Le Scandaleux Mag'-XIV

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« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC

LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS #14 - HIVER 2013

Dossier: Ces interdits que l'on adore

transgresser Téléchargement Fraude dans les transports en commun Vote des extrêmes Dopage

Interviews Camélia Jordana Willy Moon

Société Jeux vidéos: oeillères et préjugés

NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE

Football: quand l’argent prime sur le sport

lescandaleuxmag.fr


Edito

En ce début de 2013 un constat s’impose : les Mayas s’étaient trompés puisque nous sommes toujours là ! Pas de fin apocalyptique, la vie peut donc reprendre son cours, et nous pouvons sortir notre nouveau mag’.

Dans ce quatorzième numéro, nous allons, comme c’est notre habitude, aborder des sujets qui peuvent concerner les étudiants, et plus particulièrement parce que nous nous appelons Le Scandaleux Mag’, -ne l’oublions pas- les interdits qui font partie de notre société, et que nous adorons transgresser. En effet, certains de nos comportements usuels enfreignent ouvertement les lois, mais on ne peut pas y renoncer ! Qui n’a jamais fraudé dans le métro, ou téléchargé le dernier épisode d’How I Met Your Mother ? De même, nous allons aussi nous pencher sur un phénomène grandissant : le vote pour les extrêmes, qui était autrefois tabou. La tendance au dopage et la délation ainsi que les changements de moeurs sont également au menu. L’équipe du Scandaleux Mag’ vous souhaite une bonne année 2013 à toutes et à tous, ainsi qu’une bonne lecture !

Anne Mounal

# 14 - Hiver 2013

DÉPÔT LÉGAL : W59008653 ISSN 1961 - 0262

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LE SCANDALEUX MAG #14 - HIVER 2013

N°SIREN: 519318745

Directrice de la publication: Jade Ginoux Rédactrice en chef: Anne Mounal Relations partenaires: Lucie Loyer Responsable communication: Margo Caullery Webmasters: François Lécolier, Margo Caullery Mise en page: Anna Camara, Marine Venet, Emilie Calmettes, Jade Ginoux


Sommaire

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Les interdits : avec les changements qu’ont vécu nos sociétés, sont-ils toujours d’actualité ?

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Téléchargement, droits, accès à la culture : l’enrichissement de l’un pour l’appauvrissement de l’autre ?

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Dossier: Ces interdits que l'on adore transgresser

Le dopage : une pratique illégale mais financièrement tolérée

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Nouvelles insolites

Délation, dénonciation : entre encouragement et mépris

L’extrême-droite séduit l’électorat français. Mais quand les électeurs sauront-ils l’admettre ?

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Interviews

Camélia Jordana, de la « Nouvelle Star » à la maturité

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Transports en commun : le coupable est ailleurs

Willy Moon, l’artiste dans la Lune

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Pourquoi a-t-on besoin d’une famille royale ?

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L’arnaque des fausses options binaires sur Internet: moins grave que les vraies ?

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Violences, crimes et jeux-vidéos : la fausse corrélation ou l’insupportable raccourci emprunté par les néophytes

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Société

Quand l’argent gangrène le football

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Haro sur le foie gras

Loisirs Mots croisés Recette: cookies aux pépites de chocolat Horoscope

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Introduction

Brèves insolites U

ne religieuse chassée d’un couvent pour usage abusif de Facebook: Sœur Maria Jesus Galan, surnommée « Internet Sister », a été priée de quitter le couvent de Santo Domingo el Real à Tolède – où elle a passé 35 années – en raison de son trop grand intérêt pour le réseau social.

B

esoin d’un préservatif ? Il y a une application pour ça ! Le département de la santé de la ville de New York a dévoilé une application iPhone gratuite qui permet aux utilisateurs de trouver l’endroit le plus proche où ils pourront se procurer un préservatif gratuit, en utilisant le système de localisation par GPS. L’application « NYC condom finder » est disponible sur iPhone et Androïd.

E

lle passe le Nouvel an enfermée dans un supermarché ! Une septuagénaire a passé le réveillon dans le supermarché où elle faisait ses courses à Roubaix. Malgré ses tentatives pour appeler à l’aide, elle n’a été libérée que le lendemain. Affaiblie, ne s’étant ni alimentée ni reposée, la malheureuse cliente a été prise en charge par les services de secours et transportée dans un hôpital de la ville.

J

urez, ça ira mieux ! Si vous vous cognez douloureusement, n’hésitez plus à multiplier jurons, gros mots et autres insanités : ça soulage ! Une étude menée par le département de psychologie de l’université britannique de Keele démontre que cette réaction verbale spontanée (et universelle) n’est pas seulement une réaction émotionnelle, mais surtout une parade physique contre la douleur d’autant plus efficace que le juron est violent. Hurler accélère le rythme cardiaque, ce qui est un excellent analgésique. Tant pis pour la bonne éducation.

I

l met un bébé en vente sur un site de petites annonces: « Vends bébé de 6 mois ». Cette annonce, placée dans la rubrique ameublement en Seine-Saint-Denis, a été postée sur le site « Leboncoin.fr », le vendeur explique qu’il cherche à se séparer de l’enfant parce qu’il a découvert qu’il n’était pas de lui. « Outre le fait qu’il n’ait pas la même couleur de peau que moi, le père m’a téléphoné sur le portable de ma femme pour me demander des nouvelles de mon fils », précise-t-il, avant d’ajouter que le prix est « à débattre ». Mais l’annonce a été repérée à temps par le service national téléphonique pour l’enfance en danger qui a déposé plainte au commissariat de Montreuil. Une enquête préliminaire a ensuite été ouverte par le parquet de Bobigny pour « délaissement d’enfant ». L’annonce a été retirée du site.

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DOSSIER

Les interdits :

Avec les changements qu’ont vécu nos sociétés, sont-ils toujours d’actualité ? Les sociétés ont depuis toujours été régies par les religions, quelles qu’elles soient. Et ces religions avaient toutes des interdits en commun : inceste, adultère etc. Cependant, de nos jours on n’hésite plus à transgresser certains de ces interdits …

L

’interdit nous attire, c’est évident. Et il l’a toujours fait, puisque les interdits font partie intégrante de toutes nos sociétés, et ce depuis toujours. Pourtant, la Bible et ses Dix Commandements sont on ne peut plus clairs : tu ne tueras point, tu ne voleras point, tu ne convoiteras pas la femme d’autrui etc. Notre société occidentale s’est pendant longtemps basée sur ces principes de vie, afin que tous puissent vivre en harmonie. Mais depuis quelques décennies, certains des comportements qui faisaient jadis partie de nos interdits absolus sont désormais devenus presque ordinaires.

Comment expliquer un tel changement ? Mai 1968 et l’accès à la contraception ont fortement facilité le processus, puisque maintenant sexe n’est plus forcément synonyme de risque de grossesse, donc d’opprobre suprême. Donc après tout, pourquoi se priver ? A présent, chacun dispose de son corps comme il le souhaite. On en est même arrivé à un point où certaines n’hésitent pas à vendre leur virginité, afin de pouvoir se faire un peu d’argent, telle Catarina Migliorini, une jeune Brésilienne de vingt printemps, qui a obtenu pas moins de 600 000€ de cette manière …

Par exemple, l’adultère aujourd’hui n’est plus un crime puni par la loi. Certes, c’est un motif et une faute plus que suffisants dans le cadre d’un divorce, mais dorénavant, celui ou celle qui a fauté n’est plus honni, du moins au bout d’un certain temps. Il s’en sort même parfois tout à fait indemne. Tout le monde se souvient du Monicagate et de la fureur autour de la liaison du président Clinton. Mais qui se souvient qu’il a failli risquer l’impeachment ? D’ailleurs, même sa femme a fermé les yeux, tout comme le peuple américain qui continue de le considérer comme une de ses personnalités politiques favorites d’après un sondage du Wall Street Journal et de NBC News de 2010.

Autre changement notable : l’autorisation du mariage homosexuel dans de nombreux pays. N’oublions pas que naguère, l’homosexualité était aussi un crime. A présent, être homosexuel n’est non seulement plus une honte, mais les couples gays ont désormais en France la possibilité de s’unir par le mariage, comme n’importe quel autre couple. Qui aurait pu imaginer un tel bouleversement, rien qu’au début du siècle dernier ?

L’individu a plus de libertés aujourd’hui, puisqu’il s’est affranchi, en général, des autorités religieuses

De même, l’interdit du sexe avant le mariage pour les demoiselles, prôné afin de garantir la paternité des enfants à venir pour le fiancé, fait désormais partie des traditions désuètes que seule une poignée de pratiquants continue à respecter. Nombreux étaient les classiques de la littérature, qui montraient en quoi avoir des relations sexuelles avant le mariage signifiait la ruine de toute femme respectable : le meilleur exemple est Tess d’Urberville de Thomas Hardy. Mais aujourd’hui, nous ne fonctionnons plus comme ça : Britney Spears a tenté de faire rêver l’Amérique puritaine en affirmant se préserver pour le mariage, tout comme Miley Cyrus dix ans après ; un beau garçon rencontré plus tard, ces belles résolutions volaient en éclats ! 6

Mais il faut tout de même nuancer le propos : tous les interdits ne sont pas devenus banaux pour autant. Le viol, la pédophilie et l’inceste ne sont pas encore devenus pratique courante, fort heureusement. Cela dit, le vol et la triche sont devenus plus ou moins la norme : en témoignent toutes les affaires de dopage, et l’explosion du téléchargement illégal au cours de ces dernières années. L’individu d’aujourd’hui a probablement plus de libertés qu’auparavant, puisqu’il s’est affranchi, la plupart du temps, des autorités religieuses. Et puisque ce sont ces dernières qui sont à l’origine des codes de notre société, il est normal que de ce fait, nos us et coutumes changent un peu. Alors, est-ce que c’était vraiment mieux avant ?

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Anne Mounal


DOSSIER

Téléchargements, droits, accès à la culture : L’enrichissement de l’un, pour l’appauvrissement de l’autre ?

PIPA et SOPA, ACTA, Hadopi... La lutte contre le téléchargement illégal semble être le fer de lance des gouvernements occidentaux actuels. Est-ce pourtant un combat légitime ?

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de la population française confesse avoir déjà téléchargé illégalement un contenu protégé. 30% revendique télécharger régulièrement. Quelles sont les enjeux de cet engouement pour l’accès illégal à la culture et à l’information ? Le premier de ces enjeux est évidemment légal. Pour faire simple, deux Droits Fondamentaux s’affrontent : le droit de propriété, officiellement consacré de manière universelle en droit français depuis le premier Code Civil napoléonien de 1804, et le droit d’accès à l’information et à la culture, qui est un droit bien plus contemporain. En d’autres termes et pour emprunter un raccourci, lorsqu’on télécharge, on viole le droit d’autrui tout en s’arrogeant le sien. D’un point de vue doctrinal, la question est pointue : les Droits dits Fondamentaux bénéficient du même régime, et normalement, aucun principe de hiérarchie ne doit les dominer, chaque homme, pour s’accomplir, doit pouvoir jouir de chacun de ces droits de manière pleine et entière.

(droit de propriété littéraire et artistique en droit français, pour faire preuve de précision) dont elles jouissent n’est donc qu’une excuse supplémentaire pour réaliser un profit dont elles pourraient sans difficulté se passer. Le second enjeu est purement culturel. Sans rentrer dans des considérations psychologiques de bas étage, sans parler de génération Y, de geeks, ou de web-addicted, les jeunes d’aujourd’hui veulent se cultiver ; ou sans faire preuve de tant d’optimisme, ils veulent se divertir. Et force est de constater que les séries américaines sont autant de riches divertissements : scénarios travaillés, scripts recherchés, trames intelligentes et intéressantes : les séries d’aujourd’hui sont les romans d’hier. Plutôt qu’une négation de la littérature, il faut y voir un renouvellement culturel : on lisait des polars, on regarde des séries. C’est un mal pour un bien, c’est un travail de l’imagination différent, mais au moins aussi intéressant. Arrêtons donc de jeter la pierre sur cette génération téléchargeante, arrêtons donc d’affirmer qu’ils téléchargent pour braver l’interdit : ils téléchargent parce qu’ils sont avides de suspens et d’intrigues. Est-ce là le délit que la loi voudrait incriminer ?

A l’heure du numérique, les concepts juridiques et doctrinaux du début du XXème siècle sont dépassés

Mais à l’heure du numérique, les concepts juridiques doctrinaux du début du XXème siècle sont dépassés. Si la propriété est effectivement la traduction juridique d’un mode de pensée libéral, l’accès à la culture et à l’information se veut une des priorités des gouvernements occidentaux. Pourtant, force est de constater qu’en Europe comme aux États-Unis, c’est la propriété intellectuelle qui bénéficie des faveurs des gouvernements, du moins dans la lettre des textes. Pourquoi ? Sommes-nous tentés de nous interroger. La réponse est aussi simple qu’affligeante. Il existe un lobby de l’industrie «artistique». On me reprochera sans doute les guillemets, mais je les assume pleinement. Les créations téléchargées de manière massive, aussi brillantes puissent-elles être, proviennent de l’industrie télévisuelle, musicale ou cinématographique. Industrie, le terme est choisi : ces créations sont issues de groupes nationaux qui cumulent les profits. Les chaînes américaines notamment (Showtime, AMC, NBC...) sont des firmes largement bénéficiaires. Le téléchargement en Europe ne leur coûte presque rien. En d’autres termes, le droit de propriété intellectuelle

La faute ne pèse donc pas sur ces jeunes internautes. A qui donc incombe-t-elle ? Vaste question. Un début de réponse semble pourtant se dessiner : elle incombe à cette industrie dont nous parlions avant, cette industrie à entendre dans son sens le plus large, de la création à la distribution. Lorsqu’un étudiant peine à financer ses études, peut-on décemment s’attendre à ce qu’il débourse vingt à quarante euros dans le DVD de sa série préférée, dans l’album d’une diva de la pop qui gagne plusieurs milliers de fois son budget annuel par an ? Que l’on fasse preuve de décence ! Sur toile de crise économique, les plus à plaindre ne sont pas ceux que l’on entend le plus, hélas... Le téléchargement, c’est un peu le Robin des Bois de l’Internet : c’est donner la culture à ceux qui la demandent et ne peuvent se l’offrir.

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Selim Boudhabhay

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DOSSIER

Le dopage :

Une pratique illégale mais financièrement tolérée

Argent, corruption, tricherie, les pires maux du sport entretiennent tous un lien plus ou moins étroit avec le dopage. Le monde entier conteste sa pratique, peu de gens agissent en réalité afin de l’empêcher. Retour sur un interdit qui s’est peu à peu généralisé…

N

ous sommes le 22 octobre 2012. La planète cyclisme contemple le résultat de plus d’une décennie de mensonges. Lance Armstrong, leader et champion incontesté du peloton, est déchu de ses sept Tours de France remportés entre 1999 et 2005, par le biais d’un rapport accablant de l’Agence américaine anti-dopage (Usada). Le coureur américain, si admiré du temps de ses exploits, se transforme du jour au lendemain en un tricheur, un manipulateur, détestant perdre, et prêt à tout pour arriver à ses fins. L’Union Cycliste Internationale (UCI), qui a pris la décision de lui retirer ses sept titres, est quant à elle soupçonnée d’avoir couvert le dopage du cycliste et plus généralement de son équipe.

sultats et ainsi d’accroître leur visibilité. Attirés par des potentialités de rendement plus élevées, certains sponsors et directeurs d’équipe n’hésitent pas à encourager voire même à rendre parfois obligatoire la pratique du dopage. Par exemple, dans le cas d’Armstrong, il ne fait aucun doute que son directeur sportif de l’époque, Johan Bruyneel, cautionnait le système mis en place par le coureur. Face à des intérêts économiques trop importants, les institutions internationales agissent peu et restent impuissantes, paralysées par les habituelles pratiques d’arrangements et de corruption.

Nous sommes aussi responsables de l’avenir que nous voulons donner au sport et à son image

Et tout le problème est bien là ; cette maladie qui ronge le cyclisme ne relève pas uniquement de la responsabilité des coureurs, mais aussi de celle de leurs managers, des sponsors et plus généralement des instances internationales telles que l’UCI. Le dopage permet en effet aux sportifs d’être plus performants, d’obtenir de meilleurs ré-

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Cependant, le dopage ne touche pas que le monde du cyclisme ; il est présent dans beaucoup d’autres sports tels que l’athlétisme, le football ou le tennis. Simplement, il semble être davantage combattu par les organismes régulateurs, ou tout du moins mieux dissimulé. Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport, avait ainsi déclaré en 2011, à propos de la présence du dopage dans le football : « Le football est le champion du monde de l’omerta. ». Pour

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DOSSIER ce qui est du tennis, la pratique semble être relativement réduite, même si certains joueurs professionnels comme Roger Federer ou Andy Murray avaient appelé en fin d’année dernière à davantage de contrôles. Le dopage est ainsi à la fois privé et public, officieux et médiatique. Ce qui est sûr, c’est qu’il entre directement en contact avec nous et notre vision des choses; bref, avec notre morale en quelque sorte. Car qui sinon la société civile pour détenir le droit de débattre du problème du dopage ? Nous sommes nous aussi quelque part responsables de l’avenir que nous voulons donner au sport et à son image. Certaines personnes diront que sans dopage, il y aurait moins de spectacle et donc moins d’émotions. D’autres, à l’instar de Yannick Noah pointeront du doigt les déséquilibres créés entre les sportifs et l’inégalité des décisions prises dans chaque fédération quant aux sanctions à imposer à ceux qui utilisent « la potion magique ». Il est en tout cas intéressant de constater que chacun possède sa propre opinion sur le sujet, et que des anciens

sportifs osent s’exprimer publiquement dans le sens d’un changement. Car oui, en sport aussi, le changement c’est maintenant ! Plus de transparence, moins d’enjeux financiers, moins de corruption : un sport propre requiert un environnement et des institutions propres. Et parce que

nous Français, nous voudrions gagner Roland-Garros, remporter le Tour de France ou écraser l’Espagne en finale de la Coupe du Monde, nous devrions montrer l’exemple, qui plus est quand il s’agit d’événements que nous organisons. Nos sportifs ont du talent, aidons-les à le mettre en valeur…

Paul Leygonie

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DOSSIER

Délation, dénonciation : Entre encouragement et mépris Le vocabulaire français est riche en expressions péjoratives pour nommer le délateur. Ironique quand on sait que chaque année des centaines de milliers de lettres, dénonçant une personne pour un délit souvent fiscal, sont envoyées à l’administration.

I

l y a beaucoup de choses que l’on fait régulièrement et sans s’en cacher alors que l’on sait pertinemment qu’elles sont illégales. A l’inverse, dans le cas de la délation, la pratique est légale, mais cela reste pourtant un tabou d’en parler. Le mot délation renvoie, dans l’inconscient collectif français, aux heures sombres de l’Occupation allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Epoque où l’on dénonçait son voisin par jalousie ou règlement de compte. La délation est vue par les Français comme une dénonciation honteuse. Et pourtant l’article 15-1 de la loi consolidée du 21 janvier 1995 d’orientation et de programmation relative à la sécurité dit ceci : « les services de police et de gendarmerie peuvent rétribuer toute personne étrangère aux administrations publiques qui leur a fourni des renseignements ayant amené directement soit à la découverte de crimes ou de délits, soit à l’identification des auteurs de crimes ou de délits ». D’ailleurs un étudiant niçois et un étudiant new-yorkais se sont associés afin de créer un site de dénonciation fiscale payant l’année dernière. 150 personnes avaient donc payé 19€ pour dénoncer une connaissance (ce qui est quand même plus cher que le prix d’un timbre…). Le plus souvent, il s’agissait de personnes aux revenus modestes dé-

nonçant des gens ne gagnant guère plus qu’eux. Il est facile de trouver sur Internet des témoignages d’hommes ou de femmes souhaitant envoyer le FISC chez une personne de leur entourage pour se venger d’une offense quelconque. En effet, il est bien rare de dénoncer une personne si cette dernière ne nous a rien fait. Nous ne sommes pas dans 1984, le roman de George Orwell... Au-delà du FISC, la délation est aussi présente dans certaines entreprises. La loi Sarbannes-Oxley a imposé une politique de dénonciation dans les sociétés américaines cotées en bourse à Wall Street afin d’éviter de nouvelles faillites scandaleuses. Ainsi, les filières de ces sociétés implantées en France ont été la porte d’entrée de la dénonciation dans le monde de l’entreprise française. Ce système en firme prévoit aussi des sanctions en cas de non-délation, ce qui a pour conséquence de dégrader l’atmosphère de l’entreprise. Mais globalement, la CNIL a fini par accepter un cadre légal pour organiser ses dénonciations, et la jurisprudence les rend non-répréhensibles en cas d’erreur si le délateur est de bonne foi. Mais finalement, le même phénomène de règlement de comptes qu’avec le FISC se met en place lorsque l’on autorise ou pousse un microcosme à la délation. La question suivante se pose : la soif de vengeance est-elle si obsédante que l’on s’abaisserait au niveau d’un cafard pour l’assouvir ? Ou peut-être estce l’inverse ? Si nous n’hésitons pas à faire le mouchard pour nous venger, peut-être la délation n’est-elle pas aussi grave que l’on veut bien nous le faire croire ? Conspiration des criminels de la haute société pour ne jamais se faire attraper ou traumatisme remontant à 39-45 ? Question intéressante, mais pas très pertinente. Car la vraie question qui peut avoir des implications sur le comportement de notre société, c’est celleci : quelle est la différence entre dénonciation et délation ? Jusqu’à présent l’amalgame des deux termes dans cet article ne vous a peut-être pas choqué. D’ailleurs, lorsque l’on compare la définition des deux mots dans l’inconscient collectif, on remarque qu’ils signifient dans certains cas la même chose, alors que la délation a systématiquement une connotation péjorative là où la dénonciation, pour le même acte, n’en aura pas. En tout cas, une chose est sûre, beaucoup de faits graves auraient pu être évités si l’on dénonçait aussi facilement ceux que l’on soupçonne de crime que ceux que l’on soupçonne de fraude. C’est un peu comme si le tort que l’on pouvait causer à la personne, que l’on dénonce en cas d’erreur, supplantait le tort que l’on pouvait éviter si l’on avait raison.

Quelle est la différence entre dénonciation et délation ?

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Adrien Ramesan


DOSSIER

Transports en commun : Le coupable est ailleurs Toujours en retard, sales, trop bondés, bruyants … Ce sont des critiques fréquentes à l’égard de nos transports en commun et le martyr de ces incommodités est presque toujours le même : l’exploitant. Pourtant, l’usager, si prompt à faire la critique de ces entreprises d’Etat monopolistiques et dont il ne voit pas l’intérêt de payer un droit d’usage tant il les finance déjà par ses impôts, n’est pas hors de cause, au contraire. En outre et c’est l’origine du scandale, il le sait parfaitement mais s’obstine ; le bouc émissaire est historique, pourquoi en changer ?

C

ertes les premières causes des retards conséquents sont les intempéries et les défaillances du réseau, mais ces retards là ne sont pas les plus fréquents et à ceux qui s’amusent à déclarer que la SNCF découvre chaque hiver qu’il neige en France, il s’agit pour eux de comprendre chaque hiver qu’un TGV doit, pour des raisons de sécurité, rouler en dessous de sa vitesse habituelle par temps de gel (notamment à cause de la variation brutale de température lors de l’entrée dans les tunnels, qui peut provoquer des éclatements de vitres ou défaillances de caténaires entre autres). Le vrai problème des usagers ne réside pas là. La recrudescence des incivilités en apparence mineures est une réalité, et si tout le monde s’en plaint, personne n’agit contre. Les fumeurs s’obstinent sur les quais malgré l’interdiction, les quotidiens gratuits jonchent le sol, piétinés, sans que personne ne prenne la peine de les ramasser ; la nourriture, les chaussures sur les sièges, les gens qui ne savent pas emprunter un escalator, attendre la sortie avant de monter dans une rame ; ou ceux qui téléphonent bruyamment ; de quoi créer une atmosphère peu désirable mais, il faut le croire, désirée. Mais à côté de ces petites incivilités, d’autres, bien plus importantes, sont également croissantes. Avez-vous déjà pensé au nombre de gens qui payent leur ticket de métro ou de RER ? N’avezvous jamais été suivi de près par un fraudeur lors de votre passage au tourniquet ? Et que lui avez-vous dit ? Rien ? Etonnant de critiquer après cela la hausse du prix des billets, les conditions de contrôle avec policiers et chiens ou le prix de l’amende pour une faute mineure.

ne dit pas, c’est qu’une part importante de ce revenu est reversée à l’Etat, son actionnaire, le reste étant réinvesti dans la résistance à l’ouverture du fret, dans les projets de maintenance, les opérations commerciales (iDTGV, iDBus) et le développement international (à marché ouvert, entreprise ouverte). Personne ne floue le consommateur usager. Les fraudes sont même la première raison de la limitation de ce profit. S’agissant des retards, les Transiliens souffrent bien plus de la lenteur des usagers en gare qui ajoutent fréquemment 30 secondes à 1 minute à chaque arrêt (pour un train qui s’arrête près de 20 fois, le retard final peut être élevé), sans compter ceux qui, se pensant héroïques, bloquent les portes du train alors qu’elles se ferment pour laisser entrer un retardataire. Au contraire, les retards pour cause de mouvements sociaux représentent 0,1% des cas (selon RFF, statistique pour l’année 2011). Mais dans l’imaginaire collectif, le cheminot reste ce fonctionnaire aux avantages tout aussi nombreux que scandaleux et cela justifie toutes les critiques (pour une fois que ce ne sont pas les patrons). Dans les faits, c’est peut être le seul point sur lequel les usagers ont raison, eux, salariés du privé, qui rêveraient d’un droit de grève aussi puissant, couplé d’un emploi et salaire garanti à vie, mais c’est une toute une autre histoire.

La recrudescence des incivilités en apparence mineures est une réalité

Pour autant, cette tendance à accuser les sociétés de transport avant de soi-même se remettre en question estelle entièrement issue des consommateurs eux-mêmes ? C’est moins sûr. Si la plupart des petites incivilités sont commises en connaissance de cause, l’environnement médiatique est tel que l’usager est encouragé à porter avant tout sa critique sur l’entreprise. La piètre représentation de l’information n’affiche que quelques aspects : le résultat net doublé de la SNCF cette dernière année (664 millions d’euros), les mouvements sociaux... Ce qu’elle

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Paul-Henri Bullot 11


DOSSIER

L’extrême droite

séduit l’électorat français.

Mais quand les électeurs sauront-ils l’admettre ? Depuis plusieurs années, force est de constater que les politiques des principaux partis ne cessent de converger, laissant les électeurs insatisfaits et prêts à se tourner vers des alternatives plus extrêmes.

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ous vivons une période où les extrêmes ont le vent en poupe. Les résultats des présidentielles 2012 semblent confirmer cette nouvelle tendance. Le score historique du Front National (18%) a permis à Marine le Pen de s’emparer de la 3ème place, laissant un Jean-Luc Mélenchon sur sa faim avec ses quelques 11.1%. Et pourtant, les électeurs FN semblent difficilement admettre leur choix, contrairement à ceux du PC, qui revendiquent aisément leur adhésion à l’idéologie communiste.

Mais comment l’homme politique, que tout le monde semble détester, a-t-il pu accéder au second tour des présidentielles ? L’absence de cohésion au PS comme le taux d’abstention particulièrement élevé ont probablement permis à un marginal politique d’atteindre une scène dont on voudrait lui refuser à jamais l’accès. Mais ces théories laissent à désirer. Et si 2002 représentait tout simplement le début d’une nouvelle ère pour le Front National ?

Le FN, ce parti qui effraie tant

Le FN, ce parti qui attire

2002, Jean-Marie Le Pen surprend la France entière lorsqu’il accède au second tour des présidentielles avec ses 16.86% de votes. Inquiets, les Français et leurs élus s’offusquent d’un tel résultat et envisagent déjà une transformation radicale de leur futur proche ; certains se disent même prêts à quitter leur nation pour ne pas vivre sous l’étau d’un fasciste, un raciste ! Le 16 mai 2002, les Français s’unissent et se liguent contre ce dernier, offrant à Jacques Chirac une victoire de 82.21%, jamais observée auparavant, et presque digne des dictatures africaines. Le Front National, qui fête alors ses 30 ans, subit plus que jamais les critiques proférées par la majorité des médias français. Il faut dire que Jean-Marie Le Pen participe grandement à la diabolisation de son parti. Son antisémitisme n’est pas que légende – il refuse toujours de reconnaître l’existence des chambres à gaz et des camps de concentration – et le fascisme qui le caractérise tant semble avoir été transmis à sa fille, qui participait en 2011 à une réunion fasciste à Vienne.

Dans les années 1980, le FN ne représentait que 5% du vote français. Depuis, celui-ci n’a eu de cesse de voir sa popularité grimper en moins de 40 ans, atteignant en 2012 un score de 6.4 millions d’électeurs, soit près de 20%. Le FN parvient à toucher un panel d’électeurs toujours plus vaste, parmi lesquels des chômeurs, des eurosceptiques, des ouvriers… L’exemple de ces derniers était le plus illustratif de la capacité du parti à convaincre des électeurs venant de divers horizons sociaux : en 1988, ils représentaient 1/5 des électeurs FN ; en 1997, ils en représentaient 50%.

Le FN répond à un impératif : celui de l’équilibre nécessaire à la réflexion politique

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Alors comment expliquer un tel gain de popularité? De plus en plus de Français se disent insatisfaits voire déçus par les principaux partis qui convergent de plus en plus : la gauche emprunte des arguments à la droite, et la droite à la gauche. D’où la décision de certains électeurs de se tourner vers ceux qui offrent des solutions radicales aux problèmes observés.

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DOSSIER Un parti en reconstruction dans un environnement en destruction

L’extrême-droite prospère au-delà des frontières françaises

Le désenchantement des Français se développe à mesure que les principaux partis empruntent une rhétorique d’extrême droite pour nourrir leurs propos, ou courtisent le FN, perdant petit à petit de leur crédibilité. Le changement sociétal que nous vivons depuis plusieurs décennies s’accompagne d’une crise de confiance chez les Français. Mais ni Flamby, ni Flambé (© Charlie Hebdo) ne semblent savoir que répondre.

Ce succès du Front National s’inscrit dans un climat européen de percée de l’extrême-droite : Grèce, Suisse, Norvège, Pays-Bas, Autriche, Finlande, Danemark, sont autant de pays qui assistent à l’essor de partis néo-populistes. Tous ont en commun d’avoir su tirer avantage de la crise économique et l’exacerbation du sentiment nationaliste, pour s’implanter de manière durable dans les paysages politiques nationaux. Si le FN s’impose comme une référence dans toute l’Europe, son score reste bien inférieur à celui du FPÖ, en Autriche (28,2%), de l’UDC, en Suisse (26,6%), ou encore du Parti du Progrès, en Norvège (23%). D’autres partis aux scores moins importants, tels que l’Aube dorée (Grèce) ou UKIP (Royaume-Uni), surprennent tout autant par leurs percées historiques aux récentes élections nationales et européennes. On compte ainsi au total 17 pays européens dans lesquels les partis d’extrême droite participent au gouvernement ou le soutiennent.

Et c’est là que le FN a su profiter à plein du climat politique. Brandir le thème de l’immigration – tabou pour les autres partis – est un moyen efficace de répondre au sentiment de menace grandissant chez les Français ; l’ultranationalisme est une réaction de repli déjà observée en temps de crise économique. Le FN représente pour beaucoup une véritable alternative : « Maintenant, le parti communiste ne représente plus rien du tout, alors ils se tournent vers le FN » (Wonna Mayer, politologue au CEVIROP, février 2011, Le Point). Pour ceux-ci, il s’agit surtout de trouver des solutions qu’ils n’auraient pas trouvées auprès des autres partis politiques. Mais les efforts de « dédiabolisation » engagés par Marine le Pen pour transformer l’image de son parti ont également joué pour beaucoup. Les médias, servant de caisse de résonance, ont contribué à la transformation du FN en un parti plus respectable. Le charisme et la rhétorique sont d’excellentss outils mis à contribution pour la refonte du parti. La crise actuelle de l’UMP, qui fait planer la menace d’une implosion du parti, constitue une véritable opportunité pour le FN pour séduire les plus conservateurs des UMP et pour conquérir de nouveaux territoires de la droite.

De l’utilité du FN Le FN répond à un impératif : celui de l’équilibre nécessaire à la réflexion politique. Sa position marginale sur l’échiquier politique permet de nourrir le débat, d’influencer les autres partis, et de répondre aux attentes de certains Français. Lui nier son existence, son importance véritable ou son droit d’accès aux fonctions de représentation serait nier aux Français leur droit de vote et leur droit d’expression. Un vote FN a le même poids qu’un vote PC, UMP ou PS, et le premier ne devrait jamais être plus un tabou que le deuxième, sauf peut-être à leur donner encore plus d’importance. Le FN est un parti qui a le mérite de poser les bonnes questions. Possède-t-il les bonnes réponses ? La nouvelle dame de fer détient-elle la ou les solutions aux maux de la société française ? A vous d’en juger !

Delphine R.

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INTERVIEW

La « Nouvelle Star » s’exprime sur sa vision de la musique Le Scandaleux Mag’, c’est aussi des interviews que nous allons vous dénicher un peu partout ! Notre équipe est allée rencontrer Camélia Jordana lors de sa participation au Brain Festival en septembre dernier.

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e Scandaleux Mag : Bonjour Camélia, quelle saveur a ce Brain Festival ? Camélia Jordana : Bonjour ! C’est un super festival, je suis vraiment honorée et touchée qu’on m’ait permis de m’y produire. D’autant plus que la cause (ndlr : la recherche contre les maladies neurodégénératives) est très importante !

Quel rôle a la musique pour toi ? CJ : Elle représente tout pour moi. Elle est également un excellent moyen de communication, le plus beau. Quand on communique avec la musique il n’y a pas de malentendus. C’est la meilleure manière de faire le lien entre les gens. Par rapport à la Camélia Jordana que l’on voyait sur M6, as-tu changé ? CJ : Oui j’ai changé. J’espère que mes envies artistiques et mes idées vont continuer à évoluer car c’est la logique des choses. Elles ont déjà changé par rapport à « La Nouvelle Star » : j’ai décidé de chanter des chansons abordant des sujets qui m’importent. Je ne sais pas si ça intéresse les gens d’écouter ce que j’ai à dire (rires), mais moi ça me fait du bien d’en parler. C’est ça quelque part, la démarche artistique.

« En ce qui concerne la musique, il ne faut pas hésiter à oser ! »

Tes influences sont assez marquées : tu as une voix assez jazzy, un look plutôt années 60. Si tu devais choisir une époque à laquelle tu aurais pu chanter, laquelle serait-ce ? C : C’est une très bonne question, il y en a tellement … J’adore l’époque à laquelle je chante aujourd’hui, parce que je peux bénéficier de moyens techniques dont mes prédécesseurs auraient rêvé. Après, cela m’aurait tenté de chanter au début du siècle dernier, seulement pour voir le quotidien des gens de l’époque. Avec quels artistes prévois-tu de collaborer prochainement ? C : En ce moment je travaille sur mon prochain album, auquel Babx et Elle participeront. J’adorerais travailler avec Bertrand Belin, parce que c’est un artiste que j’aime beaucoup, très singulier. Il y a de grandes chances pour que ça se fasse … En tant qu’ambassadrice de la musique, quel message voudrais-tu faire passer à notre génération, ta génération ? CJ : Mon amie Elle m’a appris qu’on vit une époque où beaucoup de choses sont possibles. En ce qui concerne la musique, il ne faut pas hésiter à oser, à faire. Quand on veut, on peut, même si c’est difficile au début. Question bonus : qu’est-ce qu’il y a de scandaleux en toi ? CJ : J’ai arrêté le McDo la veille de mes vingt ans !

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INTERVIEW

L’artiste dans la lune Le nom de Willy Moon ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez forcément une de ses chansons. Son titre « Yeah,Yeah » a été repris par Sosh et Apple pour leurs publicités. Rencontre avec un artiste pas comme les autres.

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e Scandaleux Mag : Est-ce la première fois que vous vous produisez en France ? Willy Moon : Non, j’ai dû faire entre 10 et 15 concerts ici. Tu es Néo-Zélandais, tu vis à Londres depuis tes 17 ans, et pourtant ton style se rapproche de la musique américaine des années 50-60, c’est surprenant non ? WM : J’ai toujours fait ce qui m’intéressait. Les endroits où j’ai été ont relativement peu d’influence sur ma production musicale. Ce style des années 50-60 que tu as évoqué me plaît beaucoup, ma musique s’en serait inspiré même si j’avais vécu en Islande.

Quel conseil donnerais-tu à des musiciens en herbe ? WM : Suivez votre propre voie, n’essayez pas de rentrer dans des cases que l’on aura prédéfinies pour vous. Le chemin vers le succès sera peut-être plus long, mais ça aura plus de valeur.

Pourquoi le pseudonyme de Willy Moon et non pas William Sinclair, ton vrai nom ? WM : Je voulais un nom qui fasse « plus artiste ». Je suis un grand lecteur de science-fiction et j’ai toujours été subjugué par les voyages dans l’espace. Quand j’étais enfant, mon rêve était de devenir Neil Armstrong, d’où le pseudonyme de Willy Moon.

« J’essaie de recréer l’optimisme ambiant de l’Amérique des années 50 et 60 »

Ta musique est une sorte de retour dans le passé … L’optimisme ambiant des Etats-Unis entre la guerre de 19391945 et la guerre du Vietnam me fascine. C’était l’âge d’or de cette civilisation si particulière qui n’a depuis cessé de décliner. Pour moi, il est intéressant musicalement de recontextualiser cette ambiance, de la recréer sans simplement imiter. N’est-ce pas une manière pessimiste de voir notre époque ? WM : Non, je suis très optimiste pour le futur, j’y vois la possibilité d’un monde où tout ce que je désire devient réalité. C’est ça, être artiste : on veut redéfinir le monde comme on le souhaite. Tu es un fervent admirateur de James Brown, espères-tu être aussi dynamique que lui sur scène ? WM : James Brown est un de mes héros, parce que c’était un musicien infatigable, qui faisait plus de 300 concerts par an. J’essaie de faire comme lui, c’est un de mes buts ultimes. C’est comme ça que j’envisage un concert : le public est exalté, et libre. La musique t’a-t-elle changé, avec les femmes par exemple ? WM : J’ai rencontré ma compagne actuelle avant de connaître le succès. Mais la musique m’a changé, oui. C’est le seul domaine où on peut se réinventer, où on peut créer sa propre expérience de vie. LE SCANDALEUX MAG #14 - HIVER 2013

Propos recueillis par Margo Caullery et Maximilien Andile, et sélectionnés par Anne Mounal. 15


SOCIETE

On peut se demander pourquoi la Belgique, divisée et déchirée, résiste encore à la tentation de la séparation, pourquoi la Catalogne ou l’Ecosse demeurent fidèles à leur patrie, malgré toutes les critiques que ces régions prospères formulent à l’égard des régions pauvres voisines ? On peut se demander également comment le Royaume-Uni, jadis maître des mers, nation hégémonique dont la domination sur le monde n’avait pour seul adversaire qu’une France rebelle, est parvenu à conserver une sphère d’influence si grande et des vassaux si dévoués ? Une chose est certaine, un point commun à toutes ces terres, la royauté, n’y est pas étrangère.

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ous, Français amoureux de notre pays, désireux de le rêver, incarner toute la puissance d’un pays dont la granvoir grand, puissant, exemplaire aux yeux du monde entier, deur est liée à la liberté du monde par un pacte «multiséavons longtemps lorgné sur le modèle britannique. Même culaire». François Hollande l’avait déclaré au Bourget en les plus grands, Napoléon Ier, Charles de Gaulle, dont on Janvier 2012, lors de sa campagne. Il voulait ré-enchanter le sait pourtant qu’ils n’éprouvaient guère de sympathie pour rêve français, mais quelle folie le prit de s’inventer un perla perfide Albion, ont envié sa nature et ont cherché toute sonnage «normal» ! Peut-on faire rêver qui que ce soit en se leur vie à donner à la France un prestige identique. Ils ont vantant d’une «normalité» aussi piteuse que ridicule ? A l’inchacun enfanté un modèle de gouvernance dont seul le verse, personne n’a voulu d’une star de cinéma aux caprices nom ne pouvait être royal dans un pays si fier de sa Révolud’enfant gâté à la tête de la République, et Nicolas Sarkozy tion. La France a connu les rois pendant plus d’un millénaire en a fait les frais. Les Français ne veulent ni quelqu’un de et demi, de quoi être largement influencée et même imprénormal ni quelqu’un de capricieux. Ils souhaitent simplegnée par un régime qui nous seyait tant. Mais asséner ainsi ment quelqu’un d’au-dessus, un être exceptionnel qui les qu’il nous faut une famille royale peut sembler légèrement dépasse en tout mais reste conscient de son devoir de brut. D’abord parce qu’il existe déjà une famille royale en proximité. Charles de Gaulle l’avait compris. Sa «normalité» France, et même deux, c’est bien consistait à payer sa facture d’électrile problème. Depuis la Révolution, à l’Elysée, sa magnificence à tenir Les Français ne veulent ni cité les Orléans, qui ont d’emblée pris là où personne ne le soutenait, mais là position contre l’Ancien Régime et quelqu’un de normal ni où il s’est avéré avoir finalement raison. prônaient une monarchie constitutionnelle, et les Capétiens-Bourquelqu’un de capricieux. Comment enfin expliquer la fascination bons ont entériné leur scission et qui règne autour du couple princier Ils souhaitent simplement britannique, ces millions de téléspecrevendiquent tous deux le trône de France. Mais aussi, la royauté, autateurs, ces émissions consacrées. Le quelqu’un d’au-dessus delà d’un régime, est avant tout une peuple a besoin de s’identifier à des moidée qui dépasse chacun de nous. dèles inaccessibles. Y compris en temps de crise, nous avons vu les monarchies du monde entier Au Royaume-Uni ou en Espagne, le rôle politique des soubaisser leur train de vie parfois exorbitant, mais leur apport verains est limité mais existe. Il semble cependant assez reste infiniment supérieur à leur dépenses. Une cohésion inconcevable qu’un roi à rôle politique soit accepté en nationale à toute épreuve, la plus pure expression du senFrance, tant nous avons imprimé la République comme timent d’appartenance à une même nation et un rayonnemode de gouvernement, même si parfois à coups de ment international qui n’a pas besoin d’être renouvelé tous marteau, à en juger par la quantité de chefs d’Etat à tenles cinq ans. Quelle meilleure garantie de la souveraineté nadance royale dans leur exercice du pouvoir : Mac tionale qu’une famille royale ! A ceux qui constatent Mahon, Poincaré, de Gaulle, Pompidou, avec désarroi la difficulté de mettre en place Mitterrand… Pour autant, nous sommes des projets politiques européens d’enverconstamment dans la recherche du gure, à ceux qui s’y opposent systématisymbole, et les dernières expériences quement par peur de voir leur nation disprésidentielles nous montrent combien loquée, diluée dans un non-être européen, nous sommes attachés à la magnificence voilà leur salut. Vive la France, vive le Roy ! du trône. Nous avons besoin d’un homme Paul-Henri Bullot ou d’une femme d’Etat qui sache nous faire 16

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Mirabeau devant Dreux-Brézé, Delacroix, 1789

Pourquoi a-t-on besoin d’une famille royale ?


SOCIETE Le nombre de brokers en ligne proposant ces options a récemment explosé. Mais avec les brokers honnêtes est apparu en parallèle un torrent de sites frauduleux souvent basés à Chypre. Dans certains cas, les options binaires deviennent un simple jeu.

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Arnaque des fausses options binaires sur Internet : Moins grave que les vraies ?

ous êtes sûrement tombés un jour ou l’autre sur un site où un certain Julien vous expliquait son secret pour se faire énormément d’argent sur Internet… Il vous promettait des rendements dignes des plus grands traders grâce à une technique révolutionnaire, simple comme bonjour : les options binaires. Mais qu’est ce donc qu’une option ? Une option est un actif financier qui donne le droit et non l’obligation à son détenteur d’acheter ou de vendre quelque chose dans le futur, à une date déterminée ou sur un intervalle de temps déterminé, pour un prix et des conditions convenus. Six éléments caractérisent une option : Le « sens » de l’opération, soit achat (call), soit vente (put), le bien qui peut être acheté ou vendu, appelé sous-jacent, le prix auquel le sous-jacent peut être acheté ou vendu, dit prix d’exercice (strike price), la date d’échéance de l’option, la modalité d’exercice de l’option, soit européenne, soit américaine et enfin le prix d’achat-vente de l’option, la prime.

vous la gagnez avec une plus-value allant jusqu’à 200%. En somme, du casino, donnant l’impression d’être du trading en donnant les vrais cours boursiers en temps réel… Sauf que certains vont encore plus loin et truquent carrément leur jeu. Le cours de l’option varie subitement de manière à vous faire perdre, à 0.001 point prêt avant de magiquement revenir au cours réel du marché, ou alors c’est un cours factice qui n’est en rien indicateur des tendances du sous-jacent. Mais au final, malgré la malhonnêteté de ces sites, certains sont un vrai jeu où il est réellement possible de gagner. Et contrairement aux vraies options binaires, on ne peut pas se retrouver endetté en cas de trop forte variation. Car le marché des CFD dont font partie les options est un marché à effet de levier extrêmement risqué. Comment expliquer le fait qu’il puisse être accessible à n’importe qui ? Est-ce honnête de la part des brokers d’autoriser des personnes, certes solvables, mais qui ne connaissent rien à la modélisation financière sur un marché où les pertes peuvent dépasser largement l’argent investi ?

Soit vous perdez votre mise, soit vous la gagnez avec une plus-value allant jusqu’à 200%

A notre échelle de particulier, il s’agit le plus souvent d’un contrat effectué avec un broker. On l’achète ou la vend comme une action, mais ses variations démultiplient votre gain (ou votre perte). Dans le cas d’une option binaire, il s’agit de prendre position sur la réalisation ou non d’un scénario prédéfini. On peut toujours revendre ou racheter l’option avant la date d’échéance, pour limiter notre perte (pouvant dépasser la mise départ), si l’on pense au final s’être trompé sur notre pronostic. Dans certains cas, les options binaires deviennent un simple jeu à deux boutons qui se joue sur 15 minutes, avec impossibilité de se rétracter. Soit vous perdez votre mise, soit

Les traders sont, surtout en France, des diplômés d’écoles prestigieuses ayant suivi des cours très poussés en finance et souvent en mathématiques stochastiques. La simplification de la bourse sur ces jeux donne l’impression aux particuliers qu’ils peuvent tout à fait réussir à trader sur une plateforme réelle. Or cela est rarement le cas, et le passage d’un de ces faux brokers à un vrai peut vite se transformer en cauchemar pour le trader amateur. Reste à savoir qui est le plus en tort: les faux brokers qui donnent l’impression que la bourse est un jeu de casino, ou les vrais, qui donnent accès à un marché extrêmement risqué à n’importe qui ? Surtout quand on voit que les deux types de brokers insistent énormément sur les gains considérables que l’on peut réaliser et ne mettent qu’en tout petit en bas de la page leur «disclaimer» sur le risque important des CFD. Ainsi on ne peut pas accuser leurs affirmations d’être mensongères, en effet, pour l’avoir testé avec un compte de démonstration de 30 000€ sur un broker reconnu, nous avons fait une plus-value exceptionnelle (+60%) en trois jours sans jamais se servir de modèles mathématiques. Mais si l’on a gagné 18 000€ (virtuels) en quelques jours, quelqu’un dans le monde en a peut être perdu tout autant… La solution résiderait-elle dans l’éducation de la population ?

Adrien Ramesan LE SCANDALEUX MAG #14 - HIVER 2013

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SOCIETE

Violences, crimes et jeux-vidéos : La fausse corrélation ou l’insupportable raccourci emprunté par les néophytes

L’article défraye la chronique, et particulièrement la chronique de la webosphère. Le Point affirme que la violence dans les jeux vidéos est en partie responsable des atrocités commises par Mohammed Merah ou par Anders Behring Breivik. La justification : l’avis de psychiatres dont les noms ne sont évidemment pas communiqués, de la psychologie de comptoir qui nous assure que jouer, c’est perdre le sens des relations sociales. Autant de platitudes qui ignorent l’évolution de la société, et la part importante laissée à la création artistique dans le jeu vidéo à l’heure d’aujourd’hui.

O

n aime coller des étiquettes sur le front de ses semblables. C’est rassurant. « Lui, il aime les femmes. » « Elle, elle a oublié sa dignité. » « Lui, c’est un geek. » C’est un fait, notre société catalogue, tente de placer l’individu dans des cases étroites et définies. C’est exactement ce qu’il se passe avec le jeu vidéo. Claire Gallois, l’auteur de cet article polémique Jeux Vidéos : Permis de tuer sur le site du Point semble hélas faire partie de ces personnes obtuses qui parlent beaucoup en sachant peu, qui extraient de l’exception une généralité erronnée. Mohammed Merah et Anders Breivik jouaient à Call of Duty, donc Call of Duty est un créateur de tueurs en série. Cette formule de style, ça n’est rien d’autre qu’un syllogisme, la formule rhétorique préférée des amateurs du sophisme. C’est un peu comme si on affirmait que le gruyère est fait de trous, les trous sont faits de vide, donc le gruyère, c’est du vide. En d’autres termes, c’est occulter la partie la plus importante du jeu vidéo.

Notre société catalogue, il ne s’agit plus de passer le Bien entendu, certains jeux ont un pouvoir addictif, et tente de placer l’individu dans temps, de s’amuser entre amis, ou de s’enfermer des heures cette addiction se révèle chez des cases étroites et définies. pour battre le boss de fin d’un un certain public. En écrivant « un certain public », je fais C’est exactement ce qu’il se Final Fantasy ou d’un Zelda. Du moins, l’aspect ludique du jeu preuve de clémence à l’égard passe avec le jeu vidéo n’est plus le seul paramètre de Mme Gallois. Des chiffres principal. Prenons Assassin’s (donc, des preuves tanCreed, décrit comme un jeu potentiellement dangegibles...) pour étayer ce propos : depuis leurs sorties reux par Madame Gallois. Cette création des studios respectives, la Xbox 360 et la Playstation 3 (les deux Ubisoft (ndlr : le UBI d’Ubisoft signifie Union des Breconsoles de Microsoft et de Sony) ont été écoulées à tons Indépendants, et quatre des cinq fondateurs 57 et 51 millions d’exemplaires. Un peu plus de 100 milsont d’anciens EDHEC... un peu de chauvinisme ne lions de gamers dans le monde donc. Pour combien tuera personne !) attache une importance particude tueurs ? L’argument est aisé, me rétorquerez-vous. lière à l’histoire. Les rues de Rome que vous parcouJe vous le concède, malgré sa véracité mathématique. rez dans la peau d’Ezio Auditore sont inspirés de croParlons donc du jeu vidéo en lui même. L’avancée quis et de recherches d’archéologues. Si certaines technologique dont notre décennie a été le théâtre relations sont romancées (l’amitié entre l’assassin a changé la problématique relative au jeu vidéo : 18

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SOCIETE et Léonard de Vinci, par exemple) pour les besoins du jeu, les grandes familles romaines et les intrigues collent à l’Histoire, celle qui prend un H majuscule. Autre exemple, les Final Fantasy de la firme japonaise Square Enix (Square Soft aux États-Unis, ndlr) sont le reflet d’une culture bercée par les mangas et les mythes tant japonais qu’européens, où les Shumis rivalisent avec des Ifrits ou des Golgothas et autres Shivas. Bien entendu, il faut se frayer un chemin à coup d’épée, de poings ou de pistolame. Mais l’univers, tant féerique que cruel de la saga Final Fantasy, a bercé l’imaginaire d’un nombre inimaginable de gamers. Que dire par ailleurs de l’influence des jeux vidéos sur l’art, en particulier sur le cinéma et la bande dessinée ? Sans parler des contestables adaptations de Resident Evil ou Final Fantasy ; Enki Bilal, l’auteur (entre autres) de la « Trilogie Nikopol », adaptée au cinéma (Immortels), a affirmé plusieurs fois que son inspiration lui venait des jeux vidéos japonais. En conclusion, le risque d’addiction existe. Mais il est la traduction d’une pathologie antérieure au jeu. Réduire le jeu à un comportement à risque, c’est dénigrer le travail, artistique parfois, pour ne pas dire souvent, de ses réalisateurs. Jouez donc ! Prouvez au monde que culture et ludisme ne mènent pas au génocide.

Selim Boudhabhay

Assassin’s Creed

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SOCIETE

Quand l’argent gangrène le

football

au plus offrant, a d’ailleurs fini par craquer après 113 ans de résistance. Ce choix a été approuvé par les “socios”, qui ont fait passer les résultats sportifs du club en priorité, aux dépens de l’histoire de l’institution catalane. Sans parler de la nouvelle mode écœurante consistant à vendre le nom de son stade à une société. Le mythique St James’ Park de Newcastle était par exemple devenu la Sports Direct Arena, beaucoup moins classe !

Une des idées courantes est d’accuser les joueurs d’être responsables de cette folie financière, en leur reprochant leur soi-disant appât du gain. Mais ce ne sont pas ces derniers qui fixent les prix, ils ne font que s’adapter aux cours du marché et répondre L’argent est devenu une des clefs de la réussite dans le football. aux offres de plus en plus juteuses proPourtant, l’argent ne rend pas le spectacle plus intéressant, il met posées. Croire que l’on peut amplement juste la pérennité de ce sport en danger. Il est donc temps de réagir. se contenter d’un million d’euros quand on vous en propose deux pour le même travail serait avoir une vision bien idéaliste de la psychologie humaine. Surtout dans un métier où es comparaisons entre les sportifs d’aujourd’hui la carrière est courte et peut brutalement être stoppée par et d’hier sont récurrentes. Sportivement, évidemune grave blessure. Les dirigeants des clubs ne sont pas ment, difficile de trancher. En revanche, la fiche de paie non plus directement fautifs, ils ne font que répondre à la des professionnels est en constante augmentation. pression des fans exigeants sans attente des trophées. De Y avait-il moins de talents, moins de spectacle ou moins de pasplus, il est bien connu que le football n’est pas un business sion à l’époque pour expliquer ce phénomène ? Absolument rentable pour les investisseurs souhaitant faire des profits. pas. Cette fulgurante Les seules institutions à blâmer sont les hautes instances progression s’explique dirigeantes du football, la FIFA et l’UEFA. Ces dernières ne avant tout par la comcessent de s’enrichir et sont les seules à pouvoir instaurer pétition entre les clubs. des règles stoppant cette surenchère financière. Le fair-play En effet, pour attirer financier va certes bientôt être mis en place. Les clubs ne les meilleurs éléments, pourront dépenser que leurs bénéfices et devront présenter une méthode ayant des comptes équilibrés sous peine d’être exclus des compéfait ses preuves dans titions européennes. Ces mesures s’avèreront néanmoins toutes les entreprises insuffisantes puisqu’elles favoriseront les équipes détenues consiste à proposer des salaires plus élevés que la concurpar de richissimes propriétaires, comme Manchester City rence. Ainsi les clubs ont été condamnés à rechercher en perou le Paris Saint-Germain, qui incluront dans leurs comptes manence de nouveaux financements pour ne pas sombrer de résultats des partenariats de sponsoring extravagants dans l’anonymat sportif. Et rien ne les a empêchés de se comsignés avec les entreprises de ces mêmes propriétaires. porter comme de véritables entreprises, avec les risques inhérents, à commencer par la faillite. La dette de certains La principale charge des clubs étant le salaire clubs est devenue abyssale, et quelques uns, des joueurs, une des solutions serait de comme les Glasgow Rangers, un des deux fixer un montant maximum, comme clubs les plus populaires d’Ecosse, ou enen NBA. Cela limiterait les endettecore le RC Strasbourg ont même été ments et rendrait les clubs moins rétrogradés de plusieurs divisions dépendants du marketing, tout pour leurs problèmes financiers. en faisant la part belle à la formation des jeunes talents. De plus, Cette course effrénée à l’argent cette mesure permettrait sûrea également laissé le sponsoring ment de rééquilibrer les forces prendre une part beaucoup trop sportives entre les différents importante dans le football. Ainsi pays. Le football pourrait ainsi les maillots des équipes du monde continuer à être le sport popuentier, autrefois véritables objets laire qu’il a toujours été et ne pas cultes, sont successivement devedevenir uniquement accessible aux nus de vulgaires panneaux publicicatégories sociales les plus fortunées. taires. Le FC Barcelone, dernier club de haut niveau à ne pas avoir vendu sa tunique

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Le football devient le terrain de jeu des financiers et des publicitaires

Gaultier Le Moan

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SOCIETE

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es vacances sont terminées, le temps de Noël et des fêtes a passé, et une nouvelle année émerge enfin. Les repas, chiches ou dispendieux, se sont entourés d’un halo particulier pendant quelques instants, et certains ont eu la chance de profiter du mets qui nous intéresse ici : le foie gras. Que le goût s’y prête ou non, on ne peut lui renier la place solidement ancrée qu’il a aujourd’hui prise dans l’imaginaire des repas de fêtes. Son apparition dans une assiette donne le sourire à son propriétaire, et sa dégustation ne peut se faire dans l’indifférence. Si son succès est si grand, pourquoi alors tant de haine à son égard ? Il y a quelques mois, des associations américaines pour la protection des animaux avaient en effet réussi à obtenir son interdiction en Californie. Le dommage est double, à la fois pour les consommateurs qui devront passer par des moyens plus ou moins détournés pour continuer de se faire plaisir avec le foie gras, et pour les producteurs français qui perdent ainsi un marché important et très solvable. Cette décision va à l’encontre des désirs de nombreux Américains, ce qui est curieux pour un pays dans lequel la liberté individuelle est tant prônée, et se drape également d’une hypocrisie conséquente. Les Etats-Unis sont de fait le pays de l’agriculture très intensive, des traitements de croissance plus ou moins douteux, et la souffrance de l’animal doit être bien plus grande dans de telles usines à viande que dans les élevages du Périgord. Le combat n’est pas terminé, et il convient de rester vigilant. Cependant, la plus grande menace vient de notre propre pays. En 2010, Quick avait eu l’idée, heureuse commercialement mais hérétique d’un autre point de vue, de lancer à l’approche des fêtes un « burger au foie gras » qui mêlait sans honte aucune des dés de foie gras aux ingrédients habituels du hamburger. L’emballage était un peu soigné, l’offre limitée, mais ce semblant de prestige artificiel ne dupe que ceux qui l’acceptent. Le foie gras était abaissé dans la zone fade de la restauration rapide, le mal était profond, la trahison venait de Belgique. C’est ici tout le rituel, tout le sacré qu’entoure le foie gras qui est nié, bafoué : le principe même de restauration rapide est incompatible avec la dégustation qu’impose un tel ingrédient. De plus, lui qui s’établit en temps normal comme la pièce maîtresse d’une composition gastronomique ne devient plus qu’un vulgaire ajout, un atour commercial, au même titre que le bleu ou la sauce piquante. Le public, lui, semble indifférent à ce massacre et plébiscite l’alchimie démoniaque : pour cause, l’opération a été reconduite en 2011. Le vrai danger vient de cette acceptation réussie d’une banalisation épouvantable. Peut-on vraiment se sentir coupable d’une telle consommation ? N’est-ce pas que simple curiosité innocente ? Peut-être l’amateur d’infamie appréciera-t-il en bonne et due forme du vrai foie gras lors d’un réveillon quelques jours plus tard. Cette distinction serait salutaire.

A l’heure du repas express et du plat surgelé il convient de refuser ce type de consommation

Haro

sur le

foie gras Qui veut la peau du foie gras ? De l’interdiction formelle à son utilisation dans de douteuses recettes de restauration rapide, ce pilier de notre gastronomie a récemment subi nombre d’outrages. Retour sur un scandale qui ne doit pas rester sous silence.

Rien ne remet en doute le fait que les Français aiment leur cuisine et en sont fiers. Mais à l’heure du repas express et du plat surgelé il convient de refuser ce type de consommation, ce type d’action. Il faudrait sanctionner, non légalement mais par le client, cette pratique qui veut croire qu’en se parant d’un attribut culinaire renommé, on rendra son produit moins piètre. La gastronomie ne peut se passer d’innovation, d’invention, mais cette créativité doit se faire dans le sens de la gastronomie, dans son respect, et dans aucun autre but.

Antoine Isaac LE SCANDALEUX MAG #14 - HIVER 2013

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LOISIRS Mots croisés de Paul -Henri

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Les solutions? contact-sx@lescandaleux.fr

1. Un mensonge pour Fabius 2. Engarera un périple. Psittacinae 3. Accompli et favorable. Avant la prose 4. Mit à couvert 5. Colibri 6. Ôtes la chaire 7. En ce lieu. Contrat d’échange de taux d’intérêt particulier 8. Se défend. Lettre française moderne 9. Blute. Temps historique

Vertical

A. Chinois, ou pas. B. Tel les pompiers. Le web à Nauru. Félix Leiter y travaille C. Fantaisies musicales D. Des chiens et des hommes E. Colore l’urine F. Enfonçai à la hie G. Doctrine de Jacques H. Musique de Visiteurs. La paix selon Stockholm. Île Trégorroise I. Profonde

La recette de Mère Mounal Cookies aux pépites de chocolat

Ingrédients (pour une vingtaine de biscuits) - 100g de chocolat noir - 90g de beurre - 150g de farine - 75g de sucre roux - 75g de sucre blanc - 1/2 sachet de levure chimique - 1 oeuf - 1 pincée de sel Faire chauffer le four à thermostat 7 (150°C) Couper le chocolat en petits morceaux et le mettre de côté. Faire fondre le beurre Verser tous les ingrédients dans un saladier en terminant par le beurre et le chocolat. Bien mélanger et mettre le saladier au réfrigérateur. Beurrer abondamment les tôles à pâtisserie Faire des boules de pâte d’environ 2 cm de diamètre. Les disposer sur les plaques en les espaçant de 5 cm environ. Enfourner et laisser cuire 7-8 minutes. Les bords doivent être dorés. Laisser reposer les biscuits une minute sur la tôle. Décoller délicatement es biscuits à l’aide d’une spatule, puis les déposer sur la grille.

Vos cookies sont prêts ! 22

LE SCANDALEUX MAG #14 - HIVER 2013


HOROSCOPE BELIER

L’abus de liqueurs et autres substances a grandement réduit vos chances de succès au travail. Raté pour raté, autant profiter au maximum de votre jeunesse et des excès qu’elle inspire. Après tout, ce trimestre pourrait bien être votre dernier à Lille…

TAUREAU

Une opportunité de première importance devrait vous être proposée dans la nuit du 29 au 30 février, vers 2h64 (grosso modo, on n’a jamais prétendu que c’était une science exacte). Ne la manquez sous aucun prétexte, car d’elle dépend votre avenir pour les dix prochaines années, et bien plus encore !

GEMEAUX

Quelle classe, quelle allure, quel esprit ! Amour, argent, travail, sexe, tout vous réussira ce trimestre. Sans doute possible, les Gémeaux seront les nouveaux rois du pétrole. Attention tout de même aux manœuvres mesquines d’envieux sans scrupules qui jalouseront votre stature hors du commun.

CAPRICORNE

Rien à manger mais la supérette est si loin, un important TD mais le temps est si froid, une super soirée mais le métro ne marche pas. Vous n’allez pas sortir de votre lit ce trimestre et ferez corps avec votre édredon en une chrysalide paresseuse. Enfin, c’est tout le mal qu’on peut vous souhaiter.

SAGITTAIRE

Tout comme votre signe, vous vous cherchez toujours, et ce n’est pas ce trimestre que vos problèmes de personnalité vont se régler. Trouvez un cap et gardez-le, vos amis vous seront reconnaissants de ne plus avoir à régler vos problèmes au téléphone à des heures indues.

CANCER

Si ce n’est la grippe qui vous clouera au lit, alors ce sera votre dernière cuite. Abandonnez les fallacieux paradis artificiels et rejoignez les rives de la vie réelle, la vraie. Cessez de fuir vos responsabilités et prenez votre destin en main. Ou alors resservez-vous juste un whisky sec, chaque chose en son temps, que diable !

LION

Boire le calice jusqu’à la lie ne vous fera que louvoyer lentement vers les limbes, lesté de litres de liqueurs, laissant au large la dignité de votre lignage et, las, laissé finalement dans un linceul taché de liquides dans une rigole de cette ville licencieuse.

VIERGE

Votre sex-appeal est sans égal, vous accumulez les conquêtes et rien ne semble vous arrêter. Certes, votre technique de rentrededans est brutale et répétitive mais on ne peut que louer son efficacité ! N’hésitez pas, car ce trimestre sera bien celui de la v(i)erge.

BALANCE

Pour les célibataires, les rencontres devraient succéder aux rencontres, pour les couples : bon courage, cet hiver sera long et rude ! Côté travail, le cœur n’y sera certainement pas et vous préférerez vous adonner aux plaisirs de la procrastination. Comme je vous comprends !

SCORPION

Votre énergie fera des merveilles en ce début d’année, et tant en amour qu’au travail, vos initiatives seront couronnées du succès. Attention cependant : veillez à bien protéger vos chevilles et à acheter des chaussures plus lâches, histoire de ne pas entraver votre marche en avant.

VERSEAU

Mercure et Neptune s’associent pour vous offrir un début d’année doux et serein. Pas grand-chose à prévoir, un trimestre presque ennuyeux. Recherchez les sensations fortes où vous le pouvez, ou bien profitez de cette trêve qui vous est enfin offerte.

POISSONS

Vous allez faire la rencontre d’un mystérieux inconnu qui vous enseignera une philosophie de vie basée sur le dénuement en vous délestant de nombre de vos objets de valeurs. Mais soyez heureux : que vaut la possession face à la joie d’une vie simple et saine ?

LE SCANDALEUX MAG #14 - HIVER 2013

Par Antoine Isaac 23


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