Le Scandaleux Mag' X

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« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC

LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS #10 - automne 2010

Médias :

Les Robin Des Bois du Net

Musique :

Music Revolution Part II

Rencontre : Bernard Hislaire

Mode :

Dossier Spécial : Carnets de voyage WWW.LESCANDALEUXMAG.FR

NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE

Elie Saab, Grand couturier


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#10/ automne 2010

EN BREF média

D

evant nous la France bouge. Les syndicats se révoltent, la jeunesse est dans la rue. Réforme des retraites, « Travailler plus pour gagner plus », scandales politico-financiers… On ne peut plus se fier à personne, même aux têtes d’honnêtes hommes. Comme des marionnettes qui font trois petits tours et puis s’en vont, nous sommes lâchés dans le grand inconnu. Nous savons que nul n’est prophète en son pays, et nous partons chercher notre aventure ailleurs. La sirène fait entendre son appel et nous prenons le large. Un petit tour à l’est d’Eden, pour voir si la vie est aussi rose à l’autre bout du monde. Un petit tour, et puis s’en aller en Inde visiter les temples et sentir l’encens. Un deuxième petit tour, et puis grimper au sommet de l’Empire State Building. Un dernier, et puis s’en revenir.

■ AMANDINE SENET

Ces Robin

des

Bois

5 6 du net

Que va devenir France Inter?

DOSSIER

CARNETS DE VOYAGE Aspirations et Inspirations d’horizons lointains

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On The Road Again

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Cap sur l’Inde

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New York, New York

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CULTURE

Guide de survie A modern family

MUSIQUE

Music Révolution Part II

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Interview

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Litterature

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Mode

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Lille

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recette

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Bernard Hislaire

Marie N’Diaye, Trois femmes puissantes, Joseph O’Connor, L’étoile des mers.

Elie Saab , grand couturier Le scandaleux mag’ #10 - HIVER 2010-2011 DIRECTEUR DE L A PUBLICATION : aude lignereux REDACTEUR EN CHEF : ANGELA FACHE REDACTEUR EN CHEF magazine: Amandine senet Redacteur en chef web : valentin fluteau RESPONSABLE COMMUNICATION : chloé massuel RESPONSABLE DEMARCHAGE : segolène pham Mise en page : Chloé Massuel / aude lignereux N° SIREN : 519318745 DEPôt légal : W595008653 ISSN 1961 - 0262

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Lille dans le temps, au coeur des cultures

Tourment d’amour

DIVERTISSEMENT Mots croisés... de l’impossible ?

Horoscope et lettres qu’on pétrit

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Mr CRU et la Cruauté

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LE SCANDALEUX MAG’ - N°10- HIVER 2010-2011


en bref

En BREF. > en chine, ce qui vous paraîtra relever de la flatterie la plus dégoulinante, n’est parfois pas de trop.

> Il est bon de partir à la rencontre des quartiers de New York, et de respirer l’excitation ambiante d’une ville sans cesse éveillée. DOSSIER p.14

CULTURE P.16

« Je voulais faire une bd dans laquelle je me reconnais, avec un supplément d’âme, pas un simple produit de consommation. (...) je ne voulais pas tomber dans un système de production. » Bernard Hislaire INTERVIEW P.21

« Un sac sur le dos et voici des explorateurs qui sillonent le monde à la recherche de cet idéal aperçu au détour d’une photo, d’un paysage » EvASION p.9 « Joseph O’Connor revient sur un épisode tragique de l’histoire de l’Irlande: la Grande Famine de 1845-1850 » L’Etoile des Mers Joseph O’Connor

> outre le décor adéquat à l’épanouissement de nouveaux groupes décalés, la région est aussi connue pour certains de ses groupes, beaucoup plus bruyants que leurs homologues new-yorkais.

LITTERATURE P.23 LE SCANDALEUX MAG’ - N°10 - HIVER 2010-2011

MUSIQUE p.19

> Elie saab habille les femmes comme peu de créateurs peuvent le faire. ce fils d’ artisan libanais a tout appris seul en véritable autodidacte.

MODE p.24

> L’Amérique du Sud n’est pas l’unique Eldorado des voyageurs en quête d’aventure. Non, dans une toute autre direction, il existe un pays mystique, tellement puissant qu’une pathologie psychique porte son nom : l’Inde.

DOSSIER P.12 5


Médias

Ces Robin Des Bois du net Petit hommage à ceux qui traduisent, incrustent et synchronisent, pour notre plus grand plaisir...

B

ien loin de la petite fièvre passagère, le streaming s’affirme comme une tendance lourde au sein de la communauté des internautes. La population touchée par le phénomène est certes en majorité composée de jeunes, plus familiers des ressources qu’offre Internet, mais l’on constate un intérêt croissant des autres classes d’âge pour cet outil. Documentaires rarissimes, vieilles séries télévisées introuvables dans le commerce (...), mais surtout films et derniers épisodes des séries américaines actuelles.

sous-titreurs passionnés de séries en tous genres tentent de démocratiser l’accès à la culture audiovisuelle mondiale, suivant le credo du «tout, tout de suite, et partout». Etonnamment, l’on se soucie peu de ces bénévoles, en solo ou en équipe, qui mettent à notre disposition des sous-titres, de qualité variable, cela va de soi, et qui encouragent le système actuel. C’est à peine si l’on remarque, lors du générique, leurs pseudos et rôles, les remerciements spéciaux, le nom de leur équipe, voire l’adresse de leur site. Ils recrutent sur les forums des sites consacrés, pour des postes bien préSi l’on se penche sur la question des cis (traduire, incruster, synchroniser, séries en particurelire,...), ont leur C’est ici qu’appa- propre page Facelier, il est vrai que la mise à disposition raissent ces robins book (la Wisteria en streaming règle des bois du divertis- Team, pour n’en un grand nombre de citer qu’une, qui soucis : finie, l’attente sement, traducteurs se charge de la traindéfinie qui précède travaillant incogni- duction de Despel’arrivée d’un petit to, pour le bien com- rate Housewives), bijou sur les chaînes sont plus ou moins mun. françaises ; finie, la reconnus par leur dépendance aux décideurs de ces pairs, et plus ou moins accessibles. mêmes chaînes, qui en choisissent certaines au détriment d’autres ; fini, D’aucuns leur reprocheront de parle suspense insoutenable qui sépare ticiper à ce vaste vol de la propriété la fin d’une saison et le début d’une intellectuelle et d’encourager l’attiautre ! L’on se met à l’heure améritude irrespectueuse et consumériste caine. des spectateurs. Mais qu’est-ce qui inciterait les spectateurs à rester C’est ici qu’apparaissent ces robins fidèles à la diffusion habituelle et des bois du divertissement, traducconsacrée ? Des traductions parfois teurs travaillant incognito, pour le très médiocres, des épisodes diffubien commun. Ces communautés de sés dans le désordre (l’on se souvient

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des protestations des téléspectateurs, surtout après la fin de la publicité et le démarrage des programmes de soirée à 20h30 !), et une maigre volonté d’adaptation (M6 et TF1 ont certes tenté de timides rediffusions sur leurs sites respectifs, mais c’est une goutte d’eau face à l’acharnement de la Warner, pour ne citer qu’elle), non, les grandes chaînes ne nous incitent guère à changer. Alors rendons un petit hommage, bien mérité, à ceux qui nous permettront, cette rentrée encore, de suivre Damages, Docteur House, Glee, Fringe et bien d’autres encore.

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MANDELA VERDEAU

ADRIEN MASSARI

LE SCANDALEUX MAG’ - N°10- HIVER 2010-2011


Mais que va devenir

Médias

?

©

JEAN AYISSI / AFP

Les deux humoristes Didier Porte et Stéphane Guillon priés de prendre la porte, Nicolas Demorand qui la claque, et France Inter perd ses trois têtes de gondole. La station va sûrement en pâtir, même si ce n’est que la conséquence d’une gestion discutable de la station depuis 1 an.

C

a y est, Philippe Val, le directeur de France Inter, a frappé ! Enfin, me direz-vous. Vous ne voyez pas pourquoi ? Petit retour en arrière, je m’explique.

En avril 2009, Jean-Luc Hees est nommé PDG de Radio France par le Président Sarkozy. Mais avant même la nomination de Hees, il se murmure que Philippe Val, à l’époque directeur de Charlie Hebdo, pourrait diriger la première station publique, à savoir France Inter. Branle-bas de combat, car Val est connu pour ses méthodes quelque peu autoritaires : à Charlie, les évictions brutales du sociologue Philippe Corcuff et des dessinateurs Lefred-Thouron et Siné en ont été les meilleurs exemples. Mais, effectivement nommé en juin, il ne touche que très peu à la grille 2009-2010 concoctée par son prédécesseur. Il conserve notamment deux trublions, qu’on disait dans sa ligne de mire : Stéphane Guillon et Didier Porte, qui officient dans la matinale (à 7h55), le second étant même la star du Fou du roi (l’émission de Stéphane Bern, diffusée de 11h à 12h30). Les temps passent, et puis… rien. Philippe Val n’intervient pas dans la grille. Guillon et Porte, régulièrement interrogés dans la presse, disent n’avoir jamais eu de remarque sur leur travail par leur directeur – et pour cause, puisqu’ils assurent aussi ne l’avoir jamais rencontré… Mais ce n’était que partie remise : en janvier, Val se fait remarquer en avançant la mati-

LE SCANDALEUX MAG’ - N°10 - HIVER 2010-2011

nale à 6h30, contre 7h auparavant, mer la grille et annonce le 25 juin un sans prévenir personne. Surtout grand show culturel animé par Demopas l’animatrice de l’émission prérand... et une pastille d’humour dans cédente, Patricia Martin, qui voit sa la matinale. Double ratage : Demorand présence à l’antenne réduite. Rentré largue Inter pour Europe 1 le 7 juillet, de vacances, Guillon et les deux nouveaux hucharge son patron Porte et Guillon moristes de la matinale, à l’antenne. Pas de Raphaël Mezrahi et Géréaction. Mais des virés, Val croyait rald Dahan, ont depuis les mains été remerciés à leur tour signes : en avril, avoir interrogé dans Le libres pour réfor- pour incompétence. À Monde, Val met en mer la grille. savoir : leurs chroniques doute la pertinence n’étaient pas drôles. End’une pastille d’hufin, sans figure de proue, mour dans une matinale consacrée les audiences de la station ont baissé à l’information. Mais dit n’avoir en septembre et octobre, et la matinale pris aucune décision. Et puis un déa perdu sa place de leader au profit de rapage, celui de Porte qui, dans sa celle de RTL. On en viendrait presque à chronique du 20 mai, imagine Villesouhaiter “bon courage” à Val et Hees pin prononcer les mots « J’encule pour redresser la barre. Sarkozy ». Sans soutien, l’humoriste ■ VALENTIN FLUTEAU se fait même charger en direct dans le Grand Journal par trois pontes de la matinale d’Inter, dont l’animateur Nicolas Demorand. Et enfin, la sanction : le 23 juin, Hees déclare au Monde qu’« il n’y aura pas de changement d’horaire ni de remplaçant » à l’humour sur Inter. Fermez le ban.

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Porte virés, avoir libres

et Guillon Val croyait les mains pour réfor-

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Dossier - Carnets de voyage

Carnets de voyage

On a tous un côté baroudeur au fond de nous. Qui n’a pas rêvé de découvrir la Big Apple, les étendues glacées de Russie ou les traditions indiennes ? Alors ouvrez grand vos yeux pour un tour du monde, laissez vos sens être envahis, et devenez le Routard le temps d’un voyage dans nos pages.

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Carnets de voyage

Aspirations et inspirations d’horizons lointains

L

e désir de nouveauté est inhérent à l’homme, aspirant à découvrir ces territoires inconnus tant terrifiants qu’édifiants. Admirer un coucher de soleil et nous voici à fantasmer sur ces plages immenses, sous un soleil de plomb à proximité d’une mer plus bleue que le bleu de tes yeux, je ne vois rien de mieux. Certains ne font qu’y penser, faute de

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Un sac sur le dos et voici des explorateurs qui sillonnent le monde à la recherche de cet idéal aperçu au détour d’une photo, d’un paysage

moyens ou encore du fait de cette peur paradoxale de l’inconnu. D’autres au contraire ont cédé nonchalamment à cette soif de découverte. Un sac sur le dos et voici des explorateurs qui sillonnent le monde à la recherche de cet idéal aperçu au détour d’une photo, d’un paysage. C’est le cas notamment d’Antoine de Maximy et Frédéric Chesneau qui ont réussi, comme une infime partie de ces rêveurs invétérés. LE SCANDALEUX MAG’ - N°10 - HIVER 2010-2011

Frédéric Chesneau ou la sublimation des frontières culinaires.

- DOSSIER

Antoine de Maximy : un Baroudeur et sa caméra.

Le célèbre globe-cooker voyage à traCe globe-trotter a déjà fait le tour vers le monde pour faire vivre sa pasdu monde, muni de sa caméra sur sion pour l’art culinaire. Il était l’anil’épaule et son sac sur le dos. Le promateur d’une émission «Les recettes gramme qui l’a fait connaître et que du Globe-Cooker» proposée sur Canal d’aucuns connaissent bien à présent Plus, dont le concept l’a mené aux est «J’irai dormir chez vous». Il se quatre coins du monde pour révéler plonge au sein des populations locales les véritables traditions culinaires de des pays qu’il visite, communique nombreux pays. Vous l’avez peut-être avec ses membres même s’il rendéjà aperçu admirer une délicieuse contre parfois des cultures hostiles. aubergine rencontrée par hasard Nous découvrons un tout autre porHalle Berry sur un marché grec; ou courageux et trait de l’étranger, bien loin du cliché (Oscars 2002) vaillant, lors de son voyage au Japon, touristico-touristique. Il désire nous face à une huître géante qu’il finit par révéler la vraie face du monde, des ingober. Il s’invitait lui aussi chez les dividus lambda en toute humilité qui habitants de tous horizons pour dés’offrent à la caméra de cet étranger. couvrir les saveurs atypiques de mets Ce personnage tant farfelu qu’extrasucculents avec leur hisverti découvre l’art Il désire nous audiovisuel alors toire et leurs particularités. Après avoir évolué de nom- révéler la vraie qu’il s’engage dans breuses années dans le l’armée. C’est au monde de l’audiovisuel, ce face du monde cours d’une misgrand chef reconnu a décidé sion à Beyrouth, en de déposer bagages sur Paris pour y pleine guerre civile, que le déclic surouvrir un atelier de cuisine. Cette misvient. Réalisant un documentaire sur sion a toujours le même objectif, perles Casques Bleus, il prend conscience mettre au plus grand nombre d’apque l’exploration de nouveaux horiprécier à sa juste mesure le fait de zons, de nouvelles cultures l’attire. cuisiner des plats à la fois simples et originaux. Plus encore, c’est l’occasion ■ ADRIEN Massari pour lui de partager les nombreuses découvertes qu’il a faites en Europe, en Asie, en Amérique ou en Afrique.

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Dossier - Carnets de voyage

On the road again

Flore, 21 ans, étudiante, ex khâgneuse, et backpackeuse compulsive. Boute-en-train responsable mais volontaire, elle a la bougeotte et plein de projets en tête. Entre la Lorraine, le Luxembourg et l’Allemagne, quand elle n’est pas en voyage. Un bel exemple de débrouillardise et d’intelligence.

A

lors que son frère et sa sœur rentrent à peine d’un an en Amérique du Sud, et que la cadette de 10 ans s’apprête à partir en famille d’accueil en Allemagne pour les six mois à venir, Flore pose son vélo le temps de partager avec nous un petit bout d’expérience hors du commun et riche en découvertes…et nous confier quelques bons tuyaux.

L

e 23 octobre 2009, Axel DuTon premier c’est… rouxvoyage, annonce sa ? démission de la direction générale de Mon premier a eu lieuseulement après TF1,voyage cinq semaines ma première année de prépa. Je devais après sa nomination. Pourquoi passer au moins mois(la en Allemagne un homme deun talent façon avec lapour valider spécialité. vou- et quelle il ama redressé RTLMais entreje2005 lais2009 fairele quelque chose prouve) est-ild’enrichissant, parti si vite ? La qui m’intéresse vraiment ; pas seulement travailler en tant que serveuse ou

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pris un sens pour moi. J’ai d’abord voyajeune fille au pair. J’ai donc décidé de gé avec Julien avant de me lancer seule. monter un projet sur le théâtre allemand et de partir un mois pour comparer le théâtre français et le théâtre Italie, Russie, Grèce, Espagne… Même allemand. Comme je n’avais pas d’aren backpack, ça reste un certain ingent, j’ai présenté ce projet à l’office vestissement pour une étudiante… franco-allemand pour la jeunesse, non ? qui m’a octroyé une bourse. Mais cette bourse ne suffisait pas pour Aujourd’hui, pour voyager je n’ai pas bepayer tout mon voyage. Je n’avais soin de plus d’argent qu’à l’ordinaire : pas d’argent pour aller à l’hôtel alors j’ai décidé d’utiliser je ne paye pas le transport J’ai donc décidé puisque je me déplace en Couchsurfing, un site internet d’entraide Je ne paye l’hépresse (Le Monde, de partir un mois stop. de l’incapacité despas grands bergement je dors aux24voyageurs, dont octobre) évoque médias à sepuisque renouveler, pour comparer chez des gens grâce à di-à j’avais entendu parler les différends avec retrouver une ambition. comme à laletélévision. Ham- le théâtre fran- verses P.-D.G., ANonce Ceux-ciassociations souffrent d’une vébourg, j’ai dormi grâce Paolini. Ceux-ci ont çais et le théâtre Couchsurfing, ritable sclérose.Bewelcome, Hospitalityclub ou simpleà Couchsurfing certainement chez joué, allemand. ment chez des connaisJulien, entre maisqui à m’a la marge. Aseptisation et recyclage sances, ou encore en demandant aux autres à faire du stop m’a Dansappris le fond, Duroux a étéetvictime Première tendance : l’aseptisation. gens dans la rue de m’héberger (à la fait rencontrer plein de voyageurs. manière de « J’irai dormir chez vous »). C’est à ce moment-là que le voyage a

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LE SCANDALEUX MAG’ - N°10- HIVER 2010-2011


Carnets de voyage

Au cours de ces voyages, j’ai rencontré énormément de gens qui m’ont appris à vivre de manière autonome, c’est-à-dire sans argent : je sais où manger, comment me déplacer, comment dormir, comment m’habiller sans argent. Et l’autonomie, c’est ce qui me permet de voyager autant, de m’ouvrir à autant d’horizons sans être limitée par les contingences matérielles. Et comment tu t’organises ? J’ai plusieurs types de voyages : les voyages week-ends que je fais souvent seule car j’ai besoin d’aller très vite (une femme seule avance très vite en stop […, ndla]). Par exemple, j’ai fait Trêves-Prague en un week-end. Il y a les voyages-semaine où je voyage plus souvent accompagnée et pendant lesquels je fais de nombreuses pauses et prends le temps de découvrir les endroits par lesquels je passe. Je suis allée en Espagne avec un ami de cette façon et nous nous sommes arrêtés à Lyon, Montpellier, Perpignan, Reus,... Enfin, je fais des voyages-projets. Ce sont des voyages construits pour lesquels j’essaye d’obtenir aides et subventions. Ce fut le cas pour mon voyage en Allemagne avec l’OFAJ ou encore pour mon voyage en Grèce, subventionné par Zellidja, qui m’a permis de me pencher sur la musique traditionnelle, et de monter un blog-carnet de voyage. Tu n’arrêtes plus ces derniers temps, toujours sur la route, toujours un projet en tête… Chaque voyage m’apprend quelque chose et m’enrichit. Les grands voyages en particulier ont un but, je veux apprendre. Par exemple en Grèce mon but était de réussir à dormir trois semaines chez des personnes rencontrées dans la rue, en changeant presque chaque jour d’hébergement. Là je viens de démarrer un trip en vélo et je veux savoir si je réussirai. C’est un défi physique car je ne suis pas du tout LE SCANDALEUX MAG’ - N°10 - HIVER 2010-2011

- DOSSIER

sportive. Je vais également me rendre au Portugal et j’ai comme défi de faire de l’avion-stop. Avion-stop ?? Bien sûr ! Il existe pleins d’engins que tu peux stopper. J’ai déjà fait du péniche-stop, du yachtstop, de l’autostop, du train-stop mais il existe aussi l’avion-stop,... Tout moyen de transport est susceptible d’être stoppé. Ce qui est génial en stop c’est que chaque voiture ou chaque véhicule est un voyage, une rencontre, une aventure. Quand tu rentres dans une voiture, tu découvres une ou des personnes que tu n’aurais peut-être sûrement jamais rencontré dans la vie. Dans ta vie quotidienne, tes rencontres sont organisées autour de tes activités. Autour de ton lieu d’étude, des endroits où tu sors, de ta famille,... En stop, tu tombes sur des gens très éloignés de ton milieu : des riches, j’ai comme des pauvres, des très jeunes, des vieux, défi de faire des familles, de l’aviondes immigrés, stop. des gens qui connaissent la région par cœur, des pilotes d’avion, des recruteurs sportifs, des militaires,... Même si tu ne t’entends pas forcément avec chaque personne qui te prend, chaque personne peut t’apprendre quelque chose sur elle, sur ce qu’elle est, ce qu’elle vit et ainsi tu te débarrasses de tes œillères.

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Pour moi le voyage c’est accéder à une vraie liberté de pensée. Plus tu voyages, plus tu sors de ton petit cocon et tu t’ouvres des perspectives de pensée que tu n’aurais pas imaginées. Tu découvres des gens, des endroits totalement inconnus et qui changent la route que tu t’étais au départ fixée.

MANDELA VERDEAU

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Dossier - Carnets de voyage

Carnet de voyage : Cap sur l’Inde L’Amérique du Sud n’est pas l’unique Eldorado des voyageurs en quête d’aventure. Non, dans une toute autre direction, il existe un pays mystique, tellement puissant qu’une pathologie psychique porte son nom : l’Inde. Le syndrome indien est dû à un excès de dépaysement. Comment en effet ne pas être touché au plus profond de soi par ce pays où tout bouleverse : la foule, les odeurs, la force du climat, l’omniprésence du religieux, de la mort et de l’étrange.

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indiennes en sari pénètrent dans des vieilles rues. La splendeur d’un les boutiques des magasins Zara. passé grandiloquent s’exprime à travers des monuments gigantesques tels que la L’agitation et Il n’y a pas de meilleure façon de voyager à tragrande mosquée de Delhi ou le Fort Rouge. Dans la le bruit sont vers l’Inde que par le vieille ville, des marchés plus forts que train. Certes c’est un à ciel ouvert approvi- dans une salle peu long et on met envisionnent la population ron douze heures pour marché faire six cent kilomètres. en tissus, en épices et en de On pénètre dans le pays par l’aéroport aliments. Même un pâle Mais à ce rythme, on a Indira Gandhi. L’immersion est instantouriste fraichement débarqué s’enle temps de voir passer le paysage tanée. Aux touristes occidentaux parfonce dans la foule en passant inaperen laissant tranquillement balloter tis à l’assaut du pays en sac à dos, se çu tant l’ambiance est en ébullition. ses jambes par la porte du wagon. confrontent quelques Sikhs coiffés de Non loin de là, on prend aisément un Les gares sont une attraction en elleleur grand turban et même des moines métro ultramoderne pour consommême et les valises nous tombent bouddhistes, portable à l’oreille, en mer un Mac Maharaja dans un des des mains quand on découvre une train d’attendre leur correspondance. nombreux McDonald’s de la ville. nuée d’Indiens allongés à même le Au bar de l’aéroport, on découvre avec Mac Maharaja car tous les menus ont sol, en train d’attendre leur train. curiosité que la marque L’agitation et le bruit sont plus été adaptés à ce pays qui produit la bière natioforts que dans une salle de marché, qui compte à lui seul Il n’y a pas de nale, la Kingfisher, est aussi mais malgré l’apparente pagaille, plus de végétariens une compagnie d’aviation. meilleure façon que dans le reste du on parvient toujours à décrocher Delhi n’est pas loin mais sa de voyager à monde. On lève le son ticket de train pour une precacophonie ambulante ne travers l’Inde bras et un rick shaw mière classe qui concurrence à donne pas envie d’y rester peine la seconde classe en France. (voiturette à trois longtemps. La rusticité est que par le train. roues) nous conduit partout et il n’est pas rare Arrivé dans son compartiment, on à la gare en pasde croiser encore une vache solitaire comprend enfin la force du pays. Une sant devant la Connaught Place, les perdue dans le dédale labyrinthique famille indienne qui partage l’espace Champs Elysées indiens, où les riches es plaines du Gange, au désert du Rajasthan en passant par les bords de l’Himalaya, l’Inde est un pays qu’il faut découvrir tant qu’on est jeune et fauché. Et surtout, tant qu’on a encore soif de conquêtes, d’inconnu et d’aventure. Récit d’une expérience.

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LE SCANDALEUX MAG’ - N°10- HIVER 2010-2011


Carnets de voyage

avec vous, engage la conversation dans un anglais hasardeux. L’amitié se crée et généreusement elle vous propose de partager un bout de repas. Proposition que vous acceptez à contrecœur, sachant la quantité d’épices qui va vous brûler la bouche. Quatorze heures de train vous conduisent de Delhi à Bénarès, la ville sacrée au bord du Gange. Bénarès est la ville la plus

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- DOSSIER

intense d’Inde car la religion y est celle d’un barbecue. A quoi bon omniprésente, la mort aussi. Mourir s’écœurer ? On relativise la mort à Bénarès est un et on profite des privilège, car qui Bénarès est la nombreuses bous’y éteint échappe tiques de soie au cycle infernal ville la plus intense pour acheter de la réincarna- d’Inde car la reli- des souvenirs. tion. Le long des gion y est omnipré- Echarpes, fourives du Gange, lards, vestes… des vieillards sou- sente, la mort aussi. Bénarès est aussi la ville riants vous jettent de la soie et on achèterait des des regards doux. Ils magasins entiers si on n’ouviennent de tous les bliait qu’un lourd sac à dos coins du pays, sennous attend déjà à l’auberge. tant que leur heure ne tardera pas à arriver. Ceci n’est qu’une des nomDans une des nombreuses histoires qu’on peut breuses Guest Houses vivre dans le sous-continent. qui longent le fleuve, Partir rencontrer les commuon peut prendre le nautés tibétaines exilées à Dhatemps de rencontrer ramshala, traverser le désert quelques visiteurs du Thar en chameau, gravir les internationaux. Compentes de l’Himalaya, explorer bien d’amis ne se faitla splendeur des plantations on pas en Inde dans du Darjeeling ou encore partir ces petits hôtels où sur les traces du tigre blanc… la chambre ne coûte l’Inde ne pose aucune limite. Le pas plus de trois eupays compte l’un des taux de ros la nuit. Sur la terdélinquance des plus faibles au rasse du restaurant, monde et les euros valent de l’or le petit déjeuner s’inface à une roupie sous-évaluée. terrompt quand une Dépaysement garanti, l’Inde odeur suspecte nous est une destination de choix. interpelle. Plus tard, on comprendra en voyant un corbillard passer que l’odeur de ■ EDGAR Martin ce matin n’était pas

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Dossier - Carnets de voyage

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Mon été à New York, Juin-Août 2010.

e passe l’été à New York en tant que stagiaire pour la Present Theatre Company, qui produit le New York Fringe Festival, ayant lieu fin août dans le Lower Side de Manhattan.

ce dernier a résidé, jusque dans les Cleaner reste ouvert 24h sur 24. années 1990, une des grandes figures Dans la chaleur des machines qui du hassidisme juif. Celui qu’on appelle tournent, je reprends ma monnaie le Rabbi de Loubavitch fit de ce ghetto, après avoir dropped off mon linge lieu de refuge des juifs immigrés pour moins de 7$, la balance utilid’Europe de l’Est, un fief où affluent sée semble avoir l’âge du vieil Afroencore chaque année des dizaines Américain qui me rend la monnaie. de milliers de juifs, venant de tous A mon arrivée, j’ai été frappée par la sales horizons intellectuels et géograleté repoussante phiques. L’anniversaire de Melting–pot. Contrastes sociaux. de la ville et du sa mort a eu lieu en Juin derPauvreté et Démesure. Welcome to Je suis fascinée subway. Il semble nier. A cette occasion, Crown New York. Les homeless sont pardater d’une par le melting-pot Heights a accueilli des fitie prenante de la ville. Le regard cette ville. dèles du monde entier veautre époque et de hagard, adossés contre les murs il règne une chanus pèleriner sur sa tombe, des buildings, ils jurent avec les leur étouffante dans les rames. Euh ... et dans les rues, j’entendais parlumières de Times Square et l’exJe ravale tout de même mes critiques ler Russe, Portugais, Hébreu, Yidcitation qui règne dans ce quartier en pensant à l’air conditionné dont dish, Espagnol, Anglais et Français. bondé de touristes. Les inégalités sont équipés les wagons, je m’y reLe Jeudi soir, les commerces restent sont le lot des grandes villes et New York n’échappe pas à la règle. fuge et le temps du trajet, oublie la ouverts jusque tard dans la soirée afin chaleur torride des rues de New York. que tous puissent faire leurs courses Cher subway, je caresse du regard pour préparer Shabbat, jour de repos les personnes et cultures, différentes et de fête hebdomadaire dans le juRetour dans le métro newyorkais : et variées qui cohabitent ensemble daïsme. Vendredi soir et trois Afro-Amériet partagent ce wagon. Je suis fascisamedi, en habits de fêtes, Les inégalités cains entonnent un née par le melting-pot de cette ville. les habitants de Crown de gospel alors sont le lot des air Heights se souhaitent un que le train me Good Shabbos (shabbos : grandes villes conduit vers le Fringe La ligne 3 me conduit à Kingsprononciation ashké- et New York Central-heart of the ton avenue : je séjourne à Crown nase du mot shabbat), et n’échappe pas à New York International Fringe Festival. Heights, Brooklyn, un des quarune ambiance particurègle. Ce festival, qui protiers juifs hassidiques de New York. lière règne dans les rues. la Chaque quartier a son histoire. Dans A un block du lieu où je réside, un duit 200 shows, programme avec

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LE SCANDALEUX MAG’ - N°10- HIVER 2010-2011


Carnets de voyage

- DOSSIER

New York, New York

près de 1200 représentations dans voilà partie pour Washington, qui une vingtaine de théâtres du Lower se situe à moins de cinq heures de Side de Manhattan. car de New York. Dans le quartier, les Il est bon de partir Départ à 1 :30 a.m, bâtiments d’un rouge à 5 :50 a.m, à la rencontre des arrivée brique ont ces escale temps de prendre de New un Starbucks, je me liers de secours par quartiers lesquels Richard Gere York, et de respirer retrouve devant la rejoint Julia Roberts l’excitation ambiante Maison Blanche. La dans Pretty Woman. verdure fait ressorville sans tir le blanc éclatant Les rues ombragées d’une regorgent de char- cesse éveillée. des monuments, et mants petits théâtres, la pureté du matin et les extraits de journaux, affichés sur illumine le tableau. La propreté des les murs, laissent deviner leur histoire. lieux contraste avec la saleté de New York, et le style architectural Bien qu’il soit facile de se repérer dans rappelle beaucoup Pacette ville découpée en avenues et ris. J’ai d’ailleurs l’imstreets, mon sens de l’orientation me pression de traverser fait défaut et il m’arrive de m’y perdre. le jardin des Tuileries alors que je marche J’explore alors la city. Il est bon de parvers le Capitole tir à la rencontre des quartiers de New York, et de respirer l’excitation ambiante d’une ville sans cesse éveillée. Je goûte à ce mélange de cultures et y Retour à New York : respire la liberté… Elle flotte dans l’air je m’engouffre dans ambiant avec un zeste de melting-pot et un Starbucks à la sorson arôme a une senteur particulière. tie du métro, puis mon café à la main, remonte les blocks Je prends un ticket Greyhound à à Port pour aller au travail. Authority, 9th ave, 42nd street et me A l’idée que mes trois

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mois de stage touchent à leur fin, la nostalgie me prend à la gorge. Je ne suis pas prête d’oublier la plage de Coney Island, ni la vue du toit de Brooklyn depuis lequel je n’ai rien raté des feux d’artifices du 4th July, ni le barbecue à cette occasion…J’avale une gorgée de café sans cesser de regarder autour de moi. Je ne veux rien perdre du spectacle de cette ville qui m’a conquise. One thing I’m sure of, I’ll come back.

SHOSHANA NACASS

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culture

Guide de survie « Je n’ai pas entendu le mot magique ! » Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette phrase ! Pourtant les Français ont la réputation de faire partie du hit-parade des touristes les plus malpolis. La politesse n’est-elle qu’une affaire de gamin ? Petit tour d’horizon.

«L

a politesse c’était mieux avant !». C’est bien connu, les jeunes ne savent plus les bonnes manières, ils ont perdu le sens de la courtoisie et n’ont que faire du respect des ainés. Autant d’idées toutes faites tenaces, qui malgré un fond de vérité, sont comme de sempiternelles maximes auxquelles on accorde du crédit, et que l’on transpose à chaque génération. La Rochefoucauld ne nous avait pas attendus : «La plupart des jeunes gens croient être naturels, lorsqu’ils ne sont que malpolis et grossiers». Autant d’idées reçues qui ont néanmoins le mérite de nous rappeler l’importance du savoir-vivre, qu’il soit sincère ou hypocrite.

A l’étranger, être poli s’impose comme une nécessité vitale si vous souhaitez séjourner sans accroc. Encore fautil savoir que la politesse est souvent une affaire nationale, du moins si vous ne voulez pas passer pour un grossier personnage. Car même si vous avez lu tout les livres de Nadine de Rothschild et que vous en êtes ressorti indemne, cela ne suffira pas.

Il est amusant de considérer qu’il y a des faux-semblants qui servent invariablement. Dire le contraire de ce que l’on pense, notamment en matière de cadeaux, fait évidemment partie des figures imposées. Ainsi au Japon où les occasions de s’offrir des cadeaux ne manquent pas, vous serez bien avisé de toujours dévaloriser le présent que

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vous offrez, afin de montrer votre magnanimité et le peu d’importance que vous accordez aux choses matérielles. Evidemment, plus le cadeau aura de la valeur, plus votre effet sera réussi. Toujours dans la catégorie feinte et langue de bois, n’acceptez jamais un cadeau du premier coup en Grèce ; vous passeriez immanquablement pour un indélicat. Au Japon, ne vous avisez pas non plus de déchirer votre cadeau en présence de celui qui vous l’a offert, et repartez sagement avec.

mouvement incliné de la tête vers le haut ou vers le bas sera synonyme de refus.

Par ailleurs, le dépaysement est parfois si violent, que l’on se retrouve face à certains cas du « syndrome du voyageur ». Ce sont ces bouleversements provoqués par la différence entre la réalité et les aspirations du touriste, qui peuvent aller jusqu’aux troubles psychiques - pour peu que votre nature s’y prête ou que vous ayez des antécédents : extase, délire Ménager la hiérarchie et l’adpersécution, verEn Chine ce qui de ministration est l’arme fatige, confusion, halluparaitra cinations... En ce qui tale de l’honnête homme en vous vadrouille, quels que soient relever de la concerne les chocs vos positions ou l’abrutisseflatterie la plus relatifs au savoirment de votre interlocuteur. vivre, le syndrome En Chine ce qui vous parai- d é g o u l i n a n t e , de Paris concerne tra relever de la flatterie la n’est parfois pas les déçus des bonnes plus dégoulinante, n’est par- de trop. manières idéalifois pas de trop : sachez désées à la française, gainer à bon escient titres, grades et telles qu’elles sont censés se déployer dignités. De même vous avez intérêt dans un Paris fantasmé regorgeant de à porter une grande attention aux anjeunes gens courtois. Il touche tout ciens, pour qui l’âge est en général pluparticulièrement les jeunes Japonaises tôt synonyme de respectabilité que de et peut aller jusqu’à l’hospitalisation ! chirurgie esthétique. Comme le dit si Au moins un danger qui ne risque pas bien Paul Valéry, la politesse c’est aussi de concerner le touriste moyen. « l’indifférence organisée ».

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Mais tout n’est pas si rose au doux pays des bonnes manières. Malgré un entrainement intensif aux us et coutumes du pays vous pouvez toujours être décontenancé par les attitudes qui vont à l’encontre de vos réflexes les plus mécaniques. En Inde comme en Grèce, un

ANGELA FACHE

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culture

A modern Family

A modern family, comme son nom l’indique, s’intéresse à une famille d’aujourd’hui, une famille pas comme les autres, loin d’être parfaite, et tout ça pour le plus grand plaisir des téléspectateurs.

L

e pitch est simple : une équipe sa famille avec au programme moquede télévision suit le quotidien ries sur sa grande sœur et tentatives de de la famille de Jay Pritchett. meurtres sur son petit frère. Quant à Récemment séparé de sa preLuke, le petit dernier... disons qu’il a du mière femme, il a épousé en secondes mal à garder son pantalon… noces Gloria, une bombe latine. Colombienne, elle a un temMitchell est lui le stél’occasion pour réotype de l’homopérament de feu et un fils, Manny, issu de son pre- le spectateur de sexuel discret sur sa mier mariage avec un éta- suivre le quoti- vie privée, il aimerait lon colombien à qui elle a vivre une vie normale tendance de tout rappor- dien d’une famille loin des clichés persister. Le documentaire suit complètement bar- tants sur les homos. également la vie quoti- rée Seulement, c’était dienne de la fille de Jay et sans compter sur Cade son fils homosexuel, Mitchell, l’ocmeron, son partenaire ; bruyant, décomcasion pour le spectateur de suivre le plexé, loufoque, il assume totalement quotidien d’une famille complètement son homosexualité et le revendique haut barrée ! et fort. Ils sont tous les deux papas d’une petit Lili qu’ils viennent d’adopter. Vous La fille de Jay, Claire, a épousé Phil suivez ? Dunphy. La famille Dunphy est en apparence une famille comme les autres. Pour faire simple et vous Le père, Phil, est agent immobilier, sa donner envie de suivre les femme Claire est femme au foyer et aventures de cette joyeuse s’occupe de leurs trois enfants : Haley, tribu, sachez que la séAlex et Luke. Seulement voilà, la farie qui a débuté à la renmille est loin d’être tout à fait conventrée 2009 sur ABC a été détionnelle. Phil, le père, éternel adosignée par de nombreux lescent et fou de technologie est plus média comme étant « la soucieux d’être l’ami de ses enfants meilleure comédie de l’anque leur père. Quant à Claire, difficile née ». La série est sans aude s’imposer en tant que mère face à cun doute une des plus ces trois enfants. L’aînée, Haley, est le belles réussites de la saison stéréotype de l’adolescente débile et 2009/2010. Elle est certaidésorientée vivant en permanence acnement promise à un bel crochée à son téléphone portable, proavenir et dans tous les cas longement naturel de son bras. Sa caelle offre une belle alternadette et le cerveau de la famille, Alex, tive aux autres sitcoms qui voue son existence à ruiner celle de ne se bonifient guère avec

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le temps (cf. la dernière saison poussive de HIMYM).

Créé par Steve Levitan et Christophe Lloyd, la série démontre avec succès qu’il n’est pas de famille parfaite ni de modèle familial parfait. Dans une société où le noyau familial traditionnel a tendance à disparaitre, le fait de montrer une famille qui vit une expérience qui ressemble finalement à la famille d’aujourd’hui réconforte et attire de plus en plus de téléspectateurs outreAtlantique. Quant aux spectateurs français, ils pourront découvrir la série lors de sa prochaine diffusion sur M6.

MERYEM Mrhar

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MUSIQUE

Music Revolution Part II

A

près un bref passage par Brooklyn, ses petites rues sombres, ses bâtiments de brique rouge, nous traversons les Etats-Unis pour nous plonger au cœur de l’actualité musicale mondiale et atterrir à Los Angeles, terre d’accueil de nombreux artistes, lassés par la tournure qu’ont pris les choses à New York. La Cité des Anges, c’est l’antithèse de la Grande Pomme. Ensoleillée, horizontale et à architecture chaotique, elle s’oppose radicalement à New-York, verticale, à la fois élancée et excessivement dense.

aussi délurés que les clips vidéos qui les accompagnent.

Autre figure importante de la scène Newyorkaise et ancien membre des Strokes, Julian Casablancas a décidé de s’exiler à Los Angeles, cependant pour des raisons différentes – trop d’alcool et trop énervant... Et il faut dire que cela ne lui a pas desservi. Cela fait déjà plusieurs mois que son premier album solo Phrazes for the Young est sorti. Certes on apprécie assez ce son, on voit qu’il a Eh oui, ça y est ! Après le départ du laissé un peu de côté ses vieux groupe TV on the radio, leur producdémons, mais ce n’est pas non teur David Sitek a déjà mis les voiles plus grisant, parce qu’on n’est il y a de cela quelques mois. A savoir pas non plus en face du rocqu’il est aussi le producteur des non ker du siècle. C’est un mec, moins connus Yeah Yeah Yeahs, de chanteur dans un groupe d’imTelepathe et Scarlett Johansson. Ceberbes huppés, créateur non dernier, considéré comme pas de tendances mais il a été atti- d’inepties, qui avait l’un des plus brillants et des plus excentriques, a ré par cette l’habitude de jouer des attiré l’attention de tous e x p l o s i o n morceaux avec trois acquant à son héliotropisme musicale de cords, un peu de synthé soudain. Après avoir anipour combler les trous. Angeles Présent notamment mé la scène de Brooklyn, Los il a été attiré par cette ex- et sa région lors du Main Square plosion musicale de Los Festival d’Arras, il nous Angeles et sa région. Plus encore, c’est inonde de ses créations califorla dégradation de la situation de New niennes, et sublime la foule un York, exaspérante, qui l’avait convaininstant, nous faisant partager cu. On assiste en effet depuis quelques ses découvertes et petits plaitemps à un embourgeoisement de ces sirs quotidiens dans son nouvel elquartiers autrefois squattés par des dorado. Tout comme Brooklyn l’était musiciens sans le sous, n’ayant rien il y a encore quelques années, Los d’autre à proposer que leur musique. Angeles est la scène d’un essor raEt ce changement de décor semble lui pide, brutal de créations musicales réussir plutôt bien. Dès son arrivée, d’exception ! Et les Français ne me il s’est plongé dans un projet actuelcontrediront pas, tant ils aiment se lement abouti, parmi tant d’autres, plonger dans cette ambiance joint en Maximum Balloon. Les premiers exbouche. Pour appuyer de tels dires, traits disponibles sont réellement il y a le Festival Ooh la L.A., dont la détonants, des morceaux électro tout réputation n’est plus à faire, qui ac-

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cueille cette année Sébastien Tellier ou encore Revolver. Comme quoi, cet Eden réussit à tout le monde.

Soit dit en passant, cela ne m’étonne pas. Les prix sont abordables, le soleil fait acte de présence toute l’année lui aussi, et les soirées branchées y pullulent à vue d’œil. Alors, à part des loyers exorbitants, je ne vois pas ce qui les retient à Brooklyn. Partez ! LE SCANDALEUX MAG’ - N°10- HIVER 2010-2011


musique gated community prête à défendre ce qu’elle a construit au cours du temps.

Ces aventuriers des temps modernes se mettent en route. Après avoir chargé leurs voitures à ras bord avec quelques fringues de seconde main trouvées dans des friperies huppées qui jonchent les rues de Brooklyn, et surtout leurs instruments usés à force de concerts et de buffs interminables, ils traversent le pays en imaginant déjà le soleil radieux les accueillant à leur arrivée. On rêve tous un peu de ce coin de paradis à vrai dire…

of the West : Silverlake ! Petit village vallonné de Californie, il est depuis la fin des années 90, le foyer des scènes alternative et Indie Rock américaines. Malgré un léger déclin il y a quelques années, nous assistons depuis près de deux ans au renouveau de ce repère de musiciens fortunés. De plus, l’aubaine pour les artistes, c’est la profusion de producteurs de qualité tels que Switch et Diplo, et la quantité astronomique de studios d’enregistrements à leur disposition. Outre le décor adéquat à l’épanouissement de nouveaux groupes décalés, la région est aussi connue pour certains de ses groupes tels que No Age, the Ohsees ou encore Health, beaucoup plus bruyants que leurs homologues new-yorkais ! Des groupes novateurs, à écouter les Cold War Kids et leurs petits morceaux fort sympathiques…

ADRIEN MASSARI

Tout a été prévu pour accueillir ces jeunes musiciens à la recherche d’air pur. Eh oui, il y a à cet effet le Williamsburg de L.A. ou Williamsburg

L’herbe est bien plus verte à L.A. avec cet amas de jeunes gens bronzés, décontractés et bien sûr cultivés, partisans invétérés du mouvement écolo pour la plupart (ou pas au vu des 4*4 qui arpentent par milliers les routes californiennes). Eh oui, tout ce petit monde branché s’est donné le mot et l’on se retrouve avec une nouvelle communauté complètement fermée aux intrusions extérieures, telle une LE SCANDALEUX MAG’ - N°10 - HIVER 2010-2011

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INTERVIEW

Entretien avec :

BERNARD HISLAIRE

XXe CIEL.COM

LA GUERRES DES SAMBRE

MAUDIT SOIT LE FRUIT DE SES ENTRAILLES

Auteur de la BD culte Sambre, Bernard Hislaire, plus connu sous l’alias d’Yslaire, est l’un des derniers représentants de l’école belge de la BD. De 0doulle et Viollette à Sambre en passant par XXe Ciel.com, il est l’un des auteurs les plus originaux de sa génération. Bienvenue dans le monde de Bernard Hislaire

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Comment cette passion pour la BD estelle née ?

À 13 ans, je faisais déjà un fanzine, dans lequel je faisais des interviews d’auteurs et mes propres BDs. Je correspondais avec Jacques Glénat à l’époque. Puis on s’est rencontré à Paris, il était à peu près aussi décalé que nous, puisqu’il venait de Grenoble et nous de Bruxelles. C’était un tout autre monde.

La bande dessinée a une longue histoire, mais je retiens qu’elle était belgo-française, qu’elle est devenue franco-belge, et qu’elle ne sera bientôt plus que française. Il y a une évolution économique qui fait que les grands acteurs, comme Dupuis, Lombart, Casterman ont été rachetés par des Français. Et pour un éditeur parisien, Bruxelles paraît très très loin. La Belgique est un pays étranger, alors que quand j’ai commencé la BD, il n’y avait pas de frontière entre la Belgique, la France et la Suisse. On aimait tous la même chose, on écoutait tous la même musique. Désormais, le nationalisme a gagné du terrain. J’ai même entendu qu’à Angoulême, il voulait faire un prix spécial pour les Belges. Mais ces mouvements n’empêcheront jamais un auteur de travailler. Moi, par exemple, j’étais chez Spirou et désormais, je suis chez Futuropolis, un éditeur très parisien. En réalité, il y a des mouvements de balancier. À une certaine époque, la rédaction de Spirou était l’avantgarde, puis ça s’est déplacé à Paris. Au début, c’était presque anti-belge. Il y avait une fracture entre la BD commerciale belge et la BD adulte, où l’on représentait majoritairement des femmes nues. Tout s’est pacifié il y a une quinzaine d’années avec l’émergence d’une nouvelle génération, la mienne. Et puis, il y a ensuite eu un mouvement de groupes indépendants qui rejetaient la BD traditionnelle, mais bien qu’ils fussent radicaux, ils ont vraiment apporté quelque chose. Mais je trouve dommage qu’ils aient rejeté une partie du monde de la BD.

Ha, c’est une question vaste. J’ai un peu tout vu, j’ai connu à peu près tous les éditeurs personnellement, certains que j’ai vus commencer, comme Delcourt et Glénat.

L’adaptation n’est pas un but ultime. Il y a un scénariste de cinéma, Gérard Brach qui a dit: « adapter un livre au cinéma, c’est

J’étais comme tous les enfants, je dessinais quand j’étais petit, sauf que là j’y insérais des histoires. C’était vraiment naturel pour moi. J’avais le choix entre être ingénieur en aéronautique ou dessinateur, et j’ai choisi dessinateur (même si mes premiers dessins représentaient des fusées partant dans l’espace). Ensuite, j’ai rencontré J.M Brouyère, dessinateur du Journal de Spirou. Ce fut la chance de ma vie. Il m’a pris sous son aile, il m’a emmené dans son atelier. Je suis ainsi rentré dans un groupe de hippies avec lesquels j’ai vécu des tas de choses, notamment quand le rédacteur en chef de Spirou m’a ramené chez moi alors que j’étais à moitié bourré. (rires) C’était une ambiance très particulière à l’époque et très difficile à imaginer en ce moment. Il faut savoir que la rédaction de Spirou s’était installée dans le bistro du coin. La BD, c’était d’abord une bande de copains, de hippies ou de gens étranges. C’était vraiment une époque étrange. Ca n’a aucune commune mesure avec ce qui peut se passer maintenant.

Que pensez-vous de l’évolution du monde de la BD ?

Que pensez-vous du nombre croissant d’adaptations de BDs au cinéma ? Souhaiteriez-vous que Sambre soit adapté ?

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interview

« Je voulais faire une BD dans laquelle je me reconnais, avec un supplément d’âme, pas un simple produit de consommation. (...) Je ne voulais pas tomber dans un système de production. » comme faire une sculpture de la Joconde », donc quel est l’intérêt ? À moins peut-être d’avoir un Rodin pour la faire. Le pouvoir d’adaptation est très relatif. Néanmoins, il y a un enjeu financier énorme. Dans mon cas, sous certaines conditions et dans le cas où je serais le metteur en scène, ça pourrait être intéressant. Sauf bien sûr, si je tombe sur un metteur en scène qui me séduit par sa vision et qui arriverait à me convaincre de l’utilité d’en faire un film. Autant, j’aime le cinéma et j’aimerais en faire, autant je me méfie de ces adaptations que l’on peut faire en Europe. Aux Etats-Unis, la BD est différente. Par exemple, Spiderman a été fait par des dizaines d’auteurs, donc le film n’est qu’un épisode en plus parmi d’autres, donc ça choque beaucoup moins. En Europe, on est quasiment assuré d’un échec artistique. À mes yeux, la seule réussite est le deuxième Astérix. Alain Chabat a réussi à transmettre l’esprit de la BD originale. Je pense que l’un n’est pas fait pour l’autre. Il faut quand même préciser que c’est une bonne chose pour la BD au niveau du marché économique. Cela valorise la BD, ça lui offre plus d’audience. Ha, mais j’ai oublié un

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cas exceptionnel: Persépolis. C’est un cas où l’auteur adapte son oeuvre et pour moi, le film est presque supérieur à la BD. L’univers est tellement fort et comme graphiquement la BD n’était pas un chef-d’oeuvre, elle ne pouvait que gagner, car c’est l’histoire qui est puissante dans son cas. Je peux beaucoup plus imaginer des adaptations dans le cinéma d’animation, surtout quand on voit l’échec d’un Blueberry.

Votre série culte, Sambre, a réussi à casser les codes d’une série traditionnelle en évitant une sortie régulière. Pensez-vous que ce modèle soit unique à Sambre ?

Sambre est un modèle rare. Quand j’étais petit, il y avait Blake et Mortimer, qui sortait de manière extrêmement rare. La carrière s’étend sur 25 ans et les albums étaient extrêmement rares. C’est un peu ce qu’on appelle « l’école belge ». Moi, je n’ai pas calculé, je n’ai pas pu faire autrement, parce que j’ai pris le chemin de faire une BD qui se voulait sincère, sur un thème archi connu, qui est une histoire d’amour dans un contexte historique. C’est ultra-rabattu,

donc je voulais faire une BD dans laquelle je me reconnais, avec un supplément d’âme, pas un simple produit de consommation. J’ai toujours essayé de rester sincère, de ne pas faire l’album de trop et je ne voulais pas tomber dans un système de production. Je suis un héritier des 70’s, et le commercial est quelque chose qui me fait horreur et j’ai toujours voulu faire à chaque fois le plus beau livre que je puisse faire. Pour le moment, le public m’a suivi. Il faut savoir que le public de Sambre est un peu différent. D’habitude, le public est à majorité masculine, alors que pour Sambre, c’est à majorité féminine.

Sambre VI sortirait entre la fin de l’année prochaine et le début de l’année qui suit.

Pour la Guerre des Sambre, vous collaborez avec la nouvelle génération de dessinateur. Que pensez-vous de cette génération ? Qu’a-t-elle de différent par rapport à la vôtre ? Sambre est une histoire de famille, donc de plusieurs générations. J’avais envie de raconter la genèse de l’histoire de Bernard

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lement de matière que je me sentais bien incapable de la dessiner tout seul. Donc j’ai décidé de faire appel à d’autres gens. J’ai eu de la chance de rencontrer Bastide et Mezil pour le premier cycle, il y en aura d’autres. Ils ont l’âge d’être mes enfants. Ce sont des virtuoses et ils se mettent au service d’un univers qui n’est pas le leur. C’est une collaboration très respectueuse, mais pas traditionnelle. Je suis le metteur en scène, je fais les esquisses, le storyboard, le scénario. Je suis un peu le chef d’orchestre et eux les artistes solistes, et ils interprètent leur partition avec énormément de brio. En plus, ils sont un peu contrario de la vague actuelle qu’on appelle “la nouvelle BD”. Ils sont en décalage, c’est-à-dire que la fabrication est très importante, ils aiment beaucoup le dessin figuratif.

Pour le deuxième cycle, je travaille avec Marc Antoine Boidin, qui est très différent des 2 premiers, et c’est ça qui est passionnant, de créer une collaboration nouvelle. Ce ne sont pas des ouvriers, et c’est pour cela que je prends l’image du chef d’orchestre. J’ai une partition à faire jouer, mais un soliste n’est pas l’autre. Et on connaît en musique l’importance de la qualité de l’interprète. Et j’espère que cela va donner une couleur différente, pour ne pas faire un sous-produit. C’est un peu comme une histoire de famille qui aurait traversé plusieurs générations, et comme si plusieurs peintres avaient fait le portrait d’une génération. On reconnaît un air de famille, bien que les tableaux soient différents.

qui a constamment évolué. Entre Bidoulle et Violette, Sambre et XXème ciel.com, c’est très différent. Je ne crois pas pouvoir arrêter. Peut-être qu’un jour je raconterai des histoires sous d’autres formes comme le ci-

YSLAIRE : LES OEUVRES CULTES

et Julie et montrer que la folie des Sambre très loin dans l’arbre généalo remontait gique. Mais cette histoire représentait tel-

néma par exemple. Mais le livre reste pour moi la base.

BENOÎT LIMARE

BIDOUILLE ET VIOLETTE 1. Les Premiers Mots, 1981, 2. Les Jours sombres, 1982, 3. La Reine des glaces, 1984, 4. La Ville de tous les jours, 1986

SAMBRE 1. Plus ne m’est rien, avec Balac, 1986, réédité en 2003 2. Je sais que tu viendras, 1990, réédité en 2003 3. Liberté, liberté..., 1993, réédité en 2003 4. Faut-il que nous mourrions ensemble ?, 1996, réédité en 2003 5. Maudit soit le fruit de ses entrailles, 2003 LA GUERRE DES SAMBRE, LIVRE I : HUGO & IRIS 1. Le mariage d’Hugo, 2007 2. La passion selon Iris, 2008 XXE CIEL.COM 1. Mémoires 98, 2000, 2. Mémoires 99, 2001, 3. Mémoires <19>00, 2004, 4. Mémoires <20>00, 2004,

LE CIEL AU-DESSUS DE BRUXELLES 1. Avant..., 2006, 2. ...Après, 2007

Hormis Sambre, la Guerre des Sambre et le Ciel au dessus du Louvre, avez-vous d’autres projets en préparation ?

J’ai un projet assez important de décoration de la gare centrale de Bruxelles, qui est un projet public d’animation virtuelle. Pensez-vous arrêter un jour la BD ?

Evidemment, nul ne peut prévoir. Je n’ai jamais rien fait d’autres que de raconter des histoires avec des images. Je me suis rendu compte avec les années, que la BD était un lieu de grande liberté d’expression en comparaison à d’autres arts. J’ai fait beaucoup de choses, notamment dans le théâtre et le cinéma, et dans tous ces milieux la liberté est nettement moindre. C’est très différent, on manque de moyen, on est moins reconnu que si l’on faisait du cinéma par exemple, mais il n’y a personne pour nous dire ce qu’il faut faire, et on a une relation privilégiée et de confidence avec le public. On est le seul maître d’œuvre. C’est nous qui choisissons. Et cette liberté est très précieuse dans notre monde actuel, et quand on a la chance d’avoir un public suffisamment fidèle pour en vivre. Donc pourquoi changer ? Mais je suis un auteur

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Culture

Marie N’Diaye, Trois femmes puissantes

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rois femmes, trois récits. Entre la France, terre d’émigration, et l’Afrique, pays captif et captivant, les destins de Norah, Fanta et Khady Demba s’entremêlent au rythme des humiliations. Norah se pisse dessus encore à 40 ans lorsqu’elle pense à son père ; Fanta végète dans un village, prise au piège par l’amour d’un mari faible ; Khady se prostitue pour tenter de gagner un jour le territoire

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u cours d’un voyage entre l’Irlande et New-York lors du printemps 1847, Joseph O’Connor revient sur un épisode tragique de l’histoire de l’Irlande: la Grande Famine de 18451850. Son peuple est essentiellement composé de métayers payant de lourds fermages aux riches propriétaires anglais. L’arrivée de la maladie du mildiou va contraindre les Irlandais à la famine, et au départ pour les Amériques dans l’es-

européen. Histoires de trois ascensions qui entraînent ces femmes vers une chute vertigineuse et fatale, dont l’issue restera pourtant inconnue au lecteur. On tente de comprendre, on espère sans oser y croire vraiment. On se perd dans les méandres d’une conscience bouleversée par la vie et le passé qui les prend à la gorge. Et on finit par s’attacher à elles. « Malgré les difficultés de leur vie […], elle gardent au fond d’elles une force intérieure inaltérable.[…]

■ AMANDINE SENET

poir de survivre et de faire fortune. Un bâteau vétuste, l’Etoile des Mers, prend à son bord son lot d’exilés, fuyant l’horreur de l’île. Une quinzaine de privilégiés voisinent avec 400 Irlandais entassés dans l’entrepont et ravagés par le typhus. Malgré les différences de milieu, les liens ne sont pas aussi distendus qu’il n’y paraît entre la famille de propriétaires anglais récemment ruinés, leur servante à la vie détruite par la brutalité des hommes, un journaliste newyorkais méprisant la gentry du Vieux

Continent, et un homme boiteux errant la nuit sur le pont, stipendié par un groupe d’extrémistes, lâche tueur. La complexité de ces relations est peu à peu mise à jour, à travers les différents points de vue et les fréquents flashbacks. Néanmoins, ce n’est pas tellement le voyage qui attire l’attention. La peinture de l’Irlande en proie à la famine est tracée avec un pinceau terrible qui ne nous épargne aucun détail sur les souffrances du peuple de la verte Erin.

Joseph O’Connor L’étoile des Mers LE SCANDALEUX MAG’ - N°10 - HIVER 2010-2011

C’est en ce sens qu’elles sont puissantes », déclare Marie N’Diaye . Elles ont conscience de leur humanité unique et s’accrochent à ce radeau emporté par les dérives de la vie.

■ AMANDINE SENET

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modE

Elie Saab, grand couturier Elie Saab habille les femmes comme peu de créateurs peuvent le faire. Ce fils d’artisan libanais a tout appris seul en véritable autodidacte et s’est imposé comme l’une des griffes les plus en vue de la planète couture. Retour sur le parcours de l’enfant prodige du pays du Cèdre. four entre Orient et Occident, l’artiste d’or où il ouvre un salon de couture libanais décline son talent au fil des où une clientèle venue du monde encollections. Chez ce génie de la mode, tier s’arrache ses créations chics et les matières nobles valsent avec les élégantes. Depuis, le créateur a outissus les plus fluides. vert des boutiques aux Le style Saab Matériaux riches, brodequatre coins du monde. une véri- ries, pierres précieuses C’est durant l’année 2002 est que le talent du créateur table invitation épousent les modèles du pour sublimer est révélé au grand jour. au voyage, au créateur la silhouette féminine. Lors de la 72ème cérémonie des Oscars, Halle c a r r e f o u r Le perfectionnisme d’Eli histoire d’Elie Saab est Berry porte une robe du entre Orient et Saab le pousse à voyager belle comme une saga de styliste. L’image marque- Occ i d e n t . autour du monde pour l’été. Le petit Elie nait en trouver les plus beaux ra la presse mode pour 1964 à Beyrouth, capitale tissus. Couture ou prêt-à-porter, le longtemps : l’actrice se présente à la du Liban ; ce fils d’un marchand de style Saab, variation autour de l’élécérémonie dans une sublime robe lie bois et d’une mère au foyer est attigance, est devenu un incontournable de vin au buste rebrodé. Halle Berry ré très jeune par la couture. Enfant, des red carpets et de la garde robe reçoit l’Oscar et le créateur bénéfiil dessine déjà des robes pour ses des amatrices de mode aguerries. cie d’une publicité sans précédent. sœurs, des robes qu’il confectionne L’image fait le tour du monde et le en recyclant les rideaux de sa mère ! créateur se voit propulsé dans la ■ MERYEM Mrhar A 18 ans, le prodige cour des grands noms rejoint une école de Enfant, il dessine de la mode. Depuis Elie couture à Beyrouth déjà des robes Saab est devenu le chouet devient rapidechou des plus grandes ment le chouchou pour ses sœurs, stars. Parmi les admirobes qu’il ratrices du styliste, on du gotha libanais. des Le talent d’Elie lui confectionne en retrouve certaines des ouvre rapidement recyclant les ri- it girls les plus en vues les portes de la Cadu moment : Marion mera Nazionale de deaux de sa mère ! Cotillard, Sarah Jessica la Moda de Rome Parker ou encore Kirsten où il se frotte aux plus grands créaStewart font partie des prestiteurs Italiens. Beyrouth, Rome puis gieuses amatrices du couturier. enfin Paris, saint des saints pour cet Le secret d’un tel succès : ses raamoureux de la mode. C’est précisécines libanaises et son expérience au ment dans la capitale française que le contact des grands noms de la coucréateur s’impose comme une des fiture européenne marquent un style gures incontournables de la mode. En inimitable. Le style Saab est une véri2002, il s’installe au cœur du triangle table invitation au voyage, au carre-

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lille

Lille dans le temps, au coeur des cultures Lille, “capitale de la Flandre” ? Si cette expression peut surprendre, elle en révèle le statut frontalier. Ville disputée, elle n’est française que depuis 1667, date de sa prise par Vauban. Son architecture, pour le moins... éclectique, est le signe de cette histoire mouvementée.

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éjà, pourquoi “Lille” ? Parce souvenir de la domination flamande, que “l’île” bien sûr. Ce n’est la Vieille Bourse est bâtie en 1652plus le cas aujourd’hui, 1653. mais il y a au départ plusieurs cours d’eau (dont la Haute et C’est en juillet 1667 que le destin la Basse Deûle), qui en se joignant ont de Lille bascule : Vauban parvient à créé une île, sur laquelle se sont insreprendre la ville pour le compte de la tallés les premiers Lillois, autour du France. Nommé gouverneur par Louis XIe siècle. Elle fait tout d’abord partie XIV, il modernise la ville : c’est aindu Comté de Flandre, et desi que sont créés la Citavient un carrefour commerpourquoi delle, mais aussi les quarcial, comme en témoigne “ L i l l e ” ? tiers de Saint-André et la foire aux draps de Lille la Madeleine ! Lille com(XIIe siècle). Malgré la vic- P a r c e mence à prendre l’aspect toire de la France à la guerre que “l’île” que nous lui connaissons. opposant la Flandre, l’An- bien sûr. En 1792, Lille parvient à gleterre et le Saint Empire résister aux assauts auGermanique à la France, Lille reste trichiens, et en guise de récompense, gouvernée par une Flamande, Jeanne voit s’ériger la “colonne de la Déesse”, de Flandre. Elle fonde alors l’hôpisur la Grand’Place. tal Comtesse en 1236, encore debout aujourd’hui, rue de la Monnaie. Sous tutelle française entre 1304 et 1369, Lille devient bourguignonne ensuite : forte de 25 000 habitants, Philippe Le Bon en fait la capitale administrative et financière du duché en 1445 ! Mais ce n’est pas fini car en 1477, Marie de Bourgogne, héritière de Charles le Téméraire, se marie avec Maximilien d’Autriche : Lille tombe alors aux mains des Habsbourg, et devient espagnole, sous le contrôle d’abord de Charles Quint, jusqu’à Philippe IV d’Espagne. Son histoire mouvementée ne cesse pas : entre 1560 et 1582, les calvinistes locaux, entraînés par la révolte des protestants bataves, tentent en vain de reprendre la ville. Dernier

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Au XIXe siècle, et sous la pression de l’industrie minière, la canalisation de la Deûle se termine, pour prendre l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. Or, ces travaux avaient débuté sous Jeanne de Flandre ! Profitant à plein de la Révolution Industrielle, la préfecture du Nord devient opulente, mais entre en mutation : Lille la catholique devient ouvrière - elle élit le premier maire socialiste de France en 1896.

C’est enfin sous l’impulsion de Pierre Mauroy, maire de 1974 à 2001, que Lille se renouvelle. La liste est imposante : rénovation du Vieux-Lille (aujourd’hui quartier chic, ce qu’il était loin d’être dans les années 70), construction du quartier d’affaires Euralille, installation du premier métro automatique au monde, de la première ligne de TGV et mise en place de la communauté urbaine. C’est grâce à tous ces travaux qu’elle a l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui, fruit d’une histoire riche, complexe et mouvementée sur tous les plans.

VALENTIN FLUTEAU

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REcette

LE TOURMENT D’AMOUR

La recette de ce délicieux petit gâteau, au nom si particulier, nous vient de l’archipel des Saintes, dans la Caraïbe. Préparation : 25 minutes

Cuisson : 45 minutes

200g de confiture de coco 250g de pâte brisée 250g de sucre de canne

250g de farine 50cl de crème pâtissière 6 oeufs

INGREDIENTS (pour 8 personnes)

PREPARATION

Foncez un moule à tarte avec la pâte brisée. Mélangez la confiture de coco refroidie et la crème patissière. Versez sur le fond de tarte cru. Battez les oeufs entiers avec le sucre puis ajoutez la farine. Ajoutez cette préparation dans le moule, jusqu'à 1,5cm du bord. Passez au four et laissez cuire 45 minutes à 160°C.

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Divertissements

Mots croisés... de l’impossible ? La solution sur www.lescandaleuxmag.fr A

Verticalement A. Bien embarqué. B. Aime contes et comtes. Nomme la rose. C. Après le pain. Un gourmand l’aime petit. D. Créait des liens. E. Tranche pour poissonnier. Pour ma pomme… F. Barre bien au Brésil. Etain à formule. G. Parfois passés sous le nez. Respecté la direction (a) H. Transformées. Pour lopin. I. Anneau à pied marin. A vu rouge à sa roulette.

B

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I

Horizontalement 1. Genre pour grands voyageurs. 2. Au cœur du problème et de la solution. 3. De canalisations pour évacuation. 4. Violemment saisie. 5. Molécule de biochimiste. 6. Pour vocatif latin. Unité de comptabilité. 7. Pour expliciter. Coulée de lave. Habille la jambe. 8. Occultera. 9. Souvent lassant.

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JTP

Horoscope et lettres qu’on pétrit... Bélier

Allant en forme, ne courez pas tant de buts divers, vous en perdriez votre belle mine.

Taureau

Lion

Sagittaire

Vierge

Capricorne

Vous faites mander trop de confrères de Paris sans qu’on les batte, tentez à Beaumont le Vicomte.

Contente de votre sort, votre femme peu déçue vous fera brûler d’envie et pistera la lune reluisante.

Vous saurez distinguer des vers à l’envi dans nos colonnes déchirantes.

Vous goûtez les farces grecques et avez jolie ouïe, mais restez trop acculé à l’antique.

Gémeaux

Balance

Verseau

Scorpion

Poissons

Pensez à lui, être proche est émouvant mais l’attente offre des plaisirs qu’on ne fait qu’un instant.

Cancer

Blessée par un sureau serait un comble, prenez gare, les plants sont glaçants !

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Aux sites de Bologne, votre compagne préfère les mines de Pompéi, jugez votre mie en taclant. Assis sur un banc l’air boudeur et mutin, vous songerez à passer la berge du grand ravin aux congés prochains.

Buté, vous luttez pour une bonne culture, alors apprenez que le Var ne se déverse pas dans l’Oder.

Généreux, c’est à l’ami que vous offrez le vin, mais vous avez omis ces hommes, agissez fortement, assez vite. La tenue de votre copine sera très « mode » en hiver. Soyez d’avis de la montrer et voyagez, votre muse aimera les beaux châteaux.

JTP

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