let'smotiv bruxelles n°9

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n째09 / novembre 2010 / GRATUIT

bruxelles Cultures et tendances urbaines



Sommaire

Ivo Dimchev - Some Faves © Maryan Ivanon // Ratatat © James Kendi // Ingres - small bather © Phillips Coll

Let’smotiv - novembre 2010 - #09

08 News

14 Reportage

Rio : La république entre dans la favela

22 Portfolio Slinkachu : Toy Stories

30 Musique Label Abracada, Ratatat, Public Enemy, Afrocubism, Syd Matters, Groove City, The Black Keys, Gorillaz, !!!, Chromeo, M.I.A....

48 Rencontre Rubber : ça roule pour Quentin Dupneu 52 Cinéma Festival du cinéma méditerranéen, …

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événement Saatchi épate la galerie

60 Exposition Tati à Gand, Orientalisme à Bruxelles, Correspondance, Lucas Cranach, Francis Alÿs... agenda

72 Théâtre

Next Festival, December Dance, Barbelo, Miam Miam, Le Tangible, ... agenda

84 Littérature Jacques Finné et Frédéric Saenen, France 80, le Règlement,

88 Disques Deerhunter, Maximum Balloon, BOT ’OX, Raashan Ahmad,

90 Agenda concerts 98 Playlist Sur les platines de la rédaction

Indignation, Too Much Future, le Sang et la Mer The Bewitched Hands


Let’smotiv Bruxelles, BP 99 - 7700 Mouscron Tél : 02 265 19 86 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com

Let’smotiv Bruxelles est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros , RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.bruxelles@letsmotiv.com Graphiste : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité : Hakima Lounas - h.lounas@letsmotiv.com - Thibault Noyer - t.noyer@letsmotiv.com Pierre Henri - advertising@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° : Alain Allanic, Thibaut Allemand, Faustine Bigeast, Sébastien Billard, Nicolas Blondeau, Audrey Chauveau, Sylvie Cious, Olivier Clairouin, Roberto Curbelo, Mathieu Dauchy, Florent Delval, Cédric Delvallez, Grégory Escouflaire, Olivier Goujon, Edlef Kowalyk, Marie-Lucile Kubacki, Carole Lafontan, Hakima Lounas, Alex Masson, Raphaël Nieuwjaer, Baptiste Ostré, Louise Padox, Marion Quillard, Slinkachu, Louise Truffaut, Olivia Volpi

Couverture : Slinkachu, www.slinkachu.com

Let’smotiv nord de France 114 rue Barthélemy Delespaul - 59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com

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En bref…

Cancan © Gilbert & George

La nuit au musée

Une expo s'apprécie aussi avec du son et du champagne qui coule à flots (ou du mousseux au moins). En tout cas, c’est l'idée de Bozar Night qui vous donne rendez-vous le 10 novembre de 20h jusqu'au bout de la nuit. Wim Delvoye maintiendra ses portes ouvertes tandis que Gilbert & George exhiberont leurs Jack Freak Pictures. À minuit, les salles du musée vibreront au rythme des dj set de The Rapture, Mustang, The Glimmers et B-Kant. ❥ www.bozar.be

Le chant des baleines Les publicités Wonderbra n'ont pas fini de faire parler d'elles ! Alors qu'à Londres, on s'inquiète des répercussions d'une nouvelle campagne en 3D sur la sécurité routière, les bénévoles de la RTBF reprennent intelligemment à leur compte son fameux slogan. Pour Cap 48, ils ont en effet plagié la célèbre affiche « regardez moi dans les yeux, j'ai dit dans les yeux ! » pour dénoncer la stigmatisation du handicap. En lieu et place d'Eva Herzigova, une magnifique femme... amputée d'un bras. Cette jeune infographiste, pas peu fière d'exposer aux yeux du monde son «Filtre à cons» (ce sont ses mots), prouve qu'elle a les bonnets aussi remplis d'humour. ❥ www.cap48.be

Télex

Dans la série des Biopics, je demande Phil Spector ! Ce producteur de légende (Beatles, Sonny & Cher, The Ronettes...), père du « mur de son », devrait être incarné par Al Pacino dans un téléfilm produit par HBO. À suivre en 2011 !


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Jamais sans ma blonde Certains tiennent à emporter leurs secrets dans la tombe. Marcel Vandendorpe, lui, avait une toute autre idée en tête : qu'on l'enterre avec une bouteille de Jupiler. Mais au moment de la cérémonie voilà qu'un malotru dérobe la précieuse bouteille. Heureusement, la famille de ce Dottignien de 66 ans, contrariée par ce fâcheux événement s'est empressé de remplacer l'objet volet. Sacrée mise en bière !

Écolo, mais pas trop Il y a peu, Shaquille O'Neal confiait aux téléspectateurs sa préoccupation pour le réchauffement climatique. Seulement, il pompe à lui seul 23 000$ d'or noir tous les mois pour alimenter ses voitures. Voilà qui n'a pas échappé aux risées du réjouissant site d'ecorazzi.com. Y sont épinglées toutes les contradictions des « people » investis dans l'écologie. Comme Jennifer Aniston, qui milite pour réduire les dépenses d'eau tout en posant pour une marque de flotte... servie en bouteille plastique. Près de 500 000 internautes suivent ainsi les affres d'Angelina Jolie ou d'Al Gore, qui combinent sans complexe toilettes sèches et passion de l'hélico... Il y a de quoi être vert !

Méli sans mélo Ah, Meli... un nom chargé de nombreux souvenirs. Ce parc d'attractions situé à De Panne, né du rêve de l'apiculteur Albéric Florizoone, a marqué des générations de Belges et rempli bien des albums photo. Or justement, le Musée de la Photographie de Charleroi lui consacre une exposition... uniquement composée de clichés familiaux. Pour cela, il lance un vaste appel à contributions : envoyez et datez vos meilleures prises de vue des flamands roses et manèges ! Ceux-ci seront exposés, puis reproduits dans le catalogue de l'expo, avant de vous être retournés. À envoyer au 11, Avenue Paul Pastur, 6032 Charleroi

Vous reprendrez bien une petite coupe ? La population belge est la 2e plus grande consommatrice de champagne au monde. Avec un peu plus d'une bouteille par an, il va falloir lever le coude pour rattraper les 3 bouteilles que cumulent chaque année les Français !


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Touché-coulé ! Parmi les histoires mythiques qui n'en finissent pas de passionner les foules, celle du Titanic n'est pas prête de prendre l'eau. L'année dernière, l'Angleterre pleurait à chaudes larmes la mort de « sa » dernière survivante. Cette année, elle est le théâtre d'une vente aux enchères record (Alridge & Son). En jeu, le témoignage écrit d'une rescapée, secrétaire d'un Baron britannique morte en 1967. Cette description du naufrage depuis l’une des barques de sauvetage s’est arrachée à 20 000£, soit 5000£ de plus que l'estimation maximale. L'heureux collectionneur d'Europe de l'Est ramènera-t-il son butin à bon port ?

Musiques mixtes Organisé par le centre Henri Pousseur, le Festival Images Sonores illustre la vitalité de la création musicale contemporaine. Il est ici question de musiques mixtes où l'instrument acoustique est associé aux sons électroniques et à la transformation en direct du signal sonore. Trois soirées concerts ont lieu à l'ancienne église Saint-André de Liège. Arne Deforce propose d'abord ses créations au multi-violoncelle, puis Jean-Luc Fafchamps et Stefan Prins assurent les Portraits en regard. Enfin, le Conservatoire de Liège reprend l'œuvre de Magnus Lindberg. L’ensemble souligne l'importance de l'histoire dans l'innovation artistique. ❥

du 19 au 21.11, Liège,

Télex

Beach House © DR

Bonnes feuilles 2010 restera peut-être synonyme de la première édition du festival Autum Falls. Organisé par TOUTPARTOUT, cet événement rassemble une trentaine de groupes, parmi lesquels Beach House, Junip, Oh Ruin ou Caribou. Ceux-ci se partagent les scènes d'une dizaine de salles et clubs bruxellois. Trois jours durant, la Capitale bougera au rythme des concerts, d'une salle à l'autre. Un remarquable condensé de musiques (très) actuelles.

En concert, en cabaret, en fanfare, en chorale... peu importe, finalement, tant que l'on pousse la chansonnette ! Tel est le principe de si « ça vous chante », une manifestation portée par le CCRC (La Louvière) et pour laquelle on attend Dez Mona, Baloji et l'Orchestre de la Katuba, Daniel Hélin ou Karim Gharb... du 14 au 21.11, www.ccrc.be





La république entre dans la favela texte & photos ¬ Olivier Goujon/LightMediation

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Un espace de récréation dans la favela de Villa Canoas.


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Rio ! Son carnaval, ses plages, ses joueurs de foot milliardaires et... ses favelas. Évidemment, le président Lula se passerait bien de cette ombre au tableau. Surtout à l’approche d’une Coupe du Monde de football (2014) et des J.O. (2016). Mais l'enjeu n'est pas seulement diplomatique. Aujourd'hui, 20 % de la population carioca vit encore dans les quelque 968 bidonvilles qui dominent la mégalopole. Au milieu de ces cabanes de fortune, on trouve les franges les plus pauvres de la population, mais aussi des trafiquants. Pour faire rentrer la légalité dans les favelas les plus dures, le gouvernement a voté une loi sur la propriété. Comme à Cantagalo, juste entre Ipanema et Copacabana. Visite guidée, à flanc de colline.

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ès notre entrée dans Cantagalo, un gamin athlétique lâche son cerf-volant et court vers nous. Ni une, ni deux, il essaye de m'extorquer mes lunettes. Puis, il cède au bout de quelques minutes. Dans les escaliers étroits, Silvia, jusqu'ici silencieuse, me rassure : « C'est de l'intimidation. Il fait le malin devant ses copains ». Silvia Perrone travaille depuis 15 ans à Cantagalo. Avec « Rio Arte Popular », son organisation, elle développe des projets sociaux, monte des spectacles de samba et emmène des visiteurs à la découverte des plus célèbres bidonvilles de la planète, où vivent plus de 2 millions de Cariocas.

La cité des hommes Aux portes des maisons, les gens sont surpris de nous voir. Aucune

hostilité, au contraire, des sourires et des gestes d’accueil nous encouragent. Silvia parle avec tout le monde. Avec Patol, par exemple. C’est le plus vieux de la favela. Il habite un gourbi de planches décoré avec des couvertures de magazines. Sa cabane de bois est fragile, mais Patol ne veut pas aller chez ses enfants. Il a toujours vécu là, comme un gardien de Cantagalo. À côté, on aperçoit des maisons plus coquettes, parfois peintes aux couleurs du Vasco (rouge), le club de foot proche. À l’intérieur, des salons un peu kitsch avec napperons, crucifix et bibelots. Ici, une cuisine d’où s'échappent des effluves de la feijoada de haricots, le plat traditionnel brésilien. L'on poursuit notre visite au milieu de gamins qui se bousculent en riant. Il y a 6 mois, ces mêmes enfants étaient >


Escalier Jorge Selaron (peintre chilien) : une Ĺ“uvre mutante sur 215 marches oĂš la place des carreaux changent en permanence.


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1 - Intérieur d'une maisonnette de la favela de Pavao. 2 - Dans un salon de coiffure de Cantagalo, la coupe « favela » : court dessus, rasé sur les côtés. 3 - Vieil habitant dans sa maison de bois à Cantagalo.

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Des enfants jouent au cerf-volant sur les toits de la favela de Cantagalo.

peut-être armés. L’ordre régnait. Mais c’était l’ordre des trafiquants. La drogue, surtout la cocaïne, faisait vivre du monde, plus ou moins directement.

Nouvelle ère Aujourd’hui, Cantagalo a entamé un long processus de « récupération dans la légalité ». Cette « pacification » a été permise grâce à un programme d'assainissement adopté par Lula, véritable Dieu des pauvres au Brésil, en mars 2008. Le gouvernement reconnaît les droits de propriété des habitants des favelas alors que ces quartiers se trouvaient jusqu'alors sur des terrains occupés illégalement. En contrepartie, ceuxci doivent abandonner les trafics et se débarrasser de la délinquance. La favela a donc laissé entrer la loi de la république... et donc la police.

Les trafiquants, eux, ont levé le camp. L’enjeu est important pour les habitants. Andrea, par exemple, est devenu propriétaire de son salon de coiffure, où l’on vient désormais d’Ipanema pour se faire une coupe « favela » c’est-à-dire court dessus et rasé sur les côtés. Béatrice, elle, pense, dès l’année prochaine, proposer ses jolies chambres sur la pointe d’Ipanema à des touristes. Contrairement à Lula qui annonçait cet été son projet pilote de « circuit touristique dans les favelas », Silvia pense que ce sera un peu trop tôt. « Je ne sais pas si des touristes pourront vraiment résider ici bientôt ». Dommage, parce que la vue est imprenable. D'un seul regard, on embrasse toute la baie, de Copacabana au Pain de Sucre, jusqu'aux plages d’Ipanema


Rio et Copacabana depuis le sommet de la favela de Pavao.

et de Leblon… En plus, grâce au téléphérique construit par la municipalité, les Cariocas d’en bas, plus fortunés, se retrouvent sur la colline en quelques minutes. Le lien social est-il pour autant rétabli ? Silvia ne semble pas complètement convaincue.

Plus on monte, plus c’est pauvre Les premiers habitants des favelas furent des esclaves affranchis et des ouvriers sans le sou. Ils ont tous participé au « rêve brésilien » : faire de Rio une capitale à l’occidentale, en construisant des tours immenses sur Copa’ et Ipa’. Mais, peu à peu, ils ont construit des maisons trop chères pour eux-mêmes et ont été repoussés sur les collines par la classe moyenne qui s’est emparée du littoral. Sur la colline, les maisons se sont alors entassées verticalement. « Et plus on

monte, plus les gens sont pauvres », explique Silvia.

Les vautours guettent Le risque évident de cette « pacification », c’est de voir débarquer dans les favelas des promoteurs qui tournent comme des vautours autour des petites maisons de briques. Pour Silvia, « il ne faut pas que les habitants se laissent déposséder de leurs maisons ». Vu la qualité des emplacements, le moindre début de spéculation redonnerait la priorité aux classes moyennes. En éloignant les anciens habitants vers de nouveaux bidonvilles... En attendant, les choses changent : à Pavao, la favela voisine de Cantagalo, la « récupération » est bien engagée… Les trafiquants désertent les escaliers étroits. Et une nouvelle vie s’installe… à cent lieues des lieux communs. /


Slinkachu

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Toy Stories Street-art, photographie // Londres // www.slinkachu.com, www.little-people.blogspot.com, www.andipa.com

Slinkachu n'est ni photographe professionnel, ni maquettiste, ni même modéliste. C'est avant tout un artiste autodidacte, d'une trentaine d'années, qui recrée des saynètes miniatures dans la rue, son terrain de jeu privilégié. À l'aide de petites figurines et d'objets du quotidien, il reconstitue les scènes de la vie courante et les passe au crible de son humour souvent frondeur. Mis en abyme dans l'immensité urbaine, ses personnages posent discrètement au bord d'une flaque d'eau, sur une bouche d'égout, à côté d'une gouttière, sur un passage piéton ou à même le mur. Des endroits exposés à la vue de tous, sous nos pieds d'hommes pressés, mais


texte ¬ Carole Lafontan

si peu explorés lors de nos trajets en ville… Slinkachu nous propose de ralentir la cadence avec son théâtre du minuscule. Ses photographies confrontent cadrage macro et prise de vue lointaine, révélant de passionnants jeux d'échelle, où la réalité se laisse progressivement découvrir. Parallèlement à son Little People Project débuté en 2006, l'artiste travaille depuis 2008 sur une autre série. Baptisée Inner City Snail, cette dernière met en scène de vrais escargots peints par le Londonien puis remis en liberté dans la ville, comme si de rien n'était... Un joli pied de nez aux tagueurs compulsifs. /


ABRACADA Manu Barron & Dirk De Ruyck propos recueillis par ¬ Hakima Lounas photo ¬ Brian Jackson - Fotolia.com / DR

Dans un communiqué, ils citent allègrement Churchill : « L'attitude est une petite chose qui fait une grosse différence ». Celle de Manu Barron et Dirk De Ruyck tient en deux mots : persévérance et exigence. Une ligne de conduite qui a marqué les mémoires dans nos contrées. Aujourd’hui encore, on se souvient de l’empreinte de Manu sur la programmation de l'Aéronef (Lille), du Dour Festival ou de la Condition Publique (Roubaix). Et des talents de fin limier de Dirk, à la tête du Culture Club à Gand puis chez Eskimo Recordings. Désormais à leur compte, les chaleureux créateurs du visionnaire label Abracada sont restés idéalistes. De l'électro club de Mikix the Cat au nu-disco de Villa, ils ont plus d’un tour dans leur sac. Rencontre abracadabrantesque !


Dirk De Ruyck

Manu Barron

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« Abracada est un label qui crée des rencontres. » Pour monter un label indépendant en 2010, faut être un peu tarés, non ? MB : Ça c'est sûr ! On est un peu fous. Mais pas question de lâcher l'affaire et de céder à la morosité ambiante ! On avait envie d'avoir notre propre « terrain d'expérimentation ». DDR : On est surtout des passionnés qui managent des artistes débutants. On a donc créé ce label pour signer et développer nos propres artistes. Abracada est le prolongement de nos activités parallèles. Tout de même, économiquement ça roule comment ? DDR : On limite les risques grâce à des sorties exclusivement digitales. MB : C'est moins lourd que de travailler sur des LP qui sortent en physique, c'est sûr. C'est quoi l'esprit Abracada ? Le fil rouge ? MB : On ne s'intéresse pas à un style

musical particulier. On peut à la limite distinguer deux familles... DDR : Oui, d'ailleurs, à partir de 2011 on nommera « Black Magic » tout ce qui sonne club et électronique; et « White Magic » les sons plus frais, dance/pop. MB : Finalement, cette double ligne artistique est à l'image de notre équipe. Dirk et moi sommes à la Direction Artistique générale, mais Brodinski et bien d'autres artistes gravitent autour de nous (Pilooski, Renaissance Man, etc). Abracada est un label qui crée des rencontres, on se laisse le droit de signer qui l’on veut. Chiche de sortir un maxi hip-hop alors ? MB : Rien n'est interdit. DDR : Oui c'est possible... Mais chercher un titre hip-hop, c’est déjà trop ciblé. Nous, on ne veut pas faire un truc ciblé. Lorsqu’on a signé Aeroplane, personne ne comprenait leur musique, entre électro, dance et disco. De même, quand j'ai découvert Washed Out il y a >


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☛ Les sorties : Villa ft. The New Sins, Mikix the Kat ft. Shannon, The Aikiu, The Krays, Poni Hoax. 3 ans, c'était juste de la bonne musique maintenant on appelle ça du glo-fi ou de la chillwave. N'importe quoi ! MB : Après, soyons honnêtes : quel intérêt à travailler sur un track de death metal, alors qu'on n'est pas référents ? On reste ouverts, mais on se tourne d’abord vers ce qui nous plaît, on a une grosse culture électro, club, pop. En parlant d'ouverture, Manu, penses-tu que la jeune génération est suffisamment ouverte et curieuse ? MB : Oui, on a affaire à une jeunesse qui décloisonne les styles. Maintenant tu peux assister à un concert de Dead Weather, enchaîner avec un set club de Diplo et écouter du rap chez toi. À 15 ans, quand j'ai découvert Purple Rain de Prince, j'osais pas le dire à mes potes parce qu'on faisait semblant d'être

punk et que tu ne pouvais pas écouter les Clash et aimer Prince. Ça marchait pas ! (rires) S’il ne fallait retenir qu’un seul label dans toute l'histoire de la musique, ce serait lequel ? MB : Pour moi, ce serait Tribe Records. Un label de Détroit des années 70. Une expérience incroyable à une période incroyable : une communauté d'artistes talentueux et engagés, dont Black Magic Orchestra. Un mélange de musique et de contestation sociale époustouflants. DDR : Oh Fuck... I don't know... Ah si, Island Records ! Un label fondé par un mec génial, Chris Blackwell. Il signait et produisait les artistes lui-même, très fort à l'époque. Il a révélé Bob Marley, Grace Jones, Roxy Music et tant d'autres. /

☛ ABRACADA Tour avec Pilooski, TheKrays (Brodinski & Yuksek), The Magician, Mustang, Villa, Mikix the Cat, Renaissance Man... 4.11, Paris, Social Club | 10,11, Bruxelles, Libertine Supersport




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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ James Kendi

C’est la même chanson C’est l’histoire de deux Américains, avec l’air de rien et des cheveux banalement moches. Ils aiment faire de la musique, avec une guitare slide qui miaule et des synthés cheap. Et aussi remixer du hip-hop. Soudain, wow, ça marche pour eux, le monde musical les adoube et les fans achètent les T-shirts qui vont avec les albums. Ils s’appellent Ratatat. Reprenons depuis le début. Les deux gars, ce sont Mike Stroud et Evan Mast. Ils commencent à bidouiller ensemble vers 2001, mais ce n’est qu’en 2004 qu’ils fondent Ratatat. Il faut sans doute du temps pour assumer leur concept musical. Un savant mélange de ce que la guitare rock peut faire de plus sexy à un synthétiseur Bontempi, le tout assis sur une basse un peu chaude. Du temps, et un frère (celui d’Evan) possédant un label de musique. Qui ne rechigne pas à sortir le single Seventeen years. Les portes d’autres labels s’ouvrent alors pour publier l’album Ratatat, composé d’instrumentaux. Merry Christmas ! Suivent ensuite Classics, Lp3, et le tout dernier Lp4. Ils se suivent et se ressemblent, sans lasser. C’est un peu comme la magie de Noël (quand on aime Noël). Chaque année, on se réjouit des illuminations et des sapins enguirlandés, en attendant le grand final avec sa bûche et ses cadeaux, tandis que les surprises pimentent le rituel. Les surprises dans la discographie de Ratatat, ce sont deux albums de remixes. Le duo rivalise ici de souplesse, cultivant une production caractéristique, notamment pour des artistes hip-hop. Si vous estimez que vous avez été bien sages cette année, offrez-vous ce concert ! / ❥

ratatat 20.11, Bruxelles, Botanique, 20h : complet ! 21.11, 18h, Tourcoing, Grand Mix, 13/16€, +33 320 70 10 00, www.legrandmix.com



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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ Agoria © DR

Bruxelles a le groove L'équipe artistique de Groove City n'a que quatre mots à la bouche : Drum'n'bass, House, Techno et Electro. De la bonne vieille musique d'ordinateur, quoi. Comment des producteurs de sons électroniques (a priori froids) peuvent aussi bien incarner la notion (a priori chaude) de groove ? Réponse sur la brûlante piste de Kart expo à Bruxelles. Maître Wikipédia explique que le groove est « un état indéfinissable de la musique, un moment un peu magique, de grâce, où celle-ci décolle rythmiquement ». Beaucoup de guillemets pour un terme finalement abstrait, subjectif et ultra galvaudé. Agoria, par exemple, fausse brillamment les pistes : ses compositions synthétiques et minimalistes dégagent une chaleur et une émotion inouïes. Grâce à ses nappes de violons, le Lyonnais réussit à créer une musique au lyrisme envoûtant. Ce tour de force est d'ailleurs la marque de fabrique de la clique de Détroit (berceau originel de la techno, qui fête cette année ses 25 ans), dignement représentée pendant le festival par deux des précurseurs du genre : Derrick May et Carl Craig. Le gang de Brixton Dans un registre plus hédoniste et immédiat, on est ravi de retrouver les trublions de Basement Jaxx. Déjà 15 ans que Simon Ratcliffe et Felix Buxton cultivent un son festif et crossover, à l'instar de leur dernier album Scars (2009). Sur les dernières compositions de ce duo anglais bien inspiré, on entendait Kelis, Yo Majesty, Amp Fiddler, Yoko Ono ou encore Santigold. Avec tout ça, on a vite fait de remballer nos a priori pour aller groover au Kart Expo, non ? / ❥

GROOVE CITY Prog : Agoria, Carl Craig, Derrick May, Basement Jaxx, Roni Size & MC Dynamite, The Quesmists, Martin Solveig, Dimitri Andreas, Slum Dogz, David Vendetta ft. Micah etc. 27.11, Bruxelles, Kart Expo, 24€, www.groovecity.be


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texte ¬ Olivia Volpi - photo ¬ Ravi

texte ¬ Olivia Volpi - photo ¬ Angela Boatwright

M.I.A.

Chromeo

Peut-on être une virulente sympathisante des Tigres Tamouls et vendre des fringues fluo-ethniques aux fashionistas ? Est-il raisonnable de s’acoquiner avec Romain Gavras pour simuler le massacre des roux ? M.I.A. aurait pu se contenter de sa carrière musicale, portée au pinacle par un mélange de jungle, de dancehall et d’audace stylistique dans les arrangements. D’autant qu’elle a évité de surjouer le côté bonnasse qui permet aux belles filles de réussir dans ce monde ingrat. Sur scène, elle dégage une énergie et un charisme électrisants, sertis de costumes luxuriants. Mais alors, ses engagements politiques controversés et son association caritative, son image de réfugiée et sa vie dans les beaux quartiers de L.A., sa façon de toucher à tout, de la mode au rap en passant par le graphisme, est-ce de l’art ou du cochon ? /

Paillettes et volupté, c’est ça la vie dans le monde merveilleux de Chromeo. Le duo montréalais réunit Dave 1 (le grand nerd efflanqué) et P-Thugg (le bandit courtaud et grassouillet) depuis 2001. Et si Chromeo est peu prolifique (3 albums en six ans), c’est à bon escient. Chaque opus est aussi finement ciselé que la menthe d’un cocktail raffiné, aussi frais et enivrant qu’un mojito en bord de plage au soleil couchant. D’autant plus que Business Casual, son dernier disque, puise aux sources du disco le plus hédoniste, et le shake avec un second degré trop rare derrière le comptoir de la pop. Sur scène, le duo ne ménage pas ses effets, bombarde le public de confettis, affuble les synthés d’une sacrée belle paire de gambettes : on est là pour danser, danser, et encore danser. Une fois n’est pas coutume : consommez sans modération. /

15.11, 19h30, Trix, Anvers, 30€, 03 670 09 00, info@trixonline.be 24.11, 20h, Courtrai, De Kreun, 32/30/27€, 0 56 370 644

19.11, 20h, Bruxelles, Botanique (Orangerie), 14/17€, 2 218 37 32, www.botanique.be




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texte ¬ Olivier Clairouin photo ¬ !!! © Lane Coder

Triple claque Ils auront pris leur temps. Trois ans après Myth Takes, !!! - prononcez « tchik tchik tchik » ou toute autre monosyllabe répétée trois fois – sort son quatrième album : Strange Weather Isn’t It ?. Un bulldozer sonore que les sept têtes brûlées de Sacramento ramènent sur scène le 29 novembre, au Botanique. Décrire la musique de !!!, c’est comme tenter d’expliquer un film de David Lynch à sa petite sœur : faut réserver sa soirée. Leur son est un collage improbable de funk, de disco, de rock psychédélique et d’électro. Une mixture dance punk qui rappelle le terrain de jeu de LCD Soundsystem. Et c’est justement avec l’aide d’éric Broucek, ancien ingénieur du son chez DFA (le label de James Murphy, tête pensante de LCD), que !!! a mis au point son dernier opus, sorti en août dernier chez Warp. Bien que plus condensé – fini les titres fleuves – et peut-être plus accessible que ses prédécesseurs, on y retrouve la voix caractéristique de Nic Offer, soutenue par une basse accrocheuse et des beats à réveiller les morts. Bêtes de scène Un peu groggy depuis la mort de Jerry Fuchs, son batteur, et le départ de trois autres de ses membres, !!! veut faire mordre la poussière à quiconque pronostiquerait sa fin. En concert, Offer multiplie les déhanchements façon Jagger et sautille en caleçon d’un bout à l’autre de la scène, pendant que ses acolytes emplissent l’espace d’un son brut, animal. Aucun doute : Bruxelles sentira bientôt la sueur, la poudre et le soufre. / ❥

!!! (Chk Chk Chk) 29.11, 20h, Bruxelles, Le Botanique, 22/19€, 02 218 37 32


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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ EMI Music LTD Jamie Hewlett

texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ james carney

Gorillaz

The Black Keys

Caché derrière des dessins animés, Damon Albarn s'amuse comme un fou avec le projet Gorillaz, qui, s'il n'était pas artistiquement enthousiasmant, serait déjà un épatant concept marketing. Le soin apporté au contenant (identité visuelle, videoclips, apparitions scéniques...) n'est en effet pas ici un cachemisère. Le troisième album des singes déglingués est apparu en début d'année avec un casting béton (Snoop Dogg, Lou Reed, Mos Def...) et une collection de tubes electro-hip-pop de classe inter galactique. Normalement, Shaun Ryder, De La Soul, Bobby Womack, entre autres, rejoindront la ménagerie sur la giga-scène du Lotto Arena. Question : comment ces stars cohabitent-elles en tournée ? Et comment vivent-elles les répétitions avec ces singes de Murdoc Niccals, 2D, Noodle et Russel Hobbs ? En tout cas, nous, même pour un Gorillaz-on-ice, on signe. /

Le mois dernier, on parlait ici-même du retour de la soul. Ce mois-ci c'est au blues de faire des heures sup'. Empêcherait-on aussi aux genres musicaux de prendre leur retraite ? The Black Keys ont voué leur existence à réveiller un blues enraciné sur les rives du Mississipi, à quelques encablures des locaux du label Fat Possum. Un peu comme les White Stripes, c'est en maniant paradoxalement une musique très exploitée et dont on pensait ne plus rien tirer, que les Black Keys ont fait l'unanimité. D'abord sous la houlette de Dangermouse (sur Attack & Release), puis en s'enfermant rien qu'à deux en studio pour produire 15 titres empreints d'un blues rock dans la veine de Robert Johnson. Et en réalisant, pour couronner le tout, des clips à la fraîcheur vivifiante. Prenez Tighten Up, une pure merveille. / ❥

22.11, 20h, Anvers, Lotto Arena, 55€, www.livenation.be, complet !

15.11, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique,

complet !

25.03, 20h, Lille, L'Aéronef, 30/25e




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texte ¬ Sylvie Cious photo ¬ DR

Enemy & Lovers B-boys et b-girls, bras en l’air et déodorant longue durée s’il vous plait ! Un monstre sacré du hip-hop débarque en bas de chez vous… Public Enemy est une légende : l’un des groupes de rap les plus influents, toutes tribus musicales et générations confondues. Petit rappel des (mé)faits à ne pas louper. Début des années 80 : ceux qui froissaient encore les jupes de maman ou ne juraient que par la new-wave ont sans doute manqué la naissance de ce groupe révolutionnaire. Beats taillés au cutter, premiers samples, textes ultra engagés, Public Enemy invente le rap hardcore. Ce n’est véritablement qu’au début des années 90 que les quatre fantastiques (Chuck D, Flavor Flav, Terminator X, Professor Griff) font l’unanimité. Grâce au génial Nation of Millions to Hold Us Back, Public Enemy devient le premier groupe à rassembler critiques rock et fans de rap. Fervents dénonciateurs de l’état policier, des inégalités sociales et autres injustices raciales, leurs textes sont très souvent controversés (surtout lorsqu’ils flirtent avec les idées de Louis Farrakhan de la Nation of Islam). Ils inventent le rap politique, agacent autant qu’ils déchaînent les foules. Rappers en or Pas moins de 17 albums, BO, Live, Best of, en 20 ans de carrière, Public Enemy a été très prolifique. Leur dernier méfait remonte à 2007, avec l’album How You Sell Soul To A Soulless People Who Sold Their Soul ? Le public les attend donc au tournant. Le plus rock des groupes de rap (leur live convoque guitare, basse, batterie et DJ…) n’a pas intérêt à céder aux sirènes de l’american way of show-business. À l’heure des retrouvailles, personne n’est prêt à se contenter d’un passage formaté, de trois petits tours sur scène et puis s’en vont. / ❥

PUBLIC ENEMY 9.11, 20, Bruxelles, Ancienne Belgique, 35€, 02 548 24 24


musique |

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texte ¬ Audrey Chauveau photo ¬ jason glasser giants

texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Christina Jaspars

AfroCubism

Syd Matters Qui a dit que les concours étaient bons pour les never be ? Pas Jonathan Morali ! En 2004, Syd Matters était lauréat du concours CQFD des Inrocks. élevé à la folk, il a débuté seul, puis entouré de 4 musiciens, il a peaufiné sa recette : instrumentation forte, textes poétiques, langueur mélancolique. La sauce a pris ! En 2007, le groupe signait la B.O. de La Question Humaine de Nicolas Klotz. Aujourd’hui, le quintette présente Brotherocean, opus inspiré de la trilogie de Romain Gary. Une ode à l'océan emmenée par la douceur pop-folk de Hi life dont les accords et harmonies vocales relève du travail de chef étoilé. D'ailleurs, la tournée « balades sonores », privilégiant les endroits incongrus, est étudiée pour libérer toute la saveur de l’album. / ❥

5.11, 20h30 Bruxelles, Atelier 210, 15/12€, + 32 2 732 25 98 10.11, 20h, Liège, Brasserie Sauvenière, 15,5€

Souvenez-vous, ils ont été les acteurs d’un conte de fée moderne à la fin des années 90. Compay Segundo, Omara Portuondo et leurs camarades poursuivaient humblement leurs carrières dans les ruelles décrépies de la Havane, quand le producteur Nick Gold est venu sonner à leur porte. Avec le projet de réunir des musiciens cubains et maliens pour former un groupe de légende. Malheureusement, pour une sombre histoire de passeports, l'équipe africaine ne put y participer. Mais, finalement, 14 ans après, AfroCubism voit enfin le jour. Ce « vieux rêve » regroupe donc des anciens du Buena Vista Social Club, mais aussi des membres du Grupo Patria et, côté malien, le guitariste Djelimady Tounkara et le maître de la kora Toumani Diabaté, pour ne citer qu'eux. Autant de virtuoses que le Palais des Beaux-Arts est heureux d'accueillir pour un concert historique, exclusif en Belgique. / ❥

16.11, 20h, Bruxelles, Palais des BeauxArts, 50/25e, 02 507 82 00



rencontre |

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« En tournant avec un appareil photo, j’ai l’impression d'inventer un nouveau langage ».

Quentin Dupieux Sortie de route

texte ¬ Baptiste Ostré - photos ¬ Rubber © UFO Distribution

Il a enflammé les dancefloors et marqué les mémoires avec sa marionnette jaune « Flat Eric » (publicité Levi’s). Derrière Mr Oizo se cache Quentin Dupieux, réalisateur remarqué aussi en 2006 avec Steak. Un échec commercial, devenu progressivement culte. Son troisième film, Rubber, a toutes les chances d’accéder à ce même statut. Fable singulière et absurde, cette histoire de pneu télépathe et serial killer a été tournée en un mois avec un appareil photo. Rencontre gonflée à bloc ! J’ai lu que le cinéma était ta première vocation. Est-ce bien le cas ? Tout à fait. Je tourne des petits films avec ma caméra depuis l’âge de treize ans. J’ai ensuite été réalisateur de publicités. Un réalisateur soi-disant confirmé dans ce registre. Mais, les spots Levi’s ont bien marché parce que j’ai travaillé en

totale liberté. Ce ne serait plus le cas aujourd’hui, je ne serais qu’un maillon de la chaîne… De toute façon, je ne comptais pas en faire mon métier. Je cherche avant tout à m’amuser. Comme c’est le cas avec la musique. Si je veux, demain, je peux sortir un disque avec des bruits de tronçonneuse ! >


Ton avatar musical, Mr Oizo, reste d’ailleurs plus connu que Quentin Dupieux, le réalisateur… C’est vrai. Ça viendra petit à petit. Après tout, je n’en suis qu’à mon troisième film, si on compte NonFilm qui est quand même une sorte de caprice adolescent. Sinon, Mr Oizo a été un accident. En fait, j’ai commencé la musique en bricolant des trucs pour illustrer mes courtsmétrages. Utiliser de la musique déjà existante m’aurait posé des problèmes de droits d’auteur… Flat Beat je l’ai donc vraiment fait par hasard, pour la marionnette. Après ça, je me suis intéressé à la dance music, à la réaction du public sur le dancefloor et j’ai rencontré Laurent Garnier. Mr Oizo était un accident ? Oui, malgré l’ampleur du phénomène, il n’y avait rien de calculé ou de vicieux de ma part. Avec Flat Beat, je n’ai pas cherché à produire un truc catchy que je répéterai à l’infini. Rien

de prémédité, même si la musique m’a, il est vrai, toujours intéressé. Rubber conserve aussi un aspect bricolé, spontané, avec cette façon de ne pas se conformer aux règles… Rubber est né de l’envie de renouer le contact avec la caméra. Steak m’a fait connaître les conditions d’un tournage classique, où tu n’as pas le droit d’y toucher. Tu pouvais jeter un œil à la caméra, mais quasiment pas la bouger, au risque de la dérégler. Sur un tournage traditionnel, une caméra devient un objet assez austère, source de problèmes. Impossible, en fin de journée, de tourner des images supplémentaires, simplement parce que la lumière est belle. Avec la réalisation de publicités et Steak, je me suis senti peu à peu dépossédé du droit de filmer. Confier sa vision à quelqu’un d’autre est très douloureux pour un mec comme moi qui a été habitué à filmer avec une caméra 16 mm. Dans Rubber,


j’ai donc retrouvé des sensations de jeunesse. En tournant avec un appareil photo, j’ai l’impression d’inventer quelque chose, de chercher un nouveau langage. C’est ce qui a rendu le projet Rubber particulièrement excitant. Au-delà de l’aspect technique, avec Rubber, on hésite constamment entre le rire et la peur. Ça te plait de brouiller les pistes ? Je trouve qu’il n’y a rien de plus tragique qu’un film qui déroule son programme de A à Z. En tant que spectateurs, on s’est habitués à certains schémas. Or, ça ne m’intéresse pas de tirer les ficelles, de dire quand il faut rire ou non. J’aime quand un film emprunte une voie avant de dévier radicalement. Plutôt que de choisir une piste verte ou bleue, je préfère le hors-piste : je ne voulais pas me contenter de faire un slasher avec un pneu tueur. Penses-tu revenir au tournage

classique ou poursuivre dans la voie tracée par Rubber ? Je vais rester le chef’op instinctif de Rubber. Avant de faire ce film, je travaillais sur un autre projet, Réalité. Une comédie un peu plus compliquée à produire, plus chère, moins funky. Mais j’ai passé pas mal de temps à la réécrire pendant qu’on tournait Rubber. Pour l’adapter à ce nouvel outil. Cela signifie-t-il que Mr Oizo disparaît de la circulation ? Non, non, il est toujours présent ! Sauf que mon inspiration musicale fonctionne un peu par cycle. Elle vient ou ne vient pas, ce n’est pas quelque chose que tu décides autant que le cinéma. J’ai déjà mis beaucoup de temps à rebondir après mon premier album, pour ne pas me répéter. Pour l’instant, j’attends la nouvelle excitation. / ❥ Rubber, sortie le 10.11, www.ufo-distribution.com www.myspace.com/oizo3000


Prima cosa bella

Bassin de cultures Tous les deux ans, un air de Sirocco souffle sur Bruxelles. Et pour une fois, le dérèglement climatique n’y est pour rien. Le responsable est à chercher du côté du festival du film Méditerranéen, le Med’ pour les intimes. 20 pays à l'affiche, 60 films, des concerts, des expos et un marché exotique… pourquoi bouder notre plaisir ?

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texte ¬ Edlef Kowalyk photos ¬ DR

l est rare que l'on puisse voir un film marocain, grec, serbe ou encore libanais sur les écrans belges. À moins, bien sûr, qu'il soit primé à Cannes ou à Berlin. Comme le souligne Patrick Matthys, coordinateur de l'organisation du festival : « En Europe il y a surtout ce cinéma américain très populaire qui envahit les écrans avec des budgets pharaoniques. Pourtant à côté de ça il y a de vraies petites perles ! ». Et des perles, il y en a cette année au Med. Avec 60 courts et longs-métrages passés au crible du jury (présidé par


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Chaque jour est une fête

Claude Brasseur), le festival prouve que les deux dernières années ont été particulièrement prolifiques autour du bassin méditerranéen. Demandez le programme ! De Canine, regard incisif sur une famille grecque, à Chaque jour une fête, roadmovie libanais sur trois femmes de taulards, la programmation offre une alternative salvatrice au mainstream, avec, notamment, une savoureuse sélection de film turcs (Istanbul capitale européenne de la culture, oblige). Pour pimenter le tout, le festival se prolonge loin des salles obscures, proposant débats, contes et concerts. Comme celui de Krupnik, un exubérant quatuor de musique juive. Enfin, pour achever de planter le décor, un marché méditerranéen dispense tatouages au henné et loukoums à volonté. /

Son of babylon

Festival du cinéma Méditerranéen du 5 au 13.10, Bruxelles, Botanique, 5/3€, 02 800 80 04, www.cinemamed.be


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texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ DR

texte ¬ Baptiste Ostré - photo ¬ Tignous

We Had A Dream

Draquila, l’Italie qui tremble

Le voici. Le témoignage définitif de l’épopée d’une bande de potes marqués à jamais par un teknival (Tarnos, 1995) et devenus acteurs du phénomène. Les clichés de travellers évacués (ni clébard, ni camtar ici), le sound system souvent décrié se souvient de tout : vie en communauté, drogues, premiers mixes, et puis les fêtes, évidemment des déchetteries au xvie arrondissement, des teufs tchèques à l’Olympia. La free party, pratique visible d’un mouvement artistique sans manifeste, possède peu d’archives – quelques flys, certes, mais surtout une histoire orale, où le vrai se mélange au faux. Ces contes et légendes sont (parfois) confirmés par des protagonistes à la franchise tranquille et animés d’une violente lucidité. Reste ce titre, We Had A Dream. Le rêve est-il accompli ? Pas sûr. La réalité revenue, certainement. Incontournable. /

Draquila a fait trembler le gouvernement italien. Documentaire à charge contre la politique menée par Silvio Berlusconi, il a provoqué le boycott du ministre de la Culture italien lors du dernier festival de Cannes. Sabina Guzzanti, la réalisatrice, n’en est pas à son premier coup d’essai : avec Viva Zapatero en 2005, cette imitatrice, célèbre dans son pays (il faut la voir, dans Draquila, grimée en Berlusconi), s’attirait déjà les foudres du gouvernement. Film révolté, Draquila, fait presque œuvre de paléontologie. Guzzanti fouille les décombres du tremblement de terre de l’Aquila, petite ville des Abruzzes, pour reconstituer la chute de l’Italie. Liens avec la Mafia, jeux de relations et lobbying intense : la critique est vive et féroce. /

Damien Raclot- Dauliac/Heretiks (DVD) We Had A Dream (Heretiks/Topplers)

de et avec Sabina Guzzanti. Sortie le 3.11



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Saatchi

épate la galerie texte ¬ Judith Oliver

Pour les habitants de la Métropole et les assidus du Tri Postal de Lille, la surprise risque d’être de taille. Avec quelques néons, des litres de peinture et maintes cimaises, l’équipe de Lille3000 a complètement métamorphosé le lieu. Sol blanc, murs clairs : fort de ses nouveaux atours, l’écrin industriel de 6000 m2 se donne des airs de galerie. Ambiance « white box ». Une scénographie parfaitement adaptée aux soixante œuvres monumentales présentées dans le cadre de la Route de la Soie, exposition imaginée à partir des fonds indiens, chinois et moyen-orientaux de la collection Saatchi. Suivez le guide.


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1. Like Everyday Series (Pan) , Courtesy of the Saatchi Gallery, London © Shadi Ghadirian 2. Untitled (Eclipse) 3, Courtesy of the Saatchi Gallery, London © Jitish Kallat, Iris dreams 3. Heads On Plate, Courtesy of the Saatchi Gallery, London © Hayv Kahraman 4. Untitled, Courtesy of the Saatchi Gallery, London © Ahmad Morshedloo, Assar Art Gallery

est en avant-première mais affublés de ridicules surchaussures de papier que l’on pénètre dans l’exposition. La peinture n’est pas encore sèche, le chantier bat son plein, chacun s’agite sous l’égide bienveillante du grand chat de Qiu Jie, posant fièrement en début de parcours. Cette image, placardée partout en ville, a servi d’ efficace étendard pour annoncer la venue à Lille de la prestigieuse Saatchi Gallery –une première en France. Certes, ce portrait de Mao sous les traits d’un impassible félin révèle l’inclinaison du célèbre publicitaire anglais pour l’art figuratif actuel (toutes les pièces présentées sont postérieures à 2001). Mais il ne préfigure en rien le caractère engagé des œuvres qui fait la richesse de l’exposition. Conditions de travail des ouvriers, position de la femme, religion, conflits, mutations sociales et économiques… d’installations monumentales en peintures, ces thématiques se font écho. Fortes et explicites.

Multipistes Bien plus que celles de l’exposition Pinault* qui supposaient un important travail de médiation, les œuvres de la


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collection Saatchi sont en effet particulièrement accessibles. Comment, par exemple, rester indifférents devant cette improbable cohue qui règne au premier étage ? Dans la confusion la plus totale, une armée de grabataires se livre à une incroyable partie d’autotamponneuses en fauteuils roulants. On peut rire face à cette scène incongrue, reste que l’hyperréalisme de ces personnages (citant des militaires ou hommes d’Etat) fait froid dans le dos. De la même façon, les incroyables prieurs en aluminium de Kader Attia ou, plus loin, les photos de Shadi Ghadirian, qui réduisent la femme à un voile et un ustensile de cuisine, interpellent tout le monde.

L’art se lève à l’Est Si Saatchi montre un gout prononcé pour des pièces narratives et suggestives, celle-ci n’en restent pas moins polysémiques et riches. Ensemble, les préoccupations de ces artistes indiens, chinois ou moyen-orientaux dressent un portrait complexe de leurs sociétés en mutation. Et, comme pour chaque œuvre isolément, le tableau final a l’intelligence d’être en demi-teinte. On sent bien sûr dans l’engagement des plasticiens, le poids des facteurs d’immobilisme – diplomatiques, économiques, sociaux ou religieux. Reste que chacun d’eux manifeste un amour profond pour son pays, sa culture et l’espoir de jours meilleurs. /

* Passage du temps de la Collection François Pinault Fondation (automne 2007)

La Route de la Soie – Saatchi Gallery jusqu’au 16.01, Lille, Tri Postal, mer>dim, 10h > 19h, ouvertures exceptionnelles les 1er&11.11, 6/4€, Grat. -16 ans, Pass lille3000 (15€ - offrant TR dans de nombreux musées du Nord-Pas-deCalais, de Belgique et de Paris), visites guidées sam&dim 11h. www.lille3000.com


Pipe-show


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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Stéphane Dabrowski

Reprise à Gand de l'exposition Tati, deux temps, trois mouvements, présentée l'an dernier à la Cinémathèque Française. Ou comment faire entrer la critique de la modernité, notamment architecturale, dans un cloître de Carmes. Merci Macha Makeïeff. Exposer le cinéma n'est pas chose aisée. Ce n'est souvent qu'une triste dissection : ouvrir l'écran pour en sortir des objets qui dévoilent leur sordide banalité, n'ayant jamais eu de sens que par la transfiguration de la pellicule. On n'échappe pas ici à l'écueil : la bicyclette de Hulot, le mobilier des Arpel, une carcasse de voiture, un Oscar (un brin défraîchi...), etc., etc. Fétichisation par la culture des objets dont Tati moquait la fétichisation par l'industrie, avec, comme totem, la pipe géante qui trône au milieu du cloître (les freudiens apprécieront). La maîtrise du trafic Comprimé dans un espace haut mais étroit (on embrasse la salle d'un regard), Makeïeff crée néanmoins d'intéressants jeux d'échelle. Entre les maquettes et les lieux reproduits en taille réelle (le couloir de Playtime), le visiteur glisse d'un film à l'autre, d'un extrait à sa propre présence au monde, avec un léger vertige. Cette confrontation de l'homme à un espace qui l'engloutit se retrouve dans les quelques dessins de Saul Steinberg et de Sempé qui résonnent ici superbement avec l'oeuvre de Tati. L'autre intérêt est une installation vidéo sur six écrans, offrant une analyse ludique et profonde de l'art du maître (à voir sur la banquette des Arpel !). On espère en tout cas de tout coeur qu'un Hulot (ou un enfant...) animera les objets de sa présence, passant outre les « Interdit de toucher » pour enfin faire soupirer le siège de Playtime ! /

Jacques Tati - Deux temps, trois mouvements jusqu’au 16.01, Gand, Centre Culturel Provincial-Caermersklooster, 8/6€, 09 269 29 10 Tous les jours sauf lundi de 10 à 17h. Fermé les 25.12 et 1.01


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texte ¬ Edlef Kowalyk photo ¬ Jean-Auguste Dominique Ingres, La Petite Baigneuse © The Philips Collection, Washington, Edward Owen

Œuvres Orientées Le harem et ses odalisques, l'Égypte et ses vestiges, les ruelles pittoresques et marchés colorés... aujourd'hui encore, notre vision des cultures maghrébines et moyen-orientales est saturée de clichés. Le musée royal des beaux-arts se propose de revenir sur leur origine en auscultant un phénomène culturel majeur apparu dès la fin du xviiie : l'orientalisme. Si elle ne constitue pas à proprement un courant artistique, la fascination pour l'Orient, devient, au xixe, l'une des principales sources d'inspiration des milieux artistiques et intellectuels. Cet intérêt pour la culture, l'architecture, l'histoire et les mœurs de ces pays, alimenté par la riche actualité (conquête de l'Égypte, prise d'Alger, colonisation, ouverture du canal de Suez...), est entretenu par les nombreux voyages des peintres. Les productions de l'époque, souvent richement détaillées, mêlent allègrement observations documentaires et fantasmes. De salle en salle, les sujets se répètent dans une surenchère d'exotisme et de sensualité : les femmes sont alanguies dans des nuages de vapeur, le désert soulève une tempête de sable sur des chameliers... Pourtant, les 160 toiles* présentées ici révèlent d'importantes nuances de traitement. Ainsi, à cette vision romantique s'oppose une approche naturaliste, portée notamment par Jean-Léon Gérôme, pour qui il s'agit de fixer avec un réalisme presque photographique, la mémoire de pays transformés par les Européens. D'autres, enfin, comme Renoir ou Kandinsky, puisent dans l'intensité de la lumière d'orient pour épurer leur art. / * De Guérin (1806) à Klee (1922)

De Delacroix à Kandinsky : l'orientalisme en Europe jusqu'au 09.01, Bruxelles, Musée royaux des beaux-arts, mar>dim, 10h>17h, 8/5€, 02 508 32 11, www.expo-orientalisme.be




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texte ¬ Grégory Escouflaire photo ¬ Juin 2008 © Gilbert Fastenaekens

Le tourbillon de la vie Confronter le Bruxelles d’hier à celui d’aujourd’hui, au-delà du jugement et de la nostalgie : telle est la mission que s’est donnée le photographe Gilbert Fastenaekens avec son livre (et l’expo) Correspondance. Une « reprise de vue » aux accents métaphysiques, qui interroge notre rapport au monde, à l’Histoire, et au temps. S’emparer d’une photo du passé (1890-1928) et la « reconduire » en respectant le lieu, le cadrage, la lumière, l’ombrage et la saison. C’est l’idée, le protocole, qui sous-tend tout le travail de Gilbert Fastenaekens. Pour ce projet « utile », tel un « passage de relais » aux générations futures (photographes, architectes ou citoyens), il a passé en revue près de 30 000 cartes postales de Bruxelles, pour en retenir 350. L'expo en présente donc une sélection, avec, pour chacune, un même sujet saisi à deux époques différentes, sur le principe : avant, après. « Le paramètre commun à toutes ces images, c’est qu’il subsiste une trace du passé pour réaliser la reconduction photographique », précise l’auteur. Témoins L’objectif premier n’est pas de s’amuser avec un « jeu des 7 erreurs », mais d’éveiller chez le spectateur une réflexion sur « le vertige du temps qui coule », pour citer l’architecte utopiste Pierre Loze (qui signe la préface). En scrutant ces photos de Bruxelles, ces lieux ordinaires que l’on croit bien connaître, surgit ainsi le sentiment, étrange (inquiétant ?), d’être emporté dans un drôle de mouvement. Celui d’une ville, d’une société, d’un monde, bref d’une humanité, qui ne cesse d’aller et de revenir, de changer, de bifurquer, d’apparaître ou disparaître. C’est un élan de vie et ça donne le tournis, même si « chacun y voit ce qu’il veut », insiste le photographe… Vous verrez : ça vaut l’aller-retour. / ❥

Correspondance. Bruxelles, d’un siècle à l’autre (Reconductions photographiques – Gilbert Fastenaekens). jusqu’au 24.12, Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles, lun>ven, 8h>16h, dim 11h>17h, fermé le sam, 1er et 2.11, du 11 au 15.11, entrée libre, 02 279 53 20, archives.bruxelles.be à voir aussi / Correspondance, aux éditions Arp2, www.arpeditions.org


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texte ¬ Florent Delval photo ¬ DR

texte ¬ Florent Delval - photo ¬ The Elder A Female Personification of Justice © DR

Francis Alÿs, A Story Of Deception

Le monde de Lucas Cranach

Rarement un vernissage au Wiels n'a été aussi bondé: Francis Alÿs, exilé au Mexique, reste une fierté nationale. Parti en 1986, il utilisera son pays d’adoption comme toile de fond à son œuvre. Làbas, cet architecte de formation réalise des performances qu’il enregistre en vidéo. Elles commencent souvent par une marche obstinée qui ne recule devant rien, pas même un cyclone, et se poursuivent jusqu’à épuisement. Dans l'une des plus connues, on le voit pousser un pain de glace qui peu à peu fond sur les trottoirs brûlants de la mégalopole. Cette absurdité, toujours en prise avec la réalité sociale, devient surréaliste quand elle se décline sous forme de dessins ou d’animations. Dans cette exposition, l’œuvre d’Alÿs se montre sous toutes ses facettes en se révélant étonnamment ludique. /

Lucas Cranach est un artiste emblématique de la Renaissance allemande (xvie siècle), en même temps qu’il annonce les changements tumultueux de la Réforme. Cette époque sans pareille a porté aux nues son compatriote Dürer, mais Cranach reste un de ses pairs incontestés. Si l’on se déplace surtout pour ses hypnotiques Vénus aux yeux en amandes et aux traits si particuliers, cette exposition permet de découvrir des périodes moins connues de son travail. Pour vraiment apprécier ces 150 œuvres, Bozar redessine leur contexte d’origine et ce qui liait Cranach au monde artistique de son époque. Ainsi, on peut tenter de percer les secrets de ces toiles aux symboles oubliés ou se laisser envoûter par leur évidente beauté. /

jusqu'au 30.01, Bruxelles, WIELS, Centre d'Art Contemporain, mer>dim, 11h>18h, 6/4/2€, 02 340 00 50

jusqu'au 23.01, Bruxelles, Bozar, mar>dim, 10h>18h (sf jeu 21h), 10/8e, 02 507 82 00, www.bozar.be



agenda Pieter Hugo © Emeka Onu, Enugu, Nigeria, 2008

Stephen Jones, et l’accent de la mode Briton, excentrique... on pourrait croire ce chapelier tout droit sorti du Pays des Merveilles. Méconnu du grand public, Stephen Jones a relevé des centaines de défilés de ses coiffes improbables, pimentant les collections des plus grands créateurs (Gaultier, Galliano, Comme des Garçons, Mugler, Dior...). Le MoMu revient sur la carrière de ce modiste influent à travers plus de 120 couvre-chefs, extraits de films et photographies... ❥ ANVERS, jusqu’au 13.02, MoMu, mar> dim, 10h>18h, 03 470 27 70

Open archive#2 © Meessen Vincent, Vita nova

Pieter Hugo Pris en pied, affublés de tous leurs attributs d’autorité, les juges, acteurs ou dompteurs d’animaux de Pieter Hugo nous dévisagent. Muets. Le cliché parle pour eux : la fierté de la pose, le décor, l’entourage... chaque détail se fait réceptacle de nos projections et fantasmes. Loin des stéréotypes, le photographe Sud Africain cultive pourtant l’ambivalence dans ses portraits. Entre respect et dérision (théâtralisation complice), préoccupations esthétiques et documentaires... ❥ Bruxelles, jusqu’au 27.11, BRASS, mer>dim, 12h>18h, 02 345 37 71

Anselm Kieffer

Open Archive #2

À la veille d’une longue période de travaux, le musée royal des beaux-arts d’Anvers a été vidé de ses collections. L’enchaînement de salles nues offre un décor particulièrement adapté à l’œuvre souvent apocalyptique d’Anselm Kieffer. Plomb, béton, cendres, rouille, poussière : la trentaine de pièces de ce plasticien allemand est imprégnée des pages les plus sombres de l’histoire germanique. ❥ Anvers, jusqu’au 23.01, Musée Royal des

Détenteur d’un colossal fonds d’art multimédia (2500 pièces), le centre Argos place ses archives sous les feux de la rampe avec un imposant programme d’expositions (Franck Theys...), de projections thématiques et de soirées. Une réflexion sur la problématique conservation des œuvres numériques accompagne lectures et performances, tandis que le festival s’offre des rétrospectives à Arenberg, à la Cinematek et des concerts à Bozar (Alga Marghen Label Night 2)... ❥ Bruxelles, jusqu’au 11.12, Argos,

beaux-arts (KMSKA), Musea stad Antwerpen et M HKA, mar>sam, 10h>17h, dim 10h>18h, 03 238 78 09

mer>sam, 12h>19h, soirée jeu>sam à partir 20h30, 02 229 00 03


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Devant l'université de Moscou © Evgueni Khaldei

« La fenêtre » © Paul Delvaux Foundation, St-Idesbald, Koksijde, Belgium, Vincent Everarts,

Evgueni Khaldei, un photographe sous Staline Né avec l’URSS, Evgueni Khaldei fut témoin des grands faits d’armes soviétiques. Correspondant de guerre pour l’Armée rouge, photographe officiel de Staline, il assiste à la conférence de Postdam, à la libération de Berlin comme au procès de Nuremberg. Autant d’évènements historiques majeurs qu’il a pris sur le vif. La centaine de clichés présentés au Botanique fonctionne ainsi comme une efficace machine à remonter le temps... ❥ Bruxelles, du 4.11 au 23.12, Museum du Botanique, mer>dim, 12h>20h, 02 218 37 32

Paul Delvaux. Aux sources de l’œuvre

Trésors de la bd européenne © Peter Madsen

James Ensor, L’Intrigue © Lukas Art in Flanders VZW, Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers

Trésors de la BD européenne Pour passer l’hiver dans la joie et la bonne humeur, le CBBD réalise un tour d’Europe des plus éminents chantres du 9e art. Soit 50 dessinateurs majeurs, incarnant la BD franco-belge, mais aussi les traditions italienne, portugaise, suédoise, anglaise ou polonaise. Les originaux choisis ont en commun d’avoir été très rarement exposés, puisque majoritairement issus de collections privées. Franquin, Hergé, Pratt, Gotlib, Rosinski ou encore David Lloyd comme vous ne les avez encore jamais vus... ❥ Bruxelles, jusqu’au 6.03, CBBD, mar>dim, 10h>18h, 02 219 19 80

Ensor démasqué

Aux Sources de l’œuvre s’attache à retracer les influences artistiques de Paul Delvaux. De ses débuts marqués par le réalisme, au surréalisme qui le rendit célèbre, Delvaux n’a cessé de dialoguer avec ses contemporains. Degreef, Renoir, Ensor, Chirico ou encore Magritte, l’empreinte successive de ces maîtres sur les recherches du peintre accompagne l’émergence progressive d’un vocabulaire unique. Un éclairage passionnant. ❥ Bruxelles, jusqu’au 16.01, mar>dim,

Bas les masques ! Le « prince des peintres » se révèle dans une confrontation d’œuvres à l’ampleur inédite. Aux pièces maîtresses du KMSKA d’Anvers (La mangeuse d’huîtres, Adam et Eve chassés du paradis, Squelettes se disputant un pendu, L’Intrigue...) s’ajoutent près de 140 dessins et études rarement exposés en raison de leur fragilité. Du réalisme au grotesque, des scènes de genre aux figures masquées, la scénographie dégage les motifs récurrents du maître et souligne l’évolution de son travail. ❥ Bruxelles, jusqu’au 13.02, 10h>18h,

11h30>17h, Musée d’Ixelles, 02 515 64 21

Bozar, Espace culturel ING, 02 547 22 92


agenda Réouverture…, Léo Copers. Geen gezeik Acquisition, Collection du musée départemental de Flandre, Cassel © Jacques Quecq d’Henripret

Turkanas © roger job

Réouverture du Musée de Flandre

México : esperado / inesperado.

Dans le Nord de la France, le musée de Flandre a enfin rouvert ses portes. Située dans une ancienne Châtellenie de Cassel, cette vitrine de la culture flamande compte une trentaine de chefsd’oeuvre, parmi ses objets ethnographiques, primitifs flamands (Van Dyck, Van der Heyden...) et pièces contemporaines (Fabre, Copers...). Riche de nombreux prêts, la première exposition temporaire ausculte la représentation du corps féminin dans la peinture flamande. ❥ Cassel, musée départemental de Flandre,

Après leurs escales parisienne (Maison Rouge), espagnole (Tenerife espacio de las Artes) et néerlandaise (Stedelijk Museum), les septante dix pièces de la collection Isabel et Agustín Coppel rejoignent les cimaises du BPS 22. L’occasion rêvée de se frotter à l’art contemporain mexicain à travers les œuvres de photographes (Manuel Álvarez Bravo, Helen Levitt, William Eggleston) ou de peintres (Enrique Guzmán, Graciela Iturbide, Mariana Yampolsky) de renom, encore jamais montrés en Belgique. Caramba ! ❥ Charleroi, jusqu’au 28.11, BPS 22,

mar>sam, 10h>12h30, dim 10h>18h, +33 359 73 45 60

mer>dim, 12h>18h, 071 27 29 71

Turkanas. Les premiers derniers hommes

Pierre-Papier-Litho, dix ans d’édition et d’impression à l’atelier Robbe

Photographe de guerre chevronné, Roger Job dénonce aujourd’hui l’impact du réchauffement climatique sur le mode de vie des Turkanas, l’une des dernières tribus nomades d’Afrique. Les premiers derniers hommes, pour lequel il a reçu le Nikon Press Photo Award en 2009, retrace la lutte de ce peuple pastoral pour préserver un bétail culturellement et économiquement central. Un véritable voyage au bout de l’enfer, là où il fait toujours... toujours très chaud. ❥ Charleroi, jusqu’au 16.01, musée de la pho-

Charlier, Moerman, Janssens, Verschueren... depuis 1950, la paisible Frameries a vu défiler les plus grands noms de l’art (belge) contemporain. La raison ? Non pas le charme du Borinage mais le lithographe Arthur Robbe, éminent éditeur d’art. Pour fêter sa réouverture, le centre de la gravure rend hommage à cette maison en saluant le fils, Bruno, qui, en 10 ans, a édité des plasticiens majeurs. ❥ La Louvière, jusqu’au 23.01, Centre de la

tographie, mar>dim, 10h>18h, 071 36 46 45

gravure et de l’image imprimée, mar>dim, 10h>18h, 064 27 87 27


exposition |

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México, Abraham Cruzvillegas © Giancarlo Romeo

Pierre-Papier-Litho © Benoît Jacques

Triennale européenne de la céramique et du verre Curieux paradoxe. La poterie et le travail du verre passent bien souvent pour des pratiques surannées. Pourtant, ces domaines artistiques en pleine mutation figurent parmi les plus riches et innovants. Pour preuve, cette triennale, qui réunit 31 artistes internationaux (Belgique-EspagneAngleterre), soit autant d’esthétiques et de recherches radicalement différentes. D’installations design en insolites cabinets d’ampoules, on ravale ses préjugés : pour sûr, le verre a du souffle ! ❥ Mons, jusqu’au 23.01, Abattoirs (WCC-BF),

Manières noires, Raf Simons, Collection MoMu © Hugo Maertens

Triennale de l'affiche politique © DR

Triennale de l’affiche politique Un vaste concours, à l’échelle de la planète : demander aux graphistes d’exprimer leur point de vue sur une thématique de société à travers une affiche. Sélectionner ensuite parmi les centaines de propositions du monde entier les 150 plus pertinentes. Vous obtenez ainsi une triennale qui comble le public d’une exposition de grande qualité et auréole les artistes de dizaine de prix. Scotchant, non? ❥ MONS, jusqu’au 30.04, Mundaneum, mar>dim, 13h>17h, sf dim, 18h, 065 39 54 87

tlj 12h>18h, 065 84 64 67

Manières noires Symbole de mort ou d’insoumission, synonyme d’élégance et de raffinement, le noir s’est drapé de significations pour le moins antinomiques. C’est peut-être ce qui justifie la fascination des artistes pour cette tonalité longtemps considérée comme une non couleur. Plasticiens (Dubuffet, Broodthaers, Boltanski…), designers (Wanders, Dixon), dessinateurs (Tardi, Pratt), photographes (Sugimoto), stylistes (Chanel, Westwood...)... Manières Noires fait toute la lumière sur l’usage du noir dans les arts. ❥ Mons, jusqu’au 13.02, BAM, mar>dim, 12h>18h, 065 40 53 30

L’abstraction belge depuis 1945 la collection Dexia Point d’orgue d’un cycle d’expositions consacrées à l’abstraction, ce nouvel accrochage offre un large tour d’horizon des répercussions d’un Kandinsky en Belgique. Sans prétendre à l’exhaustivité, ces 30 œuvres de la collection Dexia révèlent les nombreuses pistes de la non figuration. Delahaut, Van Anderlecht, Claus, Mouffe, Wéry… la peinture joue tour à tour la carte de l’épure géométrique, du lyrisme ou des jeux chromatiques. ❥ NAMUR, jusqu’au 31.12, maison de la culture, tlj 12h>18h, 081 77 67 73



texte ¬ Marion Quillard photo ¬ Hélène Tobler

Retour aux sources Anne Bisang, metteuse en scène, voulait un texte féminin (« parce qu’on ne leur donne pas assez la parole ») et contemporain (« or la littérature des pays de l’Est est la plus prolifique »). Elle est tombée amoureuse de Barbelo, de Biljana Srbljanovic. Et nous aussi. Elle erre. Elle s’égare dans un pays chamboulé qui, au hasard des décisions des puissants, a changé de taille, de nom, de capitale : la Yougoslavie de son enfance n’est plus, il faut désormais parler de Serbie. Elle, c’est Milena, le personnage central, une sorte de femme-enfant aussi paumée que les autres. À moins que ce ne soit l’auteure de cette pérégrination intimiste, Biljana Srbljanovic, une quadra d’origine serbe. « Elle parle d’une génération sacrifiée, explique Anne Bisang. De la manière dont le conflit yougoslave a entravé les êtres dans ce qu’ils ont de plus profond. » Dans Barbelo, Biljana n’hésite pas à parler du suicide de ses amies. Ni à évoquer sa propre incapacité à enfanter, ultime stigmate d’une génération qui n’arrive plus à générer un avenir quelconque. Le ventre de toute mère Mais il est aussi question de chiens. « De rôles inversés et de situations renversantes. » D’un clochard qui appelle son chien « maman », et d’une femme qui appelle ses chiens du prénom de ses quatre enfants disparus. Et de tous ces gens qui ont une vie de chien, dans un pays aussi détruit que dévoyé. Milena, comme Biljana, ne comprend plus rien à rien. Alors, dans les tréfonds de sa détresse, elle cherche les moyens de renaître. « Barbelo », c’est la matrice originelle, explique Biljana, « un endroit protégé et chaud, hors du temps et précédant le début de tout. C’est le ventre de toute mère. » / ❥

Barbelo, à propos de chiens et d’enfants du 9.11 au 20.11, 20h30 (sauf exceptions), Le Rideau, Bruxelles, 21/16/11€, 02 737 16 00

théâtre & danse |

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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Ivo Dimchev - some Faves © Maryan Ivanon

What’s next ? Next ? Ce festival coproduit par 5 structures culturelles belges et françaises porte plutôt bien son nom. En 15 jours, 3 week-ends, et 50 représentations, il sonde quelques-unes des tendances contemporaines des arts vivants. Performances hybrides, théâtre documentaire, retour en force du collectif… de part et d’autre de la frontière, on regarde vers l’avenir. Attention ! « Il ne s’agit pas d’une quête absolue de nouveauté, ni d’un panorama de l’innovation » prévient Didier Thibaut, directeur de la Rose des Vents et cofondateur du festival. Il nous rassure : la performance ou la porosité des formes ne sont pas des phénomènes neufs. Mais Didier Thibaut précise « Quand on élabore la programmation, chacun défend, parmi ces formes contemporaines, certains partis pris. Next est une sorte de manifeste, qui définit ce qu’est, selon nous, la modernité aujourd’hui ». Jeux sans frontières Fruit d’une véritable collaboration transfrontalière (choix au consensus), le festival jouxte en effet des acceptions différentes de la « modernité ». En Belgique, elle semble davantage rimer avec performance (Dimchev, Baehr, Bauer, Berlin, Abattoir Fermé, Superamas…) et danse contemporaine. En France, Didier Thibaut défend davantage les formes théâtrales, même si aucune n’est académique. Prenez le maître de la déconstruction Hubert Colas, l’oppressante Comida Allemana de Cristian Plana ou le théâtre documentaire de Tatiana Frolova. Entre les grands plateaux réservés aux stars (Jan Fabre ou Olivier Dubois), et les petites formes émergentes (programme Next Generation) gageons que vous trouverez votre propre définition ! / ❥

NEXT003 du 18.11 au 4.12, Courtrai (Budascoop et Kortrijkse Schouwburg), Lille (Prato), Roubaix (OiseauMouche), Tournai (maison de la Culture), Villeneuve d’Ascq (Rose des Vents), et Valenciennes (Espace Pasolini, Phénix), de 7 à 19€, www.nextfestival.eu

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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ Impromptus © Sébastian Bolesch

Créations d’hiver Chez les fondus de danse contemporaine, le festival December Dance fait son petit effet. Cette année encore, on devrait y découvrir des chorégraphes méconnus (voire inconnus !) au gré d’un road trip quasi initiatique. Destination : l’Europe centrale. December Dance, c’est un festival de danse qui a lieu en décembre. Jusque-là, ça va. Mais, c’est aussi une manifestation qui alterne depuis quatre ans carte blanche à un chorégraphe et focus sur une région du monde, histoire que le spectateur étourdi suive un peu les années paires et impaires (sympa, non ?). Pour corser le tout, December Dance a lieu cette année en collaboration avec le Bruges Central, un festival organisé jusqu’en janvier dans ladite ville, et qui a pour thème l’Europe centrale. Vous pourrez donc découvrir le meilleur de la scène contemporaine lettone, hongroise, roumaine, ou encore serbe : « Beaucoup de compagnies très jeunes, audacieuses, avant-gardistes, explique Samme Raeymaekers, coordinateur du festival. Ce sont souvent de petites formes, car dans cette région, l’argent public ne subventionne que les ballets… » . Waltz, Nadj et les autres Au total, 17 pièces seront présentées, dont 11 créations.« Ça aurait pu être très difficile de trouver des gens capables de se produire sur une grande scène, concèdet-il. Mais heureusement, les incontournables que sont Sasha Waltz (chorégraphe allemande) et Joseph Nadj (Français d’origine magyare) ont répondu présents. » La première présente Impromptus, une chorégraphie intimiste sur la musique, live, de Schubert. Le deuxième dévoilera Cherry-Brandy et rejouera Les Corbeaux. ne programmation exigeante, parfois ardue, mais toujours excitante. / ❥

December Dance Festival du 1 au 12.12, Bruges, divers lieux/divers prix, 0 70 22 33 02, www.decemberdance.be À voir: le 2.12, 20h, MAZ, Les Corbeaux (J. Nadj), 15€ / les 4 et 5.12, 20h, Concertgebouw, Impromptus (S. Waltz), de 14 à 30€ // le 10.12, 20h, Stadsschouwburg, Cherry-Brandy (J. Nadj), de 13 à 26€ Mais aussi : My Dearest ... My Fairest (3.12), Journey Home (6.12), Öper Öpis (12.12)...

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texte ¬ Nicolas Blondeau - photo ¬ brynjar vik

texte ¬ Louise Truffaut - photo ¬ Sylvain Granjon

Le Tangible

Miam Miam

1989. Jolente De Keersmaeker, Damiaan De Schrijver, Waas Gramser et Frank Vercruyssen quittent le Conservatoire d’Anvers, bien décidés à fonder leur compagnie et affirmer leur différence. Pour le nom, les idées fusent, mais gagnés par l'épuisement, le quatuor s'accorde sur « STAN », acronyme de Stop Thinking About Names . L’esprit du grand Stan est là. Défendant « la destruction de l'illusion théâtrale, le jeu dépouillé », la compagnie produit des spectacles sans fards, où l'acteur n'hésite pas à assumer son désaccord vis-à-vis de son personnage. Le Tangible ne déroge pas à la règle, et la sobriété célébre la complexité humaine. Seuls face à un écran, six danseurs et acteurs évoquent, à travers un échange épistolaire entre une Syrienne et un Palestinien, la situation du Moyen Orient. Juste et sans pathos. /

C’est joyeusement foutraque. C’est subtil, aussi. Élégant. Normal, Miam Miam est la dernière création d’Édouard Baer. Fidèle au verbe spontané et poétique qui fait son unicité au sein du sérail artistique français, le comédien y déploie son univers d’hurluberlu patenté. Il endosse de nouveau le rôle de Luigi Prizzoti, personnage inénarrable dont la Folle et véritable vie a déjà égayé les planches. Entouré d’une troupe qui compte – entre autres – Atmen Kelif, Lionel Abelanski, Alka Balbir, il devient le maître d’un théâtre transformé en restaurant, faute de spectateurs. Sa pièce, dont le rythme enlevé sait s’apaiser, se nourrit de quiproquos plus signifiants qu’ils n’en ont l’air. Mêlant cabaret et music-hall dans un esprit « boulevard », elle nous laisse alors brillamment rêveurs. /

16 et 19.11, 20h, 17 et 19.11, 19h, Dunkerque, Bateau-feu, de 6 à 19€, +33 328 51 40 40. du 16 au 18.12, 20h30, Anvers, Monty, 14/12e, 03 238 91 81

26 & 27.11, 20h30, Woluwe Saint-Lambert, Wolubilis, 45/40/29€, 02 761 60 30 20.11, 20h30, Roubaix, Colisée, 39/8€, +33 320 24 07 07



agenda monkey Sandwich © Pieter Jan De Pue

Monkey Sandwich

Ad Vitam

2>11.11 W. Vandekeybus / Cie Ultima Vez

9 > 13.11

Si l'on guette chaque nouvelle création de Wim Vandekeybus, l'on ne sait jamais à quoi s'attendre. Musiciens, acteurs, danseurs, vidéos et textes constituent le matériau changeant de ses pièces, porteuses d'images fortes. Une fois de plus, le Flamand explore de nouveaux terrains, laissant le tout jeune Damien Chapelle composer avec une vidéo omniprésente. Un têteà-tête assortit de belles trouvailles de mise en scène. ❥ 20h, Bruxelles, KVS, 20/16€, 02 210 11 12.

Fragments d'un discours amoureux 9>10.11

R. Barthes / MeS A. Churin

Le projet audacieux d'Arnaud Churin consiste à envelopper de chair l'une des œuvres majeures de Roland Barthes. Ce maître à penser aimait à décortiquer ses thèmes de prédilection jusqu'à en obtenir le squelette. Le texte d'une richesse inépuisable où l'amour est mis à nu, est ici incarné par trois comédiens dans une scénographie épurée pour n'en garder que l'essence et le mécanisme tortueux. ❥ 20h30, Bruxelles, Th. 140, 18/15/8€, 02 733 97 08

Fragments d'un discours amoureux @ Julien Piffaut

A. et C. Sagna

Pour Carlotta Sagna, dire d'un artiste qu'il est fou est un compliment. Une qualité que la chorégraphe transalpine semble mettre au service de ses créations. Dans Ad Vitam, on retrouve une perpétuelle interaction entre texte et danse, telles des réflexions philosophiques sur la vie mises en mouvement. Seule en scène, elle incarne ici un personnage sensible, fragile et azimuté dans une danse-théâtre déroutante et inhabituelle. Une œuvre qui ne peut laisser indifférent... ❥ 20h30, Bruxelles, Théâtre des Tanneurs, 10/5€, 02 512 17 84

Emma 9>27.11

D. Bréda

Madame Bovary est l'ennemie numéro un des jeunes, voilà ce qu'essaie de nous expliquer Emma. Personnage interprété par Enrica Boucher, seule en scène, Emma s'interroge sur la valeur des lectures imposées par le système scolaire. Rebelle jusqu'au bout des ongles, elle fait étalage de ses désillusions, de son incompréhension. Et c'est Dominique Bréda qui lui « souffle » son texte. Photographe, musicien, compositeur, auteur et metteur en scène, il signe ici son 4e spectacle, repris pour cause de succès. ❥ 20h30, Bruxelles, Riches-Claires, 14/11€, 02 548 25 80


théâtre & danse |

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La Tragédie Comique © Stephane Gaillochon

L'échange © Dominique Bréda

Vy © Anik Rubinfajer

La Tragédie comique

Vy

11>13.11

18>20.11

E. Bonfanti, Y. Hunstad

Yves Hunstad revêt aujourd'hui le costume qui l'avait rendu célèbre à la fin des années 80 avec la Tragédie comique. Traduite dans une dizaine de langues et jouée plus de 500 fois depuis sa création, cette pièce met en exergue la complexité des relations entre l'acteur et son personnage. Ici, l'un et l'autre s'observent, échangent, et grâce à la maîtrise exceptionnelle du verbe et du geste d'Yves Hunstad, finissent par se confondre. Une profonde réflexion sur le théâtre. ❥ 20h30, Bruxelles, th. Varia, de 10 à 20€, 02 640 82 58

M. Nguyen

C'est l'histoire d'une petite Montoise qui rêvait d'être danseuse et de sa raciste de grand-mère. Vy nous parle de visites médicales, de cours de piano et de croûtes sur les genoux. Une manière pour Michèle Nguyen de raconter son enfance, sa rue, son voisinage. Accompagnée pour la première fois d'une marionnette (son double), la comédienne prolonge ainsi À quelques pas d'elle, pièce dans laquelle elle clamait déjà son amour de la danse. ❥ 21h, Bruxelles, Théâtre Balsamine, 12/8€, 02 735 64 68

Autant en emporte l'argent 18.11>18.12 R. Hutchinson / MeS J.C. Idée

L'échange 12.11>11.12

autant en emporte l'argent © Serge Daems

P. Claudel / E. Brison

Voilà plus d'un siècle, Paul Claudel écrivait L'échange. Créateur d'une langue incroyablement inventive, presque musicale, il signe une œuvre forte, qui aujourd'hui encore, n'a pas pris une ride. Au point d'être constamment reprise, voire portée à l'écran. Aujourd'hui, c'est au tour du Théâtre du Sygne d’incarner ces deux couples qui se prennent pour des personnages de fiction, et dont les valeurs sont malmenées par le réel. ❥ 20h15 (sf jeu 19h et dim, 16h), Bruxelles, Th. de la place des Martyrs, de 9 à 16,5€, 02 223 32 08

Autant en emporte le vent est l'un des plus grands succès de l'histoire du cinéma, d'accord. Mais l'on ignore parfois que la conception du film présente, elle aussi, un caractère exceptionnel, notamment en termes financiers. Ron Hutchinson, dramaturge britannique, narre ici comment David Selznick, le producteur, a bloqué le tournage pendant huit jours pour tout reprendre de A à Z. Une décision judicieuse, étant donné le succès du film, mais qui aura tout de même un certain prix. ❥ mar>sam, 20h15, dim, 15h, Bruxelles, Th. Royal du Parc, de 5 à 25€, 02 505 30 30


agenda La maison des cerfs © Maarten Vanden Abeele

Southern Comfort © John Hogg

Homo Turbae

Southern Bound Confort

19 & 20.11 Claudia Castellucci / Compagnia Mòra

24 & 25.11

Avec Homo Turbae, Claudia Castellucci réduit le danseur au rôle d'athlète, chargé d'exécuter des mouvements et rythmiques avec précision. En gommant toute sentimentalité de sa pièce, elle invite ainsi les artistes et le public à se concentrer sur les gestes et non sur l'interprétation. Mais, aussi déshumanisée soit-elle, la chorégraphie génère à son insu des émotions fortes, et des gestes chargés de vie. L'œuvre échapperait-elle à son maître ? ❥ 20h30, Charleroi, les Ecuries, 15/10€, 071 31 12 12

24>26.11 J. Lauwers

Après La chambre d’Isabella (2004) et Le Bazar du Homard (2006), La Maison des Cerfs est le dernier volet de la trilogie Sad Face / Happy Face. La pièce décrit le quotidien d'une famille kosovare éleveuse de cerfs qui se retrouve au cœur de la guerre. Un sujet des plus durs, inspiré de la mort de Kerem Lawton – journaliste de guerre et frère de Tijen Lawton, l'une des comédiennes –, mais que Jan Lauwers réussit à sortir du drame pur et simple. Grandiose. ❥ 20h30 (21.11, 15h), Bruxelles, Kaaitheater, 16/12€, 02 201 59 59

19/17€, 056 23 98 55

Assoiffés

La maison des cerfs 20>21.11

S.L. Cherkaoui/Maqoma

Le plaisir que l'on prend devant ces deux duos doit certainement beaucoup à l'amitié complice qui lie ses auteurs et interprètes : le génial chorégraphe et danseur sud Africain Gregory Maqoma, la gracieuse Shanell Winlock et l'inclassable Sidi Larbi Cherkaoui. Avec beaucoup d'humour, Southern Comfort et Bound abordent les relations de domination et la question de l'héritage. Le tout, porté par un orchestre cosmopolite. Vivifiant ! ❥ 20h15, Courtrai, Kortrijske Schouwburg,

W. Mouawad / Th. Le Clou

Boon, anthropologue judiciaire, est appelé pour identifier deux cadavres. L'un d'entre eux s’avère être un ami de longue date, Murdoch. Boon replonge alors dans son passé, du temps où ils étaient proches de Murdoch. Ce voyage au cœur de l'adolescence imaginé par Wajdi Mouawad gagne encore en réalisme, quand il est porté comme ici par de tout jeunes acteurs. Ils incarnent sans détour le manque de repères et le désamour de soi. Musique live et vidéo, les Québécois enfoncent le Clou. ❥ 20h30, Charleroi, PBA Eden, 12/8€, 071 31 44 20


théâtre & danse |

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Assoiffés © Simon Menard

L'assaut des cieux © Jean-Luc Tanghe

Les-Corps Magnetiques © DR

affaire d'âme © Michel Boermans

L'assaut des cieux

Cet enfant

24>27.11 Chor. C. Bernardo

29.11>6.12 J. Pommerat

Ils sont six à habiter ce plateau presque nu. Trois danseurs, deux circassiens, une soprano, que le chorégraphe Claudio Bernardo précipite dans une quête impossible : L'assaut des cieux. Une voûte céleste, symbole des rêves comme des tentations démiurges... De splendides mouvements de groupe composent cette parabole de la condition humaine. Tantôt aériens, tantôt acrobatiques, ils produisent des images mémorables, aussi improbables que poétiques. ❥ 20h, Bruxelles, Th. Marni, 15/10€, 02 639 09 82

« Quoique vous fassiez, dit un jour Freud à une mère de famille, vous ferez mal ! » Un constat sur lequel Joël Pommerat revient avec Cet enfant, l'une de ses anciennes créations. Incompréhension, conflits intergénérationnels, l'auteur-metteur en scène s'attaque ici au plus universel des phénomènes. Un spectacle intelligent, pour lequel il a reçu le Prix de la meilleure création du Syndicat de la critique. À voir, mais peutêtre pas… en famille. ❥ 20h15 (sf mer, 19h30 et dim, 15h), Bruxelles,

25 anniversaire des Mossoux-Bonté

Affaire d'âme

e

24>28.11

Khoom, Skeleton, Kefar Nahum, Les Corps Magnétiques... les Halles ne font pas dans la demi-mesure, et nous servent un quadriptyque d'anthologie pour célébrer le quart de siècle des Mossoux-Bonté. Avec cela, vous ne pourrez plus méconnaître la compagnie wallone et son inclinaison pour les spectacles hautement visuels. Quand Khoom met aux prises trois femmes suspendues à des cordes, les Corps Magnétiques jouent sur les contrejours et la couleur et Kafae Nahhum, lui, frise le théâtre d'objet... ❥ 20h (dim, 15h), Bruxelles, Halles de Schaerbeek, 17/12€, 02 218 21 07

Th. National, 02 203 53 03

30.11>11.12 I. Bergman / MeS M. Saduis

Écrit en 1987 par Bergman, Affaire d'âme était initialement destiné au cinéma. C'est uniquement quand Myriam Saduis découvre le texte en 2003 qu'elle décide de l'adapter au théâtre. Commence alors un travail de longue haleine, sur l'introspection, la duplicité (Florence Hebbelynck et Anne-Sophie de Bueger se partagent le même rôle) et les conflits intérieurs. Un travail fructueux : Affaire d'âme a été récompensé aux Prix de la Critique 2009 en tant que Meilleure Découverte. ❥ Mar>sam, 20h30 (sf mer 19h30), Bruxelles, 10/7,5€, Th. Océan Nord, 02 242 96 89



texte ¬ Thibaut Allemand illustration ¬ Cécile Fauré

Aperostrophe Pantalons de velours côtelé, pulls d’Aran, branche de lunettes au coin des lèvres et Pléiade posée sur le plaid : pas de doute, on s’est égaré dans un rendez-vous littéraire. C’est par où la sortie ? Du côté du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, où l’on a compris que l’on pouvait causer livres de manière vivante, dynamique et pas guindée. Et tout ça, à l’heure de midi. Mine de rien, la rencontre littéraire, exercice très courant, est-il vraiment adapté à la discipline ? Par définition, un écrivain… écrit. être un bon orateur est accessoire. Estce la raison pour laquelle les Jeudis Lire intéressent, en sortant du cadre ? Initiés en 2005, ces évènements proposent à des auteurs (souvent belges) de présenter leurs ouvrages et converser avec le public, une petite heure durant. Un peu court, mais ça « permet de frustrer légèrement les spectateurs, explique le responsable Laurent Mossen, et les incitera peut-être à découvrir les livres de nos invités ». Devine qui vient déjeuner ? Auteur d’un Dictionnaire du Pamphlet aussi court que dense, Frédéric Saenen passe en revue les grandes plumes acides, de Bloy à Céline, de Hugo à Murray. Instructif, ludique, mais un peu court – c’est le principe de la collection Illico. De son côté, Jacques Finné prend à bras-le-corps des problématiques littéraires diverses et complexes réunies sous le nom de Mystifications. Du plagiat aux apocryphes, des faux légendaires (Le Protocole des Sages de Sion…) à une étude gigantesque de HP Lovecraft, Finné passionne et enchante les connaisseurs comme les novices – dont nous sommes. Reste à espérer que Saenen possède suffisamment de verve. Quant à Finné, on s’attend à une force tranquille teintée d’une érudition truculente. À jeudi ! / ❥

Jeudis Lire : De la mystification au pamphlet avec Jacques Finné et Frédéric Saenen 25.11, 12h30, Bruxelles, Palais des beaux-arts / Terarken, entrée libre, 02 413 23 21

littérature |

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chroniques Too Much Future Michael Boehlke & Henryk Gericke

Dilapide Ta Jeunesse Jürgen Teipel | Éd. Allia

Comme d’hab’, Allia fait les choses en grand. La maison d’édition publie simultanément deux ouvrages consacrés à l’émergence du punk rock outre-Rhin. Côté Ouest, Dilapide Ta Jeunesse (traduction de Verschwende deine Jugend, hymne nihiliste de DAF) laisse la parole aux protagonistes des différentes waves germaniques. Mille heures d’entretiens disparates où les acteurs de ce mouvement (DAF donc, mais également Einstürzende Neubauten, Malaria!, on en passe…) relatent sans fard mais avec, parfois, une pointe de nostalgie lumineuse, les balbutiements et ambitions d’un séisme majeur du xxe siècle. Centré sur l’Est, Too Much Future décrit quant à lui les spécificités de l’expérience punk derrière le Mur. De la diffusion, difficile, à la réception, impressionnante : sous ce régime pas très funky, le look dépasse la simple provoc’, et peut mener à de sévères interrogatoires par la Stasi, qui noyaute rapidement cette mouvance. Dans ce livre court, on parle moins de musique que de sa mise en pratique : système D, arrestations, squats, transversalité des disciplines… Ce diptyque dessine le portrait d’une certaine jeunesse européenne et dévoile, en creux, une facette méconnue de la culture allemande. Incontournable(s). 192p., 15€ et 448p., 25€. Thibaut Allemand

France 80 Gaëlle Bantegnie | Coll. L'Arbalète /éd. Gallimard La France de Gaelle Bantegnie mange des Danette vanille, écoute Thriller avec un walkman et boit du Ricqlès sans être ringarde. Il y a Claire Berthelot, adolescente moyenne qui rêve, un peu dégoûtée, d'embrasser des garçons avec la langue, le visage caché par une mèche évadée d’un carré plongeant. Et Patrick, mégalo-loser tout droit sorti d'un sketch de Franck Dubosc, plus occupé à « conclure » avec ses clientes qu'à leur refourguer ses abonnements Canal +. On tourne les pages comme l'on retrouverait des Polaroïds oubliés au fond d'une armoire. Même émotion. Le style de France 80 sent le Drakkar noir et le Galak. Un premier roman au passé qui se conjugue au présent. Vivement le futur. 224 p., 17€. Marie-Lucile Kubaki


Le règlement

INDIGNATION

Heather Lewis | Éd. P.O.L.

Philip Roth | Éd. Gallimard

Heather Lewis n'a écrit que trois romans avant de se suicider. Livrés dans le désordre, Le règlement, son deuxième, parait donc après son chef-d'œuvre ultime, Attention (POL, 2007). Plus qu'un brouillon, c'est une pierre essentielle. Lewis y décrit un milieu qu'elle a bien connu, celui des concours hippiques : les rapports de domination, la bascule du plaisir aristo au show-business, la grâce, aussi. Elle approche surtout comme personne (hormis Selby Jr ?), la mécanique de l'obsession, du manque, ce violent désir d'autodestruction qui cherche dans la drogue, l'alcool ou le sexe, des objets dérisoires. Portraits âpres et sublimes d'hommes et de femmes au bord du gouffre, que seul l'amour pourrait sauver. 440 p., 25€. Raphaël Nieuwjaer

Philip Roth est, sans conteste, l’un des écrivains contemporains les plus habiles à délivrer une critique éloquente des États-Unis. Alors, quand il renonce à sonder les affres de la vieillesse pour céder une fois encore à ce dessein littéraire, ses inconditionnels sont aux aguets. Autant le dire, les risques de déception sont aussi grands que l’attente est entière. Mais, Indignation se révèle surprenant. Dans le bon sens du terme. La Tache était porteur de violence, sans être monstrueusement virulent ; ce dernier roman en est presque dépourvu. Tout y est sourd, la vie comme la satire. Quel procédé serait plus approprié pour égratigner la pesanteur des années 50 et de leurs codes moraux ? 208 p., 17,90€. Louise Truffaut

Le Sang et la mer Gary Victor |Éd. Vents d’ailleurs Le Sang, c’est celui d’Hérodiane, qui s’écoule tandis qu'elle déroule le fil de ses souvenirs. La Mer, c’est Estèvel, son frère homosexuel aimé du dieu des eaux, Agwe. Dans ce conte vaudou cru et poétique façon Illusions perdues, pas de place pour les bons sentiments. Paradi est un bidonville de Port-au-Prince, où la concierge, Dulciné, arrondit ses fins de mois en jouant les mères maquerelles avec ses propres filles. Le prince charmant a beau avoir les yeux bleus, il brise tout ce qu’il touche, les jeunes filles noires comme Hérodiane de préférence. Partout, la violence d’une société « bouffeuse d’espoirs et de dignité » en pleine danse macabre. Entre conte épique et roman noir : fort et inclassable. 192 p., 17€. Marie-Lucile Kubaki

littérature |

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chroniques Deerhunter Halcyon Digest | 4AD La vie est pleine de mystères : les statues de l’île de Pâques, la subversion punk d’Arlette Chabot et… la discrétion notoire de Deerhunter. Certes, la bande d'Atlanta menée par Bradford Cox recueille les éloges critiques, mais ce n’est pas encore le succès de masse mérité. C’est sûr, on ne se souviendra pas de Deerhunter pour ses textes – faiblards, tout juste bons à drainer des mélodies crève-cœur à l’intemporalité mesurée. Car pour le reste, tout est là : chansons noires baignées de vagues noisy, moments de grâce inouïs, déflagrations sonores et voix d’angelots. Seulement, ce 4e album ne cède pas à la tentation bruitiste. « Je n’aime pas intellectualiser un morceau à outrance. Mes chansons restent très accessibles, même si je n’ai aucun mal à pondre un titre flippant et bizarre », confirme Cox. Halcyon Digest, littéralement « un sommaire paisible », est définitivement plus lumineux que ses prédécesseurs. Le recueil de chansons est moins touffu qu’à l’habitude, mais cette limpidité nouvelle est soutenue par une production qui ne manque pas de relief. Deerhunter confirme ici son goût pour la géométrie variable et le chaos organisé. Alain Allanic

Maximum Balloon DGC | Interscope David Sitek, cerveau de TV On The Radio, musicien touche-à-tout et producteur ultra sollicité (Yeah Yeah Yeahs, Liars, Scarlett Johansson,…) avance un projet personnel. Mais, Maximum Balloon n’est pas vraiment un voyage en solitaire. Dave a réuni vieux potes et récentes connaissances : Karen O des YYY's, Theophilus London, David Byrne, Tunde Adebimpe, Kyp Malone et des membres de TVOTR. Résultat ? Des mélodies plus spontanées et abordables (If You Return, Communion) que par le passé. Maximum Balloon délaisse les sons torturés et sombres pour gagner en légèreté. En éradiquant sa noirceur, Sitek aurait pu perdre de sa superbe. Au lieu de cela, il accouche de petits chef-d'œuvres inclassables et intemporels, notamment le poignant The Lesson, ou les plus sémillants Young Love et Pink Bricks. Sébastien Billard


disques |

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BOT’OX

Raashan Ahmad

Babylon by car | I'm a cliché / Topplers Le Botox, c’est une toxine paralysante qu’on fait passer pour un aimable cosmétique. Le duo qui réunit Julien Briffaz (moitié de Tekel) et Benjamin Boguet (Cosmo Vitelli), c’est tout l’inverse. Ils sont convaincus que Babylon by car, leur premier album, pourrait être la bande originale d’un road movie tragiquement barré, qui s’achèverait dans une explosion d’infiniment beau et d’inévitablement sordide. Eh ben non, les gars, ce n’est pas ça. Certes, vous produisez de la pop avec des vrais bouts d’électronique dedans, idéale pour les longs trajets en voiture. Mais qui, malgré une bonne volonté évidente, n’évoque rien de beaucoup plus vénéneux que le risque de tomber sur un Snickers périmé à la station-service. Olivia Volpi

For What You've Lost |TRAD VIBE Records Avec ses comparses de Crown City Rockers, Raashan Ahmad sortait l'an dernier un mémorable album de space hip-hop. Réjouissante nouvelle, le leader du groupe publie un deuxième album solo. Bien plus absorbant que son premier essai (2008), For What You've Lost s'inscrit dans la lignée des trésors soul/jazz dont s'enorgueillit le rap indé américain. On croirait reconnaître les beats languides de Jay Dee sur My Imagination, mais le temps d'y penser, nous voilà déjà emportés par la basse funky et frondeuse de For What You've Lost. Comme toujours, le flow virevoltant de Raashan se pose parfaitement sur les compositions à la fois synthétiques et cuivrées. Du hip-hop éminemment moderne, pas putassier pour un sou. Hakima Lounas

The Bewitched Hands Birds & Drums | Sony/Jive Il est libre, Max. Et les Bewitched Hands tout autant. Ils vivent la tête dans des nuages, non loin de leurs confrères MGMT. Ainsi, au-dessus de la mêlée, ils manifestent une fougue juvénile, extrêmement salutaire en 2010. Les Rémois de TBH forment un nuage à leurs couleurs, et voici que paraît ce cumulonimbus aux contours divers selon notre angle d'écoute. Ici, on repère une pop psychotropique, avec des chœurs qui chantent certainement pieds nus. Là, des notes folk pleines d'espoir, sur le potentiel de certaines herbes médicinales... Ici encore, c'est un rock glam tout à fait décomplexé qui pointe à l’horizon. Soit, un anticyclone très enthousiasmant qui s’installe durablement au creux de notre oreille. Mathieu Dauchy


concerts Lun 01.11 Therion + Loch Vostok + Leprous Anvers, Trix, 19h, 25/23e, +32 3 670 09 00 Apocalyptica Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24 Shout Out Louds Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e, +32 2 218 37 32

Mar 02.11 Alexisonfire Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 16/13e, +32 2 414 29 07 Xiu Xiu + Zola Jesus + Former Ghosts Courtrai, De Kreun, 20h, 11e, +32 5 637 06 44 Tragedy + Ravaged + King Terror Liège, La Zone, 20h, 7e, +32 4 341 07 27 Ground Zero : Anoraak Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40

Mer 03.11

Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24 Troy Von Balthazar + Turner Cody Etterbeek, Atelier 210, 20h, 13/10e, +32 2 732 16 39 Back to the grave : KINKLE + GAMMA GT + NERVEUX Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94 Benito Band Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, grat, +32 2 550 03 50 Simon le Saint + Windub Ixelles, Le Tavernier, 21h, grat, +32 2 640 71 91 We Have Band + De Jeugd van Tegenwoordig Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 21/19,5e, +32 9 267 28 28

Jeu 04.11 Ez3kiel Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 18/15e, +32 2 414 29 07 Festival les Inrocks : The Coral + Local Natives + Warpaint Lille, L’Aéronef, 19h, 38/18e, +33 320 13 50 00

Amber Asylum + ?alos + Diskrepant Bruxelles, Magasin 4, 19h, nc, +32 2 223 34 74

The Turbo A.C’s + Random Hand + Eleven Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74

Feeder Anvers, Trix, 20h, 19/16e, +32 3 670 09 00

Jimmy Eat World Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24

Surfer Blood Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Ground Zero : A State Of Mind Lille, La Péniche, 20h, 5e, +33 320 57 14 40 Professor Green + May 68 Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/10e , +32 2 218 37 32 Hindi Zahra

Ground Zero : An Pierle + WHITE VELVET Lille, La Péniche, 20h, 9e, +33 320 57 14 40 Wire + Madensuyu Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 14/12/10e, +32 5 150 48 94 Elvy + Come Gather Round Us Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Ven 05.11 Festival les Inrocks : The Drums + Carl Barat + Surfer Blood Lille, L’Aéronef, 19h, 38/18e, +33 320 13 50 00 Birds Are Alive Bruxelles, Recyclart, 19h, grat, +32 2 289 00 59 Against Me + Crazy Arm + Versus You Anvers, Trix, 19h, 16/13e, +32 3 670 09 00 Ground Zero : Lexicon + Janski Beeeats Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Poum Tchack Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 10/7e, +33 328 63 82 40 De Nachten : Marble Sounds + Annelies Verbeke + Venus In Flames Anvers, Desingel, 20h, 30e, +32 3 248 28 28 Luka Bloom Leuven, Het Depot, 20h, 25/22e, +32 1 622 06 03 Syd Matters + loïc b.o and The Frantic Lovers Etterbeek, Atelier 210, 20h, 15/12e, +32 2 732 16 39 Dagoba + Arkaea Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17,70e, +33 320 70 10 00 Sinus Georges + Kiss & Drive + Supertanker Arlon, Entrepôt, 20h, 4e, +32 6 323 93 57 Knut + Anorak + Daggers Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e, +32 2 223 34 74 Pluto Festival : Netsky + Hudson Mohawke + DJ Grazzhoppa’s DJ Bigband Opwijk, Nijdrop, 20h, 14/12e, +32 5 235 61 65 Hell O Tiki + Pirato Ketchup + Razorblades


agenda |

91

Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 5e, +32 485 53 44 94 Rick Shiver Bruxelles, Maison du Peuple, 22h, grat, +32 2 850 09 08 Soulblazers : CHASING SHADOWS + GIANT + LOST & MENSAH Anvers, Petrol, 22h, 12/11e, +32 3 226 49 63 Prince Off + Nomhad Bruxelles, The Wax Club, 22h, nc, +32 2 503 22 32 Biggy & Smalls + Who Are We + Trashing Teenagers Gand, Culture Club, 22h, 11/7e, +32 9 233 09 46 Ben L’Oncle Soul Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 16/14,5e, +32 9 267 28 28 CLUBSTEPPIN’ STRICTLY DUBSTEP : BREAKAGE + GEMMY + SCIENCE Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 12/9e, +32 5 033 20 14 Martin Eyerer + Reiner Weichhold + Cashmere Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64

Sam 06.11 David TMX + Shove it + Four Watt Arlon, Entrepôt, 20h, 10/8e, +32 6 323 93 57 An Pierle & White Velvet Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 24/21e, +32 2 548 24 24 Arid + Keziah Jones Liège, La Caserne Fonck, 20h, 27,25e, +32 4 343 42 47 Luka Bloom Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 22/18e, +32 5 033 20 14 Mad Professor + Joe Ariwa + Lab Frequency Bruxelles, Magasin 4, 20h, 14/12e, +32 2 223 34 74

Ground Zero : Scott Matthew Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 De Nachten : Amatorski + Balthazar + Blood Red Shoes Anvers, Desingel, 20h, 30e, +32 3 248 28 28 Elliott Murphy Leuven, Het Depot, 20h, 19/16e, +32 1 622 06 03 Jtothec & the Bad Mothas + Title + Uphigh Collective Etterbeek, Atelier 210, 20h, 7e, +32 2 732 16 39

Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64 Cosy Mozzy + Wirspielen + Marty : Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e Deg + Anthony Collins + Lucy Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89

Dim 07.11 The Bony King Of Nowhere Courtrai, De Kreun, 18h, 16e, +32 5 637 06 44

Archie Bronson Outfit Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 16/14,5e, +32 9 267 28 28

The Acorn + Our Broken Garden Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 13/10e, +32 5 033 20 14

Monolithic + Casse Brique Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, grat, +32 2 550 03 50

Dweezil Zappa Leuven, Het Depot, 20h, 33/30e, +32 1 622 06 03

Pluto Festival : De Jeugd van Tegenwoordig + Partyharders + Mixfitz Opwijk, Nijdrop, 20h, 14/12e, +32 5 235 61 65

Dez Mona Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 16e, +32 7 022 21 92

Lushus + Ortigas + Suffragettes Project Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 5e, +32 485 53 44 94 Israel Vibration + TLP aka Troubleman + Turntable Dubbers Anvers, Petrol, 21h, 25/20e, +32 3 226 49 63 Dukes Of Windsor + Tubescreamer Bruxelles, Maison du Peuple, 22h, grat, +32 2 850 09 08 DC Salas + Sweatshop Bruxelles, The Wax Club, 22h, nc, +32 2 503 22 32 Thriller : FREDERICO MOLINARI + ISHTAR & LA MAZ + TOM DAZING Gand, Decadance, 22h, nc, +32 9 329 00 54 Cio d’or + Empro + Nils

Tindersticks Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 25/23,5e, +32 9 267 28 28

Lun 08.11 Eastpak Antidote tour: SUM 41 + BLACK PACIFIC + RIVERBOAT GAMBLERS Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 17h, 27/24e, +32 2 548 24 24 Joe Lally +The Boilerman + Vitas Guerulaitis Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e, +32 2 223 34 74 Archie Bronson Outfit Leuven, Het Depot, 20h, 14/12e, +32 1 622 06 03 The Sword + karma to burn Anvers, Trix, 20h, 15/12e, +32 3 670 09 00 Izia


concerts Lille, L’Aéronef, 20h, 24,70e, +33 320 13 50 00

Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00

Mar 09.11

Medine + Outrage + Pyro Bruxelles, Magasin 4, 20h, 20e, +32 2 223 34 74

The Boxer Rebellion Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Mais Man Lille, La Péniche, 20h, 9e, +33 320 57 14 40 Public Enemy Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 36/33e, +32 2 548 24 24 We are Scientists Leuven, Het Depot, 20h, 19/16e, +32 1 622 06 03 Blood Red Shoes + Holy State Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00

Mer 10.11 The Horny Horses Opwijk, Nijdrop, 19h, 10/8e, +32 5 235 61 65 Michel Mainil Quartet La Louvière, Centre Culturel Régional du Centre, 20h, nc, +32 6 421 51 21 Gilles Peterson Leuven, Het Depot, 20h, 20/17e, +32 1 622 06 03 The Warlocks + Moloko Velocet Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Alex Roeka Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Shrinebuilder Courtrai, De Kreun, 20h, 15e, +32 5 637 06 44 Ground Zero : The Boxer Rebellion Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Napalm Death + Immolation + Macabre

De Jeugd van Tegenwoordig + Nobody Beats the Drum Anvers, Trix, 20h, 20/17e, +32 3 670 09 00 Blossom Babies Namur, Belvédère, 20h, 5e, +32 8 181 39 00 AKIO SUZUKI Leuven, Stuk, 20h, 10/6e, +32 1 632 03 20 The Link Quartet + DJ Funky Bompa Ixelles, Le Tavernier, 21h, grat, +32 2 640 71 91 Geneviève Pasquier + Velvet Condom + Tetra Plok Prixtba Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94 Red light + Ramadanman Bruxelles, Recyclart, 22h, 10e, +32 2 289 00 59 Kimono Bruxelles, Maison du Peuple, 22h, grat, +32 2 850 09 08 Danzca + Paul Nazca Bruxelles, The Wax Club, 22h, nc, +32 2 503 22 32 La Clinique : GREGOR SALTO + BEN DOVER DJS + SNU & MATTHEW Gand, Culture Club, 22h, nc, +32 9 233 09 46 Abracada Night : The Aikiu + Montevideo + The Krays + PILOOSKI + DIRK ABRACADA + VILLA + MUSTANG + MIKIX THE CAT... Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 20/15e Loco Dice + Oxia + Darko Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64

Jeu 11.11 Vieux Farka Touré Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 19/16e, +32 2 414 29 07 Carolina Chocolate Drops Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 Quok + Missing Dog Head + Panopticon Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74 Ryan Bingham & The Dead Horses Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Turner Cody Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Kele + Mama Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Chuck Violence + Sherrif Perkins Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Ven 12.11 BB Brunes + Plasticines + Boston Tea Party Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 25/22e, +32 2 548 24 24 Wehrmacht + Ac4 + Blunt Force Trauma Anvers, Trix, 19h, 17/14e, +32 3 670 09 00 Tsuyama Atsushi + Kawabata Makoto + Ruins Alone Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e, +32 2 223 34 74 One Point Label Night :JTOTHEC & THE BAD MOTHAS + TITLE + UPHIGH COLLECTIVE Courtrai, De Kreun, 20h, 6e, +32 5 637 06 44 Scout Niblett Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e, +33 320 13 50 00


agenda |

93

Nessbeal + Poumon Noir + Santi Charleroi, Coliseum, 20h, 15/12e, +32 2 718 43 79 1 Silver Riot + Graceland + Texas Trauma Huy, Atelier Rock, 20h, nc, +32 8 525 03 59 The Lanskies Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Wavves Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Vieux Farka Touré + Cut in the Hill Gang Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 15/13/11e, +32 5 150 48 94

Bad Chickens + Ultra Vomit + Corbillard Ath, Spoculo, 12h, 12/10e, I LOVE TECHNO : BOYS NOIZE + ELLEN ALLIEN + Underworld + Booka Shade + Riva Starr + BLOODY BEETROOTS + CROOKERS + STEVE AOKI + VITALIC + A-TRAK + DAVE CLARK + GOOSE Gand, Flanders Expo, 17h, 50e Set The Tone + The Inequity + Exil Namur, Belvédère, 18h, 6e, +32 8 181 39 00 Ben Mazué Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40

21h, grat,+32 485 53 44 94 Cris Prolific Release Party : PHAT KAT + ELZHI + K-BANGER... Ixelles, Le Tavernier, 21h, grat, +32 2 640 71 91 The Mixfitz + Otto Jan Ham + Makasi Anvers, Petrol, 22h, 8e, +32 3 226 49 63 Never Ask Me This Song Bruxelles, Maison du Peuple, 22h, grat, +32 2 850 09 08 David Garcet + Fernando Wax Bruxelles, The Wax Club, 22h, nc, +32 2 503 22 32 Classixx + Mustang + Guy-Ohm Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e,

Syd Matters + Roken is Dodelijk Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/6e, +33 320 27 70 10

Human Juke Box +Les Anchoises + Opmoc Liège, La Zone, 20h, 6e, +32 4 341 07 27

Let’s go Urban + Rappers vs Dichters Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 8e, +32 3 202 46 46

Union Match 12 : COMPUPHONIC + FUSTY DELIGHTS + PIMP MY TRACK Liège, L’escalier, 20h, 4e

Appletop Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Therapy? Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24

Le P’tit Bal : Cie du Tirelaine : CIE DU TIRELAINE La Louvière, Le Palace, 16h, nc, +32 6 421 51 21

Guts + LeFtO +DJ Defi*J Namur, Belvédère, 21h, 7e, +32 8 181 39 00

Festival La Sauce Jack : Foreign Beggars + Kinny Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00

The Gaslight Anthem Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 21/18e, +32 2 548 24 24

Marko Leka Bruxelles, The Wax Club, 22h, nc, +32 2 503 22 32 Darkounettes Bruxelles, Maison du Peuple, 22h, grat, +32 2 850 09 08 STEPHEN DE RYCKE + SHLOMI ABER + SEBA LECOMPTE Gand, Decadance, 22h, nc, +32 9 329 00 54 SUB-SCAPE 5th anniversary party : BLACK SUN EMPIRE + COMMIX + MURDOCK Anvers, Petrol, 23h, 23/10e, +32 3 226 49 63

Sam 13.11

Chevreuil + Alexis Gideon + Casse Brique Bruxelles, Magasin 4, 20h, 7e, +32 2 223 34 74 Ben L’Oncle Soul Leuven, Het Depot, 20h, 15/13e, +32 1 622 06 03 Sleepy Sun + Manngold Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 12/10/8e, +32 5 150 48 94 Todo Esta Aqui + Sarah Tue Moi Arlon, Entrepôt, 20h, 10/8e, +32 6 323 93 57 Funky Bompa Tropical Dj Bruxelles, Madame Moustache,

Deg + Peter Van Hoesen Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89

Dim 14.11

Danko Jones + Young Guns Anvers, Trix, 20h, 23/20e, +32 3 670 09 00 Aranis Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 14e, +32 3 202 46 46

Lun 15.11 M.I.A Anvers, Trix, 20h, 30/27e, +32 3 670 09 00 Trash Talk + Cerebral Ballzy + Vogue Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00 Two Door Cinema Club


concerts +The Teenagers + Florrie Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00

Fool’s Gold Bruxelles, Le Botanique, 20h, 18/12e, +32 2 218 37 32

Fool’s Gold Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 13/10e, +32 5 033 20 14

Mark Ronson & The Business Intl Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 27/23e, +32 2 548 24 24

Vampire Weekend Bruxelles, Forest National, 20h, 31e, +32 7 025 20 20

Mar 16.11 Yuck Bruxelles, Le Botanique, 20h, 11/5e, +32 2 218 37 32 Lissie Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Pièces Détachées : CIE GÉNÉRALE D’IMAGINAIRE Bruxelles, L’Escale du Nord, 20h, nc, +32 2 528 85 00 Dez Mona La Louvière, Le Palace, 20h, nc, +32 6 421 51 21 Ground Zero : Hangar Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 The Residents Courtrai, De Kreun, 20h, 22e, +32 5 637 06 44

Pièces Détachées : CIE GÉNÉRALE D’IMAGINAIRE Bruxelles, L’Escale du Nord, 20h, nc, +32 2 528 85 00 The Acorn +The Flying Horseman Leuven, Stuk, 20h, 14/12e, +32 1 632 03 20 Back to the grave : Kinkle + Gamma GT + NerKINKLE + GAMMA GT + NERVEUX Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94 Pierre Anckaert Ixelles, Le Tavernier, 21h, grat, +32 2 640 71 91 Giant Sand Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 23/20,5e, +32 9 267 28 28

Jeu 18.11

14/12e, +32 1 622 06 03 Daniel Hélin + Karim Gharbi La Louvière, Le Palace, 20h, nc, +32 6 421 51 21 Villagers +The Acorn Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10/7e, +33 320 70 10 00 Zap Mama Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 20e, +32 3 202 46 46 Action Beat Leuven, Stuk, 20h, 5e, +32 1 632 03 20 Soul Kitchen Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94 Black’n’Jazz + Marumbacoco Liège, La Zone, 21h, grat, +32 4 341 07 27

Ven 19.11 36 Crazy Fists + DevilDriver Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 24/21e, +32 2 414 29 07 Action Beat Courtrai, De Kreun, 20h, 11e, +32 5 637 06 44

Mer 17.11

Black’n’Jazz + Marumbacoco Bruxelles, Recyclart, 19h, grat, +32 2 289 00 59

Baloji + Orchestre de la Katuba La Louvière, Le Palace, 20h, nc, +32 6 421 51 21

Tokyo Police Club +The Answering Machine Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e, +32 2 218 37 32

Yelle Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24

Merri Lille, La Péniche, 20h, 15e, +33 320 57 14 40

Isola + Alpha 2.1 Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e , +32 2 218 37 32

Ground Zero : Les Shades Lille, La Péniche, 20h, 9e, +33 320 57 14 40

65daysofstatic + Nedry + Tall Ships Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/13e , +32 2 218 37 32

Chromeo Bruxelles, Le Botanique, 20h, 17/11e , +32 2 218 37 32

Lady Linn Courtrai, De Kreun, 20h, grat, +32 5 637 06 44 Villagers + Moon On Earth Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/10e , +32 2 218 37 32

The Walkmen Anvers, Trix, 20h, 18/15e, +32 3 670 09 00 Braakland/ZheBilding Leuven, Het Depot, 20h,

Die Antwoord Liège, La Caserne Fonck, 20h, 19,75e, +32 4 343 42 47 Clare Louise + Joy La Louvière, Le Palace, 20h, nc, +32 6 421 51 21

WASP Anvers, Trix, 20h, 25/23e, +32 3 670 09 00 Rufus Wainwright Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 45/38e,


agenda |

95

+32 3 202 46 46 Images Sonores : Hèctor Parra + Kee Yong Chong + Gilles Doneux Liège, Ancienne Eglise StAndré, 20h, 15/10e,

Bruges, Cactus Muziekcentrum, 19h, 10/7e, +32 5 033 20 14 Fool’s Gold + The Bewitched Hands Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00

The Jim Jones Revue + Rockers Inside Phantoms Arlon, Entrepôt, 20h, 12/10e, +32 6 323 93 57

PPz30 + Alk A Line + Emergent Sea Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e, +32 2 223 34 74

Gotainer Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 29/27/25e, +32 5 686 01 60

Katerine Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00

Ignatz + Jozef van Wissem + Eric Thielemans Bruxelles, Recyclart, 21h, 5e, +32 2 289 00 59 DJ Funky Bompa Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94 Cosmo + Kashyyyk + Audiopathik Anvers, Petrol, 21h, 25/18e, +32 3 226 49 63 Geoffroy aka Mugwump + Reda Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat, +32 2 503 22 32 Mickey Bruxelles, Maison du Peuple, 22h, grat, +32 2 850 09 08 Radiostation : JACK PAROW Anvers, Trix, 22h, 13/10e, +32 3 670 09 00

Sam 20.11 Dj Coyote + Midlake + Sophie Hunger Liège, La Caserne Fonck, 18h, 19,75e, +32 4 343 42 47 Soirée T’as les boules ? : DJ Maboul et le rat musclé +DJ Aboul le fric Bruxelles, Recyclart, 19h, grat, +32 2 289 00 59 BAHNHOF BERLIN MORR LABEL NIGHT : SEABEAR + TARWATER + ISAN

Ratatat Bruxelles, Le Botanique, 20h, nc, +32 2 218 37 32 Patrice Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24 Speedball JR + Hell O Tiki + Surf Me Up Scotty Arlon, Entrepôt, 20h, 11/9e,+32 6 323 93 57 Mercury Rev Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 24e, +32 3 202 46 46 Crossing Border : Mercury Rev Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 24/20e, +32 3 202 46 46 MERCURY REV Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 24e, +32 3 202 46 46 Zornik Anvers, Trix, 20h, 23/20e, +32 3 670 09 00 Amatorski +The Flying Horseman Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 11/9/7e, +32 5 150 48 94 Less Than Jake + Zebrahead + Sonic Boom Six Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 19/17,5e, +32 9 267 28 28 Images Sonores : Jean-Luc Fafchamp + Stefan Prins + Zwerm Liège, Ancienne Eglise StAndré, 20h, 15/10e

Freddee + Never Ask Me This Song + Uptone Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 3e, +32 485 53 44 94 Distance +DJ Hughes + Dubgrow Courtrai, De Kreun, 22h, 8e, +32 5 637 06 44 Agent Palmer Bruxelles, Maison du Peuple, 22h, grat, +32 2 850 09 08 Steve Bug + Dance Machine + Wirspielen Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e Rodriguez JR. + Tom Dazing + Igor Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 Play & Produce afterparty : JIMMY EDGAR + RUSTIE + BATHS Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 13/10,5e, +32 9 267 28 28

Dim 21.11 Crossing Border : Annuals + Edem Awumey + Basta ! Anvers, Arenbergschouwburg, 16h, 30e, +32 3 202 46 46 US Bombs + The Grit + The Last Wanted Arlon, Entrepôt, 18h, 15/13e, +32 6 323 93 57 Ratatat Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Violens Gand, Cafe Video, 19h, nc, Paul Smith From Maxïmo Park Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/10e, +32 2 218 37 32 The National Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Jack Parow


concerts Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Images Sonores : Coralie Dubois + Bertrand de Lamalle + Magnus Lindberg Liège, Ancienne Eglise StAndré, 20h, 15/10e

Lun 22.11 Gorillaz Sound System Anvers, Lotto Arena, 20h, 55e, OMD Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 38/35e, +32 2 548 24 24 Starcheck Etterbeek, Atelier 210, 20h, 3e, +32 2 732 16 39 The Chicarones Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Steve Wynn & The Miracle 3 Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 12/10/8e, +32 5 150 48 94

Mar 23.11 Johnny Flynn Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e, +32 2 218 37 32 Badly Drawn Boy Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 25/21e, +32 9 267 28 28 De Jeugd van Tegenwoordig Courtrai, De Kreun, 20h, 16e, +32 5 637 06 44 Deftones + Coheed and Cambria Anvers, Trix, 20h, 32/30e, +32 3 670 09 00 Ty Segall Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Mer 24.11 EFTERKLANG + KISSAWAY

TRAIL + CODY Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 12e, +32 2 548 24 24

Jil is Lucky Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e, +32 2 218 37 32

Faustine Hollander + Trembling Bells Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 5e, +32 2 414 29 07

A place to bury strangers Courtrai, De Kreun, 20h, 15e, +32 5 637 06 44

Steve Wynn + the Miracle 3 Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/13e , +32 2 218 37 32 Kiss the Anus of a Black Cat + Eric Chenaux Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28 Lawrence Arabia Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 M.I.A + Sleigh Bells Courtrai, De Kreun, 20h, 32/30/27e, +32 5 637 06 44 Chief Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e, +32 2 218 37 32

OK Cowboy! + Romano Nervoso Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 5e, +32 485 53 44 94 Caca + Dans Dans Bruxelles, Recyclart, 21h, grat, +32 2 289 00 59 Radical Slave Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 22h, 12e, +32 2 548 24 24

Ven 26.11 Doctor Flake Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40

Zenzile + Lsdub Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e, +32 2 223 34 74

Inspector Cluzo Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e, +32 2 218 37 32 Liège, La Caserne Fonck, 20h, 13,50e, +32 4 343 42 47

Onda Sonora + Moiano Ixelles, Le Tavernier, 21h, grat, +32 2 640 71 91

Jamaica Bruxelles, Le Botanique, 20h, 15/9e, +32 2 218 37 32

Back to the Grave : Kinkle + Gamma GT + Nerveux Bruxelles, Madame Moustache, 21h, grat, +32 485 53 44 94

Plan B Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 22/19e, +32 2 548 24 24

Horses +DJ Pretbederf Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, grat, +32 2 550 03 50

The Tellers + Phantom Buffalo Etterbeek, Atelier 210, 20h, 15/12e, +32 2 732 16 39

Jeu 25.11

Selah Sue Liège, La Caserne Fonck, 20h, 13,50e, +32 4 343 42 47

Swans Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24

Swans + James Blackshaw Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19/16e, +33 320 70 10 00

Tortoise + Amatorski Leuven, Het Depot, 20h, 22/19e, +32 1 622 06 03

disiz Bruxelles, Le Botanique, 20h, 18/12e , +32 2 218 37 32

Crystal Castles Anvers, Trix, 20h, 21/18e, +32 3 670 09 00

The Neon Judgement + Dirk Da Davo Leuven, Stuk, 20h, 16/14e,


agenda |

97

+32 1 632 03 20 Amatorski + Tommigun Opwijk, Nijdrop, 20h, 9/7e, +32 5 235 61 65 BIG BELJAM BENEFIT FOR JAMAICA : PURA VIDA + ASHAM BAND + COCO JR Anvers, Petrol, 22h, nc, +32 3 226 49 63 Baths Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, 6e, +32 2 550 03 50 Skandar Bruxelles, Maison du Peuple, 22h, grat, +32 2 850 09 08 Timoty Fealz + Mano Sinistra Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat, +32 2 503 22 32

Sam 27.11 Festival Autumn Falls : Beach House + Caribou + José Gonzales Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 18h, 21/18e, +32 2 548 24 24 Festival Autumn Falls : Aux Raus + Vermin Twins + Atari Teenage Riot Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 19/16e, +32 2 414 29 07 Groove City : John Dahlbäck + Martin Solveig + Basement Jaxx + CARL CRAIG + DERRICK MAY... Grand-Bigard, Brussels Kart Expo, 20h, 24e, +33 246 72 80 0

The Warlocks Bruxelles, Le Botanique, 20h, 18/12e, +32 2 218 37 32 Festival Autumn Falls : Beach House + Caribou + Junip Bruxelles, Le Botanique, 20h, nc, +32 2 218 37 32 Kirlian Camera Leuven, Het Depot, 20h, 25/20e, +32 1 622 06 03 TV Buddhas + Arch Woodman Bruxelles, Madame Moustache, 21h, 5e, +32 485 53 44 94 Tubescreamer + Rotten Chicky Bruxelles, Maison du Peuple, 22h, grat, +32 2 850 09 08 Maxidawa : CLEMENTINE SNOOBA Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat, +32 2 503 22 32 Jamaica Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 12/9e, +32 5 033 20 14 Eric Chenaux Bruxelles, Beursschouwburg, 23h, 6e, +32 2 550 03 50 Festival Autumn Falls : Foals + Caribou + Factory Floor Bruxelles, Magasin 4, 23h, 10e, +32 2 223 34 74 Anoraak + So’Lex + Mickey Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e, Seuil + Yakine + Geoff Wichmann Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89

Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e, +32 2 223 34 74 Triggerfinger Arlon, Entrepôt, 20h, 17/15e, +32 6 323 93 57 Festival Autumn Falls : Ólafur Arnalds + Peter Broderick Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Festival Autumn Falls : Nive nielsen & the deer children + Shugo Tokumaru + Menomena Bruxelles, Le Botanique, 20h, 20/17e, +32 2 218 37 32 Macy Gray Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 37/34e, +32 2 548 24 24 Amatorski + Tommigun Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 15/13,5e, +32 9 267 28 28

Lun 29.11 Marina & The Diamonds Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 23e, +32 9 267 28 28 !!! (Chk, Chk, Chk) Bruxelles, Le Botanique, 20h, 22/16e, +32 2 218 37 32 The Toasters + Freddy Loco + Gordo Ska Band Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74

Mar 30.11

Selah Sue Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 16/13e, +32 5 033 20 14

Dim 28.11

The Jon Spencer Blues Leuven, Het Depot, 20h, 23/20e, +32 1 622 06 03

Faustine Hollander Huy, Atelier Rock, 20h, nc, +32 8 525 03 59

The Tellers Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24

Wallis Bird Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e , +32 2 218 37 32

Johnny Flynn Lille, La Péniche, 20h, 5e, +33 320 57 14 40

Festival Autumn Falls : Truman’s Water + Room 204 + Magic Barbecue

Kyte + I Got You On Tape Leuven, Stuk, 20h, 5e, +32 1 632 03 20


playlist |

98

Hypnotize U | Universal

Vous ne savez pas comment vous y prendre avec votre bien aimée ? Pas de panique, N*E*R*D et Daft Punk ont pensé à vous. Grâce aux propriétés enivrantes de ce philtre d’amour : un savant mélange de basses crunky, claviers langoureux et doux chuchotements, vous n'avez qu'à l'allonger et appuyer sur play.

Here Sometimes | 4AD

L'agitation new yorkaise inspire à ce trio de grandes œuvres planantes et lumineuses. Portées par la grâce ineffable de Kazu Makino, de splendides nappes synthétiques apaisent en toutes circonstances. Ambiance méditative, mélodie éthérée, sublime brisure de la voix… la magie opère !

No More Daddy | Circum Music

Un audacieux assemblage d’électro et jazz minimaliste, calibré au millimètre. Ce trio parisien invite autant à l'écoute du moindre détail qu’à rejoindre le dancefloor. Leurs constructions ont déjà séduit les plus prestigieux clubs de Berlin (Watergate compris). Un tour de force !

Solitude is bliss | Modular

C’est ridicule, mais ce track nous projette immanquablement dans un championnat d’air guitar. Intro dans le sillage de Jimi, traitement des voix façon Beatles, univers psychédélique visant MGMT, Solitude is Bliss aurait aussi séduit la Factory de Warhol ! Avec nous à la guitare.




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