Le Scandaleux Mag 17

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« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC

LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS #17- PRINTEMPS 2014

Dossier� special la montee de

l'antisysteme

NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE

LA MÉTROPOLE LILLOISE À LA POINTE DU PROGRÈS Les enjeux des élections européennes

COUPE DU MONDE : LES FORCES EN PRESENCE

lescandaleuxmag.fr


Chers lecteurs, Avec l’arrivée des beaux jours et la fin des cours ne manquait plus que le retour du Scandaleux Mag pour parachever ce beau mois de mai ! Comme toujours, nous vous proposons de nombreux reportages pour rester à la page et approfondir vos réflexions. Qu’est-ce que l’antisystème ? Suis-je moi même antisystème ? Voilà d’importantes questions auxquelles nous tentons d’apporter une réponse. Rassurez-vous, vous ne serez pas non plus en reste si vous vous intéressez aux élections européennes, à la situation en Ukraine, aux nouvelles technologies ou encore à la vie privée sur Internet ! Autant de sujets décisifs et incontournables aujourd’hui. La situation est peut-être plus grave que vous ne pensiez ? Désormais, vous êtes au moins au courant. Bonne lecture et bon été !

Antoine Isaac

Directeur de la publication : Antoine Isaac Rédacteur en chef : Antoine Isaac Relations partenaires : Sonia Karam, Fanny Jardin Mise en page : Anna Camara, Hélène Willemin

DÉPÔT LÉGAL : W59008653 ISSN 1961 - 0262

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LE SCANDALEUX MAG #17 - PRINTEMPS 2014

N°SIREN: 519318745

# 17 - Printemps 2014


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Elections européennes Qui s’intéresse aux européennes ? Relancer les européennes

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Les anti-systèmes marginaux : l’exemple du freegan Vous avez dit anti-système ? La jeunesse : une nouvelle force anti-système ?

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La situation ukrainienne

L’Ukraine, pivot stratégique de la géopolitique mondiale Plan de déstabilisation de l’Ukraine

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Techno

L’innovation dans les terminaux de paiement Interview avec André Delaforge, porte-parole de Natural Security

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Lille Lille à la pointe du progrès

Sport

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Sommaire

Dossier: La montée de l'anti-système

Coupe du monde 2014 : les forces en présence

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Keep religion out of school !

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Education

Horoscope

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EUROPEENNES

Qui s’intéresse aux européennes ? Pas grand monde en France semble-t-il... Que ce soit les citoyens, les médias, ou la classe politique, personne - ou presque - ne s’en préoccupe particulièrement. D’ailleurs aujourd’hui encore, difficile pour beaucoup de donner la date des élections. Un constat bien triste… Les élections européennes ont lieu du 21 au 25 mai dans les vingt-huit pays de l’Union. Pas moins de 340 millions d’électeurs sont appelés aux urnes afin d’élire leurs représentants au Parlement de Strasbourg. Ils auront également, pour la première fois, un impact décisif sur la désignation du Président de la Commission européenne. En effet, le président de l’exécutif bruxellois devrait être de la même couleur politique que le parti vainqueur des élections. Les électeurs choisiront donc, non seulement un parti, mais aussi son représentant pour ce poste clé des institutions européennes. Cette personnalisation de la fonction devrait susciter un regain d’intérêt parmi les électeurs à l’heure où les menaces des extrêmes et de l’abstention planent comme jamais sur le scrutin.

n’est pas limité aux pays du Sud, les fameux « PIGS » (le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne), qui ont subi la crise de plein fouet : la faible participation est généralisée en Europe pour ces élections, sauf dans les pays où le vote est obligatoire. Ce n’est même pas un phénomène de « lassitude » propre aux pays fondateurs, comme on pourrait le croire : pour les premières élections européennes organisées en Croatie, le taux d’abstention était de 79,7 %, avec plus de 5 % de votes blancs… Avec 40,5 % de participation en 2009, la France ferait presque figure d’élève modèle. Et pourtant il n’y a pas de quoi se réjouir…

« Pour les premières élections européennes organisées en Croatie, le taux d’abstention était de 79,7 %, avec plus de 5 % de votes blancs... »

43 % DE PARTICIPATION DANS L’UE EN 2009 Pour autant, pas de quoi déchaîner les foules, alors qu’aux frontières de l’UE un pays a destitué son président en partie pour l’Europe. Elle entretient donc le rêve à sa bordure, mais pas au sein de ses États membres. Ce phénomène

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En effet, aucune raison ne porte à croire que la participation dépassera allègrement les 40 % en France le 25 mai prochain. Nul besoin d’espérer un miracle : pourquoi les électeurs se mobiliseraient-ils si les médias et les politiques ne se mobilisent pas ? Les mauvaises langues expliquent le manque de médiatisation de cet évènement décisif par le rapprochement avec les municipales, qui ont obnubilé le paysage politico-médiatique ces derniers mois. C’est donc à peine deux mois après les élections munici-

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EUROPEENNES pales que les 43 millions de Français sont appelés à élire leurs députés au Parlement européen. Deux mois : à cette échelle on peut parler d’une micro-campagne. Du reste, elle ne semble pas vraiment gêner les partis politiques ou les médias, au contraire... Ce calendrier arrange tout le monde apparemment, sauf peut-être le débat et les citoyens. Et c’est bien là le problème.

Elle devrait être l’occasion d’exposer des modèles politiques bien identifiés. Où est passé le projet européen ? A-t-il déjà existé ? L’Europe ne s’estelle créée que face aux conflits, pour réunir des nations au passé conflictuel tout d’abord, puis pour constituer une alliance face à un bloc soviétique qui la menaçait de près ? Le rêve européen aurait pu exister, mais l’Europe a failli dans la création d’une identité propre aux citoyens de ses États-membres. Certes, elle a développé certains attributs d’un Etat-nation : un hymne, un drapeau, une devise... Mais l’UE a mis la charrue avant les bœufs. Elle a créé une structure supranationale alors que les citoyens ne se sentaient pas encore européens. Et le sentiment d’appartenance ne s’est sûrement pas créé par magie ces dernières années, quand les pays du Nord s’opposaient aux pays du Sud sur des enjeux économiques. Quand on parle d’Europe, c’est en mal. A partir de là, comment imaginer un rêve européen ?

« L’UE a mis la charrue avant les bœufs. Elle a créé une structure supranationale alors que les citoyens ne se sentaient pas encore européens. »

L’EUROPE À LA CROISÉE DES CHEMINS L’Europe est à un tournant de son histoire. Elle est à la croisée des chemins, bloquée entre deux visions antagonistes : faut-il aller vers le fédéralisme ou préserver la souveraineté intégrale des nations ? C’est le moment de choisir si l’on veut que cette Europe, aujourd’hui à bout de souffle, redémarre. Actuellement, les citoyens se détournent de l’UE parce qu’elle avance à coups de consensus mous. La campagne des élections européennes devrait exister.

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Pierre-Luc Schaming

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EUROPEENNES

RELANCER LES EUROPÉENNES UN DÉFI PERDU D’AVANCE ?

Le constat est sans appel : les européennes ne rassemblent pas, elles ne fédèrent pas les Européens comme elles le devraient. Est-ce vraiment impossible de mobiliser les électeurs des 28 pays de l’Union autour de ce scrutin ? On a le droit de rêver…

Marine Le Pen profiterait-elle de ses séances au Parlement européen pour jouer à Candy Crush ?

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orce est de constater que les élections européennes n’ont pas l’importance qu’elles méritent sur la scène politico-médiatique. Ce problème est en partie dû à la défiance qu’éprouvent les citoyens vis-à-vis de l’appareil bureaucratique bruxellois. En cette année particulièrement cruciale pour une instance supranationale à la croisée des chemins, Le Scandaleux Mag a décidé d’accorder une place importante aux thématiques européennes. Le Débattez-vous organisé le 9 avril dernier a permis d’éclairer un débat souvent flou en prenant un peu de recul par rapport à l’actualité brûlante.

UN CHOIX DE CANDIDATS PEU PERTINENT

Comment faire pour relancer l’intérêt pour les élections européennes ? Il faut tout d’abord s’interroger sur la place qu’accordent les partis politiques français au Parlement européen. « Il y a trois paramètres pour être reconnu comme influent, explique le politologue Olivier Costa : l’expérience politique, la compétence technique, et l’investissement. Le problème des eurodéputés français est qu’ils ont de l’expérience, un bon CV, mais qu’ils ne connaissent pas la machinerie européenne et qu’ils sont souvent très faibles du point de vue de l’investissement. » Or, le choix des candidats aux européennes pose question : comme le titrait le magazine tout en ligne Slate.fr, la France est un “pays où les bons eurodéputés sont évincés”. Le président de la commission des Budgets Alain Lamassoure dénonce « les vedettes politiques nationales qui se cherchent un abri après un accident de parcours et continuent à privilégier Paris aux dépens de l’Europe. » Eurodéputés, Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine, Jean-Luc Mélenchon, Rachida Dati ou Philippe de Villiers font tous partie de cette catégorie. Ils sont d’ailleurs parmi les champions européens de l’absentéisme au Parlement de Strasbourg. Ils sont à peine suffisamment présents pour ne pas voir leurs indemnités de 6 200 € net mensuels (!) et leurs nombreux avantages réduits. On ne peut pas dire que leurs 6

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Participation aux élections du Parlement européen, % d’électeurs inscrits

Source : Parlement européen *Nombre d’Etats membres

homologues européennes les portent dans leur cœur, eux qui sont nettement plus présents pour défendre leurs idées dans l’hémicycle et dans les commissions. « [Mélenchon] et les Le Pen utilisent l’argent et les structures du Parlement sans rien faire. Dans le privé, ils auraient été virés il y a longtemps, » dénonce l’eurodéputé néerlandais Derk Jan Eppink.

« Dans le privé, Mélenchon et les Le Pen auraient été virés il y a longtemps ! » - Derk Jan Eppink, eurodéputé néerlandais Les candidats qui se présentent en 2014 ne dérogent pas à la règle. L’ancien président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, affirmait à juste titre que « le député européen de 2014 devra être une personnalité compétente, reconnue, bilingue, influente et assidue au Parlement, plutôt que d’être sur les plateaux de télévision ou dans l’antichambre des partis politiques. (…) La question que je pose est : si [Nadine Morano] doit remplacer quelqu’un, qu’apporterait-elle de plus ? (…) Il est nécessaire de privilégier la compétence. » Sa candidature dans la circonscription Est s’est faite au détriment de Jean-Paul Gauzès, peu connu

47% des Français pensent que la télévision ne consacre pas assez de temps aux sujets européens

en France mais fort renommé au Parlement européen. Il a joué un rôle essentiel au moment de la crise financière, en tant que coordinateur du Parti populaire européen au sein de la commission des affaires économiques et monétaires. Or, la France souffre justement d’un déficit de coordinateurs, ces eurodéputés chargés de déterminer la position de leur groupe politique au sein de chaque commission. La France n’en a que 11, contre 30 Allemands et 34 Britanniques. Comme Harlem Désir, Christine Boutin, Vincent Peillon, Michèle AlliotMarie, Brice Hortefeux et le duo Le Pen (encore !), la “twittomaniaque” Morano vise le Parlement européen, alors que son intérêt pour les questions européennes reste à prouver… En fait, le Parlement européen n’est qu’une antichambre pour nombre de politiques français dans l’attente de retrouver un poste à Paris.

À LA RECHERCHE DU REMÈDE MIRACLE Puisque les politiques en place à Paris dictent l’actualité, ils ne parlent que rarement des enjeux du Parlement européen ; de ce fait, peu de médias, à l’exception d’Arte bien entendu, les traitent suffisamment. Respectivement 47% et 41% des Français pensent que la télévision et la radio

ne consacrent pas suffisamment de temps aux sujets européens, ce qui correspond dans les deux cas au niveau le plus élevé de tous les Etats membres, selon l’Eurobaromètre de la Commission européenne (mars 2013). 84% des Européens pensent que si les citoyens étaient mieux informés sur ces sujets et sur l’impact de l’Union européenne sur leur vie quotidienne, le vote lors des élections européennes serait bien plus élevé. Par ailleurs, l’Europe est un espace de vote, mais ce n’est pas un espace de débat : il n’y a malheureusement aucun débat transnational pour “dénationaliser” les discussions. Du reste, il n’y a pas non plus d’hommes politiques à la stature européenne : Herman von Rompuy ou Catherine Ashton n’ont ni le poids politique, ni le charisme, ni la carrure suffisante pour représenter le continent. Enfin, une autre possibilité pour créer de l’engouement autour des européennes serait de les organiser le même jour dans toute l’Europe, afin d’en faire un évènement de dimension internationale. Mais, même sur ce sujet, il faut faire avec les douces habitudes de chaque pays ; de quoi être eurodépité...

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Pierre-Luc Schaming 7


DOSSIER

La montée de

E M È T S Y S I T L’AN

Etre anti-système, c’est quoi, c’est qui ? Cet état d’esprit a défrayé la cronique ces derniers temps. Simple effet de mode, ou témoignage d’une profonde défiance de l’opinion publique face à la crise et aux politiques mises en place pour y répondre ? Le Scandaleux vous propose quelques réponses à travers ces pages.


DOSSIER

Les antisystèmes marginaux : l’exemple du freegan Présentation amicale du mouvement Doté d’un réseau international d’adeptes et défendant un mode de vie basé sur la consommation de la nourriture gratuite, le «gratuivorisme» défend essentiellement des techniques dites «déchétaristes» (fouiller les poubelles pour manger) mais aussi le glanage, le maraîchage ou le troc. Il naît aux Etats-Unis en 1999 suite à l’écriture d’un pamphlet par un ex-batteur d’un groupe punk, et peut être qualifié de contre-culture : le message porté étant que “ce n’est pas parce que c’est gratuit que c’est systématiquement mauvais”. Cet article n’a pas pour objet de critiquer les personnes pour qui être freegan n’est pas un choix de vie mais un mode de subsistance (comme les étudiants ...). Il existe toutefois une communauté d’adeptes convaincus et rassemblés autour de valeurs morales propres au mouvement, qu’il semble être raisonnablement possible de taquiner sans risquer de susciter l’indignation générale.

eux, les cantines (attention tout de même aux «restes mélangés avec les produits d’entretien»). Viennent ensuite les déchets provenant des fast-foods dont les locaux poubelle ont, paraît-il, souvent la serrure défoncée. Puis la grande distribution, moment privilégié pour la pratique du dumpster diving (discipline mêlant plongée et chasse aux trésors). L’occasion rêvée de prendre un selfie depuis le fond de la poubelle, qui viendra garnir à merveille les rangs de votre album de photos de profil Facebook (voire LinkedIn pour les plus iconoclastes). Gageons que les hipsters de la métropole, s’ils lisent cet article, ne tarderont pas à reprendre à leur compte cette idée audacieuse. Il faut maintenant évoquer le saint des saints des libérateurs de l’humanité : les décharges. «Immersion totale dans un stock impressionnant», «merveilleux trésors» ; difficile au vu de ce champ lexical hautement mélioratif de douter ne serait-ce qu’un instant de l’authenticité de l’émotion du freeganer se remémorant sa première gastroentérite/intoxication alimentaire. Mais après tout, qu’est ce donc que cela en comparaison avec tous ces instants de félicité, comme ceux résultant de la découverte d’un pot de Ben&Jerry saveur cookie, à peine entamé, entre deux serviettes hygiéniques salutaires ? Comme pour mieux partager l’émotion suscitée par la découverte d’une poubelle bien garnie, le freeganer rode parfois en bande.

« Sur les sites existant autour de cette communauté, on s’échange notamment tuyaux et astuces pour éviter d’avoir affaire au cadenas en fer forgé qui barre l’entrée d’un local poubelle. »

Sur les sites existant autour de cette communauté, on s’échange notamment tuyaux et astuces pour éviter d’avoir affaire au cadenas en fer forgé qui barre l’entrée d’un local poubelle, pour vous qui, par l’odeur alléché, avez crû bon de laisser libre court à vos instincts les plus inavouables. Un de ces sites, «le front freegan de libération de l’humanité», classe les sites de stockage de déchets selon leur potentiel gustatif. Que Joël Robuchon se rassure toutefois, les amateurs de bonne chair continueront vraisemblablement à traiter la poubelle du Shopi avec mépris, et cela même après avoir lu ce qui suit. Ah, les parvenus ! Un véritable Hit-parade des poubelles Ainsi, et par ordre croissant d’intérêt pour nos amis les “retourneurs de poubelle”, on trouve les ordures des particuliers, celles des marchés (la production mise au rebut), les restaurants et hôtels (une petite citation :»rien de tel que de passer après une panne de réfrigérateur»), le Flunch, jardin d’Eden pour les plus végétariens d’entre

Quand Juvabien... Pour justifier le recours à cette méthode, on retrouve le sempiternel argument «il faut abolir l’argent», aux côtés de l’argument déjà plus raisonnable de la réduction du gaspillage alimentaire. De manière plus originale, les auteurs balaient d’un revers de main le dédain manifesté à leur encontre par le présent article concernant la santé des pratiquants réguliers, en ayant recours au concept d’immunovolution. Le système immunitaire se trouverait renforcé par l’ingestion régulière et raisonnable de bactéries contenues dans des aliments provenant des poubelles (demandez conseil à votre pharmacien). Bref, bon appétit bien sûr !

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Nicolas Houriet 9


DOSSIER

Vous avez dit anti-système ? Si vous n’étiez pas en Corée du Nord cet hiver, vous avez forcément entendu parler de la « quenelle». Un geste antisémite ? « Non ! », s’exclament ceux qui la pratiquent : ce serait simplement un geste anti-système. Mais de quel système est-il question ? les « i » : il s’est défendu de tout antisémitisme. « SignificaL’affaire Dieudonné aura constitué le feuilleton politicotion de quenelle: anti-système », a-t-il détaillé sur Twitter. « médiatique de l’hiver, avec comme symbole la polémique Je ne sais pas ce que le mot religion vient faire dans cette hisautour de la quenelle, popularisée par l’humoriste (ou le toire ! Bien sûr, je ne suis ni antisémite ni raciste et j’assume militant ?) et reprise aux quatre coins de la France et du totalement mon geste. En ce qui monde, jusqu’à Auschwitz… Dès concerne les ministres qui donnent lors, difficile de considérer que ce geste est simplement une pro- « En ce qui concerne les ministres leurs propres interprétations de vocation à l’égard du “système” qui donnent leurs propres inter- ma quenelle, ce sont eux qui créent l’amalgame et la polémique sans dans l’esprit de ceux qui la pratiquent. Quel sens lui donnent prétations de ma quenelle, ce savoir ce que signifie vraiment ce alors ceux qui disent s’opposer au sont eux qui créent l’amalgame geste ! Je demanderais donc aux gens de ne pas se faire duper par les système en place, aussi floue cette et la polémique sans savoir ce médias. » expression soit-elle ? que signifie vraiment ce geste ! » Quoi qu’il en soit, la quenelle utilisée pour célébrer un de ses 2 seuls L’exemple Anelka buts cette saison - les 2 ont été marqués au cours de ce match Prenons un exemple précis : la quen’a pas plu à la fédération anglaise de football, la FA. Elle nelle du footballeur international français Nicolas Anelka. a décidé début mars de suspendre le joueur pour une duLe 28 décembre, en pleine polémique politico-judiciaire rée de cinq matchs et de le condamner à une amende de autour de son ami Dieudonné, il décide de célébrer son 80 000 livres, soit près de 100 000 euros. Si « la quenelle but sous les couleurs de West Bromwich Albion en adopcontient objectivement une connotation antisémite », il est tant ce geste, qui « était juste une spéciale dédicace à [son] en revanche impossible de conclure « qu’Anelka était ou ami Dieudonné » [sic]. Voyant le nombre incroyable de réest antisémiste et qu’il avait l’intention d’exprimer ou de actions suite au match, le joueur a dû mettre les points sur

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DOSSIER faire l’apologie de l’antisémitisme en réalisant la quenelle », a expliqué la commission indépenvdante de la FA dans son rapport. Mais alors, quel système dénonce Nicolas Anelka avec cette dédicace ? Peut-être dénonce-t-il, comme de nombreux internautes, « l’incestueuse caste des politiques, médias, affairistes et show bizz ». Un Tumblr (Nicolas Anelka contre le système) s’est penché sur la question avec beaucoup d’humour. Il souligne ironiquement les contrats publicitaires juteux signés par le joueur prétendument antisystème tout au long de sa carrière… En croisade contre les médias Mais « l’anti-systèmisme » est pour le moins hétérogène : Dieudonné, Soral et leurs amis ne sont pas les seuls à se dresser à rebours des usages politiques, économiques et sociaux. Du reste, on peut imaginer autant d’anti-systèmes que de systèmes. Il est donc impossible de dégager un profil unique de protestataire, ni de mettre sur le même plan les différentes « idéologies » portées par ces groupes. Un autre acteur majeur fait la une actuellement : il s’agit du Front National, qui met désormais le cap sur les élections européennes. Quel est son point commun avec Dieudonné et ses partisans ? Comme eux, le FN est en croisade contre les médias, « à la botte d’un système détestable ». Marine Le Pen, la présidente du parti, assume totalement cette étiquette « anti-système », si bien qu’en 2012 elle se disait « la seule candidate opposée au système », accusant Jean-Luc Mélenchon de « participer au système qu’il prétend combattre ». Ce système, c’est le système des élites au pouvoir : l’ultra-libéralisme, la mondialisation, le système bipartisan UMP-PS (« ’UMPS ») et enfin les médias. Elle a même publié un tweet le 8 mars pour annoncer qu’elle se désabonnait de Canal+, où les journalistes « s’affirment être porteurs de la morale autoproclamée », quoi que cela veuille bien dire. C’est bien simple, depuis 2012, le discours de l’extrême droite française est bien rodé : il faut lutter contre un système UMPS « en échec ». Elle affirmait

Le soutien à la personnalité du rire prend parfois les dehors d’un mouvement politique organisé

« Je demande aux gens de ne pas se faire duper par les médias. » Nicolas Anelka

avant les municipales, dans une interview accordée à LORActu.fr, que « le système UMPS [avait] tout fait pour [qu’ils ne soient] pas présents dans certaines villes. (...) Le système est tellement inquiet de notre puissance, qu’on souhaite nous mettre en difficulté. » Le vice-président du Front National, Florian Philippot, qui avait grandement contribué au défi de la dédiabolisation du FN pendant la campagne présidentielle de 2012, ne tient pas un discours différent. Et pourtant, celui qui se présentait à Forbach (Moselle) a grandement bénéficié des médias qui ont fait de ce scrutin un enjeu national et du jeune énarque un de leurs chouchous. Ils lui ont accordé un temps de parole au moins trois fois plus important que les autres candidats en cumulé. Mais bon, il n’allait quand même pas s’en plaindre. Alors, le système, on est contre, mais pas trop… Pour reprendre une phrase de Nicolas Dupont-Aignan : « Je ne suis pas anti-système : le système est antimoi. » A méditer.

Pierre-Luc Schaming Anelka dans une pub pour un fastfood en 2010

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DOSSIER

Les résultats de l’étude « Génération Quoi ? » de France Télévisions sont révélateurs d’un phénomène inquiétant. La jeunesse française se voit fermer nombre de portes par la société et reste très pessimiste vis-à-vis de son avenir. De quoi former une nouvelle force antisystème ?

La jeunesse : une nouvelle force antisystème ? F

rance Télévisions a été à l’initiative d’une enquête baptisée « Génération Quoi ? », dont le principe est simple : 143 questions interactives pour brosser le portrait d’une génération, celle des 18 – 34 ans. Le succès a été au rendez-vous, puisque 210 000 personnes ont participé à cette enquête. Ses résultats, s’ils sont certes à étudier avec précaution comme pour toute enquête auto-administrée, démontrent néanmoins plusieurs tendances préoccupantes. Les « jeunes » considèrent leur situation comme difficile, voire très difficile, et expriment leur frustration face à tous les obstacles qui les empêchent de mener l’existence qu’ils souhaitent. La situation de cette jeunesse est alarmante, et les problèmes sont bien mis en avant par l’enquête. Le chômage des moins de 25 ans est extrêmement préoccupant. Il atteignait en effet 24,2% en juillet 2013, chiffre qui ne prend pas en compte les jeunes qui ne s’inscrivent pas à Pôle emploi à cause de la lourdeur administrative de cet organisme et de la faible perspective de trouver un emploi sous peu. Le diplôme n’est plus la garantie infaillible de trouver ce fameux emploi, même s’il garde un côté discriminant.

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D’après une étude menée par Deloitte, les diplômés de moins de trois ans sont 76% à avoir un emploi lorsqu’ils sortent d’une grande école, et 51% lorsqu’ils viennent d’autres formations. Le nombre de CV à envoyer pour décrocher un emploi moins de trois ans après le diplôme reste considérable, 27 en moyenne selon la même étude, tandis que le délai de recherche s’allonge à 11 semaines en 2013 contre 10 en 2012.

Un rejet de la politique et un avenir obscur À ce pessimisme s’ajoute une défiance vis-à-vis du monde politique. 46% des participants n’ont plus aucune confiance dans les hommes politiques qu’ils accusent de mal utiliser le pouvoir qui leur est confié par les suffrages et de se défausser de leurs responsabilités en matière d’éducation et d’insertion professionnelle. Les différentes affaires qui secouent régulièrement le monde politique ne peuvent que fissurer l’édifice branlant de la confiance que lui accorde la jeunesse. Si l’on observe l’âge des élus, on s’aperçoit que l’accès aux fonctions de représentation du peuple est toujours très difficile pour les jeunes. En effet, sur 577 députés, seuls 40 ont moins de 40 ans et une seule moins de 30 ans ; ils n’étaient que 22 sénateurs en 2011 à avoir moins de 50

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DOSSIER ans ; seuls 4% des maires élus en 2008 avaient moins de 40 ans alors qu’ils étaient 12% en 1983. La fracture est donc double, entre une confiance qui s’effrite et un accès concret aux responsabilités très difficile. Enfin, un dernier élément se dresse face à la jeunesse actuelle. Une fois surmontées les difficultés pour trouver un emploi et le conserver se pose alors l’épineux problème de la retraite. Actuellement, un salarié peut partir à la retraite à 62 ans, s’il a cotisé durant 41,5 ans. Or, face aux difficultés croissantes de financement du système de retraite (s’il y avait 2,2 actifs par inactif de plus de 60 ans en 2005, ils ne seront plus que 1,4 actif par inactif en 2050 selon l’INSEE), il y a fort à parier que cet âge légal de départ et cette durée de cotisation sera régulièrement respectivement retardé et allongée , tandis que le montant versé aux retraités ira décroissant. Un jeune diplômé de master entrant sur le marché du travail aujourd’hui à 23 ans ne le quittera pas avant près de 65 ans en théorie, bien plus dans la pratique. Belle perspective que de voir une vie de labeur récompensée par une retraite infime, qui ne compensera peut-être même pas les infirmités dues à l’âge (l’espérance de vie en bonne santé – c’est-à-dire sans limitation d’activité ou d’incapacité majeure, est actuellement en France de 61,8 ans pour les hommes et de 63,5 pour les femmes, en deçà

d’autres pays de l’UE et en diminution en 2010).

Les prémisses d’un bouleversement ? On l’a vu, la jeunesse profite de moins en moins du système actuel, système qui adresse même de plus en plus d’obstacles à son épanouissement, et elle pourrait un jour, à force de gronder, finir par jeter à bas ce fardeau dont elle ne tirera rien. Seules les fonctions régaliennes de l’Etat (l’armée, la police et la justice) jouissent encore d’une grande confiance, et la croyance réside de plus en plus dans la solidarité, notamment familiale (près de 50% bénéficient d’une aide apportée par leur famille). On pourrait donc assister, dans les années à venir, à une contestation de plus en plus forte de ce système et, pourquoi pas, à l’émergence d’un grand mouvement tel qu’on avait pu le voir en 1968. On ne pourra pas demander indéfiniment à la jeunesse de payer pour les autres, tout en entravant ses tentatives d’intégration. Le risque, ou la chance, est alors qu’elle se fraye un chemin par elle-même.

Antoine Isaac

« On pourrait donc assister, dans les années à venir, à une contestation de plus en plus forte de ce système et, pourquoi pas, à l’émergence d’un grand mouvement tel qu’on avait pu le voir en 1968. » LE SCANDALEUX MAG #17 - PRINTEMPS 2014

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GEOPOLITIQUE

L’Ukraine, pivot stratégique de la géopolitique mondiale

Qu’en est il réellement de la crise ukrainienne ? Le conflit ne se résume-t-il qu’à une simple prise de conscience du peuple ukrainien ou tout ceci est-il organisé de main de maître par des puissances extérieures ? L’Ukraine est aujourd’hui composée de 2 parties distinctes, l’une à l’ouest majoritairement pro-occidentale et l’autre à l’est, russophone, russophile d’origine slave et orthodoxe, tournée vers la Russie. La partie pro-occidentale représente les deux tiers de la population ukrainienne, alors que la partie russophile contient deux tiers des richesses, avec une grande partie des industries et d’importants débouchés sur la Mer Noire. Le point où se cristallise le conflit, la Crimée, n’est que très récemment devenue ukrainien. C’est en effet en 1954 que l’Ukraine, alors membre de l’URSS, se voit attribuer la Crimée. Un geste symbolique de la part de Khrouchtchev à l’époque, mais qui depuis l’éclatement de l’URSS a pris une importance capitale.

péenne a mis en place ce « plan » de basculement du pays (relaté dans l’article suivant). Cependant, la question est de savoir ce que représente l’Ukraine stratégiquement. Quel est son intérêt géostratégique ? Zbigniew Brzezinski, l’un des plus grands géo-stratèges actuels, conseiller à la sécurité nationale sous la présidence de Jimmy Carter et fin connaisseur de la politique étrangère, explique parfaitement ce point dans son ouvrage : Le Grand Echiquier. Il y décrit froidement ce que doivent faire les États-Unis pour rester les maîtres du monde au 21e siècle.

« Il est indispensable que l’Amérique contre toute tentative de restauration impériale au centre de l’Eurasie. » Zbigniew Brzezinski Le Grand Echiquier

Revenons très brièvement sur la cause des événements récents. Depuis plusieurs années, les pays occidentaux (les Etats-Unis et les pays européens) essayent d’attirer l’Ukraine dans leurs rangs, avec comme but l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne. Le refus du président Ianoukovitch de voir son pays rejoindre l’Union euro14

« Qui gouverne l’Europe de l’Est gouverne le continent Eurasiatique, qui gouverne le continent Eurasiatique gouverne l’île Monde, qui vgouverne l’île Monde gouverne le Monde », Zbigniew Brzezinski – Le Grand Echiquier Afin d’expliquer son raisonnement, il définit les acteurs géostratégiques et les pivots géopolitiques. Les acteurs géostratégiques (à la date d’écriture du livre, en 1997)

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GEOPOLITIQUE rées que le renforcement de l’alliance avec la Corée du Sud et le rapprochement avec l’Iran, est annoncé dans ce livre. « Il est indispensable que l’Amérique contre toute tentative de restauration impériale au centre de l’Eurasie », Zbigniew Brzezinski – Le Grand Echiquier

Zbigniew Brzezinski, politiologue et géostratège diplomé de Harvard étaient au nombre de cinq : la France, l’Allemagne, la Russie, la Chine et L’Inde. Le terme de pivot géopolitique, lui, désigne les Etats « dont l’importance tient moins à leur puissance réelle, qu’à leur situation géographique et leur vulnérabilité potentielle, laquelle influe sur le comportement des acteurs géostratégiques ». Ceux ci sont : l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, la Corée du Sud et l’Iran. Parmi ceux-ci, il est intéressant de remarquer que, depuis, l’Ukraine et l’Azerbaijan ont connu une révolution Orange ou un coup d’Etat (c’est selon), l’Iran se rapproche de l’Occident suite à l’élection du religieux modéré Hassan Rohani alors que la Corée du Sud reste un allié fidèle des Etats-Unis.

Ainsi, si les Etats-Unis et son “vassal” l’Union européenne soutiennent une Ukraine pro-Europe c’est pour qu’aucune restauration impériale russe ne soit possible. C’est la technique du « roll back », celle du refoulement de la Russie vers l’Asie. Le but des Etats-Unis : la Russie doit s’intégrer à l’Europe, en suivant un processus graduel. Premièrement, elle doit participer au « Conseil de l’Europe », à l’image de la Turquie kémaliste qui « s’est engagée sur la voie de la modernisation, de l’européanisation et de la démocratisation ». Deuxièmement, la proposition d’une charte avec l’OTAN par l’Europe et l’Amérique. Enfin, ultime étape de ce processus, l’intégration de la Russie dans l’Union européenne. Cependant, le choix de l’Europe pour la Russie « se fera plus facilement une fois l’Ukraine intégrée elle-même à l’OTAN » et à l’Union européenne.

« Qui gouverne l’Europe de l’Est gouverne le continent Eurasiatique, qui gouverne le continent Eurasiatique gouverne l’île Monde, qui gouverne l’île Monde gouverne le Monde. » Zbigniew Brzezinski Le Grand Echiquier

Revenons à l’Ukraine. L’indépendance de celle-ci modifie la nature de l’Etat russe. En effet, sans l’Ukraine « la Russie ne peut être un empire en Eurasie. Et quand bien même elle s’efforcerait de recouvrir un tel statut son centre de gravité glisserait vers l’est, et la Russie serait vouée à la faiblesse ». Ainsi, « le sort de l’Ukraine, au même titre que celui de l’Azerbaïdjan, dictera ce que sera ou ne sera pas la Russie à l’avenir ». On voit clairement, que tout ce qui se passe aussi bien en Azerbaijan qu’en Ukraine, aussi bien les révolutions colo-

Au vu des événements actuels, l’Ukraine ne semble pas s’orienter vers l’Europe (ou en tout cas pas dans son intégralité), et les pays occidentaux ont brandi des menaces envers la Russie contre toute escalade du conflit ukrainien. Des menaces surtout économiques. Peuvent-elles être réellement envisageables ? Au niveau économique, la situation est très compliquée et ne permettrait pas de réelles sanctions envers la Russie, comme le menacent les pays occidentaux. En effet, Vladimir Poutine a répondu a cette menace en annonçant que si les avoirs russes étaient gelés, le gouvernement et les milliardaires russes vendraient tout leur stock de bons du Trésor américain. Il ne serait pas alors absurde de penser que le Chine suivrait, ce qui signifierait la fin du dollar et de l’économie américaine. Outre cette menace, la dépendance des pays européens envers le gaz russe est trop forte pour envisager un quelconque embargo. Le dénouement le plus probable de ce conflit serait la partition de l’Ukraine, ou du moins, le rattachement définitif de la Crimée à la Russie. Si cette solution venait à se réaliser, Poutine sortirait gagnant de l’opération. En effet, il recouvrirait une bonne partie des richesses du pays, ainsi qu’une plus large ouverture sur la Mer Noire.

Des manifestants pro-européens à Kiev LE SCANDALEUX MAG #17 - PRINTEMPS 2014

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GEOPOLITIQUE

PLAN DE DÉSTABILISATION

DE L’UKRAINE Depuis 1991 et l’effondrement de l’URSS, l’Ukraine a vécu une histoire mouvementée, parsemée de révolutions et de dérives autoritaires. Cependant, de nombreuses voix s’élèvent dénonçant une manipulation de la population ukrainienne dans le but de déstabiliser le pays et de l’attirer dans le giron de l’Occident.

L’

Ukraine proclame son indépendance le 24 août 1991, choix confirmé par un référendum le 1er décembre de la même année avec un « oui » à plus de 90%. En 1997, l’Ukraine signe un « traité d’amitié » avec la Russie. Celui-ci établit la base navale de la marine russe à Sebastopol. En 2004 a lieu la Révolution Orange : en décembre, suite à des soupçons de trucage, une énorme foule conteste le résultat du deuxième tour de la présidentielle remportée par le candidat pro-Russe Viktor Ianoukovytch. Cette révolte contraint le pouvoir à organiser un « troisième tour », gagné par le libéral pro-européen Viktor Iouchtchenko. Dès 2010, avec la victoire de Ianoukovytch devant Ioulia Timochenko, le pays amorce un retour vers l’Est. Le pouvoir renonce la même année à faire adhérer l’Ukraine à l’OTAN. En 2011, Ioulia Timochenko, égérie de la Révolution Orange, est condamnée à 7 ans de prison pour malversations. L’UE dénonce un procès politique. En 2013, le président élu Ianoukovitch refuse au dernier moment de signer un accord d’association avec l’Union européenne au profit d’un rapprochement avec Moscou. C’est alors que les manifestations pro-européennes s’amorcent.

La Révolution Orange de 2004 et son financement.

Les manifestations qui ont lieu suite au résultat contesté du deuxième tour durent une quinzaine de jours et rassemblent plus d’un demi-million de personnes à Kiev et à travers le pays. Organisées par le candidat malheureux Viktor Iouchtchenko, elles sont soutenues par de nombreux gouvernements occidentaux et reçoivent un financement conséquent de la part de milliardaires ukrainiens et d’organisations américaines. La logistique de ces manifestations a sans doute été grandement prévue par les organisations citoyennes Pora ! (littéralement, « C’est l’heure ! ») et Znayu (« Je sais »), qui militent pour la démocratie en Ukraine et bénéficient de soutiens financiers nord-américains. Il est intéressant de remarquer que celles-ci ont des liens marqués avec le mouvement Otpor qui avait participé à la chute du président Milosevic en 2000, à différentes tentatives de renversement du régime biélorusse en 2001

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et 2004 et à la Révolution des Roses géorgienne de 2002. The Guardian a par ailleurs révélé que les Etats-Unis et l’administration Bush avaient versé plus de 14 millions de dollars à Iouchtchenko (jusqu’à 65 millions selon d’autres sources) pour organiser la Révolution Orange, avec la participation notable des partis démocrate et républicain. L’appui d’organisations internationales a lui aussi été important, à travers entre autres l’Open Society Institute du milliardaire américain George Soros et la fondation Rockefeller. Les révolutions en Ukraine, en Géorgie et au Kirghizistan ont toutes trois bénéficié du même schéma : la contribution des ONG internationales américaines des droits de l’homme. Cela pose une question forcément dérangeante : les Etats-Unis ne défendraient-ils les droits de l’homme et la démocratie que lorsque cela correspond à des objectifs plus globaux de politique étrangère ?

« Les médias occidentaux présentent en général les manifestations antirusses comme un mouvement spontané regroupant des combattants de la liberté amoureux de l’Europe. » Suite à la victoire de Viktor Iouchtchenko, l’Ukraine a connu une période marquée par un rapprochement avec le camp occidental et l’OTAN. Pour autant, la corruption n’avait pas disparu dans le gouvernement, loin de là. Les multiples malversations des leaders de la Révolution Orange (délits financiers, détournements de fonds, évasion fiscale, favoritisme) conduiront par exemple derrière les barreaux Ioulia Tymochenko, Premier ministre de Iouchtchenko, après sa défaite au 2e tour de l’élection présidentielle de 2010 face à Viktor Ianoukovitch (48,95 % contre 45,47 %). L’opposition et de nombreux gouvernements étrangers ont dénoncé une condamnation motivée par des raisons politiques. Tymochenko affirmera quant à elle que « la justice n’existe plus en Ukraine. »

Les évènements de 2013.

Des dizaines de milliers d’opposants pro-européens manifestent violemment suite au refus du président ukrainien Viktor Ianoukovitch de parapher un accord d’intégration à l’UE, décision qu’il a justifiée par la lourdeur des « réformes structurelles » exigées en contrepartie par l’Europe (privatisations massives, réduction drastique des dépenses de l’État et de l’emploi public, remise en cause de la protection sociale et du droit du travail) alors que le pays

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GEOPOLITIQUE Oleg Tiagnibok, chef de Svoboda, ici présent avec le sénateur et ancien candidat a la présidence des USA, John McCain.

est économiquement affaibli. Le président donne alors la priorité aux relations économiques avec la Russie, en accord avec ses promesses de campagne trois ans plus tôt. Ces manifestations donnent lieu à de multiples affrontements et apparaissent comme des tentatives de déstabilisation et de renversement du gouvernement en place. Des catapultes géantes ont même été construites par les manifestants et utilisées pour se défendre contre la police du régime. Soutenus par Ioulia Timochenko, et par la quasi-totalité des classes politiques occidentales, certains manifestants sont clairement affiliés à l’organisation anti-russe d’extrême-droite Svoboda. Des saccages et de nombreuses déprédations sont commis. L’opposition, qui n’a pas la majorité au parlement, ne peut en effet compter que sur la « pression » de la rue pour faire plier le gouvernement et tenter de remettre sur les rails l’accord avec l’UE. Il existe un clivage extrêmement fort au sein de la population ukrainienne entre pro-russes, majoritaires à l’Est (en Crimée et à Donetsk par exemple, le fief de Ianoukovitch), et pro-européens, majoritaires à Kiev. Le clivage est tel que selon les sondages, la majorité est pro-russe ou pro-européenne. Difficile de savoir sur quel pied danser quand de chaque côté, les Etats font pression dans leur sens, avec le spectre menaçant de représailles... Pour revenir aux manifestations de la place Maidan proprement dites, il faut

signaler que parmi les principaux instigateurs, on retrouve des organisations fascistes et néo-nazies, souvent paramilitaires, tels Svoboda, Patriotes d’Ukraine, ou UNA-Unso. Le résultat de ces soulèvements a mené à la destitution du Président Ianoukovitch. D’aucuns ont parlé de coup d’état et ont qualifié le vote qui a suivi d’illégal en ce que la constitution ukrainienne ne le prévoyait aucunement. Mais elle ne prévoyait pas non plus le vote de rattachement à la Russie du parlement de Crimée. Mais, dans les deux cas, c’est la représentation du peuple qui s’est exprimée, et en cela, elle est légitime. Il faut toutefois nuancer car l’affaire est complexe. Les députés ont subi dans les deux cas des pressions. A Kiev, certains auraient cédé à la menace des groupes armés présents évoqués plus haut et voté pour la destitution de Viktor Ianoukovitch. Mais, encore une fois, étant donnée la complexité de la situation, il est extrêmement difficile de faire la part des choses. Les résultats du coup d’Etat / de la révolution (c’est selon) sont clairs et définissent ouvertement le chemin que le pouvoir à Kiev semble vouloir suivre. En parallèle de l’action menée en Crimée, d’autres régions ont pris des mesures extrêmement fortes, avec par exemple l’interdiction dans plusieurs provinces du Parti des Régions (le parti de Viktor Ianoukovitch) et du Parti Communiste (KPU). « Le Conseil régional a décidé d’approuver

l’interdiction des organisations régionale du Parti des régions et des serviteurs du régime actuel, d’interdire l’activité et l’utilisation des symboles du Parti Communiste d’Ukraine, car ils jugent ces partis contraire à l’intérêt national et les accusent de violer les droits et les libertés des citoyens », rapporte le communiqué de la décision du Conseil régional d’Ivano-Frankivsk. Des mesures radicales contre des partis qui représentaient pourtant près de 43 % du corps électoral aux élections législatives de 2012. Cependant, ces mesures ont fait beaucoup moins de vagues dans les médias occidentaux que « l’annexion »de la Crimée. Ceux-ci présentent en général les manifestations anti-russes comme un mouvement spontané regroupant des combattants de la liberté amoureux de l’Europe, en lutte avec un pouvoir autocratique, même s’il faut reconnaître que le traitement de l’information a eu tendance à devenir plus nuancé. Comme pour la Révolution Orange, le financement de ces soulèvements populaires pose question car, tandis qu’à l’Est, des milices pro-russes et des mercenaires bénéficient clairement du soutien du Kremlin, les manifestants de la place Maidan ont bénéficié à nouveau de l’appui financier de mouvements dont l’objectif semble clair : déstabiliser un pays souverain pour l’amener dans le giron européen dans le cadre d’un projet géopolitique supérieur.

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TECHNO L’INNOVATION DANS LES TERMINAUX DE PAIEMENT Si vous pensiez pouvoir payer encore longtemps avec votre CB ou avec votre chéquier, détrompez-vous : l’innovation est arrivée, depuis quelques temps, via le terminal de paiement à reconnaissance digitale, et encore plus avant-gardiste, celui à reconnaissance faciale. LES TERMINAUX DE PAIEMENT PAR RECONNAISSANCE DIGITALE : L’AVENIR MADE-INEURATECHNOLOGIE ?

C’est au sein du parc Euratechnologie, incubateur d’entreprises du secteur des nouvelles technologies, que se situe l’entreprise Natural Security, créée en 2008 et qui compte aujourd’hui 9 salariés. Dans le secteur des terminaux de paiement (POS en anglais), la carte à puce inventée par Roland Moreno en 1974 a permis le développement de tels terminaux, facilitant les achats du consommateur des petits commerces aux grandes surfaces. Rappelons que Natural Security n’est pas seul sur le marché des terminaux de paiement électroniques (TPE), et que ses concurrents ont un poids loin d’être négligeable : ainsi dans le monde le Français Ingenico partage une part de marché d’environ 80% avec son rival américain VeriFone (qui a d’ailleurs acquis récemment l’activité POS du fabriquant de cartes à puces Gemalto). Dans ces conditions, se faire adopter par les commerces pourrait relever d’une gageure, mais les débuts sont encourageants : Auchan a par exemple accepté d’expérimenter la technologie auprès de 900 clients dès octobre 2012 et ce pour une durée de 6 mois, avec un taux de satisfaction de 96%.

L’ÉMERGENCE D’UNE TECHNOLOGIE CONCURRENTE : LA RECONNAISSANCE FACIALE

Encore en phase de développement, cette technologie est annoncée par la société qui la développe, Uniqul, comme permettant de gagner près d’une heure par jour en temps d’attente. Le principe est tout aussi simple que précédemment : un client passe à la caisse, son visage est détecté et reconnu après comparaison avec une base de données. La simple apparition du visage à la caméra constituerait la première étape de l’acceptation du consommateur, lequel n’a alors plus qu’à valider son paiement sur un écran en appuyant sur une unique touche. La société devrait révéler le prix de son invention prochainement, et confesse vouloir la propager le plus largement possible prioritairement dans les grandes surfaces mais aussi dans les enseignes plus modestes, afin de gagner en visibilité et d’accroître le nombre d’utilisateurs le plus rapidement possible.

DES PROBLÈMES SOULEVÉS PAR LES DÉFENSEURS DES LIBERTÉS INDIVIDUELLES ET PAR L’INSTANCE EUROPÉENNE COMPÉTENTE EN LA MATIÈRE, LA CNIL.

La commission nationale de l’informatique et des libertés, dont le rôle est de veiller à la protection des données personnelles, pourrait toutefois avoir son mot à dire si d’aventure l’innovation se propageait en France. D’autre part, au vu des problèmes de traçabilité/géolocalisation des citoyens déjà soulevés par la possibilité de retracer le parcours d’un individu grâce à ses paiements par CB, il n’est pas certain que la nouveauté fasse consensus, notamment auprès des défenseurs des libertés individuelles. Ce à quoi ceux qui n’ont rien à se reprocher peuvent objecter que cela ne devrait pas les perturber. Après tout, la demande pour l’iPhone reste forte aux Etats-Unis malgré la révélation de l’existence d’un fichier au sein du téléphone répertoriant les déplacements de son utilisateur. Il faut peut-être y voir le signe que les appareils évoqués ne recevraient pas un accueil hostile de la part des Américains dans le cas où ils devraient remplacer la technologie TPE aux Etats-Unis. Reste à savoir ce qu’il en sera en France.

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TECHNO

«ATERME,NOTRETECHNOLOGIEESTAMENÉEÀGAGNER LE DOMICILE DES USAGERS. » Interview avec André Delaforge, porte-parole de Natural Security

>Pouvez-vous présenter l’entreprise Natural Security ? André Delaforge : Ce projet initié par plusieurs entreprises est né au sein du PICOM, pôle de compétitivité des industries du commerce avec pour point de départ l’idée de repenser l’acte de paiement au moment du passage en caisse. C’est un acte actuellement à la fois lourd et complexe pour le client : on s’est donc demandé comment fluidifier cette action. On reste très attaché à la sécurité que représente la puce (de la carte à puce) ; le but est de remplacer la phase de composition du code PIN par l’utilisation de la biométrie, c’est pourquoi l’ensemble des informations servant à l’authentification (empreintes de l’utilisateur) ne sont stockées que sur la puce, pas ailleurs. On s’est aussi aperçu que manipuler la carte faisait perdre du temps en caisse ; c’est pourquoi on développe la possibilité de laisser sa carte à puce sur soi et d’utiliser une technologie sans contact à moyenne distance. De cette façon, on s’appuie toujours sur la sécurité de la carte à puce sans avoir besoin de la présenter. Il nous a semblé essentiel que le geste soit volontaire, et tout cela sans pour autant que l’on soit reconnu à notre passage en caisse : tout repose sur une technologie dite «d’authentification forte». (NDLR : c’est à dire la reconnaissance nécessaire de deux facteurs d’authentification, ici la biométrie associée à la carte à puce) > Quelle place tiennent vos partenaires dans le développement de Natural Security? A.D : Il y a un certain nombre d’entreprises différentes qui ont porté le projet. Chez Natural Security, nous ne sommes pas des fournisseurs de solution : nous définissons les spécifications de cette méthode d’authentification. Nous travaillons avec des industriels pour implémenter cette façon d’authentifier les transactions. Parmi nos partenaires, on trouve bien sûr les banques, mais aussi les acteurs du marché des cartes bancaires, les fabricants de terminaux, de carte à puce, de capteurs biométrique... > L’entreprise rencontre-t-elle des difficultés dans le démarchage des grandes surfaces ? A.D : Notre approche est en fait basée sur les besoins métier des commerçants, dont nous écoutons les besoins. Les spécifications développées à travers une logique de standardisation ne le sont pas dans le cadre d’un modèle «propriétaire» car elles doivent être accessibles à l’ensemble des partenaires et fabricants de terminaux.

> Quel public et quelles applications pour cette technologie innovante ? A.D : La technologie est utilisable dans le cadre de toute opération de paiement électronique : le standard de sécurité que nous souhaitons développer servirait à sécuriser des transactions à la fois en magasin, mais aussi et avec un niveau de sécurité identique sur internet (e-commerce), via des distributeurs de billet, ou encore de chez soi pour accéder à son compte bancaire en ligne. A terme, la technologie est donc amenée à gagner le domicile des usagers. > D’autres projets comme celui mené récemment en partenariat avec Auchan sont-ils prévus ? A.D : Oui mais pour des raisons de stratégie vous comprendrez que ce n’est pas possible de les dévoiler. Nous pouvons toutefois vous dire que ces projets concerneront l’ergonomie du paiement en magasin, la sécurisation des accès distants avec les banques, et d’autres services sur internet. > Quelle aide vous ont apporté les autorités ? Quelles sortes de synergies permet un centre d’activité comme le centre Euratechnologie ? A.D : Nous avons surtout bénéficié de l’aide du PICOM. Au sein du centre Euratechnologie, nous travaillons avec TrustDesigner (entreprise spécialisée dans le conseil en sécurité informatique), et aussi avec le CITC (centre d’innovation des technologies sans contact). > La technologie de reconnaissance faciale de l’entreprise finlandaise Uniqul risque-t-elle de concurrencer Natural Security à l’avenir ? A.D : Nous développons des spécifications sans privilégier un fabricant ou une architecture en particulier. Nous sommes très sensibles au geste volontaire de l’utilisateur ; c’est pour cela que nous choisissons de nous concentrer sur des technologies biométriques impliquant l’apposition du doigt de l’utilisateur, alors que la notion de consentement nous semble être plus éloignée en ce qui concerne la reconnaissance faciale. D’ailleurs cette dernière seraitelle vraiment ressentie par le consommateur comme un consentement ? > Quels seront vos besoins actuels en termes de recrutement ? Quels types de profils peuvent intéresser Natural Security ? A.D : Compte tenu de notre positionnement vers l’international, nous sommes intéressés par les profils bilingues anglais (ou autre langue européenne) pour pouvoir mener efficacement des actions de business development et de communication auprès de nos clients. Propos recueillis par Nicolas Houriet

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LILLE

Lille à la pointe du progrès Les pôles de compétitivité résultent d’une politique industrielle affirmée des pouvoirs publics locaux et nationaux, en partenariat avec des instances européennes comme des fonds de financement. Leur régime fiscal, plus avantageux, a vocation à rassembler le plus grand nombre d’entreprises innovantes afin de renforcer le tissu économique au plan local et la compétitivité du pays. De quoi permettre aux entrepreneurs de la région et d’ailleurs de grandir dans un cadre adapté. Euratechnologie Epaulé par l’école d’ingénieur HEI, Euratechnologie est un vaste parc d’activité consacré aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Par le biais d’objectifs multiples, comme faire émerger de nouveaux business models, favoriser une synergie entre les parties prenantes, accélérer le développement des start-ups, ce cluster se veut un incubateur incontournable de la région. Preuve de la réussite de son modèle, il parvient à attirer IBM qui a promis la création de 700 emplois dans les 3 ans à venir. Citons également Microsoft, qui a choisi Euratechnologie en 2008 pour y implanter une équipe de consultants informatiques afin de promouvoir l’écosystème Microsoft. Des cabinets d’avocat spécialisés dans les problématiques juridiques autour des nouvelles technologies s’y sont même installés, profitant de la forte concentration d’entreprise.

mentale telle qu’elle est définie par le dernier Grenelle de l’environnement, qui semble pour une fois être associé à autre chose que de simples paroles. Le site internet dispose d’une rubrique «infos pratiques» présentant de manière simple mais détaillée les dispositifs d’aide pour entreprendre dans ces domaines (propriété intellectuelle, crédit impôt recherche..). Aquimer

« Par le biais d’objectifs multiples, comme faire émerger de nouveaux business models, favoriser une synergie entre les parties prenantes, accélérer le développement des start-ups, [Euratechnologie] se veut un incubateur incontournable de la région. »

I-trans Lille, avec près de 100 millions de consommateurs potentiels dans un rayon de 300 kilomètres, présente de multiples avantages d’un point de vue logistique, élément dont il n’est pas utile de rappeler l’importance stratégique pour les filières de distribution agroalimentaire, entre autres. I-trans met en relation les entreprises désireuses de collaborer dans le domaine des transports durables et de la logistique. Parmi les projets concernés, ceux qui tendent à profiter de la dérégulation du secteur ferroviaire et au renforcement de la compétitivité de ce même secteur, au développement d’un modèle économique pour la voiture de demain. L’orientation donnée à tout projet soutenu doit inclure une dimension environne-

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Aquimer apparaît comme une plateforme très spécialisée. Installée logiquement à Boulogne-sur-mer, elle s’est fixée l’objectif de pérenniser la filière poissonnière, en ce qu’elle bénéficie d’une demande croissante mais qui doit composer avec une raréfaction des ressources de la mer (surpêche du cabillaud, emploi de techniques controversées comme le chalutage en eaux profondes..). Ce pôle oriente donc son axe de recherche vers l’aquaculture, mais revendique également de permettre de «positionner les produits aquatiques dans l’alimentation du futur» en diversifiant l’offre actuellement proposée et en garantissant un certain équilibre nutritionnel, en plus de réduire certains freins à la consommation (via notamment un projet de désarêtage amélioré). Reste en revanche à savoir si les «biscuits salés à base de produits de la mer» trouveront leur public. Pôle Maud En association avec l’université Lille 1 et la communauté urbaine Lille Métropole, le parc scientifique européen Haute Borne s’est vu confier la mission de développer les liens entre la recherche et le monde de l’entreprise. En parallèle, un programme de construction de logements

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LILLE privés autour du parc était décidé. C’est au sein de ce parc que l’on trouve le pôle Maud, qui revendique 2135 emplois créés sur place. Dédié aux matériaux et à la chimie (dont la chimie verte, c’est-à-dire l’utilisation de procédés de synthèse propres), la structure souhaite, à travers les 4 grands défis technologiques, que sont l’exploration des nouvelles propriétés et fonctions des matériaux, les produits éco-conçus, la chimie du végétal et les procédés performants et avancés, se mettre au service des entreprises dans les domaines des arts de la table, de l’industrie graphique, du médical, du bâtiment, de l’agro-alimentaire... Le CETI

plifiée de molécules naturelles, de production de microalgues par Roquette Frères, et de manière plus générale, une expertise sur des thèmes attenants à la nutrition, aussi bien liés à la réglementation qu’aux audits nutritionnels. Le PICOM Ou Pôle de compétitivité des Industries du COMmerce. Il s’inscrit dans une logique de compétitivité par la réduction des coûts à l’aide, là encore, de technologies innovantes dans le domaine des NTIC, en lien avec les biens et services de consommation et les méthodes et technologies de conception. C’est d’ailleurs ce pôle qui a facilité la création de Natural Security. La plateforme en elle-même aide concrètement via l’organisation « d’ateliers R&D, via l’ingénierie financière et juridique des projets, et l’organisation de rendez vous mensuels de la recherche. »

« On y [NSL] retrouve des projets d’extraction simplifiée de molécules naturelles, de production de microalgues par Roquette Frères, [...] une expertise sur des thèmes attenants à la nutrition, aussi bien liés à la réglementation qu’aux audits nutritionnels. »

Ou centre européen des textiles innovants. Inauguré en 2012 à Tourcoing, il permet à des entreprises de toute taille, (via notamment leur département R&D) ou encore à des laboratoires de bénéficier de synergies entre elles. Comme bon nombre d’autres pôles du même genre, le CETI centralise à la fois de multiples possibilités de R&D, de fabrications en séries limitées pour test, de montage de projets, de services... Le tout a coûté 24 millions d’euros (bâtiments) plus 22 millions d’euros (équipements), financés uniquement par des organismes publics (Caisse des Dépôts, Etat, LMCU, la région Nord-Pas de Calais). Tissés ou non, les tissus ainsi conçus sont ignifuges, hydrophiles...

proximité immédiate .

Conception d’applications facebook, bornes d’affichage dynamique, analyse du comportement du consommateur, dématéralisation des cartes de fidélité... Les entreprises agissent dans des champs complémentaires et collaborent souvent du fait de leur

Eurasanté

Enrayer le déclin de l’industrie textile, pendant longtemps fer de lance de l’économie régionale, en développant des tissus à forte valeur ajoutée nécessite toutefois des emplois qualifiés voire spécialisés, ce qui peut laisser à ceux dont la niveau de formation n’atteint pas ces standards un arrière goût amère d’exclusion.

Se décrivant comme un pôle économique et scientifique d’envergure européenne, le cluster revendique à ce jour 95 projets incubés et 365 emplois créés ainsi qu’un grand nombre de lauréats. Les technologies de pointe développées dans ce pôle sont nombreuses : la nanotechnologie y est mêlée à la chirurgie, des solutions thérapeutiques sont recherchées afin de lutter contre la maladie d’Al-Zeihmer, pour améliorer le diagnostic immunologique..

NSL

Team2

Ce pôle NSL (nutrition santé longévité) a pour ambition de favoriser un partenariat renforcé entre les acteurs des secteurs agroalimentaires et industriels d’une part (Auchan, Bonduelle..) et des entreprises de biotechnologie spécialisées d’autre part (Florimond Desprez -amélioration génétique de variétés de culture). La finalité du projet est triple : d’une part faire progresser la recherche sur le traitement des maladies métaboliques (diabète, hypercholestérolémie..), renforcer la compétitivité des acteurs des industries précitées, et enfin donner une véritable dimension internationale à cette coopération en intensifiant les recherches académiques existantes sur le sujet. Là encore, NSL se pose en facilitateur des contacts via la publication, par exemple, d’un guide des bonnes pratiques collaboratives au sein du pôle. Concrètement, on y retrouve des projets d’extraction sim-

Face au problème de la contamination des sols par des déchets (notamment ceux provenant du secteur du BTP) et métaux, TEAM2 cherche à valoriser ces déchets ménagers et industriels lorsqu’ils arrivent en fin de vie, en produisant à partir de ceux-ci des matières et matériaux à faible empreinte environnementale mais à forte valeur ajoutée. Parmi les projets faisant actuellement l’objet d’une étude, une solution de recyclage des métaux précieux, des LEDs, du lithium de vos batteries de téléphone portable ou ordinateurs, des meubles.

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SPORT

COUPE DU MONDE 2014

les forces en présence

La Coupe du Monde arrive à grands pas et vous sentez que très bientôt les discussions d’aficionados du football vont vous laisser sur le carreau. Et bien ne vous inquiétez pas, Le Scandaleux Mag vous propose une présentation de cinq grosses écuries qui prendront part à la compétition afin de vous permettre de faire illusion dans ces nombreuses soirées pas très mondaines qui vous attendent. Installez-vous confortablement, prenez une bière pour vous mettre dans l’ambiance et à la fin de ces lignes vous serez capable de tenir une discussion avec n’importe quel supporter lambda pendant les cinq minutes où il sera encore sobre. BRÉSIL Le pays organisateur est souvent grand favori de la compétition (quand il a les moyens de l’emporter) et cette année le Brésil ne fait pas exception à la règle. Pourtant, ce n’était pas gagné. Il y a encore deux ou trois ans, le Brésil n’inquiétait personne et il semblait difficile qu’il arrive à venger l’affront de 1950, où il s’était incliné face au Paraguay en finale alors qu’il accueillait la compétition. Mais le retour de Scolari a donné une vraie identité de jeu à la Seleção. L’équipe peut également compter sur de très bonnes individualités, notamment Thiago Silva et Neymar, ce dernier ayant d’ailleurs réussi lors de la Coupe des Confédérations à montrer qu’il n’était pas simplement un « joueur YouTube».

C’est d’ailleurs lors de cette compétition que le Brésil s’est montré à la face du monde comme favori crédible. Néanmoins des doutes subsistent : le poste de numéro 9 semble aller à Fred par défaut et il ne parait pas être un attaquant de classe mondial, à l’heure où j’écris ces lignes Neymar n’a pas encore réussi à réellement s’imposer au Barça (et connaît certains problèmes extra sportifs en rapport avec son transfert); Paulinho, une des révélations de la Coupe des Confédérations est plutôt décevant, Hulk s’est enterré en Russie… Pourtant ces doutes ne suffisent pas à empêcher de croire aux chances des Brésiliens d’ajouter une sixième étoile à leur tunique.

« Depuis l’arrivée de Joachim Löw en 2006 le jeu de la Mannschaft a grandement évolué. Ce changement, amorcé par Klinsman, c’est surtout plus de jeunesse, un jeu plus technique, plus beau. »

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SPORT ALLEMAGNE Depuis l’arrivée de Joachim Löw en 2006 le jeu de la Mannschaft a grandement évolué. Ce changement, amorcé par Klinsmann, c’est surtout plus de jeunesse, un jeu plus technique, plus beau, en somme diamétralement opposé à ce à quoi nous ont habitué nos amis germaniques. Cela fait donc 8 ans que Löw a les pleins pouvoirs et son équipe semble arrivée à maturité comme l’a témoigné la suprématie des clubs allemands l’année dernière, avec en point d’orgue la domination du Barca par le Bayern. Individuellement, la qualité est indéniable à la plupart des postes. Si des doutes persistent sur la capacité d’Ozil à être décisif dans les moments importants, il a un remplaçant tout trouvé en la personne de Tony Kroos. S’il fallait vraiment désigner une faiblesse dans cette équipe ça serait la défense, même si cela reste plus un bémol qu’une véritable faiblesse surtout au vu de la présence de Phillip Lahm. En somme, on attend surtout de savoir si cette équipe d’Allemagne sera capable lors de cette compétition de devenir une véritable “Über-Mannschaft”.

la personne de Rooney, un goal pas mauvais. La sélection anglaise profite d’un regain d’intérêt pour les joueurs British dans des clubs anglais qui tournent bien (Liverpool, Southhampton). Bref, personne ne les voit gagner mais ils ne vont pas être faciles à battre. Un peu comme une autre équipe que l’on connaît bien : l’Equipe de France. FRANCE Ah, l’équipe de France, on y arrive! M’étant ouvert au foot en 98 (comme la majorité du pays en fait), l’Equipe de France m’apparaît aujourd’hui sous un jour nouveau. Aujourd’hui, elle est loin la France qu’on voyait capable d’écraser n’importe qui. Aujourd’hui Zizou est parti et avec lui l’espoir de revoir un match comme le France-Brésil de 2006 qui sonnait comme un récital d’El Maestro. Mais on est au courant depuis 2008. Que de fiasco depuis cette finale perdue contre l’Italie, que d’humiliations, de désillusions au point que certains perdaient tout sens critique, voyant en n’importe quel jeune sachant faire trois passes d’affilée un potentiel nouveau Zidane (comme Gourcuff, ou encore Marvin Martin)… Cependant, la France nous apparaît aujourd’hui sous un jour nouveau. Une équipe qui, à défaut de gagner, rassemblerait au moins la France derrière elle, semble aujourd’hui enfin prendre forme. Didier Deschamps n’a pas apporté de révolution dans le jeu, aucune nouvelle façon de jouer, non. Il a apporté à l’équipe son expérience et son pragmatisme. Un équilibre et une hiérarchie qu’on avait rarement vu aussi clairs et aussi bien établis ces dernières années. Pour le reste, on ne joue pas avec une équipe de totales “brêles” : les Ribéry, Benzema, Matuidi, Cabaye, Pogba, Giroud, etc. savent à peu près se servir d’un ballon… Le tout, allié à son charisme naturel et à l’historique des qualifications de l’équipe (qui furent plus que compliquées), donne un vécu à l’équipe et on découvre à nouveau l’envie de vibrer pour eux en se disant que, cette fois, c’est la bonne.

« L’Angleterre, c’est un peu comme Arsenal en C1, ils sont sympas, on a envie de les supporter, et à la fin quand ils perdent, on se dit souvent "dommage, c’est pas passé loin." »

ITALIE Une fois n’est pas coutume, l’Italie n’apparaît pas dans les médias comme favori. Tant mieux pour elle : historiquement, l’Italie réussit lorsqu’on ne l’attend pas. Pourtant, il paraît pour le moins étonnant que cette équipe ne soit pas un peu mieux considérée. Depuis leur échec cuisant en 2010 l’Italie a fait sa révolution. Sous la baguette de Cesare Prandelli l’équipe s’est rajeunie et s’est trouvée, un peu à la manière de l’Allemagne, une nouvelle identité de jeu. Un code de conduite a été mis en place et toute incartade à celui-ci en club entraîne une non sélection (sauf pour Mario Balotelli : il semble remporter un totem d’immunité à chaque sélection) et l’équipe a eu des résultats : une finale à l’Euro 2012 et une demi-finale à la Coupe des Confédérations qui a suivi. Quant aux joueurs, en attaque l’inévitable Super Mario, l’auteur du doublé contre l’Allemagne en 2012, semble être le pilier, l’homme de confiance de Prandelli. Si en plus l’Italie peut profiter d’un Rossi épargné par les blessures et du jeune et prometteur Immobile, la Squadra Azzura aura de quoi faire trembler les défenses adverses. D’autant qu’au milieu de terrain ils ont pléthore d’excellents joueurs. La preuve : Marco Verratti n’est même pas assuré d’aller à la Coupe du Monde. ANGLETERRE L’éternel outsider, celui qu’on n’attend jamais et qui au final ne gagne jamais. L’Angleterre, c’est un peu comme Arsenal en C1, ils sont sympas, on a envie de les supporter, et à la fin quand ils perdent (oui parce qu’ils perdent, il n’y a pas de mystère), on se dit souvent « dommage, c’est pas passé loin ». Mais après ce petit point, qui n’a aucune base solide, que vaut réellement l’équipe d’Angleterre ? Ils ont une jolie petite équipe, une jeunesse qui monte avec des Whilshere, des Oxlade-Chamberlain, mais également des Sturridge et autres Lallana, un grand joueur en

Samir Benyoucef

Le Christ de Rio

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EDUCATION

“Keep religion out of school!” L’éducation a longtemps été une affaire religieuse. En Europe, elle était dispensée par les institutions religieuses à la noblesse et à la bourgeoisie, surtout aux jeunes garçons. Pendant la période coloniale aux USA, les principes religieux étaient au cœur de l’enseignement.Petit à petit, un courant laïc a séparé l’éducation et la religion de force, soucieux de laisser aux enfants une petite part de libre arbitre dans les premières années de leur vie, mais aussi de démocratiser l’éducation. Le 4 février dernier a eu lieu au musée de la Création de Petersburg le très attendu débat entre Bill Nye, « science guy » apprécié aux Etats Unis, et Ken Ham, fervent défenseur du créationnisme et directeur du musée. Au-delà du fait qu’un tel débat puisse avoir lieu en 2014, Ken Ham est très loin d’être le seul à croire que notre planète a 6000 ans et que l’humanité a été créée et s’est perpétuée à partir de deux êtres, et de leurs deux fils, par des moyens aussi mystérieux que les voies impénétrables du Seigneur. En effet, Bill Nye a rappelé qu’environ 13% des professeurs de biologie des écoles publiques américaines enseignaient le créationnisme comme théorie « officielle », tandis que 60% d’entre eux évitent tout simplement le sujet. Cependant, les cours de sciences ne sont pas les uniques victimes de cet élan d’intégrisme qui renaît aux États-Unis. Environ 26 états ont des cours d’éducation sexuelle dans lesquels il est statué que l’abstinence est la méthode la plus efficace pour lutter contre les grossesses non désirées et les IST, tandis que 7 autres, dont le Texas et l’Utah ont tout simplement supprimé ces cours, pour les remplacer par des « cours d’abstinence » . Ces cours sont censés promouvoir l’abstinence avant le mariage ainsi que la non-utilisation de contraceptifs proscrits par la religion chrétienne. Une étude commandée par le congrès américain a montré que les élèves ayant suivi des cours d’abstinence étaient tout aussi enclins à avoir des relations sexuelles que les autres, ce qui a pour unique résultat une recrudescence des grossesses non désirées pour les adolescentes américaines. Par exemple, en 2010, le Washington Post nous rapporte que 3.5% des femmes entre 15 et 19 ans ont fait face à une grossesse non désirée, ce qui fait des Etats-Unis le pays développé avec le plus haut taux de mères adolescentes. Il est également nécessaire de rappeler que même de nos 24

jours, l’enseignement de la religion chrétienne est obligatoire dans les écoles américaines, quel que soit le culte de l’élève, ou même son athéisme. Le débat a récemment été ouvert en France, après des rumeurs statuant l’enseignement d’une soi-disant « théorie du genre » diabolique, censée expliquer que les chromosomes ne prédestinent pas une petite fille à jouer à la poupée ou à développer un talent pour faire la lessive. Le problème est que ces études, censées améliorer l’égalité, vont à l’encontre de la sacro-sainte « complémentarité » entre les hommes et les femmes statuée dans la Bible. La mobilisation a néanmoins été conséquente, et on a pu assister à la naissance d’un nouveau mouvement réactionnaire d’un relent intégriste nauséabond dans un pays qui se réclame « des droits de l’Homme ». Pourquoi la religion tient-elle donc tant à avoir de l’emprise sur les jeunes élèves ? La raison est assez simple : des études psychologiques montrent que nous sommes plus influençables et malléables vers l’âge de 6 ans. Ainsi, un enfant à qui l’on inculquera la crainte d’un dieu tout-puissant, miséricordieux et plein d’amour, restera probablement croyant toute sa vie. Il sera ainsi prompt à prendre part à des mouvements pour restreindre les droits et libertés de son prochain, à juger ses voisins en se protégeant derrière sa liberté de culte, mais aussi à enseigner ses valeurs pieuses et respectables à ses propres enfants. Si, dans un monde selon moi idéal, la religion était totalement écartée de l’éducation et que son enseignement n’était pas dispensé avant l’âge de raison, elle perdrait certainement un grand nombre de ses fidèles.

LE SCANDALEUX MAG #17 - PRINTEMPS 2014

Laure Fontaine


HOROSCOPE BELIER

TAUREAU

Votre année touche à sa fin et l’avenir est bien difficile à déchiffrer. Terminez donc en beauté dans un déferlement dionysiaque, indigne certes, mais tellement amusant.

CANCER

Si votre vie est ordonnée, vous rêvez d’anarchie, et si vous vivez dans le chaos vous ne désirez que l’organisation. Assumez-vous comme vous êtes et laissez les autres vous trouver des défauts.

LION

Ces prochains mois verront la réalisation d’un de vos plus grand rêve. Alors, pour une fois, levez-vous tôt, dessaoulez et devenez maître de votre destin.

BALANCE

Vous déciderez de mettre un terme à la mauvaise et malheureuse manie de maugréer, et mériterez alors mieux que ces milliers de maux qui vous meurtrissaient.

CAPRICORNE

Vous voyez enfin la lumière au bout du tunnel. Que ce soit bon signe ou non, il ne tient qu’à vous d’en décider.

Une forme olympique, un courage intact, une audace sans mesure, vous enchaînerez les coups d’éclat cet été. Qu’il est grisant d’être du bon côté de la médaille !

SCORPION

Un mal pour un bien, et un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Les dés sont jetés, mais si pierre qui roule n’amasse pas mousse, une hirondelle a fait le printemps. N’oubliez pas que qui trop embrasse, mal étreint.

VERSEAU

A force de reculer, vous ne pourrez plus sauter et resterez sur le carreau. Reprenez-vous en main et soyez plus en jambe.

LE SCANDALEUX MAG #16 - HIVER 2014

GEMEAUX

Cet été s’annonce aussi magnifique que le fut ce printemps, mais aussi cet hiver, et toutes les années précédentes. Vous êtes en état de grâce permanent.

VIERGE

L’été sera endiablé et vous ferez rougir votre signe par les excès et les insanités vers lesquels vous vous dirigerez allégrement.

SAGITTAIRE

Vous êtes force de protestation et de contestation. C’est bien, mais à trop vous exprimer vous risquez de lasser autour de vous. Le silence est parfois d’or, ne l’oubliez pas.

POISSONS

Les regards appuyés sur votre passage et cette nouvelle gêne délicate qu’ont les autres à vous approcher ne sont pas dus à la puissance séductrice d’hypothétiques phéromones estivales. Vous devriez plutôt songer à vous laver. 25


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