Le Courrier du Parlement Européen - Numéro spécial Bordeaux -

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PARLEMENT EUROPÉEN Unesco :

près de 1800 hectares de la ville de Bordeaux sont inscrits au Patrimoine mondial de l'humanité.

E ZIN GA MA AL GU LIN BI

LE MAGAZINE DES GRANDS ENJEUX

Bordeaux

bâtit la métropole européenne du futur

is building the European metropolis of the future Les dossiers Territoires


Making Bordeaux a sustainable city ÉDITORIAL

Faire de Bordeaux une ville durable

W

e, in Bordeaux, have a great opportunity: to live in a city and a wider area that are both beautiful and pleasant. The challenge from the 21 st century is to make a sustainable city and metropolis, i.e. dynamic and attractive, able to give work to its children whilst preserving the precious balance created over time between all people, between territories. Our objective is not to compete with Barcelona, Berlin or London but we estimate that with a million inhabitants, we will have the means of weighing on a European scale while keeping our identity. The metropolis counts 700,000 inhabitants today, and Bordeaux, whose demographic curve is in constant progression, gained 40,000 in ten years. The transition to one million inhabitants by fifteen years is therefore not utopian.

N

ous avons à Bordeaux une grande chance : celle de vivre dans une ville et une agglomération à la fois belles et aimables. Le défi que nous lance le XXIe siècle, c’est d’en faire une ville et une métropole durables, c'est-à-dire dynamiques et attractives, capables de donner du travail à leurs enfants tout en préservant le précieux équilibre créé au fil du temps entre tous les habitants, entre les territoires. Notre objectif n’est pas de concurrencer Barcelone, Berlin ou Londres mais nous estimons qu’avec un million d’habitants, nous aurons les moyens de peser à l’échelle européenne tout en gardant notre identité. La métropole compte aujourd’hui 700 000 habitants, et Bordeaux, dont la courbe démographique est en constante progression, en a gagné 40 000 en dix ans. Le passage à un million d’habitants d’ici une quinzaine d’années n’est donc pas utopique.

How and where to welcome these new residents? We are fortunate to have land reserves. Some of these spaces are currently under development with the creation of eco-neighbourhoods, but also in the context of Bordeaux Euratlantique. This operation of national interest fits into the perspective of the arrival of the high-speed railway line. Some very simple figures allow us to measure the size of it: 7.5 km2 over 3 communes, 2.5 million m 2 built, 15,000 residences, 30,000 jobs and 50,000 m 2 of activity spaces. At the same time we are implementing construction of facilities that within two to three years will support the development of Bordeaux. I am thinking in particular of the new stadium built to host the Euro 2016 football tournament which will take place in France, but also of the City of civilisation of wine. These installations, which were missing in world wine capital Bordeaux, will be destined for all audiences: those who are willing to understand what makes the identity of the vineyards of Bordeaux, those who appreciate wine, those who are curious about the art of living, history or experiences.

Comment et où accueillir ces nouveaux habitants ? Nous avons la chance de disposer de réserves foncières. Certains de ces espaces sont en cours d’aménagement avec la création d’écoquartiers, mais aussi dans le cadre de Bordeaux Euratlantique. Cette opération d’intérêt national s’inscrit dans la perspective de l’arrivée de la ligne ferroviaire à grande vitesse. Quelques chiffres très simples permettent d’en mesurer la dimension : 750 ha sur 3 communes, 2,5 millions de m2 construits, 15 000 logements, 30 000 emplois et 50 000 m2 de locaux d’activités.

Bordeaux is a name, a “brand”, known across the whole world. Thanks to the wine, of course, which is an enormous asset, but also thanks to Unesco classification and this renewal of economic dynamism of recent years. The attraction is mainly to executives and young entrepreneurs who come and settle with us. They chose to “Brave Bordeaux” and I hope that many more will do it. We will welcome them with great pleasure in a city, which has a sense of initiative but also a festival air, where living well together is not just a figure of speech n

Parallèlement, nous mettons en chantier des équipements qui, dans les deux à trois ans qui viennent, conforteront le rayonnement de Bordeaux. Je pense en particulier au nouveau stade construit pour accueillir l’Euro 2016 de football qui se déroulera en France, mais aussi à la Cité des civilisations du vin. Cet équipement, qui manquait à Bordeaux capitale mondiale du vin, sera à destination de tous les publics : ceux qui sont désireux de comprendre ce qui fait l’identité des grands terroirs de Bordeaux, ceux qui apprécient le vin, ceux qui sont curieux d’art de vivre, d’histoire ou d’expériences. Bordeaux est un nom, une “marque”, connus du monde entier. Grâce au vin, bien sûr, énorme capital de rayonnement, mais aussi au classement Unesco et à ce dynamisme économique retrouvé depuis quelques années. Cette attractivité se manifeste principalement auprès des cadres et des jeunes entrepreneurs qui viennent s’installer chez nous. Ils ont choisi d’“Oser Bordeaux” et je souhaite qu’ils soient encore très nombreux à le faire. Nous les accueillerons avec grand plaisir dans une ville qui a le sens de l’initiative mais aussi de la fête, où le bien vivre ensemble n’est pas une expression convenue n

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Juillet 2013 | Bordeaux

Alain Juppé Maire de Bordeaux Mayor of Bordeaux

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 1


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Hors-série - Juillet 2013

SOMMAIRE :

Bordeaux bâtit la métropole européenne du futur

Faire de Bordeaux une ville durable

1

Editorial d’Alain Juppé, maire de Bordeaux

Bordeaux en chiffres

4

À la pointe de l'innovation économique

“Les 10 ans à venir seront ceux de Bordeaux”

6

Un entretien avec Pierre Goguet, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux

“L’artisanat apporte une forte contribution à la qualité de vie”

8

Un entretien avec Yves Petitjean, président de la Chambre des métiers et de l’artisanat de la région Aquitaine

“L’agriculture : un secteur essentiel dans l'économie girondine”

11

Un entretien avec Bernard Artigue, président de la Chambre d’agriculture de la Gironde

“Le dynamisme de la ville nous séduit”

14

Un entretien avec Jean-Claude Fayat, directeur général du groupe Fayat

“Une évolution audacieuse et sensible depuis près de 20 ans”

16

Un entretien avec Norbert Fradin, promoteur

4 pôles de compétitivité au service du territoire par Colombe Dabas “AVENIA : faire émerger des projets innovants”

18 20

Un entretien avec Alain Lehner, président du pôle de compétitivité AVENIA

La Route des Lasers : “Nous détenons une compétence quasi-incontournable”

24

Un entretien avec Hervé Floch, délégué général du pôle de compétitivité Route des Lasers

Aerospace Valley, un pôle au service de l’emploi

26

Un entretien avec Marc Péré, directeur général du pôle de compétitivité Aerospace Valley

E-commerce : une filière dynamique

28

Un entretien avec Stéphane Van Overstracten, président de l’association eCom33

“Soutenir les artisans dans les tâches les plus pénibles”

32

Un entretien avec Christian Baulme, président de La Ronde des quartiers de Bordeaux

Aménager un véritable port de plaisance dans la ville

34

Un entretien avec Christophe Masson, président du directoire et directeur général du Grand Port Maritime de Bordeaux

Au-delà des frontières

“Bordeaux est la deuxième ville la plus connue du monde”

40

Un entretien avec Didier Cazabonne, adjoint au maire chargé des relations internationales

Une ambition européenne légitime

42

Un entretien avec Sonia Dubourg-Lavroff, adjointe au maire, chargée des relations avec l’Union européenne

“Accroître la dimension internationale de notre université”

46

Un entretien avec Alain Boudou, président de l’Université de Bordeaux

Le vin, meilleur ambassadeur de Bordeaux

49

Un entretien avec Georges Haushalter, ancien président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB)

Bordeaux, une ville “marque”

52

Un entretien avec Stephan Delaux, président de l’office de Tourisme de Bordeaux et adjoint au maire chargé du tourisme

“À moyen terme, Bordeaux a une carte à jouer dans le développement long courrier”

54

Un entretien avec Pascal Personne, président du directoire SA Aéroport de Bordeaux Le port de la Lune à l’aube d’une nouvelle phase par Pauline Pouzankov

56

Une métropole durable

L’éveil d’un nouveau Bordeaux par Pauline Pouzankov “Rendre le centre-ville plus agréable et dynamique”

60 62

Un entretien avec Élizabeth Touton, adjointe au maire en charge du logement

“Bordeaux est d’abord un grand paysage”

64

Un entretien avec Michèle Laruë-Charlus, directrice générale de l'aménagement de Bordeaux et déléguée générale de la biennale Agora 2012

Le Grand Parc, symbole de la ville de demain

72

Un entretien avec Anne-Marie Cazalet, adjointe au maire de Bordeaux au quartier Grand Parc-Paul Doumer

“Une politique de construction dynamique, portée par la croissance Bordelaise”

76

Un entretien avec Michel Duchêne, président du conseil d’administration de BMA (Bordeaux métropole aménagement)

Le nouveau stade, générateur d'emplois et facteur d'attractivité

78

Un entretien avec Thierry Guichard, chargé de mission “Grand Stade” à la Ville

“Bordeaux, futur centre du Grand Ouest européen”

82

Un entretien avec Philippe Courtois, directeur de l’EPA Bordeaux Euratlantique Le tramway : un visage aux ambitions de la cité par Pauline Pouzankov

86

2 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires


Juillet 2013 | Bordeaux

SUMMARY : Bordeaux is building the European metropolis of the future Making Bordeaux a sustainable city

1

Alain Juppé, Mayor of Bordeaux

Bordeaux: key figures

4

At the forefront of economic innovation “The decade to come is for Bordeaux”

7

Interview with Pierre Goguet, president of the Bordeaux Chamber of Commerce and Industry

“Bordeaux craftsmanship make a strong contribution to the quality of life”

10

Interview with Yves Petitjean, chairman of the Chamber of Guilds and Crafts of the Aquitaine Region

“Agriculture: a key sector in the Gironde economy”

12

Interview with Bernard Artigue, chairman of the Chamber of Agriculture of the Gironde

“The vibrancy of the city seduces all of us”

15

Interview with Jean-Claude Fayat, director general of the Fayat group

“A daring and significant evolution over nearly 20 years”

17

Interview with Norbert Fradin, chairman of Fradin Promotion 4 competitiveness clusters at the service of the territory by Colombe Dabas

19

“AVENIA: supporting innovative projects”

22

Interview with Alain Lehner, chairman of the AVENIA research centre

Route des Lasers: “ We are in possession of a quasi-impossible to circumvent expertise”

25

Interview with Hervé Floch, director general of the Route des Lasers centre of excellence

Aerospace Valley, a centre at the service of employment

27

Interview with Marc Péré, director general of the centre of expertise Aerospace Valley

E-commerce: a dynamic sector

30

Interview with Stéphane Van Overstracten, chairman of eCom33

“To support the craftsmen in their most painful tasks”

33

Interview with Christian Baulme, president of La Ronde des quartiers de Bordeaux

Setting up a true pleasure port in the city

36

Interview with Christophe Masson, chairman of the Board and general manager of the Grand Port Maritime de Bordeaux

Beyond the borders

“Bordeaux is the second most well-known city in the world”

41

Interview with Didier Cazabonne, assistant to the Mayor in charge of international relations

Legitimate European ambitions

44

Interview with Sonia Dubourg-Lavroff, deputy Mayor, responsible for relations with the European Union

“Enhancing the international dimension of our university”

47

Interview with Alain Boudou, chairman of Université de Bordeaux

Wine, the best ambassador for Bordeaux

50

Interview with Georges Haushalter, former president of the Interprofessional Council of Wine of Bordeaux (CIVB)

Bordeaux, a “brand” city

53

Interview with Stephan Delaux, chairman of Bordeaux Tourism Office, Deputy Mayor in charge of tourism, promotion of heritage and recreation in the city

“Medium-term Bordeaux has a card to play in developing long-haul”

55

Interview with Pascal Personne, chairman of the board of directors, Bordeaux airport Ltd Port de la Lune at the dawn of a new phase by Pauline Pouzankov

58

A sustainable metropolis

The avent of a new Bordeaux by Pauline Pouzankov “Making the centre more enjoyable and dynamic”

61 63

Interview with Élizabeth Touton, deputy Mayor in charge of housing

“Bordeaux is above all a great landscape”

67

Interview with Michèle Laruë-Charlus, general planning director for the city of Bordeaux and delegate general of the Agora biennale

The Grand Parc, symbol of the city of tomorrow

73

Interview with Anne-Marie Cazalet, assistant to the mayor of Bordeaux for the neighbourhood of the Grand Parc - Paul Doumer

“A dynamic construction policy, driven by growth in Bordeaux”

77

Interview with Michel Duchêne, chairman of the board of directors of BMA (Bordeaux city development)

The new stadium, employment generator and a powerful attractor

80

Interview with Thierry Guichard, project manager, “grand stade”, Bordeaux.

“Bordeaux, future centre of the Great European West”

84

Interview with Philippe Courtois, directeur de l’EPA Bordeaux Euratlantique The tramway: embodiment of the city's ambitions by Pauline Pouzankov

88

LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN - Édité par Monde Edition S.A.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lcp-europeen.eu - www.lecourrierduparlement.fr n Directeur de la publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction - Sharon Lazimi n Journalistes - Colombe Dabas, Julien Dreyfuss, Olivier Gil, Pauline Hugot, Louis Le Bris, Anaïs Normand, Marie Pannetier, Pauline Pouzankov, Charles Xavier n Infographiste - Isabel Da Silva n Directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n Régie publicitaire - GS Intermedia : Directeur de la publicité - Nathaniel Ayache, Relations extérieures - Gérard Slama n Remerciements - Maryvonne Fruauff, Ludovic Martinez n N° 03 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo de couverture - © Thomas Sanson - Mairie de Bordeaux- Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 3


Juillet 2013 | Bordeaux

Bordeaux en chiffres Bordeaux: key figures Nœud ferroviaire : 4 millions de passages annuels. Construction de la LGV reliant Bordeaux à Paris en 2h à l’horizon 2016. Railway junction: 4 million annual passages. Construction of the high-speed rail line connecting Bordeaux to Paris in 2 hours by 2016.

Avec une population de 239 642 habitants elle est la 6e métropole française. 4455 hectares. With a population of 239,642 inhabitants it is the 6th largest French metropolis. 44.55 km2.

Transport maritime : 6 terminaux portuaires entre Bordeaux et l’océan, 300 ports desservis régulièrement dans le monde. Maritime transport: 6 port terminals between Bordeaux and the ocean, 300 ports served regularly across the world. Aéroport de Bordeaux : c’est le pôle économique le plus important d’Aquitaine, avec 7000 emplois et 100 entreprises et établissement publics installés. 8e aéroport français en termes de passager. 6,4 % du trafic de Province. 2 500 000 voyageurs par an et 31 destinations aériennes. Bordeaux Airport: this is the largest economic hub in Aquitaine, playing host to 7,000 jobs and 100 companies and public institutions; 8th French airport in terms of passengers; 6.4% of traffic for the Province. 2,500,000 travellers per annum and 31 air destinations.

Emploi : Employment: 150 000 emplois à Bordeaux dont 93 900 dans le privé. 150,000 jobs in Bordeaux, 93,900 in the private sector Entre 1700 et 1900 créations d’entreprises par an. Between 1700 and 1900 start-ups per year

550 km de pistes cyclables 550 km of cycle paths 53 sites, monuments et musées bordelais ouverts à la visite 53 sites, monuments and Bordeaux museums open to visit 20m2 d’espace vert public par habitant 20 m2 of public green space per capita

4 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Recherche : Research: 4 universités, 2 IUT, 14 grandes écoles, 70 000 étudiants, 200 laboratoires et 5 000 chercheurs 4 public universities, 2 Technological Institutes, 14 elite universities, 70,000 students, 200 laboratories and 5,000 researchers

© Fotolia.com

Capitale du « bien-vivre » en France : Capital of "wellbeing' in France:

11 200 emplois salariés créés à Bordeaux entre 1997 et 2007 11,200 paid jobs created in Bordeaux between 1997 and 2007


© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Juillet 2013 | Bordeaux

À la pointe de l'innovation économique / AT THE FOREFRONT OF ECONOMIC INNOVATION Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 5


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Dynamisme économique, attractivité culturelle et qualité de vie se croisent au sein de la “perle d’Aquitaine”.

“Les 10 ans à venir seront ceux de Bordeaux”

Au-delà des réussites reconnues, des secteurs nouveaux se développent. Le ecommerce se déploie rapidement, le siège social de Cdiscount est par exemple situé en plein cœur de Bordeaux. Un cluster s’est formé naturellement, avec une certaine réussite, autour du développement du jeu vidéo. N’oublions pas la filière nautique, qui nourrit beaucoup d’ambitions. C’est également le cas de l’enseignement supérieur, qui profitera de l’Opération Campus. L’école de commerce a notamment vocation à figurer dans le top 15 européen. Quant à l’aéroport, le trafic a augmenté de 10 % l’an dernier, la hausse sera au moins équivalente cette année.

“La région a la chance d’être connectée aux industries qui se portent globalement bien (aéronautique, laser…).”

sité et des grands hôpitaux, en intégrant aussi des entreprises locales, notamment en matière de santé animale. Enfin, l’agroalimentaire est bel et bien sorti d’une période difficile. Le vin de Bordeaux bat des records à l’export, notamment en Asie.

tendent que les 10 ans à venir seront ceux de Bordeaux : cela me semble juste. Tout en regrettant le report de la ligne Bordeaux/ Hendaye, la confirmation de l’arrivée le la LGV et la prolongation de ligne jusqu’à Toulouse font de Bordeaux la porte d’entrée du grand sud ouest. Nous voyons régulièrement arriver des cadres venus de tous horizons. Il faut ainsi saluer le travail des élus, qui s’efforcent de conserver une métropole à taille humaine, où la qualité de vie est primordiale.

Quels seront les secteurs clés du développement de Bordeaux dans les années à venir ? Au-delà du dynamisme économique, il est important de travailler à l’attractivité d’une métropole à ambition européenne. La première pierre de la Cité des civilisations du vin a été posée en juin, on attend un véritable effet “type Guggenheim”. Un nouveau stade, d’une capacité d’environ 40 000 places, est quant à lui en cours de construction pour l’Euro 2016. Bordeaux Euratlantique, qui prévoit la reconfiguration de 750 ha en zone urbaine autour de la Gare de Saint-Jean (bureaux, habitat, musées), est la plus grosse opération de requalification urbaine au sein d’une grande métropole. Au-delà de tous nos atouts, nous avons donc la chance d’avoir de réelles perspectives. Certains élus pré-

L’industrie compte beaucoup dans le tissu industriel bordelais. Cela rend-il l’économie locale plus vulnérable à la crise ? Si l’on ressent bien entendu la crise, la région a la chance d’être connectée aux industries qui se portent globalement bien (aéronautique, laser…). Aujourd’hui, cela nous rend moins exposés à la crise. Le bassin aéronautique est considérable. Même si Toulouse demeure le leader en la matière, la présence de Dassault, de SNECMA et de nombreux sous-traitants est un atout nonnégligeable. L’industrie du laser mégajoule est également en plein essor. Le pôle santé se structure quant à lui autour de l’univer6 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

La CCI organise “Initiatives 2014” pour soutenir des projets innovants. Quels sont les avantages d’une telle opération ?

© DR

Quels sont les atouts du territoire bordelais sur le plan économique ?

L’objectif principal est de renforcer le lien avec la quarantaine de clubs d’entreprises œuvrant sur les différents bassins d’emploi en Gironde. Nous lançons un appel à projets annuel, à charge pour eux de proposer des choses sur lesquelles la CCI peut intervenir. Le budget mobilisé pour récompenser les initiatives proposées atteint 40 000 euros, en attendant plus pour les prochaines éditions. Si l’on rencontre parfois des projets très locaux, certains portent en eux des idées pouvant être généralisées à bien d’autres entreprises. La Chambre de commerce est revenue au centre du jeu grâce à cette opération rencontrant une très forte adhésion. Un esprit d’animation de proximité et de solidarité territoriale s’en dégage nettement. Plus d’une quinzaine de clubs, à savoir la majorité de ceux ayant entrepris la démarche, ont été récompensés lors de l’édition 2013, ce succès étant amené à s’amplifier n Propos recueillis par Olivier Gil

Pierre Goguet Président de la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux


Interview with: Pierre Goguet, president of the Bordeaux Chamber of Commerce and Industry

Economic dynamism, cultural activity and quality of living are joining in the “gem of Aquitaine”.

© CCIB agence

“The decade to come is for Bordeaux”

What are the assets of the Bordeaux territory in the economic field? Beyond recognized achievements, new fields are developing. The e-commerce is thriving at a rapid rate: the headquarters of Cdiscount is, for example, located in the heart of Bordeaux. A cluster has naturally and somehow successfully formed around the videogame developing activity. Let's also remind ourselves of achievements in the highly ambition-nourishing nautical sector or at the top end of higher education, which will soon benefit from the “Opération Campus”. This business school endeavours to enter the European top 15. As for the airport, its traffic rose by 10% last year and this year the increase will be just as robust. The industrial sector weighs a lot in the local industrial fabric of Bordeaux. Does it make the local economy more vulnerable to the crisis? If the effects of the economic crisis are clearly felt, this region is fortunate to be connected to rather healthy industries (aerospace, laser...). Therefore, today we are less exposed to the crisis. The aerospace industry basin is significant. Even if Toulouse remains the leader in this field, the presence of companies like Dassault, SNECMA and many other subcontractors is a considerable asset. The laser Mégajoule industry is also booming. The health cluster is organized in relation with the university, large hospitals and local companies, some of which have for instance specialised in animal health. As for the food processing sector, it is definitely out of a dire strait. Bordeaux wine exports, especially to Asia, are breaking records. What will be the key areas for the development of Bordeaux in the years to come? Beyond the economic dynamism, it is

Since the end of July 2006, Bordeaux has had the largest water mirror in the world (3450 m2).

important to work for the attractively of a metropolis aiming at becoming of European importance. The foundation stone of the “Cité des civilisations du vin” (the city of the wine civilizations) was laid in June and we expect a “Guggenheim effect”. A new stadium of about 40,000 seat capacity will be under construction for the 2016 European Football Championship. “Bordeaux Euratlantique” which plans to transform 750 hectares of land around the Saint-Jean train station into an urban area (office buildings, housing, museums), is the biggest operation of urban requalification in such a big metropolis. Beyond all our assets, we are thus fortunate to have real opportunities. Some politicians claim that the decade to come belongs to Bordeaux: this seems right for me. All the while regretting the Bordeaux/ Hendaye train route, the confirmation of the arrival of the high-speed line and the extension of this route up to Toulouse, adds up to Bordeaux becoming the imposing entry gate for the South East region. We regularly see executives coming from all walks of life. As a result, we must thank the work of the local politicians who make a strong effort at keeping the size of the city at a human

scale, where the quality of life is vital. The Chamber of commerce and industry organizes Innovations 2014 to sponsor new ideas for projects. What are the advantages of such an action? The main objective is to reinforce the link between the 40 or so company clubs working in the different fields in the Gironde region. We are calling out to yearly projects, especially those where the Chamber of commerce can intervene. The budget set up for the winning projects has reached 40,000 Euros but can reach more for future editions. If sometimes the projects are more for the local business, some could be carried on further into a more generalised idea for other kinds of businesses. The Chamber of Commerce has come back to this contest of sorts because of a strong membership turnout. A strong spirit for local entertainment and for a home-grown territorial solidarity comes out clearly. More than 15 or so clubs, knowing that they have started the process, were rewarded in the 2013 edition. This success can only bring more in the future n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 7


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Président de la Chambre des métiers et de l’artisanat, Yves Petitjean livre son analyse économique sur le secteur qui, malgré la crise, continue de faire la fierté des Girondins.

“L’artisanat apporte une forte contribution à la qualité de vie” Comment se compose le paysage artisanal girondin ?

chef d'entreprise artisanale sur deux en est issu.

Au 1er janvier 2013, l’artisanat girondin compte 26 906 entreprises, contre 25 295 l’année précédente, soit une augmentation de 6 % des effectifs. Le secteur du bâtiment est le plus représenté avec 12 991 ressortissants, soit près d’une entreprise artisanale sur deux. Les services se hissent à la deuxième place avec 8537 entreprises, la production en troisième position avec 3617 professionnels et le secteur de l’alimentation à la 4e place avec 1761 inscrits au répertoire des métiers. C’est d’ailleurs le secteur qui connaît l’augmentation des effectifs la moins forte (un peu plus de 1 %). Le nombre d’autoentrepreneurs connaît une forte augmentation (+ 1800). Ce statut représente dorénavant un quart des “personnes physiques” contre 15 % en 2012. Si le nombre global d’entreprises augmente, le nombre annuel de créations est malheureusement en baisse de 7 %.

Quelles sont vos méthodes pour promouvoir le développement des entreprises artisanales ?

un plan pour l’artisanat. Plus d’un million d’artisans attendent des mesures de soutien. Nous aurons vite besoin d’un ministre du “redressement de l’économie de proximité” ! Au niveau local, nous retroussons nos manches pour limiter la perte d’entreprises en les informant sur les dispositifs d’aide, sur les mesures à prendre pour anticiper les problèmes de trésorerie. Nous faisons aussi pression sur le secteur bancaire, les organismes sociaux, les décideurs locaux et les représentants de l’État. Nous travaillons enfin beaucoup sur le levier de la transmission d’entreprise. Des centaines de dirigeants de société vont partir à la retraite dans les 5 ans, autant d’opportunités de reprise ou de reconversion pour des porteurs de projet.

Tout d’abord, nous bénéficions d’une force de frappe importante avec notre Fonds national de promotion de l’artisanat, à l’origine de campagnes performantes comme “l’artisanat, première entreprise de France”. Nous communiquons aussi sur le plan local dans les médias et en étant présents dans de nombreux salons. Quelles solutions la CMA propose-t-elle pour pallier la baisse des créations d’entreprises ?

“Une forte contribution à la qualité de vie de la ville.”

Nous subissons clairement les effets de la crise économique. De nombreuses entreprises artisanales sont en prise avec la perte d’activité. C’est la dure réalité. C’est dans ce contexte que le gouvernement a présenté

Avec 3600 entreprises qui génèrent prés de 8000 emplois, c’est la première “entreprise” de la ville. Pour les jeunes, c’est aussi un des rares secteurs d’activité à jouer son rôle d’ascenseur social. Tout d’abord, la capacité de son système de formation – l’apprentissage – à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes n’est plus à démontrer : aujourd’hui, les entreprises artisanales forment 200 000 personnes chaque année qui, pour 80 % d’entre eux, sont embauchées à l’issue de leur formation. Ensuite, l’apprentissage est un cursus qui favorise l’accès au statut de chef d’entreprise : aujourd’hui, un 8 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© CMARA33

Comment définiriez-vous l’impact des artisans bordelais sur la vie économique de la Gironde ?

Ce secteur est-il un atout pour le rayonnement de la ville ? L’artisanat bordelais apporte une forte contribution à la qualité de vie de la ville comme partout dans notre pays : lien social, proximité, qualité des produits et des savoir-faire, circuits courts, des valeurs recherchées et reconnues par les Bordelais. À Bordeaux, de nombreuses entreprises artisanales existent depuis plusieurs générations et font la fierté de notre secteur, avec des renommées qui dépassent largement les frontières de la ville et du département n Propos recueillis par Anaïs Normand

Yves Petitjean Président de la Chambre des métiers et de l’artisanat de la région Aquitaine


Publi-rédactionnel

Lyonnaise des Eaux accompagne l’avenir métropolitain Un entretien avec Antoine Bousseau

Directeur de l’entreprise régionale Bordeaux-Guyenne de Lyonnaise des Eaux De quelle manière contribuez-vous au développement du territoire ? Nous sommes un acteur de proximité qui gère pour le compte des collectivités un service public essentiel. Ceci nous impose de connaître l’écosystème local pour assurer un service de très grande qualité et contribuer aux grands projets structurants du territoire dans lequel nous œuvrons. La métropole bordelaise et le territoire aquitain constituent un environnement dynamique, porté par une croissance démographique rapide et par des projets significatifs à l’instar de l’OIN Euratlantique à Bordeaux, des ponts, des futurs éco-quartiers et centres touristiques, des nombreux pôles d’excellence nationaux et régionaux (Aérospace Valley, Route des lasers, Xylofutur, Innov’in,...) et de l’université. Nous avons participé, aux côtés de la Cub, depuis des années, à la mise en place des réseaux, à la lutte contre les inondations ou encore à l’installation du tramway. La décennie bordelaise est, pour nous, aujourd’hui une formidable opportunité de contribution au développement du territoire. Notre ambition est de mettre à disposition de ce contexte favorisant créativité et innovation, nos compétences en matière de gestion de la ressource pour subvenir aux besoins d’un million d’habitants d’ici 15 ans, de lutte contre les pollutions, en particulier du fait de l’apparition de polluants émergents, de protection de la biodiversité, de transition énergétique et de mesure de l’impact de la métropole millionnaire sur le milieu récepteur, à savoir l’estuaire le plus vaste d’Europe. Cette ambition de participer à l’avenir de la décennie bordelaise s’appuie sur un volet innovation fort, comment cela s’incarne t-il ? Il existe une véritable tradition de l’innovation pour Lyonnaise des Eaux en Aquitaine. Soucieux de contribuer à la réflexion collective sur la préservation de la ressource et du milieu naturel, les questions d’accès - au juste prix - à l’eau ou encore de gouvernance, nous avons fait de l’innovation une culture au service de la performance environnementale, économique et sociale. Il s’agit d’innover dans la gestion quantitative mais aussi qualitative des eaux et du patrimoine dans un objectif de durabilité des services d’eau et d’assainissement. C’est pourquoi en vue de pérenniser cette démarche et d’initier de nouveaux partenariats, nous avons créé, il y a deux ans, le LyRE, Centre de recherche et développement implanté au cœur du campus bordelais. Celui-ci compte 25 chercheurs, ingénieurs et experts, et plus de 100 partenaires de recherche qui travaillent sur de nombreux projets en lien avec les grands enjeux de la gestion de l’eau dans les métropoles, avec, en filigrane, la nécessité de repenser le lien complexe entre nature et ville, usages et usagers.

Assurer un service de qualité, 24h/24, 7jours/7.

Vous avez remporté en 2012 l’appel d’offres du service de l’assainissement des eaux usées de la CUB, en quoi est-il innovant ? En complément des innovations d’ordre technique telles que des projets de méthanisation, d’utilisation du biogaz, de création d’une zone libellule pour protéger le milieu récepteur, le nouveau contrat, ainsi que le dernier avenant au contrat de l’eau potable par ailleurs, placent la transparence et la gouvernance rénovée au cœur des relations contractuelles avec la Communauté urbaine de Bordeaux. En réponse aux exigences de celle-ci, nous avons créé la Société de Gestion de l’Assainissement de la CUB (Sgac), entièrement dédiée au contrat d’assainissement dont le conseil d’administration est ouvert à la société civile et au monde associatif local. Depuis le 1er janvier 2013, nous portons également, au travers de la facture d’eau, des véhicules et des tenues de nos salariés, la marque unique “L’eau de la CUB”, imaginée par la collectivité. L’Entreprise Régionale Bordeaux-Guyenne en chiffres • Périmètre : départements de la Gironde, Dordogne, Charente et Charente-Maritime • Missions : capter, produire et distribuer l’eau potable puis collecter et dépolluer les eaux usées • 1000 collaborateurs, 1 filiale (Sgac) • 150 contrats d’eau potable et d’assainissement des eaux usées dont ceux de la Communauté Urbaine de Bordeaux, des villes de Libourne et Périgueux • 1 Centre de Recherche et Développement au cœur du campus bordelais n Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 9


Juillet 2013 | Bordeaux

Interview with: Mr Yves Petitjean, chairman of the Chamber of Guilds and Crafts of the Aquitaine Region

© CMARA33

“Bordeaux craftsmanship make a strong contribution to the quality of life” 1,761 registered with the trade index. This is also the sector with the least increase in manpower (a little over 1%). The number of self-employed has increased (+ 1,800). This status is now one-quarter of “physical persons” against 15% in 2012. While the overall number of companies increases, the annual figure for creations is unfortunately down 7%.

are in trouble with the loss of activity. This is the harsh reality. It is in this context that the government presented a plan for the craft industry. More than a million craftsmen are waiting for support measures. We will soon need a Minister for the “Recovery of the economy of proximity”! At the local level, we roll up our sleeves to limit the loss of companies by informing them regarding means of assistance, measures to be taken in anticipation of financing problems. We also put pressure on the banking sector, social agencies, local decision-makers and the representatives of the State. Finally we work a lot on the mechanics of company transmission. Hundreds of business directors are going to retire within 5 years, as many opportunities for recovery or redirection for project managers.

How would you define the impact of the craftsmen of Bordeaux on the economic life of the Gironde?

Chairman of the Chamber of Guilds and Crafts, Yves Petitjean delivers his economic analysis of the sector which, in spite of the crisis, continues to make proud the inhabitants of the Gironde region. How is the artisanal landscape of Gironde composed? As of the 1st of January 2013, the craft industry of Gironde counts 26,906 companies, against 25,295 the previous year, that is to say an increase of 6%. The building sector is the most represented with 12,991 practitioners, that is close to one craft company out of two. The service industry comes in second place with 8,537 companies, production in third position with 3,617 professionals and the food sector in 4th place with

Is this sector an asset for the influence of the city? Bordeaux crafts make a strong contribution to the quality of life of the city as everywhere in our country: social link, proximity, quality of products and know-how, short circuits, values sought after and recognized by the people of Bordeaux. In Bordeaux, many craft companies have existed for several generations and are the pride of our sector with reputations which copiously exceed the borders of the city and the region n

Which are your methods to promote the development of craft companies? First of all, we benefit from significant clout with our National Promotion of the Craft Industry Fund at the origin of powerful campaigns like “the craft industry, number one company in France”. We also communicate on the local level in the media and by being present in many trade fairs. What solutions does the CMA propose to offset the decline in business start-ups? We are clearly suffering the effects of the economic crisis. Many craft companies

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© CMARA33

As of the 1st of January 2013, the craft industry of Gironde counts 26,906 companies.

With 3,600 companies that generate nearly 8,000 jobs, this is the number one “business” in the city. For young people, it is also one of the rare branches of industry to play the role of social elevator. Firstly, the capacity of its training system - apprenticeship - to facilitate the professional insertion of young people is self-evident: today, craft enterprises train up to 200,000 people each year 80 percent of whom are hired at the end of their training. Then, the apprenticeship is a course which promotes access to the status of business owner: today, one craft company head out of two has come from the apprenticeship route.


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | La place de la filière viticole dans un département comme la Gironde est considérable, tant en termes d’emplois que de retombées économiques. Mais le secteur vitivinicole n’est pas la seule priorité de la Chambre d’agriculture qui intervient également auprès de l'ensemble des acteurs agricoles, forestiers et des collectivités locales et territoriales.

“L’agriculture : un secteur essentiel dans l'économie girondine”

Le secteur vitivinicole est marqué par sa diversité tant en matière d’appellations que d’exploitations et de situations économiques. Nous pouvons considérer que nous avons d'un côté les entrées de gamme, notamment les appellations Bordeaux et Côtes qui se redressent en prix mais qui restent encore, pour certains, en dessous des prix de revient. Il existe une catégorie de vins qui marche plutôt bien. Concernant les autres productions agricoles, les céréales et les grandes cultures ont retrouvé une certaine dynamique notamment en termes de prix. Mais d’autres secteurs le sont largement moins, je pense par exemple à l’élevage bovin et à la filière lait. Quelles sont les préoccupations majeures de la Chambre d’agriculture de la Gironde ? Et ses inquiétudes ? Notre préoccupation majeure est d’accompagner le plus efficacement possible les agriculteurs dans leurs démarches techniques, économiques et environnementales. De l'installation à la transmission, du conseil technique au conseil d'entreprise, de la formation à la promotion des produits et des métiers, nos collaborateurs interviennent au quotidien auprès des exploitants dans la gestion de leur entreprise et dans le projet de développement. Nos inquiétudes concernent les cours des marchés agricoles que ce soient les vins ou les autres denrées. Depuis quelques années déjà, les agriculteurs et les viticulteurs du département ont fait énor-

des consommateurs. La Chambre d’Agriculture a souhaité renforcer son intervention en matière d'accompagnement de la viticulture et de l'agriculture biologiques : recrutements d’ingénieurs spécifiquement affectés au développement bio, formation des agriculteurs, organisation du salon Tech & Bio qui a eu lieu en 2012 en Gironde et qui a rassemblé plus de 2 000 professionnels. Nos actions ne s’adressent pas seulement aux agriculteurs bio mais bien à tous ceux qui veulent s'inscrire dans une agriculture écologiquement responsable et durable.

mément d’efforts sur la réduction des coûts de production. Cependant, il y a un seuil en dessous duquel il est impossible de descendre sans remettre en question la pérennité des exploitations. Les efforts des exploitants agricoles, aussi importants soient-ils, sont voués à l’échec si le prix n’est pas suffisamment attractif et rémunérateur. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que l’agriculture n’est pas en marge de l’économie, c'est un secteur économique à part entière et qui demeure stratégique pour notre société.

“Trois exploitations sur quatre sont viticoles.”

La Gironde est le 2e département français en nombre de producteurs bio, comment expliquez-vous un tel succès ? Le marché de l'agriculture biologique connaît depuis plusieurs années un développement important, en réponse à la demande

Quelle est la place de la filière vin dans l’économie de la capitale mondiale des vins et spiritueux ? © APCA

Comment se portent les activités de la viticulture en Aquitaine ?

Le département de la Gironde compte près de 9 500 exploitations. Trois exploitations sur quatre sont viticoles, soit en chais particuliers soit en caves coopératives. La place de la filière viticole est aussi considérable en termes d’emplois : on recense en effet plus de 55 000 emplois liés à la filière dont 15 000 salariés permanents. La viticulture dans un département comme la Gironde est un des piliers de l’économie départementale avec un chiffre d'affaire de 4 milliards d'euros n Propos recueillis par Anaïs Normand

Bernard Artigue Président de la Chambre d’agriculture de la Gironde

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 11


Juillet 2013 | Bordeaux

Interview with: Bernard Artigue, chairman of the Chamber of Agriculture of the Gironde

The place of the wine industry in a Department like the Gironde is considerable, both in terms of jobs and in terms of economic benefits. But the wine sector is not the only priority of the Chamber of Agriculture, which also works with all agricultural and forestry stakeholders and local and regional authorities.

© CIVB/François Ducasse

“Agriculture: a key sector in the Gironde economy”

How are the activities of the Aquitaine wine industry? The wine sector is marked by its diversity as much as regards appellations, as operations and economic situations. We can consider that we have on one side entry level products including the Bordeaux and Côtes designations that are recovering in price but which are still, for some, below cost prices. There is a category of wines, which is selling rather well. Concerning other agricultural production, cereals and field crops regained some growth in particular in terms of price. But other sectors are much less, I think in particular of cattle breeding and the milk industry. What are the major concerns of the Chamber of Agriculture of Gironde? And anxieties? Our major concern is how to most effectively support farmers in their technical, economic and environmental endeavours. From installation to transmission, technical advice to business advisory, from training to the promotion of products and trades, our employees speak on a daily basis with operators regarding the management of their business and the development of projects. Our concerns relate to agricultural market prices whether wines or the other food products. For a few years already, the farmers and the wine growers of the region have made enormous efforts to reduce

The Bordeaux region has no fewer than 14,000 wine producers, 117,514 hectares of vineyards, 400 wine wholesalers and a turnover of 14.5 billion Euros.

production costs. However, there is a threshold below which it is impossible to go without calling into question the sustainability of the operations.

lopment, training for farmers, organisation of the Tech & Bio exhibition which took place in 2012 in Gironde, which brought together more than 2,000 professionals.

The efforts of farmers, however great they may be, are doomed to failure if prices are not sufficiently attractive and profitable. What we must understand is that agriculture is not on the margins of the economy, it is a fully-fledged economic sector, which is strategic for our society.

Our actions are not addressed only to the organic farmers but to all those who wish to subscribe to ecologically responsible and sustainable agriculture.

The Gironde is the 2nd French department in number of organic producers, how do you explain such a success? The organic agriculture market has experienced significant growth for several years, in response to consumer demand. The Chamber of Agriculture wanted to strengthen its intervention supporting viticulture and organic farming: recruitment of engineers specifically allocated to organic deve-

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What place does the wine sector have in the economy of the world capital of wines and spirits? The department of Gironde counts nearly 9,500 farms. 3 out of 4 are wine, either in private storehouses or in co-operative cellars. The place of the wine industry is also significant in terms of jobs: in fact, there are over 55,000 jobs in the sector with 15,000 permanent employees. Viticulture in a Department like Gironde is one of the pillars of the local economy with turnover of 4 billion euros n


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Créé à Bordeaux, le groupe Fayat a dépassé les frontières françaises pour se développer à l’international. Il est aujourd’hui l’un des fleurons de l’économie régionale.

“Le dynamisme de la ville nous séduit” Mon père, Clément Fayat a créé son entreprise à l’âge de 25 ans, en 1957, et rapidement remporté des contrats dans la région, pour une usine à Bassens puis une partie du marché d’assainissement de Bordeaux. Dès 1969, il commence à diversifier son activité, toujours autour de notre métier initial – la construction –, et achète la même année le domaine de La Dominique, grand cru classé à Saint-Émilion. Aujourd’hui, nous sommes le premier groupe indépendant français dans ce secteur, avec une centaine d’implantations dans le monde et 18 500 collaborateurs qui réalisent un chiffre d’affaires de 3,4 milliards d’euros. Notre siège social est toujours basé à Bordeaux, notre terre d’attachement. Quelle est votre stratégie pour consolider la position de votre entreprise et trouver de nouvelles façons de vous développer ? Pour nous il est très important de rester cohérents et proches de notre cœur de métier. Nous identifions des activités où il nous est possible de devenir leaders et procédons à des acquisitions, avec pragmatisme et prudence. C’est ainsi que nous avons intégré des sociétés leaders dans la chaudronnerie, que nous sommes devenus numéro 1 français de la construction métallique, que nous avons acquis la société allemande BOMAG, leader mondial des compacteurs… Par ailleurs, nous travaillons sur le management et la communication, afin d’accompagner nos entreprises dans leur développement.

vité en France. Depuis longtemps, nous nous tournons vers l’international, et cette stratégie se renforce. Nous cherchons des synergies sur les marchés où nos filiales sont déjà présentes, par exemple en Afrique, où notre société Razel-Bec travaille depuis de nombreuses années. Après nos implantations en Chine et en Inde, nous venons de faire l’acquisition d’usines de matériel routier au Brésil et aux États-Unis, où les besoins en infrastructures routières sont très importants. Nous restons toujours ouverts aux opportunités.

le nouveau bâtiment à énergie positive de la Communauté urbaine de Bordeaux, et construisons actuellement une nouvelle école pour Kedge (Bordeaux École de Management). Notre implication dans la vie locale va plus loin. En tant qu’acteurs majeurs de l’économie bordelaise, nous privilégions par exemple les prestataires de la région, et essayons d’être présents sur les grands événements bordelais. À titre personnel, je représente Bordeaux au sein des conseillers du commerce extérieur de la France, dont je suis le président pour l’Aquitaine, et suis président de la CCI Internationale Aquitaine.

Quelle est votre implication dans la vie locale et les grands projets bordelais ?

Bordeaux projette de s'affirmer comme l'une des grandes métropoles européennes du XXIe siècle. Comment jugez-vous le rayonnement international de Bordeaux ? Comment pourrait-on l’améliorer ?

La région bordelaise est très chère à notre cœur et les projets y sont regardés avec attention. Bien que la concurrence soit rude, nous sommes toujours très motivés par les projets locaux, et le dynamisme de la ville nous séduit à plus d’un titre ! C’est une grande fierté pour le groupe Fayat d’être le promoteur du nouveau stade de Bordeaux, dont nous assurons avec Vinci le financement, la conception, la construction et l’exploitation pour 30 ans. Nous venons de terminer

Le groupe Fayat se développe aussi à l’international. Dans quelles régions en particulier ? Nos activités industrielles et BTP souffrent incontestablement de la baisse d’acti14 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© Fayat

Pouvez-vous présenter le groupe Fayat ?

Bordeaux réunit incontestablement tous les atouts pour devenir une grande métropole européenne. Nous avons la chance de disposer d’un nom internationalement connu et de projets ambitieux. L’effort doit bien sûr être mené sur l’attractivité économique de la région. Nous sommes d’ailleurs impliqués activement dans le projet Euratlantique. S’il est facile d’attirer des collaborateurs à Bordeaux, il est en revanche difficile de leur proposer une carrière s’ils ne sont pas mobiles. Et la qualité de vie est telle qu’ils ne veulent pas bouger ! Les infrastructures de transport sont encore insuffisantes, même si l’aéroport a fait de grands efforts, nous sommes impatients que la LGV vienne nous désenclaver et faciliter les communications n Propos recueillis par Charles Xavier

Jean-Claude Fayat Directeur général du groupe Fayat


Interview with: Jean-Claude Fayat, director general of the Fayat group

© Positif

“The vibrancy of the city seduces all of us”

The Fayat group is actively involved in the Euratlantique project.

Founded in Bordeaux, the Fayat group has spread beyond France’s borders. Today it is one of the flagships of the regional economy. Can you introduce the Fayat group? My father, Clément Fayat created his company at the age of 25, in 1957, and quickly won contracts in the region, for a factory in Bassens then a share of the drainage market in Bordeaux. As early as 1969, it began to diversify its activity, still around our initial business of construction, and the same year, it bought the domaine de La Dominique, grand cru classé in Saint-Emilion. Today, we are the number one independent French group in this sector, with around one hundred installations worldwide and 18,500 employees achieving sales turnover of 3.4 billion euros. Our headquarters are still in Bordeaux, our home territory. What is your strategy to consolidate your business position and find new ways to develop? For us it is very important to remain

consistent and close to our core business. We identify activities where it is possible to become leaders and proceed to acquire, with pragmatism and caution. This is how we integrated leading boiler companies, became French number one in steel construction and acquired the German company BOMAG, global compactors leader... Furthermore, we are working on management and communication, in order to support our businesses in their development. The Fayat group is also growing overseas. In which areas in particular? Our industrial activities and construction have without doubt suffered from the fall in activity in France. For a long time, we looked abroad, and this strategy is intensified. We seek synergies in the markets where our subsidiary companies are already present, for example in Africa, where our company Razel-Nozzle has been operating for many years. After setting up in China and India, we have now just acquired road material factories in Brazil and the United States, where road infrastructure requirements are very significant. We always remain open to opportunities.

What is your involvement in local life and major Bordeaux projects? The Bordeaux region is very dear to our hearts and the projects are viewed with care. Although competition is hard, we always are very motivated by local projects, and the dynamism of the city allures us in more ways than one! It is a great honour for the Fayat group to be the promoters of the new Stade de Bordeaux, for which, together with Vinci, we are providing the financing, design, construction and the operation for 30 years. We have just finished the new positive energy building for the urban Community of Bordeaux, and we are now building a new school for Kedge (Bordeaux School of Management). Our involvement in local life goes further. As major players in the Bordeaux economy, we prefer for example to use providers within the region, and try to be present at big Bordeaux events. On a purely personal basis, I represent Bordeaux at the foreign trade advisers of France, where I am the chairman for Aquitaine, and I am chairman of CCI Internationale Aquitaine.

Bordeaux plans to assert itself as one of the large European metropolises of the 21st century. How do you rate the international influence of Bordeaux? How could we improve it? Bordeaux undoubtedly has all the assets required to become a great European metropolis. We are fortunate to have an internationally known name and ambitious projects. The effort must of course be made regarding the economic attractiveness of the region. We are also actively involved in the Euratlantique project. If it is easy to attract employees to Bordeaux, it is however difficult to offer them a career if they are not mobile. And the quality of life is such that they do not want to move! Transport infrastructures are still inadequate, even though the airport has made great efforts, we look forward to the LGV Vienna opening us up and facilitating communications n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 15


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Après avoir restauré les châteaux du Prince Noir et de Villebois-Lavalette, le promoteur Norbert Fradin s'attaque à la résurrection du château médiéval de Villandraut, ancien palais du pape Clément V.

“Une évolution audacieuse et sensible depuis près de 20 ans” Acheter et restaurer un château est un acte sentimental qui s'apparente à une sorte de quête nécessitant du temps, des moyens financiers mais aussi une certaine culture. Quelles sont vos motivations pour ressusciter ces châteaux souvent en ruines ? Je m'intéresse aux monuments médiévaux uniquement pour les ouvrir et les mettre à la disposition du public et parce que ce sont souvent des lieux délaissés car non habitables. J'ai le profond sentiment que la préservation du patrimoine, qui est l’une des grandes richesses de notre pays, doit passer par un effort collectif de plus en plus important, aussi bien de la part de l’État, que des collectivités ou du secteur privé. Je regrette le déclin de plus en plus sensible des financements publics car beaucoup de monuments recommencent à être en péril. Cela est d'autant plus dommage lorsque l'on constate les dépenses excessives consacrées à certains aménagements. Un exemple, parmi tant d'autres, sont les “équipements”, souvent ridicules et sans aucun intérêt artistique ou culturel, que l'on voit fleurir sur certains ronds-points. À côté de cela, on laisse tomber en ruine certains monuments précieux que le monde entier nous envie, en diminuant les budgets liés au patrimoine. Je dois par contre souligner le combat constant des différentes directions régionales des affaires culturelles qui jusqu'à présent, se battent avec les privés afin de sauvegarder notre patrimoine.

“Une ville de bord de l'eau, riche d'une tradition maritime de plus de deux millénaires.”

À Bordeaux, vous êtes très impliqué dans le quartier des Bassins à flot, où vous ambitionnez de construire des logements et des bureaux mais également un musée de la mer et de la marine. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet de centre culturel ? II m'est apparu qu'un lieu de mémoire lié à la marine était une évidence pour une ville au bord de l'eau, riche d'une tradition maritime de plus de deux millénaires. Ce musée ou centre de culture ne sera pas qu'un conservatoire. Il s'ouvrira non seulement sur la vie des hommes et des femmes de mer, mais également sur l'étude du milieu maritime dans sa globalité, ceci en lien avec certaines équipes scientifiques vers lesquelles nous sommes en train de jeter des passerelles. Ce musée sera donc un lieu de mémoire, de rencontre, d'études et de colloques et comprendra, bien sûr, un espace muséal important, une salle de congrès, une bibliothèque, un restaurant et des salles de réunions de travail. L'espace muséal intégrera des expositions permanentes ainsi que temporaires.

Au sein de ce futur quartier vous avez érigé une construction flottante appelée “pavillon du musée”. Quel rôle va jouer cette maison sur l'eau dans la mise en œuvre de ce projet ?

Tout au long des trois années qui nous séparent de sa réalisation, j'ai souhaité l’existence d’un lieu de réunion et l'idée de la maison flottante ou “pavillon du musée” m'est venue. Elle va permettre d'accueillir des expositions sur l'évolution du projet et de réunir les personnes et les associations intéressées par celui-ci.

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La Villa 88, hôtel particulier situé au cœur du quartier Saint-Genès, est un espace que vous avez mis à disposition au service des arts. Quelle est la particularité de ce lieu ? Tout bâtiment, qu'il soit château médiéval ou autre, n'a de sens que s'il trouve son fonctionnement et son utilité. Pour les premiers, je les laisse à la disposition gratuite des associations locales qui les font visiter et profitent des droits d'entrée. Ce sont donc des monuments publics portés par un acteur privé. La “Villa 88” s’est rapprochée de ce modèle dans le cadre d'un projet culturel sur une idée d'Elisabeth Vigne et mené par l'association “Villa 88” qu'elle préside. C'est donc un lieu culturel “intermédiaire” qui n'a pas d'ambition commerciale, qui n'est pas une galerie mais un espace dédié à toutes les formes de culture (musique, danse, art graphique, etc.) en favorisant l'intervention de structures extérieures (FRAC, école des beaux arts, galeries, Sagittarius, quatuor à cordes, escale du livre, etc.). Quelle est votre vision de Bordeaux tant sur le plan économique que du cadre de vie ? J'habite Bordeaux depuis la fin de l'adolescence, autant dire que c'est ma ville. Je ne suis pas totalement impartial et je l'assume. Je l'ai vu retrouver ses marques originelles de ville somptueuse, pas uniquement à travers la mise en valeur de son patrimoine exceptionnel mais aussi par l'évolution audacieuse et sensible instillée depuis près de 20 ans. Une ville dont la progression se fait par touches subtiles où sont associés l'audace, la prudence, la sérénité et le doute. Tous ces contrastes qui sont les ingrédients de la réussite des actions humaines n Propos recueillis par Charles Xavier


Interview with: Norbert Fradin, chairman of Fradin Promotion

“A daring and significant evolution over nearly 20 years” © DR

rate us from its realisation, I wanted there to be a meeting place and the idea of the floating House or “Museum Pavilion” came to me. It will allow us to host exhibits on the evolution of the project and meet the people and organisations interested in it. Villa 88, a mansion located at the heart of the Saint-Gênès neighbourhood, is a space you have made available to the arts. What is the peculiarity of this place? The Fradin group aims to build housing, offices but also a maritime and naval museum in the Bassins à flot neighbourhood.

After having restored the castle of the Black Prince and that of VilleboisLavalette, Norbert Fradin tackles the resurrection of the medieval castle of Villandraut, former palace of pope Clement V.

Buying and restoring a castle is a sentimental act, which is close to a kind of quest requiring time, financial means as well as a certain culture. What are your motives for resurrecting these often ruined castles? I am interested in medieval monuments only to open them and make them available to the public, because they are often neglected places since they are not liveable in. I have a deep-held belief that the preservation of our heritage, which is one of the great riches of our country, must pass through an increasingly great collective effort, as much from the State sector as from communities and the private sector. I regret the more and more palpable decline in public funding because many monuments are once again starting to be at risk. This is even more of a pity when there is excessive spending devoted to some of the schemes. One example, among many others, is the “installations”, often ridiculous and of no artistic or cultural interest, one sees flourishing on certain roundabouts. Aside from that, some priceless monuments, which are the envy of the whole world, are left in decline through the decrease in heritage-related budgets. I must

on the other hand underline the constant engagement on the part of the various regional managers of cultural affairs who until now, have fought with the private sector in order to safeguard our inheritance. In Bordeaux, you are very involved in the docks district, where there is a plan to build housing and offices but also a maritime and naval museum. Can you tell us more about this cultural centre project? It seemed to me that a place of memory linked to the Navy was a no-brainer for a waterfront city with a rich maritime tradition over more than two millennia. This museum or cultural centre will not be just a conservatory. It is interested not only in the lives of seafaring men and women but also on the study of the marine environment in general, this in relation to some scientific teams with whom we are now building bridges. This museum will therefore be a place of memory, encounters, study and conferences and will of course include a significant museum space, a conference room, a library, a restaurant and work meeting rooms. The museum space will include permanent as well as temporary exhibitions. Within this future neighbourhood you have constructed a floating structure called the “Museum Pavilion”. What role will this house on the water play in the implementation of this project? Throughout the three years that sepa-

Any building, whether medieval castle or other, only makes sense once it finds its function and useful purpose. For the former, I leave them at the free disposal of local organisations that make them available to visit and benefit from the admission fees. They are thus public monuments sustained by a private player. “Villa 88” came close to this model within the framework of a cultural project along an idea by Elisabeth Vigne and carried out by association “Villa 88” which it chairs. It is thus an “intermediate” cultural place which does not have commercial ambition, which is not a gallery but a space dedicated to all the forms of culture (music, dance, graphic art, etc) promoting the intervention of external structures (FRAC, school of fine arts, galleries, Sagittarius, String Quartet, the book stop, etc.). What is your vision of Bordeaux both from an economic and lifestyle perspective? I have lived in Bordeaux since I was a teenager, as much as anyone can say, it is my city. I am not completely impartial and I am aware of that. I have seen the city regain its original marks of sumptuousness, not only through the implementation of its exceptional heritage but also through bold and sensitive change implemented over almost 20 years. A city whose progression is seen in subtle touches where audacity, prudence, serenity and doubt unite. All these contrasts, which are the ingredients of success, are human actions n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 17


Juillet 2013 | Bordeaux

4 pôles de compétitivité au service du territoire

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Avec quatre pôles d’excellence, l’Aquitaine s’affiche comme leader dans les domaines de l’optique, de la photonique, de l’aéronautique, des écotechnologies et de la filière bois. Passage en revue de tous ces secteurs qui propulsent Bordeaux à l’échelle internationale.

Le pôle aéronautique représente 120 000 emplois, à cheval sur deux régions.

Le pôle Laser Alpha Il n’a qu’un équivalent au monde, situé aux États-Unis. En France, c’est l’un des plus efficaces. Sa mission, depuis sa création en 2004 ? Développer des technologies innovantes dans l’optique et la photonique. Composé d’une vingtaine de sociétés spécialisées dans le secteur des lasers à fibre optique, des scanners et des systèmes d'analyse d'images, le pôle est né à partir du parc industriel et technologique Laseris. Labellisé en juillet 2005, il s’appuie principalement sur le laser Mégajoule (LMJ). L’histoire de ce cluster est atypique. En 1995, alors que le gouvernement français prend la décision de stopper les essais nucléaires de Mururoa, des équipements de grande ampleur sont construits pour effectuer des simulations. C’est la naissance du laser Megajoule. Aujourd’hui, le pole regroupe près de 9 000 emplois et 70 entreprises en Aquitaine.

Le pôle aéronautique Son objectif est simple : développer à échelle nationale, européenne et internationale la compétitivité de l’aéronautique aquitaine. Partagé entre la région bordelaise et MidiPyrénées, le pôle abrite historiquement toutes les plus grandes entreprises mondiales et européennes d’activité civiles et militaires, ainsi que les centres de recherche et de formation. Avec des résultats excellents : premier bassin d’emploi européen dans le secteur, 8500 chercheurs, 120 000 emplois, 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, deux grandes écoles, 460 projets R&D labellisés. Labellisé Pôle mondial en 2005, le cluster est leader dans les avions d’affaires haut de gamme, l’électronique embarquée, les radars et systèmes aéroportés, la propulsion, les matériaux composites, la maintenance civile et militaire et l’aménagement intérieur d’avions. Il implique 26 grands groupes incontournables tels EADS Astrium, Dassault aviation, Snecma Propulsion Solide, Énergétiques, Thalès avionics, …

Le pôle AVENIA C’est le seul pôle éco-technologique de France. Labellisé pôle de compétitivité en 2010, AVENIA (Avenir Énergie Environnement) est spécialisé dans les écotechnologies. Son objectif est d’utiliser les richesses du soussol (géothermie, stockage géologique du CO2) pour préparer la transition énergétique. Pour cela, il utilise les avancées techniques, scientifiques et industrielles régionales. Concrètement, AVENIA accompagne et crée du lien entre les entreprises, les laboratoires de recherche et les organismes de

18 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

formation positionnés sur ces marchés. Pour ce faire, le cluster est constitué de : n près de 3000 chercheurs ; n 125 entreprises, dont beaucoup de grands groupes de l’industrie pétrolière et de chimie ; n 14 formations publiques.

AVENIA propose des projets collaboratifs et innovants, afin de pousser les entreprises partenaires sur le premier plan de la scène nationale et internationale.

Le pôle Industrie et Pin Maritime du Futur Première région forestière de France, avec un million d’hectares de pin maritime, la Gironde a su faire de ce patrimoine une force. Le pôle Industrie et Pin Martime du Futur est le leader national et européen dans les domaines du sciage, du panneau, du papier Kraft et de l’emballage bois-carton. Grâce à la compétence de pointe de 250 chercheurs, de laboratoires de recherche et de grands groupes internationaux, le pôle a pour mission de : n

maintenir les ressources forestières et l’approvisionnement ;

n effectuer des constructions en bois ; n

développer des matériaux verts et de la chimie verte. Il regroupe industriels, centre de recherche, de formation et organisations professionnelles de la filière bois-papier en Aquitaine. Il est ainsi porteur de 34 000 emplois dans le département n Colombe Dabas


4 competitiveness clusters at the service of the territory The Aquitaine shows itself as a leader in the following fields: optical, photonic, aerospace, environmental technologies, and the wood economy. Here is a review of all the sectors that are rapidly promoting Bordeaux to an international level.

aircrafts' design. 26 impossible to circumvent corporate companies such as EADS Astrium, Assault aviation, Snecma Propulsion Solide, Energétiques, Thalès avionics are involved.

The Industry and Maritime Pines of the Future cluster

The AVENIA cluster It is the only French eco-technological cluster. Labelled competitiveness cluster in 2010, AVENIA (French acronym for “avenir énergie développement”) is specialised in the environmental technologies. Its objective is to use the underground riches (geothermal, CO 2 geological storage) in order to prepare the energy transition. For that, the regional technical, scientific and industrial breakthroughs are used.

The Alpha Laser cluster There is only one equivalent in the world and it is located in the United States. It is one of the most efficient in France. Its mission, since its foundation in 2004 is to develop innovative technologies in the optical and photonic fields. This cluster was created from the industrial estate, Laseris, and is made up of about 20 companies, specialized in fibre optics, scanners and computer image analysis. Labelled in July 2005, it relies principally on the Megajoule laser (MJL).

Concretely, AVENIA follows and builds links between companies, research laboratories and training organisations positioned on these markets. In order to do so, the cluster is made up of:

The story of this cluster is unusual. In 1995, while the French government was deciding to stop the nuclear bomb testing in Mururoa, very important material was developed to perform simulations. It is the birth of the Megajoule laser. Today, this facility regroups close to 9,000 employees and 70 companies in Aquitaine.

Labelled world hub in 2005, the cluster is a leader in luxury business jets, built-in electronics, radars and airborne systems, the propulsion, composite materials, civilian and military maintenance and the interior

n to maintain the forest resources and supply n to make wood constructions n to develop environmentally-friendly mate-

n 125 companies, among which many impor-

rials and a more ecological chemistry

n 14 public training organisations

AVENIA offers collaborative and innovative

It gathers together industrial, research and training centres as well as professional organisations in the wood-paper sector in Aquitaine. It accounts for 34,000 jobs in the department n

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Its objective is simple: to develop the competitiveness of the Aquitaine aeronautics on a national, international and European scale. Shared between the region of Bordeaux and the Midi-Pyrénées, this cluster historically shelters all the largest global and European companies dealing with civilian and military activities, as well as the research and training centres. And it has been showing excellent results: first European job pool in that field, 8,500 researchers, 120,000 jobs, 10 billion Euros turnover, two elite schools, 460 R&D labelled projects.

Being the number one forest region of France with one million hectares covered with maritime pines, the Gironde region has known how to make a strong force of that heritage. The Industry and Maritime Pines of the Future cluster is the national and European leader in sawing, panel, Kraft paper and wood-cardboard packaging. With the help of the cutting-edge competence of 250 researchers, research laboratories and international companies, the cluster is assigned the following missions:

n almost 3,000 researchers

tant companies of the petroleum and chemical industries

The aerospace cluster

projects in order to help the partner companies position in the forefront on the national and international scene.

Straddling two regions, the aerospace centre of expertise represents 120,000 jobs.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 19


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Le pôle de compétitivé AVENIA est le seul en France à travailler sur les énergies fossiles. Avec un objectif : préparer l’enjeu majeur de la transition énergétique pour l’horizon 2030-2050.

“AVENIA : faire émerger des projets innovants”

Nous sommes un pôle de géoscience avec plusieurs piliers stratégiques : n les technologies pour les géosciences : en particulier l’analyse de risques et le monitoring qui permet de développer les autres axes dans le respect de l'environnement ; n le développement responsable du soussol, avec notamment les énergies fossiles ; n la géothermie basse et haute température ; n les stockages géologiques du CO2, et de l’énergie sous toutes ses formes (hydrocarbures , air comprimé, hydrogène etc..). Sur 71 pôles de compétitivité en France, 12 traitent de l’énergie et un seul des énergies fossiles. Et c’est nous ! Comment réduire la facture d’importation d’énergie en hydrocarbure ?

de manière optimisée tout en respectant parfaitement nôtre environnement ensuite, nous allons analyser tous les champs pétroliers français dans le but de lancer des pilotes de récupération “dite améliorée” qui devrait permettre à terme d'augmenter significativement la récupération d'hydrocarbures. En même temps, sur ces champs “revitalisés” nous étudierons la possibilité d'utiliser la grande quantité d'eau de production associée pour de la géothermie basse température. Nous ferons donc d'une pierre deux coups !

Votre ambition est d’aider les entreprises à prendre une position de premier rang en France et à l’international. Par quels moyens ? Notre objectif étant entre autre de développer des pilotes de récupération d'hydrocarbures en France, nôtre visibilité sera Internationale car ces projets intéressent tous les pays qui ont les mêmes problématiques ! Si nos techniques utilisées sont suffisamment innovantes, toutes les entreprises françaises participant à ces projets auront un bénéfice immédiat à l'international. Enfin, par l’intermédiaire des grands groupes, nous pourrons également aider les sociétés innovantes à mieux prendre pieds à l'étranger.

Enfin, un travail est aussi effectué sur les gisements non-conventionnel comme les réservoirs à faibles perméabilités, le gaz de houille ou de roche mères (dont le potentiel pourrait être très important mais reste à confirmer) en étudiant toutes les techniques alternatives de stimulations qui pourraient être utilisées. Tout ceci bien sûr devrait permettre de contribuer à la réduction notre dépendance énergétique.

Actuellement, nous avons un déficit de la balance commerciale en France de 65 milliards d’euros, dont 61 milliards sont dus à nos importations de pétrole et de gaz. En 2030 et plus tard en 2050, même avec des économies d’énergies, ce chiffre restera entre 60 et 90 milliards d’euros, en valeur actuelle! Ceci s'explique par les scénarios d’augmentation des prix de l'énergie à ces horizons qui compensent largement les baisses de consommations. C'est pourquoi nous étudions plusieurs pistes permettant de réduire encore plus nôtre dépendance énergétique et donc nos importations d'hydrocarbures : tout d'abord les technologies pour les géosciences et le monitoring en particulier qui permet de développer les différents projets 20 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Quelles sont vos ambitions pour AVENIA ?

© Avenia

Quelles sont les différentes missions du pôle AVENIA ?

Aider la France pour que la transition énergétique se fasse dans de bonnes conditions, sans tabous. N'éliminons pas trop rapidement par exemple les hydrocarbures dans la transition énergétique sans avoir tout d'abord évalué les différents potentiels. Prenons ensuite seulement les décisions en connaissance de cause. Rappelons qu’il faut financer la transition énergétique. L’exploitation des hydrocarbures peut contribuer à ce financement. Enfin et concrètement pour le pôle, je souhaite qu’il soit reconnu au niveau international et qu’il devienne pérenne n Propos recueillis par Colombe Dabas

Alain Lehner Président du pôle de compétitivité AVENIA


Juillet 2013 | Bordeaux

Interview with: Alain Lehner, chairman of the AVENIA research centre

© Avenia

“AVENIA: supporting innovative projects”

AVENIA is the only research centre in France working on fossil energies. With the objective of preparing the major stakes of energy transition looking at a horizon of 2030-2050. What are the different objectives of the AVENIA centre? We are a centre for geoscience with several strategic pillars: n geoscience technologies: in particular risk analysis and monitoring that allows to develop other axes of respect for the environment; n sustainable underground mining development, in particular fossil energies; n low and high temperature geothermics; n geological stores of CO2, and energy in all its forms (hydrocarbons, compressed air, hydrogen etc.)

Out of 71 research centres in France, 12 deal with energy and only one fossil energies. And that's us! What are the issues for energy transition? Currently, France consumes the energy equivalent of 270 million tons of oil per annum. With the energy savings envisaged at the Environment Grenelle, in 2030 the figure should drop to only 240 million. Our

objective is of course to ensure the supply of this energy. To this end, the development of energy savings and renewable alternative energy sources is essential. This will reduce our dependency vis-à-vis outside, without however cancelling our needs. Indeed, in 2030, even if consumption is reduced thanks to our energy savings and nuclear power plants remain at the current level - whereas the Government provides rather a reduction-, 40-50% of our energy will still consist of oil imported from abroad. It's too much and unbearable for our trade balance!

How to reduce the import of hydrocarbon energy bill? Currently, we have a deficit in the trade balance in France of 65 billion euros, 61 billion of which is due to our imports of oil and gas. In 2030 and later in 2050, even with energy savings, this figure will remain between 60 and 90 billion euros, at current values! This is explained by scenarios of rising energy prices on these timeframes, which more than offset decreases in consumption. This is why we are investigating several avenues to further reduce our energy dependency and therefore our imports of hydrocarbons: first of all geoscience technologies and monitoring in particular which allows to develop different projects in an optimal manner while fully respecting our environment then, we will analyse all French oil fields to start so-

22 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

called “improved” recovery drivers which would allow in the future to significantly increase hydrocarbon recovery. At the same time, on these revitalised fields we will study the possibility of using the great quantity of water associated with production for low temperature geothermics. Two birds with one stone! Finally, work is also carried out on unconventional deposits such as low permeability reservoirs, coal or gas parent rock (whose potential could be very important but is yet to be confirmed) by studying all the alternative stimulation techniques which could be used. All this of course should make it possible to contribute to the reduction of our energy dependency.

Your ambition is to help companies take a first rank position in France and internationally. By which means? Our objective being among others to develop hydrocarbon recovery drivers in France, our visibility will be international, because these projects concern all countries who have the same issues! If our techniques are sufficiently innovative, all the French companies taking part in these projects will see an immediate benefit internationally. Finally, via the intermediary of large groups, we also help innovative companies make a bigger impact abroad.

What are your ambitions for AVENIA? Help France to make the energy transition under good conditions, without taboos. Let's not eliminate hydrocarbons too quickly for example in the energy transition without having first assessed the different potential replacements. Then take only informed decisions. Let us recall that the energy transition needs to be financed. The exploitation of hydrocarbons can contribute to this financing. Finally and concretely for the centre, I would like it to receive recognition at the international level and become perennial n


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | L’optique représente déjà quelques 10 000 emplois dans la région et la dynamique liée à la Route des Lasers en a généré 1400 en une douzaine d’années.

La Route des Lasers : “Nous détenons une compétence quasi-incontournable”

La Route des Lasers est le fruit d’une décision politique, prise en 1995. Jacques Chirac décide alors d’arrêter définitivement les essais nucléaires et de lancer dans le même temps le programme Simulation. La décision est prise d’implanter le Laser Mégajoule (LMJ), composante phare de ce programme, sur le site CEA près de Bordeaux. L’État, la Région, les collectivités et le CEA imaginent alors un projet territorial pour développer des projets innovants liés aux technologies optique et laser et maximiser les retombées socio-économiques en Aquitaine. Avec comme piliers porteurs : la recherche, le transfert de technologie, la formation continue, le soutien industriel, l’accès au financement et la communication pour expliquer les activités. Cette stratégie a conduit à la création, en 2005, du pôle de compétitivité Route des Lasers. Aujourd’hui, le label a été renouvelé avec, en 2012, une action du pôle jugée performante par l’État.

La crise a-t-elle impactée le potentiel d’emplois de la filière photonique ?

industriels. Dans ces domaines, nous détenons en Europe une compétence quasiincontournable. Notre rang mérite de monter en gamme grâce à la richesse et à la force de frappe de notre écosystème mais aussi, grâce au soutien fort et constant de la puissance publique. Enfin, le pôle entend développer ses relations avec les autres pays de l’UE, notamment l’Allemagne, grâce au projet European Photonics Cluster Networking qu’il a initié.

Depuis la structuration de la filière, au début des années 2000, 1400 emplois directs ont été créés en Aquitaine. Beaucoup d’emplois indirects sont également apparus grâce aux 26 start-up et aux 22 sociétés nées autour du pôle. En tout, la photonique représente près de 10 000 emplois directs et indirects dans la région. Au niveau européen, la filière se porte également bien, avec une croissance qui avoisine les 10 % par an. Malgré ces très bons chiffres, nous avons ressenti la crise puisque les entreprises de la Route des Lasers font la majorité de leur chiffre d’affaires à l’export. Comme l’activité internationale a baissé, la demande tend à se tasser.

Quelles ont été les actions concrètes du pôle, depuis sa création en 2005 ?

Que pèse le pôle ALPHA au niveau européen et international ? Au niveau européen, nous mettons en avant notre compétence et nos systèmes laser de puissance de premier plan sur la physique du laser, la physique de l’interaction laser-matière et la recherche académique et technologique pour les procédés

Quelle est la vocation du pôle de compétitivité ALPHA ? En France, il existe trois pôles de compétitivité sur la photonique. La photonique est un secteur jeune et dynamique, considéré comme l’une des six technologies clé recensées par la Commission européenne. Ce secteur émergent nous impose premièrement d’affiner le maillage territorial, en identifiant et animant les acteurs présents. Puis d’attirer des nouveaux profils afin de compléter la palette de compétences de notre filière et permettre ainsi d’amplifier notre action pour l’émergence de produits innovants à la base de la croissance et de la compétitivité de nos entreprises et, en particulier, des PME. 24 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© CEA Hubert Raguet

D’où vient la tradition historique d’excellence en recherche sur l’optique et les lasers de la région bordelaise ?

Nous avons structuré un écosystème riche et d’excellence avec une offre complète pour nos membres, de la recherche à l’industrie. La plateforme de formation continue PYLA et la SEML Route des Lasers qui œuvre à l’implantation de nouvelles sociétés ont été créées en 2004. Un Centre de ressources technologiques a été créé en 2007, une convention d’affaires internationales Invest in Photonics créée en 2008, un établissement de l’Institut d’Optique Graduate School accueilli en 2012, la construction du laser PETAL (Petawatt Aquitaine Laser) couplé au LMJ, etc. Même si la recherche reste forte et très présente, l’industrie est en croissance. Depuis sept ans, nous avons labélisé près de 300 projets, dont près de la moitié a été financée pour un montant total de 225 millions d’euros. Ce chiffre pourrait-être augmenté si l’Europe portait un regard différent sur les clusters. Aujourd’hui, ils ne sont pas véritablement considérés comme des acteurs du développement économique. Mais, le programme Horizon 2020 devrait changer cela n Propos recueillis par Louis Le Bris et Colombe Dabas

Hervé Floch Délégué général du pôle de compétitivité Route des Lasers


Interview with: Hervé Floch, director general of the Route des Lasers centre of excellence

Route des Lasers: “We are in possession of a quasi-impossible to circumvent expertise” Regarded as one of the six key technologies listed by Europe, laser optics is growing in the Aquitaine technological centre, the Route des Lasers. This sector already represents some 10,000 jobs in the region and the dynamics related to the Route des Lasers generated 1,400 jobs in a dozen years. © CEA Hubert Raguet

What is the function of ALPHA centre of expertise?

our ecosystem, also through strong and sustained public support. Lastly, the centre intends to develop its relations with the other countries of the EU, in particular Germany, thanks to the European Photonics Cluster Networking project which it initiated.

In France, there are three centres of excellence in photonics. Photonics is a young and dynamic sector, regarded as one of the six key technologies identified by the European Commission. This emerging sector firstly forces to us to refine the territorial grid, by identifying and supporting the players in place. Then attract new profiles to complement the range of skills in our industry and thereby amplify our efforts for the emergence of innovative products based on the growth and the competitiveness of our companies, in particular, SMEs.

What have been the concrete actions of the centre, since its creation in 2005? We structured a rich and excellent ecosystem with a complete range for our members, from research to industry. The continuous training platform, PYLA, and the SEML Route des Lasers which works with the establishment of new companies were created in 2004. A Centre of Technological Resources was created in 2007, a convention of international businesses, Invest in Photonics created in 2008, an establishment of the Institute of Optics Graduate School accommodated in 2012, the construction of laser PETAL (Petawatt Aquitaine Laser) coupled with the LMJ, etc. Even though research remains strong and very present, industry is growing. Over seven years, we have approved nearly 300 projects, of which about half were financed to a total of 225 million euros. This figure could be increased if Europe had a different view of clusters. Today, they are not truly regarded as players of economic development. But, the Horizon 2020 programme should change that n

Has the crisis impacted the potential of uses of the photonics industry?

Where does the historical tradition of excellence in research on optics and lasers in the Bordeaux region come from? The Route des Lasers is the result of a political decision made in 1995. Jacques Chirac decided to stop nuclear testing permanently and start at the same time the Simulation program. The decision was made to establish the Laser Megajoule (LMJ), flagship component of this program, on the CEA site close to Bordeaux. The State, the Region, communities and the CEA then created a territorial project to develop innovative projects related to optical and laser technologies and maximise the socio-economic benefits for Aquitaine. With as load-bearing pillars: research, technology transfer, continuing education, industrial support, access to funding and communication to explain the activities. This strategy led to the creation, in 2005, of the Route des Lasers centre of expertise. Today, the label has been renewed with, in 2012, activation of the centre deemed powerful by the State.

Since the structuring of the sector in the early 2000s, 1,400 direct jobs have been created in Aquitaine. Many indirect jobs also appeared thanks to the 26 start-ups and 22 companies born around the centre. Overall, Photonics represents nearly 10,000 direct and indirect jobs in the region. At European level, the sector is also fine, with growth close to 10% per year. In spite of these very good figures, we felt the crisis since the companies of the Route des Lasers makes the majority of its sales turnover in exports. As international activity has declined, demand has contracted.

What is the scope of the ALPHA centre at the European and international level? At the European level, we offer our expertise and our top-level laser systems in terms of laser physics, the physics of the laser-matter interaction and academic and technological research for industrial processes. In these fields, we hold in terms of Europe, expertise that is quasi-impossible to circumvent. Our rank deserves to rise thanks to the richness and the strength of

© CEA

The Lasers cluster is one of the three centres of expertise dedicated to photonics in France.

Over 300 projects have been labelled in the past seven years.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 25


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | En lien étroit avec le tissu de PME local, le pôle de compétitivité permet d’accompagner une croissance durable des emplois sur ce territoire d’innovation. Il consolide également le positionnement mondial du secteur aéronautique et spatial régional.

Aerospace Valley, un pôle au service de l’emploi Vous avez récemment signé un contrat de performance jusqu’en 2018, quelle est votre feuille de route ?

industrielle et accès aux marchés sont donc les maîtres-mots de notre action.

Nous travaillons dans les domaines de l’aéronautique, de l’espace et des systèmes embarqués. Nous nous sommes fixés certains défis technologiques à relever, comme la performance énergétique, le lancement d’avions plus électriques ou la contribution à la création de sous-systèmes innovants et performants. De façon globale, notre feuille de route stratégique est orientée vers la contribution à la préparation des avions et satellites de demain.

En quoi participez-vous au dynamisme de Bordeaux ?

Pouvez-vous nous présenter les missions d’Aerospace Valley, créé en 2005 ?

Plus de 300 projets ont été financés depuis la création d’Aerospace Valley. Cela représente un montant total de 800 millions d’euros, parmi lesquels 360 proviennent de l’État et des collectivités locales. Le financement est donc, en partie, privé, mais la puissance publique valide les projets, puis les soutient. Certains, par exemple, sont menés dans le domaine de l’avion électrique. Il s’agit de transformer les systèmes mécaniques ou hydrauliques d’aujourd’hui et de les remplacer par des systèmes qui font appel à des technologies de l’information et de la télécommunication.

Le pôle de compétitivité Aerospace Valley est bi-régional, il couvre l’Aquitaine et MidiPyrénées. Il compte parmi ses financeurs, avec Toulouse Métropole et la Région MidiPyrénées, la Communauté Urbaine de Bordeaux et la Région Aquitaine, qui tous nous confèrent une mission assez précise, à savoir les aider à dynamiser le tissu de PME dans l’aéronautique et le spatial. Nous menons beaucoup d’actions en lien avec les agences de développement économique d’Aquitaine mais aussi avec des acteurs tels que le port de Bordeaux ou les organismes en charge des transports collectifs locaux. La convention de coopération nous amène à identifier les PME qui pourraient s’inscrire sur les différents axes de notre stratégie, de façon à les impliquer dans des projets de coopération.

Nous les regroupons au sein de trois axes majeurs. Tout d’abord, nous avons vocation à bâtir des projets collaboratifs basés sur l’innovation et la rupture technologique. Le pôle se doit également d’être un vecteur de performance industrielle, en agissant auprès du tissu local de PME et de sous-traitants. Nous les accompagnons sur différentes fonctions de support, de manière à les aider à être le plus solide possible. Enfin, la dernière mission consiste à créer des “commissions marchés”, où nous réunissons autour d’une table des personnes à même d’identifier les marchés les plus porteurs. Cela nous permet d’envisager les débouchés à court et moyen termes. Innovation, performance 26 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

“Nous nous sommes fixés certains défis technologiques à relever.”

Quelles sont les ambitions du pôle ?

© Heläne Ressayres

“Plus de 300 projets ont été financés depuis la création d’Aerospace Valley.”

Quels sont, actuellement, les grands projets menés ?

Le but absolu des pôles est le développement économique et l’emploi. Nous faisons tout notre possible pour ancrer durablement l’activité, pas moins de 130 000 emplois étant consacrés à l’aéronautique et le spatial sur notre territoire. Aujourd’hui, l’emploi dans ce secteur grimpe de 5 % chaque année. Si nous savons que les arbres ne montent pas au ciel, nous gardons en tête un objectif précis : maintenir cette croissance dans le sud-ouest n Propos recueillis par Anaïs Normand et Olivier Gil

Marc Péré Directeur général du pôle de compétitivité Aerospace Valley


Interview with: Marc Péré, director general of the centre of expertise Aerospace Valley

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Aerospace Valley, a centre at the service of employment

In close connection with the fabric of local SMEs, the centre of expertise aims to support sustainable job growth in this territory of innovation. It also consolidates the global positioning of the regional aviation and space industry. You recently signed a contract of performance until 2018, what is your roadmap? We work in the fields of aeronautics, space and embedded systems. We set certain technological challenges to meet, such as energy performance, the launch of more electric planes or the contribution to the creation of innovative and powerful subsystems. Overall, our strategic roadmap is geared towards contributing to the preparation of the aircraft and satellites of tomorrow. Can you give us the missions of Aerospace Valley, created in 2005? We regroup them within three axes. First of all, we have a mission to build collaborative projects based on innovation and technological rupture. The centre must also be a vector of industrial performance, influencing the local fabric of SMEs and subcontractors. We support them on various sup-

port functions, helping them to be as solid as possible. And the final last mission consists in creating “market commissions”, where we bring together around a table people capable of identifying the most important markets. This enables us to consider the outcomes in the short and medium-term. Innovation, industrial performance and access to the markets are the keywords in our plan. How do you participate in the dynamism of Bordeaux? The Aerospace Valley centre of expertise is bi-regional; it covers Aquitaine and the Midi-Pyrénées. It counts among its financial backers, with Toulouse Métropole and the Midi-Pyrénées Region, the urban community of Bordeaux and the Aquitaine Region, which all give us a fairly accurate mission to help revitalise the fabric of SMEs in the aeronautics and space industry. We carry out a lot of projects in union with the economic development agencies in Aquitaine but also with players such as the Port de Bordeaux and the organisations in charge of local public transport. The cooperation agreement led us to identify SMEs that could fit into the various axes of our strategy, so

as to involve them in cooperative projects. Currently, what are the major projects? More than 300 projects have been funded since the creation of Aerospace Valley. This represents a total amount of €800 million, 360 of which come from the State and local communities. The financing is thus, partly, private, but the public authorities validate the projects, and then support them. Some, for example, are carried out in the field of the electric plane. It is a question of transforming the mechanical or hydraulic systems of today and replacing them with systems, which call upon information technologies and telecommunication. What are the ambitions of the centre? The ultimate goal of the centres is economic development and employment. We do our utmost to sustainably anchor activity, no less than 130,000 jobs dedicated to aeronautics and space on our territory. Today, employment in this sector is climbing by 5% each year. Whilst we know that the road is a long one, we keep a precise objective in mind: maintaining this growth in the southwest n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 27


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Structuré autour de grands groupes, de PME innovantes et de la première école de e-commerce ouverte en France, l’e-commerce bordelais est en pleine expansion. Ses acteurs sont depuis 2011 réunis au sein de l’association eCom33.

E-commerce :

© thanatip - Fotolia.com

une filière dynamique rique” du e-commerce, notamment grâce à Cdiscount, leader national, qui a vu le jour à Bordeaux en 1999 et qui emploie aujourd’hui plus de 1 000 personnes. Peu à peu, des prestataires en logistique, webmarketing, référencement, etc. se sont implantés dans la région, et de nombreux talents venus y travailler sont restés afin de créer leur propre activité, liée au e-commerce.

pour favoriser les complémentarités entre commerçants (pour les inciter à développer leur activité en ligne) et e-commerçants (qui face au succès de leur site ouvrent parfois des magasins physiques).

“L’initiative eCom33 est un succès grâce au dynamisme de la filière locale.”

Difficile cependant de mesurer exactement le poids de la filière. Notre association compte 55 adhérents (TPE, PME et grands groupes) sur les 140 e-commerçants que nous avons dénombré dans le département.

Le consommateur final a le choix, il souhaite tester les produits en magasin puis rentre chez lui et fait son choix sur internet. Le commerce traditionnel doit s’adapter. Par exemple JouéClub ou Bébé9 mettent l’accent sur le e-commerce comme relais du commerce traditionnel et poussent le client à venir retirer en boutique les objets achetés sur leur site web.

eCom33 est une initiative unique en France.

Adeline Rambaud, responsable pédagogique de la licence e-commerce à l’Université de Bordeaux IV, Jérôme Darsouze, consultant web, et moi-même, gérant de la société CA Logistiques, avons constaté que quels que soient les volumes d’activités, les e-commerçants étaient tous confrontés aux mêmes questions. De plus, compte tenu du développement fulgurant de la filière, ils avaient des difficultés à prendre du recul par rapport à leurs difficultés. D’où l’idée en 2011 de créer une association pour recenser et fédérer les acteurs du e-commerce en Gironde, avant de leur apporter la formation et l’information destinée à booster leur activité. Par répercution, leurs prestataires de la filière pourront à leur tour développer leurs compétences et leurs savoir faire.

À quel rythme le commerce local se convertit-il au e-commerce ? Quelles sont les perspectives de développement en la matière ? Le commerce traditionnel souffre de plus en plus. C’est pourquoi nous sommes en relation avec l’association des commerçants bordelais “La Ronde des quartiers” © DR

Pourquoi et comment est née eCom33 ?

L’initiative eCom33 est un succès grâce au dynamisme de la filière locale, mais rien ne dit qu’une démarche similaire connaitrait la même réussite ailleurs. Le soutien des collectivités locales a été déterminant, qu’il s’agisse d’Aquitaine Europe Communication (AEC), l'agence régionale des initiatives numériques, et bien entendu de la mairie de Bordeaux avec qui nous participons à la “Grande Jonction”, évènement qui favorise la rencontre entre acteurs de l’économie traditionnelle et ceux du numérique n Propos recueillis par Louis Le Bris

Que pèse le e-commerce en Gironde aujourd’hui ?

Stéphane Van Overstracten Le département 33 est une terre “histo28 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Président de l’association eCom33


Juillet 2013 | Bordeaux

Interview with: Stéphane Van Overstracten, chairman of eCom33

© Monkey Business - Fotolia.com

E-commerce: a dynamic sector

eCom 33 is a unique initiative in France.

Structured around large groups, innovative SMEs and the first e-commerce school opened in France, Bordeaux ecommerce is booming. Since 2011 its players have united within eCom33. Why and how was eCom33 born? Adeline Rambaud, Teaching Director of licence E-trade at the University of Bordeaux IV, Jerome Darsouze, web consultant, and myself, director of CA Logistics, observed that whatever the volume of activity, E-tradesmen were all confronted with the same questions. In addition, given the rapid industry development, they had difficulties taking a step back from their difficulties, hence the idea in 2011 to create a body to identify and unite the players in e-commerce in the Gironde, before providing training and information to boost their activity. By repercussion, their own service providers in the sector will in turn develop their skills and know-how. What is the impact of E-commerce in the Gironde today? Department 33 is a “historic” ground for

e-commerce, in particular thanks to Cdiscount, national number one, founded in Bordeaux in 1999, which today employs more than 1,000 people. Little by little, logistics service providers, web marketing, referencing, etc. set up in the area, and many talents who came to work, remained in order to create their own activity, related to e-commerce. It’s difficult however to measure the weight of the sector exactly. Our organisation counts 55 members (very small companies, SMEs and large groups) from the 140 “etailers” that we counted in the region.

How fast does local trade convert to ecommerce? What are the prospects for development in this area? Traditional trade suffers more and more. This is why we are in connection with the Bordeaux traders association “La Ronde des quartiers” to promote complementarities between dealers (to encourage them to develop their online business) and e-tailers (which, when their site becomes successful, sometimes open physical stores).

30 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

The end consumers have the choice, they like to test the products in store then go home and make their choice on Internet. Traditional commerce must adapt. For example JouéClub or bebe9 focus on e-commerce as a relay for traditional trade and encourage the customer to collect in store the objects purchased on their website.

“The eCom33 initiative is a success thanks to the dynamism of the local industry.”

The eCom33 initiative is a success thanks to the dynamism of the local industry, but nothing says that a similar step would see the same success elsewhere. The support of the local communities has been decisive, whether that is Aquitaine Europe Communication (AEC), the regional agency for digital initiatives, and of course of the Mayor of Bordeaux with whom we take part in the “Grande Jonction”, an event to support the meeting between players in the traditional economy with those in the digital one n


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Créée en juillet 2010, “La Ronde des quartiers de Bordeaux” fédère l’ensemble des commerçants et artisans de la ville, des métiers de proximité jusqu’aux grands groupes. Son président, Christian Baulme, présente le travail mené par son association.

Pourriez-vous présenter votre association ainsi que ses missions principales ? Résultat de la fusion de deux associations, “Bordeaux centre-ville” et “La Ronde des quartiers”, “La Ronde des quartiers de Bordeaux” rassemble à ce jour 1030 adhérents au sein de la plus grande fédération d’artisans et de commerçants de France. Approuvée par la Chambre de commerce et d’industrie, cette idée est aussi le fruit d’une volonté politique de la mairie d’avoir un seul interlocuteur pour coordonner les évènements. Forte du soutien de ces deux partenaires et de la Chambre des métiers et de l’artisanat, “La Ronde des quartiers de Bordeaux” peut à son tour proposer des adhésions à d’autres associations pour les accompagner dans leurs actions. Cette double vocation d’organisateur et d’aide à la coordination nous permet aujourd’hui de stimuler l’offre commerciale bordelaise et de promouvoir l’artisanat local.

“Stimuler l’offre commerciale bordelaise et promouvoir l’artisanat local.” En quoi votre approche locale s’avère-telle efficace pour dynamiser l’économie ? La dynamique de solidarité renforce le poids des adhérents lors des négociations concernant les sujets d’intérêt général, notamment avec la Communauté urbaine pour l’enlèvement des ordures. Cette stratégie facilite le quotidien des commerçants en les aidant à faire des économies et en leur offrant une meilleure visibilité à l’occa-

sion des évènements ponctuels qui se déroulent dans des quartiers spécifiques. Mais notre vocation ne s’arrête pas à l’animation et nous cherchons continuellement à renforcer les services aux adhérents en renouvelant notre démarche, le soutien dans les tâches les plus pénibles étant le fondement même de l’association. Un partenariat avec le Régime social des indépendants (RSI) a par exemple été mis en place pour mettre à disposition de nos membres un interlocuteur privilégié chargé du suivi des dossiers.

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

“Soutenir les artisans dans les tâches les plus pénibles”

Quels sont les atouts de l’artisanat bordelais ? Dans quelle mesure peut-il être une vitrine pour l’attractivité et l’image de la ville ? Alors qu’ils avaient tendance à disparaître, les services de proximité sont en train de revenir progressivement dans tous les quartiers, car ce sont eux qui vont nourrir l’image d’une ville vivante et facile d’accès. Leur présence est d’autant plus nécessaire à l’heure où Bordeaux s’agrandit, même si la flambée des prix de l’immobilier empêche certains artisans de s’implanter dans les rues les plus fréquentées par les touristes.

Après avoir mené plusieurs actions l’année dernière (“Restaurateurs en fête”, “La fête du Pain”, “Les commerçants fêtent le printemps”, etc.) quels sont vos autres projets en 2013 ? Nous avons créé cette année trois recueils pour inciter nos adhérents à devenir des commerçants éco-responsables. Anticipant la loi sur l’accessibilité des commerces aux personnes handicapées, un guide d’auto-

32 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

La Ronde des quartiers de Bordeaux rassemble à ce jour 1030 adhérents.

évaluation leur permet d’estimer eux-mêmes la conformité de leur local et donc d’effectuer à temps les travaux nécessaires. Enfin, un fascicule dispensant les bases de la langue des signes, métier par métier, sert à l’accueil des personnes sourdes et malentendantes. Concernant l’offre commerciale, la carte Bordo’Plaisir donne désormais aux consommateurs la possibilité d’acheter des produits dans les petits commerces avec les points cumulés de leurs courses chez Auchan Mériadeck. L’objectif de Bordo’Cado consiste quant à lui d’attirer une clientèle nouvelle en faisant accéder les membres de l’association aux chèques cadeaux sans coût supplémentaire n Propos recueillis par Pauline Pouzankov


Interview with: Christian Baulme, president of La Ronde des quartiers de Bordeaux

“To support the craftsmen in their most painful tasks” Founded in July 2010, “La Ronde des Quartiers de Bordeaux” association unites all the shop-owners and craftsmen, from the local businesses to the biggest corporate companies. A source of dynamism, the group also organizes commercial activities throughout the year.

do, i.e. supporting them through the most tedious jobs. A partnership with the social security scheme for self-employed workers (RSI) was for instance implemented in order to provide our members with a contact point in charge of the management of cases.

What are the assets of the craftsmen of Bordeaux? To what extent can it be a showcase for the city’s attractiveness and image?

Could you present your association as well as its main missions?

While it was feared that the local services would disappear, the local shops are in the process of making a gradual come back in all the neighbourhoods. Indeed, these local shops contribute to shape a lively and easily accessible city. Their presence is all the more necessary at a time of urban growth, even if the skyrocketing of real estate prices hinders some craftsmen from establishing in the busiest tourist streets.

This year, we have created three booklets to encourage our members to behave as eco-responsible sellers. Anticipating the law on disabled access to shops, a self-assessment guide allows them to measure the level of compliance of their premises and to carry out the necessary fitting-out. Ultimately, a brochure covering the basics of sign language, for each profession, is used to welcome the hearing-impaired. Concerning the commercial offer, the “Bordo'Plaisir” loyalty card gives shoppers the opportunity to buy products in small businesses with the shopping points collected at Auchan Mériadeck. The goal of “Bordo'Cado” is to attract a new customer base by giving the association members access to gift vouchers without any additional cost n

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

As a result of the merging of two associations, “Bordeaux centre” and “La Ronde des Quartiers”, “La Ronde des Quartiers de Bordeaux” assembles today 1,030 members in what is the biggest federation of craftsmen and shop-owners of France. Approved by the Chamber of Commerce and Industry, this idea is also the fruit of the mayor’s political will to have a single contact person to coordinate the set of events. Supported by its two partners and the Chamber of Trade and Crafts, “La Ronde des quartiers” can now invite other associations to become affiliates of the organisation and thus help them in their actions. This double aim of being an organiser and a coordination aid allows us today to stimulate the commercial offer in Bordeaux and to promote the local craft activity.

After having led several actions last year (restaurateurs’ party, bread festival, the shops celebrate spring, etc...) what are your other projects for 2013?

In what ways is your local approach efficient in its attempts to boost the local economy? The dynamic of solidarity strengthens the members while negotiating on topics dealing with the common interest, especially the negotiations with the urban community about garbage removal. This strategy eases the everyday life of the shop owners by helping them cut costs and by offering them a better visibility during single events that take place in these specific neighbourhoods. But our aim is not only to entertain but also to improve services to members and to keep doing what we have aimed to

The Bordeaux traders association “La Ronde des quartiers” organises events to promote local crafts.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 33


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Depuis 2013, le port de Bordeaux affiche une hausse de 11 % de son trafic. Il souhaite continuer son ascension en s’ouvrant de nombreuses perspectives, notamment celles du développement du trafic de conteneurs et de la circulation fluviale.

Le contexte a été particulièrement perturbé en 2012 pour les ports céréaliers et Bordeaux en a ressenti l’impact sur ses trafics clés que sont les céréales et les oléagineux. Grâce à la diversité de nos trafics et au développement de nouvelles filières, nous avons pu limiter les pertes subies et nous maintenir à un niveau stable. Comment avez-vous entamé l’année 2013 ? Fin mai, nous avons augmenté notre volume de trafic de 11 %, par rapport à la même période en 2012. Ce sont d’excellents chiffres ! Cela s’explique par une campagne céréalière très favorable. Le développement d’un service ferroviaire a également permis de capter des clients. Par ailleurs, l’importation par voie maritime de granulats – matériaux de construction destinés aux grands chantiers – est en forte hausse depuis le début de l’année. Ceci est lié à la mise en place de plusieurs chantiers comme la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux et la construction du grand stade de la ville.

rejoindre les ports plus importants, comme Le Havre. Les avantages sont multiples : réduire la circulation routière, favoriser un transport plus écologique et posséder une chaîne logistique optimisée, pour contribuer au développement de l'économie régionale. La filière nautique est un des leviers pour la création d'emplois à Bordeaux et le projet de Refit (aménagement de grands yatchs) semble capable de lui donner de l’élan. Quel est votre regard sur ce projet ? L’augmentation de plus de 50 % du passage de paquebots de croisière a fait de Bordeaux le deuxième port de la façade Atlantique-Manche en nombre d’escales. Le développement de la croisière fluviale, qui génère des activités de maintenance et de création d’ouvrages maritimes, participent également à ce développement.

Le port de Bordeaux couvre environ 1500 hectares.

ble port de plaisance dans la ville, qui sera accompagné d’un projet d’immobilier d’entreprise. Un pôle de Refit de yacht, générateur à terme de plusieurs centaines d'emplois, devrait également voir le jour. Quels sont les grands défis du Grand Port Maritime de Bordeaux ?

Nous sommes en train de désigner un concessionnaire pour aménager un vérita-

Le port traite entre 10 et 30 % du trafic de l’agglomération bordelaise en conteneur. Est-ce un chiffre que vous espérez augmenter ? Nous avons pour ambition de nous développer en faisant transiter les conteneurs par voie maritime, plutôt que par la route. Pour l’instant, nous n’accueillons pas de grandes lignes et fonctionnons par cabotage avec les grands ports d’Europe. L’objectif est de capter davantage de conteneurs pour les faire 34 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© GPMB

Bordeaux Port Atlantique termine l’année 2012 en très légère baisse, de -2%. Comment expliquez-vous ce chiffre ?

© GPMB

Aménager un véritable port de plaisance dans la ville

Le port est en pleine réflexion sur ses orientations stratégiques. Une réflexion se poursuit sur le développement du terminal à conteneurs du grand Sud-Ouest de la France, à partir de celui du Verdon. Nous sommes déterminés à le mettre en place. Par ailleurs, nous souhaitons relancer le trafic fluvial sur la Garonne, aujourd’hui quasiment au point mort. Cet accroissement des axes de logistique urbains permettra de créer des échanges avec Agen et Toulouse n Propos recueillis par Colombe Dabas

Christophe Masson Président du directoire et directeur général du Grand Port Maritime de Bordeaux


Juillet 2013 | Bordeaux

Interview with: Christophe Masson, chairman of the Board and general manager of the Grand Port Maritime de Bordeaux

Setting up a true pleasure port in the city The port of Bordeaux shows an increase of 11% of its traffic since 2013. It wishes to continue its rise by opening up many opportunities, including the development of container and river traffic. Bordeaux Port Atlantic ends the year 2012 very slightly down, at -2%. How do you explain this figure? At the beginning of 2012, there were bad grain crops, which cause a drop in traffic. A significant impact was felt across the grain ports, particularly on Rouen. The problem is that this decline could not be recovered on the other cereal season end 2012. This resulted in a decline in our activity. How did you start 2013?

The port deals with between 10 and 30% of the Bordeaux agglomeration container traffic. Is this a figure which you hope to increase? We aim to develop sending containers by sea rather than by road. For the moment, we do not accommodate big lines and function via coastal traffic with the large ports of Europe. The objective is to attract more containers to connect them to the largest ports, like Le Havre. The advantages are multiple: reduce road traffic, be more ecological and have shorter logistics chains, whilst developing activity within the agglomeration. The nautical sector is one of the levers of Bordeaux job creation and the Refit project (big yachts) appears to be able to lend momentum. What is your take on this project? The increase by more than 50% in the

passage of cruise ships has made Bordeaux the second port of the Atlantic-Channel front in numbers of stopovers. The development of river cruising, which generates activities of maintenance and creation of maritime works, is also part of this development. We are appointing a franchise holder to arrange a real marina in the city, which will be supported by a company real estate project. A centre for yacht Refit, long-term generator of several hundreds of jobs, should also see light of day.

What are the major challenges for the large seaport of Bordeaux? The port is in full rethink on its strategic directions. A thought-process is underway regarding the development of a container terminal for the South-West of France, from the one in Verdon. We are determined to implement this. In addition, we wish to revive river traffic on the Garonne, today virtually at a standstill. This increase in the axes of urban logistics will make it possible to create exchanges with Agen and Toulouse n

ツゥ Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

End of May, we increased our traffic volume by 11%, compared to the same period in 2012. These are excellent figures! This is due to a very favourable cereal period. The development of the rail service also helped to draw customers. Moreover, the import by sea of aggregate, major project construction material, has been rising sharply since the begin-

ning of the year. This is related to the implementation of several projects such as highspeed Tours-Bordeaux train line and the construction of the main stadium of the city.

The port of Bordeaux covers about 1,500 hectares.

36 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPテ右N | Les dossiers Territoires


© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Juillet 2013 | Bordeaux

au-delÀ des frontières / BEYOND THE BORDERS

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 39


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Ville ouverte à l’international, Bordeaux entretient près de 20 partenariats avec les villes du monde. Un moyen pour elle de développer son économie et ses valeurs.

“Bordeaux est la deuxième ville la plus connue du monde”

Les jumelages de villes, qui étaient autrefois de simples relations protocolaires, sont devenus plus concrets, mettant en relation des partenaires locaux et étrangers. Notre politique internationale est de favoriser et de fédérer les actions de coopération à l’étranger,afin d’accroitre le rayonnement de la municipalité. L’objectif est de se faire connaître pour établir des partenariats. Bordeaux est devenue une grande métropole française il y a une vingtaine d’années et est aujourd’hui, grâce à la volonté d’Alain Juppé, élevée au rang européen. Elle a de nombreux atouts en économie, aéronautique, lasers mégajoules, filière bois, viticulture et tourisme (avec plus de 800 000 visiteurs par an).

“Bordeaux est aujourd’hui, grâce à la volonté d’Alain Juppé, élevée au rang européen.”

Quel est le bilan de votre programme “Relations institutionnelles”, dont l’ambition est de promouvoir l’image de la ville ?

Depuis 1995 et jusqu’en 2020, l’Europe contribue au financement du renouveau de la ville. Quelles sont les avancées concrètes ?

S’appuyer sur le réseau des villes est notre stratégie. De fait, nous collaborons avec près de 20 villes partenaires dans le monde, sur presque tous les continents. C’est assez extraordinaire, dans la mesure où les autres collectivités françaises – excepté Paris – sont à 10 en moyenne. Nous appartenons également à une communauté de grands réseaux européens et multilatéraux, comme l’AFCCRE (Association française du Conseil des Communes et Régions d’Europe), dont Alain Juppé est le président, Cités Unies France ou encore Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), au niveau international. Notre rôle est de favoriser les projets innovants menés par les collectivités territoriales. Il nous faut aussi valoriser les compétences des services municipaux avec des coopérations techniques, comme dans le développement durable ou l’urbanisme.

Le fait que Bordeaux soit la capitale mondiale du vin étaye-t-il votre renommée ? Bien sûr ! La notoriété de Bordeaux s’est faite par le vin. C’est la deuxième ville la plus connue du monde après Paris, du fait de son patrimoine viticole. Nous menons donc des opérations concrètes dans le monde pour promouvoir ce label. À Hong-Kong, nous avons Wine and Dine, qui reproduit notre Vinexpo. Nous avons également exporté la Fête du vin à Québec, à la demande du maire. D’autres évènements de grande ampleur sont encore à venir. 40 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

L’opération la plus structurante est la magnifique rénovation qui a été faite des quais, puisqu’elle a nettement amélioré la première image qui se dégage de la ville. Les hangars ont aussi été pris en charge pour devenir un lieu d’exposition. Mais ce n’est pas tout : la rénovation du Palais des congrès, la restructuration du théâtre national, le jardin botanique, le système de contrôle d’accès dans le centre historique, la maison écocitoyenne, et encore bien d’autres ! Au-delà de ces projets, l’Europe nous a accompagné dans la revitalisation économique et sociale, en soutenant des idées innovantes. Quelles sont vos ambitions au niveau international pour Bordeaux ?

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Dans quelle mesure Bordeaux, ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2007, rayonne-telle en Europe et à l’international ?

Elles sont immenses ! Dans le sud, nous voulons renforcer notre coopération avec Bilbao et Porto. La francophonie est également l’un de nos engagements forts puisque Bordeaux préside l’une des commissions de l’AIMF (Association internationale des maires francophones). Nous sommes également présents en Asie avec des jumelages en Chine et au Japon. Nous essayons de promouvoir les acteurs économiques de Bordeaux en les mettant en avant dès que possible. Nos valeurs culturelles comme l’humanisme, la modération, la démocratie et le pluralisme culturel sont aussi mises en avant n Propos recueillis par Colombe Dabas

Didier Cazabonne Adjoint au maire chargé des relations internationales


Interview with: Didier Cazabonne, assistant to the Mayor in charge of international relations

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

“Bordeaux is the second most well-known city in the world” lateral networks such as the AFCCRE (Association of French Communal Councils and Regions of Europe), of which Alain Juppe is chairman, United Cities of France and United local governments (UCLG), at the international level. Our role is to promote innovative projects carried out by local authorities. We also need to enhance the skills of municipal services with technical cooperation, such as sustainable development or urban planning. Since 1995 and until 2020, Europe is contributing to the financing of the revival of the city. What are the concrete advances? 48,858 visitors and 2,400 exhibitors from 44 countries attended Vinexpo for its 17th edition.

Internationally open, the city of Bordeaux maintains nearly 20 partnerships with the cities across the world. A way for it to develop its economy and values.

“In Hong-Kong, we have Wine and Dine, which reproduces our Vinexpo. We also exported the Festival of Wine to Quebec.”

To what extent does Bordeaux, Unesco world heritage classified since 2007, exert influence in Europe and internationally? City twinnings, which were once a mere formality, have become more concrete, linking local and foreign partners. Our international policy is to support and federate the co-operation projects abroad, in order to increase the influence of the municipality. The objective is to promote itself in order to establish partnerships. Bordeaux became a large French city around twenty years ago and is today, thanks to the will of Alain Juppe, ranked among Europe's best. It has many assets in terms of economics, aeronautics,

megajoule lasers, wood industry, wine and tourism (with more than 800,000 visitors per annum). Does the fact that Bordeaux is the world capital of the wine support your fame? Of course! The notoriety of Bordeaux came from wine. It is the second best known city in the world after Paris, because of its wine heritage. We are therefore conducting concrete operations across the world to promote this label. In Hong-Kong, we have Wine and Dine, which reproduces our Vinexpo. We also exported the Festival of Wine to Quebec, at the request of the mayor. Other large-scale events are still to come. What is the balance of your 'Institutional Relations' program, whose goal is to promote the image of the city? Rely on the network of cities is our strategy. In fact, we collaborate with nearly 20 partner cities in the world, on almost all continents. It is quite extraordinary, insofar as the other French communities - except Paris - link with 10 on average. We belong to a community of major European and multi-

The most defining operation is the magnificent renovation of the docks, since it has significantly improved the first impression of the city. The hangars were also taken on to become an exhibition space. But that's not all: the renovation of the Palais des Congrès, the restructuring of the national theatre, the Botanical Garden, the system of access control to the historic centre, the eco-citizen House, and many others! Beyond those projects, Europe has supported us in our economic and social revitalisation by supporting innovative ideas.

What are your ambitions at the international level for Bordeaux? They are huge! In the south, we want to strengthen our co-operation with Bilbao and Oporto. French-speaking is also one of our strong commitments since Bordeaux chairs one of the Commissions of the AIMF (International association of the Frenchspeaking Mayors). We are also present in Asia with twinnings in China and in Japan. We try to promote the economic players of Bordeaux by promoting them as much as possible. Our cultural values like humanism, moderation, democracy and cultural pluralism are also promoted n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 41


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Forte d’une attractivité grandissante, Bordeaux gagne progressivement ses jalons de métropole continentale. Disposant déjà des infrastructures culturelles et touristiques que nécessite une ville de cette dimension, ses perspectives se voient confortées par l’arrivée de la nouvelle LGV en 2017.

Une ambition européenne légitime

Ces atouts ont fait l’objet d’une politique volontariste de valorisation du patrimoine, et particulièrement la tradition vinicole, exploitée dans le cadre du développement de produits touristiques et la construction de la Cité des civilisations des vins. L’inscription au patrimoine de l’Unesco résulte de la même réflexion : la revitalisation urbaine et le lancement du tramway ont permis de propulser la beauté déjà exceptionnelle de Bordeaux à un rang foncièrement européen. La cité digitale, quant à elle, témoigne de l’ambition innovante d’une ville qui se doit d’être moderne et communicante grâce à l’utilisation des nouvelles technologies. Ce projet promet d’être extrêmement prometteur puisqu’un nombre croissant d’entreprises, en lien avec ce secteur, s’installent chaque année sur notre territoire. En bonne voie pour gagner son statut de métropole européenne, peut-être faudrait-il que Bordeaux gagne encore des habitants pour se mettre à la taille en termes démographiques. L’afflux de population et l’attractivité grandissante de la ville portent à croire que cet objectif n’est pas hors de portée, d’autant plus que nous disposons des infrastructures nécessaires pour rivaliser avec d’autres grandes villes.

sion des familles comme des investisseurs de venir s’installer sur le territoire ! Si beaucoup de personnes vivent déjà entre Paris et Bordeaux à trois heures de train, aucun doute que cette la proximité de la LGV ne fera qu’accroître notre bassin d’emploi. Je pense en particulier au défi que s’est lancé le maire avec la création du programme immobilier et économique Euratlantique au niveau de la gare pour attirer une nouvelle population industrieuse. À deux heures de Paris, notre ville se rapproche indéniablement de toutes les autres capitales européennes.

lions d’euros de subventions pour la réalisation de la Cité des civilisations du vin. Ce projet d’aménagement très structurant touche à la fois au tourisme, à la culture mais aussi au développement urbain durable et social, le musée étant amené à être installé dans un lieu qui était extrêmement défavorisé. La maison éco-citoyenne emblématique de la ville, la pépinière éco-créative des Chartrons mais aussi le Parc aux Angéliques (classé Zone Natura 2000) sont autant de projets qui ont également été financés par l’Europe à hauteur de 34,5 %, 39,58 % et 29,66 %. Autrement dit des sommes très conséquentes.

Comment l’Europe accompagne-t-elle la revitalisation économique et sociale de votre ville ? De façon extrêmement forte ! Bordeaux bénéficie très largement de financements européens via la politique régionale. En décembre dernier, le FEDER a accordé 12 mil-

En 2017, la LGV mettra Bordeaux à 2h05 de Paris : quelles sont les retombées européennes d’un tel projet ?

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Mondialement connue pour son vin, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et cité digitale, Bordeaux a-t-elle gagné son rang de métropole européenne ?

“La revitalisation urbaine et le lancement du tramway ont propulsé la beauté de Bordeaux à un rang européen.”

De son côté, Bordeaux entretient une activité européenne très marquée, avec la présence du siège national de l’Agence EEFF (Europe Éducation Formation France) et d’étudiants Erasmus ainsi la création de la Maison de l’Europe Bordeaux Aquitaine. Enfin, notre politique euro-méditerranéenne finance de nombreux projets dans les villes dites “du sud” dans le cadre de partenariats et de la coopération décentralisée n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

Sonia Dubourg-Lavroff Cet atout va considérablement renforcer notre rayonnement et conforter la déci42 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Adjointe au maire, chargée des relations avec l’Union européenne


Juillet 2013 | Bordeaux

Interview with: Sonia Dubourg-Lavroff, deputy Mayor, responsible for relations with the European Union

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Legitimate European ambitions pool. I think in particular of the challenge issued by the mayor with the creation of the Euratlantique real estate and business programme around the station to attract a new business population. Two hours from Paris, our city unquestionably closes in on all the other European capitals.

How does Europe support the economic and social revitalisation of your city?

Since 1995, Bordeaux has resurrected its heritage.

In light of its growing attractiveness, Bordeaux is gradually earning its spurs as a continental metropolis. Already in possession of the cultural and tourist infrastructure required by a town of this size, its prospects are further supported by the arrival of the new LGV (high-speed line) in 2017. Famous for its wine, listed in the Unesco world heritage and digital city, has Bordeaux earned its place as a European metropolis? These strengths were subject to a proactive heritage enhancement policy, in particular the wine heritage, developed in the context of tourist products and the construction of the Cité des Civilisations des Vins. UNESCO World Heritage status is part of the same thought process: urban revitalisation and the launch of the tram have made it possible to propel the already exceptional beauty of Bordeaux to a fundamentally European level. As for the digital city, this is testament to the innovation ambitions of a city which wants to be

modern and communicative thanks to the use of new technologies. This project is looking extremely promising given that an increasing number of companies, related to this sector, are setting up each year in our region. On track to earn its European metropolis status, perhaps Bordeaux needs to attract more inhabitants to make the cut in population terms. The surge in population and the growing attractiveness of the city lead us to believe that this goal is not out of reach, especially as we have the infrastructure necessary to compete with other large cities. In 2017, the LGV will put Bordeaux two hours from Paris: what are the European repercussions of such a project? This asset will strengthen our influence considerably and support the decision of families and investors alike to come and set up in the region! Since many people already commute between Paris and Bordeaux with a three-hour train journey, there is no doubt that the LGV will open up our job

44 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Extremely strongly! Bordeaux is given very large European financing via regional policy. Last December, FEDER granted 12 million euros of subsidies for the realisation of the Cité des Civilisations du Vin. This very structural renovation project touches tourism and culture as well as sustainable and social urban development; the museum is now being installed in a place which was extremely underprivileged. The eco-citizen house, emblematic of the city, the ecocreative seedbed of Chartrons but also the Parc aux Angéliques (classified Zone Natura 2000) are as many projects which were also financed by Europe to a total of 39.58%, 34.5% and 29.66% respectively; in other words very significant sums.

“Our Euro-Mediterranean policy finances many projects in the cities of the so-called “South.”” Bordeaux for its part is the centre of a very marked European activity, with the presence of the national seat of Agency EEFF (Europe Éducation Formation France) and Erasmus students hence the creation of the Maison de l’Europe Bordeaux Aquitaine. Finally, our Euro-Mediterranean policy finances many projects in the cities of the so-called "South" in the form of partnerships and decentralised cooperation n


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | En fusionnant ses trois universités, Bordeaux s’impose comme l’un des plus grands sites universitaires du continent. La nouvelle entité fait le pari de l’investissement et de l’avenir.

“Accroître la dimension internationale de notre université”

La fusion des universités bordelaises (Bordeaux 1, 2 et 4) va conduire à la création en janvier 2014 de l’Université de Bordeaux, qui disposera d’une seule personnalité morale et représentera environ 80 % des forces à l’échelle du site : 44 000 étudiants, 3000 enseignants-chercheurs/enseignants, 2700 personnels administratifs et techniques, 1000 personnels hébergés (CNRS, INSERM, CEA, …), 550 millions d’euros de budget consolidé. Cette fusion résulte d’une politique de site qui a été initiée en 2007, lors de l’élaboration du projet en réponse à l’Opération Campus, projet intitulé “vers un nouveau modèle d’université”. Cette démarche collective était dictée à la fois par l’ambition de placer Bordeaux parmi les grands sites universitaires européens et par un souci de cohérence et d’innovation quant au modèle à mettre en place. Le chantier de construction de ce nouvel établissement, qui implique actuellement plus de 500 personnes, a vocation à structurer les activités de formation, de recherche et de valorisation, afin d’accroître leur visibilité et de renforcer leur attractivité. Les bénéfices attendus seront étroitement liés aux objectifs visant à mettre en place un établissement résolument pluridisciplinaire, associant les écoles au sein d’une université à forte vocation recherche et impliquant dans les procédures de gouvernance les organismes nationaux de recherche, au premier rang desquels le CNRS et l’INSERM.

ration de la qualité de vie estudiantine, visibilité internationale et politique immobilière ?

grande métropole comme Bordeaux et une grande région comme l’Aquitaine ne peuvent nourrir des ambitions à l’échelle nationale et internationale qu’avec une grande université, levier essentiel de l’attractivité et du développement économique des territoires.

L’Opération Campus de Bordeaux a été sélectionnée parmi les six premiers lauréats de ce programme national. La dotation attribuée par l’État (475 millions d’euros) s’inscrit dans le cadre d’un montage innovant, qui repose sur la création d’une filiale de l’Université, assurant l’ingénierie financière de l’ensemble des opérations avec comme partenaires publics le Conseil régional d’Aquitaine (investissements à hauteur de 200 millions d’euros) et la Caisse des Dépôts (prêts). La Communauté urbaine de Bordeaux participe également aux financements dans le cadre de ses compétences (aménagement et vie de campus), à hauteur de 100 millions d’euros.

“Cette démarche collective était dictée [...] par l’ambition de placer Bordeaux parmi les grands sites universitaires européens.”

L’Opération Campus offre une opportunité unique pour repenser les espaces de vie et de travail de la communauté universitaire et les liens qu'elle entretient avec la cité. Une

Vous vous êtes particulièrement investi dans l’Opération Campus. Comment synchroniser dans un même projet amélio46 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© DR

Quels bénéfices entendez-vous tirer de la fusion des universités bordelaises dans le cadre du projet de la Nouvelle Université de Bordeaux ?

La première réalisation de l’Opération Campus concerne le domaine “Sciences et Technologies” et la requalification de 16 bâtiments datant des années 60. Le contrat de Conception/Réalisation/Maintenance a été signé le 12 novembre 2012. Le dialogue compétitif a conduit à la sélection du groupement d’entreprises porté par la Société DV Construction, associée au cabinet d’architecte AUA Paul Chemetov. Une attention toute particulière a été portée aux critères de développement durable et à la part d'exécution des travaux confiée à des PME locales. À la problématique énergétique, le projet retenu répond par l’innovation technique maîtrisée que représente l'adjonction d’avant-façades vitrées, qui constituent à la fois des accumulateurs de chaleur (l’hiver) et des dissipateurs de chaleur (l’été). lll

Alain Boudou Président de l’Université de Bordeaux


lll Pouvez-vous nous expliquer l’impor-

tance du projet “Investissement d’Avenir” qui a placé l’Université de Bordeaux parmi les trois premiers lauréats des Initiatives d’Excellence (IdEx), avec une subvention étatique de 700 millions d’euros ? En quoi l’IdEx peut-il contribuer au renforcement de la dimension internationale de l’Université de Bordeaux ?

Interview with: Alain Boudou, chairman of Université de Bordeaux

“Enhancing the international dimension of our university”

À coté du pari sur l'investissement, il est un pari auquel beaucoup d'entre nous croyons profondément, celui sur le rôle de l'Université dans l'avenir du pays. Dans cette période d'incertitude économique et de forte compétition, ceux qui savent aujourd'hui générer la connaissance technologique et scientifique seront demain un atout majeur pour rivaliser à l'échelle internationale. Nous devons impérativement accroître la dimension internationale de notre université, qui porte un nom très connu dans tous les pays du monde essentiellement pour la réputation des vins de Bordeaux, mais qui doit de plus en plus apparaître comme un pôle de recherche et de formation visible et attractif. Nous avons beaucoup d’atouts pour atteindre cet objectif et la stratégie internationale élaborée dans notre projet d’IdEx va permettre de progresser dans ce secteur essentiel.

Par exemple, des opérations ont été lancées pour soutenir les réseaux et la mobilité et intensifier la coopération avec des universités partenaires, comme l’Université Laval au Québec ; promouvoir le positionnement de l’Université de Bordeaux au sein de l'Euro-région “Aquitaine/Euskadi”, via un partenariat renforcé entre l’Université du Pays basque espagnol et son campus d’excellence (Euskampus) ; développer les écoles d’été et les conférences internationales… n Propos recueillis par Louis Le Bris

© AUA Paul Chemetov, Martin Duplantier, DV Construction

Le PRES Université de Bordeaux a porté l’ensemble des projets du site en réponse aux appels d’offre du Programme “Investissements d’avenir”. Nous avons été sélectionné parmi les trois premiers lauréats des Campus d’Excellence (IdEx). Ce succès, au-delà de l’apport financier qu’il représente, traduit la très forte dynamique qui a été mise en place depuis 2007 sur le site universitaire bordelais et la remarquable efficacité des acteurs, dans une démarche alliant ambition et cohérence.

The merger of the three Bordeaux universities will lead to the creation of Université of de Bordeaux in January 2014.

By merging the three Universities, Bordeaux is now one of the biggest academic hubs of the continent. The new entity has taken up the challenges of investment and the future. What benefits are you planning to attain through the merger of Bordeaux Universities within the framework of the project “the new university of Bordeaux”? The merger of Bordeaux universities (Bordeaux 1, 2 and 4) will lead to the creation of Université of Bordeaux in January 2014. It is going to have a single legal personality and will represent approximately 80% of the site: 44,000 students, 3,000 researcherlectures/lecturers, 2,700 administrative and technical personnel, 1,000 hosted personnel (CNRS, INSERM, CEA…), 550 millions Euros of consolidated budget. This merger is a result of a policy initiated in 2007, during the development of a project responding to “Opération Campus”, project called “towards a new university model”. This collective approach was fuelled not only by the ambition to situate Bordeaux among the well-known European academic hubs but also by the desire to put up a coherent and innovative model. The construction site of this new establishment currently involves 500 people, who are trying

to structure the different teaching/training activities, research and valorization in order to enhance visibility and attractiveness. The benefits are closely connected to the goals of setting up a multidisciplinary establishment, putting together different research oriented schools and by involving national research bodies such as CNRS and INSERM in their governing process. You have especially put in your efforts and time for “Opération Campus”. How can one synchronize international visibility, improvement of student life and buildings policy in one and the same project? Bordeaux’s “Opération Campus” has been selected among one of the six winners of this national program. The government endowment (475 million Euros) is a part of an innovative system based on the creation of a university subsidiary, ensuring financial engineering of the entire operation in partnership with the Regional Council of Acquitaine (investments up to 200 million Euros) and the Caisse des Dépôts (loans). The Bordeaux urban community also participates in financing within the framework of its jurisdiction (development and student-life in campus), up to 100 million Euros.“Opération Campus” provides a unique opportunity to lll

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 47


Juillet 2013 | Bordeaux

lll rethink

personal and working space of the university and its relationship with the city. A big metropolitan city like Bordeaux and a big region like Aquitaine can nurture their ambition at a national and international scale only with a great university, which is an essential lever to enhance attractiveness and economic development of the region. The first measure of Opération Campus concerns in particular the field of “Science and Technology” and the reclassification of 16 buildings from the 1960 s. The contract of conception/ completion/maintenance was signed on 12 th November 2012. A competitive dialogue has led to the selection of a group of companies driven by DV Construction, associate of AUA Paul Chemetov architecture agency. Special attention has been given to criteria of sustainable development and part of the work has been assigned to regional SMEs. To the question of energy problem, the winning project offers controlled technical innovation such as adding glass paneled front façade that would simultaneously function as heat accumulator (winter) and heat sink (summer).

Could you please tell us about the significance of the project “Future Investment” which has placed Bordeaux among the three top winners of “Initiatives d’Excellence” (IdEx), with a State subvention of 700 million Euros? How can IdEx contribute to reinforcement of international dimension of the Université de Bordeaux? PRES Université de Bordeaux has together put up all the projects as an answer to the tender of the Program “Future Investments”. We were selected among the three first winners of Campus d’Excellence (IdEx). This success goes beyond the financial aid and shows a very strong dynamics, which was set in motion in 2007 at the Bordeaux University and also demonstrates the remarkable efficiency of actors, having an approach combining ambition and coherence. Besides the investment challenge there is another bet in which many of us believe strongly, i.e. the role played by the university in the future of the country. During this period of economic uncertainty and strong competition, only the ones who can gene-

48 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

rate technological knowledge would be valuable assets in the future in order to compete at an international level. We have to surely enhance the international dimension of our university, which bears a very well known name in all countries of the world thanks mostly to our wine, but which should increasingly appear as an attractive and visible pole for research and training. We have several assets to attain this goal and the international strategy developed within our IdEx project would enable us to progress in this essential sector. For example, operations were launched to support the networks and the mobility and to intensify the cooperation with partners of the university such as Université Laval in Québec; to promote the positioning of Université de Bordeaux at the heart of the Euro-region “Aquitaine/Euskadi”, via a reinforced partnership between the Spanish Université of Basque country and its Campus of excellence (Euskampus); develop summer schools and international conferences… n


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Né en 1947 de la volonté des professionnels du vin de Bordeaux d’avoir une organisation collective à leur nom, le CIVB s’attache depuis à promouvoir leur rayonnement en France et dans le monde. Une passion enivrante.

Le vin, meilleur ambassadeur de Bordeaux Rassemblant producteurs, négociants et courtiers, quelles sont les missions essentielles du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux ? Les deux tiers du budget annuel sont consacrés au financement des actions de marketing et de communication pour promouvoir le vin de Bordeaux à travers le monde et le faire apprécier des consommateurs. Plus technique, notre deuxième mission consiste à accompagner la R&D en viticulture et œnologie, sur un programme triennal de recherche soumis à des appels d’offres. Enfin, la connaissance économique des marchés permet au CIVB de rassembler l’ensemble des informations nécessaires pour les transmettre aux viticulteurs et négociants bordelais.

“Plutôt que de concurrence, nous préférons parler de complémentarité avec la Champagne.” Avoisinant les 30 millions d’euros, votre budget fait la part belle à la promotion internationale : le vin de Bordeaux est-il le meilleur ambassadeur de sa ville ? Absolument. Si Bordeaux est la ville française la plus connue après Paris à l’étranger, elle doit cette notoriété essentiellement à son vin ! Même si la mairie a pris le relais depuis une quinzaine d’années et particulièrement avec le classement au patrimoine de l’Unesco en 2007, la vigne représente un héritage antérieur de plus de 1000 ans. Une image de marque en quelque sorte.

Quels sont vos principaux clients étrangers ? Cet engouement pour le vin français continue-t-il de s’accroître aujourd’hui ? Partie de quelques pays centrés autour de la Méditerranée, il a fallu une génération seulement pour que la consommation de vin se mondialise et s’étende à des frontières insoupçonnées. En 2012, nous avons exporté un volume d’environ 2,4 millions d’hectolitres, soit plus de 300 millions de bouteilles pour un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros. La force de Bordeaux réside en ses débouchés extrêmement diversifiés et la fidélité de sa clientèle internationale comme le Royaume-Uni, la Belgique ou l’Allemagne. En valeur, l’évolution de la demande des marchés met aujourd’hui la Chine en deuxième position, les États-Unis quatrièmes et la Suisse cinquième. L’engouement pour le vin français est ancien car notre pays bénéficie d’une image de supériorité dans cette catégorie de produits depuis très longtemps ; Bordeaux y a

beaucoup contribué, notamment grâce à l’effet “millésime”, dont les plus prestigieux sont particulièrement recherchés à l’export. Plutôt que de concurrence, nous préférons parler de complémentarité avec la Champagne qui ouvre elle aussi la voie à d’autres régions viticoles françaises vers l’étranger. Si les Italiens et les Espagnols se montrent aussi très performants, c’est bien la France qui porte le caractère séculaire viticole et la capacité centenaire à savoir identifier les grands terroirs pour en faire des références sur le plan mondial.

“La vigne représente un héritage antérieur de plus de 1000 ans.”

Symbole de convivialité et de raffinement, le vin ne vend-il pas aussi, en plus du produit en tant que tel, une part de “l’art de vivre à la française” ? C’est même incontestable ! Pour beaucoup d’étrangers, le vin de Bordeaux est le symbole essentiel de la civilisation française et de son repas gastronomique classé au patrimoine mondial de l’Unesco ! À ce titre, je suis désolé de voir que les pouvoirs publics associent trop souvent ce produit au phénomène d’alcoolisation massive des jeunes, alors qu’il doit faire l’objet d’une consommation éduquée et raisonnable, plus en adéquation avec notre culture n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

Georges Haushalter Ancien président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB)

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 49


Juillet 2013 | Bordeaux

Interview with: Georges Haushalter, former president of the Interprofessional Council of Wine of Bordeaux (CIVB)

Wine, the best ambassador for Bordeaux Founded in 1947 on the initiative of the winemaking professionals of Bordeaux to have a collective organisation in their name, the CIVB has since been devoted to promoting their interests in France and across the world. Heady passion.

The strength of Bordeaux is in its extremely diverse end markets and the loyalty of its worldwide clientele like the United Kingdom, Belgium and Germany. In terms of value, the evolution of current market demand puts China in second place, the United States in fourth and Switzerland in fifth.

“For many foreigners, Bordeaux wine is the quintessential symbol of French civilisation.”

Uniting producers, dealers and brokers, what are the main goals of the Interprofessional Council of Wine of Bordeaux? Two thirds of the budget are dedicated to financing marketing and communication to promote Bordeaux wine across the world and bring it to the consumers. More technical, our second mission is to support R&D in viticulture and oenology along a triennial research programme subject to calls for tender. Finally, financial knowledge of markets allows the CIVB to bring together the necessary information to give to winemakers and dealers of Bordeaux.

Absolutely. Bordeaux is the best-known French city after Paris essentially because of its wine! Even though the Mayor has taken this on over the last fifteen years and in particular since its inclusion in the UNESCO world heritage in 2007, the vines represent a heritage going back over 1000 years. A brand image as it were.

“The strength of Bordeaux is in its extremely diverse end markets.”

Symbol of hospitality and refinement, is wine not also selling in part French “art de vivre”? It's a fact! For many foreigners, Bordeaux wine is the quintessential symbol of French civilisation and its UNESCO ranked world heritage gastronomy! In this sense I am sorry to see the Public Authorities too often associating this product with the phenomenon of youth drinking culture when in fact it is consumed in an educated and reasonable way, more in line with our culture n

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Approaching 30 million euros, your budget is mainly devoted to international marketing: is the wine of Bordeaux the city's best ambassador?

Enthusiasm for French wine is longstanding since our country has benefitted from a superior image in this category of products for a long time; Bordeaux has strongly contributed to that, in particular thanks to the “millésime”, the most prestigious of which are particularly in demand in the export market. More than competition, we prefer to talk of complementarity with Champagne,

which also opens the way for other exporting French winemaking regions. While the Italians and Spanish are also performing well, France has the age-old wine heritage and the hundreds of years old ability to identify the “grands terroirs” setting global benchmarks.

Who are your main overseas clients? Does the taste for French wine continue to grow today? Starting from a few Mediterranean countries, it took just one generation for wine consumption to become global and reach unheard of frontiers. In 2012 we exported around 2.54 million hectolitres, 300 million bottles a for turnover of 2.3 billion euros. 50 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

48,858 visitors from 148 countries attended Vinexpo.


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Célèbre grâce à son vin et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, Bordeaux compte asseoir son rayonnement en diversifiant l’offre touristique. Une stratégie sur tous les fronts.

Bordeaux est incontestablement une ville “marque” grâce à son vin connu dans le monde entier. S’il est difficile de la comparer à des villes de plus grande échelle telles que Paris ou New-York, elle attire néanmoins des publics souhaitant découvrir les vignobles et des richesses exceptionnelles inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Ainsi, 35 % des touristes sont étrangers, ils viennent d’Angleterre, d’Espagne, d’Allemagne ou encore d’Italie au niveau européen. Les clientèles plus lointaines viennent quant à elles des États-Unis, du Canada, de Chine, de Corée et du Brésil. Bordeaux possède cette pertinence internationale dont témoignent certains films comme “Red obsession”, documentaire australien consacré à notre fameux vin.

“Bordeaux est incontestablement une ville “marque” grâce à son vin connu dans le monde entier.”

pement des transports en commun, la restitution des espaces publics aux piétons et la reconquête des quais sont autant de facteurs qui ont permis cette métamorphose, récompensée par l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est à la fois une consécration et un accélérateur qui permettra de faire du tourisme un élément structurant de la vie économique. Bordeaux a été le premier ensemble urbain distingué sur un périmètre aussi vaste et complexe… quelles sont ses principales richesses culturelles?

Bordeaux attire plus de 3 millions de visiteurs pas an.

toutes les périodes qui l’ont traversées. Aujourd’hui encore, Alain Juppé conforte cette tradition en faisant participer les plus grandes signatures aux projets de la ville.

La ville a vécu le XVIIIe siècle comme un moment très fort de son rayonnement portuaire, du commerce des vins et de l’activité économique. Cette période a également marqué l’architecture bordelaise et particulièrement la façade des quais, le grand théâtre ou encore le quartier des Chartrons. Le palais Gallien témoigne du passé galloromain de la ville, tandis que la porte Cailhau, la grosse cloche et les fortifications présentent les vestiges du Moyen-Âge. Les époques Art Déco et contemporaine viennent enfin compléter un patrimoine représentatif de

L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO a-t-elle donné une impulsion nouvelle à l’attractivité de Bordeaux ? La mutation profonde de cette ville était perceptible bien avant le classement, qui vient couronner le travail important réalisé par Alain Juppé dans son projet urbain lancé en 1995. Bordeaux a été littéralement transfigurée et pas seulement physiquement, basculant dans le XXIe siècle grâce à la construction de son tramway alimenté par le sol : une première mondiale. Le dévelop52 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Bordeaux est aussi l’une des premières villes de congrès en France : votre stratégie touristique compte-t-elle aller dans le sens de la diversification ?

© Mairie de Bordeaux

Si le rayonnement bordelais ne fait aucun doute à l’échelle de la France, la ville peutelle prétendre à devenir une destination touristique mondiale ?

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Bordeaux, une ville “marque”

Alain Juppé préfère justement parler “des” tourismes plutôt que d’englober toutes ses dimensions au singulier. À ce titre, les congrès font l’objet d’une stratégie de promotion qui doit permettre à Bordeaux de conserver sa place parmi les villes les plus performantes. L’oenotourisme constitue lui aussi un formidable atout, que la construction prochaine de la Cité des civilisations des vins promet de conforter. Les croisières fluviales connaissent aussi un développement conséquent avec des circuits originaux qui proposeront de découvrir Bordeaux et ses vignobles par le fleuve n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

Stephan Delaux Président de l’office de Tourisme de Bordeaux, adjoint au maire chargé du tourisme, de la promotion touristique du patrimoine et de l’animation de la ville


Interview with: Stephan Delaux, chairman of Bordeaux Tourism Office, Deputy Mayor in charge of tourism, promotion of heritage and recreation in the city

Bordeaux, a “brand” city

Even if Bordeaux’s renown is well founded in France, could it become a tourism destination at the international level? Bordeaux is undoubtedly a “brand” city thanks to its world-renowned wine. Although it is difficult to compare it to bigger cities such as Paris or New York, nonetheless it does attract tourists who want to discover vineyards and the exceptionally rich culture listed in UNESCO World heritage. Hence 35 % of tourists are foreigners coming from England, Spain, Germany or Italy at the European level. Customers from far away countries come from the United States, Canada, China, Korea or Brazil. Bordeaux does enjoy an international pertinence, which is showcased in some films such as

“Red obsession”, an Australian documentary devoted to our famous wine.

quays, are some important factors, which have enabled this metamorphosis, awarded by the UNESCO listing. It is going to act as both consecration and accelerator, which would enable tourism to develop into a structural element of economic life.

“Bordeaux does enjoy an international pertinence.”

Bordeaux is the first urban entity to be situated on such a huge and complex perimeter… what is its main cultural wealth?

Has the fact of being listed in UNESCO World heritage given an added impetus to the city’s attractiveness? The profound change in the city was noticeable already before this achievement, which has finally awarded the major work done by Alain Juppé within the framework of his urban project launched in 1995. Bordeaux has been literally physically transfigured and projected into the 21st century thanks to the tramway running on ground level power supply: world’s first such system. The development of public transport, reserving public spaces to pedestrians, and the taking over the © Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Bordeaux, the city famous for its wine and listed in the UNESCO World heritage, intends to expand its influence by diversifying tourism offers. A comprehensive strategy on all fronts.

Bordeaux attracts over 3 million visitors a year.

As a port city Bordeaux has played a very influential role especially in wine business and in general economic activity in the 18 th Century. This period has also influenced the architecture of the city and especially the façades of the quays, the theater and also the neighborhood of Chartrons. The Gallien palace bears a witness to the Galloroman past of the city, whereas the Cailhau gate, the big bell and the fortifications represent middle age vestiges. The Art-Deco and modern art epochs finally complement a heritage which faithfully represents all the different historical periods. Even today, Alain Juppé is strengthening this position by involving some very well known people in the projects of the city.

Bordeaux is also one of the top conference cities of France: does your tourism strategy plan to develop in that direction too? Alain Juppé prefers talking about “tourisms” rather than encompassing the different dimensions in a singular whole. In that sense conference is subjected to a strategy of promotion that would allow Bordeaux to retain its position as one of the top cities. Wine tourism is also another major asset and it will be strengthened by the construction of “Cité des civilisations des vins”. River cruises are becoming more popular thanks to special circuits whereby tourists can discover Bordeaux and its vineyards on river n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 53


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Avec une croissance de près de 30 % en trois ans, l’aéroport de Bordeaux connaît un trafic global de 4,5 millions de passagers et s’aligne désormais au rang de ses concurrents européens. Une progression qui n’est pas prête de s’enrayer.

“À moyen terme, Bordeaux a une carte à jouer dans le développement long courrier”

Entre 2010 et 2012, nous avons connu une croissance de 10 % par an. Initialement marginal, le low cost s’est développé très rapidement, ce qui explique ces chiffres. Nous avons créé la première aérogare low-cost neuve de France, baptisée “billi” (pour Bordeaux illico). Nous travaillons avec une dizaine d’opérateurs low cost, dont les deux principales européennes, Easyjet et Ryanair. Ces compagnies sont bénéficiaires, commandent des avions, et quand elles lancent une offre, la demande suit dans la grande majorité des cas. Le modèle fonctionne à merveille. Nous sommes aujourd’hui à 25 % de parts de marché low cost, avec une croissance de près de 30 % depuis trois ans. Ces bons chiffres vont probablement se ralentir, parce qu’il y a un effet de maturation inéluctable. Mais nous espérons d’ici 2017 atteindre 40 % de part de marché low cost.

“Entre 2010 et 2012, nous avons connu une croissance de 10 % par an.”

En quel sens l’aéroport est-il un outil de développement du territoire aquitain ?

levier de croissance important puisqu’il permet aux visiteurs de voyager en peu de temps et à bas coût. Bordeaux est donc devenue bien plus attractive.

Récemment, Bordeaux est devenue une agglomération qui draine beaucoup de trafic. Plusieurs raisons expliquent cette mutation : la ville a été inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui a suscité une croissance du tourisme. En parallèle, le trafic business a aussi augmenté, du fait de l’évolution de la connexion croissante avec l’Europe. Les moyens de transports se sont donc développés. Le TGV nous reliera à partir de 2017 à Paris en deux heures. Il présente un avantage que n’a pas l’aéroport : être situé dans le centre-ville. Mais au-delà de deux heures de trajet ferroviaire, toutes les études le montrent, l’avion reste le moyen de voyager le plus pertinent. Notre réseau de 54 routes aériennes permet à la ville d’être accessible en moins de deux heures sur un rayon de plus de 2000 km, en Europe et en Afrique du nord. Cela nous a donc permis d’intensifier nos échanges avec le Maroc, avec qui nous sommes désormais très en lien. Tous ces éléments constituent, évidemment, un

Face à cette croissance du low cost, vos compagnies de réseau mondial tiennentelles le cap ? Évidemment, elles demeurent très importantes pour nous. La première d’entre elles est Air France KLM, qui offre l’accès au double hub de Roissy-Charles-De-Gaulle et d’Amsterdam. Beaucoup de nos passagers partent de Bordeaux pour aller vers un de ces deux aéroports afin de récupérer une connexion long-courrier. Maintenir ces compagnies est donc pour nous majeur. 54 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Grâce aux connexions établies par l'aéroport, est-ce désormais possible de qualifier Bordeaux de ville européenne ? Bordeaux est devenue en peu de temps une ville européenne. Notre aéroport le démontre : nous établissons autant de vols que les autres aéroports d’Europe, avec un trafic global de 4,5 millions de passagers. Nous desservons même des villes comme Cork (Irlande) ou Edimburg (Ecosse). Je trouve très beau que nous puissions établir des relations sur ces routes dites secondaires. Quelles sont vos ambitions à terme pour l’aéroport ?

© ADBM_APP

L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’un des plus dynamiques de France, comment l’expliquez-vous ?

Nous souhaitons développer notre aéroport en point à point, c’est à dire continuer à élargir l’offre vers l’Europe et l’Afrique du nord en moyen courrier. Actuellement à 54 routes, nous aimerions parvenir à 80. Dans un autre temps, notre objectif est aussi d’élargir l’offre long courrier. Les statistiques nous permettent de constater que les grands hubs européens seront bientôt confrontés à des phénomènes de saturation, en termes de navigation aérienne et d’installations. En 2025, les 19 principaux pourraient être saturés. Je pense donc qu’à moyen terme, les aéroports secondaires deviendront une alternative. Et Bordeaux aura une carte à jouer dans le développement long courrier n Propos recueillis par Colombe Dabas

Pascal Personne Président du directoire SA Aéroport de Bordeaux


Interview with: Pascal Personne, chairman of the board of directors, Bordeaux airport Ltd

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

“Medium-term Bordeaux has a card to play in developing long-haul” port does not have: being located in the centre. But beyond two hours of railway, all the studies show, the plane remains the most relevant means of travel. Our 54-route network allows the city to be accessible in less than two hours over a radius of more than 2000 km, across Europe and North Africa. This therefore allowed us to intensify our trade with Morocco, with which we are now very linked. All these elements are of course, an important engine of growth as it allows visitors to travel in a short time and at low cost. Bordeaux has therefore become much more attractive.

Through connections established by the airport, is it now possible to qualify Bordeaux as a European city?

Airport traffic rose by 10% between 2010 and 2012.

With growth of almost 30% in three years, the airport of Bordeaux sees overall traffic of 4.5 million passengers and is now aligned with its European competitors. A trajectory nowhere near its end. The airport of Bordeaux-Mérignac is one of the most dynamic in France, how do you explain that? Between 2010 and 2012, we experienced growth of 10% per annum. Initially marginal, low cost airlines developed very quickly, which explains these figures. We created the first new low-cost air terminal in France, baptised “billi” (for Bordeaux illico). We work with ten low cost operators, including the two principal European ones, Easyjet and Ryanair. These companies benefit, order planes, and when they launch an offer, supply follows in the large majority of cases. The model works marvellously. We are now 25% of low-cost market share, with growth of nearly 30% for three years. These good figures are likely to slow down, because there is an inevitable maturation effect. But we hope by 2017 to reach a 40% share of the low cost market.

How do your global network companies hold on in the face of this growth in low cost? Obviously, they remain very important for us. The first among them is Air France KLM, which offers access to the double hub of Roissy-Charles-De-Gaulle and Amsterdam. Many of our passengers leave Bordeaux to go towards one of these two airports in order to rejoin a long-distance connection. To maintain these companies is thus for us major priority. In what sense is the airport a tool for the development of the Aquitaine territory? Recently, Bordeaux has become an agglomeration, which attracts a lot of traffic. Several reasons explain this change: the city was registered as UNESCO world heritage, which sparked a growth in tourism. In parallel, business traffic also increased, because of the evolution in the increasing connection with Europe. The means of transport developed as a consequence. The TGV will connect us to Paris in two hours from 2017. This has an advantage that the air-

In a short time Bordeaux has become a European city. As our airport shows: we see as many flights as other airports in Europe, with a total traffic of 4.5 million passengers. We even serve cities like Cork (Ireland) or Edinburgh (Scotland). I find it great that we can establish relations along these so-called secondary routes.

What are your ambitions in the long run for the airport? We wish to develop our airport into pointto-point, i.e. continue to expand the medium haul offer towards Europe and North Africa. Currently at 54 routes, we would like to reach 80. In another phase, our objective is also to extend the long haul offer. The statistics enable us to note that the large European hubs will soon be confronted with saturation, in terms of airspace and equipment. In 2025, the 19 principal hubs could be saturated. I think therefore that in the medium term, secondary airports will become an alternative. And Bordeaux has a card to play in developing long haul n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 55


Juillet 2013 | Bordeaux

Le port de la Lune à l’aube d’une nouvelle phase

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis juin 2007, le Port de la Lune n’a rien perdu de cette ambiance particulière que Claude Joseph Vernet avait su peindre en 1758 dans l’un de ses tableaux. Symbole incontournable du rayonnement bordelais à l’étranger, le voilà devenir un élément structurant de la vie économique.

Le Port de la Lune tire son nom du large méandre en forme de croissant que décrit la Garonne lorsqu'elle passe dans la ville.

À

l’origine de l’essor du négoce international, il accueille depuis l’Antiquité toutes les flottes du monde. Si le port de la Lune représente le cœur même du développement bordelais, il est aussi le premier ensemble urbain a avoir été classé à l’Unesco sur un périmètre aussi vaste et complexe. Autrement dit, 1 810 hectares sur un total de 4 455.

Un centre historique de plus de 2000 ans Pour Stephan Delaux, président de l’Office de tourisme, “c’est ni plus ni moins l’histoire de la ville ! ”. “Elle s’est créée et s’est construite autour de son fleuve, à tel point qu’au-

jourd’hui les quais sont devenus l’endroit le plus recherché de Bordeaux.” Pendant longtemps, ce port fût le théâtre d’une importante activité commerciale pour être ensuite transféré en aval au profit d’une reconquête citoyenne. Car si le lien qui unissait la ville à son fleuve semblait au XXe siècle s’être quelque peu rompu, la reconversion est aujourd’hui bel et bien en marche. Grues, cargos et porte-containers se voient déplacés jusqu’à Ambès et même à Verdon, pour laisser place aux bateaux de loisirs, aux allées piétonnes et cyclables ainsi qu’aux commerces locaux. Plus qu’une réhabilitation urbaine, cette opération sert par ailleurs le développement économique bordelais et la diversification de l’offre touristique. “Nous sommes en train de réinven-

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ter une vie économique fluviale grâce au déploiement de transports, de croisières maritimes ou encore de l’oenotourisme qui proposera de découvrir les vignobles de manière inédite” affirme Stephan Delaux.

Un site d’exception Plus de voyages, de thèmes, de durées et de séjours. En pleine éclosion, les croisières bordelaises s’annoncent déjà très prometteuses avec l’arrivée d’un deuxième bateau de la compagnie fluviale strasbourgeoise Croisieurope. Depuis le mois de mai, “Princesse d’Aquitaine” se voit désormais accompagnée de “Cyrano de Bergerac” au quai des Chartrons, pour le plus grand bonheur des 5000 croisiéristes que le port de la Lune accueille cette saison. Prisé par les touristes, c’est avant tout un endroit convivial et festif où les Bordelais aiment se retrouver et redécouvrir le plaisir de naviguer, en solitaire y compris. Pour la 8e édition de “Bordeaux Fête le Fleuve” par exemple, la ville a décidé d’étendre l’événement de 2 à 10 jours, dans l’objectif de proposer au public, entre le pont de pierre et la Bourse Maritime, un programme d’accompagnement de la célèbre course à la voile “La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire” autour de multiples animations.

Les quais, quant à eux, continuent d’accueillir chaque année de nombreux navires de croisière de renom, dont les visiteurs ne se lassent pas d’admirer la vue imprenable chaque fois qu’ils font une escale à Bordeaux. Et repartir avec l’image d’un croissant de lumière reflétant dans l’eau n Pauline Pouzankov


Juillet 2013 | Bordeaux

Port de la Lune at the dawn of a new phase Declared Unesco World Heritage since June 2007, the Port de la Lune has not lost anything of the peculiar ambiance that Claude Joseph Vernet rendered in one of his paintings in 1758. Undeniable icon of Bordeaux's image abroad, it is becoming an essential element of economic life. At the origin of the rise of the international trade, it has hosted all the fleets of the world since Antiquity. Whilst Port de la Lune is the very heart of development in Bordeaux, it is also the first urban unit to be Unesco-classified over such a vast and complex perimeter. In other words, 18.1 km 2 out of a total 44.55 km 2.

A 2000-year historic centre

An exceptional site More travel themes, durations, and stays. In

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

For Stephan Delaux, chairman of the Tourist Office, “it is nothing less than the history of the city!” “It was born and built around its river, to the point that today “the docks have

become the most sought-after location in Bordeaux”. For a long time, this port was the scene of extensive commercial activity to be transferred downstream for the benefit of a citizen winback. Because if the bond which linked the city with its river seemed in the 20 th century to have been somewhat broken, the redevelopment is now well underway. Cranes, cargo and container ships have been moved over to Ambès and even Verdon, to leave room for leisure boats, pedestrians and cycle trajectories and local trades. More than an urban rehabilitation, this operation also serves to develop Bordeaux economically and diversify its tourism offer. “We're reinventing a fluvial economy through the deployment of transport, maritime cruises and wine tourism that will show off the vineyards in a new way” says Stephan Delaux.

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full swing, Bordeaux cruises already show great promise with the arrival of a second vessel from the Strasbourg river company Croisieurope. Since May, “Princess of Aquitaine” is joined by “Cyrano de Bergerac” at the quai des Chartrons, to the great pleasure of the 5,000 cruisers welcomed to the port de la Lune this season. Prized by tourists, it is above all a convivial and festive place where people of Bordeaux like to meet up and rediscover the pleasure of sailing, including single-handed. For the 8 th edition of “Bordeaux Fête le Fleuve” for example, the city decided to expand the event from 2 to 10 days, with the aim of offering the public a supporting programme to the famous sailing race “La Solitaire du Figaro Eric Bompard Kashmir” around multiple events, between the stone bridge and the Bourse Maritime. The quays continue to receive many famous cruise ships each year, which spectacular sight, visitors do not weary of admiring each time they make a stopover in Bordeaux and set off again with the image of a crescent of light reflecting in water n


ツゥ Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Juillet 2013 | Bordeaux

une mテゥtropole durable / A SUSTAINABLE METROPOLIS

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPテ右N | 59


Juillet 2013 | Bordeaux

L’éveil d’un nouveau

Bordeaux

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

À mi-chemin entre un aménagement moderniste et un patrimoine maritime envoûtant, le projet urbain bordelais prépare l'avènement d'une métropole durable en pleine expansion. “Du croissant de lune à la pleine lune”, de nouvelles ambitions visent les étoiles.

L

’eau a bien coulé au large du port de la lune depuis le lancement du premier projet urbain en 1996. Si la “perle d’Aquitaine” a depuis retrouvé tout son lustre d’antan, elle entame aujourd’hui une nouvelle étape de sa mue pour gagner le rang des métropoles françaises à l’horizon 2030. Construction du tramway, réhabilitation des quais, réappropriation de la ville et classement à l’Unesco sont autant d’acquis sur lesquels elle compte désormais asseoir son futur développement, du lac à la gare.

“Vers le Grand Bordeaux, pour une métropole durable” Tel est le nom donné au second projet urbain pour les années 2009-2030 qu’Alain Juppé, le maire de la ville, a présenté le 2 mars 2009 au Conseil municipal. Quatre ans plus tard, le rythme s’accélère. En 2013, malgré un contexte morose et peu propice aux investissements, Bordeaux maintient sa politique volontariste de construction de logements de qualité pour répondre à une croissance démographique toujours plus intense. Outre l’enjeu urbanistique, la création d’espaces verts, les rénovations et la naissance d’écoquartiers placent cette démarche ambitieuse sous le prisme du développement durable. Car c’est dans une logique de respect de l’environnement que Bordeaux souhaite préserver les atouts du territoire et restaurer un lien de continuité entre les quartiers. Une cohérence indispensable à toute métropole, dont la première étape fut préparée dès 1996 avec une mise en valeur créative du patrimoine, à contre-courant de la “muséification”. Si le tramway assure la liaison des dif-

Dès 1996, avec un large temps d’avance, Bordeaux s’est muée en véritable territoire d’expérimentation pour le développement durable.

férentes strates de la cité, le projet Bordeaux Euratlantique affirme l’ambition métropolitaine de créer une “nouvelle ville dans la ville” sur plus de 738 hectares de l’agglomération. Redessinant entièrement la gare Saint-Jean et ses abords, ce centre d’affaires en devenir a même été promu au rang d’Opération d’intérêt national (OIN) par l’État. Un gage de rayonnement international assuré par l’arrivée prochaine du TGV est-européen.

Une reconfiguration globale C’est dans le même esprit que le projet d’élargissement de la rocade et du pont d’Aquitaine soulignent l’ambition économique de la ville : car que serait une métropole incapable d’accueillir de nouveaux investisseurs ? Au désengorgement du trafic s’ajoute la diversification stratégique des points d’accès via l’aéroport et le port, sans parler du développement des moyens de transports en com-

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mun. Pluridimensionnel et cohérent, le projet métropolitain promet de changer radicalement le visage de Bordeaux en conférant même une toute nouvelle “aura” à la ville et à ses habitants. Sans oublier les commerces, dont la multiplication récente témoigne de la vitalité de l’économie locale. Quasiment disparus des quartiers il y a seulement quelques années, les marchands de proximité refont surface et assurent un service continu aux visiteurs comme aux riverains, l’accessibilité étant facilitée par les moyens de transports en commun dernièrement installés. Plus qu’une destination touristique, la perle d’Aquitaine se veut désormais une porte d’entrée sur la France et l’Europe et rayonner au-delà du prestige que lui confèrent ses vignobles. Alors que les premières réalisations démarreront dès 2014, elle se voit déjà compter parmi les métropoles qui marqueront le XXIe siècle n Pauline Pouzankov


The avent of a new Bordeaux Set between modernism and haunting maritime heritage, the Bordeaux urban project lays the foundations for a sustainable city able to accommodate 100,000 new inhabitants by 2030. “From crescent moon to full moon”, new ambitions aim for the stars. There has been a lot of water under the bridge since the launch of the first urban project in 1996. While the “pearl of Aquitaine” has since regained all of its former gloss, today it starts a new stage of its journey to reach the rank of French metropolis by 2030. Construction of the tram, renovation of the quays, reappropriation of the city and Unesco classification are assets on which it hopes to build its future development, from the lake to the station.

“Towards “Grand Bordeaux”, for a sustainable city”

A total reconfiguration It's in the same spirit that the enlargement of the ring road and the bridge of Aquitaine project highlight the economic ambitions of the city: because what would be a metropolis unable to accommodate new investors? To the unchoking of the traffic add the strategic diversification of access points via the airport and the port, not to mention the development of public transport. Multidimensional and coherent, the metropolitan project promises to radically change the face of Bordeaux by conferring a whole new "aura” on the city and its inhabitants. Without forgetting businesses, whose recent proliferation, is testimony to the vitality of the local economy. Virtually disappeared from the districts just a few years ago, commerce is resurfacing in the vicinity and ensures continuous service to visitors and local residents, facilitated by the recently installed access to public transport. More than a tourist destination, the pearl of Aquitaine now sees itself as a gateway to France and Europe with an influence that extends beyond the prestige conferred by its vineyards. Even though the first projects will get going from 2014, Bordeaux already counts among the cities that will mark the 21 st century n

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

This is the name given to the second urban project for the years 2009-2030 that Alain Juppe, mayor of the city, presented on March 2, 2009 at the Town council. Four years later, the rhythm is accelerating. In

2013, in spite of a morose context and not very favourable for investment, Bordeaux maintains its voluntary policy of construction of quality housing of to answer increasingly intense demographic growth. In addition to the urban stakes, the creation of parks, renovations and the birth of eco-districts place this ambitious step within the prism of sustainable development. Within this logic of respect of the environment Bordeaux wishes to preserve the assets of the territory and to restore a bond of continuity between districts. This coherence is essential to any metropolis, the first stage of which was prepared in 1996 with a creative approach to heritage development, going against the “museification” trend. While the tram ensures the connection of the various layers of the city, the Bordeaux Euratlantique project confirms the metropolitan ambition to create a “new city in the city” over more than 7.38 km2 of the agglomeration. Entirely redesigning Saint-Jean station and its surroundings, this budding business district was even promoted to the rank Operation of national interest (OIN) by the State. A pledge of international engagement ensured by the upcoming arrival of the East-European TGV.

Bordeaux has quite anticipatively transformed into a real experimentation ground for sustainable development.

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Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Développé autour du concept de “ville durable”, Bordeaux veut devenir une ville innovante, numérique et évolutive. Avec une vocation : celle d’accueillir tous les types de population, grâce à la création de 1000 logements sociaux et la restauration des habitats dégradés. Une enveloppe globale de 95 millions d’euros a été débloquée en ce sens.

“Rendre le centre-ville plus agréable et dynamique”

Bordeaux est une ville attractive, qui draine une population très variée. Notre chance est de disposer de beaucoup de terrains libres ou mutables intramuros. Sur ces zones, le développement de projets d’aménagement permettra de réaliser 50 000 logements neufs en 2030 : n 35 % d’entre eux seront locatifs sociaux ; n 20 % d’accession à propriété modérée, intermédiaire ou sociale ; n 45 % libres. L’objectif est d’avoir dans chacun de ces quartiers un équilibre entre l’offre et les diverses populations qui peuvent y accéder, sans que la sélection ne se fasse sur une catégorie ou des ressources spécifiques. La mixité sociale et intergénérationnelle est impérative à nos yeux. Par ailleurs, des logements anciens vacants dans la ville sont également disponibles sur le marché. Dans ce cas, nous nous focalisons sur la construction d’une qualité de vie agréable pour les Bordelais.

service. La place de la voiture doit être la moins importante possible, pour des raisons écologiques et de bien-être des habitants. La ville durable doit inclure les espaces verts et la biodiversité, consommer peu d’énergie grâce à une liaison à des réseaux de chaleur. Tout cela est fait dans le respect des bâtiments anciens, que nous voulons préserver et mettre en avant. Par ailleurs, nous voulons aussi être une ville innovante, numérique afin d’être évolutive.

tations, créer 1000 logements sociaux publics et privés, poursuivre une action sur le renouvellement urbain du centre historique et restaurer les habitats dégradés. Mais aussi traiter de l’espace public, de la revalorisation commerciale, travailler sur les équipements publics de proximité, sur la gestion urbaine. Nous voulons rendre le centre plus agréable et dynamique.

“Nous voulons instaurer du confort, du bien-vivre sur les lieux de vie.”

Votre ville a mis en place en 2009 un “programme national de requalification des quartiers anciens dégradés”. Quel en est le résultat ?

Quelle est, à terme, votre ambition pour Bordeaux en matière de logement ?

Il s’agit d’un des premiers projets urbains dans un centre-ville ancien en France. Pour cela, une enveloppe globale de 95 millions d’euros sur la période 2011-2018 a été débloquée. Objectifs : améliorer la qualité des habi-

Que mettez-vous en place pour développer le concept de “ville durable” ? Derrière cette idée, la mairie souhaite instaurer une ville mixte et accessible à tous. Nous voulons que tous les quartiers soient desservis par un transport en commun performant : tramway ou bus à haut niveau de 62 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Votre ville attire de plus en plus d’habitants. Quelle politique de logement mettez-vous en place pour les accueillir ?

La problématique n’est pas celle du logement mais de l’habitat. Cela permet d’avoir une approche plus globale. Nous voulons instaurer du confort, du bien-vivre sur les lieux de vie. Tout cela est possible grâce au développement des transports, des commerces, de la culture, du sport, etc. Enfin, l’innovation sur les nouveaux logements, avec l’énergie et le numérique, est aussi une ambition. Pour être au plus proche des besoins de la population, comprendre davantage leurs attentes, nous les concertons beaucoup afin d’aiguiller notre politique. Une seule chose compte : que les gens se sentent bien n Propos recueillis par Colombe Dabas

Élizabeth Touton Adjointe au maire en charge du logement


Interview with: Elizabeth Touton, deputy Mayor in charge of housing

Developed around the concept of “sustainable city”, Bordeaux wants to become an innovative, digital and evolving city. With a mission: to accommodate all types of population, through the creation of 1,000 units of social housing and the restoration of degraded dwellings. An overall budget of 95 million euros has been released to this end.

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

“Making the centre more enjoyable and dynamic”

Your city attracts more and more inhabitants. What housing policy have you implemented to accommodate them? Bordeaux is a gravitational city, which attracts a very varied population. Our good fortune is to have lots of free or transformable inner city land. Within these areas, development projects will achieve 50,000 new homes in 2030: n 35% of them will be social rental; n 20% access to moderated property, intermediate or social; n 45% free.

The objective is to have a balance between the offer and the various populations that can access it, without selecting one category or set of specific resources in any of these areas. Social and intergenerational co-education is imperative in our eyes. On the other hand, vacant old dwellings in the town are also available on the market. In this case, we focus on the construction of a good quality of life for inhabitants of Bordeaux. What are you putting in place to develop the concept of “sustainable city”? Behind this idea, the town hall wishes to found a city that is mixed and accessible to all. We want all districts to be served by efficient public transport: tram or bus at a high level of service. Cars must take the smallest

Within a few years, Bordeaux’s face has radically changed with the construction of the tram and renovation of the squares and the quays.

place possible, for ecological reasons and the wellbeing of the inhabitants. The sustainable city must include green space and biodiversity, consume little energy thanks to a link to heat networks. All this is done in compliance with old buildings that we want to preserve and highlight. In addition, we want to also be an innovative, digital city in order to be evolutionary. In 2009 your city set up a “national programme of reclassification of degraded older neighbourhoods”. What is the result? It is one of the first urban projects in a former city centre in France. To do this, an overall budget of 95 million euros for the period 2011-2018 has been released. Objectives: to improve the quality of the housing, to create 1,000 public and private social dwellings, to continue to take action on the urban renewal of the historic centre and to restore degraded housing. But also dealing with public space, commercial reha-

bilitation, work on nearby public facilities, on urban management. We want to make the centre more dynamic and pleasant.

“We want to make the centre more dynamic and pleasant.”

What is your ambition for Bordeaux housing in the future? The problem is not one of housing but habitat. This allows for a more comprehensive approach. We want to establish comfort, wellbeing in living spaces. All this is possible thanks to the development of transport, shopping, culture, sport, etc. Finally, innovative new housing, in terms of energy and digital, is also an ambition. To be closer to the needs of the population, better understand their expectations, we refer back to them a lot to refine our policy. Only one thing counts: that people feel good n

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Juillet 2013 | Bordeaux

© Thomas Sanson

ENTRETIEN | Le tram a révolutionné le cœur de l’agglomération bordelaise. Désormais, la ville pose les bases d’une métropole durable capable d'accueillir d'ici 2030 100 000 habitants nouveaux.

Le pont Jacques-Chaban-Delmas a été mis en service et ouvert à la circulation le lundi 18 mars 2013.

“Bordeaux est d’abord un grand paysage”

Une précision préalable. Lorsqu’Alain Juppé a parlé de 100 000 habitants supplémentaires à l’horizon 2030, il s’agissait d’approcher une population totale, pour Bordeaux, de 330 000 habitants. En 2013, nous estimons la population actuelle à 250 000 habitants. Cela signifie donc 80 000 habitants nouveaux d’ici 2030, soit 4 500 par an. Ceci est parfaitement plausible si la dynamique bordelaise se poursuit, ce qui, jusqu’à présent, et malgré le contexte ambiant, reste le cas. C’est d’autant plus jouable que la Ville dispose – même si le foncier ne lui appartient pas – de vastes tènements, le long de ce que Alain Juppé nomme l’arc de développement durable, et sur lesquels se construisent des quartiers nouveaux : Ginko, Bassins à flot, Brazza, Niel, Garonne Eiffel et Saint-Jean Belcier,

totalisant plus de 35 000 logements d’ici 2030, irrigués par les transports en commun, tous ouverts sur la nature (lac ou Garonne), et tous attentifs à répondre, en termes de proximité, aux besoins de leurs habitants.

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© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Á l’horizon 2030, Bordeaux accueillera près de 100 000 habitants supplémentaires. Quelles grandes évolutions urbaines sont-elles à prévoir ?

“A côté du pari sur l'investissement, il est un pari auquel beaucoup d'entre nous croyons profondément, celui sur le rôle de l'Université.” Bordeaux projette de s’affirmer comme l’une des grandes métropoles européennes du XXIe siècle. Sur quels projets urbains phares s’appuie-t-elle pour cela ? C’est la ville elle-même, encore plus que ses projets, qui est un phare. Et c’est parce qu’elle est devenue un phare qu’elle

Michèle Laruë-Charlus Directrice générale de l'aménagement de Bordeaux et déléguée générale de la biennale Agora 2012


nouveau comme cœur pulsant de l’agglomération. Dans le cadre de ces projets, Bordeaux s’est engagé depuis 10 ans dans une démarche visant à réduire la consommation énergétique et à préserver et développer le patrimoine végétal public et privé. Quelles sont ces réalisations et pouvez-vous nous expliquer cette démarche ?

public de la ville est déjà assuré à 50 % par la ferme photovoltaïque installée sur le parking du parc des expositions… n vertueuse dans le soin qu’elle met à veil-

ler à la stricte application de la charte de la construction durable. Quelles sont les initiatives ou projets d’entreprises qui s’inscrivent dans cette démarche ?

Bordeaux s’est engagée effectivement dans une démarche vertueuse au regard des exigences du développement durable.

Face aux entreprises, la démarche est différente et pose des questions qui sont loin d’être résolues :

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vertueuse dans le soin qu’elle prend à rapprocher les habitants de la nature : elle a ouvert plus de 50 hectares d’espaces verts nouveaux mais a en même temps, divisé par cinq sa consommation d’eau. Elle pratique la phyto-remédiation sur les terrains pollués, encourage les plantations de trottoirs par les habitants, installe des ruches dans la ville…

n vertueuse dans l’usage des énergies renouvelables. Tous ses quartiers futurs disposeront d’un réseau de chaleur permettant de limiter la consommation d’énergies fossiles. Biomasse à Ginko, biomasse et récupération des calories de la station d’épuration proche aux Bassins à flot, lancement d’une délégation de service public pour le quartier de Brazza avec utilisation probable de la géothermie. L’éclairage

la première est celle de l’implantation géographique des entreprises. Les entreprises de stockage, de logistique, de transports s’étaient librement implantées sur les terrains laissés en friche par le Port et la SNCF, le plus souvent au bord du fleuve. En général peu consommatrices de main d’œuvre mais fortement de foncier, ces entreprises ne peuvent plus aujourd’hui, face au développement de Bordeaux, rester dans le premier cercle urbain, sauf pour certaines d’entre elles. Nous travaillons avec Point. P par exemple, à une intégration urbaine de ses activités, comme cela a été le cas à Aubervilliers et à Pantin.

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la deuxième est celle de la livraison des marchandises en centre-ville. Cette question est posée depuis plus de 15 ans sans avoir trouvé sa réponse. Est-ce le cargo-lll

© Thomas Sanson

sécrète de grands projets, se plaçant ainsi dans un cycle vertueux. On pourrait résumer les deux dernières décennies en disant que la Ville n’a poursuivi que deux buts. Le premier est de lutter contre le déséquilibre entre la rive droite et la rive gauche. L’arme pour y réussir a été le fleuve, son changement de statut et l’aménagement de ses deux rives. Le second est l’élargissement du centre-ville, qui est passé du “triangle d’or”, circonscrit à trois Cours, à un vaste quadrilatère de 4 kilomètres de long, allant de pont à pont (le pont Jacques ChabanDelmas au nord, récemment ouvert à la circulation et au sud le pont Saint-Jean près de la gare, en attendant le futur pont au débouché du boulevard Jean-Jacques Bosc). Ce quadrilatère est bordé de grands équipements d’intérêt d’agglomération, le nouveau stade (2015) et la Cité des civilisations du vin (2015) au nord ouest, le Rocher de Palmer au nord est et, au sud, la MECA (2016) regroupant le FRAC et les agences culturelles de la Région, et une future grande salle de spectacles rive droite, au débouché du futur Pont JeanJacques Bosc (2017). Ce nouveau grand centre est en fait un vaste espace naturel de 300 hectares, dont 200 hectares constitués par la Garonne et 100 hectares de berges ouvertes à la promenade (quais rive gauche réalisés par Michel Corajoud et parc aux Angéliques rive droite sous la conduite de Michel Desvigne). C’est sur lui que s’ouvrent les grands projets urbains. C’est grâce à lui que Bordeaux s’impose à

La rive gauche de la Garonne, où se situe la plus grande partie de la ville de Bordeaux.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 65


© Thomas Sanson

Juillet 2013 | Bordeaux

La biennale d’architecture, Agora, tiendra sa 6e édition en septembre 2014. En 2012, elle avait notamment accueilli l'architecte Rem Khoolhaas. lll

tram ? Le transport fluvial a-t-il un avenir sur un fleuve aussi impétueux et soumis au marnage de la Garonne ? Des plateformes logistiques sont-elles envisageables à proximité du centre-ville, mais où et qui paiera le dernier kilomètre ?

n la troisième est celle des plans de dépla-

cements des entreprises qui progressent trop lentement en tant que démarche organisée mais, dans les faits sont en évolution rapide. Pour une entreprise comme la librairie Mollat, qui emploie plus de 100 personnes, près de 95 % des employés viennent en transports en commun, en vélo ou à pied. Mais il y en beaucoup d’autres questions non résolues, dont celle des transports routiers, du blocage de la rocade, de l’avancée trop lente des réflexions autour du fret ferroviaire, du rapprochement habitat emploi.

roues… Et à Bordeaux, les élus l’ont souhaité, entrainant ainsi les requalifications des rues et places traversées par le tram de façade à façade, y compris l’éclairage public et le mobilier urbain. Afin d’éviter de créer une ville ou une communauté urbaine à deux vitesses, les communes n’ayant pas bénéficié du tram ou les grands cours de la ville ne l’accueillant pas ont fait l’objet eux aussi de travaux conséquents. L’effet d’entrainement a joué et la Ville et la CUB ont réaménagé de petits ou de grands espaces publics de quartier.

Depuis dix ans, le tramway a fait son grand retour à Bordeaux. En quoi cela a révolutionné le centre-ville ? Quel impact les extensions prévues à l’horizon 2017 auront-elles sur le cadre de vie des Bordelais ?

On pourrait dire, sans trop d’erreur, que les changements de Bordeaux jusqu’en 2007 se sont joués sur quinze centimètres d’épaisseur… Mais, au-delà de l’efficacité du tram et de l’embellie de la ville, le vrai changement est sans doute venu des Bordelais eux-mêmes. Le tram, en raccourcissant les distances et en dilatant les espaces publics, en créant des vastes places envahies rapidement par les terrasses et les touristes, en donnant une place nouvelle aux piétons et aux deux roues a modifié l’image que les Bordelais avaient de leur ville et conduit à une modification des pratiques urbaines.

Le tramway, presque plus qu’un outil de déplacement, est, si on le souhaite, un merveilleux outil de réorganisation de l’espace public. Il contraint à repenser la place de la voiture, du stationnement, à donner une place nouvelle aux piétons et aux deux

Le plus spectaculaire est fait. Les extensions d’ici 2017 apporteront certes du confort supplémentaire pour de nouveaux segments territoriaux mais sans révolution. Le vrai changement viendra le jour où un transport annulaire permettra d’aller d’une

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rive à l’autre, d’un pont à l’autre sans passer par le centre. Et lorsque la plaine rive droite sera correctement irriguée en transports en commun, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. Vous êtes également déléguée générale de la biennale d’Agora, rendez-vous de dialogue sur l’évolution de la ville. Quel bilan faites-vous de la cinquième édition, “Patrimoines” ? Agora est maintenant un événement national, sans équivalent en France puisqu’il est à la fois un rendez-vous pour les architectes et les urbanistes, une manifestation largement financée par les opérateurs privés (à hauteur de 70 %) et une biennale destinée au grand public intéressé par les évolutions des métropoles européennes. Peu à peu, l’audience locale comme nationale, s’accroit, avec un intérêt marqué dans la presse nationale. Au fil des éditions également, la manifestation s’ouvre vers la culture, avec, pour l’édition 2012, un mélange efficace entre architectes, artistes, réalisateurs de cinéma et musiciens, le fil conducteur restant toujours celui du patrimoine : d’où la présence de personnalités aussi différentes et remarquables que celles de Eduardo Souto de Moura, Rem Koolhaas, Alexandre Sokourov ou Tobia Scarpa. C’est sans doute ce mixte qui est en train de faire la réputation d’Agora ainsi que sa capacité à investir l’espace public pour des nuits presque blanches. lll


lll

Au total, 35 000 visiteurs en 3 jours, 20 films, 30 présentations de projets, 10 grands débats, 4 expositions, 4 workshops regroupant des étudiants de toutes nationalités et des concerts, un défilé de mode, une journée porte ouverte de chantiers et 10 000 personnes dans une destinée à devenir une rue jardin … En quoi cet événement nourrit-il la réflexion de la Ville en matière d’urbanisme ? Agora est un précipitateur urbain. Les questions posées, liées au thème, nourrissent les réflexions de la Ville jusqu’à l’édition suivante. En 2008, le thème – le développement durable – nous a permis d’élaborer notre charte de la construction durable, de monter des cycles de formation pour les collaborateurs de la direction générale de l’aménagement, de sensibiliser tous les services à la notion de qualité d’usage... et de préférer la HQU (Haute qualité d’usage) à la HQE (Haute qualité environnementale). En 2010, le thème “métropole millionnaire” nous a renforcés dans notre volonté de faire accéder la métropole bordelaise à ce niveau de population, non pas par gloriole, mais parce que la métropole millionnaire permet d’exister dans le monde globalisé d’aujourd’hui. (Elle est à ce stade, aisément accessible, dotée d’une université puissante, donc capable de conserver où d’accueillir des entreprises innovantes) mais elle reste en même temps à taille humaine et donc capable de jouer la proximité. La métropole millionnaire multi-scalaire conserve des capacités de souplesse, qui n’a plus la mégalopole. En 2012 le thème retenu, “Patrimoines”, a peut-être été le thème le plus inspirant pour le projet urbain. Le volume 3 du projet urbain, présenté en mars 2013, lui doit beaucoup dans la façon de considérer les quartiers à venir et dans sa définition du patrimoine comme étant “ce qui est disponible”. Depuis Agora 2012, nous avons cessé de voir la ville comme une ville coupée en deux, le patrimoine d’un côté, des friches de l’autre. Bordeaux est d’abord un grand paysage, partagé par un fleuve et sillonné par un réseau hydrographique responsable des grands tracés urbains. Voilà l’ADN de la ville qui nous guide pour construire le Bordeaux de 2030, ce Bordeaux qui vient de passer du croissant de lune à la pleine lune n Propos recueillis par Louis Le Bris

Interview with : Michèle Laruë-Charlus, General planning director for the city of Bordeaux and general Delegate of the Agora Biennial

“Bordeaux is above all a great landscape” The tramway has revolutionised the core of Bordeaux agglomeration. Now the city has a solid foundation of a sustainable metropolis and is capable of receiving 100,000 new inhabitants until 2030.

“The tram is not just a mere means of transport and also serves as a means of reorganising public space.” By 2030, Bordeaux is going to accommodate almost another 100,000 inhabitants. What big urban changes are in the offing? A prior clarification. When Alain Juppé spoke of 100,000 inhabitants more by 2030, he was thinking of a total of 330,000 inhabitants in Bordeaux. In 2013, the current population is estimated at 250,000 inhabitants. Hence this means 80,000 new inhabitants by 2030, i.e. 4,500 a year. This is highly feasible if the city dynamics remain on the move, which has been the case until now, despite ambient conditions. It is even more so, as the city possesses enormous tenements (notwithstanding the fact that it does not own the land) along with what Alain Juppé calls the arch of sustainable development. New neighbourhoods such as Ginko, Bassins à flot, Brazza, Niel, Garonne Eiffel and Saint-Jean Belcier are being built around this area; totalling more than 35,000 accommodations until 2030, connected by public transport, situated in a natural setting (lake or Garonne), and capable of meeting demands of their inhabitants in terms of proximity.

Bordeaux has the ambition to project itself as one of the largest European metropolitan cities of the 21st century. On what major urban projects does the city count on? It is the city itself more than projects, which is highlighted upon. Well actually it is a virtuous cycle as the city itself is a highlight and hence a hotbed for all big projects. We can summarize the two last decades by saying that the city has followed up only two goals. The first is a series of attempts to strike a balance between the right and the left banks. River has been the main ingredient of success, changing its status and developing its two banks. The second is the enlargement of the city centre that has transformed itself from being a “golden triangle” including three “Cours” (places) to a 4-km long quadrangle, stretching from one bridge to another (the recently opened Jacques Chaban-Delmas bridge on the north and Saint-Jean bridge on the south near the station, while waiting for the future bridge at boulevard Jean-Jacques Bosc). This quadrangle is bordered by several infrastructures: interesting from the point of view of the urban agglomeration: the new stadium (2015), the Cité des civilisations du vin (2015) on the north-west, Rocher de Palmer on the north-east, on the south MECA (2016) which would bring together FRAC and the cultural agencies of the region and a future big hall for spectacles on the right bank at the forthcoming JeanJacques Bosc bridge (2017). This new big centre is a huge 300-hectare natural space. Among which 200 hectares are taken up by the Garonne river and 100 hectares by riverfront promenades (left bank quay done by Michel Corajoud and “parc aux Angéliques” on the right bank under the directives of Michel Desvigne). All new urban projects are centred on this space, and thanks to it Bordeaux has once again become the throbbing heart of the agglomeration. lll

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 67


Juillet 2013 | Bordeaux

lll Within the framework of these pro-

jects Bordeaux has been committed for the last ten years in an effort to reduce energy consumption and to preserve and develop private as well as public plant heritage. Could you tell us more about these approaches?

hence today, while coping with Bordeaux’s development, only a few of them can remain within the primary urban zone. We are working with Point. P for example, for an urban integration of its activities as was the case in Aubervilliers and in Pantin. n

Indeed, Bordeaux has been involved in a virtuous approach as regards the challenges of sustainable development. n Virtuous in the way that it tries to bring the

inhabitants closer to nature: it has opened over 50 hectares of new green spaces which at the same time consume five times less water than before. It uses phyto-remediation on polluted terrains, encourages sidewalk planting by inhabitants and sets up beehives in the city. … n

Virtuous in using renewable energies. All the future neighbourhoods have a district heating network enabling limited use of fossil fuels. Biomass in Ginko, biomass and heat recovery from treatment plant near Bassins à flot, launching a public service contract for the neighbourhood of Brazza with probable use of geothermal power. 50% of public city lighting is already taken care of by the photovoltaic park located at the parking area of the trade fair ground …

n

Virtuous in its rigorous application of the terms of the chart of sustainable construction.

“Bordeaux has been involved in a virtuous approach as regards the challenges of sustainable development.” What are the entrepreneurial initiatives or projects in line with this approach? As far as companies are concerned, the approach is different and many questions are yet to be answered: n

The first one is that of the geographical position of the companies. Storage, logistics and transport companies have been set up randomly on the fallow-lying lands let by the port and SNCF, very often on the bank of the river. These companies generally use less labour but a lot of land and

The second question is that of delivering goods to the city centre. This question has remained unanswered for a long time. Is cargo-tram a possible solution? Does river transport have a future on such an impetuous river affected by the drawdown of Garonne? Can logistics platforms be built near the city centre, but then where? Who would pay for the last kilometre?

n

The third is that of displacing companies developing slowly in terms of organised approach but developing rapidly in reality. For a company such as the Mollat Bookshop, which employs more than 100 people, almost 95 % of the employees use public transport or travel by cycle or on foot. But several other questions have remained unresolved, as that of road transport, congestion of the by-pass and very slow advancement in thinking about rail freight; finally the question of bringing home and workplace closer.

The tramway has made a big comeback in Bordeaux in the last ten years. How has it profoundly changed the city centre? What impacts on the Bordeaux city life will the extensions foreseen for 2017 have? The tram is not just a mere means of transport and also serves as a means of reorganising public space. It makes one rethink about the utility of cars, about parking place, it gives pedestrians and two wheeler more space … In Bordeaux, the elected officials were willing and hence the streets and places served by the tram have been reclassified from façade to façade including street lighting and urban props. In order to avoid creating a two-tier city or an urban community, the streets or big places not served by the tram have also undergone face lifting. Ratchet effect has played its role and small and big public places in the neighbourhoods have been face-lifted by the City or the CUB. We could safely say that changes in Bordeaux, which took place until 2007, did so mostly on 15 cm thickness … But beyond

68 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

the tram and the city beautification projects the real change has come from within, i.e. the citizens of Bordeaux themselves. The tram has shortened the distances and expanded public spaces, created huge spaces taken over quickly by summer terraces and tourists and has given the pedestrians and two wheelers a fresh lease of life. Thus image of the city has undergone a profound change leading to new set urban habits. Most spectacular changes have already been made. The extensions until 2017 are certainly going to add to the comfort level for new territorial segments, but without being really revolutionary in nature. The real change is going to happen when an annular transport would enable people to reach from one bank to the other and from bridge to another bypassing the city centre. And when the entire right bank would be really well connected by public transport, which is unfortunately not the case today.

You also happen to be the General Delegate of the Agora Biennial, which is an important meeting place for dialogue on the evolution of the city. How did the fifth edition “heritage” go? Agora has become an unmatched national event in France nowadays. It is at the same time a meeting point for architects and urban designers, an event greatly financed by private operators (up to 70 %) and also a Biennial meant for public interested in the evolution of European metropolitan cities. Gradually the local as well as national audience is on the rise followed up by a keen interest shown in national press. Over the years, the event has been opening up to culture. As in 2012, it was an effective blend of architects, artists, film directors and musicians, heritage being predominantly the story line: hence the presence of a set of different and remarkable personalities such as Eduardo Souto de Moura, Rem Koolhaas, Alexandre Sokourov or Tobia Scarpa. This great blend is undoubtedly behind the reputation of Agora coupled by its capacity to invest in public spaces for long festive nights. A total of 35,000 visitors in 3 days, 20 films, 30 project screenings, 10 large debates, 4 exhibitions, 4 workshops bringing together students of diverse nationalities, concerts, a fashion show, an open door day on lll


© Thomas Sanson

The Ginko heating system will produce 100% of the heat from renewable energies (fuelwood and vegetable oil).

lll

the work site and 10,000 people on a street destined to be turned into a street garden …

How does this event enrich the city’s thinking in terms of urbanism? Agora is an urban precipitator. The theme related questions asked during the event enrich the thought process of the city until the next edition. The theme of 2008 – sustainable development – has helped us chart sustainable construction, prepare training rounds for collaborators of the Directorate General for planning, sensitise all services on quality of using... and give preference to HQU (High quality of use) over HQE (High quality of environment).

The theme of 2010 “Millennium metropolis” has strengthened our willingness to make Bordeaux accessible to the population at that level: not out of conceit or selfambition but because today the millennium metropolis allows people to exist in a globalised world (at this stage it is highly accessible having a stalwart university and hence capable of keeping or receiving innovative companies). The city itself remains on a human scale and thus distance is not a problem. The multi-scalar millennium metropolis remains flexible, which is not the case for the mega-city.

The winning theme of 2012 “heritage” is perhaps the most inspiring theme for the urban project. The third part of the urban

project presented in March 2013 owes a lot to this theme in the way it has reflected upon future neighbourhoods and the way it has defined heritage as that being “what is available”. Since Agora 2012, we have stopped looking at the city as one divided in two parts: heritage on one side and wastelands on the other.

Bordeaux is above all a great landscape, shared by river and crisscrossed by network of waterways responsible for big urban layouts. So there you have the genetic profile of the city, which will guide us in building the Bordeaux of 2030 ... that Bordeaux, which has crossed over from the half moon to the full moon phase n

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Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Dans le cadre de “Bordeaux 2030”, le quartier du Grand Parc a engagé ses travaux après une concertation des habitants et de l’ensemble des partenaires, afin de construire une nouvelle conception du vivre-ensemble.

Le Grand Parc, symbole de la ville de demain

Le projet urbain a permis de lancer une étude à visée pré-opérationnelle ayant pour but d'établir un plan d'action global et transversal. Elle doit permettre : n

de préciser et d'amender le cas échéant les grands principes à respecter pour l'aménagement du quartier, en vue d’initier des actions concrètes ;

n d’accompagner le renouveau du quartier

en définissant précisément des interventions à caractère opérationnel afin de commencer les premières réalisations à partir de fin 2013 ; n et d'engager le renouveau du quartier en

concertation avec les habitants et les partenaires de l'étude.

“Bordeaux mène un travail de co-élaboration des projets urbains avec les habitants.”

La Ville de Bordeaux associe étroitement les habitants et acteurs du quartier à l'élaboration des projets urbains. Pouvezvous nous en parler, pour ce qui concerne votre quartier ?

une meilleure qualité des espaces publics, améliorer la desserte en transports en commun interne au quartier ou encore rouvrir la salle des fêtes. Concrètement, cela se traduit par la nécessité de mettre en relation les différents acteurs intervenants sur un territoire donné, afin de construire un projet durable et partagé par tous. C'est pourquoi nous pensons qu'il est très important que les habitants et acteurs d'un quartier y soient associés.

Bordeaux mène, depuis 2006, un travail de co-élaboration des projets urbains avec les habitants, pour construire la ville ensemble, au bénéfice de tous. Aujourd'hui dix grands territoires de Bordeaux travaillent selon cette méthode : Bassins à flot, Bacalan, Chartrons, Grand Parc, Aubiers, Brazza, Niel, Benauge, Caudéran, Saint Augustin.

Une attention particulière a également été portée à la réouverture de la salle des fêtes, pouvez-vous nous présenter le projet ?

Construire la ville ensemble au Grand Parc, c'est d'abord écouter les habitants et les acteurs du quartier, pour s'accorder sur ce qui fonde l'identité du quartier, ce qui doit changer et ce que l'on doit garder. Ainsi, lors d'un premier cycle de trois concertations (début 2012), les participants nous ont indiqué qu'ils souhaitaient favoriser les échanges et la convivialité, conserver les commerces et services de proximité, valoriser des espaces verts fréquentés différemment, promouvoir

Après la formalisation d'un diagnostic partagé, l'étude a pour but premier d'établir un plan-guide global, qui indiquera la manière dont seront traitées les accroches urbaines, fonctionnelles, viaires et paysagères de ce quartier : c'est redonner toute sa place au Grand Parc dans la ville. Ce plan-guide sera ensuite décliné sur quatre priorités : la constitution d’une trame végétale et la mise en valeur du parc central ; la recomposition de l’espace public et des différents modes de transport ; la simplification des domanialités foncières et l’identification des secteurs muables. 72 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Alain Juppé a demandé en janvier 2012 que soit accéléré le processus de réouverture de la salle des fêtes. Pour cela, il était nécessaire de prendre en compte son intégration urbaine et le classement Unesco. La direction générale de l'aménagement a donc organisé un atelier de travail avec quatre équipes d'architectes et scénographes. © Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Quel est l’impact du projet “Bordeaux 2030” sur votre quartier ?

Pour redonner à cet équipement, œuvre de l’architecte Pierre Ferret, ses lettres de noblesse, la condition essentielle est de s'assurer de l'appropriation du projet par ceux qui vont en bénéficier directement. Le maire a donc demandé que soit organisée une consultation spécifique des habitants, ce que nous avons fais les 14 février, 13 mars et 4 avril 2012 n Propos recueillis par Marie Pannetier

Anne-Marie Cazalet Adjointe au maire de Bordeaux au quartier Grand Parc-Paul Doumer


Interview with: Anne-Marie Cazalet, assistant to the mayor of Bordeaux for the neighbourhood of the Grand Parc - Paul Doumer

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

The Grand Parc, symbol of the city of tomorrow Grand Parc, Aubiers, Brazza, Niel, Benauge, Caudéran, Saint Augustin. Building the city together in the Grand Parc is first listening to the inhabitants and the neighbourhood players, to agree on what founds the identity of the neighbourhood, which must change and what must be kept. So, during a first cycle of three consultations (early 2012), participants have told us that they wish to promote exchanges and conviviality, preserve shops and local services, enhance differently frequented green spaces, promote a better quality of public spaces, improve public transport within the district and even reopen the “salle des fêtes”.

In the context of “Bordeaux 2030”, the Grand Parc neighbourhood started work after a consultation with the inhabitants and all parties, in order to build a new concept of living together.

What is the impact of the “Bordeaux 2030” project on your neighbourhood? The urban project allowed us to launch a pre-operational focus study aimed at establishing a comprehensive and transversal action plan. It must allow:

After the formalisation of a shared diagnosis, the study was first designed to establish an overall guide-plan, indicating the way to deal with urban, functional, roadways and landscape hubs in this area: this restores the Grand Parc to its rightful place at the heart of the city. This guide-plan will then decline along four priorities: the establishment of a vegetable plot and the development of the central park; the restructuring of the public space and different modes of transport; simplification of the land boundaries and identification of cultivatable sectors.

n

to specify and amend if necessary the overarching principles to be respected for the installation of the neighbourhood, in order to initiate concrete actions;

n

to support the revival of the neighbourhood by precisely defining interventions in operational matters in order to begin the first phases from the end of 2013;

n

and to engage in the revival of the neighbourhood in dialogue with the inhabitants and research partners.

The City of Bordeaux closely unites the inhabitants and neighbourhood players in the development of urban projects. Can you speak to us about it, in terms of your neighbourhood? Since 2006 Bordeaux has been leading co-development work in urban projects with the inhabitants, to build the city together for the benefit of all. Today ten large territories of Bordeaux are working according to this method: Docks, Bacalan, Chartrons,

Concretely, this translates into the need to bring together the different stakeholders in a given territory, in order to build a sustainable project shared by all. This is why we think that it is very important that the inhabitants and stakeholders of a neighbourhood are involved.

Special attention has also been paid to the reopening of the “salle des fêtes”, can you tell us about the project? Alain Juppé requested in January 2012 that the process of reopening the community hall be accelerated. For that, it was necessary to take into account its urban integration and Unesco classification. The general management of the development has organised a workshop with four teams of architects and set designers. To restore these facilities - the work of the architect Pierre Ferret - its letters of nobility, the essential condition is to ensure ownership of the project by those who will directly benefit from it. The mayor therefore asked for a specific consultation of the inhabitants, which we did on February 14 th, March 13 th and April 4 th, 2012 n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 73


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN |Depuis une quinzaine d’années Bordeaux a su s’imposer comme une référence en matière d’aménagement du territoire urbain au niveau national mais aussi international. La société BMA est l’un des protagonistes de ce projet.

“Une politique de construction dynamique, portée par la croissance bordelaise”

BMA est une société privée, dont la majorité du capital est détenue par des collectivités publiques (43 % par la Communauté urbaine et 13,75 % par la ville de Bordeaux que je représente). Son capital est de l’ordre de 4 millions d’euros et son chiffre d’affaires pour 2012 d’environ 10 millions d’euros pour un volume d’opérations traitées largement supérieur à 110 millions d’euros. L’activité se partage entre les mandats de construction, pour le compte notamment des collectivités territoriales, et les opérations propres, c’est-à-dire des logements étudiants à la Bastide ou encore la conduite de grandes opérations d’aménagement. Nous recevons des aides publiques sur des dossiers comme le quartier de Bastide, ou pour la ville de Talence. De grandes opérations privées sont également menées par BMA, comme le projet “Santé Navale”, ou celui du terrain de la Fourrière. BMA est un aménageur et un des outils de la Ville et de la Communauté urbaine pour l’aménagement du territoire.

avec des logements plus confortables pour les habitants.

Comment les aménagements ont-ils évolué ?

Si BMA a mené dès sa création de grandes opérations, la croissance urbaine de Bordeaux l’a dynamisé. Son chiffre d’affaires de 2012 témoigne de cette vitalité et on peut penser que celui de 2013 sera meilleur encore. Le volume d’affaires traitées ne cesse de croître.

Avant 1995, la priorité était donnée aux voitures mais aujourd’hui ces espaces ont été requalifiés. Le maire de Bordeaux a voulu rééquilibrer l’espace urbain en redonnant la priorité aux transports en communs ou aux vélos. C’est une ville qui s’est très nettement modernisée et où il fait bon vivre.

Vous êtes très enthousiaste à propos de la ville de Bordeaux, diriez vous qu’aujourd’hui Bordeaux est la ville où il est le plus intéressant de travailler dans l’aménagement ?

Privilégiez-vous une politique d’urbanisme éco-responsable ? La ville mène une politique très volontaire en matière d’éco-responsabilité, notamment en pariant sur les transports que je viens d’évoquer mais aussi sur les économies d’énergie. Nous incitons aussi les habitants en étant très attentifs à leur environnement et en les sensibilisant aux gestes éco-citoyens tel que déposer ses enfants à l’école à pied ou pratiquer le composte. Bordeaux est une ville attractive en premier lieu pour son climat, son positionnement géographique, et elle est une référence pour son cadre de vie. Une telle politique peut être un atout et attirer de nouveaux habitants.

Je dirais que c’est une ville qui depuis 1995 a su mener un projet urbain cohérent et de grande qualité, qui est devenu une référence aujourd’hui au niveau national mais aussi européen et international. Un projet qui a permis de stopper l’hémorragie démographique des années 90. Les habitants et les commerces reviennent en centre-ville et l’image de “la belle endormie” a disparu.

“La Ville mène une politique très volontaire en matière d’éco-responsabilité.” Dans quelles mesures la croissance de Bordeaux a-t-elle changé votre politique de construction ? Il n’y a pas eu de changement majeur dans la politique de construction, mais elle s’en est trouvée largement dynamisée par les opérations d’envergure précédemment citées et celles à venir. La politique gagné en qualité architecturale et en qualité d’habitabilité 76 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Quelles sont les missions de BMA ?

Quelles sont à terme vos ambitions pour Bordeaux métropole aménagement ? Nos ambitions sont d’obtenir de nouveaux contrats, de nouveaux projets. L’un des futurs grands projets de l’agglomération est la ZAC Bastide Niel et nous espérons que BMA en sera l’aménageur n Propos recueillis Pauline Hugot et Colombe Dabas

Michel Duchêne Président du conseil d’administration de BMA (Bordeaux métropole aménagement)


Interview with: Michel Duchêne, chairman of the board of directors of BMA (Bordeaux city development)

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

“A dynamic construction policy, driven by growth in Bordeaux.” the 1990s. Residents and businesses are returning to the centre and the “sleeping beauty” image has disappeared.

“It's a city that since 1995 has been able to carry out a coherent and highquality urban project.” How have the arrangements evolved?

The Euratlantique neighbourhood is the largest urban development program in France.

For fifteen years Bordeaux has established itself as a benchmark standard in urban planning at a national as well as international level. BMA is one of the protagonists of this project. What are the objectives of BMA? BMA is a private company, of which the majority of the capital is held by public authorities (43% by the Communauté urbaine and 13.75% by the city of Bordeaux that I represent)… Its capital is of the order of 4 million euros and its turnover for 2012 approximately 10 million euros for a volume of processed transactions well over 110 million euros. Activity is split between mandates of construction on behalf of local authorities in particular, and own operations, i.e. student housing at the Bastide or the conduct of major development projects. We receive public aid on projects such as the District of Bastide, or the town of Talence. Large private operations are also conducted by BMA, such as the “Santé Navale” project, or the terrain de la Fourrière. BMA is a developer and one of the tools of the city and the urban community for the development of the region.

To what extent has the growth of Bordeaux changed your building policy? There have been no major changes to the building policy, but it was greatly invigorated by the aforementioned large-scale operations and those to come. The policy gained in architectural quality and quality of life with more comfortable housing for the inhabitants. While BMA has carried out from its inception large operations, the urban growth of Bordeaux has boosted it. Its sales turnover in 2012 is witness to this dynamism and presumably that of 2013 will be better still. The volume of sales continues to grow. You are enthusiastic about the city of Bordeaux, would you say that today Bordeaux is the city where it is most interesting to work in development? I'd say it's a city that since 1995 has been able to carry out a coherent and highquality urban project which is now a benchmark reference at national as well as European and international level. A project that helped stop the demographic bleeding of

Prior to 1995, priority was given to cars but today these spaces have been reclassified. The Mayor of Bordeaux wanted to rebalance the urban space giving priority to public transport and bikes. It is a city which has been well modernised and where it is good to live. Do you promote an eco-friendly urban policy? The city leads a very voluntary policy of eco-responsibility, including investing in transportation that I have just mentioned but also energy savings. We also encourage inhabitants to be very attentive to their environment and make them aware of the acts of eco-citizens such as dropping children at school on foot or composting. Bordeaux is an attractive town in the first place for its climate, its geographic position, and it is a reference in terms of its living environment. Such a policy can be an asset and attract new inhabitants. What are your long-term ambitions for Bordeaux city development? Our ambitions are to obtain new contracts, new projects. One of future major projects for the city is ZAC Bastide Niel and we hope that BMA will be the developer n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 77


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Soixante-quinze ans après son inauguration, le stade Chaban-Delmas passe le relai. Pour Thierry Guichard, chargé de mission à la Ville, le nouveau stade permettra de répondre aux exigences d'accueil des grandes compétitions et notamment l'organisation des rencontres de l'Euro 2016 de football.

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Le nouveau stade, générateur d'emplois et facteur d'attractivité

Vainqueurs de la Coupe de France en 2013, les Girondins de Bordeaux joueront bientôt dans un nouveau stade.

Pouvez-vous nous présenter le nouveau stade qui verra le jour dans le quartier du Lac ? Actuellement en cours de construction (sa livraison est prévue en mai 2015), il sera un stade moderne, de 42 000 places couvertes, disposant de salons et loges pour 4000 personnes. Les footballeurs des Girondins de Bordeaux y joueront tous leurs matchs, mais il pourra accueillir également les matchs de rugby du club de l’Union Bordeaux-Bègles. Conçu notamment pour l’Euro 2016, il permettra l’organisation de grands matchs nationaux et internationaux de football ou de rugby que Bordeaux a accueillis avec succès depuis de nombreuses années. Il accueillera aussi de grands spectacles musicaux, concerts et opéras, et constituera une offre complémentaire pour les congrès et salons. L’immense parvis ouvert au public sera

un lieu d’animation sportif ou culturel. L’excellente desserte par le tramway, la proximité avec la rocade et le parking de 6000 places du parc des expositions lui confèrent une accessibilité exceptionnelle. Conçu par les architectes Suisses Herzog et De Meuron, le stade affirme une expression architecturale inédite, à la fois monumentale et délicate qui s’inscrit avec élégance dans le paysage Bordelais. Son implantation dans le quartier du lac, à l’articulation entre un cadre naturel de qualité au nord et une trame paysagère d’agglomération au sud, lui fait jouer, grâce à son immense parvis planté sur une trame bocagère, un rôle d’interface entre la ville construite et la ville nature.

Quelles raisons ont motivé la construction de ce stade ? Dans un contexte économique aussi peu favorable, cette édification était-elle une priorité ? L'organisation en France de l’Euro 2016 et l'offre de financement à hauteur de 100 millions d’euros de M6, actionnaire principal du club des Girondins de Bordeaux, ont amené Alain Juppé, à décider en 2009, la construction d'un nouveau stade. En période de crise économique, la réalisation de grands équipements publics, générateurs d'emplois, et facteurs d'attractivité, doit rester parmi les priorités d'une grande ville.

Comment qualifieriez-vous l’engagement de la ville de Bordeaux dans ce projet ? Raisonnable et opportun.

78 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Quid de la collaboration entre l’ensemble des partenaires, la ville, le club des Girondins, les partenaires et les acteurs locaux ?

Le projet a été réalisé grâce aux partenariats conclus entre la Ville, Vinci/Fayat (le titulaire du partenariat public-privé) et le club des Girondins d'autre part. Le club a été associé au projet dès son origine puisqu'il en est un des instigateurs. Il sera également un partenaire précieux et privilégié du titulaire du PPP pour l'exploitation.

Comment évalueriez-vous les retombées politiques, économiques et médiatiques, de l’Euro 2016 ?

Les Bordelaises et les Bordelais gardent un souvenir inoubliable des coupes du monde de football et de rugby qui se sont déroulées à Bordeaux. La première retombée attendue est donc la satisfaction de nos concitoyens. La seconde est le rapprochement des citoyens d'Europe à l'occasion de manifestations festives. De plus, nous pensons que l’Euro 2016 accélérera de façon durable le développement touristique de notre ville classée au patrimoine mondial de l'Unesco mais aussi de notre région, mondialement connue pour ses vins. Enfin, cette compétition nous permettra de dégager des profits dont bénéficieront tous les acteurs locaux du sport n Propos recueillis par Anaïs Normand


Juillet 2013 | Bordeaux

Interview with: Thierry Guichard, Project manager, “grand stade”, Bordeaux

© HERZOG & DEMEURON

The new stadium, employment generator and a powerful attractor Bordeaux club, has offered to organise Euro 2016 in France and proposed a financial aid totalling to 100 million Euros. This led Bordeaux’s Mayor Alain Juppé to make the decision of building a new stadium in 2009. During a financial crisis, undertaking construction of employment-generating big public infrastructure and enhancing attractiveness should remain a priority for large cities.

How would you define Bordeaux city’s commitment to the project? Reasonable and appropriate.

The new 45,000-seat stadium will host the matches of the Girondins de Bordeaux footballers but also concerts and international matches like that of the Euro 2016.

Seventy-five years after its inauguration the Chaban-Delmas stadium has passed over its torch. The new stadium, which is to be completed in less than two years time, will be able to meet the demands of hosting big competitions and especially organizing Euro 2016 Football Championship. Could you tell us about the new stadium which will be inaugurated in the Lac neighbourhood? The stadium is currently under construction (completion scheduled for 2015). It is going to be a modern stadium, 42,000 covered seats, along with showrooms and boxes for 4,000 people. The footballers of Girondins de Bordeaux will play their matches here and it can also host rugby matches of Union Bordeaux-Bègles club. Designed primarily for Euro 2016, it will enable us to organise big national and international football as well as rugby matches. Bordeaux has been a successful host of such matches for many years. It will also host big music shows, concerts and operas and provide a complementary

What about the collaboration between all partners, the city, the Girondins club, the partners and the local key players?

venue for conferences and trade fairs. The huge esplanade of the stadium will be open to public and act as an area for sporting or cultural events. Excellent tram services, its closeness to the by-pass and 6,000 parking places of the trade fair ground makes its highly accessible. Designed by Swiss architects Herzog and De Meuron, the stadium exudes a unique architectural identity; being simultaneously gigantic and subtle it blends in very well with the elegant Bordeaux landscape. Its location in the Lac neighbourhood, at the juncture of a great natural site on the north and a landscaped environment of the agglomeration on the south, confers to it a role of an interface between the constructed city and the natural city; thanks to its enormous esplanade built on a “bocage” (fields separated by hedges and ditches) frame. What are the reasons behind the construction of the new stadium? Was it a priority especially in the light of a difficult financial context? M6, main shareholder of Girondins de

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The project has been completed thanks to partnerships concluded between the city, Vinci/Fayat (holder of public/private partnership) on one hand and the Girondins club on the other. The club has been associated with the project since its beginning because it is also one of the initiators. It would also be a valuable and privileged partner having the PPP status for undertaking work.

How would you evaluate the political, economic and media impact of Euro 2016? The citizens of Bordeaux have very fond memories of Football and Rugby World Cups, which took place in the city. The primary spinoff expected from this event is hence the satisfaction our citizens. The second spinoff is to bring European citizens closer during big events. Moreover we think that 2016 would sustainably accelerate tourism in our city listed in UNESCO world heritage as well as our world-renowned region, famous for its wine. Finally this competition would enable us to generate profits, which would benefit all local actors in the field of sports n


Juillet 2013 | Bordeaux

ENTRETIEN | Gérant de grands projets d’urbanisation, l’EPA Bordeaux Euratlantique participe efficacement au développement de la ville, notamment avec un ambitieux chantier autour de la gare qui en fera le centre de l’axe Paris-Espagne.

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

“Bordeaux, futur centre du Grand Ouest européen”

mercialisée sera réalisée entre 2015 et 2020. Elle comprendra 110 000 m2 de tertiaire et l’implantation de sièges sociaux pour démarrer le centre d’affaires à vocation européenne qui verra le jour autour de la gare TGV. Le projet urbain Garonne Eiffel, future ZAC de 130 hectares sur la rive droite de la Garonne. Déjà doté de 2 km de façade sur le fleuve, un parc sera créé en priorité dès 2014 et constituera le démarrage du projet urbain. Enfin, Bègles Faisceau dont l’objectif est la mise en cohérence de sites stratégiques le long du faisceau ferroviaire au sud de l’agglomération. La cité numérique,

Quels projets ont déjà été développés ? Le projet urbain Bordeaux Saint-Jean Belcier - ZAC sur la rive gauche de la Garonne de 150 hectares dont la première tranche de 340 000 m2 programmée et pré-com82 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Trois objectifs principaux : n l’affirmation d’une véritable deuxième entrée de gare avec un grand parvis ouvrant sur le futur centre d'affaires ; © Bordeaux Euratlantique - Jérémie Buchholtz

Situé au sud de l’agglomération bordelaise sur les deux rives de la Garonne, ce projet ambitionne la redynamisation et le développement d’un territoire de 738 ha sur trois communes, Bordeaux, Bègles et Floirac, en lien avec l’arrivée de la ligne à grande vitesse Paris-Bordeaux en 2017. Sur une période de 20 ans, des logements, des bureaux, des locaux d’activités, des commerces, des équipements structurants et de proximité, des espaces verts seront construits pour répondre aux besoins des populations nouvelles et existantes et des actifs qui s’implanteront sur ce territoire. Bordeaux Euratlantique est une Opération d’intérêt national gérée par un Etablissement public d’aménagement. Sa gouvernance réunit des représentants de l’Etat et des collectivités locales pour mener à bien ce projet, qui est un levier de développement de la métropole.

Pouvez-vous nous parler de l’opération entreprise autour de la gare ? Bordeaux Euratlantique est né d’un grand projet d’infrastructure ferroviaire qui transformera Bordeaux et sa métropole en carrefour du sud-ouest européen, avec la création de la nouvelle ligne à grande vitesse Bordeaux - Paris (2h10 en 2017) et son prolongement vers Toulouse et l’Espagne (après 2020). Un nouveau bâtiment gare sera réalisé en 2017 pour répondre à l’augmentation de fréquentation prévue et donner une 2e entrée résolument moderne à la gare traditionnelle Saint-Jean.

En 2017, Bordeaux ne sera plus qu'à 2h10 de Paris.

Pouvez-vous nous présenter l’EPA Bordeaux Euratlantique ?

un parc de l’intelligence environnementale, un hub régional et des quartiers à valoriser sont au cœur de ce projet urbain.

n une intermodalité simple d’usage ; n un très bon niveau de services aux voya-

geurs avec 2 000 m2 de commerces et 1 600 places de parking. Ce projet est réalisé par Gares & Connexions (branche de la SNCF) en partenariat avec l’État, le Conseil régional d’Aquitaine, la Communauté urbaine de Bordeaux, la Ville de Bordeaux, Réseau Ferré de France et Bordeaux Euratlantique.

Philippe Courtois Directeur de l’EPA Bordeaux Euratlantique


© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

attractivité résidentielle, qui sera renforcée par la création de logements et d’espaces publics de qualité pour densifier et repeupler le cœur d’agglomération n Propos recueillis par Marie Pannetier Quelques chiffres clés : • 25 000 à 30 000 emplois métropolitains supérieurs à terme ; • 25 000 à 30 000 nouveaux habitants sur le territoire ;

Un nouveau bâtiment gare sera réalisé en 2017 pour répondre à l’augmentation prévue avec l'amélioration de la desserte TGV.

Quels sont les enjeux à développer aujourd’hui ? Bordeaux et son agglomération se situeront au centre de deux capitales européennes, Paris et Madrid. Un programme de 400 000 m2 de bureaux, dont 300 000 m2 à proximité immédiate de la gare TGV constitueront le principal pôle d’attraction

du Grand Sud-Ouest français pour le tertiaire supérieur. Avec la cité numérique, nouveau pôle d’excellence aquitain sur les usages du numérique, naîtra un cluster d’entreprises, d’écoles, de start up et d’innovation dans ce domaine en pleine croissance, qui connaît des applications, notamment dans la fabrication de la ville. L’agglomération bordelaise connaît une véritable

• une gare TGV accueillant 20 millions de voyageurs par an à l’horizon 2020 et trois lignes à grande vitesse (Bordeaux-Paris- / Bilbao / Toulouse) ; • un budget de 620 millions d’euros ; • 100 millions d’euros de participation publique ; • 4 milliards d’euros d’investissements immobiliers privés et publics.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 83


Juillet 2013 | Bordeaux

Interview with: Philippe Courtois, chairman of EPA Bordeaux Euratlantique

“Bordeaux, future centre of the Great European West” Manager of great town planning schemes, the EPA Bordeaux Euratlantique takes part effectively in urban development, in particular with an ambitious building site around the station, which will be the centre of the ParisSpain axis. Can you present the EPA Bordeaux Euratlantique to us? Located south of the Bordeaux conurbation on both banks of the River Garonne, this project aims at the revitalisation and development of an area of 7.38 km 2 in three communes, Bordeaux, Bègles and Floirac, in connection with the arrival of the high-speed Paris-Bordeaux train in 2017. Over a period of 20 years, housing, offices, activity spaces, shops, essential local facilities and green spaces will be built to meet the needs of new and existing populations and the assets that are growing in the region. Bordeaux Euratlantique is an Operation of national interest managed by a publicly owned establishment of Installation. Its governance brings together representatives of the State and local communities to bring to fruition this project, which is a lever of development for the metropolis.

1.30 km 2 ZAC on the right bank of the Garonne. Already equipped with 2 km of river frontage, a park will be created in priority as early as 2014 and will constitute the starting point for the urban project.

of Bordeaux, Réseau Ferré de France and Bordeaux Euratlantique

Lastly, Bègles Faisceau whose objective is the consistency of strategic sites along the railways south of the agglomeration. The digital city, an environmental intelligence park, a regional hub and neighbourhoods to be developed are at the heart of this urban project.

Bordeaux and its conurbation will be located at the centre of two European capitals, Paris and Madrid. A program of 400,000 m 2 of offices, of which

Can you tell us about the operation underway around the station? Bordeaux Euratlantique was born from a great railway infrastructure project which will transform Bordeaux and its metropolis into crossroads of the European South-west, with the creation of the new high speed Bordeaux - Paris line (2h10 in 2017) and its prolongation towards Toulouse and Spain (after 2020). A new station building will be completed in 2017 to meet the expected increase and give a 2 nd resolutely modern entry to the traditional Saint-Jean station. 3 principal objectives:

What projects have already been developed? The urban project Bordeaux Saint-Jean Belcier – ZAC on the left bank of the Garonne, 1.50 km 2 including the first 340,000 m 2 section programmed and pre-marketed will be carried out between 2015 and 2020. It will include 110,000 m 2 of tertiary sector and the establishment of registered offices to start the Europe-oriented business district, which will be born around the TGV station. The urban project of Garonne Eiffel, future

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n the assertion of a true second entry to the station with a large square opening onto the future business district; n simple intermodality of use; n a very good level of services for travellers

with 2,000 m 2 of trade and 1,600 parking spaces.

What are the issues to develop today?

300,000 m 2 in the immediate vicinity of the TGV station will constitute the principal centre of attraction of the Great French South-west for the tertiary sector. With the digital city, new centre of excellence in Aquitaine on the uses of digital, will be born a cluster of companies, schools, start-ups and innovation in this field in full growth, which has applications, in particular in the manufacture of the city. The Bordeaux area enjoys real residential attractiveness, which will be reinforced by the creation of housing and quality public spaces in order to increase density and repopulate the centre of the agglomeration n

Some key figures: • 25,000 to 30,000 senior long-term metropolitan jobs; • 25,000 to 30,000 new inhabitants in the region; • a TGV station with 20 million travellers per annum by 2020 and three high speed lines (Bordeaux-Paris/Bilbao/Toulouse); • a 620-million-euro budget. • 100 million euros of public funding;

This project is carried out by Gares & Connexions (part of the SNCF) in partnership with the State, the regional Council of Aquitaine, the urban Community of Bordeaux, the Town

• 4 billion euros of private and public real investments.


Juillet 2013 | Bordeaux

Le tramway : un visage aux ambitions de la cité

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

Dix ans après le lancement de son tramway, pour rien au monde Bordeaux ne souhaiterait revenir en arrière. Devenu la colonne vertébrale de sa transformation urbaine harmonieuse, ce mode de déplacement doux a signé une véritable révolution tant pour les voyageurs que pour l’aménagement de la ville toute entière.

fait aucun doute aujourd’hui à Bordeaux. Le 28 mars dernier à Mérignac, Alain Juppé avait même annoncé que la ligne A serait prochainement prolongée jusqu’à l’aéroport. Une réalisation qu’il jugeait même “indispensable” lors d’une interview qu’il avait accordée au journal 20minutes. Il faudra compter également une liaison rapide avec la gare SNCF Pessac-Alouette, dont le mode de déplacement n’a pas encore été entièrement décidé. Car si le tramway fait figure de proue à Bordeaux, la ville ne manque pas d’autres moyens de transports pour contrer la suprématie de la voiture.

À l’horizon 2030, l’ère de la multimodalité Le tram a considérablement changé le visage de Bordeaux en quelques années et contribue largement à sa vitalité économique.

C’

était il y a presque 10 ans. Le 21 décembre 2003, en présence du président de la République Jacques Chirac et d’Alain Juppé, que le tant attendu “tram” célébrait son inauguration. Si pour ce dernier “Bordeaux depuis longtemps rêvait d’un tramway ”, la première mise en service allait surtout mettre fin aux embouteillages incessants que subissaient les milliers d’habitants venus assister à la cérémonie d’ouverture. “Moderne, silencieux, confortable et non polluant ”, ce moyen de transport répondait à toutes les aspirations de la cité bordelaise en se montrant “digne de son magnifique décor de pierre ” selon son maire. Au design lisse et épuré, aux courbes franches mais jamais agressives, le tramway joue la transparence en assurant la liaison entre les

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différents quartiers de Bordeaux sans pour autant envahir l’espace urbain. La discrétion même en cœur de ville. Pour faciliter encore son appropriation par les Bordelais, la face avant s’est voulue accueillante et chaleureuse, à l’image d’un animal familier dont le sourire invite au voyage. Conçu par l’artiste Elizabeth de Portzamparc, l’aménagement du mobilier des arrêts assure la cohérence de l’atmosphère sur l’ensemble du réseau, dont l’identité est désormais reconnaissable parmi mille.

3 lignes et 90 stations Malgré les soucis rencontrés au début de la mise en service, le succès du tramway ne

La Communauté urbaine a effectivement emboité le pas avec TBC, un système ou le tram roule en site propre pour assurer les axes majeurs en étant constamment connecté aux autobus. Leur fonctionnement a d’ailleurs été entièrement restructuré pour multiplier les points de contacts au plus près, afin que les usagers puissent gagner un maximum de temps en laissant leur voiture dans les parcs relais et disposer d’un vélo en libre service 24h/24 et 7j/7. À l’heure où l’arrivée du TGV est-européen va relier Bordeaux aux grandes métropoles du continent, les futures extensions du tramway ne font qu’accentuer son rôle moteur dans le développement de la cité. Si l’on dit que les transports en commun offrent une réponse unique à de multiples enjeux, la métamorphose bordelaise s’impose comme l’exemple même de leur efficacité n Pauline Pouzankov


Juillet 2013 | Bordeaux

© Thomas Sanson-Mairie de Bordeaux

The tramway: embodiment of the city's ambitions

Within a few years, the tram has considerably changed Bordeaux and contributed to the economic vitality of the city.

Ten years after the launch of its tramway, for nothing in the world would Bordeaux wish to go back. Having become the backbone of its harmonious urban transformation, this smooth means of transportation coined a real revolution for both the commuters and the global management of the city. It was almost ten years ago. On December 21, 2003, in the presence of the President of the French Republic Jacques Chirac and Alain Juppé, the long awaited “tram” was inaugurated. If for the latter, “Bordeaux has for a long time dreamed of its tramway”, putting it in service would above all stop the neverending traffic jams that the thousands of locals attending the opening ceremony endured every day. “Modern, silent, comfortable and non-polluting”, this means of transportation meets all the aspirations of the Bordeaux city by showing itself “worthy of its magnificent stone setting”, said the Mayor. With its smooth and sleek design and its sharp curves, the tramway fits in without violating the urban space and connects the different

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neighbourhoods of Bordeaux. Discreet aesthetics in the heart of a bustling city. To make its adoption even easier for the Bordeaux inhabitants, its front displays a welcoming picture that invites users for a trip. Designed by the artist Elizabeth de Portzamparc, the layout of the tram stops creates a homogenous atmosphere on the entire tramway network, whose identity clearly stands out.

A tramway with 3 lines and 90 stations In spite of the problems encountered when first put into service, the tramway's success is unquestioned in Bordeaux. Last March 28 th in Mérignac, Alain Juppé even announced that the A line would soon be extended up to the airport. He even deemed it to be “indispensable” in an interview given to the 20minutes newspaper. This would also have to encompass a quick connection with the SNCF station of Pessac-Alouette, whose type of transportation has not been fully chosen yet. Indeed, even if the tramway is a figurehead in Bordeaux, the town knows no lack of

means of transportation to thwart the car’s supremacy.

By 2030, the era of multimodal transportation system The urban community of Bordeaux has developed TBC, a system where “clean” tramway lines are run in order to assure the main routes while being constantly connected to the buses. Furthermore, their function has been entirely rethought to increase the number of stops so that the commuters can save a maximum of time by leaving their cars in a “parc relais” (car park between the periphery and the core of the city) and have free access to a bicycle 24/7. At a time when the arrival of the East-European high-speed train is about to connect Bordeaux to the big metropolises of the continent, the future tramway extensions keep enhancing its role as a driver for the development of the city. If one says that public transportation is the only answer to multiple stakes, the metamorphosis of Bordeaux sets the example of its efficiency n


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