CDPE Marseille

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LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | HORS-SÉRIE - MAI 2013 | MARSEILLE PROVENCE MÉTROPOLE

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PARLEMENT EUROPÉEN Capitale européenne de la culture 2013 :

HORS-SÉRIE - MAI 2013 - 9,50€

un projet fédérateur, levier de développement économique, social et politique

Marseille Provence Métropole prend toute sa place sur l'échiquier européen

takes all its place in the heartland of Europe

Les dossiers Territoires

E ZIN GA MA AL GU LIN BI

LE MAGAZINE DES GRANDS ENJEUX


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Europe meets in Marseille

ÉDITORIAL

L'Europe a rendezvous à Marseille

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n ma qualité de président du Parlement européen et de président en exercice de l'Assemblée parlementaire de l'Union pour la Méditerranée, je me réjouis de l'attention que le Courrier du Parlement européen prête à la ville de Marseille, capitale européenne de la culture 2013 avec la ville de Košice en Slovaquie. Ces dernières années ont vu la cité phocéenne se transformer en une véritable métropole européenne moderne, riche de son ouverture millénaire sur les peuples et les cultures de la Méditerranée. Marseille représente un bel exemple d'approche innovante dans la revitalisation urbaine, avec des infrastructures telle que le tramway, Le Silo ou le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. En misant sur ses atouts méditerranéens et sur son capital humain, Marseille a mis en chantier une véritable renaissance qui pourrait bien servir d'exemple à d’autres villes européennes, et notamment méditerranéennes. Ce double héritage associé à la ferveur et l'enthousiasme des Marseillais fait de cette capitale européenne de la culture le lieu naturel pour poser enfin les fondations durables d'une communauté de destin entre l'Europe et ses voisins méditerranéens.

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n my capacity as Chairman of the European Parliament and Acting Chairman of the Parliamentary Assembly of the Mediterranean Union, I am delighted by the attention from the Courrier du Parlement européen for the city of Marseille, European capital of Culture 2013 with the town of Košice in Slovakia. These last years have seen the Phocaean city transform itself into a true modern European metropolis, rich of its thousand-year-old exposure to the people and cultures of the Mediterranean. Marseille is a great example of innovative approach to urban regeneration, with infrastructure such as the tram, the Silo or the Museum of the ages of Europe and the Mediterranean. Banking on its Mediterranean assets and human capital, Marseille set in train a real renaissance which could well be used as an example for other European cities, in particular on the Mediterranean. This double heritage as well as the fervour and enthusiasm of the inhabitants of Marseille makes this European capital of Culture the natural place to set the sustainable foundations of a community of destiny between Mediterranean Europe and its neighbours. The European Parliament added its contribution to the building by organising, on the 6th and 7th of April, the first Summit of the presidents of the Parliaments of the 27 Member States of the EU and the presidents of the Parliaments of the countries of the east and the south of the Mediterranean. This Summit took place at the Villa de la Méditerranée… highly symbolic! This event is related to the civil forum of the Mediterranean organised by the Anna Lindh foundation, which for its part gathered more than a thousand young citizens from the European Union and Mediterranean countries nearby. They assembled in the prestigious Palais du Pharo from the 4th to the 7th April. This way young mobilised and engaged citizens had the opportunity to state their concerns and expectations addressing themselves directly to their local and national councilors. Marseille therefore gives rendezvous to all who believe in a supportive, generous and prosperous Euro-Mediterranean future n

Le Parlement européen a apporté sa pierre à l'édifice en organisant, les 6 et 7 avril, le premier Sommet des présidents des parlements des 27 États-membres de l'UE et des présidents des parlements des pays de l'est et du sud de la Méditerranée. Ce sommet s’est tenu à la Villa de la Méditerranée… tout un symbole ! Cet événement est lié au forum civil de la Méditerranée organisé par la fondation Anna Lindh qui a rassemblé de son côté plus d'un millier de jeunes citoyens venus de l'Union européenne et des pays méditerranéens voisins dans le prestigieux Palais du Pharo du 4 au 7 avril. Les jeunes citoyens, si mobilisés et engagés ont ainsi eu l'occasion de dire leurs préoccupations et leurs espoirs en s'adressant directement à leurs élus locaux et nationaux. Marseille donne donc rendez-vous à nous tous qui croyons en un avenir euroméditerranéen solidaire, généreux et prospère n

Martin Schulz Président du Parlement européen President of the European Parliament

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 1


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Hors-série - Mai 2013

SOMMAIRE :

Marseille Provence Métropole

L'Europe a rendez-vous à Marseille

1

Éditorial de Martin Schultz, président du Parlement européen

Marseille en chiffre “Vers une métropole euroméditerranéenne”

4 5

Un entretien avec Eugène Caselli, président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole

Entrer dans le Top 20 des métropoles européennes Marseille : ambition Top 20

10

Un entretien avec Jacques Pfister, président de la Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence, président de l’association Marseille-Provence 2013

2013, tête d’affiche pour for Marseille Le soleil marseillais rayonne sur l’Europe, par Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille “Relancer le dialogue méditerranéen”

12 14 16

Un entretien avec Michel Vauzelle, président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, député des Bouches-du-Rhône

Euroméditerranée, accélérer le rayonnement marseillais

22

Un entretien avec Guy Teissier, président de l'Établissement public d'aménagement Euroméditerranée, député des Bouches-du-Rhône, maire du Ve secteur de Marseille

Euroméditerranée : la tour H99 sort de terre

28

Un entretien avec Marc Pietri, président de Constructa

Marseille, un pôle maritime européen

32

Un entretien avec Jean-Claude Terrier, directeur général du Grand Port Maritime de Marseille, président du Directoire

Innate Pharma : “Un lien organique avec Marseille”

36

Un entretien avec Hervé Brailly, cofondateur d’Innate Pharma et vice-président du directoire

Eurocopter, pilier de l’économie provençale

39

Un entretien avec Joseph Saporito, executive Vice-president d’Eurocopter

“S’approprier une culture métropolitaine”

44

Un entretien avec Jacques Boulesteix, président du conseil de développement de MPM

“La création de l’université unique a suscité un engouement sans précédent”

47

Un entretien avec le Pr. Yvon Berland, président de l’Université Aix-Marseille

Se transformer en veillant aux équilibres “Réduire notre facture énergétique”

52

Un entretien avec Pierre Sémériva, vice-président délégué au Développement durable, au Plan Climat, à la Maîtrise de l'énergie et à la Haute Qualité Environnementale (HQE)

MPM : hotspot un point chaud de la biodiversité “Intensifier la ville au lieu de la densifier”

56 58

Un entretien avec Patrick Magro et Claude Vallette, vice-président de MPM délégué à l’Aménagement de l’espace communautaire et conseiller municipal délégué à l’urbanisme, président de l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (AGAM)

Transports : “faire preuve d’audace”

62

Un entretien avec Karim Zéribi, président du Conseil d'administration de la Régie des transports de Marseille, conseiller communautaire, député européen

Un rayonnement internationnal

Marseille, haut-lieu du tourisme méditerranéen

66

Un entretien avec Dominique Vlasto, députée européenne, présidente de l'Office du tourisme de Marseille

La seconde jeunesse du Vieux Port

68

Un entretien avec Michel Desvigne, paysagiste, mandataire du groupement Michel Desvigne - Norman Foster - Tangram – Ingérop pour le projet de réaménagement du Vieux Port.

L’aéroport Marseille Provence s’envole

71

Un entretien avec Jean-François Brando, président de l’aéroport Marseille Provence

Les Nauticales : le rendez-vous du printemps nautique

77

Un entretien avec Claude Piccirillo, vice-président de MPM, président de la Commission Ports et Aéroports, maire de Saint-Victoret

L’Éden renaît de ses ruines 2 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

79


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

SUMMARY : Marseille Provence Métropole Europe meets in Marseille

1

Martin Schultz, president of the European Parlement

Marseille: key figures “Our future lies in a EuroMediterranean metropolis”

4 7

Interview with Eugène Caselli, chairman of Marseille Provence Métropole

In the race to join the Top 20 European cities Marseilles: Top 20 Ambitions

11

Interview with Jacques Pfister, president of the Chamber of Commerce and Industry of Marseille Provence, president of the Marseille-Provence 2013 association

2013, poster heading for Marseille The Marseille sun shines out over Europe, par Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille “Restarting the Mediterranean dialogue”

13 14 19

Interview with Michel Vauzelle, chairman of Conseil regional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, member of Parliament from Bouches-du-Rhône

Euroméditerranée, accelerating the reach of Marseille

23

Interview with Guy Teissier, chairman of the Établissement public d'aménagement Euroméditerranée, deputy of the Bouches-du-Rhône, mayor of the 5th sector of Marseille

Euroméditerranée: the H99 tower takes off

30

Interview with Marc Pietri, chairman of Constructa

Marseille, a European maritime centre

34

Interview with Jean-Claude Terrier, director general of the Grand Port Maritime de Marseille, chairman of the Board

Innate Pharma: “An institutional link with Marseille”

38

Interview with Hervé Brailly, chairman of the Board and co-founder of Innate Pharma

Eurocopter, mainstay of Provencal economy

41

Interview with Joseph Saporito, executive Vice-president of Eurocopter

“Adopt a metropolitan culture”

45

Interview with Jacques Boulesteix, chairman of the MPM Board of Development

“The merger of the three uiversities has created an unprecedented enthusiasm”

49

Interview with the Pr. Yvon Berland, president of Université d’Aix-Marseille

Transforming without threatening the balance “Reducing our energy bill”

53

Interview with Pierre Sémériva, vice-chairman delegate for Sustainable Development, Climate Plan, Energy Control and High Quality Environment (HQE)

MPM: a biodiversity hotspot “Intensify the city instead of densifying”

57 60

Interview with Patrick Magro and Claude Vallette, vice-president of MPM, Equipment of Community Space and City Council Town Planning Delegate, Chairman of the town planning agency for the agglomeration of Marseille (AGAM)

Transport: “be brave”

63

Interview with Karim Zéribi, chairman of the Board of Transport Control in Marseille, Community adviser, European Deputy

An international aura

Marseille, hotbed of Mediterranean tourism

67

Interview with Dominique Vlasto, member of the European Parliament, chairman of tourism office of Marseille

The second youth of the Old Port

70

Interview with Michel Desvigne, landscape designer, agent of the Michel Desvigne - Norman Foster Tangram - Ingérop grouping for the project of refitting of the Old Port.

Marseille Provence airport takes off

74

Interview with Jean-François Brando, chairman of Marseille Provence airport

Les Nauticales: rendezvous on the Mediterranean for a nautical spring

78

Interview with Claude Piccirillo, vice-president of MPM, chairman of the Ports Commission, mayor of Saint-Victoret

Eden rises from its ruins

80

LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN - Édité par Monde Edition S.A.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lcp-europeen.eu - www.lecourrierduparlement.fr n Directeur de la publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction - Sharon Lazimi n Journalistes - Julien Dreyfuss, Louis Le Bris, Pauline Pouzankov n Infographiste - Isabel Da Silva - Michaël Lazimi n Directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n Remerciements - Éric Angélica, Caroline Chédozeau, Béatrice Guénebeaud n N° 02 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo de couverture - © photocreo / Fotolia.com - Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 3


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Marseille en chiffres Marseille: key figures Les 18 communes MPM : The 18 MPM communes: Châteauneuf-les-Martigues, Marignane, St-Victoret, Carry-le-Rouet, Sausset-les-Pins, Ensuès-laRedonne, Gignac-la-Nerthe, Le Rove, Marseille, Septèmes-les-Vallons, Plan-de-Cuques, Allauch, Carnoux-en-Provence, Cassis, La Ciotat, Ceyreste, Roquefort-la-Bédoule, Gémenos.

La Gare Saint-Charles accueille plus de 15 millions de visiteurs pas an Saint-Charles Station which sees over 15 million visitors per year

Le Grand Port Maritime de Marseille, 1er port français et 4e européen pour le fret The Grand Port Maritime of Marseille, 1st French port and 4th European port for freight

La capitale mondiale de l'eau : elle accueille notamment le siège du Conseil mondial de l'Eau The world capital of water: it is in particular the seat of the World Water Council

MARSEILLE-PROVENCE 2013, CAPITALE EUROPÉENNE DE LA CULTURE : 91 millions d’euros de budget 91 million euro budget 400 événements dont près de 60 expositions et des centaines de concerts 400 events including nearly 60 exhibitions and hundreds of concerts

Plus d’1 million d’habitants au sein d’une métropole de 2 millions d’habitants Over 1 million inhabitants within a metropolis of 2 million inhabitants 1ère ville en matière de recherche publique, hors Paris 1st city in terms of public research, outside Paris 380 000 emplois (3 800 emplois nets créés chaque année de 2000 à 2009) 380,000 jobs (3,800 net jobs created each year from 2000 to 2009)

2 millions de touristes supplémentaires 2 million additional tourists

4 millions de visiteurs (630 000 croisiéristes, 300 000 journées congressistes) 4 million visitors (630,000 cruise, 300,000 delegate days)

600 millions d’euros de retombées économiques attendues 600 million euros of expected economic benefits

120 kilomètres de littoral 120 kilometres of coast

10 nouveaux lieux emblématiques dédiés à la culture 10 new iconic places dedicated to culture

4 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© BdLatitudes - Fotolia.com © aleksander1 - Fotolia.com © yo- - Fotolia.com © BdLatitudes - Fotolia.com

L’Aéroport international Marseille Provence, 2e aéroport français pour le fret et 4e pour les passagers The International airport of Marseille Provence, 2nd French airport for freight and 4th for passengers


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

©Benh Lieu Song

ENTRETIEN | Capitale européenne de la culture, Marseille s’impose peu à peu comme une métropole qui compte sur le continent. L’heure est désormais à la planification et à l’organisation de son bassin de vie, sous l’impulsion de la Communauté urbaine.

“Vers une métropole euroméditerranéenne”

On part de très loin. Dans les autres grandes villes françaises, le fait métropolitain est une réalité déjà ancienne. C’est une pratique largement rodée et éprouvée, et qui a bénéficié dans le passé de contributions très importantes qui ne peuvent plus être accordées aujourd’hui, compte tenu de l’état des finances publiques. Malgré la crise, qui n’a bien sûr pas épargné le territoire marseillais, malgré les moyens financiers dont disposent la Communauté urbaine et les 18 communes qui la composent, qui paraissent bien modestes si on les compare à l’importance des besoins à satisfaire, Marseille Provence Métropole a maintenu son effort d’investissement sur une base annuelle de l’ordre de 250 millions d’euros. Les engagements pris au cours de la mandature précédente ont été tenus (l’incinérateur, l’extension du tramway marseillais, le percement des tunnels, etc.). Les nouveaux documents de planification ont été élaborés et votés. MPM a fait œuvre utile. Je crois aussi que, au cours de cette période, les uns et les autres, nous avons appris à travailler ensemble. L’exemple nous en a été donné

par les universités, qui ont fusionné, et par cette candidature commune et unanime au titre de capitale européenne de la culture. Les rapports ont été directs et satisfaisants avec la Ville de Marseille et son maire. Des contrats très utiles ont pu être signés avec le Département des Bouches-du-Rhône et le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. De cette façon, nous avons pu lancer des opérations qu’il aurait fallu étaler dans le temps sans ces concours financiers tout à fait appréciables. Et c’est parce que je retiens l’efficacité de ces rapprochements fondés sur l’intérêt général avant toute autre

considération que je veux être optimiste pour la suite : la constitution de l’entité métropolitaine.

“Malgré la crise [...] MPM a maintenu son effort d’investissement” Marseille peut-elle atteindre son ambition d’intégrer le top 20 des métropoles européennes d’ici 2020 ?

© DR

Vous êtes à la tête de MPM depuis 2008. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru par le territoire marseillais depuis le début de votre mandat ?

Ce doit être l’objectif et la source de notre inspiration ! Les atouts sont là : une situation idéalement stratégique au sud de l’Europe et en bordure de cet espace méditerranéen qui est notre avenir logique ; un environnement naturel qu’on nous envie, en France comme à l’étranger ; des équipements de desserte modernes (TGV, aéroport, port, réseau autoroutier) ; la première université de France, née de la fusion de nos trois universités d’Aix-Marseille ; un patrimoine culturel tout à fait exceptionnel ; un réel potentiel scientifique et technique. Nous disposons lll

Eugène Caselli Président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 5


© Benh Lieu Song

Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Les calanques de Marseille s'étendent sur plus de vingt kilomètres de côtes et attirent plus d’un million de visiteurs par an. lll désormais des documents de planification qui nous donnent une visibilité à 20 ans de ce qu’il faut faire pour assurer le développement du territoire, pour le tirer vers le haut et améliorer ainsi les conditions de vie de ses habitants. L’avenir est aux ensembles métropolitains cohérents et organisés, soit nous franchissons le pas qui nous permet d’en constituer un et la marche en avant continue, soit on n’y parvient pas, du fait des oppositions de principe, et il y a de sérieuses raisons de s’inquiéter des conséquences.

Quels sont les grands axes de votre stratégie de développement économique ?

métiers de la mer et à leur diversification ? Il y a là, sans conteste, des gisements d’emplois et d’activités et un formidable levier de développement. Déjà, le savoir-faire des opérateurs de dimension mondiale qui interviennent dans le domaine si important, si stratégique, de l’approvisionnement en eau potable et de l’assainissement, vaut à Marseille une notoriété et une reconnaissance internationales. L’économie de la connaissance et le tourisme seront avec les échanges les piliers du développement ; les trois offrant de notre point de vue de bonnes perspectives à long terme.

“Constituer un territoire de référence en Europe du Sud” © NASA Goddard

La désindustrialisation a fait tôt son œuvre à Marseille. Il est clair qu’on ne va

pas rouvrir les mines, les usines et les grands moulins de naguère ! Notre avenir, il est dans le potentiel d’une métropole euroméditerranéenne des échanges. Il est dans notre volonté de constituer un territoire de référence en Europe du Sud et en Méditerranée pour nos capacités d’innovation et de création dans les domaines des sciences, des technologies les plus avancées, de la culture, de l’architecture et de l’environnement. Où, mieux que dans un environnement aussi privilégié que fragile, peut-on développer les techniques et les moyens d’œuvrer utilement à la préservation de l’environnement ? Où, mieux qu’à Marseille, premier port de France, premier port de plaisance d’Europe continentale, peut-on s’intéresser plus particulièrement aux

L’arc méditérranéen (de gauche à droite : Turin, Lyon et Marseille)

6 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

L’inauguration de Marseille Provence capitale européenne de la culture 2013 a attiré tous les regards sur la cité phocéenne. Que pensez-vous des débuts de cette année événement ? Le week-end de lancement a été un immense succès public. On n’a sans doute jamais vu autant de monde dans la rue, et sans incident ni trouble. Ce fut une fête populaire et bon enfant. Et une belle réponse à ceux qui font profession de douter, de critiquer, de dénigrer. De superbes lieux dédiés à la culture et à la création ont ouvert ou vont ouvrir. Le programme est varié et alléchant. Et il concerne, il faut le rappeler, l’ensemble du vaste territoire auquel il a été accordé d’organiser cette année capitale. Partout, à Aix, à Arles, dans les villes et les villages, on a fait l’effort. Partout on participe. Et lll


lll partout le public répond présent. C’est

de très bon augure pour la suite.

Interview with : Eugène Caselli, chairman of Marseille

Qu’en attendez-vous à long terme ?

Provence Métropole

Un projet de loi devrait être présenté prochainement afin de créer une eurométropole qui rassemblerait six intercommunalités (Marseille, Aix, Aubagne, Martigues, Istres-Fos et Salon). Comment vous situez-vous vis-à-vis de cette initiative gouvernementale ? Je n’ai pas attendu cette initiative pour appeler de mes vœux la constitution du cadre administratif, juridique et politique qui permettra d’organiser et de faire bien fonctionner un espace de vie que ses habitants et ses usagers ont depuis longtemps défini par leurs déplacements et leurs activités. J’apprécie à sa juste importance la volonté et la détermination du gouvernement de débloquer la situation et de fixer le cadre légal de cette organisation d’un territoire dont la pertinence n’a pas échappé au monde socio-économique unanime et à la plus grande partie de la société civile. J’attends aussi de l’État qu’il apporte l’aide indispensable au lancement, par la structure qui sera instituée, des chantiers prioritaires qu’il lui reviendra de réaliser, notamment en matière de transports. Mon intime conviction est qu’on ne peut plus attendre, puisque l’enjeu se situe dans le choix entre un déclin programmé et un développement porteur d’avenir n Propos recueillis par Louis Le Bris

“Our future lies in a EuroMediterranean metropolis” © Ianaré Sévi

Cette capitale européenne de la culture constitue une fantastique opportunité. Je crois très sincèrement que 2013 peut être le turbo de l’activité économique. Je crois que nous pouvons gagner une visibilité formidable et une vraie reconnaissance, nationale et internationale. J’ai la conviction que nous pouvons puiser cette année les forces d’un nouvel élan et réaliser le sursaut qui va nous permettre de repartir d’un meilleur pied. Nous avons en tout cas l’occasion, et je devrais dire la chance, de pouvoir montrer que l’on sait ici accueillir et bien accueillir, que l’on sait et peut organiser les choses et en montrer de belles et originales, que nous proposons de beaux et bons endroits où s’implanter et où développer des activités. En temps de crise, c’est une opportunité peut-être historique qui se présente. Déjà, la préparation de cette année a servi d’accélérateur de projets. La ville a déjà beaucoup changé. Reste à tenir la distance de l’année, à maintenir le niveau et, ensuite, à rebondir après l’événement.

Marseille, European Capital of culture is gradually appearing to be a metropolis which relies on the continent. Time is now ripe for planning and organising its living area, by strengthening the urban community. You have been leading the MPM since 2008. How do you assess the development of Marseille region since the beginning of your term? We have come a long way. In other big French cities the concept of metropolis is old. It is a habitual and proven practice and has received big contributions in the past which, given the state of public finance are no longer affordable today. Despite the economic crisis which has also left its mark on the Marseille region and despite the meagre financial resources of the urban community and its eighteen communes especially in terms of necessity, Marseille Provence Métropole has continued its investments on an annual basis of 250 million Euros. The commitments of the previous term were respected (incinerator, extension of Marseille tramway, tunnel constructions etc.). New planning documents have been drafted and voted. MPM has made a difference. I believe that during this period we have learned to work together. The fusion of universities, along with this joint and unanimous candidacy as the European Capital of culture has shown us the way. The relationship with the city of Marseille and its Mayor has been satisfying and direct. We were able to conclude important contracts with

Département of Bouches-du-Rhône and the regional board of Provence-AlpesCôte d’Azur. In this way we could launch operations which would require much more time without this valuable financial support. I am very optimistic about the future as I do retain the fact that this close relationship is based on common interest above all: the future i.e. constructing a metropolitan entity. Would Marseille be able to reach its goal of belonging to the top 20 European metropolis by 2020? This should be the goal and source of our inspiration! The advantages are all there: a geographically ideal strategic position in southern Europe and on the border of the this Mediterranean region which should be our logical future; a natural environment envied both in France and abroad; very modern transport facilities (TGV, airport, port, highway network); biggest University of France, born out of the fusion of our three Universities of Aix-Marseille; an exceptional cultural heritage; a true technical and scientific potential. We now have in possession planning documents which give us an insight to next 20 years and what should be done to ensure the development of the region; to raise its overall quality and hence improve the living conditions of its inhabitants. Future belongs jointly to the coherent and organized metropolis: either we take the big step which would enable us to go forward or we fail to do so due to cross-interests, and there are major reasons to worry about its consequences. lll

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 7


© KeyserJBV NEWS

Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

year of Capital. Everywhere, in Aix, in Arles, in cities and villages we are making an effort. People are participating everywhere. Public is omnipresent. This is a very good sign for the things to come. What are your expectations in the long term? This European Capital of culture is a fantastic opportunity. I sincerely believe that 2013 can trigger economic activities. I think that we can acquire higher visibility and get acknowledged at the national and international level. I am convinced that this year will provide us with fresh force and impetus to raise our level and hence give us a better departure point. In any case we are lucky and have the opportunity, to be able to show that we know how to receive and receive really well, that we know and can organise beautiful things and that we can offer great and right venues where one can settle and develop their activities. In times of crisis this is perhaps a historic opportunity. Already the preparatory activities of this year have accelerated the plans. The city has changed a lot. What’s left is to keep up the pace during the year, to maintain the level and to bounce back after the event.

lll What are the major themes of your

economic development strategy? Dis-industrialisation has taken place quite early in Marseille. It is clear that we are not going to reopen mines, factories and ancient mills! Our future lies in a potential Euro-Mediterranean metropolis of exchanges. We are willing to constitute an exemplary region in southern Europe and Mediterranean region thanks to our innovative and creative capabilities in the fields of science, well-advanced technologies, culture, architecture and environment. What can be a better place to develop the techniques and means necessary for environmental preservation than that in a privileged but fragile environment? What better place than Marseille, the leading port of France, leading yacht harbour of continental Europe, where we could take more interest in sea-related professions and their economic diversification? Sources of employment and activities definitely provide a great leverage to economic development. Already the know-how of world class operators who work in such important strategic fields such as clean drinking water supply and sewage has made Marseille internationally renowned.

The knowledge and tourism economy would, along with exchanges, be the other pillars of development; these three offer our point of view of good perspective in the long term.

“This European Capital of culture is a fantastic opportunity” Inauguration of Marseille Provence European Capital of culture 2013 has attracted a lot of attention to the City. What are your views on the beginning of this eventful year? The launching weekend has been a huge public success. We have never seen so many people on the road without any problems or unpleasant incidents. It was a popular feast in a good ambience. And a suitable reply to those who doubt, criticize and denigrate. Fantastic cultural and creative venues have opened and are still going to inaugurate. The program is varied and tempting. And one should remember that a vast region has been granted this opportunity to organize this

8 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

A draft law is to be presented soon in order to create a Euro-metropolis which would include six inter-municipalities (Marseille, Aix, Aubagne, Martigues, Istres-Fos and Salon). What is your position regarding this government initiative? I did not wait for this initiative to call for constitution of a legal, administrative and political framework which would enable to organise and operate a living area in a better way which has been defined by its inhabitants’ trips and activities for a long time. I fully appreciate the willingness and determination of the government to ease the situation and to define a legal framework of organising a region whose importance was not lost on unanimous socio-economic world and a big percentage of the civil society. I hope that the State would provide us with its indispensable help during launching: for example the structures to be instituted, the important construction-sites to build by it, especially the ones concerning transport. I deeply believe that we cannot wait anymore because the stake lies between two choices: a programmed decline or developing a bright future n


© MPM

Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRER DANS LE TOP 20 DES MÉTROPOLES EUROPÉENNES / IN THE RACE TO JOIN THE TOP 20 EUROPEAN CITIES

La métropole marseillaise s’engage, par le biais des décideurs économiques et politiques, dans une course à la performance pour rejoindre le TOP 20 des métropoles européennes.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 9


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Marseille ambitionne d’être une métropole qui compte sur le continent. Riche d’une forte activité économique, la ville s’appuie sur son dynamisme pour sortir du lot.

Marseille : ambition Top 20 La métropole marseillaise s’engage dans une course à la performance pour rejoindre le Top 20 des métropoles européennes. Sur quels atouts peut-elle s’appuyer ?

Depuis 1995, Euroméditerranée 1 construit une nouvelle “ville sur la ville” pour hisser Marseille au rang des plus grandes métropoles européennes. Quel bilan peut-on tirer de l’opération ?

Marseille est attractive grâce à son grand port, sa façade maritime et sa qualité de vie. Elle peut ainsi proposer des activités de service, de réparation, de recherche autour de la grande plaisance, des croisières touristiques, etc. Sans oublier un tissu industriel dense avec la présence, à Fos-sur-Mer et Aixen-Provence par exemple, d’Eurocopter, de Dassault, d’ArcelorMittal, etc. Tout l’enjeu désormais est de créer un véritable marketing territorial, à la manière d’autres grandes villes européennes, et définir une stratégie globale pour attirer les entreprises sur l’agglomération. Pour cela, il faut organiser une gouvernance cohérente en donnant naissance à une métropole qui rassemblerait la Communauté urbaine de Marseille et les autres pôles environnants. Ainsi, nous pourrons élaborer des projets collectifs de grande envergure, comme Marseille-Provence 2013.

L’impressionnante rénovation urbaine a révolutionné la vision de notre ville. Difficile d’en tirer un bilan immédiat étant donné l’ampleur des travaux mais c’est sans aucun doute une très belle réussite. 531 millions d’euros de fonds publics y ont été investis par l’État et les collectivités locales, générant près de 1,5 milliards d'euros d’investissements privés. Si bien qu’en l’espace de 10 ans, Euroméditerranée est devenu le plus important quartier d'affaires de centre-ville d'Europe du Sud. Autrefois en friche, cet espace est devenu un bassin de vie et d’emploi majeur.

où des quartiers entiers et de nombreuses friches peuvent être rénovés. L’opération dépasse le cadre économique, elle est pensée pour les citoyens. Ces projets relèvent de “l’urgence marseillaise” : ils sont un outil contre le chômage, la pauvreté, l’insalubrité des logements, etc. et sont indispensables aux ambitions de notre ville. Dans quelle mesure les entreprises marseillaises commercent-elles avec celles des autres rives de la Méditerranée ? La proximité culturelle des deux rives de la Méditerranée crée une dynamique qui favorise la présence des entreprises marseillaises au Maghreb où elles accompagnent les grands projets industriels. L’objectif est désormais d’étendre notre influence à l’ensemble du bassin méditerranéen, en particulier à la Libye, l’Égypte et la Turquie. C’est en ce sens que la CCI organise des formations et des rencontres aux entreprises de tous ces pays.

Le projet Euromed 2 occupera décideurs publics, architectes urbanistes ou promoteurs jusqu'en 2030. Quelles en sont les grandes ambitions ? Euromed 2 a vocation à revitaliser l’hinterland de Marseille. Nous étendons la zone Euroméditerranée vers le nord de la ville,

Nous avons estimé à pratiquement un milliard d’euros les recettes espérées pour les hôtels, les restaurants et tous ceux qui participeront, d’une manière ou d’une autre, à l’événement. D’autant plus que tous les bâtiments livrés pour MP 2013 sont un formidable atout pour le tourisme de demain. C’est toute l’offre culturelle du territoire qui fait peau neuve ! L’image de Marseille et de la Provence sortira sans aucun doute renforcée de l’année 2013, ce qui boostera un peu plus notre attractivité économique. 10 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© François Moura - Tous droits réservés CCIMP

Justement, Marseille-Provence 2013 va être l’un des événements phares de l’année. Quelles retombées économiques attendez-vous pour l’agglomération ?

Les évolutions politiques qu’a connues le monde arabe ces dernières années sont-elles une chance pour les entreprises de votre territoire ? À court terme, ces événements ont très nettement ralenti les échanges, en particulier avec la Tunisie qui fut au cœur des révolutions. Les PME marseillaises sont plus vulnérables et donc plus prudentes que les grands groupes français. Cependant, lorsque les pays du Maghreb mais aussi la Libye ou l’Égypte se seront stabilisés, de très fortes opportunités vont apparaître n Propos recueillis par Louis Le Bris

Jacques Pfister Président de la Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence, président de l’association Marseille-Provence 2013


Interview with: Jacques Pfister, president of the Chamber of Commerce and Industry of Marseille Provence, president of the Marseille-Provence 2013 association

Marseille has its eye on becoming a city that counts on the continent. With strong economic activity, the city can rely on its dynamism to get ahead of the pack.

© DR

Marseilles: Top 20 Ambitions

The city of Marseille is entering a performance race to join the Top 20 European city. On which assets can it rely? Marseille is attractive thanks to its large port, its sea frontage and its quality of life. For these reasons it can offer service, repair and research activities centred around yachting, tourist cruises, etc. Not to forget a dense industrial fabric with the presence, in Fos-sur-Mer and Aix-en-Provence for example, of Eurocopter, Dassault, ArcelorMittal, etc.

doubt finish 2013 stronger, which will boost our economic attractiveness a little further.

“To create real territorial marketing”

Since 1995, Euroméditerranée 1 has been building a new “city on the city” to hoist Marseille to the ranks of the largest European cities. What conclusions can one draw from the operation?

The challenge from now on is to create real territorial marketing, in the manner of other large European cities, and define a global strategy to attract companies to the agglomeration. For that, it is necessary to organise coherent governance by giving rise to a city, which unites the urban Community of Marseille and the other surrounding centres. In this way, we will be able to work out collective projects on a grand scale, like Marseille-Provence 2013.

The impressive urban restoration revolutionised the vision of our city. Difficult to draw any immediate conclusions from this given the scale of the works but without a doubt it's a very beautiful success. 531 million euros of public funds were invested there by the State and local communities, generating nearly 1.5 billion euros of private investment. So that in the space of 10 years, Euroméditerranée has become the largest town centre business district in Southern Europe. Formerly a wasteland, this space has become a major centre of living and employment.

Marseille-Provence 2013 will be precisely one of the headline events of the year. What economic repercussions do you expect for the city and its surrounding area? We estimate at practically a billion euros the expected takings for hotels, restaurants and all those taking part, one way or another, in the event. Especially as all the buildings completed for MP 2013 are a formidable asset for tourism of tomorrow. It's the whole cultural offering of the region renewing itself! The image of Marseille and Provence will without

The largest urban restoration operation in Europe, project Euromed 2 will occupy public decision makers, townplanners and promoters until 2030. What are its grand ambitions? Euromed 2 is aimed at revitalising the hinterland of Marseille. We are extending the Euroméditerranée zone towards the north of the city, where whole neighbourhoods and a large number of waste lands can be renovated. The operation exceeds the economic

framework; it is planned for the citizens. These projects come from “the Marseilles emergency”: they are a tool against unemployment, poverty, insalubrious housing, etc. and are essential to the ambitions of our city. To what point do the companies of Marseille trade with those on other shores of the Mediterranean? The cultural proximity of the two shores of the Mediterranean creates a dynamic, which supports the presence of Marseille companies in North Africa where they support large industrial projects. The objective from now on is to extend our influence to the whole of the Mediterranean basin, in particular to Libya, Egypt and Turkey. The Chamber of Commerce and Industry is organising training and meetings in this direction for companies in all these countries. Are the political changes seen by the Arab world in recent years an opportunity for companies in your region? In the short run, these events very clearly slowed down exchange, in particular with Tunisia, which was in the middle of the revolutions. Marseille SMEs are more vulnerable and so more careful than the large French groups. However, when the Maghreb countries but also Libya and Egypt stabilise themselves, very big opportunities will appear n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 11


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

2013, tête d’affiche pour Marseille

© Leslie Verdet

Le 12 janvier, “la ville aux 111 quartiers” levait le rideau de la Capitale européenne de la culture 2013. Outil de transformation durable du territoire, cet évènement fait de Marseille-Provence une plateforme incontournable de l’espace euro-méditérranéen.

Le 33e Festival International de Piano de La Roque d'Anthéron se tiendra du 20 juillet au 20 août 2013.

A

vec 450 000 citadins rassemblés en plein cœur du centre-ville, on se serait cru un 14 Juillet à la cérémonie d’ouverture de Marseille Provence 2013. Plus qu’un pari réussi, c’est un véritable triomphe pour le directeur artistique Bernard Souroque, qui souhaitait transformer l’événement en une immense fête populaire, indispensable à l’implication citoyenne. 17h20. Plongée dans l’obscurité, la capitale phocéenne s’était soudain embrasée de la Parade des Lumières, coup d’envoi majestueux d’une suite de festivités qui vont marquer l’année à venir. Un lancement aussi flamboyant que les éclats roses, bleus et violines qui ont successivement jailli de la pénombre pour transcender la nuit marseillaise, avant de laisser place à une chorale entre clochers d’églises et cornes du Vieux Port, menés par le ténor du gros bourdon de Notre-Dame-de-la-Garde. Le tout couronné par un spectacle aérien dévoilant des anges

tombant du ciel et projetant une pluie de plumes sur les spectateurs, seuls témoins du passage éphémère de ces créatures. Un hommage aux cinq sens.

Des investissements “vertigineux” C’est ainsi que Jean-François Chougnet, directeur général de l’opération qualifie les efforts qui ont été accomplis pour mettre sur pied Marseille Provence 2013. En plus d’avoir rénové bon nombre de grands musées locaux, la ville verra s’ouvrir cette année la Villa Méditerranée en avril, le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de Méditerranée) en juin et enfin le Fonds régional d’art contemporain. Si l’espoir de gagner en fréquentation touristique relève de l’évidence, la fédération des acteurs culturels et les choix de programmation serviront à faire rayonner la cité phocéenne à l’international, légitimant

12 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

son ambition métropolitaine et euro-méditerranéenne. Il y en aura pour tous les goûts. Du 24 janvier au 24 février, le premier mois de festivités à lui seul concentrait déjà plus de 50 spectacles et 200 représentations sur la thématique du “Cirque en capitales”. Tous les mercredis de l’année, Montévidéo promet de créer un espace de rencontre entre artistes et spectateurs autour d’un verre, dans le cadre des Ateliers de l’Euroméditérranée. Cinéma, photographie, écriture contemporaine, la manifestation ne fait l’impasse sur aucun moyen d’expression. Côté international, la photographe américaine Kathryn Cook sera au cœur d’un atelier associé à l’exposition Memory of Trees, synthèse de son travail, pendant que Franck Pourcel aura carte blanche les 22 et 23 juin prochains pour présenter son univers au travers de plusieurs projections.

De spectateur à acteur, il n’y a qu’un pas… de danse Dense, diversifiée, mais jamais cacophonique, la programmation permettrait même à chaque anonyme d’accomplir un rêve souvent refoulé : vivre sa propre minute de gloire. L’idée ? Un classique du genre, descendre le fameux escalier de Saint-Charles à la manière d’un music-hall, en solo ou à plusieurs et avec son propre style. Si les premiers rendez-vous ont fait naître plusieurs idées intéressantes, aucun doute que leur récurrence permettra de dévergonder les plus timides en 2013. Les bonnes résolutions ne sont jamais trop tardives, et particulièrement si la minute de gloire en question peut servir celle de Marseille sur la scène internationale. Car le trac est aussi compagnon du talent n Pauline Pouzankov


© Florent Gardin

2013, poster heading for Marseille from the sky and projecting a rain of feathers on the spectators, sole witnesses to the transitory passage of these creatures. An homage to the five senses.

“Vertiginous” investments This is how Jean-François Chougnet, director general of the operation, characterises the effort that went into the setting up of Marseille Provence 2013. In addition to renovating a considerable number of local museums, the city will see open this year the Mediterranean Villa in April, Mucem (Museum of civilizations of Europe and the Mediterranean) in June and finally the Regional Contemporary Art Fund. While there is obviously the hope of gaining in popularity as a tourist destination, the federation of cultural players and the choices of programming will serve to increase the influence of the Phocaean city abroad, and legitimise its metropolitan and Euro-Mediterranean ambitions. There will be something for everyone. From 24th January to 24th February, the first month of festivities alone saw over 50 shows and 200 events along the theme of “Circus in capitals” already. Every Wednesday throughout the year, Montevideo promises to create a meeting space between artists and spectators over a glass of wine, within the framework of Euro-Mediterranean Workshops. Cinema, photography,

Exceptional concert by singer Anaïs during the closing ceremony of the Arles 2013 Treasure Hunt.

With 450,000 citizens gathered at the heart of the city centre you would have thought it was the 14th of July during the opening ceremony of Marseille Provence 2013. More than one payoff, a real triumph for the artistic director Bernard Souroque, who wished to transform the event into a huge popular festival, essential to citizen involvement. 5.30 pm. Plunged into darkness, the Phocaean capital had suddenly blazed up with the Parade of the Lights, majestic send-off for a succession of festivities, which will mark the year to come. A launch as blazing as the pinks, blues and deep purples which shot successively out of the half-light to transcend the Marseille night, before handing over to a choral society between the bell-towers of churches and horns of the Old Port, led by the tenor bell of the tower of Notre-Dame-de-la-Garde. The whole crowned by an air show unveiling angels falling

“To increase the influence of the Phocaean city abroad” From spectator to actor is but a... dance step Dense, diverse, but never cacophonous, the programming will allow each individual to live an often denied dream: to live their own minute of glory. The idea? A classic in its genre, descend the famous staircase from Saint-Charles in the manner of a variety show, solo or with several others and in your own style. While the first events gave rise to several interesting ideas, no doubt their recurrence will loosen up even the most timid in 2013. Good resolutions are never too late, particularly if the minute of glory in question could be used to serve Marseille on the international scene. Stage fright comes hand in hand with talent n

© Agnés Mellon

On 12 th January, “the city of 111 districts” raised the curtain on the European Capital of culture 2013, promise of an exceptional year, rich in events and shows. A sustainable tool of transformation for the region, this event aims above all to make of Marseille-Provence an unmissable platform in the Euro-Mediterranean area.

contemporary writing, the event finds a place for every means of expression. On the international side, the American photographer Kathryn Cook will be at the heart of a workshop associated with the Memory of Trees exhibition, a synthesis of her work, while Franck Pourcel has carte blanche on the 22nd and 23rd June coming up to present his universe through several projections.

H2O, Mémoires de l'Eau: a two-act ballet inspired by an electro-acoustical composition by Laurent Perrier

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 13


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Le soleil marseillais rayonne sur l’Europe The Marseille sun shines out over Europe Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille

lus ancienne ville de France, Marseille est un port qui, tout au long de son histoire, a accueilli de nombreuses vagues d’immigration. Sa population s’est construite strate par strate, et constitue une mosaïque de cultures, de cultes et de traditions.

P

O

En tant que maire de la 2e ville de France, forte de 860 000 habitants, je fais en sorte que tous les Marseillais cohabitent en harmonie.

As mayor of the 2nd city in France, 860,000 inhabitants strong, I make it so that all the citizens of Marseille may live in harmony.

L'image de Marseille est bien loin des clichés véhiculés par les médias. C’est avant tout une métropole où de nombreux investisseurs s’engagent sans hésiter pour s’implanter dans une ville dynamique qui accueille chaque année 5 000 nouveaux habitants... Ainsi des projets de grande envergure sortent de terre, comme les Terrasses du Port du groupe Hammerson, l’Hôtel intercontinental de l’Hôtel-Dieu, le Stade Vélodrome ou la semi-piétonnisation du Vieux Port.

The image of Marseille is far from the stereotypes conveyed by the media. It is above all a whole metropolis where many investors commit without hesitating to set up in a dynamic city which each year welcomes 5,000 new inhabitants… Thus, projects on a grand scale take off, like the Terraces of the Port by the Hammerson group, the intercontinental Hotel of Hôtel-Dieu, the Cycle-racing track or the semi-pedestrianisation of the Old Port.

ldest city in France, Marseille is a port, which, throughout its history, has accommodated many waves of immigration. Its population built layer by layer, constitutes a mosaic of cultures, worships and traditions.

Autant de chantiers destinés à améliorer le quotidien des Marseillais et donner une impulsion très forte à l'économie locale, renforcer l’attractivité de la ville et surtout, ouvrir de nouveaux emplois.

As many building sites intended to improve the daily life of the people of Marseille, give a very strong boost to the local economy, reinforce the attraction of the city and especially, create new employment.

C’est dans cet esprit que nous avons misé sur le tourisme, un secteur dynamique qui a permis de créer plus de 18 000 emplois, à tous les niveaux de qualification.

For this reason we have capitalised on tourism, a dynamic sector which made it possible to create more than 18,000 jobs, at all levels of qualification.

14 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires


© France Keyser/In Visu

TRIBUNE Pour développer cette activité, Marseille peut s’appuyer sur plusieurs atouts : n un environnement exceptionnel, avec un trésor inestimable : le Parc national des Calanques, premier site périurbain d’Europe ; n une culture forte de 2 600 ans d’existence, avec des collections archéologiques uniques au monde, comme la plus grande flottille de vaisseaux antiques gréco-romains.

To develop this activity, Marseille can rely on several assets: n an exceptional environment, with a priceless treasure: the National park of the Calanques, premier peri-urban site in Europe; n 2,600 years of culture, with archaeological collections unique across the world, like the largest flotilla of ancient Greco-Roman vessels.

Cette politique ambitieuse est déjà un succès. La ville est la première destination française des vols low cost. Elle accueille chaque année plus de 4 millions de touristes et congressistes pour 700 millions d’euros de retombées économiques. Le nombre de croisiéristes a également explosé ces dernières années et place Marseille dans les premières villes « têtes de ligne » en Europe.

This ambitious policy is already a success. The city is the first French destination for low cost flights. It welcomes each year more than 4 million tourists and conference delegates earning 700 million euros in business outcomes. The number of cruises also exploded in recent years and places Marseille among the first "end of the line" cities in Europe.

En 2013, 10 millions de visiteurs venus de tous les pays sont attendus pour Marseille-Provence, Capitale européenne de la Culture. 660 millions d’euros ont été investis pour construire ou rénover les équipements culturels qui accueilleront la programmation exceptionnelle prévue pour cet événement et amélioreront la vie des Marseillais pour les décennies à venir.

In 2013, 10 million visitors from all countries are expected for Marseille-Provence, European Capital of Culture. 660 million euros were invested to build or renovate the cultural offering which will host the exceptional programming planned for this event and will improve the life of the people of Marseille for decades to come.

Par ailleurs, Marseille occupe une place de premier choix, sur la scène nationale et internationale, dans le secteur de l’économie de la connaissance. Chaque jour, elle prouve son excellence dans des domaines de pointe, comme la recherche, les sciences et plus particulièrement la médecine, avec des prouesses encore inédites dans le monde entier.

In addition, Marseille occupies a place of first choice on the national and international scene, in the sector of the economy of knowledge. Each day, it proves its excellence in technologically advanced sectors, such as research, the sciences and more particularly medicine, with skills still unknown across the whole world.

La cité phocéenne dispose d’un potentiel de développement exceptionnel qui lui permet d’envisager l’avenir avec confiance.

The Phocaean city has exceptional development potential which enables it to envisage the future with confidence.

Aujourd’hui, Marseille est la capitale d’un territoire qui rayonne dans toute l’Europe, bien au-delà des frontières de son berceau provençal. Elle est le centre névralgique d’une métropole euroméditerranéenne résolument tournée vers l’avenir n

Today, Marseille is the capital of a region that shines across the whole of Europe, well beyond the borders of its Provencal cradle. It is the nerve centre of a Euro-Mediterranean metropolis that is resolutely turned towards the future n Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 15


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Depuis plus de vingt-six siècles, Marseille et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur constituent une terre d'échanges et d'hospitalité, ouverte sur la Méditerranée et sur le monde. Au point de jouer aujourd’hui un rôle clé dans le dispositif euro-méditerranéen.

“Relancer le dialogue méditerranéen”

Cette situation de carrefour au débouché du couloir rhodanien et au cœur de l’arc méditerranéen de l’Europe est un atout pour l’ensemble de la région et pour sa capitale, Marseille. L’histoire le montre : le rayonnement de Marseille est lié aux échanges que ses armateurs et ses négociants ont su développer avec les échelles du Levant et avec l’ensemble de la Méditerranée, et au-delà. C’est au croisement des influences méditerranéennes et européennes que la Provence a acquis sa culture propre et ce qui fait son patrimoine.

“J'ai toujours été un ardent partisan du partenariat euro-méditerranéen”

Provence, un ardent militant du partenariat euro-méditerranéen. Pour nous, ici, la Méditerranée n’est pas une question périphérique. Les peuples du sud de la Méditerranée ne sont pas de simples voisins : nous vivons en cohabitation dans un espace qui a un destin commun. Il ne faut pas avoir peur des événements en cours. L’instabilité, certes, inquiète toujours, mais les peuples du sud et de l’est de la Méditerranée ouvrent une nouvelle page de leur histoire et nous ne pouvons que nous réjouir des avancées vers la démocratie, de la mobilisation des peuples pour la dignité et la justice. Nous devons leur apporter notre soutien et notre amitié, sinon nous élargirons le fossé entre le nord et le sud de la Méditerranée, nous aggraverons les tensions, alors que nord et sud sont solidaires, partagent les mêmes enjeux et doivent relever les mêmes défis économiques, sociaux, environnementaux, politiques et culturels. L’Europe a besoin de la Méditerranée comme la Méditerranée a besoin de l’Europe.

Il n’y a pas de stratégie de développement pour la région qui ne mette en valeur cette position. Cela pose trois conditions : une politique européenne ouverte vers son “voisinage” sud, une politique française active en Méditerranée, et que la Région elle-même soit dotée de compétences et de capacités de manière à constituer un pôle méditerranéen. Si l’Europe se coupe et se protège de la Méditerranée, notre région n’est qu’une extrémité sud de l’Europe sans débouché et donc sans grand avenir. J’ai toujours été, même avant d’être président de cette Région, et parce que j’ai mes racines en 16 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Dans ces conditions comment relancer le dialogue euro-méditerranéen ? L’Union pour la Méditerranée, mal engagée puis, si tôt créée, délaissée par le précédent président de la République, est certainement moribonde mais personne

“Je plaide pour que la Méditerranée soit une priorité présidentielle”

ne s’empresse de l’enterrer tant est fort le besoin de dialogue méditerranéen. Alors que l’Europe du sud est particulièrement frappée par la crise, je plaide pour que la France prenne une initiative forte qui ne soit pas un coup d’éclat, mais un travail diplomatique en profondeur, je plaide pour que la Méditerranée soit une priorité présidentielle. Marseille et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur pourraient tenir un rôle particulier dans cette initiative. ©Conseil régional PACA

Par son histoire et par sa situation géographique, au carrefour des civilisations, Provence-Alpes-Côte d’Azur cultive une double appartenance, méditerranéenne et européenne. Peut-elle servir de pont entre le nord de l’Afrique et l’Europe ?

Où mieux qu’à Marseille et en Provence manifester ce renouveau de la politique méditerranéenne de la France ? Nous avons ici des compétences méditerranéennes, tout un savoir-faire, toute une expérience acquise par nos acteurs socio-économiques, notre société civile, au travers de la coopération décentralisée que la Région a développée avec des territoires de tous les pays de la Méditerranée. Nous venons ainsi de créer avec la DATAR l’Agence villes et territoires méditerranéens durables qui a une vocation de formation, de coopération territoriale, lll

Michel Vauzelle Président du Conseil régional de ProvenceAlpes-Côte d'Azur, député des Bouches-du-Rhône


lll de capitalisation et d’échange d’expé-

riences. Nous devons aller plus loin en constituant un véritable cluster méditerranéen. Le projet que je poursuis depuis des années, celui d’un Centre régional de la Méditerranée (CeReM) qui sera inauguré à l’occasion de Marseille-Provence 2013, est pour moi un élément clé pour fédérer ces initiatives et apporter une visibilité à la Méditerranée tout en étant ouvert au grand public au travers d’animations et d’expositions. Doté d’une architecture audacieuse imaginée par Stefano Boeri, ce centre pourrait être la vitrine et le symbole d’un engagement français et européen vis-à-vis de la Méditerranée, au service d’une politique de développement et de coopération dans la région.

© Collection Grand Port Maritime de Marseille

Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

PACA c’est aussi un rayonnement économique sur tout le pourtour méditerranéen. Quelles en sont les composantes ? La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur est une grande région touristique. Nous en sommes fiers mais, avec les élus de la majorité régionale, nous avons toujours veillé à nous préserver d’une monoculture du tourisme qui nous rendrait dépendants et fragiles. Provence-Alpes-Côte d’Azur est aussi une grande région industrielle, une grande région agricole, une grande région en matière d’innovation grâce à une politique volontariste et à la mise en place d’un réseau de pôles de compétitivité, les PRIDES (pôles régionaux de l’innovation et de développement de l’économie solidaire). Notre industrie est particulièrement dynamique dans les secteurs de l’aéronautique (porté par Eurocopter), des composants électroniques, de la pharmacie, de l’eau, de l’énergie (notamment avec le projet ITER) et des équipements mécaniques. Sans oublier les filières de l’agroalimentaire, de la construction et de la réparation navale, de la chimie, de la pétrochimie et du raffinage.

Le Grand port maritime de Marseille est le 1er port de Méditerranée en trafic total de marchandises.

“La Région Provence-AlpesCôte d’Azur est une grande région touristique” Si nous nous projetons à l’échelle méditerranéenne, des partenariats industriels et commerciaux existent mais il nous faut aller bien au-delà. Nous devons développer des échanges dans des domaines d’intérêts communs : les énergies renouvelables, la gestion de l’eau, le tourisme durable, l’innovation et, plus globalement, la croissance verte. Mais la Méditerranée commerce encore trop

peu avec elle-même et, même si l’Europe est son premier partenaire économique, les États-Unis, la Chine et d’autres pays émergents sont de sérieux concurrents, alors que le succès des transitions politiques en cours se jouera d’abord sur le terrain économique et de l’emploi, tout particulièrement de l’emploi des jeunes diplômés. La création ou l’extension des ports à Tanger, Alger ou Tunis, ne doivent pas être perçues simplement comme une concurrence, s’ils concourent au développement d’une stratégie globale visant à ce que la Méditerranée ne soit plus seulement un corridor maritime mais une plateforme dans les échanges mondiaux.

© Boeri Studio

Marseille entend intégrer le top 20 des métropoles européennes d’ici 2020. Comment le Conseil régional soutient-il cette ambition ? Marseille est la capitale régionale. C’est pourquoi son positionnement et son dynamisme sont importants. La Région participe à tous les grands programmes d’équipement de Marseille : qu’il s’agisse de l’opération Euroméditerranée, du Grand port maritime, des transports… Elle accompagne également le développement des entreprises implantées sur ce territoire, la formation des jeunes, et la recherche n Le Centre régional de la Méditerranée (CeReM) sera inauguré à l’occasion de Marseille-Provence 2013.

18 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Propos recueillis par Louis Le Bris


Interview with: Michel Vauzelle, chairman of Conseil regional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, member of Parliament from Bouches-du-Rhône

©EADSEurocopter

“Restarting the Mediterranean dialogue” For the last twenty six centuries, Marseille and Provence-Alpes-Côte d’Azur region have been a land of exchanges and hospitality open to the Mediterranean region as also to the world. It is highly capable today of playing a key role in the EuroMediterranean project. Thanks to its geographical location at the crossroads of civilisations, ProvenceAlpes-Côte d’Azur enjoys a dual character, Mediterranean and European. Can it serve as a bridge between Europe and North Africa? This crossroad at the outlet of the Rhone valley and at the heart of Mediterranean arc is a great asset for the entire region and its capital, Marseille. History has shown: the fame of Marseille is linked to exchanges developed by its ship-owners and negotiators with Ports of Levant and the entire Mediterranean region and beyond. It is at this juncture of these European and Mediterranean influences that Provence has acquired its own culture and has begotten its heritage.

“For us here, the Mediterranean is not a minor question anymore.”

No developmental strategy of this region can ignore this location. This implies three conditions: an open European policy towards its southern « neighbours », an active French policy in the Mediterranean region and that the region itself be self-sufficient and capable of constituting a European pole. If Europe cuts itself off and protects itself from the Mediterranean, our region is reduced to the southern extremity of the continent without any outlet and hence no bright future. Even before becoming Chairman and thanks to my roots in Provence, I have always been an ardent supporter of Euro-

The Eurocopter Group, established in Marignane (PACA region) is the world’s leading helicopter manufacturer.

Mediterranean partnership. For us here, the Mediterranean is not a minor question anymore. The people from the southern rim of the Mediterranean are not just simple neighbours: we live together in a space which shares a common destiny. One should not be afraid of ongoing happenings. Certainly unstable conditions give rise to anxiety, but people inhabiting the south and east of the Mediterranean region have turned a new page in their history and we should rejoice at the democratic opening and the popular mobilization striving for justice and dignity. We should offer them our support and friendship; otherwise we

would only widen the gap between north and south of Mediterranean and aggravate tension. However a united north and south shares the same risks and has to face the same economic, social political and cultural challenges. Europe needs the Mediterranean as much as the Mediterranean needs Europe. How to restart the Euro-Mediterranean dialogue in these circumstances? The Mediterranean Union, which took off badly, was created too rapidly and then left behind by the former President. It is lll

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 19


© DR

Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

The PACA region intends to develop partnerships with its Mediterranean neighbours. lll certainly moribund, but no one is willing

to bury the project as there is a strong need to launch a Mediterranean dialogue. South-eastern Europe being especially hit by the crisis, I plead that France should not take an initiative which is merely a flash in the pan but that it should express good and solid diplomatic approach. I do plead that the Mediterranean be a priority for the Presidency. Marseille and Provence-AlpesCôte d’Azur region could play a special role in this initiative. What better place than Marseille and Provence to manifest the revival of Mediterranean policies undertaken by France? Here, we have Mediterranean skills, know-how and experiences acquired by our socio-economic actors and our civil society through the decentralised co-operation developed by the region with all other Mediterranean countries. We have just created the Agency for sustainable Mediterranean cities and regions in conjunction with DATAR which seeks to promote training, territorial co-operation and exchange of experiences. We should go further by creating a true Mediterranean cluster. I have been closely pursuing a project now for years, that of a Regional Centre for the Mediterranean (CeReM), which would be inaugurated during MarseilleProvence 2013. I consider it to be a key element in pooling and channelizing initiatives and in providing better visibility to

the Mediter-ranean region. It would at the same time embrace public by organizing programs and exhibitions. This centre bearing an audacious architecture designed by Stefano Boeri, can showcase and symbolise French and European commitment towards the Mediterranean region and eventually promote favourable developmental and co-operative policies in the region. PACA has an economic influence on the whole region and also around the Mediterranean. What are its components? Provence-Alpes-Côte d’Azur is a big attractive tourist region. We are proud of it, but with the elected members of the majority in the region we have advocated a monoculture tourism which has made us dependent and fragile. Provence-AlpesCôte d’Azur is also a big industrial region, an agricultural region and a great region in terms of innovation thanks to forthcoming policies and setting up of a network of competitiveness clusters: the PRIDES (regional poles for innovation and development of common economy). Our industry is especially dynamic in the fields of aeronautics (represented by Eurocopter), electronic components, pharmacy, water, energy (especially with the ITER project) and mechanical equipment. It also includes food processing industry, naval construction and repair, chemical industry, petrochemicals and refining.

We have industrial and commercial partnerships at the Mediterranean level but we have to go further. We should develop exchanges in areas of common interests: renewable energies, water management, sustainable tourism, innovation and generally green growth. But the Mediterranean business volume is not enough by itself. Even if it has Europe as its leading commercial partner, the United States, China or other developing countries are serious competitors. A successful political transition will first take place in the field of the economy and employment and especially the job market for the young degree holders. The creation or extension of ports in Tangier, Algiers and Tunis should not be considered as a simple competition, if contribute to developing a global strategy to promote the Mediterranean region not simply as a maritime corridor but as a platform for global exchanges. Marseille would like to be among the top 20 European metropolises until 2020. How does the Conseil Regional contribute to this ambition? Marseille is the regional capital. Hence its positioning and dynamism are very important. The region participates in all major capital programs of Marseille: be it the Euro-Mediterranean project, the big maritime port, transports… It also contributes to the development of industries based in the region, youth training and research n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 21


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Née de la volonté de l’État et des collectivités territoriales de placer Marseille au niveau des plus grandes métropoles européennes, Euromédi-terranée est aujourd’hui un des accélérateurs de l'attractivité de la cité phocéenne.

Euroméditerranée, accélérer le rayonnement marseillais

La réussite d’Euroméditerranée tient en plusieurs points, certaines réalisations sont visibles, d’autres le sont moins. Sur le plan urbain, l’opération a changé depuis 15 ans la physionomie tout entière de plusieurs lieux emblématiques de la cité phocéenne : le quartier de la Joliette et sa façade littorale, l’entrée de ville avec le quartier SaintCharles et Porte d’Aix et enfin la belle de Mai avec l’implantation du pôle média. La construction du MUCEM, la réhabilitation de la façade littorale – jalonnée de nouveaux équipements –, du silo aux terrasses du port, des voûtes de la Major en passant par le tunnel de l’axe littoral : Euroméditerranée a transformé en profondeur l’espace public, autrefois inaccessible et dégradé, offrant désormais de nouvelles perspectives architecturales ou économiques à la population. On pourrait citer également la construction de l’hôpital Paré-Desbief, le projet des Quais d’Arenc, la réhabilitation de la rue de République ou encore la construction du quartier d’affaires de la Joliette.

le principal défi. Conçu comme un laboratoire du développement méditerranéen durable, l’Écocité permettra ainsi d’expérimenter, dans une démarche pragmatique et opérationnelle, les bonnes pratiques qui seront diffusées non seulement à l’échelle de la ville et du territoire métropolitain mais aussi sur les deux rives de la Méditerranée. En effet, Marseille doit faire face comme les autres métropoles du littoral Méditerranéen à des enjeux environnementaux importants (eau, gestion des risques d’inondation, énergie, déchets, mobilité…) accrues par le réchauffement climatique en cours. Il faut donc utiliser les ressources qui nous sont propres en les valorisant au mieux. L’exemple du projet de parc urbain de 14 hectares en est le meilleur exemple : il s’agira de reconstruire la nature dans l’urbain en proposant un ouvrage paysagé (coulée verte) doté d’équipements publics et capable de gérer le risque d’inondation.

est une opération réussie qui s’affirme comme l’accélérateur principal du développement de l’attractivité et du rayonnement de la métropole marseillaise. N’y a-t-il pas un risque que cette révolution urbaine et économique prenne le pas sur la qualité de vie et les espaces verts de ces quartiers ? Le projet d’Écocité est avant tout au service du bien-être des populations de la façade maritime nord qui trouveront là une qualité de vie et un accès aux équipements et à la formation dont nombre d’entre eux sont aujourd’hui privés. Ce projet entend être accessible à tous pour favoriser le vivre ensemble. Dans un contexte de faiblesse des ressources financières, il doit réussir à mettre la qualité urbaine et environnementale à portée de l’ensemble des populations, y compris des plus démunis. Ici réside

Il y a aussi des réalisations moins visibles mais qui se traduisent en chiffres : entre 1995 et 2012, 531 millions d’euros de fonds publics auront été investis par l’État et les collectivités locales, générant 2 milliards d’investissements privés. Avec 500 000 m2 de bureaux et 5 000 logements construits ou réhabilités, 19 000 emplois créés et 800 entreprises implantées, Euroméditerranée 22 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© DR

Avec 480 hectares, Marseille-Euroméditerranée est considérée comme la plus grande opération de rénovation urbaine d'Europe. Quels en ont été les projets les plus emblématiques ?

Néanmoins, Le projet d’Écocité ne peut être réduit à une simple démonstration de performances technologiques ou expérimentales car il est, avant tout, destiné à servir les habitants qui feront vivre ce territoire : l’ÉcoCité ne vaut que si elle partagée par tous, des habitants des quartiers aux populations métropolitaines. Notre ambition est donc bien d’allier qualité, durabilité et coût maîtrisé. lll

Guy Teissier Président de l'Établissement public d'aménagement Euroméditerranée, député des Bouches-du-Rhône, maire du Ve secteur de Marseille


Quel rôle joue Euroméditerranée dans l’affirmation de Marseille comme métropole européenne ? Dans sa première phase (1995-2010), l’opération a pleinement joué son rôle en développant, sur un espace portuaire dégradé, un projet d’aménagement global qui contribue à l’enrichissement économique de l’aire métropolitaine comme à son rayonnement. Euroméditerranée a ainsi pu atteindre une taille significative qui lui permet d’être l’outil et le levier d’un développement métropolitain durable du point de vue des échanges économiques, des transports, de la création d’emploi et de logements. Moteur de cette dynamique, le projet s’engage dans une démarche innovante avec l’Écocité. Ses composantes (développement durable, qualité urbaine, logements, formation, emploi) sont des éléments essentiels pour accélérer la mutation stratégique du territoire et consolider une dynamique de croissance au profit de la métropole. À sa création, l’un des deux objectifs de l’opération d’intérêt national était de permettre à Marseille de jouer son rôle de pôle d’échanges entre l’Europe et la Méditerranée à l’heure du lancement du processus de Barcelone. Depuis, Marseille est parvenue à accueillir des organismes à vocation internationale (Banque Mondiale, ONUDI, AFD, Ubifrance) et à capter, sur son territoire, des manifestations à forte visibilité : Forum mondial de l’Eau, Marseille Provence 2013 ou Sea Trade. Parallèlement, le développement des activités liées au tourisme et l’augmentation significative du nombre de croisiéristes (près d’un million de passagers attendus en 2012) ont permis d’inscrire Marseille dans la cartographie des métropoles visibles à l’échelon euroméditerranéen. De plus, la thématique de l’urbain méditerranéen durable est en passe de devenir un sujet de coopération majeur ; d’autant que les grands thèmes de l’aménagement (transport, eau, énergie, développement durable, emploi) se retrouvent à l’échelle des projets de villes nouvelles, d’éco-quartier, de rénovation de centre-historique… La présence de l’opération Euroméditerranée, l’un des plus importantes en Europe, a permis de positionner Marseille, à travers le CMI, l’OCEMO ou l’Agence des villes et territoires durables méditerranéens, comme un lieu d’échanges et de bonnes pratiques sur la question urbaine durable n Propos recueillis par Louis Le Bris

Interview with : Guy Teissier, chairman of the Établissement public d'aménagement Euroméditerranée, deputy of the Bouches-du-Rhône, mayor of the 5th sector of Marseille

Euroméditerranée, accelerating the reach of Marseille Born of the State and local authorities’ desire to place Marseille on a level with the largest European cities, Euroméditerranée is today one of the accelerators of the Phocaean city's attraction.

© Lanaré Sévimodif

lll

With 480 hectares (1186 acres), MarseilleEuroméditerranée is thought to be the largest urban renovation operation in Europe. What were the flagship projects? The success of Euroméditerranée is due in part to several points, certain achievements are visible, others less. On the urban level the operation has, over 15 years, changed the whole physiognomy of several iconic places in the Phocaean city: the district of Joliette and its sea frontage, the district of Saint-Charles and Porte d’Aix at the entrance to the city and finally the Belle de Mai area with the establishment of the media centre. The construction of the MUCEM, the rehabilitation of the sea frontage - marked by new equipment -, from the bunker to the terraces of the port, from the Major's vaults via the coastal tunnel axis: Euroméditerranée has profoundly transformed public space, formerly inaccessible and dilapidated, now offering new architectural and economic prospects to the inhabitants. One could also quote the construction of the Paré-Desbief hospital, the Quais d’Arenc project, the renewal of the rue de République or the construction of the business district of Joliette. There are also achievements less visible but which translate into figures: between 1995 and 2012, 531 million euros of public funds have been invested by the State and local communities, generating 2 billion in private investment. With 500,000 m2 of offices and 5,000 built or regenerated

residences, 19,000 jobs created and 800 companies set up, Euroméditerranée is a successful operation which continues to be the main accelerator of the development of the attraction and influence of the Marseille metropolis. Is there is not a risk that this urban and economic revolution swamp the quality of life and parks of these districts? The ÉcoCité project is above all at the service of the wellbeing of the populations along the northern sea front who will find there a quality of life and access to the equipment and training that many currently lack. This project aims to be accessible to all to promote collaborative living. In a context of weak financial resources, it must succeed in putting urban and environmental quality at the reach of the whole population, including those more deprived. Here lies the main challenge. Designed like a laboratory of sustainable Mediterranean development, Écocité will thus make it possible to test, in a pragmatic and operational way, good practices which will be distributed not only on the scale of the city and metropolitan territory but also on both sides of the Mediterranean. Indeed, like other coastal Mediterranean cities, Marseille must face up to important environmental stakes (water, flood risk management, energy, waste, mobility…)lll

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

gress. It is necessary therefore to use our own resources by developing them as well as possible. The 14-hectare (35 acres) urban park project is the best example: it will be a question of rebuilding nature in the city by offering a landscaped area (green alley) with public equipment and the ability to manage flood risk. Nevertheless, the Écocité project cannot be reduced to a simple demonstration of technological or experimental performance because it is above all intended to serve the inhabitants who will bring this territory to life: ÉcoCité is worth something only if it shared by all from district inhabitants to metropolitan populations. Our ambition is then really to combine quality, durability and controlled cost. What role does Euroméditerranée play in the assertion of Marseille as a European city? In its first phase (1995-2010), the operation fully played its part developing, in a

dilapidated harbour space, a global refurbishment project which contributes to the economic enrichment of the metropolitan area in terms of its influence. Euroméditerranée has been able to reach in this way a significant size which enables it to be the means of sustainable metropolitan development from the points of view of business exchange, transport, job creation and housing. Engine of this dynamic, the project is engaged in an innovative process with ÉcoCité. Its components (sustainable development, urban quality, housing, training, employment) are essential elements in terms of accelerating the strategic evolution of the region and consolidating a growth dynamic that profits the city. At its creation, one of the two objectives of this operation of national interest was to make it possible for Marseille to play its part as a centre of exchange between Europe and the Mediterranean at the time of the launch of the Barcelona Declaration. Since then, Marseille has managed to accommodate organisations with international scope (the World Bank, ONUDI, AFD, Ubifrance)

and attract to its territory, highly visible presences: World Water forum, Marseille Provence 2013 or Sea Trade. In parallel, the development of activities relating to tourism and the significant increase in the number of cruises (nearly a million passengers expected for 2012) have made it possible to register Marseille in the cartography of cities visible along the EuroMediterranean scale. Moreover, the themes of sustainable Mediterranean city are on the way to becoming a major subject of co-operation; all the more so as the broad topics of refurbishment (transport, water, energy, sustainable development, employment) are found on the scale of new city, eco-district, restoration of historic centre projects… The presence of the Euroméditerranée operation, one of largest in Europe, made it possible to position Marseille, through the CMI, the OCEMO or the Sustainable Mediterranean Cities and Regions Agency, as a place of exchange and best practice on the sustainable city question n

CULTURE... CONFORT ET EFFICACITÉ POUR LES MARSEILLAIS

La Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole a choisi les tramways Bombardier FLEXITY. Basés sur des technologies éprouvées, ces tramways offrent un plancher bas intégral tout en conservant des bogies conventionnels à essieux qui lui confèrent d’excellentes caractéristiques dynamiques en terme de confort pour les passagers. Les 2000 salariés de Bombardier Transport à Crespin (Nord-Pas de Calais) conçoivent et construisent les trains pour les Régions et SNCF.

www.transport.bombardier.com

24 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

FLEXITY est une marque de commerce de Bombardier Inc. ou de ses fi liales.

lll increased by the climate warming in pro-


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Artisan du rayonnement marseillais, le Groupe Constructa mène l’opération immobilière des Quais d’Arenc, l’un des éléments structurants de la reconquête du port marseillais.

Euroméditerranée : la tour H99

Marseille-Euroméditerranée est considérée comme la plus grande opération de rénovation urbaine d'Europe. Avec les Quais d’Arenc, Constructa se trouve aujourd’hui au cœur de la renaissance du front de mer marseillais. Que représente pour vous ce projet ?

© Exmagina pour Constructa

sort de terre

Comme vous le savez, l’opération des Quais d’Arenc est la plus grande opération immobilière privée de France (90 000 m2). Elle réinvente, avec la Tour CMA CGM de Jacques Saadé, la fameuse skyline de Marseille.

Les Quais d’Arenc sont un des éléments structurants de la reconquête du Port, qui s’accompagne du développement d’un nouveau quartier de vie – Euromediterranée –, d’espaces festifs, d’équipements culturels, d’un quartier d’affaires de rang européen, avec des infrastructures et des dessertes extraordinaires. Ces transformations et cette renaissance, les grands investisseurs internationaux les ont comprises en investissant massivement le périmètre d’Euroméditerranée, la plus grande opération d’aménagement d’Europe, en y plaçant plusieurs milliards d’euros dans les grands projets du quartier qui ne sont d’ailleurs plus des projets puisque tous les chantiers ont démarré !

L’opération des Quais d’Arenc est la plus grande opération immobilière privée de France.

avaient traditionnellement tourné le dos à la Ville. Elles ont fait d’un handicap lié à la désindustrialisation portuaire leur plus bel avantage. En se modernisant, les activités portuaires sont progressivement sorties

Pour ceux qui ont l’expérience de l’international, toutes les grandes villes portuaires du monde ont marqué leur renaissance à partir de leur port, alors que les ports 28 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© Constructa Golem Images

“Les Quais d’Arenc sont un des éléments structurants de la reconquête du Port”

des centres-villes. Les espaces portuaires offrent un lien unique avec la mer, disposent d’infrastructures et de réserves foncières de premier ordre et constituent un des principaux atouts des grandes métropoles de demain, en offrant un cadre de vie et un mode de vie unique. Le mode de vie vertical, fait partie de la renaissance des ports avec pour les Quais d’Arenc une mixité de fonction habitat, bureaux, hôtellerie, commerces. Les ports ont besoin de signaux, d’un fanal, d’un phare, d’une skyline (comme à New York, Shanghai…) et la Tour en est naturellement cet élément constitutif. Il est important que les Marseillais et les Européens en aient conscience, ce qui se passe actuellement sur Euroméditerranée et sur Marseille n’est pas “simplement” la plus lll

Marc Pietri Président de Constructa


© Constructa Golem Images

lll grande opération d’aménagement d’Europe, mais aussi une opportunité historique.

Comment a-t-il défié la crise en lançant ce projet colossal et convaincu les investisseurs publics et privés ? Vous l’avez compris, une opération comme Les Quais d’Arenc n’est pas à l’échelle d’un homme ou d’une société familiale comme la nôtre. Les Quais d’Arenc sont possibles parce que nous pouvons nous appuyer sur des partenaires historiques du Groupe Constructa, qui partagent la même passion que nous et qui s’inscrivent dans une démarche collective de l’acte de construire et de l’acte de créer des cadres et des lieux de vies.

“L’accueil reçu par H99 est très bon.” L’appui de nos partenaires privés est particulièrement important sur cette opération mais l’écoute et le travail commun qui s’est installé progressivement avec les acteurs publics parties prenantes du territoire a été également déterminant aussi bien au niveau des collectivités locales que des services de l’État. La construction de la tour H99, imaginée par Jean-Baptiste Pietri, a un coût deux fois supérieur à celui d’un immeuble traditionnel. Quel accueil cette réalisation a-t-elle reçu lors de sa commercialisation ? L’accueil reçu par H99 est très bon. À ce jour plus d’un tiers des appartements de H99 a été commercialisé et tous les types d’appartements ont rencontré leur clientèle, de l’appartement à plusieurs millions d’euros à l’appartement de 200 000 euros.

“Nos clients ont des motivations très variées” Nous avons des clients dont les motivations sont très variées : la vue, la localisation, les prestations, les services, la sécurité apportée par l’habitat vertical, des passionnés d’architectures, des Marseillais de l’étranger qui ont connu ce type d’habitat dans d’autres pays, des résidents Marseillais quittant leur maison pour se réinstaller au cœur de Marseille, des investisseurs, des entrepreneurs, des actifs d’Euroméditerranée, des nomades cherchant un pied à terre marseillais… lll

Utilisant une orientation étudiée sur le plan des performances énergétiques, la tour H99 est basée sur le haut standing et la qualité des matériaux.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 29


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

lll Quelle est votre vision de Marseille

tant sur le plan économique que du cadre de vie ? Comme évoqué, les plus grandes villes du monde se sont développées par le port, grâce à la qualité de leur desserte en transports, leur capacité à concilier hub (mobilité/mode de vie) et cadre de vie. Marseille regroupe ces trois atouts fondamentaux qui font l’attractivité des villes d'aujourd’hui et de demain. Ses importantes disponibilités foncières lui permettent également d'envisager de grandes possibilités de développement et la valorisation d'une qualité de vie qui sait séduire les cadres et de nouveaux acteurs économiques. Elle attire, nouveaux habitants, entreprises, investisseurs, touristes qui ont compris l'enjeu des projets et l'attractivité de la métropole. Pour moi, Marseillais d'origine, au service de ma ville et y travaillant depuis plus de 35 ans, c'est une première récompense que cette reconnaissance du rayonnement et de l’image de la ville. J'essaie, à mon niveau, de contribuer à cette attractivité par des opérations comme les Docks (60 000 m2 de commerces et bureaux), le Village (250 logements et commerces) ou les Quais d'Arenc et ainsi participer à cette dynamique de grands projets qui est le propre des grandes agglomérations et des villes d'avenir.

Euroméditerranée: the H99 tower takes off Craftsman of Marseille's reach, the Constructa Group is carrying out the real estate operation in the Quais d’Arenc, one of the central elements of the re-conquest of the port of Marseille. Marseille-Euroméditerranée is thought to be the largest urban restoration operation in Europe. With the Quais d’Arenc, Constructa finds itself today at the heart of the rebirth of the Marseille sea front. What does this project represent for you? As you know, the Quais d’Arenc operation is the largest private real estate operation in France (90,000 m2). It is reinventing, along with the CMA CGM Tower by Jacques Saadé, the famous skyline of Marseille. The Quais d'Arenc are one of the central elements of the re-conquest of the Port, which is taking place alongside the development of a new residential district Euromediterranée -, festival spaces, cultural installations, a European-standard business district, with extraordinary infrastructures

© Constructa Golem Images

Marseille ne laisse pas indifférent. Beaucoup l’aiment de cœur pour des raisons sentimentales ou passionnelles. Désormais, il est possible de l’aimer de manière raisonnée car ses atouts sont rationnels au-delà du passionnel n

Interview with : Marc Pietri, chairman of Constructa

and service roads. These transformations and this rebirth were understood by large international investors, investing massively in the perimeter of Euroméditerranée, the largest redevelopment operation in Europe, while putting several billion euros into the large projects in the district which are no longer simply projects since all the building has started! Those with international experience know that all the large harbour cities in the world have marked their renaissance starting in the port, whereas ports had traditionally turned their backs on the City. They made the handicap of dying harbour-based industrialisation their most beautiful advantage. When they were modernised, harbour activities gradually left the town centres. Harbour spaces offer a unique bond with the sea, have incomparable infrastructure and land reserves and constitute one of the principal assets of the large cities of tomorrow, by offering a unique setting and way of life. A vertical way of life is part of the rebirth of the ports for the Quais d’Arenc where there is a mix of residential, offices, hotels and commercial functions. The ports need signs, a beacon, a lighthouse, a skyline (like in New York, Shanghai…) and the Tower is naturally this component. It is important that the people of Marseille and Europeans be aware of it, which is currently the case in Euroméditerranée and Marseille is not “simply” the largest refurbishment operation in Europe, but also a historic opportunity. How did it defy the crisis by launching this colossal project and persuade the public and private investors?

The 26-story building offers a total of 128 apartments.

30 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

You understand it, an operation such as the Quais d’Arencis is not on the scale of one man or a family business like ours. The Quais d’Arenc are possible because we can rely upon traditional partners of the Constructa Group, who share the same lll


© Constructa Golem Images

The view is one the tower’s main assets.

“Marseille today unites the three fundamental assets, which make the towns of today and tomorrow attractive.” passion as us and come under a collective plan to construct and create settings and places to live. The support of our private partners is particularly important on this operation but gradually listening and working together with the relevant public players recipients in the region was also a determining factor both on the local community level and at the level of State services. The construction of the H99 tower, imagined by Jean-Baptiste Pietri, costs twice as much as a traditional building. How was this realisation received during the marketing period? H99 has been very well received. To date over a third of the apartments in H99 have been marketed and every type of apartment has found its customers, from the several million euro apartment to the €200 000 apartment. We have customers whose motivations are very varied: the sight, the location, the services, the safety of vertical living, architecture aficionados, the Marseille ex-pats who have known this type of living elsewhere, Marseille residents leaving their house to set up in the centre of Marseille, investors, contractors, Euromé-

d'Arenc and in this way take part in the dynamic of big projects which are the privilege of large agglomerations and cities of the future.

diterranée players, nomads seeking a pied-à-terre in Marseille… What is your vision of Marseille both from an economic and lifestyle perspective? As mentioned above, the largest cities of the world developed via their port, thanks to the quality of their transport services, their capacity to reconcile hub (mobility/lifestyle) and setting. Marseille today unites these three fundamental assets, which make the towns of today and tomorrow attractive. Its large land bank also makes it possible for the city to consider great development and marketing possibilities of a quality of life, which knows how to attract executives and new economic players. It attracts new inhabitants, companies, investors, tourists who have understood the scale of the projects and the attractiveness of the city.

Marseille leaves nobody indifferent. Many love it with all their heart for reasons of sentiment or passion. From now on, it is possible to like it in a reasoned way because its assets are rational beyond passion n © Constructa Golem Images

lll

For me, native of Marseille, at the service of my city and working there for more than 35 years, my first reward has been this recognition of the reach and attraction of the city. I try, on my level, to contribute to this attractiveness through initiatives like the Docks (60,000 m2 of shops and offices), the Village (250 residential and commercial properties) or the Quais Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 31


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Malgré la crise économique, le Grand Port Maritime de Marseille (GPPM) voit son activité croitre, confortant ainsi son leadership en mer Méditerranée.

© Collection Grand Port Maritime de Marseille

Marseille, un pôle maritime européen Le Grand Port maritime de Marseille est le premier port français et le quatrième port en Europe derrière Rotterdam, Anvers et Hambourg (en trafic total de marchandises). Sur quels atouts compter pour conforter cette place ? Conforter cette position est une de nos ambitions. Pour cela, nous nous appuyons sur trois éléments : n les bénéfices de la réforme portuaire de 2008, mise en application en avril 2011, qui a créé des conditions de travail et de gouvernance identiques à celles de nos concurrents ;

n l'amélioration et le développement des connexions (fer, route, fleuve) à l'hinterland européen. Ainsi, le port de Marseille-Fos (avec ses homologues de Barcelone et de Gênes au sein de l'association Intermed Gateways) offre une véritable alternative méditerranéenne à la desserte du marché européen par les ports du range Nord.

Le port accueille également des trafics de passagers (ferry vers la Corse, l’Algérie et la Tunisie ; croisières).

Ensuite l'amélioration et le développement de toutes les connexions terrestres à l'hinterland européen. Dans ce domaine, le rôle et le soutien de l'Union européenne à nos projets est essentiel pour la constitution d'un réseau transeuropéen de transport durable.

Concernant les projets, notre stratégie d'investissements suit deux axes prioritaires. D’abord la diversification des trafics, tant pour les vracs liquides afin de préparer l'après pétrole que pour les vracs solides (céréales, ciment, charbon, biomasse). Évidemment, cette diversification passe par le développement du trafic des marchandises conteneurisées avec un objectif fixé à 5 millions d'evp (ndlr : (“équivalent vingt pieds”, la taille standard du conteneur) à l'horizon 2030. 32 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Qu’en est-il à l’international ? Parvenezvous à exister, notamment face aux ports asiatiques ?

© Collection Grand Port Maritime de Marseille

n des infrastructures de rang mondial (type terminaux à conteneurs 2x1) permettant d'accueillir les plus grands navires pour tous les segments d'activité ;

S'agissant des ports européens, nous sommes en concurrence pour la desserte du marché européen avec les ports du range Nord. Évidemment, la concurrence avec nos voisins de Barcelone et de Gênes existe aussi, mais nous pensons qu'il est essentiel, avant toute chose, de créer ensemble les conditions d'une véritable alternative aux ports du range Nord. S'agissant des ports méditerranéens hors Union européenne, partenaires historiques du port de Marseille-Fos, nous souhaitons leur développement, même si des problèmes peuvent se poser sur les conditions de la concurrence entre ces ports et les ports de l’UE. En effet, la mise en place d'une véri-lll

Jean-Claude Terrier Directeur général du Grand Port Maritime de Marseille, président du Directoire


© Collection Grand Port Maritime de Marseille

Le port est constitué de deux bassins : les “Bassins Est” à Marseille (400 hectares) et les “Bassins Ouest” à Fos (10 000 hectares).

“Depuis avril 2011 et l'application de la réforme portuaire, la fiabilité de nos terminaux a considérablement augmenté.” lll

table dynamique d'échanges en Méditerranée profitera à tous.

Pour le reste du monde, il n'y a pas de concurrence à proprement parler mais il est nécessaire de suivre l'évolution de ces ports, notamment asiatiques, car par symétrie, les conditions techniques de chargement et de déchargement dans tous les ports du monde doivent converger. Un exemple ; si les ports chinois sont capables de charger des navires de plus de 16 000 evp, le port de Marseille-Fos doit permettre le déchargement de ces navires, ce que nous faisons.

“La mise en place d'une véritable dynamique d'échanges en Méditerranée profitera à tous.” Le port de Marseille a vu – par le passé – son développement gêné par les conflits sociaux qui dégradé son image. Qu’en est-il aujourd’hui ? Depuis avril 2011 et l'application de la réforme portuaire, la fiabilité de nos terminaux a considérablement augmenté. Les acteurs du transport maritime ne s'y sont pas trompés et reviennent aujourd'hui à Marseille. Dans un marché particulièrement atone, le port de Marseille-Fos est le seul

grand port européen à connaître une croissance à deux chiffres en 2012 sur le trafic de marchandises conteneurisées. Le Grand Port maritime s’est ouvert sur la ville ces dernières années. Quels liens avez-vous tissé avec Marseille et ses institutions ? Les relations entre la ville et le port, à Marseille, sont entrées sans contestation dans une nouvelle période, marquée par des partenariats renouvelés. Ces partenariats ont vocation à servir les développements du port et l'attractivité de la ville. Marseille invente un projet de ville-port qui repose sur un projet global, logistique, économique, et industriel, mais aussi social, architectural et urbain. Avec l'arrivée de contraintes d'exploitation nouvelles, du type ISPS (nldr : Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires), l'imbrication originelle entre la ville et le port est devenue plus difficile. Les espaces ont eu tendance à se cloisonner. Pour lutter contre cette dérive néfaste, le GPMM a dû réinventer sa relation avec la ville et ses institutions. De nombreux projets ont vu le jour :

l'opération Euroméditerranée, lancée en 1995, englobe 190 hectares sur le Port ; 5 hectares de terre-plein à l'entrée du vieux port ont ainsi été déclassés et cédés à Euroméditerranée ;

• sur le J4, sont en construction aujourd'hui et seront livrés en 2013, le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM), le Centre régional de la Méditerranée. Ces équipements culturels sont structurants du projet Euromed ;

• fermé depuis les années 1980, le Silo d'Arène accueille aujourd'hui 4 000 m2 de bureaux et une salle de concert de 2 000 places. Les dessertes du Silo sont organisées à partir du boulevard du Littoral, sans interférence avec l'embarquement des passagers des ferries, ni avec les accès au Port ; • le projet des Terrasses du Port consiste en l'implantation de 50 000 m2 d'activités commerciales, culturelles et de loisirs dans un bâtiment-pont surplombant les terminaux du port à la Juliette, et ouverts sur la rade de Marseille. Le centre générera près de 2 000 emplois. Les travaux ont débuté en août 2010 et le centre commercial sera livré au printemps 2014 ; • enfin une charte ville port est en cours de signature entre les différents acteurs politiques, économiques et sociaux de la place marseillaise. Les signataires de la Charte, défendent la même vision de l'avenir du port dans la ville et de développement de leurs synergies, le port s'ouvrant à la ville et le territoire soutenant le développement du port et de ses activités n Propos recueillis par Louis Le Bris

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 33


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Interview with: Jean-Claude Terrier, director general of the Grand Port Maritime de Marseille, chairman of the Board

Marseille, a European maritime centre

The Grand Port Maritime de Marseille is the number one French port and the fourth port in Europe behind Rotterdam, Antwerp and Hamburg (total traffic of goods). On which assets are you relying to consolidate this place? Consolidating this position is one of our ambitions. For that, we are relying on three elements:

Then, the improvement and development of all land connections to the European hinterland. In this field, the role and the support of the European Union for our projects is essential for the constitution of a transEuropean network of sustainable transport. What about abroad? Do you manage to have a presence, in particular vis-a-vis the Asian ports? Being European ports, we are in competition for the European market with the ports of the Northern ranges. Obviously, there is competition with our neighbours in Barcelona and Genoa, but we think that it is

n The benefits of the harbour regeneration of 2008, put into practice in April 2011, which created working and governance conditions identical to those of our competitors; n world class infrastructure (like 2x1 container terminals) allowing for the largest ships in all the segments of activity; n the improvement and development of connections (rail, road, river) to the European hinterland.

Thus, the port of Marseille-Fos (with its counterparts in Barcelona and Genoa within the Intermed Gateways association) offers a true Mediterranean alternative to the service of the European market by the ports of the Northern ranges. In terms of projects, our investment strategy follows two priority axes. Initially the diversification of traffic, both for loose goods for the refinement of oil products and for solid goods (cereals, cement, coal, biomass). Obviously, this diversification comes via the development of the traffic of containerised goods with a target set at 5 million ETF (NDLR: (“equivalent twenty feet”, standard size of container) by 2030. 34 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

essential, above all, to create together the conditions of a true alternative to the ports of the Northern ranges. As for the Mediterranean ports outside the European Union, historic partners of the port of Marseille-Fos, we wish for their development, even if difficulties can arise concerning the conditions of the competition between these ports and the ports of the EU. Indeed, the implementation of a true dynamic of exchange in the Mediterranean will benefit all. For the rest of the world, there is not strictly speaking any competition but it islll © Collection Grand Port Maritime de Marseille

In spite of the economic crisis, the Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) sees its activity growing, thus consolidating its leadership over the Mediterranean.


© Collection Grand Port Maritime de Marseille

port were downgraded and transfered to Euroméditerranée;

• on the J4, are under construction today and will be delivered in 2013: the Museum of the ages of Europe and the Mediterranean (MuCEM),the Mediterranean Regional Centre. These cultural installations are central to the Euromed project; •

closed since the 1980s, the Silo d'Arène today plays host to 4,000 m2 of offices and a concert hall with 2,000 seats. The service roads for the Silo are organised from the boulevard du Littoral, without interfering with the loading of ferry passengers, nor with access to the Port;

Since April 2011 and the application of the harbour reform, the reliability of our terminals has increased considerably, says Jean-Claude Terrier. lll necessary to follow the evolution of these ports, in particular Asian, because by symmetry, the technical conditions of loading and unloading in all the ports of the world must converge. For example, if the Chinese ports are able to load ships over 16,000 ETF, the port of Marseille-Fos must allow for the unloading of these ships, which we do.

(note: International code for the safety of ships and harbour installations), the original overlap between the city and the port became more difficult. Spaces tended to be partitioned. To fight against this harmful drift, the GPMM had to reinvent its relationship with the city and its institutions. Many projects saw the light:

• The Euroméditerranée operation, launched

The port of Marseille has seen - in the past - its development obstructed by the social conflicts, which tarnished its image. What is happening today?

• finally a port-city charter is about to be signed between the various political, economic and social players in the Marseille area. The signatories of the Charter defend the same vision of the future of the port in the city and development of their synergies, the port opening towards the city and the region supporting the development of the port and its activities n

© Collection Grand Port Maritime de Marseille

Since April 2011 and the application of the harbour reform, the reliability of our terminals has increased considerably. Players in maritime transport made no mistake and are now returning to Marseille. In a particularly dull market, the port of Marseilles-Fos is the only large European port to see a double-digit growth in 2012 in container goods traffic.

in 1995, includes 190 hectares (450 acres) on the Port; in this way 5 hectares (12.5 acres) of central reservation at the entry of the old

the Terrasses du Port project consists in the establishment of 50,000 m2 of commercial, cultural and leisure activities in a building-bridge overhanging the terminals of the port in the Juliette, open onto the natural harbour of Marseille. The centre will generate nearly 2,000 jobs. Work began in August 2010 and the shopping centre will be delivered in Spring 2014;

The Grand Port opened on the city in recent years. What bonds did you weave with Marseille and its institutions? Relations between the city and the port, in Marseille, without a doubt entered a new era, marked by renewed partnerships. These partnerships are meant to serve developments in the port and the attractiveness of the city. Marseille invents a city-port project, which rests on a project that is global, logistical, economic, and industrial, but also social, architectural and urban. With the arrival of new working regulations, e.g. ISPS

The Port also serves the passenger traffic (ferries to Corsica, Algeria and Tunisia, cruises).

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Acteur incontournable de l’immunologie, Innate Pharma multiplie les partenariats territoriaux – notamment avec Marseille Provence Métropole – pour dynamiser la recherche et développer un site industriel performant.

Innate Pharma :

“MPM soutient les sociétés du territoire” La région possède-t-elle les moyens nécessaires à votre développement ?

Innate Pharma est extrêmement présente au sein du territoire, et ce à plusieurs échelles : n locale : elle participe activement à la stratégie de développement du campus de Luminy avec des actions en matière d’enseignement, de formation, de financement mais aussi de diffusion de l’information scientifique, technologique et industrielle ;

© Hélène Sicard pour Innate Pharma

La question ne s’est même pas posée puisque, de par ses liens organiques et historiques, Innate Pharma est issue de l’environnement constituant aujourd’hui Marseille-Immunopôle. Ce contexte très fertile a notamment donné naissance à de nombreuses créations d’entreprises, dont la nôtre qui découle directement de la recherche académique locale.

à la Communauté urbaine, notamment en termes de rayonnement ?

n métropolitaine : elle travaille étroitement avec MPM, Marseille Immunopôle, et AixMarseille Université pour faciliter la mise en réseau des entreprises innovantes et des universités. Monté en 2010, le projet emblématique “Centre d’immunotechnologie”, dit CIMTECH, associe industriels et laboratoires publics dans le domaine du développement d’anticorps ; n régionale : avec Marseille-Immunopôle,

Outre son environnement industriel et un bassin de formation remarquable en sciences de la vie, Marseille possède l’un des plus importants centres d’immunologie à l’échelle européenne – le Centre d’immunologie de Marseille-Luminy (CIML) – ainsi qu’un centre de lutte contre le cancer contribuant à la recherche : l’institut Paoli-Calmettes. Par ailleurs, MPM déploie beaucoup d’énergie à soutenir les sociétés du territoire : c’est ainsi qu’Innate Pharma a pu notamment monter un projet foncier à Luminy pour développer une nouvelle zone d’entreprises et étendre son activité.

© Jean-Marie Huron pour Innate Pharma

Si l’originalité et la qualité des acteurs de l’immunologie à Marseille Provence Métropole ne sont plus à démontrer aujourd’hui, qu’est-ce qui a motivé l’implantation d’Innate Pharma sur ce territoire ?

© Hélène Sicard pour Innate Pharma

“Un lien organique avec Marseille”

Innate Pharma est membre du pôle de compétitivité Eurobiomed regroupant les régions Provence Alpes Côte d'Azur et Languedoc-Roussillon qui vise à conforter le rayonnement international de la filière. Les biotechnologies comptent-elles se développer encore à Marseille Provence Métropole ? Quels liens avez-vous établi avec le territoire, notamment en termes de projets locaux ? CIMTECH est un projet emblématique qui témoigne d’une vraie stratégie territoriale en direction des biotechnologies et d’unlll

Hervé Brailly Inversement, quelle dynamique nouvelle une société comme la vôtre apporte-t-elle 36 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Cofondateur d’Innate Pharma et vice-président du directoire


© Jean-Marie Huron pour Innate Pharma

Innate Pharma développe des médicaments d' immunothérapie innovants pour le traitement du cancer et des maladies inflammatoires. lll dynamisme entrepreneurial certain. Ne

“Soutenir le développement d’un pôle immunologique de rang mondial”

contre les tumeurs et éviter la récidive. Dans l’inflammation chronique, l’immuno-modulation permet au contraire de freiner son action. Cette approche a déjà permis d’obtenir un bénéfice thérapeutique conséquent dans les cas de mélanome (avec l’ipilimumab de notre partenaire Bristol-Myer Squibb) et il y a de fortes chances que d’ici une dizaine

d’années elle trouve sa place dans l’arsenal médical en cancérologie. Innate Pharma développe actuellement plusieurs produits immuno-modulateurs (encore précoces) qui devraient être commercialisés d’ici quelques années n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

© Jean-Marie Huron pour Innate Pharma

disposant pas d’acteurs de la santé historiques (à l’inverse de Lyon où est implanté l’Institut Pasteur), MPM s’est engagée très tôt pour soutenir le développement d’un pôle immunologique de rang mondial. Ce dernier repose aujourd’hui sur deux piliers : la recherche et le développement de nouvelles cibles (thérapeutiques et diagnostiques) et un outil technologique d’une précision inégalée pour atteindre et manipuler ces nouvelles cibles : les anticorps monoclonaux. Ce positionnement clair et ambitieux devrait rapidement nous permettre de favoriser l’implantation de nouvelles entreprises.

Vos candidat-médicaments appartiennent à une nouvelle classe thérapeutique : qu’apportent-ils en termes d’innovation et quelles sont leurs particularités ? L’immunologie s’appuie sur les mécanismes de détection et d’élimination du “danger” dont dispose l’organisme : le système immunitaire. L’immuno-modulation consiste, dans le cas du cancer, à stimuler le système pour provoquer une réponse

Innate Pharma est membre du pôle de compétitivité Eurobiomed.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 37


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Interview with: Herve Brailly, chairman of the Board and co-founder of Innate Pharma

© Jean-Marie Huron pour Innate Pharma

Innate Pharma: “An institutional link with Marseille” including ours, which results directly from local academic research. Does the area have the means necessary to your development? In addition to its industrial environment and a remarkable pool of expertise in life sciences, Marseille possesses one of the largest immunology centres on a European scale - the Immunology Centre of MarseillesLuminy (CIML) - as well as a centre for the fight against cancer contributing to research: the Paoli-Calmettes institute. In addition, MPM supports companies in the region with a lot of energy: in this way, Innate Pharma in particular has been able to set up a land project in Luminy to develop a new business zone and extend its activity. Conversely, what new dynamics does a company like yours bring to the Urban community, particularly in terms of outreach? Innate Pharma is extremely present within the region, and on several scales: An impossible to circumvent player in immunology, Innate Pharma multiplies the territorial partnerships - in particular with Marseille Provence Métropole - to instigate research and develop a powerful factory site. While the originality and quality of the players in immunology in Marseille Provence Métropole is in no doubt, what was the motivation behind the establishment of Innate Pharma in this region? The question was not even raised since, from its institutional and historical links, Innate Pharma results from the environment constituting Marseille-Immunopôle today. This very fertile context has given rise in particular to many business start-ups,

n local: it takes an active part in the development strategy of the Luminy campus with initiatives in teaching, training and financing as well as the distribution of scientific, technological and industrial information; n metropolitan: it works closely with MPM, Marseille Immunopôle and Aix-Marseille University to facilitate the connection of a network of innovative companies and universities. Established in 2010, the flagship project “Immunotechnology Centres”, known as CIMTECH, unites industrial and public laboratories in the field of antibody development; n regional: along with Marseille-Immunopôle, Innate Pharma is member of the Eurobiomed centre of competitiveness uniting the regions of Provence Alpes Côte d'Azur and Languedoc-Roussillon which aims at consolidating the international reach of the industry.

38 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Are biotechnologies still expecting to develop in Marseille Provence Métropole? What links have you formed with the region, in particular in terms of local projects? CIMTECH is a flagship project, which testifies to a true regional strategy in the direction of biotechnologies and a certain entrepreneurial dynamism. With no historical health players (contrary to Lyon where the Pasteur Institute is established), MPM was very early on committed to supporting the development of a world-class immunological centre. This last rests today on two pillars: research and the development of new targets (therapeutic and diagnostic) and a technological offering of unequalled precision to reach and handle these new targets: monoclonal antibodies. This clear and ambitious positioning should quickly enable us to support the establishment of new companies. Your candidate-drugs belong to a new therapeutic class: what do they bring in terms of innovation and which are their characteristics? Immunology is based on the mechanisms of detection and elimination of “danger” available to the organism: the immune system. Immuno-modulation consists, in the case of cancer, in stimulating the system to provoke a response against tumours and avoid repetition. In the case of chronic inflammation, immuno-modulation allows on the contrary to slow down its action. This approach already made it possible to obtain a significant therapeutic benefit in the cases of melanoma (with Ipilimumab by our partner Bristol-Myer Squibb) and there are strong chances that in around ten years it finds its place in the medical cancerology arsenal. Innate Pharma is currently developing several immuno-modulator products (still early stage) which should be marketed within a few years n


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Si l’industrie aéronautique et spatiale est la première filière économique de la région, c’est en grande partie grâce à la création d’Eurocopter. Le groupe francoallemand investit sur le territoire, pour l’emploi et la croissance de demain.

Eurocopter, pilier de l’économie provençale

Nous sommes implantés dans la région marseillaise depuis plus de 70 ans et donc bien avant la création de la société Eurocopter en 1992. Le groupe Eurocopter est né de la fusion des divisions hélicoptères de la Société française aérospatiale et du groupe allemand MBB. Depuis sa création, la croissance reste l’élément le plus marquant de l’évolution du groupe. En 20 ans, le groupe a triplé son chiffre d’affaires passant de 1,8 milliards d’euros en 1992 à environ 6 milliards d’euros en 2012. Notre carnet de commandes a également doublé avec près de 600 hélicoptères livrés l’année dernière. Cette croissance a tout naturellement impacté notre organisation industrielle en interne, nous conduisant à déployer de nouvelles chaînes de production et à repenser nos process, en interne comme en externe avec nos partenaires sous-traitants. Aujourd’hui, Eurocopter représente plus de 22 000 salariés dans le monde dont 8 000 personnels sur le site de Marignane auxquels s'ajoutent un millier d'intérimaires et 2 000 collaborateurs d'entreprises soustraitantes. Notre dynamique rejaillit sur le tissu économique local notamment en matière de création d’emplois avec quelque 500 postes ouverts au recrutement en 2013 pour nos sites français. Depuis ces dix dernières années, notre gamme a également multiplié ses succès à l’international en partie grâce au développement de partenariats locaux qui nous ont permis d’accéder à de nouveaux marchés et d’accroître nos

exportations. Ces résultats font qu’Eurocopter est leader mondial sur le marché des hélicoptères civils et parapublics depuis plus de 10 ans et nous sommes très fiers de ce résultat partagé avec nos partenaires. En résumé, Eurocopter est un modèle d’entreprise européenne qui a su se déployer au niveau international tout en conservant ses racines régionales où nous restons un moteur économique majeur.

tère du futur et toute la nouvelle gamme. C’est une opportunité pour l’ensemble de la filière hélicoptériste – pour Eurocopter, ses fournisseurs Turbomeca, Sagem, Thales et Daher mais également les PME – de conserver le leadership sur un marché mondial disputé. Eurocopter entend bien animer cette filière et conserver son avance technologique. Nous avons doublé nos investissements en recherche et développement ces trois dernières années. Notre feuille de route et notre stratégie d’innovation sont très ambitieuses, avec le lancement chaque année d’un nouvel hélicoptère, ou d’une nouvelle version d’un produit existant, ou encore d’un nouveau démonstrateur tech-

Eurocopter a présenté fin 2011 son hélicoptère du futur, le X4. Les défis d’aujourd’hui sont économiques et techniques mais également écologiques. Quelles seront les principales innovations à l’horizon 2020 ?

“L’innovation est un mode de fonctionnement.”

Dans le cadre des investissements d’avenir, Eurocopter et ses partenaires bénéficient d’une aide de l’État pour développer le nouvel hélicoptère X4 – qui sera à terme le successeur de la famille Dauphin – mais également pour financer les nouvelles technologies qui accompagneront l’hélicop© Eurocopter

Eurocopter s’est implanté dans la région marseillaise au début des années 1990 pour devenir le premier hélicoptériste mondial. Qu’est-ce qui a le plus changé ou évolué depuis ?

nologique. Pour Eurocopter, l’innovation n’est pas une simple formule, c’est un mode de fonctionnement. Qu’il s’agisse d’améliorer la gamme de produits existante et de proposer des hélicoptères plus performants, plus rapides et plus autonomes, de réduire les coûts d’exploitation et de maintenance, d’améliorer les performances environnementales, d’imaginer des approches nouvelles pour accomplir tous types de missions ou de créer des appareils à voilure tournante encore jamais vus. Je crois qu’Eurocopter dispose des atouts nécessaires pour aller toujours plus loin et marquer durablement l’industrie mondiale de l’hélicoptère de son empreinte. lll

Joseph Saporito Executive Vice-président d’Eurocopter, en charge des activités industrielles et de la “supply chain” du Groupe

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 39


© Eurocopter

Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

L’hélicoptère hybride X3 atteint des vitesses de plus de 425 km/h en vol en palier. Son entrée en service est prévue au cours de la prochaine décennie. lll Il y a un peu plus d’un an, Eurocopter a inauguré son centre logistique opéré par Daher dans le parc des Florides, un Technoparc aéronautique à Marignane. Quels étaient les objectifs de ce projet ? Porte-t-il déjà ses fruits ?

Pour accompagner sa croissance mais également améliorer la maintenance des 13 000 hélicoptères en service aujourd’hui auprès de 2 900 clients dans le monde entier, Eurocopter devait revoir sa logistique support. En parallèle, notre site très enclavé à Marignane offre peu d’opportunités d’extension de bâtiments intra-muros. En 2006, nous avons donc validé le projet de création d’un nouveau centre de logistique en partenariat avec notre prestataire Daher, Ainsi est né l’un des projets de logistique les plus importants et les plus emblématiques réalisés en Europe ces dernières années : deux plates-formes totalisant 68 000 m2 ont été réalisées, réparties en deux endroits dans l’environnement de Marignane (La Treille et Le Parc des Florides). Le nouveau centre logistique a pour objectifs de réduire les coûts d’environ 3 millions d’euros par an, tout en accroissant la qualité du service envers les clients et de réduire les cycles de trois jours de traitement actuellement à une seule journée. L’investissement est conséquent : au total 68 millions d’euros ont été investis par Eurocopter, Daher et des investisseurs immobiliers. Mais au-delà du projet logistique, ce centre solidifie encore plus la

coopération entre Eurocopter et Daher qui ont défini ensemble le processus, les résultats escomptés, le partage des risques et des coûts. Ce projet ambitieux n’aurait pu aboutir sans le soutien de la Communauté urbaine de Marseille Provence Métropole, la Préfecture et la Mairie de Marignane. En juillet 2012, a été officiellement lancé le projet Henri Fabre, une initiative qui vise à conforter et développer la filière aéronautique au sein du Pôle Pégase. Quel en sont les enjeux et à quel besoin répond cette nouvelle initiative ? Il faut rappeler que l’industrie aéronautique et spatiale est la première filière en PACA avec 35 000 emplois et se positionne comme l’une des trois régions leaders en France dans ce secteur. Le pôle de compétitivité Pégase a l’ambition de fédérer et tirer vers le haut les compétences des industries de la région, grandes et petites, et de leur permettre de se développer en leur offrant des moyens partagés. Le projet Henri Fabre s’intègre dans cette démarche. Matériellement incarné par un parc technologique baptisé “Technocentre” implanté à Marignane dans la ZAC des Florides, il intégrera un centre de mutualisation de moyens de recherches, d’équipements de pointe et de ressources mais également un centre d’expertise ainsi qu’un centre de formation.

40 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Henri Fabre est une approche industrielle nouvelle qui vise à rapprocher l’ensemble des acteurs de l’industrie, de la recherche, de la formation, aider et soutenir le tissu industriel local et notamment les PME, atteindre une taille critique pour assurer la compétitivité et la pérennité de la filière, repenser la relation entre donneurs d’ordre et PME. Ce projet ambitieux permettra à l’ensemble de la filière aéronautique à laquelle Eurocopter appartient de sortir gagnante face à un marché extrêmement compétitif. Eurocopter est partenaire officiel de Marseille-Provence 2013. Quels rapports entretenez-vous avec le territoire, ses collectivités et ses habitants ? Eurocopter est le premier employeur privé de la région, et les sociétés françaises qui ont donné naissance au groupe sont implantées à Marignane depuis plus de 70 ans. Nous sommes profondément attachés à la région Provence Alpes Côte d’Azur. Aussi, nous soutenons les initiatives visant à développer et valoriser la région que ce soit sur le plan économique, éducatif mais également culturel. Eurocopter a donc soutenu les équipes Marseille Provence 2013 depuis l’origine et nous sommes fiers d’être partenaire de haut rang de cette grande aventure culturelle n Propos recueillis par Louis Le Bris


Interview with: Joseph Saporito, executive Vice-president of Eurocopter, in charge of industrial activities and supply chain of the group

© Eurocopter

Eurocopter, mainstay of Provencal economy To a great extent the creation of Eurocopter has resulted in aircraft and space industry being the leader of the economic sector of the region. The Franco-German group has been investing in the region for employment and future growth. Eurocopter has set up its base in the Marseille region at the beginning of 1990s in order to become the world’s leading helicopter manufacturer. Since then which factor has changed or developed the most? We have been located in the Marseille region for over 70 years and hence much before the creation of Eurocopter in 1992. The Eurocopter group has come into existence due to a merger of the helicopter divisions of the French Airspace company and that of the German group MBB. Since its creation the group has experienced phenomenal growth, which has been its striking characteristic. The group has tripled its business turnover in 20 years from 1.8 billion Euros in 1992 to approximately 6 billion Euros in 2012. Our orders have also doubled with almost 600 helicopters delivered last year. This growth has naturally influenced our internal industrial organisation, as a result of which we have started using new production chains and rethought both our internal and external procedures with our subcontractor partners. Today, Eurocopter has more than 22,000 employees in the world among which 8,000 personnel are on the Marignane site. Add to that, one thousand temporary workers and 2,000 collaborators of subcontractor companies. Our dynamics is reflected upon the local economic fabric especially in terms of employment creation with over 500 positions open for recruitment in 2013 at our French sites. In the last

Eurocopter’s dynamic is reflected within the local economic fabric especially in terms of employment creation with over 500 positions open for recruitment in 2013 and the aeronautical industry is the leading industry in the PACA region with 35,000 positions.

ten years our range of products has known international success thanks partially to the development of local partnerships, which have allowed us to gain access to new markets and to increase our exports. These results prove fact that Eurocopter has been a world leader in the market of civil and parapublic helicopters for more than 10 years, and we are proud to share this achievement with our partners. In a nutshell Eurocopter is a model European enterprise which engages at an international level while maintaining its role as a major economic driver at the local level.

Eurocopter has presented its “future helicopter” X4, at the end of 2011. Today along with economic and technical ones there are also ecological challenges. What are the main innovations aiming at 2020? Within the framework of future investments Eurocopter and its partners receive a State aid for developing the new X4 helicopter – this would eventually succeed

the Dauphin series. The state aid is also meant for financing new technologies necessary for futuristic helicopter and the entire new range. It is a great opportunity for the entire aircraft manufacturing sector - for Eurocopter, its suppliers Sagem, Thales and Daher and also the SMEs – to maintain the leadership in a competitive world market. Eurocopter would obviously like to enliven the sector and maintain its technological advance. We have doubled our investments in research and development in the three last years. Our roadmap and our innovative strategy are very ambitious as we launch a new helicopter or a newer version of the existing model or a new technology demonstrator every year. For Eurocopter, innovation is not merely a formula but an operating mode. Be it improving the range of existing products and offering more self-sufficient, efficient and faster helicopters, reducing operating and maintenance costs, improving environmental performances, thinking up new technological approaches to carry out all kinds of assignments or creating latest machines with rotorcrafts which did notlll

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 41


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

lll exist until now. I believe that Eurocopter has all necessary assets to go further and influence the world helicopter industry in a sustainable and long-lasting manner.

aims at pooling and raising the skills of the regional industries, both big and small, and at enabling their development by offering shared means. Henri Fabre project is a part of this effort. It is materially represented by a technological park called “Technocentre” set up in Marignane within the ZAC (Urban development zone) des Florides. It will include a consolidation centre for all means of research, latest equipment, resources and also an expertise and a training centre. Henri Fabre is a new industrial approach which aims at bringing closer the main participants of industry, research, training; helping and supporting the local industrial fabric especially the SMEs; attaining a critical size to ensure the competitiveness and longevity of the sector; rethinking the relationship between the payer and the SME. This ambitious project would enable the entire aeronautical sector (and Eurocopter

Eurocopter has to rethink its logistics strategy in order to contribute to the growth and also to improve the maintenance of 13,000 in-service helicopters serving 2,900 clients worldwide. Simultaneously our landlocked site in Marignane does not have much opportunity to extend intramural buildings. We have validated a project of creating a new logistics centre in partnership with our service provider Daher in 2006. Hence is born the most important and emblematic logistics project of the last few years in Europe: two platforms equalling 68,000 m2 were created, divided in two locations around Marignane (La Treille and Parc des Florides). The new logistics centre aims at reducing costs by approximately 3 million Euros a year, at the same time reinforcing the customer service quality and reducing the three-day treatment cycle down to one. It is a considerable investment: a total of 68 million Euros was invested by Eurocopter, Daher and real estate investors. But beyond this logistics project, this centre consolidates the co-operation between Eurocopter and Daher who have jointly determined the procedures and desired results and have shared the costs and risks. This ambitious project would not have seen the light of the day without the support of the urban community of Marseille Provence Métropole, the Prefecture and the town hall of Marignane.

© Eurocopter

Just a little more than a year ago, Eurocopter inaugurated its logistics centre operated by Daher in Parc des Florides, an aircraft technopark in Marignane. What were the aims of this project? Has it already started bearing results?

The Henri Fabre project was officially launched in July 2012, an initiative aiming at assuring and developing the aeronautical industry within the Pégase competitiveness cluster. What is at stake and what are the requirements of this new initiative? One should not forget that space and aircrafts manufacturing industry is the leading sector in the Provence Alpes Côte d’Azur region with 35,000 jobs and it is among one of the three leading regions in France in this field. The Pégase competitiveness cluster 42 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

being a part of it), to come out as a winner in an extremely competitive market. Eurocopter is the official partner of Marseille-Provence 2013. What kind of relationship have you got with the region, its communities and inhabitants? Eurocopter is the leading private sector employee in the region, and the French companies which have contributed to the birth of the group have been operating in the area for more than 70 years. We are deeply attached to Provence Alpes Côte d’Azur region. We also support initiatives aiming at development and putting greater value on the region: be it at economic, educative or cultural level. Eurocopter has hence supported the Marseille Provence 2013 teams from the very beginning and we are proud to be privileged partners of this great cultural adventure n


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Synonyme d’élargissement, la métropole peut aussi rapidement rimer avec éloignement pour les habitants qui y demeurent. Indispensable à l’appropriation d’un territoire, le dialogue social stimulera l’émergence de projets locaux comme l’implication citoyenne dans la vie publique.

“S’approprier une culture métropolitaine”

Cela changera d’abord, je l’espère, la vie des habitants de ce grand espace, qui ne peuvent aujourd’hui se déplacer correctement, trouvent difficilement un emploi et aspirent à un meilleur cadre de vie. La création de la métropole modifiera en profondeur l‘organisation administrative actuelle en supprimant les six établissements publics de coopération intercommunale existants. L’échelle métropolitaine est indispensable pour appréhender la gestion des espaces, le développement économique et la rénovation urbaine. Il faut bien comprendre que l’absence de métropole jusqu’à présent se paye par du chômage, de la pauvreté et même de la violence.

der aux loisirs dans des lieux forcément éloignés dans une grande métropole. Marseille souffre en réalité d’un double retard, autant en termes politiques que d’investissement public de transports, en partie parce qu’elle ne s’est pas constituée en communauté urbaine en 1960, à l’époque où l’État lui aurait apporté ses aides. Nous proposons de focaliser aujourd’hui les financements sur les corridors interurbains et les plateformes multimodales pour adapter notre offre.

financement public, car il n’y a aucune raison que cet argent ne produise pas plus d’effets de levier. C’est un nouveau type de partenariats qu’il faut inventer, le partenariat gagnant-gagnant, qui partage les investissements, mais aussi les bénéfices, qu’ils soient économiques, sociaux ou culturels.

“Il faut révolutionner notre conception du financement public.”

Favorisant le développement harmonieux et cohérent du territoire, dans quelle mesure la métropole facilite-t-elle les projets des acteurs locaux ?

Quelles craintes la solution métropolitaine soulève-t-elle ? Inversement, quels en sont les avantages attendus ?

L’intérêt d’une dynamique métropolitaine doit justement s’appuyer et profiter aux différents acteurs pour qu’ils ne se renferment pas sur leurs activités et leur géographie ! Il faut révolutionner notre conception du

Qu’en est-il du calendrier et des projets phares à venir, notamment en termes de transports ? Depuis plusieurs années déjà, le conseil de développement de MPM travaille en partenariat avec ses homologues locaux d’Aubagne, d’Aix et de l’Étang de Berre sur le sujet métropolitain. Lors d’un forum organisé en 2011, nous avions déjà évoqué la carence de politique de mobilité interurbaine sur notre territoire. Cas unique en France, les 12 autorités de transports ici présentes nécessitent parfois l’achat de 10 tickets différents, rendant non seulement les trajets difficiles et onéreux, mais empêchant la population de se former, de travailler ou d’accé-

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© EditicSud

La création de la métropole va permettre à Marseille, Aix-en-Provence, Aubagne et l’Ouest Étang de Berre de parler d’une seule et même voix : dans quelle mesure va-t-elle changer la donne ?

Plutôt que de craintes, je préfère parler d’occasions à ne pas manquer. Les habitants sont les premiers à souffrir de l’absence d’une métropole et d’un déficit de transports urbains. C’est pour eux et avec eux qu’elle doit se faire, car il n’y aura pas de culture métropolitaine sans une très forte exigence démocratique. La population doit être plus impliquée dans le débat public et élire ses représentants métropolitains au suffrage direct, seule garantie de débats autour de programmes politiques ambitieux. C’est d’ailleurs le souhait unanime de tous les conseils de développement, ce dialogue étant indispensable à l’appropriation citoyenne des métropoles n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

Jacques Boulesteix Président du conseil de développement de MPM


Interview with: Jacques Boulesteix, chairman of the MPM Board of Development

© Serge Assier-RTM

“Adopt a metropolitan culture” journeys not only difficult and expensive, but preventing the population from training, working or reaching leisure activities in inevitably distant places in a large city. Marseille suffers in fact a dual delay, both political and in terms of public transport investment, partly because it was not incorporated as an urban community in 1960, at the time where the State would have brought it this aid. We propose now to focus financing on the interurban corridors and multi-mode platforms to adapt our services. Supporting the harmonious and coherent development of the region, how much does the metropolis facilitate projects led by local players?

In a unique situation in France, the 12 transport authorities require sometimes the purchase of 10 different tickets.

Synonymous with broadening, metropolis can also quickly come to mean distance for the people who live there. Social dialogue, essential to taking ownership of the territory, will stimulate the emergence of local projects such as the involvement of citizens in public life. The creation of the metropolis will allow Marseilles, Aix-en-Provence, Aubagne and Ouest Étang de Berre to speak with one same voice: what measure of change will this bring? I hope that this will change the lives of the inhabitants of this large area, who at present cannot move easily, can only find employment with difficulty and aspire to a better standard of living. The creation of the metropolis will change current administrative organisation in depth by removing the six existing public inter-municipal coopera-

tive establishments. The metropolitan scale is essential to understanding the management of the spaces, economic development and urban regeneration. It must be understood that the absence of Metropolis until now is repaid in unemployment, poverty and violence. What's on the calendar and what headline projects are to come, in particular in terms of transport? For several years already, the MPM Board of Development has worked in partnership with its local counterparts in Aubagne, Aix and Etang de Berre on the metropolitan issue. At the time of a forum organised in 2011, we had already evoked the policy deficiency on interurban mobility within our territory. In a unique situation in France, the 12 transport authorities require sometimes the purchase of 10 different tickets, making

The point of a metropolitan dynamic must be precisely to support and benefit the different players so that they do not turn in on their own activities and their geography! We must revolutionise our conception of public funding, because there's no reason that this money should no longer have a leverage effect. It's a new type of partnerships, which should be invented, the gain-gain partnership, which shares the investment, but also the benefits, whether economic, social or cultural. What fears accompany the metropolitan solution? Conversely, what advantages are expected? Rather than fears, I prefer to speak of opportunities not to be missed. The inhabitants are the first to suffer from the absence of a metropolis and lack of urban transport. It is for them and with them that it must be done, because there will be no metropolitan culture without a very strong democratic requirement. The population must be involved in the public discussion and elect its metropolitan representatives through direct suffrage, the only guarantee of debates around ambitious political programs. It is also the unanimous wish of all the boards of development; this dialogue is essential to the citizen ownership of cities n

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Chiffres clés : l’université Key figures university

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Créée le 1er janvier 2012 par la fusion des trois universités d'Aix-Marseille, Aix-Marseille Université (AMU) suscite l’engouement de la métropole, des étudiants aux entreprises en passant par les collectivités.

“La création de l’université unique a suscité un engouement sans précédent” Depuis janvier 2012, l'université de Provence, l'université de la Méditerranée et l'université Paul-Cézanne ont fusionné pour créer l’université d’Aix-Marseille. Quels sont les bénéfices ? Les bénéfices sont multiples et significatifs. Quelques exemples : n une bien meilleure compréhension par les acteurs socio-économiques de l’université, de ce qu’elle contient en termes de formation et de recherche. Cela a entraîné un engouement extraordinaire pour des collaborations ;

n une offre de formation plus lisible non concurrentielle et non redondante ; n une volonté de développement – tant en formation qu’en recherche – des collaborations interdisciplinaires entre les différents secteurs de l’université. L’université a-t-elle gagné en termes d’attractivité auprès des talents et de rayonnement du potentiel scientifique ? Dans quels domaines en particulier ? Cette université unifiée est jeune, elle va avoir un an seulement. Il est difficile de prétendre au déclenchement d’une attractivité des talents très marquée. Cependant, grâce à la fusion et l’université unique, nous avons été retenus parmi les huit sites “Initiatives d’excellence” dans le cadre du Grand emprunt. Cette labellisation et les financements qui

l’accompagnent vont susciter une politique permettant notamment une attraction des jeunes talents.

des sciences et à la Faculté d’économie et de gestion notamment), la nouvelle offre de formation a été conçue en prenant particulièrement en compte la diversité des publics (parcours de soutien, parcours renforcés). L’offre Licence spécifique au secteur ALLSH (“Arts, lettres, langues et sciences humaines”) propose un nombre d’heures d’enseignement significativement plus élevé.

Comment l’université s’engage-t-elle pour la réussite de ses étudiants ? Le contrôle continu a été généralisé dans les premières années de licence. Dans quelques grandes composantes (à la Faculté © Aix-Marseille Université

n un rôle incontestable – et reconnu par les collectivités – d’interlocuteur essentiel dans les réflexions tenant à l’organisation du territoire. Par exemple, l’Université est sollicitée largement pour participer aux réflexions sur la création d’une métropole ;

“Cette université unifiée est jeune.” La nouvelle offre de formation renforce également la professionnalisation des cursus en intégrant des unités d’enseignement tournées vers la connaissance de l’entreprise et en préparant les étudiants à leur future insertion professionnelle grâce à la mise en place d’ateliers dédiés. Ces nouveaux dispositifs contribuent à donner plus de sens au travail fourni par l’étudiant. lll

Pr. Yvon Berland Président de l’Université Aix-Marseille

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© AMU

Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

AMU est l’une des plus jeunes universités de France, c’est aussi la plus grande de par le nombre de ses étudiants, de ses personnels et par son budget. lll La qualité de la vie étudiante en dehors des stricts cursus d’enseignement, contribuant incontestablement à l’épanouissement de nos étudiants et donc à leur réussite, fait enfin l’objet d’une attention particulière. Des actions significatives sont menées en direction de la vie associative, de l’accès à la pratique sportive, de la diffusion de la culture sur tous les sites de l’établissement et de la prise en charge du handicap.

“Favoriser la vie associative, la pratique sportive...”

comité de prospective stratégique qui rassemblera une vingtaine d’acteurs socioéconomiques du territoire. Marseille est l’un des pôles majeurs du sud de l’Europe. Tissez-vous des liens avec des acteurs des autres rives de la Méditerranée ? L’université d’Aix-Marseille, ancrée sur les rives méditerranéennes, participe à plusieurs projets pour le développement de la coopération avec les pays de la rive Sud. À travers le programme “Med Accueil” et en partenariat avec la politique régionale de

Quels liens l’université a-t-elle tissé avec la région marseillaise et ses acteurs, notamment les entreprises ? La création de l’université unique a suscité un engouement sans précédent de la part des acteurs du territoire. Une grande volonté de collaboration des entreprises s'est manifestée, plusieurs conventions de partenariat viennent d’être signées ou vont l’être. Ces conventions ont notamment pour ambition de favoriser l’insertion professionnelle de nos étudiants. En effet, nos formations et les compétences qui s’y attachent vont être mieux connues des entreprises et cela sera de nature à favoriser l’embauche. Cette volonté de collaboration avec le monde de l’entreprise se manifeste par l’inscription dans les statuts de notre université d’un 48 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

coopération, AMU accueille des étudiants en séjour d’études, pour un semestre ou une année au niveau master de préférence. On mentionnera aussi, entre autres actions et programmes, l’École doctorale des juristes méditerranéens, ainsi que des coopérations liées à la documentation (TEMPUS) et des formations (en biotechnologie notamment) labellisées par l’Office méditerranéen de la jeunesse. Par ailleurs, le consortium Thétys piloté par l’université d’Aix-Marseille relie une trentaine d’universités du pourtour méditerranéen n Propos recueillis par Louis Le Bris


Interview with: Pr. Yvon Berland, president of Université d’Aix-Marseille

“The merger of the three uiversities has created an unprecedented enthusiasm” Created on 1st January 2012 by the merger of the three universities of Aix-Marseille, Aix-Marseille Université (AMU) has generated an enthusiasm in the metropolis, within student community, industries and communities. Université de Provence, Université de la Méditerranée and Université PaulCézanne have merged in January 2012 to create Université d’Aix-Marseille. What are the benefits of this merger? There are several and considerable benefits: some examples: n a much better understanding of research and course programs by the socio-economic actors of the university. This has resulted in extraordinary enthusiasm for collaboration ; n an undoubted role – recognised by the communities – an essential participant in a dialogue concerning territorial organization. For example, the university has often been approached to participate in the process leading to the creation of a metropolis; n a more comprehensible, non-competitive and non-redundant courses offers; n a willingness to develop – both in courses and in research – interdisciplinary collaboration between different fields of the University.

and the funds that come with it would generate a policy enabling young talents to join us. What does the university do to ensure students’ success? The continuous evaluation method has been applied in the first year of all under-graduate courses. In some schools (especially in Science Faculty and Faculty of Economics and Management), new courses have been programmed taking into consideration the diversity of the public (tutorials, strengthened teaching/tutorials). A special liberal arts undergraduate course ALLSH (“Arts, letters, languages and human sciences“) offer a course with considerably more teaching hours. The new offer has equally strengthened the professionalization of the course by orienting it more towards industry and by preparing the students to integrate better in the professional world with help of workshops. This new approach makes the work and effort put in by the students more worthwhile. The quality of student life off classes undoubtedly contributes to students’ development and hence to their success. Special consideration has been given to this aspect. Important initiatives have been taken to promote associative actions: easy access to sport facilities, cultural activities all over the campus and special help for the disabled.

Does the University attract more talented individuals and has it become more attractive in the eyes of scientific community? If so, in which field?

What kind of link does the university have with region of Marseille and its key players, especially the companies?

This is a young unified university and it is just going be a year old. Right now it is difficult to judge its attractiveness clearly. However thanks to the merger and the creation of a single university, our application as “Initiatives d’excellence” within the framework of the Great Loan was successful along with seven other sites. This labelling

The creation of a single university has created an unprecedented enthusiasm among territorial actors. Companies have shown a lot of willingness for collaborative work; several partnership agreements have been signed and more are on the way. These conventions aim at better professional insertion of our students. The courses

and programs offered by us would be better recognized by the companies which would foster their chances of employment. This willingness to collaborate with industrial milieu is expressed by the new feature in our university charter: to create a committee of strategic prospective uniting about twenty socio-economic actors of the region. Marseille is a major pole in southern Europe. Do you have links with actors on the other side of the Mediterranean? Université d’Aix-Marseille is anchored on the Mediterranean coast and participates in several co-operative and developmental projects with countries on the southern side of the coast. Within the framework of the “Med Accueil” program and along with regional policies of co-operation, AMU accepts students for a study period during a semester or a year, preferably at the Master level. Among other programs, we would also like to mention the Doctorate School for Mediterranean lawyers, as well as the cooperation in the field of documentation and courses (particularly in Biotechnology) labelled by the Mediterra-nean youth office. Furthermore, the Thétys consortium piloted by Université d’Aix-Marseille has a network linking some thirty universities around the Mediterranean region n

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

SE TRANSFORMER EN VEILLANT AUX ÉQUILIBRES / TRANSFORMING WITHOUT THREATENING THE BALANCE

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Un territoire fortement urbain composé à 60 % d’espaces naturels : tel semble être le paradoxe marseillais. MPM compte bien rattraper son retard de mobilité durable et relever le défi d’un développement cohérent et respectueux de l’environnement.

130 stations proposent 1000 vélos en libre service.

Créée en 2000, sur quels appuis Marseille Provence Métropole (MPM) doit-elle se construire en tant que territoire durable, équilibré et novateur ? MPM est encore une collectivité très jeune et commence à peine à construire une véritable vision de planification métropolitaine. Si le découpage du territoire ne prend pas toujours en compte l’ensemble des problématiques urbaines, son SCOT (Schéma de cohérence territoriale) a permis aux élus de se projeter sur plusieurs années, fixant le renforcement de la cohésion sociale comme le développement du maillage de transports en communs. Composé à 60 % d’espaces naturels (étonnant pour une zone urbaine !), MPM a aussi déployé beaucoup d’énergie à la conservation de ses terres agricoles pour lutter contre le phénomène de “grignotage“.

d’ateliers thématiques regroupant collectivités, usagers et professionnels. En accord avec le Grenelle de l’environnement, MPM doit diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 19 % et ses consommations énergétiques de 30 %, tout en portant à 40 % celles à origine renouvelable. Ces objectifs représentent 1,5 milliards d’euros d’investissement sur dix ans, la majeure partie concernant la compétence transports.

public où chaque citoyen peut venir se renseigner. Quant au bâti, un travail sera mené avec les bailleurs sociaux pour financer la réhabilitation de logements (et particulièrement de copropriétés) pour éviter aux foyers de se retrouver en situation de précarité énergétique. Marseille Provence Métropole compte prochainement s’équiper de plusieurs bornes de rechargement électrique (vélos, automobiles, scooters, etc.) : quels sont les autres objectifs de votre plan de déplacements doux ?

Dans quelle mesure l’Agence locale de l’énergie et du climat (ALEC) vous accompagne-t-elle dans vos missions ? Elle est l’outil indispensable à la mise en place du Plan Climat, précisément car elle complète l’activité de la Communauté urbaine ! Elle donne notamment aux petites communes de MPM la possibilité de se faire aider dans leurs projets de diminution de la facture énergétique. Ces espaces “Info-énergie” sensibilisent la population aux enjeux du développement durable (via des actions thématiques, comme des foires ou des expositions) et agissent comme un service

Entre réduction des gaz à effet de serre et maîtrise de l’énergie, quels sont les grandes orientations et les objectifs de votre plan climat territorial ? Particulièrement bien appliquée à Marseille Provence Métropole, cette démarche a permis de cultiver une vraie concertation participative, via l’organisation 52 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© MPM

© DR

“Réduire notre facture énergétique“

Il s’agit d’abord de définir la trame idéale de ce premier schéma directeur, pour ensuite mettre en place les éléments nécessaires à son fonctionnement. Nous y avons déjà installé quelque 130 stations de vélos en libre-service, avant d’ajouter des bornes de mobilité dans les lieux stratégiques de Marseille (centre-ville, gares, fins de lignes, etc.). Idéalement, les pistes cyclables devraient s’étendre sur 350 kilomètres alors qu’elles n’en sont aujourd’hui qu’à… 85 kilomètres. C’est pourquoi nous avons choisi de ne pas fixer de date butoir à leur extension. Nous privilégions plutôt la création d’équipements favorisant à la fois piétons et modes doux, qui représenteront 10 % du budget des rénovations de voiries et des grands travaux à venir. Ce système devrait permettre assez rapidement la mise en place d’une part importante de voies réservées aux modes de déplacement doux n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

Pierre Sémériva Vice-président délégué au Développement durable, au Plan Climat, à la Maîtrise de l'énergie et à la Haute Qualité Environnementale (HQE)


Interview with: Pierre Sémériva, vice-chairman delegate for Sustainable Development, climate Plan, Energy Control and High Quality Environment (HQE)

DR©

“Reducing our energy bill” Between reduction of greenhouse gases and energy control, what are the main trends and objectives of your regional climate plan? Particularly well applied in Marseille Provence Metropolis, this process has made it possible to cultivate a truly participatory dialogue, via the organisation of themed workshops bringing communities, users and professionals together. In agreement with the “Grenelle of the Environment” roundtable, MPM must decrease its greenhouse gas emissions by 19 % and its power consumption by 30 %, whilst carrying to 40% that of renewable origin. These objectives account for 1.5 billion euros of investment over ten years, the major part concerning the transport offering. To what point does the local energy and climate agency (ALEC) support you in your aims? A largely urban territory made up of 60% green spaces: this seems to be the Marseille paradox. MPM fully intends to make up for lost time in terms of sustainable mobility and rise to the challenge of coherent and respectful development of the environment.

It is an essential tool in the implementation of the Climate Plan, precisely because it supplements the activity of the urban Community! It gives the small communes of MPM in particular the possibility of help for their projects to reduce the energy bill. These “Information-energy” spaces sensitise the population to the stakes of sustainable development (via themed actions, like fairs or exhibitions) and act as a public service

MPM is still a very young community and is just starting to build a true vision of metropolitan planning. Whilst the delineation of the territory does not always take into account all the urban issues, its SCOT (Schematic of territorial coherence) has allowed the elected officials to project over several years, fixing the reinforcement of social cohesion like the development of the communal transport network grid. Made up of 60% green spaces (astonishing for an urban zone!), MPM has also deployed a lot of energy to the conservation of its arable lands to fight against the phenomenon of “nibbling”.

Marseilles Provence Métropole hopes to be soon equipped with several electric recharging terminals (bicycles, cars, scooters, etc.): what are the other objectives of your urban transport plan ? It is first a matter of defining the ideal framework of this initial directing idea, to then set up the elements necessary to its operation. We have already installed some 130 self-service bicycle points, before adding mobility terminals in strategic parts of Marseille (city centre, stations, ends of lines, etc.). Ideally, the cycle tracks should extend over 350 kilometres whereas they are today only at... 85 kilometres. This is why we chose not to set any end date to their extension. We promote the creation of equipment supporting both pedestrians and public transport, which will represent 10% of the budget of road network restoration and big works to come. This system should soon allow the installation of a large proportion of roads reserved for public transport modes n

© MPM

Created in 2000, upon what should Marseille Provence Métropole (MPM) build in order to be a sustainable, balanced and innovative territory?

where each citizen can come to get information. When it comes to buildings, work will be undertaken alongside social investors to finance the rehabilitation of housing (and particularly of joint ownerships) to avoid homes finding themselves in precarious energy situations.

Small MPM towns can obtain assistance for projects aimed at reducing their energy bill.

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

MPM : un point chaud de la biodiversité Métropole composée à 56 % d’espaces naturels, MPM est une terre de paradoxes à plus d’un titre. Son importante densité urbaine (près d’un millier d’habitants par km² en centreville) n’enlève rien à la protection d’espèces rares au sein des zones réservées.

Nature et urbanisme : une délicate équation Permettre l’harmonieuse coexistence de la métropole avec un espace naturel exceptionnel, tel était le défi du projet du Parc national des Calanques, l’un des lieux les plus attractifs de France avec près de deux millions de visiteurs chaque année. Si sa

© Catherine Experton_ville de La Ciotat

S

urprenant écrin de nature, la zone la plus aride de France est aussi l’une des plus riches en termes de biodiversité. Faucon Pèlerin, Sabline de Provence, Mérou brun ou encore la Posidonie (le “poumon” de l’écosystème marin) sont autant d’emblèmes de la faune et de la flore marseillaises, qui malgré les incendies estivaux n’ont jamais cessé de reprendre leurs droits. Si les sites Natura 2000 couvrent plus de 40 % du territoire de Marseille Provence Métropole, le tourisme et la surfréquentation de certains points menacent l’équilibre de cet écosystème déjà fragilisé par les dégradations dues aux grands feux et à la pollution marine… Pollution dont les dangers ont poussé le Conservatoire du littoral à faire l’acquisition de quelque 5 300 hectares du territoire de MPM pour sauvegarder les paysages littoraux remarquables, comme la Côte Bleue ou le lido du Jaï. Au-delà des vagues et des massifs de corail qui s’étendent au large de la cité phocéenne, c’est aux épaves de constituer des microcosmes uniques, transformant les vestiges d’un passé maritime historique en véritables lieux de vie aquatique. Sans parler des grandioses falaises calcaires qui se sont creusées dans les grottes et particulièrement celle de Cosquer, sanctuaire de l’art pariétal mondialement reconnu abritant des peintures préhistoriques.

Zone la plus aride de France, MPM est aussi l’une des plus riches en termes de biodiversité.

périphérie n’est parsemée que de quelques cabanons – hautement symboliques de la culture marseillaise –, une charte définit les orientations de solidarité écologique pour les communes situées dans la “zone de transition” à proximité du parc. Dans la même veine, la réserve naturelle de Riou – dont l’intérêt ornithologique est aujourd’hui reconnu à l’international – recouvre quelque 158 hectares avec des usages maritimes et terrestres strictement réglementés pour veiller à la préservation de ce milieu. Entre Le Mugel, Saint-Pons et le Pichauris, MPM regorge d’espaces naturels sensibles où la sécheresse méditerranéenne ne semble pas pouvoir entamer la biodiversité locale, le territoire regroupant près d’un dixième de la flore recensée à l’échelle nationale ! Une richesse écologique qui vaut à Marseille Provence Métropole 25 ZNIEFF terrestres (Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique) sur 47 % de son territoire et 21 ZNIEFF marines s’étendant sur plus de 70 000 hectares au large des côtes de la Communauté urbaine.

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Vers une trame écologique, support de biodiversité Premier pôle de plaisance français avec ses 12 600 anneaux, MPM s’est engagée dans une dynamique de rénovation inscrite dans la démarche “Ports propres”, pour devenir, à terme, “une capitale euroméditerranéenne de la plaisance”. Si ses ambitions urbaines semblent a priori contradictoires avec l’enjeu écologique, c’est en métropole responsable qu’elle souhaite aborder les défis de demain en préservant ses “cœurs de nature”, véritables pépites de biodiversité. Plan climat énergie territorial, Plan local de l’urbanisme ou encore Schéma de cohérence territoriale sont autant d’outils mis en place pour atteindre les objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement. En termes d’attractivité, la cité phocéenne a tout à y gagner. Car qu’ils soient touristes ou habitants, ils sont chaque année de plus en plus nombreux à venir combler leur “besoin de nature” au cœur du cadre de vie méditerranéen. Un luxe d’autant plus convoité qu’il se raréfie n Pauline Pouzankov


© PiX'art photographie - Fotolia.com

MPM: a biodiversity hotspot life. Not to mention the imposing limestone cliffs into which grew hollow caves and particularly Cosquer, sanctuary of universally renowned parietal art sheltering prehistoric paintings.

Nature and town planning: a delicate equation To allow the harmonious coexistence of the metropolis with an exceptional natural space, such was the challenge of the National park of Calanques project, one of the most attractive places in France with nearly two million visitors each year. While its periphery is strewn only with some cottages - highly symbolic of Marseille culture - a charter lays down the directions for ecological solidarity for communes located in the “transition zone” near the park.

The area’s natural features attract a growing number of French and international tourists.

A city made up of 56% of green spaces, MPM is a land of paradoxes in more than one way. Its high urban density (nearly a thousand of inhabitants per km² in the city centre) does not in any way deter from the protection of rare species within the reserved zones. In search of an original alchemy.

Towards an ecological framework, supporting biodiversity Epicentre of French leisure with its 12,600 rings, MPM is engaged in a dynamic of restoration in line with the aims of the “clean Ports” initiative, to become, in the long-term, “a Euro-Mediterranean capital of pleasure”. If its urban ambitions seem initially in contradiction with the ecological stakes, it is as a responsible metropolis that it wishes to meet the challenges of tomorrow by preserving its “nature heartlands”, true nuggets of biodiversity. Regional climate energy plan, local town planning plan or sketch of regional coherence are as many tools put in place to achieve the goals laid down by the Grenelle environmental roundtable. In terms of attractiveness, the Phocaean city has everything to gain there. Because whether tourists or inhabitants, they are each year more and more numerous to come and fulfil their “need for nature” at the heart of the Mediterranean framework of life. A luxury all the more coveted as it becomes rarer n

© Foster / partners architectes Michel Desvigne paysagiste

A surprising display of nature, the most arid zone of France is also one of richest in terms of biodiversity. Peregrine falcon, Sandwort of Provence, brown grouper and Posidonia (the “lung” of the marine ecosystem) are so many examples of the fauna and flora of Marseille, which in spite of the summer fires have never ceased their renewal. While the Natura 2000 sites cover more than 40% of the region of Marseilles Provence Métropole, tourism and the overfrequentation of certain areas threaten the balance of this ecosystem already weakened by degradations due to large fires and marine pollution… Pollution whose dangers pushed the Littoral Conservation Society to acquire some 5,300 hectares of the MPM region to safeguard the remarkable littoral landscapes, like the Blue Coast or the Lido of Jaï. Beyond the waves and solid masses of coral, which lie off the coast of the Phocaean city, shipwrecks constitute unique microcosms, transforming the traces of a historical maritime past into true places of aquatic

In the same vein, the natural reserve of Riou - whose ornithological interest is today internationally renowned - covers some 158 hectares with maritime and terrestrial uses strictly regulated to safeguard this milieu. Between Le Mugel, Saint-Pons and Pichauris, MPM abounds in sensitive natural spaces where Mediterranean aridity does not seem to be able to impede local biodiversity, the territory gathering close to a tenth of the flora listed on a national scale! This ecological richness in Marseilles

Provence Métropole means 25 land ZNIEFFs (Natural Zones of Interest for Ecological, Fauna and Flora) over 47% of its territory and 21 marine ZNIEFFs extending over more than 70,000 hectares off the coasts of the urban Community.

Marseille is committed to becoming a Euro-Mediterranean capital of pleasure whilst reconciling urban and ecological stakes. The restoration of the Old Port fits within this frame. .

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Marseille relève le défi d’une urbanisation efficace en accord avec son environnement naturel. Transports, aménagement durable et reconquête des espaces agricoles sont autant d’enjeux d’une approche durable et novatrice du territoire.

“Intensifier la ville au lieu de la densifier”

Claude Vallette : il s’agit d’une véritable révolution par rapport aux documents antérieurs, qui n’étaient qu’une succession d’évolutions, certes nécessaires, mais endeçà des ambitions que nous portons pour Marseille. Le PLU sert avant tout la vision métropolitaine, celle d’une ville alliant dynamisme et proximité, respectueuse de son patrimoine et de son environnement. Le renouvellement urbain permet d’intensifier la ville au lieu simplement de la densifier, tenant compte de la qualité patrimoniale de certains quartiers qui méritent des protections particulières.

“Le PLU sert avant tout la vision métropolitaine, celle d’une ville alliant dynamisme et proximité.”

toute construction. Selon le type de zone, cette exigence est plus ou moins forte. Enfin, la valorisation du patrimoine naturel avec la création du Parc national des Calanques, la protection du littoral et des îles.

totalement présente : n dans Euroméditerranée, avec le label éco-cités ; refaire la ville sur la ville prend tout son sens dans cette opération qui par ailleurs innove en développant une boucle d’eau de mer qui devrait permettre l’air conditionné des locaux implantés à ses abords ;

“La construction métropolitaine se fait progressivement.”

n dans la zone d’activités commerciales des Hauts de Sainte-Marthe, laquelle est exemplaire en ce qu’elle met en œuvre la Charte Qualité pour l’art de construire, adoptée par le Conseil municipal.

Sur quoi repose le fait métropolitain qui caractérise votre territoire?

L’aménagement durable, c’est aussi la reconquête d’espaces agricoles, la possibilité de développer des jardins familiaux ou partagés, la reconstitution de trames vertes et la lutte contre la perte de biodiversité. Dans le tissu urbain, la nature en ville est maintenue grâce à la proportion d’espaces en pleine terre qui doivent être épargnés de

À ce titre, quels sont les projets phares de l’aménagement durable de Marseille ? Claude Vallette : La façon d’aborder le PLU résulte d’un véritable état d’esprit. Car c’est en partant de l’environnement, du potentiel qu’il représente, de la qualité des espaces que la question du développement est traitée. La place des transports en commun en site propre est essentielle en ce qu’elle doit permettre la constitution d’un véritable réseau.

© MPM

À quels besoins spécifiques du territoire le plan local d’urbanisme (PLU) doit-il répondre ? Quelles sont ses principales orientations ?

Patrick Magro : d’abord sur les usages de ses populations : les déplacements habitat-travail-formation, mais aussi les pratiques culturelles, sportives, de loisirs et d’achats. Ensuite sur un territoire multipolaire aux enjeux communs : préservation de la qualité des espaces naturels et maritimes, dynamiques économiques et résidentielles, intensité des échanges. Les usages d’aujourd’hui définissent l’échelle à laquelle ces problématiques devraient être traitées. La construction métropolitaine se fait progressivement et doit se tisser avec les élus du territoire dans leur diversité (communaux notamment). En 2009, lorsque MPM a décidé de relancer son SCOT, elle a fait délibérément le choix de l’inscrire dans un espace de réflexion plus large, de fait métropolitain. Elle y a trouvé les complémentarités nécessaires à son propre développement et a commencé à identifier les axes de coopérations indispensables avec les territoires voisins. lll

Patrick Magro Ensuite, dans les grandes opérations d’urbanisme, la notion d’éco-quartier est 58 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Vice-président de MPM délégué à l’Aménagement de l’espace communautaire


© MPM

Claude Vallette Conseiller municipal délégué à l’urbanisme, président de l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (AGAM)

développement, il a pour but de satisfaire les besoins élémentaires pour chacun de travailler et de se loger. Dans quelle mesure un urbanisme équilibré et harmonieux peut-il renforcer l’identité communautaire et la cohésion sociale ? Patrick Magro : MPM s’inscrit dans les principes d’un développement durable qui transformeront la façon d’organiser le territoire et de faire évoluer l’espace urbanisé. Il reste maintenant à les faire vivre.

lll Dans l’élaboration de son Scot, MPM

a fait le choix d’intégrer les problématiques environnementales propres à son territoire. Comment concilier protection, valorisation et développement ?

C’est pourquoi il faut renforcer la cohésion sociale par une amélioration notable des transports en commun, notamment en site propre, ce qui suppose la création rapide d’une Autorité organisatrice de transports unique, véritable outil de mise en œuvre du SCOT. En fait, il faut accélérer la mutation par un développement solidaire des territoires en difficulté, notamment à Marseille, Marignane, La Ciotat et dans l’ensemble des quartiers en difficulté économique et sociale.

Patrick Magro : nous avons instauré des règles “soutenables” pour nos aménagements futurs. Nos projets d’aménagement fixent de manière intangible la limite entre les espaces naturels ou agricoles et les espaces urbains. Principe fondateur, il conditionne le choix d’une organisation urbaine, ciblant des secteurs clefs, prioritaires pour accueillir les populations et les activités économiques, ainsi que le maillage en transports en commun et en circulations douces.

Enfin, l’équilibre social de l’habitat fait partie des grandes questions que devra améliorer la prochaine génération de documents de planification et d’urbanisme. Il faut donc veiller à la mise en œuvre concrète du SCOT, supposant la construction de 80 000 logements d’ici 2030. C’est cette mise en œuvre qui, aujourd’hui, est l’objet de toute notre attention, qu’il s’agisse aussi bien des élus que des services de Marseille Provence Métropole. Claude Vallette : l’identité communautaire sera d’autant plus forte que l’image de chacune de ses composantes sera respectée. Toutes les communes, quelle que soit leur taille et leur situation par rapport à la ville centre, disposent d’atouts propres pour jouer leur partition dans le concert territorial métropolitain. D’autant plus que les enjeux développés dans le SCOT peuvent s’insérer harmonieusement sur cet espace “mosaïque” en redistribuant les rôles à l’échelle de chaque commune pour éviter les répétitions. Mais à l’évidence, le territoire communal est partie prenante de son aire métropolitaine et ses grands principes pourront éclairer le futur PLU intercommunal qui devra être engagé dans la foulée n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

© MPM

“La question des rapports ville-nature est essentielle à Marseille et tout autour.”

L’accès à l’emploi, la présence et la qualité des équipements, des espaces et des services publics, l’accès au réseau de communication numérique sont des principes fondateurs de cette cohésion qu’il

faut maintenant décliner au quotidien. C’est un premier sens que je donnerai à la mise en œuvre du SCOT qui prévoit la création de 80 000 emplois supplémentaires à l’horizon 2030.

La question des rapports ville-nature est essentielle à Marseille et tout autour. Elle doit se conjuguer avec une volonté de développement économique, y compris industriel et portuaire, ce qui lui a fait défaut pendant des décennies. Les documents de planification sont également là pour faciliter, et quelquefois imposer, ces équilibres. La récente adoption d’une charte ville-port par les collectivités locales et le Grand port maritime va dans le même sens. Claude Vallette : c’est en partant des qualités environnementales de la ville que le territoire forge sa volonté de développement économique. En véritable projet rénové, le plan local d’urbanisme intègre ces enjeux et les risques d’une évolution incertaine de notre environnement. Résolument tourné vers le

Les transports sont l’un des enjeux majeurs de la construction métropolitaine marseilllaise.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 59


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Interview with: Patrick Magro and Claude Vallette, vice-president of MPM, Equipment of Community Space and City Council Town Planning Delegate, chairman of the town planning agency for the agglomeration of Marseille (AGAM)

“Intensify the city instead of densifying”

To which specific needs for the region does the local town planning (PLU) have to respond? What are its principal directions? Claude Vallette: This is a real revolution compared to previous documents, which were just a succession of evolutions, necessary of course, but beneath the ambitions we carry for Marseille. The PLU serves the metropolitan vision above all, that of a city combining dynamism and proximity, respectful of its inheritance and its environment. Urban renewal makes it possible to simply intensify the city instead of "densifying", taking into account the patrimonial quality of certain districts, which deserve particular protections.

water loop which should allow air-conditioning of the buildings in its vicinity; n in the Hauts de Sainte-Marthe business zone, which is exemplary in that it implements the Quality for the art of building Charter, adopted by the Town council.

“The question of the citynature relationship is essential in Marseille and around.” Sustainable renovation is also the reconquest of agricultural spaces, the possibility of developing family or shared gardens, the reconstitution of green frames and fighting against the loss of biodiversity. Within the urban fabric, nature in the city is maintained thanks to the proportion of spaces on open ground, which must be kept free of any construction. Depending on the type of zone, this requirement is more or less important. Finally, there is the promotion of

In this light, which are the headline projects of the sustainable renovation of Marseille? Claude Vallette: The approach to the PLU is the result of a real state of mind. Because it is from the basis of the environment, the potential it represents, the quality of spaces that the question of development is broached. The placement of public transport in exclusive right of way is essential to allow the creation of a real network. Then the concept of eco-district is completely present in the great town planning operations: n in the Euro-Mediterranean, with the eco-cities tag; to remake the city on the city takes all its meaning from this operation which also innovates by developing a sea 60 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

the natural inheritance with the creation of the National park of the Calanques and protection of the coastline and islands. On what does the metropolitan fact which characterises your region rest? Patrick Magro: First and foremost on the way it is used by its inhabitants: livework-study journeys, but also cultural, sporting, leisure and purchase practices. Then on a multi-centred territory with the common stakes: safeguarding the quality of the natural and maritime areas, economic and residential dynamics, intensity of exchanges. The uses today define the scale on which these problems should be treated. Metropolitan construction happens gradually and must be woven into the elected officials of the territory in their diversity (communal in particular). In 2009, when MPM decided to restart its SCOT, it made the choice deliberately to register it in a broader thinking space, a metropolitan fact. It found there the complementarities lll © Graphies.thèque - Fotolia.com

Marseilles takes up the challenge of effective urbanisation in harmony with its natural environment. Transport, sustainable equipment and reconquest of agricultural spaces are all goals for an enduring and innovative approach to the territory.


© PiX'art photographie - Fotolia.com

The development projects set the limits between natural and urban areas. lll necessary to its own development and

started to identify the lines of essential cooperations with the neighbouring territories. In the development of its Scot, MPM made the choice to integrate the environmental problems specific to its territory. How do you reconcile protection, promotion and development? Patrick Magro: We set out “sustainable” rules for our future developments. Our development projects set, in an intangible way, the limit between natural or agricultural spaces and urban spaces. This is a founding principle that governs the choices for urban planning, targeting key priority sectors to accommodate the people and business activity, as well as the public transport and traffic network. The question of the city-nature relationship is essential in Marseille and around. It must be combined with a will towards economic development, including industrial and harbour development, which was missing for decades. The planning documents are also there to facilitate, and sometimes impose, this balance. The recent adoption of a city-port charter by the local communities and the Large seaport goes in the same direction. Claude Vallette: The region forges its will for economic development in the environ-

mental qualities of the city. In the manner of a true renovation project, local town planning includes these stakes and the risks of an uncertain evolution of our environment. Resolutely turned towards development, its purpose is to satisfy the fundamental need of each person to work and house herself. To what point can balanced and harmonious town planning reinforce community identity and social cohesion? Patrick Magro: MPM falls under the principles of sustainable development, which will transform the organisation of the region and create change in urbanised space. It now remains to bring them to life. This is why it is necessary to reinforce social cohesion by a notable improvement in public transport, in particular exclusive rights of way, which means the rapid creation of a single authority in charge of organising transport, a genuine tool of SCOT implementation. In fact, it is necessary to accelerate change through the supportive development of areas experiencing difficulties, in particular in Marseille, Marignane, La Ciotat and all the districts in economic and social difficulty. Access to employment, the availability and quality of facilities, spaces and public services, access to the digital communication network are founding principles of this cohesion which we must now monitor daily.

It is a first interpretation I would give to the implementation of SCOT which plans for the creation of 80,000 additional jobs by 2030. Finally, the social balance of the housing is one of the big questions that the next generation of planning and town planning documents will have to improve. It is necessary therefore to ensure the concrete implementation of SCOT, assuming the construction of 80,000 residences by 2030. It is this implementation, which today, is the object of all our attention, whether for elected officials or Marseille Provence Métropole services.

“Metropolitan construction happens gradually.”

Claude Vallette: Community identity will be all the stronger if the representation of each of its components is respected. All the communes, whatever their size and situation in relation to the central city, have their own assets to play their part in the metropolitan territorial concert. Especially as the stakes developed in SCOT can fit harmoniously into this “mosaic” space by redistributing roles on the scale of each commune to avoid replication. But obviously, the communal territory is the stakeholder in its metropolitan area and its broad principles will be able to clarify the future inter-communal PLU which should be implicated immediately afterwards n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 61


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Extension des réseaux de métro et de tramway, nouvelles navettes maritimes… La RTM enrichit son offre de transports à Marseille.

© Magalie Sanchez-RTM

Transports : “faire preuve d’audace” des plateformes favorisant le croisement des lignes de tramway (2 lignes), de métro (2 lignes), de bus (72 lignes), et des dispositifs pour personnes à mobilité réduite (72 000 voyages par an). Depuis l’année dernière, une navette maritime complète le dispositif. Lancée par la communauté urbaine avec prudence, elle a attiré 260 000 passagers en sept mois soit une moyenne de 1 400 passagers par jour.

C’est un premier pas : la ligne ne sera prolongée que de 800 mètres vers les quartiers nord, mais la future station Capitaine Gèze - La Cabucelle ouvrira une véritable porte sur ces arrondissements. Il était devenu urgent de réaliser ces travaux. Désormais il faut aller plus loin, jusqu’à l’hôpital nord (l’un des plus important de la région), lequel doit être mieux desservi. La prochaine mandature devra faire preuve d’audace et investir en ce sens.

Pourquoi un tel succès ?

Comment organiser de manière efficace les transports en commun sur un territoire de plus d’un million d’habitants ? Le système est organisé autour de Marseille Provence Métropole et de la Régie des transports de Marseille (RTM) qui gère les déplacements sur près de 85 % du territoire. Demain, nous espérons qu’un syndicat mixte prendra le relai afin que les 84 communes du bassin de vie marseillais (2 millions de personnes, soit 92 % du département des Bouches-du-Rhône) puissent penser ensemble l’articulation du territoire. Dans l’optique de créer une métropole équilibrée, respectueuse des identités et favorable à la réalisation de projets communs, la question des déplacements est prioritaire. Partout en France, c’est par ce biais que l’on a pu créer du lien entre les communes. Gageons qu’il en sera de même dans notre région.

Le tramway fait aussi partie du renouveau de la cité phocéenne. Quels en sont les bénéfices ?

La traversée Vieux Port - Pointe Rouge a séduit deux types d’usagers : les salariés (leur trajet est 20 minutes plus court qu’avec le bus) et les personnes âgées (pour qui c’est un moyen de profiter pleinement de leur ville). En 2013, une seconde navette maritime sera mise en service vers l’Estaque. Elle permettra de rééquilibrer l’offre territoriale de transport, notamment au profit des quartiers nord, sud et est.

Le tramway est l’outil le plus intéressant, et ce pour trois raisons : n c’est le mode de transport le moins cher : comptez entre 20 et 30 millions d’euros pour un kilomètre de tram contre 140 millions d’euros pour un kilomètre de métro ; n la rénovation urbaine qui l’accompagne embellit et sécurise les villes ;

L’extension de la ligne 2 du métro participe-t-elle aussi à ce rééquilibrage ? ©

La traversée Vieux Port - Pointe Rouge a séduit les usagers.

n son articulation avec le réseau de bus est la meilleure solution pour proposer une offre de transport qui maille le territoire. C’est pourquoi Marseille doit être plus ambitieuse à ce niveau : 11,5 kilomètres de tram dans la plus grande ville de France (240 kilomètres carrés), c’est insuffisant n Propos recueillis par Louis Le Bris

L’intermodalité est devenue une dimension incontournable dans la gestion des transports à l’échelle d’une agglomération. Qu’en est-il à Marseille ?

Karim Zéribi

Il est fondamental de promouvoir l’intermodalité. C’est pourquoi nous avons créé

Président du Conseil d'administration de la Régie des transports de Marseille, conseiller communautaire, député européen

62 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires


Interview with: Mr Karim Zéribi, chairman of the Board of Transport Control in Marseille, Community adviser, European deputy

Extension of the subway and tram networks, new maritime shuttles… The RTM enriches its transport offering in Marseille.

© Serge Assier-RTM

Transport: “be brave”

How do you organise public transport efficiently across a territory of over a million inhabitants? The system is organised around Marseille Provence Métropole and the Transport Control of Marseille (RTM), which manages journeys over nearly 85% of the territory. We hope that a mixed trade union will soon take up the challenge in order that the 84 communes of the basin of Marseille life (2 million people, that is 92% of the department of the Rhone delta) may design the articulation of the territory together, with a view to creating a balanced metropolis, respectful of identities and promoting the realisation of joint projects; the question of journeys is a priority. It is from this perspective that we have been able to create a bond between the communes across France. We imagine it will be the same in our region. Inter-modality became a dimension that was impossible to avoid in terms of transport management on the scale of an agglomeration. What is happening in Marseille? Promoting inter-modality is fundamental. This is why we created platforms supporting crossing the tram lines (2 lines), subway lines (2 lines) and bus lines (72 lines), and systems for people with reduced mobility (72,000 journeys per annum). Since last year, a maritime shuttle completes the system. Launched prudently by the urban community it attracted 260,000 passengers in seven months, an average of 1,400 passengers per day. Why such success? Crossing from Vieux Port - Pointe Rouge was attractive to two types of users:

employees (their journey is 20 minutes shorter than with the bus) and old people (for whom it is a means of benefitting fully from their city). In 2013, a second maritime shuttle will be brought into service towards Estaque. It will make it possible to rebalance the territorial transport offering, in particular to the advantage of the north, south and east districts. Is the extension of line 2 of the subway also part of this rebalancing? It is a first step: the line will be prolonged just 800 metres towards the north districts, but the future Capitaine Gèze La Cabucelle station will open a real door to these districts. It had become urgent to undertake this work. From now on it is necessary to go further, to the northern hospital (one of the largest in the region), which must be better served. The next mandate will have to show audacity and invest in this direction.

The tram also forms part of the revival of the Phocaean city. What are the benefits? The tram is the most interesting tool for three reasons: n it is the least expensive means of transport: count between 20 and 30 million euros for one kilometre of tram against 140 million euros for one kilometre of subway; n the urban restoration which accompanies it embellishes and makes cities safe; n its articulation with the bus network is the best solution for a transport offering which networks the region. This is why Marseille must be more ambitious on this level: 11.5 kilometres of tramlines in the largest city in France (240 square kilometres), are insufficient n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 63


ツゥ Sam Mertens

Mai 2013 | Marseille Provence Mテゥtropole

UN RAYONNEMENT INTERNATIONAL / AN INTERNATIONAL AURA

La rテゥnovation du Vieux Port est un atout phare du rayonnement marseillais.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPテ右N | 65


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Ville d’art et de culture, Marseille a plus d’une merveille à faire partager : une aubaine pour les touristes et pour les Marseillais, le secteur continuant de créer des emplois malgré la crise économique.

Marseille, haut-lieu du tourisme méditerranéen

Effectivement, le tourisme représente plus de 4 millions de visiteurs, pèse 750 millions d’euros dans l’économie locale et emploie plus de 18 000 personnes, ce qui n’est pas négligeable. Marseille a de nombreux atouts pour être une destination incontournable sur la Méditerranée. La municipalité a d’ailleurs compris très tôt la formidable opportunité économique de ce secteur, en particulier le tourisme d’affaires et la croisière.

“La ville jouit d’un climat particulièrement doux.”

La ville jouit d’un climat particulièrement doux – 300 jours de soleil par an –, et attire ainsi les clientèles du nord de l’Europe. Marseille a la chance de se trouver qu’à quelques heures d’avion des principales capitales du continent et grâce aux TGV en provenance de Paris, Lyon, Genève ou Bruxelles, elle est une destination de “city break” très prisée.

l’ancien Hôtel-Dieu, un lieu patrimonial fort magistralement réhabilité en hôtel 5 étoiles.

françaises ou européennes. Selon vous, la ville a-t-elle les moyens de s’imposer comme un haut lieu du tourisme continental ?

D’où viennent les touristes et que viennent-ils faire à Marseille ?

La ville a pour ambition de se hisser dans le top 20 des métropoles européennes d’ici 2020. Le tourisme sera aussi dans le train et la confiance des investisseurs, l’essor du tourisme d’affaires et le boom des croisières ont déjà montré que la ville est en marche vers cet objectif. La force de Marseille c’est aussi de savoir fédérer ses professionnels autour de grands projets pour aller chercher la clientèle. Il y a eu la coupe du monde de football, les grandes régates, le rugby, capitale européenne de la culture et puis, en 2016, il y aura le Championnat d'Europe de football.

Les touristes sont essentiellement européens et profitent de l’excellente accessibilité de la ville pour découvrir Marseille le temps d’un week-end ou plus en rayonnant en Provence. Depuis de nombreuses années, l’office de tourisme participe à plus de 60 opérations de promotion avec des professionnels locaux et ces actions portent leurs fruits. La ville a la chance de proposer toutes sortes de tourisme. Entre amis, en couple ou en famille, l’offre touristique est là. Pour les uns ce sera Marseille culturelle, pour les autres Marseille nature avec le Parc national des Calanques, pour d’autres encore ce sera la gastronomie, le shopping, les sorties en mer, la plongée ou tout simplement la plage.

Sa notoriété en tant que prochaine Capitale européenne de la Culture estelle un atout en ce sens ?

Marseille n’accueille pas encore autant de touristes que d’autres métropoles

Capitale européenne de la culture en 2013, la ville offrira aux touristes et aux Marseillais de nouveaux mieux culturels de premier ordre comme le MuCEM, seul musée national délocalisé, le Musée d'Histoire (le plus grand de France avec 6 500 m2 d’expositions), un superbe musée des arts décoratifs et de la mode installé dans un château du XVIIe siècle, un nouveau FRAC… Le parc hôtelier s’est également renforcé, des enseignes prestigieuses n’hésitent plus à investir à Marseille. En mars prochain, Intercontinental ouvrira ses portes dans 66 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© VDM

Le tourisme pèse de plus en plus dans l’économie marseillaise. Comment expliquer cette tendance ?

La nomination de Marseille Provence comme Capitale européenne de la culture en 2013 est un formidable vecteur de retombées économiques. On attend 10 millions de visiteurs qui consommeront et participeront ainsi au développement économique de la ville et à la création d’emplois. En termes d’image, elle gagnera en notoriété et se débarrassera alors de ces nombreux clichés qui lui collent à la peau. Marseille sera une ville culturelle, où il se passe toujours quelque chose, en bord de Méditerranée, sous le soleil et à quelques battements d’ailes de chez soi. La recette du bonheur ! n Propos recueillis par Louis Le Bris

Dominique Vlasto Députée européenne, présidente de l'Office du tourisme de Marseille


Interview with: Dominique Vlasto, member of the European Parliament, chairman of tourism office of Marseille

© OTCM ADD

Marseille, hotbed of Mediterranean tourism its ability to pool all professionals around big projects in order to find customers. Marseille has hosted the Football World Cup, big regattas, rugby, European Capital of culture and then in 2016 there will be the European Football championship.

Paris, Lyon, Geneva or Brussels, it is one of the top “city breaks “. European capital of culture 2013, the city will offer tourists first class cultural venues such as MuCEM, the only offshore national museum, History Museum (the biggest in France with 6,500 m2 of exhibition space), a beautiful museum of decorative art and fashion set up in a 17th century castle, a new FRAC (regional fund for contemporary art).…

Is its fame as the next European Capital of culture an asset in that sense? How to make it fruitful in the medium/long term?

The hotel industry has also evolved: prestigious brands are freely investing in the city. Coming March Intercontinental will open its doors in the former Hôtel-Dieu, a heritage dwelling majestically refurbished into a 5-star hotel.

City of art and culture, Marseille has several jewels on its crown: a boon for tourists and inhabitants of the city, this sector is continuing to generate employment despite the economic crisis. Tourism is gaining more foothold in the economy of Marseille. How would you explain this trend? Indeed tourism represents more than 4 million visitors, contributes 750 million Euros to the local economy and employs more than 18,000 people, which is of considerable importance. Marseille has several assets that can turn it into a must-see destination in the Mediterranean region. The municipality has realised the great economic potential that lies in this sector quite early, especially in those of business tourism and cruises. The city enjoys a particularly mild climate – 300 days of sunshine a year – and hence attracts lots of customers from northern Europe. Marseille is luckily located at few hours of flight from main capital cities of the continent and thanks to the TGVs from

From where do the tourists come and what do they do in Marseille? Tourists are mainly European and take advantage of the excellent location of the city to discover it during a weekend or spend more time in Provence. For several years the tourism office has been taking part in more than 60 promotional offers with local professionals and these initiatives have borne fruit. The city can luckily offer all kinds of tourism: for friends, couples, families. For some it is cultural Marseille, for others natural beauty with the Parc National des Calanques, for yet others it would be gastronomy, shopping, outing on sea, deep-sea diving or simply the beach.

© OTCM ADD

The city enjoys a particularly mild climate with 300 days of sunshine a year.

Nomination of Marseille Provence as the European Capital of culture in 2013 is a major vector of economic spinoffs. We are expecting 10 million visitors who would consume and participate in the economic development of the city and in job creation. In terms of image the city will become more famous and lay off several clichés attached to it. Marseille will be a very happening cultural city along the Mediterranean, basking under the sun, just a stone’s throw away. A magic formula for happiness! n

Marseille is not frequented by as many tourists as other French or European metropolises. Do you think that the city has enough means to position itself as a hotbed of continental tourism? The city aims at joining the group of top 20 European metropolises by 2020. Tourism will be a part of it and benefit from investors’ confidence. The boom of business tourism and cruises has already shown that the city is marching towards its goal. The strength of Marseille lies also in

The hotel industry is growing and prestigious brands are investing in the city.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 67


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | L’aménagement du Vieux Port – le cœur de la cité phocéenne – a vocation à libérer l’espace public et créer une des plus grandes places d’Europe. Il devrait être achevé en 2020.

L’étude qui nous est confiée concerne à la fois l’aménagement des quais du Vieux Port mais également une réflexion sur les espaces publics du centre de Marseille (400 hectares). Le cœur de ville a la particularité d’être extrêmement dense et de subir une importante fréquentation automobile. C’est pourquoi les élus marseillais amorcent actuellement une politique forte pour requalifier l’espace piéton de cette zone. Au-delà du Vieux Port, les boulevards environnants seront transformés, certaines places deviendront des jardins. L’ensemble des forts et terrains militaires qui forment la façade maritime seront remodelés en un vaste espace vert, formant ainsi une chaîne de parcs. Le quai des Belges vient de passer de neuf files de circulation à quatre s’offrant ainsi aux piétons. Son sol sera pavé de granit, un matériau robuste et authentiquement portuaire. Quant au plan d’eau, auparavant cerné de barrières, il est réaménagé pour favoriser plus encore les activités nautiques.

présentation ont été organisées, si bien que les Marseillais ont été largement associés au projet. Un exemple pour illustrer mon propos : nos suggestions initiales pour les activités nautiques ont suivi une évolution. C’est en discutant avec les associations et les clubs que nous avons évolué vers la construction d’estacades et de pontons sur la mer. Marseille est une ville pleine de vitalité, personne ne doute d’une belle appropriation de cet espace par les habitants. Avec l' “ombrière” dessinée par Norman Foster, le projet tient une signature architecturale forte. Quel rôle joue-t-elle dans la cohérence globale du projet ?

Le granit qui pave le "nouveau Vieux Port" vient d'une carrière espagnole.

Comme l’indique son nom, l’ “ombrière” prodiguera de l’ombre à ceux qui attendent les bateaux par exemple. Pour aller plus loin, elle a également vocation à devenir un point d’intensité, l’icône de la place en quelque sorte.

L’ensemble des forts et des terrains militaires formeront une vaste chaîne de parcs. Inutile donc de recouvrir le quai des Belges d’arbres comme ceux qui fleurissent sur toutes les places de France.

Quel impact un tel projet peut-il avoir sur le développement et le rayonnement international marseillais ?

Mais l’ensoleillement est une contrainte à prendre en compte, d’où l’idée de ce bâtiment.

Ce port est âgé de 2 600 ans et est l’un des symboles de la ville. Comment le moderniser tout en s’assurant que les Marseillais se reconnaissent dans le résultat ? Nous ne sommes que les maîtres d’œuvre du projet, ses auteurs sont les Marseillais. Un tel aménagement est le fruit d’une vision politique, élaborée par les élus et les services des collectivités qui représentent la population. De nombreuses réunions publiques de 68 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© MPM

Le projet est divisé en deux phases, la première en 2013, la seconde tranche pour 2020. À quoi ressemblera le nouveau Vieux Port à l’issue des travaux ?

© Michel Desvigne Paysagiste

La seconde jeunesse du Vieux Port

Tout est une question d’équilibre. Il y a à Marseille la volonté de gagner en visibilité internationale grâce à la création d’espaces remarquables, à la manière de Barcelone par exemple. Incontestablement ce projet y contribue. Mais la ville tient également à l’identité et à l’authenticité qui la caractérisent. Le Vieux Port tel qu’il sera après 2020 renforcera l’unicité de la cité phocéenne n Propos recueillis par Louis Le Bris

Michel Desvigne Paysagiste, mandataire du groupement Michel Desvigne - Norman Foster - Tangram – Ingérop pour le projet de réaménagement du Vieux Port.


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Interview with: Michel Desvigne, landscape designer, agent of the Michel Desvigne Norman Foster - Tangram - Ingérop grouping for the project of refitting of the Old Port

© Michel Desvigne Paysagiste

The second youth of the Old Port

The development of the Old Port heart of the Phocaean city - is expected to free up public space and create one of the largest squares in Europe. It should be completed in 2020. The project is divided into two phases, the first in 2013, the second section for 2020. What will the new Old Port look like at the completion of works? The study entrusted to us relates to the installation of the quays of the Old Port but is also a reflection on the public spaces of the centre of Marseille (400 hectares). The heart of city has the characteristic of being extremely dense and subject to a large volume of car traffic. This is why the elected officials of Marseille are currently implementing a strong policy to redefine the pedestrian space in this zone. Beyond the Old Port, the surrounding boulevards will be transformed, certain squares will become gardens. All the forts and military terrains which form the maritime frontage will be reorganised into a vast park, forming a chain of parks. The quai des Belges has just passed from nine lanes of traffic to four, opening up to pedestrians. Its ground will be paved in granite, a material that is robust and authentic in a harbour. As for the

water, previously surrounded by barriers, it has been refitted to better serve nautical activities.

“There is in Marseilles the will to gain visibility” This port is 2,600 years old and is one of the symbols of the city. How do you modernise it all whilst making sure that the people of Marseille recognise themselves in the result? We are only the foreman of the project, its authors are the people of Marseille. Such an installation is the fruit of a political vision, worked out by the elected officials and the services of the communities which represent the population. Many public meetings were organised to present the scheme, so that the people of Marseille were widely involved in the project. An example to illustrate what I am talking about: our initial suggestions for the nautical activities evolved over time. It is through discussion with the associations and the clubs that we came to the construction of piers and pontoons on the sea. Marseille is a city full of vitality, nobody could doubt a wonderful appropriation of this space by the inhabitants.

70 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

With the “ombrière” designed by Norman Foster, the project holds a strong architectural signature. What role does it play in the overall coherence of the project? All the forts and army terrains will form a vast chain of parks. Useless thus to cover the quai des Belges in trees like those which flower on all the squares in France. But the sun is a constraint to be taken into account, from where the idea of this building. As its name indicates it, the “ombrière” will lavish shade on those awaiting boats for example. To go further, it is also expected to become a point of intensity, the icon of the place to some extent. What impact can such a project have on Marseille's development and international repute? It's all a question of balance. There is in Marseilles the will to gain international visibility thanks to the creation of remarkable spaces, in the manner of Barcelona for example. Incontestably this project contributes to that. But the city is also attached to the identity and authenticity which characterise it. The Old Port such as it will be after 2020 will reinforce the uniqueness of the Phocaean city n


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Aéroport le plus dynamique de France en 2012, Marseille Provence devrait connaitre une année 2013 plus belle encore, notamment grâce à l’effet “Capitale Européenne de la Culture”.

© Aéroport Marseille Provence

L’aéroport Marseille Provence s’envole L’aéroport Marseille Provence a enregistré en 2012 d’excellents résultats, en dépassant pour la première fois la barre des 8 millions de passagers. Comment expliquer une telle réussite ? Effectivement, l’année 2012 restera comme l’année de tous les records pour l’aéroport Marseille Provence. 8,3 millions de passagers ont été accueillis en 2012, soit près de 1 million de plus qu’en 2011. Avec une progression de son trafic de 12,7 % sur un an, nous enregistrons la plus forte progression des grands aéroports français et la 4e d’Europe, derrière Moscou, Istanbul et Bucarest.

Dans le même temps, Ryanair a fortement redéveloppé son offre, en ouvrant également de nouvelles destinations, comme Zadar en Croatie, Palma ou Ibiza. Ainsi les deux plus grandes compagnies aériennes européennes (en nombre de passagers) ont proposé cette année aux Provençaux un choix inégalé de vols directs à des prix attractifs. C’est l’une des clefs du succès. Il ne faut pas oublier les nombreux développements couronnés de succès des autres compagnies présentes à Marseille. Je pense notamment à Vueling, à British Airways (qui a transféré ses vols de Londres Gatwick vers Londres Heathrow), à TwinJet, ou encore à

Air Transat, qui a pris le risque de fortement augmenter ses capacités sur Montréal cet été, et dont le trafic progresse de 20 %.

vers La Réunion, Mayotte, Punta Cana et New-York, à partir du 31 mai 2013 ?

Justement, ces succès ont-ils joué un rôle dans les récents développements long-courriers annoncés par XL Airways France avec des nouveaux vols directs © Aéroport Marseille Provence

Cette performance est d’abord à mettre au crédit d’Air France, qui a lancé avec succès sa première “base de province” à Marseille en octobre 2011, en ouvrant de nombreuses nouvelles destinations, en France, en Europe et dans le bassin méditerranéen, comme Moscou, Istanbul, Athènes, Prague, Marrakech, etc. Sur la seule année 2012, Air France a transporté 3,2 millions de passagers, dont 600 000 passagers supplémentaires directement attribuables à l’effet base.

Bien sûr, cela démontre aux compagnies aériennes que les Marseillais et Provençaux sont au rendez-vous, quand on leur propose une offre aérienne attractive. Nous avons un marché solide, qui résiste plutôt mieux que d’autres régions quand la conjoncture est difficile, comme en ce moment. Et nous nous réjouissons de voir que ces nouveaux vols directs stimulent l’arrivée de nouveaux touristes étrangers. Ils sont chaque année plus nombreux à venir découvrir notre région. Marseille se positionne comme un hub de fret aérien vers la Méditerranée. Quel en est le moteur et quelle progression attendez-vous pour 2013 ? L’activité fret est très importante pour l’aéroport Marseille Provence. Elle emploie, tous métiers confondus (expressistes, lll

Jean-François Brando Président de l’aéroport Marseille Provence

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 71


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

© Aéroport Marseille Provence

lll

transitaires, douanes…) près de 1 000 personnes. Plus de 53 000 tonnes de fret avionné ont été traitées en 2012, ce qui constitue un nouveau record de trafic pour cette activité. Nous souhaitons bien battre à nouveau ce record en 2013, ce qui constitue un vrai challenge dans la conjoncture économique actuelle. Notre stratégie est effectivement de développer un “hub” de fret aérien à Marseille Provence, permettant aux grandes sociétés de fret express (DHL, UPS, Fedex, TNT) de faire transiter à Marseille leurs colis à destination du bassin méditerranéen : Tunis, Alger et Malte aujourd’hui. Nous réfléchissons au développement d’autres lignes, comme Casablanca, par exemple. Êtes-vous en mesure de quantifier ce qu’apporte l’aéroport Marseille Provence au territoire ? Aux niveaux économique et touristique, par exemple ?

l’ouverture de nombreux nouveaux points de restauration et l’arrivée de nouvelles enseignes (Fnac, Cure Gourmande, Segafredo, etc.) a permis la création de 50 nouveaux emplois.

Tout à fait. Nous menons régulièrement des études “d’impact économique” visant à mesurer la richesse créée de façon directe, indirecte ou induite par l’activité de l’aéroport.

Si l’on considère de façon plus générale toutes les dépenses des passagers qui viennent séjourner sur le territoire, nous arrivons à un impact économique global de plus de 3 milliards d’euros.

Ce sont tout d’abord 5 000 personnes qui travaillent sur la plateforme aéroportuaire, dans près de 200 entreprises représentant tous les métiers et toutes les activités présentes sur un aéroport (compagnies aériennes, assistants, services de l’état, commerces, etc.). De fait, l’aéroport constitue l’un des principaux bassins d’emploi du territoire. Son développement favorise la création de nouveaux emplois. Ainsi, la rénovation en profondeur de toute l’offre de commerces et de restauration, qui est en train de se terminer, et qui s’est traduite par © Aéroport Marseille Provence

En 2012, vous avez multiplié les investissements et souhaité développer de nouveaux services, pour faciliter le parcours des passagers dans l’aéroport ? Pouvez-vous nous en dire davantage ? Nous avons d’abord démarré plusieurs chantiers importants (construction de 800 nouvelles places de parking livrées au printemps 2013, de plusieurs nouveaux postes “avion”, etc.) pour accompagner notre croissance de trafic. En 2012, nos investissements ont également porté sur le développement de nouveaux produits et services à forte valeur ajoutée pour nos passagers, afin de faciliter et fluidifier leur parcours, à toutes les étapes de leur voyage. Nos clients passagers peuvent dorénavant réserver plusieurs types de places de parking sur le site internet de l’aéroport (mp.aeroport.fr) ou via leur agence de voyages. Nous pouvons également garantir aux hommes d’affaires et voyageurs fréquents un temps d’accès maitrisé en salle d’embarquement, grâce au produit “coupe file” (nouveau service proposé sous forme d’abonnement, permettant de passer plus rapidement les contrôles des bagages à main) et les quatre “sas biomé-

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triques”, que nous avons mis en place en juin dernier et qui permettent de passer l’immigration en l’espace de quelques secondes seulement. Marseille Provence est en 2013 “Capitale Européenne de la Culture”. Qu’est ce que cela représente pour l’aéroport ? C’est un événement formidable et une chance unique pour notre destination de renforcer son attractivité touristique. Aujourd’hui, la plupart des touristes qui viennent à Marseille en avion sont motivés par le soleil, les paysages, l’art de vivre. Les développements qui ont vu le jour ou qui ont été accélérés grâce à MP2013 (MuCem, Villa Méditerranée, Musée Regards de Provence, etc.) vont permettre d’attirer une nouvelle clientèle de touristes, plus orientés “culture”. Cela commencera en 2013 et s’accélérera dans les années suivantes. Il est difficile de prévoir avec précision le nombre de passagers aériens qui vont venir spécialement sur notre territoire dans le cadre des festivités de MP 2013. Si l’on considère que l’événement devrait attirer 2 millions de touristes supplémentaires, nous pouvons tabler sur un volume de passagers aériens compris entre 50 000 et 150 000. Au niveau de l’aéroport, nous avons mis en place une signalétique spécifique “MP2013” pour informer tous les passagers qui arrivent sur notre territoire. Nos hôtesses d’accueil ont également été formées pour dispenser à nos visiteurs toutes les informations utiles sur les événements en cours, tout au long de cette année “capitale” n Propos recueillis par Louis Le Bris


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Interview with: Jean-François Brando, chairman of Marseille Provence airport

© Thierry Maffeis - Fotolia.com

Marseille Provence airport takes off

2012 will remain a year of records for Marseille Provence airport.

The most dynamic airport in France in 2012, Marseille Provence should see an even more beautiful 2013, in particular thanks to the “European Capital of Culture” effect. Marseille Provence airport recorded excellent results in 2012, exceeding for the first time the 8 million passenger mark. How do you explain such success? Indeed, 2012 will remain a year of records for Marseille Provence airport. 8.3 million passengers were received in 2012, nearly 1 million more than in 2011. With an increase in traffic of 12.7% over one year, we recorded the strongest growth among the large French airports and the 4th strongest in Europe, behind Moscow, Istanbul and Bucharest. This performance is first of all to the credit of Air France, which successfully launched its first “provincial base” in Marseilles in October 2011, opening many new destinations, in France, in Europe and in the Mediterranean basin, such as Moscow, Istanbul, Athens, Prague, Marrakech, etc. In 2012 alone, Air France carried 3.2 million

passengers, including 600,000 additional passengers directly attributable to the base effect.

“Ryanair heavily redeveloped its offer, also opening new destinations, like Zadar, Croatia, Palma and Ibiza.”

At the same time, Ryanair heavily redeveloped its offer, also opening new destinations, like Zadar, Croatia, Palma and Ibiza. Thus the two largest European airline companies (in terms of number of passengers) offered the inhabitants of Provence this year an unrivalled choice of direct flights at attractive prices. It is one of the keys of success. Not forgetting the many successful developments by the other companies in Marseilles. I think in particular of Vueling, British Airways (which transferred its flights from London Gatwick towards London Heathrow), of TwinJet, or Air Deckchair, which took the risk of strongly increasing its capacity toward Montreal this summer, and whose traffic is growing at 20%.

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Precisely, did these successes play a part in the recent long-distance developments announced by XL Airways France with new direct flights towards the La Réunion, Mayotte, Punta Cana and New York, from May 31st, 2013? Of course, that shows the airline companies that people in Marseille and Provence are there, when an attractive airline offer is made available to them. We have a solid market, which resists rather better than in other areas when the economic situation is difficult, as is now. And we are delighted to see these new direct flights stimulating the arrival of new foreign tourists. Each year more come to discover our area. Marseille is positioned as an air cargo hub towards the Mediterranean. What is driving that and what growth do you expect in 2013? Freight activity is very important for Marseille Provence airport. It employs, all trades together (express couriers, forwarding agents, customs…) around 1,000 people. More than 53,000 tonnes of air-freightlll


© Aéroport Marseille Provence

Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

lll were processed in 2012, which is a new record in traffic for this activity. We wish to beat this record once more in 2013, which constitutes a true challenge in the current economic situation.

Our strategy is effectively to develop an air cargo "hub" in Marseille Provence, offering large express freight companies (DHL, UPS, Fedex, TNT) to transit parcels bound for the Mediterranean basin through Marseille: Tunis, Algiers and Malta today. We are thinking about developing other lines, like Casablanca, for example. Are you able to quantify what the Marseille Provence airport brings to the region? In terms of both the economics and tourism, for example? Absolutely. We regularly undertake "economic impact” studies aiming to measure wealth created directly, indirectly or as a result of airport activity. First of all there are 5,000 people who work in the airport, in around 200 companies representing all the trades and activities in an airport (airline companies, assistants, state services, shops, etc.). In fact, the airport constitutes one of the principal job pools in the region. Its development supports the creation of new jobs. Thus, the major renovation of the shops and catering on offer, which is now coming to an end, and resulted

in the opening of many new restaurants and the arrival of new brands (Fnac, Cure Gourmande, Segafredo, etc.) saw the creation of 50 new jobs. If you take into account more generally all the expenditure of passengers coming to stay in the region, you come to a total economic impact of over 3 billion euros. In 2012, you multiplied investment and set out to develop new services to facilitate the route of passengers through the airport? Can you tell us more? We initially started several important sites (construction of 800 new parking spaces delivered in spring 2013, several new “plane” stations, etc.) to support our growth in traffic. In 2012, our investments also related to the development of new products and services with strong value added for our passengers, in order to facilitate and make more fluid their passage, at all stages of the journey. Our passenger customers can now book many types of parking space on the website of airport (mp.aeroport.fr) or through their travel agency. We also guarantee business and frequent travellers controlled access time to the boarding area, thanks to the "queue-jumping" product (new subscription service allowing faster hand baggage checks) and the four “biometric

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security” points, we put in place in June, allowing you to pass through immigration in just a few seconds. Marseille-Provence 2013, European Capital of Culture: What does this represent for the airport? It is a great event and a unique chance for our destination to enhance its attraction for tourists. The majority of the tourists who come to Marseille by plane today are motivated by sun, landscapes and lifestyle. The developments which came about or were accelerated thanks to MP2013 (MuCem, Villa Méditerranée, Musée Regards de Provence, etc.) will attract a new brand of tourists, more “culture”-orientated. That will start in 2013 and accelerate in the following years. It is difficult to accurately predict the number of air passengers who will come especially to our region within the framework of the MP 2013 festivities. Considering that the event is expected to attract 2 million additional tourists, we are expecting on a volume of between 50,000 and 150,000 passengers. At airport level, we have set up specific “MP2013” signage to inform all passengers arriving in our region. Our hostesses have also been trained to give our visitors all useful information on the events in progress, throughout this “capital” year n


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

ENTRETIEN | Fort de ses 200 exposants et d’un site exceptionnel de 30 000 m2, Les Nauticales (chaque printemps à La Ciotat), entrent dans une ère singulière. Le salon entend gagner en visibilité et rayonner au-delà des frontières françaises.

Le salon est devenu incontournable en France et sur la Méditerranée. Qu’en est-il à l’international ? Nous nous sommes rapprochés du Grand Pavois qui organise le plus grand salon à flot de France, à La Rochelle. Ce nouveau partenaire s’est également distingué en organisant le salon nautique de Shenzhen en Chine. En associant son expertise au savoir local de la SAFIM, délégataire des éditions précédentes, les Nauticales

Que représentent les Nauticales en termes de soutien à la filière du nautisme et aux professionnels de la plaisance ?

© Gérald Geronimi

Les Nauticales en sont l’indispensable vitrine : elles facilitent le contact entre industriels et clients. C’est aussi l’occasion de mettre en avant la filière de la réparation navale de la région (environ 2 500 emplois). Des nouveautés sont-elles à l’ordre du jour pour l’édition 2013 ? Progressivement nous avions amélioré les installations nécessaires à la bonne tenue du salon nautique : 4 000 mètres carrés d'espace à terre supplémentaire seront disponibles. Le duo de gestionnaires SAFIM-Grand Pavois a augmenté le nombre de bateaux à flot et la plate-forme d’exposants sera agrandie. Plus de 600 bateaux

© MPM

Un regard empreint de fierté puisque je suis à l’origine de la création des Nauticales. Contre vents et marées, nous avons tout fait pour qu’il se tienne à La Ciotat. Réticents à l’idée que le salon ait lieu en dehors de Marseille, les professionnels ont boudé la première édition. Sa réussite, dont personnellement je ne doutais pas, les a heureusement convaincus de prendre le train en marche. La délocalisation de l’événement offrait deux avantages : sur le plan symbolique, cela a persuadé les maires que la Communauté urbaine n’avait pas été construite au seul bénéfice de Marseille. Ensuite, en déplaçant l’événement à la frontière du Var, nous nous sommes rapprochés des curieux de toute la Côte d’Azur et des Alpes maritimes, voire des Alpes de Haute-Provence. Le maire de la Ciotat nous a accueillis à bras ouverts, et pour cause puisque chaque année, nous faisons le plein de visiteurs, d’associations et de professionnels. Les retombées économiques sont intéressantes pour sa commune. En 2012, les Nauticales ont attiré 40 000 visiteurs (25 % de plus qu’en 2011).

vont gagner en visibilité sur le continent européen.

© MPM

Les Nauticales ont fêté en 2012 leurs dix ans. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru par le salon ?

© Gérald Geronimi

Les Nauticales : le rendez-vous du printemps nautique

ont été présentés lors de cette nouvelle édition. Les Nauticales franchissent une nouvelle étape cette année, malgré une météo peu clémente n Propos recueillis par Louis Le Bris

Claude Piccirillo Vice-président de MPM, président de la Commission ports et aéroports, maire de Saint-Victoret

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

Interview with: Claude Piccirillo, vice-president of MPM, chairman of the Ports Commission, mayor of Saint-Victoret

200 exhibitor strong, on an exceptional 30,000 m2 site and with some 600 boats exposed in dry docks and on the water, Les Nauticales (each spring at La Ciotat), is entering a singular era. New dates, promotion of the exhibited products, innovative exhibition spaces: the boat show intends to gain visibility and reach beyond French borders.

© Gérald Geronimi

Les Nauticales: rendezvous on the Mediterranean for a nautical spring

Les Nauticales celebrated its tenth anniversary in 2012. What eye do you cast on the evolution of the boat show? One full of pride, since I am at the origin of the creation of Les Nauticales. Against wind and tide, we did everything to make sure it was held at La Ciotat. Resistant to the idea that the boat show could take place outside Marseille, the professionals ignored the first edition. Its success, which personally I did not doubt, fortunately convinced them to jump on the bandwagon. The delocalisation of the event offered two advantages: on the symbolic level, it persuaded the mayors that the Urban Community had not been built for the sole benefit of Marseille. Then, moving the event to the border of the Var, we approached all interested parties along the whole Riviera and the Alpes mari-

“In 2012, Les Nauticales attracted 40,000 visitors (25% more than in 2011).” times, even the Alpes de Haute-Provence. The mayor of La Ciotat welcomed us with open arms, and with good reason since each year we bring a full complement of visitors, organisations and professionals. The economic repercussions are good for the town. In 2012, Les Nauticales attracted 40,000 visitors (25% more than in 2011).

“We had progressively improved the equipment necessary for the optimal performance of the boat show.” The boat show became unmissable in France and on the Mediterranean. What about abroad?

and customers. It is also the opportunity to promote the naval repair industry in the region (approximately 2,500 jobs).

We approached the Grand Pavois which organises the largest boat show in France, in La Rochelle. This new partner also has the distinction of organising the boat show in Shenzhen, China. By pooling its expertise with the local knowledge of the SAFIM, the delegatee of the previous editions, Les Nauticales will gain visibility on the European continent.

Are there innovations on the agenda for the 2013 edition?

What does Les Nauticales represent in terms of support for the water sports industry and leisure professionals? Les Nauticales is a crucial showcase: it facilitates contact between industrialists

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We had progressively improved the equipment necessary for the optimal performance of the boat show: 4,000 square metres of additional floor space will be available. The management duo SAFIMGrand Pavois has increased the number of boats on water and the exhibition platform will be increased. More than 600 boats should be presented in this new edition. Les Nauticales is reaching a new milestone this year. We hope that the sun will be on board and the mistral will not be invited to the festival! n


Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

L’Éden renaît de ses ruines

© Richard Lopez (La Provence)

Le plus vieux cinéma du monde est en passe de retrouver ses lettres de noblesse d’autrefois, à l’époque où les Frères Lumière projetaient leurs premiers films à la Ciotat. Mais plus qu’un retour aux origines, cette rénovation marque l’entrée dans l’ère du numérique.

P

oussiéreux, il attendait patiemment de retrouver ses heures de gloire. C’est désormais chose faite. La rénovation de l’Eden tombe à pic à l’heure ou Marseille Provence Métropole 2013 est capitale européenne de la culture. Pour les associations de la Ciotat, la concrétisation de ce projet sonne non seulement la fin de plusieurs années de lutte, mais surtout un nouveau départ. Car si la réouverture du doyen des cinémas marque la volonté de préserver un patrimoine architectural précieux, les évolutions numériques permettent aujourd’hui de pousser l’ambition plus loin encore. Les Frères Lumière avaient déjà soulevé l’idée qu’un théâtre de cette taille (260 places) devait s’appuyer sur une industrie de production, une programmation classique l’amenant rapidement aux oubliettes. En 2013, les objectifs sont restés les mêmes. C’est pourquoi la rénovation devait dépasser le simple aspect physique et porter une véritable métamorphose, faisant du cinéma un outil multimédia plutôt qu’un simple lieu. Un nouveau virage.

Patrick Boré, le maire et Guy Guistini, le président de l'association, lors de la signature de la convention liant la Ville et L'Éden des Lumières.

© Ville de La Ciotat

Pour Guy Guistini, président de l’association “l’Éden des lumières”, “la réouverture ne pouvait pas mieux tomber ”. “Notre volonté de transmission se double symboliquement

L'Éden est le plus vieux cinéma du monde. Y furent notamment projetés les premiers films des frères Louis et Auguste Lumière en 1895.

d’une initiation aux nouvelles technologies : ce cinéma a vu le jour alors que les Frères Lumière avaient associé l’image animée au son et renaît de ses cendres à l’heure où la pellicule laisse place à l’avènement du numérique.” S’affranchissant de son emplacement physique, l’Éden matériel se doublera ainsi d’un Éden virtuel lui permettant de s’inscrire dans un projet global, à la fois culturel, économique, touristique et pédagogique. S’appuyant sur une plateforme web 2.0, le site de l’Éden Théâtre proposera des visites virtuelles en 3D du plus vieux cinéma du monde, faisant le lien entre les futurs lieux de créations culturelles de La Ciotat, notamment l’Éden Studio et l’Éden Formations. Le tout relayé par des pages au cœur des réseaux sociaux, une application mobile “parcours Cinéma Culture Patrimoine à La Ciotat” et une animation référence, “Le pouls du cinéma”. Le site en lui-même servira de prolongement virtuel à l’Éden théâtre, reprenant l’initiative des Frères Lumière en diffusant des longs-

métrages destinés aux visiteurs. “Nous allons organiser des concours ainsi qu’un Festival du documentaire en ligne sur des thématiques bien définies ”, affirme Guy Guistini avant d’ajouter “la communauté des internautes jugera alors de la qualité de ces productions, dont les meilleures seront présentées dans la plus vieille salle de cinéma au monde ”. Loin d’être une fin en soi, l’Éden servira à la fois d’outil et de récompense, vecteur de talents, lieu de formation et espace d’exposition. Un studio de cinéma “low cost” pourrait également voir le jour et se servir des liens tissés entre cette ville et les premiers films comme d’un point de rassemblement et de valorisation touristique et économique. Si l’ambition prend parfois des allures de gageure, le chemin le plus dur a déjà été accompli pour l’Éden. Patrimoine historique hors pair, sa version 2.0 compte bien détonner dans le paysage cinématographique classique, quitte à faire un peu d’ombre à l’étoile cannoise n Pauline Pouzankov

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Mai 2013 | Marseille Provence Métropole

© Eden des Lumières

Eden rises from its ruins

The 5 million-euro renovation works started in January 2012

The oldest cinema in the world is about to retrieve its letters of nobility from another age, a time when the Lumière Brothers projected their first films in la Ciotat. But more than a return to its origins, this restoration marks its entry into the digital era.

could not come at a better moment”. “Our will of transmission is symbolically paired with initiation to new technologies: this cinema was born when the Lumière Brothers had associated animated image with the sound and rises from its ashes at the hour when traditional film makes way for digital technology.” Freeing itself from its physical site, the material Eden will be shadowed by a virtual Eden enabling it to fall under a global project that is cultural, economic, touristic and educational at the same time. Resting on a Web 2.0 platform, the site of the Eden Theatre will offer virtual visits in 3D of the oldest cinema in the world, establishing the link between the future places of cultural creations of la Ciotat, in

For the organisations of la Ciotat, the accomplishment of this project sounds not only the end of several years of fight, but most importantly a new departure. Because while the reopening of the oldest of cinemas shows the will to preserve an invaluable architectural heritage, the digital change makes it possible today to push ambitions still further. The Lumière Brothers had already raised the idea that a theatre of this size (260 places) should be based on an industry of production; traditional programming would quickly consign it to oblivion. In 2013, the objectives remained the same. This is why the restoration was to exceed the simply physical aspect and bring a true metamorphosis, making cinema a multi-media tool rather than a mere place. A new turn. For Guy Guistini, chairman of “the Eden of the Lumières” organisation, “reopening

The site itself will be used as virtual prolongation of the Eden theatre, harnessing once more the initiative of the Lumière Brothers by showing feature films intended for the visitors. “We will organise competitions as well as an online documentary Festival along well-defined themes”, says Guy Guistini before adding “the internet community will then judge the quality of these productions, the best of which will be presented in the oldest movie theatre in the world”. Far from being an end in itself, the Eden will be used both as tool and reward, a vector of talent, place of learning and space for exposure. A “low cost” cinema studio might also see the day and make use of the links woven between this city and the first films as a place of gathering and tourist and economic validation. If ambition sometimes takes the form of challenge, the hardest has already been accomplished for the Eden. Historical inheritance without peer, its 2.0 version hopes to create a splash in the traditional cinematographic landscape, even if it means shedding a little shade over the Cannes star n

© MPM

Dusty, it waited patiently for its hour of glory. That day has come. The restoration of the Eden falls just at the hour when Marseille Provence Métropole 2013 is capital of European culture.

particular Eden Studio and Eden Training. All this relayed by pages at the heart of the social networks, a mobile application “Cinema Culture Inheritance course in la Ciotat” and a benchmark animation, “The pulse of the cinema”.

With the inclusion of the latest cinematographic technologies, the cinema is now turned towards the future.

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