Fondé en 1960
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PARLEMENT Un cadre de vie exceptionnel à préserver
Le tourisme, trésor économique de La Réunion L’enjeu de l’ouverture maritime
La Réunion,
une diversité fédératrice au carrefour de l’océan Indien Les dossiers Territoires
© CRT / Luc Perrot
Mars 2013 | La Réunion
ÉditoRiaL
La Réunion prépare aujourd’hui son avenir, fait de défis et d’opportunités Par Jean-Luc Marx, préfet de La Réunion
Chers lecteurs,
J
e suis particulièrement heureux d’ouvrir ce numéro du Courrier du Parlement consacré à La Réunion.
A 10 000 kilomètres de Paris, mais seulement à 200 de Port Louis, 800 de Tananarive et 2 000 des côtes africaines, La Réunion est une fenêtre de la France et de l’Union européenne dans l’océan Indien. C’est un territoire exceptionnel de par sa richesse culturelle et naturelle, son dynamisme et sa capacité à regarder avec optimisme et ambition vers l’avenir. La Réunion se trouve à un tournant de son histoire. Sur un territoire limité et contrasté elle doit parvenir à trouver l’équilibre qui assurera, sur le long terme, sa prospérité, la préservation de son environnement et la cohésion de sa population. Les atouts de La Réunion sont multiples. Son histoire en fait un lieu privilégié du métissage de culture et de population dont le résultat est une société ouverte et particulièrement équilibrée. Le talent, la créativité, l’ambition des Réunionnaises et des Réunionnais sont également une force majeure pour l’île.
L’Etat, partenaire d’un développement équilibré du territoire Entre 2020 et 2030, La Réunion aura atteint et dépassé le million d’habitants. Ce dynamisme démographique stimule la consommation et donc l’activité économique. Mais il crée aussi de nouveaux besoins en équipements publics, logements et infrastructures sur un espace déjà densément occupé. Il faut alors répondre aux besoins de la population, tout en recherchant un usage intelligent et responsable des espaces. L’avenir de La Réunion passe par un aménagement du territoire équilibré , où la croissance des activités humaines ne se fera pas au détriment des équilibres écologiques et environnementaux de l’île, mais en complémentarité avec ces derniers. L’Etat porte cette vision au travers de plusieurs initiatives. Le projet GERRI vise à faire de La Réunion un véritable laboratoire sur le développement durable, dans les domaines de la production et du stockage des énergies propres, dans les transports non polluants. C’est une réponse aux besoins énergétiques croissants de l’île et un domaine de développement économique prometteur. Alors que les espaces naturels les plus remarquables de l’île sont aujourd’hui protégés (Parc national inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, Réserve naturelle marine), il existe une véritable concurrence entre espaces urbains et espaces agricoles. L’étalement urbain menace l’agriculture lll
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 1
Mars 2013 | La Réunion
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© Michael Masseaux
réunionnaise, un secteur clé de l’économie de l’île dont le potentiel est à préserver et développer. L’Etat a ainsi installé une commission départementale de consommation des espaces agricoles et engagé avec le conseil général une réflexion de fond pour élaborer un Plan réunionnais d’agriculture et d’agroalimentaire durable. L’aménagement du territoire est un facteur de compétitivité économique et d’amélioration des conditions de vie de la population. En 2012, l’Etat a confirmé son engagement dans les projets structurants que sont la Nouvelle route du littoral et l’agrandissement des capacités des aéroports de l’île. Il a également engagé le changement du statut de Port Réunion : en devenant grand port maritime, la principale porte d’entrée de marchandises de La Réunion aura les moyens pour moderniser ses infrastructures et devenir le port de référence du Sud-Ouest de l’océan Indien. Pour croître, créer de la richesse et des emplois, l’économie réunionnaise doit se diversifier et devenir en même temps plus compétitive.
Jean-Luc Marx Préfet de La Réunion
Le tourisme fait figure de secteur d’avenir, grâce au patrimoine naturel et culturel exceptionnel de l’île susceptible d’attirer une clientèle internationale de plus en plus nombreuse. L’Etat a mis en place avec le conseil régional et le conseil général un comité d’orientation stratégique, dont le but est de donner les impulsions nécessaires à la définition d’une offre touristique cohérente et ambitieuse. Il soutient pleinement l’intégration de La Réunion dans les circuits touristiques de l’océan Indien à travers l’initiative “Iles Vanille”. Avec la suppression des visas pour les citoyens sud-africains, l’Etat fait de La Réunion une destination plus accessible à une nouvelle clientèle très attirée par les beautés de notre île. La mer offre également des opportunités de développement majeures pour La Réunion. Le livre bleu Sud océan Indien définit la politique maritime de la France dans les espaces maritimes de La Réunion, de Mayotte et des TAAF et trace les grandes orientations pour une exploitation durable et raisonnée des ressources de la mer.
L’ouverture régionale, dimension essentielle de La Réunion de demain Pendant très longtemps, à La Réunion tout comme dans d’autres territoires ultramarins, l’éloignement de la métropole a été considéré comme un handicap majeur pour le développement économique et social. Aujourd’hui nous avons changé de paradigme. L’Etat a pleinement pris conscience du potentiel d’une plus grande ouverture vers l’environnement régional de La Réunion. Ce dernier est devenu en effet un foyer d’opportunités, que les Réunionnais, chefs d’entreprise, étudiants, chercheurs doivent saisir pleinement. La Réunion est entourée de pays en pleine croissance, dont les besoins en savoir-faire et technologies sont énormes. Elle doit alors employer pleinement ses compétences, ses talents pour profiter pleinement de cette dynamique. L’ouverture va de pair avec la prise de conscience de nouveaux risques pour nos entreprises, en matière de protection de la propriété intellectuelle par exemple. C’est pourquoi l’Etat œuvre à la diffusion d’une véritable culture de l’intelligence économique auprès des chefs d’entreprise réunionnais. Le rayonnement de La Réunion dans l’océan Indien se révèle par une coopération régionale de plus en plus intense entre collectivités, institutions d’enseignement et de recherche. La mission diplomatique de la préfecture assure le travail de coordination nécessaire entre les acteurs réunionnais, ainsi qu’avec nos postes diplomatiques dans les pays de la zone. La France-Réunion est un acteur majeur de la Commission de l’océan Indien. La Réunion prépare aujourd’hui son avenir, fait de défis et d’opportunités. L’Etat participe activement, aux côtés des collectivités territoriales, au travail de réflexion et de définition de ce que sera La Réunion de demain. La concertation et la coordination des acteurs du territoire est la condition essentielle pour voir émerger une vision stratégique cohérente et partagée de l’avenir de ce territoire n 2 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
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PARLEMENT Hors-série - Mars 2013
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SOMMAIRE : La Réunion
Éditorial : La Réunion prépare aujourd’hui son avenir, fait de défis et d’opportunités
1
Jean-Luc Marx, préfet de La Réunion
Port Réunion, un atout-maître dans l'Océan Indien
6
Entretien avec Frédéric Cuvillier, ministre délégué aux transports, à la mer et à la pêche
Une appartenance commune en dépit des différences
8
Entretien avec Didier Robert, président du Conseil régional de La Réunion
La Réunion, une terre de contrastes et de paradoxes
10
Entretien avec Nassimah Dindar, présidente du Conseil général de La Réunion
Une terre de métissages historiques face aux enjeux du XXIe siècle, par Pauline Pouzankov
14
Une fiscalité adaptée
16
Entretien avec Jean-Luc Chevallier, directeur régional des finances publiques (DRFIP)
Le tourisme, trésor économique de La Réunion Vers une réunion culturelle
20
Entretien avec Marc Nouschi, directeur des affaires culturelles – océan Indien
Un cadre de vie exceptionnel à préserver Un laboratoire de développement durable grandeur nature
26
Entretien avec Daniel Fauvre, directeur de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement à La Réunion
L’État, acteur de la politique locale du logement L’aménagement, pilier entre l’Homme et la nature
38
Entretien avec Daniel Fauvre, directeur de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement à La Réunion
La pierre, un pilier réunionnais fragile
42
Entretien avec Mr Siriex, président de la Fédération réunionnaise du BTP
L’Etat volontariste en matière de cohésion sociale Entretien avec Ronan Boillot, sous-préfet chargé de mission cohésion sociale et jeunesse
4 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
44
Mars 2013 | La Réunion
Un dynamisme stimulé par la création d’entreprises “La Réunion poursuit encore sa transition économique”
48
Entretien avec Ibrahim Patel, président de la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion
Un carrefour commercial en devenir
50
Entretien avec Yannick Lauri, conseiller du commerce extérieur de la France à La Réunion
L'agriculture, enjeux économie et social
52
Entretien avec Jean-Yves Minatchy, président de la Chambre d'agriculture de La Réunion
L'Etat, acteur essentiel pour le secteur agricole
55
Entretien avec Louis Biannic, directeur de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF) de La Réunion
Les artisans réunionnais ont rattrapé leur retard
60
Entretien avec Bernard Picardo, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de La Réunion
Sortir du chômage structurel
62
Entretien avec Jean-François Dutertre, directeur de la DIECCTE (Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi)
Un atout pour la recherche française
64
Entretien avec Gilles Lajoie, directeur régional de la Délégation régionale de la recherche et de la technologie de La Réunion (DRRT)
L’enseignement supérieur au service de la stimulation de la recherche L’efficacité énergétique est le socle de notre politique
68
Entretien avec Philippe Beutin, directeur de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie de Mayotte & Réunion
De nouveaux enjeux entre transports et ouverture régionale Un carrefour d’échanges stratégique et prometteur
80
Entretien avec Eric Levert, directeur de la mer sud océan Indien
LE COURRIER DU PARLEMENT - Édité par Monde Édition S.a.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lecourrierduparlement.fr - www.lecourrierduparlement.fr n directeur de la publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction Sharon Lazimi n Journalistes - Julien Dreyfuss, Pauline Pouzankov, Louis Le Bris, Olivier Sourd, Marie Pannetier n infographistes - Isabel Da Silva - Michaël Lazimi n directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n Régie publicitaire - Daniel Bitan n Remerciements - Préfecture de La Réunion n N° 03/13 n Numéro iSSN - 0045-8899 n Commission paritaire - 0214 T 91246 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo de couverture - © Fotolia / Frog 974 - Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 5
ENTRETIEN depuis le 1er janvier, quatre grands ports maritimes ont été créés dans les doM, dont un à La Réunion. Port Réunion devient ainsi l’un des acteurs essentiels de la France maritime du XXie siècle et l’une des places de développement européenne les plus sûres de la région.
Port Réunion, un atout-maître dans l'Océan Indien Quels sont les grands axes de la réforme des ports d’Outre-mer ? C’est un nouveau cadre qui doit permettre aux ports de développer l’investissement et de réaliser les extensions d’infrastructures qu’ils ont en projet. Quatre grands ports maritimes ont été créés au 1er janvier 2013 à La Réunion, en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane. En clair, nous déclinons dans les DOM le modèle des grands ports maritimes métropolitains, tout en tenant compte des spécificités inhérentes à la situation locale. Je pense aux exigences de performance et de compétitivité qu'imposent l'évolution du commerce maritime international et la concurrence avec les ports étrangers. Dans les ports des DOM, les collectivités territoriales auront plus de place dans la gouvernance. Les coûts de passage portuaire seront mieux maitrisés grâce à la réforme, et les consommateurs pourront s’exprimer.
d’abord à la pêche. On sait, à La Réunion comme dans la métropole, pratiquer une pêche durable qui a permis de sauvegarder les stocks qui étaient menacés, sur des espèces importantes comme la légine et la langouste. Le total des prises de thonidés dans l’océan indien représente plus de 300 000 tonnes par an dont une partie à forte valeur ajoutée pourrait être débarquée à La Réunion. De nouveaux territoires s’ouvrent aujourd’hui à la pêche, avec des besoins de reconnaissance réglementaire des extensions de zone économique exclusive. D’autant que la pêche représente plus de 100 à 120 millions de tonnes par an dans le monde.
“Le développement d’une coopération peut relancer la croissance de l’économie insulaire”
Quels en seront les principaux bénéfices pour Port-Réunion ?
Dans quelle mesure Port-Réunion estil un atout pour la France en termes de commerce international ?
Port Réunion pourra rapidement mettre aux normes ses installations. C’est important, pour devenir un hub de qualité pour tous les trafics qui croisent dans la zone. Par ailleurs, son pôle de pêche, récemment modernisé, devrait pouvoir accueillir de nouveaux trafics de niche à forte valeur ajoutée. Je pense, par exemple, à la légine.
Par sa situation géographique d’abord. Le développement d’une coopération portuaire et maritime avec les pays de sa zone d’influence (Mozambique, Afrique du Sud, Madagascar, Maurice…) est un bon moyen de relancer la croissance de l’économie insulaire.
Tous les grands ports des outre-mer sont en effet au centre d’une vaste zone économique exclusive, dont les ressources sont aujourd’hui peu valorisées. Je pense 6 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Pêche durable, énergie de la mer, ressources minérales des fonds marins, exploitation de nouvelles richesses pétrolières et entrée /sortie des matières premières et produits finis, développement de plateformes de
transbordement ou liées aux trafics énergétiques et développement de la croisière… autant de sujets majeurs pour la France maritime du 21ème siècle, dont Port Réunion sera un des acteurs essentiels. Port Réunion doit aussi pouvoir mettre à disposition des grands organismes de recherche maritime des espaces pour prospecter dans les ZEE. La recherche maritime est une véritable priorité et La Réunion peut être une excellente base, renforcée par le grand port, pour développer cet axe majeur de la croissance bleue dans les TAAF notamment. Plus spécifiquement, les ressources minérales, pétrolières et gazières sont des secteurs d’avenir pour lesquels Port Réunion a une place essentielle. Les bases-arrières des espaces d’exploitations sont situées dans les ports de la zone, points d’appui des futures explorations. La Réunion a-t-elle encore une marge de progression en matière d’économie maritime ? Comment l’exploiter mieux encore ? Port Réunion reste actuellement un petit port insulaire dédié à l’économie locale. Mais l’océan indien est une zone de croisement des flux pour les armements à conteneurs, entre les lignes au départ de l’Europe, de l’Afrique de l’Est, de l’Asie et de l’Océanie. Dans cette région du monde, ce sont les ports de Maurice, Maputo et de Durban qui sont les plus prisés des armateurs. Mais avant la crise de 2009, les principales routes maritimes entre la Chine, les Etats Unis lll
© Arnaud BOUISSOU/MEDDE
Frédéric Cuvillier Ministre délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche
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et l’Europe étaient proches de la saturation (détroit de Malacca). Et dans le Golfe d’Aden pèse toujours la menace de la piraterie. La Réunion est donc une place de développement européenne sûre. Faut-il rappeler que Port Réunion est la troisième base navale de France ? Port Réunion doit se positionner sur de nouvelles activités de transbordement, seule activité à même de générer de la valeur ajoutée portuaire et donc de faire baisser les coûts de passage. Cela nécessite des investissements d’importance à formaliser dans son futur projet stratégique.
“Port Réunion, un acteur essentiel pour la France maritime du XXie siècle” La nouvelle organisation permettra de mettre en place des modes d’organisation européens des espaces portuaires. Nous évoquions plus haut la recherche maritime, comment ne pas parler dans l’économie maritime du potentiel exceptionnel de La Réunion en matière d’éner-
gies marines ? Les énergies de la mer sont des champs de développement pour les économies insulaires afin d’atteindre l’indépendance énergétique locale et de moins recourir aux énergies fossiles. Les ports des outre-mer seront les plateformes de développement pour ces projets. La Réunion y est fortement impliquée au titre de sa recherche de production énergétique nouvelle ; le projet SWAC (Sea water air conditionning : la climatisation par l’énergie thermique de la mer) en est l’exemple le plus probant n Propos recueillis par Louis Le Bris Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 7
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | terre de métissages profonds, La Réunion n’en demeure pas moins un territoire de grande tolérance inter-communautaire. Une unité sociale bénéfique aux enjeux de l’emploi, et particulièrement des jeunes.
© David Chane-See-Chu
Une appartenance commune en dépit des différences Terre de métissage, en quoi le défi de la cohésion sociale est-il prioritaire à l’identité réunionnaise ?
“Renforcer l’égalité et la cohésion sociale”
Elle est pourtant la preuve qu’on peut bâtir sur tant de différences un sentiment commun d’appartenance. Reste que notre territoire concentre des difficultés sociales et économiques importantes et il est évident que notre île ne pourra continuer, comme l'a écrit Léopold Sédar Senghor, à “s'ouvrir aux pollens fécondants de l'Autre” qu’en luttant collectivement contre les nouvelles ségrégations sociales et économiques qui affectent particulièrement nos jeunes. Renforcer l’égalité des chances et la cohésion sociale, c'est aussi renforcer les 8 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Le concept des Iles Vanille est porté par l'ensemble des iles de l'océan indien. Ici réunion des Ministres du Tourisme de l'océan Indien lors de la Commission de l'Océan Indien à La Réunion le 12 novembre
valeurs du respect, de la tolérance et du métissage auxquelles les Réunionnais sont particulièrement attachés.
de chômage en dessous d’un quart de la population active. Quels enjeux cette dynamique implique-t-elle aujourd’hui ? Enfin, quels sont les grands projets à venir sur le territoire ?
Si La Réunion connait une forte croissance économique depuis ces dernières années, elle n’a pas descendu son taux
© David Chane-See-Chu
La Réunion est effectivement, pour des raisons d’abord liées à son histoire, une terre métisse. Affirmer cela, ce n’est pas tomber dans les clichés d’usage : à tous ceux que je rencontre et qui découvrent pour la première fois notre île, je leur propose souvent de faire l’expérience suivante. Imaginez un petit caillou volcanique et montagneux, sans ressources, isolé au milieu de l’océan Indien. Vous y placez, sous la contrainte servile ou le volontariat, des êtres humains venus d’Europe, de Madagascar, d’Afrique, d’Inde, de Chine et d’Asie. Vous y diffusez toutes les religions de la planète. Vous y rajoutez une solide et régulière croissance démographique. Quels seraient selon vous les résultats d’une telle expérience ? Personne, je pense, ne pourrait décrire ou ne serait-ce qu’imaginer “La Réunion”.
La priorité des priorités à La Réunion, c'est effectivement l'emploi et de manière encore plus prioritaire, celui des jeunes. Le taux de chômage chez les 15-24 ans est de 60 % contre 23 % au niveau national ! Leur insertion sur le marché du travail constitue donc pour notre collectivité un enjeu spécifique. Le protocole de Matignon, signé en octobre 2010, représente à cet égard une véritable opportunité pour notre île, notamment pour le secteur du BTP avec le lancement du chantier de la nouvelle route du littoral, du nouveau transport public réunionnaisetdelamodernisationde nos plateformes aéroportuaires. Avec une lll
Didier Robert Président du Conseil régional de La Réunion
© L. de Gebhart - lestudio360
lll commande publique garantie de plus
de 2,2 milliards d’euros, il y a là un fort potentiel d’activités et de développement à court et moyen terme. Les grands chantiers sont nécessaires pour assurer une période de transition nécessaire pour les 10 prochaines années. Mais il est évident aussi qu’ils ne peuvent à eux seuls constituer sur le long terme une stratégie de développement économique durable pour une île comme La Réunion. Parallèlement à cela, nous avons donc fait le pari de mettre en avant un certain nombre de secteurs d’activité. En réorientant nos efforts vers des domaines stratégiques comme le tourisme, l’agro-nutrition, les énergies renouvelables, le numérique, nous misons clairement sur des filières à forte valeur ajoutée. Après 10 années de stagnation, la fréquentation touristique de notre île a enregistré ses meilleurs résultats ces deux dernières années. Cette croissance à deux chiffres du nombre de touristes européens et étrangers, l’augmentation des dépenses touristiques et du taux d'occupation des hôtels classés, sont pour nous un encouragement à poursuivre dans la voie que nous nous sommes fixée. Grands chantiers, développement ciblé de filières à forte valeur ajoutée, c'est le cap que nous avons choisi de poursuivre pour permettre de créer les conditions favorables à une croissance et redonner confiance aux entrepreneurs locaux et plus largement à l’ensemble des Réunionnais. Entretenant une relation quasiexclusive avec la métropole, La Réunion s’ouvre aujourd’hui à l’échelle régionale et maritime. Quel rôle devra-t-elle y jouer ? Il est vrai que la moitié des produits importés proviennent encore de la métropole. Il est vrai aussi que la France reste le principal “client” de La Réunion (29 % de nos exportations). Pour autant les choses évoluent. Aujourd’hui les relations avec l’Asie (25 % de nos exportations) ou les îles de l’océan Indien (19 % de nos exportations) sont le signe d’une véritable diversification des échanges. Ces évolutions sont le signe qu’ils s'adaptent aux évolutions économiques de la zone océan Indien, que les relations économiques sont également en train de se renforcer avec les pays de la zone dans une relation Sud-Sud beaucoup plus ambi-
tieuse que par le passé. C’est très clairement une démarche politique délibérée. C’est cette approche que nous avons eu pour le développement de notre filière touristique. Le concept des “îles Vanille” est une réponse sérieuse aux changements imposés par la mondialisation, aux changements de comportements des clientèles traditionnelles et aux exigences des clientèles nouvelles. Malgré un contexte international morose, la destination “océan Indien” résiste mieux à la crise et les économies touristiques des “Îles Vanille” continuent à progresser. C’est cette même démarche et ce même volontarisme que nous devons partager avec les pays et les îles de l’océan Indien sur les questions des énergies renouvelables, sur les enjeux de la protection et de la valorisation de notre biodiversité, sur la sécurité alimentaire, sur la gestion raisonnée de l’eau, sur le soutien aux productions agricoles locales, sur le traitement intelligent de nos déchets. Dans cette nouvelle stratégie, le tourisme et l’excellence environnementale constituent à l’évidence deux secteurs clés qui auront pour les années à venir un rôle d’entraînement important sur toutes les autres filières. Quelles sont les spécificités de la région réunionnaise ainsi que ses atouts ? De quoi manque-t-elle encore pour gagner en attractivité ? En termes d’attractivité, comment ne pas voir les progrès accomplis ces dernières
années ? Notre île a obtenu son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco en 2010, a vu sa fréquentation touristique progresser de façon importante depuis 2011. En matière d’énergies renouvelables, des partenariats ont été signés avec des grandes entreprises nationales et internationales pour mener des actions innovantes dans des technologies aussi diverses que les énergies marines, le solaire, les réseaux énergétiques intelligents ou la production d'unités de biogaz.
“Priorité à l’emploi et surtout celui des jeunes”
L’attractivité de notre région a également progressé dans le domaine de la recherche et de l’innovation avec l’installation d’équipements scientifiques d’envergure. L'engagement réunionnais dans le secteur de l’imagerie satellitaire et de la télédétection, de l’étude de l’atmosphère nous ouvre de nouveaux champs de coopération très importants dans la zone. A l’image de ce que nous faisons en matière de tourisme avec les “îles Vanille”, il est évident pour moi que notre avenir économique passe par des rapprochements stratégiques ciblés. Certains pays de la zone se développent à un rythme accéléré. C’est vrai pour la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud. Nous savons aussi que les autorités de ces pays veulent trouver les voies d'une croissance plus respectueuse de l'environnement. Nous devons profiter de cette opportunité pour mettre davantage en avant le savoirfaire réunionnais dans ces domaines n
Propos recueillis par Julien dreyfuss
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 9
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | département d'outre-mer (974), La Réunion bénéficie d'atouts indéniables et d'une richesse culturelle et humaine. Néanmoins, la crise a des effets dévastateurs et le taux de chômage est l'un des plus forts d'Europe.
La Réunion, une terre de contrastes et de paradoxes Quel regard portez-vous sur le département de La Réunion ?
Pourtant, La Réunion est une terre qui recèle énormément de richesses. Une richesse culturelle d’une part, cette interpénétration des cultures, ces religions qui cohabitent en parfaite harmonie, ce métissage des couleurs qui est cité en modèle en France hexagonale mais aussi ailleurs dans le monde. Je pense aussi à la richesse environnementale, ce relief et ces paysages époustouflants dotés d’une faune et d’une flore d’une richesse incomparable. Nos pitons, cirques et remparts sont le bien le plus précieux que nous possédons. Et ce bien appartient depuis plus de deux ans au patrimoine mondial de l’Humanité. C’est une véritable fierté. 10 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Mais il y a une richesse sur laquelle je tiens à insister, c’est la richesse humaine. La Réunion est riche de ses habitants. Les Réunionnais sont l’âme de notre île. Ils sont les moteurs de son développement. 800 000 femmes et hommes qui, malgré la crise, la situation économique et sociale désastreuse,
ont su allier à la fois entraide et esprit d’entreprise et d’innovation pour que leur île puisse, à terme, retrouver le chemin de la croissance. Département le plus peuplé d’Outre-mer, La Réunion dépassera le cap du million d’habitants d’ici 2030. A quels enjeux les collectivités vont-elles devoir faire face ? © Richard Bouhet - IPR
Le département de l’île La Réunion est une terre de contrastes et de paradoxes. La crise a eu des effets dévastateurs sur notre territoire ces dernières années. Le taux de chômage déjà très important a explosé pour avoisiner aujourd’hui les 30 %, un des taux les plus forts d’Europe. 60 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage. 49 % de la population réunionnaise vit en dessous du seuil de pauvreté. On dénombre près de 110 000 illettrés et l’ascenseur social qu’était autrefois le système scolaire est aujourd’hui en panne. La vie est plus chère en moyenne de 30 % à La Réunion par rapport à la Métropole. Il y a un véritable malaise sur notre département qui se traduit par une urgence sociale croissante. Nous avons déjà connu deux crises majeures, l’une en 2009 et l’autre en 2012. Malgré les mesures volontaristes prises par les pouvoirs publics et notamment le Conseil Général, la colère gronde car les problèmes sont loin d’être résolus.
Les enjeux sont immenses, et ce, dans tous les domaines. L’aménagement d’une part. Dans une île où la démographie est galopante, les besoins en logements sont importants : 10 000 nouveaux logements sont nécessaires chaque année pour répondre aux besoins de la population. Á cela s’ajoutent les 22 000 demandes de logements sociaux en attente. Nous devons d’ores et déjà élaborer une stratégie à la hauteur des enjeux. Il s’agit là d’une responsabilité collective de l’Etat, des bailleurs lll
Nassimah Dindar Présidente du Conseil général de La Réunion
Concernant l’équipement routier, l’enjeu sera privilégier les modes de transport en commun. Pour cela, Etat et collectivités devront travailler en étroite collaboration pour offrir aux Réunionnais de nouveaux modes de transports, économiques, écologiques et adaptés à leurs besoins. C’est déjà la logique poursuivie actuellement par le Conseil Général. Nous souhaitons mettre en place, en partenariat avec toutes les autorités organisatrices de transport, un syndicat mixte des transports. Cet outil permettra à la fois de coordonner les politiques de transport, d’organiser le réseau et de proposer un tarif unique à l’ensemble des Réunionnais.
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sociaux et des élus. Il est également impératif de rendre le foncier accessible à tous. C’est un véritable défi à La Réunion où ce foncier devient de plus en plus rare et cher. Plus largement, c’est la question de l’aménagement des villes et des Hauts qui se pose. Concernant les villes, la politique d’aménagement se doit d’être revue. Notre île n’est pas extensible et nous devons donc optimiser les espaces pour ne pas empiéter sur les activités agricoles tout en permettant le développement économique. Concernant les Hauts, et c’est là une de mes grandes ambitions, il faut favoriser leur développement. Ce sont des zones qui ont été oubliées ces dernières années et qui, pourtant, regorgent de ressources. Exploiter et valoriser ces ressources seront bénéfiques non seulement à ces territoires mais profitera par ricochet à toute La Réunion.
L’autre grand défi qui me tient particulièrement à cœur est celui du vieillissement de la population. En 2020, nous compterons plus de 200 000 Réunionnais ayant plus de 60 ans. Se pose la question de la prise en charge de la dépendance. La priorité du Conseil Général est le maintien à domicile et nous devons donner aux familles les outils leur permettant de garder leurs parents à leur domicile. Si nous voulons que cette solidarité familiale perdure, il sera nécessaire d’amplifier nos actions d’accompagnement en faveur des familles réunionnaises. Mais le sujet de la dépendance pose surtout la question de l’équipement structurel. Je souhaite, avec l’ensemble des partenaires, que nos politiques futures de construction d’établissements d’accueil des personnes âgées dépendantes privilégient les structures à tailles humaines, adaptées à la dépendance de ces “gramounes” et qui leur offrent des lieux de quiétudes où ils pourront bien vieillir. C’est ce que nous avons réussi à faire avec
notamment la Maisons pour l'autonomie et l'intégration des malades d'Alzheimer (MAIA) et la Maison d'accueil rurale pour personnes âgées (MARPA). Nous souhaitons poursuivre nos efforts dans ce sens.
“La Réunion est une terre qui recèle énormément de richesses”
A ce titre, la croissance démographique impliquera une augmentation des consommations d’énergies sur l’île : quelles mesures permettront de répondre à ce défi (énergies nouvelles, renouvelables, etc) ? Le défi énergétique dépasse le cadre politique. L’ensemble des acteurs concernés par cet enjeu ont d’ailleurs posé comme objectif d’atteindre l’autonomie énergétique à l’horizon 2030. Ce projet dénommé GERRI 2030 doit nous permettre de mettre en place des mesures innovantes pour atteindre cet objectif tout en utilisant un maximum d’énergies nouvelles. Dans ce cadre, les collectivités locales se sont engagées dans une politique volontariste de développement durable. Le Conseil Général est d’ailleurs en première ligne. Nous avons accompagné les familles dans l’installation de chauffe-eau solaires chez elles. Nous avons équipé 23 de nos collèges de panneaux photovoltaïques. Nous avons également élaboré un Plan d’Action Départemental pour le Développement Durable cohérent et ambitieux qui fait de la politique de développement durable lll
Les collectivités devront aussi répondre à la question de l’aménagement et de l’équipement routier. Nos axes routiers ne parviennent plus à absorber le flot de véhicules et le tout-voiture nous amènera tout droit vers le coma circulatoire. Il y a la question de l’aménagement de la route du littoral, vieux serpent de mer qui devrait trouver une issue positive dans les prochaines années avec le projet de nouvelle route du littoral porté par le Conseil Régional. Le Conseil Général s’est quant à lui engagé dans une politique de sécurisation des routes départementales pour permettre aux Réunionnais de circuler sans difficulté. Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 11
Mars 2013 | La Réunion
lll une priorité dans chacune de nos actions. Cela va de notre politique agricole et de gestion de l’eau à la construction de nos bâtiments en passant par la sensibilisation de nos élus et de nos agents aux gestes éco-citoyens ou encore l’éducation en milieu scolaire. L’un des projets phare est celui de la “Case Démété”, un concept de maison du futur, pensée à travers le filtre du développement durable.
Notre engagement nous a même valu l’attribution de la Marianne d’Or en 2009, du Prix Eco Trophée en 2011 et du Ruban développement durable pour la période 2012 – 2014. La Réunion est un modèle de département en matière de politique énergétique et nous avons l’ambition de devenir un département modèle en France. Si les énergies solaire et éolienne sont des atouts indéniables pour notre île, il y a une autre énergie qui devra impérativement être utilisée dans les prochaines années, c’est l’énergie de la mer. La houle, le différentiel thermique entre la surface et les profondeurs sont autant d’atouts que nous devrons utiliser pour relever le défi de l’autonomie énergétique à l’horizon 2030. Avec une relation commerciale essentiellement tournée vers la métropole, comment expliquer le relatif isolement de La Réunion par rapport à ses voisins maritimes ? Cet isolement s’explique par le fait que La Réunion est déjà intégrée dans un ensemble économique, celui de l’Union Européenne. Nos commerces sont quasi exclusivement
tournés vers l’Europe et en particulier la France, ne laissant que peu de place à une ouverture sur la zone. Ceci s’explique notamment par la problématique des normes européennes des produits qui s’imposent sur notre île et qu’on ne retrouve pas forcément chez nos voisins. Nous sommes donc, d’une certaine manière, contraint de travailler avec l’Europe. Mais il y a eu ces dernières années une prise de conscience de la richesse que constitue notre environnement géographique immédiat. Nous avons donc multiplié les partenariats visant à renforcer la coopération régionale et maritime avec les pays de la zone. Quels avantages le renforcement de la coopération régionale et maritime vat-il apporter à La Réunion ? Nous avons une chance inouïe. La Réunion est certes une terre de France et d’Europe dans l’océan Indien, mais elle est surtout une île à croisée des continents africain, asiatique et océanique. Les potentiels économiques et touristiques ainsi que de partage des connaissances et des savoirfaire sont donc immenses. 29 millions de consommateurs dans le premier cercle de pays qui nous entourent. Des milliards de consommateurs en comptant l’Inde, la Chine et les pays d’Afrique. En renforçant la coo-
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pération régionale avec nos voisins, nous ouvrons aux Réunionnais les portes vers de nouveaux horizons et de nouveaux espaces économiques. Le Conseil Général a pris la mesure de ces atouts depuis plusieurs années déjà, notamment en matière d’insertion. Nous accompagnons des jeunes Réunionnais dans leur projet d’étude et d’acquisition d’expérience dans la région. Et nous souhaitons renforcer cela en 2013 en mettant en place des résidences économiques dans les pays de la zone et une “Ronde de la jeunesse”. L’objectif étant de permettre aux Réunionnais d’acquérir du savoir-faire et du savoir-être tout en favorisant les échanges interculturels et intellectuels. Il faut désormais qu’une véritable coopération régionale économique puisse se mettre en place. Cela sera bénéfique non seulement pour les entreprises réunionnaises mais aussi pour les Réunionnais puisqu’en important des pays de la zone, nous parviendrons à diminuer le prix d’achat ainsi que les coûts de transport et de stockage. Ce qui, in fine, permettre de baisser le prix des produits sur notre île et donc d’augmenter le pouvoir d’achat des Réunionnais n Propos recueillis par Julien dreyfuss
Mars 2013 | La Réunion
Une terre de métissages historiques e face aux enjeux du XXI siècle Les défis se succèdent pour ce morceau de France situé en plein cœur de l’océan indien. L’unité culturelle désormais accomplie, La Réunion passera le cap du million d’habitants d’ici 2030 sur un territoire non extensible. Si l’effort en matière de logement est considérable, c’est sur l’autonomie énergétique que se concentrent les problématiques essentielles du développement réunionnais.
A
vec un taux de croissance équivalent au double de la métropole, l’économie réunionnaise a depuis longtemps rattrapé son retard et ne semble avoir pour limites que sa géographie insulaire. S’étendant en effet sur 2 504 km2 dont seulement 1 000 km2 sont aménageables, La Réunion doit aujourd’hui faire face à un triple défi : répondre à une démographie galopante comme à l’autonomie énergétique, le tout en préservant son environnement. Objectif : l’autonomie énergétique en 2050
lique, la production électrique de l’île est aujourd’hui constituée à 30 % d’énergies renouvelables, soit le meilleur taux des DOM-TOM. Loin de s’en contenter, La Réunion compte même atteindre 50 % d’autonomie en la matière à l’horizon 2020 selon les préconisations du Grenelle de l’environnement.
“Répondre à une démographie galopante tout en préservant l’environnement” Un marché en maturité
Première destination d’Outre-mer, les revenus touristiques constituent également l’essentiel de son économie, loin devant la culture de la canne à sucre ou encore la pêche en Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Malgré la prospérité de son secteur tertiaire, l’île ne parvient toujours pas à résorber son problème majeur : le chômage, qui touche 30 % de la population et près de 60 % des jeunes. L’immigration y apportant une réponse partielle, c’est au développement endogène du territoire de veiller à la formation de la population à tous les âges, ciblant sa stratégie économique sur l’innovation, les énergies renouvelables et l’ouverture à de nouveaux marchés. Car si l’objectif d’autonomie énergétique semble lointain, il promet de créer formations et filières locales qui contribueront au dynamisme économique réunionnais en garantissant un emploi pérenne. De nature houlomotrice, éolienne ou encore hydrau14 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
A l’exploitation optimale des ressources s’ajoute l’ambition de devenir un véritable carrefour commercial de l’océan Indien. Car profitant d’une situation géographique avantageuse, l’île n’échange pourtant que très peu avec ses voisins, les relations économiques des DOM étant essentiellement tournées vers la métropole et l’Union européenne. Vivant majoritairement des importations (plus de 95 % des produits qui transitent dans la zone océan Indien), le territoire souhaite gagner en compétitivité en jouant sur l’ingénierie, les services et l’enseignement pour reconquérir des parts de marché en Afrique du Sud notamment. Dans le même esprit, le pilotage collectif des politiques liées à la mer avec Mayotte et les TAAF permettrait de faire face à la concurrence régionale et chinoise. Concrétisée par le livre bleu de la zone sud océan Indien, cette mesure sera institutionnalisée
par un décret créant les comités maritimes ultramarins.
“Un futur carrefour commercial au coeur de l’océan indien” Une ambition de recherche Décentralisé de la métropole, l’océan Indien devient pourtant chaque jour de plus en plus proche. Communications facilitées, avancées technologiques et opportunités d’implantation sont autant d’atouts nécessaires à l’attractivité d’un territoire compétitif. En termes d’innovation notamment, puisque l’objectif principal des politiques locales consiste à construire un pôle d’excellence en recherche maritime dans la zone intertropicale. De grands projets de transports, aériens, terrestres et portuaires facilitent l’accès à La Réunion comme son ouverture, via par exemple la sécurisation de “La route du littoral” et le développement des transports en commun. Le retard économique rattrapé, l’île met désormais en place les fondements de son développement futur : comme autrefois réunissant l’identité de multiples ethnies, elle souhaite maintenant concilier son aménagement urbain avec la préservation d’un cadre de vie exceptionnel. Tournée vers la mer, elle espère qu’aucun obstacle à l’horizon ne viendra freiner son élan n Pauline Pouzankov
La Réunion
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 15
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Si elle ressemble en beaucoup de points à ses homologues de métropole, la direction régionale des finances publiques réunionnaise s’est ajustée au contexte local et aux particularités de l’ile.
Une fiscalité adaptée
La Direction régionale des finances publiques de La Réunion a été créée le 17 décembre 2010 par le rapprochement des services de la DGI et du trésor public. Cette fusion a permis de créer de réelles synergies pour offrir un meilleur service à nos trois principaux usagers : les particuliers, les professionnels et les collectivités locales. Les services de la DRFIP de La Réunion sont en tous points identiques à ceux de la métropole. Néanmoins le contexte local comporte de réelles particularités qu’il m’appartient de prendre en compte dans la gestion de notre activité. Laissez-moi-vous en citer quelques unes. Comme en métropole, le recouvrement de l’impôt se fait ici pour les professionnels dans le cadre de la loi qui impose, pour une grande partie d’entre eux, un paiement par internet. En revanche, les particuliers de La Réunion se déplacent énormément dans nos services. Sur une année nous accueillons plus de 370 000 usagers, ce qui représente, en moyenne, deux fois plus de visiteurs qu’en métropole, et ce nombre ne cesse d’augmenter. Outre le paiement en numéraire des différents impôts sur le revenu, taxe d’habitation ou foncière, les réunionnais se rapprochent de nos services pour obtenir des renseignements, des documents réclamés par les autres services publics. Ainsi, par exemple, pour obtenir les aides aux voyages en métropole des enfants partant faire leurs études, un avis de non imposition est réclamé ; le remboursement de leur prime pour l’emploi en espèce mobilise aussi nos accueils. Grâce à la fusion des services des impôts et du trésor public, les usagers peuvent faire toutes leurs démarches après d’un seul service (demandes d’explications, 16 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
contestation ou acquittement de leurs impôts). Dans ce contexte, nous travaillons en permanence sur le dossier “accueil” afin de dégager en local des solutions pour rendre à l’usager un meilleur service.
cal à La Réunion est donc particulièrement important de par la complexité des cas vérifiés mais surtout parce que les montants recouvrés sont essentiels au budget de l’Etat (40 millions par an).
Les mesures fiscales spécifiques aux investissements outre mer font l’objet d’un contrôle approfondi de la part de nos services. Les réductions d’impôts en faveur des investissements réalisés outre mer ont été posées dans la loi de finances rectificative du 11 juillet 1986 puis celle pour 2011 et la fiscalité à été modifiée récemment par les loi dite “Girardin” notamment sur les investissements en immobilier de logement. Pour ouvrir droit à réduction d’impôt, les investissements et leurs modalités d’exploitation doivent respecter plusieurs conditions (activité économique éligible, matérialité des investissements… ) La DRFIP a pour mission de vérifier que les conditions pour bénéficier des réductions d’impôts sont remplies. Les fraudes dans ce domaine donnent lieu, bien entendu à des reprises de réductions d’impôts, mais aussi à des amendes fiscales voire des procédures judiciaires. Le contrôle fis-
La gestion des collectivités locales (24 communes, 5 communautés d’agglomération, le département, la région, les terres australes et antarctiques françaises et 5 établissements de santé) pour lesquelles la DRFIP apporte les services de tenue de la comptabilité et de maniement des fonds (encaissement des recettes et paiement des dépenses) et surtout de conseil bancaire et financier, s’inscrit dans le contexte réunionnais par deux aspects. D’une part la situation de faible emploi dans l’île entraîne bien souvent une politique de recrutement un peu plus soutenue de la part de certaines collectivités (l’emploi public représente plus de 28 % de la population active), ce qui a des conséquences sur leur situation financière. Les services de la DRFIP, par le biais d’analyses financières, suivent de près la viabilité des choix budgétaires réalisés et apportent tout le conseil attendu pour la gestion financière des collectivités locales. En outre, les 24 communes, qui regroupent les 840 000 habitants de l’île, possèdent toutes une volonté affirmée de rejoindre les grands projets portés par la DRFIP comme la dématérialisation, ce qui en fait résolument des acteurs locaux tournés vers l’avenir.
© DR
Quelles sont les missions de la direction régionale des finances publiques ?
Quelles sont les principales ressources fiscales du territoire ? La Réunion qui est à la fois un département, composé de 24 communes, et une lll
Jean-Luc Chevallier Directeur régional des finances publiques (DRFIP)
© DRFIP 974
par l’Etat. L’octroi de mer qui s’applique sur les biens importés sur l’île est perçu par la douane en fonction d’un taux décidé par la région. Il rapporte plus de 500 millions d’euros aux collectivités de La Réunion. A quelles priorités sont-elles allouées ?
lll
région perçoit, en plus des ressources inhérentes à ces structures, l’octroi de mer. Au plan national, les recettes des collectivités locales sont composées à 40 % des impôts locaux, le reste étant alimenté des emprunts, des dotations ou subventions de l’Etat et de l’Europe, et des produits en contrepartie des services locaux. Alors qu’à La Réunion, les impôts et l’octroi de mer représentent 50 % de leurs recettes, soit environ 1,9 milliard
d’euros. Les taxes perçues par les collectivités sont les taxes d’habitation, foncières et la contribution économique territoriale (CET), composée de la cotisation foncière des entreprises (CFE) assise sur les bases foncières et de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) assise sur la valeur ajoutée, qui a remplacé la taxe professionnelle depuis 2010 ; Des systèmes d’exonérations de taxes sont compensés
Avec un taux d’endettement qui reste maîtrisé, puisqu’il est inférieur aux moyennes nationales, les collectivités de La Réunion investissent plus qu’en métropole avec en 2011 des dépenses d’investissement directes pour 760 millions. Ces dépenses concernent principalement des travaux de voirie et de réseaux et de constructions. La route des Tamarins, permettant de relier le nord et le sud de l’île par “les hauts”, en contournant la route du littoral, est emblématique de cette politique. Co-financées par l’Europe et par la Région, ce type de dépenses d’investissement est, à La Réunion, une source essentielle d’activité économique de l’Ile. Le futur projet de la nouvelle route du littoral s’inscrit également dans ce contexte n Propos recueillis par Louis Le Bris
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LES DOSSIERS DU COURRIER DU PARLEMENT Chaque mois, nous proposons à nos lecteurs de découvrir une des collectivités par le biais d’articles de fonds, de reportages et d’interviews.
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JE M’aBoNNE
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Mars 2013 | La Réunion
LE toURiSME, tRÉSoR ÉCoNoMiQUE dE La RÉUNioN
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Carrefour de brassages de populations intenses, La Réunion manque encore d’équipements et de mobilité pour s’inscrire pleinement dans le monde austral. Une identité pourtant déjà inscrite dans son patrimoine et qui ne demande qu’à être valorisée.
Vers une réunion culturelle Au 1er janvier 2011, la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) a été renommée direction des affaires culturelles-océan Indien (DAC OI). A quelle ambition cette dénomination répondelle ? Les Réunionnais sont en réalité sujets à de nombreuses contradictions identitaires : pensant incarner “le sud” en délaissant les terres australes et antarctiques, ils survalorisent l’est indo-chinois des civilisations dites très anciennes et rejettent leurs origines africaines. A ce titre, le changement de titulature de notre direction s’inscrit dans une volonté d’englober l’ensemble de l’héritage culturel local au travers d’une approche de compréhension des racines et des enjeux communs. Si le territoire possède un patrimoine culturel extrêmement riche, le Réunionnais connait semble-t-il assez mal sa propre histoire. Comment l’expliquer ? La population souffre encore d’une vision stéréotypée de son passé, marquée par la relation victime/responsable et souvent assimilé à l’esclavage, alors qu’il est bien plus complexe qu’une simple opposition entre le bien et le mal. Issue en partie des manuels scolaires et probablement partagée par certains élus, cette conception est néanmoins en train de changer grâce une politique menée conjointement par l’Etat et les collectivités locales, visant à valoriser les trésors culturels de cette île. A travers internet, l’archéologie, la réhabilitation des monuments mais aussi les productions littéraires et artistiques, les Réunionnais reprennent progressivement possession de leur histoire, abandonnant peu à peu des clichés pourtant très tenaces. Au final, on pourrait dire de notre île ce que Nietzsche disait des Allemands : être Réunionnais, c’est 20 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
s’interroger en permanence sur le sens profond de ce que “Réunionnais” signifie.
“La population souffre encore d’une vision stéréotypée de son passé” Comment, au contraire, user de cet atout pour surpasser une vision fractale de la société réunionnaise ? Il est fondamental de valoriser les programmes réservés aux patrimoines réunionnais ! Ce thème a d’ailleurs fait l’objet d’un séminaire que nous avons organisé sur l’enseignement de l’histoire des arts dans le monde indo-océanique, montrant que les monuments locaux pouvaient être une formidable porte d’entrée à des apprentissages plus généraux. Développée en partenariat avec le Conseil général, l’iconothèque constitue une base de données de 20 000 images numérisées permettant de mieux connaitre la diversité culturelle de cette
civilisation des îles et même d’en tirer une fierté. Cet effort patrimonial est également soutenu par une structure d’exception, le musée des arts décoratifs de l’océan Indien qui exposera au musée du quai Branly de Paris en 2014-2015.
“il est fondamental de valoriser les programmes réservés aux patrimoines réunionnais!” Enfin, quels sont les grands chantiers culturels à venir ? La Réunion possède de nombreuses structures inégalement réparties sur le territoire, notamment entre “les Hauts” et “les Bas” géographiques de l’île. Au défi de la diffusion s’ajoute donc la mise en place de nouvelles formules facilitant l’accès à la culture et la professionnalisation artistique : la création de réseaux de cafés-concerts, d’équipements éphémères, de résidences et de lieux d’exposition sont à l’ordre du jour, avec trois grands chantiers : n Résoudre la question des réserves des musées, indispensable pour l’avenir des collections ; n Chercher à professionnaliser les opérateurs/acteurs culturels locaux ; n Préserver la mémoire orale “des Hauts” en la rendant exploitable par les Réunionnais n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Marc Nouschi Directeur des affaires culturelles – océan Indien
© CRT / DR
Mars 2013 | La Réunion
UN CadRE dE ViE EXCEPtioNNEL À PRÉSERVER
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Si la biodiversité et l’écologie sont des champs prioritaires à la politique réunionnaise, son ambition consiste aujourd’hui à trouver un équilibre entre une poussée démographique importante et la préservation de ses richesses naturelles.
Un laboratoire de développement durable grandeur nature
De par ses contraintes, notre île présente de nombreux avantages en termes de développement durable et doit trouver un champ de cohabitation possible entre une démographie en hausse et un patrimoine naturel remarquable, reconnu aujourd’hui à l’Unesco. Le tout en équilibrant la construction urbaine et la préservation des cultures, qui subviennent directement aux besoins alimentaires de La Réunion. C’est pourquoi le territoire doit s’appuyer sur sa position géographique, ses ressources énergétiques et agricoles, sa population jeune et dynamique ainsi que son potentiel d’innovation. En tant que région ultrapériphérique de l’Europe située en plein coeur du sud océan Indien, elle peut aussi jouer la carte de l’exportation de savoir-faire français dans les pays voisins. En réalité cette île est un véritable laboratoire de développement durable grandeur nature, en quête d’une harmonie éminemment dynamique ! Quelle stratégie avez-vous adopté pour la préservation de la biodiversité et la lutte contre les espèces exotiques envahissantes ? Ces dernières années, notre île déploie beaucoup d’énergie à rattraper son retard en matière de connaissance et de création de dispositifs favorables à la biodiversité. Réussite remarquable, la mise en place du parc national de La Réunion en 2006, qui couvre plus de 40 % du territoire, a trouvé une reconnaissance internationale complémentaire au patrimoine de l’Unesco. La 26 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
“Faire cohabiter une démographie en hausse avec le patrimoine naturel”
création d’une réserve nationale marine en 2007 marque également une avancée importante et répond à certaines menaces comme le développement des activités humaines qui détruisent les habitats animaliers. Quant aux espèces exotiques envahissantes, de nombreuses mesures ont été mises en place ainsi qu’une stratégie régionale 2011-2020 de la biodiversité pour répondre à ces enjeux.
La promotion du développement durable et l’intégration de l’environnement dans les décisions réunionnaises font-ils partie de vos priorités ? C’est en tout cas la priorité de la DEAL que de promouvoir les enjeux écologiques et œuvrer à leur prise en compte dans les différentes décisions réunionnaises relatives à l’aménagement de l’île ! Qu’il s’agisse d’urbanisme, de planification ou de développement économique, nous veillons constamment à ce que les porteurs de projets réduisent leur impact environnemental au maximum.
Par quels moyens contribuez-vous à la gestion des espèces de faune et de flore sauvages menacés d’extinction ? Le Grenelle de l’environnement a favorisé plusieurs plans d’action nationaux en faveur des espèces les plus menacées. D’autres programmes portent également des stratégies de partenariats servant à organiser la restauration écologique, la lutte contre le braconnage et la régulation de certains prédateurs. © StG - Communication DEAL Réunion
La Réunion possède des atouts incontestables sur les champs du développement durable. Lesquels ?
Comment prévenir des risques naturels, chroniques et accidentels sur votre territoire ? Il s’agit d’un volet essentiel, car l’île de La Réunion est exposée à presque tous les risques naturels imaginables, des inondations jusqu’aux tempêtes ! Notre stratégie se traduit à l’échelle communale par des plans d’action et de prévention qui combinent la prise en compte des dangers aux protections des habitations/quartiers existants, avec bien sûr l’organisation des secours aux populations concernées n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Daniel Fauvre Directeur de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement à La Réunion
© CRT / Emmanuel Virin
Mars 2013 | La Réunion
L’État, aCtEUR dE La PoLitiQUE LoCaLE dU LoGEMENt
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | S’efforçant d’intégrer au mieux les enjeux du développement durable à ses politiques publiques, La Réunion cherche encore à faire correspondre son développement urbain avec la préservation de l’environnement. Un défi d’équilibriste.
L’aménagement, pilier entre l’Homme et la nature
Parmi nos préoccupations majeures, nous devons répondre à la forte demande en logement, en lien avec l’importante croissance démographique que connait actuellement La Réunion. Compte tenu d’une certaine précarité de la population, nous essayons dès lors de produire quelques 5 000 habitations sociales par an, sachant que 60 % des habitants ont accès à cette offre. Par ailleurs, la plaine littorale doit faire l’objet d’un aménagement équilibré du territoire, préservant à la fois la densité urbaine, l’environnement ainsi que les surfaces agricoles. En valorisant le patrimoine terrestre et marin, nous devons promouvoir les enjeux du développement durable ainsi que leur intégration dans les défis publics d’aménagement. Enfin, en plus du renforcement de la prévention contre les risques naturels et industriels, nous contribuons à conforter le rayonnement réunionnais à l’échelle du sud océan Indien comme à l’international.
“Le littoral concentre l’essentiel du développement urbain”
Qu’en est-il en matière d’habitat, notamment de logements sociaux ? Quelles réponses les éco-quartiers apportentils à cette problématique ? La croissance démographique fait galoper le développement urbain avec 12 000 habitants supplémentaires chaque année à La Réunion. Il faut organiser cette crois-
38 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
sance dans l’idée qu’elle puisse cohabiter avec les autres usages du territoire, tout en veillant à la conservation des espaces agricoles et naturels qui font la richesse de l’île ainsi que son tourisme. En cela les éco-quartiers apportent des éléments de réponse à la maîtrise de la densification urbaine ainsi qu’à la consommation énergétique, permettant aux collectivités de ne pas se laisser surpasser par des dépenses incommensurables.
met en cela d’éviter les conflits d’usage en valorisant au maximum chaque aspect de l’interface maritime et terrestre. De par sa géographie, ses atouts environnementaux et ses capacités d’urbanisme, cet espace représente, plus qu’ailleurs à La Réunion, le laboratoire essentiel des grands enjeux de développement durable à venir.
“12 000 habitants supplémentaires chaque année à La Réunion”
Nous avons plusieurs dossiers de rénovation urbaine en cours sur Saint-André, Saint-Denis et Saint-Benoit qui témoignent d’une véritable ambition d’apporter une réflexion locale efficace à ces enjeux.
Enfin, quels grands projets portent-ils actuellement vos ambitions ? Si la construction de logements sociaux est un effort considérable pour un département comme La Réunion, il représente un potentiel d’activité économique très positif pour le secteur du BTP.
En quoi l’aménagement du littoral contribue-t-il à un urbanisme cohérent et stratégique ? Le littoral concentre l’essentiel du développement urbain tout en étant luimême une richesse touristique très importante. La justesse de l’aménagement per© StG - Communication DEAL Réunion
Quels sont les axes prioritaires du développement de l’aménagement durable du territoire ?
S’appuyant sur les réussites que sont la réserve nationale marine et le parc national de La Réunion, nous devons nous atteler à de nouveaux chantiers, notamment la nouvelle route du littoral. Ce projet a pour ambition d’assurer une voie de déplacements sécurisés entre le port de La Réunion et Saint-Denis où se trouvent les principales activités économiques et notamment l’aéroport, qui assure le lien avec la métropole n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Daniel Fauvre Directeur de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement à La Réunion
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Victime d’une forte baisse d’activité, le secteur du bâtiment et des travaux publics pourrait pourtant bien se relever d’après Bernard Siriex, le président de la Fédération réunionnaise du BtP. a condition d’apporter les moyens à la hauteur des enjeux.
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La pierre, un pilier réunionnais fragile Quelle est à ce jour l’importance de la demande de logement social à La Réunion ? La Réunion souffre d’un terrible retard en matière de construction de logements sociaux, avec un besoin de 5 000 à 6 000 logements sociaux neufs chaque année, soit l’équivalent de 26 000 ménages actuellement en attente. Ce chiffre correspond à 25 % des familles en situation de surpeuplement contre 10 % en métropole. La Fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics assure que les entreprises locales pourraient sans problème assurer cette production, les effectifs se retrouvent considérablement fragilisés avec la perte de plus de 8 000 employés du BTP en l’espace de quatre ans, passant de 25 000 en 2008 à 17 000 salariés depuis 2010. Bien que les entreprises locales possèdent les capacités de construire, le nœud du problème se trouve, comme souvent, au niveau des moyens économiques et des garanties de financement. Sans ces dernières, il est absolument impossible de débloquer la construction de logements : c’est d’ailleurs le problème que nous avons rencontré en 2012 avec plus de 3 300 habitations sur lesquelles les opérations n’ont pu être lancées qu’à partir du mois d’octobre. Et quelles sont les modalités de la défiscalisation sur le logement ? Pour le logement intermédiaire, ce principe a très bien fonctionné sur nôtre île de 2006 à 2008 : nous avons ainsi pu achever l’équivalent de 27 000 habitations grâce à la loi Girardin, qui s’est avérée très intéressante puisque des investisseurs métropolitains sont venus défiscaliser à La Réunion. A
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la production de logements sociaux. Il est à conserver et à optimiser car sans lui, la production ne serait que d’environ 1500 à 2000 unités par an. Quel est l’état actuel des commandes publiques sur votre territoire ? Si elle représente plus de 70 % du marché du BTP à la Réunion, il n’y a en revanche aujourd’hui aucun projet en cours du côté des travaux publics ! Depuis la disparition de Dexia, la société bancaire qui finançait les collectivités locales, ces dernières n’ont que très peu de possibilités d’obtenir des prêts. L’enjeu repose désormais sur la mise en place de la banque publique en 2013. En quoi consiste le projet de la Nouvelle route du littoral et quelles sont ses principales orientations ?
La Nouvelle route du littoral, une vitrine du savoir-faire français à l’international
la fin des années 2008, cette mesure a été remplacée par la Scellier-DOM qui n’avait plus les mêmes avantages, faisant chuter le nombre de logements en défiscalisation de 9 000 à 1 000, autrement dit une catastrophe en termes d’emploi. Si la loi Duflot – étendue aux DOM TOM - a aujourd’hui pris la relève, elle n’en est pas plus intéressante, étant donné que l’écart reste très mince entre la défiscalisation en métropole (18 %) et sur notre territoire (29 %). C’est pourquoi nous avons adressé un dernier recours aux sénateurs, dans l’espoir d’obtenir un amendement, pas nécessairement en termes de taux mais de durée. Pour le logement social, le dispositif en vigueur depuis 2009 a permis d’augmenter
La Nouvelle route du littoral sera une nouvelle liaison sécurisée, vitrine du savoirfaire français à l’international. Avec un financement entièrement sécurisé, des études en cours et des appels d’offre fixés à décembre 2012, la Région est à ce jour très en avance sur le projet et dispose de quelques 600 000 euros déjà versés. La remise des prix étant prévue pour mai 2013, l’attribution des premiers lots se fera aux alentours du mois de septembre. Les travaux préparatoires démarreront en 2013 mais le gros des travaux nécessitera plus de préparation et démarrera véritablement fin 2014. Cette opération a donc toutes ses chances de se concrétiser, relançant l’activité économique dans tous les domaines, de la restauration à l’hébergement, en passant par la location de voitures n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | tristes tropiques ? derrière la carte postale que l'on donne trop souvent à voir aux métropolitains et malgré sa richesse naturelle, ethnique et culturelle, La Réunion est une beauté fragile. Chômage élevé, précarité persistante, illettrisme : la cohésion sociale de l'île est un enjeu d’une actualité brûlante.
L’Etat volontariste en matière de cohésion sociale
La situation économique de La Réunion est très dégradée et de nombreux indicateurs témoignent de la fragilité d’une partie importante de la population :
• taux de chômage de 29 %, allant jusqu’à près de 60 % chez les jeunes ;
• 102 451 allocataires du revenu de solidarité active (RSA) ;
• un ménage sur deux éligible à un logement social ;
• 35 % de la population relève de la couverture maladie universelle (CMU).
“L'absence d'emplois mais aussi d'employabilité contribue au chômage” Des difficultés structurelles persistent et sont des freins importants à l’insertion de nombreux Réunionnais. Elles sont en effet des facteurs d’exclusion sociale :
•
12.2 % des jeunes sont en situation de décrochage scolaire ;
• les maternités précoces (mères dès 17 ans et parfois avec trois enfants à 25 ans) sont nombreuses et rendent difficiles l’insertion professionnelle de ces jeunes mères ;
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Quelles sont les perspectives ?
• 110 000 Réunionnais, et notamment 21 % des 16-25 ans (contre 9 % en métropole) sont considérés comme illettrés ;
Une politique d'insertion sociale et professionnelle efficace et pertinente, permettant d’accompagner les plus fragiles est indispensable. L’Etat est ici dans son rôle essentiel de coordination et d’animation de l’ensemble des acteurs de la cohésion sociale.
• le mélange d'alcool et de zamal, le cannabis local, provoque ici de nombreuses situations de dérives sociales et de violences, plus particulièrement intrafamiliales. L'employabilité même d’une partie de la population est donc en cause. Cette situation de non emploi et de désocialisation qui touche particulièrement la jeunesse est d'autant plus inquiétante que la démographie reste forte. En 2040, la population de La Réunion devrait être de 1 060 800 habitants, soit une augmentation de plus de 200 000 personnes en 30 ans.
Les principaux axes d’intervention sont les suivants : n l’insertion professionnelle, par des politiques de qualification et d’accompagnement des publics les plus éloignés de l’emploi ;
© Michaël MASSEAUX
Quel bilan dressez-vous de la situation socio-économique à La Réunion ?
n le logement par une politique volontariste en matière de construction de logement social, de lutte contre l’habitat insalubre et les marchands de sommeil ; n la lutte contre l'illettrisme et le décrochage scolaire ; n l’accompagnement d’une économie sociale et solidaire dont les potentialités sont fortes ; n le soutien à une vie associative dynamique au service des jeunes et des personnes les plus fragiles ; n la lutte contre les exclusions et les lll
Ronan Boillot Sous-préfet chargé de mission cohésion sociale et jeunesse
lll
discriminations notamment par une politique ambitieuse en faveur de l’égalité des chances et des droits des femmes ;
n la mise en œuvre d’une politique de la ville exigeante dans les communes signataires d’un contrat urbain de cohésion sociale. L’ensemble des services de l’Etat, les collectivités locales et les différents partenaires, notamment associatifs, concernés par ces politiques sont mobilisés sur ces objectifs. La mission du sous-préfet à la cohésion sociale et à la jeunesse est de mobiliser les acteurs, de coordonner et donner de la cohérence aux différentes politiques menées en faveur de la population réunionnaise.
“L’Etat a un rôle essentiel dans la cohésion sociale ” Quels sont les leviers d'action dont vous disposez ? Les parcours de qualification et retour à l’emploi s’articulent autour de trois grands dispositifs : n l’accès à l’insertion professionnelle et à la qualification formation : l’école de la deuxième chance (quatres sites sur l’île) et les formations assurées par le régiment du service militaire adapté (RSMA) offrent aux jeunes stagiaires un terrain d’apprentissage pour reprendre confiance en eux, se remettre à niveau et intégrer une démarche d’insertion professionnelle fondée sur l’acquisition d’une qualification ; n l’emploi : Les chantiers d’insertion et les différents dispositifs d’emplois aidés permettent aux jeunes, le plus souvent très éloignés de l’emploi, de bénéficier d’une première expérience professionnelle accompagné d’un parcours de formation. A ce titre, le nouveau dispositif relatif aux emplois d’avenir ( 5000 emplois destinés aux jeunes à La Réunion) représente pour 2013 une opportunité exceptionnelle pour accompagner les Réunionnais vers l’emploi. Par ailleurs, les initiatives personnelles sont encouragées au travers de mesures d’accompagnement des créateurs d’entreprise : le micro-crédit, l’accès au statut de micro-entrepreneur ou le crédit à l’installation ;
n la mobilité : la mobilité en formation professionnelle et en études assurée par l’opérateur de l’Etat (LADOM), le dispositif de continuité territoriale partagée avec la Région et la mobilité emploi assurée par l’opérateur du Département (le CNARM) permettent de compléter et de diversifier les expériences professionnelles des Réunionnais.
“5 000 emplois d'avenir pour 2013 à La Réunion” Ces mesures s’accompagnent d’actions de soutien des personnes les plus fragiles… Un effort important a été entrepris pour pouvoir apporter une aide alimentaire aux personnes en difficulté. Elle fait l’objet d’un accompagnement social systématique et permet d’engager avec les demandeurs un processus de réinsertion et de soutien. 600 tonnes ont été distribuées en 2012 à plus de 10 000 foyers. Les Réunionnaises sont particulièrement vulnérables à la montée du chômage et souffrent d’une représentation stéréotypée de la répartition des rôles entre les hommes et les femmes. La promotion de l’égalité et de la mixité professionnelle a conduit à multiplier des actions de valorisation des métiers considérés comme masculins auprès des femmes éloignées du marché de l’emploi mais aussi auprès des employeurs. Des formations à la lutte contre les discriminations ont été également dispensées auprès des équipes des missions locales et de pôle emploi. La question des violences faites aux femmes constitue une priorité de l’action des services de l’Etat. L’accompagnement social des person-nes en attente de logement social a fait l’objet d’un engagement fort de l’Etat. L’année 2012 a permis d’atteindre un niveau historiquement élevé de logements sociaux financés (6 217 dont 4 935 neufs). Ce niveau de production est pour la première fois à la hauteur des besoins annuels estimés par l’INSEE. Par ailleurs, le niveau des livraisons est également très élevé avec 3 057 logements sociaux en 2012 contre 2 342 en 2011. Les places d’accueil dans les structures d’héberge-
ment d’urgence et d’insertion ont été significativement augmentées. Qu'en est-il de la politique de la ville ? 14 des 25 communes ont signé des contrats urbains de cohésion sociale : au regard des critères traditionnellement retenus, l’essentiel de l’île devrait être considéré comme éligible à la politique de la ville. Les difficultés sociales ne sont pas spécifiques à certains quartiers ou zones géographiques délimitées et les problèmes de l’échec scolaire et du chômage touchent l’ensemble du territoire. Le tissu urbain réunionnais est en pro-fonde mutation : il est aujourd’hui hétérogène, étendu et parfois distendu. Certains quartiers sont insuffisamment équipés et souvent dégradés : 5 des 14 communes ayant signé un contrat urbain de cohésion sociale ont un centre-ville classé en quartier prioritaire. Dans ce contexte, l’Agence nationale de renouvellement urbain (ANRU) a désigné cinq grands projets de renouvellement urbain (GPRU). Ces projets ambitieux sont porteurs de fortes espérances, les deux plus anciens étant sur le point de s’achever.
“29 % de chômage dont 60 % chez les jeunes” Chacun a encore en tête les émeutes contre la vie chère de février 2012. Qu'en est-il un an après du climat social sur l'île ? La forte poussée du chômage en 2012 (plus de 10 % sur un an et plus de 21 % pour les plus de 50 ans) et l’absence de perspectives d’amélioration de la situation de l’économie avant la fin 2013 contribuent à entretenir un climat social tendu. Elles imposent un effort de solidarité renforcé en faveur des plus fragiles. Dans ce contexte difficile, le déploiement des dispositifs de contrats aidés (notamment les emplois d’avenir) et des contrats génération, devraient permettre d’offrir aux publics jeunes et éloignés de l’emploi de nouvelles perspectives n Propos recueillis par olivier Sourd
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 45
© Fotolia.com / N.Delmas
Mars 2013 | La Réunion
UN dYNaMiSME StiMULÉ PaR La CRÉatioN d’ENtREPRiSES
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Petit à petit, La Réunion rattrape son retard économique sur le continent européen. Entre 1993 et 2007, elle est de loin la région française qui a connu la croissance économique la plus rapide. Mais la tertiarisation de son économie n’est pas encore achevée.
“La Réunion poursuit encore sa transition économique”
La Réunion a connu durant les 30 dernières années, une croissance forte portée par la consommation et l’investissement. Celle-ci s’est inscrite dans le cadre de notre rattrapage économique vis-à-vis de la métropole et de l’Europe. Cette phase exceptionnelle s’est traduite par la mise en place d’infrastructures, l’élévation du niveau de formation, et la conquête de niches import substitution. Aujourd’hui, La Réunion poursuit encore sa transition économique vers une tertiarisation. Ainsi, les services marchands représentaient, en 2007, 38 % de la valeur ajoutée totale et regroupaient, en 2010, 19 % des salariés (source IEDOM et INSEE). Le commerce pesait lui 14 % des salariés en 2010. L’industrie du BTP, qui a bénéficié à la fois d’une commande publique soutenue et d’une demande privée dynamisée par un contexte fiscal favorable (défiscalisation immobilière), occupait près de 15 000 salariés en 2010. Le secteur industriel marqué par une prédominance des industries agroalimentaires (rhum, pêche, etc.) regroupait quant à lui 8 % des employés. Des domaines d’activités stratégiques porteurs d’une nouvelle dynamique ont été identifiés : l’agro-nutrition en milieu tropical, la pêche, la santé, les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’énergie-environnement, le tourisme durable, l’ingénierie-formation et les services à la personne. La Réunion se situe aujourd’hui à un carrefour de son développement. Il nous
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que nous bénéficions d’un statut particulier de RUP dans le cadre de nos relations avec l’Europe.
faut passer à un modèle caractérisé par une meilleure exploitation de nos ressources et nous donnant des avantages compétitifs dans le cadre de l’ouverture de notre territoire.
Pour autant, La Réunion jouit d’un dynamisme entrepreneurial, porté par une main d’œuvre jeune, disponible et bien formée. De plus, le niveau technique et technologique des entreprises locales, comparable à celui des entreprises européennes, constitue un avantage comparatif indéniable par rapport aux pays de la zone. Nos infrastructures sont modernes et de qualité (aéroports, ports, télécommunications, médecine, recherche…). Enfin, notre appartenance à l’Union européenne permet à La Réunion une stabilité réglementaire et monétaire et l’accès aux programmes européens.
Quels sont les atouts de La Réunion en matière économique ? Quels sont au contraire ses principaux problèmes ? La Réunion est un territoire insulaire de 2500 km2 située dans la Zone Océan Indien. Nous devons donc en premier lieu faire face à des handicaps structurels comme l’éloignement, l’étroitesse du marché et un environnement régional au coût de production plus faible. À cela s’ajoutent les difficultés économiques et sociales persistantes : chômage, tensions sur le pouvoir d'achat, pauvreté et illettrisme. Ces diverses caractéristiques, font © Jonas Ahkoun
Quelles sont les principales filières de l’économie réunionnaise ?
Ainsi, avec le soutien réaffirmé de l’État et de l’Europe, nous sommes convaincus du potentiel de La Réunion comme vitrine de l’excellence européenne. La situation géographique de La Réunion offre-t-elle des débouchés à ses entre-prises ? Nous venons justement de conclure le 8e Forum économique des Iles de l’Océan Indien dont l’organisation a été assurée par la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion en partenariat avec la Commission de l’Océan Indien (COI). Au vu de l’enthousiasme suscité par cet lll
Ibrahim Patel Président de la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion
© CCIRéunion/JB
lll
événement, je ne peux que confirmer la volonté de construire une coopération durable avec les partenaires de la zone.
Les entreprises réunionnaises pourront ainsi, dans le cadre de partenariat “gagnant/gagnant”, bénéficier de débouchés nouveaux. Je prends pour exemple, la filière des déchets : un véritable diagnostic régional sur les capacités et les besoins des territoires en vue de mutualisation et convergence dans le tri, la collecte et la valorisation des déchets sera réalisé. Dans ce cadre, le savoir-faire de nos entreprises pourra être profitable à la région. Comment les entreprises de l’île traversent-elles la crise économique ?
Pour preuve, près de 13 500 entreprises ont été radiées depuis 2008.
La fin du chantier d’envergure que constituait la Route des Tamarins et les incertitudes quant aux dispositifs législatifs de soutien aux économies ultramarines, ont plongé La Réunion depuis 2008 dans une grave crise économique renforcée par les effets du ralentissement au plan mondial.
Les difficultés que connaissent nos entreprises se matérialisent également par l’incapacité de près de 10 000 d’entre elles à honorer leurs obligations fiscales et sociales. En octobre 2012, les dettes cumulées des entreprises réunionnaises s’élevaient à près de 830 millions d’euros.
Devant ce chiffre d’une ampleur exceptionnelle, et si nous ne voulons pas aboutir à un plan social à grande échelle pour notre territoire, il est urgent que des mesures exceptionnelles d’étalement ou d’apurement en adéquation avec l’ampleur de la crise, puissent être étudiées dans les meilleurs délais n Propos recueillis par Louis Le Bris
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Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 49
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Profitant d’une position stratégique au cœur de l’océan indien, La Réunion n’entretient pourtant que de faibles relations commerciales avec ses voisins, à l’exception de Madagascar et de l’île Maurice. Une dynamique qu’elle souhaite désormais inverser.
Un carrefour commercial en devenir
Notre île possède des atouts indéniables grâce à ses nombreux projets et ses entreprises innovantes porteuses à l’international. Agro-nutrition, éthique, environnement, énergies renouvelables et même enseignement, l’ensemble s’appuie sur des structures fédératrices qui ont intégré l’export dans leur stratégie de développement. Dans un environnement où les territoires voisins ne sont pas encadrés par des mesures européennes comme l’est La Réunion, le poids de la concurrence régionale est aujourd’hui indéniable. Arrivé à maturité, notre marché a désormais rattrapé son retard et cherche maintenant à se développer ailleurs, faisant face à la compétitivité asiatique. Il faut jouer sur l’ingénierie, les services, l’enseignement et la connaissance que nous avons de l’Afrique pour y reconquérir des marchés perdus et éventuellement accompagner les investisseurs chinois dans leur implantation, souvent faite au détriment de l’intérêt des insulaires. Décentralisée de l’Etat, cette île souffre-t-elle de politiques commerciales inadéquates à ses spécificités ? Soumise aux normes européennes pour ses relations commerciales, La Réunion n’a tiré qu’un très faible bénéfice de l’accord de libre-échange et fait aujourd’hui face à de nombreuses difficultés. En plus de ces contraintes, elle ne possède pas de terres cultivables pour développer l’agro-nutrition et doit donc lier des partenariats avec l’île
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de Madagascar, pendant que ses entreprises performantes sont attirées par le pragmatisme de l’île Maurice où l’environnement fiscal est plus favorable.
local un poisson compétitif avec les produits importés à bas prix, mais de faible qualité. Quelles sont les particularités du commerce extérieur de La Réunion et comment peut-on contribuer à son développement ?
“Notre pêche a rattrapé son retard et cherche à se développer”
Les exportations de produits horsservice en 2011 ont représenté 177 millions d’euros hors métropole et Mayotte, soit 30 % de plus qu’en 2008. Si la majorité des entreprises réunionnaises sont de très petite taille, celles qui réalisent le plus de chiffres d’affaires à l’export comptent plus d’une centaine de salariés, ce qui reste encore très marginal. Notre potentiel s’accroit mais nous ne pourrons miser que sur les marchés de niche (les volumes étant dominés par les Asiatiques) en jouant la carte africaine où la France jouit d’une bonne image sociale.
La pêche australe connait aujourd’hui un développement sans précédent. Quels sont les défis réunionnais en ce domaine ? Si les pêches côtières et palangrières connaissent à La Réunion quelques difficultés, la pêche australe s’est dernièrement beaucoup développée et son modèle de gestion est devenu même très envié ! La structuration des activités et la création d’une interprofession (englobant toute la chaîne de production de la capture à l’achat) devraient permettre de proposer au marché
Enfin, à quels enjeux commerciaux votre île devra-t-elle prochainement faire face ? ©SAPMER
Quel atout économique et commercial La Réunion représente-t-elle aujourd’hui pour la France ?
Dans les années à venir la croissance démographique va se heurter aux limites d’un territoire qui n’est déjà exploitable qu’à 20 % à cause de sa nature volcanique. Avec 1 million d’habitants prévus en 2025, il faut inciter la jeunesse à s’expatrier en lui donnant les moyens de ses ambitions par l’enseignement et la formation, sans lesquels La Réunion ne pourra pas sortir de ses frontières n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Yannick Lauri Conseiller du commerce extérieur de la France à La Réunion
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Beaucoup plus qu'un secteur de l'économie, l'agriculture est à La Réunion un vecteur de cohésion sociale, de durabilité et d'identité. Elle représente un atout essentiel pour l'avenir de l'île.
L'agriculture, enjeux économie et social
7 000 exploitations agricoles pour une population active de 21 000 personnes (10 % des actifs) sur 42 000 hectares de SAU, soit près de 20 % de la superficie de l'île. Elles produisent 5 % du PIB. La production agricole de La Réunion représente 40 % de celle de l'ensemble des outre-mer. Et elle est le premier secteur économique exportateur de l'île. Enfin, elle a augmenté de 26 % entre 2001 et 2011. Il faut dire que le territoire bénéficie d'un micro-climat propice à une production agricole très diversifiée et de nombreux atouts pour son développement.
“L'agriculture réunionnaise représente 40 % de celle de l'outre Mer”
Une telle vigueur agricole répond à plusieurs préoccupations : n davantage de bouches à nourrir : 1 million d'habitants en 2030 contre 840 000 aujourd'hui. Le foncier devient alors un enjeu important. Comme pour les autres pays : 8,6 millions d’hectares (ha) de terres achetées en Afrique par l'Inde, la Chine, l'Australie ou l'Egypte, 1,1 millions ha achetés par la Corée du Sud à Madagascar pour produire et nourrir leur population ; n l'intérêt économique : l'agriculture à La Réunion est le seul secteur qui résiste à la crise et connaît une bonne reprise ; n le tourisme : l'agriculture accompagne cet autre secteur économique phare de
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• le café en plein renouveau avec une production haut de gamme comme le “Bourbon pointu” ;
La Réunion : façonnement et entretien des paysages, produits du terroir : fruits et légumes tropicaux (ananas …), rhum punch ou arrangé.
• enfin et surtout la canne à sucre. Economie, social, aménagement du territoire : on le voit, l'agriculture à La Réunion, c'est un tout.
C’est une production à la fois historique (brasseries de Bourbon pour l'alcool, Quartier Français pour le sucre) et porteuse d'avenir : 25 000 ha et 12 000 emplois directs et indirects.
Quelles sont, précisément, les grandes productions réunionnaises ?
Quels sont les différents débouchés de la canne à sucre ?
Ce sont : • les fruits et légumes : maraîchage, ananas, mangue, litchi …
Dans la canne tout est bon ! • sucre : tel quel ou distillé, il représente 200 000 tonnes par an. L'île est le premier producteur européen de sucre de canne ;
• l’élevage bovin viande ou laitier, le porc, la volaille ; • l’horticulture, les plantes à parfum : géranium et vanille. La vanille, grande spécialité réunionnaise depuis la découverte de sa fécondation par Edmond Albius ;
• électricité : la valorisation de la canne en bagasse permet de produire une grande partie de l'électricité de l'île : environ 10 % et jusqu'à 30 % pendant la campagne de récolte ; © Chambre d'agriculture de La Réunion
Que “pèse” aujourd'hui l'agriculture réunionnaise ?
• biocarburants : 2 900 tonnes de bioéthanol sont produites à partir de 70 000 tonnes de mélasse. lll
“La poussée de l'urbanisation : une concurrence pour l'agriculture”
Jean-Yves Minatchy Président de la Chambre d'agriculture de La Réunion
© Chambre d'agriculture de La Réunion
lll Quelles sont les grandes lignes de la politique menée par la Chambre d'agriculture que vous présidez ?
La Chambre milite ainsi pour le maintien de la surface agricole utile (SAU), soit 42 813 ha, face principalement à la poussée de l'urbanisation. Elle développe pour ce faire une politique d'aide aux éleveurs, notamment en période de sécheresse et négocie un complément aux retraites, souvent misérables, des anciens exploitants. Des propositions ont enfin été formulées dont une partie sera prise en compte dans le projet de loi d'avenir agricole.
“1 million de bouches à nourrir en 2030” La Chambre d'agriculture prône le développement de la canne et de la diversification vers une superficie de 50 000 ha, seuil nécessaire pour répondre aux besoins de croissance des filières agricoles existantes. Enfin, tout un travail de promotion a été mené en partenariat avec d'autres acteurs de la vie locale : n les consommateurs avec qui les pro-
ducteurs ont instauré un dialogue dans les quelque 800 “marchés forains” que compte l'île : quelle est l'origine d'un produit agricole et quels traitements a-t-il subi ? n les médias : les 56 radios libres ainsi que des chaînes de la TNT relaient ce message ; n le Conseil général, enfin, compétent en matière d'économie agricole depuis le 1er janvier 2011. Avec la collectivité existe désormais une volonté commune de faire avancer l'agriculture réunionnaise n Propos recueillis par olivier Sourd
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 53
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Compte-tenu de l'importance du secteur agricole dans l'économie insulaire, l'appui des services déconcentrés du ministère de l'agriculture à La Réunion est essentiel.
L'Etat, acteur essentiel pour le secteur agricole
L'agriculture est une activité essentielle à La Réunion mais c'est aussi un secteur stratégique pour l'île qui devrait dépasser le million d'habitants à l'horizon 2030. L'action de la direction de l'agriculture revêt donc une importance particulière.
“L'agro-alimentaire est le premier secteur industriel de La Réunion” n Dans un contexte insulaire et montagneux, l'agriculture rencontre de nombreux défis, principalement la concurrence des terres agricoles avec l'urbanisation sur la bande littorale. n Avec plus de 20.000 personnes, la population active agricole est la plus importante des Départements d'Outre-Mer (D.O.M). n La production agricole locale permet à l'île d'être auto-suffisante à 75 % pour les produits frais, situation que l'on ne retrouve pas ailleurs dans les outre-mer. Elle fait à ce titre la fierté de La Réunion. n L'agroalimentaire est le premier secteur industriel de La Réunion avec 38 % du chiffre d'affaires et 32 % des emplois. Elle est à l'origine des deux premiers postes à l'export de l'île : le sucre et les produits de la pêche. Quelles missions la DAAF remplit-t-elle à La Réunion ? Elle mène une action en matière de :
n mise en œuvre de la Politique agricole commune (PAC) de l'Union Européenne ;
C'est particulièrement indispensable en climat tropical ;
n d'accompagnement de l'économie agricole et du développement rural. On peut citer le projet DEFI (Développement de l'élevage et des filières interprofessionnelles) qui vise à gagner 10 points de parts de marché en 10 ans pour les produits interprofessionnels laitiers et carnés, tout en apportant une réponse à l'équation emploi/prix/pouvoir d'achat ;
n lutte contre la régression des terres agricoles et maîtrise foncière. En 10 ans, 2 800 ha de terres en friche ont été remises en culture : c'est un cas singulier en France ! ;
“L'agriculture est une activité essentielle à la réunion”
n sécurité sanitaire à chaque étape de la chaîne alimentaire, de la fourche à la fourchette : abattoir, import, restauration.
n enseignement agricole : je suis en quelque sorte le “recteur vert” de La Réunion ! L'île compte deux établissements publics d'enseignement agricole, cinq maisons familiales rurales et un lycée agricole privé. La DAAF appuie les formations en production, aménagement rural et services ;
“L’Etat joue à La Réunion un rôle à la fois de régulateur et de force de proposition” © DAAF Réunion
Quelle est la nécessité d'appuyer les filières agricoles à La Réunion ?
n suivi statistique : nous publions et analysons les données agricoles et rurales. Nous établissons aussi des “Mercuriales” qui sont des relevés des prix des produits agricoles. Ces dernières constituent une mine d'information pour les acteurs des marchés ; n appui à la recherche agronomique et à l'innovation par le CIRAD (centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) sur le thème de l'agriculture durable (agroenvironnement, cultures biologiques, biodiversité, valorisation des déchets agricoles, protection des espaces naturels) en lien avec les instituts techniques lll
Louis Biannic Directeur de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF) de La Réunion
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 55
© DAAF Réunion
Mars 2013 | La Réunion
Sites de la DAAF Lycée agricole Centre de Formation d’Apprentis Agricole Centre de Formation Continue lll (ARMEFLHOR, eRcane) et la Chambre
d'agriculture ; n coopération régionale avec les pays riverains de l'Océan Indien (Madagascar, Seychelles, Mayotte, Comores, Île Maurice, Mozambique et Afrique australe) : partage de projets techniques, d'expériences, de formations.
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Comment résumeriez-vous l'action de la DAAF à La Réunion ? A travers elle, l'Etat joue à La Réunion un rôle à la fois de régulateur et de force de proposition. Il apporte une aide endogène aux activités existantes mais également un appui aux porteurs de projet n Propos recueillis par olivier Sourd
“L’île compte deux établissements publics d’enseignement agricole, cinq maisons familiales rurales et un lycée agricole privé.”
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Servir dans la première entreprise est un challenge permanent, mais demeure une mission exaltante. La CMa de La Réunion est une des plus dynamiques du réseau en raison de la qualité des entreprises qui la composent.
Les artisans réunionnais ont rattrapé leur retard Que pèse l’artisanat dans l’économie locale ?
Comment la Chambre de métiers et de l’artisanat soutient-elle les artisans ?
Le secteur de l’artisanat à La Réunion c’est :
Si on devait la résumer, trois axes motivent au quotidien l'action des élus de notre institution :
•40 580 emplois, soit 17% de la population active occupée ;
n agir pour renforcer la proximité ;
•14 430 entreprises en activité, soit un tiers
n agir pour pérenniser les entreprises et les filières ;
des entreprises réunionnaises ;
•26 150 salariés dont 2 177 apprentis ;
budgétaire imposé par nos principaux bailleurs de fonds. Dès lors, les priorités financières et les arbitrages arrêtés constituent une limite effective à l'action consulaire et à la transcription des axes décrits plus haut. Dans ce cadre, concilier mission de service public, performance économique et stabilité financière de l'institution est un réel challenge.
n agir pour professionnaliser les acteurs et promouvoir les entreprises.
•1,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Quelles sont les spécificités des artisans réunionnais par rapport à leurs homologues de métropole ? L’artisanat réunionnais puise ses racines dans l’éloignement d’avec la métropole. Pour tous les besoins de la population il s’est toujours trouvé une bonne volonté ou un génial technicien pour trouver une solution. A partir de 1968, date du décret de création de la Chambre de métiers et de l’artisanat de La Réunion, les artisans réunionnais ont réussi à rattraper une bonne partie du retard qu’ils avaient sur leur collègues de métropole, que ce soit sur le plan technique, technologique ou tertiaire, grâce à la mise en place de politiques de formation et d’accompagnement soutenu par l’Etat et la Région Réunion, et par des mesures originales comme la conquête de marchés ou la recherche développement.
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Pour y parvenir, nous devrons toutefois composer avec un contexte de restriction © CMA
“Renforcer les liens entre les artisans et la Chambre”
Pour chacun de ces axes, il s'agit à la fois de renforcer les liens entre les artisans et la Chambre, de faciliter l'adaptation des entreprises aux mutations qui les attendent (dans des circonstances où les besoins en accompagnement deviennent croissants) et de faire en sorte que notre secteur reste une alternative crédible et durable.
Aujourd’hui, le secteur ambitionne une véritable politique d’accompagnement durable susceptible de libérer sa capacité d’agir tant au niveau de l'élévation des compétences, de l’emploi que de l'investissement. Il exprime également le besoin de disposer d’un encadrement technique de qualité que la Chambre de métiers, interface au quotidien des entreprises artisanales, doit être en mesure de satisfaire en trouvant les moyens adéquats. La question de l’apprentissage est centrale pour la survie des entreprises artisanales. Quelle est la situation de La Réunion en la matière ? A la Chambre de métiers et de l’artisanat de La Réunion, nous avons délibéré- lll
Bernard Picardo Président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de La Réunion
lll
ment fait le choix de l’apprentissage comme mode de relève. La transmission du savoir faire n’a pas trouvé mieux à ce jour et la preuve est apportée par les vertus que lui reconnaissent d’autres structures. Nous disposons avec le soutien du Conseil régional de cinq centres de formation devenus depuis plus d’une année des URMA d’une capacité d’accueil de 3 000 jeunes. Nous y préparons plus de 80 diplômes et près de 75 % des lauréats de chaque promotion poursuivent avec un contrat de travail. D’année en année, nous enregistrons de réelles satisfactions en termes d’apprentissage, et cette année, outre un taux de réussite record, une de nos sections a obtenu la coupe de France dans sa catégorie et une apprentie “vendeur en électrodomestique et multimédia” a obtenu la meilleure des moyennes nationales, ce qui en fait la Major des majors du réseau DUCRETET. De tels résultats font la fierté des élus, des équipes pédagogiques et des maitres d’apprentissage sans qui rien ne serait possible n Propos recueillis par Louis Le Bris
Publi-rédactionnel
STS : une solution pour vos déchets Un entretien avec Eric Rollin, directeur de StS Pouvez-vous nous présenter Sud Traitement Services ? Situés à Saint-Pierre sur l'île de La Réunion, nous proposons aux professionnels du bâtiment et des travaux publics de trier, traiter, valoriser et stocker leurs déchets. Neuf personnes travaillent à STS dont la moitié sur la plateforme de tri en elle-même. Notre structure, agréée ICPE (Installation Classée pour la Protection de l'Environnement), permet aux différents acteurs de la construction de disposer d'une solution réglementaire pour l'élimination de leurs déchets d'activités. Les différents matériaux sont traités sur quatre pôles : déchets inertes, bois, palettes et déchetterie pour matériaux en mélange. Sud Traitement Services participe de ce fait à l'effort pour la protection de nos ressources naturelles. C’est un travail non négligeable car malgré les obligations légales et l’évidence du besoin de recyclage, chaque année, 4 millions de tonnes de déchets du BTP ne transitent pas entièrement par les plateformes de tri et finissent encore enfouis. Quels sont vos clients potentiels ? STS est un partenaire privilégié pour :
n les artisans et industriels soucieux du respect de la réglementation et sensibles au développement durable ; n les collectivités locales et opérateurs fonciers, souhaitant limiter l’impact environnemental de leurs opérations ; n les services de l'État, attentifs à l'application de la règlementation. Quelles sont vos perspectives de développement ? À l’heure actuelle, STS traite environs 50 000 tonnes de déchets inertes par an mais serait capable d’en absorber le double. De nouveaux emplois pourraient ainsi être créés. À moyen terme, notre structure est amenée à se développer plus encore. En effet, STS accompagne une évolution logique de notre société, vers de nouveaux modes de production et de consommation. La préservation de nos ressources naturelles impose le recyclage et le réemploi de matières premières “secondaires”. Contacts : Sud Traitement Services (STS) 1, chemin Badamier - 97410 Saint-Pierre Ile de La Réunion Tél. : 02 62 45 25 60 - Fax : 02 62 49 08 22 E-mail : adm.sts@orange.fr - www.sts-recyclage.fr
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 61
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Parmi tous les défis auxquels est confrontée La Réunion, la lutte contre le chômage (qui frôle les 30 %) apparait comme une priorité. Les acteurs de l’île se mobilisent pour dynamiser l’emploi.
Sortir du chômage structurel
À la fin 2011, La Réunion comptait environ 230 000 salariés y compris les employés des fonctions publiques. Entre 1998 et 2008, le nombre d’emplois a crû de 3,8 % par an mais les années 2009 et 2010 ont vu la situation se dégrader. Les secteurs employeurs sont principalement : les services marchands (53 %), le commerce (23 %), la construction (12 %) et l’industrie (11 %).
“La qualification des jeunes est un défi important” Historiquement, le BTP a été le plus gros pourvoyeur d'emplois mais a connu une forte contraction depuis 2008. L'évolution démographique de l'île, le besoin de logements pour les 80 000 ménages supplémentaires attendus à l'horizon 2020 et la perspective de grands travaux laissent à penser à une nouvelle source d'emplois dans ce secteur. L'augmentation récente de l'emploi (+0,8 % au second trimestre 2012) est essentiellement portée par le secteur des services. L’industrie, particulièrement l’agroalimentaire, fait également preuve d’un dynamisme intéressant. Dans le secteur non marchand, l'économie sociale et solidaire qui emploie 18 000 salariés est un secteur dynamique qui continue à croître. Comment expliquer le chômage structurel à La Réunion? La dynamique économique – pourtant réelle – est loin d’être suffisante pour répondre au besoin d’emplois induit par la forte
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pression démographique et la croissance de la population active. Dans 10 ans, La Réunion comptera 110 000 habitants supplémentaires. Le nombre de personnes souhaitant travailler croît beaucoup plus vite que l'emploi.
sociale permettent de penser que les métiers de l’économie sociale et solidaires représenteront encore un gisement important d’emplois. À ce titre, le maintien à un niveau élevé des dispositifs d’aides à l’emploi, notamment les emplois aidés du secteur non marchand, constitue une réponse conjoncturelle qui devra être maintenue en l’articulant au mieux avec les besoins de qualification des demandeurs d’emplois et les débouchés potentiels qui s’ouvriront dans l’économie marchande.
Que peut-on mettre en place pour y faire face ? Les réponses apparaissent multiples. La première est le soutien à l’activité traditionnelle réunionnaise comme vecteur essentiel d’activités et d’emplois. De même, il faut noter l’existence d’un consensus local autour de la nécessité de soutenir le développement de secteurs considérés comme porteurs et prioritaires : tourisme, TIC, agronutrition, énergie… L’ouverture de l’économie réunionnaise à son environnement régional est aussi une préoccupation partagée par tous.
Les jeunes sont particulièrement touchés par le chômage. Des dispositifs spécifiques sont-ils prévus pour les aider ?
L’évolution des paramètres démographiques et sociétaux, les enjeux de cohésion © DR
Quels sont les principaux pourvoyeurs d'emploi sur l'île ?
La qualification des jeunes est un défi important. La formation protège encore et toujours du chômage et un diplôme apporte de nombreux avantages comparatifs sur le marché du travail, notamment en présence d’un fort chômage structurel. Les acteurs locaux sont extrêmement investis sur les formations par alternance, l’objectif étant de passer à 8 000 apprentis en 2015 – contre 4 500 actuellement. La mise en place de 5 000 emplois d’avenir dès 2013 constitue aussi une perspective positive pour les jeunes sans qualification qui pourront trouver là un premier engagement professionnel assorti d’une formation pour une sortie vers un emploi pérenne. Enfin, la mobilité reste également une voie importante de formation professionnelle mais aussi d’emploi n Propos recueillis par Louis Le Bris
Jean-François Dutertre Directeur de la DIECCTE (Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi)
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | de par son positionnement géographique et son jeune âge (moins de 3 millions d’années), La Réunion représente un “terrain de jeu” exceptionnel pour les chercheurs.
Un atout pour la recherche française Quels sont les principaux pôles de recherche de La Réunion ? Dans quels domaines en particulier ?
Qualitropic, avec notamment les sucriers locaux et le groupe Tereos, leader européen de la production de sucre.
L’Université de La Réunion regroupe les différentes fédérations de recherche de l’ile. La première réunit l’observatoire des sociétés de l'océan indien (OSOI) et les laboratoires de sciences humaines et sociales (lettres, de langue, de communication, de sciences économiques, de droit, etc.). Une deuxième rassemble les groupes de recherche en sciences de la vie, biologie et santé (en collaboration avec le secteur hospitalier). Quant à la troisième, elle concentre les activités d’observation des milieux naturels (biodiversité, sismicité…) et des changements globaux (comme le réchauffement climatique) sur le Piton Maido. Pour cette dernière, l’Ile de La Réunion, relativement jeune (3 millions d’années) est un terrain de recherche exceptionnel.
Les mondes de l’université et du bâtiment travaillent par ailleurs au développement des technologies de l'information et de la communication (TIC) et de l’écoconstruction. Les énergies renouvelables de demain font également l’objet de nombreuses recherches (adossées au cluster Temergie), qu’il s’agisse de l’énergie thermique des mers, houlomotrice (ou énergie des vagues) ou photovoltaïque (malheureusement freinées à cause de la diminution des tarifs de rachat de l’électricité).
“ L’ile de La Réunion est un terrain de recherche exceptionnel”
Quels liens existent entre universités, secteur industriel et grand public ? Un très grand champ de recherche fait le pont entre ces acteurs, il s’agit de l’agronutrition tropicale. Acteur central de ce domaine, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) est présent sur l’ile depuis plus de 50 ans. Ses activités de R&D sur les fruits (mangue, ananas victoria, litchi), les légumes et la canne à sucre sont très reconnues. Elles se développent aujourd’hui au sein du pôle de compétitivité
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La Réunion profite-t-elle de sa situation géographique pour créer des partenariats avec des universités ou des centres de recherche de pays voisins ? Nous tentons de créer des connections entre l’université, le pôle de compétitivité,
le CIRAD, l’Institut de recherche pour le développement (IRD)… et les États de la Commission de l’océan Indien (COI) comme Maurice, “l’Ile sœur”, mais également audelà. L’Inde, l’Afrique du Sud, l’Australie et la Chine sont ainsi des partenaires historiques de La Réunion. Enfin, les laboratoires de recherche soutiennent la mobilité des enseignants-chercheurs pour favoriser les échanges dans la zone, par exemple avec Cape Town. Quels dispositifs existent pour favoriser le développement de la recherche sur l’ile ? Le FEDER finance 60 % des mesures de recherche de l’ile, les 40 % restants étant pris en charge par la Région et l’État. L’effort porte en particulier sur l’observation de la Terre, de la mer et de l’espace ; la santé, la médecine et les biotechnologies ; et les TIC. Enfin, l’Union européenne consacre 35 millions d’euros sur la période 2007-2013 à la coopération scientifique, à travers le Programme opérationnel de coopération territoriale (POCT). Cela a par exemple servi à construire une station de réception d’images par satellite inaugurée au mois d’octobre 2012 qui rayonne sur 2 500 kilomètres, englobant ainsi Madagascar, une partie du Mozambique et de l’Afrique du Sud, le Swaziland, etc n Propos recueillis par Louis Le Bris
Gilles Lajoie Directeur régional de la Délégation régionale de la recherche et de la technologie de La Réunion (DRRT)
© Fotolia.com / Lucastrings
L’ENSEiGNEMENt SUPÉRiEUR aU SERViCE dE La StiMULatioN dE La RECHERCHE
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | Si l’objectif d’autonomie énergétique à La Réunion est un objectif de long terme, l’ademe a souhaité apporté sa contribution pour viser 50% d’autonomie en 2020. Une initiative audacieuse doublée d’un plan de maîtrise des consommations des transports.
L’efficacité énergétique est le socle de notre politique Quelles démarches environnementales l’Ademe mène-t-elle à La Réunion aujourd’hui ? Quelles sont vos priorités? De concert avec ses partenaires que sont les collectivités (Conseil général et régional) et EDF, l’Ademe intervient essentiellement dans deux grands domaines : n la maîtrise de l’énergie et le développement des sources renouvelables : nous souhaitons faciliter le recours à l’eau chaude solaire dans les logements sociaux tout en réduisant l’impact énergétique du bâtiment et particulièrement dans le tertiaire très climatisé. Plus transversalement, les plans climat-énergie territoriaux visent la diminution des émissions de gaz à effet de serre dans les cinq communautés d’agglomération qui composent La Réunion. n la gestion des déchets ménagers et “d’activités” : les deux centres d’enfouissement réunionnais arrivant bientôt à saturation, l’élimination des déchets ultimes constitue la première des priorités. A cette fin, nous avons décidé de soutenir les plans de prévention, de recyclage et de valorisation énergétique pour optimiser les résultats sur l’île. Comment contribuez-vous à l’objectif d’autonomie énergétique à longs terme ? L’efficacité est le socle de notre politique énergétique ! En partenariat avec la DEAL (Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement à La Réunion) et le Conseil régional, l’Ademe se mobilise sur un schéma régional climat-air-énergie (aujourd’hui en phase de consultation publique) dont les orientations permettront
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d’atteindre l’objectif de 50 % d’autonomie dès 2020, pour le secteur électrique à minima. Aujourd’hui affinée, notre stratégie sera adaptée à chaque secteur du tertiaire (bureaux, santé, secteur commercial, etc.), se composant de diagnostics individuels en amont et de programmes d’action en aval. A ce titre, quelles réponses la maîtrise des transports pourra-t-elle apporter ? Si une grande partie des énergies primaires importées à La Réunion sont consacrées aux transports, l’autonomie en la matière s’annonce néanmoins très complexe à mettre en œuvre. Avec 100 % de dépendance aux ressources fossiles, la première étape consisterait d’abord à développer la mobilité collective, l’Ademe étant concentrée sur les Plans de déplacements entreprise pour réduire les trajets individuels domicile-travail au quotidien dans le quartier de Moufia à Saint-Denis, par exemple en lien avec le Conseil Régional.
Quelle stratégie avez-vous mis en place dans vos programmes de recherche et développement ? Quels projets vous ontils été confiés ? L’Ademe est très engagée dans les initiatives innovantes au travers du dispositif Grand Emprunt, en lien avec le Commissariat général à l’investissement. Nous avons lancé des appels à manifestation d’intérêt au niveau national en mettant l’accent sur plusieurs thèmes majeurs. Par exemple, les systèmes électriques intelligents (smart grid) accordent plus d’importance aux énergies renouvelables sur le réseau : le projet technologique Millener (EDF) met en avant un concept de production photovoltaïque décentralisée avec stockage, une réponse intéressante pour un territoire insulaire comme le nôtre. Dans la même veine, le projet Vert (Renault) consiste à expérimenter le déploiement de véhicules électriques à La Réunion pour réduire l’impact environnemental de la voiture grâce aux systèmes de recharge alimentés par les énergies renouvelables. Enfin, le secteur du bâtiment devient actuellement le terrain d’expérimentation de l’efficacité énergétique en jouant sur la ventilation traversante et le climat pour éviter le recours à la climatisation dans les immeubles. Enfin, les infrastructures énergétiques de type “réseaux de distribution de froid” à partir d’énergie marine seront soutenues. Deux projets identifiés sont en cours de développement n
Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Philippe Beutin Directeur de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie de Mayotte & Réunion
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Mars 2013 | La Réunion
dE NoUVEaUX ENJEUX ENtRE tRaNSPoRtS Et oUVERtURE RÉGioNaLE
Un succès jamais démenti depuis plus de cinquante ans !
lecourrierduparlement fr •
Mars 2013 | La Réunion
ENtREtiEN | La zone sud océan indien possède un potentiel de développement économique remarquable et des perspectives de gouvernance originales. autant d’atouts qui feront d’elle un futur pôle d’excellence en recherche maritime.
Un carrefour d’échanges stratégique et prometteur
Englobant La Réunion, Mayotte, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) ainsi que les îles Éparses, cet espace regroupe plus d’un quart de la totalité des zones économiques exclusives françaises. S’il représente un atout considérable en matière de pêche, le sud océan Indien possède aussi d’importantes capacités d’exploitation d’énergies nouvelles. Le programme SWAC (Sea Water Air Conditioning) par exemple, ambitionne de pomper de l’eau marine à 5°C pour climatiser l’aéroport de Gillot à saint Denis ainsi que les zones tertiaires de l’Espace Océan et la ZAC du Chaudron. A titre expérimental, deux autres projets sont en cours dans le sud de l’île visant à produire un tiers des besoins électriques de la ville de Saint-Pierre grâce à l’énergie de la houle. S’attaquant aux problématiques de transports, La Réunion aspire même à devenir une plateforme centrale d’échanges commerciaux. Avec un État éloigné des territoires de l’océan Indien, comment mettre en place une stratégie commune de gouvernance et de développement ? Si l’appui financier européen nous a permis de rattraper notre retard ces dernières années, la prise en compte de la spécificité des zones ultrapériphériques reste une source de contradictions profondes en termes de gouvernance. Sur le plan régional, une initiative très originale du préfet de La Réunion propose de piloter les politiques liées à la mer de manière collective entre les
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territoires de cette île, de Mayotte et des TAAF. Concrétisée par le livre bleu de la zone sud océan Indien, cette mesure sera institutionnalisée par un décret créant les comités maritimes ultramarins.
Enfin, le trafic maritime en lui-même a beaucoup évolué ces dernières années en se déportant du canal du Mozambique vers l’est (essentiellement pour cause de piraterie), ce qui accroît mécaniquement le risque de pollution maritime à proximité de La Réunion. Pour y faire face, nous identifions précisément les déplacements des navires et la nature de leur cargaison dans le cadre d’un réseau de surveillance similaire à celui qui se destine à la pêche.
Comment assurer la sécurité et lutter contre les menaces maritimes dans cette zone ? Piraterie, pêche illégale ou encore pollution due au trafic maritime lui-même, les risques sont en réalité multiples ! Si les armateurs locaux sont régulièrement informés de l’état de la menace en termes de piraterie, l’Etat avait déjà mis en place en 2005 un dispositif innovant de surveillance satellitaire sur la zone des TAAF qui a permis d’y éradiquer la quasi-totalité du pillage de ressources naturelles. A ce titre, la Commission de l’Océan Indien a aussi déployé un programme régional de contrôle des pêches qui a très bien fonctionné entre les pays de la zone.
La France de l’océan Indien souhaite devenir une plate-forme avancée de recherche de l’Europe en sciences de la mer. Par quels moyens ? Si l’innovation est un pilier essentiel des politiques locales, l’enjeu consiste aujourd’hui à développer dans la zone intertropicale un pôle d’excellence en matière de recherche maritime. L’objectif serait à la fois d’appuyer scientifiquement le Conseil maritime ultramarin tout en se positionnant dans des grands programmes de recherche en fonction des besoins du territoire. ©
Quel potentiel économique le sud de l’océan Indien représente-t-il aujourd’hui pour la France ?
Quels sont, à votre avis, les prochains défis à relever ? Le premier serait de conserver un climat de stabilité dans une zone politique très fragile. S’ajoutent à cette problématique celles de la sécurité alimentaire, du partage des richesses ainsi que de l’autonomie économique. Les échanges entre les pays de la zone étant extrêmement faibles, 95 % des produits qui y transitent sont importés ! n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Eric Levert Directeur de la mer sud océan Indien