let'smotiv nord n°44

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n째44 / sept. 2009 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines






Sommaire Let’smotiv - sept. 2009 - n°44

9 10 16

édito News Rencontre

22

Reportage

30

Design

36

Objets

38

Mode

50 56 58

78 80

Christophe Honoré Le buzz de Big Apple Telling Tales L'affaire est dans le sac

In wool they trust, Portfolio Canicule

évènement

Name festival

Portrait

Fabrice Lextrait

Musique

Festival Radar, Dirty Projectors, Elvis Perkins, We have band, The Heavy…, chroniques disques

Littérature

chroniques livres : Boulet…

Cinéma

Festival du film Grolandais, Bastien Dubois

84 Portfolio Ruud Baan

92 Théâtre & danse

Brahim Bouchelaghem, Latitudes Lille - Bruxelles, Joël Pommerat…, agenda

© Laurent Moynat

108 E xpositions

Panamarenko, Gilbert & George…, agenda

122 Agenda concerts

128 Guide bars & clubs 130 Le mot de la fin




édito

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9

N°44 Nord & Belgique - sept. 09

Let’smotiv Nord 114 rue Barthélemy Delespaul - 59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com pub.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Toulouse 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 info@letsmotiv.com Let’smotiv Méditerranée BP 2172 - 34027 Montpellier Cedex 1 Tél : +33 467 06 95 83 - Fax : +33 467 92 26 43 redaction.med@letsmotiv.com Let'smotiv Bordeaux 31-33 rue Buhan - 33000 Bordeaux Tél : +33 556 52 09 95 - Fax : +33 556 52 12 98 redaction.bordeaux@letsmotiv.com www.letsmotiv.com Let’smotiv est une publication de Tacteel / sarl 5 000 E / RCS Lille 501 663 769 Abonnement (1 an, 11 numéros) : 33e directeur de la publication : laurent buoro ı directeur de l’édition : loïc blanc ı directeur délégué de la publication : nicolas pattou ı rédaction : Judith Oliver, Hakima Lounas ı ont collabore à ce n° : thibaut allemand, Ruud Baan, Marc Bertin, faustine bigeast, Maïté Buns, Cabu, Sandrine Cayron, Audrey Chauveau, Elodie Couécou, Léa Daniel, Marine Decremps, Fanny Delporte, Hugo Dewasmes, Louis Dieu, audrey jeamart, Fabien Kratz, carole lafontan, coralie martin, Nicolas Mathé, Nathalie Mora, Laurent Moynat & Julie Cerise, Emilie Nguyen, baptiste ostré, Sylla de Saint Pierre & Eric Tourneret, Olivia Volpi, Olivia Wauquier ı Graphisme : cécile fauré ı Administration & comptabilité : adm@urban-press.com Lætitia Louvet ı Impression : imprimerie Ménard - 31 682 Labège ı Diffusion : c*red ı Dépôt légal : à parution ı ISSN : en cours ı Ne pas jeter sur la voie publique

Couverture : Ruud Baan www.ruudbaan.com

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Magazine gratuit Membre de l’OJD, Bureau de la presse gratuite d’information.

Bon sang ! Si vous êtes un homme, « avez-vous déjà eu des relations sexuelles avec un autre homme ? ». Répondre oui à cette question revient à vous exclure des donneurs de sang pour le restant de votre vie. La mesure date de 1983. Soit un an après l'apparition des premiers cas de SIDA en France. À l'époque, on associait cette maladie encore méconnue à des pratiques sexuelles dites « marginales » ou à des « groupes à risques » : les prostituées et les homosexuels*. Les temps ont-ils vraiment changé ? Apparemment, non. Fin août, un homme dont le sang a été refusé en raison de son homosexualité a entamé une grève de la faim. Son cas relance une polémique inaugurée en janvier dernier. Dans un arrêté ministériel, Roselyne Bachelot affirmait alors que l'homosexualité restait un critère pour refuser un donneur. Une « contre-indication » qui, selon elle, ne relève pas d'une « option philosophique » (Libé du 14.01.09) mais du principe de précaution. Elle s'appuyait sur des évaluations sanitaires selon lesquelles « entre 10 et 18 % des homosexuels masculins sont contaminés par le VIH, contre 0,2 % pour les hétérosexuels ». Les associations gays sont montées au créneau, contestant ces chiffres et dénonçant une « discrimination homophobe ». Cette situation peut évidemment laisser perplexe. Pourquoi ne pas se contenter des critères électifs habituels (maladies chroniques, virales ou infectieuses, prises de drogue par intraveineuse, rapports sexuels non protégés datant de moins de 4 mois...) ? Pourquoi ne pas se concentrer sur ces questions, posées de manière identique à tous ? Dans un contexte de pénurie de sang, pourquoi exclure d’office entre 80 et 90% de la communauté homosexuelle ? Tant qu’il sauve une vie, un bon sang d’homo ne vaut-il pas un bon sang d’hétéro ? Lola Blou *Aux Etats-Unis, on parlait même de « gay syndrome ».


En bref…

Weltkulturerbe Vöelklinger Hüette © Nico Bohnert

Affaires d'états Des rencontres diplomatiques entre chefs d'États, on ne voit bien souvent qu'une poignée de main volontaire échangée sur un tapis rouge. Le reste demeure mystérieux. Grâce à l'Allemagne, on sait maintenant qu'on ne joue pas au Risk (encore que...) lors de ces entrevues. Une exposition Outre Rhin révèle qu'il est de bon ton d'entamer l'entretien par un échange de cadeaux. Une ancienne sidérurgie de la Sarre expose les présents que les chanceliers allemands ont reçus depuis 60 ans. Éléphants en perles, chameau en or... de bon ton, soit, mais pas toujours de bon goût. ❥

Jusqu'au 18.04, Völklinger Hütte, www.voelklinger-huette.org

éd. la Chienne le geai © 19 man

Siouplé, rembobinez!

Télex

Que peuvent bien avoir en commun la revue photo alternative Tell Mum everything is ok, et le film d'animation Mamma Mia de Baptiste Degas ? Une pratique commune, celle du Do It Yourself, un « fourre-tout » écolo et arty qui prône l'autoproduction et touche plusieurs domaines. Le 2e salon du DIY à Lille, organisé par l'Hybride et Lézard Actif, se concentre sur la production graphique (Arrache-toi un Œil, Fume ta Moustache...) et les labels indépendants (Flomotions, Pulsar Music...). Les 170 m² de l'Hybride accueillent les créateurs les 26 & 27.09, pour un événement entièrement... auto-produit. ❥

www.Fais-Le-Toi-Meme.com

Grâce aux recherches d'un passionné, la 1re pièce d'Edmond Rostand a été retrouvée. La publication de cet inédit aux éditions Nicolas Malais est passée inaperçue. L'auteur de Cyrano doit se réjouir… Il a eu honte de ce texte toute sa vie. // Le cinéma lillois l'Univers lance un concours de « films minute ». Seules contraintes : la durée (60'') et l'échéance (22.09). Info: filmminute.free.fr


news |

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Google dans les petits papiers Le projet fait consensus. Numériser l'ensemble du patrimoine français (œuvres d'art, écrits et vidéos) constituerait une avancée considérable. Notamment pour ceux qui souhaitent étudier des pièces fragiles ou stockées dans les réserves. Reste que personne ne s'accorde sur les moyens. En atteste le tollé provoqué par la Bibliothèque Nationale de France. L'État refusant de financer le pharaonique chantier (autour de 80M d’euros !), l'établissement s'est tourné vers... Google. Le géant ne pose qu'une condition à son mécénat : être le moteur de recherche exclusif pour ces données. Silence radio, par contre, sur la protection des droits d'auteurs.

© marie-élise bonnefont

© DR

Un 10e art ?

« Music for peace »

Les organisateurs du Tattoo Art Fest (18 au 20 septembre) se revendiquent d'une nouvelle mouvance, celle du tatouage « artistique ». On est loin du cliché du motard avec sa rose à l'encre marine inscrite sur le biceps droit (le plus gros). Et pour preuve, le TAF rassemble surtout des peintres, dessinateurs ou graphistes qui ont choisi la peau comme support fétiche. Que vous soyez tatoués jusqu'à l'os, à deux doigts de passer sous l'aiguille, ou juste curieux, c'est au Parc Floral de Paris que ça se passe. ❥ www.tatooartfest.fr

La City Parade est aux grandes villes belges ce que les raves sont aux sous-préfectures françaises : un événement qui dérange. Refusée à Liège et redoutée à Charleroi en 2006, ce vaste rassemblement techno n'a pas baissé les décibels pour autant. De retour à la Cité Ardente, il offre une belle soirée de clôture emmenée par Technasia et jack de Marseille notamment. Grande nouveauté, les chars du cortège traverseront la ville un dimanche. Histoire d'« accentuer son caractère familial » selon son organisateur, Claude El Divino... ❥

le 13.09, Liège, gratuit, www.cityparade.be

Morrissey appelle à un boycott... de ses propres disques. En cause, un litige avec les maisons de disques EMI et Warner. Comme il les a quittées et ne touche plus un rond de leur part, Moz s'oppose à la réédition des vinyles des Smiths. Pas nous // Lille inaugure cet automne une nouvelle maison Folie à Lomme, dans la salle Beaulieu, une ancienne bibliothèque et salle de cinéma.


news |

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Tapis rouge et portes ouvertes Voilà déjà 25 ans que musées, lieux insolites et prestigieuses demeures privées ouvrent leurs portes pour les journées du patrimoine. La région Nord - Pas de Calais propose cette année une dizaine de nouveaux sites, comme le château de la Huda à Trelon, la maison « haute qualité environnementale » dédiée à l'écologie (Géotopia) à Mont Bernanchon ou la base de lancement V1 de Norbecque. Mais rien n'empêche de pousser la porte de certains habitués de l'opération, comme le costumier lillois Bouillet-Belbézier, dont l'atelier vaut vraiment le détour (cf n°36). ❥ Les 19 et 20.09, info offices du tourisme et www.journeedupatrimoine.culture.fr

© M. Satrapi

© E. Crooy

Puces vintage

Persepolis 2.0

Difficile de trouver des chaises de Eames, des tables de Knoll ou des fauteuils de Bertoia chez Ikea, c'est sûr. Mais il n'est pas impossible de dégoter des pièces rares venues d'Italie, des EtatsUnis, d'Allemagne ou des Pays-Bas au Brussels Design Market. Dans un esprit décontracté, ce pèlerinage annuel des mordus du design d'après-guerre (des années 50 aux années 80) aura lieu cette année le 13.09, dans le cadre du festival tant attendu, Design September (cf p.108). ❥ +32 477 64 28 85,

En réaction à la fraude électorale iranienne, 2 jeunes Perses ont choisi symboliquement la BD de Marjane Satrapi pour s'exprimer. Si la version originale portait un regard empreint de réalisme et d'humour sur les événements de 1979 (révolution islamique), Persepolis 2.0 nous renvoie au 15 juin 2009, point de départ d'une protestation populaire violemment étouffée. Dans cette version contemporaine, les images originelles sont conservées, seuls les textes devraient être « actualisés ». Espérons que Persepolis 3.0 ne verra jamais le jour... ❥ www.spreadpersepolis.com

www.designseptember.be

Télex

L'équipe artistique du Batofar, club flottant parisien, lève l'ancre et crée La Raffinerie, boîte de production de soirées raffinées aux couleurs urbaines et électroniques. Avec nos encouragements ! // Bruxelles se prépare des Nuits Blanches pour l'annuel BRXLBRAVO, les 2, 3 & 4.10. N'abusez pas des excitants pour tenir les 120 activités artistiques prévues.






rencontre |

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Propos recueillis par ¬ Marc Bertin Photos ¬ Sandrine Cayron

Christophe Honoré Filmer pour vivre Infatigable… Il semblerait qu’il le soit. Christophe Honoré n’a pas encore 40 ans, mais semble avoir vécu plus d’une vie : romancier, dramaturge, scénariste, critique et surtout cinéaste. Six longs-métrages à son actif depuis 2000. On pourrait y ajouter des courts ainsi que des téléfilms. Un C.V. copieux, parmi les plus fournis de sa génération. À l’occasion de la sortie de Non ma fille, tu n’iras pas danser, il était temps d’approcher l’insaisissable metteur en scène. Une poignée de questions en main.


rencontre |

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« J’ai toujours vécu mes films comme des lettres écrites à la première personne. » Il est un peu prématuré pour statuer sur le cas Honoré dans le cinéma français - celui des années 00 et à venir. Une chose est sûre : le Breton a le goût de l’urgence, façon Nouvelle Vague. Moyens riquiqui, acteurs et actrices fidèles, une écriture romanesque et un amour du cinéma. Si l’on reprend l’adage godardien « Il y a ceux qui sont habités par le cinéma et ceux qui habitent le cinéma », alors, oui, définitivement, Christophe Honoré appartient à la première famille. Du genre à avoir fait ses humanités dans les années 90 aux Cahiers du Cinéma, comme ses aînés ; tout du moins, ceux que l’on peut aisément deviner en figures tutélaires : François Truffaut, Jacques Rivette, André Téchiné. Sans oublier un compagnon de route, véritable père putatif : Jacques Demy. Après tout, Nantes n’est pas si loin de Carhaix… Demy revendiqué et souvent « honoré » au point d’oser une véritable comédie musicale avec Les Chansons d’amour ;

Alex Beaupain endossant les habits de Michel Legrand. Demy, encore et toujours au cœur de Non ma fille, tu n’iras pas danser, nouvelle livraison en forme de conte à la morale sombre, osant dans son récit un voyage dans le temps au pays des légendes. Mais aussi Demy le grand portraitiste des passions et des femmes. Ici, c’est Chiara Mastroianni, telle une évidence, en Mère Courage constamment bafouée, luttant à corps perdu pour ses enfants. Victime, parfois consentante, de cette espèce de bonté qui finit toujours par ronger les sens, Léna sombre peu à peu, perd pied et la raison. La famille, quelle belle affaire ! Un motif récurrent chez Honoré. Peut-être même le motif principal de sa jeune œuvre. Celle qui est là, existe bien malgré soi. Et celle fantasmée, recréée, que l’on souhaite accorder au diapason de ses désirs. Non ma fille, tu n’iras pas danser, film peu aimable, rugueux à la Pialat, mais si rare qu’on ne peut que l’aimer.


Christophe Honoré dirigeant son frère Julien.

Quelle est la part « réelle » de conte dans votre dernier film ? Je ne suis pas certain de bien comprendre votre question. La part du réel ou la vraie part ? Dans les deux cas, quoi qu’il en soit, elle est importante. Cette percée dans la fiction, élan vers l’imaginaire, me permet de donner plus de profondeur à ma chronique féminine, en développant de manière primitive les thèmes à l’œuvre, à savoir la « place du mort » imposée tacitement aux femmes. En ce qui concerne le traitement même du conte, les références étaient plutôt du côté du cinéma italien, Olmi

ou les frères Tavianni, qui ont su filmer des légendes comme des documentaires d’époque.

Non ma fille, tu n’iras pas danser, c’est du Demy volontairement désenchanté. Jacques Demy ne propose pas des films si enchantés que ça. La mort, l’impossibilité de l’amour sont au cœur de tous ses films. Pour Non ma fille, tu n’iras pas danser, j’ai l’impression que la question n’est pas tant d’un film léger ou triste, mais plutôt d’un film qui traque l’absurdité de nos vies. >


rencontre |

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Christophe Honoré et Chiara Mastroianni.

On a le sentiment que Léna est le portrait de Jeanne (Les Chansons d’amour) quelques années auparavant ? Je ne pense vraiment pas. Avec Chiara, dans Les Chansons d’amour , on s’était dit que son personnage était une pierre, incapable de réagir à la mort de sa sœur, immobile, dense. Ici au contraire, Léna est constamment en « vivant » comme on dirait en mouvement. Si c’est une pierre, alors c’est une « rolling stone ». Serait-ce votre film le plus personnel voire le plus intime à ce jour, eu égard déjà à sa géographie ? Par goût et par incapacité à faire

autre chose, j’ai toujours vécu mes films comme des lettres écrites à la première personne. Comme souvent, vos personnages communient en musique ? Le temps d’une chanson est-il celui du cinéma ? La chanson, quand elle est entendue par les personnages, participe à la suspension du temps de la fiction. Elle permet d’ouvrir une séquence vers un moment de pure perte de sens, juste pour la beauté du geste. Quelle est votre place dans le cinéma français ? Une place à l’ombre. /



Le Buzz de Big Apple texte ¬ Sylla de Saint Pierre photos ¬ Eric Tourneret


reportage |

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David Graves, 59 ans, a 14 ruches dans New York. Avec sa femme, ils font de la confiture et de la gelĂŠe de fruits.


reportage |

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Confrontée à une crise sans précédent, New York se cherche une nouvelle identité. De plus en plus de citoyens l’ont trouvée dans la verdure des potagers suspendus et autres jardins communautaires où butinent des milliers d’abeilles, en toute illégalité. New York, juillet 2009. David Graves, la soixantaine avenante sous une tignasse de cheveux gris, traverse une rue de Soho, un enfumoir sous le bras. Il s’engouffre dans l’ascenseur d’un immeuble, puis dans l’escalier qui mène aux toits, gravit une échelle fixée au mur, et franchit sur une barre de fer le passage acrobatique qui mène au sommet de l’immeuble. Une ruche l’attend là, en plein cœur de la ville. David en possède une quinzaine à New York. Il vend sur le marché bio d’Union Square un miel estampillé « New York City Rooftop Honey » (miel des toits de New York). Un hurluberlu dans la ville ? Peut-être… Mais David n’est pas le seul apiculteur à New York, ni le seul tenant d’un nouvel art de vivre qui fait de plus en plus d’émules.

Du « consuming happiness » au « less is more » L’Amérique s’est aujourd’hui choisi un président qui incarne une immen-

se attente de changement. Mais, comme le reste du pays, New York est encore hébétée par ces années de gabegie financière qui ont fait le terreau de la crise. Tout un mode de vie, qui avait fini par prendre force de dogme, le « consuming happiness » (le bonheur est dans la consommation), a perdu de sa crédibilité, et les excès passés mènent désormais une partie de l’opinion vers le « less is more » (moins pour mieux). Symbole du capitalisme à l’américaine, New York semble la première touchée. Les programmes immobiliers de luxe se figent, les chantiers abandonnés ont vu fleurir des jardins communautaires, parfois minuscules, parfois immenses, à l’échelle des immeubles qui les cernent. Une chose est certaine, la Grosse Pomme semble reprendre de l’humanité, et reste plus que jamais fidèle à son image de ville avant-gardiste. Des « poches de résistance » naissent, qui prennent des formes diverses. >


Trois amis apiculteurs avec leur matĂŠriel devant un immeuble oĂš se trouve un rucher dans l'East village.


Adam Johnson, 35 ans, avocat associĂŠ dans un cabinet new-yorkais s'occupe des quatre ruches d'un jardin communautaire.

Le marchĂŠ biologique d'Union Square.


reportage |

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« L’abeille des villes se porte beaucoup mieux que sa cousine des champs. » Celle qui nous intéresse défend une multitude bourdonnante, à l’image de la ville. Mais ces essaims-là n’y ont officiellement pas droit de cité.

L’éléphant, le jaguar et l’abeille, non grata à New York Un arrêté de 1999 interdit la possession de tout animal sauvage à New York. On peut concevoir que la ville se passe fort bien des jaguars, fennecs, éléphants, ou autres espèces répertoriées dans l’article 161.01. Mais les abeilles ? New York est la seule cité importante des États-Unis ayant fait de l’apiculture un délit. Un seul appel au 311, la ligne réservée aux plaintes, expose les apiculteurs à 2000 $ d’amende… Malgré tout, depuis une dizaine d’années, nombre de ses habitants entretiennent des ruches anonymes sur les toits

de leurs immeubles, dans les jardins communautaires et les potagers suspendus. Leur miel se négocie d’ailleurs 30 $ les 500 grammes sur les marchés. Car, et c’est là un paradoxe éloquent, l’abeille des villes se porte beaucoup mieux que sa cousine des champs et produit un miel de grande qualité (en France comme aux États-Unis, en seulement 20 ans, un quart des colonies a disparu). Rien de tel à New York, puisque les abeilles prospèrent et trouvent une abondance de fleurs dans des jardins publics ou privés infiniment moins traités que les cultures en plein champ.

Dérivatif pour bo-bo ou mouvement de fond ? Selon Adam Johnson, avocat associé dans un cabinet new-yorkais, qui possède quatre ruches dans un jardin communautaire de Manhattan, « l’association des apiculteurs de New York regroupe une centaine de ruches. Si l’on y ajoute les gens d’origines mexicaine et portoricaine qui ont des racines rurales et les jeunes, les chiffres peuvent s’envoler >


reportage |

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« L’apiculture urbaine représente un mouvement qui promeut l’autonomie alimentaire. » à 500 ruches ». Eddie Diaz, autre apiculteur, estime qu’il y a près de 1000 ruches à New York. Nul ne connaît les chiffres exacts, personne n’ayant intérêt à se faire de la pub… « C’est encore underground, souligne Eddie. Mais nous prenons très au sérieux la révolution actuelle. Plein de jeunes se lancent dans des projets alternatifs d’agriculture bio dans la ville. Je travaille dans un restaurant biologique qui produit près de la moitié de ses légumes dans trois jardins suspendus ». L’apiculture urbaine représente une part importante d’un mouvement qui promeut l’autonomie alimentaire. À New York, l’association Just Food porte le flambeau et soutient le développement de fermes communautaires. Or ces fermes ont be-

soin des abeilles pour polliniser leur production. Sans elles, il n’y aurait ni fruits ni légumes. Just Food s’est donc rapprochée des apiculteurs clandestins pour œuvrer à la légalisation de leur pratique. Une campagne de sensibilisation du public a été lancée sur Facebook et Twitter, et par des événements comme la semaine de la pollinisation en juin dernier, inaugurée par un bal masqué sur le thème de l’abeille. Les supporters des mouches à miel se sont grimés comme savent le faire les New Yorkais, salués par une galerie de portraits dans le New York Times. Pendant que les badauds se délectaient de travers de porc grillés au miel, hot-dogs avec de la moutarde au miel, hamburgers à la sauce au miel et autres délices. /

Le livre Cueilleurs de miel de Sylla de Saint Pierre et Eric Tourneret paraîtra chez Rustica en novembre prochain.


Le bal des apiculteurs organisĂŠ par l'organisation Justfood.org (le 22 juin 2009).


design |

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texte ¬ Maïté Buns

Le design au pays des merveilles Avec l'exposition Telling Tales*, le musée Victoria et Albert de Londres propose un voyage dans le monde du design surréaliste. Si le design allie habituellement esthétique et commodité, les œuvres présentées ici oscillent entre merveilleux et expérience cauchemardesque. Bienvenue dans une improbable galerie composée de manifestes personnels sur les thèmes de la rêverie, de l’appartenance sociale et de la mort. Le temps de cette visite, oubliez donc toute logique pour apprécier les contours de cet autre design.


Le château enchanté © V&A Images


design |

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« Ces créations sont plus symboliques que fonctionnelles. » À peine franchi le seuil de l'exposition, nous voilà aux antipodes de la réalité londonienne. Le vacarme de la foule et de la circulation a soudainement laissé place au son apaisant des grillons et des craquements de branches. Nous nous trouvons dans une clairière (The Forest Glade) dont le décor et les objets semblent directement sortis de nos livres d'enfants. Un canot transformé en baignoire (Wieki Somers) ou un fauteuil à la traîne de princesse (Tord Boontje), évoquent ainsi mythes et contes de fées. Mais c'est le vase du designer Libertiny qui laisse le plus de bouches bées ! Prenez une armature en fer, 40 000 abeilles, attendez une semaine et abracadabra... un vase entièrement constitue d'alvéoles est né. La technique employée pourrait être appliquée à des milliers d'autres objets, pourquoi donc le vase ? « Les abeilles ne peuvent produire de cire sans fleurs. En créant ce vase, elles semblent rendre hommage à la fleur dans ses dernières heures*», s’amuse son créateur.

On poursuit la visite avec une étape bien moins onirique, le château enchanté (The Enchanted Castle). Les symboles de richesse et de statuts sociaux y sont portés en dérision. Rien d'étonnant alors à ce qu'une énorme lanterne en forme de diamant (Matali Crasset) surplombe une ostentatoire table en marbre (Jeroen Verhoeven). La pièce se présente comme une boîte à bijoux géante : des miroirs placés au plafond, au sol et aux murs reflètent l'or et l'argent des objets exposés, tandis que l'éclairage vif donne l'impression d'être sans cesse photographiés.

L'enfer du décor Très vite cependant, les pupilles se dilatent et les gorges se resserrent le long d’un couloir sombre qui mène à la dernière partie de l'exposition : Le Paradis et (majoritairement) l'Enfer (Heaven & Hell). On s'engage dans un jeu inquiétant de cache-cache avec la mort, admirant les œuvres aux travers d'alcôves placées dans l’obscurité. La présence ici d'animaux empaillés, notamment un renard aux oreilles grouillant d'asticots plaqués or (Kelly McCallum), ne détend vraiment pas l'atmosphère. On serait presque tentés d'enjamber le tapisflaque de sang (Frederikson/Stallard) pour se planquer dans le siège >


Honeycombe Vase, Tomàs Gabzdil Libertiny © Studio Libertiny, Pays Bas


design |

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Sculpt Wardrobe, Maarten Baas © Carpenters Workshop Gallery, Londres

de Joep van Lieshout, en forme de crâne humain, cousin du grand classique fauteuil Ballon de Eero Aarnio. Brrr…! Vite, où est la sortie ?

Le design nous raconterait-il des histoires ? Presque tous les objets de l'exposition Telling Tales répondent à la définition conventionnelle du design en remplissant une fonction pratique. Mais ils ne le font toutefois qu’en partie.

Ainsi, Fig Leaf, un arbre-penderie aux 616 feuilles de cuivre émaillées à la main (Tord Boontje), est d’abord une œuvre d'une beauté indéniable qui n’accueillerait qu'une dizaine de vêtements. Les créateurs s'affranchissent donc des contraintes liées à la création d’objets. Pour autant, leur pratique ne relève pas non plus complètement de l'art, nous affirme-t-on. Il serait question de « Design Art ». Gareth Williams, commissaire de l'exposition, s’explique : « À mes yeux, le Design Art rassemble les œuvres de designers − et pas d'artistes ou d'artisans − produites en série limitée. Elles sont plus symboliques que fonctionnelles, mais conservent leur lien à l'utilité ». Cette « nouvelle » terminologie soulève néanmoins quelques questions. S'agirait-il d'un coup marketing ? Car si le terme est nouveau, la démarche, elle, ne l'est pas. En effet, de très grands designers et architectes, notamment Ron Arad, Marc Newson et Zaha Hadid, se sont distingués en produisant des pièces de collection, en édition limitée, depuis le début des années 90. Quoiqu’il en soit, design, art ou design art, l’exposition Telling Tales révèle merveilleusement bien leur fonction commune : nous inviter à porter un regard différent sur notre monde. /

*Comprenez « raconter des histoires ».

À voir / Exposition Telling Tales : Fantasy and Fear in Contemporary Design, jusqu’au 18.10.09 au musée Victoria & Albert de Londres, lun>jeu et week-end 10h>17h30, ven 10h>21h30, +44 20 7942 2000 À lire / Telling Tales : Fantasy and Fear in Contemporary Design, Gareth Williams, V&A Publishing, 2009 À découvrir / www.vam.ac.uk/microsites/telling-tales



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L'affaire est dans le sac sélection ¬ Marine Decremps

La mode est un éternel recommencement. Les cabinets de tendances ne cessent de rééditer les modèles qui ont fait le succès des 50’s aux 90’s. La grande « innovation » de ces dernières années, c’est le recyclage, concept qui inspire tout particulièrement les designers de sacs. Bâches de camion, emballages alimentaires et autres matériaux de rebus reviennent sous forme de besaces, pochettes et autres cabas. Sacs de sport, à dos ou à main, il y en a pour tous les goûts et les usages. Sélection.


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1. Sac à bandoulière Hubert en cuir, Delphine Conty. 120€ / 2. Porté et approuvé par les skaters : Wonder de Dakine. 42€ / 3. Idéal sur le terrain urbain le Buddy de Eastpak est équipé d’un port pour câble MP3. 16€, eastpak.com / 4. Pochette chic tout en journaux recyclés Ecoist. 15€, ecoist.com. / 5. Revival 50’s avec ce sac de bowling Airlines Originals. 52,95€, bagazoo.com / 6. Le cabas arty écolo de Freitag : incontournable. 150€, freitag.ch / 7. Coton bio et cuir d’acacia, Veja applique la recette de ses baskets à sa nouvelle ligne de sacs Projet Numéro 2. 169€, veja.fr

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Mister Crochet, Tokyo decadence Š Alexandra Camara


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texte ¬

Élodie Couécou

In wool they trust S’il n’a jamais vraiment quitté nos armoires, le tricot d'hier semble à nouveau inspirer les stylistes d'aujourd'hui. Pour autant, le jacquard reste au placard au profit d'une maille qui se métamorphose et devient un nouveau support de création entre sculpture et orfèvrerie. Le tricot serait-il devenu le fer de lance de la mode contemporaine ? Rencontre avec deux créateurs qui filent la laine. Le fil tricoté traverse les siècles, apprécié pour son faible coût, sa plasticité et son confort. Le xxe siècle lui offre son heure de gloire. Il fait son entrée dans la mode grâce aux collections sport de Coco Chanel. Sonia Rykiel l’érige au rang de must have des garde-robes dès les années 1970. Avec les mini-pulls, elle change à la fois les proportions du tricot et son usage : la maille est chic à la ville. Après quelques années d’absence, le tricot connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. La tendance actuelle est indéniablement marquée

par une réflexion sur la société de consommation. Les jeunes créateurs, héritiers des recherches entre destructuration-restructuration des vêtements de Yamamoto, de Margiela ou Van Noten sont nombreux à choisir la maille en l’adaptant à nos silhouettes et modes de vie. Parmi eux, Nicolas Courouble et Xavier Brisoux s’accordent sur les raisons de cette récente redécouverte du tricot. Et ils constatent un désir d’individualité exprimé par toute une génération en réaction à l’uniformisation. Leurs recherches et créations tricotées >


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Xavier Brissoux © julien loth

créateur de modèles en kits pour la marque Phildar. Ses manchettesmitaines rock’n roll invitent les amateurs de do it yourself à créer leurs propres accessoires.

s’inscrivent dans une mode résolument contemporaine, à l'instar de nombreux stylistes tels Sandra Backlung et Mister Crochet.

Une maille à l'endroit... Nicolas Courouble, troque très tôt sa machine à coudre pour les aiguilles à tricoter. Le tricot lui autorise en effet une liberté d’action qu’il juge plus satisfaisante que l’assemblage d’étoffes en fil tissé. Le large choix des points et des fils l’inspire pour créer ses propres « tissus », lui permettant ensuite d’élaborer les vêtements en sculptant les volumes. Sa laine est aussi précieuse que la soie lorsqu’il réalise une robe de mariée en mailles géantes. Il est également ❥

à visiter / www.xavierxbrisoux.com

... une maille à l'envers Xavier Brisoux conçoit ses collections différemment. Ses modèles sont dictés par la recherche des formes. Technicien de la maille et de la construction, il réinterprète les classiques pulls de laine et les revisite. Ses vêtements sont fabriqués en Italie, à partir de matériaux nobles, cachemire, soie et coton. Ici le visible et l’invisible se confondent. Les boutons se cachent, les étiquettes se dissimulent dans les poignets, les patches de coudes se devinent entre deux épaisseurs de laine. La dualité règne dans les doubles encolures et les emmanchures qui se situent parfois là où elles ne sont pas attendues. Le style est épuré et les couleurs sobres, dominées par une alliance ingénieuse des points. Le travail, réalisé en toute subtilité, démontre sa volonté de « rechercher des formes qui réinventent les côtes de maille ». Il offre des solutions expérimentales et innovantes pour une nouvelle esthétique de la mode masculine et féminine. /



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Photographie & réalisation ¬ laurent moynat & julie cerise Stylisme ¬ julie cerise Maquillage & coiffure ¬ Olivier Chauzy - maquillage avec les produits M.A.C COSMETICS Assistant ¬ Olivier Moly merci à l'Agence Anakena, studio "A..."


Vadim Tee shirt Pull In (Mod In), casque original de Peter Fonda dans "Easy Rider" (Eastside), jeans Levis (Mod'In), caleรงon Pull In (Mod'In)

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Olivier Jeans Nudie (Sun Bell Store), Tee shirt Amplified Vintage (Sun Bell Store)


Ana誰s robe Kanabeach (Kanabeach), bandeau American Apparel, montre Swatch


Kader (agence ANAKENA) casquette Carhart (Carhart), Tee shirt Carhart, Chemise Carhart, jeans Pepe Jeans (Pepe Jeans)


Pauline Jeans Pepe Jeans, chemise Opull'ence (Brock n roll), tee shirt Carhart


Guillaume Tee shirt Kanabeach, Jeans Pepe Jeans


Camille (agence ANAKENA) robe (Brock'n'roll)


NA Brodinski Š DR


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texte ¬ Olivia Volpi

On prend les mêmes et on commence autre chose Cinquième édition du NAME, le festival Nord Art Musique Electronique : un rendez-vous où se croisent Djs, philosophes et artistes dans une ambiance très fortement marquée par la personnalité atypique de la compagnie roubaisienne Art Point M, créatrice du projet. Parlons-en avec Sabine Duthoît, sa représentante.


M t n i o Art P le départ en recouvrant une des halles de la gare Saint Sauveur de Post-It, pixels de papier.

Pas cher mais pas cheap

«

Cette année, c’est encore plus radical » convient Sabine. « ça fera peut-être grincer des dents… On le revendique : le festival est construit comme un spectacle, qui évolue avec nos envies. Comme toujours, c’est une programmation qui est très subjective. » Et c’est ainsi qu’on retrouve les incontournables Ellen Allien, Radio Slave ou Matthus Raman: « Et pourquoi pas ? On les aime toujours ! ». Ou que Sei A, petit nouveau à la house légèrement vénéneuse, jouera deux fois. On trouve aussi des groupes plus pop (The Cocknbullkid), plus groovy (Guillaume and the Coutu Dumonts) ou plus sexe (Buraka Som Sistema) : Art Point M veut élargir ses horizons, sans se renier. Une volonté qui se retrouve aussi dans le choix de l’exposition 24 décembre 1957 : partant de son histoire familiale, Fanny Bouyagui, chefe de la tribu Art Point M, s’interroge sur

« La gare Saint Sauveur, c’est vraiment le lieu qu’on attendait à Lille : un endroit où tu peux installer de la photo, de la vidéo, où tu peux mettre du son en intérieur et en extérieur, et où tu peux boire un verre ! ». Et pourquoi ne pas boire ce verre en écoutant le philosophe Yves Michaud discuter du corps contemporain ? « Les masterclasses, formation à l’utilisation de logiciels de montage audio, sont aussi très bien : elles sont de plus en plus suivies, et deviennent de véritables ateliers artistiques. En plus, ce sont des formations qui coûtent normalement très cher, et que nous offrons à une somme modique ». Une politique tarifaire qui s’applique à l’ensemble du festival : « Nous avons eu une baisse de budget, mais nous avons gardé les mêmes prix. Nous estimons que nous devons être un service public de culture ». S’il y a moins d’installations multimédia, c’est à cause de cette baisse des crédits ? « Non, c’est une volonté : nous voulions passer à autre chose que le ludique interactif, porter un message. Mais l’année prochaine, ce sera peutêtre complètement différent… » /

➮ NAME FESTIVAL, du 18 au 27.09, voir programme et infos pratiques p.54.


M Une esthéticienne bio, un fleuriste, un restaurateur ou un philosophe de l’art contemporain qui décident de s’associer à un festival électronique, c’est tout de même intrigant. Mais pourquoi font-ils ça ?

Brigitte, patronne du salon de beauté bio Reflet du soleil : « L’homme est un microcosme dans le macrocosme : chacun est un univers en soi, et autrui est une partie de cet univers. L’autre, c’est un enrichissement. Et Art Point M, que j’aime beaucoup, m’ouvre à quelque chose que je ne connais pas : c’est un cadeau, que je voulais rendre. C’est une porte ouverte au mouvement de la vie, et c’est ce qui est drôle. Vous, vous aimez la musique électronique ? Ca vous fait vibrer, ça vous transporte ? Venez faire un soin, vous verrez bien s’il y a un lien ». Le lien, c’est qu’on sort de là épuisé, ravi et serein, comme après une nuit de clubbing. Hervé, patron du magasin de fleurs Green : « Parce que j’aime bien cette bande de fous ! Je crois qu’ils m’aiment bien aussi, pour ma démarche et ma boutique atypique. J’ai envie de m’associer à leur action : chaque année, je relève le défi et je crée une composition liée à leur programmation. » Benoit, patron de la brasserie Les Moules : « Je suis un passionné de longue date de l’électro, et j’ai souvent croisé l’équipe Art Point M dans des festivals : je les trouve adorables. Ils auraient pu choisir de s’associer à un restau branché qui aurait fait

de la cuisine moléculaire : je suis flatté qu’ils aient préféré une brasserie familiale et traditionnelle, représentative de la culture du Nord. Un crossover inhabituel qui leur correspond bien. »

Yves Michaud, philosophe de l’art contemporain : Sabine Duthoît l’a contacté en 2007. « Elle m’a parlé de musique électronique, et du rapport qu’elle voyait entre ce que j’avais écrit sur l’état gazeux de l’art contemporain* et la musique aujourd’hui. Sur beaucoup de sujets, je trouvais des convergences : la musique comme expérience totale, le plaisir et le renouveau de l’hédonisme, la diffusion des valeurs esthétiques là où on ne les attendait pas : les odeurs, la création culinaire, le design sonore des espaces… J’ai vu l’occasion d’apprendre à travers de nouvelles expériences. Je trouvais aussi excitant de croiser réflexion et pratique musicale de jeunes a priori pas tellement branchés sur la « théorie ». Cette année, il va être question de l’engineering du corps, du dopage et des augmentations corporelles. C’est aussi un sujet qui m’intéresse dans ma réflexion sur la culture contemporaine. Je suis un invétéré « discuteur », et mon rêve serait que l’on puisse étroitement mêler réflexion et consommation musicale. » * L'art à l'état gazeux, Paris, Hachette pluriel, 2007.

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s s a P Le ction a d é r a de l

Thecocknbullkid : en un seul mot et sans espace,

s’il vous plaît. Anita Blay aime quand ça danse, et ne recule devant aucun crossover pour ça : pop, r’n’b, et gros beats électroniques. Un choix (agréablement) surprenant pour le NAME.

Live, Lille, Tri Postal, 19.09, 23h30.

Super Flu :

un nom pareil en pleine pandémie grippale, ce serait insolent si ces deux-là étaient anglophones (« super rhume »). Mais ils sont Allemands, et bien qu’on flaire chez eux un sens certain de la grosse blague, on va supposer qu’ils ne l’ont pas fait exprès. Ce qu’ils font exprès, en revanche, c’est une techno dépouillée, voire sèche, et qui n’en est que plus entraînante.

Live, Dunkerque, Kuursaal, 26.09, 00h.

Michael Mayer : finie la déconnade. Pour son dernier album, avec son copain Superpitcher, il portait les collants et la cape du superhéros. Mais ça tient chaud et ça gratte, alors voilà le patron du label Kompakt revenu au T-shirt informe et moite de Dj mélodieusement minimal. Dj set, Lille, Tri Postal, 19.09, 00h30.

Guillaume and the Coutu Dumonts : c’est à

la fois un nom qui claque et tout un programme, puisque ce groupe canadien est composé de « Guillaume Coutu Dumont et toute sa pluralité », dixit son myspace. Une pluralité qui comprend sens du fun, afro-beat, house et esprit groove, ce qui n’est pas rien.

Live, Lille, Tri Postal, 18.09, 3h.

Buraka Som Sistema : imaginons que vous soyez un zombie épileptique ancien fan de jerk : vous danseriez le kuduro avec la plus grande facilité. Mais vous n’êtes pas ce zombie, et vous allez devoir transpirez des litres pour briller sur cette espèce de house dancehall venue d’Angola, qui connaît un succès mondial depuis que le groupe Buraka Som Sistema a pris le micro. Live, Lille, Tri Postal, 18.09, 1h.


Infos pratiques attention, amis lecteurs. Le NAME affichant un programme très dense, ce qui suit n’est pas exhaustif. Programme intégral sur www.lenamefestival.com.

Musique 18.09 ➮ Toilet Disco !, Kiss the Girl, Lille, Gare Saint Sauveur, 18h, gratuit. ➮ Damian Lazarus, Sei A, Buraka Som Sistema, Tiefschwarz, Andrew Weatherall, Guillaume and the Coutu Dumonts, Tim Green, UFO…, Lille, Tri Postal, 22h, 13/15/17/19€.

19.09 ➮ Pussyselector, Miss Noa, Choco Juanit, Tibo,…Lille, Gare Saint Sauveur, 14h, gratuit. ➮ Ellen Allien, Michael Mayer, The Cocknbullkid, Krazy Baldhead, APM 001, Minilogue, Matias Aguayo, Feadz, Peo Watson… Lille, Tri Postal, 22h, 13/15/17/19€.

Expos ➮ « 24 décembre 1957 » : 350 000 Post-it, 3000 m2 à recouvrir, Lille, Gare Saint Sauveur, du 18.09 au 27.09, gratuit. ➮ Parcours sonores et olfactifs à la Piscine, Roubaix, du 18.09 au 27.09, 3,50/4,50€

Masterclasses ➮ Sessions de formation à Ableton Live ; Pro Tools ; Reason ; Modulate + Resolume… 25 et 26.09, Forum Départemental des Sciences, Villeneuve d’Ascq, 15€/jour, 25€/2 jours.

Table ronde

20.09

➮ Le corps contemporain, discussion menée par Yves Michaud, avec Isabelle Quéval, Gérard Dine et Emmanuel Cuisinier, 25.09, Lille, Gare Saint Sauveur, gratuit.

➮ Clémentine, Aziz,… Lille, Gare Saint Sauveur, 14h, gratuit.

Extras

26.09 ➮ M.A.N.D.Y, Audiofly, Super Flu, APM 001,… Dunkerque, Kursaal, 22h, 7/9/11/13€. ➮ Jennifer Cardini, Sei A, APM 001, Clément Meyer… Lille, Gare Saint Sauveur, 14h, gratuit.

➮ Fleurs NAME chez le fleuriste Green ; cours de mix, crêpes et confiture au Peekaboo (entre 2 soirées électro-picales) ; tarifs NAME chez Reflet du Soleil, salon de beauté bio ; coupe NAME chez le coiffeur Philippe Gonay ; tarifs et horaires « week-end de clubber » aux Citadines et à l’hôtel Ibis Centre

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Aux Fourneaux ! texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Fabrice Lextrait © DR

Après la Belle de Mai à Marseille, le Channel et le musée de la dentelle à Calais, l’équipe des Grandes Tables investit en septembre la Condition Publique de Roubaix. L’inauguration de ce nouveau restaurant à mi-chemin entre la cantine populaire et la gastronomie nous a donné envie de cuisiner Fabrice Lextrait, son initiateur.

Rien ne le prédestinait à s’occuper de fourneaux ni de hauts fourneaux. Mais lors de ses études d’économie à Marseille, Fabrice lorgne vers la Culture. Notamment sur le théâtre Toursky, un théâtre de quartier, qui, à l’initiative de Richard Martin, monte une radio associative. Sa participation à Radio Grenouille le convainc d’investir ses savoirs dans la gestion d’entreprises culturelles. Il rejoint alors l’aventure de la Belle de Mai, une friche industrielle de la ville phocéenne devenue lieu d’expositions et de création théâtrale. C’est là qu’en 2006, il ouvre les

Grandes Tables. Une synthèse entre son amour de la cuisine et la réflexion qu’il a menée, au ministère de la Culture, sur les nouveaux espaces culturels. Pour lui, il s’agit « d’inventer un restaurant, qui, comme la friche, mélange un public encravaté et des traîne-savates » : voisins, salariés et spectateurs. Avec son équipe sensibilisée à la slow food, il imagine une carte mélangeant « cuisine du quotidien », simple, généreuse, élaborée avec des produits du marché, et « cuisine de l’extraordinaire », une sorte de gastronomie inventive. Le succès de cette


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initiative l’amène à créer à Calais, au Channel puis au musée de la mode, deux nouvelles Grandes Tables. Avec l’aide du chef Alexandre Gauthier, il adapte la carte aux projets artistiques de ces deux lieux. Pas question pour autant de coller bêtement à la pro-

grammation « On génère des projets culturels en cuisine, on n’est pas dans l’animation culinaire ! ». Avec l’équipe roubaisienne fraîchement constituée, Fabrice souhaite ainsi revisiter le menu ouvrier, en écho au passé industriel de la Condition Publique. Tous à table !

❥ à lire / La brigade d’Amateurs, recettes pour 80 convives, 128p, 13€, en vente à la librairie du Channel. à voir / www.lesgrandestables.com



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texte ¬ Fanny Delporte photo ¬ Acorn © Ben Welland

avancez au radar ! Après les festivals de l’été, place à ceux de la rentrée. Pour sa 5e édition, le festival Radar révèle toujours des artistes à part, sans cloisonnement des genres. Ce rendez-vous tourquennois brille aussi par l’originalité de son organisation. Jugez plutôt. Cette année Radar affiche trois soirs de concerts contre cinq lors de la précédente édition. Signe d’une régression ? Pas du tout, selon Vincent Nocrekul du Grand Mix : « Radar constitue plus que jamais un temps fort porté sur la découverte, certes sur une période plus courte mais avec pas moins de cinq groupes par soirée ». Exit les fameuses « caravanes », place à une seconde scène sous chapiteau « pour que les concerts s’enchaînent plus rapidement ». Un concentré de bonnes choses, donc. De la poésie expérimentale de Florent Marchet en passant par les vocalises planantes de Mùm ou le voodoo-rock de Jessie Evans, il y en a pour tous les (bons) goûts. La programmation ose également d’autres formations dotées d’une forte personnalité, Eugene McGuiness, Jeremy Jay et DAT Politics. « Car l’équipe est à la recherche d’artistes intéressants, pas du groupe qui va exploser l’année prochaine », insiste-t-on. Intimix En référence aux TransMusicales de Rennes et à la Route du Rock, Vincent confie tout de même : « Toute proportions gardées, on avait envie d’être sur ce modèle-là ». La proximité avec le public en plus. Car outre les concerts joués au Grand Mix et à l’Hospice d’Havré, d'autres rencontres avec les artistes sont organisées: en crèches pour les plus jeunes, chez les particuliers qui le souhaitent ou - et c'est une première - au centre hospitalier de Tourcoing (avec Florent Marchet le 10 septembre). Une approche intimiste, humaine, loin de la surenchère mercantile de nombreux festivals. / ❥

FESTIVAL RADAR du 10.09 au 12.09, Tourcoing, Grand Mix et Hospice d’Havré, 15/12€, pass 3 jours de 27 à 38,88€, gratuit à l'hospice d'Havré, + 33 320 70 10 00 Prog : Florent Marchet, Jeremy Jay (10.09) // Hockey, The Veils, Curry & Coco (11.09) // Scott Matthew, South Central, Dat Politics, Cercueil, Jessie Evans (12.09)


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texte ¬ Audrey Chauveau photo ¬ Alela Diane © P. Gorostarzu

last but not least ! Nul besoin de jouer la carte de la communication et le tapage pour durer. La preuve, voilà 33 ans que le petit village de Leffinge prolonge l’été musical. Le secret de cette longévité ? Une affiche éclectique et exigeante, une atmosphère bon enfant, le tout servi par un excellent bouche-à-oreille. À l’origine, la place autour de l’église vibrait surtout aux sons rock & folk. Puis, la programmation a progressivement envisagé d’autres esthétiques, notamment électroniques, world ou rap et a acquis une envergure internationale. Cette nouvelle édition est d’ailleurs un excellent cru. Jugez plutôt. Vous pouvez autant vous laisser bercer par les ballades de Ray la Montagne, Alela Diane et Elvis Perkins (voir aussi p.66) que vous déhancher furieusement sous les coups de boutoir de Goose, Riton et des Glimmers. À noter également, la présence exceptionnelle de The Streets alias Mike Skinner (qui normalement n’est plus en tournée). Le public résiste rarement à son rap garage et à sa brillante chronique de la classe ouvrière anglaise. Tout international qu'il soit, le festival ne néglige pas non plus la scène belge. Ainsi, la voix chaude de Lady Linn soulignera ses compositions soul & jazz tandis qu’Absynthe Minded évoluera avec classe entre pop, jazz, rock et électro. Si la trentaine de concerts au programme vous coupe le souffle, vous pouvez aussi visionner une sélection de films d’une minute dans le cadre du concours parallèle au festival. Alors, un dernier petit tour près de la côte belge, tout juste avant l’automne, ça vous dit ? / ❥

LEFFINGELEUREN FESTIVAL du 18 au 20.09, Leffinge, De Zwerver, 29/35€ (1 jour), 68/78€ (pass), +32 5 970 08 22 Prog : Das Pop, The Streets, Goose, Ziggi, Goose… (18.09) // Lady Linn , Alela Diane, Amadou et Mariam, Riton, The Glimmers… (19.09) // Absynthe Minded, Elvis Perkins In Dearland, Ray Lamontagne... (20.09)



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ dan deacon © josh Sisk

œuvre charitable Les festivals d’été, c’est fini. La madame des Ting Tings va pouvoir hiberner jusqu’à juillet prochain. Plus rares, démarrent les festivals d’automne, comme Mon Inouïe Symphonie à Dunkerque et à Tourcoing. Discret, il possède pourtant l’une des offres les plus audacieuses et excitantes de l’hexagone. Mon Inouïe Symphonie est le fruit d’une genèse originale : « Il y a sept ans, nous étions étudiants à Dunkerque », se souvient Pénélope Michel. « Nous vivions dans un corps de ferme, où l’on organisait de nombreux concerts, par le biais de notre association, Rock’n’Roll Charity Hospital. Nous voulions offrir un plan B aux groupes en tournée avec peu de moyens ». Une manifestation dont la programmation, « choisie au plus près de nos coups de cœur, croise poésie sonore, vidéo, performances et concerts ». Et conserve cette volonté de découverte et de coup de pouce à des artistes méconnus. « Il n'y a presque pas de limite dans le choix des esthétiques. Le dénominateur commun, c’est l'insolite et la pertinence ». Mon Inouïe Symphonie invite le public à mettre la main à la pâte : Yuri Landman propose des ateliers de fabrication de guitares-hybrides, que possèdent des groupes comme Sonic Youth ou Liars... Cette année, le festival posera ses valises au Grand Mix de Tourcoing. Histoire d’élargir la palette des lieux, tandis que la troupe s’active déjà à « sortir des lieux conventionnels de spectacle pour valoriser le paysage urbain et surprendre avec des sites insolites ». Symphonique, on ne sait pas. Inouï, c’est certain. / ❥

MON INOUïE SYMPHONIE du 18 au 20.09, Dunkerque (4 Ecluses et LAAC), Tourcoing (Grand Mix), www.rocknrollcharityhospital.com Prog : Lydia Lunch & Philippe Petit, Martin Granger, Frédéric Le Junter, Candie Hank, Electric Electric, Pivot, Dan Deacon, The Oscillation, Emmanuel Rabu, Maja Jantar, Geneva Jacuzzi…



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texte ¬ Nathalie Mora photo ¬ dirty projectors © DR

3 anges passent Groupe prolifique de la scène rock underground de Brooklyn mené par Dave Longstreth, Dirty projectors suscite autant l'admiration que l'agacement. Et vous, avez-vous un problème avec les chants syncopées et les voix de tête ? Ont-ils des ailes dans le dos ces Dirty Projectors ? Prêchent-ils pour une nouvelle secte « peace » dont on ignore encore le nom ? Comme échappés d'une chorale grégorienne, Dave Longstreth, Amber Coffman et Angel Deradoorian (et leurs musiciens) poussent dans les aigus et le lyrisme à forte dose. Au risque de casser les oreilles de certains. En attendant, le trio angélique cultive sa différence dans le milieu folk et pop-rock en s’inspirant de la musique sacrée, sans verser dans l’idolâtrie religieuse pour autant. Bitte Orca, le dernier album signé sur le label Domino Records (The Kills, Arctic Monkeys) confirme ce pas de côté et apporte un nouveau souffle, qui n’est pas sans rappeler Anthony and the Johnsons. Mais qu'on ne s'y trompe pas, les Dirty Projectors ne sont pas nés de la dernière pluie. Ces Américains ont déjà fait leurs preuves avec 7 albums depuis 2002, une collaboration avec David Byrne, une prestation avec Björk et une chronique dithyrambique de Pitchfork* qui attribue un 8/10 à Bitte Orca. Leurs prestations live sont apaisantes et lumineuses, toujours surprenantes. On n'est jamais à l'abri d'une poussée vocale d'un David littéralement habité par sa musique. / * Illustre webzine chicagoan fondé en 1995.

DIRTY PROJECTORS+ SUNSET RUBDOWN+ TUNE YARDS 19.09, 20h, Bruxelles, Botanique, 17/14€, +32 2 218 37 32




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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR

work in progress Elvis Perkins, ou comment la petite chenille du folk mélodique et neurasthénique s’est métamorphosée en papillon lumineux. Derrière cette métaphore façon Cindy Sander, il y a une véritable transformation, fruit de mois passés sur les routes. Ces concerts ont influencé la matière première : des chansons qui n’ont jamais été si belles. Il y a encore deux ans, on n’aurait pas sauté de joie à l’annonce d’un concert d’Elvis Perkins. Le pauvre trimballait, malgré lui, une biographie à faire pâlir la petite marchande d’allumettes. Un père décédé du SIDA, une mère qui prend l’avion le 11 septembre 2001… ça faisait beaucoup pour un seul homme. Son premier Lp, Ash Wednesday, n’était pas désagréable. Mais les concerts du binoclard laissaient sur sa faim. Et puis, voici quelques mois, paraissait Elvis Perkins In Dearland. Au folk plaintif d’hier, se substitue une pop solaire et majestueuse ; pas de doute, Elvis Perkins a changé. Son groupe est là, soudé autour de chansons qu’il parsème de banjo, d’harmonium, de cuivres ou d’orgue. Stage intensif S’il est communément admis que les concerts sont un (dernier ?) moyen de subsistance pour les artistes, Elvis Perkins positive ce triste constat. Certes, la scène est un passage obligé pour la promotion d’un album. Mais, il n’est pas question ici de simple cachetonnage. Cette alchimie n’aurait probablement pas vu le jour dans un studio aseptisé. Les répétitions ont eu lieu en direct ; on peut tenter des audaces, mais il faut que ça tienne debout. Car en face, il y a une foule. Les différents publics, sans même s’en rendre compte, ont donc joué un rôle dans la genèse de ce deuxième album. Alors, n’ayons pas peur de le dire : nous faisons tous un peu partie d’Elvis Perkins In Dearland. / ❥

Elvis Perkins 26.09, 20h, Le Grand Mix, Tourcoing, 10/13e, +33 320 70 10 00 20.09, Leffinge, Leffingeleuren Festival, 29/35e, +32 59 70 08 22 (voir p.60)


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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ Olly Hearsey

Ils ont un groupe ! Avec deux-trois clips un peu léchés et des chansons pop frétillantes, le trio We Have Band s’est fait une place sous les spotlights comme pour rire. Depuis quelques mois, Darren Bancroft et les époux WP écument les salles de concerts, précédés par une rumeur médiatique qui les porte aux nues. Au moment où nous écrivons cet article, We Have Band n’a pas encore sorti d’album : à peine un petit quatre titres, dont l’un est une reprise des Pet Shop Boys, et une participation à la dernière compilation Kitsuné Maison. L’engouement fulgurant pour ce tout jeune groupe s’explique : ils ont l’air si sympas qu’on aimerait pouvoir les compter dans notre groupe de potes. Avec eux dans l’équipe, c’est sûr, les soirées ne seraient jamais tièdes. Et pas ruineuses non plus, puisqu’un rien les amuse : de la ficelle, un bout de carton, et c’est parti. Avec une douzaine de litres de gouache, ils ont réalisé le surprenant clip de leur single You came out. Un intérêt pour la peinture corporelle qu’ils partagent avec des groupes auxquels on les compare parfois, comme Metronomy et WhoMadeWho. Ils jouent une pop du même tonneau, décomplexée, efficace et électronique. Leur aisance, leur savoir-faire et leur sens aigu de la mise en scène permettent toutefois de les distinguer dans la foule bigarrée de cette nouvelle scène. Autre particularité, chez eux, pas de chanteur-vedette : tout le monde donne de la voix à tour de rôle. Difficile d’épiloguer sur cette belle promesse avant la sortie du LP. En attendant, le mieux reste de juger sur pièce les talents conjugués du trio We Have Band. / ❥

WE HAVE BAND 30.09, 20h, Bruxelles, Botanique, 13/7€, +32 2 218 37 32



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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ DR

ça, c’est du lourd Oh no not you again ! C’est le titre du dernier single de The Heavy, et c’est tout le contraire de ce qu’on a pensé quand on a appris que le quatuor partait en tournée à l’occasion de la sortie de son deuxième album, The House That Dirt Built. En 2007, ils font leur apparition avec l’album Great vengeance and furious fire (tout un programme). Depuis, on ne pense que du bien de ces Anglais en costards qui ont décidé de s’arracher à la médiocrité sinistre de leur bourgade pluvieuse du côté de Bath (« le cimetière de toutes les ambitions », selon eux). Pour s’en extraire, ils ont mélangé avec des mains sales mais adroites hip-hop, country, soul et blues. Le tout en gardant un certain sens de l’élégance, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Ce n’était pas gagné non plus de s’inspirer puissamment de genres musicaux datés sans être passéistes ou plagiaires. Ceci étant dit, quand on a pour chanteur Swaby, un bel homme au regard lourd de sous entendus et à la voix de velours, c’est un peu facile d’avoir la classe. Et d’autant plus facile que The Heavy manie le second degré et le clin d’œil avec légèreté. Ainsi, quand le groupe sample l’archi-repris I put a spell on you de Screamin’Jay Hawkins, il parvient sans le trahir à lui donner une allure plutôt intéressante. Ce serait dommage de s’en priver. / ❥

THE HEAVY 30.09, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, 12€, +32 2 548 24 24, www.abconcerts.be



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ The only Ones © DR

shoot again Comment ? The Only Ones sont de retour ?! Pas de panique, j’ai toujours un dictionnaire des synonymes dans la poche. Voyons cela : groupe légendaire, culte, mythique… Le genre d’épithète accolé à toute formation du siècle dernier qui repointe le bout de son nez : Pixies, The Jesus & Mary Chain ou My Bloody Valentine, au hasard. Mais The Only Ones, c’est différent. Et pourquoi donc ? Ce quatuor londonien a toujours été en marge. Etiqueté punk pour la simple et mauvaise raison que son premier Lp est paru en 1978, The Only Ones avait alors déjà un peu de bouteille. D’ailleurs, la rythmique binaire et les trois accords des Ramones ou des Pistols c'est vraiment pas leur truc. The Only Ones furetait plutôt du côté de Television (autre groupe punk rock contraint), entre soli de guitares, blues nerveux et rage contenue. Trois albums, un demi-tube (l’opiacé Another Girl, Another Planet), et puis s’en vont. Tout, tout, tout… Vous saurez (presque) tout sur Peter Perret. En allant lire la concurrence, qui ne se privera pas d’étaler les problèmes de santé de ce chanteur, ex-beauté androgyne passé cinquantenaire rabougri, après deux décennies passées dans la drogue. Remis en selle par Pete Doherty, Perret s’est donc décidé à reformer son groupe. L’appât du gain ? Sûrement pas. L’envie, certainement, de donner une dernière chance à ses chansons. La voix est toujours là, paraît-il. Jugeons-en par nous-mêmes. Nous n’aurons qu’une seule occasion. Only one. / ❥

THE ONLY ONES + JULIE DOIRON 3.10, 20h, Lille, L’Aéronef, 17/13€, +33 328 38 50 50



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chroniques ARCTIC MONKEYS

Juice Aleem Jerusalaam Come | Big Dada Recordings / Pias

Humburg | Domino / PIAS En 2006, Arctic Monkeys créait l’exploit : rarement groupe n’avait fait autant de bruit avec un premier LP aussi médiocre. Le deuxième n’arrangea guère les choses, et il fallut attendre 2008 et la naissance des formidables Last Shadow Puppets (soit le chanteur Alex Turner revisitant l’héritage de Burt Bacharach en compagnie de Miles Kane, leader des dispensables Rascals), pour se dire que, peut-être, pouvait-on espérer quelque chose des quatre de Sheffield. Las ! Exilé dans le désert californien, Arctic Monkeys ralentit la cadence, alourdit les rythmes et livre un album moins irritant qu’ennuyeux. ça y est, les Arctic Monkeys sont devenus adultes. Grand bien leur fasse. S’agirait désormais de trouver un boulot.

Précédé par sa réputation de meilleur MC de la perfide Albion, Juice Aleem était attendu au tournant pour son 1er album solo. Et autant dire qu'il ne s'est pas loupé. De Higher Higher, un battle enflammé sur un beat lancinant à The killer's tears, une ode aux arts martiaux à l'ambiance de fin du monde très tarantinesque, ses treize titres sont un hommage à la culture hip-hop, la vraie, celle qui s'est construite dans la résistance et le maniement des mots, mais qui ne s'interdit pas des détours vers le dub, le roots et l'électro. Avec son flow enragé, Juice Aleem torpille le rap business et la société actuelle. Bref, du hip-hop intelligent servi par des arrangements sophistiqués. Amateurs de biatch et de bling-bling, passez donc votre chemin.

Thibaut Allemand

Nicolas Mathé

PETE YORN & SCARLETT JOHANSSON Break Up | Atco Records / Warner Le premier album de Scarlett Johansson fut l’une des délicieuses surprises de l’an passé : foin de caprice de star, mais un disque embrumé et envoûtant, où la belle reprenait Tom Waits. Cette réussite baignait néanmoins dans un décorum pesant (une voix gravissime à la Nico) et un Who’s who pop : David Sitek (TV On The Radio) ou David Bowie, pour n’en citer que deux, prêtaient main-forte à l’égérie de Woody Allen. Ce nouvel album (écrit il y a deux ans) entr’ouvre la lucarne, et révèle une autre facette de Scarlett : des vocalises plus légères et enjouées, des duos nonchalants avec le folkeux Pete Yorn, la bande son ensoleillée d’une fin de journée. ça ronronne un peu, mais on se laisse happer par ces pop songs sans prétention, couchées sur bandes, dit la légende, en deux après-midi. Thibaut Allemand



musique |

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chroniques Amanda Blank

Radio Slave

I Love You | Downtown Records / Cooperative Music

Fabric 48 Fabric records / Pias

Avec le flow de Lil’Kim et des textes suggestifs façon Missy Elliott, Amanda Blank sort un premier album électro glam rap. Dans la lignée des Yo! Majesty et de Kid Sister, la MC de Spank Rock déploie sur 11 chansons toutes ses influences, depuis le rap de gangster de Gimme what you got jusqu’au groove romantique de Love Song, reprise de LL Cool J (I need love). Amanda, dopée aux basses diaboliques de ses producteurs Diplo et David Sitek (TV on the Radio), signe donc un disque qui en a dans le pantalon. Pas étonnant vu ses fréquentations. La brunette de Philly a enchaîné les collaborations avec Ghostface Killah, Santigold ou N.A.S.A, avant ce premier brûlot sensiblement intitulé I Love You. Allez Amanda, nous aussi on t'aime. Hakima Lounas

Radio Slave a tendance à limiter ses mixes à ses propres morceaux ou à ceux de son label (Rekids). Ce parti pris esthétique se défend. Il produit d’ailleurs souvent un set homogène. Cette dernière compilation ne déroge pas à la règle, mais le résultat se démarque de ses précédents faits d’armes. Suivant la tendance actuelle du clubbing « underground », il nous sert une house tribale truffée de vocaux hispanisants, très vite lassants. Après quelques escapades d’un goût douteux (le crossover La Mezcla et les trompettes de Brothers’ Vibe), on retient néanmoins quelques perles, dont l’envoûtant I Don’t Need A Cure For This et les enchaînements très efficaces de la seconde moitié du disque. Dommage qu’il faille attendre la fin pour pouvoir prendre son pied. Fabien Kratz

Mayer Hawthorne A Strange Arrangement | Stones Throw / Discograph Peanut Butter Wolf, boss du label Stones Throw ne parvenait pas à dater ce qu’il écoutait. Avait-il mis la main sur d’anciennes ou de nouvelles chansons ? A Strange Arrangement porte bien son nom… Hawthorne y donne le Mayer de lui-même à travers 12 morceaux mêlant habilement influences doo wop & motown grand cru. L’amoureux des vinyles à la triple casquette de chanteur/producteur/compositeur pose admirablement sa voix sucrée sur ses partitions et relève le tout grâce à une production très contemporaine. Ce jeune prodige du Michigan signe un album abouti, tellement riche en sex-appeal qu’il transformerait n’importe quel menu surgelé industriel en un dîner amoureux aux chandelles. Pas étonnant que l’ultra langoureux single Just Ain’t Gonna Work Out soit sorti le jour de la St Valentin… Emilie Nguyen



littérature |

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chroniques Hôtels Insolites

BOULET

Steve Dogson Éd. Jonglez

Notes, Tome 3 : La viande, c’est la force | Éd. Delcourt

Grand format, papier de qualité, photos léchées... de prime abord on croit avoir en main un énième ouvrage photos sur les hôtels de luxe. De ceux qui alimentent notre frustration en étalant de beaux intérieurs réservés à quelques « happy few », et laissent plus de place à l'ostentation des décors qu'aux textes. Quelques minutes suffisent néanmoins à comprendre que l'on a plutôt à faire ici à un manifeste de l'absurde, qui prend subtilement la forme d'un guide touristique. Une ancienne prison, un igloo, un sous-marin, un phare, une capsule de survie sur une plateforme pétrolière... les 50 hôtels sélectionnés ici (dans 23 pays) sont tous plus farfelus les uns que les autres. Et accessibles à tous les budgets (de 20 à 1000€ la nuit). 222p., 24,90€. Judith Oliver

Voici un an, Boulet déboulait dans nos vies en racontant la sienne, celle d’un geek grassouillet et gangréné par la flemme et des petites angoisses de trentenaire. Page après page, il recopiait sur papier son blog perso hilarant en de jolies pirouettes – on dirait mises en abyme, si l’on voulait faire sérieux. Avec le tome 3, la surprise a disparu, mais les questions existentielles demeurent, disséminées au gré de petites tranches de vies et autres rêves. À l’aise dans tous les styles, Boulet utilise ces Notes comme un laboratoire à idées. On attend déjà le tome 4, comme on attend un vieil ami : on sait à peu près de quoi l’on parlera, on connaît les sujets qui nous feront rire et ceux que l’on évitera soigneusement. Ce Boulet que l’on traîne est décidément réconfortant. 221p., 16,90€. Thibaut Allemand

FIRMIN – AUTOBIOGRAPHIE D’UN GRIGNOTEUR DE LIVRES Sam Savage | Éd. Actes Sud Avec Firmin, Sam Savage retrace la vie d’un rat peu ordinaire. Bien qu’il se livre, en apparence, aux mêmes activités que ses congénères – recherche de nourriture et de passages dérobés –, le rongeur n’y gâche pas le plus clair de son temps. Car, il se découvre vite la capacité de lire. Abreuvé de classiques, il se rêve alors en Fred Astaire ou en Lawrence d’Arabie et sublime son existence dans un quartier de Boston menacé de démolition. La force de ce premier roman réside dans la liberté qu’il offre au lecteur. S’il a gardé son âme d’enfant, celui-ci le concevra comme une épopée merveilleuse. Si un anthropomorphisme trop poussé le laisse sceptique, il le tiendra pour une allégorie vibrante sur l’implacable délitement de l’humanisme. 208 p., 18€. Faustine Bigeast




texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR

Quand j’entends le mot culture, je sors mon tire-bouchon

André Malraux, écrivaillon de gôche accroché aux basques du regretté Général, avait lancé un jour cette idée absconse : la Culture pour tous. On en rit encore. Mais quelques philistins crypto-gauchistes, résidus de la non moins cryptée quatrième chaîne, ont repris à leur compte cette énormité. Cinéma, expositions, musique, littérature… Toutes ces broutilles inutiles ont donc leur festival, dans un lieu tout aussi inutile, Quend. On ne part pas à Quend. On y échoue, trahi par la monotonie des routes picardes. La Picardie : une population fainéante que les entreprises ont préféré fuir, une terre tout juste bonne à servir de décor pour des films sociaux et déprimants, loin du rire franc et patriote des Bronzés 3. Ce désert culturel accueille la cinquième édition du Festival du film Grolandais. Qui inflige une rétrospective des (trop) longs-métrages du vieux barbon Jean-Pierre Mocky. Ou un hommage à Guillaume Depardieu, jeune paltoquet qui s’est, le premier, prêté à cette mascarade scatologique en devenant président du jury. S’il n’y avait que cela Mais nous sont imposés des films que nous n’aurions jamais vus ailleurs. Et s’ils sont rares, il y a peut-être une raison, non ? Sans parler d’une sélection de courtsmétrages, dont le seul intérêt réside dans leur brièveté. En sus, les Grolandais exhibent les œuvres de dessinateurs qui choquent la morale (Siné, Jiho) et le bon sens (l’absurdité nauséabonde de Rémy Malingreÿ), quand ils ne soutiennent pas des repris de justice (l’aigri Denis Robert, envieux de la réussite du système luxembourgeois). La place nous étant comptée, nous ne pouvons dévoiler ici toutes les horreurs que nous réservent ces personnages sans foi ni loi. Tant mieux ! / ❥

FESTIVAL GROLANDAIS 18 au 20.09, Quend, +33 962 09 92 96, info : festival-quend-film-grolandais.blogspot.com

cinéma |

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cinéma |

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texte ¬ Coralie Martin photo ¬ bastien dubois

Dessins, lémuriens et sable fin…

Juin 2007, un certain Bastien Dubois, oiseau rare sorti de l’école Supinfocom de Valenciennes, s’envole pour Madagascar. Dans ses valises, pinceaux, peintures et ordinateur. Juin 2009, son carnet de voyage animé est sélectionné à Annecy et reçoit un prix*. Avant-goût épicé de cette aventure animée et colorée. « Dès que je sortais les aquarelles, un attroupement se formait autour de moi. Au bout de 5 minutes, je ne voyais plus mon sujet », raconte Bastien. Il s’est frotté à « Mada » durant dix mois, alternant voyages et travail, au gré des rencontres et des envies. De juin 2007 à avril 2008, les carnets de dessins de Bastien se sont bien remplis. Dès les premières secondes du film, on entend battre les djembés et des odeurs de poulets à la vanille et de riz chatouillent nos narines. Les pages tournent, tournent, les aquarelles s’animent, prennent du relief. Grouillement sonore et humain de la rue, vendeurs à la sauvette, marchés… On croise Luc, Michel, Ando, Naïna et d’autres compagnons éphémères de route. Les pizzas à la vache qui rit, la musique, l’allée des baobabs, les lémuriens et autres zébus, les matchs de foot, les ouragans, les villages de pêcheurs, la forêt, les visages, les sourires. Douze minutes pour capter l’ambiance de cette île, pour goûter à la vie de ses habitants. On voyage à travers les dessins comme à bord d’une pirogue en bois des vezo. Cette œuvre réveille nos papilles, bourdonne dans nos oreilles, éblouit. Elle est sablonneuse et magique, simple et vraie. / * 2009 : Prix Canal + au Festival International du Film d’Animation d’Annecy

Madagascar de Bastien Dubois www.bastiendubois.com/mada, diffusions à venir dans la région, ouvrez l’œil !




portfolio |

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Ruud Baan

Deep Forest « Ruud Baan ?! Voilà un nom qui dépote ! Il est du genre rude boy, ton gars ? », Pas pour un sou, l'ami. Notre homme est photographe et joue dans la cour des grands. En 1998, il sort de la Royal Academy of Arts de La Haye (Pays-Bas) avec des bases techniques solides en poche. Quelques années de free-lance plus tard, ce Néerlandais peut se targuer d'une liste de clients longue comme le bras : JFK Magazine, Elle Magazine, Esquire, Nike, Coca Cola, Panasonic, O’Neill… Ruud Baan voit dans ces commandes éditoriales et publicitaires un prolongement de son travail personnel. L’image est son terrain de jeu. Peu importe qu'il s'agisse de mode, de portraits ou de photos de sport. Tant qu'il peut travailler la mise en scène, styliser et capturer l’instant et le mouvement... Il dit ne jamais s'ennuyer dans sa profession, lui qui a embrassé cette carrière pour pouvoir voyager à travers le monde et se frotter à différentes cultures. On veut bien le croire. Sa ville préférée ? New York, pour son côté photogénique, justement. Les artistes qui le touchent ? Des dizaines. Parmi eux, Annie Leibovitz, Bruce Webber, Richard Avedon, Anton Corbijn ou encore David La Chapelle. La série présentée dans nos pages a été réalisée pour l’agence Amsterdam Worldwide, en charge d’une campagne publicitaire pour la marque Onitsuka Tiger. Elle revisite les signes du Zodiaque japonais. On pénètre ici dans un sous-bois onirique, peuplé de personnages entre mode et légende urbaine. Terriblement intrigant. Mais pas besoin d’en dire plus, tournez les pages et laissez-vous conter… ❥

www.ruudbaan.com Série réalisée pour l’agence Amsterdam Worldwide Campagne publicitaire pour la marque japonaise Onitsuka Tiger Photo : Ruud Baan - Illustration & design : Jo Ratcliffe - Stylisme : Isis Vaandrager









texte ¬ Louis Dieu photo ¬ F. Iovino

Les enfants du break Les B-boys de la région le tiennent pour « grand frère ». Carolyn Carlson voit en lui un « poète » au service d’une danse « souffle de vie ». Connu de Hong-Kong à New York, Brahim Bouchelaghem reste pourtant un modèle d'humilité. En septembre, la ville de Roubaix et le CCN lui réservent une carte blanche dans le cadre des Journées du Patrimoine. C’est l’histoire d’un enfant « qui ne tient pas en place ». D’un jeune de Roubaix nourri au break depuis 1984 et à la mythique émission de Sydney « Hip-Hop ». À l’époque, Brahim a 11 ans et danse en pleine rue, sur des cartons. Comme un pied de nez aux coups durs de la vie, lui qui perd son père deux ans plus tôt et se retrouve ballotté de foyer en foyer. Plusieurs collaborations plus tard (Farid Berki de Melting Spot, Kader Attou d’Accrorap et Mourad Merzouki de Käfig), les planches des salles les plus prestigieuses s’ouvrent à lui. Carolyn Carlson le repère. Au retour d’une tournée en Algérie, la grande dame le prend sous son aile. Avec l’expérience du déracinement et la douleur de la perte, le danseur insuffle à sa danse la part de poésie qui lui manquait encore. Le résultat s’appelle Zahrbat et voit le jour en 2007.

« Danser ? Je ne sais faire que ça… » La danse comme « libération », telle est la profession de foi de cet homme de 37 ans, devenu aujourd’hui « papy » du break. Si cet honneur le fait sourire, Brahim sait aussi l’entretenir en travaillant avec les jeunes entre chaque tournée. Pour sa carte blanche, Brahim a choisi la question des origines en invitant trois amis d’Accrorap : Véronique Teindas avec La Bayeta, Pierre Bolo avec Génésis et Sébastien Vela Lopez avec Mira. Ce dernier spectacle comme une ode au métissage joué dans une église, est peut-être la performance la plus envoûtante. Celui pour lequel Brahim a un petit faible… / ❥

Carte blanche à Brahim Bouchelaghem 19.09 dès 14h, Roubaix, divers lieux, gratuit, résa obligatoire pour chaque spectacle du parcours dansé, +33 320 24 66 66 ou par mail contact@ccn-roubaix.com, www.ccn-roubaix.com

théâtre & danse |

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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ Self&others, alain buffard © M. Domage

Echappée chorégraphique Le festival Latitudes Contemporaines, bien connu des amateurs de danse lillois, part à la conquête de Bruxelles. Cette nouvelle édition, qui inaugure la saison des Halles de Schaerbeek, risque d'en ébranler plus d'un... « J'ai construit cette pièce à partir d'une écoute intime, abandonnant mon corps à une pratique des impulsions et des appétences. » Oui, on ne comprend pas tout aux propos d'Olga Mesa sur sa pièce Solo a ciegas. On entend même déjà les sarcasmes des détracteurs de la danse contemporaine : « hermétique ! » « trop conceptuel ». Certes, la création chorégraphique flirte depuis longtemps avec la performance, le théâtre, les arts plastiques. Elle épouse des formes de plus en plus expérimentales que Carmela Mini, la fondatrice des Latitudes Contemporaines, défend avec vigueur. Pour cette édition bruxelloise, elle a d'ailleurs opté pour des choix plus pointus, histoire de surprendre des spectateurs belges habitués à une créativité débridée.

Penser la danse La programmation valorise donc une chorégraphie audacieuse souvent abstraite. À l'instar de Llamame Mariachi de La Ribot. Danseuse de formation et artiste autodidacte, elle propose une pièce sur « l'harmonie de l'espace » qui s'appuie sur un dispositif de captation vidéo et joue sur les points de vue. Plus connu, Alain Buffard présente ici les fruits de ses nouvelles recherches avec Self&Others ; une création dans laquelle chaque danseur dresse son autoportrait à partir de textes, d'objets, de sons, d'images. Pour ceux qui peinent toujours à comprendre ces nouvelles formes de la danse contemporaine, rendez-vous aux débats « Instants critiques ». Une occasion rêvée de faire part de ses doutes, ou de féliciter les artistes autour d'un verre. / ❥

LATITUDES LILLE-BRUXELLES du 23.09 au 1.10, Bruxelles, Halles de Schaerbeek, 15/10€, +32 2 213 21 07

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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ DR

Outrage aux bonnes moeurs « Si c’est juste pour s’amuser, le théâtre me semble moins intéressant. Je préfère de loin les pièces qui bousculent les convictions collectives ». Le ton est donné. En cinquante années de mises en scène, le Britannique Derek Goldby n’a jamais dérogé à sa conception anti-consensuelle du théâtre. Il le prouve une fois de plus au Poche de Bruxelles. À l’époque où elle est écrite, la pièce Le Locataire suscite un véritable scandale. En 1964, l'Angleterre, dont le système de valeurs traditionnel est déjà bien entamé par la culture Pop, accueille ce texte comme une provocation. Son auteur, le sulfureux Joe Orton, y décrit en effet des personnages volages : Kath, une vieille femme frustrée, son père et son frère. Mais surtout, il y aborde ouvertement la question de l’homosexualité, alors encore passible de prison. Car Mister Sloane, le nouveau locataire introduit dans la maison, réveille la libido de tous les membres du foyer. Et sème une parfaite zizanie. Cela ressemblerait à un vaudeville de mauvais goût sans l'humour grinçant du dramaturge britannique. Pour Derek Goldby, qui ne masque pas son admiration, « Orton dénonce les normes sociales et morales qu’il juge dérisoires. Avec sa plume acerbe, de la même trempe qu’Oscar Wilde, il épingle l’hypocrisie avec laquelle les gens cachent leurs besoins viscéraux. » Cette pièce, qui n'a rien perdu de sa verve, devrait encore aujourd'hui secouer (de rires) le public belge. Encore faut-il que l'humour fin logé dans le moindre mot survive à la traduction... / ❥

LE LOCATAIRE - joe orton du 15.09 au 17.10, 20h30 (relâche lun et dim), Bruxelles, Théâtre de Poche, 15/12/10€, +32 2 649 17 27



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texte ¬ Hugo Dewasmes photo ¬ © Elisabeth Carecchio

Âge Tendre et Tête de Bois Bien souvent, les œuvres inscrites au patrimoine de notre imaginaire collectif intimident les metteurs en scène d’aujourd’hui. Après un Petit Chaperon rouge très réussi, Joël Pommerat revisite le texte magistral de Collodi, Pinocchio, et porte un regard neuf sur ce personnage légendaire. On découvre Criquet en Monsieur Loyal, dépeignant une société très proche de la nôtre, sans illusion sur la nature de l’homme. Pinocchio apparaît, naïf, prêt à tout pour ne pas s’ennuyer et avide de nouvelles expériences. Né sans femme, pur produit de l’imagination de son père, le Pinocchio de Pommerat s’interroge, parfois durement : comment grandir sans perdre son innocence ? Véritable parcours initiatique, de la révolte contre le père au refus de l’école, en passant par les errements nocturnes et les mensonges à tout va, l’histoire de ce Pinocchio surprend par son actualité. C’est là tout le talent de Pommerat : il offre une nouvelle vie au personnage de Collodi, un personnage définitivement atemporel. Si le principal indicateur de l’intérêt des enfants pour un spectacle est leur attention, on peut alors affirmer que ce Pinocchio les a captivés. Peu importe l’image qu’ils ont déjà de la marionnette en bois de Collodi, celle de Pommerat leur parle. Enfin, certains verront peut-être dans ce spectacle des évocations de Kantor et de sa fameuse Classe morte, mais Kantor quand on a 8 ou 9 ans… / ❥

PINOCCHIO – Joel Pommerat du 29.09 au 10.10, 20h15 (sf mer, 19h30 et dim, 15h), Bruxelles, Théâtre National, 19/15/9€, +32 2 203 53 03 du 14 au 17.12, 19h30 (sf ven 20h30), Béthune, Comédie, 17/13/8€, +33 321 63 29 19 Et du 3 au 4.02.2010, 19h, Rose des Vents, Villeneuve d'Ascq, 19/16/5e, +33 320 61 96 96



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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ On n'est pas prêts © DR

Franche distraction Le temps d’un week-end, la place St Vaast se constelle d’installations et devient le théâtre de performances et de concerts farfelus. Pour ses 20 ans, le Vivat d’Armentières aurait pu sortir serpentins et cotillons. Au lieu de ça, il a fait appel à un curieux maître de cérémonie, le collectif France Distraction. Avec un nom pareil, désuet à souhait, on imagine une boîte de production spécialisée dans l’organisation de lotos géants ou de grands jeux inter-villages. Mais on est loin du compte. Belinda, Antoine, Julien, Halory et Sébastien, les membres du collectif, sont cinq artistes-performeurs que le Vivat a accueillis lors d’une résidence partagée à la maison des artistes. Pendant un an, entre deux créations personnelles, ils ont imaginé cette rentrée anniversaire, préparant ensemble des installations, comme une immense carte de France réalisée avec des centaines de cartes IGN ou une grande tablée de bonshommes gonflables. Pour notre club des cinq, adepte du second degré, il s’agissait de monter un évènement populaire aux accents de cérémonies du 15 août ou de fêtes d’école. Pour ce faire, ils ont convié une fanfare (Pneumothorax), un orchestre (la Pieuvre) et, entre autres, le batteur de Rubin Steiner (Sébastien Charasse). Le public déambule entre concerts, stands de grillades et petits spectacles comme dans une kermesse. Avec Mona FM comme bande son, on s’y croirait. Sauf que chaque attraction est placée sous le signe de la dérision (vraies-fausses conférences et autres performances délirantes) ou de l’expérimentation (Sampling vidéo, courts métrages)… / ❥

CARTE BLANCHE à FRANCE DISTRACTION 25.09, 19h30 et 26.09, 18h, Armentières, divers lieux autour du Vivat, gratuit, +33 320 77 18 77, www.levivat.com



théâtre & danse |

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agenda sémélé © han feng

deux petites dames… © Alain Trellu

Sélémé

The Song

les 8, 10, 12, 18, 20, 22, 24, 27, 29.09 Händel / Z. Huang

du 17 au 27.09 A.T De Keersmaeker / Rosas

Une telle rencontre ne pouvait passer inaperçue. Le plasticien Zhang Huang s’attaque à Sémélé pour sa première mise en scène lyrique. Cet oratorio de Händel dépeint l’aventure d’une maîtresse de Jupiter. L’esthétique controversée de l’artiste chinois (mise en danger du corps) siéra-t-elle à la musique du grand maître baroque ? À l’intrigue gréco-romaine ? Une association des imaginaires occidentaux et orientaux très attendue... ❥ 19h30 (sf dim 15h) Bruxelles, Théâtre de la

Mécanisation, précipitation, impatience, le rythme des sociétés contemporaines s’accélère inexorablement. À partir de ce constat, Anne Teresa De Keersmaeker a élaboré avec ses neuf danseurs une chorégraphie tourbillonnante. À force de vitesse et de répétition, les corps se disloquent, les groupes se délitent, comme traversés par des énergies centrifuges. Puis les gestes finissent par s’enrayer, ménageant de beaux moments de plénitude. ❥ 20h30 (sf dim 15h), Bruxelles, Kaaitheater,

Monnaie, de 10 à 104€, +32 70 23 39 39

25/20/16€, +32 2 201 59 59

Deux petites dames vers le Nord

G4

du 15 au 30.09

18 et 19.09

P. Notte/ V. Scheffer

Elles auraient pu s’appeler Thelma et Louise. Mais leurs parents les ont affublé de prénoms bien moins cinématographiques. Bernadette et Annette, deux petites mamies tranquilles, décident, à la mort de leur mère, d’inhumer ses cendres auprès de la dépouille de leur père. Leur périple pour rejoindre le cimetière s’apparente à un road movie cocasse. Une succession de tableaux, présentés dans un ordre aléatoire, retrace leurs errances et déboires avec un humour corrosif. ❥ 20h30 (mar>sam), Bruxelles, Riches Claires, 14/7,5€, +32 2 548 25 80

Circus Marcel

Le centre culturel De Spil se met en piste pour le lancement de sa nouvelle saison. Les convives ? De tout jeunes musiciens, acrobates et voltigeurs. Ces joyeux lurons du Cirque Marcel proposent un spectacle simple, amusant et subtil sous chapiteau. Sans fard ni nez rouge, ils dépossèdent le cirque de ses attributs traditionnels pour laisser place à la seule virtuosité technique... et à une poésie que révèlent d’astucieux jeux d’éclairage. ❥ 20h, Roselaere, De Spil (Polenplein), de 5 à 12,5€, +32 5 126 57 00



théâtre & danse |

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agenda The Song © DR

Not about everything le 23.09

Infundibulum © A. Chaudron

Comme sur des roulettes carrées D. Linehan

Ce spectacle du chorégraphe Daniel Linehan est proprement hypnotique. Seul sur scène, l’Américain évolue dans un petit périmètre délimité par des livres et des bandes blanches. Il s’y déploie par de longs mouvements rotatifs, répétés à l’infini avec une accélération progressive, introduisant toujours d’infimes nuances à son parcours. Une performance résolument marquante, rythmée par des scansions répétitives. ❥ 19h, Bruxelles, Halles de Schaerbeek, 15/10e, +32 2 218 21 07

L’école des ventriloques 27.09 puis du 29.09 au 10.10 A. Jodorowsky / Cie Point Zéro

Perdu dans une ruelle sombre, Céleste finit par pousser la porte d’une école des plus curieuses. Dans ce monde parallèle, orchestré par le sacro-saint Directeur, on manipule et donne voix à des marionnettes de taille humaine. Conte philosophique féroce et alerte, l’école des ventriloques offre un miroir déformant de la société contemporaine. Jodorowsky manie ici l’absurde à la perfection. ❥ Le 27.09, 20h, Tournai, Maison de la Culture, gratuit, +32 69 25 30 74 d u 29.09 au 10.10, 21h (sf lun et dim), Bruxelles, Th. de la Balsamine, 12/8€, +32 2 735 64 68

1.10

Collectif la Goutte aux nez

L’équipe de Gilles Defacque prouve régulièrement son soutien à de jeunes recrues prometteuses. Elle confie cette fois-ci sa piste à un collectif (La Goutte aux nez) remarqué lors du dernier festival inter-universitaire du Spectacle Vivant (Lille 3). Les confidences tordantes du quatuor avaient déclenché de sérieux fous rires et placé ce cabaret burlesque sous les feux de la rampe. Gare aux zygomatiques, on risque fort de se reconnaître dans ces histoires d’amour avortées. ❥ 20h, Lille, Prato, gratuit, +33 320 52 71 24

Infundibulum du 1er au 3.10, puis les 15 & 17.10 Cie Feria Musica / MeS M. Paccagnella

Huit acrobates encadrés par une sorte de sablier géant. Autour de ces grandes lattes de bois dissimulant des agrès, se construit une périlleuse chorégraphie. Aérienne et hautement technique, cette nouvelle création de Feria Musica puise sa force dans l’utilisation habile et précise des contraintes de la scénographie. Elle produit une belle image de la fragilité de l’homme face au temps qui passe. ❥ 1 & 2.10, 20h, 3.10, 19h, Valenciennes, Phénix, 9 à 23€, +33 327 32 32 32 l es 15 & 17. 10, 20h, Tournai, Maison de la Culture, 16/12e, +32 69 25 30 74






exposition |

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texte ¬ Audrey Jeamart photo ¬ Karim Rashid

Du design pour tous Chaque année, au mois de septembre, Bruxelles nous donne rendezvous avec le design. Expositions, visites d’ateliers, conférences : pendant trois semaines, près de quatre-vingt événements permettent au grand public de découvrir toutes les facettes de cette discipline qui vise l’harmonie entre les formes et les fonctions d’un objet. Tout a commencé avec le guide Design in Belgium, qui réunit les meilleures adresses design de belgique. L’éditeur, remarquant que plusieurs événements mettaient le design à l’honneur en septembre, eut alors l’idée de fédérer ces énergies pour créer un festival. Design September était né, passant d’un weekend la première année à trois semaines dès 2007. « Au début, je devais solliciter les lieux pour qu’ils organisent une manifestation », raconte Marie Pok, coordinatrice de l’événement. « Aujourd’hui, ils nous font des propositions et nous retenons ce qui nous semble le plus pertinent pour rendre le design accessible au grand public ». Belge, mais pas seulement « Bien sûr nous avons conçu ce festival comme une plate-forme pour le design belge, mais nous voulons aussi donner une place à d’autres pays », poursuit Marie Pok. Au-delà des designers internationalement reconnus (Tom Dixon, Front Design ou Mathieu Lehanneur), on pourra ainsi découvrir la créativité débordante des Polonais chez Pierre Bergé, avec Un-polished, des pièces finlandaises au Wiels, le nouveau centre d’art contemporain de Bruxelles, ou encore des nouveautés suédoises avec Visual Voltage. À retenir parmi les autres temps forts : les Designers Open Doors, qui permettent de rencontrer les designers et les architectes dans leur atelier, les menus Food Design servis dans plusieurs restaurants, le Brussels Design Market (voir p.12) ou encore la visite guidée du Plasticarium. / ❥

Design September du 10.09 au 2.10, Bruxelles, divers lieux, www.designseptember.be


exposition |

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texte ¬ Olivia Wauquier photo ¬ Cancan © Gilbert & George

This is England La galerie Baronian de Bruxelles expose jusqu’au 31 octobre la dernière série d’un duo mythique : celui des Anglais Gilbert et George. Cet accrochage inédit est l’occasion de s’interroger sur la capacité du tandem à se renouveler tout en restant percutant. En 1970, deux étudiants londoniens font parler d’eux : la peau couverte de peinture dorée sous leurs costumes-cravates, ils grimpent sur les tables et entonnent en playback des chansons populaires. Les Singing Sculptures sont nées. Gilbert et George ont depuis abandonné les performances, mais ont continué à se mettre en scène, en images cette fois. Depuis les années 1980, le principe est le même : de grands photomontages nappés de couleurs criardes, réalisés à partir de magazines et de photographies, et jouant sur les effets de symétrie. L’œil est séduit par l’aspect ornemental de ces compositions kaléidoscopiques – souvent comparées à des vitraux – tandis que leur sens crypté se dévoile dans toute sa monstruosité. Elles épinglent sans complaisance la société anglaise puritaine, abordant de manière crue les thèmes de la sexualité, du sida ou du racisme. La série Jack Freak Pictures s’inscrit dans la continuité de cette démarche, sans en épuiser les potentialités. Le drapeau britannique est malmené dans ces fresques qui se déploient en circuits fermés, comme pour traduire une situation sans issue. Chacune des images pointe avec une ironie teintée de mélancolie l’état de la société occidentale, sans que l’on puisse choisir entre fascination et rejet. On optera pour un demi-sourire. So british. / ❥

GILBERT & GEORGE : JACK FREAK PICTURES du 11.09 au 31.10, Bruxelles, Galerie Baronian Francey, gratuit, +32 2 512 92 95 www.baronianfrancey.com




texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Dries Verstraete, Courtesy The Deweer Coll.

Poésie de l’échec Dans le monde de l’art contemporain dont il est une des figures de proue, Panamarenko est un être à part. Ce Flamand insaisissable, passionné d’aérotechnique, a consacré sa vie à l’élaboration d’engins aussi poétiques qu’hasardeux. Quatre lieux de la métropole dunkerquoise exposent quelques-unes de ses pièces maîtresses. « La terre est remplie de farfelus, à commencer par les artistes » lâche Panamarenko en guise de préambule. Une façon de rappeler qu’il échappe à toute analyse rationnelle ? Peut-être. En tout cas, Henri Van Herwegen a brouillé les pistes depuis longtemps en enfilant son personnage d’artiste au nom exotique et aux allures d’aviateur. À l’instar de ses amis Broodthaers et Beuys, il a vécu au gré de sa fantaisie et de fabulations existentielles*. Reste que Panamarenko explique volontiers son attrait pour les machines. Entré « un peu par hasard » à l’Académie des beaux-arts d’Anvers en 1955, il s’ennuie vite dans la pratique de la peinture et de la sculpture. De son père, réparateur de bateaux, il a hérité d’une fascination pour la mécanique. Un pied dans les manuels de sciences, l’autre dans les romans d’Henri Miller, il se lance alors dans des expérimentations artistiques et technologiques. Utopies Comme l’explique l’historien d’art Adrien Grimmeau, « ses inventions relèvent plus de l’utopique poésie d’une fuite possible que de la révolution technologique ». Semelles électromagnétiques, avions, sous-marins, quelques-uns de ses engins fous sont exposés dans la métropole dunkerquoise. Le scotch Gambit, un monumental aéroglisseur, trône ainsi devant l’AP2 qui accueillera les collections du FRAC dès 2012. Le musée portuaire se concentre sur les moyens de locomotion marins, tandis qu’à Gravelines sont présentés ses dessins et machines volantes. / *Panamarenko s’est forgé un personnage mythique de multimillionnaire, roulant en Cadillac, vêtu d’un costume et d’un panama blancs ou d’un uniforme d’aviateur. Il a sciemment laissé coexister plusieurs récits sur l’origine de son pseudonyme.

RéTROSPECTIVE PANAMARENKO du 19.09 au 13.12, Dunkerque (AP2, musée portuaire), Grande Synthe (galerie Robespierre), Gravelines (musée du dessin et de l’estampe originale), +33 328 65 84 20

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texte ¬ Elodie Couécou photo ¬ Sans titre, Trapeze jaune et vert, 1992, Courtesy Objet de Production, Paris © Thijs Quispel

Sonate spectrale Le Néerlandais Kees Visser, invité du Musée Matisse, livre une rétrospective sous forme d’abstraction géométrique colorée, franche et subtile. Le travail d’une vie côtoie l’éphémère d’une œuvre in situ, au Cateau-Cambrésis. Visite. L’exposition est rythmée, à l’image d’une partition musicale contemporaine, de figures monochromes. Chaque couleur représente une note déterminante des recherches de Kees Visser. L’artiste, autodidacte, débute celles-ci dans la sphère du mouvement Fluxus et du minimalisme, avant de s’installer en Islande pendant une quinzaine d’années. Sur cette île, il reste saisi par le caractère sauvage de la nature. Visser s’interroge alors sur la matière et compose des tressages à partir de diverses sources imprimées, présentés dans l’une des alcôves de l’exposition. Une longue vitrine centrale, dessinée par l’artiste, privilégie une abstraction géométrique devenue ensuite plus conceptuelle, retenant essentiellement les formes colorées. C’est en 1992, de retour en Europe, que l’artiste crée sa signature formelle : le rectangle biaisé. La figure est ici déclinée principalement sur papier. Plusieurs grands formats de couleur identique sont aussi accrochés en superposition, témoins des nombreuses études réalisées sur le pigment. À l’instar de Matisse, Kees Visser est influencé par les lieux qu’il occupe et l’observation de la nature. En exclusivité pour les visiteurs et en hommage à Matisse, il livre une peinture murale rythmée de verticales aux effets tridimensionnels. / ❥

KEES VISSER jusqu’au 4.10, Le Cateau-Cambrésis, Musée Matisse, lun>dim 10h>18h (fermé le mar), de 4,50/3€, + 33 327 84 64 50



agenda © Chris burden

Chris Burden Remarqué pour ses performances controversées et iconoclastes, Chris Burden est devenu une icône de l’art contemporain. Créateur d’images inspiré, explorant les possibilités des matériaux sobres (poutres d’acier, pièces de mécano), l’Américain s’est souvent attelé à des pièces de grandes tailles. L’exposition retrace le cheminement de l’artiste. On suit l’évolution de son langage, de sa première performance (Shoot, 1971) à la sculpture créée à l’extérieur du musée. ❥ A NVERS, jusqu’au 27.09, Middelheimmuseum, tlj 10h>17h, +32 3 827 15 34

Bonaparte…, œdipe, J.-L.Gerome, 1868 © V. Garagliano

Bonaparte et l’Égypte : feu et lumières Quel est le rapport entre les pharaons et Bonaparte ? Ni le lieu, ni l’époque. Et pourtant, cette exposition, conçue par l’Institut du Monde Arabe (Paris), les associe. Près de 400 œuvres opèrent un chassé-croisé entre l’Egypte et la France. De la colossale Description de l’Égypte, au courant orientaliste (Gerôme), en passant par Mariette, père de l’égyptologie moderne, retour sur un siècle d’histoire commune inauguré par l’exploration de Napoléon. ❥ ARRAS, jusqu’au 19.10, musée des beaux-arts, 2,5/7€, mer>lun, 10h>18h, mar 14h>18h, +33 321 71 26 43

Textiles, l’art et le tissu social

Giinaquq, comme un visage

Matériau pour les artistes contemporains, signe d’appartenance sociale ou encore support de messages revendicatifs (banderoles), le tissu est ici observé sous toutes les coutures. Aussi déambule-t-on d’installations monumentales (xxe et xxie siècles) en photographies, de sculptures en documents d’archives... sans jamais que le propos semble décousu. L’on se rattache à notre fil d’Ariane, l’histoire du textile dans l’espace social. ❥ A NVERS, du 11.09 au 3.01, MuHKa,

Les masques sugpiaq ont presque tous disparu. Ces attributs de chasse, typiques de l’archipel Kodiac (Alaska), étaient en effet rituellement brûlés, de sorte que les 80 spécimens récoltés au xixe siècle par le collectionneur Alphonse Pinart ont une valeur exceptionnelle. Autour de ces rares objets, témoins d’une culture éteinte, l’exposition distille de nombreuses informations mythologiques, ethnologiques, sociales et culturelles. ❥ B OULOGNE-SUR-MER, jusqu’au 7.12,

mar>dim, 10h>17h, +32 3 260 99 99

Château-musée, tlj sf mar, 10h>12h30, 14h30>18h +33 321 10 02 20


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nothing is permanent © Yvan Salomone

Les premices de la BD, Controverses, Suora-e-Prete © Oliviero Toscani, Tintin lutin, B. Rabier, F. Juven © Bibliotheca Wittockiana, Luc Schrobiltgen

Nothing is permanent Panorama des mouvances artistiques de la décennie 1970-1980 ? Hommage à une profession à travers la figure du galeriste bruxellois Albert Baronian ? « Nothing is Permanent » relève un peu des deux. Les différentes générations de plasticiens internationaux ici réunis doivent tous à ce fureteur passionné. La Centrale Electrique célèbre le flair de Baronian et son talent de découvreur en présentant les œuvres de Viallat, Burki, Deuzeuze ou encore Esteve. ❥ B RUXELLES, Centrale Électrique, jusqu’au 27.09, mer>dim, 10h30>18h, +32 2 279 64 24

Les prémices de la bande-dessinée... siècle. À la faveur des progrès techniques (impression et reproduction), les images populaires se multiplient. Ces petites saynètes comiques ou moralistes circulent de mains en mains, tandis que les romans-feuilletons font leur apparition. À la croisée de ces deux formes narratives émergent les prémices de la bande dessinée, retracées ici par une centaine d’originaux (images d’Epinal, de Töpffer, de Busch, de Saint-Ogan...). ❥ B RUXELLES, jusqu’au 10.10, Bibliotheca

xixe

Wittockiana, mar>sam, 10h>17h, +32 2 770 53 33

New look © DR

Controverses – une histoire juridique et éthique de la photographie La photographie n’adoucit pas les mœurs, elle les révèle : certaines images permettent de comprendre le regard que les sociétés portent sur leur temps. L’avocat Christian Priker en est convaincu. Il a réuni un florilège de clichés qui ont fait l’objet de vives controverses voire de procès. De 1837 à nos jours, de grands photographes (Cartier-Bresson, Man Ray, Nadar, Toscani) en anonymes, s’esquisse une passionnante étude des consciences collectives. ❥ B RUXELLES, du 24.09 au 22.11, Museum du Botanique, mer>dim, 12h>20h, +32 2 226.12.18

Du new look à l’exposition 58 Ah, les années 50 ! Règne du polyester, du polyamide et de l’acrylique, ère du glamour hollywoodien et des pin-up voluptueuses ! Le musée du Costume et de la dentelle nous replonge dans cette belle époque où fleurissaient robes corolle, jupes crayon, cols Claudine et coupes trapèze. Le tout agrémenté d’accessoires à faire rêver les adeptes de vintage : petits sacs et gants fins montant jusqu’aux coudes... On s’y croirait ! ❥ B RUXELLES, jusqu’au 31.12, Musée du costume et de la dentelle, lun>ven (sf mer) 10h>12h30, 13h30>17h, sam 14h>17h, +32 2 213 44 50


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agenda T-tris, ma l'amor mio non muore © Nicolai Olaf,

table, chaise languettes, Charles Kaisin © Guy Philippar

T-Tris

Prédateurs

Pour cette nouvelle exposition, trois conservateurs de musées d’art contemporain (le BPS 22, le MuHKa et le MUDAM) se sont livrés à un petit jeu. Le but ? Introduire tour à tour une oeuvre de sa collection. Tout placement doit être motivé par une filiation artistique, conceptuelle, stylistique ou une opposition avérée avec la précédente. La partie a commencé avec une pièce colorée de Liam Gillick. Le gagnant ? Incontestablement le public, qui profite d’une centaine d’œuvres rivalisant d’originalité. ❥ C HARLEROI, du 12.09 au 29.11, BPS22,

Griffes, dents, discrétion, communication, tous les moyens sont bons pour attraper sa proie. La centaine de prédateurs exposés ne partagent qu’un point commun : la nécessité de manger pour survivre. Car ensuite, tout les sépare : la taille, l’espèce, la méthode, l’alimentation, le terrain de chasse. Des insectes aux fauves, du ciel à la mer en passant par les souterrains, voici un impressionnant tour de piste du règne animal. ❥ LILLE, jusqu’au 31.12, Musée d’histoire

mer>dim, 12h>18h, +32 71 27 29 71

Design in motion À 36 ans, Charles Kaisin fait partie de cette génération montante de designers dont le talent s’exporte dans toute l’Europe. Peu attaché à la noblesse des matériaux, ce Belge récupère des objets de rebut pour leur donner une nouvelle fonctionnalité : papier, bouteilles, sacs plastiques deviennent ainsi saladiers, bancs ou tables. Le Grand Hornu Images propose une rétrospective de ses dix dernières années de recherches axées sur le mouvement et le recyclage. ❥H ORNU, jusqu’au 27.09, Grand Hornu Images, mar>dim, 10h>18h, +32 65 65 21 21

naturelle, tlj sf mar & sam, 9h>12h, 14h>17h, dim 10h>13h, 14h>18h, +33 328 55 30 80

Résider Revenue de Finlande, Laura Henno présente les photographies qu’elle a réalisées au pays des mille lacs. Lumières rasantes, couleurs irréelles, la splendeur du cadre contraste avec le regard perdu, presque apeuré, des jeunes modèles. Ce beau travail sur les relations des individus à leur environnement fait face aux installations de la finlandaise Hanna Omajo. ❥ L ILLE, du 17.09 au 31.10, Espace carré, mer>sam, 14h>19h, dim 10h>13-15h>18h, +33 320 49 52 81



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agenda © laura henno

Les nouveaux Monstres, abell-eatbulb © Andrew Bell,

Les nouveaux Monstres

La lune, mythes et réalités

Mais qui sont donc ces nouveaux monstres qui peuplent la Gare St Sauveur ? Une foule d’étranges créatures habitées par les nouvelles technologies, ne prenant vie qu’à l’aide de savants procédés interactifs. Ici des plantes réactives à nos mouvements, un mur de caméra qui observe nos faits et gestes, là, des animaux effrayants qui naissent de nos ombres. Seize installations inspirées de nos pires cauchemars se jouent de nous. À nous de les dompter. ❥ LILLE, du 18.09 au 8.11, Gare St Sauveur,

Pour le 40e anniversaire de la mission Appollo XI, la Coupole nous donne rendez-vous avec la lune. Seize panneaux thématiques regroupant science et mythologie retracent plus de 400 ans d’histoire. Des peintures du Moyen Âge aux premières images satellite en passant par les schémas de Galilée, l’on chemine jusqu’aux dernières découvertes de la NASA. Un petit aperçu de ce qu’on a cru, imaginé et découvert. ❥ S AINT-OMER, jusqu’au 15.12, La Coupole,

mer>dim, 11h>19h, +33 328 52 30 00

Des Frères Lumière aux frères Dardenne À travers la présentation de films, de caméras, d’affiches et de photos, cette exposition revient sur les grandes étapes du 7e Art. L’aventure débute au rezde-chaussée, avec l’occasion unique de revivre une projection Lumière authentique. L’étage supérieur est consacré à l’avènement du cinéma parlant, au passage du noir et blanc à la couleur, au cinémascope, puis au relief. La question du cinéma numérique fait quant à elle l’objet du dernier étage. ❥ MONS, jusqu’au 13.12, Mundaneum, mar>sam (sf j fériés) 13h>17h, dim 13h>18h, +32 65 31 53 43

Centre d’Histoire et de Mémoire du NordPas-de-Calais, tlj, 9h>18h, +33 321 12 27 27

Sur un air de mine, la musique dans la culture minière Si elle a été traitée au cinéma (Charbons ardents, les Virtuoses...), la pratique musicale des mineurs n’avait encore jamais fait l’objet d’une exposition. À partir de témoignages, d’objets collectés et d’archives, le musée de Lewarde dresse un panorama des sociétés musicales du bassin minier et nous éclaire sur leurs codes et fonctionnement. Il souligne l’importance des fanfares à la fois comme distraction culturelle et comme facteur de paix sociale. ❥ LEWARDE, jusqu’au 31.12, Centre Historique Minier, tlj 9h30>19h30, +33 327 95 82 82



concerts mar 01 MUM + BENNI HEMM HEMM Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32

jeu 03 HORS LA LOI Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 22h30, gratuit, +32 3 226 38 70

Gand, Culture Club, 22h, 10e, +32 9 233 09 46 Braderie Mix Party : Lille, Peek a Boo, 22h, gratuit, +33 320 57 05 15 SILICONE SOUL + BARTHOLOMEO + PATRICK SCHMIDT Anvers, Café d’Anvers, 23h, gratuit, +32 3 226 38 70 MONICA ELECTRONICA + RAMON TAPIA + PRINZ Anvers, Petrol, 23h, 0/8e, +32 3 226 49 63

ven 04

DEG + DJ PIERRE Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89

500 MGR + XHOHX + (P.U.T) Lille, Rumeur, 20h, 3e, +33 320 52 71 97

AFFIRMATIVE ACTION Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59

Robsoul Labelnight :

Sheer : DANIEL «DBX» BELL + DJ DARKO Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64

PHIL WEEKS + MASSIMO DA COSTA + LUVS & DAN D Anvers, Café d’Anvers, 23h, 5/10e, +32 3 226 38 70 NATHAN COLES + MAXIM LANY + NATHAN FIX Gand, Decadance, 23h, gratuit, +32 9 329 00 54

sam 05 SPIZZENERGI Leuven, Het Depot, 20h, 18/15e, +32 1 622 06 03 PÉRIPHÉRIQUE EST + ADOPLHE ET SES MACHINES Liège, Zone, 20h, 5e, +32 0 324 34 10 THE QUI Lille, Rumeur, 20h,3e,, +33 320 52 71 97 BAS LES PATTES + THE BLACK’S CADILLAC Cambrai, Garage Café, 21h, gratuit, +33 327 81 29 75 The Sequel : DAVIDOV + LES MECS + DAVID LATOUR + GENTIL & STEPHAN

mar 08 MOBY Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24 THE DODOS + WYE OAK Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 WE WERE PROMISED JETPACKS Bruxelles, Botanique/Witloof Bar, 20h, 11/8e, +32 2 218 37 32

mer 09 MATT ELLIOTT Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 El Biplano Latino : CORDILLERA Lille, Biplan, 20h30, 4e, +33 320 12 91 11

HATI + PHIL MAGGI Lille, Rumeur, 20h30, 5e, +33 320 52 71 97

jeu 10 Radar : FLORENT MARCHET Tourcoing, Hospice d’Havré, 18h, gratuit, +33 359 63 43 53 Radar : ELYSIAN FIELDS + JEREMY JAY + THE ACORN + BELL ORCHESTRE + MUM Tourcoing, Grand Mix, 19h30, 15/12e, +33 320 70 10 00 SHEARWATER + KRAKOW Gand, Vooruit, 20h, 19/15e, +32 9 267 28 28 TIGER JOE + COLOSSUS Lille, Rumeur, 20h, 5e, +33 320 52 71 97 FRENCH KISS Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 22h30, gratuit, +32 3 226 38 70

ven 11 Radar : THE MISERABLE RICH Tourcoing, Hospice d’Havré, 18h, gratuit, +33 359 63 43 53 Radar : HOCKEY + FINK + EUGENE MCGUINNESS + THE VEILS + CURRY AND COCO Tourcoing, Grand Mix, 19h30, 15/12e, +33 320 70 10 00 BELL ORCHESTRE Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 QUANTIC AND HIS COMBO BARBARO Leuven, Het Depot, 20h, 20/17e, +32 1 622 06 03 WATCH YOUR SIX + KENTUCKY DEAD CHICKEN Lille, Rumeur, 20h, gratuit, +33 320 52 71 97 LE COLLECTIF DE UKULELE


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LILLOIS (C.U.L) + LES SANSPAPIER Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Desolat Label Night : LIVIO & ROBY + TINI + TOFKE GUAPERAS + HERMANEZ + MASSIMO GIRARDI Anvers, Café d’Anvers, 23h, 5/10e, +32 3 226 38 70 Fight Klub : JUST A BAND + S.P.A Bruxelles, K-nal, 23h, 10e, +32 0 324 73 47 TRIANGLE Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59

sam 12 Radar : SCOTT MATTHEW Tourcoing, Hospice d’Havré, 18h, gratuit, +33 359 63 43 53 Radar : SOUTH CENTRAL + DAT POLITICS + CERCUEIL + MAGNOLIA ELECTRIC CO + JESSIE EVANS Tourcoing, Grand Mix, 19h30, 15/12e, +33 320 70 10 00 LES SEPTEMBRISTES + CARWASH BABY LOVE Liège, Zone, 20h, 5e, +32 0 324 34 10 LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL + PONCHARELLO Lille, Rumeur, 20h, gratuit, +33 320 52 71 97

DEG + DJ PIERRE Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89 Bang The Box : ANTON PIETTE + DIMITRI ANDRÉAS + SEBA LECOMPTE + TECNUM Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54 Black Market : PÉO WATSON & FRIENDS Lille, Supermarket, 23h, gratuit, +33 320 52 86 59 Sunnyside Up : DJ SNEAK + RAOUL + MASSIMO DA COSTA Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64

dim 13 City Parade : TECHNASIA + DAVE LAMBERT + FUNKERMAN Liège, Liège (divers lieux), 12h, gratuit, BONAPARTE Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

KAMIKAZE Gand, Vooruit, 20h, 5e, +32 9 267 28 28

mer 16 GUY VAN NUETEN Bruxelles, Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e, +32 2 254 82 42 KAMIKAZE Gand, Vooruit, 20h, 5e, +32 9 267 28 28 MALCOLM MIDDLETON Gand, Vooruit, 22h, gratuit, +32 9 267 28 28

jeu 17 TINY VIPERS Bruxelles, Botanique/Witloof Bar, 20h, 11/8e, +32 2 218 37 32

lun 14

EDNOMEL Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

LACRIMOSA Gand, Vooruit, 19h, 26,75e, +32 9 267 28 28 DANIEL LANOIS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25e, +32 2 548 24 24

CHUPA CHUVA Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

SCOTT MATTHEW Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

GUY GERBER + MIXHELL + GTRONIC + THE ODDWORD + PIRRES Anvers, Petrol, 23h, 5/10e, +32 3 226 49 63

MALCOLM MIDDLETON + THE PICTISH TRAIL Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 15/12e, +32 2 218 37 32

SMART Leuven, Het Depot, 20h, 18/15e, +32 1 622 06 03

SILYCON PLANET + OXYMOR Cambrai, Garage Café, 21h, gratuit, +33 327 81 29 75

SMOS & BABY BEE Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70

EARTH Bruxelles, Ancienne Belgique/ AB Box, 18h30, 16e, +32 2 548 24 24

mar 15 End Of The Road Festival : MORIARTY + MAGNOLIA ELECTRIC CO + CHARLIE PARR + THE TALLEST MAN ON

RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 22h30, gratuit, +32 3 226 38 70

ven 18 Mon inouïe Symphonie : LYDIA LUNCH + K-BRANDING + JAAP BLONK + FRÉDÉRIC LE JUNTER Dunkerque, 4 Ecluses, 18h, 5e, +33 328 63 82 40 N.A.M.E Festival : TOILET DISCO + KISS THE GIRL + EVA PEEL Lille, Gare Saint-Sauveur, 18h, gratuit


concerts Leffingeleuren : THE STREETS + THE BLACK BOX REVELATION + GOOSE + DAS POP + ZIGGI & THE RENAISSANCE BAND Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 19h, 35/29e, +32 5 970 08 22

Zwerver, 14h, 35/29e, +32 5 970 08 22

HITT Lille, Rumeur, 20h, 5e, +33 320 52 71 97

J.FUNK Villeneuve d’Ascq, Ferme d’en Haut, 17h, gratuit, +33 320 61 01 46

Black Market : PÉO WATSON & FRIENDS Lille, Supermarket, 23h, gratuit, +33 320 52 86 59

DIRTY PROJECTORS + SUNSET RUBDOWN + TUNE-YARDS Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32

Forbidden Fruit : RARESH Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64

ELECTRIC BAZAR + RAGEOUS GRATOONS Calais, Gérard Philipe, 20h30, 5e, +33 321 46 90 00 THE POSTITS Cambrai, Garage Café, 21h, gratuit, +33 327 81 29 75 LUSSI IN THE SKY Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 N.A.M.E Festival : TIEFSCHWARZ + DAMIAN LAZARUS + BURAKA SOM SISTEMA + RADIO SLAVE + MATTHUS RAMAN + UFO + SEÏ A + ANDREW WEATHERALL + TIM GREEN Lille, Tripostal, 22h, 19/15e, Push it Club : KOLOMBO + LOU LOU PLAYERS + DIMITRI VEGAS & LIKE MIKE + PRINZ + METROBOX Anvers, Café d’Anvers, 23h, 5/10e, +32 3 226 38 70 AFTER NAME Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59 Radar : LOGISTICS + MURDOCK Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64

sam 19 Leffingeleuren : AMADOU ET MARIAM + RITON + THE GLIMMERS + WE ROCK LIKE GIRLS DON’T + J. TILLMAN Leffinge-Middelkerke, De

N.A.M.E Festival : PUSSYSELEKTOR + DJ FARAÏ + MISS NOA + LUTEZO + TIBO (TSUGI CREW) + CZESKI Lille, Gare Saint-Sauveur, 14h, gratuit

ARCHIVE Bruxelles, Halles de Schaerbeek, 20h, 27e, +32 2 227 59 60 ILLAPU Anvers, Arenberg Schouwburg, 20h15, 20/16e, +32 7 022 21 92 EKATERINA METCHETINA Arras, Théâtre d’Arras, 20h30, 17/11e, +33 321 71 76 30 Mon inouïe Symphonie : DAN DEACON & THE ENSEMBLE + THE OSCILLATION + EMMANUEL RABU + MAJA JANTAR + GENEVA JACUZZI Tourcoing, Grand Mix, 20h30, 13/10e, +33 320 70 10 00 BLAIN SUBJECT + PANDA Cambrai, Garage Café, 21h, 2e, +33 327 81 29 75 MIYR #1 : LET IT BLEED + LES PRUSSIANS Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 N.A.M.E Festival : MICHAEL MAYER + ELLEN ALLIEN + DEEPRAKER + THECOCKNBULLKID + KRAZY BALDHEAD + FEADZ + MINILOGUE + PEO WATSON + APM001 + MATIAS AGUAYO Lille, Tripostal, 22h, 19/15e, DOCTOR DISCO + HETRIX

+ THE LOVE BROTHERS + DON JOHNSON Anvers, Petrol, 23h, 5/10e, +32 3 226 49 63 DEG + DAVE CLARKE + DJ PIERRE Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89

dim 20 Leffingeleuren : ABSYNTHE MINDED + ELVIS PERKINS + RAY LAMONTAGNE + SEASICK STEVE Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 15h, 35/29e, +32 5 970 08 22 Mon inouïe Symphonie : AU (A YOU) Dunkerque Cedex, LAAC, 18h, gratuit, +33 328 59 21 65 FREDO VIOLA + JOY (EX-VENUS) Tourcoing, Grand Mix, 18h, 10e, +33 320 70 10 00 ZOOT WOMAN + SCARLET SOHO Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 OHBIJOU Bruxelles, Botanique/Witloof Bar, 20h, 11/8e, +32 2 218 37 32 KAYO DOT + CJ BOYD Liège, Zone, 20h, 7e, +32 0 324 34 10

lun 21 CHUCK PROPHET Bruxelles, Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e, +32 2 254 82 42


agenda |

125

mar 22 CARL Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 13/10e, +32 2 218 37 32 J. TILLMAN Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 13/10e, +32 2 218 37 32 DANANANANAYKROYD Bruxelles, Botanique/Witloof Bar, 20h, 11/8e, +32 2 218 37 32

THE DATSUNS + THE VIOLENT SCAREDYCATS Amiens, Lune des Pirates, 20h30, 10/7e, +33 322 97 88 01 YUKO + WIXEL Anvers, Arenberg Schouwburg, 20h30, 10e, +32 7 022 21 92 BIÉBAR Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 22h30, gratuit, +32 3 226 38 70

FUZZ ORCHESTRA + DILEPSIS Liège, Zone, 20h, 5e, +32 0 324 34 10

ven 25

MILOW Lille, Splendid, 20h, 24,20e, +33 320 33 17 34

N.A.M.E Festival : BOULAONE + BUBBLE Lille, Gare Saint-Sauveur, 18h, gratuit

mer 23

KLAUS SCHULZE + LISA GERRARD Bruxelles, Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 33/30e, +32 2 548 24 24

WE ARE ENFANT TERRIBLE + PERU PERU Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 4e, +33 320 27 70 10 LA TOUCHE DU SINGE Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

N.A.M.E Festival : AUTO (UNCHI) Lille, Peek a Boo, 20h, gratuit, +33 320 57 05 15

jeu 24

LE K MORLOT Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97

ENSEMBLE TAKHT ATTOURATH Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 17/11e, +33 321 71 76 30

DE DOLFIJNTJES Anvers, Arenberg Schouwburg, 20h15, 16e, +32 7 022 21 92

THE ORB Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24

PETER VON POEHL + JIL IS LUCKY Calais, Gérard Philipe, 20h30, 5e, +33 321 46 90 00

Les Nuits du Soir : PIANO CLUB + MADENSUYU + HONG KONG DONG + YOKO SOUND Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 7e, +32 2 218 37 32

FLAGRANT DÉLIT Cambrai, Garage Café, 21h, gratuit, +33 327 81 29 75

BOW LOW + ISLAND NEWS + AFTERSHAVE Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97

STÉRÉOPUTE + DOUGLAS & THE BEAUTIES Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Electronation : ANTHONY ROTHER + TERRY TONER + SPACID

Anvers, Café d’Anvers, 23h, 5/10e, +32 3 226 38 70 FURIE Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59

sam 26 N.A.M.E Festival : JENNIFER CARDINI + SEÏ A + APM001 + CLÉMENT MEYER Lille, Gare Saint-Sauveur, 14h, gratuit Fête de la communauté française : JOY + CHERESSE + TEUK HENRI Bruxelles, Recyclart, 20h, gratuit, +32 2 289 00 59 SELPIÉ Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 ELVIS PERKINS Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 Faste des Cathédrales sous Louis XIV : HERVÉ NIQUET Arras, Théâtre d’Arras, 20h30, 24e, +33 321 71 76 30 N.A.M.E Festival : ALEK Lille, Peek a Boo, 20h30, gratuit, +33 320 57 05 15 PONCHARELLO Cambrai, Garage Café, 21h, gratuit, +33 327 81 29 75 DELBI + MARC MINELLI Lillers, Abattoir, 21h30, 7/5e, +33 321 64 07 65 N.A.M.E Festival : AUDIOFLY + M.A.N.D.Y + SUPER FLU + APM001 + TOM Dunkerque, Kursaal, 22h, 13/9e, +33 328 65 81 81 LA MATHILDE Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 FAGGET FAIRYS + RIVA STARR + D.V.D + FREDO & THANG Anvers, Petrol, 23h, 5/10e, +32 3 226 49 63


agenda |

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concerts TIEFSCHWARZ + DJ PIERRE + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89 Black Market : PÉO WATSON & FRIENDS Lille, Supermarket, 23h, gratuit, +33 320 52 86 59

dim 27 N.A.M.E Festival : DJ EDSIK + DAOOF + SIJEY Lille, Gare Saint-Sauveur, 14h, gratuit REVEREND & THE MAKERS Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 13/10e, +32 2 218 37 32 +KOLLECTIV Anvers, Arenberg Schouwburg, 20h30, 8e, +32 7 022 21 92

lun 28 FUTURE OF THE LEFT Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 KING KHAN & THE SHRINES + JACK OF HEART Liège, Zone, 20h, 8e, +32 0 324 34 10 J. TILLMAN Anvers, Arenberg Schouwburg, 20h30, 10e, +32 7 022 21 92

BLAKFISH Lille, Biplan, 21h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

mer 30 My Sound System #2 : DJ YODA + TURNSTEAK + CHIRP TV + DJ PRESIDENT Beauvais, Ouvre-Boîte, 00h, gratuit, +33 344 10 30 80 EMILIANA TORRINI Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24 THE HEAVY Bruxelles, Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e, +32 2 254 82 42

JEAN-PAUL GROUVE Lille, Rumeur, 20h, gratuit, +33 320 52 71 97 DOUGLAS & THE BEAUTIES + FLAIRS Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 8/6/4e, +33 320 27 70 10

ven 02 KARTASAN Bruxelles, Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e, +32 2 254 82 42 ZAANG Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97

WE HAVE BAND Bruxelles, Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

THE SURGERIES Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

SUNSET RUBDOWN Lille, Aéronef, 20h, 10e, +33 320 13 50 00

sam 03

DIANA KRALL Lille, Zénith Arena, 20h, 84/51e, +33 320 14 15 16

THE ONLY ONES + JULIE DOIRON Lille, Aéronef, 20h, 17/13e, +33 320 13 50 00

ROLAND CONQ Lille, Biplan, 21h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

SONS OF SECRET Lille, Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97

WILLIAM STREET Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, gratuit, +32 2 550 03 50

Avec l’harmonie de la Croix Rouge : SÉBASTIEN SCHULLER Tourcoing, Grand Mix, 20h, 12/9e, +33 320 70 10 00

SUKILOVE Gand, Vooruit, 22h, gratuit, +32 9 267 28 28

mar 29

jeu 01

STARSAILOR Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24

JESSE DEE Bruxelles, Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 12e, +32 2 548 24 24

BEN ALLISON & MAN SIZE SAFE Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28

AU REVOIR SIMONE Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32

KHALED Roubaix, Condition Publique, 20h30, 30e, +33 328 33 48 33 14 Years Kozz Mozz : REDSHAPE LIVE + HEIKO LAUX + FUNCTION + PETER VAN HOESEN + SPACID + TOM DAZING + TECNUM Gand, Vooruit, 23h, 16/14e, +32 9 267 28 28



© H. Leteneur

© H. Leteneur

bars & clubs peek a boo

SUPERMARKET

gantois, servi notamment par les résidents Tlp, maxim lany, hermanos Inglesos.

Résolument 60's, rouge la nuit et turquoise le jour, voici un espace-temps où les flâneurs se détendent, les mangeurs se régalent et les mélomanes se délectent. Pour un verre, un burger ou un concert, voilà un lieu intergénérationnel ! Du mardi au mer de 9h à 23h, jeu de 9h à 00h, ven de 9h à 1h et sam de 10h à 2h.

De Justice à Pilooski, des figures internationales de la musique électronique y ont poussé leur caddie. Le Supermarket revendique une programmation audacieuse, mise sur l'exception musicale et cultive un caractère intime. Son résident, Peo Watson, privilégie des sets l'électro-funk bien calibrés.Ven et sam de 22h30 à 7h30 (de 23h à 1h : happy hour).

TIJUANA

92 rue de l'hôpital militaire, Lille, www.myspace.com/ peekaboocafe

PETROL

21 d’Herbouvillekaai, Anvers (B) +32 32 26 49 63 www.petrolclub.be Lieu à la programmation éclectique où rock et musiques électroniques, concerts et sets DJ font bon ménage. Les incursions hiphop, r n’b, acid, funk et punk sont également bienvenues. Horaires variables en fonction des soirées.

8 bis rue de Wazemmes, Lille +33 631 31 20 34, www.super-market.fr

CULTURE CLUB

Afrikalaan 174, Gand (B) + 32 9 233 09 46 www.cultureclub.be Lancé en 2001, le club le plus hype de Belgique (à l’architecture et au design minimaliste et innovant) brille avant tout par sa tonalité musicale. Depuis le début, il sert un cocktail raffiné et hédoniste unique, typiquement

Schuurkensstraat 2, Gand (B) www.tijuana.be Situé dans un ancien immeuble art déco, ce Chili Bar offre la possibili té de déguster de savoureux cocktails et autant de tapas. Au sous-sol dans une ambiance plus débridée, les Djs proposent des mixes latino, house et électro. Du jeu au sam de 22h à 7h.

CAFE D’ANVERS

Verversrui 15, Anvers (B) +32 32 26 38 70 www.cafe-d-anvers.com Lieu mythique de la nuit anversoise, inauguré en 1989 dans le quartier rouge. Un son chaleureux torréfié avec goût, mêlant house, garage et techno minimale. Dj rés. : Tweety, Filliz, Bartolomeo, Smos & Baby B.


© H. Leteneur

© H. Leteneur

guide |

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Berliner

FUSE

LOCA LOCA

+33 320 74 49 38

208 rue Blaes, Bruxelles (B) +32 25 11 97 89, www.fuse.be

11 place Jacques Louchard (prox. église Sainte-Catherine), Lille, + 33 320 06 82 82

22 rue Royale, Lille Christophe et Sandra se sont inspirés du Berlin alternatif pour composer la déco 60’s/indus du Berliner. Or, les saucisses allemandes désertent nos assiettes au profit d'une cuisine « world », comme les brochettes de poulet sauce satay. À 4€ la portion, on ose goûter à tout. Un délice pour les yeux et les papilles ! Tlj : 12/15h. Mer au Sam, à partir de 19h.

Sam de 23h à 7h. Temple de la techno de renommée internationale qui accueille les maîtres du genre depuis plus d’une décennie (Derrick May, Laurent Garnier, DJ Hell). Techno, electro, hardtech au rez-de-chaussée et House au premier étage. Dj rés. : Pierre, Deg, T-Quest, Psychogene.

MAKE-UP

Decadance

Ketelvest 518, Gand (B) www.make-up-club.be

Lundi au samedi à partir de 22h . Après une importante rénovation, ce mythique lieu gantois rouvre enfin ses portes. Le concept ? Deux salles avec deux ambiances, électro-house dans la Main room, Dancehall et Ragga Muffin au Zanzibar, le tout servi par d’éminents Djs tels que Starski & Tonic, Compuphonic ou encore Babylon Rocker.

Ven et Sam, à partir de 23h. Le Make-Up est le lieu idéal pour tout clubber à l’esprit grand ouvert. De la musique sensuelle orientée dancefloor jusqu’à la déco minimale hyper stylisée, tout est conçu pour jerker jusqu’au bout de la nuit. La programmation brille par son éclectisme : des origines de la house-music de Chicago jusqu’aux dernières mutations des musiques électroniques.

Overpoortstraat 76, 9000 Gent (B), +32 9 329 00 54 www.decadance.be

7/7j. de 16h à 3h. Ce bar aux couleurs flamboyantes rappelle immanquablement Barcelone. De larges ardoises accrochées sur le mur affichent la carte des cocktails. L’ambiance «caliente» gagne également la terrasse en été grâce aux mixes et concerts électro funk et latin groove servis bien frappés par Dj Caroll, Sweetback, Adam Koundé et Nick-L...

LE KIOSK 28 r de Wazemmes, Lille +33 320 49 75 99 www.kiosk-club.fr Du mer au sam (et veilles de jours fériés) de 22h à 8h. Premier lieu authentiquement consacré aux musiques électroniques à Lille. Programme éclectique avec une préférence pour l’électrohouse et la techno minimale. Dj résidents + guests.


le mot de la fin |

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Cabu Dessin extrait de La méthode à Cabu pour apprendre à dessiner, Hors-série n°25 de Charlie Hebdo (éd. Rotative, 2009).




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