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Sélection. Nos bouteilles coups de cœur
from Racines #04
nos atouts cœur
Voici certaines des cuvées préférées du comité, nos best-sellers qui, millésime après millésime, vous ravissent et gravissent les palmarès.
Domaine du Clos des Fées
Côtes du Roussillon Villages, Cuvée Vieilles Vignes, rouge, 2019 (24,99 €) — Hervé Bizeul est un vigneron opiniâtre qui s’escrime sur ces rudes terres du Roussillon. Fouettés par les vents, encadrés de hautes montagnes – celles de la Vallée de l’Agly –, ces terroirs argilo-calcaires sont un eldorado pour le grenache et la syrah. Il y forge des vins d’une sincérité remarquable, reflets fidèles de l’ambivalence des lieux, entre force et fraîcheur. C’est pourquoi nous aimons tant cette cuvée qui rassemble les plus vieilles vignes du domaine, âgées de 50 à 100 ans, à dominante de grenache noir. Notée 97/100, c’est l’un des coups de cœur du comité, qui apprécie ses splendides notes de pivoine, de violette, de lardé-fumé et sa trame d’une maturité parfaite, racée, profonde, avec des tanins veloutés, de la fraîcheur et de la persistance. En somme, un concentré de Roussillon !
Champagne Devaux
Cuvée Sténopé, blanc, 2012 (75 €) — Fruit d’une collaboration entre la Maison Veuve A. Devaux et Michel Chapoutier, cette cuvée parcellaire est née d’une volonté commune de créer un champagne millésimé qui soit la photographie exacte d’un terroir et d’une année – le sténopé étant un dispositif optique très simple utilisé au tout début de la photographie. Grand amateur de champagne et possédant quelques parcelles sur l’appellation, Michel Chapoutier a bien sûr apporté sa patte et son expérience, tant au niveau de la sélection parcellaire que de la vinification sous bois, avec une partie de fûts neufs en provenance des merrains des forêts de Champagne et d’Ardennes. Cinquième opus de la gamme, le 2012 est une sélection des meilleures parcelles du vignoble Devaux, du nord de la Montagne de Reims jusqu’à la Côte des Bar, sur les vignes les plus âgées et les mieux exposées. Un champagne large et puissant, étiré par des amers saillants, voué à la table avant tout !
Domaine de la Chevalerie
Bourgueil, Galichets, rouge, 2014 (15,50 €) — Valeur refuge de Bourgueil, ce domaine a toujours eu notre préférence, enflammant le cercle des amateurs par ses cuvées de longue garde où le cabernet franc rayonne comme jamais. L’ensemble du vignoble, soit 33 hectares uniquement plantés en rouge, est désormais conduit en biodynamie. La famille Caslot le gère avec douceur et sensibilité, ornant des matières denses d’une tension et d’une fraîcheur hors pair ; des vins exprimant toutes les nuances de ces sols de sables, d’argiles et de calcaires, illustrant merveilleusement la fine austérité froide du cépage dans une texture de grande suavité. À l’image de cette cuvée délicate, qui transcrit à la perfection l’éclat crayeux du tuffeau et épouse pleinement son terroir dans un registre gourmand et hautement fédérateur. Voici sans conteste le genre de trouvaille qui nous fait vibrer et que nous aimons partager.
Domaine des Marrans
Fleurie, Clos du Pavillon, rouge, 2019 (17,90 €) — Nouvel acteur d’un Beaujolais triomphant qui n’en finit plus d’aligner les pépites, Mathieu Mélinand est revenu sur les terres familiales en 2008 pour y cultiver les 20 hectares de gamay (adjoints de 50 ares de chardonnay uniquement). Campé sur quatre crus – Morgon, Fleurie, Chiroubles et Juliénas –, il y déroule une viticulture inspirée, sans rudesse, poursuivant en cave cet éloge de la douceur, à grand renfort de levures indigènes et d’élevages en foudres favorisant l’aération des vins. D’où des matières peu extraites, sereines et très plaisantes dès leur jeunesse, comme ce fleurie béni, salué par Olivier Poussier, qui relate un jus friand, aimable, aux notes de cerise noire, d’épices, de violette et de fraise au sucre, animé par une fraîcheur désaltérante qui équilibre une matière à la fois consistante et délicate. Un fleurie très accessible en somme, parfaitement mûr et gourmand, à découvrir en priorité.
Domaine Yves Cuilleron
Côte-Rôtie Madinière, rouge, 2020 (44,90 €) — Est-il encore utile de présenter Yves Cuilleron ? Héraut du Rhône nord, bien ancré sur les terroirs de CôteRôtie, aux manettes du domaine familial depuis 1987, cet inconditionnel de la syrah porte haut une appellation très prisée. D’un dynamisme enthousiasmant doublé d’un talent incroyable de vinificateur, Yves Cuilleron fait toujours la course en tête, ses vins trônant invariablement parmi les plus grandes réussites de la région. À la tête de 90 hectares, il produit une large gamme en Saint-Péray, Condrieu, Saint-Joseph, Côte-Rôtie et Cornas, des vins solides et d’une réelle finesse, nourris d’élevages longs. Profitez de cette côte-rôtie ample et fraîche, incontournable de l’appellation, que nous plébiscitons à chaque millésime : c’est aussi cela le talent, la régularité.
Ludovic Archer
IGP des Allobroges, Cuvée Minor Swing, rouge, 2020 (29,95 €) — Installé sur les pentes de Chignin et les éboulis calcaires de Montmélian, Ludovic Archer rebat les cartes de la Savoie et propulse ses cuvées tout en haut des palmarès. Ingénieur reconverti, il cultive en bio 2,5 hectares adossés au Massif des Bauges pour livrer huit cuvées qui explorent un millième de la superficie des Alpes ! Travail entièrement réalisé à la main, rendements contenus, maturité parfaite des raisins, macération des rouges en grappes entières, pressurage lent des blancs, élevages sans bois neuf : tout est étudié pour conduire des matières douces, respectueuses du fruit, intègres. Notre comité ne s’y est pas trompé, reconnaissant un talent émergent et prenant toute sa part à cette réussite, comme avec cette rayonnante cuvée d’assemblage. Convoquant mondeuse, persan et douce noire, Minor Swing cultive un style original et hautement gourmand. C’est un rouge mûr, frais et intense, au volume impressionnant, avec les accents fumés de la mondeuse, un fruit dense, remarquablement porté par un élevage en cuve et en barrique sans bois neuf. Quelle pureté de vin !
Domaine Gueguen
Chablis 1er Cru, Vosgros, blanc, 2020 (22,90 €) — Ce sont les nouveaux chouchous de Chablis. Céline et Frédéric Gueguen ont créé leur domaine en 2013. Des nouveaux venus ? Pas tout à fait, puisque Céline n’est autre que la fille de Jean-Marc Brocard et qu’elle officiait jusqu’alors sur le domaine familial, tout comme son mari Frédéric. Désormais « chez eux », les voilà traçant un chemin parfait au cœur de l’Yonne, avec ferveur et enthousiasme. Prisé des amateurs, leur domaine atteint un très haut niveau, avançant de surcroît des tarifs parfaitement alléchants. Des chardonnays ciselés, percutants d’énergie et de précision, des rouges fruités et enjôleurs forment une gamme où puiser inlassablement. Comme sur les plus beaux terroirs de Chablis, où le couple possède deux grands crus (Bougros et Les Preuses) et trois premiers crus. Dont ce Vosgros affolant de plaisir, à la fois riche et frais, posé en haut de coteaux, dans un amphithéâtre, tout au sud de l’appellation. Un rapport prix-plaisir diablement séduisant.
Château Fleur Haut-Gaussens
La Bergeronnette, rouge, 2018 (14,99 €) — Qui a dit que Bordeaux était passé de mode ? Certainement pas nous, qui défendons ce vignoble en pleine renaissance, réservoir de pépites. Car à l’ombre des grandes étiquettes se nichent de valeureux vignerons qui ne manquent ni de talent ni d’enthousiasme et forgent des cuvées toujours d’un rapport prix-plaisir indiscutable. Sur la Rive Droite, près de Fronsac, Hervé Lhuillier a hissé son bordeaux supérieur au sommet des marques « plaisir » ; soit un vin profond, authentique, à l’élevage soigné sans outrance. Distingué d’une étoile par la Revue du vin de France, cette propriété modèle s’invite régulièrement dans les palmarès des adresses incontournables de Bordeaux : ne manquez pas ce pur cabernet franc, au fruit profond et aux tanins crayeux. Un coup de cœur absolu !
Montenidoli Vernaccia di San Gimignano
Carato, blanc, 2018 (35,99 €) — C’est à San Gimignano, l’un des plus beaux villages du pays, au cœur de la Toscane, qu’Elisabetta Fagiuoli, 84 ans, résiste au temps et continue d’éprouver son talent sur son domaine de Montenidoli. Elle y conçoit des vins de « vérité », selon ses termes, depuis 1965, lorsqu’elle a repris plusieurs parcelles en friche et établi les bases de son vignoble actuel. Son adoration pour la Bourgogne se lit dans ses cuvées et la filiation devient évidente lorsque l’on saisit toute la finesse et la complexité sculpturale de chacun de ses vins. Elle a ainsi révélé les grands terroirs de Toscane et fait chavirer le cœur des amateurs par l’émotion qu’ils suscitent, dont ce blanc fantastique, signant un univers baroque peu commun avec ses notes mellifères, d’acacia et de cire, signes d’une oxydation ménagée. Un vin extrêmement racé qui ne laissera personne indifférent.
Domaine Denis Jeandeau
Pouilly-Fuissé Vieilles Vignes, blanc, 2020 (27,90 €) — Personne ne résiste à Denis Jeandeau ! Ce vigneron à la joie de vivre débordante et au sourire ravageur n’en finit plus de nous séduire. Quel chemin parcouru depuis ses débuts, en 2000 ! Et pourtant, il ne possède qu’un hectare de vignes sur Viré-Clessé, qu’il complète par quatre hectares en achats de raisins auprès de partenaires rigoureusement choisis. Désormais, tous les chefs étoilés
accourent, heureux de mettre ses vins à leur carte. Avec une volonté d’acier, une indéfectible rage à tutoyer l’excellence, Denis Jeandeau s’est forgé une solide réputation, investi d’une mission en terres mâconnaises, celle de traduire ces sols calcaires, riches en argiles et en fer, en des vins fins et exaltants. Ainsi vinifie t-il en appellations Viré-Clessé, Saint-Véran et Pouilly-Fuissé, sélectionnant des raisins au cœur des meilleures parcelles, comme sur le prestigieux site naturel de Solutré-Pouilly-Vergisson. William Kelley, du Guide Parker, s’enthousiasme à son propos : « Ce sont des vins précis et élégants qui bouleversent les stéréotypes du Mâconnais sur l’onctuosité et la corpulence. » À l’instar de la cuvée emblématique du domaine, un chardonnay tranchant et incisif, porté par un bel élevage sous bois. Chapeau l’artiste !
Clos Cibonne
Château Cibon, rosé, 2018 (35 €) — Maîtres du tibouren, Brigitte et Claude Deforges préservent amoureusement ce cépage étonnant sur leur vignoble du Clos Cibonne. C’est en effet une variété qui a (presque) tout pour déplaire ! Précoce, sensible aux maladies, n’aimant que le schiste et produisant peu, ce vieux plant provençal venu de Mésopotamie et introduit par les Romains deux siècles avant notre ère a vite disparu de la circulation. En Provence, il n’occupe que 2 % des surfaces produites. Mais au Clos Cibonne, c’est lui le roi ! Cette adresse précieuse, dont nous vous avons longuement parlé dans notre magazine, ravit les amateurs et les gastronomes, qui découvrent ici, au-delà des poncifs méditerranéens, la palette de nuances que peuvent endosser ces vins. Ce rosé s’en fait l’ardent défenseur ; c’est une cuvée coup de cœur d’Olivier Poussier, notée 95/100, qui joue de toutes les finesses du cépage entre épices, safran, orange confite, vermouth… Cette étonnante richesse aromatique se double d’une étoffe exceptionnelle, grâce à un élevage long sous bois, formulant un vin plein et de grand caractère.
Domaine Les Hautes Cances
Cairanne, blanc, 2019 (9,99 €) — Le terroir de Cairanne est un cru du Rhône sud hautement prisé. Repris par la famille Amadieu en 2019, ce domaine modèle de 18 hectares ne compte qu’une infime part de blanc – grenache, roussanne, clairette, viognier, bourboulenc – propice à l’élaboration de cette cuvée très complète, saluée d’un coup de cœur du comité. Les parcelles en terrasses, sur des sols de cailloutis, d’argiles et de sables fins, apportent finesse et équilibre au vin, auquel la touche de viognier donne du dynamisme et du relief aromatique. Encore une valeureuse adresse du Sud au rapport qualité-prix indiscutable.
Domaine Chiroulet
Côtes de Gascogne, Terroir Gascon, rouge, 2020 (7,99 €) — Initialement consultant pour Seguin-Moreau, Philippe Fezas a ajouté une corde à son arc et est devenu vigneron. C’était en 1995, lorsqu’il a repris les vignes familiales en prenant le parti de réaliser des vins d’expression distribués sur les belle tables. En pleine terre gasconne, dans un Gers viticole ignoré des radars médiatiques mais bien connu des amateurs d’armagnac – en pleine Ténarèze –, il s’est attelé à la reconnaissance de ces terroirs précieux, à rebours d’une production de volume. Les deux coteaux de son vignoble, regardant les Pyrénées, sont une variation de sols entre argiles fines et calcaires. Une terre propice aux vins blancs, certes, mais également aux rouges ! Armé de son expertise en matière d’élevage, Philippe Fezas a trouvé l’adéquation parfaite entre sols et cépages. Désormais conduit en agriculture biologique, le vignoble livre ainsi de fabuleux trésors, à l’image de ce charmant rouge à base de merlot, cabernet franc et tannat, conciliant un fruit séduisant et abondant, une texture charnue encadrée de tanins fins.
Domaine Vincent Carême
Vouvray Sec, blanc, 2020 (14,90 €) — Modèle de rigueur et de régularité dans une appellation foisonnante, Vincent Carême a instauré, à Vouvray, un nouveau standard de qualité. Le vigneron fait désormais partie des ténors de l’appellation et toutes ses cuvées méritent qu’on s’y attarde. Ses 22 hectares de chenin, conduits en agriculture biologique depuis 2007 avec des traitements biodynamiques, livrent des raisins sains et éclatants, prémices à des vins tendus et complets, de style sec généralement (et de plus en plus). Ils se partagent entre deux terroirs principaux, l’un sur des sols d’argiles à silex, l’autre sur des calcaires où les vignes se développent en coteau. Millésime après millésime, Vincent Carême affine son style et nous sommes ravis de constater qu’il repousse sans cesse les limites de la rigueur, offrant à chaque fois des vins toujours plus complets et plus brillants. Purs, précis et lumineux, d’un grand rapport prix-plaisir, ils figurent parmi les crus vedettes de la Loire, dommage que la demande soit si grande ! Ce 2020, noté 94/100 par Olivier Poussier, illustre toute l’étendue de son talent ; un maître-étalon pour toute une appellation.