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PARLEMENT EUROPÉEN Le Nord,
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LE MAGAZINE DES GRANDS ENJEUX
dynamisme et attractivité au cœur de l’Europe Nord, energy and opportunity at the heart of Europe
Avril 2016 | Nord
© Velvet
Nord: A turning point in history Nord is first and foremost a département of exceptions: with over 2,600,000 inhabitants, it is by far the most populated of all the départements, and its budget (3.6 billion euros) is among the largest of all the French regional authorities, outstripped only by those of the Greater Paris region and the City of Paris itself. It is also a border area, open to cultural diversity and impregnated by numerous influences. For too long, our geographical location meant we fell prey to the folly of war, especially during the last century. Today, however, this location presents us with a wonderful opportunity to move forward and grow through partnerships with our Belgian neighbours first of all, but also with our friends from the UK, the Netherlands and Germany. We are a seat of history, heritage and culture proud of its network of fortified towns and exceptional collection of museums, as well as its festive traditions and renowned gastronomy. We are a land of contrasts, from the Nord Sea landscapes to the woodland of the Avesnois Bocage, the European Metropolis of Lille and the conurbations of Dunkirk, Valenciennes, Douai and Cambrai to rural Flanders; and to the south, from the most current architecture to the old quarters, the belfries, castles and churches. A land seared by the economic changes that signalled the decline of the coal, textiles and steel industries, but which was able to forge a new future in food production, automotives and independent producers/traders, and then in the service industries, mail order, large-scale distribution, logistics and the chain of excellence attached to our network of premier academic institutions. We are a land of hosts too, enriched by multiple waves of immigration (Polish, Italian, Portuguese and African, to cite but a few) which have allowed us to pool knowledge and enhance skills. But for all this, our département still stands at a crossroads. It must rid itself of the mass unemployment that devastates individuals and their lives and decimates our shared ambitions. It must return to the spirit of community, solidarity and tolerance that were the lifeblood of the mining towns of yore. It must turn its back on religious conflicts of a bygone age in favour of constructive inter-faith dialogue undertaken in respect, encompassed by an open and unselfish outlook on the principle of secularism. And it must finally restore the value of work to the place in society that it ought never to have lost. They say Nord will make you cry twice over: when you have to come, and when you have to leave. Let us hope this publication will enhance the transmission of our regional know-how, so that many more will come to Nord and when they do, find it so much harder to leave again n
ÉDITORIAL
Le Nord à la croisée des chemins
L
Terre de mutations économiques, qui l’ont marquée dans sa chair avec le déclin du charbon, du textile, de la sidérurgie mais qui a su forger son avenir avec l’agroalimentaire, l’automobile, l’artisanat puis avec le tertiaire, la vente par correspondance, la grande distribution, la logistique et la filière d’excellence adossées à son réseau de grandes écoles et d’universités. Terre d’accueil, enrichie de multiples vagues d’immigration (polonaise, italienne, portugaise, africaine…) qui ont mutualisé les savoirfaire et renforcé les compétences. Mais notre département n’en est pas moins aujourd’hui à la croisée des chemins. Il doit se débarrasser d’un chômage de masse, dévastateur pour les destins individuels comme pour toute ambition collective, retrouver l’esprit d’entraide, de solidarité et de tolérance qui irriguait les corons de notre passé, oublier les guerres de religion d’un autre âge pour un dialogue interreligieux fructueux et respectueux encadré par une conception ouverte et généreuse du principe de laïcité, rendre enfin à la valeur travail la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Un dicton nous enseigne que le Nord fait pleurer à deux reprises, lorsque l’on doit y venir et lorsque l’on doit en partir. Que cette publication contribue à parfaire notre “faire-savoir” pour que l’on vienne plus facilement dans le Nord, pour ne plus guère le quitter n
© Dominique Lampla
e Nord est d’abord un département hors normes (3,6 milliards d’euros) : le plus peuplé de France et de loin, avec plus de 2 600 000 habitants, un budget parmi les plus importants des collectivités territoriales, devancé seulement par la région Ilede-France et par Paris, ville-département. C’est aussi un territoire frontière, ouvert à la diversité culturelle et pénétré par de multiples influences. Si cette situation géographique nous a trop longtemps exposés à la folie des guerres, notamment au siècle dernier, elle représente aujourd’hui une formidable opportunité de développement et d’épanouissement en partenariat d’abord avec nos amis belges mais aussi anglais, néerlandais et allemands. Terre d’histoire, de patrimoine et de culture, fière de son réseau de villes fortifiées, de son exceptionnel réseau muséal, de ses traditions festives comme de la renommée de sa gastronomie. Terre de contrastes, des paysages de la mer du Nord au bocage de l’Avesnois, de la métropole européenne de Lille et des agglomérations de Dunkerque, Valenciennes, Douai ou Cambrai à la ruralité de la Flandre ou du sud du département, de l’architecture la plus contemporaine à ses quartiers anciens, ses beffrois, ses châteaux ou ses églises.
Jean-René Lecerf Président du Conseil départemental du Nord President of the Departmental Council for Nord
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 1
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Hors-série - Avril 2016
Nord © Philippe Houzé
SOMMAIRE :
Le Nord à la croisée des chemins
1
Éditorial de Jean-René Lecerf, président du Conseil départemental du Nord
“La nouvelle Grande Région, un défi fabuleux !”
6
Un entretien avec Jean-François Cordet, préfet de la région Nord-Pas-de-Calais Picardie
“Mon parti est avant tout ma Région”
8
Un entretien avec Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France
Nord-Pas-de-Calais et Picardie, unis pour construire la nouvelle grande région
10
Un entretien avec Laurent Degroote, président du Conseil économique, social et environnemental (CESER) Hauts-de-France
“Un Hub Européen à part entière”
14
Un entretien avec Patrick Masclet, président de l’Association des Maires du Nord, Sénateur du Nord
“Je suis d’abord toujours élu du Nord”
16
Un entretien avec Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports
Une économie de transitions
22
Le Nord, un concentré d’Europe
24
Un entretien avec Dominique Riquet, député européen, vice-président de la commission des transports, successeur de Jean-Louis Borloo à la mairie de Valenciennes et ancien président du groupe d’opposition au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais
“Tourcoing, une ville capitale dans la région”
26
Un entretien avec Gérald Darmanin, maire de Tourcoing, député de la 10ème circonscription du Nord
Le Nord en bref
28
Présentation générale “Une locomotive régionale pour la croissance et l’emploi”
30
Un entretien avec Damien Castelain, président de la Métropole Européenne de Lille, ancien président de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai
“Nous avons un destin commun avec la Belgique”
32
Un entretien avec Benjamin Saint-Huile, président de la Communauté d’Agglomération Maubeuge - Val de Sambre
“Une terre d’industrie en pleine évolution” Un entretien avec Alain Bocquet, président de la Communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut
2 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
35
Développement économique et emploi La troisième révolution industrielle est en marche
38
Un entretien avec Philippe Hourdain, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Grand Lille
Lille ne doit pas être dans une centralisation à outrance
44
Un entretien avec Frédéric Motte, président du MEDEF Nord-Pas-de-Calais
“Des épinards oui, du pinard non !”
49
Un entretien avec Jean Bernard Bayard, président de la Chambre d’Agriculture de région Nord-Pas-de-Calais
“Nous améliorons les conditions de travail des entreprises”
51
Un entretien avec Alain Griset, président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat Nord-Pas-de-Calais
Enseignement supérieur et formation L’université catholique de Lille : un écosystème innovant en dialogue avec la société
54
Un entretien avec Pierre Giorgini, président-recteur de l’Université Catholique de Lille
“L’éducation est l’affaire de tous”
60
Un entretien avec Joëlle Cottenye, vice-présidente chargée de l’Education et des collèges
Pôle I-Trans : c’est dans le Nord que se pensent les transports du futur !
62
Un entretien avec Jean-Marie Delbecq, président du pôle I-Trans et Pr Yves Ravalard, conseiller scientifique
Transports, urbanisme et infrastructures Des actions phares pour l’aménagement du territoire
68
Un entretien avec Guy Bricout, 5ème vice-président du Conseil Départemental du Nord délégué à l’aménagement du territoire
Cadre de vie, environnement et solidarités “L’emploi est notre priorité absolue ”
82
Un entretien avec Olivier Henno, 3ème vice-président du Conseil départemental du Nord délégué à l’insertion
Des politiques sociales inclusives pour tous
86
Un entretien avec Geneviève Mannarino, 6ème vice-présidente du Conseil Départemental du Nord déléguée aux Personnes âgées et aux Personnes handicapées
“L’esprit du Département : innover, mutualiser et participer à l’effort collectif”
92
Un entretien avec Patrick Valois, 7ème vice-président du Conseil Départemental du Nord, délégué à la Ruralité
Réduire les inégalités sociales et territoriales de santé
98
Un entretien avec Marie-Annick Dezitter, 10ème vice-présidente du Conseil Départemental du Nord déléguée à la Santé, la Prévention et à la Communication
“Développement durable, un enjeu déterminant”
102
Un entretien avec Paul Christophe, 13ème vice-président du Conseil Départemental du Nord délégué à l’environnement, au développement durable, à l’eau et l’assainissement
À la recherche d’un rééquilibrage de l’habitat
106
Un entretien avec Max-André Pick, 15ème vice-président du Conseil Départemental du Nord délégué à l’Habitat, au Logement et aux Politiques urbaines
L’Europe et les relations internationales “Porter l’idée européenne”
110
Un entretien avec Sylvie Labadens, vice-présidente du Conseil départemental en charge des Relations internationales et Relations européenne
Culture, sport et tourisme La culture partout et pour tous
114
Un entretien avec Béatrice Descamps-Plouvier, 4ème vice-présidente du Conseil départemental du Nord déléguée à la culture
Le Jean Bart, le vent dans les voiles
116
Un tourisme qui n’oublie personne
118
Un entretien avec Brigitte Astruc-Daubresse, 8ème vice-présidente du Conseil Départemental du Nord déléguée au tourisme et à la vie associative Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 3
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Hors-série - Avril 2016
© F. Lamiot
TABLE OF CONTENT: Nord
Nord: A turning point in history
1
Jean-René Lecerf , president of the Departmental Council for Nord
“The new Greater Region is an extraordinary challenge!”
7
Interview with Jean-François Cordet, prefect of the Nord-Pas-de-Calais Picardy region
“My party allegiance is first and foremost to my region”
9
Interview with Xavier Bertrand, president of the Hauts-de-France region
Nord-Pas-de-Calais and Picardy join together to form the new Greater Region
12
Interview with Laurent Degroote, president of the Economic, Social and Environmental Council of Hauts-de-France
“A fully-fledged European hub”
15
Interview with Patrick Masclet, chairman of the Association of Mayors of Nord, Senator for Nord
“First and foremost, I remain elected to serve Nord”
18
Interview with Patrick Kanner, government minister for urban policy, youth and sport
An economy in transition
23
Interview with Philippe Vasseur, chairman of the regional Chamber of Commerce and Industry
Nord: Europe in concentrated form!
25
Interview with Dominique Riquet, MEP, vice president of the transport committee, successor to Jean-Louis Borloo as mayor of Valenciennes and former leader of the opposition group in the Nord-Pas-de-Calais regional council
“Tourcoing is a key city for this region”
27
Interview with Gérald Darmanin, mayor of Tourcoing, member of Parliament for the 10 th constituency of the departement Nord
Nord in brief
28
Overview “A regional powerhouse for jobs and growth”
31
Interview with Damien Castelain, president of the European Metropolis of Lille, former president of the Lille-Kortrijk-Tournai Eurometropolis
“We have a common destiny with Belgium”
34
Interview with Benjamin Saint-Huile, president of the agglomeration community Maubeuge-Val de Sambre
“An industrial heartland undergoing far-reaching change”
36
Interview with Benjamin Alain Bocquet, president of the agglomeration community La Porte du Hainaut
Economic development and employment The third industrial revolution is underway Interview with Philippe Hourdain, president of the Grand Lille Chamber of commerce
4 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
39
Lille must not be excessively centralised
48
Interview with Frédéric Motte, president of the Nord-Pas-de-Calais branch of MEDEF (Movement of the Enterprises of France)
“Spinach, yes, wine no!”
50
Interview with Jean Bernard Bayard, president of the Nord-Pas-de-Calais Regional Chamber of Agriculture
“We are improving working conditions for companies”
52
Interview with Alain Griset, president of the Chamber of Trades and Skills of Nord-Pas-de-Calais
Higher education and training Lille Catholic University: An ecosystem for innovation meeting the needs of a changing society
56
Interview with Pierre Giorgini, resident and vice-chancellor of Lille Catholic University
“Education is everybody’s business”
61
Interview with Joëlle Cottenye, vice president of Education and collèges
I-Trans in Nord: Tomorrow’s travel is taking shape here today
64
Interview with Jean-Marie Delbecq, president of the I-Trans hub and Pr Yves Ravalard, scientific advisor
Transport, planning and infrastructure Flagship development initiatives for the territory
72
Interview with Guy Bricout, 5 th vice president of the Departmental Council for Nord in charge of territorial planning
Quality of life, environment and solidarity “This is the absolute priority for Nord!”
83
Interview with Olivier Henno, 3 rd vice president of the Departmental Council for Nord in charge of employment
Inclusive social policies for all
88
Interview with Geneviève Mannarino, 6th vice president of the departmental Council for Nord in charge of seniors and people with disabilities
“The spirit of Nord is to innovate, pool resources and support the collective effort”
94
Interview with Patrick Valois, 7 th vice president of the Departmental Council for Nord and member for rural affairs
Reducing social and territorial health inequalities
99
Interview with Marie-Annick Dezitter, 10 th vice president of the Departmental Council for Nord in charge of health, prevention and communication
“Sustainable development is a decisive issue”
103
Interview with Paul Christophe, 13 th vice president of the Departmental Council for Nord and member for the environment, sustainable development, water and waste treatment
Looking to rebalance housing
107
Interview with Max-André Pick, 15 th vice president of the Departmental Council for Nord, in charge of Housing Conditions, Accommodation and Urban Policy
Europe and international relations “Carry the European idea”
111
Interview with Sylvie Labadens, vice president of the Departmental Council for Nord in charge of International Relations and European Relations
Culture, sport and tourism Culture everywhere and for all
115
Interview with Béatrice Descamps-Plouvier, 4 th vice president of the departmental Council for Nord, in charge of culture
The Jean Bart, wind in the sails
117
Tourism that doesn’t forget anybody
119
Interview with Brigitte Astruc-Daubress, 8 th vice president of the Departmental Council for Nord, in charge of Tourism and Community Life LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN - Édité par Monde Edition S.A.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lcp-europeen.eu - www.lecourrierduparlement.fr n Directeur de la publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction - Sharon Lazimi n Journalistes - Célia Canis, Valentine De Brye, Julien Dreyfuss, Jeanic Lubanza, Pauline Pouzankov, Nicolas Rinaldi, Olivier Sourd, Julien Vallet n Infographiste - Isabel Viana n Directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n Régie publicitaire - GS Intermedia n Remerciements - Valérie Menault, Anais Defrance n N° 17 n Numéro ISSN - 2418-1056 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo de couverture - © Conseil départemental du Nord Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 5
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Riche de son passé industriel, le Nord-Pas-de-Calais entre aujourd’hui dans une phase de mutation économique profonde, d’autant plus cruciale au vu des enjeux que fait émerger sa fusion avec la Picardie.
“La nouvelle Grande Région, un défi fabuleux !”
Plusieurs plans nationaux ont été mis en place pour relancer la compétitivité française. Parmi eux, le Pacte de responsabilité et de solidarité a été appliqué à 42 400 entreprises de la région depuis 2013, avec un montant de restitution de 600 millions d’euros. En 2014, le crédit Impôt Recherche a permis le déploiement de 50 millions d’euros, au côté de l’intervention de BpiFrance qui a soutenu près de 5 700 entrepreneurs. Nos sept pôles de compétitivité bénéficient également d’un accompagnement financier et administratif de l’État, sans oublier les nombreuses mesures de simplification ou les facilités de trésorerie qui ont été accordées aux entreprises. À l’heure où le chômage préoccupe la France entière, notre commissaire au redressement productif a joué un rôle crucial pour maintenir 11 000 postes dans une soixantaine de sociétés de la région. De même, les contrats aidés ont permis de créer plus de 43 000 emplois en 2014 : un résultat qui place le Nord-Pas-de-Calais juste après l’Île-de-France sur ces enjeux !
çaise pour le PIB et en matière d’exportations, le Nord-Pas-de-Calais reste très marqué par la présence de grands industriels en excellant dans plusieurs domaines, notamment le verre, la sidérurgie, l’automobile, l’agro-alimentaire et la vente à distance. Autant d’éléments moteurs de l’économie régionale, que viennent compléter des filières structurantes comme la chimie verte, la biologie-santé, le numérique ou les industries de l’environnement.
nombreuses formations et des mesures d’accompagnement individuel ont été mises en place pour inciter la jeunesse à s’engager dans les filières qui embauchent. Apprentissage, service civique et créations d’entreprises sont autant d’actions qu’il faut continuer de soutenir, sans oublier le devenir des quartiers prioritaires.
“La fusion nous fait entrer dans un bloc économique de six millions d’habitants.”
Lors de vos vœux en janvier 2015, vous avez appelé à une mobilisation générale pour l’emploi des jeunes : comment les aidez-vous à intégrer le marché du travail ?
Quels challenges le territoire du Nord devra-t-il relever dans les années à venir ?
La récente baisse du taux de chômage chez les 15-24 ans est d’autant plus importante que le Nord-Pas-de-Calais est aujourd’hui la région la plus jeune de France. Avec 7 200 emplois d’avenir signés en 2014, l’effort doit être poursuivi au côté de politiques publiques servant à repérer les profils “décrocheurs” dans l’éducation. En ce sens, de
Plus particulièrement, quel état feriezvous de l’économie du Nord aujourd’hui ? Quels sont les secteurs les plus compétitifs de l’industrie contemporaine ? En mutation permanente, notre territoire connaît actuellement une forte dynamique de développement, et ce dans de nombreux secteurs. Quatrième région fran6 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© DR
Au-delà de votre mission de sécurité, quelles actions l’État déploie-t-il pour aider les entreprises à surmonter l’atonie économique dans la région Nord-Pasde-Calais ?
La fusion de la Picardie et du Nord-Pasde-Calais est un défi fabuleux, qui nous fait entrer dans un bloc économique de six millions d’habitants ! Compte tenu des orientations communes de ces deux territoires, cette nouvelle Grande Région sera la première de France en matière de production végétale et d’agroalimentaire, impulsant des projets de recherche innovants. Au cœur de l’Europe, nous allons nous retrouver à quelques pas de Londres et de Bruxelles, formant un “triange magique” avec Lille, qui implique d’ambitieux projets d’infrastructures pour relier cet ensemble. Notre région a également bénéficié d’une décision fondamentale : la création du Canal SeineNord Europe entre l’Oise et DunkerqueEscaut, qui s’inscrit dans le projet le plus global de liaison fluviale européenne n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Jean-François Cordet Préfet de la région Nord-Pas-de-Calais Picardie
Interview with: Jean-François Cordet, Prefect of the Nord-Pas-de-Calais Picardy region
The Nord-Pas-de-Calais region has a rich industrial heritage, but is today undergoing a period of profound economic change. The transition is all the more crucial in the light of the questions to be tackled following its merger with the neighbouring region of Picardy.
© DR
“The new Greater Region is an extraordinary challenge!”
Aside from your security responsibilities, what is the state doing to help companies overcome the sluggish economic climate in the Nord-Pas-de-Calais region? Several national plans have been implemented to stimulate competitiveness in France. These include the company responsibility and solidarity agreement which has been applied to 42,400 businesses in the region since 2013 and allowed 600 million Euros to be returned. In 2014, the research tax credit saw 50 million Euros awarded, alongside assistance from Bpifrance which has supported nearly 5,700 business owners. Our seven business clusters also benefit from state financial and administrative support, not to mention the numerous simplification measures and liquidity facilities that have been granted to companies. At a time when the entire country is concerned about unemployment, our commissioner for productivity played a crucial role in retaining 11,000 posts in around 60 companies based in the region. State-supported contracts also enabled more than 43,000 jobs to be created in 2014, placing this region just behind Greater Paris for results achieved in this area. More precisely, how would you assess the current state of the economy in Nord? Which are the most competitive sectors in industry today? Change is a constant here, and the area is currently experiencing a high degree of
“Change is a constant here, and the area is currently experiencing a high degree of development in many sectors.“
development in many sectors. The NordPas-de-Calais is the fourth-largest French region in terms of GDP and exports. There is still a marked presence of major industrial players, with the area excelling in the fields of glass, steel, automotive, food production and mail order in particular. These are all driving forces in the regional economy, to which we can now add quaternary industries such as green chemistry, bio-health, and the digital and environmental industries. In your new year’s message in January 2015, you asked for wide-scale efforts to be made to support youth employment. How are you helping young people enter the labour market? The recent fall in the unemployment rate of 15-24 year olds is all the more significant because the Nord-Pas-de-Calais region is now the youngest in the country. In 2014, 7,200 new posts were created, and these efforts must be maintained alongside public policies aiming to identify youngsters becoming disengaged with education. We have put into place numerous training programmes and individual support initiatives
to encourage young people to pursue fields where recruitment is strong. Apprenticeships, community services and entrepreneurship are all options we must continue to support while also monitoring progress in our “priority districts”. What will the challenges be for Nord in the years to come? The merger of the Nord-Pas-de-Calais and Picardy regions is an extraordinary challenge which sees us become an economic block of 6 million people! Given our shared activities, this new Greater Region will be the foremost in France for agriculture, food-processing and vegetable production, providing the impetus for innovative research projects. We will be at the heart of Europe in close proximity to London and Brussels and forming a “magic triangle” with Lille, which suggests ambitious infrastructure developments will be needed to link the three points. Our region will also reap the benefits of a crucial decision to create the Seine-Nord Europe Canal linking the Oise and Dunkerque-Escaut Waterway as part of a farreaching European river transport project n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 7
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Après avoir centré son slogan de campagne sur le “travail”, le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, souhaite en faire désormais le cœur de sa politique territoriale. Avec pour autre priorité le maintien d’un service public important en zone rurale.
“Mon parti est avant tout ma Région” Quels seront les chantiers prioritaires du début de votre mandat ?
bable montée du FN lors de l’élection présidentielle ?
Le travail a été notre slogan de campagne, c’est désormais le cœur de la politique de la Région. Proch’emploi en a été la première concrétisation, pour mettre en contact les demandeurs d’emploi avec les entrepreneurs qui recrutent, et surtout, assurer la formation qui, trop souvent, fait défaut pour reprendre un travail : nous l’avons lancé dès le 5 janvier, en nous appuyant sur la plateforme téléphonique de service régionale qui existait à Amiens. Et à ce jour, nous avons reçu plus de 4 000 appels de personnes au chômage. Nous l’avons également ouverte aux entrepreneurs, qui ont été nombreux à se manifester, car ils cherchent à recruter, non sans difficulté.
Les électeurs nous ont fait confiance une dernière fois. Il n’y a que des résultats concrets qui pourront retisser la confiance, et c’est le sens de toute notre action. Le Front National se nourrit des problèmes des gens. Si on y apporte des réponses concrètes, alors le Front National cessera de progresser. C’est pour cette raison que j’ai voulu réunir très vite l’assemblée régionale en séance plénière, pour voter rapidement les premières mesures. Redonner confiance dans la politique, cela passe par le fait de montrer quelle est l’action réelle de la collectivité et des élus, au service des habitants. C’est aider ceux qui travaillent, ceux qui cherchent du travail et ceux qui donnent du travail. C’est faire reculer le chômage, améliorer la vie quotidienne et redonner de l’espoir.
Parler avec des élus socialistes ne fera pas de moi un socialiste. C’est valable pour le Gouvernement comme pour les élus locaux de notre Région. Je suis un homme de droite, un gaulliste, un séguiniste. Mais mon parti c’est avant tout ma Région : si je peux apporter une réponse à un problème, en travaillant avec l’État ou des grandes villes du territoire, alors je le ferai. Et les dossiers communs ne manquent pas : troisième révolution industrielle, développement économique, enseignement supérieur... Vos fonctions ministérielles précédentes ont fait de vous un spécialiste des dossiers sociaux : quelles sont les grandes problématiques spécifiques à votre territoire en la matière ?
Vous avez par ailleurs rencontré la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, pour
Avoir entendu le message que nous ont adressé les électeurs, c’est aussi être capables d’apporter ces réponses concrètes, et immédiates.
Comment, d’après vous, une politique régionale peut-elle lutter contre une pro8 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Emmanuel Vandomme
Nous avons également voté fin janvier la mise en place de deux aides, qui étaient elles-aussi des engagements de campagne : la première assurera la prise en charge de 25 % des charges patronales pour tout nouvel emploi créé dans une entreprise (de – de 250 salariés/Jusqu’à 1,6 SMIC). La deuxième concerne celles et ceux qui n’ont pas d’autre choix que de prendre leur voiture pour aller travailler : la Région prendra désormais en charge 20€/mois pour tout salarié qui fait plus de 30 km par trajet.
travailler ensemble : quels dossiers propres au département du Nord susciteront votre intérêt commun ?
Notre Région est, hélas, la première de France en ce qui concerne les mauvais indicateurs de santé : l’espérance de vie y est de deux ans inferieure à la moyenne nationale. Je souhaite favoriser l’implantation des jeunes médecins dans les zones qui sont aujourd’hui délaissées, développer les maisons médicales ainsi que la télémédecine. C’est le moyen de maintenir un service public important, notamment en zone rurale, de faire un véritable travail de prévention, mais aussi d’assurer du lien social n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Xavier Bertrand Président de la Région Hauts-de-France
Interview with: Xavier Bertrand, President of the Hauts-de-France region
© Vernier/JBV NEWS
“My party allegiance is first and foremost to my region” as possible, so that the first measures could be passed. Restoring trust in politics means demonstrating what the authority and the elected representatives are really doing for the benefit of citizens. It means helping those in work, those looking for work and those who can offer it. It means reducing unemployment, improving daily life and giving hope back to our people. You also met Martine Aubry, the socialist mayor of Lille, with a view to working together. In which specific areas relevant to Nord do you have a shared interest?
“Work was our campaign slogan, and it now forms the central focus of policy in this region.”
After a campaign slogan focused firmly on “work”, the president of the Hauts-de-France region, Xavier Bertrand, now intends to place the same theme at the heart of his regional policy. Among his other priorities is to maintain a significant public service presence in rural areas. What are your priorities as you begin your term of office? Work was our campaign slogan, and it now forms the central focus of policy in this region. Proch’emploi (Back into work) was the first manifestation of this, putting jobseekers in touch with business owners seeking to recruit. And in particular, it aimed to provide the training which is all too often the missing link in getting back into work. We launched the project on 5 January, using the existing regional services telephone network in Amiens. To date, we have received calls from more than 4,000 unemployed people. We also opened up the initiative to business owners, and a large number made contact to ease the recruitment problems they were facing. At the end of January, we also voted to
implement two forms of financial assistance, which were also campaign commitments. The first of these will pay for 25% of the employer contributions associated with creating any new job in a company (for businesses with under 250 employees and salaries of up to 1.6 times the minimum wage). The second payment applies to workers who have no choice but to commute by car: the region will now pay €20 per month to anyone who travels more than 30km in a single journey. Hearing the message sent to us by voters means being able to provide these kinds of concrete measures without delay. How do you think a regional policy can combat the likely progression of the Front National at the presidential elections? The voters have placed their trust in us one final time. It is only by achieving concrete results that trust can begin to return, and this is at the heart of everything we want to do. The Front National feeds on the difficulties individuals face. If we find actual solutions to these problems, we can halt its progress. This is why I wanted to organise a regional assembly plenary session as soon
Speaking to socialist elected representatives does not make me a socialist. This is a valid approach for the government, as well as for the elected politicians of our region. I am from the right: I am a Gaullist and a Séguiniste. But my party allegiance is first and foremost to my region. If I can solve a problem by working with the state or with cities in this part of the country, that is what I will do. And there are a fair few shared issues to tackle, such as the third industrial revolution, economic development, higher education, and so on... You have become an expert in social issues, thanks to your previous ministerial experience. Which major social challenges are specifically faced by your region? Sadly, our region tops the league for poor health indicators, with a life expectancy two years lower than the national average. I want to encourage young doctors to work in areas which have been abandoned, and develop medical centres, as well as remote healthcare service provision. This is the way to main-tain the important presence of public services, especially in rural areas, and make a genuine contribution to prevention while also creating social links n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 9
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Avec la fusion des régions du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie, la réorganisation spatiale engendre un tournant décisif et historique jamais connu sous la Vème République.
Nord-Pas-de-Calais et Picardie, unis pour construire la nouvelle grande région
Le CESER est l’assemblée consultative du Conseil régional. Composé des représentants de la société civile, il a pour mission d’apporter aux élus régionaux d’abord, mais aussi à l’ensemble de la société civile, la vision et l’analyse du monde socio-professionnel sur tout sujet d’intérêt régional. Pour ce faire, le conseil mène des études, rédige des rapports et émet des avis sur saisines du président du Conseil régional (sur les budgets régionaux, les schémas stratégiques….) ou sur auto-saisines. Le CESER des Hauts-de-France est composé de 119 conseillers, répartis au sein de quatre collèges : entreprises et activités professionnelles non salariées, syndicats de salariés, vie collective (associations…), personnalités qualifiées. Le Conseil économique, social et environnemental est l’expression de la société civile régionale organisée.
gager une dynamique durable et constructive autour de la création de la grande région, les deux CESER ont mis en place, dès octobre 2014, cinq groupes de travail communs consacrés à cinq enjeux fondamentaux pour le présent et l’avenir de leur nouvelle région :
sente une opportunité de taille pour construire un territoire de sens ; un défi et une exigence de mobilisation de l’ensemble des acteurs régionaux à la hauteur de l’enjeu que représentent les fusions annoncées et du calendrier mis en place.
“Nous construirons notre région par les hommes et les femmes de nos deux territoires réunis.”
n la mise en place de nouvelles voies de communication avec le Pôle de Compétence I-Trans, le canal Seine-Escaut ; n la formation des habitants, la recherche et l’innovation ;
En ce sens, quelles ont été les grandes lignes du Colloque des CESER Nord et Picardie du 1er juillet 2015 ?
n la valorisation de l’un de ses atouts : l’agroressouces, l’agroalimentaire et l’agriculture ;
Avec plus de 590 décideurs économiques et politiques présents, ce colloque s’adressait aux acteurs qui peuvent peser sur les décisions politiques de ce nouveau territoire. Affichant leur volonté commune d’en-
“Le CESER éclaire les politiques sur un certains nombres de sujets pour aider à la prise de décision et d’actions.”
Dans quelle mesure la grande région change-t-elle la donne des territoires Nord-Pas-de-Calais et Picardie en impulsant une nouvelle identité?
n le déploiement des politiques culturelles et touristiques ; n la prise en compte de ses grandes problématiques : l’emploi, la santé et le lien social. © Pascal MORTELETTE
Pouvez-vous nous présenter les missions du Conseil économique, social et environnemental?
Qu’en est-il du développement durable dans la démarche de construction de la nouvelle grande région ? Il est impensable de concevoir l’avenir des territoires sans le déploiement d’un schéma de développement durable. Les CESER attirent l’attention des décideurs et élus régionaux sur la nécessité de :
Laurent Degroote Au-delà d’un grand virage géographique et démographique, la grande région repré10 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Président du Conseil économique, social et environnemental (CESER) Hauts-de-France
n développer la transition énergétique ; n accompagner les habitants dans ces changements et favoriser l’appropriation de nouvelles pratiques ; n développer une économie de la fonctionnalité, basée sur l’usage (l’habitat isolé, le covoiturage...).
© Conseil régional du Nord-Pas de Calais: Dominique BOKALO
n protéger l’environnement : levier de développement important ;
“Nous sommes les éclaireurs de la région.” Colloque des CESER Nord-Pas de Calais et Picardie du 01 juillet 2015 “Construire ensemble la nouvelle Grande région Nord-Pas de Calais-Picardie”- Ouverture du colloque par les Présidents des CESER du NordPas de Calais et de Picardie: Laurent DEGROOTE et Serge CAMINE.
Comment la société civile pourra-t-elle apporter sa contribution à ce projet ? C’est justement tout l’enjeu. Notre but est de sensibiliser la société civile sur son rôle moteur pour pouvoir co-construire la nouvelle grande région. Le territoire devien-
dra un leader européen parce que les habitants auront changé leurs comportements et qu’ils participeront à ces changements. Par exemple, le domaine de la santé est un secteur propice à l’entraide, l’habitat : à l’économie d’énergie et les transports : à la mu-
tation vers des modes dits doux, sans parler de la recherche appliquée sur tout le territoire et favorisant l’éclosion et le développement de TPE et PME n Propos recueillis par Célia Canis
Publi-rédactionnel Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 11
Avril 2016 | Nord
Interview with: Laurent Degroote, President of the Economic, Social and Environmental Council of Hauts-de-France
© Conseil régional du Nord-Pas de Calais: Dominique BOKALO
Nord-Pas-de-Calais and Picardy join together to form the new Greater Region organisation that gives a voice to regional civil society.
Conference of Economic, Social and Environmental Councils (ESEC) of Nord-Pas de Calais and Picardie, 1 July 2015: “Building the Greater Region Nord-Pas de Calais- Picardie together”: Laurent Degroote, president of the ESEC of Nord-Pas de Calais and Serge Camine, president of the ESEC of Picardy.
The regions of Nord-Pas-de-Calais and neighbouring Picardy are set to merge as part of reforms to France’s regions planned for January 2016. This reorganisation of the territorial landscape will be a watershed moment never seen before under the French Fifth Republic.
Could you tell us about the objectives of the Economic, Social and Environmental Council (ESEC)? The ESEC is the consultative assembly of the Regional Council and is composed of representatives of civil society. Its task is to communicate the viewpoint and analysis of the social and professional world on all subjects of interest to the region, firstly to local elected representatives, as well as to civil society as a whole. To fulfil this role, the council carries out studies, writes reports and publishes opinions on questions it is solicited to consider by the president of the Regional Council (e.g. regional budgets, strategic plans) or questions has itself chosen to study. The ESEC in Nord-Pas-de-Calais is composed of 119 advisers who are divided into the following four colleges: business and unpaid professional activity, trade unions representing employees, collective bodies (e.g. associations), and qualified experts. The Economic, Social and Environmental Council is an
To what extent will the new Greater Region change circumstances for Nord-Pasde-Calais and Picardy and give rise to a new identity? The new region will represent a major geographical and demographic shift, but it will also be an important opportunity to build a French region of great significance. The mergers scheduled and timetable set represent a challenge that requires sufficient effort and commitment on the part of all regional stakeholders. In this regard, what were the main areas of discussion at the Conference of ESECs from Nord and Picardy held on 1 July 2015? With more than 590 economic and political decision-makers in attendance, the conference was aimed at participants able to influence political decisions made in the new region. In October 2014, the two ESECs set up five joint working groups on five central questions relating to the present and future of the new region, in an initiative demonstrating their shared willingness to pursue a sustainable and constructive approach to creating this Greater Region. The groups will focus on: n creating new links with the I-Trans hub and the Seine-Escaut Canal; n training for citizens, as well as research and innovation; n enhancing the role of one of the region’s strengths: agricultural resources, farming and food production; n expanding policies in the areas of culture
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and tourism; n integrating the major challenges posed by work, health and social links.
What part will sustainable development play in building the new Greater Region? It is inconceivable that we could plan the future of these regions without deploying a strategy for sustainable development. The ESECs focus the attention of decision makers and local politicians on the importance of: n protecting the environment – an important driver for development; n developing the energy transition; n working with residential communities on these changes and promoting the acquisition of new practices; n developing an economy based on functions and behaviour (e.g. car sharing and single-occupancy dwellings)
What contribution can civil society make to this project? That’s exactly the challenge we face. Our aim is to give civil society greater awareness of its role as a driving force, so that we can build this new region together. This will become one of the leading regions in Europe because its citizens will have adopted new behaviours and played a role in these changes. For example, the field of health is a sector conducive to mutual assistance, saving energy is an area relevant for housing, and in transport, the question is the shift to socalled “soft” modes; not forgetting regionwide applied research which leads to the creation and development of small, very small and medium-sized enterprises n
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Alors que la baisse des dotations de l’Etat entraîne des difficultés dans les communes du département, l’Association des maires du Nord tente d’inverser la tendance.
“Un Hub Européen à part entière”
Etant premier département de France en nombre d’habitants, le Nord a mis en place une série de structures permettant de développer ses atouts. L’association des maires du Nord en fait partie. Avec 96 % d’adhérents sur les 650 communes du territoire, notre objectif porte sur la formation et l’information des élus. Sous l’égide de l’Association des maires de France, nous envoyons les représentants des maires dans les différents organismes nationaux pour faire part des projets ou difficultés rencontrés. Nous proposons également aux représentants de l’État des maires pour participer à de nombreuses commissions départementales.
“Une forte cohésion entre maires pour le bon développement du territoire.”
l’optique de trouver des solutions, nous avons multiplié nos marges de manœuvre avec les communautés d’agglomération et de communes du Nord.
ou tourner le robinet sont autant de gestes quotidiens a priori anodins, qui aboutissent pourtant à des politiques communales voire intercommunales. La baisse de ressources des collectivités locales pourrait altérer sévèrement les services publics.
Quels liens entretenez-vous avec les différentes communautés d’agglomération du département du Nord ?
En obtenant le soutien des nordistes par le biais de réunions et de rencontres, l’Association aura plus de poids devant le gouvernement.
Nous entretenons des relations extrêmement fortes avec les maires. Entre présidents de l’exécutif ou adhérents, le rôle des élus se diversifie au sein de l’Association, chaque voix et décision compte.
La région Hauts-de-France fait partie des pôles dynamiques de la dorsale européenne. Quels sont les moyens mis en œuvre pour bénéficier de ce rayonnement ?
Afin de promouvoir le travail des maires de la région, quels sont les évènements que l’AMN organise auprès du grand public ?
Sa proximité avec la Belgique et la dorsale européenne fait des Hauts-de-France un hub européen à part entière. La Région mène une politique de développement de transports, particulièrement dans le domaine électrique. Que ce soit le réseau TER ou TGV, les régions accompagnent les collectivités locales dans l’aménagement des haltes et des gares.
Avant le grand public, l’Association concentre son travail sur ses adhérents ! Depuis quelques temps, l’intérêt est porté sur les nordistes. Nous nous apercevons que la population ne maitrise pas suffisamment les projets qui préoccupent ses élus. Appuyer sur un interrupteur pour avoir de la lumière
Quelle est votre actualité et quels sont vos projets et perspectives ? Depuis plusieurs années, les communes subissent de plein fouet les baisses de dotations de l’Etat. Des difficultés se présentent dans les financements des collectivités locales mais également pour les départements et régions. Ce fut d’ailleurs le sujet de notre dernier congrès, le 11 et 12 Juin à Douai : comment résister face à cet apport manquant ? Comment mieux sensibiliser le gouvernement et la population sur le rôle fondamental que jouent les communes de France dans l’organisation du territoire ? Dans 14 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Mairie d’Arleux
Pouvez-vous nous présenter l’Association de Maires du Nord ainsi que ses principales actions ?
Favorable au financement du Canal Seine Nord-Europe, l’Association continue d’aider le département à mener des plans ambitieux. Il est extrêmement important de relier le nord de l’Europe fluviale au bassin parisien. Cette source de développement est une évidence pour le territoire et la Région ne s’est pas trompée en restant active sur ce dossier n Propos recueillis par Jeanic Lubanza
Patrick Masclet Président de l’Association des Maires du Nord, Sénateur du Nord
Interview with: Patrick Masclet, Chairman of the Association of Mayors of Nord, Senator for Nord
© Rémi Jouan, CC-BY-SA, GNU Free Documentation License, Wikimedia Commons
“A fully-fledged European hub” To promote the work of the mayors of the region, what events is the association organising for the general public? Before the general public, the Association focuses its work on its members! For some time, focus has been on the people of the département. We find that the population does not understand enough about its ministers’ projects. Pressing a light switch or turning on a tap are all apparently neutral daily gestures leading however to communal and even inter-communal policies. The decline of resources in local communities could severely alter public services. By obtaining the support of Nord inhabitants through meetings and encounters, the Association will have more weight in its interaction with the government.
“The region has a policy of transport development, particularly in the field of electricity.”
Whereas the decline in State subsidies causes difficulties in the municipalities of the département, the Association of Mayors of Nord is attempting to reverse the trend.
Can you tell us about the Association of Mayors of Nord as well as its main activities? Number one departement in France in terms of number of inhabitants, Nord has implemented a series of structures to develop its strengths. The association of mayors of Nord is part of that. With 96% of members from across the 650 municipalities of the territory, our focus is on training and information for elected officials. Under the aegis of the Association of Mayors of France, we send the mayors’ representatives to the various national bodies to exchange views on projects or difficulties encountered. We also put forward Mayors to the representatives of the State to participate in numerous departmental commissions.
What are your current developments and what are your plans and prospects? For several years, the communes have faced head-on decreases in funding from the State. Difficulties arise in the funding of local authorities but also for the departments and regions. It was also the subject of our last Congress, on 11 and 12 June in Douai: how to resist in the face of this missing contribution? How to make the government and the public better aware of the fundamental role played by the communes of France in the organisation of the territory? In order to find solutions, we have increased our room for manoeuvre with the town and municipalities of Nord communities. What links do you have with the various agglomeration communities of Nord departement? We have very strong relations with the mayors. Between chairman of the executive or members, the role of elected representatives diversifies within the Association, each voice and decision counts.
“We have very strong relations with the mayors.” The Hauts-de-France region is part of the dynamic centres of the European backbone. What means are implemented to take advantage of this influence? Its proximity to Belgium and the European backbone makes Hauts-de-Seine a European hub in its own right. The Region has a policy of transport development, particularly in the field of electricity. Whether the TER or TGV networks, the regions support local communities in the development of stops and stations. Favourable to financing the Seine NordEurope canal, the Association continues to help the department carry out ambitious plans. It is extremely important to connect the Northern European inland to the Paris Basin. This source of development is a nobrainer for the territory and the Region made no mistake in remaining active on this project n
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Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN |Président du Conseil général du Nord de 2011 à 2014, Patrick Kanner, le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports fait part de sa vision personnelle de ce territoire dans nos colonnes.
“Je suis d’abord toujours élu du Nord”
Je suis tout d’abord toujours élu du Nord, car candidat aux dernières élections départementales de mars 2015 et élu dans le nouveau canton de Lille 5. À mes yeux le Nord est tout d’abord une terre d’échanges, échanges humains avec des migrations successives largement liées à la forte industrialisation de ce département. Une terre d’échanges aussi par sa position géographique en Europe, lien entre la France et l’Europe du Nord, lien entre la France et le RoyaumeUni. Dépasser les frontières a toujours été un enjeu majeur pour le Nord, ce dépassement fait sa force mais est aussi un élément déterminant pour son avenir. La fermeture — parfois envisagée par certains — des frontières serait un drame humain et économique pour le Nord.
“Mon engagement d’élu local est déterminant dans ma vision de ministre.”
technologies et la santé par exemple, sans oublier l’incroyable poussée du tourisme. Le Nord participe pleinement au dynamisme économique du pays. L’échelle départementale n’est d’ailleurs pas forcement la bonne pour apprécier le poids économique du Nord. L’échelle régionale est bien plus pertinente, et je me félicite d’ailleurs du rassemblement avec la Picardie avec laquelle nous avons déjà de nombreux enjeux communs, et avec laquelle nous allons constituer une des premières forces économiques du pays.
phie prioritaire de la ville. C’est mon expérience d’élu local qui renforce mon intérêt pour ces lieux de dialogue qui associent plus étroitement les habitants aux projets qui seront mis en œuvre dans leur commune, dans leur quartier.
Votre action ministérielle s’inspire-t-elle de vos précédentes fonctions locales ?
Comment la Politique de la Ville s’exprime-t-elle particulièrement dans le territoire du Nord-Pas-de-Calais?
“Avec la Picardie, nous allons constituer une des premières forces économiques du pays.”
Oui bien sûr, mon engagement d’élu local est déterminant dans ma vision de ministre. Je suis par exemple très attaché à la démocratie locale et à la démocratie participative. C’est ainsi que j’ai une attention toute particulière pour la mise en place et le développement du rôle des Conseils citoyens dans les quartiers de la géogra-
Après avoir connu un passé industriel très important, comment ce territoire participe-t-il aujourd’hui au dynamisme économique français? Le Nord reste un grand département industriel, mais aussi un département agricole, un des premiers du pays. Mais il est vrai qu’une mutation est engagée vers des secteurs de pointes avec les nouvelles 16 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
La Région Hauts-de-France, au titre du premier plan national de renouvellement urbain (PNRU) lancé en 2004, c’est quatre milliards d’euros d’investissement et plus d’un milliard d’euros de subventions de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Vingt-huit projets dans le Nord et treize dans le Pas-de-Calais ont ainsi été mis en œuvre. © Liedot Sophie /JBV NEWS
En tant que président du Conseil général du Nord de mars 2011 à septembre 2014 et adjoint au maire de Lille de 1989 à 2014, quel regard portez-vous sur ce territoire aujourd’hui ?
Je pense aussi aux interventions sur les cités minières, notamment dans le cadre d’une convention dite “Corridor Minier” sur l’agglomération de Valenciennes. Mais ce sont aussi des quartiers exemplaires : Transition à Boulogne-sur-Mer, les Trois-Ponts à Roubaix, Pecquencourt, Jeu de Mail à Dunkerque, la Porte de Valenciennes à Lille.
Patrick Kanner Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports
© Vernier/JBV NEWS
Ces interventions se sont effectuées avec l’engagement fort du Conseil régional, sur la base d’une convention régionale spécifique.
“La fermeture des frontières serait un drame humain et économique pour le Nord.” De nouvelles interventions fortes interviennent dans le Nord-Pas-de-Calais depuis décembre 2014 avec dix-sept quartiers prioritaires pour un investissement de l’ordre de 1,5 milliard d’euros. Mais je pense aussi aux huit projets régionaux qui ont déjà été fléchés, permettant un abondement de l’enveloppe régionale. Lors des dernières élections, le Nord, historiquement très à gauche, a basculé
Patrick Kanner en compagnie de Manuel Valls, Premier ministre, et de Myriam El Khomri (alors secrétaire d’État à la Ville) lors du comité interministériel sur l’égalité et la citoyenneté à l’Hôtel de Matignon.
à droite. Comment interprétez-vous ce résultat ? Les élections intermédiaires sont rarement favorables aux majorités gouvernementales, c’est vrai ! Et ce scrutin ne fait pas exception. Mais la cause principale de ce basculement est à rechercher ailleurs avec la désunion des forces de gauche au premier tour de ces élections départementales.
L’actuel président du conseil départemental fait d’ailleurs la même analyse de son succès. Ce n’est pas la première fois que le département a changé de majorité, c’était le cas entre 1992 et 1998. Et ce n’est pas la dernière fois en 2015 qu’il aura changé de majorité ! n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Publi-rédactionnel
Une association originale et novatrice
Le Service de Remplacement répond à la recherche d’une meilleure qualité de vie et au besoin de sécurité exprimé par les agriculteurs.
Un entretien avec Bernard Pruvot, Président de Service de remplacement
Pouvez vous nous présenter votre entreprise ? En quoi consiste le Service de remplacement ? Le Service de remplacement est une association régie par la loi de 1901 qui a le statut de groupement d’employeur. Le remplacement leur permet de pouvoir vivre comme toutes les autres catégories socio-professionnelles (s’absenter, se former, prendre des congés) sans que cela ne remette en cause la pérennité de leur outil de travail. Il permet aussi de bénéficier d’une assurance “coup dur” qui prend en charge une partie du coût en cas de maladie, accident, décès de l’agriculteur, conjoint, associé. Son originalité tient au remplacement d’un chef d’entreprise (agriculteur) par un salarié. Quels sont les atouts de votre entreprise pour le département du Nord ? I Sa structuration géographique (SR Flandres, SR Lille, SR Thiérache Hainaut). Les 3 entités de Services de remplacement présentes sur le département du Nord. I Les groupements d’employeurs qui complètent la mission de chaque service de remplacement et servent à pérenniser l’emploi sur chaque territoire.
I Nous maintenons et développons des emplois non délocalisables : avec 106 emplois équivalent temps plein travaillant pour l’association. Quelle est votre relation avec le département du Nord ? Nous sommes très unis, notamment sur l’approche de la difficulté sociale des agriculteurs. Je souhaite perpétuer ce lien le plus longtemps possible car cela fait parti de l’équilibre économique et sociale de nos territoires.
Quels sont les enjeux et objectifs pour les années à venir ? I Répondre aux attentes de tous les agriculteurs, petites et grandes exploitations. I Maintenir nos salariés en CDI et développer leurs compétences I Etre en phase avec les orientations : former nos employés aux métiers nouveaux. La formation permet de s’adapter aux évolutions technologiques environnementales, et de sécurité au travail. I Mettre en place le tutorat générationnel afin de transmettre le savoir manuel. Contact : 1, bis rue de la Folie - 59550 Landrecies Tél. : 03 27 77 31 88 - E-mail : fdsr.nord@wanadoo.fr www.servicederemplacement.fr Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 17
Avril 2016 | Nord
Interview with: Patrick Kanner, Government Minister for urban policy, youth and sport
“First and foremost, I remain elected to serve Nord” Patrick Kanner was President of the General Council for the département “Nord” from 2011 to 2014. Now government minister for urban policy, youth and sport, he tells us about his personal vision for the future of this region.
You were President of the General Council of Nord from March 2011 to September 2014 and deputy mayor of Lille from 1989 to 2014. How do you view this territory today? First and foremost, I remain an elected representative of Nord, as I stood at the last departmental elections in March 2015 and was elected in the new canton of Lille 5. For me, Nord is above all a place where people and cultures meet, having experienced successive waves of migration primarily linked to strong industrial development here. A meeting point too because of its geographical location in Europe, which makes it a link between France and northern Europe, as well as France and the UK. Looking beyond its borders has always been an important concern here, and this is a strength as well as a decisive factor in its future. Closing the borders, sometimes seen as an option by some, would be a disaster for the economy and people of the département. This part of the country has a strong industrial past. What role is it playing in the dynamism of the French economy today? Nord remains an important département for industry, but it is also one of the most agricultural areas in the country. This said, changes are afoot with a shift towards new high-tech industries and the health sector, for example, not forgetting the incredible growth of tourism here too. Nord is playing a full part in the dynamism of the country’s economy.
I think one can more readily appreciate the economic power of Nord from a regional rather than departmental perspective, and in this respect I wholeheartedly welcome our merger with Picardie: the two regions already share numerous concerns and challenges and together we will form one of strongest economic forces in this country. Does your current work as a minister draw on experiences of previous local government positions? Yes of course. My work as a local elected representative is a crucial factor in how I see things as a minister. For example, I am a strong supporter of local and participatory democracy. This is why I am particularly committed to setting up and developing the role of the citizen councils in priority zones for our urban policy. My experience as a local politician has reinforced my interest in these arenas for dialogue which forge closer links between inhabitants and projects which will be developed where they live. How can the results of urban policy be seen in the Nord-Pas-de-Calais region in particular? As part of the first national plan for urban renewal launched in 2004, the Hautsde-France region has seen 4 billion euros in investment, as well as more than 1 billion euros in subsidies from the National Agency for Urban Regeneration. This has resulted in the creation of 28 new projects in Nord and 13 in Pas-de-Calais. Initiatives implemented in the mining towns also spring to mind, such as those connected to the “Mining Corridor” agreement for the metropolitan area of Valenciennes. But there are also the districts modelled
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on urban policy: Transition at Boulogne-surMer, les Trois-Ponts in Roubaix, Pecquencourt, Jeu de Mail in Dunkirk, and La Porte de Valenciennes in Lille. These initiatives have been implemented with the strong commitment of the Regional Council, on the basis of a specific regional agreement. New and important developments have taken place in Nord-Pas-de-Calais since December 2014, with 17 priority districts for investment worth in the region of 1.5 billion euros.
“My work as a local elected representative is a crucial factor in how I see things as a minister.” Finally, 8 regional projects have already been pinpointed for investment, boosting funds for the region. Nord has historically been very left-leaning, but voted for the right at the last elections. What do you make of that result? Interim elections rarely favour governing majorities, it has to be said, and these elections were no different. But the principal cause of this reversal of fortunes can be found elsewhere, in the splits within the left at the first round of the elections for the départements. The current president of the departmental council also cites the same reason for his success. This is not the first time the département has given a majority to the opposition: it happened between 1992 and 1998. And 2015 won’t be the last time either! n
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Fleuron de l’économie française au début du siècle dernier, l’industrie nordiste n’a pas su profiter des Trente Glorieuses et en subit encore aujourd’hui les conséquences. Philippe Vasseur, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Région Nord de France, considère l’avènement du digital et la refondation des structures comme les leviers d’un nouveau cycle prometteur.
© CCI Nord de France
Une économie de transitions
La CCI œuvre à décarboner l’économie tout en s’adaptant aux caractéristiques locales.
Quelle est la nature et l’étendue du réseau de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Région Nord de France ? Une CCI a une fonction de représentation des intérêts de l’industrie, du commerce et des services auprès des pouvoirs publics. Elle contribue au développement économique, à l’attractivité et à l’aménagement de son territoire ainsi qu’au soutien des entreprises. Les Chambres sont également des gestionnaires d’équipements : sur notre réseau, elles gèrent huit ports maritimes et intérieurs et deux aéroports. L’Artois, la Côte d’Opale, le Grand Hainaut, le Grand Lille… la CCI de Région Nord de France recouvre des territoires divers. Le dynamisme économique de ces espaces est-il pour autant si hétérogène ? Le dynamisme de l’activité n’est pas homogène sur l’ensemble du territoire comme le prouvent les spécialisations sec-
torielles dans chacune des zones d’emploi. Si ces segmentations contribuent à la richesse économique régionale, elles sont aussi à l’origine de différences de développement. Ce déséquilibre est en grande partie lié aux séquelles de l’histoire économique, la région ayant connu dès les années 1960 une crise précoce de ses trois secteurs phares (textile, charbon, sidérurgie). Pour autant, le tissu productif a su se régénérer dans son ensemble en se tournant notamment vers le tertiaire avec des capacités tout à fait remarquables de rattrapage et de compensation des pertes d’emplois industriels. Outre ses secteurs traditionnels comme l’agroalimentaire, l’automobile ou encore la sidérurgie, les Hauts-de-France développent des vrais savoir-faire dans la logistique et le numérique.
La CCI de Région Nord de France entreprend-elle des actions ciblées pour répondre aux enjeux de chaque territoire ou défend-elle une approche plus globale ? Le Nord-Pas-de-Calais est une région atypique en France de par sa forte urbanisation. La métropole lilloise est bien évidemment la locomotive de cette zone qu’on peut cependant qualifier de “métropolitaine”. La CCI de région Nord de France veille donc au bon équilibre entre les territoires pour que l’ensemble de la région bénéficie de la dynamique de Lille sans pour autant que celle-ci bride la croissance des autres espaces. Nous portons des projets globaux à l’instar de la troisième révolution industrielle, afin de faire basculer l’ensemble de la région dans une économie “décarbonnée” et res-
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pectueuse de l’environnement, tout en s’adaptant aux caractéristiques des tissus économiques locaux.
“La métropole lilloise est la locomotive de la région.” Sur quels grands projets le réseau des CCI Nord de France travaille-t-il ? Le réseau travaille actuellement sur de nombreux sujets. n Au premier rang desquels son évolution : les Chambres de Commerce de la région ont pris la décision de fusionner à la fin de l’année 2015 pour se regrouper dans un établissement public unique. Cela permettra de répondre aux contraintes financières actuelles et de préparer les négociations avec la Picardie en vue de la nouvelle région. n Parallèlement, nous avons engagé le plan “CCI digitale”. Il vise à engager une véritable transformation numérique de l’organisation consulaire en réinventant son offre, ses processus, son management et son organisation pour s’adapter pleinement au monde contemporain. n Nous avons ensuite mis en place, depuis deux ans, une dynamique régionale autour de la troisième révolution industrielle. Nous avons réuni plus d’une centaine d’acteurs pour construire, en collaboration avec Jeremy Rifkin, un plan d’action engageant le Nord-Pas-de-Calais vers une économie plus créative, plus responsable et plus collaborative n Propos recueillis par Nicolas Rinaldi
Interview with: Philippe Vasseur, Chairman of the regional Chamber of Commerce and Industry
Jewel of the French economy at the beginning of the last century, the industry of Nord did not take advantage of the post-War economic boom and is still suffering the consequences. Philippe Vasseur, Chairman of the regional Chamber of Commerce and Industry, sees the advent of digital and reorganisation of structures as the levers of a promising new cycle.
© Jérémy-Günther-Heinz Jähnick
An economy in transition
What is the nature and scope of the network of the regional Chamber of Commerce and Industry? A CCI is charged with representing the interests of industry, trade and services to the public authorities. It contributes to economic development, attractiveness and the development of its territory as well as support for businesses. The Chambers are also facilities managers: in our network, they manage eight sea and inland ports and two airports. The Artois, Côte D’Opale, Greater Hainaut, Greater Lille... the regional CCI covers various territories. Is the economic policy of these areas really so diverse? The dynamism of the activity is not the same throughout the territory, as proven by the sectoral specialisations within each of the areas of employment. While this segmentation contributes to regional economic wealth, it is also behind differences in development. This imbalance is largely related to the consequences of economic history, the region having seen as early as the 1960s a precocious crisis of its three headline sectors (textile, coal and steel). However, the productive fabric was able to regenerate as a whole, turning especially to the tertiary sector with quite remarkable capabilities of catch-up and compensation for the loss of industrial jobs. In addition to its traditional sectors such as food, auto-
“The regional CCI maintains a good balance between territories, so that the entire region benefits from the dynamics of Lille without bridling growth in other areas.”
motive and steel industries, Nord-Pas-deCalais has developed real know-how in logistics and digital. Does the regional CCI take targeted actions to meet the challenges of each territory or does it favour a more holistic approach? The Nord-Pas-de-Calais is an atypical region in France due to its strong urbanisation. Lille is obviously the engine of this area, which can nevertheless be termed ”metropolitan”. The regional CCI therefore maintains a good balance between territories, so that the entire region benefits from the dynamics of Lille without bridling growth in other areas. We lead global projects like the third industrial revolution in order to switch the whole region into a “decarbonised” economy, respectful of the environment while adapting to the characteristics of the local economic fabric.
On what major projects is the Nord de France CCI network working? n At the head of which, its own evolution: the Chambers of Commerce of the region took the decision to merge at the end of 2015 to reform in a single public institution. This will help tackle the current financial constraints and prepare negotiations with Picardy for the new region. n At the same time, we commenced the “Digital CCI” plan. It aims to start a digital transformation of the consular organisation by reinventing its offer, its processes, its management and its organisation to fully adapt to the contemporary world. n We have then put in place two years ago, a regional policy around the third industrial revolution. We have gathered more than a hundred players to build, in collaboration with Jeremy Rifkin, a plan of action committing the Nord-Pas-de-Calais to a more creative, more responsible and more collaborative economy n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 23
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Son passé, sa géographie et son économie imbriquent fortement le Nord avec les pays voisins. Tout ici résume l’idée européenne.
Le Nord, un concentré d’Europe !
L’Histoire a fait de ce territoire un creuset européen. Se sont succédés ici les Habsbourg, les Bourguignons, les Espagnols, les Flamands puis, enfin, les Français. Partie picarde, partie flamande, le Nord est également à la croisée des cultures romaines et germaniques. De part et d’autre de la frontière, on trouve la même langue, les mêmes mœurs, le même climat pour deux peuples que l’Histoire n'a jamais séparés. Le Nord démontre enfin qu’au fil de l’histoire (1815, 1871, 1919, 1945 et 1989) la carte des nations européennes a toujours bougé et que l’Etat-nation n’est pas figé : il démontre la vocation de l’Europe à unir les peuples de 280 régions ! Quelles sont dans le Nord les grandes infrastructures d’envergure européenne ? n Le canal Seine-Nord : il est européen par son financement (40% du coût total) et sa géographie : il est le chaînon manquant entre le bassin Rhin-Meuse (Benelux, Allemagne) et le bassin versant de la Seine ;
Le Nord est :
(plus d'infos sur : www.Longterminvestment.eu) afin de faire émerger des solutions nouvelles pour le financement des infrastructures.
n un grand bassin industriel exportateur : sidérurgie, plasturgie, métallurgie, industrie automobile et ferroviaire mais aussi industrie chimique, pharmaceutique et les tissus innovants ;
De quels fonds structurels européens a bénéficié le Nord-Pas-de-Calais ?
n un grand département agricole et agroalimentaire : le deuxième en France. Il bénéficie d’un climat doux et océanique et d’un grand marché de consommation. Le MIN (Marché d’Intérêt National) de Lomme est le deuxième en France après Rungis ;
Il est classé au rang des régions intermédiaires. Les quelques 1,2 milliard d’euros qui lui sont alloués représentent à eux-seuls 10 % des fonds versés à la France ! Après les équipements publics, ce sont désormais l’économie, les PME et la recherche qui sont la priorité de ces financements européens.
n un grand pôle tertiaire et logistique : Redoute, 3 Suisses, la vente par correspondance (VPC). C’est une invention d’ici ! Autoroutes, Lignes à Grande Vitesse (LGV) : la Région est au cœur d’une étoile logistique européenne. Ajoutons aux infrastructures que j’ai évoquées précédemment mais insuffisamment développées : l’aéroport de Lesquin qui possède (enfin) un beau potentiel de croissance.
Pouvez-vous dresser un panorama actuel de la coopération transfrontalière dans le Nord ? C’est une tradition de notre département qui est un pionnier en la matière en France : n Lille-Courtrai : festival transfrontalier de spectacle vivant ;
Par ailleurs, je suis moi-même président fondateur de l’intergroupe sur l’investissement de long terme et la réindustrialisation
n Le projet de plateforme multimodale de Marquion se greffe dessus. Il combinera demain le fluvial à l’autoroute ainsi qu’au transport aérien par la reconversion d’un ancien aéroport militaire ; n La plateforme trimodale “Delta 3” à Dourges, (62) : elle a, depuis sa mise en service en 2003, été saluée comme un exemple réussi et innovant de logistique : A1, canal de la Deûle, rail et même aéroport de Lille-Lesquin. Que représente économiquement la présence européenne dans le Nord ? 24 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
n Mons-Maubeuge : scène transfrontalière (Le Manège) ; © Groupe ALDE
Quelle est, historiquement et culturellement, la vocation européenne du Nord ?
n Fourmies-Mons : coopération hospitalière ; n L’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai représente enfin une valeur symbolique forte. Elle unit France, Wallonie et Flandre : un sousensemble européen où la véritable frontière demeure en fin de compte… la frontière linguistique ! n Propos recueillis par Olivier Sourd
Dominique Riquet Député européen, vice-président de la commission des transports, successeur de Jean-Louis Borloo à la mairie de Valenciennes et ancien président du groupe d’opposition au conseil régional du NordPas-de-Calais
Interview with: Dominique Riquet, MEP, Vice President of the transport committee, successor to Jean-Louis Borloo as mayor of Valenciennes and former leader of the opposition group in the Nord-Pas-de-Calais regional council
© Groupe ALDE
Nord: Europe in concentrated form! ged over time (in 1815, 1871, 1919, 1945 and 1989) and that the nation state is not set in stone. This département illustrates the mission of Europe – to unite the populations of 280 different regions! Which large infrastructures in Nord are European in scope?
“History made this territory a melting pot of European cultures.”
Its past, its geography and its economy mean the département of Nord is entwined with its neighbours. Herein lies the European idea itself.
The Seine-Nord canal is European through its funding (40% of the total cost) and its location: it is the missing link between the Rhine-Meuse delta (Benelux and Germany) and the Seine catchment basin;
I am president and founder of the intergroup for long-term investment and reindustrialisation (find out more at www.longterminvestment.eu), which exists to bring forward new solutions for the funding of infrastructure.
The Marquion multimodal platform project is an extension of the above; in the future, it will link the river to the motorway and provide a link to air travel through the redevelopment of an old military airport;
Which European Structural Funds are granted to the Nord-Pas-de-Calais?
The “Delta 3” trimodal platform on the river Elle at Dourges in Pas-de-Calais has been hailed as a triumph of innovative logistics since it was opened in 2003, and links the A1, the Deûle canal, the railways and even Lille-Lesquin airport. What does the European presence in Nord mean for the economy? Nord is:
How does Nord see its role as part of Europe, both historically and culturally? History made this territory a melting pot of European cultures. First came the Habsburgs, then the Bourguignons, the Spanish, the Flemish, and finally, the French. Part Picard, part Flemish, Nord is also where Roman and Germanic cultures meet. On both sides of the border we find the same language, customs, and climate for two peoples who have remained undivided throughout history. And Nord shows that the map of European nations has always chan-
with Redoute, 3 Suisses, and mail order, which was invented here! With its motorways and high-speed rail links, this region is the centre of a European logistics network. In addition to the infrastructures I mentioned earlier which are not yet sufficiently developed, we have Lille-Lesquin airport which is now (finally) showing excellent potential for growth.
The region is classed as an “intermediate region”. It is allocated 1.2 billion or so euros, which accounts for 10% of all funds allocated to France! After public projects, the economy, SMEs and research are all priorities for this form of European funding. Which kinds of cross-border initiatives currently take place in Nord? This is a tradition of our département, which has been a trailblazer in this area. We have:
n a large industrial export zone involving steel and plastics manufacturing, metalworks, the automotive and rail industries, as well as chemicals and pharmaceuticals and the new industries;
n The cross-border live performance festival at Lille-Courtrai;
n a major area for agriculture and foodproduction – the second-largest in France. It has the benefit of a mild, oceanic climate and a large pool of consumers. The Lomme wholesalers’ market is second only to Rungis serving Paris;
n Hospital-level cooperation at Fourmies and Mons;
n a significant hub of services and logistics,
n The Franco-Belgian arts centre Le Manège at Maubeuge and Mons;
n The Lille-Kortrijk-Tournai Eurometropolis is also heavy in symbolic value, uniting the European sub-set of France, Flanders and Wallonia, and demonstrating that the real barriers in fact remain linguistic ones! n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 25
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Si la conjoncture de ces dernières années n’a pas toujours profité à Tourcoing, la ville entend bien retrouver son dynamisme économique et culturel au travers de plusieurs grands projets.
“Tourcoing, une ville capitale dans la région”
Le textile fait effectivement partie de l’histoire de Tourcoing. Aujourd’hui encore et grâce au développement des nouvelles technologies, Tourcoing n’abandonne pas l’industrie textile. La preuve en est avec la création du CETI, un centre de recherche scientifique dédié aux nouvelles techniques d’innovation en la matière. Les nouvelles technologies sont d’ailleurs au cœur du développement économique de la Ville, Tourcoing disposant notamment d’un site d’excellence consacré aux images numériques et aux industries créatives.
Troisième ville du Nord-Pas-de-Calais au cœur de la métropole lilloise, quel poids économique Tourcoing pèse-t-elle au sein du département du Nord ?
sin et d’espaces de jeux en plein air et en indoor. L’entreprise Booking.com a, quant à elle, annoncé le recrutement d’une centaine de salariés supplémentaires en 2015.
sur le renforcement des liens entre notre Ville et nos voisines belges Mouscron et Courtrai. Je rencontre d’ailleurs régulièrement mes homologues belges avec lesquels nous partageons une ambition commune pour ce grand territoire.
Quelle politique de coopération européenne et internationale menez-vous pour asseoir le rayonnement de Tourcoing ? Qu’en est-il de votre projet transfrontalier ?
Le dossier essentiel à nos yeux est d’ailleurs le transport. Il est nécessaire que Belges et Français puissent se déplacer facilement et rapidement dans l’Eurométropole. Le projet de construction du RER tient particulièrement compte de cette demande.
Récemment, lors d’un Conseil municipal extraordinaire, j’ai annoncé aux côtés de Jack Lang, Président de l’IMA, et Daniel Percheron, ancien président de l’ex Région Nord-Pasde-Calais, l’arrivée de l’Institut du monde arabe dans le centre-ville de Tourcoing. C’est une très bonne nouvelle à la fois pour les Tourquennois, mais également pour le rayonnement de la Ville, qui verra se renforcer de nombreux partenariats, notamment avec des pays membres de la ligue arabe.
Quels grands projets sont en cours actuellement ? Quelle vision portez-vous pour cette ville d’ici la fin de votre mandat ? La reconstruction d’une partie du centre-ville : c’est le projet du Quadrilatère des Piscines.
Tourcoing est également au cœur de l’Eurométropole et nous misons beaucoup
De par son nombre d’habitants, Tourcoing est une ville capitale dans la région. Bien que ces dernières années n’aient pas été très profitables au développement économique de notre Ville, la tendance est bien en train de s’inverser. De grandes entreprises ont récemment décidé de s’installer sur notre territoire, comme par exemple le groupe Veolia qui investira les locaux de l’ancienne Chambre de commerce située en plein cœur de ville. La gare de Tourcoing va accueillir les premiers TGV OUIGO (filiale de la SNCF) dans le Nord à partir de 2016. Autre grande implantation : le groupe Décathlon a ouvert un site dédié aux sports collectifs, Kipstadium, situé dans le quartier de l’Union entre Roubaix et Tourcoing. Il s’agit à la fois d’un grand maga26 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Assemblée Nationale
Ancienne cité textile, Tourcoing a largement entrepris une reconversion économique en investissant dans des industries d’avenir. Quels secteurs sont les plus porteurs aujourd’hui ?
Tourcoing doit retrouver le dynamisme économique et culturel qu’elle a perdu. En aménageant une partie du centre-ville laissée à l’abandon depuis plusieurs années, nous allons relancer l’attractivité de Tourcoing : plus de 1 000 m2 de commerces et îlots de bureaux, plus de 300 logements, un groupe scolaire et un pôle petite enfance, une salle de spectacles de 1 300 m2… tout est pensé pour que les Tourquennois se sentent fiers de leur Ville et que Tourcoing attire à nouveau investisseurs et nouveaux habitants n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Gérald Darmanin Maire de Tourcoing, Député de la 10ème circonscription du Nord
Interview with: Gérald Darmanin, Mayor of Tourcoing, member of Parliament for the 10th constituency of the departement Nord
The circumstances of recent years may not always have conspired to benefit Tourcoing, but the town is now determined to recapture its economic and cultural dynamism, with the help of several major projects.
© Velvet
“Tourcoing is a key city for this region”
The former textile city of Tourcoing has undergone something of an economic redesign by investing in industries of the future. Which are the most promising sectors today? The textile industry is indeed part of the history of Tourcoing. And thanks to the development of new technologies, this industry is still part of the city today and has not been abandoned. Proof of this can be seen in the creation of the Centre for Innovative Textiles, a centre for scientific research dedicated to new innovative techniques in the field. New technologies are also at the heart of the economic development of the city, which is also home to a leading site for digital images and the creative industries. As the third-largest urban area in the Nord-Pas-de-Calais region and with a location at the heart of the metropolis of Lille, how important is Tourcoing to the economy of the département du Nord? The size of its population makes Tourcoing a key city for this region. Although recent years have not favoured the economic development of our city, this trend is now certainly in reverse. Some large companies have recently decided to come to Tourcoing, including the Veolia Group, which will be housed in the former Chamber of Commerce premises in the city centre. Tourcoing’s railway station will see the first OUIGO low-cost high-speed trains arrive in the département from 2016. Another major new arrival is the Decathlon site for team sports, the Kipstadium, which is situated in the Union quarter between Roubaix and Tourcoing. This is a store and an indoor and outdoor games
“Tourcoing’s railway station will see the first OUIGO low-cost high-speed trains arrive in the département from 2016.”
area combined. Around 100 people will also find jobs with Booking.com in 2015. How are you using European and international cooperation at political level to assert the status of Tourcoing? What plans do you have from an international perspective? Alongside Jack Lang, President of the Institute for the Arab World and Daniel Percheron, former president of the Nord-Pasde-Calais region, I announced at a recent extraordinary municipal council meeting that the Institute for the Arab World would be arriving in the centre of Tourcoing. This is excellent news for the city’s residents and for the visibility of the city which will strengthen numerous partnerships, notably with Arab League member countries. Tourcoing is also situated at the centre of the Eurometropolis, and we have high hopes of creating stronger links with our Belgian neighbours in Mouscron and Courtrai. I also hold regular meetings with my Belgian counterparts, who share our ambitions for this great territory.
In our view, transport is the most important priority. Belgian and French citizens need to be able to move around the Eurometropolis freely and easily. The RER [commuter rail service] construction project is a particular response to this requirement. Which major projects are currently under way? What kind of city do you hope to create by the end of your term? One part of the city centre is currently under reconstruction: this is the “Quadrilatère des Piscines” redevelopment project. Tourcoing must rediscover its lost economic and cultural dynamism. By developing a part of the city centre abandoned for several years, we will make Tourcoing more attractive again. Included in our plans are more than 1000m 2 of retail and office space, over 300 housing units, a school complex and centre for very young children, and an auditorium measuring 1,300m 2. This is a well-considered project designed to make the people of Tourcoing feel proud of where they live and allow the city to once again attract new residents and investors n
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Avril 2016 | Nord
Le Nord en bref Nord in brief
Avec 2563 914 habitants recensés en 2009, le Nord s’impose comme le département le plus peuplé de France. Près de 28% de sa population a moins de 20 ans. Côté économie, il s’agit de la troisième région pour le PIB et l’export en 2009, mais aussi de la troisième région agricole et agro-alimentaire de l’Hexagone.
2,563,914 inhabitants in the 2009 census make Nord stand out as the most populous department in France. Almost 28% of its population is under 20 years old. In terms of economy, it was not only the number three region for GDP and exports in 2009, but also the third region in France for agriculture and food industry.
ENSEIGNEMENT ET FORMATION Deuxième académie de France avec 500 000 élèves en primaire et secondaire, le Nord est aussi le troisième pôle universitaire à l’échelle nationale, qui rassemble 110 000 étudiants. Une attractivité que le territoire valorise avec la création d’entreprises innovantes, en lien avec le Pôle de Recherche et d’Enseignement supérieur (PRES), les pôles de compétitivité et d’excellence et le Programme d’Investissements d’Avenir.
EDUCATION AND TRAINING As well as being the number two Academy in France with 500,000 students in primary and secondary, Nord is the number three University Centre at the national level, which includes 110,000 students. The territory is developing this attractiveness with the creation of innovative companies, in conjunction with the Centre for Research and Higher Education, centres of expertise and excellence, and the Programme of Investment for the Future.
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AU COEUR DES ÉCHANGES EUROPÉENS Bénéficiant de 10% du réseau navigable français, le Nord possède des structures portuaires d’importance : les ports de Dunkerque (troisième port de commerce) et de Lille (troisième port fluvial), tout en portant le projet d’envergure du canal Seine-nord. Le TGV, l’aéroport de Lille-Lesquin (10e rang français), viennent compléter l’une des plus fortes densités routières et autoroutières de France.
AT THE HEART OF EUROPEAN EXCHANGES With 10% of the French waterway network, Nord has large port structures: the ports of Dunkirk, (number three trade port) and Lille (number three river port), whilst leading the major Seine-Nord canal project. The TGV and Lille-Lesquin Airport (10th in France), complement one of the highest density road and motorway networks in France.
NATURE ET CADRE DE VIE Avec 2200 hectares d’Espaces naturels sensibles, le Nord bénéficie d’un environnement riche, protégé et valorisé, sans oublier son patrimoine exceptionnel. Concentrant la plus forte densité de musées hors Ile-de-France, ce territoire rassemble des villes d’art et d’histoire (notamment Cambrai, Lille et Roubaix), sans oublier le classement des beffrois et des géants au Patrimoine mondial de l’Unesco. La culture jouant un rôle majeur dans le changement d’image du Nord, le Conseil départemental s’emploie à y faire accéder l’ensemble de la population via un réseau de 350 bibliothèques-relais fournies par la Médiathèque départementale. 4 000 associations sportives y proposent par ailleurs de nombreuses disciplines.
NATURE AND QUALITY OF LIFE With 2,200 hectares of sensitive natural areas, Nord enjoys a rich, protected, and valued environment, not to mention its exceptional heritage. This territory contains the highest density of museums outside Ile-de-France, bringing together cities of art and history (including Cambrai, Lille and Roubaix), not to mention the Belfries and Giants inscribed on the Unesco World Heritage list. Culture plays a major role in the change of image of Nord, and the departmental Council is working to access the whole of the population via a network of 350 library points, resourced by the departmental media library (Médiathèque). 4,000 sports organisations also offer a wide choice of disciplines.
CHAPITRE 1
© Velvet
PRÉSENTATION GÉNÉRALE / OvERvIEW
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Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Devenue métropole au 1er janvier 2015, la Métropole Européenne de Lille (MEL) saisit l’opportunité de ses nouvelles compétences pour s’affirmer sur la scène européenne dans un esprit de cohésion et de proximité avec ses 85 communes.
“Une locomotive régionale pour la croissance et l’emploi”
La Métropole lilloise a changé de dimension en devenant une métropole européenne, c’est une étape cruciale pour notre établissement. Ce nouveau statut vise notamment à faire de la MEL une locomotive régionale pour la croissance et l’emploi. C’est ma priorité pour le mandat. L’ambition que je porte pour le territoire se décline en cinq grands axes stratégiques : il nous faut construire une politique économique centrée sur les entreprises, fixer la vision de l’aménagement de notre territoire, mais aussi répondre aux préoccupations les plus immédiates et concrètes de nos concitoyens en améliorant par exemple l’accessibilité et le développement du numérique. J’ai aussi inscrit mon projet dans une approche durable, et cela se concrétise notamment avec la prise de notre nouvelle compétence énergie. Enfin, la MEL doit contribuer au rayonnement du territoire, ce qui participe très concrètement à son attractivité économique et touristique. Enfin, je veux permettre au territoire d’être connu, reconnu de rayonner au-delà de ses frontières.
métropole, l’aire métropolitaine lilloise, le Département et la Région) et d’intensifier le dialogue avec les autres pôles métropolitains de la région élargie pour développer un projet ambitieux de territoire au bénéfice de tous.
votes dépassant les 95%. Chacun garde ses valeurs et agit pour le bien des habitants. Cela nous permet de faire de la politique de projets en visant l’excellence. C’est ainsi que je la conçois. Bénéficiant d’une situation transfrontalière exceptionnelle, comment la MEL envisage-t-elle son avenir à l’échelle du bassin de vie de l’Aire métropolitaine, dans une dynamique de dialogue permanent avec ses partenaires et territoires voisins ?
Vous avez également été président de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai : pourriez-vous revenir sur les enjeux de cette coopération transfrontalière ? L’engagement de la MEL au sein de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai permet d’envisager des solutions partagées pour améliorer la vie quotidienne des habitants, mais aussi de mettre en commun les nombreux atouts du territoire transfrontalier pour attirer de nouveaux investisseurs et touristes. Je suis convaincu que l’Eurométropole est l’échelle pertinente qui nous permet de coopérer avec d’autres grandes métropoles européennes telles que Milan, Barcelone, Rotterdam…
Notre caractère européen réside dans notre positionnement géographique : 360° d’opportunités pour travailler, se former, innover, visiter, échanger… La MEL s’appuie sur l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai (2,1 millions d’habitants sur un territoire de 3.550 km2) pour mieux répondre aux besoins des citoyens et des acteurs locaux, notamment en termes d’emploi, de développement économique, de mobilité et de cadre de vie. L’enjeu pour la MEL est d’assurer une articulation entre les différentes échelles (son propre territoire et ses communes, l’Euro-
Vous avez mis en place un modèle de gestion inédit avec un exécutif partagé entre la droite et la gauche : quel premier bilan pourriez-vous faire de ce mode de fonctionnement ? Après plus d’un an, je peux dire que le modèle fonctionne bien. Depuis le début du mandat, nous avons su montrer tout l’intérêt du consensus que j’ai mis en place. Sur les délibérations structurantes, comme la gestion de l’eau ou encore la lutte contre la fraude dans les transports, nous avons eu des 30 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Pascaline Chombart - MEL
Nouvelles compétences, nouveaux objectifs : quelles sont vos ambitions pour ce mandat ?
Qu’en est-il de la stratégie pour Eurométropole 2020 ? Les partenaires de l’Eurométropole ont défini une stratégie autour de trois axes : développer le potentiel socio-économique, renforcer la mobilité interne et l’accessibilité internationale tout en concrétisant une Eurométropole bleue et verte. Pour cela nous cherchons à faire émerger des réalisations concrètes n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Damien Castelain Président de la Métropole Européenne de Lille, ancien président de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai
Interview with: Damien Castelain, President of the European Metropolis of Lille, former president of the Lille-Kortrijk-Tournai Eurometropolis
© Velvet
“A regional powerhouse for jobs and growth”
“Our European character lies in our geographical location, surrounded as we are on all sides by opportunities for employment, training, to visit, exchange, innovate, and so on.”
The European Metropolis of Lille was granted the status of French metropolitan area on 1 January 2015, and is now using its newly-acquired role to increase its stature in Europe while enhancing cohesion and proximity to its 85 communes.
A new remit and new objectives: what are your ambitions for your term of office? The metropolis of Lille acquired a new dimension when it became a European metropolis, which was a crucial step for us. One of the key aims of this new status is to turn the European metropolis of Lille (EML) into a regional powerhouse for jobs and growth. This is my priority for the mandate. My ambitions cover five major strategic areas: we must build an economic policy oriented towards companies, and define a clear vision for how we want to develop the territory while finding solutions to the most immediate and concrete concerns of our citizens such as, for example, developing and improving access to digital services. A sustainable approach will encompass all of my plans, and one important manifestation of this is the addition of our new energy responsibilities. Finally, the EML must help raise the status and influence of the area, which plays a concrete role in its attractiveness in terms of the economy and tourism. I want
the metropolis to be known, recognised and enjoy a position of prestige beyond its borders. You have created a type of administration never seen before, in which the executive power is shared between the right and the left. What is your initial assessment of how it is working? After more than a year, I can say that this model is working well. From the beginning of the term, we have been able to demonstrate the value of the consensus I have put into place. On structural decisions in areas such as water management or action against the fraudulent use of transport, we have seen votes garnering support in excess of 95%. We all retain our own values and also act in the best interests of our citizens. This approach allows us to focus on projects and aim for excellence. This is how I see politics working. The EML has the benefit of an exceptional border location. In a context of continuous dialogue with its partners and neighbours, how does it view its future as the population catchment basin for the Lille metropolitan area? Our European character lies in our geographical location, surrounded as we are on
all sides by opportunities for employment, training, to visit, exchange, innovate, and so on. The EML draws on the Lille-Kortrijk-Tournai Eurometropolis (population 2.1 millions for an area of 3,550 km2) to find the best solutions for our residents and local stakeholders, especially regarding jobs, economic development, mobility and the living environment. The question for the EML is to ensure linkage between the different parts of the network (the territory itself and its communes, the Eurometropolis, the Lille Metropolitan area, the département and the region) and increase dialogue with the other metropolitan hubs of the wider region to define an ambitious project for the benefit of everyone. You have also been president of the Lille-Kortrijk-Tournai Eurometropolis – could you expand on challenges involved in this particular cross-border cooperation? The EML’s place as part of the LilleKortrijk-Tournai Eurometropolis enables us to envisage joint solutions to improve the lives of our residents, but also to combine the many advantages of our border territory to attract new investors and visitors. I believe the Eurometropolis is the appropriate structure to allow us to work with other major European metropolitan areas such as Milan, Barcelona, Rotterdam, and so on. How is the Eurometropolis 2020 strategy taking shape? The Eurometropolis partners have defined a strategy around three themes, which are to develop socio-economic potential, strengthen internal mobility and international accessibility, while also bringing to fruition a Eurometropolis which is both blue and green. For this to happen, we must aim to bring through concrete achievements n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 31
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | À la croisée des chemins entre un pôle économique européen de grande importance et un secteur industriel vieillissant, la Communauté d’Agglomération MaubeugeVal de Sambre reste une place forte du département du Nord. Pour dépasser les difficultés du chômage et fédérer le territoire, l’Agglomération multiplie les collaborations avec ses voisins.
“Nous avons un destin commun avec la Belgique”
Notre Agglomération a une position stratégique au carrefour nord-est de l’Europe, au cœur de la banane bleue, dorsale européenne. Ainsi, Charleroi, Lille et Bruxelles sont à moins d’une heure de chez nous, Londres, Paris et Luxembourg à 2h30… De plus, nous sommes un territoire frontalier avec la Belgique, avec qui nous travaillons en lien dans les domaines culturel, économique… Autre atout majeur pour la Communauté d’Agglomération Maubeuge-Val de Sambre : sa complémentarité entre urbanité et ruralité. Notre identité repose sur cet équilibre entre ville et campagne. Également, la population du territoire est jeune avec 40% d’habitants de moins de 30 ans. C’est un signal très positif pour l’avenir de notre Agglomération.
nal à Louvroil, l’aménagement du port à flot à Hautmont, la réhabilitation énergétique et environnementale d’un groupe scolaire à Aulnoye-Aymeries, la requalification des accès et abords du cœur de nature des Marpiniaux, l’aménagement et la réfection de voirie…
tenir ce cap et développer ce secteur ? La Communauté d’Agglomération Maubeuge-Val de Sambre concentre la majorité de son activité économique dans l’industrie. De grands groupes internationaux y sont implantés, notamment dans les secteurs de l’automobile et de la métallurgie. La force du territoire réside également dans le savoir-faire des petites et moyennes entreprises qui, à travers leurs spécificités, accompagnent les donneurs d’ordre et poursuivent leur innovation.
D’autres opérations sont menées également dans le secteur du tourisme. Par exemple, les itinéraires Véloroutes Voies Vertes proposent de découvrir le territoire et son patrimoine. Un des parcours s’intègre dans le projet Eurovélo 3, qui relie Paris à Moscou. Dans le cadre du Centaine de la Guerre 1914-1918, des circuits de mémoire ont été aussi créés.
Au côté de Mécanov, pôle d’excellence régional implanté sur le territoire, l’Agglomération cultive aussi son savoir-faire dans le secteur de la mécanique. Elle a, d’ailleurs, impulsé la création des Rencontres Industrielles Régionales qui, aujourd’hui, rencontrent un grand succès et s’exportent au-delà des frontières de la CAMVS.
Avec plus de 300 entreprises tournées vers la métallurgie et 40 000 ouvriers, le territoire est réputé pour son industrie. Par quels moyens parvenez-vous à main-
Ainsi, quelles sont les principales initiatives impulsées par le Département du Nord pour la prospérité de l’Agglomération ? Aux côtés du Département du Nord, l’Agglomération s’est inscrite dans le contrat de territoire de Sambre-Avesnois qui reprend l’ensemble des actions qu’elle souhaite mettre en œuvre en termes d’aménagement et de développement. Par ailleurs, le Département a accompagné de nombreux projets : la construction du complexe aquatique intercommu32 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Benoît Dorchies
Pouvez-vous nous présenter les différentes facettes de la Communauté d’Agglomération Maubeuge-Val de Sambre ?
Nous sommes également dans une démarche d’accompagnement des mutations à venir : le développement du numérique, la mise en place de clusters d’entreprises, l’adaptation du schéma de formations aux besoins futurs… La proximité entretenue entre l’Agglomération et la Belgique est un avantage considérable. Quels sont les domaines d’échange et à quel degré s’effectuent-ils ?
Benjamin Saint-Huile Président de la Communauté d’Agglomération Maubeuge - Val de Sambre
© N.A.I
Nous partageons avec la Belgique des similarités et donc des enjeux communs. Nos bassins industriels ont souffert ces dernières années. La question de la reconversion économique se pose, de part et d’autre de nos frontières. La coopération avec nos voisins belges est essentielle. Plusieurs initiatives ont déjà vu le jour, notamment avec Charleroi, avec la création d’un Groupement Européen de Coopération Territoriale. Je souhaite que ces liens puissent être approfondis et étendus avec d’autres villes comme Mons et La Louvière. Nous avons un destin commun avec la Belgique.
L’identité de Maubeuge - Val de Sambre repose sur la complémentarité entre urbanité et ruralité.
La plupart des communes du Nord subissent une baisse des dotations de l’Etat. Quels sont les liens entretenus avec vos voisins ? Quelles sont les perspectives d’avenir communes ?
tion de préfiguration d’un pôle métropolitain avec les Communautés d’Agglomération de Valenciennes Métropole et de Cambrai. D’autres collectivités y ont également adhéré.
Afin de pallier ces difficultés, il est nécessaire de se rassembler autour de projets et de mettre nos moyens en commun. Le 13 février 2015, nous avons créé une associa-
Cette structure va nous permettre une meilleure coordination sur des sujets structurants tels que la santé, la formation, l’emploi et les infrastructures. Organisés et re-
groupés, nous pourrons porter et défendre ces projets d’une seule voix. Je vois dans cette coopération une première étape vers une collaboration plus large à l’échelle d’un Hainaut franco-belge, une Eurorégion n Propos recueillis par Jeanic Lubanza
Publi-rédactionnel
L’EPF Nord - Pas de Calais, partenaire foncier des projets des collectivités du Nord - Pas de Calais
C
réé en 1990 à la demande des élus régionaux et de l’Etat pour mener à bien la requalification des friches industrielles générées par la crise économique et urbaine des années 70, l’EPF Nord - Pas de Calais est devenu un véritable opérateur foncier dès 1996 pour accompagner les collectivités dans la maîtrise du foncier de leurs projets de recyclage d’espaces dégradés. Doté d’une ressource financière propre grâce à la perception de la taxe spéciale d’équipement, l’EPF est au service des collectivités sur différents registres : aide à la définition d’une stratégie foncière, acquisition foncières et immobilières, gestion des sites, démolition et traitement de pollution, cession du foncier recyclé. Du fait de la complexité de ces démarches de recyclage, non seulement l’EPF apporte ses compétences et son savoir-faire mais il assure également la prise en charge financière intégrale du coût des travaux de requalification des sites et partielle du coût du foncier des opérations dédiées à la production de logements sociaux ou à la mutation économique des territoires urbains. L’EPF intervient dans le cadre d’un programme pluriannuel d’intervention (PPI) décliné avec les intercommunalités au travers de conventions-cadres de partenariat, partenariat concrétisé par la signature de conventions opérationnelles avec les collectivités maîtres d’ouvrages de projets. Au titre de son PPI 2015-2019, l’EPF a réaffirmé la priorité de son intervention au bénéfice de la production de foncier pour le loge-
ment social tout en renforçant son investissement sur la question du foncier économique et en maintenant son action en faveur de la préservation de la biodiversité. Le programme pluriannuel est ainsi structuré selon trois axes thématiques et deux fonds d’intervention spécifiques. Les trois axes thématiques : I Le foncier de l’habitat et du logement social ; I Le foncier et l’immobilier industriel et de services, les grands projets régionaux ; I Le foncier de la biodiversité et des risques. Les deux fonds spécifiques : I Le fonds pour la constitution du gisement du renouvellement urbain ; I Le fonds d’interventions exceptionnelles sur l’immobilier d’entreprise. Dans ce contexte, une convention-cadre a été mise en place avec la Communauté d’agglomération de Maubeuge Val de Sambre.
Contact : Etablissement Public Foncier Nord-Pas de Calais 594 Avenue Willy Brandt CS 20003 - 59777 Euralille www.epf-npdc.fr Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 33
Avril 2016 | Nord
Interview with: Benjamin Saint-Huile, President of the agglomeration community MaubeugeVal de Sambre
“We have a common destiny with Belgium” At the crossroads between a major European economic centre and an ageing industry, the agglomeration community of Maubeuge-Val de Sambre remains a stronghold of Nord. To overcome the difficulties of unemployment and unite the territory, the town is multiplying collaborations with its neighbours.
Can you present us the various aspects of the of Agglomeration community of Maubeuge-Val de Sambre? Our town has a strategic position on the north-eastern crossroads of Europe, in the heart of the blue banana, backbone of Europe. Charleroi, Lille and Brussels are less than an hour away from us, London, Paris and Luxembourg 2.5 hours... In addition, we share a border with Belgium, with whom we work in cultural and economic domains... Another major asset for the agglomeration community of Maubeuge-Val de Sambre: its complementarity between urbanity and rurality. Our identity is based on the balance between town and countryside. Also, the population of the territory is young, 40% under 30 years old. This is a very positive sign for the future of our town. So, what are the major initiatives driven by the Nord département for the prosperity of the agglomeration? Alongside Nord, the Agglomeration has affiliated itself with the direction of the territory of Sambre-Avesnes which is initiating all the activities it wishes to implement in terms of planning and development. In addition, the department has supported numerous projects: the building of the inter-communal aquatic complex in Louvroil, the lock development in Hautmont, the ener-
getic and environmental rehabilitation of a school group in Aulnoye-Aymeries, amendment of the access and surroundings of the nature centre of Marpiniaux, development and restoration of highways...
“The agglomeration community of MaubeugeVal de Sambre concentrates the majority of its economic activity in the industry.” Other operations are also being carried out in the tourism sector. For example, the Véloroutes Voies Vertes cycle routes allow people to discover the territory and its heritage. One of the courses fits into the Eurovelo 3 project, which links Paris to Moscow. As part of the hundredth anniversary of the 1914-1918 war, memorial circuits were also created. With over 300 companies involved in metallurgy and 40,000 workers, the territory is renowned for its industry. By what means do you maintain this direction and develop this sector? The agglomeration community of Maubeuge-Val de Sambre concentrates the majority of its economic activity in the industry. There are large international groups here, especially in the automotive and metallurgy sectors. The strength of the territory also lies in the expertise of the small and medium enterprises which, through their specificities, support the outsourcers and continue their innovation. With Mecanov, centre of regional excellence in the territory, the Agglomeration is also cultivating its know-how in the mechanical sector. It has, moreover, driven the creation of Regional Industrial Encounters, finding great success now and being expor-
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ted beyond the borders of the CAMVS. We are also in a process of supporting upcoming change: the development of the digital sector, the setting up of business clusters, the adaptation of training schemes to future needs... The proximity between the Agglomeration and Belgium is a considerable advantage. What are the areas of exchange and to what degree do they happen? We share similarities and common issues with Belgium. Our industrial basins have suffered in recent years. The question of the economic conversion arises on both sides of the border. Cooperation with our Belgian neighbours is essential. Several initiatives have already emerged, including Charleroi, with the establishment of a European Territorial Cooperation Group. I hope that these links will be deepened and extended to other cities such as Mons and La Louvière. “We have a common destiny with Belgium”. Most communes in Nord are suffering from a fall in State subsidies. What are the links with your neighbours? What are the future prospects in common? In order to overcome these difficulties, it is necessary to come together around projects and pool our resources. On February 13 th, we created a group for the preplanning of an urban centre with the Agglomeration communities of Cambrai and Valenciennes Metropolis. Other communities have also joined. This structure will enable us to better coordinate on strategic topics such as health, education, employment and infrastructure. Organised and grouped together, we can lead and defend these projects with a single voice. I see this cooperation as a first step towards a broader collaboration across a Fraco-Belgian Hainaut, a Euro-region n
ENTRETIEN | La Porte du Hainaut fait partie des acteurs majeurs du département du Nord. En dépit de la politique d’austérité qui mine l’économie nordiste, la Communauté d’agglomération parvient à poursuivre son développement.
“Une terre d’industrie en pleine évolution”
Dans un contexte de crise qui exige un soutien local à l’activité des entreprises et à l’emploi, les enjeux sont d’abord économiques. Ainsi, nous investissons chaque année 15 à 20 millions d’euros dans nos 30 parcs d’activités. En outre, la Communauté d’agglomération organise le salon “Made in Hainaut” tous les deux ans. Près de 240 entreprises (120 en 2013 !) et 4 000 visiteurs professionnels étaient présents, en mai dernier, pour renforcer nos atouts ! La Porte du Hainaut (Valenciennois, Denaisis…) est une terre d'industrie en pleine évolution. Aux côtés de l’industrie automobile, ferroviaire, agroalimentaire et énergétique, les secteurs pharmaceutique et du numérique participent du renouvellement de notre économie.
“Une forêt domaniale de 4.000 hectares, poumon vert de la porte du Hainaut.” Le site minier de Wallers, “Arenberg Créative Mine” qui accueille les chercheurs de l’Université de Valenciennes et développe les tournages cinématographiques, constitue l’un des trois piliers du Pôle NordPas-de-Calais de l’industrie numérique. Nous accompagnons par ailleurs le projet canal Seine-Nord Europe qui innervera notre territoire (fret, logistique, navigation de loisirs). Enfin, le soutien que l’agglomération apporte aux PME, TPE et artisans locaux complète cette panoplie de moyens servant l’économie et l’emploi.
Avec 46 communes et 159 000 habitants, la Porte du Hainaut présente une vraie diversité d’aspects. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous devons tous être mobilisés par ces enjeux. D’une part, en dénonçant l’échec urbain et social de l’austérité ; d’autre part, en maintenant le cap de la solidarité budgétaire avec nos communes : 11,2 millions d’euros en 2014.
Cette diversité est un trait identitaire fort. Nous mettons en œuvre une solidarité financière et de projets, caractéristique de nos politiques depuis 14 ans. Et cela fonctionne ! Depuis sa création en 2001 avec 35 communes, la Porte du Hainaut a vu 11 villes et villages supplémentaires la rejoindre !
Avec ses nombreuses œuvres architecturales et le Parc naturel régional Scarpe Escaut, La Porte du Hainaut jouit d’un excellent pôle culturel et environnemental. Comment mettez-vous ces atouts en valeur ?
Nous avons appris à travailler ensemble, en additionnant savoir-faire et compétences de communes urbaines ou rurales toutes impactées aujourd’hui, par l’austérité déclinée à Paris et à Bruxelles. La suppression de la taxe professionnelle sous la précédente législature, la réduction des dotations d’Etat depuis 2012 conjuguent leurs effets. Le Président de l’Association des Maires du Nord, Patrick Masclet, dénonce notamment cet assèchement financier et le fait que “le nombre des communes qui entrent dans ce réseau d’alerte est en augmentation”.
Nous sommes pionniers avec la requalification de la Scarpe, affluent de l’Escaut : en investissant notamment pour préserver la faune et la flore tout en favorisant le tourisme fluvial.
© CAPH / Tayeb Benhammou
Pouvez-vous nous présenter les enjeux du territoire de la Porte du Hainaut ?
L’eau est une richesse de nos territoires qu’il faut mettre en valeur. Nous voulons développer un pôle santé bien-être, appuyé sur la station thermale de Saint Amand les Eaux qui vise les 10 000 curistes, et sur une forêt domaniale de 4 000 hectares, poumon vert incluant le vaste parc de loisirs de Raismes. Autant d'initiatives qui concilient besoins des habitants et attentes de nos visiteurs. C’est aussi notre façon de travailler à l'essor du Valenciennois n Propos recueillis par Jeanic Lubanza
Alain Bocquet Président de la Communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut
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Avril 2016 | Nord
Interview with: Alain Bocquet, President of the agglomeration community La Porte du Hainaut
© CAPH-S.Dhote
“An industrial heartland undergoing far-reaching change”
“A policy of financial solidarity and for our local projects has been a feature for 14 years – and it achieves results.”
La Porte du Hainaut is one of the most important actors of the département The agglomeration community is making progress towards its development in spite of the adverse effects of austerity on the area’s economy.
Can you describe the challenges currently faced by La Porte du Hainaut? In the context of a financial crisis which demands local support for businesses and employment, the challenges are primarily related to the economy, which is why we are investing between 15 and 20 million Euros in our 30 business parks every year. The agglomeration community also organises the “Made in Hainaut” trade fair every two years, and in May last year, close to 240 companies (up from 120 in 2013!) and 4,000 trade visitors came to highlight the attractions of our locality. La Porte du Hainaut, (which includes the inhabitants of Valenciennes and Denain), is an industrial heartland undergoing far-reaching change. Alongside the automotive, rail, energy and food production industries, the digital and pharmaceutical sectors are playing a role in our
economic renewal. The “Arenberg Creative Mine” mining site at Wallers, which hosts researchers from Valenciennes University and develops films for cinema, forms one of the three pillars of the Nord-Pas-de-Calais region’s digital hub. We are participating in the SeineNord Europe canal project which will stimulate the area through freight, logistics, and recreational use of the waterways. And the role of the agglomeration in supporting small, very small and medium-sized companies as well as local independent producers is the final method in the range used to boost the economy and employment. With its 46 communes and 159,000 inhabitants, La Porte du Hainaut is a truly diverse community. Can you tell us more about this aspect? This diversity is a strong facet of our identity. A policy of financial solidarity and for our local projects has been a feature for 14 years – and it achieves results. Since La Porte du Hainaut was created in 2001 with 35 communes, 11 additional towns and villages have joined us!
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We have learned to work together by pooling the knowledge and skills of our rural and urban areas which are all affected by the politics of austerity originating in Brussels and Paris. We are feeling the combined effects of the abolition of the business tax by the previous administration and the reduction in state grants since 2012. Patrick Masclet, President of the Association of Northern Mayors, has criticised this decline in financial support and the fact that “the number of communes now finding themselves in a state of alert in this regard is increasing”. We should all mobilise our efforts in the face of these challenges, firstly by rejecting the urban and social failure caused by austerity, and secondly, by continuing to demonstrate budgetary solidarity with our communes: 11.2 million euros spent in 2014. With its numerous works of architecture and the Scarpe-Escaut Regional Nature Park, La Porte du Hainaut boasts an excellent collection of cultural and environmental attractions. How can you show these to their best advantage? We took the lead with the reclassification of the Scarpe, the tributary of the Escaut, providing investment especially to preserve the fauna and flora while at the same time promoting river tourism. We need to make a feature of our waters, one of the riches of our local area. We also want to develop a health and wellbeing hub centred around the thermal baths of Saint-Amand-les-Eaux (which is aiming to reach 10,000 users every year) and the lungs of our area, the 4,000-hectare national forest encompassing the vast Raismes country park. These are all initiatives that reconcile the needs of our citizens and the expectations of our visitors – and allow us to begin to raise the status of the area of Valenciennes n
CHAPITRE 2
© goodluz - Fotolia.com
DÉvELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET EMPLOI / ECONOMIC DEvELOPMENT AND EMPLOyMENT
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Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Forte de l’attractivité de la métropole lilloise et de sa position centrale en Europe du nord-ouest, l’économie du département du Nord entrevoit l’avenir autour de projets novateurs. Une démarche à laquelle la CCI du Grand Lille prend toute sa part.
La troisième révolution industrielle est en marche
Le dynamisme du Grand Lille est avant tout dû à sa population. L’attractivité du territoire s’explique aussi par son positionnement, au cœur de l’Europe du nord-ouest, avec près de 80 millions de consommateurs regroupés dans un rayon de 400 kilomètres. La proximité avec la Belgique est également source de richesses. En étant totalement transfrontalier, le Nord bénéficie de l’activité de son voisin, notamment la Flandre occidentale où le chômage n’est que de 3,8 %. Notons qu'il n’y a pas de grande région dans le monde sans façade maritime active. Les trois ports de Boulogne, Calais et Dunkerque répondent à cette condition. Enfin, il faut un rapport fort et réciproque entre la métropole et la région. La MEL (Métropole Européenne de Lille) apporte son attractivité et son tertiaire supérieur, les Hautsde-France, sa jeunesse qualifiée et énergique.
de Lille, la CCI investit 130 millions d’euros en vue de doubler le trafic fluvial. Ce développement, orienté vers le multimodal, se concentre sur l’économie d’échange. Ce travail sur les flux s’illustre également avec l’aéroport de Lille-Lesquin qui a vu sa fréquentation passer d’un à 1,6 million de passagers ces cinq dernières années. Pour accroître l’attractivité de la région, l’amélioration de la mobilité est privilégiée. Entre les parcours domestiques et les flux nordsud et est-ouest, se forment des “thromboses” (des nœuds de circulation, ndlr) autour de la métropole qui peuvent gêner l’attractivité du territoire. Avec le président de la MEL, Damien Castelain, je me suis rendu en juin 2015 à Rotterdam pour observer les outils permettant d’accroître et fluidifier les déplacements. Enfin, ce qui différencie la région des autres espaces est son engagement dans la troisième révolution industrielle. En collaboration avec l’économiste Jérémy Rifkin et les collectivités, la CCI porte ce projet de transition économique basé sur une utilisation plus durable des ressources. Nous avons tout pour réussir.
En quoi l’action de la CCI du Grand Lille soutient-elle ce dynamisme ? Le rôle de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Grand Lille est double : n accompagner les entreprises locales dans leur développement, notamment en les incitant à exporter via le dispositif CCI International ; n aménager le territoire.
Le Grand Lille n’occupe-t-il pas une place trop importante dans l’économie du département du Nord ? Il faut une métropole puissante et attractive. Lille intéresse les investisseurs car elle concentre le tertiaire supérieur, la recherche, les universités. Le développement de la MEL doit servir celui de la région. Plus largement, toutes les sphères – politique, économique et culturelle – ont intérêt à travailler main dans la main pour soutenir un dynamisme qui profite à l’ensemble du territoire. Quelles sont les perspectives pour l’activité et l’emploi dans le Nord de demain ?
© Laurent Mayeux
Troisième économie de France après le Grand Paris et le Grand Lyon, comment expliquez-vous le dynamisme du Grand Lille ?
Même si le chômage est aujourd’hui élevé, des perspectives de recrutement subsistent. Une enquête de l’INSEE fait état de 30 680 projets de recrutement sur la métropole. Les demandes d’emploi sont nombreuses pour les ingénieurs et les cadres d’études notamment. Beaucoup de sociétés du tertiaire supérieur s’implantent sur le territoire. Le numérique et les technologies nouvelles présentent un potentiel important en termes d’emploi et d’activité. Le Nord conserve également la tradition marchande nordiste avec les centres de distribution, à l’image du groupe Mulliez. Et depuis quelques années, s’opère un vrai changement de mentalités : d’une logique salariale, nous assistons à l’ancrage d’un esprit entrepreneurial très encourageant n Propos recueillis par Nicolas Rinaldi
Philippe Hourdain Sur ce second point, notre action n’est pas neutre. Etant concessionnaire des ports 38 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Grand Lille
Interview with: Philippe Hourdain, President of the Grand Lille Chamber of commerce
©CCI Lille
The third industrial revolution is underway in the last five years. To increase the attractiveness of the region, improving mobility is a priority. Thromboses (Editor's note: traffic jams) form around the metropolis, between the domestic routes and the North-South and East-West flows, that may interfere with the attractiveness of the territory. I went to Rotterdam in June 2015, with the president of the EML, Damien Carreon, to observe the tools to enhance and streamline traffic. Finally, what differentiates the region from other regions, is its engagement in the third industrial revolution. In collaboration with the economist Jeremy Rifkin and the communities, the CCI is carrying out this economic transition project based on a more sustainable use of resources. We have everything to succeed. Doesn’t Greater Lille occupy too prominent a place in the economy of Nord? “The dynamism of Greater Lille is above all due to its population.”
Strengthened by the attractiveness of the Lille metropolis and its central position in Northwest Europe, the economy of Nord sees the future in innovative projects. The CCI of Greater Lille fully embraces this approach.
Third largest economy in France after Greater Paris and Greater Lyon, how do you explain the dynamism of Greater Lille? The dynamism of Greater Lille is above all due to its population. The attractiveness of the territory is also explained by its position, in the heart of Northwest Europe, with nearly 80 million consumers grouped within a radius of 400 kilometres. The proximity with Belgium is also source of wealth. Being totally cross-border, the Nord benefits from its neighbour's activity, including Western Flanders where unemployment is only 3.8%. Note that there is no larger region in the world without an active maritime coastline. The three ports of Boulogne, Calais and Dunkirk meet this condition. Finally, it should
be a strong and reciprocal relationship between the metropolis and the region. The EML (European Metropolis of Lille) contributes its attractiveness and its service sector, Hauts-de-France its qualified and energetic youth. How does the action of the Greater Lille CCI support this dynamism? The role of the Greater Lille Chamber of Commerce and Industry is twofold: n to support local businesses in their development, especially by encouraging them to export through the CCI International facility; n to develop the territory.
On this second point, our action is not neutral. As concession-holders in the ports of Lille, the CCI is investing 130 million euros to double the river traffic. This multi-modal development focuses on a sharing economy. This work on flows is illustrated by the Lille-Lesquin airport which has seen its footfall rise from 1 to 1.6 million passengers
You need a powerful and attractive metropolis. Lille is interesting to investors because it concentrates a service sector, research and universities. The development of the EML must serve the area. More broadly, all political, economic and cultural spheres have an interest in working hand in hand to support a dynamism which benefits the whole of the territory. What are the prospects for activity and employment in the Nord of tomorrow? Even though unemployment is high today, there remain recruitment opportunities. A survey by INSEE reported 30,680 recruitment projects in the metropolis. Job applications are numerous for engineers and teachers in particular. Many tertiary companies settle in the territory. The digital economy and the new technologies have significant potential in terms of employment and activity. Nord also maintains local market tradition with distribution centres, like the Mulliez Group. And in recent years, there has been a real change in attitudes: coming from a payday mentality, we are witnessing the rooting of a very encouraging entrepreneurial spirit n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 39
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Ancienne terre industrielle, le Nord a su profiter d’un tissu économique ancien et résistant pour entamer une reconversion réussie dans le numérique et la logistique. Mais sa position frontalière, peut se révéler aussi un désavantage, en raison de la forte concurrence avec ses voisins.
Lille ne doit pas être dans une centralisation à outrance
Autour d’une base industrielle historique forte (agro-alimentaire, sidérurgie, automobile…), les entreprises du département avaient déjà pris le virage du service (distribution, VPC, banques, assurances…). Depuis quelques années, et notamment grâce à notre positionnement géographique au cœur du Carrefour Londres – Europe du Nord – Ports de la Mer du Nord – Bassin Parisien, les entreprises, en lien avec les élus en charge de l’aménagement ont su apporter une réponse sur les attentes en termes de logistique (explosion du ecommerce, importations nécessitant conditionnement, finitions…). Aujourd’hui, des pôles autour de l’économie numérique (Euratechnologies ou la Plaine Image sur la métropole de Lille ou la Serre numérique deviennent de vrais clusters. Les pôles de compétitivité commencent également à faire émerger de réels éco-systèmes innovants porteurs de développement.
Comment le Nord résiste ou s’adapte-til à la concurrence de ses voisins belges, hollandais, luxembourgeois et allemands ?
Quels sont les atouts économiques du Nord ? Notre tissu d’entreprises est dense et diversifié, permettant ainsi d’amortir les chocs de mutations qui peuvent ponctuellement concerner l’une ou l’autre des entreprises.
Nos territoires français sont plus en résistance. Il suffit de regarder le long de la frontière nationale : on constate que les régions françaises limitrophes se développent moins vite que celles de l’autre côté de la frontière, montrant bien le déficit de compétitivité de notre pays. Le cas est encore plus flagrant dans le Nord. Ce déficit de compétitivité se concrétise hélas dans les indicateurs du chômage. La comparaison est flagrante nous concernant : avec un taux moyen supérieur à 13 % contre le plein emploi en Flandres (moins de 4 %). La Belgique attire de ce fait plus de 28 000 nordistes quotidiennement. Plus inquiétant, est de voir partir, par exemple, nos productions agricoles pour être transformées en Belgique : c’est toute la valeur ajoutée qui ainsi nous échappe !
Cette mutation peut s’appuyer sur un réseau dense de formation supérieure et tout au long de la vie : universités, écoles de commerce, de gestion ou d’ingénieurs… L’enjeu de la formation doit retenir toute notre attention. Le département est encore pénalisé par des lacunes dans la formation initiale et supérieure, mais également par une culture du salariat cependant en réelle évolution. 44 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Constitué de grands groupes leaders nationaux voir internationaux, mais également d’un tissu d’ETI souvent patrimoniales, bien ancrées dans les territoires, on voit éclore de nombreuses PME et start-up révélatrices de l’accroissement de l’entrepreneuriat dans notre région. Souvent en lien avec les écoles et universités, cette créativité est également le fruit des pôles de compétitivité, d’excellence et des clusters (technologiques, santé, nouveaux matériaux...). Autant d’initiatives, autant de mutualisations qui créent des écosystèmes favorables à l’éclosion, à la transformation, au développement de nos entreprises. Il convient de soutenir ce mouvement car de nombreux défis de mutations sont encore à venir. © XAVIER MOUTON - STUDIO HORIZON
Comment le Nord a-t-il surmonté la désindustrialisation des années 1970/ 80 pour redevenir une région économiquement attractive ?
Quels sont les grands projets en cours, les pistes de développement économique pour le département ? Trois points sont à prendre en compte : n nos territoires sont désormais en ‘’compétition’’ les uns avec les autres ;
Frédéric Motte Président du MEDEF Nord-Pas de Calais
n l’économie de la mobilité (des biens, des capitaux, des hommes) s’impose. Le Nord bénéficie d’un positionnement géographique, d’une population jeune, d’une densité urbaine forte et d’un important tissu d’entreprises. Il faut profiter de ce positionnement, former cette jeunesse, relier les territoires pour tous les associer aux opportunités à saisir, enfin favoriser l’éclosion et la mutation des entreprises. Ces défis relèvent de niveaux de compétences territoriales différents. Les élus départementaux doivent, entre autres, tout mettre en œuvre pour favoriser les échanges et l’accessibilité. L’enjeu des infrastructures est donc crucial. Je pense bien évidemment au Canal Seine-Nord, à l’accessibilité de Lille, aux liaisons entre notre réseau de villes autour de la métropole (Dunkerque – Valenciennes – Maubeuge). L’aménagement foncier en lien avec ces axes est à planifier simultanément (devenir de la base aérienne de Cambrai, zone
© Université d’été MEDEF Nord Pas de Calais juillet 2015
n les vainqueurs de demain seront les entreprises et les territoires agiles (et non plus les plus importants) ;
Pour Frédéric Motte, “les vainqueurs de demain seront les entreprises et les territoires agiles”, et non plus les plus importants.
le long de Seine-Nord, l’interland autour de Dunkerque…) Quels sont les difficultés, les obstacles qu’il reste encore à surmonter et quelles sont les pistes de réflexion à explorer ? Dans cette compétition des territoires, trois défis : tout d’abord celui de la formation de notre jeunesse, mais également tout au long de la vie, ainsi que celle de nos chefs d’entreprises pour accompagner les mutations et profiter des opportunités de la mondialisation et des révolution technologiques.
Ensuite celui de l’aménagement homogène du territoire. Enfin le défi de la compétitivité. Il faut absolument recréer le terreau favorable (fiscal, social, réglementaire…) pour que nos entreprises puissent retrouver la place qu’elles avaient et se battent à armes égales avec nos compétiteurs étrangers. Pour partager les diagnostics afin d’échafauder les politiques publiques adéquates il faut multiplier les passerelles, les échanges entre des univers qui ne se connaissent que trop peu : c’est tous ensemble que nous gagnerons n Propos recueillis par Julien Vallet
IMMONORME D IAG NO S T I C
IM M O BI L IE R
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 45
Avril 2016 | Nord
Interview with: Frédéric Motte, President of the Nord-Pas-de-Calais branch of MEDEF (Movement of the Enterprises of France)
Lille must not be excessively centralised Former industrial territory, Nord took advantage of its old and resilient economic fabric to start a successful reconversion into digital technology and logistics. But its border position can be also a disadvantage, because of the strong competition with its neighbours.
How has Nord overcome the de-industrialisation of the 1970/80s to become once again an economically attractive region?
French border regions are developing less quickly than those on the other side, showing well the competitiveness deficit of our country. The facts are even more obvious in our département. This lack of competitiveness is alas visible in the indicators of unemployment. The comparison is obvious in relation to us: with an average rate above 13%, against full employment in Flanders (less than 4%). Belgium attracts more than 28,000 inhabitants of Nord daily. More worrying is to see our agricultural production, for example, going to be processed in Belgium: we are losing all the value added this way!
From a historically strong industrial base (agro-alimentary, steel, automobile…), the departmental companies had already taken a turn towards the service sector (distribution, mail order, banking, insurance…). For some years, and in particular thanks to our location at the centre of the London Northern Europe - Northern Seaports Paris Basin crossroads, the companies, in conjunction with the ministers in charge of development, were able to respond to expectations in terms of logistics (explosion of e-trades, imports needing processing, completions…). Today centres around the digital economy (Euratechnologies and Plaine Image around the Lille metropolis or the Digital Incubator) are becoming real hubs. The centres of excellence are also beginning to create real innovative ecosystems leading to development. This change can rely on a dense network of higher education and lifelong learning: universities, trade, management and engineering schools… The training issue must hold all our attention. The department is still punished by gaps in initial and advanced training but also by an employment culture in a phase of real evolution.
Our company network is dense and diverse, making it possible to absorb the shocks of any changes that hit one or other of the companies from time to time. Made up of large national leader groups, sometimes international, but also a network of often heritage intermediate size companies, well anchored in the territories, many SMEs and start-ups are also flourishing, revealing the increase in entrepreneurs in our region. Often in conjunction with schools and universities, this creativity is also fruit of the centres of competitiveness, excellence and hubs (technological, health, new materials). So many initiatives, so many partnerships which create eco-systems favourable to the creation, transformation, and development of our companies. It is advisable to support this movement since many challenges of change are still to come.
How does Nord resist or adapt to competition from its Belgian, Dutch, Luxembourg and German neighbours?
There are 3 points to take into account:
Our French territories are more in a resistance mode. All it takes is looking along the national border: one notes that the
What are the economic assets of Nord?
What are the big projects in progress, the economic development directions for the department?
n Our territories are now in “competition” with each other; n The winners of tomorrow will be the nimble companies and territories (not the biggest).
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n A mobile economy (of goods, capital, people) is essential.
Nord benefits from a strong location, a young population, strong urban density and a large network of companies. We need to make the most of this positioning, to educate this youth, to connect the territories to link them to the opportunities available to support the hatching and evolution of the companies. These challenges occur at all levels of the territorial responsibilities. The elected representatives of the department must, amongst other things, deploy every resource to support exchange and accessibility. The infrastructure stakes are crucial. I am thinking of course of the Nord-Seine Canal, the accessibility of Lille, the connections between our network of towns around the metropolis (Dunkirk - Valenciennes Maubeuge). Land development in conjunction with these axes must be planned all together (future of Cambrai air base, zone along the Seine Nord, the inter-Land around Dunkirk…)
What difficulties and obstacles are still to be surmounted and what routes of reflection still to explore? In this competition of the territories, there are three challenges: first of all education; that of our youth but also lifelong, like the education of our heads of companies, to support change and benefit from the opportunities of globalisation and the technological revolution. Then, there is the harmonious development of the territory. Finally, the competition challenge. It is absolutely necessary to create fertile ground (tax, social, regulatory…) so that our companies can regain the place they once had and fight with weapons equal to the foreign competition. To share analyses in order to set up adequate public policies, it is necessary to multiply the bridges and exchanges between universes too little known to each other: only together can we win n
ENTRETIEN | Pierre angulaire de l’économie du département, l’agriculture nordiste s’inscrit dans une longue histoire partagée avec celle du Pas-de-Calais. Au sein d’une région hyper-productive, le Nord s’affirme par la diversité de ses élevages et cultures. Une réussite à laquelle s’associe la Chambre d’Agriculture de la région Nord-Pas-de-Calais.
Au niveau de notre économie régionale, le secteur représente un poids important, si ce n’est décisif : c’est le premier exportateur et le premier employeur avec près de 86 000 professionnels (en comptant les productions et les filières). L’agriculture et ses filières dans les Hauts-de-France correspondent en termes de volume d’activité à la production de 480 TGV ou 57 A330 par an. Notre dynamisme économique repose en grande partie sur le travail des cultivateurs et éleveurs du territoire.
“Un maillage agricole divers et riche.”
Le département du Nord est-il le moteur du dynamisme agricole en Hauts-deFrance ? Pour le dynamisme du secteur, le Nord occupe une place importante et présente certaines particularités. Le département est physiquement très allongé et, au centre, la métropole lilloise est dynamique en matière agricole. Au nord, sont surtout cultivés les betteraves, pommes de terre, céréales et autres légumes de conserve. Après Valenciennes, l’élevage est prééminent, bénéficiant des zones herbagères de l’Avesnois. Sur le secteur des Flandres et près de Lille, il existe une production hors sol de porcins et
de volailles. Sans oublier la production de houblon et les vergers. Globalement, il se fait ici de tout sauf du vin. Je dis habituellement : “Des épinards oui, du pinard non !”. Il y a des spécificités dans les départements des Hauts-de-France. Si les chiffres démontrent une activité légèrement plus productive pour le Pas-de-Calais, ce sont néanmoins deux espaces agricoles similaires au regard de leurs structures et performances. Historiquement, de grandes familles de l’agroalimentaire étaient installées dans le département du Nord. Pour la Chambre d’Agriculture de région Hauts-de-France, c’est une chance exceptionnelle de pouvoir profiter de l’exemple de ces entreprises – Bonduelle ou Lesaffre par exemple – qui ont donné des idées aux autres agriculteurs. Aujourd’hui, nous comptons de très grands groupes ainsi que des petites PME qui forment un maillage agricole divers et riche.
“Notre dynamisme économique repose en grande partie sur le travail des cultivateurs et éleveurs du territoire.”
Des actions sont-elles menées en faveur d’une filière davantage implantée dans le département du Nord ?
© Chambre d'Agriculture région NPC
Quelle place occupent l’agriculture et ses filières dans l’activité économique de la région ?
© JÄNNICK Jérémy
“Des épinards oui, du pinard non !”
La Chambre d’Agriculture de région Hautsde-France résonne toujours de manière globale et ne privilégie pas un espace géographique par rapport à un ou plusieurs autres. Une seule entorse s’applique à cette règle : nous procédons nécessairement à une démarche spécifique sur Lille et sa métropole. Elle consiste à réguler les problèmes liés au foncier, à l’activité agricole et à des réflexions agroalimentaires qui sont propres à ce territoire. Des conventions sont néanmoins entretenues avec les conseils départementaux qui ont toute latitude pour mettre en avant leurs atouts n Propos recueillis par Nicolas Rinaldi
Jean Bernard Bayard Président de la Chambre d’Agriculture de région Nord-Pas-de-Calais
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Avril 2016 | Nord
Interview with: Jean Bernard Bayard, President of the Nord-Pas-de-Calais Regional Chamber of Agriculture
© chambre agriculture région Nord Pas-de-Calais
“Spinach, yes, wine no!” Nord are mainly grown beets, potatoes, cereal and other vegetables for canning. Beyond Valenciennes, the main activity is breeding, benefiting from the Avesnes grassland areas. In the sector of Flanders, near Lille, there is off-ground pig and poultry production. Not to mention the production of hops and orchards. Overall, there is everything here but wine. I usually say: “Spinach, yes, wine no!”
“Agriculture represents a significant, if not decisive, weight.”
“The Hauts-de-France Chamber of Agriculture still has a comprehensive approach and does not favour one area over another.”
Cornerstone of the departmental economy, Nord agriculture shares a long history with the Pas-de-Calais region. Within a hyper-productive area, the Nord asserts itself via the diversity of its farms and crops. It shares this success with the Nord-Pas-de-Calais Chamber of Agriculture. What place does agriculture and its derivative industries occupy in the economic activity of the region? At the level of our regional economy, the sector represents a significant, if not decisive, weight: it is the number one exporter and the largest employer with nearly 86,000 pro-
fessionals (including productions and derivatives). In Hauts-de-France, agriculture and its subsidiaries make up 480 TGV or 57 A330 per year in terms of business volume production. Our economic dynamism rests largely on the work of farmers and breeders in the territory. Is Nord département the engine of agricultural dynamism in the Hauts-deFrance? For the dynamism of the sector, the department plays a pivotal part and has certain peculiarities. It is physically very elongated, and at the centre, the metropolis of Lille is dynamic in matters of agriculture. To
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There are some specificities in the two departements of Hauts-de-France. While the figures show slightly more productive activity for the Pas-de-Calais, they are nonetheless two similar agricultural areas with regard to their structures and performance. Historically, large food industry families were in the Nord. For the Hauts-de-France Chamber of Agricul-ture, it is a unique opportunity to benefit from the example of these companies — Bonduelle or Lesaffre for example — which gave ideas to other farmers. Today, we have very large groups and small SMEs which form a diverse and rich agricultural network. Are there activities underway to create a sector that is more rooted in the Nord? The Hauts-de-France Chamber of Agriculture still has a comprehensive approach and does not favour one area over another. There is just one exception to this rule: we necessarily take a specific approach to Lille and its metropolis. This is to regulate the problems related to land, agriculture and agroalimentary developments specific to this territory. Agreements are nevertheless maintained with the departmental councils which retain all freedom to highlight their assets n
ENTRETIEN | Le département du Nord est un territoire d’artisanat. Son histoire et son présent en font le moteur de la région même si certaines structures exigent une amélioration. La Chambre des Métiers et de l’Artisanat Nord-Pas-de-Calais, instigatrice de nombreux projets d’avenir, en est bien consciente.
“Nous améliorons les conditions de travail des entreprises” Pouvez-vous présenter l’activité de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat Nord-Pas-de-Calais ? Notre chambre est l’une des rares en France à bénéficier d’un périmètre régional avec un seul établissement public. Fixées par la loi, ses missions régaliennes consistent à simplifier la vie des entreprises, en gérant notamment leur état civil ainsi que l’ensemble des formalités administratives qui les concernent. Gestionnaire des contrats d’apprentissage, la CMA accompagne également les artisans dans leur développement (sur les plans économique, gestion des ressources humaines et exportation), fournissant une réponse personnalisée à leurs demandes individuelles et collectives. Elle gère par ailleurs l’Université régionale des métiers tout en conservant sa vocation d’information et d’orientation. Sans oublier ses partenariats avec de diverses coopératives qui permettent de fédérer les artisans pour leur donner une meilleure puissance d’achat lors des négociations. L’artisanat est-il davantage ancré dans le département du Nord ? Traditionnellement, que ce soit dans l’artisanat ou dans l’économie en général, le Nord concentre 3/5ème de l’activité régionale. Il n’y a pas vraiment de spécificités propres à chaque département. Une homogénéité se dégage même au sein de la région. Nous partageons la même histoire en termes d’industrie, d’entreprises, d’artisanat. Ce sont plutôt des espaces plus restreints qui disposent d’une identité singulière. Dans le Pas-de-Calais, il faut différencier l’espace minier, où l’artisanat est peu ancré, d’autres
localités comme Saint-Omer où il est très présent. Dans le Nord, l’Avesnois est davantage en difficulté que le secteur de la métropole lilloise. Comment comptez-vous intéresser les jeunes à s’orienter vers les métiers de l’artisanat ? La campagne de communication “L’artisanat, première entreprise de France” présente notre secteur comme un véritable moteur économique, qui rassemble plus de trois millions d’actifs dans tout le pays. En plus d’un emploi, les jeunes peuvent y saisir la chance de devenir entrepreneur, pour s’ouvrir des perspectives à la fois personnelles et professionnelles. Par ailleurs, une tendance s’impose aujourd’hui avec des “nouveaux entrants” (entre 35 et 45 ans), qui ont préféré quitter les grands groupes pour prendre leur avenir en main. L’artisanat répond à cette de-
mande, pour peu que l’on accepte de prendre un peu de risques. Le 22 mai 2015, vous lanciez officiellement le chantier de l’Eurartisanat. En quoi consiste ce projet ? Le 22 mai, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Nord-Pas-de-Calais a officialisé le début des travaux, qui devraient s’achever en septembre 2017. L’idée initiale est de mutualiser nos installations, puisqu’au sein de la métropole lilloise nous disposons de quatre sites distincts. Un tel étalement n’est pas vraiment fonctionnel. En regroupant sur un même espace les services aux sociétés, nous améliorons les conditions de travail de ces dernières. Ensuite, il s’agit d’adapter nos structures au regard des nouveaux besoins des entreprises. L’économie, l’administratif, la formation se retrouvent en un même lieu de façon à ce que la CMA puisse être, pour l’artisan, l’endroit où il peut trouver la totalité des réponses à ces questions. Sur ce projet, nous disposons d’un soutien extrêmement puissant. Le Conseil régional des Hautsde-France, dont les compétences sont l’économie et la formation, est notre partenaire prioritaire. Par l’intermédiaire du Plan d’Investissements d’Avenir, l’Etat est également présent. Enfin, le Conseil Départemental du Nord et EuraTechnologies accompagnent eux aussi l’évolution de la métropole et de son artisanat n Propos recueillis par Nicolas Rinaldi
Alain Griset Président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat Nord-Pas-de-Calais
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Avril 2016 | Nord
Interview with: Alain Griset, President of the Chamber of Trades and Skills of Nord-Pas-de-Calais
The département of Nord is a land of tradespeople and skills. Its past and present make it the driving force of the region, even if organisational improvements are required in certain areas. The Chamber of Trades and Skills of the Nord-Pas-de-Calais region, which has initiated numerous projects for the future, is well aware of this fact.
Could you tell us about the activities of the Chamber of Trades and Skills of NordPas-de-Calais (CMA: Chambre des Métiers et de l’Artisanat)? Our chamber is one of the few in France that is regional in scope while having just one public body. Its core functions are set in law; they are to simplify life for companies, especially by managing their state records and all administrative formalities that affect them. The CMA administers apprenticeship contracts and also assists tradesmen and women in their development (financial matters, managing human resources, exports), giving them personal solutions to their individual and collective needs. It also manages the regional university for skills while retaining its purpose of providing guidance and information. Finally, it works in partnership with various cooperatives which act as umbrella groups for tradespersons, giving them greater bargaining power during negotiations. Within the region, are trades more prominent in the département of Nord? Traditionally, 60% of the region’s activity is concentrated in Nord, whether it be derived from the independent trades or from general economic activity. There are no real traits that are specific to each département. Even within the region as a whole, the picture is rather homogenous. We share a common heritage of industry, business
© DR
“We are improving working conditions for companies”
Traditionally, 60% of the region’s activity is concentrated in Nord, whether it be derived from the independent trades or from general economic activity.
and skills/trades. I would say that smaller areas are more likely to have their own special identity. Within Pas-de-Calais, there is a distinction to be drawn between the mining zones, where trades have a lesser presence, and other localities such as Saint-Omer where they are a prominent feature. In Nord, the sector is faring less well in Avesnes than in the Lille region.
How do you intend to encourage young people to take an interest in learning a trade? The awareness campaign “Independent trades: the largest employer in France” portrays our sector as a true economic driving force bringing together more than 3 million workers across France. As well as gaining a job, young people who choose a trade have the opportunity to start their own business, which opens up personal and professional horizons. In addition, a notable trend today involves new entrants aged between 35 and 45. These are people who have opted to leave large companies and take control of their own future careers. Choosing to work independently in a trade can give you this control, as long as you can accept a few risks.
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On 22 May 2015, you officially launched the “Eurartisanat” building project. What is the project about? On 22 May, the Chamber of Trades and Skills of Hauts-de-France officially opened the work to build this project, which is scheduled for completion in September 2017. The initial idea is to bring our facilities together, as within the Lille metropolitan area we have four separate sites. Spreading our services in this way is not particularly practical. Concentrating our services to companies under the same roof will allow us to improve their working conditions. The second idea is to adapt the way we do things in the light of the changing needs of companies. In order for the CMA to be a one-stop response to the questions posed by tradesmen and women on finance, administration and training, these services will be located in the same place. We have very powerful support for this project: the Hauts-deFrance regional council, which has responsibility for the economy and training, is our most important partner. The state is also playing a role by means of the Future Investments Plan. Finally, the Departmental Council for Nord and EuraTechnologies are also supporting the development of our city and its trades and skills n
CHAPITRE 3
© Philippe HOUZE
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET FORMATION / HIGHER EDUCATION AND TRAINING
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 53
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Au-delà des missions traditionnelles de formation et de recherche, l’Université catholique de Lille contribue activement aux évolutions économiques et sociales.
L’université catholique de Lille : un écosystème innovant en dialogue avec la société
Notre Université présente un modèle original dans le paysage français et européen de l’enseignement supérieur. Elle est à la fois : n une fédération d’écoles et de facultés, qui accueille au total 27 000 étudiants, et représente le deuxième ensemble universitaire de la région ; n le troisième opérateur de soins de la région avec trois hôpitaux et 1 000 lits d’hospitalisation, en coopération permanente avec notre faculté de médecine ; n le premier opérateur de la région en ce qui concerne les Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ;
les personnes en situation de handicap, à promouvoir le “vivre ensemble” dans un cadre de mixité sociale, rassemblant toutes les activités humaines : habitat, entreprises, services, établissements médicosociaux, activités universitaires et culturelles...
ont été aménagés pour permettre aux étudiants, aux chercheurs, en lien avec les entreprises et les collectivités, de développer au sein de ces espaces de créativité des coopérations pédagogiques innovantes autour des méthodes de co-design.
Je suis donc à la fois le président de l’ensemble de la fédération, et le recteur du domaine facultaire, sanitaire et médico-social.
En même temps, dans le cadre des engagements de notre région dans la troisième révolution industrielle, nous avons développé un très important programme (LIVE TREE) de transition énergétique, économique et écologique de notre campus, qui va devenir en lui-même un écosystème innovant tourné vers les enjeux de préservation de la planète.
Pouvez-vous nous parler du programme de développement durable que vous mettez en place dans les universités ? Qu’appelez-vous “écosystème innovant” ? Depuis 2008, nous avons pour ambition d’investir dans les nouvelles économies et notamment l’économie créative, ainsi que dans le développement durable. En quelques années 5000 m2 d’écosystèmes innovants
“Nous avons pour ambition d'investir dans les nouvelles économies.” L’Université regroupe au total plus de 5 000 salariés, avec un budget annuel de l’ordre de 600 millions d’euros. Il s’agit donc d’un opérateur économique très important sur le territoire. L’Université a également contribué à créer un quartier de ville expérimentale : “Humanicité”, qui vise à prendre en charge 54 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Vous prônez l’innovation par la base et non par la recherche… Pouvez-vous nous en dire plus ?
© UCL
En tant que président-recteur de l’Université Catholique de Lille, quel est votre rôle et vos différentes missions ?
La recherche reste essentielle, comme producteur de connaissances pour les enseignements et comme producteur potentiel d’innovations. Nous voulons situer notre différence dans l’expérience, dans l’innovation par les usages. La volonté de l’université est d’utiliser notre production comme un gisement de création de valeur, à la fois dans le champ pédagogique et dans celui du développement.
Pierre Giorgini Président-recteur de l’Université Catholique de Lille
© Adicode
Quels sont vos projets futurs pour l’Université Catholique de Lille ? L’objectif principal est de réussir la mise en œuvre des écosystèmes innovants dans tous les domaines, tous les champs disciplinaires, tous nos métiers.
“Un acteur clé pour l’ensemble de la Région Hauts-de-France.” L’un des objectifs est par exemple de mener 110 projets d’innovation par an, créés en partenariat avec des entreprises, notamment des PME/ PMI . Près de 40% des étudiants de l’Université Catholique de Lille sont issus du Nord.
En quoi l’Université Catholique de Lille est-elle un acteur clé du département du Nord ? Environ 40 % de nos étudiants sont issus du Nord. Et nos collaborations avec les entreprises nordistes sont très denses et nombreuses. Mais l’Université catholique de Lille
est surtout un acteur clé pour l’ensemble de la région Hauts-de-France et du territoire. L’université est à la fois un démonstrateur de nouveaux processus, un lieu d’expérimentation, d’innovation, mais aussi de formation des jeunes à de nouveaux concepts et aux enjeux d’une société en “transition fulgurante”.
La décision récente de Leroy Merlin d’installer à proximité de notre campus son deuxième TECH SHOP en France est un réel aboutissement pour notre Université, car nos étudiants pourront ainsi avoir accès à 25 000 m2 d’espaces de créativité et d’innovation n Propos recueillis par Valentine de Brye
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 55
Avril 2016 | Nord
Interview with: Pierre Giorgini, President and Vice-Chancellor of Lille Catholic University
Lille Catholic University: An ecosystem for innovation meeting the needs of a changing society Lille Catholic University plays an active part in social and economic developments, with a presence that reaches beyond the traditional university functions of education and research.
The Province of Namur is not just a geographic area - it is also an institution. Could you say a few words about this? Our university is based on a model which is unique among French and European higher education institutions. Simultaneously, it acts as: n A federation of schools and universities with 27,000 students in total, making it the second-largest provider of university education in the region. n The third-largest regional healthcare group with three hospitals and 1,000 beds, working in continuous partnership with our faculty of medicine. n The largest regional provider of supervised housing for older residents with care needs.
With more than 5,000 employees in total and an annual budget of approximately 600 million euros, the university is a vital player in the regional economy. It has also helped create what is called the “Humanicité” within the city: an experimental and community-based approach to living which provides services for disabled citizens and covers all aspects of life in a diverse society – living space, business, services, social and healthcare settings, as well as cultural and university activities, and so on.
So I am both president of the entire federation and vice-chancellor of the educational, health, and medical and social bodies. Could you tell us about the sustainable development programme you are implementing in the universities? What is an “ecosystem for innovation?” Our goal since 2008 has been to invest in the new economies, especially the creative economy, as well as in sustainable development. In the space of a few years, 5,000 square metres have been developed into ecosystems for future innovations, and students and researchers can use these creative spaces to develop innovative educational partnerships with local authorities and companies, using co-design methods.
“The university is a place of experimentation and innovation, an outlet for new processes.”
At the same time, we have established the LIVE TREE programme in connection with our region’s commitments as part of the third industrial revolution. This is a very important programme of transition involving the energy, ecology and economy of our campus, which will itself become a forward-facing ecosystem aligned with the goals and challenges of preserving the planet. You are an advocate of innovation from the bottom rather than through research. Could you explain this concept? Research remains essential to produce the knowledge we need to teach and as the potential source of new innovations. We
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would like the difference we make to be felt through experience, through innovations in behaviour. The university wants what we produce to be utilised as a source of new values, in both education and development. In what aspects is Lille Catholic University a key actor in the département of Nord? In the region of 40% of our students come from this area, and we are keenly involved in numerous partnerships with local businesses. This said, Lille Catholic University is a key player in particular for the overall Hauts-de-France region. The university is a place of experimentation and innovation, an outlet for new processes, as well as a place where young people learn about new concepts and the goals and challenges of a rapidly-changing society. What are your plans for the future of Lille Catholic University? The main objective is to successfully embed these ecosystems for innovation across the board, in all areas, academic fields and university professions. As an illustration, one aim is to implement 110 innovation projects every year which are created in partnership with business, especially small and medium-sized enterprises and industries. The recent decision by Leroy Merlin to open its second “Tech Shop” in France at a location close to the campus is a very positive outcome for the University, as our students will have access to a 25,000 m 2 space for creation and innovation n
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Grâce à ses ressources éducatives, le département souhaite renforcer les projets éducatifs locaux. Pour y parvenir, le dialogue entre les différents acteurs des collèges et les institutions du Nord est primordial.
Actuellement, nous effectuons un inventaire du patrimoine immobilier des collèges : faut-il réhabiliter, reconstruire, créer ou rassembler certaines structures scolaires ? En outre, le Département doit surveiller la démographie du Nord puisqu’une baisse de la population est attendue d’ici 2020. Il faut répondre à ces problématiques tout en assurant la satisfaction des besoins des élèves et des équipes éducatives avec les moyens dont nous disposons. Par ailleurs, prendre conscience des difficultés pour effectuer ces tâches est essentiel. Lors des visites ou des rencontres réalisées avec les chefs d’établissements, plusieurs faits alarmants sont ressortis : des bâtiments construits qui ne servent plus mais dont on doit assumer le fonctionnement, certains agrandissements d’ordre secondaire mais apportant une plus-value au territoire… sont autant de problèmes dont nous payons désormais les conséquences et accessoirement, le prix !
tion. C’est également l’opportunité de travailler sur des points particuliers dans les régions sinistrées. Les axes sont-ils encore assurés ? Quels sont les futurs projets à mener ? Toutes ces questions font partie de notre champ d’action, particulièrement dans le cas des relations famille-institution scolaire. Les parents sont informés des conditions d’éducation de leurs enfants, à nous, Département de faciliter les échanges entre les établissements et la famille.
“Les principaux des collèges ont pour mission d’être les moteurs et les fédérateurs de leur équipe éducative.”
Par quels moyens favorisez-vous les réussites tout en réduisant le décrochage scolaire ?
agir notamment sur le décrochage scolaire… qui signifie, pour beaucoup d’enfants, de voir leur projet de vie s’écrouler en partie. En tant que maire-adjointe dans la commune d’Hem, je travaille avec les écoles primaires. Ainsi, anticiper un décrochage scolaire devrait se faire en amont, dès la maternelle. Un certain nombre de dispositifs et d’accompagnements indispensables sont à mettre en place rapidement pour éviter ces phases d’échecs au collège.
Les principaux des collèges ont pour mission d’être les moteurs et les fédérateurs de leur équipe éducative. Il est dans leurs intérêts de conserver un lien fort avec les institutions du Nord en communiquant sur les problématiques qu’ils rencontrent, dans quel secteur, et la manière dont elles peuvent être résolues. J’insiste sur l’importance du dialogue car c’est grâce à la transparence et au travail de confiance que nous pouvons
Quels sont les dispositifs mis en place pour répondre aux besoins des collégiens ? Il y a trois ans, l’équipe précédente a mis en place le Projet Educatif Global Départemental (PEGD). Pour l’heure, un bilan de ce projet va être effectué afin d’évaluer si le dispositif est toujours en cohérence avec les besoins des jeunes et des territoires dans le but de le réadapter. Le Département déterminera les futurs objectifs après l’évaluation du projet et à partir d’une concertation qui réunira tous les acteurs de l’éduca60 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Quelles sont les modifications qu’engendrera la réforme du Collège en 2016 ? © Dominique LAMPLA
Le Département est le propriétaire des 202 collèges publics du Nord. Quelle est votre politique en matière de réhabilitation et de reconstruction ? Comptez-vous poursuivre l’expansion des collèges ?
© Philippe HOUZE
“L’éducation est l’affaire de tous”
Il faut s’adresser à l’Education Nationale ! Nos compétences ne sont pas pédagogiques même si elles peuvent interférer sur le fonctionnement matériel de nos établissements. Bien entendu, l’éducation est l’affaire de tous et elle commence à la maison. Dans ce cadre, l’école ne devrait être qu’un relai efficace qui porte les élèves vers leur avenir n Propos recueillis par Jeanic Lubanza
Joëlle Cottenye Vice-Présidente chargée de l’Education et des collèges
Interview with: Joëlle Cottenye, Vice-President of Education and collèges
Thanks to its educational resources, the département would like to strengthen local educational projects. To achieve this, it is essential to create dialogue between the different players in the colleges and institutions of Nord.
© Philippe HOUZE
“Education is everybody’s business”
The département owns 202 public collèges* in Nord. What is your policy on redevelopment and reconstruction? Are you intending to expand the collèges? As things stand, we are carrying out an inventory of the real estate assets of colleges: should we redevelop, reconstruct, create or merge some school structures? In addition, the département must monitor the demographics of Nord, since the population is expected to decline by 2020. We must respond to these issues while meeting the needs of students and educational teams with the means at our disposal. Furthermore, it is essential to become aware of the difficulties of performing these tasks. During visits and meetings with the heads of institutions, several alarming facts emerged: buildings that no longer serve a purpose, but whose operation must be ensured, certain minor enlargements, bringing added value to the territory... are problems for which we are now paying the consequences and, incidentally, the price! What arrangements are in place to meet the needs of collègiens? Three years ago, the previous team implemented the Global Departmental Education Project (GDEP). A review of this project will now be carried out to assess if the arrangement is still consistent with the needs of young people and the territories in order to update it. The département will determine future objectives after the assessment of the project and from a consultation that will bring together all the stakeholders in education. It is also an opportu-
“We are carrying out an inventory of the real estate assets of colleges: should we redevelop, reconstruct, create or merge some school structures?”
nity to work on specific points in affected areas. Are the axes still covered? What are the future projects? All these issues are included in our field of action particularly in the case of family-school relations. Parents are informed of the conditions of education of their children, it is up to us, the département, to facilitate exchanges between institutions and families.
we can take action on school dropout rates, which means, for many children, a partial collapse of their life plan. As a Deputy Mayor in the commune of Hem, I work with primary schools. Preventing school dropout should be happening upstream, as early as kindergarten. A range of indispensable facilities and support need to be implemented quickly to avoid these phases of college-level failure.
How do you promote your successes while reducing early school leaving?
What are the changes that will result in the reform of the collège in 2016?
Collège principals must drive and unite their educational team. It is in their interests to maintain a strong link with the institutions in Nord by communicating about the problems they encounter, in which sector, and how to resolve them. I insist on the importance of dialogue because it is through transparency and trust-building work that
You need to look to the National Education! Our skills are not educational even if they intervene in the material operation of our institutions. Of course, education is everyone's business and it starts at home. Within this framework, the school should be an effective stop to help bring students into their future n
* The collège is lower secondary school for children aged 11-15, called “collégiens.”
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 61
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Le saviez-vous ? C’est dans le Nord que s’inventent les transports de demain avec le pôle I-Trans.
Pôle I-Trans : c’est dans le Nord que se pensent les transports du futur ! Qu’est-ce que I-Trans ?
Quelle est la gouvernance du pôle I-Trans ?
Le pôle de compétitivité joue depuis 2005 le rôle de catalyseur pour tout un secteur de recherche : la multimodalité et les transports durables : mode ferroviaire, où il est le seul pôle en France, et automobile.
Le principe du cluster est de rassembler des acteurs publics et privés.
Plusieurs projets voient le jour entre deux grands domaines technologiques : Les matériaux : n Cademce à Méaulte (80) : captage de courant entre caténaire et pantographe. Il est sans équivalent au monde ;
Ils sont 120 partenaires, au total : n 20 grandes entreprises, 60 entreprises de taille Intermédiaire (ETI), PMI et TPE ;
Qu’est-ce qui a valu à la Région Hautsde-France cette implantation ?
n le CRITT M2A à Bruay-la-Buissière (59) : développe des moteurs turbos et électriques, plus petits et émettant moins de CO2 ;
n 25 à 30 % d’organismes de recherche et de formation.
C’est une grande région d’industrie ferroviaire : Alstom et Bombardier à Valenciennes, établissement public de sécurité ferroviaire à Amiens. C’est aussi la première région automobile : PSA et Toyota à Valenciennes, Renault à Douai et Maubeuge ainsi que trois sites de production de moteurs et boîtes de vitesse. Ajoutons-y leurs nombreux équipementiers, certains avec des centres de recherche.
n Eurotunnel : projet sur l’usure des rails, joint des soudures pour la réduction du coût de maintenance ;
“I-Trans développe d’abord des projets d’innovation.”
n le projet Ultimate piloté par Alstom : métros en matériaux composites, fibres et résines aussi résistants mais moins bruyants, 30% plus légers et 20 % moins chers.
© pôle I-Trans
© pôle I-Trans
Il est à noter que 60 % de ses membres seulement se situent en Hauts-de-France : le pôle ne vit pas en vase clos et fait participer des partenaires extérieurs.
Quels projets le pôle I-Trans porte-t-il ? I-Trans développe d’abord des projets d’innovation. De nature collaborative, ils ont une durée de trois ans en moyenne. Ils réunissent chacun trois à dix partenaires. En dix ans, 220 projets ont été montés, soit un total de 550 participants.
Jean-Marie Delbecq Président du pôle I-Trans
En outre I-Trans a monté des projets dits structurants visant à implanter sur le territoire des plateformes d’excellence internationale dotées de moyens matériels et humains dans un domaine de spécialisation.
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Pr Yves Ravalard Conseiller scientifique
© pôle I-Trans
Le numérique : n certification virtuelle sur ordinateur ; n aide à la conduite ferroviaire et automobile ; n systèmes embarqués : les signalisations sur voie disparaîtront à terme au profit du positionnement satellitaire au moins sur les voies à débit moyen. Ces innovations apporteront un gain sensible en fiabilité, en confort et en capacité de trafic sur les lignes. Et elles abaisseront jusqu’à 50 % les coûts de fabrication et d’exploitation. Notre revue a une vocation européenne. Pourriez-vous détailler pour nos lecteurs vos ambitions hors de nos frontières ? I-Trans coopère avec un réseau de clusters ferroviaires en Europe : trois en Allemagne, un en Grande-Bretagne, un en Autriche, Espagne, Italie, Pologne, Belgique et bientôt en Scandinavie.
Première région automobile, les Hauts-de-France bénéficie d’une industrie ferrovière importante.
80 % des clients du CRITT M2A sont internationaux. Et l’Agence ferroviaire européenne siège à Valenciennes. Quel est l’enjeu économique de la R&D dans les transports ? L’innovation permet le maintien du secteur des transports très implanté dans le Nord.
Le secteur ferroviaire est promis à un bel avenir auprès des pays émergents : n Arabie saoudite : projets à Riyad et La Mecque ; n Inde : 20 villes de plus de deux millions d’habitants demandeuses en transports urbains n Propos recueillis par Olivier Sourd
MONDE EDITION COMMUNICATION & CREATION GRAPHIQUE
2015/ 02636
3, rue Mornay - 75004 Paris
Tél: 01 44 54 05 50 Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 63
Avril 2016 | Nord
Interview with: Jean-Marie Delbecq, President of the I-Trans hub and Pr Yves Ravalard, Scientific Advisor
I-Trans in Nord: Tomorrow’s travel is taking shape here today I-Trans: Did you know the transport methods of tomorrow are being invented in Nord?
What is I-Trans? Since 2005, the business cluster has been a catalyst for an entire field of research centred on sustainable and multimodal transport, comprising rail (the only such cluster in France) and motor vehicles. Why was the Hauts-de-France region chosen as the location for this hub? The rail industry has a major presence in this region, with Alstom and Bombardier at Valenciennes, and the public rail safety authority located in Amiens. It is also the foremost region in France for the automotive industry, with PSA and Toyota in Valenciennes, Renault in Douai and Maubeuge and three engine and gearbox manufacturing plants, not to mention their numerous parts manufacturers, some of whom also have research centres. How is the I-Trans cluster structured and managed? The principle of a cluster is to bring together public and private actors. In total, there are 120 partners: n 20 large companies and 60 mediumsized enterprises, small and medium-sized industries and very small companies; n research and training bodies make up 25-30% of the cluster.
It is worth noting that only 60% of members are situated in Nord-Pas-De-Calais: the cluster does not operate in a vacuum and works with a number of external partners. Which projects are in development within the I-Trans cluster? Firstly, I-Trans is involved in developing innovative projects. Such projects are collaborative by nature, and they last an average of three years. Each one brings together some 3 to 10 partners. In 10 years, the cluster has worked on 220 projects involving 550 participants in total. Additionally, I-Trans has set up so-called “structuring” projects that are equipped with human and material resources in order to bring platforms of international excellence in particular specialist areas to the local region. A significant proportion of the projects fall into one of two major areas of technology: Materials: n ademce at Méaulte (80, Somme): current collection, between catenary and pantograph. A world first project; n CRITT M2A at Bruay-la-Buissière (59, Nord): develops turbo and electric engines which are smaller in size and emit less CO2; n Eurotunnel: project on rail wear and welding seams which aims to reduce maintenance costs; n The Ultimate project led by Alstom: metro trains made from composite materials, fibres and resins which are quieter but no less hard-wearing, as well as being 30% lighter and 20% less expensive.
Digital:
64 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
n virtual certification using a computer; n driver assistance on rail and road; n on-board systems: track-based signals are set to be phased out in favour of satellite positioning, at least on medium-speed lines.
These innovations will bring significant benefits in terms of reliability, comfort and line capacity, and will lead to a reduction in manufacturing and operating costs of up to 50%. Our publication is European in scope. Could you explain your international objectives to our readers? I-Trans cooperates with a network of rail clusters across Europe: three in Germany, one in Great Britain, one each in Austria, Spain, Italy, Poland, and Belgium, and another coming soon in Scandinavia. 80% of CRITT M2A customers are international, and the European Railway Agency is based in Valenciennes. Can you describe the economic importance of research and development in transport? Innovation allows the transport sector’s major presence in Nord to be maintained. The rail industry also has a bright future in emerging countries, such as: n Saudi Arabia: projects in Riyadh and Mecca; n India: 20 cities with populations of over 2 millions inhabitants need urban transport methods n
CHAPITRE 4
© Jérémy-Günther-Heinz Jähnick
TRANSPORTS, URBANISME ET INFRASTRUCTURES /
TRANSPORT, PLANNING AND INFRASTRUCTURE
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 67
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN |Le Département du Nord soutient de grandes actions en termes d’aménagement du territoire, comme par exemple le projet de réalisation du canal Seine-Nord Europe.
Des actions phares pour l’aménagement du territoire
La politique d’aménagement du territoire, telle qu’elle existait à notre arrivée, était essentiellement axée sur une politique de “droit de tirage” obéissant à une logique de guichet. En effet, les 648 communes du département disposaient d’enveloppes financières définies selon la taille et le potentiel fiscal notamment. Ces dispositions ne permettaient pas d’influer sur la multiplicité des structures de même nature sur un territoire ni même sur leur optimisation. Aujourd’hui, la loi NOTRe nous invite plus que jamais à nous mettre en cohérence avec les politiques des autres institutions. C’est avec méthodologie que nous souhaitons dorénavant inscrire quatre principes fondamentaux : n la mise en place d’un Diagnostic territorial, avec une mise à jour de celui existant dans le cadre du travail que nous allons engager avec les services de l’Etat autour du Schéma d’Accessibilité des Services aux Publics, nous permettant d’avoir une meilleure lisibilité des priorités à mettre en place ;
cela contraint le nouvel exécutif à une extrême prudence, au moins pour les deux années à venir. Néanmoins, nous avons retenu trois actions “phares” :
l’aménagement de la rivière et l’élargissement du canal actuel ;
Le canal Seine-Nord Europe
n six écluses : une dans la vallée de l’Oise (6,41 m de chute) et cinq entre Noyon et le canal Dunkerque-Escaut ;
n 4,5 mètres de profondeur permettant un enfoncement des bateaux de 3 mètres ;
Le projet de canal Seine-Nord Europe est inscrit dans une démarche globale d’aménagement et de compétitivité du territoire, de réduction des impacts environnementaux des transports et de valorisation de la polyvalence de la voie d’eau. Il est situé à la croisée de différentes politiques publiques, et le développement économique généré par le projet permettra de créer 25 000 emplois induits vers 2030 et jusqu’à 45 000 à l’horizon 2050. Polyvalent, le canal assurera également une fonction hydraulique et contribuera à la lutte contre les inondations dans l’Oise et la Somme et à la sécurisation de l’alimentation en eau du nord de la France. Il s’agit d’un projet d’envergure de :
n trois ponts-canaux : deux sur les autoroutes A29 et A26 et un ouvrage exceptionnel de 1 330 mètres de long pour franchir la Somme ; n 59 ponts routiers, soit en moyenne un pont tous les deux kilomètres, permettant de pérenniser les circulations est-ouest ; n deux ponts ferroviaires ; n quatre plates-formes d’activités : elles offriront des services portuaires pour les entreprises régionales vers les six ports maritimes du Havre à Rotterdam et vers d’autres ports intérieurs.
n 107 kilomètres de long : les 18 premiers kilomètres du projet sont situés dans la vallée de l’Oise et consistent pour l’essentiel à
n équité territoriale ; n soutenir l’attractivité du territoire et les projets structurants ; n définition d’un mode de gouvernance associant les élus locaux et notamment les EPCI.
Quels sont les projets structurants soutenus par le Département du Nord en termes d’aménagement du territoire ?
n cinq quais céréaliers permettant de desservir les silos au bord du canal du Nord ou de nouveaux stockages de céréales ; © Dominique LAMPLA
Quel est le contexte actuel de la politique d’aménagement du territoire portée par le nouvel exécutif ?
n deux quais de transbordement permettant l’accès à la logistique fluviale pour les industries de la vallée de l’Oise ; n cinq équipements pour la plaisance ; n un bassin réservoir d’eau d’un volume de stockage de 16 millions de m3 environ, assurant l’alimentation du canal en période d’étiage de l’Oise.
Guy Bricout Le Département a totalement épuisé ses marges de manœuvres financières et 68 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
5ème vice-président du Conseil Départemental du Nord délégué à l’aménagement du territoire
Avril 2016 | Nord
La reconversion de la BA103 La reconversion de ce site gigantesque de 355 hectares semble enfin prendre corps. Après que plusieurs pistes ont été évoquées (parc à thème, hub logistique pour le Canal Seine-Nord et la plate-forme multimodale de Marquion, et même base de construction de Zeppelin), sans qu’aucun appel à projets n’ait jamais été lancé, le syndicat mixte pour la reconversion de l’ex-site de défense de Cambrai-Epinoy a validé à l’unanimité le projet Narval d’implantation d’une mégabase logistique dédiée au e-commerce et d’un centre de formation ad hoc. Les services de l’Etat travaillent depuis 2008 à la facilitation et à l’accélération de ce processus de reconversion. Un contrat de redynamisation de site de défense (CRSD) d’un montant de 34 millions d’euros a été mis en place afin de compenser les conséquences économiques et démographiques de cette fermeture sur les territoires du Cambrésis et de l’Arrageois. Porté par l’investisseur David Tayeb, le projet Narval présente, en effet, l’avantage d’être global, avec un seul opérateur couvrant la totalité du site. L’identité des enseignes intéressées reste pour l’heure secrète. On sait juste que ce sont des pure-players, des sociétés œuvrant uniquement sur Internet, et que celles-ci sont pressées, étant donné le développement exponentiel du marché, qui représente désormais 10 % du commerce global en France. On parle de 600 000 m2 d’entrepôts à terme, dont 200 000 m2 sont attendus par les clients dès 2017 ! Le contournement du Cateau-Cambrésis Le projet de contournement du CateauCambrésis, lancé le 5 octobre 2013, consiste en la réalisation d’une voie nouvelle au nord de la commune du Cateau-Cambrésis sur environ 3,5 kilomètres. L’objectif de ce projet de contournement est de : n soulager le centre-ville du CateauCambrésis du trafic de transit, notamment de poids lourds et de transports de matières dangereuses ; n d’améliorer la sécurité des usagers et des riverains, le cadre de vie des Catésiens et les conditions de circulation et d’accès au centre-ville, aux commerces, services et entreprises. Ce contournement représente également un enjeu majeur pour l’attractivité économique du territoire, en permettant de le désenclaver. Ce projet est mené dans l’es-
prit de la démarche HQE Infrastructures, engagée par le Département du Nord pour ses projets routiers. L’objectif est de faire en sorte que la route contribue positivement à la qualité de vie, à l’aménagement de l’espace, à la vie économique et sociale en l’intégrant pleinement au paysage. Cette démarche permet d’évaluer la performance du projet au regard de 26 thématiques de développement durable. Quelles sont les pistes de travail de l’exécutif au vu des contraintes financières ? Nous avons d’ores et déjà pris différentes orientations, sur les 650 communes de notre département, 541 communes ont moins de 5 000 habitants, c’est dire les difficultés que celles-ci peuvent rencontrer dans leur quotidien ou encore dans le montage financier des différents dossiers. L’objectif de l’ingénierie territoriale est de trouver des moyens toujours plus pertinents et efficients de traduire en réalisations concrètes
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les projets des élus et de s’adapter aux mutations sociales, économiques et aux attentes des habitants contribuables. Nous allons mettre à disposition des maires, un chargé de mission territorial qui aura la charge d’accompagner au mieux de nos contraintes nouvelles issues de la loi NOTRe. Ces derniers auront par ailleurs la charge de quantifier et qualifier les besoins exprimés par les élus locaux, afin de nous permettre de mesurer les charges de travail par territoire. Le travail de diagnostic élaboré dans le cadre des contrats de territoire, celui à venir du schéma d’accessibilité des services aux publics associé à notre propre Observatoire départemental, nous permettra d’avoir une meilleure lisibilité des forces et des faiblesses de notre territoire. C’est sur ce dernier aspect que nous concentrerons nos efforts. Il est de notre responsabilité de tirer le département vers le haut, de valoriser les territoires et de faire que les nordistes bénéficient de services de qualité et de projets structurants n Propos recueillis par Valentine de Brye
Avril 2016 | Nord
Interview with: Guy Bricout, 5th Vice President of the Departmental Council for Nord in charge of territorial planning
Flagship development initiatives for the territory The département “Nord” is lending its support to large-scale territorial planning projects such as the Seine-Nord Europe Canal.
“The Seine-Nord Europe Canal project is part of our general action plan.”
Can you tell us about the current backdrop to the territorial planning policy being implemented by the new executive? The territorial planning policy that existed when we were elected was essentially focused on a system of “drawing rights” which followed a logic of funding rather than investment. The 648 municipalities of the département would have financial allocations that were set according to their size and fiscal capacity, in particular. These arrangements meant it was not possible to have an influence on the large number of similar structures across a territory or even to optimise how they were run. Today more than ever, the NOTRe law (New Territorial Organisation of the Republic) serves as an impetus to bring ourselves into line with the policies of other institutions. We now intend to insert the following four fundamental principles into a methodology: n A better ability to perceive the priorities we ought to identify: a territorial diagnosis updating the current diagnostic process will be implemented as part of the work we will undertake with state bodies on the Better Public Access to Services Plan (Schéma d’Accessibilité des Services aux Publics); n Equity in territorial matters;
n Support to enhance the attractiveness of the territory and for strategic projects; n Definition of a mode of governance that involves the participation of local elected representatives, especially the EPCIs [public bodies for intermunicipal cooperation]
In the area of territorial planning, which strategic development projects are backed by the département of Nord? The département has completely run out of financial room for manoeuvre, and this obliges the executive to exercise extreme prudence, at least for the next two years. Despite this, we are maintaining our support for three flagship projects: The Seine-Nord Europe Canal The Seine-Nord Europe Canal project is part of our general action plan to develop the territory and enhance its competitiveness, reduce the impact of transportation on the environment and promote the versatility of our waterways. This project straddles several areas of public policy, and the economic development it will generate will lead to the creation of 25,000 jobs by around 2030 and up to 45,000 by 2050. The canal will have multiple functions including hydraulic, helping to prevent flooding in the départements of Oise and Somme and secure the water supply to nord of France. This is an ambitious project, which will be: n 107 kilometres in length: the first 18 kilometres are situated in the Oise Valley and essentially entail developing the river and enlarging the existing canal; n 4.5 metres deep, allowing maritime vessels to penetrate 3 metres into the water;
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and will include: n six locks: one in the Oise Valley (with a rise of 6.41m) and five situated between Noyon and the Dunkirk-Escaut Canal; n three canal bridges: two over the A29 and A26 motorways and an exceptional structure of 1,330 metres in length passing over the Somme; n 59 bridges for road traffic, giving an average of one bridge every two kilometres; these will provide permanent east-west traffic routes; n two railway bridges; n four business platforms offering port services for regional companies to the six maritime ports from Le Havre to Rotterdam and to other domestic ports; n five grain terminals allowing service to the silos along Nord Channel or to new grain storage sites; n two loading docks allowing the industries of the Oise Valley access to waterway logistics facilities; n five items of infrastructure for pleasure boats; n a reservoir of water with a volume of approximately 16 million cubic metres, which can provide water to the canal when the Oise is at low water.
The conversion of the BA103 site The conversion of this vast site spanning 355 hectares finally appears to be taking shape. After several ideas were mooted (theme park, logistics hub for the SeineNord Canal and Marquion multimodal plat-
© Jean Housen
Avril 2016 | Nord
The project to build the Cateau-Cambrésis bypass, launched on 5 October 2013, entails the construction of a new road stretching approximately 3.5km in nord of the Cateau-Cambrésis commune.
form and event construction base for Zeppelin) but no calls for submissions launched, the joint syndicate for the conversion of the former defence site at CambraiEpinoy unanimously approved the Narval project to install a super logistics base dedicated to e-commerce, as well as an ad hoc training centre. State agencies have been working since 2008 to try to facilitate and speed up the conversion process. A defence site regeneration contract worth 34 million euros was established to compensate for the effects of the closure on the economy and population of Cambrésis and Arrageois. Championed by the investor David Tayeb, the Narval project has the advantage of offering a comprehensive structure, with one operator covering the entire site. The identities of companies who have expressed an interest remain secret for the time being. All we know is that they are so-called “pure players”, i.e. firms operating entirely online. We also know that they are in a hurry, given the exponential growth of this market, which now accounts for 10% of all trade in France. Eventually, we will be talking about 600,000 square metres of warehouse facilities, of which 200,000 square metres are expected by customers as soon as 2017. The Cateau-Cambrésis bypass The project to build the CateauCambrésis bypass, launched on 5 October 2013, entails the construction of a new road stretching approximately 3.5km in nord of the Cateau-Cambrésis commune.
The purpose of the new bypass is to: n re-route transportation vehicles, especially HGVs and vehicles transporting dangerous materials, away from the centre of Cateau-Cambrésis; n increase the safety of users and residents and improve the living environment for the inhabitants of the town, as well as improve traffic conditions and access to the town centre, shops, services and businesses;
“We have a responsibility to raise the status of the département and increase the attractiveness of its areas.” This bypass is also of major significance for the economic attractiveness of the area, which will be opened up by new links. The project is undertaken in the spirit of the environmentally sustainable infrastructures scheme to which the département Nord is committed for its road infrastructure projects. The goal is for roads to be entirely integrated into our landscape so that they make a positive contribution to our quality of life, to territorial development, and social and economic life here. This will mean the performance of the project can be evaluated in 26 areas falling within the concept of sustainable development.
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Given the financial constraints in place, which areas form the focus of the executive’s work? We have already started to move forward in various directions... Of the 650 municipalities of Nord, 541 have a population of under 5,000, which gives you an idea of the difficulties they can face on a day-today basis, as well as to draw up financial plans for various projects. The objective of landscape engineering is to find increasingly pertinent and efficient ways of realising concrete results and the projects of elected politicians, and to adapt to social and economic shifts and the expectations of our taxpayers. We will give mayors a territorial project manager tasked with guiding through the new solutions derived from the NOTRe law, within the constraints we face. These individuals will also be responsible for quantifying and qualifying the needs articulated by local elected representatives, so that we can gauge the cost of work in each territory. We will begin to gain a more precise idea of our territorial strengths and weaknesses through the diagnostic work carried out in connection with the territorial contracts and future work under the Better Public Access to Services Plan, alongside our own departmental observatory, and this is where we intend to concentrate our efforts. We have a responsibility to raise the status of the département and increase the attractiveness of its areas, and to ensure that our citizens can enjoy the benefits of high-quality services and life-enhancing projects n
CHAPITRE 5
© RobertKneschke-fotolia.com
CADRE DE vIE, ENvIRONNEMENT ET SOLIDARITÉS / QUALITy OF LIFE, ENvIRONMENT AND SOLIDARITy
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 81
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Avec un taux de chômage de 13 % (indice INSEE 2014), le département du Nord est au-dessus de la moyenne française. Néanmoins, les acteurs locaux mettent en place une série de mesures efficaces afin d’inverser la tendance.
Les politiques d’insertion portées par le Conseil départemental sont vastes et représentent le premier poste budgétaire du Département avec plus de 670 millions d’euros attribués au secteur. Depuis 2010, nous portons le Revenu de Solidarité Active (RSA), le Fonds Solidarité Logement (FSL) ainsi que l’ensemble des initiatives d’insertion sociales et socio-professionnelles. Le Département est aussi un financeur important du réseau institutionnel et associatif de l’insertion. Un panel de mesures est à disposition des nordistes : n les missions locales. Dans le but de suivre les projets amenant les jeunes vers l’emploi, le Département soutient activement les missions locales implantées dans le territoire. En 2003, dix-sept structures ont été recensées ; n l’économie sociale et solidaire. Afin d’aider efficacement au développement de l’économie sociale et solidaire, nous accompagnons plusieurs organisations œuvrant dans ce dessein, telles que l’Union Régionale des Entreprises d’Insertion (UREI), Assemblée Permanente de l’Economie Solidaires (APES), Chambre Régionale de l’Economie Sociale (CRES).
freins périphériques qui peuvent obstruer le retour à l‘emploi. A l’exemple du mode de garde des enfants en bas âge, la problématique du logement et de santé ainsi que l’accès aux droits. Nous accompagnons les communes en finançant l’ensemble de ces projets. Ainsi, le Département et les collectivités ont pu mettre en place une série d’initiatives pour la population : n un accueil, une écoute, des informations et une orientation ; n un accompagnement dans les démarches à entreprendre ; n des aides collectives et individuelles.
“Nous avons l’obligation de permettre à chaque personne bénéficiaire du RSA dans le Nord, de retrouver une dignité personnelle par le travail.
L’accès à l’emploi reste la priorité absolue des agglomérations. Comment agissez-vous pour pallier à ce problème ? C’est aussi la priorité absolue du Département du Nord ! Et plus particulièrement le retour à l’emploi des bénéficiaires du RSA.
Quel lien entretenez-vous avec les communes du Nord ? C’est un lien constant car les communes du Nord via leur CCAS, les associations d’insertion, les PLIE, les Missions Locales sont fortement mobilisées sur la question de l’insertion et plus largement sur la levée des 82 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Philippe Houzé
Quelles sont les politiques d’insertion menées par votre Département ? Comment s’organisent-elles ?
© Philippe Houzé
“L’emploi est notre priorité absolue ”
Cette question complexe est d’abord et avant tout une question humaine avant d’être une question financière. Nous avons l’obligation de permettre à chaque personne bénéficiaire du RSA dans le Nord, de retrouver une dignité personnelle par le travail. Je reste convaincu que chacun aspire à avoir un emploi, un logement, une famille… C’est dans cette perspective que nos politiques départementales de l’insertion visent le retour à l’emploi en lien avec Pôle Emploi, à l’aide d’un réseau riche d’ACI, d’ETI, d’ETTI… Nous devrons axer encore plus fortement notre action sur cette priorité n Propos recueillis par Jeanic Lubanza
Olivier Henno 3ème vice-président du Conseil départemental du Nord délégué à l’insertion
Interview with: Olivier Henno, 3rd Vice President of the Departmental Council for Nord in charge of employment
At 13%, the unemployment rate in Nord stands above the national average (INSEE index 2014). A series of effective measures aimed at reversing this situation is now being implemented by various local actors.
© Philippe Houzé
“This is the absolute priority for Nord!”
What policies does your département have to help the unemployed re-enter the labour market, and how are these organised? The Departmental council is promoting a vast number of policies in this area, which collectively account for 670 million euros, the largest category of budgetary expenditure in the département. Since 2010 we have supported entitlement to the RSA [revenu de solidarité active: income support], and the FSL [housing benefit fund] as well as the range of social and socio-professional initiatives that promote integration. Nord also offers significant funding to the network of institutions and associations working to assist jobseekers. And so a variety of measures are available to help our citizens, such as: n Local schemes: These are actively supported by the local administration with a view to following those projects that help young people move into employment. In 2003, 17 such initiatives were in operation. n The social and solidarity economy: We aim to provide effective assistance that will allow this section of the economy to grow, and so provide support to several organisations that share this objective. Examples include the UREI (Regional Association of Businesses Promoting Employment), APES (Permanent Assembly of the Solidarity Economy), and the CRES (Regional Chamber of the Social Economy).
“We have a duty to enable each person currently receiving this assistance to restore their individual self-esteem by returning to work.”
How do you maintain a link with the individual communes? The link is permanently in evidence: Through their community social action associations, employment associations, local projects and PLIE (local employment action plans), the communes in Nord are strongly mobilised to try to help people back into employment and are working hard to remove the associated barriers that can prevent this, in the same way as for problems surrounding childcare options, housing and health issues, and accessing one’s rights. We support the communes by financing all such projects. The département and local administrations have therefore been able to implement a range of initiatives for our citizens: n contact points, assistance, information and guidance n support to take the necessary steps to move forward n collective and individual financial assistance.
Access to employment opportunities remains the absolute top priority for urban areas. What action are you taking to overcome this problem? This is also the absolute priority for the département of Nord! We especially want to help those in receipt of RSA return to work. This is a complex question which is first and foremost a human issue, and secondly a financial one. We have a duty to enable each person currently receiving this assistance to restore their individual selfesteem by returning to work. I remain convinced that everybody aspires to a job, a home and a family life... With this in mind, our employment policies work in tandem with unemployment centres to help people back into work, alongside a large network of bodies that also provide assistance (ACIs, ETIs and ETTIs)*. We will need to focus our action even more strongly on this priority n
*Ateliers et Chantiers d’Insertion (job integration workshops), Entreprises de Taille Intermédiaire (medium-sized businesses), Entreprises de Travail Temporaire d’Insertion (companies facilitating temporary contracts for jobseekers)
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 83
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Le Département du Nord compte aujourd’hui près de 368 000 nordistes, dont la plupart sont âgés de plus de 60 ans. Le territoire s’attache au maximum à conserver l’autonomie de ses populations.
Des politiques sociales inclusives pour tous
Bien qu’étant le département le plus jeune de France, le Nord compte aujourd’hui 490 000 seniors, dont le nombre va connaître un taux d’accroissement de plus de 45 % à l’horizon 2030. Le territoire s’attache à conserver l’autonomie de sa population vieillissante, en favorisant le maintien à domicile. Par ailleurs, il administre la Maison Départementale des Personnes Handicapées qui assure le suivi des droits et prestations et réfléchit à l’instauration de structures en réseau, à une plus grande proximité avec les usagers. Pouvez-vous nous présenter le Schéma “personnes en situation de handicap” 2012-2015 ? En mars 2012, le Conseil départemental du Nord a adopté trois schémas sociaux, dont deux plans destinés aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap. Les treize engagements se regroupent autour des grands axes suivants :
et Dunkerque) et forte de près de 200 agents, la MDPH du Nord, instaurée suite à la loi du 11 février 2005 sur l’égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap, constitue le guichet unique départemental pour l’ensemble des prestations liées au handicap. Elle intègre les associations de personnes en situation de handicap et un réseau de 285 points d’accueil volontaires (mairies, CCAS, associations, enseignants référents…). La structure a une mission d’accueil, d’information et d’accompagnement, d’écoute, d’orientation et de guidage. Une équipe pluridisciplinaire, composée de professionnels de santé va évaluer les besoins et proposera un plan personnalisé de compensation du handicap. Enfin, sur la base du plan de communication préétabli, la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées décidera par la suite de l’attribution des aides et prestations, de l’orientation vers un établissement ou un service médico-social, ou encore de la reconnaissance de la personne en qualité de travailleur handicapé (RQTH).
n continuer à mieux cerner les besoins des personnes en situation de handicap ; n favoriser une meilleure connaissance des droits ; n améliorer les conditions d’accueil et de maintien à domicile. Comment la Maison Départementale des Personnes Handicapées accompagnet-elle les personnes en situation de handicap ? Implantée sur trois sites (Lille, Valenciennes 86 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Plus spécifiquement, que prévoit le plan “bien vieillir” ? Adopté en décembre 2014 par le Conseil départemental du Nord, ce dispositif promeut avant tout la bienveillance, l’écoute et la solidarité. Il est le fruit d’un travail collectif, auquel 1 700 personnes ont participé au cours d’ateliers citoyens. Le plan s’articule autour des trois axes suivants : n développer un meilleur accès à l’information (mise en ligne d’un “portail des seniors” avec la CNSA, création d’un répertoire des ressources) ; n adapter les logements à la perte d’autonomie. Quels sont les objectifs fixés de la création de la plateforme internet “Portail des seniors” ?
© D. Lampla
Quelles sont vos principales actions en faveur des personnes handicapées et âgées ?
Le ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes et la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie, ont conçu conjointement le “Portail des seniors” et s’adresse aux personnes âgées, à leurs proches, mais aussi aux professionnels des secteurs social, médico-social et de santé. Cette plateforme en ligne centralise et actualise par rubriques les données disponibles et propose des dossiers thématiques, des articles ou vidéos pédagogiques n Propos recueillis par Célia Canis
Geneviève Mannarino 6ème vice-présidente du Conseil Départemental du Nord déléguée aux Personnes âgées et aux Personnes handicapées
Avril 2016 | Nord
Interview with: Geneviève Mannarino, 6th Vice President of the departmental Council for Nord in charge of seniors and people with disabilities
Inclusive social policies for all centres (town halls, community centres, organisations, referring teachers...). The organisation takes care of reception, information, support, listening, guidance and advice. A multidisciplinary team of health professionals makes a needs assessment and puts forward a personalised plan to address the disability in question. Finally, based on a pre-established communication plan, the Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (Commission for the Rights and Autonomy of People with Disabilities) then decides on the allocation of aid and services, referral to an institution or medico-social service, and recognition of the person as a disabled worker.
More specifically, what are the provisions of the “Ageing well” plan? Nord now has 490,000 seniors, whose number will grow by over 45% by 2030.
The département of Nord now counts around 368,000 inhabitants, most of whom are over 60 years old. The territory strives to preserve the autonomy of its people.
What are your main activities in favour of disabled and elderly people? Despite being the youngest department in France, Nord now has 490,000 seniors, whose number will grow by over 45% by 2030. The territory is committed to retaining the autonomy of its ageing population, favouring life at home. In addition, it administers the Departmental Centre for Disability that keeps track of rights and benefits, and is considering the introduction of networked structures, in greater proximity to users. Can you tell us about the 2013-2015 Scheme for 'People with Disabilities'? In March 2012, the departmental Council of Nord adopted three social
schemes, including two programmes for the elderly, and for people with disabilities. 13 commitments are grouped around the following main areas: n continue to better understand the needs of people with disabilities; n promote better knowledge of rights; n improve housing conditions and homecare.
Adopted in December 2014 by the departmental Council of Nord, this facility primarily promotes kindness, listening and support. It is the result of a collective work, in which 1,700 people participated in citizen workshops. The plan is structured around the three following axes: n develop better access to information (coming online of a “seniors portal” with the National Fund for Support for Autonomy, creating a directory of resources); n adapt housing to the loss of autonomy.
How does the Maison Départementale des Personnes Handicapées (Departmental Centre for People with Disabilities) support people with disabilities?
What are the objectives of the creation of the “Seniors Portal” internet platform?
Based in three locations (Lille, Valenciennes and Dunkirk), and with nearly 200 agents, MDPH Nord, established following the law of the 11 th February 2005 on equal opportunities, participation and citizenship of people with disabilities, is the departmental one-stop for all disability-related benefits. It includes organisations for people with disabilities, and a network of 285 voluntary
The Ministry of Social Affairs, Health and Women's Rights and the National Fund for Support for Autonomy, have jointly developed the "Seniors Portal" that caters to seniors, and their loved ones, as well as the social, medico-social and health sectors. This online platform centralises and refreshes the available data by topic, and offers thematic files, articles, and instructional videos n
88 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Dans le but de rétablir l’importance des campagnes du Nord dans le territoire, le département a dédié une mission spécifique pour la ruralité.
“L’esprit du Département : innover, mutualiser et participer à l’effort collectif”
Le territoire est constitué principalement de deux grands secteurs. Dans le nord du Département, les Flandres rassemblent des communes d’un peu moins de 1 000 habitants. Les cultures y sont tournées vers les céréales, la betterave ou la pomme de terre. S’y déploient aussi des cultures emblématiques, à l’image du houblon ou de la chicorée. Il s’agit d’un territoire attractif, connaissant une dynamique démographique importante du fait de l’installation de près de 15 000 néoruraux en provenance de l’agglomération dunkerquoise. Le Sud du Département est davantage une terre d’élevage laitier. Il reste moins bien desservi en raison de sa distance avec les agglomérations. Sa pression démographique y est par conséquent moins forte qu’ailleurs.
“Le Département assure un rôle majeur dans l’aménagement du territoire.”
nous retrouvons les champs céréaliers avec quelques maraichers disséminés. Dans le sud, les produits laitiers font figure de réussite pour le Département.
personnes âgées en renforçant les accueils familiaux. Nous pensons développer dans nos ruralités un nouveau mode d’accueil familial à la ferme. Il permettrait d’offrir une activité rémunérée aux accueillants et de garder les personnes hébergées dans un environnement préservé. Dans l’optique d’impulser un second souffle à nos territoires, le Département garde à l’esprit ces notions : innover, mutualiser et participer à l’effort collectif.
Par quels moyens parvenez-vous à promouvoir la campagne du Nord ? Le Département assure un rôle majeur dans l’aménagement du territoire et le développement des territoires ruraux. Partenaire privilégié des communes et de leur groupement, le Département vise au travers de ses politiques à améliorer la qualité de vie des habitants du Nord et à assurer une équité territoriale.
Quels travaux le Conseil Départemental mène-t-il avec la Chambre de l’agriculture du Nord afin de dynamiser le secteur ?
Ma délégation, transversale, veille à décliner les différentes politiques départementales (social, aménagement du territoire, transports, environnement, agriculture…). Par exemple, le Département souhaite faire évoluer les modes d’hébergements de
Quels sont les principaux atouts de ces zones? Les atouts principaux du territoire passent par les valeurs de la terre, avec des productions dynamiques, riches et diversifiées. Notre agriculture est de plus créatrice d’emplois non délocalisables. Dans le nord, 92 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Conseil départemental du Nord
Pouvez-vous nous présenter les différents aspects des territoires ruraux dans le Nord?
Nous avons décidé de faire de la ruralité une priorité absolue. En fait partie le soutien à l’agriculture qui participe à la dynamisation des territoires ruraux. Cela passe par la promotion des produits locaux et l’approvisionnement local en s’assurant que les repas des restaurations collectives utilisent des produits frais et diversifiés, de saison et de proximité. En clair, il s’agit d’une politique agricole par ouverture de marchés correctement rémunérés. Marque de cette forte volonté : une délibération-cadre pour mettre en place cette politique a été votée le 17 décembre dernier. Et signe opérationnel important : un Comité de suivi Département / Chambre d’agriculture a été mis en place pour traiter efficacement les dossiers agricoles mixtes nous concernant.
Patrick Valois 7ème vice-président du Conseil Départemental du Nord, délégué à la Ruralité
© Philippe Houze
“Nous avons décidé de faire de la ruralité une priorité absolue.”
Quels sont les dispositifs mis en place pour relier les zones rurales aux zones urbaines ?
aux ruraux et urbains de partager leurs univers respectifs. Néanmoins, les dispositifs se font rares en dehors de cette initiative.
Chaque année, l’opération “Ferme en ville” est organisée dans une grande agglomération. L’an passé, les festivités ont eu lieu à Valenciennes et cette année à Tourcoing. Cet échange symbolique permet
Les zones rurales et urbaines subissent un déficit de communication puisque chacune fonctionne suivant sa problématique. Ce cas est visible dans le secteur du tourisme. Élu dans une commune rurale près
de Dunkerque, j’ai pu constater qu’un visiteur a non seulement envie de découvrir les bords de mer mais également l’arrièrepays. De ce fait, nous souhaitons une organisation plus transversale et collaborative du développement de nos territoires n Propos recueillis par Jeanic Lubanza
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 93
Avril 2016 | Nord
Interview with: Patrick Valois, 7th Vice President of the Departmental Council for Nord and member for rural affairs
“The spirit of Nord is to innovate, pool resources and support the collective effort” A specific task force in Nord is now dedicated to rural affairs, with the objective of restoring the importance of the area’s countryside.
“We decided to make rural life an absolute priority.” Could you describe for us the various rural areas of the département? This territory is essentially made up of two main sectors. To nord, Flanders brings together a number of municipalities with a little under 1,000 inhabitants. Cereals, beetroot and potatoes are mainly cultivated there. Certain symbolic foods such as hops and endives are also cultivated across the area. This is an attractive territory for activity, and one experiencing significant demographic changes following the arrival of nearly 15,000 “neo-rurals”, city dwellers from the agglomeration of Dunkirk. To the south, we find a greater presence of dairy farms. This region remains rather less well connected because of the distance separating it from the towns. This means that there is less demographic pressure here than in other areas.
What are the main assets of these areas? They are mainly derived from the yield of the soil here, which produces a rich, diverse and vibrant array of crops. Farming here also creates jobs which cannot be transferred elsewhere. In nord, we find cereal fields with a number of vegetable producers dotted around; in the south, dairy produce is considered a success story of this département.
By what means are you promoting the countryside in Nord? The département plays a major role in planning and developing the territory, including rural areas. We are an important partner for the municipalities and the intercommunal group structures, and the policies we put in place aim to improve the quality of life for the population of Nord and ensure equality between the territories. My commission works across several domains, ensuring the integration of all departmental policy areas (social, territorial planning, transport, environment, agriculture, etc.) For example, the département would like to develop the forms of housing available to older people by providing additional home from home options with families. In our rural areas, we are considering allowing families to house older people on their farms. The host families could therefore receive an income and those they look after could be housed in a protected environment. We want to breathe new life into our rural areas, and to achieve this we are keeping the following ideas uppermost in our minds: innovation, pooling resources, and the collective effort.
“The departement plays a major role in planning and developing the territory, including rural areas.” How is the departmental council working alongside the Chamber of Agriculture in Nord to reinvigorate this sector? We decided to make rural life an absolute priority. One aspect of this is to support the agriculture that plays a part in energising our rural areas. This means promoting
94 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
local products and the use of locally-sourced food, and ensuring that canteens use a range of fresh, local, and seasonal food in their meals. In simple terms, this is about an agricultural policy that opens up markets and offers fair prices. As an indication of our determination, framework negotiations aimed at implementing this policy were approved by vote on 17 December last year. And from an operational perspective, an important signal is the joint département/ Chamber of Agriculture follow-up commission set up for the swift examination of agricultural questions concerning us both.
“This is about an agricultural policy that opens up markets and offers fair prices.”
What action have you taken to provide links between rural and urban areas? Every year, the event “Ferme en ville” [Bringing the farm to the city] is organised in a large urban area. Last year, Valenciennes hosted the festivities; this year will be the turn of Tourcoing. This symbolic meeting allows countryside and urban dwellers to share their respective worlds. But besides this, initiatives are increasingly scarce. There is a communication deficit in both rural and urban areas since each area operates in a way that reflects its own concerns. This is evident in the tourist sector. As an elected representative of a rural commune near Dunkirk, I’ve seen that those who come here would like to visit not only the coast, but inland areas too. This is why we would like territorial development to be organised in a more collaborative, multidisciplinary way n
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Comme dans beaucoup de régions au passé industriel, la santé publique représente dans le Nord une problématique particulière.
Réduire les inégalités sociales et territoriales de santé
Elle est dégradée du fait du poids des déterminants de santé : héritage industriel, facteurs sociaux et comportementaux. La mortalité prématurée évitable avant 65 ans du fait des comportements qui varie localement. Son amélioration passe par : n un recours moins tardif aux soins : médecin généraliste et certains spécialistes ;
En 2015, la santé mobilise 6,4 millions d’euros de budget et 924 agents.
Quelles sont les grandes lignes du Plan Départemental de Santé 2013-2017 ?
Le Conseil départemental peut-il agir en faveur de la santé ?
Il a été adopté en octobre 2013. Il mobilise de manière transversale les services du département pour un accès à la santé et à la prévention autour de :
n solidarité ; n éducation ;
n Trois priorités du plan santé bien-être : • privilégier l’accès aux soins et à la prévention pour tous, avec une attention particulière pour les publics les plus vulnérables ;
Ils sont affectés à une mission d’accueil, d’écoute, d’information, d’orientation, d’accès aux droits et d’accompagnement aux soins : Protection Maternelle et Infantile (PMI), Services de Prévention Santé (SPS) , Centre de Ressources, d’Information et de Prévention des Drogues (EPICEA).
n davantage de prévention et d’éducation à la santé.
Le Département agit aux côtés de l’Agence Régionale de Santé (ARS). Il mobilise pour ce faire différentes compétences :
• renforcer la qualité du parcours de santé et de prévention par la coordination des acteurs.
Quels moyens mobilise-t-il ?
• prévenir les conduites à risques ;
• développer la prévention de l’obésité, du surpoids et de l’insuffisance pondérale, favoriser une alimentation saine et équilibrée et une activité physique adaptée. Enfin, le Département du Nord intervient, par délégation de l’Etat, dans les domaines de la vaccination, du dépistage et de la prévention contre :
n Deux axes transversaux :
n la tuberculose ;
• intégrer la notion de bien-être et prendre en compte les divers déterminants de la santé pour améliorer la santé et la qualité de vie des nordistes ;
n jeunesse ; n transport ; n environnement ; n culture et sport. Il contribue ainsi au mieux-être et à la santé. Il intervient auprès de différents publics fragilisés : enfance et famille, enfance en danger, jeunes, personnes en insertion ou en situation de précarité, personnes âgées, personnes en situation de handicap. 98 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
n les infections sexuellement transmissibles (IST) et le VIH ; n les cancers. © Dominique Lampla
Pouvez-vous dresser un diagnostic de la santé publique dans le département du Nord ?
Le Département du Nord s’attache à mobiliser l’ensemble des politiques pour réduire les inégalités sociales et territoriales de santé, considérant la santé comme une composante essentielle du développement humain et du développement durable n Propos recueillis par Olivier Sourd
Marie-Annick Dezitter 10ème vice-présidente du Conseil Départemental du Nord déléguée à la Santé, la Prévention et à la Communication
Interview with: Marie-Annick Dezitter, 10th Vice President of the Departmental Council of Nord in charge of health, prevention and communication
Reducing social and territorial health inequalities As in many traditionally industrial regions, public health is an area of particular concern in Nord.
dren in danger, young people, adults reintegrating into society or living in precarious situations, and older and disabled persons.
Could you give us your public health diagnosis for the département of Nord?
What are its resources in the area of health?
The state of public health here has worsened under the weight of the health determinants: the legacy of industry, as well as social and behavioural factors. Rates of avoidable premature death below the age of 65 caused by lifestyle choices vary between local areas. Reducing these will mean:
In 2015, the budget for health was €6.4 million and there were 924 employees.
n Earlier visits to healthcare professionals – general practitioners and certain specialists; n Greater prevention and health education.
Can the Departmental council take action to improve health outcomes? The département intervenes alongside the Regional Health Agency (ARS) in different areas of responsibility: n solidarity; n education; n the young; n transport; n the environment; n culture and sport.
This is how it contributes to improved wellbeing and better health. It also offers services to vulnerable groups such as children and families, chil-
They work in contact with the public, hearing their concerns, providing information and advice, and supporting individuals to access their healthcare and rights via: maternal and infant protection (PMI), prevention services (SPS), and the addiction resource and information centre (EPICEA).
“In 2015, the budget for health was €6.4 million and there were 924 employees.” What are the key points of the 20132017 health plan for Nord? This plan was adopted in October 2013, mobilising cross-cutting departmental services for access to health and prevention services. It contains two main strands: n To integrate the notion of wellbeing and take into account the various health determinants in order to improve the health and quality of life of our population. n To ensure coordination between actors, thereby providing better quality delivery for those accessing healthcare and prevention services.
The health/wellbeing plan has three priorities: n Providing greater access to healthcare
“We are doing everything possible to activate all policy areas in an effort to re- duce health inequalities along social and territorial lines.”
and prevention services for all, paying special attention to the most vulnerable groups; n The prevention of risky behaviours; n Developing services designed to prevent obesity, excess weight or low weight, and encouraging a healthy, balanced diet and an appropriate level of exercise.
Finally, the département of Nord is mandated by the state to carry out vaccinations, screening and prevention work in the following areas: n Tuberculosis; n Sexually transmitted infections (STIs) and HIV; n Cancer.
We are doing everything possible to activate all policy areas in an effort to reduce health inequalities along social and territorial lines, because we believe health to be a fundamental component of both human and sustainable development n
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 99
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | La Carsat Nord-Picardie est l’interlocuteur privilégié des salariés et des entreprises tout au long de la vie professionnelle, et au moment de la retraite.
Carsat Nord-Picardie, Retraite et santé au travail La Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail (Carsat) Nord-Picardie est un organisme de Sécurité sociale en charge de trois grandes missions : n la préparation et le paiement de la retraite des salariés du régime général ; n la prévention et la tarification des risques professionnels ; n l’aide et l’accompagnement des assurés en difficulté. A ce titre, elle est l’interlocuteur privilégié des salariés et des entreprises tout au long de la vie professionnelle et au moment de la retraite. Comment accompagnez-vous les assurés en difficulté ou fragilisés par un problème de santé ? Par l’intermédiaire de notre Service social présent sur l’ensemble de notre circonscription ainsi que grâce aux actions de notre service Action sociale vieillesse, la Carsat Nord-Picardie mène des actions de prévention visant à accompagner et conseiller les assurés fragilisés quel que soit leur âge pour :
l’emploi après un arrêt de travail ;
tre en place un programme d’équipement ou de formation destiné à réduire les risques propres à certains secteurs d’activités. Nous proposons également aux entreprises des rendez-vous et colloques de la prévention pour informer sur les problématiques de prévention.
n prévenir la perte d’autonomie et contribuer au maintien à domicile : nous mettons en œuvre des plans d’actions personnalisés pour déployer des paniers de services d’aides à domicile ou favorisons le retour à domicile après une hospitalisation notamment. L’objectif étant de lutter contre la perte d’autonomie et favoriser le bien vieillir.
La Carsat Nord-Picardie met par ailleurs en oeuvre une politique de développement durable volontaire et structurée : sur quoi repose-t-elle et quelles en sont les priorités ?
Qu’en est-il de votre volet prévention, notamment concernant les risques professionnels ?
La Carsat Nord-Picardie est engagée depuis plusieurs années dans une démarche de responsabilité sociale inscrite dans son environnement institutionnel et combinant les trois enjeux majeurs du développement durable : le respect de l’environnement, la qualité de vie au travail et la performance économique. Les actions que nous initions en matière de développement durable visent trois objectifs :
Organisme de référence en matière de prévention et partenaire principal du réseau prévention, la Carsat Nord-Picardie assure une mission de conseil, d’expertise et d’information en matière de prévention des risques professionnels et agit également pour la santé. Elle réalise le diagnostic et l’analyse des risques, la promotion de politiques de prévention, la mise à disposition d’outils d’information et propose des actions de formation. Nous accompagnons les entreprises dans leurs démarches de prévention et pouvons allouer des aides financières pour met-
n accompagner et faciliter l’accès aux soins : nous facilitons les démarches d’accès aux soins, sensibilisons les assurés fragilisés aux questions de santé en mettant en œuvre des parcours prévention santé et informons notamment sur l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé ; n aider les assurés à prévenir le risque de désinsertion professionnelle en les aidant, en lien avec les services concourant au maintien dans l’emploi, à retrouver le chemin de 100 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
n lutter contre la fraude ; n limiter l’empreinte carbone de notre activité sur l’environnement ; © Carsat Nord Picardie
Pourriez-vous présenter les missions et activités de la Carsat Nord-Picardie ?
n mener une politique d’achats responsable. Nous avons, au cours de ces deux dernières années, travaillé à favoriser la mobilité durable. La démarche initiée s’est traduite par le développement de déplacements plus raisonnables (mise en place d’un Plan de Déplacement Entreprise) et par la constitution du “Cercle régional Développement durable et RSE” réunissant les organismes de Sécurité sociale de la région n
Francis de Block Directeur général de la Carsat Nord-Picardie
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Depuis une vingtaine d’années, le Département du Nord accorde une grande importance aux enjeux écologiques du territoire. Dans un souci d’intégrité et de bienveillance envers l’environnement, les acteurs locaux misent sur une diversité de programmes.
“Développement durable, un enjeu déterminant”
Conformément à la loi du 18 juillet 1985, le Département est compétent pour élaborer et mettre en œuvre une politique de protection, de gestion et d’ouverture au public des espaces naturels sensibles, boisés ou non. Nous avons également mis en place un Plan Départemental des Espaces, Sites et Itinéraires destiné à promouvoir la pratique harmonieuse des sports de nature dans le respect de l’environnement. Des dunes du littoral de la Mer du Nord aux espaces de l’Avesnois situés sur les contreforts des Ardennes, les interventions concernent un échantillon significatif des milieux naturels du département. Grâce à des acquisitions et à l’usage du droit de préemption, nous sommes propriétaire de 2 550 hectares sur le territoire.
“La sensibilisation auprès du grand public commence dès le collège avec le projet “Offrons la nature aux collégiens”.”
tage. Le premier objectif est de faire émerger des filières de recyclage économiques dans un secteur où les pratiques des maîtres d’ouvrage présentent de bonnes marges de progression.
C’est un outil d’aide au diagnostic qui permet aux vétérinaires et aux éleveurs de poser un diagnostic précis puis de mettre en place des traitements et des mesures de prévention adaptées.
Dans le cadre de la politique d’aide à la création, reconstruction et mise en conformité de déchèteries, nous soutenons les intercommunalités faisant appel à ce programme. Les porteurs de projet bénéficient d’une subvention départementale de 20 à 30 % du montant total hors taxes des travaux plafonné à 400 000 euros.
Quels sont les moyens employés par vos soins afin de sensibiliser la population sur la politique de l’eau et des forêts ?
Comment fonctionne le laboratoire départemental public ? Il participe à la surveillance des maladies animales transmissibles à l’homme, à la recherche de germes pathogènes dans les denrées animalières ainsi que les résidus susceptibles d’être toxiques pour l’Homme.
En termes de gestion des déchets, les agglomérations du Nord ont élaboré un programme atypique, pouvez-vous nous en dire plus ? Les Conseils départementaux du Nord et du Pas-de-Calais ont décidé de réaliser un plan des déchets issus du Bâtiment et Travaux Publics et de nous en confier le por102 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Dominique Lampla / Département du Nord
Concernant l’environnement, quels sont les domaines dans lequel votre Département intervient ?
La sensibilisation auprès du grand public commence dès le collège avec le projet “Offrons la nature aux collégiens”. Il permet aux élèves et professeurs volontaires de visiter les sites naturels et les sentiers de randonnée pour mieux comprendre ce qui est enseigné en classe. Réalisé par des spécialistes de l’éducation à l’environnement, il est fondé sur des méthodes de pédagogie active. Les animations éveillent la curiosité des enfants qui acquièrent ainsi de manière ludique de meilleures connaissances. Ces activités permettent d’appréhender la notion de développement durable avec la préservation de la nature et de ses ressources, enjeu déterminant pour la sauvegarde de notre terre en vue des générations futures. C’est aussi l’objectif de l’organisation des “rendez-vous nature”, un programme de visites guidées et gratuites, avec le partenariat des associations naturalistes n Propos recueillis par Jeanic Lubanza
Paul Christophe 13ème vice-président du Conseil Départemental du Nord délégué à l’environnement, au développement durable, à l’eau et l’assainissement
Interview with: Paul Christophe, 13th Vice President of the Departmental Council for Nord and member for the environment, sustainable development, water and waste treatment
“Sustainable development is a decisive issue” For approximately 20 years, local environmental concerns have occupied an important place in the priorities of the French département “Nord”. Local actors are investing their energies in a wide range of programmes in the interests of preserving and nurturing the environment.
In which specific areas relating to the environment is your department taking action? The law of 18 July 1985 gives the département the authority to produce and implement a policy to protect and manage sensitive areas of natural beauty and open them to the public, be they areas of woodland or otherwise. We have also established a departmental plan for our sites, spaces and country routes designed to promote countryside pursuits practised respectfully, in harmony with the environment. From the dunes of Nord Sea coast to the open spaces of the Avesnois natural park in the foothills of the Ardennes, the initiatives cover a significant cross-section of the natural spaces in our département. Through acquisitions and the use of our right of pre-emption, we have come to own 2,550 hectares of land across the territory. In the area of waste management, the conurbations of Nord have decided on a rather unusual way forward. Could you tell us more about this? The departmental councils of Nord and neighbouring Pas-de-Calais decided to create a plan for waste produced by public works and construction, and to task us with its delivery. Its first objective is to bring through cost-effective recycling channels
The law of 18 July 1985 gives the département the authority to produce and implement a policy to protect and manage sensitive areas of natural beauty and open them to the public, be they areas of woodland or otherwise.
in a sector where the practices of contractors present good scope for improvement. We have a policy of assisting the creation, reconstruction and upgrading to standard of waste disposal sites, and so offer support to intercommunal structures that wish to be involved in this programme. Promoters of the project receive a departmental subsidy of 20-30% of the total cost of the works (excluding tax), up to a cap of 400,000 euros. Can you describe how the public laboratory in Nord operates? It is involved in the surveillance of diseases that can be transmitted from animals to humans, and helps spot pathogens in animal-derived foodstuffs as well as residues likely to be toxic to people. It is a diagnostic tool that helps vets and farmers make an exact diagnosis and then put in place programmes of treatment and appropriate preventive measures.
What are you doing to bring greater awareness of policies on water and forests to the wider public? Our work in this area begins in school with children aged 11 years and over, through the project “Offrons la nature aux collégiens”.* This project allows pupils and teachers who wish to participate to visit natural areas and walkways, thereby improving their understanding of what is taught in class. The programme was created by specialists in environmental education, and is based on methods of teaching through activity. This active structure awakens pupils’ curiosity and they develop their knowledge in an enjoyable way. The activities allow participants to grasp the concept of sustainable development and the preservation of nature and its resources, a key challenge if we are to preserve our planet for future generations. This is also the objective of the “rendez-vous nature”, a programme of free guided tours organised in association with conservation groups n
* The collège is lower secondary school for children aged 11-15, called “collégiens”; the programme loosely translates as “Let’s give pupils access to nature”
Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 103
Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | En déployant une politique d’équité territoriale, de solidarité avec ses publics et ses territoires, le Département du Nord inscrit le logement au cœur de ses priorités.
À la recherche d’un rééquilibrage de l’habitat
Adopté par l’assemblée délibérante en décembre 2014, le PDH, cofinancé et copiloté avec l’État répond à plusieurs objectifs ambitieux : n appréhender les besoins et les problématiques singulières des territoires avec les acteurs locaux ; n assurer une politique publique plus efficiente en rééquilibrant les déficits actuels des secteurs ruraux ; n penser le département ensemble, dans une démarche de dialogue et de partenariat, avec les membres des territoires. Le Plan départemental de l’habitat, lancé en 2012 et achevé au printemps 2014, s’est déroulé en trois phases : n élaboration d’un diagnostic des marchés du logement du département et des arrondissements ; n création d’un document d’orientation ;
vement les opérations de constructions innovantes, via des politiques d’accompagnement, liées à l’accession sociale et à l’aménagement du territoire. Celles-ci devront répondre aux objectifs territorialisés du Plan départemental de l’habitat et aux besoins exprimés par les zones concernées. La prime “innovation sociale”, d’un montant de 5 000 €, attribuée aux opérateurs de projets permettra la création de 200 logements par an, dans les espaces sous délégation des établissements publics de coopération intercommunale compétents.
“opérateur spécialisé”, pour surveiller les dépenses, ou encore d’un soutien financier à hauteur de 3 000 € pour la réalisation de travaux. Comment s’organise la politique de la Ville sur votre territoire ? En décembre 2009, le Département du Nord a instauré une politique contractuelle d’aménagement et de développement durable des territoires. Le Conseil général se fixe trois grandes priorités : n assurer une cohésion sociale et solidaire entre le Dunkerquois, le Flandre Intérieure, la Métropole, le Douaisis, la Valenciennois, le Cambrésis et le Sambre-Avesnois ;
Comment le dispositif expérimental “Nord Energie Solidarité” lutte t-il contre la précarité énergétique ? Avec près de 300 000 ménages “fragiles”, le Département du Nord redouble d’efforts pour venir en aide aux personnes en situation de précarité énergétique. Inscrit dans une démarche préventive, le Conseil départemental a lancé en avril dernier le dispositif “Nord Energie solidarité”. Les aides s’articulent autour de la mise à disposition d’une plateforme ressource d’information et d’orientation, d’un conseiller pilote, appelé
n instauration d’un dispositif d’observation, courant 2015. Enfin, ce document stratégique s’articule autour de trois champs d’intervention : la gestion du parc public, des actions en faveur du privé, ainsi que pour les logements en zone rurale. Comment accompagnez-vous les opérateurs dans la production de logements accessibles pour tous ? Le Département du Nord soutient acti106 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
n offrir un cadre de vie de qualité à ses habitants ; n mettre en place des champs d’actions pour un développement responsable. Aussi, les objectifs du contrat de territoire prévoient :
© DL LAMPLA
Pouvez-vous nous présenter le Plan départemental de l’habitat ?
n un déploiement d’initiatives adaptées aux problématiques contemporaines ; n une plus grande efficacité des politiques publiques ; n un accroissement des partenariats entre les services départementaux, les communes, les acteurs locaux et les services de l’État pour assurer un développement durable des territoires n Propos recueillis par Célia Canis
Max-André Pick 15ème vice-président du Conseil Départemental du Nord délégué à l’Habitat, au Logement et aux Politiques urbaines
Interview with: Max-André Pick, 15th Vice President of the Departmental Council for Nord, in charge of Housing Conditions, Accommodation and Urban Policy
© Raimond Spekking / CC BY-SA 4.0 (via Wikimedia Commons)
Looking to rebalance housing How is the experimental “Nord Energy Solidarity” provision fighting against fuel poverty? With nearly 300,000 “fragile” households, the département of Nord is increasing its efforts to assist people facing energy poverty. As part of a preventive approach, the General Council launched the “Nord Energy Solidarity” facility in April last year. Assistance comes in the form of an information and guidance resource platform, a pilot advisory system, called “specialised operator”, to monitor expenditure, and financial support to the tune of €3,000 to carry out works.
The département of Nord actively pro- motes innovative building operations, via policies that support them, linked to social accessibility, and the development of the territory.
How is the town policy implemented across your territory?
In pursuing a policy of territorial equity, and solidarity with its people, and its territories, the département of Nord has put housing at the forefront of its priorities.
In December 2009, the département of Nord introduced a contractual policy for planning and the sustainable development of the territories. The General Council has established three main priorities:
Can you give us the departmental Housing Plan? Adopted by the committee in December 2014, the departmental Housing Plan, cofinanced and co-run with the State, addresses several ambitious goals:
borough housing markets, n creation of a guidance document, n establishment of an observation facility, in 2015.
Finally, this strategy document is structured around three areas of intervention: the management of the public stock, activities to promote the private sector, as well as housing in rural areas.
n Understand the needs and unique issues of the territories alongside local players;
How do you support operators in the production of accessible housing for all?
n Ensure more efficient public policy by balancing the current deficits in rural areas;
The département of Nord actively promotes innovative building operations, via policies that support them, linked to social accessibility, and the development of the territory. These must meet the territorial objectives of the departmental Housing Plan, and the needs expressed by the areas in question. The “social innovation” award, an amount of €5,000, awarded to project operators, enables the creation 200 housing units per year, in areas under the authority of the relevant public institutions of inter-municipal cooperation.
n Plan for the Département as a whole, via a process of dialogue and partnership with the members of the territories.
The departmental Housing Plan, launched in 2012 and completed in the spring of 2014, was carried out in three phases: n snapshot of the departmental and
n ensure social cohesion between Dunkirk, interior Flanders, the Metropolis, and the regions of Douai, Valenciennes, Cambrai and Sambre-Avesnois; n provide quality of life for its inhabitants; n establish fields of action for responsible development
The objectives of the territorial contract also provide for: n the deployment of initiatives tailored to current problems n greater efficiency of public policies n an increase in partnerships between the departmental services, the municipalities, local players, and the services of the State, to ensure the sustainable development of the territories n
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CHAPITRE 6
© MPD01605
L’EUROPE ET LES RELATIONS INTERNATIONALES / EUROPE AND INTERNATIONAL RELATIONS
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Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Département transfrontalier par excellence avec 350 km de frontières et 25 000 personnes travaillant en Belgique, le Nord s’emploie à cultiver des coopérations à l’échelle européenne, malgré une conjoncture économique difficile.
“Porter l’idée européenne”
Acteur légitime en matière de relations internationales, le Département du Nord s’est engagé depuis 1989 dans une politique de coopération transfrontalière, notamment avec la Province de Hainaut et la Province de Flandre occidentale. Cette forte culture européenne, caractéristique du territoire, permet de pallier les difficultés budgétaires en faisant par exemple des échanges de pratiques avec les pays voisins. Ainsi, de nombreux projets ont pu émerger dans les domaines aussi divers que la culture, le tourisme, l’économie et l’environnement.
“La convergence des intérêts ne peut que renforcer la dynamique de mutualisation.” Parmi nos priorités, figure la volonté de porter l’idée européenne au sein des services de la collectivité, en impliquant toutes les directions du Département sur la recherche de financements et de partenaires. Car la convergence des intérêts ne peut que renforcer la dynamique de mutualisation entre différents pays. Un certain nombre d’actions ont été mises en œuvre, comme :
Depuis 2013, le Département s’est montré très actif par l’élaboration de différents projets opérationnels, notamment sur un programme initiatif pour l’emploi des jeunes et des coopérations européennes FranceWallonie-Vlaanderen.
par le développement de nouveaux réseaux transfrontaliers sur les secteurs des Monts de Flandre, de la Vallée de l’Yser, de Hoppeland de Land van Mortagne, etc. En ce sens, deux actions concrètes ont déjà été mises en place : n la “Charte de bonne conduite du randonneur et du pratiquant d’activités de pleine nature” dans la région transfrontalière des Monts de Flandre, qui rappelle les règles de base à respecter en matière de sécurité, d’environnement et de propriété privée ;
Vous avez également souhaité développer le concept de tourisme durable… Ce projet de coopération transversale et pluriannuelle prévoit le développement d’un tourisme responsable ainsi que la promotion des destinations touristiques des collectivités partenaires du Département du Nord. Parmi elles, figurent : Judet de Suceava (Roumanie), les Provinces de Flandre et de Hainaut en Belgique. En 2014, une série de films courts a été réalisée pour mettre en valeur les spécificités de chaque partenaire en matière de tourisme durable (dans les domaines de l’environnement, l’écosystème, l’hébergement durable, etc.)
n le “Manuel de l’organisateur d’une manifestation sport de nature”, un guide contient toutes les informations indispensables pour prévoir tout événement d’une manière responsable et réglementaire. Qu’en est-il du projet Life+Nature ?
Côté randonnée pédestre, nous avons entamé, depuis juillet 2008 et avec les partenaires flamands, le projet MIRRA. Son objectif est d’impulser cette activité de loisir
n la réalisation d’une étude visant à optimiser les fonds européens ; n la définition de nouveaux projets avec les homologues belges ; n l’implication concrète des partenaires extérieurs. 110 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Conseil départemental du Nord
Pourriez-vous présenter les orientations principales de votre politique de coopération européenne ?
Ce programme devrait créer les bases d’une collaboration structurelle et continue entre la France et la Flandre dans le domaine de la gestion des dunes sur le littoral entre Dunkerque et Westende. Acquisition de parcelles, création de marres et restauration des habitats dunaires sont autant d’objectifs poursuivis par le conservatoire du littoral, le Département du Nord et l’agence Nature et Forêt de la région flamande. Déposé en 2012, le dossier a été approuvé par l’Europe en septembre 2013, pour un budget de 4,066 millions d’euros et une durée de cinq ans n Propos recueillis par Pauline Pouzankov
Sylvie Labadens Vice-présidente du Conseil départemental en charge des Relations internationales et Relations européennes
Interview with: Sylvie Labadens, Vice President of the Departmental Council in charge of International Relations and European Relations
© Alain.Darles
“Carry the European idea”
Life+Nature project should create the foundations of a structural and continuous collaboration between France and Flanders for the management of the dunes on the coast between Dunkirk and Westende.
The ultimate cross-border département, with 350 km of border and 25,000 people working in Belgium, Nord seeks to cultivate cooperation at the European level, despite a difficult economic environment.
Could you present the main aspects of your European cooperation policy? A legitimate player in matters of international relations, the département of Nord has engaged, since 1989, in a policy of crossborder cooperation, including the Province of Hainaut and the Province of West Flanders. This strong European culture, characteristic of the territory, is a way of alleviating budgetary difficulties by making practical exchanges with neighbouring countries. In this way, many projects have been allowed to emerge in fields as diverse as culture, tourism, economy and the environment. Among our priorities, is the desire to carry the European idea within the services of the community, involving all the activities of the département in looking for funding
and partners. Indeed, this alignment of interests can only strengthen the dynamics of sharing between different countries. A number of actions have been implemented, such as: n a study aiming to optimise European funds,
local partners in the département of Nord. Among them are: Suceava County (Romania), the Provinces of Flanders and Hainaut in Belgium. In 2014, a series of short films was made to highlight the specificities of each partner in matters of sustainable tourism (in the areas of the environment, the eco-system, sustainable housing, etc.) n On the hiking front, since July 2008 we have been conducting the MIRRA project along with our Flemish partners. Its objective is to promote this leisure activity through the development of new transborder networks in the areas of the mountains of Flanders, the Yser Valley, Hoppeland de Land van Mortagne, etc. To this end, two concrete actions have already been implemented: n the “Charter of Good Conduct for Hikers and Practitioners of Nature Activities” in the border region of the Monts de Flandre, which recalls the basic rules to be respected in terms of safety, the environment and private property.
n defining new projects with our Belgian counterparts,
n The “Organiser’s Manual for Nature Sports Events”, is a guide containing all the information you need to plan for any event in a responsible and rule-abiding manner.
n the concrete involvement of external partners.
What about the Life + Nature project?
From 2013, the département has been very active in the development of different operational projects, including an initiative for the employment of young people and France-Wallonia-Vlaanderen European cooperation . You have also wanted to develop the concept of sustainable tourism... This cross-disciplinary and multiannual cooperation project plans for the development of responsible tourism and the promotion of tourist destinations of
This programme should create the foundations of a structural and continuous collaboration between France and Flanders for the management of the dunes on the coast between Dunkirk and Westende. The acquisition of plots, creation of ponds and dune habitat restoration are objectives pursued by the coastal conservation area, the département of Nord and the agency for Nature and Forests of the Flemish Region. Filed in 2012, the project was approved by Europe in September 2013, with a budget of € 4.066 million and a term of five years n
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CHAPITRE 7
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CULTURE, SPORT ET TOURISME / CULTURE, SPORT AND TOURISM
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Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | La nouvelle majorité départementale dans le Nord souhaite rapprocher l’offre culturelle de ses habitants. Avec un budget réduit, l’objectif est de mettre en réseau les acteurs culturels de l’ensemble du territoire, notamment en milieu rural.
La culture partout et pour tous
Le Conseil départemental du Nord mène une politique culturelle dynamique au plus près des habitants de tous les territoires. Tout en tenant compte des contraintes financières, nous sollicitons tous les Nordistes et associations pour que l’offre réponde à leurs attentes, sans exclure toutefois aucun type de culture. En termes d’objectifs, l’élargissement de l’accès aux ressources patrimoniales et l’aide à la création font partie de nos priorités. Le maillage entre les divers acteurs du secteur demeure néanmoins le principal chantier que le Conseil souhaite entreprendre.
“Attirer les visiteurs sur une plus longue période.”
Pour promouvoir le patrimoine local, des réseaux intercommunaux vont être initiés afin de monter des circuits touristiques. Ces itinéraires permettront d’attirer les visiteurs sur une plus longue période. Ils pourront ainsi découvrir la diversité de nos territoires.
artistes ouvrent une fois par an leurs ateliers au public. Le Conseil départemental pourra sans doute les soutenir pour répéter plus fréquemment ce type d’opérations.
“Une politique culturelle dédiée aux Nordistes.”
Vous défendez un élargissement et une diversification de l’accès à la culture. Quels moyens sont mis en œuvre pour répondre à cet objectif ? Comme dans la plupart des départements, les moyens alloués à la culture vont être réduits du fait de la situation financière particulièrement difficile à laquelle la collectivité est confrontée. Avec des finances réduites, la mise en réseau des acteurs culturels est essentielle. Nous sommes convaincus qu’il est possible de faire mieux avec moins. En s’appuyant sur les outils existants, l’offre ne peut que s’améliorer. Des manifestations peu coûteuses existent et méritent d’être soutenues. Par exemple, les
Quel rôle occupe la culture dans la valorisation du patrimoine nordiste ? Les musées départementaux se situent dans des espaces ruraux où l’offre culturelle n’est pas toujours développée. Le Musée Matisse au Cateau-Cambrésis, le futur musée du Verre à Sars-Poteries dans l’Avesnois, le musée de Flandre à Cassel et le forum antique de Bavoy sont les quatre phares de la politique que nous souhaitons impulser. D’autant que le développement de la culture dans ces espaces dynamise le tourisme et l’économie en milieu rural. 114 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
Les grands projets culturels initiés par le Conseil départemental –comme le festival des arts vivants “Nord Magnetic”répondent-ils également à cette ambition ?
© Dominique Lampla
Comment peut-on qualifier la politique culturelle menée par le Conseil départemental du Nord ?
Le festival “Nord Magnetic” ne correspond pas du tout à ce que le Conseil départemental du Nord souhaite mener aujourd’hui en matière culturelle. Certes, les conditions climatiques ont impacté son succès mais cette manifestation a coûté très cher et a été organisée par des sociétés extérieures au territoire. En ne prenant pas en compte les attentes des Nordistes, ces derniers ne se sont pas sentis concernés par l’événement et ne se sont pas déplacés. À nous aujourd’hui d’impulser une politique culturelle dédiée au département et à ses habitants n Propos recueillis par Nicolas Rinaldi
Béatrice Descamps-Plouvier 4ème vice-présidente du Conseil départemental du Nord déléguée à la culture
Interview with: Béatrice Descamps-Plouvier, 4th Vice President of the departmental Council of Nord, in charge of culture
The new departmental majority in Nord would like to bring the cultural offering closer to its inhabitants. With a reduced budget, the aim is to create a network of cultural players across the whole of the territory, in particular rural areas.
© Dominique Lampla.
Culture everywhere and for all
How would you characterise the cultural policy of the departmental Council of Nord? The departmental Council of Nord conducts a dynamic cultural policy, close to the inhabitants of all territories. Taking into account the financial constraints, we seek participation from all Nord inhabitants and organisations to ensure that the offer meets expectations without excluding any type of culture. In terms of objectives, the expansion of access to heritage resources, and help to set un new businesses are among our priorities. The network between the various players in the sector remains the primary goal for the Council.
“With reduced finances, creating a network of cultural stakeholders is essential. We are convinced that it is possible to do better with less.”
What role does culture play in the development of Nord heritage? The departmental museums are located in rural areas where the cultural offer is not always developed. The Matisse Museum in Cateau-Cambrésis, the future Museum of Glass in Sars-Poteries in Avesnois, the Museum of Flanders in Cassel and the ancient forum of Savoy are the four headline projects of the policy we want to promote. This is even more desirable given that the development of culture in these spaces
The departmental Council of Nord conducts a dynamic cultural policy, close to the inhabitants of all territories.
boosts tourism and the economy in rural areas. In order to promote local heritage, inter-communal networks will be initiated to create tourist circuits. These routes will help attract visitors over a longer period. This way tourists can discover the diversity of our territories. You believe in the expansion and diversification of access to culture. What measures are being implemented to meet this goal? As in most of the départements, the resources allocated to culture are being reduced because of the particularly difficult financial situation faced by the community. With reduced finances, creating a network of cultural stakeholders is essential. We are convinced that it is possible to do better with less. Relying on existing tools, the offer can only improve. There are inexpensive
events and they deserve to be supported. For example, once a year, artists open their workshops to the public. The departmental Council will no doubt be able support them to repeat this type of event more frequently. Are the major cultural projects initiated by the departmental Council - such as the festival of living arts “Nord Magnetic”also along the same vein? The “Nord Magnetic” festival is not at all what the departmental Council of Nord wants to promote today in terms of culture. Its success was certainly impacted by the weather, but this event was very expensive, and organised by companies external to the territory. By not taking into account their expectations, Nord inhabitants did not feel involved in the event and did not turn out. It is now up to us to promote a cultural policy dedicated to the département and its inhabitants n
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Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Autour du bassin Vauban de Gravelines, près de Dunkerque, l’association Tourville mène depuis 23 ans un chantier hors-norme : construire Le Jean Bart, un vaisseau inspiré de la flotte du Roi-Soleil. Un pari fou, initié par Christian Cardin, mais qui prend chaque jour une nouvelle dimension.
I
l est des projets portés par la volonté d’un homme. Lorsque Christian Cardin découvre en 1985 les épaves de la bataille de la Hougue, rien ne lui laissait présager alors la formidable aventure à laquelle participent aujourd’hui une dizaine de bénévoles et près de 3400 soutiens. Animé par sa passion pour les batailles navales de Louis XIV, le géologue mène un véritable chemin de croix dans les années 1980 pour faire reconnaître par les organismes compétents la qualité de vestiges archéologiques aux six vaisseaux qu’il a découverts dans l’obscure baie de Saint Vaast la Hougue. Accompagné par une poignée d’amis spécialistes de la chose marine, Christian Cardin fonde en 1992 l’association Tourville. Son but ? “Recréer de toute pièce l’un de ces navires qui ont fait la fierté de la flotte française, tout en développant un parc historique et de loisirs touristiquement viable”. Le projet de construction du Jean Bart est né.
Jean Bart, tout sauf un hasard Parmi les bâtiments coulés, L’Ambitieux et Le Saint Philippe présentent l’avantage d’être contemporains des albums de Colbert, ministre de la Marine du Roi-Soleil. Quatre siècles plus tard, les plans d’époque ne répondent plus aux exigences contemporaines. Il faut donc construire un navire original, inspiré de l’ingénierie colbertiste et fort des techniques actuelles. Plus qu’une réplique, c’est une œuvre nouvelle qui prend forme, du moins dans l’esprit de son créateur. C’est pourquoi le nom de Jean Bart lui semble naturel. Ce grand corsaire, anobli par Louis XIV, n’avait encore eu l’honneur de voir son nom gravé sur la proue d’un navire.
Grâce au soutien précoce du maire de la commune, André Demarthe, le chantier s’installe dans un premier temps à Grande Synthe. Le concept est simple : construire un bâtiment d’époque dans un village artisanal, luimême intégré à un parc historique et de loisirs. Une reproduction à basse échelle est d’abord réalisée avec le concours de travailleurs “présentant un besoin d’intégration professionnelle et sociale”. Dix ans après le lancement du projet, le site de construction ne suffit plus. Le Jean Bart est appelé à prendre les eaux : en 2002, le chantier grandeur nature du vaisseau est délocalisé à Gravelines, ville portuaire.
© Association Tourville
Le Jean Bart, le vent dans les voiles
Un navire et un parc Aujourd’hui, sur le site de Gravelines, l’avancée des travaux est pour le moins visible. Une dizaine de couples, sortes de cage thoracique du bâtiment, ont été posées en 2012 et confèrent une dimension grandiose à l’édifice. Mais l’immensité du projet –le navire mesure 57 mètres de long et 17 de hauteur– force l’humilité de son instigateur : “Nous sommes à un peu moins de la moitié du chantier ”. Autant dire que pour avancer, Christian Cardin et son équipe comptent sur la générosité des donateurs et le soutien des collectivités. Mais pas seulement. Une filiale commerciale de l’association permet depuis peu d’aménager le parc et de soutenir financièrement la construction. Les visiteurs peuvent ainsi parcourir les ateliers des maquettes ou la forge. Une boutique et un restaurant ont même vu le jour pour générer davantage de recettes. Loin de transformer cet espace en un Walt Disney naval, l’esprit du chantier respire avec sincérité sur
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Christian Cardin est l’instigateur de l’aventure Jean Bart.
chacune des installations : une saurisserie, lieu de fumage de poissons, utilise les copeaux de bois tombés lors des travaux. En attendant la boulangerie et bien d’autres équipements. Le chantier achevé, Le Jean Bart rejoindrait un bassin historique, près de Dunkerque. Ses contemplateurs ne le verront pas naviguer : les normes maritimes obligeant la pose de moteurs, l’authenticité –fil conducteur du projet– serait mise à mal. Solidement amarré, Le Jean Bart accueillerait des manifestations ludiques et des spectacles sons et lumières. Et pourquoi pas, à l’instar de la frégate L’Hermione – réplique du vaisseau de La Fayette – se faire remorquer pour embellir les ports du Globe n Nicolas Rinaldi
Around the Vauban de Gravelines basin, near Dunkirk, for 23 years the Tourville organisation has carried out an unusual construction: building Le Jean Bart, a vessel inspired by the fleet of the Sun King. A crazy bet, initiated by Christian Cardin, but each day taking on a new dimension.
This is a project carried by the will of one man. In 1985, when Christian Cardin discovered the wrecks of the battle of la Hougue, nothing could foreshadow then the great adventure of today involving a dozen volunteers and nearly 3400 supporters. Driven by his passion for the naval battles of Louis XIV, the geologist traversed many obstacles in the 1980s to get recognition from the relevant bodies, of the quality of archaeological remains in the six vessels he had discovered in the dark Bay of Saint Vaast la Hougue. Along with a handful of marine specialists, Christian Cardin founded the Tourville organisation. Its aim? “Recreate from scratch one of the ships that were the pride of the French fleet, while developing a historical park and viable tourist attraction”. The Jean Bart construction project was born.
Jean Bart, everything but chance Among the sunken vessels, the Ambitieux and the Saint Philippe have the advantage of being contemporaries of the Album of Colbert, the Marine Minister of the Sun King. Four centuries later, the original plans no longer meet contemporary requirements. Therefore, they are building an original ship, inspired by Colbert engineering, and strengthened by contemporary techniques. More than a replica, it is a new work that is taking form, at least in the mind of its creator. This is why the name Jean Bart seemed natural. This great privateer, ennobled by Louis XIV, never had the honour of seeing his name engraved on the prow of a ship. Thanks to early support from the Mayor of the Commune, André Demarthe, the build began at first in la Grande Synthe. The concept is
© Association Tourville
The Jean Bart, wind in the sails
Once completed, the Jean Bart would join a historic basin, near Dunkirk.
simple: build a period vessel in a craft village, itself integrated into a historical amusement park. A low-scale reproduction was made first with the collaboration of workers “needing professional and social integration”. Ten years after the launch of the project, the construction site was no longer enough. The Jean Bart was called to the water: in 2002, the full-size dock for the vessel was relocated to the port city of Gravelines.
A ship and a park Today, on the Gravelines site, the progress of the work is at the least visible. A dozen pairs, the rib cage of the vessel, were placed in 2012 and give it a grandiose dimension. But the vastness of the project - the ship measure 57 metres in length and 17 metres in height - humbles its initiator: “We are a little less than half way through the construction.” Suffice to say that, to move ahead, Christian Cardin and his team rely on the generosity
of donors and the support of communities. But not only that; a commercial subsidiary of the organisation has recently enabled the building of the park and financially supported the construction. Visitors can browse model workshops and the foundry. A shop and a restaurant have even emerged to generate more income. Far from transforming this space into a naval Walt Disney, the spirit of the shipyard breathes with sincerity in each facility: a smokehouse, a place for smoking fish, uses chips felled in the course of the work. Meanwhile there is a bakery and many more amenities. Once completed, the Jean Bart would join a historic basin, near Dunkirk. Its viewers will not see it sail: maritime standards require the installation of engines, and authenticity – guiding thread of the entire project – would be lost. Securely moored, the Jean Bart will host fun events and sound and light performances. And, why not, like the frigate Hermione – replica of the ship of La Fayette – it could get towed to beautify ports across the world n
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Avril 2016 | Nord
ENTRETIEN | Le département du Nord accueille des visiteurs de plus en plus nombreux et lointains. Un succès qui s’explique en partie par l’essor du tourisme de mémoire et la modernisation des infrastructures, impulsés par le Conseil départemental. Grâce aux “écomanifestations”, l’ouverture à l’international n’omet pas la participation du public local.
Un tourisme qui n’oublie personne Un classement récent du Journal des Arts place le musée Matisse du CateauCambrésis deuxième de France dans la catégorie des villes de moins de 20 000 habitants. L’établissement, qui dépend du Conseil départemental, est très dynamique. Cette bonne nouvelle illustre la synergie opérante entre le tourisme et l’offre culturelle très riche sur le territoire. Une trentaine de musées et près de 700 monuments historiques, classés ou inscrits, stimulent l’activité touristique dans le Nord : des villes fortifiées comme Lille ou Le Quesnoy, des villes d’art ou d’histoire comme Roubaix ou Cambrai et enfin des beffrois. Dans un soucis de mutualisation, le Département a créé une maison du tourisme à Lille. Cet espace rassemble le service Tourisme du Département du Nord, l’agence de développement et de réservation touristiques du Nord, le Comité régional du Tourisme, l’association des Gîtes de France, l’UDOTSI et l’association pour la mise en valeur des espaces fortifiés du NordPas-de-Calais. Par ailleurs, le Département accompagne les Offices de tourisme et Syndicats d’initiative vers le concept d’office de tourisme du futur. La mutation des pratiques et l’évolution des attentes des visiteurs constituent des enjeux auxquels les offices de tourisme vont devoir s’adapter.
ces événements, l’attrait des locaux pour le tourisme de proximité est réel. La “fête du lin” ou la confrérie de la terrine de foie de porc à Cousolre sont les parfaits exemples des enjeux de ces opérations.
ritoire : l’aéroport de Lille a accueilli pas moins de 1,6 million de passagers en 2014. Le Nord comprend 65 280 lits touristiques marchands, principalement répartis en 218 hôtels. Surtout, 19 900 emplois sont liés à l’activité dans le Nord. L’accueil des visiteurs est donc un enjeu économique majeur.
“Le tourisme de mémoire attire de nombreux visiteurs, qui viennent parfois de très loin.”
Vous défendez le “tourisme pour tous”. En quoi consiste cet objectif ? n Le Département souhaite inciter les Nordistes à découvrir ou redécouvrir leurs musées, et plus largement le patrimoine local.
Alors que l’on célèbre le centenaire de la Première Guerre mondiale, le département développe le tourisme de mémoire. Quel est l’intérêt de ce type de tourisme plus particulièrement dans le Nord ?
n Sur ce second point, je suis personnellement attachée aux “éco-manifestations” (manifestations qui participent au développement touristique durable du territoire). Il s’agit de fêtes locales comme le Colysée en fête à Lambersart (dont Madame AstrucDaubresse est adjointe au maire, ndlr). Sur
Le tourisme nordiste est-il un secteur d’activité dynamique ? Le tourisme est l’un des secteurs qui dynamisent le plus l’activité du département. La qualité de nos infrastructures explique en grande partie l’attractivité du ter118 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires
© Conseil départemental du Nord
Quels sont les atouts touristiques du département du Nord ?
Le tourisme de mémoire attire de nombreux visiteurs qui viennent parfois de très loin, à l’image des Australiens. Nous avons de nombreux atouts à faire valoir dans ce domaine puisque 5 sites du Nord (Fromelles, Louverval, Cambrai, Assevent et Le Quesnoy) sont proposés pour l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco des sites funéraires et mémoriels de la Grande Guerre, sur l’ensemble du front occidental. Nous profitons de la venue de ces visiteurs intéressés par le tourisme de mémoire pour leur proposer un “package” plus large permettant de valoriser notre patrimoine naturel, historique, culturel, etc n
Propos recueillis par Nicolas Rinaldi
Brigitte Astruc-Daubresse 8ème vice-présidente du Conseil Départemental du Nord déléguée au tourisme et à la vie associative
Interview with: Brigitte Astruc-Daubress, 8th Vice President of the Departmental Council for Nord, in charge of Tourism and Community Life
© Benjamin Smith / Wikimedia Commons
Tourism that doesn’t forget anybody The quality of our infrastructure explains in large part the attractiveness of the territory: Lille airport saw no less than 1.6 million passengers in 2014. Nord has 65,280 commercial tourist beds, distributed mainly across 218 hotels. Above all, 19,900 jobs are linked to this activity in Nord. Receiving visitors is therefore a major economic stake. You promote “tourism for all”. What is this goal? The département also wants to encourage the people of Nord to discover or rediscover their museums and, more widely, their local heritage.
Lille airport saw no less than 1.6 million passengers in 2014.
The département of Nord is welcoming visitors in greater numbers, and from further away. This success can be explained in part by the boom in Memorial tourism and the modernisation of infrastructure, driven by the Departmental council. Thanks to “ecoevents”, opening up to the outside does not forget to include local public participation.
What are the tourist assets of the département of Nord? A recent ranking in the Journal des Arts placed the Musée Matisse in CateauCambrésis second in France, in the category of cities with a population of less than 20,000. This museum, which depends on the Departmental council, is very dynamic. This good news demonstrates the effective synergy between tourism and the rich cultural offer in the territory. Around thirty museums, and around 700 listed or registered historic monuments, stimulate tourist
activity in the département of Nord: fortified cities such as Lille and Le Quesnoy, art history cities, such as Roubaix and Cambrai, and finally the belfries. In the interests of sharing, the département has set up a Tourist Office in Lille. This space brings together the Nord Tourist Service, the Nord Development and Tourist Reservation Agency, the Regional Committee for Tourism, the Gîtes de France Association, the Departmental Union of Tourist Offices and the Organisation for the Development of the Fortified Areas of Hauts-de-France. Furthermore, the département, is supporting the Tourist offices and Tourist information Centres to develop the future concept of the office of tourism. Changes in the practices and expectations of visitors are challenges to which the tourist offices will have to adapt. Is Nord tourism a dynamic business sector? Tourism is one of the sectors that most empower the activity of the département.
On this second point, I am personally attached to “eco-events” (events that are involved in the sustainable tourist development of the territory). These are local festivals like the Coliseum Festival in Lambersart (of which Madame Astruc-Dario is Deputy Mayor, editor’s note). Premises for local tourism are a real attraction for these events. The “flax festival” or the brotherhood of the Cousolre pork liver terrine are perfect examples of the challenges of these operations. As we celebrate the centenary of the First World War, the département is developing Memorial tourism. What is the benefit of this type of tourism especially in Nord? Memorial tourism attracts many visitors, who sometimes come from very far away, like Australians for example. We have many assets to develop in this area since there are 5 sites in Nord (Fromelles, Louverval, Cambrai, Assent and Le Quesnoy) that are up for inclusion on the Unesco list of World Heritage Funeral and Memorial sites of the Great War across the whole of the Western front. We take advantage of these visitors interested in Memorial tourism to offer a wider “package”, allowing us to make the most of our natural, historical, cultural, heritage n
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PARLEMENT EUROPÉEN
CÔTE D’OR
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L’ISÈRE
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MARNE
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AGGLOMÉRATION D’AGEN
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PROVINCE DU LUXEMBOURG
LA PROVINCE DU HAINAUT
GENÈVE
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CHÂTEAUROUX MÉTROPOLE
LA RÉGION DE BRUXELLES
LA PROVINCE DE NAMUR
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