Sam Sauvage, Beirut, Michel Polnareff, Jay-Jay Johanson, The Sisters of Mercy, Pierre Lapointe, Finneas, Rejjie Snow, H JeuneCrack, Jeshi, Greentea Peng, Donny Benét, Stereolab, The Flaming Lips, Jon Spencer, Lola Young
DISQUES
– 50
Little Simz, The Moonlandingz, Mark Pritchard & Thom Yorke, Sparks, Car Seat Headrest
LIVRES
– 52
Faut-il se passer du numérique pour sauver la planète ?, Techno & co. Chroniques de la scène danse électronique, Phil Spector : la descente aux enfers d’un génie du rock, Everglades, Toxique
ÉCRANS
– 54
Simón de la montaña, Les Maudites, Le Clan des bêtes, Milli Vanilli, de la gloire au cauchemar, Marco - l’énigme d’une vie
EXPOSITION
– 60
S’habiller en artiste, Pom Pom Pidou, Les étoiles refroidissent aussi, Oiseaux de nuit, The Distorted Party, Common Grounds, Pulsations. Visage d’une cité, Révéler l’impact, Entrelacer, Agenda
THÉÂTRE & DANSE
– 80
Faust, Kean, Le Pas du monde, La Haine, Fermez les yeux, vous y verrez plus clair, Killology, Subjectif Lune, Looking for Antigone, Les Dodos, Agenda
Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Pascal Cebulski, Mathieu Dauchy, Bathilde Fleuret, Three Koma, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, Arnaud Stoerkler et plus si affinités.
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PLAYLIST LM
La bande son de la rédaction
LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours
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LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement.
Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
Retour vers le ciné
Nom de Zeus, Retour vers le futur fête ses 40 ans ! CineComedies célèbre cet anniversaire avec une projection spéciale, en présence d’un invité qui ne l’est pas moins : Kevin Pike. Ce maître des effets spéciaux a œuvré sur, entre autres, Les Dents de la mer, Jurassik Park et donc la trilogie de Robert Zemeckis. Cerise sur le convecteur temporel, l’Américain débarque à Lens à bord de la mythique DeLorean ! Gaffe aux dérapages, cette fois... Lens-Liévin, 29.05 > 01.06, divers lieux, gratuit, festival-cinecomedies.com + 31.05 : Retour vers le futur avec Kevin Pike, le Colisée de Lens
TOUTOU POUR PLAIRE
Voilà un rendez-vous qui ne manque pas de chien. Woofstock, c’est le festival entièrement dédié aux toutous. Ici, nos amis à quatre pattes s’enfilent des pupuccinos (sans caféine), s’adonnent au doga (l’équivalent de notre yoga) avant de danser ou de piquer une tête dans une piscine rien que pour eux. Pendant ce temps-là, leurs maîtres assisteront à des conférences ou à des cours de cuisine... Complètement woof. Bruxelles, 24 & 25.05, Tour & Taxis, 10h, 25/13€ woofstock.be
Au rayon des records du monde, disons "cocasses", voici celui du plus grand rassemblement de Schtroumpfs… qu’essaie en vain de battre la ville de Landerneau. Après deux tentatives infructueuses en 2020 puis 2023, la troisième sera-t-elle la bonne pour nos irréductibles Bretons ? Pour éjecter la ville allemande de Lauchringen du Guinness Book, ils devront être plus de 2 762 peints en bleu et coiffés de chapeaux blancs (voire rouges).
Allez, on y schtroumpfe cette fois ! Landerneau, 17.05, Saint-Ernel, 17h, gratuit tourisme-landerneau-daoulas.fr
ÇA PLANE POUR EUX
Vous avez aimé le championnat du monde du cri de la mouette ?
Alors vous adorerez celui du lancer d’avions en papier (Étienne Carbonnier en frétille d’impatience). Cette plus ou moins sérieuse compétition se tient depuis trois ans à Mérignac et suit des règles strictes : la conception de l’aéronef est exécutée sur place et chaque "pilote" dispose de deux jets. Le record à battre ? 88,31 mètres ! Soit pas mal d’heures d’entraînement au fond de la classe.
Mérignac, 17.05, Complexe sportif Daniel Colombier, 12h, 8/5€ (gratuit pour le public) championnatavionpapier.fr
FOULÉES DES FIERTÉS
Ils courent pour faire reculer les discriminations. Les Lillois.es de l’association Front Runners organisent la deuxième édition des Foulées des fiertés. Le principe ? Une course (5 et 10 km) et une marche (5 km) ouvertes à toutes et tous, dans le parc de la Citadelle. Surtout, les recettes sont reversées à la fondation Le Refuge, qui héberge et accompagne les jeunes LGBT+ rejetés par leurs parents. Une bonne raison d’enfiler son short. Lille, 01.06, La Citadelle, dès 10h, 6€ frontrunnerslille.org
Eh non, la capitale mondiale du street art ne se trouve pas à Paris, Bruxelles, Tokyo ou New York... mais dans un petit village de l’Allier. Plus précisément à Lurcy-Lévis, tranquille bourgade d’à peine 1 800 âmes située en rase campagne, quelque part entre Nevers et Bourges, les vaches et les moutons. Il y a maintenant pile dix ans, Gilles et Sylvie Iniesta ont élevé dans une ancienne friche le premier et unique parc thématique entièrement dédié aux graffitis, pochoirs et autres fresques monumentales. Visite guidée, avant sa réouverture le 1 er mai.
« C’est une histoire de fou », prévient Gilles Iniesta. En 2003, lui et son épouse Sylvie tombent sous le charme du château de Béguin, à Lurcy-Lévis. Problème, la bâtisse fait partie d’un ensemble de propriétés. Pour l’acquérir, le couple doit aussi acheter la grande friche qui va avec. En l’occurrence un ancien centre de formation de France Télécom, abandonné depuis 1992. Soit 10 hectares de terrain et 7 000 m2 de bâtiments endormis sous les ronces... « C’était la forêt vierge, se souvient le sexagénaire. Il a fallu
deux mois pour débroussailler le site et, franchement, on ne savait pas quoi en faire ». Les projets fusent (un hôtel ? un laboratoire ?) pour aussitôt être enterrés.
« UNE BULLE DE CONFORT
POUR CRÉER »
Et puis, le 22 janvier 2015, en fin d’après-midi, Sylvie promène leur petit chien (Bijou) entre ces murs défraîchis et a « un flash » : elle les voit parsemés de couleurs. Gilles et Sylvie ne connaissent encore rien à la langue de Banksy mais
L’entrée des artistes avec Gilles et Sylvie Iniesta
ont une idée de génie : lancer la toute première résidence dédiée aux street artistes.
Bulle de créativité. Dix ans plus tard, bien servi par la puissance des réseaux sociaux, l’endroit a déjà accueilli 547 graffeurs de 67 nationalités différentes, « et on en compte plus de 1 100 sur liste d’attente », ajoute Gilles. Il faut dire que le concept a de quoi séduire. « Pour faire simple, l’artiste arrive ici avec son talent et ses vêtements. Il est logé, nourri et tout est mis à sa disposition : bombes, nacelles élévatrices,
pinceaux... On lui offre une bulle de confort pour créer. On ne cherche pas non plus à attirer des stars, plutôt donner de la visibilité à des peintres émergents ». Et le résultat s’avère des plus spectaculaires. Baptisée Street Art City, l’ancienne friche est devenue un musée à ciel ouvert « où l’on conserve l’éphémère ». C’est même « une petite ville » (avec son panneau d’entrée) attirant chaque année près de 30 000 visiteurs de toute l’Europe et transpirant littéralement l’art. Soit 22 500 m2 de surfaces
Une anamorphose du Lorrain Scaf
extérieures et 17 000 autres en intérieur sur lesquelles se déploient des kilomètres d’œuvres renouvelées suivant leur dégradation naturelle - comptez trois saisons pour un mur exposé au soleil couchant.
Peintures fraîches. Sur des façades d’immeubles de plusieurs étages, des murs ou même des chambres (du sol au plafond), on trouve par exemple une anamorphose du Scaf, sur le point d’être dévoré par un gigantesque loup, les portraits réalisés au chalumeau sur des cagettes en bois de Vincent Loisy ou encore l’œuvre, monumentale, du
Mexicain Oscar Axo. Entrée dans le top 10 des plus belles fresques au monde en 2025, celle-ci a été entièrement conçue au pinceau.
« ON CONSERVE L’ÉPHÉMÈRE »
« Notre principal critère de sélection, c’est la diversité des styles et techniques assure Gille Iniesta.
Aujourd’hui, sans aucune prétention, je pense qu’on a un peu de légitimité dans le domaine ». Oui, "un peu".
Street Art City - Beguin 5, Les Bruyères de Béguin, 03320 Lurcy-Lévis Ouvert du 01.05 au 02.11, tous les jours sauf mer : 11h -19h, 20/10€ (enfants de 6 à 16 ans), street-art-city.com, c @streetartcity.officiel
Biennale internationale d’art mural
RETOUR AUX SOURCES
Initiée en 2013 par le collectif Renart, la Biennale internationale d’art mural (BIAM) renoue avec ses racines. Ce cru 2025 prend du recul en faisant la part belle aux street artistes présents dès la première édition, et œuvrant pour la plupart dans les Hauts-de-France. Durant plus d’un mois, la rue devient une galerie à ciel ouvert, le mur se substitue à la toile... et l’imagination fait le reste !
Déjà douze ans que la BIAM célèbre le street art sous toutes ses formes. Avec plus de 120 fresques réalisées dans une trentaine de communes des Hautsde-France par des créateurs du monde entier, la réputation de cette biennale n’est plus à faire. Cela n’empêche pas la remise en question. « À l’heure du réchauffement climatique, est-ce pertinent d’inviter un artiste résidant à des milliers de kilomètres pour peindre ici durant une semaine ? », s’interroge Julien Prouveur, le directeur du collectif Renart. D’autant plus que les
talents ne manquent pas dans la région, et n’ont pas toujours l’occasion de briller... Cette septième édition s’annonce ainsi comme un retour aux sources. Il s’agit de « réinvestir » des murs qui ont marqué l’histoire de la BIAM (comme dans les quartiers Bois Blancs et Moulins à Lille) « et surtout de mettre à l’honneur les graffeurs locaux qui illuminent nos rues ». Citons Bob59 et ses saynètes déjantées évoquant l’esthétique de la BD, les portraits à la bombe hyperréalistes de Logick, le duo Dr Colors, expert en "réanimation murale" et bien sûr la traditionnelle jam.
Prévue à Hellemmes le dernier week-end de mai, celle-ci réunit la crème du graffiti métropolitain.
À l’art libre. Entre autres vieilles connaissances (le Poitevin Fred Calmets) ou complices de longue date (l’association Art Osons de Cergy, ici représentée par les B-boys extravagants du Mec Blasé), n’oublions pas les voisins belges !
« RENDRE L’ART ACCESSIBLE À TOUS ET PARTOUT »
Avec par exemple le Bruxellois
Fabien Hupin, alias Nean, attendu à Lomme et dont les paysages
naturels grandioses, appelant notre espèce à une certaine modestie, collent parfaitement avec les nouvelles ambitions de la BIAM. Le mot d’ordre, lui, ne change pas : « rendre l’art accessible à tous et partout ». Et cela en dévoilant une diversité de styles et de techniques, entre pochoirs ou pinceaux, figuration et abstraction, à l’image des lettrages déformés et colorés de Momies. Au total, une dizaine de nouvelles fresques sont à découvrir entre la métropole lilloise et le Denaisis. Ou comment inscrire l’éphémère dans la durée. Julien Damien
La Condition Publique, Roubaix 20€ : billetterie.agauchedelalune.com
28/06/2025
SOIRÉE RNB
Le Flow, Lille Gratuit sous réservation
29/06/2025
BLOCK PARTY DE CLÔTURE
Parking Salle Watremez, Roubaix
Gratuit urbxfestival.com
16-17-18 mai 2025 Samedi 17 de 18h à 23h
Nick Veasey
BEAUTÉ INTÉRIEURE
Quelque part entre l’art et la science, le photographe anglais Nick Veasey réalise des clichés grâce... aux rayons X. Ses œuvres révèlent les mécanismes cachés de la vie quotidienne, sondant l’intérieur des corps, des matières et des objets à travers des mises en scène astucieuses. Spectaculaire, ce travail ne manque pas non plus de profondeur, offrant un remède salutaire à une société rongée par la superficialité.
Au départ, Nick Veasey était photographe dans le secteur de la publicité, produisant des images somme toute classiques. Et puis un jour, suite à une commande pour la télévision, on lui demanda de radiographier une canette de soda. Ce fut la révélation.
Nous sommes obsédés par l’apparence, je trouve ça ridicule. Pour moi, c’est la substance, ce qu’on a en notre for intérieur qui compte vraiment ». Il y a une trentaine d’années, le Britannique a ainsi troqué son objectif pour une machine à rayons X, explorant l’invisible pour révéler une autre dimension de notre quotidien.
Et si la radiographie servait un usage artistique ? Voire philosophique ? « Je souhaite simplement montrer les choses de manière honnête, sans artifices, avec un regard neuf, revendique l’intéressé. Aujourd’hui, chacun accepte la vie liftée d’Instagram.
Exploration à l’os. Nick a installé son studio au milieu de la campagne anglaise, dans un ancien poste d’espionnage racheté à l’armée. Derrière ses allures de bunker, le lieu est suréquipé et surprotégé, l’exposition aux rayons s’avérant dangereuse, voire mortelle. L’artiste travaille d’ailleurs avec un compteur Geiger
Breakdancer
Drummin
(et un caleçon en plomb !). Afin de ne tuer aucun de ses modèles, il a également déniché le cobaye parfait : un squelette, acheté via Amazon et immortalisé dans des mises en scène drolatiques.
« CONSTITUER LA PLUS
GRANDE COLLECTION DE RADIOGRAPHIES POSSIBLE »
Le voilà barman, surfeur, guitariste de rock, gameur, breakdancer ou telle Marilyn Monroe retenant sa robe virevoltante.
Ça plane pour lui. Bien sûr, l’artiste s’intéresse aussi aux objets. Et sous ses rayons, tout y passe, de la paire de chaussures
au bus. D’ailleurs, il détient le record de la plus grande radiographie. Parmi ses réalisations on trouve en effet... un Boeing 777 ! Pour réaliser ces clichés inédits, il utilise toujours la même technique : la superposition de plusieurs petites images composant l’œuvre finale, un peu comme un puzzle. Le procédé peut prendre des mois, voire des années, mais le résultat en vaut la chandelle.
« Mon but est de laisser un héritage constitué de la plus grande collection de radiographies possible », déclare Nick Veasey, dont le travail n’a pas fini de rayonner.
À visiter / nickveasey.com
À lire / L’interview de Nick Veasey sur lm-magazine.com
Gamer
Surfer Dude
Three Koma
DÉTOURNEMENT
DE FORMES
Dans le monde revu et corrigé par Pierre-Henry Roy, aka Three Koma, il n’est pas rare de voir des estivants bronzer sous des lampes de bureau. On croise aussi des skateurs défier la courbe d’un feutre fluo, des vans-grille-pains ou des coureurs transpirant sur des bandes magnétiques de K7 (une belle mise en abyme du "runner" mélomane, soit dit en passant). Bref, vous l’aurez compris, cet illustrateur et graphiste freelance détourne allégrement des objets du quotidien pour mitonner des mises en scène emplies de poésie. « Il y a toujours un double, voire un triple sens dans mes images. Il faut qu’il s’y passe quelque chose, qu’elles déclenchent la réflexion ou la rêverie », confie l’intéressé, également batteur à ses heures perdues (avec des baguettes-crayons, ça va de soi). Reconnaissable au premier coup d’œil, ce style pop et coloré, allié à un redoutable sens du décalage, fait le bonheur de marques prestigieuses comme des titres de presse, des maisons d’édition... Fondu d’art depuis son plus tendre âge (à cinq ans, il se voyait déjà peintre) mais aussi de skate ou de jeux vidéo, ce Rouennais revendique l’influence du street artiste Shepard Fairey, alias Obey. Il cite aussi, bien sûr, Andy Warhol, autre maestro de la transfiguration du banal. Exécutées à la tablette graphique à partir d’un croquis, épurées tout en fourmillant de détails, ses compositions reposent sur des formes simples et une palette sucrée. Elles sont mises en perspective sur des fonds unis (l’héritage du pop art, toujours) et ont l’immense avantage de se passer de mots pour véhiculer mille idées. Alors, laissons-les parler... Julien Damien
À visiter / threekoma.com, c @threekoma
À lire / L’interview de Three Koma sur lm-magazine.com
« IL Y A TOUJOURS UN DOUBLE, VOIRE UN TRIPLE SENS, DANS MES IMAGES »
Earphone
Cassette
Pool
Lamp
Ouidad
jeu. 02 mai | La Bulle Café - Lille Verino
jeu. 02 mai |
Thê. Sébastopol - Lille COMPLET sam. 03 mai | Thê. Sébastopol - Lille COMPLET jeu. 02 oct. | Le Colisée, Roubaix ven. 03 oct. | Le Splendid - St-Quentin jeu. 11 déc. | L'Embarcadère - Boulogne /s Mer
Camp Claude
mer. 07 mai | La Bulle Café - Lille
Madame Loyal
La Fête Foraine Électronique
ven. 09 mai | Grand Palais - Lille
Dark Tranquillity
+ Moonspell
sam. 10 mai | Le Splendid - Lille
Pierre-Emmanuel Barré
mar. 13 mai | Casino - Arras jeu. 12 fév. 2025 | Thê. Sébastopol - Lille
ven. 13 fév. 2025 | Thê. Sébastopol - Lille
Marc Lavoine Orchestre Symphonique
mar. 13 mai | Le Tigre - Margny-lès-Compiègne mer. 14 mai | L'Embarcadère - Boulogne /s Mer
Pockemon Crew
mar. 13 mai | Thê. Sébastopol - Lille
Chanje
mar. 13 mai | La Bulle Café - Lille
Triptik
mer. 14 mai | La Bulle Café - Lille GiedRé
mer. 14 mai | Le Splendid - Lille
Pink Martini
jeu. 15 mai | Thê. Sébastopol - Lille COMPLET
SA:
agauchedelalune.tickandyou.com et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - IG @hypothese.studio
Realo
ven. 16 mai |
Le Slalom - Lille Ours
mer. 21 mai | Grand Palais - Lille Molière
Le Spectacle Musical > 23 au 25 mai |
Le Zénith - Lille Trois Cafés Gourmands
mer. 28 mai | Le Métaphone - Oignies ven. 10 oct. | Nouvelle Scène - Nesle jeu. 30 oct. | Le Splendid - Lille
Indochine
> 03 au 07 juin |
Damys
Gayant Expo - Douai COMPLET
mar. 03 juin | La Bulle Café - Lille
Dau
mer. 04 juin |
Carbonne
La Bulle Café - Lille
jeu. 05 juin | Le Splendid - Lille
Aymeric Lompret
ven. 06 juin |
Thê. Sébastopol - Lille COMPLET sam. 07 juin | Thê. Sébastopol - Lille COMPLET
Sara'h
dim. 15 juin | Le Splendid - Lille
Hatebreed
lun. 16 juin | Le Splendid - Lille
Bliss Show
mar. 17 juin |
DER. PLACES
Thê. Sébastopol - Lille
Halestorm + Kely Skarker
lun. 23 juin | L'Aéronef - Lille
Nothing More + The Hara
lun. 23 juin | The Black Lab - Wasquehal
Sam Sauvage
DANCING IN THE DARK
Des mélodies entraînantes empruntant au meilleur de la chanson française comme de la pop anglaise, des textes débordant de dérision, une voix grave et suave déjà reconnaissable entre mille... En moins de deux ans Hugo Brebion, alias Sam Sauvage, s’est imposé comme l’une des plus belles promesses de la scène hexagonale. Originaire de Boulognesur-Mer, le chanteur-auteur-compositeur de 24 ans publie en mai son deuxième EP, avant une série de concerts un peu partout en France et en Belgique. Mais qui se cache derrière ce dandy rock ? Réponses...
J’ai appris la guitare seul à 15 ans grâce à YouTube. C’étaient d’abord des reprises pour jouer avec les copains, puis ça a évolué quand j’ai découvert Bob Dylan. Dès mes 16 ans, je chantais dans la rue et dans des bars, notamment à Lille. Ensuite je suis parti à Paris où j’ai suivi des études d’ingénieur du son en écrivant des chansons à côté. J’ai autoproduit mon premier EP, donné des petits concerts puis un label et un tourneur sont arrivés.
D’où vient votre nom de scène ?
C’était lors de la première soirée de ma vie. J’avais 15 ans et des potes avaient piqué de l’alcool à leurs parents. Moi, je n’avais pas osé, et ils m’ont appelé Sam en référence au slogan : "Sam, celui qui conduit c’est celui qui ne boit pas". Puis j’ai gardé ce prénom en y accolant "Sauvage" car ça sonnait bien. J’aime cette idée de liberté qu’il véhicule.
On remarque l’influence de la chanson française, notamment de Bashung, mais aussi celle de l’electro-pop anglaise. On pense à New Order...
L’influence de la chanson française est évidente. Et puis, quand j’ai sorti Les Gens qui dansent, on m’a parlé de new wave alors que ce n’était pas ce que j’écoutais, malgré mon goût pour les batteries électroniques, le synthé...
Mais j’écoute un peu plus Talking Heads ou New Order aujourd’hui.
Vous soignez une image assez désinvolte, avec le costume et les cheveux ébouriffés. Vous cultivez aussi l’autodérision dans vos chansons. S’agit-il de vous créer un personnage ?
En fait, je m’habille très souvent comme ça, avec des vestes, des chemises... J’ai juste poussé un peu le truc pour la scène. Donc c’est une augmentation de ce que je suis plutôt qu’un personnage.
« UN MOMENT TRISTE ET LIBÉRATEUR »
À quoi ressemble un concert de Sam Sauvage ?
Je dirais que c’est une tempête d’émotions, du rire aux larmes. Un bon moment n’est pas forcément joyeux, il peut aussi être triste et libérateur. Il y a beaucoup d’improvisation, par exemple lorsque je joue Les Gens qui dansent. En live, tout peut fonctionner et la minute d’après se casser la gueule !
Outreau, 16.05, Centre Phénix, 19h30, 7€ ville-outreau.fr
Arras, 06.07, La Citadelle (Main Square Festival), 14h, 69€, mainsquarefestival.fr
À écouter / Sam Sauvage (Cinq 7 / Wagram Music). Sortie le 23.05
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Beirut
VOYAGE AU LONG COURS
Grandi à Santa Fe (Nouveau-Mexique), Zach Condon, alias Beirut, construit depuis une vingtaine d’années une œuvre polymorphe, au gré de ses voyages et de ses lectures. Son dernier essai en date prend acte de la finitude de notre monde… Restez, ce n’est pas si triste !
Depuis 2006 et le "bregovicien" Gulag Orkestar, le frêle chanteur à la voix chargée de mélancolie a signé un paquet d’albums. Tous ne furent pas aussi sensationnels que ce premier LP – on garde néanmoins un souvenir vif de Gallipoli (2019). Enregistré entre New York, Berlin et Gallipoli donc (une petite cité côtière des Pouilles, en Italie), ce cinquième essai renouait avec le génie de ce songwriter à nul autre pareil, qui maniait le piano, les cuivres ou le Farfisa avec une incroyable maestria. Depuis, l’Américain a multiplié les escales, passant une partie du confinement en Norvège pour en tirer Hadsel (2023). Son dernier-né, Tuanaki Atoll, détone un peu dans son œuvre de voyageur, car composé pour les acrobates du prestigieux cirque suédois Kompani Giraff et inspiré par l’ouvrage Verzeichnis einiger Verluste (2021) de Judith Schalansky. Cet Inventaire de choses perdues évoque entre autres Tuanaki, un atoll hawaïen prétendument englouti par un séisme au xixe siècle, ou le tigre de la Caspienne, espèce éteinte dans les années 1970. Avec ce mariage de cordes majestueuses, de ukulélé fragile ou sons synthétiques relevés de ce timbre toujours habité, Beirut élargit sa palette mais ne sombre jamais dans la formule. Thibaut Allemand Bruxelles, 05 & 06.05, Cirque royal, 20h, 68 > 60€, cirque-royal-bruxelles.be
MICHEL POLNAREFF
La seule star qui porte des lunettes pour qu’on sache que c’est bien elle. D’ailleurs, cela fait bien cinquante ans que l’homme vit sur sa légende. Reste que, de Love Me, Please Love Me au Bal des Laze en passant par Goodbye Marylou, ce brave mégalomane a signé quelques-unes des plus belles pages mélodiques de la pop française, et fut encensé par Pulp ou Nick Cave, au même titre qu’un Gainsbourg. T.A.
En 1996 débarquait un jeune crooner posant son timbre chaud sur des rythmes downtempo. Rapidement catalogué trip-hop, il ne partageait cependant pas les influences dub des maîtres du genre, plutôt un penchant pour le jazz. De collaborations prestigieuses en reprises bien senties (citons Kraftwerk), le Suédois est passé par plusieurs mues, avant de revenir à ses premières amours : de la mélancolie cuivrée déposée sur des rythmes digitaux. T.A.
Menés par Andrew Eldritch, The Sisters of Mercy demeurent le parangon de la scène gothique et une influence pour Nine Inch Nails. Pourtant, ce groupe fondé en 1980 a seulement signé trois albums, le plus récent datant de… 1990 ! Preuve, peut-être, que tout se joue sur scène. Les fans, plus ou moins jeunes, devenant les fidèles d’un culte païen dont les musiciens sont les grands ordonnateurs. T.A. Lille, 20.05, L’Aéronef, 20h, 42€, aeronef.fr
COHEED AND CAMBRIA � SEXTILE � ENGLISH TEACHER � LAMBRINI GIRLS � CORELLA � JULIA WOLF
GREEN DAY � SIMPLE MINDS
GIRL IN RED � WEEZER � WET LEG � SYLVIE KREUSCH � PVRIS
UNDERWORLD � LOLA YOUNG � WARHAUS � MARK AMBOR � BERRE � DIKKE
PURPLE DISCO MACHINE � CARIBOU � ARSENAL � CELESTE � THE BACKSEAT LOVERS � THEE SACRED SOULS
FAT DOG � JOEY VALENCE & BRAE � BOSTON MANOR � BAD NERVES � JASMINE.4.T � THE SCRATCH
SAM FENDER � KINGS OF LEON
RAYE � DAMIANO DAVID � GOLDBAND � JAZZ BRAK
MARIBOU STATE � ELBOW � BETH GIBBONS � AMENRA �
BRIGHT EYES � JACOTÉNE
BARRY CAN’T SWIM � CYMANDE � HERMANOS GUTIÉRREZ �
FAYE WEBSTER � BLANCO WHITE � MATT HANSEN
WISP � NOFUN! � GURRIERS � PETER CAT RECORDING CO. � MRCY � ALMOST MONDAY
OLIVIA RODRIGO � NOAH KAHAN
GRACIE ABRAMS � DEAN LEWIS � POMMELIEN THIJS �
DAVID KUSHNER � DASHA
RUFUS DU SOL � SOULWAX � GOOSE � FINNEAS �
SHABOOZEY � JOKKE
USED : LIVE � OVERMONO � BOLIS PUPUL �
FOSTER THE PEOPLE � WUNDERHORSE � REMY BOND
DURAND JONES & THE INDICATIONS � SAWYER HILL �
SOMEBODY’S CHILD � ALLIE X � CLIFFORDS � EMMY D’ARC
Pierre Lapointe
Découvert dans nos contrées en 2006, mais déjà célèbre chez lui, au Québec, Pierre Lapointe a depuis enchaîné une dizaine de disques, mis sa plume au service de quelques ténors de la variété (Calogero, Mika…) et frayé avec de jeunes pousses indie (Pomme, Fishbach). Son dernier album, le joliment nommé Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé, brasse des thèmes universels (l’amour, la perte, le chagrin…) avec une sensibilité façon Ferré ou Berger et des arrangements dignes d’un certain Burt Bacharach. Pour cette tournée, il est accompagné du tandem de pianistes Fortin-Poirier. L’occasion de réinventer son vaste répertoire… T.A.
Cet homme a foulé les plus grandes scènes du globe dans l’ombre de sa petite sœur, une certaine… Billie Eilish, dont il est le compositeur attitré. Forcément, on retrouve chez lui cette mélancolie douce-amère et une propension aux montées crescendo. Une pop mâtinée de soul et une approche très contemporaine. L’Américain ne possède pas la moue chantante de sa frangine, son timbre est plus classique - mais ses propres titres pourraient le devenir, eux aussi. T.A.
Bruxelles, 05.05, La Madeleine, 20h, complet ! Werchter, 06.07, Festivalpark, complet !
SOPRANO HAMZA
Rap Line Rap Line
Après une virée américaine entre les buildings de New-York et les plages de Los Angeles, c’est au Brésil que l’Irlandais a posé ses valises pour son album Peace 2 Da World. En résulte un rap lo-fi teinté de samples bossa nova et traversé de questions existentielles sur le temps qui passe, l’amour et la quête de soi grâce à la paternité. L-A.S.
Derrière ce blase fleurant bon l’ego trip, on trouve un rappeur aux textes ciselés, débordant de dérision. H JeuneCrack, c’est une première trilogie impeccable (les "cycles"), des samples à foison (par exemple de chants grégoriens !), un goût prononcé pour l’expérimentation et surtout un flow mitraillette qui rate rarement sa cible, surtout sur scène. L-A.S.
Lille, 15.05, Le Splendid, 20h, 28€ Bruxelles, 22.05, La Botanique, 17h30 36 > 33€ (Les Nuits Botanique)
Le rap anglais va bien, merci pour lui. La preuve avec Jeshi, qui dépeint une Angleterre inégalitaire. Lui-même se présente sans frime ni storytelling gangstérisant. Avare de mots, le Londonien préfère la formule qui percute aux métaphores éculées. Ce flow économe se pose parfaitement sur un hip-hop plus riche qu’il s’en donne l’air, entre beats sombres, piano aérien et apparitions d’Obongjayar ou Chassol. Un nom à suivre… T.A.
En quatre ans et deux albums, cette Londonienne s’est fait une place à part dans le paysage musical. Entre appels à la fête débridée et confessions sans fard, le tout mâtiné de soixante ans de musiques noires, Greentea Peng a débuté une œuvre en toute indépendance.
Originaire du sud-est de Londres, Aria Wells, alias Greentea Peng (qu’on pourrait traduire par "de la putain de bonne beuh !", à peu de choses près) a suivi un parcours somme toute classique. Découverte de la musique enfant, dépression adolescente, claquage de portes, beaucoup de fêtes, de drogues, de spleen… jusqu’à un voyage au Mexique qui lui redonna goût à la musique. À l’arrivée, Man Made (2021) surprit par sa maîtrise et prouva que l’Angleterre avait encore beaucoup de choses à dire au rayon musiques noires. On entendait ici un mariage entre jazz, reggae, hip-hop, dub, soul, drum&bass… Un disque inclassable, pas vraiment datable, mais totalement inusable. Son deuxième essai, paru au premier jour du printemps 2025 et nommé Tell Dem It’s Sunny (« dites-leur que le soleil brille ») s’avère beaucoup plus sombre. Profondément introspective, Wells s’interroge sur sa place dans le monde (oui, il est question de Babylone, sans ironie) et, peut-être, dans le circuit de la musique (« Is it too late for me ? », questionne-t-elle sur One Foot). Une fois encore, reggae, soul, dub et hip-hop façon Dälek s’en donnent à cœur joie. Si Erykah Badu, Neneh Cherry ou Ms. Dynamite se cherchaient encore une héritière, la voici. Thibaut Allemand Bruxelles, 24.05, Botanique, 12h, 47 > 40€, botanique.be (Les Nuits Botanique : + Krisy, Clara La San...)
24/05 Tourcoing Jazz Club Delvon Lamarr Organ Trio + MASSTØ
25/05 El Besta + guest
03/06 Sextile + HotWax
06/06 Raïna Raï
07/06 La Chica & El Duende Orchestra
14/06 La Guinguette des Chorales
19/06 Early James + Lowland Brothers
24/06 The Brian Jonestown Massacre
25/06 URBX Festival Ocean Wisdom + guest
03/07 Gang of Four + guest
Donny Benét SUAVE
QUI PEUT
À première vue, Donny Benét, calvitie bien assumée et moustache en étendard, pourrait faire songer à un Katerine australien. Et le cousinage se tient. Il faut réécouter Magnum, du Vendéen, pour avoir une petite idée de ce que propose son homologue des Antipodes. La comparaison s’arrête là. Si notre chansonnier aime naviguer entre les styles, le second est clairement resté bloqué en 1983 – il avait deux ans à l’époque. Car c’est dans un revival blue-eyed soul et italo disco que Benét excelle. Une passion qui lui vient peut-être de sa môman, italienne. C’est en tout cas exécuté avec une maestria affolante. Multi-instrumentiste et collectionneur de matos vintage (Prophet-5, Oberheim OB-8, Roland Jupiter-6, Roland Fantom X7... les lecteurs de Claviers Magazine apprécieront), Donny Benét compose ses morceaux sans ironie aucune, avec un premier degré absolu. C’est sans doute cette approche sincère qui le rend irrésistible. Depuis 2011, The Don (pour reprendre le titre de son quatrième LP) a signé six albums gorgés de basse slappée, de synthés lacrymaux et de batterie électronique, sur lesquels notre homme pose un chanté-parlé suave qui a fait fondre The Weeknd. Et nous avec. T. A. Gand, 25.05, Vooruit, 19h30, 24/21€ // Lille, 27.05, L’Aéronef, 20h, 8/5€, aeronef.fr
QUOI DE NEUF ?
STEREOLAB
Au début des années 1990, cette formation franco-britannique imagina un futur conditionnel mêlant pop, krautrock et avant-gardes répétitives. Hélas, le groupe demeura toujours confidentiel – trop arty, peut-être ? Son influence sur les dernières décennies s’avère cependant indéniable et ses morceaux toujours d’actualité. En témoigne un inespéré 13e album, Instant Holograms On Metal Film, qui paraît la veille de ce concert. T.A.
Expert en projets farfelus (comme ces relectures intégrales de Sgt. Pepper ou The Dark Side of the Moon) on en vient à oublier qu’au tournant du nouveau millénaire, The Flaming Lips fut un groupe réellement important. The Beta Band, Grandaddy, MGMT… Tous doivent un peu à ces Okies psychédéliques qui demeurent pertinents. Sur scène ? C’est tout bonnement l’une des formations les plus insensées qui soit. T.A.
Anvers, 30.05, De Roma, 20h, complet ! deroma.be
La dernière fois qu’on a eu des nouvelles de Jon Spencer, il s’égosillait en compagnie des Limiñanas. Pleine forme, donc, pour cet éternel porteur de torche d’un rock campé sur ses racines (blues, garage…) et ouvert à la modernité. Pour cette tournée, le vieux briscard de 60 ans s’associe avec la section rythmique des Bobby Lees, de jeunes punks venus de… Woodstock. Le résultat ? Un power trio rageur et sans fioriture. T.A.
Du titre de son (irrésistible) single, Messy ("bordélique", en VF) à l’intitulé de son dernier LP (This Wasn’t Meant For You Anyway, qu’on pourrait traduire par "c’est pas pour toi, de toute façon") tout chez Lola Young respire la jeunesse frondeuse, mal dans sa peau, anxieuse. Ce bon vieux conflit de générations, toujours renouvelé depuis Antigone. Pourtant, la Londonienne fut une bonne élève qui fit ses classes à la Brit School, école d’art dont sont sortis Rex Orange County, Adele ou encore Amy Winehouse. C’est d’ailleurs le manager de cette dernière, Nick Shymansky, qui prit Lola sous son aile et la fit signer chez Island Records. Si ses premiers essais (un EP en 2019, un album deux ans plus tard) étaient plutôt policés, Lola Young a semble-t-il connu une crise d’adolescence bien tardive (24 ans au compteur) et s’est tournée vers des valeurs sûres : mélancolie et problèmes relationnels à tous les étages, saupoudrés parfois de guitares saturées jaillies des 90’s. Ce troisième disque, plutôt réussi, est l’occasion pour elle d’enchaîner les dates où elle se montre généreuse. Ces concerts n’épargnent jamais ce grain de voix éraillé qui porte en lui toute la fragilité de Young – qui ne le sera pas toujours, mais c’est une autre histoire. Thibaut Allemand Bruxelles, 04.06, La Madeleine, 20h, complet !, la-madeleine.be Werchter, 04.07, Festivalpark, complet !, rockwerchter.be (Rock Werchter)
Le hip-hop britannique porte beau, et doit beaucoup son impertinente santé à Little Simz. Trois ans après un No Thank You gorgé de gospel et de soul, celle que Kendrick Lamar considère comme la meilleure rappeuse de sa génération repousse toujours les limites de son art. Ce sixième album est placé sous le signe du lotus, rare fleur capable de naître de la boue et parfaite métaphore de la transformation de la laideur en beauté. Puisant comme toujours dans sa propre vie (pour mieux toucher la nôtre), la Londonienne explore une large palette musicale, entre afrobeat et jazz, spoken word façon Kae Tempest ou symphonie néo-soul (Michael Kiwanuka n’y est pas pour rien...). Traversés de cordes sensibles (guitare, piano) et de cuivres, ces 13 morceaux oscillent entre les ténèbres et la lumière. Ici l’amour triomphe de la peur et du doute (Free, dont l’allégresse rappelle celle de Selfish), la spiritualité du matérialisme creux. En témoigne Flood où, accompagnée du Nigérian Obongjayar et de la Sud-Africaine Moonchild Sanelly, Simz érige ses propres commandements sur une basse post-punk et des rythmes tribaux. L’Anglaise n’a rien perdu de sa rage, et c’est une divine nouvelle. Julien Damien
THE MOONLANDINGZ
No Rocket Required (Transgressive Records)
On n’espérait plus un successeur à Interplanetary Class Classics (2017), premier album du supergroupe constitué des deux membres de l’Eccentronic Research Council, assistés de Lias Saoudi et Saul Adamczewski (Fat White Family). Si Saul a quitté le vaisseau, le trio restant poursuit sa route oblique, où l’étrange côtoie le bizarre et l’insolite. Deuxième essai oblige, les Anglais ne misent pas sur l’effet de surprise. Alors, ils perpétuent leur propre idiome, mêlant punk rock malfamé, techno malpolie et pop malade. C’est tout ? Non ! On y trouve aussi Iggy Pop himself croonant à son meilleur ( It’s Where I’m From), de la techno gnawa (Yama Yama, une gifle au bon goût) et un morceau que Prince n’aurait pas renié (Give Me More). Bref, on n’est pas près d’atterrir. Thibaut Allemand
MARK PRITCHARD & THOM YORKE
Tall Tales (Transgressive Records)
Il faut croire qu’on n’en aura jamais fini avec Thom Yorke. Celui qui fut la voix et l’un des cerveaux d’un fameux groupe du tournant du siècle nous a parfois lassés à force de postures et de gémissements. Avec The Smile, au détour du confinement, il nous a heureusement rappelé son talent pop sophistiqué. Et aujourd’hui, le voici en duo avec le DJ australien Mark Pritchard pour une signature chez Warp, ce label electro qu’il n’a cessé de vénérer. Ce funambulesque Tall Tales est le plus beau disque sur lequel on peut l’entendre depuis au moins In Rainbows. Le groove d’infra-monde de Bugging Out Again, le Depeche Mode poisseux de Back In the Game, la splendeur absolue de The White Cliffs et The Spirit : la paire accouche intranquillement d’un album majeur de son époque. Rémi Boiteux
SPARKS – MAD ! (Warp Records)
Depuis leur premier disque paru en 1971, Sparks relève, à l’instar d’un Lawrence de Felt, de ces artistes experts ès-tubes pop pas si populaires, hélas. Avec 26 albums en poche, on peut s’interroger : qu’est-ce qui fait encore courir les frères Mael ? La quête de la parfaite pop song, toujours elle. On pourrait rester circonspect face à ces chansons de jeunes gens entonnées par des septuagénaires. Ridicules, les Sparks ? Même pas. Appréhendant la pop comme un idiome réservé à la jeunesse, le tandem américain s’y glisse, joue un rôle. Et le fait à merveille, charriant cabaret camp, pop synthétique, électricité glam – entre autres repères. Alors, cette perfection pop ? Eh bien, c’est comme la quête du Graal : l’objet compte moins que le chemin. Thibaut Allemand
CAR SEAT HEADREST
The Scholars (Matador Records)
Un opéra rock en 2025, est-ce bien raisonnable ? Bien sûr que non, mais attendons-nous du raisonnable de la part de Will Toledo avec Car Seat Headrest ? Bien sûr que non, mais est-il déjà allé aussi loin dans son délire qu’avec The Scholars ? Bien sûr que non, mais fallait-il que trois morceaux dépassent dix minutes ? Bien sûr que non, mais va-t-on faire la fine bouche devant les explosions de joie power-punk du faramineux Devereaux ? Bien sûr que non, mais faudrait-il taire que l’ouverture passe de Joe Jackson aux Beach Boys par l’entremise de The Offspring ? Bien sûr que non, mais est-ce le seul intérêt de la chose ? Bien sûr que non, mais faut-il alors se ruer dessus ? Bien sûr que oui ! Rémi Boiteux
CÉDRIC DURAND
Faut-il se passer du numérique pour sauver la planète ? (É d. Amsterdam)
Une question provocatrice, des développements rigoureux et des réponses éclairantes. Que demander de plus à un essai ? Reprenant une série de trois cours livrés à l'institut La Boétie, l'économiste Cédric Durand offre une vue en coupe d'un des plus inextricables problèmes contemporains : l'accaparement par les "Big Tech" des données numériques et du pouvoir qui va avec leur exploitation. Soucieux de ne pas perdre le néophyte, l'opuscule avance pas à pas. Première étape : la définition du « techno-féodalisme », qui traduit le rapport de prédation et de dépendance qu'imposent les grandes firmes du numérique aussi bien aux citoyens qu'aux états et aux autres entreprises. Or, comme l'écrit Durand, « il n'y a pas d'intelligence artificielle, mais une intelligence collective accumulée, centralisée et restituée : les données, c'est du social. » Il propose donc de s'orienter vers un « cyber-écosocialisme », qui permettrait de réduire l'empreinte carbone de la Toile et de retrouver une véritable prise politique sur le fonctionnement de l'économie. À l'heure où Elon Musk fait la pluie et le beau temps à Washington, la voie est certainement étroite. Mais au moins est-elle ici esquissée. 164 p., 14 €. Raphaël Nieuwjaer
VINCENT CHANSON
Techno &
co.
Chroniques de la scène dance électronique (É
d. Amsterdam)
Voici l'ouvrage-somme que l'on attendait sur les musiques électroniques, et plus exactement sur leurs représentations sociales et politiques. Placée sous l'égide de quelques penseurs-clés (Benjamin, Jameson, Fisher) et à la suite de critiques anglo-saxons (Simon Reynolds, Tim Lawrence…), l'équipe dirigée par Vincent Chanson explore les courants fondateurs via Detroit, Chicago, Berlin ou Gand. Elle se penche sur les esthétiques liées aux genres ou mouvances (l'IDM, les flyers, Bunker Records…) et ausculte le club d'un point de vue esthétique, ou via sa gentrification. Mêlant érudition implacable et passion contagieuse, ces écrits proposent une théorie critique des musiques électroniques. Comme le disait à peu près Descartes : je danse, donc je suis ! 304 p., 22 €. Thibaut Allemand
MICK BROWN – Phil Spector, la descente aux enfers d'un génie du rock (Sonatine)
Il passa sa vie cloîtré chez lui. Puis, un meurtre plus tard, la finit entre quatre murs. Mais c'est un autre mur, celui du son, que ce petit homme malingre bâtit patiemment, définissant l'esthétique sonore de la pop des sixties… Phil Spector, bricoleur de génie, multipliait les pistes pour construire des cathédrales soniques. The Crystals, The Ronettes, Ike & Tina lui doivent leurs plus grands hits. Mick Brown conte ici cette trajectoire, celle d'un petit Juif du Bronx devenu nabab de l'industrie avant de sombrer dans la déchéance, physique et morale. Une centaine d'intervenants, et l'intéressé lui-même, se confient dans cette biographie passionnante rappelant, une fois de plus, que même les sales types peuvent signer des chefs-d'œuvre. 768 p., 23,90 €. Thibaut Allemand
R.J. ELLORY – Everglades (Sonatine)
C'est sans doute le plus américain des auteurs anglais. Depuis plus de 20 ans, R.J. Ellory dessine une carte intime des USA – la société civile comme ses marges, qu'il affectionne et décrit avec une rare minutie. On se souvient de sa description méticuleuse et poignante d'un prisonnier dans le couloir de la mort dans son premier roman, l'immense Papillon de nuit (2003, mais 2015 chez nous). Nous voici à nouveau plongés dans cette ambiance oppressante à travers l'histoire de Garrett Nelson, ex-shérif devenu maton. Tel un véritable metteur en scène, Ellory soigne les décors, ménage le suspense et dépeint des personnages profonds, réels, dont les existences sinueuses semblent avoir été vécues par l'auteur. Un roman déchirant. 456 p., 24 €. Thibaut Allemand
MATTHIAS BOURDELIER – Toxique (Expe Ed.)
Toxique. Un adjectif devenu viral en une poignée d’années. Souvent accolé à la masculinité, il contamine toutes les relations sociales : amoureuses, professionnelles comme amicales. Ancien libraire devenu bédéaste, Matthias Bourdelier met en scène ce nouveau mal du siècle à travers des situations de la vie quotidienne. C’est ici un pauvre type se faisant essorer au restaurant par son "ami " sans-gêne, là les petites remarques pernicieuses d’une jeune femme envers sa victime de compagnon (« c’est ton nouveau rire ça ? »), les techniques de manipulation d’un Dom Juan passif-agressif... Rappelant le trait tranchant et discret de Fabcaro, ces cases mêlant absurde et cynisme constituent un charmant anti-guide de développement personnel. 144 p., 17,95€. Julien Damien
Simón de la montaña
DOUBLE JE
Argentine. Simón, 21 ans, se lie d’amitié avec des personnes en situation de handicap mental, jusqu’à adopter leur comportement et leurs habitudes. À leur contact, devient-il quelqu’un d’autre ou est-il enfin lui-même ? Sa mère et son compagnon tenteront de s’ériger en garde-fou, mais seront bien démunis face aux événements…
La scène d’ouverture en pleine Cordillère des Andes apocalyptique donne à voir un personnage en rupture, près de se réinventer au contact d’inconnus littéralement "hors norme". Est-ce une simple crise d’adolescence à retardement, la résurgence d’un trauma ou l’éveil soudain d’une sensualité débordante ? Ce film soulève davantage de questions qu’il ne donne de réponses... Federico Luis signe un premier long-métrage âpre, exempt de toute musique. Tournée avec des personnes neuro-atypiques (à l’exception de l’acteur principal et des adultes incarnant l’autorité), l’œuvre interroge la notion même de handicap. Le réalisateur souhaite d’ailleurs que l’on considère ces personnes comme étant « hyper-perceptives ». Surtout, comment ne pas voir là une critique à peine voilée à l’encontre de Javier Milei, alors que l’Institut national du cinéma et des arts audiovisuels (l’INCAA) vient de fermer ses portes en Argentine… Ce Simón ferait alors figure d’allégorie, incarnant à lui seul un pays en plein désarroi, une entité hantée. Que faire ? Ne pas sortir du cadre ou se réinventer librement et totalement ? Une personnalité sur la corde raide, aussi déroutante que bouleversante. Selina Aït Karroum
De Federico Luis, avec Lorenzo Ferro, Kiara Supini, Pehuén Pedie, Agustín Toscano… En salle
Programme mai 2025 à Fromelles
Le printemps au musée
Au programme, une lecture musicale « The Forgotten Room » par la compagnie Par Dessus Bord et des évènements autour du Printemps des cimetières pour l’édition 2025.
Samedi 10 mai
14 h 30 et 16 h 30
Lecture Musicale
The Forgotten Room (la pièce oubliée)
En 1919, Helen et Alice se rencontrent à la gare de Fremantle, en Australie. Liées par la perte d’un soldat et le besoin de mémoire, leur histoire, portée par le son du violon alto, rend hommage à des centaines de femmes unies par le deuil.
Gratuit* - Tout public - Dès 8 ans.
Retrouvez notre programmation et nos tarifs sur musee-bataille-fromelles.fr
Onglet « Agenda » et sur nos réseaux sociaux
Information et réservation 03 59 61 15 14 ou contactmbf@lillemetropole.fr
Samedi 17 mai
10 h
Atelier
Construit ton parc de mémoire
Les enfants découvrent le langage des fleurs, des plantes, des arbres pour créer leurs propres jardins de Mémoire et rendre hommages aux soldats tombés au front.
Gratuit* - Tout public - Dès 8 ans.
15 h
Visite guidée
Découverte de la flore du Cimetière
Militaire de Pheasant Wood
Gratuit* - Tout public - Dès 8 ans.
Dimanche 18 mai
15 h
Visite guidée
Les métiers oubliés des soldats du Cimetière Militaire de Pheasant Wood
Gratuit* - Tout public - Dès 8 ans.
*Réservation conseillée
Les Maudites
FANTÔME TOXIQUE
Dans son premier long-métrage, l’Espagnol Pedro Martín-Calero malaxe les codes du cinéma de genre pour en tirer une variation horrifique de la masculinité toxique. Un voyage troublant, frappé d’images saisissantes et porté par trois héroïnes éclatantes.
Elles s’appellent Andrea (Ester Expósito), Marie (Mathilde Ollivier) et Camila (Malena Villa). Trois jeunes femmes qui, à vingt ans d’écart, sont traquées par la même présence maléfique entre l’Espagne et l’Argentine. Une emprise invisible, capable de frapper à tout instant, dont l’inquiétante silhouette (sombre, virile) n’est décelable qu’une fois enregistrée par un appareil photo ou une caméra... Étourdissante, l’histoire portée par Les Maudites (co-écrite par Isabelle Peña, scénariste d’As bestas et d’El reino) est repartie doublement primée du dernier festival fantastique de Gérardmer. Pedro Martín-Calero la déroule en une partition haletante et fluide, où chaque image consacre l’ambition affichée : tisser un agressif récit social sur la prédation masculine entre les mailles d’un film de fantôme particulièrement soigné. Son rythme ose dérailler, tantôt sous acide lors d’une intro stroboscopique et étouffante, tantôt contemplatif lorsqu’il traîne des plans à l’allure folle dans les pas d’une Camila creepy espionnant l’opaque vie de Marie. D’un écran noyé d’échanges de SMS glaçants à la lueur blafarde d’un briquet, les époques glissent sans rien changer au destin de ses héroïnes vampirisées. L’épouvantail masculin tue, et le monde regarde ailleurs. A. Stoerkler
De Pedro Martín-Calero, avec Ester Expósito, Mathilde Ollivier, Malena Villa... Sortie le 21.05
Michael vit seul avec son père, guère commode. Éleveurs de moutons irlandais, ils ont maille à partir avec la ferme voisine, où vit son ex-fiancée. Et voici que leurs bêtes sont mystérieusement mutilées… En VO, ce film se nomme Bring Them Down, soit "descends-les". Les moutons bien sûr, qui pâturent sur les hauteurs des Highlands depuis longtemps. Mais les voisins aussi, qui commencent sérieusement à taper sur les nerfs. Jouant avec les non-dits et la narration (chronologie éclatée, scènes montrées de différents points de vue) ce premier long-métrage de Christopher Andrews, tourné en anglais et en gaélique, réussit son pari. Un thriller agricole tenant à la fois du réalisme social et du western, filmé sans esbroufe et au plus près des corps. Thibaut Allemand
De Christopher Andrews, avec Christopher Abbott, Barry Keoghan, Colm Meaney… En salle.
MILLI VANILLI, DE LA GLOIRE AU CAUCHEMAR
Été 1989. Milli Vanilli caracole au sommet des hit-parades avec Girl You Know It’s True. Pourtant, Robert Pilatus et Fabrice Morvan ne chantent pas une seule note. La supercherie est révélée... Plus qu’un phénomène de mode, ce duo est l’illustration parfaite de l’ère MTV, propice à une starisation tapageuse sur fond de playback. Le réalisateur Simon Verhoeven, qui a vu Rob et Fab danser à Munich dans les années 1980, était bien placé pour retracer leur retentissante "success story". Il signe ici un biopic aussi émouvant que mordant. Le parti-pris du jeu face caméra opère une distanciation bienvenue à certains endroits du récit. Tijan Njie et Elan Ben Ali incarnent de façon troublante le charismatique tandem et nous replongent dans ces années "frime et fluo". Qui a dit plaisir coupable ? Selina Aït Karroum
De Simon Verhoeven, avec Tijan Njie, Elan Ben Ali, Matthias Schweighöfer... Sortie le 14.05
Marco, l’énigme d’une vie
ITINÉRAIRE D’UN IMPOSTEUR
Présenté au dernier Arras Film Festival, Marco, l’énigme d’une vie , fait froid dans le dos. Inspiré d’une histoire vraie, le nouveau long-métrage d’Aitor Arregi et Jon Garaño (l’excellent Une Vie secrète, en 2019) raconte le mensonge d’un Espagnol se faisant passer pour une victime de la Shoah...
En 2005, les cinéastes Aitor Arregi et Jon Garaño découvrent le parcours d’Enric Marco, ex-président de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste. Se présentant comme un déporté du camp de concentration nazi de Flossenbürg, en Bavière, l’homme, confondu par un historien, a construit toute sa vie sur un mensonge abject. Porté par l’interprétation d’Eduard Fernández (Goya du meilleur acteur en Espagne), Marco, l’énigme d’une vie, nous fait rapidement douter du récit héroïque que livre Enric Marco sur son existence, tant les preuves s’accumulent contre lui. Ainsi, le suspense naît de la manière dont l’imposteur (que le spectateur prend tour à tour en pitié ou en détestation) s’enferre dans son mensonge et affronte l’opinion publique. Le scénario, remarquablement construit et documenté, aborde la tragédie oubliée des 9 000 déportés espagnols (les deux tiers ne revinrent pas des camps), interdits de remettre les pieds dans leur pays car considérés comme les ennemis du régime franquiste. Enfin, le film traite aussi d’un thème complexe et ô combien actuel : les fake news ! Refusant schématisme et manichéisme, les auteurs posent alors une question vertigineuse : le mensonge peut-il servir la vérité ?
Grégory Marouzé
D’Aitor Arregi et Jon Garaño, avec E. Fernández, N. Poza, C. Martín... Sortie le 14.05
L’habit fait-il l’artiste ? Drôle de question... qui n’avait jamais vraiment été posée, à bien y regarder. Les livres d’art regorgent d’analyses pointues sur les œuvres, mais pas forcément sur la façon dont les créateurs se (re)présentent. Le sujet est pourtant des plus vastes, et tire un nombre infini de fils. Pour preuve cette exposition du Louvre-Lens qui tisse en 200 œuvres, de l’Antiquité à nos jours, l’histoire de l’art et celle de la mode.
« Je suis superficiel, avec une grande superficie », lança un jour Karl Lagerfeld, soignant son sens de la formule. « Pourtant, le vêtement va bien au-delà des apparences et n’a rien de futile. C’est même une grande affaire pour les artistes », souligne Annabelle Ténèze, la nouvelle directrice du Louvre-Lens.
« LE VÊTEMENT
N’A RIEN DE FUTILE »
En témoigne Rembrandt, dont on admire ici deux de ses 80 autoportraits, pour autant de versions de lui-même : en aristocrate bardé de colliers, en costume oriental ou... en peintre, tout simplement !
« C’est vraiment le premier performer... le Cindy Sherman du xvii e siècle ! », ose Annabelle Ténèze, faisant référence à la fameuse
photographe-caméléon. Depuis plus de 50 ans, cette Américaine multiplie les images d’elle-même dans des mises en scène se jouant des stéréotypes.
À Lens, on la découvre d’ailleurs en Madame Moitessier assise, d’après une toile d’Ingres, alimentant la réflexion sur l’évolution des canons de beauté. Pour ne rien gâcher, ce tirage en grand format dialogue avec des robes du couturier John Galliano, inspirées des tableaux d’Antoine Watteau et illustrant l’influence mutuelle entre les beaux-arts et la haute couture.
La fée électricité. Parmi les autres thèmes abordés dans cette exposition, citons celui du genre, par exemple symbolisé avec ce portrait très masculin de George Sand, signé Delacroix, ou à l’inverse les Self-Portraits in Drag d’Andy Warhol. Tout aussi politique, Un Atelier aux Batignolles de Fantin-Latour immortalise de son côté des figures du xixe siècle (Monet, Zola, Renoir...) toutes vêtues de teintes sombres.
« REMBRANDT EST LE PREMIER
PERFORMER »
Atsuko Tanaka, Denkifuku, Robe électrique, 1956 Paris Centre Pompidou - Musee national d’art moderne
« Il s’agit de se détacher des couleurs de l’Ancien Régime. Le costume noir apparaît alors comme une possibilité égalitaire ». C’est également un code bien ancré de l’élégance masculine... qu’Yves Saint Laurent détournera à travers sa pièce la plus iconique : le smoking noir féminin. Car oui, aujourd’hui le vêtement s’est lui aussi imposé comme une œuvre d’art, au même titre que la sculpture ou la peinture. C’est la Robe électrique d’Atsuko Tanaka toute en ampoules, le Veston aphrodisiaque de Dalí (sur lequel sont cousus des petits verres remplis de liqueur !) ou encore les costumes du duo Gilbert & George, aussi guindés que ces trublions anglais sont subversifs... l’habit ne faisant décidément pas le moine !
C’est l’une des expositions phares de Fiesta. "Vaisseau amiral" du festival triennal de lille3000, le Tripostal accueille plus de 200 chefs-d’œuvre du Centre Pompidou. Ce "récit renversant de l’art moderne" célèbre sur trois étages celles et ceux qui ont chamboulé l’histoire de la création.
Derrière ce titre chantant et un brin iconoclaste se cache « une aventure rocambolesque de l’histoire de l’art, depuis le début du xxe siècle jusqu’à nos jours », assure Jean-Max Colard. D’ailleurs, le co-commissaire de cette exposition parle volontiers de « chamboule-tout » pour la qualifier. Non seulement pour « la dimension populaire » que recouvre le terme, mais aussi pour la volonté de renversement exsudant de ces œuvres, signées d’artistes « n’ayant cessé de bousculer les formes et les conventions… ». En somme, notre façon de percevoir le monde.
Remue-manège. Le ton est donné dès le rez-de-chaussée. Pensée comme un musée des avant-gardes (avec des toiles exposées jusqu’au plafond !), cette première étape du parcours nous accueille avec les mouvements circulaires et lumineux d’une fête foraine, immortalisés par Robert Delaunay dans son fameux Manège de cochons. En face, nous voilà aspirés par « le vortex de couleurs » de Kupka, pionnier de l’abstraction et grand maestro chromatique. Au premier étage, la Figuration narrative, le mouvement Dada ou le Pop Art accentuent ce chahut artistique, tandis que le second niveau du Tripostal se mue en « Pompidou Lab ». Faisant la part belle à l’expérimentation, la salle est dynamitée par les installations lumineuses de François Morellet ou encore cette Cabane éclatée de Daniel Buren, redéfinissant en couleur la notion d’espace - et point d’orgue d’une visite qui nous met sens dessus dessous. Julien Damien
Lille, jusqu’au 09.11, Tripostal, mer > dim : 11h-18h, 12/8€ (gratuit -18 ans), lille3000.com
2 ÉVÉNEMENTS
LES ÉTOILES
REFROIDISSENT AUSSI + OISEAUX DE NUIT
Fermé pour travaux jusqu’au début 2026, le LaM ne pouvait pas rater Fiesta ! Mieux, le musée de Villeneuve d’Ascq célèbre les 20 ans de la Condition Publique avec deux expositions. Pour l’occasion, il sort quelques-unes de ses œuvres phares, rehaussées de prêts prestigieux. Les étoiles refroidissent aussi dévoile par exemple Faire des cartes de France d’Annette Messager ou la fameuse installation de Petrit Halilaj, avec ses pupitres et sculptures métalliques reproduisant des dessins d’enfants. À travers Oiseaux de nuit, c’est la transformation des corps qui est à l’honneur. Des êtres chimériques d’Hugo Servanin aux images évanescentes de Lenny Rébéré, le visiteur plonge dans un entredeux où tout devient possible, surtout l’inattendu...
Roubaix, jusqu’au 12.07, La Condition Publique, mer > sam : 14h-19h ven : 14h-21h (1 er dim du mois : 14h-19h) 5/3€, laconditionpublique.com
THE DISTORTED PARTY
Comment lâcher prise dans un monde qui vacille ? Cette exposition s’intéresse à l’ambivalence de la fête, ce moment « à la fois exaltant et paradoxal, où l’euphorie flirte avec l’inquiétude, la beauté côtoie le chaos », explique l’une de ses commissaires, Siegrid Demyttenaere. Ce parcours d’œuvres contemporaines dessine ainsi une "party" « décalée », à l’image des sculptures pleines d’humour et d’étrangeté de l’artiste Nadia Naveau, télescopant les références culturelles, de la BD au Far West en passant par le folklore ou l’histoire de l’art. Il sera aussi question de retournement, avec les installations du Guadeloupéen Kenny Dunkan, s’inspirant du carnaval pour inverser les rapports de domination, quels qu’ils soient. Lille, jusqu’au 09.11, Musée de l’Hospice Comtesse, lun : 14h-18h • mer > dim : 10h-18h 7/5€, mhc.lille.fr
Sélection / Fêtes et célébration flamandes (Palais des beaux-arts de Lille) // Métal hurlant : 50 ans et déjà immortel (maison Folie Hospice d’Havré de Tourcoing) // Electrorama (Espace le Carré de Lille) // L’anavrac papoulire (Colysée de Lambersart)...
Peut-être vous êtes-vous déjà posé sur l’une de ses œuvres sans le savoir ? Pour cause, Lucile Soufflet a signé, entre autres pièces, de fameux bancs publics. Originaire de Charleroi, passée par La Cambre de Bruxelles, cette designeuse spécialisée dans le mobilier urbain présente au CID du Grand-Hornu sa première exposition monographique. Intitulée Common Grounds, cette rétrospective interroge avec une grâce certaine notre façon d’habiter l’espace public. Rencontre avec une créatrice inspirée et inspirante, qui sait joindre l’utile à l’agréable. Propos recueillis par Julien Damien
Pour comprendre comment le monde est fait, les choses sont fabriquées. Satisfaire une envie d’autonomie, aussi. J’aime cette idée de pouvoir réaliser moi-même mes objets. Je suis toujours fascinée par la manière dont les techniques et les matières évoluent. C’est une gourmandise presqu’enfantine pour la découverte.
D’où vous vient cet attrait pour le mobilier urbain ?
Ce qui m’intéresse dans l’espace public, c’est l’altérité. Ici, on est confronté à un autre qu’on n’a pas choisi. Il y a donc cette idée de rencontre, de dialogue, de contact qui nous fait sortir de notre bulle. C’est un travail de longue haleine car il recouvre des échelles de temps importantes et de nombreux enjeux (sociétaux, financiers...). Mais le jeu en vaut la chandelle.
Peut-on dire de vos créations qu’elles visent l’harmonie ?
Tout à fait. Il est question d’une harmonie avec soi, l’autre mais aussi l’environnement. Il s’agit de privilégier un rapport au végétal, à la lumière, à la contemplation, prendre le temps d’observer ce qui nous entoure.
Par exemple, pouvez-vous nous parler du Circular Bench ?
Ce banc permet précisément de s’adapter à l’espace public et à l’environnement. Au départ, il a été pensé pour la ville de Bruxelles, pour épouser un arbre de manière circulaire. Au fil du temps, j’ai reçu des demandes dans d’autres contextes, car selon ce principe on peut envisager d’autres formes ou largeurs. Ce banc peut se lover contre un bâtiment, autour d’un arbre, en petit ou grand format. Il favorise différentes assises et points de vue, avec une évolution des dossiers qui naissent ou disparaissent.
« PRENDRE SON TEMPS DANS L’ESPACE PUBLIC »
Parmi vos créations, il y a aussi le Soft Bench, qui offre une assise très "relax"...
Oui, celui-ci joue avec les notions d’espaces privés et publics. Il est formé d’un demi-banc classique et d’un autre qui s’incurve, sur lequel on peut s’allonger. Il offre donc une position de détente assez intime et pose une question : peut-on prendre son temps dans l’espace public ? S’y poser ?
Pouvez-vous aussi nous parler des chaises My Place ?
Il s’agit d’une série de petites chaises archétypales, mais dont la hauteur varie entre une trentaine et une soixantaine de centimètres. Elles sont placées côte à côte et forment une longue chaîne, comme un banc sur lequel chacun trouverait sa place, car on a tous une taille, une culture et une manière de s’asseoir différentes.
« FABRIQUER UN TERRAIN
D’ENTENTE »
Cet objet souligne l’idée qu’on fait tous partie d’une collectivité. Il est aussi très ludique, par exemple les enfants tournent autour et cherchent la hauteur de chaise parfaite pour eux !
Le titre de cette exposition, Common Grounds, signifie à la fois "l’espace commun" mais aussi "le terrain d’entente", n’est-ce pas ?
Oui. Il y a un jeu autour de ce terme renvoyant au partage, à ce qui fait communauté. Mais ce terrain d’entente n’est pas d’office offert dans l’espace public. Il faut le fabriquer, le vouloir, chercher des compromis pour vivre ensemble.
Common Grounds Hornu, jusqu’au 24.08, Centre d’innovation et de design, mar > dim : 10h-18h 10 > 2€ (gratuit -6 ans), cid-grand-hornu.be
À visiter / lucile.be
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Mons comme vous ne l’avez jamais vue... et peut-être même vécue. Entremêlant art et patrimoine, brouillant la frontière entre le musée et la vie, cette exposition chorale raconte une histoire intime de la cité wallonne. Où il est question de partage, du temps qui passe, de liens et surtout d’émotion.
Qu’est-ce qui fait l’âme d’une ville ? D’abord ses habitants. La première salle nous immerge ainsi dans une foule de visages anonymes.
Disposés sur des totems triangulaires, réalisés au début du siècle dernier par le photographe Norbert Ghisoland, ces portraits en noir et blanc d’hommes, de femmes et d’enfants accrochent irrésistiblement le regard, tandis que résonne une musique rythmée par des battements de cœur. « Il s’agit de créer une connexion avec l’autre, au-delà du temps », confirme la scénographe Evelyne Gilmont, pour qui cette installation, comme toute l’exposition, est avant tout affaire d’« émotion ».
Mémoire vive. Rassemblant une quarantaine d’artistes pour la plupart issus de la région wallonne, ce parcours dessine un portrait sensible de la cité du Doudou, et plus largement de toutes les villes du monde, à travers leurs "pulsations". À chaque salle son thème : ici la place de l’eau, là celle de la nature, du sacré ou encore l’importance de la mémoire, figurée par une œuvre iconique : Les Registres du Grand-Hornu de Christian Boltanski. Celle-ci est constituée de très exactement 2 678 boîtes en fer blanc rouillé, portant toutes le nom d’un mineur (parfois une photo d’identité) ayant travaillé dans le Borinage. « Parce qu’il faut nommer chacun d’eux, justifiait-il. Ce ne sont pas des groupes anonymes, mais des individus. Chaque personne existe ». Ou comment relier récits intimes et collectifs, pour mieux atteindre l’universel. Julien Damien
Mons, jusqu’au 17.08, CAP/Musée des beaux-arts, mar > dim : 10h-18h, 16 > 6€ (gratuit -12 ans) musees-expos.mons.be
Révéler l’impact
Certes, la mine constitue un héritage, mais quelles sont les conséquences de l’extraction du charbon sur le paysage ? Présentée au 9-9 bis (un ancien carreau de fosse reconverti en haut-lieu culturel), cette exposition réunit 13 artistes révélant l’impact de 270 ans d’exploitation des sols des Hauts-de France, et plus largement l’empreinte de l’Homme sur son environnement. Tandis que Dillon Marsh témoigne des effets de l’activité minière en Afrique du Sud (l’une des plus grandes réserves de métaux précieux au monde), Caroline Le Méhauté tente de réparer la terre à travers un "phyto-happening", à l’heure où 75 % des sols de notre planète sont pollués... L-A.S.
Oignies, jusqu’au 07.12, 9-9bis (salle des douches), mer > dim : 14h-18h, gratuit, 9-9bis.com
Fondé en 1860, le MUba de Tourcoing abrite aujourd’hui près de 3 000 pièces. Cette exposition offre un regard inédit sur une collection se déployant du xviie siècle à nos jours. De La Chasse de Didon de Guillaume Guillon Lethière au Wall Drawing de Sol LeWitt, en passant bien sûr par les toiles d’Eugène Leroy, ce parcours entrelace 150 œuvres. Parfois très éloignées dans le temps, celles-ci ne demandent qu’à engager de nouveaux dialogues. J.D.
« Voir la musique et entendre la lumière ». Depuis sa création en 2007, Visual System demeure guidé par cette citation du compositeur John Cage. Au fil d’installations épousant l’architecture des bâtiments qu’il investit, ce collectif parisien marie les pulsations multicolores des LEDs aux sons électroniques. À Béthune, Labanque lui consacre sa première rétrospective. Intitulée Chroniques , cette exposition offre une expérience sensorielle et une bonne définition de la synesthésie.
Béthune, jusqu’au 05.10, Labanque, mer > dim : 14h-18h30
6/3€ (gratuit -18 ans), lab-labanque.fr
AUGUSTE RODIN
Le Musée des beaux-arts de Calais poursuit sa métamorphose. Après avoir renouvelé son exposition permanente, le bâtiment cubique et moderniste inauguré il y a pile 60 ans dévoile deux nouveaux espaces dédiés à Auguste Rodin. Ce parcours chronologique met en valeur l’œuvre du sculpteur, de ses débuts à l’héritage laissé à la postérité. Entre autres œuvres majeures, il offre notamment de redécouvrir l’élaboration de La Porte de l’Enfer et, bien sûr, Les Bourgeois de Calais. Calais, à partir du 17.05, Musée des beauxarts, mar > dim : 13h-17h, gratuit mba.calais.fr
STUDIO STONE
Créé en 1924 par un couple belgo-russe (Cami et Sasha Stone), ce studio est depuis tombé dans l’oubli. Il demeure pourtant une référence de la photographie du début du xxe siècle, loué pour la qualité de ses images, ses cadrages dynamiques, cette contreplongée si particulière et l’attention portée à la lumière. Cette exposition exhume un trésor composé de documents d’époque, d’affiches et surtout de tirages originaux, entre reportage social, portraits, nus... Une belle remise au point.
Charleroi, jusqu’au 18.05, Musée de la photographie, mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h, 8 > 4€ (grat.-12 ans), museephoto.be
BRUEGHEL & VAN BALEN, ARTISTES & COMPLICES
2025 marque le 400 e anniversaire de la disparition de Jan Brueghel l’Ancien. Pour l’occasion, le Musée de Flandre rend hommage à l’Anversois, dévoilant notamment quatre huiles sur cuivre inédites. En parallèle, il confronte son œuvre à celle d’un de ses complices. Rubens ? Non, Hendrick van Balen. Aujourd’hui oublié, ce peintre flamand fut un éminent spécialiste des figures et reconnu pour ses scènes mythologiques et religieuses, à l’instar du Baptême du Christ. Une révélation ! Cassel, 17.05 > 28.09, Musée de Flandre, mar > ven : 10h-12h30 & 14h-18h sam & dim : 10h-18h, 8/6€ (gratuit -18ans), museedeflandre.fr
LA CONDITION PUBLIQUE | ROUBAIX 20 25
KATALOG
Après un 11 e déménagement, Barbara Iweins s’est lancé un sacré défi : photographier un par un les 12 795 objets peuplant sa maison, de la chaussette trouée de sa fille aux petites pièces de Lego de son fils. Ce projet constitue bien plus qu’un inventaire. La Bruxelloise a en effet scrupuleusement analysé ce grand bazar. Elle a même établi des statistiques (où l’on apprend par exemple que 37 % de ses Playmobil sont chauves !), livrant une drôle d’enquête anthropologique sur notre société. Liège, jusqu’au 09.11, Musée de la vie wallonne, mar > dim : 9h30-18h, 7/5€, provincedeliege.be
JUST MY LUCK
Qui n’a jamais rêvé de toucher le jackpot ? De remporter une somme astronomique à un jeu de hasard et changer de vie ?
Pour autant, la chance et l’argent font-ils toujours le bonheur ? C’est justement le propos de Just My Luck, exposition hybride et un brin décalée. Entre vidéos, photographies ou coupures de presse, Cécile Hupin et Katherine Longly rassemblent des témoignages de perdants ou "d’heureux élus", pour qui le gain ne fut pas toujours synonyme de bonne fortune...
Lille, jusqu’au 05.07, Théâtre du Nord mar > ven : 12h30-19h • sam : 14h-19h, gratuit institut-photo.com
RODIN / BOURDELLE. CORPS À CORPS
Antoine Bourdelle demeura longtemps dans l’ombre de Rodin, pour lequel il fut praticien durant 15 ans. En clair, il le seconda dans la réalisation de ses œuvres, avant de connaître le succès avec sa pièce emblématique : Héraklès archer. Pourtant, leur relation dépassa le simple rapport de maître à élève. Cette exposition organise ainsi un "corps à corps" entre deux références de la sculpture du xxe siècle. Un vertigineux voyage dans l’histoire de l’art raconté en près de 170 créations.
Roubaix, jusqu’au 01.06, La Piscine, mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h • sam & dim : 13h-18h, 11/9€ (gratuit -18 ans), roubaix-lapiscine.com
FAIS-MOI SIGNE
Fermé pour travaux jusqu’en 2026, le LaM vagabonde dans les Hauts-de-France et se pose par exemple à la Ferme d’en Haut, à Villeneuve d’Ascq. Rassemblant les œuvres de noms prestigieux (Annette Messager, Jean Dubuffet, Jacques Villeglé...) cette exposition conçue pour les familles dévoile le "langage secret des artistes" de façon amusante. Pour cause : ici, les visiteurs peuvent manipuler les matériaux et les outils avec lesquels de grands créateurs ont inventé leur propre vocabulaire.
Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 06.07, La Ferme d’en Haut, mer, sam & dim : 15h-19h (vacances : mar > dim : 15h-19h), gratuit, musee-lam.fr
Denis Podalydès
LE RETOUR DE FAUST
Après Falstaff de Verdi, présenté en 2023, Denis Podalydès revient à l’Opéra de Lille pour mettre en scène Faust. Plus précisément, il s’empare de l’œuvre créée par le Français Charles Gounod au Théâtre-Lyrique de Paris, en 1859. Un événement, car c’est la première fois depuis près de deux siècles que cette version originale est jouée, avec ses dialogues parlés et des airs inédits ! Mis en musique par Louis Langrée, qui dirige ici l’Orchestre national de Lille, cet opéra s’annonce aussi comme une grande fête populaire grâce à une retransmission en direct un peu partout dans les Hauts-deFrance. Ou comment offrir une seconde jeunesse à la grandiose et tragique histoire du docteur Faust…
Quand avez-vous découvert cet opéra ?
J’avais 14 ans, c’était un Faust de Jorge Lavelli à l’Opéra de Paris. Je me souviens d’un spectacle très impressionnant. Mais je n’avais alors aucun sens de la musique, je suis passé à côté. Je me suis vraiment attaché à l’œuvre lorsque j’ai découvert cette version, dans le livret de 1859.
Pourquoi ?
Parce que les Faust de Goethe et de Charles Gounod sont très différents. Chez le premier, c’est un grand intellectuel (Goethe lui-
Propos recueillis par Julien Damien
même) en pleine quête spirituelle de beauté. Il y a là une puissance philosophique et esthétique. Le docteur Faust de Gounod est plus touchant, c’est un personnage plus élémentaire.
« L'HISTOIRE D'UNE FUITE
EN AVANT »
C’est-à-dire ?
C’est l’histoire d’un vieux savant mélancolique qui décide de mourir. Il veut boire du poison mais tarde trop et voilà déjà le matin. Un rayon de soleil le touche, il est
repris par les parfums, les premiers chants de l’aube, entend des jeunes filles... La vie revient à lui mais la jeunesse lui manque. Le diable, incarnation du désir, se présente comme un serviteur et lui offre la possibilité de la retrouver. Il accepte le contrat en échange de son âme et va alors séduire une jeune femme pauvre, Marguerite. Il lui fait un enfant, l’abandonne puis elle meurt... Résumé de manière aussi triviale, c’est une nouvelle de Guy de Maupassant. Et j’aime l’idée d'une histoire banale enchâssée dans un conte fantastique.
« UNE QUÊTE DE DÉSIR QUI NE S'ARRÊTE JAMAIS »
Il y a l’amour aussi, pas que le désir...
Oui, une lecture contemporaine pourrait voir en Faust un vieux libidineux voulant s’en payer une dernière bonne tranche. En réalité ce personnage est d’une infinie délicatesse. Son apparence est juvénile mais à l’intérieur il a gardé la sensibilité d’un vieil homme, et cela donne un personnage étonnant de douceur. Il n’est jamais prédateur, même s’il sait bien que Marguerite court à sa perte...
Que verra-t-on sur scène ?
Le décor est assez minimaliste. Il y a une tournette sur laquelle
reviennent des éléments et accessoires qui, reconfigurés, créent des espaces différents. Parfois c’est une simple porte qui apparaît pour symboliser un passage de seuil. Cette économie de moyen permet au spectacle d’être toujours en mouvement. Il n’y a pas de rideaux, les changements d’actes sont fondus au possible. Cette histoire, c’est une fuite en avant, une course vers le néant, il ne faut donc pas l’entraver, comme cette quête du désir qui ne s’arrête jamais.
Qu’en est-il des costumes, signés Christian Lacroix ?
Ils renvoient à l’époque de la création originelle, en 1859, avec des chapeaux hauts-de-forme par exemple.
Cette production est aussi très particulière car elle reprend la version originelle de 1859, avec les dialogues parlés...
Oui, les scènes sont toujours à la limite entre ce qui est parlé et chanté. L’effet est d’une théâtralité extrême. Cela crée des émotions puissantes et une histoire fantastique, dans tous les sens du terme.
Lille, 05 > 22.05, Opéra, 20h (sam : 18h) 75 > 5€, opera-lille.fr + 15.05 : retransmission en direct sur grand écran, Place du Théâtre à Lille & divers lieux dans les Hauts-de-France 20h, gratuit
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Kean
ÊTRE OU PARAÎTRE
Au début du xixe siècle, Edmund Kean fut considéré comme le "plus grand acteur au monde", mais souffrit aussi d'une existence tumultueuse. Il inspirera à Dumas puis Sartre de bien jolis mots et une réflexion sur le conflit entre l'art et la vie. Le Théâtre royal des Galeries lui offre un nouveau rappel.
Aux yeux de tous, Kean est un comédien adulé. Il triomphe tous les soirs devant le beau monde de ce Londres du xix e siècle. Pourtant, en coulisse, on trouve un homme rongé par les dettes, la débauche et rêvant d'un amour absolu - donc impossible. Alors, qui est-il ? La star de son temps ou un acteur perdu dans les grandes figures shakespeariennes qu'il incarne ? « Toujours un masque, jamais un visage », clame-t-il... Écrit en 1835 par Alexandre Dumas, ce drame romantique est inspiré d'un personnage réel, le Britannique Edmund Kean, et sera revisité en 1953 par Jean-Paul Sartre. Celui-ci apportera à l'œuvre un éclairage plus philosophique, interrogeant la place de l'artiste dans la société, et plus largement le rôle que nous y jouons tous. « Être ou paraître, voilà la grande question de la pièce », souligne Alain Leempoel, qui croise le regard des deux écrivains pour signer cette adaptation, dont la mise en scène fait la part belle aux miroirs. De salons chics en tavernes mal famées, des loges aux planches de théâtre, Kean dresse le portrait d'un héros en perpétuel conflit avec lui-même, au fil de cinq actes oscillant entre tragédie et humour, « à l'image de la vie ». Certes, mais laquelle ?
Julien Damien
Bruxelles, 30.04 > 25.05, Théâtre royal des Galeries, mar > sam : 20h15
Mazzotta - Les nouvelles hallucinations de Lucas Cranach l’Ancien (Mossoux-Bonté) - Etc.
Le Pas du monde
Le collectif XY nous avait éblouis avec Möbius et ses figures inspirées par les murmurations, ces nuées d'oiseaux parfaitement coordonnées se déployant entre les nuages. Avec ce sixième spectacle, ces virtuoses magnifient le flux du temps et le rythme de la nature. Nos 25 experts du porté acrobatique se muent en "corps-paysages". Accompagnés de deux chanteuses, ils s'envolent, retombent, construisent des pyramides humaines dessinant des forêts, des rivières ou des montagnes. Ensemble, ils rendent sensible le vivant et l'impermanence, envisagent une réconciliation entre l’humain et la nature, les yeux tournés vers le ciel. L-A.S.
Valenciennes, 14 > 17.05, Le Phénix, 20h, 32 > 5€, lephenix.fr // Douai, 20 > 22.05, Hippodrome, mar & jeu : 19h30 • mer : 20h30, 25 > 5€, tandem-arrasdouai.eu // Amiens, 26 & 27.05, Maison de la Culture, lun : 19h30 • mar : 20h30, 25 > 8€, maisondelaculture-amiens.com
La Haine
Adapter un film culte des années 1990 en comédie musicale ? Le défi était audacieux. Mathieu Kassovitz l'a relevé avec succès. Mieux : ce spectacle résonne plus que jamais avec notre triste actualité, entre bavures policières et résurgence d'idées nauséabondes... Sur scène, les smartphones ont remplacé les téléviseurs, les comédiens dansent au rythme de tableaux animés sur des sons signés Youssoupha ou Akhenaton. Jusqu'ici, tout va (moins) bien... L-A.S.
Deux artistes de deux disciplines différentes. Ils ne se connaissent pas. Ils ont 3 jours pour préparer un spectacle. mer 7 mai à 19h au Prato
Sortir
par
la porte
une tentative d’évasion
Juan Ignacio Tula
Cie 7 bis
mer 14 mai à 20h au Prato
PREMIÈRE
Juan Ignacio Tula revisite et partage un souvenir d’adolescence, avec sa roue Cyr, agrès inédit de 3 mètres.
Fermez les yeux, vous y verrez plus clair
L’ART DE JETER L’ENCRE
Habitués à peupler le paysage de fresques monumentales, Ella & Pitr s’invitent au théâtre, tête la première et seau de peinture à la main. Le duo d’artistes (et couple à la ville) dessine en direct une œuvre qui déborde joyeusement de son cadre. Attention, sol glissant.
Des peintres sur les planches d'un théâtre ? Voilà qui pourrait faire couler pas mal d'encre. Inclassables, les plasticiens Ella & Pitr repoussent les limites du street art depuis vingt ans. Variant les techniques et les surfaces, le tandem s’amuse à détourner des supports publicitaires, à se servir des toits pour peindre des fresques horizontales visibles du ciel ou à peupler les murs des grandes villes (et même des barrages ou des pistes d’aéroport !) de géants endormis. Après s'être tant joués des échelles dans l'espace public, ils déposent leurs lignes virtuoses à l'intérieur d'une salle pour un spectacle inédit, fignolé à l'automne dernier dans leur fief de Saint-Étienne.
Les toiles filantes. Armés d'une grande toile blanche et de seaux de peinture, Ella Besnaïnou et Loïc Niwa peignent en direct une œuvre qui, à tout instant, semble sur le point de dépasser ses créateurs. L'indomptable couple accumule les frasques joyeuses, les accidents calculés et les morceaux de poésie durant près d'une heure. Il invite aussi les fameux personnages en contours noirs qui l'ont révélé dans le monde entier. Tout cela au service d'une réflexion sur le processus de création – qui pourrait, surprise, être aussi réjouissant que l'œuvre finie. Cerise sur le seau : les ''papiers peintres'' ont prévu de laisser des traces de leur passage dans le théâtre, à l'extérieur et surtout dans nos mémoires. Arnaud Stoerkler
Dunkerque, 13 & 14.05, Le Bateau Feu, mar : 20h • mer : 19h, 10€, lebateaufeu.com + Balade à vélo street art : 17.05, 10h, Lycée de l'Europe à Dunkerque, gratuit sur réservation
Killology UNE HISTOIRE DE LA VIOLENCE
C’est l’histoire d’un homme qui perd son fils, tué par des ados adeptes d'un jeu vidéo ultra-violent : Killology. Pour se venger, il s’attaque au créateur du jeu, selon lui le principal responsable... Questionnant le rôle de la fiction dans la perception de la réalité, cette pièce interroge surtout la fabrique de la violence, dont les écrans sont plus l’effet que la cause.
Trois comédiens sont sur scène : le père, son fils et le concepteur de Killology. Ces hommes ne dialoguent pas, ce sont leurs récits de vie qui s'entremêlent pour nous raconter sous différents prismes cette histoire tragique, inspirée d’un fait divers bien réel. Est-ce réellement un jeu vidéo, si violent et immoral soit-il, qui est à l’origine de la mort du fils ? Quelle est sa part de responsabilité, à lui le père absent ? Et celle de notre société glorifiant la performance et le profit individuel à tout prix, chez les hommes notamment ? Pour s’emparer de ce texte du Gallois Gary Owen, Benjamin Guyot a choisi une mise en scène simple, frontale, centrée sur l'interprétation percutante des trois comédiens et la parole qu’ils portent. La violence surgit de tous les côtés : dans les relations père-fils, le désir de domination sociale, les turbulences de l’adolescence. C’est sombre, mais pas sans lumière. Comme dans un jeu vidéo, le jeune garçon a droit à une deuxième vie, opposée à la première et dans laquelle il ne manque pas de l’amour de son père. Un monde où le soin et l'affection pour l'autre deviennent (enfin) des valeurs centrales. Pascal Cebulski
Béthune, 21 > 23.05, La Comédie (Salle Jean Genet), mer : 20h • jeu & ven : complet ! 10 > 6€, comediedebethune.org
Près d'un Français sur dix douterait que l'Homme a marché sur la Lune. Partant de ce sondage grinçant, qui en dit long sur le complotisme rampant, la compagnie Les maladroits choisit de bricoler sa propre version de l'épopée spatiale, avec l'économie du théâtre d'objets. Ses quatre comédiens-metteurs en scène, mués en vidéastes web persuadés qu'on leur cache tout, surtout la vérité, investissent un théâtre abandonné. Leur objectif ? Montrer à tous leurs abonnés qu'ils peuvent réaliser un alunissage aussi bien que Stanley Kubrick. Si la démonstration laissera sur leur faim les vrais mordus de la complosphère, elle ne peut qu'ébahir le grand public par la subtilité de son artisanat magique. Chaque étape de la fameuse expédition Apollo 11 est reconstituée sur scène à l'aide de petits studios de tournage mouvants, filmés en direct puis projetés sur grand écran. Dans cet univers de récup' parallèle, des figurines en plastique acclament le décollage d'une fusée composée de thermos empilées, le sol lunaire apparaît d'un tas de sable et les restes d'un lampadaire forment une combinaison spatiale. Se réapproprier l'imagination, voilà le vrai pied de nez lancé par Subjectif Lune à ceux qui s'en servent pour façonner, de bric et de broc, leurs contre-vérités. Arnaud Stoerkler Roubaix, 21 > 23.05, La Condition Publique, mer & jeu : 20h • ven : 19h 21/5€, laconditionpublique.com
C'est l'une des premières héroïnes du théâtre. Une des premières rebelles, aussi. Refusant de se soumettre à Créon, Antigone préfère la mort pour s'opposer à l'ordre établi, rejetant ainsi une existence médiocre... 2 500 ans plus tard, le mythe de Sophocle résonne plus que jamais, dans un monde traversé de combats (contre le patriarcat, pour la démocratie...). La compagnie des Mutants et Washing Machine adaptent librement cette tragédie avec des amateurs âgés de 16 à 71 ans. Entremêlant danse et théâtre, humour et poésie, le spectacle met en scène une jeunesse fougueuse, prompte à bousculer les hiérarchies et les habitudes... Ça va secouer ! J.D.
La Louvière, 23.05, Le Théâtre, 20h, 19 > 5€ cestcentral.be
LES DODOS
Contrairement au volatile disparu qui donne son nom à leur spectacle, les acrobates-musiciens du P'tit Cirk sont loin d'être maladroits. Ici, les guitares, contrebasses et violons servent d'agrès ou d'obstacles... Entre portés et voltiges, ces jeunes circassiens s'amusent avec légèreté de la gravité. Retombant toujours sur leurs pattes, ils évoquent en filigrane la fragilité de l’existence, histoire de prendre un peu plus de hauteur... L-A.S.
Lille, 22 > 24.05, Gare Saint Sauveur jeu & ven 20h • sam 19h, 15 > 5€, leprato.fr (Les Toiles dans la ville)
UN GRAND CRI D'AMOUR (É. Laugérias
/ Josiane Balasko)
Il y a 15 ans, Hugo et Gigi formaient un couple vedette. Puis le temps a passé. Lui a poursuivi sa carrière, elle a sombré dans l’oubli. Suite à un concours de circonstances, les voilà à nouveau réunis sur scène. Les retrouvailles s’annoncent explosives. Le public assiste aux répétitions (mouvementées) avant la grande première… pour le meilleur et le rire ! Écrite en 1996, portée à l’écran deux ans plus tard, cette comédie de Josiane Balasko se joue avec maestria des affres de l’amour et du théâtre.
Lens, 02.05, Le Colisée, 20h, 42 > 22€ // Liège, 04.05, Le Forum, 17h, 56 > 46€ // Calais, 17.05, Le Grand Théâtre, 20h30, 34 > 14€
Une toute petite friterie où l'on épluche des patates en écoutant de bonnes histoires, des acrobates en déambulation qui marchent à la verticale sur les murs, une comédie musicale autour d'une voiture... et bien d'autres surprises ! La 27e édition des Turbulentes accueille une nouvelle fois le must des arts de la rue. Soit du théâtre à ciel ouvert, en liberté, où les circassiens, comédiens et autres clowns n'ont pas peur de battre le pavé, ni de mettre les pieds dans le plat...
Vieux-Condé, 02 > 04.05, Boulon et divers lieux, ven : 19h • sam & dim : 11h, gratuit lesturbulentes.com
MUTE
(Bérénice Legrand / Cie La Ruse)
Et si les rôles s'inversaient ? Si les DJs se mettaient à danser face à un public assis ? Figures de la nuit et de la fête, ces corps habituellement statiques (voire invisibles) derrière leurs machines sont cette fois propulsés sur le devant de la scène. Sous l'impulsion de Bérénice Legrand, cinq performeurs et performeuses se livrent à un "sample chorégraphique" électrisant, empruntant à la gestuelle propre au DJ-ing et réarrangé à l'envi. Pas sûr que vous restiez longtemps immobiles.
Lille, 06.05, Le Grand Bleu, 14h30 & 20h, 13 > 5€, legrandbleu.com (Festival Youth is Great)
CONCHA, HISTOIRES D'ÉCOUTE
(Hortense Belhôte & Marcela Santander Corvalán)
C'est un instrument à vent antédiluvien. En espagnol, la conque se traduit par "concha", mais ce mot d'argot désigne aussi le sexe féminin. S'appuyant sur cet objet hautement symbolique, la danseuse Marcela Santander Corvalán, la comédienne Hortense Belhôte et le musicien Gérald Kurdian livrent un concert performé sur le thème de l'écoute. L'occasion pour le trio de partager des histoires intimes tout en redonnant voix aux femmes artistes dont la parole a été ignorée. Armentières, 05.05, Le Vivat, 20h, 21 > 2€
QUINTETTO
KEVIN (Arnaud Hoedt et Jérôme Piron)
Après avoir pointé les absurdités de l’orthographe française, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron s’attaquent à un autre mastodonte : l’école. Devant un grand écran et armés d’une bonne dose d’humour, les trublions belges se penchent sur l’échec scolaire, le déterminisme social et l’égalité des chances. Nourri d’analyses scientifiques, sur les méthodes d’évaluation comme la sociologie des prénoms, ce spectacle participatif décortique notre système éducatif, sans donner de leçons.
Uccle, 13 > 17.05, Centre culturel, 20h30, (sauf mer : 19h30)
26 > 5€, ccu.be
(Cie Les 3 plumes / Marco Augusto Chenevier)
Que se passerait-il si une pièce mettait en scène la crise budgétaire qui frappe la culture ? C'est tout le propos de cette comédie. Ici, le quintette qui devait monter sur le plateau... eh bien n'a pas pu venir, en raison de coupes budgétaires, annonce son auteur. Il interprétera donc ce spectacle de danse seul, sans musique, lumière ni décor. Multi-récompensée depuis sa création en 2009, cette œuvre à l'ironie mordante révèle une performance qui, elle, n'est franchement pas au rabais.
Roubaix, 15.05, Ballet du Nord, 19h, gratuit
MOUTON NOIR
TADAM (Cie Renards)
Le papa de Louison n'a plus beaucoup de tours dans son sac. Autrefois grand magicien, il a raté son numéro, "la grande disparation". Depuis, il n'est plus que l'ombre de lui-même et passe son temps avec un drôle de bonhomme. Mais la jeune fille est bien décidée à renouer le dialogue avec son paternel, qui cache un lourd secret... Joué dans le décor d'une maison, où s'entremêlent réel et illusion, ce spectacle pour tous les publics parle avec humour et tendresse de nos fragilités.
Mons, 18.05, Théâre le Manège, 16h, 18 > 3€ surmars.be
(Paul Molina / Wilmer Marquez)
Du football au théâtre ? Et pourquoi pas. En l’occurrence, c’est de foot freestyle dont il s’agit ici, soit une discipline consistant à réaliser des figures acrobatiques avec le cuir. L’histoire est celle de Paul Molina, un gamin fan de ballon rond qui abandonne sa passion sur l’autel de la raison, avant de renouer avec ses rêves et briller aux championnats du monde. C’est ce parcours qu’il nous raconte dans ce solo, entre le cirque et la danse. Le récit d’un athlète virtuose qui dribble son destin. Arras, 16.05, Théâtre, 19h + Hors les murs, 17 > 24.05 : Troisvaux, Courchelettes, Achicourt, Somain, Croisilles, 6/2€, tandem-arrasdouai.eu
Marius travaille dans la boulangerie de son père, à Marseille, et fait face à un dilemme : prendre le large ou rester auprès des siens, par amour pour Fanny ? Joël Pommerat adapte le chef-d'œuvre de Marcel Pagnol en le transposant dans le monde d'aujourd'hui, sans rien trahir de son verbe chantant et de son propos. Peut-on sacrifier ses rêves par amour ? Créée en milieu carcéral avec des détenus de la prison d'Arles, cette pièce n'a pas fini de nous fendre le cœur...
Dunkerque, 20 > 22.05, Le Bateau Feu, mar : 20h • mer & jeu : 19h, 16€ lebateaufeu.com
LES CONSTELLETTES
(Culture commune)
Si l'aventure est au coin de la rue, l'émerveillement n'est jamais loin non plus. C'est en tout cas la promesse de ces "journées d'art dans l'espace public" faisant la part belle au cirque, au théâtre ou aux marionnettes. On découvre par exemple la profession de président de la République française avec la compagnie DBK. On se met aussi au vert avec Grasshoppers, dans lequel le Circus Katoen s’amuse avec des morceaux de gazon, illustrant notre propension à (un peu trop) jouer avec la nature…
(Damien Jalet / Ballet du Grand Théâtre de Genève)
Onbashira est un festival qui a lieu depuis 1 200 ans au Japon, dans la préfecture de Nagano. Cette "fête des piliers célestes" consiste à faire dévaler des arbres de plusieurs tonnes le long d'une montagne, sur une pente raide. Damien Jalet s'inspire de cette tradition séculaire pour créer une chorégraphie en deux parties. Dans Skid, les interprètes luttent contre la gravité en dansant sur une paroi inclinée, avant d'affronter un immense cylindre rotatif (Thr(o)ugh). Renversant !
Charleroi, 30 & 31.05, PBA, 20h, 18/8€
charleroi-danse.be
INHALE DELIRIUM EXHALE (Miet Warlop &
Irene Wool)
Faut-il encore présenter Miet Warlop ? Après les peluches géantes de Big Bears Cry Too ou le marathon déjanté de One Song , la plasticienne, musicienne et performeuse flamande nous invite... dans son subconscient. Plus précisément, elle traduit les émotions qui la traversent lorsqu'elle crée. Au programme ? Des extraits de ses précédentes pièces, une explosion de couleurs, une cascade de 1 500 m de tissu et la musique de Deewee en fond sonore... Une bonne manière de faire connaissance ! Douai, 27 & 28.05, Hippodrome, mar : 19h30 • mer : 20h30, 25 > 5€, tandem-arrasdouai.eu Gand, 04 > 07.06, NT Gent, 20h, mer > ven : complet ! • sam : 28 > 15€, ntgent.be