Moteur, Action ! Être jeune cinéaste en France

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M O T AECUTIRON!

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nu mé ro

s’ in té le gr pa e r rc à o u l’ i n rs du du st co rie m du ba c tt in an ém t a,

INTerNeT DIFFUSION SUr Le NeT

QUAND LA TOILe PeINT Le CINeMA

le magazine du jeune cinéaste

Afin de pouvoir montrer leur travail, faute de producteurs et de distributeurs, certains réalisateurs n'hésitent pas à diffuser leur film directement sur internet.

« Automne » de ra'up McGee, premier long-métrage de cinéma diffusé exclusivement sur internet via Google Vidéo. Le réalisateur, faute de producteurs, a pris la décision de financer luimême son film, réduisant ainsi considérablement ses moyens. Mais les ennuis n'étaient pas terminés. Lorsque son film fût prêt à la vente, les distributeurs lui offraient un nombre de salles insuffisant pour rentabiliser le long-métrage. Prit de cours et ne voulant pas voir son travail tomber dans l'oubli, il prit la décision de le publier sur Google Vidéo en décembre 2006. A l'époque, le réalisateur avait déclaré : « Plutôt que de laisser mon film sur une étagère, j'ai décidé de le rendre accessible en téléchargement sur Internet. » Un succès, puisque 800 000 personnes l'ont visionné. Un chiffre que le cinéaste n'aurait jamais pu espérer à travers le circuit classique de distribution.

« J’ai envie de dire “fuck” à Hollywood.» Si pour certains, la décision s'est faite sur le tas, pour d'autres c'est un choix réfléchi. Larry Clark a décidé en novem16

bre dernier d e mettre son h u itième f ilm « Marfa Girl » sur son site web, larryclark.com. Pour un prix plus attractif qu'en salle ( $5.99), le spectateur obtient le film pour 24 heures. « C’est désormais le futur » a t-il déclaré. Mais plus qu'une histoire d'évolution, c'est surtout un moyen de marquer son agacement face aux systèmes classiques de distribution et à leurs dirigeants. « Je Lary Clark, futur leader ou unique acteur d’une rébellion contre Hollywood? pense que cela pourrait aussi stopper les producteurs aussi se décourager de ne jamais être véreux d’Hollywood. Ils peuvent être assuré d'obtenir un revenu pour leur drôles, mais ce sont des escrocs. Ils vont travail et celui de leur équipe. Propovous serrer la main, vous regarder droit ser un modèle payant exclusivement dans les yeux, et puis rien. Une poignée sur le net n'assurera pas forcément la vente. L'absence de publicité addide main ne veut rien dire pour eux. » tionnée à l'explosion du piratage et du streaming ne garantit en rien des réUn modèle d'avenir ? sultats positifs. Enfin, cette consomthéoriquement, le modèle pourrait mation de films peut paraître très s'étendre de plus en plus et devenir un télévisuelle, ce qui peut déranger le des moyens de diffusion les plus utilisés. public du cinéma indépendant, proDans les faits, la question de la rentabi- fondément attaché à la salle de prolité reste sur toutes les lèvres. Diffuser jection et à la représentation sur gratuitement sur internet revient à se grand écran. On peut donc penser que contenter de revenus publicitaires, si le circuit classique a encore de beaux contenus il y a. Des sommes dérisoires jours devant lui. comparées au coût d'un flm. rapidement, les futurs réalisateurs pourront eux t.r

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Grosse galère.

LArryCLArk.COM

L

e net est la plus grande plateforme de distribution du monde. Le nombre de personnes qui partagent chaque jour leurs créations se compte en millions. Les podcasts et les web-séries sont en plein essor avec un succès non négligeable. Alors pourquoi pas le cinéma ? Une fois tous les producteurs et distributeurs contactés sans succès, la toile devient un moyen de voir sa production diffusée au plus grand monde.

sp éc ial

LA DIFFUSION que projette-t-on sur nos écrans?

CROWDFUNDING : lever des fonds la solution participative

ACTION! sur le tournage de “trucs de gosses”

YOUTUBE, DAILYMOTION... , ’ ? diffuser son film sur le net un modele d avenir

,


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eDITO

COMMUNICATION Dr SILeNzIO

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EDITO

SOMMAIRE

I

l est de notoriété commune de dire que le 7e art se porte bien. En 2012, il a été comptabilisé un nombre record de plus de 200 millions d'entrées au cinéma. Et alors ? Cela ne change en rien ce monde inégalitaire, dirigé par des personnes avides d'argent, dénigrant la créativité pour se concentrer sur la rentabilité. Le cinéma n'est pas seulement un art, c'est une véritable industrie où l'on exploite la plupart des ces ouvriers. Cela sert-il-encore de cracher sur la fabrique à histoires ? Les salles obscures continuent d'insuffler des passions. Mais entre les « fils de » et autres pistons, pas facile de s'y faire un nom. Les jeunes cinéastes sont confrontés à un véritable rempart pour ce qui est de s'intégrer dans ce monde opaque et fermé. Le système est fourbe. Et toutes ces personnes, passionnées par leur métier, mettent des années à s'en détourner quand l'échec commence à se faire ressentir. Parce que, malgré ce parcours du combattant, ils s'accrochent à leur objectif : réussir un jour à partager leur univers. tHOMAS rEMILLErEt

& LéA PFEIFFEr

● AU

COeUr De LA SAe I NTITUTe

● POrTrAIT: PIerre

● ASSOCIATION: CINéASTe.Org ● INTerVIewS: ILS

ONT LAISSé TOMber

● TOUrNAge: “TrUCS ● ArTHUr

La campagne du film Spring breakers par l’agence Silenzio.

DOUbLIer

De gOSSe”

PUbLICITé

L’ArT De Se FAIre VOIr De la création de l'affiche à l'achat d'espace publicitaire, Silenzio Communications accompagne chaque film jusqu'à sa sortie. Même les petites productions passent entre les mains de ces casseurs des codes pré-établis.

gOISSeT, PrODUCTeUr

● L’ACTION

DU SyNDICAT DeS PrODUCTeUrS INDéPeNDANTS

● CrOwDFUNDINg: Le

FINANCeMeNT

PArTICIPATIF

● eNQUêTe : QUe NOS éCrANS?

PrOJeTTe-T-ON SUr

● MArkeTINg : AgeNCe COMMUNICATION

● DIFFUSer

SILeNzIO

SON FILM SUr Le NeT

L

e cinéma se porte bien, donc nous aussi ». C'est le bilan que dresse Magalie Morin, directrice de clientèle au sein de Silenzio Communication. L'entreprise de création, conseils et gestion de communication profite en effet de la recrudescence de la fréquentation des salles de cinéma. récemment, elle s'est ouverte au web avec l'ouverture d'un pôle lui étant dédié. Un service en plus qu'elle propose désormais à ses

«

M O TAECTUIORN! L

Silenzio Communications

NUMéRO spéCIAL: S’INTégrer à L’INDUSTrIe DU CINéMA, Le PArCOUrS DU COMbATTANT

MOTEUR ACTION! MAgAzINe TrIMeSTrIeL MArS 2013 - 2€ eDITeUr; ISCPA - 12 rUe ALexANDre PArODI 75010 PArIS TeL +33(0)1 80 97 65 80 MOTEUR ACTION! TOUs DROITs RésERvés Dr©

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DIreCTeUr De PUbLICATION:

réDACTeUr eN CHeF: JOUrNALISTeS: MAQUeTTISTe:

MICHeL bALDI

PASCAL gOLFIer THOMAS reMILLereT LéA PFeIFFer LéA PFeIFFer

'entreprise, spécialisée dans la communication cinéma, prend en charge l'occupation du terrain visuel de chaque projet. Cependant, elle ne crée pas de bandes annonces. Ayant pour principaux clients les distributeurs Pathé, Studio Canal, réseau et Mars, Silenzio s'est notamment occupée des campagnes de grandes productions françaises et internationales: « Sur la piste du Marsupilami » (2012) ou « Happiness therapy » (2013). Mais également des films indépendants plus modestes, comme « Elefante Blanco » (2013) et « Portrait au Crépuscule » (2012). Silenzio doit un grand nombre de ses affiches aux graphistes de l'agence Le Cercle Noir.

clients qui se tournent de plus en plus vers ce moyen de communication. Notamment les plus modestes.

Petits budgets Les productions des plus grands distributeurs couvrent la plupart de l'espace publicitaire à disposition. Dans la bataille qui se livre chaque semaine, les films au budget réduit se retrouvent facilement noyés. Ils ne sont pas oubliés pour autant. Au sein de l'équipe créative de Silenzio, les films d'auteurs ou indépendants sont traités comme les autres. Un visionnage, un échange d'idées, de concepts et d'accroches en adéquation avec les souhaits des distributeurs. La différence se trouve dans la manière de les aborder. « Nous avons en général moins de matériel, nous sommes plus limité dans la création. » explique Magalie Morin. Un budget réduit demeure un handicap pour tout long-métrage. La place de la communication visuelle y perd peu à peu du terrain. Si les productions d'outre-atlantique prennent systématiquement le temps d'effectuer un shooting photo spécialement pour les affiches, ce n'est pas le cas en France. Encore moins lorsque les moyens n'y sont pas. Pour les

besoins de la communication, il est donc parfois nécessaire d'aller sur les lieux du tournage pour prendre des clichés complémentaires. Mais cela reste rare. « Lorsqu'il y a un coup de cœur sur un film, nous pouvons faire un effort et baisser les tarifs » avoue la directrice clientèle. A savoir que les prix sur le marché pour une campagne peuvent actuellement varier entre 5 000€ et 30 000€. Voir 35 000€ pour les grands noms.

Casser les codes Chaque film détermine une approche afin de trouver une communication adéquate. « Il existe des codes pour chaque genre. » déclare Magalie Morin. « Mais on essaye constamment de les casser. » Durant un temps, les polars ont été illustrés par une ambiance sombre et bleutée, façon “ 36 Quai des Orfèvres ”. Les comédies s'affichent majoritairement sur fond blanc. Alors, parfois, il est nécessaire d'un film se démarque du tas. Cela a été le cas pour “ Les infidèles ” l'an dernier. « Les distributeurs en ont marre de ces codes. Mais on y revient facilement, parce qu'il faut rassurer les spectateurs. » L.P 15


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eNQUeTe

rePOrTAge SAe INSTITUTe

DIFFUSION

ArT eT eSSAI eN DéTreSSe

CHez LeS APPreNTIS CINéASTeS

L'asphyxie du cinéma en marge saute au cou de la diversité culturelle.

Située au cœur d'une zone commerciale d'Aubervilliers, la SAE institute ouvre ses portes. L'occasion de découvrir la ligne directrice de l'établissement axée sur la polyvalence, l'autonomie et la qualification technique.

S

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E

SrA, ISIS, 3IS, CLCF ou encore ESEC, les école de cinéma de manquent pas en France. Les formations diffèrent et la SAE possède son propre système. Les dirigeants sont lucides sur les difficultés du métiers. Le milieu du cinéma est difficile d'accès et surtout précaire à cause du statut d'intermittent du spectacle. La formation est donc axée sur la polyvalence et la professionnalisation afin de faciliter l'insertion professionnelle.

Dr SAe INSTITUTe

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Il existe une Prépa facultative de 6 mois. 5 heures de théorie et 10 heures de pratique par semaine majoritairement en montage et en post production. La formation s'achève par un film de fin d'année à la manière d'un mémoire. A l'issue de cela, l'élève obtient un certificat reconnu par la profession. La SAE propose ensuite un enseignement de deux ans qui peut s'intégrer directement après les 6 mois de prépa ou par un concours d'entrée.

Cette formation s'effectue à travers 5 heures de cours théoriques et 15 heures de cours pratiques. Elle peut également se faire en une seule année de manière dite « intensive ». A l'issue de ces deux ans, les élèves reçoivent un diplôme reconnu par la profession. Ils peuvent ensuite poursuivre sur une troisième année en France ou à l'étranger qui permet de décrocher un Bachelor. Beaucoup plus théorique, elle s'articule autour de la gestion de budget et de projet ainsi que de la recherche de financement. L'année s'achève par un stage obligatoire d'un mois.

Savoir tout faire tout les métiers sont enseignés de manière approfondie à travers différents modules. Les étudiants ont donc des cours variés comme par exemple « prise de vue », « mise en scène », « écriture scénaristique», « prise de son » ou encore « motion design. » Dans ce cadre, l'école fournit aux étudiants du matériel en quantité. Ordinateur personnel, salles informatiques équipées de tous les logiciels nécessaires, caméras, micros, fond vert et pas moins de 3 salles d'enregistrements sonores sont mises à disposition. Ces salles de prise de

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ituée dans le quartier latin, une des plus anciennes de Paris, le cinéma du Panthéon affiche une façade inspirée de celles des vieux complexes cinématographiques américains. Sous les néons rouges, les parisiens peuvent voir une sélection mettant à l'honneur des films indépendants et d'auteurs, projetés dans l'unique salle obscure de 270 places. Pari risqué, le cinéma du Panthéon prend le parti de jouer la carte du label Art et Essai avec fierté en ne proposant que des La CNC porte films du vieux également sa part continent en verde responsabilité. sion originale. La liste des rendez-vous conditions reincontournable quises afin d'être des cinéphiles et titulaire du label admirateurs des Art et Essai, aussi longs-métrages floues que d'apen marge, l a parence exipetite s alle Un label quasiment caduc geantes, ont été accueille égaleassouplies depuis ment le cinéParmi la centaine de salles parisiennes quelques années club l'Art labellisées Art et Essai, très rares sont afin d'englober un d'aimer qui percelles qui peuvent se venter d'appliquer plus grand nommet de retroules conditions qui leur ont valu leur pres- bre de films. C'est ver sur grand tigieux titre. La plupart se plient à l'exi- l'aspect « œuvres SALLeS-CINeMA.COM © écran des classiques du cinéma eurogence du marché, dominé par les grands récentes ayant péen. racheté et entièrement rénové distributeurs et les super-productions. concilié les exigences de la critique et il y a quelques années par la société Mais cela n'est pas plus la faute des ci- les faveurs du public et pouvant être Why Not Productions, quelques films némas Arts et Essai que de celles des considérées comme apportant une américains à budget dérisoire viencontribution notable à l'art cinématocomplexes Gaumont ou UGC. nent parfois perturber la programmagraphique » Ceux-ci “ LeS PeTITeS SALLeS PeUVeNT à PeINe DIFFUSer tion. En novembre 2007 un café de qui sert de s'étant engoufLeS FILMS COrreSPONDANT AUx ATTeNTeS De 150 m2, décoré par les soins de Cafrés dans le filon LeUr PUbLIC. LeS AUTreS PeTITeS PrODUCTIONS couverture à therine Deneuve a été inauguré au 1er du cinéma SONT D'AUTANT PLUS CONDAMNéeS à L'OMbre.” l'introduction étage. La mission de la salle du Pand'importantes « d'intello », les théon, favorisant la qualité à la rentarares copies des films indépendants por- productions des plus grands distribubilité, ne l'a pas empêchée de teurs leur reviennent en majorité. Les teurs sur le marché de l'Art et Essai. Des demeurer ouverte et active depuis salles labellisées se retrouvent démunies films qui enfoncent dans les profondeurs 1907 sans interruption. de la part la plus rentable de leur fond de les productions les plus modestes, déL.P commerce. Pour leur propre survie, ils laissées au profit de l’assurance d'un accueillent finalement les films à gros plus gros nombre d'entrées. budget pouvant rapporter du chiffre d'affaires sans prendre de risque, en plus des quelques productions marginales dénuées de promotion commerciale et enregistrant un nombre d'entrées dérisoires. Le label Art et Essai perd son gage de qualité et dévie de sa mission culturelle première. Et si les petites salles, sous la botte de la loi de la rentabilité, peuvent à peine diffuser les films correspondant aux attentes de leur public pourtant fidèle, les autres petites productions sont d'autant plus condamnées à l'ombre.

Dr SAe INSTITUTe

D

ans les années 1950, un mouvement de soutien aux styles cinématographiques les moins reconnus s’organise. L'expression « cinéma d’Art et Essai » naît alors et qualifie autant un certain type de salles et un certain type de films. Le mouvement est rapidement aidé par les pouvoirs publics. Aujourd'hui, 60,9 % des films en première exclusivité sont recommandés Art et Essai. On compte parmi eux, en majeure partie, des premiers long-métrages de cinéastes encore inconnus, francophones ou étrangers. Qui sait, de nouveaux talents qui mériteraient une plus large diffusion. À leur sortie, ils sont programmés dans un nombre de salles plus de 4 fois inférieur à celui des films non recommandés en moyenne. La grande majorité des films Art et Essai disposent de moins de 20 copies. Cette famille cinématographique asphyxie.

Cinéma du Panthéon

Facade extérieur de la SAe

son sont d'ailleurs régulièrement utilisées par des groupes de musique non professionnels qui souhaitent enregistrer des albums dans de bonnes conditions. L'école met donc à disposition ces salles et ce sont les élèves qui vont y travailler. L'avantage est double. Les groupes ont des tarifs intéressants et c'est un bon moyen de se confronter au monde du travail pour les étudiants.

SAE Institute

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réée en 1976, La SAE Institute est une école d'audiovisuel comptant 54 établissements répartis sur 26 pays partout dans le monde. En France, elle est implantée depuis 1993 dans le nord de Paris, à Aubervilliers. L'école propose une palette de formations, allant de l'enseignement des bases sur 6 mois au bachelor ( équivalent du Bac + 3 ) sur 36 mois. étendue sur près de 2500 m2, la SAE Institute forme ses élèves sur 4 pôles d'enseignement distincts mais complémentaires: le son, la réalisation cinéma et tV, le webdesign, et l'animation 3D. Elle propose des formations techniques afin de faciliter l'insertion professionnelle de ses étudiants.

Un matériel professionnel à la disposition des élèves

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rePOrTAge

Dr SAe INSTITUTe

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Les métiers du cinéma sont des métiers interdépendants. Un réalisateur ne travaille pas seul mais en équipe avec une multitudes de professions différentes. Afin de

créer des contacts entre tous ces métier, la SAE organise une fois par mois une soirée avec les étudiants. « On pousse les élèves à développer leur réseau » déclare Edwige Ouaknine, conseillère en formation. De cette manière, les sections peuvent se rencontrer afin de remplir leur carnet d'adresse. De plus, l'école possède une page Facebook où elle partage des festivals et des concours auxquels les élèves peuvent s'inscrire. Un portail spécifique est également mis à disposition, il est possible d'accé-

“ Le professeur connaît ses élèves et une ambiance familiale et joviale règne dans la salle de classe.”

3 QUeSTIONS à... XAvIER ROUMILhAC PrOFeSSeUr à LA SAe INSTITUTe POURqUOI EnSEIGnER ICI à LA SAE ? Je suis un ancien élève, c'est ici que je me suis formé. Un jour le directeur m'a appelé pour me proposer un poste afin de partager mon expérience. C'est très différent de ce que je fais d'habitude et c'est bénéfique de faire d'autres choses. De plus j'aime vraiment ça, je m'éclate ici.

AvEz vOUS UnE AUTRE ACTIvITé PROfESSIOnnELLE ? SI OUI LAqUELLE ? Je suis monteur, sound designer et motion designer. Je travaille donc sur le montage de films, traitement du son et sur de la conception graphique en mouvement. J'ajoute des choses qui peuvent être, du texte, des images fixes ou mobiles sur des plans via notamment le logiciel After Effect que j'enseigne aujourd'hui dans mon cours. J'ai récemment travaillé sur plusieurs pu-

blicités pour Joker, mobile box et un parfum Ferrari, mais la publicité est uniquement diffusée en Italie. J'ai également réalisé une publicité pour la voie de l'enfant.

L'AMbIAnCE EST TRèS « fAMILIALE » DAnS vOTRE COURS, qU'En PEnSEzvOUS ? Nous sommes dans un cursus qui est professionnalisant. C'est très différent de l'enseignement scolaire « classique ». La manière de travailler n'est pas la même, on a pas les mêmes objectifs et surtout pas les mêmes personnes en face de nous. Il y a des personnes jeunes de 1819 ans. Mais la majorité des personnes est plus âgée, certaines ont la trentaine. Les relations sont donc différentes du schéma classique prof-élève. Il y aussi que j'ai un très bon groupe aujourd'hui avec qui je m'entends très bien.

der aux meilleurs travaux des étudiants. A ce propos, la SAE considère que « Les travaux servent de passeport auprès des employeurs. » Cependant, elle n'a pas de partenariat avec des festivals pour faciliter la diffusion de films. Sur ce point la direction annonce que l'aide à la diffusion n'est « pas notre vocation première ». L'établissement compte ainsi de cette manière rendre plus autonomes ses étudiants.

Travaux Pratiques A 14 heures, les premières années de la section cinéma ont cours sur le logiciel After Effect. Il s'agit d'un programme informatique de motion design utilisé pour l'incrustation de textes, et d'images fixes ou mobiles sur un ou plusieurs plans. Une dizaine d'élèves est présente, les autres sont en tournage et ne peuvent assister au cours. Le professeur , Xavier roumilhac commence par un compte-rendu des devoirs précédents et explique aux élèves ce qui n'allait pas dans leurs récents travaux. Il annonce : « La classe se divise en trois catégories : ceux qui ont moins fourni de travail et n'ont pas réussi, ceux qui ont fourni un travail assez conséquent mais qui n'ont pas compris le but de l'exercice, et ceux qui ont vraiment dépoté ».Le tout sur un écran gigantesque de télévision. Les classes sont à taille humaine, pas plus de 25 étudiants par groupe. Le professeur connaît ses élèves et une ambiance familiale et joviale règne dans la salle de classe. Le tutoiement est de rigueur. L'enseignant propose des cours de soutient une après-midi dans la semaine afin d'aider les élèves en difficulté ou absents. Dans des métiers aussi difficiles et exigeants, aucun professionnel ne peut se permettre d'avoir des lacunes car seul les meilleurs s'en sortent. tHOMAS rEMILLErEt

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FUTUr SCéNArISTe

DISTrIbUTION: LAbOUrSeDUCINéMA Le circuit de distribution des films est complexe. Focus sur ce système inégalitaire qui privilégie les gros budget.

L

a mission première du distributeur est d'offrir une visibilité maximale à un film et d'inciter le public à aller le voir. Son rôle est essentiel puisque il est le lien entre les exploitants et le producteur. Le distributeur est donc obligatoire pour sortir son long métrage, sauf si la société de production assure elle même la distribution. Ces grandes sociétés distribuent la majorité des films et les distributeurs indépendants se partagent le reste du marché.

Réduire les risques

Les distributeurs sont des agents économiques. Ils ont pour but de réaliser un maximum de bénéfices. Or la rémunération de ces derniers est proportionnelle aux recettes réalisées en salles et donc au succès du film. Ils adoptent di- Tout les réalisateurs ambitionnent de voir leur film dans une verses stratégies pour de ces salles obscures réduire les risques de non rentabilité. Les metteurs. Ces films sont certes écoulés, Dans la majorité des cas, le distri- plus grandes sociétés gèrent à fois la mais en multipliant les sorties, les plus buteur participe dès le début du projet. production, la distribution et l'exploita- modestes d'entre eux sont encore plus Il verse alors une avance d'argent au tion, l'investissement est grand mais les condamnés face aux gros budgets. Autre dysfonctionnement, le rythme producteur que l'on appelle « mini- chances de retour nettement améliorées. d'exploitation. mum garanti ». Il peut également dé- Les distri“ LeS DISTrIbUTeUrS ONT POUr bUT De réALISer Aujourd'hui, couvrir un long-métrage lors des buteurs vont UN MAxIMUM De béNéFICeS.” un film sort festivals ou de marchés de films, véri- avoir tentables expositions de nouveautés. Date dance à éviter les films un peu plus ris- partout le même jour. très rapidement, de sortie du film, création d'affiches, qués. Ainsi une quantité importante de si la fréquentation n'est pas assez imporde bandes-annonces, ou encore long-métrages ne sont pas projetés dans tante, il est retiré de l'affiche. Une pléconvaincre les exploitants de diffuser les salles obscures. On assiste donc à un thore de long-métrages n'ont pas le le film, autant de missions auxquelles formatage du cinéma, avec des films qui temps de trouver leur public, surtout s'engage le distributeur dans le contrat se ressemblent de plus en plus, adaptés ceux qui comptent plus sur le bouche à qui le lie au producteur. afin d'attirer le plus de oreille, la publicité étant très onéreuse. spectateurs, au déPourtant, le distributeur n'est pas toupend de la perforContre-exemple jours en position de force face aux exmance artistique. ploitants. C'est le cas de SND qui n'a pas êmes si les superproductions n'ont aucun Des distributeurs réussi a vendre le film qu'il avait co-fisouci pour être diffusées et exploitées dans les cinémas, elles ne sont pas toujours sy- trop puissants par nancé, « Le monde de Charlie ». Plébisnonymes de succès et peuvent se faire pren- rapport aux exploi- cité par la presse et le public, le film n'a dre à leur propre jeu. 200 millions d'euros, c'est la somme tants sont également été exploité que dans 25 salles en France pharaonique qu'a perdu Disney après le fiasco John Carter. un danger. Ils peu- lors de sa sortie. Les entrées dans ces Estimé à 350 millions d'euros de budget, le blockbuster n'a vent imposer le sys- salles étaient pourtant au rendez-vous, pas trouvé suffisamment de public pour se rentabiliser. Ce tème du « blind mais les grandes productions déjà à l'afn'est pas un cas isolé. Disney a déjà connu ce type d’échec booking », obligeant fiche lui ont été préférées. Ainsi, on se en 2011 avec Milo sur Mars de Simon Wells. Pas moins les propriétaires de demande comment des productions bien de 135 millions de dollars de pertes. Sahara de Breck Eis- salles à prendre avec plus modestes ont une chance d'être à ner en 2005 avec Pénélope Cruz 136 millions de dollars le film à succès l'affiche de nos cinémas. La réponse est ou encore Speed racer de Lana et Andy Wachowski ( Ma- d'autres long-mé- simple, il n'y sont pas. trages moins protrix ) en 2008, 108 millions de dollars. t.r

eMMANUeL MéNéTrIer ©

Se créer un bon carnet d'adresse

eNQUeTe

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FINANCeMeNT

POrTrAIT FUTUr SCéNArISTe

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PIerre DOUbLIer: « Le CINeMA, C’eST AVANT TOUT UNe HISTOIre » Pantalon et veste en jean, baskets, un gant et une mèche rebelle, Pierre Doublier est un jeune homme de 18 ans en première année à l'École supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) , dans le but de devenir un scénariste reconnu. Ce doux rêveur explique son rapport au cinéma et dresse le tableau de son avenir.

avant tout une histoire. Cette histoire me permet de m'évader pendant une ou deux heures. C'est une aventure ». Avec un regard enfantin, il confie : « Je vois ma vie comme étant mon propre film dans lequel je suis le héros ».

FOND PArTICIPATIF

« CrOwDFUNDINg » : TOUS POUr UN Apparu aux Etats-Unis, ce nouvel outil de financement participatif s'impose doucement en Europe au travers de sites spécialisés. Les projets de films et courts-métrages y trouvent un moyen d'obtenir les fonds qui leur manquent.

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Un système non sans risques potentiels. Si n'importe quel internaute a la possibilité de faire un don au projet de son choix, la question des mesures de sécurité afin d'éviter les fraudes potentielles se pose. Si aucun incident de ce type n’a encore eu lieu, aux vues des faibles mesures de sécurité appliquées avec l'argent récolté, le scandale ne saurait être évité. Le site de crowdfunding Ulule est l'un des leaders français, et pourtant la majeure partie de sa politique anti-fraude n’offre aucune assurance au donateur

de la part du site en cas de détournement des fonds récoltés par un projet frauduleux. « C'est en effet la responsabilité du porteur de projets qui est engagée. Mais il nous incombe de faire un gros travail en amont, comme prévenir les soutiens des "risques" encourus. » déclare Alexandre Boucheraud, fondateur d'Ulule. La confiance aveugle dans les porteurs de projets est poussée encore plus loin, comme l'explique Cédric, ancien community manager du site : « Dans tous les cas, les premiers financements viennent de leurs propres réseaux, c'est-à-dire de gens qu'ils côtoient et qui leur font confiance. Parce que, ce n'est pas une surprise, le crowdfunding est avant tout affaire de confiance. De fait, un "faux" projet ne collecterait pas les premières donations nécessaires à établir la confiance pour que les visiteurs suivants se sentent suffisamment rassuré pour soutenir eux-même le projet. » Auquel cas, toute arnaque organisée continue d'avoir toutes ses chances. LéA PFEIFFEr

Sortie de crise

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sommes conséquentes sur des sites comme MyMajorCompany, Kisskissbankbank ou Babyloan. La méthode se démocratise de plus en plus puisque des célébrités telles que Michelle Laroque en France, Lindsay Lohan ou encore David Fincher aux Etats-Unis, ont décidé d’en user pour financer leurs prochains films. Faute d’avoir séduit les producteurs, ils misent sur les internautes. Le crowdfunding s’impose donc comme un souffle nouveau pour le cinéma indépendant.

PIerre DOUbLIer

D

ébut 2012, 1,5 milliard de dollars ont financé un million de projets sur les 400 sites spécialisés dans le crowdfunding aux Etats-Unis. Des chiffres qui font envie. Le phénomène a traversé l'Atlantique pour s'installer en Europe, lentement, mais sûrement. Le principe est simple : sur base d'un projet publié sur l'un des sites internet, un appel de fonds d'un montant bien précis avec un temps imparti est effectué. Aux fondateurs du concept de convaincre les internautes d'investir à l'aide d'une armada d'outils de communication attractifs. Si l’objectif de financement est atteint, la somme est libérée. La diversité des projets proposés s’accroît avec la popularité du crowdfunding. Allant du développement de jeux-vidéos au lancement de start-ups, le principe a surtout attiré des artistes et des cinéastes dès le départ. Nombreux sont donc les appels de fonds concernant des courts, longs et moyens métrages. Un moyen pour ces réalisateurs d'obtenir la part de financement qui leur est refusé par des banques en berne. Certains sont parvenus à obtenir des

P

ierre a trouvé sa voie dès son entrée au lycée. Issu d'un bac littéraire il a suivi parallèlement une option cinéma audiovisuel toutes les semaines pendant 3 ans. Il a pu y découvrir les métiers du cinéma et se découvrir une passion pour eux.

C'est un fou de la narration, et ce depuis son plus jeune âge. Dans son esprit, le 7è art va plus loin que la simple image. « Pour certains, le cinéma c'est des plans. Pour d'autres des styles, ou de l'esthétique. Mais pour moi, le cinéma c'est

Plus qu'un loisir c'est un véritable exutoire pour le jeune homme. Il est en effet atteint de tOC ( troubles Obsessionnels Compulsifs ) depuis son enfance. Le jeune homme confie avec une grande fierté que Pierre Doublier le cinéma l'a aidé à s'en sortir. Il réalise son premier vrai court-métrage autobiographique en juin dernier devant un jury pour son baccalauréat : « troubles ». « Je savais quel était la méthode pour "guérir" mais je n'avais pas le courage de la faire, par peur qu'elle ne marche pas. J'ai donc décidé de faire un film de ma vie dans lequel le héros est atteint de la même pathologie que moi ». Son héros s'en sort en utilisant cette méthode. Il a donc décidé de l'appliquer à sa propre personne. Depuis un an, Pierre va bien mieux. Ses tOC sont beaucoup moins présents. Une certaine fierté émane de ce jeune homme qui réussit, jour après jour, à combattre sa maladie à l'aide de sa passion.

flash forward Pour autant, rien n'est gagné pour lui. Pierre Doublier reste lucide sur son avenir. « J'ai peur de ne pas réussir, bien évidemment... Il est très difficile de vivre du métier de scénariste, mais je me force à avancer pour faire de ma passion mon métier. » Le jeune homme compte faire de longues études afin de s'assurer les meilleures chances de réussites dans la vie. Il est heureux de sa formation et la trouve très instructive. Cependant il sait que seul les meilleurs s'en sortent et qu'elle ne suffira peut-être pas. « Je vais essayer d'entrer au Conservatoire Européen d'Ecriture Audiovisuel dès que j'aurais atteint mes 20 ans. Mais il y a très peu de places et il faut être très doué pour y entrer. » Pierre a de nombreux projets fourmillants dans son esprit, outre ceux exigés par l'école. L'oeil pétillant, impatient, il ajoute : « Je compte réaliser une web série avec deux de mes amis, il s'agit en fait d'un roman que j'avais écrit au collège. Je compte aussi réaliser un courtmétrage intitulé The Shuffling où je serais scénariste et réalisateur ». Cependant malgré sa motivation et son besoin presque vital du cinéma, pour lui comme pour d'autres la conclusion est la même. L'avenir est incertain. Quant à savoir où il se situera professionnellement dans 10 ans, Pierre avoue : « Je n'en ai aucune idée ! Je ne sais pas du tout ce qui va se passer dans le futur. » t.r

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ASSOCIATION

INTerVIew

SUr Le NeT UNIQUeMeNT

CINeASTe.Org: PAr LeS CINeASTeS POUr LeS CINeASTeS son apparence est brute, claire et concise. Sans artifices inutiles, elle présente en moyenne plus de 150 annonces différentes à chaque fois. tout cela de manière totalement gratuite, sur simple inscription sur le site web. C'est ainsi que Cineaste.org a tissé un immense réseau en toute discrétion.

« Ce n'est pas trop dans notre nature de nous mettre en avant... »

LéA PFEIFFEr

Dr

©

En 11ans d'existence, l’association a réussi à regrouper 52 000 adhérents, soit la plus grande communauté de professionnels de l'audiovisuel en ligne. Parmi eux, les directeurs de casting de productions françaises incontournables tels que Julie Lescault ou r.I.S Police Scientifique côtoient des étudiants des grandes écoles telles que 3IS, l'EICAr, etc... C'est ainsi que, en 2011, le réalisateur Jean Becker trouva la jeune Jeanne Lambert pour

tenir le rôle principal de son nouveau long-métrage, « Bienvenue parmi nous ». De la même manière, c'est par le biais de Cineaste.org que le très en vogue Studio Bagel recrute ses figurants. A la base de ce projet se trouvent six jeunes professionnels provenant de tous les métiers de l'audiovisuel. L'équipe, composée de Magali, Marie, Alain, Pierre, raphaël et Zefred, cherche à rester discrète. Absolument aucun nom de famille n'est donné. Personne ne se dévoue pour déclarer être le président de l'association. Ils ne sont que six bénévoles qui cherchaient à « partager leurs connaissances et développer un réseau professionnel ». Ils portent aujourd'hui sur leurs épaules tout un microcosme. Et il est la seule chose qu'ils désirent mettre en avant.

La page d’accueil du site internet: sobre et pro, l’efficacité avant tout.

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Dr

L

eur action est simple, leur aide est grande. Pour les réalisateurs expérimentés comme pour les débutants et les étudiants, Cineaste.org est un outil devenu incontournable sur le net. L'association permet de recruter des techniciens ou des acteurs, rémunérés ou bénévoles, afin de compléter une équipe de tournage. Mais aussi de faire un appel à films en prévision d'une projection exceptionnelle, de faire la promotion d'un festival, et de proposer la diffusion de son projet terminé. Certaines annonces visent à louer du matériel, d’autres à vendre un scénario ou encore à proposer ses servicesde technicien. Les possibilités sont infinies. Cela à travers un seul outil : une newsletter. trois fois par semaine, les lundis, mercredis et vendredis, un mail est reçu par chaque adhérant à travers la France. Hormis pour les généreux donateurs,

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● Depuis 2002, l'association Cineaste.org a pour but de créer la plus grande communauté de professionnels de l'audiovisuel. L'équipe de bénévoles n'a pas vocation à se mettre sous le feu des projecteurs pour autant.

L’équipe du SPI déléguée aux longs-métrages. SyNDICAT DeS PrODUCTeUrS INDéPeNDANTS

De NOUVeAUx COMbATS A VeNIr

Depuis plus de 15 ans, le syndicat des producteurs indépendants (SPI) fait partie du paysage cinématographique français. Il défend au quotidien le rôle du producteur. Depuis l’avènement d’Internet, le combat à changé.

D

es personnalités, des sociétés, des activités et des genres de création de tous horizons se retrouvent au sein du SPI. Qu'il s'agisse de court-métrage, de long-métrage ou d'autres œuvres audiovisuelles. Le SPI est présent dans l'ensemble des organisations et institutions du domaine. Il réunit environ 360 producteurs de l’audiovisuel et du cinéma. Présidés par Bénédicte Lesage, ces producteurs libres de toute obligation envers une chaîne ou groupe de télécommunication défendent des valeurs telles que la création, le lien indissoluble avec l’auteur, la primauté du droit d’auteur, et la revendication du rôle fondamental du producteur délégué dans la procédure de création et d'assurance de la bonne fin de l’œuvre. « Nos valeurs sont aujourd’hui d’une actualité et d’une urgence absolue. » déclare Cyril

Schmet, élu du collège des courts-métrages. « La recherche et le développement, la liberté de création, et la nécessité du soutient des pouvoirs publics à la culture, on connaît. Ce sont des combats encrés. On veut nous faire croire que le CNC les applique, mais depuis le passage au numérique, tout est à refaire. »

Internet, cette épée de Damoclès Plus que jamais, les principes défendus par le SPI doivent trouver leur place auprès des nouveaux acteurs d'Internet où les droits d'auteur sont une notion floue, par exemple. Les bouleversements crées par la toile ont réussi à ébranler les convictions des acteurs traditionnels du système, notamment ceux du service public. Pour le SPI, la sortie des films en salles comme première diffusion ne doit pas être remise en question. La commis-

sion européenne lance en effet des programmes expérimentaux de sorties simultanées de films cinématographiques en salles et en vidéo à la demande, et deux oeuvres cinématographiques sont diffusées gratuitement sur internet en avant première de leur sortie salles.Le syndicat affirme son opposition totale. D'après lui, un changement dans cette tradition aurait des conséquences désastreuses. « La valeur culturelle et économique d’une œuvre cinématographique trouve son fondement dans l’expérience première que constitue la salle de cinéma. » déclare Juliette Prissard-Eltejaye, Déléguée générale . « Ce dispositif est garant de la diversité du cinéma en salles. Il nous appartient d’y travailler et de les réformer ; et non pas d’y renoncer ». La conclusion serait que suite à une sortie sur internet au préalable, une sortie en salles deviendrait inutile. L.P

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INTerVIew

INTerVIew ANCIeNS éLèVeS

ArTHUr gOISSeT

« J’AIMerAIS PrODUIre DeS FILMS POPULAIreS »

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« LOIN De Ce QUe J'IMAgINAIS »

Après le BAC, j'étais paumé, comme beaucoup de gens. J'ai fait le tour de pas mal d'horizons, j'ai fait de la médecine, de la biologie, du droit... Et je ne savais toujours pas quoi faire. Je me suis alors rendu compte que la seule chose me plaisait vraiment, c'était le cinéma. J'ai décidé de passer le concours de la FEMIS alors que, à priori, je n'avais la moindre compétence particulière. Je me suis rendu compte que j'avais un talent pour réunir les gens et les mettre en synergie, et que j'avais envie de rencontrer du monde. Donc je me suis lancé dans la production.

qUELLES

SOnT vOS TâCHES SUR LE TOURnAGE DE « TRUCS DE GOSSE » ?

J'endosse deux rôles qui sont habituellement distincts dans le monde du travail, mais dont la fusion est une particularité de la FEMIS, soit le producteur délégué et le directeur de production. D'un côté, il y a l'accompagnement dans le développement du script, la recherche de financements, la constitution de l'équipe et un certain poids pendant la post-production. De l'autre côté, il y a le contrôle du budget, ce qu'on appelle le « cash flow », la logistique, et le pouvoir d'effectuer quelques ajustements pendant le tournage. Autant dire que là, j'accompagne le projet du début à la fin. Le truc c'est de savoir quand je dois intervenir ou non. 10

qUELS SOnT fUTUR ?

erIC LAPOrTe

Q

UELLE OnT éTé vOS MOTIvATIOnS POUR vOUS LAnCER DAnS L'AvEnTURE CInéMATOGRAPHIqUE ?

©

Futur diplômé de la FEMIS, Arthur Goisset, 27 ans, est le producteur du court-métrage de fin d'études « Trucs de gosse ». Ambitieux, déterminé, le jeune homme répond à quelques interrogations à propos de son avenir et de celui du cinéma français. vOS PROJETS POUR LE

J'ai monté une petite boîte de production avec deux collègues de ma promotion. Nous nous lançons d'abord dans les courts-métrages, histoire de montrer patte blanche avant d'embrayer au plus vite vers le long métrage. J'aimerais produire des films « populaires ». C'est avec ceux là que j'ai grandi après tout. Enfin, il y a une distinction vraiment surfaite entre les films d'auteurs et les films populaires. Quoi qu'il en soit, je veux fabriquer des films avec de vraies ambitions narratives, et des histoires à raconter.

vOUS vOUS SEnTEz ASSURé D'AvOIR Un AvEnIR DAnS LE MILIEU ? Sans dire qu'il est connu que les étudiants qui sortent de la FEMIS ont beaucoup de chances de ne jamais avoir de difficultés pour avoir un travail, je pense qu'il est vital d'avoir confiance en soi, et en ses propres capacités. Sinon, ce n'est pas le métier à faire. La précarité est quelque peu inévitable dans ce milieu, mais qui cherche un job en aura un. Le souci n'est pas d’avoir du travail, c'est d’avoir le travail qu'on veut.

qUEL EST vôTRE AvIS SUR L'InDUSTRIE DU CInéMA En fRAnCE, nOTAMMEnT LE bILAn COnTROvERSé DU MARAvAL GATE ?

L'analyse de Vincent Maraval est très pertinente. Grâce aux réformes dans les années 80, on est loin du naufrage de l'Italie ou de l'Allemagne sur le plan cinématographique. On peut penser ce que l'on veut concernant la qualité du cinéma français, il se porte bien. Néanmoins, en

Une réalité désenchantée. Nombre de passionnés de cinéma renoncent à cette voie professionnelle. Trop difficile, trop contraignante. Rencontre avec Eric Laporte et Maëva A (Le nom a été changé) qui, face aux difficultés, ont tournés le dos au cinéma.

3 QUeSTIONS à... ERIC LApORTE AUJOUrD’HUI CONSULTANT MArkeTINg photo.J’ai donc présenté le concours de la FEMIS en réalisation et j’ai été retenu en image.

POURqUOI AvOIR REnOnCé ?

Arthur goisset

ayant forcé les chaînes de télévision à aider au financement de l'industrie du cinéma, on leur a offert un immense pouvoir. Ils s'en servent pour imposer des têtes d'affiches dans les castings. Ils veulent Dujardin, ou Duris, sinon ils ne versent rien. Et là, ce sont les agents qui en profitent et font s'envoler les salaires. Au final, les films sont produits pour trop cher. Le bémol que je mettrais à cette analyse, c'est qu'elle vient à contretemps. Maintenant qu'il y a internet, la moyenne d'âge des chaînes de télévision a augmenté, et dans 15 ans, elle sera entièrement renouvelée. Les modes de production vont changer d'eux-mêmes.

D'APRèS vOUS, COMMEnT SE PROfILE L'AvEnIR DU CInéMA fRAnçAIS ? Les processus de production et de diffusion sont en pleine mutation. Certains des acteurs que dénonce Maraval vont décliner. Une réforme serait un coup d'épée dans l'eau. Néanmoins le futur reste incertain. La question qui se pose maintenant c'est « Quels vont être les nouveaux modes de financements ? ». L.P

POURqUOI

vOUS-êTES vOUS ORIEnTéS vERS LE CInéMA ?

Le langage cinématographique, et notamment l’image, comme moyen d’écriture et d’expression, la vie sur un tournage et la collaboration d’une équipe « en circuit fermé » tournées vers le même objectif m’attiraient .Je souhaitais devenir réalisateur ou directeur

J’ai travaillé durant huit ans dans le milieu avant de changer de voie. La difficulté du statut d’intermittent, de la « chasse aux heures » et le manque de sécurité financière est usant surtout avec des enfants en bas âges et une compagne qui travaille, elle aussi, comme indépendante. J'ai dû, lors des deux dernières années travailler sur des projets alimentaires peu créatifs, peu intéressants et guère épanouissants comme des tournages d’émissions de plateau, loin

de ce que j'imaginais. Puis j'ai eu une opportunité professionnelle pour participer au montage d’un projet orienté « nouvelles technologies » (jeux vidéo, création de films en 3D…) dans un poste à mi-chemin entre marketing et consultant.

REGRETTEz-vOUS DE nE PAS AvOIR POURSUIvI vOTRE CARRIèRE DAnS LE CInéMA ? Je trouve un vrai intérêt personnel et professionnel dans mon nouveau parcours car il allie créativité, travail en équipe, voyages, et enjeux techniques. Je n’ai donc absolument aucun regret de ne pas avoir poursuivi dans le cinéma : c’est un métier passionnant mais trop difficile.

3 QUeSTIONS à... MAëvA A. AUJOUrD’HUI MANAger éVeNeMeNTIeL POURqUOI

vOUS-êTES vOUS ORIEnTéS vERS LE CInéMA ?

J'ai compris très jeune que la mise en scène était quelque chose qui d'important pour moi. Le cinéma est un bon moyen de déconnecter, de transposer les gens dans un autre univers, de leur raconter une histoire en y mettant les formes que l'on souhaite. Mais mes parents avaient trop de préjugés sur ce milieu, j'ai donc passé en secret le concours d'entrée de l'ESrA où j'ai été reçue.

POURqUOI AvOIR REnOnCé ? Les ambiances étaient détestables et le milieu devenait de plus en plus moche, ne proposant que des stages et de l'exploitation humaine. Au moment de signer le contrat, les employeurs

m'annonçaient un manque de financement et me proposaient à nouveau un stage. 300 euros par mois, ce n'est pas tenable pour vivre. Sans compter la réussite par pistons, promotion canapé le tout couplé à l'absence d'aspect créatif. Et puis, alors que je venais d'être embauchée comme 1ere assistante réalisateur sur un long métrage, je suis tombée sur des images pédophiles que gardaient le réalisateur. J'ai sorti les photos sur papier et suis partie déposer plainte contre lui au commissariat de mon quartier. Le chapitre "cinéma" fut clôturé ce jour là. Je me suis retrouvée sans emploi à l'ANPE du spectacle qui refusait de me donner les offres d'emploi parce que dans ce milieu si on ne justifie pas de 507h de travail, on a pas le droit aux an-

nonces d'offres d'emploi ce qui est une logique stupide.

REGRETTEz-vOUS

DE nE PAS AvOIR POURSUIvI vOTRE CARRIèRE DAnS LE CInéMA ?

Aujourd'hui je travaille dans l'évènementiel. Je crée, organise, coordonne différents évènements en France et à l'étranger et je ne regrette en aucun cas ce changement. Quand je vois sur Facebook des personnes de ma promo qui en sont encore à faire des films de copains, à être exploiter par telle ou telle production, je me dis que j'ai très bien fait de lâcher tout ça. Le cinéma c'est une passion avant tout, mais à quel prix ? t.r

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rePOrTAge

rePOrTAge

TOUrNAge

UN JOUr SUr Le TOUrNAge De “ TrUCS De gOSSe ” Le cinéma Pathé de Boulogne a accueilli le tournage du court métrage de fin d'études du producteur Arthur Goisset, élève de la FEMIS. Si sérieux et rigueur sont indispensables sur le plateau, « Trucs de gosse » n'a pas manqué de transmettre sa jovialité à toute l'équipe.

C

J

ulie est une jeune femme désabusée de 25 ans. Son quotidien balance entre la fin de ces études de master d’enseignement et son job d’hôtesse à mi-temps dans un multiplexe parisien. Un travail à présent dénué de tout enchantement. Les journées mornes passent et se ressemblent. Un soir, en pleine besogne, son chemin croise celui de Matthieu, 21 ans. Entre eux, aucun coup de foudre. Juste un peu de plaisir mutuel derrière les caisses de pop-corn de la réserve. Cependant Matthieu s’attache, un peu. Pas Julie. La jeune femme souhaite conserver son indépendance et a depuis longtemps cessé de croire en l’amour comme en ses rêves. Cette histoire cherche à plonger le spectateur dans l’univers du cinéma en tant que lieu, et nous montre « l’envers du décor » des temples aux grands écrans. Avec, pour toile de fond, les films qui ont traversé l’année 2011, ainsi que l’étrange relation qui va naître entre un jeune homme affable et pétillant, et une jeune femme apathique de prime abord. 8

Le moniteur permet à l’équipe et à la réalisatrice d’avoir une première idée du rendu.

toujours nécessaire de tourner la prise plusieurs fois, afin de sélectionner la meilleure au montage. Ainsi, les acteurs sont amenés à effectuer les mêmes gestes et à répéter les mêmes répliques à d’innombrables reprises. « On se rend compte que l'acteur, c'est rien. » déclare l'une des figurantes présentes. « Il attend une demie-heure pour dix minutes de jeu. » En effet, e et Aurélien Ibanez) autour d'eux, tout l'appareillage se meut afin que chaque angle soit en harmonie avec le précédent.

Comme les grands Ce sens du détail, ce perfectionnisme et l'exigence présentes sur le plateau témoignent de la volonté de créer un environnement doté d'un réel professionnalisme. Chaque technicien rodé à la dynamique du

tournage sait exactement quoi faire, quand le faire. A cela s'ajoute un omniprésent sens de la communication, notamment via l'oreillette pendue à chaque oreille. Néanmoins, la polyvalence de chacun se laisse également sentir lorsque les personnes d'une certaine spécialisation n'hésitent pas à assister ceux d'une autre. Emilie Noblet, au centre des échanges, partage ses idées avec tous. Ce sens de la hiérarchie très souple fait également partie de la mécanique du plateau. Arthur Goisset rôde en permanence. Ce film est le sien. Observant le déroulement du tournage, parfois depuis les marches des escaliers, parfois depuis le coin repos improvisé dans l'ombre du hors-champ, le jeune homme se trouve également souvent auprès de la réalisatrice. Son avis possède un certain poids, mais il n'en use pas pour imposer ses idées. De loin, il préfère laisser le dernier mot à son amie. C'est ainsi qu'a toujours fonctionné leur collaboration.

perche de prise de son devient une épée, le pied de caméra se transforme en lance Lorsque le moteur tourne, que le son missiles sur l'épaule du régisseur. et la lumière sont en place, vient réson- L'équipe se retrouve dans l'espace repos, ner un « Action ! » dans le hall. Et le autour d'un verre de soda afin de se temps se suspend. Une actrice passe maintenir éveillé. Entre les gâteaux des goûters d'enfants se dans le champ en trouve une assiette dansant sur la de saucisson entapointe des pieds. mée dès 9h30. De Un autre joue avec quoi comprendre les lunettes 3D face que le tournage a à la caméra. débuté bien tôt dans L'équipe reprend sa la matinée, et qu'il respiration quand un est nécessaire de re«Coupez !» marque prendre des forces la fin de la prise. dans la bonne huSoudain, tout meur avant de pours'anime. Les misuivre. Sur une nutes intenses de feuille de papier concentration laisgrossièrement désent souvent place Une extrême rigueur durant les prises. à des moments passés à faire retomber chirée, les techniciens et les acteurs sont inla pression, en s'inspirant de l'ambiance vités à donner leurs suggestions pour le bonne enfant du script. Après tout, l'as- titre du film. « trucs de gosse » serait-il siduité n'empêche pas la détente et rebaptisé « Pop-corn romance » ou l'amusement. Le plateau de « trucs de « Pop-corn Story » ? Il leur reste encore gosses » se transforme alors en aire de une semaine de tournage pour se décider. jeu où il fait bon de plaisanter, où la L.P

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Synopsis

Entre deux prises

PHOTOS: LéA PFeIFFer

améra, lumières, micros « Un bon silence s'il vous plaît ! » ainsi que des centaines de mètres de câbles et une La matinée est rythmée par cette vingtaine de techniciens ont phrase lancée par l'assistant réalisateur envahi le décor du salon du complexe avant chaque prise. Les pas se figent Pathé de Boulogne. L'ensemble four- une fois l'équipe rassemblée devant le mille autour du comptoir à confise- moniteur où sont retransmises directeries, où se déroule l'action de la scène ment les images prises par la caméra. tournée ce matin. Julie, interprétée par La réalisatrice constamment au preLaurie Lévèque (prix d'interprétation mier rang. Un son extérieur trop fort au festival international du court mé- suffit à gâcher une prise ; la soudaine trage de Clermont-Ferrand), et Pierre, apparition d'une voix grésillante dans joué par Aurelien un talkie-walkie, « ON Se reND COMPTe QUe L ' ACTeUr , Ibanez, sont emun carnet de notes C'eST rIeN. » ployés du citombé au sol, ont néma. Le jour de l'anniversaire de la une fois parasité la prise de son. jeune femme, son complice tente de La scène, qui demandera toute une lui faire retrouver le sourire. Seule longue matinée de travail, est prise sous l'intervention de leur patron est capa- tous les angles possibles. Chaque prise ble de faire cesser leurs enfantillages. se déroule en deux temps. Dans le preDerrière la caméra, Emilie Noblet mier, une répétition permet de vérifier signe son second court-métrage en les réglages. Puis dans le second temps, collaboration avec Arthur Goisset. la scène est filmée pour de bon. Il est

A midi et demie, le matériel est remballé.

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