n°03 / jan - fév 2010 / GRATUIT
Bruxelles Cultures et tendances urbaines
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Cultures et tendances urbaines
Let’smotiv Bruxelles 114 rue Barthélemy Delespaul - 59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com
Let’smotiv Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 redaction.tlse@letsmotiv.com
Let’smotiv Méditerranée Tél : +33 499 61 51 12 - Fax : +33 467 92 26 43 redaction.med@letsmotiv.com
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www.letsmotiv.com Couverture par Jimmy Turrell www.jimmyturrell.com (voir portfolio page 86)
Directeur de la Publication : Laurent Buoro ı Directeur du Développement : Loïc Blanc ı Directeur de la Publication Délégué : Nicolas Pattou ı éditeur Délégué : Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros – RCS Lille 501 663 769 ı Rédaction : Judith Oliver, Hakima Lounas ı ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Flora Beillouin, Nicolas-Arthur Bertrand, Faustine Bigeast, Christophe Boisvieux, Julie Cerise, Audrey Chauveau, Olivier Chauzy, Léa Daniel, Mathieu Dauchy, Fanny Delporte, Hugo Dewasmes, El Borbah, Julie Gallasse, Audrey Jeamart, Julie Koch, Carole Lafontan, Nicolas Mathé, Baptiste Ostré, Clément Perrin, Marion Quillard, Édith Rice, Aurélia Saïd, Olivia Volpi ı Publicité Régionale : au magazine, +33 362 64 80 09, pub.nord@letsmotiv.com ı Publicité Nationale : Plus2Media, +33 561 14 78 37, lm@plus2media.fr ı Direction Artistique : Cécile Fauré, Christophe Gentillon - pao@urban-press.com ı Administration : Laetitia Louvet, adm@urban-press.com ı Diffusion : Zoom On Arts, A step forward, FHS ı Impression : Imprimerie Ménard, 31682 Labège - Papier issu de forêts gérées durablement ı Let'smotiv est une publication d'Urban Press, www.urban-press.com L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Magazine gratuit - Membre de l’OJD, Bureau de la presse gratuite d’information. Ne pas jeter sur la voie publique.
Retour vers le futur Tout devait commencer par un bug. Le fameux bug de l'an 2000. Paco Rabanne avait même fait ses valises, au cas où. Mais la Terre a continué de tourner. Et si on nous* avait dit, à ce moment-là, de quoi la décennie serait faite, on aurait sans doute ricané comme des crétins. Interdiction de fumer dans les bars, les dancings, les restaurants et même sur les affiches ? Pas de ça chez nous, ma bonne-dame ! On n’est pas douillets au point de frémir devant un risque de cancer… Quoique... le bio et autres oméga 3 ont fleuri dans les épiceries. Et pendant qu'on regardait la composition de nos yaourts, d'autres phénomènes ont métastasé. Comme celui des retours : le rock à mèche, le fluo, les Converse, Super Mario et toutes ces tendances 80 que l’on croyait disparues. Il y aura tout de même eu quelques profonds changements : le « teufer » a ôté son treillis salopé par les raves pour headbanger dans un slim taille basse. Et le néo-folk est descendu des alpages pour entrer dans la lumière. Les Tatoos, à la pointe de la télécommunication moderne, se sont éteints en deux coups de cuillère à pot devant Myspace, Facebook et Twitter. Et puis, finis les cd's et les grosses chaines hi-fi. 100 000 titres tiennent désormais dans un dé à coudre. Les années 2000 auront également été marquées par le 11 septembre, la guerre en Irak, la lutte contre le terrorisme. Et là, pour le coup, on n’aurait pas ricané comme des crétins. Heureusement que George Bush Jr a été élu pour nous donner l’occasion de nous gondoler pendant 2 mandats… Et que nos élus européens, de Berlusconi à Sarkozy, ont pris la relève de l'humour politique, sinon on aurait eu le moral dans les chaussettes. Mais, de toute façon, cette décennie est la dernière qui méritait de nous inquiéter, puisque la fin du monde (cette fois c’est sûr), est prévue pour 2012… Olivia Volpi *« nous » : les fringants trentenaires de la rédaction.
Sommaire
Let’smotiv - jan. fév. 2010 - n°03
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News Rencontre
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Reportage
Japon : ces obscurs objets du désir. Entretien avec Agnès Giard
Japon : les amoureux des bains publics
28 Portfolio eBoy
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Dossier spécial glisse Serie mode Cirque d'hiver (Julie Cerise)
événement
Festival ¡Mexico!
62 Musique
Delphic, Panda Bear, Vampire Week-end, Rachid Taha, The XX, Wolfmother…
78 Cinéma
La merditude des choses, Attention festivités locales !, Les chats persans
86 Portfolio Jimmy Turrell
92 Exposition
Delvaux, e.motion graphique, Isabelle de Borchgraves…, agenda
© Christophe Boisvieux
104 Théâtre & danse
Josse de Pauw, Jean-Louis Trintignant, Platel…, agenda
116 Littérature
L.E.Q.C.D.N.A.C.P.
118 Chroniques
Livres, disques
122 Agenda concerts
© Robert Whitaker
En bref… Lucy in the sky with Ziggy
Happy sixties... ceux qui les aiment prendront l'Eurostar. La National Portrait Gallery de Londres met en évidence l’influence de la photo sur les icônes de la pop des 60'. Des Beatles à Bowie, l'exposition ressuscite cette décennie décomplexée où l’on arborait cheveux longs et pat' d'éph moulants. Heureusement pour nos yeux sensibles aux couleurs vives, la majorité des 150 clichés (David Bailey, Robert Whitaker et d'autres photographes de renom) sont en N&B. Mais pochettes de disques, partitions et magazines relayent les doux reflets du Tergal en Technicolor. ❥ Jusqu'au 24.01, www.npg.org.uk
Wild Disney
© DR
Télex
Plus magique que jamais, la fête de Mickey en fait raver plus d'un. Autant dire qu'on s'est pincé deux fois devant cette publicité pour Disney dans un hebdomadaire musical de référence. On y aperçoit Dormeur, le nain de Blanche Neige, transformé en festivalier sous substances X. D’où le jeu de mots entre « Dormeur » et « Raveur ». Exit donc, les châteaux de la méchante Reine ou celui de Cendrillon, le sympathique nabot se déhanche (ou titube) dans un décor enfumé, au milieu d'une foule en transe. Gobelets écrasés au sol, la scène évoque plus les Transardentes (cf.p. 76) que Marne la Vallée...
« Une secousse a vidé ma tête comme une cuillère qui gratte l'intérieur d'un œuf à moitié cuit ». Grâce à cette délicate description de coït dans les Bienveillantes, Jonathan Littell a reçu le prix de la pire description érotique. Faudra lui offrir des SAS. // Air et LCD Soundsystem ont déjà confirmé leur présence au fameux festival Sonar de Barcelone.
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Pump up the Jam ! Fait d’hiver remarquable en cette morne saison : la culture pop prend ses quartiers à Tournai. D’abord par le biais d’une exposition colorée de bijoux, vêtements et autres créations d'artistes émergents. Ensuite avec une réjouissante succession de concerts, reflétant la vivacité de la scène indé locale (Cecilia eyes, Attagirls, The Boriano Doubitchou Sound...) et internationale (The Ex, General Lee, My Little Cheap Dictaphone, the Craftmen Club…). Un cocktail acidulé à apprécier sans risque de brûlures d'estomac.
© Geluck, Casterman
Festival d'hiver Rock, du 19 au 21.02, Maison de la culture de Tournai.
© Jean Tholance
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Souvenirs, souvenirs
Chaperlipopette !
Le Playmobil est une madeleine de Proust redoutable. D’aucuns se souviennent avec amertume du moment où on leur a piqué la lance incendie du pompier et la coiffe du chef indien. Autant de traumatismes que l'exposition « Il était une fois Playmobil » ravive à grands renforts de cheveux amovibles. Première du genre, elle retrace l'histoire et les évolutions des petits personnages moulés en ABS. Des chevaliers aux ouvriers, de la vie à la ferme aux pirates, cette société parallèle n'aura plus de secrets pour vous. ❥ Jusqu'au 9.05, Musée des arts
À son âge, il aurait pu finir à la SPA. Ou attaché à une table de pique-nique sur une aire d'autoroute. Et bien non. Pour ses 25 ans, le célèbre Chat de Geluck rêve de s'offrir un musée à Bruxelles, sa ville natale. Mais loin de toute «panthéisation» du personnage, le lieu servirait de tremplin pour de jeunes artistes, invités à faire des expositions temporaires. Un endroit que son doux-dingue de maître imagine « quadrilingue, contemporain et international ». Histoire de mener une vraie vie de pacha...
décoratifs de Paris, + 33 144 55 57 50
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www.geluck.com
Coiffée au poteau par Mons pour être Capitale Européenne de la culture en 2015, Liège s'ouvre à d'autres horizons. La ville a posé sa candidature pour accueillir l'exposition universelle de 2017 // Inspiré par les Évangiles, l'apôtre Rob, pianiste du groupe Phénix, souhaite sortir un album par mois pendant l'année 2010. À quand la messe ?
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Quand le shah n'est plus là, les souris dansent Chassez l'art par la porte, il revient par la fenêtre. C'est ainsi que le graphisme iranien, très foisonnant aujourd'hui, s'est développé dans les années 70 en réaction aux contraintes imposées à la peinture ou la musique. Depuis juin et la parodie d'élection, le mouvement de contestation a trouvé sa place sur la toile (à défaut des murs de Téhéran), où les graphistes rivalisent de poésie mais aussi d'images fortes. Le tout sur fond vert, couleur symbole du mouvement (petit aperçu sur le site Green Cry). En plus, des billets de banque « décorés » de ces œuvres inondent allègrement le pays, à tel point que la banque centrale a dû renoncer à les retirer de la circulation. ❥ www.flickr.com, www.greencry.net
© Vetton
© DR
Benoit XVI fan de Tupac ?
Accords nomades
Miracle ! Le Vatican vient de publier une playlist officielle sur laquelle on trouve Don Giovanni de Mozart et – accrochez-vous – Changes de Tupac, Uprising de Muse ou encore He doesn't know why de Fleet Foxes. Trop hype le pape ? Pas tant que ça. Ce n’est pas le souverain pontife mais le Père Giulio Neroni, directeur artistique (lol) de St Paul's Multimedia (lol) qui est à l’origine de cette sélection. Un « mélange parfait de musique classique, du monde et contemporaine ». Ces artistes ont été retenus pour leur « volonté d'atteindre le cœur des bien-pensants ». À quand le premier festival au Vatican avec 50 cent ? ❥ www.myspace.com/vatican_city
Attention ça va swinguer ! La 16e édition des Djangofollies fête cette année les 100 ans de l'illustre guitariste à moustache. De Bruxelles à Anvers, de Gand à Namur, la Belgique toute entière vibre au son du jazz manouche. À cette occasion, les dignes héritiers du grand maître (Koen De Cauter, les Basily Gipsy Band et Joost Zoeteman Gipsy Swing Quartet) assurent trois soirs de concerts. Alors sortez la gomina, cirez vos chaussures bicolores et oubliez Thomas Dutronc ! ❥ Djangofolllies,
Télex
du 22 au 24.01, 20h30, divers lieux, de 7,5 à 14€, + 32 8 122 90 14
« Mexico, Mexiiiico... Sous ton soleil qui chante, hiiih, le temps paraît trop court pour goûter au bonheur de chaque jooour » pourront désormais chanter les homosexuel(le)s à la sortie de leur mariage. La capitale du Mexique autorise en effet l'union de couples du même sexe. Une première en Amérique latine. // Le maître de la scène Psyché Folk, Devendra Banhart, pourrait s'associer au batteur des Strockes, Fabrizio Moretti, pour former un nouveau groupe : Permanent Adventure. Cool.
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Yé yé
Odyssée de l'espace Inspirée d'un livre déjanté où il est question de destruction de la terre, d'aliens et de voyage intergalactique, la réédition du cultissime Egg chair d'Arne Jacobsen ne manque pas de ressort. En effet, l'histoire du cultissime Hitchhiker's Guide to the Galaxy a largement influencé le motif délicatement incrusté à l'arrière de ce fauteuil 100% cocooning. Quarante-deux, c'est le nombre très limité d'exemplaires en circulation !
Univers Technologie ❥ www.hitchhikersegg.com sélection ¬ Benjamin Cordazzo
L'APN qui tombe à pic La vie est une jungle et pour la photographier il faut du matériel adapté. Le boitier ultra-fin en acier et polycarbonate du EX(trême) G1 de Casio, résiste à la poussière, à la pluie, au sable, aux rayures et aux chutes de plus de 2 mètres! Le zoom optique x3 reste caché même allumé. Filmez immergé jusqu'à 3 mètres de profondeur pendant 1 heure si ça vous chante. Pour œil baroudeur. 300€ - http://fr.exilim.eu/fr/exilimg/exg1/
Mon nuage
Yé yé
Heritage sort ce mois, un dock radio-réveil pour iPod d'allure 1960. A l'aide de son écran OLED, choisissez vos listes de lectures Last.fm (3€/mois), écoutez la musique de votre lecteur Mp3 et celle de votre ordinateur grâce à la connectique ce se dock radio-réveil Ipod! Ethernet, USB etTrès WiFi.1960's, Son antenne charge des bandes pour FM RDS et DAB. Il est équipé d'une enceinte de 7W,en d'une prise casque Car et d'une Du moins apparence. ce sortie sont vidéo, les vendu avec sa télécommande et sa multiprise de voyage.
ingénieurs d'Heritage qui ont conçu ce petit bijoux high tech. à l'écran apparaissent les listes de lecture Last.fm (3€/mois), les L’Espagne vient d’inscrire dans sa législation le droit d’accès à une connexion Internet de les votre lecteur européennes. mp3 ou //etLe ceux haut dossiers débit, suivant ainsi recommandations Danemark teste l’accès à Internet pendant les examens de l’enseignement secondaire et supérieur. // de votre ordinateur, grâce au câble EtherLes développeurs de Gameloft, ne voyant pas décoller Android, préfèrent se concentrer sur « l’iPoule » aux œufs d’or. net, USB ou à la Wifi. L'antenne, quant à elle, capte les ondes FM RDS et DAB. Et pour couronner le tout, une enceinte de 7W, une prise casque, une télécommande et une multiprise : autant d'armes fatales pour vous réveiller en toute circonstance.
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Japon : ces obscurs objets du désir Propos recueillis par ¬ Judith Oliver Photos ¬ DR
Avouons-le. C'est avec un rire goguenard que l'on ouvrait le dernier livre d'Agnès Giard, les objets du désir au Japon. Et pour cause. Le grotesque sex-toy placé en couverture annonçait une surenchère de gadgets érotiques bizarroïdes. Mais en fait, la prose d'Agnès Giard relève davantage de l'étude anthropologique que du manuel pour Européens frustrés. En spécialiste du Japon depuis 1997, la journaliste révèle la place centrale de la sexualité dans un pays marqué par 2 le shintoïsme, religion du plaisir et de la fertilité. Pour cette population sans cesse menacée par les séismes, l'épanouissement sexuel est principe sacré. Refuser le plaisir reviendrait à être du côté de la mort. Il faut profiter du moment présent.
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La sexualité japonaise est-elle plus médiatisée que la nôtre ? Les Japonais n'ont effectivement pas peur de passer par l'intermédiaire d'objets pour prendre ou donner
du plaisir. Ils ne les perçoivent pas comme des rivaux ou comme des adjuvants qui trahissent un manque, une maladresse. De plus, leur sexualité est beaucoup plus centrée sur le plaisir de la femme. D’où l’importance des préliminaires. Pour preuve, le Rocco Sifredi japonais a fait reproduire sa main (avec laquelle, dit-on, il transforme n'importe quelle femme en femme fontaine) et non son pénis comme les Européens. Les DVD qui montrent ses techniques ont un succès fou. Les Japonais ont également compris que tout ce qui est vibrant et gluant augmente considérablement le plaisir de la femme. D'où cette utilisation massive des sex-toys : ces jouets servent un véritable art d'aimer. Agnès Giard © Karym Bagoee
Surréalistes, loufoques, canailles ou dérangeants, les objets que vous avez sélectionnés ne manquent pas de piquant. Comment les avez-vous choisis? J’ai sélectionné 108 objets, soit le nombre de désirs répertoriés dans le bouddhisme. D’un côté, j’ai voulu décrypter le symbolisme de gadgets issus des catalogues de sex-shops. Malgré leur aspect inouï, extravagant, voire incompréhensible, je montre que leur forme renvoie à des notions fondamentales et à des concepts religieux. De l’autre, j'ai retenu des objets a priori anodins (bonbons, décorations...), mais qui, historiquement, sont éminemment érotiques. Les Japonais eux-mêmes ont oublié ces connotations. Comme les « Daruma », sortes de petits culbutos plombés en leur fond, qui sont le symbole de la perpétuelle érection, de la vitalité sexuelle.
Cela dit, dans votre livre, on est frappé par le nombre d’objets voués à la masturbation masculine : faux pots de pâtes gluantes, gants en simili peau de femme... Oui, ça peut paraître fou. Mais là encore, ça repose sur une vision très différente de la nôtre. En Occident, on pense que l'excès de masturbation fait perdre des forces, détourne l’attention, voire « segmente le couple »,
pour citer un psychologue reconnu. Au Japon, plus l’homme se masturbe, plus il devient fort et adroit, plus il se rapproche de sa compagne et lui donne du plaisir. On n’est pas un bon amant, on le devient. Il faut s’entraîner. C’est d’ailleurs un Japonais qui a gagné, en 2008, le Masturbathon, un concours de masturbation international : 9h58 en érection. La démonstration est faite !
« Ces jouets servent un véritable art d'aimer. »
Où se pratique la sexualité Japonaise ? C'est une grave question. La promiscuité rend très difficiles les relations sexuelles à la maison, surtout s'il y a des enfants ou les parents dans les parages. Du coup, elle se pratique dans des lieux ad hoc, comme les love hotels. J’évoque d’ailleurs leur succès : il y en a plus de 9 000 au Japon, 863 rien qu’à Tokyo. 300 000 couples s’y rendent chaque jour. Sur 120 millions d’habitants, c’est éloquent, non ? Autant dire que l’économie japonaise s’effondrerait sans ces institutions qui portent à bout de bras les retraites des salariés…
que. On cherche la simulation d'une relation amoureuse. La prostituée japonaise embrasse, joue à la petite copine. Le dialogue est d’ailleurs obligatoire, dans une passe : « Oh, ton amie doit avoir de la chance, tu as un gros sexe ! », « Je suis heureuse de te rencontrer enfin », « J'espère que l'on se reverra »... Il faut imaginer que plus la femme est inaccessible au Japon, plus le passage à l'acte se fait attendre, plus la passe est coûteuse. Des nanas qui écartent les cuisses sur le modèle européen, ça ne vaut pas un clou. Elles doivent tout faire pour valoriser l'homme et simuler des sentiments. Et si possible être un peu maternelle : lui laver le coin des yeux, le faire boire comme s'il était un petit bébé...
Il existe également une incroyable variété de lieux de plaisir reposant sur des prestations particulières : bars à fellation, hôtels de passe à bains, cafés à soubrettes... Qu’estce que cela traduit ? Une vision très différente de la prostitution ! On n’attend pas d'une prostituée du sexe fonctionnel et hygiéni-
Oui, justement c'est une des choses troublantes de votre livre : beaucoup d’objets simulent une relation maternelle tout en lui conférant une connotation sexuelle... Malgré l'évolution des mœurs, la sexualité reste profondément marquée par l'idée d'un retour à l'enfance. D'une part, parce que l'amour >
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maternel reste le modèle absolu de l'amour (le mot aimer s'écrit d'ailleurs avec « femme » et « enfant »). D'autre part, le plaisir sexuel est une manière de retrouver des émotions très vives, les premiers émois de l'enfant. Même au niveau de l’esthétique, c’est troublant. Les canons érotiques renvoient à l’adolescente prépubère. En Europe de telles images seraient taxées de pédophilie. C’est vrai, ça représente une partie énorme de l'iconographie érotique. Au Japon, on considère qu'il ne faut pas censurer les fantasmes quels qu’ils soient. La sexualité est conçue comme un jeu de rôles. Moins il y a de censure et d'interdits, moins il y a de refoulement et de frustration, et donc moins de passage à l'acte dans la réalité. Et en effet, on observe qu'il y a beaucoup moins de crimes sexuels, pédophiles et de viols que dans d'autres pays. Par ailleurs, la fascination pour l’être inachevé est une chose profondément ancrée dans la culture japonaise. On note un amusant paradoxe dans votre livre entre l’injonction à la pudeur et cette surenchère d’objets débridés. Effectivement, il y a une permanence des codes de séduction ancestraux. Les femmes doivent être dans une forme de retenue, ne pas s'offrir de manière trop évidente. C'est d'ailleurs
pour cela que les Japonais n'aiment pas trop le cinéma porno occidental. Dans le cinéma japonais, point de « Oh oui, prends moi comme une bête ! ». La phrase récurrente, c'est « Non, non, s'il vous plait », un non-oui qui fait son petit effet. Regarder dans les yeux est donc toujours tabou ? Oui, l'expression des émotions reste taboue. Le cinéma porno et par extension les objets transgressifs vont donc tout axer sur le visage et les émotions qu’ils trahissent. C’est la partie du corps la plus travaillée sur les poupées gonflables, notamment. Il faut traduire une pudeur un peu effarouchée, une gêne teintée d'excitation. Un visage un peu rougissant mais dont les yeux, très grands, expriment le désir. Bref, une innocence qu’il faut apprivoiser avec des jeux de séduction. Quels sex-toys nous recommanderiez-vous ? Je n'ai pas pu tester les simulacres de vagins et autres masturbateurs masculins, mais je peux dire qu’ils sont vraiment exceptionnels d’après mes amis. Pour les femmes, l'arme fatale, mise au point par Love Merci, est un degma miniature, de la taille d’un stylo. Il est surmonté d’une tête ronde de la taille du clitoris et se recharge sur le téléphone portable. Littéralement redoutable. On ne peut plus s’en passer. /
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❖ 1. Seifuku : uniformes. Tenues Cosplay
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© Garden Label 2. G-supo : embout à vibromasseur pour stimuler le point G, Lovemerci © Francis Loup 3. Bouche à Fellation © Francis Loup 4. Main à masturbation : Virtual Robot © Francis Loup 5. Embout à vibromasseur © Francis Loup 6. Oreiller de genoux © Trane KK 7. Machine à Branler © Som Japan
Les objets du désir au Japon, Agnès Giard, 327p., 35€, Éd. Glénat, Drugstore
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Aoni Onsen (spa), Aomori prefecture, Japon
Japon : les amoureux des bains publics
texte et photos ¬ Christophe Boisvieux
Dans l’empire du Soleil Levant, impossible de déroger au bain quotidien. Depuis plusieurs millénaires, ce rituel de purification rythme la vie sociale des Japonais. Symbole du raffinement nippon, il épouse aujourd’hui des formes plus qu’insolites. Bains de pamplemousses, de boue, d’iris ou de café... Voyage dans l’archipel, dans tous les sens du « therme ».
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« …l’usage veut que l’on soit parfaitement lavé et rincé avant même de prendre un bain. » « Monsieur ! N’oubliez pas votre pamplemousse ! ». À la réception de l’hôtel Okamotoya, le gérant me tend un beau spécimen avec un sourire affable. Sanglé dans un léger Yukata, sandales de bois aux pieds et pamplemousse à la main, me voilà paré pour affronter le Zabon Buro. Dehors, un délicieux bassin à ciel ouvert auréolé de vapeur. Quelques couples s’ébattent joyeusement au beau milieu d’une vingtaine de pamplemousses posés sur l’eau. On croit rêver... Toutefois, pour les deux familles japonaises qui barbotent béatement dans l’eau chaude, le bain aux pamplemousses n’a rien d’un spectacle surréaliste. Il n’est autre que l’une des multiples facettes du bain quotidien, à la fois rite de purification et moment privilégié de détente et de bien-être.
Retour aux sources Au Japon, le bain ne répond pas seulement à une exigence de propreté : l’usage veut que l’on soit parfaitement lavé et rincé avant même de prendre un bain. Cette passion est profondément enracinée dans des pratiques religieuses très anciennes, notamment dans le shintoïsme, la religion mère, dont le précepte essentiel est d’évacuer toute souillure. Il ne faut donc pas s’étonner si, dès le VIIIe siècle, les grands temples de Nara, la première capitale de l’Empire, disposent de vastes bains publics, alors que les empereurs et leur cour rendent de fréquentes visites aux villes d’eau. Aujourd’hui, même si la plupart des foyers possèdent une baignoire individuelle, les Japonais ne désertent pas ces établissements. Certains, remis au goût du jour, sont rendus plus attrayants par une pléiade de gadgets et de jeux nautiques. Ainsi, les quelque 2 000 stations thermales dispersées tout au long de l’archipel attirent en moyenne plus de monde chaque année que les plages du littoral. Lieux de rencontre et de détente à l’image de nos cafés, ils sont d’ailleurs plus appréciés pour leur caractère ludique et leurs qualités de relaxation, que pour leurs vertus thérapeutiques qui commencent tout juste à être exploitées. >
En haut - bain aux pamplemousses, Beppu, Japon. En bas - Bain aux tiges d'iris, Shimoda, Japon.
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Massage dans les fontaines d'eau chaude, Beppu, Japon. à droite : Suginoi spa hôtel, Beppu, Japon.
Marchands de sable À Ibusuki pourtant, au sud de l’île de Kyushu, le bain de sable est réputé souverain contre les rhumatismes, les désordres intestinaux et les déséquilibres gynécologiques. Dans un petit pavillon au bord de la plage, on vous tend un kimono léger et une serviette à nouer autour de la tête. Une fois allongé sur le sable, deux énergiques matrones vous jettent sans ménagement de lourdes pelletées brûlantes sur le corps. La première impression n’est pas des plus agréables et l’on se prend à songer avec angoisse au martyre des suppliciés que l’on enterrait vivants ! Puis, très doucement, alors que la chaleur s’insinue progressivement, une extraordinaire sensation de bien-être s’empare du corps tout entier... Au bout d’un quart d’heure malgré tout, la température du sable, chauffé
par la vapeur de sources chaudes souterraines, devient difficilement supportable. Il faut alors s’arracher à la pesante chape qui vous retient prisonnier, pour reprendre contact avec la réalité, après une douche et un bain chaud, devant une tasse de thé vert. Baignades insolites À Beppu, au Nord-Est de Kyushu, la station thermale numéro 1 du Japon concentre les formes les plus extravagantes du bain. À côté des marmites de boue et bassins couleur sang ou turquoise, Beppu ne possède pas moins de huit sources thermales différentes disséminées dans toute la ville. La station offre aux 12 millions de visiteurs qu’elle reçoit chaque année, un système à la carte permettant de choisir entre les ablutions traditionnelles et les bains de saké aux >
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propriétés euphorisantes !... Tout aussi saugrenu, notre fameux bain aux pamplemousses ou Zabon Buro fonctionne toujours à guichets fermés. C’est le bain aromatique et récréatif par excellence. Spécialité exclusive de la région de Beppu, il aurait des bienfaits contre les maladies de la peau. La vitamine C exacerbée par la température des sources chaudes, pénètrerait les pores de la peau : un soin de l’épiderme recherché par les Japonaises qui apprécient aussi, à l’occasion, les bains de lait ! À Arita, sur le détroit de Kil, elles font littéralement la queue devant une monstrueuse vache en plastique qui dispense généreusement le précieux liquide dans un bassin en perpétuelle effervescence.
Dans le grand bain Depuis quelques années, de grands parcs d’attractions nautiques dignes de Disneyland concurrencent les bains traditionnels. Au Suginoi Palace, perché sur les hauteurs de Beppu, hommes et femmes se partagent tour à tour deux immenses « temples » aquatiques construits sous une gigantesque bulle de verre. Mais il faut aller jusqu’à Arita, au sudouest d’Osaka, pour découvrir, dans l’hôtel Arita Kanko, le clou du « bain à sensation ». Suspendu au-dessus du vide, un couple se prélasse entre ciel et mer dans deux des huit minuscules baignoires que renferme la cabine d’un téléphérique ! /
à gauche : Bain en télécabine, Arita Kanko hôtel, Arita, Japon. En haut : Bain de sable, Ibusuki, Japon. En bas : Bain de boue, Beppu, Japon.
eBoy
Pixel art // Allemagne // http://helloboy.com
portfolio |
texte ÂŹ Judith Oliver
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Pixel Cities Comme un enfant avec sa boîte de Lego®, les eBoy construisent leurs œuvres digitales brique par brique, pixel par pixel. D'où l'esthétique très eighties et les traits enfantins de leurs créations. Depuis 1991, ces maîtres du pixel art se sont frayé une belle place dans le milieu du graphisme international. Notamment avec leurs « eCities », grandes fresques urbaines inspirées de Tokyo, Belfast,
Londres, Venise ou encore New York. Svend Smital, Kai Vermeer et Steffen Sauerteig transposent les traits caractéristiques de ces villes (folkore, architecture...) dans des compositions qui évoquent les premiers jeux vidéos. L'intérêt de leur travail réside bien sûr dans leur technique, proche de la mosaïque. En assemblant des pixels colorés, soit la plus petite unité d'un écran d'ordinateur, le trio s'offre
un nombre infini de combinaisons et pousse le détail jusqu'à l'extrême. Le tout, en utilisant des techniques « low-tech ». Une véritable prouesse qui implique de longues heures de travail. Mais nos urbanistes virtuels ne sont pas de simples geeks dont les productions seraient dénuées de ❥
À visiter / hello.eboy.com à voir et en vente sur / www.eboymarseille.fr
sens. Car sous les apparences volontiers naïves, affleure sans cesse une critique sociale. C'est du moins ce que donnent à penser les menaces de destruction nichées dans les coins de rue. Ou la surenchère de marques qui, à toutes les échelles, composent le décor...
sommaire
spécial ski |
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News ➧ p38-39
Evénements, animations, festivals et bons plans de cette saison.
Nouvelles glisses ➧ p40-43
Découverte de trois nouvelles pratiques pour aborder la neige autrement.
Guide des stations ➧ p44-46
10 stations alpines passées au crible pour faire le bon choix.
En piste ! réalisé par ¬ la rédaction
Voilà déjà un mois que l'hiver pince nos visages emmitouflés. Il est alors temps de se pencher sur les sports de glisse. Beaucoup d'entre nous (tout du moins les plus chanceux) n'ont déjà plus qu'une chose en tête : les traditionnelles « vacances à la neige » de Février. Let'smotiv a pensé à tous ceux qui aspirent ainsi aux blanches cîmes des Alpes. Nous avons sélectionné pour vous les meilleures stations, le must de l'équipement, les bons plans... bref, de quoi vous lancer tête baissée sur les pistes. Tout Schussssss…
News
Pedro Winter © DR
Chamonix en noir et blanc Ambiance clubbing pour The Black Weekend, du 17 au 20.03, à Chamonix. La capitale internationale de la montagne et du ski de fond accueille la 3e édition de cet évènement qui vous fera passer quelques nuits blanches. Outre sa programmation musicale qui réunit encore cette année du beau monde (Pedro Winter, Simian Disco Mobile, Vitalic…), une manifestation dédiée à la création visuelle et sonore d’artistes internationaux. ➧ Info : www.blackweekend.com
Jeux d’hiver
© COVAN
Télex
Les aventuriers et amateurs de performances olympiques sauteront sur l’occasion. Du 12 au 28 février, la belle canadienne Vancouver accueille les Jeux d’Hiver. Hockey sur glace, patinage de vitesse, bobsleigh ou ski alpin, les disciplines reines des sports d'hiver seront représentées. Mais Vancouver conjugue par ailleurs le sport à la culture : dès le 22 janvier et jusqu’au 21 mars, l’Olympiade Culturelle invite artistes locaux et internationaux. Alléchant, le programme mérite bien un séjour prolongé… pour les plus chanceux ! ➧ Info : www.vancouver2010.com
Marre de la glisse ? Restez au chaud devant votre écran d’ordinateur. Le site LaPoudre. com propose son petit jeu de stratégie multi-joueurs. Sur un plateau, depuis vos manettes, vous girigez un skieur, un surfeur ou un freerider pour une bataille géante et tactique de boules de neige. Un divertissement gratuit et qui défoule ! www.lapoudre.com
Un « écoascenseur » à Saint-Lary Deuxième plus grosse réalisation européenne dans une station (après un téléporté au-dessus de la Volga), la nouvelle télécabine de Saint-Lary est un véritable « écoascenseur » capable de transporter 2800 personnes par heure. Un bon moyen de se rendre sur les pistes avant d’aller danser la salsa en moon boots : du 15 au 17.01, la station accueille en effet le festival « Salsa en la montana ». Cet évènement comprend un séjour ski en compagnie de 250 personnes (maximum) qui s’achève par une soirée « fluo » et salsa. ➧ Info : www.saint-lary.com, www.salsaenlamontana.com
© DR
© DR
Cure télévisuelle à Luchon
Whitepod : drôles d’igloos alpins
Le cinéma a Cannes, la télé a Luchon. Moins glamour certes mais bien plus convivial. Cette année, pour apercevoir des vedettes du petit écran en moon boots et apprécier le meilleur de la création télévisuelle française et étrangère entre deux descentes à Superbagnères, rendez-vous du 3 au 7.02 dans la cité thermale. Sans oublier la compétition officielle avec un jury présidé pour cette édition 2010 par Claude Chabrol. ➧ Info : www.festivaldeluchon.tv
Marier la richesse d’une nature quasi intacte au plaisir du confort et de l’esthétique, c’est le pari tenu à Cerniers, petit village des Alpes. Á 1700 mètres d’altitude, le domaine Whitepod vous héberge dans des coques conçues à partir de matériaux isolants, sans électricité mais avec des lampes à pétrole et des poêles à bois. Parfaitement intégrés au paysage, ces pods offrent une vue panoramique sur la montagne, pour un séjour au plus près de la nature. ➧ Info : à partir de 234 € (2 pers/nuit), www.whitepod.com
Choisir une station de ski, un véritable casse-tête ? Peut-être que le site Sprice.fr, comparateur de référence dans le monde du voyage, va vous aider à trancher, en lançant le premier baromètre des stations de ski françaises. Mis à jour régulièrement, ce dernier pourra peut-être vous guider pour savoir où skier le moins cher possible. www.sprice.fr/ski
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texte & photos ¬
Eric Delaperriere
Nouvelles glisses
3 pistes pour skier autrement Pour évoluer sur la neige, on a longtemps eu pour seul choix que le ski ou la luge ! Puis, le snowboard est arrivé, renouvelant les sensations et démodant les longs patins de bois. Depuis quelques années, les skieurs ont profité des progrès du matériel pour revenir en force. Freeride, freestyle, backcountry, les nouvelles tribus se nomment en anglais, of course ! En voici quelques autres pour slalomer autrement…
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« Oubliez la pesanteur qui vous cloue à la neige » Speed riding : le ski sous voile Si vous voulez dévaler des pentes immenses, sauter des barres rocheuses, survoler les obstacles, sans forcément avoir les capacités d’un freerider professionnel, vous pouvez toujours essayer le speed riding. Oubliez la pesanteur qui vous cloue à la neige : une petite voile de parapente vous soulève à quelques centimètres ou quelques mètres au-dessus du sol. Sanglé dans un harnais, vous survolez la piste, effleurant la neige, pilotant du bout des doigts : le paysage défile sous les skis avec une fluidité insoupçonnable… mais attention, les obstacles arrivent eux aussi à vitesse grand V ! Des sensations grisantes, qui demandent pas mal d’espace : mieux vaut donc s’initier au speed riding avec un moniteur compétent, sur une piste réservée à ces évolutions entre ciel et neige… Télémark : old school, new school Dans le genre « retour vers le futur », le télémark (du nom d’une province norvégienne) allie le charme des origines du ski aux dernières prouesses techni-
ques. Disparu vers 1930, ce joli virage en fente, genoux pliés et talons libres, revient en force dans les années 80, grâce à quelques hippies américains adeptes du ski de fond. Très vite cependant, ils font évoluer leur matériel, skis plus larges, chaussures spécifiques plus rigides, pour pouvoir tâter de la pente. Aujourd’hui, l’apprentissage du télémark est devenu assez facile pour de bons skieurs mais il réclame toujours une bonne condition physique : faites chauffer les cuisses ! Alors, pourquoi ressusciter ce virage désuet ? Pour l’élégance du geste, pour les sensations uniques, ou simplement pour redécouvrir le plaisir d’une belle piste verte. Mais aussi pour progresser en ski alpin, car pour télémarker correctement, il faut « skier en conscience », s’appliquer, doser la prise de carres, varier les appuis.
Freerando : petite montée, grande descente Vous aimez faire du ski hors-pistes et vous voulez aller plus loin ? à mi-chemin entre freeride et randonnée, essayez donc le freerando : des skis de freeride, larges, assez lourds mais tellement agréables en poudreuse, une fixation mobile (on peut débloquer le talon à la montée et le bloquer à la descente) et une paire de peaux de phoque à coller sous les skis pour monter. Ajoutez à cela un forfait dans une station avec de grands espaces, et un bon guide pour connaître les meilleurs spots. Avalez le ❥
plus gros du dénivelé grâce aux remontées mécaniques (ouf !) ; en haut des pistes, une courte montée en ski suffit souvent pour basculer dans un autre monde. Sur la crête, retirez les peaux, bloquez les fixations et plongez dans un vallon vierge de toute trace. Comme pour tout sport de neige, n’oubliez pas de vous informer sur les risques d’avalanche, de vous équiper d’un ARVA (appareil de recherche pour retrouver les victimes d’une avalanche) ainsi que d’une pelle et d’une sonde. Guides, moniteurs ou stages sont là pour vous apprendre à utiliser ce matériel indispensable ! /
Quelques adresses : Speed riding : www.speedriding-school.com, une école aux Arcs, en Savoie Télémark : « Les 5 saisons », hôtel et gîte à côté de Briançon, dans les Alpes du Sud, organise d’excellents stages d’initiation au telemark : www.les5saisons.com telemarkpyreneen.blogspot.com, le site d’une poignée de passionnés du télémark dans les Pyrénées Freerando : l’UCPA Argentière, idéalement située à coté de Chamônix, organise des stages freeride et rando dans le cadre incomparable du massif du Mont Blanc. Comptez 750 €/semaine, www.ucpa.com
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© DR
Chamonix Mont-Blanc (74) Chamonix n’est pas une station… C’est un mythe. Si vous ne l’avez jamais vue, personne n’a les mots pour vous la décrire… Au pied du Mont Blanc, le site est majestueux : le rêve himalayen, les glaciers en pleine ville. Imaginez la descente de la Vallée Blanche et ses 2800 m de dénivelé ! C’est l’expérience d’une montée à 4000 et la perte de 30% de ses facultés mentales et physiques ! C’est à coup sûr frôler les choucas et avoir peur des crevasses ! Le bleu du ciel et le bleu de la glace brute. Chamonix, c’est l’équipe de Hockey, l’école des guides et le PGHM. C’est le ski comme nulle part, le ski des gens qui aiment la montagne et le ski. C’est le ski qui siffle dans les oreilles tellement ça va vite. Chamonix, c’est une vallée et deux siècles de culture de l’or blanc. Les palaces et la jet set, les fous du free ride et les plus grands artistes de la glisse s’y retrouvent. Chamonix, c’est une petite ville, 20 000 habitants dans la vallée et jusqu’à 200 000 touristes par jour ! Une 4 voies vous pose au cœur de la cité et pourtant vous avez l’impression d’être dans un village traditionnel. Pas de souci pour manger une fondue, même tard dans la nuit… On la commande dans toutes les langues et à tous les prix ! Ce soir, la météo annonce -22° au sommet de l’aiguille du midi. On vous avait dit de prendre une petite laine. ➧ 110 km de piste // Forfait jour : normal 49,5 €, étudiant 39, 6 €
La Grave (05)
La Plagne (73)
Un téléphérique, un « bout » de téléski pour atteindre le sommet et deux pistes balisées sur le glacier. Le reste est à imaginer... À La Grave, vous n’êtes pas dans une station de ski. Vous êtes en haute montagne, sur un site non sécurisé où vous devez gérer votre insécurité. Un téléphérique vous monte en 30 minutes environ à 3200m d’altitude dans un décor unique de grandes étendues glaciaires, de couloirs abrupts où vous pourrez tracer vos courbes selon votre inspiration et votre niveau, loin des pistes balisées et des pylônes. C’est une expérience unique pour les très bons skieurs une descente en enfer pour les autres. À La Grave, les pistes ne sont ni damées, ni balisées. Un seul conseil : Ne pas emmener belle maman et les enfants.
En Haute Tarentaise, La Plagne réunit toutes les envies et toute la famille. Chalets traditionnels, construction 70’s. Pistes vertes et enfer noir. Pour les familles nombreuses ou les jeunes branchés, La Plagne, c’est aussi : une piste olympique de bobsleigh ouverte au public et aux pros, une structure artificielle et des cascades naturelles pour pratiquer l’escalade sur glace, le stade de slalom Jean-Luc Crétier, éclairé et aménagé pour le ski de nuit et l’accueil des plus grandes compétitions internationales…
➧ Forfait jour : normal 40 €, réduit 30 €
➧ 225 km de piste // Forfait jour : normal 43 €, étudiant 32,5 €
Les 7 Laux (38)
Bienvenue à Courchevel, la plus prestigieuse station des 3 Vallées (plus grand domaine skiable du monde). Du luxe, des hôtels de rêve, les plus beaux chalets du massif ! C’est la station « plus ». Plus cosmopolite, on y parle russe, arabe et chinois au resto d’altitude. Plus de service : 700 moniteurs sont à votre disposition pour vous enseigner toutes les sortes de glisses dans votre langue ! Plus chère également… Carte Gold recommandée. Plus folle sûrement ! Les « nouveaux riches » moscovites y organisent quelques fêtes complètement déjantés. Altiport en bord de piste si vous ne restez qu’une journée.
Trois stations, deux versants de montagne, 1 domaine relié : Les 7 Laux, c’est la station préférée des Grenoblois, à une grosse demi-heure du centre-ville. C’est ce qu’on aime, on y grimpe pour une ½ journée. Elle offre un parc de remontées mécaniques et d´équipements ultra-modernes pour tous les passionnés de glisse. Snowpark, boarder cross, half-pipe aux normes olympiques, zones débutants, nouvelles pistes noires, télécombi, télésièges 6 places débrayable, tapis roulant...
➧ 150 km de piste // Forfait jour : normal 39 €,
➧ 120 km de piste //
© DR
Courchevel (73)
étudiants 27 / 33, 5 €
Forfait jour : 30 et 26 €
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L’Alpe d’Huez (38) Depuis 1936, l’Alpe d’Huez s’est développée sur la face sud du Massif des Grandes Rousses. Station climatique, bien nommée l’Île au Soleil, l’Alpe d’Huez bénéficie d’un microclimat particulièrement actif. L’altitude élevée garantit l’enneigement des 3 000 ha du domaine, soit 245 km de pistes de tous niveaux, sur 2210 m de dénivelé, et 800 ha skiables. Plus de 770 canons à neige permettent le retour, skis aux pieds à l’Alpe d’Huez et aux stations villages.
➧ 240 km de piste // Forfait jour : normal 40,5 €, étudiant 36 €
Les Arcs (73) Le plus gros avantage avec les Arcs, c’est qu’on arrive en train sur les pistes… En effet, le TGV vient jusqu’à BourgSaint-Maurice et l’on rejoint depuis la gare facilement le domaine skiable « Paradiski» depuis la sous-préfecture savoyarde. Les skieurs qui aiment la « peuff » apprécieront ce domaine. 144 remontées mécaniques.
➧ 200 km de piste // Forfait jour : normal 43,5 €, étudiant 33 €
OT Flaine © P. Lebeau
Flaine (74) Flaine est située au sommet d’un des plus grands domaines skiables de France, le Grand Massif. Une station « skis aux pieds » fonctionnelle, station béton, mais très agréable. L’enneigement y est toujours excellent et la télécabine pour « grimper à 3000 » très rapide. 265 km de pistes. Je vous recommande un resto… « Les Chalets » à quelques dizaines de mètres de la télécabine…
➧ 140 km de piste // Forfait jour : normal 31,5 €, étudiant 37 €
Avoriaz 1800 (74) La station d´Avoriaz est réputée pour son architecture insolite qui se confond avec l´impressionnant panorama rocheux qui l´entoure. Un site d´exception, de multiples activités sportives, Avoriaz, station avant-gardiste, a forgé sa réputation sur sa qualité de vie. Située au coeur du domaine skiable des Portes du Soleil, avec 650 km de piste, elle vous fera goûter les charmes d’une station sans voiture et d’un site ski au pied.
➧ 212 km de piste // Forfait jour : normal 34 €, étudiant 23 / 27 €
Isola 2000 (06) Créé il y a plus de 30 ans, Isola 2000 s’est rapidement imposée comme l’une des plus agréables stations françaises. Une telle notoriété, reconnue au-delà de nos frontières, ne doit rien au hasard. En effet, Isola 2000 bénéficie d’une situation géographique privilégiée, profitant d’un vrai soleil méditerranéen et d’un enneigement exceptionnel. À moins de 100 km de Nice et aux frontières de l’Italie, un domaine de 120 km de pistes garantissant par son altitude et sa situation, neige et soleil.
➧ 120 km de piste // Forfait jour : 28,5 / 24,5 €
Cirque d'hiver Photographie & stylisme ¬ Julie cerise Maquillage & coiffure ¬ Olivier Chauzy avec les produits M.A.C COMESTICS Assistante ¬ Léa Merci à la famille Fourré pour son accueil.
fiona chemise G-STAR, Gilet DC, Collants american apparel, Jupe Groucho.
cĂŠcilia Gilet HURLEY, Robe REKO, Gants PEPE JEANS, Collants american apparel.
Fiona Chemise HURLEY, Collants AMERICAN APPAREL, Robe RVCA, Gilet KILL DEAL.
Cécilia Haut TATOUAGE, Pantalon HELLS BELLS, Gants CHARLOTTE SOMETIMES, Cerceaux PSYCHOJONGLEUR.
CĂŠcilia Jupe JOSIE LA BARONNE, Tee Shirt ROXY, Collants American Apparel.
FIONA Collants AMERICAN APPAREL, Salopette VOLCOM, Tee shirt ESPRIT, Chaussures VICTORIA, Gants PAKO LITTO.
cĂŠcilia Manteau ROXY, Collants YUMI, Chaussures NIKE.
fiona écharpe PEPE JEANS, Robe CARHARTT, Chaussures BENSIMON, Collants AMERICAN APPAREL, Boule et balles PSYCHOJONGLEUR.
Figura con tres caras Teotihuaca n (atribucion) © Museo Universitario de Ciencias y Arte UNAM Donada por Ricardo Hecht
En technicolor texte ¬ Judith Oliver
Que ne donnerait-on pas pour une immersion dans le Mexique chatoyant du biopic sur Frida Kalho ? Pour retrouver ses couleurs surannées, ses jupons brodés, ses moustachu(e)s pur jus, et sa musique enivrante ? Et bien, les beaux-arts de Bruxelles nous en offrent l’occasion. Pendant trois mois, le musée flatte nos imaginaires collectifs à grands renforts d’expositions, de concerts et de combats de Lucha Libre. À faire pâlir d’envie Luis Mariano.
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Frida Kahlo Autorretrato con cha nguito © Collection Museo Dolores Olmedo Xochimilco, Mexico
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DIONISIO GONZALEZ, Ipira nga III
TXOMIN BADIOLA, Instalacion tridimensional Reve sa ns fin
Certes, il faut un peu d’imagination pour s’imaginer sur le plateau du tournage, mais pourtant tout y est : un casting de 150 Mexicains archi-typiques (l’exposition Imagenes del Mexicano), un gros plan sur l’actrice principale (Frida Kahlo y su Mundo), une photographie léchée (Mundos Mexicanos), une étude attentive de l’architecture mexicaine, et quelques orchestres jouant de la musique traditionnelle. L’hymne à la scène culturelle mexicaine qu’entonne dès le 16 janvier la prestigieuse institution bruxelloise pourrait bien réveiller vos envies de burritos et de tequila. Laissez-vous donc guider dans ces festivités sans risque de tourista.
Chronique visuelle Un petit flash-back s’impose, tout d’abord, pour comprendre le sens de cet évènement, et plus précisément celui de son exposition phare, Imagenes del Mexicano*. De l’époque précolombienne à nos jours, la population mexicaine a vécu sous l’influence de nombreuses cultures. Berceau des civilisations amérindiennes les plus avancées (Olmèques, Teotihuacán, Zapotèques, Mayas, Aztèques…), elle a ensuite connu trois siècles d’occupation espagnole. De sorte que s’est posée, de manière récurrente, la question de la spécificité de l’identité mexicaine. Sous la domination hispanique (du xve au
xixe),
à l’Indépendance du Mexique (en 1810-21), tout comme, ensuite, à l’époque révolutionnaire (xxe), chaque élite a construit et diffusé sa propre lecture de l’histoire du pays. Et, pour entériner cette vision du patrimoine historique et folklorique, a eu recours à des images. L’exposition Imagenes del Mexicano ausculte cette production iconographique à travers une impressionnante galerie de portraits, des splendides céramiques mayas aux artistes du siècle passé. Tableaux de classe, fresques populaires, photographies, illustrations satiriques, films, autoportraits, chacune des 150 pièces colporte une définition différente du « Mexicain typique ». >
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Hermenegildo Bustos Autorretrato © Museo Nacional de Arte INBA
à ces figures stéréotypées dépeintes par des autochtones s’ajoute le regard d’artistes étrangers, notamment celui d’Eisenstein, qui ont apporté leur pierre à cet édifice mythologique fragmenté.
Avec Frida la brune, quand elle devient Margot… À eux seuls, les tableaux et eaux-fortes de Frida Kahlo cristallisent tous les paradoxes culturels du pays. Même si, de prime abord, on n’y voit que la traduction d’une souffrance individuelle. Dans les 26 œuvres présentées, Frida mobilise codes et symboles qui renvoient à ces différents héritages. Tenues traditionnelles, divinités païennes, ex-voto baroques cohabitent avec l’imagerie révolutionnaire et les signes contemporains. L’ensemble trahit un questionnement de la peintre sur l’identité mexicaine. Paradoxalement, c’est en se présentant de manière presque hagio-
graphique qu’elle a le mieux contribué à en définir les contours, puisqu’elle est devenue une icône, l’incarnation même du Mexique.
Et pourtant, elle tourne Heureusement, toutefois, l’analyse de la culture mexicaine proposée par Bozar ne s’arrête pas aux années 1950. Car, quitte à jouer sur les clichés, autant y aller jusqu’au bout. Et convoquer piñatas, orchestres mariatchi et lutteurs de lucha libre. Pour cela, le musée n’a pas fait dans la demi-mesure, et les fiestas qui nous attendent dans les mois qui viennent risquent d’être mémorables. Mais cantonner le festival Mexico à un étalage de folklore serait injuste. Car l’institution culturelle offre également d’intéressants contrepoints, en saluant la vivacité de la scène littéraire, théâtrale, cinématographique et photographique contemporaine. /
MEXICO! Du 16.01 au 25.04, Bruxelles, Bozar, mar>dim, 10h>18h, (sf jeu 21h), www.bozar.be, +32 2 507 82 00
✦ expositions ✦ IMAGENES DEL MEXICANO (du 11.02 au 25.04), 10/3€ 3000 ans d'histoire en 150 portraits... FRIDA KAHLO (du 16.01 au 18.04), 3/2€ 19 tableaux, 6 dessins et de nombreuses photographies pour une exposition intimiste. EL HORIZONTE DEL TOPO (du 11.02 au 25.04), entrée libre Sélection d'installations vidéos sur le thème de l'amnésie. MUNDOS MEXICANOS (du 11.02 au 11.04), entrée libre Ou le regard des plus innovants photographes mexicains contemporains. MEXICAN MODERNISMS (du 11.02 au 11.04), entrée libre Zoom sur l'architecture moderniste et sur son chef de file, Luis Barragán.
✦ MUSIQUE ✦ TEMBEMBE ENSAMBLE CONTINUO (21.02) Audacieux mélange de musiques traditionnelles latino-américaines et de partitions baroques. TAMBUCO (21.03) Foisonnant répertoire de percussions.
Jose María Zepeda de Estrada Retrato de Fra ncisco Torres © Museo Nacional de Arte INBA
NOPAL BEAT (26.03) Carte blanche au label mexicain Beat Records dans le cadre de la 2e édition du Brussel Electronic Music Festival.
✦ LITTERATURE ✦ FOCUS SUR LA NOUVELLE LITTERATURE MEXICAINE (13.03) Lectures de Jorge Volpi et Paco Ignacio Taibo II APRèS-MIDI POESIE (21.02) La fine fleur de la poésie contemporaine, avec, notamment, le grandiose Victor Manuel Mendiola.
✦ FESTIVITÉS DIVERSES ✦ FIESTA AU PALAIS (21.03) Mariatchi, pinatas, marionnettes, concerts, bals, contes et tequila. Rien de tel pour fêter l'arrivée du printemps. LUCHA LIBRE (27 ET 28.02) Le bon, la brute : tous des truands !
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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ DR
Cris Prolific Around the world
Le premier album de Cris Prolific est un véritable pied de nez au rap français. Ce Parisien de naissance et Bruxellois de cœur a en effet convoqué la crème du hip-hop américain sur Art/Money*. Phat Kat, Black Milk, Baatin' -RIP- ou Cappadona, autant de grands rappeurs rencontrés au hasard de séjours aux USA. Cris Prolific revient sur son épopée fantastique avec une humilité déconcertante. La musique était-elle une vocation ? Oui, mes parents écoutaient beaucoup de musiques latines, psyché, rock, jazz... Petit, je me glissais souvent dans la chambre de mon frère pour feuilleter ses pochettes de disque. Dans les années 80, on s'est mis au hip-hop mon frère et moi. On fréquentait Sydney de « H.I.P H.O.P », j'ai vraiment grandi avec cette culture. J’ai eu envie de composer à 14 ans, lorsque j'ai découvert Pete Rock. J'étais impressionné par la qualité de ses beats et surtout le choix de ses samples. Et tes débuts en tant que producteur ? À 22 ans, je me suis acheté un clavier que j'utilise encore aujourd'hui. Mon cousin Geraldo, le fondateur du label 45
Scientific, m'a présenté la clique du label Time Bomb. J’ai alors composé pour Dune, Arsenik, Lord Ness, Kerry James, Lunatic, Xmen, etc… Ensuite, le label est parti en fumée et j’ai filé aux Etats-Unis où j’avais des connexions. Besoin aussi de t’éloigner du milieu rap français ? À Paris, je n'avançais plus musicalement. Les maisons de disques étaient déjà frileuses. J'étais plus attiré par la liberté du hip-hop américain. Là-bas, les artistes et managers étaient plus sensibles à ma musique. Grâce au bouche-à-oreille, un label m'a proposé le remix officiel de You Got Me de The Roots. J’avais du mal à y
croire… Puis je me suis penché sur des titres de RZA, Mos Def ou Erykah Badu… Quand as-tu décidé de sortir ton propre album ? En 2001. Après les attentats du 11.09, la plupart des projets ont été annulés aux USA. Je devais produire l'album des Jungle Brothers mais c'est tombé à l'eau... Du coup je suis rentré en France, et là, grosse remise en question. Sans me précipiter, j'ai décidé de préparer mon album. Encore une fois, j'ai fait de
belles rencontres (ndlr : K Banger, Large Professor...) qui se sont transformées en collaborations ! Sur ton album, on retrouve aussi Ayo... Tout s’est passé très naturellement. On a enregistré ce morceau avant qu’elle sorte ses propres albums, donc on ne ressent pas le côté folk. Le résultat est vraiment étonnant, ça ne ressemble pas à ce qu'on connaît d'Ayo. Et apparemment elle adore ce morceau, son père est aussi complètement fan !
* Illustre producteur américain, connu pour ses collaborations avec A Tribe Called Quest, Slum Village, Busta Rhymes... Une maladie du sang incurable l'emporte en 2006.
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CRIS PROLIFIC Art/Money, Volume I, sortie début 2010 sur 45 Scientific.
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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ Wolfmother © DR
Rock Band* L’histoire (du rock) est un éternel recommencement, soumis momentanément à quelques soubresauts magnifiques. Wolfmother n’est pas un de ces soubresauts. Le groupe d’Andrew Stockdale relève plutôt du remake, un exercice typiquement rock. Wolfmother, qu’on se le dise, est plus une marque qu’un véritable groupe. Le guitariste/chanteur Andrew Stockdale a en effet renouvelé l’intégralité des membres de son groupe après le premier album éponyme de 2006 et son tube Woman. La charte mise en place à l’époque a pourtant été respectée à la lettre pour Cosmic Egg, sorti fin 2009 : machines arrières toutes, vers les seventies. Tout est fait ici pour invoquer Black Sabbath et Led Zeppelin, dans une version efficace quoique bien sage, avec cette voix qui semble sur la longueur s’auto-imiter. Wolfmother c’est du rock pur, sans adjuvant électronique, sans scratch intempestif. Un rock qui se contorsionne pour faire sonner guitare-basse-batterie toujours plus fort au travers de riffs originaux. Mais, peut-on encore sortir aujourd’hui un disque de rock sans être produit par Dangermouse, sans featuring de Chris Martin, sans all-star band ? L’industrie musicale (ce qu’il en reste) est-elle si magnanime ? Pas sûr. Si demain les ados du monde entier connaissaient Wolfmother, ce ne serait probablement pas grâce au soutien promotionnel de son label. Mais, bien plus certainement grâce au dernier jeu video Guitar Hero. Ouch ! / * nom d’un célèbre jeu vidéo musical, équivalent de Guitar Hero
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WOLFMOTHER – THE BLACK ANGELS 24.01, 20h, Bruxelles, Cirque Royal, 35/31€, +32 2 218 37 32
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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ owen richards
The oXXymores Ils ont vingt ans. Un peu plus, un peu moins. Deux filles, deux garçons, forment un envoûtant quartet qui se joue des étiquettes musicales : The XX délivre une pop enneigée qui sublime la sombre clarté de l’hiver. Au départ, ils étaient deux : Romy Madley Croft et Oliver Sim, amis depuis l’enfance. En 2005, Baria Qureshi et Jamie Smith les rejoignent : The XX sort de terre. Ces postadolescents désillusionnés, nourris au biberon du rock londonien, excitent la blogosphère depuis la sortie, en septembre, de leur premier album, intitulé XX. Cet opus sert une pop sombre et insolite, sobre et organique, à l’instar des titres Basic Space et Crystalised, véritables condensés de leur inclassable savoir-faire : sensualité de guitares embrumées, beauté brute et délicate de compositions dénudées. Sensation cold wave. Tout en contrastes. The XX ne fait pas dans le rugueux, le nerveux, l’explosif. Pleins phares, le groupe nous conduit sur une route sinueuse bordée de paysages lunaires. XX regorge de morceaux squelettiques, de mélodies atmosphériques qui suspendent le temps et l’espace au gré des voix blanches des deux chanteurs, Romy et Oliver. Un album elliptique, hypnotique. Et carrément addictif. Clair-obscur Avec leur look de punk ou de rockeurs garage, leur musique nocturne et désertique (d)étonne. Et sur scène, la nuit se fait prégnante, le show minimal, mystérieux. Comme pour rappeler les répétitions de ces noctambules à l’Elliot School de Putney, l’école où se sont formés aussi les groupes Hot Chip et Four Tet. The XX joue dans une quasi-obscurité, rompue de temps à autre par des rais de lumière blanche. Il souffle le chaud et le froid. Joue à cache-cache, entre lumière et obscurité. Avec toute l’impétuosité des débutants. / ❥
THE XX le 17.02, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, le 11.02, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 16/13€, +33 320 70 10 00
complet!
musique |
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texte ¬ Audrey Chauveau photo ¬ DR
Bonnann tagonn ! On connaissait l'espéranto sous forme de langage universel. Depuis presque trente ans, on découvre, d’albums en tournées, une incarnation de cet idiome en Rachid Taha. À l’époque des grands débats sur l’identité nationale, cet électron libre franco-algérien confirme que l’unité se trouve dans la diversité. Voix gitaneuse et Carte de Séjour en mains, Taha secoue d'abord l’Hexagone black blanc beur en reprenant Douce France de Trenet à la sauce arabo-rock. Avec son 1er opus solo, Barbès (1990), il dépose sa marque : instruments traditionnels orientaux mâtinés de rock et d'électro, discours universel mais sans concessions. Car pour cet amoureux des lettres, le message est primordial. Qu'il soit en arabe ou en français (Voilà Voilà dénonce la montée du FN). En véritable caméléon, Rachid Taha rallie avec brio le très grand public (1,2,3 soleil, Ya Rayah) et la scène underground, inspirant même aux Clash leur célébrissime Rock the Casbah. Bref, il se coule aisément dans des productions dancefloor, suscite l'intérêt des amateurs de chansons à texte et dépoussière la musique orientale. Après avoir collaboré avec Brian Eno, il poursuit avec le producteur Mark Plati et Gaétan Roussel (Louise Attaque). Bonjour, son dernier album, marque un retour aux fondamentaux populaires : rock, châabi, hip-hop habillés d'une production électronique léchée. Il promet un live généreux : riche d'interactions avec le public et d'improvisations musicales. Il faut se rendre à l'évidence, sur scène, l'énergie de cet homme sans étiquette reste intacte ! / ❥
RACHID TAHA 12.02, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, 25/22€, +32 2 548 24 24
texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ DR
Pop en stock Une fois de plus, le label parisien Kitsuné a fait mouche en accueillant dans son écurie le tiercé gagnant Delphic. Les augures sont plus que favorables pour ce trio électro-pop mancunien pressenti par certaines pythies musicales comme la sensation de 2010. Dansons un peu plus à Manchester : c’est de cette envie qu’est né Delphic. Richard Boardman, Matt Cocksedge et James Cook s’y consacrent avec un acharnement obsessionnel depuis quelques mois. Ils affûtent leurs compositions nourries du meilleur de la pop électronique des années 90. Ils ont même la riche idée de s’installer ensemble, afin de ne perdre aucune occasion de travailler leur musique. Après tout, a-t-on besoin d’une vie sociale et de contacts humains quand on se consacre à un si beau projet ? Un certain besoin apparemment, puisqu’ils entament une tournée. Renard futé Alors qu’ils font la première partie de Bloc Party, leur prestance séduit un soir Gildas. Gildas ? Mais si, la moitié de Gildas et Masaya, les patrons de Kitsuné (« renard », en japonais). Kitsuné, voyons : ce label parisien qui vend de la musique et des vêtements pour aller avec (quand ce n’est pas l’inverse). Et qui, ces dernières années, a eu le nez creux en flairant avant tout le monde des groupes comme Klaxons ou Hot Chip. Maintenant qu’ils ont un label, les trois Delphic se disent qu’il leur faudrait un album (voir chronique p. 120), et quelques clips. Dave Ma se charge de celui de leur single This momentary : son œuvre est nominée aux Music Video Awards 2009. Avec tout ça, autant dire que les pythies ne se mouillent pas trop en prédisant un bel avenir à Delphic… / ❥
DELPHIC 14.02, 20h, Bruxelles, Botanique, 13/10€, +32 2 218 37 32
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texte ¬ Julie Koch photo ¬ Soren Solkaer Starbird
Le bal des Vampires Après une percée mondiale en 2007, notamment grâce à Internet et à une flopée de blogs spécialisés, Vampire Weekend rôde à nouveau près de nos oreilles. En effet, les quatre New-Yorkais confirment leur soif de notoriété avec Contra, un album doté d’une funk-world-pop bien chaloupée. Paperasse, bouquins et fringues jonchent le sol. Au milieu du joyeux fouillis, les quatre potes de lycée, avachis. Ils sont pris en contre-plongée, comme si l’objectif jugeait leur conduite dissolue. L’avatar Myspace de Vampire Weekend plante le décor. Âgés d’une vingtaine d’années, Ezra, Rostam, Chris et Christopher sortent tout juste
de leur fac de musicologie. Respectivement au chant, au clavier, à la batterie et à la basse, leurs expérimentations musicales débutent en 2006. À la croisée des rythmes africains et de la musique classique, le combo définit sa pop comme de « l’upper west side soweto », la fusion de quartiers newyorkais et sud africains.
Effet décoiffant Pas vampire pour un sou, les quatre gaillards seraient plutôt du type gendre idéal. Chemise sagement boutonnée et rentrée dans le pantalon, le style est sage. La présence scénique aussi. En mémoire, un concert en 2008 à Tourcoing : d’une fraîcheur toute candide, le set est (trop) propre. Mais leur nouvel album semble offrir un début de démenti à ce souvenir de prestation policée. Exit les
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petits pulls pastel du clip A-Punk, place aux énergumènes perchés de Cousins. Ezra Koenig défile d’avant en arrière sur une pop punchy. Le Polaroïd d’un lustre surplombant une pièce emplie de monde ornait la couverture du premier album éponyme. Pour Contra, c’est une jeune fille qu’on dirait tout droit échappée de la fête qui nous fixe, yeux écarquillés et cheveux décoiffés. Le nouvel effet Vampire Weekend ? /
VAMPIRE WEEKEND 22.02, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, 25/22€, +32 25 48 24 24
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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Panda Bear © Maureen Gubia
L’indomptable Animal Collective ? « Trop célèbres ! Des vendus ! Forçons-nous à écouter Ariel Pink, plutôt. On y comprend pas grand’chose, c’est mal fichu, mais c’est moins connu…» C’est en substance, ce que maugréent quelques snobs qui n’adulent que les groupes réunissant moins de trois personnes en concert. Et Panda Bear, dans tout ça ? Puisque c’est de lui dont on parle, on saute de joie à l’idée d’un concert du seul Panda Bear ! De son vrai nom Noah Lennox, il est un peu le pierrot lunaire de la bande : affecté par le décès de son père, il signe en 2004 Young Prayer, disque opaque et décharné. Pas le genre de musique qui prend son sens sur scène. Mais, en 2007, la parution de Person Pitch passe The Beach Boys au scanner et au bruit blanc. Une réussite, qu’on rapprochera tout de même des essais de Manitoba (futur Caribou) ou du Japonais Oorutaichi. Juste pour chipoter. événementiel, ce concert l’est également car Panda Bear a déclaré vouloir cesser d’utiliser des samples à tout va : l’occasion pour nous de (re)découvrir un son plus organique, mais pas moins lysergique. Enfin, ce retour par la petite porte de l’intimiste De Kreun fait chaud au cœur : oui, Panda Bear a la tête dans les étoiles. Mais toujours les pieds sur terre. Et sur le trajet, on s’enverra le fabuleux Fall Be Kind, dernier Ep en date de… Animal Collective ! / ❥
PANDA BEAR + DJ ISABEL 17.01, 20h, Courtrai, De Kreun, 18/16/13€, +32 56 37 06 44
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texte ¬ Clément Perrin photo ¬ Laurent Garnier © Nick Ivins
Électrons libres Les Transardentes font monter la température au milieu du rigoureux mois de janvier. Certes, la morosité ambiante participe au succès de ce festival de musiques électroniques. Mais, cela n’enlève rien à la qualité du plateau d'artistes convoqués. Un mix impeccable entre légendes du clubbing et artistes émergents. Jugez plutôt. Comme de coutume, les Transardentes mettent la drum'n'bass à l'honneur avec les meilleurs représentants du genre (Hype feat. Daddy Earl , etc.). La Pyramid Room, quant à elle, devrait blesser les oreilles des puristes, agacés par les fumisteries électroniques des Crookers, mais ménage dans la foulée les passions nées ces dernières années. En effet, le festival liégeois offre, en quelques heures, un bel instantané de la scène dancefloor actuelle. Si les années 00 ont démarré sous un voile austère et propret, caché derrière un pseudo minimalisme, elles s'achèvent comme ici dans la sueur, une joyeuse partouze de styles, entre envolées élégiaques et beats fédérateurs. En témoignent les présences du prometteur Mondkopff, du live désormais rodé de Laurent Garnier ou de Chris Liebing qui confirment que la techno est toujours dans la place. Cerise pleine de groove sur ce gâteau : l'association inédite du combo de choc Carl Craig vs Radio Slave feat. Mad Mike. Ouch ! Que peut produire le set de ce trio infernal ? Difficile de savoir. En attendant, impossible de résister à ce condensé de 20 ans d'aventure électronique. / ❥
LES TRANSARDENTES 23.01, 23h, Liège, Halles des Foires, 30/37€, www.lestransardentes.be Prog : Laurent Garnier (Live), Carl Craig vs. Radio Slave feat. Mad Mike Banks, Chris Liebing, Zombie Nation (Live), Popof (Live), Mondkopff (Live), Hype feat. Daddy Earl, Fresh, Darko, Djedjotronic (...)
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propos recueillis par ¬ Fanny Delporte photo ¬ Menuet & IDTV Film
La merditude des choses Entretien avec Felix Van Groeningen Pour son 3e long-métrage, Felix van Groeningen adapte La merditude des choses de Dimitri Verhulst. Devenu aussi culte que le livre, son film analyse avec tendresse les rapports de la famille Strobbe. Il donne à voir les efforts de Gunther, le petit-fils de la maison, pour échapper à son milieu social. Le tout, avec un habile mélange d'humour potache et de grande finesse. Rencontre avec ce jeune réalisateur au talent confirmé.
Comment peut-on résumer La merditude des choses ? On suit Gunther, un gamin de 13 ans qui habite chez sa grand-mère avec son père et ses trois oncles. Dans cette famille un peu bizarre, tout le monde vit ensemble. Les hommes de la maison sont presque tous alcooliques et n’aiment pas travailler. Ce gamin est sur le point de devenir un homme et réalise qu’il n’est pas au bon endroit pour grandir. En parallèle, on le retrouve quinze ans plus tard,
écrivain méconnu, sur le point de devenir père à son tour. Pourquoi cette histoire vous tenaitelle personnellement à cœur ? J’étais un grand fan de l’auteur du livre dont est tiré mon film. Je lui avais demandé de m’écrire quelque chose, mais il avait refusé. Quand ce livre est sorti, je me suis précipité pour l’acheter, espérant qu’il y aurait matière à faire un film. Bingo. Cela m’a énormément touché. >
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« Avant d'être flamand, mon film est surtout très belge ».
L’histoire était à la fois très dure et amusante. Elle abordait des sujets essentiels. Depuis, c’est devenu un best-seller, un livre culte en Belgique. Quel regard portez-vous sur vos personnages ? Je les trouve extrêmement attachants, même si je suis conscient de leurs côtés absolument affreux. Ils n’ont pas de limites. Mais, ils cultivent des valeurs comme l’honneur et la fierté. On peut malgré tout comprendre leur logique. Et puis, ils font preuve d’une telle joie de vivre. En définitive, on ne peut pas être fâché contre eux. Quelle est la place des femmes dans la Merditude ? Toutes les femmes sont traitées comme des salopes ou des putes. Dimitri Verhulst a été abandonné par sa mère et c’est certainement ce qui a nourri son ressentiment à l’égard de la gent féminine ! Pour autant, la grand-mère est un personnage admirable, très lucide. Elle n’arrive pas à contrôler ses fils, mais elle est assez
intelligente pour essayer de sauver au moins Gunther. Justement, comment avez-vous choisi l'acteur qui incarne le jeune Gunther ? Je l’ai repéré dès les tout premiers castings. Il m’a impressionné, mais ne m’a pas tout de suite convaincu car c’était un gamin très timide. Et puis, quand on a commencé à tourner, sa transformation fut incroyable. C'était un vrai challenge pour un môme qui avait de mauvais résultats à l’école et bégayait énormément. En quoi votre film est-il spécifiquement flamand ? C’est une question très difficile ! Quand le film est sorti en Belgique tout le monde a effectivement relevé son côté très flamand. En même temps, le soir de la Première, de nombreux responsables politiques flamands ont été très mécontents (rires). Ils s’exclamaient : « Mais enfin ceci n’est pas la Flandres quand même ! ». Évidemment, les gens ne se comportent pas comme ça dans toute la région. Mais d’innombrables spectateurs m’ont confirmé qu’ils avaient bien connu ces ambiances de villages, toutes ces fêtes, ces chansons. Depuis, j’ai surtout compris qu’avant d’être flamand, mon film est surtout très belge. Il repose sur un humour très poignant, qui appuie là où ça fait mal. Est-il aussi question de déterminis-
me social, du conditionnement de la famille ? Bien sûr, c’est une histoire qui renvoie à cette question. Mais, ce n’est pas ce dont je voulais parler. C’est d’abord l’histoire d’un gamin qui arrive à s’en sortir. Même si on comprend qu’il portera toujours le poids de son lourd passé. Vous avez reçu une mention à la quinzaine des réalisateurs et l’amphore d’or à l’étrange Festival du Film Grolandais de Quend… Effectivement, Cannes était une belle reconnaissance. En ce qui concerne le festival du film Grolandais c’est assez drôle car j’ai appris à quel point c’était important en France seulement bien après avoir reçu cette ❥
récompense ! J’avais déjà vu Altraa, de Délépine et Kervern. Mais j’ignorais ce que Groland représente. J’ai parlé avec ces deux réalisateurs. Ce sont des gens incroyablement sympathiques ! Je suis très fan de ce qu’ils font maintenant. C’est peut-être parce qu’ils ont un humour très belge ? Oui, effectivement. Ils adorent la Belgique, ils y vont très souvent. Ils travaillent avec beaucoup de Belges et c’est vrai qu’ils tendent vers cet humour dont je vous parlais tout à l’heure. C’est comme Bouli Lanners et Benoît Poelvoorde… d’ailleurs Poelvoorde est presque plus français que belge finalement ! (rires). /
La merditude des choses Un film de Felix Van Groeningen d'après le roman de Dimitri Verhulst (Ed. Christian Bourgois). Avec Kenneth Vanbaeden, Valentijn Dhaenens, Koen de Graeve, Wouter Hendrickx, Johan Heldenbergh, Bert Haelvoet, Gilda de Bal.
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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR
Attention
documentaire bancal ! Les bonnes intentions ne suffisent pas toujours à sauver un film. Dernière preuve en date, Attentions Festivités Locales. Sur le papier, un documentaire incisif comme du Pierre Carles. À l’écran, un reportage un peu décevant. Et pourtant… Echaudés par l’édition 2007 du Festival de Dour, Claire Beunckens, Christophe Ottaviano, Boris Wilmot, trois pré-trentenaires bruxellois, réalisent ce film pour « montrer ces dérives ». Et s’intéressent à trois grands raouts estivaux belges : le jusqu’auboutiste Festival de Dour donc, les familiales Francofolies de Spa, et les jeunes Ardentes de Liège. Cette petite heure est le résultat d’un travail de longue haleine : interviews de nombreux protagonistes (festivaliers, bénévoles, artistes, organisateurs, etc), et enquêtes sur l’accueil du public, la condition des bénévoles, la gestion des déchets quand beaucoup se drapent dans une écologie de bon ton. Deux poids deux mesures Pourtant, on reste sur sa faim : limité par le sacro-saint format des 52 minutes, les liens entre politique et festivals (l’un des cœurs du sujet) sont rapidement balayés, et l’on patauge souvent dans les aléas inhérents à ce type de manifestation, tels l’alcool et les drogues. Un peu facile ? « Nous souhaitions présenter une atmosphère plus proche de la réalité que celle que l’on voit à la télé ». Certes. Mais on savait déjà que la défonce fait partie de la fête, quoiqu’on en pense. Philippe Kopp, membre de Live Nation-Clearchannel, n’hésite pas à balancer sur le festival de Dour. « Courageux », selon les auteurs. Pas sûr que Kopp eût été aussi loquace si l’on s’était intéressé à Rock Werchter, si ? À leur décharge, cette petite bande n’est pas journaliste, ne prétend pas l’être, et ce reportage, autoproduit et (pour l’instant) refusé par les chaînes de télévision, a le mérite de pointer des abus (le sort des bénévoles en particulier) autour desquels règne une certaine omerta. Dommage, donc, que ce qui aurait pu être un brûlot ait finalement des airs de pétard mouillé. / ❥
www.attentionfestiviteslocales.be
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texte ¬ El Borbah photo ¬ Mars Distribution
La musique n’adoucit pas les mœurs 2009 aura été marquée par la révolte de la jeunesse iranienne contre le résultat d’élections présidentielles pour le moins douteux. Cette contestation trouve un admirable prolongement dans le cinéma, bousculant les stéréotypes occidentaux. Gros plan sur Les chats persans qui entrent en résistance la guitare en bandoulière. Le rock est-il toujours contestataire ? En Iran, oui. Plus que jamais. Ce film décrit justement le défi lancé au pouvoir, à travers la balade à Téhéran de deux amis ne voulant pas renoncer à leur passion pour le rock indépendant, honni par Ahmadinejad. Si Bahman Ghobadi s’est intéressé jusqu’ici à l’Iran rural (Un temps pour l’ivresse, Les tortues volent aussi), le voici en mode urbain, filmant dans une semi-clandestinité l’odyssée miniature de Negan et Ashkar en quête de musiciens de rock, folk ou métal. Un genre forcément underground à Téhéran, puisqu’on ne peut jouer que dans les 3e sous-sol ou dans les granges. Malgré tout, Ghobadi libère ce son et les paroles décrivant les frustrations quotidiennes, les persécutions. Au moment de la présentation du film à Cannes, Ghobadi et sa co-scénariste étaient condamnés par la justice iranienne à huit ans de prison pour espionnage… Depuis, ils ont réussi à s’exiler. Ce précieux témoignage sur le bouillonnement culturel iranien montre aux occidentaux que la résistance (même ordinaire) ne faiblit pas. / ❥
LES CHATS PERSANS De Bahman Ghobadi. Avec Negar Shaghaghi, Ashkan Koshanejad.
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Jimmy Turrell Illustration, graphisme // Grande-Bretagne // www.jimmyturrell.com
texte ¬ Baptiste Ostré
This is England Il cite Las Vegas Parano comme livre de chevet. Pas étonnant. Ce manifeste du gonzo journalisme a été illustré par Ralph Steadman, grand croqueur de la contre-culture rock’n roll des années 60-70. À l’instar de l’illustrateur du Rolling Stones magazine, le Londonien Jimmy Turrell - qui signe notre première couv’ de 2010 - n’a pas son pareil pour immortaliser les icônes culturelles. Son inspiration, il la trouve dans les rues de Londres. « Je prends énormément de photos et de vidéos pour immortaliser la beauté de ce qui nous entoure jour après jour », déclare-t-il ainsi. Jimmy nourrit son travail de petits détails trouvés au détour d’une allée, d'évènements triviaux du quotidien. Si une bonne partie de ses illustrations rétro-vintage témoigne de sa nostalgie pour les grands jours de la pop, notre dessinateur épouse une démarche souvent journalistique, signant des dessins pour des magazines prestigieux tels le Guardian, Newsweek ou Dazed and Confused. Traquer la réalité en partant d’un postulat subjectif. Soit la définition même du gonzo. ❥
à découvrir / http://jimmyturrell.blogspot.com
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â?– 1. 3. Dark graffiti scenes - 2. Logo par bishop pour le site toutpourlesyeux.com 4. Hello ice - 5. Artwork du 2e album de l'artiste roumain Candlestickmaker 6. Toile imprimĂŠe what da hell ?
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texte ¬ Fanny Delporte photo ¬ Michael James O Brien
J’veux du cuir ! À l’occasion des 180 ans de la Maison Delvaux, le musée de la mode d'Anvers revient sur la formidable épopée de ce fleuron du luxe belge. Des liens avec la famille Royale jusqu’aux vieilles factures de tonton Charles, vous saurez tout sur ces fameux sacs de cuir. Qui n’ont pas pris une craquelure. Retour à l’époque où les sabots résonnaient sur les pavés de Bruxelles. Nous sommes en 1829, Charles Delvaux ouvre son premier atelier, un an avant l'indépendance du Plat Pays. Cinquante-quatre ans plus tard, grâce à ses sacs en cuir racés, la prestigieuse maroquinerie devient le fournisseur officiel de la Cour Royale. Voilà Delvaux définitivement propulsé au rang des icônes belges. Au fil du siècle, la marque épouse les évolutions des moyens de transport, une des clefs de son succès. « Delvaux répond aux besoins des touristes. À partir de 1946, Sabena ouvre une ligne vers les Etats-Unis : la Maison signe alors l'une de ses plus grandes créations, la ligne Avia » indique Kaat Debo, directrice du MOMU. Aujourd'hui, de Moscou à Tokyo, la marque possède des magasins dans les plus grandes capitales du monde. Ceci n'est pas un sac Mais Delvaux ne se résume pas à une simple chaîne de boutiques de luxe. Elle cultive un savoir-faire, une tradition artisanale. « Nous avons voulu reconstruire leur atelier afin de montrer au public le processus de fabrication d'un de leurs plus fameux sacs à main : le Brillant ». La Maison est également intransigeante sur l’éthique, n'oubliant jamais ses petites mains. Une immense frise chronologique retrace d’ailleurs l'histoire des designers anonymes qui ont façonné son image. Quel patron aurait ainsi salué ses fidèles ronds de cuir ? /
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DELVAUX, 180 ANS DE LUXE BELGE jusqu'au 21.02, mar>dim, 10h>18h, Anvers, MOMU, + 32 3 470 27 70
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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Eric Herchaft
L’histoire en filigrane Perles et brocards, gazes et dentelles, robes et chasubles… tout y est. Isabelle de Borchgrave a ressuscité la splendeur de la renaissance florentine avec la rigueur d’une historienne de l’art. Campés au sous-sol du musée du Cinquantenaire, une trentaine de mannequins arborent les couleurs des Médicis. On s’y croirait. Aussi réalistes soient-elles, les robes, collerettes et autres coiffes brodées de fils d’or relèvent en fait du trompe-l’œil. Car ici, point de tissus précieux : tout a été réalisé à partir de grandes feuilles de Canson blanc. Depuis sa rencontre, en 1994, avec la costumière Rita Brown, Isabelle de Borchgrave s’est spécialisée dans la reproduction de costumes historiques… en papier. Le studio de cette Bruxelloise, diplômée de l’école des arts décoratifs, attire des dizaines de stylistes. Toutes venues pour ses talents d’illusionniste. Et pour cause, Isabelle de Borchgrave dupe tout le monde. Grâce à un méticuleux travail de pli, de découpe, de froissement, de teinture, elle donne à ses créations l’aspect de textiles soyeux. Pendant des années, l’artiste a étudié fresques et tableaux de maîtres florentins pour reproduire, dans leurs moindres détails, les coupes et étoffes portées par les Médicis. Enfin… reproduire est un euphémisme. Réaliser en trois dimensions la robe portée par Eléonore de Tolède sur le tableau de Bronzino ou celle de Flore sur le Printemps de Botticelli implique des trésors d’imagination : la robe n’est en effet représentée que de face. Rien à dire. La virtuose Isabelle excelle. / ❥
I MEDICI, UNE RENAISSANCE DE PAPIER jusqu’au 18.04, Bruxelles, musée du Cinquantenaire, mar>dim, 10h>17h, 8/7€, +32 2 741 72 11
© G. Belgeonne, «Proposition mystérieuse», acrylique, 190 x 130, 2009
Du 23 janvier au 28 fevrier 2010 Art Dimanche le 7 fevrier 2010
Bruno Gérard Gabriel Belgeonne Charles Drybergh
Maison de la Culture de la Province de Namur
Avenue Golenvaux, 14 - 5000 NAMUR Rens. : Jean-Michel François - 081/77.67.73 - arts.plastiques@province.namur.be
texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Cocoon, clip de Eiko Ishioka pour Bjork © Mother One Little Indian
Traits d’union Après Istanbul Traversée cet été, le Palais des beaux-arts de Lille troque de nouveau ses cimaises pour des écrans plasma. Les films d’animation se mêlent aux collections permanentes, établissant un audacieux parallèle avec le dessin classique. Reste à en évaluer la pertinence. Imaginée par Régis Cotentin et Cornélia Hattori, l’exposition E.motion graphique sonde « les effets de permanence entre l’art du passé et les pratiques contemporaines ». En l’occurrence entre le dessin académique, tel qu’il se pratique du xvie au xixe siècle, et la conceptualisation numérique. Pour cela, les deux commissaires ont réuni 170 esquisses et croquis de maîtres (Raphaël, de Vinci, Michel Ange, Pontormo, Fantin-Latour, Delacroix, David, Watteau, Matisse…) pour les confronter à un florilège de vidéos réalisées en images de synthèse. à priori tout oppose un clip de Björk et une esquisse à la pierre noire, alors pourquoi ce choix ? Pour révéler, justement, la continuité des méthodes là où on l'attend le moins.
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Dévoiler à dessein « Le graphisme contemporain concentre toutes les formules de l’illusion visuelle », explique Régis. « Pour beaucoup, ces techniques ne sont que les masques de médiums plus anciens. Elles répondent aux mêmes problématiques esthétiques ». Pour le prouver, les sections du parcours correspondent aux étapes inaliénables de l’apprentissage académique : étude de l’anatomie, du nu, des expressions du visage, de la perspective, des drapés, des symboles mythologiques et enfin des paysages. Certains rapprochements opérés sont concluants, comme entre ces écorchés du xixe et l'anatomie pixellisée d'un danseur de buto en 3D (Yann Bertrand et Damien Serban). On pense également à un dessin préparatoire de Cordonnier, dont les mesures apparentes rappellent les « squelettes » qui servent de base à la conception de corps artificiels. Globalement, les similitudes techniques mériteraient un supplément d’explications. En attendant, E.motion graphique crée un passionnant dialogue esthétique et se boit... d’un trait. / ❥
E.MOTION GRAPHIQUE jusqu’au 22.02, Lille, Palais des beaux-arts, tlj sf mar, 10h>18h (sf lun, 14h>18h), 5,50/3,80€, +33 320 06 78 00
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texte ¬ Fanny Delporte photo ¬ Les Guignols de l'info © Canal+
Poupées d'images, poupées de sons
À l'heure où la 3D crève l'écran, les petites poupées en latex font de la résistance dans les coulisses de la télévision. Le Centre de la marionnette de Tournai retrace l'histoire attachante de quelques illustres abonnés de la petite lucarne. « Vous regardez trop la télévision, bonsoir ! ». Ainsi démarre depuis 1990 Les Guignols de l'info, programme qui rassemble chaque soir entre 2,5 et 3 millions de téléspectateurs. Inspirée de Spitting Images (célébrissime émission diffusée au Royaume-Uni de 1984 à 1989), la formule des Guignols est à son tour copiée dans plusieurs pays européens. Le secret de cette longévité ? Des textes écrit au cordeau, un humour corrosif, des imitations dévastatrices, et un PPD magistral en maître de cérémonie. Depuis près de soixante ans, ces doubles de latex traversent les programmes français et belges, les émissions pour les petits (Bonhommet et Tilapin, Blabla) et pour les grands (Popol et D'siré, les Guignols de l'info). Si l'on rit allègrement à leurs blagues, on a tendance à oublier le travail d'orfèvre mené dans les coulisses. Marionnettes et télévision répare cette carence. Un vrai studio d'enregistrement permet aux visiteurs de tirer les ficelles, et d'en apprendre plus sur le réglage des caméras. Les marionnettes prennent vie dans l'exposition. Et non des moindres ! Malvira, Groucha et Lola ainsi que leurs acolytes sont de la partie, « en chair et en latex ». Comme dirait PPD : « Après la visite de cette exposition, vous pourrez reprendre une activité normale ! » / ❥
MARIONNETTES ET TéLéVISION jusqu'au 28.11, Tournai, Centre de la marionnette, mar>ven, 9h>17h, we 14h>18h, 2/2,50€, + 32 6 988 91 47
agenda Bang © Hassan Musa
Bang Derrière cette onomatopée familière se cache un ensemble d’œuvres de Ricard Aymar, Hassan Musa, Michel Scarpa, Anton Solomoukha ou encore de Pascal Bernier. Leur dénominateur commun ? En référer aux notions de déflagration, d’armes, de violence, de peur. Du patchwork représentant Ben Laden aux papillons affublés de cocardes d’avions militaires, le regard critique que les artistes portent sur la guerre épouse des formes variées, mais toujours caustiques. ❥ BRUXELLES, jusqu’au 30.01, galerie Pascal Polar, mar>sam, 14h>19h, +32 2 537 81 36
Art et revolution © HA Qiongwen designer
Heart-made. Avant-gardes de l’architecture chinoise Les villes chinoises, en plein boom, font l'objet de chantiers particulièrement novateurs et ambitieux, à l’image du stade olympique, le «Nid d’oiseau». Heart-made se penche sur cette architecture d’avant-garde, caractérisée par un gigantisme stupéfiant. Panorama des projets les plus faramineux et les plus fantasques de ces dernières années, cette exposition pose la question des mutations urbaines de la Chine. ❥ BRUXELLES, jusqu’au 21.02, Espace-Architecture La Cambre, mar>dim, 10h30>18h, +32 2 642 24 50
Art et Révolution
Le modernisme ludique en Belgique 1955-1963
Les affiches de propagande produites par le régime communiste chinois sont intéressantes à bien des égards. Elles colportent une vision de la société qui renseigne sur l’esthétique de l’époque et sur le système de valeurs promu. Aujourd’hui encore, le réalisme socialiste irrigue toute la production artistique. Articulée aux autres expositions d’Europalia, Art et révolution montre de quels codes se jouent les plasticiens contemporains. ❥ BRUXELLES, jusqu’au 14.02, Théâtre Natio-
Architecture, décoration, mobilier, publicité, objets courants le style 58 est partout. Reflets des débuts optimistes de la société de consommation, couleurs vives, formes ludiques et autres zigzags gagnent tous les aspects de la vie quotidienne. Cette vaste exposition de l'Atomium crée une véritable immersion dans les intérieurs de l'époque. Films d'archives, photos, enseignes, meubles et reconstitutions servent un intelligent décryptage du modernisme ludique. ❥ BRUXELLES, jusqu’au 25.04, Atomium, tlj,
nal, mar>sam, 10h>18h, +32 2 203 53 03
10h>18h, +32 2 475 47 77
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Heart Made. Avant-gardes de l'architecture chinoise, Urban Hua Museum © Urbanus
Felix Gonzales Torres, Untitled (Golden) © Thorsten Monschein © The F. Gonzalez-Torres Foundation, Courtesy of Andrea Rosen, Gallery New York
La blessure © Sébastien Reuzé
Léo Dohmen, le pornographe © Mireille Dohmen
Felix Gonzales Torres
Copyright Léo Dohmen
Conceptuel, minimaliste, si ces termes sont souvent associés à Felix Gonzales Torres, les œuvres du Mexicain restent néanmoins accessibles. Comme ce monumental tas de bonbons en forme de projectiles (Public Opinion), véritable réquisitoire contre l’opinion publique américaine lors de la Guerre du Golfe. La rétrospective que lui consacre le centre d’art contemporain Wiels révèle l’important travail de sape qu’il a opéré, à la fin des années 1980, en utilisant des objets courants (ampoules, panneaux) et en multipliant les médias. ❥ BRUXELLES, du 16.01 au 25.04, Wiels, mer>sam,
Dix ans après sa mort, le musée de la photo de Charleroi rend hommage à cette illustre figure du surréalisme belge. Inculpé pour pornographie dans les années 50, Léo Dohmen s’était amusé à faire de la photographie « un art du scabreux » où les attributs féminins sont rois. En bon surréaliste, notre homme se sert du collage ou du montage pour susciter de sulfureuses associations. Une touche de provocation relevée d'un humour caustique. ❥ CHARLEROI, jusqu'au 17.01, Musée de la
12h>18h, dim 11h>18h, +32 2 340 00 50
photographie, mar>dim, 10h>18h, +32 71 43 58 10
Intime et universel
Le fabuleux destin du quotidien
Ce titre a le mérite d’être explicite. Les séries photographiques de Sébastien Reuzé, réalisées entre 2002 et 2009, ménagent en effet une double lecture. Elles figent un détail trivial de la vie quotidienne - une ombre, le mouvement d’un rideau... mais le cadrage rend impossible toute contextualisation. Dès lors, ces images « tendent vers une forme de fiction », prennent un sens plus symbolique. ❥ BRUXELLES, du 10.02 au 20.03, Espace
Où se situe la frontière entre objet et œuvre ? Où s’arrête le design où commence l’art ? Bien des designers produisent aujourd’hui des pièces non fonctionnelles, uniques, simplement appréciables pour leur beauté plastique. C’est dire si la question est délicate. Pour y répondre, les deux musées du Grand Hornu (Musée d’Arts Contemporains et Grand Hornu Images) mettent en regard leurs collections respectives. ❥ HORNU, du 7.02 au 24.05, Grand Hornu,
Contretype, mer>ven, 11h>18h, we, 13h>18h, +32 2 538 42 20
10h>18h (sf lun), +32 65 65 21 21
exposition |
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agenda Coutumes et traditions du nouvel an chinois © DR
Coutumes et traditions du nouvel an chinois Qui n’a jamais été émerveillé par le déploiement de festivités liées au nouvel an chinois ? Cerfs-volants, estampes, lanternes chatoyantes, images de divinités : le Centre de la gravure de La Louvière nous en fait voir de toutes les couleurs ! Cette collection complète et variée témoigne du travail incroyablement consciencieux qu’implique chacune de ces célébrations. ❥ LA LOUVIERE, jusqu'au 14.02, Centre de la gravure et de l’image imprimée, mar>dim, 11h>18h, +32 6 427 87 27
Miro & Tériade, l’aventure d’Ubu Fervent admirateur de l'humour subversif d'Alfred Jarry, Miro voyait dans le personnage d'Ubu l'incarnation de la barbarie du régime franquiste. Dès les années 1950, cette figure grotesque devient récurrente dans le travail du peintre. Encouragé par Tériade, Miro peuple ses gravures, sculptures et autres livres illustrés de cet Ubu aux couleurs ironiquement flamboyantes : tout le contraire de la réalité politique qu’il reflétait alors. ❥ LE CATEAU CAMBRESIS, jusqu'au 31.01, Musée Matisse, 10h>18h (sf mar), + 33 327 84 64 50
Miro & Tériade, Ubu Roi, planche IV la revue © Joan Miro
Miao de la tête aux pieds Connue pour la grande beauté de ses vêtements, l’ethnie Miao (Sud de la Chine) a élevé le tissage, la teinture, le batik, la broderie et l’orfèvrerie au rang d’art. Sur plus de 1 000 m2, l’on ausculte les tissus et parures propres à chaque village de cette population montagneuse. Inspirés par l’exubérance des motifs et couleurs, quatre jeunes stylistes belges offrent un contrepoint contemporain avec leurs créations textiles. ❥ LIEGE, jusqu’au 14.02, Grand Curtius, tlj, 10h>18h, +32 4 221 68 17
Collections Montoises Première exposition d’un long cycle de mise en valeur des collections du BAM, « la mort seule certitude » prend pour point de départ un intrigant panneau du xvie siècle. Autour de cette œuvre, sorte de traité sur la vie et la mort à l’iconographie inhabituelle, le musée rassemble un florilège de pièces réalisées par des peintres montois aux xve et xvie siècles. Autant de sculptures, portraits, ornements sacerdotaux et tableaux gothiques évoquant l’au-delà... ❥ MONS, jusqu’au 21.02, BAM, mar>dim, 12h>18h, +32 65 40 53 30
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Collection Montoise, La mort, seule certitude © DR
Pieter Stockmans © DR
Pieter Stockmans On salue souvent la manière dont le céramiste Pieter Stockmans s’est affranchi des stéréotypes de sa discipline en l’attirant vers l’art contemporain. Mais on connaît moins les talents du Belge pour renouveler les arts de la table. À grand renfort de formes géométriques, il érige chaque tasse en modèle de sobriété et de délicatesse. Ses services blancs relevés d’une touche de bleu, sont à admirer jusqu’en mars au musée de Mariemont. ❥ MORLANWELZ, jusqu’au 21.03, musée royal de Mariemont, mar>dim, 10h>17h, 32 64 21 21 93
Proposition mystérieuse © G. Belgeonne
Virginia Woolf, 1912, © Estate of Vanessa Bell, courtesy Henrietta Garnett, ADAGP, National Portrait Gallery
Gabriel Belgeonne & Bruno Gérard - Charles Drybergh Pour inaugurer un cycle consacré à l’abstraction belge, la maison de la culture de Namur accueille trois expositions monographiques. Les toiles graphiques et torturées de Charles Drybergh offrent un contrepoint historique aux sombres compositions griffées du jeune Bruno Gérard. Enfin, le Bruxellois Gabriel Belgeonne présente ses travaux récents, des gravures et peintures méditatives inspirées de la philosophie orientale. ❥ NAMUR, du 23.01 au 28.02, Maison de la culture, tlj 12h>18h, +32 81 77 67 73
Derruder & Friends
Le groupe de Bloomsbury
Homme de théâtre prolixe, Jean-Claude Derudder a goûté à la radio, à la télévision, au cinéma, ou à la bande dessinée (scénarios). Il renoue aujourd’hui avec ses premières amours, les arts plastiques. Réunissant autour de lui d’anciens élèves de l’école supérieure des arts visuels de Mons où il a enseigné pendant 40 ans, le directeur du Collectif Théâtre prouve qu’il sait toujours manier le pinceau. Et l’humour. ❥ MOUSCRON, du 16.01 au 14.02,
Né du choc esthétique entre la rigueur victorienne et les aspirations créatrices de nombreux artistes, le groupe de Bloomsbury se forme autour de Virginia Woolf et sa sœur Vanessa Bell. Peintres, critiques, intellectuels rejoignent ce cercle d’avantgarde britannique. De la peinture au textile en passant par la création d'objets, le parcours de la Piscine rend compte du foisonnement de leurs productions et pointe l’influence des Fauves français. Une ode à la liberté de création. ❥ ROUBAIX, jusqu’au 28.02, La Piscine,
Centre Marius Staquet (salle Brel), +32 56 86 01 60
mar>jeu, 11>18h, ven, 11>20h, we, 13>18h, +33 320 69 23 60
texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Danny Willems
Dans la Pauw de Josse Un mois et dix spectacles pour honorer 20 ans de carrière. Voilà comment le KVS et le théâtre National ont décidé d'inaugurer leur longue collaboration avec Josse de Pauw. Une façon magistrale de sceller l'union avec cette figure majeure de la scène belge. Il est de ces acteurs charismatiques dont la finesse de jeu confère à n'importe quel rôle une profondeur marquante. À l'écran (une cinquantaine de films dont Toto le héros, Crazy love ou Hombres Complicados) comme sur les tréteaux, il prête son visage taillé à la serpe et sa voix rauque à des rôles souvent durs. On se souvient de son interprétation « grandeur nature » d'Hugo Claus quelques jours après sa mort (La version Claus). Un portrait aussi désopilant qu'inspiré, restituant avec justesse la mélancolie de l'écrivain flamand. Impossible également d'oublier les personnages qu'il a incarnés pour Guy Cassiers. Ministre sarcastique dans Mefisto for Ever, consul alcoolique dans Sous le Volcan, Josse de Pauw partage avec le directeur du Toneelhuis une passion pour la littérature. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'il devienne son compagnon d'armes et collabore à l'adaptation de romans. La couleur de Pauw Car Josse de Pauw est bel et bien un homme de lettres. Ses récits autobiographiques, Werk et Nog, ont achevé d'asseoir ses talents d'écrivain et entériné son amour de la langue flamande. S'il est difficile de cerner un homme aussi touche-à-tout, on trouve chez lui un certain nombre de leitmotiv. Outre une fascination pour l'histoire et la guerre (l'enfant soldat de Strange News, les SS de Ruhe...), Josse de Pauw a beaucoup travaillé sur le rapport entre les mots et la musique (A quiet Evening, Weg, Übung, Rops/ snare ou l'âme des termites). Alors, prêts pour la version Josse ? / ❥
JOSSE DE PAUW (1952 - ?) du 7 au 30.01, Bruxelles, KVS (L'âme des Termites, L'enfant du Forgeron, Vinaya, Rops/snare, Übung, Weg), +32 2 210 11 12 // Théatre National (Strange News, Werk, la version Claus, Ruhe), +32 2 203 53 03 // et Cinematek (rétrospective de ses films), +32 2 551 19 19
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texte ¬ Julie Gallasse photo ¬ Chris Van der Burght
Mystery dance Alain Platel ou comment repousser les limites de la chorégraphie bien calibrée pour inventer à un langage corporel qui explore les émotions intérieures et refoulées. Le chef de file de l' « anti-danse » poursuit son cheminement avec Out of Context, une nouvelle création... extatique ! Platel nous parle souvent d’hystérie, de folie et d’extase dans ses spectacles. Non pas pour asséner un traité de psychanalyse, mais pour sonder l’âme humaine et faire parler le corps. L’hystérie, par exemple, a une vraie incidence sur l'organisme : elle le rend rebelle à sa propre nature, le paralyse, le désarticule. Cette chair qui vibre, exulte et entre en transe forme le noyau des mises en scène de cet éminent chorégraphe flamand. Loin des corps plastiques, jeunes, beaux et sains, des canons imposés de notre époque. Chez Platel, la danse nous parle parce qu’elle surgit comme nos propres pulsions, celles qui sont invisibles, tapies au fond de nous. L’épure et l’essentiel Out of Context prolonge le travail de Platel et plus largement celui des Ballets C de la B, fameux collectif gantois qui bouscule la scène internationale depuis plus de vingt ans. Ce spectacle explore une nouvelle fois cette souffrance des corps, l’œuvre chorale en moins. Rien de pathologique, uniquement des émotions accrues, exacerbées : la folie, mais surtout l'extase. Ici, la mise en scène épurée, revient aux fondamentaux de la danse : huit danseurs, pas de musiciens sur scène, le corps sera l’outil premier. L'on est loin de ses précédentes créations (Vsprs, Pitié !) mêlant théâtre, danse et opéra. Une chorégraphie qui vise l’essentiel pour exprimer ses obsessions intimes. / ❥
OUT OF CONTEXT du 13 au 17.01, 20h30 (sauf jeu, 19h et dim 15h), Bruxelles, Kaaitheater, 25/20€, +32 2 201 59 59 du 26 au 28.01, 21h (sauf jeu, 19h), Villeneuve d’Ascq, La Rose des Vents, 19/16/12€, +33 320 61 96 96 le 2.02, 20h30, Dunkerque, Bateau-Feu (dans le cadre de Corps Furieux du 28.01 au 6.02), 18/12€, +33 328 51 40 40 les 5 et 6.02, 20h30, Charleroi, écuries, 15/10€, +32 71 31 12 12
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texte ¬ Hugo Dewasmes photo ¬ JB
Tout un poème Après avoir servi Apollinaire, Aragon et Jules Renard, Jean-Louis Trintignant s’intéresse à trois poètes majeurs du xxe siècle (Prévert, Vian et Desnos). Il forme, avec l’accordéoniste Daniel Mille, un duo exemplaire. Depuis plus de vingt ans, Jean-Louis Trintignant s’est quelque peu éloigné des plateaux de cinéma qui l’ont élevé au rang des acteurs emblématiques de la nouvelle vague. À la recherche d’un rapport plus intime avec le public, c’est vers le théâtre qu’il se tourne. Là encore, Trintignant aime surprendre. Il s’empare des poèmes de trois auteurs libertaires du siècle passé : Vian, Prévert et Desnos. Il a choisi quinze textes, se réservant le droit de changer selon l’air du temps, son humeur. Entre la jeunesse fougueuse de Vian, la proximité paternelle de Prévert et l’évidente part d’ombre de Desnos, déporté à Buchenwald, il y a une soif de liberté que Trintignant magnifie. Tantôt drôles, glaçants, révolutionnaires ou légers, les vers s’enchaînent et sonnent comme rarement. « J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille »*, nous susurre le comédien. Sa voix familière, associée à la tendre atmosphère que tisse à ses côtés l’accordéoniste de jazz Daniel Mille, rendent cet instant précieux. Amoureux de la littérature, l’acteur possède suffisamment d’humilité pour ne pas jouer des coudes avec les auteurs. Il se fait alors véritable transmetteur d’émotions. Reste au public de partager cette écoute pour goûter très justement chaque mot. / * Robert Desnos
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JEAN-LOUIS TRINTIGNANT LIT PREVERT, VIAN & DESNOS le 30.01, 20h30, Bruxelles, Théâtre Saint-Michel, de 25 à 45€, + 32 2 732 70 7373 le 7.01, 20h, Aulnoye-Aimeries, Théâtre Leo Ferré, 20/15€, +33 327 53 63 73 le 16.01, 20h30, Armentières, Le Vivat, de 18 à 28€, + 33 320 77 18 77
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texte ¬ Fanny Delporte photo ¬ J. Pohl
Accords et désaccords Jouée pour la première fois à Paris en 1994, la pièce Art connaît un succès immédiat et révèle son auteur au monde entier. Dans cette pièce courte, Yasmina Reza rassemble trois vieux potes et un maudit tableau : leur amitié résistera-t-elle à un débat sur l'art contemporain ? « Quelle sorte d'ami es-tu Serge, qui n'estime pas son ami supérieur ? ». La joute verbale est déjà bien entamée lorsque Marc, à court d'arguments, s’attaque ainsi en aparté à son meilleur ami. Avant que cet extravagant personnage ne se vante d'avoir acheté un monochrome blanc pour 200.000 francs, le tandem semblait plutôt solide. Mais ce tableau rompt leur entente. Si Serge, fasciné par les « liserés blancs transversaux » de l’œuvre, est convaincu de son « achat pro-di-gieux », Marc, lui, n’y voit rien de plus qu’une « merde ». De prime abord, on craint une parodie de débat sur l’art contemporain. Mais le ton change très vite, la discussion tourne au combat de coqs : ce qui les oppose est d’un bien autre ordre. Leur conception de l'amitié, leurs femmes respectives, leur crise de la quarantaine: rien n'échappe au regard à la fois tendre et caustique de Yasmina Reza, à son sens de la formule. Rythme enlevé, humour absurde, adresses directes au public hilarantes : pendant plus d'une heure, les répliques fusent comme des balles. La mise en scène minimaliste - celle d'un anglais, Adrian Brine - pourrait renforcer l'idée qu'Art est une pièce bavarde. Tel n’est pas le cas, les répliques font mouche à chaque fois. / ❥
ART du 21 au 27.01, 20h30 (sf dim, 16h), Bruxelles, Wolubilis, de 13,5 à 22,5€, + 32 2 761 60 30
agenda R.W. © DR
Terrorism © yanick macdonald
L’Allée du Roi
Terrorism
du 7.01 au 20.02 F. Chandernagor /J-C Idée
du 12.01 au 6.02 O & V. Presnyakov/MeS O.Coyette
L’Histoire se souvient de l'influente Madame de Maintenon comme du « mauvais génie » de Louis XIV, son amant. L’Allée du Roi offre un regard alternatif sur l'incroyable destin de cette enfant de misère née en prison. Retirée à Saint-Cyr, cette femme d'esprit incarnée par Jacqueline Bir revient magistralement sur son ascension, l’emmenant jusqu’au lit du Roi. Seule sur scène, la comédienne change de costumes pour signifier le passage du temps ou pour donner vie à une spectaculaire galerie de personnages de la cour. ❥ 20h30 (sf dim&lun), Bruxelles, Théâtre Le
Comment le sentiment d'insécurité est-il devenu un trait caractéristique de notre époque ? C’est le sujet qu’aborde Terrorism des frères Presnyakov, créé à Moscou en 2002. Six saynètes de la vie quotidienne se transforment en scènes de terreur : un jeu sexuel tourne mal, des passagers sont victimes d’une alerte à la bombe. Autant d’études de cas sur la peur du terrorisme... ❥ 20h30 (sf dim&lun), Bruxelles, Théâtre de
Public, de 8 à 22€, +32 800 944 44
R.W. (Premier dialogue) du 11 au 17.01 R. Walser/MeS P. Crochet
Admiré par Kafka et Musil, Robert Walser est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, autant de chefs d'œuvre d'étrangeté. à partir d'eux, Pascal Crochet construit une succession de tableaux oniriques. Les dialogues, extraits de ces livres et portés par six comédiens, s'enchaînent sans apparente cohérence. Une manière de préserver le caractère énigmatique de ces textes intact. ❥ 20h30 (sf mer, 19h30), Bruxelles, Théâtre Océan Nord, de 5 à 10€, + 32 2 216 75 55
Poche, de 7,5 à 15€, + 32 2 649 17 27
Le neveu de Rameau et autres dialogues du 14.01 au 13.02
D.Diderot/J-C Idée
Diderot passait la majorité de son temps à débattre avec lui-même dans sa chambre. Politique, art, éducation, rapports entre les sexes, les conversations du Neveu de Rameau révèlent l'étendue de sa culture et la diversité de ses centres d'intérêt. Pour rendre compte de ce foisonnement, Jean-Claude Idée a adapté deux des « dialogues » du philosophe. Trois comédiens virtuoses donnent corps à ces joutes oratoires imaginaires, restituant l'effervescence de la pensée de Diderot et son goût de la polémique. ❥ 20h15, Bruxelles, Théâtre Royal du Parc, de 9,5 à 25€, + 32 2 505 30 40
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En vie de Nougaro © Jean Luc Tilière
Bien des choses © Brigitte Enguerand
Les Corps Magnetiques © Cie Mossoux Bonte
Lütz_Forster © Anna van Kooij
En vie de Nougaro
Les Corps Magnétiques
du 15.01 au 13.02 I. Wéry/MeS H. Rolland
du 29 au 31.01
En lisant certaines chansons délestées de leurs arrangements musicaux, on trouve parfois des pépites insoupçonnées. C'est ce qui est arrivé à Isabelle Wéry lorsqu'elle s'est replongée dans les textes de Nougaro. En résulte En Vie de Nougaro, spectacle hybride entre hommage et récital. Une exploration en chansons de celui qui fut, à n'en pas douter, autant poète que chanteur. ❥ 20h15 (sf mar >19h, dim 24.01 et 7.02 >16h), Bruxelles, Théâtre de la place des Martyrs, de 9 à 16,50€, +32 2 223 32 08
20€, + 32 2 640 82 58
Bien des Choses du 25 au 31.01
Cie Mossoux-Bonté
En contre-jour, quatre hommes et quatre femmes alignés au fond de la scène se détachent de la paroi lumineuse. Ils opèrent d'infimes mouvements, changeant de place, formant des couples, des groupes, sans jamais quitter la ligne sur laquelle ils campent. Avec cette dernière création, Nicole Mossoux et Patrick Bonté signent une nouvelle chorégraphie très graphique, qui entre en symbiose avec la musique et les improvisations de l'Ensemble Musiques Nouvelles. ❥ 20h30, Bruxelles, Théâtre Varia, de 10 à
F.Morel
Les Rouchons, partis en voyage, écrivent aux Brochons, restés chez eux. La lecture de ces cartes postales échangées entre « Français moyens » forme l'épine dorsale de Bien des choses, joué par François Morel et Olivier Saladin. Connaissant ces deux-là, on peut s'attendre à ce que l'échange tourne à la farce. Car tandis que les Rouchons n'ont en réalité qu'une hâte, rentrer, les Brochons envient leurs amis. Des dialogues caustiques savoureux, portés par deux acteurs à la complicité évidente. ❥ 20h30 (sf dim, 15h30), Auderghem, Centre Culturel, de 17,50 à 38,50€, +32 2 660 03 03
Lütz Forster du 2 au 4.02
Chor J. Bel/L. Forster
Tout a commencé en 2004. Pour répondre à une commande de l'Opéra de Paris, Jérôme Bel élabore un spectacle documentaire centré sur la carrière de la danseuse Véronique Doisneau. Passionnant, le résultat l’incite à recommencer. Cette fois, il s’intéresse à Lutz Förster, des premières auditions aux tournées mondiales, à l'ombre de Pina Bausch. En pas de danse, un peu, mais surtout en mots. ❥ 20h30, Bruxelles, Kaaitheater, de 12 à 15€, + 32 2 201 59 59
agenda demain © sergine laloux
Demain du 3 au 13.02
3 adieux, ATD © danny willems
3 Adieux Chor M.Noiret
Variation autour de la 7e symphonie de Beethoven, la dernière création de Michèle Noiret offre un solo puissant et introspectif sur le thème de la révolte. Comme à son habitude, la danse appartient à système rigoureux, où corps, vidéo, lumières et musique interagissent et se répondent. Cette fois, la chorégraphe évoque son vécu, les réflexions qui la traversent, ajoutant ainsi la voix aux matériaux habituels de ses compositions. ❥ 20h15 (sf mer>19h30 et dim >17h), Bruxelles, Théâtre National, de 11 à 22€, +32 2 203 41 55
Les Belles-Sœurs du 10.02 au 7.03 E.Assous/MeS J-L Moreau
Quel est le point commun entre des belles-soeurs, si ce n'est l'homme qui les lie ? Absolument aucun, d'après cette comédie déjantée. Nicole invite à dîner les deux frères de son mari, accompagnés de leurs épouses. Tout est en place pour un joli moment d'hypocrisie. Jusqu'à l'arrivée d'une invitée surprise : une « bombe » bien connue des trois frères. Le grain de sable dans la mécanique de cette gentille famille... ❥ 20h15 (sf dim et 11.02, 15h), Bruxelles, Théâtre des Galeries, de 9 à 27€, + 32 2 512 04 07
du 16 au 20.02 Chor A. T. De Keersmaeker/J.Bel
« Nous nous acharnerons, quitte à nous répéter, afin d’épuiser l’œuvre qui, bien sûr, nous résistera ». L’œuvre dont parle ici Anne Teresa De Keersmaeker est l’une des pages les plus bouleversantes de Malher : l’Adieu, extrait du Chant de la Terre. Avec la complicité de l’ensemble Ictus, qui interprète la partition en direct, la chorégraphe compose un touchant solo. Sa danse, habituellement sobre et abstraite se mâtine ici de la gestuelle volontiers ludique de Jérôme Bel. ❥ 20h, Bruxelles, Théâtre de la monnaie, de 10 à 35€, +32 2 229 12 00
3 Vieilles du 23.02 au 13.03 A. Jodorowsky/Cie Point Zéro
Artiste aux talents multiples (écrivain, cinéaste...), Jodorowsky crée en 2009 cette farce onirique pour marionnettes. Grazia et Meliza, des jumelles de 88 ans et Garga, leur servante centenaire, se mènent la guerre, puisqu’il n’y a plus rien d’autre à faire. Ainsi, quand les unes vantent leur titre aristocratique, Garga ne manque pas de leur rappeler qu’elles l’ont en réalité acheté. Trois « taties Danièle » cruelles et désopilantes... ❥ 21h, Bruxelles, Théâtre de la Balsamine, de 6 à 12€, + 32 2 735 64 68
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affabulazione © DR
éloge du Poil © Christophe Raynaud de Lage
diablogues © Ph. Delacroix
To the one I love © MF Plissart
Affabulazione
Les Diablogues
du 23.02 au 18.03 P.P. Pasolini/MeS F.Dussenne
du 25.02 au 3.04 R. Dubillard/MeS E. De Staercke
On connaît davantage le cinéaste que l'écrivain. Pier Paolo Pasolini était pourtant un dramaturge prolixe. Dans la pièce Affabulazione, il aborde les relations père-fils avec des accents de tragédie grecque, comme précédemment dans son œdipe Roi. Au moyen de la danse et, plus étonnamment, du musichall, les acteurs de Frédéric Dussenne donnent corps à ce texte tragi-comique, inspiré de la propre vie de Pasolini. ❥ 20h30 (sf mer, 19h30 et dim, 15h),
Brefs échanges écrits pour la radio dans les années 50, les diablogues décrivent avec humour l'absurdité du quotidien. Anne Bourgeois les a adaptés avec la complicité de François Morel et Jacques Gamblin. Dans cette mise en scène hilarante, ils incarnent « un » et « deux », véritables maestros des jeux de mots. ❥ 20h15 (sf mar, 19h, dim 7 et 21.03, 16h),
Bruxelles, Théâtre du rideau, de 11 à 21€, +32 2 507 83 61
Éloge du poil du 25 au 27.02
J.Mordoj
Alors que la gent féminine traque le moindre poil, Jeanne Mordoj arbore une barbe soignée. L'attraction-répulsion dégagée par cette femme velue règne sur tout le spectacle. Du cirque, sa formation initiale, persiste la beauté et la souplesse du mouvement. Mais tout évoque les fêtes foraines d'antan : décor bricolé, ventriloquie, lancer de couteaux. Jeanne défie la pesanteur du corps comme celle des conventions. Il est question de sexe, de mort, d'absurde... du vrai poil à gratter ! ❥ 20h30, Bruxelles, Halles de Schaerbeek, de 10 à 15€, +32 2 218 21 07
Bruxelles, Théâtre de la place des Martyrs, de 9 à 16,50€, +32 2 223 32 08
To the Ones I Love du 27.01 au 4.03
Chor. T. Smits
Dans cette création, qui inaugure le festival « Pays de Danses » (Liège), Thierry Smits poursuit la réflexion sur le mouvement entamé avec Soirée Dansante. La chorégraphie subit les influences croisées de la danse africaine (continent d'origine des 9 interprètes) et de la musique européenne (J.S. Bach). Un spectacle visuellement jouissif. ❥ du 27 au 29.01, 20h15, Liège, Théâtre de la Place, de 9 à 16€, + 32 4 342 00 00 du 4 au 6.02, 20h30, Namur, Théâtre Royal, jusqu'à 18€, +32 8 122 60 26 12.02, 20h15, Genk, Cultuurcentrum, de 12 à 15€+32 8 965 38 16 4.03, 20h, Nivelles, Centre culturel, 20/15e, +32 6 788 22 77
texte ¬ Edith Rice photo ¬ DR
L.E.Q.C.D.N.A.C.P. Kezako ? Voici un OVNI dans le monde du livre. Comme son nom l’indique, Les Editions Qui Changent De Nom A Chaque Parution ont pour seule permanence la mutation. Une expérience artistique assez unique. Cette maison d'édition est des plus originales. Pas de nom générique, pas de collection ni de format préétablis, pas de charte graphique rigide et académique. Bref, une maison dont murs et toits ne sont pas fixes, mais qui pourtant tient bon. Forts d'un catalogue de plus de soixante titres, voilà huit ans que ses habitants en assurent la permanence. L'idée est de suivre l'humeur, l'inspiration, le hasard, les rencontres. « Ce sont des éditions de circonstance » rappelle François Liénard, âme de ce corps au visage multiforme, dans un texte de présentation. Voilà pourquoi les livres sont tous différents. Manufacture de livres Leur forme, leur typographie, leur mise en page et même leur reliure sont variables. Ce sont des recueils de poèmes, des collages (comme ceux, très drôles, d’André Stas)… « De petits ouvrages copiés-collés, pensés la veille et manufacturés le lendemain, diffusés comme un cadeau pour remercier quelqu'un, pour se souvenir d'une soirée, pour matérialiser une idée, pour passer le temps en évitant de trop le perdre. » Malgré cette production quasi artisanale, des revues spécialisées de Belgique, de France, du Canada, ont signalé cette expérience. Elle intéresse aussi les salons et foires du livre et a trouvé une place dans le cadre de l’exposition From Switzerland with love au Madmusée de Liège. La preuve que même en ne répondant pas aux canons rigides de l’édition, la création peut toujours être reconnue, appréciée et encouragée. / ❥
L.E.Q.C.D.N.A.C.P. Bruxelles, 21 place du Château, +32 479 51 30 11, lechaletdehautenuit@gmail.com à voir / From Swizterland with love, exposition ouverte jusqu’au 20.02, Liège, Madmusée, lun>ven, 10h>17h, sam, 14h>17h, +32 4 222 32 95
littérature |
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chroniques Autumn in New York
MOI TOUT CRACHÉ Jay McInerney | Éd. de l’Olivier Recueil de 16 short stories écrites entre 1982 et 2008, Moi tout craché regroupe la quasi-totalité de ce que Jay McInerney a publié dans un genre narratif concis, mais périlleux. Le moins que l’on puisse dire, à la lecture d’un tel panorama, c’est que le virtuose des lettres américaines n’usurpe pas sa renommée. Avec un talent constant, il nous plonge en apnée dans un monde clinquant où la coke est une échappatoire au malêtre. Et consigne avec autant de brio la complexité des rapports humains. Son écriture exhume les soubresauts les plus intimes de la conscience, et trahit lucidement les compromis et les trahisons d’un microcosme - souvent new-yorkais - au fonctionnement universel. 304 p., 22€. Faustine Bigeast
Jean Cemeli (photos) et Edith Wharton (texte) | Éd. La part des anges Adepte du « bougé net » et du « temps épais », Jean Cemeli pratique une photographie où l’instantané et le point de vue fixe cèdent le pas aux temps de pose de 2 secondes. De jour ou de nuit, prises depuis la rue ou à bord d’une voiture, ses photographies de la ville de New York évoquent un travelling au ralenti. Les mouvements, les couleurs, les lumières et les architectures qui s’y mêlent sont autant d’accidents formellement réussis. L’ensemble photographique s’accompagne d’un CD : des extraits de Sur les rives de l’Hudson, roman d’Edith Wharton (1862-1937), que Cemeli lit sur une musique improvisée d’Alberto Pibiri. 96 p.+ cd audio, 30€. François Lecocq
HQE, les renards du temple Rudy Ricciotti | Éd. Al Dante À tous les adeptes de la Haute Qualité Environnementale, Ricciotti adresse ce pamphlet rageur et décapant. Il y décortique la nouvelle religion HQE, trinité suprême en matière de construction. Le sigle appartient à une association composée des « renards du temple », responsables des plus grandes boîtes de BTP. D’autres siègent dans les instituts spécialisés, conseillent les princes en étant leurs clients et trustent le Grenelle de l’environnement. Ricciotti signe là une machine de guerre contre les pensées prémâchées par des experts auto-désignés. Il appelle à un sursaut de l’intelligence et au bon sens (enlever sa veste quand il fait chaud est moins énergivore que toute climatisation, même HQE). Un pilonnage salutaire. 80p., 13€. Nicolas-Arthur Bertrand
Le sourire du clown, 3e tome
UN TEMPS DE PASSAGE
De L. Brunschwig et L. Hirn (Futuropolis)
Richard Baron, Olivier de Solminihac| éd. Light Motiv
Exclusion, religion, représentation médiatique des banlieues... Les thèmes autant que les personnages étaient déjà très denses dans les deux premiers tomes du Sourire du clown. Avec cet opus final, la série prend encore une autre dimension. La violence du récit social cède la place à une fable flamboyante. Et la poésie des clowns en question, latente jusquelà, explose littéralement. Emportant tout sur son passage. Comme ce curé qui embrase la cité des Hauts-Vents pour mieux se présenter comme le sauveur. Elle balaye les doutes face à des ficelles scénaristiques parfois un peu grosses. Le travail d'orfèvre de Laurent Hirn sur l'expression des visages aide à croire en la capacité d'un sourire à changer le monde. 72 p., 16€. Nicolas Mathé
Le livre est carré, les photos au cordeau, le récit précis. Ce bel ouvrage traite d’un quartier de Hem, les Hauts ChampsLongchamp, et en retrace l’histoire urbaine. Des champs à l’habitat collectif (Auchan y trouva son nom), puis la décrépitude lente, parfois violente. Quand la mairie décide de tout raser pour reconstruire, la nostalgie pointe. Ce livre marque le changement, le passage : il s’ouvre sur la destruction du groupe scolaire et se termine sur sa reconstruction. « Quelque chose est en train de partir, autre chose est en train d’arriver, mais rien n’est vraiment parti et rien n’est encore arrivé ». Les photos de Richard Baron et les textes d’Olivier de Solminihac témoignent très bien de cet entre-deux. 112p., 30€. Henri Delecroix
Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire Florent Couao-Zotti | éd. Le serpent à plumes Plongée sans appel dans l’atmosphère des ruelles crasses de Cotonou. Ici, la saison des pluies charrie ses cadavres de putains et ses relents d’égouts. Un écrin rêvé pour les antihéros dont Florent Couao-Zotti a le secret. Smaïn, mafioso libanais, pathétique esclave de son bas-ventre. Rockia et Sylvana, deux « chéries » au fessier rebondi, qui rivalisent à son égard d’une roublardise vengeresse. Puis une panne de voiture et voilà Samuel, justicier un poil looser, qui se retrouve lui aussi embarqué dans le sillon de cette incoercible gangrène. Avec sa prose argotique et sa tendresse railleuse, Florent Couao-Zotti retranscrit l’âme et les travers du Bénin populaire, parfois jusqu’à l'écœurement. 204p., 16€. Flora Beillouin
littérature |
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chroniques Delphic
Hot Chip
Acolyte | Kitsuné
One life stand | DFA/EMI
Après deux maxis auto-produits très remarqués, James Cook, Richard Boardman, et Matt Cocksedge, alias Delphic (voir p. 70), s’autorisent cet album, Acolyte. Dans une certaine presse musicale, on le compare au meilleur de la scène de Manchester (parce qu’ils sont Mancuniens), comprendre de New Order jusqu’à Primal Scream, en passant par Happy Mondays ou The Stone Roses. Mais chez Let'smotiv, on n’est pas des fumistes, on ne fera pas ça. Leur musique, donc, c’est une pop très électronique de bonne facture, complexe mais légère, qui manque parfois de densité, mais pas d’intérêt, évoluant avec harmonie entre des morceaux qui font allègrement tapoter du pied, et d’autres qui, sans vous faire écraser une larmichette, vous poussent tout de même à la contemplation mélancolique. Sortie le 11.01. Olivia Volpi
Dans ce quatrième opus, les Anglais de Hot Chip confirment leur capacité à faire danser les foules. Le premier single One life stand se distingue par un déferlement de beats aux accents house et new wave, accompagnés de la voix fluette et cristalline du leader Alexis Taylor. L’ensemble rappelle inévitablement d’illustres groupes originaires de la perfide Albion comme New Order ou les Pet Shop Boys. Puis, Take it In ou Thieves in the Night confirment cette couleur, portée par un rythme tout aussi enivrant, un mélange de synthétiseurs et d’électronica vitaminée. Cette invitation à rejoindre le dancefloor est si bien tenue qu’on regrette presque la présence de Slush, une ballade sans relief qui ralentit la cadence. Just dance ! Sortie le 1.02. Aurélia Said
Bob Blank The Blank generation Blank Tapes NYC 1975-1985 | Strut Le label Strut prouve une fois encore son indéniable talent à dénicher le mieux du vieux avec cette collection de perles produites par le polyvalent Bob Blank. En 1976, il ouvre son studio newyorkais, Blank Tapes, et y accueille la crème du disco et du funk : Salsoul Orchestra, Musique, Inner Life, … Strut a choisi les 13 morceaux qui illustrent au mieux la patte de Blank, une production raffinée qui donne aux chansons un côté classieux et incroyablement entraînant. Depuis la harangue funky de James Blood Ulmer au disco sucré de Bumblebee Unlimited, en passant par la presque wave de The Necessaries, on ne s’ennuie pas une seconde en parcourant la décennie Blank Tapes. Si vous avez oublié quelqu’un à Noël, offrez cet album, vous serez pardonné. Sortie le 1.02. Olivia Volpi
musique |
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Martyn
Blockhead
Fabric 50
The Music Scene| Ninja Tune
Le dubstep est à la drum’n’bass ce que la minimale fut à la techno au début des années 2000 : un sous-genre épuré qui renouvelle la scène électronique. Depuis deux ans, Martyn fait partie des espoirs en la matière. Il se distingue de ses confrères en rapprochant clairement le dubstep de la techno. Mais, cette volonté de mélanger les genres, aussi louable soit-elle, atteint parfois ses limites… Ce mix pour Fabric accuse de regrettables dispersions. Notamment, la médiocre transition entre Mercury’s Rainbow de Zomby et Flashback de 2562, ou encore le final qui flirte avec une dance tonitruante. Ce set imparfait peut tout de même s’apprécier comme un honnête panorama des musiques électroniques actuelles. Fabien Kratz
Blockhead annonce partout qu’il s’est mis à Ableton, le fameux logiciel de MAO pour Macintosh… Tant mieux pour lui. Nous, on remarque surtout que ce producteur emblématique du label « Ninja Tunes » s’est éloigné de son terrain hip-hop pour embrasser une grande diversité d’ambiances. La profusion de samples, instrumentaux comme vocaux, évoque Wax Tailor, même si Blockhead procédait ainsi bien avant l’artiste français. En orfèvre, il sculpte chacune de ses boucles, associe des extraits musicaux en provenance des quatre coins du monde pour en tirer des pièces extrêmement élaborées. The Music Scene se place en digne successeur de Music By Cavelight, lumineux album de 2004. Mention spéciale pour l’autotune à outrance sur Four Walls. Sortie le 18.01. Mathieu Dauchy
Thomas Hamann & Gerd Janson Live at Robert Johnson vol.4 | Module Thomas Hamann et Gerd Janson transcendent l'exercice de la compilation avec une sélection parfaite, de bout en bout. Groove alambiqué de Lontano, hymne emblématique de Chez Damier ou envolées épiques pour Dj Duke, tout ici transpire une connaissance et un amour immodérés de l'essence de la house. Lorsque que s'enchaîne aux rythmes concassés de Radio Slave la conclusion éthérée de DNTEL, nos oreilles nous rappellent ce qui peut encore motiver l'achat d'un cd et balayer en treize titres des nuées de podcasts insipides. Le duo résident des soirées Liquid signe ici le point final de la série Live @ Robert Johnson, envisagée depuis le début en quatre volumes, mais dont l'esprit passionné ne peut que perdurer. Merci à Ata, fondateur du label Playhouse et du désormais mythique club d'Offenbach. Sortie le 25.01. Clément Perrin
concerts ven 01.01 SOSSA & RENÉ + TOFKE GUAPERAS + MASSIMO GIRARDI + DEZZ TERQUEZ Anvers, Café d’Anvers, 21h, nc, +32 3 226 38 70
sam 02.01 DJ FARAÏ + SNOOBA + MINDPHONE Bruxelles, Wax Club, 22h30, nc, info@thewaxclubcom GUY’DO + MR.GRAMMY + MASTER LEE + DJ NICOLAZ + MOONFLOWER Antwerpen, Noxx, 23h, nc, MAXIM LANY + JENSEN + PETE HOWL + SEBA LECOMPTE Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54
jeu 07.01 RENÉ BINAMÉ + BAK XIII Bruxelles, MAGASIN 4, 20h, 5e, +32 2 223 34 74 JNOISZZ + JEROEN VAN HERZEELE + GIOVANNI BARCELLA Anvers, Trix, 20h30, gratuit, +32 3 670 09 00 MOONFLOWER + 2WINZ Antwerpen, Noxx, 23h, nc,
SAN SODA + NATHAN + RED D + MAXIM LANY Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54
sam 09.01 WON KINNY WHITE + SHEETAH ET LES WEISSMULLER Liège, Zone, 20h, 6e, +32 4 341 07 27 THE HOPE CONSPIRACY + RISE AND FALL + BLIND TO FAITH + THE JONAH Anvers, Trix, 20h15, 15//12e, +32 3 670 09 00 PETER LUTS + KUSHI GOTHA + MASTER LEE + DJ NICOLAZ + MOONFLOWER Antwerpen, Noxx, 23h, nc SMOS & BABY BEE + 2WINZ Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70 Toys for Boys Label Night : SIERRA SAM + MARCUS VECTOR + TOM DAZING + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89 Sunnyside Up B-Day Bash Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64
mar 12.01
RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 23h, gratuit, +32 3 226 38 70
CORNEILLE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24
ven 08.01
mer 13.01
STRATOVARIUS Anvers, Trix, 19h45, 25/23e, +32 3 670 09 00
IAN BROWN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24
PAUL RITCH + HERMANEZ + TOFKE GUAPERAS + JOHAN BOGERS Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70
jeu 14.01 BAND OF SKULLS
Bruxelles, Botanique, 20h, 11/8/5e, +32 2 218 37 32 Paroles Urbaines « Back to Live Music » : STAN + DAN-T & BAND + L’AB7 + SIDI HOOMAM + MAKYZARD + ROCÉ Bruxelles, Botanique, 20h, 7/5e, +32 2 218 37 32 DJ NICOLAZ + MOONFLOWER + LICIOUS + 2WINZ Antwerpen, Noxx, 23h, nc, RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 23h, gratuit, +32 3 226 38 70
ven 15.01 HEAVY TRASH Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 Paroles Urbaines « Congo Vibes » : DJUBAY + GANDHI & BAND + BD BANX & BAND + FRESK + PITCHO Bruxelles, Botanique, 20h, 7/5e, +32 2 218 37 32 MOONFLOWER + NEON + DJ NICOLAZ Antwerpen, Noxx, 23h, nc, The Benelux DJ BAttle Championship : PRINZ + KENNY RAW + METROBOX Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70 SMOOTH OPERATOR & FLATCUM + MAXIM LANY + PETE HOWL Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54 Roubaix’s Burning #13 : NOOB + QOSO + MARKLION + SYLVIE CIOUS Roubaix, Cave aux Poètes, 23h, 10/8/6e, +33 320 27 70 10
sam 16.01 KICKBACK + BLOODSHOT + BROKEN CLOWN + DAGGERS
agenda |
123
Bruxelles, MAGASIN 4, 19h, 10e, +32 2 223 34 74 Live From Buena Vista : HAVANA LOUNGE (THE) Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 29/26e, +32 2 548 24 24 HALLO KOSMO Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 SAÏDA + SIDÉRAL & CRÉPUSCULE + CHIENS 2 RUE + CONVOK + SCRED CONNEXION Bruxelles, Botanique, 20h, 12/10e, +32 2 218 37 32 ALAIN SOUCHON Bruxelles, Forest National, 20h, 48/42e, +32 7 025 20 20 CRAPPY GOES MAXI Bruxelles, Recyclart, 20h, 5e, +32 2 289 00 59
PANDA BEAR + DJ ISABEL Courtrai, De Kreun, 20h, 18/13e, +32 5 637 06 44
lun 18.01 KING’S SINGERS Mouscron, Marius Staquet, 20h30, 24/22/20e, +32 5 686 01 60 YELLOWJACKETS (THE) Etterbeek, Atelier 210, 21h, 2e, +32 2 732 16 39
mar 19.01 EUROPE Anvers, Trix, 20h15, 28/26e, +32 3 670 09 00
mer 20.01
FRUSTRATION + THE MAGNETIX + HELLO SUNCHINE + ANTEENAGERS MC Bruxelles, MAGASIN 4, 20h, 10e, +32 2 223 34 74 JTOTHEC & THE BAD MOTHAS Courtrai, De Kreun, 20h, 5e/ gratuit, +32 5 637 06 44 ARCHIVE Maubeuge, Luna, 20h, 22/20e, +33 327 64 13 33 FANFARLO + MORNING STAR POP CHOIR Tourcoing, Grand Mix, 20h, 10e, +33 320 70 10 00 Black Box Revelation Kapitan Korsakov Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, complet, 9/12e SAVAGE REPUBLIC Anvers, Trix, 20h30, 11/9e, +32 3 670 09 00
CHILD ABUSE + MOHA! Bruxelles, MAGASIN 4, 00h, 6e, 22233474
NITZER EBB + PLASTIC NOISE EXPERIENCE + IONIC VISION Anvers, Trix, 20h30, 25/20e, +32 3 670 09 00
CASIOKIDS Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
GOOD FOR COWS + YOLK Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, nc, +32 2 478 23 50
Diaspora Sounds #4 : OLIVIER THOMAS + CATHERINE DELAUNAY + DADMEHR Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, gratuit, +32 2 550 03 50
CLIMATE JOCKEY NIGHT + REBEL UP DJ’S + LOWDJO + DOUSTER Bruxelles, Recyclart, 22h, 10e, +32 2 289 00 59
BARTHOLOMEO + PATRICK SCHMIDT + 2WINZ Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70
jeu 21.01
RIVA STARR + TERRY TONER + RAMON TAPIA Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70
dim 17.01
DJ NICOLAZ + NEON + LICIOUS + 2WINZ Antwerpen, Noxx, 23h, nc,
CHARLIER/SOURISSE QUARTET Mouscron, Marius Staquet, 20h30, 12/10/8e, +32 5 686 01 60 DJ CHAZAM + HOQUETS + DJ SOFA Etterbeek, Atelier 210, 22h, gratuit, +32 2 732 16 39 MR.GRAMMY + PETER LUTS + TOFKE + MASTER LEE + DJ NICOLAZ + MOONFLOWER Antwerpen, Noxx, 23h, nc,
EPICA Anvers, Trix, 20h, 20e, +32 3 670 09 00 ARCHIVE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24
OK GO Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 23h, gratuit, +32 3 226 38 70
ven 22.01
DJ CASSIDY + LEXIS + NEON Antwerpen, Noxx, 23h, nc,
MAXIM LANY + PETE HOWL + NATHAN + BRUNO SNOECK Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54
sam 23.01 TransArdentes : CARL CRAIG + RADIO SLAVE + MAD MIKE BANKS + CHRIS LIEBING
concerts + CROOKERS + DJ DARKO + DEPOTAX + DJEDJOTRONIC + ED RUSH & OPTICAL + FAKE BLOOD + DJ FRESH + DJ HYPE + MC DADDY EARL + LAIDBACK LUKE + LAURENT GARNIER + MODESELEKTOR + MONDKOPF + N-TYPE + NOISIA + PARTYHARDERS SQUAD + POPOF + RENAISSANCE MAN + SUB FOCUS + SYSTEM D + ZOMBIE NATION Liège, Halles des Foires, 18h30, 37/30e,
20h, 23/20e, +32 2 548 24 24 LOCAL NATIVES Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
mar 26.01 Cosi Fan Tutte : FRANÇOIS BAZOLA + YVES BEAUNESNE Valenciennes, Phénix, 19h, 23/9e, +33 327 32 32 32
5e, +32 2 289 00 59 JEAN-CLAUDE DERUDDER + JEAN-LUC CAPPOZZO Mouscron, Marius Staquet, 20h30, 9/7/5e, +32 5 686 01 60 RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 23h, gratuit, +32 3 226 38 70
ven 29.01
CRAPPY MINI BAND (THE) + C.A.R.L. + OJO + DJ SOFA Bruxelles, MAGASIN 4, 20h, 7e, +32 2 223 34 74
GOOD SHOES Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
BALOJI Arlon, Entrepôt, 20h, nc,
STINKY LOU AND THE GOON MAT Liège, Zone, 20h, gratuit, +32 4 341 07 27
mer 27.01
BILL WYMAN’S RYTHM KINGS Anvers, Trix, 20h, 41/38e, +32 3 670 09 00
DEPECHE MODE Merksem, Palais des Sports, 20h, nc, +32 2 340 04 04 Black Box Revelation Waldorf Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 9/12e DJ NICOLAZ + GUY’DO + DJ ROMA + MOONFLOWER Antwerpen, Noxx, 23h, nc, BARTHOLOMEO + 2WINZ + PATRICK SCHMIDT Anvers, Café d’Anvers, 23h, 10/5e, +32 3 226 38 70
dim 24.01 MARTIENSGOHOME + MECHA/ORGA Bruxelles, Ateliers Claus, 16h, nc, +32 2 478 23 50 OM + LICHENS Tourcoing, Grand Mix, 18h, 12/9e, +33 320 70 10 00
lun 25.01 HENRY ROLLINS Bruxelles, Ancienne Belgique,
SUNN O))) + EAGLE TWIN Lille, Aéronef, 20h, 17/13e, +33 320 13 50 00 YOYOYO ACAPULCO + GOTAM SEN Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 8/6e, +33 320 27 70 10 TAPE TUM Gand, Vooruit, 22h, gratuit, +32 9 267 28 28 DJ NICOLAZ + 2WINZ + A-STARZ Antwerpen, Noxx, 23h, nc
jeu 28.01 Soirée Label H!PH!PH!P : HIM + BLAKFISH + PHARAOHS Lille, Aéronef, 19h, 15/10e, +33 320 13 50 00 STORY OF THE YEAR + ENTER SHIKARI Anvers, Trix, 20h, 21/18e, +32 3 670 09 00 DAVID BAZAN Anvers, Trix, 20h30, 13/10e, +32 3 670 09 00 JEAN LOUIS + CLÉMENT NOURRY Bruxelles, Recyclart, 20h30,
DROPKICK MURPHYS Anvers, LOTTO ARENA, 20h, nc,
FANTAZIO + JEAN-LOUIS COSTES Bruxelles, MAGASIN 4, 20h, 8e, +32 2 223 34 74 DEZ MONA + CHOIR OF YOUNG BELIEVERS Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10/7e, +32 5 637 06 44 THE BIG PINK Anvers, Trix, 20h30, 15/12e, +32 3 670 09 00 OSSO EXOTICO + MIEKE LAMBRIGTS Bruxelles, Beursschouwburg, 20h30, 6e, +32 2 550 03 50 SKARBONE 14 Mouscron, Marius Staquet, 20h30, 8e, +32 5 686 01 60 Soirée Brul #1 : CHARLES PENNEQUIN + JF PAUVROS + ANTOINE BOUTE Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, nc, +32 2 478 23 50 DISCO DASCO + MASTER LEE + PETER LUTS + MR.GRAMMY Antwerpen, Noxx, 23h, nc, MATTHIAS TANZMANN + TOFKE GUAPERAS + MASSIMO GIRARDI + HERMANEZ Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc,
agenda |
125
+32 3 226 38 70 DEE JAMES + NICK CURLY + MAXIM LANY + PETE HOWL Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54 X-Mos ISL : GUI BORATTO Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64
sam 30.01 VELVET SICK + SIDI HOOMAM + SANBOY MGR-430 Liège, Zone, 20h, 5e, +32 4 341 07 27 ISBELLS + THE LOW ANTHEM Bruxelles, Ancienne Belgique, 18h, 19/16e, +32 2 548 24 24 CASUALTIES (THE) + THE REAL MCKENZIES + AGITATORS (THE) + SS-KALIERT Anvers, Trix, 19h, 16/13e, +32 3 670 09 00 THAO WITH THE GET DOWN STAY DOWN Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 REEL BIG FISH + SONIC BOOM SIX Bruxelles, Botanique, 20h, 24/21/18e, +32 2 218 37 32 Radio Panik Party : LE TETRAEDRE + THE NOYZKRIPTERS + SQUEAKYLOBSTER & NAN + THOT Bruxelles, MAGASIN 4, 20h, 5e, +32 2 223 34 74 LAURA VEIRS + OLD BELIEVERS + CATALDO Lille, Aéronef, 20h, 12/6e, +33 320 13 50 00 CASIOKIDS + GOOD SHOES Tourcoing, Grand Mix, 20h, 10e/gratuit, +33 320 70 10 00 AGNÈS JAOUI Bruxelles, THEATRE 140,
20h30, 45/36,5e, +32 2 733 97 08 The Ballroom Quartet Maya’s moving castle Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 7/10e D-FUSE + SCRATCH MASSIVE + DJ MAUD + DJ DARKO Bruxelles, Recyclart, 22h, 12/10e, +32 2 289 00 59 BARTHOLOMEO + PATRICK SCHMIDT + 2WINZ Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70
dim 31.01
What the Folk! : NELE VAN DEN BROECK Etterbeek, Atelier 210, 21h, 2e, +32 2 732 16 39
jeu 04.02 DAVID GRAY Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 37/34e, +32 2 548 24 24 Corps furieux/Sons furieux : JEAN-LOUIS COSTES + CASCADEUR + KEYVANE + REAL AIR GUITAR Dunkerque, 4 Ecluses, 21h, 7e, +33 328 63 82 40
BARONESS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
ven 05.02
lun 01.02
SIMON’S + KARL OFFF + EXCUSE EXCUSE Huy, Atelier rock, 20h, nc, +32 8 525 03 59
LAURA VEIRS + CATALDO + OLD BELIEVERS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
MACHINE HEAD Bruxelles, Forest National, 19h, 39e, +32 7 025 20 20
BILLY TALENT Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24
BILLY GAZ STATION + GRAVITY SLAVES + RAVI + BILLY THE KILL Bruxelles, MAGASIN 4, 19h30, 8e, +32 2 223 34 74
mar 02.02
DANDYLIAR Anvers, Trix, 20h, 8/6e, +32 3 670 09 00
TALIB KWELI Anvers, Trix, 20h, 20/17e, +32 3 670 09 00 ADEPT + HER BRIGHT SKIES Anvers, Trix, 20h30, 11/9e, +32 3 670 09 00
mer 03.02 THE SEA Lille, Aéronef, 20h, 10/0e, +33 320 13 50 00 PRINCE OFF Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, gratuit, +32 2 550 03 50
BUFFY SAINTE-MARIE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 GHÉDALIA TAZARTÈS + CASPAR BROTZMANN Bruxelles, Recyclart, 20h, 8e, +32 2 289 00 59 ETÉ 67 Etterbeek, Atelier 210, 20h30, 13/10e, +32 2 732 16 39 CASPAR BROTZMANN MASSAKER + GHÉDALIA TAZARTÈS Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, 8e, +32 2 478 23 50
concerts sam 06.02
lun 08.02
jeu 11.02
GUILTY BROTHERS EXPERIENCE (THE) + VOLT VOICE + A MUTE Huy, Atelier rock, 20h, nc, +32 8 525 03 59
ALL TIME LOW Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24
MIDLAKE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24
CHRISTIAN SCOTT Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
SMART Leuven, Het Depot, 20h, 12/10e, +32 1 622 06 03
CHARLIE WINSTON Bruxelles, Forest National, 20h, nc, +32 7 025 20 20
THE XX Tourcoing, Grand Mix, 20h, Complet, +33 320 70 10 00
ADAM GREEN Lille, Aéronef, 20h, 17/13e, +33 320 13 50 00
THE KING KHAN & BBQ SHOW Anvers, Trix, 20h30, 13/10e, +32 3 670 09 00
SAINT VITUS + SERPENTCULT Anvers, Trix, 20h30, 18/15e, +32 3 670 09 00
CLARA CLARA Gand, Vooruit, 22h, gratuit, +32 9 267 28 28
mar 09.02
ven 12.02
LACUNA COIL Anvers, Trix, 20h, 23e, +32 3 670 09 00
KRYPTIC MINDS + KUTZ + STENCHMAN + SUKH KNIGHT Anvers, Petrol, 00h, 12/10e, +32 3 226 49 63
GRAND ARCHIVES Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 DA SILVA Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32 GHINZU Bruxelles, Forest National, 20h, 32e, +32 7 025 20 20 BRETT ANDERSON + SIMPLESONGS Anvers, Trix, 20h30, 16/13e, +32 3 670 09 00 DAS POP + HOUSSE DE RACKET Charleroi, Eden, 20h30, 14/12e, +32 7 131 44 20 EIFFEL Etterbeek, Atelier 210, 20h30, 15/12e, +32 2 732 16 39 SOURYA + KID BOMBARDOS Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10/8/6e, +33 320 27 70 10 DROP THE LIME + HOT CITY + BOOMKLATSCH + THE ODD WORD Anvers, Petrol, 23h, 10/8e, +32 3 226 49 63
dim 07.02 MAURICE ENGELEN & FRIENDS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24 Black Angels - Needle and The Pain Reaction Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 8/11e
RICHARD HAWLEY Bruges, Cactus Club, 20h, 20/17e, +32 5 033 20 14 ADAM GREEN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 NE-YO Bruxelles, Forest National, 20h, 42e, +32 7 025 20 20
mer 10.02
We Are O’Pen : DAS POP + MINTZKOV + DEZ MONA + GO FIND (THE) Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00 RACHID TAHA Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24 BAKAR + KAEM + 13HOR + CYBANG Bruxelles, MAGASIN 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74
DIG UP ELVIS Charleroi, COLISEUM, 20h, 15/12e, 3271843791
AN EVENING WITH CUSTOMS Leuven, Het Depot, 20h, 12/10e, +32 1 622 06 03
AVISHAÏ COHEN Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28
Absynthe Minded Mary&Me Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, complet, 9/12e
BILL CALLAHAN Tourcoing, Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 EMILY LOIZEAU Mouscron, Marius Staquet, 20h30, 30e, +32 5 686 01 60
DIG UP ELVIS Arlon, Entrepôt, 20h30, 17/15e FRONT 242 + A SPLIT SECOND Gand, Vooruit, 21h,
agenda |
127
28/26,75e, +32 9 267 28 28 Liquor Techno : DEG + PETER VAN HOESEN + REM + BAT Bruxelles, Recyclart, 23h, 8/10e, +32 2 289 00 59
sam 13.02 We Are O’Pen : ABSYNTHE MINDED + CUSTOMS + JEF NEVE + GROOVETHING + PARANOIACS Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00 BB BRUNES Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24 MENAHAN STREET BAND + LEE FIELDS Leuven, Het Depot, 20h, 12/10e, +32 1 622 06 03 HEIDI MORTENSON + PAULA NEWWOMAN Bruxelles, Beursschouwburg, 20h30, nc, +32 2 550 03 50 Baloji Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 6/7/9e POSTMAN + PRETTY LIGHTS + TURNTABLE DUBBERS Anvers, Petrol, 21h, 13/10e, +32 3 226 49 63 TAPE THAT Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, nc, +32 2 478 23 50 DON COLINS + PIER BUCCI + IGOR VICENTE + DEE JAMES Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54 PENDULUM + NOISIA + MURDOCK + WONTIME Leuven, Het Depot, 23h, 12/10e, +32 1 622 06 03 KULTURAMA Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64
dim 14.02 CHERRY POPPIN DADDY Bruxelles, MAGASIN 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74 JEAN-CLAUDE DERUDDER + LOUIS SAVARY Mouscron, Marius Staquet, 20h, nc, +32 5 686 01 60 DELPHIC Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
lun 15.02 XAVIER RUDD Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24
mar 16.02 LAMB OF GOD Bruxelles, Ancienne Belgique, 18h, 28/25e, +32 2 548 24 24
+32 3 670 09 00 REVEREND & THE MAKERS Bruges, Cactus Club, 20h, 11/8e, +32 5 033 20 14 THE XX Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24 THE ORIGINAL WAILERS Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 LES RAMONEURS DE MENHIRS + RENÉ BINAMÉ Liège, Zone, 20h, 7e, +32 4 341 07 27 CLARA CLARA Lille, Aéronef, 20h, 10e/ gratuit, +33 320 13 50 00 Diaspora Sounds : NICO ROIG + MARTY MELIA + SERGIO LEMNOS Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, gratuit, +32 2 550 03 50
jeu 18.02
THE HORRORS + S.C.U.M Bruxelles, Botanique, 20h, 26/23/20e, +32 2 218 37 32
BEACH HOUSE + PAPERCUTS Lille, Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00
TUNE-YARDS Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
MAI LEV Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
JAMIE T Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32
SHEARWATER Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32
LES RAMONEURS DE MENHIRS Bruxelles, MAGASIN 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74
GABRIEL RIOS + JEF NEVE + KOBE PROESMANS Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20e, +32 2 218 37 32
Festival «En solo, ou presque» #5 : JASON EDWARDS + GREENSHAPE Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 2e, +33 320 27 70 10
mer 17.02 FLOORPUNCH + TRUE COLORS + RHYTHM TO THE MADNESS Anvers, Trix, 19h30, 15/12e,
MOSTLY OTHER PEOPLE DO THE KILLING Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28 LOCAL NATIVES + CLUES + LES NUITS DE L’ALLIGATOR Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 Festival «En solo, ou presque» #5 : OKOU + TALL
concerts PAUL GRUNDY Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, gratuit, +33 320 27 70 10 THE DECLINING WINTER Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, nc, +32 2 478 23 50
ven 19.02 INME + FIGHTSTAR Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 19h30, 15/12e, +32 2 414 29 07 GO FIND (THE) + DE PORTABLES + TAPE TUM Bruges, Cactus Club, 20h, 10/7e, +32 5 033 20 14 GABRIEL RIOS + JEF NEVE + KOBE PROESMANS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24 Humpty Dumpty Label Night : K-BRANDING + CARL + MIÈLE Charleroi, Eden, 20h30, 7/6e, +32 7 131 44 20 Festival «En solo, ou presque» #5 : ETIENNE JAUMET + LUMINOCOLOR Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 8/6/4e, +33 320 27 70 10 Japandroids Creature With The Atom Brain Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 7/10e DRUMS ARE FOR PARADES Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, nc, +32 2 550 03 50 KAP BAMBINO + DJ PONE + LIL MIKE + PARTYHARDERS SQUAD + ELISA DO BRASIL + MR EXPLICIT Lille, Aéronef, 23h, 17/13e, +33 320 13 50 00
sam 20.02 BEAK + DD/MM/YYYY + JACKIE O MOTHERF*CKER + JOOKABOX Tourcoing, Grand Mix, 19h, 12/9e, +33 320 70 10 00 DEAD BY SUNRISE Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 19h30, 25/22e, +32 2 414 29 07 BALOJI Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 CHOKEBORE Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 Festival «En solo, ou presque» #5 : ANDRE DURACELL + MUGISON Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10/8/6e, +33 320 27 70 10 LYENN + GEMMA RAY + FISHERSPOONER + FREDO & THANG Anvers, Petrol, 21h, 13/10e, +32 3 226 49 63 BREAKAGE + TES LA ROK + HIJAK + GRIMELOCK + GOLDORAK & SOLPHER + SGT POKES + DICE&KASTOR Anvers, Trix, 22h30, 15//12e, +32 3 670 09 00
dim 21.02 KELLY CLARKSON Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 43/40e, +32 2 548 24 24 BEACH HOUSE Gand, Vooruit, 20h, 15/11e, +32 9 267 28 28
lun 22.02 JACKSON BAIRD TRIO Etterbeek, Atelier 210, 20h, nc,
+32 2 732 16 39 VAMPIRE WEEKEND Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24 BEACH HOUSE Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10e, +32 2 218 37 32 ARE WE BROTHERS + HOCKEY Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00 AIRBOURNE Anvers, Trix, 20h15, nc, +32 3 670 09 00
mar 23.02 LA ROUX Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24 BALIMURPHY Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 JOHAN DERYCKE + KAMIKAZE Gand, Vooruit, 20h, 12/8e, +32 9 267 28 28
mer 24.02 SNEATSNIFFERS (THE) Anvers, Trix, 19h30, nc, +32 3 670 09 00 SWELL SEASON (THE) Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 22/19e, +32 2 548 24 24 SUNNY MURRAY + CHARLES GAYLE + JUINI BOOTH Bruxelles, Beursschouwburg, 20h30, 12/8,5e, +32 2 550 03 50 FM BELFAST + T&K Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 8/6/4e, +33 320 27 70 10
agenda |
129
jeu 25.02 SWEET COFFEE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 GRANT LEE PHILLIPS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 OWL CITY + LIGHTS Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 MUGISON + HELGI HRAFN JONSSON + FM BELFAST Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 DEZ MONA Gand, Vooruit, 20h, 19/15e, +32 9 267 28 28 GZA (WU TANG CLAN) Anvers, Trix, 20h30, 25/22e, +32 3 670 09 00 AKI TAKASE Bruxelles, Beursschouwburg, 20h30, 14/10e, +32 2 550 03 50 KNALPOT Bruxelles, Recyclart, 20h30, 5e, +32 2 289 00 59 Maak’s Spirit : JOCHIM KÜHN + GUILLAUME ORTI Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, 14/10e, +32 2 550 03 50
ven 26.02 GRANT LEE PHILLIPS Bruges, Cactus Club, 20h, 14/11e, +32 5 033 20 14 50 CENT Bruxelles, Forest National, 20h, 46e, +32 7 025 20 20 HINDI ZAHRA Lille, Aéronef, 20h, 17/13e, +33 320 13 50 00 EMILIE AUTUMN Anvers, Trix, 20h30, 16/13e, +32 3 670 09 00
PASCAL MOHY TRIO Bruxelles, Beursschouwburg, 20h30, 14/10e, +32 2 550 03 50 DONOVAN Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 15e, +33 320 27 70 10 Shearwater - Slow Club - Cody - David Thomas Broughton Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 7/10e Hair 1969-2009 The American Tribal Love-Rock Musical : GALT MACDERMOT + NED GRUJIC + RAPHAËL KANEY-DUVERGER Roubaix, Colisée, 20h30, 32/8e, +33 320 24 07 07 Soirée Brul #2 : CHERESSE + ANDY FIERENS + THÉOPHILE DE GIRAUD Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, nc, +32 2 478 23 50 STEFANO BOLLANI Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, 14/10e, +32 2 550 03 50
sam 27.02 ARID Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24 HINDI ZAHRA Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 VAN JETS Bruxelles, Botanique, 20h, 18/15e, +32 2 218 37 32 GUY VAN WAAS + LES AGRÉMENS + CHOEUR DE CHAMBRE DE NAMUR Bruxelles, Bozar, 20h, 29/18e, +32 2 507 82 00 Gala Concert Viennois de Johann Strauss : MATTHIAS GEORG KENDLINGER + DOREEN HOFFRICHTER
Bruxelles, Bozar, 20h, 88/20e, +32 2 507 82 00 PLASTICINES Lille, Aéronef, 20h, 17/13e, +33 320 13 50 00 Lettre à Chopin : URSZULA KRYGER + CLAIRE CHEVALLIER + SÉBASTIEN DUTRIEUX Bruxelles, Bozar, 20h15, 25/16e, +32 2 507 82 00 Vise Versa #2 : WOLTER WIERBOS + KRIS DEFOORT Bruxelles, Beursschouwburg, 20h30, 14/10e, +32 2 550 03 50 EEK A MOUSE Anvers, Petrol, 21h, 20e, +32 3 226 49 63 Dubstep & Grime Party : SCUBA + GRIMELOCK + SWEET SWEAT SOUNDSYSTEM Bruxelles, Recyclart, 21h, 10/8e, +32 2 289 00 59 TC + NERO + WONTIME + Z-NOX Bruges, Cactus Club, 22h, 12/9e, +32 5 033 20 14 GIANLUCA PETRELLA Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, 14/10e, +32 2 550 03 50 Booty Night Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64
dim 28.02 GIFT OF GAB + GRIGRI LIVE Tourcoing, Grand Mix, 18h, 10/7e, +33 320 70 10 00 ISBELLS + LE LOUP Bruges, Cactus Club, 20h, 10/7e, +32 5 033 20 14 ARID Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24