LES RESTOS DU CŒUR LANCENT LEUR E 37 CAMPAGNE D’HIVER
DOSSIER : LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE
BRÉSIL VERS UN RETOUR VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL DE LULA ?
Décembre 2021 - Janvier 2022 - N° 877 - 5 e
L’exemple de leur engagement : une actualité encore aujourd'hui
Faisons renaitre l'espoir Manifestation du 14 juillet 1935 avec les dirigeants syndicaux, Henri Barbusse, Paul Vaillant-Couturier, dirigeants de l’ARAC.
Ensemble, défendons les valeurs de la République
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Paul VAILLANT-COUTURIER
Le calvaire des jeunes « immigrés » Il y a deux sortes d’étrangers. Les bons et les mauvais. C’est du moins la bourgeoisie qui l’affirme. Il ne se passe pas de jour en effet que, dans ses journaux, elle ne se lamente sur la crise du tourisme et l’absence des voyageurs étrangers en France d’une part, et ne se plaigne que les ouvriers étrangers retirent le pain de la bouche des ouvriers français, d’autre part. Autrement dit, il n’y a pas, en France, assez d’étrangers riches et trop d’étrangers pauvres. Cela donne tout de suite une idée de la relativité de la fameuse formule : « La France aux Français », chère aux fascistes ! Soyez un étranger riche, la France vous appartiendra, que vous soyez escroc, roi déchu, espion, Russe blanc ou chef fasciste préparant des attentats. Elle vous offrira les trésors inemployés dont elle regorge, ses vins, ses poulets, ses fruits, ses tableaux, ses maisons, ses autos et ses filles par-dessus le marché. Soyez un étranger pauvre, c’est-à-dire l’un de ceux ou le fils ou la fille de l’un de ceux qui ont contribué avec leur force vitale à produire toutes les richesses, on vous priera de prendre la porte. Pour quel résultat ? Donne du travail aux Français ? Allons donc ! Pour permettre aux Français pauvres de crever en famille, devant les montagnes de denrées réservées aux étrangers riches et aux Français riches qui n’arrivent pas à consommer. Quel que soit le nombre des étrangers pauvres qu’on expulse, ça ne changera rien du tout à la misère forcément croissante de l’immense majorité des travailleurs français. Des dizaines de milliers d’ouvriers étrangers ont été expulsés l’année dernière et dans le même temps le chômage « officiel » a grandi du double ou du triple. Seulement, n’est-ce pas, quand on ne veut pas montrer la véritable origine de la crise, il faut bien trouver un responsable au malheur des temps. C’est « l’étranger », en France, comme en Allemagne, c’était le juif. Dans l’ancienne Rome, c’était le chrétien qui servait à détourner la colère des masses. (…) Le but de la campagne contre les « étrangers », c’est de diviser les travailleurs pour mieux organiser la baisse des salaires. En effet, les ouvriers immigrés traqués, menacés d’être privés de leur carte de travailleurs ou sans carte, se laissent, pour vivre, embaucher à des salaires de famine et sont obligés de se montrer plus dociles que les autres. Les patrons fascistes, entrepreneurs italiens ou Russes blancs (qu’il n’est pas question, d’expulser ceux-là) sont les premiers à exploiter cette situation aux côtés des plus ardents patriotes français. L’ennemi du travailleur français, ce n’est pas le travailleur immigré, c’est l’employeur de ce travailleur immigré qui spécule sur sa détresse morale et matérielle, sur le fait que souvent son propre pays lui est fermé, ce qu’il le contraint, s’il ne veut pas mourir, à un épouvantable travail forcé que pas un Français n’accepterait. Tout ce qui oppose le jeune travailleur français au jeune travailleur immigré est un coup porté au jeune travailleur français. Tout ce qui les rapproche l’un de l’autre, pour leur défense commune, est autant de gagné pour le jeune travailleur français. En définitive, de quoi s’agit-il pour les deux ! De se disputer le travail ? Il s’agit de consommer ? Non de manger. (…) Quand on vous dit : « Chassons les ouvriers étrangers », répondez comme lorsqu’on vous dit : « Il faut briser les machines et arrêter le progrès technique. » Répliquez simplement : « Diminuez les heures de travail sans diminuer les salaires. Et il y aura du travail pour tout le monde. » Paru dans l’Humanité du 23 février 1935
PENSEZ À NOUS RENVOYER LES TALONS DE LA TOMBOLA DE NOËL DU RÉVEIL AVEC UN CHÈQUE EN UTILISANT L’ENVELOPPE T QUE VOUS AVEZ REÇUE Merci pour votre aide pour maintenir notre mensuel créé, il y a 90 ans par Paul Vaillant-Couturier en janvier 1931.
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ÉDITO LE RÉVEIL
FAISONS RENAÎTRE L’ESPOIR
SOMMAIRE Actualités Les Restos du cœur lancent leur 37e campagne d’hiver, marquée par « l’aggravation de la précarité » �������������������������������������������������������������� 4 Comment financer aujourd’hui la Sécurité Sociale ? Le point de vue de Sylvie Ben Jaber, Présidente de La Mutuelle Familiale ����������������������������� 5 "Quand l'Amérique éternue, l'Europe s'enrhume" ������������������������������ 5-6 Faisons respecter le droit international �������������������������������������������������� 6 Dans le dossier Alstom-General Electric, la France boit le calice jusqu’à la lie ���������������������������������������������������� 6-7
International La Syrie aujourd’hui : entre soubresauts de la guerre et sanctions occidentales illégales et criminelles �������������������������������������������������������� 8 Venezuela : Victoire écrasante de Maduro aux élections régionales ������ 9 Brésil : Vers un retour de Lula ? ��������������������������������������������������������� 9-10 Israël/Palestine : L’œil de Tsahal ������������������������������������������������������� 10-11 Sahara occidental : Un territoire très convoité �������������������������������� 11-12 Coupe du monde de foot : Amnesty International épingle le Qatar ���� 12
Vie de l’ARAC Vie de l’ARAC ���������������������������������������������������������������������������������24 à 32
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La guerre civile espagnole www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier. Mensuel de l’Association républicaine des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix. Commission paritaire n° 0723-A06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 reveil-des-combattants@wanadoo.fr
• Tirage : 60 000 exemplaires • Directeur-gérant : Raphaël Vahé • Directeur : Patrick Staat • Rédactrice en chef adjointe : Brigitte Canévêt • Comité de Rédaction : Hervé Corzani, JeanPierre Delahaye, Laurence Gorain • Régie Publicitaire : HSP - Tél. 01 55 69 31 00 contact@hsp-publicité.fr • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24, rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9
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ous sommes confrontés à l’absence de réponses politiques face aux attentes et aux besoins des Français ainsi qu’aux politiques menées par les gouvernements depuis 40 ans. Pouvoir d’achat, logement, éducation, santé, sécurité, etc. autant de sujets qui restent sans réponse pour la ma-
jorité d’entre nous. Les différents présidents portent la responsabilité de la montée l’extrême droite. Certains ont joué avec et d’autres l’ont utilisé. L’extrême droite profite de la crise de la société, de la misère qui s’installe, de l’inquiétude qui grandit chez de millions de citoyennes et de citoyens devant les politiques menées et leurs conséquences. On ne peut promouvoir une Europe de la « concurrence libre et non faussée », c’est-à-dire établir la concurrence entre les salariés d’Europe (conditions de vie, salaires, emploi) et répondre aux besoins et à l’attente des populations. La recherche du profit est contraire à l’intérêt général. « Liberté, Egalité, Fraternité ». Que sont devenus ces mots si chers à la cohésion et à la construction de notre nation. La colère, qui parfois conduit à l’abstention aux élections, marque le dégoût et le rejet de la politique menée depuis si longtemps. Cela en dit long sur la résignation qui existe dans la France aujourd’hui. Trop peu mesure l’impact des fermetures d’usines, des délocalisations en termes de conditions de vie, de manque de perspectives pour les familles. La résignation peut conduire au pire comme au meilleur. L’Histoire est là pour nous le prouver, la crise des années 20 et 30 a conduit à la montée du fascisme en Italie, en Allemagne, en Espagne, dans les pays d’Europe de l’Est avec son lot de misères, de malheurs, d’atteintes aux libertés, de dictature jusqu’au fascisme. Mais aussi à de grands moments de luttes, de manifestations, conduisant à 1936, au CNR, à 1968. Il faut donner un sens, du contenu politique. Redonner du sens à une République sociale, du sens aux mots : Liberté, Egalite, Fraternité. C’est avoir le courage du débat d’idées et de donner à chacun les éléments pour comprendre, se construire une opinion et agir en connaissance de cause. Avec de l’engagement politique de tous, se construit l’espoir d’accéder à des jours meilleurs. C’est sur cette base, sur ces valeurs que s’est construite la nation française. L’ARAC, depuis 1917, a fait face à ses responsabilités pour la paix, contre le fascisme, pour la résistance, la construction du CNR, pour redonner sens et contenu aux valeurs de la République. Appuyons-nous sur notre histoire, nos combats. Faisons renaître l’espoir. Patrick STAAT LE RÉVEIL -° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Les Restos du cœur lancent leur 37e campagne d’hiver, marquée par « l’aggravation de la précarité » L’an dernier, en pleine pandémie de Covid-19, l’allongement des files d’attente devant les centres de distribution avait marqué les esprits. La pression ne baisse pas : l’association créée par Coluche a aidé 1,2 million de personnes depuis novembre 2020 et distribué 142 millions de repas, contre 136 millions l’année précédente. « Sur le terrain, on constate vraiment une aggravation de la précarité des plus démunis, notamment chez les personnes que nous connaissions déjà », explique à l’Agence France-Presse (AFP) son président, Patrice Douret. Plus que de fabriquer de « nouveaux pauvres », l’épidémie a surtout aggravé la situation de ceux qui étaient déjà fragilisés, selon l’association. Plus de la moitié (53 %) de ses bénéficiaires déclarent avoir subi une perte de revenus liée à la crise sanitaire, tandis que 15 % expliquent qu’elle les a forcés à pousser la porte des Restos. « La reproduction de la précarité nous préoccupe plus que jamais », poursuit M. Douret, particulièrement inquiet des difficultés rencontrées par les jeunes et les mères seules avec enfants ; 40 % des bénéficiaires des
Restos sont des mineurs. « On a vraiment peur que la reprise économique suggérée par les indicateurs exclue ces publics les plus précaires. » (…) Au gré des confinements, l’isolement des plus précaires s’est encore accentué. Pour tenter d’enrayer ce phénomène, les Restos du cœur tentent d’aller chercher tous ceux qui n’osent pas se rendre dans leurs locaux ou n’en ont pas les moyens. L’association a ainsi lancé des centres itinérants en milieu rural : elle espère doubler leur nombre et atteindre soixante services mobiles de ce type dans les prochains mois. Ses distributions alimentaires en pleine rue ont également augmenté de 25 % depuis deux ans. Œufs, lait, viande… Elle tente aussi d’obtenir de nombreux produits en circuit court pour améliorer la qualité des paniers distribués. Pour cela, elle réclame une amélioration de la gestion du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD), qui finance un repas sur quatre aux Restos. « On rencontre des problèmes sur les légumes en conserve, notamment les haricots verts, car il n’y a aucun prestataire qui répond aux appels d’offres organisés
par l’Etat pour fournir ces produits », regrette M. Douret. Face au creusement des inégalités, les Français « font preuve d’une générosité exceptionnelle, dont nous allons encore avoir besoin », souffle le dirigeant associatif. L’année 2020 a été marquée par un record de dons aux associations, selon le baromètre de France générosités. Cet élan de solidarité démontre que « la lutte contre la précarité est une priorité des Français », selon lui. « Pourtant, on ne la voit pas assez dans les programmes des candidats à la présidentielle », déplore-t-il. Source : Le Monde avec AFP 24/11/21 - extraits
Les bénévoles des Restos du cœur distribuent des produits alimentaires aux etudiants en 2021 au stade Velodrome à Marseille
Comment financer aujourd’hui la Sécurité Sociale ?
Le point de vue de Sylvie Ben Jaber, Présidente de La Mutuelle Familiale La crise sanitaire est toujours bien là et, pourtant, on voit déjà poindre la tentation de diminuer les moyens consacrés au système de protection sociale. Ce serait oublier un peu vite que le manque chronique de ressources dans nos hôpitaux et nos Ehpad n’a fait qu’aggraver la pandémie. Parallèlement, le retour au déficit engendré par la crise a fait émerger ces derniers mois un projet de « grande Sécu », poussé par les pouvoirs publics. Augmentation de la CSG, nouvelles taxes, désengagements de la 4-
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Sécu… Tous ces expédients ne sont en effet plus viables depuis bien longtemps déjà. Depuis quatre-vingt-cinq ans, la Mutuelle familiale défend l’idée d’une Sécurité sociale de haut niveau, seule à même de garantir une solidarité nationale au bénéfice de chacun et de tous. Oui, il est urgent de refonder le système de protection sociale. Alors, que faut-il voir derrière l’idée de « grande Sécu », telle qu’elle est poussée par les pouvoirs publics : une volonté sincère de faire fructifier
ACTUALITÉS LE RÉVEIL l’héritage du Conseil national de la résistance, ou un nouveau jeu de dupes dicté par le calendrier électoral ? Malheureusement, malgré la cosmétique, ce projet cache un désengagement de l’État, une vision consumériste et libérale de la protection sociale, une logique comptable qui préside déjà aux évolutions de la Sécurité sociale. Le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie propose par exemple de faire porter par la Sécu l’intégralité de la couverture aujourd’hui assurée par les complémentaires. On confierait à ces dernières un rôle de « supplémentaires » pour la prise en charge des dépassements d’honoraires, de la chambre particulière (dont les tarifs ont explosé sous l’effet de la T2A) et de toutes les offres hors du panier du contrat responsable. L’idée paraît logique… mais elle ne fonctionne pas. D’une part, ces ga-
ranties « antisélectives » seraient intenables du point de vue assurantiel et, d’autre part, l’assuré aurait plutôt intérêt à s’autoassurer qu’à cotiser : cela ne peut conduire qu’à créer de nouveaux restes à charge et à accroître les inégalités d’accès aux soins. Cela démontre aussi que la Sécurité sociale doit assumer le fait qu’elle poursuit une mission d’assurance : se prémunir d’une perte potentielle inacceptable en contrepartie d’une cotisation acceptable. Une expertise assurantielle est donc indispensable. Or, malgré la création de l’Union nationale des organismes complémentaires d’assurance-maladie (Unocam) en 2005, l’expertise des mutuelles n’est ni reconnue, ni intégrée en amont des réformes successives. Les ressources existent : arrêt des exonérations de cotisations, élargissement de l’assiette à l’ensemble des richesses produites, modulation des cotisations
en fonction des politiques sociales et environnementales des entreprises, etc. Mais la question préalable est : quelle démocratie sanitaire et quelle gouvernance voulons-nous ? Si nous n’y répondons pas, ou si nous confions l’avenir du système aux seuls pouvoirs publics, alors le projet de « grande Sécu », produit par un logiciel à bout de souffle, risque de saper définitivement notre modèle et de faire crouler nos enfants sous le poids de la dette, du vieillissement, de la dépendance et des maladies chroniques aggravées par les atteintes à l’environnement… Sans doute est-il urgent, avant toute réforme, et comme nos aînés ont su le faire avant nous, de favoriser enfin une réappropriation, collective et transpartisane, des vrais enjeux de la Sécurité sociale au service d’un projet de société durable et de nouveaux « jours heureux ». Source : L’Humanité – 15/11/21
“Quand l'Amérique éternue, l'Europe s'enrhume” Malgré de vaines et rares tentatives pour faire entendre une musique originale, la France a repris à son compte une vision du monde aussi binaire qu’au temps de la guerre froide. Un doigt accusateur désigne Moscou ou Pékin, voire les deux à la fois. Kamala Harris a passé un séjour merveilleux à Paris. La vice-présidente des États-Unis était venue sceller les retrouvailles entre Paris et Washington après le camouflet infligé à l’Élysée dans l’affaire des contrats des sous-marins vendus à l’Australie. De part et d’autre, on assure que la brouille est oubliée et que les deux partenaires se sont réconciliés. On est contents pour eux. À un détail près : il ne s’agit pas d’une saute d’humeur entre des amoureux ayant vécu un moment de tension passager mais des relations entre deux pays qui sont tout sauf égaux. La preuve en est que l’un a imposé sa loi à l’autre et que ce dernier se contente d’avaler son chapeau. La brouille est peut-être finie, mais
les sous-marins livrés à l’Australie seront made in America et le sourire de Kamala Harris cache mal le rictus d’Emmanuel Macron. Des esprits avertis ont remarqué que la couleur bleue du drapeau tricolore avait changé pour une teinture marine plus prononcée. Le président de la République, dit-on, a voulu revenir à la couleur de référence héritée de la Révolution française. De là à en conclure que la France a retrouvé la voix de Valmy ou l’esprit du gaullisme, il y a un pas qu’il serait aventureux de franchir. Dans la lignée de ses prédécesseurs, l’hôte de l’Élysée s’est glissé dans le lit douillet de l’atlantisme en s’alignant systématiquement sur Washington, au risque de subir humiliations et désillusions.
UNE « BOUSSOLE STRATÉGIQUE » ? Malgré de vaines et rares tentatives pour faire entendre une musique originale, la France a repris à son compte une vision du monde aussi bi-
Jack Dion
naire qu’au temps de la guerre froide. À l’époque, les bons étaient à l’ouest et les méchants à l’est. Il y avait le monde « libre » et l’autre. L’URSS a beau avoir été rayée de la carte, la Russie est restée dans le rôle du diable, se relayant avec la Chine pour jouer le personnage du grand méchant loup. Quoi qu’il se passe sur la planète, un doigt accusateur désigne Moscou ou Pékin, voire les deux à la fois. Que l’accusation soit fondée ou pas, le dossier est instruit à charge, repris sans barguigner par une presse LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS qui a choisi ses ennemis depuis longtemps. Dès lors qu’elle reste enfermée dans cette approche caricaturale, l’Union européenne en général – et la France en particulier – a vocation à pointer aux abonnés diplomatiques absents. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en a fourni un exemple
éclatant en découvrant que l’UE avait besoin d’une « boussole stratégique », confirmant ainsi qu’elle n’en avait pas. Reconnaissons-lui le mérite de la lucidité. Mais tant que les Vingt-Sept s’échineront à lever le drapeau de l’Otan et à rester dans la roue des États-Unis pour le meilleur et (surtout) pour le pire, la boussole
européenne indiquera le sud, ce qui n’est jamais bon signe pour traverser les zones de tempête. Comme l’a constaté un jour Régis Debray, non sans amertume : « L’Occident n’a qu’un numéro de téléphone en cas de crise, la Maison-Blanche. » Source : Marianne – 20/11/21 – Jack Dion
Faisons respecter le droit international Les ministres de la défense, des affaires étrangères de l’union européenne se sont réunis pour élaborer le plan militaire de l’Union. Pour J. Borrell – chef de la diplomatie de l’UE – cette nouvelle stratégie devrait être le tremplin qui permettra à l’UE de devenir un véritable fournisseur de sécurité et être plus audacieuse dans ses réactions face aux crises et menaces dans son proche voisinage. Outre une liste descriptive des menaces régionales, la Russie et la Chine occupent une place prépondérante dans la nouvelle boussole stratégique de l’U.E. M. Borrell a appelé à ce que les plans de l’UE soient en fait : « un moyen de rendre l’OTAN plus forte, via le renforcement de l’UE ». On voit que dans tout ce qui se passe actuellement, tout se résume à des rapports de force entre les puissances et il n’est plus question du droit international. Or, la Charte des Nations Unies interdit le recours à la force ou même à la menace de la force dans les relations internationales. Pour faire appliquer ses règles, elle crée l’ONU, avec un Conseil de Sécurité chargé de faire la police en interposant ses forces entre des pays qui risquent se battre ou en mettant fin à une agression. Et, parce que beaucoup d’agressions ont été commises sous prétexte de se défendre contre une menace, elle interdit même la défense préventive et n’admet la légitime défense que quand on est attaqué et seulement en prévenant le Conseil de Sécurité pour que ce soit lui qui mette fin à l’agression. Et même le Conseil de Sécurité ne peut intervenir que pour ce maintien ou ce rétablissement de la paix La domination des puissances financières et d’un capitalisme mondialisé entraîne la mise en place d’une tactique qui revient à nier la souveraineté des peuples par leurs Etats au niveau national. L’UE parce qu’elle crée un super Etat européen est contraire à la Charte. Il faut dissoudre l’OTAN parce que si la Charte de l’ONU admet les organisations régionales, elle le fait à la condition que ces organisations visent à organiser les rapports pacifiques et de coopération entre les peuples de la région et pas pour être un gendarme dans le monde.
Dans le dossier Alstom-General Electric, la France boit le calice jusqu’à la lie La déconfiture financière de General Electric va entraîner la cession de ses activités énergie en 2024, dont celles reprises à Alstom en 2014. En signant la vente quand il était à Bercy, Emmanuel Macron a donc parié sur le mauvais cheval… en plus d’avoir laissé filer à l'étranger des activités stratégiques pour la France. Tout ça pour ça ! À peine sept ans après avoir racheté de manière ultra les activités énergie d’Alstom, Gene6-
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ral Electric (GE) compte déjà les revendre… Non sans les avoir passées à la lessiveuse des restructurations et des délocalisations. Un nouveau désastre pour l’industrie française. Le 9/11/2021, le PDG de GE Larry Culp a en effet annoncé la scission en 3 entités de l’ancien géant du capitalisme américain, qui se recentre sur l’aviation – notamment la fabrication de moteurs dont il est leader mondial. En parallèle, ses activités de
ACTUALITÉS LE RÉVEIL santé (imagerie médicale) seront logées dans une nouvelle filiale, dont le groupe entend conserver environ 20 % à terme. Enfin, ses différentes filiales opérant dans l'énergie (GE Renewable Energy, GE Power et GE Digital) seront fusionnées dans une société qui a vocation à être cédée en 2024. Ce mouvement capitalistique inquiète au plus haut point les représentants des salariés de GE en France, dont les effectifs sont principalement répartis entre les activités santé (un peu moins de 3 000) et surtout énergie (environ 8 000). « Le temps est compté pour les 11 000 salariés en CDI actifs restants de GE en France », lance Philippe Petitcolin, de la CFE-CGC. « Cette nouvelle annonce va s’accompagner d’une part, de nouvelles restructurations pour soutenir le cours de Bourse jusqu’à la scission effective (le 1er janvier 2023 pour la division santé et le 1er janvier 2024 pour la division énergie) et d’autre part, d’un recentrage du groupe sur les États-Unis ». Selon lui, « le risque de nouvelles suppressions d’emplois pour les entités françaises est très important, tant dans les compétences « corporate » (paie, RH, information…) », que dans celles héritées d’Alstom tels « le nucléaire, les réseaux électriques ou les énergies renouvelables (hydroélectricité, éolien) ». Du côté de Sud Industrie, le délégué syndical Alexis Sesmat ne se fait pas davantage d’illusions : « La mission de Larry Culp est de remonter le cours de l’action de GE. Doit-on dès lors craindre une vente à la découpe ? Malheureusement, on n’est plus surpris de rien avec GE. S’il faut vendre les bijoux de famille, ils pourraient être prêts à le faire… ». (…) Larry Culp a beaucoup vendu et a accéléré les coupes dans ses effectifs : en 7 ans, ils se sont réduits de 300 000 à 160 000 dans le monde. Les centres de décisions ont été déplacés vers des pays à la fiscalité avantageuse, tels la Suisse et Dubaï, ou ont été rapatriés aux États-Unis. Pour le reste, les délocalisations vers la Chine, l’Inde et la Turquie se sont multipliées.
Et la France de finir bredouille de cette grande réorganisation territoriale. « Par exemple, l’activité de supraconducteurs, qui ne compte certes que quelques dizaines de personnes, mais est un élément différenciateur essentiel dans la fusion nucléaire et la fabrication des éoliennes, a été fermée en France, et reconstruite aux ÉtatsUnis », déplore Alexis Sesmat. « Il faut bien comprendre que nos principaux concurrents sont d’autres filiales du groupe ! On se demande chaque jour qui va nous piquer notre boulot en interne », témoigne aussi Philippe Petitcolin. Les dirigeants de GE France, tel Hugh Bailey, soupçonné de conflits d’intérêts car il était le conseiller d’Emmanuel Macron à Bercy quand ce dernier a signé le deal Alstom-GE ; ou Jérôme Pécresse, le mari de la candidate à la primaire de droite, ancien cadre d’Alstom conservé après la reprise par GE, en sont visiblement réduits à enregistrer les décisions prises à Boston. Ainsi, très peu des engagements pris par GE auprès de l'État français lors de la signature de la vente d’Alstom en 2014 ont été respectés. Finis les promesses d’un nouveau projet industriel ou de 1 000 emplois créés, on en est désormais à négocier pour limiter l’hé-
morragie. (…) Les syndicats ont certes obtenu de limiter le PSE de 800 à 500 départs dans les usines de production de turbines à gaz qui se trouvent à Belfort. Mais la saignée reste de très grande ampleur avec notamment les 200 suppressions de postes prévues dans le nucléaire et 750 dans les énergies renouvelables. Deux branches qui appartenaient jadis à Alstom et qui sont pourtant stratégiques. Pour ce qui concerne la branche énergies renouvelables – dans laquelle sont logés l’éolien, l’hydroélectricité et les réseaux électriques – les restructurations opérées par la direction de GE depuis 2018 ont été telles que les perspectives sont très sombres. « On a beaucoup perdu dans cette histoire : Alstom était par exemple à la pointe de la technologie hydraulique, mais vu ce qui est prévu, sa capacité sur ce secteur sera quasiment réduite à néant », peste Philippe Petitcolin. Au total, « sur le périmètre d'Alstom, on a perdu au moins 4 000 emplois industriels depuis 2014 à cause des suppressions d'emplois et des délocalisations », déplore Olivier Marleix. Un deal sur lequel la France a donc été perdante sur toute la ligne. Source : Marianne – 23/11/21 – extraits – Mathias Thépot LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
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LE RÉVEIL SPÉCIAL DÉBAT
La Syrie aujourd’hui : entre soubresauts de la guerre et sanctions occidentales illégales et criminelles
Pour l’essentiel, la Syrie est sortie ces derniers mois des « radars médiatiques ». Il est vrai que sur un plan militaire, la guerre civile et/ou par procuration qui y sévit depuis une décennie est à peu de chose près finie. Le gouvernement syrien en est le vainqueur incontestable, « l’opposition syrienne » armée pro-occidentale (essentiellement islamiste), ne tenant plus qu’une « poche » représentant moins de 10 % du territoire syrien, adossée à la frontière turque autour d’Idlib. Il est certain que cette « poche » d’Idlib ne tiendrait pas sans le soutien intéressé de la Turquie voisine et sans l’implication décisive des djihadistes étrangers, en particulier de ceux du parti islamique du Turkestan (gravitant dans la mouvance al-Qaïda), principale organisation indépendantiste… ouïghoure ! Une minorité essentiellement chinoise et absente de Syrie avant-guerre… Il convient d’évoquer le PYD, principale organisation politique kurde, dont les combattants contrôlent un quart de la Syrie, dans le nord. Si les relations entre les Kurdes et les « rebelles syriens » ont toujours été mauvaises, celles avec le gouvernement légal syrien sont plus ambiguës et sinueuses. Si les forces armées syriennes et le PYD ont fait front commun à plusieurs occasions contre Daesh (à Kobané par exemple, grâce à un pont aérien assuré par les aviations russe et syrienne) mais aussi les « rebelles syriens » (à Alep par exemple), les relations s’étaient fortement détériorées après la chute de Daesh. Il faut bien comprendre qu’au moment de la chute de Daesh, à laquelle le PYD avait contribué « au sol » aux côtés de l’armée syrienne et de ses alliés, la popularité du PYD était à son zénith en Syrie, dépassant le cadre de la communauté kurde. Mais le crédit engrangé a été gâché et dilapidé ensuite 8-
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par des choix politiques, stratégiques ou tactiques hasardeux et des comportements sur le terrain trop souvent peu compatible avec les prétentions « autogestionnaire » et démocratique affichées. La prétention autogestionnaire elle-même, a vite trouvé ses limites, se heurtant au principe de réalité. Un rapprochement avec la « coalition international » essentiellement occidentale a été dénoncé à juste titre par le gouvernement syrien comme un empiétement inacceptable sur la souveraineté du pays (avec, par exemple, l’installation de bases militaires étrangères dans le nord de la Syrie sans l’accord du gouvernement syrien). Il a fini par être plus ou moins récusé suite à un accord entre PYD et gouvernement syrien destiné à endiguer les incursions de l’armée turque en Syrie. Aujourd’hui, la présence de troupes US en Syrie se concentre dans la région de Deir-Ezzor, pour assurer une mainmise sur les ressources pétrolières syriennes, soit ni plus ni moins qu’un acte de brigandage international. Par ailleurs, la gestion kurde des ressources pétrolières se trouvant sous
A l'Est d'Alep un quartier ravagé par la guerre
leur contrôle, tenant du trafic de contrebande sur fond de corruption généralisée, a conduit à une catastrophe écologique et sanitaire du fait du rejet massif de déchets pétroliers nocifs directement dans l’Euphrate. Enfin, Les relations intercommunautaires ont été fortement dégradées par des velléités d’imposer une « kurdisation » forcée de l’enseignement, et ceci sur un territoire où plus de la moitié de la population est non-kurde. Mais pour la grande majorité de la population, en particulier celle vivant dans les zones sous contrôle des autorités légales syriennes, le principal problème est les sanctions économiques occidentales. Avec la loi dite « César », les USA imposent aujourd’hui à la Syrie un des régimes de sanctions économiques les plus draconiens jamais imposés à un pays. L’économie du pays est asphyxiée et sa reconstruction marque le pas. Et sans surprise, c’est la population civile qui en paie le prix humain : paupérisation, pénuries, flambée des prix et généralisation du « marché noir », etc. Contribution de Jihad WACHILL
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Venezuela
Victoire écrasante de Maduro aux élections régionales Le parti du président Nicolas Maduro, dont la réélection à la présidence du Venezuela en 2018 n'est pas reconnue par une partie de la communauté internationale, a remporté une victoire écrasante aux élections régionales, remportant 20 des 23 postes de gouverneur et la mairie de Caracas. Il s’agissait des premières élections avec la participation de l’opposition depuis quatre ans. "Beau triomphe, belle victoire, belle récolte, produit du travail", c’est félicité le président Maduro à la télévision, parlant de "résultats écrasants". L'opposition divisée participait pour la première fois à un scrutin depuis 2017 après avoir boycotté la présidentielle et les législatives. Malgré les discours appelant à l'union, elle n'a pas réussi. Elle remporte néanmoins trois États : l'île de Nueva Esparta, Cojedes et surtout le Zulia, État pétrolier le plus peuplé du pays dont la capitale est Maracaïbo, deuxième ville du Venezuela. "La carte est majoritairement rouge comme il était à prévoir", indique le politologue Luis Vicente Leon, soulignant que la "division lamentable et absurde de l'opposition" lui a coûté une "victoire promise" dans l'état de Lara. Le taux de participation s'est élevé à 41,8 % avec 8,1 millions de votants de ce pays de 30 millions d'habitants touché par une crise économique inédite consécutive en partie à l’embargo im-
posé par Washington et par l'hyper-inflation, selon les résultats annoncés par le Conseil national électoral (CNE). Notons que depuis son élection Biden n’a rien modifié de la politique agressive de Trump vis-à-vis du Vénézuela ! Avant l'annonce des résultats, l'opposant Henrique Capriles, arrivé deux fois deuxième à la présidentielle, a émis des réserves considérant que la fermeture tardive des bureaux de vote était source de possibles fraudes. L'Union européenne a déployé une mission électorale, la première depuis 15 ans. Pour une majorité d’observateurs les opérations de vote se sont déroulées dans la plus parfaite légalité… Plus que le résultat, le scrutin est considéré important parce qu'il constitue un point de départ à la fois pour le pouvoir qui cherche à faire lever les sanctions qui pèsent sur le pays et pour une opposition à reconstruire avant la présidentielle de 2024. "L’objectif de Caracas dont une partie des fonds à l'extérieur
sont gelés est d’obtenir la levée au moins partielle des sanctions, notamment celles sur le pétrole", estime Oswaldo Ramirez, consultant. Maduro a ainsi fait plusieurs concessions pour donner des gages à la communauté internationale, réformant le CNE pour y inclure l'opposition ou invitant des missions d'observation étrangères (UE, ONU, Fondation Carter). De son côté, après avoir boycotté la présidentielle de 2018 et les législatives de 2020, l'opposition divisée a finalement décidé d'aller au scrutin, en espérant qu'il lui permettra d'impulser une dynamique positive en vue de la présidentielle de 2024. Juan Guaido, sans pouvoir mais reconnu président auto-proclamé par intérim par une cinquantaine de pays, tous alignés sur la Maison-Blanche, estime qu'il y a une certitude, "Maduro est et continuera à être illégitime". Sauf que les urnes en ont décidé autrement… JP Delahaye
Brésil
Vers un retour de Lula ?
C’est un défi à haut risque qui se profile aux prochaines présidentielles pour Bolsonaro le sortant d’extrême droite Un duel de titans avec Lula à la présidentielle brésilienne en 2022 peut sembler une aubaine pour un Jair Bolsonaro
adepte de la confrontation permanente, mais le vieux lion de gauche n'en reste pas moins un adversaire redoutable. Luiz Inacio Lula da Silva n'a pas attendu longtemps pour partir à l'attaque. Mi-novembre, s'exprimant pour la première fois en public depuis qu'il a recouvré ses droits politiques, il a tiré à boulets rouges sur le président d'extrême droite. Et l'ancien syndicaliste a
décidé d'appuyer sur un point sensible : la gestion calamiteuse de la pandémie de coronavirus – qui a fait plus de 273 000 morts au Brésil – fustigeant les "décisions imbéciles" du gouvernement Bolsonaro Quelques heures plus tard, dictateur brésilien a surpris tout le monde en portant un masque lors d'une cérémonie officielle, lui qui avait multiplié les apLE RÉVEIL - N° 876 - NOVEMBRE 2021
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL paritions publiques à visage découvert. Jair Bolsonaro a vanté le "sérieux et la responsabilité" de son gouvernement face à la crise sanitaire, avant de promulguer une loi facilitant l'acquisition de vaccins. Un comble pour ce dirigeant qui assurait qu'il ne se ferait pas vacciner et ironisait sur de supposés effets secondaires susceptibles de "transformer les gens en crocodiles". Sauf nouveau coup de théâtre judiciaire, l'ex-président de gauche (20032010) est éligible pour briguer un troisième mandat, après l'annulation par un juge de la Cour suprême de toutes ses condamnations, accusé à tort de corruption. Une vraie renaissance pour ce tribun charismatique de 75 ans, qui avait passé 18 mois en prison d'avril 2018 à novembre 2019 et avait assisté impuissant, depuis sa cellule, à l'élection de Jair Bolsonaro il y a deux ans et demi.
fiché comme le leader de l'opposition. De quoi raviver encore les profondes divisions d'une société brésilienne déjà ultra-polarisée, un terreau propice pour le discours d'extrême droite de Jair Bolsonaro ? "Bolsonaro est un homme politique forgé dans les flammes de la confrontation. Il a besoin d'un ennemi et rêvait de ce retour de Lula dans l'arène", estime Marcio Coimbra, politologue de l'université Mackenzie de Brasilia. Loin des cérémonies officielles, dans son direct hebdomadaire sur Facebook, il n'a pas hésité à traiter Lula de "taulard" ou de "charogne". Mais, pour de nombreux observateurs son changement de discours sur l'importance des vaccins montre qu'il semble disposé à mettre de l'eau dans son vin, pour tenter de ramener vers lui l'électorat centriste. Il espère aussi rassurer les milieux d'affaires, qui l'ont soutenu contre la gauche en 2018, séduits par son programme économique ultra-libéral, mais qui s'inquiètent de voir la vaccination patiner
à cause du manque de mobilisation du gouvernement pour acquérir des doses. Même si le message peut sembler confus pour son noyau dur de partisans plus extrémistes, "on ne peut pas gagner des voix en étant contre le vaccin", explique à l'AFP Michael Mohallem, professeur de Droit à la Fondation Getulio Vargas. "Cela est moins risqué pour lui d'avoir l'air d'une girouette que de payer le prix d'un discours antivaccin", poursuit-il. À l'instar de l'ex-président américain Donald Trump, dont il est un fervent admirateur, Jair Bolsonaro, 65 ans, aura un sérieux handicap à surmonter s'il veut se faire réélire : il ne peut plus se présenter comme un outsider, un candidat antisystème. "Il n'est plus une nouveauté", insiste M. Mohallem, qui pense également que le discours ultra-agressif et les dérapages à répétition pourraient nuire au président sortant dans un éventuel duel avec Lula. "Bolsonaro semble plus radical, et Lula plus mature et raisonnable", conclut-il.
Des témoignages d’anciens soldats israéliens, révélés par le Washington Post et l’ONG israélienne Breaking the Silence, décrivent une vaste base de données de photos et d’informations sur les Palestiniens mise en place par Tsahal.
Avec la reconnaissance faciale Israel interdit aux palestiniens tout semblant de liberté de vie.
faciale utilisé dans les zones jugées les plus à risques de Cisjordanie, comme par exemple dans la ville d’Hébron. Tout commence il y a près de deux ans avec des smartphones équipés d’un programme de reconnaissance faciale baptisé "Blue Wolf". Ils en ont distribué à des soldats israéliens en poste à Hébron, d’après plusieurs témoignages recueillis par Breaking the Silence, une ONG israélienne qui travaille avec d’ex-soldats pour documenter les abus de l’armée israélienne à l’égard des Palestiniens. Ces militaires ont ensuite pris des photos de Palestiniens afin de nourrir une base de données qui n’a cessé de s'enrichir pour atteindre plu-
sieurs milliers de visages reliés à des noms, des adresses et toutes informations que les services israéliens de renseignement pourraient avoir sur ces individus. Enfants, personnes âgées, tout le monde pouvait être pris en photo. “On n’avait pas besoin de ‘signes suspects’ pour le faire. Tout ce qu’on nous demandait, c’était de prendre le plus de photos possibles. Il y avait même des sortes de compétition entre les unités”, raconte un ex-sergent en poste à Hébron en 2020 dans un témoignage publié par Breaking the silence. Les prix pour les photographes les plus prolifiques pouvaient être des permissions de nuit
Lula favori ? Et même s'il n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature, l'ancien tourneur-fraiseur s'est clairement af-
Israël/Palestine
L’œil de Tsahal “J’ai déjà averti par le passé que l’architecture de l’oppression technologique était en train de se mettre en place. Nous y sommes.” Edward Snowden, le célèbre lanceur d’alerte à l’origine du scandale du programme d’écoutes électroniques de la NSA en 2013, réagissait ainsi sur Twitter, lundi 8 novembre, à la description faite par le Washington Post des efforts de surveillance technologique déployés par l’armée israélienne en Cisjordanie. Tsahal s'est constitué son “Facebook secret de Palestiniens” ont rapporté d’ex-soldats israéliens interrogés par le journal américain Celui-ci serait connecté un système de reconnaissance 10 - LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
INTERNATIONAL LE RÉVEIL supplémentaires, précise le Washington Post. Cette base de données photographiques peut ensuite être interrogée en temps réel par les soldats israéliens lors de contrôles d’identité en Cisjordanie. “On reçoit alors des indications par code couleur pour chaque individu. Le jaune signifiant qu’il faut détenir la personne, le rouge qu’il faut l’arrêter et le vert qu’on peut la laisser passer”, raconte un ex-soldat à l’ONG Breaking the silence. D'autres mécanismes sont également reliés à "Blue Wolf". Le réseau de caméras de surveillance installé à Hébron y a également accès. Ce dispositif, baptisé “Hebron Smart City”, permet ainsi de “reconnaître les Palestiniens avant même qu’ils présentent leurs papiers d’identité lors d’un contrôle à un check-point”, note le Washington Post.
Au service de la colonisation Le programme “Hebron Smart City” - démarré l’an dernier - avait jusqu’à présent simplement été décrit comme un réseau traditionnel de caméras de surveillance, utilisé pour aider Tsahal à lutter contre le “risque terroriste”. Dans un article du quotidien israélien gratuit
Israël Hayom paru en octobre 2020, ce dispositif est décrit par l’armée comme “un ensemble de capteurs capables d’identifier en temps réel ce qui sort de l’ordinaire et de fournir rapidement aux soldats sur place toutes les informations utiles sur ce qui se passe”. Mais les révélations du Washington Post, sur le lien entre “Hebron Smart City” et la base de données photographiques Blue Wolf, procurent à ce programme un aspect beaucoup plus “Big Brother” version chinoise. Pékin a, en effet, été très critiqué pour son recours à la reconnaissance faciale afin de contrôler la minorité musulmane des Ouïghours. Et avec son système "made in Israël", Tel Aviv “est en train de construire un petit coin de Chine en Cisjordanie”, a déploré sur Twitter Haggai Matar, un journaliste israélien réputé pour ses prises de position hostiles à la présence de l’armée israélienne en Cisjordanie. Et les militaires israéliens ne seraient pas les seuls à profiter des informations contenues dans cette base de données, d’après les ex-soldats qui ont témoigné de son existence. Un programme parallèle, baptisé "White Wolf", est mis à disposition des colons juifs en Cisjor-
danie et leur permet d’interroger cette base de données en scannant les papiers d’identité des Palestiniens qui viennent travailler dans les implantations juives. Contacté par France 24, l’armée israélienne n’a pas nié l’existence de "Blue Wolf" ajoutant simplement qu’il était “naturellement impossible de donner des détails sur les capacités opérationnelles de l’armée de défense d’Israël”. L’utilisation de la reconnaissance faciale à des fins de sécurité est sensible en Israël comme ailleurs. Une loi pour introduire des caméras dopées à la reconnaissance faciale sur tout le territoire israélien, présentée en juillet 2021, a rencontré une forte opposition de la part des associations de défense de la vie privée. Des critiques qui ont permis de bloquer - du moins temporairement l’adoption du texte en Israël, mais qui n’ont nullement empêché Tsahal de déployer la technologie en Cisjordanie “à l’insu de la population”, note le Washington Post. Pour Breaking the Silence, c’est une “nouvelle démonstration que lorsqu’il s’agit des Palestiniens, l’armée juge que les droits humains les plus basiques ne s’appliquent même pas”. JP Delahaye
Sahara occidental.
Un territoire très convoité
Le Sahara occidental "n'est pas à négocier". Les propos du roi du Maroc, Mohammed VI, samedi 6 novembre, à propos de ce territoire disputé depuis des décennies entre son pays et les indépendantistes sahraouis soutenus par l'Algérie, sont sans équivoque. La tension monte entre Rabat et Alger Depuis l'été, les tensions entre le Maroc et l'Algérie se sont exacerbées atteignant un point culminant le 1er novembre, avec la mort de trois camionneurs, pris dans un bombardement, au Sahara occidental. Depuis 1991, un cessez-le-feu a été conclu entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, qui réclame l'indépendance de ce territoire, après seize années de conflit. Mais
cette trêve, globalement respectée pendant une trentaine d'années, a été rompue. L'armée marocaine a mené une opération dans la zone tampon du poste-frontière de Guerguerat (extrême-sud) au prétexte de rétablir le trafic routier vers la Mauritanie, « coupé » par les indépendantistes sahraouis. En réaction, le Front Polisario a décrété l'état de guerre. La tension est remontée d'un cran, quand le Maroc a obtenu du
président américain Donald Trump la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental reconnaissance qui a été confirmée durant l'été par Joe Biden. En contrepartie, le Maroc a normalisé ses relations avec Israël. Des rapprochements vus d'un mauvais œil par l'Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques le 24 août avec le Maroc, l'accusant de soutenir le Mouvement pour l'autodétermination LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 - 11
LE RÉVEIL INTERNATIONAL de la Kabylie (MAK), qu'Alger considère comme une organisation terroriste. Enfin, le 31 octobre dernier, le président algérien a décidé de couper le gaz au Maroc. Or le gaz algérien recouvre 97 % des besoins marocains, relève l'AFP. Depuis 1996, l'Algérie a expédié vers l'Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME), qui passe par le Maroc. En contrepartie de ce transit, Rabat recevait annuellement près d'un milliard de mètres cubes de gaz naturel. Situé sur la côte atlantique et bordé par le Maroc, la Mauritanie et l'Algérie, le Sahara occidental est une zone quasi désertique très étendue (plus de 250 000 kilomètres carrés) mais attire les convoitises : elle est riche en phosphates et son littoral atlantique est très poissonneux. Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est le seul territoire du continent africain dont le statut postcolonial
reste en suspens. Le pays est considéré comme un "territoire non autonome" par l'ONU, en l'absence d'un règlement définitif. Le Maroc en contrôle 80 % et propose une « autonomie » sous sa souveraineté Le Front Polisario lui, réclame un référendum d'autodétermination. Au-delà des frontières marocaines et algériennes, la situation du Sahara occidental est également surveillée de près par les Occidentaux. Leurs intérêts "sont très importants dans la région, notamment dans la lutte contre le terrorisme, rappelle Kader Abderrahim, professeur à Sciences Po Paris et spécialiste de l'Algérie et du Maroc, interrogé par TV5 Monde. Un conflit ouvert entre ces deux voisins affaiblirait les positions des Occidentaux, des Européens et des Etats-Unis, dans la lutte contre le terrorisme". Du côté de la communauté internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé les différentes parties à re-
prendre les négociations "sans conditions préalables et de bonne foi". Ces négociations sont à renouer sous l'égide du nouvel émissaire de l'ONU, l'Italo-Suédois Staffan de Mistura, "en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable" dans la perspective d'une "auto-détermination du peuple du Sahara occidental", a précisé le 29 octobre l'ONU dans une résolution qui a prolongé d'un an la mission onusienne (Minurso) pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. Mais Kader Abderrahim, spécialiste de l'Algérie et du Maroc interrogé par TV5 Monde, n'est pas aussi optimiste : "J'ai toujours pensé qu'il n'y aurait pas de conflit ouvert entre le Maroc et l'Algérie. Je suis plus mesuré aujourd'hui", analyse-t-il. Selon lui, "tous les indicateurs sont au rouge. Nous ne sommes pas à l'abri d'un dérapage qui pourrait enflammer la région". JPD
Coupe du monde de foot
Amnesty International épingle le Qatar
L’ONG de défense des droits de l'Homme exhorte le Qatar à cesser les abus contre les travailleurs immigrés, dont beaucoup ont construit les grands chantiers du Mondial-2022. "La réalité quotidienne de nombreux travailleurs immigrés dans le pays reste éprouvante, malgré des modifications apportées à la loi depuis 2017", a estimé l'ONG dans un communiqué publié le 16 novembre dernier. Elle a appelé le Qatar à abolir la kafala, un système de "parrainage" permettant entre autres aux entreprises d'interdire à leurs salariés de changer d'employeur ou de quitter le pays. Mark Dummett, directeur du programme Thématiques mondiales à Amnesty International, accuse les autorités d'une complaisance qui "expose des milliers de personnes à un risque persistant d'exploitation", alors que "beaucoup d'entre elles ne sont pas en mesure de changer d'emploi et sont victimes de pratiques s'apparentant à un vol de salaire". "Elles n'ont presque 12 - LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
aucun espoir d'obtenir justice, des réparations ou une indemnisation. Après la Coupe du monde, l'avenir des travailleurs qui resteront au Qatar sera encore plus incertain", ajoute-t-il. Amnesty International affirme que "les autorités ont peu fait pour enquêter sur l'ampleur des décès inexpliqués", affirmant qu'un lien avait été établi entre les morts et les conditions de travail. En dépit des réformes du droit de travail introduites ces dernières années au Qatar, l'accès à la justice "reste très restreint" pour les travailleurs étrangers et il leur est interdit "de se syndiquer afin de lutter collectivement pour leurs droits", dénonce l'ONG. De son côté, selon le Bureau de communication du gouvernement le Qatar rejette les affirmations selon lesquelles les réformes n'ont pas été traduites dans les faits
pour des centaines de milliers de travailleurs immigrés. Plus de 240 000 travailleurs ont réussi à changer d'emploi depuis septembre 2020 et plus de 400 000 ont directement bénéficié d'un nouveau salaire minimum, souligne-t-il en évoquant des réformes ayant "considérablement réduit les pratiques d'exploitation". Pour Amnesty International, qui reconnaît les réformes introduites, "tout manquement à leur mise en œuvre signifie que l'exploitation continue".
LE CAHIER MÉMOIRE N° 877 DÉCEMBRE 2021 JANVIER 2022
Introduction tel déchainement aveugle de passion, de soulèvements militaires, de révoltes populaires ? Cette guerre civile atroce a été le prélude à un conflit aux dimensions internationales avec l’implication directe de puissances étrangères, les unes partisanes du fascisme aux côtés de FRANCO, les autres soutiennent la République. Cette guerre civile a déchainé des passions démesurées, voire déraisonnables. C’est un sujet complexe et passionnel, délicat à traiter. Mais avec le recul de près d’un siècle, il doit être abordé avec objectivité, dans un grand souci de vérité et de transparence.
14 avril 1931 drapeau républicain espagnol.
Durant 33 mois (1936-1939) l’Espagne se déchirait dans une effroyable guerre civile, ce fut un drame humain, douloureux et interminable qui ne peut s’expliquer que dans un contexte politique et militaire. Deux camps ennemis, les partisans de la République et les nationalistes de FRANCO se sont affrontés dans une lutte fratricide, inhumaine. Ce bilan est dramatiquement impressionnant : 1,2 million de morts (chiffre le plus
crédible), des grandes villes durement éprouvées comme Barcelone, Madrid, Malaga, des villages entièrement rasés (Brunete, Guernica), 75 % des ponts détruits, la production agricole en baisse de 30 %, celle de l’industrie de 60 %, des milliers de réfugiés qui fuient la péninsule. Epouvantable bilan ! Par quel processus infernal, l’Espagne en était arrivée là ! Pourquoi un
Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11
Alcala Zamora avec M. U Namuno à la sortie des Cortes Madrid 1931. LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 - 13
LE RÉVEIL DOSSIER
La chute de la monarchie et l’avènement de la République Les élections municipales d’avril 1931 sont nettement défavorables à la monarchie, les grandes villes ont voté contre le roi. Cela aboutit au départ d’ALPHONSE XIII et à la chute de la royauté. La République est proclamée le 15 avril, un gouvernement provisoire a élu le Président Alcala ZAMORA.
Manuel Azana.
Cette République naissante va connaître de nombreuses difficultés, elle a bien du mal à gouverner, elle se heurte à une vive opposition de droite comme de gauche avec au fil des mois des allures de révolte comme en Catalogne et aux Asturies. Le vote d’une constitution anticléricale constitue une véritable pomme de discorde dans une Espagne catholique, attachée à des pratiques religieuses très anciennes. Par ailleurs, hostilité de l’armée à un certain nombre de mesures prises par la République : dissolution du Conseil supérieur de l’Armée et de la Marine, suppression de 8 capitaines, généraux qui détenaient des pouvoirs dans les 8 régions d’Espagne et enfin dégagement d’un certain nombre d’officiers. Cette situation favorise les complots militaires. Une 1re insurrection à Madrid est fomentée par le général SANJURJO le 10 août 32, elle est vite étouffée mais dénote un certain malaise dans l’armée, une fraction ne recule pas devant le coup d’Etat. SANJURJO condamné à mort est gracié par le Président ZAMORA. Autre difficulté pour le gouvernement : des soulèvements anarchistes se développent dans la province de Cadix. Devant cette situation incertaine et ces troubles, des élections générales sont prévues pour novembre 33. Ces élections voient la victoire du nouveau parti catholique le CEDA qui ne cache pas son hostilité au régime républicain. Le 14 - LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
nouveau gouvernement nettement à droite doit gérer de nouveaux troubles qui éclatent, une agitation ouvrière, des grèves spontanées soutenues par le mouvement anarchiste bien implanté dans le monde ouvrier. Il doit faire face à un problème très complexe de l’autonomie basque et catalane mais surtout au mécontentement des mineurs des Asturies qui ont soigneusement préparé l’insurrection, ils proclament la République socialiste en organisant des Comités révolutionnaires dans un climat enthousiaste. Tous ces troubles entraînent une grande instabilité ministérielle et le gouvernement a beaucoup de mal à venir à bout de cette insurrection et il va prendre une décision dont il n’en mesure pas les conséquences. Il fait appel aux généraux GODED et FRANCO pour mater la révolte. Après 15 jours de résistance et une répression sanglante, les mineurs rebelles se rendent. A Madrid, les généraux GODED et FRANCO sont considérés comme les sauveurs de la Nation et de la République. Mais un précédent grave vient d’être créé : celui de l’intervention de l’armée dans la vie politique du pays ; la leçon ne sera pas perdue pour tout le monde ! La République est fragilisée par les crises gouvernementales (25 depuis l’avènement de la République). Le Président A. ZAMORA va alors dissoudre les Cortès le 4 janvier 36 et fixer de nouvelles élections prévues en février 36. Cette campagne électorale fut rude, 3 forces principales se font face : – Les partisans de la CEDA (alliance avec les phalangistes, les monarchistes, les indépendants) – Au centre les Radicaux, les progressistes proches du Président A. ZAMORA
– A gauche, le Front Populaire qui réunit les principaux partis de gauche. Le Front Populaire l’emporte (278 députés) et il met immédiatement en œuvre son programme. 50 000 paysans installés sur de nouvelles terres, les travailleurs licenciés pour faits de grève en 34 sont réintégrés et indemnisés des pertes de salaires subies. Des mesures autoritaires sont prévues à l’encontre de GODED et FRANCO relevés de leurs fonctions au ministère de la guerre (GODED envoyé aux Baléares, FRANCO aux Canaries). Mais la rébellion militaire couve, elle ne tarde pas à s’organiser, les militaires complotent autour de MOLA, le gouvernement pourtant informé ne prend pas au sérieux cette rébellion (des bruits de café est-il dit !). Le 10 mai 36, M. AZANA est élu Président de la République et C. QUIROGA est nommé 1er ministre. Début juin, MOLA organise l’insurrection qui sera suivie de l’installation d’un Directoire, c’est un coup d’Etat qui se prépare. En face de tous ces défis, le gouvernement tergiverse, dans cette atmosphère lourde, le moindre incident peut déclencher le pire et cela va se produire avec l’assassinat de C. SOTELO chef de l’opposition de droite par des officiers de police républicains en représailles du meurtre du lieutenant J. CASTILLO. Le 18 juillet 36 éclate le soulèvement militaire et par là même le début de la guerre civile.
Général F-Franco.
DOSSIER LE RÉVEIL
Le déclenchement de la guerre civile
La guerre civile d’Espagne 1936.
Le 17 juillet les conjurés militaires décident de passer à l’action car ils pensent qu’un coup d’état marxiste se prépare, ils tiennent une ultime réunion à Mélilla – le 18 juillet le Maroc, Séville, la Navarre, les villes de Burgos, Ségovie, Valladolid, Victoria tombent aux mains des généraux rebelles. Par contre, les conjurés essuient un échec à Barcelone, la Catalogne reste fidèle au gouvernement de Madrid. A Madrid, Valence, Malaga, les insurgés échouent également grâce à une défense héroïque de la population et des troupes légalistes. Au Pays Basque, les autonomistes sont prêts à défendre la République coûte que coûte car il leur est promis une certaine autonomie. A Saint Sébastien, les ouvriers défendent avec acharnement la République et parviennent à réduire les factieux. A Oviédo le chef de la garnison le colonel ARRANDA va désavouer les rebelles mais il va trahir. La chute d’Oviédo n’entraîne pas toutes les Asturies dans la dissidence mais elle constitue un abcès de fixation qui gênera les Républicains pour la suite des opérations. En ce début de conflit quel sera le comportement de la marine ? Les officiers demandent à leur équipage de rallier la rébellion, ils sont lynchés et parfois jetés à la mer. Pour le gouvernement, la loyauté de la marine sera un élément militaire et psychologique impor-
tant en ce début de guerre civile. Qui sont les chefs armés de la rébellion ? Certes, il a été mentionné la tentative avortée du général SANJURJO en 1932. En réalité le pouvoir appartient à deux hommes, MOLA et FRANCO. Le général MOLA est l’âme de la sédition mais c’est le chef d’état-major de l’armée exilé aux Canaries qui va s’engager sur la route du pouvoir que d’autres ont tracé pour lui. Certes, le coup d’état militaire a réussi techniquement mais le pays est resté fidèle à la République et politiquement rien n’est décidé. Le gouvernement de républicains libéraux dirigé par C. QUIROGA croit en la vertu des négociations avec les rebelles alors que la gauche presse le Président du Conseil de distribuer des armes aux syndicats. Tiraillé, C. QUIROGA démissionne remplacé par MARTINEZ BARRIO qui, lui aussi espère négocier avec les rebelles alors que la gauche demande des sanctions contre les factieux, nouvel échec. Le nouveau Président de la République M. AZANA appelle au gouvernement J. GIRAL qui essaye d’organiser la résistance mais devant le danger, avec l’accord du Président, il ordonne la distribution d’armes au peuple et préconise la création de milices ouvrières. J. GIRAL vient de confier la survie de la République aux mains de ceux qui seuls désormais peuvent la défendre : les groupes révolutionnaires. Désormais deux conceptions s’affrontent les armes à la main. Les protagonistes du drame sont en place. Les forces en présence : Sans rentrer dans le détail, au début du conflit les forces des deux camps s’équilibrent approximativement plus de 100 000 hommes. Mais très rapidement du côté nationaliste en 37 cette armée se développe dépassant les 150 000 hommes sans compter les aides extérieures. Pour les Républicains, l’encadrement fait cruellement défaut. Sur les 14 000 officiers, 200
sont favorables à la République (dont 13 généraux). La marine fidèle à la République ne sera d’aucune utilité.
Le caractère du Conflit La révolte ne peut réussir que si les territoires dans lesquels elle a remporté des succès en s’assurant le contrôle de certaines villes s’étendent et se soudent entre eux et deviennent une entité géographique. Pour cela l’aide militaire des troupes du Maroc est indispensable à Séville, Cadix, Cordoue, Burgos, Saragosse. Mais l’ambition à court terme des nationalistes est de s’emparer de Madrid. Cette guerre civile va prendre une autre tournure avec l’internationalisation du conflit. Le gouvernement de Madrid avait noué des contacts avec le gouvernement du Front Populaire en France lui demandant, armes, munitions, avions. Mais le gouvernement de L. Blum est préoccupé à appliquer son programme de réformes sociales. Cette question de l’aide éventuelle à l’Espagne républicaine va diviser la gauche française et attiser les tensions politiques. Le gouvernement de L. Blum menacé par les milieux d’affaire et les ligues d’extrême droite va décider la non intervention, dans le but également de ne pas perturber un équilibre européen bien instable. Cependant l’aide française sera intermittente, seule l’aide russe en dépit des distances sera ré-
Manifestation Republicains partis gauche Barcelone contre tentative d’État général Franco juillet 1936. LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 - 15
LE RÉVEIL DOSSIER
gulière. Les Brigades internationales se rendront célèbres par leurs exploits mais elles ne pourront pas compenser l’intervention mécanique de l’adversaire.
Par contre, l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie se sont largement impliquées aux côtés de l’Espagne franquiste. L’intervention italienne discrète au début va prendre de l’ampleur, elle sera décisive car elle assure à Franco la maîtrise aérienne du détroit de Gibraltar (14 avions partis de Sardaigne ont atterri au Maroc espagnol). Mussolini envoie 70 000 volontaires, les « Flèches noires », galvanisés à leur départ pour défendre la nation sœur et empêcher l’Espagne de sombrer dans le communisme, véritable croisade ! Ces Italiens combattent avec des fortunes diverses. A Malaga, avec l’appui de petits chars, ils provoquent d’énormes pertes dans les rangs républicains, à Guadalajara, les avions républicains rétablissent la situation, l’ordre est donné aux Italiens de se retirer, retrait rapide assimilé à une débâcle.
Du côté allemand, l’aide accordée à Franco est plus cachée. Pour Hitler, il s’agit de venir en aide à Franco qui s’est dressé contre Moscou. Ce sont des techniciens de chars, de l’aviation, de la DCA qui viennent s’entraîner en Espagne, c’est la légion Condor qui est envoyée en Espagne et elle sera terriblement efficace. L’Espagne constitue un excellent terrain d’entraînement, c’est un grand champ d’expérience pour l’aviation et les éléments mécanisés allemands, tout ce qui sera déterminant dans un conflit moderne. Pour Hitler, cette intervention aura pour but d’ouvrir un front possible au Sud de la France, tout en favorisant un allié potentiel. Il avait tout intérêt à ce que la guerre civile se poursuive de façon à maintenir la tension en Méditerranée. Les nationalistes avaient pour eux l’armée et les interventions étrangères.
Les brigades internationales Quelle fut l’origine de la création de ces Brigades internationales ? En septembre 36, l’URSS abandonne la politique de non-intervention et décide de constituer des brigades volontaires pour aider l’Espagne républicaine. Staline pense que le PCF en France, le plus proche de l’Espagne est le plus apte à recruter des volontaires. Les bureaux de recrutement s’ouvrent en Europe, en Amérique du Nord, mais la France demeure le point de ralliement (bureaux à Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, etc…). Il fallait recruter des volontaires de tous les pays pour former des brigades mixtes qui se suffiraient à elles-mêmes dans les opérations. Ce sont les techniciens qui furent les 16 - LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
premiers à rallier l’Espagne : ouvriers spécialisés, mécaniciens d’aviation, opérateurs radio. Il est difficile d’évaluer avec précision l’importance numérique de ces brigades, on peut avancer le chiffre de 40 à 45000 volontaires, ce sont les Français qui sont les plus nombreux (25000). On y trouve des Polonais, es Italiens, des Anglo-Américains, des Belges, des « balkaniques ». Il fallait donner une certaine unité à ces forces hétérogènes dans le but de les intégrer dans l’armée républicaine ; dans les centres de rassemblement et d’instruction, l’état-major des brigades a cherché à grouper les combattants selon leur pays d’origine (bataillon Thälmann formé d’Allemands), bataillon Garibaldi composé d’Italiens. Tous ces volontaires de nationalités diverses étaient animés d’un même idéal, la défense de la liberté et la démocratie. Ils ont combattu courageuse-
ment, en dépit de certaines difficultés et défaillance. Ils ont payé un lourd tribut (plus de 2000 morts). L’Espagne républicaine leur sera toujours reconnaissante, aussi lors de la revue d’adieu en novembre 38 à Barcelone, les dirigeants républicains leur exprimèrent leur gratitude par ces mots (extraits) : « Vous pouvez partir la tête haute. Vous êtes l’histoire. Vous êtes la légende, vous êtes l’exemple héroïque de la démocratie militaire et universelle. Nous ne vous oublierons pas. »
le tableau de Pablo Picasso suite aux bombardements de Guernica par l’aviation allemande et italienne le 26 avril 1937.
DOSSIER LE RÉVEIL
Les deux espagnes : atrocités Dans cette guerre civile où deux forces s’affrontent sans répit dans une lutte fratricide, le courage est présent dans les deux camps. Les Républicains n’hésitent pas à se précipiter les mains nues pour enlever des armes aux insurgés et défendre avec vaillance cette République à laquelle ils croient de toutes leurs forces. Les nationalistes vont faire preuve de leur fermeté et leur résolution. Ce qui caractérise ce conflit, ce sont les atrocités, l’importance des massacres et l’horreur de la répression. Des écrivains français ont témoigné de ce déferlement sauvage des passions comme G. BERNANOS « dans les grands cimetières sous la lune ». Il lance ce cri déchirant : « la tragédie espagnole est un charnier ». Dans « l’Espoir ». A. MALRAUX témoigne également. Des deux côtés on fusille, on exécute
sans jugement, ce qui fait dire à A. de SAINT-EXUPERY : « on fusille ici comme on déboise ». Les chiffres des massacres sont éloquents. 750 000 exécutions en Espagne nationaliste jusqu’en 1938, 90 000 en Espagne républicaine en 5 semaines. Cette guerre civile va connaître bien des péripéties, bien des revirements. C’est une guerre de matériel qui nécessite toujours de nouvelles forces, de nouveaux cadres et de nouvelles structures, elle va creuser désormais un fossé inconciliable entre les 2 Espagnes. Alors que la République a du mal à se forger une armée cohérente et solide. Franco se fabrique dès le début un bon instrument dans lequel il fait régner une discipline de fer. Il serait complexe et fastidieux de retracer en détail les opérations mili-
taires qui se sont déroulées durant ces 3 années, on peut y mentionner les moments forts : L’épisode de l’Alcazar de Tolède (été 36) avec un siège des républicains et une résistance nationaliste (71 jours), l’Alcazar ne se rendra pas et ne tombera pas. La bataille des liaisons et l’échec nationaliste devant Madrid. La consolidation des succès militaires nationalistes dans le sud et le nord (automne 37, août 37) Victoire nationaliste à Malaga et opération dans le Pays Basque (Guernica) La bataille de Brunete : l’offensive républicaine n’est qu’une demi-réussite (été 37) L’offensive républicaine en Aragón (automne 37) avec la bataille de Teruel. Les opérations d’Aragón et du Levant (mai juillet 38)
Le tournant de la guerre – 15 avril 1938 Le 15 avril, les troupes nationalistes atteignent la Méditerranée à Vinarez. Le résultat de cette avancée est considérable, victoire militaire mais aussi psychologique et diplomatique, pour la 1re fois le territoire de la République n’est plus d’un seul tenant et les franquistes peuvent attaquer la Catalogne en direction de Barcelone. Cela constitue le tournant de la guerre car les nationalistes veulent isoler la Méditerranée de Madrid, ils progressent en direction de Valence. A la surprise générale, les Républicains lancent une contre-offensive avec la Catalogne comme base de départ, ce fut la bataille de l’Ebre (juillet novembre 38). Une bataille meurtrière, d’usure. Les républicains sont affaiblis par le retrait des Brigades internatio-
nales ordonné par le 1er ministre NEGRIN. L’espoir d’un soutien extérieur a disparu avec les accords de Munich (septembre 38) où les démocraties cèdent au chantage des pays totalitaires. Les pertes sont énormes du côté des Républicains : 70 000 morts, 200 avions, 25 000 fusils et mitrailleurs. Toute l’armée du nord gouvernementale est décimée. Certains historiens évoquent plutôt un suicide collectif qu’une bataille. On sent que la fin de la guerre approche…
La chute de Barcelone (26 janvier 39) Le 23 décembre 38, c’est l’offensive nationaliste contre Barcelone qui commence. FRANCO dispose de près de 300 000 hommes, les Républicains peuvent compter sur 230 000 combattants avec une artillerie réduite au 1/6 de l’artillerie adverse. Fort de nouvelles armes reçues d’Allemagne et de
ses succès, FRANCO entend en finir le plus rapidement possible et porter un coup décisif avec la conquête de Barcelone. Ces nationalistes progressent vers Tortosa, Tarragone, le 15 janvier ils avancent sur Barcelone, les Républicains pendant 8 jours mènent une bataille de désespoir. Les ministres républicains qui résident à Barcelone commencent à fuir vers le Nord ; le PC essaie d’organiser en vain une résistance mais personne ne croit plus à la victoire. Le 25 janvier Barcelone est investie, ville désertée, la reddition sans condition de la capitale de la Catalogne sonne le glas de la République. Dans une extrême confusion, civils, militaires tentent de gagner la frontière française, ce sera un exode massif. La guerre d’Espagne connaît ses derniers soubresauts avec la chute de Madrid jusqu’à là, symbole de la résistance républicaine elle ne se bat plus. L’état sanitaire de la capitale est LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 - 17
LE RÉVEIL DOSSIER les nationalistes font leur entrée dans Madrid applaudis par les partisans de Franco. La victoire des uns signifie angoisse, peur pour d’autres, car les dénonciations, la délation sont redoutées. Avec la chute de Madrid, c’est le point final de cette terrible guerre civile.
Madrid 29 mars 1939 Franco entre dans Madrid.
déplorable, la confusion la plus totale règne entre ceux qui veulent continuer à combattre, les partisans d’une paix honorable et ceux qui veulent éviter les représailles des nationalistes. Des combats très violents se déroulent mais c’est une résistance désespérée de la part des Républicains qui veulent continuer la lutte. Madrid va tomber comme un fruit mûr, le 28 mars 39,
Le drame humain : l’exil des vaincus La perte de la Catalogne va amorcer un exode massif où civils et militaires essayent de gagner la frontière française. La France a proposé à FRANCO de délimiter du côté espagnol une zone refuge, neutre où les réfugiés pourraient attendre et recevoir des secours étrangers. Mais devant le refus de FRANCO, la France va ouvrir la frontière, c’est l’exode à travers les Pyrénées ; où des malheureux démunis de tout affluent vers la France, cela pose
des problèmes de ravitaillement, d’hébergement, enfants sous alimentés, dans leurs yeux se lit toute la détresse des innocents. Combien sont-ils vaincus, blessés, mutilés à avoir passé la frontière 250 000 ou plus ? La France n’a pas les moyens de s’opposer à l’entrée en France des Républicains en armes, ils peuvent rallier la France à condition de déposer leurs armes sitôt la frontière franchie. 25 000 hommes de l’armée républicaine viennent s’ajouter aux civils réfugiés. Ils sont acheminés dans des camps de regroupement à Argelès, Saint Cyprien, Gurs, Vernet, etc. La solidarité et l’aide à l’égard de ces réfugiés s’organisent : Croix Rouge, Secours Populaire de France, Secours Rouge international, solidarité internationale antifasciste, générosité publique, etc.
Les difficultés politiques internes de la république Les 3 années de guerre civile furent une répétition de la 2e guerre mondiale. Ce fut aussi un profond mouvement de la classe ouvrière et paysanne qui aspirait à un ordre économique, social et politique nouveau. Or le gouvernement doit Soutien Espagne 1937. faire face à une situation économique dramatique, de juillet 1935 à mars 37, le coût de la vie a doublé, les salaires stagnent, des manifestations contre les privilèges et les inégalités se multiplient. En 36 avec la victoire surprise du Front Populaire, tout pouvait être sauvé, un peu de fermeté de la part des dirigeants et la République avait le temps de s’organiser. Le Président de 18 - LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
la République M. AZANA ne tarde pas à être débordé, des troubles éclatent un peu partout. La République encore inexpérimentée aurait pu être viable en cédant à la gauche ce qu’elle revendiquait de légitime (partage des latifundia, hausse des salaires) tout en freinant les revendications excessives comme le désarmement de l’opposition militaire de droite. Rien de tout cela ne se passa, la position attentiste du gouvernement allait envenimer la situation, le Président du Conseil C. QUIROGA, ayant eu vent d’un complot contre le gouvernement feignit de ne voir que des « bruits de café » ce qui conforta les partisans du coup d’Etat militaire. Mais ce qui va surtout déstabiliser la situation, c’est la désunion au sein des forces de gauche avec la rivalité qui oppose la CNT (Confédération nationale du travail anarchiste), le POUM
(Parti ouvrier d’unification marxiste, tendance trotskyste) face au Parti communiste. Dans ce climat trouble, la politique partisane n’arrange rien et ces rivalités sont émaillées d’incidents et d’affrontements violents. L’un des plus significatifs fut l’affaire du central téléphonique de Barcelone où les anarchistes sont soupçonnés d’avoir une table d’écoute pour contrôler l’action du gouvernement, cela se traduit par un conflit les armes à la main (2 au 6 mai 37) entre les membres de la CNT et du POUM face aux communistes. Ces derniers demandent le châtiment pour les anarchistes, le Président du Conseil LARGO CABALLERO refuse de détruire l’unité de la classe ouvrière, il démissionne, il est remplacé par J. NEGRIN socialiste modéré, son
DOSSIER LE RÉVEIL gouvernement va dissoudre le POUM, (représailles contre les dirigeants). Les socialistes ébauchent un rapprochement avec le PCE mais NEGRIN s’y oppose déjouant toute manœuvre des communistes. Cet antagonisme entre les forces de gauche n’arrange rien, chacune des factions se renvoyant la faute et d’être responsable de la division. Face à cette situation chaotique, à l’incapacité du gouvernement, les milieux nationalistes sauront profiter de ce contexte confus et explosif.
Conclusion De 1936 à 1939, l’Espagne fut le carrefour du monde. Toutes les nations s’y affronteront dans une lutte sanglante. On passa vite du stade de la guérilla au stade de la guerre totale, d’une guerre nationale à une guerre internationale.
Il n’est que de lire « l’Espoir » d’A. MALRAUX et « Pour qui sonne le glas » d’E. HEMINGWAY pour se faire une idée des répercussions internationales de ce conflit. La République naissante va se heurter à de nombreuses difficultés : opposition de droite qui rejette la République, hostilité des milieux militaires mais aussi agitation et révolte du monde ouvrier comme en Catalogne et aux Asturies. De fréquentes crises gouvernementales fragilisent la République. La victoire du Front Populaire en 36 va précipiter le soulèvement militaire qui couvait depuis longtemps. C’est le début de la guerre civile, guerre atroce, meurtrière, fratricide. Les insurgés avaient pour eux l’armée, l’aide étrangère face à des Républicains courageux, combatifs mais quelque peu inexpérimentés et divisés. Cette guerre civile fut un véritable
Dolores Ibarruri (AFP).
drame humain compte tenu du nombre de victimes, de réfugiés, conséquences funestes qui auront divisé en profondeur la société espagnole. Si plusieurs décennies se sont écoulées depuis, cette tragédie reste dans toutes les mémoires, comme une plaie ouverte pour les familles et les descendants de ceux qui ont vécu ce cauchemar. Pierre PRUNETA Professeur certifié D’histoire-géographie à la retraite
Ne laissons pas assassiner l’Espagne républicaine Le Réveil des Combattants, novembre-décembre 1938 Au nom des 100 000 survivants de la guerre groupés dans son sein, l’Association Républicaine des Anciens Combattants élève sa protestation la plus indignée contre la mesure odieuse et inhumaine prise par le gouvernement de la trahison de Munich interdisant l’accès du sol de France aux héros, blessés et malades, des Brigades internationales. C’est avec un sentiment de honte et de colère que les anciens combattants de
l’ARAC enregistrent ce nouveau manquement à la tradition généreuse et hospitalière de la France. D’autre part, la menace de blocus renforcé de l’Espagne républicaine par l’occupation des droits de belligérance au traître Franco se précise de plus en plus. Malgré l’appui considérable des troupes d’invasion italo-allemandes, le général félon ne peut vaincre par les armes l’héroïque peuple espagnol. Il veut le réduire, avec la complicité des signataires du honteux traité de Munich, par la famine et par le froid. La reconnaissance des droits de belligérance à Franco signifierait la mort de milliers de femmes et de petits enfants. Ce serait l’assassinat du peuple libre d’Espagne. Pour empêcher ce crime monstrueux, l’Association Républicaine des Anciens Combattants invite, de la façon la plus pressante, tous ses adhérents à
Manifestation de soutien à la République Espagnol.
la plus grande vigilance et à prendre toutes initiatives pour faire échec à ce plan criminel. Vive l’Espagne Républicaine ! Le Secrétaire général de l’ARAC
Femmes de l’ARAC devant la permanence de l’association (cafe Legros ) effectuant une collecte pour les républicains.
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LE RÉVEIL DOSSIER
Les brigades internationales en Espagne républicaine (1936-1939) & la commune de Paris Le Bataillon « COMMUNE DE PARIS » de la XIVe BRIGADE INTERNATIONALE “La Marseillaise”
Dès le coup d’Etat franquiste de juillet 1936, des volontaires français et émigrés partent de France spontanément et s’engagent dans des milices espagnoles. A Barcelone, le 5/9/1936, va se constituer la « Centurie Commune de Paris » qui sera intégrée en octobre aux Brigades Internationales nouvellement créées pour former le « Bataillon Commune de Paris » de la XIe, puis de la XIVe Brigade La Marseillaise. Un autre bataillon de la XIe B.I. portera le nom du général polonais « Dombrowski » et un autre celui de « Louise Michel ». Les volontaires français – la génération du Front Populaire de 1936 – ont toujours revendiqué leur héritage de la Révolution française et de la Commune de Paris.
LE CIMETIERE DU PERE LACHAISE et les BRIGADES INTERNATIONALES Plusieurs monuments, stèles et tombes du célèbre cimetière parisien ont un rapport étroit avec la guerre d’Espagne (voir repères sur le plan) : • Tombe du Président du Conseil Juan NEGRIN (n° 3) • Stèle du syndicaliste et ministre Francisco LARGO CABALLERO (n° 10) • Tombe de Virgilio DIAZ (n° 11) Tré20 - LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
sorier du Comité international d’aide à l’Espagne Républicaine
6. Caveau des volontaires français des Brigades Internationales
• Tombes de Brigadistes (n° 5, 6, 8 et 13)
7. Monument aux immigrés de la résistance FTP-MOI
• Tombe de la photographie Gerda TARO (n° 12)
8. Pierre Rouquès
• Monuments aux Garibaldiens (n° 1) – de nombreux volontaires italiens formeront la XIIe Brigade Internationale « Garibaldi » en Espagne
9. Mur des Fédérés
• Monument aux combattants russes tombés dans la Résistance Française au cours de la 2e GM (n° 2) – un peu plus de 2000 Russes participèrent à la Guerre d’Espagne comme tankistes, pilotes d’avion…)
12. Gerda Taro
• Monument aux Espagnols morts pour la Liberté (n° 4) • Monument aux FTP-MOI (n° 7) – de nombreux anciens Brigadistes étrangers participèrent ensuite à la Résistance française, dont plusieurs membres de « l’Affiche Rouge » Les Amis de Combattants en Espagne Républicaine www.acer-aver.com www.brigadesinternationales.fr Facebook : ACER les Amis des Combattants en Espagne Républicaine 1. Monument aux Garibaldiens 2. Monument aux volontaires russes 3. Juan Negrin Lopez 4. Monument à la mémoire des espagnols morts pour la liberté 5. Monument à la Brigade du Colonel Fabien
10. Stèle de Francisco Largo Caballero 11. Virgilio Diaz
13. Dommanski Dubois • Tombes de Paul Vaillant-Couturier et Henri Barbusse Les Amis de Combattants en Espagne Républicaine s’attachent à entretenir et préserver la mémoire des volontaires des Brigades Internationales, les valeurs qui furent les leurs aux côtés du peuple espagnol contre le fascisme pour défendre la Liberté, la Démocratie et le Progrès social.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
SOUSCRIPTION 2021
(02) SECTION MONTESCOURT LIZEROLLES 50 AG - (07) CHAMBON THIERRRY 100 AG - (13) COMPAGNE ROSE 20 - (13) AZAM JACQUES 100 - (13) BALESTRIERI PIERRE 100 AG - (31) BIARD MAURICE 15 - (35) PLOTEAU GEORGES 50 AG - (38) BOUGEY JEAN 100 - (44) LECŒUR JACQUES 100 - (66) COMITE DEPARTEMENTAL 800 - (68) MOYE GERARD 200 - (69) BLACHE ROGER 30 - (71) MAZOYER EMILE 30 - (71) REBHY LILIANE 100 AG - (71) BOUTON MICHELE 100 AG - (72) LETHELLIEUX GASTON 100 - (74) NEPLAZ BERNARD 50 - (77) DAVID CATHERINE 50 - (77) CLECH COLETTE 100 AG - (92) DUMOUTIER JEAN CLAUDE 100 - (92) LE YAOUANC YVES 30 - (92) CAPUS VERONIQUE 150 AG - (92) COMITE DEPARTEMENTAL 92 3000 - (92) SECTION LOCALE DE MALAKOFF 2 000 - (94) SABIS GUY 50 AG - (94) BONNET ALAIN 100 AG (95) GUILLY LUCIEN 25 - (95) MERIAUX MONIQUE 20 AG
Merci
La direction nationale remercie chaleureusement les camarades (33-92-88-77-13-03) qui ont abandonné leur demande de remboursement des frais engagés à l’occasion de leur venue à l’Assemblée Générale de l’ARAC les 20 et 21 novembre 2021 à Créteil. Cela vient en plus de ceux qui, à Créteil, ont versé pour la souscription nationale. Cet attachement à l’organisation pour permettre à l’ARAC de continuer son combat fait chaud au cœur. 2022, comme nous en avons décidé samedi et dimanche dernier, sera une année de renforcement de notre structure, une année où nous mènerons une grande campagne d’adhésion. Nous reviendrons dans le prochain numéro du Réveil sur notre assemblée générale, les décisions que nous avons prises ainsi que la publication du texte dont nous avons discuté. Merci encore à tous ceux qui ont pu faire le déplacement, désolé que certains pour des raisons personnelles n’aient pu participer. Chacun et chacune aura dans le 1er Réveil de 2022, l’ensemble du travail commun de ces 2 jours. Bonnes fêtes à tous et ensemble, pour la paix, l’amitié, l’antifascisme, la défense des valeurs républicaines, gravement menacées.
Cérémonies du 11 novembre 2021 à l’Arc de Triomphe A l’occasion du 103 anniversaire de l’Armistice mettant fin à la guerre 19141918, la signature d’un armistice entre la France et l’Allemagne accompagné de l’accord du Royaume Uni et des USA avait permis de mettre fin à un conflit ayant entraîné 10 millions de morts et 20 millions de blessés et de mutilés. Cette année les cérémonies ont pris un caractère particulier puisque le dernier Compagnon de la Libération, Hubert Germain s’est éteint le 12 octobre 2021. Seules Mille trente-huit personnes dont six femmes ont été Compagnons de la Libération, et le dernier survivant devra être inhumé dans la crypte du Mémorial de la France Combattante du Mont Valérien. Il rejoindra seize autres combattants morts pour la France de 1939 à 1945 et reposera avec les siens. Le Président de la République a voulu qu’un hommage national Lui soit consacré lors des cérémonies du 11 novembre 2021 à l’ARC de Triomphe, comme l’ultime héros des Compagnons de la Libération. De nombreuses associations d’Anciens Combattants ont répondu à l’invitation à ces cérémonies et ont partagé, la vive émotion qui se dégageait tout au long de ce vibrant hommage. L’ARAC était représenté par Liliane Rehby, secrétaire Nationale. La journée s’est terminée par un déjeuner à l’Elysée, à l’invitation du Président de la République. e
Dijon (21) Anciens combattants, associations, élus municipaux et familles de fusillés se sont rassemblés place de la République, à Dijon. Presque 103 ans que la Première Le porte-drapeau de Guerre mondiale est terminée. Pour l’ARAC au 1er rang et Berles anciens combattants, les associa- nard Porrini, Président de tions et certains élus municipaux, un l’ARAC 21 lit la déclaration autre combat se poursuit. Réhabiliter de l’Association. la mémoire des soldats fusillés pour l'exemple. Dimanche 7 novembre à Dijon, plusieurs dizaines de personnes se sont réunies place de la République. Plusieurs municipalités soutiennent cette réhabilitation. En France, près de 640 soldats ont été fusillés pour l'exemple. Six viennent de Côte-d'Or : un seul d'entre eux a été réhabilité, jusqu'à présent. La Côte d'Or a payé son tribut du sang par l'exécution de six de ses enfants entre 1914 et 1916 Eugène Jean Baptiste BOURRET vigneron, 27 ans fusillé le 7 sept 1914 à Vanémont (88), Charles Joseph DESCHAMPS, agriculteur, 33 ans, fusillé le 10 nov. 1914 à Ranziéres (Meuse), François Marius FERNET, ajusteur, 24 ans, fusillé le 22 Déc. 1914 à Bouvancourt (Marne), André BARBELIN, 28 ans, engagé volontaire, fusillé le 27 oct. 1915 à Montzeville (Meuse), Auguste OUDET, corroyeur, 27 ans, fusillé le 8 janv. 1916 à Villotte sur Aire (Meuse). Nous conclurons par ces mots de Henri BARBUSSE : « GUERRE A LA GUERRE ET MAUDITE SOIT LA GUERRE »
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LE RÉVEIL VOS DROITS
Au cœur du parc de la ville, l’artiste Tadashi Kawamata a conçu l’œuvre « Bain de forêt », composée de 20 cabanes et trois nids d’oiseau
Tremblay, et la nature,
une preuve d’amour Ville engagée pour les générations futures 70 ha
Ville de
de bois préservés au cœur de la ville
Tremblay-en-France
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tremblay-en-france.fr
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
EN DÉVELOPPANT DEPUIS PLUSIEURS DÉCENNIES SON RÉSEAU DE CHALEUR GÉOTHERMIQUE, EN RÉALISANT DES ÉCONOMIES D’ÉNERGIE PARTOUT OÙ CELA EST POSSIBLE ET EN PRÉSERVANT LES FORÊTS, LES TERRES AGRICOLES, LES JARDINS FAMILIAUX… LA MUNICIPALITÉ FAIT LE CHOIX D’UNE VILLE VERTE.
Ville la plus verte
de Seine-Saint-Denis
30 ha pour le site unique des berges du canal de l’Ourcq, lieu privilégié pour les promeneurs
500 ha de terres agricoles protégées de l’urbanisation par la ville en bordure du vieux village de Tremblay. Unique en Seine-Saint-Denis
20 ha de jardins solidaires et familiaux
• 5 000 logements raccordés à la géothermie 8 600 tonnes de CO2 • économisées chaque année
21 km de pistes cyclables LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 - 23
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Allier (03) L’ARAC de l’Allier a rendu un émouvant hommage à René MERLE ancien secrétaire départemental
Les responsables des sections ARAC du département accompagnés de leur porte-drapeau se sont réunis au siège de l’association à Saint-Pourçain-surSioule pour honorer leur ancien secrétaire départemental René Merle décédé le 30 juin 2019. Retardé par la pandémie, l’hommage a consisté à dévoiler une plaque en présence de ses deux fils Joël et Jean-Luc et ses petits-enfants, dans la salle de réunion, qui dorénavant portera son nom. S’il y a un camarade à qui nous devons l’implantation du siège départemental de l’ARAC : rue du Carvert à Saint-Pourçain, c’est bien René MERLE et c’est pour cela que la présence de son portrait aux
côtés de celui d’Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier, fondateurs de l’ARAC, est amplement justifié, devait déclarer Christian Bertrand qui lui a succédé au poste de secrétaire départemental. Ancien combattant d’AFN, ardent défenseur des valeurs républicaine, ne cachant pas ses convictions progressistes, René a milité au sein de l’ARAC pendant près de 50 ans. Il a revendiqué fortement pour que la date du Cessez-le-feu en Algérie 19 mars 1962 soit reconnue et commémorée officiellement. Politiquement et humainement, il était contre ce conflit, en rappelant son combat pour la Paix et la devise d’Henri Barbusse « Guerre à la Guerre ». Humaniste au grand cœur : dévouement, gentillesse, bienveillance, modestie sont les traits qui le caractérisaient. A noter qu’il fut un des initiateurs du projet d’implantation du mémorial des AFN à Saint-Pourçain en 2002.
Versailles (78)
Villejuif (94)
Une cérémonie hommage à Théo Potreau, en gare de Versailles Chantiers et au cimetière, organisée par le Syndicat CGT Cheminots, avec la participation de l’ARAC, du PCF, de la MJCF et du PRCF s’est déroulée le 23 novembre. Théo Potreau, cheminot CGT de Versailles, militant PCF, résistant et commandant en chef des FTP de la région Ouest-ceinture Versailles-Juvisy, assassiné par les nazis en novembre 1943.
Versailles hommage à Théo Potreau.
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Le Maire de Villejuif, Pierre Garzon et le Secrétaire général de l’ARAC, Patrick Staat, ont remis l’insigne médaille au porte-drapeau Patrick Nuret
Ruelle sur Touvre l’Isle d’Espagnac (16)
La cérémonie du 11 novembre 2021 a commencé à l’établissement de NAVAL GROUP avec le Maire JeanLuc VALANTIN le Directeur de l’Etablissement NAVAL GROUP et JeanPierre COLAS Président de l’UNION LOCALE et de L’ARAC. Le dépôt de gerbes par le Directeur ensuite par Monsieur le Maire et le Président des Anciens Combattants. Ensuite en défilé avec les porte-drapeaux le tour au monument aux morts devant la Mairie, Le jeune porte-drapeau de l’ANACR avait revêtu un habit de la première guerre mondiale devant les huit porte-drapeaux nous avions un militaire du 1er Rima d’Angoulême. Nous avons fait une halte dans la rue des Anciens Combattants avec les honneurs, le monument était pavoisé avec des fleurs, à l’annonce de la cérémonie par le Président, demande d’adopter une attitude solennelle lorsque retentira le refrain de l’hymne national. Après le garde à vous aux porte-drapeaux Monsieur le Maire Jean-Luc VALANTIN et la Conseillère départementale Fatna ZIAD ont déposé une gerbe suivie par deux Anciens Combattants de l’ULAC. La minute de silence, suivie de la Marseillaise. Le message de Madame la Ministre Déléguée à la Mémoire auprès des Anciens Combattants a été lu par Monsieur le Maire Jean-Luc VALANTIN, et une pensée à Jean-Pierre CHAGNAUD ancien Maire de RUELLE décédé il y a quelques jours. Lecture des noms des militaires morts en opération depuis le début de l’année, tous morts pour la France, puis remerciements des porte-drapeaux. Invitation du Maire au pot de l’amitié à la Mairie.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Brest (29)
Charente (16) camps ont montré leur désespoir, leur refus de cette guerre », « Les commandements français, devant cette colère, pour masquer leurs responsabilités, ont convoqué des conseils de guerre qui provoquèrent 2 500 condamnations de soldats à être fusillés pour l’exemple, dont 639 furent fusillés et les autres déportés. »
Le maire François Cuillandre lors de la commémoration du 11 novembre à la gare de Brest avec l’Arac - OUEST-FRANCE.
Lors de la première cérémonie du 11 novembre à la Gare de Brest, Guy Le Dantec, secrétaire général de l’ARAC du Finistère a rappelé : « Tout au long de ces combats, les soldats des deux
L’Arac exige « la réhabilitation collective » de ces 2 500 condamnés pour l’exemple, « ce qui permettrait de les honorer sur les monuments aux morts de la guerre 14-18. » En 2018, lors du centenaire de l’Armistice, le président Emmanuel Macron a opposé une fin de non-recevoir, qui se veut définitive, à cette demande…
Finistère (29) Réunion du Comité départemental de l’ARAC 13 octobre 2021 à Brest
Les deux sections étaient représentées par neuf camarades, Romaric Le Duc, Claude Jullière, Guy Dantec était excusé. L’objectif principal étant de relancer l’activité de l’ARAC après la pandémie et de recruter pour rajeunir nos adhérents et combler la baisse des effectifs. De plus nos responsables prennent de l’âge et ne peuvent que partiellement assurer leurs tâches. La question se pose : comment recruter ? La discussion s’engage sur ce sujet primordial pour la survie de notre association. Compte tenu que la commission mémoire de l’ONAC et l’ARAC n’ont pas été associées à la préparation de la cérémonie franco-allemande du 12
novembre 2021 au cimetière allemand de Lesneven, le comité décide de ne pas participer à cette cérémonie. Le Comité du Finistère a été représenté à Chateaubriant pour le 80e anniversaire en hommage aux fusillés par les nazis en 1941. Le débat se poursuivra par l’examen de la situation économique et sociale en France et sur l’intervention de l’armée française au Sahel. Le comité a pris note des dates de l’Assemblée Générale nationale, 20 et 21 novembre 2021 à Créteil, le congrès départemental pourrait être fixé après ces dates.
Villejuif (94) 11 novembre
Jeudi 18 novembre 2021, le comité Charente ARAC a tenu son Assemblée Générale à Saint Cybard Rive de Charente. Après avoir remercié les participants nous avons respecté un moment de recueillement à la mémoire de nos camarades qui nous ont quittés. Le Président sortant a présenté le rapport moral avec les points prioritaires de notre motion générale sur les droits à réparation pour le budget 2022 de poursuivre la mise en œuvre pour soutenir le grand mouvement International de la Paix. La secrétaire donne lecture du rapport d’activité, ainsi que le trésorier. Les rapports sont adoptés à l’unanimité ainsi que le renouvellement du conseil d’administration. Après plusieurs intervenants ont pris la parole, ils soutiennent les vœux pour 2022 sur notre motion sur les droits qui a été expédiée aux Sénateurs aux députés. Certains camarades ont réglé leurs cartes 2022. A la fin des travaux nous avons pris le pot de l’amitié. Jean-Pierre Colas
Grigny (91) Visite du musée de la résistance de Champigny avec les enfants et les parents du centre aérée de Grigny organisée par l’ARAC de Grigny.
LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 - 25
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Dordogne (24) Après l’effort... Moment de détente et de convivialité après l’assemblée générale de l’Arac 24. Plus de 20 camarades ont répondu à l’appel, pour engager un plan de reconquête et d’action dans le territoire. Chacune chacun ayant bien compris l’enjeu du travail collectif et de l’avenir de l’Arac dans la défense des valeurs de la République et de l’Arac. Les décisions reflètent l’esprit offensif : - travail collectif renforcé avec l’outil de lutte ARC renforcé.
Lot (46) 11 novembre 2021
- organisation des EGP Arac 24, - expo la COMMUNE et débat public, - action en direction des collèges et autres assos, en lien avec les élus, facilités par les élus présents à l’AG. Le tout dans un an de travail d’ensemble avec des objectifs et points de rencontre
Sarthe (72) Rassemblement pacifiste en Sarthe le 11/11, pour la réhabilitation des fusilles pour l’exemple de 14-18.
Loire-Atlantique (44) Bouvron commune de Loire-Atlantique, dernière Commune de France libérée, le 11 mai 1945 avait décidé de rendre hommage à Henri Barbusse. Le samedi 6 novembre 2021, après la lecture théâtralisée avec talent et brio d’un passage du Feu Place des vivants par l’Association Acanthe. En présence d’une quarantaine de personnes (malgré la pandémie) dont quatre conseillers municipaux, Paul Markidès, Vice-Président de l’ARAC nationale, a donné vie à Henri Barbusse. Paul a montré comment le dandy pacifiste sensible à l’attitude de Jaurès, qui s’était engagé pour détruire le militarisme allemand a été transformé par la guerre et est devenu un combattant de la paix un crieur de liberté.
Vertou (44) La section de Vertou a été à l’honneur ce 11 novembre 2021 pour commémorer le 103e anniversaire de l’armistice. Pour la première fois dans cette ville de l’agglomération nantaise, devant un public très nombreux, c’est une femme Claudie Hannin Bourgoin qui portait le drapeau de l’ARAC. Le maire l’a longuement félicitée Pour la section de Vertou : Le président Claude le Cloërec 26 - LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
Sarthe Rassemblement pacifiste pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple du 11 novembre à Allonnes
Savigny-sur-Orge (91) Paul Markidès à Bouvron.
L’ARAC association liant les travailleurs et les combattants de cette guerre pour la défense des droits, de tous les droits. L’ARAC est née de ces hommes, de ces soldats, depuis 1917 elle porte leur cri “Guerre à la guerre’’ et lutte pour la paix et contre le fascisme.
Avec nos camarades de la libre pensée dépôt de gerbe au monument aux morts de Savigny sur orge et réunion de travail afin de préparer les prochaines actions communes.
Paul a dédicacé ses livres. Jean-Claude Salomon
Vigneux-sur-Seine (91) A l’occasion du 11 novembre 2021 à Vigneux sur seine, le maire THOMAS CHAZAL et notre président de l’ARAC LUCIEN LAGRANGE ont remis la médaille et le diplôme pour ses 40 ans de porte-drapeau de l’ARAC de notre section de Vigneux à Monsieur ROBERT CHAMBON.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Charente (16) 11 novembre 2021 à Saint-Cybard à Angoulême L’ARAC comme chaque année était présente avec son Président Jean-Pierre COLAS pour cette cérémonie anniversaire. De nombreuses personnes étaient présentes à cette cérémonie deux porte-drapeaux, le Maire d’Angoulême Xavier BONNEFOND le Député Thomas MESNIER, l’adjoint au Maire Laïd BOUAZZA, le Trésorier de l’ARAC Serge BRISARD, nous avons procédé aux dépôts de Gerbes, Monsieur le Maire, Le Député, le comité de
Couëron (44) La section de Couëron était présente avec son drapeau pour le 103e anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918. Madame la maire est intervenue, suivie par le président de section, Dominique Sanz a lu dans son intégralité la déclaration de l’ARAC, cet appel à agir pour la paix, devant les 200 personnes rassemblées. Ce fut un moment fort montrant le lien fraternel entre notre association et les Couëronnais. Section de Couëron
quartier et le Président de l’ARAC. Le Président a fait l’appel des morts pour la France.
Vianges (21) Un rassemblement en mémoire des fusillés pour l’exemple Autour du monument aux morts de Vianges, portant des plaques à caractère pacifiste posées en 2014, sous l’impulsion du conseiller départemental et maire de Vianges Pierre Poillot, les associations du collectif côte-d’orien ont réclamé par des déclarations cette réhabilitation. La plupart des 639 fusillés pour l’exemple entre 1914 et 1918 n’ont pas été réhabilités, y figure André Barbelin, fusillé le 27 octobre à 1915 à Montzeville (Meuse), à l’âge de 23 ans. Charles Joseph Deschamps, fusillé le 10 novembre 1914 à Ranzières (Meuse), âgé de 33 ans. Pierre Poillot, maire de Vianges et
Evry (91)
Rassemblement présidé par Didier Callabre co-auteur du livre le fusillé innocent la réhabilitation de l artilleur Eugene Bouret 1914-1917.
conseiller départemental, les représentants de l’Association républicaine des anciens combattants, et de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance, avec la Fédération départementale de la libre-pensée de Côte-d’Or et le Cercle Marcel Martinet de la libre-pensée.
14 novembre 2021 - Commémoration de l’arrestation de Missak Manouchian à la gare d’Evry petit bourg.
Le Bien Public – 7-11-2021
Riom (63) Cérémonie du lundi 1er novembre 2021 à Riom avec le monument de l’ARAC des fusillés de 14/18 Ce monument a été élevé pour rendre aux mutins de 1917, leur honneur perdu. L’inauguration de ce monument de l’ARAC a eu lieu le 11 novembre 1922. Ce monument est dédié à toutes les victimes dont on ne parle jamais.
C’est ainsi que l’ARAC a élargie l’hommage aux victimes de la milice et de la Gestapo et à mentionner le nom des victimes sur la colonne. Au regard de la situation et des atrocités à travers le monde, ce monument
1er novembre.
a valeur de symbole. Il permet d’ouvrir la discussion sur l’absurdité et les conséquences des guerres. LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 - 27
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Marseille (13)
Trappes (78)
Quelques photos des commémorations des Bouches du Rhône. A souligner, nos jeunes porte-drapeaux et le discours lu par une jeune fille. Tout modestement pour l’ARAC, la transmission de la mémoire n’est pas un vain mot.
Henri Pouillot : 11 novembre 2021, devant le monument aux morts. Porter le drapeau de l’ARAC en cette occasion, c’est rappeler que cette association d’anciens combattants s’est constituée dans les tranchées en 1917 avec un mot d’ordre “Guerre à la Guerre”, mais aussi un hommage à mon père, ce poilu qui revint vivant mais invalide. Il fut gazé et ses poumons ont tant souffert qu’il développa une tuberculose bien plus tard. Mais comme il avait refusé de porter les armes, il échappa aux fusillés pour l’exemple (tous n’ont pas fait l’objet de procès) mais il fut désigné comme brancar-
dier, les postes les plus exposés : aller chercher les blessés sous les tirs/ bombardements… Lors d’une de ces sorties de la tranchée pour aller chercher un camarade blessé, il fut lui aussi gravement blessé et conserva dans le ventre des éclats d’obus provoquant la nécessité d’opérations nombreuses pour retirer ces corps étrangers qui provoquaient des ulcères à l’estomac…. N’oublions pas ce passé
Marseille (13)
Le 6 novembre, Cité des Associations de Marseille. Conférence par Mme Chantal Champet, historienne, sur le thème oublié de la grande guerre : « Marseille et les prisonniers du Château d’If et des îles du Frioul en 1914 et 1915 ».
Véritable camp de concentration où furent internés plus de 1 600 femmes, enfants et hommes venus de l’Alsace et de la Moselle (qui étaient allemandes depuis 1870) et donc suspectés d’être ennemis. Ils furent rassemblés dans des conditions inhumaines. Le froid, la faim, la maladie ont eu raison d’une grande partie de ces déportés dont un grand nombre d’enfants furent enterrés sur place. Cette conférence a été coorganisée par La Libre-Pensée, le Mouvement de la Paix et l’ARAC, représentée par Paul Roubin vice-président départemental, délégué à la mémoire et son président Patrick Saintenoy qui fit une intervention sur le combat pour la paix.
Chenove (21)
Saint-Blimont (80)
Pour le 11 novembre, repas avec l’ARAC
Repas de la section ainsi que le tirage au sort de l'ordinateur de leur tombola. Une cinquantaine de participants sont présents
St-Just lecture du message de l’ARAC par Melle Lou.
Place Dalmas, quartier St Ga-briel - 3e commémoration de la matinée.
Quartier de Malpassé - 4e commémoration de la matinée
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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Dijon (21)
Lambesc et Canton (13)
Le 7 novembre, place de la République à Dijon, une initiative pour la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple. Après les interventions de Bernard PORRINI (ARAC), Bruno MARSOT et Henri BARABANT (La libre Pensée), Paul GUETH (ANCAC), une minute de silence et chanson de Craonne.
Par courrier du 03.10.2020, L’ARAC des Bouches du Rhône, conformément à l’article 2 de la loi du 28/02/2012, s’est adressée à M. RAMOND, maire de LAMBESC, pour lui demander, solennellement, d’inscrire le nom de Joseph MANDIN, aux côtés des 82 noms qui figurent sur le monument aux morts de la ville, au titre des MORTS POUR LA FRANCE, durant la guerre de 1418. Lors de la 1re guerre mondiale, Joseph
MANDIN est mort le 18 mai 1915, dans le naufrage du cuirassé “Le Bouvet”, au large des côtes turques. Le nom de Joseph MANDIN ne figure aujourd’hui sur aucun monument aux morts de FRANCE. A ce jour, rien n’a été encore entrepris pour réparer cette situation anormale et pour faire droit à la mémoire de Joseph MANDIN… Jean-Michel CARRETERO, Secrétaire de l’ARAC LAMBESC et CANTON.
Neuville-de-Poitou (86)
Dijon 7 novembre pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple.
Launaguet (31) Le président l’ARAC de Launaguet, Henri Milheau, a reçu la médaille de l’Assemblée nationale qui lui a été remise par le député Jean-François Portarrieu. La cérémonie s’est tenue en petit comité à l’Hôtel de Ville. L’occasion de saluer le parcours de cet ancien combattant qui fut également adjoint à la mairie de Launaguet, ainsi que son engagement en faveur de la mémoire.
A Neuville-de-Poitou, la journée du 11 Novembre s’est déroulée cette année devant la plaque commémorative de la guerre 1914-1918 du cimetière de la commune en présence de plusieurs personnalités et de très nombreux habitants. La Ligue des droits de l’homme de Châtellerault, l’Arac et la Libre-pensée ont participé à cette cérémonie pour saluer la réhabilitation de Georges Louis Ravault, l’un des nombreux fusillés pour l’exemple nés dans la Vienne, dont le nom a été inscrit sur la plaque commémorative. Le soldat honoré, Georges Louis Ravault, fusillé pour l’exemple le 12 février 1915 à l’âge de 22 ans, était membre au 173e régiment d’infanterie. Ce régiment, basé en Corse, a combattu dès la mi-août 1914 en Lorraine allemande, notamment lors de la bataille de Morhange, dans des conditions atroces, extrêmement traumatisantes
pour les Poilus. Le jeune Louis Ravault, orphelin, marchand de chevaux à Neuville avant de partir à la guerre, décida le 30 octobre avec trois de ses camarades de se mutiler. Il se fit alors tirer une balle de fusil dans la main pour ne pas participer au combat. Mais après la lettre du ministre de la Guerre au général commandant en chef, écrite de Bordeaux le 9 septembre 1914, la mutilation volontaire fut décrétée comme un moyen d’accomplir un refus d’obéissance en présence de l’ennemi, et donc un crime. Le jugement fut prononcé le 11 février, et le lendemain, à 6 h du matin, la sentence exécutée. La Ligue des droits de l’Homme, l’Arac et la Libre-pensée ont tenu ce jeudi 11 novembre à dire leur reconnaissance à la municipalité de Neuville-de-Poitou de réintroduire Georges Louis Ravault dans la mémoire des hommes.
Henri Milheau président de l’ARAC de Launaguet.
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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Amiens (80)
Méry-sur-Oise
Les cheminots d’Amiens ont célébré le 103e anniversaire de l’armistice 19141918. Fabien Devisme a lu la déclaration de l’ARAC lors de cette cérémonie. Une gerbe a été déposée.
La section de Méry-sur-Oise, représentée par son président Christian Debuire, son vice-président Michel Bassot et ses fidèles porte-drapeaux, était présente lors des commémorations du 103e anniversaire de l’Armistice du
11 novembre 1918, à Auvers-sur-Oise (Square de la Résistance et au Cimetière), à Méry-sur-Oise (Cimetière et au monument aux morts, place Joliot-Curie).
11 novembre.
Cheminots - 11 novembre.
Cayeux-sur-Mer (80) 11 novembre, l’ARAC de Cayeux sur Mer était présente lors de cette cérémonie, une messe a été célébrée, pour ensuite partir avec un défilé jusqu’au monument. Accompagnée par la municipalité et les associations, ainsi que les enfants des écoles du village dans leurs jolis costumes.
Rocles (03)
Salleux (80)
11 novembre, pour la réhabilitation générale et collective des fusillés pour l’exemple de la guerre de 1914-1918. Honneur à nos morts ! A bas la guerre !
L’ARAC de Salleux était présente lors de la cérémonie du 11 novembre. Isabelle Hollingue a lu la déclaration de l’ARAC accompagnée du porte-drapeau Gilbert Hollingue.
11 novembre - Alexis Mayet.
Cérémonie du 11 novembre.
Somain (59) Le Maire – Julien Quennesson – les élus, les associations d’anciens combattants, les pompiers, les gardiens de la paix, et les citoyens ont rendu hommage aux victimes de la guerre, qu’ils soient soldats ou civiles.
11 novembre, les enfants en costume.
30 - LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022
« La Der des Ders » fut une véritable boucherie, plus que jamais la paix et la coopération est indispensable entre les peuples.
M. Julien Quennesson, Maire - et les enfants 11 novembre.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
La non-épuration en France De 1943 aux années 1950 Peut-on vraiment parler d’épuration, celle promise sur les ondes de Londres et d’Alger contre les collaborationnistes et « assassins de patriotes », à l’heure où les archives de la Police et de la Justice enfin ouvertes apportent la preuve que celle-ci n’a jamais eu lieu ? Alors que s’est imposée l’image dominante d’une « épuration sauvage » persécutant « femmes tondues » et notables, De Gaulle et ses soutiens politiques ont plutôt opté pour une « non-épuration » : favorable au statu quo général des élites inauguré par le CFLN à Alger, cette option bénéficia même aux criminels de sang. Les alliés ont-ils joué un rôle dans cette politique de réhabilitation ? C’est ce que nous démontre l’auteure de ce livre, preuves à l’appui puisqu’il est principalement alimenté par les archives. Son travail minutieux prend le contrepied de la plupart des thèses récentes visant à réhabiliter Vichy et la Collaboration. Un ouvrage indispensable pour décrypter cette non-épuration et apporter un éclairage neuf sur un sujet brûlant. Annie Lacroix-Riz : professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris 7, a publié entre autres
Chevilly-Larue (94) Jeudi 11 novembre, sous un soleil automnal, la Municipalité, les associations d’anciens combattants et de nombreux Chevillais ont partagé un moment chargé d’émotions et d’humilité à l’occasion du 103e anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918, mettant fin aux combats de la Première Guerre Mondiale
Méry-sur-Oise ouvrages, chez le même éditeur Le Vatican, l’Europe et le Reich, Le Choix de la défaite. De Munich à Vichy, Industriel et banquiers sous l’Occupation, Les élites françaises 1940-1944. De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine et chez Delga-Temps des cerises. Aux origines du carcan européen, 1900-1960.
Repas de gala annuel de l’ARAC – Méry-sur-Oise - Nous avons passé une très belle journée. C’était un réel plaisir de retrouver tous nos adhérents.
Vous pouvez vous le procurer en librairie ou aux Editions Armand Colin au prix de 29,90 euros.
Saint-Blimont (80) Saint-Blimont (80) Madame Sophie Legrand est l’heureuse gagnante de l’ordinateur avec le n° 280 des tickets de tombolas de L’ARAC de Saint Blimont. (tirage fait par la main innocente de Maryline Hecquet).
Gagnante de la tombola.
À l’occasion du 103e anniversaire de l’Armistice mettant fin à la guerre 1914-1918, l’ARAC de Saint Blimont a participé avec ses porte-drapeaux à la cérémonie du 11 novembre 2021, par les élèves du village ont lu la déclaration de l’Arac.
11 novembre. LE RÉVEIL - N° 877 - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 - 31
Soissons (02)
La cérémonie du 11 novembre 2021 nous rappelle que l’ARAC fut fondée en novembre 1917 pendant cette Grande Guerre par Georges Bruyère, Paul Vaillant-Couturier, Raymond Lefebvre et Henri Barbusse son premier Président, ce qui fait plus d’un siècle de lutte pour la fraternité. Les membres de l’ARAC du Soissonnais et son Président Jean-Noël GREBERT ont participé à la commémoration de l’armistice dans plusieurs communes de l’Aisne, pour que “maudite soit la guerre”, en disant non à la Guerre, non à toutes les guerres. Le 11 novembre est pour nous la construction des anciens-combattants, et dès 1919 ils ont voulu ce jour de commémoration nationale, comme une fête de la paix et non comme une fête de la victoire en tant que telle. C’est sous la pression des organisations d’anciens-combattants, républicains et laïques, que le jour du 11 novembre devient une fête nationale. Nous sommes et restons fidèles à cet esprit pacifiste, fidèles à nos principes, de combattant pour la paix, en commémorant la fin de la première guerre mondiale
pour dénoncer la barbarie de toutes les guerres actuelles, les atteintes aux Droits de l’Homme et à la liberté d’expression, d’association, de manifestation. Durant la Grande Guerre, des soldats ont été envoyés au peloton d’exécution par des Conseils de Guerre expéditifs, en prenant la vie des hommes, prenant également leur honneur et jetant l’opprobre durablement sur des familles entières. Nous devons donc continuer notre action pour exiger la réhabilitation collective pour permettre la reconnaissance posthume de tous ces hommes condamnés sans justice, morts sous les balles de leurs frères d’armes, ’’fusillés pour l’exemple’’. L’ARAC du Soissonnais se situant dans le département de l’Aisne, cela nous rappelle la chanson de Craonne, du nom du village de Craonne dans l’Aisne, situé entre Laon et Reims. Chanson contestataire, chantée par des soldats français durant la Première Guerre mondiale. Elle est interdite par le commandement militaire qui la censure, comme quoi le pacifisme n’a toujours pas bonne presse.
Monument à Chauny (02) dédié en mémoire des 639 soldats fusillés sur le front pour l’exemple 1914-1918.
Cette chanson politiquement engagée à gauche a des visées anticapitalistes quand elle fustige les ’’gros’’, ’’ceux qu’ont le pognon’’, ’’car c’est pour eux qu’on crève’’ et ’’pour défendre les biens de ces messieurs-là’’. Dans les deux premiers couplets et le refrain ont exprimés la lassitude et le désespoir face aux conditions de vie dans les tranchées. La chanson de Craonne est connue pour avoir été entonnée par les soldats qui se sont mutinés, dans une cinquantaine de régiments de l’armée française, après l’offensive très meurtrière et militairement désastreuse du général Nivelle au Chemin des Dames au printemps 1917, et au cours des combats, les soldats français, partant de la vallée de l’Aisne, devaient ’’monter sur le plateau’’ tenu par l’armée allemande. Il faut se souvenir que, la ’’grève des attaques’’ commence le 2 mai, et la répression touche quelque 30 000 mutins ou manifestants, d’où 3 427 condamnations, dont 554 à mort et 57 exécutions. Le Vice-Président Olivier LAZO