L'Arbritibi - Avril 2012

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L’ARBRITIBI

Le journal des étudiants en foresterie, en géographie et en environnement

Édition 3 - Avril 2012

La crise agraire en Inde Page 3

Le Parlement mondial de la jeunesse pour l’eau : phase II Page 11

DOSSIER Le marché méconnu de ces plantes qui rapportent Page 5 à 9


Chers étudiants, Pour clôturer la session et cette première année de publication de L’Abritibi, nous vous offrons cette nouvelle édition qui, espérons-le, saura égayer vos journées de grévistes. Comme vous pouvez le constater, la grève étudiante n’a pas mis de frêne à notre ardeur. Pour célébrer le printemps et le retour tant attendu de la photosynthèse, l’équipe du journal est heureuse de vous présenter un dossier spécial sur « Le marché méconnu de ces végétaux qui rapportent », où vous pourrez en apprendre pruche sur les produits forestiers non-ligneux (PFNL) et plus particulièrement le chanvre et le ginseng. Notre toute nouvelle chronique nous fait hésiter entre la fierté et la honte. Nous souhaitons donc que la rubrique bricolage-tendance de Justine Bertoux sache vous amuser sur vos heures de chômage. Ce mois-ci, Justine vous montre comment reboiser sur un substrat aux caractéristiques particulières : le béton…

Le mot du comité

Il nous fait aussi extrêmement plaisir de peuplier pour votre plus grand bonheur deux articles gracieusement rédigés par des étudiantes du baccalauréat en géographie. Elles ont définitivement fait du bon bouleau et vous exposent ici deux problématiques délicates, soient la dépendance des régions-ressources du Québec aux exportations et la crise agraire en Inde. Prenez garde de ne pas vous noyer sous les trombes d’information offertes par la description de certains évènements récents comme le Colloque iFOR (sur les insectes forestiers) ou le Parlement de l’eau, relatés ici. La chronique du « Grenier » vous fera découvrir aujourd’hui Kaysandra Waldron, étudiante au doctorat en sciences forestières, dont les recherches portent sur le chablis en forêt boréale irrégulière. Nous vous invitons également à nous envoyer vos suggestions et commentaires, ainsi que vos articles si vous avez la plume facile, ou encore si vous voulez tout simplement participer à cette initiative étudiante! Bonne lecture, Le Comité larbritibi@ffgg.ulaval.ca P.S. Dû à un problème technique, les références utilisées dans l’élaboration des articles ne sont pas disponibles dans le journal. Pour ceux qui désirent y avoir accès, n’hésiter pas à communiquer avec l’auteur ou avec le comité du journal. Nous nous excusons de cet inconvénient. Alexandre Guay-Picard Félix Primeau Bureau Alice Bernier Banville Vicky Thériault Milène Courchesne

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Aurélie Charpentier Louis Gauthier Xavier Gervais-Gosselin Marianne Blanchette


par Arianne Vignola, étudiante de 3ième année en géographie

Le Québec : une province ressource…pour les États-Unis. Il est souvent mentionné que la province de Québec «dépend» dans une large mesure de ses ressources et de ses exportations. Dans l’économie-monde actuelle, il importe alors d’analyser les relations des différentes régions à l’intérieur de ce système mondial. Les exportations des régions québécoises, en ne comptabilisant pas les échanges interprovinciaux, révèlent alors une relation différenciée des régions avec les marchés mondiaux. Il devient ainsi pertinent de caractériser chacune des 17 régions administratives selon la nature et le poids de leurs exportations, tout en analysant le niveau de dépendance des régions face aux exportations.

dichotomie centre/périphérie que peuvent être classées les régions administratives et leur dépendance face aux exportations. On peut par ailleurs dénoter que 13 régions sur une possibilité de 17 sont fortement ou moyennement dépendantes de leurs exportations, le commerce extérieur comptant représentant de 20% à 40% de leur PIB respectif. Ceci confirme alors la thèse que le Québec est une province largement exportatrice. De fait, seulement quatre régions, dont l’Outaouais, Laval et Lanaudière restent moindrement dépendantes économiquement vis-à-vis leurs exportations, le pourcentage relatif à leurs exportations matérielles ne comptant que pour moins de 10% de leur PIB.

D’abord, le niveau de dépendance des régions administratives en lien avec leurs exportations respectives est un bon indicateur des économies régionales. Ainsi, un classement permet de discerner trois groupes, soient les régions fortement, moyennement, et moindrement dépendantes de leurs exportations. Le niveau de dépendance est par ailleurs établi selon la part des exportations en pourcentage dans le calcul du PIB régional.

Par ailleurs, le facteur de la proximité du marché américain reste pertinent à étudier. En effet, l’idée populaire veut que les régions près des États-Unis exportent davantage avec ces derniers. En se basant sur les données de l’Institut de la statistique du Québec, la moyenne québécoise des exportations vers les États-Unis est de 80%. Par ailleurs, cinq régions écoulent plus de 90% de leurs marchandises sur les marchés américains : le Saguenay – Lac-Saint-Jean, la Mauricie, l’Outaouais, Chaudière-Appalaches et Lanaudière. En localisant ces régions sur une carte, on vient démentir l’hypothèse de proximité frontalière qui sert à expli-

Sommairement, autant de régions en périphérie que de régions centrales se retrouvent dans chacune des trois catégories. Ainsi, ce n’est pas selon la

Tableau 1: Niveau de dépendance des régions selon la part de leurs exportations sur leur PIB, en pourcentage, de 2002 à 2007. Moyenne québécoise: 26%.

Source(s) : Statistique Canada (SC), Registre des exportateurs canadiens. Compilation par : Institut de la statistique du Québec (ISQ).

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quer l’accroissement des échanges avec les ÉtatsUnis. De fait, les régions échangeant proportionnellement davantage avec les États-Unis sont la Mauricie (96,1%) et le Saguenay – Lac-Saint-Jean (95,7%), toutes deux situées assez loin du voisin américain. Tout compte fait, les exportations des régions québécoises restent complexes et très variées dans

leur nature et leurs destinations. Le Québec est sans l’ombre d’un doute une province qui vit économiquement principalement par le biais de ses exportations. Enfin, alors que la majorité de la marchandise exportée se dirige vers les États-Unis, le Québec tente de plus en plus de diversifier ses marchées d’exportation, en liquidant de plus en plus de marchandise sur le marché européen et asiatique.

par Isabelle Beauregard-Gosselin, étudiante de 3ième année en géographie

La crise agraire en Inde Le 1 février 2010, Manmohan Sigh, premier ministre indien, a annoncé que « l’Inde s’était reposée sur une fausse idée de la sécurité alimentaire qu’était sensée procurer la révolution verte des années 1960. Après une mousson catastrophique [en juillet 2009], la pire de ces quarante dernières années, l’Inde a dû importer du sucre et puiser dans ses réserves de riz pour satisfaire la demande intérieure»*. De plus, cette même année, dû aux mauvaises récoltes et à la baisse de l’offre, le prix des aliments de subsistances a augmenté d’environ 17%. Le prix du sucre, quant à lui, s’est accru de 50% et celui des légumes, de 39%. Il s’agit d’un problème alarmant lorsqu’on considère que 40% de la population indienne est végétarienne et que 300 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Malheureusement, aujourd’hui, la situation est toujours semblable. Alors que l’Inde est le premier producteur mondial de lait et de thé, le deuxième producteur de riz et de blé et le troisième exportateur de coton, sa population est encore victime de malnutrition et les producteurs locaux ne peuvent plus subvenir à leurs besoins. La population toujours grandissante de l’Inde paie donc pour une révolution qui ne fut qu’éphémère et elle se doit de trouver des solutions face à la catastrophe. Mais qu’a-t-il bien pu arriver après cette révolution si prometteuse pour que l’Inde en vienne à la crise agraire actuelle? Au début des années 1960, l’Inde a vécu des famines récurrentes suite au fort accroissement de la population et à des techniques agraires dignes

MABUT, J-F. (2008) L’Inde et la Casamance. [En ligne.] http://jfmabut.blog.tdg.ch/inde-2008. (page consultée le 2 avril 2012) problème, le premier ministre Jawaharlal Nehru décida de créer un programme de modernisation agraire, dont Monkombu Swaminathan, jeune agronome et généticien indien, devient le coordonnateur. Le but premier était de créer des réserves et de diminuer la dépendance de l’aide internationale (Charles, 2010; Landy 1993). « En 1968, contre toute attente, l’Inde recommence à manger à sa faim et parvient à l’autosuffisance »**. La révolution verte était enclenchée. Malheureusement, ce ne sont que les grands producteurs venant des castes dominantes qui ont pu bénéficier des avantages de cette modernisation très couteuse. À la fin des années 1970, 20% des paysans étaient encore sans terres et les subventions gouvernementales étaient toujours allouées aux

* BOUISSOU, Julien «L'agriculture indienne ne parvient pas à répondre à l'augmentation de la demande» Le Monde.fr [En ligne].http://bing.search.sympatico.ca/?q=agriculture%20indienne&mkt=fr-ca&setLang=fr-CA (consultée le 2 février 2010) ** CHARLES, Gilbert. «Révolution verte à refaire». Site de l’Express.fr, [En ligne]. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/revolution-verte-a-refaire_487574.html (consulté le 9 février 2010)

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détenteurs de tenures supérieures (Luquette, 1999). Les plus petits producteurs, dont la majorité vivait encore avec moins d’un hectare à cultiver, ont dû s’endetter afin d’adopter les techniques de la révolution agraire et de transformer leur agriculture vivrière à une monoculture du blé ou du riz, sacrifiant ainsi leur moyen de subsistance. Malheureusement, après de nombreuses années, ces producteurs en paient encore le prix. En effet, les champs moins adaptés aux moussons de plus en plus dévastatrices et aux catastrophes naturelles amplifiées par les changements climatiques sont souvent entièrement ravagés, détruisant ainsi les récoltes et, par le fait même, le gagne-pain des propriétaires (The World Bank, 2006, p.43). L’utilisation des semences à hauts niveaux et la surexploitation d’engrais entraînent également une diminution de la fertilité du sol. Plusieurs agriculteurs s’endettent également en creusant divers puits pour, finalement, réaliser que la nappe phréatique est complètement asséchée (Charles, 2010; Drui, 2010). Bref, continuellement en déficit monétaire, les petits producteurs n’auront donc d’autre de choix que d’emprunter de l’argent. Malheureusement, ces crédits sont souvent faits à des taux d’intérêt exorbitants (entre 36 et 60%) et emmènent les petits cultivateurs sans le sou au bord de la dérive. Ces dix dernières années, plus de 25 000 agriculteurs se sont donné la mort suite aux problèmes agraires (Drui, 2010). Le gouvernement, quant à lui, ne fait que continuer de subventionner les grands producteurs, ce qui ne fait qu’augmenter le fossé entre les riches et les pauvres. Finalement, il ne faut surtout pas oublier le rôle de la mondialisation dans ce problème. En abaissant leur prix et en exportant

mondialement, les propriétaires des grandes tenures de l’Inde obtiendront le monopole de l’agriculture et les petits paysans n’auront plus d’autres choix que de quitter leur terre ou de travailler pour les Géants (Charles, 2010; Drui, 2010). Quel gâchis! Heureusement, de nombreux organismes ont été créés afin de venir en aide à la population et de jeunes diplômés offrent leurs services pour la recherche dans ce secteur. Certaines universités se sont même spécialisées dans le développement rural durable. Dans ces établissements, des sociologues, des psychologues et de nombreux scientifiques font leur possible afin d’aider les paysans qui vivent difficilement la crise agraire (Sulaiman, 2010, p.75) Bref, c’est le peuple lui-même, ainsi que l’éducation, qui réussira sans doute à sortir le pays entier de cette mauvaise passe (Drui, 2010; Narayana, 2009). Mais ce n’est pas tout. À 84 ans, le père de la révolution verte indienne, Monkombu Swaminathan, a lui-même déclaré que cette dernière a entrainé des excès. «C’est vrai, l’agriculture industrielle pollue l’environnement et a rendu les paysans esclaves des sociétés agroalimentaires, qui les poussent à la consommation. Quand on me parle des dégâts de la «green revolution», je réponds qu’il s’agit plutôt de ceux causés par la «greed revolution», la révolution du profit, de l’avidité… »*** Selon lui, on ne s’en sortira qu’en utilisant des biotechnologies et des méthodes agricoles plus écologiques (Charles, 2010). Eh oui, il y a des solutions! Il le faut, car si on s’en tient aux prévisions des Nations Unies, l’Inde deviendra le pays le plus peuplé du monde d’ici 2050 (Le Bohec, 2010). On doit donc régler le problème le plus vite possible… avant qu’il ne soit trop tard.

*** CHARLES, Gilbert. «Révolution verte à refaire». Site de l’Express.fr, [En ligne]. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/revolution-verte-a-refaire_487574.html (consulté le 9 février 2010)

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DOSSIER Le marché méconnu de ces végétaux qui rapportent Un marché du terroir plutôt méconnu : les produits forestiers non ligneux

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Le chanvre : une opportunité pour l’avenir

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par Félix Primeau Bureau, étudiant de 2ième année en environnements naturels et aménagés

Un marché du terroir plutôt méconnu : les produits forestiers non ligneux Une femme marche dans la forêt boréale à la recherche d’une plante bien précise. Elle se fraie un chemin à travers le sous-bois en étant attentive à tout ce qui l’entoure. L’endroit où elle l’avait vue quelques années auparavant est inscrit dans sa mémoire, mais étant donné la forte fréquentation de la forêt par plusieurs tribus, il se pourrait que quelqu’un s’en soit emparé avant elle. C’est une plante rare qui a de grandes vertus médicinales pouvant venir en aide à sa fille qui est souffrante. Par là, un peu à l’ouest de la vieille souche … oui, c’est ici. Malheur! Il ne reste rien de ce qu’elle avait jadis trouvé. Vite, il faut partir à la recherche d’un autre endroit où pousse cette plante…

foresterie durable. C’est à ce moment que les PFNL ont été désignés comme potentiel économique intéressant afin de venir en aide à certains coins de pays fortement touchés par la crise.

On a tendance à oublier qu’avant l’arrivée des Européens sur le continent nord-américain, des sociétés humaines se sont approprié le territoire durant des centaines d’années et en ont développé une connaissance très sophistiquée. Ces peuples se sentaient liés à la forêt de façon mythique de la même manière qu’ils se sentaient liés à la terre qu’ils habitaient. Cela formait un tout équilibré à leurs yeux. Je ne suis pas en train d’écrire un traité sur les peuples autochtones, mais j’écris sur un sujet qui découle directement d’un legs culturel qu’ils ont fait aux colons européens.

Des centaines de végétaux de la forêt boréale possèdent des arômes très intéressants pouvant être extraits et utilisés comme épices dans nos recettes de cuisine. Fabien Girard de la coopérative forestière de Girardville se charge de trouver de nouvelles saveurs dans la forêt ayant un potentiel culinaire. Une fois l’arôme identifié, il doit trouver le moyen de l’extraire pour en tirer profit. Un reportage de la semaine verte** nous apprend que ce potentiel de la forêt boréale est presque inexploré et gagnerait à être utilisé.

La forêt a été une source d’approvisionnement en matière ligneuse durant plusieurs siècles pour combler l’appétit des grandes économies européennes. Ce fut à ce moment l’exportation outre-mer qui représentait la plus forte demande. Suite à cette période, ce fut la construction des grandes villes américaines qui ont englouti des arbres vétérans plusieurs fois centenaires. À travers cette exploitation très ciblée d’un seul produit, on ne s’est pas rendu compte qu’autour des arbres, il y avait un monde. C’est donc de façon très marginale que les produits forestiers non ligneux (PFNL) ont été exploités durant l’installation et le développement de la colonie. Depuis la récente crise forestière, on cherche de nouvelles avenues pour effectuer une

Pour ceux qui ne le savent pas, un PFNL est désigné comme un produit d’origine biologique autre que le bois d’œuvre, tiré des forêts*. On les classe en trois catégories : les produits alimentaires tirés de la forêt (sirop d’érable, champignons, etc.), les produits ornementaux tirés de la forêt et les substances extraites de plantes forestières servant à fabriquer des produits pharmaceutiques et des produits d'hygiène personnelle.

Un PFNL que je trouve vraiment intéressant est le Thé du Labrador (Ledum groenlandicum), une plante qui pousse dans les sols humides et infertiles ou dans les sols minéraux secs et acides. Ses feuilles et ses fleurs sont utilisées pour l’infusion en tisane qui a un goût prononcé et unique. Dans le monde, le thé est la boisson la plus bue après l’eau et elle est produite dans plusieurs continents, mais pas en Amérique du Nord. Pourquoi ne pas boire du thé de chez nous? Les PFNL pourraient prendre des places de marchés très intéressantes dans les années à venir si des consommateurs éclairés tels que des géographes, des environnementalistes ou des ingénieurs forestiers sont à l’affût de ces produits et encouragent ce marché du terroir.

* Ressources naturelles Canada ** Trésors de la forêt boréale, http://ms.radio-canada.ca/2008/medianet/CBFT/LaSemaineVerte200811091230.wmv

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par Vicky Thériault, étudiante de 1ère année en environnements naturels et aménagés

Le chanvre : une opportunité pour l’avenir Pour son potentiel prometteur dans bien des domaines, tels l’alimentation, l’industrie pharmaceutique, le textile et bien d’autres, le chanvre est dans la mire de bien des producteurs qui souhaitent conjuguer économie, écologie et développement. Avant de définir son potentiel, commençons par faire son portrait. Mythes et réalité La culture du chanvre est vieille comme le monde. Cette plante utilisée pour répondre aux besoins fondamentaux de l’homme a toutefois été victime de sa trop grande parenté avec le cannabis, ce qui a entrainé une interdiction d’exploitation agricole en occident pendant de nombreuses années. (Verreault, 2012) Ce n’est qu’en 1998 que le Canada autorise de nouveau la culture du chanvre, après l’avoir interdite en 1938. Le chanvre fait partie de la famille des Cannabacea qui compte deux genres, Humulus L. (le houblon) et Cannabis L. Cannabis L. se divise en quatre sous espèces (Verreault, 2012) : • Cannabis sativa subsp. sativa : chanvre industriel • Cannabis sativa subsp. indica : taux élevé de tétrahydrocannabinol (THC) • Cannabinus kafiristanica : chanvre afghan taux élevé de tétrahydrocannabinol (THC) • Cannabis sativa subsp. spontanea ou ruderalis : chanvre sauvage

Les avantages de la culture du chanvre La culture du chanvre est une culture qui ne nécessite ni pesticide ni herbicide. Sans produits chimiques, elle est en grande partie certifiée biologique au Canada. Elle est relativement facile à exploiter, mais la récolte des fibres est plus complexe. Le manque d’infrastructures fait en sorte que la culture d’ici vise surtout la graine et que la fibre est sous-exploitée (Verreault, 2012). Cette culture peut fournir de l’huile et des graines comestibles qui sont une excellente source de protéines (35 % protéines, 2 c. soupe = 15 g de protéines). Le chanvre contient également des oméga-3, des oméga-6 et des oméga-9 de même qu’un grand nombre de vitamines et d’autres nutriments. De plus, la fibre que le chanvre produit est solide, durable, résistante aux moisissures et biodégradable. En effet, les fibres libériennes, ou fibres externes longues, sont extraites de l’écorce de la tige pour leurs propriétés isolantes permettant de les utiliser dans la composition de produits industriels tels que les toiles géotextiles, les substituts à la fibre de verre et autres matériaux synthétiques dans divers compo-

À titre de comparaison, la marijuana peut contenir jusqu’à 30 % de THC (delta 9-transtétrahydrocannabinol) (Verreault, 2012), un composé psychoactif, alors qu’un plant de chanvre industriel en contient tout au plus 0,3 % (Ministère de la Justice, 2012).

Le Soleil, juillet 2011

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sites agglomérés. Également, le chanvre peut être utilisé pour la fabrication du papier. Contenant peu de lignine, ses fibres peuvent donc être blanchies sans chlore (Verreault, 2012). Ses fibres naturelles et recyclables entrent également dans la composition de bioplastique puisqu’il contient 85% de cellulose végétale, élément essentiel à la production de plastique. La Coopérative de Solidarité, la Coop du Cap créée en juin 2007 en Haute-Gaspésie, utilise l’approche coopérative dans le but de permettre le développement territorial tout en étant promoteur d’un environnement sain et d’une économie écologique. Trois volets sont à l’honneur à la Coop du Cap, soient la pratique d’une agriculture biologique de proximité, l’implantation d’une Forêt Habitée afin de créer un sentiment d’appartenance partagé par la population locale de même qu’un volet culturel et d’éducation à l’environnement. La culture du chanvre a donc apporté des bénéfices économiques et sociaux à cette communauté en plus de constituer un bel exemple d’innovation et de responsabilité environnementale. Saviez-vous que? Au 18e siècle, en France, le chanvre était classé

parmi les produits de première nécessité au même titre que le pain. Le chanvre a des racines profondes au Canada : il est l’une des premières cultures à avoir été implantées à Port-Royal, puis à Québec par Champlain. En 1606, le botaniste français Louis Hébert sème du chanvre à Port-Royal (N-É). En 1801, le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada distribue, au nom du roi d’Angleterre, des graines de chanvre aux fermiers canadiens. Et aujourd’hui… À la boutique « La feuille verte » à Bromont, on produit divers produits corporels à base d’huile de chanvre, un antioxydant et un hydratant efficace. On peut utiliser le chanvre pour bâtir des maisons, puisqu’il contient une grande quantité de silice (environ 70%) qui lui donne une rigidité lui conférant un bon caractère pour la maçonnerie. Une jeune entreprise de Rimouski — l’Étoffe rustique — a mis au point un isolant de chanvre commercialisé sous la marque NaturchanvreTM.

par Caroline Hamelin, étudiante de 3ième année en aménagement et environnement forestier

La culture sous couvert forestier : écologie, histoire et perspectives pour le ginseng à cinq folioles au Québec Avec les nouvelles avancées dans les concepts d’aménagement forestier, l’intérêt grandit pour les utilisations de la forêt autres que l’exploitation ligneuse. On découvre ou redécouvre alors les multiples usages des produits forestiers non ligneux, dont la plupart ont un long historique d’utilisation. C’est le cas du ginseng, qui fait partie de l’histoire des peuples d’Amérique du Nord, des Iroquois aux Québécois contemporains. C’est en 1716 que le père Lafitau, missionnaire à Montréal, trouva le ginseng, « gurantoquen » pour les Iroquois (Pritts, 2010), qui avait été décrit par un missionnaire en Chine. Dès lors commencèrent les

exportations de plus en plus massives de ginseng québécois en Asie. De nombreux coureurs des bois s’adonnèrent à la récolte de l’« or vert » de sorte qu’au début du 18e siècle, le ginseng devint le second article de commerce en Nouvelle-France, après la fourrure. L’exportation ralentit ensuite, quand une cargaison de ginseng en provenance du Canada fut refusée à son arrivée en Chine en raison du mauvais séchage réalisé. En effet, afin d’accélérer le processus, les Canadiens séchaient le ginseng au four, ce qui lui rendait une qualité finale beaucoup moindre. Ceci fit chuter les prix et diminua du coup l’intérêt de plusieurs cueilleurs, ce qui n’est pas plus mal, considérant que la récolte intensive du ginseng mena à sa

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disparition à plusieurs endroits sur son aire de distribution naturelle (Nantel et al., 1996). En raison d’une surexploitation de l’espèce et de la règlementation sur les espèces en voie de disparition qui en découle (statué depuis 1999 (COSEPAC), menacé d’extinction depuis 1988 (CITES)), la production de ginseng se fait maintenant à 90% en culture en champ sous ombrières. La majorité des cultures de ginseng canadiennes sont situées en Ontario (800 hectares), où elles ont débuté en 1890. Le Québec vient au deuxième rang avec 100 hectares (CPGVG, 2011) et se concentre davantage sur les cultures sous couvert. C’est d’ailleurs une expertise que la province aura avantage à maîtriser étant donné sa marginalité et le fait qu’il ait été démontré que les concentrations d’ingrédients actifs du ginseng sous couvert forestier sont supérieures à celles du ginseng cultivé sous un système agricole et que le ginseng cultivé en forêt ressemble davantage au ginseng sauvage, qui est beaucoup plus prisé. À titre d’exemple, les prix varient de 10$/livre pour des racines jeunes (3-4 ans) cultivées en champ avec ombrage artificiel à 500$/livre pour des racines cultivées en forêt et plus âgées (10 ans) (Beyfuss, 2011). La culture du ginseng en forêt relève de l’art. C’est une culture exigeante et risquée, dont le succès est variable, et qui exige que de nombreux éléments soient réunis, notamment un couvert feuillu fermé dominé par l’érable à sucre, un sol loameux bien drainé et de pierrosité moyenne, une situation topographique en bas, milieu ou haut de pente et une exposition au nord ou à l’est. Le rendement du ginseng peut être amélioré par une stratification des graines ou une production de plants entiers, une

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inoculation, une préparation de terrain, une fertilisation et le dépôt d’une litière appropriée. Tout le processus doit être orienté en fonction des critères asiatiques de qualité qui sont l’âge élevé (10 ans), la couleur foncée et la grande taille des racines qui doivent rappeler une forme « humaine » (trapue, ramifiée et ridée dans le sens de la longueur ou avoir une forme en « J » (Vaughan et al., 2011)). Ces critères sont à considérer dans le processus de culture choisi, puisque certains éléments du site ou de la préparation de terrain influencent la forme. Indigène de l’est de l’Amérique du Nord, le ginseng à cinq folioles produit des racines très prisées en Asie, où il était reconnu comme le remède à base de plantes le plus puissant connu de l’Homme (Pritts, 2010). De nos jours, il est toujours utilisé dans d’innombrables produits pharmaceutiques et cosmétiques et on le retrouve sous forme de tisane, de comprimé, de capsule, de boisson ou de bonbon. Le Canada est le premier producteur et exportateur du ginseng à cinq folioles au monde (Agriculture et agroalimentaire Canada 2009). C’est d’ailleurs l’espèce agroforestière pour laquelle il existe le meilleur marché (Université de Moncton 2006). Sa culture représente un intérêt majeur dans la culture des produits forestiers non ligneux au Québec tant parce que le marché est déjà développé et que la demande excède l’offre, qu’en raison de l’exclusivité des sites de production dont le Québec bénéficie. L’Ontario et la Colombie-Britannique ont présentement une longueur d’avance en matière de culture sous ombrières, mais tout porte à croire que le marché futur favorisera la culture à l’état naturel, semi-naturel ou biologique, des domaines vers lesquels le Québec a orienté sa production.


par Milène Courchesne, étudiante de première année en Environnements naturels et aménagés

Les recherches fourmillent en entomologie… Ils sont omniprésents, plutôt discrets, des millions de yeux à nous regarder, cachés dans nos forêts dans l’attente du moment propice pour ravager des peuplements entiers en seulement quelques années. Quoiqu’ils puissent vous paraître dégoûtants, les insectes forestiers s’avèrent un sujet d’étude passionnant pour plusieurs. Leur importance au sein de la forêt ainsi que leur impact sur les écosystèmes stimule la recherche. D’ailleurs, lundi le 12 mars passé se tenait le troisième colloque du consortium de recherche sur les insectes forestiers, ici même au Pavillon Kruger. J’ai eu la chance d’assister à quelques conférences portant sur les avancées de l’équipe du consortium de recherche iFor en entomologie forestière. Elle est composée d’une dizaine de professeurs-chercheurs de plusieurs universités, de chercheurs, de stagiaires et d’étudiants. Au menu, les recherches portaient sur les longicornes, les dendroctones, les tordeuses des bourgeons de l’épinette (TBE), etc. Pour une fois, les insectes étaient mis en premier plan. Considérés par plusieurs comme nuisibles pour nos forêts, ils sont pourtant indispensables aux écosystèmes. La mission du consortium est d’enrichir les connaissances sur la gestion des ravageurs entomologiques afin de réduire les pertes ligneuses dans le contexte des changements climatiques et des nouvelles pratiques forestières. Comment pouvons-nous protéger les peuplements forestiers des insectes sans nuire à leurs bienfaits? Quelle est l’importance des insectes forestiers? Je tenterais de répondre à ces questions et je remercie Éric Bauce, directeur du consortium iFor et vice-recteur exécutif et au développement à l’Université Laval qui a pris de son précieux temps pour m’y aider. Pourquoi les insectes sont si indispensables au niveau des écosystèmes? Tout d’abord, il est important de noter que la majorité des insectes forestiers sont en fait bénéfiques à la forêt. Pour commencer, les insectes appartiennent à un niveau élémentaire de la chaîne trophique, constituant une source de nourriture pour les animaux. De plus, ils participent au cycle de la matière organique en décomposant les cadavres. Les insectes forestiers sont surtout considérés comme nuisibles au niveau économique puisque certains s’attaquent aux ressources forestières exploitables. Par exemple, la tordeuse des bourgeons de l’épinette, lors de son dernier passage au Québec, a ravagé plus de 1,5 milliard de mètres cubes de forêt en une décennie, ce qui représente le double de ce que pourraient récolter

Source: http://www.linternaute.com/science/biologie/photo/l-universmicroscopique-des-fourmis/nectar-de-premier-choix.shtml

les industries forestières pendant une même période. Les insectes forestiers possèdent une fonction importance dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème forestier. Ils jouent le rôle d’accélérateur de succession forestière. Sommairement cela signifie qu’en tuant les arbres âgés, les insectes permettent de faire de la place aux jeunes. Les épidémies d’insectes font donc partie de perturbations naturelles indispensables aux forêts. Les insectes sont petits, discrets et à la fois très nombreux, comment pouvons-nous faire le suivi des populations? Le suivi était autrefois fait par hasard, mais la stratégie de dépistage est aujourd’hui efficace. La surveillance se fait grâce à un réseau de plus de 2000 stations d’observation distribuées dans les forêts et les plantations du Québec. Les données sont analysées par des techniciens du ministère des Ressources naturelles de la Faune et des parcs et elles permettent de prédire l’étendue des épidémies. (source : MRNF) Quelle est la principale préoccupation des entomologistes ces temps-ci? Présentement, une des principales préoccupations pour les entomologistes est l’épidémie de tordeuse de bourgeons de l’épinette qui se développe depuis quelques années sur la CôteNord et s’étend maintenant jusqu’au Bas-Saint-Laurent. La livrée des forêts qui ravage le peuplier fauxtremble à croissance rapide représente une autre grande préoccupation, potentiellement pour la ligniculture. Le longicorne noir affecte la récupération du bois mort. Enfin, les insectes exotiques amenés par la

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mondialisation et les changements climatiques représentent un problème majeur. Toutes ces problématiques alimentent les recherches de l’équipe du consortium. Comment pouvons-nous protéger les peuplements contre les insectes? Les principales stratégies rappellent les stratégies de guerre : éliminer l’insecte, enlever l’hôte avant l’attaque, créer une barrière entre l’hôte et l’insecte, provoquer des changements dans l’environnement de l’insecte. La principale tactique d’intervention découle de la première stratégie, c’est-à-dire l’élimination des insectes à l’aide d’un insecticide. Les pesticides biologiques, tels que le B.T., sont utilisés en forêt afin de préserver la ressource dans l’optique d’une

récolte future. Ils existent également des outils de lutte sylvicole afin d’aménager la forêt pour augmenter sa résistance aux insectes. Par exemple, une des recherches portait sur l’impact de la coupe partielle sur la résistance des sapins à la TBE. Après trois ans de traitement, les recherches ont démontré que les sapins augmentaient leur production foliaire et amélioraient ainsi leur résistance aux insectes. La stérilisation des mâles permet également de limiter la propagation des insectes en milieu fermé. Bref, il existe de nombreuses méthodes qui permettent de protéger les peuplements sans pour autant nuire à leur rôle écologique. En espérant avoir piqué votre curiosité!

par Aurélie Charpentier, étudiante de première année en Environnements naturels et aménagés

Parlement mondial de la jeunesse pour l’eau, phase 2 J’ignore si vous vous en souvenez, mais je vous ai mentionné lors de mon tout premier article que je participerais au Parlement mondial de la jeunesse pour l’eau (PMJE) afin de représenter la jeunesse mondiale et de faire entendre notre voix lors du 6e Forum mondial de l’eau (FME). Et bien, cet évènement est maintenant chose du passé et j’ai envie de partager avec vous ces deux semaines au sud de la France qui ont énormément changé ma vie. Tout d’abord, laissez-moi vous rappeler ce qu’est le PMJE et pourquoi j’y ai participé. Comme je suis impliquée pour la protection de la ressource eau dans mon coin de pays, l’Assomption, j’ai été sélectionnée afin de représenter le Canada. Le 4 mars dernier, je m’envolais, accompagnée de Tania Larivière, une représentante des premières nations, vers Marseille dans le but de faire entendre notre point de vue et de partager nos idées concernant l’eau avec 71 jeunes venant de 65 pays. Nous avons eu la chance de discuter et d’échanger avec des jeunes provenant de tous les continents, ce qui est une opportunité exceptionnelle pour se créer un réseau de contacts et pour élaborer des projets concrets. Le principal but de la première semaine de travaux était de préparer la présence de la jeunesse au Forum mondial de l’eau, qui accueillait 25 000

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experts et dirigeants venus pour discuter de la ressource eau. Comme il s’agissait du premier PMJE officiel, nous avons d’abord travaillé à la création d’une charte afin de déterminer l’âge de participation, le nombre de parlementaires de même que la structure que prendrait le parlement. Nous avons aussi préparé la déclaration officielle, qui a, entre autres, été remise au Premier ministre de la France, monsieur François Fillion. Dans cette déclaration, les jeunes de chaque bassin versant mondial se sont engagés à réaliser des actions concrètes durant les trois prochaines années (durée du mandat d’un parle-


mentaire). Beaucoup de projets étaient basés sur l’éducation de la jeunesse par la jeunesse puisque nous avons constaté à quel point le pouvoir des jeunes est grand. En Amérique du Nord, nous avons choisi de créer le premier Parlement Nord Américain de la jeunesse pour l’eau afin de permettre aux jeunes du Canada, des États-Unis et du Mexique de pouvoir discuter des enjeux locaux tels les sables bitumineux et le gaspillage de la ressource eau dans le but de créer des projets concrets et un réseau d’échange efficace qui viseront à ne pas répéter les erreurs du passé. Les échanges lors du PMJE ont été plus qu’enrichissants. Je suis toujours impressionnée de voir comment les moins nantis se mobilisent afin d’obtenir le droit d’accès à cette ressource qui est la vie, rien de moins. Je réalise que les Québécois ne sont pas assez sensibilisés à la cause et qu’ils ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont de pouvoir avoir accès à la ressource en quantité plus que suffisante. Nous nous devons d’apprendre à mieux gérer les ressources, et ce, au niveau individuel et collectif. Il y a un manque flagrant dans notre conscience collective de même que dans nos actions collectives et nous devons remédier à la situation en nous unissant pour cette cause universelle qu’est l’eau. Travailler ensemble dans un même but renforce les amitiés et rend les actions encore plus réalisables, la passion de chacun contribuant à faire en sorte que le projet soit mené à terme. Si j’ai été emballée par le PMJE, je l’ai beaucoup moins été par le FME, qui lui était une rencontre permettant aux politiciens de bien paraître et aux compagnies de faire de l’argent. Tout d’abord, le FME n’était pas accessible à quiconque. Si un citoyen voulait assister aux conférences, il devait

débourser 450 euros (595$) par jour de ses poches. De plus, il est arrivé plus d’une fois que des hommes importants, des ministres français, entre autres, désirent « rencontrer » les jeunes parlementaires alors qu’en fait, nous ne servions qu’à faire les beaux sur les photographies afin de faire rayonner leur image. Aussi, dans les kiosques présents toute la semaine, il était surtout question de processus pour assainir l’eau et un seul kiosque (WWF) abordait le côté environnemental de l’eau. Un seul sur deux cents! Encore une fois, c’est la preuve que l’humain se considère comme le nombril du monde et qu’il n’est toujours pas conscient de l’impact de ses propres actions sur les autres espèces. J’ai parfaitement conscience du fait que des humains meurent par le manque d’eau, ne vous en faites pas! Mais il faut apprendre à voir les autres problèmes aussi, selon moi. Une autre chose qui m’a profondément déçue est le fait que ni les Canadiens, ni les Québécois n’étaient représentés au FME. Aucun kiosque au nom du Canada, aucune délégation canadienne non plus. D’ailleurs, qui était au courant du FME avant que j’en parle ? Probablement personne! Encore une fois, un triste exemple du manque de sensibilisation citoyenne… Je dois toutefois dire que la jeunesse s’est vu accorder 3 sièges sur 32 au sein du conseil d’administration du prochain FME, ce qui est un bon pas en avant vers le changement que nous désirons voir survenir dans les prochaines années. Nous allons donc pouvoir donner notre opinion pour l’organisation du prochain forum et, peut-être, pouvoir faire diminuer les parts économiques et politiques qui dirigeaient le forum afin de redonner à l’environnem ent et à l’humanitaire les parts qui leur reviennent dans les discussions sur l’eau. Croisons les doigts pour que notre crédibilité demeure et que les dirigeants tiennent leur parole.

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par Alexandre Guay-Picard, candidat à la maîtrise en sciences forestières

Le Grenier

Lorsqu’on arpente les couloirs du 2e étage du pavillon Abitibi-Price et qu’on s’attarde un peu aux gens qui y séjournent, on se rend compte d’une chose surprenante… c’est que plus de la moitié des étudiants gradués en sciences forestières sont issus du domaine de la biologie. Certaines personnes trouvent peut-être ce fait inquiétant. Pourquoi le domaine de la recherche en sciences forestières est-il entre les mains d’écologistes ou de biologistes plutôt qu’entre celles de forestiers ? La réponse semble simple. La foresterie… c’est de la biologie appliquée ! Aucun sylviculteur digne de ce nom ne peut réclamer ce titre s’il ne connaît pas les principes écologiques et biologiques qui gouvernent la succession et la croissance forestière. Autrement, la mention ing.f. qui apparaît à la fin de leur signature n’est qu’une pure mascarade. Kaysandra est donc biologiste ! Elle a complété son baccalauréat en biologie, à l’Université Laval, entre 2003 et 2006. Elle a ensuite fait une maîtrise en sciences des sols, toujours à l’Université Laval, à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation. Au cours de son projet, qu’elle a réalisé au Niger, elle s’est intéressée à la microbiologie des sols désertiques et à leur fertilité. Elle a testé le potentiel de certaines plantes à changer la dynamique biologique des sols désertiques dans le but de les rendre aptes à la culture céréalière. Fort de cette expérience, elle a entamé un doctorat en sciences forestières sous la direction de JeanClaude Ruel et de Sylvie Gauthier, pionnière de l’aménagement écosystémique au Québec. Celui-ci porte sur un domaine très méconnu de la foresterie, le chablis, cette perturbation naturelle qui écourte la vie des arbres en les cassant ou en les déracinant sous l’action du vent. Plus précisément, elle s’intéresse à la dynamique du chablis en forêt boréale irrégulière dans une région forestière très importante, la Côte-Nord. La dynamique naturelle de la forêt boréale de l’est du Québec se caractérise par des cycles de feu très longs, allant de 150 à plus de 500 ans (Bouchard et al. 2008). Cette réalité fait en sorte que les perturbations intermédiaires, comme le chablis ou la tordeuse des bourgeons de l’épinette, jouent un rôle très important dans la succession forestière (Pham et al. 2004 ; De Grandpré et al. 2008). Au cours de ses travaux, Kaysandra vise à caracté-

XIII L’ARBRITIBI

Kaysandra Waldron riser cette perturbation naturelle selon trois axes soient sa fréquence, sa sévérité et sa taille. Elle évalue aussi la susceptibilité de la forêt boréale irrégulière au chablis en fonction des caractéristiques dendrométriques (essences, âge, hauteur, etc.) et des caractéristiques édaphiques et environnementales (dépôt, drainage, topographie, etc.) des stations. Ses résultats révèlent, entres autres, qu’à l’échelle du paysage, la topographie et l’épaisseur du dépôt influencent la susceptibilité d’un site au chablis. De plus, le chablis partiel (25% à 75% de la surface terrière) est plus important dans le paysage forestier de la Côte-Nord que ne l’est le chablis sévère (+ de 75%). Le second volet de sa thèse porte sur les legs biologiques et les attributs engendrés par le chablis. Ces legs biologiques sont très variés et comprennent le bois mort debout et au sol, la biodiversité végétale, la régénération forestière et la microtopographie en monticules et en cuvettes (Vaillancourt 2008). Elle effectue la caractérisation de ces attributs en fonction des différentes intensités de chablis dans un but descriptif, mais aussi dans le but de comparer les legs biologiques associés aux chablis avec ceux des parterres de coupes de récupération post-chablis. Les retombées escomptées de son projet sont de développer des outils qui puissent guider les forestiers dans le cadre de l’application de l’aménagement écosystémique en forêt boréale irrégulière.


L’acquisition de connaissances sur les perturbations naturelles est un passage obligé pour y parvenir. Elle pourra, entres autres choses, émettre des suggestions quant aux modalités des coupes de récupération afin de minimiser les impacts négatifs sur la biodiversité ou encore désigner les peuplements forestiers dont la susceptibilité imminente au chablis suggère une récolte hâtive.

Mademoiselle Kaysandra publiera sous peu dans la revue britannique «Forestry» dans le cadre d’un dossier spécial sur les perturbations forestières par le vent. En attendant sa publication, elle se fera un plaisir de répondre à toutes vos questions sur le chablis. Voici son adresse courriel : kaysandra.waldron.1@ulaval.ca

par Justine Bertoux, étudiante de 3ième année en aménagement et environnement forestier

L’Atelier

Reboisement de la ville de Québec

Considérant l'expansion actuelle des villes sur les milieux naturels

1° Mélanger les morceaux de journal avec de l'eau afin d'en faire une bouillie

Considérant l'ambiance générale électrisante Considérant que j'aime beaucoup la verdure aussi Je ne peux me retenir d'en vouloir à l'urbanisme de détruire du potentiel forestier et par extrapolation, de nous enlever nos futurs jobs. J'ai pu tester par chez moi l'utilisation d'une arme verte plutôt efficace dans la ville* la plus proche de mon village. Avec celle-ci, j'ai pu recouvrir toute surface non bétonnée de fleurs des champs. Je vous présente donc, aujourd'hui, l'arme ultime des guérilleros du jardinage: la seed-grenade ou seed-bomb, forestièrement adaptée à la situation par mes soins. Matériel Un bol De l’eau Du papier journal Des graines Un morceau de tissu Un moule

2° Ajouter les graines de l'espèce désirée pour le reboisement

3° Bien mélanger les graines à la bouillie de

* Ville égalant 1/50 de la superficie de la ville de Québec .... Bref, vous êtes mieux à plusieurs pour Québec ...

L’ARBRITIBI XIV


3° Bien mélanger les graines à la bouillie de papier

6° Démoulez vos superbes pastilles

4° Placer le mélange dans un tissu, et presser le tout afin d'en faire sortir une bonne partie de l'eau

5° Répartir le mélange dans un moule (peu importe la forme, du moment que la pastille soit plane pour faciliter le séchage, vous pouvez même utiliser un moule en forme de cœur pour faire de ce projet, une date spéciale et particulièrement excitante pour la St-Valentin, sinon vous pouvez être plate et faire des ronds, c'est bien aussi)

7° Laissez les sécher de 12h à 24h 8° Vous obtenez votre arme de reboisement massif pour la modique somme d'une circulaire de Metro Après avoir laissé sécher vos pastilles de graines entre 12 et 24h, dispersez les à travers la ville, de préférence sur les surfaces herbacées ou à la base des arbres ornementaux. Le papier journal gardera vos graines dans l’humidité jusqu’à leur germination. Pour ce projet, vous aurez besoin de 45,42x107 pastilles de graines. Maintenant, notez que j'ai utilisé des graines d'épinette pour la démonstration de l'atelier. D’ailleurs, il est à noter que vous pouvez appeler dans les pépinières publiques pour avoir de ces graines tout à fait gratuitement ! N’hésitez pas à contacter l’Arbritibi pour plus de détails. CEPENDANT, gare à vous si vos professeurs d'écologie forestière vous surprennent en train de reboiser une ville quelle qu'elle soit avec les mauvaises espèces. Faites vos devoirs et respectez vos zones de végétation !

L’ARBRITIBI XV


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