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PARLEMENT EUROPÉEN E ZIN GA MA AL GU LIN BI
LE MAGAZINE DES GRANDS ENJEUX
L’Isère, un territoire au cœur de l’innovation Isère, a region at the heart of innovation Un pôle économique européen Un rayonnement mondial
© Pierre Jayet
Décembre 2014 | Isère
L’Isère, une référence européenne
Isère, a European standard
e suis très heureux que Le Courrier du Parlement européen ait décidé de faire découvrir l’Isère à ses lecteurs. Territoire le plus vaste de Rhône-Alpes, riche de contrastes, l’Isère se caractérise par un dynamisme et une attractivité qui la placent dans bon nombres de domaines en référence européenne.
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Sa position géographique privilégiée et ses infrastructures de qualité (notamment pour la pratique des sports d’hivers) la classe parmi les destinations touristiques les plus visitées en France.
Its privileged geographical position and quality infrastructure (in particular for the practice of winter sports) place it among the most visited tourist destinations in France. In terms of economy, its qualified working population, its increasingly significant international attractions and its major technological industries centred around communications, biotechnologies and nanotechnologies, allow Isère to better resist than other territories the economic crisis, and to be one of the French departments most open to foreign investment.
am very happy that Le Courrier du Parlement Européen decided to reveal Isère to its readers. The largest territory in Rhone-Alps, rich in contrasts, Isère is characterised by a dynamism and attractiveness which make it, in a good number of areas, a point of reference in Europe.
Dans le domaine économique, sa population active qualifiée, son attractivité internationale de plus en plus importante et ses filières technologiques majeures centrées sur la communication, les biotechnologies et les nanotechnologies, permettent à l’Isère de mieux résister que d’autres territoires à la crise économique et d’être l’un des départements français les plus ouverts aux investissements étrangers.
Number one centre of French public research after the Ile-deFrance, Isère benefits from significant academic fame and has made innovation a true state of mind. A state of mind which was inspired over ten years ago thanks to a strong political will and with the assistance of public and private economic players who have fashioned a territory able to face globalisation.
Premier pôle de recherche publique français après l’Île-de-France, l’Isère bénéficie d’une importante renommée universitaire et a fait de l’innovation un véritable état d’esprit. Un état d’esprit qui a été insufflé il y a plus d’une dizaine d’années grâce à un volontarisme politique fort et avec l’aide des acteurs économiques publics et privés qui ont façonné un territoire capable d’affronter la mondialisation.
Among these players appears in good ranking the European Union, thanks to which, Isère benefited between 2007 and 2013 from total investment of 115 million euros, including 63 million euros devoted to innovation and the economy of knowledge. This is a reality too often misunderstood: the European Union is an essential partner of the local authorities n
Parmi ces acteurs figure en bonne place l’Union européenne grâce à laquelle, l’Isère a bénéficié entre 2007 et 2013 d’une dotation globale de 115 millions d’euros, dont 63 millions d’euros consacrés à l’innovation et l’économie de la connaissance. Il s’agit d’une réalité trop souvent méconnue : l’Union européenne s’impose comme un partenaire essentiel des collectivités territoriales n
© CG 38
André Vallini Secrétaire d’État chargé de la Réforme territoriale et ancien président du Conseil général de l’Isère Secretary of State for Territorial Reform and Former Chairman of the General Council of Isère
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 1
Décembre 2014 | Isère
© Pierre Jayet
Calling upon the richness of the collective intelligence ÉDITORIAL
Faire appel à la richesse de l’intelligence collective
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aking on increasingly expensive challenges with less money and identical standards is the major challenge that the local authorities have had to meet for a few years now.
To gain in efficiency, the General Council of Isère, also confronted with these problems, had to undertake structural reforms: the most prominent of these is the regionalisation of its policies. In 2007, we indeed were the first in France to decentralise our services, dividing into 13 basins of life on which we have built genuine local relays: General Council Houses. From now on, of the 4,400 agents in the department, 3,500 work in one of these satellite offices, offering citizens personalised answers.
A
ssumer des compétences de plus en plus coûteuses avec moins d’argent et un niveau d’exigence identique, tel est le défi majeur que doivent relever les collectivités territoriales depuis quelques années.
These General Council Houses also make possible savings of 3.5 million euros per annum thanks to a streamlined and therefore optimised organisation. They reduced by a quarter the number of square metres necessary to accommodate our services, thus reducing our rental costs.
Pour gagner en efficience, le Conseil général de l’Isère, confronté lui aussi à cette problématique, a dû entreprendre des réformes de structure : la plus emblématique d’entre elles est la territorialisation de ses politiques.
The effectiveness of this model is unanimously recognised, and it is by this same philosophy that we signed, last November 18 th with the Rhone-Alps Region, a draft agreement to bring our departmental services established in the 13 territorial Houses and those of the Region present in Isère closer.
En 2007, nous avons en effet été les premiers en France à déconcentrer nos services, répartis en 13 bassins de vie sur lesquels nous avons édifié de véritables relais de proximité : les Maisons du Conseil général.
At the hour when public money is hard to come by, it is urgent to call upon the richness of the collective intelligence. That passes by the implementation of new modes of governorship and the mutualisation of our forces and our knowledge. This is what we are doing in Isère by rationalising the operation of our institutions in order to allow public activities to do as well with less n
Désormais, sur les 4400 agents que compte le Département, 3500 d’entre eux travaillent dans l’une de ces antennes, offrant aux citoyens des réponses personnalisées. Ces Maisons du Conseil général permettent aussi de réaliser une économie de 3,5 millions d’euros par an grâce à une organisation regroupée et donc optimisée. Elles ont engendré une réduction d’un quart du nombre de mètres-carrés nécessaires pour accueillir nos services, réduisant ainsi nos coûts locatifs. L’efficacité de ce modèle est unanimement reconnue, et c’est d’ailleurs dans cette même philosophie, que nous avons signé le 18 novembre dernier avec la Région Rhône-Alpes un protocole d’accord afin de rapprocher nos services départementaux implantés dans les 13 maisons de territoire et ceux de la Région présents en Isère.
2 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Alain Cottalorda © CG 38
À l’heure où l’argent public se fait rare, il est urgent de faire appel à la richesse de l’intelligence collective. Cela passe par la mise en œuvre de nouveaux modes de gouvernance et la mutualisation de nos forces et nos savoirs. C’est ce que nous faisons en Isère en rationalisant le fonctionnement de nos institutions afin de permettre à l’action publique de faire aussi bien avec moins n
Président du Conseil général de l’Isère President of the General Council of Isère
L’Isère en chiffres Isère: key figures 533 communes, 27 intercommunalités et 58 cantons. 1 215 212 habitants en 2011. 163,5 habitants par km2 en 2011. 7 431,5 km2 de superficie.
533 towns, 27 intercommunalities and 58 districts. 1,215,212 inhabitants in 2011. 163.5 inhabitants/sq.km in 2011. 7,431.5 sq. km surface area.
Économie : 25 889 euros de Revenu net déclaré moyen par foyer fiscal (2011). 487 508 actifs de plus de 15 ans en 2011. 8,2% de la population active au chômage au 2e trimestre 2014 (France : 10,2%). 26 500 emplois dans les industries de haute technologie, une spécificité iséroise. De très grandes entreprises à la pointe de la technologie : STMicroelectronics, Schneider Electric, Radiall, HP, Thales, Soitec, Siemens T&D, ST Ericsson etc.
Economy: 25,889 Euros of GDP per capita (2011). 487,508 in employment for over 15 years in 2011. 8,2% of the active population unemployed at 2 nd quarter of 2014 (France: 10.2%). 26,500 jobs in the hi-tech industry, a specificity of Isère. Very large companies with cutting edge technology: STMicroelectronics, Schneider Electric, Radiall, HP, Thales, Soitec, Siemens T&D, ST Ericsson etc.
Un territoire accessible et relié : Lyon => 100 km Genève => 145 km Turin => 240 km Marseille => 275 km Paris => 550 km TGV : Marseille => 2h30 Paris => 3h Bruxelles => 6h Londres => 7h Aéroports : Grenoble : 460 000 passagers par an Lyon : 7 700 000 passagers par an Genève : 11 300 000 passagers par an
An accessible and connected region: Lyon => 100 km Geneva => 145 km Torino => 240 km Marseille => 275 km Paris => 550 km TGV: Marseille => 2h30 Paris => 3h Brussels => 6h London => 7h Airports: Grenoble: 460,000 passengers/year Lyon: 7,700,000 passengers/year Geneva: 11,300,000 passengers/year.
© Fotolia.com
Enseignement supérieur et Recherche : 65 250 étudiants. 23 masters internationaux. 13 écoles doctorales. 600 thèses soutenues chaque année. 22 800 emplois de chercheurs. 1er pôle de recherche publique après Paris-Île de France. 1er pôle de coopération entre recherche publique et privée dans l’hexagone. 1ère aire urbaine de France pour les ingénieurs, devant Toulouse et Paris.
Higher education and research: 65,250 students. 23 international masters. 13 doctoral schools. 600 upheld theses each year. 22,800 researchers employed. Number 1 centre of public research after Paris-Île de France. Number 1 centre of co-operation between public and private research in the hexagon. Number 1 urban surface in France for engineers, before Toulouse and Paris.
Une véritable dimension internationale : 8,98 milliards d’euros d’exportations chaque année. Des liens commerciaux privilégiés avec l’Allemagne et l’Italie. 453 entreprises à capitaux étrangers. 9 000 étudiants étrangers. 16 000 chercheurs étrangers accueillis tous les ans. 4 centres de recherche internationaux.
A truly international dimension: 8.98 billion euros of exports each year. Special business links with Germany and Italy. 453 foreign companies. 9,000 foreign students. 16,000 foreign researchers welcomed each year. 4 international research centres.
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 3
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Hors-série - Décembre 2014
SOMMAIRE :
Isère
L’Isère, une référence européenne
1
Faire appel à la richesse de l’intelligence collective
2
L’Isère en chiffres
3
L’Isère, un territoire particulièrement dynamique
6
Construire des communautés de communes fortes
8
Éditorial d’André Vallini, secrétaire d’État chargé de la Réforme territoriale et ancien président du Conseil général de l’Isère Éditorial d’Alain Cottalorda, président du Conseil général de l’Isère
Un Département innovant
Un entretien avec Jean-Jack Queyranne, président du Conseil régional de Rhône-Alpes Un entretien avec Daniel Vitte, président de l’Association des Maires de l’Isère et maire de Montrevel
Donner un rayonnement européen à Grenoble
10
Un territoire à la pointe
14
Retour vers l’économie de proximité
16
“Favoriser l’offre locale et les circuits courts”
18
Défendre l’attractivité du territoire
20
Un rayonnement touristique international
22
Numérique : objectif “zéro zone d’ombre”
27
Construire dans le respect de l’environnement
30
“Construire plus vite, mieux et moins cher”
32
Un entretien avec Christophe Ferrari, président de la Métro Un entretien avec Jean Vaylet, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Grenoble Un entretien avec Georges Burba, président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Isère Un entretien avec Christian Nucci, vice-président chargé de l’agriculture durable et de l’alimentation, du développement rural et de l’équipement des territoires Un entretien avec Philippe Gueydon, président du MEDEF Isère Un entretien avec Christian Pichoud, vice-président chargé du développement économique et du tourisme Un entretien avec Charles Galvin, vice-président chargé de l’Isère numérique, de la forêt, de la filière bois et de l’économie rurale et montagnarde Un entretien avec Pierre Streiff, président de la Fédération BTP Isère Un entretien avec Jacques Lauvin, président du Pôle Innovations Constructives
Enseignement et formation
“Conforter notre avance sur le plan européen”
34
“Il se passe des choses à Grenoble Isère que l’on ne voit pas ailleurs”
36
Caisse de résonance économique du Département
42
Agir au service de l’innovation
46
Un pionnier de la restauration scolaire
48
Un entretien avec Richard Samuel, préfet de l’Isère Un entretien avec Jean Therme, directeur de CEA Tech, Fondateur de MINATEC et de GIANT Un entretien avec Joëlle Seux, directrice de l’AEPI
Un entretien avec Laurent Malier, directeur du Leti Un entretien avec André Colomb-Bouvard, vice-président chargé des collèges et des équipements scolaires
Les grands projets du Département
“Un point de passage essentiel vers le sud et les Alpes”
50
Rendre l’usager acteur de sa mobilité
52
Le Très Haut Débit pour tous
54
Groupe 38 : l’aménageur de référence de l’Isère
56
Un aéroport au sommet
60
Un entretien avec Charles Bich, vice-président en charge des grandes infrastructures et des routes départementales Un entretien avec Didier Rambaud, vice-président chargé des déplacements et des transports Un entretien avec Georges Bescher, vice-président en charge de l’habitat et l’action foncière Un entretien avec Vincent Silve, directeur Général du GIE Groupe 38 et des sociétés membres Un entretien avec Etienne Lefort, directeur de l’aéroport Grenoble Isère
Cadre de vie et environnement
Ouvrir l’environnement aux autres politiques
62
Une gestion de l’eau à l’échelle des rivières
64
Faire redémarrer un ascenseur de moins en moins social
66
“Favoriser la croissance durable”
68
De l’innovation économique, sociale et organisationnelle
70
“Le vieillissement, défi majeur de la société actuelle”
72
“La prévention, une priorité”
74
“ Le dépistage et la prévention avant tout”
77
Le Label Patrimoine Isère défend la culture
79
Un entretien avec Serge Revel, vice-président chargé de l'environnement et du développement durable Un entretien avec Robert Veyret, Vice-président chargé de la politique de l’eau Un entretien avec José Arias, vice-président en charge de la cohésion et du développement social Un entretien avec Alain Bortolin, président de Tenerrdis Un entretien avec Pierre Ribeaud, vice-président en charge de l’Économie Sociale et Solidaire Un entretien avec Gisèle Perez, vice-présidente chargée de la solidarité avec les personnes âgées et handicapées Un entretien avec Brigitte Périllié, vice-présidente chargée de l’enfance en danger, de la famille et de l’égalité entre les hommes et les femmes Un entretien avec Annette Pellegrin, vice-présidente déléguée du Président chargée de la santé Un entretien avec Pascal Payen, vice-président chargé de la culture et du patrimoine
4 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Isère, a European standard
1
Calling upon the richness of the collective intelligence
2
Isère: key figures
3
Isère, a particularly dynamic territory
7
Building communities of strong communes
9
Giving Grenoble a European scope
11
A territory at the cutting edge
15
A return to the neighbourhood economy
17
“Supporting local products and short transits”
19
Defending the attractiveness of the territory
21
An international tourist réputation
24
Digital: “zero shadow zone” objective
28
Building with respect for the environment
31
“Build faster, better, cheaper”
33
André Vallini, secretary of State for Territorial Reform and Former Chairman of the General Council of Isère Alain Cottalorda, president of the General Council of Isère
An innovative Department
Interview with Jean-Jack Queyranne, president of the Rhone-Alps Regional Council Interview with Daniel Vitte, chairman of the Association of the Mayors of Isère and Mayor of Montrevel Interview with Christophe Ferrari, president of the Metro Interview with Jean Vaylet, chairman of the Chamber of Commerce and Industry of Grenoble Interview with George Burba, chairman of the Chamber of Guilds and Crafts of Isère Interview with Christian Nucci, vice-president for sustainable agriculture and food, rural development and regional planning Interview with Philippe Gueydon, chairman of MEDEF Isère Interview with Christian Pichoud, vice-president of economic development and tourism Interview with Charles Galvin, vice-president in charge of digital, forestry, the wood industry and the rural and mountain economy in Isère Interview with Pierre Streiff, chairman of the Construction Industry Union of Isère Interview with Jacques Lauvin, chairman of the Building Innovation Centre
Education and training
“Consolidating our progress on the European level”
35
“There are things happening in Grenoble Isère which one does not see elsewhere”
38
Economic amplifier for the Department
44
At the service of innovation
47
A pioneer of school catering
49
Interview with Richard Samuel, prefect of Isère
Interview with Jean Therme, director of CEA Tech, Founder of MINATEC and GIANT Interview with Joelle Seux, director of the AEPI Interview with Laurent Malier, director of Leti
Interview with André Colomb-Bouvard, vice-president responsible for college and school facilities
The Department’s large projects
“A vital crossing point to the South and the Alps”
51
Making the users agents of their own mobility
53
High speed broadband for all
55
Groupe 38: the benchmark planner in Isère
57
An airport at the summit
61
Interview with Charles Bich, vice-president in charge of major infrastructure and departmental roads Interview with Didier Rambaud, vice-president in charge of transfers and transport Interview with George Bescher, vice-president in charge of housing, environment and land share Interview with Vincent Silve, general Manager of the GIE Groupe 38 and member companies Interview with Etienne Lefort, director of Grenoble Isère Airport
Quality of life and environment
Opening up the environment to other policies
63
Water management at river scale
65
Repair a ladder that is less and less social
67
“To support sustainable growth”
69
Economic, social and organisational innovation
71
“Ageing, a major challenge for contemporary society”
73
“Prevention is a priority”
76
“Screening and prevention above all”
78
The Isère Patrimoine label in defence of culture
80
Interview with Serge Revel, vice-president in charge of the environment and sustainable development Interview with Robert Veyret, vice-president in charge of water policy Interview with Jose Arias, vice-president in charge of cohesion and social development Interview with Alain Bortolin, chairman of Tenerrdis Interview with Pierre Ribeaud, vice-president in charge of the Social and Interdependent Economy Interview with Gisèle Perez, vice-President responsible for solidarity with the aged and disabled persons Interview with Brigitte Périllié, vice-president in charge of at-risk childhood, the family and equality between men and women Interview with Annette Pellegrin, vice-president delegate of the President in charge of health Interview with Pascal Payen, vice-president in charge of culture and heritage LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN - Édité par Monde Edition S.A.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lcp-europeen.eu - www.lecourrierduparlement.fr n Directeur de la publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction - Sharon Lazimi n Journalistes Colombe Dabas, Julien Dreyfuss, Sacha Grynbaum, Florian Mora, Pauline Pouzankov, Marie Vergne, Laure Verneau n Infographiste - Isabel Da Silva n Traduction - Valérie Eichenlaub n Directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n Régie publicitaire - GS Intermedia : Directeur de la publicité - Nathaniel Ayache, Relations extérieures - Gérard Slama n Remerciements - Virginie Dechenaud, Erik Burdet n N° 08 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo de couverture - © Pierre Jayet - Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.
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NT E N U TEMNT ent m R t r A VA a DÉPINNO tive Dep ova nn An i
ENTRETIEN | Département le plus vaste de la région Rhône-Alpes, l’Isère se présente comme un territoire jeune et moderne où s’invente les révolutions d’aujourd’hui et de demain.
L’Isère, un territoire particulièrement dynamique L’Isère est un territoire particulièrement dynamique au sein du territoire rhônalpin, et qui attire les hommes et les activités. Si cette dynamique se poursuit au même rythme, le département verra sa population augmenter de 180 000 habitants d’ici 2030. L’Isère possède de nombreux atouts entre l’aire urbaine grenobloise portée par l’innovation, un patrimoine naturel de montagne exceptionnel en Chartreuse, dans le Vercors, en Oisans, en passant par des espaces périurbains ou ruraux du Dauphiné et du NordIsère qui forment des bassins de vie en pleine mutation. En somme, l’Isère est un territoire jeune et moderne, un creuset dans lequel s’invente les révolutions d’aujourd’hui et de demain, dans le numérique, l’environnement, le tourisme, la santé, les transports. Pourriez-vous nous présenter les grands projets de la Région en Isère ?
Sous quelles autres formes et dans quels domaines la collaboration entre le Conseil Régional et le Conseil général existet-elle ?
120 M€, pour créer 2 000 emplois sur un modèle nouveau d’écologie industrielle à la faveur duquel convergent, dans un cercle vertueux, activités industrielles, création d’emplois, respect de l’environnement et report modal. n Le soutien à l’économie durable enfin, grâce au grand projet Nord-Isère Durable qui doit permettre de faire de Rhône-Alpes le territoire de référence en matière d’écoconstruction. Alors que les charges de logement liées à l’énergie pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages et que la question du réchauffement climatique nous oblige à reconsidérer notre impact sur l’environnement, nous devons imaginer les solutions, les méthodes, les matériaux de demain pour faire face à ces enjeux qui nous concernent tous. La plateforme ASTUS située à Villefontaine aura ainsi vocation à accompagner cette nouvelle économie, et notamment les artisans dans l’évolution de leur métier.
n Le soutien à l’innovation tout d’abord. La Région a dopé le fameux “écosytème grenoblois” aux 5 prix Nobel en soutenant les stratégies innovantes développées en matière de recherche, de micro-électronique, d’énergie, de santé, d’environnement. C’est le “cœur de chauffe” de la dynamique iséroise qui a permis d’attirer les investissements et de créer des emplois. n Le soutien à l’écologie industrielle ensuite, à travers le Grand Projet industrialo-portuaire de Salaise-sur-Sanne, sur les bords du Rhône. La région Rhône Alpes, le département de l’Isère et la communauté de communes du pays roussillonnais se sont rassemblées pour bâtir ce projet de plus de 6 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Christelle Viviant
Quels sont les atouts de l’Isère au sein de la Région ?
Je considère que la Région que je préside ne doit pas être jacobine vis-à-vis des autres collectivités comme l’Etat l’a été trop longtemps dans notre pays vis-à-vis des Régions. La relation étroite, partenariale et riche que Rhône-Alpes entretient avec le Conseil général a déjà permis de grandes réalisations profitables à tous. Aujourd’hui, cette relation doit servir de base à une nouvelle étape pour réussir la décentralisation et la réforme territoriale. Avec le Conseil général présidé par Alain Cottalorda, et sous l’impulsion d’André Vallini, secrétaire d’Etat chargé de cette réforme, nous souhaitons démontrer en Isère notre capacité à offrir un meilleur service au citoyen, un service de proximité dans l’éducation, la formation, les transports, l’emploi à l’écoute des évolutions des territoires et des besoins des habitants. Pour le faire, la Région, avec le Conseil général et les communautés de communes ou d’agglomérations, devra faire confiance aux acteurs de terrains, en n’hésitant pas à déléguer des compétences dont il serait absurde de les gérer depuis Lyon. Dans la future grande région née de l’union de l’Auvergne et de Rhône-Alpes, ce sera un enjeu essentiel pour garantir la solidarité territoriale. La Région sera le lieu d’invention de la démocratie territoriale de demain, fondée sur la mutualisation des moyens et une plus grande efficacité des politiques publiques. En Isère, nous en ferons la preuve de concept n Propos recueillis par Julien Dreyfuss
Jean-Jack Queyranne Président du Conseil régional de Rhône-Alpes
Décembre 2014 | Isère
Interview with: Jean-Jack Queyranne, President of the Rhone-Alps Regional Council
The largest Department in the RhoneAlps region, Isère is a young and modern territory where the revolutions of today and tomorrow are conceived.
© Conseil général de l'Isère
Isère, a particularly dynamic territory
What are the advantages of Isère within the Region? Isère is a particularly dynamic territory within the Rhone-Alps region, which attracts people and activities. If this dynamic continues at the same rate, the department will see its population increase by 180,000 inhabitants by 2030. Isère has many assets between the Grenoble urban area carried by innovation, an extraordinary natural mountain heritage in Chartreuse, Vercors, Oisans, via the peri-urban and rural areas of Dauphiné and of North-Isère which form basins of life in full evolution. Isère is a young and modern territory, a crucible in which the revolutions of today and tomorrow are conceived in the digital, environment, tourism, health and transport industries. Could you present to us the big projects of the Region in Isère? n Support for innovation first of all. The Region sparked the famous “Grenoble ecosytem” with 5 Nobel Prizes by supporting innovative strategies developed in terms of research, micro-electronics, energy, health and the environment. It is the “beating heart” of the Isère dynamic, which has made it possible to attract investment and create jobs. n Support for the industrial ecology comes next, via the Big industrial-harbour Project of Salaise-on-Sanne, on the edges of the Rhone. The Rhone-Alps region, the department of Isère and the community of communes of the Roussillon came together to build this project of more than €120 million, in order to create 2,000 jobs on a new model of industrial ecology in favour of which converge, in a virtuous circle, industrial activi-
Isère is a particularly dynamic territory within the Rhone-Alps region, which attracts people and activities.
ties, job creation, respect for the environment and modal adjustments. n Finally support for the sustainable economy, thanks to the big “Sustainable NorthIsère” project which will make it possible for Rhone-Alps to become the region of reference as regards eco-construction. Whereas housing energy bills weigh heavily on the purchasing power of households and the question of the climate change forces us to reconsider our environmental impact, we must imagine the solutions, methods and materials of tomorrow to face these stakes that concern us all. The ASTUS platform located in Villefontaine will thus have the role of supporting this new economy, and in particular the craftsmen in the evolution of their trade.
In what other forms and fields does collaboration exist between the Regional Council and the General Council? I consider that the Region that I chair should not be Jacobin with respect to the other communities like the State was for too long in our country with respect to the
Regions. The close and rich partnership connection that the Rhone-Alps maintains with the general Council has already allowed great advantageous achievements for all. Today, this relationship must be used as a basis for a new phase in order to make a success of decentralisation and territorial reform. With the General Council chaired by Alain Cottalorda, and under the direction of Andre Vallini, Secretary of State in charge of this reform, we wish to show in Isère our capacity to offer a better service to the citizen, a local service in education, training, transport and employment that is responsive to the evolutions of the territories and the needs of the inhabitants. To do this, the Region, with the General Council and the communities of communes and agglomerations, will have to trust the players on the ground, while not hesitating to delegate areas which would be absurd to manage from Lyon. In the future great region born of the union of Auvergne and the Rhone-Alps, it will be an essential issue to guarantee territorial solidarity. The Region will be the place of invention of the territorial democracy of tomorrow, founded on the sharing of means and greater effectiveness of public policies. In Isère, we will prove the concept n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 7
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Les petites communautés de communes de l’Isère doivent se renforcer afin d’atteindre une taille suffisante et mettre en oeuvre de nouvelles compétences, car toutes n’appartiendront pas à la métropole grenobloise.
Construire des communautés de communes fortes
L’association rassemble toutes les communes et communautés du Département, soit 533. Afin que le territoire soit réactif et dynamique, nous avons quatre missions : n l’information, avec une collaboratrice en permanence à disposition des élus pour toutes les questions administratives, juridiques et réglementaires. Pour l’appuyer, il y a un site Internet, une revue technique et une lettre aux élus ; n la formation : différents modules sont à disposition des maires ; n la représentation : nous désignons des élus dans plus de 180 commissions ; n l’organisation d’évènements, notamment le congrès départemental qui chaque année rassemble plus de 900 élus locaux, 150 invités, autour d’une cinquantaine de stand animés par plus de 200 exposants.
extérieurs émérites, afin de proposer une offre complète. Par exemple, les nouveaux élus peuvent suivre la formation “les clés de la réussite du mandat”, afin de saisir rapidement les enjeux de leur fonction. Il y a également des formations techniques en finance, gestion du budget communal, urbanisme, développement personnel, gestion des tensions, informatique, etc.
bitants nouveaux ont choisi de s’y installer et ont transformé les villages, créant un brassage de population irréversible, à la fois très riche et positif. Comment accueillez-vous la nouvelle métropole grenobloise ?
Le profil des nouveaux élus a-t-il changé au fil des années ? Depuis les dernières élections municipales, il y a 44 % de nouveaux maires en Isère. C’est largement au-delà du tiers de renouvellement habituel ! Les maires ont beaucoup changé depuis une trentaine d’années. Cela s’explique par le fait que l’Isère est composée de beaucoup de petites communes, avec des caractéristiques rurales, dont les habitants ont changé. A l’époque, le monde rural était assez replié sur lui-même et se renouvelait très peu. Depuis, beaucoup d’ha-
L’AMI est administrée par un comité directeur de 35 membres, afin de faire entendre la voix de tous. En ce sens, pour la première fois cette année nous avons mis en place le Conseil départemental des communautés iséroises, composé des 27 présidents des communautés, qui nous permet d’avoir une instance légitime réactive. Quels modules de formations proposezvous aux élus ? Le travail de nos services est de trouver des intervenants très compétents et pédagogiquement ouverts au dialogue et échanges. Nous proposons des modules dans différents domaines, dirigés par des formateurs 8 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Association des maires de l’Isère
Pouvez-vous nous présenter l’Association des Maires de l’Isère ?
Les maires sont très attentifs à l’évolution institutionnelle de Grenoble. Si la simplification de nos divers échelons semble inéluctable, nous ne pourrons toutefois pas rester avec la région, le département et les métropoles. Il est probable qu’en Isère, une partie dynamique se constitue autour de Grenoble, avec ses propres logiques et compétences. Aujourd’hui, l’organisation des intercommunalités nous semble déterminante, parce que tous les territoires ne seront pas en métropole. Il faut qu’il y ait des communautés assez fortes pour qu’elles puissent reprendre des compétences. L’important est de trouver le bon maillage, notamment dans les milieux de montagne, afin de garder une proximité tout en ayant des communautés capables de prendre en charge les compétences nouvelles et organiser un certain nombre de services, de développer des synergies. C’est aujourd’hui la préoccupation des élus : commencer leur mandat comme maire, tout en ayant un regard particulier sur l’évolution de l’intercommunalité qui sera l’un des éléments fondamentaux de leur mandat n Propos recueillis par Colombe Dabas
Daniel Vitte Président de l’Association des Maires de l’Isère et maire de Montrevel
Interview with: Daniel Vitte, Chairman of the Association of the Mayors of Isère and Mayor of Montrevel
© Conseil général de l’Isère
Building communities of strong communes
The mayors are very attentive to the institutional evolution of Grenoble.
The small communities of the communes of Isère must be strengthened in order to achieve sufficient size and implement new skills, because they will not all belong to the Grenoble metropolitan area.
Can you tell us about the Association of Mayors of Isère? The association gathers all the communes and communities of the Department, i.e. 533 communes. In order for the territory to be reactive and dynamic, we have four missions: n information, with a colleague permanently at the disposal of the elected officials for all the administrative, legal and regulatory questions. To reinforce this, there is an Internet site, a technical magazine and a letter to the elected officials; n training: various modules are at the disposal of the mayors; n representation: we designate elected officials in more than 180 commissions;
n the organisation of events, in particular the departmental congress which each year gathers more than 900 local councillors, 150 guests, around about fifty stands held by more than 200 exhibitors.
AMI (Association of the Mayors of Isère) is managed by a management committee of 35 members in order to make all the voices heard. To this end, for the first time this year, we have set up the departmental Council of the communities of Isère, composed of the 27 heads of communities, which allows us to have a reactive legitimate authority. Which training modules do you offer elected officials? The work of our services is to find speakers who are very qualified and pedagogically open to dialogue and exchange. We propose modules in various fields, directed by highly skilled external trainers, in order to propose a complete offer. For example, the newly elected officials can follow the “the keys to the success of the mandate” training, in order to quickly understand the challenges of their function. There is also technical training in finance, communal budget mana-
gement, town planning, personal development, management of tensions, data processing, etc.
Has the profile of the newly elected officials changed with the passing years? Since the last local elections, there are 44% new mayors in Isère. It is largely above the usual third of renewal! The mayors have changed a lot over the last thirty years. This is explained by the fact that Isère is made up of many small communes, with rural characteristics, whose inhabitants have changed. At the time, the rural world was quite folded in on itself and renewed itself very little. Since then, many new inhabitants have chosen to settle there and transformed the villages, creating an irreversible mix of population, that is both very rich and positive.
How do you accommodate the new Grenoble metropolis? The mayors are very attentive to the institutional evolution of Grenoble. Whilst the simplification of our various levels seems inescapable, we will not be able however to keep the Region, the Department and the metropolises. It is probable that in Isère, a dynamic part is formed around Grenoble, with its own logics and expertise. Today, the organisation of the inter-communalities seems to us crucial, because all the territories will not be in the metropolis. We need rather strong communities so that they can take on areas of expertise. The important thing is to find a good grid, in particular in the mountains, in order to remain local whilst having communities able to deal with new skills and to organise a certain number of services, develop synergies. It is the concern of the elected officials today: to begin their mandate as mayor, while keeping a particular eye on the evolution of the inter-communality which will be one of the fundamental elements of their mandate n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 9
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | La métropole grenobloise (Métro) s’impose avec des atouts de taille : emplacement stratégique aux portes de l’Europe, réseau de transport dense avec l’un des meilleurs centres universitaires et scientifiques de France.
Donner un rayonnement européen à Grenoble
Le changement n’est pas simplement institutionnel. Au-delà de l’outil que représente la métropole, il s’agit d’une véritable réinterrogation de la relation entre communes et intercommunalité : comment réorganiser le champ du service public tout en maintenant un regard de proximité en direction des habitants, notamment par le développement de nouveaux outils tels qu’une plateforme de services aux communes ? Comment renforcer l’attractivité du territoire, sous le prisme du développement économique, de l’aménagement ou encore des solidarités, au service de la qualité de vie ? Plus qu’une métropole en tant qu’objet institutionnel, je souhaite qu’il s’agisse là de l’occasion de construire un projet partagé, fondé sur le service public. C’est aussi là l’occasion de nous réinterroger quant à nos relations avec les territoires voisins pour, dans le respect de chacun, construire ensemble.
d’ensemble, cohérente, prenant pleinement en compte les interactions évidentes avec, par exemple, la problématique du logement ou celle des déplacements. En somme, c’est un nouveau partenariat, fédérateur, qu’il nous faut imaginer, au sein duquel la Région Rhône-Alpes devra avoir toute sa place en favorisant l’interaction entre bassins régionaux.
renforcer la résonnance à l’échelle européenne et internationale afin d’être plus visibles, plus attractifs. Dans le même temps, nous veillerons à poursuivre notre soutien au développement d’un écosystème particulièrement dense de PME et PMI qui est aujourd’hui l’une de nos grandes forces. Vous avez promis la création d’une métropole durable et exemplaire. Que souhaitez-vous mettre en place ?
Comment la Métro peut-elle rayonner au niveau européen et mondial ?
Nous devons être innovants en matière sociale, économique et environnementale. De telles innovations passent par un service public renforcé, traduction de la solidarité métropolitaine et s’il est bien une problématique à laquelle celui-ci doit aujourd’hui répondre, c’est celle de la transition énergétique. Il ne s’agit pas là de se payer de mots mais bien d’agir, au quotidien, en faveur de notre qualité de vie. Je pense ici à la rénovation énergétique de l’habitat, au développement des mobilités douces comme au formidable gisement d’emplois que représente cette transition.
La métropole grenobloise a des atouts extrêmement importants. D’abord et avant tout son positionnement géographique : elle est située au centre d'une aire urbaine de plus d'un demi-million d'habitants à proximité de la Suisse, de l’Italie et bénéficie d’un cadre de vie remarquable. De plus, nous possédons l’un des meilleurs réseaux universitaires et scientifiques de France, tant en termes de formation que de recherche et développement, un réseau dont nous devons
Quelle est votre stratégie pour faciliter le développement économique de la Métro ? La métropole reprendra la plénitude de la compétence développement économique du territoire. Il nous faudra construire une approche territorialisée, fondée sur un dialogue de proximité avec l’ensemble des acteurs locaux : communes bien sûr mais également commerçants, artisans, chefs d’entreprise ou encore Chambre de Commerce et d’Industrie également appelée à devenir métropolitaine. Agir au service du développement économique suppose de mobiliser toutes nos compétences pour construire une approche 10 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
D.MICHEL©, M.MINGAT© LA MÉTRO© DGDCOM©
Au 1er janvier 2015, la Métro prendra le statut de métropole. Quelles sont les évolutions que ce changement de statut impliquera ?
Quel avenir souhaitez-vous pour la Métro ? Ma seule ambition est d’améliorer la vie quotidienne de celles et ceux qui travaillent, habitent, se déplacent dans notre agglomération, de créer plus de solidarité, en somme, de garantir une cohésion sociale territoriale n Propos recueillis par Colombe Dabas
Christophe Ferrari Président de la Métro
Interview with: Christophe Ferrari, President of the Metro
© Conseil général de l’Isère
Giving Grenoble a European scope
Grenoble is located at the centre of an urban area of over half a million inhabitants near Switzerland and Italy, and benefits from remarkable living conditions.
The Grenoble metropolis (the Metro) has significant assets: a strategic site at the doors of Europe, a dense transport network with one of the best university and scientific centres in France.
ject, founded on public service. This is also an opportunity to reassess our relations with neighbouring territories to build together, with respect for each other. Which is your strategy to facilitate the economic development of the Metro?
On the 1 st January 2015, the Metro will become metropolis. What transformations will this change of status imply? The change is not simply institutional. Beyond the tool that is the metropolis, it is about a true reassessment of the relationship between communes and inter-communality: how to reorganise the field of public service all the while maintaining a local approach towards the inhabitants, in particular through the development of new tools such as a platform of services to the communes? How can we consolidate the attractiveness of the territory, via the prism of economic development, planning and subsidies, to improve quality of life? More than metropolis as institutional object, I hope that this will be the occasion to build a shared pro-
The metropolis will once again fully take on the economic development of the territory. We will have to build a regionalised approach, founded on a local discourse with all the local players: communes of course but also shopkeepers, craftsmen, industry leaders and the Chamber of Commerce and Industry also called on to become metropolitan. To act in the service of economic development presupposes the mobilisation of all our skills to build a coherent ensemble approach, fully taking into account the obvious interactions with, for example, the problems of housing or transport. In summary, we need to imagine a new, unifying partnership, in which the RhoneAlps Region must have its place supporting the interaction between regional basins.
How can the Metro attain European and global influence? The Grenoble metropolis has extremely important assets. Above all its geographical positioning: it is located at the centre of an urban area of over half a million inhabitants near Switzerland and Italy, and benefits from remarkable living conditions. Moreover, we have one of the best university and scientific networks in France, as much in terms of training as of research and development, a network whose resonance we must reinforce on a European and international scale in order to be more visible, more attractive. At the same time, we will take care to continue our support for the development of a particularly dense ecosystem of SMEs and SMIs which is today one of our great strengths.
“My only ambition is to improve everyday life.” You promised the creation of a sustainable and exemplary metropolis. What do you wish to set up? We must be innovative on social, economic and environmental matters. Such innovations go through the strengthening of public service, the translation of metropolitan solidarity and if there is an issue to which one must respond today, it is that of energy transition. This is not about words but action, on a daily basis, in favour of our quality of life. I am thinking here of the energy renovation of housing and the development of soft transports as much as the formidable spurt of employment which this transition represents. What future do you hope for the Metro? My only ambition is to improve the everyday life of those who work, live and travel in our agglomeration, to create more solidarity and above all, to guarantee regional social cohesion n
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Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Cinquième ville la plus innovante au monde selon Forbes, Grenoble dispose d’un tissu économique très actif et diversifié. Un potentiel que la Chambre de Commerce et d’Industrie locale s’attache à valoriser en mettant à la disposition des entreprises plusieurs outils et prestations.
Un territoire à la pointe
Située au sud de l’Isère et regroupant 745 800 habitants, la zone de Grenoble est caractérisée par un triptyque recherche/ enseignement/économie très fort qui en fait le deuxième pôle de recherche public français après l’Île-de-France, avec un pourcentage de cadres et professions intellectuelles supérieur à la moyenne nationale. Très diversifié, le tissu économique est fort de deux groupes de plus de 6 000 salariés (Schneider et STMicroelectronics), de plus d’une vingtaine d’Entreprises de Taille Moyenne à renommée mondiale (Pomagalski, ARaymond, Caterpillar, Soitec, Radiall etc.) et de nombreuses PME très actives. Ces dernières s’inscrivent dans la dynamique du Commissariat à l’énergie atomique et de son laboratoire, le LETI. L’emploi industriel s’élève à 16 % contre 12 % au niveau national, tandis que le secteur tertiaire caractérisé par une offre à forte valeur ajoutée, est tout aussi dynamique. Globalement, la ville a été un précurseur en matière de pôles de compétitivité. Aujourd’hui, des pôles tels que Minalogic, qui correspond à 40 000 emplois dans l’électronique, ou Tenerrdis avec 12 000 emplois dans l’énergie, jouissent d’une envergure internationale. Grenoble, c’est aussi un territoire touristique attractif avec 22 stations de ski, dont douze mondialement reconnues, allant de concert avec une industrie de la montagne très compétitive.
lement sous sa responsabilité l’Institut des Métiers Techniques qui propose des formations par alternance pour plus de 50 métiers.
85 % provient de vente de prestations et seulement 15 % de recettes fiscales), la CCI de Grenoble fait partie des grandes chambres. Il s’agit d’une véritable société de services à la disposition du territoire que l’accession prochaine de la ville au statut de métropole va encore renforcer.
Enfin, la Chambre joue son rôle de lobby vis-à-vis des pouvoirs publics, dans l’objectif de défendre les intérêts des entreprises.
“La métropole : une opportunité pour le développement économique.”
La Chambre a pour mission d’accompagner les entreprises de la création à la transmission, en passant par la mise en réseau au sein de communautés pour favoriser le partage des expériences. Elle propose aussi un service de médiation qui permet d’éviter aux entreprises d’aller en justice. En outre, la CCI est active dans le domaine de l’aide à l’export, s’appuyant à la fois sur son World Trade Center et sur une équipe de conseil et d’encadrement.
Quelles sont vos principales revendications en matière d’aménagement du territoire ?
L’institution a créé “Présences”, véritable magazine de référence du monde économique isérois, et gère “Grenoble Ecole de Management”, qui est 6ème au classement national des écoles de commerce. Il a éga-
Quels outils votre Chambre met-elle à la disposition du développement des entreprises ?
© CCI de Grenoble
Pouvez-vous nous présenter les principales caractéristiques du tissu économique grenoblois ?
Nous avons créé une structure informelle dans laquelle la Chambre est le porteparole de l’ensemble du monde économique pour porter ses revendications en matière d’infrastructures. Une campagne de presse d’envergure a ainsi été menée pour réclamer notamment des réseaux ferroviaires et routiers plus aboutis, tout en intégrant d’autres problématiques telles que la nécessité de diminuer la charge fiscale sur les entreprises. Les principaux enjeux sont aujourd’hui de rendre plus accessible et contournable Grenoble et de réussir la mise en place de la métropole au 1er janvier 2015. Cette dernière constitue une opportunité importante pour notre territoire et pour le développement économique n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Jean Vaylet Avec un effectif de plus de 800 personnes et un budget de 90 millions d’euros (dont 14 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Grenoble
Interview with: Jean Vaylet, Chairman of the Chamber of Commerce and Industry of Grenoble
© Tenerrdis
A territory at the cutting edge
“In Isère, industrial employment amounts to 16% against 12% at the national level.”
Fifth most innovative city in the world according to Forbes, Grenoble has a very active and diverse economic fabric. This is the potential that the local Chamber of Commerce and Industry is attempting to develop by placing several tools and services at the disposal of the companies.
Can you tell us the principal characteristics of the economic fabric of Grenoble? Located in the south of Isère with 745,800 inhabitants, the area of Grenoble is characterised by a very strong research/ teaching/business triptych which makes it the second centre of French public research after Île-de-France, with a percentage of management and intellectual professionals above the national average. Very diversified, the economic fabric comprises two groups of more than 6,000 employees (Schneider and STMicroelectronics), over a score of middle-sized companies of world repute (Pomagalski, ARaymond, Caterpillar, Soitec, Radiall etc) and many very active SMEs. These last fall under the dynamics of the Commissariat à l’Énergie Atomique and its laboratory, LETI. Industrial employment amounts to 16% against 12% at the national level, while
the tertiary sector, characterised by a strong added value offer, is just as dynamic. All in all, the city has been a pioneer in terms of centres of competitiveness. Today, centres such as Minalogic, which corresponds to 40,000 jobs in electronics, or Tenerrdis with 12,000 jobs in energy, benefit from international scale. Grenoble is also an attractive tourist region with 22 ski resorts, including twelve universally renowned, that go hand in hand with a very competitive mountain industry.
relying both on its World Trade Centre and an advisory and support team. The institution created “Présences”, a real benchmark magazine of the business world of Isère, and manages “Grenoble School of Management”, which is 6th in the national classification of business schools. It is also responsible for the Institute for the Technical Trades which offers work/study courses for more than 50 trades. Finally, the Chamber plays its role of government lobbyist to defend the interests of companies.
What tools does your Chamber provide for the development of companies?
What are your principal claims regarding regional planning?
With a workforce of more than 800 people and a budget of 90 million euros (of which 85% come from sale of services and only 15% from tax revenues), the CCI of Grenoble is one of the big chambers. It is a real service company at the disposal of the region that the coming accession of the city to the status of metropolis will further reinforce. The Chamber is charged with supporting companies from creation to transmission, via community networks to encourage sharing of experiences. It also offers a mediation service that allows companies to avoid going to court. Moreover, the CCI is active in the field of assistance to export,
We have created an informal structure in which the Chamber is the spokesman for the entire business world representing its demands in terms of infrastructure. A large press campaign was carried out to reclaim in particular better rail and road networks, also including other issues such as the need to decrease the tax burden on companies. The principal stakes today are to make it easier to access and bypass Grenoble and to make a success of the set up of the metropolis on January 1 st, 2015. The latter is an important opportunity for our region and for economic development n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 15
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Avec ses 25 000 entreprises, 60 000 salariés et 4 200 apprentis, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Isère est la plus importante en Rhône-Alpes. Une avance qu’elle compte renforcer, à coup d’évolutions et de formations permanentes.
Retour vers l’économie de proximité
En France comme en Isère, l’artisanat occupe une place très importante. Il constitue 30 % de l’économie du Département et représente plus de 25 000 entreprises, soit 60 000 salariés et 4 200 apprentis. Notre secteur participe à l’économie, contrairement à certains préjugés. La Chambre de Métiers iséroise est la plus importante en Rhône-Alpes, grâce à son Centre de formation d’apprentis. Tous les jours, notre équipe se bat aux côtés des artisans pour défendre leurs intérêts et ceux du secteur. Quels services offrez-vous aux TPE pour les soutenir dans leur développement et les aider à faire face aux nouveaux enjeux ? Le rôle de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat est avant tout d’accompagner les entreprises dans la formation et le perfectionnement des chefs d’entreprise. De manière générale, un artisan connaît très bien son métier, il détient un savoir-faire connu et reconnu. En revanche, la gestion et la commercialisation de son activité sont des domaines où il a besoin d’aide. De plus en plus, les chefs d’entreprise sont accompagnés sur les outils numériques : contact client, fournisseur, vente en ligne, réseaux sociaux, etc. Les artisans sont bien conscients qu’ils ne se forment pas assez pour affronter la concurrence. Aussi, notre équipe les accompagne pour qu’ils puissent évoluer, devenir pérennes et créer de l’emploi. Le nouvel enjeu auquel il faut faire face est l’évolution de la consommation. D’autant qu’avec la mondia-
lisation et l’Europe, l’équation devient difficile. La grande menace est la concurrence déloyale, avec des entreprises de sous-traitance où le système de protection sociale n’est pas du tout le même qu’en France. Cette concurrence déstructure la vie locale. Nous devons nous organiser pour faire face à ces nouveaux enjeux.
artisans. Pour valoriser ce travail, nous avons créé le concours Artinov. Il permet de révéler la capacité d’innovation et de développement technologique de ces entreprises. Tous les ans, ce trophée récompense quatre entreprises pour leur aspect novateur et leur apporte une reconnaissance essentielle pour le développement de leur activité.
“L’artisanat, un savoir faire connu et reconnu.”
Les produits artisanaux évoluent tout le temps, avec les goûts et attentes des clients. C’est ce qui nous permet de rester concurrentiel face à la grande distribution.
Afin de valoriser les artisans vous avez lancé le concours Artinov. Quelles sont ses retombées sur le terrain ?
Quels sont les secteurs d’avenir ? Comment envisagez-vous le futur de l’artisanat ?
Contrairement aux préjugés, des innovations sont créées par les entreprises artisanales, souvent reprises par les grosses industries. Un grand nombre d’innovations sont élaborées dans les petits ateliers des
Je suis persuadé que l’artisanat a de très beaux jours devant lui. Aujourd’hui, le client est sensible à sa consommation et aime savoir ce qu’il achète. L’économie de proximité se développe, autour de circuits courts qui valorisent une meilleure industrie alimentaire. Les gens sont donc prêts à payer un produit de qualité, tant que cela reste raisonnable. C’est un retour aux sources.
16 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© CMA Isère
Quelle est la part de l’artisanat dans l’économie iséroise ? Comment le soutenezvous ?
Dans les 20 ans qui viennent, l’évolution sera énorme. Notre secteur a un rôle important à jouer pour tirer son épingle du jeu. Et nous avons un avantage : nos petites entreprises sont en capacité de s’adapter plus facilement que les grandes entreprises n Propos recueillis par Colombe Dabas
Georges Burba Président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Isère
Interview with: George Burba, Chairman of the Chamber of Guilds and Crafts of Isère
With its 25,000 companies, 60,000 employees and 4,200 apprentices, the Chamber of Guilds and Crafts of Isère is the largest in the Rhone-Alps region. A progression which it intends to reinforce, through changes and ongoing education.
What is the share of the craft industry in the economy of Isère? How do you support it? In France as in Isère, the craft industry occupies a very important place. It constitutes 30% of the economy of the Department and represents more than 25,000 companies, that is to say 60,000 employees and 4,200 apprentices. Our sector takes part in the economy, contrary to certain prejudiced beliefs. The Chamber of Guilds of Isère is the largest in the Rhone-Alps region, thanks to its Centre for apprentice training. Every day, our team fights side by side with the craftsmen to defend their interests and those of the sector.
“A craftsman knows his trade very well, he holds a known and reconised know-how.” Which services do you offer to support very small companies in their development and help them face new challenges? The role of the Chamber of Guilds and Crafts is above all to support companies in training and improving the company directors. In general, a craftsman knows his trade very well, he holds a known and recognised know-how. On the other hand, the management and marketing of his activity are areas where he needs help. More and more company directors are supported via digital tools: customer contact, supplier, online selling,
social networks, etc. Craftspeople are well aware that they are not well enough trained to compete. Also, our team supports them so that they can evolve, to become fulltime and create jobs. The new challenge to cope with is the evolution of consumption. This is even more important as with globalisation and Europe, the equation becomes difficult. The great threat is unfair competition, with subcontractors where the social protection system is not at all the same as in France. This competition destructures local life. We must organise ourselves to face these new challenges.
© CMA Isère
A return to the neighbourhood economy
“Support companies in training and improving the company directors.” In order to promote craftspeople you launched the Artinov contest. What are the repercussions on the ground? Contrary to prejudiced beliefs, innovations are created by artisanal companies, often then replaced by large industries. A great number of innovations are developed in the small workshops of craftspeople. To develop this work, we created the Artinov contest. This makes it possible to reveal the capacity for innovation and technological development of these companies. Every year, this trophy rewards four companies for their innovation and brings them crucial recognition for the development of their activity. Artisanal products evolve all the time according to the tastes and expectations of the customers. It is what enables us to remain competitive vis-a-vis mass distribution. What are the sectors of the future? How do you see the future of the craft industry? I am persuaded that the craft industry has a bright future before it. Today, the customers are sensitive to their consumption
The craft industry constitues 30% of the economy of the Department and represents more than 25,000 companies.
and like to know what they are buying. The neighbourhood economy is developing around smaller circuits, which are developing a better food industry. People are therefore ready to pay for a quality product as long as it remains reasonable. It is a return to source. In the next 20 years, the changes will be enormous. Our sector has an important role to play if it plays its cards right. And we have an advantage: our small companies have the capacity to adapt more easily than large companies n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 17
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Avec un budget de près de 5 millions d’euros, le Conseil général fait preuve d’une politique volontariste pour soutenir l’agriculture iséroise, dont profitent à leur tour les consommateurs.
“Favoriser l’offre locale et les circuits courts”
Conformément aux objectifs de la PAC (politique agricole commune) et de la loi d’avenir agricole, nous avons décidé de maintenir une enveloppe conséquente afin d’être performant sur quatre axes : n structurer les filières alimentaires locales ;
n dégager une valeur ajoutée à destination des producteurs en accompagnant les marchés de proximité ; n favoriser la préservation du foncier à vocation agricole ; n mettre en place un dispositif qui améliore les conditions de travail des agriculteurs, pour qu’ils puissent bénéficier de la qualité de vie à laquelle aspire toute personne. Quant au volet social, la création du “Sillon dauphinois” permet d’aider quelques 300 ménages agricoles à passer un cap difficile. Plus largement, si la pression foncière liée à l’urbanisation est forte, nous avons la chance de disposer d’un marché formidable, favorable aux circuits courts et à la proximité.
sensibiliser l’opinion publique à “Mettre l’Isère dans son assiette”, la structuration de circuits courts a, elle aussi, permis de créer un système de restauration hors domicile à base de produits locaux.
l’installation agricole.
En 2013, vous avez signé une nouvelle charte départementale d’installation pour moderniser les exploitations iséroises. Quelles en sont les grandes lignes ?
La plupart des aides directes du Département étaient adossées au Plan de Développement Rural Hexagonal. Les dispositions risquent de changer très prochainement puisque la gestion des crédits européens est déléguée à la Région. Dans cette optique, il serait salutaire que le Conseil régional tienne compte de la diversité du territoire et des spécificités propres à chaque département, plutôt que d’adopter une approche généraliste.
Dans quelle mesure le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) soutient-il l’agriculture iséroise ?
La revitalisation des exploitations est une volonté politique très forte de notre part ! À ce titre, 110 000 euros sont attribués à la Chambre d’agriculture pour l’accompagnement à l’installation en 2014, avec un dispositif permettant des aides directes à hauteur de 230 000 euros. La part du bio continue elle aussi de progresser, atteignant même plus de 20 % des projets déposés à ce jour. Enfin, parallèlement au plan de modernisation des bâtiments d’élevage que nous finançons avec l’Europe, une convention vient d’être signée avec la SAFER pour favoriser
Aujourd’hui, 15 à 20 % des produits consommés en Isère viennent de la production locale. Par quels moyens comptezvous accroître cette part ? Dans la mesure où le pain et la viande achetés en commerces de proximité sont intégrés à ces données (alors qu’ils ne sont pas forcément issus de la production départementale), nous avons voulu accroître l’offre locale en misant sur l’installation, la qualité des produits et leurs spécificités. S’il faut 18 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Quelle est la réalité des débouchés dans le domaine agricole aujourd’hui ? Les jeunes pensent-ils que ce métier a encore de l’avenir en Isère ?
© M.Giraud CGI 38
Dans une conjoncture pour le moins difficile, quelles actions menez-vous pour soutenir vos agriculteurs?
L’effectif des jeunes en formation dans les établissements agricoles se maintient. Avec plus d’une centaine d’installations chaque année, la preuve est faite de l’intérêt des jeunes formés. Nous devons les sensibiliser à la logique économique ainsi qu’aux dispositions sociales de ce métier. A commencer par la fonction que l’agriculteur occupe en tant qu’aménageur de l’espace, qui doit elle aussi être reconnue au sein de cette profession ! n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Christian Nucci Vice-président chargé de l’agriculture durable et de l’alimentation, du développement rural et de l’équipement des territoires
Interview with: Christian Nucci, Vice-président for sustainable agriculture and food, rural development and regional planning
With a budget of over 5 million euros, the General Council demonstrates a proactive policy to support French agriculture, which in turn benefits consumers.
© Conseil général de l’Isère
“Supporting local products and short transits”
What are you doing to support your farmers in what is, at the very least, a difficult economic situation? In accordance with the objectives of the CAP (common agricultural policy) and the agricultural law of the future, we decided to maintain significant support in order to be powerful along four lines: n structuring the local food industry;
n finding value added for the producers by supporting local markets; n supporting the safeguarding of land for agricultural use; n setting up a facility to improve the working conditions of farmers, so that they can profit from the quality of life to which any person aspires.
As for the social aspect, the creation of the “Sillon dauphinois” makes it possible to help some 300 agricultural households through a difficult period. More widely, whilst the land pressure related to urbanisation is strong, we are lucky to have a formidable market, favourable to short transits and proximity. Today, 15 to 20% of the products consumed in Isère come from local production. How do hope you to increase this share? Insofar as bread and meat bought in local shops are included in these data (whereas they do not result necessarily from departmental production), we wanted to increase the local product offer by focusing
Today, 15 to 20% of the products consumed in Isère come from local production.
on location, on development, the quality of the products and their specificities. Whilst it is necessary to sensitise people to “putting Isère on their plate”, structuring short transits also made it possible to create a system for eating out using local products. In 2013, you signed a new departmental planning charter to modernise the farms of Isère. What are the broad strokes? The revitalisation of the farms is our very strong political will! To this end, 110,000 euros are allotted to the Chamber of agriculture to support development in 2014, with a facility to allow direct assistances to a height of 230,000 euros. The share of organic also continues to progress, reaching more than 20% of the projects filed to date. Finally, in parallel to the modernisation of the livestock buildings plan, which we finance with Europe, an agreement has just been signed with the SAFER to support agricultural development. To what point does the EAFRD (European agricultural fund for rural develop-
ment) support agriculture in Isere? The French Plan of Rural Development backed up the majority of direct subsidies in the Department. The provisions are likely to change very soon since the management of the European credits is delegated to the Region. Accordingly, it would be salutary that the Regional Council take account of the diversity of the territory and specificities of each department, rather than adopting a general approach.
What are the real opportunities in the agricultural field today? Do young people think that this trade still has future in Isère? The number of young people in training in the agricultural establishments is maintained. More than a hundred set-ups each year is proof of the interest of trained young people. We must educate them with economic logic and the social provisions of this trade. Starting with the farmer's role as a developer of the space, which must also be recognised within this profession! n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 19
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Le Medef Isère, représentant de 2 500 entreprises, défend les intérêts du riche et divers tissu de PME, sur un territoire ouvert sur le monde qui ne souffre d’aucun cloisonnement.
Défendre l’attractivité du territoire Le MEDEF Isère est une association indépendante juridiquement et financièrement. Nous vivons uniquement de nos cotisations de nos adhérents et fédérons 2500 entreprises à travers nos adhérents directs et à travers 15 syndicats professionnels. 85 % des membres sont des PME de moins de 50 salariés. Nous intervenons dans des domaines très divers. Tout d’abord, nous sommes un lieu d’échanges, de rencontres et d’information pour les entreprises iséroises. Au travers de clubs, de réunions techniques et de moments de convivialité, nos membres sont en prise directe avec les dossiers d’actualité et peuvent apprendre de l’expérience des autres tout en exprimant leurs attentes et leurs préoccupations. Le MEDEF Isère est également le principal porte-parole des entreprises, tant sur les dossiers nationaux que locaux. Sa vocation est de travailler à améliorer l’environnement réglementaire, fiscal et social. Un important travail de communication et de pédagogie est mené pour dénoncer des mesures néfastes à notre compétitivité et promouvoir celles qui vont dans la bonne direction. Le principal combat est la défense de l’attractivité du territoire, en particulier en matière de fiscalité locale et d’infrastructures. Nous intervenons aussi dans le domaine de l’emploi et, depuis plusieurs années, menons des actions pour rapprocher le monde de l’école de celui de l’entreprise.
position de nos adhérents pour les accompagner au quotidien en matière de droit social, des affaires et d’hygiène et de sécurité. Des réunions juridiques viennent compléter cet accompagnement. Par ailleurs, nous communiquons à nos adhérents différentes veilles : économique, juridique, européenne.
tionnelles. Ces navires amiraux ont permis le développement d’un tissu de PME riche et diversifié. L’ouverture au monde est véritablement inscrite dans l’ADN de notre territoire. Comment expliquer le fait que l’Isère se situe dans les départements français les moins touchés par le chômage ?
Sept des dix premiers employeurs privés isérois sont étrangers et concentrent 40 % de l’emploi industriel. Comment expliquer cette attractivité ? L’Isère a toujours été un lieu de brassage social et culturel. Des personnalités visionnaires, entrepreneurs, universitaires et scientifiques ont largement contribué à bâtir un potentiel de savoir et de compétence qui ont été le creuset du triptyque “Université, Recherche, Industrie”. Ce terreau a incité, dans les années 60 et 70, des entreprises anglo-saxonnes à s’installer en Isère. Elles ont trouvé de la main d’œuvre, des compétences et une qualité de vie assez excep-
Quels sont les services que vous mettez à disposition de vos adhérents ? En premier lieu, des juristes sont à la dis20 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Medef Isère
Quel est le rôle du MEDEF Isère ?
Nous sommes impactés par la crise mais effectivement un peu moins que d’autres régions, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, notre potentiel de recherche donne lieu à une exceptionnelle vitalité dans la création de start-ups. Beaucoup de chefs d’entreprise isérois sont d’anciens chercheurs ; le passage de l’un à l’autre se fait “naturellement”. En second lieu, nous avons la chance d’avoir, plus qu’ailleurs, des entreprises fortement exportatrices et innovantes. Beaucoup bénéficient de la croissance mondiale et en particulier asiatique. Il faut souligner également que les responsables politiques n’ont jamais hésité à soutenir fortement l’implantation de centres de recherche qui ont contribué à conforter et renouveler sans cesse ce microcosme vertueux tourné vers l’industrialisation des procédés et des résultats issus de la R&D. Notre territoire n’est pas très étendu et ne souffre d’aucun cloisonnement, ce qui facilite les collaborations et les relations informelles. C’est aussi, me semble-t-il, un facteur de réussite non négligeable n Propos recueillis par Colombe Dabas
Philippe Gueydon Président du MEDEF Isère
Interview with: Philippe Gueydon, Chairman of MEDEF Isère
Medef Isère, represents 2,500 companies, defends the interests of the rich and various fabric of SMEs in a territory that is open to the world and which does not suffer any form of division.
© Fotolia.com
Defending the attractiveness of the territory
Which is the role of MEDEF Isère? MEDEF Isère is a legally and financially independent organisation. We are financed uniquely by the contributions of our members and include 2,500 companies through our direct members and 15 trade associations. 85% of the members are SMEs with less than 50 employees. We intervene in very diverse fields. First of all, we are a place of exchange, meetings and information for the companies of Isère. Through clubs, technical meetings and moments of relaxation, our members are up to date with the issues of the hour and can learn from the experiences of others while voicing their expectations and concerns. MEDEF Isère is also principal spokesman for the companies, both on national and local issues. Its mission is to work to improve the legal, tax and social environment. An important work of communication and education is undertaken to denounce measures that are harmful to our competitiveness and promote those that take us in a good direction. The principal fight is maintaining the attractiveness of the region, in particular regarding local taxation and infrastructure. We also intervene in the field of employment and, for several years now we have taken action to bring the world of school closer to the world of the enterprise. What services do you offer your members? First of all, we have lawyers at the disposal of our members to support them with in the day-to-day in matters of social, corporate, hygiene and safety law. Legal meetings
“Our research potential leads to exceptional vitality in the creation of start-ups.”
supplement this support. In addition, we communicate to our members various areas to watch: economic, legal, European. Seven of the top ten private employers in Isère are foreign and concentrate 40% of industrial employment. How do you explain this attraction? Isère has always been a place of social and cultural mixing. Visionary figures, entrepreneurs, academics and scientists have strongly contributed to building a potential of knowledge and expertise which have been the breeding ground for the “University, Research, Industry” triptych. In the 60s and 70s, this rockbed encouraged AngloSaxon companies to settle in Isère. They found labour, expertise and a rather exceptional quality of life. These flagships allowed the development of a rich and diversified fabric of SMEs. Openness to the world is truly inscribed in the DNA of our region. How to explain the fact that Isère is
among the French departments the least touched by unemployment? We are impacted by the crisis but indeed a little less than other areas, and this for several reasons. First of all, our research potential leads to exceptional vitality in the creation of start-ups. Many directors of companies in Isère are former researchers; the passage from the one to the other happens “naturally”. Secondly, we have more luck than elsewhere to have strongly exportorientated and innovative companies. Many benefit from world growth and in particular Asian growth. It should be also underlined that the political leaders have never hesitated to strongly support the establishment of research centres which have contributed to consolidate and unceasingly renew this virtuous microcosm turned towards the industrialisation of the processes and results of R&D. Our territory is not very big and does not suffer from any division, which facilitates informal collaborations and partnerships. This is also, it seems to me, a considerable factor of success n
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Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Bénéficiant de l’aura de ses stations de ski et d’un tourisme dynamique, l’Isère compte désormais parmi les destinations préférées des français, et compte confirmer l’attractivité de ses territoires auprès de la clientèle européenne.
© Mairie de Vizille
Un rayonnement touristique international lignée de “Jazz à Vienne”, du Festival Berlioz et du Festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez, font eux aussi la fierté de notre territoire. Sans parler de la renommée internationale des stations de ski comme l’Alpe d’Huez ou les 2 Alpes.
“16 000 emplois salariés directs.”
Aussi dynamique qu’hétéroclite, que représente votre offre touristique en termes économiques pour le département ?
Faisant partie du top dix des départements les plus touristiques de France, quels sont les atouts isérois en la matière ? La Chartreuse, le Vercors, Vienne, Saint Antoine l’Abbaye, le château de Vizille : autant de sites naturels et historiques dont la renommée a depuis longtemps franchi les portes du département. Si l’Isère se distingue par une très grande diversité de paysages, son patrimoine historique représente une richesse tout aussi exceptionnelle, sans compter le rayonnement du musée d’art moderne de Grenoble, l’un des plus beaux en régions. Côté culturel, outre la richesse en musées et sites historiques visitables, les évènements, festivals et autres manifestations dans la 22 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© DR
Si le patrimoine historique de l’Isère attire chaque année de nombreux visiteurs, le Conseil général souhaite développer le potentiel des territoires qui n’ont pas encore étés exploités.
Pilier essentiel de l’économie iséroise, le tourisme représente une consommation touristique estimée à 670 millions d’euros, 16 000 emplois salariés directs, 20 millions de nuitées ainsi qu’une clientèle étrangère importante, de l’ordre de 25% des hébergements marchands. Outre ses stations d’hiver “phares”, notre département possède également nombre de stations dont le point commun est l’accessibilité, tant en terme de réseau routier et de transports en commun, que de gamme de tarifs et de diversité des domaines skiables. Depuis 10 ans, le Conseil général mise sur la diversification de l’offre en montagne, pour offrir aux non skieurs ou à la clientèle d’été, une offre complémentaire au ski.
Christian Pichoud Vice-président chargé du développement économique et du tourisme
© agence Urope
Les stations de ski iséroise, notamment l’Alpe d’Huez ou les 2 Alpes, bénéficient aujourd’hui d’une renommée internationale.
Quels aspects souhaiteriez-vous encore développer, en termes de visibilité notamment ? Sur quels projets phares travaillezvous actuellement ?
Le Conseil général déploie une politique d’aide volontariste pour les créateurs de gîtes : pourquoi vouloir soutenir ce type d’hébergement en particulier ?
Il faut développer le potentiel touristique des territoires qui n’ont pas encore été exploités ! Je pense notamment au projet Center Parcs Isère situé dans les Chambarans. Ce produit de village de vacances, né il y a une quarantaine d’années en Hollande, existe déjà dans plusieurs départements français. Nous travaillons depuis bientôt sept ans à la construction de ce site qui comportera 1 000 cottages, d’une capacité d’accueil de 4 000 à 5 000 personnes. Le début des travaux étant prévu au début de l’année 2015, ce projet pourrait amener à terme la création de 700 emplois pérennes en Isère. Par ailleurs, nous travaillons à la relance du Chemin de fer touristique de la Mure, l’une des plus belles lignes des Alpes.
On observe une demande croissante en direction des gîtes ruraux et des chambres d’hôtes. Souvent, ces produits s’inscrivent dans un environnement de caractère, et les clients apprécient l’accueil personnalisé qui leur est réservé et le contact avec les habitants. A l’instar de l’hôtellerie rurale et familiale, le réseau des gîtes ruraux permet de mailler le territoire en hébergements, avec de larges périodes d’ouverture. Ils représentent une activité complémentaire non négligeable pour leurs propriétaires, d’autant plus dans le moyen et haut de gamme. C’est pourquoi nous avons décidé de faire monter en gamme l’hébergement chez l’habitant, de plus en plus apprécié par les consommateurs.
Quels efforts reste-t-il encore à faire, concernant les transports et l’accessibilité, notamment en hiver ? Lancée il y a deux ans et issue de la volonté politique du Conseil général, l’initiative “skiez en décalé” va fédérer cette année l’ensemble des stations iséroises : Il s’agit de faire en sorte que les arrivées et départs ne se réalisent pas tous le samedi, afin de fluidifier la circulation sur les autoroutes et la gestion des voyageurs de l’aéroport Grenoble-Isère. Ceci apporte plus de confort aux touristes, et répond à la demande croissante de courts séjours (lundi-jeudi par exemple). Ce projet fait désormais l’unanimité au sein des offices de tourisme malgré les craintes du début de l’expérimentation. Un constat réjouissant lorsque l’on sait à quel point il est essentiel de suivre la demande, voire de l’anticiper ! n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
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Décembre 2014 | Isère
Interview with: Christian Pichoud, Vice-president of economic development and tourism
© Michel Battaglia
An international tourist reputation
“Whilst Isère is characterised by a very great diversity of landscapes, its historical heritage represents a richness quite as exceptional.”
Benefiting from the aura of its ski resorts and dynamic tourism, Isère is now among the preferred destinations of French people, and intends to confirm the attractiveness of its regions to European customers.
Among the top ten tourist departments in France, what are Isère's assets in this area? Chartreuse, Vercors, Vienne, Saint Antoine l’Abbaye, the château de Vizille: so many natural and historical sites whose fame has for a long time travelled beyond the borders of the department. Whilst Isère is characterised by a very great diversity of landscapes, its historical heritage represents a richness quite as exceptional, without counting the reputation of the
museum of modern art of Grenoble, one of most beautiful in the region. On the cultural front, in addition to the wealth of museums and historic sites worth visiting, concerts, festivals and other events such as “Jazz in Vienne”, the Berlioz Festival and the Festival of comedy of Alpe d'Huez, are also the pride of our region. Not to mention the international reputation of ski resorts such as Alpe d'Huez or the 2 Alpes. As dynamic as diverse, what does tourism represent in economic terms for the department? An essential pillar of the economy of Isère, tourism represents tourist consumption estimated at 670 million euros, 16,000 direct jobs, 20 million nights as well as a large foreign clientele, about 25% of com-
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mercial accommodation. In addition to its headline ski resorts, our department also has a number of resorts whose common denominator is accessibility, as much in terms of road network and public transport, as range of tariffs and diversity of skiable area. For 10 years, the General Council has promoted the diversification of the mountain offer, to provide non-skiers and summer visitors with services complementary to skiing. Which aspects would you still wish to develop, in terms of visibility in particular? On which headline projects are you currently working? It is necessary to develop the tourist potential of the territories that have not yet been exploited! I am thinking in particular of the Center Parcs Isère project located in
© Sophie Battaglia
ments. We have worked for nearly seven years to build this site that will include 1,000 cottages, with a capacity of 4,000 to 5,000 people. The beginning of works is planned for the beginning of 2015, this project could in the long term bring the creation of 700 full time jobs in Isère. In addition, we are working on the revival of the tourist railway of Mure, one of the most beautiful railway lines in the Alps.
“16,000 directs jobs.” The General Council has a policy of voluntary assistance for the creators of “gîtes”: why do you want to support this type of lodging in particular?
“It is necessary to develop the tourist potential of the territories that have not yet been exploited.”
Which efforts still remain to be made, regarding transport and accessibility, in particular in winter? Launched two years ago and resulting from the political goodwill of the General Council, the “staggered start” initiative will this year unite all the stations in Isère: It is a question of making arrivals and departures not all take place on Saturdays, in order to get traffic moving on the motorways and manage the travellers through GrenobleIsère airport. This makes for a better tourist experience, and responds to the increasing demand for short stays (Monday-Thursday for example). This project is now unanimously adopted by the offices of tourism despite fears at the beginning of the experiment. A pleasing report when one knows to what degree it is essential to meet demand, even anticipate it! n
© Conseil général de l'Isère
Chambarans. This vacation village product, born around forty years ago in Holland, already exists in several French depart-
One observes increasing demand for “gîtes” (rural lodgings) and guest rooms. Often, these products fall into the category of "characterful", and customers appreciate the personalised welcome as well as the contact with inhabitants. Following the example of rural and family hotels, the network of rural lodgings makes it possible to
pepper the territory with lodgings, with broad opening periods. They represent a considerable complementary activity for their owners, even more in the medium and top-of-the-range. This is why we decided to upgrade guest lodging which is appreciated more and more by consumers.
Alpe d’Huez forms part of the Alpe d’Huez Grand Domaine Ski Area, combining the resorts of Alpe d’Huez, Auris-en-Oisans, Huez-en-Oisans, Oz-en-Oisans, Vaujany and Villard Reculas into one giant playground.
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SOCARA 2017
Créée en 1976, la SOCARA (Société Coopérative d’Approvisionnements Rhône Alpes), est l’une des principales centrales d’achat régionales du Mouvement E. Leclerc en France. Avec un chiffre d’affaires dépassant les 1,1 milliards d’euros, la SOCARA se positionne comme la 4ème société d’Isère. Aujourd’hui, la SOCARA projette de délocaliser ses activités à Villette d’Anthon sur un nouveau site qui accueillera son nouveau siège social, un bâtiment mécanisé destiné aux produits de grande consommation et un bâtiment dédié aux activités de produits frais, surgelés et fruits et légumes.
Nos motivations pour ce projet : Accompagner une croissance responsable, Optimiser les flux logistiques, Développer une logistique innovante. Pour réaliser ce projet ambitieux, la SOCARA compte s’appuyer prioritairement sur des entreprises régionales. 33 corps d’état, soit 60 entreprises titulaires et 250 personnes en moyenne, se succèderont durant 2 ans, correspondant à près de 1 250 000 heures de travail, le tout dans un souci de respect environnemental (bilan carbone minimisé…). Le projet, à son terme, permettra la création de plus d’une centaine d’emplois locaux du fait de l’internalisation de certaines activités et des spécificités des outils logistiques retenus. La production de colis augmentera de près de 50% avec des conditions de sécurité améliorées.
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Si la fibre optique s’impose aujourd’hui comme un facteur d’attractivité essentiel pour les territoires, le Conseil général de l’Isère déploie un budget de 600 millions d’euros pour mettre en œuvre le plus grand projet de France en la matière. Priorité : éviter la fracture numérique des zones reculées.
Numérique : objectif “zéro zone d’ombre”
En explorant plusieurs pistes, nous nous sommes rendu compte que la délégation de service public à un opérateur privé n’était pas la meilleure solution pour une couverture entière du territoire. Ce constat a amené la création d'un réseau départemental entièrement maîtrisé par le Conseil général, dans l’ambition de desservir même les zones les plus reculées. Largement mutualisé, il n’inclut pas cependant les espaces très denses, conformément aux dispositions prises par le gouvernement précédent. Avec la volonté de desservir dans un premier temps les bâtiments publics, les zones d’activité, puis les particuliers, nous visons à couvrir au terme de 12 ans la totalité du département. Dans l’attente de la fibre optique, les “zones blanches” vont être montées en débit pour atteindre jusqu'à 20 Méga pour un particulier.
“Augmenter la part du bois dans les constructions départementales.” Quel enjeu le développement de la filière bois représente-t-iI pour le territoire? Plus du tiers du département étant recouvert de forêts (270 000 hectares), la filiére bois représente en Isère près de 10000 emplois. Exploitation, scieries, construction : notre politique vise à aider l’ensemble des
partenaires et des entreprises, avec des crédits départementaux, régionaux et européens qui soutiennent la modernisation des ateliers. Cette politique est en place depuis deux ans. Elle leur garantie un avenir plus sûr. À ce titre, un projet départemental est actuellement en cours pour mettre en œuvre avec la Région une politique publique complémentaire et efficace. Côté innovation, nous souhaiterions déployer plusieurs stratégies, dont la plus ambitieuse vise à faire de Grenoble le centre mondial de la recherche sur l’énergie grise.
permettant d’éviter des surcoûts. Par ailleurs, nous avons lancé “les Trophées du bois”, un concours récompensant la meilleure réalisation de l’année sur plusieurs critéres : architecturaux, énergétiques, de coûts, etc.
“Encourager les formes d’exploitations traditionnelles et l’artisanat.” Qu’en est-il de l’économie rurale, notamment en termes de développement durable? Dans quelle mesure concilier agriculture et montagne?
Quelle politique de soutien et d’accompagnement avez-vous mis en place pour les entreprises et particuliers qui contribuent à développer la filière ? Le Conseil général encourage à augmenter la part du bois dans les constructions départementales, l’industrialisation de la filière © CGI 38
Depuis 2009, le Département développe une politique volontariste d’aménagement numérique du territoire pour les Isérois. Quelle en est la stratégie, notamment concernant les zones montagnardes?
Je serais tenté de poser la question autrement : la montagne serait-elle toujours aussi attrayante sans agriculture ? Si la présence humaine est indispensable ne seraitce que pour entretenir la nature et l’activité touristique, elle doit se montrer compatible avec l’environnement qui l’entoure. C’est pourquoi il faut encourager les formes d’exploitations traditionnelles et l’artisanat, développer les circuits courts en valorisant les produits de la montagne, notamment au travers d’une appellation actuellement en cours de réflexion. Plus globalement, le maintien du service public dans ces zones dépendra directement de notre capacité à y conforter l’activité et la création d’emplois n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Charles Galvin Vice-président chargé de l’Isère numérique, de la forêt, de la filière bois et de l’économie rurale et montagnarde
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Décembre 2014 | Isère
Interview with: Charles Galvin, Vice-president in charge of digital, forestry, the wood industry and the rural and mountain economy in Isère
© CMA Isère
Digital: “zero shadow zone” objective nearly 10,000 jobs in Isère. Exploitation, sawmills, construction: our policy aims to help all partners and companies, with departmental, regional and European appropriations that support the modernisation of the workshops. This policy has been in place for two years. It guarantees them a safer future. For this reason, a departmental project is currently underway to implement, with the region, a complementary and effective public policy. On the innovation front, we would like to deploy several strategies, of which the most ambitious aims to make Grenoble the world research centre for embodied energy.
What help and support policy have you implemented up for companies and private individuals who are contributing to develop the sector? The General Council encourages the increase in the share of wood in the departmental construction industries, the industrialisation of the sector making it possible to avoid additional costs. In addition, we launched “Trophées du bois”, a contest rewarding the best achievement of the year on several criteria: architecture, energy, costs, etc. “It is necessary to encourage traditional forms of industry and crafts.”
Since fibre optics are today a necessary factor of essential attractiveness for the regions, the General Council of Isère deploys a budget of 600 million euros to implement the largest project in France in this field. Priority: to avoid a digital divide in remote areas.
Since 2009, the Department has been developing a proactive digital planning policy in Isère. What is the strategy, especially in mountain areas? Exploring several avenues, we realised that delegating public service to a private operator was not the best solution for full coverage of the territory. This report brought the creation of a departmental network en-
tirely controlled by the General Council, with the ambition to serve even the most remote areas. Strongly subsidised, it does not however include very dense areas, in accordance with the arrangements made by the previous government. With the desire to serve first the public buildings, business sectors, and then individuals, we aim to cover the entire department by the end of 12 years. In anticipation of fibre optics, “white zones” will be increased in speed up to 20 megabytes for an individual. What are the stakes for the area in the development of the wood industry? More than a third of the department is covered with forests (270,000 hectares), therefore the wood industry represents
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What of the rural economy, in particular in terms of sustainable development? To what point do agriculture and mountain reconcile? I would be tempted to put the question differently: would the mountains be as attractive without agriculture? Whilst human presence is essential if only to maintain nature and tourist activity, it must be compatible with the environment which surrounds it. This is why it is necessary to encourage traditional forms of industry and crafts, develop short channels by developing mountain products, in particular through a brand currently under review. More generally, the maintenance of public utilities in these zones will depend directly on our capacity to consolidate activity and job creation there n
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Engagée depuis plus de quinze ans dans le développement durable, la Fédération du BTP de l’Isère mène de nombreuses actions environnementales, notamment en faveur de l’efficacité énergétique.
Construire dans le respect de l’environnement Quels sont les enjeux pour les entreprises du BTP en termes de développement durable et de performance énergétique ?
La Fédération BTP Isère, organisation professionnelle créée en 1885, est dirigée par des chefs d’entreprise et représente tous les corps de métiers. Parallèlement à sa fonction première de syndicat patronal, elle a développé de nombreux services pour accompagner et soutenir les entrepreneurs et les artisans en répondant à toutes les questions qu’ils se posent dans leur vie quotidienne. Nos missions sont les suivantes :
Les enjeux de développement durable et surtout de rénovation énergétique sont très importants : les entreprises sont face à un marché sans précédent avec 20 millions de logements à rénover d’ici 2050 ! Réaliser des chantiers respectueux de l’environnement est une préoccupation majeure de la profession, que les entreprises intègrent de plus en plus dans leur pratique. Engagée depuis plus de quinze ans dans le développement durable, notre Fédération est à l’initiative de multiples actions répondant à ces objectifs. Notamment des démarches en faveur des économies d’énergie dans le bâtiment, avec la mise en place d’un vaste plan de formation des professionnels sur l’efficacité énergétique dans la rénovation et l’accompagnement des entreprises à devenir des Professionnels de la performance énergétique “Reconnu Garant de l’Environnement”.
n Accompagner : il s’agit de faciliter “le métier” aux adhérents autant que possible. A cette fin, une équipe de douze personnes propose un panel de services : législation du travail, droit des marchés, contentieux, assurance, transmission d’entreprises, assistance technique, fiscalité, emploi, formation, environnement, aides sociales en faveur des salariés des entreprises du BTP, accompagnement financier. Elle assure également une véritable veille juridique indispensable pour informer les entreprises et défendre les intérêts de la profession ; n Rassembler : pour optimiser la circulation de l’information et renforcer la solidité du réseau, la Fédération organise tout au long de l’année des rencontres regroupant les entrepreneurs, soit par corps d’état, soit par secteur géographique. Autant d’occasions privilégiées d’échanger et de partager des expériences professionnelles ; n Représenter : une organisation patronale structurée représentative au plan départemental et national, composée d’un réseau de professionnel de 67 000 entreprises et fort d’une action quotidienne pour défendre les valeurs et les intérêts des entrepreneurs.
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Mais aussi sur des problématiques de gestion des chantiers à faible nuisance avec la démarche “construire propre”. La Fédération est également très active sur la question du recyclage des déchets de chantier et le réemploi des matériaux inertes concassés et valorisés en travaux publics. Fédérant les acteurs de la profession du BTP auprès des pouvoirs publics, comment veillez-vous à promouvoir ces métiers, notamment auprès des jeunes ? Le BTP comporte un large éventail de métiers pour lesquels il existe près de 70 diplômes de l'Éducation nationale. Il est donc important pour nous d’en faire la promotion auprès des jeunes. Par ailleurs, nous organisons en ce sens deux évènements phares dans l’année : n “Un jour en entreprise”, consistant pour nos chefs d’entreprise à accueillir un professeur pour le sensibiliser et qu’il devienne un relai auprès des jeunes ; © Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné
Pouvez-vous nous présenter la Fédération BTP Isère ? Et quels services mettezvous à la disposition de vos adhérents ?
n “Les coulisses du BTP”, qui permet aux collégiens de 3ème de visiter des chantiers d’envergure. La Fédération BTP de l’Isère en quelques chiffres : n 630 entreprises adhérentes n Représente 2/3 des 3,27 milliards d’euros HT de chiffre d’affaires des travaux en Isère n Propos recueillis par Colombe Dabas
Pierre Streiff Président de la Fédération BTP Isère
Interview with: Pierre Streiff, Chairman of the Construction Industry Union of Isère
© FBTP Isère
Building with respect for the environment
The construction companies are facing a market without precedent with 20 million residences being renovated between now and 2050.
Committed for more than fifteen years to sustainable development, the Construction Industry Union of Isère has taken many environmental actions, particularly in favour of energy efficiency.
Can you tell us about the Construction Industry Union (Fédération BTP) Isère? What services do you offer members? The Construction Industry Union Isère, a professional organisation founded in 1885, is headed by business leaders and represents all trade bodies. In addition to its primary function as labour union, it has developed many services to accompany and support entrepreneurs and artisans by answering all questions as they arise in their daily lives. Our missions are as follows: n Supporting: it is a question of make “the trade" as easy for members as possible. To this end, a team of twelve people offers a range of services: labour legislation, contract law, litigation, insurance, company handovers, technical assistance, taxation, employment, training, environment, social aid in favour of
the employees of construction companies, financial support. It also provides real legal monitoring essential to inform business and defend the interests of the profession; n Uniting: to optimise the flow of information and enhance the strength of the network, the union organises meetings throughout the year to bring together entrepreneurs, either by branch, or by geographical area. These are as many special opportunities to exchange and share professional experiences; n Representing: an umbrella organisation structured nationally and departmentally, composed of a professional network of 67,000 companies and reinforced by daily action to defend the values and interests of entrepreneurs.
What are the stakes for the construction companies in terms of sustainable development and energy performance? The stakes of sustainable development and especially energy restoration are very important: the companies are facing a market without precedent with 20 million resi-
dences being renovated between now and 2050! To achieve building sites that are respectful of the environment is a major concern of the profession that companies are building more and more into their practice. Committed to sustainable development for more than fifteen years, our union has been the initiator of multiple actions responding to these goals. In particular steps in favour of energy saving in building, with the installation of a vast plan for professional training on energy effectiveness in renovation and support for businesses becoming professionals of energy performance “Recognised Environment Guarantee”; but also on issues of low impact building site management via the “build clean” approach. The Union is also very active on the question of building site waste recycling and the reemployment of crushed and reused materials in public works. Bringing together the stakeholders in the construction profession and the public authorities, how do you make sure you promote these trades, especially among young people? The construction industry includes a wide range of trades for which there are nearly 70 national education diplomas. It is therefore important for us to promote to young people. We also organise two flagship events in the year to this end: n “A day in a business”, consisting in our company leaders hosting a teacher to educate them and become a relay to young people; n “Backstage in the construction industry”, which allows 4 th year pupils to visit major construction sites.
The construction industry of Isère in a few figures: n 630 member companies n Represents 2/3 of the 3.27 billion Euros (excluding tax) of sales turnover of works in Isère n
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Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Créé en 2007, sous l’impulsion des entreprises de la filière “construction durable”, le Pôle Innovations Constructives œuvre à la création de bâtiments responsables et accessibles, à l’épreuve des enjeux de demain. Une initiative fédératrice en RhôneAlpes, aux ambitions internationales.
“Construire plus vite, mieux et moins cher” Pouvez-vous nous présenter le Pôle Innovations Constructives ?
les différents domaines d’excellence de la filière bâtiment ?
Entreprises, institutionnels et organismes de formation et de recherche : le Pôle Innovations Constructives, soutenu par la CCI Nord Isère et la CA Porte de l’Isère, regroupe près de 80 adhérents (dont la plupart sont de grands acteurs de la filière constructive en Rhône-Alpes) autour de deux objectifs principaux :
Le Nord Isère concentre 80 % des capacités de recherche privée en matière de matériaux. C’est une opportunité pour le PIC qui souhaite développer le mix-matériaux, en s’appuyant sur la diversité des métiers et des compétences de ses adhérents. À ce titre, marier les ressources d’un grand groupe et la réactivité d’une PME s’avère un choix stratégique et efficace, à condition de fonder ces rapports sur la confiance. Le PIC a pour vocation d’être un incubateur d’idées, favorable à l’échange, porteur de synergies et contributeur à l’économie circulaire de la région.
n capitaliser, mutualiser, diffuser les savoirs, les savoir-faire, la formation et l’approche globale. Axé davantage sur la dynamique collective plutôt que sur la compétition, le PIC a défini en 2014 une nouvelle offre de service pour ses adhérents, dont l’accompagnement se veut plus adapté aux spécificités des entreprises de la filière. Si nous recrutons aujourd’hui essentiellement à l’échelle régionale, notre ambition vise un rayonnement au-delà des frontières de l’Isère et même international, comme en témoignent les rapports développés avec le Pôle PRIMA au Québec. Avec pour objectif de tripler le nombre de ses adhérents à l’horizon 2018, le PIC souhaite exercer pleinement son rôle d’incubateur de projets et contribuer à faire de la Région Rhône-Alpes une véritable référence en matière de construction durable.
Quels sont les projets en cours ? Les actions en cours au sein du PIC possèdent deux vocations essentielles : soutenir les entreprises et fédérer les adhérents autour de projets à valeur de démonstra-
Que proposez-vous en matière d’innovations et de nouveaux savoir-faire dans 32 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Quels sont les enjeux pour les entreprises du BTP ? © DR
n nourrir, éclairer, organiser le débat autour du bâtiment de demain, en favorisant les projets collaboratifs.
tion de leurs compétences. Le premier volet comprend notamment le projet de déploiement de Bourses d’Opportunités sur l’ensemble du territoire rhônalpin à partir de 2015, la mise en place de prospections et de conventions d’affaires à l’étranger (une mission en Algérie est en cours de montage), ainsi qu’une réflexion sur la création d’une chaire industrielle multi-entreprises en collaboration avec l’ENTPE. Quant aux projets à valeur de démonstration, le PIC participe aux travaux de l’appel à projet Ecocité, du Programme d’Investissement d’Avenir “Ville de Demain” pour la réhabilitation de la Cité-Jardin de Gerland. À l’étranger, le projet de solidarité “Le Colibri” vise à reconstruire un bâtiment exemplaire et un véritable lieu de vie à Lac Mégantic au Québec, dont le centre ville a été détruit par une catastrophe ferroviaire l’an dernier.
Construire plus vite, mieux et moins cher : cette ambition implique avant tout de mettre à niveau les connaissances et les compétences de l’ensemble des acteurs du bâtiment. Au-delà des enjeux de formation, la rénovation énergétique du parc existant, l’efficacité thermique, le recyclage des matériaux et l’adaptation aux évolutions du métier sont autant de chantiers incontournables et prioritaires de notre filière auxquels le Pic souhaite s’atteler n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Jacques Lauvin Président du Pôle Innovations Constructives
Interview with: Jacques Lauvin, Chairman of the Building Innovation Centre
Created in 2007, under the impulse of the “sustainable construction” industry companies, the Building Innovation Centre works to create responsible and accessible buildings, up to the challenges of the future. A uniting initiative in the Rhone-Alps region, with international ambition.
© Pôle Innovations Constructives
“Build faster, better, cheaper”
Can you tell us about the Building Innovation Centre? Companies, institutions and training and research organisations: the Building Innovation Centre, supported by CCI Nord Isère and CA Porte de l’Isère, includes around 80 members (of which the majority are big players in the Rhone-Alps construction sector) and two principal objectives: n to fuel, clarify and organise the debate around buildings of the future, by supporting collaborative projects. n to fund, subsidise and disseminate the knowledge, know-how, training and a holistic approach.
Centred on collective dynamics rather than competition, the PIC (Building Innovation Centre) defined in 2014 a new range of services for its members, whose support needs to be more adapted to specificities of the companies in the sector. Whilst today we recruit primarily on a regional scale, our ambition is to have influence beyond the borders of Isère and even on an international scale, as witnessed by the relationship we have developed with the PRIMA centre in Quebec. Aiming to triple its members by 2018, the PIC would like to fully exert its role of project incubator and contribute to making the Rhone-Alps region a real benchmark of sustainable construction. What do you propose in terms of innovation and new skills in the various fields of excellence of the building industry? Nord Isère concentrates 80% of private
Opportunities Exchanges at the biennal trade fair Éco-construction Nord Isère.
materials research capacity. This is an opportunity for the PIC, which wishes to develop the materials mix, relying on the diversity of trades and skills of its members. For this reason, marrying the resources of a large group and the flexibility of an SME is proving to be a strategic and effective choice, as long as the relationship is based on trust. The role of the PIC is to be an incubator of ideas, favourable to exchange, bringer of synergies and contributor to the circular economy in the region.
creation of a multi-company industrial chair in collaboration with the ENTPE. As for projects with demonstration value, the PIC takes part in the work of the Ecocité call for projects, the Future Investment Plan “City of Tomorrow” for the rehabilitation of the Garden City of Gerland. Abroad, the "Le Colibri” solidarity project aims to rebuild an exemplary building and a true place for life in Lac Mégantic in Quebec, whose town centre was destroyed by a railway catastrophe last year.
Which projects are in progress?
What are the challenges for businesses in the construction industry?
The projects in progress within the PIC have two fundamental roles: supporting companies and uniting members around projects that can demonstrate their skills. The first phase includes in particular the deployment of Opportunities Exchanges over the entire Rhone-Alps region from 2015, setting up overseas prospecting and business conventions (a mission to Algeria is being assembled), as well as a committee for the
Build faster, better, cheaper: this ambition implies first and foremost an upgrade to the knowledge and skills of all the players in construction. Beyond the issues of training, the energy retrofit of existing stock, thermal efficiency, recycling of materials and adaptation to changes in the trade are all essential ‘sites’ and priority areas for our industry that the PIC wishes to tackle n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 33
NT E ONining I NEM T G I A ra E ENSFORMn and t ET atio c Edu
ENTRETIEN | Représentant l’action de l’État en Isère, les services de la préfecture accompagnent les grands projets départementaux pour conforter le rayonnement isérois en Europe.
“Conforter notre avance sur le plan européen”
Au-delà du contrôle administratif, du respect des lois et des intérêts nationaux, le préfet a pour mission d’assurer le bien public, en protégeant la population contre la délinquance et les risques naturels et anthropiques. La crise que nous connaissons depuis 2008 a profondément transformé le rôle de l’État, devenu à la fois stratège, gendarme et protecteur des plus fragiles face aux effets de la crise, le tout pour lutter contre l’accroissement des inégalités. À ce titre, nos priorités actuelles portent sur l’accès à l’emploi et la mise en œuvre du pacte de responsabilité et de solidarité.
Vous incarnez la présence et la continuité de l’État sur ce territoire. Quels sont les principaux sujets de préoccupation dans votre préfecture ?
très dynamique et solidement ancrée dans le bassin grenoblois. Des grandes entreprises industrielles au tissu de PME, cette synergie a fait de Grenoble un centre majeur en termes d’innovation, notamment la cinquième plateforme mondiale de la microélectronique.
Quels seront les grands axes de votre action à moyen et long termes ? Quels principaux objectifs vous-êtes vous fixé pour les prochaines années ? Ces actions s’intègrent dans l’élaboration du Contrat de plan État-Région, qui établit un terrain d’entente entre les priorités définies par l’État et les besoins des collectivités locales sur les cinq ans à venir. Audelà de ce cadre, nous accompagnons plusieurs grands projets spécifiques à l’Isère, à savoir :
Comment les principales réformes du quinquennat, à l’image du pacte de responsabilité, sont-elles accueillies en Isère ? Notre première démarche a été de porter ce discours, avec l’ensemble des services de l’État, en direction des chefs d’entreprises, puis de tous ceux qui sont en mesure d’expliquer la pertinence du pacte de responsabilité. En tant qu’acteurs directs de la promotion de l’emploi, nous voulons souligner la nécessité de relancer la politique de formation en alternance, par le biais de contrats d’apprentissage et de professionnalisation.
Parallèlement aux missions précédemment évoquées, la coordination des services de l’État au plan départemental contribue à gommer les effets de la crise sous tous ses angles, améliorant l’accès à l’emploi et les chances de la jeunesse de s’assurer un avenir meilleur.
Le territoire que vous administrez est fortement marqué par une culture de la recherche et de l’innovation, à l’origine d’un tissu économique très actif et très diversifié. Quels sont ses principaux atouts ? Il s’agit avant tout d’un écosystème qui fonctionne sur un mode coopératif, tant du côté des entreprises que de la recherche, 34 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
n la construction d’infrastructures (LyonTurin, A480, amélioration du réseau ferroviaire et de la desserte de l’agglomération grenobloise, etc) ; n l’aménagement de la plaine de SaintExupéry et du port de Salaise-sur-Sanne, desservi par l’autoroute A7 et destiné à devenir une plateforme multimodale de transport fluvial et de marchandises ;
© Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné
Pouvez-vous nous présenter les missions essentielles dont vos services sont investis au sein du département de l’Isère ?
n conforter notre avance en matière de nanoéléctronique et de microélectronique sur le plan européen, notamment au travers du projet Nano 2017 ; n la participation à la stratégie européenne pour l’Union alpine : économie, innovation, recherche, santé, gestion des risques naturels, sont autant de sujets qui susciteront la coopération des sept pays concernés par ce programme n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Richard Samuel Préfet de l’Isère
Décembre 2014 | Isère
Interview with: Richard Samuel, Prefect of Isère
Representing the action of the State in Isère, the services of the prefecture support the large departmental projects to consolidate the influence of Isère in Europe.
© Artechnique
“Consolidating our progress on the European level”
Can you tell us about the fundamental remits of your services in the department of Isère? Beyond administrative control, respect for national laws and interests, the prefect has the role of ensuring the good of the public, by protecting the population against delinquency and natural and manmade risks. The crisis we have known since 2008 has profoundly transformed the role of the state, become at once strategist, constable and protector of the most vulnerable to the effects of the crisis, all to fight against the growth of inequalities. For this reason, our current priorities relate to access to employment and the implementation of the responsibility and solidarity pact. You incarnate the presence and continuity of the State in this territory. What are the main issues of concern in your prefecture? In parallel to the above remits, the coordination of the state services at departmental level helps erase the effects of the crisis from all angles, improving access to employment and opportunities for young people to ensure a better future. The territory that you manage is strongly marked by a culture of research and innovation, at the origin of a very active and diversified economic fabric. What are its principal assets? It acts above all as an ecosystem which functions in a co-operative mode, both on the side of the companies and on the re-
Isère wants to consolidate its advances in nano- and micro-electronics on the European level, in particular through the Nano 2017 project.
search side, very dynamic and firmly anchored in the Grenoble basin. Large industrial companies woven through with SMEs, this synergy has made Grenoble a major centre in terms of innovation, in particular the fifth world platform for micro-electronics.
which establishes an area of agreement between the priorities defined by the state and the needs of the local communities over the next five years. Beyond this framework, we support several big projects specific to Isère, namely:
How are the main reforms of the five-year presidential term, mirroring the responsibility pact, accommodated in Isère?
n the construction of infrastructure (LyonTurin, A480, improvement of the rail network and the service roads for the Grenoble agglomeration, etc);
Our first step was to bring this dialogue, along with all the state services, to the business leaders, then to all those able to explain the relevance of the responsibility pact. As direct players in the promotion of employment, we want to underline the need to relaunch the policy of work/study training, by means of training and apprenticeship contracts.
n the development of the plain of SaintExupéry and the port of Salaise-on-Sanne, served by the A7 motorway and intended to become a multimode platform for river and goods transport;
What will be the large axes of your activity in the medium and long-term? What principal objectives have you set for the coming years?
n participation in the European strategy for the Alpine Union: economy, innovation, research, health, natural risk management, are as many subjects which will incite the cooperation of the seven countries involved with this program n
These actions are included in the development of the State-Area Contract plan,
n consolidating our advances in nano- and micro-electronics on the European level, in particular through the Nano 2017 project;
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 35
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Grenoble est aujourd’hui reconnue comme un des hauts lieux de l’innovation dans le monde, répondant aux enjeux sociétaux induits par la société de l’information, la transition énergétique et la santé grâce à une coopération exemplaire entre les acteurs isérois. CEA Tech et les campus MINATEC et GIANT perpétuent cette tradition qui confère à ce territoire toute sa force.
© L. Godart
“Il se passe des choses à Grenoble Isère que l’on ne voit pas ailleurs”
Pour CEA Tech, la recherche partenariale représente 220 millions d’euros par an, soit autant que l’ensemble du monde académique français, et atteindra les 300 millions d’euros dès 2017 et les 400 millions en 2022. CEA Tech occupe ainsi une place centrale dans le dispositif national de recherche technologique, qui lui vaut d’être deuxième dans son domaine à l’échelle de l’Europe, à l’origine de quelque 600 brevets par an (premier centre de recherche déposant au monde).
CEA Tech correspond à la branche du CEA* développant les technologies clés génériques (nanoélectronique, matériaux avancés, technologie pour l’usine du futur, batteries, logiciels, systèmes embarqués) qui adressent de nombreux secteurs d'activité. Ces technologies sont aujourd’hui présentes dans la plupart des objets de la vie courante. C’est le LETI, un des laboratoires de CEA Tech, qui a tracé la voie de cette activité consistant à travailler avec les entreprises pour leur transférer des technologies nouvelles susceptibles de pérenniser ou de créer des em36 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© P. Avavian
“CEA Tech investit en moyenne 120 millions d’euros par an dans de nouvelles infrastructures de recherche.”
Pouvez-vous présenter CEA Tech et ses principaux domaines d’action ?
plois. Cette mission doit s’appliquer aussi bien dans les grands groupes qu’auprès des PME et des start-up, par le biais de l’innovation qui contribue à la compétitivité-qualité des entreprises (montée en gamme des produits).
Vous êtes un formidable “fournisseur d’innovation” au service des entreprises, succédant à la recherche fondamentale pour intervenir dans la phase de recherche technologique… CEA Tech investit en moyenne 120 millions d’euros par an dans de nouvelles infrastructures de recherche (bâtiments et équipements), avec un précieux soutien des collectivités. Nous disposons de 25 plates-formes technologiques de rang mondial, toutes uni-
Jean Therme Directeur de CEA Tech, Fondateur de MINATEC et de GIANT
© L. Godart
ques ou figurant parmi les meilleures. Elles permettent d’adresser des projets qui vont de la preuve de concept aux premiers prototypes pré-industriels. L’ensemble des plates-formes est d’ailleurs utilisé par de multiples PME et start-up pour des applications concrètes. Comment CEA Tech s’inscrit-il dans les stratégies au niveau régional, national et Européen ? Au niveau national, nous sommes implantés sur les deux sites historiques de Grenoble (3 500 collaborateurs) et Saclay, en Île-de-France (environ 1 000). À la demande du président de la République, j’ai proposé fin 2012, conjointement avec la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso, un projet de diffusion de nos technologies dans différentes régions de France. L’équilibre de cette démarche consiste à faire profiter les entreprises françaises de nos innovations en s’appuyant à la fois sur nos nouvelles équipes en région et sur nos bases historiques de Grenoble et Saclay. Les régions PACA, MidiPyrénées, Aquitaine, Pays de la Loire et Lorraine ont déjà fait l’objet d’une implantation tandis que le Nord-Pas-de-Calais est à l’étude. À l’international, nous cultivons des relations importantes avec le Japon, les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Autriche, la Suisse, la Pologne et d’autres pays encore.
“Les technologies clés génériques sont aujourd’hui présentes dans la plupart des objets de la vie courante.”
réussi, respectant les coûts, les délais et les nombreuses contraintes techniques. Le Secrétaire d’État à la Réforme territoriale et ancien président du Conseil général de l’Isère André Vallini a coutume de dire que si j’en suis le père spirituel, il en est le père physique. Vous avez poursuivi en créant le campus nommé GIANT. Quelles sont ses spécificités ? Je l’ai imaginé en 2006 lors du 50ème anniversaire du CEA Grenoble, en prolongeant le modèle de MINATEC de manière beaucoup plus ambitieuse. Trois grands enjeux sociétaux du XXIème siècle ont été identifiés et inscrits dans sa composition :
Vous avez fondé et vous dirigez en outre le Pôle d’Innovation MINATEC. En quoi consiste-t-il ?
n l’information, via le pôle MINATEC ;
L’ayant imaginé à la fin des années 1990 avec l’idée de créer un espace de liberté institutionnelle affranchi des contraintes qui pèsent sur le monde de la recherche, il a été livré en 2006. Tous les acteurs du processus d’innovation (Enseignement supérieur, Recherches fondamentale et appliquée, monde économique) y sont rassemblés avec un soutien massif des collectivités locales. L’objectif d’en faire l’un des établissements les plus pointus dans le secteur des micro et nanotechnologies a été atteint, puisque MINATEC est numéro un en Europe et fait partie des trois premiers mondiaux. Son campus réunit 5 000 étudiants, chercheurs et industriels et attire 40 000 visiteurs tous les ans. La maîtrise d’ouvrage a été confiée au Conseil général de l’Isère, qui a accepté le défi et qui a formidablement
n les nouvelles énergies, via le pôle GreEn.
n la santé, via le pôle Nanobio ;
À ces trois grands domaines applicatifs s’ajoutent trois grands domaines transferts : n la recherche fondamentale, autour des sciences de la matière et du vivant ; n les caractérisations extrêmes de la matière, avec les grands instruments européens ; n le management de la technologie, en partenariat avec Grenoble Ecole de Management. GIANT réunit donc ces six grands objets constitutifs du processus d’innovation en les répartissant dans six quartiers bien identifiés. Il s’inscrit de surcroît dans le projet de
développement urbain “Grenoble Presqu’ile” du quartier du Polygone scientifique. L’objectif est d’y créer des logements, des commerces et des services pour faire émerger un bassin de vie de 10 000 habitants. 10 000 étudiants, 10 000 chercheurs et 10 000 industriels doivent également occuper le campus à terme, dans un cadre attractif pour les meilleurs scientifiques du monde. En ce sens, il s’agit d’un projet profondément structurant. Quel est le retour sur investissement de ces multiples projets pour le département de l’Isère ? En aval du LETI, quelque 50 000 emplois constituent la filière numérique hardware/ software au sein du tissu économique grenoblois, dont 3 000 dans des start-up que nous avons lancées. Des dizaines de PME/ PMI bénéficient également de nos technologies dans tout le département. MINATEC a notamment permis l’implantation de BioMérieux à Grenoble et la première opération d’internationalisation de STMicroelectronics. Le retour sur investissement est donc majeur pour le territoire, qui bénéficie de la création de richesse et d’emplois. GIANT est quant à lui reconnu comme l’un des plus grands projets de campus d’innovation au monde et son impact économique sur le bassin d’emploi est de l’ordre de quatre milliards d’euros par an. Il s’agit véritablement d’un endroit où les gens travaillent ensemble sur des projets très ambitieux et en s’appuyant sur de grands leaders. Il se passe des choses à Grenoble Isère que l’on ne voit pas ailleurs… n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
* Commissariat à l'Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 37
Décembre 2014 | Isère
Interview with: Jean Therme, Director of CEA Tech, Founder of MINATEC and GIANT
© Patrick Avavian
“There are things happening in Grenoble Isère which one does not see elsewhere” logical platforms, all unique or among the best. They make it possible to address projects that go from proof of concept to the first pre-industrial prototypes. The platforms as a whole are also used by multiple SMEs and start-ups for concrete applications. How does CEA Tech fit into strategies at regional, national and European level?
For CEA Tech, partnership research represents 220 million euros per annum.
Grenoble is recognised today as one of the leading places for innovation in the world, responding to social issues raised by the information age, the energy transition and health thanks to an exemplary co-operation between the players in Isère. CEA Tech and the MINATEC and GIANT campuses perpetuate this tradition, which gives this territory all its strength.
Can you tell us about CEA TECH and its principal areas of activity? CEA Tech corresponds to the branch of CEA* developing generic key technologies (nano-electronics, advanced materials, technology for factories of the future, batteries, software, embedded systems) aimed at many areas of industry. These technologies are present today in the majority of everyday objects. LETI, one of the CEA Tech laboratories, led the way for this activity, which consists in working with companies to transfer them to new technologies likely to last and create
jobs. This mission is applicable as much to large conglomerates as to SMEs and startups, by means of innovation that contributes to the competitiveness-quality of the companies (rise in quality of goods). For CEA Tech, partnership research represents 220 million euros per annum, that is as much as the whole of the French academic world, and will reach around 300 million euros by 2017 and 400 million by 2022. CEA Tech thus occupies a central place in the national technological research system, which makes it second in its field on a European scale, at the origin of some 600 patents per annum (number one research centre depositor in the world). You are a formidable “provider of innovation” serving businesses, moving from basic research to intervene in the technological research stage... CEA Tech invests on average 120 million euros per annum in new research infrastructure (buildings and equipment), with invaluable support from the communities. We have around 25 world ranking techno-
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At the national level, we are established on the two historic sites of Grenoble (3,500 people) and Saclay, in Île-de-France (approximately 1,000). At the request of the President of the Republic, at the end of 2012, I proposed jointly with the Minister for Higher education and Research Geneviève Fioraso, a project for the distribution of our technologies in various regions of France. The balance of this approach consists in allowing French companies to benefit from our innovations, relying both on our new teams in the regions and our historical bases in Grenoble and Saclay. The regions of Provence-Alpes-Côte d’Azur, Midi-Pyrénées, Aquitaine, Pays de la Loire and Lorraine have already seen a set up while Nord-Pasde-Calais is being studied. On the international front, we cultivate important relations with Japan, the United States, Germany, the United Kingdom, Austria, Switzerland, Poland and many other countries. You also founded and directed the MINATEC Centre of Innovation. What is it? Conceived at the end of the 1990s with the idea of creating a space of institutional freedom liberated from the constraints which weigh on the world of research, it was delivered in 2006. All the players in the innovation process (higher education, initial and applied rsearch, business world) are gathered with massive support from the local communities. The goal of making them one of the most cutting-edge establishments in the micro and nano-techno-
logy sector was achieved, since MINATEC is number one in Europe and features among the top three in the world. Its campus gathers 5,000 students, researchers and industrialists and attracts 40,000 visitors every year. Control of the work was entrusted to the General Council of Isère, which accepted the challenge and succeeded brilliantly, respecting the costs, deadlines and many technical constraints. The Secretary of State for territorial Reform and former chairman of the General Council of Isère André Vallini says that I am the spiritual father and he the physical father.
To these three large fields of application add three large fields of transfer: n initial research, around material and life sciences; n extreme characteristics of materials, with the large European instruments; n technology management, in partnership with Grenoble School of Management.
“25 world ranking technological platforms.”
You continued by creating the GIANT campus. What are its specificities? I imagined it in 2006 at the time of the 50th birthday of CEA Grenoble, by extending the MINATEC model in a much more ambitious way. Three great social issues of the 21st century were identified and inscribed in its composition: n information, via the MINATEC centre; n health, via the Nanobio centre;
What is the return on investment of these multiple projects for the department of Isère? Downstream from LETI, some 50,000 jobs constitute the digital hardware/software sector at the heart of the Grenoble economic fabric, including 3,000 in startups that we launched. Tens of SME/SMIs also benefit from our technologies across the entire department. MINATEC in particular allowed the establishment of BioMérieux in Grenoble and the first internationalisation operation of STMicroelectronics. The return on investment is therefore major for the department, which profits from the creation of wealth and jobs. As for GIANT, it is recognised as one of the greatest innovation campus projects in the world and its economic impact on the pool of employment is about four billion euros per annum. It is truly a place where people work together on very ambitious projects while leaning on large-scale leaders. There are things happening in Grenoble Isère which one does not see elsewhere... n
© Patrick Avavian
n new energies, via the GreEn centre.
GIANT thus brings together these six large aspects that constitute the innovation process by distributing them across six well-identified districts. It fits in addition into the “Grenoble Presqu’île” urban development project of the Polygon scientific district. The objective is to create housing, trades and services there to bring to life a pool of 10,000 inhabitants. In the long-term, 10,000 students, 10,000 researchers and 10,000 industrials must also occupy the campus, within a framework that is attractive to the
best scientists in the world. In this sense, it is about a deeply structuring project.
Grenoble is recognised today as one of the leading places for innovation in the world.
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 39
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Financée principalement par le Conseil général, l’Agence d’Etudes et de Promotion de l’Isère (AEPI) met en lumière les atouts économiques isérois à l’international afin d’attirer de nouvelles entreprises et favoriser la création d’emplois.
Caisse de résonance économique du Département
Depuis 1997, l’AEPI a accompagné 420 entreprises internationales dans leur installation en Isère, contribuant ainsi à la création de 9 600 emplois. Tous les ans, 75 % des projets considérant le Département dans leur benchmark de lieu d’implantation traités par l’agence sont d’origine étrangère. Financée par le Conseil général à hauteur de deux millions d’euros par an, l’Agence emploie une vingtaine de personnes à Grenoble. Mais l’influence du Département s’étend bien audelà. De nombreuses antennes sont localisées au-delà des frontières nationales, notamment aux Etats-Unis, premier pays investisseur en Isère. Vient ensuite l’Europe où l’agence est particulièrement présente au Royaume-Uni et en Allemagne. Depuis la création de l’AEPI, le Japon et l’Inde ont également connu des bureaux de représentation de l’Isère. Aujourd’hui, notre approche en Asie est beaucoup plus souple par le biais de missions ciblées organisées par l’AFII (Agence Française des Investissements internationaux) dans 6 pays choisis selon nos secteurs d’excellence.
entreprises à capitaux étrangers. Notre Département a su instaurer un écosystème vertueux, grâce à des relations très ouvertes entre l’industrie, la recherche et l’université la Région est d’ailleurs le 2ème pôle de recherche et développement français. Grenoble est également un pôle universitaire très important en technologies, en sciences et en business tourné vers l’innovation. La ville est d’ailleurs le berceau des pôles de compétitivité. Dans le reste du Département, des zones stratégiques sont très bien ciblées. Par exemple, dans le Nord de l’Isère se trouve la 2ème plateforme logistique française. Ou encore la Zone Industrialo-Portuaire de Salaise-Sablons, un projet d’envergure qui est également une zone multimodale unique en France avec une spécificité en écologie industrielle.
des projets de développement d’entreprises (partenariat R&D, implantation de site en Europe, recherche de site pour installation de démonstrateur) ; n un outil d’intelligence économique, qui réalise un suivi des entreprises iséroises et de précieuses études sur l’économie productive et les filières d’excellence en Isère. Pour développer la croissance et l’emploi, le Département investit massivement depuis de nombreuses années sur les micronanotechnologies dont Grenoble reste un des deux pôles majeurs en Europe. L’Isère résiste à la progression du chômage et continue d’attirer des entreprises. Comment l’expliquez-vous ?
L’agglomération de Grenoble est candidate à la labellisation “métropole French Tech”. Qu’est-ce que ce label apporterait au Département ?
L’Isère reste un département très industriel (semi-conducteur, mécanique, chimie matériaux, photovoltaïque). Parmi ces industriels, 4 emplois sur 10 sont détenus par des
Vous souhaitez ancrer l’AEPI comme l’outil d’intelligence économique de GrenobleIsère et accroître la visibilité des secteurs d'excellence. Quels sont vos leviers ?
© AEPI
Depuis 15 ans, l’AEPI a pour mission de promouvoir Grenoble et l’Isère aux niveaux national et international, afin d’attirer de nouvelles entreprises. Quel est le bilan de l’Agence ?
En tant que pionnière du logiciel, Grenoble compte beaucoup sur cette candidature, gage d’une dynamique renouvelée et véritable accélérateur de croissance et de visibilité. Détenant les compétences nécessaires pour prétendre à cette distinction, je suis certaine qu’elle peut l’emporter. Plus globalement, je crois que la France possède un véritable potentiel en ce qui concerne ce domaine mais qui reste à faire rayonner. n Propos recueillis par Colombe Dabas
L’AEPI a la particularité d’avoir deux jambes : n une équipe de commerciaux très spécialisés dans leurs filières, qui peut répondre à 42 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Joëlle Seux Directrice de l’AEPI
Décembre 2014 | Isère
Interview with: Joelle Seux, Director of the AEPI
Financed mainly by the General CounciI, the Agency of Studies and Promotion of Isère (AEPI) promotes the economic assets of Isère abroad in order to attract new companies and support the creation of jobs.
© CG 38
Economic amplifier for the Department
For 15 years, the AEPI has had the role of promoting Grenoble and Isère at the national and international level, in order to attract new companies. What are the Agency's results? Since 1997, the AEPI has supported 420 international companies setting up in Isère, thus contributing to the creation of 9,600 jobs. Every year, 75% of the projects considering the Department as a possible site dealt with by the agency are of foreign origin. Financed by the General Council to the tune of two million Euros per annum, the Agency employs a score of people in Grenoble. But the influence of the Department extends well beyond that. There are many satellites located beyond national borders, in particular in the United States, number one investor country in Isère. Then comes Europe, where the agency is particularly present in the United Kingdom and Germany. Since the creation of the AEPI, Isère has also set up representative offices in Japan and India. Today, our approach in Asia is much more flexible by means of targeted missions organised by the AFII (French Agency for International Investment) in 6 countries chosen according to our sectors of excellence. You wish to anchor the AEPI as economic intelligence tool for Grenoble-Isère and increase the visibility of the sectors of excellence. What are your angles? The AEPI has two branches: n an industry-focussed sales team, which can respond to company development projects (R&D partnership, establishment of site in Europe, search for site for demo installation);
Grenoble is a very important university centre in technology, science and business turned towards the innovation.
n an economic intelligence tool, which supports Isère companies and carries out invaluable studies on the productive economy and the sectors of excellence in Isère.
To develop growth and employment, the Department has invested massively for many years in micro-nanotechnologies of which Grenoble remains one of the two major centres in Europe. Isère resists the growth in unemployment and continues to attract companies. How do you explain this? Isère remains a very industrial department (semiconductors, mechanics, chemistry materials, photovoltaic tech). Among these industrialists, 4 jobs out of 10 are with companies with foreign capital. Our Department knew to found a virtuous ecosystem, thanks to very open relations between industry, research and the university - the Region is also the second R&D centre in France. Grenoble is also a very important university centre in technology, science and business
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turned towards the innovation. The city is besides the birthplace of the centres of expertise. In the remainder of the Department, strategic zones are very well targeted. For example, in the North of Isère we find the number two logistics platform in France. Another example is the Industrial-Harbour Zone of Salaise-Sablons, a large-scale project which is also a multimode zone unique in France with a focus on industrial ecology.
The agglomeration of Grenoble is applying for a “métropole French Tech” certification. What would this label bring to the Department? As a software pioneer, Grenoble is counting a lot on this application, guarantee of renewed dynamics and genuine accelerator of growth and visibility. In possession of the necessary expertise to claim this distinction, I am certain that it can carry it. Overall, I believe that France has real potential in this field which is yet to be made to flourish n
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Le Leti, Laboratoire d’Électronique de Technologie de l’Information, est l’un des principaux centres européens de recherche appliquée en microélectronique et nanotechnologie. Chaque année, il assure le développement et le transfert de technologies innovantes dans divers secteurs.
Agir au service de l’innovation
Les micro-nanotechnologies consistent essentiellement à miniaturiser des dispositifs électroniques ou à bénéficier du comportement particulier de certains matériaux lorsqu’ils sont travaillés à l’échelle des nanomètres. Les applications de miniaturisation des dispositifs électroniques sont très nombreux et nous les côtoyons sans nous en rendre compte : appareil photo numérique de haute qualité intégré dans un téléphone portable, fonctions réalisables sur les tablettes numériques et plus largement la majorité des appareils d’imagerie médicale ou de diagnostic. S’agissant de la maitrise des propriétés des matériaux aux petites échelles, un exemple très frappant réside dans les nouvelles générations d’électrodes pour batterie. Du fait de leur réactivité accrue lorsqu’elles sont “nanostructurées”, des électrodes de platine beaucoup plus légères peuvent être utilisées avec la même efficacité, réduisant fortement la consommation de ce métal précieux dans les batteries en réduisant donc le coût et le poids.
et à l’emploi. Au-delà de ces opérations, nous accompagnons nos partenaires dans le transfert de production et en consolidant des portefeuilles de brevets auxquels ils ont un accès privilégié, de façon à renforcer leur positionnement compétitif. A titre d’exemple : le Leti a travaillé avec la société RYB, entreprise spécialiste de la fabrication de tuyaux enfouis (canalisations urbaines), pour permettre de créer une nouvelle gamme de produits dont les tuyaux devenus “communicants” sont interrogeables après enfouissement, évitant ainsi les risques d’endommagements de canalisations lors des travaux de voirie, qui provoquent accidents, retards et surcoûts. Cette nouvelle technologie, une première mondiale, a été intégrée aux procédés de fabrication pour n’engendrer qu’un très faible surcoût. Elle est maintenant disponible commercialement. Il reste aux donneurs d’ordre de comprendre tout l’intérêt d’une telle fonctionnalité et de l’intégrer dans leurs appels d’offres, de manière à améliorer le service aux usagers et renforcer une PME française au potentiel de leader mondial.
Comment aidez vous les entreprises à créer de la valeur et à se développer? Le CEA-Leti est un institut de recherche dont la mission principale est de travailler avec les entreprises. Nous le faisons au travers du programme de recherche ou des développements communs, que nous définissons avec elles, de façon à ce qu’ils soient adaptés au mieux à leurs besoins et ouvrent ainsi le maximum d’opportunités à l’activité 46 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Quels sont les projets phares en cours et à l’horizon 2020 ? De nombreux projets de grande importance sont en cours, qu’il s’agisse de microélectronique où nous sommes en compétition avec INTEL ou l’industrie taïwanaise, de technologies optiques comme l’imagerie ou l’éclairage, ou de maitrise de l’énergie au travers de développements dans le solaire ou dans le véhicule. Je mentionnerai deux grandes vagues parmi celles qui nous mobiliseront dans les années à venir : n les objets connectés, où l’industrie française a une belle carte à jouer au vu des enjeux multiples : intégration des capteurs, efficacité énergétique pour une plus grande autonomie, sécurités des données et des transmissions…
“Nous sommes en compétition avec INTEL.” © L.Godart
Au sein du CEA, le Leti travaille avec l’industrie pour accroître la compétitivité via le développement de technologies innovantes. Quelles sont les grandes applications qui peuvent être trouvées dans les micro-nanotechnologie ?
n la santé, où l’introduction de l’électronique est un moteur majeur d’innovation et de compétitivité. En 2013, un centre unique au monde de recherche “technologique translationnelle” pour les maladies neurodégénératives (le cancer et le handicap), a été ouvert n Propos recueillis par Colombe Dabas
Laurent Malier Directeur du Leti
Interview with: Laurent Malier, Director of Leti
© CEA-Leti / L. Godart
At the service of innovation
“Micro-nanotechnology primarily consists in miniaturizing electronic devices.”
CEA-Leti is a research institute whose principal mission is to work with companies.
Leti, Laboratory of Information Technology Electronics, is one of the principal European research centres in applied micro-electronics and nanotechnology. Each year, it ensures the development and transfer of innovative technologies in various sectors.
Within the CEA, Leti works with industry to increase competitiveness via the development of innovative technologies. What are the big applications to be found in micro-nanotechnology? Micro-nanotechnology primarily consists in miniaturizing electronic devices or profiting from the particular behaviour of certain materials when they are worked on at nanometre scale. The applications of miniaturization of electronic devices are very numerous and we pass them without realizing it: high quality digital cameras integrated into mobile telephones, realisable functions on digital tablets and more widely the majority of medical imagery and diagnosis apparatus. In terms of the control of the properties of materials on small scales, a very striking
to make it possible to create a new line of products whose pipes, made “communicative”, can be interrogated after burial, thus avoiding the risk of drain damage during road works, which causes accidents, delays and extra costs. This new technology, a world first, was integrated into the manufacturing processes to generate only one very small extra cost. It is now available commercially. It remains with the clients to understand all the advantages of such functionality and integrate it in their calls to tender, so as to improve the service for users and reinforce French SMEs with the potential to be world leaders.
example lies in the rising generation of electrodes for battery. Because of their increased reactivity when they “are nanostructured”, much lighter platinum electrodes can be used with the same effectiveness, strongly reducing the consumption of this noble metal in the batteries by reducing the cost and weight in this way. How can you help businesses create value and develop themselves? CEA-Leti is a research institute whose principal mission is to work with companies. We do it through a research programme or developments in common, which we define with them, so that they are adapted as well as possible to their needs and thus open the maximum opportunities for activity and employment. Beyond these operations, we support our partners in the transfer of production and by consolidating portfolios of patents to which they have privileged access, in order to reinforce their competitive positioning. For example: Leti worked with the company RYB, a specialist in the manufacture of buried pipes (urban drains),
What are the headline projects in progress and on the 2020 horizon? Many large-scale projects are underway, whether micro-electronics where we are in competition with INTEL and Taiwanese industry, optical technologies like imaging and lighting, energy control through developments in solar technology and vehicles. I will mention two large waves among those that will mobilise us in years to come: n Connected objects, where French industry has a superb card to play in view of the multiple stakes: integration of sensors, energy efficiency for greater autonomy, data security and transmissions… n Health, where the introduction of electronics is a major engine of innovation and competitiveness. In 2013, a centre, unique in the world, of translational technology research for neuro-degenerative diseases (cancer and handicaps), was opened n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 47
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Face à une démographie croissante et notamment dans les collèges, le Conseil général de l’Isère déploie une politique d’accueil volontariste, favorable à l’épanouissement scolaire et privé de ses élèves.
Un pionnier de la restauration scolaire
À l’horizon 2016, nous comptons avoir modernisé 79 établissements sur les 96 collèges que comporte le territoire isérois au total, qu’il s’agisse de rénovation, de construction ou de reconstruction. Ce projet, à hauteur de 850 millions d’euros d’investissements, permet de faire face à une démographie scolaire qui ne cesse de s’accroître. Nous déployons par ailleurs une politique de restauration volontariste, ainsi qu’un engagement dans l’aide à la formation de la responsabilité citoyenne, une compétence que le Conseil général partage avec l’éducation nationale du Département. Complémentaire à l’enseignement initial, elle propose un travail sur diverses thématiques, notamment le respect de l’environnement, l’égalité homme-femme, etc.
autre projet prévoyant la construction d’un nouveau collège, plus au centre, doit être validé par l’Assemblée départementale d’ici 2015. Nous devons également repenser la carte scolaire de Grenoble et son agglomération, pour la rééquilibrer en fonction des différences démographiques de chaque quartier.
ambitions de l’Agenda 21 que nous respectons dès le stade de conception. A l’extérieur comme à l’intérieur, l’architecture du bâtiment doit notamment s’intégrer harmonieusement dans le paysage qui l’accueille, tout en favorisant une vie collective et scolaire épanouissantes.
“Le bio s’affirme chaque jour un peu plus.”
Vous avez inscrit la rénovation des bâtiments scolaires dans le cadre d’un Agenda 21 : pourriez-vous en dire plus sur cette approche ambitieuse ?
Quelle importance accordez-vous à la restauration scolaire, ainsi qu’à la qualité des cantines ?
Evitant les gaspillages énergétiques et privilégiant le confort thermique et visuel, le principe HQE (Haute qualité environnementale) contribue à mettre en place les meilleures conditions d’enseignement qui soient, tout comme le choix des matériaux de construction en amont. Côté chantiers, les ouvriers sont tenus de travailler en respectant leur environnement immédiat (le site, la faune et la flore), conformément aux
“Repenser la carte scolaire de Grenoble.” La construction de nouveaux collèges est-elle prévue pour répondre au développement de certains territoires ? En réponse à une croissance démographique particulièrement forte dans le nord de l’Isère, nous avons mis en place un programme partagé avec l’Ain à destination des étudiants de nos deux territoires. Un 48 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© DR
Accueillant près de 63 000 collégiens dans les établissements publics et privés ainsi que 10 000 nouveaux habitants chaque année, l’Isère doit faire face à des responsabilités croissantes en matière d’équipements scolaires : quels efforts le Conseil général déploie-t-il en ce sens ?
Le Conseil général a été pionnier en la matière en transformant radicalement les conditions de restauration dans ses collèges. Cette volonté se concrétise par la création de cuisines centrales et satellites, un système garant de qualité et favorable aux circuits courts. En parallèle, notre politique “bio” s’affirme chaque jour davantage, promettant d’assurer 25 % de la restauration d’ici 2016. Quant au contenu des assiettes, un professionnel de la diététique se charge d’équilibrer l’ensemble des repas dans chaque cuisine centrale. Car s’il est essentiel d’éduquer les élèves au goût, il faut également leur donner envie de déjeuner en proposant des menus agréables, symboliques d’un moment de détente et de convivialité n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
André Colomb-Bouvard Vice-président chargé des collèges et des équipements scolaires
Interview with: André Colomb-Bouvard, Vice-president for college and school facilities
© Conseil général de l'Isère
A pioneer of school catering up a program shared with the Ain department for the students of our two territories. Another project planning the construction of a new, more central, college must be approved by the departmental assembly by 2015. We must also rethink the schools map of Grenoble and its urban area, to rebalance it according to the demographic differences of each district. You have inscribed the restoration of school buildings within the framework of Agenda 21: could you say more about this ambitious approach?
In Isère, the “organic” policy grows stronger each day, promising to ensure 25% of the catering by 2016.
Facing a growing population and especially in schools, the General Council of Isère is deploying a proactive reception policy, favourable to the school and personal development of its students.
Accommodating nearly 63,000 pupils in public and private establishments as well as 10,000 new inhabitants each year, Isère faces increasing responsibilities regarding school facilities: what is the General Council doing in this direction? By 2016 we hope to have modernised 79 establishments out of the 96 colleges in the department of Isère as a whole, whether that means renovation, construction or
reconstruction. This project, to the tune of 850 million euros of investment, makes it possible to face a school demography that keeps growing. We operate a voluntary restoration policy, as well as our commitment to help develop citizen responsibility, an expertise that the General Council shares with the Department's national education. Complementary to initial teaching, it proposes to work along various themes, in particular respect of the environment, malefemale equality, etc. Is the construction of new schools designed to respond to the development of certain areas? In response to particularly strong demographic growth in the north of Isère, we set
Avoiding energy waste and promoting thermal and visual comfort, the HQE (High environmental quality) principle contributes to setting up the best teaching conditions and choice of building materials upstream. On the building sites the workmen are held to respect their immediate environment (the site, fauna and flora), in accordance with the ambitions of Agenda 21, which we respect from the design stage. Outside as inside, the architecture of the building must in particular be harmoniously integrated into the landscape which accommodates it, while supporting a flourishing community and school life. What importance do you give to school catering and the quality of canteens? The General Council has been a pioneer in this area by radically transforming the catering conditions in its schools. This policy is concretised in the creation of central and satellite kitchens, a system of quality guarantee, favourable to short channels. In parallel, our “organic” policy grows stronger each day, promising to ensure 25% of the catering by 2016. As for the contents of the plates, a nutritionist undertakes to balance the meals in each central kitchen. Because whilst it is essential to educate pupils’ taste, it is also necessary to make lunch desirable by offering pleasant menus, synonymous with a moment of relaxation and community n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 49
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ENTRETIEN | Si les pistes alpines font le bonheur des skieurs en hiver, la géographie montagneuse de l’Isère impose de travailler sur le trafic routier en permanence, tant en termes de sécurité que de fluidité.
“Un point de passage essentiel vers le sud et les Alpes”
Véritable point de passage pour les touristes qui descendent dans le sud comme pour les skieurs en hiver, l’Isère s’est dotée d’un réseau diversifié et structuré, composé aussi bien de routes de montagnes que de grands axes urbains et nationaux. En tant que département, nous devons donc assurer non seulement la sécurité mais aussi la fluidité du trafic sur les routes départementales.
“Fluidifier le trafic au maximum et par différents moyens.” Le département de l’Isère est fortement caractérisé par une culture de recherche et d’innovation très favorable à l’économie locale. Dans quelle mesure les infrastructures sont-elles liées au développement économique ?
nagement du territoire ?
lors des embouteillages. 10 km ont été aménagés à l’entrée Nord de Grenoble en étroite collaboration avec l’État et l’AREA (Autoroutes Région Rhône-Alpes), le Conseil général ayant financé à hauteur de 75%.
Nous travaillons activement avec l’Europe au maintien et à la création de corridors écologiques, pour aider les animaux à traverser la route aussi bien dans le Grésivaudan que dans la vallée de la Bièvre, ou encore du côté du Voironnais. Le Conseil général a engagé une démarche “route durable” visant à concilier route et environnement tant pour les travaux neufs que l’entretien du réseau. La lutte contre les plantes invasives, le recyclage des matériaux, le fauchage raisonné pour le respect de la biodiversité sont des exemples d’actions très concrètes.
Comment avez-vous pu résoudre la problématique de l’enclavement ? Le Conseil général a réalisé et porté des projets de contournements d’agglomérations et de travaux de sécurisation des itinéraires en montagne pour faciliter l’accès aux territoires en toute sécurité. Parallèlement, la construction de ponts sur l’Isère permet de créer d’autres liaisons interquartiers à l’intérieur de Grenoble, répartissant le trafic de manière plus homogène. Le Conseil général a contribué par ailleurs à l’amélioration du réseau ferroviaire en ce qui concerne l’électrification ou le doublement de voies entre Grenoble et Valence.
Quels seront les grands projets structurants que vous porterez pour le département au cours de votre mandat ?
Dans quelle mesure les questions environnementales ont-elles par ailleurs été intégrées au sein de vos stratégies d’amé-
Plusieurs de nos agglomérations, dont celle de Grenoble, sont “enclavées” dans des paysages montagneux ; il a fallu trouver des solutions pour fluidifier le trafic au maximum et par différents moyens. Si le projet “Rocade nord”, lancé en 2001, n’a pas été retenu par l’enquête publique, notre objectif consiste aujourd’hui à libérer des “couloirs” pour les transports en commun et réduire le nombre de voitures sur les routes. Cette volonté est même à l’origine d’une expérience unique en France : l’autorisation d’utiliser les bandes d’arrêt d’urgence sur l’autoroute pour les cars départementaux, 50 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Frédérick Pattou
Pouvez-vous dresser un portrait du territoire isérois en matière d’infrastructures, identifiant ses atouts et les progrès qu’il vous faut encore accomplir ?
Le plan “l’Oisans” va permettre de contourner les petites agglomérations sans les isoler, tout en jumelant les problématiques de trafic aux risques naturels et notamment aux éboulements. Vers les ruines de Séchilienne par exemple, la mise en place d’une déviation au dessus de la rivière permettra de garantir l’accès à l’Oisans. Parallèlement au développement du port de Salaise-sur-Sanne, la liaison estouest par la Bièvre va quant à elle relier la vallée du Rhône à l’Isère avec un accès plus direct à Grenoble. L’échangeur de Vienne sud sur A7 contribuera à réduire les embouteillages fréquents dans la ville centre n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Charles Bich Vice-président en charge des grandes infrastructures et des routes départementales
Décembre 2014 | Isère
Interview with: Charles Bich, Vice-president in charge of major infrastructure and departmental roads
© Conseil général de l’Isère
“A vital crossing point to the South and the Alps”
“As a Department, we must ensure not only the safety but also the flow of traffic on departmental roads.”
Whilst Alpine pistes make skiers happy in winter, the mountainous geography of Isère means it must work on road circulation all year round, both in terms of safety and traffic flow.
Can you paint a portrait of the Isère regional infrastructure, identifying its strengths and the progress still to be made? True crossing point for tourists heading south as well as for skiers in the winter, Isère has given itself a diversified and structured network, composed of mountain roads as well as major urban and departmental roads. As a Department, we must thus ensure not only the safety but also the flow of traffic on departmental roads. The department of Isère is strongly characterised by a culture of research and innovation very favourable to the local economy. To what point is the infrastructure related to economic development? Several of our agglomerations, including Grenoble, are "wedged” into mountai-
nous landscapes; it was necessary to find solutions to increase traffic flow to the maximum and by various means. While the “northern by-pass” project, launched in 2001, has not been retained by the public investigation, our objective consists today in releasing public transport from the “corridors” and reducing the number of cars on the roads. This objective is even at the origin of an experiment, unique in France: authorisation for the departmental buses to use the hard shoulders on the motorway during periods of congestion. 10 km were installed at the Northern entry of Grenoble in close cooperation with the State and AREA (Rhone-Alps Regional Motorways), with General Council financing of 75%. How were you able to solve the problem of isolation? The General Council has directed and focused urban bypass projects and mountain route security works to facilitate safe access to the territories. At the same time, the construction of bridges over the Isère allows for the creation of other inter-neighbourhood links within Grenoble, distributing traffic in a more homogeneous way. The General Council has also contributed to
improving the rail system as regards electrification or the doubling of lanes between Grenoble and Valence. To what extent have environmental issues also been included in your planning strategies? We work actively with Europe to maintain and create ecological corridors, to help animals cross the road both in the Grésivaudan and in the Valley of the Bièvre River, and on the Voiron side. The General Council has started a “sustainable route” approach aimed at reconciling road and environment both for new works and the maintenance of the network. The fight against invasive plants, the recycling of materials, mowing planned to respect biodiversity are examples of very concrete actions.
“We work actively with Europe to maintain and create ecological corridors.” What will be the big infrastructure projects for the department during your term? The “Oisans” plan will make it possible to circumvent small agglomerations without isolating them, linking traffic problems and natural risks, in particular rock falls. Towards the ruins of Séchilienne for example, the installation of a detour at the top of the river will make it possible to guarantee access to Oisans. In parallel to the development of the port of Salaise-on-Sanne, the East-West connection via the Bièvre will connect the valley of the Rhone to Isère with more direct access to Grenoble. The south Vienne intersection on the A7 will help to reduce frequent congestion in the city centre n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 51
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Fort d’un budget de plus de 156 millions d’euros, l’Isère est le département qui investit le plus dans son service de transports en commun, dans l’idée de placer l’usager au cœur de son dispositif.
Rendre l’usager acteur de sa mobilité Le Conseil général de l’Isère concentre principalement son action sur l’organisation des transports scolaires afin que les temps de trajets soient adaptés à l’âge de chaque élève. Il organise une desserte cohérente afin que l’offre de transport interurbain gagne en performance, notamment dans les zones où le trafic est régulièrement congestionné. Dans notre champ d’action se trouve aussi la continuité des transports longue distance, qui consiste à assurer au maximum un transport régulier vers les principaux pôles touristiques, tout en veillant à la mise en œuvre d’une offre constituée de services aux bilans écologiques positifs. Ainsi, nous veillons à ce que l’impact environnemental soit minime tout en privilégiant un coût ramené à l’usager acceptable pour la collectivité.
“Promouvoir le covoiturage et cibler les usages utilitaires.”
mentant la dynamique de mise en relation des usagers en temps réel. En Isère, nous sommes convaincus que ce moyen de transport constitue une réponse écologique et économique à la forte demande de mobilité des citoyens, d’où sa montée en puissance. En outre, le Conseil général s’investit à l’échelle européenne en militant pour le développement de l’électromobilité.
“Itinisère” est un service d’information multimodal qui fédère toutes les autorités organisatrices de transports urbains et ferrés ainsi que les opérateurs privés de mobilité. Notre but, c’est de rendre l’usager acteur de ses déplacements en lui proposant de choisir entre différentes alternatives. Au printemps, ce dispositif sera complété par des données en temps réel, grâce à une plateforme “open data”, où des nouveaux produits de mobilité seront proposés par des tiers. Le principe est d’inviter le citoyen à contribuer à l’offre de transports en fournissant des données et en développant lui-même des applications.
“Adapter l’offre de transports à la géographie de l’Isère.”
Comment alliez vous vos objectifs avec le paradigme écologique ? Comment adaptez vous concrètement votre offre au territoire de l’Isère ?
Lors du choix des prestataires, le Conseil général valorise les candidats qui privilégient les offres les plus performantes en matière d’émission de polluants. Toujours dans un souci de préservation de l’environnement, nous promouvons le covoiturage en ciblant les usages utilitaires et en expéri-
Pouvez nous présenter vos grandes initiatives que sont “Transisère” et “Itinisère” ? “Transisère” est la marque du réseau de cars interurbains. Il s’agit d’une ligne express avec un haut niveau de services, constituée d’axes départementaux desservant les pôles principaux du territoire, avec des lignes locales à vocation scolaire, sans oublier les lignes “Transaltitude” dédiées exclusivement au tourisme blanc, c’est-à-dire de montagne. 52 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Michel Giraud
Pouvez-vous nous présenter le réseau de transport isérois ?
Notre principal défi est d’adapter l’offre de transport à la géographie de l’Isère qui est très contrastée. Le territoire est en effet constitué de grandes agglomérations, de zones rurales et montagneuses, ce qui implique une organisation rigoureuse afin d’assurer au maximum les services de déplacements, a fortiori lorsque les conditions climatiques sont dégradées. Il existe ainsi une coordination très pointue entre le Conseil général et la préfecture concernant les décisions de circulation : grâce à un dispositif d’information très déployé, nous sommes en mesure d’alerter en temps réel les citoyens des perturbations du trafic. L’usager est vraiment au cœur de notre dispositif n Propos recueillis par Laure Verneau
Didier Rambaud Vice-président chargé des déplacements et des transports
Interview with: Didier Rambaud, Vice-president in charge of transfers and transport
With a budget of over 156 million euros, Isère is the department that invests most in its public transport, aiming to place the user at the heart of the service.
© CG38
Making the users agents of their own mobility
Can you present the Isère grid system to us? The General Council of Isère concentrates mainly on the organisation of school transport so that travel times are adapted to the age of each pupil. It organises a coherent road service so that the offer of inter-urban transport gains in performance, in particular in the zones where traffic is regularly congested. Also within our sphere of activity is the continuity of long distance transport, which consists in ensuring to the maximum, regular transport links towards the principal tourist centres, while taking care to implement an offer made of services with positive ecological outcomes. Thus, we take care that the environmental impact is tiny while prioritising a cost to user brought back to a level that is acceptable to the community.
Can you present your big initiatives to us, which are “Transisère” and “Itini-sère”? “Transisère” is the brand of the interurban bus network. This is an express train line with a high level of service, consisting of departmental axes serving the region's principal centres, with local lines aimed at schools, without forgetting the “Transaltitude” lines dedicated exclusively to snow tourism, i.e. mountains. “Itinisère” is a multimodal information service that unites all the organising authorities of urban and rail transport as well as the private mobility operators. Our goal is to make the users agents of their own travel while offering them a choice between
“Transisère” is an express train line with a high level of service, consisting of departmental axes serving the region's principal centres.
various alternatives. In spring, this facility will be supplemented by real time data, thanks to an “open data” platform where new mobility products will be offered by third parties. The principle is to invite the citizen to contribute to the transport offer by providing data and by developing applications themselves. How do you bring your objectives in line with the ecological paradigm? When selecting subcontractors, the General Council prioritises the candidates who promote the most efficient offers as regards pollutant emissions. Always preoccupied with safeguarding the environment, we promote car-pooling by targeting utility uses and trying out dynamics of comparison of users in real time. In Isère, we are convinced that these means of transport constitute an ecological and economic response to the keen demand for mobility of
citizens, from whence its rise in importance. Moreover, the General Council is invested as a militant on a European scale for the development of electro-mobility. How concretely do you adapt your offer to the territory of Isère? Our principal challenge is to adapt the transport offer to the geography of Isère, which is very contrasted. The territory is made up of large agglomerations, rural and mountainous areas, which implies rigorous organisation to provide transport services to the maximum, even more so when climate conditions are poor. There is thus a very precise coordination between the General Council and the prefecture concerning traffic decisions: thanks to a highly advanced information facility, we are able to alert the citizens of traffic disturbances in real time. The user is really at the heart of our facility n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 53
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Alors que les zones rurales et montagneuses iséroises sont longtemps restées à l’écart d’une couverture internet optimale, le Conseil général s’engage pour rassembler tous les citoyens autour de la fibre optique.
Le Très Haut Débit pour tous Comment luttez-vous contre la fracture numérique ?
Pourquoi la fibre optique est-elle un enjeu si crucial pour l’Isère ?
La fracture numérique n’est pas un concept récent. Déjà dans les années 2000, lorsque les opérateurs avaient engagé la couverture internet des territoires à haut débit (0,5 mégabit), ils avaient laissé des “zones blanches”. Un tiers des communes de l’Isère était alors concerné.
Aujourd’hui, le Très Haut Débit est une donnée fondamentale de nos sociétés contemporaines : son installation procède d’un enjeu économique et social. L’ADSL est en effet obsolète par rapport aux besoins des citoyens : qu’il s’agisse de transférer des données, des images (ex : télévision), ou de la domotique, le cuivre n’est plus suffisant. La fibre optique va quant à elle à la vitesse de la lumière : la question du poids des données ne se pose plus. Chaque citoyen, demain, aura besoin d’être connecté. Il est de notre responsabilité de procéder à cet accès au Très Haut Débit pour tous.
Si la démarche des opérateurs est restée la même (délaissant les zones à faible concentration pour des questions de rentabilité), le Conseil général s’est engagé de son côté à couvrir le reste de l’Isère à Très Haut Débit.
“La fibre optique est un enjeu économique et social.”
Comment conciliez-vous paradigme écologique et construction de logements sociaux ? En tant que Personne Publique Associée, le Conseil général adresse aux communes un avis sur leur PLU (Plan Local d’Urbanisme) qu’elles lui adressent après l’avoir arrêté. Au
Nous souhaitons installer un réseau structurant, pour tous les citoyens. Il s’agit d’un projet colossal : le département a engagé les négociations sur le financement du projet, qui pèse près de 600 millions d’euros en deux phase : d’ici 2021, 71% des 350 000 foyers restants , et 97% des 6 000 entreprises restantes, moyennant un investissement de 350 M€, dont 240 M€ à la charges des acteurs publics, d’ici 2027, la totalité de ces foyers et entreprises, moyennant un investissement complémentaire de 250 M€. L’objectif ? Raccorder tous les ménages et entreprises au Très Haut Débit. 54 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Frédérick Pattou, Conseil général de l’Isère
Aujourd’hui, la consommation d’Internet est cruciale et ne se borne plus à l’utilisation d’un simple ordinateur : l’enjeu actuel consiste donc en l’installation du Très Haut Débit et de la fibre optique par lequel il va circuler.
regard des publics fragiles dont nous nous préoccupons (personnes âgées, personnes handicapées, familles pauvres), nous encourageons la construction de logements et particulièrement les logements sociaux dans les centres urbains, les centres bourg, au plus près des services et des transports en commun. Les aides sur les logements d’insertion (PLAI) sont ainsi basées sur des critères d’éco-conditionnalité sur le plan énergétique et la localisation: tout logement d’insertion bénéficie d’une subvention de 3000 euros, mais elle doublée lorsque les critères sont respectés. Cet encouragement à construire dans les enveloppes urbaines participe à la lutte contre l’étalement urbain et ses conséquences écologiques en termes de mobilité accrue et de réduction des espaces naturels. Depuis décembre 2011, le Conseil général a pris une compétence facultative appelée PAEN (Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles naturels périurbains). Son objectif est d’appliquer cette protection aux zones périphériques des enveloppes urbaines, qui peuvent pâtir de “l’étalement urbain”. Ce rempart législatif étant quasi absolu – seul un décret interministériel permet une modification à la baisse du périmètre – peu d’acteurs sont toutefois prêts à s’engager sur le long terme. Nous espérons que nos partenaires (intercommunalités, communes et profession agricole) nous solliciteront dans les mois à venir, pour relancer la procédure n Propos recueillis par Laure Verneau
Georges Bescher Vice-président en charge de l’habitat et l’action foncière
Interview with: George Bescher, Vice-president in charge of housing, environment and land share
While the rural and mountainous zones in Isère remained removed from optimal internet coverage for a long time, the General Council is undertaking to unite citizens around fibre optics.
© Fotolia.com
High speed broadband for all
How do you fight against digital fracture? Digital fracture is not a recent concept. Already in the 2000s, when operators had started to deploy high-speed internet coverage of the territories (0.5 megabites), they had left “white zones”. A third of the communes of Isère were then involved. Today, internet use is crucial and no longer limited to the use of a simple computer: the current endgame thus consists in the installation of very high speed broadband and the fibre optics via which it will circulate. Whilst the operators' approach has remained the same (forsaking zones of weak concentration for reasons of profit), the General Council has started to cover the remainder of Isère with very high speed broadband. We wish to install a network infrastructure for all citizens. It is a colossal project: the department entered into negotiations on the financing of the project, which amounts to nearly 600 million euros in two phases: by 2021, 71% of the 350,000 remaining households, and 97% of the 6,000 remaining businesses, with the help of an investment of €350 million, including €240 million from public bodies, by 2027, the totality of these households and companies, given an additional investment of €250 million. The purpose? To connect all households and companies to very high speed broadband. Why is the optical fibre so crucial a stake for Isère? Today, the Very High Flow is a fundamental data of our contemporary companies: its installation proceeds of an economic and social stake. ADSL is indeed obsolete compared to the needs of the citizens:
“In the future each citizen will need to be connected.”
whether it's a question of transferring data, images (eg: television), or house automation, copper is no longer sufficient. Fibre optics transmits at the speed of the light: the question of the weight of the data no longer arises. In the future each citizen will need to be connected. It is our responsibility to proceed with this access to very high speed broadband for all.
“Digital fracture is not a recent concept.” How do you reconcile ecological paradigm and social housing construction? As associated public body, the General Council advises the communes on their PLU (Local Town Planning) which they submit after having drawn it up. Regarding the vulnerable members of the public whom we look after (old people, handicapped people, poor families), we encourage the construction of housing and in particular social hou-
sing in the urban centres, the town centres, closest to services and public transport. Subsidies on inclusive housing (PLAI) are thus based on criteria of eco-conditioning on the energy front and location: any inclusive housing profits from a subsidy of 3,000 Euros, which doubles when the criteria are respected. This encouragement to build in the urban areas is part of the fight against urban sprawl and its ecological consequences in terms of increased mobility and reduction of natural spaces. Since December 2011, the General Council has taken on an optional extra called PAEN (Perimeter of protection and development of natural peri-urban agricultural spaces). Its objective is to apply this protection to the peripheral zones of the urban areas, which can suffer from “urban sprawl”. Given that this legislative buffer is quasi absolute - only an inter-departmental decree allows a modification to lower the perimeter - few players are however ready to commit to the long term. We hope that our partners (intercommunalities, communes and agricultural profession) will seek our support in the months to come, to relaunch the procedure n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 55
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Inscrit dans une dynamique de proximité avec les collectivités, d’aide à l’innovation dans le respect des enjeux de développement durable ; le groupement d’intérêt économique Groupe 38 s’illustre depuis bientôt 55 ans en Isère.
Groupe 38 : l’aménageur de référence de l’Isère Présent en Isère depuis bientôt 55 ans et créé par les principales collectivités de l'Isère, Groupe 38 est un groupement d’intérêt économique, qui regroupe la SEM Territoires 38 et la SPL Isère-Aménagement. Ces sociétés interviennent dans le domaine de l’aménagement des territoires et de la construction, principalement pour le compte des collectivités publiques et de leurs actionnaires. Le Conseil général de l’Isère est le premier actionnaire de chacune des deux sociétés, qui sont présidées l’une et l’autre par un Conseiller général : Denis PINOT pour Territoires 38, et Didier RAMBAUD pour Isère-Aménagement. J’en assure la direction générale. Nos interventions relèvent de la concession d’aménagement ou de prestations de services. Groupe 38 travaille dans la proximité et revendique une connaissance inégalée des territoires de l’Isère, de leurs enjeux et de leurs spécificités. Ainsi, nos équipes pluridisciplinaires sont composées de collaborateurs maîtrisant un savoir-faire adapté aux missions les plus variées.
quartiers urbains dégradés, transformer les friches industrielles, font le quotidien de nos équipes d’aménageurs et d’urbanistes dans une démarche éco-responsable et le souci permanent des équilibres durables entre le développement maîtrisé de l’activité humaine et son intégration harmonieuse dans la nature préservée.
Nos interventions se déclinent également en direction des grandes infrastructures du département, avec la prise en charge toute récente de l’aménagement numérique et de l’accès à la fibre optique et au très haut débit, et la lutte contre les inondations avec l’aménagement des berges de l’Isère et de la Romanche.
“Une performance exemplaire en développement durable.”
Nous sommes également bâtisseurs : l’intervention de nos ingénieurs et architectes porte principalement sur les constructions publiques, telles des écoles ou des établissements scolaires, des salles des fêtes ou des établissements de santé ; sans oublier l’immobilier d’entreprises pour aider au développement économique des territoires.
Quels sont les projets emblématiques que vous êtes chargé de développer ?
Avec notre équipe en charge de la réalisation du tramway de l’agglomération grenobloise et de toute la problématique Mobilité et Déplacements, nous disposons d’une expertise qui s’exporte au-delà de nos frontières.
Quels services mettez-vous à la disposition des collectivités locales ? Par principe nous devons disposer de tous les moyens nécessaires pour répondre aux sollicitations des collectivités. Forte de près de 70 salariés, notre Unité Economique et Sociale est organisée autour de cinq services opérationnels, de deux agences décentralisées et du siège à Grenoble, ainsi que de services supports. Notre cœur de métier est l’aménagement : créer des quartiers de vie, accueillir les entreprises, renouveler les 56 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Groupe 38
Pouvez-vous nous présenter Groupe 38 ?
Les réalisations emblématiques de Groupe 38 sont nombreuses et prestigieuses, à l’échelle départementale comme à l’échelle communale. L’actualité d’aujourd’hui, c’est la réalisation des nouvelles lignes de tram de l’agglomération Grenobloise l’aménagement numérique du département, la mise en accessibilité de 53 collèges et l’aménagement de la zone industrialo-portuaire de Salaise / Sablons, etc. Groupe 38 est clairement positionné comme l’aménageur de référence de l’Isère, ce qui l’oblige à une performance exemplaire, tant en matière de qualité de l’offre aux investisseurs économiques, que de développement durable et de protection de l’environnement n Propos recueillis par Colombe Dabas
Vincent Silve Directeur Général du GIE Groupe 38 et des sociétés membres
Interview with: Vincent Silve, General Manager of the GIE Groupe 38 and member companies
© Opération Portes du Vercors – Perspective Allée Métropolitaine Ateliers Marniquet Associés, Paris Vincent MARNIQUET- Architecte DPLG
Groupe 38: the benchmark planner in Isère
Portes du Vercors project – View from Allée Métropolitaine, Ateliers Marniquet Associés, Paris - Vincent MARNIQUET- Qualified architect.
With dynamics of proximity to the communities, support for innovation with respect for issues of sustainable development, the Groupement d'Interet Economique “Groupe 38” has been building a reputation for nearly 55 years in Isère.
Can you present Groupe 38 to us? Present in Isère for soon to be 55 years and created by the principal communities of Isère, Groupe 38 is a “Groupement d’Interet Economique”, which includes SEM Territoires 38 and SPL Isère-Aménagement. These companies intervene in the field of construction and regional planning, mainly on behalf of public bodies and their shareholders. The General Council of Isère is the number one shareholder in each of the two companies, which are chaired one and the other by members of the General Council: Denis PINOT for Territoires 38, and Didier RAMBAUD for Isère-Aménagement. I am the General Manager. Our interventions are concerned with planning and service provision concessions. Groupe 38 works in proximity and can claim unrivalled knowledge of the territories of Isère, their stakes and specifi-
cities. Thus, our multi-field teams are made up of people who dispose of a know-how adapted to the most varied of missions. What services do you place at the disposal of the local communities? On principle we must have all the means necessary to respond to the requests of the communities. With around 70 employees, our Economic and Social Unit is organised around five operational services, two decentralised agencies and the headquarters in Grenoble, as well as support services. Planning is at the heart of our organisation: to create living districts, accommodate companies, renew degraded urban districts, transform industrial wastelands, this is the daily bread for our teams of developers and town planners via an eco-responsible approach and permanent concern for a sustainable balance between the controlled development of human activity and its harmonious integration into preserved nature. We are also builders: intervention from our engineers and architects relates mainly to public constructions, such as schools and educational establishments, village halls and health centres; without forgetting company real estate to contribute to the economic
development of the territories. With our team in charge of building the Grenoble tramway and all the Mobility policy, we have an expertise which can be expor-ted beyond our borders. Our interventions also move in the direction of the large infrastructure of the department, with the very recent assumption of responsibility for digital installation and access to optical fibre and very high speed broadband, and the fight against the floods with the construction of the banks of the Isère and Romanche rivers. Which are the flagship projects you are responsible for? The flagship achievements of Groupe 38 are many and prestigious, both on a departmental and communal scale. Topical today are the construction of the new tramlines for the greater Grenoble, the digital development of the department, new access to 53 schools and the adjustment of the industrial-harbour zone of Salaise/ Sablons, etc. Groupe 38 is clearly positioned as the go-to developer in Isère, which obliges it to give exemplary performance, as much in terms of the quality of the offer to economic investors, as sustainable development and environmental protection n
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Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Situé aux portes des Alpes et bénéficiant d’une accessibilité importante, l’aéroport de Grenoble Isère s’est imposé comme le leadeur du marché charter ski. Très bien relié aux stations et à la ville de Grenoble, il attire aussi bien les touristes que les hommes d’affaires.
Un aéroport au sommet
L’aéroport Grenoble Isère est géré par VINCI Airports pour le compte du Conseil général de l’Isère. L’aéroport est équipé d’une piste de 3 050 m pouvant accueillir tous types d’avions (jusqu’au Boeing 767 ou Airbus A 340). Nous avons accueilli près de 340 000 passagers en 2013 et proposons 4 destinations en été et 22 en hiver (4 internationales, 19 en Europe et 3 en France). Nous sommes leader sur le marché charter ski et avons noué des partenariats avec plus de 40 tour opérateurs. Ainsi, l’aéroport de Grenoble Isère offre de nombreuses possibilités de voyages ainsi qu’un accès direct et rapide au centre-ville de Grenoble et aux stations de ski. L’aéroport Grenoble Isère, c’est aussi 52 employés sur l’année avec le recrutement de plus de 350 personnes sur la saison hivernale.
aux clients de l’aéroport et en conservant le patrimoine départemental. Dans ce cadre VINCI Airports offre un ensemble de prestations et apporte toute son expertise de gestionnaire d’aéroports (23 dans le monde). De même, nous réalisons l’ensemble des opérations de handling sur la plateforme.
atout pour la plateforme. Deuxième chose : l’aéroport Grenoble Isère a noué depuis plusieurs années de nombreux contacts avec les tours operateurs et les compagnies aériennes qui nous connaissent maintenant bien et avec qui nous travaillons pour proposer des offres attractives et correspondantes aux besoins de nos passagers. Pour la saison à venir nous allons continuer ces partenariats, en travaillant également sur le développement du trafic pendant la période estivale, avec de nouvelles destinations, tant à l’étranger que sur le territoire.
En 2008, l’aéroport atteignait pour la première fois le cap des 500 000 passagers. Après une baisse de fréquentation entre 2009 et 2012, l’aéroport a connu une hausse significative du nombre de passagers en 2013 (+7,5%). Comment expliquez vous ce regain d’activité et quelles sont vos perspectives pour les prochaines années ?
L’aéroport joue aussi un rôle en matière d’aviation d’affaires privée, avec notamment un terminal qui lui est exclusivement dédié. Quelle place occupe-t-elle au sein de votre activité et quels services proposez-vous ?
L’augmentation significative du nombre de passagers en 2013 s’explique à la fois par la facilité d’accès de l’aéroport Grenoble Isère (aménagement de l’axe de Bièvre) vers le centre-ville de Grenoble ainsi qu’aux stations de ski grâce au réseau routier rhônalpin dense. L’accessibilité représente un vrai
Propriété du Conseil général de l’Isère, il fut aussi le premier aéroport français à voir sa gestion confiée à une entreprise privée dès 2004 (VINCI Airports). En quoi ce partenariat public-privé est-il bénéfique ? Ce contrat de délégation de service public permet au délégant de confier l’exploitation et le développement de l’aéroport à un opérateur privé dont c’est le métier. Il a ainsi été renouvelé par le Conseil général de l’Isère en 2009 pour une durée de 14 ans jusqu’en 2023, avec plusieurs objectifs : le développement du trafic commercial tout en conservant la qualité de service apportée 60 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© DR
Créé en 1968 dans le cadre de la candidature de Grenoble aux Jeux Olympiques d’hiver, l’aéroport de Grenoble Isère est aujourd’hui le deuxième plus important de la région Rhône-Alpes. Pouvez-vous nous le présenter ?
Effectivement, nous disposons d’un terminal réservé à l’aviation d’affaires, ouvert toute l’année et qui accueille les passagers avec discrétion et convivialité. Notre équipe est en mesure de fournir aux passagers et aux équipages un service “sur mesure”, de qualité, adapté à leurs besoins (demande de transferts, restauration, hébergement, …). Nous nous sommes dotés d’outils spécifiques pour ce type d’aviation dans le but d’accueillir avec un niveau de service irréprochable de plus en plus d’avions. D’autant plus que le trafic n’est pas uniquement lié aux loisirs d’hiver, il se compose également d’hommes d’affaires qui viennent pour des rendez-vous professionnels dans la région grenobloise, et cela tout au long de l’année n Propos recueillis par Julien Dreyfuss
Etienne Lefort Directeur de l’aéroport Grenoble Isère
Interview with: Etienne Lefort, Director of Grenoble Isère Airport
© Conseil général de l’Isère
An airport at the summit for the first time the 500,000 passenger mark. After a fall in traffic between 2009 and 2012, the airport saw a significant rise in the number of passengers in 2013 (+7,5%). How do you explain this renewal of activity and what are your prospects for the coming years?
“The significant increase in the number of passengers in 2013 is attributable to the accessibility from Grenoble Isère airport to both the centre of Grenoble and the ski resorts thanks to the dense Rhone-Alps road network.”
Located at the gateway to the Alps and boasting significant accessibility, Grenoble Isère airport has established itself as the leader of the charter ski market. Very well connected to the ski resorts and the city of Grenoble, it attracts both tourists and business professionals.
Created in 1968 within the framework of the Grenoble's candidature to host the Winter Olympics, the airport of Grenoble Isère is today the second largest in the Rhone-Alps area. Can you tell us about it? Grenoble Isère airport is managed by VINCI Airports on behalf of the General Council of Isère. The airport is equipped with a 3,050m runway that can accommodate all types of planes (up to Boeing 767 or Airbus A 340). We received nearly 340,000 passengers in 2013 and offer 4 destinations in summer and 22 in winter (4 international, 19 in Europe and 3 in France). We are the charter ski market leader and have created partnerships with more than 40 tour operators. Thus, the airport of Grenoble Isère offers
many travel possibilities as well as direct and fast access to the centre of Grenoble and the ski resorts. Grenoble Isère airport is also 52 employees over the year with over 350 people recruited over the winter season.
The significant increase in the number of passengers in 2013 is attributable to the accessibility from Grenoble Isère airport (installation of the Bièvre axis) to both the centre of Grenoble and the ski resorts thanks to the dense Rhone-Alps road network. Accessibility represents a real asset for the platform. The second thing is that Grenoble Isère airport has for several years made many connections with tour operators and airline companies which now know us well and with whom we work to offer attractive services that meet the needs of our passengers. For the season to come we will continue these partnerships, while also working on the development of the traffic for the summer period, with new destinations both abroad and in the region.
Property of the General Council of Isère, it was also the first French airport to see its management entrusted to a private company since 2004 (VINCI Airports). How is this public-private partnership beneficial?
The airport plays also a part in private business aviation, with notably a terminal exclusively dedicated to this. How much room does this occupy within your activity and which services do you offer?
This contract delegating public utility allows the delegator to entrust the operation and development of the airport to a private operator whose trade it is. It was thus renewed by the General Council of Isère in 2009 for a duration of 14 years until 2023, with several objectives: the development of commercial traffic, whilst preserving the quality of service brought to the airport customers and preserving the departmental heritage. Within this framework VINCI Airports offers a whole range of services and brings all its expertise as manager of airports (23 in the world). In the same way, we carry out all the handling operations on the platform. In 2008, the airport reached
Indeed, we have a terminal reserved for business aviation, open all year round which accomodates passengers with discretion and user-friendliness. Our team is able to provide passengers and crews a “tailormade” service of quality, adapted to their needs (request for transfers, catering, accommodation, etc...). We obtained specific tools for this type of aviation with the aim of accommodating more and more planes with an irreproachable level of service. This is even more the case since the traffic is not just related to winter sports, it is also composed of business professionals coming for meetings in the Grenoble area throughout the year n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 61
VIE MENT E E D NNE and R D CA NVIRO of lifeent ET E Qualitvyironm ENTRETIEN | Prévenir et gérer les risques environnementaux tout en proen
tégeant les espaces. C’est ainsi que l’on pourrait définir l’écologie en Isère : une politique volontariste pour valoriser la biodiversité et les sites naturels sensibles.
Ouvrir l’environnement aux autres politiques Quels sont vos engagements personnels? Plusieurs actions me tiennent à cœur. D’abord, je suis responsable du plan départemental de traitement et d’élimination des déchets, et je suis très fier de la réussite de son premier volet, l’un des rares en France à ne pas avoir été remanié. Quant à la protection de la biodiversité et particulièrement des zones humides iséroises, il faut protéger les tourbières dans le nord et développer les espaces naturels dans tous les endroits possibles. Ma troisième vocation est pédagogique. Elle concerne la sensibilisation à l’environnement aussi bien pour les élèves des primaires et des collèges que pour le grand public. Enfin, je milite pour que les questions environnementales s’ouvrent encore plus aux autres politiques, en particulier à la Culture.
Un ENS n’a de sens que s’il est relié aux autres espaces naturels. C’est le problème des corridors de vie qui sont de plus en plus restreints en raison d’une urbanisation galopante, surtout dans le Nord-Isère. Notre objectif est de travailler avec les SCOT dans le cadre des PLU pour leur maintien et leur restauration. Le Conseil général fait preuve d’une politique très volontariste. Quatre millions d’euros ont été investi pour classer plus d’une centaine de sites locaux et vingt départementaux. Avec plus de 100 entreprises locales partenaires, environnement et économie font bon ménage en Isère.
À quels aléas naturels ou anthropiques, le département est-il exposé? Le risque d’éboulement en zone de montages est à la fois l’aléa le mieux défini et le plus inquiétant. Les ruines de Séchilienne sont connues pour leurs menaces d’effondrement de plusieurs centaines de milliers de tonnes de gravats dans la vallée en direction de
Comment faites-vous pour protéger la biodiversité et les espaces naturels en Isère ? La protection de l’environnement passe principalement par la mise en place d’Espaces Naturels Sensibles (ENS). Si une Commune ou une Communauté de Communes veut protéger un espace géographique, nous faisons réaliser des études pour voir si le projet répond à toutes les conditions requises. Quand les recherches aboutissent, tout un processus de labellisation se met alors en place avec les acteurs locaux ou nationaux comme l’ONF (Office National des Forêts) ou d’autres associations environnementales. 62 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Bourg-Saint-Maurice. Ce risque est très inquiétant en plus d’être inéluctable : si la gorge venait à être bouchée, un lac artificiel se constituerait, menaçant de se déverser sur Grenoble. Pour ce qui est de l’impact humain, en plus des problématiques courantes, il existe un risque de pollution vers Vienne, en raison de l’industrie de la chimie et des zones de stockage de déchets, mais pas de risque nucléaire : la centrale de Saint-Alban ne cause pas de problèmes et une autre est actuellement en démantèlement. Quels dispositifs mettez-vous en place pour prévenir ces risques? Le Conseil Général a mis en place l’Agenda 21 qui établit les 38 grandes mesures de la politique de développement durable. En partenariat avec les agriculteurs locaux, nous essayons de favoriser les circuits courts de distribution qui permettent de réaliser des achats groupés et de faire des économies. Cela permet par exemple de proposer des produits issus de l’agriculture biologique dans les cantines des collèges. Pour citer d’autres exemples dans l’énergie, nous avons stimulé la mise en place de panneaux photovoltaïques sur le territoire, l’achat de poêles à granulés bois chez les particuliers, tout en travaillant avec l’ANA à la prise en charge de l’isolation des habitats des personnes le plus défavorisées à hauteur de 80%. Autant de mesures permettant de réduire la facture énergétique n Propos recueillis par Florian Mora
Serge Revel Vice-président chargé de l’environnement et du développement durable
Décembre 2014 | Isère
Interview with: Serge Revel, Vice-president in charge of the environment and sustainable development
© Conseil général de l’Isère
Opening up the environment to other policies
In Isère, environmental protection passes mainly via the installation of Fragile Natural Spaces (ENS).
Preventing and managing environmental risks while protecting spaces; one could define the ecology in Isère this way: a determined policy to develop fragile biodiversity and natural sites.
What are your personal commitments? Several issues are close to my heart. Initially, I am responsible for the departmental plan for treatment and waste disposal, and I am very proud of the success of its first phase, one of the rare ones in France not to be altered. As for the protection of biodiversity and particularly of the Isère wetlands, it is necessary to protect the peat bogs in the north and develop natural spaces in all possible places. My third vocation is teaching. It relates to educating primary and secondary school pupils about the environment as well as the general public. Lastly, I campaign so that environmental questions open up even more into other policies, in particular culture.
How do you protect natural biodiversity and spaces in Isère? Environmental protection passes mainly via the installation of Fragile Natural Spaces (ENS). If a town or the community of communes wants to protect a geographical area, we carry out studies to see whether the project answers all the requirements. When the research is done, a whole process of certification is then set up with the local or national players like the ONF (National Office of Forests) or other environmental organisations. An 'ENS' is only meaningful if it is connected to other natural spaces. This is the problem with the corridors of life, which are increasingly restricted because of galloping urbanisation, especially in North Isère. Our objective is to work with the SCOTs within the framework of local town plans for their maintenance and restoration. The General Council shows a very determined policy. Four million euros were invested to classify more than one hundred local and twenty departmental sites. With more than 100 lo-
cal partner companies, environment and economy are happy bedfellows in Isère.
To what risks, natural or anthropic, is the department exposed? The risk of rock falls in mountain areas is both the most defined risk and the most worrying. The ruins of Séchilienne are known for their threats of collapse of several hundreds of thousands of tonnes of rubble in the valley in direction of Bourg-Saint-Maurice. This risk is very worrying in addition to being inescapable: if the gorge was blocked, an artificial lake would be constituted, threatening to flood Grenoble. As regards human impact, in addition to the current problems, there is a risk of pollution towards Vienne, because of the chemical industry and waste storage areas, but no nuclear risk: the power station of Saint-Alban does not cause problems and another is currently being dismantled.
Which measures are you putting in place to prevent these risks? The General Council set up Agenda 21, which establishes the 38 broad measures of the sustainable development policy. In partnership with local farmers we try to support short circuits of distribution, which make it possible to carry out grouped purchases and make savings. This makes it possible for example to offer products resulting from organic agriculture in school canteens. To quote other examples in energy, we stimulated the installation of photovoltaic panels across the territory, the purchase of wood granule stoves by private individuals, while working with the ANA on the assumption of responsibility for housing insulation for the most underprivileged to a height of 80%; as many measures allowing us to reduce the energy invoice n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 63
Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Le Conseil Général de l’Isère accompagne la mise en place d’une gestion décentralisée et concertée des cours d’eau à l’échelle des bassins versants.
Une gestion de l’eau à l’échelle des rivières
Le département de l’Isère est fortement modelé par de 2 grands cours d’eau : le Rhône qui le délimite au Nord et à l’Ouest, et l’Isère, qui le traverse d’Est en Ouest. La partie septentrionale est dominée par le Rhône et ses affluents : le Guiers et la Bourbre à l’amont de l’agglomération lyonnaise, la Gère, la Varèze, la Sanne, le Dolon, l’Oron et la Galaure à l’aval de Lyon. Le bassin versant de l’Isère, qui occupe le Sud du département, est immense puisqu’il prend sa source à Val d’Isère en Savoie et vient en confluence dans la Drôme au point de rencontre avec le Rhône. L’Isère reçoit un imposant affluent en rive gauche : le Drac alimenté lui-même par la Romanche ; Ces cours d’eau sont marqués par un régime hydrologique pluvio-nival plus ou moins élevé selon l’altitude. Le département de l’Isère abrite d’autre part de grandes nappes phréatiques dans les alluvions d’origine glaciaire des vallées alpines et des vallées de Vienne.
Quels sont les risques liés à l’eau et les moyens mis en oeuvre pour s’en prévenir ?
malgré les travaux d’assainissement en cours. Les stations d’épuration les plus récentes fonctionnent très bien, mais certaines plus anciennes sont moins efficaces. L’agriculture étant intense, il y a indéniablement une anthropisation liée à l’utilisation de pesticides mais cette problématique est prise au sérieux par le Conseil général, la Chambre d’Agriculture et les agriculteurs eux-même qui travaillent de concert pour limiter l’utilisation de produits phytosanitaires.
Des problèmes d’inondation sont rencontrés sur les 287 communes situées aux abords des cours d’eau. L’ensemble des rivières et la trentaine de torrents qui se trouvent sur les massifs de Belledonne et de Chartreuse autour de Grenoble sont une source de danger. Les Comités de rivières ont pour mission d’établir un diagnostic des situations, d’évaluer la pollution et d’anticiper les risques. Il y en a un pour chaque rivière et les groupes de travail se composent d’élus, d’associations et d’acteurs tous très actifs. Pour le reste, des planifications pluriannuelles sont votées et correspondent aux enjeux courants : irrigation, traitement, aménagement, récupération, économies...
Nous rencontrons également les pollutions habituelles liés à l’industrie mais à quelques rares exceptions près, les usines respectent les contrats de rivières. Quelles ressources financent la politique de l’eau? Le principe pollueur-payeur s’applique en particulier au travers des mécanismes de redevances collectées par l’Agence de l’eau.
Rencontrez-vous des problèmes de pollution ? Les problèmes de pollution sont présents
Quels rôles joue l’eau dans la vie du département? L’Isère, le Drac, la Romanche et le Rhône, avec leurs débits puissants, concentrent 90% des prélèvements industriels, 50% des prélèvements agricoles et 35% des prélèvements en eau potable. Parallèlement, se développe une forte activité touristique le long des cours d’eau. Le bassin de l’Isère est profondément marqué par l’hydro-électricité puisqu’un important linéaire de cours d’eau est équipé avec une panoplie d’ouvrages correspondant aux différentes générations d’aménagements. Historiquement, ces équipements sont étroitement liés à l’industrialisation des vallées. 64 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© M.Giraud
Pouvez-vous nous présenter l’hydrographie de l’Isère?
Le Département, dans un souci de solidarité territoriale, concourt aux investissements des collectivités et les récentes décisions de l’Assemblée départementale ont accentué cette priorisation au bénéfice des secteurs les plus ruraux. Notre collectivité s’appuie également sur la taxe d’aménagement, calculée en fonction du nombre de permis de construire délivrés. L’ensemble des politiques environnementales sont accompagnées largement par cette taxe qui est levée auprès de tous les habitants de l’Isère n Propos recueillis par Florian Mora
Robert Veyret Vice-président chargé de la politique de l’eau
Interview with: Robert Veyret, Vice-president in charge of water policy
© Conseil général de l’Isère
Water management at river scale on the mountains of Belledonne and Chartreuse around Grenoble are a source of danger. The River Committees have the role of establishing a diagnosis of the situations, evaluating pollution and anticipating the risks. There is one for each river and the working groups are composed of elected officials, organisations and players, all very active. For the remainder, multi-annual plans are voted and correspond to the current stakes: irrigation, treatment, installation, recovery, savings…
Do you encounter issues of pollution? There are pollution issues despite the drainage works in progress. The most recent purification stations function very well, but some older ones are less effective. The Isère basin is deeply marked by hydro-electricity since a significant stretch of river is equipped with an array of works corresponding to the various generations of equipment.
The General Council of Isère is supporting the installation of decentralised and concerted river management at the scale of the catchment basins.
Can you present the hydrography of Isère to us? The department of Isère is strongly contoured by 2 great rivers: the Rhône, which bounds it in North and the West, and the Isère, which crosses it from East to West. The northern part is dominated by the Rhône and its tributaries: Guiers and Bourbre upstream of Lyon, the Gère, the Varèze, the Sanne, the Dolon, the Oron and the Galaure downstream of Lyon. The catchment basin of the Isère, which occupies the South of the department, is immense since it takes its source in Val d'Isère in Savoie and comes into confluence in the Drôme at the point of convergence with the Rhône. Isère receives an imposing left bank tributary: the Drac, itself fed by the Romanche. These rivers are marked by a rain-snow hydrological regime more or less elevated according to altitude. The department of Isère shelters in addition
large areas of ground water in the alluvial deposits of glacial origin of the alpine valleys and the valleys of Vienne.
What roles does water play in the life of the department? The Isère, Drac, Romanche and Rhône, with their powerful flows, concentrate 90% of industrial levies, 50% of agricultural levies and 35% of drinking water. In parallel, strong tourist activity is developing along the rivers. The Isère basin is deeply marked by hydro-electricity since a significant stretch of river is equipped with an array of works corresponding to the various generations of equipment. Historically, this equipment is closely related to the industrialisation of the valleys. What are the risks related to water and the measures implemented to prevent these? Problems of flooding occur on the 287 communes located on the banks of the rivers. All the rivers and about thirty torrents
Agriculture being intense, there is unquestionably an anthropisation issue related to the use of pesticides but these problems are taken seriously by the General Council, the Chambre of Agriculture and the farmers themselves, who work together to limit the use of plant control products. We also encounter the usual pollution related to industry but, with some rare exceptions, the factories respect the river contracts. What resources finance water policy? The polluter-payer principle applies especially via the mechanisms of royalties collected by the Water Agency. The Department, in the interests of territorial solidarity, contributes to the investments of the communities and the recent decisions of the Departmental Parliament accentuated this prioritisation for the benefit of the most rural sectors. Our community also relies on equipment tax, calculated according to the number of building permits delivered. All the environmental policies are strongly supported by this tax, which is raised from all the inhabitants of Isère n
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Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | En Isère, le Conseil Général est au cœur des enjeux de solidarité. Considérant que l’accès à l’emploi est essentiel pour permettre de trouver son autonomie sociale, il offre une chance de retrouver un équilibre professionnel et personnel grâce à un programme d’insertion ciblé.
Faire redémarrer un ascenseur de moins en moins social
Il est important tout d’abord de souligner qu’il n’existe pas de cohésion sans développement social. L’idée est de faire avancer la société à l’image d’un peloton de cyclistes pendant le Tour de France : en tant que groupe homogène et en évitant dans la mesure du possible qu’il y ait des coureurs à la traîne. C’est aussi permettre à tous les citoyens d’avoir un projet de vie qui ne soit pas obéré par les injonctions liées à la montée du chômage ou au chacun pour soi.
Quels dispositifs mettez-vous en place pour atteindre ces objectifs ? Le problème, c’est que ces objectifs tendent à être remis en cause par la crise économique et financière, qui véhicule l’idée que l’argent devrait aller en priorité à la spéculation ou l’investissement. Cette idée reçue va à l’encontre même des aspirations de cohésion et de développement social. Par conséquent, ma mission principale est de maintenir un certain nombre d’activités d’intérêt général et de faire en sorte que les personnes continuent à accéder à leurs fondamentaux que sont le droit au travail, à l’éducation, au logement…
conjointement avec les travailleurs sociaux, afin que les chômeurs ne restent pas isolés et ne tombent pas dans la détresse sociale. Aujourd’hui, le curseur sociétal est placé sur la fiche de paye qui permet à chacun de construire un avenir. Mais en l’absence de cette dernière, avec seulement des allocations, les gens ne font plus de projets de vie, seulement des calculs du reste à vivre. Ce sont deux attitudes très différentes. De quoi sera fait le lendemain ?
décrochage économique. Nous sommes idéalement situés, à 250 km de la première plage et au plus près des montagnes, avec une population jeune et de faibles départs. Ce qui pourrait paraître comme une forme d’enclavement géographique est en réalité dépassé par la vitalité de nos industries et de notre tourisme. Une réflexion importante a été menée sur les questions sociétales, à l’échelle du territoire, afin de rendre cohérent l’ensemble de la population, réparti entre ces deux pôles. Dans ce contexte, le rôle du département est plus que jamais de faire redémarrer un ascenseur qui est de moins en moins social.
Quelles sont les caractéristiques de votre territoire ? Le département de l’Isère est un territoire plutôt complexe, car diversifié géographiquement. Deux pôles d’attraction se démarquent toutefois : le sud Isère, autour de la ville de Grenoble, et le Nord Isère qui bénéficie de l’attractivité de Lyon. Le département n’est pas pauvre, malgré un certain
L’Isère compte 30 000 allocataires du RSA. Dans cette optique, le Conseil Général a mis en place un programme d’insertion de retour au travail. Mais puisque le non-emploi entraîne bien souvent des formes de décrochage psychologique ou physiologique, notre mission auxiliaire consiste aussi à organiser des prises en charge collectives, 66 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Quels sont vos projets en cours à développer ?
© Frédérick Pattou
Comment définir la cohésion et le développement social ?
L’agenda 2015 consiste, en ce qui me concerne, à intensifier notre action sociale avec nos partenaires de proximité que sont les communes et les intercommunalités, ainsi que les associations. Pour les années à venir, le rôle du politique sera de renforcer ce partenariat. Si nous dépassons les prérogatives et les ego des uns et des autres, nous pourrons réagir à cette crise qui pèse sur nos épaules. Et enfin guérir de ce mal-être ambiant, issu de la perte du lien qui nous unie les uns aux autres n Propos recueillis par Laure Verneau
José Arias Vice-président en charge de la cohésion et du développement social
Interview with: Jose Arias, Vice-president in charge of cohesion and social development
In Isère, the General Council is at the heart of the solidarity stakes. Considering that access to employment is essential in order to find social autonomy, it offers a chance to find professional and personal balance thanks to a program of targeted insertion.
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Repair a ladder that is less and less social
How to define cohesion and social development? It is important first of all to stress that there is no cohesion without social development. The idea is to advance society like the peloton of cyclists during the Tour de France: as a homogeneous group and preventing as far as possible that anyone should fall behind. It is also making it possible for all citizens to have a life, which is not compromised by injunctions related to the rise of unemployment and individualism. What measures are you putting in place to achieve these goals? The problem is that these objectives tend to be called into question by the economic and financial crisis, which conveys the idea that money should go in priority to speculation or investment. This generally accepted idea goes in the exact opposite direction to aspirations of cohesion and social development. Consequently, my principal mission is to maintain a certain number of activities of general interest and to ensure that people continue to have access to fundamentals, which are the right to work, education, housing… Isere counts 30,000 beneficiaries of the welfare allowance (RSA). Accordingly, the General Council set up an insertion programme of return to work. But since unemployment very often involves forms of psychological or physiological dropping out, our auxiliary mission also consists in organising collective assumptions of responsibility, jointly with social workers, so that the unemployed do not remain isolated and do not fall into social distress. Today, social integration is defined on the pay slip which makes it pos-
The General Council wants to make it possible for all citizens to have a life which is not compromised by injunctions related to the rise of unemployment and individualism.
sible for each person to build a future. But in the absence of the latter, with only benefits, people do not make any life plans, only calculations of what is left for living. These are two very different attitudes. What will happen tomorrow? What are the characteristics of your territory? The department of Isère is a rather complex territory, because it is geographically diversified. Two centres of attraction can be defined however: South Isère, around the town of Grenoble, and North Isère that benefits from the attractiveness of Lyon. The department is not poor, in spite of a certain level of economic setback. We are ideally located, 250 km from the first beach, in the heart of the mountains, with a young population and few departures. What could appear as a form of geographical encasing is actually exceeded by the
vitality of our industries and our tourism. An important thought process has been carried out on questions of society, on the scale of the territory, in order to make coherent the whole of the population, distributed between these two centres. In this context, the role of the department is more than ever to fix a ladder that is less and less social. Which are your projects in progress to be developed? For me, the agenda for 2015 consists in intensifying our social action with our local partners which are the communes and the inter-communalities, as well as organisations. For the years to come, the role of policy will be to reinforce this partnership. If we get past the privileges and egos of one another, we will be able to react to this crisis weighing on our shoulders. And finally cure this ambient discomfort, resulting from the loss of the bond that unites us to one another n
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Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Créé en 2005 au cœur d’un écosystème foisonnant, le pôle de compétitivité Tenerrdis s’attache à stimuler l’innovation au sein des entreprises dans les filières des énergies renouvelables. La seconde étape engagée de son développement se porte résolument sur la création d’emplois pérennes.
“Favoriser la croissance durable”
Jusqu’ici centré sur le développement de projets et leur prise en compte par des acteurs économiques (start-up, PME etc.), les missions du pôle ont évolué vers une version 3.0 qui consiste à favoriser la croissance durable et la création d’emplois pérennes. Orienté sur les énergies renouvelables, il s’inscrit pleinement dans le cadre de la transition énergétique. Trois grands axes se distinguent au sein du pôle : n la production d’énergies renouvelables, avec pour domaines d’activité stratégique le solaire, l’hydraulique et la biomasse ; n la gestion des réseaux (notamment via les réseaux intelligents “smart grids”) et le stockage électrique, avec pour domaine d’activité stratégique l’hydrogène ; n l’efficacité énergétique dans les bâtiments (enveloppes innovantes, maquette numérique permettant de planifier et de contrôler les objectifs).
Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) de Grenoble, la Région Rhône-Alpes, le Conseil général de Savoie ainsi que Schneider Electric ont été les fondateurs du pôle. Il compte aujourd’hui quelque 180 adhérents dans les six filières que nous animons, nombre multiplié par deux au cours des quatre dernières années. Les groupes comme Air Liquide pour l’hydrogène, Alstom pour l’hydraulique ou Schneider Electric pour le bâtiment intelligent évoluent avec une kyrielle de PME innovantes dans leur sillage. Nous comptons aujourd’hui 60% de PME et start-ups parmi nos membres. Un de nos champs d’action consiste à faire collaborer ces différents acteurs.
consommation énergétique de 50%, sur le développement des énergies renouvelables et sur la multiplication du nombre de point de recharge pour les véhicules électriques (objectif : sept millions d’ici 2030) sont au cœur de nos préoccupations. Les pôles dédiés aux énergies renouvelables y trouvent donc un intérêt réel et des opportunités de développements majeurs de nature à créer de l’emploi. Outre les innovations technologiques, que la transition énergétique continuera de susciter, d’autres innovations sont nécessaires, notamment en terme d’usage et de redéfinition des business modèles associés au déploiement des énergies renouvelables.
Quels sont les principaux enjeux liés aux nouvelles technologies de l’énergie ?
Quels seront vos principaux objectifs pour les prochaines années ?
Les mesures ambitieuses présentées dans le cadre de la loi sur la transition énergétique, sur les objectifs de réduction de la
Le principal objectif est de poursuivre l’activité du pôle dans une logique 3.0, en accélérant le passage de la recherche et développement collaborative au marché. Tenerrdis doit également poursuivre son développement à l’international, la transition énergétique nécessitant une grande échelle. Enfin, un enjeu majeur se situe dans la nécessité de renforcer l’attractivité des villes. Celle-ci se mesurera à notre capacité à proposer de la recherche à très forte valeur ajoutée pour les entreprises et à développer un écosystème régional qui soit le plus compétitif possible n
Le pôle Tenerrdis capitalise par ailleurs fortement sur la présence de Lyon et Grenoble au sein de son territoire. Ces deux grandes métropoles sont dotées d’un écosystème très prolifique, fruit d’un travail admirable de rapprochement des mondes universitaire et industriel depuis plus de 50 ans. Qui ont été les acteurs à l’origine du pôle et quels en sont aujourd’hui les principaux membres ? L’école d’ingénieurs Grenoble INP, le 68 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Tenerrdis
Pouvez-vous nous présenter le pôle Tenerrdis et ses principaux domaines d’action ?
Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Alain Bortolin Président de Tenerrdis
Interview with: Alain Bortolin, Chairman of Tenerrdis
Created in 2005 at the heart of a plentiful ecosystem, the expertise centre of Tenerrdis aims to stimulate innovation within companies in the renewable energy sector. The second stage of its committed development goes resolutely to the creation of perennial jobs.
© Tenerrdis
“To support sustainable growth”
Can you tell us about the department you direct and its principal areas of activity? Centred up until now on the development of projects and their taking into account by economic players (start-ups, SMEs etc....), the roles of the centre evolved to a 3.0 version that consists in supporting sustainable growth and the creation of permanent jobs. Aimed towards renewable energy, it lies fully within the context of energy transition. Three large axes can be distinguished within the centre: n renewable energy production, with spheres of strategic activity ranging from solar to hydraulics and biomass; n network management (in particular via intelligent “smart grid” networks) and electricity storage, with strategic hydrogen activity; n energy efficiency in buildings (innovative cladding, digital modelling allowing to plan and control the objectives).
The Tenerrdis centre also capitalises strongly on the presence of Lyon and Grenoble within its territory. These two large metropolises benefit from a very prolific ecosystem, fruit of an admirable work of universities and industry coming together for over 50 years. Who were the players at the origin of the centre and who are the principal members today? The school of engineers, Grenoble INP, Commissariat à l'Énergie Atomique (ECA) of Grenoble, the Rhone-Alps Region, the Ge-
“Ambitious measures presented within the framework of the law on energy transition are at the centre of our concerns.”
neral Council of Savoie as well as Schneider Electric were the founders of the centre. It counts today some 180 members in the six sectors we support, a number multiplied by two over the last four years. Groups like Air Liquide for hydrogen, Alstom for hydraulics or Schneider Electric for smart buildings evolve with a string of innovative SMEs in their wake. Today we count among our members 60% of SMEs and start-ups. One of our spheres of activity consists in bringing these various players to collaborate. What are the principal stakes related to new energy technologies? Ambitious measures presented within the framework of the law on energy transition, with the objectives of reducing power consumption by 50%, the development of renewable energies and the multiplication of the number of refill points for electric vehicles (objective: seven million by 2030) are at the centre of our concerns. Centres dedicated to renewable energies thus find here a
real interest and appropriate opportunities for major developments that can create jobs. In addition to technological innovations, that the energy transition will continue to create, other innovations are necessary, in particular in terms of the usage and redefinition of business models associated with the deployment of renewable energies. What are your main goals for the coming years? The main goal is to continue the activity of the centre in a 3.0 logic, by accelerating the passage of collaborative research and development to market. Tenerrdis must also continue its development on the international front, the energy transition necessitating a large scale. Finally, a major stake is the need to grow the attractiveness of the cities. This will be commensurate with our capacity to offer very strong value added research to companies and develop a regional ecosystem, which is as competitive as possible n
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Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Faisant figure de précurseur dans le domaine, le Conseil général de l’Isère attache une importance particulière au développement de l’Économie Sociale et Solidaire sur son territoire. Une implication forte qui vise à concilier activité économique et utilité sociale, au service de l’emploi local.
De l’innovation économique, sociale et organisationnelle L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) n’est pas fréquemment représentée parmi les compétences des départements. Comment expliquer cet engagement au sein de l’Isère ? Dès 2012, le département de l’Isère a été l’un des premiers à avoir mis en place une politique départementale de développement de l’ESS, pour affirmer son engagement dans un développement économique responsable. L’ESS participe à l’économie de proximité et contribue à la production de richesses, à l’emploi et à l’innovation sociale et organisationnelle. Elle est un acteur important du développement des territoires, en participant à l’émergence de nouvelles activités. Le vote de la loi ESS en juillet 2014 constitue un signal fort de reconnaissance de l’ESS et de sa capacité à créer de l’emploi.
“Les acteurs de L’ESS représentent 10% de la part de l’emploi salarié privé.”
Dans quelle mesure et par quels leviers soutenez-vous le secteur ?
un fort ancrage territorial. 59 projets ont pu être accompagnés depuis 2012.
Le Conseil général développe une politique en mouvement qui s’attache à soutenir des initiatives locales, innovantes et solidaires ; à contribuer au développement de l’entreprenariat dans l’ESS ; à maintenir une offre de biens et services, notamment dans les zones rurales et à favoriser la mise en réseau des acteurs sur le territoire.
Une réflexion est par ailleurs en cours sur l’émergence de Pôles Territoriaux de Coopération Économique (PTCE), pour regrouper des entreprises de l’ESS avec d’autres entreprises, en lien avec des collectivités locales et des centres de recherche. Le département sera également partenaire du Contrat économique sectoriel ESS 20142016, aux côtés de la Région Rhône-Alpes, de l’État, de la CRESS RA, de la Caisse des Dépôts Consignations (CDC) et de seize collectivités, pour permettre au secteur de passer un cap en changeant d’échelle.
Aux côtés des Établissements Publics de Coopération Intercommunale, nous menons plusieurs actions-phares telles que la création du site “Isère Solidaires”. Il permet de suivre l’actualité des acteurs et de connaître leur offre de services, tout en favorisant la communication vers le grand public. Nous nous sommes aussi mobilisés dès 2012 dans un appel à projets mutualisés sur l’ensemble du territoire. L’idée est de favoriser ainsi des formes innovantes d’activités avec
Quelle place l’ESS occupe-t-elle aujourd’hui dans votre département ? Dans un contexte socio-économique bouleversé par la crise, les acteurs de l’ESS contribuent au maintien de l’emploi et de l’activité économique sur les territoires. Leur part dans l’emploi salarié privé représente près de 10 % en Isère. Il s’agit par ailleurs d’emplois non délocalisables. Les territoires expriment donc un intérêt grandissant pour conduire des actions favorisant ce secteur. Le département s’est attaché à construire une dynamique collective avec nombre d’entre eux. 70 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Quelles autres initiatives pouvez-vous mener pour renforcer la place de l’ESS en Isère ? Plusieurs actions contribuent à promouvoir davantage l’ESS. C’est notamment le cas de l’organisation de journées d’échanges et de réflexions sur le déploiement des politiques publiques en sa faveur, à l’image de celle organisée le 15 mai 2014, en partenariat avec la CRESS Rhône-Alpes et le RTES. Enfin, dans le cadre de ses programmes en faveur de l’ESS, le Conseil général apporte un soutien financier à certains organismes ou associations qui concourent à la réalisation des objectifs définis au titre de cette politique départementale n Propos recueillis par Sacha Grynbaum
Pierre Ribeaud Vice-président en charge de l’Économie Sociale et Solidaire
Interview with: Pierre Ribeaud, Vice-president in charge of the Social and Interdependent Economy
Pioneering the field, the General Council of Isère attaches particular importance to the development of the social and interdependent economy within its territory; a strong commitment, which aims to reconcile economic activity and social utility, at the service of local employment.
© Ludoviccelle
Economic, social and organisational innovation
The Social and Interdependent Economy (ESS) is not frequently represented within the assets of the departments. How do you explain this engagement within Isère? As early as 2012, the department of Isère was one of the first to have set up a departmental policy of social and interdependent economic development to affirm its commitment to responsible economic development. The ESS takes part in the local economy and contributes to the production of wealth, employment and social and organisational innovation. It is an important player in the development of the territories, while taking part in the emergence of new activities. The vote for the ESS law in July 2014 constitutes a strong signal of recognition of the ESS and its capacity to create jobs. What place does the ESS occupy today in your department? In a socio-economic context devastated by the crisis, players in the ESS contribute to the maintenance of employment and economic activity on the territories. Their share in private paid employment represents nearly 10% in Isère. This is in addition employment that cannot be moved elsewhere. The territories are therefore expressing a growing interest in taking actions to support this sector. The department has undertaken to build a collective dynamic with many of them.
“Isère Solidaires” encourages local and responsible consumption in the department.
Up to what point and by which levers do you support the sector? The General Council is developing a moving policy which attempts to support local, innovative and interdependent initiatives; to contribute to the development of entrepreneurship in the ESS; to maintain an offer of goods and services, in particular in rural areas and to support the players in the territory coming online. Alongside the Publicly-owned Establishments of Intercommune Co-operation, we carry out several headline activities such as the creation of the “Isère Solidaires” site. It makes it possible to follow the news on the players and find out about their service offer, while supporting communication with the general public. We have also been mobilised since 2012 in a call for projects shared across the whole of the territory. The idea is to support innovative forms of activity strongly anchored in the territory. 59 projects have been supported since 2012. In addition, a thought process is underway on the emergence of Territorial Centres of Economic Co-opera-
tion (PTCE), to link ESS companies with other companies, in connection with local communities and research centres. The department will be also partner in the economic sector contract ESS 2014 - 2016, at the sides of the Rhone-Alps Area, the State, the CRESS RA, the Caisse des Dépôts Consignations (CDC) and sixteen communities, to allow the sector to pass a hurdle by changing scale. What other initiatives can you carry out to reinforce the place of the ESS in Isère? Several actions contribute to promote the ESS further. It is in particular the case of the organisation of exchange and reflection days on the deployment of public policies in its favour, like that organised on May 15, 2014, in partnership with CRESS RhoneAlps and the RTES. Lastly, within the framework of its programmes in favour of the ESS, the General Council brings financial support to certain organisations and associations, which contribute to the achievement of the objectives defined under this departmental policy n
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Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | En adoptant une politique d’autonomie commune, le Département de l’Isère a choisi de s’adresser d’une même voix aux personnes âgées et handicapées, convergeant leurs besoins dans toutes les sphères de la vie quotidienne. Une première en France.
“Le vieillissement, défi majeur de la société actuelle”
Qu’il s’agisse de personnes ordinaires ou en situation de handicap, le vieillissement est un défi majeur de la société contemporaine. En témoigne l’arrivée de nouvelles prestations depuis une douzaine d’années, comme l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) en 2002, ou la prestation de compensation du handicap (PCH) en 2006. En termes de coûts, la progression est extrêmement forte : entre 2002 et 2014, le budget du Conseil général dédié aux personnes âgées est passé de 50 à 171 millions d’euros en dépenses effectives, pendant que celui alloué aux personnes handicapées est passé de 80 à 164 millions d’euros de 2006 à 2014. Si l’APA et la PCH ont permis de favoriser la vie à domicile, il a fallu développer en parallèle les établissements d’hébergement pour les personnes qui ne sont plus en sécurité chez elles. Pour combler le déficit isérois en la matière, nous avons dû lancer des programmations de grande ampleur via les Schémas départementaux afin d’ouvrir 1250 places en EHPAD en 2006, et 930 en 2011.
Elle prévoit notamment un financement de 500 euros pour aider les aidants proches à prendre une semaine de répit chaque année.
en 2008. Cette innovation se doublera en 2015 de la mise en place d’un bouquet de services, “Autonom@Dom®”, lui aussi adressé aux deux publics. Dans le souci de garantir l’équité de traitement de l’ensemble des Isérois, le Conseil général a territorialisé ses services pour développer tous ses dispositifs de manière homogène. Une généralisation de notre politique en proximité comme en équité.
Par ailleurs, quel soutien le Conseil général apporte-t-il aux personnes handicapées ? Le département de l’Isère a été territorialisé pour déconcentrer ses services et les rapprocher des usagers, en particulier celui dédié à “l’Autonomie”. Dans la même veine, un service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) a été développé dans chacun des territoires, tout comme des permanences d’accueil approfondi territorialisé (PAAT) : PCH, créations de foyers…
Qu’en est-il de la dépendance? Si la réforme de Paulette Guinchard a concerné la dépendance, en créant l’APA, en harmonisant les statuts des EHPAD, créant un nouveau métier (les auxiliaires de vie sociale) nous sommes aujourd’hui rentrés dans une nouvelle phase, celle de la loi 3A, qui demande aux politiques publiques de prendre en compte les conditions de vie difficiles des plus de 60 ans, au niveau du transport, de l’urbanisme, du logement, etc... donc de la globalité de leur vie sociale.
Quelles innovations avez-vous apporté en matière d’autonomie ? En 2011, l’Isère a élaboré un Schéma départemental unique de l’autonomie pour les personnes handicapées et âgées, répondant à leurs convergences de besoins sans en gommer les spécificités. Des instances de coordination communes (Personnes âgées, Personnes handicapées), ont été mises en place dès 2007, une Maison de l’Autonomie 72 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Au début de l’année, vous avez ouvert le débat sur la sexualité des personnes handicapées : pourriez-vous en dire plus ?
© Conseil général de l'Isère
Quels sont les enjeux, notamment en termes de coûts, liés à l’accueil des personnes âgées pour le Conseil général ?
Si les besoins exprimés par les personnes handicapées étaient à la base d’ordre vital, j’ai vu leurs attentes s’affiner avec le temps pour toucher à des sphères plus privées comme la tendresse ou l’amour. Quand la possibilité de développer les assistants sexuels mériterait un débat national, la question est toute autre lorsque des couples se forment au sein d’un foyer. L’établissement devrait dans ce cas favoriser leur vie commune et les sensibiliser à la contraception : car être amoureux n’est pas un droit, mais un fait de la vie n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Gisèle Perez Vice-présidente chargée de la solidarité avec les personnes âgées et handicapées
Interview with: Gisèle Perez, Vice-President responsible for solidarity with the aged and disabled persons
© Conseil général de l’Isère
“Ageing, a major challenge for contemporary society” gionalised its services to develop its facilities in a homogeneous manner. A generalisation of our local and equality policies. What of dependency? Whilst the reform of Paulette Guinchard was concerned with dependency, creating the APA, harmonising the EHPAD and creating a new job role (living assistants), we have now entered a new phase, that of Law 3A, which requires public policies to take into account the difficulties of the over 60s in terms of transport, planning, housing etc... the whole of life. It provides in particular for 500 Euros in aid to finance a week of “respite” per annum for close carers.
In 2011, Isère created a single departmental scheme for autonomy for the disabled and the aged.
By adopting a joint policy of autonomy, the Department of Isère has chosen to address the aged and the disabled with one voice, converging their needs in all areas of daily life. A first in France.
What are the issues for the General Council, in particular in terms of costs relating to care for the aged? Whether able or disabled, ageing is a major challenge for contemporary society. This is evidenced by the arrival of new services in the last decade or so, such as the personal autonomy allocation (APA) in 2002 and the disabled service reimbursement (PCH) in 2006. In terms of costs, the increase is extremely high: between 2002 and 2014, the budget of the General Council dedicated to the aged soared from 50 to 171 million Euros in terms of actual costs, whereas that allocated to disabled persons rose from 80 to 164 million Euros
In other matters, what support does the General Council offer the disabled?
from 20016 to 2014. Whilst the APA and PCH have promoted life at home, it has been necessary to develop residential establishments for those no longer safe at home. To fill the deficit in Isère in this matter, we launched large programmes via the departmental schemes to open 1,250 places in nursing homes for depending elderly people (EHPAD) in 2006 and 930 in 2011.
The department of Isère has been regionalised to decentralise its services and bring together users, in particular dedicated to "Autonomy". In the same vein, a life support service (SAVS) has been developed in each of these territories, as well as in-depth regional hosting offices (PAAT): PCH, home creation…
What innovations have you made in terms of autonomy?
At the beginning of the year, you opened the debate on the sexuality of disabled persons: could you say more?
In 2011, Isère created a single departmental scheme for autonomy for the disabled and the aged, responding to their needs without erasing the specificities. Communal coordination authorities (Aged, Disabled) were put in place in 2007 and a House of Autonomy in 2008. This innovation will double in 2015 from the implementation of a package of services, “Autonom@Dom®”, also aimed at both. In the hope of guaranteeing equal treatment to all the inhabitants of Isère, the General Council has re-
Whilst the needs expressed by disabled persons were of a vital nature, I saw their expectations refine over time to reach more private spheres such as tenderness or love. While the possibility of developing sexual assistants deserves a national debate, the issue is completely different when couples form within a home. In this case one should promote their life in common and raise awareness of contraception: because being in love is not a right, but a fact of life n
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Décembre 2014 | Isère
ENTRETIEN | Pour lutter contre l’insécurité et favoriser l’insertion sociale des femmes, Brigitte Perillié privilégie l’émergence d’initiatives préventives, de plus en plus adaptées aux évolutions sociétales et aux inégalités.
Mon rôle est avant tout d’impulser des orientations et d’en vérifier la mise en œuvre, en assurant l’interface politique entre les citoyens et l'administration. Des diagnostics ont été établis afin d’évaluer la situation et le mode de fonctionnement de l’aide sociale à l’enfance dans le département. Parallèlement, la PMI -Protection maternelle et infantile- fait partie intégrante du dispositif. Ces enquêtes ont permis de constater une hausse exponentielle des enfants et des familles en situation de danger, en conséquence, un certain nombre de préconisations ont été mises en œuvre. Nos interventions se veulent donc de plus en plus rationnelles dans un souci d’adaptation à ces évolutions. Par ailleurs, une concertation conduite en 2013, a abouti à une réécriture du schéma départemental de l’enfance en danger.
Comment faites-vous face au phénomène d’insécurité en Isère, notamment concernant les femmes ?
Ces associations expertes permettent d’offrir un service complet que les assistantes sociales ne sont pas toujours en mesure d’apporter, notamment dans les situations les plus complexes. Parce qu’il est indispensable de comprendre comment ces situations émergent pour intervenir au plus tôt, le Conseil général soutient ces associations.
“Revaloriser les parents en leur rendant leur place d’éducateurs.” Sensibilisation aux violences conjugales place Grenette.
Comment garantir une insertion sociale des femmes égale à celle des hommes ?
De plus, un plan d’action départemental pluri-annuel sur trois ans est conduit, dans l’objectif de promouvoir la bonne intégration des femmes dans la société. Une charte sportive doit également favoriser leur place dans les instances dirigeantes, ou encore vérifier que les récompenses sportives sont bien égalitaires.
Nous favorisons leur insertion dans le cadre des marchés publics et soutenons l’accès des femmes seniors à l’emploi, notamment avec le CIDFF (Centre national d’Informations sur les Droits des Femmes et des Familles). Parmi les actions phares de l’agglomération grenobloise, l’envolée féminine a pour but d’aider les femmes à prendre conscience de leurs atouts.
Depuis 2001, le Conseil général renforce et finance les associations spécialisées dans ce domaine, notamment l’emblématique Solidarité Femme, qui accompagne depuis les années 1970 des femmes victimes de violence. Nous favorisons en parallèle l’émergence d’associations qui s’occupent des auteurs de violence : en effet, il est primordial de s’attaquer à la racine du problème en termes de prévention. L’association Passible accompagne de son côté les auteurs et les couples d’un point de vue social, psychologique et juridique, car bien souvent les conjoints s’auto-alimentent dans l’escalade de la violence. 74 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Frédérick Pattou
Quel est votre rôle, en tant que vice-présidente chargée de l’enfance en danger, de la famille et de l’égalité homme-femme ?
© Solidarité femmes
“La prévention, une priorité”
Quelles sont les priorités du Conseil général en matière de protection maternelle et infantile ? L’axe prioritaire consiste à revaloriser les parents en leur rendant leur place d’éducateurs. D’où la nécessité de travailler le plus en amont possible, développer la prévention et limiter les actions curatives. Le rôle des parents est primordial à la garantie d’une protection infantile des plus efficaces n Propos recueillis par Marie Vergne
Brigitte Périllié Vice-présidente chargée de l'enfance en danger, de la famille et de l'égalité entre les hommes et les femmes
Décembre 2014 | Isère
Interview with: Brigitte Périllié, Vice-president in charge of at-risk childhood, the family and equality between men and women
© Mbjerke
“Prevention is a priority” maternal and child welfare - is an integral part of the facility. These surveys have found an exponential increase of at-risk children and families. As a result, a number of recommendations have been implemented. Our actions therefore want to be increasingly rational in order to adapt to these changes. In addition, a consultation in 2013, led to a rewriting of the departmental diagram of at-risk childhood. How do you deal with the phenomenon of insecurity in Isère, in particular concerning women?
In Isère, the PMI - maternal and child welfaire is an integral part of the facility.
Fighting insecurity and facilitating the social integration of women, Brigitte Périllié favours the emergence of preventative initiatives, more and more adapted to society’s evolution and inequalities.
Since 2001, the General Council has reinforced and financed organisations specialising in this field, in particular the emblematic Solidarité Femme, which has supported women subject to violence since the 1970s. We promote in parallel the emergence of organisations that deal with the authors of violence: indeed, it is of primary importance to strike the evil at the root through prevention. The Passible organisation supports the authors and couples from a social, psychological and legal point of view, because very often the couple crossparticipates in the escalation of violence.
“Revaluing the parents and giving them back their place as educators.”
What is your role, as Vice-President responsible for at-risk childhood, family and gender equality? My role is above all to promote guidance and monitor implementation, ensuring the political interface between citizens and the administration. Diagnoses were established to assess the situation and mode of operation of child welfare in the Department. At the same time, the PMI -
These expert organisations make it possible to offer a complete service that the welfare officers are not always able to bring, in particular in the most complex situations. Because it is essential to understand how these situations arise in order to intervene as soon as possible, the General Council supports these organisations.
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“Deal with the authors of violence.” How can you guarantee the equal social inclusion of women? We support their insertion within the framework of public markets and support the access of senior women to employment, in particular with the CIDFF (National Centre for Information on the Rights of Women and Families). Among the headline actions of the agglomeration of Grenoble, the purpose of female empowerment is to help women become aware of their strengths.
“Promoting suitable integration of women in society.”
Moreover, a departmental action plan over three years is underway with the objective of promoting suitable integration of women in society. A sporting charter must also support their place among the leading authorities, or check that sporting rewards are indeed equal. What are the priorities of the General Council regarding mother and infant welfare? The priority axis consists in revaluing the parents and giving them back their place as educators. Hence the need to work as upstream as possible, develop preventative and limit curative actions. The role of the parents is of primary importance to guarantee the most efficient infantile protection n
ENTRETIEN | Entre soutien aux associations et coopération avec l’État, le Conseil général de l’Isère se veut sur tous les fronts en matière de santé, et particulièrement concernant le dépistage et la prévention. Parallèlement, il entend contribuer au décloisonnement des offres sanitaires et médico-sociales sur l’ensemble du territoire.
“ Le dépistage et la prévention avant tout”
Les actions menées portent essentiellement sur deux axes, la prévention et le dépistage, dans les quatre domaines pour lesquels le Conseil général exerce les compétences de l’État par convention : IST, vaccination, cancer, tuberculose. Avec pour priorité la vaccination, le Conseil général propose des séances gratuites pour les personnes n’ayant pas accès à un médecin libéral, tout en prenant en charge les vaccins des médecins des centres de vaccination et des maternités. Ainsi, près de 41 000 vaccins ont pu être fournis à ces centres en 2013. En 2012, une convention a été signée avec la caisse primaire d’assurance maladie de l’Isère ; elle permet au Conseil Général le remboursement des vaccinations effectuées par les services de PMI, qui interviennent sur chaque territoire. Sans oublier l’étroite collaboration avec les services des villes et des zones rurales.
Quel est votre rôle en tant que déléguée en charge de la santé ? Je suis au contact des associations et des organismes qui travaillent sur le terrain. Les soutenir, par un financement ou une coopération, et répondre à leurs attentes est primordial pour renforcer les réseaux de proximité. De plus, je suis présente dans les conseils de surveillance des hôpitaux, afin
de m’assurer qu’il n’y ait aucun manque ni problème, et ce à tous les niveaux.
fessionnelles respiratoires, en proposant aux salariés, orientés par un médecin de santé au travail, une radio pulmonaire dans l’une de nos deux unités radiographiques, au Centre départemental de santé ou au camion-radio ambulatoire. Ces actes, facturés aux entreprises ou à leur service de médecine au travail, permettent d’optimiser nos équipements.
Qu’en est-il des services de santé mis en place par le Conseil Général ? Pour mettre en œuvre la convention avec l’État que nous envisageons de renouveler pour trois années, nous disposons d’un centre départemental de santé, dans lequel des professionnels de santé du Conseil Général proposent une offre de services complète, principalement destinée aux personnes ayant des difficultés d’accès au système de santé : résidants en foyer ADOMA et en centre d’hébergement et de réinsertion sociale, personnes incarcérées, personnes arrivées en France récemment et amenées à y séjourner, travailleurs saisonniers, ou personnes en situation de précarité. Audelà de cette convention, nous participons également au dépistage des maladies pro-
Concernant les capacités d’accueil dans les hôpitaux, comment évaluer les besoins actuels ?
© Frédérick Pattou
Quelles sont les actions du Conseil Général de l’Isère en matière de politique de santé publique ?
Cette évaluation relève du Schéma régional d’organisation des soins du projet régional de santé Rhône-Alpes 2012-2017, sur lequel chaque Conseil général de la Région a émis un avis. En Isère, l’offre hospitalière est constituée de deux niveaux : une prise en charge complète avec le CHU de Grenoble et une médecine de proximité avec le réseau des centres hospitaliers et des cliniques. Le Conseil général n’est pas décideur dans ce domaine, mais il entend contribuer au décloisonnement des offres sanitaires et médico-sociales pour éviter les hospitalisations inadaptées de personnes en situation de handicap ou de dépendance, ou porteuses de pathologies chroniques. Pour atteindre cet objectif, il porte son projet de bouquet de services “Autonom@Dom®” n Propos recueillis par Marie Vergne
Annette Pellegrin Vice-présidente déléguée du Président chargée de la santé
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Décembre 2014 | Isère
Interview with: Annette Pellegrin, Vice-president delegate of the President in charge of health
© Conseil général de l’Isère
“Screening and prevention above all” ponding to their expectations is essential to reinforce local networks. Furthermore I am present in the advisory surveys of hospitals in order to make sure that there is neither lack nor problem at every level.
What about the health services set up by the General Council?
The General council intends to contribute to the de-compartmentalisation of health and medico-social services to avoid non-adapted hospitalisation of disabled or dependent people or those suffering chronic illness.
Between support for organisations and cooperation with the State, the General Council of Isère fights on all fronts in matters of health, in particular screening and prevention. In parallel, it intends to contribute to the decompartmentalisation of health and medico-social services across the territory.
priority for vaccination, the General Council offers free sessions for people with no access to a general practitioner, while supporting vaccines from doctors in immunisation and maternity centres. Thus, nearly 41,000 vaccines could be provided to these centres in 2013. In 2012, an agreement was signed with Isère's health insurance fund. It allows the General Council a refund of vaccinations carried out by PMI services intervening in each territory. Not to mention close collaboration with services in cities and rural areas.
What is the General Council of Isère doing in terms of public health policy? Actions focus along two axes, prevention and screening, in the four areas for which the General Council exercises the powers of the state by convention: STIs, immunisation, cancer and tuberculosis. With
What is your role as commissioner in charge of health? I am in contact with associations and organisations working in the field. Supporting them, financially or cooperatively, res-
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To implement the agreement with the state that we plan to renew in three years time, we have a departmental health centre, in which General Council professionals offer a complete service, principally aimed at people who find it difficult to access the health service: residents of the ADOMA centres (association specialising in migrants housing), social integration hostel residents, prisoners, recent arrivals in France and those staying here, seasonal workers and those on low income. Beyond this agreement, we also participate in screening for professional respiratory illnesses, offering workers put forward by an occupational health officer, a lung x-ray in one of our two radiography units, at the departmental health centre or the mobile radiology unit. These actions, billed to the businesses or their occupational medical service, allow us to optimise our equipment.
In terms of hospital capacity, how do you summarise the current situation? This is part of the regional care organisation charter of the regional Rhone-Alps project 2012-2017, about which the General Council has issued advice: In Isère, there are two levels of hospital: complete cover with the university hospital of Grenoble and local care with the network of hospital centres and clinics. The General council does not decide in this area, but it intends to contribute to the de-compartmentalisation of health and medico-social services to avoid non-adapted hospitalisation of disabled or dependent people or those suffering chronic illness. To attain this goal, it offers its package of services entitled “Autonom@Dom®” n
ENTRETIEN | Musée, salles d’expositions, châteaux, bibliothèques, maisons de la culture... En plus d’être dense, l’offre culturelle Iséroise fait l’objet d’un important travail d’archivage.
Le Label Patrimoine Isère défend la culture Spécificité iséroise, le vice-président de la culture est également en charge du patrimoine. Le Conseil général intervient dans ces domaines en faveur de la diffusion, de l'accompagnement, de la création et de la médiation. Ses missions sont de plusieurs natures : n le soutien au monde associatif. Nous pouvons citer la FAPI (fédération des associations du patrimoine en Isère). Il s'agit d'un accompagnement en ingénierie et en communication pour fédérer autour de ses initiatives. n l’action des dix musées départementaux, gratuits pour tous (huit musées de France et deux maisons des illustres) pour mettre en valeur et raconter les arts, la peinture, la musique, l'histoire du département et ses célèbres personnages. n favoriser le développement de l’accès à la lecture par un soutien au développement des bibliothèques et médiathèques ainsi qu’aux actions contre la fracture numérique. n porter l'inventaire patrimonial pour recenser les bâtiments et sites remarquables de l’Isère: les fermes, les usines, les meubles anciens, les objets d'arts. Il recense également le patrimoine immatériel: les contes, les danses, les légendes, la cuisine...
Comment l’organisation territoriale influence votre action? L’organisation territoriale de l’Isère est spécifique. Elle se découpe en treize territoires, dont chacun bénéficie d’une Maison dans laquelle le Conseil général déconcen-
tre à la fois ses services et ses actions, tant en termes de culture que de voirie, d’insertion sociale, etc… Pour donner un exemple, je suis élu sur le territoire Val du Dauphiné : l’année dernière s’est terminé l’inventaire du patrimoine, un travail de deux ans environ réalisé par une équipe de conservateurs et d'archéologues. Cela a permis aux élus de se saisir des connaissances pour mieux les valoriser. En ce qui me concerne, ce fut l’occasion de découvrir un patrimoine dont j’ignorais l’existence. Ce travail de recherche nous permet ensuite d’organiser diverses expositions sur l’ensemble du territoire. Le patrimoine, c’est une histoire d’Homme et de Mémoire, il faut le faire vivre pour qu’il puisse perdurer.
Comment fonctionne-t-il? Le propriétaire, qui peut être une collectivité ou un particulier, adresse une demande au Conseil général. Une commission se réunit alors pour décider si oui ou non elle va l’accompagner en termes de financements. Si oui, un contrat est signé entre les deux parties. 70 labellisations ont été ainsi décernées depuis 2007. Que représentent le Portail Isère culture et le Pack éco-événement? Le Portail Isère Culture est un site internet qui assure la promotion de l’offre culturelle iséroise. Il permet de centraliser les informations culturelles dont nous disposons et de valoriser les actions soutenues par le département. Cette initiative sert à favoriser le partage des compétences et la médiation scolaire en proposant des visites pour les enfants : des sorties de classe, mais aussi lors des vacances, des jours fériés et des mercredis après-midi.
Pouvez vous nous dire ce qu’est le “label patrimoine Isère”? La suite logique de cet inventaire, c’est la labellisation. Nous avons réussi à mettre en place le “label patrimoine Isère” qui protège les bâtiments et objets culturels.
© F. Pattou
Pouvez vous nous présenter votre action ?
La raison d’être du pack éco-événement est de permettre aux manifestations culturelles d’avoir une démarche écologique et environnementale. Concrètement, il sert à mettre en place des mesures de covoiturage, de transports collectifs, de tri sélectif mais aussi des actions “gobelets” lors des festivals notamment : plutôt que d’utiliser des milliers de verres jetables, chaque participant paye une caution pour un gobelet qu’il garde tout le long de l’évènement n Propos recueillis par Florian Mora
Pascal Payen Vice-président chargé de la culture et du patrimoine
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Décembre 2014 | Isère
Interview with: Pascal Payen, Vice-president in charge of culture and heritage
Museum, showrooms, castles, libraries, houses of culture… In addition to being dense, the cultural offer in Isère is the subject of a significant archiving project.
© Conseil général de l’Isère
The Isère Patrimoine label in defence of culture
Can you tell us about your activity? Specificity of Isère, the vice-president of culture is also in charge of heritage. The General Council intervenes in these areas in favour of distribution, support, creation and mediation. Its missions are several fold: n support for organisations. We can quote the FAPI (federation of heritage organisations of Isère). This is structural and communications support to unite people around its initiatives. n the activity of the ten departmental museums, free to all (eight museums of France and two famous houses) to showcase and share the arts, painting, music, the history of the department and its famous characters. n supporting the development of access to reading through support for the development of libraries and media libraries as well as action against digital fracture. n carrying out a heritage inventory to count the buildings and remarkable sites of Isère: old farms, factories, pieces of furniture, objets d’art. It also counts the intangible heritage: tales, dances, legends, cuisine…
How does territorial organisation influence your actions? The territorial organisation of Isère is specific. It divides into thirteen territories, of which each one benefits from a House to which the General Council decentralises both services and activities, as much in terms of culture as road systems, social integration, etc… To give an example, I am elected in the
Grande Chartreuse is located in the Chartreuse Mountains, north of the city of Grenoble.
Val du Dauphiné territory: last year we finished the inventory of the heritage, a work of approximately two years carried out by a team of conservationists and archaeologists. This made it possible to get hold of knowledge to better develop it. In what relates to me, it was an opportunity to discover a heritage of whose existence I was unaware. This research task then enables us to organise various exposures across the whole of the territory. Heritage is a matter of people and of memory, it is necessary to bring it to life so that it can continue to exist. Can you tell us about the “Isère heritage” label? The logical continuation of this inventory is certification. We succeeded in setting up the “Isère heritage label” to protect cultural buildings and objects. How does it function? The owner, who can be a community or a private individual, addresses a request to the General Council. A commission meets then to decide if yes or not it will support it financially. If so, a contract is signed
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between the two parties. 70 certifications have been decreed in this way since 2007. What do the Portail Isère culture and the Eco-Event Pack represent? The Portail Isère Culture is an Internet site which ensures the promotion of the Isère cultural offer. It makes it possible to centralise the cultural information we have and to develop activities supported by the department. This initiative is used to support the division of skills and school engagement by offering visits for the children: class trips, but also during holidays, public holidays and Wednesday afternoons. The raison d'être of the Eco-Event Pack is to make it possible for cultural events to have an ecological and environmental approach. Concretely, it is used to set up car-pooling measures, collective transport, selective triage, but also the “cup” initiative in the festival season in particular: rather than using thousands of disposable cups, each participant pays a deposit for a cup they keep throughout the event n