Le Scandaleux Mag' XII

« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC

NOUV EL FORM LE ULE

LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS #12 - HIVER 2012

LA VIE PRIVÉE VIDÉOSURVEILLANCE FACEBOOK LIT DEUX PLACES

INTERVIEW

AIRNADETTE RADIO NOVA MAIS AUSSI

PAROLES D’ESCLAVES SEXUELLES MARADONA

www.lescandaleuxmag.fr

NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE

MUSIQUE

SOMMAIRE

# 12 / HIVER 2012

L’EDITO 3 18 SOCIETE BREVES INSOLITES 4 Pour se détendre

L’airsoft, quand le réalisme d’un jeu crée une polémique

20 INTERNATIONAL

SCAND’AILLEURS 5 Sous les scandales, les primaires républicaines

Paroles d’esclaves sexuelles de dictateurs

22 SPORT : RETOUR SUR UN CLASSIQUE

LE MEILLEUR DU WEB 6 Rachida Dati n’en finit pas de faire polémique

La mano de Dios

23 MUSIQUE

DOSSIER 7

Radio Nova ou l’exploration constante

CINEMA

LA VIE PRIVÉE

24 Marilyn Monroe, étoile à jamais ?

Quelles frontières à la vie privée ?

8 25 Melancholia : retour sur le devant de la scène du chef-d’œuvre de Lars Von Trier Une brève histoire de la vie privée 10 Vie privée voie publique, le paradoxe 11 La vie privée, ce nouveau bien de consommation 12 26 JEUX Mots croisés de l’impossible Vidéosurveillance et respect de la vie privée 13 Sudoku Le lit deux places, un rite de passage étudiant 14 passé sous silence Quand la vie des autres nourrit l’art

15 26 L’AGENDA CULTUREL Pour ne rien rater à Lille

INTERVIEW AIRNADETTE Un airband qui a le vent en poupe !

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L’EDITO Sortez du campus, en prenant bien soin de saluer la caméra à l’entrée. Adressez un petit signe de la main à cet ami dont vous avez vu des photos en caleçon dans la neige sur Internet. Sur le chemin, évitez de passer dans le champ de cet inconnu qui prend des photos.

Ne répondez pas à ce sondeur intrusif, encore moins à cet activiste hippie qui vous demande une signature. Allez faire des courses, mais attention, pas de carte de fidélité, « on » risquerait de collecter des données sur vos habitudes alimentaires. Une fois rentré chez vous, fermez à clé, baissez les stores. Et

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commencez la lecture de ce Scandaleux Mag’ consacré à la vie privée, enfin tranquille.

Loin de nous l’idée de vous inciter à la prudence excessive et aux préjugés. Dans ce dossier, vous trouverez un état des lieux de la notion de vie privée, aussi large soit-elle. Dans notre façon de consommer, l’art, et même l’acquisition d’un lit deux places, la vie privée est partout. Et si vous cherchez un peu plus de légèreté dans la rigueur de Lille en hiver, vous devriez trouver votre bonheur dans l’interview d’Airnadette, un groupe pas comme les autres.

Bienvenue dans le numéro Hiver 2012 et puisqu’il en est encore temps, de la part de toute l’équipe, bonne année.

Nicolas SCHWEISGUTH

LE SCANDALEUX MAG’ N°12 - HIVER 2012

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BREVES INSOLITES AMPUTÉ DU PÉNIS AU LIEU D’ÊTRE CIRCONCIS c’était un « Ce que j’ai vu n’était pas un pénis, le doccancer ». C’est pour cette raison que le sexe 7 200 en é teur John Patterson a amput ice, just de Phillip Seaton qui le poursuit en , il devait rapporte le Daily Telegraph. A l’origine s’agir d’une simple circoncision. se sent Depuis, Phillip Seaton, 64 ans, « ne e parle de plus comme un homme » et son frèr colérique. lui comme quelqu’un de dépressif et part une sa r Sa femme, Deborah, évoque pou voquée par perte « d’amour et d’affection » pro pourtant cet excès de zèle. Le médecin clame s lourds avoir sauvé la vie du chauffeur de poid du Kentucky lors de l’opération.

UN VAMPIRE ARRÊTÉ AU TEXAS « Je suis un vampire, et je vis depuis 500 ans », a déclaré un homme arr êté par la police à Galveston (Texas) après avoir attaqué samedi une jeune femme et ten té de la cambrioler.

Selon les dires de la victim e, l’individu se serait d’abord approché de so n lit en gémissant, puis l’aurait mordue et frapp ée.

L’agresseur, enfermé de puis la tentative de cambriolage, implore la police: « Il nous a dit qu’il avait besoin de se no urrir (…). Il nous supplie de le retenir car il ne veut pas nous tuer », a commenté Daniel Erick son, l’agent chargé de l’affaire. Le policier a également précisé que le « vampire », âgé de 19 ans, n’était pas sous l’influence de drogues.

UNE EXPÉRIENCE NUCLÉAIRE DANS SA CUISINE Passionné de physique-chimie, Richard Handl, un Suédois de 31 ans, a voulu se lancer dans les expériences nucléaires, dans son propre appartement. Il s’est donc procuré des éléments radioactifs à base d’uranium, de radium et d’américium. Prudent, l’homme a tenu à demander à l’Autorité des radiations de Suède s’il avait le droit de se livrer à de telles expériences. La réponse a été musclée.

Comme il le raconte sur son blog, « Mercredi, j’ai été arrêté et envoyé en prison tandis que la police fouillait tout mon appartement. Ils ont pris tous mes trucs radioactifs mais j’ai ensuite été relâché. Par contre, je suis suspecté de crime contre la sécurité radioactive. » Richard Handl a depuis revu ses ambitions nucléaires à la baisse…

UNE SOURIS RETARDE LE DÉCOLLAGE D’UN AVION ENTRE STOCKHOLM ET CHICAGO Si les lapins ne sont pas les bienvenus sur les bateaux, il en est de même pour les souris à bord des avions. C’est ainsi qu’un vol SAS prévu mardi entre Stockholm et Chicago a été annulé après qu’un membre de la sécurité de l’aéroport suédois a aperçu une souris courir dans les couloirs de l’appareil, a rapporté The Local. intenses et de nomrches «reche des Malgré r breux pièges», le rongeu n’a pas été retrouvé.

Les 250 passagers de l’A330 ont ainsi dû être replacés sur un autre vol après plusieurs heures d’attente.

Source : 20minutes.fr

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SCAND’AILLEURS A chaque numéro, le Scandaleux Mag’ vous fait découvrir une affaire qui a défrayé la chronique à l’étranger.

Cette fois, direction les Etats-Unis, plus précisément les élections présidentielles de 2012. Le Parti républicain, qui cherche encore son candidat, a vu le mois dernier un de ses sérieux prétendants rattrapé par… un scandale sexuel. Cela ne vous dit rien ?

SOUS LES SCANDALES, LES PRIMAIRES RÉPUBLICAINES. « Yes we Cain ! », il faut bien avouer que le slogan était accro- sera pas sans conséquences. Parmi les favoris, le plus stable cheur. Herman Cain, entrepreneur modeste du Sud des Etats- en haut des sondages est certainement Mitt Romney, mais il Unis, avait d’ailleurs d’autres arguments, au point d’accéder serait exagéré de dire qu’il transcende les foules. Mis à part le au rang de favori des primaires républicaines. Évidemment, fait d’être mormon, Romney n’a rien de croustillant à fournir, les républicains ne manquent pas de candidats sérieux, no- et la presse américaine prie pour avoir de l’action. tamment Mitt Romney et Newt Gingrich, aujourd’hui bien placés De ce point de vue, Newt Gingrich pour la course à la Maison Blanche, ne déçoit pas. Autre favori dans les mais Cain était la valeur en hausse sondages, Gingrich est un méchant, au moment de sa chute. Certains un vrai, et régale les observateurs en républicains voyaient même dans quête de frissons. Il n’y a qu’à voir le choix d’un candidat noir la possicomment il qualifie les débats répubilité de mettre fin aux allégations blicains, « tous ces mots de boyde racisme dont ils étaient la cible. scouts qui sont parfaits autour d’un Seulement, voilà : un scandale feu de camp mais minables en polisexuel est passé par là. tique ». Un homme qui ne mâche Il n’y a pas besoin d’être un grand pas ses mots, donc, et qui va même politologue pour savoir que les jusqu’à considérer qu’il est « le seul mensonges de la part des poliadulte » du camp républicain. Bien tiques, surtout à propos de coucheries, sont très lourdement que ces quelques lignes dépeignent un personnage un peu sanctionnés par les Américains. Bill Clinton, pour avoir menti singulier, il est un candidat sérieux dans la course à la Maison sous serment à propos d’une affaire d’adultère, alors même Blanche, notamment grâce au soutien d’Herman Cain. qu’il était président des Etats-Unis, a risqué la destitution. Dans le cas d’Herman Cain, MALGRÉ DES SONDAGES Il ne reste plus qu’à espérer pour les républila situation est légèrement différente : le TOUJOURS PLUS FAVO- cains que Gingrich ne se fasse pas rattraper républicain a subi quatre accusations de RABLES AU FIL DES MOIS, par un scandale. Après Michele Bachmann, harcèlement sexuel de femmes l’ayant à IL A ÉTÉ CONTRAINT DE Rick Perry, Herman Cain, un temps à la lutte l’époque sollicité pour trouver un emploi. avec Romney avant de voir leurs intentions SE RETIRER. Fin novembre, une maîtresse présumée a de vote fondre comme neige au soleil, il même déclaré à la télévision qu’elle fréquentait Cain depuis ne faudrait pas qu’il rejoigne la liste des étoiles filantes. Protreize ans. C’en était trop pour le candidat : malgré des son- blème : il a empoché 1,8 millions de dollars de Freddie Mae, dages toujours plus favorables au fil des mois, il a été contraint géant des prêts immobiliers détesté de la droite depuis la crise de se retirer. La raison invoquée était simple : « Je suspends ma des subprimes. Même s’il affirme avoir été consulté en quacampagne présidentielle à cause des incessantes diversions lité d’historien, c’est fâcheux. Du côté des femmes, il n’est pas qui ne cessent de me blesser ainsi que ma famille », a-t-il dé- en reste : sa première épouse raconte qu’il est venu lui faire claré le 3 décembre, devant ses soutiens. Il a d’ailleurs affirmé signer des papiers de divorce alors qu’elle était à l’hôpital, soiêtre « en paix » avec sa conscience. gnée pour un cancer, et il a trompé la seconde avec son assistante parlementaire, de 23 ans sa cadette. Détail amusant : à Le Parti républicain s’est relevé de cet événement, notamment la même époque, il n’hésitait pas à pointer du doigt les agisparce que nous n’en sommes encore qu’à la primaire, et que le sements du président Clinton avec Monica Lewinski. Au-delà report de voix ne profite de toute façon pas aux démocrates. de toute considération politique, avec lui, on ne risque pas de Néanmoins, la perte d’un candidat « à la mode », qui semblait s’ennuyer. capable d’amener un peu de fraîcheur dans les primaires, ne ■ Nicolas SCHWEISGUTH

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LE MEILLEUR DU WEB

Le Scandaleux Mag’, ce n’est pas seulement un magazine. C’est aussi un site Internet, qui publie tous les jours des chroniques sur des thèmes aussi divers que la musique, le cinéma, en passant par l’actualité politique. A chaque numéro, nous sélectionnons donc pour vous une des meilleures chroniques publiées récemment, pour vous faire découvrir un peu plus notre univers.

.fr

Rachida Dati n’en finit pas de faire polémique Ecrit par Alexia FALLE Premier Ministre à l’ancienne garde des Sceaux, celle-ci professait : « Il faut se choisir des ennemis plus grand que soi, ça tire vers le haut. ».

S

uite à la décision de François Fillon de se présenter aux élections législatives de 2012 pour la deuxième circonscription de Paris, Rachida Dati ne mâche pas ses mots : « Je suis déterminée à être candidate aux législatives dans cette circonscription… quoi qu’il arrive ! », comprenez, même si je dois affronter mon propre camp. En effet, l’eurodéputée, mais surtout maire du 7ème arrondissement de Paris, se considère de fait comme la candidate légitime à cette élection que normalement l’UMP ne devrait pas peiner à remporter.

Si Rachida Dati semble bel et bien en guerre, son combat semble faire écho à l’UMP, parti au sein duquel s’affrontent désormais les pro et les antiDati. Outre Jean-François Copé qui ne cache ni son soutien à l’eurodéputée ni son mépris à l’égard de François Fillon, Rama Yade s’avère elle aussi une alliée de choc pour sa camarade, elle aussi faire-valoir de la parité du premier gouvernement de Nicolas Sarkozy. Mêmes causes, même combat : interrogée sur Europe 1 au sujet de sa candidature aux législatives pour la circonscription d’Asnières/Colombes-sud qu’elle conteste au député UMP sortant Manuel Aeschlimann et de la similitude entre sa situation et celle de Rachida Dati, Rama Yade répond : « Le système politique est conservateur, donc oui, ça dérange ». « Pourtant, Rachida Dati comme moi sommes légitimes ».

C’est donc indignée qu’elle déclare à Rachida Dati semble donc pouvoir propos du Premier Ministre : « Si j’avais compter sur le soutien été un homme, ancien garde des Sceaux, élu « SI J’AVAIS ÉTÉ UN sans faille (du moins à Paris, je crois que HOMME, ANCIEN GARDE pour l’instant) de François Fillon ne DES SCEAUX, ÉLU À PARIS, certains de ses amis, m’aurait pas traitée JE CROIS QUE FRANÇOIS mais pas seulement. de cette manière. » FILLON NE M’AURAIT PAS En effet, contre toute attente, Dominique (Propos révélés par Le Nouvel Observa- TRAITÉE DE CETTE MA- de Villepin a lui aussi NIÈRE. » pris sa défense en teur). Ironiquement, déclarant : « On peut la comprendre. quelques mois avant le déclenchement On est dans un arrondissement et tout de cette guéguerre qui oppose l’actuel

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à coup « Toc Toc Toc », c’est le Premier Ministre qui débarque avec son parachute (...). Est-ce que dans une famille politique on doit dire « amen » à tout, même au Bon Dieu quand il arrive et s’installe sur vos plates-bandes ? » Et d’ajouter : « Depuis trente ans, j’aurais pu me faire élire tous les cinq ans avec la méthode de François Fillon.». Œil pour œil, dent pour dent, les antiDati savent eux aussi donner de la voix et ne s’en privent pas. En témoigne ce petit florilège de leurs déclarations toutes plus élégantes les unes que les autres : Laurent Wauquiez sur LCI regrette « l’inflation dans ses propos et dans ses attaques contre François Fillon » ; Brice Hortefeux, vice-président de l’UMP, s’énerve sur RTL : « Assez d’égo, assez d’états d’âme, assez de petites ambitions contrariées ! » ; Nadine Morano lui suggère de se présenter dans sa circonscription natale à Chalon-sur-Saône.

Le coup fatal à l’encontre de Rachida Dati semble avoir été donné par Nicolas Sarkozy lui-même, ce lundi à l’Elysée. Selon le journaliste de Libération Alain Auffray, au cours d’une réception, et en présence d’une quinzaine de parlementaires, il aurait évoqué son ancienne garde des Sceaux en la surnommant « cette folle de Dati », montrant ainsi toute la considération qu’il éprouve pour son alliée politique comme le degré de sérieux qu’il accorde aux revendications de celle-ci.

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DOSSIER

QUELLES FRONTIÈRES À LA VIE PRIVÉE ?

On en parle souvent, sans vraiment savoir ce que c’est. Concept au cœur de notre quotidien, il n’en reste pas moins extrêmement flou. Où s’arrête la vie privée, où peut-elle même commencer ?

Tout dépend du sens que chacun donne à ce terme…

A

l’heure des réseaux sociaux, de l’information poussée à l’extrême, plus personne ne semble vraiment savoir quelles limites dresser autour de soi. Au-delà du Français lambda qui se demande s’il va mettre son statut relationnel sur Facebook, la question prend tout son sens lorsqu’elle s’immisce dans l’actualité. Évidemment, l’exemple de Dominique Strauss-Kahn et de sa vie sexuelle surmédiatisée est totalement adapté, mais il n’est pas le seul. La frontière de la vie privée est questionnée de plus en plus souvent, à tel point que l’on ne sait plus vraiment où la situer.

Après tout, comme le disait Heathcote Williams, « Nous avons neuf mois de vie privée avant de naître, ça devrait nous suffire ».

tombe : 80% des Français ne veulent plus voir Dominique Strauss-Kahn dans le paysage politique français. Du statut de candidat providentiel au printemps, il est passé du côté des intouchables. Celui qui était quelques mois auparavant directeur du FMI n’a maintenant plus sa place à quelque fonction que ce soit, selon une majorité de ceux qui étaient prêts à en faire leur Président de la République.

Les Français ne veulent pas être dirigés par un homme qui a subi des accusations de viol. Au fond, pourquoi ? Les actes de l’homme qui sort de sa douche ont-ils des conséquences sur les décisions de l’homme politique ? En élisant DSK en 2012, à part deux semaines de moqueries sur CNN, à quelles conséquences aurionsnous pu nous exposer ?

What happens in Sofitel stays in Sofitel

La vie privée comme instrument ?

Alors évidemment, vous me direz qu’avoir Les politiques ne sont pas toujours pris des rapports sexuels avec une femme au dépourvu par la vie privée. Il serait de ménage, ce n’est pas un événement illusoire de penser qu’en bonnes personclassique dans une vie privée. Bien sûr, il nalités médiatiques, ils ne sachent pas n’était pas concevable que ce fait ne soit manier l’exposition de tous leurs faits et pas relayé, étudié et décortiqué dans les gestes. Bien conscients du battement médias. En dehors médiatique dont ils du caractère sexuel Y A-T-IL PARFOIS UN POINT font preuve, certains de la chose, l’arresta- DE NON-RETOUR, AU-DELÀ n’hésitent d’ailleurs tion et le procès d’un DUQUEL ON N’EST PLUS pas à l’utiliser à bon homme politique MAÎTRE DE CE QUE L’ON RÉ- escient. Le Président français de premier de la République, suiVÈLE AUX AUTRES ? plan sont des événevi dans tous ses déments qui ont largement leur place dans placements, a profité de la naissance de la presse. L’aspect intéressant de cette sa fille pour relayer l’image d’un homme affaire réside dans ce qui a suivi le procès. au bonheur simple. Ainsi, au cours du moLe 23 août 2011, le juge Michael Obus dément simple que peut constituer une procide d’abandonner toutes les poursuites menade avec sa femme et sa fille, Nicolas contre DSK. 3 jours plus tard, le verdict Sarkozy s’est affiché devant les objectifs.

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Même s’il ne s’est évidemment pas offert à une meute de photographes, il a tout de même choisi de déambuler dans la partie publique du parc du château de Versailles, alors qu’il en a quelques hectares à sa disposition. Les clichés, publiés dans Paris Match, auraient certainement fait la fureur de tout politique s’ils avaient été volés. Ici, aucune réaction de l’Elysée.

Nous ne pouvons évidemment pas reprocher au Président d’utiliser les médias en sa faveur. D’ailleurs, quitte à voir des photos de son enfant dans la presse nationale, autant qu’elles aient été préalablement orchestrées. Mais ce fait, sans pour autant être blâmable, pose une nouvelle fois la question des limites à établir autour de soi. La naissance d’un enfant fait partie des événements marquants d’une vie, que l’on préfère certainement vivre en petit comité plutôt qu’à la vue de la France entière. Même s’il est parfois dans notre intérêt de dévoiler un peu de notre vie, jusqu’à quel point est-il raisonnable de le faire ? Y a-t-il parfois un point de non-retour, au-delà duquel nous ne sommes plus maîtres de ce que nous révélons aux autres ?

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DOSSIER

Facebook compte 620 millions d’utilisateurs, qui se connectent en moyenne 55 minutes par jour.

Et notre petite vie privée, dans tout ça ?

sont que rarement décisives, et la question de leur circulation n’est pas toujours intéressante. Vous n’avez certainement aucun problème à ce que des gens que vous ne connaissez que très peu sachent que vous êtes né(e) à Aurillac, ou vous voient en photo avec votre meilleur ami, et c’est compréhensible. Mais ce genre de renseignements anodins n’aurait pas été accessible il y a encore quelques années.

La question de l’exposition de la vie privée ne se pose pas seulement pour les personnes célèbres : elle ne s’arrête pas là où commence l’anonymat. Je vous souhaite d’avoir un jour la possibilité d’apparaître en couverture de Paris Match avec un mannequin ou un Président de la République, mais en attendant, vous avez tout de même une vie privée. Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à cacher ou à Je n’ajouterai pas ma voix à ceux qui protéger qu’il est inutile de s’intéresser à crient à la violation de la vie privée dès la frontière entre, comme dirait Mireille que le mot « Facebook » est prononcé Dumas, vie privée et vie publique. Des dans une conversation. Si les Français questions intéresavaient un réel prosantes peuvent être ACCEPTER DE DONNER UN blème avec la transposées : y a-t-il des PEU PLUS D’INFORMATIONS parence des informainformations que À AUTRUI N’EST PAS FORCÉ- tions relayées sur ce je suis le/la seul(e) MENT UN SIGNE DE RENON- site, ils ne seraient à posséder ? Que pas plus de 20 milCEMENT, AU CONTRAIRE. peut savoir un(e) lions inscrits dessus. inconnu(e) sur moi sans même avoir à Mais le nombre sans cesse croissant de me parler ? Sans verser dans la paranoïa, renseignements que nous rendons diset accuser la société actuelle de basculer ponibles montre que notre rapport à la vers le 1984 de George Orwell, l’appavie privée change. Peu à peu, tant pour rition de Facebook a changé la donne. les personnalités que pour nous-mêmes, Bien sûr, les informations fournies ne nous repoussons sans cesse les limites de

ce qu’il est acceptable de dévoiler de soi. Évidemment, ce constat alarme certains, persuadés de vivre dans une société où le privé n’est plus qu’une vague notion.

Mais accepter de donner un peu plus d’informations à autrui n’est pas forcément un signe de renoncement, au contraire : ça ressemble plus à un choix d’ouverture.

Tout est une question de point de vue.

Au fil de ce dossier, nous avons justement essayé de considérer tous les points de vue possibles. Tant dans l’art que dans la télé-réalité, en passant par les questions de la vidéo-surveillance, les domaines où la question de la vie privée se pose sont nombreux. Vous pourriez même être surpris du nombre de choses qui ont trait à la vie privée, si l’on y réfléchit bien : le passage au lit double en fait partie. Comment ? Je vous laisse le découvrir.

■ Nicolas SCHWEISGUTH

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DOSSIER

UNE BRÈVE HISTOIRE DE LA VIE PRIVÉE On la perçoit comme un dû ou comme un droit, pourtant la vie privée est une pure construction sociologique. Elle n’est pas un de ces concepts immuables, comme celui de liberté, mais participe d’un regard porté sur l’individu et dont le sens a évolué.

A

ujourd’hui encore, les limites de ce qui fait la vie privée et la sphère publique ne sont pas définies à l’unanimité. Un simple exemple suffit pour s’en convaincre: le droit à l’image, assimilé en France à la notion de vie privée, n’est pas plus important aux États-Unis que le principe fondamental de liberté d’expression, comme l’ont rappelé cet été les photos de DSK menotté diffusées sans scrupule par les médias américains.

En Occident, il a fallu attendre le XVIIIe siècle pour que la famille bourgeoise, se restreignant alors subitement aux parents et aux enfants (excluant ainsi les domestiques), prenne ses distances vis-à-vis de la société, de ses membres, ainsi que du monde du travail. Jusque-là, l’espace social ne pouvait être que public : dépourvu d’identité personnelle, l’individu ne pouvait pas revendiquer une sphère privée, un espace clos au sein duquel il pouvait s’enfermer pour mieux s’épanouir. Pour preuve, le sociologue François de Singly reprend dans Le Dédoublement de la vie privée l’exemple du scandale provoqué par une Marie-Antoinette qui avait décidé de se retirer « dans les petits appartements » de Versailles, afin d’y mener une vie autre que celle que lui imposait la cour.

C’est à cette nette séparation entre vie privée et vie publique que l’on doit l’émergence de l’idée d’intimité privée.

Cette individualisation franchit un nouveau cap au XIXe siècle, lorsque l’homme devient capable de mener une vie différente de celle qu’il a chez lui (emploi à l’extérieur du domicile familial, retrou-

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vailles entre hommes au café...). Puis dans les années 1960, lorsque les féministes revendiquent à leur tour la maîtrise de leurs corps et leur indépendance vis-à-vis de leurs époux. En somme, la vie privée est, au fil des siècles, devenue l’espace intime au sein duquel les rela-

individu en dévoilant toute leur intimité au grand public, et prouvent ainsi qu’aujourd’hui l’individualisation peut aussi se construire dans la sphère publique.

Télé-réalité et réseaux sociaux confortent de nos jours les partisans de la mort inéluctable de la vie privée : à force de partager de plus en plus d’informations en ligne, l’individu serait en train de renoncer à sa vie privée. Un comportement que l’on attribue souvent aux jeunes générations ayant grandi avec l’Internet.

Le paradoxe de leur conduite est saisissant : filmés dès leur gestation, placés en permanence sous la surveillance de leur famille ou de leurs professeurs, ce sont pourtant eux qui perçoivent le plus mal les risques de la société de surveillance.

Mais ne faut-il pas au contraire penser que ce sont eux qui redéfinissent aujourd’hui l’essence de la vie privée ? Et si la vie privée n’était devenue rien d’autre que ces précieux moments que les ados ont le sentiment de contrôler à leur guise et dont ils profitent pour communiquer en toute confidentialité ?

tions familiales se déploient – la vie privée familiale - mais également l’intimité personnelle que chacun revendique malgré tout LA VIE PRIVÉE EST, AU au sein de cet espace FIL DES SIÈCLES, DEVEfamilial clos.

NUE [...] L’INTIMITÉ PER-

De surcroît, nous restons encore libres de choisir les informations que nous partageons en ligne : rien ne nous François de Singly parle SONNELLE QUE CHACUN empêche à ce jour REVENDIQUE. ainsi des « individus d’avoir plus d’amis sur individualisés » pour Facebook qu’en vrai, de faire référence à ces êtres modernes qui nous construire une personnalité factice « veulent avoir une vie privée personsur nos blogs, et ainsi de créer des zones nelle qui ne se confonde avec aucune d’ombres autour ce que l’on a de plus autre vie, même privée familiale ». Et intime. Alors rassurons-nous, la fin de la bien qu’appartenant à tel ou tel groupe, vie privée, ce n’est pas pour tout de suite. ils refusent que celui-ci les définisse entièrement. Pourtant, cela n’empêche pas la société actuelle de regorger de pratiques qui semblent incompréhensibles à cet égard. Pensons ici aux émissions de télé-réalité à la Secret Story, où les candidats prétendent se construire comme ■ Elodie LEAL

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DOSSIER

VIE PRIVÉE VOIE PUBLIQUE, LE PARADOXE Comment réagiriez-vous si l’on vous annonçait quelque chose d’inédit sur votre chanteur préféré ?

Peut-être vous diriez-vous que vous en avez encore à découvrir sur ces personnalités pourtant si connues… ou que, finalement, même ces célébrités ont une vie privée, à l’abri des paparazzis !

L

La vie privée est une notion floue, surtout lorsqu’elle concerne les personnalités médiatiques ; chacun la gère à sa manière et en fonction de ce qu’il veut ou ne veut pas faire savoir. Il est donc difficile de tracer une frontière définie entre sphères intime et extérieure, entre vie privée et vie publique. Le caractère « privé » est néanmoins subjectif puisque pour certains, être dévoilé est un outrage à leur intégrité alors que pour d’autres, rien n’est à cacher. Lorsque la petite Giulia est née, aucun reportage fleuve n’est paru dans la presse people, tout juste quelques photos. Ce changement radical de stratégie médiatique de la part de ses parents est assez surprenant au vu de leurs relations précédentes avec les médias : on peut y voir un souci de discrétion que la période pré-électorale rend compréhensible.

qui les concernent est essentiel en théorie, au nom du droit de propriété ou de l’atteinte à la pudeur, mais en pratique, il est rarement respecté et peu de gens maîtrisent réellement l’impact que peut avoir un article.

En même temps, certains articles nous donnent l’impression d’entrer dans l’intimité de la personne interrogée, mais on

en ressort bien souvent sans rien savoir Les nouvelles des personnalités sont de plus qu’un épisode amusant et sans souvent largement diffusées dans les importance. Récemment, Rihanna nous médias, que cela concerne les « stars » livrait qu’elle avait eu la plus grande honte de la jet set ou de la politique, comme de sa vie dans un salon de beauté. « A Silvio Berlusconi ou Dominique Strausschaque fois que je vais me faire épiler je Kahn. Grâce à son empire médiatique, réclame une femme d’un certain âge qui le premier continue à faire parler de lui, parle russe et qui ne comprend pas l’and’accueillir des journalistes dans ses apglais, et là j’ai eu droit à une Américaine partements romains alors qu’il a quitté de 25 ans qui n’arrêtait pas « Je sais qui la scène politique italienne ; le second vous êtes, vous êtes Rihanna ! ». C’était est devenu une trop louche. L’arvictime « préda- LE CONSENTEMENT DES PEOPLE ticle semble nous trice » aux yeux À LA PUBLICATION D’INFORMA- apprendre quelque des lecteurs qui TIONS QUI LES CONCERNENT chose d’inédit sur sont presque surune chanteuse pas pris lorsqu’un jour- EST ESSENTIEL EN THÉORIE, trop pudique, alors nal n’en parle pas. MAIS EN PRATIQUE, IL EST RA- qu’en réalité on Le quatrième pouapprend seulement REMENT RESPECTÉ. voir est en effet que, comme beaudevenu, que les intéressés le veuillent coup de femmes, elle prend soin d’elle et ou non, l’arène où se jouent les réputaqu’il lui arrive parfois des petites mésations et les destins. Le consentement des ventures. Pas de quoi faire un scoop ! Et people à la publication d’informations pourtant, l’article aura eu un fort impact

grâce à un titre aguicheur, rien de plus !

Selon la définition un peu formelle de l’Encyclopédie Universelle, la vie privée est « la capacité pour une personne à s’isoler afin de se recentrer sur sa vie et de protéger ses intérêts ». Sans règles précises, protection de la vie privée et liberté d’expression deviennent antagonistes et seul le respect dû à chacun peut les faire coexister harmonieusement. Le droit à la vie et à la propriété privée fut inscrit dans la Déclaration des Droits de L’Homme et du Citoyen de 1789 dans un contexte de fortes inégalités sociales qui a perduré ; en mai 68 les étudiants martelaient à nouveau les pavés pour revendiquer une plus grande liberté d’expression. « La liberté est le crime qui contient tous les crimes.

C’est notre arme absolue. » « Il est interdit d’interdire » répétaient les étudiants de la Sorbonne alors qu’Assas plus méfiante se contentait de crier « Penser ensemble, non ! Pousser ensemble, oui ! ». Le droit à la vie privée est fondamental mais, dans certaines positions sociales, il peut devenir un emprisonnement. Sans indiscrétion, la vie aurait un arrière-goût d’ennui, et comme le disait Oscar Wilde : « La morale est une attitude que nous adoptons vis-à-vis des gens que nous n’aimons pas. » Les indiscrétions médiatiques sont-elles vraiment « tendances » ? Est-ce un phénomène nouveau ? On ne peut à la fois aspirer à une vie rangée et discrète et, simultanément, vouloir assumer une position à forte visibilité politique ou médiatique. Tout est aussi question de durée et la différence est grande entre faire l’objet d’une brève AFP ou la Une de grands quotidiens… Mais finalement, comme George Harrison l’a chanté après la séparation des Beatles : « All things must pass ». ■ Maylis LOCKHART

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DOSSIER

LA VIE PRIVÉE, CE NOUVEAU BIEN DE CONSOMMATION La vie privée n’est plus simplement un concept mais bel et bien un outil, un bien. Qu’il soit déployé tel quel, utilisé comme moyen de communication ou revendu au plus offrant, qu’il le soit légalement ou non, le quotidien n’a jamais eu autant de valeur.

L

e géant Facebook a récemment accepté un accord à l’amiable dans le cadre d’une enquête menée par la Commission fédérale du commerce (FTC) américaine. Il s’est entre autres engagé à améliorer la confidentialité des données personnelles de ses membres.

Le réseau social est notamment accusé par la FTC d’avoir divulgué à des annonceurs publicitaires des informations concernant la vie privée de ses utilisateurs sans leur accord. De nombreuses marques sont en effet avides de ce type d’informations : elles permettent à une entreprise de mieux cibler les envies et goûts de certains de ses clients et donc de personnaliser la manière dont elle va les attirer. Fondées sur le même principe, les cartes de fidélité tiennent lieu d’historique des produits précédemment achetés par un client indiquant ainsi les offres les plus susceptibles de plaire à ce dernier. Si dans le cas de Facebook le nonrespect de la vie privée est flagrant et a été admis à demi-mot par son illustre fondateur Mark Zuckerberg, les cartes de fidélité représentent une intrusion implicite dans la vie privée des consommateurs qui est souvent ignorée de ceux-

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ci. Cependant, il est facile pour un client choc sur des sujets dits confidentiels. La de reconnaître l’utilité d’une pratique qui vie privée semble être devenue un outil lui permet d’avoir accès à des offres perde communication comme un autre. En sonnalisées sans avoir pour cela à remeffet, comme tout outil de communicaplir des formulaires, tion, elle peut amélioou même simplement L’IMMERSION DANS LA rer la popularité d’une à le demander. Le pro- VIE PRIVÉE FAIT VENDRE, personne ou lui nuire, blème ici est donc plus ET CE DANS TOUS LES SENS selon l’usage qui en lié à la transparence de est fait. Parler de sa DU TERME. ces pratiques, l’idée vie familiale ou d’un étant d’inciter les marques à plus compassé douloureux est ainsi devenu un muniquer sur ce qui est fait des informamoyen pour les célébrités de s’humanitions récoltées afin de donner l’opportuser aux yeux de leur public qui se sent du nité aux consommateurs de choisir en même coup plus proche de ces gens qui toute connaissance de cause de partager paraissent si inaccessibles. L’expansion ou non ces informations. de ce phénomène, aussi désolant qu’il soit sur le plan moral, ne semble pas sur Quoi qu’il en soit, l’immersion dans la le point de s’arrêter. vie privée fait vendre, et ce dans tous les sens du terme. Qu’il s’agisse d’émissions L’observation de la vie privée d’autrui télévisées mettant en scène de parfaits pousse également de manière indirecte inconnus ou d’informations crousà la consommation. Si tout le monde tillantes sur le quotidien de personnes ne cherche pas à tout prix à imiter les célèbres, la vie privée n’a jamais autant moindres détails du quotidien de ceux intrigué le public. Le plus étonnant est qu’il admire, chacun s’en inspire dans ses que cette intrusion est de plus en plus orhabitudes de consommation. Cet arguchestrée par les premiers concernés euxment utilisé dans de nombreuses publimêmes. La presse à scandales regorge cités - qui consiste à mettre en scène de de ces « stars » en mal de reconnaissance manière idéalisée les instants les plus qui n’hésitent personnels de la vie pour pousser le client pas à rendre potentiel à un certain mimétisme de ce publics cerqu’il voit - n’est pas le fruit du hasard. La tains de leurs vue ou la connaissance de détails sur la « secrets » vie privée de quelqu’un d’autre, lorsque afin d’assurer ceux-ci sont attractifs, donnent envie la promotion d’être imités. Dans ce cas, les produits et d’une de leurs accessoires sont autant de moyens à la créations, ou reproduction de cet idéal qui paraît alors simplement possible puisqu’il existe pour autrui. Une de s’assurer égérie connue pour avoir réussi sa vie de rester sous personnelle autant que professionnelle le feu des prosera plus à même de faire vendre qu’une jecteurs. Les égérie en plein divorce ou connue pour librairies sont ses problèmes de santé mentale par pleines de ces exemple. Encore faut-il pour cela être au autobiogracourant de ces détails la concernant… phies remplies de révélations ■ Alexia FALLE

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DOSSIER

VIDÉOSURVEILLANCE ET RESPECT DE LA VIE PRIVÉE Il y a aujourd’hui plus de 20 000 caméras qui surveillent la voie publique en France. Un chiffre en constante augmentation, par l’action d’un gouvernement toujours soucieux de placer le thème de la sécurité au centre des débats. Faut-il crier au scandale face à ce qui ressemble à une reconstitution grandeur nature du terrifiant Big Brother ?

L

e personnage du roman 1984 de George Orwell est bien évidemment présent dans tous les esprits et dans toutes les discussions lorsque l’on évoque la vidéosurveillance de la voie publique. Des réactions négatives s’élèvent régulièrement dans les médias face à ce qui est considéré comme la mise en place et la représentation parfaite d’un État policier. Les personnes à l’origine des bruyantes offensives contre ces mesures sécuritaires, la Ligue des droits de l’Homme ou le Collectif national anarchiste « Souriez vous êtes filmés » en tête, mettent en avant un point qui leur paraît essentiel : les caméras porteraient atteinte à leurs libertés fondamentales et à leur vie privée. Sur les forums de discussion abordant le sujet, des remarques reviennent fréquemment: « Je déteste cette sensation d’être observé, enregistré », « on ne sait pas à quoi elles serviront », « on ne sait pas qui il y aura derrière », « c’est un moyen de fliquer les populations ».

Soit. Et alors?

il semblerait que beaucoup soient de cet avis. Dans un sondage IPSOS réalisé́ en mars 2008 auprès d’un échantillon de 972 personnes, 71% des personnes interrogées se sont dites favorables à la présence de vidéosurveillance dans les lieux publics, 43% ont admis penser qu’il n’y a pas assez de caméras dans les espaces publics et 65% ont déclaré considérer que la vidéosurveillance permettrait de lutter efficacement contre la

délinquance et le terrorisme. Les caméras sont majoritairement vues comme un moyen efficace de dissuasion, et une arme que les autorités peuvent utiliser Si l’on n’a strictement rien à se reprocher, pour intervenir plus rapidement lorsque en quoi le fait d’être filmé est-il gênant? besoin il y a. Loin du « Big Brother is watPersonnellement, cela ne me poserait ching you », la tendance générale serait aucun problème de donc que la vidéosursavoir que, potentiel- « ON NE SAIT PAS QUI IL Y veillance est garante lement, une personne AURA DERRIÈRE », « C’EST de sécurité. employée à cet effet UN MOYEN DE FLIQUER puisse avoir accès à LES POPULATIONS ». SOIT. Pourtant, rien n’est mes déplacements moins sûr, et même ET ALORS ? quotidiens. Boulangesi l’on est un fervent rie, école, supermarché, salle de sport, partisan de ce système, il convient de se en voilà des informations qui pourraient pencher sur ses résultats réels en termes me nuire ! Si c’est le prix à payer pour d’effets sur la délinquance. Paradoxaledes rues plus sûres, je signe de suite. Et ment, aucune étude évaluative de son

efficacité n’a jamais été menée sérieusement en France, comme si sa légitimité acquise au sein de l’opinion en faisait d’office une arme de choix. Mais selon des criminologues britanniques, l’utilité des caméras reste toute relative et est très variable selon le type de délits, les lieux surveillés, le matériel, la formation des employés chargés de visionner les images. L’absence d’une véritable étude en France, correctement conduite et sur la base de laquelle on pourrait rationnellement s’appuyer, est d’autant plus dommageable que le coût de la politique de vidéosurveillance est conséquent et en constante augmentation, que le phénomène se répand -plus de 1200 communes sont aujourd’hui concernées sur le territoire-, et qu’il suscite interrogations et débats.

En clair, pour choisir son camp, il faudrait presque s’en remettre à un sentiment plus qu’à un raisonnement. Et exprimer par là-même une manière de voir les choses et de concevoir sa vie privée.

Dire « je ne veux pas être fliqué, d’autant plus que rien n’a été prouvé sur le plan de l’efficacité », ou penser « peu importe qu’on connaisse mes agissements, car les caméras sur la voie publique ne peuvent pas être foncièrement défavorables au niveau de la sécurité ». Les sondages tendent à montrer que pour une grande partie des Français, le choix semble fait.

Ils préfèrent sacrifier une pseudo-vie privée contre un sentiment d’une plus grande sécurité, quand bien même il serait illusoire.

■ Marc-Florian SANTELLI

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DOSSIER

LE LIT DEUX PLACES, UN RITE DE PASSAGE ÉTUDIANT PASSÉ SOUS SILENCE. Le lit deux places nous désespère par son vide, ou …nous ravit par les possibilités que renferme cette fameuse « deuxième place ». Mais le passage du lit solo au lit deux places n’est pas aussi anodin qu’il en a l’air. C’est l’un des derniers rites de passage de notre société.

C

e sont ces deux places qui animent la célibattante new yorkaise, ou le vide de la deuxième place qui plonge la Bridget Jones européenne dans la dépression et c’est souvent l’anonymat de la place que chante le Casanova. Pour l’étudiant, il est soit l’étendard de sa liberté durement acquise au gré des déménagements, soit un acquis de longue date ayant fait l’objet de tractations familiales tacites ou non. Quoi qu’il en soit, l’acquisition d’un lit deux places n’est jamais anodine. Chacun a son histoire. Son premier lit deux places, c’est comme sa première fois : on en parle avec légèreté, comme si l’on avait passé l’âge de s’en émouvoir, mais on s’en souvient.

repas se déroule de manière conventionnelle et sans émotions visibles chez les parents.

Du moins, en apparence. Ils savent que le dernier achat du lit deux places prendra tout son sens ce soir. Entre le bœuf carotte et l’île flottante, ils s’attachent discrètement à regarder une dernière fois leur progéniture encore innocente. Demain, tout aura changé. Du côté de l’hôte, les émotions sont également palpables. Entre deux Les tribus amazoniennes ont conçu des sourires, lui aussi sait que ce soir sera un rites pour faire passer l’enfant dans l’âge grand soir. Le repas touche à sa fin, on de raison, changer de prénom, quitter monte dans la chambre. Le sujet du lit la terre des femmes pour rejoindre celle est à tel point tabou, que l’invité ne sait des hommes, adopter un nouvel habilpas encore si les parents lui ont gentilement. Notre société ment gonflé le vieux ultramoderne semble se SON PREMIER LIT DEUX matelas à une place du gausser de cette perte PLACES, C’EST COMME garage, ou ont déplié la de rites, car le rite, c’est SA PREMIÈRE FOIS : ON chauffeuse de la petite la chape sociale qui pèse, EN PARLE AVEC LÉGÈ- sœur. Et puis, la porte qui rattrape l’homme de la chambre s’ouvre. à différents âges de la RETÉ, COMME SI L’ON Le lit deux places se vie et qui l’oblige à plier AVAIT PASSÉ L’ÂGE DE tient là, devant eux. En face à la communauté. S’EN ÉMOUVOIR, MAIS un regard, le nouveau Aujourd’hui, les étuvenu comprend que ON S’EN SOUVIENT. diants jeunes et ambil’invitation n’était pas tieux ne croient plus aux rites, mais ils inintéressée et que leur histoire comy participent inconsciemment. Antoine mencera réellement ce soir.

De Saint-Exupéry affirmait que « Les Le lit deux places est bien un de ces rites rites semblent absurdes, mais façonnent de passage. C’est la potentialité d’un les hommes.». Ainsi, l’étudiant se livre autre dans son lit, chose que les parents aussi aux rites de passages : la cérémoont parfois (souvent) du mal à accepter. nie du permis, l’emménagement dans Se voir accorder ce lit, c’est se voir reconsa chambre de bonne, les partiels, tous nu comme un « autre » en puissance, qui des rites qui se donnent l’air d’être ancrés peut avoir une « autre » vie que celle de dans le quotidien, mais qui sont bien des la famille, qui peut fonder un « autre » passages de flambeau. foyer. Arracher le droit d’avoir ce lit, c’est Souvenez-vous : le grand soir approche. une conquête, une victoire : les parents Présentation en bonne et due forme aux perdent le droit de regard et d’informaparents de notre premier petit ami. Le tion sur sa vie privée. L’acceptation du lit

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deux places, c’est l’avant-dernier palier avant le grand départ du cocon familial.

Les quelques chanceux qui ont eu la chance d’avoir un lit deux places dès leur plus tendre enfance, ne se sentent peut-être pas concernés. Qu’ils se détrompent. Leurs parents sont tout simplement plus malins. N’ayant pas envie de connaître l’avancement de leur enfant dans sa vie personnelle et amoureuse, surtout amoureuse, ils ont choisi de désacraliser (dédramatiser ?) le lit deux places. Un lit deux places à l’âge de huit ans n’a aucune signification. Pourquoi en aurait-il une dix ans plus tard ? Joyeux leurre où il est plaisant de se complaire en tant que parent. D’ailleurs, il y a fort à parier que certains étudiants-futursparents choisiront de se leurrer une fois qu’ils seront confrontés aux affres de la paternité/maternité.

Le lit deux places, c’est le foyer à créer, c’est les clés de voiture que tend le père une fois le permis en poche, c’est la clé que vous laissent vos parents la première fois qu’ils vont en voyage sans vous, c’est le sésame de la reconnaissance de soi comme un « autre », avec sa vie privée, son « foyer » en puissance. C’est l’enfant qui se réjouit en nous, content d’être traité comme un « grand ».

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■ Sarah LAGDAA

DOSSIER

QUAND LA VIE DES AUTRES NOURRIT L’ART En matière d’art, les contours et les limites de la vie privée sont particulièrement poreux et flous : la « vie intérieure », tant de l’artiste que de son public, n’est-elle pas bien souvent le moteur et l’aliment de la démarche artistique ?

A

lors que les mesures de prosaient ». La vie de ces inconnus est tection de la vie privée n’en en effet l’objet d’une transformation finissent pas de se multiplier, et d’une recréation. L’artiste met certains artistes de la scène contempoainsi constamment à mal les tabous raine revendiquent le droit de faire de et les précautions qui entourent la l’intime (le leur comme celui des autres) notion moderne de vie privée. Mais un matériau artistique comme un autre loin de se contenter d’une percée et de l’utiliser au sein de leurs œuvres. dans la vie des autres, Sophie Calle L’art, dont le but est de montrer, de faire instaure avec le spectateur une voir, face à la vie privée, cachée et tenue relation particulière en lui donnant secrète par définition ? Si le rapprocheaccès à sa propre intimité : la sphère ment a de quoi interpeller au premier de la vie privée est ainsi transformée abord, cette alliance règne depuis touen véritable terrain de jeu. Dans La jours sur le monde de l’art, de la littéraFilature (1981), les rôles sont inverture aux arts plastiques, en passant par sés, et c’est la jeune femme qui se le cinéma et la musique. Tous les artistes retrouve dans la peau de l’obserpartent du réel et de leur appréhension vée : à sa demande, un détective des autres pour ensuite les transformer, privé suit l’artiste quotidiennement les retravailler par le biais de la fiction. et rend compte de ses activités.

Mais certains artistes contemporains Dans Prenez soin de vous (2007), vont plus loin encore et font de la vie son œuvre la plus connue du grand privée le fil d’Ariane de leur œuvre : c’est public, une lettre de rupture est décortile cas de Sophie Calle, dont le travail quée puis analysée par cent sept femmes tourne autour du thème de la vie privée de professions et d’horizons divers. La observée. démarche audacieuse de Sophie Calle Aux yeux de cette dernière, rien n’est trouve pourtant ses limites lorsqu’elle sacré, pas plus son intimité que celle se heurte à la sensibilité de son « sujet ». des autres : la provocation est au cœur L’intrusion est en effet parfois mal vécue, d‘une œuvre atypique qui opère un comme le montre l’exposition avortée constant va-et-vient entre sphère priLe Carnet d’adresses (1983) : après avoir vée et sphère publique. Nombre de ses trouvé par hasard un carnet dans la rue, œuvres prennent ainsi pour point de dél’artiste décide de contacter toutes les part la curiosité éveillée par un inconnu, personnes répertoriées afin de dresser et le désir d’établir une relation à disun portrait de son propriétaire. Mis au tance, une connexion courant d’un projet presque à sens unique. EN TANT QUE RÉCEPTEURS d’exposition du résulŒUVRE D’ART, tat final, le propriéSa première œuvre, D’UNE Filatures parisiennes C’EST SOUVENT L’EXPÉ- taire de l’objet s’y est (1978-1979), donne le RIENCE DE L’INTIMITÉ QUE opposé. ton et l’orientation de NOUS RECHERCHONS. son parcours à venir : Si la pratique intrude retour à Paris après sept années d’ersive et risquée de l’art par Sophie Calle rance, Sophie Calle prend en filature de peut choquer certains, elle peut aussi parfaits inconnus, retranscrit leurs déplanous renvoyer à nos propres pratiques cements et les photographie à leur insu. de spectateurs. En tant que récepteurs Si cette démarche peut paraître intrud’une œuvre d’art, c’est souvent l’expésive, voire « vampirisante », l’artiste prérience de l’intimité que nous rechercise qu’elle n’a agi que « pour le plaisir de chons, et ce désir d’authenticité peut les suivre et non parce qu’ils m’intéresnous placer nous-mêmes dans la posi-

tion du voyeur. Lire un livre, regarder un film, c’est aussi avoir un accès privilégié à cette sphère de l’intime qui nous fascine presque malgré nous. Au cinéma, le spectateur se laisse ainsi aller à l’illusion qu’il n’y a entre lui et l’histoire qui défile à l’écran aucun filtre, et que c’est bien la vie privée dans toute son authenticité qu’il contemple. Le film allemand La Vie des autres renvoie ainsi le spectateur à son propre « voyeurisme » par le biais d’une subtile mise en abyme: le spectateur observe à l’écran un général de la Stasi fasciné par la vie privée du couple d’artistes qu’il est lui-même chargé d’espionner.

Cette fascination pour l’intime s’éloigne pourtant radicalement du voyeurisme instrumentalisé par la presse à scandale : au travers de l’art, c’est la vie privée en général que nous cherchons à cerner, et non celle de quelqu’un en particulier. Le filtre de l’art met ainsi la vie privée à distance, comme sous globe, et permet une plus grande liberté d’action : qui saurait ainsi dire où est la vérité et où commence la fiction dans l’œuvre de Sophie Calle ?

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■ Marie MAILHOS

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INTERVIEW

Airnadette c’est quoi ? Le plus grand Air Band du monde, diraient-ils. Surtout six trentenaires surexcités, dont la folie sur scène n’a d’égal que la force de leurs surnoms. Nous en avons rencontré trois, à l’occasion de l’ouverture du 114, bar parisien de la rue Oberkampf dont ils ont pris la direction artistique, et comme ils le disent bien, « forcément, on se programme » !

En créant le tout premier Air Band (médiatisé correctement en tout cas), Airnadette découvre en direct une nouvelle dimension de la discipline de l’Air en général, qui ne se limite plus aux Championnats du Monde de Air Guitar. Ils se sont offert des salles, des concerts, des projets qu’ils n’auraient aujourd’hui pas connus en tant que musiciens. Moche Pitt décrit ça très bien dans une interview accordée à Télérama. « Quand on monte un groupe, on se retrouve devant trois pékins. Et en faisant de l’air, on part aux States et on a son quart d’heure warholien. » En tout cas, jouer de la guitare avec son nombril, chanter dans une brosse à cheveux et jouer de la batterie sans batterie ni baguettes, ça marche très bien. Comment avoir du succès en brassant de l’air ?

Réponse dans cette double-page !

G

unther Love, air-leader au legging doré, chanteur, air-guitariste et air-batteur. M-Rodz, la rappeuse 9-3-t’as-vu, air-guitariste et air-trompettiste. Château Brutal, arrivé avec 20 ans de retard, air-guitariste, airbatteur, et qui aime crier dans les brosses à cheveux. Tous les trois ont répondu à nos questions.

En deux ans, depuis votre série Cannes You Hair Me ? (de courtes vidéos d’Air Music, tournées pendant le Festival, ndlr), c’est devenu beaucoup plus pro ! Vous n’avez pas peur de perdre ce qui vous a construit et fait connaître ?

M-Rodz : Quand on a commencé, on n’avait que nos téléphones, on n’avait pas le choix. Là, depuis un petit bout de temps, on a un vrai mec avec des vraies caméras. Après, forcément, le contenu a évolué, parce qu’on a mangé des Corn Flakes tous les matins et que maintenant, on est devenu plus… Chic.

Gunther Love : C’est juste devenu une connerie un tout petit peu plus sérieuse, tout en restant sérieusement une connerie. Simplement, les gens nous font confiance. Ils estiment qu’on est capable d’assurer une première partie à Bercy : nous forcément, on est partant, tu comprends ? C’est pas spécialement nous qui avons bougé, c’est vraiment qu’on nous a proposé plein de trucs différents : un documentaire, une tournée aux US… Et du coup on s’est dit que ce ne serait

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pas plus bête d’aller faire une comédie musicale, et pourquoi pas la faire à Broadway carrément ?

De toute manière, c’est simple. Dès qu’on a annoncé un truc, ça s’est produit derrière. L’an dernier, par exemple, on a monté les marches de Cannes, annoncé comme plus grand groupe de musique du Monde, juste après Zinédine Soualem. On nous a pris en photo alors que personne ne savait qui on était et qu’on était habillé comme des sacs poubelles.

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C’EST JUSTE DEVENU UNE CONNERIE UN TOUT PET I T P E U P LU S S É R I E U S E , T O U T E N R E S TA N T S É R I E U S E M E N T U N E C O N N E R I E . ( G U N T H E R LOV E )

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Vous êtes le plus grand Air Band du Monde. Mais c’est juste un délire entre vous, c’est juste un truc qui vous fait rire ?

M-Rodz : Ah oui oui oui !

Gunther Love : Pas exactement, c’est un truc qui me fait rire et qui remplit mon frigo !

Château Brutal : Limite, ça fait presque rire mon frigo !

M : Ça a commencé comme ça : on s’est rencontré, on a commencé à déconner ensemble, à se dire des trucs du style « tiens, si on faisait ça, ça, ça ? », à s’enchaîner les tranches de kiff. Depuis, c’est juste devenu plus gros, et beaucoup plus kiffant !

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A I R N A D E T T E , C ’ É TA I T U N P E U L E F I L E T D E S É C U R I T É AU D É P A RT, E T O N S ’ E S T R E T R O U V É À P O U VO I R FA I R E D E S T R U C S Q U ’ O N AU RA I T J A M A I S E U L ’ O C C A S I O N D E FA I R E DA N S N O S G R O U P E S R E S P E C T I F S !

G : On est vraiment passé du menu Normal au menu XL. On est tous arrivé avec des projets à côté et on voulait en vivre.

Sauf que le système musical français ne te permet pas forcément de vivre de ta musique, à moins que vraiment tu sois un tueur. Airnadette, c’était un peu le filet de sécurité au départ, et on s’est retrouvé à pouvoir faire des trucs qu’on aurait jamais eu l’occasion de faire dans nos groupes respectifs ! Enfin, quand j’ai dit à mon groupe que je ne pouvais pas aller à la répétition du 15 Décembre parce que je faisais la première partie de M à Bercy avec Airnadette, ils ne le croyaient pas !

Résultat, j’ai pris ma vessie pour une Stratocaster, et ça avait la classe !

Et au contraire, vous n’avez pas peur de tomber dans la routine ? Vous avez toujours l’envie d’aller voir ailleurs, de tester de nouveaux terrains ?

M : On est six et on a à chaque fois des envies, des idées et des rêves différents. Même parfois des « Putain, ce serait cool de… » qui se retrouvent exaucés, comme par miracle. C’est ce que disait Gunther tout à l’heure, on annonce et ça se fait.

Là, on parle de Broadway par exemple. Eh bah bien sûr qu’on y va si on a l’opportunité. De toute manière, le dénominateur commun chez tous les six, c’est le kiff. D’une connerie on en enchaîne une plus grosse C : On a des envies de plus en plus grosses et finalement, la réalité dépasse presque la fiction avec nous. Et ça, c’est assez cool !

M : Nous on vise la lune, tranquille.

Mais justement, c’est quoi la Lune d’Airnadette ?

C : Pourquoi ? Vous êtes un Air Band aussi ? (Rires) J’sais pas, là par exemple, mon kiff, ce serait d’aller jouer sur la péniche près de la Tour Eiffel par exemple !

M : Moi, comme Justin Bieber, je jouerais bien pour Obama.

C : Mais, ce serait peut-être à vous-même de nous dire ce que vous voudriez qu’on fasse.

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3

air-musiciens déjantés

130

champions du monde de Air Guitar

concerts en tout

4

"

Je sais pas, je verrais bien un album d’Airnadette !

G : ET BIM !

M : Eh bah tu ne crois pas si bien dire ! Attends-toi à une grande surprise sur support CD, mais je te dis pas QUOI, ni comment, ni où, ni avec qui ! Mais bientôt une grande, grande, grande, grande maison de disques en 3, 4 ou 5 lettres…

G : En 3, en 3 (rires) M : … vous fera une grosse surprise.

G : En gros, comme toute comédie musicale ou comme tout film, et bien la Comédie Musiculte aura SA bande-originale, et celle-là elle va faire mal. Vu qu’Airnadette, c’est en plus des sacrés businessmen, on ne s’est pas trop mal démerdés et je pense que ça va faire jackpot !

M : Voilà, et là, t’auras du Roi Lion entre un ABBA et un Queens of the Stone Age, autant te dire que celle-là, elle va faire plaisir à tes parents !

Et vous n’êtes pas au fond juste un produit marketing ? Rigolo, certes, mais qui se fonde juste sur de la pub ?

C : Non mais t’as raison, Airnadette, c’est vraiment un cas Marketing super intéressant. On a quand même réussi à se faire du flouze avec que d’al !

G : On a réussi à vendre de l’air en tout cas. Et je pense qu’en France on est quand même les meilleurs pour vendre de l’air, pour s’imposer seulement avec du charisme et sans avoir une idée de fond. Et c’est vrai, Airnadette, c’est une marque avant tout. On pensait arriver en apportant des éléments artistiques et on se retrouve comme un putain de produit marketing. Mais on a le mérite de pas être fait que de cellophane.

M : Mais vous avez beau rire et faire les malins, je suis sûr que le cas Airnadette sera étudié très prochainement chez vous !

G : Allez l’EDHEC, Bsartek !

Propos recueillis par David SILBERZAN, Elodie LEAL et Adrien GELIN et sélectionnés par David SILBERZAN

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Air Comédie Musicale

Vice-champions du Monde

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1

tournée musicale aux US

concerts à Bercy avec -M-

Les Airnadette reviennent dès le mois de Janvier 2012 pour une deuxième salve de la Comédie Musiculte au Divan du Monde à Paris. Ils restent également très actifs au 114, dans lequel ils se produisent assez souvent, une fois par mois à peu près. Toute leur actualité et leurs derniers concerts sur airnadette.com, tout simplement. Retrouvez l’intégralité de l’interview sur www.lescandaleux.fr

LE SCANDALEUX MAG’ N°12 - HIVER 2012

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SOCIETE

L’AIRSOFT : QUAND LE RÉALISME D’UN JEU CRÉE UNE POLÉMIQUE

Parmi les jeux de guerre les plus populaires (paintball, laser game,…), l’airsoft détient la palme du réalisme. Loin de lui attirer un succès retentissant, cette caractéristique en fait plutôt une discipline à part, voire confidentielle. La cause ? Une sourde méfiance de la part de l’opinion générale…

P

ersonne à droite, personne à gauche... J’avance rapidescénario précis. Cependant, les lanceurs utilisés en airsoft sont ment vers le bâtiment puis franchis la porte d’entrée en des répliques de véritables armes, dont le réalisme est souvent vérifiant qu’elle n’est pas gardée. Je sangle mon fusil M4 troublant. Les projectiles - des billes de plastique de 6mm - sont dans mon dos, préférant une arme de poing plus maniable et envoyés à des vitesses vertigineuses et peuvent atteindre une réactive en milieu confiné. La main crispée sur mon Taurus cible jusqu’à 80 mètres avec une certaine précision. Plus encore, PT99, je passe donc furtivement la tête derrière le mur pour tous les détails sont travaillés pour pousser ce réalisme au plus surveiller l’escalier. Il reste maintenant 4 minutes avant que haut point : depuis les véritables tenues de treillis portées par la bombe n’éclate, et les 5 terroristes restants sont encore sur les joueurs jusqu’au mécanisme des répliques en passant par les leurs gardes dans ce bureau déserté… Soudain, un coup de feu. équipements : lampe tactique, visée laser, talkie-walkie…

Il vient de la porte du fond. En un millième SOULÈVE UNE L’airsoft, un défoulement malsain ? de seconde, je sens le projectile arriver, je L’AIRSOFT CRAINTE TYPIQUE DE NOTRE perçois sa violence et sa fatalité étouffe ma dernière respiration. Je l’entends siffler à ÉPOQUE : L’INFLUENCE DES C’est justement du réalisme de ce jeu que mes oreilles dans sa mortelle trajectoire vers JEUX DE « COMBAT » SUR LES se plaignent ses détracteurs : pour beauma tête. Puis vient l’ultime choc. « OUT ! » Je coup, la guerre n’est pas un divertissement COMPORTEMENTS. lève les mains en signe de disqualification et et s’amuser à se « tirer dessus » est une ressors tranquillement pour aller ressusciter… activité puérile, immature, voire malsaine. De manière générale, les arguments avancés dans ce sens sont assez similaires Selon les opinions, l’airsoft est un sport ou une aberration. Techà ceux que l’on oppose habituellement à certains jeux vidéo : niquement, il s’agit d’un jeu de combat en plein air de la même on condamne principalement une banalisation de la guerre, un trempe que le paintball : des joueurs armés de lanceurs de proencouragement à la violence, un défoulement de pulsions de jectiles s’affrontent – la plupart du temps en équipe – selon un mort.

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SOCIETE Souvent mal perçue, cette activité présente de plus le défaut de ne pas être reconnue à un quelconque niveau officiel. En effet, si le paintball pour sa part bénéficie d’une fédération et du lot « licences, tournois, coupe » qui l’accompagne, l’airsoft reste lui une pratique administrativement sauvage, ce qui n’est pas pour améliorer sa popularité. Ce caractère inévitablement officieux implique également des dangers sur le plan de la pratique elle-même : la situation se trouvant ainsi peu propice à la création d’associations ou de clubs, les joueurs sont par conséquent souvent forcés d’occuper des terrains improvisés : bâtiments abandonnés, usines désaffectées, maison inachevées…

Avec tous les risques d’accident et de poursuites judiciaires que cela représente.

Un sport d’équipe enrichissant ?

Prenant le contre-pied des bien-pensants, les joueurs d’airsoft tiennent à distinguer au maximum l’activité de l’aspect « violent » qu’elle contient aux yeux de certains. Ainsi donc, on ne parle jamais d’ « arme », mais plutôt de « réplique ». On ne tire pas de « balles », mais bien des « billes ». Et bien entendu, on ne « tue » pas un adversaire, on le « sort ». Ainsi dénuée de son apparence agressive au prime abord, l’airsoft apparaît comme une activité de plein air, enrichissante du point de vue de l’esprit d’équipe, et demandant une certaine réflexion tactique et stratégique. Une discipline saine, un sport original pour lequel des limites de puissance sont établies par les équipes de joueurs dans le but d’éviter les blessures.

Le débat sous-jacent L’airsoft soulève une crainte bien caractéristique de notre époque : celle de l’influence des jeux de « combat » sur les comportements. Même si cette appréhension n’est née que récemment avec l’apparition des jeux vidéo, il convient de prendre du recul sur le sujet. Quelle part de responsabilité peut-on imputer aux jeux de tir – virtuels ou non – dans la médiatisation de la violence ? Est-elle plus grande que celles du cinéma et de l’actualité conjuguées ?

Interroger l’Histoire amène à d’autres pistes de réflexion : peuton réellement affirmer que ce genre de divertissement soit inhérent à notre époque ? D’autres disciplines telles que la chasse ont, par le passé, fait partie des mœurs et de la culture nationale. Pour autant, il serait douteux d’affirmer que ledit passé ait été moins riche en guerres, en délinquance et en insécurités en tous genres. De nos jours, nous jouons à des jeux virtuellement violents, nous nous repaissons de la guerre simulée. Mais de nos jours, nous connaissons également l’une des périodes de paix les plus longues de l’Histoire de l’Europe.

Si un lien de causalité significatif ne peut être clairement établi entre les jeux de combat et la violence qui court nos sombres rues, quelles peuvent donc bien être les raisons d’une telle

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Les faux combattants pourraient-il empêcher la vraie guerre ?

Le 4 novembre 2011, un homme de 25 ans a sorti de manière ostensible une réplique airsoft de type « fusil à pompe » dans un train « Intercités » entre Bar-sur-Aube et Culmont. Sans menacer les passagers, l’homme a manipulé tranquillement sa réplique avant de descendre à la gare et continuer son chemin en toute insouciance.

Cette inconséquence a néanmoins généré une certaine inquiétude et conduit à l’évacuation puis à la fouille du train. Identifié par les images de télésurveillance, il sera plus tard interpellé puis relâché après avoir révélé la vraie nature de l’objet. méfiance à l’égard d’activités comme l’airsoft ? Peut-être devrait-on chercher du côté de certains traumatismes sociaux et culturels plus actuels tels que le terrorisme ou même l’ombre – encore bien présente – des dernières guerres ayant éclaboussé l’Europe. Mais une fois encore, une responsabilité de l’airsoft vis-à-vis de ces éléments est bien peu concevable...

Sans chercher à créer d’interlopes raccourcis, on peut aller jusqu’à explorer d’éventuelles implications positives dans la pratique des jeux de combat. Par exemple, l’effet soupape. Celui-ci permet à des individus d’expérimenter dans la vie réelle l’action que leur vend le cinéma ou même les jeux vidéos. De même, cette curiosité vis-à-vis de la situation de combat se retrouve satisfaite, quand bien même l’actuelle période de paix en Europe rend ledit combat improbable et lointain. Cela reviendrait alors à maintenir un équilibre des pulsions et contrôler intelligemment les désirs de ces personnes sans pour autant qu’elles ne soient amenées à mettre en jeu leur vie et celle d’autres humains.

■ Vincent POCHOLLE

m/s : c’est la vélocité de bille maximale admise en France pour une réplique d’airsoft (pour une bille légère : 0.20g). Au-dessus de cette limite, la réplique est considérée comme une arme de 7ème catégorie.

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INTERNATIONAL

PAROLES D’ESCLAVES SEXUELLES DE DICTATEURS

Derrière chaque grand homme, il y a une femme…derrière chaque tyran aussi. A l’heure des printemps arabes, les hommes se sont soulevés contre les régimes, contre la folie d’une poignée d’hommes qui a mené des peuples entiers vers l’abîme. La fin d’un régime tyrannique ne fait qu’annoncer le début d’une ère de silence et de honte pour les femmes aux côtés de ces tyrans. De Najwa Ben Laden aux amazones-esclaves sexuelles de Kadhafi : récits de femmes usées.

C

’est une visite présidentielle dans l’école primaire de ses leur esclavage, elles « supervisent » le viol : elles enseignent cousins, la petite fille élevée dans l’amour de Kadhafi est l’ « effeuillage » qui plaît à Kadhafi, les positions… Pour celles fière et heureuse de se présenter devant son « héros, le qui ont toujours refusé l’esclavagisme, c’est un viol tous les jours prince de Syrthe ». Lui aussi est ravi, la preuve, il pose la main ou presque pour les « favorites ». Elles ressortent griffées, blessur son épaule et lui caresse les cheveux lentement. La main sées, parfois « avec le sein déchiré » comme le fut Safia une fois. sur l’épaule, c’est le signal. Le signal est destiné aux gardes « Certaines sortaient directement de la chambre vers l’hôpiautour de Kadhafi pour signifier : « tu seras ma pute », comme tal » rajoute-t-elle. Combien sont-elles dans le cas de Safia ? il lui révélera plus tard après un énième Il est très difficile d’estimer le nombre de viol. La petite fille se prénomme Safia, LE SIGNAL EST DESTINÉ AUX jeunes filles qui ont été à la merci des perelle est aujourd’hui une belle brindille de GARDES AUTOUR DE KADHAFI versions sexuelles de Mouamar Kadhafi.

22 ans, qui a « l’impression d’en avoir 40 », POUR SIGNIFIER : « TU SERAS elle a décidé de raconter son calvaire. MA PUTE », COMME IL LUI RÉ- Considérées comme une fantaisie du dicQuelques jours après sa rencontre avec VÉLERA PLUS TARD APRÈS UN tateur dans les années 1990, cet esclavage Kadhafi, remue-ménage dans le salon de sexuel a été tacitement admis depuis, et ÉNIÈME VIOL. coiffure de la mère de Safia, le personnel ce, jusqu’à la chute du dictateur. La presse de Khadafi sonne à la porte et annonce le grand honneur fait internationale leur avait même donné un nom : les « amaà leur fille : « Kadhafi veut t’offrir des présents ». Safia n’hésite zones du guide », ne préférant voir en elles que des Lara Croft pas, « comment se douter ? » dit-elle. Elle est amenée dans le surentraînées aux arts martiaux et au maniement des armes. désert pour faire la rencontre de son idole. Il la reçoit brutaleLa psychologue Seham Sergewa raconte dans une interview ment, lui fait des avances, elle refuse, il la viole. Premier viol donnée au Times of Malta sa rencontre avec cinq de ces d’une longue série. Elle sera récupérée choquée, par les ama« amazones-esclaves sexuelles ». Elles lui ont raconté par le zones du dictateur. Les amazones, ce sont ces femmes qui ont menu leur état d’esclavage. C’est le chantage ou la détresse été choisies par le dictateur, mais qui ont pris le parti d’accepter sociale qui les ont amenées aux cotés de Kadhafi. L’une

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INTERNATIONAL

C'est le nombre d'amazones qui ont été recrutées par le général Kadhafi depuis 1983, date de création de l'Académie militaire pour femmes fondée à Tripoli. Cela représente environ une nouvelle "élève" par mois jusqu'à la mort du dictateur. Les critères de recrutement étaient relativement simples : les "heureuses élues" devaient être belles, vierges, intelligentes et, cela va de soi, bien entraînées. d’entre elles venait d’être renvoyée de l’université, on lui avait alors suggéré de demander l’intervention de Kadhafi pour être réintégrée. Son frère, dealer, était dans la ligne de mire du régime, on lui a alors posé un ultimatum : « soit tu deviens une garde du corps, soit ton frère va passer le reste de sa vie en prison ».

Elle savait ce que cela pouvait signifier, elle a décidé de passer les tests de réintégration en université, qui comprenait un test VIH effectué par une infirmière ukrainienne. (L’infirmière ukrainienne est une autre fantaisie caractéristique du « guide »). Une fois le test négatif, elle est envoyée à Bab-Al-Aziziya pour rencontrer le guide, qui a le bon goût de la recevoir… en pyjama. Là encore, il lui fait des avances, elle refuse, il la viole. Sa famille ne la reverra plus, elle est enfermée avec les autres esclaves sexuelles de Kadhafi.

L’année dernière, Seham Sergewa a été chargée par la Cour Internationale Pénale de constituer un dossier sur les viols en Libye, afin d’établir un chef d’inculpation supplémentaire contre le camp Kadhafi. Elle a notamment recueilli cette information qui témoigne de l’intensité perverse du personnage : Mouamar Kadhafi avait décidé d’utiliser le viol comme arme contre ses opposants, en se procurant, notamment des containers entiers de médicaments du type du Viagra, afin d’augmenter la possibilité de violer des femmes.

Times la questionne sur ses moments préférés avec le chef d’Al Qaida, elle répond « l’heure du coucher, car c’est le moment où j’avais toute l’attention de mon époux pour moi seule ».

C’est là un constat amer : pour cette femme, être un esclave sexuel, c’est être le maillon d’une chaîne qui mène au plaisir du maître, c’est un moment de gloire que l’on peut se vanter d’avoir vécu auprès des neuf autres concurrentes.

De Charles Taylor à Saddam Hussein, lorsque ce type d’hommes furent jugés et condamnés, ils le furent pour « crime contre l’humanité ». Leurs chefs den, portrait de famille: sa femme et son d’inculpation comportaient l’accusation fils racontent. Najwa Ben Laden, mère d’esclavage sexuel sur des hommes ou d’Omar, y livre son quotidien aux côtés des femmes. En effet, en 2008, la comde l’ennemi de l’Amérique. Elle est une munauté internationale, par la résoluépouse soumise, vivant une vie confinée tion 1820 du Conseil de sécurité des Naet tenue à l’écart, comme les neuf autres tions Unies sur femmes du terPOUR CETTE FEMME, ÊTRE UN ESles femmes, la roriste. Omar, lui, CLAVE SEXUEL […]

C’EST UN MOpaix et la sécuriadulait son père, mais il raconte MENT DE GLOIRE QUE L’ON PEUT SE té, a reconnu que une enfance VANTER D’AVOIR VÉCU AUPRÈS DES le viol et d’autres formes de viobaignée dans la NEUF AUTRES CONCURRENTES. lence sexuelle violence. Petit à pouvaient constituer un crime de guerre, petit, au vu des traitements réservés à un crime contre l’humanité et un élésa mère, Omar se détourne de son père. ment constitutif du crime de génocide.

Puis arrive la rupture : Oussama demande à ses fils de se porter volontaires pour Malheureusement, la grande majorité des attentats suicides. Pour le fils, c’en de ces femmes ne parleront jamais. Trop est trop: il coupe les ponts avec son père. de honte. Trop humiliant. Mais surtout C’est de son regard de petit garçon qu’il elles redoutent l’opprobre de toute une s’étonne à l’époque : « Lorsque mon père société. Elles resteront salies à jamais, revenait de ses missions-Jihad, il s’enferrenonçant à prendre la parole, pour mait avec ma mère pendant des jours, ramener et garder vers soi, les quelques ils ne sortaient jamais de la chambre ». miettes d’estime qu’il leur reste…

Najwa Ben Laden avoue avoir vécu une vie difficile, au contact d’un mari absent.

■ Sarah LAGDAA Paradoxalement, lorsque le New York

Oussama Ben Laden n’était pas, non plus, le plus tendre des amants comme le raconte son fils Omar Ben Laden dans l’ouvrage autobiographique paru en 2010: Oussama Ben La-

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SPORT : RETOUR SUR UN CLASSIQUE

LA MANO DE DIOS Le 22 juin 1986, dans le stade Azteca de Mexico, en quart de finale de la Coupe du Monde, Maradona a inscrit l’un des buts les plus controversés de l’histoire. Et pour cause, il le marqua avec la main.

Retour sur l’un des épisodes les plus célèbres de l’histoire du Mondial.

B

ref rappel historique. Nous sommes Maradona se sent investi d’une mission en juin 1986, au cœur du Mondial nationale. Il veut venger l’honneur de mexicain. L’Argentine s’apprête à son pays. Et comme un symbole de l’hisdéfier l’Angleterre. Et c’est peu dire que toire de sa vie, défendre le peuple contre ce match sent la poudre. En 1966 déjà, les puissants. Le Sud contre le Nord. lors de la Coupe du Depuis le début de la Monde organisée par IL ÉTAIT UNE ICÔNE DE Coupe du monde, el les Anglais, les équipes LA RÉBELLION, DE LA Pibe de Oro mène brils’étaient déchirées en PROVOCATION, DE LA lamment son équipe. quart de finale, le match MALICE, ET D’UNE CER- Véritable plaque touraboutissant même à la nante de l’Albiceleste TAINE IDÉE DE L’ANTI- la sélection argentine -, création du fameux carSYSTÈME. ton rouge, synonyme il s’affirme comme le d’exclusion, à cause de l’attitude du capimeilleur joueur du tournoi. Et tout le taine argentin Rattin, qui avait refusé de monde se demande alors s’il va être quitter le terrain. Les dirigeants anglais capable de réaliser l’exploit, à savoir arriavaient qualifié les Argentins d’animaux, ver à emmener une équipe moyenne empêchant leurs joueurs d’échanger talentueuse tout au plus mais loin d’être leurs maillots avec leurs ennemis du jour. exceptionnelle - jusqu’au titre suprême.

Le contentieux entre les deux sélections Après ce match contre l’Angleterre, la est donc lourd, et la rivalité est d’autant question ne se pose même plus: Diego plus vivace qu’en 1982, l’Angleterre avait n’est pas de la race des grands joueurs, il défait l’Argentine dans la guerre des Maest tout simplement une légende. louines. C’est dans un contexte pesant que le monde voit arriver le match entre À la 51ème minute, el Diez profite d’une deux des grosses cylindrées de la compéerreur de la défense anglaise pour se retition. trouver en duel aérien face à l’immense gardien britannique Peter Shilton. Et contre toute attente, il en sort vainqueur et ouvre le score. Bien entendu, il a touché le ballon de la main pour surclasser le portier de la sélection aux Trois Lions.

Les Anglais crient au scandale. Tout le stade a vu la supercherie ? Sauf l’arbitre tunisien, Ali Bennaceur, qui valide le but.

Le mal est fait. Quelques minutes après, Diego Maradona immortalisera encore un peu plus le match par ce qui est considéré comme le but du siècle, suite à un slalom phénoménal au milieu de la quasi-totalité de l’équipe anglaise. Mais c’est dans son interview d’après-match que l’Argentin forgera la dimension mythique de son geste, lorsqu’il lance à un journaliste que ce but a été marqué « un poco con la cabeza de Maradona y otro poco con la mano de Dios » (« Un peu par la tête de Maradona, un peu par la main

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de Dieu »). La légende était née.

En effet, si Maradona est ainsi resté dans les annales, c’est bien sûr parce qu’il était un joueur de génie, mais c’est surtout qu’il était une icône de la rébellion, de la provocation, de la malice, et d’une certaine idée de l’antisystème. Son geste a d’ailleurs inspiré des générations. Le populaire chanteur Argentin Rodrigo Bueno lui avait dédié sa célèbre chanson La Mano de Dios. Et Lionel Messi avait même joué la Coupe du Monde 2006 en Allemagne avec des chaussures sur lesquelles était brodée l’inscription « 86 La Mano de Dios ». Encore une preuve de l’aura du personnage, qui aura réussi à faire d’un acte à la base honteux et antisportif un élément essentiel et presque glorieux de sa légende. Et ce n’est pas donné à tout le monde, n’est-ce pas Thierry Henry ?

■ Marc-Florian SANTELLI

La main de Dieu est un geste qui a marqué les esprits, comme en témoigne cette inscription sur les crampons portés par Messi lors du Mondial 2006.

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RADIO NOVA OU L’EXPLORATION CONSTANTE

MUSIQUE

Lille, ville culturelle, jeune et dynamique, reste mystérieusement l’une des dernières grandes villes françaises (avec Lyon et Toulouse) à ne pas diffuser LA fréquence qui donne envie de redécouvrir cet objet préhistorique qu’est le poste de radio. Pourquoi n’avons-nous pas le droit à Nova ?

I

l est vrai qu’à l’heure d’Internet, on aurait presque pu s’en passer : pouvoir choisir nous-mêmes ce que l’on va écouter, ne plus avoir à subir des publicités redondantes et interminables sur lesquelles se fixent nos dernières parts de cerveau disponibles, l’accès direct à la discographie universelle, etc. Mais avec Youtube, Spotify ou iTunes, il manque ce côté hasardeux de la radio, rendant plus agréable toute découverte sonore.

Il ne s’agit pas là du discours d’un fanatique vantant une radio underground à moitié pourrie. Radio Nova n’a plus à faire ses preuves dans le monde radiophonique : c’est elle qui a commencé à diffuser le hip-hop en France au début L’absence de Radio Nova à Lille ne s’explique pas par une absence généralisée dans des années 90, avec des animateurs/ les villes de 500.000 habitants. D’un point de vue démographique, cette décision est DJ comme Dee Nasty qui accueillaient même incompréhensible. Des villes comme Dreux, Agen ou Laval disposent de leurs alors pour des freestyles les jeunes NTM propres fréquences. Il serait aussi illusoire de chercher une raison dans un quelconque ou Ministère AMER. C’est aussi là que refus de développer des nouvelles antennes : l’autorisation de créer une fréquence à se sont fait connaître des personnaliSaint-Etienne a été acceptée en octobre dernier. Difficile donc de trouver une explités médiatiques de premier plan aucation à cette absence, mais voyons le bon côté des choses : si le développement des fréquences est encore d’actualité, Lille pourrait aussi en profiter dans les mois à venir. jourd’hui, comme Ariel Wizman, Frédéric Taddeï, Édouard Baer ou encore Jamel Debbouze, sans oublier Omar et Fred. au rock psychédélique, Heureusement, malgré l’absence de Avec sa programmation C’EST DE CETTE COHÉ- une compagnie idéale fréquence sur la métropole lilloise, éclectique, toujours les Lillois peuvent toujours trouver un de qualité et souvent RENCE DANS LES CHOIX pour tout amateur de moyen d’écouter Nova, sur Internet géniale, on écoute à MUSICAUX ET DANS LA musique. Nova a cette ou avec l’application pour smartphone nouveau la radio: on FAÇON DE LES DIFFUSER faculté particulière de diffuser des sons qui (sans le charme du vintage de la bande analyse le son, on ferme QUE NAÎT LE SON NOVA. parviennent à nous FM cependant). Mais c’est dans la voiles yeux, le décollage plonger dans des atmosphères étranges ture que l’on souffrira le plus de cette est imminent. On se prendrait presque mais toujours réjouissantes. On a parabsence, quand l’autoradio cherchera pour nos aïeux devant leurs premiers vifois cette impression de faire un voyage désespérément la fréquence sans jamais nyles. La musique prend une dimension musical plus ou moins agité, dont on ne la trouver. On pourra aussi regretter que différente, elle devient plus précieuse, prendra conscience qu’un peu plus tard.

Radio Nova ne puisse pas se mêler à la et ce d’autant plus quand on ne connaît C’est là tout le talent des programmadéjà riche vie culturelle lilloise, par son pas l’auteur et que l’on sait qu’il n’y aura teurs de Nova (avec une mention spééventuel soutien à des artistes locaux ou peut-être pas de deuxième fois. ciale pour la programmation nocturne) : par ses événements culturels. Rien n’est diffuser les bons morceaux est une chose, jamais de trop.

Radio Nova s’est imposée comme une les enchaîner de façon à conditionner radio découvreuse de talents, en avance une atmosphère bien particulière en est sur son temps et n’hésitant pas à faire une autre. C’est de cette cohérence dans connaître au plus grand nombre les morles choix musicaux et dans la façon de les ceaux les plus expérimentaux. Bref, une diffuser que naît le son Nova.

■ Florent PAYZAN radio pouvant passer en douceur du rap

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CINEMA

MARILYN MONROE, ÉTOILE À JAMAIS ?

Le 5 août 1962, Marilyn Monroe est retrouvée morte chez elle, elle avait 36 ans. La disparition si jeune de cette icône aura probablement contribué à la faire entrer dans la légende. Que nous restet-il d’elle aujourd’hui, bientôt cinquante ans après sa mort ?

S

’il fallait citer les personnes qui ont marqué le XXe siècle, Marilyn Monroe serait à coup sûr évoquée. Celle qui est née sous le nom de Norma Jane Mortenson le 1er juin 1926 a marqué plusieurs générations et continue aujourd’hui de le faire, grâce à une grande carrière cinématographique, ainsi qu’un destin tragique.

Véritable sex-symbol, elle incarnait les canons de beauté de l’âge d’or hollywoodien. Elle a mis les blondes pulpeuses à l’honneur face à des Greta Garbo ou Elizabeth Taylor, à l’instar d’autres actrices telles Mae West ou Jean Harlow (qui ont d’ailleurs elles aussi connu un destin tout aussi tragique) notamment dans Les Hommes préfèrent les blondes.

Marilyn Monroe, c’est une actrice qui a côtoyé les plus grands au cours de sa filmographie : Jane Russell (son alter ego brune), Natalie Wood, Cary Grant, Tony Curtis, Clark Gable et encore tant d’autres … Marilyn Monroe, c’est aussi un passage par la chanson : elle interprétait souvent plusieurs chansons dans les films où elle jouait. Qui ne connaît pas Diamonds are a girl’s best friend ou I wanna be loved by you, issues respectivement de Les hommes préfèrent les blondes et Certains l’aiment chaud ?

tragique d’une femme qui n’a pas été épargnée par la vie. Née sans père et d’une mère qui était instable psychologiquement, elle fut plus tard déclarée pupille de l’Etat. Elle a toujours eu des relations plus que conflictuelles avec les hommes : elle s’est mariée une première fois à l’âge de seize ans, mariage qui s’est fini plus tard en divorce, les deux époux étant très jeunes et n’ayant pas grandchose en commun . Elle a été brisée par ses tentatives infructueuses pour devenir mère, ainsi que par ses unions tumultueuses avec les deux hommes de sa vie, Joe Di Maggio et Arthur Miller, qui se sont Mais n’oublions pas que Marilyn Montoutes deux soldées par des divorces, et roe doit pour une grande partie son aura des séquelles psychologiques. Il était à ses interactions avec des hommes de plus difficile pour elle de supporter très influents : une la pression des mérelation présu- MARILYN CONTINUE ENCORE dias, et c’est ainsi mée avec Robert D’INSPIRER AUJOURD’HUI : que la rumeur veut et John Kennedy, ELLE EST TOUJOURS CONSIDÉ- qu’elle ait mis fin à qui aurait selon RÉE COMME UN SEX-SYMBOL. ses jours en 1962. certains mené à sa mort, une autre avec Yves Montand, Marilyn Monroe a inspiré même après son partenaire à l’écran, qui était poursa mort, comme on a pu le voir dans les tant en couple avec Simone Signoret, tableaux d’Andy Warhol par exemple, elle aussi monstre sacré du cinéma… et elle continue encore d’inspirer auCependant, ce que nous retenons surjourd’hui : elle est toujours considérée tout de Marilyn Monroe, c’est le destin comme un sex-symbol et est réguliè-

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rement imitée par les célébrités actuelles. Des stars comme Gwen Stefani ou Scarlett Johansson ont voulu arborer son style si particulier ; il n’est d’ailleurs pas rare de voir sortir une photo de telle ou telle personnalité déguisée en Marilyn Monroe. Récemment, c’est Paris Hilton qui s’est grimée en Marilyn Monroe pour les besoins de la promotion de son parfum Tease. On a aussi pu voir son image utilisée en France dans le spot publicitaire de Citroën pour sa DS3, preuve qu’elle fait toujours vendre.

La légende de Marilyn se perpétue, d’autant plus en ce moment, compte tenu de la date anniversaire du demi-siècle de sa mort qui approche. Elle a été incarnée dans pas moins de douze films depuis le début des années 1980. Deux films en particulier vont sortir en 2012, avec pour thème principal notre égérie : My week with Marilyn, avec Michelle Williams dans le rôle-titre, et Blonde avec Naomi Watts qui interprètera Marilyn.

Cinquante ans après sa disparition, Marilyn Monroe n’est définitivement pas tombée dans l’oubli.

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■ Anne MOUNAL

CINEMA

MELANCHOLIA

RETOUR SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE DU CHEF-D’ŒUVRE DE LARS VON TRIER Sept mois après la polémique qui l’avait en quelque sorte disqualifié du Festival de Cannes, le film du Danois Lars von Trier triomphe au Festival du film européen et opère un retour remarqué.

L’occasion de séparer l’œuvre de l’homme et de revenir sur un film d’envergure.

(Charlotte Rampling). Le paysage a pourtant vite fait de s’éclaircir et l’état d’esprit des quelques personnages restants se met rapidement au diapason de celui de la jeune femme. Tournés vers le ciel, les personnages observent avec appréhension la trajectoire plus qu’incertaine de la planète Melancholia autour de la Terre en redoutant le pire. L’histoire prend alors des allures de huis clos angoissant, dans un contraste saisissant avec l’immensité des planètes observées.

P

lancholia ne déroge pas à la règle : le etit rappel des faits : en mai dersujet du film n’est rien moins que la fin du nier, le cinéaste danois, connu monde... Le long prologue qui amorce pour ses parti-pris radicaux, les deux heures de spectacle justifierait avait provoqué un véritable tollé sur presque à lui seul les honneurs reçus : la Croisette en déclarant lors d’une une peinture se consume sous les yeux conférence de presse catastrophique du spectateur, une planète mystérieuse « comprendre l’homme » en Hitler, tourne autour de la Terre, une mariée qu’ « Israël faisait vraiment chier », très ophélienne glisse le long d’un cours avant de conclure, gêné, par une d’eau, ses voiles flottants autour d’elle. tentative de plaisanterie calaLa mariée, c’est Justine (interprétée par miteuse (« Ok, je suis un nazi »).

Kirsten Dunst dans son plus beau rôle), Déclaré persona non grata au Festival, et la première partie retrace son mariage le cinéaste a bien tenté de faire amende grandiose entaché par l’angoisse secrète honorable, mais le mal était fait et le qui ne la quitte pas et dont elle ne peut film a profondément pâti de la situation se défaire. La fête se dégrade peu à peu (même si le prix d’interprétation féminine et Justine, princesse de conte de fées à est revenu à juste titre à Kirsten Dunst). la beauté solaire, semble être la seule La palme d’or a ainsi échappé à Melanà ressentir la putréfaction d’un univers cholia, injustement éclipsé par l’affaire, comme glacé en surface. Autour d’elle, pour revenir à un autre film à dimenles invités s’affairent sion « cosmique », SI LE FILM MÉRITE AUTANT sur un rythme qui The Tree of Life de QU’ON S’Y ARRÊTE, C’EST AUSn’est plus le sien : sa Terrence Malick.

SI PARCE QU’IL PROPOSE UNE sœur Claire (CharLe film est pourtant EXPÉRIENCE PEU COMMUNE lotte Gainsbourg, poignante), mais spectaculaire, et DANS UNE SALLE DE CINÉMA. aussi son riche beaupeut être considéré frère (Kiefer Sutherland, de retour au comme le meilleur de Lars von Trier à cinéma), son mari dépassé par l’attitude ce jour. Ce dernier s’est fait une habide sa toute jeune femme (Alexander tude des projets cinématographiques Skarsgåd) ou encore son odieuse mère ambitieux (Dogville, Antichrist) et Me-

Si le film mérite autant qu’on s’y arrête, c’est aussi parce qu’il propose une expérience peu commune dans une salle de cinéma : un rythme plus lent est imposé au spectateur, et le film semble posséder une vie interne propre, presque organique. De par son sujet, le film ne peut que produire une forte impression, et si certains ne se sont pas laissés séduire, Melancholia ne laisse personne indifférent. L’apocalypse et les catastrophes naturelles, sujets très appréciés des studios hollywoodiens en mal de sensations fortes, sont ici traités sur un mode non seulement plausible mais aussi esthétique : le film est une prouesse d’une beauté à couper le souffle.

Plus qu’une simple histoire, Melancholia déborde du cadre du cinéma et emprunte à l’opéra (le film est d’ailleurs découpé en actes), à la musique, à la peinture tout en abordant des thèmes très ambitieux comme la dépression, mais aussi la peur et le mal. Fresque somptueuse de l’apocalypse, ode au romantisme allemand, le film acquiert une dimension presque fabuleuse au fur et à mesure que les minutes passent. En lui attribuant les prix du meilleur film, de la meilleure photographie et des meilleurs décors, l’Académie européenne du cinéma offre enfin les honneurs mérités à ce véritable chef-d’œuvre.

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■ Marie MAILHOS

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JEUX mots croises

sudoku

HORIZONTALEMENT 1 : Est dans le flou.

2 : Tintin y alla sauver Tournesol. Sophia humoriste.

3 : Tout le monde lui passe dessus. Toujours en livrée.

4 : Défalquera. Freddie.

5 : Bientôt 28. Condiments.

6 : Indien, pour Joe. Pourboire étranger.

7 : Divague. Ajouta de l’alcool à son breuvage.

8 : Parfois montagneux.

Mauvaise note.

9 : Bernée. Surface.

VERTICALEMENT A : Aime la BD. B : Fief d’un général déchu.

Union arabe révolue.

C : Domaine des Tonga. De la Haute Ecosse.

D : Oublieuses.

E : Elégant. Conifère.

F : A fait un grand bond en avant. Pas originale.

G : Parfuma.

H : Datte indienne.

I : Ecole lyonnaise. Le vrai luxe, paraît-il.

M O Y E N

D I F F I C I L E

Vous séchez ? Venez retrouver la solution sur www.lescandaleuxmag.fr

AGENDA CULTUREL Concerts 24 Jan

The Black Keys, Zénith de Lille

01 Fév

Arctic Monkeys & Miles Kane, Zénith de Lille

10 Fév

Yuksek, Le Splendid

23 Fév

Abd Al Malik, Hôtel Casino Barrière

28 Fév

Kasabian, Zénith de Lille

09 Mars

Magic System, Zénith de Lille

expositions

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spectacles 18 Jan 19 - 20 Jan

Jamel Debbouze, Tout sur Jamel, Théâtre Sébastopol Fabrice Luchini, La Fontaine, Théatre Sébastopol

28 Jan

Il était une fois l’Afrique du Sud, Umoja, Hôtel Casino Barrière

03 Fév

Thomas N’Gijol, Théâtre Sébastopol

26 Fév

Offenbach en folie, Théâtre Sébastopol

Jusqu’au 9 Mars 2012

Roger Lambert-Loubère, Un Regard intérieur, Palais des Beaux Arts de Lille

Jusqu’au 6 Fév 2012

Exposition Boilly, Palais des Beaux-Arts de Lille LE SCANDALEUX MAG’ N°12 - HIVER 2012

L’EQUIPE Directeur de la publication : David Silberzan Rédacteur en chef : Nicolas Schweisguth Secrétaire Générale : Élodie Leal Responsable Communication : Nicolas Liévin Responsable Démarchage : David Silberzan

Imprimeur : FLYER.FR n° siren : 519318745 Dépôt légal : W59008653 ISSN 1961 - 0262

Mise en page : Jade Ginoux, Emilie Calmettes, Alexis Goupil www.lescandaleuxmag.fr Webmasters : Jade Kharchafi et Thibault Dechartres Courrier des lecteurs : contact@lescandaleuxmag.fr

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