n째05 / mai - juin 2010 / GRATUIT
bruxelles Cultures et tendances urbaines
Bruxelles • Rue Antoine Dansaert 21/32 • 02 503 0450 Antwerpen • Schuttershofstraat 22 • 03 231 1048
Sommaire Let’smotiv - mai / juin 2010 - #05
PASS © DR // Dharma Punk © Silvere Teutsch / LightMediation // Maleonn
8 News 14 Portrait Radio Les Z’entonnoirs événement Le PASS fête ses 10 ans ! 22 Reportage Les Dharma Punks 30 Portfolio Le bal des vauriens par Polo Garat 36 Rencontre Le Studio H5 présente Logorama 42 Enquête Les Tribute Bands 48 Série mode La colocation vue par Nicolas Fleuré 56 Musique Les Nuits Botanique, Benjamin Biolay, Au Revoir Simone,
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Couleur Café, Danton Eeprom, The Drums…
74 Cinéma Interview de Bruno Delépine, Enter the Void de Gaspar Noé Portfolio Nostalgia par Maleonn 86 Exposition « Stars & Models » un festival glamour à Knokke, les 10 ans
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de Poisson Pilote, Terence Donovan… Agenda
100 Théâtre & danse Kunstenfestivaldesarts, Festival Balsa Marni, Un homme est un homme… Agenda
112 Littérature Cheval de Quatre, Le Bleu est une couleur chaude de J. Maroh 116 Chroniques livres, disques 120 Agenda concerts et soirées 130 Le mot de la fin Un truc cool par Brock Davis
Let’smotiv Bruxelles
114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com Let’smotiv Bruxelles est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com Graphiste : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: Hakima Lounas - h.lounas@letsmotiv.com
Let'smotiv Bordeaux
31-33 rue Buhan - 33000 Bordeaux Tél : +33 556 52 09 95 - Fax : +33 556 52 12 98 redaction.bordeaux@letsmotiv.com
Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Faustine Bigeast, Brock Davis, Audrey Chauveau, Léa Daniel, Mathieu Dauchy, Fanny Delporte, Florent Delval, Nicolas Fleuré, Polo Garat, Anissa Herrou, Fabien Kratz, Carole Lafontan, Edouard Launet, Julie Lemaire, Justine Leuregans, Hakima Lounas, Judas Louver, Maleonn, Otto Meisner, Louise Padox, Michel Paquot, Clément Perrin, Marion Quillard, Aurel Rotival, Sylvère Teutsch, Julien Vignier, Olivia Volpi
Couverture : Maleonn, www.maleonn.com
Let’smotiv nord-pas de calais
114 rue Barthélemy Delespaul - 59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com
Let'smotiv Lyon
Let'smotiv Portugal
Let’smotiv Méditerranée
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© DR _ the Guardian
En bref… Too fast to live, too young to die
Les funérailles de Malcolm McLaren, tenancier de la boutique londonienne Sex, célèbre manager des New York Dolls et créateur des Sex Pistols, furent joyeusement suivies par une raya de punks tirés à quatre épingles (à nourrice). On en aurait presqu'oublié que McLaren n'était pas que le promoteur du punk rock. Après la vague No Future, cet agitateur malin s'intéresse à la world music (Bow Wow Wow), enregistre un album avec Catherine Deneuve (Paris, 1994) et préfigure le trip-hop, l'air de rien (écoutez le titre About Her). L'homme qui faisait « du cash avec le chaos » (sa célèbre devise) repose désormais non loin de... Karl Marx!
Jurassic Farce !
© DR
Télex
À la bonne heure ! Yvan Arpa continue de dérégler le milieu de l'horlogerie de luxe. Après la montre n'indiquant pas l'heure, le cadran en pièces de fusée Appolo et poussière de lune, ce champion de Karaté a aussi cloué la concurrence au tatami en 2008 en utilisant la coque rouillée du Titanic (si, si). Mais, le provocateur Suisse vient de faire encore plus fort. Sa dernière création se dote d'un fond nacré réalisé en coprolite. Soit, pour remettre les pendules à l'heure, de la crotte de dinosaure, dont l'authenticité est certifiée par un notaire.
Après le succès de la prestigieuse exposition Felix Gonzales Torres, c'est la douche froide pour le centre d'art contemporain Wiels. Des problèmes de trésorerie le pousseraient à la fermeture. Comité de soutien sur www.helpwiels.org
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Sur la route On vous connait. Le mardi soir, vous ne rechignez pas devant un bon petit Pékin Express. Par esprit de contradiction, nous avons préféré suivre une émission concurrente sur le site de Sud Presse (www.sudpresse.be). Deux journalistes en manque de colonnes ont entrepris un Picard Express, soit un road trip à travers la guillerette Wallonie picarde. Sans Stéphane Rotenberg, mais avec 1€ par jour et par personne. Si vous avez raté ça (l'expérience n'ayant duré que trois jours), n'ayez pas de regrets : l'année prochaine, Let'smotiv lance Koh Lanta sur la côte Belge.
© DR
© Tejo Van den Broeck
Ça plane pour lui ?
Nouvel(le St)Art
On savait David Lynch halluciné (Blue Velvet, Mulholland Drive), voire totalement flippé (Eraserhead, Twin Peaks). Mais on ne lui connaissait aucune affinité avec Tom Cruise. Pourtant, le 18 mai dernier, l'Américain débarquait à Lille pour promouvoir… la méditation transcendantale ! Pratique spirituelle ou obscure secte, le mouvement serait né dans le cheflieu du Nord, où atterrit son fondateur Maharishi Yogi (accessoirement gourou des Beatles). Selon Lynch, se concentrer en faisant de grands « Ooom » serait le meilleur moyen de lutter contre la violence à l'école…
On vous parlait, il y a quelques mois, d'un casting d'artistes façon Nouvelle Star imaginé par le collectionneur anglais Saachi. La RTBF et la chaîne Canvas font monter les enchères. 7900 candidats plasticiens et quelque 24 000 œuvres ont ainsi été sélectionnés par d'intransigeants jurys régionaux pour concourir à « La collection RTBF/De Canvascollectie ». Les meilleurs d'entre eux, exposés du 6 mai au 6 juin à Baltard, pardon, aux Beaux-Arts (Bruxelles), sont désormais soumis aux votes du public. Un chèque de 10 000€ sera remis à votre candidat préféré. Pour Alice, tapez 1, pour Mona, tapez 2...
Le label Tigersushi fête ses 10 ans ! L’occasion de revenir sur une décennie de musiques électroniques à travers une double compilation, et d’inviter ses artistes emblématiques (Joakim, Jackson etc.) derrières les platines du Libertine Supersport le 26.06.
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Un plan Marshall pour la musique ? 10 ans que labels, distributeurs et artistes du monde entier déplorent la crise du disque. Dépassés par les nouvelles technologies ou trop peu mobilisés, la plupart des gouvernements se contentent de griffonner des lois stériles. Pour endiguer l’alarmante baisse du marché de la musique en Belgique (- 60%), la ministre de la Culture Fadila Laanan propose un « plan Marshall » destiné à mieux soutenir la production, la diffusion ou encore la réalisation de clips vidéo. Timides mais symboliques, les mesures pressenties sont détaillées en ligne. ❥ www.laanan.cfwb.be.
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Ricardo Villalobos © DR
La villa Empain d'épices
Fuse On The Beach
Menacée de destruction il y a 10 ans, la fastueuse Villa Empain de Bruxelles a évité le pire grâce à Jean Boghossian, qui l'a rachetée en 2006, soit un an à peine avant son inscription au patrimoine mondial. Un sauvetage in extrémis pour ce chef d'œuvre Art Déco de 3500 m2 situé Avenue Roosevelt. Le mécène arménien a reconverti le site patrimonial en espace culturel dédié au dialogue culturel entre l'Orient et l'Occident. Entre les parois de bois exotiques et le granit poli, le public peut déjà admirer une première exposition, voyage le long de la route de la soie... et des épices, pardi ! ❥ Expo à voir
Les plus nostalgiques d'entre nous sillonnaient les plages de la côte chaque été, espérant apercevoir une foule en transe. Et bien, oyez hypsters, après 8 ans d'absence, Fuse on The Beach revient ! Et comment. L'historique club bruxellois emmène Raresh, Luciano, Ricardo Villalobos, Marcel Dettman ou encore Nick Höppner, autant de DJs et producteurs techno prestigieux et influents. Face à la mer, les pieds dans le sable, il suffira de fermer les yeux pour s'imaginer en pleine Full Moon Party Taïlandaise ! Let'smotiv vous invite, rendez-vous sur letsmotiv.com pour gagner vos places.
jusqu’au 31.10, 02 534 60 85.
❥ 3.07,
Télex
Zeebrugge, www.fuseonthebeach.be
La nouvelle série policière Lie to me de Sam Baum avec Tim Roth compte déjà des milliers de fans. Fictives, les enquêtes de l’intraitable Cal Lightman sont inspirées des travaux bien réels d’un scientifique américain, le Dr Paul Ekman, qui étudié les menteurs à la loupe. Il y aurait des signes qui ne trompent pas… à partir du 29.04 sur M6.
check out the g-star store in brussels opening may 2010 Rue Antoine Dansaert 48, 1000 brussels
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Battre en retraite Quelque part entre les concours de pen spinning – sorte de jonglage avec un bic – et les performances d'air guitar, on trouve ces crayons à papier qui ressemblent comme deux gouttes d'eaux à des baguettes de batterie. Un accessoire hybride qui fera un parfait cadeau de départ à un collègue spécialiste de la percu sur bureau. Et à tous nos amis batteurs en herbe. ❥ 2 crayons HB disponibles sur suck.uk, 5£
Idée lumineuse Huile de coude La dernière radio de Lexon est jolie. Elle est aussi totalement écologique puisque fabriquée à base de bioplastique de maïs (PLA) et de bambou. Elle est également très économique. Puisque la pile, c'est nous ! En actionnant la manivelle pendant 2 minutes, c'est parti pour 30 mn de bande FM. Et parce que la radio c'est presque dépassé, ce petit bijou est équipé d'un amplificateur MP3 et d'une sortie casque. Les moins courageux seront ravis d'apprendre que « Safe » se recharge également sur secteur. ❥ Safe de Lexon, environ 65€
C'est bien une bombe... mais pas de peinture. Cette torche qui projette de la lumière ultra violette s'est donné toutes les apparences d'un aérosol pour mieux tromper son monde. L'idée est simple, l'utilisation tout autant. Le kit « Glow Gaffiti » comprend une toile réactive, des pochoirs et une lampe UV. De la lumière en canette si vous préférez. Ensuite, à vous de jouer ! Morpion, ombres chinoises, messages d'amour... une fois la lumière projetée sur la toile, il faudra encore quelques minutes avant que l'image se révèle. Glow Graffiti, « Paintwith light », déssiné par Random International et disponible sur suck.uk, environ 50€
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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ DR
La Colifata du Nord Il y a peu, c’était encore un lieu unique en France, une première dans le monde méconnu de la psychiatrie. Dans le petit studio de la Condition Publique, à Roubaix, des personnes présentant des troubles psychiques animent chaque semaine une émission de radio, « Les Z’entonnoirs ». Une heure de chroniques, d’humour et de poésie pour lutter contre l’indifférence. Avec un leitmotiv : « citoyen avant tout, thérapeutique après tout ».
Cinq ans déjà. Cinq ans que, chaque lundi, Bruno Morello endosse son costume de « Z’animateur ». Ce quinquagénaire aux yeux bleus, front haut et cheveux épars n’a pas peur du micro. Son truc à lui, c’est la poésie. Et aujourd’hui, Bruno se dit « désaliéné ». Grâce aux Z’entonnoirs ? « Je me sens mieux dans mes pompes. Les médicaments, c’est bien pour arrêter un délire, mais ça ralentit le cerveau. Au moins à la radio, je peux dire ma poésie. » Difficile d’évaluer les vertus
thérapeutiques de cet atelier volontaire : « J’ai essayé de créer des outils de mesure, mais ce n’est pas facile, explique Ahmed Haddouche, infirmier à l’Établissement public de santé mentale (EPSM) de l’agglomération lilloise. Mais ce qui se passe au niveau de la confiance en soi et de la maîtrise de la communication, c’est énorme ! » Car l’émission, diffusée sur plusieurs radios associatives, redonne à ces oubliés de la société une voix, une place, une citoyenneté. Elle
communication
cit
té
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Les Z’en tonn In oirs dé bo ul on na bl e
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Les Z’entonnoirs Diffusée sur radio Boomerang (89.7 FM) le ven à 16h, radio Campus (106.6 FM) le mar à 9h, radio Campus Bruxelles (48 FM) et radio Campus Liège (88.8 FM)
renoue le dialogue avec les « autres », les « normaux ». « Indéboulonnable » En 2005, qui pariait sur cette folle aventure ? Erika Schröder, sans aucun doute. Cette infirmière-cadre fut profondément marquée par un reportage sur la Colifata, la radio née en 1991 dans un hôpital psychiatrique de Buenos Aires. Débarquée à Roubaix, elle veut tenter l’expérience, enchaîne les demandes de financement et traque les partenaires. Et convainc Pascale De-
brock, alors directrice de la Condition Publique. « Ce projet a traversé tous les changements de direction : il est indéboulonnable ! », s’exclame Maud Piontek, de la Condition Publique. Et les Z’entonnoirs font déjà des petits : Radio Citron, à Paris, a été lancée en grande pompe en septembre 2009 et intéresserait Radio France. Erika, « la tête dans le guidon », mesure à peine le chemin parcouru. Bruno, lui, est plutôt fier de lui : « Je suis devenu un vieux con qui montre l’exemple. » /
texte ¬ Judith Oliver photos ¬ DR
Pass
pour la science Mai 2000. Au pied du terril qui surplombe Frameries, un nouveau lieu ouvre ses portes, unique en Belgique. La population locale, fière de voir l’ancienne exploitation minière renaître en fleuron de la culture scientifique, se mêle allégrement aux cols blancs, venus féliciter l’architecte Jean Nouvel. Dix ans plus tard, le Parc d’Aventures Scientifiques (PASS) n’a rien perdu de son caractère pilote. Expositions, animations, ateliers… Du haut de son châssis à molette, il réconcilie avec toujours autant de pertinence deux mondes qui s’ignorent : la science et la culture. Creusons.
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Vue extérieure du bâtiment.
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«O
n n'est pas militants, mais on aiguillonne. On essaye de poser les questions là où elles doivent l’être, on pousse au regard critique. Et puis… on rejette tout ce qui pourrait replier la science sur elle-même. Le PASS n’a rien de scientiste ». Pour nous parler de ce PASS qu’elle a vu naître (13 ans de bons et loyaux services et pas l’ombre d’un désamour), Laurence Müller n’a pas choisi le restaurant au hasard. Un italien. L’endroit rappelle d’abord l’histoire sociale du Borinage, qui connût une forte immigration transalpine. Mais ses nappes de papier ont surtout accueilli les premiers plans du lieu, puis, dans leur sillage, des centaines de croquis et projets d’exposition. Ce troquet familial aura donc été l’effervescent QG depuis lequel on érigeait ce musée unique.
Le bon filon Enfin, peut-on vraiment parler de musée ? Il y a bien sûr des expositions thématiques, toutes produites par la maison, qui constituent une sorte de collection permanente. Le parcours, circulaire, vous guide d’une salle à l’autre, d’un thème à l’autre. D’abord le charbon et son exploitation, puis l’alimentation, les gènes, le corps et enfin l’argent. La boucle se clôt sur un triptyque écologique (réchauffement climatique, développement durable, eau). Cependant, l’espace n’a rien de muséal. Et pour en apprécier le contenu, on doit toucher, jouer, s’impliquer.
Il faut traverser un labyrinthe, passer d’une alcôve à l’autre, grimper une passerelle, descendre une imposante salle des machines… Pour sûr, la logique qui soutient le projet du PASS n’est pas patrimoniale, conservatrice. D’ailleurs, où que l’on se trouve, on rencontre des signes contradictoires, associés à deux antipodes : la prospective et l’histoire. Bien sûr, il y a le pimpant aluminium relevé de verre, les robots et les blouses blanches. Mais ils font face au terril, aux vestiges, à un passé moins reluisant. L’ensemble génère un dialogue trop flagrant pour ne pas être assumé. Et pour sûr, il l’est.
Géologie du savoir C’est même la marque de fabrique du lieu, son ambition première. Frotter les sciences dures aux sciences humaines et à l’art. « On fait dans la sciencefriction » s’amuse Laurence, en citant Isabelle Stengers. « Hors de question d’être dans la simple démonstration de phénomènes scientifiques. On s’inscrit plutôt dans le sillage d’Edgar Morin qui fait l’éloge de la pensée complexe ». Chacune des 10 expositions thématiques concilie la rigueur d’un comité scientifique et l’audace d’une scénographie sur mesure. Tout est là pour stimuler votre raisonnement et ménager la confrontation de points de vue. Vue, ouïe, toucher, à chaque âge, sa façon d’accéder aux informations et de les assimiler. Libre à chacun, ensuite, de les combiner comme il l’entend. /
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Le tour du propriétaire Le Hangar aux expositions Vous aimez les jeux de rôles ? Tant mieux, car vous mettre dans la peau d’un commerçant vénitien du xive reste le meilleur moyen de comprendre les rouages des échanges monétaires. Les chiffres, eux, sont trop fluctuants. Enfilez ensuite vos patins pour glisser sur la banquise et plongez dans la nuit polaire. Surveillez quand même la fonte du glacier.
La salle des machines Ambiance labo high-tech. Ici, on passe les gènes aux rayons X, de l’histoire de leur découverte à la sensible question de leur utilisation. Les soubassements de la salle des machines offrent quant à eux un dédale de niches consacrées à l’étude de l’anatomie et aux progrès de la médecine. Dis, on joue au docteur ?
Le belvédère Un grenier obscur et bruyant, pour recréer l’ambiance de la mine. Mais de géologie, il est finalement peu question. De témoignages en films s’esquisse l’histoire sociale du Borinage. Les coins et recoins de l’elliptique belvédère se peuplent ensuite de vaches et de cochons grandeur nature. Labels, crises, traçabilité : le contenu de l’assiette observé à la loupe.
Le palais des images Pour clore la visite, on s’intéresse au développement durable et à notre consommation d’eau. Et pour nous faire passer l’envie d’aller directement à la cafèt’, le PASS sort sa dernière carte : un système de projection unique, en forme de cube géant, pour une immersion totale dans le film. Enfin, dans le documentaire (on n’est pas à Bellewaerde, ici) !
Animations Entre les observatoires postés dans le jardin, le labyrinthe et le studio télé –dommage qu’ils soient réservés aux gamins -, il se passe toujours quelque chose au PASS. C’est encore plus vrai pendant les vacances scolaires. Après le festival Loustixs à Noël, « images de » en Février, le Pass propose à Pâques deux semaines consacrées à la robotique (Robotixs et trophées de Belgique).
Pass en Fête! Pour fêter ses dix ans, le PASS s’offre un lifting de passerelle et un mois d’animations festives : Du 13 au 16.05, fakirs et contorsionnistes alternent avec concerts de casseroles et fanfares jazzy. En ce week-end de Pâques, hors de question de rester enfermés: après avoir découvert les nouvelles attractions de la passerelle et joué avec ses robots, profitez des 28ha de jardin et de l'atelier de confection de cocktails à vélo ! Du 19 au 22.05, le PASS présente le spectacle Vague dans le cadre du festival « Un Pas de Trop » organisé par le Manège (Mons). Une fresque mémorable sur l'immigration, portée par une quarantaine d'acteurs qui s'apprécie... en plein air, encore une fois!
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Le PASS Parc d'aventures scientifiques de Frameries (à 6 km de Mons) tlj (sauf mer hors vacances scolaires), 9h>16h, we 12h>18h, 12,5/7,5€, pass annuel 30/20€, 07 022 22 52, www.pass.be
Dharma punks Le grand écart texte et photos ¬ Silvère Teutsch / LightMediation
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Mohan se baigne dans un lac et accomplit ses rites purificatoires lors de la venue de Narayana Maharaja, un ĂŠminent sage indien (Verbania, Italie).
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Crêtes, tatouages et riff grinçants mais chakras ouverts... quand les punks prient Bouddha, c'est le choc des cultures. Ou presque. Lassés des excès autodestructeurs et attirés par la spiritualité orientale, les « Dharma punks » ont trouvé dans le bouddhisme une façon radicale d'exprimer leur désaccord avec la société : le renoncement. Reportage sans confession.
A
près « no future », un nouveau slogan fait une apparition timide sur les badges et t-shirts portés dans les concerts punk : « Meditate and destroy ». Ces termes vous semblent contradictoires ? Noah Levine, lui, vous dira le contraire. Pour changer le monde, il faut commencer par une révolution intérieure : « Méditer et détruire ses mauvaises qualités, sa haine, son envie, sa cupidité. Détruire les masques que nous portons. » Noah Levine ? Ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, c'est l'une des icônes du mouvement Dharma punk. Drogué à l'héroïne avant même de fêter ses 12 ans, il a accumulé les peines lourdes en centre de détention juvénile pour vols aggravés et dégradations diverses. Mais grâce aux conseils avisés de son père, auteur de nombreux ouvrages sur la * Dharma Punx et Against the Stream.
spiritualité hindoue, ce grand gaillard se convertit en prison. En signant lui-même deux best-sellers* sur le bouddhisme alternatif, Noah Levine a acquis une petite notoriété dans les communautés spirituelles de New York et de Los Angeles. Aujourd'hui, il dirige de nombreux séminaires et anime des ateliers pour les jeunes délinquants. Dans son sillage, cet Américain apaisé a entraîné une cohorte de punks et de rockers revenus des discours vindicatifs et jusqu'auboutistes. Il n'est donc plus rare de croiser des adeptes tatoués lors de la venue d'un sâdhu ou d'un lama. Ou de tomber nez-à-nez avec des figures du mouvement punk lors de festivals européens de méditation.
Régime sec Loin des clichés, on retrouve des Dharma punks dans toutes les >
Phanybushan à l'occasion d'un rassemblement à proximité de la frontière suisse.
Mahesvara et Mohan en marge d'un festival de yoga en Hollande.
« Les piercings de ces convertis détonnent parmi des pratiquants plus orthodoxes. » catégories socio-professionnelles : étudiants, professeurs, artistes, travailleurs sociaux, chauffeurs... Leur pratique varie bien sûr en fonction de leurs obligations. Certains, retenus par le travail ou la famille, se contentent de l'étude des livres. Les autres partent méditer en Inde. Leur passé, souvent placé sous le signe de nombreux excès, s'efface alors au pied des temples où ils pratiquent désormais la religion avec une étonnante sincérité. « J'ai tout essayé, les filles, les joints, l'alcool... j'ai abusé de tout pour échapper à ce monde », confie le Finlandais Mohan, cordon sacré autour d’un torse tatoué. « C'est finalement dans la contemplation que je trouve chaque jour mon bonheur.
Au lever du soleil, je suis pleinement éveillé et conscient de l'équilibre universel... ». Bien sûr, les nombreux piercings de ces convertis détonnent parmi des pratiquants plus orthodoxes. Mais eux s'en moquent et se plient aux exigences de leur nouvelle philosophie. « Nous ne buvons pas, nous ne fumons pas » poursuit Mohan en souriant. « Si je suis végétarien, c'est par respect pour les animaux ». Converti il y a 10 ans, Mohan retrouve dans le bouddhisme des valeurs alternatives, mais à ses yeux tout aussi universelles. « Le punk-rock m'a donné une vision différente du monde et de la société. Mais on ne peut pas améliorer la société lorsqu’on est en permanence >
En haut : Pour ces punks brahmanes, l'hygiène corporelle est un des fondements de la religion. En bas : Les initiés reçoivent le cordon brahmanique et font leurs voeux : méditer chaque jour et respecter certains principes (végétarisme et abstinence de drogues, tabac, alcool).
Prema offre des fleurs durant une marche mĂŠditative. Bordeaux, France.
Une offrande au dieu Hanuman lors d'un rassemblement à proximité de la frontière suisse.
« Cette génération s’est tournée vers l'extrême orient sans renier ses racines punk. » « high ». Les stupéfiants, légaux ou non, créent des individus aux valeurs morales quasi-inexistantes.»
Communauté d’esprits Cette histoire, c'est celle d'une génération en colère qui n’a pas trouvé de réponse à ses questions dans la rage (against the machine ?). Elle s’est tournée vers l'extrême orient sans pour autant renier ses racines punk et son insoumission à toute forme d’autorité. Ce grand écart est possible grâce à la souplesse du dharma. Les religions orientales auraient le don d'accueillir sans problème des fidèles laïques ou hétérodoxes. De plus, au-delà des apparences, le
mouvement punk et le bouddhisme ont de nombreux points communs. Notamment sur les questions de liberté et de libre-arbitre, de souffrance et de frustration. Comme le pointe justement Don Letts, grande figure du punk anglais, auteur de plusieurs documentaires : « On a réduit cette scène à ses aspects superficiels : les épingles à nourrice, la crête et le nihilisme, alors qu'elle parlait de liberté, de responsabilisation et d'individualité. » Finalement, ce syncrétisme pas banal est une manière de dépasser le punk dans son acception la plus galvaudée et de redonner une crédibilité à un mouvement ô combien caricaturé. /
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Le Bal des Vauriens Ce soir, assez perdu de temps Ça frappe, ça cogne dans mes tympans Allez en piste ils sont arrivés Et leur musique va exploser Chantez, chantez leur refrain Dansons ensemble au bal des vauriens Et Bordeaux 85… sera nôtre Le rythme tonne, ensorcelant Sous un déluge de hurlements La distorsion hurle à la mort Un son gerbant unicolore Ce soir, pas question de dormir Le bal n'est pas près de finir Attention ça recommence Il est temps d'entrer dans la danse
« Pim ! Pam ! Même pas mal... Punks et skinheads groupés, surins et coups de poings, blousons, ceinturons, c’est mon bal des vauriens à Toulouse en 84, des souris déglinguées volaient dans l’alcool et la fumée. À Gilles ». Polo Garat
Camera Silens Paroles de la chanson « Le Bal des Vauriens » extraite de l’album Réalité (autoproduit, 1985) du groupe bordelais Camera Silens. Fleuron du punk français des années 80, aux côtés des Bérus, d’OTH ou d’Oberkampf, Camera Silens demeure à ce jour mythique, notamment grâce à des textes forts et évocateurs. http://euthanasie.records.free.fr
Ces images sont extraites de la série « 1984 en 48 photographies » réalisée à Toulouse par Polo Garat. Le photographe toulousain avait tout juste 17 ans et réalisait là ses premiers clichés. Depuis, il a réalisé de nombreux travaux, a co-fondé le collectif Odessa et expose régulièrement en France et à l’étranger. www.odessaphotographies.com
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Studio H5
Ludovic Houplain Now logo ! Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Studio H5
Le studio H5 n’a pas quinze ans, mais un legs déjà impressionnant. Tenez : une centaine de pochettes, flyers et autres typographies qui ont marqué la French Touch, des campagnes de pub pour des marques de luxe, l’habillage de Canal+, des clips pour Björk ou l’emblème de la marque Kulte. On parle beaucoup de H5 ces derniers temps, car les Frenchies ont remporté l’Oscar du meilleur film d’animation avec Logorama. Un court-métrage phénoménal durant lequel le Bibendum Michelin est lancé aux trousses du clown McDonald’s, qui a pris en otage le (sale) môme Haribo dans un décor uniquement constitué de logos. Un pitch indescriptible, pour un film halluciné. Rencontre logo…rrhéique avec le fondateur de ce studio pas comme les autres, Ludovic Houplain.
« On s’est inspiré des dialogues crus de Pulp Fiction, pour trancher avec l’aspect acidulé des logos. »
❖ Images extraites du court-métrage Logorama récompensé d'un oscar. Logorama - Réalisation : H5 (F. Alaux, H. de Crécy & L. Houplain) - Production : Autour de Minuit, Addict Films, H5, Canal+, Mikros - Images, CNC, Arcadi.
Images issues du storyboard ❖ de Logorama.
Vous précisez toujours que H5 n’est pas une agence. Pourquoi ? La plupart des agences visent d’abord la rentabilité. Nous, on privilégie l’équilibre artistique. Imposer les choses aux gens tue la création et l’envie. H5 travaille pour la publicité, le film, le luxe…. C’est une position qui a nécessité un relatif équilibre financier. Je me suis toujours dit qu’à un moment donné, on passerait le cap où l’on nous paierait suffisamment pour rester dans cette logique. Une campagne Dior, en 1999, nous a permis d’atteindre cet équilibre. Travailler pour le luxe, c’est une tout autre logique, non ? La moitié des agences de luxe ne travaille pas avec des agences de pub, mais directement avec des artistes. Si l’on est trop consensuel, sans parti pris, ça lasse les gens. Pour nous, le luxe c’est vraiment une parenthèse entre différents supports. Ceci dit, lorsqu’on répond à une commande on ne peut guère en sortir : planning, délai, budget… Quelle fut votre première réalisation vidéo ? C’était en 1999, avec le clip de The Child, pour Alex Gopher : reposant uniquement sur de la typographie, il contait l’histoire d’un accouchement à New York, bardé de clins d’œil à Aphex Twin, Taxi Driver…
Logorama contient aussi quelques petites références au cinéma populaire US, n’est-ce pas ? Oui, on s’est inspiré de films comme Pulp Fiction, aux dialogues crus, pour trancher avec l’aspect acidulé des logos. Antoine et moi n’avons pas fait d’école de cinéma, mais on pense qu’il n’y a pas mille manières de poser une caméra… Donc on a dérushé une trentaine de films. En essayant de comprendre comment ça marche, pourquoi il y a tel mouvement – on a appris sur le tas. L’idée de Logorama était-elle en germe depuis longtemps ? Le scénario, non. Mais le concept, oui. Des clips contenant cette idée ont failli être réalisés. Pour George >
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« La parade contre la censure : être hypermédiatisé dès le départ » Harrison, par exemple. Mais trop frileuse, la maison de disques nous a demandé de créer de nouveaux logos, des marques imaginaires. ça n’avait plus de sens. Plus tard, Beaubourg nous a commandé un film pour une exposition. On a donc proposé Logorama en disant : « Pas de problème, donnez-nous un mois ! ». À terme, on n’avait pas l’ébauche d’un début de seconde d’animation. Alors que le film devait durer quatre minutes… (rires). On a beaucoup parlé des risques juridiques pris par votre film. On a vite compris que si on voulait faire ce film, il nous fallait quitter les circuits traditionnels du clip, et l’imaginer en tant que court-métrage. M6, MTV ou les majors l’auraient censuré. On a donc sollicité trois avocats ! L’un d’eux a trouvé la parade : être hypermédiatisé dès le départ. Le lancement à Cannes faisait partie de ce plan. Nous n’avons jamais eu la moindre menace depuis. Logorama a-t-il une portée politique ? (sourire) Ce n’est pas un film altermondialiste ni contre la société de consommation. C’est un constat, que l’on retrouve chez Warhol ou Andreas Gursky. Les logos sont des
codes dans lesquels nous sommes immergés depuis des années. Comment avez-vous choisi les logos que vous souhaitiez détourner ? Les story-boards originaux ne comprenaient pas les logos – on les a cherchés ensuite, comme si on engageait des acteurs : un vrai casting, avec des recoupements de caractères, de formes. Alors, forcément, le tueur psychopathe, c’est le clown McDo. Mr Propre aurait pu avoir un côté à la Nicholson, mais il n’a même pas de jambes ! Quels autres logos auriez-vous souhaité utiliser ? Certaines séquences ont été réalisées en 2D, mais ne sont pas dans le film : Facebook, Volkswagen, Zodiac. Elles resteront à l’état de dessin. Pour finir : c’est quoi, un bon logo ? Un bon logo fonctionne en petit et en grand, en noir et blanc et en couleurs. En fait, je préfère dire ce qu’est un mauvais logo ; le logo SNCF ou TGV : ils flottent, il y a des dégradés, le TGV, on le retourne, c’est un escargot, c’est mou. C’est vraiment très mauvais. Dommage, car la SNCF en possédait un très bon, formé avec deux rails, dessiné par Roger Tallon. Désormais, on dirait
❖ Pochette d'album, étienne de Crécy, Superdiscount // Planches d'albums // Pochette d'album, Demon, Midnight Funk //Image extraite du clip d'Alex Gopher, The Child, Réalisation : H5 (A. Bardou-Jacquet & H. de Crécy), 1999.
un marchand de fleurs, on lit SKF… C’est représentatif de l’époque. On se fiche du passé, un nouveau logo est créé lorsqu’un nouveau dirigeant débarque dans une boîte et déclare « Bonjour ! je vais marquer de mon ❥
empreinte cette société avec un emblème magnifique ! » Tu parles… Il y a des sociétés familiales comme Michelin qui ont su faire évoluer leur logo, le renforcer, sans changer l’identité de la société. /
À découvrir / www.h5.fr, www.logorama-themovie.com à lire / This is the end. cover art by H5, texte : Adrian Shaughnessy et Alexis Bernier, designer : H5 & deValence, photo : Pascal Béjean, fév. 2009, 244 pages, 38€
The Rabeats : quatre garçons dans le vent venus d’Amiens. Ils ont réuni dans les salles françaises plus de spectateurs que les Beatles.
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texte ¬ Edouard Launet photos ¬ The Rabeats © Fabrice Demessence, Cover Queen © Jeff Alcaras
Tribute Bands Machines à remonter le temps Des dizaines de groupes remplissent les salles européennes et américaines en ressuscitant Led Zeppelin ou Deep Purple, le Jimi Hendrix Experience ou Abba. Ces tribute bands ne constituent certes pas un phénomène nouveau. Mais leur longévité et leur succès croissant étonnent. Eston là dans une nostalgie pathétique? Qu’est-ce qui se joue dans cette tributemania, dans ce faux et usage de faux ? Tentatives de réponse avec The Rabeats, quatre petits gars d’Amiens qui, à raison d’une cinquantaine de concerts par an depuis dix ans, ont réuni dans les salles françaises plus d’auditeurs que les Beatles eux-mêmes*. * Les 4 de Liverpool se sont produits deux fois en France
The B-38's (au lieu de The B-52's) jouent avec les chiffres pour mieux se glisser dans la peau des maîtres déjantés de la New wave 80's.
« Mieux qu'un juke-box, plus amusant qu'une vidéo. »
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e soir, il neige sur Aulnaysous-Bois (Seine-Saint-Denis), et il y a quelque chose dans l’air qui donne méchamment envie d’aller se pendre. Pourtant, aussitôt franchies les portes de l’Espace Jacques-Prévert, on se retrouve au milieu de 700 personnes qui ont le sourire aux lèvres. Le rideau se lève, on aperçoit sur la scène quatre types avec coupes au bol et costards sixties qui, du fond de la salle, peuvent passer pour les Beatles. C’est parti
pour deux heures de musique, soit une trentaine de tubes des Fab Four. Mieux qu’un juke-box, plus amusant qu’une vidéo : les Rabeats, tribute band (groupe-hommage) dédié aux compositions de Lennon et Mc Cartney, nous font passer un très bon moment. Nous jouons à être le public des Beatles, tandis que les musiciens s’évertuent à être les Beatles comme ils peuvent. On s'y croirait. « Le public et le groupe sont, d’une certaine manière, tous deux acteurs d’un
Pattes d'éph' satinées, cols pelle à tarte. La parfaite panoplie des babas d'ABBA. Mamma mia !
show : ils interprètent des rôles en se conformant à un ensemble de règles tacites », avance Ian Inglis, sociologue des musiques populaires à l’université de Northumbria. « Sly », chanteur et guitariste des Rabeats, confirme cette savante analyse : « Souvent, les gens nous interpellent en anglais. Ils nous lancent des ¨Hey John, how do you feel ?¨ » Ian Inglis parle d’« une suspension temporaire du scepticisme ». C’est donc à la fois un concert et une fiction.
Bande à part Les premiers groupes-hommages sont nés en Australie, puis l’idée s’est répandue à travers le monde. Dès les années 90, un tourneur de la région d’Amiens, Philippe Tassart, voulait faire venir en France les Bootleg Beatles, le meilleur des groupeshommages anglais. Le projet tombe à l’eau, mais Tassart entend parler d’un groupe de copains amiénois branchés Beatles. Va les voir jouer dans une pizzeria de Fort-Mahon- >
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« Se prendre pour les vrais Beatles relèverait du pathologique. » Plage. Est immédiatement séduit. Avec Tassart, les Rabeats vont s’y mettre de manière plus pro, perruques, costards étroits et éléments de scénographie pour évoquer l’époque. En 2003-2004, ils font la première partie d’une tournée de Pascal Obispo. Aujourd’hui, c’est une affaire qui tourne. «Ils font plus d’entrées que beaucoup d’artistes bénéficiant d’une plus forte notoriété», souligne leur producteur. Tenir la distance Les Rabeats affirment ne ressentir aucune lassitude à faire du LennonMcCartney en boucle. « Ce sont les plus belles chansons du monde, dit Sly. Et puis on essaie toujours de progresser, de mieux jouer ». Ils réécoutent régulièrement leurs prestations en concert pour voir si, sous le coup de l’enthousiasme, leurs interprétations ne dérivent pas trop par rapport à l’original. S’effacer derrière ses modèles n’est sans doute pas simple tous les soirs. Mais se prendre pour les vrais Beatles relèverait du pathologique. « La principale difficulté, analysent les Rabeats, c’est de se mettre chaque soir dans la peau de garçons d’une vingtaine d’années, avec une maîtrise pas toujours parfaite de leur
instrument mais d’un enthousiasme débordant. » Eux n’ont pas le droit à la spontanéité, et ils n’ont plus 20 ans ! Combien de temps encore tiendront-ils le coup ? En Angleterre, les Bootleg Beatles, nés en 1980, fonctionnent toujours avec la formation de départ (à une exception près). Trente ans de Bootleg-beatlemania, alors que le groupe original, lui, a duré moins de dix ans… Let it be « Le phénomène est parti pour durer », pronostique Ian Inglis, qui voit là un marché solvable : « D’un côté, le public a l’occasion de vivre quelque chose qu’il avait manqué ; de l’autre, les musiciens et leurs producteurs montent des spectacles plutôt lucratifs. » Le vieux serait-il devenu meilleur que le neuf ? « C’est une erreur de penser la musique en termes de « vieux » et de « neuf », répond Inglis. « Après tout, on écoute toujours Beethoven, Bach et Mozart. Les tribute bands ne font que recréer la musique de gens désormais indisponibles pour diverses raisons. » Il y a désormais des classiques dans la pop culture. Mais de leurs interprètes, on attend avant tout qu’ils soient fidèles aux enregistrements, pas aux partitions. /
À coups d'effets laser, sur des écrans géants, The Australian Pink Floyd Show recherche l'ambiance des concerts mythiques de la bande à Gilmour.
Grand mélomane, Freddie Caramia de Cover Queen maîtrise la guitare, le piano et le chant lyrique. The show must go on !
Photographies : Nicolas Fleuré // Modèles : Anne Sophie et Naïka // Coiffure : Remy Fournier, Unik // Maquillage : Perrine Sorriano // Stylisme : Emmanuel Delpiroux
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Anne-Sophie : Chemise Carhartt Jean Silk n'jeans et baskets PF (l’Atelier) Naïka : Marinière BEND SHE (l’Atelier)
Haut et culotte Hurley
La Mule : Tee shirt Eleven, Jean Energie, Basket Vans (In Situ Originals, Montpellier - www.insitumag.fr) Mayumi : Maillot Felicita, Sandales Recoleta Sessun (People's Rag, Montpellier -Sweat www.peoplesrag.com) Loft Design by
Combinaisons Paul Frank (Corezone) ; Montre noire Nixon ; Montre bleue TIMEX ; Lunettes bleues Vans
Na誰ka : Liquette Carhartt
1. Jean-Louis Murat
2. Tindersticks
Silence , ca pousse ! 3. Richard Hawley
Nuits Botanique
Dossier réalisé par ¬ Thibaut Allemand, Audrey Chauveau, Hakima Lounas et Olivia Volpi
Les Nuits Botanique ? La forêt vierge plutôt ! Pas facile de s’y retrouver au milieu d’une programmation si éclectique. Cela dit, le festival bruxellois n’est pas une exception : du Printemps de Bourges aux Paradis Artificiels, l’hétéroclisme est dans l’air du temps. On peut faire la fine bouche (« Mais qu’est-ce que c’est que cette affiche qui part dans tous les sens ? ») ou poser le problème en termes économiques (mais ce chapo-clac est trop court pour le résoudre). On peut aussi se réjouir qu’il y en ait pour tous les goûts. Et profiter de quelques concerts deci-delà dans un coin de verdure au pied des tours de verre.
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5. Absynthe Minded
4. Richard Hawley
6. Chapelier fou 7. We Have Band
8. Gil Scott-Heron 10. Black Lips
9. Gable
Jean-Louis Murat Tindersticks Richard Hawley
Et si on se posait cinq minutes ? Certaines affiches donnent le tournis, mais un esprit tordu peut tracer des liens en forme de lignes de fuite. on a dégotté trois concerts loin du brouhaha : Tindersticks, Jean-Louis Murat et Richard Hawley. Des valeurs sûres qui respirent la discrétion et le bon goût.
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n accueillant les Tindersticks, Jean-Louis Murat et Richard Hawley, les Nuits Botanique prennent le temps. Bien que très prolifique, Murat signe des disques empreints d’une langueur mélancolique chère à Stuart Staples et ses Tindersticks. Une nostalgie palpable chez le crooner Richard Hawley. Guitares Gretsch, Ray-Bans fumées et chansons éternelles, il surgit de 50’s fantasmées pour conter ses histoires de ruptures et autres déchéances. Faux solitaires, ces artistes n’ont jamais épanché leur soif de collaborations. Ex-Pulp, Richard a accompagné son longiligne leader, Jarvis Cocker, dans ses pérégrinations solo. De même, Murat s’est enfui en Arizona pour travailler avec Calexico, et on l’a aperçu aux côtés des… Tindersticks, ayant pour hôtes de choix Isabella Rosselini ou la regrettée Lhasa... Enfin, il y a chez eux un goût de la ruralité hardcore : l’Auvergnat traîne ses guêtres et rumine au pied des volcans endormis, Staples rend la Creuse enfin fréquentable et Richard Hawley… vit à Sheffield. Une ville certes, mais rugueuse comme un champ dévasté. Pour toutes ces raisons, le Botanique jouera sur un velours à la beauté délavée. Thibaut Allemand
JEAN-LOUIS MURAT + SCOUT NIBLETT, 9.05, 20h, Bruxelles, Botanique (Chapiteau), 22/19€, €, +32 2 218 37 32 TINDERSTICKS + FRANÇOIZ BREUT, 13.05, 20h, Bruxelles, Cirque Royal, 34/38€ RICHARD HAwLEy + NEIL MC SwEENEy, 17.05, 20h, Bruxelles, Cirque Royal, 20/23€
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Gand, 2002. Un songwriter rock rencontre des jazzmen. osmose singulière. Errances nocturnes. Naissance d’Absynthe Minded. 2005, de concerts en albums, le groupe s’est fait une place sur la scène belge (1re partie de Deus). 2007, A.M. dépasse les frontières avec dans son bagage des instruments vintage au service d’un rock parfois noisy mâtiné de jazz. 2010, cerise sur le sundae, la sortie du 4e opus déjà récompensé en Belgique présage de l’apparition de friandises pop sur scène.
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Absynthe Minded
Gil Scott-Heron
Avec deux-trois clips léchés et des chansons bien frétillantes, le trio We Have Band s’est fait une place sous les spotlights comme pour rire. Darren Bancroft et les époux WP écument les salles de concerts, précédés par une rumeur médiatique qui les porte aux nues. Nous-mêmes, on ne vous cache pas notre engouement : leur elctropop décomplexée se révèle diaboliquement efficace sur scène.
à ce niveau de légende, le dictionnaire des superlatifs s’épuise trop rapidement. Pour présenter plus simplement Gil Scott-Heron, on pourrait évoquer, en vrac : une vie passée de l’autre côté du rêve américain, la déchéance dans les bas-fonds new-yorkais, l’éclosion d’une esthétique (le spoken word, le rap, voire le slam de Saul Williams), un flow rocailleux (Johnny Cash, à côté, c’est Farinelli) ou l’incroyable hybridation culturelle (funk, soul, folk, electro, jazz sont broyés, disséqués et recollés). Mais on ne peut passer sous silence la résurrection d’un artiste n’ayant donné signe de vie depuis plus de quinze ans. Et qui revient, la bouche en cœur et clope aux lèvres, balançant benoîtement « I’m New Here ». Un p’tit jeune de soixante-et-un an, quoi. Qui incarne, à lui seul, le père et la relève d’un genre.
wE HAVE BAND + PIANO CLUB + TANLINE 17/14/11 Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e
GIL SCOTT-HERON Bruxelles, Botanique, 20h, 31/28/25 31/28/25e
ABSyNTHE MINDED 15.05, 20h, Bruxelles, orangerie, 19/16€
We Have Band
Gable
S’il ne fallait aller voir qu’un seul concert cette année, ce serait peut-être bien celui de GaBlé. Ne serait-ce que parce qu’il réjouira à la fois les amateurs de punk, de folk, de hip-hop et de rock. Mais surtout parce qu’il les ébouriffera tous, sans espoir de récupération du brushing.
G
ablé, ce sont trois jeunes gens à première vue inoffensifs. Mais que vienne à passer sur leur chemin un instrument de musique, un sample ou, à vrai dire, tout objet susceptible de produire un bruit quelconque, et les voilà qui se transforment en virulents alchimistes. Du plomb, ils font de l’or, et, de l’onomatopée, un chant. De l’expérimentation bruitiste, un flot chahuté mais cohérent, et qui emballe un max. Et ça, c’est pour la version album. Sur scène, les limites n’existent plus. En toute simplicité, pour leurs performances en festivals, ils avaient recruté une chorale de seniors, invitée dans leur spectacle avec autant de pertinence que les gobelets en plastique ou les perceuses se fondent dans leurs morceaux. on se croirait sur un stand de brocante tenu par des bateleurs sous acide, déterminés à faire la démonstration exhaustive de toute la camelote qu’ils ont apportée. Ça virevolte, ça martèle, ça entame un brin de chorégraphie collective, pour mieux se cacher derrière la batterie. Le trio devient quatuor, quintette, solo, on ne sait plus. Sauf qu’à la fin, on ne pense qu’une seule chose : « J’achète ! J’achète ! ». Olivia Volpi GABLé + MADENSUyU 9.05, 20h, Bruxelles, Rotonde, 13/10€
Black Lips & Kign Khan Present The Almighty Defenders Riffs brouillons, fureur braillarde, rythmes bruyants, hymnes brillants – on ne présente plus les Black Lips. Histoire de surprendre, les affreux garagistes ramènent leur nouveau projet, The Almighty Defenders, formé avec l’activiste King Khan : sommité underground et prolifique, ce Montrealo-Indien exilé à Berlin aligne ainsi un groupe de plus à un CV déjà long comme le bras. on peut s’attendre à un concert où l’on ne prend rien au sérieux. Rien, sauf les chansons, vacillantes mais toujours bien ficelées. BLACK LIPS + THE KING KHAN & BBQ SHOw + THE ALMIGHTy DEFENDERS Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e
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Chapelier fou Armé de son violon et de quelques machines, Louis Warynski, alias Chapelier Fou, compose des morceaux lunaires et oniriques avec ce petit supplément d’âme qui fait cruellement défaut à Tim Burton. on pense évidemment à son compagnon de label Yann Tiersen, mais plus sûrement encore à des artistes comme Plaid ou Four Tet, qui enfouissent oreillers organiques et draps électroniques sous des édredons mélodiques. Car au-delà de la prouesse technique, ce sont les symphonies tintinnabulantes imaginées par le Messin qui renversent tout sur leur passage. CHAPELIER FOU + MIÈLE Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e
Les Nuits Botanique Du 7 au 17.05, Bruxelles, Botanique, 02 218 37 32, www.botanique.be À voir aussi / Paul Kalkbrenner, Shameboy (7.05), Le Peuple de l'Herbe, My Little Cheap Dictaphone, Skip The Use, Admiral Freebee (8.05), Micky Green, Emmanuelle Seigner, Revolver, Scout Niblett, Errors (9.05), Arnaud Fleurent-Didier, The Tellers, Syd Matters, été 67 (11.05), The Dodos, Speech Debelle, Dum Dum Girls (12.05), Casey (13.05), Tété, RJD2 (14.05), Cocorosie, Rusko Dj, Wave Machines (15.05), Brigitte Fontaine, Bonobo, FM Belfast (16.05), Jamie Lidell, Sexy Sushi, Baloji, The Drums (17.05)…
Gagnez des places pour la soirée Ed Banger vs Gomma Records en allant sur letsmotiv.com ! propos recueillis par ¬ Hakima Lounas photo ¬ Sean Beolchini
Il est D.I.S.C.O En plus d'être un DJ remixeur de haut vol (Metronomy, Justice…), Breakbot fait preuve d'une grande humilité. Est-il nécessaire de vous dire ici tout le bien qu'on pense de ce producteur de 26 ans ? Ne préférez-vous pas plutôt entendre l’artiste ? Pour le reste, à vous de juger le 12 mai à Bruxelles. Allez, Top Magnéto !
Où te situes-tu musicalement ? On te classe plutôt dans la catégorie électro, non ? Oui dans la mesure où je n'utilise que des outils informatiques. Mais je m'oriente plus vers une esthétique pop. J'ai l'impression que tout se « popise », mais mon truc c'est vraiment de produire un son un peu disco. Rien de vraiment original, mais c'est ce que j'essaie de faire...
Tu penses que la musique actuelle n'est pas à la hauteur ? Non pas du tout, mais j'ai l'impression qu'on a moins d'artistes audacieux qu'à l'époque. Les carrières étaient plus longues et marquantes. C'est peut-être dû aux modes actuels de consommation de la musique, tout va plus vite. Il y a moins de stars, de personnalités charismatiques comme Prince, Michael Jackson ou Stevie Wonder.
Quelles sont tes influences ? La musique des années 60 à 80. Finalement j'écoute plus de vieux disques que de morceaux récents. Donc plutôt du disco funk, de la pop, du rock...
Tu as rejoint le label Ed Banger, aux côtés de Justice, Mr Oizo, etc. Tu nous donnes la recette magique ? (rires) Je me sens super chanceux. Je pense que beaucoup d'artistes aime-
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raient se retrouver sur ce label. Mais je n'ai pas de recette magique ! Ça fait assez longtemps qu'on se connaît, qu'on se croise à Paris. Tout s'est fait assez naturellement. J'imagine que Pedro (ndlr Pedro Winter, directeur du label) a jugé que j'avais atteint la maturité nécessaire. Te sens-tu proche de la ligne artistique de ce label ? Quelque part oui, je me sens proche de la vibration un peu funky qui existe chez ❥
« Il n’y a pas que de l'électro « turbine » chez Ed banger ! » Ed Banger. Il n’y a pas que de l'électro « turbine » ! DJ Mehdi, Mr Flash, SebastiAn ou même Justice ont un vrai sens du groove. Leurs influences sont finalement assez black. Je me retrouve bien là-dedans, oui. /
Libertine Supersport & Fight Klub présentent Ed Banger vs Gomma : Breakbot, Uffie, Busy P, Mashed Paper Klub + Golden Bug, Munk, Mustang 12.05, 23h, Bruxelles, K-nal, 5/10€, www.libertinesupersport.be À écouter / Baby I'm Yours EP (remixes de Siriusmo et LaFunkMob) , www.myspace.com/dothefunkybot
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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ DR
Sur la vague Garder sa cravate à la plage : voilà le genre d'images qu’on serait obligé d'utiliser pour caractériser la pop de The Drums. Et pourquoi pas Joy Division sur un skate, tant qu’on y est ? Mise au point sur un groupe adepte du crossover. The Drums jettent un pont entre Manchester et Los Angeles, lit-on partout dans la presse spécialisée. Même sur la toile, de Twitter à Pitchfork, ces New-Yorkais sont classés entre le rayon new wave et la musique pour surfeurs, entre Peter Hook (New Order) et Brian Wilson (Beach Boys). Une étiquette collée à la va-vite, juste après la sortie de leur premier single intitulé... Let's Go Surfing. Un titre ensoleillé qui, curieusement, n'était pas prévu sur leur premier album - déjà annoncé comme l'un des disques de l'année. Le reste du temps, s’ils convoquent des sonorités coldwave (genre apparu à la fin des années 70, sombre et mélancolique), c’est ensuite pour mieux les tourner vers la lumière. Ces jeunes gens modernes délivrent en effet des compositions sur un mode nettement plus hédoniste. Ils prolongent le genre, spontanément grâce à des ritournelles généreuses et une pointe de cosmopolitisme propre à Manhattan. « Nous aimons les années 50, parce que c’est une époque où la pop était à inventer. Il n’y avait pas de cynisme, que des sentiments bruts et des mélodies ! » ont-ils déclaré. The Drums ne semblent pas prêts de se noyer dans cette fameuse « vague froide » tant remémorée. Des vrais rois de la glisse, on vous dit ! / ❥
THE DRUMS 17.05, 20h, Bruxelles, Botanique, 16/13/10€, 02 218 37 32 19.05, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 13/10€, +33 320 70 10 00
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texte ¬ Clément Perrin photo ¬ DR
Electron libre Icône de la scène électronique depuis la moitié des années 2000, Danton Eeprom est le parfait chaînon manquant entre rock et techno. Pas étonnant de le croiser tant dans les salles de concerts que dans les clubs. Retour sur le parcours d’un artiste protéiforme. Danton Eeprom a connu plusieurs vies musicales. Issu de la scène rock, il s'immerge dans la techno et en ressort d’abord avec un live détonnant, sorte de cabaret décadent habité par un personnage de dandy en queue de pie et haut de forme. Il tombe ensuite le chapeau et connaît la consécration avec Confessions of an english opium eater, qualifié de « meilleur track techno de la décennie » par Andrew Weatherall, LA référence du mariage rock et techno Outre-Manche. Aussi, lorsque Danton le Marseillais pose ses valises à Londres, ce genre de commentaires lui ouvre bien des portes... S'ensuivent des maxis délivrés avec parcimonie, sur des labels bien choisis : Infiné, Tsuba, Freak'n'Chic voire le sien, Fondation, (qui accueille prochainement une première sortie rock, on ne se refait pas). Fin 2009, Yes is more marque le passage au long format et une nouvelle étape de création. Très personnel, cet album est proprement inclassable. Entre techno, pop, rock, house, difficile de dire vers quoi penche ce grand fatras pourtant bien cohérent. Une chose est sûre, il ne perd jamais de vue le dancefloor. Vérifiez-le donc sans tarder le 4 juin prochain au Grand Mix à Tourcoing (France). / ❥
TOURCOING'S BURNING #2 : Danton Eeprom + Mowgli + We Are Enfant Terrible + Lowclub 4.06, 23h, Tourcoing, Grand Mix, 12/15€, +33 320 70 10 00
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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ MM, Paris 2009
Laisse aboyer les chiens Biolay, c’est une histoire de malentendus. Une mèche grasse caressant la grande gueule d’un type imbu de lui-même, petit-bourgeois gonflé de fatuité. Joli portrait. Pourtant, derrière les apparences, Biolay a signé quelques beaux faits d’armes. Remettons deux-trois choses en place. Fils d’ouvrier lyonnais, le sosie français de Benicio Del Toro est monté à Paris, il y a une quinzaine d’années. Arrangeur couru, il collabore avec Keren Ann et remet Henri Salvador en selle. En bon artisan, il travaille indifféremment avec une star académicienne ou Judith Godrèche. Et balade sa tête à claques comme on traîne son mal-être. En bon suicidaire. Si l’on n’a pas vraiment goûté aux trois premiers Lp’s de BB, on révise fissa notre jugement avec Trash Yéyé (2007), semi échec commercial qui ne manque ni de cœur, ni de corps. Complexe et complexé Évidemment, la sortie l’an passé de La Superbe change la donne. Un double album remuant musique classique, chanson française, pop anglaise et rythmes hip-hop. L’influence de La Rumeur ? Plutôt celle du producteur de Booba. Multirécompensé aux fameuses et fumeuses Victoires de la Musique, le ténébreux se déclare « illégitime ». Comme si, après Bashung, la pop française avait disparu. Vaste foutaise, évidemment. Mais cette phrase révèle une surprenante humilité de la part d’un chanteur qui n’a jamais trouvé sa place dans la scène hexagonale. Comme l’auteur de Fantaisie Militaire, le chien fou a longtemps louvoyé avant de se livrer tout à fait. Et se trouve dans une drôle de niche : artiste, tout sauf consensuel faisant l’unanimité. Jusqu’à quand ? / ❥
BENJAMIN BIOLAY 6.06, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, 25€, 02 548 24 24 30.05, 20h, Lille, L’Aéronef, 25€, +33 320 13 50 00
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Gagnez 2 tickets combi + camping sur letsmotiv.com ! texte ¬ Anissa Herrou Cécile Volanges photo ¬ Snoop Dogg © DR
Café gourmand 3 jours de concerts, une trentaine d’artistes, 3 chapiteaux, des restaurants, des artisans et 80 000 spectateurs attendus. Des chiffres qui donnent le tournis, et pourtant, Couleur Café reste chaleureux. Quels sont les arômes de cette nouvelle édition ? Disons le tout net : si vous attendiez de la «world music», selon l’expression consacrée (un peu douteuse d’ailleurs), passez votre chemin. Couleur Café a progressivement abandonné cette étiquette pour devenir un festival résolument urbain et métissé. Déjà l'an dernier, Cesaria Evora côtoyait Nneka ou Ben Harper sur la scène de l'immense Tour & Taxis. Cette fois, Salif Keita croisera George Clinton, NTM ou Hindi Zahra, pour notre plus grand plaisir. La direction artistique a toujours ménagé une place aux styles prisés par les plus jeunes. Cette nouvelle édition confirme cette tendance en restant cohérente. Certes, les jérémiades de Diam's sont dispensables, tout comme la prestation d'Olivia Ruiz, mais comment bouder le live de Snoop Dogg, venu présenter son More Malice ? Nas et Damian Marley révéleront, quant à eux, le contenu de leur nouvel album commun. Qu'on ne s'y trompe pas, les courants « mainstream » n'éclipsent pas pour autant l'afrobeat du grand Femi Kuti, ni les prouesses à la guitare acoustique de Rodrigo Y Gabriela, revisitant les titres de leurs idoles (Hendrix, Santana, Led Zep…). Enfin, si vous avez les oreilles engourdies, rejoignez les expositions de photos, notamment celle sur le thème de la tolérance. / ❥
COULEUR CAFE - NTM, Nas & Damian Marley, Snoop Dogg, Nneka, Femi Kuti, Rodrigo Y Gabriela, Ebony Bones, Salif Keita, Hindi Zahra, Wax Tailor, George Clinton... du 25 au 27.06, Bruxelles, Tour & Taxis, combi 73€ / combi + camping 88€ / 1 jour 34/42€, www.couleurcafe.be
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texte ¬ Justine Leuregans photo ¬ Sarah Wilmer
Retour en grâce Un an après leur passage au festival Les Femmes s'en mêlent à Tourcoing, les trois poupées à franges d'Au Revoir Simone reviennent en Europe. Elles s'apprêtent à plonger le Petrol dans une atmosphère duveteuse avec de délicates mélodies où règnent des voix séraphiques. Comme un clin d'œil à la beauté virginale et dérangeante de Virgin Suicides... Mine de rien, cela fait déjà trois ans que le trio new-yorkais a charmé le monde entier avec sa pop électronique et cajoleuse. Même David Lynch n'y a pas résisté. Aussi éthéré et mélodique que le mémorable Bird Of Music, le dernier album des « Simone », Still Night, Still Light semble avoir été composé à la lumière d'une veilleuse dans une chambre aux tons pastel. L’ensemble frôlerait la mièvrerie si le doute, la rupture et la solitude n'étaient pas les points de départ de leur écriture. Les angoisses de la vie d'adulte dérangent leurs rêveries. Pour les communiquer, point de guitare, de basse ni de batterie. Uniquement des instruments électroniques portant les vocalises angéliques d'adolescentes ayant grandi trop vite. Sur scène, derrière leurs synthés et boîtes à rythme vintage, Annie, Erika et Heather offrent un moment de grâce, intimiste. En réconciliant sons planants 60’ et innocentes ritournelles 80’s, ce girls band faussement ingénu se révèle souvent espiègle. / ❥
AU REVOIR SIMONE + The Bear That Wasn't, 5.06, 21h, Anvers, Petrol, 6/10€, 03 226 49 63
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Entretien avec Benoît Delépine
Mammuth A 60 ans, l’heure de la retraite sonne pour Serge Pilardos, employé dans une boucherie industrielle. Mais celui qu’on surnomme Mammuth peine à rassembler la paperasse nécessaire. Poussé par sa femme, il enfourche sa vieille moto et part sur ses anciens lieux de travail à la recherche des fiches de paye manquantes. Au fil des rencontres et des souvenirs, c’est toute sa vie qui lui revient à la figure. Pour leur quatrième long-métrage, les Grolandais Gustave Kervern et Benoît Delépine ont composé une oeuvre douce-amère, à mi chemin entre road-movie nostalgique et satire sociale.
propos recueillis par ¬ Fanny Delporte photos ¬ DR
Votre film aborde entre autres le thème du déclassement social. Est-ce pour autant un film militant ou engagé ? Non, dans le cas de Mammuth la dimension sociale est plutôt une toile de fond. Un pauvre gars se retrouve sur des lieux de travail qu’il a connus étant jeune et qui ont profondément changé. L'ambiance est plus tendue. Il y est reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Le travail rime désormais avec deman-
de de performance. Mais pour nous, ça ne va pas plus loin que ça. Mammuth est moins radical, moins porté sur la dénonciation que Louise Michel. Serge ne pouvait pas non plus buter tous ses anciens employeurs (rires). Vous avez utilisé une pellicule particulière que vous qualifiez de « noir et blanc en couleurs ». Pourquoi ce choix ? Nous avons utilisé du super 16 >
inversible. C’est une qualité de pellicule qui était réservée aux actualités télévisées dans les années 60 et 70. C’est un peu l’équivalent des diapositives pour la photo, pas besoin de négatif, cela permettait d'aller plus vite. Cela renforce le caractère nostalgique de l’histoire de Serge Pilardos et donne du poids à ses souvenirs. Et puis, on n’avait pas non plus les moyens d’Avatar... (rires). Avez-vous intégralement écrit le scénario ? Oui. Contrairement à nos deux premiers films, Altraa et Avida, pour lesquels nous avions seulement déterminé une trame. Avez-vous d'emblée pensé à Gérard Depardieu pour incarner Mammuth ? Oui. Non seulement ça tombait bien, il venait lui-même d’avoir 60 balais, mais surtout on ne voyait personne d’autre pour incarner ce personnage. C’était
une évidence. On connaissait mieux son fils, mais en lisant certaines de ses déclarations, on s’est aperçus qu’il avait encore la niaque donc on a tenté notre chance. Comme nous, c'est quelqu’un de très instinctif. Quand on lui a présenté l’idée du film, il a immédiatement évalué son potentiel et donné son accord sans attendre le scénario. Et Isabelle Adjani ? Elle avait dit du bien de nous dans des interviews donc on a aussi tenté le coup (rires). Notre rendez-vous avec elle s’est bien passé, même si nous étions très intimidés derrière nos lunettes noires. Finalement, nous avons parlé de tout sauf du film ! Elle est drôle et elle a aussi un petit grain donc on s’est bien entendus. De film en film, on retrouve chez vous les mêmes acteurs, même pour de simples apparitions : Albert Dupontel, Yolande
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« On se sent toujours plus à l’aise dans un bar de Bruxelles qu’en France ! » Moreau, Noël Godin, Bouli Lanners. C’est votre famille de cinéma ? Ce sont des gens qu’on adore, et dont on apprécie énormément le travail. On a une communauté d’esprit avec eux. On se respecte, on s’entend bien, on rit beaucoup. S’ils le peuvent, ils tournent avec nous et vice-versa. Effectivement nous sommes une petite confrérie ! Oui, mais vous-même vous ne vous prêtez pas souvent au jeu... Je ne me considère vraiment pas comme un bon acteur. Plutôt que de gâcher un film avec une apparition ratée je préfère me mettre en retrait. On s’est bien marré avec Gustave sur Aaltra parce que c’était une aventure de potes ; mais quand il y a des cadres comme sur Mammuth, je n’ai pas envie de les ruiner. Benoît Poelvoorde en tant qu’acteur principal vous y avez déjà pensé ? Bien sûr, ce n’est pas exclu. Il suffit qu’on trouve la bonne idée. Mais lui-même passe par des phases incertaines : il a envie d’arrêter de jouer, d’acheter une librairie, d’aller en Afrique etc. ❥
(rires). On a peut-être une idée à lui proposer, on espère le voir lorsqu’on présentera le film en Belgique dans les semaines à venir. Quel est votre rapport à la Belgique ? Lorsqu’on a présenté Aaltra, tout le monde pensait que Gustave et moi étions des réalisateurs belges et on n’a jamais démenti (rires). En Belgique il y a moins de prétention qu’en France, cela permet de travailler plus naturellement. Il n’y a jamais de condescendance pour les autres. On se sent toujours plus à l’aise dans un bar de Bruxelles qu’en France ! Et il y a un amour du cinéma qui privilégie l’humain à l’esthétisme. La Belgique est moins marquée par cette ‘grande histoire du cinéma’ dont se réclame la France. La Nouvelle Vague a été tellement galvaudée, c’est devenu une Eglise. La Nouvelle Vague belge, pour moi c’est l’émission de télévision Strip-tease, tellement plus naturelle. Strip-tease a donné naissance à une forme de cinéma. C’est arrivé près de chez vous, par exemple, c’est un épisode de strip-tease qui suivrait un serial killer. Les frères Dardenne n’en sont pas loin non plus avec leur caméra à l'épaule. Malgré un humour noir terrible, le naturel des gens est toujours mis en avant. Cette école donne des films plus vivants, moins guindés. /
Mammuth De Benoît Delépine et Gustave Kervern ; avec Gérard Depardieu, Yolande Moreau, Anna Mouglalis, Isabelle Adjani, Siné, Bouli Lanners, Benoît Poelvoorde...
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texte ¬ Aurel Rotival photo ¬ Wild Bunch Distribution
L'essence des sens Présenté à Cannes en 2009, Enter the void (Soudain le vide) sort enfin sur les écrans. L'occasion de reparler de son réalisateur Gaspar Noé et de son cinéma radical et violent. Plongeon dans le soufre et l’acide. Les détracteurs de Gaspar Noé ont souvent oublié un détail essentiel : l’adhésion à son cinéma, volontairement critiquable et allègrement critiqué, ne peut passer que par une soumission totale et consentie à sa violence graphique, sa provocation facile et son sens du slogan pamphlétaire. Le spectateur doit lui tendre la main, pour mieux se laisser entraîner dans les bas-fonds putrides du rectum d’Irréversible ou dans la chambre d’hôtel miteuse de Seul contre tous, où Dieu sait ce qu’il adviendra. C’est là que réside toute la qualité de l’œuvre de Noé. Derrière la philosophie bas de gamme et le néant discursif se cachent une véritable quête esthétique et un travail formel fascinant. Une entreprise parcourue de leitmotivs visuels, hallucinogènes et psychédéliques. Enter the Void, ne déroge pas à la règle. Le sens s'efface au profit des sens, produisant une expérience sensorielle vertigineuse, un trip inédit. Sur le fond, ce film n’est pas loin de recycler Irréversible, avec une problématique quasi identique : l’amour peut-il rester pur dans un monde qui ne l’est plus ? Mais la folle puissance de la mise en scène, violente à l'excès, sublime l’inanité du scénario. Derrière toute la crasse, une lueur brille, et là, au fond de la fange, se terrent l’ivresse et la beauté. / ❥
Enter the void De Gaspar Noé. Avec Nathaniel Brown, Paz de la Huerta… Sortie le 5.05
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Nostalgia Photographie, design graphique, peinture // Shanghai, Chine // www.maleonn.com
texte ¬ Carole Lafontan
« Les autres voient toujours plus clair que nous-mêmes », lâche-t-il, dans un sourire. Ce proverbe chinois est une élégante façon d'éluder notre question. Car Maleonn n'est décidément pas à l'aise lorsqu’il s’agit de décrire son travail. En revanche, il est intarissable sur sa passion : l'image. Quand, en 1995, il sort diplômé des arts appliqués (université de Shanghai), Maleonn a une carrière de directeur d’agence de publicité toute tracée devant lui. À la tête d’un studio de films et d’une équipe de 12 personnes, il décide pourtant de tout quitter en 2004. La relation avec les clients, sur fond de rendement et d’efficacité, ne l'épanouissait pas. Sensible à la peinture et au design graphique, il se tourne
alors vers la création indépendante, surtout vers la photographie. Et s'offre son premier appareil à 32 ans ! Ce qu'il envisageait dans sa jeunesse « comme une activité purement technique, presque comme réparer une auto ou bricoler une montre » est devenu un terrain fertile pour sa créativité débordante. Depuis, Maleonn expose dans le monde entier, accumule les récompenses. Puisant son inspiration dans la littérature et le cinéma, il collectionne des petits objets inutiles, qui habillent ensuite chacune de ses œuvres. Un sens du détail extraordinaire associé à une poésie délicieusement surréaliste... La série Nostalgia, réalisée en 2006, semble ressusciter sa jeunesse perdue et ses utopies passées. Derrière l’incongruité des scènes émergent des thèmes forts : l’amour brisé, la fuite du temps… /
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Idéal standard texte ¬ Fanny Delporte photos ¬ Tim Walker / TW ng Lilycole / Olaf Breuning / Double © Marc Lagrange / Big Nose © Thorsten Brinckman
À voir l’affiche de l’évènement, on dirait que la cossue Knokke-Heist cherche à faire de l’ombre à Cannes. Les podiums envahissent le bord de mer à l’occasion du festival International de la Photographie « Stars and Models ». Quels sont les sujets les plus glamour ? Où s’arrête le rêve, où commence la manipulation ? Réponse… en photo !
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n septembre 2009 the New-Yorker publiait une série de portraits de 49 chefs d’état parmi lesquels Ahmadinejad ou Kadhafi, pris en marge du sommet de l’ONU à New-york. Ces portraits fascinent par leur aspect léché. L’auteur, un dénommé Platon, est un jeune photographe britannique qui fit ses armes chez Vanity Fair et Harper’s Bazaar. Un modeux égaré parmi les gens sérieux ? Que nenni, de plus en plus, la presse magazine et la publicité affichent des sportifs de haut niveau ou des ministres. Tous jouent les mannequins, acceptant les traitements du docteur Photoshop. Carré VIP Tim Walker et Cecil Beaton, deux photographes de mode britanniques, sont
mis à l’honneur durant le festival. Fascinés par la haute société, leurs photos placent les célèbres modèles dans des décors romantiques typiques : châteaux somptueux, jardins anglais. Souvent à la limite de la caricature, ces images idylliques flirtent avec l’idolâtrie, ne se libèrent pas des codes du glamour. Ce sont ces mêmes diktats que la relève prend plaisir à détourner. Exposition alternative, « Be a star, play a model » dénonce l’érection des mannequins en modèles dominants. Quant aux jeunes artistes réunis dans « Tool », ils se jouent des codes de la publicité qui irriguent la photographie en général. Pour élever encore le niveau, ne manquez pas les clichés des lauréats du World Press Photo, l’illustrissime concours de photojournalisme. /
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FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA PHOTOGRAPHIE DE KNOKKE- STARS AND MODELS jusqu'au 13.06, Knokke, centre culturel, pavillon d'exposition, musée du Zwin et diverses galeries, 10h>19h, 8/4€, www.fotofestival.be, 05 06 30 430
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texte ¬ Anissa Herrou photo ¬ Julie © T. Donovan
Photo révolution Il en aura scandalisé plus d’un, dans l’Angleterre guindée des sixties. À l’époque, de bien sages ménagères monopolisent la couverture des magazines. À mille lieux du glamour et du réalisme urbain de Terence Donovan. Après quarante ans de carrière et plus d’un million de clichés, cet avant-gardiste reste pourtant méconnu. La galerie NKA a réparé l’injustice. C’est un véritable événement. Exceptée la rétrospective au Musée de Londres en 1999, aucune exposition n’avait encore été consacrée à Terence Donovan. Quelques clichés de Lady Di à la National Portrait Gallery, une petite série de photos pour l‘exposition Beatles to Bowie en 2009… quand on sait que l’homme a tout bonnement révolutionné la photographie de mode, on s’étonne qu’il soit si rarement sous le feu des projecteurs. Bien sûr, ses photographies ont beaucoup circulé, notamment ses portraits de stars. Julie Christie, Sarah Miles, Claudia Cardinale, Cindy Crawford ou Lady Di… Nombre d’icônes féminines sont passées devant son objectif. Cela n’a pas pour autant contribué à le faire connaître du grand public. L’artiste s’éclipse devant la notoriété du modèle. Un travail de sape Parfois, ses clichés sont seulement utilisés pour leur richesse documentaire. Car à l’instar d’Helmut Newton ou Richard Avedon, Donovan a laissé derrière lui un panorama immense de la culture anglo-saxonne et témoigné de l’évolution des mœurs. Dans les plus grands féminins de l’époque (Harper’s Bazar, Vogue, Vanity fair…), il a déshabillé les femmes, a imposé un rapport plus direct avec les modèles, s’est intéressé aux clips et à l’image du rock. Un pied de nez aux codes établis qui n'a pas pris une ride, comme en attestent les quarante tirages originaux présentés par la galerie. / ❥
Terence Donovan, « The eye that never sleeps », jusqu'au 26.06, Bruxelles, Galerie Polar-NKA, mar>sam, 14h>19h, entrée libre, 02 537 81 36
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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Epifania Futbolera © Javier Rodriguez
Coup franc Il fut long et énergique, le match qui opposa les milieux artistiques aux adeptes du ballon rond. Sans l'intervention d'un Warhol pour arbitrer en faveur de la pop culture, les plasticiens auraient déclaré forfait. Et l'exposition du BPS 22, sondant les rapports entre art contemporain et football, serait restée au vestiaire. Sous la verrière de l'ancienne université du travail, des ballons à perte de vue. Au sol, aux murs, aux écrans. Un unique objet, qui sert de point d'ancrage à une multiplicité de discours critiques. Pour Jota Castro, qui le taille dans le marbre, il s'agit de pointer la starification des joueurs depuis 30 ans. Transformée en mappemonde (Anekawa), couverte du visage d'hommes politiques (Geers) ou greffée sur un simulacre de crâne humain (Merino), la célèbre sphère bicolore se fait tour à tour symbole d'un engouement universel et image de la collusion avec les milieux politico-financiers. Pour Pierre-Olivier Rollin* qui nous tend fièrement un catalogue d'exposition aux allures d'album Panini, « le foot n'est pas en marge des problèmes de société, il les reflète. Source visuelle fertile, il condense métaphoriquement les enjeux du monde contemporain ». Par le regard acerbe et souvent amusé de Wim Delvoye, Pascale Marthine Tayou et d'une quarantaine de leurs confrères, crampons, calicots, cardigans et goals deviennent révélateurs des comportements collectifs, des écarts de richesse mondiaux, de la misogynie... Bref, une série de tirs en pleine lucarne. / *directeur du BPS 22
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ONE SHOT jusqu'au 11.07, Charleroi, BPS 22, espace de création contemporaine, mer>dim, 12h>18, 3/2€, 07 127 29 71
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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR
Un poisson nommé Pilote Poisson-Pilote, ou comment dynamiter la BD sans trop sortir des lignes. Fondée un… 1er avril par le regretté Guy Vidal (ancien rédac’chef du journal Pilote), cette émanation des Editions Dargaud fête ses dix ans au Centre Belge de la Bande Dessinée. Planches originales, mise en scène décapante… et l’occasion de revenir sur ce drôle d’animal. En ce début de siècle, les Editions Dargaud peuvent s’appuyer sur des valeurs sûres : Lucky Luke, Boule & Bill…. Mais quid des auteurs indépendants ? Ils n’ont pas de vitrine. Traînent dans le milieu des fanzines, réalisés par des passionnés pour des passionnés. Certains s’y plaisent, ne voudraient surtout pas frayer avec les grandes maisons, ces requins. Mais la proposition de Guy Vidal est alléchante : une liberté artistique totale, un ton très personnel, le tout dans un format Tintin, pour un prix modique. La possibilité de toucher un large public peu au fait de l’actualité underground. On y (re)découvre alors les contes philosophiques de Sfar, les obsessions sexuelles de Sattouf ou les exercices de style de Trondheim. Mais ces trois-là, ne les avait-on pas déjà croisés ailleurs, à l’Association par exemple ? Poisson-Pilote serait-il le faux-nez indé des éditions Dargaud ? Oui et non. Oui, car cette collection dispose de moyens auxquels ne peuvent prétendre les petites maisons d’éditions. Non, car il n’y a pas de contrat d’exclusivité, et ce Poisson peut drainer son lectorat vers les indés. Un échange de bons procédés, finalement. Qui permet de renouveler la BD, en injectant dans un format classique un humour, une vision et une approche très, très modernes. / ❥
poisson pilote jusqu'au 30.05, Bruxelles, CBBD, Rue des Sables 20, 02 219 19 80
agenda Noir, Les Cyclopes, Mannequin Linda Byrne, Viva Model Management © Olivier Theyskens
Brussels Calling, Le Microscopiste © A. Kellens
Noir
Brussels Calling !
« Black is beautiful ». L'adage ne s’est pas toujours appliqué à cette couleur sombre, longtemps symbole de deuil et de mort. Pour nous le prouver, le musée de la mode d’Anvers nous fait traverser les siècles, de tableaux en costumes, de fourrures en dentelles jusqu’aux grands noms de la mode contemporaine. Les créations d’Ann Demeulemeester, Olivier Theyskens, Dirk Van Saene, Riccardo Tisci ou Chanel s’imposent magistralement dans ce parcours historique bien mis en scène. ❥ ANVERS, jusqu’au 8.08, MOMU, mar>dim,
Les dix artistes, belges ou étrangers, qui ont pris d'assaut la Porte de Hal sont issus d'univers esthétiques totalement différents. Cependant ils ont tous un point commun notoire : leur passion pour Bruxelles. Placées en vis-à-vis de primitifs flamands, de toiles de James Ensor ou de George Minne, leurs œuvres, tantôt abstraites, tantôt figuratives révèlent des filiations inattendues. Ainsi, face à Ensor, les bestioles fantastiques qui peuplent les dessins de Joke Hallin se lisent comme autant de signes morbides. ❥ Bruxelles, jusqu'au 29.06, Porte de Hal,
10h>18h, 03 470 27 70
mar>dim, 10h >17h, 02 534 15 18
Parcours d'artistes à Saint-Gilles
Intersection
Dans ce quartier haut en couleurs de la capitale, les parcours d'artistes affichent une riche programmation. Et pour cause ! Près de 400 plasticiens, sculpteurs et photographes y ont élu domicile. Pour l'occasion, ils ouvrent les portes de leurs ateliers dans une ambiance chaleureuse émaillée de démonstrations diverses. La maison du Peuple et la maison des cultures accueillent quant à elles une exposition sur le cube et une rétrospective Jean Robie. ❥ Bruxelles, les 8-9, 15-16 et 22-23.05,
En pénétrant dans la chatoyante salle au trésor, puis dans l'enfilade de salles qui accueillent la collection permanente, on ne s'attendait pas à tomber nez à nez avec les formes colorées de JeanLuc Moerman, ni avec les ironiques détournements de Pascal Bernier et de Wim Delvoye. Pourtant, comme eux, 14 plasticiens contemporains ont joué le jeu, imaginant des œuvres à partir des fonds mérovingiens, médiévaux ou Renaissance du musée. ❥ Bruxelles, du 2.05 au 15.08, musée
divers lieux et ateliers d'artistes de Saint-Gilles, 02 534 56 05
du Cinquantaine, mar>ven, 9h30>17h, we 10h>17h, 02 741 72 11
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Un Rêve utile © Nonsikelelo Veleko, Tebogo, 2006
L'âge du symbolisme en Lettonie © DR
Flighting the Box © DR
Sixties ! © DR
Un rêve utile
Flighting the Box
Principale manifestation de l'Été de la photographie, Un rêve utile dresse un panorama de la création visuelle contemporaine en Afrique. La Centrale Électrique en révélait déjà la richesse avec ses rencontres de Bamako (cf LM n°4). Mais ici, grâce à la sélection du spécialiste Simon Njamion, on peut apprécier, sur cinquante ans, la manière dont sont apparus des codes et une esthétique propres. ❥ Bruxelles, du 9.06 au 26.09, Palais des
Du design à la Centrale ? Une première ! On peut se réjouir de cette initiative du service Culture de la ville, qui, loin de se contenter d'un étalage de luxueuses tables et chaises, a préféré mettre en scène le processus de création lui-même. Chacun des vingt objets imaginés par des designers belges (Charles Kaisin, Alain Berteau, Big Game et bien d'autres) est ainsi encadré par des croquis préparatoires et des maquettes. L'on suit ainsi l'évolution d'un meuble, de sa gestation à son adaptation aux contraintes de la fabrication industrielle. ❥ Bruxelles, Centrale Électrique, du 11.06 au
beaux arts, mar>dim, 10h>18h (sf jeu, 21h), 02 507 82 00
L'âge du symbolisme en Lettonie Les peintures, gravures et dessins qui trônent sous les plafonds travaillés de l'Hôtel de ville semblent nimbés d'un même voile de mystère. Cette cinquantaine d'œuvres atteste d'un tournant artistique majeur au début du xxe siècle en Lettonie. Lassés du folklore et de l'académisme, les jeunes peintres s'inspirent en effet du courant symboliste et de l'esthétique art nouveau alors en vogue en Europe. Des tableaux dont les nombreux détails invitent au décryptage autant qu'à la contemplation. ❥ Bruxelles, du 10.06 au 19.09, Hôtel de Ville, mar>dim, 10h>18h, 02 279 64 31
3.10, mer>dim, 10h30>18h, 02 279 64 44.
Sixties ! Les couleurs de la libération Pendant les années 60, la femme sort de sa chrysalide et sa garde-robe en atteste : les jupes se raccourcissent et les coupes prennent des formes plus géométriques. Vive les couleurs acidulées, les mélanges, les contrastes, les dissonances ! De la robe trapèze aux pattes d'éph’, la sélection du musée du Costume permet d'observer la libération sous toutes les coutures. ❥ Bruxelles, jusqu'au 31.12, Musée du Costume et de la Dentelle, lun>ven de 10h à 12h30 et de 13h30 à 17h (sam & dim de 14h à 17h), 02 213 44 50
agenda Body & Sound © Emmanuel Lagarrigue
Plastique c'est chic, collier poupée © Daniel Von Weinberger
Made in Belarus
Plastique c'est Chic - Bijoux éternels
Après les lumières fascinantes de la Mer Noire (Jens Olof Lasthein), la chapelle du musée de la photo accueille un florilège de monuments et de beautés biélorusses. Le célèbre photographe liégeois Philippe Herbet présente en effet une partie de ses carnets de voyage, soit 42 clichés couleurs accompagnés de textes. Un puzzle d'impressions et de rencontres qui brossent un attachant portrait de ce pays encore marqué par l'héritage soviétique. ❥ Charleroi, du 22.05 au 19.09, musée de la
Passionné d'art, Daniel Von Weinberger a étudié l'orfèvrerie, le design, la mode, la scénographie, sans oublier la sculpture. Ce riche parcours l'a finalement mené à la conception de bijoux. En véritable électron libre, il jette son dévolu sur des matières peu nobles et conçoit des colliers à partir de petits objets, des jouets en plastique, notamment. Son extravagante collection ne manque ni d'humour, ni d'originalité, et bien qu'il soit importable, on adore son tour de cou réalisé avec les jambes de Barbie. ❥ HORNU, du 28.05 au 26.09, Grand Hornu,
Photographie, mar>dim, 10h>18h, 071 43 58 10
10h>18h (sf lun), 065 65 21 21
Body & Sound L'intérêt que portent les artistes aux logiciels sonores n'a pas échappé au Centre Pompidou. Sa collection « Nouveaux Médias » consigne 40 ans d'innovations technologiques et artistiques. De cette mine d’or digitale, l'espace Zebrastraat a extrait l'exposition Body & Sound. De Mika Vainio, spécialiste des bidouillages musicaux à Ugo Rondinone, artiste touche-à-tout, chaque intervenant explore les frontières poreuses entre les arts plastiques et le son. L'ensemble offre au visiteur une expérience sensorielle unique... ❥ GAND, jusqu'au 20.06, Zebrastraat, 14h>18h (sf mar & lun), 0473 37 27 29
Traffic Jam – Pascale Marthine Tayou Conçue comme une installation unique, Traffic Jam est un allègre carambolage d'influences et de médiums. Formes tribales, vieilles voitures camerounaises, objets de rebut (plastique, paille, bois...), croisent la photo numérique, la vidéo, le néon, les symboles d'aisance et de surconsommation. Jalonné de cabanes - évocation de la ville cosmopolite et de la case africaine -, le parcours s'apprécie comme une immersion sensorielle ponctuée d'images fortes. ❥ Lille, jusqu'au 13.06, Gare St Sauveur, mer>dim, 12h >19h, +33 328 52 30 00
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Vieille Neuve, Pas- Cité, Le nouvel humanisme cale Marthine Tayou © H. © Karine Marenne, Docteur Schröder, courtesy Galleria Beckx Continua San Gimignano Beijing, Le Moulin
Jo Delahaut © JeanPierre Bougnet © SABAM Belgium 2010
Les Vacances de Monsieur René, 20 juillet 2008 © Jacques de Backer
Cité
Les vacances de Monsieur René
Sous les crochets des anciens abattoirs de Mons, les œuvres de dix artistes prometteurs. Du haut de leur impétueuse jeunesse, Samuel Coisne, Jonas Marga ou Yoko Tack détournent les codes, la fonction usuelle des objets, le sens des mots. Le tout, avec une telle fraîcheur qu'ils arrivent à nous surprendre sur des terrains que nous pensions trop labourés. Comme l'utilisation de l'esthétique kitsch, qui, chez Karine Marenne sert de prisme inattendu pour étudier des failles du système social. ❥ Mons, du 9.05 au 4.07, Mons, Abattoirs,
Ce titre évoquant Tati augure d'une succession de saynètes où l'humour rejoint la poésie. Et en effet. Sur les pas d'un mystérieux Monsieur René, Jacques de Backer immortalise les vacanciers septentrionaux. On les croise sur les plages du Nord de la France, perchés sur les rochers d'Audresselles, attablés à une terrasse. Mais même dépeuplés, ses clichés portent en eux une telle familiarité (lumières, impressions) qu'ils appellent un sourire complice. ❥ Tournai, du 8.05 au 6.06, maison de
mar>dim, 12h>18h, 065 40 53 30
Jo Delahaut Figure emblématique de l'abstraction géométrique belge, Jo Delahaut est un virtuose de la couleur. La vivacité des tonalités qu'il choisit confère un impressionnant relief à ses premières toiles, peuplées de carrés et de triangles. Elle sert ensuite les contrastes et imbrications de formes, qui, au fil de la prolifique carrière du peintre, s'épurent. Car, comme on le voit ici, ses œuvres confinent au minimalisme, y compris dans la gamme chromatique. ❥ Namur, du 15.05 au 27.06, maison de la Culture de Namur, tlj 12h>18h, 081 77 67 73
la culture, mar>sam, 10h30>18h, dim 14h>18h, 069 25 30 80
The Morning News Lassé du chapelet de mauvaises nouvelles que nous assènent les bulletins d'informations quotidiens ? Filez donc voir « The Morning News » ! Une vingtaine d'artistes contemporains (collection du FRAC Nord-Pas de Calais) dynamitent la morosité ambiante, nous invitant à cultiver un autre rapport au temps (On Kawara, Will Rogan, sean Raspet) aux images (Pettibon, Jef Geys) ou au sens des mots (génialissime Good boy, Bad boy de Bruce Nauman). ❥ Waregem, jusqu'au 20.06, BE-PART, plateforme d'art contemporain, lun>dim, 11h>17h, 056 62 94 10
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texte ¬ Julie Lemaire photo ¬ Thomas Goerge
La mesure de l'excès KunstenFESTIVALdesarts 15e ! Après l'optimiste édition de l'année dernière, le prestigieux festival se penche sur les grands paradoxes de notre temps. Parmi les 33 spectacles proposés, Via Intolleranza cristallise à lui seul quelques unes des contradictions contemporaines. Entre excès et modération, mondialisation et ancrage local. Christoph Schlingensief aime les choses folles et impossibles. Après avoir défrayé la chronique avec une adaptation sulfureuse du Parsifal (Wagner) à Beyrouth, il a engagé en début d’année la construction d’un centre d’art au milieu d’une Afrique qui manque d’eau potable. Son projet de construire un opéra au Burkina Faso a d’abord été perçu comme une provocation. Et pourtant, lorsque le Théâtre de la Monnaie lui demande de monter Intolleranza 1960 de Luigi Nono (œuvre majeure de l’opéra du xxe siècle, célébrée lors de la Biennale de Venise en 1961), le performeur allemand se tourne aussitôt vers son nouveau centre de création près de Ouagadougou. Il déracine et importe ainsi une partie de l’histoire culturelle européenne pour la soumettre à un autre contexte, à un regard neuf et dégagé de tout précédent. Plaidoyer contre l’intolérance et le racisme porté par un chœur d'une vingtaine de danseurs et musiciens burkinabés, cette œuvre d’art totale puise sa force dans de nombreuses surprises visuelles et formelles. Création aussi attendue qu'elle est polémique, Via Intolleranza ne laissera personne indifférent. / ❥
Via Intolleranza – C. Schlingensief du 15 au 18.05, 20h (sf 15.05, 20h), Bruxelles, KVS, 25/20€, 02 234 57 84 Kunstenfestivaldesarts, du 7 au 29.05 dans tous les théâtres et de nombreux espaces publics bruxellois. Infos, prog et résa : www.kfda.be
théâtre & danse |
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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ L. Fernandez
En piste, poètes On en oublierait presque que ce sont eux, les inventeurs du Nouveau Cirque. L'air de ne pas y toucher, avec Le Cirque invisible, Jean-Baptiste Thiérrée et Victoria Chaplin ont révolutionné l'art de la piste. Lui, vieillard fou, tignasse blanche ébouriffée, clown burlesque. Elle, grands yeux noirs écarquillés, cheveux de jais, petit format tout en agilité. Eux : Jean-Baptiste Thiérrée et Victoria Chaplin. L'histoire du Cirque Invisible, c'est d'abord celle d'une rencontre, d'une correspondance. Il lui a écrit, elle lui a répondu. De ce désir de travailler ensemble sont nés deux enfants, James Thiérrée et Aurélia Chaplin, et trente ans de vie commune sur les pistes du monde entier. Au bilan, trois créations: le Cirque Bonjour, le Cirque Imaginaire et le Cirque Invisible, qui tourne depuis 1990. Jean-Baptiste Thiérrée aurait aimé « n'en faire qu'un seul et le peaufiner sans cesse...» Avec facétie, les deux amants inventent un monde étrange et onirique où se mêlent équilibristes gracieux, lapins géants, cyclistes ingénieux et genoux amateurs d'opéra. Dans une irrésistible panoplie de numéros, ils marient la dextérité au merveilleux, l'inventivité à l'agilité, la magie au burlesque, et recréent le regard neuf de l'enfance. En vingt ans, le Cirque Invisible a vieilli. Décalé, daté comme un film de science fiction où des effets spéciaux improbables caricaturent le propos, il garde pourtant une infinie justesse dans la proposition artistique. Touchant comme un jeu d'enfant, comme une photo jaunie, comme leurs rides au coin des yeux. Touchant comme un dernier tour de piste... qu'on leur souhaite le plus long possible. / ❥
Le Cirque Invisible du 13.05 au 21.05, 20h30 (sauf dim. 17h), Théâtre de Namur, de 6 à 21€, 08 122 60 26
Gagnez des places pour la représentation du 4 juin en allant sur letsmotiv.com texte ¬ Marion Quillard photo ¬ René Georges
Théâtre d’asile Pour raconter l’immigration, le déracinement qu’elle requiert et le déchirement qu’elle génère, René Georges et Salifou Kientega ont recueilli une quarantaine de témoignages au Burkina Faso. Un travail minutieux au service d’un théâtre engagé. Au sol, un cercle de terre ocre qui laisse place à un plateau neutre à mesure que l’Europe se rapproche. Au plafond, un baluchon qui perd tantôt du sable, tantôt de l’eau de pluie. Entre les deux, trois hommes qui ont tout quitté pour tenter leur chance ailleurs. Trois migrants jetés sur la route de l’eldorado européen : « En quittant son pays, l’homme perd son identité aux yeux des autres », explique René Georges, auteur et metteur en scène, avec Salifou Kientega, d’Un homme est un homme. « Il perd son nom, son histoire, sa famille, son statut d’homme honnête : il ne devient rien d’autre qu’un « migrant ». » Tristes tropismes À Garango, petite bourgade au sud-est de Ouagadougou, Salifou Kientega, luimême Burkinabé, a retrouvé une communauté de migrants revenus d’Italie : « Une misère que moi-même je ne connaissais pas ». Ces rencontres nourrissent un récit proche du documentaire : « Nous avons voulu raconter la grande Histoire au travers de petites histoires. Trouver comment ces histoires, là-bas, nous ressemblent. Et nous rassemblent. », ajoute René Georges. L’actualité les a rattrapés, d’ailleurs, puisque le quatrième comédien n’a pas obtenu de visa pour jouer en Europe. « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire », scandait à Dakar un Nicolas Sarkozy candidat à l’élection présidentielle. Un discours repris en bandeson. Jusqu’au dégoût. / ❥
Un homme est un homme du 1er au 19.06, 20h30 (sf. dim et lun), Bruxelles, Théâtre de Poche, 7,5/15€, 02 649 17 27
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texte ¬ Florent Delval photo ¬ Drache de Julie Bougard © Lucas Racasse
L’âge de raison Depuis sept ans, le festival de la Balsamine tend la main à de nombreux chorégraphes émergents. Comment cette célébration de la danse contemporaine a-t-elle trouvé sa place à Bruxelles ? Explication avec le directeur du Balsa. Le festival de la Balsamine est en pleine expansion et son nom, en pleine « extension » : il faudra désormais parler, sans se tromper, du festival Danse Balsa Marni Raffinerie Senghor. Début juin, après le prestigieux Kunstenfestivaldesarts (cf p101), ces trois semaines de programmation se veulent un tremplin de la jeune création. Avec le Working Title Festival et le Vrak, le Balsa Marni témoigne de la vivacité de la scène artistique bruxelloise. Car, malgré les aléas de l’économie culturelle et des modes qui passent, la capitale belge reste une étape obligatoire dans le parcours de tout danseur. « Enormément de danseurs viennent y travailler et puis restent et s’y installent » constate Christian Machiels, directeur de la Balsamine depuis 16 ans. « Un festival comme le notre répond juste à cette énorme vitalité en matière de danse que le public bruxellois suit de manière très active. Il réserve un accueil chaleureux aux propositions qui lui sont faites » Ainsi, face à la morosité généralisée, Christian Machiels affirme un optimisme indéfectible et accueille, entre autres, avec le même enthousiasme Barbara Manzetti, qui emmène un peu plus loin chaque fois la danse hors des murs du théâtre, ou la tonitruante Julie Bougard qui chante sous la pluie du plat pays. Un grand écart donc, mais un engagement partagé. / ❥
DANSE BALSA MARNI RAFFINERIE SENGHOR du 1 au 19.06, Bruxelles, théatres Marni et Balsamine, Espace Senghor et Raffinerie, de 6 à 12€, 02 735 64 68, www.balsamine.be
agenda Don Quichotte © DR Laborieuse Entreprise © DR
Mémorandum théâtral à propos d’Anna Politkovskaïa jusqu’au 8.05 S. Massini / MeS M. Bernard
Si vous cherchez un gai divertissement, passez votre chemin. Ce mémorandum n’a rien de léger. Au détour d’âpres répliques, l’on découvre en effet la complexité de la situation tchétchène. Et l’on comprend mieux les conflits géostratégiques qui ont opposé cette région à la Russie. Mais avant toute chose, la pièce rend hommage à Anna Politovskaïa, journaliste assassinée par les russes et retrace son combat pour la liberté de la presse. ❥ 20h30, Bruxelles, Théatre Marni, 15/10€, 02 639 09 80
Don Quichotte 4 > 19.05
J. Massenet / MeS L. Pelly
Pour son dernier tour de chant, le célèbre baryton José Van Dam ne pouvait rêver mieux ! L’opéra comique de Massenet, librement adapté des Aventures de Don Quichotte par Cervantès ne manque pas de fantaisie. Effectivement, on connaît l’imagination débordante de Laurent Pelly, metteur en scène régulièrement salué par la critique. On peut donc s’attendre à ce que le Toulousain joingle avec les imbrications stylistiques et autres espagnolades de Don Quichotte. ❥ 20h (sf 9 et 16.05, 15h), Bruxelles, Théâtre de la Monnaie, de 10 à 104€, 070 23 39 39
Laborieuse Entreprise 6 > 12.05 et du 18 > 22.05 H. Levin / MeS C. Sermet
Trente ans de vie commune : des habitudes, des moments de bonheur, des épreuves. Un mari qui craque, une femme qui porte à bout de bras le bonheur quotidien. Cette situation vous semble tristement banale ? C’est sans compter les répliques grinçantes et le cynisme de Hanokh Levin. Le dramaturge israélien brosse, à travers ce couple en situation de dépôt de bilan, un caustique portrait de la vie conjugale. Un humour finalement plus tendre que cruel. ❥ 20h30 (sf 9.05 à 15h, 12 et 19.05 à 19h30), Bruxelles, Rideau, de 16 à 21€, 02 507 83 60
Dancing with the sound hobbyist 11.05
On savait Anne Teresa de Keersmaeker fascinée par les liens entre la danse et la musique. Pour autant, sa collaboration avec Stef Kamil Carlens, tête pensante de l’inclassable Zita Swoon, offre quelque chose de tout à fait nouveau : un concert de facture classique, mais chorégraphié. Se faufilant entre batterie et saxophones, un danseur donne corps aux sons chauds et complexes du groupe. Vite rejoint par les musiciens, qui se prêtent au jeu et entament des mouvements. ❥ 20h, Mons, Manège, 11/8€, 065 39 59 39
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Dancing… Zita Swoon © DR
Sutra © Hugo Glendinning
Sutra les 11 et 12.05
S. L. Cherkaoui
Sidi Larbi Cherkaoui a réalisé un rêve de gosse : partir à la rencontre des moines Shaolin, s’imprégner de leur légendaire maîtrise corporelle et les convertir en retour à la danse contemporaine. Avec une agilité sobre et poétique, les 17 moines dirigés par le chorégraphe belge se retrouvent pendant plus d’une heure à jouer avec les blocs de bois qui composent le décor. L’ensemble prend une tournure résolument philosophique, synthèse parfaite de deux mondes qu’à première vue, tout oppose. ❥ 20h, Hasselt, Centre Culturel, 25/20€, 011 22 99 31
The Infernal Comedy : Confessions of a serial killer 12.05 J. Malkovich / Orchester Wiener Akademie
The Infernal Comedy ou le terrible repentir de Jack Unterweger, un serial killer connu pour l’étrangeté de son mode opératoire. Seul face à l’orchestre, accompagné de deux sopranos, John Malkovich porte avec justesse ce monologue : toujours sur le fil, tantôt monstrueux et inquiétant, tantôt pathétique. Une folle descente aux enfers entrecoupée (illuminée, devrait-on dire) de musique classique (Mozart, Weber, Beethoven ou Vivaldi). ❥ 20h, Bruxelles, Bozar, de 20 à 65€, 02 507 82 00
The Infernal Comedy © Olga Martschitsch
Savion Glover, Bare Soundz © DR
Le Développement de la civilisation à venir 13 > 16.05 D’après Ibsen / MeS D. Veronese
On se croirait dans une Télénovela. À ceci près que le salon est miteux et le jeu des acteurs grandiose. La Maison de poupée que nous propose ici Daniel Veronèse, surprend d’autant plus que l’Argentin a complètement remanié la pièce. Fidèle au drame imaginé par Ibsen (une femme simple qui finit par s’émanciper de son mari), il livre ici une terrible photographie des rapports entre hommes et femmes dans son pays. ❥ 20h30 (sf 15 et 16.05, 16h), Bruxelles, Théatre 140, 16/12€, 070 22 21 99
Bare Soundz les 17 et 18.05
S. Glover
Savion Glover : la virtuosité incarnée. Avec ses dreadlocks et son allure décontractée, ce prodigieux danseur de claquettes enchaîne les rythmes sans avoir l’air d’y toucher. Avec ses deux complices perchés sur des plateformes de bois qui font office de caisse de résonance, ils claquent, frappent, swinguent et se répondent, donnant à cette danse une dimension acoustique exaltante. Ajoutez à cela des mouvements issus du be-bop, et vous obtenez une performance polyphonique à faire pâlir Fred Astaire. ❥ 20h30, Bruxelles, Kaaitheater, 25/20€, 02 201 59 59
agenda Mary Mother of Frankenstein © DR
Identificazione, ClaudioBernardo © Maxime Delvaux
Mary Mother of Frankenstein
Petites misères de la vie conjugale
18 > 22.05
M. Shelley / C. Schmitz
19 > 21.05 H. de Balzac / J-M. Chotteau
Pygmalion contemporain, Frankenstein et sa création monstrueuse ont inspiré de nombreuses adaptations. Mais celle de Claude Schmitz se distingue par sa singularité. Elle déplace en effet la focale sur Mary Shelley, auteure au destin tragique. L’on partage ainsi le point de vue de cette frêle jeune femme en proie à des visions pour le moins cauchemardesques. Une mise en abime audacieuse et réussie. ❥ 20h15 (sf 19.05, 19h30), Bruxelles, Théâtre
La figurine de mariés, habituellement placée en haut de la pièce montée, sombre ici, tête la première, dans la crème et le sucre glace. L’humour de l’affiche annonce une comédie aigredouce, registre dans lequel Jean-Marc Chotteau excelle. Il met ici en scène Balzac auscultant dans une cage ses personnages et leurs déboires amoureux. Et nous régale d’une caustique analyse du geste créateur. ❥ 20h30 (sf jeu, 19h30), Mouscron, Centre
National -dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts-, 16/12€, 070 22 21 99
Identificazione di una donna 18 > 22.05
C. Bernardo / Y. De Mey
Fasciné par le solo d’une danseuse qu’il vit dans les années 1980, Claudio Bernardo a d’abord cherché à convaincre l’interprète de remonter sur les planches. En vain. Le chorégraphe brésilien décida alors de se fondre dans ses gestes pour incarner sa grâce et sa féminité. Sur scène, il retrace cette quête laborieuse avec la complicité d’Yves De Mey. Entre mouvements esquissés et habile glissement de répertoires, Bernardo signe ici une œuvre virtuose. ❥ 20h30 (sf mer, 19h30), Bruxelles, Théâtre Varia, de 12 à 20€, 02 640 82 58
Marius Staquet, 16/12€, +33 320 27 13 63
Savannah Bay 20.05 > 16.06 M. Duras / MeS de P. Sireuil
Comme tous les jours, la jeune femme rend visite à la vieille dame. Elle espère repartir avec une nouvelle pièce du puzzle. Du drame de Savannah Bay, elle ne sait rien ou presque. Et c’est avec le même empressement que nous, spectateurs, guettons les indices. L’on connait la propension de Duras à ciseler des phrases lacunaires et à rompre la narration. L’élégante Jacqueline Bir honore ce style elliptique avec brio, modulant son jeu et nous tenant en haleine. ❥ 20h30 (sf mar 19h et dim 16h), Bruxelles, Théâtre de la place des Martyrs, 02 223 32 08
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Savannah Bay © DR
Garbo… © DR
Soli Contemporains © DR
Marianne Faithfull © DR
Garbo n’a plus le sourire
Soli Contemporains
22.04 > 22.05 V. Moeschier / V. Biefnot
4.06 S. Shivalingappa / chor P. Bausch
Dans la chaleur de l’été 1944, le projectionniste du cinéma Pathé rencontre Jeanne, une ouvreuse qui se rêve en actrice reconnue. Enfermé dans sa cabine, Louis vit ses espoirs par procuration. Entre la peur au ventre et les bombardements, leur quotidien manque cruellement de liberté. Garbo n’a plus le sourire ressuscite toute l’ambiguïté des années 40, entre ambiance jazzy et avenir obstrué. ❥ 20h15 (sf dim et mer 28,15h), Bruxelles,
Danseuse indienne particulièrement gracieuse, Shantala Shivalingappa fut vite repérée par les grands noms de la danse contemporaine. Et notamment Pina Bausch, pour qui elle fut une muse. Avec son physique élancé, ses membres graciles et expressifs, elle interprète ici l’un des soli que la chorégraphe allemande lui a destiné. Vêtue d’une longue robe noire, elle se fond dans des mouvements épurés sans renoncer à son répertoire traditionnel, qu’elle retrouve ensuite, magnifié, dans un deuxième solo signé Amagatsu. ❥ 20h30, Charleroi, Les Écuries, 15/10€,
Théâtre Royal du Parc, de 9,5 à 25€, 02 505 30 30
Les monologues du vagin 2 > 26.06
E. Ensler / MeS N. Uffner
Surprenant destin que celui de ce texte. Tout commence par de banales conversations entre amies sur la sexualité féminine. Eve Ensler est convaincue que ce sujet n’a rien d’anecdotique dans une société qui n’est pas tendre avec les femmes. De conversations en conversations, elle interviewe environ 200 femmes, bien au-delà de son cercle amical, et en dégage une série de monologues aussi drôles qu’ils sont impitoyables avec le modèle patriarcal. ❥ mer>sam, 20h30, Bruxelles, Théatre de la Toison d’Or, de 10 à 21€, 02 510 05 10
07 131 12 12
Marianne Faithfull lit Shakespeare 9.06
W. Shakespeare / M. Faithfull
Une voix rauque entrecoupée de notes de violoncelle, une ambiance intimiste : la sobriété est de mise. Car pour Marianne Faithfull, rien ne doit parasiter la beauté des sonnets de Shakespeare. Pendant une heure, la charismatique chanteuse déroule les vers sans lyrisme, laissant les émotions et la passion amoureuse parler d’elles-mêmes et trouver un écho dans les compositions du talentueux Vincent Segal. ❥ 20h, Bruxelles, Bozar, de 15 à 30€, 02 507 82 00
littérature |
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texte ¬ Michel Paquot photo ¬ Julie Maroh, Le Bleu est une couleur chaude
Du bleu à l’âme Prometteuse auteure nordiste, Julie Maroh aborde avec finesse l'homosexualité féminine dans un Le bleu est une couleur chaude, publié chez Glénat. Les planches de ce premier album, magnifique, sont exposées au Centre de la BD à Bruxelles. L'occasion pour nous de rencontrer ce jeune talent. Sur la place du Général de Gaulle, à Lille, une adolescente se dirige, hésitante, vers un jeune garçon... En chemin, elle croise une fille légèrement plus âgée, aux cheveux bleus. Son regard aimante le sien et la bouleverse. Après une expérience hétérosexuelle décevante, Clémentine va retrouver Emma et s’ouvrir à de nouvelles sensations, d’autres désirs. De très belles pages renvoyant au passé, en noir et blanc, marquées par un trait subtil et une opposition clair-obscur, alternent avec des planches en couleur illustrant le présent des personnages. En effet, Clémentine est morte. C’est en lisant son journal intime que son amie découvre ce qu'elle a vécu, confrontée aux regards des autres : une éducation sentimentale nourrie de solitude, d’espoirs et de doutes. À contre-courant « Comme en tant qu'auteure et lectrice, je dois faire constamment face à l'archétype amoureux homme/femme qui prédomine en littérature. L'envie d'aller à contre-courant, de raconter une histoire qui corresponde plus à ma réalité et à celle de milliers d'autres s'est vite imposée à moi », confie la jeune dessinatrice arrageoise installée à Bruxelles. Le graphisme choisi pour ce premier album est l’un des multiples auxquels s’essaie cette artiste particulièrement éclectique. Son Djou’s Blog, où l’on a suivi Les Aventures de Super Goui Goui et Le Baiser du jour, suite de dessins tendres et parfois coquins, attestent de sa virtuosité. Tout comme son journal humoristique Les cœurs exacerbés... à découvrir de toute urgence sur son nouveau site. / ❥
LE BLEU EST UNE COULEUR CHAUDE De Julie Maroh, Glénat, 160p., 14,99€, www.juliemaroh.com jusqu’au 18.04, Bruxelles, Centre belge de la Bande dessinée, tlj, 10h>18h, 02 219 19 80
littérature |
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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ DR
Plumes de cheval Derrière les planches de ce drôle de Cheval de Quatre, cinq garçons entre 25 et 30 ans. Un collectif de potes, soudés par 3 années d’études aux Beaux-arts de Tournai, des litres de Duvel et la ferme volonté de sauter ensemble les obstacles de l’édition. Depuis 2007, ils publient leurs histoires courtes à travers revue trimestrielle et gazette numérique. En selle. Il ne faudra rien croire ou presque de ce que vous pourrez lire du Cheval de Quatre à l’étage de la maison de la culture de Tournai. Avec quelques auteurs qu’ils publient régulièrement, Olivier, Rémy, Stéphane, Brice et Alexis se sont amusés à camper une ambiance de manufacture vieillotte. Façon éco-musée. Dans le pseudo bureau du directeur, les typos, les images, la déco fleurent bon le début xxe. Et, pour étayer cette reconstitution historique, une vidéo vous narre l’épopée du Cheval de Quatre, courageuse petite usine qui, depuis 1910, publie contre vents et marées sa mythique revue. Rien que ça. On n’y croit pas une seconde, mais dans les plis de cette fiction, on mesure l’amour de nos gaillards pour les histoires, le récit, la narration. C’est d’ailleurs ce qui les a poussés à fonder leur collectif, conçu moins comme un tremplin que comme une façon de continuer à se faire plaisir sans perspective éditoriale. L’exposition confirme leur intention de galoper loin des sentiers battus : on n’aperçoit pas l’ombre d’une planche, mais des cartons de toute taille matérialisant chacun une case en 3D. Pour retrouver Pipo et Tony ou Francis et Daniel, il faudra donc s'acheter leur fanzine (n°7) à la sortie. / ❥
LE CHEVAL DE QUATRE : BD, illustration, auto-édition jusqu’au 30.06, Tournai, maison de la culture, mar>sam, 10h30>18h, dim 14h>18h, entrée libre, 06 925 30 80. à voir / www.chevaldequatre.be
chroniques La Centrale
Mémoires de la jungle
Elisabeth Filhol | Éd. POL Le personnage principal de ce roman est une centrale nucléaire. Elle impose son architecture massive et sa fumée blanche dans le paysage. Le narrateur, salarié d'une société chargée du nettoyage, de la maintenance et du rechargement en combustible, exerce les missions les plus exposées. Il découvre les ravages que peut produire ce molloch lorsqu'il subit un « incident », et le mécanisme d'une autre machine, protocolaire cette fois : « j'ai été le cas sur lequel on déroule la procédure ». Par ce jeu de retournement où l'usine devient organique et l'humain mécanique, Elisabeth Filhol fait ressentir à quel point les hommes sont oubliés et broyés dans cet univers. Un premier roman très maîtrisé qui a reçu, en avril, le prix France CultureTélérama. 144 p., 14,50€. Otto Meisner
Tristan Garcia | Éd. Gallimard L’action se déroule en Afrique, dans un avenir pas si lointain. Les sols ont été ravagés par la folie des hommes : guerre, pollution… Certains vivent retranchés dans les villes ou dans de vastes stations orbitales. Mais là n’est pas le cœur du récit. Au centre, on trouve Doogie, un jeune chimpanzé. Il a été élevé dans un zoo situé au bord du lac Victoria. Le vaisseau qui le transporte s’écrase dans la jungle, le laissant seul avec les lambeaux de civilisation que lui ont enseigné les ethologues et ce règne animal qu’il hésite à rejoindre. Avec humour, Tristan Garcia, auteur de La Meilleure part des hommes, concilie originalité du point de vue et singularité de l'écriture. 368 p, 19,50€. Julien Vignier
Comment je n'ai pas rencontré Britney Spears Elise Costa | Éd. Rue Fromentin L’appart’ d'Elise Costa regorge sans doute de raretés signées... Britney Spears. Malgré cela, cette Toulousaine de 26 ans a tous ses (traits d’) esprits et signe un livre au style jubilatoire. Un roadmovie teinté d’autobiographie façon Chuck Klosterman (Je, La Mort Et Le Rock’n’roll, indispensable). La jeune Française parcourt les USA à la recherche de la star ravagée. Se détache surtout une réflexion intéressante sur la culture pop et ses icônes, le bon goût et ses idiomes. Profondément personnel, ce petit ouvrage tend à l’universalité. Désolé, mais on ne peut s’empêcher de citer l’insurpassable Haute-Fidélité, pour lequel on a ressenti peu ou prou les mêmes émotions. Joli coup ! 240p., 18€, sortie 19.05. Thibaut Allemand
AVANT LA NUIT
Peter & Miriam
Pete Fromm | Éd. Gallmeister
Rich Tommaso | Éd Ça Et Là
Avant la nuit évoque immanquablement La Rivière du sixième jour de Norman Maclean. Cela parce que chacune des nouvelles qui composent ce recueil ont pour cadre l’Amérique pastorale du Montana, celle des eaux effervescentes et de la pêche à la mouche. Cela aussi parce que Pete Fromm aborde des sujets intemporels, même s’il ancre toutes ses histoires dans une réalité bien contemporaine. Il saisit ainsi les tensions subreptices qui émaillent relations amoureuses, amicales ou filiales. Et y parvient aisément, grâce à une écriture sur le fil du rasoir, qui procure l’impression qu’elle peut basculer à tout instant dans le drame. Un livre pour les passionnés de nature, donc. Mais pas uniquement. 184 p., 21€. Faustine Bigeast
L'Américain Rich Tommaso voue une admiration au trait fluide de Français tels Trondheim ou Larcenet. Et aurait, à l'entendre, « tendance à trop cogiter ». Mais Peter & Miriam n’a rien du travail laborieux d’un épate-galerie. On y retrouve le jeu entre ombre et lumière cher à Will Eisner et l’autobiographie en vogue dans la BD indé contemporaine - l’autoapitoiement ironique en moins. Nous est contée la longue amitié entre Peter, apprenti cinéaste, et Miriam, sa complice désœuvrée. En fil rouge, les œuvres de Polanski et de Russ Meyer. La chronologie dévastée déroute souvent. Et l’on voudrait en savoir plus sur Miriam, un peu cantonnée au rôle « d’amie de ». Ce n’est que le premier tome, attendons la suite ! 104 p., 13€. Thibaut Allemand
Qui veut la peau de Marc Levy ? Gordon Zola | Éd. Léopard Masqué Pour ses romans parodiques Les Aventures de Saint-Tin et son ami Lou, qui ont déplu aux époux Rodwell, les héritiers d’Hergé, Gordon Zola a été condamné à verser 40 000 e d’amende. Espérons que Marc Levy, BHL, PPDA ou Frédéric Beigbeder, kidnappés dans la nouvelle enquête du commissaire Guillaume Suitaume, auront davantage d’humour. En plus de rechercher ces « nuisibles de la littérature », le fin limier et son adjointe doivent élucider le meurtre (par des oiseaux) d’un écrivain débutant et d’un critique redouté. Leurs seules pistes sont des messages codés signés « Le Bec ». L’intrigue est excellente, l’humour au poil. Dommage pour le titre racoleur et les fautes de goût (à connotation sexuelle, évidemment). 316 p., 15€. Michel Paquot
littérature |
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chroniques CARIBOU
Chloé
Swim | City Slang / Cooperative Music
One in other | Kill The Dj / Module
Dan Snaith aurait pu profiter de l'enthousiasme suscité par Andorra (2007), condensé de pop ensoleillée. En lieu et place, il revient à ses premières amours électroniques, entr’aperçues sur le mirifique Up In Flames (sous l’alias Manitoba en 2003, très proche des divagations de Panda Bear). À la première écoute, pas de quoi s’enflammer : on est séduit sans être surpris (les Bowls tibétains renvoient à Pantha Du Prince, Hannibal à Underworld). Pourquoi Swim ? Car il s’agirait de dance aquatique. Encore une trouvaille vaseuse de communiquant ? Même pas. Caribou défend cette thèse, et ces neuf plages sont touchées par le ressac des claviers, des harpes et boucles flottantes, au fil de morceaux qui semblent s’étioler pour mieux repartir. Reste, sur le rivage, un album loin d’être parfait, mais très digne. Thibaut Allemand
Il y a deux ans, Chloé frappait déjà un grand coup avec The Waiting Room. Sur ce deuxième album, elle affine encore son style, révélant un indéniable don pour la composition. Cette fois, la plongée est en apnée et Chloé n'offre que de rares bouffées d'oxygène néanmoins bienvenues (Distant ou Ways Ahead). One in other est une toile sombre et intrigante qui s'enrichit piste après piste, brouillant plus que jamais la frontière entre acoustique et synthétique (le sublime Diva). Une beauté obscure mais loin d'être glacée se dégage de ce manifeste brillant et caverneux (The glow, Word for word) qui, pour être apprivoisé, demande patience et attention. Un pied de nez au dancefloor et aux standards techno qui confirme, s'il en est besoin, l'immense talent de Chloé. Clément Perrin
ELI « PAPERBOY » REED & THE TRUE LOVES Come And Get It | Capitol Records/EMI Eli Paperboy Reed pose une belle équation impossible à résoudre. Comme les deux précédents, son troisième Lp regorge d’une soul habitée d’un funk subtil et de cuivres dorés. Son coffre chaleureux entonne des hymnes imparables, comme surgis d’un hypothétique âge d’or 60’s - le binôme Motown-Stax et ses prophètes : Otis Redding, Sam Cooke, Wilson Pickett… Et tant d’autres restés obscurs. C’est peutêtre là que le bât blesse : que faire ? Se précipiter sur les innombrables rééditions des labels précités, à la recherche d’une pépite encore immaculée ? Ou se ruer sur cet impeccable fac-similé sans aucune originalité mais joué avec une franchise déconcertante ? À vous de voir. En tout cas, sur scène, on préférera évidemment la fougue pleine de foi du jeunot. Thibaut Allemand
musique |
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Kitsuné maison 9
Flying Lotus
The Petit Bateau édition | Kitsuné / Cooperative Music
Cosmogramma | Warp / Discograph
Une tracklist électropop, bardée d'artistes (presque tous) anonymes : on reconnaît bien le flair du renard. Sans surprise, la 9e Kitsuné Maison est aussi exaltante que les précédentes et démontre la régularité du label parisien. Parmi les 18 formations présentées, signalons la présence de Washed Out (issu de la prétendue chillwave) qui sublime sa gracieuse ballade synthpop avec des voix lo-fi (Belong). Dans un style tout aussi planant, Your Nature étire habilement la voix lancinante de son chanteur par un jeu d’échos irrésistible. Un bémol, la présence de Yelle et des Crookers avec leur lourdingue Cooler Couleur, et dans une moindre mesure, celle de Yuksek. Mais que font-ils dans cette sélection (jusquelà) si sophistiquée ? On se le demande. Clic droit, supprimés. Hakima Lounas
Pilier du renouveau abstract hip-hop, Flying Lotus signe un deuxième album qui frôle le grand huit mental. Parfaitement cohérent, son premier ouvrage manquait cruellement de tubes. Et, contre toute attente, Cosmogramma sacrifie l’analyse au profit de la spontanéité... Ici, les morceaux sont denses et hypnotiques. Dès les premières secondes, on plonge dans un bain de sons électroniques extrêmement travaillés – presque indigestes. Heureusement, Fly Lo offre quelques temps de pause en jouant avec les références (le funk, le jazz, les BO des années 50, etc.) et devient grâcieux. Cosmogramma demande une écoute attentive et répétée, mais en creusant bien, on y trouve de l’or. Fabien Kratz
LCD SOUNDSYSTEM This Is Happening | DFA/EMI Cet album était attendu. Annoncé comme le dernier de LCD Soundsystem, This is happening sonne le glas des 00’s. On pourrait résumer la décennie du bug à un flashback permanent : l’interminable retour des 80’s, du wock’n’woll et des reformations en série. Plus sérieusement, on retiendra surtout l’empreinte de LCD Soundsystem (et son label, DFA) sur cette fichue décade. Un groupe surestimé à ses débuts (premier essai franchement décevant), un peu oublié ensuite (malgré un deuxième album en forme de chef-d’œuvre). À l’heure de poser les armes, James Murphy livre une synthèse de la sècheresse velevetienne (Drunk Girls), du robotisme à la Devo (One Touch) et de la démesure d’un Bowie (All I Want). Ce classique instantané magnifie le passé avec un sens aigu de la modernité. Les 10’s peuvent débuter. Thibaut Allemand
concerts sam 01.05 SHARKO + SLIM CESSNA’S AUTO CLUB + ZAK LAUGHED + LARS & THE HEADS OF THE LIGHT + MCQUEEN OUTFLOW + DESTROY THE ANANAS Arlon, Entrepôt, 13h, nc Buzz Fest : OTTO VON SCHIRACH + GABE SERBIAN + NARROWS + DRUMCORPS + DROON + DAGGERS + SANTA KARLA + OATHBREAKER + RODEO MACHINE + THE LINK Bruxelles, Magasin 4, 17h, 12e, +32 2 223 34 74 POPA CHUBBY + ALBERT BLUES BAND + STICKY FINGERS Arlon, Entrepôt, 20h, 20/15e, International Resident Night : SILICONE SOUL + BARTHOLOMEO + PATRICK SCHMIDT + 2WINZ Bruxelles, Recyclart, 20h, nc, +32 2 289 00 59 BERT KRUISMANS Leuven, Het Depot, 20h, 14/12e, +32 1 622 06 03 EAGLE SEAGULL + YOUNG MAN Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 Titan Hits #9 Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 JOHN BUTLER TRIO Lille, Zénith Arena, 20h, nc, +33 320 14 15 16 UFO + VOODOO SIX + HUSH Charleroi, Coliseum, 20h30, 26/23e, 3271843791 ANDRE WILLIAMS & THE GOLD STARS Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 12e, +33 320 27 70 10 BALOJI + TURNTABLE DUBBERS + MERDAN TAPLAK Anvers, Petrol, 21h, 14/10e, +32 3 226 49 63 Silence : DAVID TONSPIEL + GERGOE + DAN DROFF + SEBASTIAN HALD + CRISP +
RAPHAËL KLAPS + PILSNER Louvain, Silo, 22h, nc, +32 1 620 34 64
BOYS II MEN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 40/36e, +32 2 548 24 24
GEOFFROY AKA MUGWUMP Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom
THE BLACK BOX REVELATION Leuven, Het Depot, 20h, Complet, +32 1 622 06 03
Yes Wee Kend : DYED SOUNDOROM + JAZZY DEMON + ISAM + DEEJAMES + IGOR Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54
mar 04.05
LES GILETTES + SOGLOVE Lille, Supermarket, 23h, 5e, +33 320 52 86 59 Break New Soil Label Night : KAROTTE + GREGOR TRESHER + PIERRE NOISIEZ + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 BRODINSKI Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 13/9e
dim 02.05 SMALL COLOR + ENSEMBLE 0 Bruxelles, Ateliers Claus, 16h, 5e, +32 2 478 23 50 KONONO N°1 Tourcoing, Grand Mix, 18h, 13/10e, +33 320 70 10 00 THE AGGROLITES + THE MOON INVADERS Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h30, 19/16e, +32 2 548 24 24 PUGGY + MICROFILM Arlon, Entrepôt, 20h, 15/10e BROKENCYDE + SYNTHETIC SEASON + STARFUCKER Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 20h, 15/12e, +32 2 414 29 07 ROBIN PROPER-SHEPPARD Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 12/8e, +32 5 150 48 94
LOS LOBOS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 THE SKATALITES Leuven, Het Depot, 20h, 19/16e, +32 1 622 06 03 LE PRINCE MIIAOU Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 EVELYN EVELYN Anvers, Arenberg Schouwburg, 20h15, 16e, +32 7 022 21 92
mer 05.05 SLIM CESSNA’S AUTO CLUB + ARCHIE BRONSON OUTFIT + PEGGY SUE Bruges, Cactus Club, 19h, 15/12e, +32 5 033 20 14 LCD SOUNDSYSTEM Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24 TOM WOUTERS’ FLICK-FLACKBAT + ELEPHANT 9 Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28 CURUMIN + GENERAL ELEKTRIKS Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00 THIRD EYE BLIND Anvers, Trix, 20h30, 17/14e, +32 3 670 09 00
lun 03.05
CYRO BAPTISTA + BANQUET OF THE SPIRITS Bruxelles, Espace Senghor, 20h30, 12/13/14e, +32 2 230 31 40
SOPHIA Arlon, Entrepôt, 20h, 14/12e
THE REVEREND PEYTON’S BIG DAMN BAND + WESTERBERGS
agenda |
121
& HEAVY HEARTS Diksmuide, Muziekclub 4AD, 21h, 10/6e, +32 5 150 48 94 What The Folk! : SINUS GEORGES + EMMANUEL Etterbeek, Atelier 210, 21h, 2e, +32 2 732 16 39
ven 07.05 Inc’Rock : CRUMBLE PISTOO’S + HALLO KOSMO + SHARKO + BABYLON CIRCUS + ETÉ 67 + EIFFEL + BEAT TORRENT Incourt, Site du Festival Inc’Rock, 18h, 20/15e, +32 4 615 46 3
jeu 06.05
CIBELLE + CALLMEKAT Bruges, Cactus Club, 20h, 10/7e, +32 5 033 20 14
HEADCHARGER + DRIVING DEAD GIRL Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e, +32 2 223 34 74
WILLIAM SOUFFREAU Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
MATT BIOUL + ATOMIQUE DELUXE Etterbeek, Atelier 210, 20h, 13/10e, +32 2 732 16 39 CARLA BLEY Gand, Vooruit, 20h, 18/15, +32 9 267 28 28 DE KREUNERS Leuven, Het Depot, 20h, 20/17e, +32 1 622 06 03 BENJAMIN BIOLAY Lille, Aéronef, 20h, 25e, +33 320 33 1734 TANLINES Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 PROGRAMME + BINARY AUDIO MISFITS Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 PETER PAN SPEEDROCK + GREASEMONKEY + TANGLED HORNS + DJ GUNSLINGER Anvers, Trix, 20h30, 13/10e, +32 3 670 09 00 MADENSUYU + DJ BLANCHE & BIETNIK Charleroi, Eden, 21h, nc, +32 7 131 44 20 DJ SHO Bruxelles, Wax Club, 21h30, gratuit, info@thewaxclubcom TONY MELVIL + JEANCRISTOPHE Lille, Biplan, 22h, 5,5e, +33 320 12 91 11
Nuits Bota : ARCHIE BRONSON OUTFIT + PEGGY SUE Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : PAUL KALKBRENNER + SHAMEBOY + FAGGET FAIRYS Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 AGRIMONIA + INSTINCT OF SURVIVAL + DEVIATED INSTINCT + MARTYRDÖD + KINGS QUEER + BETTY CYCLOP Liège, Zone, 20h, nc, +32 4 341 07 27 DESPO RUTTI + GUILLOTINE RECORDS Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74 Nuits Bota : WE HAVE BAND + PIANO CLUB + TANLINES Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : MURDER + JOY Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : LUDOVICO EINAUDI + BALLAKÉ SISSOKO + VINCENT SÉGAL Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20e, +32 2 218 37 32 PETER PAN SPEEDROCK + PARANOIACS Leuven, Het Depot, 20h, 14/12e, +32 1 622 06 03 Apéro plein air Boogie Night : DJ AZIZ
Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 JIL IS LUCKY + MARY & ME Tourcoing, Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 EIGEN MAKELIJ + FRESKU + RUPELSOLDATEN Anvers, Trix, 20h30, 7e, +32 3 670 09 00 La Boutik Rock Tour : THE CHIVA GANTIVA + FAUSTINE HOLLANDER + VICTORIA TIBBLIN + SAL JEAN Etterbeek, Atelier 210, 20h30, 7e, +32 2 732 16 39 DJ MISSILL + SICKBOY + CELTRIC + DJ 319 + BUNZERO Bruxelles, Recyclart, 22h, 12/9e, +32 2 289 00 59 MATIEU + MITCH TICHON Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom DIGITALISM + OCELOT + FANKLUB DEEJAYS Anvers, Petrol, 23h, 15/10e, +32 3 226 49 63 The Decap Machine : MASCOTTE Gand, Vooruit, 23h, 10/7e, +32 9 267 28 28 Siskid Release Party : SISKID + ALEX&ANIE + MODERN THOM Lille, Supermarket, 23h, 5e, +33 320 52 86 59
sam 08.05 Inc’Rock : THE ASTRONAUT + FLORENT VINTRIGNER + STTELLLA + MICKEY 3D + ERNIE AND THE MIDGETS + COCOROYAL + BALIMURPHY + CLAIRE DENAMUR + SUAREZ + DJ SONAR Incourt, Site du Festival Inc’Rock, 15h15, 20/15e, +32 4 615 46 3 Dub (R)evolution : DUBKASM + DISRUPT + NICON Bruges, Cactus Club, 20h, 12/9e, +32 5 033 20 14
concerts Nuits Bota : MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE + THE IRREPRESSIBLES Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32
BUG KLINIK : VENETIAN SNARES + SICKBOY + X&TRICK + ACID KIRK + SKIP + MATAR Gand, Minus One, 22h, 15/12e, +32 4 864 78 21
HUMAN COMPOST + DEATH REIGN + SINGES + DES RUES + RAP GUERILLA Liège, Zone, 20h, nc, +32 4 341 07 27
Dubstep Party : N-TYPE + KROMESTAR + STARKEY + TROLLEY SNATCHA + HIJAK + DICE&KASTOR + SGT POKES Anvers, Trix, 22h30, 16/13.5e, +32 3 670 09 00
Nuits Bota : TRANS AM Bruxelles, Botanique, 20h, 18/15/12e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : LE PEUPLE DE L’HERBE + SKIP THE USE Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : CLOÉ DU TRÈFLE + LA FIANÇÉE Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : WOODPIGEON + STORNOWAY + MONTGOMERY Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 ED KOWALCZYK Leuven, Het Depot, 20h, 22/19e, +32 1 622 06 03 AGENT SIDE GRINDER + SURFER ROSA Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 Boutik Rock @ Club Plasma : BLUE VELVET + LE PRINCE HARRY + YOUNG ENTREPRENEURS Namur, Belvédère, 20h30, 8e, +32 8 181 39 00 ETÉ 67 + DE MENS Anvers, Petrol, 21h, 15/12e, +32 3 226 49 63 UNIVIBES + DYNAMIC + JUPITER + BELION VAGABON + SUNROCKERS + TUPOLEV SOUND CRASH Bruxelles, Magasin 4, 21h, 8/6e, +32 2 223 34 74 FADY ONE + ST SIMAN Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom
XTOF + DEEJAMES + MIRKO LOKO + IGOR VICENTE + DON COLINS + SEBA LECOMPTE + NASHUA + DIE CLIQUE + JENSEN + BUGSY Gand, Decadance/Zanzibar, 23h, 13/10e, +32 9 329 00 54 Sunnyside Up : COLETTE + RAOUL + TINO Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64 Curle Label Night : STEWART WALKER + FRANKLIN DE COSTA + FADER + PIERRE NOISIEZ + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 Lefrog’s Birthday Bash : JAY SHEPHEARD + PATRICE BAUMEL + WIRSPIELEN Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
dim 09.05
ISBELLS + SILVER JUNKIE Courtrai, De Kreun, 17h, 11/6e, +32 5 637 06 44 THE BONES + STREET DOGS + RENO DIVORCE + LEFT ALONE Anvers, Trix, 18h, 17/14e, +32 3 670 09 00 ATARI TEENAGE RIOT + MYCIAA Tourcoing, Grand Mix, 18h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Nuits Bota : JEAN-LOUIS MURAT + SCOUT NIBLETT Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 ZU + LENTO Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74 Nuits Bota : GABLÉ + MADENSUYU Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : MICKY GREEN + EMMANUELLE SEIGNER + REVOLVER Bruxelles, Botanique, 20h, 20/17e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : CHAPELIER FOU + MIÈLE Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : ELLIE GOULDING + ROX + ERRORS Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32 SYD MATTERS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
Inc’Rock : IMPAKT LYRIKAL + GANDHI + DJ SONAR + YOUSSOUPHA + SEXION D’ASSAUT + ASSASSIN + CONVOK + 13HOR + PITCHO + SCYLLA Incourt, Site du Festival Inc’Rock, 14h, 20/15e, +32 4 615 46 3
lun 10.05
The Mourning Show : ERGO PHIZMIZ Bruxelles, Ateliers Claus, 16h, 5e, +32 2 478 23 50
NATALIE MERCHANT Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24
BOLT THROWER + ROTTING CHRIST + DEW SCENTED Anvers, Trix, 17h, 15/12e, +32 3 670 09 00
MAYER HAWTHORNE + GABLÉ
SNOOBA + PRINCE OFF Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom
Nuits Bota : HOLE Bruxelles, Botanique, 20h, 34/31/28e, +32 2 218 37 32
agenda |
123
Lille, Aéronef, 20h, 10/6e, +33 320 13 50 00
MEN + PLUG OFF Arlon, Entrepôt, 20h, 9/7e
Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 18/12e
SYD MATTERS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
Nuits Bota : DUM DUM GIRLS + MALE BONDING Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
JAMES HOLDEN Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64
LIGHTNING DUST + THEE OH SEES + BACHELORETTE + THE ATOM BRAIN Anvers, Trix, 20h30, 14/11e, +32 3 670 09 00
mar 11.05 Nuits Bota : ETÉ 67 + THE TELLERS + DEZ MONA + MALIBU STACY +SYD MATTERS + NELE VAN DEN BROECK + HALLO KOSMO Bruxelles, Botanique, 20h, 18/15/12e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : GAETAN ROUSSEL + ARNAUD FLEURENT-DIDIER Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20/17e, +32 2 218 37 32 Rat Event : LITTLE WOMEN + CHAOS OF THE HAUNTED SPIRE Gand, Vooruit, 20h, 12/8e, +32 9 267 28 28 RJD2 + DLEEK Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00 YOU & YOU Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 BEAR IN HEAVEN Anvers, Trix, 20h30, 11/8e, +32 3 670 09 00 MARBLE SOUNDS + LIGHTNING DUST Diksmuide, Muziekclub 4AD, 21h, 10/6e, +32 5 150 48 94
mer 12.05 WOVENHAND + ÓLAFUR ARNALDS Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 25/22e, +32 2 548 24 24 KING AUTOMATIC + ACROSTICHE + BLACK DOG
Nuits Bota : DEERHUNTER + THE DODOS Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : SEABEAR + BROADCAST 2000 Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : GIL SCOTT-HERON Bruxelles, Botanique, 20h, 31/28/25e, +32 2 218 37 32 FLIP KOWLIER Leuven, Het Depot, 20h, 16/13e, +32 1 622 06 03
jeu 13.05 THE SLACKERS + THE CAROLOREGIANS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 BRAD MEHLDAU + JOSHUA REDMAN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33/30e, +32 2 548 24 24 Nuits Bota : CASEY Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
MUSTANG Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
Nuits Bota : TINDERSTICKS + FRANÇOIZ BREUT Bruxelles, Botanique, 20h, 38/26e, +32 2 218 37 32
THE NEW INDUSTRY + PSYCHO 44 Anvers, Trix, 20h30, 5e, +32 3 670 09 00
Nuits Bota : GOGOL BORDELLO Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32
CLINAMEN Bruxelles, Espace Senghor, 20h30, 12/11/10e, +32 2 230 31 40
Nuits Bota : BLACK LIPS + THE KING KHAN & BBQ SHOW + THE ALMIGHTY DEFENDERS Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32
ZUN ZUN EGUI + GURZUF + LES HOQUETS Bruxelles, Recyclart, 21h, 8/6e, +32 2 289 00 59 PINCH + BUNZERO + DICE&KASTOR + ILLAMENT + GAZ + NICE Gand, Decadance, 22h, nc, +32 9 329 00 54 STEL-R + AD MONSEIGNEUR Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom SCOUT NIBLETT Gand, Vooruit, 22h, gratuit, +32 9 267 28 28 Ed Banger VS Gomma label night : BREAKBOT + BUSY P + UFFIE + MUNK + GOLDEN BUG + MUSTANG + MASHED PAPER KLUB
Nuits Bota : LONELY DRIFTER KAREN + CIBELLE Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 ÓLAFUR ARNALDS Anvers, Arenberg Schouwburg, 20h15, 16e, +32 7 022 21 92 JnoisZZ sessie : KAPOTSKI + INFERNAL SUN + JAM Anvers, Trix, 20h30, nc, +32 3 670 09 00 DJ SHO + JAZZY DEMON Bruxelles, Wax Club, 21h30, gratuit, info@thewaxclubcom
ven 14.05 BRAD MEHLDAU
concerts + JOSHUA REDMAN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33/30e, +32 2 548 24 24 A FINE FRENZY Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Nuits Bota : THE BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB + ZAZA + WINTERSLEEP + DRIVING DEAD GIRL Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : RJD2 Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : TÉTÉ + FELOCHE + THE RODEO Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : ISBELLS + DAN SAN Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : JOANNA NEWSOM Bruxelles, Botanique, 20h, 28/22e, +32 2 218 37 32 ULS Live Act : CONVOK + LA REZ + ERTUG + FLÉO + ANAKONDA + MÉTISSA Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e, +32 2 223 34 74 SWEET COFFEE + HOWIE & LINN + THE GLIMMERS + TLP AKA TROUBLEMAN Leuven, Het Depot, 20h, 15/12e, +32 1 622 06 03 THE SLACKERS + EDIFIERS Anvers, Trix, 20h30, 15/12e, +32 3 670 09 00 HEADCHARGER + FAT-W + THE 1984 Arlon, Entrepôt, 20h30, 12/10e, BLACK DIAMOND HEAVIES + THE TUBS Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 10/6e, +32 5 150 48 94 ALEK ET LES JAPONAISES + ALONZO ZOO & THE ZOOPHILES Liège, Zone, 20h30, nc, +32 4 341 07 27 MINTZKOV + WAVE MACHINES
+ KATIA VLERICK + LOUIS KATORZ Anvers, Petrol, 21h, 15/11e, +32 3 226 49 63 GUIDO MÖBIUS + SKIV TRIO Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, 8e, +32 2 478 23 50 POLE FOLDER + MANO SINISTRA Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom TEKI LATEX + PEO WATSON Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
sam 15.05 PATSY + ANGELA Bruxelles, Wax Club, 15h, gratuit, info@thewaxclubcom JUSTIN(E) + FOREST POOKY + GINA SIMMONS + PROJET B Arlon, Entrepôt, 20h, 10/8e Nuits Bota : THE CHAP + COLD CAVE Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : COCOROSIE + EFTERKLANG Bruxelles, Botanique, 20h, 26/20e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : ABSYNTHE MINDED + LYENN + WAVE MACHINES Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : RUSKO + WILEY + DJ HATCHA Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : MAXIMILIAN HECKER Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 SHAMEBOY + VERMIN TWINS + BOEMKLATSCH + PARTYHARDERS + BODY SPASM Leuven, Het Depot, 20h, 15/12e, +32 1 622 06 03
SIA Lille, Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00 BAL DE LA MARINE Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 My Toolz : ANIMALS ON WHEELS + SHEPHERD + R.E.D.A + DJ SOFA + PRIMITIV + MIZOL-K + ARMATT + FONCTIONNAIRES DU DÉSASTRE Namur, Belvédère, 20h, 6e, +32 8 181 39 00 MEURIS2010 + BOYSHOUTING Anvers, Trix, 20h30, 19/16e, +32 3 670 09 00 ZIGGI & THE RENAISSANCE BAND Bruxelles, Magasin 4, 20h30, nc, +32 2 223 34 74 BALTHAZAR + SUPERLIJM + LUCY LOVE + FREDO & THANG Anvers, Petrol, 21h, 15/10e, +32 3 226 49 63 CHARLIE O TRIO Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, 8e, +32 2 478 23 50 THE BLACK ATLANTIC + WOVENHAND Diksmuide, Muziekclub 4AD, 21h, 20/16e, +32 5 150 48 94 D6BEL Party : ALEX PLAY + HERR SPIEGELHAUER + B-HAVE + GASPARD Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom Minus Label Night : HEARTTHROB + MATT JOHN + FABRIZIO MAURIZI + PIERRE NOISIEZ + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 THE JUAN MAC LEAN + MONTECOSY + DIRK SMILE Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e JUSTIN ROBERTSON Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
agenda |
125
dim 16.05 GREG HAINES Bruxelles, Ateliers Claus, 16h, 5e, +32 2 478 23 50 L’Aéronef Hors des Murs : BALOJI + LA JONCTION Lille, Chalet, 17h30, gratuit, +33 328 38 50 45 Nuits Bota : BRIGITTE FONTAINE + ARTHUR H + CARL Bruxelles, Botanique, 20h, 25/22/19e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : WOLF PARADE + SURFER BLOOD + WARPAINT + BACHELORETTE Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : BONOBO + THE FIELD + FM BELFAST + GOLD PANDA Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : AVI BUFFALO + THE BOOKS Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 A PLACE TO BURY STRANGERS Anvers, Trix, 20h30, 17/14e, +32 3 670 09 00
lun 17.05 TAMIKREST + DIRTMUSIC + DJ BORAT Gand, De Centrale, 19h30, 15/12e, +32 9 265 98 28 PAUL WELLER Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33/30e, +32 2 548 24 24 SEXY SUSHI + HOLY FUCK + VISMETS + AMAZIGH Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 RICHARD HAWLEY + NEIL MCSWEENEY Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20/17e, +32 2 218 37 32 BALOJI Bruxelles, Botanique, 20h,
16/13/10e, +32 2 218 37 32 JAMIE LIDELL + LITTLE DRAGON Bruxelles, Botanique, 20h, 25/22/19e, +32 2 218 37 32 THE DRUMS Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32
LENNAERT MAES Bruxelles, Ancienne Belgique, 12h30, gratuit, +32 2 548 24 24 NOMEANSNO + INVASIVES Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00
TWEAK BIRD + SIC ALPS Anvers, Trix, 20h30, 11/9e, +32 3 670 09 00
PHOSPHORESCENT + ROCKY VOTOLATO Anvers, Trix, 20h30, 13/10e, +32 3 670 09 00
mar 18.05
ven 21.05
PAVEMENT Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24
STONEWALL NOISE ORCHESTRA + LANSTER + LOADED Liège, Zone, 20h, nc, +32 4 341 07 27
MI AMI Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10e, +32 5 637 06 44
mer 19.05
CASSE BRIQUE + FIVE MINUTES TO EAT JACK + TENTACULOS + BUFFLE + LA BANDE + LA FOURCHETTE Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74
LALI PUNA + MARBLE SOUNDS Bruges, Cactus Club, 20h, 13/10e, +32 5 033 20 14
WIRE + FRUSTRATION Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00
WOLVES IN THE THRONE ROOM Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
TÉTÉ Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
DEADMAU5 + MOGUAI Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24
ReggaeXtravaganza #1 Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
PHOSPHORESCENT Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28
MONGOLITO + CARLA BOZULICH Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 20h15, 5e, +32 2 414 29 07
PARLOVR Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 Inrock Indie Club : THE DRUMS + WE ARE WOLVES + SURFER BLOOD + WARPAINT Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 BLITZEN TRAPPER + THE DUTCHESS AND THE DUKE Anvers, Trix, 20h30, 13/10e, +32 3 670 09 00
jeu 20.05
TURZI + HALLO KOSMO Charleroi, Eden, 20h30, nc, +32 7 131 44 20 GIOVANNI DI DOMENICO + TATSUHISA YAMAMOTO + OS MEUS SHORTS + POLAR BEAR Bruxelles, Recyclart, 21h, gratuit, +32 2 289 00 59 CHRISTOPHE BIDIBIPIP + MANUEL ORKESTAR + FRANÇOIS SAGAN + YOURI MARGARINE Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom
concerts Drum’N’Bassment : ANDY C + MC GQ + LOMAX + NETSKY + Z-NOX Bruges Saint-André, MaZ, 22h, 13/10e, +32 5 071 68 40 LATE OF THE PIER + PEO WATSON Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
sam 22.05 NIEUWZWART TRIO + THE ROTT CHILDS + BOSTON TEA PARTY + WILLOW Anvers, Trix, 19h30, nc, +32 3 670 09 00 DE JEUGD VAN TEGENWOORDIG + AUX RAUS + DJ DANNY DE FUNK Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 22/19e, +32 2 548 24 24 ENABLERS + OGOUN + FRANK SHINOBI Liège, Zone, 20h, nc, +32 4 341 07 27 Booyaska ! : FIZCUS?! + LES CROCS + GUARAPITA + KING KONG BOOL FACTORY + SKA PILS BURGER + DJ FLYING PLATANE Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10/8e, +32 2 223 34 74 MY OWN PRIVATE ALASKA + MAGYAR POSSE Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00 DEAD CONFEDERATE Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 LOÏC B.O AND THE FRANTIC LOVERS + ALIX LEONE Namur, Belvédère, 20h, 8e, +32 8 181 39 00 MAYER HAWTHORNE + DJ MEHDI + RITON Anvers, Petrol, 21h, 15/12e, +32 3 226 49 63 THE TRANCE FORMATION + TATSUHISA YAMAMOTO Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, 8e, +32 2 478 23 50
Sound of Wax Party : DAVID DARCET + DJ AMAURY Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom PETER VAN HOESEN + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 RORY PHILLIPS + MICKEY + MUSTANG + DIRK SMILE Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
dim 23.05 CHIHEI HATAKEYAMA Bruxelles, Ateliers Claus, 16h, 5e, +32 2 478 23 50 HOWIE & LINN Gand, Vooruit, 20h, 12/10.5e, +32 9 267 28 28 So Loulou #4 : OLIVER KLEIN + VLADIMIR CORBIN + LOULOU PLAYERS Namur, Belvédère, 20h, nc, +32 8 181 39 00 FLIP KOWLIER + FIXKES + DISCOBAR A MOEDER Anvers, Petrol, 21h, 15/12e, +32 3 226 49 63 Dyn-o-Mite presents : Lost and Found Night : KEB DARGE + ANDY SMITH Gand, Vooruit, 23h, 12/10,5e, +32 9 267 28 28
lun 24.05 DINOSAUR JR + BUILT TO SPILL Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 25/22e, +32 2 548 24 24 SNOW PATROL Bruxelles, Forest National, 20h, 42e, +32 7 025 20 20
WIM MERTENS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 30/27e, +32 2 548 24 24 COSA BRAVA Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28 THE DELEGATORS Anvers, Trix, 20h30, nc, +32 3 670 09 00
mer 26.05 WALLIS BIRD Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
jeu 27.05 WOLVES IN THE THRONE ROOM + INSOMNIUM + GHOST BRIGADE Anvers, Trix, 20h, 16/13e, +32 3 670 09 00 COSA BRAVA + JONAS ZUGZWANG Bruxelles, Ateliers Claus, 20h30, 14/10e, +32 2 478 23 50 BACK BACK + ANIMUS ANIMA Bruxelles, Recyclart, 21h, 5e, +32 2 289 00 59 Haircut 5 : DJ SHO Bruxelles, Wax Club, 21h30, gratuit, info@thewaxclubcom JESSE DEE Gand, Vooruit, 22h, gratuit, +32 9 267 28 28
ven 28.05 THE JAM MESSENGERS + MAMA ROSIN + CHEAP KILLERS Liège, Zone, 20h, nc, +32 4 341 07 27
BAND OF SKULLS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
MICAH P. HINSON + TIMBER TIMBRE Gand, Vooruit, 20h, 15/11e, +32 9 267 28 28
mar 25.05
I AM UN CHIEN + GÉRARD BASTE
agenda |
127
Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00 ORQUESTA TIPICA MISTERIOSA BUENOS AIRES Bruxelles, Espace Senghor, 20h30, 14/13/12e, +32 2 230 31 40 TAMIKREST + DIRTMUSIC Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 12/8e, +32 5 150 48 94 G-Dak Birthday Party : G-DAK + GUIDO + 4H Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom Late Night Jazz : JEF NEVE TRIO Bruxelles, Beursschouwburg, 23h, 6e, +32 2 550 03 50
sam 29.05 FREDDY LOCO + JOYSTIX + HECTOR’S SATURDAYS + SNOT Bruxelles, Magasin 4, 19h, nc, +32 2 223 34 74 CASEY + ROCÉ + BASS MC Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 DŸSE + KERNEL PANIC Arlon, Entrepôt, 20h30, 10/6e DJ WESPER + SNOOBA Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom Toys For Boys Label Night : SIERRA SAM + MARCUS VECTOR + FERNANDO DAXTA + DEG + PIERRE NOISIEZ Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 We play House : TYREE COOPER + RED D + LADY LINN + SAN SODA + MAXIM LANY Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64 BOTTIN + WIRSPIELEN + RICK SHIVER + MUSTANG Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
dim 30.05
MOTORPSYCHO + MADENSUYU + GROWING Bruxelles, Ancienne Belgique, 18h, 21/18e, +32 2 548 24 24 YOUNGBLOOD BRASS BAND + TERROIR PROD Tourcoing, Grand Mix, 18h, 13/10e, +33 320 70 10 00 DŸSE Bruxelles, Magasin 4, 19h, nc, +32 2 223 34 74 RED ZEBRA + AROMA DI AMORE Gand, Vooruit, 20h, 18/15,75e, +32 9 267 28 28
lun 31.05 THE FLATLINERS + P.O.BOX + HAPPENING LEEK + SKATING TEENAGERS Bruxelles, Magasin 4, 18h, 8e, +32 2 223 34 74 MICAH P. HINSON Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00 WOLF EYES Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 GENTLEMAN & THE EVOLUTION Gand, Vooruit, 20h30, 25/21,5e, +32 9 267 28 28 Jazz Cats : TRIO AZUCA Etterbeek, Atelier 210, 21h, 2e, +32 2 732 16 39
mar 01.06 THE OCEAN + KRUGER Bruxelles, Magasin 4, 19h, nc, +32 2 223 34 74 CAMÉLIA JORDANA Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 MI AMI Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
mer 02.06
MARIE WARNANT Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 CHRISTOPHE WILLEM Bruxelles, Forest National, 20h, 46/39e, +32 7 025 20 20
jeu 03.06 SONIC BOOM SIX + SKARBONE 14 Bruxelles, Magasin 4, 19h, nc, +32 2 223 34 74 BENJAMIN BIOLAY Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24 BACON CARAVAN CREEK Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 YOUNGBLOOD BRASS BAND Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 20h, 15/12e, +32 2 414 29 07 JACQUES SCHWARZ-BART Bruxelles, Espace Senghor, 20h30, 14/13/12e, +32 2 230 31 40 EXTRA LIFE Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, 8e, +32 2 478 23 50
ven 04.06 Folies : EMIR KUSTURICA & THE NO SMOKING ORCHESTRA + OKOU Maubeuge, Luna, 19h, nc, +33 327 64 13 33 SECRET CHIEFS 3 + FAT32 + CONGS FOR BRUMS Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74 EILERA Huy, Atelier rock, 20h, nc, +32 8 525 03 59 Titan Hits #10 : JAMES DYER Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 WLODZIMIERZ NAHORNY SEXTET
Bruxelles, Espace Senghor, 20h30, 12/10/8e, 22303140 Tourcoing’s Burning #2 : DANTON EEPROM + MOWGLI + WE ARE ENFANT TERRIBLE + LOWCLUB Tourcoing, Grand Mix, 23h, 15/12e, +33 320 70 10 00
sam 05.06 Folies : LE PEUPLE DE L’HERBE + BEAT TORRENT Maubeuge, Luna, 19h, nc, +33 327 64 13 33 TOKYO POLICE CLUB + KISSAWAY TRAIL (THE) Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 THE ACORN + XIU XIU Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 KAP BAMBINO + CHEVEU + JACK OF HEART + THE FEELING OF LOVE + HERO-X + LES BOURREAUX Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74 OKOU Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 HARLEM + TV BUDDHAS Bruxelles, Beursshowburg, 20h30, gratuit, +32 2 550 03 50 AU REVOIR SIMONE + BEAR THAT WASN’T (THE) Anvers, Petrol, 21h, 15/12e, +32 3 226 49 63 Fortyfive by L-Fêtes : ILIJA RUDMAN + L-FETES + COMPUPHONIC + GUY-OHM Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
dim 06.06 Folies : OLIVIA RUIZ + FELOCHE Maubeuge, Luna, 19h, nc, +33 327 64 13 33 THE DAMNED THINGS
Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 20h, 20/17e, +32 2 414 29 07
lun 07.06 ASAF AVIDAN & THE MOJOS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
mar 08.06 MEGADETH Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24 KATE NASH Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32 TAKE IT EASY HOSPITAL Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
ven 11.06 KOMMIL FOO Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 26/23e, +32 2 548 24 24 JOHN GRANT Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 SIDI HOOMAM + BD BANX & BAND + BLACKO + NERLOCK JAHWED FAMILY Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74 CASPAR BROTZMANN MASSAKER Arlon, Entrepôt, 20h30, 10/8e
sam 12.06
LITTLE COMETS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
WEEDEATER + SAVIOURS + BLACK COBRA + MOROCCAN + YOUR HIGHNESS Anvers, Trix, 19h, 15/12e, +32 3 670 09 00
mer 09.06
KOMMIL FOO Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 26/23e, +32 2 548 24 24
BAND OF SKULLS Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 JAMIE CULLUM Bruxelles, Forest National, 20h, 46/36e, +32 7 025 20 20 MEGADETH Lille, Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00 JESSIE EVANS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
jeu 10.06 JnoisZZ sessie : JOSEF DUMOULIN + LIDLBOJ Anvers, Trix, 20h30, nc, +32 3 670 09 00 THE EX AND GÉTATCHÈW MÈKURYA AND BAND Diksmuide, Muziekclub 4AD, 21h, 11/9/7e, +32 5 150 48 94
CASPAR BROTZMANN MASSAKER + RAXINASKY Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74 JOHN GRANT Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 THE WATCH PLAYS + LIGHT DAMAGE Arlon, Entrepôt, 20h30, 12/10e HUGO RACE & THE TRUE SPIRIT + JEF MERCELIS Bruxelles, Ateliers Claus, 21h, 8e, +32 2 478 23 50 HORSE MEAT DISCO + SO’LEX + L-FETES Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
lun 14.06 STONE SOUR Bruxelles, Ancienne Belgique,
20h, 25/22e, +32 2 548 24 24
dim 20.06
sam 26.06
HOT WATER MUSIC Anvers, Trix, 20h15, 18/15e, +32 3 670 09 00
VALIENT THORR Anvers, Trix, 20h, nc, +32 3 670 09 00
mar 15.06
lun 21.06
Graspop Metal Meeting : CHANNEL ZERO + MASTODON + BULLET FOR MY VALENTINE + KILLING MACHINE + SYLOSIS + RISE TO REMAIN Dessel, GRASPOP FESTIVAL PARK, 10h, 75e
DEFTONES Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 31/28e, +32 2 548 24 24
Jazz Cats : RAF DEBACKER TRIO Etterbeek, Atelier 210, 21h, 2e, +32 2 732 16 39
MARINA & THE DIAMONDS Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
mar 22.06
Couleur Café : SNOOP DOGG + NNEKA + FEMI KUTI + BEENIE MAN + SOPRANO + STAFF BENDA BILILI + FÉFÉ Bruxelles, Tour & Taxis, 15h, 42/34e
mer 16.06
VANESSA PARADIS Lille, Sébastopol, 20h, nc, +33 320 54 44 50
CHRIS ISAAK Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 43/40e, +32 2 548 24 24
MATE & FUDGE + JOKER & MC NOMAD + JAKES + BUNZERO + SCIENCE Gand, Minus One, 22h, 13/10e, +32 4 864 78 21
mer 23.06
PUGGY Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32
UZ JSME DOMA Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc, +32 2 223 34 74
YOHANN METAY Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
10 Years Tigersushi : JOAKIM + JACKSON & HIS COMPUTER BAND + DYE + TIGERSUSHI BASS SYSTEM Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
jeu 24.06
ven 18.06
WILLIE NELSON & FAMILY Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 39/36e, +32 2 548 24 24
NIGHTMARE + WITCHKING + HORACLE + TROUBLE AGENCY Charleroi, Coliseum, 20h, gratuit, +32 7 184 37 91
ven 25.06
CROWDED HOUSE + CONNAN MOCKASIN Bruxelles, Forest National, 20h, 50/32e, +32 7 025 20 20
sam 19.06 VINCENT MOSCATO Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 Sound Pellegrino La Belle Night : TEKI LATEX + DJ ORGASMIC + L-VIS 1990 Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
Graspop Metal Meeting : AEROSMITH + SLAYER + STONE TEMPLE PILOT + MY DYING BRIDE Dessel, GRASPOP FESTIVALPARK, 10h, 75e Couleur Café : SHANTEL & BUCOVINA CLUB ORKESTAR + NTM + SKA-P + EBONY BONES + DIAM’S + BEN L’ONCLE SOUL + RODRIGO Y GABRIELA Bruxelles, Tour & Taxis, 16h30, 42/34e, NEW STREET ADVENTURE + THE TWO Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
dim 27.06 Graspop Metal Meeting : KISS + KILLSWITCH ENGAGE + AMON AMARTH + BLOODBATH Dessel, GRASPOP FESTIVALPARK, 10h, 75e Couleur Café : NAS + DAMIAN MARLEY + GEORGE CLINTON + OLIVIA RUIZ + BALOJI + HINDI ZAHRA + LADY LINN & HER MAGNIFICENT SEVEN + WAX TAILOR Bruxelles, Tour & Taxis, 15h, 42/34e
mar 29.06 VALIENT THORR Arlon, Entrepôt, 20h, nc
mer 30.06 KMFDM Anvers, Trix, 20h30, 20/17e, +32 3 670 09 00
le mot de la fin |
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Un truc cool…
Kettle
En 2009, Brock Davis s'est lancé un défi : "Make something cool every day". Cet illustrateur facétieux et photographe hypersensible a terminé l'année en beauté avec 365 créations (photo)graphiques ! Voici un extrait du calendrier très personnel d'un mec définitivement cool.