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PARLEMENT EUROPÉEN Genève, ville internationale
L’emploi transfrontalier, une conquête sociale et juridique sans cesse renouvelée France Suisse : des relations denses, historiques, politiques, économiques et culturelles
Genève
Une métropole au carrefour de l’Europe
A city at the crossroads of Europe
E ZIN GA MA AL GU LIN BI
LE MAGAZINE DES GRANDS ENJEUX
Mai 2014 | Genève
ENTRETIEN | Chef-lieu du canton de Genève et deuxième ville plus peuplée de Suisse, Genève affirme son identité ouverte et cosmopolite. Cette importante place financière mondiale connaît toutefois une situation de saturation qui se traduit par certaines difficultés.
Genève, une ville ouverte et solidaire Genève est avant tout une ville ouverte, cosmopolite, qui puise sa richesse dans sa diversité. Outre une immigration historique liée à sa situation géographique et à sa tradition humanitaire, elle doit une partie de cette diversité au fait qu’elle abrite de nombreuses organisations internationales, qui drainent avec elles un personnel fortement multiculturel. Genève a ainsi la chance de compter plus de 26 000 diplomates et fonctionnaires internationaux, chiffre auquel il convient d’ajouter les 2 400 employés des organisations nongouvernementales. Aujourd’hui, 47,8 % de la population en Ville de Genève est ainsi de nationalité étrangère, une proportion qui monte même à près de 52 % dans certains quartiers du centre-ville. Parallèlement, 100 000 personnes viennent chaque jour de France voisine et du canton de Vaud pour travailler à Genève. Elle constitue en effet le centre de ce que l’on appelle la région franco-valdogenevoise.
Cette diversité est-elle bien vécue au quotidien par la population ? Oui, d’une manière générale, la cohabitation se passe très bien. On le voit d’ailleurs avec les résultats des votations fédérales du 9 février dernier, où les Genevoises et Genevois ont clairement dit non à l’initiative de l’UDC “contre l’immigration de masse”. Au niveau cantonal, 60,9 % de la population a rejeté ce texte. En Ville de Genève, ce chiffre atteint 62,1 %. Genève est consciente de l’importance de la région, de l’ouverture à l’autre. Ceci étant, comme ailleurs dans le monde, en période de crise, des tensions apparais-
sent. Elles sont surtout exacerbées par les partis populistes qui y puisent leur fonds de commerce.
sociale au centre-ville. Tout cela crée inévitablement des tensions. En tant que collectivité publique municipale, quelles sont vos principales prérogatives ?
Vous parlez de crise, mais pourtant l’économie genevoise est florissante ? Oui, vous avez raison. Entre 2001 et 2008, 937 entreprises se sont par exemple installées ou ont été créées sur le sol de la Ville de Genève, soit un accroissement de 7,3 % en huit ans. Le problème est que cette croissance économique soutenue n’a pas été accompagnée par le développement en parallèle des infrastructures de base dans la région. Aujourd’hui, Genève se trouve donc dans une situation de saturation. Au quotidien, cela se traduit par plusieurs problèmes : je pense par exemple à la pénurie de logement (taux de vacance de 0,36 %), à une mobilité motorisée excessive (200 000 déplacements au centre-ville par jour), à des transports publics saturés ainsi qu’à une perte de mixité
En tant que ville-centre, Genève assume de nombreuses prestations qui dépassent largement le cadre de la municipalité. C’est ainsi par exemple qu’en plus de ses propres infrastructures culturelles (scènes, musées, bibliothèques), la Ville subventionne la plupart des lieux culturels du canton dédiés à l’art du spectacle et à la création. La Ville est également très engagée dans le développement durable et travaille dans des domaines aussi importants que les achats responsables, la lutte contre toutes formes de discrimination, la réduction des émissions de CO2 ou encore la défense de la biodiversité. Le sport, les crèches et les prestations pour les aînés sont quelques-unes des autres grandes prérogatives de la Ville de Genève. © A. Bergot / Ville de Genève
Comment décririez-vous la Ville de Genève ?
En tant que Maire de la Ville, quelle est votre priorité ? Travailler pour que Genève continue à être une ville ouverte et solidaire. Une ville où la diversité est une chance. Une ville où chacun a sa place, quelle que soit sa nationalité, son orientation sexuelle, son appartenance confessionnelle ou son âge n Propos recueillis par Julien Dreyfuss
Sandrine Salerno Maire de la Ville de Genève
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 1
Mai 2014 | Genève
Interview with: Sandrine Salerno, Mayor of the City of Geneva
© Jade Minh Nguyen / Ville de Genève
Geneva, open and united city populist parties that draw their stock in trade from this area. You talk of crisis, but yet the Geneva economy is flourishing? Yes, you are right. Between 2001 and 2008 for example, 937 companies settled or were created within the city of Geneva, an increase of 7.3% in eight years. The problem is that this economic growth was not accompanied in parallel of basic infrastructure development in the region. Therefore today Geneva is experiencing a saturation issue. Day-to-day, this translates into several problems: I am thinking for example of the housing shortage (0.36 per cent vacancy rate), of excessive motorised mobility (200,000 trips to the centre each day), of saturated public transport as well as a loss of social mix in the centre. All that inevitably creates tensions. As a municipal public body, what are your main prerogatives? Capital of the canton of Geneva and second most populous city in Switzerland, Geneva asserts its open and cosmopolitan identity. This important global financial centre is however experiencing a saturation issue, which translates into certain difficulties.
How would you describe the City of Geneva? Geneva is primarily an open, cosmopolitan city that draws its wealth from its diversity. In addition to historical immigration linked to its geographical location and its humanitarian tradition, it owes a portion of this diversity to the fact that it is home to many international organisations, which bring with them a strongly multicultural personnel. Geneva is fortunate in this way to count over 26,000 diplomats and international civil servants, a figure to which should be added the 2,400 employees of nongovernmental organisations. Today, 47.8%
of the population in the City of Geneva is of foreign nationality, a proportion that can rise to almost 52% in certain areas of the city centre. At the same time, 100,000 people come every day from neighbouring France and the canton of Vaud to work in Geneva. It is in fact the centre of what we call the France-Vaud-Geneva conurbation.
Is this diversity a good day-to-day experience for the population? Yes, generally, cohabitation goes very well. As seen in the results of the federal votes on the 9th February, where Geneva said a clear no to the initiative of the UDC "against mass immigration”. At the cantonal level, 60.9% of the population rejected this text. In the city of Geneva, this figure reached 62.1%. Geneva is aware of the importance of the region, of openness to the other. This being as it is, like elsewhere in the world, in times of crisis, tensions arise. They are particularly exacerbated by the
2 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
As a centre-city, Geneva takes on many services that greatly exceed the framework of the municipality. Thus for example, in addition to its own cultural infrastructures (theatres, museums, libraries), the City subsidises the majority of cultural sites in the canton dedicated to the performing arts and creation. The City is also committed to sustainable development and works in fields as important as responsible sourcing, the fight against all forms of discrimination, the reduction of CO2 emissions and the preservation of biodiversity. Sport, crèches and benefits for seniors are some of the other major prerogatives of the City of Geneva. As Mayor of the city, what's your priority? To work so that Geneva continues to be an open and united city. A city where diversity is a benefit. A city where each person has a place, whatever their nationality, sexual orientation, denominational membership or age n
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Hors-série - Mai 2014
Genève, une métropole au carrefour de l’Europe
Genève, une ville ouverte et solidaire
1
Sandrine Salerno, Maire de la Ville de Genève
“Redonner du sens aux trois pouvoirs”
5
Un entretien avec Antoine Droin, Président du Grand Conseil de la République et Canton de Genève
Vers une coopération franco-suisse plus ferme et volontariste
7
Un entretien avec François Longchamp, Coprésident du Comité régional franco-genevois (CRFG)
Des politiques publiques décisives
9
Un entretien avec Pierre Maudet, Conseiller d’État chargé de la sécurité et de l’économie
Genève parle beaucoup à notre imaginaire
© Antonietta Regano / Ville de Genève
SOMMAIRE :
11
Un entretien avec Michel Duclos, Ambassadeur de France en Suisse
“Nos relations avec l’Europe ont la primauté”
13
Un entretien avec Jean-Jacques de Dardel, Ambassadeur de Suisse en France
Il faut un secrétaire d’état aux relations franco-suisses
15
Un entretien avec Michel Charrat, Président du Groupement transfrontalier européen
Genève en chiffres
17
Genève Internationale
“Faire rayonner la Genève internationale”
18
Un entretien avec Ivan Pictet, Président de la Fondation pour Genève
Une petite ville au cœur du monde
20
Un entretien avec Olivier Coutau, Délégué aux relations de la Genève Internationale, département présidentiel, République et canton de Genève
Consolider Genève au centre de la gouvernance mondiale
22
Atouts économiques
Genève à forte valeur ajoutée
25
Un entretien avec Jacques Jeannerat, Directeur de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève
Favoriser l’emploi et la possibilité de se loger pour tous
27
© Rudy Mareel / Ville de Genève
Un entretien avec Alexandre Fasel, Représentant permanent de la Suisse auprès de l'Office des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, Chef de la Mission
Un entretien avec Jean-Charles Lathion, Président de la Commission des finances de la ville de Genève
Transports et urbanisme
1 000 emplois créés, 1 000 logements construits
29
Un entretien avec Alberto Velasco, Vice-président de l'ASLOCA Genève, Député au Grand Conseil
“Le citoyen au centre de l’espace public”
34
Un entretien avec Rémy Pagani, Conseiller administratif de la Ville de Genève, Département des constructions et de l’aménagement
Qualité de vie
Des mesures pour vivre ensemble
37
Un entretien avec Michèle Roullet, Présidente de la Commission de la cohésion sociale et de la jeunesse de la Ville de Genève
L’exclusion pour principal adversaire
39
Un entretien avec Esther Alder, Vice-présidente du Conseil administratif de la Ville de Genève, Département de la cohésion sociale et de la solidarité
“La santé n’a plus de frontières”
© Ville de Genève
41
Un entretien avec Bertrand Levrat, Directeur des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG)
Tourisme, sport et culture
Genève joue la carte du tourisme
43
Un entretien avec Philippe Vignon, Directeur de Genève Tourisme
À Genève, culture et sport au rendez-vous
45
Un entretien avec Sami Kanaan, Conseiller administratif de la Ville de Genève, Département de la culture et du sport
Genève muscle ses infrastructures sportives
47
Un entretien avec Christian Zaugg, Président de la Commission des sports de la ville de Genève Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 3
Mai 2014 | Genève
© Alain Towner / Ville de Genève
SUMMARY : Geneva, a city at the crossroads of Europe Geneva, open and united city
2
Sandrine Salerno, Mayor of the City of Geneva
“Restore meaning to the three powers”
6
Interview with Antoine Droin, Chairman of the Great Council of the Republic and Canton of Geneva
Towards a firm and proactive Franco-Swiss cooperation
8
Interview with François Longchamp, Co-Chair of the Franco-Genevan Regional Committee (CRFG)
Decisive public Policy
10
Interview with Pierre Maudet, State Councillor for Security and Economy
Geneva talks a lot to our imagination
12
Interview with Michel Duclos, Ambassador of France to Switzerland
“Our relationship with Europe comes first”
14
Interview with Jean-Jacques de Dardel, Ambassador of Switzerland in France Industry14
We need a Secretary of State for Franco-Swiss relations
16
Interview with Michel Charrat, Chairman of the European Transborder Group
Geneva: key figures
17
International Geneva
“Promoting International Geneva”
19
Interview with Ivan Pictet, Chairman of the Foundation for Geneva
A small city at the heart of the world
21
Interview with Olivier Coutau, Delegate to Geneva International Relations, Presidential Department, Republic and Canton of Geneva © Ville de Genève
Consolidating Geneva’s position at the heart of global governance
23
Interview with Alexandre Fasel, H.E. Permanent representative of Switzerland to the Office of the United Nations and other international organisations in Geneva, Mission Chief
Economic assets
High value-added Geneva
26
Interview with Jacques Jeannerat, Director of the Chamber of commerce, industry and services of Geneva
Promote employment and the possibility of housing for all
28
Interview with Jean-Charles Lathion, Chairman of the Finance Committee of the City of Geneva
Transport and town planning
1,000 jobs created, 1,000 dwellings
30
Interview with Alberto Velasco, Vice-President of the Geneva ASLOCA, member of the Grand Council
“The citizen at the heart of public space”
35
Interview with Rémy Pagani, Administrative Councillor of the City of Geneva, Department of construction and planning
Quality of life
Measures for living together
38
Interview with Michèle Roullet, Chairman of the Committee on Social Cohesion and Youth of the City of Geneva
© Ville de Genève
Exclusion is our principal adversary
40
Interview with Esther Alder, Vice-President of the Administrative Council of the City of Geneva, Department of Social Cohesion and Support
“Health no longer has any borders”
42
Interview with Bertrand Levrat, Director of the University Hospitals of Geneva (UHG)
Tourism, sport and culture
Geneva plays the tourism card
44
Interview with Philippe Vignon, Director of Geneva Tourism
In Geneva, culture and sport to go
46
Interview with Sami Kanaan, Administrative Councillor of the City of Geneva, Department of Culture and Sport
Geneva is building up its sports infrastructure Interview with Christian Zaugg, Chairman of the Sports Committee of the City of Geneva
LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN - Édité par Monde Edition S.A.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lcp-europeen.eu - www.lecourrierduparlement.fr n Directeur de la publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction - Sharon Lazimi n Journalistes - Colombe Dabas, Julien Dreyfuss, Sacha Grynbaum, Pauline Pouzankov n Infographiste - Isabel Da Silva n Directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n Régie publicitaire - GS Intermedia : Directeur de la publicité - Nathaniel Ayache, Relations extérieures - Gérard Slama n Remerciements - Anne Bonvin-Bonfanti, Valentina Wenger-Andreoli n N° 05 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo de couverture - © Genève Tourisme - Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.
4 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
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ENTRETIEN | Si la nouvelle Constitution a connu des débuts difficiles, le Président du Grand Conseil de la République et Canton de Genève Antoine Droin espère bien qu’elle aidera les institutions à retrouver une certaine stabilité. Voire inspirer un nouvel élan à la vie politique.
“Redonner du sens aux trois pouvoirs”
Si la coutume suisse sollicite souvent la population à se prononcer, les taux de participation restent assez faibles : de l’ordre de 30 à 40% sur l’ensemble du corps électoral. Ces chiffres résultent à mon sens d’une multiplicité de facteurs, à commencer par un certain désintérêt politique des jeunes, les seniors étant la classe d’âge qui vote le plus. Par ailleurs, les enjeux deviennent de plus en plus complexes, sans parler de la montée des populismes, d’une perte de repères ou même d’un confort de vie qui n’incite pas particulièrement à se rendre aux urnes. Aussi, la fréquence des votations suisses (plusieurs fois par an) peut en partie expliquer le phénomène, le “trop voter” pouvant être un facteur de saturation. Lors de votre discours à Saint-Pierre en 2013, vous avez affirmé “garder espoir” malgré la déstabilisation que vos institutions ont connu. Quel bilan pourriez-vous dresser aujourd’hui de cette nouvelle Constitution qui, à l’époque, n’a été approuvée que par une majorité modérée ? Cette constitution était le fruit d’un compromis difficile entre trois clans (droite, gauche, bloc populiste), résultat de négociations et de multiples coups de force qui expliquent en partie l’insatisfaction qui en découle. Bien qu’ayant apporté quelques nouveautés, elle manque de modernité et n’englobe pas tous les enjeux qui animent un canton comme
Genève ou encore le fonctionnement des institutions, sur lequel elle a gardé une position conservatrice. Néanmoins, j’espère que l’acceptation du nouveau texte permettra de redonner du sens à nos trois pouvoirs, délimitant leurs fonctions pour éviter toute confusion des rôles comme cela a pu être le cas précédemment.
mentalement différents. Si la cohabitation en elle-même se passe très bien, chaque groupe semble vivre dans son propre “cocon” sans tisser de véritables liens avec les autres. Non pas qu’ils soient réticents à l’idée, mais le rythme des journées et les mutations fréquentes au sein des organisations onusiennes et de certaines entreprises internationales expliquent en partie ce manque d’attaches, malgré la richesse du tissu associatif et culturel. Plus que dans le mélange des communautés qui y vivent, la force genevoise réside dans son aura à l’étranger, en sa qualité de terre d’accueil internationale.
Ville d’ouverture et carrefour culturel, tant par les migrations que par la présence diplomatique, Genève projette à l’international une image de tolérance. Quels rapports entretiennent les communautés qui y vivent ? S’ignorent-elles, alors même qu’elles se côtoient au quotidien ? Si oui, comment y remédier ?
À quels grands défis européens et internationaux le canton de Genève devra-til répondre dans les prochaines années ?
Genève rassemble près de 45 000 internationaux, 60 000 frontaliers, ainsi que de nombreuses communautés européennes ou extra-européennes : autrement dit, une pluralité de personnes aux horizons fonda© Christian PFAHL
Si le rôle essentiel du Grand Conseil consiste à légiférer, quel regard portez-vous sur le désintérêt croissant face aux élections en Europe ? La Suisse est-elle également concernée par ce phénomène?
Suite aux résultats des votations du 9 février, Genève devra bientôt faire face au problème d’apport de main d’œuvre étrangère. En réponse à ce défi, une phase de réflexion et de négociation avec l’UE vient d’être entamée au niveau fédéral, car il en va de nos relations avec les pays européens et du regard qu’ils portent sur nous. À plus long terme, la fiscalité des entreprises internationales, la mobilité, l’aménagement du territoire, le logement sont autant d’enjeux qu’il faudra gérer et notamment dans le cadre du Grand Genève n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Antoine Droin Président du Grand Conseil de la République et Canton de Genève
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 5
Mai 2014 | Genève
Interview with: Antoine Droin, Chairman of the Great Council of the Republic and Canton of Geneva
© Genève Tourisme
“Restore meaning to the three powers”
Whilst the new Constitution had difficult beginnings, the President of the Grand Council of the Republic and Canton of Geneva Antoine Droin hopes that it will help institutions to regain some stability. Or even inspire new impetus to political life.
If the main role of the Council is to legislate, how do you view the growing disinterest in elections in Europe? Is Switzerland also affected by this phenomenon? Whilst Swiss custom often invites the population to pronounce, participation rates remain fairly low: in the order of 30 to 40% of the electorate. These figures result in my view from a multiplicity of factors, starting with a certain political disinterest among the youth, seniors being the age group that votes the most. Moreover, the stakes become increasingly complex, not to mention the rise of populism, loss of identifying landmarks and even a comfortable life that does not particularly encourage people to go to the polls. Also, the frequency of the Swiss votes (several times per year) may in part explain the phenomenon; “too much voting” may be a saturation factor. At the time of your speech in Saint-Pierre in 2013, you declared yourself “still 6 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
hopeful” in spite of the destabilisation experienced by your institutions. What assessment could you make today of this new Constitution which, at the time, was approved only by a moderate majority? This constitution was the fruit of a difficult compromise between three clans (right, left, populist block), the result of negotiations and multiple strong-arm tactics, which partly explains the dissatisfaction that has ensued. Although it has brought some innovations, it lacks modernity and does not encompass all the issues that underpin a canton like Geneva or indeed the work of the institutions, on which it kept a conservative position. Nevertheless, I hope that the acceptance of the new text will restore meaning to our three powers, delineating their duties to avoid the confusion of roles that could be the case previously. Open city and cultural crossroads, as much due to migration as to diplomatic presence, Geneva projects an international image of tolerance. What is the relationship between the communities who live there? Do they ignore each other, while at the same time rubbing shoulders on a day-to-day basis? If so, how to remedy this? Geneva includes nearly 45,000 inter-
nationals, 60,000 border dwellers, as well as many European and non-European communities: in other words, a plurality of people with fundamentally different horizons. Whilst cohabitation in itself is going very well, each group seems to live in its own “cocoon” without forming real connections to the others. Not that they are reluctant to the idea, but the rhythm of days and frequent changes within the UN organisations and international companies partly explain this lack of ties, despite the richness of the community and cultural fabric. More than in the mix of communities living there, Geneva's strength lies in its reputation abroad, as an international host.
What challenges will Europeans and internationals in Geneva face in the next few years? Following the results of the vote of February 9th, Geneva will have to soon face the problem of foreign labour contribution. In response to this challenge, a phase of reflection and bargaining with the EU has been initiated at the federal level, as it is crucial to our relations with European countries and their attitude to us. Later on, the taxation of international companies, mobility, regional planning and housing are many issues it will be necessary to manage, in particular within the framework of the Greater Geneva n
ENTRETIEN | La Suisse et la France développent leurs relations afin de collaborer sur les problèmes frontaliers avec comme objectif la convergence des politiques publiques.
Vers une coopération francosuisse plus ferme et volontariste
D’inspiration française, la Cité des métiers est longtemps restée genevoise. Elle gagne à s’ouvrir sur les structures françaises et transfrontalières afin de délivrer une information plus complète. Des deux côtés de la frontière, l’objectif est similaire: offrir des emplois aux jeunes. La nouvelle Cité des métiers permet de faire connaître l’offre de formation à l’échelle du territoire et non plus seulement de Genève. Elle ouvre des voies et précise les obstacles. C’est très positif. Les conseillers en recrutement ont complété dans un premier temps leur propre formation et l’institution en bénéficie. Il faut savoir que Genève se situe dans un bassin transfrontalier d’un million d’habitants. De nombreuses personnes traversent quotidiennement la frontière. La nouvelle constitution prend en compte la nécessité d’une approche concertée de nombreux domaines et cela concerne aussi les questions liées à la formation professionnelle et à la reconnaissance de diplômes. Le Comité régional franco-genevois est la plus ancienne instance de coopération transfrontalière franco-suisse. Pouvez-vous nous exposer sa genèse ? Cette instance est née en 1973 à la suite de la signature entre la Suisse et la France d’un accord de rétrocession fiscale. La convention stipulait qu’une partie des recettes fiscales prélevées à Genève devaient être rétrocédées à la France, précisément aux départements de l’Ain et de la Haute-Savoie. Le Comité régional franco-genevois est alors créé pour traiter les questions de voisinage entre Genève et les départements frontaliers. La structure s’est développée
tion d’un dispositif d'équivalence des certificats CFC-CAP visant à améliorer l’employabilité des jeunes des deux côtés de la frontière.
autour d'une série de commissions thématiques. Chacun travaille sur l’un des principaux thèmes de la coopération transfrontalière.
n Transports : lancement d’un réseau de lignes de bus transfrontalières doté d’un tarif commun, et création d’un outil multimodal. La gestion des flux de trafic au sein de l’agglomération est une affaire concertée.
Pouvez-vous nous présenter les commissions de votre Comité et leurs résultats ? Ce ne sont que des exemples, mais on peut mentionner ceci.
n Sécurité : mise sur pied d'une plateforme de renseignement sur la criminalité et la protection des populations intégrant les polices et gendarmeries françaises, genevoises et vaudoises.
n Santé : une convention a été signée il y a deux ans pour permettre aux secours d’urgence d’intervenir de part et d’autre de la frontière. n Culture, l’éducation et le sport : outre de nombreux projets culturels franco-suisses entre les théâtres, ballets et orchestres de la région, un programme spécifique sur la culture et le handicap a été lancé conjointement. Par ailleurs, les Jeux sportifs du Grand Genève permettront en 2014 aux athlètes amateurs de la région de participer sans distinction de nationalité ou résidence.
n Logement : des analyses et des outils de suivi de la construction ont été instaurés de chaque côté de la frontière. n Environnement : l’ensemble des rivières de l’agglomération fait l’objet d'une gestion commune à travers des contrats spécifiques. Un effet? La création de corridors biologiques transfrontaliers.
n Économie, emploi et formation professionnelle : création du réseau de la Cité des métiers du Grand Genève, et élabora-
Quel avenir souhaitez-vous pour le CRFG ?
© Genève Aéroport – Etienne Delacrétaz
Depuis le 1er janvier 2013, la Cité des Métiers du Grand Genève est devenue transfrontalière. Quel en est l’intérêt ?
Le GLCT franco-suisse (Groupement Local de Coopération Transfrontalière) de droit suisse a été constitué en 2013 pour renforcer la gouvernance de l’agglomération du Grand Genève. Pour gagner en efficacité et en lisibilité, il faudra faire converger autour des questions métropolitaines le GLCT et le CRFG. L'objectif, c'est d'assurer le développement durable et la prospérité de la région n Propos recueillis par Colombe Dabas
François Longchamp Président du Conseil d'Etat de la République et canton de Genève, Coprésident du Comité régional franco-genevois (CRFG)
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 7
Mai 2014 | Genève
Interview with: François Longchamp, Chairman of Council of State of the Republic and canton of Geneva, Co-Chair of the Franco-Genevan regional Committee
Switzerland and France are developing their relationship, in order to collaborate on border problems, aiming at a convergence of public policy.
© David Clifford / Genève Tourisme
Towards a firm and proactive Franco-Swiss cooperation
Since the 1 st January 2013, the Cité des Métiers (literally, City of Trades) of Greater Geneva has become cross-border. What is the advantage? French-inspired, the Cité des métiers remained for a long time Genevan. It gains from opening up to the French and crossborder structures in order to deliver more complete information. On both sides of the border, the goal is similar: provide jobs for young people. The new Cité des métiers makes it possible to advertise the training on offer at the scale of the territory and not just of Geneva. It opens pathways and identifies specific barriers. It is very positive. Recruitment consultants have first completed their own training and the institution is benefiting from this. It is worth knowing that Geneva is located in a cross-border basin with one million inhabitants. Many people cross the border daily. The new constitution takes into account the need for a concerted approach in many areas and this also includes matters such as vocational training and the recognition of diplomas. The Franco-Genevan regional Committee is the oldest example of Franco-Swiss cross-border co-operation. Can you tell us about its genesis? This organisation was born in 1973, following a tax retrocession agreement signed between Switzerland and France. The agreement stipulated that a portion of the tax revenue collected in Geneva should be surrendered to France, specifically, the departments of Ain and Haute-Savoie. The Franco-Genevan regional Committee was 8 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
then created to address issues of neighbourly relations between Geneva and the border departments. The structure developed around a series of themed commissions; each one addresses one of the principal themes of cross-border co-operation. Can you tell us about your Committee’s commissions and their results? These are just examples, but we can mention this. n Health: an agreement was signed two years ago to allow emergency services to intervene either side of the border. n Culture, education and sport: in addition to many Franco-Swiss cultural projects between the theatres, ballets and orchestras of the area, a specific program around culture and handicap was launched jointly. In addition, the sports Games of Greater Geneva will make it possible in 2014 for amateur athletes in the area to take part without reference to nationality or residence. n Economy, employment and vocational training: creation of the Cité des métiers network of Greater Geneva, and development of a CFC-CAP certificate equivalence provision, aiming at improving the employability of young people on both sides of the border.
n Transport: launch of a network of crossborder bus lines with a same fare, and creation of a multi-mode tool. The management of the flow of traffic within the agglomeration is a collaborative endeavour. n Security: establishment of a platform for criminal intelligence and the protection of populations, uniting the police and gendarmeries of France, Geneva and Vaud. n Housing: analysis and construction monitoring tools have been established on either side of the frontier. n Environment: all the rivers of the agglomeration are under centralised management via specific contracts. An effect of this is the creation of cross-border biological corridors. What future do you hope for the FrancoGenevan regional Committee? The Franco-Swiss Local Group of Cross-border Cooperation, under Swiss law, was formed in 2013 to strengthen the governance of the agglomeration of Greater Geneva. To gain efficiency and transparency, the Local Group of Crossborder Cooperation and the FrancoGenevan regional Committee need to converge around the metropolitan issues. The objective is to ensure the sustainable development and prosperity of the region n
ENTRETIEN | Si la situation du canton de Genève se veut favorable et harmonieuse, sa pérennité repose sur plusieurs facteurs déterminants. Parmi eux, la sécurité transfrontalière et le maintien de la paix du travail sont au cœur de l’action des autorités genevoises.
Des politiques publiques décisives
Il est en premier lieu en charge de la sécurité, administrant les 1 800 policiers du canton mais aussi le secteur de la détention et des affaires militaires, en lien avec le gouvernement fédéral. Par ailleurs, notre département est responsable des affaires liées aux flux migratoires, via l’Office cantonal de la population et des migrations, seul organe habilité à décerner des permis de séjour suisses ou à entamer un processus de naturalisation. Sa troisième compétence concerne les règles en vigueur sur le marché de l’emploi, qu’il s’efforce de faire respecter avec le soutien de l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail. Il s’agit d’un enjeu considérable puisque la paix du travail qui caractérise notre pays constitue un avantage comparatif clé de notre économie. Enfin, il est chargé de promouvoir l’économie du canton de Genève, s’appuyant pour ce faire sur des infrastructures de grande qualité telles que l’Aéroport international de Genève, dont je préside également le Conseil d’administration. Quelles sont les grandes problématiques auxquelles le canton de Genève doit faire face en matière de sécurité ? Partageant 100 kilomètres de frontière avec la France et seulement dix avec le reste de la Suisse, Genève fait face à des problèmes de sécurité propres aux régions transfrontalières. En réponse à une criminalité de plus en plus mobile, il faut repenser nos modes d'actions pour lutter efficacement con-
tre des malfaiteurs qui savent utiliser les frontières à leur profit. Le Centre de coopération policière et douanière (CCPD) francosuisse, qui permet aux forces de l'ordre de faire circuler l'information en temps réel des deux côtés de la frontière, est une première initiative qui porte ses fruits. Il en va de même de la brigade opérationnelle mixte permanente, composée de policiers français et genevois, qui vient d’être inaugurée le 1er mars dernier. Notamment, la décision de l’État français de placer plusieurs quartiers autour d’Annemasse, ville française à proximité immédiate de la frontière, en Zone de sécurité prioritaire nous semble aller dans le bon sens.
Les questions de citoyenneté et de droits humains sont au cœur de l’action du département que vous dirigez. Quelle est votre ligne politique en matière d’immigration ?
“Le canton de Genève compte plus de 40% d’étrangers.” © Stéphane Gros
Pouvez-vous nous présenter le département que vous dirigez ainsi que ses différentes compétences ?
Le canton de Genève compte plus de 40 % d’étrangers en son sein et demeure, à l’image de toute la Suisse, une terre de refuge pour nombre d'opprimés (43 561 procédures d’asile étaient en cours en Suisse en 2013). En parallèle de la richesse indéniable que ce multiculturalisme nous offre, il convient de sans cesse travailler au maintien de la cohésion sociale. De gros efforts sont ainsi faits dans le domaine de l'intégration des étrangers, avec notamment la mise en place d'un Contrat d'accueil rappelant les valeurs républicaines, que tout nouvel arrivant doit signer lorsqu'il s'établit à Genève. Par ailleurs, si le peuple suisse a approuvé de peu, le 9 février dernier, l’initiative populaire “contre l’immigration de masse”, il me semble que c’est d’abord l’expression d’un malaise qu’il ressent face à une démographie mal maitrisée (passage de sept à huit millions d’habitants en quelques années). Notre ligne consiste donc à tenter de rassurer les concitoyens quant à la capacité de l'État à faire respecter les règles, notamment sur le marché du travail, et à rattraper le retard pris dans la mise à jour des infrastructures, clairement sousdimensionnées dans de nombreux domaines, dont celui de la sécurité n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Pierre Maudet Conseiller d’État chargé de la sécurité et de l’économie
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 9
Mai 2014 | Genève
Interview with: Pierre Maudet, State Councillor for Security and Economy
© Sarah Clifford / Genève Tourisme
Decisive public policy
Whilst the situation of the canton of Geneva is favourable and harmonious, its sustainability is based on several factors. Among them, cross-border security and the maintenance of peace for work are at the heart of the action of the Geneva authorities.
our economy. Finally, it is responsible for promoting the economy of the canton of Geneva, relying on high quality infrastructure such as the Geneva international airport, of which I also chair the Board of directors.
What are the key issues facing the canton of Geneva in terms of security? Can you present to us the Department you manage as well as its various areas of expertise? It is first and foremost in charge of security, administering the 1,800 canton police officers but also the sector of detention and military affairs, in connection with the federal government. Moreover, our Department is responsible for affairs related to migratory flows, via the cantonal Office of population and migration, the only body empowered to award Swiss residence permits or begin a process of naturalisation. Its third jurisdiction concerns the rules in force on the employment market, which it seeks to enforce with the support of the cantonal Office for inspection and labour relations. It is a considerable challenge since the labour peace that characterises our country constitutes a key competitive advantage of 10 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Sharing 100 kilometres of border with France and only ten with the rest of Switzerland, Geneva faces security problems specific to cross-border regions. In response to increasingly mobile crime, we need to rethink our modes of actions to fight efficiently against criminals who know how to use borders to their benefit. The Franco-Swiss Police and Customs Co-operation Centre (CCPD), which allows the police to circulate information in real time on both sides of the border, is a first initiative that is bearing fruit. The same is true of the permanent mixed operational brigade, made up of French and Genevan police officers, just inaugurated on the 1 st March last year. In particular, the decision of the French state to place several neighbourhoods around Annemasse, a French town near the border in a priority security zone seems to us to be going in the right direction.
Citizenship and human rights issues are at the heart of the action of the Department you manage. What is your policy on immigration? The canton of Geneva has more than 40% of foreigners at its heart and remains, like Switzerland in general, a land of refuge for many of those oppressed (43,561 asylum procedures were underway in Switzerland in 2013). In parallel with the undeniable richness offered by this multiculturalism, we should constantly work to maintain social cohesion. Great efforts are made in the field of integration of foreigners, with the implementation of a “Welcome contract” recalling our republican values that any new entrant must sign when moving to Geneva. In addition, if the Swiss people approved by a small margin, on February 9th, the popular initiative “against mass immigration”, it seems to me that it is above all the expression of a malaise felt vis-a-vis badly controlled demographics (the passage from seven to eight million inhabitants in a few years). Our approach is therefore to try to reassure citizens about the ability of the state to enforce the rules, particularly on the labour market, and to make up for the delay in upgrading infrastructure, clearly lacking in scope in many areas, including security n
ENTRETIEN | En raison d’un passé historique fort et de valeurs communes, la France et Genève travaillent de concert sur la scène diplomatique et économique. Avec des perspectives d’avenir très positives.
Genève parle beaucoup à notre imaginaire
La croissance suisse se confirme, puisqu’elle est en hausse depuis plusieurs années. De plus, l’excédent commercial s’élève à 1,8 milliard d’euros, contre 1,6 milliard en 2011. Cela reflète une augmentation des exportations, qui restent plus importantes que nos importations. Les perspectives futures sont également très encourageantes, parce que les relations commerciales sont particulièrement denses, notamment en joaillerie et bijouterie. D’autres secteurs connaissent également un beau succès : l’aéronautique, l’agroalimentaire, la pharmacie, la création artistique et les ventes d’automobiles.
“Nous avons une relation très étroite avec la Suisse.” Quel est l’état des relations diplomatiques entretenues par la France en Suisse ? Nous avons, sur le plan diplomatique, une relation très étroite, positive et amicale avec la Suisse. Elle est active sur la scène internationale malgré sa spécifique tradition de neutralité. Ici, l’accent est mis sur la médiation, les bons offices. La France trouve en la Suisse un partenaire complémentaire de son action, car elle offre une approche différente mais des valeurs communes,
n la mission permanente de la France auprès de la Conférence du Désarmement,
notamment au niveau de l’attachement aux droits de l’homme.
n la délégation permanente de la France auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Comment la France est-elle représentée à Genève ? Notre représentation diplomatique à Genève est double, car elle est adaptée à la dualité de la ville. Il y a une Genève suisse, grande ville du monde francophone, pôle économique dynamique, qui attire beaucoup de nos ressortissants. Nous y avons un Consulat général important et compétent, qui englobe six cantons. 135 000 de nos compatriotes y sont inscrits : c’est une des circonscriptions consulaires les plus denses de notre réseau à l’étranger.
“Genève est un pôle économique majeur.”
Quelle analyse faites-vous sur la ville de Genève ?
En second lieu, il y a la Genève internationale, qui accueille un certain nombre d’institutions des Nations Unies : n la mission de la France auprès de l’Office des Nations Unies,
© Ambassade de France en Suisse
Les échanges commerciaux entre la France et la Suisse ont été très dynamiques en 2012, représentant près de 26 milliards d’euros. Quelles sont les perspectives futures ?
Genève parle beaucoup à notre imaginaire, en raison de notre passé commun. Mais elle doit également parler à notre stratégie pour l’avenir. C’est un pôle économique majeur, leader dans nombreux domaines tels que l’horlogerie et l’industrie. Elle attire et emploie beaucoup de Français transfrontaliers ou résidents sur place. La ville est restée très proche de la France, entre autres parce qu’elle a besoin de sa main d’œuvre et de son accès au vaste monde. Ces perspectives d’avenir dynamiques s’inscrivent dans le cadre français, parce que beaucoup de nos travailleurs contribuent à la prospérité économique suisse. Les relations franco-suisses ont encore de beaux jours devant elles n Propos recueillis par Colombe Dabas
Michel Duclos Ambassadeur de France en Suisse
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 11
Mai 2014 | Genève
Interview with: Michel Duclos, Ambassador of France to Switzerland
© David Freeman / Genève Tourisme
Geneva talks a lot to our imagination
Due to a strong historical past and shared values, France and Geneva work together on the diplomatic and economic scene, with very positive future prospects. Trade between France and Switzerland was very dynamic in 2012, representing nearly 26 billion euros. What does the future look like? Swiss growth is in a phase of consolidation, since it has been on the rise for several years. In addition, the trade surplus amounts to 1.8 billion euros, against 1.6 billion in 2011. This reflects an increase in exports, which remain greater than imports. The future also looks very encouraging, because trade relations are particularly dense, notably in jewellery trade and retail. Other sectors are also enjoying great success: aerospace, food, pharmaceutical, artistic creation and car sales.
“We have a very close, positive and friendly relationship with Switzerland.” 12 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
What is the state of diplomatic relations sustained by France in Switzerland? On the diplomatic level, we have a very close, positive and friendly relationship with Switzerland. It is active on the international scene in spite of its unique tradition of neutrality. Here, emphasis is placed on mediation, good relations. France finds in Switzerland a partner to complement its actions, because it offers a different approach but common values, in particular at the level of attachment to human rights. How is France represented in Geneva? Our diplomatic representation in Geneva is double, because it is adapted to the duality of the city. There is a Swiss Geneva, a large city of the French-speaking world and a dynamic economic centre, which attracts many of our nationals. We have a large and excellent General Consulate there, which includes six cantons. 135,000 of our compatriots are enrolled: this is one of the busiest consular districts of our network abroad. Secondly, there is the International Geneva, which hosts a number of United Nations institutions:
n the mission of France to the Office of the United Nations, n the permanent mission of France to the Conference for Disarmament, n the permanent delegation of France to the World Trade Organisation.
“Geneve is a major economic centre.”
How do you understand the city of Geneva? Geneva talks a lot to our imagination, because of our common past. But it must also talk to our strategy for the future. It is a major economic centre, leader in many fields such as watchmaking and industry. It attracts and employs many cross-border or on site French residents. The city has remained very close to France, among other things because it needs its workforce and its access to the wider world. These dynamic future prospects are part of the French framework, because many of our workers contribute to Switzerland's economic prosperity. Franco-Swiss relations still have great days ahead n
ENTRETIEN | Même si la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne, elle s’attache au bien de la Communauté. Ainsi, en 2010, le pays a investi près de 28 milliards d’euros et a créé 160 000 emplois en France.
“Nos relations avec l’Europe ont la primauté”
De par la géographie et son poids économique, l’Union Européenne est le partenaire principal de la Suisse. Mais cette dernière est aussi un excellent partenaire pour l’UE : en termes d'exportations et d'importations, elle est son quatrième client, derrière les États-Unis, la Chine et la Russie. En 2012, 56 % de nos exportations allaient à l’Europe et 75 % de nos importations en venaient. Les accords sectoriels bilatéraux européens sont donc essentiels et nous permettent de mener une politique d’ouverture et de coopération. Et le résultat des dernières votations n’empêchera pas la Suisse de rester le pays ouvert et solidaire qu’il a toujours été. Non-membre de l’Europe mais concernés par le bien de la Communauté et des peuples de ses États membres, nous participons aux missions de paix et contribuons à l’élargissement de l’Union, par la réduction des disparités économiques et sociales. Il s’agit d’offrir notre vue par rapport à la politique de cohésion de l’Europe ainsi que de soutenir des projets concrets. Sur les questions institutionnelles, l’adaptation, la mise en œuvre, l’interprétation des normes et le règlement des différends sont les maîtres mots de notre approche. L’objectif commun consiste à assurer la plus grande homogénéité possible, dans le respect de nos procédures internes et de notre souveraineté, afin de renouveler la voie bilatérale qui a fait ses preuves et qui reste plébiscitée par la Suisse - même si elle devient plus ardue encore avec le vote du 9
février, en faveur de la fin de l’immigration de masse.
tème d’immigration. Le but est de trouver les meilleures solutions possibles, tant sur le plan intérieur qu’extérieur.
Quels sont les atouts dont la Suisse dispose pour perdurer dans son image de pays stable, qui attire les investisseurs étrangers ?
Comment analysez-vous les intérêts suisses en France ? La France est une grande puissance, un leader des réflexions et du devenir européen. C’est aussi un élément important de l’ONU, ainsi qu’un pays avec lequel nous avons maintes références communes. La santé économique de ce pays limitrophe et de bonnes relations diplomatiques avec celui-ci sont donc importantes à mes yeux. Nous partageons culture, histoire et valeurs avec les Français. Nos pays se sont d’ailleurs toujours apportés un appui mutuel dans le développement des sociétés et dans le respect des droits de l’homme.
Qu’il s’agisse de sa monnaie, de son marché de l’emploi flexible, de son système de formation duale particulier et qualitatif, de son économie, ou de sa politique généraliste, la Suisse jouit d’une grande stabilité. A nouveau numéro un de la compétitivité et de l’innovation en 2013, notre pays est un “brain-trust” propice aux idées nouvelles, et favorable au développement des entreprises. Malgré les divergences d’opinions sur la capacité d’intégration, nous sommes conscients de la primauté de la voie bilatérale avec l’UE, et le Conseil fédéral (CF) va s’investir sur les prochains mois dans les travaux de mise en œuvre du nouveau sys-
© Virginie Villemin. TDG
Le Conseil fédéral a récemment approuvé un mandat de négociation avec l’Union européenne dans le domaine institutionnel. Quel en est l’objectif ?
Il y a environ 160 000 résidents de France en Suisse, et la colonie suisse en France, dont l’implantation est l’une des plus anciennes, est la plus importante au monde. Les Suisses montrent aussi cette conscience collective allant au-delà de nos frontières en choisissant d’y investir par exemple, que ce soit en investissements directs (27,2 milliards d’Euros en 2010, 7ème rang des investisseurs étrangers en stock, mais 3ème en flux annuel) ou en développant leurs entreprises sur le marché français (environ 160 000 emplois) n Propos recueillis par Colombe Dabas
Jean-Jacques de Dardel Ambassadeur de Suisse en France
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 13
Mai 2014 | Genève
Interview with: Jean-Jacques de Dardel, Ambassador of Switzerland to France
© Genève Tourisme
“Our relationship with Europe comes first” What cards remain to Switzerland to maintain its stable image, which attracts foreign investors? Whether it’ is currency, a flexible employment market, the unique and qualitative dual training system, the economy or general policy, Switzerland enjoys great stability. Number one once more in terms of competitiveness and innovation in 2013, our country is a “brain trust ” favourable to new ideas, and favourable to the development of companies. Despite differences of opinion on integration capacity, we are aware of the supremacy of the bilateral right of way with the EU, and the Federal Council will invest in the implementation of the new immigration system over the coming months. The goal is to find the best possible solutions, both internally and externally. How do you see Swiss interests in France?
Even though Switzerland is not a member of the European Union, it is committed to the good of the Community. Thus, in 2010, the country invested nearly 28 billion euros and created 160,000 jobs in France. The federal Council recently approved a mandate to negotiate with the European Union in the institutional field. What is the purpose of this? Due to its geography and its economic weight, the European Union is Switzerland’s main partner. But the latter is also an excellent partner for the EU: in terms of exports and imports, it is its fourth customer, behind the United States, China and Russia. In 2012, 56% of our exports went to Europe and 75% of our imports came from there. The European bilateral sectoral agreements are therefore essential and allow us to follow a policy of openness and co-operation. And the result of the last votes will not prevent 14 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Switzerland from remaining the open and supportive country that it has always been. Non-member of Europe but concerned with the good of the Community and the people of its Member States, we take part in peace missions and contribute to the widening of the Union through the reduction of economic and social disparities. It is as much a question of offering our view compared to the policy of European cohesion as supporting concrete projects. On institutional issues, adaptation, implementation, interpretation of standards and settlement of disputes are the hallmarks of our approach. The common goal is to ensure the greatest possible uniformity whilst respecting our sovereignty and internal procedures, in order to renew the bilateral track that has proven its worth and remains acclaimed in Switzerland - even if it is becoming much harder after the 9 th February vote to end mass immigration.
France is a great power, a leader in the thought processes and the future of Europe. It is also an important part of the United Nations, as well as a country with which we have many points in common. The economic health of this neighbouring country and good diplomatic relations with France are therefore important in my eyes. We share culture, history and values with the French. Besides our countries have always brought mutual support to each other in the development of societies and the respect of human rights. There are approximately 160,000 residents of France in Switzerland, and the Swiss colony in France, whose establishment is one of oldest, is the largest in the world. The Swiss also show this collective consciousness beyond our borders by choosing to invest for example, either via direct investment (EUR 27.2 billion in 2010, 7 th place among foreign investors in stock, but 3 rd in annual volume) or by developing their businesses on the French market (approximately 160,000 jobs) n
ENTRETIEN | Le Groupement transfrontalier européen agit quotidiennement dans de nombreux domaines pour aider et représenter les populations de la frontière francosuisse.
Il faut un secrétaire d’état aux relations franco-suisses Pouvez-vous nous présenter votre association? Le groupement transfrontalier européen est une association de la loi de 1901, fondée en 1963 et dirigée par des bénévoles. Développée le long de la frontière franco-suisse, elle compte 36 000 adhérents et emploie 30 salariés. Notre objectif est d’accueillir, d’informer, défendre et accompagner les 200 000 transfrontaliers, dans leur quotidien que ce soit sur leur lieu de travail en Suisse ou en tant que résident en France. Nous sommes à cheval sur trois législations : suisse, française et européenne. Pour répondre à toutes les problématiques, plusieurs services ont été mis en place pour une réponse tant individuelle que collective : n l’information de nos adhérents par le biais du Frontalier magazine et notre site internet n le service juridique ; n le service social ;
rènes du populisme. Les transfrontaliers sont devenus des boucs émissaires et les enjeux des dernières élections cantonales à Genève. Le 9 février dernier, les Suisses ont accepté l’initiative de l’UDC qui met à mal à libre circulation des personnes en imposant des quotas aux travailleurs frontaliers. Dans le même temps, nous sommes confrontés à la fin de notre libre choix en matière d’assurance maladie.
Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ? Nous souhaitons continuer à participer, sur l’ensemble de la frontière franco suisse, à la mise en place d’une vraie politique transfrontalière. Nous sommes une force de propositions et nous souhaitons continuer à agir auprès des gouvernements suisse et français ainsi qu’auprès de la commission européenne..
Du côté suisse, un nouveau projet de loi est en cours pour imposer les frontaliers à la source et cette réforme va impacter lourdement les couples mariés aux revenus suisses et français.
“La libre circulation des personnes est mise à mal.”
Tous ces changements provoquent un bouleversement du statut du transfrontalier et menace à certains égards la cohésion sociale des territoires transfrontaliers. Face à tous ces enjeux, il serait souhaitable qu’un secrétariat aux relations transfrontalières soit créé au sein du gouvernement français.
n le service emploi ; En 2003, le groupement a créé les Maisons transfrontalières européennes : c’est un guichet unique, avec plusieurs partenaires, qui traite de tous les sujets transfrontaliers, pour répondre aux questions des habitants.
Vous avez récemment dénoncé un “avis de tempête frontalière”. Pourquoi ? Comme dans beaucoup de pays européens, le peuple suisse est tenté par les si-
© GTE – Lucien Fortunati
n le service fiscal ;
L’ambition est également de faire grandir le nombre d’adhérents, développer les services, les implantations locales. Nous agissons au quotidien sur tous les dossiers en cours et nous souhaitons régler le problème de l’assurance maladie au terme de la négociation que nous menons avec le gouvernement français. Concernant le dossier de l’imposition à la source, nous avons déjà fait parvenir nos remarques à Berne et à Paris et sommes dans l’attente de leurs réponses. En matière d’assurance invalidité, nous demandons une modification de la loi suisse pour parvenir à cotiser à titre facultatif à ce régime lorsque nous avons une rupture d’assurance en cas de chômage, de retraite anticipée ou d’invalidité n Propos recueillis par Colombe Dabas
Michel Charrat Président du Groupement transfrontalier européen
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 15
Mai 2014 | Genève
Interview with: Michel Duveaux, Chairman of the European Transborder Group
© Genève Tourisme
We need a Secretary of State for Franco-Swiss relations undermines the free movement of individuals by imposing quotas on frontier workers. At the same time, we are faced with the end of our free choices in matters of health insurance. On the Swiss side, a new draft law is underway to tax cross-border workers at the source and this reform will heavily impact Swiss and French couple's revenues. All these changes cause an upheaval in the status of cross-border workers and in certain respects threatens the social cohesion of the transborder territories. Facing all these challenges, it would be desirable to appoint a secretary for transborder relations within the French government. What are your goals for the coming years? The European Transborder Group works daily in many fields to help and represent the populations of the Franco-Swiss border. Can you present your association to us? The European Transborder Group is an association under the law of 1901, founded in 1963 and run by volunteers. Developed along the Franco-Swiss border, it has 36,000 members and employs 30 people. Our goal is to welcome, inform, protect and support 200,000 border crossers in their daily lives, whether in their workplace or as a resident in France or Switzerland. We are straddling three jurisdictions: Swiss, French and European. To deal with all the issues, several services were set up to provide individual as well as collective responses: n information for our members via Frontalier magazine and our Internet site 16 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
n legal department n social services n tax department; n employment service;
We wish to continue to participate across the Franco-Swiss border in the establishment of a genuine cross-border policy. We are a driver of proposals and we wish to continue to work with the Swiss and French governments as well as the European Commission.
You recently denounced a “frontier stormwarning”. Why?
The ambition is also to grow the number of members, develop the services, the local establishments. We work on all pending issues daily and we want to solve the problem of health insurance at the end of the negotiations we are conducting with the French government. Concerning taxation at source, we have already sent our remarks to Berne and Paris and are waiting for their responses.
As in many European countries, Swiss people are tempted by the sirens of populism. The cross-border population became the scapegoats and stakes of the last cantonal elections in Geneva. On February 9th, the Swiss accepted the UDC initiative which
As regards disability insurance, we are calling for a modification of Swiss law to be able to subsidise this mode on a purely optional basis when we have a rupture of insurance in the event of unemployment, early retirement or disability n
In 2003, the Group created the European Transborder Houses: this is a unique counter, with several partners, which deals with all cross-border issues, to answer the questions of residents.
Genève en chiffres Genève: key figures Carrefour au centre de l’Europe occidentale, Genève profite d’une situation géographique privilégiée qui la met, par avion, à une heure de Paris ou Milan, et moins de deux heures de Londres, Rome ou Madrid. A crossroads at the centre of Western Europe, Geneva enjoys a privileged geographical situation which puts it, by air, one hour from Paris or Milan, and less than two hours from London, Rome or Madrid. Superficie du canton de Genève : 282km2 Surface area of the canton of Geneva: 282km2 Altitude de la ville de Genève : 373m Altitude of the city of Geneva: 373m Frontières cantonales : 103 km de frontière avec la France, 4,5 km avec la Suisse Borders of the canton: 103 km of border with France, 4.5 km with Switzerland
Canton de Genève : 476 006 habitants au 31.12.2013 Canton of Geneva: 476,006 inhabitants at 31.12.2013 Ville de Genève : 195 160 habitants au 31.12.2013 City of Geneva: 195,160 inhabitants at 31.12.2013 Nombre d’emplois dans le canton de Genève en septembre 2013 : 289 200, avec près de 50% d’internationaux Number of jobs in the canton of Geneva in September 2013: 289,200, nearly 50% international 2400 Emplois dans les ONG à Genève 2,400 jobs in NGOs in Geneva 14 000 emplois estimés découlant de la Genève internationale 14,000 estimated jobs arising from International Geneva 4 000 emplois dans les missions, représentations et délégations à Genève 4,000 employments in the missions, representations and delegations in Geneva
Place forte de l’économie internationale, Genève engendre plus de 16% de son PIB par la finance. Avec 125 établissements bancaires, 3 200 intermédiaires financiers et 850 gérants indépendants qui offrent leur expertise au quotidien, ce sont quelque 36 000 personnes qui travaillent aujourd’hui pour le secteur financier genevois. A stronghold of the international economy, Geneva generates over 16% of its GDP through finance. With 125 banks, 3,200 financial intermediaries and 850 independent managers offering their expertise on a daily basis, there are some 36,000 people working in Geneva's financial sector today.
En 2013, les 29 organisations internationales présentes à Genève emploient 23 003 personnes. En progression continue depuis 2008, cet effectif s'accroît de 3,5% entre 2012 et 2013. Le personnel permanent, qui s'élève à plus de 17 000 postes, reste stable (+0,2%) tandis que le personnel non permanent augmente sensiblement (+14,0%). Si près de la moitié des fonctionnaires permanents résident dans le canton de Genève, plus de 40% habitent en France. In 2013, the 29 international organisations present in Geneva employed 23,003 people. In continuous growth since 2008, this number increased by 3.5% between 2012 and 2013. Permanent staff, amounting to more than 17,000 posts, remains stable (+ 0.2%), whereas there is an appreciable increase in non-permanent staff (+14.0%). Whilst nearly half of the permanent officials live in the canton of Geneva, over 40% live in France. Source : Office cantonal de la statistique
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 17
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Source : Office cantonal de la statistique
E ALE V È N GENATIO Geneva RN ional E T IN ernat ENTRETIEN | Créée en 1976, la Fondation pour Genève contribue à promouInt
voir les atouts d’un centre de réflexion et de coopération planétaires. “Facilitateur d’échanges” accueillant les grands acteurs internationaux, la métropole doit convaincre le peuple de l’utilité de sa démarche face aux mutations de la gouvernance mondiale.
“Faire rayonner la Genève internationale” L’Observatoire de la Fondation pour Genève agit comme une force d’analyse et de proposition. Quels sont ses objectifs ? Ce petit groupe de réflexion constitué d’acteurs influents de la société civile, académique et politique analyse les nouveaux paradigmes qui régissent l’ordre mondial et offre ainsi des pistes pour le développement de la Genève internationale et la région lémanique. Par exemple, l’Observatoire identifiera les centres d’excellence où Genève a de réels atouts face à la concurrence des autres métropoles, les nouveaux défis auxquels il faut trouver des réponses et développer des compétences. Notre mission consiste aussi à sensibiliser la population genevoise et suisse sur le bien-fondé de notre démarche et sur les atouts considérables dont nous disposons. Genève a une présence étrangère qui avoisine la moitié de sa population, ce qui en fait un laboratoire unique d’idées et d’expériences. Sur son territoire exigu se retrouve sans doute la plus forte concentration au monde d’organisations gouvernementales et non gouvernementales, de centres de recherche, de missions diplomatiques, de sièges de multinationales, sans que cela ne cause de problèmes majeurs au plan de la cohabitation, du “vivre ensemble”. Or, “nul n’étant prophète en son pays”, nous voulons faire prendre conscience à l’ensemble de la population suisse de cette vraie richesse pour le pays.
Dans quelle mesure Genève s’impose t-elle comme la capitale mondiale de la “soft governance” ? Dans la mesure où la “soft governance” désigne un processus consensuel provenant 18 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
du plus grand nombre d’acteurs “stake holders” proposant des solutions non contraignantes, Genève en est certainement l’une des capitales. Le Professeur Joseph Nye, considéré comme le “père” de cette forme de gouvernance, la mieux adaptée selon lui à résoudre les grands enjeux de la planète, cite volontiers Genève. C’est le fruit de notre tradition politique mais aussi de cette concentration d’acteurs multiples auxquels j’ai déjà fait allusion.
Quelle rôle une ville comme Genève jouera-t-elle sur l’échiquier international dans les prochaines années ? Il est difficile de prédire l’avenir, notamment avec le retour en puissance des Etatsnations suite à la crise économique de 2008. Néanmoins, les grands défis que sont les migrations, le climat, la santé, la résolution de conflits, les droits de l’homme, l’établissement de normes et de standards de tous ordres,
ne pourront être à terme résolus que de manière globale et par le “soft power”, c’est-àdire un ensemble de règles qui s’imposent d’elles-mêmes. Avec ses 172 missions diplomatiques et ses 30 organisations internationales, ses ONG, ses laboratoires de recherche, Genève garde toutes ses chances d’être un lieu de réflexion, un “think office” qui participera à déterminer les contours de cette nouvelle gouvernance.
Quels partenariats avez-vous établi, sur le territoire suisse et au-delà ? Dans quels buts ? La Fondation pour Genève est une petite structure dont la force réside précisément en une multitude de partenariats avec les Autorités fédérales et genevoises, avec des parlementaires sympathisants de tous les cantons, avec les missions diplomatiques au travers du Club diplomatique de Genève, avec les universités romandes, avec les écoles au travers de la Fondation Eduki, avec les jeunes chercheurs au travers du think tank foraus et enfin avec les associations économiques tel que le Groupement des entreprises multinationales, dont plusieurs membres soutiennent d’ailleurs notre action. Ces noms ne seront pas familiers à vos lecteurs. Je les cite uniquement pour illustrer notre rôle de “fédérateur” d’initiatives diverses poursuivant le même but n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Ivan Pictet Président de la Fondation pour Genève
Interview with: Ivan Pictet, Chairman of the Foundation for Geneva
© Genève Tourisme
“Promoting International Geneva”
Created in 1976, the Foundation for Geneva helps to promote the benefits of a cooperative global think tank. “Exchange facilitator” welcoming major international players, the metropolis must convince the people of the usefulness of its approach vis-avis changes in global governance.
vernmental organisations and non-governmental research centres, diplomatic missions, multinational headquarters, without causing any major problems in terms of cohabitation, of “living together”. However, since “no man is a Prophet in his own country”, we want to make the Swiss population as a whole aware of this real wealth for the country.
The Observatory of the Foundation for Geneva acts as a driver of analysis and proposals. What are its objectives?
To what extent does Geneva appear to be the world capital of “soft governance”?
This small thinking group composed of influential players in civil, academic and political society, analyses the new paradigms that govern the world order and offers ways to develop international Geneva and the region of Lake Geneva. For example, the Observatory will identify centres of excellence where Geneva has real assets vis-avis the competition of the other metropolises, new challenges for which it is necessary to find answers and to develop skills. Our mission is also to raise awareness in Geneva and Switzerland of the merits of our approach and the tremendous assets we have. Geneva has a foreign presence that is close to half its population, making it a unique laboratory of ideas and experiences. Its cramped territory sees probably the highest concentration in the world of go-
To the extent that “soft governance” is a consensus process from the largest number of “stakeholder” players offering nonbinding solutions, Geneva is certainly one of the capitals. Professor Joseph Nye, considered the “father” of this form of governance, best suited according to him to resolve the major issues of the world, often cites Geneva. It is the fruit of our political tradition but also of this concentration of multiple players to which I already referred. What role will a city like Geneva play on the international stage in the coming years? It is difficult to predict the future, especially with the return to power of the nation States following the 2008 economic crisis. Nevertheless, the major challenges of mi-
gration, climate, health, conflict resolution, human rights, the establishment of norms and standards of all orders, may be resolved in the long term only in a global way and through “soft power”, i.e. a set of rules that apply themselves. With its 172 diplomatic missions and 30 international organisations, its NGOs, its research laboratories, Geneva retains all its chances to be a place for reflection, a “think office”which will determine the contours of this new governance. What partnerships have you established on Swiss territory and beyond? To what end? The Foundation for Geneva is a small structure whose strength lies precisely in a multitude of partnerships with federal and Geneva authorities, with supportive parliamentarians of all cantons, with diplomatic missions through the diplomatic Club of Geneva, with French universities, with schools through the Eduki Foundation with young researchers through the think tank Foraus, and finally with the economic organisations such as the grouping of multinational businesses, some members of which also support our action. These names will be unfamiliar to your readers. I only quote them to illustrate our role of “federator”of various initiatives working towards the same end n Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 19
Mai 2014 | Genève
ENTRETIEN | Fruit d’une tradition construite au fil du temps, l’organisation de la Genève Internationale n’a pas d’équivalent. Son savoir-faire d’accueil séculaire fait de cette ville de moins de 200 000 habitants une référence planétaire en matière de coopération internationale.
Une petite ville au cœur du monde
Il s’agit de quelque chose de très concret et de très important pour Genève. Cet ensemble réunit une trentaine d’organisations intergouvernementales, 172 États représentés par des missions permanentes et environ 250 organisations non gouvernementales : autant d’acteurs qui font de la Genève Internationale une plateforme d’accueil de la coopération mondiale qu’on ne retrouve nulle par ailleurs. Le fait d’accueillir des manifestions internationales – diplomatiques ou liées à des ONG – est une tradition en Suisse et particulièrement à Genève. Quelles caractéristiques possède votre canton pour attirer ces organisations ? Cette aptitude s’inscrit effectivement dans une tradition, qui remonte au moins au XIXe siècle et à l’époque où la Croix Rouge a été lancée, c’est-à-dire il y a 151 ans exactement. Au fil du temps, des manifestations telles que l’arbitrage de l’Alabama en 1872 ou l’accueil du siège de la Société des Nations dès les années 1920 ont contribué à affirmer la vocation internationale de Genève, affinant son savoir-faire d’accueil des acteurs de la coopération internationale.
doute. Avec 30 000 personnes qui y travaillent, il s’agit d’un secteur d’activité de premier plan pour notre canton. Cela signifie qu’environ une personne sur dix à Genève travaille dans le secteur de la coopération internationale ! Par ailleurs, je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’autres villes de cette taille qui ont une renommée et une visibilité internationale aussi importante. La Croix Rouge, par exemple, qui a inscrit sur son logo le nom de Genève, est présente sur tous les continents, y compris dans les villages les plus reculés.
en sorte qu’elles soient aussi efficaces que possible et que les conditions cadre y soient les meilleures. Nous ne cherchons donc en aucun cas à influencer le résultat des activités internationales mais nous avons cette responsabilité, assumée, d’en faciliter le déroulement.
C’est également à Genève que se situe le siège européen des Nations Unies, qui est d’ailleurs le centre de diplomatie multilatéral le plus actif du monde. Cela confère-t-il à votre canton une influence particulière ?
Chaque année, il y a des rendez-vous réguliers qui correspondent à des cycles annuels qui se répètent : la session principale du Conseil des droits de l’homme au mois de mars, l’Assemblée mondiale de la santé en mai, la Conférence internationale du travail en juin. Par ailleurs, nous avons cette année des anniversaires un peu particuliers, à l’image des 50 ans de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui aura lieu en juin, ou encore des 60 ans du CERN qui se tiendront en septembre. S’ajoutent à cela des évènements qui ne sont pas prévisibles, en fonction de l’actualité, des urgences humanitaires ou politiques qui peuvent survenir n
Genève a récemment accueilli les négociations délicates entre les représentants de l’opposition et ceux du gouvernement syrien. Quels seront les autres grands rendez-vous de l’année 2014 ?
Notre rôle n’est pas d’intervenir dans les activités des organisations mais de faire
Quel est l’impact de cette activité sur l’économie genevoise ? Dans quelle mesure cela contribue-t-il au rayonnement international de la ville ? D’un point de vue économique, l’impact de la Genève Internationale ne fait aucun 20 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Service de la Genève internationale
Comment définiriez-vous la “Genève internationale” ? S’agit-il d’un ensemble réel ou juste d’une appellation imagée ?
Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Olivier Coutau Délégué aux relations de la Genève Internationale, département présidentiel, République et canton de Genève (http://www.cooperationinternationalegeneve.ch/)
Interview with: Olivier Coutau, Delegate to Geneva International Relations, Presidential Department, Republic and Canton of Geneva
© Genève Tourisme
A small city at the heart of the world
Resulting from a tradition established over time, the International Geneva Organisation has no equivalent. Its centuries-old expertise in reception made this town of less than 200,000 inhabitants a global benchmark in matters of international co-operation.
launched exactly 151 years ago. Over time, events such as the arbitration of Alabama in 1872 or the home of the headquarters of the League of Nations since the 1920s contributed to assert Geneva's international vocation, refining its expertise in welcoming the players in international cooperation.
How would you define “Geneva International”? Is it about a real entity or just a picturesque name?
What is the impact of this activity on the economy of Geneva? To what extent does this contribute to the international influence of the city?
It's something very specific and very important to Geneva. This unit brings together some 30 intergovernmental organisations, 172 States represented by permanent missions and about 250 non-governmental organisations: many stakeholders who make international Geneva a reception platform for world cooperation that is found nowhere else. The fact of accommodating international events - diplomatic or related to NGOs is a tradition in Switzerland and particularly in Geneva. Which characteristics does your canton possess to attract these organisations? This ability fits effectively in a tradition, which goes back at least to the 19 th century and to the time where the Red Cross was
From an economic point of view, the impact of Geneva International is not in any doubt. With 30,000 people working there, it is a first rate branch of industry for our canton. This means that approximately one person in ten in Geneva works in the international cooperation sector! In addition, I think that there are not many of other cities of this size, which have such extensive fame and international visibility. The Red Cross, for example, which has inscribed on its logo the name of Geneva, is present on all continents, even in the most remote villages. It is also in Geneva that the European headquarters of the United Nations is located, which is in fact the most active centre of multilateral diplomacy of the
world. Does this give your canton particular influence? Our role is not to intervene in the activities of the organisations, but to ensure that they are as effective as possible and that the framework conditions are the best. We are therefore not seeking in any way to influence the outcome of international activities but we have taken on the responsibility of facilitating its progress. Geneva recently hosted the delicate negotiations between the representatives of the opposition and those of the Syrian Government. What will be the other major events of the year 2014? Each year, there are regular meetings which correspond to annual cycles that repeat: the main session of the Human Rights Council in March, the World Assembly of Health in May, the International Labour Conference in June. On the other hand, we have a few special anniversaries this year, like the 50 years of the United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD), which will take place in June, or even the 60 years of CERN, which will be held in September. Add to this events that are not predictable, dependent on the news, humanitarian or political emergencies that may occur n
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Mai 2014 | Genève
ENTRETIEN | Pour le représentant permanent de la Suisse auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, Alexandre Fasel, la Suisse est un partenaire fiable, constructif et créatif.
Consolider Genève au centre de la gouvernance mondiale Pouvez-vous nous exposer le rôle de la Mission permanente de la Suisse auprès de l’Office des Nations Unies? La Mission permanente de la Suisse auprès de l'Office des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève constitue la représentation officielle du Pays hôte auprès des organisations internationales et des représentations permanentes. Elle se compose de deux divisions : n La Division État hôte, qui est la cheville ouvrière de la mise en œuvre au quotidien de la politique d’accueil. Elle gère le statut des organisations internationales en Suisse, des représentations permanentes, ainsi que des membres de leur personnel et des familles ; n La Division Multilatérale qui assume toutes les tâches spécifiques de la diplomatie multilatérale au même titre que les autres missions permanentes, à savoir : représentation des intérêts suisses, liaison, négociations, information, participation aux activités des organisations, etc…
En tant que représentant permanent de la Suisse auprès des organisations internationales, pouvez-vous nous dire comment est perçu le pays à l’étranger? La Suisse est reconnue, en tant qu’État hôte, pour sa capacité à offrir aux organisations internationales et aux missions permanentes les meilleures conditions possibles de travail, dans une atmosphère agréable. Dans les relations multilatérales, notre pays est considéré comme un partenaire fiable, constructif et créatif dans les dossiers qui marquent les activités de la Genève internationale.
Comment la Suisse est-elle représentée auprès de l’OMC? La Suisse est représentée à l’OMC ainsi qu’au sein des organisations internationales ayant trait au commerce et au développement (AELE, CEE/ONU, CNUCED, CCI) par une entité spécialisée, la Mission permanente
“Notre pays est considéré comme un partenaire fiable.” Le deux Divisions s’emploient ensemble à faciliter la tenue de conférences internationales, de négociations de paix, de discussions et réflexions transversales, pour consolider le rôle de Genève comme centre privilégié de la gouvernance mondiale. À Genève, la Suisse peut compter aussi sur une représentation ad hoc auprès de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). 22 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
de la Suisse auprès de l’OMC et l'AELE. Le pays défend à l’OMC sa politique commerciale et contribue au bon fonctionnement de cette organisation. Les positions suisses, en particulier pour des négociations commerciales multilatérales, sont arrêtées à Berne et exécutées par les collaborateurs de la Mission de mon collègue l’Ambassa-deur Remigi Winzap, chef de la mission permanente de la Suisse auprès de l’OMC et de l’AELE, ainsi que des experts de l’administration centrale qui viennent, le cas échéant, épauler sa Mission.
Quelles sont vos perspectives d’avenir ? Comme agent de la carrière diplomatique, je serai tôt ou tard destiné à une autre mission. Pour le moment, je m’engage à consolider le rôle de Genève comme centre de la gouvernance mondiale, tout en profitant du privilège de servir mon pays et la communauté internationale en acquérant une expérience sans pairs. Le travail ici est extrêmement stimulant et gratifiant, parce qu’il se concentre sur un éventail très large de thèmes et au contact des représentants du monde entier. Mon quotidien est fait de discussions avec des personnalités remarquables, des organisations internationales et des missions, dans une ville qui voit défiler régulièrement, pour des négociations, des pourparlers, les grands de ce monde n Propos recueillis par Colombe Dabas
Alexandre Fasel Représentant permanent de la Suisse auprès de l'Office des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, Chef de la Mission
Interview with: Alexandre Fasel, Permanent representative of Switzerland to the Office of the United Nations and other international organisations in Geneva
© David Freeman / Genève Tourisme
Consolidating Geneva’s position at the heart of global governance nisations and permanent missions the best possible terms of employment, in a pleasant atmosphere. In multilateral relations, our country is considered a reliable partner, constructive and creative in the issues that mark the activities of international Geneva.
How is Switzerland represented at the WTO?
For Alexandre Fasel, the permanent representative of Switzerland to the Office of the United Nations in Geneva, Switzerland is a reliable, constructive and creative partner. Can you explain to us the role of the Permanent Mission of Switzerland to the United Nations? The Permanent Mission of Switzerland to the United Nations Office and other international organisations in Geneva is the official representation of the host country to the international organisations and permanent representations. It consists of two divisions: n The State Hosting Division, which is the linchpin of the day-to-day implementation of our policy of reception. It manages the status of international organisations in Switzerland, permanent representations, as well as members of their staff and families.
n The Multilateral Division, which takes on all the specific tasks of multilateral diplomacy in the same way as the other permanent missions, namely: representing Swiss interests, liaison, negotiations, information, participation in the activities of the organisations, etc… The two Divisions work together to facilitate the holding of international conferences, peace negotiations, discussions and transverse reflection, to consolidate the role of Geneva as a centre of global governance. In Geneva, Switzerland can also count on ad hoc representation to the World Trade Organisation (WTO). As a permanent representative of Switzerland to international organisations, can you tell us how the country is perceived abroad? Switzerland is recognised as a host State, for its capacity to offer international orga-
Switzerland is represented at the WTO as well as within international organisations relating to trade and development (EFTA, UN/ECE, UNCTAD, ITC) by a specialised entity, the Permanent Mission of Switzerland to the WTO and EFTA. The country defends its trade policy to the WTO and contributes to the functioning of this organisation. The Swiss positions, in particular for multilateral trade negotiations, are approved in Bern and carried out by the staff of the Mission of my colleague the Ambassador Remigi Winzap, head of the permanent mission of Switzerland to the WTO and EFTA, and experts from the central administration who come, as appropriate, to support its mission.
What are your views for the future? As a career diplomat, sooner or later I'll be destined for another mission. For the moment, I am committed to consolidating the role of Geneva as a centre of global governance, while taking advantage of the privilege of serving my country and the international community in gaining experience without peer. The work here is extremely stimulating and gratifying, because it concentrates on a very broad range of topics, in contact with representatives of the whole world. My daily life is made up of discussions with outstanding personalities, international organisations and missions, in a city that regularly sees the great of this world for negotiations or talks n
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Mai 2014 | Genève
ENTRETIEN | Essentiellement portée par des secteurs de pointe tels que le luxe ou la finance, l’économie genevoise a fière allure. Elle peut compter sur sa Chambre de Commerce qui, forte de son indépendance vis-à-vis de l’Etat, défend énergiquement ses intérêts à la manière d’un véritable lobby.
Genève à forte valeur ajoutée
Sa caractéristique principale est d’être très diversifiée et composée de secteurs à haute valeur ajoutée. Cela va de la bijouterie à l’horlogerie de luxe, en passant par l’industrie des arômes et des parfums mais aussi des composants industriels. Par ailleurs, l’économie genevoise se caractérise par une grande capacité de discrétion qui est utile dans deux secteurs : n La gestion de fortune. Même si l’Union Européenne et la France en particulier font pression sur la Suisse pour obtenir la transparence des données, la culture de la discrétion et le savoir-faire financier demeurent. n Tout ce qui touche au négoce international. Genève et Londres sont les deux capitales où sont négociés les prix du café, du pétrole, du gaz, etc.
La Chambre de commerce que vous dirigez réunit aujourd’hui plus de 2 000 entreprises membres. Quels outils mettez-vous à leur disposition pour garantir leur pérennité ? Notre première mission consiste à faire en sorte que les conditions cadres nécessaires au bon fonctionnement des entreprises soient optimales. Cela concerne aussi bien la fiscalité des entreprises que celle des individus. Mais l’aménagement du territoire, le développement des zones industrielles et tout ce qui est lié à l’énergie et au développement durable comptent aussi parmi les conditions cadres. Si le gouvernement fixe un tarif trop élevé pour l’électricité, nous jouerons notre rôle de lobby pour limiter son augmentation. Par ailleurs, nous fournissons des services concrets aux
n Celles qui dominent dans le monde anglosaxon et en Suisse. Ce sont des associations avec adhésion volontaire. Nous ne recevons aucune mission de l’Etat et donc aucun argent de sa part.
entreprises, à l’image des documents d’exportation. Nous proposons également un règlement d’arbitrage et de médiation commerciale pour trancher les conflits pouvant survenir entre les entreprises. Enfin, le monde professionnel étant souvent organisé de manière corporative, nous essayons de mettre les différentes professions en rapport les unes avec les autres de manière horizontale. Pour ce faire, nous organisons entre 65 et 80 manifestations par an, qui rassemblent de 25 à 1000 personnes afin de favoriser la mise en relation d’affaires.
Quelle place occupent les entreprises étrangères dans votre canton et quelle politique menez-vous pour mieux les attirer sur votre territoire ? Elles sont très présentes sur notre territoire, notamment du fait de nos bonnes conditions cadres. Nous avons par exemple une stabilité fiscale qui est propice à une paix sociale solide malgré un monde syndical assez actif. Bon nombre de multinationales, notamment américaines, ont leur siège pour l’Europe et le Moyen-Orient, voire pour l’Afrique, à Genève. Genève bénéficie en outre d’un aéroport qui, du fait de la présence des organisations internationales et du siège européen de l’ONU, dessert un nombre inhabituellement élevé de destinations pour une ville de cette taille.
Vous insistez sur le caractère indépendant de votre Chambre, qui est une association de droit privée. Quelle relation entretenez-vous avec les pouvoirs publics ? Il y a deux types de chambres de commerce dans le monde : n Celles que l’on trouve en France, en Italie ou en Espagne, qui sont au service des entreprises mais qui reçoivent des missions de l’Etat.
Quels sont les secteurs sur lesquels vous souhaiteriez miser dans les années à venir ? © Stéphane Gros, Lumière noire
Pouvez-vous nous présenter les grandes caractéristiques de l’économie genevoise ?
Le secteur de la biotechnologie me semble prioritaire. Par ailleurs, les questions environnementales seront au cœur de nos préoccupations. La bonne situation de notre économie nous permet de prendre le temps de traiter ces problématiques. Il est important que ces savoir-faire se développent pour pouvoir ensuite être exportés n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Jacques Jeannerat Directeur de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève
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Mai 2014 | Genève
Interview with: Jacques Jeannerat, Director of the Chamber of commerce, industry and services of Geneva
Primarily carried by high-end growth sectors such as luxury and finance, the economy of Geneva has great pace. It can count on its Chamber of Commerce which is strongly independent from the State and vigorously defends its interests, in the manner of a true lobby.
Š Genève Tourisme
High value-added Geneva
Can you tell us about the main features of the economy of Geneva? Its main characteristic is to be very diversified and composed of high valueadded sectors. This ranges from jewellery to luxury watchmaking, via the scents and perfumes industry as well as industrial components. On the other hand, the Geneva economy is characterised by a large capacity for discretion which is useful in two areas: n Asset management. Even if the European Union and France in particular put pressure on Switzerland to obtain transparency of data, the culture of discretion and financial knowhow remain. n Everything related to international trade. Geneva and London are the two capitals where the price of coffee, oil, gas, etc. are negotiated.
The Chamber of Commerce you manage today includes over 2,000 member companies. What tools do you put at their disposal to ensure their sustainability? Our first mission is to ensure that the framework conditions necessary for the proper functioning of businesses are optimal. This concerns both the taxation of companies and individuals. But regional planning, the development of industrial zones and all areas related to energy and sustainable development, are also among the framework conditions. If the Government sets a rate too high for electricity, we will play our role as lobby to limit its increase. In addition, we provide concrete services to businesses, 26 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
like export documents. We also offer arbitrage resolution and commercial mediation to resolve conflicts that may arise between companies. Finally, the professional world is often organised with a corporate bias, which is why we try to put the different sectors in contact with each other horizontally. To do this, we organise between 65 and 80 events annually, bringing together 25 to 1,000 people in order to promote business relationships. You insist on the independent nature of your Chamber, which is a private law association. What is your relationship with the public powers? There are two types of Chambers of commerce in the world:
What place do foreign companies occupy in your canton and what is your policy for making your territory more attractive to them? They are very present in our territory, in particular because of our good framework conditions. For example we offer fiscal stability that favours solid social harmony despite a pretty active trade-union world. A considerable number of multinationals, in particular American, have their headquarters for Europe and the Middle East, even for Africa, in Geneva. Due to the presence of international organisations and the European headquarters of the United Nations, Geneva benefits from an airport serving an unusually high number of destinations for a city of this size.
n Those one finds in France, Italy or Spain, which are at the service of companies but receive missions from the State.
Which areas would you bet on for the years to come?
n Those that dominate in the Anglo-Saxon world and in Switzerland. These are organisations with voluntary membership. We do not receive any missions from the State and therefore receive no money. This independence is crucial.
The biotech sector seems to me a priority. In addition, environmental questions will be at the centre of our concerns. The good health of our economy allows us to take the time to address these issues. It is important that these skills be developed in order to be exported n
ENTRETIEN | Soucieuse du développement de sa région, Genève entend mettre en avant ses nombreux atouts, tout en assurant la prospérité et le bonheur des générations futures.
Favoriser l’emploi et la possibilité de se loger pour tous
Selon l’article 143 de la nouvelle Constitution, “la répartition des responsabilités financières tient compte du principe selon lequel chaque tâche est financée par la collectivité qui en a la responsabilité et qui en bénéficie”. Ce grand principe, en affirmant apparemment un partage des tâches, n’en définit pas pour autant de façon précise leur répartition. Le défi pour les autorités réside dans une répartition concertée de leurs missions et de leurs tâches, sachant que les priorités peuvent dépendre des majorités élues. La Ville, comme l’État, de par la Constitution, est tenue d’équilibrer son budget de fonctionnement, qui ne saurait être déficitaire, et de renoncer aux prestations et subventions qui ne répondent pas aux conditions d’efficacité, de nécessité et de couverture financière. En ce sens, la nouvelle Constitution marque une véritable évolution.
“Genève doit demeurer une ville ouverte, multiculturelle et créatrice d’emplois.”
Un récent rapport a été écrit par votre Commission en faveur d’une nouvelle formule de gestion du patrimoine financier de la ville. Que préconisez-vous ? Deux motions à l’ordre du jour des séances de janvier du Conseil municipal concernent la Gérance immobilière municipale
(GIM) et remettent en question la gestion du patrimoine financier assumée par les services de la Ville de Genève. La première, émanant du Parti libéral-radical, demande au Conseil administratif d’examiner la possibilité de transférer tous les immeubles locatifs de la GIM à la Fondation de la Ville de Genève pour le logement social. La seconde motion, du Parti démocrate-chrétien, propose d’étudier une formule de gestion de son patrimoine financier inspirée de celle de la Caisse de prévoyance du personnel du canton de Genève, qui dirige la politique de gestion de son patrimoine immobilier mais en délègue l’application à des régies privées.
La motion PDC, quant à elle, a été refusée à une faible majorité des membres de la commission (7 contre 6). C’est l’assemblée plénière du Conseil municipal qui aura le dernier mot.
Dans quelles mesures vous engagez-vous pour les demandeurs d’emploi de la ville ? La Ville de Genève peut compter sur un Fonds chômage de 4 millions de francs. Elle soutient plus de 23 projets visant à la réinsertion sociale et professionnelle des chômeurs et de toute personne à la recherche d’un emploi. Cet apport financier concerne des associations qui se préoccupent du sort des plus démunis, en complémentarité ou en supplément des structures de l’Etat, dont c’est le rôle principal.
Objectifs de ces deux motions : la diminution des coûts de gestion et l’allègement de l’appareil administratif. Après l’audition de la magistrate en charge du logement et de ses services, la commission des finances, dans sa majorité, a accepté d’amender la motion PLR en demandant au Conseil administratif de confier la construction des immeubles locatifs à la Fondation de la Ville de Genève pour le logement social.
Quelles sont vos ambitions pour la ville ?
© Michel Blanc
Le 1er juin 2013 est entrée en vigueur une nouvelle Constitution. Quelles sont, pour vous dans le département finances, les principales évolutions ?
Genève doit demeurer une ville ouverte, multiculturelle, créatrice d’emplois et soucieuse du développement de sa région. Une région qui comprend le canton de Vaud, les départements de l’Ain et de la HauteSavoie. C’est à quatre que s’entend le rayonnement de la Cité dans un contexte mondial et dans une compétitivité où les atouts de ces entités sont incontestables. Assurer la prospérité et le bonheur des générations futures dans ce cadre magnifique en favorisant l’emploi et la possibilité de se loger pour tous, telles sont mes ambitions pour la ville n Propos recueillis par Colombe Dabas
Jean-Charles Lathion Président de la Commission des finances de la ville de Genève
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 27
Mai 2014 | Genève
Interview with: Jean-Charles Lathion, Chairman of the Finance Committee of the City of Geneva
Mindful of the development of its region, Geneva intends to highlight its many assets, whilst ensuring the prosperity and happiness of future generations.
© Genève Tourisme
Promote employment and the possibility of housing for all
On 1st June 2013 a new Constitution came into force. What are the main developments for you in the Finance Department? According to article 143 of the new Constitution, “the distribution of the financial responsibilities takes into account the principle according to which each task is financed by the community with which responsibility lies and which profits from it”. This overarching principle, whilst appearing to assign a sharing of tasks, does not however define accurately their distribution. The challenge for the authorities is a collaborative distribution of their missions and tasks, knowing that priorities may depend on elected majorities. The city, like the State, constitutionally, is required to balance its operating budget, which cannot be unprofitable, and to renounce services and subsidies that do not meet the conditions of efficiency, necessity and financial coverage. In this sense, the new Constitution marks a real change. A recent report, written by your Commission, was in favour of a new management formula for the City's financial assets. What do you recommend? Two motions on the agenda of the meetings of January of the Town council relate to Municipal Property Management (GIM) and call into question the management of the financial assets taken on by the services of the City of Geneva. The first, from the liberal-radical party, asked the Administrative Council to examine the possibility of transferring all rental properties of the GIM to the City of Geneva Foundation for social housing. The second motion, from the
Christian-Democrat party, proposes to study a formula of management of its financial assets inspired by that of the Staff provident fund of the canton of Geneva, which guides the management policy for its property assets but delegates application of this to private managers. The aim of these two motions was the reduction of management costs and the reduction of the administrative apparatus. After the hearing of the magistrate in charge of housing and its services, the Finance Committee, in its majority, agreed to amend the PLR motion asking the Administrative Council to entrust the construction of rental properties to the Foundation of the city of Geneva for social housing. The PDC motion, however, was denied by a small majority of members of the commission (7 against 6). The full Assembly of the municipal Council will have the last word. To what extent do you get involved with the jobseekers of the city? The city of Geneva can count on an unemployment fund of 4 million francs. It supports more than 23 projects aimed at the social and professional reintegration of
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the unemployed and anyone looking for a job. This financial contribution relates to organisations concerned with the fate of the poorest, to complement or supplement the structures of the State, whose principle role it is.
“Geneva must remain an open, multicultural city, creative of jobs.” What are your ambitions for the City? Geneva must remain an open, multicultural city, creative of jobs and careful of the development of its region; a region which includes the canton of Vaud, the departments of Ain and Haute-Savoie. Together these provide the reputation of the City in a global and competitive context where the assets of these entities are undeniable. My ambitions for the City are to ensure the prosperity and happiness of future generations in this magnificent setting by promoting employment and the possibility of housing for all n
TR
AN Tran SPO U spo R B rt & A R tow NIS TS & M n pl ann E ing ENTRETIEN | En vingt ans, Genève est passée d’un parc de 16 % de logements sociaux à 9 % aujourd’hui. Pour contrer ce décalage, la ville mène une politique dynamique et ambitieuse.
1 000 emplois créés, 1 000 logements construits
À Genève, des accords entre les milieux locataires et syndicaux pour le développement des quartiers ont été conclus. La raison est simple : depuis quelques années, il y a eu une croissance mal gérée, du fait de la libre circulation ratifiée dans les accords Suisse-Europe. Beaucoup de personnes sont venues chercher un emploi : 40 000 postes de travail ont été créés en an. Dans le même temps, seulement 1 700 logements ont été construits. Un décalage important, qui nous a contraint à prendre la situation à bras-lecorps. Désormais, les milieux syndicaux et de protection des locataires ont imposé, dans les périmètres qui sont appelés à se développer et dans un accord signé avec l’État, la dualité suivante : un nouveau logement pour une place de travail créée. Par ailleurs, la loi des logements d’utilité publique impose 20 % d’habitations sociales dans le Canton. En effet, le gros problème est qu’en vingt ans, nous sommes passés d’un parc de 16 % de logements sociaux à aujourd’hui 9 %. Résultat : l’État s’est engagé à construire 50 % de logements d’utilité publique, dans les périmètres déclassés. De plus, la ville a créé une fondation dont le but est de bâtir et de gérer des immeubles, pour les personnes à faible revenu. Ils sont de deux types : n ceux à loyers contrôlés ; n ceux dont le loyer est calculé en fonction du revenu - entre 15 et 20 %.
Comment se présentent les logements
du futur ?
ment d’écoquartier. Un accord a été trouvé avec les autorités pour développer un projet avec un environnement agréable : sur les 300 logements créés, 30 % seront à destination des personnes en difficulté. Nous mettons un point d’honneur sur la mixité dans les logements sociaux, afin que les gens à problèmes ne se retrouvent pas isolés.
Nous avons plusieurs projets en cours, dont celui dit des Vernets, qui équivaut à 300 logements sociaux. Vu son endettement, l’État de Genève a décidé de faire appel à des investisseurs, considérant qu’il n’a pas les moyens financiers de le développer luimême. Avec une seule condition : les logements construits doivent être d’utilité publique et en propriété par étage, valorisant la classe moyenne. En principe, 300 logements sociaux verront bientôt le jour. Pour que ces constructions bénéficient du label écoquartier, l’État a donc lancé un concours aux investisseurs avec des équipements et des requis correspondant au développement durable.
La ville de Genève organise des concours de projets d’architecture et d’aménagement d’envergure internationale. Quel est le message que vous souhaitez faire passer ?
Pourriez-vous nous parler de l’opération sur Eidguenots ? Cette opération, gérée par la Ville de Genève, compte une centaine de logements sociaux. Les habitants ne voulaient pas de grandes barres d’immeubles mais un aménage© DR
Un rapport relatif à la mise en place d’une véritable politique de construction de logements a récemment été réalisé. Quelles en sont les conclusions ?
Nous menons actuellement une réflexion sur la qualité des logements. Nous essayons de densifier les projets au maximum des possibilités qu’offre la loi, mais en préservant la qualité de la surface habitable des appartements. Le principal objectif est de recréer un petit village, avec une multitude d’installations pour favoriser le vivre ensemble : les crèches, théâtres, écoles, etc. Ceci permet nettement aux citoyens de s’épanouir. Par ailleurs, Genève doit se concentrer sur un objectif : construire pour les populations nécessiteuses. Le problème de certaines villes est qu’elles bâtissent des logements en propriété mais les charges hypothécaires sont telles que pour la classe moyenne, ces logements deviennent de moins en moins accessibles, le tout dans un contexte ou la politique du logement social s’est affaissée n Propos recueillis par Colombe Dabas
Alberto Velasco Vice-président de l'ASLOCA Genève, Député au Grand Conseil
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 29
Mai 2014 | Genève
Interview with: Alberto Velasco, Vice-President of the Geneva ASLOCA, member of the Grand Council
Š Genève Tourisme
1,000 jobs created, 1,000 dwellings 300 social housing places will arrive soon. So that these constructions benefit from the ecoquarter brand, the State launched a competition for investors with equipment and necessaries for sustainable development. Could you tell us about the Eidguenots operation? This operation, managed by the city of Geneva has a hundred social housing places. The inhabitants did not want large lines of buildings but the installation of an ecoquarter. An agreement was reached with the authorities to develop a project with a pleasant environment: of the 300 dwellings created, 30% will be destined for people in difficulty. We put a point of honour on diversity in social housing, so that people with problems are not isolated.
In twenty years, Geneva has moved from a stock of 16% social housing to 9% today. To counter this shift, the city is following a dynamic and ambitious policy. A report on the implementation of a real policy of housing construction was recently completed. What are the conclusions? In Geneva, development areas have been agreed between tenants and unions. The reason is simple: for a few years, there has been badly managed growth, because of freedom of movement ratified in the Switzerland-Europe agreements. Many people came to seek employment: 40,000 jobs have been created in a year. At the same time, only 1,700 homes have been built creating a large gap, which has constrained us to tackle the situation head-on. From now on, the trade-unions and tenant protections have imposed, within the parameters developed in an agreement signed with the State, the following reciprocity: new housing for each job created. Furthermore, 30 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
the public use accommodation act requires 20% social housing in the Canton. Indeed, the big problem is that in just twenty years, we went from a stock of 16% social housing down to now 9%. Result: the State is committed to building 50% of public use accommodation in decommissioned areas. In addition, the city has created a foundation whose purpose is to build and manage buildings, for people on low-income. There are two types: n those with controlled rents; n those whose rent is calculated as a function of income - between 15 and 20%. How does the housing of the future look? We have several ongoing projects, including the Vernets project, which is equivalent to 300 social houses. Considering its debt, the State of Geneva decided to call upon investors, given that it does not have the financial means to develop this itself. With only one condition: the housing built must be of public utility and in property by floor, developing the middle class. In theory,
The city of Geneva organises architecture and development competitions with international reach. What is the message you want to send? We are currently reflecting on the quality of the housing. We are trying to increase the density of the projects to make the most of the opportunities afforded by the Act, whilst preserving the quality of the living area of the apartments. The main objective is to recreate a small village, with a multitude of facilities to promote living together: day-care centres, theatres, schools, etc. This clearly allows citizens to flourish. In addition, Geneva must concentrate on an objective: to build for the population in need. The problem of some cities is that they build housing to own but mortgage costs are such that for the middle class, these homes are becoming less and less accessible, this in a context where social housing policy has collapsed. While it is true that people in distress are housed, the middle class ends up in the situation where, given its income, it can neither access socalled social housing, nor free market housing because rents are too high. It has been forgotten and it is urgent to remedy this n
LES DOSSIERS DU COURRIER DU PARLEMENT Chaque mois, nous proposons à nos lecteurs de découvrir une des collectivités par le biais d’articles de fonds, de reportages et d’interviews.
r La CAPI
r Le Grand Roanne
r Val Maubuée
r Le Pays de Flers
r Saumur Agglo
r Le Rhône
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r Le Grand Dole
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r Le Mans
r Le Pas-de-Calais
r Nevers
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Fondé en 1960
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Les dossiers Territoires
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Hors-série
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40 ans d'urbanisme raisonné et raisonnable
Economie : Une région attractive
Être Sénartais en 2014
Une stratégie du tourisme durable
L’Europe en Région Centre
Sénart mise sur sa jeunesse
HORS-SÉRIE - FÉVRIER 2014 - 9,50€
r Mulhouse-Alsace
HORS-SÉRIE - JUILLET 2013 - 9,50€
r L’Auvergne
Hors-série
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Une offre de transports en avance sur son temps
Trente ans de décentralisation
DOUBS 2017 :
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PARLEMENT
PARLEMENT Le Doubs
Un engagement collectif et solidaire au service du territoire et de ses habitants
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Fondé en 1960
Hors-série
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La ville nouvelle de Sénart a 40 ans
Qualité de vie et innovation
HORS-SÉRIE - FÉVRIER 2014 - 9,50€
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Les dossiers Territoires
r San de Sénart
La Région Centre Les dossiers Territoires
r La Région Centre
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JE M’ABONNE
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18/03/14 16:25 Page1
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r au Courrier du Parlement pour un an (10 numéros). r joint à ce bulletin un règlement de 70 € par chèque bancaire ou postal à l’ordre de Monde Édition.
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Interviews : Anne Brucy Thierry Mandon Nicolas Dupont-Aignan
À quoi servent les groupes d’amitié de l’Assemblée ?
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Juin-s s’instaleptembre : la cu le au ltu:re Europe deSé lana défense t chronique d’une quête d’identité
JeanP des tr aul Huchon anspo Jacob: “:Le Christian rts es mériteGrd’être “La décentralisation t fond and Ptraitée a am ental” ris avec pragmatisme et bon sens” MENSUEL- N°851 - AVRIL 2014 - 8,50€
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Mai 2014 | Genève
ENTRETIEN | Territoire transfrontalier aux multiples échanges, Genève doit développer une urbanisation “compacte”, riche en transports publics performants, en logements accessibles et en équipements de services. Autant de facteurs indispensables au bien vivre en ville.
“Le citoyen au centre de l’espace public”
Avec plus de la moitié des habitants actifs d’origine étrangère, autant dire que Genève représente un carrefour culturel exceptionnel ! Un constat générant des responsabilités spécifiques, notamment celle de repenser le rôle de la ville, pour en faire un lieu d’usage humain et pas seulement d’échanges commerciaux. En termes de réalisations concrètes, la plaine de Plainpalais a été entièrement rénovée et intégrée au paysage urbain, transformée en véritable espace public pour répondre aux attentes de la population. À son image, la ville d’aujourd’hui doit être ouverte et accessible à chacun : c’est pourquoi je me bats particulièrement contre l’instauration de péages urbains et pour la création de logements sociaux, cette dernière étant une priorité.
une multitude de projets d’aménagement, nous travaillons actuellement sur deux chantiers d’envergure, la rénovation et l’agrandissement du Musée d’Art et d’Histoire et l’extension souterraine de la gare Cornavin (chantier dont nous ne serons toutefois pas maître d’ouvrage). Véritable pôle ferroviaire entre la Suisse, la France et l’Italie, la gare Cornavin doit impérativement être agrandie pour absorber l’augmentation du nombre de voyageurs. Dans quelques années, elle sera reliée à Annemasse par la liaison ferroviaire souterraine Ceva, future colonne vertébrale de l’agglomération. Autant d’actions génératrices d’attractivité, de tourisme et d’emploi qui font de Genève l’un des territoires suisses au plus fort développement.
risque de croître encore de façon exponentielle d’après les statistiques), nous comptons poursuivre l’effort de construction de 10 kilomètres de pistes cyclables par an. Les trams également ont transformé en profondeur la nature de notre ville, amenant la création de plusieurs parkings en dehors du centre urbain pour désengorger la circulation. Avec la mise en place d’abonnements économiques et plus accessibles financièrement, de plus en plus d’habitants délaissent leur voiture au profit des transports en commun, un signe très encourageant !
Comment préserver qualité de vie et équilibre dans une métropole internationale en ébullition ?
Nous avons la responsabilité de repenser entièrement le rôle de la ville d’aujourd’hui, non pas sur des critères capitalistes mais profondément humains. Du point de vue culturel notamment, la cité – au sens grec du terme – doit être revisitée pour redevenir le lieu d’échanges et d’identité qu’elle était auparavant! L’être humain doit être considéré un par un et non pas massifié. Ainsi il doit se réapproprier l’espace public au quotidien, et pas seulement lors de moments privilégiés tels que des inaugurations ou des grands évènements n
En tant qu’ancien maire de Genève, comment entrevoyez-vous l’avenir de la ville et quels seraient vos souhaits personnels la concernant ?
Vu l’engouement récent pour le vélo (qui
Sur quels grands projets d’aménagement travaillez-vous actuellement ? Dans quelle mesure y intégrez-vous une dimension écologique ? Nous avons en projet la rénovation de 350 appartements construits dans les années 70, un investissement de plus de 90 millions de francs suisses ! À l’heure où le bâtiment ancien se pose comme un véritable gouffre énergétique, il est fondamental de construire ou rénover plus de logements avec le label MINERGIE®, garant d’économie, de qualité, de confort et de préservation de l’environnement. Parallèlement à 34 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Alain Grandchamp / Ville de Genève
Dépassant la logique des frontières en tant que carrefour international et culturel, en quoi l’identité genevoise impose-t-elle des exigences spécifiques à la réalité de la politique d’urbanisme ?
Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Rémy Pagani Conseiller administratif de la Ville de Genève, Département des constructions et de l’aménagement
Interview with: Rémy Pagani, Administrative Councillor of the City of Geneva, Department of construction and planning
A transborder territory with multiple exchanges, Geneva must develop “compact” urbanisation, rich in efficient public transport, accessible housing and public facilities; all essential factors for good city life.
© Genève Tourisme
“The citizen at the heart of public space”
Exceeding the logic of borders as an international and cultural crossroads, in what does Genevan identity impose specific requirements to the reality of city planning policy? With more than half of the active population of foreign origins, it is as well to say that Geneva represents an exceptional cultural crossroads! This is an observation that generates specific responsibilities, including rethinking the role of the city, to make a place for human use and not just trade. In terms of concrete achievements, the plain of Plainpalais was entirely renovated and integrated into the urban landscape, transformed into true public space to answer the expectations of the population. In its image, the city of today must be open and accessible to everyone: this is why I am particularly fighting against the introduction of urban tolls and for the creation of social housing, the latter being a priority. On what major development projects are you currently working? To what extent are you integrating an ecological dimension? We are currently renovating 350 apartments built in the 1970s, an investment of more than 90 million Swiss Francs! At a time where old buildings present real energy voids, it is essential to build or renovate more housing with the MINERGIE® label, guarantor of economy, quality, comfort and preservation of the environment. In addition to a multitude of development projects, we are working on two major projects, the renovation and expansion of the Museum of Art and History and the underground extension
of the Cornavin train station (construction for which we are not however the contracting authority). True railway hub between Switzerland, France and Italy, the Cornavin station must imperatively be increased to absorb the increasing number of travellers. In a few years, it will be connected to Annemasse by the Ceva underground rail link, future spinal column of the urban area. These attractiveness, tourism and employmentgenerating actions make Geneva one of the strongest Swiss territories in development. How does one preserve quality of life and balance in an international metropolis where residents can quickly feel “overwhelmed” by the rhythm of their days? Considering the recent cycling craze (which is likely to continue to grow exponentially according to statistics), we intend to continue the push to build 10 kilometres of cycle paths per annum. Trams have also
deeply transformed the nature of our city, leading to the creation of several car parks outside the urban centre to decongest traffic. With the introduction of efficient and cheaper subscriptions, more and more people are forsaking their cars in favour of public transport, a very encouraging sign! As a former Mayor of Geneva, how do you see the future of the city and what would be your personal wishes for it? We need to completely rethink the role of the city today, not on capitalist but deeply human criteria. From the cultural perspective in particular, the city - in the Greek sense of the term - must be revisited to become again the place of exchanges and identity that it was before! Human beings must be considered individually and not en masse. Thus it must re-appropriate public space on a daily basis, and not only at special moments such as openings or major events n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 35
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Mai 2014 | Genève
ENTRETIEN | Comme toutes les villes, Genève a son lot de problématiques sociales qui affectent les populations précaires, aussi bien jeunes que plus âgées. Face à ces difficultés, la cité développe une multitude de programmes pour en limiter les conséquences.
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Des mesures pour vivre ensemble Pouvez-vous nous décrire le rôle de votre commission ?
comme des tremplins pour évoluer vers une meilleure situation.
Cet organe délibératif étudie les objets qui lui sont transférés lors des séances du Conseil municipal (motions, projets de délibération, pétitions) ainsi que des propositions du Conseil administratif. Les commissaires réalisent pour ce faire des auditions, votent puis renvoient leurs travaux qui seront examinés en séance plénière. L’autre compétence majeure de la Commission consiste en l’analyse et le contrôle de l’usage des fonds publics relatifs aux projets développés dans le domaine du social.
L’encadrement et le suivi d’une partie de la jeunesse, parfois difficile, constituent un enjeu majeur d’intégration. Que mettez-vous en œuvre pour éviter qu’elle ne se marginalise ?
Si la précarité y augmente comme dans toute autre ville, avec des difficultés d’accès au marché du travail et de trop nombreux échecs scolaires qui vulnérabilisent la jeunesse, le véritable problème provient de la pénurie de logements. Il faut pouvoir proposer des habitats subventionnés pour les gens en grande précarité mais aussi pour la classe moyenne, qui ne parvient plus à se loger. Les prix exorbitants de l’immobilier ont un impact direct sur la cohésion sociale et nous manquons notamment de crèches faute de terrains, l’accueil de la petite enfance constituant un autre problème majeur dans notre ville. Heureusement, Genève peut compter sur un tissu associatif dense et largement subventionné. Des structures telles que l’Hospice général, véritable institution genevoise d’action sociale, ou le Bateau Genève (de la flotte “Belle Époque” du Léman), buvette très prisée qui emploie des personnes précaires pour favoriser leur intégration sociale et professionnelle, agissent souvent
Quelles mesures mettez-vous en place pour éviter que les aînés ne soient victimes de l’isolement ?
Avec notre nouvelle Constitution, la formation obligatoire est prolongée jusqu’à 18 ans pour lutter contre le décrochage scolaire qui frappe les jeunes entre 15 et 18 ans. Par ailleurs, nous avons mis l’accent sur l’apprentissage dual (entreprise et école professionnelle), en encourageant les entreprises par le biais d’un “coaching” administratif. Un projet a également été engagé avec la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle, qui soutient une soixantaine d’équipes présentes dans des centres aérés, des maisons de quartiers, et qui fournit des assistants sociaux “hors murs” allant au contact des jeunes en difficulté. Parmi eux, les médiateurs de nuit arpentent le terrain pour tenter notamment de prévenir les inci-
Plusieurs actions, telles que des livraisons de repas ou des soins à domicile proposés à des tarifs extrêmement bas, vont dans ce sens. Les évènements culturels encadrés par des “unités d’action communautaire” et destinés aux personnes âgées ou à mobilité réduite sont également nombreux. S’ajoutent à cela des centres de quartier et une université du troisième âge qui sont à la disposition des aînés. Quels seront les grands projets portés par la Commission de la cohésion sociale et de la jeunesse au cours des prochaines années ?
© Jay Louvion, Studios Casagrande
Qu’en est-il en termes de vivre ensemble et de cohésion sociale à Genève ?
vilités. Enfin, des programmes de sport urbain ont été mis en place, avec des activités totalement gratuites, à l’image du skatepark instauré en plein centre urbain.
Si la priorité va à l’accueil de la petite enfance et à l’accès au logement, d’autres problèmes tels que la drogue ou la violence sont à considérer avec la plus grande vigilance. Car le renforcement social passe aussi par un renforcement pour la sécurité de chacun. Il me semble néanmoins que régler celui de l’habitat en premier permettrait de prendre les autres à la racine n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Michèle Roullet Présidente de la Commission de la cohésion sociale et de la jeunesse de la Ville de Genève
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 37
Mai 2014 | Genève
Interview with: Michèle Roullet, Chairman of the Committee on Social Cohesion and Youth of the City of Geneva
© Eric Rakotomalala / Genève Tourisme
Measures for living together prevent the marginalisation of young people?
Like all cities, Geneva has its share of social problems, which affect the vulnerable sections of population, young and old. In the face of these difficulties, the city is developing a multitude of programs to limit their consequences.
Can you describe to us your committee's role? This deliberative body studies the objectives passed on to it at the meetings of the City council (motions, projects for deliberation, petitions) as well as proposals from the Administrative council. The committee members hold hearings with this intention, vote then return their work which is examined at a plenary sitting. The other major area of the committee consists in the analysis and control of the use of public funds relating to projects developed in the social arena. What happens in terms of living together and social cohesion in Geneva? Whilst there is a rise in precariousness 38 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
here as in any other city, with difficulties of access to the labour market and too many school failures, which make young people vulnerable, the real problem comes from the shortage of housing. It is necessary to be able to offer subsidised housing to people in very vulnerable situations but also to the middle class, which is no longer able to house itself. The exorbitant prices of real estate have a direct impact on social cohesion and we lack in particular nurseries for lack of land, early years childcare provision constituting another major problem in our city. Fortunately, Geneva can count on a dense and strongly subsidised community fabric. Organisations such as the General Hospice, a true Genevan social action structure, or the Geneva Boat (of the “Belle Époque” fleet of Leman), a very well-reputed refreshment bar which employs vulnerable people to support their social and professional integration, often act like springboards to evolve into a better situation. The supervision and monitoring of a sometimes difficult section of young people, constitutes a major challenge to integration. What are you putting in place to
With our new Constitution, obligatory education is prolonged to age 18 to fight against school dropout rates which hit young people between 15 and 18 years of age. In addition, we placed emphasis on dual apprenticeship (business and vocational school), by encouraging businesses through administrative "training". A project has also been started with the Geneva Foundation for socio-cultural support, which supports over sixty teams in outdoor centres, community centres, and provides 'satellite' social workers making contact with young people in difficulties. Among them, night mediators sweep the city to try in particular to prevent antisocial behaviour. Finally, urban sport programmes have been set up with completely free activities, like the skate-park established in the city centre. What measures do you put in place to prevent seniors from being the victims of isolation? Several actions, such as the delivery of meals or care at home offered at extremely low prices, go in this direction. Cultural events supported by “Community action units” and aimed at old people or those with reduced mobility are also numerous. Add to this neighbourhood centres and a University of the third age available to seniors. What major projects by the Committee on social cohesion and youth will be carried out over the next few years? Whilst priority goes to early years childcare and access to housing, other problems such as drugs and violence are to be considered with the utmost vigilance; because social reinforcement also involves reinforcement for everyone's safety. It seems to me, however, that solving housing first would allow us to tackle the other issues at the root n
ENTRETIEN | Bien que bénéficiant d’une qualité de vie parmi les meilleures au monde, Genève n’en est pas moins confrontée à des problématiques sociales qui affaiblissent sa cohésion. Plusieurs initiatives sont proposées par les pouvoirs publics pour tenter d’y répondre.
L’exclusion pour principal adversaire
Le Département s’attache à renforcer la solidarité sociale et à améliorer le bienêtre de tous les habitants afin de diminuer les risques d’isolement. Pour y parvenir, son action s’articule autour de quatre priorités : n soutenir la parentalité, en répondant à la demande de places dans les institutions de la petite enfance ; n favoriser la cohésion sociale et la solidarité dans chaque quartier, en s’appuyant notamment sur des unités d’actions communautaires ; n promouvoir une politique d’inclusion sociale, notamment via la distribution d’allocations aux ménages les plus précaires et via la mise à disposition d’un accueil d’urgence pour les sans-abri ; n soutenir la vie associative, en particulier par la mise en place de subventions simples et claires. Quel état des lieux dresseriez-vous de la cohésion sociale au sein de votre ville ? Au cours des quinze dernières années, Genève s’est agrandie et sa population a changé, modifiant les besoins sociaux. La forte hausse des prix de l’immobilier a compliqué l’accès au logement pour de nombreuses familles, dès lors contraintes de se déplacer vers la périphérie. Ces mutations socio-économiques ayant précarisé une partie de la population, le nombre de béné-
ficiaires de l’assistance se situe à un niveau historiquement élevé. Si ces tendances de fond pèsent sur la cohésion sociale, la qualité de vie reste tout de même bonne à Genève et la criminalité est en baisse.
rant la période hivernale mais la Ville de Genève reste la seule entité administrative à proposer de tels dispositifs. Quelles mesures développez-vous par ailleurs en faveur de la petite enfance ?
Quelles sont les initiatives clés et les actions menées localement pour favoriser l’insertion des populations défavorisées et marginalisées ?
Malgré la création de 1000 places au cours des dix dernières années et 400 supplémentaires prévues pour 2014 et 2015, l’accès aux crèches reste difficile. C’est pourquoi nous devons poursuivre l’objectif d’offrir un jour une place pour chaque petit Genevois. En outre, la Ville propose un certain nombre d’activités ciblées sur la petite enfance telles que le Festival du livre ou le Safari urbain, et subventionne plusieurs associations dans ce domaine.
La Ville développe plusieurs types d’initiatives, à l’image de la mise à disposition de logements-relais (80 actuellement) destinés à des personnes en situation précaire. Des repas sont également proposés aux plus démunis, au même titre qu’une allocation de rentrée scolaire aux familles modestes. La création de deux Points Info Service permet par ailleurs de mieux informer nos administrés, notamment les seniors, sur les dispositifs en place. J’ai également doublé la capacité d’accueil des sans-abri du-
Par ailleurs, votre action se porte sur la solidarité, notamment via un soutien au tissu associatif. En quoi consiste-t-il et quels en sont les effets ? © A. Bergot, Ville de Genève, LDD
Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes de l’action qui est menée au sein de votre Département ?
En 2012, la direction du Département a créé une unité de vie associative qui gère des subventions d’un total de douze millions de francs accordées à 250 organisations. Cinq associations soutenues par le Département ont ainsi pu offrir environ 42 000 nuitées et 144 500 repas à des personnes dans le besoin au cours de l’année 2013 n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Esther Alder Vice-présidente du Conseil administratif de la Ville de Genève, Département de la cohésion sociale et de la solidarité
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 39
Mai 2014 | Genève
Interview with: Esther Alder, Vice-President of the Administrative Council of the City of Geneva, Department of Social Cohesion and Support
Exclusion is our principal adversary Although enjoying a quality of life among the best in the world, Geneva is nevertheless confronted with social issues that weaken its cohesion. Several initiatives have been proposed by the local authorities to try to address this.
affect social cohesion, quality of life is still good in Geneva and crime is down. What are the key initiatives and local activities to promote the integration of disadvantaged and marginalised populations? The City is developing several types of initiatives, like the provision of half-way houses (80 currently, I wish to increase this number) aimed at young people in vulnerable situations, people who are badly housed and women in difficulty. Meals are also offered to the poorest, as well as a back-toschool allowance for less privileged families. Furthermore the creation of two Information Service Points makes it possible to better inform our clients, in particular seniors, on the provisions in place. I also doubled the housing capacity for the homeless during the winter period, but the city of Geneva remains the only administrative entity to offer such facilities. Given the load this represents, it is essential that the canton and the other communes take also their responsibilities.
Can you give us the broad lines of action being conducted within your Department? The Department is attempting to reinforce social support and improve the wellbeing of all the inhabitants in order to decrease the risks of exclusion. To achieve this, activities revolve around four priorities: n support for parenting, in response to the demand for places in early childhood institutions;
n promotion of a policy of social inclusion, in particular via the distribution of allowances to the most vulnerable households and via the provision of an emergency reception for homeless people; n support for community life, in particular by implementing simple and clear subsidies. What would you report to be the state of social cohesion within your city? What are the main stumbling blocks on this theme? During the last fifteen years, Geneva has expanded and its population has evolved, changing social needs. The strong increase in real estate prices has complicated access to housing for many families, consequently forced to move to the periphery. These socio-economic changes have made a part of the population vulnerable; the number of recipients of benefits is at an historic high. Whilst these underlying trends 40 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Š Matthew Moy / Genève Tourisme
n support for social cohesion and support in each district, based in particular on community action units;
Early childhood is also among the priorities for your Department. What measures are you developing to ensure the best possible framework? In spite of the creation of 1,000 places during the last ten years and 400 additional places planned for 2014 and 2015, access to nurseries remains difficult. This is why we must pursue the goal to offer a place for each Genevan child one day. In addition, the city offers a number of activities targeting childhood such as the Book Festival or the Urban Safari, and subsidises many organisations in this area. In addition, your action goes on support, in particular via a support for community fabric. What is it and what are the effects? In 2012, the management of the Department created a unit of community life, which manages subsidies of a total of twelve million francs granted to 250 organisations. Five organisations supported by the Department were able to offer approximately 42,000 overnight stays and 144,500 meals to people in need in 2013. n
ENTRETIEN | Disposant de technologies performantes et de compétences reconnues, les Hôpitaux Universitaires de Genève bénéficient à l’ensemble de la population locale, s’imposant par ailleurs comme une référence à l’échelle de l’Europe.
“La santé n’a plus de frontières”
Notre structure assure à la fois les missions de soins, d’enseignement et de recherche à l’échelle du Grand Genève, avec quelques secteurs de pointe qui en font une référence pour la Suisse entière. Cumulant 900 000 actes de soins par année, 1 800 lits et près d’une quarantaine de sites ambulatoires, les HUG possèdent un triple rôle : sanitaire, économique et de responsabilité sociale. En tant que premier employeur de la région, nous recrutons des profils internationaux comme des personnes en difficulté, dans un souci d’équilibre contribuant au rayonnement mondial de Genève. Notre structure a d’ailleurs la particularité de posséder une division privée qui reçoit des chefs d’État trouvant en son sein les meilleures prestations possibles en Europe. C’est une vraie chance que celle de disposer de compétences pointues et de technologies très performantes, pour en faire bénéficier l’ensemble de la population. C’est pourquoi l’hôpital universitaire de Genève doit rester celui de référence à l’échelle régionale, par souci de proximité en termes d’accès aux soins : et ce des deux côtés de la frontière. Quels partenariats avez-vous établi sur le territoire et dans quels buts? Concernant la médecine hautement spécialisée, nous avons du faire des arbitrages pour fédérer les compétences (transplantation du cœur à Lausanne, celle du foie à Genève notamment) et répartir les
tâches. Par ailleurs, plusieurs accords à l’échelle nationale permettent aux patients ne disposant pas d’un hôpital universitaire à proximité de venir se soigner à Genève et inversement, quand nos équipes se déplacent dans les cantons voisins.
Sur quels grands projets travaillez-vous actuellement ? D’ici 2016, près de 600 millions de francs suisses vont être déployés pour construire un bâtiment destiné à l’accueil des patients et un nouveau bâtiment des laboratoires. Par ailleurs, Genève s’apprête à devenir le centre d’un projet de recherche européen autour du cerveau, porteur d’innovation et d’une dynamique inédite. D’autres programmes sont également en cours sur l’imagerie moléculaire, ainsi que des collaborations avec le CERN et à l’échelle continentale. Autant d’enjeux qui portent à croire qu’aujourd’hui la santé n’a plus de frontières.
Soumis à des restrictions budgétaires l’année dernière, peut-on dire aujourd‘hui que les HUG ont retrouvé une situation financière pérenne ? Le vieillissement de la population est une réalité qui va amener une demande de soins croissante et un effort d’efficience, dans un contexte de pression financière commune à toutes les structures sanitaires. Pour autant, cette donne ne met pas en péril la pérennité de l’hôpital, dont l’équilibre financier est assuré grâce aux efforts en interne et une gestion rigoureuse du budget, de l’ordre d’1,7 milliard de francs suisses.
Plus largement, quelle vision d’avenir souhaiteriez-vous porter au sein de votre structure ?
© ©Julien Gregorio/phovea/HUG
En fonction depuis le 1er juin 2013, vous êtes à la tête d’un établissement employant plus de 10 000 collaborateurs. Quel rôle joue-t-il à Genève et au-delà ?
La santé vit aujourd’hui un changement de paradigme très important, qui a transformé l’hôpital en réseau organisé autour des patients, et non des médecins comme il l’était autrefois. Cette mutation identitaire signifie que les traitements dureront moins longtemps, essentiellement de manière ambulatoire avec une prise en charge exemplaire. Cet élan est très positif et porteur de beaucoup d’espoir ! n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Bertrand Levrat Directeur des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG)
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 41
Mai 2014 | Genève
Interview with: Bertrand Levrat, Director of the University Hospitals of Geneva (UHG)
© Nicolas Louit / Genève Tourisme
“Health no longer has any borders”
Featuring high-performance technologies and recognised expertise, the University Hospitals of Geneva benefit the local population as a whole, also serving as a Europe-wide benchmark.
In charge since 1 st June 2013, you are at the head of an institution that employs over 10,000 staff. What role does it play in Geneva and beyond? Our structure covers care, education and research across Greater Geneva, with some cutting-edge sectors that set the benchmark across the whole of Switzerland. With 900,000 acts of care per year, 1,800 beds and nearly 40 mobile sites, UHG has a triple role: health, economic and social responsibility. As a leading employer in the region, we recruit both international figures and people in difficulty, for the sake of balance, contributing to the global reputation of Geneva. Our structure also has the particularity of having a private division, which plays host to heads of State who find the best possible services in Europe. It is a real opportunity to have cutting-edge skills and highly effective technologies, for the benefit of the entire population. That is why the University Hospitals of Geneva must 42 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
continue to set the standard at the regional level, for the sake of proximity in terms of access to care: and this on both sides of the border. What partnerships have you established in the territory and to what ends? Regarding highly specialised medicine, we have had to face trade-offs to pools skills (in particular heart transplants in Lausanne, liver transplants in Geneva) and distribute the tasks. In addition, several agreements at the national level allow patients without a University Hospital nearby to come and be treated in Geneva and conversely, when our teams travel to neighbouring cantons. Subject to budgetary restrictions last year, can we say today that the UHG have found a sustainable financial situation? The ageing population is a reality, which will bring increased demand for care and an effort of efficiency, in a context of financial pressure common to all health facilities. However, this does not risk the sustainability of the hospital, whose financial stability is ensured through internal efforts and rigo-
rous management of the budget, of the order of 1.7 billion Swiss francs. On what major development projects are you currently working? Between now and 2016, almost 600 million Swiss francs will be deployed to construct a building for the reception of patients and a new laboratory building. In addition, Geneva is preparing to become the centre of a European research project around the brain, enabling innovation and a unique dynamic. Other programs are also underway on molecular imaging, as well as collaborations with CERN and on a continental scale. Issues suggesting that today, health has no borders. More broadly, what vision of the future would you like to carry within your structure? Health is now experiencing a very important paradigm shift, which has transformed a hospital into a network organised around patients and not physicians as it once was. This identity shift means that treatments will last less long, primarily in a mobile way with exemplary support. This momentum is very positive and bearer of much hope! n
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Tou ORT URI rism & C SM E , sp ort ULTU , &c ultu RE re ENTRETIEN | Cosmopolite et internationale, la ville de Genève peut aussi compter sur une situation géographique heureuse et sur une vieille ville préservée pour attirer les visiteurs. Un effort de promotion s’impose cependant pour valoriser des atouts qui ga-gnent à être connus.
Genève joue la carte du tourisme
Sa première mission consiste à promouvoir notre destination à l’étranger en s’appuyant sur le Bureau des congrès (un quart des nuitées d’hôtel à Genève y sont liées) et sur le département du marketing, destiné quant à lui à encourager le tourisme de loisir. Les congrès jouent un rôle important à Genève sur les segments associatifs, scientifiques et des entreprises qui profitent notamment du centre d’exposition Palexpo, situé à cinq minutes à pied de l’aéroport. Pour le reste, il est question non seulement de cibler les destinataires potentiels de Genève dans les marchés de l’Union européenne mais aussi de convaincre les tour-opérateurs d’intégrer notre ville dans leurs brochures dans les pays d’outre-mer qui voient la Suisse et Genève comme un éden. Sa seconde mission consiste à accueillir les visiteurs de passage à Genève, par le biais de deux centres d’information touristiques établis à l’aéroport et dans le centre-ville. Par ailleurs, la fondation organise aussi les Fêtes de Genève (deux millions de visiteurs chaque année), plus grande manifestation touristique de Suisse ayant lieu en été et notamment célèbre pour proposer un feu d’artifice inclus dans le “top dix” mondial. Quelle place le tourisme occupe-t-il au sein de l’économie genevoise ? Le poids du tourisme, impliquant tous les revenus directs et indirects liés à cette activité (restauration, hôtellerie, transporteurs) représentait environ 2,5 % du PIB du canton en 2010, soit 2,5 milliards de francs
tionales peuvent être visités, à l’image de ceux de l’ONU, du CERN ou du Musée de la Croix Rouge.
suisses pour environ 18 000 emplois. 80 % des nuitées hôtelières sont générées par le tourisme d’affaires, dont un quart est lié aux organisations internationales, 30 % au tourisme de congrès et 30 % également au tourisme d’affaires individuel. Seuls les 15 % restant sont issus du tourisme de loisirs.
Genève Tourisme & Congrès s’attache par ailleurs à promouvoir la ville par le biais d’animations et d’évènements. En quoi consistent-t-ils ?
“Pouvez-vous nous citer quelques attractions touristiques incontournables ?”
Si en dehors des Fêtes de Genève, la fondation ne produit directement aucun évènement, elle recense toutes les manifestations qui pourraient avoir une implication touristique dans un agenda culturel. Il peut s’agir de vie nocturne comme de promotion des produits locaux tels que le vin, peu connu à l’international malgré le fait que Genève soit le troisième canton viticole de Suisse. S’ajoutent le marathon de la ville, la Course de l’Escalade (45 000 participants), le Salon de l’Auto et bien d’autres manifestations encore...
L’icône incontournable reste le jet d’eau de Genève, plus haute fontaine au monde, qui s’élève à 130 mètres. Mais le véritable atout de la ville est directement lié à l’écrin naturel dans lequel elle s’inscrit, avec d’une part le lac Léman, d’autre part le Mont Blanc et de surcroît une vieille ville datant du XIVème siècle qui est éminemment préservée. La culture n’est pas non plus étrangère à son rayonnement : 22 musées y sont ouverts et gratuits, pour la plupart d’entre eux, et de nombreux locaux d’organisations interna© Olivier Miche, Genève Tourisme
Pouvez-vous nous présenter votre fondation ainsi que ses principales missions ?
Vous êtes une fondation privée reconnue d’utilité publique. Que pouvez-vous apporter à Genève dans les années à venir ? En tant qu’organisme opérationnel en charge du tourisme, notre rôle principal est la valorisation des nombreux atouts de la ville. En revanche, la fondation ne manque pas de faire connaître son avis à ceux qui décident des orientations prises pour Genève, notamment pour les inciter à faire des choix favorables au développement touristique n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Philippe Vignon Directeur de Genève Tourisme
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Mai 2014 | Genève
Interview with: Philippe Vignon, Director of Geneva Tourism
© Genève Tourisme
Geneva plays the tourism card individual business tourism. Only the remaining 15% result from leisure tourism. On your website, you put forward a number of must-see tourist attractions. Can you give us the most important ones? The most iconic remains the Geneva water jet, highest fountain in the world, rising to 130 metres. But the real asset of the city is directly linked to the natural setting in which it sits, Lake Geneva on the one hand and, on the other, the Mont Blanc in addition to which, an old town dating from the 14th century that is superbly preserved. Culture is no longer unaccustomed to its reputation: 22 museums are open and free, for the most part, and many international organisations' headquarters can be visited, like those of the UN, CERN, and the Museum of the Red Cross. Geneva Tourism & Congress is also committed to promoting the city through activities and events. What are these? Cosmopolitan and international, the city of Geneva can also count on its happy geographical location and wellpreserved old city to attract visitors. An effort is needed however to promote assets which would benefit from being known. Can you tell us about your foundation as well as its main roles? Its first role is to promote us as a destination abroad, relying on the Bureau of Congress (a quarter of hotel nights in Geneva are linked to this) and on the marketing department, expected to encourage recreational tourism. Congresses play an important role in Geneva, in the community, scientific and business sectors that benefit in particular from the Palexpo exhibition centre, located five minutes walk from the airport. Beyond that, it is a question not only of targeting potential visitors to Geneva in the European Union markets but also of convincing tour operators to include our 44 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
city in their overseas brochures for countries which see Switzerland and Geneva as an Eden. Its second role consists in accommodating passing visitors to Geneva, via two tourist information centres established at the airport and in the city centre. In addition, the Foundation also organises the Fêtes de Genève (two million visitors annually), a major tourist event in Switzerland in the summer, especially famous for its fireworks display included in the "top ten” worldwide. What place does tourism occupy in the economy of Geneva? Tourism, involving all direct and indirect revenues related to this activity (catering, hospitality, carriers) accounted for about 2.5% of GDP in the canton in 2010, that is to say 2.5 billion Swiss francs for about 18, 000 jobs. 80% of hotel nights are generated by the tourism business, of which a quarter is related to international organisations, 30% for congress tourism and another 30% for
While, apart from the Fêtes de Genève, the foundation does not produce any event directly, it gathers all the occasions, which could have a tourist implication in a cultural diary. It can be nightlife or the promotion of local products such as wine, little known abroad despite the fact that Geneva is the third wine-producing canton of Switzerland. Add to that the city marathon, the Course de l’Escalade (45,000 participants), the Auto Show and many other events... You are a recognised private foundation of public utility. What can you bring to Geneva in the coming years? As an operational agency in charge of tourism, our main role is to promote the city’s many assets. However, the Foundation does not hesitate to make its views known to those who decide the directions being taken for Geneva, including urging them to make choices that are conducive to the development of tourism n
ENTRETIEN | Éléments majeurs de la qualité de vie, la culture et le sport ne sont pas négligés à Genève. Un effort financier conséquent, parfois lourd à porter, leur est consenti pour rénover et agrandir le parc des infrastructures, pour certaines vieillissantes.
À Genève, culture et sport au rendez-vous
La ville est avant tout en charge des institutions culturelles telles que les musées (Musée d’art et d’histoire, Musée Ariana, Musée d’ethnographie, Muséum d’histoire naturelle), l’opéra qui, chez nous, est logé au sein du Grand Théâtre, la Bibliothèque de Genève, véritable patrimoine détenant tous les fonds et les archives documentaires, ainsi que les huit bibliothèques municipales. Soutenant toute une série de scènes culturelles, nous subventionnons un grand nombre d’acteurs en ce domaine (arts de la scène, théâtre, danse, performances, écriture, édition et diffusion) et organisons des grandes manifestations, à l’image de la Fête de la musique ou de la Nuit des musées.
La gestion et la promotion des bibliothèques sont au cœur de votre activité. Que représentent ces lieux de savoir pour votre ville ? Il y a depuis plusieurs siècles à Genève une tradition d’édition, d’écriture et de diffusion. La ville a toujours été un grand carrefour de personnes et d’idées où des philosophes tels que Jean-Jacques Rousseau ont été très actifs. La dimension internationale de notre ville encourage aussi cet aspect migratoire et tous ces éléments finissent par se répercuter sur nos fonds documentaires, par conséquent extrêmement riches.
et d’histoire. Quelle place l’art occupe-til au sein de la société genevoise ?
liorer. Un autre enjeu se situe dans la conquête de nouveaux profils, qui ne viendraient pas d’eux-mêmes dans les centres sportifs. Baptisée “hors murs”, cette stratégie consiste à aller à la rencontre des gens dans l’espace public pour les encourager à une pratique sportive. La même volonté de diffusion est d’ailleurs appliquée aux domaines culturels et des ponts commencent à se former entre sport et culture, selon un processus que nous encourageons.
Le public régional est très curieux et friand d’art dans tous les registres. Le patrimoine des institutions muséales de Genève est hérité des familles genevoises qui, dans le passé, étaient passionnées de découvertes et de collections. L’art est donc au cœur de notre ville. Néanmoins, je regrette qu’il n’y ait pas eu, jusqu’aujourd’hui, de stratégie pour valoriser la place culturelle genevoise internationalement. Il s’agit à mon sens d’un enjeu majeur pour les années à venir.
Quels sont les principaux sujets inscrits à l’ordre du jour de votre Département ? Quelles seront vos priorités pour les années à venir ?
Pouvez-vous nous présenter les principaux projets que vous dirigez en matière de sport ?
Plusieurs investissements importants sont nécessaires, leur simultanéité rendant le processus quelque peu délicat. Parmi eux, la rénovation du Grand Théâtre, celle du Musée d’art et d’histoire qui sera réalisée par Jean Nouvel ainsi que la création d’une Nouvelle Comédie, représentent des coûts lourds à porter mais qu’il faudra assumer.
Genève a connu une croissance démographique assez considérable et, face à l’augmentation de la population, les insuffisances de nos infrastructures sportives se font criantes. Il est donc urgent de les amé-
© Aurélien Bergot, Ville de Genève
Pouvez-vous nous présenter le département que vous dirigez et ses principaux domaines d’action ?
Dans le domaine du sport, il nous faut à la fois rénover des centres obsolètes et créer de nouvelles infrastructures. Cet enchaînement d’opérations lourdes suscite un débat vif et nourri, tout comme des inquiétudes légitimes sur les capacités de la ville à absorber tous ces crédits n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Sami Kanaan Vous êtes également en charge de plusieurs musées, à l’image du Musée d’art
Conseiller administratif de la Ville de Genève, Département de la culture et du sport
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Mai 2014 | Genève
Interview with: Sami Kanaan, Administrative Councillor of the City of Geneva, Department of Culture and Sport
Š David Freeman / Genève Tourisme
In Geneva, culture and sport to go ters. The heritage of the museums of Geneva comes from the Genevan families who, in the past, were impassioned about discovery and collecting. Art is therefore at the heart of our city. Nevertheless, I consider it regrettable that there was not, until now, a strategy to develop the cultural place of Geneva internationally. This is I think a major challenge for the years to come. Can you tell us about the major projects you are running in terms of sport?
Major aspects of quality of life, culture and sport are not neglected in Geneva. A significant financial effort, sometimes a heavy burden to carry, is dedicated to renovating and increasing the pool of infrastructure, some growing old.
Can you present to us the department you manage and its principal areas of activity? The city is primarily in charge of cultural institutions such as museums (Museum of Art and History, Ariana Museum, Ethnography Museum, Museum of Natural History), the Opera which is housed within the Grand Theatre, the Library of Geneva, an incredible heritage holding all the collections and documentary archives, as well as the eight municipal libraries. Supporting a whole range of cultural scenes, we subsidise a large number of players in this field (performing arts, theatre, dance, performance, writing, publishing and dissemination) and organise large events, 46 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
like the Festival of Music or the Night of the Museums. The management and promotion of the libraries are at the heart of your activity. What do these places of learning represent for your city? For several centuries there has been a tradition of publishing, writing and dissemination in Geneva. The city has always been a great crossroads of people and ideas where philosophers such as Jean-Jacques Rousseau have been very active. The international dimension of our city also encourages this migratory aspect and all these elements eventually end up passing into our documentary collections, consequently extremely rich. You are also in charge of several museums, like the Museum of Art and History. What place does art occupy in Genevan society? The public of the region is very curious and fond of the delicacies of art in all regis-
Geneva has experienced considerable demographic growth, and in the face of this increase in population, the inadequacies of our sports facilities are glaring. It is therefore urgent to improve them. Another challenge lies in the conquest of new profiles who would not by themselves come to sports centres. Named 'outside the wall', this strategy is to go and meet people in public spaces to encourage sports practice. The same desire to open out is also being applied to the cultural domain and bridges are beginning to form between sport and culture, in a process we are encouraging. What are the main topics on the agenda of your Department? What will be your priorities for the years to come? Several significant investments are required, their simultaneity making the process somewhat delicate. Among these we have the renovation of the Grand Theatre, the renovation of the Museum of Art and History, which will be carried out by Jean Nouvel and the creation of a New Comedy, representing costs that are a heavy burden but must be taken on. In the field of sport, we need to both renovate obsolete centres and create new infrastructure. This series of large operations causes keen debate as well as legitimate concerns regarding the city's capacity to absorb all this debt n
ENTRETIEN | Idéalement logée entre le lac Léman et les montagnes, la ville de Genève profite des caractéristiques de son territoire pour y développer des activités sportives. Un élément non négligeable en matière de santé publique et de divertissement.
Genève est effectivement très sportive. C’est une ville d’environ 195 000 habitants, au centre d’une agglomération qui en compte un million. Elle offre donc des infrastructures de sport importantes pour toute la région. Les Genevois en sont friands pour la simple et bonne raison qu’ils bénéficient de la proximité du lac Léman et des montagnes, et peuvent donc pratiquer la voile ou la natation mais aussi l’escalade. Par ailleurs, les courses organisées connaissent un immense succès, à l’image de la course de l’Escalade qui réunit environ 30 000 personnes chaque année. C’est dire si Genève est une ville sportive, même si sa voisine Lausanne est véritablement la ville olympique.
“La Ville de Genève posséde 25 centres sportifs et stades.” Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes de la politique genevoise en matière de sport ? La gouvernance a quelque peu évolué dernièrement. Si les communes avaient coutume de gérer les questions sportives en Suisse, l’État a repris la main récemment au travers d’une nouvelle loi qui renforce ses compétences et lui donne le pouvoir de gestion de l’aspect législatif. Il a notamment développé le sport-études au sein du département de l’Instruction publique (équi-
valent de l’Éducation nationale en France), permettant à des jeunes qui ont des potentialités importantes de pouvoir regrouper leurs activités scolaires sur certains moments de la journée afin de pouvoir s’entraîner. La Ville de Genève coordonne quant à elle les infrastructures de 25 centres sportifs et stades que nous possédons, un chiffre qui est important mais que nous pouvons accroître et les demandes qui sont faites dans ce sens sont pleinement justifiées. Le sport constitue un enjeu essentiel de santé publique. Que faites-vous pour inciter les jeunes à pratiquer une activité physique régulière ?
de loisirs notamment ou les maisons de quartiers, qui proposent elles-mêmes des activités sportives et qui font donc de la publicité dans ce sens.
Les écoles jouent un rôle majeur, notamment au travers des tournois qui sont le point de départ pour susciter l’intérêt des jeunes pour le sport. Qu’il s’agisse d’handball, de natation, de football ou de basketball, la pratique passe également par une information inter-quartiers, dans les centres
La Ville de Genève soutient activement le développement du sport d’élite. En quoi peut-il être bénéfique pour votre ville et dans quelle mesure le soutenez-vous ?
© AVIVO
Genève est-elle une ville sportive ? Quelle place occupent les activités sportives en son sein, notamment en termes d’infrastructures ?
© Genève Tourisme
Genève muscle ses infrastructures sportives
Introduit par le hockey sur glace, c’est un élément tout à fait nouveau, car l’approche traditionnelle de la ville en matière de sport visait en priorité les jeunes. L’équipe de haut niveau de Genève a été la première à obtenir des pouvoirs publics une rénovation de sa patinoire, qui aura bientôt lieu. D’autres clubs ont suivi par relation de cause à effet, car l’aura des champions sportifs a toujours attiré la jeunesse. C’est indéniable n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Christian Zaugg Président de la Commission des sports de la ville de Genève
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Mai 2014 | Genève
Interview with: Christian Zaugg, Chairman of the Sports Committee of the City of Geneva
Geneva is building up its sports infrastructure Ideally located between Lake Geneva and the mountains, the City of Geneva takes advantage of the characteristics of its territory to develop sports activities there, an important element of public health and entertainment.
city of Geneva coordinates the infrastructure of the 25 sports centres we have, a figure which is significant but that we can increase, and the requests being made in this area are fully justified. Sport is an essential public health issue. What do you do to encourage young people to practice regular physical activity?
Is Geneva a sporting city? What place do sports activities occupy at its heart, particularly in terms of infrastructure?
“The city of Geneva manages 25 sports centres and stadiums.” Can you give us a broad outline of Geneva’s sports policy? Governance has changed somewhat recently. Whilst the communes used to manage questions of sport in Switzerland, the State took back a hand recently through a new law, which reinforces its involvement and gives it management power over the legislative aspect. It has notably developed sports-studies within the Department of Public Instruction (equivalent to National Education in France), enabling young people who have significant potential to consolidate their school activities into certain times of the day to be able to train. For its part, the 48 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
© Carlos Mühlig / Genève Tourisme
Geneva is indeed very sporting. It is a city of approximately 195,000 inhabitants, in the centre of a conurbation which counts a million. It therefore provides major sports infrastructure for the entire region. Genevans love sport for the simple reason that they benefit from the proximity of Lake Geneva and the mountains, and can therefore practice sailing or swimming but also climbing. In addition, organised races are seeing huge popularity, like racing and climbing which brings together approximately 30,000 people each year. Hence Geneva is a sports city, even if its neighbour Lausanne is truly the Olympic city.
Schools play a major role, particularly through tournaments, which are the starting point in arousing the interest of young people in sport. Whether it is handball, swimming, football, or basketball, practice comes via inter-neighbourhood information, in recreation centres in particular or district centres, which themselves offer
sporting activities and are therefore advertising in this direction. The city of Geneva actively supports the development of elite sport. How can it be beneficial for your city and how much do you support it? Introduced by ice hockey, it is a completely new element, since the city's traditional approach to sport was directed primarily towards young people. The high level team of Geneva was the first to obtain a renovation of the skating rink from the authorities, which will take place soon. Other clubs followed via a knock-on effect, as the aura of sporting champions has always attracted young people. It is undeniable n