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/ mai 2010 / GRATUIT
nord & belgique Cultures et tendances urbaines
Sommaire Let’smotiv - mai 2010 - #52
PASS © DR // Dharma Punk © Silvère Teutsch / LightMediation // Maleonn
8 News 14 Portrait Radio Les Z’entonnoirs événement Le PASS fête ses 10 ans ! 24 Reportage Les Dharma Punks 32 Portfolio Le bal des vauriens par Polo Garat 38 Rencontre Le Studio H5 présente Logorama 44 Enquête Les Tribute Bands 50 Série mode La colocation vue par Nicolas Fleuré 56 Musique Les Nuits Botanique, Benjamin Biolay, Mayer Hawthorne, Extra
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Life, Danton Eeprom, The Drums
72 Cinéma Interview de Bruno Délépine, Nuit Document'A.L. Portfolio Nostalgia par Maleonn 86 Exposition Les vacances de Mr René, Mark Brusse, Lydia D,… Agenda 100 Théâtre & danse Kunstenfestivaldesarts, Mac Beth, Dossier spécial
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nouveau cirque,… Agenda
112 Littérature Poisson Pilote, Cheval de Quatre, festival Par Monts et Par Mots 118 Chroniques livres, disques 122 Agenda concerts et soirées 130 Le mot de la fin Un truc cool par Brock Davis
Let’smotiv Nord & Belgique
114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com Graphiste : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: Nicolas Pattou - nicolas.pattou@tacteel.fr Hakima Lounas - h.lounas@letsmotiv.com
Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Faustine Bigeast, Brock Davis, Audrey Chauveau, Léa Daniel, Mathieu Dauchy, Fanny Delporte, Nicolas Fleuré, Polo Garat, Anissa Herrou, Fabien Kratz, Marie Kubaki, Carole Lafontan, Edouard Launet, Julie Lemaire, Justine Leuregans, Hakima Lounas, Maleonn, Otto Meisner, Louise Padox, Michel Paquot, Clément Perrin, Marion Quillard, Aurel Rotival, Sylvère Teutsch, Julien Vignier, Cécile Volanges, Olivia Volpi
Couverture : Maleonn, www.maleonn.com
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Hot Chip © DR
En bref… The Place to Beat
Quelques centaines d’artistes invités, quarante lieux investis, des dizaines de milliers de festivaliers attendus... des chiffres à la hauteur du nombre de décibels dispensés pendant une semaine aux quatre coins de la ville. L'association lyonnaise Arty Farty commet une nouvelle édition de son festival électro/indie, les bien nommées Nuits Sonores. Avec, pour dignes ambassadeurs Hot Chip, Prins Thomas, Paul Kalkbrenner, Booka Shade ou Joris Voorn. Boissons énergisantes hautement conseillées. ❥
12>16.05, Lyon, www.nuits-sonores.com
Consolons-nous !
© Bertrand Hennet
Télex
L’agence de communication Alerte Orange, à qui l’on devait déjà l’exposition « Retrogaming », s’est aussi fixé un grand pari(s) sur le toit de la Défense. Elle a transformé le lieu en autel sacré pour geeks et autres mordus du joystick. Dans ce musée d’un nouveau genre, inauguré le 14 avril, elle a réuni plus de 200 consoles, dont certaines préhistoriques. Une fresque épique et pixelisée sur le jeu vidéo et ses icônes, parsemée de rares spécimens, oubliés ou adulés. ❥ www.museedujeuvideo.com
Le label Tigersushi fête ses 10 ans ! L’occasion de revenir sur une décennie de musiques électroniques à travers une double compilation, et d’inviter ses artistes emblématiques (Joakim, Jackson etc.) derrières les platines du Libertine Supersport à Bruxelles le 26.06.
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Sur la route On vous connait. Le mardi soir, vous ne rechignez pas devant un bon petit Pékin Express. Par esprit de contradiction, nous avons préféré suivre une émission concurrente sur le site de Sud Presse (www.sudpresse.be). Deux journalistes en manque de colonnes ont entrepris un Picard Express, soit un road trip à travers la guillerette Wallonie picarde. Sans Stéphane Rotenberg, mais avec 1€ par jour et par personne. Si vous avez raté ça (l'expérience n'ayant duré que trois jours), n'ayez pas de regrets : l'année prochaine, Let'smotiv lance Koh Lanta sur la côte Belge.
© DR
© DR _ the Guardian
Too fast to live, too young to die
Ça plane pour lui ?
Les funérailles de Malcolm McLaren, tenancier de la boutique londonienne Sex, célèbre manager des New York Dolls et créateur des Sex Pistols, furent joyeusement suivies par une raya de punks tirés à quatre épingles (à nourrice). On en aurait presqu'oublié que McLaren n'était pas que le promoteur du punk rock. Après la vague No Future, cet agitateur malin s'intéresse à la world music (Bow Wow Wow), enregistre un album avec Catherine Deneuve (Paris, 1994) et préfigure le trip-hop, l'air de rien (écoutez le titre About Her). L'homme qui faisait « du cash avec le chaos » (sa célèbre devise) repose désormais non loin de... Karl Marx !
On savait David Lynch halluciné (Blue Velvet, Mulholland Drive), voire totalement flippé (Eraserhead, Twin Peaks). Mais on ne lui connaissait aucune affinité avec Tom Cruise. Pourtant, le 18 avril dernier, l'Américain débarquait à Lille pour promouvoir… la méditation transcendantale ! Pratique spirituelle ou obscure secte, le mouvement serait né dans le cheflieu du Nord, où atterrit son fondateur Maharishi Yogi (accessoirement gourou des Beatles). Selon Lynch, se concentrer en faisant de grands « Ooom » serait le meilleur moyen de lutter contre la violence à l'école…
La nouvelle série policière Lie to me de Sam Baum avec Tim Roth compte déjà des milliers de fans. Fictives, les enquêtes de l’intraitable Cal Lightman sont inspirées des travaux bien réels d’un scientifique américain, le Dr Paul Ekman, qui étudié les menteurs à la loupe. Il y aurait des signes qui ne trompent pas… à partir du 29.04 sur M6.
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Nouvel(le St)Art On vous parlait, il y a quelques mois, d'un casting d'artistes façon Nouvelle Star imaginé par le collectionneur anglais Saachi. La RTBF et la chaîne Canvas font monter les enchères. 7900 candidats plasticiens et quelque 24 000 œuvres ont ainsi été sélectionnés par d'intransigeants jurys régionaux pour concourir à « La collection RTBF/De Canvascollectie ». Les meilleurs d'entre eux, exposés du 6 mai au 6 juin à Baltard, pardon, aux Beaux-Arts (Bruxelles), sont désormais soumis aux votes du public. Un chèque de 10 000€ sera remis à votre candidat préféré. Pour Alice, tapez 1, pour Mona, tapez 2...
Le peuple de l'herbe © DR
© DR
Bon chic, mauvais genre
Les Folies de Maubeuge
C’est le nom de l’absurde séance donnée chaque premier vendredi du mois au ciné lillois Le Majestic. Avec la complicité du site web Matière Focale et de l'association Plan-Séquence, les projectionnistes fouillent dans les arcanes de tout ce que le Septième Art a oublié, perdu ou renié : films d’auteurs, séries B, nanars, classiques et autres perles rares… Le 6 mai, l’équipe fait fort avec The Wicker Man (1973). Non, pas le remake immonde avec Nicolas Cage. On parle du film culte de Robin Hardy, multi-récompensé et quasi-introuvable. On y sera.
Olivia Torrent, Le Peuple d'Emir, Beat de l'Herbe, Ruiz & The No Smoking Orchestra... Ooops, rien ne va plus. Reprenons nos esprits : Olivia Ruiz, Le Peuple de l'Herbe, Beat Torrent et Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra viennent faire un tour de Manège du 4 au 6 juin. Aussi ambitieuse que les précédentes, cette nouvelle édition des Folies est placée sous le signe du Conte de Fées. Et voilà comment, d'un coup de baguette magique, Maubeuge se transforme en pays des merveilles, peuplé de compagnies de cirque et de théâtre de rue. ❥ www.lemanege.com
Télex
L’an dernier, Art & Soul, Comm’un hommage et Lille 3000 célébraient les 40 ans de Woodstock lors d’une journée culturelle au succès retentissant. 2010 marque la quarantième édition du festival de l’Ile de Wight, berceau européen de la culture Hippie. Sans traverser la Manche, retrouvez l’ambiance folk & rock de l’île anglaise à la Gare Saint-Sauveur le 21 mai.
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Battre en retraite Quelque part entre les concours de pen spinning – sorte de jonglage avec un bic – et les performances d'air guitar, on trouve ces crayons à papier qui ressemblent comme deux gouttes d'eaux à des baguettes de batterie. Un accessoire hybride qui fera un parfait cadeau de départ à un collègue spécialiste de la percu sur bureau. Et à tous nos amis batteurs en herbe. ❥ 2 crayons HB disponibles sur suck.uk, 5£
Idée lumineuse Huile de coude La dernière radio de Lexon est jolie. Elle est aussi totalement écologique puisque fabriquée à base de bioplastique de maïs (PLA) et de bambou. Elle est également très économique. Puisque la pile, c'est nous ! En actionnant la manivelle pendant 2 minutes, c'est parti pour 30 mn de bande FM. Et parce que la radio c'est presque dépassé, ce petit bijou est équipé d'un amplificateur MP3 et d'une sortie casque. Les moins courageux seront ravis d'apprendre que « Safe » se recharge également sur secteur. ❥ Safe de Lexon, environ 65€
C'est bien une bombe... mais pas de peinture. Cette torche qui projette de la lumière ultra violette s'est donné toutes les apparences d'un aérosol pour mieux tromper son monde. L'idée est simple, l'utilisation tout autant. Le kit « Glow Gaffiti » comprend une toile réactive, des pochoirs et une lampe UV. De la lumière en canette si vous préférez. Ensuite, à vous de jouer ! Morpion, ombres chinoises, messages d'amour... une fois la lumière projetée sur la toile, il faudra encore quelques minutes avant que l'image se révèle. Glow Graffiti, « Paintwith light », déssiné par Random International et disponible sur suck.uk, environ 50€
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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ DR
La Colifata du Nord Il y a peu, c’était encore un lieu unique en France, une première dans le monde méconnu de la psychiatrie. Dans le petit studio de la Condition Publique, à Roubaix, des personnes présentant des troubles psychiques animent chaque semaine une émission de radio, « Les Z’entonnoirs ». Une heure de chroniques, d’humour et de poésie pour lutter contre l’indifférence. Avec un leitmotiv : « citoyen avant tout, thérapeutique après tout ».
Cinq ans déjà. Cinq ans que, chaque lundi, Bruno Morello endosse son costume de « Z’animateur ». Ce quinquagénaire aux yeux bleus, front haut et cheveux épars n’a pas peur du micro. Son truc à lui, c’est la poésie. Et aujourd’hui, Bruno se dit « désaliéné ». Grâce aux Z’entonnoirs ? « Je me sens mieux dans mes pompes. Les médicaments, c’est bien pour arrêter un délire, mais ça ralentit le cerveau. Au moins à la radio, je peux dire ma poésie. » Difficile d’évaluer les vertus
thérapeutiques de cet atelier volontaire : « J’ai essayé de créer des outils de mesure, mais ce n’est pas facile, explique Ahmed Haddouche, infirmier à l’Établissement public de santé mentale (EPSM) de l’agglomération lilloise. Mais ce qui se passe au niveau de la confiance en soi et de la maîtrise de la communication, c’est énorme ! » Car l’émission, diffusée sur plusieurs radios associatives, redonne à ces oubliés de la société une voix, une place, une citoyenneté. Elle
communication
cit
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Les Z’en tonn In oirs dé bo ul on na bl e
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Les Z’entonnoirs Diffusée sur radio Boomerang (89.7 FM) le ven à 16h, radio Campus (106.6 FM) le mar à 9h, radio Campus Bruxelles (48 FM) et radio Campus Liège (88.8 FM)
renoue le dialogue avec les « autres », les « normaux ». « Indéboulonnable » En 2005, qui pariait sur cette folle aventure ? Erika Schröder, sans aucun doute. Cette infirmière-cadre fut profondément marquée par un reportage sur la Colifata, la radio née en 1991 dans un hôpital psychiatrique de Buenos Aires. Débarquée à Roubaix, elle veut tenter l’expérience, enchaîne les demandes de financement et traque les partenaires. Et convainc Pascale De-
brock, alors directrice de la Condition Publique. « Ce projet a traversé tous les changements de direction : il est indéboulonnable ! », s’exclame Maud Piontek, de la Condition Publique. Et les Z’entonnoirs font déjà des petits : Radio Citron, à Paris, a été lancée en grande pompe en septembre 2009 et intéresserait Radio France. Erika, « la tête dans le guidon », mesure à peine le chemin parcouru. Bruno, lui, est plutôt fier de lui : « Je suis devenu un vieux con qui montre l’exemple. » /
texte ¬ Judith Oliver photos ¬ DR
Pass
pour la science Mai 2000. Au pied du terril qui surplombe Frameries, un nouveau lieu ouvre ses portes, unique en Belgique. La population locale, fière de voir l’ancienne exploitation minière renaître en fleuron de la culture scientifique, se mêle allégrement aux cols blancs, venus féliciter l’architecte Jean Nouvel. Dix ans plus tard, le Parc d’Aventures Scientifiques (PASS) n’a rien perdu de son caractère pilote. Expositions, animations, ateliers… Du haut de son châssis à molette, il réconcilie avec toujours autant de pertinence deux mondes qui s’ignorent : la science et la culture. Creusons.
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Vue extérieure du bâtiment.
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«O
n n'est pas militants, mais on aiguillonne. On essaye de poser les questions là où elles doivent l’être, on pousse au regard critique. Et puis… on rejette tout ce qui pourrait replier la science sur elle-même. Le PASS n’a rien de scientiste ». Pour nous parler de ce PASS qu’elle a vu naître (13 ans de bons et loyaux services et pas l’ombre d’un désamour), Laurence Müller n’a pas choisi le restaurant au hasard. Un italien. L’endroit rappelle d’abord l’histoire sociale du Borinage, qui connût une forte immigration transalpine. Mais ses nappes de papier ont surtout accueilli les premiers plans du lieu, puis, dans leur sillage, des centaines de croquis et projets d’exposition. Ce troquet familial aura donc été l’effervescent QG depuis lequel on érigeait ce musée unique.
Le bon filon Enfin, peut-on vraiment parler de musée ? Il y a bien sûr des expositions thématiques, toutes produites par la maison, qui constituent une sorte de collection permanente. Le parcours, circulaire, vous guide d’une salle à l’autre, d’un thème à l’autre. D’abord le charbon et son exploitation, puis l’alimentation, les gènes, le corps et enfin l’argent. La boucle se clôt sur un triptyque écologique (réchauffement climatique, développement durable, eau). Cependant, l’espace n’a rien de muséal. Et pour en apprécier le contenu, on doit toucher, jouer, s’impliquer.
Il faut traverser un labyrinthe, passer d’une alcôve à l’autre, grimper une passerelle, descendre une imposante salle des machines… Pour sûr, la logique qui soutient le projet du PASS n’est pas patrimoniale, conservatrice. D’ailleurs, où que l’on se trouve, on rencontre des signes contradictoires, associés à deux antipodes : la prospective et l’histoire. Bien sûr, il y a le pimpant aluminium relevé de verre, les robots et les blouses blanches. Mais ils font face au terril, aux vestiges, à un passé moins reluisant. L’ensemble génère un dialogue trop flagrant pour ne pas être assumé. Et pour sûr, il l’est.
Géologie du savoir C’est même la marque de fabrique du lieu, son ambition première. Frotter les sciences dures aux sciences humaines et à l’art. « On fait dans la sciencefriction » s’amuse Laurence, en citant Isabelle Stengers. « Hors de question d’être dans la simple démonstration de phénomènes scientifiques. On s’inscrit plutôt dans le sillage d’Edgar Morin qui fait l’éloge de la pensée complexe ». Chacune des 10 expositions thématiques concilie la rigueur d’un comité scientifique et l’audace d’une scénographie sur mesure. Tout est là pour stimuler votre raisonnement et ménager la confrontation de points de vue. Vue, ouïe, toucher, à chaque âge, sa façon d’accéder aux informations et de les assimiler. Libre à chacun, ensuite, de les combiner comme il l’entend.
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Le tour du propriétaire Le Hangar aux expositions Vous aimez les jeux de rôles ? Tant mieux, car vous mettre dans la peau d’un commerçant vénitien du xive reste le meilleur moyen de comprendre les rouages des échanges monétaires. Les chiffres, eux, sont trop fluctuants. Enfilez ensuite vos patins pour glisser sur la banquise et plongez dans la nuit polaire. Surveillez quand même la fonte du glacier.
La salle des machines Ambiance labo high-tech. Ici, on passe les gènes aux rayons X, de l’histoire de leur découverte à la sensible question de leur utilisation. Les soubassements de la salle des machines offrent quant à eux un dédale de niches consacrées à l’étude de l’anatomie et aux progrès de la médecine. Dis, on joue au docteur ?
Le belvédère Un grenier obscur et bruyant, pour recréer l’ambiance de la mine. Mais de géologie, il est finalement peu question. De témoignages en films s’esquisse l’histoire sociale du Borinage. Les coins et recoins de l’elliptique belvédère se peuplent ensuite de vaches et de cochons grandeur nature. Labels, crises, traçabilité : le contenu de l’assiette observé à la loupe.
Le palais des images Pour clore la visite, on s’intéresse au développement durable et à notre consommation d’eau. Et pour nous faire passer l’envie d’aller directement à la cafèt’, le PASS sort sa dernière carte : un système de projection unique, en forme de cube géant, pour une immersion totale dans le film. Enfin, dans le documentaire (on n’est pas à Bellewaerde, ici) !
Animations Entre les observatoires postés dans le jardin, le labyrinthe et le studio télé –dommage qu’ils soient réservés aux gamins -, il se passe toujours quelque chose au PASS. C’est encore plus vrai pendant les vacances scolaires. Après le festival Loustixs à Noël, « images de » en Février, le Pass propose à Pâques deux semaines consacrées à la robotique (Robotixs et trophées de Belgique).
Pass en Fête! Pour fêter ses dix ans, le PASS s’offre un lifting de passerelle et un mois d’animations festives : Du 13 au 16.05, fakirs et contorsionnistes alternent avec concerts de casseroles et fanfares jazzy. En ce week-end de Pâques, hors de question de rester enfermés: après avoir découvert les nouvelles attractions de la passerelle et joué avec ses robots, profitez des 28ha de jardin et de l'atelier de confection de cocktails à vélo ! Du 19 au 22.05, le PASS présente le spectacle Vague dans le cadre du festival « Un Pas de Trop » organisé par le Manège (Mons). Une fresque mémorable sur l'immigration, portée par une quarantaine d'acteurs qui s'apprécie... en plein air, encore une fois!
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Le PASS Parc d'aventures scientifiques de Frameries (à 6 km de Mons) tlj (sauf mer hors vacances scolaires), 9h>16h, we 12h>18h, 12,5/7,5€, pass annuel 30/20€, +32 70 22 22 52, www.pass.be
Dharma punks Le grand écart texte et photos ¬ Silvère Teutsch / LightMediation
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Mohan se baigne dans un lac et accomplit ses rites purificatoires lors de la venue de Narayana Maharaja, un ĂŠminent sage indien (Verbania, Italie).
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Crêtes, tatouages et riff grinçants mais chakras ouverts... quand les punks prient Bouddha, c'est le choc des cultures. Ou presque. Lassés des excès autodestructeurs et attirés par la spiritualité orientale, les « Dharma punks » ont trouvé dans le bouddhisme une façon radicale d'exprimer leur désaccord avec la société : le renoncement. Reportage sans confession.
A
près « no future », un nouveau slogan fait une apparition timide sur les badges et t-shirts portés dans les concerts punk : « Meditate and destroy ». Ces termes vous semblent contradictoires ? Noah Levine, lui, vous dira le contraire. Pour changer le monde, il faut commencer par une révolution intérieure : « Méditer et détruire ses mauvaises qualités, sa haine, son envie, sa cupidité. Détruire les masques que nous portons. » Noah Levine ? Ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, c'est l'une des icônes du mouvement Dharma punk. Drogué à l'héroïne avant même de fêter ses 12 ans, il a accumulé les peines lourdes en centre de détention juvénile pour vols aggravés et dégradations diverses. Mais grâce aux conseils avisés de son père, auteur de nombreux ouvrages sur la * Dharma Punx et Against the Stream.
spiritualité hindoue, ce grand gaillard se convertit en prison. En signant lui-même deux best-sellers* sur le bouddhisme alternatif, Noah Levine a acquis une petite notoriété dans les communautés spirituelles de New York et de Los Angeles. Aujourd'hui, il dirige de nombreux séminaires et anime des ateliers pour les jeunes délinquants. Dans son sillage, cet Américain apaisé a entraîné une cohorte de punks et de rockers revenus des discours vindicatifs et jusqu'auboutistes. Il n'est donc plus rare de croiser des adeptes tatoués lors de la venue d'un sâdhu ou d'un lama. Ou de tomber nez-à-nez avec des figures du mouvement punk lors de festivals européens de méditation.
Régime sec Loin des clichés, on retrouve des Dharma punks dans toutes les >
Phanybushan à l'occasion d'un rassemblement à proximité de la frontière suisse.
Mahesvara et Mohan en marge d'un festival de yoga en Hollande.
« Les piercings de ces convertis détonnent parmi des pratiquants plus orthodoxes. » catégories socio-professionnelles : étudiants, professeurs, artistes, travailleurs sociaux, chauffeurs... Leur pratique varie bien sûr en fonction de leurs obligations. Certains, retenus par le travail ou la famille, se contentent de l'étude des livres. Les autres partent méditer en Inde. Leur passé, souvent placé sous le signe de nombreux excès, s'efface alors au pied des temples où ils pratiquent désormais la religion avec une étonnante sincérité. « J'ai tout essayé, les filles, les joints, l'alcool... j'ai abusé de tout pour échapper à ce monde », confie le Finlandais Mohan, cordon sacré autour d’un torse tatoué. « C'est finalement dans la contemplation que je trouve chaque jour mon bonheur.
Au lever du soleil, je suis pleinement éveillé et conscient de l'équilibre universel... ». Bien sûr, les nombreux piercings de ces convertis détonnent parmi des pratiquants plus orthodoxes. Mais eux s'en moquent et se plient aux exigences de leur nouvelle philosophie. « Nous ne buvons pas, nous ne fumons pas » poursuit Mohan en souriant. « Si je suis végétarien, c'est par respect pour les animaux ». Converti il y a 10 ans, Mohan retrouve dans le bouddhisme des valeurs alternatives, mais à ses yeux tout aussi universelles. « Le punk-rock m'a donné une vision différente du monde et de la société. Mais on ne peut pas améliorer la société lorsqu’on est en permanence >
En haut : Pour ces punks brahmanes, l'hygiène corporelle est un des fondements de la religion. En bas : Les initiés reçoivent le cordon brahmanique et font leurs voeux : méditer chaque jour et respecter certains principes (végétarisme et abstinence de drogues, tabac, alcool).
Prema offre des fleurs durant une marche mĂŠditative. Bordeaux, France.
Une offrande au dieu Hanuman lors d'un rassemblement à proximité de la frontière suisse.
« Cette génération s’est tournée vers l'extrême orient sans renier ses racines punk. » « high ». Les stupéfiants, légaux ou non, créent des individus aux valeurs morales quasi-inexistantes.»
Communauté d’esprits Cette histoire, c'est celle d'une génération en colère qui n’a pas trouvé de réponse à ses questions dans la rage (against the machine ?). Elle s’est tournée vers l'extrême orient sans pour autant renier ses racines punk et son insoumission à toute forme d’autorité. Ce grand écart est possible grâce à la souplesse du dharma. Les religions orientales auraient le don d'accueillir sans problème des fidèles laïques ou hétérodoxes. De plus, au-delà des apparences, le
mouvement punk et le bouddhisme ont de nombreux points communs. Notamment sur les questions de liberté et de libre-arbitre, de souffrance et de frustration. Comme le pointe justement Don Letts, grande figure du punk anglais, auteur de plusieurs documentaires : « On a réduit cette scène à ses aspects superficiels : les épingles à nourrice, la crête et le nihilisme, alors qu'elle parlait de liberté, de responsabilisation et d'individualité. » Finalement, ce syncrétisme pas banal est une manière de dépasser le punk dans son acception la plus galvaudée et de redonner une crédibilité à un mouvement ô combien caricaturé. /
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Le Bal des Vauriens Ce soir, assez perdu de temps Ça frappe, ça cogne dans mes tympans Allez en piste ils sont arrivés Et leur musique va exploser Chantez, chantez leur refrain Dansons ensemble au bal des vauriens Et Bordeaux 85… sera nôtre Le rythme tonne, ensorcelant Sous un déluge de hurlements La distorsion hurle à la mort Un son gerbant unicolore Ce soir, pas question de dormir Le bal n'est pas près de finir Attention ça recommence Il est temps d'entrer dans la danse
« Pim ! Pam ! Même pas mal... Punks et skinheads groupés, surins et coups de poings, blousons, ceinturons, c’est mon bal des vauriens à Toulouse en 84, des souris déglinguées volaient dans l’alcool et la fumée. À Gilles ». Polo Garat
Camera Silens Paroles de la chanson « Le Bal des Vauriens » extraite de l’album Réalité (autoproduit, 1985) du groupe bordelais Camera Silens. Fleuron du punk français des années 80, aux côtés des Bérus, d’OTH ou d’Oberkampf, Camera Silens demeure à ce jour mythique, notamment grâce à des textes forts et évocateurs. http://euthanasie.records.free.fr
Ces images sont extraites de la série « 1984 en 48 photographies » réalisée à Toulouse par Polo Garat. Le photographe toulousain avait tout juste 17 ans et réalisait là ses premiers clichés. Depuis, il a réalisé de nombreux travaux, a co-fondé le collectif Odessa et expose régulièrement en France et à l’étranger. www.odessaphotographies.com
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Studio H5
Ludovic Houplain Now logo ! Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Studio H5
Le studio H5 n’a pas quinze ans, mais un legs déjà impressionnant. Tenez : une centaine de pochettes, flyers et autres typographies qui ont marqué la French Touch, des campagnes de pub pour des marques de luxe, l’habillage de Canal+, des clips pour Björk ou l’emblème de la marque Kulte. On parle beaucoup de H5 ces derniers temps, car les Frenchies ont remporté l’Oscar du meilleur film d’animation avec Logorama. Un court-métrage phénoménal durant lequel le Bibendum Michelin est lancé aux trousses du clown McDonald’s, qui a pris en otage le (sale) môme Haribo dans un décor uniquement constitué de logos. Un pitch indescriptible, pour un film halluciné. Rencontre logo…rrhéique avec le fondateur de ce studio pas comme les autres, Ludovic Houplain.
« On s’est inspiré des dialogues crus de Pulp Fiction, pour trancher avec l’aspect acidulé des logos. »
❖ Images extraites du court-métrage Logorama récompensé d'un oscar. Logorama - Réalisation : H5 (F. Alaux, H. de Crécy & L. Houplain) - Production : Autour de Minuit, Addict Films, H5, Canal+, Mikros - Images, CNC, Arcadi.
Images issues du storyboard ❖ de Logorama.
Vous précisez toujours que H5 n’est pas une agence. Pourquoi ? La plupart des agences visent d’abord la rentabilité. Nous, on privilégie l’équilibre artistique. Imposer les choses aux gens tue la création et l’envie. H5 travaille pour la publicité, le film, le luxe…. C’est une position qui a nécessité un relatif équilibre financier. Je me suis toujours dit qu’à un moment donné, on passerait le cap où l’on nous paierait suffisamment pour rester dans cette logique. Une campagne Dior, en 1999, nous a permis d’atteindre cet équilibre. Travailler pour le luxe, c’est une tout autre logique, non ? La moitié des agences de luxe ne travaille pas avec des agences de pub, mais directement avec des artistes. Si l’on est trop consensuel, sans parti pris, ça lasse les gens. Pour nous, le luxe c’est vraiment une parenthèse entre différents supports. Ceci dit, lorsqu’on répond à une commande on ne peut guère en sortir : planning, délai, budget… Quelle fut votre première réalisation vidéo ? C’était en 1999, avec le clip de The Child, pour Alex Gopher : reposant uniquement sur de la typographie, il contait l’histoire d’un accouchement à New York, bardé de clins d’œil à Aphex Twin, Taxi Driver…
Logorama contient aussi quelques petites références au cinéma populaire US, n’est-ce pas ? Oui, on s’est inspiré de films comme Pulp Fiction, aux dialogues crus, pour trancher avec l’aspect acidulé des logos. Antoine et moi n’avons pas fait d’école de cinéma, mais on pense qu’il n’y a pas mille manières de poser une caméra… Donc on a dérushé une trentaine de films. En essayant de comprendre comment ça marche, pourquoi il y a tel mouvement – on a appris sur le tas. L’idée de Logorama était-elle en germe depuis longtemps ? Le scénario, non. Mais le concept, oui. Des clips contenant cette idée ont failli être réalisés. Pour George >
rencontre |
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« La parade contre la censure : être hypermédiatisé dès le départ » Harrison, par exemple. Mais trop frileuse, la maison de disques nous a demandé de créer de nouveaux logos, des marques imaginaires. ça n’avait plus de sens. Plus tard, Beaubourg nous a commandé un film pour une exposition. On a donc proposé Logorama en disant : « Pas de problème, donnez-nous un mois ! ». À terme, on n’avait pas l’ébauche d’un début de seconde d’animation. Alors que le film devait durer quatre minutes… (rires). On a beaucoup parlé des risques juridiques pris par votre film. On a vite compris que si on voulait faire ce film, il nous fallait quitter les circuits traditionnels du clip, et l’imaginer en tant que court-métrage. M6, MTV ou les majors l’auraient censuré. On a donc sollicité trois avocats ! L’un d’eux a trouvé la parade : être hypermédiatisé dès le départ. Le lancement à Cannes faisait partie de ce plan. Nous n’avons jamais eu la moindre menace depuis. Logorama a-t-il une portée politique ? (sourire) Ce n’est pas un film altermondialiste ni contre la société de consommation. C’est un constat, que l’on retrouve chez Warhol ou Andreas Gursky. Les logos sont des
codes dans lesquels nous sommes immergés depuis des années. Comment avez-vous choisi les logos que vous souhaitiez détourner ? Les story-boards originaux ne comprenaient pas les logos – on les a cherchés ensuite, comme si on engageait des acteurs : un vrai casting, avec des recoupements de caractères, de formes. Alors, forcément, le tueur psychopathe, c’est le clown McDo. Mr Propre aurait pu avoir un côté à la Nicholson, mais il n’a même pas de jambes ! Quels autres logos auriez-vous souhaité utiliser ? Certaines séquences ont été réalisées en 2D, mais ne sont pas dans le film : Facebook, Volkswagen, Zodiac. Elles resteront à l’état de dessin. Pour finir : c’est quoi, un bon logo ? Un bon logo fonctionne en petit et en grand, en noir et blanc et en couleurs. En fait, je préfère dire ce qu’est un mauvais logo ; le logo SNCF ou TGV : ils flottent, il y a des dégradés, le TGV, on le retourne, c’est un escargot, c’est mou. C’est vraiment très mauvais. Dommage, car la SNCF en possédait un très bon, formé avec deux rails, dessiné par Roger Tallon. Désormais, on dirait
❖ Pochette d'album, étienne de Crécy, Superdiscount // Planches d'albums // Pochette d'album, Demon, Midnight Funk //Image extraite du clip d'Alex Gopher, The Child, Réalisation : H5 (A. Bardou-Jacquet & H. de Crécy), 1999.
un marchand de fleurs, on lit SKF… C’est représentatif de l’époque. On se fiche du passé, un nouveau logo est créé lorsqu’un nouveau dirigeant débarque dans une boîte et déclare « Bonjour ! je vais marquer de mon ❥
empreinte cette société avec un emblème magnifique ! » Tu parles… Il y a des sociétés familiales comme Michelin qui ont su faire évoluer leur logo, le renforcer, sans changer l’identité de la société. /
À découvrir / www.h5.fr, www.logorama-themovie.com à lire / This is the end. cover art by H5, texte : Adrian Shaughnessy et Alexis Bernier, designer : H5 & deValence, photo : Pascal Béjean, fév. 2009, 244 pages, 38€
The Rabeats : quatre garçons dans le vent venus d’Amiens. Ils ont réuni dans les salles françaises plus de spectateurs que les Beatles.
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texte ¬ Edouard Launet photos ¬ The Rabeats © Fabrice Demessence, Cover Queen © Jeff Alcaras
Tribute Bands Machines à remonter le temps Des dizaines de groupes remplissent les salles européennes et américaines en ressuscitant Led Zeppelin ou Deep Purple, le Jimi Hendrix Experience ou Abba. Ces tribute bands ne constituent certes pas un phénomène nouveau. Mais leur longévité et leur succès croissant étonnent. Eston là dans une nostalgie pathétique? Qu’est-ce qui se joue dans cette tributemania, dans ce faux et usage de faux ? Tentatives de réponse avec The Rabeats, quatre petits gars d’Amiens qui, à raison d’une cinquantaine de concerts par an depuis dix ans, ont réuni dans les salles françaises plus d’auditeurs que les Beatles eux-mêmes*. * Les 4 de Liverpool se sont produits deux fois en France
The B-38's (au lieu de The B-52's) jouent avec les chiffres pour mieux se glisser dans la peau des maîtres déjantés de la New wave 80's.
« Mieux qu'un juke-box, plus amusant qu'une vidéo. »
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e soir, il neige sur Aulnaysous-Bois (Seine-Saint-Denis), et il y a quelque chose dans l’air qui donne méchamment envie d’aller se pendre. Pourtant, aussitôt franchies les portes de l’Espace Jacques-Prévert, on se retrouve au milieu de 700 personnes qui ont le sourire aux lèvres. Le rideau se lève, on aperçoit sur la scène quatre types avec coupes au bol et costards sixties qui, du fond de la salle, peuvent passer pour les Beatles. C’est parti
pour deux heures de musique, soit une trentaine de tubes des Fab Four. Mieux qu’un juke-box, plus amusant qu’une vidéo : les Rabeats, tribute band (groupe-hommage) dédié aux compositions de Lennon et Mc Cartney, nous font passer un très bon moment. Nous jouons à être le public des Beatles, tandis que les musiciens s’évertuent à être les Beatles comme ils peuvent. On s'y croirait. « Le public et le groupe sont, d’une certaine manière, tous deux acteurs d’un
Pattes d'éph' satinées, cols pelle à tarte. La parfaite panoplie des babas d'ABBA. Mamma mia !
show : ils interprètent des rôles en se conformant à un ensemble de règles tacites », avance Ian Inglis, sociologue des musiques populaires à l’université de Northumbria. « Sly », chanteur et guitariste des Rabeats, confirme cette savante analyse : « Souvent, les gens nous interpellent en anglais. Ils nous lancent des ¨Hey John, how do you feel ?¨ » Ian Inglis parle d’« une suspension temporaire du scepticisme ». C’est donc à la fois un concert et une fiction.
Bande à part Les premiers groupes-hommages sont nés en Australie, puis l’idée s’est répandue à travers le monde. Dès les années 90, un tourneur de la région d’Amiens, Philippe Tassart, voulait faire venir en France les Bootleg Beatles, le meilleur des groupeshommages anglais. Le projet tombe à l’eau, mais Tassart entend parler d’un groupe de copains amiénois branchés Beatles. Va les voir jouer dans une pizzeria de Fort-Mahon- >
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« Se prendre pour les vrais Beatles relèverait du pathologique. » Plage. Est immédiatement séduit. Avec Tassart, les Rabeats vont s’y mettre de manière plus pro, perruques, costards étroits et éléments de scénographie pour évoquer l’époque. En 2003-2004, ils font la première partie d’une tournée de Pascal Obispo. Aujourd’hui, c’est une affaire qui tourne. «Ils font plus d’entrées que beaucoup d’artistes bénéficiant d’une plus forte notoriété», souligne leur producteur. Tenir la distance Les Rabeats affirment ne ressentir aucune lassitude à faire du LennonMcCartney en boucle. « Ce sont les plus belles chansons du monde, dit Sly. Et puis on essaie toujours de progresser, de mieux jouer ». Ils réécoutent régulièrement leurs prestations en concert pour voir si, sous le coup de l’enthousiasme, leurs interprétations ne dérivent pas trop par rapport à l’original. S’effacer derrière ses modèles n’est sans doute pas simple tous les soirs. Mais se prendre pour les vrais Beatles relèverait du pathologique. « La principale difficulté, analysent les Rabeats, c’est de se mettre chaque soir dans la peau de garçons d’une vingtaine d’années, avec une maîtrise pas toujours parfaite de leur
instrument mais d’un enthousiasme débordant. » Eux n’ont pas le droit à la spontanéité, et ils n’ont plus 20 ans ! Combien de temps encore tiendront-ils le coup ? En Angleterre, les Bootleg Beatles, nés en 1980, fonctionnent toujours avec la formation de départ (à une exception près). Trente ans de Bootleg-beatlemania, alors que le groupe original, lui, a duré moins de dix ans… Let it be « Le phénomène est parti pour durer », pronostique Ian Inglis, qui voit là un marché solvable : « D’un côté, le public a l’occasion de vivre quelque chose qu’il avait manqué ; de l’autre, les musiciens et leurs producteurs montent des spectacles plutôt lucratifs. » Le vieux serait-il devenu meilleur que le neuf ? « C’est une erreur de penser la musique en termes de « vieux » et de « neuf », répond Inglis. « Après tout, on écoute toujours Beethoven, Bach et Mozart. Les tribute bands ne font que recréer la musique de gens désormais indisponibles pour diverses raisons. » Il y a désormais des classiques dans la pop culture. Mais de leurs interprètes, on attend avant tout qu’ils soient fidèles aux enregistrements, pas aux partitions. /
À coups d'effets laser, sur des écrans géants, The Australian Pink Floyd Show recherche l'ambiance des concerts mythiques de la bande à Gilmour.
Grand mélomane, Freddie Caramia de Cover Queen maîtrise la guitare, le piano et le chant lyrique. The show must go on !
Photographies : Nicolas Fleuré // Modèles : Anne Sophie et Naïka // Coiffure : Remy Fournier, Unik // Maquillage : Perrine Sorriano // Stylisme : Emmanuel Delpiroux
Roomate mode | 50
Anne-Sophie : Chemise Carhartt Jean Silk n'jeans et baskets PF (l’Atelier) Naïka : Marinière BEND SHE (l’Atelier)
Combinaisons Paul Frank (Corezone) ; Montre noire Nixon ; Montre bleue TIMEX ; Lunettes bleues Vans
Na誰ka : Liquette Carhartt
1. Jean-Louis Murat
2. Tindersticks
Silence , ca pousse ! 3. Richard Hawley
Nuits Botanique
Dossier réalisé par ¬ Thibaut Allemand, Audrey Chauveau, Hakima Lounas et Olivia Volpi
Les Nuits Botanique ? La forêt vierge plutôt ! Pas facile de s’y retrouver au milieu d’une programmation si éclectique. Cela dit, le festival bruxellois n’est pas une exception : du Printemps de Bourges aux Paradis Artificiels, l’hétéroclisme est dans l’air du temps. On peut faire la fine bouche (« Mais qu’est-ce que c’est que cette affiche qui part dans tous les sens ? ») ou poser le problème en termes économiques (mais ce chapo-clac est trop court pour le résoudre). On peut aussi se réjouir qu’il y en ait pour tous les goûts. Et profiter de quelques concerts deci-delà dans un coin de verdure au pied des tours de verre.
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5. Absynthe Minded
4. Richard Hawley
6. Chapelier fou 7. We Have Band
8. Gil Scott-Heron 10. Black Lips
9. Gable
Jean-Louis Murat Tindersticks Richard Hawley
Et si on se posait cinq minutes ? Certaines affiches donnent le tournis, mais un esprit tordu peut tracer des liens en forme de lignes de fuite. On a dégotté trois concerts loin du brouhaha : Tindersticks, Jean-Louis Murat et Richard Hawley. Des valeurs sûres qui respirent la discrétion et le bon goût.
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n accueillant les Tindersticks, Jean-Louis Murat et Richard Hawley, les Nuits Botanique prennent le temps. Bien que très prolifique, Murat signe des disques empreints d’une langueur mélancolique chère à Stuart Staples et ses Tindersticks. Une nostalgie palpable chez le crooner Richard Hawley. Guitares Gretsch, Ray-Bans fumées et chansons éternelles, il surgit de 50’s fantasmées pour conter ses histoires de ruptures et autres déchéances. Faux solitaires, ces artistes n’ont jamais épanché leur soif de collaborations. Ex-Pulp, Richard a accompagné son longiligne leader, Jarvis Cocker, dans ses pérégrinations solo. De même, Murat s’est enfui en Arizona pour travailler avec Calexico, et on l’a aperçu aux côtés des… Tindersticks, ayant pour hôtes de choix Isabella Rosselini ou la regrettée Lhasa... Enfin, il y a chez eux un goût de la ruralité hardcore : l’Auvergnat traîne ses guêtres et rumine au pied des volcans endormis, Staples rend la Creuse enfin fréquentable et Richard Hawley… vit à Sheffield. Une ville certes, mais rugueuse comme un champ dévasté. Pour toutes ces raisons, le Botanique jouera sur un velours à la beauté délavée. Thibaut Allemand
Jean-Louis Murat + Scout Niblett, 9.05, 20h, Bruxelles, Botanique (Chapiteau), 22/19€, +32 2 218 37 32 Tindersticks + Françoiz Breut, 13.05, 20h, Bruxelles, Cirque Royal, 34/38€ Richard Hawley + Neil Mc Sweeney, 17.05, 20h, Bruxelles, Cirque Royal, 20/23€
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Gand, 2002. Un songwriter rock rencontre des jazzmen. Osmose singulière. Errances nocturnes. Naissance d’Absynthe Minded. 2005, de concerts en albums, le groupe s’est fait une place sur la scène belge (1re partie de Deus). 2007, A.M. dépasse les frontières avec dans son bagage des instruments vintage au service d’un rock parfois noisy mâtiné de jazz. 2010, cerise sur le sundae, la sortie du 4e opus déjà récompensé en Belgique présage de l’apparition de friandises pop sur scène.
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Absynthe Minded
Gil Scott-Heron
Avec deux-trois clips léchés et des chansons bien frétillantes, le trio We Have Band s’est fait une place sous les spotlights comme pour rire. Darren Bancroft et les époux WP écument les salles de concerts, précédés par une rumeur médiatique qui les porte aux nues. Nous-mêmes, on ne vous cache pas notre engouement : leur elctropop décomplexée se révèle diaboliquement efficace sur scène.
À ce niveau de légende, le dictionnaire des superlatifs s’épuise trop rapidement. Pour présenter plus simplement Gil Scott-Heron, on pourrait évoquer, en vrac : une vie passée de l’autre côté du rêve américain, la déchéance dans les bas-fonds new-yorkais, l’éclosion d’une esthétique (le spoken word, le rap, voire le slam de Saul Williams), un flow rocailleux (Johnny Cash, à côté, c’est Farinelli) ou l’incroyable hybridation culturelle (funk, soul, folk, electro, jazz sont broyés, disséqués et recollés). Mais on ne peut passer sous silence la résurrection d’un artiste n’ayant donné signe de vie depuis plus de quinze ans. Et qui revient, la bouche en cœur et clope aux lèvres, balançant benoîtement « I’m New Here ». Un p’tit jeune de soixante-et-un an, quoi. Qui incarne, à lui seul, le père et la relève d’un genre.
WE HAVE BAND + PIANO CLUB + TANLINE Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e
Gil scott-heron Bruxelles, Botanique, 20h, 31/28/25e
Absynthe Minded 15.05, 20h, Bruxelles, Orangerie, 19/16€
We Have Band
Gable
S’il ne fallait aller voir qu’un seul concert cette année, ce serait peut-être bien celui de GaBlé. Ne serait-ce que parce qu’il réjouira à la fois les amateurs de punk, de folk, de hip-hop et de rock. Mais surtout parce qu’il les ébouriffera tous, sans espoir de récupération du brushing.
G
ablé, ce sont trois jeunes gens à première vue inoffensifs. Mais que vienne à passer sur leur chemin un instrument de musique, un sample ou, à vrai dire, tout objet susceptible de produire un bruit quelconque, et les voilà qui se transforment en virulents alchimistes. Du plomb, ils font de l’or, et, de l’onomatopée, un chant. De l’expérimentation bruitiste, un flot chahuté mais cohérent, et qui emballe un max. Et ça, c’est pour la version album. Sur scène, les limites n’existent plus. En toute simplicité, pour leurs performances en festivals, ils avaient recruté une chorale de seniors, invitée dans leur spectacle avec autant de pertinence que les gobelets en plastique ou les perceuses se fondent dans leurs morceaux. On se croirait sur un stand de brocante tenu par des bateleurs sous acide, déterminés à faire la démonstration exhaustive de toute la camelote qu’ils ont apportée. Ça virevolte, ça martèle, ça entame un brin de chorégraphie collective, pour mieux se cacher derrière la batterie. Le trio devient quatuor, quintette, solo, on ne sait plus. Sauf qu’à la fin, on ne pense qu’une seule chose : « J’achète ! J’achète ! ». Olivia Volpi Gablé + Madensuyu 9.05, 20h, Bruxelles, Rotonde, 13/10€ à voir aussi / le 10.05, 20h, Lille, Aéronef, 12/6€, +33 320 13 50 00
Black Lips & Kign Khan Present The Almighty Defenders Riffs brouillons, fureur braillarde, rythmes bruyants, hymnes brillants – on ne présente plus les Black Lips. Histoire de surprendre, les affreux garagistes ramènent leur nouveau projet, The Almighty Defenders, formé avec l’activiste King Khan : sommité underground et prolifique, ce Montrealo-Indien exilé à Berlin aligne ainsi un groupe de plus à un CV déjà long comme le bras. On peut s’attendre à un concert où l’on ne prend rien au sérieux. Rien, sauf les chansons, vacillantes mais toujours bien ficelées. BLACK LIPS + THE KING KHAN & BBQ SHOW + THE ALMIGHTY DEFENDERS Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e
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Chapelier fou Armé de son violon et de quelques machines, Louis Warynski, alias Chapelier Fou, compose des morceaux lunaires et oniriques avec ce petit supplément d’âme qui fait cruellement défaut à Tim Burton. On pense évidemment à son compagnon de label Yann Tiersen, mais plus sûrement encore à des artistes comme Plaid ou Four Tet, qui enfouissent oreillers organiques et draps électroniques sous des édredons mélodiques. Car au-delà de la prouesse technique, ce sont les symphonies tintinnabulantes imaginées par le Messin qui renversent tout sur leur passage. CHAPELIER FOU + MIÈLE Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e
Les Nuits Botanique Du 7 au 17.05, Bruxelles, Botanique, +32 2 218 37 32, www.botanique.be à voir aussi / Paul Kalkbrenner, Shameboy (7.05), Le Peuple de l'Herbe, My Little Cheap Dictaphone, Skip The Use, Admiral Freebee (8.05), Micky Green, Emmanuelle Seigner, Revolver, Scout Niblett, Errors (9.05), Arnaud Fleurent-Didier, The Tellers, Syd Matters, Été 67 (11.05), The Dodos, Speech Debelle, Dum Dum Girls (12.05), Casey (13.05), Tété, RJD2 (14.05), Cocorosie, Rusko Dj, Wave Machines (15.05), Brigitte Fontaine, Bonobo, FM Belfast (16.05), Jamie Lidell, Sexy Sushi, Baloji, The Drums (17.05)…
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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ MM, Paris 2009
Laisse aboyer les chiens Biolay, c’est une histoire de malentendus. Une mèche grasse caressant la grande gueule d’un type imbu de lui-même, petit-bourgeois gonflé de fatuité. Joli portrait. Pourtant, derrière les apparences, Biolay a signé quelques beaux faits d’armes. Remettons deux-trois choses en place. Fils d’ouvrier lyonnais, le sosie français de Benicio Del Toro est monté à Paris, il y a une quinzaine d’années. Arrangeur couru, il collabore avec Keren Ann et remet Henri Salvador en selle. En bon artisan, il travaille indifféremment avec une star académicienne ou Judith Godrèche. Et balade sa tête à claques comme on traîne son mal-être. En bon suicidaire. Si l’on n’a pas vraiment goûté aux trois premiers Lp’s de BB, on révise fissa notre jugement avec Trash Yéyé (2007), semi échec commercial qui ne manque ni de cœur, ni de corps. Complexe et complexé Évidemment, la sortie l’an passé de La Superbe change la donne. Un double album remuant musique classique, chanson française, pop anglaise et rythmes hip-hop. L’influence de La Rumeur ? Plutôt celle du producteur de Booba. Multirécompensé aux fameuses et fumeuses Victoires de la Musique, le ténébreux se déclare « illégitime ». Comme si, après Bashung, la pop française avait disparu. Vaste foutaise, évidemment. Mais cette phrase révèle une surprenante humilité de la part d’un chanteur qui n’a jamais trouvé sa place dans la scène hexagonale. Comme l’auteur de Fantaisie Militaire, le chien fou a longtemps louvoyé avant de se livrer tout à fait. Et se trouve dans une drôle de niche : artiste, tout sauf consensuel faisant l’unanimité. Jusqu’à quand ? / ❥
BENJAMIN BIOLAY 30.05, 20h, Lille, L’Aéronef, 25€, +33 320 13 50 00 6.06, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, 25€, +32 2 548 24 24
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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ DR
Ne me quitte pas L'histoire de la musique est pétrie de chansons d’amour, de ballades sur fond de ruptures sentimentales. Comment donc renouveler le genre ? Comment rompre avec élégance ? Mayer Hawthorne propose sa version avec un Just ain't gonna work out impeccable, guide de la parfaite séparation en 2,35 minutes. Dans son clip, il arbore un sourire radieux et affiche un look tiré à quatre épingles. Stratégie un brin étrange pour se débarrasser de l'être (mal) aimé... Plus encore, Hawthorne imagine la parfaite bande-son : une soul cotonneuse, cuivrée et entêtante, inspirée de Smokey Robinson, Curtis Mayfield, Lamont Dozier ou encore Brian Holland. Pas étonnant que ces artistes soient ses maîtres à penser : Hawthorne a grandi à deux pas de Détroit, berceau de la black music où siégeait le vénéré label Tamla Motown. Oui, sa musique sonne incroyablement vintage. Mais loin de se contenter de singer ses idoles, le prodige de 29 ans offre à l'histoire de la soul une suite inespérée, en insufflant à ses compositions un vent moderne et bienfaiteur. Que ce soit sur Just ain't gonna work out ou Maybe so, Maybe no, il pose son irrésistible voix fluette sur des mélodies simples mais léchées, où batteries, claviers, cuivres et cordes sont flattés par une production contemporaine. En plus d'être musicalement irréprochable, son premier album A Strange Arrangement, déborde de romantisme. / ❥
Mayer Hawthorne + Gablé 10.05, 20h, Lille, Aéronef, 12/6€, +33 320 13 50 00 Mayer Hawthorne + DJ Mehdi + Riton 22.05, 21h, Anvers, Petrol, 15/12€, +32 3 226 49 63
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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ DR
Sur la vague Garder sa cravate à la plage : voilà le genre d'images qu’on serait obligé d'utiliser pour caractériser la pop de The Drums. Et pourquoi pas Joy Division sur un skate, tant qu’on y est ? Mise au point sur un groupe adepte du crossover. The Drums jettent un pont entre Manchester et Los Angeles, lit-on partout dans la presse spécialisée. Même sur la toile, de Twitter à Pitchfork, ces New-Yorkais sont classés entre le rayon new wave et la musique pour surfeurs, entre Peter Hook (New Order) et Brian Wilson (Beach Boys). Une étiquette collée à la va-vite, juste après la sortie de leur premier single intitulé... Let's Go Surfing. Un titre ensoleillé qui, curieusement, n'était pas prévu sur leur premier album - déjà annoncé comme l'un des disques de l'année. Le reste du temps, s’ils convoquent des sonorités coldwave (genre apparu à la fin des années 70, sombre et mélancolique), c’est ensuite pour mieux les tourner vers la lumière. Ces jeunes gens modernes délivrent en effet des compositions sur un mode nettement plus hédoniste. Ils prolongent le genre, spontanément grâce à des ritournelles généreuses et une pointe de cosmopolitisme propre à Manhattan. « Nous aimons les années 50, parce que c’est une époque où la pop était à inventer. Il n’y avait pas de cynisme, que des sentiments bruts et des mélodies ! » ont-ils déclaré. The Drums ne semblent pas prêts de se noyer dans cette fameuse « vague froide » tant remémorée. Des vrais rois de la glisse, on vous dit ! / ❥
THE DRUMS 17.05, 20h, Bruxelles, Botanique, 16/13/10€, +32 2 218 37 32 19.05, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 13/10€, +33 320 70 10 00
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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR
Hardcore grégorien Nous sommes d’accord : les enthousiasmes mensuels peuvent fatiguer. Ou laisser perplexe. La dithyrambe à suivre n’échappe pas à la règle. Extra Life peut tout à la fois fatiguer, laisser perplexe… ou vous fasciner. Ici, on a choisi la dernière option. Il y a quelques années, Extra Life publiait Secular Works, concentré de math rock même pas déviant – on y retrouvait tous les breaks au carré, accords démultipliés et mélodies euclidiennes inhérentes au genre. Sauf que le quintette croisait ces théorèmes avec d’autres, bien plus anciens, issus de la musique médiévale. Sa tête pensante, Charlie Looker, a fait ses classes avec le gotha de l’underground avantgardiste new-yorkais : Glenn Branca, John Zorn, autant de musiciens plus facilement cités qu’écoutés. Au cours d’un second album qui marquera son temps, Extra Life défie la modernité avec des techniques vocales d’un autre âge (plain-chant, mélisme et autres termes peu rencontrés dans cette deuxième moitié du xxe siècle). Sur les planches, Extra Life semble jouer au-delà de la vie, ou plus exactement à côté : les vicissitudes du quotidien sont exaltées avec une violence post-hardcore et le chant de Locker, comme adressé aux étoiles, nimbe de mystère et de sacré un genre dont on avait un peu fait le tour. Sans parler d’un jeu de scène tenant de la raideur martiale et du maniérisme morrisséen. On vous avait prévenu : ce groupe n’est pas un enthousiasme mensuel, mais une franche révélation. Et même si la Malterie relève plus de la crypte que de la cathédrale, venez communier. / ❥
Extra Life 30.05, 20h, La Malterie, Lille, 5/7e, +33 320 15 13 21
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texte ¬ Clément Perrin photo ¬ DR
Electron libre Icône de la scène électronique depuis la moitié des années 2000, Danton Eeprom est le parfait chaînon manquant entre rock et techno. Pas étonnant de le croiser tant dans les salles de concerts que dans les clubs. Retour sur le parcours d’un artiste protéiforme. Danton Eeprom a connu plusieurs vies musicales. Issu de la scène rock, il s'immerge dans la techno et en ressort d’abord avec un live détonnant, sorte de cabaret décadent habité par un personnage de dandy en queue de pie et haut de forme. Il tombe ensuite le chapeau et connaît la consécration avec Confessions of an english opium eater, qualifié de « meilleur track techno de la décennie » par Andrew Weatherall, LA référence du mariage rock et techno Outre-Manche. Aussi, lorsque Danton le Marseillais pose ses valises à Londres, ce genre de commentaires lui ouvre bien des portes... S'ensuivent des maxis délivrés avec parcimonie, sur des labels bien choisis : Infiné, Tsuba, Freak'n'Chic voire le sien, Fondation, (qui accueille prochainement une première sortie rock, on ne se refait pas). Fin 2009, Yes is more marque le passage au long format et une nouvelle étape de création. Très personnel, cet album est proprement inclassable. Entre techno, pop, rock, house, difficile de dire vers quoi penche ce grand fatras pourtant bien cohérent. Une chose est sûre, il ne perd jamais de vue le dancefloor. Vérifiez-le donc sans tarder le 4 juin prochain au Grand Mix à Tourcoing (France). / ❥
TOURCOING'S BURNING #2 : Danton Eeprom + Mowgli + We Are Enfant Terrible + Lowclub 4.06, 23h, Tourcoing, Grand Mix, 12/15€, +33 320 70 10 00
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Entretien avec Benoît Delépine
Mammuth A 60 ans, l’heure de la retraite sonne pour Serge Pilardos, employé dans une boucherie industrielle. Mais celui qu’on surnomme Mammuth peine à rassembler la paperasse nécessaire. Poussé par sa femme, il enfourche sa vieille moto et part sur ses anciens lieux de travail à la recherche des fiches de paye manquantes. Au fil des rencontres et des souvenirs, c’est toute sa vie qui lui revient à la figure. Pour leur quatrième long-métrage, les Grolandais Gustave Kervern et Benoît Delépine ont composé une oeuvre douce-amère, à mi chemin entre road-movie nostalgique et satire sociale.
propos recueillis par ¬ Fanny Delporte photos ¬ DR
Votre film aborde entre autres le thème du déclassement social. Est-ce pour autant un film militant ou engagé ? Non, dans le cas de Mammuth la dimension sociale est plutôt une toile de fond. Un pauvre gars se retrouve sur des lieux de travail qu’il a connus étant jeune et qui ont profondément changé. L'ambiance est plus tendue. Il y est reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Le travail rime désormais avec deman-
de de performance. Mais pour nous, ça ne va pas plus loin que ça. Mammuth est moins radical, moins porté sur la dénonciation que Louise Michel. Serge ne pouvait pas non plus buter tous ses anciens employeurs (rires). Vous avez utilisé une pellicule particulière que vous qualifiez de « noir et blanc en couleurs ». Pourquoi ce choix ? Nous avons utilisé du super 16 >
inversible. C’est une qualité de pellicule qui était réservée aux actualités télévisées dans les années 60 et 70. C’est un peu l’équivalent des diapositives pour la photo, pas besoin de négatif, cela permettait d'aller plus vite. Cela renforce le caractère nostalgique de l’histoire de Serge Pilardos et donne du poids à ses souvenirs. Et puis, on n’avait pas non plus les moyens d’Avatar... (rires). Avez-vous intégralement écrit le scénario ? Oui. Contrairement à nos deux premiers films, Altraa et Avida, pour lesquels nous avions seulement déterminé une trame. Avez-vous d'emblée pensé à Gérard Depardieu pour incarner Mammuth ? Oui. Non seulement ça tombait bien, il venait lui-même d’avoir 60 balais, mais surtout on ne voyait personne d’autre pour incarner ce personnage. C’était
une évidence. On connaissait mieux son fils, mais en lisant certaines de ses déclarations, on s’est aperçus qu’il avait encore la niaque donc on a tenté notre chance. Comme nous, c'est quelqu’un de très instinctif. Quand on lui a présenté l’idée du film, il a immédiatement évalué son potentiel et donné son accord sans attendre le scénario. Et Isabelle Adjani ? Elle avait dit du bien de nous dans des interviews donc on a aussi tenté le coup (rires). Notre rendez-vous avec elle s’est bien passé, même si nous étions très intimidés derrière nos lunettes noires. Finalement, nous avons parlé de tout sauf du film ! Elle est drôle et elle a aussi un petit grain donc on s’est bien entendus. De film en film, on retrouve chez vous les mêmes acteurs, même pour de simples apparitions : Albert Dupontel, Yolande
cinéma |
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« On se sent toujours plus à l’aise dans un bar de Bruxelles qu’en France ! » Moreau, Noël Godin, Bouli Lanners. C’est votre famille de cinéma ? Ce sont des gens qu’on adore, et dont on apprécie énormément le travail. On a une communauté d’esprit avec eux. On se respecte, on s’entend bien, on rit beaucoup. S’ils le peuvent, ils tournent avec nous et vice-versa. Effectivement nous sommes une petite confrérie ! Oui, mais vous-même vous ne vous prêtez pas souvent au jeu... Je ne me considère vraiment pas comme un bon acteur. Plutôt que de gâcher un film avec une apparition ratée je préfère me mettre en retrait. On s’est bien marré avec Gustave sur Aaltra parce que c’était une aventure de potes ; mais quand il y a des cadres comme sur Mammuth, je n’ai pas envie de les ruiner. Benoît Poelvoorde en tant qu’acteur principal vous y avez déjà pensé ? Bien sûr, ce n’est pas exclu. Il suffit qu’on trouve la bonne idée. Mais lui-même passe par des phases incertaines : il a envie d’arrêter de jouer, d’acheter une librairie, d’aller en Afrique etc. ❥
(rires). On a peut-être une idée à lui proposer, on espère le voir lorsqu’on présentera le film en Belgique dans les semaines à venir. Quel est votre rapport à la Belgique ? Lorsqu’on a présenté Aaltra, tout le monde pensait que Gustave et moi étions des réalisateurs belges et on n’a jamais démenti (rires). En Belgique il y a moins de prétention qu’en France, cela permet de travailler plus naturellement. Il n’y a jamais de condescendance pour les autres. On se sent toujours plus à l’aise dans un bar de Bruxelles qu’en France ! Et il y a un amour du cinéma qui privilégie l’humain à l’esthétisme. La Belgique est moins marquée par cette ‘grande histoire du cinéma’ dont se réclame la France. La Nouvelle Vague a été tellement galvaudée, c’est devenu une Eglise. La Nouvelle Vague belge, pour moi c’est l’émission de télévision Strip-tease, tellement plus naturelle. Strip-tease a donné naissance à une forme de cinéma. C’est arrivé près de chez vous, par exemple, c’est un épisode de strip-tease qui suivrait un serial killer. Les frères Dardenne n’en sont pas loin non plus avec leur caméra à l'épaule. Malgré un humour noir terrible, le naturel des gens est toujours mis en avant. Cette école donne des films plus vivants, moins guindés. /
Mammuth De Benoît Delépine et Gustave Kervern ; avec Gérard Depardieu, Yolande Moreau, Anna Mouglalis, Isabelle Adjani, Siné, Bouli Lanners, Benoît Poelvoorde...
cinéma |
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texte ¬ Audrey Chauveau photos ¬ DR
Grand-angle latino L’association Colores Latino Americanos créée en 2001 présente une Amérique Latine plurielle et sans discrimination. Après avoir participé en musique à de nombreux festivals, elle inaugure la 3e édition des Nuits Document’a.l. Avec des sudacas* filmés en dehors des sentiers battus. Que les choses soient claires : oui, il y a des gauchos en Argentine, de la samba au Brésil, des mariachis au Mexique et des cigares à Cuba ! Ce décor truffé de lieux communs étant planté, passons à l’essentiel ! L’association Colores Latino a sélectionné 17 documentaires qui traversent l'immense continent sud-américain. Depuis Tijuana jusqu’à Ushuaia, on partage, tantôt contemplatifs tantôt indignés, la vie des habitants de ces contrées lointaines. Ainsi, The Coca-cola case revient sur une étrange nuit en Colombie. Lorsque la célèbre multinationale américaine s’entendait avec des paramilitaires pour éliminer des syndicalistes trop gênants… En Amazonie, Dirty paradise dénonce quant à lui le désintérêt de l’état français pour les Indiens de Guyane. Ne manquez pas la soirée argentine qui présente El gaucho, un road-trip initiatique, suivi d’un concert de Tango. Des nuits placées sous le signe de la rencontre qui ouvrent à chaque fois sur un peuple, un pays, sur tout un continent. / * terme assez péjoratif, employé en Espagne pour désigner les populations d’Amérique Latine.
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Nuits DocumentA.L. du 4 au 14.05, Métropole Lilloise, divers lieux et tarifs, prog complet sur www.colores-latino.com. 4. 05 : Nuit Colombie (The Coca Cola Case à 19h, Méliès), 5.05 : Nuit Bolivie (19h, L'univers) ; 7.05 : Nuit Amazonie (19h, Hybride, Dirty Paradise à 21h30), 8.05 Nuit Pérou (20h30, Gare St Sauveur), 9.05 : Nuit Argentine (14h30, El Gaucho, Gare St Sauveur), 11.05, Nuit Mexique (19h30, Kino)
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Nostalgia Photographie, design graphique, peinture // Shanghai, Chine // www.maleonn.com
texte ¬ Carole Lafontan
« Les autres voient toujours plus clair que nous-mêmes », lâche-t-il, dans un sourire. Ce proverbe chinois est une élégante façon d'éluder notre question. Car Maleonn n'est décidément pas à l'aise lorsqu’il s’agit de décrire son travail. En revanche, il est intarissable sur sa passion : l'image. Quand, en 1995, il sort diplômé des arts appliqués (université de Shanghai), Maleonn a une carrière de directeur d’agence de publicité toute tracée devant lui. À la tête d’un studio de films et d’une équipe de 12 personnes, il décide pourtant de tout quitter en 2004. La relation avec les clients, sur fond de rendement et d’efficacité, ne l'épanouissait pas. Sensible à la peinture et au design graphique, il se tourne
alors vers la création indépendante, surtout vers la photographie. Et s'offre son premier appareil à 32 ans ! Ce qu'il envisageait dans sa jeunesse « comme une activité purement technique, presque comme réparer une auto ou bricoler une montre » est devenu un terrain fertile pour sa créativité débordante. Depuis, Maleonn expose dans le monde entier, accumule les récompenses. Puisant son inspiration dans la littérature et le cinéma, il collectionne des petits objets inutiles, qui habillent ensuite chacune de ses œuvres. Un sens du détail extraordinaire associé à une poésie délicieusement surréaliste... La série Nostalgia, réalisée en 2006, semble ressusciter sa jeunesse perdue et ses utopies passées. Derrière l’incongruité des scènes émergent des thèmes forts : l’amour brisé, la fuite du temps… /
exposition |
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texte ¬ Marie Kubacki photo ¬ Henri Matisse, Le Rêve © Succession Matisse, Paris © Collection Centre Pompidou, Dist. RMN / Adam Rzepka
Le chant du signe Elle fut la muse, le modèle, l’aide d’atelier, la secrétaire et l’amie du maître de 1932 à 1954. Le Musée Matisse lui consacre une exposition. À travers l’énigme sibérienne Lydia Nikolaevina Delectorskaya, c’est la quête intime et artistique des vingt dernières années du peintre qui se dessine. C’est un soir de 1932. Epuisée par sa journée auprès de Madame Matisse dont elle est la dame de compagnie, Lydia, blonde orpheline sibérienne gracile, s’est assoupie sur un coin de table. Matisse, qui n’a jamais prêté attention à elle –il préfère les brunes plantureuses, s’écrie : « Ne bougez pas ! ». Il ne se remettra jamais de cette vision. Elle devient son modèle. Le peintre la croque, l’habille, la peint, lui écrit des lettres enluminées : « à Madame Lydia, pleine de sagesse, responsable des plus belles distractions du ciel et de la terre ». Il aime son naturel, son visage anguleux qu’il déstructure au fil des toiles, père terrible du fauvisme. Lydia lui donne le goût de l’arabesque, ligne pure « qui traduit avec un signe l’ensemble des choses ». Stupeur. Voilà que le visage devient une forme d’un rose dérangeant dont les traits sont abolis. Avec Lydia, Matisse pratique la peinture soustractive, il peint puis efface, gratte la matière pour aller à l’essentiel, « ce qui aura une signification plus large, plus pleinement humaine ». Au fil des salles, le style s’épure, refuse tout bavardage. Ainsi Lydia Nikolaevina Delectorskaya devient-elle Lydia D. / ❥
Lydia D, muse et modèle de Matisse jusqu’au 30.05, Le Cateau-Cambrésis, musée départemental Matisse, tlj (sf mar) 10h>18h, 4,5/3€, +33 327 84 64 50. Visites guidées le samedi et le dimanche. Catalogue 39€. 21 peintures, 120 dessins, 20 livres illustrés.
exposition |
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texte ¬ Julien Vignier photo ¬ The Mountain-fish, 1988 © Adam Rzepka-ADAGP, Paris2010
L’art et la raison Le LAAC et le musée du dessin et de l’estampe originale s’associent pour présenter quatre-vingts œuvres de Mark Brusse. Installations, dessins, peintures, collages… Un panorama complet de ce néerlandais inclassable, fasciné par les matériaux bruts et la récupération. Il y a trois ans, Mark Brusse a offert au LAAC trois œuvres de la série Natural Woods réalisées en 1968 pour une exposition au Stedelijk Museum d’Amsterdam. Ce don a généré un dialogue fécond entre l’artiste et les conservateurs à l'origine de cette rétrospective, thématique à Dunkerque et plus chronologique à Gravelines. Les œuvres qui rejoignent les collections du LAAC et les photos des différentes interventions réalisées dans le passé surprennent par leur simplicité. Comme ces pièces rectangulaires en bois brut qui sont parfois suspendues à quelques centimètres du sol. Une sobriété mais une tension immense. Le contraste est fort avec le reste : moult assemblages, installations, peintures et collages truffés d’éléments oniriques, exotiques et organiques. Un foisonnement d’idées qui interroge sans cesse le petit monde de l'art. Tel cette vitrine qui expose une plume, ou cet escabeau dégingandé portant aux nues un papillon. Avec la nature pour dernier horizon, il répond par un pied de nez aux tenants d'un art plus conceptuel. Ce travail est très bien résumé par l'œuvre Hésitation composée d'une paire de sabots en équilibre sur des planches. Force, fragilité et élégance. / ❥
Heureusement l’art n’est pas raisonnable, Mark Brusse jusqu'au 13.06, Gravelines, Musée du dessin et de l'Estampe originale, +33 328 51 81 00 jusqu'au 19.09, Dunkerque, LAAC, mar>dim, 10h>12h15, 14h>18h30, +33 328 29 56 00
exposition |
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texte ¬ Justine Leuregans photo ¬ DR
Du poil de la bête Période glaciaire, migration, fourrure exubérante, défenses démesurées... ces quelques mots suffisent à rappeler l'épique croisade de Manny le mammouth et ses potes dans L'Âge de Glace. Mais science et cinéma ne font pas toujours bon ménage. Le Forum Départemental des Sciences compte bien rétablir la vérité. Coup de blizzard sur les idées reçues. Nul besoin, ici, de lunettes 3D mais de sens aiguisés. Dès l'entrée de l'exposition, vous vous retrouvez « nez à trompe » avec Félix le mammouth, accueillante (?) mascotte de trois mètres soixante. Cette reconstitution aussi fidèle qu'impressionnante du mammouth laineux qui peupla les steppes eurasiennes et américaines il y a quelque 20 000 ans annonce la couleur. L'exposition nous immerge pleinement - vue, ouïe, toucher - dans l'époque de ce monumental quadrupède poilu. Entre les tableaux pédagogiques, les écrans interactifs et les tas d'ossements, les caractéristiques physiques de l'animal sont passées au peigne fin. Jusqu'à donner le vertige : 5 tonnes de chair, 100 kg d'ivoire, 2 kg de molaires, 90 cm de poils, 8 cm de graisse sous la peau, 180 kg d'herbe ingérés par jour grâce une trompe de 100 kg... On comprend mieux les nombreuses spéculations autour des premiers squelettes. Si les sections sur le mode de vie et l'environnement visent davantage les enfants -qui manifestent leur enthousiasme avec force barrissements-, les conférences de Patrick Auguste, chercheur de Lille I, satisfont quant à elles les plus grands. Une expo au Poil ! / ❥
AU TEMPS DES MAMMOUTHS jusqu’au 22.08, Villeneuve D'Ascq, Forum Départemental des Sciences, mar>ven 10h>17h30, we et jours fériés 14h30>18h30, de 1,5 à 5€, +33 320 19 36 36
exposition |
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texte ¬ Louise Padox photo ¬ Vague © Jacques de Backer
Album de familles La référence à Tati dans le titre annonce une succession de saynètes où l'humour rejoint la poésie. À raison. Sur les pas d’un certain Monsieur René, Jacques de Backer immortalise les vacanciers septentrionaux. On les croise sur les plages du Nord, perchés sur des rochers, attablés à une terrasse. Une familiarité qui appelle un sourire complice. Mais qui est donc ce monsieur René ? Les textes qui accompagnent la vingtaine de grands formats brouillent volontairement les pistes. Tantôt grand père du photographe, tantôt double populaire de Magritte, tantôt self made man belge... Le personnage n'est autre que ce que l'on projettera sur lui. À l’image des protagonistes qui peuplent les photos. Postés là, face au bord de mer, sur une digue de la Côte d’Opale ou sur les plages belges, l’on reconnaît dans ces silhouettes une partie de nous-mêmes et beaucoup des vacanciers que l’on a pu croiser. Une galerie de portraits à mi-chemin entre vérité documentaire et idéal-types. Un peu comme les personnages de Tati dans Les Vacances de Monsieur Hulot. Jacques de Backer, passionné de cinéma, assume la filiation : « j’ai toujours adoré ses univers désuets et absurdes, sa dérision intelligente, son décalage, qui l’air de rien, engage par sa justesse une réflexion sur l’homme ». Plus largement, de Backer emprunte au 7e art sa dimension narrative. Dans chaque cliché, un micro événement, un regard, une posture cocasse. La scène pourrait être tirée d’un film, et l’on se prend à imaginer ce qui se passe, s’est passé et se passera… / ❥
Les vacances de Monsieur René du 8.05 au 6.06, Tournai, maison de la culture, mar>sam, 10h30>18h, dim 14h>18h, entrée libre, +32 69 25 30 80
agenda Noir, Les Cyclopes, Mannequin Linda Byrne, Viva Model Management © Olivier Theyskens
The Eye that Never Sleeps © Donovan
Noir
The Eye that Never Sleeps
« Black is beautiful ». L’adage ne s’est pas toujours appliqué à cette couleur sombre, longtemps symbole de deuil et de mort. Pour nous le prouver, le musée de la mode d’Anvers nous fait traverser les siècles, de tableaux en costumes, de fourrures en dentelles jusqu’aux grands noms de la mode contemporaine. Les créations d’Ann Demeulemeester, Olivier Theyskens, Dirk Van Saene, Riccardo Tisci ou Chanel s’imposent magistralement dans ce parcours historique bien mis en scène. ❥ ANVERS, jusqu’au 8.08, MOMU, mar>dim,
Quarante tirages « vintage ». Autant de portraits de stars, de magnifiques nus, et de scènes de genre qui ont bousculé le monde de la photographie. Pionnier oublié, Donovan a laissé derrière lui un vaste panorama de la culture et du chic anglo-saxons, dans la même veine qu’Helmut Newton ou Richard Avedon. Laissant de côté ses œuvres les plus attendues, la galerie retrace le parcours de celui qui collabora aux plus grands titres féminins (Harper’s Bazar, Vogue, Vanity fair)... ❥ Bruxelles, jusqu’au 26.06, galerie Pascal
10h>18h, +32 3 470 27 70
Polar, mar>sam, 14h>19h, +32 2 537 81 36
Spectral Issue – Visual System
Parcours d’artistes à Saint-Gilles
Let’smotiv invite ceux que les arts numériques laissent sceptiques à se rendre dans l’ancienne banque de France de Béthune. L’installation lumineuse qui en occupe le rez-de-chaussée est un petit bijou de technologie et de poésie. Le talentueux collectif Visual System y a installé un dédale de leds interactives, une déferlante de couleurs qui trouble nos repères et revisite le lieu. Aux étages, Pascale Kaparis et Sophie Hèlejules livrent le fruit de leur résidence, un travail sur l’amour et le souvenir. ❥ BÉTHUNE, jusqu’au 11.07, Lab-labanque, tlj,
Dans ce quartier haut en couleurs de la capitale, les parcours d’artistes affichent une riche programmation. Et pour cause ! Près de 400 plasticiens, sculpteurs et photographes y ont élu domicile. Pour l’occasion, ils ouvrent les portes de leurs ateliers dans une ambiance chaleureuse émaillée de démonstrations diverses. La maison du Peuple et la maison des cultures accueillent quant à elles une exposition sur le cube et une rétrospective sur Jean Robie. ❥ Bruxelles, les 8-9, 15-16 et 22-23.05,
14h>19h, +33 321 63 04 70
divers lieux et ateliers d’artistes de Saint-Gilles
exposition |
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One shot,Contreras © freddy Stud xi
Circulations… © Philippe Bazin
Circulations, la radicalisation du monde Échafaudages, chantiers, camps de rétention, containers... sous leurs apparences lucides et désenchantées, les clichés de Philippe Bazin recèlent toujours une part de comique de situation. On retrouve cette ambivalence dans la quinzaine de séries (photos et vidéos) présentée sur les cimaises du musée de Calais. Jusque dans les touchants portraits d’adolescents, dont les visages rappellent d’amusants souvenirs. ❥ Calais, jusqu’au 27.06, Musée des beauxarts, mar>sam, 10h>12h, 14h>18h, dim, 14h>18h, +33 321 46 48 40
One Shot Sous la verrière de l’ancienne université du travail, des ballons, des crampons, des stades et des goals à perte de vue. Des objets qui servent ici de points d’ancrage à une multiplicité de discours critiques. Car, comme l’explique Pierre Olivier Rollin, le directeur du BPS 22, « le foot n’est pas en marge des problèmes de société, il les reflète ». De Wim Delvoye à Pascale Marthine Tayou, une quarantaine d’artistes mobilisent ainsi ces emblèmes, comme autant de tirs en pleine lucarne. ❥ Charleroi, jusqu’au 11.07, BPS 22, mer> dim, 12h>18h, +32 71 27 29 71
Le Fabuleux destin du Quotidien, Honeycomb vase © Libertiny courtesy MOMA, NY
Festival International de la photo © TW Erin-gees
Le fabuleux destin du quotidien Où se situe la frontière entre objet et œuvre ? Où s’arrête le design où commence l’art ? Bien des designers produisent aujourd’hui des pièces non fonctionnelles, uniques, simplement appréciables pour leur beauté plastique. C’est dire si la question est délicate. Pour y répondre, les deux musées du Grand Hornu (Musée d’Arts Contemporains et Grand Hornu Images) mettent en regard leurs collections respectives. ❥ HORNU, jusqu’au 24.05, Grand Hornu, 10h>18h (sf lun), +32 65 65 21 21
Festival International de la photo Alors que l’appel de la plage se fait sentir, Knokke a trouvé un moyen imparable pour nous attirer sur la côte belge. La station balnéaire accueille en effet une dizaine d’expositions prestigieuses dans le cadre de son festival de photo. Le thème ? « Stars & models ». Les grands Tim Walker et Cecil Beaton incarnent pleinement le glamour annoncé par l’intitulé. La jeune génération, elle, lui préfère l’ironie (expositions Be a star, play a model et Tool). ❥ Knokke-le-Zout, jusqu’au 13.06, centre culturel, pavillon d’exposition, musée du Zwin et diverses galeries, 10h>19h, www.fotofestival.be
exposition |
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agenda Vieille Neuve © H. Schröder, courtesy Galleria Continua San Gimignano Beijing, Le Moulin
Regards Urbains, Vertikall Head © Mimi the clown
Invitation à un voyage immobile
Traffic Jam – Pascale Marthine Tayou
Que cache ce titre évoquant un meilleur Rimbaud ? Sept manières de fuir le quotidien sans effectuer un traître pas. Comme cette vidéo déroulant d’un coup de pouce l’histoire du Flipbook à partir de la collection Pascal Fouché (300 spécimens). Ou cette salle consacrée à l’image animée, des premiers effets d’optique au cinéma (les yeux en face des trous). Dans les pages de carnets de voyages, dans un cabinet de rêveries ou dans la rue, l’imaginaire reprend ses droits... ❥ Lille, jusqu’au 6.06, maison Folie de Mou-
Conçue comme une installation unique, Traffic Jam est un allègre carambolage d’influences et de médiums. Formes tribales, vieilles voitures camerounaises, objets de rebut (plastique, paille, bois...), croisent la photo numérique, la vidéo, le néon, les symboles d’aisance et de surconsommation. Jalonné de cabanes - évocation de la ville cosmopolite et de la case africaine -, le parcours s’apprécie comme une immersion sensorielle ponctuée d’images fortes. ❥ Lille, jusqu’au 13.06, Gare St Sauveur,
lins, mer>dim, 14h>19h, +33 320 95 08 82
mer>dim, 12h >19h, +33 328 52 30 00
Pignons sur rue
Regards Urbains
Pratique populaire, le vélo s’est vite frayé un chemin dans notre patrimoine culturel. Pour preuve, cette exposition, qui joue sur deux types d’associations. Au rez-de-chaussée, vélo rime avec maillot. D’archives en maquettes, l’on voit comment les fantasmes liés au biclou, aux courses et à leurs icônes continuent de doper l’architecture et l’art contemporains. Aux étages, il est synonyme de modes de vie urbains et alternatifs, de valeurs écologiques et de détente. ❥ Lille, jusqu’au 6.06, maison Folie de
Inventeur du squat légal, le projet Vertikall ne manque pas d’originalité. Cette jeune association de promotion des artistes urbains expérimente le concept de galerie nomade. Pour sa première escale, elle investit l’ancien « Cocktail Scandinave », sur le parvis St Maurice. Avec ses étages, ses recoins et ses 800 m2, ce local commercial est un terrain de jeu idéal pour Mimi the Clown, Benoit Piret, Janusz Stega et Freddy Pannecocke, 4 street-artistes de renom. ❥ Lille, jusqu’au 29.05, 4 parvis St Maurice,
Wazemmes, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>19h, +33 320 78 20 23
mer>sam, 13h>20h, +33 685 06 37 67, www.vertikall.com
exposition |
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agenda Lost and found, the Human Presence of the figure © Philippa Beveridge, Philippe Robin, MAV Sars-Poteries
The Morning news © Bld Jef Geys
Cité
Débauche de portraits
Sous les crochets des anciens abattoirs de Mons, les œuvres de dix artistes prometteurs. Du haut de leur impétueuse jeunesse, Samuel Coisne, Jonas Marga ou Yoko Tack détournent les codes, la fonction usuelle des objets, le sens des mots. Le tout, avec une telle fraîcheur qu’ils arrivent à nous surprendre sur des terrains que nous pensions trop labourés. Comme l’utilisation de l’esthétique kitsch, qui, chez Karine Marenne sert de prisme inattendu pour étudier des failles du système social. ❥ Mons, du 9.05 au 4.07, Mons, Abattoirs,
Motif formateur pour les uns, nécessité cathartique pour les autres, l’autoportrait constitue, malgré ses apparences évidentes, un exercice périlleux. Comme on le voit à Tourcoing, sa justesse requiert l’introspection, mais elle n’exclut pas une bonne dose d’autodérision. De Rembrandt à Bacon en passant par Man Ray, Picasso, Pierre Yves Bohm et Eugène Leroy, les visages de 25 artistes se déclinent en deux et trois dimensions. ❥ TOURCOING, jusqu’au 28.06, MuBa Eugène
mar>dim, 12h>18h, +32 65 40 53 30
Leroy, tlj (sf mar), 13h30>18h, +33 320 28 91 60
Lost and Found
The Morning News
Au rayon des objets trouvés, l’on s’attend évidemment à tomber sur des trésors qui révèlent un peu de la vie d’un anonyme. Mais il est moins courant que ces effets personnels soient en verre, comme c’est le cas au musée de SarsPoteries. L’Américaine Philippa Beveridge a en effet figé tout en transparence le contenu de sacs à main empruntés aux habitants. Photos, porte-bonheur, mots doux s’offrent ainsi aux yeux de tous dans de petites bourses translucides... ❥ SARS POTERIES, jusqu’au 14.06, Musée-
Lassé du chapelet de mauvaises nouvelles que nous assènent les bulletins d’informations quotidiens ? Filez donc voir « The Morning News » ! Une vingtaine d’artistes contemporains (collection du FRAC Nord-Pas de Calais) dynamitent la morosité ambiante, nous invitant à cultiver un autre rapport au temps (On Kawara, Will Rogan, sean Raspet) aux images (Pettibon, Jef Geys) ou au sens des mots (génialissime Good boy, Bad boy de Bruce Nauman). ❥ Waregem, jusqu’au 20.06, BE-PART,
atelier du verre, tlj sf mar, 10h>12h30, 13h30>18h, +33 327 59 51 05
plateforme d’art contemporain, lun>dim, 11h>17h, +32 56 62 94 10
théâtre & danse |
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texte ¬ Marie Kubaki photo ¬ Johan Persson
Noir dessein Après Cymbeline, Troïlus et Cressida, Declan Donnellan poursuit son exploration de l’œuvre de Shakespeare et revisite sa pièce préférée, Macbeth. Avec sa troupe « Cheer by jowl », il vise l’essentiel, privilégiant le verbe et le corps de l’acteur.
Une femme ambitieuse pousse son époux à tuer le roi, son cousin, pour prendre sa place. L’homme assassine, mais le remords, peu à peu, le dévore. Cet homme, c’est Macbeth, un héros bruyant et ombrageux qui se débat avec sa culpabilité à grands coups de cris et d’épée. Mais ici, pas de bruit pour rien. Dans la version épurée mise en scène par Declan Donnellan, le décor est simple à l’extrême. Des colonnes, des jeux de lumière en clair-obscur et des halos
de fumée, à l’image d’une conscience hantée, par delà le bien et le mal. Mécanique de haute précision Donnellan ne cède pas à la tentation psychologisante. Il montre un homme et une femme en train de réaliser progressivement que « ce qui a été fait ne peut être défait ». C’est là la force et l’essence de la tragédie. Et c’est là l’horreur. Les acteurs de la compagnie anglaise « Cheel by jowl » jouent juste, précis et forment un chœur d’où émergent les
individualités, dans une chorégraphie très physique, calculée au millimètre près. « Declan Donnellan fait entendre la tragédie en l’épurant des oripeaux traditionnels, ce qui donne au verbe une limpidité terrible », explique Jérôme Sallé du Théâtre du Nord. Des combats sans
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épée, des meurtres sans poignard… le théâtre désigne ses propres codes et se donne à voir pour ce qu’il est. Un espace fait de forces qui vont. À peine deux heures de représentation pour une interprétation virtuose resserrée autour du couple régicide. Ébouriffant. /
Macbeth – D. Donnellan du 19 au 22.05, 20h (sf jeu 19h, et sam 15h et 20h), Lille, Théatre du Nord, Cours public animé par Yannick Mancel le mercredi 26 mai à 18h30 en Petite Salle, Lille
complet !
théâtre & danse |
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texte ¬ Julie Lemaire photo ¬ Thomas Goerge
La mesure de l'excès KunstenFESTIVALdesarts 15e ! Après l'optimiste édition de l'année dernière, le prestigieux festival se penche sur les grands paradoxes de notre temps. Parmi les 33 spectacles proposés, Via Intolleranza cristallise à lui seul quelques unes des contradictions contemporaines. Entre excès et modération, mondialisation et ancrage local. Christoph Schlingensief aime les choses folles et impossibles. Après avoir défrayé la chronique avec une adaptation sulfureuse du Parsifal (Wagner) à Beyrouth, il a engagé en début d’année la construction d’un centre d’art au milieu d’une Afrique qui manque d’eau potable. Son projet de construire un opéra au Burkina Faso a d’abord été perçu comme une provocation. Et pourtant, lorsque le Théâtre de la Monnaie lui demande de monter Intolleranza 1960 de Luigi Nono (œuvre majeure de l’opéra du xxe siècle, célébrée lors de la Biennale de Venise en 1961), le performeur allemand se tourne aussitôt vers son nouveau centre de création près de Ouagadougou. Il déracine et importe ainsi une partie de l’histoire culturelle européenne pour la soumettre à un autre contexte, à un regard neuf et dégagé de tout précédent. Plaidoyer contre l’intolérance et le racisme porté par un chœur d'une vingtaine de danseurs et musiciens burkinabés, cette œuvre d’art totale puise sa force dans de nombreuses surprises visuelles et formelles. Création aussi attendue qu'elle est polémique, Via Intolleranza ne laissera personne indifférent. / ❥
Via Intolleranza – C. Schlingensief du 15 au 18.05, 20h (sf 15.05, 20h), Bruxelles, KVS, 25/20€, +32 2 234 57 84 Kunstenfestivaldesarts, du 7 au 29.05 dans tous les théâtres et de nombreux espaces publics bruxellois. Infos, prog et résa : www.kfda.be
théâtre & danse |
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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ L. Fernandez
En piste, poètes On en oublierait presque que ce sont eux, les inventeurs du Nouveau Cirque. L'air de ne pas y toucher, avec Le Cirque invisible, Jean-Baptiste Thiérrée et Victoria Chaplin ont révolutionné l'art de la piste. Lui, vieillard fou, tignasse blanche ébouriffée, clown burlesque. Elle, grands yeux noirs écarquillés, cheveux de jais, petit format tout en agilité. Eux : Jean-Baptiste Thiérrée et Victoria Chaplin. L'histoire du Cirque Invisible, c'est d'abord celle d'une rencontre, d'une correspondance. Il lui a écrit, elle lui a répondu. De ce désir de travailler ensemble sont nés deux enfants, James Thiérrée et Aurélia Chaplin, et trente ans de vie commune sur les pistes du monde entier. Au bilan, trois créations: le Cirque Bonjour, le Cirque Imaginaire et le Cirque Invisible, qui tourne depuis 1990. Jean-Baptiste Thiérrée aurait aimé « n'en faire qu'un seul et le peaufiner sans cesse...» Avec facétie, les deux amants inventent un monde étrange et onirique où se mêlent équilibristes gracieux, lapins géants, cyclistes ingénieux et genoux amateurs d'opéra. Dans une irrésistible panoplie de numéros, ils marient la dextérité au merveilleux, l'inventivité à l'agilité, la magie au burlesque, et recréent le regard neuf de l'enfance. En vingt ans, le Cirque Invisible a vieilli. Décalé, daté comme un film de science fiction où des effets spéciaux improbables caricaturent le propos, il garde pourtant une infinie justesse dans la proposition artistique. Touchant comme un jeu d'enfant, comme une photo jaunie, comme leurs rides au coin des yeux. Touchant comme un dernier tour de piste... qu'on leur souhaite le plus long possible. / ❥
Le Cirque Invisible du 13.05 au 21.05, 20h30 (sauf dim. 17h), Théâtre de Namur, de 6 à 21€, + 32 8 122 60 26
Traces Cie 7 doigts de la main
Hoops © Valerie Remise
À l’extérieur, un joyeux chapiteau, à l’intérieur, un décor de fortune, rafistolé à coups de ruban adhésif. Le contraste étonne. Et ce n'est qu’un début. Car sur la piste, l'on découvre rapidement cinq personnages convaincus de vivre ici leurs derniers instants. Ils envisagent alors la création comme leur dernière chance, leur seul antidote. C’est le point de départ d’une performance toute en énergie, urbaine et poétique. En véritables virtuoses, les interprètes québécois de la Cie des 7 doigts de la main enchaînent des figures acrobatiques traditionnelles, y mêlent du théâtre, du skateboard ou du basketball. À couper le souffle ! ❥ du 27.05 au 6.06, 20h (sf dim, 17h), Parc d'Olhain, +33 321 27 91 79
Le sort du dedans Baro D'Evel Cirk
Ils avaient à peine quitté les bancs de l'école (la célèbre formation de Châlons), lorsque Gilles Defacque les a repérés. Et pas par hasard ! Baro D'Evel Cirk s’exprime loin des pistes maintes fois battues. Une simple revue des troupes le prouve. On compte ici un cheval, un contrebassiste, deux hommes, une femme. Rien de plus. Sous leur chapiteau, conçu pour l'occasion, ils traduisent en acrobaties des sentiments intimes, sondent nos émotions. L'imprévisibilité du cheval, élément indispensable du spectacle, favorise l'improvisation tandis que la musique accompagne les sauts et le claquement des sabots. Point de nez rouge à l'horizon. Tant mieux. ❥ du 3 au 9.05, 20h (sf sam, 19h, dim, 17h, et jeu, relâche), Lille, Gare St Sauveur, +33 320 52 71 24 © Philippe Laurençon
théâtre & danse |
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agenda Ideal Club © DR
Ideal Club le 5.05
Spartacus © DR
Rosa La Rouge Cie 26 000 couverts
4 et 5.05
C. Diterzi /M. Di Fonzo Bo
« Tout s'écroule ? Rions-en! ». Si ce raisonnement vous semble ubuesque, c'est que vous n'avez pas assez fréquenté les 26 000 couverts. Car cette bande de doux-dingues invite au lâcher prise avec ses sketchs absurdes, son 4e degré et ses assemblages vestimentaires clownesques. La troupe montre ici la première mouture de son nouveau Music Hall, où l'on croise majorettes à poils, joueurs de scie, femme luttant contre un œuf et autres guests musicaux. Du rire à n'en plus finir. ❥ 20h30, Calais, Channel, 3€, +33 321 46 77 00
A priori tout oppose l'ardente Rosa Luxembourg, militante marxiste allemande, à l'angélique Claire Diterzi, musicienne aux ballades éthérées et poétiques. Mais la chanteuse s'est vite éprise de la personnalité hors norme de Rosa, une femme aussi révoltée et persévérante que généreuse. Vibrant hommage chanté à cette figure singulière, Rosa la Rouge réjouit par son ton épique et déluré autant que par sa richesse visuelle. ❥ 20h, Douai, Hippodrome de Douai,
Spartacus
Sortie d’usine
les 4 et 5.05
C. Dancoisne / La Licorne
Au milieu de l'arène, des objets métalliques : légionnaires, lances, oiseaux de ferraille... Avec ses marionnettes et objets hétéroclites, Claire Dancoisne sculpte des images propres à éveiller l'imagination des spectateurs. Et traduit habilement la violence de ce soulèvement d'esclaves. Trois comédiens-manipulateurs lèvent ainsi des armées miniatures, conduisent un éléphant géant, actionnent des dizaines de pieds d'esclaves... le tout, soutenu par deux chanteurs lyriques. ❥ 19h30 (20h30 le 5.05), Armentières, Le Vivat, 18/13€, +33 320 77 18 77
de 9 à 22€, +33 327 99 41 79
7.05
N. Bonneau
Nicolas Bonneau a écumé les métallurgies, les usines de pétrochimie et de construction automobile. À chaque étape de son périple, il a recueilli des témoignages d'ouvriers. Des récits de vie et de luttes sociales qui, tricotés dans ce one man show tordant, composent une juste fresque de la condition ouvrière contemporaine. Avec un humour souvent grinçant mais beaucoup de tendresse, Nicolas Bonneau rend honneur aux « modestes » en bleu de travail. ❥ 20h30, Merville, Espace culturel Robert Hossein, 9/6€, +33 328 44 28 58
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Rosa la Rouge © Michal Batory
Sortie d'usine © Arnaud Ledoux
L’Avare 8 et 9.05
L'Avare © DR
Petites histoires.com © Yves Petit
Petites histoires.com Molière / MeS N. Liautard
Depuis quelques années, Nicolas Liautard revisite des textes classiques, les confronte aux problématiques de notre xxie siècle. Cette fois, l’art de la farce de L'Avare sert un intransigeant examen de la vénalité. Dans un décor épuré, les acteurs déploient des trésors de finesse (notamment JeanPaul Dubois en maladif Harpagon) qui font oublier les quelques longueurs du spectacle (plus de 2h). ❥ 20h30 (9.05, 16h), Arras, Théâtre, de 14 à 22€, +33 321 71 66 16
11.05
Chor K. Attou / Cie Accrorap
De la danse hip-hop sur des airs classiques ? De quoi choquer les puristes ! Pourtant Kader Attou revendique ce contraste. Avec petites histoires.com, il aborde ses souvenirs d'enfance dans une compilation de saynètes, entre danse pure et chorégraphie burlesque. Comme ce passage qui rend hommage à son père, ouvrier soumis aux trois-huit chez Renault. Il réenchante ainsi un passé douloureux. ❥ 11.05, 19h, Valenciennes, Le Phénix, de 9 à 23€, +33 327 32 32 32
Le banquet de la sale défaite
Carmen
9.05
11, 14, 17, 19, 22, 25, 27 et 30.05 G. Bizet / MeS J.F. Sivadier
J. Bonaffé / Cie Faisan
Après avoir conté les péripéties d'un jeune coureur dunkerquois au Tour de France (54x13, de J.B. Plouy), l'impétueux Jacques Bonnaffé campe à Wazemmes une ambiance de ligne d'arrivée. Chacun est invité à participer à une sympathique course cycliste avant de se reposer les mollets pendant ce banquet aussi festif que décalé. Mauvais perdants, bonnes blagues, musiques et vidéos se mêlent dans une délirante allégresse. ❥ 12h (spectacle précédé d’un pot gratuit), Lille, Maison Folie de Wazemmes, 10/8€, +33 320 78 20 23
L'indomptable bohémienne immortalisée par ses célébrissimes « si tu ne m'aimes pas je t'aime, et si je t'aime alors prends garde à toi », déroule ses airs guillerets sous les ors de l'Opéra. Le tandem Jean-François Sivadier – Jean-Claude Casadesus a ici choisi d'accentuer le jeu incessant de Bizet avec les contrastes: entre modernité et folklore (musique), légèreté comique et destins tragiques (mise en scène). ❥ 20h (sauf le 30.05, 16h00), Lille, Opéra, +33 820 48 90 00
agenda The Infernal Comedy © Olga Martschitsch
The Infernal Comedy : Confessions of a serial killer 12.05 J. Malkovich / Orchester Wiener Akademie
The Infernal Comedy ou le terrible repentir de Jack Unterweger, un serial killer connu pour l'étrangeté de son mode opératoire. Seul face à l'orchestre, accompagné de deux sopranos, John Malkovich porte avec justesse cet âpre monologue : toujours sur le fil, tantôt monstrueux et inquiétant, tantôt pathétique. Une folle descente aux enfers entrecoupée (illuminée, devraiton dire) de musique classique (Mozart, Weber, Beethoven ou Vivaldi). ❥ 20h, Bruxelles, Bozar, de 20 à 65€, +32 2 507 82 00
Phèdre, pauvre folle! 17>19.05 E. Durif / MeS S. Reteuna / Cie La Sibylle
Depuis longtemps, Stéphane AuvrayNauroy et Sylvie Reutena voulaient se mesurer à Phèdre. Non pas l'héroïne racinienne, mais cette Pauvre Folle imaginée par Eugène Durif : une incarnation du sentiment amoureux. Au fil des répétitions, lettres, chansons et autres improvisations ont chamarré les textes de départ. Cette nouvelle version est encore enrichie de passages dansés (C. Sagna). ❥ 20h30 (sf mer, 19h), Roubaix, Le Garage, 6 à 12€, +33 320 65 96 50
Des couteaux… © Sylvain Gripoix
Des couteaux dans les poules 17>21.05 D. Harrower / MeS N. Ducron
Avec sa langue erratique et ses dialogues squelettiques, Harrower brosse un terrible portrait de la campagne écossaise. Pourtant, dans ce huis clos rural charpenté autour d'un couple de paysans, l'espoir prédomine. La femme d'un laboureur, illettrée, découvre en effet le plaisir de l'écriture auprès d'un meunier. Grâce à la culture, elle s'extrait peu à peu de sa dure condition. Nicolas Ducron signe ici une mise en scène minimaliste mais pertinente de cette âpre parabole. ❥ 19h30 (sf 19 et 21.05, 20h30), Béthune, Comédie, de 6 à 17€, +33 321 63 29 19
Le cas Jekyll 18.05 R.-L. Stevenson / C. Montalbetti / D. Podalydès
Unanimement saluée par la critique, cette adaptation du mythe de Stevenson confirme l'immense talent de Denis Podalydès. Seul au milieu d'un décor brumeux rappelant les docks londoniens, le comédien parvient avec un minimum d'accessoires à rendre tangible la métamorphose du respectable docteur Jekyll en Mister Hyde. Le tout sans le moindre effet de manche, avec une finesse que renforcent des pointes d'ironie. ❥ 20h, Douai, Hippodrome, de 9 à 22€, +33 327 99 66 66
théâtre & danse |
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Le cas Jekyll © Elisabeth Carecchio
Voyageur Immobile © DR
Voyageur Immobile 21.05
Nouvelles et courtes Pierres © DR
Nouvelles et Courtes Pierres Chor Ph. Genty
Depuis sa création, la compagnie de Philippe Genty s'attelle à transformer la scène en « lieu de l'inconscient ». Elle conçoit des spectacles visuels, qui, « à la manière d’un rêve, s’appliquent à condenser simultanément plusieurs sens ». Preuve en est, cette odyssée fondatrice (1995), sorte de parabole onirique sur l'humanité. Voyageur immobile s'apprécie comme une succession de tableaux magnifiques, surréalistes, peuplés de clowns, de mimes, de marionnettistes et de danseurs. ❥ 20h30, Roubaix, Colisée, 25/22€, +33 320 24 07 07
du 25.05 au 2.06 M. Laubu / Turak Théâtre
Dans les plis d'un caillou ou d'un objet éculé, un visage apparaît, expressif, singulier, comme buriné par la vie. Un tour de force auquel Michel Laubu nous a habitué. Après l'attachante galerie de portraits de Deux Pierres, ce magicien de la bricole titille plus que jamais notre imagination avec cette série de formes courtes. Postés sur des simulacres d'îles, ses petits personnages muets fonctionnent comme des miroirs de l'âme humaine. ❥ 20h30, (sf mer et jeu, 19h), Dunkerque, Bateau-Feu, 18/12€, +33 328 51 40 40
One Man Chose
80% de réussite les 21 et 22.05
80% de réussite © Vincent Muteau
Cie Opéra Pagaï
Révélé, en 1999, avec Mélomaniaques, Opéra Pagaï propose avec 80% de réussite une sixième création en forme de rentrée des classes malicieuse, détournant, avec la complicité des spectateurs, le principe de réalité. L’occasion de croiser aussi bien les enseignants que la direction, mais aussi les conseillers d’éducation et d’orientation ou le personnel de service. Un hommage à la fois tendre et amusé aux force vives de l’enseignement. ❥ les 21(19h) et 22.05 (15h), Vieux Condé, Le Boulon, 6€, +33 327 20 35 40
28.05
Sttellla
Chanteur, humoriste, multi instrumentiste... Jean-Luc Fonck alias Sttellla est un spectacle à lui tout seul. Coqueluche des Belges mais aussi des Français, cet artiste hors pair installe son One man chose au Splendid, à Bruxelles, le temps de dix représentations. Chaque soir, un « Tirageosaure » effectué par le public déterminera la setlist. Une interaction parmi tant d'autres avec les spectateurs, qui promet d'hilarantes pirouettes de cet hurluberlu. ❥ 20h, Lille, Le Splendid, 20€, +33 320 33 17 34
littérature |
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Un poisson nommé Pilote texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR
Poisson-Pilote, ou comment dynamiter la BD sans trop sortir des lignes. Fondée un… 1er avril par le regretté Guy Vidal (ancien rédac’chef du journal Pilote), cette émanation des Editions Dargaud fête ses dix ans au Centre Belge de la Bande Dessinée. Planches originales, mise en scène décapante, anecdotes croustillantes… et l’occasion de revenir sur ce drôle d’animal. En ce début de siècle, les Editions Dargaud peuvent s’appuyer sur des valeurs sûres : Lucky Luke, Boule & Bill…. Mais quid des auteurs indépendants ? Ils n’ont pas de vitrine. Traînent dans le milieu des fanzines, réalisés par des passionnés pour des passionnés. Certains s’y plaisent, ne voudraient surtout pas frayer avec les grandes maisons, ces requins. Mais la proposition de Guy Vidal est alléchante : une liberté artistique totale, un ton très personnel, le tout dans un format Tintin, pour un prix modique. La possibilité de toucher un large public peu au fait de l’actualité underground. On y (re)découvre alors les contes philosophiques de Sfar (Le Chat du Rabbin), les obsessions sexuelles de Sattouf (et de son alter-ego Jérémie) ou les exercices de style de Trondheim (Les Formidables Aventures de Lapinot). Eaux pas si troubles Mais ces trois-là, ne les avait-on pas déjà croisés ailleurs, à l’Association par exemple ? Poisson-Pilote serait-il le faux-nez indé des éditions Dargaud ? Oui et non. Oui, car cette collection dispose de moyens auxquels ne peuvent prétendre les petites maisons d’éditions. Non, car il n’y a pas de contrat d’exclusivité, et ce Poisson peut drainer son lectorat vers les indés. Un échange de bons procédés, finalement. Qui permet de renouveler la BD, en injectant dans un format classique un humour, une vision et une approche très, très modernes. / ❥
poisson pilote du 1er.04 au 30.05, Bruxelles, CBBD, Rue des Sables 20. +32 (0) 2 219 19 80
littérature |
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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ DR
Plumes de cheval Derrière les planches de ce drôle de Cheval de Quatre, cinq garçons entre 25 et 30 ans. Un collectif de potes, soudés par 3 années d’études aux Beaux-arts de Tournai, des litres de Duvel et la ferme volonté de sauter ensemble les obstacles de l’édition. Depuis 2007, ils publient leurs histoires courtes à travers revue trimestrielle et gazette numérique. En selle. Il ne faudra rien croire ou presque de ce que vous pourrez lire du Cheval de Quatre à l’étage de la maison de la culture de Tournai. Avec quelques auteurs qu’ils publient régulièrement, Olivier, Rémy, Stéphane, Brice et Alexis se sont amusés à camper une ambiance de manufacture vieillotte. Façon éco-musée. Dans le pseudo bureau du directeur, les typos, les images, la déco fleurent bon le début xxe. Et, pour étayer cette reconstitution historique, une vidéo vous narre l’épopée du Cheval de Quatre, courageuse petite usine qui, depuis 1910, publie contre vents et marées sa mythique revue. Rien que ça. On n’y croit pas une seconde, mais dans les plis de cette fiction, on mesure l’amour de nos gaillards pour les histoires, le récit, la narration. C’est d’ailleurs ce qui les a poussés à fonder leur collectif, conçu moins comme un tremplin que comme une façon de continuer à se faire plaisir sans perspective éditoriale. L’exposition confirme leur intention de galoper loin des sentiers battus : on n’aperçoit pas l’ombre d’une planche, mais des cartons de toute taille matérialisant chacun une case en 3D. Pour retrouver Pipo et Tony ou Francis et Daniel, il faudra donc s'acheter leur fanzine (n°7) à la sortie. / ❥
LE CHEVAL DE QUATRE : BD, illustration, auto-édition jusqu’au 30.06, Tournai, maison de la culture, mar>sam, 10h30>18h, dim 14h>18h, entrée libre, +32 (0)69 25 30 80. à voir / www.chevaldequatre.be
littérature |
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texte ¬ Faustine Bigeast photo ¬ Nouara Naghouche © B. Enguerand
Vous les femmes Non, pour sa 12e édition, le festival littéraire « Par Monts et Par Mots » n’a pas invité Julio pour susurrer des mélodies sirupeuses, la main plaquée contre le ventre. Mais, comme le crooner espagnol, il a mis les femmes à l’honneur. Avec moins de candeur laudative. Et, donc, plus de piquant. Si le Festival célèbre la singularité féminine, en ce 30e anniversaire de l’élection de Marguerite Yourcenar à l’Académie française, son mérite est de le faire par l’intermédiaire de voix plurielles et concernées. Car, Achmy Halley, son directeur artistique, a convié écrivaines - Laure Adler, Régine Deforges, Gisèle Halimi - et comédiennes d’horizons divers pour aborder le sujet, mais aussi pour l’incarner, dans toute sa complexité. La programmation qu’il a concoctée témoigne ainsi de sa volonté de ne pas être réducteur. Comme de celle de ne pas tomber dans le travers du sectarisme. Il faut dire que, depuis le premier jour, l’événement se veut ouvert à tous les âges et, bien sûr, à tous les genres. Fidèle à cette ligne directrice, il propose du 3 au 6 juin prochains le spectacle pour enfants Conterie à une voix, qui enchaîne « des histoires où les hommes n’ont pas toujours la part belle », une table ronde intitulée « L’écriture a-t-elle un sexe ? » ou le one-woman-show de la prometteuse Nouara Naghouche, Sacrifices. Parmi les autres temps forts, se comptent ensuite les lectures de Marie-Christine Barrault et de Dominique Blanc. Tout cela sous l’égide d’une marraine fédératrice : Amélie Nothomb. / ❥
FÉMININ SINGULIER du 3 au 6.06, Flandres (Saint-Jans-Cappel, Bailleul et Dranouter), gratuit, résa obli (à p. du 17.05) pour les lectures de M-C Barrault, D. Constanza, D. Blanc et le spectacle Sacrifices, +33 328 43 83 00, www.cg59.fr
chroniques La Centrale
Mémoires de la jungle
Elisabeth Filhol | Éd. POL Le personnage principal de ce roman est une centrale nucléaire. Elle impose son architecture massive et sa fumée blanche dans le paysage. Le narrateur, salarié d'une société chargée du nettoyage, de la maintenance et du rechargement en combustible, exerce les missions les plus exposées. Il découvre les ravages que peut produire ce molloch lorsqu'il subit un « incident », et le mécanisme d'une autre machine, protocolaire cette fois : « j'ai été le cas sur lequel on déroule la procédure ». Par ce jeu de retournement où l'usine devient organique et l'humain mécanique, Elisabeth Filhol fait ressentir à quel point les hommes sont oubliés et broyés dans cet univers. Un premier roman très maîtrisé qui a reçu, en avril, le prix France CultureTélérama. 144 p., 14,50€. Otto Meisner
Tristan Garcia | Éd. Gallimard L’action se déroule en Afrique, dans un avenir pas si lointain. Les sols ont été ravagés par la folie des hommes : guerre, pollution… Certains vivent retranchés dans les villes ou dans de vastes stations orbitales. Mais là n’est pas le cœur du récit. Au centre, on trouve Doogie, un jeune chimpanzé. Il a été élevé dans un zoo situé au bord du lac Victoria. Le vaisseau qui le transporte s’écrase dans la jungle, le laissant seul avec les lambeaux de civilisation que lui ont enseigné les ethologues et ce règne animal qu’il hésite à rejoindre. Avec humour, Tristan Garcia, auteur de La Meilleure part des hommes, concilie originalité du point de vue et singularité de l'écriture. 368 p, 19,50€. Julien Vignier
Comment je n'ai pas rencontré Britney Spears Elise Costa | Éd. Rue Fromentin L’appart’ d'Elise Costa regorge sans doute de raretés signées... Britney Spears. Malgré cela, cette Toulousaine de 26 ans a tous ses (traits d’) esprits et signe un livre au style jubilatoire. Un roadmovie teinté d’autobiographie façon Chuck Klosterman (Je, La Mort Et Le Rock’n’roll, indispensable). La jeune Française parcourt les USA à la recherche de la star ravagée. Se détache surtout une réflexion intéressante sur la culture pop et ses icônes, le bon goût et ses idiomes. Profondément personnel, ce petit ouvrage tend à l’universalité. Désolé, mais on ne peut s’empêcher de citer l’insurpassable Haute-Fidélité, pour lequel on a ressenti peu ou prou les mêmes émotions. Joli coup ! 240p., 18€, sortie 19.05. Thibaut Allemand
AVANT LA NUIT
Peter & Miriam
Pete Fromm | Éd. Gallmeister
Rich Tommaso | Éd Ça Et Là
Avant la nuit évoque immanquablement La Rivière du sixième jour de Norman Maclean. Cela parce que chacune des nouvelles qui composent ce recueil ont pour cadre l’Amérique pastorale du Montana, celle des eaux effervescentes et de la pêche à la mouche. Cela aussi parce que Pete Fromm aborde des sujets intemporels, même s’il ancre toutes ses histoires dans une réalité bien contemporaine. Il saisit ainsi les tensions subreptices qui émaillent relations amoureuses, amicales ou filiales. Et y parvient aisément, grâce à une écriture sur le fil du rasoir, qui procure l’impression qu’elle peut basculer à tout instant dans le drame. Un livre pour les passionnés de nature, donc. Mais pas uniquement. 184 p., 21€. Faustine Bigeast
L'Américain Rich Tommaso voue une admiration au trait fluide de Français tels Trondheim ou Larcenet. Et aurait, à l'entendre, « tendance à trop cogiter ». Mais Peter & Miriam n’a rien du travail laborieux d’un épate-galerie. On y retrouve le jeu entre ombre et lumière cher à Will Eisner et l’autobiographie en vogue dans la BD indé contemporaine - l’autoapitoiement ironique en moins. Nous est contée la longue amitié entre Peter, apprenti cinéaste, et Miriam, sa complice désœuvrée. En fil rouge, les œuvres de Polanski et de Russ Meyer. La chronologie dévastée déroute souvent. Et l’on voudrait en savoir plus sur Miriam, un peu cantonnée au rôle « d’amie de ». Ce n’est que le premier tome, attendons la suite ! 104 p., 13€. Thibaut Allemand
Qui veut la peau de Marc Levy ? Gordon Zola | Éd. Léopard Masqué Pour ses romans parodiques Les Aventures de Saint-Tin et son ami Lou, qui ont déplu aux époux Rodwell, les héritiers d’Hergé, Gordon Zola a été condamné à verser 40 000 e d’amende. Espérons que Marc Levy, BHL, PPDA ou Frédéric Beigbeder, kidnappés dans la nouvelle enquête du commissaire Guillaume Suitaume, auront davantage d’humour. En plus de rechercher ces « nuisibles de la littérature », le fin limier et son adjointe doivent élucider le meurtre (par des oiseaux) d’un écrivain débutant et d’un critique redouté. Leurs seules pistes sont des messages codés signés « Le Bec ». L’intrigue est excellente, l’humour au poil. Dommage pour le titre racoleur et les fautes de goût (à connotation sexuelle, évidemment). 316 p., 15€. Michel Paquot
littérature |
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chroniques CARIBOU
Chloé
Swim | City Slang / Cooperative Music
One in other | Kill The Dj / Module
Dan Snaith aurait pu profiter de l'enthousiasme suscité par Andorra (2007), condensé de pop ensoleillée. En lieu et place, il revient à ses premières amours électroniques, entr’aperçues sur le mirifique Up In Flames (sous l’alias Manitoba en 2003, très proche des divagations de Panda Bear). À la première écoute, pas de quoi s’enflammer : on est séduit sans être surpris (les Bowls tibétains renvoient à Pantha Du Prince, Hannibal à Underworld). Pourquoi Swim ? Car il s’agirait de dance aquatique. Encore une trouvaille vaseuse de communiquant ? Même pas. Caribou défend cette thèse, et ces neuf plages sont touchées par le ressac des claviers, des harpes et boucles flottantes, au fil de morceaux qui semblent s’étioler pour mieux repartir. Reste, sur le rivage, un album loin d’être parfait, mais très digne. Thibaut Allemand
Il y a deux ans, Chloé frappait déjà un grand coup avec The Waiting Room. Sur ce deuxième album, elle affine encore son style, révélant un indéniable don pour la composition. Cette fois, la plongée est en apnée et Chloé n'offre que de rares bouffées d'oxygène néanmoins bienvenues (Distant ou Ways Ahead). One in other est une toile sombre et intrigante qui s'enrichit piste après piste, brouillant plus que jamais la frontière entre acoustique et synthétique (le sublime Diva). Une beauté obscure mais loin d'être glacée se dégage de ce manifeste brillant et caverneux (The glow, Word for word) qui, pour être apprivoisé, demande patience et attention. Un pied de nez au dancefloor et aux standards techno qui confirme, s'il en est besoin, l'immense talent de Chloé. Clément Perrin
ELI « PAPERBOY » REED & THE TRUE LOVES Come And Get It | Capitol Records/EMI Eli Paperboy Reed pose une belle équation impossible à résoudre. Comme les deux précédents, son troisième Lp regorge d’une soul habitée d’un funk subtil et de cuivres dorés. Son coffre chaleureux entonne des hymnes imparables, comme surgis d’un hypothétique âge d’or 60’s - le binôme Motown-Stax et ses prophètes : Otis Redding, Sam Cooke, Wilson Pickett… Et tant d’autres restés obscurs. C’est peutêtre là que le bât blesse : que faire ? Se précipiter sur les innombrables rééditions des labels précités, à la recherche d’une pépite encore immaculée ? Ou se ruer sur cet impeccable fac-similé sans aucune originalité mais joué avec une franchise déconcertante ? À vous de voir. En tout cas, sur scène, on préférera évidemment la fougue pleine de foi du jeunot. Thibaut Allemand
musique |
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Kitsuné maison 9
Flying Lotus
The Petit Bateau édition | Kitsuné / Cooperative Music
Cosmogramma | Warp / Discograph
Une tracklist électropop, bardée d'artistes (presque tous) anonymes : on reconnaît bien le flair du renard. Sans surprise, la 9e Kitsuné Maison est aussi exaltante que les précédentes et démontre la régularité du label parisien. Parmi les 18 formations présentées, signalons la présence de Washed Out (issu de la prétendue chillwave) qui sublime sa gracieuse ballade synthpop avec des voix lo-fi (Belong). Dans un style tout aussi planant, Your Nature étire habilement la voix lancinante de son chanteur par un jeu d’échos irrésistible. Un bémol, la présence de Yelle et des Crookers avec leur lourdingue Cooler Couleur, et dans une moindre mesure, celle de Yuksek. Mais que font-ils dans cette sélection (jusquelà) si sophistiquée ? On se le demande. Clic droit, supprimés. Hakima Lounas
Pilier du renouveau abstract hip-hop, Flying Lotus signe un deuxième album qui frôle le grand huit mental. Parfaitement cohérent, son premier ouvrage manquait cruellement de tubes. Et, contre toute attente, Cosmogramma sacrifie l’analyse au profit de la spontanéité... Ici, les morceaux sont denses et hypnotiques. Dès les premières secondes, on plonge dans un bain de sons électroniques extrêmement travaillés – presque indigestes. Heureusement, Fly Lo offre quelques temps de pause en jouant avec les références (le funk, le jazz, les BO des années 50, etc.) et devient grâcieux. Cosmogramma demande une écoute attentive et répétée, mais en creusant bien, on y trouve de l’or. Fabien Kratz
LCD SOUNDSYSTEM This Is Happening | DFA/EMI Cet album était attendu. Annoncé comme le dernier de LCD Soundsystem, This is happening sonne le glas des 00’s. On pourrait résumer la décennie du bug à un flashback permanent : l’interminable retour des 80’s, du wock’n’woll et des reformations en série. Plus sérieusement, on retiendra surtout l’empreinte de LCD Soundsystem (et son label, DFA) sur cette fichue décade. Un groupe surestimé à ses débuts (premier essai franchement décevant), un peu oublié ensuite (malgré un deuxième album en forme de chef-d’œuvre). À l’heure de poser les armes, James Murphy livre une synthèse de la sècheresse velevetienne (Drunk Girls), du robotisme à la Devo (One Touch) et de la démesure d’un Bowie (All I Want). Ce classique instantané magnifie le passé avec un sens aigu de la modernité. Les 10’s peuvent débuter. Thibaut Allemand
concerts sam 01
dim 02
EAGLE SEAGULL + YOUNG MAN Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
KONONO N°1 Tourcoing, Grand Mix, 18h, 13/10e, +33 320 70 10 00
Titan Hits #9 Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
THE AGGROLITES + THE MOON INVADERS Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h30, 19/16e, +32 2 548 24 24
TOM WOUTERS’ FLICK-FLACKBAT + ELEPHANT 9 Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28
BROKENCYDE + SYNTHETIC SEASON + STARFUCKER Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 20h, 15/12e, +32 2 414 29 07
CURUMIN + GENERAL ELEKTRIKS Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00
ROBIN PROPER-SHEPPARD Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 12/8e, +32 5 150 48 94
THIRD EYE BLIND Anvers, Trix, 20h30, 17/14e, +32 3 670 09 00
MARC ANTOINE Lille, Splendid, 20h, 27,5e, +33 320 33 17 34 JOHN BUTLER TRIO Lille, Zénith Arena, 20h, nc, +33 320 14 15 16 MARVIN + ED WOOD JR Lille, Malterie, 20h30, nc, +33 320 15 13 21 ANDRE WILLIAMS & THE GOLD STARS Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 12e, +33 320 27 70 10 BALOJI + TURNTABLE DUBBERS + MERDAN TAPLAK Anvers, Petrol, 21h, 14/10e, +32 3 226 49 63 DJ CAROLL Lille, Loca Loca, 22h, gratuit, +33 320 06 82 82 Break New Soil Label Night : KAROTTE + GREGOR TRESHER + PIERRE NOISIEZ + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 Yes Wee Kend : DYED SOUNDOROM + JAZZY DEMON + ISAM + DEEJAMES + IGOR Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54 LES GILETTES + SOGLOVE Lille, Supermarket, 23h, 5e, +33 320 52 86 59 Silence : DAVID TONSPIEL + GERGOE + DAN DROFF + SEBASTIAN HALD + CRISP + RAPHAËL KLAPS + PILSNER Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64 BRODINSKI Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 13/9e
lun 03 THE BLACK BOX REVELATION Leuven, Het Depot, 20h, Complet, +32 1 622 06 03
Bruges, Cactus Club, 19h, 15/12e, +32 5 033 20 14 LCD SOUNDSYSTEM Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24
THE REVEREND PEYTON’S BIG DAMN BAND + WESTERBERGS & HEAVY HEARTS Diksmuide, Muziekclub 4AD, 21h, 10/6e, +32 5 150 48 94
JEAN EFFLAM BAVOUZET + ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE Lille, Nouveau Siècle, 20h, nc, +33 320 12 82 40
jeu 06
mar 04
DE KREUNERS Leuven, Het Depot, 20h, 20/17e, +32 1 622 06 03
LOS LOBOS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 THE SKATALITES Leuven, Het Depot, 20h, 19/16e, +32 1 622 06 03 LE PRINCE MIIAOU Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
mer 05 Près des remparts de Séville I : «Canto Vivo» : CLAIRE DEBONO Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50 SLIM CESSNA’S AUTO CLUB + ARCHIE BRONSON OUTFIT + PEGGY SUE
CARLA BLEY Gand, Vooruit, 20h, 18/15e, +32 9 267 28 28
BENJAMIN BIOLAY Lille, Aéronef, 20h, 25e, +33 320 33 17 34 TANLINES Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 EON BALLINGER Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 DEBOUT SUR LE ZINC Lille, Splendid, 20h, 17e, +33 320 33 17 34 PROGRAMME + BINARY AUDIO MISFITS Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 LAURENT LARCHER TRIO Valenciennes, Phénix, 20h, 9e, +33 327 32 32 32
agenda |
123
PETER PAN SPEEDROCK + GREASEMONKEY + TANGLED HORNS + DJ GUNSLINGER Anvers, Trix, 20h30, 13/10e, +32 3 670 09 00
Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20e, +32 2 218 37 32
Lille, Supermarket, 23h, 5e, +33 320 52 86 59
sam 08
MADENSUYU + DJ BLANCHE & BIETNIK Charleroi, Eden, 21h, nc, +32 7 131 44 20
GAETAN ROUSSEL + BIÉBAR Lille, Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00 Apéro plein air Boogie Night : DJ AZIZ Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
DJ SHO Bruxelles, Wax Club, 21h30, gratuit, info@thewaxclubcom TONY MELVIL + JEANCRISTOPHE Lille, Biplan, 22h, 5,5e, +33 320 12 91 11
ven 07 Inc’Rock : CRUMBLE PISTOO’S + HALLO KOSMO + SHARKO + BABYLON CIRCUS + CHICKENS ON THE WALL + ETÉ 67 + EIFFEL + BEAT TORRENT + EDDIE ADAMS Incourt, Site du Festival Inc’Rock, 18h, 20/15e, +32 4 615 46 3 CIBELLE + CALLMEKAT Bruges, Cactus Club, 20h, 10/7e, +32 5 033 20 14 WILLIAM SOUFFREAU Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Nuits Bota : ARCHIE BRONSON OUTFIT + PEGGY SUE Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : PAUL KALKBRENNER + SHAMEBOY + FAGGET FAIRYS Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : WE HAVE BAND + PIANO CLUB + TANLINES Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : MURDER + JOY Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : LUDOVICO EINAUDI + BALLAKÉ SISSOKO + VINCENT SÉGAL
NO ADDITIONAL KOCAÏNA Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 JAH MASON + TURBULENCE + PERFECT Lille, Splendid, 20h, 21,8e, +33 320 33 17 34 JIL IS LUCKY + MARY & ME Tourcoing, Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 EIGEN MAKELIJ + FRESKU + RUPELSOLDATEN Anvers, Trix, 20h30, 7e, +32 3 670 09 00 BASILIC Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 15e, +33 321 64 37 37
Inc’Rock : THE ASTRONAUT + FLORENT VINTRIGNER + STTELLLA + MICKEY 3D + ERNIE AND THE MIDGETS + COCOROYAL + BALIMURPHY + CLAIRE DENAMUR + SUAREZ + DJ SONAR Incourt, Site du Festival Inc’Rock, 15h15, 20/15e, +32 4 615 46 3 Dub (R)evolution : DUBKASM + DISRUPT + NICON Bruges, Cactus Club, 20h, 12/9e, +32 5 033 20 14 Nuits Bota : MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE + THE IRREPRESSIBLES Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : TRANS AM Bruxelles, Botanique, 20h, 18/15/12e, +32 2 218 37 32
ZOÉ + THE JIM JONES REVUE Calais, Gérard Philipe, 20h30, 5e, +33 321 46 90 00
Nuits Bota : LE PEUPLE DE L’HERBE + SKIP THE USE Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32
DIGITALISM + OCELOT + FANKLUB DEEJAYS Anvers, Petrol, 21h, 15/10e, +32 3 226 49 63
Nuits Bota : CLOÉ DU TRÈFLE + LA FIANÇÉE Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
HOLKASH + EF2M Roubaix, Bar Live, 21h30, gratuit, +33 320 28 06 50
Nuits Bota : WOODPIGEON + STORNOWAY + MONTGOMERY Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32
DJ MISSILL + SICKBOY + CELTRIC + DJ 319 + BUNZERO Bruxelles, Recyclart, 22h, 12/9e, +32 2 289 00 59 ESTELLE NOVAK Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 The Decap Machine : MASCOTTE Gand, Vooruit, 23h, 10/7e, +32 9 267 28 28 Siskid Release Party : SISKID + ALEX&ANIE + MODERN THOM
AGENT SIDE GRINDER + SURFER ROSA Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 AGGRESSIVE FONDNESS + FUEL TANK + GANG 69 Lille, Rumeur, 20h, 2e, +33 320 52 71 97 LES CAMÉLÉONS Lille, Splendid, 20h, 12/10e, +33 320 33 17 34 LES OGRES DE BARBACK
concerts Liévin, Centre Culturel, 20h30, 20/15e, +33 321 44 85 15 ETÉ 67 + DE MENS Anvers, Petrol, 21h, 15/12e, +32 3 226 49 63 HACRIDE + MOUTH OF THE ARCHITECT + THE BLACK HEART REBELLION Dunkerque, 4 Ecluses, 21h, 9/6e, +33 328 63 82 40 BUG KLINIK : VENETIAN SNARES + SICKBOY + X&TRICK + ACID KIRK + SKIP + MATAR Gand, Minus One, 22h, 15/12e, +32 4 864 78 21 MAREAN SOKOA Lille, Biplan, 22h, nc, +33 320 12 91 11 Dubstep Party : N-TYPE + KROMESTAR + STARKEY + TROLLEY SNATCHA + HIJAK + DICE&KASTOR + SGT POKES Anvers, Trix, 22h30, 16/13.5e, +32 3 670 09 00 Curle Label Night : STEWART WALKER + FRANKLIN DE COSTA + FADER + PIERRE NOISIEZ + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 XTOF + DEEJAMES + MIRKO LOKO + IGOR VICENTE + DON COLINS + SEBA LECOMPTE + NASHUA + DIE CLIQUE + JENSEN + BUGSY Gand, Decadance/Zanzibar, 23h, 13/10e, +32 9 329 00 54 Lefrog’s Birthday Bash : JAY SHEPHEARD + PATRICE BAUMEL + WIRSPIELEN Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
dim 09 Inc’Rock : IMPAKT LYRIKAL + GANDHI + DJ SONAR + YOUSSOUPHA + SEXION D’ASSAUT + ASSASSIN + CONVOK + 13HOR + PITCHO + SCYLLA Incourt, Site du Festival Inc’Rock, 14h, 20/15e, +32 4 615 46 3
PILAF Lille, Biplan, 15h, nc, +33 320 12 91 11 BOLT THROWER + ROTTING CHRIST + DEW SCENTED Anvers, Trix, 17h, 15/12e, +32 3 670 09 00 ISBELLS + SILVER JUNKIE Courtrai, De Kreun, 17h, 11/6e, +32 5 637 06 44 THE BONES + STREET DOGS + RENO DIVORCE + LEFT ALONE Anvers, Trix, 18h, 17/14e, +32 3 670 09 00 ATARI TEENAGE RIOT + MYCIAA Tourcoing, Grand Mix, 18h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Party Program : ANCHORLESS + MARVIN HOOD Lille, Malterie, 18h30, 7e, +33 320 15 13 21 Nuits Bota : JEAN-LOUIS MURAT + SCOUT NIBLETT Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : GABLÉ + MADENSUYU Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : MICKY GREEN + EMMANUELLE SEIGNER + REVOLVER Bruxelles, Botanique, 20h, 20/17e, +32 2 218 37 32
34/31/28e, +32 2 218 37 32 MAYER HAWTHORNE + GABLÉ Lille, Aéronef, 20h, 10/6e, +33 320 13 50 00 SYD MATTERS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 LIGHTNING DUST + THEE OH SEES + BACHELORETTE + THE ATOM BRAIN Anvers, Trix, 20h30, 14/11e, +32 3 670 09 00 ADAM BOMB + TOYS IN THE FOREST + TOO DRUNK TO Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
mar 11 NNEKA Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24 Nuits Bota : ETÉ 67 + THE TELLERS + DAVID BARTHOLOMÉ + DEZ MONA + MALIBU STACY + LUCY LUCY! + STÉPHANIE CRAYENCOUR + SYD MATTERS + NELE VAN DEN BROECK + HALLO KOSMO + LOÏC B.O AND THE FRANTIC LOVERS + GUY VAN NUETEN Bruxelles, Botanique, 20h, 18/15/12e, +32 2 218 37 32
Nuits Bota : CHAPELIER FOU + MIÈLE Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
Nuits Bota : GAETAN ROUSSEL + ARNAUD FLEURENT-DIDIER + SAMIR BARRIS Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20/17e, +32 2 218 37 32
Nuits Bota : ELLIE GOULDING + ROX + ERRORS Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32
DAVID KRAKAUER + DAVID GREILSAMMER Douai, Hippodrome, 20h, nc, +33 327 99 66 60
SYD MATTERS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
Rat Event : LITTLE WOMEN + CHAOS OF THE HAUNTED SPIRE Gand, Vooruit, 20h, 12/8e, +32 9 267 28 28
lun 10
RJD2 + DLEEK Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00
Nuits Bota : HOLE Bruxelles, Botanique, 20h,
YOU & YOU
agenda |
125
Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 BEAR IN HEAVEN Anvers, Trix, 20h30, 11/8e, +32 3 670 09 00 MARBLE SOUNDS + LIGHTNING DUST Diksmuide, Muziekclub 4AD, 21h, 10/6e, +32 5 150 48 94
mer 12
10/7e, +33 322 97 88 01
19/16/13e, +32 2 218 37 32
THE NEW INDUSTRY + PSYCHO 44 Anvers, Trix, 20h30, 5e, +32 3 670 09 00
Nuits Bota : LONELY DRIFTER KAREN + CIBELLE Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32
ANLI POLLICINO Wattrelos, Boîte à Musique, 20h30, nc, +33 320 02 24 71 PINCH + BUNZERO + DICE&KASTOR + ILLAMENT + GAZ + NICE Gand, Decadance, 22h, nc, +32 9 329 00 54
Près des remparts de Séville II : Flamenco Andalou : MANOLO FRANCO + CARMELO PICON Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50
SCOUT NIBLETT Gand, Vooruit, 22h, gratuit, +32 9 267 28 28
WOVENHAND + ÓLAFUR ARNALDS Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 25/22e, +32 2 548 24 24
Ed Banger VS Gomma label night : BREAKBOT + BUSY P + UFFIE + MUNK + GOLDEN BUG + MUSTANG + MASHED PAPER KLUB Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 18/12e,
Nuits Bota : DUM DUM GIRLS + MALE BONDING Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : DEERHUNTER + THE DODOS + RAZ OHARA AND THE ODD ORCHESTRA + A SUNNY DAY IN GLASGOW Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : SEABEAR + BROADCAST 2000 Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : GIL SCOTT-HERON Bruxelles, Botanique, 20h, 31/28/25e, +32 2 218 37 32 Wazemmes l’Accordéon : BERTRAND-PENNEC + THERAINDILLE + DUO VALLA SCURATI Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 7/5e, +33 320 78 20 23 MUSTANG Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 FM BELFAST + CURRY AND COCO Amiens, Lune des Pirates, 20h30,
JAMES HOLDEN Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64
jeu 13 THE SLACKERS + THE CAROLOREGIANS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 BRAD MEHLDAU + JOSHUA REDMAN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33/30e, +32 2 548 24 24 Nuits Bota : CASEY Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
Wazemmes l’Accordéon : HK & LES SALTIMBANKS Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, gratuit, +33 320 78 20 23 THIS IS NOT HOLLYWOOD Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 MUSTANG + POWERSOLO Amiens, Lune des Pirates, 20h30, 11/8e, +33 322 97 88 01 KUMISOLO + TUJIKO NORIKO Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 2e, +33 320 27 70 10 BARACUDA + MODULOK + APOLLO CREED + MR % + HUMANOWEED + MC METIS Roubaix, Bar Live, 21h, 5e, +33 320 28 06 50 LE FIL DE L’EAU Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
ven 14 BRAD MEHLDAU + JOSHUA REDMAN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33/30e, +32 2 548 24 24 A FINE FRENZY Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
Nuits Bota : TINDERSTICKS + FRANÇOIZ BREUT Bruxelles, Botanique, 20h, 38/26e, +32 2 218 37 32
Nuits Bota : THE BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB + ZAZA + WINTERSLEEP + DRIVING DEAD GIRL Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32
Nuits Bota : GOGOL BORDELLO Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32
Nuits Bota : RJD2 Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32
Nuits Bota : BLACK LIPS + THE KING KHAN & BBQ SHOW + THE ALMIGHTY DEFENDERS Bruxelles, Botanique, 20h,
Nuits Bota : TÉTÉ + FELOCHE + THE RODEO Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32
concerts Nuits Bota : ISBELLS + DAN SAN Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : JOANNA NEWSOM Bruxelles, Botanique, 20h, 28/22e, +32 2 218 37 32 SWEET COFFEE + HOWIE & LINN + THE GLIMMERS + TLP AKA TROUBLEMAN Leuven, Het Depot, 20h, 15/12e, +32 1 622 06 03 TRANS AM + LAZER CRYSTAL Lille, Aéronef, 20h, 10e/gratuit abonnés, +33 320 13 50 00 SWEAT SHOP + SOFTLY SPOKEN MAGIC SPELLS Lille, Rumeur, 20h, 2e, +33 320 52 71 97
Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32
Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
Nuits Bota : RUSKO + WILEY + DJ HATCHA Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32
DJ CAROLL Lille, Guapa Bar, 22h, gratuit, +33 320 54 82 55
Nuits Bota : MAXIMILIAN HECKER Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 SHAMEBOY + VERMIN TWINS + BOEMKLATSCH + PARTYHARDERS + BODY SPASM Leuven, Het Depot, 20h, 15/12e, +32 1 622 06 03 SIA Lille, Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00
THE SLACKERS + EDIFIERS Anvers, Trix, 20h30, 15/12e, +32 3 670 09 00
BAL DE LA MARINE Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
BLACK DIAMOND HEAVIES + THE TUBS Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 10/6e, +32 5 150 48 94
MAD INSINA + THE CHESTBUSTER Lille, Rumeur, 20h, 3e, +33 320 52 71 97
MINTZKOV + WAVE MACHINES + KATIA VLERICK + LOUIS KATORZ Anvers, Petrol, 21h, 15/11e, +32 3 226 49 63
MEURIS2010 + BOYSHOUTING Anvers, Trix, 20h30, 19/16e, +32 3 670 09 00
UNIZIK Lille, Biplan, 22h, nc, +33 320 12 91 11 TEKI LATEX + PEO WATSON Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
sam 15 Nuits Bota : THE CHAP + COLD CAVE Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : COCOROSIE + EFTERKLANG Bruxelles, Botanique, 20h, 26/20e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : ABSYNTHE MINDED + LYENN + WAVE MACHINES
BATTLEFIELDS + MANATEES Lille, Malterie, 20h30, 7e, +33 320 15 13 21 BALTHAZAR + SUPERLIJM + LUCY LOVE + FREDO & THANG Anvers, Petrol, 21h, 15/10e, +32 3 226 49 63 THE BLACK ATLANTIC + WOVENHAND Diksmuide, Muziekclub 4AD, 21h, 20/16e, +32 5 150 48 94 HABIB GUERROUMI + MOULOUD SADI Roubaix, Bar Live, 21h, gratuit, +33 320 28 06 50
Minus Label Night : HEARTTHROB + MATT JOHN + FABRIZIO MAURIZI + PIERRE NOISIEZ + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 THE JUAN MAC LEAN + MONTECOSY + DIRK SMILE Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e, JUSTIN ROBERTSON Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
dim 16 L’Aéronef Hors des Murs : BALOJI + LA JONCTION Lille, Chalet, 17h30, gratuit, +33 328 38 50 45 Nuits Bota : BRIGITTE FONTAINE + ARTHUR H + CARL Bruxelles, Botanique, 20h, 25/22/19e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : WOLF PARADE + SURFER BLOOD + WARPAINT + BACHELORETTE Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : BONOBO + THE FIELD + FM BELFAST + GOLD PANDA Bruxelles, Botanique, 20h, 22/19/16e, +32 2 218 37 32 Nuits Bota : AVI BUFFALO + THE BOOKS Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 A PLACE TO BURY STRANGERS Anvers, Trix, 20h30, 17/14e, +32 3 670 09 00
D6BEL Party : ALEX PLAY + HERR SPIEGELHAUER + B-HAVE + GASPARD Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom
lun 17
LES BERTHES
TAMIKREST + DIRTMUSIC + DJ
agenda |
127
BORAT Gand, De Centrale, 19h30, 15/12e, +32 9 265 98 28 SEXY SUSHI + HOLY FUCK + VISMETS + AMAZIGH Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 RICHARD HAWLEY + NEIL MCSWEENEY Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20/17e, +32 2 218 37 32 NUITS BOTA : BALOJI Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 NUITS BOTA : JAMIE LIDELL + LITTLE DRAGON Bruxelles, Botanique, 20h, 25/22/19e, +32 2 218 37 32 NUITS BOTA : THE DRUMS Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 HASSEN KARBICHE Roubaix, Bar Live, 20h, gratuit, +33 320 28 06 50 TWEAK BIRD + SIC ALPS Anvers, Trix, 20h30, 11/9e, +32 3 670 09 00 Party Program : ENABLERS + TOTALLY BUNBUN + DOUG SCHARIN Lille, Malterie, 20h30, 3e, +33 320 15 13 21 ZAZA + COTTON CLUB Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
mar 18 MI AMI Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10e, +32 5 637 06 44 JENA LEE Lille, Splendid, 20h, 22e, +33 320 33 17 34
mer 19 Près des remparts de Séville III : «Prends garde à
toi» : CARL GHAZAROSSIAN + DAVID ZOBEL Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50
GAUTIER CAPUÇON + GABRIELA MONTERO Lille, Opéra de Lille, 20h, 8/5e, +33 328 38 40 50
Am’stram’gammes : ONL Lille, Nouveau Siècle, 18h30, nc, +33 320 12 82 40
LOCOMOTIVE SOUND CORP Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97
LALI PUNA + MARBLE SOUNDS Bruges, Cactus Club, 20h, 13/10e, +32 5 033 20 14
FLOW Lille, Splendid, 20h, nc, +33 320 33 17 34
WOLVES IN THE THRONE ROOM Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
DAVID PATROIS TRIO+2 Valenciennes, Phénix, 20h, 9e, +33 327 32 32 32
DEADMAU5 + MOGUAI Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24
PHOSPHORESCENT + ROCKY VOTOLATO Anvers, Trix, 20h30, 13/10e, +32 3 670 09 00
PHOSPHORESCENT Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28 PARLOVR Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 EMMANUELLE SEIGNER Lille, Splendid, 20h, 28e, +33 320 33 17 34 Inrock Indie Club : THE DRUMS + WE ARE WOLVES + SURFER BLOOD + WARPAINT Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 BLITZEN TRAPPER + THE DUTCHESS AND THE DUKE Anvers, Trix, 20h30, 13/10e, +32 3 670 09 00 SINSEMILIA + COLLECTIF VIX & YOLK Dunkerque, 4 Ecluses, 20h30, gratuit, +33 328 63 82 40
JULIEN JACOB Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10e, +33 320 27 70 10 LA PEUR DU LOUP Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
ven 21 WIRE + FRUSTRATION Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00 Mômes en musique : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, nc, +33 320 12 82 40 TÉTÉ Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 ReggaeXtravaganza #1 Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
TETSUO + MICHEL DONEDA + VINCENT GUÉRIN + BARBARA DANG + LUNE GRAZILLY Lille, Malterie, 20h30, 7/5e, +33 320 15 13 21
TÉTÉ Lille, Splendid, 20h, 23,1e, +33 320 33 17 34
jeu 20
MONGOLITO + CARLA BOZULICH Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 20h15, 5e, +32 2 414 29 07
NOMEANSNO + INVASIVES Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00
LALI PUNA + SEABEAR Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00
TURZI + HALLO KOSMO
concerts Charleroi, Eden, 20h30, nc, +32 7 131 44 20 THOMAS FERSEN + DUO REKISSCHOTTE Lille, Maison Folie de Wazemmes, 21h, 15/12e, +33 320 78 20 23 SPHERES Roubaix, Bar Live, 21h30, gratuit, +33 320 28 06 50 Drum’N’Bassment : ANDY C + MC GQ + LOMAX + NETSKY + Z-NOX Bruges Saint-André, MaZ, 22h, 13/10e, +32 5 071 68 40 Festival Music In Your Room : VELOCITY BIRD + KINGS OFF CASH Lille, Biplan, 22h, 10/6e, +33 320 12 91 11 LATE OF THE PIER + PEO WATSON Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
DEAD CONFEDERATE Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 DANY JAM + LUMBER JACK Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 Support Your Local Hero : TOAST + EVERGREEN SPUTI SHIT + MOLOKO VELOCET Tourcoing, Grand Mix, 20h, 3e, +33 320 70 10 00
mar 25
MAYER HAWTHORNE + DJ MEHDI + RITON Anvers, Petrol, 21h, 15/12e, +32 3 226 49 63
COSA BRAVA Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28
PETER VAN HOESEN + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 RORY PHILLIPS + MICKEY + MUSTANG + DIRK SMILE Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
dim 23
Festival Music In Your Room : THE TATIANAS + GOS Lille, Biplan, 20h, 10/6e, +33 320 12 91 11
HOWIE & LINN Gand, Vooruit, 20h, 12/10.5e, +32 9 267 28 28
MY OWN PRIVATE ALASKA + MAGYAR POSSE Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00
BAND OF SKULLS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40
WIM MERTENS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 30/27e, +32 2 548 24 24
NIEUWZWART TRIO + THE ROTT CHILDS + BOSTON TEA PARTY + WILLOW Anvers, Trix, 19h30, nc, +32 3 670 09 00
DE JEUGD VAN TEGENWOORDIG + AUX RAUS + DJ DANNY DE FUNK Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 22/19e, +32 2 548 24 24
SNOW PATROL Bruxelles, Forest National, 20h, 42e, +32 7 025 20 20
MY LITTLE MISSISSIPPI Béthune, Théâtre Le Poche, 20h45, 6,8e, +33 321 64 37 37
sam 22
Wazemmes l’Accordéon : RAYNALD OUELLET + WAZLAX + LA BANDE À PAULO Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, gratuit, +33 320 78 20 23
lun 24
WILDSCAT JAZZ CLUB Lille, Biplan, 17h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
Wazemmes l’Accordéon : RACHID TAHA + CHRISTIAN OLIVIER + LOS BONBON + WIM WILLAERT Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, gratuit, +33 320 78 20 23 FLIP KOWLIER + FIXKES + DISCOBAR A MOEDER Anvers, Petrol, 21h, 15/12e, +32 3 226 49 63 Dyn-o-Mite presents : Lost and Found Night : KEB DARGE + ANDY SMITH Gand, Vooruit, 23h, 12/10,5e, +32 9 267 28 28
THE DELEGATORS Anvers, Trix, 20h30, nc, +32 3 670 09 00 VAZYTOUILLE Lille, Malterie, 20h45, 11/9/7e, +33 320 15 13 21 BZZ Lille, Biplan, 21h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
mer 26 Le Goûter Concert : PATAFRICA Tourcoing, Grand Mix, 17h, 3/0e, +33 320 70 10 00 Musique à danser de la Renaissance Française : SOLISTES DU CONCERT D’ASTRÉE Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50 WALLIS BIRD Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 LÉOPARLEUR Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
jeu 27 WOLVES IN THE THRONE
agenda |
129
ROOM + INSOMNIUM + GHOST BRIGADE Anvers, Trix, 20h, 16/13e, +32 3 670 09 00 GORAN BREGOVIC & LE GRAND ORCHESTRE DES MARIAGES ET DES ENTERREMENTS + MALA VITA Gand, Vooruit, 20h, 40/33,75e, +32 9 267 28 28 KATEL + LOLITO Lille, Rumeur, 20h, 4e, +33 320 52 71 97 ROCÉ + BLUNT CREW Amiens, Lune des Pirates, 20h30, 12/9e, +33 322 97 88 01 VANDAVEER + LOUIS AGUILAR Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10e, +33 320 27 70 10 VAZYTOUILLE + ATELIER JAZZ DU CRD DE TOURCOING Lille, Malterie, 20h45, 11/9/7e, +33 320 15 13 21 BACK BACK + ANIMUS ANIMA Bruxelles, Recyclart, 21h, 5e, +32 2 289 00 59 Haircut 5 : DJ SHO Bruxelles, Wax Club, 21h30, gratuit, info@thewaxclubcom JESSE DEE Gand, Vooruit, 22h, gratuit, +32 9 267 28 28 RFA Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
ven 28 HENRI TEXIER + RED ROUTE QUARTED Dunkerque, Jazz Club, 14h30, 15/10/7e, +33 328 63 51 00 MICAH P. HINSON + TIMBER TIMBRE Gand, Vooruit, 20h, 15/11e, +32 9 267 28 28 I AM UN CHIEN + GÉRARD BASTE Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00
END REALITY Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 STTELLLA Lille, Splendid, 20h, 20e, +33 320 33 17 34 SYD MATTERS + MY GIRLFRIEND IS BETTER THAN YOURS + THOS HENLEY + GDERWS Amiens, Briqueterie, 20h30, 10/8e, +33 322 72 01 86 TAMIKREST + DIRTMUSIC Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 12/8e, +32 5 150 48 94 NOFLAG + PROJET BIÈRE BITCH Roubaix, Bar Live, 21h, gratuit, +33 320 28 06 50 G-Dak Birthday Party : G-DAK + GUIDO + 4H Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom FRANÇOIS EBERLÉ Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Late Night Jazz : JEF NEVE TRIO Bruxelles, Beursschouwburg, 23h, 6e, +32 2 550 03 50
sam 29 JÓNSI Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24
Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64 RICK ET LES AFFRANCHIS Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Toys For Boys Label Night : SIERRA SAM + MARCUS VECTOR + FERNANDO DAXTA + DEG + PIERRE NOISIEZ Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 BOTTIN + WIRSPIELEN + RICK SHIVER + MUSTANG Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
dim 30 MOTORPSYCHO + MADENSUYU + GROWING Bruxelles, Ancienne Belgique, 18h, 21/18e, +32 2 548 24 24 YOUNGBLOOD BRASS BAND + TERROIR PROD Tourcoing, Grand Mix, 18h, 13/10e, +33 320 70 10 00 RED ZEBRA + AROMA DI AMORE Gand, Vooruit, 20h, 18/15,75e, +32 9 267 28 28
HEONIA Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97
EXTRA LIFE + UDO UND BRIGITTE Lille, Malterie, 20h30, 7/5e, +33 320 15 13 21
CASEY + ROCÉ + BASS MC Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00
lun 31
VAZYTOUILLE + ENNUI DE NOCE Lille, Malterie, 20h45, 11/9/7e, +33 320 15 13 21
MICAH P. HINSON Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00
It Becomes Infectious Party : DJ WESPER + SNOOBA Bruxelles, Wax Club, 22h, gratuit, info@thewaxclubcom We play House : TYREE COOPER + RED D + LADY LINN + SAN SODA + MAXIM LANY
WOLF EYES Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40 GENTLEMAN & THE EVOLUTION Gand, Vooruit, 20h30, 25/21,5e, +32 9 267 28 28
le mot de la fin |
130
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Un truc cool…
Kettle
En 2009, Brock Davis s'est lancé un défi : "Make something cool every day". Cet illustrateur facétieux et photographe hypersensible a terminé l'année en beauté avec 365 créations (photo)graphiques ! Voici un extrait du calendrier très personnel d'un mec définitivement cool.