L’ARBRITIBI
Le journal des étudiants en foresterie, en géographie et en environnement
Édition 10 - Décembre 2013
La Semaine des sciences forestières
Page 2
DOSSIER : MÉSAVENTURES DE VOYAGE Pages 4 à 12
Louis Bélanger: un être surnaturel? Page 12
Chères étudiantes, Chers étudiants, Alors que les flocons tombent tout doucement dehors et que la pluie transforme quelquefois ce beau paysage en monde « slusheu », la session tire à sa fin à un rythme effréné. Prenez une pause en lisant les histoires et les anecdotes de cette édition du journal étudiant plutôt rocambolesque!
Le mot du comité
Le thème de cette édition est les mésaventures de voyages. Nous vous ferons voyager en Afrique, en Europe, en Amérique du Sud avec des histoires des plus mystérieuses et des plus inusitées. Nos histoires de rat musqué, d’île enchantée, de conférencier incompétent ne vous laisseront pas indifférent. Ensuite, ne passez pas à côté de nos deux articles complètement sautés qui vous feront assurément rire: un article tentant d’élucider le mystère entourant notre Louis Bélanger adoré qui est partout à la fois et un cri du cœur d’un membre de la faculté sans pilosité faciale. De plus, la semaine des sciences forestières vous fait part des activités qui s’en viennent. La chronique littéraire vous propose une critique du cynisme actuel de la littérature. Enfin, la chronique jardinière vous montre comment verdir votre ville. Tu veux t’impliquer? Il n’est pas trop tard! Le comité du journal étudiant est toujours à la recherche de journalistes, chroniqueurs et plusieurs autres postes. Vous avez envie de participer à la vie étudiante et de partager vos idées, n’hésitez pas à nous envoyer un message! La prochaine session, le journal aura besoin de TOI! Tu veux écrire dans le journal? Envoie ton article à cette adresse : larbritibi@ffgg.ulaval.ca. Il sera certainement publié! Si ce n’est pas dans la prochaine édition, nous constituons une banque d’articles pour les futures éditions. Bonne lecture! Le comité de l’Arbritibi Marianne Blanchette Jean-François Bourdon Aurélie Charpentier Milène Courchesne Anthony Fournier Noélie Hébert-Tardif Jessica Leclerc Félix Primeau Bureau Mathilde Routhier Vicky Thériault La photo de la page couverture a été prise par Jessica Leclerc lors d’un séjour en Islande en 2011.
1 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants de foresterie, de géographie et d’environnement Décembre 2013
La Semaine des sciences forestières par Catherine Ruest-Bélanger, présidente SSF 2014, étudiante de troisième année en aménagement et environnement forestiers
Non non, je n’écris pas aujourd’hui pour vous parler du Séminaire St-François, du Shakespeare Schools Festival, du Spiritual Science Fellowship, ou de Spéléo Secours Français. Je suis là pour vous parler de beaucoup mieux! La SEMAINE DES SCIENCES FORESTIÈRES! Notre SSF à nous, elle a, depuis 47 ans déjà (et pour une 45e édition cette année! Wouhou! Célébrons!), les mêmes objectifs, soit de vulgariser les différents aspects de la forêt auprès du grand public ainsi que de dynamiser le milieu forestier et multiplier les occasions de se rencontrer, échanger et innover. Concrètement, comment est-ce qu’on s’y prend pour réaliser ces objectifs? Eh bien, tous les moyens sont bons! Et en 45 éditions, laissez-moi vous dire qu’il y en a eu des moyens! Comme un salon (J’y reviens!), des conférences, un génie « en arbre »… Et, dans un même ordre d’idées, un concours de «mangeage de beans»? Cette année, on a décidé de vous gâter en sortant du cadre de la « Semaine » et de lancer la première édition de la Soirée Contes et Légendes, assurée par le célèbre Pierre Leloup, naturaliste de la Forêt Montmorency. Comme certains d’entre vous le savent déjà, l’événement a eu lieu le 7 novembre dernier et nous sommes bien heureux de pouvoir vous dire que l’événement, avec ses quelque 80 spectateurs, fut un succès et que les idées ne manquent pas pour créer une prochaine édition encore plus explosive! Même si nos ambitions pour la Soirée contes et légendes sont grandes, nous avons mis sur la glace nos négociations avec Fred Pellerin et les feux Loto-Québec, parce qu’il est maintenant temps de se concentrer sur le vif du sujet. Oui oui, le temps (et clairement la santé mentale, tel que vous pourrez le constater en passant par le local de la SSF) de vos SSFiens
préférés est maintenant sacrifié à une semaine attendue avec impatience… LA Semaine des sciences forestières!! Ce qu’on vous réserve? • Pour ouvrir la Semaine : Un Salon de la forêt incroyable (mais vrai) du 17 au 19 janvier, à ExpoCité, sous le thème « La forêt, source de changement » • Pour terminer la « Semaine » le mercredi 29 janvier (parce qu’on a essayé de compter jusqu’à 7 et on s’est trompé!) un Colloque Kruger inusité, intitulé « Changements climatiques et foresterie, s’évoluer et s’adapter? » (un petit indice, ça parle de changements climatiques et de foresterie) • Une deuxième édition du déjà très célèbre Génie en arbre • Des jeux forestiers extérieurs, en exclusivité! • Et beaucoup plus! Eh oui, il y aura de quoi célébrer en revenant du congé des fêtes! Et pour terminer, comme je sais que vous mourrez tous d’envie de vous joindre à la fabuleuse équipe de la SSF, voici comment vous pouvez nous aider!! • En envoyant un chèque! Pour 500$, on donne votre nom à une allée du Salon! • Non? Continuez à lire, on a quand même besoin de votre aide! • Pour animer l’un de nos dynamiques kiosques au Salon de la forêt! Il y en a pour tous les goûts : accueillir les visiteurs, animer un kiosque d’initiation aux instruments forestiers, aider l’un de nos exposants avec sa machinerie forestière, maquiller des joues potelées (c’est plus difficile que ça en a l’air, croyez-moi sur parole!), s’occuper du cheval (oui, du cheval!)… vous pouvez même faire un kiosque tout nouveau, si vous vous sentez inspirés! 2
•Pour aider au montage et au démontage du Salon. Plein de plaisir en perspective. • Par votre présence! Et celles de vos proches et moins proches, le Salon c’est pour TOUT le monde! • Inscrivez-vous à TOUTES les activités, parce qu’elles sont géniales et faites pour vous! Et invitez vos amis! Plus on est de fous, plus on rit! • Pour révolutionner le monde! C’est ça qu’on fait à la SSF!
Donc voilà, vous êtes tous prévenus; en revenant des fêtes, ça va bouger à la Faculté! D’ici là tous les membres de la SSF vous souhaitent une excellente fin de session, en espérant euxmêmes y survivre! Et un joyeux Noël, et une très bonne année. Et surtout, une JOYEUSE SEMAINE DES SCIENCES FORESTIÈRES! À très bientôt, très chers futurs SSFiens!
3 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants de foresterie, de géographie et d’environnement Décembre 2013
DOSSIER MÉSAVENTURES DE VOYAGE
Réflexions d’un soir en campagne guatémaltèque page 4 ...et j’ai mangé du rat musqué page 5 L’aventure appartient à ceux qui la veulent page 5 La fois où j’ai compris que les conférenciers ne sont pas tous intelligents page 7 Récit de voyage au Pays Basque page 8 Anticosti, l’île enchantée page 11
Réflexions d’un soir en campagne guatémaltèque
par Clara Canac-Marquis, étudiante de première année en aménagement et environement forestiers J’entre dans la pièce commune. Le feu brûle doucement, les tamales sont bien dorés et les ventres crient. Comme à l’habitude, Incarnacion est assise tout près du poêle à bois. Ce soir, deux grosses échalotes sortent des grandes oreilles de la vieille femme. Pourquoi? Je pose la question. La discussion est difficile : mon espagnol à la prononciation mâchée se percute à la compréhension élémentaire de la grand-mère… sa langue à elle, c’est le ki-che. Par chance, Zenaida est là. La jeune femme comprend le dialecte mais le parle minimalement. Ce soir, elle fait office de traductrice. Conclusion : les échalotes, c’est pour calmer le mal de tête. Ah bon! Ici s’attablent quatre générations d’indigènes mayas du Guatemala : les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants de Incarnacion, cette sage-femme de 87 ans toujours en service. Quelques huit décennies séparent le petit Juan de sa grand-mère. À table, j’entends, je vois et je goûte au délaissement graduel des indigènes mayas envers leurs traditions ancestrales qui semblent les gêner. Les dialectes meurent tranquillement ; ils sont laissés aux ainés et aux plus pauvres. La nouvelle génération se limite à l’apprentissage de l’espagnol. De plus en plus, on se vêtit de la ropa americana, bien moins dispendieuse que les traditionnels costumes aux milles couleurs, brodés et tissés par les frères (qui troquent alors le métier à
tisser pour l’usine). Le garde-manger aussi est en transformation : on y retrouve maintenant du beurre d’arachide, du « kraft dinner » et des cannages. Ce soir, en campagne guatémaltèque, je vois les deux temps d’une société en pleine transformation, et je me dis : prenons le temps de voyager toute suite, ça presse.
4
... et j’ai mangé du rat musqué
par Jessica Leclerc, étudiante de troisième année en géographie
2009, Ghana. C’est dans le cadre d’un merveilleux programme canadien du nom de Jeunesse Canada Monde que je me suis lancée dans cette aventure de 6 mois, parmi lesquels trois se déroulaient en sol africain, plus précisément dans le village de Bekwai. Quelque part dans les premières semaines de mon périple, alors que je reviens de ma journée de travail bénévole à l’école du village, je ressens une note d’excitation inhabituelle chez les membres de ma famille d’accueil : ils ont une surprise pour moi! J’insiste de façon soutenue pendant plusieurs minutes pour qu’ils me révèlent la surprise. Finalement, la plus jeune des sœurs me dévoile fièrement ce qu’elle a déniché dans la forêt au retour de l’école : un rat musqué, ou l’équivalent, mesurant près d’un mètre de long avec la queue. Le pauvre avait dû subir un accident puisque son flanc droit était bien amoché! Je glousse bêtement, un peu à la manière d’une grande sœur qui reçoit comme cadeau un oiseau mort, ou d’une maman qui reçoit un bouquet de pissenlits rempli de fourmis. Ma famille, tout sourire, allume quant à elle les charbons qui nous servent d’outil de cuisson…
1. Mettez le rat sur une grille, et faites-le chauffer en le retournant de temps à autre, jusqu’à ce que la bête explose. Soyez très heureux d’avoir accompli cette étape; 2. Retirez les intestins. Videz leur contenu dans une casserole; 3. Faites cuire la viande de rat avec amour; 4. Pour ce qui du contenu intestinal, ajoutez-y des épices, un peu d’eau et quelques légumes racines; 5. Servez un morceau de rat dans un bol rempli de soupe intestinale, et prenez soin d’offrir la queue de l’animal à votre invité adoré. …Et j’ai mangé du rat musqué.
J’aimerais à présent vous partager la fabuleuse recette du rat musqué ghanéen :
L’aventure appartient à ceux qui la veulent par Mathilde Routhier, étudiante de première année en aménagement et environnement forestiers
L’aventure que je vais vous conter aujourd’hui s’est passée il y a de nombreuses années déjà; au temps où l’imaginaire et l’aventure se confondaient naturellement au quotidien. C’est une fois, moi-
même, Mathilde, 11 ans, et mon frère, Zacharie, neuf ans, en Gaspésie dans un chalet de la taille d’une boîte d’allumettes. Vous comprendrez que pour les jeunes explorateurs que nous étions, la boîte d’allumettes n’était pas un terrain de jeu assez vaste. C’est ainsi qu’un beau jour, nous
5 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants de foresterie, de géographie et d’environnement Décembre 2013
partîmes à la conquête de la baie qui s’offrait littéralement à nous, allant même jusqu’à retirer ses eaux salines sur des kilomètres. Comprends-tu que quand la nature te sert un espace si vaste sur un plateau d’argent, tu ne dis certainement pas non! Donc, malgré l’impulsivité de la décision, on prend tout de même le temps de préparer notre expédition. On met nos pantalons de toile, Zac prend son « sac-à-dos-toutou-ourson » et y range le matériel essentiel : des cartes Pokémon (on n’est jamais trop prudent). On regarde le soleil, il doit approcher 15 heures, il faut partir vite si on veut pouvoir être de retour pour le souper. La porte s’ouvre lentement, une chanson de guerriers Maori rythme nos pas qui nous guident indéniablement vers la source de tous nos espoirs, quelque « bouetteuse » qu’elle soit. La baie nous accueille en son sein et nous y entrons avec respect. Nous sommes déterminés et remplis d’une énergie nouvelle soufflée par un vent teinté d’une odeur marine plus ou moins agréable. Nous cherchons donc à atteindre le centre de la baie le plus rapidement possible (question de respirer l’air salin tout court et non l’air salin doublé de l’odeur des algues mijotant au soleil). Chaussés de nos pichous « aqua-vasa-dynamiques » et antidérapants, nous parcourons les dunes de sable humide avec entrain et agilité. Avec le soleil qui descend, évidemment, l’eau monte et les flaques d’eau nécessitent de plus en plus d’analyse. Étant la plus vieille, je prends les reines de l’aventure et guide mon petit frère au travers des méandres. Nos pieds se mouillent rapidement; nous roulons la base de nos pantalons. L’eau est de plus en plus profonde, les zones terrestres de moins en moins fréquentes, nous roulons encore nos pantalons. Nous avançons toujours, nous contournons les zones profondes, nous escaladons les butons, sans jamais regarder derrière nous. Arrive malgré tout le moment fatidique où, ses pantalons roulés jusqu’à la mi-cuisse, mon frère, malgré toutes ses tentatives d’élongation de ses membres inférieurs, ne peut traverser une étendue aqueuse sans plonger. Cocus. Le soleil s’apprête à enfiler son pyjama rouge et la nature a de plus en plus de difficulté à retenir ses flots agités. Continuer implique de nager et nos vestes de flottaison sont restées dans la boîte d’allumettes. Impasse. Grave, Zac attrape son «
sac-à-dos-toutou-ourson », « dézippe » son ventre et en sort le précieux paquet de cartes Pokémon. « Non Zac, cette fois-ci, les Pokémon ne seront d’aucune utilité.» Nous sommes seuls au milieu de cette baie. Je répète, au MILIEU de cette baie. Revenir sur nos pas équivaudrait donc à la traverser en entier; notre orgueil est sauf, nous rentrons. Le temps ne faisant ni bien ni mal les choses, mais simplement différemment les choses, le trajet du retour est loin de n’être aussi simple que de « marcher à reculons pour avancer dans le bon sens ». Le sable est devenu vase et Zac l’apprend à ses dépend : « Ah ARK! Dégueulasse! ». L’eau avait laissé place à une vase suintante et visqueuse à souhait sur et surtout dans son petit pichou. Moment charnière. Tout se joue dans ce trou de boue. La réussite ou la défaite de cette aventure, la confiance ou la crainte face aux défis, l’amour ou la haine de l’aventure, rien de moins. On sent le découragement qui monte avec l’inspiration profonde; il faut intervenir! La solution ultime : éclater de rire. Le rire détend l’atmosphère et permet de relativi6
ser même les situations les plus sérieuses et lourdes de conséquences. « Ah là Mathildeeee, c’est pas drôôôôle! », et puis le sourire lui travaille les lèvres, ça le pogne sans qu’il puisse se défendre et il éclate lui aussi finalement de rire. OUF! L’aventure peut continuer. Cette mésaventure nous inspire même une parodie d’une chanson de François Pérusse. « T’es au bat boy » prend des airs de rap ridicule mais oh combien motivant. Le « yeah en hen » est remplacé par un « yeah dégueulasse » et chaque parcelle de bout de truc un tant soit peu « dégueulasse » a ensuite droit à son exclamation tant auditive que gestuelle « ÇA! DÉGUEULASSE! » et c’est reparti de plus belle, c’est sur ce rap interminable que nous rentrons au chalet
sains, saufs, fiers et confiants que la vie nous appartient. À ceux qui recherchent l’aventure, sachez qu’on peut la trouver dans chaque moment de sa vie, peu importe la situation réelle, peu importe l’endroit. Il s’agit de le vouloir pour que l’épique devienne notre quotidien. Postscriptum : Veuillez excuser l’inexactitude de la photo, mes parents n’avaient pas considéré l’importance de ce moment et ne l’avaient pas immortalisé. Cette photo représente le mieux possible la situation, mais sachez que lors de cette épopée, nous avions bel et bien des pantalons longs et un « sac-à-dos-toutou-ourson ».
La fois où j’ai compris que les conférenciers ne sont pas tous intelligents par Aurélie Charpentier, étudiante de troisième année en environnements naturels et aménagés
À force de lire mes chroniques, vous avez certainement fini par le comprendre : je ne fais que parler d’eau. Je peux même vous parler d’eau en lien avec le thème des mésaventures! C’est vous dire à quel point le sujet est omniprésent dans ma vie! En tant que participante au Parlement mondial de la jeunesse pour l’eau, je suis souvent amenée à voyager un peu partout. Évidemment, je pourrais vous raconter la fois où les douaniers ont mangé mon chocolat Côte d’Or (cadeau qui me venait directement de la Belgique) dans ma valise qui avait été laissée dernière moi lors d’une escale. J’aurais aussi énormément de plaisir à vous raconter la fois où une Marseillaise, hors d’elle à cause de ma légendaire impolitesse, m’a traitée de putain de salope de merde à pleine tête sur la place publique! Mais, ce n’est pas de cela que j’ai envie de vous parler dans cette chronique. Je pourrai vous raconter ces merveilleuses anecdotes en attendant que nos lunchs se réchauffent dans le micro-ondes ou bien autour d’une bonne bière au Pub à la fin de la session, ne vous en faites pas! Pour l’instant, ma mésaventure est bien plus sérieuse et elle mérite qu’on s’y attarde.
Dernièrement, j’ai participé au Sommet de l’eau de Budapest, à Budapest (Hongrie), bien évidemment. Plusieurs centaines de personnes étaient réunies au sommet afin de discuter des objectifs post-2015 de l’ONU concernant la ressource eau. Le sommet était divisé en plusieurs forums : Sciences Société civile Entreprises et dirigeants Jeunesse Vous l’aurez compris, j’étais participante au forum jeunesse. Tout au long de la semaine, nous avons discuté de la vision des jeunes, de nos moyens d’action, des enjeux qui nous touchaient particulièrement. Nous avons aussi produit un message commun de la jeunesse qui a été présenté lors de la cérémonie de clôture. Le travail réalisé dans la petite salle est réellement impressionnant et laisse présager un futur rassurant. Mais laissez-moi vous dire une chose (sans pétage de bretelles !) UNE CHANCE QU’ON ÉTAIT LÀ! En entrant sur le site du sommet, les
7 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants de foresterie, de géographie et d’environnement Décembre 2013
participants avaient accès à tous les forums. J’ai donc décidé d’assister à une conférence ayant pour thème «Is there a sustainable future?» au forum des sciences. J’espérais vraiment obtenir une réponse à la question, moi qui étudie dans le domaine! Laissez-moi vous dire que j’ai été profondément déçue… et complètement assommée par certaines réponses! D’abord, vous voulez sûrement savoir si la réponse est oui ou non, n’est-ce pas? Eh bien, je n’en ai aucune espèce d’idée, les spécialistes n’ont, à aucun moment, répondu à la question. Parlons-en de ces spécialistes! À un certain moment, l’animatrice de la discussion leur a demandé de proposer UNE solution aux problèmes d’eau et d’assainissement dans le monde. Un homme – dont j’ignore le métier mais qui, j’en suis sûre, ne travaille pas en santé – a proposé quelque chose comme suit : « Il faudrait éliminer la malpropreté au moment où les déchets humains sortent du corps. Pour ce faire, on devrait inventer un produit qui aseptise l’intérieur du corps afin d’éliminer tous les vers, les bactéries et autres qui affectent la qualité de l’eau. » Dans la salle et sur la scène, tout ce beau paquet de scientifiques hochait la tête, comme si ce qui venait de sortir de la bouche de cet homme était parfaitement normal. J’avais l’air d'être la seule à considérer que l’idée n’avait
aucun sens. C’est tout simplement impossible d’éliminer toutes les bactéries qui sont dans le corps humain, car la plupart ont un rôle primordial à jouer dans son fonctionnement! Et les vers, comment trouver quelque chose qui les éliminerait tous, si on considère qu’ils peuvent se retrouver n’importe où dans le corps? Ce scientifique, qui venait de prendre la parole lors d’une conférence dans un sommet international n’avait absolument aucune idée du fonctionnement global du corps humain! Et personne ne réagissait! PERSONNE! Je suis sortie de la salle complètement sonnée, en me disant que ce n’est pas parce qu’on fait une conférence dans un sommet international qu’on sait nécessairement de quoi on parle. Je suis retournée au forum des jeunes et j’ai compris notre force réelle : nous parlons de choses que nous connaissons, nous assumons que nous ne connaissons pas tout et nous nous efforçons de les découvrir, justement, au lieu de nous improviser experts. J’étais fière des jeunes et j’avais enfin retrouvé ma place : je suis bien mieux avec les gens de la génération « jeans » qui bâtissent un monde meilleur ensemble qu’avec les pingouins en cravate qui s’écoutent parler. Ne reste plus qu’à espérer que nous resterons authentiques et que nous ferons les choses autrement lorsque viendra notre tour d’être à l’avant de la scène!
Récit de voyage au Pays Basque
Le sentier de Compostelle - La voie du Pémont par Noélie Hébert-Tardif, étudiante de troisième année en environnements naturels et aménagés
C’est le grand congé de Pâques cette semaine dans la région du Midi-Pyrénées et on envisage de faire un petit tour au Pays basque (côté français) pour randonner et voir les montagnes et la mer. Voici l’itinéraire : Pau, Oloron-Ste-Marie, St-Jean-Pied-de-Port et Bayonne/Biarritz. Le hic c’est qu’entre Oloron et St-Jean, le transport en bus, en covoiturage ou en train fait un peu défaut…
On arrive tôt à Oloron, une petite ville reconnue pour le chocolat Lindt et la route de St-Jacquesde-Compostelle (cathédrale Ste-Marie, patrimoine mondial de l’UNESCO). Un tour à l’office de tourisme nous convainc de faire à pied la partie du sentier de Compostelle entre Oloron et St-Jean-Pied-de-Port (voie du piémont pyrénéen). Pourquoi pas? Ce chemin est compliqué en transport et les autres opportunités de rando dans le coin sont plutôt inaccessibles à cette 8
période de l’année. Quelle est la différence entre plusieurs petites randos par jour ou bien tout simplement faire ses déplacements à pied?! On regarde les cartes, on se motive et let’s go on est capable! Le trajet est divisé en quatre étapes d’une vingtaine de kilomètres chacune. Avec un sens de l’orientation hors du commun, on se rend au point de départ en 45 minutes (tous les détours sont empruntés). Au bout de la dernière rue d’Oloron, des champs nous accueillent; c’est le point de départ de notre « pèlerinage »! On marche le long d’une route agricole sur 4 km. Premier village : Moumour. Coup de cœur immédiat. Petit village dont une partie surplombe un ensemble d’habitations en fond de vallée, de quoi émouvoir les deux Québécois que nous sommes. On y mange notre dîner, un saucisson et un fromage basque, et on reprend la marche. Quand même, il reste 18 km à faire et il est déjà 14h! Le chemin prend ensuite une route agricole vallonneuse. On prend plaisir à marcher et à découvrir ce pays. On arrive à Orin deux heures plus tard, assez fatigués, j’ai les pieds en compote et des grosses ampoules qui pointent (malgré mes plasteurs préventifs). Il est maintenant 15h et la question du « où on dort » commence à revenir souvent dans la conversation.
que le soleil ne se couche. On traverse un dernier village et ensuite, c’est la forêt sur 7 km. Sur notre chemin, de grosses installations de chasse attisent notre curiosité et des panneaux nous indiquent qu’on se trouve dans une palombière (aucune idée de ce que c’est, on n’espère que ce n’est pas risqué pour nous… on apprendra plus tard que les palombes sont des genres de pigeons, ouf !). La marche est pénible et l’objectif semble de plus en plus difficile à atteindre. Les pancartes de distance n’aident pas, on n’avance pas très vite. Vers 19h15, on entrevoit une route et ça y est, la journée est finie! (joie immense dans nos cœurs) L’Hôpital-Saint-Blaise nous accueille très bien. Antoine, l’homme à tout faire de la place, vient nous chercher dans le stationnement de l’église et nous amène dans le gîte. C’est très bien, un dortoir d’une dizaine de lits pour nous tout seuls avec des douches (eau chaude incluse!) C’est tout ce dont on avait besoin pour trouver un peu de réconfort. Par contre, le village de 78 habitants (on devra donc repartir à pied demain) ne nous offre rien d’ouvert pour se ravitailler en aliments pour la marche, mais un souper copieux au restaurant de l’hôtel. Ce n’est pas
On attend quand même le prochain village pour appeler dans un gîte. La marche continue entre un champ de maïs fauché et une rivière à l’eau bleu-turquoise, chose rare à nos yeux, surtout en zone agricole. Les pieds de plus en plus lourds, nous arrivons à Aren, un petit village dont la beauté des bâtiments nous coupe le souffle. On aurait bien voulu terminer notre journée là, à 16h, après 12 km de marche. On cherche donc un possible toit pour passer la nuit, mais le seul gîte que l’on croise est fermé (on est une à deux semaines d’avance sur la saison des pèlerinages). Il faut se rendre à l’évidence : on doit marcher jusqu’à l’Hôpital-Saint-Blaise, qu’on pense être une ville assez grosse pour avoir un hôpital, donc un endroit où dormir ET une gare pour partir le lendemain (je me suis vite rendu compte que la marche, ce n’était pas fait pour moi : après une dizaine de kilomètres, mes pieds sont F-I-N-I-S). Un coup de fil nous permet de réserver une place dans un gîte, ils nous attendent vers 18h30. Grosse campagne de motivation, il faut faire 10 km en 2h30 et arriver avant 9 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants de foresterie, de géographie et d’environnement Décembre 2013
très grave, il nous reste encore quelques réserves pour le lendemain. On se lave et on dort une bonne nuit. Au réveil, on se prépare mentalement à affronter la journée et un ciel bleu nous encourage à nous remettre en marche. C’est le départ. Encore une journée de défis : 17 km avec 750 m de dénivelé et aucun village à traverser avant Mauléon, l’arrêt pour la nuit. Une montée en lacets dans la forêt nous ouvre la voie sur une campagne montagneuse qui nous éblouit. On a une vue nouvelle sur les Pyrénées qui tombe comme une récompense bien méritée pour deux marcheurs inexpérimentés se disant qu’ils ont fait une grosse erreur en s’attaquant au sentier de Compostelle sans préparation. De pré en pré, les kilomètres s’entassent tranquillement derrière nous, mais le soleil prend rapidement de la hauteur dans le ciel. Notre vitesse de marche pourrait difficilement être accélérée, car je n’ai pas de paires de jambes de rechange. Après une longue descente suivie d’une longue montée en forêt, on revient sur un chemin longeant des pâturages au sommet où les vallées s’enfilent les unes après les autres à l’horizon pour rejoindre les Pyrénées. Notre marche nous conduit à la péripétie la plus éprouvante du périple. Après avoir fermé une petite clôture de fer, on découvre un troupeau
d’une quinzaine de chevaux en semi-liberté, où juments et poulains paissent tranquillement dans NOTRE sentier. Ayant eu une expérience peu agréable avec des chevaux en liberté, on traverse la clôture de barbelés pour longer le sentier dans le champ d’à côté. Le problème c’est que le sentier n’est pas bien défini et on voit au loin, dépassé les chevaux, une balise du sentier. Il faut donc retraverser la clôture de barbelés avec tous nos sacs et passer littéralement à travers la bande de chevaux. L’émotion est vive, les barbelés sont serrés, pas le temps de rebrousser chemin… L’environnement est assez hostile : toutes les plantes qui nous entourent ont des épines (ronces et houx). On pourrait dire que devant nous se dresse un mur d’épines et derrière nous, des chevaux. L’un d’entre eux décide de se rapprocher et l’adrénaline nous pousse à traverser les buissons piquants afin d’éviter une charge. Grafignés et choqués, mais hors de danger, on regagne le chemin en s’éloignant rapidement. Le reste de la marche est difficile, il fait chaud et le cœur n’y est plus, mais il faut encore parcourir 9 km. On atteint une route et par nécessité, on lève le pouce. C’est à ce moment que notre marche s’est terminée. Après une trentaine de voitures et 2 km de marche, un gars s’arrête et nous amène à Mauléon. Il nous restait seulement 7 km à faire, mais dans notre condition, ce fut une bénédiction. MAULÉON!!! Petite ville entourée de montagnes dans laquelle l’âme du Pays basque est bien présente. Il faut vite trouver une place où passer la nuit. Arrivés à la porte du seul hôtel de la ville, un panneau nous indique que c’est fermé le dimanche. Les gîtes sont complets. Le stress embarque. QU’EST-CE QU’ON FAIT?!! On croise, par chance, un tabac d’ouvert (il faut savoir qu’en France tout, ou presque, est fermé le jour du Seigneur). C’est l’occasion de s’informer. Il nous conseille d’attendre jusqu’à 18h que sa voisine revienne du match de rugby, elle a des chambres d’hôtes et pourrait peutêtre nous accueillir. Parfait, on va prendre une bière pour tenter de se détendre, bien qu’on sache pertinemment que ce ne sera pas possible. En recontactant le Monsieur du tabac, il nous confirme que sa voisine peut nous recevoir, la chambre d’hôte fut notre meilleur héber10
gement du voyage et la nuit fut réparatrice. Le lendemain, on a fait ni une ni deux et on a levé le pouce. Tout s’est déroulé rapidement et à midi on mangeait de l’agneau sauce aux
pruneaux sur le bord d’une rivière à St-JeanPied-de-Port, ville où notre périple de pèlerin s’est achevé, verre de vin à la main. Noélie adapté d’un texte de Félix
Anticosti, l’île enchantée
par Milène Courchesne, étudiante de troisième année en environnements naturels et aménagés
J’ai eu du mal à trouver une mésaventure à vous raconter puisque, pour ceux qui me connaissent, vous savez qu’il m’arrive toujours pleins de mésaventures. J’ai donc décidé de vous raconter mon expérience de cet été sur l’île d’Anticosti et du mystère entourant celle-ci. Cet été, j’ai eu la chance de participer à un projet de recherche sur l’île d’Anticosti. Cette île au milieu du SaintLaurent n’est pas seulement une île avec des milliers de cerfs, mais aussi une immense île paradisiaque où habitent environ 300 habitants, principalement localisés à Port-Menier. Je vous raconte mon aventure sur l’île, mais aussi ma mésaventure…
Pendant un mois, j’ai habité dans une roulotte de la Chaire d’Anticosti dans le village de Port-Menier. Le nom de Port-Menier réfère à Henri Menier, un chocolatier français qui a fait de l’île son territoire de chasse personnel en y introduisant le cerf de Virginie. Aujourd’hui, environ 160 000 cerfs vivent sur l’île d’Anticosti. Il n’y a pas que les cerfs qui y vivent, mais également des gens bien sympathiques. Les gens sont chaleureux et accueillants. Là-bas, tout le monde se
connaît, si bien que lorsqu’on croise quelqu’un, on le salue. On ne barre jamais les véhicules. On fait confiance aux gens et on laisse les clés dans le véhicule pour que les autres puissent le déplacer. Personne ne peut voler de voiture, c’est une île! Lorsqu’on se promène dans ce village, on voit plus de cerfs que de voitures. Les cerfs du village sont apprivoisés. Ils aiment beaucoup les biscuits et adorent les macaronis cuits!! Un règlement interdit les chiens sur l’île; il s’agit d’un vieux règlement qui est encore respecté afin de garder la quiétude de l’île et les cerfs dans le village. Cet été, une amie de l’île m’a avertie du mystère qui planait sur les voyageurs de l’île : l’île est enchantée. Une fois qu’on y est allé, un sort nous pousse à y retourner. Pendant ce mois, j’ai travaillé pour une étudiante au doctorat sur la susceptibilité du sapin baumier au broutement du cerf de Virginie. En gros, je devais compter des ramilles broutées et mesurer des distances entre les arbres dans une parcelle. J’ai aussi participé à un autre projet dans l’est de l’île à l’opposé de Port-Menier où nous habitions. C’est rendu sur l’île qu’on se rend compte de son immensité. Traverser l’île d’ouest en est nous prenait environ 3 heures et demie. Pendant le trajet, nous pouvions voir en général une cinquantaine de cerfs. J’ai aussi eu la chance de faire un peu de tourisme sur l’île : j’ai visité la fameuse chute Vauréal, j’ai admiré le canyon d’observation, je me suis baignée dans les chutes Kalimazoo et j’ai même visité la grotte de la Patate. D’ailleurs, je vous conseille le tourisme à Anticosti si jamais vous en avez la chance, les paysages y sont vraiment saisissants.
11 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants de foresterie, de géographie et d’environnement Décembre 2013
Tout compte fait, mon voyage sur l’île s’est passé sans aucun souci. En fait, ma mésaventure ne s'est pas passée sur l’île, mais bien à notre retour à Mont-Joli. Alors que nous descendions de l’avion, après un mois de terrain qui s’était passé à merveille, nous nous sommes rendus compte que nous n’avions pas les clés du camion. L’habitude de ne pas barrer les véhicules et de laisser les clés à l’intérieur de celui-ci
nous a rattrapés. Nous les avions laissées dans notre roulotte, à Port-Menier… Nous avons donc fait le trajet de retour vers Québec en autobus! Le plus drôle dans mon histoire, c’est que le mystère entourant l’île d’Anticosti est bel et bien réel. L’île m’a jetée un sort et je vais devoir y retourner l’été prochain pour ma maîtrise…
Louis Bélanger : un être surnaturel?
par Félix Primeau-Bureau, étudiant de troisième année en environnements naturels et aménagés
Ceux qui le connaissent comprendront la tenure de cet article. Qui est vraiment Louis? En le côtoyant durant ta vie universitaire, tu te rends compte que Louis est quelqu’un de spécial. Comment arrive-t-il parler sans arrêt pendant des heures de l’aménagement durable des forêts sans se répéter et en ayant l’air d’être un puits sans fond d’informations sur le sujet? Comment se fait-il que dans son discours, des étudiants et des chercheurs soient cités à qui mieux mieux en exemple et que Louis semble tous les connaître personnellement ou du moins, avoir une anecdote croustillante à raconter sur eux? Pourquoi en allant lire les documents bibliographiques des illustres personnes mentionnées par Louis (pour notre équipe ce sont les Rheault, les Boucher, les Leblanc, les Tremblay, les Bouchard et les Desponts) pour approfondir un sujet (ici les vieilles forêts) tombe-t-on inévitablement sur Bélanger, Bélanger, Bélanger et encore Bélanger? Avec ses multiples chapeaux, il passe de professeur/ chercheur/ personne-ressource/ directeur de programme et expert à porte-parole militant pour Nature-Québec à membre d’une table GIR et à père de famille (fonction qui m’apparaît bien nébuleuse…). Un jour, Louis est au Saguenay. L’autre, à Charlevoix. Le lendemain, il est à Québec et le soir même à Boischatel. J’ai même entendu dire qu’un élève l’avait vu une fois à son bureau en même temps qu’il
devait siéger à une table GIR. Mystère… L’hypothèse du Louis « Hulk » Bélanger Au fil du temps, j’ai identifié quelques pistes pouvant expliquer ces phénomènes étranges et obscurs entourant la personne qui a défini le mot « Aménagement écosystémique » au sens de la loi québécoise. Avez-vous remarqué que Louis ne tient pas vraiment en place? Assis dans la première rangée pendant son cours d’aménagement durable des forêts, je finis par avoir mal dans le cou, car Louis se déplace incessamment entre le milieu de la classe et l’avant en gesticulant et en parlant énergiquement. Pas possible d’être passivement à l’écoute, il faut être sur le qui-vive, car Louis investigue sans arrêt le fond de l’esprit de ses étudiants en les pointant du doigt à tour de rôle et en leur demandant ce qu’ils pensent sur des sujets dont lui seul connaît vraiment les secrets. Quand un sujet l’anime (95% des cas) on voit une lueur un peu folle dans le fond de son regard. C’est là où je voulais en venir. Imaginez que toute l’énergie dont Louis fait preuve ne provienne pas seulement du café qu’il boit, mais d’une force intérieure, un genre de feu qui le possède et qu’il doit contenir sans quoi la bête referait surface. Je n’ai jamais expérimenté la chose, mais j’imagine que contrarier Louis peut mener à une situation assez dérangeante. Je le vois laisser sortir un cri venant de ses tripes devant quiconque argumentant que la forêt n’est 12
qu’un tas de bois debout. Ce cri serait : « NON!!! C’EST UN ESPACE MULTIRESSOURCES!!! ». Et à ce moment, ses vêtements se déchireraient et Louis deviendrait une grosse masse de muscles verts. Ça expliquerait sa facilité à se déplacer sur de grandes distances entre Québec et Saguenay en traversant la réserve faunique des Laurentides en faisant des bonds de plusieurs centaines de mètres.
Louis de bonne humeur VS
Louis contrarié
Louis et ses clones Ma deuxième hypothèse et non la moindre est que Louis n’est pas « UN ». Il serait pluriel. À la suite d’une écoute attentive du film La Guerre des étoiles Épisode 2 : L’attaque des clones, et d’une visite au musée national d’histoire naturelle d’Édimbourg où se trouve le clone naturalisé (empaillé) de la brebis Dolly, je suis convaincu qu’un scientifique comme Louis
Bélanger a été capable de s’approprier la technique du clonage pour pallier au problème de l’indivisibilité de l’être physique et du temps fini. Bien sûr, il a trouvé une formule pour que ses clones atteignent le même stade de développement que lui en un laps de temps très court. Selon cette théorie, on aurait devant nous non pas un Louis, mais plusieurs Louis. Chacun se serait spécialisé dans une fonction qu’occupe le charmant professeur. Nous connaissons Louis A l’universitaire, mais n’avons jamais vu le Louis B le porte-parole, le Louis C le représentant aux tables GIR et le Louis D le père de famille. Cette vie « clonale » doit être organisée pour que les clones ne racontent pas des choses contradictoires et surtout qu’on ne les voit pas au même endroit au même moment. Ça ajoute un peu de « challenge » à la vie que mènent les Louis, mais on le sait, c’est ce qu’ils aiment!
Clone A
Clone B
Clone C
Clone D
Prenez-en et laissez-en, cet article n’a cité aucune source scientifique....
Imberbe, ou être la honte du Movember par Anthony Fournier, étudiant de deuxième année en environnements naturels et aménagés
J’étais supposé vous raconter un délicieux récit de voyage sur les 5000 kilomètres que j’ai parcourus en une semaine avec deux amis pas trop propres dans une Honda Fit, voiture conçue par et pour les Japonais (c'est-à-dire qu’il est impossible d’y être confortable lorsque mesurant plus de 5 pieds 4). Mais bon, le moment est critique, le «timing» lui, parfait… Commençons. Tout d’abord, je me nomme Anthony Fournier, j’ai 22 ans et, bien malgré moi, je n’ai pas de barbe… En fait, j’en ai une
barbe, mais elle-même se demande qu’est-ce qui se passe avec elle durant le mois de novembre. Elle ne comprend juste pas pourquoi je la laisse pousser plus qu’à l’habitude, c’est-à-dire plus d’un millimètre (équivalant approximativement à un rasage hebdomadaire). Elle se dit juste : «Pourquoi j’existe? Je ne pourrais pas juste être absente, comme les onze autres mois de l’année, où personne ne remarque ma paresse et le fait que je ne me force pas du tout pour que mon maître ait l’air de Réal Massé». Même que, par surcroît, elle a
13 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants de foresterie, de géographie et d’environnement Décembre 2013
trouvé des mécanismes de défense pour me faire suer davantage. Par exemple : 1. Des spots d’absence ponctuelle tout au long de ma face, juste pour s’assurer que j’aie l’air vraiment stupide et/ou âgé de 14 ans et demi si je voulais l’arborer. 2. Des poils roux, très localisés et très concentrés, juste assez pour qu’ils soient les seuls visibles lorsque vus à une distance raisonnable de mon visage (à plus d’un mètre de moi, ma barbe est totalement invisible, il faut le préciser), 3. La mollesse… (pinch mou, stache de pauvre, moustachette, appelez ça comme vous voulez) La même mollesse que dans la moustache de Charles Breton… En 6e année… 4. Des poils roux, très localisés et très concentrés. Oui, je l’ai écrit deux fois, mais ça fait tellement pitié qu’il faut le souligner plus d’une fois. Ne pas avoir de barbe dans la vie, ça te rend victime d’attaque perpétuelle à propos de ta virilité. Jusque-là ça va, j’ai l’habitude de m’en sortir grâce à des proverbes empruntés à mon grand-popa tel que : « Du pouèle (parce qu’un grand-père, ça n’a pas de poil, ça a du pouèle), ça ne pousse pas sur le fer!». Merci grand-popa,
tu m’auras sorti du trouble pendant un bon petit bout, mais pour un étudiant de la Faculté de Foresterie, c’est trop peu… Je ne sais pas où s'est écrit (j’imagine que c’est un message subliminal dans la chanson «C’est les forestiers qui mènent le monde, c’est les forestiers qui jouissent»), mais bref, s'il y a bien un domaine où tu n’as pas le droit de ne pas avoir de barbe, c’est bien la foresterie… Et s’il y a bien une catégorie de personne qui va te rappeler ton infériorité pileuse, c’est bien les forestiers! En plus, ils ont le doyen de leur bord, avec sa barbe qui fait passer le Père Noël pour un amateur. Certains disent que M. Beauregard portait la barbe à sa naissance (Fournier et al., 2013). D’autres ajoutent même qu’il n’a même pas pleuré, mais aucune source scientifique ne peut appuyer cette affirmation… Mais encore là, je pourrais réussir à m’en sortir parce que je suis en Environnement… Mais non, il faut que tout le monde pense que je suis en Foresterie! Je ne peux pas être en Foresterie, JE N’AI PAS DE BARBE!!!! Le plus triste, ce n’est même pas le sourire condescendant des moustachus en puissance tel Samuel Gagnon qui te regarde en se disant : «Lui, il n’est pas capable. Même s'il le voulait, il ne pourrait pas ressembler à Mario Bros comme moi.» Il y a aussi les marginaux qui eux te disent: « Toi non plus tu ne fais pas le Movember?!» OUI, JE LE FAIS LE CALVAIRE DE MOVEMBER! C’est ma moustache qui ne veut pas le faire bon! Mais le plus triste demeure tout de même la rencontre avec d'autres, imberbes, qui acceptent tout aussi tristement le fait d’être une sous-classe pendant un mois. Mais entre nous, on se soutient! Parce tout le monde sait qu’un pas barbu SAIT reconnaître un autre pas barbu lorsqu’il en voit un.
Anthony Fournier VS Samuel Gagnon
Tout ce blabla pour vous dire à vous, mes autres amis blonds (le P-value est effectivement fortement sous la barre du 0.05 au niveau de la 14
corrélation entre les blonds et le fait d’être imberbe), que nous ne devons pas perdre espoir. Ce n’est pas parce que la génétique nous prive d’avoir l’air «cool» en novembre qu’il faut s’apitoyer sur notre sort. Ce n’est pas parce que nous essuyons de perpétuelles attaques facultaires à propos de notre «none-stache» que l’on devrait se cacher. Il reste encore de l’espoir! Et cet espoir, il nous provient tout droit du corps professoral. Cet espoir s’appelle Sylvain Jutras. En effet, la moustache titanesque de Sylvain
Jutras vient racheter le sort de tous les autres blondinets qui n’en ont point. Il n’y a clairement personne qui accote l’allure de «tough» que peut avoir notre valeureux professeur d’hydrologie en novembre. Des rumeurs prétendent même qu’il serait le descendant direct de Thor! Merci M. Jutras, grâce à vous, notre avenir est sauf! P.S. Louis Bélanger non plus n’a pas de moustache, mais lui, c’est correct. Louis Bélanger n’a pas le temps pour avoir de la barbe…
Comment faire la guerre : deuxième chronique jardinière par Jessica Leclerc, étudiante de troisième année en géographie
Tu es insurgé et torrentiel? Tu possèdes une envie bouillante de verdir ton environnement? Dans tous les cas, cette chronique te permettra d’assouvir tes pulsions en toute légalité. Résultats garantis. Aussi connu sous le nom de guérilla jardinière, le bombardement de semences consiste à catapulter, là où ça te chante, de petites boules à retardement qui se transformeront en jolies créatures végétales le printemps venu. Comment les fabriquer? 1) Mélange de l’argile (blanche, verte, rose, peu importe) avec un peu de compost selon un ratio 2 : 1; 2) Ajoutes-y des graines : tournesol, crucifère, échinacée, fève, etc. (les semences faciles à germer). Tu peux y mettre une dizaine de graines pour une boule d’un pouce de diamètre, en t’assurant de la cohésion de ton arme; 3) Forme une espèce de pâte en incorporant de l’eau. Pas trop! Pour savoir si la texture est bonne, fais ce test : lance ta boule sur une table ou toute autre surface dure. Si la boule s’écrase, elle contient trop d’eau. Il faut alors ajouter de l’argile.
Une fois que tu as obtenu la bonne texture, tu peux y joindre un petit papier sur lequel sont inscrites les espèces végétales que tu as utilisées. Pour la formule cadeau, je te suggère de joliment coincer ton papier dans la pâte de ta bombe de semences. Laisse le tout sécher jusqu’au printemps, puis fais la guerre! Les bombes peuvent être lancées sur n’importe quel terrain en friche, sinon dans une craque de trottoir, près des bâtiments, etc. La pluie printanière s’occupera du reste! ☺
15 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants de foresterie, de géographie et d’environnement Décembre 2013
«Faut souffrir pour être beau» qu’on dit? par Mathilde Routhier, étudiante de première année en aménagement et environnement forestiers
« Et tout cela est le fruit de ces élans non calculés du cœur et de l’esprit d’un petit peuple qui n’a pas perdu le goût de vivre, parce qu’il a eu la force de garder quelques-unes de ses ILLUSIONS! » (P. Legendre dans F. Pellerin (2003) : 121)
Bonjour à vous, chers lecteurs de l’Arbitibi. C’est un défi de taille que je vous offre cette semaine. En fait, je triche. Ce texte, je l’ai écrit il y a déjà plus d’un an. Il s’agit d’un essai sur le roman Je m’ennuie de Michèle Viroly du célèbre Victor-Lévis Beaulieu. Je vous vois venir : « Un essai!? Pleins de mots!? Même pas écrit pour nous!? Pfff… ». Bon, bon, bon, prenez un grand souffle, ça fouette, mais ça ne tue pas. C’est un cri du cœur à ma couleur qui s’attaque au roman d’un grand auteur. Chers forestiers, géographes et environnementalistes osez le paragraphe qui suit, en espérant que vous mordiez assez pour lire ce texte dans son entièreté. Victor-Lévy Beaulieu, dans le roman Je m’ennuie de Michèle Viroly, se plaît à nous montrer la banalité écœurante d’un fou de Trois-Pistoles poussée à l’extrême. Son roman présente une journée dans la vie de cet homme, ou de cette bête, pour qui la vérité n’a plus de sens et dont la réalité se confond avec ce qu’il en perçoit. D’une horreur particulièrement agressante, cette œuvre, comme bien d’autres œuvres littéraires québécoises contemporaines, peint un portrait sombre et décourageant de la société québécoise actuelle. Pensons simplement à L’hiver de force de Réjean Ducharme ou à Vautour de Mistral. Pourquoi présenter un visage si sombre de notre « belle province »? En ce qui concerne Je m’ennuie de Michèle Viroly, M. Sébastien Chabot, jeune écrivain prometteur, s’est permis d’imaginer les intentions de l’auteur : « […] peut-être ben que vous allez comprendre que le monde est laid, que nous sommes laids et qu’il est temps que vous vous en rendiez compte en souffrant un peu dans un livre qui ne vous fera pas de cadeau. […] [J]e vous demande de souffrir par mon écriture pour que l’envie vous
prenne d’aller rendre le monde meilleur » (S. Chabot (2012) : 4). Guérir par le mal serait donc une des possibles intentions de l’auteur. Ce qui m’intéresse, cependant, n’est pas tant ce que l’auteur désirait en publiant ce livre, mais bien l’impact qu’il pourrait avoir sur le public. Personnellement, je ne crois pas que la meilleure façon de changer le cours des choses est de provoquer en montrant l’horrible. Je refuse l’hypothèse stipulant que ce roman présente une réalité provoquante permettant ainsi un monde réel meilleur. À mon avis, bien d’autres réactions sont possibles et même plus probables qu’une guérison de nos maux de société. À certaines époques, à la nôtre il me semble, la littérature, les arts en général, ont tendance à valoriser les productions douloureuses, déprimantes, dégoulinantes. L’art, cette notion humaine, valorise les élans bestiaux, les émotions brutes et sales. Il y a bien sûr des exceptions, toutefois, François Pérusse n’a pas totalement tort lorsqu’il caricature l’ambiance d’un restaurant chic et de bon goût où résonne un poème : « Cette déchirure de mon âme / Et je pleure à chaudes larmes sur le plancher / J'ai comme un couteau dans mon coeur / Mon corps qui pourrit sur ma chaise / Dehors c'est noir partout / Et ici ça pue la bête morte / Les oiseaux ne chantent plus / J'entends des cris d'horreur » ( F. Pérusse (1994), [Cédérum]). Connaissezvous une œuvre contemporaine qualifiée de littéraire au sens pointu du terme qui raconte la beauté du monde et porte un baume sur le cœur de celui ou celle qui la lit? Oh oui, il doit en exister. Oscar et la dame rose, selon moi, en est une. Et du côté du Québec? Pourquoi n’ai-je pas une horde d’exemples? Parce que, d’une part, les récits heureux, les récits qui font sourire, les récits qui font rêver sont habituellement rabaissés au rang de la paralittérature, du conte de fée; et parce que, d’autre part, certains artistes québécois peuvent souffrir d’un certain complexe d’infériorité vis-à-vis des artistes d’Europe, ce qui les pousse à suivre ce qui est valorisé par les grands de France plutôt que d’oser innover totalement. Ce sont pourtant ces histoires, qui, 16
selon moi sont les plus motivantes et qui donnent le goût de rêver un peu d’abord et de changer ensuite. Certains croient qu’une fois qu’on a fait mal, qu’on a blessé quelqu’un, (le lecteur, en ce qui concerne Je m’ennuie de Michèle Viroly) on peut ensuite lui passer un message qu’il retiendra; qu’en atteignant son for intérieur par la violence, qu’on pourra y laisser une certaine morale ou, du moins, une critique. Permettez-moi de douter de cette affirmation. Une personne qui a mal est-elle réellement en position de comprendre quelque chose? L’homme qui souffre a plutôt tendance à vouloir d’abord réduire ce mal être. Son esprit sera occupé à adoucir sa réalité plutôt qu’à s’ouvrir au message. C’est d’ailleurs ce que fait le personnage principal du roman lorsque les habitants du village le confrontent. Ils le blessent et tentent de lui faire entendre raison. Plutôt que de s’ouvrir à ce message, il s’enfuit de plus belle dans son délire pour adoucir sa souffrance (V.L. Beaulieu (2004) :206). En ce qui concerne la lecture d’un livre comme celui de monsieur Beaulieu, la douleur peut être diminuée en refermant le livre. Le message n’aura ainsi pas même effleuré la conscience de cette personne qui pourrait ensuite déconseiller l’ouvrage à tous ses proches et ainsi empêcher la « divulgation » du message.
Montrer l’horreur forcerait à changer? Mon père m’a souvent dit : « quand tu seras assez écœurée de telle ou telle chose, tu trouveras le moyen pour que ça n’arrive plus ». C’est vrai, tant qu’une réalité ne nous touche pas réellement, elle nous est habituellement assez indifférente. Et une réalité qui nous déplaît à un certain point peut nous pousser à bouger, dans la mesure où l’on voit une possibilité d’amélioration. Cette nuance est très importante. Sans espoir, il n’y a pas de mouvement. L’espoir est un mélange de naïveté (le sens de naïf n’est ici en aucun cas péjoratif, ne pas confondre avec bête) et d’accessibilité. En montrant l’horrible, on peut tuer la naïveté, et donc, l’espoir. Je m’explique. J’ai, l’été dernier, passé deux mois au Guatemala, petit pays d’Amérique centrale aux couleurs sublimes où la corruption rend la possibilité pour le peuple de s’en sortir quasi impossible. Oh oui, il y a du beau au Guatemala, il y a des rêveurs, des fonceurs, de l’entraide… mais ils ne sont que quelques individus sur des milliers de cultivateurs analphabètes dans un
Évidemment, certains liront ce livre dans son entièreté, par obligation, par orgueil ou par intérêt. L’intérêt peut être intellectuel ou littéraire, peut se poser sur la forme ou sur le récit. Ceux qui se plaisent à lire ces types de livres, versions soignées des livres et films d’horreur, doivent trouver en ces lectures une satisfaction quelconque, celle de combler un besoin de violence refoulé peut-être. Je dis souvent que je préfère que Patrick Sénéchal écrive ses romans plutôt que de les vivre. Toutefois, partager ces idées sordides n’est-il pas une façon de les banaliser et même de les valoriser? On entend tous les jours des histoires d’horreur, si bien qu’on s’habitue peu à peu à cette violence. Est-ce sain? Sans rendre les actes de violence tabous, ne serait-il pas préférable de contrôler leur divulgation? En les décrivant bien en détail dans tant de médias, on les rend accessibles, selon moi. Qu’un écrivain renommé, en fasse la promotion, d’une certaine façon, me choque. 17 L’ARBRITIBI Le journal des étudiants de foresterie, de géographie et d’environnement Décembre 2013
pays contrôlé par les Maras, groupe criminel organisé responsable du commerce de drogue. Comment ces individus réussissent-ils à espérer? Je suis revenue de ce voyage plus cynique que motivée. Je suis partie naïve, convaincue que même le plus petit geste valait la peine d’être posé, car il pourrait changer la vie d’au moins une personne; que si tout le monde faisait ce geste, qu’un jour ces hommes et ces femmes ne perdraient plus leurs enfants de l’hépatite B, que ces mendiants ne seraient plus voués à la rue, que ces ivrognes retrouveraient le goût à la vie. Je suis revenue fragile et découragée. Le Guatemala est loin d’être le pays le plus déstabilisant et le plus détruit, et pourtant, il m’a enlevé une partie de ma capacité à rêver un monde meilleur. Quand je lis des livres comme celui de Victor-Lévy Beaulieu, ça me rebute. Je n’ai envie que de le brûler. Pourquoi montrer tant de malheur sans la moindre pointe de lumière? Le monde n’est-il pas déjà assez cynique? Peut-être que certains qui liront ce livre auront envie de ne pas se rendre où le personnage s’est rendu. Cependant, est-ce réellement la bonne solution aux maux du Québec? C’est très bien de critiquer, de dénoncer, mais après, il faut agir. Les Québécois sont des experts du « chiâlage ». Mais une fois cette étape réalisée, les frustrations évacuées, il faut trouver des solutions, et ce n’est pas en lisant des livres comme ce dernier que ça arrivera. Ce dû être un exutoire extrêmement jouissif pour monsieur Beaulieu que d’écrire et de publier ce roman. Toutefois, si nous avons une once d’esprit critique envers notre vie, nous sommes déjà conscients en bonne partie de ce qu’il dénonce. Il est donc temps, je crois, de jouer au deuxième niveau. Arrêtons de nous regarder le nombril en trouvant que nous faisons dont pitié, nous, pauvre petit peuple de conquis que nous sommes. Remontons nous les manches, et trouvons un projet qui nous unis, qui nous allume, qui nous sort de cette pâte visqueuse du cynisme pessimiste. Valorisons les projets, le
rêve, les idées, dans la vie, comme dans la littérature. Si le sourire est une maladie contagieuse, le positivisme et le rêve doivent l’être aussi. En racontant le malheur, on le valorise. En racontant le défis, on le priorise et on donne le goût de faire de même. Et par «positif», «défis», «rêve», je ne parle pas de châteaux de princesses et de papillons roses où tout est toujours beau et superficiel. Je parle de volonté de changement, je parle de persévérance, je parle d’entraide, je parle de vision positive de la vie qui a ses hauts et ses bas. Fred Pellerin est un jeune conteur Québécois qui décide de mordre dans la vie le sourire aux lèvres et de partager cette passion d’être, plutôt que de se cacher derrière le cynisme ou l’indifférence. Il a compris qu’il y a une centaine d’années, les Québécois se racontaient l’extraordinaire pour survivre à l’ordinaire (M. Rioux (1974) : 63), que maintenant on se raconte le pathétique pour contempler notre image de façon plus positive, et qu’on devait revenir un peu vers la tradition pour retrouver l’espoir du changement et pour ensuite l’accomplir. Dans son roman Les Coloriés, Alexandre Jardin, un auteur français, a écrit que « [l]a plupart des grandes personnes ignorent que l’incroyable est une option » (A. Jardin (2004) :126) et qu’ « [a]près tout, la vie valait la peine d’être vécue si l’on avait la maturité de la colorier » (A. Jardin (2004) : 126). Ne trouvezvous pas qu’il a un peu raison? Tant d’adultes voient la vie en gris… Bibliographie CHABOT, S. (2012), Notes de cours, Rimouski. JARDIN, A. (2004), Les Coloriés, Paris, Gallimard. PÉRUSSE, F. (1994), L’album du peuple – Tome 3 [Cédérum], Montréal, Zéro musique. RIOUX, M. (1974), Les Québécois, Bourges, Le temps qui court.
18
Calendrier des événements facultaires
Pub X Madagascar Party de fin de session
Début de la session d’hiver
Salon de la forêt
Festival de Sciences et Génie (du 27 au 31 janvier 2014) Colloque Kruger
Salon de la forêt
Salon de la forêt