Fondé en 1960
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Hors-série
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PARLEMENT Economie : Une région attractive L’Europe en Région Centre Une stratégie du tourisme durable
Qualité de vie et innovation
La Région Centre Les dossiers Territoires
Éditorial
Février 2014 | Région Centre
© Région Centre
Placer l’innovation au cœur des politiques publiques
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a Région Centre est renommée pour sa qualité de vie et son patrimoine naturel et culturel d’exception. La Loire inscrite au Patrimoine mondial, ses châteaux, ses jardins, sa gastronomie et les trois Parcs Naturels Régionaux, sont autant d’atouts majeurs. C’est ainsi que nous avons développé avec succès le grand projet touristique de la Loire à vélo. Notre région démontre par ailleurs malgré la crise un réel dynamisme économique porté par ses pôles d’excellence en matière de cosmétique, d’industries pharmaceutiques et d’énergie, ses laboratoires de recherche, un solide réseau de PME et une agriculture diversifiée. La Région Centre est en première ligne pour accompagner l’innovation vers un nouveau modèle de développement plus solidaire, plus sobre, centré sur le développement de l’économie verte, sur le lien social et culturel.
François Bonneau Président de la Région Centre
Nous avons actionné en 2013 un plan de mobilisation pour l’économie et l’emploi qui renforce notre soutien aux entreprises, aux investissements publics et à la transition énergétique. La Région prend en charge la formation des emplois d’avenir et nous accompagnons grâce à un fond réactif les salariés les plus fragilisés et les demandeurs d’emploi. Nous faisons le pari de l’éducation, de la formation et de la recherche afin de promouvoir les choix industriels et de services porteurs de compétitivité. Nous privilégions les démarches d’innovation organisées en réseaux, autour des pôles de compétitivité et des clusters, afin de réindustrialiser nos territoires. Le Conseil régional a développé dans ce sens un ensemble d’outils adaptés aux besoins de développement des entreprises. Notre région se projette à l’horizon 2020 grâce à son Schéma d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire, élaboré en concertation avec les habitants et l’ensemble des acteurs économiques, institutionnels et associatifs. Cette démarche partagée se poursuit avec la création à l’échelle des 23 bassins de vie des Contrats de Solidarité Territoriale, pour répondre dans la proximité aux attentes des habitants en matière de santé, de numérique, de formation, de transports, de culture. Nous initions en 2013 notre nouveau Schéma de Développement Economique, Social et d’Innovation par une vaste consultation des dirigeants d’entreprises. Confiants dans les talents de nos territoires, nous créerons les emplois de demain en consolidant le maillage des territoires, en favorisant l’initiative et la créativité afin de conforter le rayonnement de notre région grâce aux activités, aux services et aux équipements dont nos habitants ont besoin n
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PARLEMENT Hors-série - Février 2014
SOMMAIRE : La Région Centre, qualité de vie et innovation Placer l’innovation au cœur des politiques publiques
1
François Bonneau, président de la Région Centre
Relever les défis économiques, sociaux et environnementaux
4
Un entretien avec François Bonneau, président du Conseil régional du Centre
La cohésion de la Région au cœur des priorités
8
Un entretien avec Pierre-Etienne Bisch, préfet de la Région Centre et du département du Loiret
Nous voulons faire du budget départemental un budget anti-crise
10
Un entretien avec Louis Pinton, sénateur et président du Conseil général de l’Indre
“Nous menons une politique de responsabilité”
11
Un entretien avec Frédéric Thomas, président du Conseil général d’Indre-et-Loire
Loir-et-Cher 2020 : construire l’avenir avec les habitants à l’excellence des formations
12
Un entretien avec Maurice Leroy, président du Conseil général de Loir-et-Cher
“Nous souhaitons prendre nos responsabilités”
14
Un entretien avec Albéric de Montgolfier, sénateur d’Eure-et-Loir et président du Conseil général d’Eure-et-Loir
Présentation générale de la Région Une économie de l’intelligence
20
Un entretien avec Jean Germain, maire de Tours
Dreux : des atouts pour rebondir
24
Un entretien avec Gérard Hamel, maire de Dreux, président de la Communauté d’Agglomération du Drouais
Orléans se conte au futur
25
Un entretien avec Serge Grouard, maire d’Orléans, député de la 2e circonscription du Loiret
Une agglomération avant-gardiste
26
Un entretien avec Jean-Pierre Gorges, député-maire de Chartres, président de Chartes Métropole
Bourges et son agglomération se portent bien
27
Un entretien avec Serge Lepeltier, maire de Bourges
Renforcer l’image Castelroussine
30
Un entretien avec Jean-François Mayet, sénateur de l’Indre, président de la Communauté d’Agglomération Castelroussine, maire de Châteauroux
Economie : Une Région attractive
Un effort permanent pour l’activité et l’emploi
32
Un entretien avec Marie-Madeleine Mialot-Muller, 2e vice-présidente du Conseil régional du Centre déléguée à l’économie et à l’emploi, l’agriculture, l’artisanat, l’économie solidaire, l’innovation par les entreprises et les pôles de compétitivité
Une diversité d’entreprises, un travail en synergie
34
Un entretien avec Marie-Madeleine Mialot-Muller, 2e Vice-présidente du Conseil régional du Centre déléguée à l’économie et à l’emploi, l’agriculture, l’artisanat, l’économie solidaire, l’innovation par les entreprises et les pôles de compétitivité
Un tissu économique solide et diversifié
36
Un entretien avec Nicolas Chiloff, président de CCI Centre
Le Centre a une vocation de production énergétique
38
Un entretien avec Xavier Beulin, président du Conseil économique, social et environnemental régional du Centre
L’aménagement du territoire, le renouvellement urbain et les transports Le vert est porteur d’emplois
42
Un entretien avec Dominique Roullet, 7e vice-président du Conseil régional du Centre délégué à l’aménagement du territoire, SRADDT
Centrer les investissements sur les réseaux ferroviaires
44
Un entretien avec Jean-Michel Bodin, vice-président délégué aux transports, aux infrastructures, aux circulations douces et à l’intermodalité
La cohésion, un enjeu essentiel en région Centre
45
Un entretien avec Philippe de Gestas de Lesperoux, secrétaire général pour les affaires régionales Centre et à l’intermodalité
La fibre optique, “un grand bon en avant”
48
Un entretien avec Yann Bourseguin, 15e vice-président du Conseil régional du Centre délégué au logement, à l’habitat, aux technologies de l’information et de la communication et à la démocratie Participative
Relocaliser l’économie, une nécessité Un entretien avec Michelle Rivet, 6e vice-présidente du Conseil régional du Centre déléguée aux projets de développement rural
2 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
49
Février 2014 | Région Centre
Environnement, développement durable et solidarités Territorialiser les enjeux Environnementaux
52
Un entretien Gilles Deguet, vice-président délégué à l’Agenda 21, à l’énergie, au climat et à l’environnement
Des politiques environnementales transversales
53
Un entretien Pascale Rossler, vice-présidente déléguée à la Biodiversité, à l’Education à l’environnement, au tourisme et au Val-de-Loire
Objectif, 13 % de biomasse en 2020
56
Un entretien Mohamed Amjahdi, directeur adjoint de l’ADEME Centre
La recherche et l’innovation
Les services, un secteur d’avenir
60
Un entretien Paul Pietyra, directeur du laboratoire Nekoé
La Recherche, indispensable à l’excellence des formations
62
Un entretien avec Patrick Riehl, 9e vice-président du Conseil régional du Centre, délégué aux universités, à l’enseignement supérieur, à la recherche, l’innovation et au transfert de technologie
Passer d’usine à projets à usine à produits
64
Un entretien avec Thierry Allard, président du pôle sciences et systèmes de l’énergie électrique
L’éducation, l’enseignement supérieur et la formation De grandes ambitions pour la formation
68
Un entretien Isabelle Gaudron, vice-présidente déléguée à l’apprentissage, l’insertion, la formation professionnelle et la formation tout au long de la vie
Des lycées citoyens
70
Un entretien avec Chantal Rebout, vice-présidente déléguée à l’éducation et aux lycées
Territorialiser la santé
71
Un entretien avec Philippe Fournié, vice-président délégué aux formations sanitaires et sociales et à la santé
Un véritable dynamisme Entrepreneurial
72
Un entretien avec Gérard Morin, président de la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat du Centre
L’Université François-Rabelais de Tours : 3e meilleur établissement de France pour l’accueil des étudiants internationaux
73
Un entretien avec Loïc Vaillant, président de l’université François-Rabelais de Tours
Miser sur la réussite des étudiants
74
Un entretien avec Youssoufi Touré, président de l’université d’Orléans
Un cadre de vie et d’étude exceptionnel
75
Un entretien avec Patrick Riehl, 9e vice-président du Conseil régional du Centre, délégué aux universités, à l’enseignement supérieur, à la recherche, l’innovation et au transfert de technologie
La jeunesse irrigue la politique régionale
78
Un entretien avec François Dumon, vice-président délégué à la jeunesse, au sport et aux fonds européens
L’Europe en Région Centre
Concrétiser l’euro-citoyenneté
80
Un entretien avec Karine Gloanec Maurin, 14e vice-présidente du Conseil régional du Centre déléguée aux relations internationales, à l’Europe et aux politiques européennes et à la coopération interrégionale
L’Europe doit se démocratiser
81
Un entretien avec François Dumon, vice-président délégué à la Jeunesse, au Sport et aux Fonds européens
Tourisme, Sport, Culture
Faire du Centre une destination de tourisme durable
84
Un entretien avec Alain Beignet, président du Comité régional du tourisme
Le Val-de-Loire, le cœur touristique du Centre
86
Un entretien avec Pascale Rossler, vice-présidente déléguée à la biodiversité, à l’éducation à l’environnement, au tourisme et au Val-de-Loire
La culture à portée de tous
88
Un entretien avec Carole Canette, vice-présidente déléguée à la culture et à la créativité numérique
LE COURRIER DU PARLEMENT - Edité par Monde Edition S.a.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lecourrierduparlement.fr - www.lecourrierduparlement.fr n directeur de la publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction Sharon Lazimi n Journalistes - Colombe Dabas, Julien Dreyfuss, Olivier Gil, Anaïs Normand, Marie Pannetier, Pauline Pouzankov, Linda Tariaki, Jean-Côme Tihy n infographiste - Isabel Da Silva n directrice de la communication - Danielle Decaris n relations presse - Laurent Vigée n remerciements - Jean-Pierre Tolochard n N° 01/14 n Numéro iSSN - 0045-8899 n Commission paritaire - 0214 T 91246 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo de couverture - © Eric Sander - Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 3
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | avec son Schéma régional d’aménagement et de développement durable, qui dresse ses ambitions et ses priorités à l’horizon 2020, la région Centre met en œuvre un nouveau développement plus sobre et plus juste, adossé aux outils de la connaissance et de l’innovation économique, social et environnemental.
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Relever les défis économiques, sociaux et environnementaux Le Conseil régional du Centre a engagé l’avenir de son territoire à travers l’élaboration de son Schéma Régional de Développement Durable (SRADDT). Quelles sont ses principales ambitions et enjeux ? Comment s’est déroulée la mise en œuvre de ce document ? Le SRADDT donne une vision de l’avenir de notre Région à l’horizon 2020. Le territoire régional est par excellence un espace de projet mobilisateur. La phase de consultation a ainsi permis d’entendre environ 4 000 personnes qui ont contribué, très directement à son élaboration à travers 23 forums participatifs dans chacun des bassins de vie et 6 forums thématiques. Cette vision partagée de l’avenir a dégagé trois grandes priorités, une société de la connaissance porteuse d’emplois, des territoires attractifs organisés en réseau et une mobilité et une accessibilité favorisées. Elles se déclinent en 20 mesures concrètes pour élever le niveau de qualification, développer la recherche et l’innovation, promouvoir l’économie verte et une agriculture de qualité, stimuler l’initiative locale, apporter aux habitants dans la proximité des services adaptés en matière de soins, de logement, d’accès au numérique et à la culture, favoriser la mobilité par le rail et les réseaux à grande vitesse. Ce SRADDT a été soumis à l’avis de l’ensemble des partenaires qui ont été associés à sa conception, l’État, les conseils généraux, les agglomérations, le Conseil Économique, Social et Environnemental Régional. Le document ainsi amendé a été soumis à l’appréciation 4 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
des habitants, avant son adoption définitive par le Conseil régional en décembre 2011. “Début 2013, le Conseil régional a lancé la première étape de sa Stratégie Régionale de Développement Économique, Social, d’Innovation et d’Internationalisation (SRDESII), ainsi qu’un plan de mobilisation...” Plan de Mobilisation pour l’Économie et l’Emploi. Pourriez-vous nous détailler les grandes lignes directrices de cette mobilisation ? Avec ce Plan de Mobilisation pour le développement économique et l’emploi, la Région Centre renforce son soutien aux entreprises en matière de trésorerie, d’innovation, d’accès à l’international et concentre ses moyens au service de l’activité économique et de la transition énergétique autour d’investissements importants dans les lycées, les centres d’apprentis, les écoles de santé, les équipements pour les quartiers, les transports, le Très Haut Débit. Par ailleurs, Nous
accompagnons les jeunes en prenant en charge la formation des emplois d’avenir, et les salariés fragilisés et les demandeurs d’emploi grâce à des solutions réactives en matière de formation qualifiante pour l’accès ou le retour dans l’emploi.
Trois chiffres illustrent l’ambition de ce Plan : 500 Millions d’euros ont été mobilisés en 2013 pour le développement économique régional grâce aux actions engagées par la Région, 290 M€ directement investis dans des travaux en Région et 20 M€ pour des mesures nouvelles de soutien à l’économie et à la formation. Cette mobilisation exceptionnelle a apporté en particulier 300 M€ de la Banque Européenne d’Investissement et des banques régionales pour le développement de l’économie verte, un Fonds Réactif emploi-formation de 4 M€ à destination des personnes en recherche d’emploi, et un programme de rénovation thermique de 1 700 logements sociaux pour soutenir lll
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François Bonneau Président du Conseil régional du Centre
le secteur du bâtiment et réduire la facture énergétique des locataires. Quels sont les leviers sur lesquels la Région entend appuyer son action en matière de soutien aux entreprises et d’insertion professionnelle ?
Concernant le renforcement des aides aux entreprises, il s’agit de la mobilisation immédiate de la garantie des lignes de trésorerie des entreprises, de l’engagement de moyens importants dans le développement de l’économie verte par la Banque Européenne d’Investissement et les banques régionales. En 2013 ce sont 950 M€ de projets qui ont ainsi été mobilisés. Nos dispositifs de soutien à l’export ont été confortés et le lancement d’un nouvel appel à projets pour l’innovation dans les TPE et PME a permis d’accompagner déjà 42 PME pour un montant de 5 M€. Enfin, la mise en œuvre d’un Fonds d’amorçage avec la Caisse des Dépôts et Consignations et le Fonds régional Transmission Reprise est une aide essentielle pour l’innovation, porteuse des emplois de demain.
tion de 450 emplois d’avenir, 50 au sein de la Région Centre, 200 en lien avec le secteur associatif et 200 autres dans les EHPAD en partenariat avec les Conseils généraux, ainsi que la mise en oeuvre de leur plan de formation. 500 “Visas Compétences d’Avenir” seront créés et 500 parrains mobilisés pour accompagner les jeunes dans l’emploi. Un dispositif “CAP’Jeunes” est déployé pour favoriser l’entreprenariat des
jeunes. Enfin, 2 000 salariés fragilisés feront l’objet d’un parcours de formation individualisé. La formation et la qualification s’imposent comme des outils incontournables. Quelles sont vos priorités dans ces domaines ? En quoi consiste le fonds Réactif Emploi Formation ? Comment se met en place la carte des formations de la Région ? lll © A.Canon
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S’agissant de l’insertion professionnelle, plusieurs leviers ont été activés avec la créaLes dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 5
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quoi nous faisons du développement de l’enseignement supérieur un axe majeur de nos politiques. La Région a ainsi fortement soutenu la création en 2010 du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur “Centre Val-deLoire Université”, rassemblant universités, grandes écoles d’ingénieurs et de management et centres hospitaliers régionaux. Le renforcement des coopérations en son sein préfigure une véritable “université fédérale”, à même d’établir des partenariats à l’échelle interrégionale et de favoriser un rayonnement scientifique national et international adossé à l’excellence de nos laboratoires de recherche.
semble des partenaires régionaux une “Région apprenante”, où la formation s’adapte aux besoins de chacun, où le recours à la formation qualifiante devient un réflexe tout au long de la vie, et où chacun dispose des moyens nécessaires pour ce faire. Cette ambition vise l’épanouissement personnel des femmes et des hommes de notre Région, leur accompagnement face aux évolutions sociales et économiques, la compétitivité de nos territoires. L’objectif est d’élever le niveau général de qualification pour lutter plus efficacement contre le chômage et répondre mieux aux besoins de notre économie aujourd’hui et demain. Nous confortons nos actions innovantes pour permettre aux jeunes et aux salariés fragilisés un meilleur accès à l’emploi. Le “fonds Jeunes : Objectif qualification pour l’emploi ” va permettre de financer des actions de formation pour leur faire découvrir des métiers porteurs d’emplois et l’environnement de l’entreprise à partir d’une initiation aux gestes professionnels, à des visites et des stages d’immersion de courte durée. Les Pactes de Continuité Professionnelle permettent de sécuriser les parcours des salariés précaires ou menacés de licenciement et les demandeurs d’emploi à travers un accompagnement personnalisé. Nous donnons la priorité à des formations réactives répondant aux situations des demandeurs d’emploi comme à celles des entreprises. C’est ainsi que se met en place le fonds “Réactif Emploi Formation” de 4 millions d’euros qui va permettre par des formations qualifiantes de rapprocher les demandeurs d’emplois des secteurs en demande. S’agissant de la carte des formations pour l’apprentissage et la formation initiale dans les lycées professionnels, la Région travaille à la définition des besoins de for6 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
mation avec les branches professionnelles, les partenaires sociaux et l’Observatoire Régional de la Formation et de l’Emploi (ORFE). Pour être au plus près des besoins réels, nous favorisons les partenariats entre les dispositifs d’orientation. Chaque année, cette carte des formations fait l’objet d’une concertation avec le rectorat et d’une validation par la Région concernant l’apprentissage et par le rectorat pour les formations en lycée, décisions que l’acte 3 de la décentralisation devrait en toute logique confier désormais aux seules régions du fait de leur compétence globale sur la formation. Comment comptez-vous développer l’enseignement supérieur en Région Centre ? Relever les défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels nous sommes confrontés exige de créer un nouveau modèle de développement fondé sur les outils de la connaissance. La présence sur notre territoire de personnes en capacité d’accompagner l’innovation est essentielle pour le développement de notre région. C’est pour-
Nous voulons augmenter significativement le nombre de nos étudiants à l’horizon 2020. Ceci passe par l’élargissement de l’offre de formation supérieure avec notamment la création intervenue en 2013 de la 6ème INSA, “Centre Val de Loire”, qui accueillera à terme 2000 étudiants et par l’optimisation des conditions d’accueil et de travail des étudiants. La Région investit dans les locaux universitaires et aide les étudiants par l’octroi d’ordinateurs et l’équipement numérique des sites, des aides aux transports et à la complémentaire santé. Un Schéma Régional de l’Enseignement Supérieur est en cours de réalisation qui réunit l’ensemble des acteurs concernés. La Région Centre apporte des moyens considérables à l’aménagement du territoire à travers ses contrats de pays, d’agglomération, de ville moyenne et les cœurs de villages. l’élaboration du SRADDT à l’échelle des bassins de vie a permis de mettre en place un dispositif unique, les Contrats Régionaux de Solidarité Territoriale. Pourriez-vous nous les présenter ? Comment vont-ils être lll © A.Canon
lll Nous voulons construire, avec l’en-
en place ? En quoi cette solidarité territoriale s’impose t’elle comme une démarche participative forte ? Nous sommes en effet la 1ère Région pour les moyens consacrés à nos politiques territoriales. Les dispositifs régionaux d’aménagement n’étaient concordants ni dans la durée ni suffisamment dans les contenus. C’est pourquoi, nous avons souhaité un dispositif unique : le contrat régional de solidarité territoriale, élaboré à l’échelle des 23 bassins de vie, et permettant, dans la continuité du SRADDT, d’analyser au plus près les besoins des habitants, avec les élus et l’ensemble des acteurs des territoires. Ce nouveau contrat crée une carte des territoires adaptée à la réalité de la vie quotidienne des habitants en termes de déplacements, du domicile au lieu de travail, vers les services et les équipements qu’ils utilisent. La phase de diagnostic à l’échelle du bassin de vie débouchera sur l’élaboration d'un document structuré autour de trois priorités : l’emploi et l’économie, le mieux-être social et le maillage urbain et rural.
Région en matière de développement touristique et économique ? Que mettezvous principalement en avant ? Quelles formes originales et nouvelles de tourisme souhaitez-vous promouvoir ? En Région Centre, le tourisme a résisté à la crise et gagné 11 % d’emplois au cours de la dernière décennie. 2012 a vu une évolution de la fréquentation touristique, qui génère 35 000 emplois, soit 3,5 % de l’emploi régional et plus de 3 milliards d’euros de retombées économiques par an avec des marges de progression importantes. Nos politiques s’appuient sur le développement de nombreux atouts : un patrimoine architectural et culturel remarquable qui attire près de 9 millions de visiteurs par an, la vitrine internationale que représente le val de Loire, la forte notoriété et l’attractivité des châteaux, enfin un patrimoine naturel riche et varié, avec 3 Parcs Naturels Ré-
La proximité de Paris, 1er pourvoyeur de touristes français et internationaux conforte ce potentiel que nous dynamisons en nous appuyant sur le développement de l’oenotourisme, - nous sommes la 3ème Région viticole - et la gastronomie. Notre Stratégie de Tourisme Durable affirme résolument un positionnement “Nature et Culture” et vise l’excellence pour le Val de Loire, tout en soutenant la qualité des autres destinations régionales. Nos aides aux professionnels du tourisme portent sur un hébergement qualitatif, la création de services innovants, la formation des personnels notamment dans le domaine de l’etourisme, et le développement des véloroutes qui retentit sur l’ensemble de l’activité. Nous voulons en effet faire de la Région Centre la 1ère région de tourisme à vélo. Cette évolution correspond à une attente importante du public en termes de rythmes de visite, d’intérêt pour les sites historiques et naturels, de découverte des productions locales, d’originalité des hébergements. “La Loire à Vélo” connait un succès grandissant avec près de 1 million de passages en 2013 sur les 550 kilomètres de l’itinéraire en Région Centre. La Région mise ainsi massivement sur le tourisme durable et s’applique à structurer une offre sur quatre filières prioritaires, le patrimoine culturel, le tourisme de nature, les itinérances douces, et l’art de vivre. Symbole de cette orientation, la réussite du Domaine Régional de Chaumont sur Loire et les 400 000 visiteurs de cet exceptionnel Centre d’Arts et de Nature dont la notoriété ne cesse de croître n Propos recueillis par Julien dreyfuss
© A.Canon
© Alain Canon
lll mis
gionaux, de nombreuses zones naturelles (Sologne, forêt d’Orléans …).
Établi par la Région, ce document sera issu de la concertation avec les acteurs locaux et les habitants lors de forums participatifs. Les priorités identifiées constitueront ensuite, pour les Pays et les Agglomérations, la base des actions inscrites dans le contrat régional de solidarité territoriale. Ce contrat sera désormais élaboré, négocié et signé à la fois par la Région, les présidents de Pays et d’Agglomérations, les présidents de communautés de communes et le maire de la ville centre. Quelles sont les perspectives de la Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 7
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Soucieux de préparer l’avenir, les services de l’État s’impliquent à renforcer le maillage de la région Centre afin qu’elle poursuive un développement durable et harmonieux. Une stratégie de l’attractivité, indispensable au dynamisme économique du territoire.
La cohésion de la Région au cœur des priorités
Depuis 2007, 613 millions d’euros ont été programmés par l’État et le Conseil régional dans le cadre du Contrat de projets au bénéfice de la Région Centre. L’effort important de maillage du territoire en maisons de santé pluridisciplinaire pour faire face à la désertification médicale, l’amorce de déploiement du très haut débit, la mise en œuvre d’équipements structurants, qu’il s’agisse des infrastructures ferroviaires, culturelles ou d’enseignement supérieur, sont des illustrations concrètes de réalisations qui n’auraient pu se faire, dans les mêmes proportions, en dehors de ce cadre. Adossé pour partie aux fonds européens, cet outil a fait la preuve de son utilité pour rassembler les forces de l’État, le Conseil régional, et leurs autres partenaires au service d’une stratégie commune de moyen et long terme. Comment l’État soutient-il le développement économique des entreprises du Centre? L’industrie joue un rôle majeur dans le développement de l’économie régionale. La part de ce secteur (19.3%) est significativement plus importante qu’au niveau national (15%). Les quatre pôles de compétitivité (cosmétique, microélectronique, eau et milieu, caoutchouc et polymère) et à une moindre échelle, les clusters et grappes d’entreprises, sont des locomotives pour le développement économique soutenu par 8 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
l’État. La prochaine génération des fonds européens, orientée encore davantage vers la recherche, l’innovation et l'emploi, devrait être un levier puissant d’accompagnement du développement économique. C'est tout l’enjeu des travaux qui s’ouvrent pour négocier les programmes 2014-2020.
tional. Les industries traditionnelles (textilehabillement, armement) ont été particulièrement éprouvées par les évolutions technologiques et concurrentielles. La diversité du tissu industriel a néanmoins permis à la Région d’amortir les conséquences de ces restructurations. Dans un contexte économique dégradé, la sous-traitance souffre également des ajustements des donneurs d’ordre. Dans ce contexte, l’anticipation qui vise à prévoir les mutations à venir et faire en sorte que les entreprises, les salariés et les territoires s’y adaptent au mieux est un enjeu majeur. Il s’agit d’un point clé qui sera accompagné par la prochaine génération du FSE.
Le Centre est également la deuxième région nationale en termes de surface agricole. Les défis qu'accompagne l’État sont à la fois de l’inscrire dans un processus durable et d’augmenter la création de valeur pour la région, en développant autant que possible l'industrie agroalimentaire in situ. À quelles mutations économiques doiventelles faire face aujourd'hui?
Quelle évaluation pouvez-vous faire des politiques environnementales menées ces dernières années ?
Pendant la décennie passée, l’industrie a vu sa part dans l’emploi salarié régional diminuée de quatre points. Cette désindustrialisation est plus rapide qu’au niveau na-
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Alors que le contrat de projets 20072013 touche à sa fin, quel bilan pouvezvous tirer de ces six années de développement territorial en Région Centre? Les objectifs que vous vous êtes fixés ont-ils pu être remplis?
Les politiques environnementales menées ont contribué à préserver une variété et une richesse faunistique et floristique remarquables (Loire, Brenne, Sologne, etc.). À côté de la biodiversité, la préservation de la ressource en eau tant sur les plans quantitatif que qualitatif est cruciale dans une grande Région agricole. Elle fait l’objet d’une vigilance constante dans un cadre qui progresse (gestion quantitative de la nappe de Beauce, protection des aires d’alimentation des captages, programme d’action nitrate, etc.), mais qui doit également rester attentif aux enjeux économiques. Les services de lll
Pierre-Etienne Bisch Préfet de la Région Centre et du département du Loiret
© Agglo du Pays de Dreux – A. Lombard
lll
l’État en lien avec le Conseil régional sont soucieux enfin de préparer l’avenir avec des schémas qui fixent des objectifs de moyen terme ; je pense au Schéma régional climat air énergie adopté en 2012 ou au Schéma régional de cohérence écologique qui devrait l’être en 2013, et qui servent de guide à l’intervention des services et des collectivités ainsi que de support aux financements, notamment européens. Quels seront les enjeux spécifiques à la Région Centre dans les prochaines années?
De manière schématique, la Région Centre présente trois espaces distincts : l’axe ligérien concentre une grande partie de la population et des activités économiques, le nord régional ou les franges franciliennes constituent un espace tourné vers la Région parisienne et marqué par une situation économique contrastée et une importante pression démographique, le sud régional (Berry, Sologne, Touraine du sud) forme un territoire essentiellement rural, confronté à une mutation de ses bassins d’emplois et à un vieillissement plus fort de sa population.
Plus grande que la Belgique, la cohésion de la Région est un premier enjeu. Il passe par la recherche d’une bonne complémentarité entre Orléans et Tours, qu’il s’agisse par exemple des équipements ou de l’offre d’enseignement supérieur, et le maintien de la dynamique des territoires en faisant vivre les villes moyennes qui les maillent. Il s’agit notamment de consolider l’attractivité de ces points d’ancrage en y confortant les services, à l’exemple de l’offre de garde collective ou de soin alors même que le Centre souffre d’une faible démographie médicale. Le déploiement de la fibre très haut débit, chantier qui s’ouvre pour les dix ans qui viennent, doit participer de cette cohésion.
ses étudiants, il est également indispensable qu’elle travaille à son attractivité pour préparer le dynamisme économique de demain.
La proximité de Paris est également source d’occasions favorables dans la mesure où le Centre est capable d’en faire un relais de croissance tout en préservant son environnement à l’image du foncier, soumis à une forte pression urbaine. Encore faut-il qu’elle puisse s’arrimer efficacement, via la grande vitesse notamment, au réseau de transport ferroviaire, clé pour une connexion de la région aux capitales régionales et européennes. Souffrant d’un solde migratoire négatif de
Enfin, alors même que la Région Centre compte 2700 monuments protégés, les célèbres châteaux de la Loire, quatre sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO (les cathédrales de Chartres et Bourges, Chambord et le Val de Loire), la sixième surface boisée nationale, trois parcs naturels régionaux, la préservation de son environnement naturel et culturel est une priorité n
L’enjeu démographique devrait à moyen et long terme lui aussi impacter fortement les logiques d’aménagement. En 2006, les 61 ans et plus représentaient 23.4% de la population régionale, contre une moyenne nationale de 21.4%. Le Centre devrait continuer à voir sa population croître avec notamment une augmentation du nombre de seniors, porteur de besoins nouveaux, nécessitant une adaptation de l’offre de services (besoins des personnes âgées dépendantes), appelant un développement des loisirs, et du tourisme.
Propos recueillis par Pauline Pouzankov Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 9
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Malgré une action sociale qui représente plus de 60 % des dépenses de fonctionnement, les impôts du Conseil général de l’indre n’ont pas augmenté depuis dix ans. avec une stratégie : augmenter la productivité interne pour rendre l’administration au service des concitoyens plus performante.
Nous voulons faire du budget départemental un budget anti-crise
Le budget 2013 est conçu comme un budget “anti-crise”. Il présente trois caractéristiques. La première consiste à limiter la pression fiscale sur le revenu des ménages pour ne pas réduire leur pouvoir d’achat sévèrement éprouvé par l’augmentation des impôts nationaux. La seconde vise à maîtriser l’emprunt. En contenant au maximum les dépenses de fonctionnement, le Conseil général de l’Indre parvient ainsi à dégager les excédents qui lui permettent de conserver un taux d’investissement élevé. C’est la troisième caractéristique du budget de l’Indre. Parallèlement, notre capacité d’investissement nous permet de nous consacrer aux dépenses nécessaires à la compétitivité de l’Indre : déploiement du Très Haut Débit, aménagement de la rocade de l’agglomération castelroussine pour la création d’une zone d’activités de rang international, modernisation de la ligne ferroviaire Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Nos efforts portent aussi sur la qualité des services publics départementaux : 6 millions d’euros seront consacrés au collège en 2013, près de 13 millions aux travaux routiers. L’action sociale représente plus de 60 % des dépenses de fonctionnement. Pourquoi ? D’abord parce qu’il s’agit d’un domaine d’intervention où les Conseils généraux sont “chefs de file”. Ces dépenses obligatoires correspondent aux réalités démographiques locales. Avec un taux de seniors un peu plus élevé que la moyenne nationale, l’Indre a des charges importantes dans ce domaine. Le 10 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
deuxième phénomène que l’on constate est lié à la crise. Le chômage de longue durée a un effet mécanique sur l’augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA dont le Département s’occupe. Entre 2011 et 2013, la dépense liée au seul RSA est passée de 18 millions d’euros à 21 millions d’euros.
pas d’autre solution quand on veut conserver la qualité du service public et maintenir les subventions. Nous considérons que c’est à l’administration de se rendre plus performante plutôt que de dégrader sa mission au détriment de nos concitoyens. Cette année, vous avez placé l’emploi au cœur de vos priorités. Quelles mesures concrètes mettez-vous en place ?
Comment faites vous pour maintenir des taux d’imposition relativement faibles par rapport à vos voisins et au même niveau depuis 10 ans ? Effectivement, les impôts prélevés par le Conseil général de l’Indre n’ont pas augmenté depuis une décennie, ce qui devient une singularité en France ! L’essentiel de notre travail porte sur la surveillance constante des dépenses liées au fonctionnement de notre collectivité elle-même. En mutualisant les moyens, en réorganisant nos équipes ou en pourchassant les dépenses inutiles, nous augmentons notre productivité interne. Il n’y a
© Louis Pinton 2013
Les dépenses d’investissement ont été augmentées de 10 millions d’euros en 2013 pour atteindre 67 millions d’euros. Quel est l’objectif ?
Le législateur a principalement confié aux Régions la responsabilité du développement économique et de la formation professionnelle. Pour autant, nous avons considéré qu’il y avait urgence à agir dans plusieurs domaines : déploiement du Très Haut Débit et infrastructures de transports notamment. Seuls, nous n’y parviendrons pas et nous attendons que la Région Centre fasse un effort particulier pour les départements ruraux et faiblement peuplés comme le nôtre. A ce titre, la quasi uniformité des subventions régionales nous laisse insatisfaits et ne permet pas de réduire significativement les écarts de richesse entre territoires. Nous avons aussi tenu à créer, dans l’Indre, notre propre fonds dédié au développement industriel, qui conserve un taux d’emploi important. Ce fonds fonctionne à guichet ouvert depuis plusieurs années et a permis la création de centaines d’emplois. Résultat : le taux de chômage est plus faible dans l’Indre qu’en moyenne nationale ou régionale n Propos recueillis par Colombe dabas
Louis Pinton Sénateur et président du Conseil général de l’Indre
ENtrEtiEN | département innovant, attractif et solidaire, l’indre-et-loire s’adapte aux contraintes budgétaires mais ne s’y résout pas.
“Nous menons une politique de responsabilité”
L’Indre-et-Loire est un territoire qui bénéficie de nombreux atouts, liés tout d’abord à la richesse de son patrimoine et de sa terre. Les monuments historiques, les demeures d’écrivains et les châteaux de la Loire offrent une attractivité touristique et culturelle constante. La production agricole, et notamment viticole, connaît une renommée internationale. L’université, au cœur de la ville de Tours, le CHU et les nombreux laboratoires de recherche contribuent également au dynamisme de notre territoire. L’Indre-et-Loire bénéficie enfin d’une attractivité économique pour les entreprises. Proche de Paris, au cœur d’un important maillage routier, le département est propice au développement des entreprises locales, que notre collectivité soutient et accompagne. Quelles actions majeures menez-vous afin de préserver le pacte social départemental ? Un récent rapport de la cour régionale des comptes n’a pas manqué de souligner les finances saines de notre collectivité, vigilante quant à la maîtrise des budgets des établissements sociaux et médico-sociaux. Dans les secteurs de l’enfance, du handicap et de la solidarité en faveur des personnes âgées, nous mettons en place des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens, afin de maîtriser l’évolution des dépenses des structures. Cette nouvelle relation permettra aux gestionnaires de faire face à leurs besoins, tout en garantissant une évolution des prix de journée, acquittés par les résidents, supportable pour eux comme pour leur famille. Dans le domaine social, les priorités vont également au développement de
solutions innovantes, aidant nos concitoyens à vivre le plus longtemps et le mieux possible au sein de leurs domiciles. Nous avons à cet effet lancé un appel à projets baptisé “l’habitat du bien vivre à domicile” : il s’agit de construire de petits ensembles immobiliers, adaptés au besoin des personnes en perte d’autonomie, adossés à un projet social collectif fort et implantés au cœur de la ville ou du village. Cet appel à projets a rencontré un franc succès et une deuxième sélection aura lieu prochainement.
rantirons le développement de secteurs d’avenir de notre économie, sources de croissance et d’attractivité. Dans ce même élan, une attention particulière est portée sur l’équipement du territoire en très haut débit à travers le Schéma directeur territorial d'aménagement numérique qui contribue à améliorer la compétitivité des entreprises tourangelles.
“Nos ambitions sont aujourd’hui celles de l’innovation et de la modernité.”
Face à la perte d’autonomie fiscale des départements et à une situation économique délicate, quelles sont vos ambitions pour l’Indre-et-Loire ?
Le budget actuel est partagé entre réalisme et volontarisme, qu’en sera-t-il en 2014?
Résolument optimistes, nos ambitions sont aujourd’hui celles de l’innovation et de la modernité. En favorisant la recherche et l’innovation au service du progrès mais aussi de la compétitivité et de la qualité, je souhaite actionner les leviers d’implantation et de pérennisation d’activités créatrices d’emplois en Indre-et-Loire. Ainsi, nous ga© Claire Garate
Quels sont les principaux atouts de l’Indreet-Loire ?
Nous menons une politique de la responsabilité : responsabilité face à la réalité de la contrainte, à travers des finances maîtrisées, et responsabilité de la collectivité dans un contexte de crise, par un effort volontariste porté aux politiques d’insertion, au développement économique, à l’éducation et au secteur social. Par ailleurs, la contractualisation avec les territoires, instituée cette année, ouvre de nouvelles perspectives pour notre collectivité. À travers les premiers contrats départementaux de développement solidaire, qui seront soumis au vote du budget 2014, c’est un outil expérimental de rigueur et de suivi budgétaires que nous mettons en place. Il permettra de rendre plus efficace et plus lisible notre intervention sur le territoire et de répondre aux besoins de services à la population n Propos recueillis par olivier Gil
Frédéric Thomas Président du Conseil général d'Indre-et-Loire
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 11
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | En cette période de crise économique et de défiance envers les politiques, le département du loir-et-Cher a entrepris plusieurs actions ayant pour but de redonner confiance aux loir-et-Chériens et les rapprocher des administrations.
Loir-et-Cher 2020 :
© NDerré
construire l’avenir avec les habitants démarche Loir-et-Cher 2020, menée avec tous les Loir-et-Chériens, va dans ce sens. Pouvez-vous nous parler de “l’union des trois”, la collaboration entre les conseils généraux du Loir-et-Cher, de l’Eure-etLoir et du Loiret ? Dans le contexte actuel, les budgets des collectivités territoriales sont au bord de l’asphyxie. Nous devons innover dans nos façons de travailler pour gagner en efficacité. Parce qu’ensemble, on est plus forts, nous avons décidé, avec mes collègues présidents de conseils généraux, Albéric de Montgolfier en Eure-et-Loir et Éric Doligé pour le Loiret, de mutualiser nos moyens et nos compétences. Première assemblée interdépartementale à Orléans le 3 juin 2013.
Le Loir-et-Cher est un département d’équilibre, où il fait bon vivre, bien desservi par les axes de communication. Côté nature et patrimoine, nous sommes gâtés avec nos trois grands cours d’eau et nos châteaux. Le tissu économique est solide et diversifié. Il résiste plutôt mieux à la crise que dans d’autres départements de taille comparable. En cette période tourmentée, le Conseil général est plus que jamais au centre des enjeux de solidarité. Notre mission sociale nous conduit à renforcer notre présence auprès de ceux qui sont frappés par la précarité et l’exclusion, pour que personne ne reste au bord du chemin. Par notre action sur le terrain au quotidien, nous avons acquis une connaissance fine des 12 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
besoins de la population, que nous mettons à profit pour développer de nouveaux services de proximité. Mais nous devons aussi nous préparer à relever les défis de demain. La © Acharron
Quelles sont les spécificités du territoire du Loir-et-Cher et les priorités du Conseil général ?
Cette démarche est une première au niveau national ! Nous avons défini trois axes stratégiques : l’attractivité et la compétitivité des territoires, le développement d’expertises communes, l’optimisation du service public. Depuis début juin, nous sommes rentrés dans le concret. Les élus de nos trois départements ont adopté ensemble les premiers projets comme, par exemple, des zones d’activités interdépartementales ou une centrale d’achats publics. Les idées ne manquent pas ! Nous voulons avancer vite car cette mutualisation est une démarche pragmatique qui promet de belles économies et une nouvelle dynamique de développement.
Maurice Leroy Président du Conseil général de Loir-et-Cher
La transparence des institutions est une exigence citoyenne légitime. Nous devons répondre à cette attente et ainsi faciliter le débat public. Et n’oublions pas que l’Open data est aussi porteur d’enjeux économiques. C’est un outil d’aide à la décision pour les entrepreneurs et une ouverture vers de nouveaux services numériques. En Loir-et-Cher, nous avons depuis longtemps pris conscience de l’intérêt de bien connaître le territoire pour accompagner son développement. Avec notre partenaire, l’Observatoire de l’économie et des territoires, nous avons ouvert la voie, il y a quinze ans, quand nous avons mis en ligne de nombreuses données via la plate-forme d’informations territoriales Pilote 41. Pour aller plus loin, nous avons été, en 2012, l’un des premiers Conseils généraux à nous engager dans l’Open data national et à créer un Open data au niveau départemental pour impulser une dynamique parmi les acteurs de notre territoire, afin qu’ils en deviennent des contributeurs actifs.
© NDerré
Vous avez mis en place le programme “Open data” pour rendre publiques les données de l’institution, est-ce la transparence avant l’heure ?
Conférence inaugurale L&C2020 avec Joël de Rosnay le 25 septembre 2012 à Blois.
Pouvez-vous nous présenter les grands axes du projet “Loir-et-Cher 2020” ? La question est simple : que voulons-nous pour le Loir-et-Cher à l’horizon 2020 et audelà ? Confrontés à des contextes identiques, certains territoires se développent et d’autres déclinent. Pour être de ceux qui réussissent, nous devons prendre notre destin en main et préparer notre avenir. C’est le sens de la démarche Loir-et-Cher 2020. Chaque habitant a pu s’exprimer pour faire connaître ses idées et ses attentes. De multiples forums, conférences et expositions ont
enrichi notre réflexion. Au vu du succès rencontré par cette large concertation, je sais, et j’en suis heureux et fier, que les Loir-etChériens ont adhéré massivement à cette démarche. Une vingtaine d’actions concrètes sont déjà lancées et, dès maintenant, toutes les forces vives du département peuvent s’inspirer des objectifs de développement réalistes qui ont émergé de ce grand brassage d’idées. Nous avons conduit Loir-et-Cher 2020 tous ensemble et nous bâtirons notre futur tous ensemble sur cette vision commune n Propos recueillis par Marie Pannetier
Publi-rédactionnel
Le Conservatoire National des Arts et Métiers – CNAM Une nouvelle organisation nationale pour une nouvelle ambition régionale Le CNAM, établissement public d’enseignement supérieur, en réseau, propose des diplômes nationaux et des titres inscrits au Répertoire National de la Certification Professionnelle, construits autour des besoins professionnels régionaux. Son organisation, en deux écoles et quatorze départements, en améliore ainsi la lisibilité. Les écoles (“Management et Société” et “Sciences, Industrielles & Technologies de l’Information”) sont structurées autour de thématiques de métier. www.cnam-centre.fr Au niveau national, le CNAM est partenaire de 9 pôles de compétitivité, labellisés par l'Etat. Le CNAM région Centre est associé au Pôle Régional d’Enseignement Supérieur, PRES Centre Val de Loire Université.
Une politique tournée vers les régions et l’emploi Avec le soutien financier du Conseil Régional et des fonds privés de la formation professionnelle continue, le CNAM région Centre
accueille près de 1500 élèves en majorité salariés, dont 60 inscrits à l’école d’Ingénieur sciences industrielles en informatique, mécanique industrielle, et électrotechnique. Un nouvel axe du CNAM Centre reposera sur des partenariats. Les offres de formations comme les choix des laboratoires d’accueil pour les auditeurs, seront discutées par un comité d’orientation au sein duquel les acteurs économiques régionaux travailleront en collaboration avec le directeur du centre régional du CNAM. Le CNAM, présent sur l’ensemble du territoire grâce à la formation ouverte à distance (FOAD), propose des cours interactifs permettant aux adultes d’aménager leurs rythmes de travail et de formation. La validation des acquis de l’expérience professionnelle (VAE) permet aussi de labelliser son savoir-faire, acquis au cours de son parcours professionnel.
Alain de Corson Président AgCnam Centre Patricia Fresneau, Directrice Cnam Centre Directeur de CHARTRES MOBILITE / FILIBUS Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 13
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Face à une conjoncture économique nationale compliquée, l’Eure-et-loir a lancé en 2013 son Plan eurélien, composé de treize mesures phares pour l’emploi, les entreprises et le territoire.
“Nous souhaitons prendre nos responsabilités”
L’Eure et Loir bénéficie, par rapport aux autres territoires de la Région Centre, de la proximité avec l’Ile-de-France. L’excellente desserte, notamment ferroviaire avec la ligne Paris-Chartre, et routière avec l’autoroute A11 et les routes nationales, facilite le dynamisme des échanges. Le Département est aussi reconnu pour sa qualité de vie. Le prix du foncier, relativement raisonnable et attractif dans ce territoire encore proche de Paris, facilite l’installation d’entreprises et de populations jeunes et dynamiques. Enfin, l’Eure-et-Loir bénéficie également d’une activité économique variée où se mêle agriculture intensive et diversifiée, secteur industriel conséquent, réseau dynamique de PME et leaders dans le secteur pharmaceutique et de la parfumerie. Pouvez-vous nous présenter le Plan Eurélien de mobilisation pour l’économie et l’emploi, que vous avez lancé en 2013 ? Le Conseil général a souhaité prendre tout mettre en œuvre pour soutenir les Euréliens dans une période économiquement difficile. Notre action s’articule sur trois piliers principaux : n l’emploi, n l’aide aux entreprises, n l’aménagement du territoire. Concernant le premier pilier de l’emploi, 14 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
le Conseil général assure son rôle social de proximité avec les habitants. Nous avons lancé, en partenariat avec Pôle emploi et les formations du pôle universitaire du Département, la plate forme Boostemploi. Un site internet a même été créé (http://boostemploi.eurelien.fr). Cet outil, propose des solutions clés en mains aux Euréliens pour les aider à retrouver du travail.
travail. Redondances Notre deuxième pilier concerne l’aide aux entreprises. Elles méritent d’être soutenues. Le Conseil général a fait le choix de la modération fiscale, pour leur offrir une meilleure capacité de financement. De plus, depuis plusieurs années, une politique volontariste a été pour soutenir l’immobilier, l’innovation et les filières d’excellences du territoire, comme les cosmétiques ou les biomasses. En cette période, où la trésorerie reste très faible dans le domaine de l’industrie, nous favorisons également la recherche dans le domaine pharmaceutique. Le Département a aussi lancé un plan de réhabilitation des bâtiments publics, des collèges dopant l’activité des PME euréliennes et du secteur du BTP. Redondances
Chaque canton possède un espace cyber-emploi, avec des professionnels permanents, pour faciliter les démarches administratives de chaque demandeur. Cette structure propose également une aide pour l’élaboration de CV et la préparation des entretiens. Tous les ans, nous organisons des rencontres thématiques, entre les entreprises locales et les demandeurs d’emploi, afin d’offrir des postes à pourvoir directement. Cette initiative a été saluée comme un moyen efficient permettant la rencontre entre l’offre et la demande de © Arnaud Lombard
Pouvez-nous présenter en quelques mots votre Département ?
Enfin, l’aménagement du territoire est le troisième volet sur lequel nous avons décidé d’agir. La santé économique du Département passe notamment par une politique offensive en matière de désenclavement numérique et routier. L’Eure et Loir a été cité comme l’un des territoires les plus performants de France en ce domaine. Enfin, le Conseil général s’est également mobilisé pour le maintien et la modernisation des commerces en milieu rural, afin de soutenir l’activité artisanale et maintenir un équilibre social et économique entre les différents cantons. Redondances n Propos recueillis par Jean-Côme tihy
Albéric de Montgolfier Sénateur d’Eure-et-Loir et président du Conseil général d’Eure-et-Loir
La Région Centre en chiffres 6 départements : Cher, Eure-et-Loir, Indre, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret. 5 chefs-lieux : Bourges, Chartres, Châteauroux, Tours, Blois, Orléans 20 arrondissements 198 cantons 1842 communes
Ce carrefour autoroutier relie Paris à Lyon (A6), Bordeaux (A10), Clermont-Ferrand (A71), Rennes et Nantes (A11), Nevers (A77), Toulouse (A20). 3 autoroutes transversales : Orléans-Sens (A19), Vierzon-Tours-Angers (A85), Tours-Le Mans-Rouen (A28).
4e Région par sa superficie, le Centre s’étend sur 39 151 km2. Avec 2,52 millions d’habitants au 1er janvier 2006, soit 4,1 % de la population métropolitaine, la Région se situe au 10e rang national.
3 pôles de compétitivité de renommée internationale : • Cosmetic Valley fédérant les entreprises de la parfumerie et des cosmétiques • Sciences et Systèmes de l’Énergie Électrique (S2E2) spécialisé dans les nouvelles sources d’énergie
Le Centre est la 1e Région céréalière de France et d’Europe, 1e pour la production de médicaments, 2e pour les secteurs “santé-beauté”, “caoutchoucs et plastiques” et 3e pour l’énergie éolienne. L’industrie génère une part importante du PIB, 19%, notamment en pharmacie, chimie, cosmétique, caoutchouc-plastique, automobile et armement. C’est grâce à elle que la Région enregistre des excédents commerciaux.
Avec 6,5% de chômeurs en 2008, soit le 4e rang national, l’économie régionale supporte assez bien la crise. L’emploi a même progressé entre 1998 et 2007 de 6,5% grâce au dynamisme de la construction et au développement du tertiaire, qui représente à lui seul 7 emplois sur 10. Il recule en revanche dans l’agriculture et l’industrie.
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© Fotolia.com
• Elastopôle, orienté dans le caoutchouc industriel et les pneumatiques
Février 2014 | Région Centre
La Région Centre
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© Agglo du Pays de Dreux – © A. Lombard
Février 2014 | Région Centre
PrÉSENtatioN GÉNÉralE dE la rÉGioN
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 19
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Pérennisant une tradition industrielle solidement implantée, l’agglomération de tours mise en même temps sur une stratégie novatrice et compétitive. Un dynamisme qui va de pair avec sa situation géographique, favorable à l’accueil d’entreprises nouvelles.
Une économie de l’intelligence
Tours est effectivement l’une des deux grandes agglomérations de la Région Centre. Elle concentre de nombreuses fonctions métropolitaines - une université de près de 30 000 étudiants, un Centre Hospitalier Régional Universitaire, des infrastructures ferroviaires et routières performantes, un aéroport international, des équipements culturels et sportifs de premier plan… - qui bénéficient à l’ensemble du territoire régional. Mais Tours ne vit pas sur ses acquis, comme en témoignent la première ligne de tramway, qui a été inaugurée en septembre 2013, et les importantes mutations urbaines qui l’accompagnent : création d’éco-quartiers au nord de Tours et sur le site d’anciennes casernes, construction d’un Centre de Création Contemporaine, réhabilitation du quartier de la Gare, pour ne citer que les principaux projets. Tours ne vit pas non plus dans une bulle et inscrit chacune de ses actions dans une logique partenariale : avec les territoires qui la jouxtent, dont nous pensons qu’ils doivent être étroitement associés à la dynamique métropolitaine ; avec Orléans qui est l’une des animateurs du Pôle Régional d’Enseignement Supérieur ; avec d’autres agglomérations comme Angers, Le Mans ou Poitiers, avec qui nous avons initié des collaborations en matière de politique de santé ou de formation. Forte de sa capacité d’innovation, en quoi votre agglomération compte-t-elle devenir un modèle de développement économique et urbain ? Tour(s)plus bénéficie d’une tradition 20 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
industrielle forte, notamment en matière de santé, qui s’appuie sur un réseau de PME très dense. Pour pérenniser cette tradition et ainsi protéger l’emploi, elle a depuis longtemps fait le choix de l’innovation en soutenant des centres de recherches public-privé et les pôles de compétitivité qu’elle accueille sur son territoire.
L’autre point fort de l’agglomération, c’est bien sûr sa situation géographique : elle bénéficie à la fois des dynamiques du bassin parisien et du grand ouest, et elle dispose d’une accessibilité exceptionnelle, que cela soit par le train ou par la route. Tour(s)plus ambitionne de conforter son statut de métropole en aboutissant à un développement économique ambitieux. Quelles sont les orientations de votre politique en la matière ?
Pour répondre à votre question, il ne s’agit pas de s’ériger en modèle mais de mettre l’économie de l’intelligence au cœur de notre projet. Quels sont les atouts de Tour(s)plus pour les entrepreneurs qui souhaiteraient s’y implanter ?
La priorité reste d’innover en permanence. Cela passe par le soutien à la recherche, je n’y reviens pas, et par la politique de formation. Cela passe également par l’éclosion d’une nouvelle forme de développement économique qui soit en phase avec les évolutions de la société : je pense notamment au tourisme, qui constitue un gisement majeur d’emplois non délocalisables, aux métiers du numérique, à l’économie sociale et solidaire. Je pense enfin à des secteurs dits traditionnels comme le commerce, l’artisanat et l’agriculture, qui bénéficient d’une grande vitalité pour peu qu’ils soient accompagnés dans leur mutation.
Nous pensons que la qualité de l’environnement est fondamentale aujourd’hui pour les entreprises, d’où l’attention particulière portée à l’offre de logement, au secteur éducatif, à l’offre culturelle et sportive, ou aux services à la population. Cela confère à notre territoire un cadre de vie qui, je le crois, est unanimement reconnu et qui a son importance lorsqu’il s’agit d’implanter son entreprise.
© Yves Brault - Ville de Tours
En tant que l’un des chefs-lieux du Centre, quel rôle l’agglomération de Tours jouet-elle aujourd’hui dans le développement régional ? Quels sont vos projets actuels ?
En parallèle, nous poursuivons notre politique de développement urbain. Celle-ci est fondamentale car elle génère de l’activité économique tout en créant les conditions d’accueil les plus favorables pour les habitants et les entreprises. C’est cette approche globale du développement qui doit permettre d’augmenter encore l’attractivité de l’agglomération de Tours n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Jean Germain Maire de Tours
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Située au carrefour de l’ile-de-France, de la région Centre et de la Normandie, dreux profite d’une position géographique privilégiée à la croisée des axes routiers et à une heure de Paris. Un sérieux faire valoir pour son attractivité.
Dreux : des atouts pour rebondir
Pour favoriser l’emploi qui constitue la première des priorités, notre stratégie porte essentiellement sur le développement économique et les investissements structurants : les aménagements routiers (A154) ainsi que le Très Haut Débit. Ayant énormément souffert des fermetures d’entreprises, la Région drouaise mène depuis plus de 10 ans une politique innovante s’appuyant sur les atouts locaux. L’attention portée à la culture, au logement et à la qualité du cadre de vie a par ailleurs contribué à notre attractivité croissante. Le Conseil régional du Centre nous accompagne dans ces démarches au travers d’une action contractuelle partenariale : Contrat régional d’Agglomération 20072011 (deuxième génération), Contrat régional d’agglomération 2013-2017 (troisième génération) et Contrat plan État Région (CPER) et inter-fonds européens. Quelles exigences particulières le renouvellement urbain amène-t-il pour la Région Centre ? Dreux et Vernouillet ont mené conjointement une opération globale de 240 millions d’euros, dont 70 millions ont été portés par l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) sous forme de subventions. Ce programme a permis d’assurer le renouvellement complet des quartiers situés au sud et à l’est des deux communes. Plus que techniques, les difficultés de ce genre de projet sont d’ordre humain et tiennent au relogement – même provisoire – des habitants le temps de la refonte urbaine. Outre le respect des normes de construction, il a fallu par ailleurs 24 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Quels en sont les enjeux ?
assurer la mixité de ces quartiers sur les plans social, ethnique et générationnel.
Outre l’emploi et l’aide aux entreprises, nous souhaitons accroître la visibilité de notre offre économique en participant pour la première année au SIMI, le Salon international de l’immobilier d’entreprises. Toutes les agglomérations du Centre y seront présentes afin de proposer des possibilités d’accueil adaptées et compétitives. Plus localement, Dreux a mis en place un projet urbain de cohésion sociale, “UnieCité”, portant sur les questions d’éducation, de formation, de sécurité ou encore d’accès à la santé. Concernant les autres orientations de la Région Centre, il faut noter notre engagement à participer à :
Dans quelle mesure ces orientations promettent-elles de dynamiser le développement régional ? Aujourd’hui, la Région souhaite mettre en place son Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SRADDT) à l’échelle des bassins de vie. Or la future Communauté d’Agglomération du Pays De Dreux qui regroupera 78 communes, au 1er janvier 2014, épousera précisément les contours du bassin de vie drouais. et Elle sera donc un interlocuteur idéal pour la Région, et un acteur primordial en matière de stratégie territoriale et de développement économique. Nous aurons comme principal objectif d’assurer la cohérence des projets, d’améliorer la lisibilité des interventions régionales, d’enrichir et d’élargir le dialogue audelà de la sphère institutionnelle.
• développer des modes doux en créant de nombreux projets au sein de nos communes rurales ;
• mettre en oeuvre les agendas 21 locaux avec celui de Dreux Agglomération qui vient d’être approuvé en février 2013 ; © Dreux agglomération – Arnaud Lombard
Quelles sont les priorités actuelles de votre territoire en termes d’aménagement ?
• une volonté de maîtrise énergétique avec la réalisation de notre Bilan Carbone et de notre Plan Climat Énergie territorial (PCET) ;
• développer des équipements culturels ayant un rayonnement géographique régional avec l’Atelier à spectacles de Dreux Agglomération n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Gérard Hamel Maire de Dreux, président de la Communauté d’Agglomération du Drouais
ENtrEtiEN | Forte d’un tissu économique varié, c’est avec confiance qu’orléans se projette à l’horizon 2025. À la fois abordable et attractive, la ville entame sa mue vers un urbanisme respectueux et raisonné.
Orléans se conte au futur
Orléans est effectivement la plus grande aire urbaine de ce que l’on appelle le très grand bassin parisien. Dans la situation de crise structurelle que vit la France et l’Europe toute entière, les territoires ont besoin avant tout d’activité économique. Si les 200 entreprises “leader mondial” implantées à Orléans constituent un atout indéniable, c’est aux autorités locales que revient le devoir de conforter leur développement. En matière de cosmétique par exemple, l’installation du pôle Christian Dior (LVMH) résulte de plusieurs années d’efforts. Axe fort de notre politique, la recherche dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du développement durable donne naissance à des projets de “bâtiments intelligents” en lien avec l’université et les laboratoires locaux. Concernant les transports enfin, le territoire déploie beaucoup d’énergie pour que la ligne LGV Paris – Orléans – Clermont-Ferrand – Lyon soit confirmée. Si le taux de chômage est ici bien plus bas que celui de la moyenne nationale, c’est parce que l’activité économique fait l’objet d’un véritable combat politique depuis plus de 40 ans. Comment se caractérise le tissu économique de l’Agglomération ? C’est une double chance que d’avoir des pôles remarquablement forts et une diversité économique qui permet de compenser les difficultés d’un secteur par le développement d’un autre. Si toutes les plus grandes entreprises cosmétiques sont implantées à Orléans, le territoire possède également un
nous sommes aujourd’hui la ville la moins chère du très grand bassin parisien (sans être la moins attractive me semble-t-il !), c’est grâce au volontarisme de la politique de logement qui y est conduite depuis une décennie. C’est dans ce même esprit que nos taux d’impôts locaux n’ont pas été augmentés en 17 ans.
tissu très solide de PME dans le domaine des services notamment. 1ère Région céréalière d’Europe, le Centre est aussi le 3ème pôle d’accueil de la logistique en France grâce à sa position géographique idéale et une politique de maîtrise foncière qui va dans ce sens depuis 30 ans.
“l’avenir ne se construit pas sur la projection des tendances passées.”
Patrimoine, histoire, nature : comment Orléans participe-t-elle au rayonnement de sa Région ? Nous avons voulu en faire un endroit attractif au travers de plusieurs critères. Sur le plan esthétique tout d’abord, je suis frappé de voir aujourd’hui à quel point le tissu des villes françaises se dégrade, alors que la nôtre au contraire s’embellit. Il fût un temps où Orléans s’était quelque peu repliée sur elle-même, avant de connaître un formidable développement aux alentours des années 60 pour devenir capitale de Région. A ce titre, elle doit conforter son rayonnement tout en étant financièrement abordable, un critère d’autant plus important dans la situation de crise actuelle. Si
Après avoir organisé une exposition d’urbanisme en 2006, vous proposez d’imaginer la ville de demain avec “Orléans en 2025”. Quelles sont vos ambitions d’évolution ?
© Mairie d’Orléans
Capitale de la Région Centre et du département du Loiret, Orléans s’affirme aussi comme l’un des pôles majeurs du sud du bassin parisien. A ce titre, quels sont vos projets de développement futur ?
L’avenir ne se construit pas sur la projection des tendances passées. Sécurité, propreté, animation, offre culturelle et sportive sont autant de fondamentaux à mettre en place avant de s’atteler à de plus grandes opérations, car une ville doit d’abord être agréable pour ses habitants. Dans le cadre de l’enjeu énergétique et environnemental actuel, nous sommes en train de transformer l’ensemble du chauffage urbain en biomasse à l’horizon 2015, soit 50 millions d’euros d’investissements. Bien que difficile, cette transition permettra d’économiser plus de 70 % de gaz à effet de serre ! La ville de demain ne se contente pas de faire de grands discours sur le développement durable, elle le met en œuvre concrètement n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Serge Grouard Maire d’Orléans, député de la 2e circonscription du Loiret
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 25
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Combinant à la fois engagement écologique et politique d’investissement économique, tout en s’engageant dans une offre culturelle dynamique, Chartres agglomération compte de nombreux atouts pour garantir à ses habitants une vie agréable.
Une Agglomération avant-gardiste
Dès 2001, j’ai souhaité que Chartres adopte ce slogan qui fait référence à ses nombreux atouts. Ville deux fois millénaire avec une cathédrale mondialement connue, elle est située à proximité de Paris tout en possédant le charme provincial. En 2003, nous avons créé “Chartres en Lumière”, évènement durant lequel une scénographie lumineuse met en valeur nos bâtiments historiques chaque soir des six plus beaux mois de l’année. L’association mondiale des villeslumières l’a choisie comme capitale l’année dernière. Quant au parfum, elle est le coeur de la Cosmetic Valley, qui compte des centaines d’entreprises dédiées à cette activité. Et Chartres est devenue le siège de ce Pôle de Compétitivité. Quels atouts attirent les ménages et les entreprises ? Dotée d’équipements de premier ordre comme le parc aquatique l’Odyssée, une médiathèque conçue par Paul Chemetov, un complexe cinématographique imaginé par Rudy Ricciotti, un théâtre et des librairies, l’Agglomération peut se vanter de voir ses quartiers du centre-ville surnommés “les boulevards de la culture”. La gratuité des transports publics pour les mineurs et les étudiants, la transformation de la gare TER en Pôle Gare moderne et la garantie d’une immense zone piétonne en plein centre-ville sont autant d’éléments y rendant la vie agréable. Enfin la constante baisse, depuis 12 ans, des taux de taxe d’habitation et de taxe foncière encourage les entreprises résidentes à investir et les autres à venir s’y installer. 26 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
L’Agglomération chartraine présente une économie très dynamique. Quels en sont les axes stratégiques ?
Quels sont les grands projets de l’Agglomération ? Chartres sera bientôt dotée d’une grande salle de spectacle pouvant accueillir 5000 personnes, ainsi qu’un parc des expositions dessiné par l’architecte Zaha Hadid. Le Pôle Gare que j’ai évoqué transformera la vie des milliers d’habitants travaillant en Région parisienne. Sous l’esplanade de la Cathédrale de Chartres, sera construit un centre d’interprétation de 4.000 m2 valorisant ce monument emblématique. Enfin, nous avons commencé la mutualisation des services publics de la Ville, de l’Agglomération, de l’Office de l’Habitat dans une nouvelle Cité administrative.
Partant du principe qu’une entreprise qui investit ne se délocalise pas, nous aidons en priorité celles déjà installées sur notre territoire en mettant en place des politiques d’investissement public et de stabilité fiscale qui donnent confiance aux investisseurs. L’Agglomération a aussi créé un portail virtuel permettant aux professionnels de la Région de se connaitre et de travailler ensemble. Deux mois après sa mise en service, il compte déjà 200 participants. Les élus de Chartres Métropole ont réussi à créer une véritable conscience collective, où les structures politiques et administratives coïncident avec la réalité du bassin d’activité chartrain et la vie quotidienne de ses habitants : notre Agglomération compte aujourd’hui quarante-sept communes contre sept en 2010.
Vous avez fait de l’environnement une priorité. Quelles sont les actions au coeur de cette démarche ?
© Chartres métropole
D’où vient l’appellation “Capitale de la lumière et du parfum” ?
Chartres Métropole s’est doté d’un Agenda 21 et d’un Plan climat-énergie. Nous allons ainsi rationaliser les réseaux de chaleur des bâtiments publics, poursuivre le développement d’une politique de mobilité douce avec la construction de pistes cyclables. Et nos cars sont neufs, et déjà aux normes de 2015. Mais ce dont je suis le plus fier, c’est du Plan Vert : une promenade piétonne et cyclable le long de l’Eure, qui traverse intégralement la zone urbaine, et que nous allons étendre jusqu’à Saint-Georges-sur-Eure à l’ouest, et jusqu’à Jouy à l’est. On parle souvent de ”poumon vert“, mais ici, même nos artères le sont n Propos recueillis par Julien dreyfuss
Jean-Pierre Gorges Député-maire de Chartres, président de Chartes Métropole
ENtrEtiEN | Bourges est un territoire d’avenir, un pôle d’impulsion intellectuel et économique : une technopole. Elle a su se ranimer par des projets urbains, de recherche et des industries diversifiées.
Bourges et son agglomération se portent bien
Avec ses 70 000 habitants et située au centre d’une Agglomération en rassemblant près de 100 000, Bourges, préfecture du département du Cher, est le 3ème pôle de la Région Centre après Tours et Orléans. La capitale berrichonne, par sa position géographique centrale, bénéficie d’infrastructures au carrefour de grands axes stratégiques donnant accès aux marchés nationaux et internationaux. Quels sont les atouts de votre territoire ? Ville à taille humaine, Bourges bénéficie d’un cadre de vie exceptionnel. Elle est une cité de savoirs avec la première Maison de la Culture de France inaugurée par André Malraux en 1964 et le ‘’Printemps de Bourges’’. Le décor, la cathédrale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, les rues anciennes, les maisons à colombages, les Marais de Bourges... sont autant d’éléments témoignant d’un héritage historique remarquable. Comment se porte son tissu économique local ? Depuis Napoléon III, Bourges fut le siège des plus grandes industries d’armement. A partir des années quatre-vingt et quatrevingt-dix, elle s’est reconvertie pour renouer avec la croissance, en diversifiant son économie et se spécialisant dans des industries de pointe, tout en conservant son passé militaire. Bourges et son agglomération se portent bien puisqu’en dix ans, nous avons eu un solde net positif de 3 000 créations d’emploi, notamment grâce à des partenariats avec la Communauté d’Agglomération
Bourges Plus. Les élus déploient beaucoup d’énergie à maintenir et développer l’économie régionale. Dans un premier temps, l’objectif consiste à pérenniser les entreprises locales et ensuite en attirer de nouvelles. Aujourd’hui, le territoire rassemble sept parcs d’activités économiques permettant aux entreprises de se développer, de s’implanter et de créer des emplois quel que soit leur secteur.
voirie, aménagement d’espaces publics ou réhabilitation d’équipements publics) par un fonds de concours attribué à la ville tous les ans. Ainsi, nous avons en cours de finalisation la réhabilitation complète du centre nautique. Votre ville a la particularité d’organiser un festival du film écologique. Quelle place occupent l’environnement et le développement durable dans votre politique ?
Quelles sont les interactions entre Bourges, sa Communauté d’Agglomération et vos projets ?
Ancien Ministre de l’Écologie et du Développement Durable, j’avais souhaité faire avancer la question en utilisant l’art cinématographique comme vecteur de responsabilisation et de prise de conscience. Il me tenait donc à cœur de créer un festival qui puisse réunir trois conditions essentielles : la gratuité et la promotion de films, œuvres et documents audiovisuels de tous pays, dans tous les genres, et surtout, abordant des thèmes liés à l’écologie. Plus globalement, la politique environnementale de la Ville de Bourges s’articule au-tour de quatre axes déclinés en 140 actions :
Les interactions sont principalement économiques. En relation avec la Communauté d’Agglomération, nous facilitons le développement et l’implantation des entreprises, et une offre foncière et immobilière adaptée. Les projets que nos deux collectivités portent ensemble sont essentiellement situés dans la distribution de l’eau potable et l’assainissement. Bourges Plus intervient également dans d’autres domaines (requalification de © Ville de Bourges
Comment se positionne Bourges au sein de la Région Centre ?
n développement social et économique du territoire ; n aménagement durable de l’espace public ; n préservation des ressources naturelles ; n éducation et sensibilisation au développement durable. Ces actions occupent une place essentielle n
Propos recueillis par linda tariaki
Serge Lepeltier Maire de Bourges
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 27
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | après avoir connu des années difficiles, la Communauté d’agglomération de Châteauroux se redresse en misant sur l’emploi et le renouvellement urbain pour gagner en attractivité. la construction de nouvelles zones industrielles lui permettra d’attirer de nouveaux investisseurs, venus de France comme de l’étranger.
Renforcer l’image Castelroussine
Avec 10 à 11 % de chômage et des entreprises en difficulté, il était plus facile de créer des emplois dans le domaine tertiaire que dans l’industrie. Nous avons donc engagé 30 millions d’euros dans la restructuration d’une friche industrielle pour en faire le centre Colbert, où travaillent aujourd’hui 1 500 salariés. Un redressement réussi puisque le taux d’inactivité est descendu à 6,7 % en 2008, un record dans la Région. Nous souhaitons maintenant créer une très grande zone industrielle de haute qualité environnementale, de façon à rehausser l’image de Châteauroux et inciter les entreprises à s’y implanter. Ce serait pour eux l’occasion de se doter d’une image vertueuse en termes écologiques. Parmi ces mesures, un programme de renouvellement urbain a également été lancé pour améliorer la qualité et le cadre de vie des habitants. Votre développement s’est accéléré depuis quelques années avec l’apparition de nouveaux équipements. Lesquels ? L’essentiel de nos moyens a été dédié à l’emploi et investi dans la reconstruction de zones industrielles, qui seront bientôt au nombre de quatre. Inaugurée en novembre 2007, la salle multi-activités M.A.CH 36 se destine à l’accueil de nombreux évènements culturels et économiques (salons, concerts, spectacles, congrès, etc.) en renforçant l’at30 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
tractivité castelroussine et comblant le manque d’infrastructures de ce genre sur le département de l’Indre.
Vous êtes par ailleurs l’Agglomération la plus créatrice d’emplois de la Région Centre. Quelles sont vos capacités d’accueil pour les nouvelles entreprises ?
Mi urbaine, mi rurale, de quels atouts votre Agglomération dispose-t-elle ?
La mise en place d’une quatrième zone industrielle va nous permettre de répondre à la demande immédiate en ce domaine. Menée depuis déjà trois ans déjà, une opération commune avec la Chine devrait porter ses fruits et convaincre ses entreprises de venir s’installer à Châteauroux. Un investisseur est actuellement en train de financer la création de l’infrastructure qui leur sera dédiée.
Châteauroux représente effectivement ce compromis agréable entre les grandes villes et les espaces ruraux, avec une qualité de vie certaine que nous essayons d’améliorer constamment au travers des programmes de rénovation et de restructuration urbaine. Disposant d’une scène nationale en centre-ville et du M.A.CH 36, la ville déploie une politique d’animation volontariste pour mettre en valeur ses nombreux avantages. Quant à l’aspect environnemental, nous avons créé un véritable éco-campus avec l’implantation d'un Centre d’Études Supérieures, d’un IUT et des écoles d’ingénieur HEI et Polytech.
“les premiers en France à finir notre programme de renouvellement urbain.” Qu’en est-il de votre politique économique ? © Ville de Chhâteauroux
En termes d’image territoriale, vous affirmez avoir dû prendre des décisions radicales pour assurer l’avenir de votre Communauté d’Agglomération et lui rendre son attractivité : quels projets avez-vous lancé ?
En 2001, cette ville n’avait plus de capacité de financement et il a fallu libérer les budgets de fonctionnement pour investir. Cette décision a porté ses fruits puisque plusieurs mesures essentielles (citées précédemment) ont pu être menées. Nous avons d’ailleurs été les premiers en France à finir notre programme de renouvellement urbain, obtenant des crédits supplémentaires permettant d’aller plus loin que ce qui était prévu à l’origine n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Jean-François Mayet Sénateur de l’Indre, président de la Communauté d’Agglomération Castelroussine, maire de Châteauroux
© Alain Canon
Février 2014 | Région Centre
ÉCoNoMiE : UNE rÉGioN attraCtivE
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 31
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | alors que le chômage ne cesse de monter, la région Centre déploie beaucoup d’énergie à soutenir de manière innovante son tissu entrepreneurial et particulièrement les sous-traitants. la compétitivité comme sortie de crise.
Un effort permanent pour l’activité et l’emploi
Notre Région est très affectée par la crise car les entreprises sous-traitantes y sont nombreuses. Comme ailleurs, beaucoup de sociétés sont en difficulté et les chiffres du chômage le montrent, bien que nous demeurions en-deçà du taux national. Dans cette situation, l’innovation est une chance. Elle génère des réductions de coûts en touchant les process et les modes de production. De façon encore plus visible, elle permet de créer ce que l’on appelle de la compétitivité “hors-coûts”, c’est-à-dire reposant sur la qualité et le caractère novateur de nos produits. L’innovation est donc un levier important de notre dynamisme économique tout en permettant une projection dans l’avenir. D’autant plus déterminante pour les entreprises sous-traitantes, elle permet de peser dans les choix des donneurs d’ordres. Comment soutenez-vous la création/ reprise d’entreprise ? Nous disposons d’un outil, le CAP Création, disponible pour les entreprises industrielles et de services, et aussi, sous une forme spécifique, pour les entreprises artisanales. Le soutien régional prend la forme, pour partie de subventions, pour partie d’une avance remboursable.
départements.
miques peuvent être testés, avant de s’ouvrir pleinement sur une activité commerciale.
La conjoncture actuelle fait de l’économie solidaire une alternative concrète dans l’organisation d’acteurs socio-économiques locaux. Quelle carte a-t-elle à jouer pour stimuler la compétitivité régionale ? Quelle plus-value apporte-t-elle ?
La plus-value de cette forme d’économie est clairement qualitative, car elle est un creuset d’innovation et une source considérable de services. Pour cette raison, la Région Centre s’engage auprès des structures qui créent de l’emploi, particulièrement avec le dispositif Cap asso. Plus largement, nous aidons les structures de l’ESS à consolider leurs projets, en relation notamment avec la CPCA, Centr’actif et la CRESS.
L’économie sociale et solidaire représente 10 % des emplois salariés en Région Centre, ce qui est considérable. Sous toutes ses formes, elle concoure au bien-être des habitants de notre territoire et apporte souvent des solutions adaptées à certains secteurs essentiels, qui se heurteraient aux conditions ordinaires du marché : l’insertion, la culture, l’éducation populaire, la pratique sportive…
Quelles initiatives ont été prises en 2013 pour soutenir les entrepreneurs régionaux ? Certaines mesures ont concerné directement le financement des entreprises : un abondement du Fonds de garantie de trésorerie géré par la BPI, le lancement d’un appel à projets Innovation PME, la création d’un Fonds régional de transmission reprise, doté dans un premier temps de 400 000 €.
L’économie sociale et solidaire est aussi un lieu d’innovation : nouveaux services, nouvelles pratiques, par exemple en matière agricole. Dans certains cas, des modèles écono© Géraldine Aresteanu
Dans quelle mesure la crise a-t-elle affecté les entreprises de votre Région ? En quoi l’innovation leur permet-elle de supporter cette période difficile ?
L’année 2013 a aussi vu la BPI entrer pleinement en action. La Région va maintenir un effort permanent pour que cette banque publique joue son rôle, en finançant les entreprises, particulièrement lorsque l’offre privée de crédits fait défaut et pour des projets innovants n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Marie-Madeleine Mialot-Muller Par ailleurs, nous abondons les fonds de prêts d’honneur du réseau Initiative France, présent au sein de 8 structures dans nos six 32 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
2ème vice-présidente du Conseil régional du Centre déléguée à l’économie et à l’emploi, l’agriculture, l’artisanat, l’économie solidaire, l’innovation par les entreprises et les pôles de compétitivité
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | attractive pour les entrepreneurs, la région Centre continue de cultiver son “écosystème” favorable à l’implantation pour stimuler le développement économique local via des dispositifs novateurs.
© Pascal Foulon - Studio Pionner
Une diversité d’entreprises, un travail en synergie de grands groupes, dont près de 500 entreprises étrangères, et de nombreuses PME, représentant une grande diversité de secteurs d’activité, qui savent travailler en synergie.
par ses propres outils, ou encore nationales ou européennes. Nos chargés de mission, dans les domaines de la formation et du développement économique sont présents dans chaque département, au sein d’ “Espaces Région Centre”.
Au-delà de cet “écosystème” favorable, une entreprise qui souhaite s’implanter en Région Centre y trouvera des ressources humaines de qualité, formées dans nos établissements d’enseignement, à tous les niveaux.
Comment favorisez-vous le “bio” au sein de l’agriculture régionale ? La Région mène une politique volontariste en matière de soutien de la filière AB qui s’articule autour de quatre axes : le soutien à l’animation et à la structuration de la filière, via Bio centre, association représentant les acteurs de la filière biologique de la Région Centre ou au travers des Groupements d’Agriculteurs Biologiques. Il s’agit soit de financements directs, au titre de notre politique agricole, soit d’un soutien à l’emploi associatif.
Pour ses projets de recherche et développement, l’entreprise bénéficiera de la présence de 200 laboratoires de recherche publique et d’un nombre important de centres de recherche privés.
Par sa situation géographique, par son histoire, la Région Centre dispose d’un certain nombre d’atouts naturels, auxquels s’ajoute la qualité du développement économique qui y a été mené. Située à une heure de Paris, à 3 heures des pôles économiques européens, la situation logistique de cette Région est idéale. Les entreprises y bénéficient de la proximité des aéroports parisiens et de ses propres infrastructures aéroportuaires, à Tours et Châteauroux, et aussi de réseaux ferroviaires et autoroutiers très développés.
© Géraldine Aresteanu
Première Région agricole de France et 5ème en matière d’industrie, quels sont les principaux atouts du Centre pour les entrepreneurs qui souhaitent s’y implanter ?
Enfin, une entreprise qui s’implante en Région Centre peut y trouver une ingénierie des services et un accompagnement humain, auprès de Centréco ou de ses partenaires, ainsi qu’une assistance technique et un soutien financier. La Région Centre peut en effet mobiliser des aides locales, à commencer
Autre axe, nous prenons en compte les spécificités de l’agriculture biologique au travers des filières de production, en mettant en place des appuis spécifiques pour certaines filières, en renforçant l’agriculture biologique au sein des stations d’expérimentation de la Région, ou en aidant aux investissements. En amont de l’activité, nous soutenons aussi la conversion et la certification. Enfin, pour permettre l’introduction des produits AB dans la restauration collective,
Marie-Madeleine Mialot-Muller Les entrepreneurs qui recherchent une implantation peuvent s’intégrer en Région Centre à un tissu économique riche à la fois 34 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
2ème vice-présidente du Conseil régional du Centre déléguée à l’économie et à l’emploi, l’agriculture, l’artisanat, l’économie solidaire, l’innovation par les entreprises et les pôles de compétitivité
nous sommes engagés auprès de la SCIC SelBio-Centre. Son activité consiste à apporter une service aux restaurants collectifs, pour l’approvisionnement en Bio, et à structurer les filières régionales afin de pouvoir répondre à la demande.
culture, ovins, horticulture, légumes, apiculture, semences, grandes cultures. Ils tendent à favoriser la structuration des filières, l’amélioration des pratiques ou encore la meilleure adaptation des productions aux marchés en articulant filières longues et démarches de proximité.
En 2012, la direction de l’agriculture a consacré 1 174 611 € à l’AB soit 16.22 % de son budget.
“le Centre est la 1ère région agricole française en surface agricole utile.”
De quelles aides régionales les agriculteurs bénéficient-ils ? La Région Centre est aujourd’hui la 1ère Région agricole française en surface agricole utile. Si la production céréalière la place en tête des États européens, c’est aussi par la variété qu’elle se caractérise. Variété de ses exploitations, de toutes tailles, mais aussi variété de ses filières, avec d’importantes cultures spécialisées et un élevage diversifié. Pour s’adapter et répondre à cette variété, le Conseil régional a mis en place une politique de contrats d’appui aux filières, ou Cap’filières : bovins viande et lait, équins, arboriculture, viande blanche, forêt, caprins, viti-
Nous accompagnons l’installation et l’emploi, la diversification et la maîtrise de la consommation d’énergie des exploitations, tout en soutenant la promotion des produits régionaux (salons, manifestations, inventaire du patrimoine culinaire régional). Malgré la crise économique que l’on connait, la Région Centre reste-t-elle attractive ? La Région Centre bénéficie des atouts structurels déjà évoqués, auxquels il faut ajouter un immobilier abordable et des liaisons
domicile-travail de qualité, grâce particulièrement au réseau TER. Si notre territoire subit les conséquences de la crise que nous traversons, à commencer par son secteur industriel, ces atouts demeurent. Surtout, nous ne faisons pas qu’endurer cette période, en attendant qu’elle passe. C’est par une démarche volontariste pour le développement économique qu’il faut aider les entreprises à résister, par exemple en garantissant des emprunts afin de faciliter l’accès aux prêts bancaires. Au-delà, le Conseil régional soutient les entrepreneurs à se projeter dans l’avenir, notamment par la création et la reprise, l’investissement, l’export, la R&D et l’innovation. Pour compléter nos dispositifs, nous avons d’ailleurs lancé au mois d’avril 2013 un Appel à Projets Innovation PME, afin de les inciter à engager au plus vite leurs projets, tout en venant les sécuriser financièrement par une subvention. D’une certaine façon, la Région Centre est plus que jamais attractive n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Publi-rédactionnel
CoMMUNiCatioN & CrEatioN GraPHiQUE
3, rue Mornay - 75004 Paris
Tél: 01 44 54 05 50
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 35
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | représenter les intérêts commerciaux et industriels auprès des pouvoirs publics, développer et animer l’économie locale, dispenser des formations répondant aux besoins des entreprises, telles sont les missions de la CCi Centre.
Un tissu économique solide et diversifié La mission de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Région Centre est de contribuer au développement économique de la Région avec nos élus chefs d’entreprise. Nous sommes les porte-paroles des entreprises dans des domaines majeurs : création, transmission et développement des entreprises, formation, industrie, commerce, tourisme, aménagement du territoire, développement durable, international, innovation, intelligence économique... Nos conseillers accompagnent les entrepreneurs et les créateurs tout au long du cycle de vie de leur entreprise, de la conception du projet, en passant par son développement jusqu’à la transmission. Notre objectif est de favoriser la croissance des entreprises et de l’ensemble du territoire. CCI Centre s'appuie donc sur les forces vives des 6 chambres départementales : CCI Cher, CCI Eure-et-Loir, CCI Indre, CCI Touraine, CCI Loir-et-Cher et CCI Loiret. Aujourd’hui ce réseau est en pleine évolution, il se fédère au plan régional pour proposer une offre de service cohérente et efficace à nos entreprises et être le meilleur partenaire économique pour tous les organismes et acteurs majeurs de la Région Centre. Une natalité dynamique, une croissance démographique soutenue, un taux d’emploi élevé, un taux de chômage limité, une faible pauvreté, un potentiel important de recherche et d’innovation... Comment expliquer un tel succès ? Quelles sont les faiblesses de la Région Centre ? La Région Centre est une Région active, grâce à un tissu économique solide et diver-
36 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
sifié. Le Centre est la 1ère Région pour la production de médicaments, 2ème pour les Parfums-Cosmétiques, 1ère pour l’activité caoutchouc, 3ème pour la sous-traitance industrielle… Nous avons également des positions clés dans la logistique et les centres d’appel, de nombreux laboratoires et centres de recherche, et une main d’oeuvre qualifiée qui rendent notre Région performante. L’attractivité du territoire est aussi soutenue par des infrastructures de qualité et la proximité avec Paris.
Pour être en accord avec les besoins des entreprises, nous souhaitons faire évoluer l’offre de formation et renforcer l’enseignement supérieur pour les formations professionnelles. À notre contribution au schéma régional d’enseignement supérieur élaboré par le Conseil régional, s’ajoutent des participations à de nombreux projets comme le CFA Interpro à Chartres, le lancement de la Haute École d’Ingénieurs (HEI) à Châteauroux, la création d’un Institut National des Sciences Appliquées (INSA) à Bourges et Blois.
“la région Centre reste la région la plus dynamique du bassin parisien.”
Malgré un contexte économique difficile, la Région Centre reste la Région la plus dynamique du bassin parisien et affiche de bons résultats pour la création d’entreprises, l’international, le tourisme. Quelle est votre politique en matière de formation ? Nos actions sur la thématique de la formation sont en cours de mutualisation. © Didier Depoorter
Pouvez-vous nous présenter CCI Centre ?
Les CCI ont favorisé et accompagné le développement de l’ESCEM qui, depuis fin 2012, a créé et intégré le réseau FBS (France Business School) avec trois autres écoles de commerce. En 2013, l’accent est mis sur le développement de l’apprentissage et de l’alternance qui sont le meilleur vecteur de l’insertion dans la vie professionnelle. L’enjeu est essentiel : augmenter le niveau de qualification en Région Centre et faciliter l’insertion de nos jeunes sur le marché du travail. Et puis, nous aidons les entreprises à élever le niveau des compétences des salariés et sécuriser les parcours grâce, notamment, à nos “Diagnostic CCI Compétences” qui s’adressent à toutes les entreprises désirant améliorer leurs pratiques en matière de gestion des ressources humaines n Propos recueillis par anaïs Normand
Nicolas Chiloff Président de CCI Centre
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | donner une dimension régionale aux grandes politiques publiques, dynamiser la région tout en mettant en avant ses intérêts, telle est l’ambition du Conseil économique, social et environnemental régional du Centre (Ceser).
Le Centre a une vocation de production énergétique
Nous avons deux grandes missions. Premièrement, le Ceser est saisi par le Conseil régional, en amont de ses sessions, sur les documents budgétaires, d’orientation et de politique régionale. Une manière pour nous d’émettre des avis en direction de l’institution. Dans un second temps, la vocation du Ceser est de se saisir des dossiers de la vie régionale, dans divers secteurs. Puis, d’émettre des rapports très détaillés, avec des diagnostics et des propositions. C’est une expression de la société civile, reflétant les diversités, dont nous considérons qu’elles ont un intérêt pour la collectivité régionale. Quelle est votre stratégie pour booster le développement économique ? Nous avons un comité de conjoncture, qui lors des séances plénières, fait un point sur plusieurs indicateurs réguliers, comme le taux de chômage et la création d’entreprise. Chaque année, ce comité établit un rapport sur les évolutions tendancielles des grands indicateurs socio-économiques, permettant ainsi de situer la Région Centre par rapport à la France et à l’Europe. Ce travail nous permet de diagnostiquer notre situation : nous sommes la cinquième Région industrielle de France mais avec une position qui a tendance à reculer parce que l’automobile, l’armement, le textile - qui étaient des grands secteurs traditionnels - sont en forte régression. Concernant les services, nous subissons un retard par rapport à la moyenne nationale. Il nous paraît impératif de booster ce domaine. Par ailleurs, nous voulons tirer un meilleur parti de la situation 38 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
patrimoniale et géographique de notre territoire. Grâce aux châteaux, à la Loire, à nos régions naturelles, nous détenons une richesse patrimoniale très importante mais encore insuffisamment valorisée du point de vue touristique.
territoriale. Une conférence territoriale permet d’orienter les grands projets d’intérêt général pour la Région Centre. Le Centre est la sixième Région en production d’énergie. Quel bénéfice économique pouvez-vous en tirer ?
Vous avez ouvert le chantier du Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire. Quel en est le bilan ?
Ce classement est du en particulier à la présence de plusieurs centrales sur notre territoire, qui créent de l’emploi et des ressources fiscales. Ce sujet est extrêmement compliqué, puisqu’il dépend de grandes décisions nationales. Aussi, avons nous mis en place au Ceser un groupe de travail spécifique, avec pour ambition de mesurer le poids économique, social et environnemental que ce pôle apporte à la Région. Ce qui est certain, c’est que le Centre a une vocation de production énergétique. Pour garder ce cap, nous souhaitons développer les énergies alternatives, avec d’ailleurs évolution ou non de la politique sur le nucléaire.
C’est une démarche que nous souhaitions depuis longtemps ; la stratification institutionnelle en France rend la gouvernance territoriale assez complexe. D’autant qu’avec les politiques contractuelles, plusieurs acteurs sont mis en jeu sur les projets d’envergure. Pour nous, développer ce schéma était un moyen de partager des visions et des ambitions territoriales permettant de mieux piloter toutes les politiques d’aménagement du territoire. De plus, cela donne à la région une légitimité en matière de gouvernance © Ceser
Que fait concrètement le Conseil économique, social et environnemental régional du Centre (Ceser) ?
Quelles évolutions sociétales supputezvous pour votre Région ? Malgré une démographie positive, la Région connaît de fortes disparités d’un territoire à l’autre. Résultat : une adaptation des politiques territoriales à conduire est nécessaire. Toutefois, les mêmes besoins se retrouvent partout. En termes d’offre de santé, la Région Centre se situe malheureusement en avant dernière position dans notre pays n Propos recueillis par Colombe dabas
Xavier Beulin Président du Conseil économique, social et environnemental régional du Centre
© Géraldine Aresteanu
Février 2014 | Région Centre
l’aMÉNaGEMENt dU tErritoirE, lE rENoUvEllEMENt UrBaiN Et lES traNSPortS
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 41
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Finançant plus de 2 000 opérations d’aménagement par an, la région Centre a redéfinit ses ambitions principales dans son projet de Sraddt à l’horizon 2020. l’enjeu étant de permettre un développement harmonieux qui prenne en compte l’ensemble des problématiques territoriales, aussi contrastées soient-elles.
La Région Centre à l’horizon 2020
Ce document stratégique propose d’élaborer une vision de l’aménagement de la Région Centre et en détermine les trois priorités : n une société de la connaissance porteuse d’emploi ; n des territoires attractifs organisés en réseau ; n une mobilité et une accessibilité favorisées. Une vingtaine d’ambitions en sont ressorties, notamment en matière universitaire, sanitaire, culturelle ou encore de logement social, soit tous les secteurs de la vie de nos concitoyens. Pôles urbains, eau, paysages, agriculture, zones d’activités, équipements… sont autant de thématiques majeures pour dessiner le territoire que nous souhaitons d’ici 2020 : c’est le coeur même de la démarche du SRADDT. En augmentation constante, (0,32 % par an en moyenne), quels nouveaux défis l’évolution démographique amène-t-elle pour le territoire ? Les projections démographiques se fondent sur les travaux menés par l’Insee aujourd’hui, mais vont sans doute évoluer de manière tout à fait hétérogène sur le territoire. Par exemple, dans l’Agglomération de Châteauroux, le départ des habitants de la ville-centre vers les communes environnantes ne peut aucunement être compris comme une compensation. Ce n’est pas l’augmentation de la population en tant que telle qui nous inquiète, mais plutôt la manière dont elle sera amenée à être répartie. Reconquérir 42 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
les centre-bourgs est primordial, car faute de réflexion dans notre stratégie foncière, les citadins continueront de s’installer en périphérie ce qui favorise l’étalement urbain, dévoreur d’énergie et d’espaces agricoles.
Les élus ont aujourd’hui intégré ces préoccupations dans l’ensemble de leurs actions, y compris dans la construction de zones industrielles de “haute qualité environnementale”, ce qui était loin d’être le cas il y a 5 ou 10 ans. Par ailleurs nous savons que l’environnement – nous parlons d’économie verte – est porteur d’emplois.
Comment comptez-vous dynamiser le tissu rural ?
“l’étalement urbain est dévoreur d’énergie et d’espaces agricoles.”
Les 32 contrats de Pays permettent de construire un projet global qui contribue à la vie et à la dynamisation du monde rural. Aussi diversifiés que soient ces espaces, c’est aux élus de saisir les potentialités de chaque territoire et d’y décliner les priorités en fonction des problématiques rencontrées, qui sont loin d’être les mêmes suivant les territoires.
Vous comptez par ailleurs renforcer le réseau de villes : quels en seraient les bénéfices en termes de densification et mixité sociale ?
Comment le SRADDT arrive-t-il à concilier le développement économique avec l’aspect environnemental ? Opposer emploi et environnement serait complètement archaïque, puisqu’il s’agit de l’enjeu même du développement durable ! © Géraldine Aresteanu
Quelles sont les grandes orientations du projet SRADDT pour la Région Centre d’ici l’année 2020 ?
Le SRADDT définit 26 pôles de centralité mis en réseau, mais je préfère personnellement parler de “maillage”, le terme de réseau implique nécessairement la notion de coopération, qui est à construire. Une politique de Pays de quatrième génération vient d’être définie avec les Contrats régionaux de solidarité territoriale et comportera un volet “Pays”, une enveloppe additionnelle pour les villes moyennes (63 euros par habitant) ainsi que deux autres enveloppes additionnelles pour les espaces publics et le logement. Cet ensemble permet de construire toutes les composantes de “l’attractivité d’un territoire” n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Dominique Roullet 7e vice-président du Conseil régional du Centre délégué à l’Aménagement du territoire, SRADDT (Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire)
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | la région Centre s’engage dans la mobilité durable en finançant le développement des réseaux ferroviaires. Elle en appelle à une coopération globale entre la SNCF, l’État, rFF et les collectivités pour que ces enjeux soient traités efficacement.
Depuis 1998, je vais régulièrement sur le terrain pour y rencontrer l’ensemble des acteurs concernés, qu’ils soient économiques, élus, associations ou organisations syndicales afin de réfléchir aux politiques de transport. Ce travail est indispensable afin d’identifier les enjeux, anticiper les problématiques et aider la population dans sa mobilité quotidienne. Adapter les infrastructures à la diversité de notre territoire est primordial. Par exemple, le Conseil régional a réhabilité la ligne ferroviaire “du Blanc- Argent” entre Salbris, et Valençay passant par Romorantin, qui accueille 400 000 voyageurs par an. Le caractère très rural de ce secteur nous a amené à investir sur le matériel et les équipements. Comment trouver un équilibre entre espace rural et aménagement du territoire ? Pour l’autorité organisatrice que nous sommes, la problématique est de savoir s’il faut poursuivre et favoriser l’hyper concentration des habitants dans les agglomérations. J’estime que, tant que ces politiques ne seront pas envisagées dans leur globalité, développer un modèle de vie agréable sera impossible. Les SCOT (Schéma de cohérence territoriale) départementaux pourraient être une bonne solution en permettant une maitrise générale des enjeux pour, par exemple, contrôler le foncier. Quelles sont les conclusions de la convention TER Centre 2007-2013 ? Cette convention, sur sa durée, qui a coûté 44 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
un milliard d’euros, a permis de faire progresser l’utilisation du TER, pour autant nous devons l’améliorer afin de mieux répondre aux besoins des usagers. Pour la prochaine convention la Région doit définir ses attentes et le projet qu’elle souhaite mettre en œuvre, afin que la SNCF puisse les réaliser. L’expertise acquise au fil des années, et mutualisée au sein de la commission transports de l’ARF, est un atout pour avoir un dialogue plus pertinent et plus efficace avec la SNCF.
Pourriez-vous nous parler du grand projet d’infrastructure ferroviaire à horizon 2030 ?
La réussite de la future convention nécessite d’y impliquer RFF (Réseau Ferré de France) et l’État. Ce dernier doit définir le mandat qu’il octroie à son bras armé, la SNCF, afin qu’elle réalise nos projets. La responsabilité du propriétaire des infrastructures (RFF) qui octroie les sillons pour faire circuler les trains est également engagée. Le système, pour fonctionner, a besoin de ces deux piliers. Nous ne nous en sortirons pas les uns contre les autres, il faut coopérer !
© Géraldine Aresteanu
Comment mettre en place une politique de transports en adéquation avec la diversité de votre territoire ?
© Aresteanu Géraldine
Centrer les investissements sur les réseaux ferroviaires
Dans le cadre du contrat de projets ÉtatRégion, des financements sont engagés pour la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse qui dessert une partie importante du territoire régional. Nous avons également contribué à l’électrification de la transversale NantesLyon qui passe par Tours, Vierzon et Bourges. Ces travaux donnent des perspectives dans ce que j’appelle “le tricotage territorial” pour favoriser le report modal du fret et des voyageurs vers le fer, tout en permettant d’éviter le réseau francilien qui est hyper-saturé. Sans s’interdire de contribuer à réfléchir à des projets à plus long terme, comme la LGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon avec l’exigence qu’elle participe à l’aménagement et au développement durable de notre Région. Le Centre a fait le choix d’arrêter les investissements routiers pour les transférer aux infrastructures ferroviaires. Ne pouvant pas ignorer les territoires qu’elles traversent, les lignes TGV doivent être raccordées pour développer une mobilité régionale durable n Propos recueillis par Marie Pannetier
Jean-Michel Bodin Vice-président délégué aux Transports, aux Infrastructures, aux Circulations douces et à l’Intermodalité
ENtrEtiEN | En partenariat avec le Conseil régional, le Secrétariat général pour les affaires régionales Centre soutient le développement du territoire en veillant au bienêtre de ses habitants, notamment à travers le plan “loire Grandeur Nature”.
© SGAR Centre
La cohésion, un enjeu essentiel en Région Centre duire. Aujourd’hui, la croissance démographique et économique a multiplié les enjeux : près de 300 000 personnes et plus de 13 000 entreprises seraient touchées par une crue analogue, provoquant des dommages directs estimés à plus de 6 milliards d’euros. La dernière grande crue qui a laissé une trace dans les esprits, celle de 1907, atteignait déjà 20 000 personnes.
européens ou du Contrat de projets ÉtatRégion. Il décline cette mission à l’échelle du bassin de la Loire, qui concerne neuf régions, dans le cadre du plan “Loire Grandeur Nature”. En interne aux services de l’État, ses missions de coordination des démarches se sont accrues ces dernières années, qu’il s’agisse des ressources humaines, des achats ou de gestion budgétaire.
“la croissance démographique et économique a multiplié les enjeux.”
Quelles sont les principales orientations du plan “Loire Grandeur Nature” ? Plus long fleuve de France, la Loire draine un bassin versant de 115 000 km2, soit le cinquième du territoire métropolitain, qui s’étend sur 9 Régions (de la Basse- Normandie au Languedoc-Roussillon) et 29 départements, et concerne plus de 10 millions d’habitants.
Le plan Loire Ia été lancé en 1994 sous l’égide du Ministre BARNIER (1994-1999) et s’est traduit par la réalisation de 130 millions d’euros d’investissements. Avec pour enjeux la sécurité des personnes et des biens contre les risques engendrés par des crues dévastatrices de la Loire et de ses affluents, la protection de l’environnement et le développement économique.
Quelles sont les missions essentielles du Secrétariat général pour les affaires régionales Centre? Positionné auprès du préfet de Région, le Secrétariat général pour les affaires régionales est une structure d’une cinquantaine de personnes qui l'assiste dans ses missions. À ce titre, le SGAR coordonne l’action des services régionaux de l’État et veille à l’articulation avec les services départementaux. Il est également chargé de l’évaluation des politiques de l’État et en anime certaines en propre. Il est en particulier la cheville ouvrière, en lien avec le Conseil régional, de l’élaboration et du suivi des outils de financement de la stratégie régionale, qu’il s’agisse des fonds
© SGAR Centre
La Loire entre Nevers et Nantes a connu en 1846, 1856 et 1866 une série de crues dévastatrices, toujours susceptibles de se pro-
Dans le cadre du plan Loire II (20002006), l’État a décidé d’y consacrer près de 120 millions d’euros, dont la moitié pour la sécurité contre les inondations, ce qui aura permis, avec les cofinancements, de réaliser environ 350 millions d’euros d’investissements. Le plan Loire III actuel (2007-2013), mobilise plus de 129 millions d’euros de l’État (y compris Agence de l’eau Loire-Bretagne et fonds de prévention des risques naturels lll
Philippe de Gestas de Lesperoux Secrétaire général pour les affaires régionales Centre
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 45
© SGAR Centre
Février 2014 | Région Centre
trastée et une importante pression démographique, le sud régional (Berry, Sologne, Touraine du sud) est un territoire essentiellement rural, confronté à une mutation de ses bassins d’emplois et à un vieillissement plus fort de sa population. Les enjeux sont en conséquence de plusieurs natures :
• Plus grande que la Belgique, la cohésion de la Région est un premier enjeu. Il passe la recherche d’une bonne complémentarité entre Orléans et Tours, qu’il s’agisse par exemple des équipements ou de l’offre d’enseignement supérieur, et le maintien de la dynamique des territoires en faisant vivre les villes moyennes qui les maillent. Il s’agit notamment de consolider l’attractivité de ses points d’ancrage en y confortant les services, à l’exemple de l’offre de garde collective ou de soin alors même que le Centre souffre d’une faible démographie médicale. Le déploiement de la fibre très haut débit, chantier qui s’ouvre pour les 10 ans qui viennent, doit participer de cette cohésion.
lll
majeurs). Les cofinancements attendus devraient permettre de réaliser près de 400 millions d’euros d’investissements. Il s’appuie sur deux outils à l’échelle du bassin, le CPIER et le FEDER. Il reprend les enjeux précédemment cités, enrichis de la mise en valeur du patrimoine naturel, culturel, touristique et paysager de la Loire et de connaissance globale, fondamentale et opérationnelle du fleuve et de son écosystème. À titre d’exemples, il s’agit ainsi de renforcer la protection des personnes et des biens abrités derrière les 500 km de digues, de restaurer les zones humides au sein des têtes de bassin, de sauvegarder les poissons grands migrateurs ou de promouvoir un tourisme durable tel que la “Loire à vélo”.
• La proximité de Paris est également source d’opportunités dans la mesure où le Centre est capable d’en faire un relai de croissance tout en préservant son environnement à l’image du foncier, soumis à une forte pression urbaine. Encore faut-il qu’elle puisse s’arrimer efficacement, via la grande vitesse notamment, au réseau de transport ferroviaire, clé pour une connection de la Région aux capitales régionales et européennes. • L’enjeu démographique devrait à moyenlong terme lui aussi impacter fortement les logiques d’aménagement. En 2006, les 61 ans et plus représentaient 23,4 % de la population régionale en 2006, contre une moyenne nationale de 21,4 %. Le Centre devrait continuer à voir sa population croître avec notamment une augmentation du nombre de séniors, porteur de nouveaux besoins, nécessitant une adaptation de l’offre de services (besoins des personnes âgées dépendantes), appelant un développement des loisirs, et du tourisme.
En matière d'aménagement, à quels enjeux actuels la Région Centre doit elle faire face? Quels efforts reste-t-il encore à faire?
• Enfin, alors même que la Région Centre
De manière schématique, la Région Centre présente trois espaces distincts : l’axe ligérien concentre une grande partie de la population et des activités économiques, le nord régional ou les franges franciliennes, espace tourné vers la région parisienne est marqué par une situation économique con-
compte 2 700 monuments protégés, les célèbres châteaux de la Loire, quatre sites inscrits au patrimoine mondiale de l’UNESCO (les cathédrales de Chartres et Bourges, Chambord et le Val de Loire), la 6e surface boisée nationale, trois parcs naturels régionaux, la préservation de son environnement naturel et culturel est une priorité.
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Comment soutenez-vous le développement économique du territoire? L’industrie joue un rôle majeur dans le développement de l’économie régionale. La part de ce secteur (19,3 %) est significativement plus importante qu’au niveau national (15 %). Les quatre pôles de compétitivité (cosmétique, microélectronique, eau et milieu, caoutchouc et polymère) et à une moindre échelle, les clusters et grappes d’entreprises, sont des locomotives pour le développement économique soutenues par l’État. La prochaine génération des fonds européens, orientée encore davantage vers la recherche, l’innovation et l’emploi, devrait être un levier puissant d’accompagnement du développement économique. C'est tout l’enjeu des travaux qui s’ouvrent pour négocier les programmes 2014-2020. Le Centre, c’est également la 2e Région nationale en termes de surface agricole. Les défis qu’accompagne l’État sont à la fois de l’inscrire dans un processus durable et d’augmenter la création de valeur pour la Région, en développant autant que possible l’industrie agroalimentaire in situ.
Dans quelle mesure le contrat de projets État-Région peut-il renouveler la dynamique régionale? La contractualisation, mise en oeuvre sur la période 2007-2013, présente à la fois l’intérêt de concentrer les forces de l’État au service de priorités partagées pour la Région, de mettre en complémentarité les moyens avec les collectivités qui interviennent sur le même champ, et de disposer d’un outil de planification à moyen terme qui permette d’inscrire des actions dans la durée, au delà des aléas budgétaires annuels. Il s’agit à la fois d’apporter la contrepartie de l’État aux aides européennes pour les projets stratégiques régionaux et de soutenir les politiques ou les porteurs de projets qui ne bénéficieront pas nécessairement de crédits européens mais pour lesquels il est nécessaire d’avoir une vision stratégique à moyen ou long terme (schéma régional numérique, infrastructures des transports routiers, de trains de voyageurs et de fret ferroviaire, maillage équilibré et cohérent du territoire régional en services à la population) n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | déployant une politique d’aménagement volontariste et ambitieuse, la région Centre se prépare à la couverture en très Haut débit de l’ensemble du territoire. Un triple challenge, à la fois informatique, économique, mais aussi en termes d’infrastructures.
La fibre optique, “un grand bon en avant”
Le déploiement de la fibre optique sur l’ensemble de la Région Centre est un enjeu plus grand encore que ne l’a été le téléphone dans les années soixante ! Les usages privés et professionnels demandent aujourd’hui un débit d’information de plus en plus important. Au regard des besoins en médecine, analyse de l’image, livres numérique et même télévision 3D, un territoire qui ne sera pas desservi par le Très Haut Débit dans les prochaines années risque un décrochage économique complet. En quoi ces nouvelles technologies de l’information constituent-elles un nouvel espace de développement ? Ce “grand bon en avant” est absolument inévitable. Le numérique sert aujourd’hui à réduire les distances géographiques et rapprocher des services qui ne seraient pas accessibles autrement, notamment dans des territoires isolés. Soutenant le développement économique de nouveaux produits, la vitesse des avancées technologiques nécessitera bientôt un débit presque illimité
“prétexte” à l’aménagement des espaces publics ; seulement un certain nombre d’entre eux sont restés vacants pendant des années. En 2010, le Conseil régional a donc décidé de dissocier ces deux domaines en créant un dispositif contractuel sur cinq années et adossé aux contrats de Pays, ayant pour interlocuteurs à la fois l’intercommunalité et les bailleurs sociaux. Plus qu’une simple projection, cette démarche nous permet de planifier un aménagement plus cohérent, notamment en transférant plusieurs services aux collectivités. Moins anarchique, cette politique apporte des réponses convaincantes aux besoins de notre territoire.
trouvent pas éloignés de tout service. Par ailleurs, l’efficacité énergétique et notamment l’isolation contribueront à une moindre consommation, augmentant par là même le pouvoir d’achat des foyers. Enfin, des bonifications sont prévues dans nos subventions pour le “logement très social”, afin de permettre aux bailleurs de proposer des loyers très accessibles à ceux qui en ont le plus besoin.
“le logement social doit être invisible, autrement dit non identifiable.”
Quelles sont plus largement vos priorités en matière d’habitat pour 2014 ?
En quoi le logement social favorise-t-il un développement harmonieux de l’habitat sur le territoire ?
Pour intégrer le logement social à la vie et à la ville, il faut absolument favoriser la construction/réhabilitation à proximité des commerces afin que les habitants ne se re© Géraldine Aresteanu
Quels enjeux le déploiement du Très Haut Débit apporte-t-il en matière d’aménagement ?
Créés à une époque de plein emploi, les parcs sociaux se sont paupérisés avec le temps et se retrouvent aujourd’hui souvent isolés des coeurs de ville. Notre but consiste donc à les réintégrer et casser certaines représentations négatives dont ils sont encore victimes, notamment la discrimination à l’embauche. Le logement social doit être invisible, autrement dit non identifiable à un quartier en particulier n
En 2012, la Région a souhaité élaborer une nouvelle politique du logement, notamment en dissociant le logement social de l’aménagement de l’espace public du dispositif “Coeur de village”. En quoi cette nouvelle approche est-elle plus appropriée ?
Yann Bourseguin
Historiquement, “Coeur de village” visait à utiliser les logements sociaux comme
15e vice-président du Conseil régional du Centre délégué au logement, à l’habitat, aux Technologies de l’Information et de la Communication et à la démocratie Participative
48 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Propos recueillis par Pauline Pouzankov
ENtrEtiEN | l’ouverture du monde rural se fera par la création de synergies innovantes et partenariales. Grâce à son dispositif “id en campagne”, le Conseil régional vise à retisser des liens de proximité et valoriser les savoir-faire locaux pour tirer parti d’une crise qui force
La situation de l’agriculture de la Région Centre est contrastée : les exploitations céréalières, majoritaires, bénéficient de prix élevés qui en revanche pèsent sur les élevages. L’attractivité accrue des cultures modifie profondément le territoire et les paysages régionaux. Cette évolution s’ajoute à la baisse continue du nombre des agriculteurs et les grandes exploitations perdent le lien au tissu local qu’elles ne font plus vivre. Elle s’accompagne de tensions entre les exploitants et les habitants des villages, parfois dues à la méconnaissance des pratiques agricoles mais aussi au refus de certaines d’entre elles comme les traitements chimiques ou la destruction du paysage (le bocage, les prairies) au profit des cultures. Une nouvelle ruralité est en passe de se créer avec des caractéristiques différentes entre le nord, l’axe de la Loire ou le sud régional. Mais il ne fait pas de doute que l’agriculture n’est plus le moteur du développement du monde rural qu’elle a été. C’est une donnée importante pour les politiques de développement rural en particulier à l’aube de la programmation européenne du FEADER. Quelles autres difficultés les affectent plus particulièrement (aménagement, habitat, développement local, etc.) ? Bien que la diversité de notre Région rende les problématiques extrêmement variées, les questions de logement, de mobilité et d’accès aux services se retrouvent sur l’ensemble du territoire. La perte des terres agricoles, commune à toute la France, affecte particuliè-
rement le Centre où 57 % du territoire est rural. Mais c’est la désertification médicale qui est la difficulté majeure de la Région et elle est d’autant plus préoccupante que le vieillissement de la population est plus accentué dans les zones les moins denses. Quels sont vos projets de développement rural en 2013 ? Nous portons un dispositif original, “ID en campagne”, qui soutient des initiatives de développement (ID) collectives et innovantes dans les domaines social, économique et environnemental. Si la politique régionale d’aménagement se fonde sur l’investissement public porté par les collectivités locales, celle de ma délégation s’emploie à stimuler “la matière grise”. Il s’agit d’accompagner la création de filières économiques locales, l’expérimentation de services nouveaux ou la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel des territoires.
Par ailleurs la Région Centre s’implique fortement dans l’animation du Réseau Rural qui permet la diffusion et le transfert d’expérience entre les divers acteurs ruraux régionaux. L’avenir des territoires ruraux est lié à leur capacité de répondre aux défis contemporains : comment valoriser l’artisanat et les savoir-faire locaux ?
© Géraldine Aresteanu
Quelles répercussions la crise agricole entraine-t-elle sur les territoires ruraux de votre Région ?
© Géraldine Aresteanu
Relocaliser l’économie, une nécessité
Je pense intimement que les territoires ruraux doivent s’emparer de l’obligation de limiter notre empreinte écologique pour évoluer. Ils ont des atouts majeurs en termes de ressources et de savoir-faire oubliés par les pratiques industrielles. Les artisans ruraux résistent mieux à la crise que les grandes entreprises et ils représentent des sources d’activités non délocalisables sous réserve de s’adapter aux nouveaux marchés. Sans pour autant revenir en arrière, la nécessité de favoriser la proximité est une chance de développement que les territoires ruraux doivent saisir n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Michelle Rivet 6e vice-présidente du Conseil régional du Centre déléguée aux Projets de développement rural
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 49
Un succès jamais démenti depuis plus de cinquante ans !
lecourrierduparlement fr •
© Géraldine Aresteanu
Février 2014 | Région Centre
ENviroNNEMENt, dÉvEloPPEMENt dUraBlE Et SolidaritÉS Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 51
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | la région Centre s’engage pour l’isolation thermique et la protection du climat, pour la diminution des pollutions diffuses d’origine agricole et la protection des milieux ligériens.
Territorialiser les enjeux environnementaux
Nos priorités environnementales sont les mêmes que celles de toute la planète : l’épuisement de toutes les ressources naturelles, l’accumulation des déchets et la production de gaz à effets de serre. Une particularité de la Région Centre est d’être un territoire ligérien ; nous avons parmi nos priorités la restauration de la morphologie des cours d’eau et les pollutions diffuses d’origine agricole. Une autre spécificité est l’importance accordée au monde associatif. Le Conseil régional soutient le projet interassociatif de l’écopôle. Lig’Air, l’AASQA (Association Agréée de Surveillance de la Qualité de l’Air) de la Région a été précurseur pour mesurer la présence des molécules phytosanitaires dans l’air. Une politique régionale peut-elle être efficace sans un soutien de politique globale ? Qu’en est-il de l’adoption de l’Agenda 21 par la Région ? Les politiques climatiques, la préservation de la biodiversité se mettent d’abord en oeuvre localement. Souvent précurseurs dans ces domaines et bien placés pour voir quelles réformes structurelles seraient nécessaires pour généraliser nos expériences, nous sommes parfois affrontés à des politiques globales qui vont à l’encontre de celles que nous menons. Par exemple, sur la question des pollutions diffuses d’origine agricole, la PAC continue de favoriser l’agriculture intensive avec l’utilisation de nitrates et de phytosanitaires pendant la mise en oeuvre des mesures agro-environnementales. Sans une réorientation, les efforts de la politique de l’eau resteront des prototypes. 52 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
De même pour les politiques climatiques : pendant une soixantaine d’années, des bâtiments avec de très mauvaises caractéristiques thermiques ont été construits. A notre échelle, nous avons fait avancer des solutions techniques en lançant des appels à projets en favorisant la performance des professionnels. Nous cherchons à développer la demande de rénovation : “Energétis” est un audit mis en place par la Région, que celle-ci prend à sa charge à hauteur de 2/3 des frais encourus, pour donner aux particuliers une vision claire et un programme d’intervention énergétique ambitieux de leur logement. Nous avons financé, avec l’aide du FEDER, des projets démonstrateurs en matière d’énergies renouvelables et d’économies d’énergie, ainsi que la rénovation thermique ambitieuse de 1 500 logements sociaux. Mais il faut maintenant changer d’échelle, avec une politique nationale volontariste. C’est aussi pourquoi, comme la plupart des autres Régions, nous nous sommes portés volontaires pour organiser le, Débat National sur la Tran-
sition Énergétique, pour que les initiatives décentralisées irriguent complètement la société. Nous soutenons les démarches d’Agenda 21 de toutes les collectivités de la région, et nous avons entamé le processus de révision de notre propre agenda. L’objectif, consiste à revisiter l’ensemble des politiques de la Région sous l’angle de la durabilité, avec la claire perception que notre planète est limitée. Le Conseil régional a adopté le SRCAE (Schéma Régional du Climat, de l’Air et de l’Énergie), pouvez-vous nous le présenter ?
© Région Centre
Quelles sont les priorités environnementales de la Région ?
Le Conseil régional a effectivement adopté, le SRCAE que nous avons co-élaboré avec l’État. Ce document donne les grandes orientations en matière d’économies d’énergie, de qualité de l’air et de développement des énergies renouvelables. Il est complémentaire de notre Plan Climat Énergie Régional, adopté fin 2011, dont les orientations se retrouvent dans l’ensemble des politiques régionales, la formation, les transports, le tourisme, l’économie... Cette politique globale se traduit à la fois par un plan d’efficacité énergétique de nos lycées et par des contreparties ou des conditions écologiques apportées aux aides que nous accordons aux entreprises, aux associations, aux collectivités n Propos recueillis par Marie Pannetier
Gilles Deguet Vice-président délégué à l’Agenda 21, à l’Energie, au Climat et à l’Environnement
ENtrEtiEN | la sensibilisation à l’écologie est devenue fondamentale pour rétablir un équilibre entre le développement économique et la préservation de l’environnement. la région Centre s’y attèle en mettant en place des politiques globales en faveur de la biodiversité.
Des politiques environnementales transversales
En matière de biodiversité, les volets principaux que nous gérons affèrent à la connaissance, la gestion et la sensibilisation. Ainsi, après la conférence mondiale sur la biodiversité de Nagoya, la Région Centre a adopté en 2010 une stratégie élaborée en concordance avec les conclusions de cette réunion internationale. L’objectif est de tendre vers un territoire à “biodiversité positive” pour que les entreprises ne considèrent plus l’environnement comme une contrainte mais plutôt une opportunité de réorienter leur développement économique. Ensuite, à long terme, notre action est guidée par la volonté de ne plus dégrader les écosystèmes et de reconquérir ceux qui sont en déclin. Cette détérioration est causée par les pollutions dues aux activités industrielles et agricoles, l’artificialisation des sols et un aménagement toujours plus urbain du territoire. Il est primordial d’élaborer des politiques transversales afin que chacun soit sensibilisé et agisse à son échelle. Comment le Conseil régional s’est-il engagé pour l’urbanisme et l’architecture durables ? Les contrats de solidarité territoriale obligent à utiliser au minimum 20 % du budget régional pour l'efficacité énergétique (construction écologique, rénovation thermique), dont 5 % minimum seront consacrés à la biodiversité, pour les toitures végétalisées, les continuités écologiques, etc. Nous souhaitons réinventer les villes de demain avec un aménagement du territoire durable en réimplantant la nature dans les espaces urbains; des arbres par exemple pour leurs vertus dé-
polluantes. En accord avec le dispositif “Tra-me verte et bleue”, le Centre rétablit la fonctionnalité des écosystèmes et la circulation des espèces. La continuité écologique prône de refonder les espaces de vie naturels pour que ceux-ci fassent à nouveau partie des cycles biologiques et participent au bon équilibre des écosystèmes.
Mais Bruno Le Maire, l’ancien ministre de l’Agriculture, et nombre de lobbies après lui, ont fait pression pour revoir à la baisse les mesures environnementales de la PAC. Le Conseil régional n’a qu’une faible part d’influence sur l’agriculture, mais il tente tout de même d’agir, avec notamment le lancement d’un appel à projets “AMBRE” (Action pour le maintien de la biodiversité et la restauration des écosystèmes). Celui-ci a intégré les projets d’agro-écologie novateurs à long terme.
Quid des liens entre agriculture et environnement ? Aujourd’hui les cultures sont standardisées et intensives, réduisant quasi à néant la biodiversité. Repenser l’agriculture en agroécologie est essentiel pour respecter la diversité et la vie des sols qui sont les sourcesmême d’une productivité naturelle.
Comment et qui doit-on sensibiliser à l’environnement ? Les associations de protection et d’éducation à l’environnement se sont rassemblées au sein d’un établissement public régional, “l'Ecopôle”, dans le but :
Certaines propositions des administrations européennes étaient satisfaisantes et cohérentes avec les accords de Nagoya et prenaient en compte les enjeux afférant au dérèglement climatique et à la pollution.
n d’adopter une stratégie de sensibilisation ; n
de définir une cohérence entre tous les acteurs ;
n d’établir les thèmes prioritaires sur lesquels © Géraldine Aresteanu
Quelles sont les priorités environnementales de la Région ?
il faut agir, notamment via un Observatoire régional de la biodiversité. Les sujets méconnus, comme les liens entre la santé et l’environnement, sont traités par l’Ecopôle pour en informer les associations qui à leur tour pourront éduquer les populations. Destiné à tous les publics, cet enseignement est prioritairement centré vers les élus et les jeunes qui sont les décideurs et “consom’acteurs” de demain n Propos recueillis par Marie Pannetier
Pascale Rossler Vice-présidente déléguée à la Biodiversité, à l’Education à l’environnement, au Tourisme et au Val-de-Loire
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 53
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | avec son potentiel d’énergies renouvelables (Enr), le Centre veut développer le bois énergie et la géothermie. Un moyen pour la région de créer 6 000 emplois dans la filière. l’adEME se mobilise pour mettre en œuvre cette transition énergétique.
Objectif, 13 % de biomasse en 2020
Les missions de l’ADEME se déclinent autour de quatre grands axes : n informer et sensibiliser les partenaires et les citoyens : l’ADEME assure une mission d’information et de sensibilisation pour tous les acteurs de la société (collectivités, entreprises et grand public..) afin qu’ils intègrent progressivement les préoccupations environnementales dans leurs stratégies de consommation, de développement durable et de management ; n accompagner les acteurs pour favoriser les bonnes prises de décision : dans tous ses domaines d'intervention, l’ADEME, apporte une aide financière et un soutien technique (sous la forme de cahiers des charges, de guides techniques…) aux études préalables réalisées dans tous nos domaines de compétence par des consultants extérieurs (prédiagnostics; diagnostics; études de faisabilité…) ; n soutenir les investissements en valorisant l'exemplarité : l’ADEME apporte des aides, notamment sous forme de subventions, aux investissements dans les domaines de l’énergie (maîtrise de l’énergie (MDE) et énergie renouvelable (EnR), de la prévention des déchets... n préparer et anticiper l’avenir : l’ADEME peut soutenir des actions de recherche et de développement technologique, en collaboration avec des organismes de recherches.
de développement durable ?
fort potentiel en géothermie, peu exploité aujourd’hui, dont les objectifs fixés dans le SRCAE sont aussi très ambitieux. Pour rester dans le domaine des énergies renouvelables, le territoire accueille l’un des seuls fabricants français d’éoliennes qui emploie 250 personnes.
La Région a la chance de disposer d’un grand domaine forestier, qui participe à son indépendance énergétique, à la réduction de ses gaz à effet de serre (GES) en créant de nombreux emplois locaux. L’ADEME œuvre depuis de nombreuses années pour accompagner le développement et l’organisation de la filière biomasse énergie, qui est aujourd’hui la première énergie renouvelable exploitée en Région. À terme, c’està-dire en 2020, l’énergie issue de la biomasse restera encore la première énergie renouvelable régionale, elle pourrait couvrir l’équivalent de 13 % des besoins énergétiques de la Région (objectif du Schéma régional climat énergie (SRCAE). Sur le plan de l’emploi, la filière bois compte plus de 11 000 emplois et devrait en couvrir plus de 17 000 en 2020.
Dans le domaine de la recherche, il dispose de grands centres de recherches qui travaillent sur les questions environnementales, comme par exemple : n le BRGM : géologie, géothermie, dépollution des sols, gestion des déchets... n le CNRS : chimie de l’environnement pollution atmosphérique. Quels sont les défis environnementaux dans lesquels se lance la Région ?
Par ailleurs, la Région dispose aussi d’un © ADEME
Quelles sont les missions de l’ADEME dans la Région Centre ?
Nous travaillons en concertation avec le Conseil régional et les services de l’État sur les questions de l’environnement depuis des décennies. Pour chaque partenaire, la transition énergétique est considérée comme un enjeu majeur. Les priorités fixées sont multiples : le développement des énergies renouvelables, la maîtrise de l’énergie, la mobilité, la réduction des déchets… Le chantier le plus difficile concerne les changements de comportement en matière de mobilité. En effet, la voiture est le moyen de déplacement le plus utilisé notamment pour faire les trajets domicile-travail, qui ne lll
Mohamed Amjahdi Le Centre a-t-il des spécificités en termes 56 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Directeur adjoint de l’ADEME Centre
cessent de s’allonger, résultat d’un étalement urbain pas toujours maîtrisé.
© ADEME Centre
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La transition énergétique peut-elle être un levier de croissance ? Indéniablement, car nous avons un vivier d’hommes et de femmes pour réussir cette transition énergétique. Les enjeux sont présents à tous les niveaux : territoriaux, nationaux mais aussi internationaux. Réhabiliter, construire, fabriquer, installer, maintenir : tous ces actes nécessitent une nouvelle manière de faire et d’agir, des personnes et donc des emplois qualifiés. Il faudra alors mettre en œuvre un véritable “plan Marshall” de la formation pour faire monter en compétence les intervenants de demain. La transition peut être une véritable chance pour relancer l’économie des territoires, booster la compétitivité mais aussi pour exporter le savoir-faire de nos entreprises. C’est pourquoi il faudra identifier et organiser les ressources notamment publiques
Installation “Solaire thermique” entreprise du Moulin du Couvent (37) (conditionnement saumon fumé).
pour amorcer la réhabilitation des bâtiments et faire des exemples à suivre en la matière.
les territoires aux défis énergétique et climatique qui les attendent ;
Quelles sont les ambitions de l’ADEME ?
n continuer à être un acteur reconnu par ses compétences ;
Les ambitions de l’ADEME consistent à : n accompagner la mise en œuvre de la transition énergétique avec les partenaires et continuer à soutenir les acteurs, les projets innovants et ambitieux pour préparer
n poursuivre ses missions de défricheur/ précurseur afin que les territoires puissent toujours avoir un temps d’avance n Propos recueillis par Colombe dabas
Signature de la convention de partenariat avec le CH Vierzon, Déc.2013
Acteur reconnu sur la thématique “Autonomie, Gérontologie et Handicap”, le Cluster AGHIR, grappe d’entreprises labellisée par la DATAR en 2011, basé à Vierzon (Région Centre), offre aux entreprises et porteurs de projets primo-innovants de la filière un accompagnement centré sur : I l’Ingénierie de projets d’innovation (en collaboration avec nos adhérents et partenaires) : appui dans la phase de conception, recherche de cofinancements, PI, ingénierie de la validation, études techniques mises en relation avec prestataires, pour des produits et services innovants au bénéfice des personnes en perte d’autonomie, des aidants, au sein d’un établissement ou à domicile ; I l’Ergonomie (compétences en interne) : analyse de la demande et du besoin, appui sur l’ergonomie de conception et correction, essais sur prototypes, analyse en situation réelle… ; I l’Expérimentation de produits et services en milieu hospitalier/EHPAD, en partenariat notamment avec l’équipe médicale pluridisciplinaire du CH Vierzon. L'équipe du Cluster, composée de 4 permanents, s'implique par ailleurs, avec ses partenaires et adhérents, dans la dynamique de la
nouvelle filière économique “Silver Economie” lancée par l’Etat en avril dernier, qui vise à structurer ce marché présentant de forts enjeux économiques et sociétaux. Plus d’une cinquantaine d’adhérents et partenaires, présents sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’ingénierie de projets (entreprises, centres de ressources technologiques, laboratoires, établissements hospitaliers, sanitaires, médico-sociaux, cabinets conseil, associations, …), sont en capacité de répondre, collectivement ou individuellement selon leurs compétences, aux besoins des entreprises et porteurs de projets de vos territoires !
Stand collectif du Cluster AGHIR sur le salon AUTONOMIC Paris
Analyse ergonomique en situation réelle
Contacts : Cluster AGHIR Parc Technologique de Sologne Espace d’Innovation - 18100 VIERZON Tél. : 02 48 75 15 57 E-mail : contact@cluster-aghir.fr www.cluster-aghir.fr Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 57
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Cluster AGHIR, accompagner les projets handinnovants
© Géraldine Aresteanu
Février 2014 | Région Centre
la rECHErCHE Et l’iNNovatioN
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 59
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Créé en 2009 à orléans, Nekoé est le premier écosystème français dédié à l’innovation par les services.
Les services, un secteur d’avenir
Nekoé a pour fonction de permettre aux sociétés de tous secteurs de trouver de nouveaux champs de croissance par le développement d’activités de services innovants, dans une logique de mutation d’entreprise et de territoire. Ses missions sont triples et consistent à : n promouvoir les services à l’échelle territoriale et accompagner les PME de la région Centre dans leur transformation au sein du cluster Nekoé ; n développer des projets d’innovation ambitieux avec des grands groupes et des collectivités en France entière via le laboratoire n permettre l’industrialisation des démarches d’innovation par les services via notre activité d’éditeur de logiciels
“l'innovation par les services est devenue incontournable”. Si l’innovation s’applique communément aux produits, elle devient plus difficile à définir lorsqu’elle concerne les services : quelles sont ses spécificités ? Contrairement aux produits, le service ne se stocke pas et se co-développe – différemment à chaque fois – avec le client, car il a besoin du consommateur pour que la valeur se crée. Comprendre les attentes de l’utilisateur, observer ses usages sont autant de nouvelles composantes qui doivent être prises en compte pour concevoir une offre cohérente et trouver de nouveaux champs de croissance. 60 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Si les sociétés industrielles ont depuis longtemps organisé leur R&D, c’est encore loin d’être le cas du tertiaire, qui représente aujourd’hui 75 % de l’économie. L’innovation en ce domaine va donc permettre essentiellement de structurer ces démarches à l’échelle de toute une stratégie d’entreprise, en analysant les usages et s’appuyant sur de nouveaux métiers, comme les designers de service qui travaillent sur l’amélioration de “l’expérience utilisateur”.
qu’elle soit, la prestation doit toujours être comprise dans un contexte global, sans lequel elle a de bonnes chances d’échouer.
“Concevoir une offre cohérente et trouver de nouveaux champs de croissance”.
Qu’en est-il de la recherche en sciences et services ?
Dans une économie désormais tertiarisée, l’innovation par les services est-elle devenue incontournable ?
Officiellement lancée en 2004, cette réflexion n’en est encore qu’à ses débuts. Une communauté internationale est aujourd’hui en train de se créer et la Région accueillera à partir de la fin de l’année à l’Université d’Orléans, cinq chercheurs “stars” (américains, britanniques et sud-coréens) qui aborderont les problématiques en design des services et science des services et faciliteront la compréhension des innovations en ce domaine.
Absolument, d’autant plus que toutes les sociétés peuvent passer le cap, grands groupes comme PME. Il est néanmoins fondamental de ne pas opposer les différentes formes d’industrie et d’innovation, le couple produitservice ou technologie-service étant nécessairement conçu ensemble. A cela s’ajoute la question de la valeur : découle-t-elle du produit ou de l’usage qui en est fait ? Quelle
© Nekoé
Quelles sont les missions essentielles de Nekoé ?
La Région Centre compte-t-elle développer l’offre de formation et d’enseignement en ce domaine ? Nous avons été les premiers à lancer un Master en innovation par les services à l’université d’Orléans, appuyé sur un Master en marketing. Compte tenu des nombreux acteurs qui s’intéressent à ces enjeux, la Région Centre déploie beaucoup d’énergie à la création de nouvelles filières de compétences pour que les entreprises soient en mesure de s’approprier ces méthodologies n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Paul Pietyra Directeur du laboratoire Nekoé
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Si l’innovation devient aujourd’hui une clef essentielle à la compétitivité d’un territoire, elle tire son moteur du dynamisme de l’enseignement supérieur.
La Recherche, indispensable
La Région Centre soutient la Recherche au travers d’appels à projets mais également de bourses doctorales pour accompagner les jeunes chercheurs. De plus, en 2013, la Région Centre a lancé un Appel à Manifestation d’intérêt “Ambition Recherche Développement 2020” qui permettra de faire émerger deux ou trois pôles de recherche internationalement reconnus. Sans contraintes thématiques, cet “AMI” a rencontré un grand succès avec quatre dossiers ambitieux déposés sur des thématiques allant de la médecine aux sciences sociales. Avec une dotation pouvant aller jusqu’à 30 millions d’euros, l’ambition de la Région est de favoriser le lien entre ces projets de recherche avec le tissu économique local. Les retombées de ces projets façonneront l’économie régionale de demain. L’une des ambitions de la Région Centre consiste à élever le niveau global de qualification : par quels moyens ? Le renforcement des qualifications et des compétences est la clé du développement économique pour demain. Il constitue à ce titre un des trois axes de la Stratégie Régionale de l’Innovation adoptée en 2009. Dans ce contexte, c’est dans les établissements d’enseignement supérieur que seront formés les ingénieurs, les chercheurs, les cadres de demain. La Région Centre a la chance d’accueillir des compétences dans toutes les disciplines scientifiques grâce à des laboratoires de recherche abrités par les campus du CNRS, du CEA, de l’INRA, du BRGM, de l’IRSTEA ainsi que sur les sites des deux uni-
62 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
versités et des grandes écoles. L’INSERM est par ailleurs présent dans les deux centres hospitaliers régionaux. Cette présence de la Recherche est indispensable à l’excellence des formations supérieures en Région Centre. Inversement, ces formations constituent un vivier d’étudiants pour les labora-
toires, qui accueillent des stagiaires de Master aussi bien que des doctorants et qui veillent à une qualité de recrutement cruciale pour leur avenir.
© Géraldine Aresteanu
Comment la Région Centre soutient-elle le potentiel de recherche régional ?
© Géraldine Aresteanu
à l’excellence des formations
Une attention particulière est de plus apportée au développement des formations d’ingénieurs, dans les principales villes de la région, soit par création de nouveaux établissements (INSA à Blois et Bourges), soit par le développement des écoles existantes, comme les Écoles Polytechniques à Orléans, Tours et Châteauroux aujourd’hui et Chartres demain. Engagés avec l’État et le PRES “Centre Val de Loire” dans l’élaboration d’un schéma régional de l’enseignement supérieur, en quoi défendez-vous un dévelop- lll
Patrick Riehl 9ème Vice-président du Conseil régional du Centre, délégué aux Universités, à l’Enseignement supérieur, à la Recherche, l’Innovation et au Transfert de technologieTransfert de technologie
© Alain Canon
lll pement concerté et cohérent en matière d’enseignement ?
Dans le Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SRADDT), la Région a affirmé sa volonté d’établir, dans la coopération et dans le partage des ambitions de tous les établissements régionaux de l’enseignement supérieur, une véritable communauté d’universités dont le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur Centre-Val de Loire Université (CVLU) constitue la préfiguration. L’objectif est ainsi de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur pour les différents publics, de développer l’attractivité des établissements et de faire de l’enseignement supérieur un moteur du dynamisme du territoire. Nous devons mieux former et mieux répondre aux besoins en qualification des acteurs sociaux et économiques. Il nous faut réfléchir à une répartition de l’offre d’enseignement supérieur sur le territoire pour une meilleure attractivité. Ces choix stratégiques exigent la mise en œuvre d’un Schéma Régional de l’Enseignement Supé-
rieur et de la Vie Etudiante (SRESVE) pour renforcer la coordination régionale, porteuse d’une ambition partagée, ouverte sur l’extérieur. Ce schéma sera piloté conjointement par la Région, Centre Val-de-Loire Université et l’État. Une prospective définie autour d’objectifs et de modalités d’actions partagés par l’ensemble des acteurs (éta-
blissements, acteurs socio-économiques, villes, agglomérations, départements, Région et État) apparaît nécessaire pour renforcer le rôle de l’enseignement supérieur comme pilier du développement socio-économique régional n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
La Croix-Rouge française, association Loi 1901, a fédéré l’ensemble de ses écoles de formation sous l’acronyme d’IRFSS pour leur conférer une dimension novatrice de transversalité sanitaire, sociale et médico-sociale. A ce titre l’Institut est l’auxiliaire du Conseil Régional du Centre qui finance les formations et soutient les étudiants en difficulté afin d’assurer à tous un accès à un métier et à un emploi. L’originalité et la force de ce projet consistent à former des étudiants et des stagiaires sur 12 filières de formation, pour qu’ils acquièrent ensemble les compétences nécessaires à leur futur exercice professionnel mais soient aussi en mesure de faire converger leur regard et leur analyse pour accompagner avec efficacité et dans le respect de leur dignité les personnes fragilisées par la précarité, l’âge, le handicap, la maladie. L’IRFSS Centre, porteur de ce projet collaboratif innovant qui
“embrasse le passé avec respect, le présent avec lucidité et le futur avec enthousiasme.”, offre un accès qualifiant et professionnalisant à l’ensemble des professionnels des champs sanitaires, sociaux et médico-sociaux. Son large éventail s’adresse à des publics souhaitant acquérir, développer et réactualiser des compétences, des savoirs de base ou le plus haut niveau des qualifications professionnelles (Master) en partenariat avec l’université François Rabelais. Ainsi aides soignants, auxiliaires de puériculture, auxiliaires de vie sociale, assistants de vie aux familles, assistants familiaux et maternels, assistants de service social, conseillers en économie sociale et familiale, ergothérapeutes, infirmiers, médiateurs, puériculteurs, techniciens de l’intervention sociale et familiale se préparent-ils ensemble à mutualiser leurs ressources pour assurer l’accompagnement et les soins aux personnes. Ce projet global devrait bientôt se compléter des formations de psychomotriciens et de kinésithérapeutes. Contacts : IRFSS Région Centre 130, rue du Colombier - 37100 Tours Tél. : 02.47.88.43.43 - Fax : 02.47.88.43.55 E-mail : irfss.centre@croix-rouge.fr http://irfss-centre.croix-rouge.fr/ Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 63
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L’Institut Régional de Formation Sanitaire et Social : IRFSS Un campus formatif collaboratif en Région Centre
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | investi depuis 2005 dans le domaine des technologies de l’électricité intelligente, le pôle S2E2 est arrivé à maturité. l’objectif reste le même : renforcer la compétitivité de ses membres et le dynamisme du territoire.
Passer d’usine à projets à usine à produits
Suite à la création du pôle, la première phase a tout simplement permis aux membres de se découvrir. Bien souvent, nous ne connaissons pas nos voisins, c’est d’autant plus vrai lorsque vous réunissez deux univers, en l’occurrence le monde académique et le monde entreprenariat. La mise en symbiose des différents acteurs est apparue dans un second temps, entrainant la mise en place de nombreux projets collaboratifs. Depuis 2005, cela s’est traduit par 85 projets labellisés et financés, impliquant la réunion des entreprises, des centres de recherche et des établissements de formation. Il est désormais temps de voir plus loin, en utilisant la complémentarité de nos briques technologiques. Nous sommes ainsi entrés dans une nouvelle phase, passant d’usine à projets à usine à produits, dans la logique de l’évolution du pôle. Vous avez récemment présenté la feuille de route stratégique 2013-2015, quelles en sont les principales orientations ? Basé en régions Centre et Limousin, le pôle avait initialement trois domaines d’action stratégique (DAS) : n Les nouvelles sources d’énergie, n la gestion technique du bâtiment, n les équipements efficaces en énergie. La dernière feuille de route, élaborée sur une période triennale, laisse apparaître deux DAS complémentaires, venant conforter 64 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
notre stratégie : la géothermie de surface et les énergies marines renouvelables. A ce titre, nous avons validé en juillet dernier une extension de territoire sur les Pays de la Loire. Cette région fait preuve d’une grande ambition en matière d’éolien off-shore, accueillant notamment 1 des 4 zones émanant des appels d’offres gouvernementaux. Surtout, cela permettra au pôle de se positionner au cœur de la filière, en se rapprochant de la future plateforme Alstom de Saint-Nazaire.
comme nous avons pu le voir avec l’évolution du marché des réfrigérateurs, quasiment tous classés A++ aujourd’hui. Nous avons par ailleurs mis en place un volet formation, contribuant ainsi au déploiement de 17 modules d’enseignement, venant compléter les cursus initiaux tout en répondant aux attentes des entreprises. L’animation du réseau est également primordiale. Le pôle sensibilise ses membres à la propriété intellectuelle et au montage de projets, auxquels les chefs d’entreprise ne sont pas forcément accoutumés.
Quels sont vos projets phares à court et moyen terme ?
Quelle contribution avez-vous pu apporter au débat national sur la transition énergétique ?
Il est difficile d’en dégager un en particulier, mais certains sont emblématiques. Nous pourrions par exemple citer le développement de capteurs d’activité humaine au service du maintien à domicile. Plus généralement, nos innovations se traduisent par l’intégration de composants permettant d’améliorer l’efficacité énergétique d’un produit,
© Eric Mangeat
Comment la création du pôle de compétitivité a-t-elle favorisé la coopération entre les différents acteurs du territoire ?
Nous avons participé à 80 % des débats organisés en Région Centre, le pôle se devant d’être un acteur de ces échanges. Il s’agissait de percevoir la manière avec laquelle nos concitoyens appréhendaient cette problématique. Tout le monde a compris que la transition énergétique passera par l’amélioration de la gestion, au-delà du raccordement de nouvelles sources sur le réseau (éolien, photovoltaïque, géothermique). Représentant une priorité économique et sociale, ces sujets ont investi le champ politique. Il faut cependant concilier une vision de long terme et une nécessité d’agir sans plus tarder n Propos recueillis par olivier Gil
Thierry Allard Président du Pôle Sciences et Systèmes de l’énergie électrique
© Alain Canon
Février 2014 | Région Centre
l’ÉdUCatioN, l’ENSEiGNEMENt SUPÉriEUr Et la ForMatioN
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 67
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Consciente que la formation et l’insertion professionnelles ne sont pas uniquement des mesures sociales, la région Centre s’engage sur cette voie pour lutter contre le chômage et accompagner le développement économique de son territoire.
© Pascal Foulon / Studio Pionnier
De grandes ambitions pour la formation grâce notamment au fonds “Réactif emploi/ formation” mis en place dans le budget 2013 et aux pactes de continuité professionnelle. Près de 50 000 personnes bénéficient chaque année d’une formation financée totalement ou partiellement par la Région.
branches professionnelles et les OPCA (Organisme paritaire collecteur agréé), le Conseil régional a pu mettre en place le “Pacte de continuité professionnelle” (PCP), dans l’objectif que ces pactes bénéficient à 2 000 personnes sur 2013. Cet accord, comprenant des engagements financiers, permet aux salariés les plus fragilisés, qu’ils soient sans qualifications, que celles-ci soient obsolètes, ou encore dans des secteurs en difficulté, de bénéficier de formations. Faisant le constat que la mobilité professionnelle est plus fréquente que la mobilité géographique, nous privilégions les actions de formation adaptées aux besoins des territoires et en proximité. Concernant les jeunes, nous avons créé en septembre dernier un fonds jeunes Objectif qualification qui leur permettra de découvrir des métiers et des premiers gestes professionnels en vue d’intégrer une formation qualifiante du fonds réactif EmploiFormation notamment.
Qu’est-ce-que le plan Ambitions 2020 ? Le contrat de plan régional de développement des formations constitue l’axe de formation du Plan Ambitions 2020. Il a pour objectif d’élever le niveau de qualification et de faire en sorte que chacun puisse trouver une filière adaptée à ses besoins et à ceux de l’économie régionale, notamment en cas de licenciement ou de changement d’activité.
Dans la situation de crise actuelle, nos efforts doivent aller vers nos concitoyens les plus fragiles. La formation professionnelle est l’une des premières compétences des Régions. Elle constitue l’un des leviers pour le développement économique du territoire, permet à chacun(e) d’évoluer professionnellement au mieux de ses possibilités et de ses attentes et d’accompagner les mutations des entreprises afin que celles-ci puissent trouver les hommes et les femmes ayant les compétences nécessaires à proximité. Lors de son allocution de mars 2013, le président de la République a rappelé l’importance de combiner formation professionnelle, emploi et sécurisation des parcours professionnels. Nous œuvrons dans ce sens 68 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
© Géraldine Aresteanu
La Région Centre fait le choix de se concentrer sur la formation professionnelle, pouvez-vous nous expliquer pourquoi et comment ?
Souhaitant orienter en cohérence l’accompagnement de notre économie et l’insertion professionnelle, nous avons identifié nos atouts (agriculture, industries automobile, cosmétique et pharmaceutique) afin de les renforcer. Travaillant avec différentes
La Région Centre vient de signer une convention cadre régionale avec l’État pour réaliser l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, pouvez-vous nous en dire plus ? La Région Centre s’est saisie de ces problématiques depuis plusieurs années, cette convention cadre permet de formaliser nos engagements réciproques et de rendre plus lisibles nos politiques et celles de l’État en la matière. Concrètement, l’un des axes de travail concerne le retour à l’emploi des femmes
Isabelle Gaudron Vice-présidente déléguée à l’Apprentissage, l’Insertion, la Formation professionnelle et la Formation tout au long de la vie
© Géraldine Aresteanu
et des hommes qui ont pris un congé parental ou arrêté de travailler pour élever leurs enfants. En effet, un certain nombre d’entre eux rencontrent des difficultés lors de leur reprise d’activité. L’objectif est de proposer des formations en adéquation avec leur nouvelle vie. Que ce soit pour un coaching, une mise à jour des connaissances ou une reconversion professionnelle, il faut être
capable de répondre à leur attente de jeune parent. Par ailleurs, parce que tous les métiers sont mixtes et afin de favoriser l’égalité, la Région a pris des mesures incitatives en faveur des employeurs d’apprentis pour qu’ils embauchent des jeunes filles sur des métiers réputés masculins et inversement. Autre exemple, nous avons mis en place des “visas” qui offrent une formation de proxi-
mité et adaptée aux besoins de chacun pour les personnes ne pouvant se déplacer. 70 % de femmes en bénéficient, preuve de la nécessité d’adapter nos politiques de droit commun aux difficultés particulières que peuvent rencontrer les femmes dans l’accès à la formation n Propos recueillis par Marie Pannetier Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 69
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | agissant pour l’égalité professionnelle, s’investissant dans l’éco responsabilité et favorisant la participation des jeunes à la vie de leurs territoires, la région Centre a mis en place plusieurs mesures pour rapprocher les lycéens de leurs responsabilités citoyennes.
Des lycées citoyens
Le poids des stéréotypes étant encore très présent, il engendre des choix d’orientation sexués. Une concentration des femmes sur des métiers moins valorisés, un moindre accès à la formation tout au long de la vie et des inégalités professionnelles et salariales sont les problèmes persistants contre lesquels nous tentons d’agir. L’objectif de cette opération spéciale “double mixité” sur les forums est simple : chaque personne venant visiter un forum doit entendre le message “tous les métiers sont mixtes” et le comprendre. Dès 2004, dans le cadre du Plan régional de développement des formations, la Région a encouragé une dynamique sur l’égalité professionnelle femmes/hommes et la double mixité. En 2011, la Région et l’État ont affirmé leur ambition conjointe, au travers du Contrat de plan régional pour le développement des formations professionnelles 2011-2014, d’inscrire dans les textes cette égalité, en misant particulièrement sur l’éducation, l’orientation et la formation tout au long de la vie. Vous avez placé l’écologie au coeur des établissements scolaires, avec des politiques concernant la restauration scolaire et les économies d’énergie, pouvez-vous nous en parler ? La Région Centre a défini comme une de ses priorités la restauration scolaire et un affichage clair et identifiable indiquant une marque de qualité pour les 8,5 millions
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de repas servis par an, pour un budget de 60 millions d’euros. Après un état des lieux des pratiques au sein des lycées et pour soutenir leur l’action dans l’introduction de produits bio à l’école, la Région a missionné, en avril 2012, un conseiller spécial. Il apporte un soutien pour la modification des habitudes d’achats et de commandes publiques des lycées, sur l’aide aux choix des denrées à privilégier et la mise en oeuvre des produits. Le but est d’atteindre 20 % de produits AB locaux à l’horizon 2014, objectif rappelé dans la charte de qualité Self O ’Centre, cadre d’engagement entre les différents acteurs de la restauration collective.
Efficacité Énergétique, lui-même objectif de l’Agenda 21 régional. Afin de diminuer les consommations, la Région s’est engagée à dédier chaque année 15 millions d’euros pour des travaux de rénovation et construction en efficacité énergétique dans ses lycées, en gestion directe.
“la région Centre a défini comme une de ses priorités la restauration scolaire.”
Les lycées sont devenus de plus en plus, perméables aux mouvements sociétaux, à l'évolution ou à la dégradation des relations sociales. Profitant de ce contexte, nous proposons de les aider à s’ouvrir à leur environnement en devenant acteurs à part entière de la vie du territoire. Ci’T Lycées a pour vocation de rassembler un réseau de partenaires à même de collaborer autour de projets variés visant à placer le lycée au coeur d’un écosystème de territoire. La démarche proposée a nécessité un travail de terrain, avec les différents acteurs locaux : lycées, collectivités, milieu associatif et acteurs économiques. Un diagnostic a été réalisé pour identifier les acquis et les potentiels. Une deuxième étape a amené les différents acteurs à travailler sur une “Fabrique de Projets”, faisant émerger des idées d’actions communes. La troisième étape consistera à leur mise en oeuvre n
“atteindre 20 % de produits aB locaux à l’horizon 2014.”
Qu’est-ce-que la mesure Ci’T Lycées ?
La promotion des établissements scolaires comme lieux de vie et de travail écoresponsables s’inscrit dans le programme © Géraldine Aresteanu
La Région Centre a organisé 10 forums d’orientation de décembre 2012 à mars 2013, qui se sont focalisés sur la mixité des métiers, pouvez-vous nous expliquer ces choix ?
Propos recueillis par Marie Pannetier
Chantal Rebout Vice-présidente déléguée à l’Education et aux Lycées
ENtrEtiEN | la formation des futurs personnels médicaux est un enjeu primordial. En développant des dispositifs liés à l’aménagement du territoire, à l’emploi et à la désertification médicale, la région Centre en fait l’une de ses priorités.
Ce plan, voté fin janvier 2012 correspond à deux problématiques majeures dont la première est l’accès aux soins pour tous et partout; la seconde étant le vieillissement de la population. Face à ces enjeux, le Conseil régional agit d’une part sur l’aménagement du territoire et d’autre part sur l’emploi pour permettre aux personnes le désirant de se former dans de bonnes conditions et de trouver un travail, en fonction des besoins des employeurs. Ainsi, dans le cadre des compétences transférées aux Régions en 2004, de nombreux dispositifs ont été mis en place par la Région Centre en faveur des formations sanitaires et sociales. Les bourses aux étudiants de quatrième année de médecine les incitant à faire des stages dans les zones sous dotées, le financement de l’extension de leur faculté, la création des maisons de santé pluridisciplinaires et l’augmentation de quotas sont autant de mesures permettant de répondre à l’urgence médicale que connait le Centre. Le grand âge faisant partie des priorités, nous cofinançons avec les Conseils généraux, à hauteur de 58 millions d’euros, la rénovation et la construction de nouveaux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Vous avez mis en place plusieurs aides à la formation professionnelle de santé, pouvez-vous nous les expliquer ? Dans le but d’aider les jeunes à trouver un stage dans les zones carencées, le Conseil régional a réévalué les bourses d’État classiques et mis en place un septième échelon pour les personnes en situation sociale difficile, leur donnant la chance d’accéder à des formations professionnelles de santé. Concernant plusieurs milliers de personnes,
ce dispositif, à hauteur de 4,5 millions d’euros, est un réel choix de lutte contre la discrimination sociale et un investissement pour l’avenir de notre territoire afin qu’il bénéficie de personnels diplômés et qualifiés. Enfin, depuis cette année, les aides-soignants profitent des “lettres chèques” d’un montant de 30 euros pour financer leur premier équipement. Territorialiser notre offre pour créer un maillage du territoire est indispensable, et c’est ce que la Région a fait en créant ex-nihilo des établissements de formation de santé dans les lieux les plus excentrés pour répondre aux besoins des employeurs et de la population.
sionnel. Ensuite, pendant leur cursus, plusieurs bourses que j’ai mentionnées sont à leur disposition. Enfin, en collaboration avec les employeurs hospitaliers et l’Agence régionale de santé, nous faisons en sorte que soient proposés aux jeunes diplômés le plus de CDI possibles (et pas uniquement des contrats courts ou des missions d’intérim) pour les inciter à s’installer sur notre territoire. Ainsi, aujourd’hui, plus de 90 % d’aides-soignants, entre 80 et 85 % d’infirmiers et plus de 60 % de kinésithérapeutes sortis d’école s’établissent dans la Région. Nous avons besoin des jeunes et il faut le leur faire comprendre.
Les jeunes de 18 à 24 ans sont la population quittant le plus la Région Centre. Comment s’assurer que ces jeunes que vous allez former, ne partent pas exercer ailleurs ? En travaillant avec les écoles, nous leur donnons les meilleures chances d’accéder aux formations avec les préparations aux concours, et une bonne explication de l’engagement qu’ils sont sur le point de prendre avec la validation de leur projet profes© Géraldine Aresteanu
Qu’est-ce-que le plan Urgence Santé lancé en janvier 2012 ?
© Alain Canon
Territorialiser la santé
Pour répondre à la désertification médicale, le Centre a été le premier à avoir signé, dans le cadre du contrat de projet de la région, un plan de 50 maisons de santé pluridisciplinaires qui couvriront la totalité des territoires, même les plus excentrés. Travaillant avec la fédération de ces infrastructures, nous tentons de les rendre les plus attractives possibles pour les jeunes praticiens. La demande est tellement importante que le Président de la Région, François Bonneau, vient de s’engager pour la construction d’une deuxième série d’établissements de santé communaux ou intercommunaux n Propos recueillis par Marie Pannetier
Philippe Fournié Vice-président délégué aux Formations sanitaires et sociales et à la Santé
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 71
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | En 2011, la région Centre a instauré une nouvelle politique économique en faveur de l’artisanat. Elle qui se veut plus structurante afin de mettre le développement de l’artisanat au coeur des priorités.
Un véritable dynamisme entrepreneurial
Le paysage artisanal du Centre se compose de 41 000 entreprises qui emploient près de 81 000 salariés (soit 13 % des emplois salariés de la Région). Ces artisans forment un des piliers de l’économie française et le secteur est un atout incontestable dans le développement économique et le rayonnement de notre territoire. L’Artisanat français regroupe près d’un million d’entreprises et emploie plus de 1,8 million de salariés. Le très grand nombre d’entreprises artisanales installées dans notre région, avec seulement 2,5 millions d’habitants, illustre - à mon sens - un véritable dynamisme entrepreneurial. La contribution des artisans à notre notoriété touristique est avérée grâce aux talents rencontrés dans les Métiers d’Art ou chez les professionnels des métiers de bouche qui proposent des produits de qualité appréciés. Il y aussi des talents dans la production, le bâtiment ou les services. Quel propose la CRMA pour pallier à la baisse des créations d’entreprises ? La CRMA et son réseau des 6 Chambres départementales cherchent à favoriser l’émergence d’entreprises ayant tous les atouts pour s’inscrire durablement dans le paysage économique. Un dispositif complet permet aussi d’accompagner les cédants et les repreneurs dans la transmission d’entreprises. Cela peut pren72 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
dre la forme d’un diagnostic avant la cession ou de formations pour le futur repreneur. Notre journal d’annonces “TranscommerceTransartisanat” réalisé en partenariat avec la CCI du Centre, recense les entreprises à reprendre sur le territoire : 1 300 offres y sont référencées et peuvent être consultées sur www.transartisanat. com.
lopper des formations s’adressant au plus grand nombre. Leur objectif est de proposer des parcours scolaires adaptés aux attentes des jeunes et aux besoins des entreprises. En parallèle, nous travaillons à la création de nouvelles filières éducatives incluant des diplômes supérieurs intitulés “Brevet de Maitrise” qui correspondent au niveau licence de l’enseignement supérieur classique.
Les universités régionales des métiers de l’artisanat (URMA) créés par les CMA de France, permettent-elles de palier à la désertion des jeunes de la Région Centre ?
Quels autres défis l’artisanat doit-il affronter sur le plan local ? L’embauche de nouveaux collaborateurs est un défi pour les artisans. Deux facteurs expliquent ce besoin : les difficultés à attirer les actifs qualifiés dans les zones rurales et le haut niveau de technicité des métiers de l’Artisanat et le coût de la main d’oeuvre qualifiée.
La problématique des jeunes qui quittent la Région Centre pour étudier ou trouver un emploi dans certaines branches n’est pas spécifique à l’Artisanat. La forte attractivité de la Région Ile-de-France est d’ailleurs moins ressentie par les centres de formations des apprentis, que dans les universités ou les grandes écoles de notre territoire. Les URMA ont vocation à mutualiser les compétences de ces différents centres et à déve© D. Chauveau
Comment décririez-vous le paysage artisanal de la Région Centre ? Quel est son impact sur l’économie Française ?
Un autre challenge repose sur la concrétisation des projets de développement qui, pour le moment, n’existent que dans la tête des artisans. Ceux-ci ne manquent ni d’ambitions ni d’idées mais sont en proie à des questions : quels moyens mettre en oeuvre pour franchir des paliers technologiques ? Comment conquérir de nouveaux marchés ? Comment faire évoluer les compétences au sein de l’entreprise ? Les CMA s’emploient au quotidien pour accompagner ces artisans volontaires et performants n Propos recueillis par anaïs Normand
Gérard Morin Président de la Chambre Régionale de Métiers et de l’Artisanat du Centre
ENtrEtiEN | l’université de tours bataille sur tous les fronts : internationalisation, insertion, vie associative, recherche ; afin de prodiguer à ses étudiants un parcours de qualité.
L’Université François-Rabelais de Tours : 3e meilleur établissement de France pour l’accueil des étudiants internationaux
Depuis cinq ans, il y a eu de nombreuses transformations ! En pédagogie, la nouvelle équipe a beaucoup développé les formations en langues, parce que les élèves ont, dans ces matières, un niveau faible alors que cet apprentissage est devenu fondamental. Aujourd’hui, notre monde est hyper connecté, les échanges entre les pays sont de plus en plus nombreux et il est impensable de ne pas posséder cette ouverture sur l’extérieur sur son CV. L’université a donc créé des centres de ressources de langues et a recruté de nouveaux professeurs de langues pour nonspécialistes, notamment en anglais et espagnol. Nous avons également effectué des réformes plus structurelles : les services communs aux différentes spécialités de l’université ont été regroupés et les équipes de recherche professionnalisées. Vous souhaitez faire progresser l’internationalisation. Quelles sont vos avancées concrètes ? Sur l’accueil des étudiants étrangers, l’université a réalisé beaucoup de progrès. La preuve : ils représentent 2 000 étudiants, soit environ 12 % des effectifs. La majorité d’entre eux vient de Chine et d’Afrique du nord. L’université s’engage à leur organiser des semaines d’intégration, une arrivée chaleureuse, du tutorat, des actions d’aide à l’apprentissage du français, etc. Une société internationale nous a d’ailleurs décerné le 3e prix en termes d’accueil d’étudiants étrangers en France. Je me félicite de figurer derrière deux écoles de commerce et devant
toutes les universités. Ils créent une diversité, un échange de compétences, qui constituent une force pour nos élèves et notre pédagogie. C’est en ce sens, que nous avons développé des cursus en anglais, et mis en place un parcours international qui peut être suivi par toutes les filières.
L’un des points forts de l’université est la recherche. Quels avantages sont accordés à ces étudiants ? Dans chaque formation, il y a un volet recherche. Chaque étudiant a la possibilité, de manière plus ou moins importante, d’être au contact avec le monde de la recherche. Ceux qui sont intéressés ont l’opportunité d’avoir des stages plus spécifiques ou des modules davantage poussés dans le domaine qu’ils souhaitent. A ce propos, avec les régions avoisinantes, nous voulons répondre à l’Idex - les projets français de recherche scientifique d’initiative d’excellence -, pour créer des choses attractives et visibles à l’international.
Développez-vous une vie associative à l’université ? Jusqu’ici, la vie associative était limitée. Aujourd’hui, nous voulons qu’elle rayonne dans l’université. Elle est donc en en train d’être réalisée pour et par les élèves, via un Bureau de la vie étudiante dirigé et animé par des étudiants. Ils ont un budget, des représentants d’associations, la responsabilité d’organiser des évènements... Avec un objectif : créer une atmosphère solidaire et d’épanouissement des jeunes. En parallèle, l’université vient de mettre en place un annuaire des anciens étudiants, afin de constituer des réseaux d’entraide, notamment pour l’insertion des diplômés.
Votre mandat se termine en 2016. Quelles sont, d’ici là, vos ambitions ?
© Université de Tours
Depuis 2008, vous présidez l’université de Tours. Quelles ont été vos réformes ?
J’ai beaucoup de chantiers en construction ! Le premier est de développer une approche par compétences du projet étudiant. Je veux mettre en avant des compétences spécifiques et d’autonomie individuelle, en vue d’une meilleure insertion professionnelle. Je pense qu’il faut apprendre de la pratique, et pas seulement des connaissances, pour réussir un diplôme. Apprendre c’est bien, pratiquer c’est mieux ! C’est pour cela que nous mettrons en place un concours de création d’entreprise, pour les étudiants. L’objectif est de les aider à comprendre et d’apprendre le fonctionnement de la vie d’entreprise n Propos recueillis par Colombe dabas
Loïc Vaillant Président de l’Université François-Rabelais de Tours
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 73
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Suivi de l’étudiant, continuum formation-recherche et niches scientifiques : l’université d’orléans consolide ses acquis et mise sur l’innovation pédagogique et scientifique.
Miser sur la réussite des étudiants
C’est très positif. La loi LRU, relative aux libertés et responsabilités des universités, a remis les établissements au cœur des discussions nationales sur l’enseignement supérieur, en leur donnant davantage d’autonomie et une responsabilité concrète dans les domaines budgétaires, de gestion des ressources humaines et d’actifs. Auparavant, les opérations étaient laborieusement validées par le ministère. Aujourd’hui, nous ne sommes plus obligés de demander systématiquement l’accord de l’État avant de lancer un projet. De plus, le partage d’objectif des universités est développé au niveau local, national et européen. Résultat : il y a plus de souplesse, de liberté et donc d’émulation.
“les investissements d’avenir ont mis en exergue nos points d’excellence.” Que faites-vous pour valoriser la formation universitaire ? Nous communiquons beaucoup, dans tous les cercles de la société : les jeunes, les parents, les décideurs publics et privés, locaux et nationaux. Concrètement, nos équipes travaillent pour faire reconnaitre les richesses de l’université. C’est un outil sociétal fondamental, qui doit davantage être valorisé, puisqu’il permet de former les citoyens dans tous les domaines. C’est en ce sens que le Ministère nous apporte son aide et a lancé début 2014 un plan de communication pour nous mettre en avant. A Orléans, nous axons en particulier nos efforts sur l’accueil, l’ac74 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
domaines, de plusieurs programmes d’investissements d’avenir. Par ailleurs, les universités étant dans un domaine ouvert, le fait de montrer que nous avons pignon sur rue au sens international est majeur. La preuve : le dernier classement de Taïwan nous place en Sciences de l’ingénieur et en Géosciences dans les 15 meilleures universités françaises et dans le top 200 au niveau mondial. C’est un signe de consolidation.
compagnement et le suivi de l’étudiant, et sur le développement de niches scientifiques. Nous sommes d’ailleurs classés dans le TOP 10 pour la réussite en Licence. Ceci nous permet de montrer que, comme les écoles privées, nous pouvons également être attractif. Reste à faire un effort sur la lisibilité de nos formations. Les investissements d’avenir s’inscriventils dans votre offre ?
A quoi ressemblera l’université d’Orléans de demain ?
Le grand chantier des investissements d’avenir a mis en exergue nos points d’excellence : les laboratoires, équipements et initiatives. À Orléans, il y a trois champs de force scientifique prépondérants :
Nous continuerons de capitaliser sur ce que nous avons obtenu par les investissements d’avenir afin d’offrir à la Région une visibilité dans les domaines du futur. De la recherche et du développement de procédés dans la transition énergétique, qui correspond à un chantier actuel du gouvernement, sont également mis en place.
n Géosciences, environnement, espace n Sciences biologiques et chimie du vivant n Énergie et matériaux Une démarche globale sur la qualité scientifique, l’innovation et la formation a été construite. Nous sommes porteurs, dans ces © Université d'Orléans / JSL
Votre établissement est autonome depuis 2011. Quel bilan tirez-vous de ces nouvelles compétences acquises ?
Avec le CNRS et le BRGM sur notre Campus, nous avons une concentration de capacités en termes de recherche, de formation et d’innovation. L’ambition est d’offrir cette capacité au niveau national. J’ai réussi à amener l’ensemble des chercheurs et des laboratoires dans une dimension de continuum entre l’éducation, la formation, la recherche et l’innovation de manière durable ; ce qui permet de miser sur la réussite des étudiants et du partenariat avec le monde socio-économique. Et depuis 2012, la Fondation de l’université tisse des liens avec les entreprises, pour faciliter l’employabilité et répondre dans les meilleurs termes possibles à leurs demandes n Propos recueillis par Colombe dabas
Youssoufi Touré Président de l’université d’Orléans
ENtrEtiEN | Faisant de l’enseignement supérieur et la formation les piliers du développement régional, la région Centre souhaite renforcer les qualifications de ses chercheurs/ ingénieurs pour asseoir son économie de demain.
Un cadre de vie et d’étude exceptionnel
L’un des principaux atouts de la Région Centre en matière d’enseignement supérieur est précisément le cadre de vie et d’étude. Les investissements réalisés dans l’immobilier universitaire permettent aujourd’hui d’offrir des conditions d’études optimales. Ce sont plus de 35 millions d’euros qui ont ainsi été investis sur l’ensemble du territoire régional. Parmi les réalisations les plus marquantes, il faut souligner les travaux d’extension de la faculté de médecine de Tours, les travaux de l’IUT d’Orléans ou la rénovation de la Salle d’Armes à Bourges. Avec deux universités, des établissements sur l’ensemble du territoire régional, de grandes écoles d’ingénieurs et de management, la Région Centre propose des formations de qualité permettant de solides parcours professionnels. Nos étudiants y trouvent d’excellentes conditions de travail dans un environnement accueillant, au sein d’un patrimoine culturel et naturel exceptionnel. Ils bénéficient des compétences d’enseignants chercheurs et de chercheurs de haut niveau, comme l’attestent les très bons résultats obtenus par les laboratoires de la Région dans les programmes des Investissements d’Avenir aussi bien que dans les appels à projets de l’Agence Nationale de la Recherche. Quelles mesures phares avez-vous mis en place pour accompagner les étudiants au cours de leur formation ? n Ordi-Centre, qui a pour objectif de mettre
à disposition de tous les étudiants les moyens informatiques nécessaires à la
Région Centre, le barème de subvention est porté à 60 € par élève et par semaine.
réussite de leurs études. Chaque année, près de 4 000 étudiants de niveau Master se voient attribuer un équipement informatique portable à titre gratuit. Par ailleurs, environ 1 600 postes fixes sont mis à disposition de l’ensemble des étudiants en libres accès dans les différents sites universitaires et les accès Wifi ont été généralisés. A la rentrée 2013, la dotation au niveau Master s'est faite non plus en ordinateurs portables mais en tablettes tactiles afin de répondre aux nouveaux besoins des étudiants en termes de prise de notes et de mobilité.
n Dans le cadre des mesures dédiées spéci-
fiquement aux jeunes, durement atteints par la crise socio-économique, la Région a mis en œuvre une aide pour la souscription de la couverture complémentaire de santé des étudiants les plus en difficulté, bénéficiaires de bourses attribuées pour critères sociaux (niveaux 4 à 6). Le dispositif consiste en une aide de 100 € directement déduite de la souscription à une mutuelle, sans avance préalable de la part de l’étudiant. En 2012, plus de 1200 étudiants ont bénéficié de cette aide.
n Mobi-Centre, qui bénéficie chaque année
à environ 2 000 étudiants qui effectuent un séjour (stage ou formation) à l’étranger dans le cadre de leurs études supérieures, consiste en une bourse forfaitaire de 40 € par semaine de formation ou de stage passée à l’étranger. Dans le cas d’un séjour dans les zones prioritaires “internationales” de la
n A compter du 1
er
© Géraldine Aresteanu
Quels sont les atouts du cadre d’enseignement de votre territoire ?
février 2014, les étudiants, bénéficieront d’un plafonnement à 75 euros de leur abonnement TER mensuel domicileétude en région, ou d’une diminution du coût pour des trajets inférieurs à ce montant. Enfin, la carte TER BAC+ offre une réduction de 50 % sur les billets pour se rendre sur le lieu d’études en régions Centre, Auvergne, Bourgogne, Limousin, Pays de la Loire ou Poitou-Charentes au départ de la région Centre. La carte est accessible pour tous les étudiants de moins de 28 ans. La carte TER BAC+, qui coûte 30 euros, permet également de voyager avec 50 % de réduction sur toute la région Centre les week-ends et jours fériés du 1er septembre au 30 juin et tous les jours du 1er juillet au 31 octobre n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Patrick Riehl 9ème Vice-président du Conseil régional du Centre, délégué aux Universités, à l’Enseignement supérieur, à la Recherche, l’Innovation et au Transfert de technologieTransfert de technologie
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 75
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | le Conseil régional a établi, en concertation avec les différentes ligues sportives, des schémas directeurs d’équipements pour que chaque discipline soit efficacement accompagnée.
La jeunesse irrigue la politique régionale
J’ai souhaité que cette politique soit débattue et élaborée en commun avec l’ensemble des différentes ligues sportives. C'est ainsi que nous avons travaillé à l'élaboration des schémas directeurs d’équipements, afin que chaque discipline établisse des priorités parmi les équipements permettant le développement de ses activités dans le cadre d'un aménagement équilibré du territoire. De plus, nous finançons, avec les contrats de pays et d’agglomération, l’installation et la rénovation d’infrastructures pour que nos concitoyens puissent pratiquer une activité physique régulière et de qualité. J’ai mis en place un fonds spécifique afin de répondre rapidement aux demandes urgentes de mises aux normes liés au fait sportif (montées, etc..). Nous avons également une politique d'accompagnement pour les équipes de notre région qui évoluent au plus haut niveau national comme les équipes de haut niveau de basketball féminin de Bourges et masculin d’Orléans et celles de volley-ball et de football à Tours. Nous sommes fiers de ces représentants régionaux et soutenons financièrement les écoles et centres de formation locaux pour permettre aux jeunes, qui le souhaitent, de s’orienter vers une pratique professionnelle.
Près de la moitié de la population de la région pratique une activité sportive hebdomadaire, comment pouvez-vous l’expliquer ? 25 % de la population régionale est licenciée dans un club et une personne sur trois pratique une activité sportive régu78 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
lière. Ce succès est le fruit de la qualité des associations et des compétences des bénévoles. Avec l’aide de CAP’Asso, a développé une grande politique de soutien à l’emploi associatif qui a permis de créer des centaines de postes d’encadrants performants et compétents. Le Conseil régional aide ces clubs dans l’acquisition de véhicules pour leurs déplacements lors des manifestations sportives et apporte d’ailleurs un soutien non négligeable dans l’organisation de ces rencontres. Le coût des transports et le prix de l’essence pénalisent durement le budget des associations et notre rôle est d’empêcher que ces considérations financières entravent le bien-être de nos concitoyens. Mis à part le sport, quelles actions la Région met-elle en place en faveur de la jeunesse ? Une réflexion générale s’est organisée au sein du Conseil régional pour mobiliser
© Géraldine Aresteanu
Pouvez-vous nous présenter la politique sportive régionale ?
l’ensemble des acteurs, Politiques ou associatif, ainsi que la Conférence Régionale de la Jeunesse, sur ces enjeux. L'action consacrée à la jeunesse est, et se doit d’être, transversale. Elle concerne notamment les domaines de de la formation, de l’emploi et de la citoyenneté. En renforçant les mesures existantes par le nouveau plan “Avenir Jeunes en Région Centre” la Région engage une nouvelle étape de mobilisation pour la jeunesse. Voté en 2013, il permet de favoriser l’accès à l’autonomie et l’emploi des jeunes grâce à des aides en matière d’orientation, de formation, de transports, de logement et de santé à travers la mise en oeuvre accélérée de ses 15 mesures nouvelles. Ainsi, dès le 1er février 2014, les étudiants, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle bénéficieront d’un plafonnement à 75 euros de leur abonnement mensuel ou d’une diminution de son coût pour des trajets inférieurs à ce montant. De même, nous avons choisi de mettre en place des tarifs préférentiels en TER afin qu’ils puissent se rendre facilement et à moindre coût au Printemps de Bourges. Cette volonté se traduit également par la mise en place d’une aide de 100 € pour le jeune qui désire passer son Brevet d'aptitude à la formation d'animateur, qui constitue pour beaucoup de jeunes la première expérience professionnelle. La jeunesse irrigue l’ensemble de nos politiques régionales n Propos recueillis par Marie Pannetier
François Dumon Vice-président délégué à la Jeunesse, au Sport et aux Fonds européens
Février 2014 | Région Centre
© GED
l’EUroPE EN rÉGioN CENtrE
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 79
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | Bénéficiant de fonds européens centrés vers l’innovation, la compétitivité et le développement durable, la région Centre soutient activement les projets locaux et la mobilité de ses jeunes.
Concrétiser l'euro-citoyenneté
Pendant longtemps, la politique de coopération a été thématisée autour de la Loire, richesse du territoire inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce choix permettait de donner un fil conducteur à l’ensemble de nos opérations, toutes les régions avec lesquelles nous travaillions étant elles aussi traversées par un fleuve. Avec le temps, cet axe a évolué, les coopérations se sont diversifiées et ce fil s’articule autour de sécurités alimentaire, agroalimentaire, gastronomie liées au développement économique. Cette politique compte aussi un volet de solidarité internationale et d’aide humanitaire d’urgence. La Région Centre bénéficie de plus de 535 millions d’euros des fonds européens FEDER, FSE et FEADER. Quelle importance représentent-ils pour la Région ? Souvent méconnue, l’importance de ces fonds est essentielle à l’accompagnement des politiques régionales. En termes d’aménagement par exemple, le FEDER soutient de l’investissement pour de grands projets de transport ou d’infrastructure ou culturels. Notre compétence première étant la formation, le FSE y tient un rôle primordial en termes de formation tout au long de la vie et d’aide aux demandeurs d’emploi. En réalité, les financements structurels permettent aux concitoyens de mesurer ô combien l’Europe accompagne le développement des territoires qu’ils soient ruraux ou urbains ! Aujourd’hui encore en partenariat avec la préfecture de Région, la Région élabore des actions de communication comme, pour la première fois cette année, la grande manifestation “Le Printemps de l’Europe” 80 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
qui valorisera à la fois l’utilisation de ces financements et notre propre politique européenne.
Par ailleurs trois de nos PNR sont situés sur un espace interrégional avec l’Ile de France, la Basse Normandie et les Pays de la Loire. Côté transports, nous développons l’axe Nantes-Dijon et le réseau Trans Européen en partenariat avec la C8 qui regroupe les régions du bassin parisien.
Auriez-vous quelques exemples de projets qui ont été financés ? Le FEDER a permis de financer le tramway de Tours et d’Orléans, le FRAC Centre (Fond Régional d’Art Contemporain) et les travaux réalisés pour le développement du domaine de Chaumont. Par ailleurs, c’est la construction du CREPS de Bourges et aujourd’hui le vélodrome qui ont bénéficié de ces fonds.
Enfin, trois accords sont mis en oeuvre dans le cadre de la coopération décentralisée en Europe, notamment avec le land de SaxeAnhalt dans les domaines de la biomasse et de l’éducation. Quelle est la vocation du dispositif “Parcours d’Europe”?
Quelles coopérations interrégionales avezvous établies ? Au niveau européen, nous sommes présents à Bruxelles avec une antenne qui réunit les trois régions de la grande circonscription européenne Auvergne Centre Limousin. Beaucoup de projets interrégionaux avec Pays de la Loire et Bourgogne pour le vin, autour de la Loire avec 6 autres régions partenaires, et nous avons développé une coopération décentralisée interrégionale avec les Pays de la Loire au Tamil Nadu (Inde). © Géraldine Aresteanu
Sur quoi repose la politique régionale de coopération internationale de la Région Centre ?
“Parcours d’Europe” accompagne la mobilité des jeunes via cinq dispositifs leur permettant de s’approprier l’espace européen. L’un des plus utilisés, Trans’Europe Centre propose à tous les lycéens et apprentis, au moins une fois dans leur scolarité, d’effectuer un voyage dans l’un des Etats membres. Mais nous touchons tous les publics, les BTS, les classes prépa, les étudiants et les jeunes professionnels parfois en complément de programmes européens Erasmus et Léonardo. Cette politique volontariste de notre région bénéficie à 14 000 jeunes chaque année pour une dépense de 5,7 millions d’€. Parcours d’Europe” c’est un outil indispensable pour permettre à notre jeunesse de participer à la construction de la citoyenneté européenne n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Karine Gloanec Maurin 14e vice-présidente du Conseil régional du Centre déléguée aux Relations internationales, à l’Europe et aux Politiques Européennes et à la Coopération Interrégionale
ENtrEtiEN | les fonds européens aident les régions des États membres, dont le Centre, dans des domaines aussi variés que l’emploi, l’agriculture et l’environnement. leur fonctionnement doit se populariser afin que chacun comprenne leur importance.
L’Europe doit se démocratiser
L’Union Européenne a renforcé l’encadrement de la politique de cohésion économique et sociale pour la période 20072013, permettant aux fonds structurels de répondre aux objectifs de croissance. Les subventions étaient allouées par zones (villes, départements, collectivités) de 2000 à 2006, mais celles-ci ont été supprimées pour les attribuer à la région entière. Nous avons donc travaillé pour faire en sorte que les territoires qui ont prioritairement besoin d’aides financières reçoivent, comme auparavant, les sommes nécessaires.
“le Centre partage un bureau de représentation à Bruxelles avec l’auvergne et le limousin.”
Pour le FEDER, le Centre s’est concentré sur des thématiques telles que l’innovation, la recherche et le développement, l’écologie, l’efficacité énergétique et les technologies de l’information et de la communication. Des projets en matière de transport collectif par exemple, avec les tramways de Tours et d’Orléans, ou touristiques avec la Loire à vélo ont ainsi été mis en place. 88 % de l’enveloppe financière du FSE (46 millions d’euros) appuie des projets de développement de l’apprentissage, de création et de reprise d’activité. Le soutien particulier à la formation des chômeurs ou des personnes bénéficiant de contrats aidés, notamment les moins qualifiées est
indispensable pour améliorer la disponibilité à l’emploi et sécuriser leur parcours professionnel.
européenne, comme récemment avec Airbus. Cela permettrait de relancer les politiques de recherche et développement, de sécuriser les emplois, d’intégrer ces subventions aux besoins d’évolution des PME et de donner un sens à l’Europe pour nos citoyens.
Le FEADER, quant à lui, est dirigé par le ministère de l’Agriculture, mais suivant le futur acte III de la décentralisation, nous devrions bientôt en partager la gestion avec l’État. Des opérations de sensibilisation à l’environnement, de remises aux normes des matériels et de tourisme durable ont été menées en direction du monde agricole.
le Centre s’est concentré sur des thématiques telles que l’innovation, la recherche et le développement.”
Avec les difficultés que connait l’Union Européenne, comment voyez-vous son avenir concernant les aides régionales ?
Pour rester au fait des actualités européennes et organiser des réunions avec des commissaires et des élus, le Centre partage un bureau de représentation à Bruxelles avec l’Auvergne et le Limousin. Il est très utile pour partager notre vision du développement et d’échanger autour des possibilités que nous apportent ces subventions.
Si la crise que subit l’Union Européenne est grave, elle doit être perçue comme une chance de mieux examiner les propositions faites pour que celle-ci réponde vraiment aux besoins des territoires et des habitants. Aujourd’hui, je souhaiterais que soit mise en place à côté du FEDER une politique permettant de développer les petites et moyennes entreprises sur les régions, en collaboration avec les grands contrats signés à l’échelle
Qu’est-ce-que le projet “Avec l’Europe ça tourne en Région Centre” ?
© Géraldine Aresteanu
Comment organisez-vous les subventions des différents fonds européens : FEDER (Fonds européen de développement régional), FSE (Fonds social européen), et FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) ?
Des étudiants en communication ont réalisé des vidéos sur les projets mis en place grâce aux différents fonds que j’ai évoqués précédemment pour que l’action de l’Europe soit mieux connue et appréhendée par la population. Toutes les politiques que j’ai citées ont préalablement fait l’objet de débats sur le territoire, entre tous les acteurs concernés. L’Union européenne doit être plus visible dans la vie quotidienne des citoyens afin que ceux-ci puissent se l’approprier n Propos recueillis par Marie Pannetier
François Dumon Vice-président délégué à la Jeunesse, au Sport et aux Fonds européens
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 81
© Géraldine Aresteanu
Février 2014 | Région Centre
toUriSME, SPort, CUltUrE
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 83
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | les résultats exceptionnels de la saison 2011 de la région Centre le montrent : les touristes ne comptent pas quand il s’agit de culture et de tourisme, et ce, même dans un tel contexte de crise.
© J. Damase - CRT Centre-Val de Loire
Faire du Centre une destination de tourisme durable de créer du lien et de faire émerger une identité régionale en étant un territoire “désirable” pour les touristes et un territoire de qualité pour ses habitants.
Parmi nos principales orientations, figurent des ambitions fortes comme être la première destination de tourisme à vélo et d’accentuer son positionnement comme destination durable et de qualité. Néanmoins, l’existence d’une clientèle de courts séjours demeure une réalité en terme de fréquentation touristique que nous souhaitons accompagner en proposant des offres susceptibles de favoriser, non seulement l’augmentation de la durée de séjour, mais également l’allongement de la saison touristique.
Par ailleurs, certaines de nos “marques” touristiques sont de notoriété internationale à l’instar du “Val de Loire”, des “châteaux de la Loire” et désormais de “La Loire à Vélo”. Ce dernier évènement a d’ailleurs généré, en 2011, 17 millions d’euros de retombées économiques directes pour les territoires concernés.
“Certaines de nos “marques” touristiques sont de notoriété internationale.”
Comment lutter contre cette étiquette de “Région de passage” ? La stratégie marketing mise en œuvre par le Comité Régional du Tourisme CentreVal de Loire, en adéquation avec la Stratégie Régionale de Tourisme Durable, a défini des objectifs marketing permettant définitivement de dépasser l’image à laquelle vous faîtes référence.
© mdfrussie
En quoi consiste la stratégie régionale du tourisme responsable ?
Balade à vélo dans les vignobles de Sancerre.
Quel est l’impact économique du tourisme pour la Région Centre ? Le tourisme en Région Centre c’est 3 milliards d’euros de consommation touristique directe et 35 000 emplois dont la moitié se concentre dans l’hôtellerie et la restauration. Le tourisme constitue le principal marqueur identitaire de notre région. Il permet 84 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
Ambitieuse et innovante, la Stratégie Régionale de Tourisme Durable (2011 - 2015) a pour but de faire de la Région Centre une destination de tourisme durable. Cet enjeu est partagé par un grand nombre d’acteurs régionaux. En outre, cette stratégie fixe les grandes orientations pour le développement d’un tourisme durable et les décline en propositions opérationnelles permettant de guider l’aide régionale (politiques d’aides, partenariat, projets structurants, stratégie marketing…).
Alain Beignet Président du Comité Régional du Tourisme
© P.Forget - CRT Centre-Val de Loire
Famille à vélo au pied du château de Chenonceau.
Le CRT a la responsabilité de mettre en place un plan marketing de tourisme de nature et sa déclinaison opérationnelle. Un positionnement nature et culture est en cours de traduction sur l’ensemble de nos outils.
“Cette stratégie fixe les grandes orientations pour le développement d’un tourisme durable.”
qui permet la mutualisation d’actions de promotion prioritairement sur les marchés étrangers. Il s’agit d’un partenariat innovant unique en son genre. Les monuments, musées et sites de notre Région ont accueilli, l’année dernière, 8,8 millions de visiteurs. Ce chiffre est en légère progression par rapport à 2011 : + 2 %.
de partenariat pour la promotion touristique du Val de Loire, avec l’ambition d’en faire une marque touristique emblématique de la France à l’international, à l’instar de Paris ou de la Côte d’Azur (janvier 2012).
Ce bon résultat est le fruit de la très bonne activité enregistrée par le Zooparc de Beauval (plus d’un million de visiteurs).
• La définition d’un code marque “Val de Loire”.
Nous avons mis en place, avec la Région des Pays-de-la-Loire, une “démarche d’excellence des Grands Sites du Val de Loire”
• Le lancement d’un site internet dédié au Val de Loire.
Quels sont les projets en préparation ? La crise a-t-elle un impact sur la fréquentation des principaux sites et monuments touristiques ?
Les principales actions menées au titre de la marque Val de Loire sont pour 2013 :
Conscients de l’impérative nécessité de fédérer les énergies pour permettre à la destination de s’inscrire durablement dans la compétition touristique internationale, les Régions Centre et Pays de la Loire, l’État et Atout France ont signé une convention
• La définition d’un plan marketing. Les Départements ligériens ainsi que les principales Agglomérations sont naturellement étroitement associés à ce travail n Propos recueillis par anaïs Normand Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 85
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | décloisonner les domaines d’activité est une raison sine qua non pour que les volets économiques, environnementaux et sociaux bénéficient du développement touristique de la région.
© P.Forget - CRT Centre-Val de Loire
Le Val-de-Loire, le cœur touristique du Centre autres marques ont vu le jour, la première “châteaux de la Loire”, permettant la valorisation de ces endroits historiques, et une seconde, la “Loire à vélo” pour découvrir les richesses des berges du fleuve. Le principe de cette politique est la capillarité entre ces différentes structures, chacune devant permettre de valoriser toutes les autres.
“le Conseil régional a établi une stratégie de tourisme durable.” Pourriez-vous nous parlez du concept original qu’est la “Loire à vélo” ?
Bateau sur le pont-canal de Braire.
Notre principal atout touristique est le Val-de-Loire, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de “paysage culturel vivant” pour ses qualités exceptionnelles. Partageant cette richesse naturelle avec les Pays de la Loire, nos deux régions ont choisi d’établir une stratégie basée sur une communication de marque et non institutionnelle ou géographique, afin de ne pas diviser ce paysage attractif. L’association des grands sites du Val-deLoire se réunit régulièrement afin d’établir de réelles synergies. Elle a par exemple permis de créer, en collaboration avec le Ministère du Tourisme et “atout France”, une 86 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
agence nationale de promotion touristique à l’étranger, le label “Val-de-Loire”. Deux © Géraldine Aresteanu
Quels sont les principaux atouts touristiques de la Région, et comment les mettez-vous en valeur ?
Sécurisé, jalonné et balisé, cet itinéraire cyclo-touristique d’une distance de 800km est le plus développé d’Europe. Tout au long de cette route, environ 400 prestataires labellisés “accueil vélo”, selon un cahier des charges local et validé au niveau national, répondent aux besoins des touristes, et leur fournissent une qualité d’accueil pour la restauration, le parking sécurisé, la réparation des vélos, ou encore le transport de bagages. Ce projet a mobilisé pendant 15 ans, deux régions, six départements et six agglomérations qui l’ont imaginé et construit ensemble. Aujourd’hui, près d'un million de cyclistes em-pruntent chaque année ce trajet et produisent des retombées économiques de 16 millions d’euros, ayant amorti l’inves-lll
Pascale Rossler Vice-présidente déléguée à la Biodiversité, à l’Education à l’environnement, au Tourisme et au Val-de-Loire
© Thorsten Brönner - CRT Centre-Val de Loire
Château de Chaumont-sur-Loire.
lll tissement public après seulement trois
ans. Exemplaire au niveau financier, ce projet ne l’est pas moins sur le plan social puisqu’il est entièrement gratuit et ouvert à tous. Sur la base du succès de la Loire à vélo, la Région Centre a l'ambition de devenir la 1ère région de tourisme à vélo. Il a aussi engendré de nombreuses créations d’emplois locaux, fondés sur un savoirfaire spécifique qui demeure attaché à la région. Sur le plan environnemental, la “Loire à vélo” est également vertueux car 25 % des touristes viennent en train et pratiquent une mobilité douce, un “slow tourisme” qui leur permet de découvrir les territoires à un rythme lent et donc de pleinement s’imprégner de la richesse de notre patrimoine. A l’avenir, nous pensons installer des panneaux et des animations interactives afin de mieux expliquer la biodiversité et favoriser l’éducation à la protection de l’environnement. Quelles mesures mettez-vous en place pour allier développement durable et tourisme ? Le Conseil régional a établi une stra-
tégie de tourisme durable. En février 2012, nous avons rassemblé les acteurs touristiques et les associations de protection de la nature afin qu’ils puissent travailler ensemble à l’élaboration de produits qui soient vecteurs d’éducation à l’environnement et de respect du patrimoine.
© P.Forget - CRT Centre-Val de Loire
“Notre principal atout touristique est le val-de-loire, classé au patrimoine mondial de l'UNESCo au titre de “paysage culturel vivant”
Quelles sont les conclusions du plan Loire Grandeur Nature 2007-2013 ? Ce troisième plan a été à la fois un laboratoire d’idées et un outil pour établir une gouvernance beaucoup plus large. Il a permis un dialogue entre les différents comités régionaux et a notamment engendré la naissance de la “Loire à vélo”. Nous avons ainsi compris la nécessité de décloisonner les thèmes, d’agir en synergie et d’établir des projets transversaux. Autour de la Loire, le tourisme doit nourrir l’économie en allant dans le sens de la préservation de la nature. Donc continuons, et que vive le plan Loire n°4 auquel nous sommes en train de réfléchir ! n Propos recueillis par Marie Pannetier
Pause vélo et pique-nique en famille devant Candes-Saint-Martin.
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT | 87
Février 2014 | Région Centre
ENtrEtiEN | la région Centre développe des activités numériques à portée des citoyens pour que ceux-ci ne soient plus consommateurs, mais coopérateurs et acteurs de la création culturelle de leur territoire.
La Culture à portée de tous
CICLIC est un EPCC (Etablissement public de coopération culturelle), créé le 1er janvier 2012 par la volonté conjointe de l’État et de la Région. La Région Centre contribue à hauteur de 2,6 millions d’euros pour le fonctionnement et 1,7 pour l’investissement, sur un budget total de 9,2 millions. Reprenant les activités culturelles autour du livre et du cinéma, cet établissement soutient également l’éducation artistique, la valorisation du patrimoine et la mise en oeuvre d’outils numériques. Par exemple, les ciné-mobiles, uniques en France, permettent aux habitants des zones rurales de bénéficier d’une véritable salle de cinéma. CICLIC a aussi imaginé “Les mille lectures d’hiver” où des professionnels présentent des ouvrages dans des lieux insolites tels que l’hôpital, la prison ou même chez l’habitant. Quels sont les équipements culturels attractifs de la Région ? Le Festival International des Jardins, qui s'est déroulé du 24 avril au 20 octobre 2013 sur le Domaine de Chaumont sur Loire, est un évènement important durant lequel cohabitent une programmation d’art contemporain et des présentations botaniques, permettant une circulation des publics entre ces deux univers. Cette mixité en fait d’ailleurs un succès touristique, économique et culturel auprès des professionnels mais aussi des néophytes. L’année dernière 400 606 visiteurs ont été accueillis, plaçant l’évènement au 3e rang des sites les plus visités du Val de Loire. Un FRAC (Fonds régional d’art contemporain) “nouvelle génération”, spécialisé en architecture novatrice, a été inauguré le 14 septembre 2013. Il accueille “ArchiLab”, un 88 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers Territoires
évènement de renommée mondiale, dont le thème cette année est l’interaction de l’architecture avec les sciences du vivant.
Quelles sont les politiques en faveur du cinéma et de la créativité numérique en Région Centre ?
La Région Centre est attachée à la présence sur l’ensemble de son territoire d’une offre culturelle diverse et exigeante, comment se traduit cette volonté ? Afin de permettre le meilleur accès de tous aux arts et à la culture, d’accroître la fréquentation culturelle, de sensibiliser et former le public de demain, la Région soutient les créateurs et favorise la rencontre de tous les publics avec les œuvres. C’est dans ce sens qu’ont été mis en place en 2013 près de 70 Projets Artistiques et Culturels de Territoire (PACT), qui portent la culture sur l’ensemble du territoire régional, s’efforçant d’associer plus étroitement artistes et habitants en lien avec les autres collectivités territoriales. Ceci permet chaque année de s’adresser à de nouveaux publics sur de nouveaux territoires. Ainsi, près de 45 % des habitants de la région ont été concernés en 2013 par cette démarche.
© Région Centre
Pouvez-vous nous présenter le CICLIC, l’Agence régionale du Centre pour le livre, l’image et la culture numérique ?
En tout, ce sont 10 dispositifs différents de soutien à la création qui sont proposés en Région Centre dont le soutien à la production court métrage, le soutien à l’écriture, le soutien aux industries audiovisuelles régionales… Cette année, Le cri du homard qui a bénéficié d’un soutien à la production a reçu a obtenu le César du meilleur court métrage. Depuis 20 ans la Région a soutenu 918 projets, pour un budget de 2,2 millions d’euros par an. Les collectivités sont devenues des financeurs extrêmement importants pour le monde de l’image et de l’audiovisuel. Soutenir un certain cinéma est un acte politique. Ayant constaté que les créateurs numériques étaient souvent isolés, la Région a lancé un réseau de l’économie créative pour favoriser des synergies pérennes. Un second axe spécifiquement culturel a démarré avec la chaine patrimoine en 2011, qui numérise les films de particuliers, leur remet une copie et les diffuse sur une plateforme accessible à tous. De même, “l’électrophone” est un espace numérique où les groupes de musique peuvent déposer leurs créations, disponibles ensuite à l’écoute en streaming ou à l’achat. La culture ne doit pas être vécue uniquement dans une relation descendante dans laquelle les citoyens sont consommateurs, mais comme une coopération. La Région Centre la considère comme quelque chose d’essentiel, particulièrement en temps de crise, et non pas comme une variable d’ajustement n Propos recueillis par Marie Pannetier
Carole Canette Vice-présidente déléguée à la Culture et à la Créativité numérique