let'smotiv bruxelles n°8

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n째08 / octobre 2010 / GRATUIT

Bruxelles Cultures et tendances urbaines



Sommaire Reportage © Yves Marchand et Romain Meffre // LAM, Femme au bouquet, Fernand Léger © Muriel Anssens // mundus Imaginalis © Frederic Lovino

Let’smotiv - octobre 2010 - #08

06 News

10 Reportage

Détroit en Ruines : Underground Décheance

18 Portfolio Au pied du mur avec Obey

26 Rencontre métallique avec Drums Are For Parade

30 Musique La Caution, Aloe Blacc, Sharon Jones, Of Montreal, Goose, John

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Barry, Jean-Michel Jarre, Ground Zero, Trentemoller...

événement Tour d'horizon du Festival des Libertés

50 Cinéma Pink Screens Festival, Waking Sleeping Beauty, Retrouvailles avec Pierre Etaix...

56 Exposition Manières Noires, Esperado/Inesperado, Ensor, LAM... agenda

70 Théâtre

Laïka, Creuzevault, Guy Cassiers, Carolyn Carlson...agenda

84 Littérature Pinçon-Charlot, T. Pynchon, B. Easton Ellis, M. de Kérangal, R. Choäl & J. Rovéro-Carrez....

88 Disques Best Coast, The Hundred in the Hands, Violens, Katerine,

90 Agenda concerts 98 Playlist Sur les platines de la rédaction

Superpitcher...


Let’smotiv Bruxelles

BP 99 - 7700 Mouscron Tél : 02 265 19 86 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com

Let’smotiv Bruxelles est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.bruxelles@letsmotiv.com Graphiste : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité : Hakima Lounas - h.lounas@letsmotiv.com - Thibault Noyer - t.noyer@letsmotiv.com Pierre Henri - advertising@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Faustine Bigeast, Marie Blériot, Mathieu Dauchy, Florent Delval, Cédric Delvallez, Hugo Dewasmes, Grégory Escouflaire, Edlef Kowalyk, Marie-Lucile Kubaki, Carole Lafontan, François Lecocq, Hakima Lounas, Yves Marchand , Alex Masson, Romain Meffre, Raphaël Nieuwjaer, Obey, Marion Quillard, Pierre Tabarant, Olivia Volpi

Couverture : Obey, www.obeygiant.com

Let’smotiv nord de France 114 rue Barthélemy Delespaul - 59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com

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En bref…

© Isabelle Lenfant

Grosso Modo

© Douglas M. Parker Studio, ADAGP, Paris 2010

Voilà 15 ans que l'ASBL Modo Bruxellae -aujourd'hui Modo Brussels- tisse sa toile autour des boutiques de créateurs du quartier Dansaert. Avec le soutien du ministère de l'économie de la région Bruxelles-Capitale, elle a imaginé un week-end de lèche-vitrine pour les amateurs de (haute) couture : les parcours Modo. Pour cette 10e édition, Tony Delcampe, du département Stylisme de la Cambre assure la direction artistique. Chaque styliste des 60 échoppes et lieux d'exposition participants a été invité à se concentrer sur une couleur, une pièce de la garde-robe ou une technique. ❥ Du 22 au 24.10, www.modobrussels.be

Télex

Coup de maître Quelques mois après s'être fait damé le pion (et 5 toiles) par un cambrioleur culotté, le Musée d'Art moderne de la ville de Paris compte sur le populaire Basquiat pour se redorer le blason. Du 15 octobre au 30 janvier prochain, il accorde au peintre américain une immense rétrospective. Pour célébrer ce chantre de la contre-culture new-yorkaise, pas moins de 80 toiles, dessins et objets ont été empruntés à des collections publiques et privées. Cette fois, mieux vaudrait réparer le système d’alarme. ❥ mam.paris.fr Promouvoir l'écologie grâce à l'amour... voici le credo de l'association Taxistop. Elle propose ni plus ni moins de trouver l'âme sœur grâce au covoiturage. On peu d'ores et déjà s'inscrire et choisir son partenaire de route en fonction de plusieurs critères. Meetic n'a qu'à bien se tenir !


news |

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Haikus numériques Avec sa tendance à écrire des vers au kilomètre, Victor Hugo aurait été recalé d'office. Car pour ce concours très spécial organisé par la maison de la poésie de Namur et l'opérateur téléphonique BASE, les poèmes à envoyer ne doivent pas excéder 3 SMS. Soit 3 fois 160 signes. Pour la 5e édition de cette compétition à succès, les écrivains en herbe doivent plancher sur le thème de « Hymne à la joie ». Ils ont jusqu'au 13 octobre pour envoyer leur composition au 6641. Voyons, hum : O, IrondL volan ds lézR...

© Ch. Allg

La mer à boire

Le Tube de l’automne

Curieuse découverte la semaine dernière dans une province de Finlande au nom imprononçable (Aaland). Un vieux navire échoué à 50 mètres de fond regorgeait de caisses de champagne et...des dizaines de bières ! Une cargaison surprenante, qui ravit autant les historiens que les œnologues. Conservée dans des conditions optimales pendant plus de 200 ans, cette cervoise consommée par nos ancêtres serait à ce jour la plus ancienne au monde. Une nouvelle qui devrait rapidement faire le tour du... bock.

Un metro toutes les demi-heures entre Calais et Ashford (Angleterre) ? C’est le projet pas si fou de Thaddée Ségard, auteur calaisien. Il suffirait d'installer dans le tunnel sous la Manche des lignes façon Thalys. Le but ? Sortir le Calaisis du chômage en offrant l’occasion aux habitants d’aller travailler en Grande-Bretagne. Chouette ! Et attirer les Londoniens à Calais, où les loyers sont moins chers. Pas certain que les Anglais, très insulaires, voient d’un bon œil le déferlement de Ch’tis dans leur fière Albion.

«Je ne voulais pas le tuer. C’était le meilleur hamster que j’aie jamais eu, elle s’appelait Suzie». Anthony Parker a eu beau pleurer, ça n'a pas empêché la Cour britannique de le condamner à 9 semaines de prison pour avoir passé son compagnon au micro-ondes. Fait comme un rat, le sadique !


news |

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Syndrome Michel Leeb Depuis 1919, on n’a compté qu’une cinquantaine de victimes de ce « syndrome de l’accent étranger », un mal inexpliqué mais franchement tordant. La dernière personne atteinte en date est anglaise : Kay Russell se couche avec une bonne migraine pour se réveiller le lendemain avec… l’accent français ! Ce trouble de l’élocution, perçu par l’entourage comme un accent étranger, avait déjà frappé, entre autres, une Norvégienne qui, après une blessure, avait chopé l’accent allemand en… 1941. Ou Sarah Colwill, britannique s’exprimant désormais comme une Chinoise. Pas pratique pour commander des rouleaux de printemps chez le traiteur du coin.

Electro-luxe Sans dessus dessous Une bien drôle d'histoire a filtré d'entre les barreaux de la prison d'Hasselt. Les femmes qui pénètrent dans l'établissement pénitentiaire seraient toutes obligées d'ôter leurs sous-vêtements pour les laisser à la garde des geôliers. Rituel fétichiste ? Taxe de passage incongrue ? Et non... En cause, un détecteur de métaux trop sensible aux armatures cachées dans la lingerie ! Qu'on ne s'étonne pas si, trahies par leurs baleines, les avocates humiliées finissent par se lasser de leur (rôle de) soutien.

Télex

On connaissait par cœur le kit du parfait petit cambrioleur : cagoule, gants, piedde-biche, accent russe en option. Facile! Mais depuis quelques années, un mystérieux gang français force Hollywood à revoir ses stéréotypes. Déjà parce qu'il ne jure que par les Monoprix - à quand Ocean 14 dans les supérettes françaises ?-. Mais aussi parce qu'il innove avec un modus operandi très aspiré, pardon inspiré... Et oui, cette bande qui ne manque pas d'air utilise un simple aspirateur pour détourner le chiffre d'affaires du supermarché ! Comment ? En perçant les conduits d'aspiration pneumatiques qui conduisent les billets jusqu'au coffre fort. Soufflant !

Partager les dépenses et échanger des services entre voisins est maintenant possible sur www.streetpage.com. Ce nouveau site made in Belgium reprend l'idée de facebook à l'échelle ultra-locale. Baby-sitting, cours particuliers...sur le papier ça sonne plutôt bien. À vos claviers !



texte ¬ Thibaut Allemand - photos ¬ Yves Marchand et Romain Meffre

Underground déchéance

Detroit, reportage |

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Salle de Bal, Lee Plaza Hotel


reportage |

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« Speramus meliora ; resurget cineribus ». Il faut parfois savoir débuter un article en latin. En fait, ces quelques mots furent prononcés par le père Gabriel Richard après l’incendie qui ravagea Détroit en 1805 : « Nous espérons les meilleures choses ; elles renaîtront des cendres » Un vœu pieu devenu devise officielle d’une ville en perdition. Pire : en ruines. Évidemment, Détroit, ce n’est pas que ça. Mais les images qui suivent, signées Yves Marchand et Romain Meffre, suintent la mort. Semblables à Sarajevo ravagée, ou Beyrouth en déroute. Pourtant, aucune bombe n’a jamais frappé Détroit. Sur ces fascinants vestiges, plane surtout la nostalgie d’un paradis perdu, jadis opulent. Plongée dans un American Way Of Life en cendres.

D

rôle de ville que Détroit. « Un empire qui connût une chute fulgurante en l’espace d’à peine un siècle », résume Romain. On y trouve des gratte-ciels, bien sûr. Mais beaucoup sont vides, éventrés : cinémas, théâtres, hôtels... autant de fleurons architecturaux à l’abandon, recensés et immortalisés par les deux photographes. Comment en est-on arrivé là ? Alain Decaux, c’est à vous : au mitan du XIXe siècle, Detroit est une ville manufacturière et portuaire florissante, le Paris du Midwest, rapport à la beauté de ses bâtisses. Pas un hasard si Henry Ford y fonde la Ford Motor Company en 1903, bientôt suivi par Packard, Chrysler ou la fameuse General Motors. À l’usine, une recette maison nommée fordisme. En gros :

division du travail, standardisation de la production et bonne rémunération des ouvriers. Philantropie ? Ne rêvons pas. Il fallait retenir les travailleurs et les inciter à consommer sur place. La méthode s’avère efficace. En 30 ans, la population est multipliée par cinq, atteignant le million et demi d’habitants en 1930.

Flamboyance Durant cet âge d’or, jaillissent les hauts lieux de l’entertainment, affichant fièrement les principes du City Beautiful (mouvement marqué par le néoclassicisme et le baroque) ou de l’Art-Déco. Prenez les deux tours, la grande arche et la façade du clinquant National Theater (1912). Ou le vaste Lee Plaza (1929), résidence de standing pour la haute société. >


Usine Fisher Body 21 Usine Packard Motors



Horloge d'une classe de la Cass Technical Highschool Maison de William Livingstone, Brush Park Chambre 1504 du Lee Plaza Hotel


Farewell Building

Ébranlée par la grande Dépression, la Motown s’en sort grâce à un petit conflit qui agite l’Europe dès 1939, troque sans complexe les voitures pour des tanks et devient « l’Arsenal de la Démocratie ». Pour l’anecdote, Ford, antisémite notoire, vend des véhicules de combat aux USA… et à l’Allemagne nazie. Mais aprèsguerre, le vent tourne. Pendant que le monde se reconstruit, Detroit entame son inexorable déclin.

Fuite en avant Délocalisées, les industries ont laissé les ouvriers sur la paille. Les classes plus aisées (et majoritairement blanches) ont quitté la Motor-City, attirées par le calme d’un pavillon de banlieue... Un exode favorisé,

comble de l’ironie, par… l’automobile de masse ! Downtown, on ne croise que les pauvres, souvent noirs. Pas le genre à loger au dispendieux Fort Shelby Hotel. Peu fréquentés et bien trop chers à entretenir, ces temples du luxe sont abandonnés par leurs promoteurs et fanent peu à peu. Ces lieux, témoins de l’insouciante entre-deux-guerres, sont livrés au vandalisme et autres pillages. Salauds de pauvres ? En fait, tout le monde se sert : les lions en terre cuite qui ornaient le fronton du fameux Lee Plaza sont retrouvés quelques miles plus loin, sur un condo hôtel(1) à… Chicago ! On pourrait s’en fiche, penser que cela ne touche que des établissements fastueux. Mais que dire de ces lycées dévastés ou de la


Salle de bal du Fort Wayne Hotel

Broderick Tower, qui abritait un cabinet médical ?

Et maintenant ? Certes, les 1 200 chambres du Book-Cadillac ou le mythique Statler viennent d’être restaurés. Plus loin, des immeubles de bureaux seront transformés en logements. Gouttes d’eau dans un champ de ruines car « d’autres remarquables buildings situés en périphérie seront bientôt démolis », déplore Yves. Et si on relativisait ? Après tout, l’Europe connaît le même problème, des HLM délabrés de banlieue jusqu’aux hôtels particuliers de la place des Vosges… Cela débouche parfois sur le squatt, façon Berlin-Est. « Mais ce phénomène très européen est pres-

que inexistant à Detroit, tempère Romain Meffre. Aux USA, il est plus difficile de s’attribuer un bâtiment à l’abandon ». On le sait, on nous l’a répété, les USA sont une nation qui va sans cesse de l’avant. Quitte, parfois, à oublier les témoins de son passé luxuriant. Mais puisque les meilleures choses renaissent parfois de leurs cendres… laissons Romain Meffre et Yves Marchand souffler sur les braises. / (1) Hôtel de luxe qui propose de vendre à des particuliers une chambre ou une suite. L'acheteur a accès à sa chambre dès qu'il le souhaite, et peut bénéficier de tous les services de l'hôtel.

❥ À lire : Les ruines de Détroit, Romain Meffre, Yves Marchand, Ed. Steidl, 89 € www.marchandmeffre.com


Obey

portfolio |

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Toxic City Avenger - Mur



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4 ❖ 1. Stay Up Girl - Affiche, 2004 / 2. Obey Eye - Lithographie 18 x 24 cm, signée et numérotée à 450 ex. / 3. America’s Favorite (red) - Lithographie 18 x 24 cm signée et numérotée à 400 ex. / 4. Afrocentric (red) Power and Equality - Pochoir et collage sur papier.


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â?– 1. Guns and roses - Pochoir et collage / 2. War for sale - Toile sur bois


Propaganda Street-art, pochoirs, stickers, lithographies... // Los Angeles, Californie, États-Unis // www.obeygiant.com

L’histoire débute ainsi. Nous sommes aux States, en 1989. Shepard Fairey l’auteur de notre couv - et d’autres étudiants de la Rhode Island School of Design s’amusent à créer une série d’autocollants et d’affiches à l’effigie du catcheur André Roussimoff, surnommé « André the Giant ». Ce qui ne devait rester qu’une private joke va se propager à travers le monde, devenant l’un des symboles forts de la contre-culture et de la communauté DIY (Do it yourself) propre au skate et au punk rock. En 1998, Fairey, menacé de poursuites pour l’utilisation de la marque déposée « André the Giant », doit changer de visuel et de nom. Obey Giant est né. Le géant, encore plus graphique et subversif et doté d’un sous-titre Obey (l’impératif « obéis »), rappelle non sans ironie un certain Big Brother is watching you. Le concept artistique ? Déposer son effigie sur les


© Kyle Oldoerp

texte ¬ Carole Lafontan

endroits les plus élevés et les plus improbables possible. Aujourd’hui, c’est plus d’un million de stickers qui se sont écoulés. Mais Shepard ne s’arrête pas là. En 2003, il co-fonde avec sa femme (et manager, au passage) Amanda Ayala, le Studio Number One (design graphique). Puis la ligne de vêtements Obey et le magazine Swindle. Derrière Obey se cache ainsi une industrie bien huilée, basée sur un street marketing activiste et une identité visuelle forte - une esthétique aux tons rouge, noir et crème qui rappelle la propagande soviétique reconnaissable de tous. Car en plus du Giant, Obey s’est aussi fait connaître par ses collages et ses sérigraphies aux messages politiques puissants (Le « Hope » Barack Obama tricolore, c’est lui). Une sorte de mi-Banksy mi-Jamie Reid qui exploiterait le bon filon ? /



rencontre |

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Drums Are For Parades Nous sommes des animaux ! Propos recueillis par ¬ Grégory Escouflaire - Photos ¬ DR

Attention, disque dangereux ! Avec Master, les Gantois de Drums Are For Parades (DAFP) signent un brulôt stonernoise d’une implacable magnitude : au moins 9 sur l’échelle rock de Richter. À part l’abri antisismique, reste donc une seule alternative : appuyez sur la touche « Play » et profiter de l’orage thermique, de ses riffs-éclairs qui tancent nos tympans et lézardent le ciel. Cet album déchire tout. Alors entrez dans la parade : ça fait du bien par où ça casse. À vous entendre on suppose que vous aimez le doom, le sludge, le stoner, voire le métal, en général. Wim Reygaert (guitare, voix) : C’est vrai ! J’adore des trucs rapides comme Nile, Lamb of God,… Quand les doigts saignent sur la guitare ! J’aime aussi la lourdeur et la puissance de groupes comme Harvey Milk, Mastodon, Part Chimp, Black Sabbath… Et j’ai toujours été fan de Led Zeppelin. Avec DAFP, on essaie de combiner ces deux approches, parce qu’on

n’est pas du genre à se limiter à une seule direction. Vous vous êtes fait connaître grâce à des concerts dévastateurs. L’aspect live de votre musique est-il primordial ? Piet Dierickx (batterie, voix) : C’est clair ! C’est sur scène que tout a commencé, parce que c’est là que tu peux vraiment communiquer toute ton énergie au public. Wim Reygaert : C’est comme regarder une cascade : c’est juste un


« Les séparatistes sont juste des abrutis. On se croirait au Moyen Age ! » paquet d’eau qui tombe, mais tu ne peux t’empêcher d’être impressionné par toute cette force et cette violence. J’aime bien comparer nos concerts à cette image. Tu les prends dans la tronche et ça fait un bien fou. C’est comme un exorcisme. Vous parlez de violence, de force... on vous sent assez portés sur le côté obscur. Piet Dierickx : C’est quelque chose qui est en nous, ce n’est pas une posture. C’est juste comme ça, point barre. Wim Reygaert : Et en même temps je pense qu’il y a beaucoup d’humour dans notre musique… Cela n’a rien de cynique. C’est plutôt l’absurdité de la vie qui nous intéresse.

La colère que tu peux ressentir chez nous n’est que le reflet de notre environnement, de cette dualité entre le bien et le mal, l’amour et la haine. C’est très cliché de dire ça, mais c’est la vérité ! L’un n’existe pas sans l’autre… ça n’a donc rien de négatif : encore une fois, c’est de l’ordre de la catharsis. En tout cas le message passe ! Pour un groupe plutôt “dur”, vous connaissez déjà un beau succès d’estime. Wim Reygaert : C’est cool d’attirer l’attention, mais notre but reste de faire ce qu’il nous plaît, sans aucune pression… Même si l’on aimerait consolider notre position au sein de la scène belge.


rencontre |

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arrêtait d’en parler, la question ne se poserait même plus ! Prends « The Pope of Dope » des Subs et des Party Harders (le hit de l’été, ndlr) : c’est bien la preuve qu’on peut dépasser les clivages communautaires ! Le fait que ce soit devenu un tube montre bien que tout ça, c’est juste un putain de cirque. Ok, on ne parle pas la même langue, et alors ? J’y connais pas grand chose en politique, mais les séparatistes sont juste des abrutis. On se croirait au Moyen Age ! Piet Dierickx : Laissons notre trace dans l’histoire du rock, tant qu’à faire ! (rires) Wim Reygaert : Regarde les Melvins : voilà un groupe qui compte parmi les plus influents de ces vingt dernières années, et pourtant il ne passe jamais à la radio ! Et ils ont une énorme “fanbase”, qui les suit et achète leurs disques. C’est une source d’inspiration. Vous parlez de “scène belge”… Ressentez-vous un décalage entre le Sud et le Nord du pays ? Piet Dierickx : Pas vraiment… Sauf peut-être dans les médias : un groupe comme Ghinzu passe en boucle sur Pure FM, mais jamais sur Studio Brussel, parce que c’est un groupe wallon… Et c’est dommage. Mais on ne ressent pas ça quand on donne des concerts, que ce soit à Liège ou en Flandre. Wim Reygaert : Je pense que si l’on

Et le lapin blanc sur la pochette de votre disque ? Wim Reygaert : On aime les animaux parce qu’ils vivent selon leur instinct, et c’est ce que tout le monde devrait faire… Au lieu de ça, on réfléchit toujours avec notre cerveau et notre portefeuille, et on laisse les sentiments de côté. C’est con à dire, mais l’animal qui est en nous se réveille seulement quand c’est la guerre. Les animaux n’ont pas cette tare, à part peut-être les orques qui sont des êtres vils… Ils s’amusent à tuer des phoques pour le plaisir ! Une chose est sûre, en tout cas : on ne mettra jamais d’orque sur nos pochettes de disques ! (rires) ❥

Drums Are For Parades, Master (Skeleton Ears/Pias) Concerts : 19.10 Leuven, Stuk 20.10 Opwijk, Nijdrop 29.10 Diksmuide, 4ad 06.11 Tongeren, De Velinx


musique |

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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ DR

Le pas (de danse) de l’oie En 2006, les quatre gars de Goose ont sorti Bring it on, l’album qui leur a permis de quitter enfin Courtrai, et de faire la fête en tournée pendant 2 ans (ce sont eux qui le présentent comme ça). Du gros son électronique et rock. De retour en studio, pour leur deuxième album, Synrise, ils ont testé autre chose. Leur chanteur, Mickael Krakousse, nous raconte tout ça.

« Pour Bring It On, on a d’abord sorti les guitares. Malgré tout ce que l’on peut faire avec les pédales, les amplis, les effets, on avait l’impression d’obtenir le même son. On a donc acheté plein de synthés ». Ils ont bien fait : leur album se démarque par des productions redoutablement efficaces et une patte unique. On les attendait au tournant : ils n’y sont pas. « Goose, ce n’est pas

une liste des mêmes ingrédients que l’on mixe différemment pour chaque album. C’est une nouvelle recherche, un nouveau son ». Inspiré cette fois par la musique de leur enfance : Moroder, Vangelis, la dance, du space disco. Mais hélas, Synrise ne restitue pas la saveur de ces influences. Il ressemble juste à pas mal de bons albums sortis ces derniers temps. Dommage, car


Goose y a mis du cœur en se frottant à l’analogique : « C’était important pour nous. Et si ça rend notre travail plus difficile, c’est notre problème ». Histoire de se compliquer encore un peu la vie, « on a testé tous les mor-

ceaux en acoustique, à la guitare, pour voir si on savait encore écrire de bonnes chansons ». Enfin, ce qui ne change pas, c’est « notre esprit sur scène. C’est toujours la fête, mais avec un angle différent ». /

Goose 13.11, Gand, I Love Techno Synrise, K7/La Baleine, sortie le 25.10, 17€, www.myspace.com/goosemusic


musique |

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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ Patrick Heagney

Féerie musicale Of Montréal, six personnages aux maquillages chamarrés et tenues extravagantes reviennent avec une grande œuvre ! Ces Américains qui remettent en cause les structures de la pop traditionnelle continuent de pousser le bouchon. En passant le micro à la frangine de Beyoncé, par exemple.

N'allez pas imaginer que le groupe de Kevin Barnes est une toute jeune formation soudainement portée aux nues. S'il a profité de la vague psyché amorcée par ses compatriotes MGMT, l'exubérant Of Montreal vient d'accoucher de son dixième album (!), False Priest. Eh oui, il y a bien longtemps que les descendants directs du collectif Elephant 6 diffusent une pop fantaisiste, à géométrie variable.

Mais, hélas, il aura fallu plus d'une décennie pour que le public et la presse osent pénétrer dans leur jardin d'Eden et cueillir leurs hymnes tantôt érotiques et suggestifs, tantôt naïfs et décalés. Une chose est sûre, False Priest est indéniablement l'album le plus accessible du collectif. Cette fois, Kevin Barnes insuffle un vent funk à ses compositions, allant jusqu'à inviter la très mainstream So-


lange Knowles, et la souliste Janelle Monae. Habitué à composer, écrire et chanter seul, le leader de la joyeuse troupe à même accepté la contribution de Jon Brion ! L'auteur des BO de Magnolia ou Eternal Sunshine of

the Spotless Mind a ainsi coproduit l'album. Mais que les fans de la première heure se rassurent : malgré ces quelques nouveautés, l'âme du projet originel demeure. Sans parler de la pêche d'enfer du groupe en live ! /

OF MONTREAL 15.10, 20h, Bruxelles, Botanique, 19/16/13€, 02 218 37 32 8.10, 20h30, Tourcoing (F), Grand Mix, 18/14e, +33 320 70 10 00


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texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ © DR

texte ¬ Olivia Volpi - photo ¬ DR

Jean-Michel Jarre

Trentemøller

C’est l’histoire d’un malentendu. Jusqu’il y a peu, on dédaignait Jean-Michel Jarre. À cause de ses concerts dantesques noyés sous les lasers, on le réduisait au gigantisme. Et puis Jeff Mills ou Pivot lui ont tressé des lauriers. Serait-on passé à côté de quelque chose ? Peut-être bien. Produits de leur époque, certains disques ont mal vieilli. On ne s’envoie pas Oxygène tous les matins, mais Zoolook (1984) propose une rencontre étonnante entre la Ruhr et l’hémisphère sud, Kraftwerk et les musiques ethniques. Aux expérimentations confinées en labo, l’ancien pensionnaire du GRM préfère le rôle de passeur. De la technopop, au sens premier du terme. Ah ! Une dernière chose : pour cette tournée, chaque date est répétée deux mois à l’avance, en fonction de la salle. Pas un banal concert, donc. /

« Ras-le bol qu’on taxe ma musique de minimale ! », s’est sans doute dit le Norvégien Trentemøller. C’est agaçant, tout de même, d’être classé par ses pairs dans un genre dont on ne se réclame pas. Alors, il a dissipé ce malentendu tenace dans deux albums consécutifs. The Last Resort, épopée mélancolique pour signifier que le dance-floor, c’est fini pour lui. Puis, cette année, Beyond the Great Wide Yonder, histoire d’enfoncer le clou à coups d’envolées atmosphériques et d’ambiance vénéneuse… On croirait la B.O. d’un très bon Lynch. Mieux, quand on le voit sur scène, on peut carrément imaginer le film, tant il soigne ses prestations. Décor fantastique, musiciens nombreux, chanteurs invités et autres fumigènes… Plus aucun risque qu’on le range dans la minimale. /

3.12, 20h30, Anvers, Palais des sports, 45,50 à 80,50€, 03 400 60 00 16.10, 20h, Lille, Zénith 51 à 84e, + 33 320 33 17 34

26.10, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique,

complet!



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texte ¬ Marie Blériot photo ¬ Benjamin Nitot

Les affranchis Évoluant dans un univers rugueux et poétique, La Caution fait figure d'OVNI dans le rap hexagonal. Producteurs, selectors pour le Mouv' et membres du collectif Kourtrajmé, les deux frères mettent à profit leur culture musicale au fil de sets à géométrie variable. Jugez plutôt le 22 au VK* ! La Caution a ouvert une brèche dans le mur du rap français bétonné par Skyrock et MTV (dans laquelle se sont engouffrés par la suite d'autres groupes, dont TTC ou le Klub des Loosers). Se jouant des clichés du genre, tout feu tout frime, chaîne en or qui brille, ce groupe apporte au début des années 00' de la fraîcheur à des productions protéiformes, dynamiques, riches et fluides. Les deux frangins de Noisy-le-Sec transcendent les courants musicaux, piochent allègrement dans l'électro, le funk ou le rock, renouant ainsi avec l'héritage laissé par Afrika Bambaataa au début des années 80. Sur des rythmes minimalistes, ils mêlent adroitement sobriété old school et arrangements définitivement novateurs. Côté texte, on peut compter sur la plume acérée et tranchante de Nikkfurie, taillée pour servir deux flows atypiques. Ses rimes regorgent de métaphores urbaines, décrivant des histoires et des situations plus ou moins graves ou farfelues. Au pied de l'immeuble, dans une boîte de nuit, au chevet de la France laissée pour compte, c'est une somme d'expériences amères et loufoques qui sont compilées judicieusement. En attendant la sortie d’un nouvel album, retrouvez sans tarder l’esprit de ce duo sur scène à Bruxelles, avec quelques exclusivités à la clef. / ❥

La Caution 22.10, 19h30, Bruxelles, VK* Concerts, 16/13€, 02 414 29 07 Support : Dave Luxe, Ganja White Night, Azzili Kakma & Exodarap, Sidi Hoomam




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texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Crystal Castles © DR

Scènes ouvertes Entre electro, rock, folk, hip-hop, soul et variété, cette 3e édition du festival Ground Zero est ambitieuse. Trois semaines de festivités, huit lieux, une vingtaine de concerts, avec deux fois plus de groupes… Petite sélection subjective dans cette affiche plantureuse. Procédons méthodiquement… Pour les adeptes de l’electro, rendez-vous d’abord avec Crystal Castles, le tonitruant duo de Toronto. Ses boîtes à rythme fracassantes, arrosées de synthés 8 bits croiseront le fer avec Beat Torrent, un autre duo composé de deux DJs et VJs nantais qui pilotent en direct le son et la vidéo. De la dynamite ! Dans un registre plus délicat, le Chapelier fou prend la barre de la Péniche pour naviguer sur des flots expérimentaux, entre drum & bass, folklores nomades et thèmes Nintendo. Plus tard, Wax Tailor dévoilera un show exceptionnel avec le Mayfly Symphony Orchestra revisitant ses propres productions. Niveau rock, comptez avec les audacieux Foals et Health, ainsi que sur certains frenchies comme Gush ou Hey Hey My My. Sans oublier l’enfant terrible Peter Doherty, qui investira l’Aéronef le jour d’Halloween… Enfin, last but not least, Moriarty et Scott Matthews tenteront de donner un accent folk au festival tandis que Jamie Lidell glissera une note de soul. Quant au hip-hop, il est représenté par le collectif anglais A State Of Mind (A.S.M.) ou encore Plan B, qui conclura d’ailleurs ce festival où chacun peut trouver son bonheur. /

Festival Ground zero Prog : 28.10: Gush + Hey Hey My My // 29.10: Health, Crystal Castles + Beat Torrent // 30.10: Chapelier Fou, Peter Doherty // 6.10: Scott Matthews // 8.11: Moriarty + Shannon Wright //9.11: Wax Tailor // 12.11: Jamie Lidell // 15.11: Air // 16.11: Foals // 17.11 Plan B... du 26.10 au 17.11, 20h, Lille (Péniche, Aéronef, Splendid, Yhéâtre Sébastopol) et Tourcoing (Grand Mix), divers tarifs (de 5 à 39.90€), www.groundzero.fr


musique |

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texte ¬ Mathieu Dauchy - photo ¬ Dan monick

texte ¬ Mathieu Dauchy - photo ¬ steven dewall

Aloe Blacc

Sharon Jones

Rock’n'roll is not dead. Eh bien, la soul non plus ! Elle a même tendance à s'affranchir de son image d’Épinal, des grandes années Stax, pour se parer d'atours plus contemporains. Amy Winehouse, John Legend ou encore Jamie Liddel sont passés par là. C'est aujourd'hui au tour d'Aloe Blacc de redonner au RnB ses voyelles manquantes. Cet artiste américain qui a fait ses classes dans le hip-hop sait que le véritable Awènebi, comme dirait Christine Lagarde, renferme une mélancolie dansante : l’alliance du rythme et du blues. Son coolissime tube I need a Dollar qui sert de générique à la série How to make it in America nous titille l'échine depuis plusieurs mois déjà. On est donc bien curieux de savoir si le très charismatique soul singer transforme l’essai sur scène. /

Si Sharon Jones était française, elle aurait droit à son dimanche chez Michel Drucker, qui lui donnerait du « Une grande dame de la musique », et égrainerait son parcours pas piqué des hannetons. La diva a été convoyeuse de fonds et surveillante pénitentiaire avant de secouer les salles de concerts armée de son backing band, The Dap Kings (qui aurait aussi droit à un petit passage sur le canapé rouge, cela va de soi). Sharon Jones a débuté sur le tard, et comme pour se rattraper, elle balance une voix puissante, portée par un souffle typiquement sixties. « Formidable ! », lancerait Drucker, après s'être assuré que la prestation décoiffante de la dame n'a pas provoqué de coupures de pacemakers dans le public. Non. Tout bien réfléchi, Sharon Jones n'aurait pas pu être française. /

16.10, 20h, Louvain, Het Depot, 18/15e 17.10, 21h, Gand, Vooruit, 16/14,50e 15.10, 20h, Tourcoing, Le Grand Mix, 12/15€, +33 320 70 10 00

17.10, 20h, Anvers, Trix, 22/25€, 03 670 09 00 30.10, Lille, L’Aéronef, 18/22€, +33 320 13 50 00




musique |

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texte ¬ Edlef Kowalyk photo ¬ DR

My name is Barry, John Barry…

Que l'on soit Français, Japonais ou Brésilien, nous sommes tous capables de fredonner le thème de la saga James Bond. Le générique de Goldfinger détrôna même les Beatles au hit-parade américain en 1964. Auteur de bien d’autres partitions à succès, John Barry offre un concert d'anthologie lors du festival international du film de Gand. Le moins secret des espions doit à l'évidence une partie de son succès au compositeur John Barry. Originaire de York en Angleterre, ce talentueux septuagénaire, qui a composé la musique de onze James Bond depuis Dr No en 1961, n'a cessé de viser juste. Du fabuleux Out of Africa à Danse avec les Loups en passant par Born Free, John Barry a un palmarès impressionnant : 5 oscars, 4 Grammys, un Golden globe... et la liste est encore longue ! Après Howard Shore, Ennio Morricone ou John Williams, il s'impose donc tout naturellement pour l'inauguration du célèbre festival gantois. Une manifestation qui s’intéresse particulièrement aux bandes originales. Créé en 1974 à l’attention des étudiants, le Festival du Film de Gand décerne aujourd'hui un prestigieux prix de musique de film : le World Soundtrack Award. Quelques œuvres emblématiques du compositeur seront interprétées par le Brussels Philharmonic et The orchestra of Flanders, accompagnées de projections sur grand écran. Au programme notamment, des extraits de Goldfinger, Mary Queen Of Scots, Midnight Cowboy ou encore Out Of Africa. Il ne manque plus que le pop-corn et le Vodka-Martini. À la cuillère, bien sûr. / ❥

JOHN BARRY – Dans le cadre du festival international du film de Gand (du 12 au 23.10) 21.10 à 20h30, Gand, Kuipke de Gand, 45/35/25€, 09 242 80 60



événement |

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texte ¬ Edlef Kowalyk photo ¬ Baloji, Burning Spear © DR

Une pièce de théâtre sur les dernières heures d'Adolphe Hitler, un documentaire sur la crise alimentaire mondiale, un débat à propos de la santé mentale... Pour sûr, le festival des libertés ne donne pas dans l'optimisme de façade. Dans la programmation, pas une once de distraction désinvolte. Concerts, documentaires, spectacles et débats forment l'ossature de ce rendezvous alternatif qui élève l'esprit critique au rang de vertu. Gros plan.


Standing Army, Kinshasa Symphony © DR

Allier festivités et subversion, sujets politiques et artistiques, le pari est pour le moins audacieux. Mais l'ASBL Bruxelles Laïque se fiche d'être consensuelle. Au contraire. Elle caresse les idées reçues à rebrousse-poil avec une 10e édition qui dénonce l'uniformisation des modes de pensée. Pour montrer qu'il existe, en dehors du tube cathodique, de multiples manières de réfléchir le monde, l'ASBL compte notamment sur sa compétition internationale de documentaires. Soit 35 films triés sur le volet (400 productions du monde entier) qui balayent un large panel de thèmes : la géopolitique avec Standing Army, le monde carcéral philippin avec La prison sans peine, les questions d'éthique scientifique avec Scientists under attack ou encore la dictature nord coréenne avec Kimjongilia. Pour Fabrice Van Reymenant, organisateur du festival, le cru 2010, inauguré

par Siné, est prometteur : « On détient là des regards artistiquement et techniquement très bien ficelés. C'est une prise de température pertinente des droits et des libertés au niveau international ».

Partie de plaisir Depuis 2004, l'évènement rassemble toujours plus de consciences citoyennes. Un exploit, dans notre contexte de dépolitisation générale. De fait, l'équipe de Bruxelles Laïque a plus d'un tour dans sa poche. Pour sensibiliser la jeunesse, elle propose, parallèlement au théâtre et aux débats, une programmation musicale éclectique. Du prince de la musique mandingue Salif Keita au légendaire chanteur jamaïcain Burning Spear en passant par l'insatiable compositeur des Balkans Goran Bregovic ou le bassiste Daniel Romeo, le festival tempère la gravité des débats par des sonorités chaleureuses. Et c'est tant mieux ! /


événement |

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Fabrice Van Reymenant, organisateur du festival

Quel est le thème de cette 10e édition ? Cette année, le festival s'attache au thème de l'uniformisation. Aujourd'hui, on compose avec une multiplication inédite des moyens de communication et de rencontres grâce à Internet, la presse plurielle et la mobilité. Pourtant, nos comportements en matière de consommation, de culture et de relationnel sont standardisés. Nous voulons dénoncer cette tendance à l’homogénéisation, notamment culturelle, et cette idée que si l'on prend des risques, on devient suspect.

Quels maux entraînent cette standardisation ? Prenez par exemple la liste des maladies mentales. Il existe une bible qui répertorie ces maladies et leur traitement médicamenteux, le manuel DSM - IV. En dix ans, il n'y a jamais eut autant de nouvelles maladies mentales répertoriées, soit plus de 250. On s'inquiète sur les risques de cette normalisation des comportements déviants. Il faut savoir qu'une fois que vous rentrez dans l’une de ces catégories, il est très difficile d'en sortir. Un exemple, l'agressivité au volant est envisagée comme un comportement déviant aux Etats-Unis. >


Life for sale, La prison sans peine, Jérusalem moments © DR

La prison sans peine O. Prud'homme Farges À « Puerto Princesa City Jail » aux Philippines, les prisonniers s'amusent dans leur... geôle. Danse, chant, botanique rythment leur quotidien dans ce pays où la justice est lente et arbitraire. Sans manichéisme, Olga Prud'homme Farges invite ici à porter un autre regard sur l’univers carcéral.

Life for sale - Y. Avgeropoulos Récompensé en 2010 lors du Torino film festival, ce documentaire est pour le moins glaçant. Alors que s'amorce un peu partout la « Guerre de l'eau », Avgéropoulos nous tend le miroir des paysans et citadins

chiliens, tributaires des compagnies privées pour se fournir en eau potable. Une ressource vitale devenue source de profit...

Standing Army - E. Parenti & T. Fazi 700 bases, 40 pays. Telle est l’ampleur du dispositif militaire américain sur la planète. Fort de ce constat, Standing Army livre une analyse des ressorts stratégiques de ce déploiement. Manifeste pacifique ? Énième manifestation de l'anti-américanisme européen ? Appuyé sur les expertises de Noam Chomsky, Gore Vidal ou Chalmers Johnson, ce documentaire italien a déjà reçu 2 prix internationaux.


événement |

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Jérusalem moments - R. Duha / N.S. Markesto / M. Shabane / Y. Novak / Daniel Gal / A. Goldstein / A. Fares Sept jeunes réalisateurs, sept courtsmétrages, sept scènes de vie quotidienne. Autant d'éclairages sur la complexe situation de Jérusalem et plus généralement du conflit israélopalestinien.

Kinshasa Symphony - C. Wischmann & M. Baer Un mois après la sortie de Benda Bilili, un documentaire sur le groupe homonyme, voici l'occasion idéale de revivre en musique l'ambiance de Kinshasa. On suit ici un chef d'orchestre qui rêve de former un orchestre symphonique... de 200 violonistes, trompettistes et bassistes. Le tout, avec les moyens du bord. Récompensé à l'Open Doek Filmfestival 2010. /

INFORMATIONS PRATIQUES du 21 au 30.10, Bruxelles, Théâtre National et KVS, mar>sam, 12>18h, 02 203 53 03 et 02 210 11 12. www.festivaldeslibertes.be • Concerts : Salif Keita, Humb (21.10) / Jacques Higelin, Selva (22.10) / Da Romeo & Friends, The Pimpz of Dazzle (23.10) / Baloji (26.10) / Habib Koité & Afel Bocoum & Olivier Mtukudzi, Wild Boar & Bull Brass Band (28.10) / Anthony Joseph & The Spasm Band, Goran Bregovic, Skarbone 14 (29.10) / Burning Spear, Youth of Spirit, Jamming Kingston & Brussels (30.10). •Théâtre : Becoming a Man in 127 Easy Steps (23.10) / La Fila Indiana (24.10) / Carte blanche au collectif d'acteur du Théâtre National (25.10) / Schiklgruber, alias Adolf Hitler (30.10). • Débat : après les projections et pièces de théâtre, ex : (sam 23.10) film à 17h30, débat à 18h.


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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Contra Corriente, The Kids are All Right © DR

Le queer et le cru Neuvième édition d'un rendez-vous unique en Belgique, le Pink Screens Film Festival poursuit son ambitieux projet. En alliant exigence cinéphile, réflexion queer et ouverture au « grand-public », il est devenu un lieu d'échange dynamique et foisonnant, hors de tout ghetto sexuel ou cinématographique. Entièrement portée par des bénévoles, la programmation est conçue de manière démocratique : « une équipe [...] respectant une certaine parité filles/garçons, [et] alliant une pluralité de points de vue quant à la sexualité », explique Nicolas Gilson, de l'association organisatrice Genres d'à côté. Du porno féministe (Dirty diaries, Mutantes) au film de zombies gay (L.A. Zombies), des films cultes (Arrebato, L'ombre des anges) aux soirées courtsmétrages, la diversité des genres et des formes a de quoi attiser toutes les curiosités. Cette munificence se trouve aussi dans les nombreuses invitations, qui offrent l'occasion de rencontrer scénaristes (Jane English) ou réalisateurs (Pietro Marcello, Tom de Pekin, …). ❥

Hommages inédits Outre un focus sur un réalisateur injustement méconnu de la Nouvelle Vague allemande, Daniel Schmid (à la Cinematek), l'événement atteint son paroxysme avec la projection, en sa présence, de films de Barbara Hammer (avec Bozar). « Elle est une figure incontournable. Envisageant à la fois l'art vidéo, le documentaire, la performance, l'écriture, Hammer est une artiste qui n'a de cesse de s'intéresser à la sexualité féminine, à la (re)construction d'une mémoire lesbienne tout en appréhendant les théories queer. » Nicolas Gilson ne cache pas son admiration. Moins loin que le MoMa (où elle a une rétro cette année), le PSFF est donc le lieu idéal pour faire des (re-)découvertes. /

Pink Screens Film Festival du 21 au 30 octobre, au cinéma Nova, la Cinematek et Bozar, Bruxelles Programmation complète sur www.nova-cinema.org ou +32 2 511 24 77 (À noter que les films sont, si nécessaire, sous-titrés en français et en néerlandais).




cinéma |

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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Le Grand Amour © DR

Etaix retrouvé Le cinéma ne manque pas d'anecdotes bizarres, de chefs-d'œuvre inconnus et de destins tordus. Pierre Etaix, Oscar du court-métrage en 1961, cumule : carrière ruinée par le scandale du très satirique Pays de cocagne, et procès interminable pour récupérer le droit d'exploiter ses films. Sorti finalement vainqueur, il revient, avec une quasi-intégrale en copies restaurées. « Deux fois dans ma vie, j'ai compris ce qu'était le génie : la première fois, en regardant la définition du mot dans le dictionnaire, et la seconde fois, en rencontrant Pierre Etaix », confiait Jerry Lewis, l'autre grand oublié du burlesque des 60's. Une déclaration à double tranchant. Soit l'on aime Lewis, et on se précipite. Soit on le considère comme un ringard grimaçant, et on se demande pourquoi sauver l'un par l'autre. Mais que dire des films, jusqu'alors invisibles, d'Etaix ? Son œuvre rejoint la tradition des clowns blancs et de Keaton : un masque impassible, peu de paroles, un fond de désespoir métaphysique. Formé à l'école du cirque et de Tati, pour qui il écrit des gags, il partage avec ce dernier (et Lewis !) l'art de construire ses séquences sur le son, en tirant de cette France glorieuse et vouée aux machines, les bruits absurdes de la mécanique ordinaire : les voitures, ou l'effrayant casse-noix du Grand Amour. Écrits pour la plupart avec J-C Carrière, ses films font le constat désabusé de l'incommunicabilité et des mutations de la société française. Enfin l'occasion de les (re) découvrir en intégralité ! / ❥

L’Intégrale cinéma Pierre Etaix a été restaurée par Studio 37, la Fondation Groupama Gan pour le Cinéma & la Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma. Un coffret dvd devrait En attendant la sortie du coffret DVD, à lire : Textes et Textes Etaix, aux éditions du Cherche Midi. www.lesfilmsdetaix.fr


cinéma |

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texte ¬ Alex Masson photo ¬ Walt Disney Motion Pictures France

Desseins animés De 1984 à 1994, Walt Disney renaît de ses cendres. Après quelques lourds échecs, la firme aligne ses plus gros succès (La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin et surtout Le Roi Lion). Une décennie dorée ? En apparence seulement. Waking Sleeping Beauty explore les coulisses des studios pendant que le public renflouait les coffres de l’Oncle Picsou. En s’appuyant uniquement sur des images d’archives, Don Hahn raconte les luttes internes entre les trois patrons d’alors : Jeffrey Katzenberg, Michael Eisner et Roy Disney. Trois colossaux ego qui s’affrontent, parfois ridiculement, pour le pouvoir. Mais surtout qui ouvrent une nouvelle ère hollywoodienne, celle où la raison économique domine complètement l’artistique. Remarquable saga, Waking Sleeping Beauty ne décrit rien moins que les mœurs modernes des studios américains, entre coups bas, stratégies et hypocrisie. Ce documentaire laisse un goût amer tant il semble que personne n’en tire de leçons. Aujourd’hui, John Lasseter, le créateur de Pixar, devenu le nouveau patron de Disney, doit répondre au même enjeu crucial : défendre la créativité contre le profit. On adorerait que, dans quelques années, Don Hahn donne une suite à son film. Même si l’on redoute à l’avance ses prochaines conclusions. / ❥

Waking Sleeping Beauty De Don Hahn. Avec Tim Burton, John Lasseter, Don Bluth... Sortie le 20.10



exposition |

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Blackout

texte ¬ Florent Delval photo ¬ Raf Simons, pull en tricot de laine et cuir, 1998-99, Collection MoMuu © Hugo Maertens

Autour d’un sujet très vaste, Manières Noires propose avant tout un format hors normes, rapprochant de nombreuses disciplines autour d’une couleur profondément ancrée dans nos cultures. La manière noire est un procédé de gravure qui rappelle les temps sombres de l’expressionisme allemand, mais qui laisse apparaître de subtils dégradés. C’est le trait qui se détache sur la page ou la toile blanche : le noir est donc associé au geste initial de l’artiste. Plus récemment, il est devenu le négatif du sempiternel « white cube », l’espace d’exposition neutre, emblème de l’art contemporain. Évidemment, cette anticouleur déborde ce simple cadre, évoquant les peurs enfantines, la rigueur du deuil, trouvant même des prolongements dans la mode. Dégradé, découpé… carbonisé L’exposition du BAM propose une gigantesque coupe transversale de l’usage de cette couleur en occident. Devant l’ampleur du sujet, resté volontairement très ouvert, pas moins de huit curateurs ont collaboré, chacun depuis son domaine de prédilection. Audelà du thème, c’est surtout une proposition d’une ampleur sans égale qui rapproche un nombre considérable de disciplines : photographie, arts plastiques, design, bandes dessinées, mode etc… Le thème se ramifie ici au point de juxtaposer les contrastes intenses des photographies de Sugimoto avec des dentelles du xixe, le poème raturé de Broodthaers avec des bottes Margiella, les strips dépressifs de Franquin avec les meubles calcinés de Marteen Baas. L’accrochage veille à créer des rapprochements sans isoler les disciplines. / ❥

Manières Noires du 2.10 au 13.02.11, Mons, BAM, mar>dim, 12h>18h, 0 65 40 53 30



exposition |

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texte ¬ Florent Delval photo ¬ Collection Coppel / BPS22

Collection particulière Le BPS 22 accueille dans ses murs un ensemble de pièces patiemment accumulées par deux collectionneurs mexicains, qui jonglent à la fois avec les clichés et les points de vue inédits. D’où le titre : Mexico, esperado/inesperado. Depuis quelques années, le collectionneur prend une place nouvelle dans le monde de l’art. On repense ainsi à l’exposition L'intime à la Maison Rouge à Paris qui reconstituait des intérieurs de collectionneurs (2004). L’idée fait polémique, mais témoigne d’une réalité incontournable : l’art existe chez et surtout grâce aux collectionneurs. Fustigés et taxés de spéculateurs, on les admire quand ils sont mécènes. Conscients des critiques, certains se distinguent en affirmant une démarche personnelle, comme les Coppel, couple mexicain, dont la collection est présentée au BPS22 à Charleroi. Pour Pierre-Olivier Rollin, commissaire du centre d’art belge, « publique ou privée, cela revient au même, une collection reste avant tout des œuvres. (…) C’était l’occasion de montrer une série d’artistes internationaux et d’œuvres auxquels je n’aurais pas eu accès autrement ». Ainsi y trouvera-t-on aussi bien Matta-Clark, que Rusha ou Cattelan, ou d’autres noms d’anthologie. Mais cette exposition rappelle surtout que le Mexique est une terre méconnue où se sont succédés Iturbide, Orozco, Cruzvillegas etc. Partisans d’un art cru, matériel, mais non dénué d’une certaine distance, ils ont su faire de leur pays contrasté un acteur majeur de la scène artistique. / ❥

MEXICO : ESPERADO / INESPERADO Avec H. Levitt, M. Alvarez Bravo, C. Amorales, M. Calderon, W. Eggleston, E. Guzmán, G. Iturbide, M. Yampolsky, E. Ruscha, G. Matta-Clark, D. Graham, M. Cattelan, K. Geers, J. Monk, G. Orozco... jusqu'au 28.11, Charleroi, BPS 22, espace de création Contemporaine de la province du Hainaut, mer>dim, 12h>18h, 71 27 29 71



exposition |

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texte ¬ Florent Delval photo ¬ La fenêtre © Paul Delvaux Foundation, St-Idesbald Koksijde, Belgium,photo Vincent Everarts

La voie de ses maîtres Paul Delvaux n’a peut-être pas révolutionné la peinture, mais il a surmonté ses nombreuses influences pour devenir un artiste singulier. Le musée d’Ixelles met en lumière cette lente maturation. Chez Paul Delvaux, tout semble immobile. Ses sylphides posent, leurs grands yeux perdus dans le vague, la nuque droite. La locomotive est une figure récurrente, mais elle semble toujours à l'arrêt : la modernité de Delvaux est contrariée. Il ne peint plus le progrès en mouvement, comme la génération qui le précède. Il évolue dans un monde hors du temps, où une société industrielle idéalisée côtoie des figures oniriques. S'il est pour cela associé au surréalisme, son œuvre reste teintée d'un certain classicisme. Il pratique peu l'hybridation des formes et des sujets, ses paysages respectent la perspective avec une esthétique presque naïve. Delvaux a presque quarante ans quand il trouve son style si reconnaissable, en découvrant l'œuvre de Magritte et de De Chirico. Auparavant, il a connu de nombreuses périodes qu'il a reniées l'une après l'autre. Jamais à l’avant-garde, il a toujours couru après le train des maîtres. Que l’on aime ou que l’on déteste cette figure de la peinture belge, on peut reconnaître l’ingéniosité de cette exposition au Musée d’Ixelles. Intitulée « Aux sources de l’œuvre », elle confronte Delvaux à ses modèles — supposés ou avérés — du réalisme à l’impressionnisme (Cézanne), jusqu’au choc du surréalisme, en passant par l’expressionnisme belge (Ensor), ou des inclassables (Modigliani). / ❥

PAUL DELVAUX. AUX SOURCES DE L’ŒUVRE 1.10 >16.01.11, Bruxelles, musée d'Ixelles, mar>dim, 11h30>17h, 02 515 64 21



Picasso Braque Modigliani Léger

Calder Buren Boltanski Messager

Mc Collum

25 09 2010

LaM

texte Judith Oliver

C’est dans l’art

On ne va pas vous le cacher, on l’attendait avec impatience, ce 25 septembre. Ce jour où, enfin, on pourrait passer les portes vitrées du musée de Villeneuve d’Ascq. Et revoir ses chefsd’oeuvre. Des Picasso, des Braque, des Modigliani, des Léger, des Dubuffet. Après quatre ans et près de 30 millions d’euros de travaux, ce fleuron de l’art moderne et contemporain du Nord de la France rouvre ses portes. Transformé, étendu, enrichi. Et rebaptisé LaM. Visite.


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Picasso sont toujours là, face aux schèmes symétriques du bâtiment de Simounet. Construit en 1983 pour accueillir l’impressionnante donation Masurel (250 œuvres), le musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq n’a curieusement jamais eu l’aura internationale qu’il méritait. Sophie Lévy est formelle : « Pour bien connaître les collections d’art moderne en Europe, je peux vous dire que c’est l’une des plus belles ». Et de poursuivre fièrement : « Vous en connaissez beaucoup, vous, des collections qui balayent l’histoire de l’art moderne de manière cohérente, présentent des chef-d’œuvres cubistes, une salle entière de Modigliani, de Léger…? C’est très rare en dehors de New York ou Paris ».

Nouvelle donne

© Gautrand_

C’est proprement exaltés que nous rejoignons la conservatrice Sophie Lévy dans cette architecture de briques et de verre. Dès les premiers pas dans le grand parc qui l’entoure, un sentiment de familiarité. L’entrée a bien sûr changé, les arbres ont été replantés. Mais les Calder, les Dodeigne et l’accueillante Femme aux bras écartés de

Voilà un an que cette diplômée d’histoire de l’art, spécialiste de la première moitié du XXe, a rejoint l’équipe, prenant les rennes d’un musée d’un nouveau genre. « le LaM offre désormais trois éclairages sur l’art de notre temps : l’art moderne, l’art contemporain et l’art brut ». Un positionnement « unique au monde » qui s’assortit de chiffres vertigineux : 4 500 œuvres, un écrin de 11 600 m2 dont 4 000 m2 dédiés aux expositions... Pour sûr, l’institution a tout lieu de sortir de son rayonnement régional. Dotée de nouveaux espaces d’expositions temporaires (1 200 m2), >


© Calder

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Femme au bouquet, Fernand Léger © Muriel Anssens, Adagp 2010 Nu assis a la chemise, Amedeo Modigliani, © Philip Bernard

« Quoi

qu'on en dise, l'art brut reste un art marginal »

elle s’est parée d’une importante extension, signée Manuelle Gautrand. Ces cinq doigts de béton brut, terminés par des moucharabieh ciselés, ont été conçus pour abriter l’importante donation L’Aracine, 3500 pièces dites d’art brut confiées au musée en 1999. « En quantité comme en qualité, la collection L‘Aracine est impressionnante. On y retrouve tous les artistes et habitants paysagers « canonisés » de l’art brut », poursuit notre guide. Dans les vitrines et sur les intimistes parois grège, les œuvres d’Aloïse Corbaz, de Mag Gill,

de Lesage ou de Wölfli. « Une muséographie délicate, très « beaux-arts », qui prend le contre-pied de ce qui se fait habituellement dans le reste de l'Europe » explique Sophie Lévy. « Car quoi qu’on en dise, l’art brut reste un art marginal, pas encore bien installé. On touche à une frontière qui fait débat et que l’on veut placer au cœur des réflexions ». La preuve avec Habiter poétiquement le Monde, une riche exposition temporaire qui mêle, en 350 œuvres, art contemporain et art brut. À découvrir Dare-dare. /

LaM

(Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut)

Villeneuve d'Ascq, mar>dim, 10h>18h, 10/7€ pour pass complet, 7/5€ pour la collection permanente, gratuit les 1ers dimanches du mois et du mar au ven de 16 à 18h, +33 320 19 68 88, www.musee-lam.fr à voir aussi /Exposition temporaire Habiter poétiquement le monde jusqu'au 30.01.11



agenda Stephen Jones, John Galliano, Autumn-Winter 20042005 © Etienne Tordoir, Catwalkpictures.com

Stephen Jones, et l'accent de la mode Briton, excentrique... on pourrait croire ce chapelier tout droit sorti du Pays des Merveilles. Méconnu du grand public, Stephen Jones a relevé des centaines de défilés de ses coiffes improbables, pimentant les collections des plus grands créateurs (Gaultier, Galliano, Comme des Garçons, Mugler, Dior...). Le MoMu revient sur la carrière de ce modiste influent à travers plus de 120 couvre-chefs, extraits de films et photographies... ❥ ANVERS, jusqu'au 13.02.11, MoMu, mar> dim, 10h>18h, 03 470 27 70

Installation view, Wall Drawing #792- Black rectangles and squares, Sol LeWitt © DR

Objects are like they appear … ou le sens de l'anti-phrase ! Car sur les murs de la superbe galerie Messen Declercq règnent l'ambivalence, la transposition, la dissimulation et le faux-semblant. À l'image de la première salle, qui réunit 4 œuvres de Claudio Parmiggiani, Mona Hatoum, Eva Richer et Rachel Whiteread sur le thème du vide et de la disparition, chaque pièce fait montre d'une grande cohérence. Sont tour à tour abordées les questions du reflet, de la mise en scène, du détournement. À voir absolument. ❥ Bruxelles, jusqu'au 23.10, Galerie Messen Declercq, mar>sam, 11h>18h, 02 644 34 54

Sol LeWitt – Wall Drawing

Pieter Hugo

C'est un petit événement. La respectable Gladstone Gallery consacre deux étages de sa maison de maître à un « wall drawing » noir et blanc de l'artiste Sol LeWitt. Cet artiste conceptuel et minimaliste américain a en effet multiplié les fresques monumentales : des frises géométriques a priori simples, mais terriblement complexes dans leurs compositions. Cette exposition permet une immersion tridimensionnelle dans le travail du maître. ❥ Bruxelles, jusqu'au 21.10, Gladstone

Pris en pied, affublés de tous leurs attributs d'autorité, les juges, acteurs ou dompteurs d'animaux de Pieter Hugo nous dévisagent. Muets. Le cliché parle pour eux : la fierté de la pose, le décor, l'entourage... chaque détail se fait réceptacle de nos projections et fantasmes. Loin des stéréotypes, le photographe Sud Africain cultive pourtant l'ambivalence dans ses portraits. Entre respect et dérision (théâtralisation complice), préoccupations esthétiques et documentaires... ❥ Bruxelles, jusqu'au 27.11, BRASS,

Gallery, mar>ven, 10h>18h, sam, 12h>18h, entrée libre, 02 513 35 31

mer>dim, 12h>18h, 02 345 37 71


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Object like they appear, fuits of labour, Hreinn Fridfinnsson © Courtesy the artist and Meessen De Clercq

Enugu, Nigeria, from the Nollywood series, Pieter Hugo © courtesy Michael Stevenson, Cape Town & Yossi Milo, New York

La mangeuse d’huîtres, James Ensor © Lukas - Art in Flanders VZW Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers

Le bain maure, Gérôme, Jean-Léon © NAJD Collection

L'atelier de Franquin

Francis Alÿs : a story of deception

C'est l'histoire de Waterloo... Pas celle du champ de bataille, mais celle de la maison familiale de Jijé. S'y tramait un tout autre combat, celui de la bande des 4 – Franquin, Morris, Jijé et Willqui sauvèrent le journal Spirou à coups de plumes, de fous rires et de nuits blanches. Le CBBD rend hommage à cette amitié, en rappelle les principaux jalons, dresse un portrait de ces quatre fortes personnalités et pointe leur influence considérable dans le 9e art. ❥ Bruxelles, jusqu'au 30.01.11, CBBD,

On aurait envie de laisser ce titre parler de lui-même, sauf que cela vous dissuaderait de pousser la porte du Wiels. S’y trame pourtant une fort belle rétrospective du performer et vidéaste Francis Alÿs. Un Belge qui fait parler de ses interventions urbaines et courtes animations dans les biennales internationales. Conçue en collaboration avec le Tate Modern de Londres, cette exposition est jalonnée de pièces inédites. ❥ Bruxelles, du 9.10 au 30.01.11, Wiels,

mar>dim, 10h>18h, 02 219 19 80

Ensor démasqué Bas les masques! Le « prince des peintres » se révèle dans une confrontation d'œuvres à l'ampleur inédite. Car aux pièces maîtresses du KMSKA d'Anvers (La mangeuse d'huîtres, Adam et Eve chassés du paradis, Squelettes se disputant un pendu, L'Intrigue...) s'ajoutent près de 140 dessins et études rarement exposés en raison de leur fragilité. Du réalisme au grotesque, des scènes de genre aux figures masquées, la scénographie dégage les motifs récurrents du maître et souligne l'évolution de son travail. ❥ Bruxelles, du 7.10 au 13.02, 10>18h, Bozar, Espace culturel ING, 8€, 02 547 22 92

mer>dim, 11h>18h, 02 340 00 50

L’Orientalisme en Europe, de Delacroix à Kandinsky Il ne manque pas d'exotisme, cet Orient que les artistes dépeignent sans relâche à partir de la fin xviiie ! Harems, jardins luxuriants, intérieurs chamarrés... des sujets pétris de fantasmes et de folklore qui ont contribué à façonner notre imaginaire collectif. De Delacroix à Kandinsky en passant par Renoir, le parcours nous aiguille sur le contexte culturel de l'époque, influencé par les sciences, la politique ou le courant romantique. ❥ Bruxelles, du 15.10 au 09.01.11, Musée royaux des beaux-arts, mar>dim, 10h>17h, 8/5€, 02 508 32 11


agenda Turkana, Voyage 3 © roger job

Turkanas. Les premiers derniers hommes Photographe de guerre chevronné, Roger Job dénonce aujourd'hui l'impact du réchauffement climatique sur le mode de vie des Turkanas, l'une des dernières tribus nomades d'Afrique. Les premiers derniers hommes, pour lequel il a reçu le Nikon Press Photo Award en 2009, retrace la lutte de ce peuple pastoral pour préserver un bétail culturellement et économiquement central. Un véritable voyage au bout de l'enfer, là où il fait toujours... toujours très chaud. ❥ Charleroi, jusqu'au 16.01.11, musée de la photographie, mar>dim, 10h>18h, 071 36 46 45

Le trio inaccessible, Bob Verschueren © Festival des 5 saisons,

Inside Installations Depuis son accession à la direction du SMAK, Philippe Van Cauteren mène une réflexion sur l'espace muséal et ses missions de conservation. Après avoir percé les murs et abattu des cloisons à la demande des artistes, le voici qui se frotte aux problématiques installations. Comment exposer ces œuvres conçues pour un espace et un contexte donnés ? Richement documenté (photos, notes et ITW des artistes...), le parcours offre une passionnante immersion dans une dizaine de pièces monumentales signées Oppenheim, Manders, Rhoades ou Honoré d'O. ❥ Gand, jusqu'au 3.12, SMAK, mar>dim, 10h>18h, 09 221 17 03

Festival des 5 saisons Connu et classé pour ses arbres remarquables, le parc de Hauster n'a jamais eu vocation à être sanctuarisé. Pour preuve, le festival des 5 Saisons mêle allègrement aux spécimens rares des créations in situ d'artistes internationaux : un labyrinthe ascentionnel (B. Verschueren), un jardin miniature (D. Xenakis et M. Avrabou) ou encore une pince à linge géante happant la pelouse (U. Mehmet Ali). De quoi prendre racine ! ❥ CHAUDFONTAINE, à partir du 17.10, Parc de Hauster, we, jrs fériés et vac., 10h>18h, www.festival5saisons.org

Alechinsky, Bury, Folon 1980. Alors que la Belgique entame sa complexe régionalisation, Alechinsky, Bury et Folon lancent depuis Paris une campagne artistique placée sous le sceau de la dérision. Présentés à la Fondation Folon, ces tracts et estampes dénonçant avec ironie l’absurde complexité des institutions et les tensions entre « Walmands » et « Flamons » sont plus que jamais d'actualité. ❥ La Hulpe, jusqu’au 31.10, Fondation Folon, mar> dim, 10h>18h, 02 653 34 56


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inside Installation, Andreas Slominski piano © Dirk Pauwels

fontaine © Bury

Impermanence créations du collectif Sillages Vieille malterie, ancienne cimenterie ou boulangerie... les plasticiens, sculpteurs et photographes du collectif Sillages se plaisent à investir des lieux abandonnés. Chaque année depuis 1997, ils s'approprient murs et espaces pour des créations éphémères. Campés cette fois au rez-de-chaussée du château Gilson, nouveau lieu d'exposition de la région Centre, ils se jouent de nos sens en multipliant projections, jeux cinétiques et effets d'optique. ❥ La Louvière, jusqu'au 17.10, château Gilson, mar>ven, 10h>12h, 14h>17h, we 14h>18h, 02 64 21 51 21

Point par Point Pendant la biennale de design, en marge des grandes expositions consacrées à la nature, les Drapiers présentent de spectaculaires textiles. La tête pleine de schémas mathématiques, la jeune Anaïs Oisline compose en effet d'insolites structures alvéolées avec ses aiguilles à tricoter. Entre dentelle organique et sculpture futuriste... ❥ Liège, jusqu'au 30.10, Les Drapiers, mer>sam, 14h>18h, 04 222 37 53

point par point, Anaïs Oisline© Hichem Dahes

Triennale de l'affiche politique © DR

Triennale de l'affiche politique Un vaste concours, à l'échelle de la planète : demander aux graphistes d'exprimer leur point de vue sur une thématique de société à travers une affiche. Sélectionner ensuite parmi les centaines de propositions du monde entier les 150 plus pertinentes. Vous obtenez ainsi une triennale qui comble le public d'une exposition de grande qualité et auréole les artistes de dizaine de prix. Scotchant, non? ❥ MONS, jusqu'au 30.04.11, Mundaneum, mar>dim, 13h>17h, sf dim, 18h, 065 39 54 87

L’abstraction belge depuis 1945 la collection Dexia Point d’orgue d’un cycle d’expositions consacrées à l’abstraction, ce nouvel accrochage offre un large tour d’horizon des répercussions d’un Kandinsky en Belgique. Sans être exhaustives, ces 30 œuvres de la collection Dexia révèlent les nombreuses pistes de la non figuration. Delahaut, Van Anderlecht, Claus, Mouffe, Wéry… la peinture joue tour à tour la carte de l’épure géométrique, du lyrisme ou des jeux chromatiques. ❥ NAMUR, jusqu’au 31.12, maison de la culture, tlj 12h>18h, 08177 67 73



texte ¬ Marie-Lucile KUBACKI photo ¬ koen broos

À la recherche du sens perdu

Jamais deux sans trois. après l’œuvre de Proust et Au-dessus du Volcan, c’est sur un autre monstre de la littérature, L’Homme sans qualités de Musil, que Guy Cassiers lève le rideau. Un défi herculéen qui tombe à pic au regard de cette œuvre protéiforme, symptomatique d’un monde en déclin. « Ulrich ne dit rien, il ne fait que poser des questions. Au fil de la pièce, il accède à la dimension de sauveur… d’antéchrist ». Le mot est lâché. Pour Guy Cassiers, L'Homme sans qualités est « une Bible : une grande étude pour développer sa vie, comprendre ce qu’il se passe ici, à Anvers et en Europe, définir la responsabilité de l’individu et savoir comment l’art peut l’aider. » Vaste programme en forme de triptyque dont il déploie le premier volet. Mobilisant comme souvent la vidéo et les projections en arrière-plan la pièce donne l'impression saisissante, d'un cinéma joué en direct. d'autant que les acteurs, équipés de micros, chuchotent. Le décor glisse symboliquement de La Cène de Léonard de Vinci à L'Entrée du Christ à Bruxelles d'Ensor. Au centre, Ulrich, l'antéchrist déchu observe, statique, les autres personnages s'agiter avec leurs idées fixes avant d'être emporté, dans le tourbillon du monde et du fascisme qui gronde. Un prophète Écrit dans l'Autriche de l'entre-deux guerres, l’œuvre de Musil fait la satire politique d'une Vienne en pleine effervescence culturelle avant l'explosion de 1914. La mise en scène de Cassiers est forcément engagée. « En Belgique et dans toute l’Europe, cette époque ressemble à la nôtre. Entre le public et la politique, la confiance est rompue. Nous dansons au-dessus d'un volcan. » Face au drame politique, Ulrich ose une parole prophétique : il faut vivre comme un personnage de roman. / ❥

L'homme sans qualités – G. Cassiers 1&2.10, 19h, Gand, Vooruit, 16/12€, 09 267 28 28 // 12.10, 20h, Bruges, Cultuurcentrum, 6 à 12€, 050 44 30 60 // 16.10, 20h, Hasselt, Cultuurcentrum, 16/14,5€, 011 22 99 33 // du 21 au 23.10, 19h, Bruxelles, Kaaitheater, 20/16€, 02 201 59 59, puis en novembre à Anvers (Bourla), et Leuven (30 CC / Stadsschouwburg)

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texte ¬ Marie-Lucile KUBACKI photo ¬ koen broos

L’enfant terrible Avec sa dernière création, Notre Terreur, la compagnie D’Ores et déjà met un bonnet rouge au théâtre. Elle propose une représentation politiquement mordante et scéniquement décoiffante des derniers mois de « l’Incorruptible » Robespierre. « Notre terreur ne souhaite pas soigner un ulcère, mais l’ouvrir ». Et comme pour le Père Tralalère, leur pièce précédente, les ulcères, ça se cultive autour d’une table. Au menu : café-clope, politique, engueulades, et République dans le QG du deuxième Comité de Salut public dirigé par Robespierre. Danton n’est plus, la Révolution est l’ombre d’elle-même, la France est en crise. « Nous sommes nés avec la chute du mur de Berlin. Où des historiens analysèrent la chute du mur comme la victoire du capitalisme sur le socialisme...». Sylvain Creuzevault, metteur en scène d'une génération désenchantée, nous tend le miroir de 1793 pour « nous regarder dans nos parfois envies de guerre civile » alors que le modèle capitaliste libéral se fissure. Montrer l’homme Robespierre dans toute sa complexité, « parfois démocrate qui se laisse aller vers le couteau, parfois tyran ». L’enfant-Terreur, s’invite parmi les 9 acteurs, à un banquet politique et philosophique plein de vie où l’on rit autant que l’on débat. La table est placée au milieu du public. Entre improvisation et textes historiques, les acteurs jouent aux funambules, « dans le temps du jeu qui est toujours révolté ». D’Ores et déjà, collectif jeune, fait la Révolution à tous les étages. Les acteurs ont coécrit la pièce. Liberté, égalité. /

Notre Terreur - cie D'ores et Déjà du 2 au 6.10, 20h30 (sf dim 15h et mer 19h30), Bruxelles, Théâtre National, 19/15/9€, 02 203 28 95



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texte ¬ François Lecocq photo ¬ Laïka

Théâtre gourmand Pour cette nouvelle tournée en Belgique, les deux compagnies anversoises Laïka & Ripopolo ont créé Cucinema. Il est question de cuisine et de cinéma, d’apparences et de faux-semblants, avec en prime un repas surprenant à déguster par le public. À consommer sans modération. Pour ceux qui ne connaissent pas encore la compagnie Laïka, ne loupez pas ce rendez-vous ! La bande de Peter de Bie, directeur artistique et cuistot en chef, fête dignement son dixième anniversaire en collaboration avec une autre compagnie anversoise iconoclaste le Circo Ripopolo. Les deux troupes combinent avec réussite, originalité et convivialité des univers convoquant le cirque, le théâtre, le cinéma et la cuisine dans un joyeux melting-pot. Avec le souci de créer une rencontre à la fois artistique et sociale. « Avec Circo Ripopolo nous associons le thème du cinéma et de la cuisine, en jouant sur les questions de perception, d’apparition, de disparition et de surprises », annonce Peter de Bie. Cucinema, leur dernière création, met en scène 4 acteurs et 2 cuisiniers qui préparent un repas de 3 plats en 3 dimensions, mitonné et filmé sur place. « C’est à la fois ludique et dérisoire, avec une référence aux débuts du cinématographe et l’invitation faite au public de rentrer dans le film », poursuit-il. Gageons que, comme pour ses précédentes créations, Laïka saura nous mettre l’eau à la bouche. En tout cas, bon appétit ! /

Cucinema – Laïka et Circo Ripopolo du 13 au 16.10, 20h15, le 17.10, 15h, Genk, Cultuurcentrum, 15/13/12€, 0 89 65 44 80 du 22 au 24.10, Houthalen-Helchteren, Cultuurcentrum Casino, 20h15, 16/14/12€, 0 11 890 702 du 5 au 10.10, Calais, Le Channel, 20h, 6€, +33 321 46 77 00


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propos recueillis par ¬ Judith Oliver


Sans ombre aux tableaux Egon Schiele, Andy Warhol, Henri Matisse... voilà quelques-uns des peintres que Carolyn Carlson invoque dans sa dernière création, Mundus Imaginalis. Un point de jonction entre le monde sensible de l'art et l'imagination fertile de cette infatigable Américaine. Cinq mois après une première remarquée à la Piscine de Roubaix, ce cycle chorégraphique conçu pour les musées doit faire le tour des institutions septentrionales à partir d'octobre. À quelques jours du grand départ, Carolyn Carlson nous a ouvert ses portes. D'où vous est venue cette idée d'un cycle chorégraphique dans les musées? J’ai été invitée en 2007 à imaginer une chorégraphie autour des œuvres d’Anselm Kiefer, au Grand Palais (Paris). Ça a été pour moi une expérience particulièrement enrichissante, très différente du rapport frontal qu'impose le théâtre. Mais c'est surtout très logique au regard de ma carrière : j'ai toujours été fascinée par les arts visuels, j'ai beaucoup travaillé avec des plasticiens. mon travail a toujours comporté une dimension très visuelle. C’est ce que j’appelle la « poésie visuelle ».

sur l'absurde comme moyen de renouveler le sens. Rothko, qui est un de mes peintres préférés, me touche au contraire par sa puissance méditative...

Certains artistes vous inspirent-ils plus que d'autres ? Je dois avouer que je préfère de loin l'art du xxe. Zao Wou Ki, par exemple, me fascine pour son travail sur la texture. Magritte inspire quant à lui une réflexion

Les costumes font aussi référence à l'univers plastique... Chrystel Zingiro est une costumière formidable avec qui je travaille depuis 5 ans. Pour chaque projet, on avance main dans la main. À partir de quelques mots, >

Pour Mundus Imaginalis, comment avezvous travaillé ? Avec mes danseurs, on regarde les œuvres. On observe le geste de l’artiste, l’énergie de la toile, l’utilisation de l’espace, la composition.... On réfléchit aux notions de nature morte, d'expressionnisme, de surréalisme, d'abstraction. C'est véritablement une création collective.


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elle est capable de proposer quelque chose de très original. Elle aime travailler la texture, la matière, le volume. Pour Magritte, les costumes ont quelque chose de farfelu. Pour Kiefer, elle a imaginé une très longue traîne en toile de jute. Pour Matisse, c’est au contraire une robe précieuse en soie bleue... et comme j'adore Rothko, elle a imaginé pour moi un manteau orange et un pantalon bleu. Qu'en est-il de la musique? La musique joue bien sûr un très grand rôle. De Purcell (Joseph Beuys) à Peter Gabriel (Egon Schiele) en passant par les créations de Nicolas de Zorzi (Jackson Pollock) et Aleksi AubryCarlson (Picasso), chaque musicalité accompagne la dynamique. Pour Warhol, j'ai choisi Alwins Nikolais qui l'avait beaucoup fréquenté... c'était aussi une manière de rendre hommage au maître qui m'a tout appris.

Cette chorégraphie est-elle conçue pour être évolutive ? Nous avons écrit 7 mouvements, inspirés de différents peintres. Leur articulation changera sans cesse, parce que chaque musée a une identité propre, une histoire, une esthétique et une configuration différentes... On s’y rend deux jours avant, pour s’imprégner du lieu, choisir les espaces, éventuellement choisir un tableau devant lequel on va improviser. C’est un vrai challenge ! /

Mundus Imaginalis 21.10, Lille, Palais des Beaux Arts // 24.10, Cateau-Cambrésis, Musée Matisse // 28.10, Dunkerque, LAAC // 21.10, Boulogne-surMer, Chateau Musée // 4.11, Calais, Cité de la Dentelle // 6.11, Calais, Musée des Beaux-arts // 10.11, Valenciennes, Musée des beaux-arts // 19.11, Arras, Musée des beaux-arts.



agenda Les Grecs © Philippe Fontaine

Les Grecs : Les Crimes, Les Dieux 1 > 31.10 (en 2 parties) Mes D. Scahaise / Th. en Liberté

Quatre heures et demie, cela paraît long pour une pièce de théâtre, mais c’est court pour balayer toute la chronologie de la Grèce antique. La guerre, les femmes, les crimes, les Dieux... Daniel Scahaise revient sur les origines de notre civilisation, ces mythes helléniques dont Homère, Eschyle, Sophocle et Euripide nous ont laissé un inestimable témoignage. Un cours d’histoire comme on en voit rarement. ❥ 20h15, sf mar 19h et dim, 16h, Bruxelles, Th. de la place des Martyrs, 9 à 25e, 02 223 32 08.

J. Decorte / Campo

Une scène quasi nue à l’exception d’une table et d’un buste de taureau. On reconnaît bien là le minimalisme de Jan Decorte, toujours prêt à dérouter ses spectateurs. Cette dernière création, conçue autour de deux comédiens et d’une danseuse, s’annonce déjà comme un nouvel Objet Théâtral Non Identifié, une leçon d’épure qui joue essentiellement sur la répétition de gestes et leurs infimes variations. ❥ 20h30 (19h le 7.10), Bruxelles, Kaaitheater, 02 201 59 59

R.W. Premier & Deuxième dialogue 6 > 17.10 (2e dia.), 19 > 21.10 (1&2e dia.) R. Walser / MeS P. Crochet

Nominé au prix de la critique 2010, R.W. retrace l’histoire d’un domestique – métier que l’auteur a pratiqué – et de sa maîtresse. Dans une petite maison aux murs de carton, les deux personnages échangent leur vision hautement poétique des « petites choses ». Le deuxième dialogue conduit nos héros dans la ville pour un voyage onirique scandé d’étranges rencontres... ❥ 20h30, sf mer, 19h30 et dim, 15h (2e dia.), 19h30 (1&2e dia), Bruxelles, Le Rideau, 02 507 83 61.

Dans l’œil de Judas

Tanzung les 6 et 7.10

Tanzung © Phile Deprez, Tekening Benoit

du 8 au 10.10

Th. du Rugissant

Parabole remarquée sur le racisme ordinaire, l’oeil de Judas ausculte nos petits travers quotidiens. Comme celui de blâmer les autres sur de simples a priori. La compagnie nous tend le miroir d’un petit immeuble où se trament conflits de voisinage, observations mutuelles et malentendus. Si comiques et réalistes soient-ils, les personnages sont de petites marionnettes, accompagnées -avec brio- par un pianiste, un batteur, un accordéoniste et des choristes… ❥ 20h30 sf dim, 16h, Marchin, Latitude 50°, 085 41 37 18


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R.W. © Chloé Houyoux Pilar

Voyageurs Immobiles © DR

Voyageurs Immobiles 9, 11, 14 et 16.10

044 30 60 / 14 > 16.10, 20h30, Bruxelles, Wolubilis, 02 761 60 30.

L’Hiver de la Cigale P. Pizzuti / M. Pinglaut

« J’aime profondément la sensibilité féminine et la distance que les femmes posent par rapport au pouvoir » confiait Pizzuti. La preuve avec l’Hiver de la Cigale, inspiré de l’affaire Pinochet. Il campe un huis clos autour de deux héroïnes, l’une meurtrière présumée d’un dictateur (Laura), l’autre avocate (Maître Franchi). Au fil des rencontres, la confiance s’installe, les liens se resserrent, une lutte s’amorce pour la liberté de Laura, servie ici par un remarquable tandem d’actrices (N. Cornet, L. Vielle). ❥ 20h30, Bruxelles, Le Public, 8 à 22e, 08 009 44 44.

Ayiti © DR

Emma Chor P. Genty

Depuis sa création, la compagnie Philippe Genty s’attelle à transformer la scène en « lieu de l’inconscient ». Elle conçoit des spectacles visuels, qui, «à la manière d’un rêve, s’appliquent à condenser simultanément plusieurs sens ». Cette odyssée fondatrice (1995), sorte de parabole onirique sur l’humanité, s’apprécie comme une succession de tableaux peuplés de clowns, de mimes, de marionnettistes et de danseurs. ❥ 9.10, 20h, Bruges, Stadsschouwburg, 05

9 > 30.10

Emma © Dominique Breda

12, 27 et 30.10

D. Breda

Bébé, ado, quadra, puis vieille femme, on la suit du berceau à la tombe. Elle, c’est Emma, 17 ans, minette qui refuse de lire Mme Bovary. C’est aussi cette dame, abandonnée par son mari qui, après avoir cédé à l’appel du roman, se trouve finalement bien des points communs avec la triste héroïne. À travers ce portrait pétri d’humour, Dominique Bréda rend hommage à ce classique et nous donne envie de nous y (re)plonger. ❥ 12.10, 20h, La Louvière, Le Palace, 06 421 51 21 / 30.10, 20h30, Bruxelles, Centre culturel Woluwe, 02 773 05 81.

Ayiti 12 et 18.10

Marcelin / P. Laurent

Mime et conteur virtuose, Daniel Marcelin nous emmène dans les méandres de l’histoire d’Haïti, son pays. De Christophe Colomb à Barack Obama, en passant par la période coloniale et les dictatures successives, le comédien nous propose un flash-back sans les médias. Seul, assis sur une pile de bagages, il fait preuve d’une intarissable autodérision et parvient à nous glisser, malgré le poids du passé, tout l’amour qu’il porte à son île. ❥ 12.10, 20h30, Watermael-Boitsfort, La Vénerie, 10 à 15e, 02 672 14 39 / 18.10, 20h30, Bruxelles, Wolubilis, 8 à 14e, 02 761 60 30.


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agenda Elles © Laure Bertin

Elles F. Rollin / JJ .Vanier

La Tragédie comique © Stephane Gaillochon

La Tragédie comique 15 et 16.10

Comme l’atteste sa chemise blanche immaculée, c’est en toute innocence que Jean-Jacques Vanier tente de comprendre les femmes. Loin des clichés machistes et féministes, il se lance dans cette délicate entreprise. Pour finalement s’embourber dans l’amas hautement comique de ses idées saugrenues. Dans cet exercice, l’humoriste excelle, aidé par son complice François Rollin. ❥ 20h30, Bruxelles, Théâtre 140, 11 à 15e, 02 733 97 08.

Roméo et Juliette du 20.10 au 14.11

« La langue de Shakespeare est organique, sauvage, violente et poétique. Ses personnages agissent et réfléchissent ensuite. La parole n’est jamais le fruit de la réflexion ». Tel est le point de départ de l’adaptation que fait Georges Lini des amours contrariés de Roméo et Juliette. Jouant la carte de l’épure (des costumes « brutes, simples, sans fioriture », une scène élisabéthaine pour tout décor), le metteur en scène a préféré concentrer toute l’attention de ses acteurs sur le verbe. ❥ 20h15, (+ dim 15h), Bruxelles, Théâtre des Galeries, de 9 à 23e, 02 512 04 07

27 et 28.10

E. Bonfanti, Y. Hunstad

Yves Hunstad revêt aujourd’hui le costume qui l’avait rendu célèbre à la fin des années 80 avec la Tragédie comique. Traduite dans une dizaine de langues et jouée plus de 500 fois depuis sa création, cette pièce met en exergue la complexité des relations entre l’acteur et son personnage. Ici, l’un et l’autre s’observent, échangent, et grâce à la maîtrise exceptionnelle d’Yves Hunstad, finissent par se confondre. Une profonde réflexion sur le théâtre. ❥ 21h, Bruxelles, Th. de la Balsamine , 12/8e, 02 735 64 68.

Dance for Nothing les 28 et 29.10

E. Salomon

« Je n’ai rien à dire et je le dis » lâchait ironiquement John Cage à l’entame de sa lecture On Nothing, un discours rythmé de silences, prononcé en 1949 devant une foule ébahie. Soixante ans plus tard, Eszter Salomon se saisit de ce texte. Utilisant la musicalité des mots, elle compose une chorégraphie insolite, juxtaposition de gestes que rien ne justifie, traduisant pertinemment les préceptes de John Cage. ❥ 21h30, Bruxelles, Halles de Schaerbeek, de 12 à 17e, 02 218 21 07




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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR

Deuxième round Les Pinçon-Charlot squattent journaux, radios ou télés et c’est le succès surprise de la rentrée. Trois ans après l’arrivée du p’tit caïd de Neuilly à l’Elysée, l’engouement pour Le Président des Riches est sacrément rassurant. Car loin d’être du Sarkobashing facile ou une biographie « non autorisée » – ça, les librairies en regorgent, au gré du vent – cette enquête est réellement salutaire. Mais c’est qui, les Pinçon-Charlot ? Si la sociologie est un sport de combat, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sont experts dans la « fausse-patte ». Ils se sont peu penchés sur les classes populaires, dont ils sont issus. Face à la misère étudiée sous toutes les coutures, le couple pose de simples questions : s’il y a des pauvres, qui sont les riches ? Où se situe le pouvoir ? Quels sont les lieux de pouvoir ? Comment se transmet-il ? Les réponses se trouvent dans Châteaux et châtelains (2005) ou plus récemment Les Ghettos du Gotha : comment la bourgeoisie défend ses espaces (2009). Derrière un titre un brin racoleur (merci l’éditeur !) ce dernier relève de la sociologie urbaine (leur première discipline), et analyse, entre autres, l’aménagement du territoire. Éloquentes, leurs Quinze Promenades Sociologiques (2009) dissèquent ainsi la construction de Paris. La teneur de tous ces travaux d’inspiration marxiste et leur exposition est d’autant plus réjouissante que, depuis la mort de Pierre Bourdieu en 2002, peu d’universitaires réellement engagés ont ainsi voix au chapitre. Lecteurs de tous les pays, unissez-vous, comme dirait l’autre… / ❥

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Le Président des Riches : Enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, éd. Zones, 222p., 14€


chroniques Vice caché Thomas Pynchon | Éd. Le Seuil Deux ans après le monstrueux Contre-jour, l’homme-mystère des lettres américaines, Thomas Pynchon, publie Vice caché, hommage « déjanté » aux maîtres du Noir. Comme toujours dans les grandes œuvres noires (films ou romans), l’enquête compte moins que l’atmosphère. Chargée des volutes de joints que le privé, Doc Sportello, fume jusque dans les situations les plus improbables, autant que du smog de L.A.. l'intrigue charrie les utopies contrariées des 60’s finissantes. Les culs sont libérés, mais entre combien de chaises ? Vice caché est, en plus d’une enquête tortueuse et pourtant limpide, le portrait d’une époque qui ne sait plus bien où elle va. Minée par un furieux retour de paranoïa (Manson vient d’enterrer l’innocence hippie), l’Amérique plonge dans l’ère du soupçon, des réseaux secrets (réels ou fantasmés), de la folie sécuritaire. Époque étrange, absurde, que nul mieux que Pynchon, avec son sens des dialogues hilarants, des patronymes grandioses et du réseau (voir l’invention d’un Internet rudimentaire, libre, et déjà en voie de mise sous tutelle) n’aurait su recréer à ce degré de coolitude. Emportant, haut la main, l’Oscar de la bande-originale et de la lumière. 347 p., 22, 50 €. Raphaël Niewjaer.

Naissance d’un pont Maylis de Kérangal | Éd. Verticales, 2010 Le roman se déroule à Coca, dans une Californie de composition. Son maire, dit le Boa, mène un projet titanesque pour sa ville : la construction d’un pont aux dimensions pharaoniques. Du monde entier affluent ouvriers, grutiers, chefs d’équipe, investisseurs, femmes et hommes, ambitieux et paumés, adversaires et supporters. Tous ont voix au chapitre dans ce roman choral aux allures d’épopée russe. Chacun joue un rôle propre dans cette histoire qui renouvelle les romans sociaux avec brio. Cette Naissance porte non seulement aux nues un pont absurde - comme beaucoup d’entreprises humaines - mais elle marque aussi l’envol d’un talent prodigieux vers des cimes littéraires assez rares. 320p., 18,90€. Pierre Tabarant


Tokyo sisters

SUITE(S) IMPÉRIALE(S)

Raphaëlle Choël et Julie Rovéro-Carrez | Éd. Autrement Fascinant et difficile à cerner pour les occidentaux, le Japon fait ici l’objet d’une enquête de terrain par deux jeunes journalistes. Celles-ci se sont focalisées sur les femmes tokyoïtes, jeunes et moins jeunes, mariées ou célibataires, actives ou non, traditionnelles ou branchées... En tout, elles en ont interviewé une centaine, tout en parcourant la ville de long en large. Sans être strictement sociologique, cette étude leur permet de dresser un panorama des conditions féminines dans la capitale nippone, de leurs passions, de leurs goûts mais aussi de leurs attentes. Abondant en anecdotes, témoignages et expressions idiomatiques, ce travail particulièrement vivant ne se prend pas au sérieux. 196 p., 17 €. François Lecocq

Bret Easton Ellis | Éd. Robert Laffont Vingt-cinq ans après la parution de Moins que zéro, Bret Easton Ellis réinvestit le personnage qui a fait son succès, afin de sonder son évolution. Clay est devenu un scénariste de renom. De retour à L.A., il croise pléthore de cyniques et d’acteurs en mal de reconnaissance et reste le digne représentant d’une génération fric et frime, gangrenée par la vacuité. Cette vacuité inonde Suites impériales, sans l’emplir. L’on pourrait croire qu’une telle impression relève du génie puisque l’auteur prétend dénoncer le néant qu’il met en scène. Mais son écriture est poussive, et ses effets, voués à traduire un désenchantement affecté, lassent. Elle est aussi vide, en somme, que son sujet. 234 p., 19 €. Faustine Bigeast

Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret Sybille, Capucine et Jérôme d’Aviau | Éd. Ankama. Ouf ! Voici une perle qui, en cette riche rentrée littéraire, aurait pu nous filer entre les doigts. Le coup de cœur fut immédiat. Avec ses faux airs de livre pour enfant, cet ouvrage à six mains déborde d’ingénieuses trouvailles. Filée sur 192 pages, l’aventure initiatique de ce petit garçon trouve d’abord une traduction graphique particulièrement originale. Jérôme D’Aviau signe ici un travail de réduction symbolique épuré et pertinent. Comme ce bipède dont le trou dans le ventre manifeste un manque perpétuel... Alphonse et son éternelle solitude peuvent aussi compter sur des dialogues ingénieux, truffés de jeux de mots (Sybilline et Capucine). Placés sous les images, ils achèvent de nous convaincre d’offrir ce livre à tour de bras. 192p., 14.90 €. Judith Oliver

littérature |

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chroniques Best Coast Crazy For You | Wichita / Cooperative Music On a connu Best Coast grâce au bordélique - mais joliment nommé - Sun was High (So was I). Un océan de guitares ultra-saturées, au milieu duquel une voix féminine lo-fi tente d'émerger. Un mauvais souvenir. Car en une courte année, Bethany Cosentino et son exbaby sitter, Bobb Bruno, ont fait du chemin. Le duo californien a mis de côté les riffs fainéants et la noise-pop à deux sous pour balancer un indie-surf mélodieux, directement inspiré des 60’s. Jusque là, Best Coast s’était contenté d’une paire de guitares et d’un clavier. Lequel des deux a eu l’heureuse idée d’intégrer une batterie ? On ne sait pas. En tout cas, cette batterie salvatrice apporte aux compositions une épaisseur et une structure indispensables, tout comme la voix modulable (et désormais plus audible) de Bethany Cosentino. Lancinante ou entraînante (Boyfriend), plaintive ou sautillante (Crazy for You), elle sert des thèmes typiquement californiens : l’amour, le soleil, la weed et encore l’amour. La Californie d’antan, celle des Beach Boys, des décapotables cabossées, des canettes de bières sifflées sur un parking, des rencards clandestins. Résultat, un disque ultra référencé et nostalgique... mais tellement addictif. Vous êtes prévenus. Hakima Lounas

VIOLENS Amoral | Static Recital/Discograph Violens est attendu comme le messie depuis 2009 et un premier Ep simplement nommé V, pour laisser place aux épithètes dithyrambiques. Ce quatuor new-yorkais crevait de ne pas vivre sur les rives de la Mersey, et se réinventait en dignes rejetons des Pale Fountains. Si Amoral recèle des pop songs idéales et typically british (The Dawn of Your Happiness Is Rising, où les chorales façon Housemartins se posent sur les mélopées rondes des Smiths), Jorge Elbrecht et les siens élèvent le propos en traversant des eaux brumeuses aux remous vaporeux. Idées vertigineuses parfaitement maîtrisées, arrangements synthétiques ou saturés 80’s, mélodies tombées du ciel, cette Violens est peut-être amorale. Mais salutaire. Thibaut Allemand


musique |

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KATERINE

The Hundred in the Hands

Philippe Katerine | Barclay On se demandait comment le Vendéen pourrait se relever de ce surprenant succès de masse. Louxor j’adore et 100%VIP nous faisaient le même effet que Seven Nation Army des White Stripes. Le genre de tube plutôt pas mal qui, beuglé par des décérébrés avinés, finit par vous dégoûter. On trouve ici des hits potentiels, tels l’autiste Banane ou le salvateur Liberté. éloigné des machines, Katerine revient aux guitares pour signer des mélodies évidentes et des textes spontanés. Mais, à l’instar de Robots Après Tout (2006) ou du diptyque Les Créatures/L’Homme à Trois Mains (1999), ce disque dadaïste témoigne d’un malaise sourd et hautement contagieux. Certainement pas le chef-d’œuvre de Katerine (ça, c’est Huitième Ciel, 2002), mais un check-up rassurant, en passant. Thibaut Allemand

Warp / Discograph C'est pas possible ! Encore un duo fillegarçon en provenance de Brooklyn – où la demoiselle (pas méchée, c'est à préciser) tient le micro et où le compère (méché, lui) bidouille des boutons et des claviers midi... Encore une bio d'artiste qui contient les lettres DFA et évoque une « disco mutante »…. Encore une « signature iconoclaste » de Warp. Et, encore une fois, un son parfaitement taillé pour servir de « coming next » au Grand Journal de Canal Plus (si ce n'est déjà fait). D’ailleurs, on voit bien le titre Commotion en guise de passe-plat. Au final, on peut quand même se pencher sur l'album de The Hundred in the Hands, avec un peu de bonne volonté. On le glissera dans son iPod pour agrémenter quelques balades, en réglant son pas sur celui du New-Yorkais, un peu pressé. Mathieu Dauchy

SUPERPITCHER Kilimanjaro | Kompakt/Module Le Kilimandjaro, c’est un massif volcanique tanzanien, et le point culminant de l’Afrique. Kilimanjaro, c’est aussi le deuxième album de l’Allemand Superpitcher, mais ça ne sera pas le point culminant de sa carrière… À l’écoute, on se dit qu’il aurait mieux fait de choisir une chaîne de montagnes bien accidentée et composer une œuvre en dents-descie. Ici, on escalade péniblement des titres aussi pop que la minimale le permet, ponctués de cloches qui tintinnabulent, de chants mous du genou, et d’oiseaux qui gazouillent. C’est sympathique, mais on finit par s’ennuyer. Enfin, enfin, on arrive à un titre qui claque, complexe et élégant. Toute la patte de Superpitcher ! Joie, au loin, on en aperçoit un autre. Mais pour l’atteindre, il faudra se taper toute la descente, et la montée. Un album pour alpinistes, donc. Olivia Volpi


concerts Ven 01.10

Forest, Bar du Matin, 21h, grat,

Korn + Dimmu Borgir Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 48/45e, +32 2 548 24 24

Emalkay + Loefah + Doctor p. : EMALKAY + LOEFAH Anvers, Trix, 22h, 16/14e, +32 3 670 09 00

General Lee + Daggers + El Comer Ocho Liège, La Zone, 20h, nc, +32 4 341 07 27 Andreya Triana Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 11,70e, +33 320 27 70 10 Shannon Wright Etterbeek, Atelier 210, 21h, nc, +32 2 732 16 39 I Love Elektro : Mish Mash Soundsystem + Lifelike Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64 Mimazu : Sebo K + Dictators + Clar & Cameo Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 8e, +32 3 226 38 70

Pendulum Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 24/21e, +32 2 548 24 24

Dr Lektroluv + Partyharders + The Subs Liège, La Caserne Fonck, 22h, 14,50e, +33 434 34 24 7

We Have Band + Shiko Shiko Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 9,70/7,70e, +33 320 27 70 10

Matieu + Mitch Tichon Bruxelles, The Wax Club, 23h, nc

Mar 05.10

Bartholomeo + Patrick Schmidt + 2winz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 5e, +32 3 226 38 70 Nuit Blanche : Deg + Len Bruxelles, Fuse, 23h, nc, +32 2 511 97 89 The Revenge + Ooft! + Dirk Abracada Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e

Geoff Wichmann Bruxelles, Fuse, 23h, 10e, +32 2 511 97 89

Dim 03.10

Tanz Musik : Mendo + Pete Howl + Kevin Dowp : MEND Gand, Decadance, 23h, nc, +33 932 90 05 4

Lonnie Liston Smith & the Cosmic Echoes Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 19/17,5e, +32 9 267 28 28

Sam 02.10

The Ocean + Cancer Bats +The Dillinger Escape Plan Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 17/14e, +32 2 414 29 07

Beverly Jo Scott Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24 Brisa Roché Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 The Bear That Wasn’t Leuven, Stuk, 20h, grat, +33 163 20 32 0 Deep Funk Explosion : Dark Matter : DARK MATTER

[sic]electric Gand, Cafe Video, 20h, nc,

Captain Luke Anvers, Petrol, 22h, 10/8e, +32 3 226 49 63

David Garcet + Fernando Wax Bruxelles, The Wax Club, 23h, nc

Frédrika Stahl Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 14/11/8e, +32 2 218 37 32

Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32

MGMT Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Magic Kids Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Brave Timbers Gand, Cafe Video, 20h, nc

Lun 04.10 The Black Angels

Sage Francis Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 Peasant Gand, Cafe Video, 20h, nc, Black Mountain + Tweak Bird Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 21/18e, +32 2 548 24 24 For A Minor Reflection Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Band of Skulls Leuven, Het Depot, 20h, 14,75e, +32 1 622 06 03 TLP aka Troubleman + Duuub Gand, Decadance, 22h, nc, +33 932 90 05 4

Mer 06.10 Annihilator + Sworn Amongst Anvers, Trix, 19h, 23/21e, +32 3 670 09 00 Benoit Dorémus Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 Jef Neve + José James + Jef Neve Trio Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24


agenda |

91

Tokota Gand, Cafe Video, 20h, nc Luc Devos Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 The Posies +DJ Buffoon Anvers, Trix, 20h, 15/12e, +32 3 670 09 00 La Framboise Frivole Mouscron, Centre CulturelMarius Staquet, 20h, 22e, +32 5 686 01 60 Zombie Zombie + El Boy Die Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 11,70e Ex Purgatorio : Jan Rzewski + Hanna BardosFeltoronyi Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, grat, +32 2 550 03 50

Jeu 07.10 Balthazar +The Opposites Courtrai, De Kreun, 17h, grat, +32 5 637 06 44 The Posies Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 Zaz Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, nc, +32 2 218 37 32 PVT + Maya’s Moving Castle Leuven, Stuk, 20h, 14/12/10e, +33 163 20 32 0 Stereonaute Forest, Bar du Matin, 21h, grat DJ Sho Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat The Opposites + TLP aka Troubleman + Les Mecs Gand, ICC - International Convention Center, 22h, 12/10e Ralpheus Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, grat, +32 3 226 38 70

United Colors of Ghent : Highbloo + Spacid + ZMBZ Gand, Decadance, 22h, 12/10e, +33 932 90 05 4

Sinistersouls + Bukezfinezt + Excision Anvers, Petrol, 22h, 12/10e, +32 3 226 49 63

United Colors of Ghent : Bobby Ewing + Turbo Pascals + Urgent Allstars Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 12/10e, +32 9 267 28 28

Matthias Tanzmann + Martinez + Tofke Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e, +32 3 226 38 70

Ven 08.10 Grant Lee Phillips + Silver Junkie Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 14/11e, +32 5 033 20 14 Puggy +The Posies Liège, La Caserne Fonck, 20h, 16,75e, +33 4 3 43 42 47 Joy Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Of Montreal Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 18,80/14,80e, +33 320 70 10 00 TWIST : DJ Funky Bompa Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Dr Lektroluv + G Tronic + Ampersand Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e, +32 2 511 97 89 Roubaix’s Burning #15 : Popof + Noob Roubaix, Salle Watremez, 23h, 15/10e,

Sam 09.10 Exhausted Wedge + Soul Sick + Thibault André Arlon, Entrepôt, 19h, 8/6e, Digital Leather + Black Bug + Duflan Duflan Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e, +32 2 223 34 74 Melt Banana +The Night Terrors Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10/7e, +32 5 637 06 44

Chinois + Tubescreamer Bruxelles, Maison du Peuple, 21h, grat, +32 2 85 0 09 08

Ian Pooley + K-Dust + Trish Van Heynde Anvers, Petrol, 20h, nc, +32 3 226 49 63

Giovanni Barcella + Jeroen Van Herzeele Bruxelles, Recyclart, 21h, grat, +32 2 289 00 59

Red Sparowes +Imaad Wasif + Head of Fantastiquet Anvers, Trix, 20h, 15/12e, +32 3 670 09 00

Alek et les Japonaises +DJ Ricane +DJ Sauce Samouraï et ses Bottines de Ski Bruxelles, Studio Marcel, 21h, grat

Radio Modern + 5 in Love + The Thunderbirds Leuven, Het Depot, 20h, 16/14e, +32 1 622 06 03

Mash up the Funk! : Shantisan Forest, Bar du Matin, 21h, grat

Grant-Lee Phillips Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24

Pushykillers + Fernando Daxta Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat

Terrakota & La Chiva Gantiva Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 18/15e, +32 2 414 29 07

Tensionstep V :

Transistor Night : Monday


concerts Morning + Nicolas Testa + Gangbang in HongKong Namur, Belvédère, 20h, 6e, +32 8 181 39 00 Earl Greyhound + Tokota Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, grat, +32 2 550 03 50 Jah Malikan sounds : Malik Forest, Bar du Matin, 21h, grat, ARABIAN PRINCE : Sabotage Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 5e, +32 485 53 44 94 Drum’n’Bassment : DJ Friction + Stykz & Speedwagon + Z-nox Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 13/10e, +32 5 033 20 14 Kim + Dj Guiddo + Dj Dos Santos Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat Sunnyside Up : Kerri Chandler + Massimo Da Costa + Red D Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64 Smos And Baby Bee + 2winz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 5e, +32 3 226 38 70 Deg + Fady One + Roland M. Dill Bruxelles, Fuse, 23h, 8,5/12,5e, +32 2 511 97 89

Joshua Radin Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Joe Jackson Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 33/30e, +32 2 548 24 24

Lun 11.10 Biffy Clyro Anvers, Trix, 19h, 16/13e, +32 3 670 09 00 The Blank Dogs + Kapitan Korsakov Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10/7e, +32 5 637 06 44 A-Ha Bruxelles, Forest National, 20h, 42e, +32 7 02 5 20 20 Tom McRae Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 26/23e, +32 2 548 24 24

Mar 12.10 Jeff Beck Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Heather Nova Leuven, Het Depot, 20h, nc, +32 1 622 06 03 Joe Cocker Bruxelles, Forest National, 20h, 60/44e, +32 7 02 5 20 20

Surprise Guest + Solo + Mickey Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e

Future Islands Leuven, Stuk, 20h, 14/12/10e, +32 1 632 03 20

Red Bull Tre3Style Qualifications : Party Harders + Poyz’n’Pirlz + Afrojaws Lille, Le Boréal, 23h, 10e, +33 3 2 8 14 4 77 7

Mer 13.10 Dosh Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

+32 2 218 37 32 Broken Glass Hereos Opwijk, Nijdrop, 20h, 13/12e, +32 5 235 61 65 Stef Bos Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24 Sayma & Band Ixelles, Le Tavernier, 21h, grat, +33 264 07 19 1

Jeu 14.10 Monno + Gnaw Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e, +32 2 223 34 74 The Wedding Present Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 16/13e, +32 2 414 29 07 Dub Inc + Fredy Massamba Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 20/17/14e, +32 2 218 37 32 The Like + Harvey Quinnt Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Midnight Juggernauts Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Someone Still Loves You Boris Yeltsin + Mary&Me Leuven, Stuk, 20h, 14/12/10e, +32 1 632 03 20 Iva Nova Forest, Bar du Matin, 21h, grat Flip Kowlier + Kill Your Television + DJ Ass Bruges, Cactus Muziekcentrum, 21h, grat, +32 5 033 20 14

Dim 10.10

Gnaw + Monno + SVN Anvers, Trix, 20h, 12/9e, +32 3 670 09 00

Dexia Student Clubbing : Boemklatsch + Shameboy + Stijn Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 21h, 18/15e, +32 2 548 24 24

Dub Trio + Melt-Banana Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 15/12e, +32 2 414 29 07

Robyn Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, nc,

DAVILA 666 : slovenly Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94


agenda |

93

Hector And Nate + Ed & Kim + Duuub Gand, Decadance, 22h, nc, +33 932 90 05 4

Marked & Dogmask + Coleco + Eleven Tigers Bruxelles, Recyclart, 22h, 8/5e, +32 2 289 00 59

Ufomamammut + Membrane + P.U.T. Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e, +32 2 223 34 74

Ralpheus Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, grat, +32 3 226 38 70

Borgore + Point.Blank Opwijk, Nijdrop, 22h, 9/8/6e, +32 5 235 61 65

Ven 15.10

STEL-R + DA BLOB + SHYKINE Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat,

Aloe Blacc + Seu Jorge and Almaz + LeFtO Leuven, Het Depot, 20h, 18/15e, +32 1 622 06 03

Anathema + Long Distance Calling + Petter Carlsen Anvers, Trix, 19h, 25/23e, +32 3 670 09 00 The Quakes + Spellbound +The Noxious Toyz Anvers, Trix, 20h, 18/15e, +32 3 670 09 00 Dub Inc Leuven, Het Depot, 20h, 15/13e, +32 1 622 06 03 Infesticons + Speed Dial 7 Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10/7e, +32 5 637 06 44 Of Montreal Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32 Aloe Blacc Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 15/12e, +33 320 70 10 00 Les Blaireaux +Les Mauvaises Langues Mouscron, Centre CulturelMarius Staquet, 20h, 18/16/14e, +32 5 686 01 60 Maps & Atlases Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Aqme + Sliver Arlon, Entrepôt, 20h, 15/12e,

Banging the Boogie : DJ Gozalo Forest, Bar du Matin, 22h, grat, Deetron + David Foyh Gand, Decadance, 23h, nc, +33 932 90 05 4 Dominik Eulberg + Prinz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 10e, +32 3 226 38 70 1 Year Rock Me On Electro : Felix Cartal + Borgore +The Brilliants Bruxelles, Fuse, 23h, 15e, +32 2 511 97 89 Dr Lektroluv + Mightyfools + Highbloo Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64 Kriskha + Jamie Starr Bruxelles, The Wood, 23h, grat,

Sam 16.10 The Polecats + Spook and the Ghouls Anvers, Trix, 15h, 30/25e, +32 3 670 09 00 Giuliano Palma & The Bluebeaters + Teek Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 18/15e, +32 2 414 29 07

FASTLANE CANDIES : Hank Harry + The Ducati Lovers Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Nice Noise Volume 2 : Goldfox + Deafman Anvers, Petrol, 19h, 8e, +32 3 226 49 63

Couscous + Chinois Bruxelles, Maison du Peuple, 21h, grat, +32 2 85 0 09 08

The Holmes Brothers + Steve Winwood Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 39/36e, +32 2 548 24 24

Soul Motive Label Night :

Modern Disco Club : Freddee + Never Ask Me This Song + Uptone Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 3e, +32 485 53 44 94 Vernon Sullivan Bruxelles, Maison du Peuple, 21h, grat, +32 2 85 0 09 08 DJ Daptune Forest, Bar du Matin, 21h, grat Igor + Fred Fredskhyi Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat The Greatest Switch Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 10e, +32 3 226 38 70 Peter Van Hoesen + Deg + James Ruskin Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 Libertine Supersport 1 Year : Aeroplane + Horse Meat Disco + Daryl Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e David Foyh + Deetron Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54 Nick Curly + Kevin Griffiths + Dez Terquez Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64

Dim 17.10 Yuppicide + All For Nothing + Pushed Too Far Anvers, Trix, 17h, 15/12e, +32 3 670 09 00 Strugglin For Reason + Fénix TX + Ultra Violent Lights Bruxelles, Magasin 4, 17h,


concerts 10/7e, +32 2 223 34 74

Mer 20.10

Vincent Romain + Oli. Poumay + Eric Fusiller Bruxelles, Bar du Marché, 20h, grat, +32 2 64 4 04 00

Youngblood Brass Band Leuven, Het Depot, 20h, 16/13e, +32 1 622 06 03

Grinderman Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Sharon Jones Anvers, Trix, 20h, 25/22e, +32 3 670 09 00 Aloe Blacc Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 16/14,50e, +32 9 267 28 28

Lun 18.10 Grinderman Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 ZZ Top +The Doobie Brothers Bruxelles, Forest National, 20h, 57e, +32 7 02 5 20 20 No Age + Abe Vigoda Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00

Mar 19.10 Jex Thoth + Eagle Twin Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00 Ray Davies Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 34/31e, +32 2 548 24 24 No Age + Abe Vigoda + Gun Outfit Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10/7e, +32 5 637 06 44 Sheryl Crow Bruxelles, Forest National, 20h, 50/42e, +32 7 02 5 20 20 Kiss the Anus of a Black Cat + Drums Are For Parades Leuven, Stuk, 20h, 12/10/8e, +33 163 20 32 0

Selah Sue Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15/12e, +32 2 218 37 32 Good Time Charlie Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, grat, +32 2 550 03 50 My Little Cheap Dictaphone Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 13/9e, +32 9 267 28 28 Back to the grave : Kinkle + Gamma GT Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

+32 2 289 00 59 New Wave Party : Yvan Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat Starski + Pulp Mixion + Laston & Geo Gand, Decadance, 22h, nc, +33 932 90 05 4 Ralpheus Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, grat, +32 3 226 38 70 Hercules & Love Affair Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e

Ven 22.10 La Caution + Dave Luxe Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 16/13e, +32 2 414 29 07

Ruth Tafebe & The Afrosoulmessengerz Ixelles, Le Tavernier, 21h, grat, +33 264 07 19 1

Drums Are For Parades + Shining Anvers, Trix, 19h, 15/12e, +32 3 670 09 00

Drums Are For Parades + Radical Slave Opwijk, Nijdrop, 22h, 13/12/10e, +32 5 235 61 65

Arno Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, nc, +32 2 218 37 32

Jeu 21.10 Turzi + Sylvie Cious Roubaix, La Condition Publique, 20h, grat, +33 328 33 48 33 MF Doom Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 27e, +32 2 548 24 24 Peter Pan Speedrock + Paranoiacs Leuven, Het Depot, 20h, 14/12e, +32 1 622 06 03 Zulema Hechavarria Blanco Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, grat, +32 2 550 03 50 Dinner at the Thompson’s Forest, Bar du Matin, 21h, grat Bad Taste Party : Chocomix + Tim Den Toeker Bruxelles, Recyclart, 21h, grat,

Sore Losers (The) + Lord of Skull Opwijk, Nijdrop, 20h, 10/9/7e, +32 5 235 61 65 Graffiti6 Leuven, Het Depot, 20h, 12/10e, +32 1 622 06 03 Jex Thoth + Rorca +The Wounded Kings Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e, +32 2 223 34 74 Manu Katché Valenciennes, Le Phénix, 20h, 28/26e, +33 327 32 32 32 Sore Losers (The) + Lord of Skull Opwijk, Nijdrop, 20h, 10/9/7e, +32 5 235 61 65 Micah P. Hinson + Bruce Bherman Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 11/9/7e,


agenda |

95

+32 5 150 48 94

13/11e, +32 1 622 06 03

Ishtar Mouscron, Centre CulturelMarius Staquet, 20h, 16/14/12e, +32 5 686 01 60

Quintron & Miss Pussycat + Kriminal Hammond Inferno Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e, +32 2 223 34 74

Amatorski Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 10e, +32 7 022 21 92

Eiffel Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 22e, +32 2 548 24 24

Mattrach Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17,70e, +33 320 70 10 00

Micah P. Hinson Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

A night with Laika : Bassjog +DJ Elephant Power + Miss Tetanos Bruxelles, Recyclart, 21h, 8/5e, +32 2 289 00 59 MOVIE STAR JUNKIES : Force béton Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 5e, +32 485 53 44 94 Tiki Tiki weirdos : DJ Reedoo Forest, Bar du Matin, 21h, grat, Flairs + Tubescreamer Bruxelles, Maison du Peuple, 21h, grat, +32 2 850 09 08 It Becomes Infectious : Farai + Snooba Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat Glimpse + Luna City Express + Daniel.FX Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 8e, +32 3 226 38 70 Femme en fourrure + Guich + Nancy Plateau Bruxelles, The Wood, 23h, grat,

Sam 23.10 Karl Bartos + U-matic + Telematic Bruges, Cactus Muziekcentrum, 19h, 10/7e, +32 5 033 20 14 F*ckin’ Beat + Flux Pavilion + Cookie Monsta Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 16/13e, +32 2 414 29 07 De Brassers Leuven, Het Depot, 20h,

Absynthe Minded Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17,70e, +33 320 70 10 00 Tropical : DJ Funky Bompa + DJ Reedoo Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89

Dim 24.10 The Display Team + Mad Men’s Team Bruxelles, Magasin 4, 19h, 6e, +32 2 223 34 74 Gerry De Mol + Lieven Tavernier Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Avenged Sevenfold Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 24e, +32 2 548 24 24

Lun 25.10

Jazz, we ‘ve got : Kwak Forest, Bar du Matin, 21h, nc,

Arno Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24

Blackstrobe + Tknik + Pleasure Machines Namur, Belvédère, 21h, 10/9e, +32 8 181 39 00

Lali Puna + Sim#6 Bruxelles, Magasin 4, 20h, 15/12e, +32 2 223 34 74

Uptone Bruxelles, Maison du Peuple, 21h, grat, +32 2 850 09 08

Perfume Genius Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

Tropical avec DJ Funky Bompa + DJ Reedoo Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Mar 26.10

Mano Sinistra + Anton X Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat Tribute to John Barry : The Whodads Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 12/8e, +32 9 267 28 28 Simian Mobile Disco + L-Fetes + Guy-Ohm Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e

Bonaparte Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Dolphins into the Futur + Master Musicians Of Bukkake Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e, +32 3 225 48 24 24 Liars + John Wiese Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10/7e, +32 5 637 06 44

Josh Wink + Steve Bug Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e, +32 3 226 38 70

Trentemoller Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23e, +32 2 548 24 24

M_Nus Night : Magda + Marc Houle + Deg

Balthazar Leuven, Het Depot, 20h,


concerts 15/13e, +32 1 622 06 03 The Charlatans Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32

Mer 27.10 Demons + Sick Llama Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e, +32 2 223 34 74 Arno Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 30/27e, +32 2 414 29 07 Flip Kowlier Courtrai, De Kreun, 20h, 16/14/11e, +32 5 637 06 44 Solillaquists of Sound Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 Tina Dico Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Joe Satriani Roubaix, Le Colisée, 20h, 78,5/51e, +33 320 24 07 07 Kruger + General Lee Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, nc, +33 328 63 82 40 Level 42 Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 30e, +32 2 548 24 24 Doll and the Kicks Gand, Cafe Video, 20h, nc, The Magic Numbers + Duke Special Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32

Ixelles, Le Tavernier, 21h, grat, +33 264 07 19 1

Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 5e, +32 485 53 44 94

Balthazar + Broken Glass Hereos Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 17/15,50e, +32 9 267 28 28

Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp Forest, Bar du Matin, 21h, grat,

Jeu 28.10

Ezekiel + Fratelli + Guerrit Kerremans Gand, Decadance, 22h, nc, +33 932 90 05 4

Sam Vloemans Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Village Music, 12h, grat, +32 2 548 24 24 My Princess is a Whore + Planey Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e, +32 2 223 34 74 Ground Zero : Gush + Hey Hey My My + Zak Laughed Lille, Splendid, 19h, 22e, +33 320 33 17 34 Health Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 De Jeugd van Tegenwoordig Leuven, Het Depot, 20h, 16/14e, +32 1 622 06 03 Zornik Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, nc, +32 3 225 48 24 24 You Say Party! Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Yeasayer Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 18e, +32 2 548 24 24

Filles à Retordre : Ruby Throat + Cats on Trees Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6e, +33 320 27 70 10

Happy Birthday Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

Back to the grave : Kinkle + Gamma GT + Nerveux Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Troy Von Balthazar Roubaix, La Condition Publique, 20h, 2e, +33 328 33 48 33

Dan-T & Band

los explosivos + Shiva and the dead men

Ralpheus Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, grat, +32 3 226 38 70

Ven 29.10 Ground Zero : Zaz Lille, Splendid, 19h, 23,10e, +33 320 33 17 34 Ozric Tentacles + TBC Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 17/14e, +32 2 414 29 07 Red Bull Soundclash : Customs + Mintzkov Anvers, Petrol, 19h, 12/8e, +32 3 226 49 63 Ground Zero : Health Lille, La Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 Ground Zero : Crystal Castles + Beat Torrent Lille, L’Aéronef, 20h, 23,10e, +33 320 13 50 00 Halloween Weekender : Moonhop + Train’s Tone Bruxelles, Magasin 4, 20h, grat, +32 2 223 34 74 Arquettes Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e, +32 3 225 48 24 24 Vismets + Soma Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 16e, +32 2 548 24 24 Balthazar + Full of Suédoises +The Flash Arlon, Entrepôt, 20h, 10/8e, Drums Are For Parades + Shining + Pontiak Diksmuide, Muziekclub 4AD,


agenda |

97

20h, 12/10/8e, +32 5 150 48 94 Get off My Shoes +The Crackups Opwijk, Nijdrop, 20h, grat, +32 5 235 61 65 Mustang Bruxelles, Maison du Peuple, 21h, grat, +32 2 850 09 08 The Rockers : Dr Kwest + Daddy turner Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94 Super Soul singles : DJ Funky Bompa Forest, Bar du Matin, 21h, nc Akwaaba Label Night : DJ Bbrave + Max le Daron Bruxelles, Recyclart, 21h, grat, +32 2 289 00 59 Hindu Nights : Shine A Light + Broken Glass Hereos + Dean Mumford Leuven, Het Depot, 21h, 12/10e, +32 1 622 06 03 Rampage feat. Danny Bird + Flux Pavilion + Murdock Anvers, Trix, 22h, 16/13e, +32 3 670 09 00 Fady One Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat Krs One + Mark Pritchard + Steve Spacek Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 28/26,50€e, +32 9 267 28 28 Jose De Divina + Tofke + Massimo Girardi Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e, +32 3 226 38 70 Pleasure Machines + Nancy Plateau + Daryl Bruxelles, The Wood, 23h, grat,

Sam 30.10 Baloji + Flip Kowlier +The Bony King Of Nowhere Anvers, Trix, 19h, 15/12e,

+32 3 670 09 00 The Knives + Out For Blood +The Graves Brothers Arlon, Entrepôt, 19h, 12/10e, Carl Barat Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, nc, +32 2 218 37 32 Sharon Jones Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00

D6bel Party : Gammick + Alex Play + Red Out Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat Modular Night : The Swiss + Modular people + Villa Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e Luciano + Lee Van Dowski Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 25e, +32 3 226 38 70

Estopa Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 40e, +32 2 548 24 24

Dim 31.10

Hurts Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32

KK Null + Phil Maggi + Y.E.R.M.O Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e, +32 2 223 34 74

Tame Impala Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Broken Glass Hereos + Balthazar Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 16/13e, +32 5 033 20 14 Gesman + Steven H Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10/7e, +32 5 637 06 44 Bang Bang Bazooka + Astro Zombies Bruxelles, Magasin 4, 20h, grat, +32 2 223 34 74 Warpaint Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e, +32 3 225 48 24 24 Messer Chups Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 8e, +32 485 53 44 94 Marty Bruxelles, Maison du Peuple, 21h, grat, +32 2 850 09 08 This ain’t Disco : Never Ask Me This Song Forest, Bar du Matin, 21h, grat, Babycham + Stacious + Ochi Queen Anvers, Petrol, 22h, 15e, +32 3 226 49 63

Skull Crusher + Stay Hungry + Afgelast! Anvers, Trix, 19h, nc, +32 3 670 09 00 Ground Zero : Peter Doherty + Marie-Flore Lille, L’Aéronef, 19h, 33e, +33 320 13 50 00 Zap Mama Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 20e, +32 2 548 24 24 Ariel Pink’s Haunted Graffiti + Geneva Jacuzzi Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15/12e, +32 2 218 37 32 Drums Are For Parades + Shining + Pontiak : The Jim Jones Revue + Blackup Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 11/9/7e, +32 5 150 48 94 Donovan + Fernando Daxta Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat Tiefschwarz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e, +32 3 226 38 70


playlist |

98

Miami - Jono Ma and Franklin Furter Remix

Difficile de calmer ses ardeurs à l'écoute de ce savoureux remix, réalisé par un mystérieux duo (on a trouvé un myspace tout au plus). On rêve de danser en club sur cette pépite disco/pop au groove intense. À bon entendeur !

Never Stop

L'insaisissable Gonzo vient de sortir un album produit par Boys Noize et achève un film avec Tiga et Peaches ! Pour couronner le tout, il balance une version rap de Never Stop. Une scotchante ritournelle au piano, quelques claps, une nappe électronique et le flow « gangsta » du Chilly. Impayable !

Take 'em Up | DFA Records / Cooperative Music

Le coup de cœur du rédac' chef ! Signé sur le label DFA records (s'il vous plait), l'Irlandais Shit Robot envoie une disco synthétique ultra-sophistiquée. On sent l'influence de son mentor, James Murphy (LCD Soundsystem).

Der Mann mit den Schwankungen - urbs rmx

De l'abstract funk autrichien ? Oui ça existe. Des bidouillages électroniques, une bonne batterie, un morceau destructuré. Bien meilleur que l'original, le remix de URBS envoie le bois ! Un rusé clin d'œil au hip-hop des années 90 de Crooklyn Dodgers. Simple et funky, comme dirait Mel-K.




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