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PARLEMENT EUROPÉEN
LE MAGAZINE DES GRANDS ENJEUX
Une économie à multiples facettes L’Europe et les relations internationales De nombreux atouts touristiques
Le Haut-Rhin, un espace d’innovation européen
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Situé au cœur de l’espace rhénan, le département du Haut-Rhin s’affirme comme la collectivité de proximité. Son action rayonne au-delà de ses frontières.
“Les relations transfrontalières constituent un enjeu stratégique pour notre Collectivité”
Le maintien de la proximité est rendu de plus en plus difficile par un Etat qui n’a de cesse de recentraliser pouvoirs et moyens financiers. Quelle erreur ! Comment dans ce contexte peut-on encore prendre en compte les spécificités économiques, culturelles, sociales, propres à notre espace de développement du Rhin Supérieur lié aux échanges avec la Suisse et l’Allemagne toutes proches ? Nos centres d’intérêts sont très éloignés par exemple de ceux de la Champagne qui évolue dans la sphère d’influence parisienne.
“C’est une grande chance d’être au cœur de cet espace rhénan.”
La Grande Région est une construction idéologique qui permet de faire croire que le pays se réforme mais en réalité il n’en est rien. Cette nouvelle entité ne générera pas d’économies, au contraire, elle va créer des dépenses nouvelles.
L’enjeu pour le Département est bien de s’affirmer plus que jamais comme la collectivité de proximité et des solidarités territoriales.
deux nous refusons les diktats de l’Etat qui est en train d'asphyxier les départements.
“Nous refusons les diktats de l’Etat.”
L’arrivée de cette Grande Région et l’expérience avortée du Conseil Unique d’Alsace vous ont fait voter à l’unanimité un rapprochement stratégique du HautRhin et du Bas-Rhin en septembre 2015. Si la politique des petits pas a été largement plébiscitée, comment cette coopération s’exprimera-t-elle ? Avec Frédéric Bierry, mon collègue basrhinois, nous sommes sur la même longueur d'onde concernant de nombreux dossiers. Nous partageons la même volonté de surmonter les obstacles, d’aller de l’avant ! Tous © CD68
Quels enjeux la nouvelle Grande Région vat-elle faire advenir sur votre territoire ? Pensez-vous qu’il faudra installer des outils de proximité pour assurer le dialogue à différentes échelles au sein de ce nouveau mode de fonctionnement ?
Dès notre arrivée à la présidence de nos assemblées respectives, nous avons dû faire face à un mur budgétaire. Nous avons opéré des rapprochements qui très vite ont abouti à des résultats concrets, engendrant de réelles économies d’échelles : on peut citer notamment la fusion des agences de développement touristique et des agences économiques. Ce projet était depuis longtemps souhaité, il est aujourd’hui effectif ! D’autres pistes de coopération et de mutualisation sont sur les rails pour permettre de réduire le coût de nos organisations. Nous travaillons également de concert au devenir de la Maison de l’Alsace, un bien exceptionnel situé sur les Champs Elysées, entièrement rénové. Cette réflexion a le mérite d’ouvrir le débat autour de sa vente, de s’interroger sur la destinée de l’immeuble, d’avoir une idée précise de sa valeur et de l’usage qu’on pourrait en faire à l’avenir.lll
Éric Straumann Président du Conseil départemental du Haut-Rhin, Député de la 1ère circonscription du Haut-Rhin
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 1
© service communication UHA
Mai 2016 | Haut-Rhin
“Les relations transfrontalières constituent un enjeu stratégique pour notre Collectivité.” lll Qu’en est-il des relations transfron-
talières ? La nouvelle donne promet-elle de les développer pour imaginer un avenir commun ? Les relations transfrontalières constituent un enjeu stratégique pour notre Collectivité. C’est une grande chance d’être au cœur de cet espace rhénan. Nous mesurons au quotidien le pouvoir d’attraction, le dynamisme économique de ce territoire. Mais hélas, nous mesurons aussi, nous élus alsaciens, les freins administratifs, les aberrations qui émaillent la législation française et qui nous empêchent de participer à cette spirale ascendante.
“L’Europe fait partie de l’ADN alsacien.”
Et pourtant, ce territoire est extrêmement attractif ! Novartis vient d’annoncer tout récemment le développement de son Centre de biotechnologie à Huningue avec
100 millions d’euros d’investissement à la clé. Nous continuerons donc plus que jamais à mobiliser nos énergies pour accompagner, notamment, le développement des infrastructures de l’EuroAirport, les zones économiques et commerciales du Technoport de Saint-Louis, le projet urbain trinational 3Land, les mobilités. Alors que vous aviez appelé au maintien d’une Ecotaxe en Alsace, la Ministre de l’Ecologie a enterré définitivement ce projet au mois d’août 2015. Cette Ecotaxe aurait permis de limiter le report du transit de poids lourds d’Allemagne sur les routes alsaciennes. Elle aurait également généré de nouvelles recettes pour les deux Départements qui détiennent la compétence route et, à ce titre, financent et entretiennent les infrastructures. Force est de constater que cette demande, qui avait été accueillie favorablement par Ségolène Royal et François Hollande, est depuis restée lettre morte dans les ministères. Regardez ce qui s’est passé en Belgique : en avril 2016 une nouvelle taxe kilométrique pour les poids lourds est entrée en vigueur avec un tarif différencié en fonction des régions. Pourquoi ce qui peut être appliqué ailleurs en Europe ne peut-il l’être chez nous en Alsace ?
2 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Au cœur de l’espace rhénan, le Département est aussi au cœur de l’Europe : outre votre engagement pour le bilinguisme, comment œuvrez-vous à favoriser le sentiment de citoyenneté européenne sur votre territoire ? Il suffit de se promener dans nos villes, nos villages pour se rendre compte combien tous nos usages, nos traditions, sont intimement liés au destin européen, à son cosmopolitisme. Plus que jamais, dans le contexte de la Grande Région, nous avons à défendre et préserver les valeurs européennes, notre histoire, notre droit local, les droits de nos frontaliers, notre capital Strasbourg. Le Conseil départemental du Haut-Rhin est d’ailleurs l’initiateur et l’accompagnateur de bon nombre d'initiatives transfrontalières : les stages pour nos jeunes lycéens de l’autre côté du Rhin, la création de fonds de microprojets avec le Landkreis BreisgauHochschwarzwald, le soutien à Infobest Palmrain, instance d’information et de conseil sur les questions transfrontalières au service des citoyens... L’Europe fait partie de l’ADN alsacien, elle se vit au quotidien ! n Propos recueillis par Julien Dreyfuss
Haut-Rhin
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Hors-série - Mai 2016
Haut-Rhin
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SOMMAIRE :
“Les relations transfrontalières constituent un enjeu stratégique pour notre Collectivité”
1
Un entretien avec Éric Straumann, président du Conseil départemental du Haut-Rhin, député de la 1ère circonscription du Haut-Rhin
Carte du Haut-Rhin “Bientôt 60 ans de coopération entre le District de Fribourg et le Haut-Rhin”
3 6
Un entretien avec Bärbel Schäfer, présidente du gouvernement du District de Fribourg-en-Brisgau
“L’ETB, un Eurodistrict unique en Europe”
9
Un entretien avec Jean-Marc Deichtmann, président de l’Eurodistrict Trinational de Bâle, premier vice-président de la Communauté d’Agglomération des 3 Frontières
Mulhouse Alsace Agglomération : un territoire stratégique du Haut-Rhin
10
Un entretien avec Jean-Marie Bockel, sénateur du Haut-Rhin, Président de Mulhouse Alsace Agglomération
“Des taux d’imposition parmi les plus bas de France”
12
Un entretien avec Gilbert Meyer, maire de Colmar, président de Colmar Agglomération
Un ménage à trois harmonieux
14
Un entretien avec Alain Girny, président de la Communauté d’Agglomération des Trois Frontières
Une économie à multiples facettes
Mulhouse, seconde agglomération de la grande région ACAL
16
Un entretien avec Jean-Pierre Lavielle, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Sud Alsace Mulhouse
Une porte-parole de l’agriculture alsacienne
17
Un entretien avec Laurent Wendlinger, 1er vice président de la Chambre d’Agriculture Alsace
“Inverser la courbe du chômage n’est pas une mission politique, mais citoyenne”
18
Un entretien avec Bernard Stalter, président de la Chambre de Métiers d’Alsace
“Innover pour bien gérer” Un entretien avec Lara Million, vice-présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin, présidente de la Commission Finances et budget
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“Inscrire notre action dans la proximité”
22
Un entretien avec Rémy With, 1er vice-président du Conseil départemental du Haut-Rhin, président de la Commission Patrimoine immobilier, Actions et Territoires
“Le local est gage d’efficacité”
24
Un entretien avec Nicolas Jander, président de la Commission Aménagement du Territoire et Economie
Enseignement supérieur, formation, recherche et innovation L’Université de Haute-Alsace, 40 ans de réussite et d’innovations
26
Un entretien avec Christine Gangloff-Ziegler, présidente de l'Université de Haute-Alsace
La jeunesse au cœur de nos priorités
28
Un entretien avec Pierre Vogt, président de la 8ème commission éducation et jeunesse
Le digital au service du développement du territoire
30
Un entretien avec Raphaël Schellenberger, conseiller départemental du canton de Cernay, maire de Wattwiller, président de la Mission Digitale
Urbanisme, infrastructures et transports “L’attractivité passe aussi par les mobilités”
34
Un entretien avec Alain Grappe, 9ème vice-président du Conseil Départemental du Haut-Rhin, président de la 3ème commission voirie, infrastructures et transports
Cadre de vie, environnement et solidarités “Une réponse accompagnée pour tous”
38
Un entretien avec Alain Couchot, président de la 4ème commission solidarité et autonomie
“Un département précurseur”
40
Un entretien avec Michel Habig, vice-président du Conseil départemental du Haut-Rhin, président de la Commission Agriculture, Environnement et Cadre de Vie
La proximité entre un élu et les citoyens est essentielle
42
Un entretien avec Fatima Jenn, présidente de la 10ème Commission solidarité, famille, insertion et logement au Conseil départemental du Haut-Rhin et adjointe au maire de Mulhouse
Europe et relations internationales
“L’Eurodistrict Region Freiburg / Centre et Sud Alsace : une identité commune pour 1,25 million d’habitants”
46
Un entretien avec Jean Rottner, président de l’Eurodistrict Region Freiburg / Centre et Sud Alsace
“L’Eurodistrict Trinational de Bâle : une plate-forme de décision et d’échanges transfrontaliers”
48
Un entretien avec Marion Dammann et Guy Morin, vice-présidente de l’Eurodistrict trinational de Bâle et vice-président de l’Eurodistrict trinational de Bâle
Culture, sport et tourisme
Le sport, un facteur de bien-être et d’épanouissement
52
Un entretien avec Marc Schittly, conseiller départemental du Canton de Mulhouse 3, président de la Commission Sport et Vie associative
“Une image ambitieuse de la culture dans le Haut-Rhin”
54
Un entretien avec Brigitte Klinkert, 2ème vice-présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin, présidente de la 7ème commission culture et patrimoine
“Une offre touristique pour tous les goûts”
56
Un entretien avec Max Delmond, président de l’Alsace Destination Tourisme
LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN - Édité par Monde Edition S.A.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lcp-europeen.eu - www.lecourrierduparlement.fr n Directeur de la publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction - Sharon Lazimi n Journalistes - Jonathan Bensadoun, Valentine De Brye, Julien Dreyfuss, Pauline Pouzankov, Olivier Sourd, Louis Watrelot n Infographiste - Isabel Viana n Directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n Remerciements - Martial Reheisser - Anne Pradines n N° 18 n Numéro ISSN - 24181056 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo de couverture - © CD68 - Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.
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ENTRETIEN | Les deux collectivités concrétisent dans leurs projets communs l’amitié franco-allemande : des réalisations qui facilitent au quotidien la vie de tous, de part et d’autre de la frontière.
© Andreas Schwarzkopf
“Bientôt 60 ans de coopération entre le District de Fribourg et le Haut-Rhin”
“Le rôle central du gouvernement du District est de mener à bien les objectifs fixés par le gouvernement fédéral dans la région.”
Quelles sont ses compétences ? Dans quelle mesure sont-elles similaires ou différentes de celles des Départements français ?
Le Land du Bade-Wurtemberg est divisé en quatre Districts : Stuttgart, Karlsruhe, Tübingen et Fribourg-en-Brisgau. Le District de Fribourg-en-Brisgau comprend 9 arrondissements (Landkreise) et une ville-arrondissement (Stadtkreis), Fribourg-en-Brisgau, ainsi que 295 communes. Il occupe une superficie de 9 346 km2 et compte près de 2,1 millions d’habitants. Le rôle central du gouvernent du District est de mener à bien les objectifs fixés par le gouvernement fédéral dans la région. À la tête du gouvernement du District, sa présidente représente les intérêts du district auprès du gouvernement du Land. La présidente du gouvernement du District est nommée par le ministre-président du Land. 6 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Regierungsbezirk Freiburg
Pouvez-vous nous présenter le District de Fribourg-en-Brisgau ?
Fort de ses quelque 1 800 collaboratrices et collaborateurs, le gouvernement du District a les principaux champs de compétences suivants : environnement et protection de la nature, éducation et formation, économie et travail, santé et protection des consommateurs, infrastructure des transports, planification, construction, agriculture et sylviculture, géologie, ressources naturelles et mines, affaires sociales et intégration. Et une compétence très actuelle : le logement et la prise en charge des migrants. Il s’agit d’une tâche essentielle qui nous place devant un défi considérable. À cela s’ajoute la fonction de surveillance juridique des arrondissements et de la ville de Fribourg.
Bärbel Schäfer Présidente du gouvernement du District de Fribourg-en-Brisgau
© Joergens
“Le Département du Haut-Rhin et le gouvernement du District de Fribourg entretiennent une coopération très étroite, fondée sur la confiance réciproque, depuis le début de la coopération transfrontalière il y a presque 60 ans.”
Depuis 30 ans, le gouvernement du District de Fribourg s’est, par ailleurs, vu attribuer une fonction spéciale très importante par le gouvernement du Land, à savoir la coopération transfrontalière. En effet, la présidente du gouvernement du District de Fribourg conduit la coopération au nom du Land dans la région du Rhin supérieur et du Haut-Rhin, en coopération avec le gouvernement du District de Karlsruhe. À l’instar du Département français, le gouvernement du District assure également des compétences qui se chevauchent comme la construction et l’entretien de routes, la mobilité, l’aménagement du territoire et les services d’incendie.
Quel type de coopération a été engagé avec le Département du Haut-Rhin ? Le Département du Haut-Rhin et le gouvernement du District de Fribourg en-
tretiennent une coopération très étroite, fondée sur la confiance réciproque, depuis le début de la coopération transfrontalière il y a presque 60 ans. Tous les présidents du Département ont travaillé main dans la main avec les présidents du District et m’ont toujours clairement expliqué l’importance que revêtaient à leurs yeux l’amitié francoallemande et les projets concrets transfrontaliers qui aident les gens dans leur vie quotidienne. Sans cet engagement, la Région métropolitaine trinationale du Rhin supérieur, qui connaît un succès grandissant, n’aurait vu le jour. Les exemples concrets de notre coopération étroite sont les centres d’information communs pour les citoyennes et les citoyens du Rhin supérieur, en l’occurrence Infobest à Palmrain et Vogelgrun à Breisach. Nous coopérons en outre très étroitement avec le Programme intégré du Rhin et travaillons activement, là aussi en coopération étroite, à la mise en place d’une liaison
rapide de bus entre Colmar et Fribourg. Il existe par ailleurs un échange intense avec la Préfecture du Haut-Rhin et des rencontres annuelles à l’occasion desquelles les autorités abordent ensemble des thèmes communs et auxquelles participent également les représentants du Département. Je pense que les Départements, et tout particulièrement celui du Haut-Rhin, joueront à l’avenir un rôle encore plus important dans le domaine de la coopération transfrontalière au sein de la grande région ACAL. C’est pourquoi j’espère que l’État français attribuera au Département les fonds nécessaires à cette coopération. Je me réjouis de poursuivre une coopération transfrontalière couronnée de succès, pour une amitié encore plus forte ! n Propos recueillis par Olivier Sourd
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Mai 2016 | Haut-Rhin
Gespräch mit Bärbel Schäfer
“Seit fast 60 Jahren eine gemeinschaftliche Zusammenarbeit zwischen dem Regierungsbezirk Freiburg und dem Haut-Rhin” Die beiden Gemeinschaften haben durch ihre gemeinsamen Projekte eine deutsch-französische Freundschaft aufgebaut und mit ihren Ergebnissen das tägliche Leben Aller auf beiden Seiten der Grenze erleichtert.
und Versorgung von Flüchtlingen. Sie ist eine ganz zentrale Aufgabe, die uns massiv fordert. Hinzu kommt die Funktion der Rechtsaufsicht gegenüber den Landkreisen und der Stadt Freiburg.
Können Sie den Regierungsbezirk Freiburg vorstellen?
“Zentrale Aufgabe des Regierungspräsidiums ist es, die landespolitischen Ziele in der Region umzusetzen.”
Das Bundesland Baden-Württemberg ist in vier Regierungsbezirke Stuttgart, Karlsruhe, Tübingen und Freiburg unterteilt. Der Regierungsbezirk Freiburg umfasst 9 Landkreise und den Stadtkreis Freiburg sowie 295 Gemeinden. Er erstreckt sich über eine Fläche von 9.346 Quadratkilometern und hat eine Einwohnerzahl von rund 2,1 Millionen. Zentrale Aufgabe des Regierungspräsidiums ist es, die landespolitischen Ziele in der Region umzusetzen. Gleichzeitig vertritt die Regierungspräsidentin an der Spitze des Regierungspräsidiums die Anliegen und Interessen des Regierungsbezirks gegenüber der Landesregierung. Die Regierungspräsidentin wird vom Ministerpräsidenten ernannt. Was sind die Kompetenzen? Inwieweit sind sie ähnlich oder verschieden zu den Französischen Départements? Das Regierungspräsidium mit seinen rund 1.800 Mitarbeiterinnen und Mitarbeitern hat folgende wesentlichen Kompetenzfelder: Umwelt und Naturschutz, Schule und Bildung, Wirtschaft und Arbeit, Gesundheit und Verbraucherschutz, Verkehrsinfrastruktur, Planen, Bauen, Land- und Forstwirtschaft, Geologie, Rohstoffe und Bergbau, Soziales und Integration. Und derzeit ganz aktuell ist die Unterbringung
Das Regierungspräsidium Freiburg hat seit 30 Jahren noch eine ganz wichtige Sonderaufgabe durch die Landesregierung übertragen bekommen: die Grenzüberschreitenden Zusammenarbeit. Die Freiburger Regierungspräsidentin gestaltet die Zusammenarbeit am Ober- und Hochrhein für das Land federführend gemeinsam mit dem Regierungspräsidium Karlsruhe. Vergleichbar mit dem Departement hat das Regierungspräsidium auch überschneidende Kompetenzen wie beispielsweise im Straßenbau, bei der Erhaltung von Straßen sowie bei der Mobilität, der Raumordnung und beim Feuerwehrwesen. Welche Art der Zusammenarbeit ist mit dem Departement du Haut-Rhin entstanden? Das Departement du Haut-Rhin und das Regierungspräsidium Freiburg arbeiten seit dem Beginn der grenzüberschreitenden
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Zusammenarbeit vor nunmehr fast 60 Jahren sehr eng und vertrauensvoll zusammen. Alle Präsidenten des Departements haben gemeinsam mit den Regierungspräsidenten und mir immer deutlich gemacht, wie wichtig ihnen die Deutsch-Französische Freundschaft und konkrete grenzüberschreitende Projekte sind, die den Menschen in ihrer Alltagssituation helfen. Ohne diesen Einsatz wäre es nicht zur Gründung der Trinationalen Metropolregion Oberrhein gekommen, die sich immer mehr zur Erfolgsgeschichte weiterentwickelt. Konkrete Beispiele unserer vertrauensvollen Zusammenarbeit sind die gemeinsamen Informationsstellen für die Bürgerinnen und Bürger am Oberrhein, also die Infobest in Palmrain und Vogelgruen in Breisach. Wir haben eine sehr gute Zusammenarbeit im Zusammenhang mit dem Integrierten Rheinprogramm und arbeiten derzeit auch sehr eng zusammen bei der Einrichtung einer Schnellbusverbindung Colmar-Freiburg. Daneben gibt es einen intensiven Austausch mit der Präfektur du Haut-Rhin und jährliche Treffen, in dem die Behörden gemeinsame Themenfelder weiterentwickeln, an denen die Vertreter des Departements auch teilnehmen. Nach meiner Einschätzung werden die Departments und insbesondere das Departement du Haut-Rhin in Zukunft eine noch größere Rolle in der grenzüberschreitenden Zusammenarbeit in einer größer gewordenen Region ACAL einnehmen. Deshalb hoffe ich, dass der französische Staat die Departements mit dem notwendigen finanziellen Volumen hierfür ausstatten wird. Auf diese sicher weiterhin erfolgreiche grenzüberschreitende Zusammenarbeit zur Vertiefung unserer Freundschaft freue ich mich! n
ENTRETIEN | L’Eurodistrict Trinational de Bâle est un cas à la fois pionnier et exemplaire de coopération transfrontalière en Europe.
“L’ETB, un Eurodistrict unique en Europe”
L’Eurodistrict Trinational de Bâle (ETB) a été créé en janvier 2007 sous la forme d’une association de droit local, lors d’une assemblée constituante qui s’est tenue à Saint-Louis. L’objectif des créateurs de l’ETB était de développer et d’approfondir la coopération transfrontalière à l’échelle de l’agglomération trinationale de Bâle. Un tel district de type trinational a-t-il des équivalents en Europe ? L’ETB est unique en Europe, car il est le seul à permettre la coopération de deux pays membres de l’Union Européenne et d’un pays hors EU, la Suisse. Nous voyons à l’échelle du Rhin Supérieur, qui dispose de quatre Eurodistricts, que chaque territoire transfrontalier a développé un outil spécifique au service de ses enjeux transfrontaliers. L’ETB est un instrument au service de l’intégration d’une agglomération urbaine d’un million d’habitants qui connaît un fort développement. Quels ont été les grands cas de coopération engagés depuis ses origines ? Depuis 2007, l’association ETB a été active dans le domaine de l’aménagement du territoire, des transports en commun, de l’énergie, de la culture. Et son fonds de soutien a financé les initiatives citoyennes communes aux trois pays : projets culturels, sportifs, éducatifs, environnementaux, etc. En 2009 a été lancée la première exposition internationale d’architecture transfrontalière : l’IBA Basel 2020. Elle poursuit le fil rouge: au-delà des frontières, ensemble.
Ce projet est fortement soutenu par l’Union Européenne (Programmes INTERREG IV et V du Rhin Supérieur). Le projet 3Land, enfin, vise le développement urbain de trois villes appartenant chacune à un Etat différent et formant le cœur de l’ETB. Ce travail a pu être élaboré grâce au soutien d’une importante subvention FEDER de l’Union Européenne (Programme INTERREG IV du Rhin Supérieur).
Supérieur. Chaque délégation nationale dispose d’un droit de veto (qui n’a encore jamais été utilisé en 10 années de coopération) et la présidence est tournante tous les deux ans. Depuis avril 2015, la présidence de l’ETB est assurée par la France. L’ETB collabore avec les trois autres Eurodistrict du Rhin Supérieur au sein de la Région Métropolitaine du Rhin Supérieur.
Comment envisagez-vous l’évolution dans l’avenir de l’Eurodistrict trinational de Bâle ?
Comment s’organise la collégialité entre trois pays membres de l’Eurodistrict ? L’ETB dispose d’une assemblée générale de 85 membres, d’un comité directeur, d’un organe exécutif, et d’un conseil consultatif. Ces trois instances permettent à une centaine d’élus de l’agglomération trinationale de Bâle de se réunir régulièrement pour discuter de la mise en œuvre de projets communs. Véritable conférence d’agglomération trinationale, l’ETB joue un rôle politique important à l’échelle de l’agglomération trinationale de Bâle et du Rhin © Eurodistrict Trinational de Bale
Quelles sont l’histoire et l’origine de l’Eurodistrict Trinational de Bâle ?
Les deux axes de travail prioritaires de ma présidence française actuels sont la mobilité et la proximité. Il est important que la population de nos trois pays sente la valeur ajoutée de la coopération transfrontalière au travers de projets concrets, comme la construction de tramways transfrontaliers (Bâle-Saint-Louis), de passerelles (Rheinfelden D et CH), d’une planification commune d’une zone de développement urbain stratégique pour le développement futur de l’agglomération (3Land). Parallèlement, l’ETB renforcera sa visibilité et son utilité auprès de tous les citoyens en mettant en place son propre fonds de rencontre. Ce fonds est destiné à soutenir financièrement des initiatives privées mettant en relation des habitants des trois pays autour de projets concrets : rencontres sportives, chorales, échanges scolaires, etc n Propos recueillis par Olivier Sourd
Jean-Marc Deichtmann Président de l’Eurodistrict Trinational de Bâle, Premier Vice-Président de la Communauté d’Agglomération des 3 Frontières
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 9
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ENTRETIEN | Composée de 34 communes, Mulhouse Alsace Agglomération rayonne au sein du département, grâce à ses stratégies économiques ambitieuses.
Mulhouse Alsace Agglomération : un territoire stratégique du Haut-Rhin
Mulhouse Alsace est la première Communauté d’agglomération du département et compte 270 000 habitants, soit, plus d’un tiers de la population du HautRhin. Ce territoire bénéficie d’une place stratégique dans le Sud Alsace, de par son développement économique mais aussi par son hub de transports. En effet, la région mulhousienne possède un aéroport particulièrement dynamique, avec ses quelque 7 millions de passagers en 2015, mais aussi le 3ème port fluvial français après Paris et Strasbourg. Nous avons donc, incontestablement, au sein du département, une place de métropole. En tant que Président de ce territoire, mon rôle est d’en assurer l’animation sur les questions stratégiques, telles que le lien commune-communauté, les évolutions nécessaires de l’agglomération, ou encore les grandes infrastructures de transport.
davantage le capital humain dans cette région transfrontalière, mais aussi d’accroître la qualité de l’offre territoriale et de renforcer la capacité d’innovation.
Afin d’obtenir un véritable effet levier, quatre thèmes ont été travaillés : n l’accessibilité et le stationnement ; n l’habitat : afin de développer une offre de logement haut de gamme pour attirer les hauts et moyens revenus en centre ville ;
“J’ai pour ambition de développer un travail de partenariat entre les intercommunalités.”
n la valorisation des espaces publics ; n le développement et la diversification de l’offre commerciale pour faire face à la concurrence périphérique.
Six axes prioritaires doivent être développé pour réussir ce projet :
En quoi consiste votre stratégie territoriale économique intitulée “Mulhouse Alsace Eco 2020” ? Quels en sont les secteurs clés et les grands projets ?
n le quartier d’affaires autour de la gare TGV, qui est un réel succès pour tout le territoire ; n le pôle Sud Alsace logistique ;
Nous avons mis en place des leviers stratégiques qui permettent de valoriser
Pouvez-vous nous parler du projet Mulhouse Grand Centre, et quels avantages en tirer pour le département ? Initié en 2010, afin de renforcer l’attractivité du centre-ville après les travaux du Tramway, et pour faire face à la concurrence des centres commerciaux de la périphérie, un ambitieux projet transversal a été mis en place et s’est vu consacrer un budget de 30 millions d’euros répartis sur six ans. 10 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© m2A
Quelle est la place de Mulhouse Alsace Agglomération au sein du département du Haut Rhin ? Quel est votre rôle au sein de ce territoire ?
n le croissant technologique ouest : un secteur qui continue de se développer hors zone franche ; n les alliances au sein de l’espace rhénan ; n le marché transfrontalier de l’emploi qui permet à nos jeunes de partir travailler dans ces zones germanophones ; n la prospection et le marketing territorial, qui sont encore assez faibles sur le territoire.
Jean-Marie Bockel Sénateur du Haut-Rhin, Président de Mulhouse Alsace Agglomération
© m2A Norbert L’Hostis
“En tant que Président de ce territoire, mon rôle est d’en assurer l‘animation sur les questions stratégiques, telles que le lien commune-communauté, les évolutions nécessaires de l’agglomération, ou encore les grandes infrastructures de transport.”
Plusieurs grands projets nous attendent à l’horizon 2020 :
l’aéroport à la voie ferrée, côté français mais aussi côté suisse ;
de s’étendre sur le territoire.
n le quartier d’affaires de la gare TGV, avec de nombreux investissements, notamment la finalisation de la voie Sud.
n les implantations d’entreprises internationales, qui doivent rester un objectif pour l’agglomération. Nous sommes actuellement en discussion avec Mitsubishi, qui a son seul ancrage français à Mulhouse ; aujourd’hui, cette dernière a pour objectif
Quelles sont vos ambitions à l’échelle du Haut-Rhin ?
© m2A
n la liaison ferroviaire jusqu‘à l’EuropAirport : nous avons le projet de connecter
J’ai pour ambition de développer un travail de partenariat entre les intercommunalités. Nos voisins de la Communauté d’agglomération des trois frontières ont aussi vocation à se développer. Nous nous devons de communiquer entre nous sur le développement économique de notre territoire pour aller de l’avant. Quels sont les grands enjeux 2016 pour votre territoire ? Développer notre compétitivité dans le cadre de la grande région Alsace-LorraineChampagne-Ardenne reste l’un de nos plus grands enjeux. Par ailleurs, nous sommes en pleine réflexion sur les mutations possibles ainsi que sur une remise à jour de notre projet territorial n
“Développer notre compétitivité dans le cadre de la grande région reste l’un de nos grands enjeux.”
Propos recueillis par Valentine de Brye
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 11
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Avec l’adhésion de sept communes supplémentaires au 1er janvier 2016, le périmètre de Colmar Agglomération s’étend à nouveau. Cette collectivité œuvre, depuis de nombreuses années, à offrir des conditions facilitées de développement et d’implantation aux entreprises, notamment par une politique fiscale modérée et un travail en réseau efficace.
“Des taux d’imposition parmi les plus bas de France” L’Alsace est classée 93ème région la plus compétitive sur un total de 262 au niveau européen (soit la deuxième performance française) : comment Colmar Agglomération contribue-t-elle à l’innovation régionale ? Compétente en matière de développement économique et d’enseignement supérieur, Colmar Agglomération contribue à l’innovation régionale par : n le développement du site du Biopôle : sur plus de six hectares, le Biopôle regroupe des structures académiques, professionnelles, économiques et de recherche, dont l’Université de Haute Alsace (UHA), l’INRA, le Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie RITTMO, le cluster régional Alsace Vitae… Ce site constitue un pôle de compétences et d’innovation reconnu sur les domaines de la vigne et de l’agro-environnement ;
n l’anticipation pour la maîtrise foncière des terrains destinés à l’économie ; nle soutien aux entreprises en développement et aux nouvelles implantations d’entreprises par le choix d’une fiscalité modérée ; n l’accompagnement des investisseurs par une aide complémentaire aux dispositifs de soutien à l’investissement matériel de la Région. Cette aide consiste en une majoration de 50% de l’aide attribuée à l’entreprise par la Région. Elle s’inscrit dans le cadre d’un partenariat innovant entre les deux collectivités puisque l’entreprise ne remplit qu’un seul dossier ; n une aide au réaménagement intérieur de locaux vacants, qu’ils soient commerciaux, artisanaux ou de services. Elle s’adresse aux
n le renforcement des pôles d’enseignement supérieur et de recherche : Colmar s’est engagée dans la construction d’un véritable pôle de l’UHA. Réparti sur deux sites, il poursuit l’ambition d’un enseignement supérieur à forte finalité professionnelle qui place la recherche et l’innovation au cœur des cursus universitaires (avec deux laboratoires de l’UHA à Colmar) ; n le soutien à plusieurs institutions d’envergure régionale comme le Pôle de Compétitivité Alsace BioValley, l’UHA ou l’ENGEES (Ecole d’Ingénieurs de Strasbourg) ; 12 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
exploitants ou aux propriétaires qui réalisent des travaux d’aménagement visant la modernisation des locaux. L’aide est égale à 20 % du montant des dépenses éligibles dont l’assiette totale ne pourra pas dépasser 30 000 € H.T, soit une participation au plus égale à 6 000 €.
“Maintenir une pression fiscale modérée et poursuivre une politique volontariste d’aide aux entreprises.” Auriez-vous quelques exemples de réussites typiquement colmariennes ? L’émergence d’entreprises innovantes sur le territoire de l’Agglomération est facilitée par le travail en réseau des acteurs de l’accompagnement régional. Ainsi, deux exemples récents de réussite peuvent être cités. Twistaroma, entreprise spécialisée dans la caractérisation chimique du vin et des boissons fermentées, ou encore Fysiki, startup spécialisée dans les usages du numérique, qui a développé un service de coaching sportif en ligne.
Gilbert Meyer Maire de Colmar, Président de Colmar Agglomération
Colmar Agglomération apparaît également comme un carrefour stratégique entre les grands centres urbains alsaciens et les métropoles européennes de Fribourg et de Bâle : de quels autres atouts votre territoire dispose-t-il pour les entrepreneurs qui souhaiteraient s’y installer ? Colmar Agglomération mobilise ses ressources mais également celles de tous les acteurs de l’accompagnement pour faciliter voire accélérer l’implantation et le développement des entreprises. Elle vise ainsi, à créer l’environnement le plus favorable à la création et au développement des entreprises par : n la création et la gestion d’emprises foncières (zones d’activités) pour les besoins des entreprises et un travail partenarial pour proposer une offre immobilière économique diversifiée ; n le soutien aux entreprises de manière opérationnelle et/ou financière (aides directes à l’investissement notamment) ;
n la pratique d’une modération fiscale des impôts et taxes ; n une politique d’investissement public d’ampleur.
“Créer l’environnement le plus favorable au développement des entreprises.” Vous proposez également une fiscalité modérée aux entreprises, chose rare dans le contexte actuel. Pourriez-vous en dire plus à ce sujet ainsi que sur les autres aides mises en œuvre ? Pour les entreprises du territoire, Colmar Agglomération applique des taux d’imposition parmi les plus bas de France. Ainsi en 2016, le taux de Contribution Foncière des Entreprises (CFE) s’établit à 24,39 % (contre 27,07 % pour la même strate de collec-
tivité au niveau national), le taux de versement transport est maintenu à 0,65 % (contre 1,23 % en moyenne). Malgré un contexte particulièrement difficile pour les finances publiques, par ses efforts continus de gestion, Colmar Agglomération peut donc maintenir une pression fiscale modérée et poursuivre une politique volontariste et différenciante d’aides directes aux entreprises : n investissements immobiliers : aide à la réalisation d’investissements immobiliers par les entreprises (avance remboursable sans intérêt) en complément du département du Haut-Rhin ; n investissements matériels : aide à l’investissement dans les entreprises complémentaire des dispositifs régionaux (dans le cadre d’un partenariat innovant avec la Région) ; n lutte contre la vacance immobilière des locaux commerciaux, artisanaux et de services : aide à l’aménagement intérieur des locaux en cas de changement d’exploitant n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 13
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Le Haut-Rhin possède une géographie quasi-unique en Europe. En effet, le département possède une frontière commune avec deux pays, qui sont la Suisse et l’Allemagne. L’entente entre les trois nations frontalières se révèle être excellente et de nombreux projets sont en cours pour accroître les collaborations économiques ou touristiques.
Un ménage à trois harmonieux
La Communauté d’Agglomération des Trois Frontières se situe au cœur de “l’Eurodistrict Trinational de Bâle” (ETB). Cette entité a en charge un certain nombre de dossiers concernant le développement économique mais aussi l’aménagement du territoire. Le travail commun développé au sein de notre siège est la création d’une grande agglomération trinationale entre la ville suisse de Bâle, qui se trouve à la limite de la frontière, le sud du département du HautRhin et la partie allemande au long du Rhin. Quelles sont les différentes missions que vous pouvez avoir en commun ?
ront dans la zone du “Techno-port” de 120 hectares où sera proposé un plan économique dans le secteur tertiaire. Le fait que le tramway arrive à son terme dans cette zone est tout sauf un hasard. Bâle étant une ville assez saturée, les petites unités d’entreprises cherchent donc à avoir des possibilités de l’autre côté de la frontière, qu’elle soit allemande ou française.
marché du travail avec les frontières ? Absolument. Chaque jour, 30 000 personnes passent la frontière pour aller travailler en Suisse. Ces travailleurs viennent de l’ensemble du département du Haut-Rhin, même si ce nombre est en léger recul depuis quelques années. Les Helvètes ont connu des difficultés avec une augmentation du taux de chômage, qui donne la priorité aux travailleurs suisses.
Comment se porte le tourisme dans cette région ?
Mais ce chiffre n’est il pas pénalisant pour le département du Haut-Rhin ?
Le tourisme se porte à merveille et ce même si à la frontière, la zone accueille moins de vacanciers malgré la réserve de la petite Camargue alsacienne. La grande ville de Bâle avec son centre historique est une zone prisée par les touristes. Voit-on beaucoup d’échanges dans le
Le dossier se nommant “l’agglo-programme” est un projet pour le développement des infrastructures dans l’ensemble du secteur routier, qui concernerait aussi les transports en commun ou encore les pistes cyclables. Le programme “Dreiland”, unissant les trois pays autour du port du Rhin, sera la création d’une île d’habitation industrielle, loisirs ou autres activités. Il se développerait sur les 30 années à venir. La ligne 3 du tramway va se prolonger jusqu’à SaintLouis, en provenance de Bâle sur plus de trois kilomètres. C’est un dossier qui montre la force de travail entre les différents pays, étant donné que les autorités suisses participent au financement de ce prolongement à hauteur de 40 %. Ces travaux s’effectue14 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
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Le Haut-Rhin a la particularité d’avoir ses frontières en contact direct avec deux pays distincts (Allemagne, Suisse), quel est votre rôle pour mener l’entente entre votre région et ses frontières ?
Ce n’est pas pénalisant, puisque le taux de chômage reste assez faible. Les habitants sont en mesure de trouver du travail chez nous pendant que nos industries recrutent à différents postes. Il est vrai que cela peut être pénalisant au niveau des salaires, qui sont plus importants en Suisse, même si ces montants ont baissé ces dernières années. Les travailleurs frontaliers aussi ont des charges supplémentaires, comme les frais de transport, qui amènent à un équilibre entre ceux qui exercent en France et ceux qui vont en Suisse. Les artisans de la main d’œuvre, formés en France, partaient en Suisse pour obtenir un revenu plus important. C’est un des problèmes auquel le département a dû faire face n Propos recueillis par Jonathan Bensadoun
Alain Girny Président de la Communauté d’Agglomération des Trois Frontières
CHAPITRE 1
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UnE éConoMIE à MULTIPLES FACETTES Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 15
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | L’investissement industriel productif connaît une forte accélération sur le territoire de Sud Alsace Mulhouse. Fort d’un secteur en pleine mutation, les PME connaissent de nouvelles marges de manœuvre et peuvent compter sur la Chambre de Commerce et d’Industrie pour les conseiller.
Mulhouse, seconde agglomération de la grande région ACAL Pouvez-vous nous présenter en deux mots votre fonction et vos différentes missions au sein de la CCI ? Président de la CCI, je définis à ce titre les objectifs stratégiques de la Chambre en concertation avec mes confrères élus et représente les sociétés ressortissantes et le secteur du Sud Alsace. Pour mémoire, les CCI ont vocation à accompagner la création d’entreprises mais aussi leur développement. Cela implique une étude de projet dans les domaines d’activités de l’industrie, du commerce et des prestations de services mais aussi une expertise en export, aménagement du territoire, économie numérique, développement durable ou financement par exemple.
L’action d’Initiative Sud Alsace repose également sur les partenariats noués avec les acteurs publics et privés qui partagent ses valeurs et son projet. Quel est l’intérêt pour la ville et à plus grande échelle, pour le département, d’avoir créé un quartier d’affaires à la gare de Mulhouse ? Mulhouse est la deuxième agglomération de la grande région ACAL et le Haut-Rhin l’un de tous premiers pôles économiques. De nombreuses entreprises de renom et sièges sociaux sont établis sur notre territoire. Avoir un quartier d’affaires à la gare de Mulhouse est un enjeu important pour la dynamique économique de Mulhouse et du
Pouvez-vous nous parler du réseau associatif de financement et d’accompagnement Initiative Sud Alsace ? Créé en 2000 sous l’impulsion de la CCI, la CDC, la Région Alsace et la DATAR, Initiative Sud Alsace est un véritable outil destiné à aider les créateurs et repreneurs de petites entreprises. La plateforme s’est ralliée au mouvement national Initiative France - premier réseau associatif de financement et d’accompagnement de la création/reprise de sociétés en France. Un programme profondément ancré dans son territoire d’intervention, grâce notamment au lien qui l’unit avec les collectivités locales qui sont le plus souvent à l’origine de sa création. 16 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Sud Alsace, mais aussi pour la mobilité des entreprises avec la gare TGV et l’unique aéroport binational au monde. Son objectif et donc de faire des abords de la gare un quartier d’affaires, véritable vitrine de Mulhouse et de son agglomération. D’ici à 2025, le projet est de créer tout un pôle de bureaux, d’environ 50 000 m2. Vous avez annoncé vouloir passer la main à Gilbert Stimpflin à la présidence de la CCI, qu’attendez vous de votre successeur pour le département ? Gilbert Stimpflin, déjà à la tête de la CGPME Alsace, est Président Délégué de la CCI et, à ce titre, nous travaillons de concert pour le développement économique du Sud Alsace et de ses entreprises. Mon successeur entend assurer cette continuité mais aussi représenter le Sud Alsace dans le projet de fusion avec nos collègues de Colmar Centre Alsace et Strasbourg Eurométropole mais aussi défendre nos intérêts lors du rapprochement avec les autres CCI d’ACAL n Propos recueillis par Valentine de Brye
Jean-Pierre Lavielle Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Sud Alsace Mulhouse
ENTRETIEN | La Chambre d’Agriculture Alsace privilégie l’imagination et la créativité afin de développer le secteur agricole au sein du territoire, mais aussi à l’échelle internationale.
Une porte-parole de l’agriculture alsacienne Quels sont vos rôles et missions au sein de ce département ? La Chambre représente aujourd’hui 223 salariés, dont 175 ingénieurs et techniciens spécialisés. Nous avons des antennes décentralisées sur la totalité du territoire : la Chambre d’agriculture représente un instrument essentiel pour le développement de l’activité agricole et l’insertion harmonieuse sur l’ensemble des terres alsaciennes. Il s’agit d’une institution représentative des acteurs de l’agriculture : elle est constituée par une assemblée professionnelle élue au suffrage universel tous les six ans. Notre particularité est que nous avons fait le choix, le 1er juillet 2013, de fusionner les Chambres alsaciennes départementales et la Chambre régionale, pour n’en créer qu’une seule qui se nomme désormais Chambre d’agriculture Alsace. Elle est aujourd’hui la porte-parole du monde rural et l’interlocutrice privilégiée des pouvoirs publics et des collectivités. Nous intervenons dans des missions compétentes en matière d’aménagement foncier, d’urbanisme, d’affaires sanitaires et sociales, d’enseignement et de recherche, de tourisme, d’habitat rural…
Quels sont les atouts de l’agriculture alsacienne ? Je dirai qu’il s’agit surtout de notre climat continental contrasté, et de notre zone de montagne. L’agriculture alsacienne a su s’adapter à son environnement. Pour preuve : l’Alsace détient le record de France en rendement de maïs. Par ailleurs, notre production de vin d’Alsace est de réputation internationale. Cette viticulture a su faire un produit haut de gamme créant une richesse économique sur ce territoire.
Comment voyez-vous l’agriculture de demain dans le Haut-Rhin et à plus grande échelle en Alsace ? Il y a une double stratégie : n renforcer nos filières agricoles, car il serait dommage de perdre les atouts dynamiques de notre région qui répondent à des objectifs économiques et à la demande des consommateurs de proximité. n la création de filières innovantes. Je pense notamment à la production de semences (tournesols, maïs) qui sont des filières d’excellence. Quelle est votre implication au niveau écologique dans l’agriculture du département ? Nous sommes un acteur majeur en ce qui concerne les questions environnementales : au niveau alsacien, la Chambre d’agriculture porte les trois quarts des programmes environnementaux et climatiques.
Nous agissons, depuis 20 ans, et de manière très concrète, sur la qualité de l’eau auprès de l’ensemble des autres acteurs (syndicats d’eau, agence de l’eau.). Elle s’est améliorée sur la quasi-totalité du département depuis 1997. Grâce à ce travail, la production céréalière a été multipliée par quatre. Nous avons donc concilié productivité et environnement. La race vosgienne qui était également en voie d’extinction il y a de cela 25 ans, est aujourd’hui sauvée de par notre travail. L’effectif de cette espèce a dépassé les 10 000 bêtes. Avez-vous des ambitions à l’échelle internationale ? Lesquelles ? Notre commerce de céréales est tourné vers l’ensemble du bassin rhénan : nos clients sont principalement l’Allemagne et les Pays-Bas, mais nous devons encore travailler et dynamiser ce projet. Le vin d’Alsace est également un produit qui fait la notoriété de notre territoire, au niveau national mais aussi sur les continents asiatique et américain. Il faut continuer à gagner en dynamisme international, même si cela représente un challenge difficile pour les petites entreprises. Je suis cependant convaincu que nous allons encore progresser dans les années à venir et que la taille de notre nouvelle grande région sera un atout pour percer au niveau mondial, pourquoi pas en se fédérant entre les différentes productions agricoles ou peutêtre même hors agricoles n Propos recueillis par Valentine de Brye
Laurent Wendlinger 1er Vice-Président de la Chambre d’Agriculture Alsace
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 17
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Étudier les pistes de demain pour développer un artisanat fort, c’est la mission à laquelle s’emploie la Chambre de Métiers d’Alsace.
“Inverser la courbe du chômage n’est pas une mission politique, mais citoyenne”
La première mission était de repositionner l’artisanat dans le secteur économique à sa juste place car il n’est pas assez reconnu comme première entreprise de France. C’est un domaine qui embauche, qui ne délocalise pas, où le nombre d’entreprises augmente régulièrement. Pour ce faire, il y avait plusieurs politiques à mettre en œuvre. Il fallait tout d’abord redynamiser les relations entre les différents acteurs, afin de redonner confiance aux artisans. Nous avons créé des postes d’animateurs économiques, certains généralistes et d’autres spécialistes. Par exemple, un chargé de mission spécialisé est dans les transmissions d’entreprises, car un échec de reprise est souvent synonyme de drame social pour le secteur ainsi que pour l’emploi. Il existe aussi un agent régional affecté à l’aide au recrutement des artisans, et bientôt un agent dédié à l’économie circulaire. Par ailleurs, nous avons multiplié les partenariats à tous les niveaux : Pôle emploi, l’État, les collectivités territoriales, et même les acteurs du privé comme les sociétés de prévoyance, ou encore Orange.
ment du Haut-Rhin? Et dans la région alsacienne dans son ensemble ?
teurs chacun à ses compétences, l’artisan a toutes ces casquettes. Il est donc impensable qu’il ne soit pas formé à tous ces domaines. Notre situation est la même que sur l’ensemble du territoire. Inverser la courbe du chômage ne constitue pas un rôle politique, mais un rôle citoyen.
Il y a une incohérence du fonctionnement. Aujourd’hui, les référentiels de formation font que souvent les diplômés ne sont pas employables à la sortie de leurs études. En effet, nous avons des structures qui cherchent du personnel qualifié et qui ne trouvent pas, ainsi qu’une somme conséquente de demandeurs d’emploi. Il y a donc un chantier important à mettre en œuvre, avec le Conseil régional Grand Est, l’État et le rectorat pour que l’orientation et le contenu des formations soient cohérents afin que les postulants puissent trouver un travail dans les entreprises qui recherchent. Nous travaillons donc à l’élaboration sur le livre blanc de l’apprentissage. Le chef d’une entreprise artisanale n’est pas qu’un professionnel, c’est aussi un directeur financier, de production, de ressources humaines… Là où dans d’autres sec-
Un autre axe est de développer ce qui concerne le transfrontalier, car le Haut-Rhin partage des frontières avec la Suisse et l’Allemagne. À l’échelle de la région, nous allons étendre cette coopération avec les autres pays limitrophes. Comment se porte l’emploi dans le secteur de l’artisanat au sein du départe18 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Vous avez fait part de votre indignation, il y a quelques mois, envers l’application mobile Uber Pop. Pourriez-vous revenir sur les raisons de votre colère ?
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Quelles ont été vos actions depuis votre entrée à la tête de la Chambre des Métiers ?
Ma colère ne porte pas que sur Uber Pop, mais plus généralement sur “l’uberisation” de la société. Le projet de loi des Nouvelles Orientations Economiques (NOE) possède un volet très intéressant pour l’artisanat : la transformation numérique. La Chambre des Métiers d’Alsace accompagnera Emmanuel Macron dans cette réflexion et dans le suivi des entreprises artisanales en les incitant à aller dans ce sens. Cependant, nous sommes totalement contre la déréglementation des métiers. Il faut essayer de tirer les métiers vers l’excellence, vers ce à quoi le client doit pouvoir s’attendre. Je suis prêt à travailler avec le ministre de l’Économie pour essayer de faire évoluer les métiers avec lui, mais sans les déréglementer. Cette réglementation est justement un gage de protection pour les artisans, tout comme pour les consommateurs n Propos recueillis par Louis Watrelot
Bernard Stalter Président de la Chambre de Métiers d’Alsace
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PARLEMENT EUROPÉEN
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JE M’ABONNE Au Courrier du Parlement Européen pour un an (10 numéros) et je joins à ce bulletin un règlement de 190 € par chèque bancaire ou postal à l’ordre de Monde Édition. Mme/ M./ - Prénom/ Nom : ……………………………………………………………………………….................................................... Organisme/ Société : ………………………………………………………………………………………….....................................…….……. Adresse : ……………………………………………………………………………………………………………..…......................................………... Tél. : ………………………………….............…………… E-mail : ………………………………………………………….........................………… À retourner à : Le Courrier du Parlement Européen / Monde Édition S.A.S. - 3, rue Mornay - 75004 Paris CONTACT : redaction@lcp-europeen.eu - Tél. : 01 44 54 05 50 Fax : 01Territoires 44 54 05 Les -dossiers | L55 E COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 19
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Lors de la séance plénière du 18 mars 2016, le budget d’un montant de 874 millions d’euros a été adopté par l’Assemblée départementale. Dans un contexte budgétaire difficile, le Conseil départemental poursuit son action en adéquation avec les besoins essentiels des habitants.
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“Innover pour bien gérer” Lara Million Vice-Présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin, Présidente de la Commission Finances et budget
“Une politique budgétaire responsable.”
A combien s’élève le budget primitif 2016 ? Le budget primitif 2016 s’élève à 874 millions d’euros : 629 millions d’euros en fonctionnement et 245 millions d’euros en investissement. Dans un contexte économique difficile, il a fallu faire face à de nombreux défis et surtout innover et faire des choix courageux pour continuer à assurer des services publics de qualité et soutenir nos partenaires. Au total, ce sont plus de 30 millions d’euros d’économies que la Collectivité a dû réaliser pour pouvoir équilibrer les dépenses et les recettes du budget 2016. C’est un véritable mur budgétaire qui a été franchi ! Cette démarche est rendue possible par une adaptation constante de nos organisations et de nos outils de pilotage budgétaire. Quelles sont ses principales ressources de fonctionnement et d’investissement ? Les grands postes en matière de res-
sources sont la fiscalité — produit des impôts : 413 millions d’euros — et les dotations de l’Etat pour un montant de 235 millions d’euros. Mais, c’est une vue en trompe-l’œil. A l’image des autres Départements, le Conseil départemental du Haut-Rhin ne dispose plus d’impôts dits “dynamiques” qui permettent de générer des ressources nouvelles par le seul fait de la croissance économique. Le seul pouvoir d’agir reste aujourd’hui le taux de la taxe sur le foncier bâti mais de manière très marginale (1 % du taux ne représentant qu’une recette supplémentaire d’1 million d’euros). A noter que notre Département affiche la fiscalité la plus modérée de la Grande région soit 13,17 %, ceci concourt grandement à l’attractivité de notre territoire. Quelles sont les principales dépenses de fonctionnement et d’investissement ? Les postes budgétaires les plus importants en section de fonctionnement concerne les solidarités pour un montant de 376 millions d’euros (aides aux aînés, aux personnes en situation de handicap, en faveur des familles et de la protection de l’enfance, pour le RSA et l’insertion, pour l’habitat social…), les collèges et les transports
20 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
scolaires pour 77 millions d’euros, l’attractivité des territoires pour 48 millions d’euros, l’aménagement des routes pour 31 millions d’euros, l’environnement pour 14 millions
“Le Département maintient un bon niveau d’investissement.”
Les moyens dédiés au fonctionnement des services ont été largement revus à la baisse. Nous sommes très vigilants sur les dépenses de personnel. Le Haut-Rhin affiche l’un des tous meilleurs ratios de France avec 30 agents pour 10 000 habitants.
Concernant l’investissement, il reste élevé encore cette année et s’élèvera en 2016 à 81 millions d’euros. Il sera consacré à quatre postes essentiels : l’entretien des collèges et la sécurisation des routes, l’entretien des bâtiments départementaux, les aides à l’équipement des communes et intercommunalités. A noter que le Haut-Rhin compte parmi les derniers départements qui assureront la gratuité des transports scolaires à la rentrée 2016/2017. Le Département maintient ainsi un bon niveau d’investissement. Mais ce n’est pas sans peine ! Le désengagement de l’Etat se confirme et s’accélère et le Conseil départemental se voit obligé d’assumer à sa place un “manque à gagner” de plus de 92 millions d’euros pour le financement des allocations obligatoires comme l’APA, le RSA et la PCH. C’est autant d’argent qui, aujourd’hui, ne pourra plus être utilisé en investissement !
Cette décentralisation de la dette nationale est particulièrement dommageable pour le territoire : moins d’investissements, cela signifie moins d’activités pour les entreprises locales et donc un impact direct sur l’emploi. Quelle est la part d’emprunt prévue au budget 2016 ? Notre part d’emprunt sera limitée à 20 millions d’euros. Nous avons fait le choix d’amorcer cette année notre désendettement avec un encours qui diminuera de 10 % cette année. Cette politique budgétaire responsable – une gestion économe, une fiscalité modérée, une action de désendettement – est un marqueur important de notre politique budgétaire n Propos recueillis par Julien Dreyfuss © CD 68
d’euros, le financement des services de secours départementaux pour 23 millions d’euros, les moyens dédiés à l’organisation des services pour 112 millions d’euros.
“Au total, ce sont plus de 30 millions d’euros d’économies que la Collectivité a dû réaliser pour pouvoir équilibrer les dépenses et les recettes du budget 2016.”
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 21
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Garant de l’équilibre entre les territoires, le Département s’efforce de compenser les inégalités territoriales. Le développement du très haut débit est l’un des grands défis pour demain.
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“Inscrire notre action dans la proximité” Rémy With 1er Vice-Président du Conseil départemental du Haut-Rhin, Président de la Commission Patrimoine immobilier, Actions et Territoires
aussi les intercommunalités, les syndicats mixtes, les organismes d’Etat, les associations… Notre objectif est d’assurer la meilleure cohérence et adéquation des politiques publiques départementales avec les besoins exprimés par les acteurs de terrain et les populations.
Quels sont vos domaines d’intervention au sein du Département ? Je suis amené avec mes collègues à décider et à mettre en œuvre les politiques concernant : n d’une part l’entretien, le développement du patrimoine - bâtiments et équipements départementaux - dans les territoires, n d’autre part les politiques d’aides aux communes.
Quels sont les grands enjeux de ces politiques ? L’une des caractéristiques majeures de notre Collectivité est d’inscrire son action dans la proximité et donc en relation très étroite avec les acteurs de terrain qui sont multiples : les communes bien sûr mais
“Continuer à organiser un service public de qualité.”
Pour l’ensemble de ses partenaires, l’engagement de la Collectivité représente 275 millions d’euros. Compte tenu des contraintes financières qui pèsent sur les Collectivités, le défi est de pouvoir maintenir un bon niveau de service public mais aussi de poursuivre autant que faire se peut le développement des équipements utiles dans les territoires, avec une attention toute particulière pour les bassins de vie ruraux. Le Département préservera pour 2016 un bon niveau d’investissement. A hauteur de 81 millions d’euros, les dépenses priori-
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taires concerneront l’entretien des bâtiments et des équipements départementaux, les collèges et les routes notamment. 44 millions d’euros seront consacrés aux projets de nos partenaires (communes, intercom-
munalités, syndicats mixtes…). Cet engagement est vital car il génère de l’activité pour les entreprises locales et participent directement au soutien à l’emploi.
De quelle manière sont pris en compte les enjeux environnementaux ? Historiquement, notre Département a toujours été très en pointe dans le domaine de la protection de l’environnement et du développement durable. Nous sommes précurseurs dans bon nombre d’actions pour préserver la biodiversité : les brigades vertes, la protection des cigognes, les GERPLAN (plans de gestion de l’espace rural et périurbain)…
Quels sont les grands projets en matière d’aménagement du territoire ?
Il y a une réalité que nous ne pouvons nier, c’est la contrainte budgétaire. Sous la pression de l’Etat, le Département continuera à accompagner les Collectivités mais sous d’autres formes que les seules aides budgétaires. Nous avons notamment intérêt à développer l’appui en ingénierie dans de nombreux domaines (économie, urbanisme, tourisme, social, agriculture…). Nous disposons pour cela d’agences et d’experts de grande qualité. La loi NOTRe confère aux Départements la conduite de la solidarité territoriale. A ce titre, la commission que je préside, sous l’égide “actions et territoires”, entend mener une réflexion sur la politique à construire autour de la solidarité territoriale pour continuer à assurer un service public de qualité et surtout de proximité dans les territoires ruraux.
Nous accompagnons depuis plusieurs années la transformation industrielle de nos vallées. Nous poursuivons nos efforts en lançant cette année le déploiement du très haut débit sur l’ensemble du département. Nous y consacrerons 3,5 millions d’euros en 2016. L’un des grands espaces également en mutation constante est celui des trois frontières, en proximité de l’agglomération de Bâle. Le Conseil départemental du Haut-Rhin participe au financement de nombreux projets routiers sur ce secteur, il soutient également l’EuroAirport et le grand projet architectural transfrontalier Iba Basel n
Propos recueillis par Jonathan Bensadoun
© LIN Gmbh / Duplex Design
Pour évoquer les seuls aspects énergétiques dans la gestion de notre patrimoine départemental, nous envisageons de réduire de 500 000 € la “facture chauffage” de nos collèges en 2016.
Quelles sont vos perspectives ?
“Historiquement, notre Département a toujours été très en pointe dans le domaine de la protection de l’environnement et du développement durable.”
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 23
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Encourageant les partenariats avec les acteurs publics locaux tout en veillant à l’aménagement du territoire, le Haut-Rhin mène une politique volontariste de développement de l’économie, du tourisme, de la recherche et de l’emploi.
“Le local est gage d’efficacité”
Développer la richesse des territoires et l’emploi, c’est là un enjeu majeur pour notre département qui se traduit par une politique volontariste en faveur de l’économie, de l’enseignement supérieur, de la recherche et du tourisme. Concernant plus précisément la création d’entreprises, le Conseil départemental soutient de nombreux développeurs au sein des structures intercommunales. Il finance également l’agence départementale de développement qui travaille autant en appui aux collectivités qu’aux entreprises. Notre département investit également pour l’accessibilité et la qualité de vie. Ce sont deux données fondamentales pour séduire les investisseurs mais aussi les cadres des entreprises. Avez-vous des réussites typiques du Haut-Rhin ?
publics de développement économique est indispensable aux créateurs d’entreprises comme aux investisseurs étrangers : quels sont les plus importants ? D’autres projets sont-ils en cours ?
Le Haut-Rhin a fait de l’artisanat l’un des éléments de sa politique d’équilibre économique. Comment soutenez-vous les artisans haut-rhinois ? Un guichet unique dédié aux aides à l’artisanat a été créé par conventionnement avec la Chambre de Métiers et le Conseil régional. Il s’agit d’une politique harmonisée en faveur de la création-reprise des entreprises artisanales alsaciennes. Moins d’interlocuteurs, moins de “paperasse” : l’artisan qui souhaite des aides départementales ou régionales pour la création, n’a plus qu’un seul dossier à remplir. Le but de ce projet : faciliter les démarches administratives des entreprises artisanales alsaciennes.
Le Département favorise le parcours immobilier des entrepreneurs par la création d’un réseau de pépinières d’entreprises pour les créateurs et d’un réseau d’hôtesl d’entreprises en bail long terme, pour permettre aux entreprises de se développer dans des conditions financières rassurantes. Un schéma départemental de parcs d’activités, de zones d’intérêt départemental, est également mis en place pour les projets les plus importants, et des zones artisanales pour les projets de proximité. Le Département est directement impliqué dans des projets d’aménagement économique ambitieux comme la zone d’activités du Technoport dans le secteur de l’Agglomération des Trois Frontières à la frontière suisse et les zones portuaires de Mulhouse et de Colmar.
Une des plus grandes fiertés du Département, ces dix dernières années, est l’apport en ingénierie et le financement de la zone industrielle de l’aéroport de Bâle-MulhouseFreiburg qui lui a permis de devenir la troisième plateforme mondiale pour l’aménagement intérieur d’aéronefs privés représentant 2 000 emplois directs et des milliers d’emplois supplémentaires en sous-traitance. Son soutien à l’aéroport d’affaires de Colmar/Houssen —seul aéroport d’Alsace ouvert 24h/24— marque sa volonté de soutenir une économie ouverte vers l’international et les industriels locaux. En ce sens, la construction d’équipements 24 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Par quelle politique d’aménagement cherchez-vous à compenser les inégalités territoriales ?
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Comment le Conseil départemental du Haut-Rhin favorise-t-il la création d’entreprises dans le Haut-Rhin ?
Le Département veille à organiser la présence de ses principaux services dans les territoires pour permettre à l’ensemble des usagers l’accès aux services essentiels. La proximité est gage d’efficacité. Dans le cadre des Contrats de Territoires de vie, ce sont les acteurs locaux qui proposent et hiérarchisent les projets les plus adaptés à leur situation. C’est un retour aux sources du développement local. Nous avons de plus engagé un large projet de déploiement de la fibre optique pour que chaque entreprise, y compris dans les zones les plus rurales, ait accès au très haut débit n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Nicolas Jander Président de la Commission Aménagement du Territoire et Economie
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EnSEIgnEMEnT SUPéRIEUR, FoRMATIon, RECHERCHE ET InnovATIon Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 25
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | L’UHA, installée sur deux villes (Mulhouse et Colmar) regroupe environ 8 000 étudiants, 500 enseignants et chercheurs et 450 personnels administratifs, et offre plus d’une centaine de formations aux différents niveaux Licence, Master et Doctorat.
L’Université de Haute-Alsace, 40 ans de réussite et d’innovations
Nous avons fêté en 2015 nos 40 ans sous le signe de “40 ans de réussite et d’innovations”. L’identité et la stratégie de l’Université de Haute-Alsace (UHA), que ce soit en formation ou en recherche, sont construites sur ses atouts : professionnalisante par son histoire, transfrontalière par son implantation, innovante et réactive par sa taille. Cela se traduit par l’importance de la formation par apprentissage, de la formation continue, de la recherche partenariale menée en lien direct avec les entreprises, notamment dans le domaines des matériaux et des mobilités, par son centre de compétences transfrontalières NovaTris, par sa démarche d’éco campus en étant la 1ère Université en France certifiée ISO 50 001, par son très bon taux de ressources propres ou encore pour ses formations innovantes pour lesquelles il y a aujourd’hui une forte demande d’essaimage comme pour le Diplôme d’Université ProjetOrientation-Solidarité pour les étudiants en réflexion sur leur orientation ou UHA 4.0. dans le domaine du numérique. L’enquête sur l’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur souligne également les bons taux d’insertion de nos diplômés qui sont systématiquement au-dessus des moyennes nationales. Et le niveau de rémunération des diplômés des filières sciences et technologie est supérieur de près de 20 % par rapport aux chiffres nationaux. Les petites
et moyennes universités, comme l’UHA, bien ancrées dans leurs écosystèmes socioéconomiques, obtiennent de très bons résultats par un accompagnement renforcé des étudiants lié à la fois à la bonne adaptation des diplômes aux besoins des employeurs, aux relations fortes développées avec le monde socio-économique et à la proximité dont les étudiants bénéficient avec les équipes pédagogiques. Enfin, le Learning Center, financé dans le cadre du contrat de plan Etat-Région (CPER) dont la construction démarre sous maîtrise d’ouvrage M2A, est un projet structurant pour notre Université et vise à devenir un lieu de ressources et d’innovations au service des apprentissages. Il sera livré en 2018. La proximité n’exclut pas l’ouverture et l’UHA accueille près de 20 % d’étudiants étrangers, dont près de
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10 % dans des formations bi ou trinationales, signe de son attractivité, et le 1er janvier 2016, démarre le Groupement Européen de Coopération Territoriale “EUCOR, Le Campus européen”, constitué entre les universités de Strasbourg, de Fribourg, de Karlsruhe, de Bâle et de Haute-Alsace qui donnera une visibilité encore supérieure à cet ensemble universitaire majeur comptant plus de 120 000 étudiants, plus de 10 000 chercheurs et enseignants-chercheurs et 2,3 milliards d’euros de budget annuel. En quoi le caractère transfrontalier du Haut-Rhin se reflète-t-il dans votre offre de formations ? Comment les filières exploitent-elles cet aspect ?
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Votre Université a fêté cette année ses 40 ans : comment décririez-vous son évolution et quel développement envisagezvous pour son futur ?
L’offre de formation de l’Université de Haute-Alsace dispense depuis plus de 20 ans des formations transfrontalières proposées en coopération avec des établissements d’enseignement supérieur proches en Allemagne et en Suisse. Ces formations intégrées menant à une bi ou tri-diplomation sont aujourd’hui au nombre de 10 dans des domaines aussi divers que le management, le professorat des écoles, l’informatique, la mécatronique, la chimie, le tourisme ou l’assurance de personnes. Les étudiant(e)s étudient alternativement un an en France, un an en Allemagne et un an en Suisse au sein de promotions plurilingues et transfronta-
Christine Gangloff-Ziegler Présidente de l'Université de Haute-Alsace
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l’intégration sur un marché du travail régional transfrontalier mais aussi mondial. Cela donne également des clés pour développer des entreprises dans un contexte international comme à Mulhouse et Colmar ou plus lointain ! Comment l’Université participe-t-elle au renforcement des liens entre les étudiants et la sphère entrepreneuriale, notamment via la recherche de partenariats ?
“L’offre de formation de l’Université de Haute-Alsace dispense depuis plus de 20 ans des formations transfrontalières proposées en coopération avec des établissements d’enseignement supérieur proches en Allemagne et en Suisse.”
lières. Ce cadre transfrontalier de formation leur permet de vivre et étudier au quotidien dans un environnement international qui implique la réalité du marché du travail aujourd’hui dès la fin de leurs études. Au-delà du cadre international proposé, les formations transfrontalières mises en place depuis 2009 accentuent les enseignements d’accompagnement au développement de compétences interculturelles afin que l’expérience d’études transfrontalières puisse devenir une ressource transférable à d’autres contextes, en particulier celui de l’emploi. La licence Regio Chimica, prix Bartholdi 2014, en est un des exemples pilotes.
Qu’en est-il des filières bi voire tri nationales et de votre politique d’ouverture internationale ? La stratégie transfrontalière affirmée de l’UHA depuis de nombreuses années se transcrit dans l’existence depuis juillet 2012 du Centre de compétences transfrontalières NovaTris, labellisé Initiative d’Excellence en
Formations Innovantes (IDEFI) dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir de l’Etat et financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) pendant 90 mois. NovaTris a pour mission de soutenir les dispositifs d’apprentissage innovants permettant le développement de compétences transfrontalières. Ainsi l’apprentissage des langues en Tandem Tutoré prend son essor depuis 2011, par exemple. Par ailleurs, des dispositifs de mobilité quotidienne au sein des établissements d’Eucor, Le Campus européen, sont très prisés par les étudiants de l’ensemble des formations de l’Université. Cette possibilité d’études un jour par semaine à Bâle (Suisse) ou Fribourg (Allemagne) en particulier leur permet également de faire leurs premières expériences de mobilité dans un cadre accompagné et souvent leur donne l’envie de poursuivre par des mobilités plus longues. Les dispositifs d’accompagnement interculturels mis en place à l’UHA en particulier par le Centre NovaTris permettent ainsi à la fois l’expérience internationale et le développement conscient de compétences interculturelles essentielles à
L’Université de Haute-Alsace mène des actions de sensibilisation permettant de faire découvrir des expériences, de présenter les différents dispositifs d’aide à la création d’entreprise qui peuvent aider les jeunes dans le développement de leurs projets. Ainsi, depuis plusieurs années, l’UHA cultive une culture de l’entreprenariat. On peut citer par exemple : les enseignements sur la création d’entreprise, l’espace de rencontres entre le monde de la recherche universitaire et le monde économique avec la Maison de l’Innovation et de l’Entreprise,... Aussi, l’Université organise ou co-organise de nombreuses manifestations toute l’année comme des serious games, la Nuit de l’Info, le Startup Weekend. L’UHA soutient les vocations et contribue à la création d’entreprise en participant aux concours de Business Models/ Business Plans, au concours Alsace Tech ou encore SEMIA (incubateur d’Alsace). Enfin, l’Université mène des actions de coaching pour le concours Alsace Tech. Aussi, l’UHA fait partie de divers comités de pilotage aux côtés des acteurs régionaux de l’innovation comme celui sur l’entreprenariat féminin en Alsace ou encore le comité d’instruction du Statut Etudiant Entrepreneur ouvrant droit à l’aménagement des études dans le cadre d’un projet de création d’entreprise. L’Université est membre fondateur du Pepite ETENA (Etudiant Entrepreneur en Alsace). Cette participation active de l’UHA montre comment elle souhaite aller plus loin en adaptant la formation aux projets innovants avec le Diplôme d’Etudiant Entrepreneur (D2E) et le Diplôme d’Université Etudiant Entrepreneur Transfontalier - Eucor EntrepreneurShip. Ainsi, l’Université crée un environnement favorable aux innovations et contribue à développer la culture de l’entrepreneuriat n Propos recueillis par Julien Dreyfuss
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Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Le Haut-Rhin met en place de nombreuses actions culturelles, sportives, environnementales auprès des jeunes. Une attention toute particulière est également portée sur les investissements dans les collèges.
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La jeunesse au cœur de nos priorités réflexion et la coordination car la jeunesse touche à de nombreux domaines : la commission de la culture, de l’éducation, du sport… Par cela, nous devons travailler main dans la main avec les autres élus.
nement en nous appuyant essentiellement, dans notre département sur six centres d’initiation à la nature et à l’environnement, qui génèrent 100 000 journées d’animations par an.
Quelles sont vos actions en terme d’éducation ?
“Donner les meilleures chances.”
Nous avons des actions spécifiques en terme d’éducation de la jeunesse, hors champ scolaire. Quinze associations d’éducation populaire contribuent par dessus tout à la citoyenneté des jeunes et nous les soutenons à travers le Conseil Départemental des Mouvements et Institution de la Jeunesse (CDMIJ). Son objectif est de prendre des initiatives afin de favoriser l’épanouissement des étudiants au sein du département.
Le Département participe de façon importante aux activités culturelles. Il s’agit d’actions d’envergure puisqu’elles nous permettent de soutenir 82 écoles de musique, 22 écoles de danse, 19 écoles de théâtre qui concernent environ 11 000 élèves du HautRhin.
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Nous œuvrons aussi dans le cadre d’un réseau régional de l’éducation à l’environ-
“Nous avons des actions spécifiques en termes d’éducation de la jeunesse, hors champs scolaire.”
Quel est votre rôle et quelles sont vos missions auprès de la jeunesse du département ? Je ne suis évidemment pas forcément en contact direct avec les jeunes, même si cela peut arriver pour certaines manifestations ou organisations. Ma mission se concentre plus sur la 28 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
De quelles façon participez-vous au développement de la culture au sein des collèges ? Nous avons mis en place différents dispositifs à cet égard dans les collèges du Département : n la Filature Scène nationale, qui propose chaque année aux établissements du Haut-Rhin l’intervention d’un artiste dans
Pierre Vogt Président de la 8ème commission éducation et jeunesse
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“Le département participe de façon importante aux activités culturelles.”
les classes pour des ateliers d’initiations au théâtre. Actuellement, une dizaine de collèges prennent part à ce programme. n une convention mise en place avec l’orchestre symphonique et la ville de Mulhouse. Ils proposent annuellement un parcours pédagogique autour de la musique. Nous soutenons ce projet à hauteur de 11 000 euros par an.
“Favoriser la réussite éducative.” Par ailleurs, notre projet de collège de cinéma est très réussi. Il s’agit d’une convention entre le ministère de la Culture, de l’Éducation nationale et le Département. Cette
action se fait entre les différents collèges du département et chacun d’entre eux s’engage à trois séances programmées de cinéma pour les trois trimestres de cours avec un réel travail de préparation en amont. 44 établissements sont inscrits dans ce cadre. Il s’agit d’une initiative exclusive au département du Haut-Rhin. Et en termes d’activités sportives ? En dehors des enseignements, nous participons, entres autres, à une opération “jeunes licenciés” pour laquelle le Département y contribue financièrement afin de faciliter l’accès aux associations sportives pour chaque jeune. Cette opération concerne 48 500 jeunes sur 653 clubs. Au niveau du collège, nous menons des projets avec l’UNSS (Union Nationale Scolaire et Sportive) à travers un “passeport aventure”. Cela fait partie intégrante dans l’éducation de nos jeunes.
Quels sont vos ambitions et vos objectifs pour la jeunesse du Haut Rhin ? Il ne faut pas perdre de vue tous les aspects de contraintes financières. Nous sommes soumis à de grandes restrictions budgétaires dont nous devons tenir compte. En dehors de cela, il faut favoriser tous les aspects transversaux entre les différents domaines, que cela soit le sport, la culture, l’environnement, avec à la clé leur réussite éducative. Nous devons également intensifier les actions de médiation en faveur des collégiens, notamment dans le cadre de partenariat avec des opérateurs culturels et les lieux de diffusion (théâtre, conservatoire) n
Propos recueillis par Valentine de Brye
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Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | L’Alsace et le Haut-Rhin jettent un pont entre le passé et l’avenir, ancrent la modernité dans la tradition ! Innovant et précurseur, le Conseil départemental prépare aujourd’hui les succès de demain avec sa Mission Digitale.
Le digital au service du développement du territoire Le début de la nouvelle mandature et la loi NoTRE qui précise les compétences du Département : le moment était venu pour lancer cette démarche. L’heure est désormais aux territoires numériques, et à l’e-administration ! Et la Mission Digitale développe le numérique de manière transversale au sein de la collectivité départementale. Le digital est aujourd’hui tout simplement consubstantiel de l’action publique : organisation des services aux habitants, relation entre le politique et le citoyen, levier de développement pour le territoire (compétitivité et qualité de vie). Nous pouvons citer aussi l’éducation, l’accès à la connaissance pour la jeunesse, le maintien des services dans les territoires, le développement durable et le rayonnement international.
Combien de partenaires implique-t-elle ?
qu’élu la responsabilité de cette Mission Digitale ?
reste à mettre en place. Et dans ce domaine, les réseaux sociaux demeurent davantage un handicap qu'un atout. A nous d’en changer la donne.
J’ai en tant qu’élu la responsabilité d’améliorer la vie des concitoyens. Par ailleurs, je fais partie de cette nouvelle génération d’élus qui utilisent le numérique au quotidien, à la fois dans mon organisation personnelle mais aussi comme levier managérial. Les espaces de travail collaboratifs, les agendas partagés, les réseaux sociaux, les “Cloud”, les applications… sont des outils que j’ai mis en place au sein de ma commune. Au service d’une action publique toujours plus utile et efficace, le numérique apporte également des réponses aux contraintes financières que rencontrent aujourd’hui les collectivités locales. Par ailleurs, être familiarisé avec le numérique, connaître la technologie est un avantage certain lorsque nous sommes amenés à développer des projets et donc à échanger avec des techniciens. Mais il faut faire la part des choses ; un travail de médiation
La Mission Digitale est en pleine montée en charge. Le premier projet consiste en la refonte totale de l’interface internet de la collectivité et la mise en œuvre de l’open data. Le nombre de partenaires n’est pas défini. Ce qui est sûr, c’est que nous chercherons à impliquer d’autres acteurs publics ou économiques. Je pourrais citer les agences de développement touristiques, économiques ou urbanistiques par exemple, mais aussi des start-ups qui cherchent à innover dans la sphère publique par exemple dans le cadre de services à la personne sous la forme d’applications. Tout est à construire !
En quoi le Haut-Rhin se prête-t-il particulièrement au développement du numérique ? Précurseurs et innovateurs, nous avons créé le premier système d’information géographique (SIG) transfrontalier... C’est dans l’esprit alsacien de se remettre en cause et réinventer ! Dans cet espace trinational BâleFribourg-Mulhouse, abondent également les entreprises en pointe dans le digital : le kilomètre 0 à Mulhouse a reçu le label “French Tech”. Quels espoirs le Haut-Rhin et ses partenaires fondent-ils sur le numérique pour l’avenir de leur économie ?
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Quelle est l’origine de la Mission Digitale ?
Il doit aider à faire de nous l’un des bassins économiques les plus compétitifs. Sa situation dans le Rhin Supérieur est pour cela un atout unique. Avec les collectivités partenaires, nous déployons le Très Haut Débit Fibre Optique à l’ensemble du territoire. L’investissement s’élève à plus de 400 millions d’euros. Ce financement est porté par l’Etat, l’Europe, la région, les départements alsaciens et les collectivités locales n Propos recueillis par Olivier Sourd
Raphaël Schellenberger Qu’est-ce qui vous a valu d’avoir en tant 30 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Conseiller départemental du canton de Cernay, Maire de Wattwiller, Président de la Mission Digitale
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URBAnISME, InFRASTRUCTURES ET TRAnSPoRTS Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 33
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | La flexibilité et la sécurité sont les maîtres-mots de la politique des routes.
“L’attractivité passe aussi par les mobilités”
Le Haut-Rhin s’organise avec 46 lignes de bus régulières, c’est-à-dire des liaisons entre les différentes villes du département. Par ailleurs, 400 circuits spéciaux de bus scolaires sont réservés aux écoliers, le tout pour un budget de 35 millions par an. Aujourd’hui, avec la loi NOTRe promulguée l’été dernier, nous perdons la compétence transport qui sera désormais reprise par la grande région. Des améliorations avaient toutefois été prévues dans ce domaine car la fréquentation est très faible sur nos lignes régulières.
Pourriez-vous nous présenter l’EAP EXPRESS, l’Association de Promotion du Raccordement Ferroviaire de l’EuroAirport ? C’est le sénateur Jean-Marie Bockel qui en est le président. L’association est chargée de faire la promotion du raccordement ferré entre l’EuroAirport et la Ville de Mulhouse. Il s’agissait de valoriser cette liaison pour qu’elle se réalise au plus vite.
Pourriez-vous nous dire quelques mots sur le tramway qui relie Bâle à SaintLouis, technoport ?
mental. Cela passe par un entretien régulier du réseau et des équipes de la DRT mobilisées. Nos services sont certifiés ISO.
La nouvelle ligne de tram améliore les déplacements transfrontaliers en faveur des transports publics. Ce grand projet permet une liaison intéressante entre la France et la Suisse mais aussi entre l’agglomération bâloise et le secteur de Saint-Louis. C’est probablement fin 2017 que cette ligne sera mise en service. Aujourd’hui, la ville de Bâle est saturée de véhicules. Ce nouveau tramway permettra donc de réduire la circulation automobile en ville et de renforcer la qualité de vie des habitants en leur offrant une autre manière de se déplacer.
Comment s’organise la voirie au sein du Département ? La voirie comprend un pôle direction des routes départementales, l’un des services importants dans ce domaine. Il comprend plus de 400 personnes et un budget de 75 millions d’euros. La viabilité hivernale est un service important pour la population du Haut-Rhin et comprend un budget annuel entre 2 et 5 millions d’euros. Quels sont vos projets en cours les plus importants ?
Quels sont vos projets de développement au niveau des infrastructures et des transports ?
n la liaison a deux voies entre Mulhouse et Altkirch ; n la rocade ouest à Colmar, qui a commencé il y a une dizaine d’années, et qui devrait bientôt se terminer. En termes de budget, ce projet représente une trentaine de millions d’euros ;
Des projets de déviation de village ou de sécurisation de certaines liaisons sont également en cours. Nous travaillons surtout sur la sécurité, c’est un enjeu fonda-
Pourriez-vous nous parler du canal RhinRhône qui permet une liaison avec le Rhin ? Il y a quelques années, ce canal devait passer à grand gabarit sur la partie alsacienne et devait être élargi pour accueillir un transport fluvial de grande capacité. Faute de moyens financiers, cela n’a pas été possible et nous le regrettons. Ce canal à grand gabarit aurait été un véritable générateur touristique et économique mais aussi un moyen de délester de façon considérable le trafic routier trop chargé dans notre région. 34 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
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Comment s’organisent les transports au sein du Département ? Comment comptez-vous les améliorer ? Quelles sont les principales voies de communications dans le Haut-Rhin ?
n le contournement de Mulhouse qui touche à sa fin ; c’est l’un des grands projets de ce secteur car cette ville draine énormément en terme de fréquentation et de densité de voitures n Propos recueillis par Valentine de Brye
Alain Grappe 9ème Vice-Président du Conseil Départemental du Haut-Rhin, Président de la 3ème commission voirie, infrastructures et transports.
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CADRE DE vIE, EnvIRonnEMEnT ET SoLIDARITéS Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 37
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Le Conseil départemental du Haut-Rhin développe une approche globale à destination des personnes les plus fragiles, les personnes âgées et celles en situation de handicap.
“Une réponse accompagnée pour tous”
Une carte de stationnement, d’invalidité, les droits à une allocation, la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé… Tous ces droits sont accordés par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) et en ma qualité de président de cette maison, que j’assure par délégation du Président du Conseil départemental, mes initiatives sont les suivantes : n la proximité : la MDPH, dont le siège est à Colmar, traite plus de 45 000 demandes par an et dispose de sept antennes dont une à Mulhouse ; n la réactivité : les demandes sont traitées dans un délai inférieur à quatre mois (délai réglementaire), ce n’est de loin pas le cas de toutes les MDPH de France. Nous y parvenons car tous les dossiers sont numérisés, ce qui offre plus de souplesse dans le traitement des demandes et donne des perspectives en terme d’e-administration ;
recherche de la solution la plus adéquate : certes la réponse idéale, par exemple pour une place en foyer, n’est pas toujours proposable immédiatement, mais notre mobilisation est sans faille pour accompagner la personne et trouver avec elle des solutions palliatives. Personne n’est laissé au bord de la route avec un droit en poche mais une impossibilité à l’exercer. Le Haut-Rhin a d’ailleurs été retenu parmi 22 autres départements pour développer et expérimenter plus avant cette approche plus humaine préconisée dans le rapport “Zéro sans solution” de M. Piveteau, conseiller d’Etat, démarche appelée aujourd’hui “Une réponse accompagnée pour tous”.
coller au plus près aux demandes des personnes. Les situations de handicap ne sont pas uniformes mais au contraire très hétérogènes selon la nature du handicap (sensoriel, psychique, mental, physique) et la situation propre de la personne (son habitat, son entourage…). C’est la raison pour laquelle on parle aujourd’hui de “personnes en situation de handicap” et non plus de “personnes handicapées”. En conséquence de quoi les besoins qui s’expriment sont très divers mais tendent tous vers un souhait fortement exprimé : la recherche de l’autonomie maximale.
Le soutien à domicile et en hébergement des adultes handicapés : Environ 7 200 personnes (5 200 à domicile et 2 000 en établissement) bénéficient d’un soutien financier du Conseil départemental. Le grand défi pour nous est de
n la simplification des démarches : un seul fonds d’aide pour les aides à l’aménagement du logement quel que soit l’âge de la personne ! Au-delà de ces aspects, il est important de développer une approche globale car derrière toute demande d’accès au droit peut se cacher une demande de soutien et d’accompagnement qui dépasse une simple ouverture de droit.
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Quelles sont vos initiatives en faveur des personnes handicapées ?
Notre politique dans ce domaine est donc d’offrir la palette de service la plus large possible, c’est-à-dire : une offre en hébergement complet (création de 373 places en foyer depuis 2008) et d’accueils en journée (+ 106 places sur la même période), mais également en service d’accompagnement à domicile. En parallèle, nous développons aussi des formules nouvelles du type habitat regroupé ou colocation pour des personnes fortement dépendantes, des cérébrolésés et des personnes atteintes de handicap psychique Dans quelle mesure apportez-vous du soutien aux catégories sociales défavorisées ? Toute politique sociale doit d’abord s’adresser aux plus démunis et c’est bien ce que fait le Conseil départemental par ses
Alain Couchot La MDPH du Haut-Rhin accompagne spécifiquement les personnes qui sont en 38 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Président de la 4ème commission solidarité et autonomie
“Environ 7 200 personnes (5 200 à domicile et 2 000 en établissement) bénéficient d’un soutien financier du Conseil départemental.”
trois allocations de solidarité : Revenu de Solidarité Active, Allocation Personnalisée d’Autonomie et Prestation de Compensation du Handicap. Pour l’APA, le panel des bénéficiaires est plus large que les catégories les plus défavorisées mais ces dernières sont toujours plus et mieux aidées que les autres, compte tenu du principe de l’équité et de la dégressivité des aides en fonction des ressources et de la lourdeur du handicap (7% des bénéficiaires de l’APA sont au minimum vieillesse, soit 790 € par mois). Ces trois aides représentent 160 millions d’euros par an pour le budget départemental. Quelles sont vos actions en faveur des personnes âgées ? Elles sont multiples et représentent un effort annuel de 80 millions d’euros. Tout d’abord, il faut dans ce domaine développer des actions de prévention (chute, nutrition, bien vieillir, activité physique,…) afin de retarder la survenance de la dépendance. Nous allons même multiplier nos actions dans ce domaine avec les caisses de retraite. Par ailleurs, les premiers pourvoyeurs d’aides ne sont pas les autorités publiques, mais les proches aidants familiaux qui consacrent beaucoup de leur temps à s’occuper de leur parent âgé. Ces derniers peuvent aussi s’essouffler et avoir besoin d’aide pour prendre un peu de répit. C’est
pourquoi le Conseil départemental a initié une politique forte dans ce domaine, par la création de places d’accueil de jour et d’hébergements temporaires bien répartis sur le territoire, qui profitent à près de 1 000 personnes par an pour chacune de ces formules. Nous expérimentons aussi de l’hébergement temporaire d’urgence, en particulier pour faire face aux situations assez fréquentes d’hospitalisation de l’aidant principal qui nécessite de trouver dans l’urgence une place en maison de retraite. Nous sommes aussi attentifs aux malades d’Alzheimer pour lesquels nous adaptons des espaces spécifiques dans nos maisons de retraite (plus de 50 % en proposent aujourd’hui), tout en restant présents sur l’aide à domicile pour accompagner au quotidien près de 7 000 personnes (APA). Notre objectif principal dans ce domaine est d’agir dans les deux directions : le soutien à domicile, car c’est le souhait de tous et nous l’assurons même dans ces cas extrêmes en proposant l’intervention d’un professionnel spécifiquement formé (case manager), qui va suivre de manière intensive ces situations (600 personnes en bénéficient), et l’aide à l’hébergement lorsqu’il n’y a plus d’autre solution possible. Plus de 600 nouvelles places ont été créées entre 2012 et 2016.
Quels sont vos grands projets phares ? Nos schémas qui fixent nos priorités viennent à échéance fin 2016, la nouvelle assemblée va donc devoir réécrire sa feuille de route à cinq ans, voilà déjà un projet phare à mener.
“Relever de nouveaux défis.” Nul doute que nous allons devoir renouveler nos approches et relever de nouveaux défis en lien avec les personnes âgées et celles en situation de handicap : n soutenir encore plus efficacement les proches aidants (ils sont 8,3 millions de personnes en France, 50 % accompagnent une personne âgée, 47 % travaillent et 74 % sont des femmes) ; comment les aider à vivre leur rôle d’aidant tout en continuant à vivre leur propre vie ; n créer de la synergie entre les industriels qui conçoivent de nouveaux produits en domotique, assistance à distance, etc., les usagers, les financeurs… n relever le défi des personnes handicapées vieillissantes n
Propos recueillis par Jonathan Bensadoun
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Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | A l’image des mesures agri-environnementales et des plans de gestion de l’espace rural et périurbain (GERPLAN), le Département inscrit son action d’abord et avant tout dans la proximité.
“Un département précurseur”
Le Département a toujours été précurseur en matière d’environnement et de développement durable. Nous sommes notamment à l’origine de la création des Brigades Vertes — une brigade de gardes champêtres très efficaces en matière d’environnement — un modèle qui a essaimé dans toute la France. Les actions de l’APRECIAL (Association pour la protection et la réintroduction des cigognes en Alsace), fortement soutenues par le Département, sont également emblématiques des actions du Département en matière de protection des espèces : en 1974, il n’y avait plus en Alsace que neuf couples de cigognes, il y en a aujourd’hui plus de 450 s’égayant dans le ciel haut-rhinois ! De même, il n’y avait plus de castors en Alsace en 1974 alors qu’actuellement nous en dénombrons plus de 400 grâce aux actions du Département. Notre Département s’est investi dans les grands enjeux en matière d’environnement pour lesquels nous investirons plus de 14 millions d’euros en 2016. Nous avons d’ailleurs regroupé l’ensemble de nos actions dans un programme pluriannuel Planètes 68 qui s’oriente à la fois vers la transition énergétique et le développement économique. Nos actions sont multiples :
étant cautionnée par les plus grandes ONG environnementales ;
gérés par le Département ; n le Conseil départemental est précurseur et très actif dans le domaine du tri des déchets, avec 214 000 personnes triant les biodéchets à la source et des ordures ménagères résiduelles limitées à 200 kg/hab/an pour une moyenne française de 268 ;
n nous veillons aussi à développer les énergies renouvelables avec, là encore, une initiative originale : l’installation sur le canal du Rhône au Rhin déclassé de micro-centrales hydroélectriques produites localement ;
n la sauvegarde des milieux naturels et de la biodiversité est une priorité du Département : 13 000 hectares sont concernés par les Mesures agri-environnementales et climatiques et le Département a acquis 1400 ha de zones sensibles ;
n à noter également : depuis l’ouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim, le Département s’est doté d’une CLIS (Commission Locale d’Information et de Surveillance) que je préside, organisme indépendant qui permet de recevoir et des donner des informations sur la centrale en totale transparence.
n l’utilisation d’enrobés plus économes, la gestion raisonnable du sel en hiver, en bord de route l’optimisation des techniques de fauchage permettent de préserver la biodiversité sans que cela nuise à la sécurité ;
Quels sont les atouts de l’agriculture alsacienne ?
n le Conseil départemental gère rigoureusement son patrimoine forestier — 663 hectares dans les vallées de Munster et de la Doller — qui a obtenu la double certification PEFC et FSC, cette dernière très prisée
n la politique de l’eau, que ce soit en matière d’approvisionnement en eau potable, de protection des rivières ou des milieux naturels. Des sommes conséquentes sont consacrées à l’entretien des rivières et à l’amélioration du réseau de digues et barrages ; en effet, 2/3 de la population haut-rhinoise vit dans des zones protégées par 250 km de digues et une cinquantaine de petits barrages d’écrêtement des crues ainsi que par 10 barrages plus importants dans les Vosges 40 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
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Quelle est la place de l’environnement au sein du Département ? Dans quelle mesure contribuez-vous à son développement ?
Je dirais qu’il s’agit surtout de notre climat continental contrasté, et notre zone de montagne. L’agriculture alsacienne a su s’adapter à son environnement. Pour preuve : l’Alsace détient le record de France en rendement de maïs. Par ailleurs, notre production de vin d’Alsace est de réputation internationale. Cette viticulture a su faire un produit haut de gamme créant une richesse économique sur ce territoire. Pouvez-vous nous parler de ce qu’est le GERPLAN et comment vous avez développé ce programme depuis 15 ans ? Le GERPLAN est un dispositif unique en France qui permet d’agir en faveur du déve-
Michel Habig Vice-Président du Conseil départemental du Haut-Rhin, Président de la Commission Agriculture, Environnement et Cadre de Vie
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“Toutes nos compétences en matière d’environnement sont des compétences aujourd’hui partagées.”
loppement durable, dans la proximité, avec les acteurs locaux. L’objectif est de renouer le dialogue entre les acteurs et de développer des actions qui correspondent aux spécificités de chaque territoire en matière de développement durable. 345 communes sur les 366 du territoire haut-rhinois sont engagées dans cette démarche qui a donné naissance en 15 ans à plus de 900 actions : renaturation des cours d’eau, réhabilitation de vergers traditionnels, de murets en pierres sèches, création de sentiers pédagogiques, de magasins de producteurs, financement de pressoirs communautaires… Quelles sont vos compétences obligatoires au sein de l’agriculture et de l’environnement ? Toutes nos compétences en matière d’environnement sont des compétences aujourd’hui partagées. C’est le cas pour l’agriculture : le Département est très investi dans ce domaine, nous y avons investi 19 millions d’euros depuis 2007 : modernisation des bâtiments d’élevage, promotion des circuits courts, des marchés paysans, création de
locaux de vente directe, création et soutien à l’abattoir de proximité de Cernay, au laboratoire vétérinaire départemental, aux actions de la Chambre d’Agriculture, à l’installation des jeunes agriculteurs, convention avec le Massif Vosgien, le Parc des Ballons… Dans ce domaine, nous avons souhaité faire preuve de volontarisme et d’innovation : citons notamment les opérations “manger local, c’est génial ” et “un fruit, un légume, une saison ” qui encouragent les actions éducatives et les initiatives valorisant les circuits courts dans les collèges haut-rhinois mais aussi la création d’un site internet Ma ferme 68 qui met en relation producteurs locaux et clients et tout prochainement la mise en place d’une plate-forme d’approvisionnement en produits locaux pour la restauration collective. Dans quelle mesure sensibilisez-vous les citoyens sur l’importance du respect de la nature ? Quelles sont vos actions à ce sujet ? Quinze structures d’éducation à l’environnement interviennent dans le Haut-Rhin avec le soutien financier et technique du
Conseil départemental. 100 000 personnes sont accueillies chaque année dans ces structures dont les 2/3 sont des scolaires. De quoi contribuer à changer en profondeur les comportements individuels et collectifs en matière d’environnement et de développement durable ! Récemment ouverte au public, la toute nouvelle maison de la nature du vieux canal à Hirtzfelden a fait de la sensibilisation aux énergies vertes l’une de ses priorités. Des opérations comme “HautRhin propre” ou les campagnes de protection des batraciens au printemps mobilisent de nombreux enfants et bénévoles avec des retombées médiatiques souvent conséquentes. Nous aidons également les communes et intercommunalités à sensibiliser et à diffuser les informations concernant le tri des déchets, la collecte sélective. L’éducation au service du développement durable et de la transition énergétique est l’une des clés du changement pour le XXIème siècle, j’en suis convaincu ! n
Propos recueillis par Julien Dreyfuss
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 41
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Département qui compte plusieurs quartiers prioritaires dont trois qui ont été retenus par le Ministère au niveau national, le Haut-Rhin a conscience de l’importance de politiques publiques où l’effort d’intégration doit être un sujet central.
La proximité entre un élu et les citoyens est essentielle
Je suis une personne issue de la société civile et très engagée dans le dialogue avec les habitants, les associations, les expressions religieuses. C’est essentiel pour le vivre ensemble. A mon élection en 2008 auprès de Jean-Marie Bockel, en tant qu’adjointe déléguée à la lutte contre les discriminations, les violences faites aux femmes et à l’intégration, ma mission s’est toujours concentrée sur la qualité de ce “vivre ensemble” avec une attention particulière pour les quartiers populaires. En 2014, le département comptait plusieurs quartiers prioritaires, dont trois retenus par le Ministère au niveau national. Les trois sont mulhousiens. Le quartier Drouot fait partie des dix sites pilotes français retenus par le Ministère pour une opération de réhabilitation accélérée.
“La proximité entre un élu et les citoyens est essentielle.”
attentifs à ce que les prix fixés pour l’acquisition de ces habitations restent abordables. Les nouvelles constructions respectent les normes énergétiques BBC (Bâtiments en Basse Consommation).
créer une commission Politique de la ville, permettant aux élus d’échanger avec la population. Vient dans un second temps le financement de projets, qui sont voulus et portés par les habitants. C’est une avancée importante pour des individus qui n’avaient pas l’habitude de participer. Cette loi qui exige une coopération totale ne peut que me rendre heureuse.
Vous avez précédemment parlé de l’importance d’une bonne cohésion sociale au sein du département du Haut-Rhin. Quelles ont été vos actions pour que celle-ci soit possible ?
Que pouvez-vous encore améliorer dans le domaine de l’insertion sociale au sein du département du Haut-Rhin ?
Grace aux différentes réformes entreprises depuis ma prise de fonction, l’habitant peut se sentir au centre de chaque projet au sein des différents quartiers difficiles. Mulhouse a fait partie des premières villes à créer les “conseils de citoyens”, imposés par la loi. Notre singularité est d’avoir élargi les conseils de citoyens aux quartiers non prioritaires, ce qui a amené une mixité culturelle. L’implication obligatoire des Mulhousiens, prônée par cette loi, nous a incités à
Quelle est votre politique en termes de logement social, sachant que le gouvernement somme les communes d’atteindre les 20 % de logements sociaux ? La Ville de Mulhouse n’est pas visée par les efforts demandés par l’Etat, en application de la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbains), puisque le taux de logements sociaux y atteint un total de 34 %. Le Département a une politique volontariste de l’habitat. L’accès à la propriété est recherché quand il est possible et nous sommes 42 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© CD68
Dans quelle mesure contribuez-vous au développement de la cohésion sociale dans la Ville de Mulhouse ?
Une expérimentation sera faite dans un quartier du canton de Mulhouse 2, reposant sur deux valeurs, la proximité et le pouvoir d’agir. Les acteurs locaux seront impliqués dans ce projet d’insertion particulièrement destiné aux bénéficiaires du RSA. Les associations pour l’insertion des habitants et les acteurs économiques du territoire seront au cœur de cette expérimentation. L’Etat ainsi que tous nos partenaires participeront également à l'aide et l’accompagnement global des personnes dans ce quartier de Mulhouse, tout en voulant les rendre indépendante. A mes yeux, la proximité entre un élu et les citoyens est essentielle. C’est par ce lien qu’une relation de confiance se met en place, créant chez toute personne le sentiment d'être valorisée n Propos recueillis par Jonathan Bensadoun
Fatima Jenn Présidente de la 10ème Commission solidarité, famille, insertion et logement au Conseil départemental du Haut-Rhin et Adjointe au Maire de Mulhouse
CHAPITRE 5
© MPD01605
EURoPE ET RELATIonS InTERnATIonALES Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 45
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Depuis 2003, de Mulhouse à Freiburg, l’Eurodistrict Centre et Sud Alsace rapproche habitants et acteurs économiques.
© l’ARIENA : Comcom Essor du Rhin
“L’Eurodistrict Region Freiburg / Centre et Sud Alsace : une identité commune pour 1,25 million d’habitants” Il a pour ambition d’offrir une identité territoriale commune, de favoriser l’intégration européenne, la libre circulation et d’améliorer la vie quotidienne des habitants. Ses compétences vont des transports à l’environnement en passant par la culture, l’éducation, l’économie et le tourisme. Sur quelle aire géographique s’étend-il ? Son territoire se compose de la Region Freiburg, de deux Landkreise ainsi que du Stadtkreis Freiburg, du Pays de la Région mulhousienne, du Pays Rhin-Vignoble-Grand Ballon, du Grand Pays de Colmar et du Pays de l’Alsace Centrale. “La priorité va à l’économie, l’emploi et au développement du bilinguisme, notamment en faveur de notre jeunesse.”
Il a été lancé en 2003 à l’occasion des 40 ans du Traité de l’Elysée. Il succède à celui de Strasbourg-Ortenau. Sa convention de coopération a été signée le 5 juillet 2006 à Colmar. L’Eurodistrict facilite et complète les initiatives existantes sur son territoire. Il articule l’action des acteurs locaux traditionnels de la coopération transfrontalière sans se substituer à eux. 46 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Ville de Mulhouse
Pourriez-vous détailler l’origine et les grandes missions de l’Eurodistrict Region Freiburg / Centre et Sud Alsace ?
Il regroupe huit pôles urbains principaux : Freiburg, Müllheim, Emmendingen, Waldkirch, Mulhouse, Colmar, Guebwiller, Sélestat. Sa superficie est de 5 203 km 2 pour 1 250 000 habitants soit 241 habitants/km2. Combien de partenaires mobilise t-il ? L’Eurodistrict se compose de trois organes de travail : un comité de pilotage politique (quatre “pays” et quatre villes françaises ainsi que huit représentants allemands des villes et leurs “Landkreise”) ; un groupe de
Jean Rottner Président de l’Eurodistrict Region Freiburg / Centre et Sud Alsace
© l’ARIENA : Comcom Essor du Rhin
“En 2015, a été lancé le projet scolaire transfrontalier. Il sensibilise à l’environnement. Il encourage un partage linguistique et culturel et organise des échanges scolaires.”
travail technique qui prépare et met en œuvre les décisions du Comité de pilotage ; et un Conseil consultatif. L’Eurodistrict a pour partenaires les autres collectivités territoriales pour chaque domaine de compétence concerné ainsi que des acteurs de la société civile française et allemande (associations, universités, EuroInstitut de Kehl, INFOBEST Vogelgrun/ Breisach, etc.) Quels sont les dossiers actuels de votre mandat à la tête de l’Eurodistrict ? La priorité va à l’économie, l’emploi et au développement du bilinguisme, notamment en faveur de notre jeunesse. En 2015, a été lancé le projet scolaire transfrontalier. Il sensibilise à l’environnement. Il encourage un partage linguistique et culturel et organise des échanges scolaires. En matière d’emploi, avec un taux de chômage respectif de 4 et 9 % entre le Baden-Württemberg et l’Alsace, des entreprises allemandes ont vocation à engager des demandeurs d’emploi alsaciens ou jeunes en contrat d’apprentissage sous la ré-
serve d’une connaissance suffisante de l’allemand ou du dialecte. Dès 2010, l’Eurodistrict a organisé la rencontre des acteurs de l’emploi du territoire. Il met en contact les acteurs de l’emploi français et allemand : Maison de l’Emploi et de la Formation du Pays de la région mulhousienne, Pôle Emploi, Agentur für Arbeit Freiburg. Le rapprochement des deux marchés de l’emploi est animé par des équipes transfrontalières : job-dating, salons franco-allemands, plate-forme de covoiturage à l’intention des frontaliers français. En matière de transports en commun transfrontaliers, la liaison ferroviaire Mulhouse-Müllheim-Freiburg a été réactivée. Une réflexion est engagée par rapport à la ligne Colmar-Breisach-Freiburg. Par rapport à l’imposition défavorable des retraites allemandes, une task force a été créée auprès de l’INFOBEST Vogelgrun / Breisach en 2013 pour venir en aide aux 30 000 frontaliers français concernés. Une solution permettant de réduire l’impôt, voire d’exonérer les redevables, a été trouvée dans 80 % des cas. Il est question de prolonger une nouvelle fois cette mission d’aide, avec le soutien notamment de l’Eurodistrict. Le grand
projet de Landesgartenschau Neuenburg am Rhein 2022 doit voir l’organisation par la Ville de Neuenburg am Rhein d’un grand Festival des Jardins. Il attend plus d’un million de visiteurs. Ce sera le premier événement transfrontalier du genre. Comment envisagez-vous l’avenir de l’Eurodistrict Freiburg / Centre et Sud Alsace ? La question porte sur son évolution institutionnelle. Actuellement sans personnalité juridique ni budget propre, avec une présidence alternée française et allemande, ce statut demeure restrictif. Le périmètre également est amené à évoluer. Côté français, la réforme territoriale va en effet réviser à la hausse les tailles des communautés de communes. Elle menace également la pérennité des “pays” dont quatre font partie depuis 10 ans de l’actuel Eurodistrict n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 47
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Fondé en 2007, l’ETB représente l’une des plus anciennes forme de coopération transfrontalière en France, entamée dès les années 60. Il présente également la particularité de réunir trois partenaires nationaux.
“L’Eurodistrict Trinational de Bâle : une plate-forme de décision et d’échanges transfrontaliers”
Marion Dammann : L’Eurodistrict Trinational de Bâle (ETB) représente pour les responsables politiques de la région la plus importante plate-forme de décision et d’échange transfrontaliers. Il permet de planifier et de réaliser des projets de façon conjointe. Il nous met tous sur un pied d’égalité pour débattre, négocier ou même diffuser mutuellement de l’information.
d’agglomération des Trois Frontières, Communauté de communes de la Porte du Sundgau et Communauté de communes du Pays de Sierentz.
Sur quelle aire géographique s’étend-il ? n En Suisse, les cantons du nord-ouest : Bâle-Ville, Bâle-Campagne, ainsi que des parties de Soleure et d’Argovie ;
Combien de partenaires mobilise-t-il ?
n du côté allemand, l’ensemble du district de Lörrach et les villes de Wehr et Bad Säckingen de l’arrondissement de Waldshut ;
L’ETB possède plus de 80 membres.
n du côté du Haut-Rhin et sur la rive française le Pays de Saint-Louis : Communauté © Landkreis Lörrach
C’est dans cet espace transfrontalier qui rayonne autour de Bâle que nous avons grandi ensemble. De cette expérience, nous avons tiré la leçon que ce n’est que de façon conjointe que nous pouvons optimiser notre mitoyenneté et qu’elle doit être encore développée pour le bénéfice de tous.
Quels sont les grands dossiers actuels de l’Eurodistrict ? © CPU
Quelles sont les grandes missions de l’Eurodistrict Trinational de Bâle ?
Le meilleur exemple est la planification urbaine concertée 3Land. Les représentants des trois pays se sont entendus, de part et d’autre de la frontière, pour que ce territoire soit mis en valeur de manière concertée. Nous planifions ensemble un pont et une passerelle, des zones résidentielles, des infrastructures de transports et des espaces verts. Ce développement commun de nos territoires ainsi que les bienfaits que nous en tirons demeurent exemplaires.
Marion Dammann
Guy Morin
Vice-Présidente de l’Eurodistrict Trinational de Bâle
Vice-Président de l’Eurodistrict Trinational de Bâle
48 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Dans l’Eurodistrict Trinational de Bâle, nous avons réussi pour la première fois à organiser une Exposition universelle d’architecture et d’urbanisme allemande “Internationale Bauaustellungen – IBA” en coopération avec d’autres pays d’une zone frontalière. Dans l’ETB, la question du transport est une préoccupation majeure et permanente. Dans le domaine des liaisons de transport transfrontalières, de nombreux devoirs nous attendent. Les liaisons transfrontalières quotidiennes dans la région métropolitaine de Bâle possèdent leurs limites, et notamment bien sûr aux postes frontaliers. L’alternative offerte à la voiture aux navetteurs doit être attractive. Nous avons développé un concept de train trinational pour la région et le Regio-S-Bahn (TER) transfrontalier est un modèle de réussite. Un trajet direct et la réfection des principaux points d'arrêt pour plates-formes multimodales sont en préparation. En outre, il existe des projets intéressants pour étendre les tramways de Bâle aux territoires allemands et français : un prolongement du tramway transfrontalier 8 est en projet. La ligne 3 du tramway Bâle - Saint-Louis est en construction. De plus, il a été possible au sein de l’ETB de créer avec succès une tarification transnationale unique d’une journée déjà applicable aux trois pays. La prochaine étape sera la création d’un portail de mobilité en ligne. Nous préparons pour ce faire actuellement un programme INTERREG.
Comment envisagez-vous l’avenir de l’Eurodistrict Trinational de Bâle ? Je souhaite que l’ETB soit mieux connu auprès du public. De plus, je pense qu’il existe des potentiels pour le développement d’une coopération transfrontalière plus approfondie par exemple avec les acteurs de l’économie et de la société civile. La devise de notre exposition internationale d’architecture “Au-delà des frontières, ensemble” s’applique vraiment bien à l’ETB n Propos recueillis par Olivier Sourd
Ein Gespräch mit Marion Dammann und Guy Morin, TEB VizePräsidenten
“Der Trinationale Eurodistrict Basel: Eine Plattform der grenzüberschreitenden Beschlüsse und des Austausches” © service communication UHA
Guy Morin : Nous sommes particulièrement fiers du projet transfrontalier IBA Basel 2020 auquel tous nos efforts sont actuellement dédiés.
Der ETB wurde im Jahr 2007 gegründet und ist seit den 1960ern eine der ältesten Formen der grenzüberschreitenden Zusammenarbeit in Frankreich. Er bietet zudem die Besonderheit, drei nationale Partner zu vereinen. Was sind die wichtigsten Aufgaben des Trinationalen Eurodistrict Basel? Marion Dammann: Der Trinationale Eurodistrict Basel bietet für die politischen Entscheidungsträger in der Region die wichtigste grenzüberschreitende Entscheidungsund Austauschplattform. Wir können gemeinsam Projekte planen und durchführen, auf Augenhöhe miteinander sprechen, verhandeln oder uns auch nur informieren. In unserem grenzüberschreitenden Lebensraum um Basel sind wir in besonderer Weise verwachsen. Daraus folgt, dass der Lebensraum nur zusammen mit den Nachbarländern verbessert und zum Vorteil aller weiterentwickelt werden kann. Bestes Beispiel hierfür ist die grenzüberschreitende Quartiersentwicklung 3Land. Hier arbeiten Vertreter aller drei Länder daran, das Areal rund um die Nahtstelle am Dreiländereck, also da wo unsere Grenzen sich treffen, in Wert zu setzen. Wir planen gemeinsam Brücken, Siedlungsflächen, Verkehrsverbindungen und Grünflächen. Hier wachsen wir beispielhaft zusammen und profitieren davon. Welchen geographischen Bereich deckt der TEB ab ? Der TEB umfasst die Nordwestschweizer Kantone Basel-Stadt, Basel-Land, sowie Teilbereiche aus den Kantonen Solothurn und Aargau, auf der deutsche Seite den gesamten Landkreis Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 49
© ETB
Mai 2016 | Haut-Rhin
Lörrach und aus dem aus dem Landkreis Waldshut die Städte Wehr und Bad Säckingen, auf der französischen Seite aus dem Département du Haut-Rhin die Gemeinden des Pays de Saint-Louis mit der Communauté d‘Agglomération des Trois Frontières, der Communauté de communes de la Porte du Sundgau und der Communauté de communes du Pays de Sierentz. Wie viele Partner mobilisiert er ?
durchzuführen. Das Thema Verkehr ist im TEB ein dauerhaft wichtiges Anliegen. Gerade im Bereich der grenzüberschreitenden Verkehrs-verbindungen warten noch zahlreiche Aufgaben auf uns: Bei den täglichen Pendlerströmen über die Grenze gelangt das Verkehrssystem im Großraum Basel an seinen Belastungsgrenzen – nicht zuletzt natürlich an den Grenzübergängen.
Guy Morin: Besonders stolz sind wir auf unsere grenzüberschreitende IBA Basel 2020, die wir derzeit mit viel Engagement durchführen:
Um den Pendlern Alternativen zum PKW zu bieten, müssen solche zu attraktiven Konditionen angeboten werden. Wir haben ein trinationales S-Bahn Konzept für die Region erarbeitet und die grenzüberschreitende Regio-S-Bahn ist ein Erfolgsmodell. Eine Taktverdichtung und der Umbau von wichtigen Haltestellen zu multimodalen Verkehrsplattformen befinden sich in Vorbereitung.
Im trinationalen Eurodistrict Basel haben wir es geschafft, das erste Mal das deutsche städtebauliche Instrument einer IBA (Internationale Bauausstellung) in Zusammenarbeit mit anderen Ländern in einem Grenzraum
Des Weiteren gibt es interessante Vorhaben, Tramlinien aus Basel auf deutsche und französische Gebiete zu verlängern: Für das Tram Nr. 8 z.B. ist eine weitere Linienverlängerung in Planung. Die Tramlinie
Der TEB hat über 80 direkte Mitglieder. Was sind die wichtigsten aktuellen Themen des Eurodistricts Basel ?
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Nr. 3 Basel - Saint-Louis befindet sich bereits im Bau. Darüber hinaus konnten im TEB erfolgreich ein grenzüberschreitendes Tagesfahrkartenangebot schaffen, dass für alle drei Länder gilt. Ein weiterer Schritt wird die Erstellung eines Inline-Portals zur Mobilität sein. Hierfür bereiten wir derzeit ein INTERREG-Projekt vor.
Wie sehen Sie die Zukunft des Trinationalen Eurodistrict Basel ? Ich wünsche mir, dass der TEB, seiner Bedeutung gemäß in der Öffentlichkeit noch besser wahrgenommen wird. Zudem sehe ich für den TEB in Bezug auf die Vertiefung einer Kooperation mit weiteren Akteuren der grenzüberschreitenden Zusammenarbeit z.B. aus der Wirtschaft und dem zivilgesellschaftlichen Bereich weiteres Entwicklungspotzenzial. Grundsätzlich gilt für den TEB das Motto unserer IBA: wir werden mit ihm „Gemeinsam über grenzen wachsen“ n
CHAPITRE 6
© ARochau-fotolia.com
CULTURE, SPoRT ET ToURISME Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 51
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Le Conseil départemental favorise la pratique sportive pour tous à travers le financement d’équipements, l’organisation de manifestations, le soutien aux clubs sportifs... Les politiques s’adressent tout particulièrement aux jeunes Haut-Rhinois.
Le sport, un facteur de bienêtre et d’épanouissement
Notre Département se caractérise par le nombre important et la diversité de ses clubs de sport, mais aussi par une pratique importante du sport de masse à tous les âges. Nous soutenons le secteur sportif dans toutes ses composantes : les clubs bien entendu mais aussi les comités départementaux ainsi que le sport de haut niveau. Le Département participe également au financement des équipements sportifs dans les communes.
“Plus de 1 000 clubs sont soutenus par notre collectivité.”
citer que les plus connus, sauront porter haut et fièrement nos couleurs haut-rhinoises, alsaciennes et tricolores !
Département que vous soutenez ? Notre Département se distingue par la densité de ses clubs qui jouent à haut niveau mais aussi par les belles réussites individuelles de ses athlètes. Citons entre autres les exploits réitérés des volleyeuses de l’ASPTT Mulhouse, meilleure équipe féminine de l’Est de la France, ou encore les performances du MON (Mulhouse Olympic Natation) qui a su former des nageurs et nageuses qui ont remporté de nombreux titres nationaux et internationaux. Nous les soutenons car ils sont de vraies locomotives pour les jeunes sportifs, des exemples d’esprit d’équipe, de dépassement de soi, de “fair-play”.
“Nous faisons le maximum pour encourager la pratique du sport de masse.”
Quelles sont les actions développées par le Département auprès des jeunes ?
Gageons qu’à l’occasion des prochains Jeux olympiques à Rio, Thierry Omeyer et Benjamin Toniutti, qui font aujourd’hui le bonheur d’autres clubs hexagonaux, ou encore Yannick Agnel qui a rejoint le MON, pour ne
A travers l’engagement de leurs bénévoles, les clubs sont des acteurs essentiels de la vitalité du Haut-Rhin. Plus de 1 000 clubs sont soutenus par notre collectivité, sous différentes formes, par exemple à travers le dispositif d’aides aux jeunes licenciés, mais aussi pour l’organisation de compétitions sportives d’envergure. Les clubs profitent aussi des équipements sportifs mis à disposition par les communes ou les intercommunalités. Ils sont co-financés pour la plupart par le Département comme les terrains de foot synthétiques ou les gymnases.
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Dans quelle mesure favorisez-vous la culture sportive au sein du Département ?
Donner aux jeunes pratiquants tous les moyens nécessaires pour pratiquer le sport scolaire ou leur sport favori dans les meilleures conditions est une priorité du Département. Les actions en ce sens sont nombreuses et variées mais citons les plus emblématiques : les Mercredis Sportifs dédiés à la promotion de la pratique de sports collectifs tels que le volley, le hand, le basket et le foot – en lien avec les clubs de haut niveau – ou encore Pass’sport aventure qui permet de faire découvrir aux jeunes collégiens licenciés UNSS de multiples activités sportives de plein air dans des sites remarquables.
Marc Schittly Quelles sont les figures de proue, les athlètes ou équipes emblématiques du 52 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Conseiller départemental du Canton de Mulhouse 3, Président de la Commission Sport et Vie associative
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“Donner aux jeunes pratiquants tous les moyens nécessaires pour pratiquer le sport scolaire ou leur sport favori dans les meilleures conditions est une priorité du Département.”
En dehors de votre soutien aux licenciés et aux clubs, soutenez-vous également les manifestations sportives ?
Le Département finance par ailleurs la réalisation des pistes cyclables sur l’ensemble du territoire haut-rhinois et participe au développement des stations de montagne. Cela fait partie de notre accompagnement à la pratique sportive de loisir.
tenir un bon niveau d’équipement dans les territoires n Propos recueillis par Julien Dreyfuss
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Oui, nous soutenons les rendez-vous sportifs qui participent grandement à l’attractivité des territoires. Citons, entre autres, le slow-up sur la route des vins entre Sélestat et Bergheim qui a rassemblé en 2015 plus de 30 000 participants ou encore, les 18 et 19 juin, les championnats de gymnastique artistique qui rassembleront à Mulhouse les plus grands gymnastes de France pour leur dernier rendez-vous avant les Jeux olympiques de Rio. Notre Direction des Routes apporte aussi son soutien à l’organisation des compétitions qui se déroulent sur le réseau départemental, comme les courses cyclistes, les courses à pied.
En résumé, notre objectif est de faire du sport un facteur de bien-être personnel. Nous faisons le maximum pour encourager la pratique du sport de masse et pour main-
“Oui, nous soutenons les rendez-vous sportifs qui participent grandement à l’attractivité des territoires.”
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 53
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Le Conseil départemental, acteur direct du développement culturel, valorise le patrimoine historique et encourage les pratiques artistiques.
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“Une image ambitieuse de la culture dans le Haut-Rhin”
“L’Alsace est une terre de culture et de patrimoine qui est d’ailleurs particulièrement reconnue comme telle par des millions de touristes qui la parcourent chaque année.”
Pouvez vous nous présenter vos missions au sein du département du Haut-Rhin ?
• les collègues élus au Conseil départe-
Je suis présidente de la commission culture et patrimoine du Conseil départemental du Haut-Rhin et à ce titre je me sens investie d’une double mission : n permettre l’accès à la culture au plus grand nombre de nos concitoyens tout en tenant compte du contexte budgétaire très contraint ;
mental et les collaborateurs qui mettent en œuvre les politiques élaborées par les élus. Quels sont les atouts culturels du département du Haut-Rhin ? L’Alsace est une terre de culture et de patrimoine qui est d’ailleurs particulièrement reconnue comme telle par des millions de touristes qui la parcourent chaque année. Le département du Haut-Rhin
n être un facilitateur et un fédérateur entre : • les acteurs locaux de la culture et du patrimoine que je rencontre quotidiennement ; 54 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Brigitte Klinkert 2ème Vice-Présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin, Présidente de la 7ème commission culture et patrimoine
© iddo numérique
“Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de développer la culture de notre territoire !”
apporte une large contribution à cette notoriété grâce à ses nombreux sites patrimoniaux comme le château du Hohlandsbourg près de Colmar, le parc de Wesserling, les Dominicains de Haute Alsace à Guebwiller ou encore l’Ecomusée d’Alsace situé à Ungersheim. Notre collectivité soutient également les espaces de diffusion culturelle ainsi que les musées. Parmi les lieux les plus prestigieux, je citerais la Cité de l’Automobile à Mulhouse et le Musée Unterlinden de Colmar. Ces trésors permettent à notre département de rayonner par-delà les frontières.
Ces sites patrimoniaux et culturels dont vous venez de parler sont-ils des forces majeures pour le territoire ? Oui complètement ! A deux titres : n une force touristique et économique car, chaque année, l’Alsace accueille 18,5 millions de visiteurs générant un chiffre d’affaires annuel de 1,8 milliards d’euros ; n une force sociale : de nombreuses associations se mobilisent aussi bien en milieu urbain que rural ; les milliers de bénévoles passionnés sont l’un des piliers de notre département.
De quelle manière développez-vous la culture ?
la Première Guerre mondiale.
Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de soutenir la culture de notre territoire ! Par temps de crise, elle est plus indispensable que jamais. Dans le Haut-Rhin, la politique culturelle est constituée de quatre domaines :
Quels sont vos ambitions et projets à venir ?
n le soutien au développement culturel : répartir l’offre équitablement sur l’ensemble du territoire, favoriser l’éducation artistique en sensibilisant tous les publics, notamment les jeunes et les plus défavorisés ; n le soutien à l’action patrimoniale : nos priorités sont la préservation et la consolidation du patrimoine existant avec la mise en valeur des musées ; n le développement de la lecture publique grâce à notre Médiathèque départementale, en aidant les bibliothèques de communes de moins de 15 000 habitants à exercer leurs missions ; n la gestion des archives départementales : nous nous attachons à valoriser le patrimoine écrit à l’occasion d’expositions, par exemple dans le cadre du centenaire de
J’ai initié il y a deux ans une démarche d’évaluation de notre politique culturelle départementale pour dresser un bilan des actions menées depuis 10 ans. Il ressort de cette étude que l’offre culturelle est suffisante, variée et équilibrée sur l’ensemble du territoire ; pour demain, en revanche, il m’apparaît essentiel de se concentrer davantage sur la médiation culturelle, l’animation et le développement des réseaux. C’est ainsi que je souhaite élargir et diversifier l’accès des publics à la culture. Il me paraît également important de donner une image exigeante et ambitieuse de la culture dans le Haut-Rhin, à travers le développement, au sein des équipements départementaux, d’un véritable maillage des réseaux culturels, que cela soit la lecture publique, les pratiques artistiques amateurs, le spectacle vivant ou la sauvegarde du patrimoine. Il faut apprendre à travailler ensemble, c’est là aussi l’une de nos richesses d’avenir n Propos recueillis par Valentine de Brye
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 55
Mai 2016 | Haut-Rhin
ENTRETIEN | Consciente des enjeux liés à une offre touristique riche, l’Alsace Destination Tourisme s’attache à valoriser son patrimoine, tout en développant des projets d’avenir.
“Une offre touristique pour tous les goûts”
Le Haut-Rhin dispose d’un tourisme multifacettes dense sur un petit territoire. Les visiteurs ont le choix avec du tourisme : n de mémoire avec le Musée Mémorial du Vieil Armand. n de montagne avec le Massif des Vosges. n gastronomique avec la route des vins.
n culturel avec, au choix, de l’art médiéval à Colmar, voire moderne avec juste à côté la ville de Bâle capitale de l’art moderne. n historique avec Strasbourg, Colmar et nombre de villages typiques alsaciens. A Mulhouse se situent de nombreux musées des “savoirs techniques” comme la Cité du Train ainsi que le Musée d’impression sur étoffe. Cette ville dispose de son propre jardin botanique, troisième site d’Alsace le plus visité après Strasbourg et son tourisme fluvial et le château du Haut-Koenigsbourg. Dans un rayon de 90 minutes de Département dispose d’une offre touristique pour tous les goûts.
chés français et européens de proximité (Autriche, Allemagne, Suisse, Pays-Bas et Royaume-Uni ).
texte économique était bon, la crise ayant changé cette perception. Désormais, nous voyons dans le tourisme un fort potentiel de développement et d’emplois non délocalisables. Elle permet aussi de rendre l’Alsace plus visible, avec la réunion des ressources humaines et budgétaires des deux ADT préexistantes, et ainsi d’acquérir une plus grande audience internationale. Il y aussi un enjeu d’économie. Je me suis engagé à réduire les budgets, par extension les aides de chaque département, de 5 % par an. C’est quelque chose de tout à fait réalisable : nous pouvons faire mieux en économisant de l’argent public.
Depuis le 1er janvier, les agences de développement touristique du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ont fusionné en une structure unique. Pouvez-vous revenir sur les enjeux de ce rapprochement ? Cela fait 20 ans que les acteurs du tourisme attendaient une communication globale pour l’Alsace. L’élément déclencheur fut la création de la nouvelle région du Grand Est. A cette occasion, les deux départements ont décidé d’être des éléments moteurs par la mise en commun des richesses de l’Alsace. Le 1er janvier représente la naissance juridique de la nouvelle ADT. Le 30 juin sera une date historique : les ADT traditionnelles seront définitivement absorbées par la nouvelle agence Alsace. Le tourisme représente 7,5 % du PIB alsacien, 2 milliards d’euros de chiffre d’affaire et 36 000 emplois directs et indirects. Jusqu’à présent ce secteur était moins au centre des attentions car le con-
Quelles politiques sont menées par le département pour soutenir le développement du tourisme ? Les départements ont confié le développement du tourisme aux Agences de développement Touristique. Elles sont financées environ à 90 % par les conseils départementaux. Les ADT ont deux rôles : n d’ingénierie : bâtir et valoriser une offre en réseau avec nos partenaires, que ceux-ci soient des collectivités, offices de tourisme, musées etc. n de promotion : auprès des foires et salons. Les ADT ont vocation à agir auprès des mar56 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
L’Alsace Destination tourisme s’est-elle fixée des objectifs pour 2016 ?
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Quels sont les atouts touristiques du HautRhin ?
Notre premier objectif immédiat est d’harmoniser les missions et les actions de l’ADT avec celles de la nouvelle région du Grand Est. Mais le principal enjeu en matière de politique touristique à long terme, c’est le développement du tourisme familial. Le constat est simple : 13 millions de visiteurs chaque année et 26 millions de nuitées, ce qui signifie que beaucoup de touristes viennent mais seulement peu restent longtemps. Il s’agit majoritairement de quinquagénaires en couple, et non pas des trentenaires avec leurs enfants. Développer le tourisme familial permettrait de faire rester, ne serait-ce qu’une journée de plus, en Alsace. Souvent j’en plaisante, mais si chacun des 13 millions de visiteurs reste une nuit supplémentaire, ça représente un boum économique de 50 % supplémentaire n Propos recueillis par Louis Watrelot
Max Delmond Président de l’Alsace Destination Tourisme