13 minute read

créer un impact en faisant vivre une expérience aux équipes

teambuiLding créer un impact en faisant vivre une expérience aux équipes

Après une année plus que mouvementée, les agences de teambuilding ont à nouveau fort à faire. Les entreprises et les sociétés profitent des assouplissements pour faire travailler à nouveau leurs équipes sur la communication, la confiance et l’esprit d’équipe à travers des activités de teambuilding. En marge de cette reprise, Experience s’est entretenu avec plusieurs spécialistes du teambuilding. Ci-après, ils reviennent pour nous sur cette année sous l’étreinte du coronavirus et abordent les défis actuels dans leur domaine professionnel.

Le mois dernier, Experience Magazine a réuni plusieurs professionnels du teambuilding pour un débat sur les défis auxquels est confronté leur segment de marché: Hendrik Vandermarliere de The Outsider, Johnny Machiels d’Event Masters, Matthias Verscheure d’Event Mosaic et Geert Debusschere d’Ecco La Luna. Compte-rendu d’un débat intéressant... UNE ANNéE PLEINE DE CHOIX DIFFICILES

Au printemps 2020, les agences de teambuilding se sont retrouvées désemparées lorsque les activités de groupe sont soudainement devenues impossibles. Dès qu’il est apparu que le Covid ne disparaîtrait pas immédiatement, elles se sont mises en quête d’alternatives. Johnny Machiels: «Avec Event Masters, nous avons réalisé plus de 250 teambuildings en ligne. Cela a commencé en septembre 2020, et cela s’est vraiment emballé au cours des mois de novembre et décembre. Nous avons même dû stopper la vente. En fait, notre secteur est déjà trop petit pour répondre à toutes les demandes de teambuildings classiques. Et pour les teambuildings digitaux, le marché des prestataires était encore plus restreint.» Geert Debusschere: «Nous avons organisé nos premiers événements en ligne en avril-mai. Nous avons commencé à développer des concepts avec l’aide de notre réseau global. Parmi lesquels plusieurs solutions standard, mais nous avons surtout commencé à nous spécialiser dans une approche sur mesure.» Matthias Verscheure: «Nous avons également pris le train en marche, mais pas à ce point. Nous avons développé des programmes propres, et avons également réalisé quelques événements digitaux. Cela nous suffisait.» Hendrik Vandermarliere: «C’était différent pour nous. Pas évident de trouver des alternatives digitales pour nos activités outdoor. Nous avons dès lors décidé de tout arrêter en octobre de l’année dernière. Nous sommes restés actifs à quelques-uns pour assurer le suivi des dossiers, mais nous avons dû renvoyer le gros de l’équipe à la maison. Les protocoles de nos activités devaient être modifiés si souvent que le jeu n’en valait pas la chandelle. Et la déception récurrente commençait également à nous peser. Un jour c’était autorisé, le lendemain cela ne l’était plus. Au début, cette nouvelle a été très regrettable pour tout le monde. Mais finalement, tout le monde y a aussi trouvé une sorte de repos. En mai de cette année, nous avons repris le collier. «LA MOINS MAUVAISE SOLUTION»

Même si les teambuildings digitaux ont assurément eu du succès, la préférence de notre panel va unanimement aux réunions en ‘real life’.

Johnny Machiels: «C’est quelque chose de totalement différent. On voit des écrans noirs, des gens qui regardent n’importe où, le chat ou les enfants qui débarquent... On voit que les gens ne sont pas présents ni concentrés à 100%.» Matthias Verscheure: «Je ne suis en fait pas non plus un grand fan. La dynamique de groupe a également disparu. Le

«En fait, notrE sEctEur Est déjà trop pEtit pour répondrE à toutEs lEs dEmandEs dE tEamBuildings classiquEs. Et pour lEs tEamBuildings digitaux, lE marcHé dEs prEstatairEs était EncorE plus rEstrEint»

teambuilding dépend de l’encadrement. Vous avez beau avoir élaboré une super activité, si les animateurs encadrent celle-ci sans le moindre enthousiasme, tout le monde aura passé un après-midi décevant. L’inverse est également vrai. Une activité médiocre pourra être sauvée par des animateurs super enthousiastes. Mais avec des spectateurs tous scotchés derrière leur écran, ce n’est pas évident.» Johnny Machiels: «Un teambuilding normal procure de l’énergie. Laissezmoi monter sur une scène avec un micro pour m’adresser à un groupe, et je suis content. Mais après une série de sessions digitales, le soir, je suis complètement mort. Certains jours, j’en ai fait onze. Cela brûle énormément d’énergie. Sans parler des soucis techniques. Parfois, vous passez des minutes à essayer d’expliquer à quelqu’un où il doit appuyer sur un tel ou tel bouton dans Zoom.»

Matthias Verscheure: «En effet, on rencontre toutes sortes de petits problèmes qui, sur un événement en live, se résolvent en un tour de main. À distance, par contre...» Johnny Machiels: «Les teambuildings digitaux étaient en fait la moins mauvaise solution que nous pouvions proposer. Car il était tout de même nécessaire de connecter les gens entre eux.» Geert Debusschere: «J’en retire tout de même du positif, même si je n’étais pas non plus un fan au départ. Cela a tout de même permis aux gens de se connecter pendant un moment – dans les limites des possibilités qu’offrait le Corona. Cela a engendré d’autres façons de se connecter, et a ouvert d’autres perspectives. Le digital a en effet tout de même ses avantages, et les clients veulent continuer à l’utiliser. Nous continuons donc à développer de nouveaux produits dans ce domaine.»

CHANGEMENTS EN INTERNE

Cette période a aussi eu un solide impact sur l’organisation interne de la plupart des agences. Matthias Verscheure: «Nous sommes par exemple repassés de six à trois personnes (à nouveau quatre entre-temps, ndlr.). Ces collaborateurs sont partis d’eux-mêmes, en raison de l’incertitude qui régnait. Les deux directeurs ont continué à travailler. Mais cette incertitude valait pour nous aussi. ‘Où va-t-on?’ Heureusement, nous avons été soutenus par les autorités, il faut être honnête sur ce point.» Johnny Machiels: «Chez nous, nous comptions chaque mois combien de jours nous avions pu travailler. Ce n’était pas évident. Cela a également poussé des collaborateurs à nous quitter. Pour certains, ce stress et cette incertitude étaient très lourds à supporter.» Geert Debusschere: «Plusieurs freelances ont effectivement opté pour d’autres emplois, mais cela ouvre aussi des perspectives pour de nouvelles personnes, et fait souffler un vent nouveau. Nous avons récemment lancé des offres d’emploi, et nous avons eu beaucoup de réactions de personnes désireuses de venir travailler chez nous. On a en fait perdu plusieurs personnes qui auraient de toute façon fini par partir. Mais les irréductibles sont restés dans le secteur ou y reviendront après un certain temps. À côté de cela, en interne, nous avons commencé à travailler très fortement sur l’aspect coaching et avons examiné s’il était possible d’étendre celui-ci. C’est de là qu’est né notre concept ‘naturing teams’.» Hendrik Vandermarliere: «Nous avons également commencé à travailler sur les processus internes et à affiner les choses. Nous avons par exemple procédé à la digitalisation de certains processus. Cela a été un des rares avantages du Corona. Sinon, nous n’aurions jamais eu le temps de le faire.» Johnny Machiels: «Pour la première fois en 25 ans, nous avons cloué au sol notre avion Event Masters pendant un certain temps. Cela nous a permis d’effectuer des travaux d’entretien en profondeur et de nous pencher sur notre organisation interne. Parce qu’une fois que tout aura repris, ce sera plus difficile.» RATTRAPER LE TEMPS PERDU

La difficulté de trouver un moment pour programmer cette table ronde constitue la meilleure preuve de la reprise du secteur. Tout le monde est extrêmement occupé en ce moment. Matthias Verscheure: «Le mouvement de rattrapage bat son plein. Bien que ce

«jE rEmarquE quE lEs gEns vEulEnt désormais tout simplEmEnt discutEr. lEs programmEs nE doivEnt donc pas êtrE surcHargés non plus.»

soit à la dernière minute. Nous recevons régulièrement des demandes pour la semaine suivante. Ou pour un projet avec 500 personnes dans moins d’un mois.» Johnny Machiels: «Le gros problème, c’est que les sites et les traiteurs sont déjà tous pris.» Matthias Verscheure: «Les sites ne proposent plus d’options. Ils appliquent le principe du ‘premier arrivé, premier servi’. Et je peux les comprendre. Il s’agit de convaincre le client de se décider rapidement.» Hendrik Vandermarliere: «Nous faisons moins appel aux sous-traitants et disposons de notre propre logistique performante, de nos propres sites, d’une équipe de collaborateurs étoffée et nous nous chargeons nous-mêmes d’une grande partie du catering grâce à notre propre service horeca. Ce qui nous permet de réagir rapidement car nous gérons de nombreux aspects nous-mêmes. Mais lorsque nous devons faire appel à des fournisseurs externes, nous constatons effectivement qu’ils sont déjà très occupés.» Geert Debusschere: «Le plus important est que notre secteur se redresse. Nous devons donc être fiers de ce que nous avons accompli et redémarrer en mettant les bouchées doubles.»

PLEINS FEUX SUR LE PLAISIR D’êTRE ENSEMBLE

Lors d’une précédente table ronde consacrée au teambuilding, les membres du panel avaient mentionné que les clients n’avaient pas toujours un objectif clair en tête. Cela semble être encore et toujours le cas en 2021. Johnny Machiels: «La demande de nombreux clients est encore et toujours peu substantielle. ‘Quel est le message?’ ‘Quel objectif voulez-vous atteindre?’... sont autant de questions auxquelles le client a difficile à répondre. Même si le Corona a fait prendre conscience qu’il faut prendre le temps de se parler davantage et de relancer la communication.» Hendrik Vandermarliere: «Pour l’instant, nous constatons surtout une demande d’être ensemble, de prendre du plaisir simplement les uns avec les autres. Sans fixer des objectifs délibérés. Geert Debusschere: «Je remarque aussi que les gens veulent désormais tout simplement discuter. Les programmes ne doivent donc pas être surchargés. Les gens réclament des possibilités de passer du temps ensemble. Dans de nombreuses entreprises, il faut d’ailleurs aussi intégrer les nouveaux arrivants.» Johnny Machiels: «En effet, les clients choisissent désormais de se retrouver d’abord autour d’une tasse de café ou d’un barbecue. Pour se parler. C’est au cours de ces rencontres que germe l’idée d’effectuer un véritable teambuilding. La demande vient donc plutôt d’en bas.» Hendrik Vandermarliere: «Lorsque le client veut faire quelque chose sans réel objectif, tel est en fait l’objectif en soi. Un événement pour être ensemble, sans plus.» Johnny Machiels: «S’amuser peut en effet être un bon objectif.» Matthias Verscheure: «Notre travail consiste à montrer au client la voie à suivre. Et parfois à le guider. Si un directeur super sportif souhaite faire effectuer à son équipe beaucoup de kilomètres à vélo, ce ne sera pas toujours une bonne idée, car la moitié du groupe risque d’abandonner. Et cela, vous devez aussi le lui dire.» DU FUN À LA FORMATION

Mais les agences de teambuilding ont évidemment bien plus à offrir qu’organiser des rencontres agréables. Elles préfèrent travailler sur des objectifs précis. Johnny Machiels: «Il y a une différence claire entre un teambuilding, une formation et un événement fun. Personnellement, ces trois éléments sont nécessaires pour créer une bonne équipe. Un simple barbecue, boire un verre le vendredi soir... sont autant de possibilités pour faire des choses ensemble et faciliter le dialogue au sein de l’équipe. Dans le cadre d’un teambuilding, cet aspect fun doit être associé à un objectif précis: une meilleure communication, rompre les silos, etc. Et puis il y a les véritables sessions de formation, pour passer en revue et améliorer certains processus. Dans un plan annuel, il faut prévoir un bon mélange de ces trois éléments.»

Hendrik Vandermarliere: «Pour ces programmes plus en profondeur, nous collaborons avec des agences de formation. Ce que nous faisons par contre, c’est écouter les objectifs de la formation et y répondre par des épreuves en équipe. C’est notre métier. Nous ne nous 

chargeons pas de la formation proprement dite. Je pense effectivement que les gens sont actuellement un peu saturés dans ce domaine, car les formations en ligne étaient l’une des rares choses que l’on pouvait encore faire.» Johnny Machiels: «Pour moi, traduire certains objectifs en une activité d’équipe s’avère aussi beaucoup plus efficace qu’une personne sur une scène expliquant un modèle théorique. Parce que pendant une activité, vous êtes effectivement actif.»

Hendrik Vandermarliere: «Les formations peuvent devenir beaucoup plus efficaces en faisant vivre une expérience aux gens. Ils s’en souviendront plus longtemps, et la comprendront aussi mieux qu’une explication théorique dans une salle de classe.»

Johnny Machiels: «Je pense qu’il y a encore un grand fossé entre les formations et les teambuildings. Je pense que les formations pourraient encore être un peu plus détendues, et que les teambuildings pourraient être un peu plus sérieux.» Geert Debusschere: «En ce qui nous concerne, c’est différent. Nous avons essayé de rapprocher ces mondes en faisant vivre des expériences aux gens, puis en y réfléchissant avec les participants. Nous ne sommes pas des formateurs qui vont observer et ensuite donner leurs conclusions sur place ou via un rapport. Nous faisons vivre des défis aux gens, puis les laissons réfléchir sur ceux-ci et nous coachons les participants sur certaines thématiques, comme le souci du client. Que vous le fassiez dans un contexte purement fun ou en ayant à l’esprit un objectif de coaching précis, cela peut être très proche; une expérience domino en est l’exemple idéal.» DURéE DES TEAMBUILDINGS

Les agences soulignent qu’on obtient les meilleurs résultats lorsque les activités de teambuilding sont considérées comme faisant partie d’un programme plus large. Matthias Verscheure: «Une activité un après-midi peut certainement apporter quelque chose. Mais pour un véritable changement, il faut des projets à plus long terme.» Johnny Machiels: «Il est impossible de changer la dynamique d’une équipe en un après-midi. Avec un client qui vient deux ou trois fois par an, vous pourrez déjà créer une certaine atmosphère. Vous pourrez développer ensemble un jargon défini pour mieux se comprendre.» Hendrik Vandermarliere: «Si vous voulez vraiment aller vers un changement de comportement, il faudra effectivement travailler de façon structurée, et donc sur du plus long terme.» Geert Debusschere: «Nous sommes aussi de plus en plus souvent confrontés à des projets de coaching et de teambuilding qui s’inscrivent dans un process, que l’on stimulera tous les quelques mois.» Johnny Machiels: «Pour nous, un tel process constitue naturellement la mission la plus chouette à encadrer, mais cela concerne une minorité de nos clients. C’est chouette parce que nous pouvons travailler nous-mêmes pour atteindre certains objectifs et voir les résultats. Avec les activités classiques et ponctuelles, ceux-ci sont moins visibles.»

PLAGIAT

Personne n’aime voir les autres profiter sans complexe de ses propres efforts créatifs. Le plagiat est un thème qui provoque la frustration de nombreuses agences de teambuilding depuis déjà de nombreuses années.

Matthias Verscheure: «Il y a vraiment beaucoup de plagiat dans notre secteur. Parfois, certains vont même jusqu’à reprendre les textes et les photos de nos concepts. Cela me rend fou.» Johnny Machiels: «J’ai même déjà été confronté, dans le cadre d’une demande

Hendrik Vandermarliere

pour un teambuilding, à une réponse finale exactement identique. Nous avons essayé de nous protéger contre cela. Mais cela coûte tellement d’énergie négative. Alors que notre secteur, axé sur les personnes, doit précisément être animé d’une énergie positive.» Matthias Verscheure: «On ne peut pas y faire grand-chose. Dès que vous changez le moindre élément, il devient difficile d’être protégé. Évidemment, il faut bien trouver sa propre inspiration quelque part. Mais l’authenticité reste très importante pour nous. Johnny Machiels: «Chaque fois que nous créons quelque chose de nouveau, je cherche toujours en ligne pour voir si rien de similaire n’existe déjà. C’est ainsi que des concepts, qui étaient déjà prêts sur papier, ont fini à la poubelle. Parce que, même si cela me frustre au plus haut point, je ne ferai pas pareil à quelqu’un d’autre. La dernière chose que je veux faire, c’est mettre en péril l’image d’Event Masters et la mienne. On y arrivera un jour. De plus, jamais une seule copie n’a été aussi bonne que l’original.» Geert Debusschere: «Le plagiat n’est évidemment pas gai. Mais cela vous stimule cependant, en tant qu’entreprise, à continuer à innover. De plus, seuls votre programme et votre matériel peuvent être copiés. Pas les personnes qui les encadrent. Si vous vous entourez des meilleures personnes, personne d’autre ne pourra créer la même ambiance.»

This article is from: