L’ARBRITIBI
Le journal des étudiants en foresterie, en géographie et en environnement
Édition 9 - Octobre 2013
Ce qu’on peut découvrir en Bretagne... Page 2
Nos expériences d’été
Pages 4 à 8
Voyage au fond de la solitude Page 8
Chers étudiants, chères étudiantes, Les couleurs automnales sont au rendez-vous pour cette édition automnale d’octobre de l’Arbritibi! Alors que la mi-session approche à grands pas, on vous offre du contenu pour vous divertir et vous vider la tête avec les histoires et les anecdotes du journal étudiant.
Le mot du comité
Cette édition porte sur le thème d’expériences d’été. De Havre-St-Pierre à Charlevoix au Québec et à la France outre-mer, vous découvrirez certaines expériences d’été des étudiants de la faculté en passant par la firme privée, les organismes de bassin versant, le scoutisme et l’écopastoralisme! Une nouvelle chronique s’ajoute à cette édition du journal. En effet, une chronique littéraire vous permettra de découvrir des livres des plus intéressants. Enfin, la chronique alimentaire vous conseille sur le jardinage hivernal. Tu veux t’impliquer? Il n’est pas trop tard! Le comité du journal étudiant est toujours à la recherche de journalistes, chroniqueurs et plusieurs autres postes. Vous avez envie de participer à la vie étudiante et de partager vos idées, n’hésitez pas à nous envoyer un message! Bonne lecture! Le comité du journal étudiant Pour nous écrire vos commentaires ou nous envoyer un article : larbritibi@ffgg.ulaval.ca
Marianne Blanchette Jean-François Bourdon Charles Breton Aurélie Charpentier Milène Courchesne Anthony Fournier Noélie Hébert-Tardif Jessica Leclerc Félix Primeau Bureau Mathilde Routhier Vicky Thériault Crédit photo (page couverture) : Mathilde Routhier
1 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants en foresterie, en géographie et en environnement Octobre 2013
Ce qu’on peut découvrir en Bretagne... par Félix Primeau-Bureau, étudiant de troisième année en environnements naturels et aménagés
À temps perdu et pour économiser une petite somme d’argent en voyage, le « WWOOFING » (Worldwide opportunities on organic farms) peut s’avérer une option alléchante. Ma copine et moi avons décidé de vivre une expérience de ce genre l’été dernier lors de notre voyage en France. En regardant les offres de fermes, on tombe sur celle-ci : « Au pied du Menez Hom - massif surplombant la Baie de Douarnenez et la Presqu'île de Crozon - je propose de vous accueillir pour une durée minimum de 15 jours dans un cadre de vertes prairies et de ruisseaux pour participer au quotidien d'un élevage de brebis en bio certifié : 2 races de l'ouest de la France en cours de sauvegarde : les "Landes de Bretagne" et les
"Avranchines". Les 222 brebis et leurs agneaux paissent dans les prés de la ferme et sur les pentes du Menez Hom (lutte contre les incendies et entretien de la lande) dans le cadre d'un partenariat avec le Conseil général du Finistère et le Parc naturel régional d'Armorique. La transformation de la laine (tonte, tri, commercialisation) est une autre façon de valoriser ce petit troupeau. J'ai en projet pour les 10 prochaines années : création d'un jardin des plantes tinctoriales et de simples, d'une petite surface maraîchère, d'un poulailler avec des poules de l'ouest (Coucou de Rennes, la Flèche et/ou la Gauloise dorée) et d'un clapier, conception d'écohabitat et d'assainissement autonome, autoconstruction de petit éolien. Français et espagnol parlés, anglais compris. » (wwoof France)
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Charmés, on s’est dit que passer deux semaines dans cet environnement-là ne serait sûrement pas désagréable. On est donc parti aider ce fermier qui fait de l’ÉCOPASTORALISME (c’est un gros mot, je le sais!). Ici au Québec quand on pense au mot pastoral, les cours de catéchèse et de 1re communion reviennent nous hanter. En fait, la définition du pastoralisme est la relation entre un berger et son troupeau et leur relation avec le biotope. L’écopastoralisme s’inscrit dans ce mouvement. Il se définit comme étant un mode d’entretien des espaces naturels par le pâturage d’herbivores. M. Patrick Sastre, notre hôte, prend part à un programme dans un parc naturel et a comme mandat d’amener paître ses brebis sur une montagne (le Menez Hom) sur laquelle se sont déclenchés plusieurs incendies dans les dernières années (1979, 1986, 1989, 2005 et 2006) dont le dernier a brûlé plus de 450 Ha de terrains. La cause de ces incendies est la grande quantité de combustible inflammable que sont les plantes herbacées qui ont séchées sur le site en automne. Avant, ces plantes étaient broutées par les troupeaux que les bergers amenaient en transhumance. Lorsque les autorités ont fermé cet accès en créant un parc, ils ont de ce fait permis aux herbes de pousser librement et d’attirer le feu. De plus, des pins sont venus s’installer dans cet écosystème de lande en le modifiant sensiblement. Les gens du parc n’ont pas apprécié cette nouvelle dynamique et ont cherché un moyen de retourner à l’état de lande. Pour couronner le tout, la sécu
rité de la population des alentours s’est vue menacée par les incendies, car les pompiers n’ont pas de chemin d’accès sécuritaire sur la montagne et ne peuvent pas aller éteindre les feux. C’est alors que l’écopastoralisme intervient. M. Sastre s’est fait proposer par le parc d’amener ses moutons sur la montagne dans le but de contrôler le développement des herbes et ainsi réduire les risques de feu. On essaie donc de revenir à l’état du territoire avant que le parc y interdise toute activité, tout cela dans un souci de conserver écologiquement un milieu. C’est un bon exemple qui démontre que la conservation dans des milieux touchés par l’anthropisation depuis des millénaires ne se fait pas sous cloche en empêchant toute activité humaine. En quoi tout cela nous touche me direz-vous? Vous n’avez pas tort, cette réalité est un peu loin de la nôtre ici au Québec. Quoique… dans les années 1600 à Québec, au début de la Nouvelle-France, un certain Abraham Martin dit l’Écossais partait de la basse ville avec son troupeau, montait une côte et l’amenait paître sur les terres fertiles en haut du Cap Diamant. Au fil du temps, les gens ont appelé la côte « la côte d’Abraham » et l’endroit ou ses bêtes paissaient « les plaines d’Abraham ». Qui aurait cru que l’écopastoralisme était aussi présent dans notre histoire?! À quand le retour du pastoralisme sur les plaines? Va falloir en parler à Régis…
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L’expérience d’été par Charles Breton
Quand j’ai approché le journal pour offrir un coup de pouce (non, pas la revue), on m’a demandé d’écrire un papier sur un thème : une expérience d’été. J’ai réfléchi à ce que j’ai fait de passionnant cet été et, aussi intéressant que fût mon stage, j’ai choisi un autre sujet : le scoutisme. Depuis près de 17 ans, les camps scouts font partie des « highlights » de mes étés; l’été dernier ne fut pas différent. Le scoutisme, donc. Les scouts. Une espèce dont les individus se font de plus en plus rares (sauf au ABP, où ils sont curieusement surreprésentés). Des jeunes et moins jeunes qui aiment le plein air. Qui sont débrouillards. Qui chantent. Des scouts qui font des feux, du financement, des sorties, des camps et – ne nous leurrons pas – DES NŒUDS. Oui, des nœuds ! Ces étranges formes faites dans vos fils d’écouteurs par vos mousses de poche. DES NŒUDS ! Et vous savez quoi ? Je ne ferai pas comme certains scouts qui vous diront que non, les nœuds, ils n’en ont jamais faits ou que non, ils n’aiment pas ça. Je l’assume : J’AIME ÇA. J’aime ça les nœuds. C’est beau les nœuds. C’est l’fun à faire les nœuds. Ça a une histoire les nœuds. Et surtout, c’est utile les nœuds ! Cet été – car il faut bien parler d’une expérience – je suis parti en camp avec mes jeunes. Quatre éclaireurs : deux gars, deux filles, tous entre onze et quatorze ans. Notre projet : faire le tour de la Véloroute des Bleuets en quatre jours. 285 km. Quatre jours. Des jeunes qui n’avaient pratiquement jamais fait de vélo. Et on a réussi !
Seulement, revenons à l’histoire des nœuds. La première journée de notre périple, il a plu. Et pas qu’un peu. Nous avons roulé les cinq derniers kilomètres nous séparant de notre camping à Alma trempés jusqu’aux os. Quand la pluie s’est enfin arrêtée, de peur qu’une autre averse ne nous force à souper dans l’eau, les quatre éclaireurs ont offert leur aide pour monter un abri. Comme on le dit dans le jargon des Internets, « LOL ». Ce n’est pas qu’ils manquaient de volonté ! Après plusieurs tentatives et beaucoup de nœuds de grand-mère (on en reparlera !), la toile tenait à peu près correctement. J’aurais bien voulu rigoler dans ma barbe en les regardant se battre avec les cordages, mais les nombreuses heures passées à leur enseigner des nœuds tout au long de l’année étaient coincées (et de travers) dans ma gorge. Où nous amène donc cette anecdote ? Et bien, c’est simple : beaucoup de gens – mes éclaireurs en premier – sous-estiment énormément l’avantage de connaître les nœuds. Mes jeunes s’en sont rendu compte lorsqu’ils n’arrivaient pas à monter correctement un abri. Pour d’autres, ce sera en essayant de tendre les tendeurs d’une tente ou encore en essayant de bien attacher une cargaison sur une remorque. Les nœuds sont des techniques extrêmement spécialisées; ils ont été développés à travers les millénaires par des gens venant d’à peu près tous les types de métiers qui soient : pêcheurs, marins, tisserands, peintres, chasseurs, jardiniers, etc. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il soit nécessaire d’apprendre des dizaines de nœuds pour que cela en vaille la peine. Tous les nœuds ne sont pas égaux; en fait, pour répondre efficacement aux besoins les plus courants, seuls quelques nœuds polyvalents 4
sont suffisants. Lesquels ? Eh bien je compte vous les apprendre en commençant maintenant – pas d’inquiétude, les premiers nœuds sont faciles. Plus tôt, j’ai parlé de nœuds de grand-mère. Qu’est-ce que c’est ? À peu de choses près, le pire nœud que vous puissiez faire pour attacher ou serrer quelque chose. Regardez vos lacets : si votre boucle de soulier a tendance à se placer dans le sens de la longueur de votre pied, vous avez fait un nœud de grand-mère. Si vos souliers se détachent souvent, vous faites probablement des nœuds de grand-mère. Si vous ne savez pas ce qu’est un nœud plat, vous faites probablement des nœuds de grand-mère, alors ouvrez bien vos yeux et vos oreilles. Le nœud de grand-mère
Le nœud plat La BONNE version du nœud de grand-mère. Il est utile pour fermer des paquets, pour attacher vos chaussures, pour nouer des bandages, bref, pour attacher/serrer n’importe quoi. Au moins, lui, il tient bien. En plus, il est plat (je vous le jure !), ce qui n’est pas désagréable lorsqu’on doit faire des bandages ou bander les yeux de quelqu’un (oui, bander les yeux, bon. Nous, c’est pour des jeux, vous, vous faites bien ce que vous voulez et non merci pour les détails). Pour nouer un nœud plat, le principe est le même que pour le nœud de grand-mère, à une chose près : la comptine est « gauche sur droite, passe par en dessous, droite sur gauche, passe par en dessous. Et pour ceux qui n’ont pas compris, une image vaut mille mots :
Arrêtez d’en faire, s’il vous plaît. Ce n’est qu’un nœud plat raté. Aucun avantage, que des inconvénients. Pour le faire, il faut prendre un brin de corde, une extrémité dans chaque main. Le brin de gauche passe par-dessus le droit, puis en dessous. Ensuite, on refait la même chose avec le brin qui se trouve dans notre main gauche. Donc : gauche sur droite, passe par en dessous, gauche sur droite, passe par en dessous. Bon, c’est tout pour cette fois. Dans les prochaines parutions, je présenterai d’autres nœuds un peu plus compliqués mais ô combien utiles ! POUR VRAI. Et que je ne vous reprenne plus à faire des nœuds de grand-mère. Charles Breton PS : Si le reste de l’histoire de la Véloroute vous intéresse, sentez-vous bien à l’aise de venir me voir, je pourrai vous en jaser plus longtemps (si vous payez le café !).
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Le monde de la firme privée
par Aurélie Charpentier, étudiante de troisième année en environnements naturels et aménagés
En m'inscrivant dans le programme en environnements, j'avais un but ultime : travailler comme consultante dans une firme de génie-conseil. L'été dernier, à coups de chance et de contacts bien placés, j'ai pu avoir un aperçu de ce qui m'attendrait dans le futur. C'est l'équipe de chez Environnement illimité qui m'y a initiée. Il s'agit d'une firme québécoise qui œuvre dans le domaine des écosystèmes aquatiques depuis une quarantaine d'années. Au début, lorsqu'on m'a engagée, on m'avait dit que je travaillerais à la Baie-James tout l'été et que j'analyserais des œufs de poissons. Belle aventure, énervante et dépaysante! Rapidement, j'ai compris ma première leçon : ne jamais se fier à quoi que ce soit et surtout, ne pas tenter de planifier d'avance, car il s'agit d'un milieu où tout peut changer au dernier moment par manque de contrat ou à cause d'opportunités plus intéressantes. C'est donc à un autre extrême du Québec que s'est situé mon laboratoire à ciel ouvert: Havre-Saint-Pierre. Pour moi, aussi bien dire que j'ai passé l'été au paradis. Donc, deuxième leçon : la vie est remplie de surprises et il faut savoir la prendre à la légère pour les apprécier. Je suis une amoureuse folle du Saint-Laurent. Si vous me rencontrez, je vous dirai en riant que le nom de mon premier amour est Laurent, mais croyez-moi, je suis très sérieuse en l'affirmant. Me lever à 5:00 tous les matins pour prendre le bateau à 5:30 et passer mes journées en mer ne me dérangeait absolument pas, surtout que mes amies les baleines venaient me saluer tout au long du voyage. Même les Fous de Bassan ont parcouru des centaines de kilomètres depuis les côtes de la Gaspésie pour venir plonger à côté de moi. Je me souviens d'un moment en particulier, où, assise seule sur la proue du bateau telle une sirène vêtue d'un Mustang, j'avais le vent dans le visage et je regardais les marsouins
nous escorter jusqu'à la rive. À cet instant précis, je me suis dit que si je pouvais passer le restant de mes jours à cet endroit, je le ferais. Et j'ai réalisé quelque chose de primordial : j'étais complètement et indéniablement heureuse. C'est un sentiment valorisant que de vivre un moment comme celui-ci et je vous le souhaite tous, car être passionné par son travail devrait être le but ultime de chacun. C'est bien beau tout cela, mais j'ai aussi travaillé! En fait, en gros, la firme d’Environnement illimité était employée par Hydro-Québec afin de déterminer si les barrages sur la Romaine auront ou non un impact sur l'écosystème de l'Archipel des îles Mingan. J'ai participé à deux projets dans ce sens, soit un sur l'analyse de la productivité primaire et un autre sur l'état de la mye commune. L'année 2014 étant l'année d'installation des barrages, 2013 servira d'année témoin et 2015 sera l'année de vérité. Ici, en tant que futurs spécialistes de l'environnement, je suis certaine que vous avez tous eu le même réflexe que moi :« Et si l'impact est réel, la société d'État fera quoi? » Eh bien, soyez prêts pour la partie insatisfaisante et frustrante de mon été : elle ne fera rien. Oui, vous avez bien lu, elle ne fera rien. Vous vous attendiez à quoi? Qu'elle retire les barrages qui ont pris plus de cinq ans à construire parce que des pauvres petits planctons seraient désavantagés? Quand tous auront compris l'importance de ces petites bêtes, souhaitons que ce soit ce qui arrivera. Mais pour l'instant, tout ce qu'Hydro-Québec peut faire, c'est de réaliser un modèle qui pourra s'appliquer lors des projets d'autres barrages, afin de minimiser les impacts dans le futur. Je sais, c'est déroutant, mais au moins, dites-vous qu'il y a de l'effort et que (leçon 3, 4 ou 5) tant qu'il y a de l'effort, il y a de l'espoir! 6
Donc pour conclure, il ne me reste plus qu'à vous dire ceci : le monde du privé est un monde complètement à part du reste. Il est difficile d'y entrer, il est difficile de se faire un chemin et d'être accepté, mais une fois ces deux étapes
pénibles franchies, vous ne voudrez plus en sortir tellement il est rempli de possibilités et de projets stimulants. Soyez forts et persévérez, ça en vaut le coup!
La gestion intégrée des cours d’eau par Marianne Blanchette, étudiante de troisième année en environnements naturels et aménagés
L’été dernier, j’ai travaillé les deux pieds dans l’eau... à l’organisme de bassins versants (OBV) Charlevoix-Montmorency. Cet organisme m’a accueillie comme stagiaire en environnement (disons stagiaire, faute d’un autre terme pour définir le poste que j’ai occupé cet été, mais sachez que je n’ai pas obtenu de crédits universitaires pour cet emploi). L’OBV Charlevoix-Montmorency couvre un territoire de plus de 11 000 km2 qui s’étend de l’est de la ville de Québec au Saguenay et qui comprend les rivières Montmorency, Sainte-Annedu-Nord, du Gouffre et Malbaie, pour ne nommer que celles-ci. On y retrouve environ 27 municipalités et territoires non organisés (TNO). En juin 2013, l’OBV Charlevoix-Montmorency a déposé son plan directeur de l’eau, un document
qui présente un portrait, un diagnostic et un plan d’actions pour chacun des bassins versants des principaux cours d’eau du territoire. Cependant, le territoire étant très vaste et les enjeux qu’on y retrouve étant tout autant diversifiés, les municipalités risquaient d’éprouver des difficultés à identifier ceux qui les concernent spécifiquement. Mon mandat, cet été, était donc de produire des fiches pour les municipalités, en ciblant pour chacune les principaux éléments du portrait, du diagnostic et du plan d’actions qui les concernent. Pour illustrer les enjeux et accompagner les fiches, j’avais aussi comme responsabilité de produire une carte pour chaque municipalité. À temps perdu entre deux fiches, j’ai aussi participé à une journée de pêche en herbe organisée au pied de la chute Montmorency avec des élèves du primaire, à des tournées d’échantillonnage des cours d’eau du territoire et
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à l’entretien de parcs municipaux à Beauport. J’ai également échantillonné l’eau de puits privés à des fins d’analyse de la qualité de l’eau potable et participé à une formation sur les
pratiques agricoles saines pour les cours d’eau. Alors, voilà ce que j’ai fait de mon été. Et vous?
Voyage au fond de la solitude
par Mathilde Routhier, étudiante de première année en aménagement et environnement forestier
« Happiness only real when shared » Christopher McCandless La thématique de la parution du mois, comme vous le savez bien entendu pour avoir lu tous les autres articles du journal, s’exprime sous l’expression des « expériences d’été ». Mais qu’ai-je fait de mon été, bonne future forestière que je suis? Je suis allée dans « l’bois », sur le bord d’un lac, avec des jeunes. Et ces jeunes que je dirigeais et dont je m’occupais avaient un rêve en commun, ou presque : les grandes expéditions. Vous m’avez perdue? Je récapitule. Bonjour, je m’appelle Mathilde, j’écris une chronique littéraire, je suis en aménagement forestier (première année) et cet été, j’étais maître d’hôtel . C’est plus clair? On continue. Ces jeunes, en bons intrépides, rêvent de faire les grandes expéditions (rivière Bazin-Gatineau et Moisie). Ils ont soif de grands espaces et d’aventures. Leur film fétiche? Into the wild (Voyage au bout de la solitude). Ma chronique littéraire portera donc sur le livre du même titre écrit par Jon Krakauer. Pour les avides de liberté Il écrit dans une lettre à un ami : « J’aimerais te redonner un conseil encore une fois : je pense que tu devrais changer radicalement ton style de vie et te mettre à faire courageusement des choses que tu n’aurais jamais pensé faire, ou que tu as trop hésité à essayer. » (p.88) Si le film raconte l’histoire d’un jeune homme, Alexander Supertramp, qui est parti vivre l’aventure de l’autonomie complète en Alaska
dans le but fuir sa famille qui l’étouffait, de perdre ses repères, de quitter la société pour partir à la recherche de la vérité, le livre, quant à lui, porte principalement sur le jeune garçon en question. L’auteur étudie ses traits de caractères, les caractéristiques de son entourage, la source de ses motivations et finalement, la raison d’une fin si tragique. Bon. Oui, il meurt à la fin du film. Mais ce n’est pas vraiment dévoiler un punch parce que le livre commence ainsi : « En avril 1992, un jeune homme issu d’une famille aisée de la côte est se rendit en auto-stop en Alaska et entreprit une randonnée dans une région inhabitée au nord du mont McKinley. Quatre mois plus tard, un groupe de chasseurs d’élans trouva son corps décomposé. » (p.11) Pour les pessimistes « Je pensais que l’ascension du Devils Thumb éliminerait tout ce qui n’allait pas dans ma vie. Bien entendu, cela ne changea rien. Mais j’en vins à considérer que les montagnes ne sont pas faites pour accueillir les rêves. » (p. 219) Il s’agit d’une histoire vraie, une histoire un jour parue dans les journaux. Jon Krakauer était alors chargé d’écrire l’article en question. Ce journaliste au passé aventureux fut particulièrement touché par cette histoire, comme bien des lecteurs de la revue dans laquelle l’article fut publié. En fait, Krakauer fut rapidement obsédé par le destin de ce jeune homme et tout le mystère qui l’entourait. Il se mit à enquêter massivement pour retracer en détail le périple de Christopher Johnson McCandless (plus tard renommé Alexander Supertramp) et tenter de 8
Pour les adeptes de trash « Mais il faut dire que je ne m’étonne pas facilement. Plusieurs de mes amis se sont noyés, ou ont été assassinés, ou sont morts dans des circonstances bizarres. En Alaska, on s’habitue à ce qu’il arrive des choses étranges. » (p. 121) Pour les engagés Un passage de Tolstoï souligné par Alexander Supertramp : « Il avait raison de dire que vivre pour les autres est le seul bonheur assuré dans la vie… » (p. 237) comprendre qui il était et pourquoi tout s’était terminé de cette façon. Entre le documentaire et
l’étude psychologique, cet ouvrage est un assemblage de lettres trouvées, de témoignages, d’interprétations et de comparaisons avec d’autres aventuriers. Devriez-vous lire ce livre? J’ai décidé de ne pas monter de plaidoyer en faveur ou en défaveur de cet ouvrage. J’ai plutôt relevé quelques passages qui m’ont accrochée et que j’ai glissés au travers du texte. Voyons s’ils vous accrocheront assez pour décider de plonger, non pas pour lire avant de voir, mais bien pour tenter de comprendre ce que vous aurez vu si vous décidez de visionner le film. Salutations, Mathilde
Qu’est-ce que tu manges en hiver? par Jessica Leclerc, étudiante de troisième année en géographie
Ton jardin commence à hiberner et tu te demandes comment préserver ton autonomie alimentaire pendant les mois d’hiver qui s’amènent à grands pas de raquettes. Cette première chronique, d’une série de deux, ou trois, ou quatre – bref – saura te nourrir d’idées et d’outils pour garder ta bedaine pleine de localités et tes neurones souriants de bonheur ! Première chose à savoir : certains légumes peuvent être plantés très tardivement dans ton petit jardin. La plupart des crucifères résistent au gel. Ainsi, les radis, le kale (chou frisé), le mizuna et les épinards (de la famille des chénopodiacées) sont des exemples de ce que tu peux planter jusqu’à la fin du mois de septembre ! Trop tard, me dis-tu ? Tu le sauras donc pour l’année prochaine ! Et le temps venu, lorsque tu planteras tes légumes d’automne, ne te gêne pas sur la quantité de graines à laisser tomber ! Ces dernières auront pour double utilité de te nourrir (bien sûr), mais également de stabiliser ton sol en vue du dégel printanier et de futures récoltes. Et ne t’avise pas d’arracher tes plantes à la fin de la saison des cultures ! Celles-ci pourront se décomposer en grande partie d’ici la prochaine
saison et les racines laissées en place veilleront à aérer le sol, à le soutenir et à le nourrir pendant sa période de veille hivernale. Bon, peut-être est-il trop tard pour planter vos épinards, mais il n’est certainement pas trop tard pour récolter vos graines à semer l’année prochaine ! Comment faire ? Observe tes plantes (que tu n’as pas arrachées, n’est-ce pas ?) et identifie celles qui montent en fleurs. Dans le cas des laitues, il faudra frotter la fleur jusqu’à ce qu’elle libère une quinzaine de graines. Les fèves (qui peuvent être mangées à n’importe quel stade de croissance) devront être laissées le plus longtemps possible sur la plante, de sorte qu’elles soient d’allure sèche et repoussante pour ensuite récolter les graines. Dans le cas des fruits qui portent leurs graines à l’intérieur d’eux-mêmes, il faudra attendre qu’ils soient les plus mûrs possible (mais pas repoussants comme dans le cas des fèves) avant de récolter leurs graines. Dans tous les cas, les graines devront être sèches (sinon séchées) avant de les conserver dans un endroit sombre et bien aéré. Pour ce faire, je suggère le sac de papier dans le fond d’une armoire. À noter que
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certaines plantes sont bisannuelles et ne te donneront des graines que chaque deuxième année (par exemple : le persil et le kale). C’est bien intéressant tout cela, mais on ne sait toujours pas quoi manger cet hiver ! Bon. Tu te souviens de ces jolies graines que tu viens tout juste de récolter ? Tu en garderas certes pour assurer la pérennité de ton jardin, mais pour le reste, tu peux les faire germer ! Le processus germinatif, en plus de t’offrir de magnifiques salades biologiques, décuple la valeur nutritive des graines, améliore leur goût et augmente leur assimilation. Toute graine non transformée germe et permet d’obtenir des résultats absolument délicieux en l’espace de 2 à 8 jours, selon
la nature des graines choisies. Il suffit de faire tremper tes graines pendant quelques heures (8 heures en moyenne), de les égoutter (idéalement sur un plan incliné) et de les rincer deux fois par jour. Pour des quantités de germes raisonnables, la technique du pot mason coiffé d’un morceau de moustiquaire fonctionne à merveille. Et voilà ! L’information quant aux temps de trempage et aux durées de germination pour chaque variété de graine est facilement disponible sur Internet. De même, l’AccoMModation BIO a créé un dépliant qui regroupe toutes ces données dans un joli tableau que tu peux coller à ton frigo ! Aller, bonne pousse !
Le prochain présentoir de l’Arbritibi! Nous vous dévoilons en grande primeur le concept que nous avons retenu pour le prochain présentoir de l’Arbritibi! Voici la description du présentoir par son concepteur : «On m'a demandé d'écrire un texte expliquant l'idée derrière la réalisation du nouveau présentoir de l'Arbritibi. C'est bien simple; on en avait besoin! Ce présentoir regroupera les différents journaux que nous recevons à la cafétéria du pavillon Abitibi-Price. L'Arbritibi y aura bien sûr une place de choix. Construit à partir de vieilles étagères entreposés au PEPS, il donnera une deuxième vie à de vieux morceaux de bois, retaillés pour avoir des formes rappelant des feuilles d'arbre. En espérant qu'il vous plaise!» Merci beaucoup à Jean-François Bourdon pour le temps passé à la réalisation de ce présentoir!
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