans l’idée que la poésie c’est beau, du moins phonétiquement, et incompréhensible. Que ça se lit avec le petit doigt levé et qu’il faut un grand potentiel mélodramatique pour pouvoir en apprécier la volupté. Cette idée est rapidement balayée par nos souvenirs de lectures de Baudelaire, au secondaire ou au cégep, qui abordent des thèmes plutôt glauques et macabres. Ici, c’est d’aucun de ces deux styles dont il est question. Est-ce beau? Oui. Délicat? Non. Trash? Hum… Vulgaire? Quand même un peu. Une chose est certaine, ça frappe si c’est lu avec fermeté et profondeur. SHENLEY, c’est un gars de Plessis devenu comédien dans la grande ville qui m’en a parlé. Un adon, un ami d’une amie, un arrêt, une librairie, « T’aimes-tu ça la poésie? Écoute ça ». Une petite librairie, sur le Mont-Royal. Quelques clients, beaucoup de livres et des grandes fenêtres. « J’VAS T’TUER MA 1 GROSSE CRISSE » , qu’il commence à me lire avec prestance, assurance et juste le ton qu’il faut. « J’T’AIME OSTIE », qu’il continue, avec ses jeans bourgogne, pas mauve là, bourgogne; sa barbe d’une couple de jours bien taillée; pis sa bouche habituée d’avoir des mots dedans quand y parle. Dans ma tête, pu rien; juste sa voix qui me rentre dedans. C’est l’histoire d’un gars, d’une fille, 1
Crédits photo: Mathilde Routhier
Dostie, Alexandre (2014). SHENLEY, Les éditions de l’Écrou. Vol. 5 no 4 16 février 2015
d’une douleur immense. C’est l’histoire de n’importe qui, de tout le monde en fait. L’histoire de la fois que tu t’es senti de trop, quand dans le fond, une chance que t’étais là. Quand y lisait, j’étais pu ici. J’étais là-bas, dans l’restaurant d’bine, à r’garder l’gars qui vargeait dans porte barrée, pis la fille d’in bras d’l’autre; l’intrus, l’pas rapport, l’sauveur? Entecas l’autre. J’ressentais toute : la rage, la peur, la détresse, l’urgence. La voix s’est arrêtée. Bruits de bas, bruissements de papier; la librairie s’est remise sur play.
« Pis, t’aimes-tu ça? ».
J’partie avec le livre.
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La griffe du chien Nothing Par Gabriel Rocheleau La fois où deux chiens se sont dits: « Ah, qu’est-ce qu’on serait bien sans contraintes! » « Ah, maudit qu’on serait heureux si cela n’existait pas! » « Ah, le monde extérieur est un obstacle vers l’épanouissement de notre bonheur! » « Ah, le suicide de mes responsabilités et engagements me permettrait de mieux vivre! » Bref, la fois où deux chiens étaient dans le jus ; et que le JUS A DISPARU. PU DE JUS?! Bon ben qu’est-ce qu’on criss? Faudrait bien trouver quelque chose pour s’occuper! Tropicana l’a échappé. Ce fameux jus créé dans notre meilleur intérêt ; bourré de Vitamine Ç. Sans cédille. « Mais, c’est pas Coca Cola qui possède ça? »
Ah sapristi, ils nous font la passe, encore une passe de cash. Comme quoi Old el Paso fait exactement ce qu’il affirme par son noble nom ; l’ostie de vieille passe. Fak là dans l’absence de tout ce qui extrinsèquement négatif, qu’est-ce qui survient?
est
Pour faire changement, du négatif intrinsèque : de l’ennui et de la peur. Bon fak comment est-ce qu’on clear ça? Ce qui avait à être éliminé a été éliminé, et ce qui reste… a peine à nous soulager. On s’est fait avoir par un mirage, l’espoir d’un oasis de paix nous a transformés en contempteurs du désert. À part jouer du drum pis lancer des bouddhas sur des trampolines, on finit par se demander qu’est-ce qu’il reste à faire. Parce qu’on est encore tellement convaincus qu’il faudrait clearer du stock pour « enfin être bien ». Maintenant qu’on a déterminé empiriquement que l’extérieur n’avait plus rien à se reprocher, il faut entreprendre le ménage le plus colossal pouvant être entrepris ; le ménage de l’être. Comme son homophone le Fagus Grandifolia, l’être a des racines très étalées, et il se fait un plaisir de pousser lorsque vous drainez le monde qui vous entoure avec vos attentes. « Ah, le monde est ainsi! » constate le chien. Et ainsi commence la partie de roulette russe. Créons-nous des attentes, des espoirs et une vision de ce que la réalité devrait être. N’acceptons pas la réalité qui se manifeste - avec ou sans notre accord - mais extériorisons notre malaise existentiel, et faisons en sorte que notre bienêtre soit conditionnel à la conformité. « L’univers doit soit conformer à nos désirs, sans quoi nous ferons la grève de la joie! » « Jouons à la roulette russe avec notre bonheur! »
Source image :https://gaudiumdegaea.files.wordpress.com/2008/11/nothingfilm.jpg
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Là, les chums, avant de commencer à mettre vos bras pis vos jambes aux poubelles, je propose ceci : le génocide des attentes. AH YES, ENFIN PU DE FILES D’ATTENTES. Wow, not so fast les chiens.
15 L’hêtre existe-t-il moins lorsqu’il est libéré de ses racines? L’oiseau perd-t-il son caractère unique lorsqu’il s’envole de son nid? Lorsqu’on a plus besoin de lunettes, j’ai entendu dire que c’était permis de les crisser aux poubelles.
Les attentes : la vision de ce que la réalité devrait être. Soulagée de son cocon hermétique, la réalité peut enfin être lousse. Pis comme on dit, la réalité, c’est comme des parenthèses d’amour, plus c’est lousse, moins on s’y frotte. Fak ADMETTONS qu’on fait accoucher nos cerveaux d’attentes, on va être lousse. Ben lousse. « MAIS LÀ, LE CHUM, SI J’AI PAS D’ATTENTES, QU’ESTCE QUI VA SE PASSER, COMMENT JE VAIS EXISTER ».
Vous aimez la verve de Gabriel et vous avez certaines aptitudes compréhentionnelles de la langue anglaise? Suivez-le sur son blogue Up Development (www.updevelopment.org).
COUPE TOTALE! COUPE TOTALE! Bonne saint-valentin! COUPE TOTALE! COUPE TOTALE! Source de l’image: http://golem13.fr/winston-howes-heart-secret-garden/
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16 fĂŠvrier 2015 Vo. 5 no4