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/ mars 2010 / GRATUIT
nord & belgique Cultures et tendances urbaines
Sommaire Let’smotiv - mars 2010 - #50
8 News
16 événement Biennale internationale de la photographie de Liège
BIP, Catherine Vernet // Clemens Behr // Gregoire Bernardi
22 Reportage Fixies : radiographie d'une nouvelle sous-culture 30 Portfolio Clemens Behr : entre street art et graff en 3D 36 Musique Brigitte Fontaine, The Nits, Girls, Hot Chip, Mos Def…
52 fantastique Cinéma Tony Gatlif, La nuit du nanard, Festival international du film de Bruxelles…
60 Mode Dressing project par Nicolas Fleuré
74 Portfolio Brian Walker
96 Portrait Sébastien Ministru : la voix de Snooze et l'auteur de
68 Rencontre Géraldine de Margerie (dictionnaire du look)
80 Exposition
Rinko Kawauchi, Kuntzel et Viola… Agenda
de Cendrillon, ce macho
98 TNight héâtre & Danse Festival VIA, Spartacus, Libertés de séjour, Shop… Agenda
114 Littérature Cook & Book 116 Chroniques livres, disques, jeux vidéo
122 Agenda concerts et soirées
130 Le mot de la fin Un truc cool par Brock Davis
Let’smotiv Nord & Belgique
114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com Graphiste : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: Nicolas Pattou - nicolas.pattou@tacteel.fr Hakima Lounas - h.lounas@letsmotiv.com
Ont collaboré à ce n° : Achab, Thibaut Allemand, Cyril Beauvilliers, Emma Belasco, Clemens Behr, Gregoire Bernardi , Faustine Bigeast, Elisabeth Blanchet, Léa Daniel, Mathieu Dauchy, Brock Davis, Emmanuel Delpiroux, Fanny Delporte, Vincent Dierickx, Nicolas Fleuré, Julie Gallasse, Youness Hamelat, Audrey Jeamart, Carole Lafontan, François Lecocq, Michel Le Royer, Hakima Lounas, Baptiste Ostré, Louise Padox, Michel Paquot, Marion Quillard, Olivia Volpi, Brian Walker
Couverture : Brian Walker, www.lickthesun.com
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31-33 rue Buhan - 33000 Bordeaux Tél : +33 556 52 09 95 - Fax : +33 556 52 12 98 redaction.bordeaux@letsmotiv.com 114 rue Barthélemy Delespaul - 59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com 5 place Louis Chazette - 69001 Lyon Tél : +33 482 53 05 71 - Fax : +33 482 53 05 70 redaction.lyon@letsmotiv.com
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En bref… Comme larrons en foire Fin avril, le tout Bruxelles se donne rendez-vous pour l'évènement artistique le plus retentissant de ce début de printemps : la 28e édition d'Art Brussels. Avec plus de 170 galeries au compteur et près de 25 pays représentés, la foire d'art contemporain devrait attirer des légions de collectionneurs. Entre Delvoye, Morellet, Fabre, Rousse, Klein, Gilbert&George, ou La Chapelle, la manifestation rassemble une majorité d'artistes réputés de la scène internationale. Un panorama de l’art actuel tout aussi appréciable sans bourse délier. ❥
Du 23 au 26.04, Brussels Expo, www.artbrussels.be
L'affaire tourne au sale ?
© DR
Télex
On savait Tintin un tantinet ethnocentrique, voici que sa famille joue la censure. Les éditions Moulinsart s'acharnent en effet contre Gordon Zola, l'auteur d'une série de romans parodiques intitulée Les aventures de Saint-Tin. À l'issue d'une saga... judiciaire cette fois, le tribunal a débouté les accusations de contrefaçon et de plagiat pour ne garder que le « parasitisme » . L'auteur de L'ire noire, Saint-Tin au Gibet, du Crado Pince Fort ou encore de L'Affaire tourne au sale a fait appel, au nom du droit à la parodie. ❥ www.leopardmasque.com
Après l'Italie, l'Allemagne et la Pologne, le Bateau-feu sonde cette année la création contemporaine turque. Danse, cinéma, littérature, concerts, jusqu'au 16.03, Dunkerque vit à l'heure stambouliote. // Plus de 80 documentaires et reportages, une trentaine d'inédits... l'évolution du monde se décrypte sur les écrans pendant le Festival International du Grand Reportage d'Actualité, au Touquet. Du 24 au 28.03, www.figra.fr
L’Islande, paradis journalistique ?
© Kika and Bob, Production Submarine
Le monde du journalisme, en perpétuelle quête de liberté et d’indépendance, aurait-il trouvé son Eldorado en Islande ? Le Parlement islandais réfléchit à la question en examinant un projet de loi (IMMI : Icelandic Modern Media Initiative) visant à renforcer la législation sur les libertés d'expression sur Internet. De facto, il s’agit surtout d’attirer groupes de presse et journalistes étrangers afin de rétablir l’économie du pays, frappé de plein fouet par la crise. Soutenu par le célèbre site de scoops Wikileaks, le texte prônerait, entre autres, une protection accrue des sources sur la toile, ainsi que l’interdiction pure et simple du filtrage. Par ailleurs, Alain Genestar prendrait déjà des cours d’islandais.
© David Koskas, Pathe distribution
Arrêts sur images
Dany dédouané ?
« Spi-der cochon, spi-der cochon, il peut ma-rcher au plafond ». Vous avez bien lu, les Simpsons sont les vedettes de la fête de l'Animation ! Mike Reiss, grand collaborateur de la série, en est l'invité d'honneur. Dense au possible, le programme alterne entre pépites populaires (Chicken Run, les Triplettes de Belleville) et univers plus singuliers (Japanimation, animés francobelges...). Des dizaines de rencontres avec des professionnels et des expositions complètent le tableau. Un swinging Lille rendez-vous à ne pas rater ! ❥ du 18 au
Avec la suppression d'un poste par jour, le douanier est une espèce en voie de disparition. Alors imaginez la crainte des képis bleus lorsqu'ils ont appris que leur profession serait le sujet du prochain film de Dany Boon. Le réalisateur et Benoît Poelvoorde y campent deux douaniers, l'un français l'autre belge, amenés à coopérer dans les années 1990. L'UNSA-Douanes, craignant de voir la profession caricaturée, a déjà «demandé à Dany Boon de ne pas en rajouter». Une censure malvenue qui devrait faire son petit effet boomerang.
21.03, Lille, Tri postal/gare Saint Sauveur/ Palais des beaux-arts/L'hybride/L'univers
L’armée de l’air américaine a dû retirer une campagne télévisée qui utilisait abusivement un titre des White Stripes. Le duo refuse que Fell in Love with a Girl encourage « le recrutement dans une guerre qu’il ne soutient pas », sans préciser s’il s’agit du conflit en Irak ou en Afghanistan. // Accueillez le ParisRoubaix en toute originalité, en participant à un grand ballet collectif à vélo. Ateliers gratuits du 31 mars au 11 avril à Roubaix. Rens. et inscriptions +33 320 24 49 49
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À la loupe C'est le moment d'ouvrir l'œil. Danse à Lille prend le pouls de la jeune danse mondiale grâce à ses Repérages. Pendant sept jours, 25 compagnies issues de 15 pays rivalisent d'originalité, à l'instar de Stéphane Gladyszewski et son Corps Noir, une performance dans laquelle le corps est indissociable des jeux de lumières et des projections. ❥ du 20 au 27 mars , métropole lilloise, www.dansealille.com
Où sont les femmes ? Le mois de février a été fécond en recherches fantasques sur la gent féminine. On a ainsi appris, grâce à deux universités australiennes, que le nombre d'amants d'une femme tient moins à sa beauté qu'à la diversité de ses gènes (dits CMH). Quelques jours plus tard, un tout autre sondage, anglais celui-ci (Philips Sensual Massagers), confirmait les talents prophétiques de Lio : les brunes embrasseraient mieux (51%) et seraient plus douées pour la conversation (63%). L'on désespérait de découvrir quelque chose de sérieux quand sortit une étude sur les entreprises du CAC40, prouvant que plus la direction est féminisée, plus l'entreprise est performante. À retrouver dans la revue du CNRS Travail, genre et sociétés. Ouf !
Les toiles de Valenciennes Vêtu d'un costume et d'un chapeau melon, un homme pédale de dos sur un vélo fixé dans le sable, tout en tenant à la main un parapluie... surréaliste. À voir l'affiche du festival du film de Valenciennes, on prépare nos zygomatiques. Car cette année, des dizaines de films (dont une partie « venue du froid ») mettent la Eloge du Poil © Christophe Raynaud de Lage comédie à l'honneur. Mais ce long weekend permet également de revisiter une partie de la filmographie de Christian Carion (Joyeux Noël, L'Affaire Farewell), président du jury . Moins poilant certes, mais tout aussi intéressant ! ❥ du 25 au 28.03, Valenciennes (Gaumont, le Phénix), www.festival-valenciennes.com
Télex
C’est la révolution dans les toilettes : un supermarché de Grande-Bretagne commercialise du papier toilette enrichi en cachemire. À 2,60 € pièce, c’est toujours moins cher qu’un pull ! // Erratum : l'auteur de l'article sur le collectif eBoy dans notre n°de janvier est Laurent Berneron. Il précise que « les eBoy se défendent de tout message politique et sociétal dans leur travail ».
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Desperate housewife Le jour, c’est une table basse comme une autre. Idéale pour une tea party entre amis. Le soir, on range le service en porcelaine car Home Disco sort le grand jeu ! Des rayons laser, des fumigènes à gogo, des enceintes haute-fidélité... il n’y a plus qu’à brancher un iPod et c’est parti pour une nuit de folie. L’auteur de cet objet futuriste n’est autre que Moritz Waldemeyer, ingénieur et designer bien connu pour ses collaborations avec Bono, Rihanna ou plus récemment avec Ok Go. Sa passion... les Leds. Ces petites lumières nouvelle génération qui consomment peu d’énergie. Cette disco table a été créée en réponse à un challenge créatif lancé en décembre dernier par le magazine Wallpaper*. Attention, danseuse non fournie ! ❥ Prix sur demande.
Un grand bond en avant En novembre 2009, c’est l’euphorie. Supra crée l’événement dans le petit monde de la sneaker. La marque de footwear annonce que la Skytop a pris quelques centimètres (ciel !). Son nouveau profil devrait faire des jaloux sur le marché : protection contre le froid, flexibilité maximale pour faire corps avec son skate, caoutchouc vulcanisé... Trois coloris sont proposés. Ils ne sont pas faciles à trouver et encore moins à porter. ❥ Skytop II, de Supra : 109 € pour les noires ; 139 € pour les 2 bleues et les blanches.
Hissez le pavillon ! On avait aperçu des docks iPod en forme de gramophone, mais celui-ci dépasse toutes nos attentes ! Cette création signée Matt Richmonds, directement inspirée des appareils de la belle époque, cultive habilement une vraie fausse usure. Ce bijou n’est, hélas (temporairement) plus disponible. ❥
iVictrola Gramophone, 425 $ pièce.
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À géométrie variable Pour la petite marque Spinthread, la recette du bonheur tient à quelques fils de coton et une toute petite chaînette. Travaillés par des orfèvres, ces matériaux bruts deviennent des bijoux poétiques. Colliers, broches... même les plus rétives se laisseront hypnotiser par les motifs géométriques en trompe-l’oeil fabriqués main par Marañón. ❥
Bijoux par Spinthread sur Etsy ou Flickr.
Mon oeil ! Bless – duo terrible made in Berlin – a conçu une collection de vêtements et d’accessoires printaniers mêlant l’insolite et l’insolent. Ines Kaag et Désirée Heiss détournent les codes et s’en amusent. La chemise se greffe au t-shirt, le col tailleur au pull trop long... les lunettes ne laissent rien filtrer, mais donnent à voir ! Union et opposition, voilà les thèmes qui ont inspiré leurs créations. Oserons-nous ? ❥
Lunettes, de Bless : 255 €.
Souvenir, souvenir
Vintage, rigolo, décalé... ces cadres photo vous détourneront de vos écrans plats souvent trop fades. Et pour une fois, c’est vous la star du programme ! Soapstar Frame sur Urban Outfitters, environ 20 €.
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Thorsten Brinkmann, Lady Glittersky, 2009Š KUNSTAGENTEN, Berlin
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BIP :
contrôle qualité texte ¬ Judith Oliver
Prestigieux festival consacré aux arts visuels, la Biennale Internationale de la Photographie affirme une nouvelle fois la position nodale de Liège sur la scène culturelle belge. Pendant près de deux mois, la première ville touristique de Wallonie vit au rythme d'une thématique sociale, que déclinent musées et galeries, évènements et soirées. Cette année, les notions de contrôle et de perte de contrôle servent de fertile dénominateur commun, mobilisant une centaine de photographes aguerris ou émergents. Pour cette 7e édition plus ouverte que jamais sur les nouveaux médias, la biennale affiche des chiffres impressionnants, élargissant son Off à une trentaine de lieux, opérant des incursions dans 5 institutions culturelles de la région MeuseRhin. Pour vous, Let'smotiv a sélectionné le meilleur de ce cru 2010 et analysé les 6 expositions du parcours officiel.
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Rencontre avec Anne Françoise Lesuisse, directrice artistique de la Biennale Pouvez-vous nous rappeler les ambitions de la biennale? La biennale cherche à établir un dialogue entre la création contemporaine et une question de société. Après la notion de « territoires » en 2008, nous avons retenu cette année le thème « (Out) of control ». Autour de ce fil rouge, nous bâtissons une programmation de la meilleure qualité possible, qui mêle photographes renommés et jeunes talents de la communauté française, découverts pendant nos prospections. Pourquoi avoir retenu cette thématique ? Les tensions qui existent entre velléités de contrôle et perte d'emprise sur les choses sont tout à fait d'actualité. Discours sécuritaires, dispositifs de surveillance, injonctions hygiénistes, banques de données... Tous ces phénomènes transforment et questionnent le rapport à l'image, aux images. Pour autant, nous n'avons pas du tout voulu aborder cela de manière illustrative.
C'est-à-dire? Nous avons voulu éluder ce qui était attendu, à savoir une lecture politique ou éthique de cette problématique. Au contraire, nous nous sommes engagés sur des terrains inhabituels. En optant, par exemple, pour une lecture littérale du thème, comme dans l'exposition « l'équilibre et l'accident » (cf p. 20) qui s'intéresse à la chute et au déséquilibre. À travers cette interprétation au 1er degré, l'on touche à une multitude d'enjeux que l'on ne soupçonnait pas, comme la question de l'enfance (Anthony Goicolea) ou de la performance (Messieurs Delmotte). Comment avez-vous choisi les artistes ? On voulait à tout prix éviter l'impression de donner un message. Pour écarter toute forme de pédagogie ou de caricature, nous avons opté pour des œuvres qui présentent une ambivalence ou plusieurs niveaux de lecture. Comme ces bodybuildeuses photographiées par Martin Schoeller (au MAMAC cf p.20). Elles incarnent la maîtrise extrême du muscle, bien sûr, mais aussi une forme de monstruosité. Quelle emprise ont-elles finalement sur cette seconde image ?
Ulrich GEBERT, from the series Sie & Wir, edition of 3 + 1 AP, Courtesy by KLEMM’S (Berlin) and Ulrich Gebert
OUT OF CONTROL Berlin – Grand Curtius Pour accueillir la création visuelle allemande, pays invité de cette nouvelle édition, l'équipe de la biennale n'a pas lésiné. Elle a ouvert les portes de l'impressionnant Grand Curtius à deux des plus prestigieux commissaires berlinois : Matthias Harder et Felix Hoffmann. Ensemble, ils ont réuni une dizaine de jeunes pousses prometteuses, dont les travaux attestent d'une véritable réflexion sur la nature et le statut de l'image. À l'instar de Viktoria Binschtock, qui photographie, recadre et agrandit des images de presse pour révéler les personnages cantonnés à l'arrière plan. Faux cliché de presse mais vraie mise en abîme : cet effet de recyclage et d'hybridation, symptomatique de la nouvelle génération, s'observe chez d'autres artistes de la biennale. Dans un tout autre registre, Thorsten Brinkmann (cf p. 16) revisite les codes de la peinture florentine dans une série d'autoportraits particulièrement comiques.
THéâTRE DE L'AUTORITÉ Hangar B9
Nicolas Clément, Arnaud et Nitro, de la série "Sécurité partagée" © Centre d'art Nei Licht
Cette exposition est la seule du programme à s'intéresser aux dispositifs politiques et militaires de contrôle. Avec sa série de portraits analysant la manière dont les autorités se mettent en scène, Nicolas Clément traite le sujet de façon très explicite. Le célèbre Trévor Paglen ou la jeune Katja Stuke préfèrent les voies détournées, mobilisant les outils de l'imagerie scientifique (téléobjectifs spatiaux) et stratégique (video-surveillance) à des fins artistiques.
Anke Van Iersel, de la série Complete me, 2004/2007 © Anke Van Iersel
LES INDOMPTÉS Mamac et Cabinet des Estampes
Entre le portraitiste Martin Schoeller, le plasticien Michel François, le photo-reporter Olivier Culmann ou l'auguste Ed Templeton, le MAMAC affiche un impressionnant palmarès. Il faut dire que la question de la conformité, variante plus intimiste et psychologique de la trame de la biennale (le contrôle de son image), relève presque du « passage obligé ». Malgré ce motif rebattu, l'exposition ménage de belles surprises. Comme l'installation vidéo de Chantal Maes, qui nous rend témoins des difficultés d'élocution d'un bègue. Avec le plus grand sérieux, le protagoniste s'attelle à la lecture d’un texte. Filmés d'un point de vue subjectif, ses arrêts et balbutiements perdent tout ridicule. Intelligemment, la vidéaste court-circuite les réflexes qui guident habituellement notre regard sur le handicap. Achim Lippoth, L'Homme Machine #12 © Achim Lippoth
Jean-Michel Crapanzano, serie Invisible Empire ©Jean-Michel Crapanzano
L'ÉQUILIBRE ET L'ACCIDENT
ULTRA RÉEL
Salle St Georges, Musée Wallon Les uns testent eux-mêmes leurs limites physiques, comme Messieurs Delmotte ou Bas Jan Ader. D'autres préfèrent observer les autres malmener leurs corps, comme Achim Lippoth et ses gymnases chinois ou Anthony Goicolea et ses jeux d'enfants dans les escaliers. D'autres enfin, à l'instar du couple Blume, dissèquent la question du mouvement dans la photo.
Les Chiroux Galerie Churchill La frontière entre réel et fictif a considérablement été mise à mal par l'arrivée des nouvelles technologies. Images virtuelles de plus en plus vraisemblables, mondes artificiels (comme le jeu secret life sur Internet) devenus phénomènes de société... Jeroen Hollander, Alexandra Verhaest ou Koen Wastijn s'inspirent de ces paradoxes pour brouiller eux-mêmes les pistes.
7e BIENNALE INTERNATIONALE DE LA PHOTOGRAPHIE ET DES ARTS VISUELS DE LIèGE jusqu'au 25.04, mar> dim (sf Grand Curtius, tlj sf mar), 13h>18h, 8/5,5€, pass 18/15€.
OFF (Sélection) Anne DE GELAS, Hôtesse de l’air, 2001, from the series Carnets Digital print
OUT OF TIME LES BRASSEURS « Décortiqué par les philosophes, sublimé par les poètes, transformé par les plasticiens, épousé par les vidéastes ou saisi par les photographes, le temps est un sujet inépuisable » pointent avec justesse Dominique Mathieu et Emmanuel d'Autreppe, les co-commissaires de (Out of) Time. Intarissable, ce motif autorise une multiplicité d'approches, comme en témoignent les réalisations de trois jeunes Belges : Laura Baudoux, François Goffin et Anne De Gelas. La première capte l'irréversible cours des choses dans le regard perdu de malades d'Alzheimer, tandis que le second immortalise les situations impromptues qui émaillent son quotidien. La dernière nous soumet enfin un carnet de notes et de croquis, réceptacle de son histoire familiale et de ses impressions passées. Ces œuvres instaurent un passionnant dialogue avec les séries de Pol Piérart et Nicolas Kozakis, les vidéos de Castronovo, Secondini et de Pierrick Sorin.
➪ Photos, carnets de voyages et objets. Récit d'un voyage initiatique dans les pays de l'Est par Philippe Herbet, à L'Émulation. ➪ Chantre de la Movida espagnole, le grand Aberto Garcia Alix s'affiche sur les cimaises de l'Espace Uhoda. ➪ Le prometteur collectif bruxellois CARAVANE propose six de ses séries documentaires et sociales à la XYZ Academy.
BIP IS WATCHING YOU ➪ 6 expériences participatives disséminées dans toute la ville, comme le studio improvisé Chez Jacky, qui permet de s'immortaliser affublé de tout un panel d'accessoires et de déguisements, le Fotomaton en libre-service du collectif OST ou le dispositif Territory Bike, qui invite chacun à filmer Liège lors de balades à vélo. À voir aussi : ➪ installation The Chase du
collectif suisse Fact, face au théâtre de la Place. ➪ Exposition Design By Performance, Hasselt, Z33.
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Un groupe d'amis dans le quartier de Bricklane, dans l'est de Londres.
texte ¬ Elisabeth Blanchet - photos ¬ Gregoire Bernardi - Elisabeth Blanchet
Une idée fixed
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Oubliez les tenues en lycra flashy du tour de France, les dimanches matin à faire du VTT, la mode est au fixie, ces vélos à pignon fixe, sans freins, câbles, ni dérailleur. En provenance de New York, cette nouvelle star du bitume se répand comme une traînée de poudre, semant sur son passage suées et sueurs froides. Pirouette en plein cœur de l'East End londonien, à la découverte d'une nouvelle sous culture.
O
scar déboule, perle au front, au Magasin 14, un repaire particulièrement hype de l'East End londonien. À partir de cette enseigne, le quartier autour de la Truman Brewery s'est transformé en véritable « Fixieland ». Les bécanes flambant neuves s'entremêlent. Au milieu d'elles, ce grand adolescent dégingandé retrouve ses potes dans cette toute nouvelle boutique spécialisée dans les fixies. « Pour faire simple, m'explique Oscar reprenant son souffle, un fixie est un vélo qui ne possède pas de roue libre. Son pignon est fixe ». Fièrement, il me désigne le sien, spécialement taillé pour sa passion : les pirouettes à bicyclette. Car, dans le monde du pignon fixe londonien, Oscar est la star du « trickriding », comprenez « sauts à vélo ». Et c'est au Magasin 14 qu'il retrouve les autres kiddies, ces désaxés adeptes des cascades.
Sur les chapeaux de roue Curieuse de voir ce dont l'étoile montante de la scène londonienne est capable, je me laisse entraîner dans un hangar désaffecté. En chemin, nous rencontrons son ami Tom, alias Taliban Tomahawk (surnom dû à sa chevelure et sa barbe proéminentes), qui pratique une discipline cousine sur BMX. Les deux garçons empilent savamment palettes et morceaux de contreplaqué pour bâtir un tremplin de fortune. Le jeu des figures commence. Tom carbure à la Foster. Oscar reste sobre. Mais, tous deux enchaînent des gamelles qui font froid dans le dos. Le ballet des « tricks » se déroule sous mes yeux grand ouverts, jusqu'à ce que sonne l'heure du pub !
Rétropédalage De retour à Brick Lane, je suis attendue par des hordes de fixies, plus trendy les uns que les autres. La mode
Oscar Khan fait ses «tricks » à Brick Lane et discute avec son ami Tom.
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Départ d'une « alleycat », course de coursiers, dans le quartier de Clerkenwell.
Photo en haut : Papillon dans sa tenue de coursière. Photo en bas : les jambes et le vélo de Justina, ex-coursière et toujours Fixie !
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Aidan lors d'un entraînement de Polo Bike à Elephant & Castle, dans le sud de Londres.
« C'est comme si on ne faisait plus qu'un avec la machine. » du vélo à pignon fixe a connu une véritable envolée depuis 2006. À l'origine de cette tendance, les fameux cyclo-coursiers new-yorkais, qui ont progressivement contaminé leurs confrères londoniens. À l'instar de Stéphanie, alias Papillon, qui navigue dans les rues de la capitale britannique depuis 12 ans. « Quand on est coursier, c'est beaucoup plus adapté de rouler en fixie : les vélos sont plus légers, plus faciles à entretenir. » Et puis, il y a les sensations. « Pédaler constamment, être en cadence avec le mouvement de la circulation. C'est comme si on ne
faisait plus qu'un avec la machine », poursuit-elle, triomphale. Cette impression de fusion, relevée de jouissives poussées d'adrénaline (pas de freins, rappelons-le), devait forcément faire des émules.
Réaction en chaîne C'est ainsi que sont apparus, il y a quelques années, ceux que les messengers s'empressent d'appeler les fakengers. « Des faux coursiers », sans message à délivrer – qui transforment le fixie en pratique à la mode et l'assortissent de toute une panoplie tendance : du casque au sac en passant par les chaussures qui se
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Deux utilisateurs de fixies à Shoredich, un quartier branché dans l'est de Londres.
clipsent aux pédales. On est alors en 2006 et les trottoirs de la City deviennent le théâtre d'une guerre sans précédent. Les fakengers ouvrent les hostilités en s'immisçant dans le circuit fermé des coursiers, fréquentant les mêmes pubs, s'incrustant aux fameuses alleycats (courses à thèmes organisées par la profession) et aux Rollapaluza (courses de vitesse sur vélo fixé au sol). Entre flots d'insultes sur la voie publique et répliques cinglantes sur le net, les tensions montent d'un cran. Jusqu'à ce que, finalement, les coursiers old school mettent de l'eau dans leur bière.
Gonflés à bloc « On a toutes sortes de clients ici », confie Aidan, 23 ans, employé du Magasin 14. « La simplicité du vélo,
sa forme épurée attirent beaucoup. On peut choisir les pièces et créer son propre fixie pour moins de £1000. » Le sien, spécialement conçu pour le Bike Polo, traîne dans un coin. Aidan est devenu ces deux dernières années un joueur invétéré. Initié par quelques dizaines de fakengers nonchalants le dimanche après-midi sur une aire de jeux de Brick Lane, le Bike Polo compte désormais plusieurs ligues à Londres, des championnats d'Europe et du monde ! Et Aidan prend ça très au sérieux. Au point de nous fausser compagnie en pleine conversation pour un championnat à Karlsruhe. Tant pis, allons trinquer avec Papillon. Elle a fini sa journée et m'attend à la Foundry, le pub repaire des coursiers et des fixies... hard core. /
Clemens Behr 3 D, installation, graphisme // Dortmund, Allemagne // www.clemensbehr.com
Happy origami Vous voulez faire plaisir à l’artiste allemand Clemens Behr ? Offrez-lui des déchets : boîtes en carton, bons vieux scotchs bien épais ou même sacs poubelle. Il transformera cet improbable stock en œuvre d’art éphémère. À tout juste 24 ans, cet étudiant en design graphique cite le mouvement dada, Marcel Duchamp ou Kurt Schwitters comme références. Et dresse un pont solide entre l’Arte Povera (ses installations sont toujours composées de matériaux pauvres « au charme esthétique particulier »), le street art novateur de Blu et le graff en 3D de Daim. Un joyeux bordel coloré, explosif même. Un véritable maillon fort entre l’ingéniosité du design motion de Pierre Vanni et les bricolages oniriques du génialissime Michel Gondry. Comme ce dernier, Clemens Behr préconise une spontanéité à toute épreuve, reconnaissant se passer de croquis pour mieux suivre l’image qu’il a en tête. Cette démarche caractérise d’ailleurs tout son cheminement artistique. Au détour d’une rue ou dans l’intimité d’une galerie, il construit son monde avec le cœur, à la manière d’un enfant qui jouerait avec des montagnes de Lego®. Baudelaire a écrit : « Le génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté ». Cet adage a, sans aucun doute, trouvé son incarnation en Clemens Behr. /
texte ¬ Carole Lafontan
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â?– Remember Tomorrow, Barcelona (2009)
1 1. 3. Dark graffiti scenes - 2. Logo par bishop pour le site toutpourlesyeux.com â?–
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❖ 1. Autoportrait, Barcelona (2009) - 2. Sans légende - 3. Installation, pour fêter les 10 ans du magasin The Mazine, Mülheim, Allemagne - 4. Mur réalisé pour Zooom Prod., Salzburg (Autriche)
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❖ 1. Installation en extérieur, Barcelona (2009) - 2. Installation dans le métro, Barcelona (2009) 3. Installation en extérieur, Barcelona (2009)
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Brigitte Fontaine,
entre guillemets Interview Propos recueillis par ¬ Léa Daniel - photos ¬ Robin
« Je suis vieille et je vous encule »... Chante-t-elle, le poing levé. Brigitte Fontaine a toujours eu le sens de la formule. Celle qui n’aime pas se souvenir s'inscrit plus que jamais dans son temps, pour y dénoncer une société jeuniste et pétrie d'interdits. Papesse de l'underground français, elle sort de temps en temps sa tête de zazou hors de l'eau, pour une collaboration, un disque ou un livre. Cette fois-ci, Brigitte Fontaine fait les trois à la fois ! Elle signe quelques très beaux textes sur le dernier album de Mathieu Chédid, elle place Prohibition dans les charts français et se paie le luxe de publier un livre inclassable*. Libre et décalée. Extraits d'une interview funambulesque. Il paraît que vous n'aimez pas que l'on vous demande comment ça va ? Si, si. Ça va très bien. Etes-vous contente de retrouver votre public ? Oui très contente, mais je hais les transports et je hais les tournées. J'aimerais rester au même endroit pour chanter. Avez-vous changé d'auditoire ? Non, ça fait longtemps que je l'ai ce public. Il est très sympathique.
Il y a une forme de complicité qui s'est installée avec le temps ? Non, je préfère parler de connivence. La complicité implique des méfaits que nous ne commettons pas. Avez-vous préparé vos spectacles ? Non pas du tout, ça se fait comme ça. Pourtant, ce n'est pas de l'improvisation ! J'ai des musiciens, je ne peux pas improviser. Mais, je ne sais pas comment ça marche, comment nous communiquons ensemble. C'est un miracle. >
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« J’aime bien les paradoxes. On s’entend bien, eux et moi. »
Vous êtes très instinctive, vous déclarez écrire vos chansons en 1 heure et demie... J'écris très rapidement, de manière intuitive. J'écris n'importe où et n'importe comment. Je n'ai pas de petits carnets, mais de grands cahiers pour cela. Quand je commence, je ne sais pas ce que je vais dire. Une phrase me plaît, puis vient le reste. En effet, pour moi, une chanson, c'est une heure et demie. Ensuite, je la retouche à peine. Pour Prohibition, votre dernier album, vous dites avoir ressorti vos griffes. Qu'estce qui vous révolte le plus aujourd'hui ? Les sans-papiers et ne pas pouvoir fumer, même en prison, même en HP. Est-ce que vous y croyez encore à cette révolution en latence dans votre album ? Bien sûr que non, mais le Général de Gaulle - le vieux - avait dit que tout ça finirait dans un bain de sang. Je n'y crois pas mais en tout cas, il y aura sûrement une insurrection bientôt. J'aime bien les paradoxes. On s'entend bien, eux et moi. ❥
Avez-vous l'impression d'être une artiste engagée ? Je n'ai pas l'impression du tout. Je suis rebelle, révoltée... Engagée ? Je n'en sais rien ! Je ne me suis jamais mise en carte et ce n'est pas maintenant que je vais commencer. Vous semblez libre, vous faîtes preuve de beaucoup d'assurance, avez-vous peur parfois ? J'ai peur, tout le temps, ça domine ma vie. Les gens disent que vous êtes une surréaliste... Ah non sûrement pas ! J'ai horreur des surréalistes. Ce sont des vieux cons. Est-ce que vous travaillez pour vivre ? Oui, mais je vis mal parce que je ne vends pas de disques, parce que les artistes n'ont aucune place dans ce métier. Les artistes, je veux dire les vrais, comme je me permets de me nommer moi-même. Quand vous passez à la télé, c'est rare mais toujours décalé. Finalement, ne jouez-vous pas le rôle que l'on attend de vous ? Maintenant je suis très sérieuse à la télé. Avant je déconnais complètement parce que je voulais m'amuser. J'ai arrêté, ça fait déjà quatre ans. L'amour, c'est du pipeau ? J'aime les mots, c'est un amour charnel. Je ne pense pas faire de jeu de mot, mais je m'amuse avec les mots. Je vous remercie, au revoir, je vous embrasse. / *Le bon peuple du sang, chez Flammarion.
Brigitte Fontaine (Festival d’Amiens – Musiques de jazz et d’ailleurs) 27.03, 20h30, Amiens, Grand théâtre, 22/17€, +33 322 97 79 77
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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR
Place aux vieux ! Le mois prochain, l’amicale des retraités du Zénith de Lille organise le tour de chant de The Prodigy et Iggy Pop. Cette joyeuse kermesse aura lieu après le tournoi de pétanque. En attendant ces festivités, on vous propose de rencontrer des vieux nettement plus fringants et injustement méconnus : The Nits. Citez-moi une seule formation qui, en plus de trente ans de carrière, n’a publié qu’un ou deux albums un peu faibles, s’est toujours remise en question, avec un seul credo : écrire de fabuleuses pop songs ? Si vous me répondez les Stones ou McCartney, c’est que vous êtes Philippe Manœuvre – ça ne compte pas. En revanche, si vous pensez aux Nits, vous touchez juste. Depuis 1975, ces Hollandais trop discrets ont publié plus de vingt Lp’s. Des débuts sous perfu Devo, il ne reste rien. De la pop alambiquée façon XTC, un peu. Le nouveau millénaire s’est ouvert avec quelques chefs d’œuvre de pop nocturne (Les Nuits, 2005) ou boisée (Strawbery Wood, 2009), alliant inspiration aérée et classicisme exquis. Rare et précieux Les tournées des Nits prennent de faux airs de derby : Hollande, Allemagne, Belgique, France ou Norvège sont les quelques pays auxquels les Lentes (et oui…) s’accrochent. Ce qui laisse du temps pour vaquer à d’autres occupations guère plus sérieuses (vidéos, bandes originales, peinture….). Confidentiel, ce concert à Wattrelos est assurément l’événement du mois pour une poignée de fidèles qui se rendront dans la bien nommée Boîte à Musique se délecter de mélopées envoûtantes, hors du temps et du monde. Et soyez-en certains : il y a plus de vie dans le velours côtelé du pantalon de Henk Hofstede que dans n’importe quelle pantomime d’Iggy Pop. / ❥
THE NITS 18.03, 20h30, Wattrelos, La Boîte à Musique, 5/7€, +33 320 02 24 71 27.04, 21h30, Arlon, Festival les Aralunaires, 20/15€, +32 70 66 06 01, nuits.losange.net
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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ DR
L.A. Calling À ce jour, le Myspace de Classixx affiche 821 009 vues. Autant dire que Let'smotiv y est pour beaucoup : 3 souris usées à force de cliquer sans relâche ! C'est que, les remixes délicieusement discotroniques du duo nous ont sacrément tapé dans l'oreille. Après avoir longtemps espéré leur venue dans nos contrées, Triangle et le Supermarket ont enfin entendu nos prières ! Mai 2009. Fraîchement livrée par le facteur, la compilation Kitsuné Maison 7 annonce l'été avec sa dizaine de pop songs guillerettes. Et porte aux nues les Angelins de Classixx avec un remix de Phoenix (sans mauvaises rimes). Entre les mains du duo, Lystomania prend des allures de ballade romantique psyché, à grand renfort de synthés grandiloquents. Parfaite alternative à l'électro tambourinante et à l'ennuyeuse minimale, l'hédonisme et le groove subtile de Classixx offrent une cure de jouvence à la musique électronique. De quoi séduire Regina Spector, Yacht, Major Lazer, Beni ou même Mayer Hawthorne, autant d'artistes qui alourdissent le carnet de commandes des deux lascars. Pour autant, ils ne se contentent pas de retoucher les morceaux des autres. Sous la houlette de Gildas et Masaya, Classixx prépare la prochaine Kitsuné Tabloid*, après avoir sorti en décembre leur premier maxi. I'll Get You convoque Jeppe au micro, l'artiste qui défendait les couleurs du Danemark à l'Eurovision. En sortant le pays de l’Oncle Sam d'un coma électronique de 20 ans, le tandem de L.A. défend aussi son étendard - avec classe, comme son nom l'indique. / * Les patrons du label Kitsuné ont demandé à Classixx de publier leur compilation idéale.
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CLASSIXX 6.03, 23h, Lille, Supermarket, 7€, www.triangle-magazine.com
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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ Pony Pony Run Run © Mathieu Zazzo
Des garçons dans le vent ! Ces deux groupes se sont fait un nom à la sueur de leurs fronts et à la force du poignet. À la sueur de leurs fronts, dans des salles plus ou moins bondées où ils ont donné de leurs personnes sur scène. À la force du poignet, par la manipulation intensive de claviers et de souris pour tirer leur épingle du jeu sur Internet. Ce sont de vraies bêtes de somme, les Pony Pony Run Run : avant d’oser sortir leur premier album, You need Pony Pony Run Run, ils ont donné plus d’une centaine de concerts n’importe où en Europe. Et se sont dit que leur pop légère et sucrée (« décomplexée », dirait-on : mais existe-t-il vraiment une pop « complexée » ?) méritait vraiment d’être gravée pour la postérité. Le public ronronne de satisfaction à l’écoute de leurs chansons simples et bien calibrées, qui parlent d’amour et de la vie sans en faire un drame. Ils font de la musique de la même façon qu’ils aiment l’écouter : sans élitisme, en prenant le plaisir là où il se trouve, que ce soit dans un tube eurodance ou une expérimentation minimaliste. Les Tv Glory, eux, sont un peu plus regardants sur les influences, entre Creedence Clearwater Revival et Soft Cell, on trouve Stevie Wonder et David Bowie. Ce qui explique sans doute cette musique électronique à guitares, qui ne parvient heureusement pas à se défaire d’une certaine crasse rock’n’roll. Crasse qu’on ne retrouve pas du tout, en revanche, dans leurs vidéos léchées qui les montrent sur scène : pas question pour eux de se contenter de piètres films de smartphones au son ingrat. D’ailleurs, pour ce concert en particulier, ils ont concocté une bande-annonce qui dépote. Allez donc la voir. / ❥
PONY PONY RUN RUN + TV GLORY 7.03, 18h, Lille, L’Aéronef, 22/18€, +33 320 13 50 00
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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ DR
L'élégance du (héris)son Alexis Taylor et Joe Goddard sont de faux moches. Le récent album One Life Stand a fait tomber le masque : les Anglais de Hot Chip n'étaient pas vraiment des geeks. Déjà Made in the Dark nous apprenait qu'on avait affaire à des génies. Désormais on le sait : Hot Chip est un groupe de romantiques éclairés. On a attendu comme des morts de faim les nouvelles pépites dancefloor du plus excitant groupe de pop électronique du moment. Ces petites canailles reviennent avec un album estampillé « euro-dance » par la presse musicale, porté par un sémillant single (One Life Stand) qui laisse présager une nouvelle explosion de parquets. Alors oui, Hot Chip nous invite encore à verser de la sueur dans les verres de bière (avant de les renverser sur le voisin), mais on ne succombe pas aussi vite à ses charmes que du temps d’Over And Over. Sous un kitsch apparent, One Life Stand fait preuve d’une gravité et d’une maturité évidentes, multipliant les rythmiques complexes et dissonances ordonnées. Ce n'est peut-être pas le meilleur album des Anglais, mais il atteste d'un changement majeur : sans renier un hédonisme de bon aloi, Hot Chip élargit son spectre musical quitte à se trouver à l'étroit dans la catégorie « pop électronique enjouée ». Les âmes (et oreilles sensibles) peuvent donc se mêler aux clubbers sans problème lors de ce concert prometteur à l'Ancienne Belgique. Les compositions du facétieux quintette sont justement taillées pour le croisement des genres. / ❥
HOT CHIP le 7.03, Bruxelles, Ancienne Belgique,
complet !
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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR
The girls next door Non, ce ne fut pas le coup de foudre immédiat. La hype et quelques amis se déchaînaient à l’évocation de ce nom mais, que voulez-vous, on ne comprenait pas. Du snobisme ? Certainement, mais pas seulement. En un mot comme en cent : une oeuvre honnête. Un disque bien fichu, agréable, plein de bonne volonté… Mais le courant ne passait pas. Et puis, un soir, la révélation, l’apothéose, l’épiphanie : on comprenait enfin. Des chansons magiques jouées de travers. Des mélodies à deviner nées d’esprits vaguement dérangés. Et le charme de l’incapacité à les jouer correctement. Tout était là : les clins d’œil aux girls band revisités par The Jesus And Mary Chain, le rock’n’roll explosé, des hommages tordus aux Beach Boys rendus par des fans de Suede. Et quelques fantasmes accomplis (envoyer Jarvis Cocker chez Felt entre autres). On pigeait qu’on venait de rater son hiver en dédaignant le grand album de l’été sorti cet automne. Vous suivez ? Eux non plus, perchés qu’ils sont au-dessus des contingences du quotidien, en quête de la mélodie parfaite, de l’arrangement nickel, de la prochaine chanson à écrire. En attendant, retardataires comme précurseurs iront jouer les jolis cœurs et des coudes lors de ce concert-événement de Girls, dont l’indolente immédiateté autorise tous les rêves. Et si Christopher Owens et ses amis sont mauvais sur scène, pas grave, restera un Lp, sobrement intitulé… Album, qu’on réécoutera tristement, en souvenir d’une histoire passée. / ❥
The Girls 16.03, 20h, Lille, L’Aéronef, 17/13€, +33 320 13 50 00 6.03, 20h, Bruxelles, Botanique, 18/15/12€, +32 2 218 37 32
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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ Cognito
Sois sympa Mos, rembobine ! À force de jouer –plutôt bien dans des films plutôt bons– on en oublierait presque que Mos Def est avant tout un rappeur. On aurait sans doute fini par ne plus ressortir ses excellents disques sans cet heureux retour sur le vieux continent, avec une étape gantoise. Certains se souviennent qu’à la fin du 20e siècle, ils ont érigé en héraut Dante Terrell Smith aka Mos Def, grâce à deux perles discographiques : Black Star (1998), avec Talib Kweli, et Black On Both Sides (1999), album de rap complet. Mos Def est donc entré dans les années 2000, avec l’étendard de l’african-american conscient. Il produit de la musique intelligente et terriblement efficace, du très bon hip-hop en somme. C’est paradoxalement à ce moment que le gusse s’intéresse au cinéma. Il faut dire que Spike Lee et Halle Berry lui faisaient du pied. Mais, après son passage devant les caméras, l’artiste déroute ses fans de la première heure. En 2004, il incorpore à The New Danger des guitares et sample les Doors. En élargissant son auditoire, il perd son crédit auprès de certains puristes. True Magic, en 2006, est un disque dispensable. On attendait donc avec prudence son successeur qui arriva en 2009. Mais, encore une fois, le trop sage The Ecstatic n’a pas convaincu les amateurs de rap. À mesure que la carrière au ciné de Monsieur Def s’étoffait, son ancrage hip-hop se fendillait. Aujourd'hui on peut choisir de se rendre au Vooruit en louant les exploits passés, ou prier pour que les cinéastes laissent enfin tranquille l'ex-enfant terrible du rap. / ❥
MOS DEF 6.04, 20h30, Gand, Vooruit, 37/35,5€, +32 9 267 28 28
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Liberté Entretien avec Tony Gatlif À l'heure où des familles de Roms continuent à être expulsées de nos villes, le dernier film de Tony Gatlif rappelle le triste épisode de leur déportation pendant le iiie Reich. Liberté se déroule dans un village lamda, hostile à l'arrivée sur ses terres d'une famille de gitans, persécutée par la police française et menacée par l'occupant allemand. Seuls Théodore, le maire du village et Mademoiselle Lundi, l'institutrice, sont prêts à risquer leur vie pour leur éviter le camp d'extermination. Rencontre avec Tony Gatlif, réalisateur et fervent militant de la cause gitane.
propos recueillis par ¬ Fanny Delporte photo ¬ Philippe Quaisse
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à cette période de l'Histoire ? L'extermination, pendant la 2e guerre mondiale, des tziganes en France fait partie intégrante de notre patrimoine. Et pourtant très peu de gens sont au courant. Je voulais que ce film soit un témoignage, amorce un travail de mémoire car ces camps étaient en France, et ces manouches bien Français.
Ils étaient clairement identifiés (grâce à une fiche anthropométrique), mais cela ne les a pas empêché d'être envoyés dans les camps. Et à la fin de la guerre, personne n'a été là pour dire : « l'Europe a massacré plus de 250 000 tziganes ». Pourquoi ne montrez-vous pas la souffrance dans les camps ? Par pudeur. Je me souviens avoir été >
traumatisé, à 25 ans, par un film qui traitait des camps de concentration. Le réalisateur faisait un travelling sur les fils barbelés du camp, finissant sa course sur un homme mort, accroché aux fils. Chercher à faire de l'esthétique, des plans travaillés avec une chose si terrible, j'ai trouvé cela affreux. Je voulais seulement aborder le sujet à travers l'histoire de ces deux Français qui ont risqué leur vie pour les tziganes, à une époque où ils étaient totalement diabolisés. Un geste magnifique. Comment expliquez-vous qu'il existe si peu de documents relatifs à cette extermination ? Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il existe des centaines de rapports de gendarmes à propos des
persécutions de tziganes, des photos nazies qui les assimilent à des animaux... Cette méconnaissance vient du fait que les tziganes sont toujours considérés comme des sous-hommes. Et puis, ils ont une culture particulière. Par exemple, ils ont une peur bleue des fantômes. Pour eux, ce sont de vrais revenants qu'il ne faut pas déranger. Cela explique l'absence de revendication de leur part. En parler, c'est empêcher ces morts d'être en paix. Enfin, notre rapport au passé est différent. Pour nous, ressasser le passé est une façon d'avancer pour mieux vivre ensemble. Pour eux, l'oubli total est nécessaire. Comment le film est-il accueilli ? Partout où je suis allé, que ce soit en
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« Il existait en France des camps d'extermination de tziganes ». Amérique, au Canada ou en Ukraine, les gens étaient surpris d'apprendre qu'en France il existait, du nord au sud, pas moins de 40 camps de concentration gérés par les nazis ou les gendarmes. Des camps similaires à ceux d'Auschwitz : mêmes poteaux, fils barbelés, miradors, gardiens, etc. Pourquoi ne pas avoir plutôt évoqué la situation actuelle des tziganes en France ? Parce qu'il faut commencer par le début. Si nous étions tous au courant de cette extermination, les tziganes ne seraient peut-être pas traités comme ils le sont actuellement. Aujourd'hui encore on ne sait rien d'eux, on les trouve emmerdants. Ils ont un carnet anthropométrique, alors qu'ils sont présents sur notre territoire depuis des siècles et possèdent la nationalité… Il faut absolument rappeler d'où ils viennent. C'est seulement à partir de là qu'ils seront - non pas aimés - mais acceptés. ❥
Pour en venir aux acteurs, est-il vrai qu’ils n’ont pas eu accès au scénario ? Oui, c'est exact. Cela ménageait une certaine spontanéité dans le jeu. Seul James Thiérée (ndlr. petit fils de Charlie Chaplin), qui interprète Taloche, l'a eu en main. Il en avait besoin pour apprendre la langue et construire son personnage, de loin le plus complexe de tous. Il devait notamment trouver des acrobaties, des pas de danse : il ne pouvait pas improviser totalement. On a été surpris de ne pas entendre, comme dans Gadjo Dilo ou Transylvania de la musique tzigane... Oui, elle n'avait pas sa place dans Liberté. C'est quand même l'histoire d'une traque. Impossible d’y associer une musique traditionnelle joyeuse. Elle a été remplacée par un thème magnifique, qui traverse tout le film. Puis, il y a le générique de fin chanté par Catherine Ringer. Sa voix correspond très bien à l'univers musical tzigane : elle chante fort et avec beaucoup d'émotion. Avez-vous rencontré des difficultés avec la production ? Oui, comme tout le monde. Mais le jour où je fais un film pour plaire à mes producteurs, j'arrête le cinéma pour faire de la musique. /
LIBERTé De Tony Gatlif, sortie le 24.02, avec James Thiérrée, Marc Lavoine, Marie-Josée Croze...
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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ Blood Freak © DR
Dindons mutants
contre crocodiles vampires
Un mauvais film, c’est nul. Mais un très mauvais film, ça peut toucher au merveilleux. Porté par cette conviction, le cinéma l’Univers propose de s’en mettre plein la vue pendant toute une nuit, avec quelques-uns des meilleurs films du panthéon des nanards. Un budget dérisoire, un scénario rocambolesque, de mauvais acteurs - parfois habilement mis en valeur par un doublage calamiteux-, des velléités de fantastique dans des décors chiches : les ingrédients sont réunis pour un moment de magie poétique et désopilant. Car le nanard, c’est autre chose qu’une daube. La preuve par quatre à l’Univers. Commençons par Blood Freak, virulent pamphlet chrétien contre la drogue. Engagé comme goûteur dans un élevage qui nourrit ses volailles avec des ingrédients pas très catholiques, Richard est aussi motard. Et ne crache pas sur un bon spliff. Inconscient ! Il ose toucher à l'intouchable et se transforme en dindon géant, assoiffé de sang de junky… ça vous paraît tiré par les cheveux ? C’est que vous ne connaissez pas Crocodile Fury. De malheureux villageois sont attaqués par un crocodile géant, qui se trouve être, en fait, la réincarnation d’une brave fille du coin, malheureuse en amour. Une histoire d’autant moins cohérente qu’il s’agit, à 80%, de scènes volées à Krai Thong 2, un film parfaitement honorable, lui. À l’heure où j’écris, les programmateurs n’ont pas encore choisi les deux autres films : ils sont déchirés entre massacre de beatnicks, bikers semiapocalyptiques et robots aux prises avec l’au-delà. On comprend leurs affres. / ❥
La Nuit du nanard : 13.03, 20h30, Lille, L'Univers, +33 320 52 73 48, www.lunivers.org 21h, Blood Freak, 23h, Crocodile Fury, 00h, 3e film, 2h, 4e film. Pass 3€ la nuit.
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texte ¬ Fanny Delporte photo ¬ Cellule 211 © DR
Peur sur la ville Partout dans Bruxelles, les premiers signes sont là. Plus aucun costume de zombie disponible, pas une seule goutte de sang frais chez les meilleurs bouchers de la ville. On décèle même une lueur d'effroi dans les yeux du Manneken-pis. La 28e édition du BIFFF s’annonce terrifiante. BOUH ! « Les films fantastiques sont très diffusés aujourd'hui. Mais en 1983, ce n'était pas du tout le cas. Il y avait un superbe créneau disponible : on a sauté dessus ! » explique Freddy Bozzo, vice-président et directeur de la programmation. Le festival était né, et avec lui, une ambiance... fantastique. « On était précurseurs à l'époque ! On a lancé les premières nuits du cinéma avec petit-déjeuner à l'aube, entre zombies ». À ses débuts, le festival accordait une large place aux rétrospectives, avant de se tourner davantage vers les avant-premières et les exclusivités. Histoire de réserver au public des pépites qui ne sortiront jamais en salle. Une ambiance de pleine lune règne dans les rues de Bruxelles. Entre le concours de maquillage, la parade de zombies et le bal des vampires, difficile de ne pas étancher sa soif d’horreur. Dans les salles obscures, le BIFFF convoque encore une fois les maîtres du genre. À commencer par Dario Argento, avec Suspiria ainsi que les derniers films de Daniel Donzon (Cellule 211) et Ole Bornedal, primé l'an dernier avec Night Watch. Pour le reste, la programmation étant sous embargo, Freddy Bozzo reste muet comme une tombe. « C'est peut-être bizarre pour des gens qui travaillent dans le fantastique, mais on est très superstitieux ! ». / ❥
FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FANTASTIQUE DE BRUXELLES du 9 au 18.04, Bruxelles, Tour & Taxis, divers tarifs : pass 1j 12e / pass 5 séances 33e, pass complet 190e, + 32 2 201 17 13, www.bifff.net
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Anaelle : Robe Shyde Emeline :Chemise Sophie, Jeans et ceinture Golden Goose Deluxe Brand Charlotte : Pull Superdry, Ceinture Karen Millen
Photographe ¬ Nicolas Fleuré // Stylisme ¬ Nicolas Fleuré et Emmanuel Delpiroux // Maquillage ¬ Charlotte Descouens Coiffure ¬ Rémi Fournier // Modèles ¬ Anne-Sophie, Emeline, Anaëlle, Charlotte et Margaux
Dressing project
AnaĂŤlle : Combinaison Franklin & Marshall
Charlotte : Pull Superdry, Ceinture Karen Millen, Collants New Look
Charlotte : DĂŠbardeur Blend She, Salopette en jean Notify
Anne-Sophie : Cardigan Hurley, Jeans Bershka, Collants Dim, Escarpins Zara
Anne-Sophie : Veste Kulte, Chemise Superdry, Jeans Carhartt, Talons Zara
Margaux : Doudoune et short Hurley, Collants American Apparel
BOBO
ient style, vier (Mar ty) all Margerie) et Oli e dans une rdr so dé Géraldine (de du sé et sens maîtri décontraction » bon enfant. e casual wear ambiance « barb
Géraldine de Margerie Danse avec les looks Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Olivier Marty
Le Dictionnaire Du Look répertorie, avec ironie, les allures d’aujourd’hui, de la caillera au bobo, du teufeur au punk à chien, de l’emokid au bcbg. Un ouvrage qui a divisé la rédaction. « On nous le présente comme de la pop sociologie ? Et puis quoi encore ? Pourquoi pas de la physique quantique à la cool tant qu’on y est !? » s’offusquaient certains. On a donc pris le parti d’en rire, prenant l’ouvrage pour ce qu’il est : une chouette lecture de plage en plein hiver, un livre léger et mordant écrit par des gens sérieux mais pleins d’humour. Puis, on a contacté Géraldine de Margerie. Charmante, sympathique, parfois imprécise, mais enthousiaste. Capable aussi de saillies ultra-parisianistes qui pousseraient l’ironie au stade terminal, si elles n’étaient tristement sérieuses. Converser avec elle, c’est un peu comme s’habiller le matin : il faut trier.
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EMO
Bling Bling
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derriè n mal de vivre Elodie cache so . mment effilée va sa e ch mè une
Comment avez-vous eu l’idée d’un tel livre ? Ayant été mannequin pour des marques comme APC ou Vanessa Bruno, je connaissais l’envers du décor. Et puis, j’ai toujours aimé cataloguer les jeunes, les styles, et je me suis rendu compte qu’il manquait un outil pour comprendre d’où venaient ces différents looks, du port du baggy aux chaussures délacées. Dans les années 1980, Hector Obalk, Alexandre Pasche et Alain Soral avaient signé Les mouvements de mode expliqués aux parents. C’est une véritable bible, beaucoup plus sociologique et uni-
Manteau de fourrure, cha înes en or, lunettes de marque : le rappeur ST porte sur lui l'équivalent du PIB de la Côte-d'Ivoire.
versitaire que notre ouvrage (ndlr : n’exagérons pas !). Avec Olivier Marty, on voulait la réactualiser. Et créer un herbier du look qui recenserait tous les socio-types, mais de façon détachée et drôle, beaucoup plus ludique. Cet humour, était-ce une façon de vous protéger de vos éventuels détracteurs ? Derrière, il y a quelque chose de sérieux. Cela dit, je voulais que ce soit un peu taquin, car cette recherche du look par les jeunes est touchante. C’est important pour eux et ça l’est aussi pour moi.
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looké-décalé
Alicia ou la Passion de la toile de Jouy, des brillants aux oreilles et des bracelets fantaisie.
sunset beach ée privée. » « Désolé, c'est une soir
« On voulait créer un herbier du look, drôle et ludique. » Cela m’a replongée dans mon adolescence, où il fallait, chaque jour, choisir ses vêtements pour montrer qui l’on est, s’inventer et exister par ses habits. Aviez-vous fixé un quota de profils pour votre livre ? Au début, j’avais relevé plus d’une centaine de socio-types. J’en ai conservé une cinquantaine, et exclu certains, assez isolés et très
urbains. Il y avait de nombreux profils gays, comme la « coiffeuse », par exemple, qui est le prototype de l’homosexuel de province, avec des mèches, un peu ringardos (rires). Il y avait également « l’hétéronormé », soit un gay qui s’habille comme un hétéro. Comment avez-vous enquêté ? Je suis allée sur le terrain. Je connaissais certains socio-types >
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« Le punk à chien n’est pas facile d’approche. » gays ou bobos dans mon entourage. Mais je suis allée à la rencontre des skateurs, des baby-rockeurs ou des emo. C’était très important de passer quelques aprèsmidis avec eux, d’entendre leur façon de s’exprimer. D’ailleurs, d’une tribu à l’autre, un mot ne veut pas dire la même chose – le squat du baby rockeur n’a rien à voir avec celui du punk à chien, par exemple. Pour les emos, je les ai découverts à Bastille, puisqu’ils y passent leurs journées assis sur les marches. Ils étaient heureux de pouvoir rétablir la vérité sur quelques clichés : ils véhiculent une image morbide alors que ce sont des gamins épanouis ! Des clichés que vous entretenez vous-mêmes, en transcrivant leurs citations en langage sms… Oui, mais ils ont tous des blogs, et écrivent tous comme ça. C’est la génération « Kikoolol », ils ne sont pas illettrés, mais écrivent n’importe comment ! Y a t-il eu des tribus plus difficiles à joindre ? Le punk à chien n’est pas facile d’approche, mais un ami bosse dans le milieu associatif, et j’ai pu en rencontrer certains. Bon, j’avoue que pour les cailleras, en
tant que fille, on n’a pas hyper envie d’aller traîner en cité. Et c’est par le biais de Mohamed, qui pose dans la catégorie rappeur bling bling, que j’ai pu faire connaissance avec des amis à lui. Et c’était super, car la caillera qui pose dans le livre est très drôle, avec beaucoup de recul sur sa culture, adorable, gentil et bien élevé (ndlr. incroyable !). Ce sont les deux seuls socio-types que j’ai eu du mal à appréhender. Quel socio-type ne pouvez-vous pas supporter ? Les « sunset beach ». Voir quelqu’un avec une Rolex et des lunettes Dolce&Gabbana, ça m’effraie un peu. C’est très drôle de voir des gens se dire branchés, alors qu’ils ont tout faux. Justement, le no-look n’est-il pas traité avec un peu de mépris ? Pas du tout, c’est de la taquinerie. J’adore le « no-look » aussi. La majorité des gens sur terre est « nolook » et on l’est tous à nos heures. Le « no-look » est plus libre, et ne mise pas sur l’apparence pour exister. On peut évidemment penser, au premier abord, qu’il est sans saveur et sans conversation. Mais chaque personne est merveilleuse (sourire ironique) !
Punk à chien Luc, jamais sans son chie
n.
Quelles sont vos prévisions pour les six mois ou l’année à venir ? Le filon baby rocker est épuisé, laissant place à d’autres branches du rock. Tout ce qui est redskin, ska ou rockabilly va cartonner. Les redskins et rockab’ d’aujourd’hui ont quarante-cinq ans, mais on voit de plus en plus de mômes de dix-sept ans en Fred Perry et consorts. Je ne parle bien sûr que de modes populaires, sous les projecteurs. Le « looké-décalé » va perdurer, ainsi que « l’ultra classique », ce que les magazines féminins appellent le tradi-branché. Je déteste cette appellation, c’est un mélange entre un look sophis❥
baby-rockeur mine décoiffée : T-shir t déchiré et ti indemne sor pas st Arthur n'e de son week-end.
tiqué moderne et un classicisme BCBG – comme dans les films de Claude Sautet, en somme ! En conclusion, quelle est la différence entre la mode et le look ? Le look est une réappropriation subjective de la mode ou comment un individu écrit sa propre mode en s'inspirant ou non des tendances du moment. Il a davantage à voir avec une personnalité, un style qu'avec un phénomène de société. La mode est une tendance universelle vestimentaire, matérielle, intellectuelle, à une époque donnée à laquelle on choisit ou non de se plier. /
À lire / Dictionnaire Du Look, Géraldine de Margerie (texte) et Olivier Marty (photos), éd. Robert Laffont
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Brian Walker Photographie, graphisme // Australie // www.lickthesun.com
texte ¬ Youness Hamelat
Like a robot À l’ère du numérique, tout semble possible. On « Photoshop(e)® », on agrandit, on retouche, on efface tout et on recommence. Une méthode « tableau magique » qui permet certainement aux pseudo photographes de pulluler. Discerner le bon grain de l’ivraie relève de la haute voltige, mais il y a des indices qui ne trompent pas. Comme chez Brian Walker, qui signe notre couverture, ce mois-ci. L’Australien fustige avec brio, et non sans humour, toute une iconographie populaire autour de la publicité et de l’évolution de la mode. Un peu à l’image de David Lachapelle, dont 1 il avoue s’inspirer. La femme-objet y apparaît sous des angles surréalistes, tantôt poupée, tantôt mannequin ou automate. Réducteur ? C’est normal, le photographe joue la carte de la provocation jusque dans les mises en scène colorées et décalées des corps, souvent peu vêtus, immortalisés dans des postures étranges. Affichée sous un abribus, l’image donnerait de l’urticaire à n’importe quelle Isabelle Alonso. Et pourtant, entre irrationnel et hyperréalisme, derrière ses images parodiques, une dimension féministe ne semble pas exclue. De là à voir Walker comme un chantre de la cause féminine... il n’y a qu’un pas que l’on n’osera guère franchir. /
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❖ 1. Greasy Spoon, 2007 / 2. Send and Receive, 2008 / 3. Redrum, 2007 / 4. Lipstuck, 2007 / 5. Fifty Lashes, 2007 / 6. Noodle Philosophy, 2007
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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Sans titre, serie cuicui, Aila © Rinko Kawauchi, Courtesy of the artist and Foil Gallery, Tokyo
Haikus photographiques
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À seulement 32 ans, Rinko Kawauchi compte parmi les photographes contemporains les plus admirés et respectés de la planète. Invitée par Martin Parr aux prestigieuses rencontres d'Arles en 2004, consacrée par la fondation Cartier un an plus tard, la Japonaise fait une entrée tardive mais remarquée en Belgique grâce à une double exposition bruxelloise.
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ur le grand mur blanc à l'entrée du centre Argos, une quarantaine de petits formats colorés. Agencés en une immense mosaïque (accrochage à l'italienne de la série Aila), les teintes, sujets et points de vue se répondent. Myriade de sensations fugaces traduites en plans très rapprochés, cette fresque impressionniste constitue le pertinent prologue de l'exposition. À elle seule, elle résume la singularité de Rinko Kawauchi. Remarquable maîtrise des cadrages, des gammes chromatiques, de la lumière, sens aigu du détail
et de la mise en séquence. Bref, un heureux mélange de précision technique et de grande sensibilité que l'on retrouve, ensuite, dans les quatre séries (Utatane, Cui-cui, The Eyes, The Ears), les vidéos, et les photos récentes présentées à la galerie Messen De Clercq. Évanescences Séduisant et directement accessible, son travail révèle progressivement sa complexité. Rinko Kawauchi donne à voir son quotidien, son environnement, sa famille, sans que ce soit, pourtant, le véritable
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sujet. Dans une optique toute shintoïste, elle célèbre la nature et son cycle, l'harmonie et l'éphémère, promeut l'émotivité dans le rapport au monde. Comme le relèvent justement Olivier Meessen et Jan De Clercq en référence à l'Empire des signes de Roland Barthes, « la langue japonaise énonce des impressions et non des constats. Cette assertion est tout à ❥
fait applicable aux photos de Rinko. Elle perçoit l'objet pour ce qu'il est mais aussi en tant que notion ». Pour autant, point de démarche intellectualiste. Prônant « les rencontres avec le hasard » et l'état méditatif qu'elles supposent, la Japonaise doit la justesse de ses clichés à l'attention qu'elle porte à l'impromptu. Un retour aux sources de la photo. /
RINKO KAWAUCHI – TRANSCIENT WONDERS, EVERYDAY BLISS & IRIDESCENCE jusqu'au 27.03, Bruxelles, Centre Argos, mar>sam, 12h>19h, +32 2 229 00 03 jusqu'au 6.03, Bruxelles, Galerie Messen De Clercq, mar>sam, 11h>18h, +32 2 644 34 54
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texte ¬ Audrey Jeamart photo ¬ Christophe Bonamis
Créateurs sur le pont Si la Cité Internationale de la Dentelle et de la Mode s’est donné pour mission de mettre en valeur la riche tradition dentellière de Calais, elle tient également à garder un œil sur la mode contemporaine. L’exposition Aux Marins Célestes met ainsi le cap sur la jeune création textile. Descendants des marins polynésiens maoris, ces Marins Célestes sont des êtres imaginés par les membres de l’association Mode et Arts du Futur. Tout est parti d’une proposition de la créatrice nordiste Françoise André, qui souhaitait mettre en scène, au sein de la Cité de la Dentelle, sa collection été 2010 de mode masculine. Pour cela, elle a fait appel à d’autres créateurs. À commencer par le designer Cédric Guerlus, qui signe ici une scénographie élégante, laissant la part belle aux éléments tactiles. À mi-chemin entre uniformes et silhouettes maories, les tenues de Françoise André – dont quatre panoplies en dentelle et cristaux de Swarovski –, s'insèrent ainsi dans un heureux dispositif mêlant les bijoux en métal tricoté de Véronique Rémy, les photographies de Christophe Bonamis et les vidéos de Thibaud Roy et Timothé Zéphir. « C’était pour nous très intéressant de donner carte blanche à de jeunes créateurs pour investir la salle d’exposition temporaire de la Cité », nous confie Shazia Boucher, responsable du département Mode et co-commissaire de l’exposition. « Ce versant contemporain et masculin de la mode complète parfaitement la visite de nos collections permanentes », ajoute-t-elle. Un univers sonore et visuel, tout en subtilité, qui donne envie de ne jamais lever l’ancre. / ❥
AUX MARINS CÉLESTES jusqu'au 16.04, Calais, Cité Internationale de la Dentelle et de la Mode, tlj sf mar, 10h>17€, 5/2,5€, +33 321 00 42 30
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texte ¬ Fanny Delporte photo ¬ © Mathieu Mercier
L’art du quotidien À l'occasion de son bicentenaire, le Grand Hornu se paie le luxe de rabibocher deux illustres ennemis : l'art et le design. Une réconciliation qui passe par une mise en valeur d'un dénominateur commun : l'objet quotidien. « Quelle est ta fonction ? demande le design à l'art. Quel est ton sens ? lui répond l'art ». Cette citation de Yoann Van Parys recopiée sur l’un des murs de l'exposition résume la tension qui sous-tend Le Fabuleux Destin du Quotidien. Cette problématique puise son origine au 20e siècle, au moment où certains artisans commencent à se faire appeler designers. Ils se mettent à créer des objets qui ne sont pas seulement utiles. Cette confusion des genres crispe l'art, fière discipline qui n'apprécie pas que l'on marche sur ses plates-bandes. Françoise Foulon et Veerle Wenes, commissaires de l'exposition, ont cherché à apaiser cette tension : « Le défi était grand. Depuis des décennies, l'art et le design se sont certes écharpés. Mais cela ne nous semblait pas être un bon point de départ. Nous avons exploré ce qui les rapproche : transformer et sublimer le quotidien, chacun à leur manière ». Un moyen facile d'acheter la paix des ménages, de s'oublier dans un train-train confortable ? Pas exactement, tant les œuvres présentées tout au long du parcours sont surprenantes et bourrées d'humour. Entre la collection de savons usagés classés par couleurs, la bétonneuse en acajou ciselé de Wim Delvoye, l'amas de casseroles version XXL ou encore la djellaba et les sabots Nike de François Curlet, la dérision est omniprésente. / ❥
LE FABULEUX DESTIN DU QUOTIDIEN jusqu'au 23.04, Hornu, Site du Grand Hornu, de 2 à 6€, + 32 6 656 21 21
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texte ¬ François Lecocq photo ¬ He weeps for you detail © Bill Viola
L’épreuve du temps Trois ans après la disparition de Thierry Kuntzel, le Fresnoy invite le vidéaste américain Bill Viola pour une exposition qui magnifie leur amitié autant que leur proximité artistique. C’est l’événement de la saison ! On se souvient de la fabuleuse exposition au Fresnoy déjà consacrée à Thierry Kuntzel, en avril 2007. Quant à Bill Viola, sa dernière grande apparition en France remonte à … 1996 ! Les voilà donc réunis à Tourcoing à l’invitation de Raymond Bellour, commissaire de cette exposition en étroite collaboration avec le vidéaste new-yorkais. Au delà de leur incontestable complicité, « Deux Eternités proches » révèle les liens artistiques unissant ces deux créateurs. De même génération, ils ont travaillé sur la thématique du temps et ses métamorphoses jusque dans la représentation du corps humain, synonyme de beauté mais aussi de douleur. 7 grandes installations et un important fonds documentaire sont aujourd’hui rassemblés. Ces œuvres entrent en dialogue, en particulier grâce à un habile dispositif permettant d'apprécier quatre de leurs installations vidéos conjointement ou séparément. Une affinité troublante se dégage ainsi des pièces Reasons for Knocking… et Time Smoking a Picture réalisées par les deux artistes au même moment, sans qu’ils le sachent. Le Fresnoy offre également l’occasion de voir He weeps for you, installation fondatrice de l’œuvre de Viola, et La peau, avant-dernière création monumentale de Kuntzel, jamais exposée en France. / ❥
THIERRY KUNTZEL ET BILL VIOLA, DEUX ÉTERNITÉS PROCHES jusqu’au 25.04, Tourcoing, Le Fresnoy, Mercredi, jeudi, dimanche, jours fériés, 14h à 19h Vendredi, samedi, 14h à 21h, 3/3,80€, gratuit dim, +33 320 28 38 00
agenda Borchgrave © Eric Herchaft
I Medici, une renaissance de papier Perles et brocards, robes et chasubles... Isabelle de Borchgrave a ressuscité la splendeur de la renaissance florentine avec la rigueur d’une historienne de l’art. Campés au sous-sol du musée, une trentaine de mannequins arborent les couleurs des Médicis. On s’y croirait. Pourtant ces tenues brodées de fils d’or relèvent du trompe-l’œil. Car ici, tout a été réalisé à partir de grandes feuilles de papier, sublimées par un méticuleux travail de pli, de découpe, de froissement et de teinture. ❥ BRUXELLES, jusqu'au 18.04, musée du
Frida Kahlo, La columna rota © Collection Museo Dolores Olmedo Xochimilco, Mexico
Moomin, le monde rêvé de Tove Jansson Ça n’a pas raté : l’annonce du séjour bruxellois du petit Moomin a enthousiasmé certains membres de notre rédaction. On comprend ces fans inconditionnels du petit hippopotame qui berça leur enfance, car ce personnage imaginé par l’illustratrice finlandaise Tove Jansson est particulièrement attachant. Ses aventures sont pour quelques mois suspendues aux cimaises du CBBD, qui présente originaux et planches de BD inédites. ❥ BRUXELLES, du 2.03 au 29.08, CBBD, tlj sf
Cinquantenaire, 10h>17h, +32 2 741 72 11
mar, 10h>18h, + 32 2 219 19 80
Frida Kahlo y su mundo
One Shot
Au delà de la souffrance individuelle qui y affleure, les 25 tableaux, dessins et eaux-fortes de Frida Kahlo trahissent sa fascination pour les paradoxes culturels du Mexique. Tenues traditionnelles, divinités païennes, exvoto baroques cohabitent ainsi avec l’imagerie révolutionnaire et les signes contemporains. Jalonnée de photos et de toiles célèbres (la colonne brisée, le bus...), l'exposition dresse un portrait intime de cette figure torturée. ❥ BRUXELLES, jusqu'au 25.04, Bozar,
Allons droit au but : le ballon rond ne touche pas que les clubs de supporters. Les artistes, longtemps méprisants visà-vis de ce sport populaire, se sont progressivement aventurés sur ce terrain. En atteste la quarantaine de pièces placées sous les projecteurs du BPS 22. Vidéos, photos, installations, sculptures, du Belge Wim Delvoye au Suisse Massimo Furlan en passant par Douglas Gordon ou Javier Rodriguez, nombreux sont ceux qui l’ont pris pour sujet ou ont utilisé comme source visuelle. ❥ CHARLEROI, du 6.03 au 11.07, BPS22,
mar>dim, 10h>18h, (sf jeu 21h), +32 2 507 82 00
mer>dim, 12h>18h, +32 71 27 29 71
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One Shot, Epifania Futbolera © Javier Rodriguez
Jens Olof Lasthein, Grigoriopol transnistria © courtesy Fotografins Hus Stockholm
Jens Olof Lasthein White sea, Black sea Alors que le Rideau de Fer et la Guerre Froide divisent l’Europe, le suédois Jens Olof Lasthein entreprend un voyage jusqu’à la Mer Noire, immortalisant sur son passage scènes de vie quotidienne et paysages. Autant d’images fortes nimbées de mélancolie. D’une grande force d’interpellation, ses trente panoramiques saisissent avec justesse l’empreinte psychologique de cette séparation de l’Europe à l’Est. ❥ CHARLEROI, jusqu’au 16.05, musée de la photographie, mar>dim, 10h>18h, +32 71 36 46 4
Heureusement, l’art n’est pas raisonnable Fasciné par les matériaux bruts et la récupération, Mark Brusse a produit une œuvre singulière, en marge des grands courants artistiques. L’on découvre cependant, grâce à cette double rétrospective, l’influence du nouveau réalisme français ou du minimalisme américain dans ses sculptures, installations (LAAC) et œuvres imprimées (Gravelines). ❥ DUNKERQUE, du 7.03 au 16.09, LAAC, mar>dim, 10h12h15>14h>17h (18H30 dès 1.04) +33 328 29 56 00 ❥ GRAVELINES, du 13.03 au 16.05, Musée du dessin et de l’estampe originale, tlj sf mar, 14h>17h, we 15h>18h30, + 33 328 51 81 00
Heureusement l'art…, Mark Brusse, The Mountain-fish © Adam Rzepka, ADAGP Paris 2010
Robes rêvées Ou comment alimenter les fantasmes de toute petite fille qui se respecte avec une exposition de robes. En papier (I. de Borchgrave), miniatures (C. Noury), colorées (A. Ruiz de la Prada) ou graphiques (Tachdjian), ces tenues de conte de fées relèvent pourtant davantage d’une démarche plastique. Dans cet espace lumineux du Colysée, elles se laissent observer sous toutes les coutures, surprennent et font envie. On féliciterait presque ces 16 artistes de jouer ainsi à la poupée. ❥ LAMBERSART, du 13.03 au 30.05, Colysée, mar>dim, 13h>18h (sf dim 18h), +33 320 00 60 06
Lydia D., muse et modèle La crinière blonde de la jeune modèle russe qui passa la porte de l’atelier de Matisse en 1932 aura marqué le peintre pendant de longues années. Les 15 toiles, 150 dessins et photographies qui jalonnent l’exposition en attestent. Issues de collections du monde entier, ces œuvres brossent le portrait de cette femme qui fut l’assistante et la muse du Fauve français pendant les deux dernières décennies de sa vie. ❥ LE CATEAU-CAMBRESIS, jusqu’au 30.05, musée départemental Matisse, tlj sf mar, 10h>18h, + 33 327 84 64 50
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agenda Les voici, colosses © Naoya Hatakeyama
Architecture miniature, Rainbow Tower © Nabito
Les voici, colosses
Pilot Light
Considéré comme l'un des photographes les plus talentueux de sa génération, Naoya Hatakeyama a arpenté cet hiver les terrils de la région. En résulte une douzaine de très grands formats couleurs, qui immortalisent ces « colosses » autant qu'ils les subliment. Le Japonais révèle la beauté majestueuse de ces symboles de luttes sociales, comme il l'avait fait avec les exploitations de chaux nippones (série Blast). ❥ LEWARDE, jusqu'au 21.03, Centre historique
En collaboration avec ArtAids, le FRAC présente le travail de plasticiens atteints par le VIH. Les installations de Peter Hujar et Felix-Gonzales Torres, les performances de Michel Journiac, les vidéos d'Araya Rasjdarmrearsnook ou encore les photos de Nan Goldin exhortent à la prise de conscience et à la tolérance. Ces œuvres dépassent de loin la seule visée esthétique. D'où l'intérêt de les diffuser aussi dans les hôpitaux et lycées de la métropole lilloise. ❥ LILLE (Espace Le Carré, Maison Folie Mou-
minier, tlj 13h>17h (sf dim 10h>17h), +33 327 95 82 82
La 3 dimension – architecture miniature e
Non, la maison de l'architecture et de la ville n'a pas soudainement eu envie de jouer à la dînette. Si elle a réuni autant de modèles miniaturisés, c'est pour mieux révéler l'importance des maquettes dans les projets architecturaux. À l'heure de la simulation 3D, elles restent le meilleur moyen d'apprécier les volumes et de donner corps à une idée. De l'ébauche préparatoire à la construction travaillée, les 26 petites maisons rivalisent de détails et d'originalité. ❥ LILLE, jusqu'au 30.04, MAV, mar>ven, 9h>12h30, 14h>17h30, sam 11h>18h, +33 320 14 61 16
lins, Lycée Montebello, Hôpital Saint Vincent de Paul), TOURCOING (CH Dron), jusqu'au 21.03, + 33 328 65 84 20
Dancing Machine Ici, des chaussures de claquettes prennent leur autonomie, entamant seules une chorégraphie endiablée. À côté, parapluies et gants blancs s’activent avec une fougue qui ferait passer Fred Astaire pour un petit joueur. Mais ne vous inquiétez pas, c’est normal. Vous avez pénétré dans la nouvelle exposition du festival VIA, un monde d’expérimentations technologiques sur la danse et le mouvement. ❥ MAUBEUGE, du 4 au 14.03, espace Sculfort, lun>sam, 10>12h, 14h>18h (sf 11 et 12.03, 24h, 13.03, 22h) dim, 14h>18h, +33 327 65 65 40
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agenda Pilot Light, General Idea, AIDS Ring, Coll. FRAC Nord-Pas de Calais © General Idea
L’œuvre secrète de Gustave-Adolf Mossa Sûr qu’avec ce titre digne d’un bon polar, le musée Félicien Rops ne pouvait qu’attiser notre curiosité. Et en effet, il révèle l’œuvre du dernier symboliste français, une soixantaine de toiles que l’artiste lui-même avait cachées dans les réserves de son musée. Splendides, elles témoignent de l’originalité de Mossa, qui fut plus que ces confrères influencé par l’art nouveau : couleurs chatoyantes, formes végétales, précision d’orfèvre dans le dessin des bijoux… ❥ NAMUR, jusqu’au 16.05, musée Félicien
L'œuvre secrète de Gustav-Adolf Mossa © Sapho, coll. particuliere
San Antonio – Illustration de F. Boucq Depuis 9 ans, François Boucq réalise les couvertures de la série culte San Antonio. Son trait volontiers cruel épouse parfaitement le style argotique et vert de ces romans policiers, et offre un visage aux personnages grotesques qui les peuplent. L'Hospice d'Havré accueille l'intégralité des dessins et aquarelles de l’illustrateur Lillois dans le cadre du 60e anniversaire du personnage. ❥ TOURCOING, jusqu'au 28.03, Hospice d’Havré, tlj, 13h30>18h, +33 359 63 43 53
Rops, mar >dim, 10h>18h, +32 81 77 67 55
Lost and Found
Ariane Michel
Au rayon des objets trouvés, l’on s’attend évidemment à tomber sur des trésors qui révèlent un peu de la vie d’un anonyme. En revanche, il est moins courant que ces effets personnels soient en verre, comme c’est le cas au musée de Sars-Poteries. L’artiste américaine Philippa Beveridge a en effet figé dans la transparence le contenu de porte-monnaie et de sacs à main empruntés aux habitants. Photos, porte-bonheur, mots doux s’offrent ainsi aux yeux de tous dans de petites bourses translucides. Un travail original sur la mémoire. ❥ SARS POTERIES, du 4.03 au 14.06, musée-
Ariane Michel ne cache pas sa fascination pour les bêtes, qu'elle met en scène dans des décors souvent naturels. Inspiré des peintures rupestres, son dernier film, La ligne du dessus, est consacré à une race de chevaux primitifs en Mongolie. « En vivant auprès de ses animaux intouchables, dans la nature reculée des steppes, j'ai cherché à palper le tempo de la vie sauvage », explique-t-elle. Contemplative, cette vidéo s'insère dans une sélection d'œuvres antérieures, tout aussi oniriques. ❥ ROUBAIX, jusqu'au 17.04, Espace Croisé, mar>sam, 14h>18h, +33 373 90 71
atelier du verre, tlj sf mar, 10h>12h30, 13h30>18h, +33 327 59 51 05
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texte ¬ Vincent Dierickx photo ¬ DR
Sébastien Ministru
Un garçon poli Ce grand garçon qui se couche tôt règne sur une famille nombreuse : rédacteur en chef adjoint, interviewer mondain, chroniqueur holebi (homo, lesbien, bisexuel), et auteur de boulevard, Sébastien Ministru est le croqueur atypique de la diversité d'aujourd'hui. Son dernier spectacle, Cendrillon ce macho, a triomphé au théâtre de la Toison d'or. Il ne rencontre pas les people. Ces gens-là se couchent tard et… Sébastien s’endort vers huit heures. Et pourtant… Il connaît bien le Royaume des Célébrités : « Je peux faire plein de choses sans sortir le soir ! Histoire de sauter du lit à cinq heures du matin, pour préparer Snooze », un divertissement matinal, très en vue sur Pure FM. Ses séquences affichent un ton informel : « Récurer les casseroles n’est pas ma spécialité, je suis fondamentalement bienveillant. Je ne trouve aucun intérêt à abattre mes invités. Il existe un tabou de l’interview
superficielle ; moi, j’aime ça et je l’assume ». étudiant, Sébastien travaillait chez Télémoustique, aux programmes télé. Aujourd’hui, il est rédacteur en chef adjoint de l’hebdo… Sa rubrique people, Du tac au tac, est une récréation en fin de magazine : interviews rapides et drôles, questions incongrues, victimes consentantes. Le journaliste s’y fait l’ami des vedettes. Question de genres Sur Pure FM toujours, Sébastien a rejoint l’équipe du magazine queer Bang Bang. L’émission explore joyeusement les questions liées aux sexualités mi-
noritaires et, à l’occasion, rappelle aux décideurs que Ministru veille au grain… L’observateur des genres officie aussi au théâtre. Comme, avec Cendrillon, ce macho !, transposition du conte de Perrault dans un univers homo. « Les contes de fées structurent l’esprit des enfants de manière hétéro-normée. Je voulais un conte où la norme serait l’homosexualité.
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Mais je suis bien conscient que la société ne deviendra pas parfaite en un décret ». Reste que 22 000 spectateurs ont été convaincus par cet hymne au mariage gay, un succès impressionnant ! Aujourd'hui encore, Sébastien Ministru est intarissable au sujet des homos… et des stars. C'est qu’il parle moins bien des baleines et du tri sélectif. /
SéBASTIEN MINISTRU À retrouver dans Télémoustique (rubrique « du tac au tac »), dans Snooze (lun>ven, 6h>10h) et Bang Bang (dim 20h>23h) sur Pure FM.
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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ DR
Le bazar des gens bizarres Gallodrome, friche industrielle, piscine : Jean-Marc Chotteau enracine les décors de ses spectacles dans un Nord tiraillé entre tradition et modernité. Dans Night Shop, il met en scène l’ « Arabe du coin », ce lieu étrange où les langues ne se délient qu’après minuit. C’est une boutique aux allées étriquées, une échoppe mal rangée dans laquelle cohabitent les poireaux et les bières, les chips et le shampoing. Un petit business sans prétention, qui répare pourtant héroïquement petits et grands oublis. Un bazar comme il en fleurit partout en ville : un « Arabe ». Qui d’ailleurs n’en est peut-être pas un, mais qu’importe. « Un dépanneur de l’essentiel », comme aime à le décrire Jean-Marc Chotteau, metteur en scène de ce lieu haut en couleurs qui semble ne jamais fermer, surtout pas la nuit. À l’heure où les braves gens sont censés dormir, l’Arabe du coin, ici dénommé Samir, devient le témoin d’une humanité bigarrée. Entre ses quatre murs se croisent un professeur muté, une prostituée qui rêve sa vie en opéra, un faux Batman et un grand gaillard terrorisé à l’idée de perdre sa mère. Dans leurs va-et-vient incessants, ils traînent un poids, une histoire, une douleur. Samir se fait confesseur. Il ouvre sa porte au flot de confidences, écoute avec retenue et bienveillance. « Il y est question de racines et d’errance : la nuit, des solitudes, des émigrés de nulle part. Des mots qu’on échange comme des produits de première nécessité », raconte Chotteau. Avant d’ajouter : « Car au fond, qui est le plus immigré, le plus déraciné ? ». / ❥
NIGHT SHOP OU L’ARABE DU COIN du 9.03 au 3.04, 20h30 (sf jeu 19h30, dim 15h30, lun relâche), Tourcoing, La Virgule, 16/12/8€, +33 320 27 13 63
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texte ¬ Fanny Delporte photo ¬ Monofocus weekend © Tshi
Les Contes de l’Âge d’Or Manifestation-phare du Channel de Calais, Libertés de Séjour accueille en mars la compagnie 2 rien merci. Place à une bande de clowns bien décidée à redonner au mot «tradition» sa connotation festive. « Allez, allez, approchez m’sieurs dames… tendez vos pavillons, ça va vous débouler dans les conduits comme une langue de génisse ! ». C’est par ces harangues gouailleuses que la fine équipe 2 rien merci invite le public sous son chapiteau. Cette compagnie de forains itinérants est l’invitée de Libertés de Séjour, un festival qui repose sur le principe de la carte blanche. Celui-ci marche « du tonnerre » selon Francis Peduzzi, directeur du Channel. « Chaque année, le retour du public est formidable » insiste-t-il. Confier ainsi les rênes de la Scène nationale calaisienne est particulièrement gratifiant et stimulant pour les artistes. « Et dire qu’on a toujours cru que la liberté était une chimère insaisissable » s’enthousiasment Jerôme et Yann, cofondateurs de 2 rien merci. « Voilà qu’on se retrouve nez à nez avec elle ! ». Savant mélange de cirque et d’arts de la rue, leur travail interroge la promiscuité avec le public. En atteste cette manie de commencer par un long silence, histoire de jauger visages et réactions. Et de rendre le temps qui passe palpable. Comme dans Moulinoscope, une histoire des premières projections de cinéma dans les foires. Installé à l’entrée, le fondouk* bab el Channel vous permettra de rencontrer ces doux-dingues autour d’un thé à la menthe, de discuter de tout et de rien. En toute liberté, merci. / *Lieu d’escale dans les médinas, au Maroc, qui permet aux nomades et à leurs animaux de se ressourcer.
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LIBERTéS DE SéJOUR du 6 au 27.03, Calais, Le Channel, spectacles gratuits / 3€, +33 321 46 77 00 Concerts de Monofocus les 6,13 et 20.03
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texte ¬ Julie Gallasse photo ¬ Carine Baudet pour Trinocle
Peplum revival Spartacus ! L'histoire d’une révolte d’esclaves emmenée par un gladiateur en quête de liberté. Claire Dancoisne et son théâtre de La Licorne nous content cette épopée avec poésie, armés d'objets hétéroclites. Au milieu de l'arène, des objets métalliques : légionnaires, lances, oiseaux de ferraille... Le fer s'impose comme une évidence pour traduire ce soulèvement violent d'esclaves assoiffés de liberté. Mais, la scène ne se limite pas au combat. Claire Dancoisne, malgré la dureté des objets, rend grâce à eux « une poétique indispensable au spectacle ». Elle sculpte aussi des images propres à éveiller l'imagination des spectateurs. Trois comédiens-manipulateurs lèvent ainsi des armées miniatures, soutiennent un éléphant géant, actionnent des dizaines de pieds d'esclaves... en totale symbiose avec l'engin manipulé. L’ensemble est accompagné par deux chanteurs lyriques. En confrontant des objets parfois très petits à la grandeur du chant, la metteur en scène redonne toute sa dimension au péplum. Le péplum justement. Nous avons tous en tête ces grandes fresques historiques taillées pour le cinéma, en plan large avec des centaines de figurants. Ces derniers se confondent ici avec les spectateurs, installés dans l'arène. Les comédiens ne peuvent ignorer un public si proche qui sans intervenir directement, participe de fait au spectacle. Pour La Licorne, le théâtre reste un art populaire. Il semble alors évident de casser la frontière scène/salle pour projeter d’autant mieux son public dans un univers fantasmagorique. / ❥
SPARTACUS du 12 au 14.03, Roubaix, la Condition Publique, 12/8/5€, +33 328 33 48 33 du 25 au 26.03, Sallaumines, MAC, 9/7/3,50€, +33 321 67 00 67 du 4 au 5.05, Armentières, Le Vivat, 18/13€, +33 320 77 18 77 et en juin au Théâtre d'Arras
théâtre & danse |
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texte ¬ Louise Padox photo ¬ Cercles © Elisabeth Carecchio
Cercles vicieux Climax d'un Festival Via consacré au théâtre français, la dernière création de Joël Pommerat démêle ensuite ses récits à Bruxelles. Entre clins d'œil auto-biographiques et romanesque déluré, Cercles/ Fictions est déjà considérée comme l'une des pièces les plus abouties du célèbre dramaturge. L'on prend place dans des gradins circulaires, comme sous un chapiteau. Progressivement, les yeux s'habituent à la pénombre et distinguent la silhouette d'un homme dans l'obscurité. Un domestique, droit comme un piquet, impassible. Il toise son maître, attablé sous un grand lustre. Ce premier clair obscur soigné annonce un traitement magistral et caravagesque de la lumière pendant tout le spectacle. Tandis que la tension palpable entre les deux personnages augure du thème décliné dans les cinq récits, celui de l'asservissement et des relations dominants-dominés. Une nourrice malmenée par une jeune aristocrate, un chevalier médiéval, un groupe de SDF, de sans-papiers, ou de chômeurs en fin de droits... autant de figures de sujétion qui font l'objet d'intrigues distinctes mais entrelacées. Pour souligner le parallélisme des situations, un monsieur Loyal assure de courtes interludes. Rythmées, ces promptes pauses rendent encore plus bluffante la prestation des acteurs, capables de passer d'un rôle à l'autre sans perdre en crédibilité. Lumières et sons, sobriété du jeu, l'ensemble génère une chape inquiétante et confondante d'une redoutable efficacité. Gageons qu'à Maubeuge et Bruxelles, la pièce sera aussi bien accueillie que lors de sa création à Paris. / ❥
CERCLES / FICTIONS – JOEL POMMERAT 13.03, 19h et 14.03, 15h, Maubeuge, La Luna, dans le cadre du Festival Via organisé par le Manège de Mons et Maubeuge, 11/8€, +33 327 65 65 40. du 20 au 24.04, 20h15 (sf mer, 19h30) Bruxelles, Théâtre National, 19/15/9€, +32 2 203 53 03
théâtre & danse |
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agenda Landscapes © Jonathan Garnier
Landscapes S.Rocha
le 4.03
Dans une atmosphère en clair-obscur, quatre danseurs portent brillamment ce spectacle explorant les sentiments humains. Depuis ses débuts, la chorégraphe Sonia Rocha aborde les méandres de l'âme dans des pièces virtuoses, volontiers techniques. Mais ici, la sobriété est de mise : gestuelle inspirée du yoga, tenues sombres, décor minimaliste, Landscapes risque de surprendre les habitués. ❥ 20h30, Dunkerque, Atelier Culture, gratuit, +33 328 23 70 69
Le Golem MeS A. Van Lancker / Cie du Tire-Laine le 5.03
La compagnie du Tire-Laine s'empare d'une des nombreuses versions du mythe du Golem, un colosse issu de la culture juive. Cette créature touchante, à la fois fantastique et religieuse, conçue pour protéger sa communauté se découvre peu à peu des sentiments. L'accordéoniste Arnaud Van Lancker dresse ici un parallèle entre l'histoire de ce Frankenstein d'argile et la tragédie de la Shoah. Portée par une musique d'inspiration Klezmer, la mise en scène accorde une place centrale à la photographie. ❥ 20h30, Lille, maison Folie de Wazemmes, de 8 à 10e, +33 320 78 20 23
Demain © DR
L'héroïsme au temps de la grippe aviaire T. Gunzig / MeS A. Drouet du 9 au 11.03,
Récompensé par le prix de la critique en 2008, le comédien Itsik Elbaz incarne un jeune chômeur en charge de sa mère malade. Pas de quoi se réjouir a priori. Mais un jour, piqué par une araignée mutante, il se transforme en Spiderman, une mascotte dotée d’humour plus que de supers pouvoirs. Avec ce texte drôle et amer, Thomas Guntzig dresse le portrait émouvant d’un anti-héros dans une Belgique désenchantée. ❥ 20h, Bruxelles, l'Atelier 210, 16/13/8e, +32 2 732 25 98.
Alice et cetera D.Fo/F.Rame
du 9 au 17.03
Fort de son succès en 2008, Alice et Cetera revient pour quelques semaines sur la scène du Théâtre du Nord. Dans ce spectacle loufoque et choral, Stuart Seide revisite le théâtre italien à travers trois pièces courtes de Dario Fo et Franca Rame : Je rentre à la maison, Alice au pays sans merveilles et Couple ouvert à deux battants. Jouées sur un ton satirique, elles engagent une réflexion sur le statut de la femme, dans un monde toujours gouverné par les hommes. ❥ 20h (sf jeu, 19h et dim, 16h), Lille, Théâtre du Nord, de 7 à 23e, + 33 320 14 24 24
théâtre & danse |
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agenda Le fil sous la neige © Jean Pierre Estournet
Fantasio © Herve Bellamy
Le fil sous la neige
L'homme à la tête de chou
A. Rigot / Cie les Colporteurs du 11 au 13.03
Chor J-C. Gallotta / MeS M. Altaraz les 12 et 13.03
Le fil sous la neige offre indéniablement du grand spectacle : saltos arrière, acrobaties en talons aiguilles... autant de scènes impressionnantes qui résultent d'une histoire singulière. Celle d'Antoine Rigot, fildefériste emblématique du cirque contemporain et victime d'une grave chute il y a quelques années. Pour les 7 virtuoses qui évoluent sur ces fils tendus à différentes hauteurs, il s'agit de rendre hommage à cet art magnifique, érigé en art de vivre. Une poésie de la faillibilité. ❥ 20h, Douai, Hippodrome, de 9 à 22e,
« Le dépouillement, la violence, le désir, l’absence », ces thèmes dont Gainsbourg a émaillé L'homme à la tête de chou, sont chers au chorégraphe Jean-Claude Gallotta. D'où sa volonté de monter ce spectacle hybride, entre concert et danse. Enregistrée par Alain Bashung, la bande-son défile au rythme des tableaux réalisés par les quatorze danseurs. Une approche inédite de l'histoire de Marilou. ❥ 20h30, Roubaix, Le Colisée, de 8 à 32e,
+33 327 99 66 66
DTC (on est bien) L. Barth / M. Demarez du 16 au 20.03
Fantasio A. de Musset/J. Vidit
+ 33 320 24 07 07
du 11 au 17.03
Petit bourgeois endetté, Fantasio s'introduit à la cour du roi de Bavière pour échapper à ses créanciers et s'amourache de la princesse, condamnée à un mariage forcé. Au prétexte de cette intrigue d'apparence légère, Musset dissèque la société de 1830. Si la mise en scène de Julia Vidit reste classique, son Fantasio ose un lien audacieux avec la désillusion postsoixante-huitarde. ❥ 19h30 (sf mer&ven, 20h30), Béthune, Comédie, de 6 à 17e, +33 321 63 29 19
Un joyeux bordel sur scène : bassines, brouette, plantes, moutons. Il s'agit de l'atelier de Dieu, dans lequel Adam attend que le maître de l'Univers lui "propose" une autre femme, après avoir « raté » la première. Mais tombé amoureux de la disqualifiée, Adam refuse désormais de s'accoupler. Cette création de la Clinic Orgasm Society, absurde, pose la question de la responsabilité humaine dans un monde où l'imperfection est bannie. ❥ 20h (sf jeu & ven, 14h30) Lille, Le Grand Bleu, de 6 à 12€, +33 320 09 88 44
théâtre & danse |
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agenda La mélancolie des dragons © Pierre Grosbois
Adapting for a distorsion © Alex hiroaki umeda
La mélancolie des dragons
3 Adieux
P. Quesne / Cie Vivarium Studio les 17, 19 et 23.03
A. T. de Keersmaeker/J. Bel du 18 au 21.03
Acclamée par la critique, La Mélancolie des Dragons revient pour une tournée dans la région. N'attendez aucune bête fantastique sur le plateau. On croise simplement 4 métalleux tombés en panne et Isabelle, une pseudo garagiste censée leur prêter main forte. Avec humour, Philippe Quesne questionne les apparences dans un théâtre à mi-chemin entre rêve (le décor) et réalité (l'histoire, banale). ❥ 17 et 19.03, 20h, Tournai, Maison de
« Nous nous acharnerons, quitte à nous répéter, afin d’épuiser l'œuvre qui, bien sûr, nous résistera ». L'œuvre dont parle ici Anne Teresa De Keersmaeker est l’une des pages les plus bouleversantes de Malher : l’Adieu, extrait du Chant de la Terre. Avec la complicité de l’ensemble Ictus qui interprète la partition, la chorégraphe compose un touchant solo. Sa danse, sobre et abstraite se mâtine ici de la gestuelle volontiers ludique de Jérôme Bel. ❥ 20h (sf dim, 16h), Lille, Opéra, de 5 à 21e,
la Culture, de 7 à 16e, +32 6 925 30 80 23.03, 20h30, Armentières, Le Vivat, de 6 à 28e, +33 320 77 18 77
Adapting for distorsion/haptic Chor H. Umeda
le 18.03
L'humain a-t-il encore sa place dans un monde mécanisé ? Hiroaki Humeda, remarquable danseur nippon, aborde cette question dans une suite de solos (Adapting for distorsion) qui s'apprécient comme autant d'installations visuelles et sonores. Comme pour Haptic, sa gestuelle hip-hop mâtinée de bûto s'intègre dans un dispositif lumineux impressionnant, qui transforme son corps souple en une bluffante illusion d'optique. ❥ 20h, Arras, Théâtre, de 9 à 15e, + 33 321 71 66 16
+ 33 820 48 90 00
Corps noir S. Gladyszewski le 20.03 puis du 23 au 25.03
« Une mise en scène du corps dans un délire d’accessoires », voilà comment Stéphane Gladyszewski, définit sa création. Dans un noir total, des images « stroboscopées » s'impriment sur son corps en mouvement, générant ainsi des tableaux cauchemardesques. Comme lorsqu'on découvre l'artiste immergé et recroquevillé dans un aquarium... ❥ 20.03, 17h, Lille, le Gymnase, 14/7/5e, +33 320 20 70 30 du 23 au 25.03, 20h30, Bruxelles, Théâtre 140, 15e, +32 2 733 97 08
théâtre & danse |
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agenda Petites histoires.com © Yves Petit
La répétition © DR
Petites histoires.com
Regarde maman je danse
Chor K. Attou / Cie Accrorap 23.03 et 11.05
V. V. Durme/ F. V. Laecke du 23 au 27.03
De la danse hip-hop sur des airs classiques ? De quoi choquer les puristes ! Pourtant Kader Attou revendique ce contraste. Avec petites histoires.com, il aborde ses souvenirs d'enfance dans une compilation de saynètes, entre danse pure et chorégraphie burlesque. Comme ce passage qui rend hommage à son père, ouvrier soumis aux troishuit chez Renault. Il réenchante ainsi un passé douloureux. ❥ 23.03, 20h30, Dunkerque, Bateau Feu, de 5 à 18e, +33 328 51 40 40 11.05, 19h, Valenciennes, Le Phénix, de 9 à 23e, +33 327 32 32 32
du 29.03 au 2.04
Inspiré du fameux personnage de la Commedia dell'arte, Julien Pantalone s'apprête à monter un spectacle. Mais face à son public, notre héros masqué de 85 ans décide de tout remettre en question, des éclairages au choix de textes. Une mise en scène bouffone dans la plus pure tradition italienne, procurant un plaisir ouvertement partagé par les comédiens et le public. ❥ 20h, Lille, Le Prato, de 5 à 17e, +33 320 52 71 24
Rose des Vents, de 5 à 19e, +33 320 61 96 96
Géographie du danger Chor H. B.Mah i / Cie Hors-série 30.03
La répétition Cie Joker
Avec Regarde maman je danse, la comédienne transsexuelle Vanessa Van Durme décentre le débat sur l’identité nationale et interroge l’identité sexuelle : « C’est quoi ton genre ? ». Elle déroule le fil de sa drôle d'existence et raconte son enfance, l’époque où elle était encore un petit garçon. De sa vie pas courante, elle tire cette performance scénique débordante de sincérité qu’elle joue en quatre langues, en Europe et aux EtatsUnis, depuis novembre 2005. ❥ 20h (sf jeu & sam, 19h), Villeneuve d'Ascq,
La géographie du danger est la « transposition en mouvements » (hip-hop, classique, contemporain) du roman de Hamid Skif. Cet écrivain et journaliste algérien, cible des terroristes, y raconte l'enfer de son exil en Europe, la clandestinité et la lutte quotidienne pour la survie. Sensible à la question de l'identité, Hamid Ben Mahi traduit cet étouffement dans un solo bouleversant, apportant espoir et beauté à cette douloureuse tranche de vie. ❥ 20h30, Lille, maison Folie de Wazemmes, de 8 à 10€, +33 320 78 20 23
littérature |
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texte ¬ Cyril Beauvilliers photo ¬ 2 Photographers
Cook & Book
La librairie qui soigne son look Neuf espaces qui mêlent livres et restauration, une décoration confiée à des architectes, des designers et des artistes. Le tout placé autour de la bien nommée place du temps libre, cœur de Wolubilis, un nouveau village culturel. Visite d’un concept store au succès maîtrisé. À Wolubilis, Cédric Legein et Déborah Drion, fondateurs de Cook & Book, partagent les lieux avec un centre culturel, un théâtre et des associations. Entre 2006 et 2007, ils inaugurent plusieurs librairies-restaurants thématiques : BD, voyage, beaux-arts, littérature générale, librairie anglaise, jeunesse, vie pratique, cuisine et musique. L’ensemble occupe aujourd'hui 1600 m2. Des librairies, des restaurants ; des univers Mais Cook & Book n'est pas qu'un astucieux mélange de mots et de saveurs. C'est aussi des décors soignés qui projettent le visiteur dans d'autres mondes. Caravane Airstream pour la partie voyage, Fiat 500 près de la trattoria, instruments pour la musique, grosse moquette et fauteuils moelleux pour lire in english, plafond de 800 livres suspendus... Certes, les rayons peuvent s'étoffer. Car pour le moment, c'est la partie restaurant qui porte l'enseigne. D'ailleurs, il était logique que la gastronomie ne soit pas que de papier pour cet ancien du Pain Quotidien, créateur également de Tasty, restaurants en milieu hospitalier. La restauration représente 60% des recettes. « Nous voulons maintenant développer la partie lecture », confie l'administratrice. D'autant que certains clients en (re)découvrent les plaisirs à l’occasion d’un repas. Manger un « cortomaltese » toasté en lisant La vie devant soi, c’est peut-être ça l’avenir de la librairie ? C’est en tout cas une formule qui marche ! / ❥
COOK AND BOOK Bruxelles, Place du Temps Libre, +32 2 761 26 00. BLOC A (librairies bd, jeunesse, voyages, beaux-arts, musique), lun>mer, 8h>22h, jeu>sam, 8h>24h, dim, 8h>21h, BLOC B (librairies romans, cuccina, anglais), tlj 10h> 20h, restaurant italien & végétarien service de 12 à 16h + brunch le dimanche jusqu'à 15h30
chroniques Quand le requin dort Milena Agus | Éd Liana Levi D’une écriture sobre, la narratrice décrit sa vie et celle de sa famille. Entre une mère artiste dépressive, un père qui cherche à sauver le monde, un frère enfermé dans la musique et une tante en quête du grand amour, elle explore des terres inavouables et tente de survivre avec un corps qu’elle n’aime pas. Prise symboliquement dans le ventre du requin-baleine, telle Job, elle attend pour sortir et naître enfin, et trouve dans l’écriture une planche de salut. « J’écris des histoires, parce que quand le monde ne me plaît pas, je me transporte dans le mien et je suis bien ». Et l’on est bien dans cet univers, notamment grâce à un humour décalé qui éclaire d’un bout à l’autre la noirceur de ce roman initiatique. 150p., 15€. Achab
Le Paquet Philippe Claudel | Éd Stock C’est l’histoire d’un homme seul avec un gros paquet. Du début à la fin, on se demande si ce monologue enfiévré est prononcé par un simple être humain ou par le dernier homme sur terre. « Je suis un peu tout le monde » liton. Ce monsieur est assis sur son banc, raccommodant ce paquet contenant « tout ce qui traînait, nos bassesses, nos veuleries, nos promesses reniées, toute la laideur du monde et celle de nos actes ». Le paquet est mal ficelé, énorme, vaguement anthropomorphe. L’histoire est parfois mal ficelée et ses mensonges énormes, eux aussi, mais son humanité ne fait aucun doute. Sur un fond de dérision, il est question de vie, de mort, de fin du monde, du sens de nos actes, de l’écriture aussi. Une « pièce pour un homme seul » ; une pièce pour un homme-monde. 86p., 10€. Michel Le Royer
Saint-Laurent, Mauvais garçon Marie-Dominique Lelièvre|Éd. Flammarion L’histoire d’Yves Saint-Laurent, entré en 1955 chez Christian Dior, commence par l’annonce le 7 octobre 1961 dans Paris Match de la création de sa maison de couture. Un mois plus tard, cette intox devient réalité grâce à un milliardaire américain. Marie-Dominique Lelièvre, portraitiste de Libération, dont la mère défila dans la célèbre robe Mondrian, a enquêté sur ce «roi de la mode» né à Oran en 1937. Elle revient sur sa rivalité avec Courrèges, sa collection Quarante en 1971, ses parfums Opium et Paris ou son expo à New York en 1983. Sans oublier sa liaison à Pierre Bergé chargé du versant financier de sa société et avec qui il se pacsera peu avant de mourir en juin 2008. C’est une carrière hors du commun qui est brillamment retracée sans faux-fuyants. 318 p., 19€. Michel Paquot
Destins
Grems
Frank Giroud | Éd. Glénat
De Grems | Édition Populaire
L’auteur du Décalogue et de Quintett est un scénariste BD particulièrement créatif. Avec des dessinateurs différents, il signe Destins, un cycle ambitieux dont paraissent les trois premiers épisodes. Une étudiante américaine participe à l’attaque d’une banque au cours de laquelle deux femmes sont tuées ainsi que son ami. Devenue célèbre à la tête d’une association humanitaire, elle apprend qu’une dame, accusée à sa place, est condamnée à mort. Un dilemme s’offre à elle : faut-il se constituer prisonnière ou privilégier son action publique à travers une nouvelle mission en Afrique ? Giroud explore intelligemment les deux termes de cette alternative en suivant des chemins qui se croiseront au terme de treize albums. 48 p., 13€. Michel Paquot
À première vue, l’objet-livre (car il faut bien parler d’objets chez l’Édition Populaire tant on connaît la qualité de chaque sortie) est plutôt basique. Pas de couv’ « je-t’arrache-l’-œil », petit format assez classique, rien n’attire le regard. Mais en y regardant de plus près (car il fallait bien un « mais »), la reliure noire, l’impression sélective argentée et deux rubans pour marque-page donnent à cet ouvrage des faux airs de missel. Effectivement, en quelques lignes bien senties, avec un soutien photo de qualité, se dévoile une monographie exhaustive de Grems, artiste prolifique s’il en est. Graffeur, rappeur, graphiste, D.A., créateur de label… Autant de casquettes que de moments de vie sacrifiés sur l’autel de la création, dont on se délectera… devant l’éternel, of course. 240 p., 22€. Carole Lafontan
Une enfance australienne Sonya Hartnett | Éd. Le Serpent à Plumes À 9 ans, Adrian est un petit garçon soucieux. Élevé par sa grandmère, il se sent de trop. D’autant que son seul copain finit par le rejeter. Tenaillé par un sentiment d’inadaptation lancinant et la peur de se retrouver à l’orphelinat, il se raccroche alors à Nicole. Mais, cette nouvelle voisine à peine plus âgée que lui ne l’aide pas vraiment dans sa quête d’apaisement… En un roman aussi bref que prenant, Sonya Hartnett parvient à rendre prégnants les tourments de l’enfance. Parce qu’elle fait fi des artifices, elle se fraie un chemin direct vers l’âme de son personnage. Dès lors, son écriture simple est gage d’efficacité. Comme son habileté à ménager le suspense. 200 p., 18,50€. Faustine Bigeast
littérature |
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chroniques Fortune
Chapelier Fou
Staring at the ice melt | Disque Primeur
613 | Ici d’ailleurs / Discograph
On peut faire des tas de choses en regardant la glace qui fond. Se tourner les pouces, penser au printemps… Les quatre membres de Fortune, eux, ont fait un chouette premier album en attendant le dégel. « Ce n’est pas trop tôt, feignasses », diront ceux qui attendent ça depuis le premier (et unique) maxi de Fortune, en 2007. Ils n’auront pas attendu (et maugréé) pour rien : de la pop électronique de bon aloi, si pop qu’on en oublie parfois l’électronique. Un beat efficace mais pas entêtant qui tient la route du début à la fin. Des chansons bien goupillées, dont on se surprend à faire les chœurs. En bref, un sympathique groove dense et enveloppant pour avoir chaud au cœur des derniers frimas. Olivia Volpi
Pas de salut sans folie. Louis Warynski pourrait s’approprier cette devise, violoniste mariant musique classique et électro, jetant un pont entre Yann Tiersen et Amon Tobin. À 26 ans, cet habile musicien jongle entre le violon (qu’il pratique depuis ses 6 ans) et les samples. Ce serait déjà suffisamment intrigant s’il s’arrêtait là. Mais le Chapelier Fou est de surcroît touché par la grâce : chaque titre, chaque note déverse un violent flot d’émotions. Onirique, mélancolique, cette musique complexe évite à la fois l’écueil de l’intellectualisation et celui de la redondance. Doté d’un sens de l’émerveillement sans limite, il passe « de l’autre côté du miroir », dans un monde où la folie rejoint la plus saine raison. Son nom de scène n’est certainement pas dû au hasard. Sortie le 15.03. Baptiste Ostré
BADLY DRAWN BOY Is There Nothing We Could Do ? | BDB Records/Discograph Chouette ! Damon Cough (alias Badly Drawn Boy) donne quelques nouvelles. Apparu à la fin du siècle dernier durant ce qu’on nommait, faute de mieux, le New Acoustic Movement, il est moins célèbre que Kings Of Convenience, mais un peu plus que I Am Kloot. Et a publié discrètement les albums de qualité avec une régularité exemplaire. Comme à son habitude, le bonnet le plus célèbre de la pop anglaise taquine le piano, gratte sa guitare, enrobe le tout de cordes angéliques et chante ses merveilles enchanteresses d’une voix traînante et douce, mais jamais mièvre. Auteur de la bande (vraiment) originale de About A Boy (2002), il signe cette fois le soundtrack d’une série télévisée dont on ne sait rien. Pas grave : reste ces chansons d’une très grande classe. Thibaut Allemand
musique |
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BROKEN BELLS
Toro y Moi
Broken Bells | Columbia / Sony Music
Causers of This | Carpak / La Baleine
C’est le marronnier du mois : l’album avec un Danger Mouse caché dedans. Sauf que cette livraison mensuelle du rongeur mûrit depuis une bonne paire d’années. À ses côtés, une vieille connaissance, James Mercer, leader des Shins (auteur du mirifique Chutes Too Narrow, 2003). Une anti-leçon de pop, tant chacun désapprend ici l’art du songwriting. Oh, la qualité est toujours au rendez-vous, et certains réflexes ne sont pas tout à fait perdus : mélodies tombées du ciel pour Mercer, production chiadée pour la Souris. Mais l’on ne saura jamais vraiment qui a le plus apporté à l’autre – preuve d’une union idéale et réussie. Qui n’est pas neuve : Mercer était au générique de Dark Night Of The Soul, grand album fantôme de 2009, coproduit par… Danger Mouse. Sortie le 8.03. Thibaut Allemand
Il est déroutant ce premier album. Non seulement à cause du curieux sobriquet de son auteur américain, mais surtout pour ce qu’il contient. Et lorsque les journalistes avancent en terre inconnue, ils posent des balises. On a donc qualifié cette musique de « glo-Fi », ou de « chillwave ». Si cela ne vous parle pas, c’est normal, ça vient de sortir. En attendant, on se projette dans les 11 courts morceaux de Causers Of This comme dans un flipper : bousculé d’une ambiance à une autre, de l’abstract hip-hop à l’électro-pop, de sonorités organiques en rythmes synthétiques. Lorsque l’on croit distinguer une influence, on rebondit aussi sec. Toro Y Moi défriche et l’on se précipite dans son sillage sûr d’atteindre de nouveaux horizons musicaux. Mathieu Dauchy
GONJASUFI A Sufi & A Killer| Warp/Discograph Comme il est délicieux, parfois, de se planter. Le mois dernier, on s’attristait de la gueule de bois de Warp, 20 ans à peine, qui signait Lonelady (pas mal, mais bon…). Et là, sans coup férir, le label de Sheffield publie l’œuvre de la décenn… bon, l’un des grands albums de 2010, au moins. Coincé dans le Nevada, au milieu de nulle part donc, Gonjasufi mêle en vrac le psychédélisme de Captain Beefheart, le précurseur dubstep Scorn, le trip-hop de Portishead, la rage des Stooges, et enrôle des mezzins azimutés, des esprits indiens et de grands soulmen. L’association des amis du namedropping sera comblée. Le plus incroyable : en lieu et place d’un fourre-tout nauséeux, Gonjasufi signe un album complexe et cohérent, dont on n’est pas près de faire le tour. Inclassable et classieux. Sortie 8.03. Thibaut Allemand
jeux vidéo |
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chroniques
Mass Effect 2 Electronic arts | Xbox 360 Voici un jeu de rôle des plus captivants ! Le premier épisode avait été l’un des plus grands succès de l’année 2007. Quand il ne forme pas ses équipes et ne couche pas avec des subalternes — voire des aliens —, le commandant Shepard met ses fonctions bioniques au service de sa mission : sauver l’univers. Interactif, intelligent, ce jeu s’adapte aux décisions stratégiques du joueur. Malgré une prise en main peu évidente, Mass Effect 2 relève le niveau d’un genre en mal de bons scénarios.
Tatsunoko vs Capcom : Ultimate all stars - Capcom | Wii Jeu de baston japonais dans toute sa splendeur, Tatsunoko vs Capcom met une petite torgnole à tous les amateurs de « Street Fighter ». Plus facile que son concurrent et complètement explosif, les supers pouvoirs des personnages sont poussés à l’extrême. Au point qu’écraser son partenaire avec un chien géant devient franchement hilarant. Un peu « trop » sur tous les tableaux, Tatsunoko vs Capcom promet malgré tout de bons fous rires en groupe !
100 livres classiques Nintendo | Nintendo DSi XL Pour la sortie de sa nouvelle console de poche (mais « de salon »), la DSi XL, Nintendo aborde la littérature de manière ludique grâce à une bibliothèque de 100 classiques. La DSi est agrandie pour le plaisir des yeux et son stylet devient stylo. De Zola, Balzac en passant par Baudelaire et jusqu’à Oscar Wilde, chacun trouvera ici de quoi ressusciter ses souvenirs de collège et appronfondir ses connaissances sur tous ces auteurs légendaires. De quoi faire le bonheur des jeunes étudiants, de leurs parents et de tout amateur de littérature.
concerts lun 01.03 PASSION PIT Bruxelles, Botanique, 20h, Complet, +32 2 218 37 32 30 SECOND TO MARS Bruxelles, Forest National, 20h, 32e, +32 7 025 20 20
mar 02.03
Lille, Nouveau Siècle, 20h, nc, +33 320 12 82 40
INVASION Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
Tourcoing Jazz Club : STÉPHANE KERECKI + TONY MALABY + THOMAS GRIMMONPREZ Tourcoing, Hospice d’Havré, 20h30, 14/9e, +33 359 63 43 53
MEMORY TAPES Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
JAGA JAZZIST Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24
jeu 04.03
DICK ANNEGARN Valenciennes, Phénix, 20h, 23/9e, +33 327 32 32 32
TV GHOST + CRUSADERS OF LOVE Lille, Malterie, 18h, 7/5e, +33 320 15 13 21
HEY! TONAL + TETSUO + CAST SPELLS Lille, Malterie, 20h30, 7e, +33 320 15 13 21 Enchanteurs : LES FOUTEURS DE JOIE + NICOLAS DUCRON Sallaumines, MAC, 20h30, 8/5e, +33 321 67 00 67 FRANCO SAINT DE BAKKER Bruxelles, Ancienne Belgique, 22h, 12e, +32 2 548 24 24
PETER VON POEHL Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 30 SECOND TO MARS Lille, Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00 ISLANDS + MINTZKOV Tourcoing, Grand Mix, 20h, 10/7e, +33 320 70 10 00
mer 03.03
ARNAULT CUISINIER KITCHEN MUSIC Valenciennes, Phénix, 20h, 9e, +33 327 32 32 32
IGNATUS Lille, Aéronef, 17h, gratuit, +33 320 13 50 00
KEMIARGOLA + BLEUBIRD Lille, Malterie, 20h30, 7/5e, +33 320 15 13 21
Telemann à Paris : SOLISTES DU CONCERT D’ASTRÉE + ALEXIS KOSSENKO Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50 THE SCENE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24 THE SOFT PACK Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 HOCKEY Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 L’Ombre des Héros : ONL
ven 05.03
LE LOUP + SCARY MANSION Tourcoing, Grand Mix, 20h, 10/7e, +33 320 70 10 00
Enchanteurs : GULLIVAN + LE PIED DE LA POMPE Noyelles-Sous-Lens, Centre Culturel Evasion, 20h30, 8/5e, +33 321 70 11 66 A Travers Chants : BOUTEILLE A LA MER + LES ZAP’HEROS Saint-Saulve, Espace Athena, 20h30, gratuit, +33 327 28 15 30
RUSSIAN CIRCLES Courtrai, De Kreun, 20h, 7/10/12e, +32 5 637 06 44 LE PEUPLE DE L’HERBE Leuven, Het Depot, 20h, 19/16e, +32 1 622 06 03 L’Infedelta Delusa : JÉRÉMIE ROHRER + RICHARD BRUNEL + LE CERCLE DE L’HARMONIE Lille, Opéra de Lille, 20h, nc, +33 328 38 40 50 GUSH Lille, Péniche du Pianiste, 20h, nc, +33 320 57 14 40 ANORAK + KRUGER Amiens, Lune des Pirates, 20h30, nc, +33 322 97 88 01 ALBOROSIE Gand, Vooruit, 20h30, 25/23,5e, +32 9 267 28 28 Enchanteurs : FLORENT VINTRIGNES + BATIGNOLLES Harnes, Centre Culturel Jacques Prévert, 20h30, 8/5e, +33 321 49 24 14 A Travers Chants : DARAN + GUILLAUME LEDOUX Saint-Saulve, Espace Athena, 20h30, 12/9e, +33 327 28 15 30 SUAREZ + NAOSOL & THE WAXX BLEND Béthune, Théâtre de Béthune, 20h45, 7/5e, +33 321 64 37 37
THOMAS SMITH Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h45, nc, +32 2 548 24 24
SNU & MATTHEW + LAURENT WÉRY + DJ LANIER + LES FRÈRES DELUXE + JAKE D + DJ MAXIMILIAN Gand, Culture Club, 21h, 18/16e, +32 9 233 09 46
KHARO Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
CACTUS IN LOVE + NON NOVA Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
agenda |
123
MIRKO LOKO + CLAR & CAMEO Anvers, Café d’Anvers, 23h, 12/8e, +32 3 226 38 70
FOREST SESSION Lille, Malterie, 20h30, 7/5e, +33 320 15 13 21
D.I.M + SURKIN + MOWGLI + THE ODDWORD Anvers, Petrol, 23h, 13/10e, +32 3 226 49 63
CHAMOTS + FUNGHI Lille, Rumeur, 20h30, 3e, +33 320 52 71 97
Fight Klub : REDIAL Bruxelles, K-nal, 23h, 10/5e, +32 0 324 73 47 YUKSEK Lille, Aéronef, 23h, 22/18e, +33 320 13 50 00 MIGHTYFOOLS + CANBLASTER + MARTELO + SAM TIBA Roubaix, Cave aux Poètes, 23h, 10/8e, +33 320 27 70 10
sam 06.03 DISCOBAR A MOEDER Anvers, Petrol, 20h, 10/8e, +32 3 226 49 63 GROOVE ARMADA Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 31/28e, +32 2 548 24 24 GIRLS Bruxelles, Botanique, 20h, 18/15/12e, +32 2 218 37 32 NOSAJ THING + INFINITESKILLS + DORIAN CONCEPT + LEFTO Courtrai, De Kreun, 20h, 7/10/12e, +32 5 637 06 44 ALBOROSIE + BASS MAKER + BLACK AFRICAN POSITIVE Lille, Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00 Guerres et Paix : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, nc, +33 320 12 82 40 L’Infedelta Delusa Lille, Opéra de Lille, 20h, nc, +33 328 38 40 50 Enchanteurs : CHARLIE + OLDELAF Bully-Les-Mines, Espace François Mitterand, 20h30, 12/10e, +33 321 44 18 00
A Travers Chants : KAMELANCIEN + KOALITION CREW Saint-Saulve, Espace Athena, 20h30, 12/9e, +33 327 28 15 30 BUKOWSKI + GLOWSUN Béthune, Théâtre Le Poche, 20h45, nc, +33 321 64 37 37 Happy Forma.T : CALVIN HARRIS + DJ FUNK + SINDEN + SURKIN + FEADZ + SURFING LEONS Liège, Halles des Foires, 21h, 25/20e, +32 4 227 19 34 TITAN’HITS Lille, Péniche du Pianiste, 21h, nc, +33 320 57 14 40 PAULINE PARIS Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 «Are you jazz tonight?» : DJ CAROLL Lille, Guapa Bar, 22h, gratuit, +33 320 54 82 55 SILICONE SOUL + BARTHOLOMEO + PATRICK SCHMIDT + 2WINZ Anvers, Café d’Anvers, 23h, 10/5e, +32 3 226 38 70 AMBIVALENT + MARC HOULE + DJ PIERRE + TROY PIERCE + FADER + NICO PURMAN Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89 YUKSEK + VILLA + MONTECOSY + MICKEY Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e, Black & Gold : NEON + STATIC & GREEDY Gand, Culture Club, 23h, 10/8e, +32 9 233 09 46
dim 07.03 PONY PONY RUN RUN + TV GLORY Lille, Aéronef, 18h, 22/18e, +33 320 13 50 00 SKINDRED Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 HOT CHIP Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24 PG.LOST Lille, Malterie, 20h, 7e, +33 320 15 13 21
lun 08.03 ANGIE STONE Anvers, Trix, 20h, 33/30e, +32 3 670 09 00 DEE DEE BRIDGEWATER Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 36/33e, +32 2 548 24 24 SHY CHILD Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 L’Infedelta Delusa : JÉRÉMIE ROHRER + CERCLE DE L’HARMONIE (LE) + RICHARD BRUNEL Lille, Opéra de Lille, 20h, nc, +33 328 38 40 50 ANNE CUVELIER Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 BORELA Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
mar 09.03 MF DOOM + DJ DEFI*J + DJ LEFTO + FLOWLIFE BUMZ Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 19h30, 30/27e, +32 2 414 29 07 THE TALLEST MAN ON EARTH Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
concerts L’Infedelta Delusa Lille, Opéra de Lille, 20h, nc, +33 328 38 40 50
LURA + BAI KAMARA JR Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24
BROTHER ALI + BK ONE Lille, Péniche du Pianiste, 20h, nc, +33 320 57 14 40
SIROCCO STRING QUARTET Mouscron, Marius Staquet, 20h, nc, +32 5 686 01 60
Enchanteurs : MIOSSEC Auchel, Odéon, 20h30, 12/10e, +33 321 61 92 03
JP NATAF + SILVAIN VANOT Tourcoing, Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00
A Travers Chants : MERLOT + JEF KINO Saint-Saulve, Espace Athena, 20h30, 12/9e, +33 327 28 15 30
LE PEUPLE DE L’HERBE Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 21h, nc, +33 321 87 37 15
LE PRINCE MIIAOU + REVOLVER Amiens, Lune des Pirates, 20h30, nc, +33 322 97 88 01
LE MAXIMUM KOUETTE Béthune, Théâtre Le Poche, 20h45, nc, +33 321 64 37 37
Enchanteurs : YVAN LE BOLLOC’H ET MA GUITARE (S’APPELLE REVIENS) + MANASWING Drocourt, L’Agora, 20h30, 8/5e, +33 321 76 50 55
GEMMY + SELAH SUE + SKREAM Bruxelles, Ancienne Belgique, 21h, 15/12e, +32 2 548 24 24
CHEIKH DE STAËL Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
DJ RULES + CRYPTJE Gand, Culture Club, 22h, 14/18e, +32 9 233 09 46
ven 12.03
ZIKATATANE Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
ANNE CUVELIER Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
mer 10.03 MANJUNATH MYSORE + GURUPRASANA + B.C. MANJUNATH Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50
PLEASE ME + HYBRID + RACHID SAHARA Montigny-en-Gohelle, Salle Polyvalente, 20h30, 5/3e,
KOLEKTIF ISTANBUL Dunkerque, 4 Ecluses, 21h, 7e, +33 328 63 82 40
FEAKY AGE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
JACQUES DUTRONC Bruxelles, Forest National, 20h, 48e, +32 7 025 20 20
NOMO Lille, Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00
Génies Eternels : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, nc, +33 320 12 82 40
THE WHITEFIELD BROTHERS Lille, Péniche du Pianiste, 20h, nc, +33 320 57 14 40
KARNATICS Lille, Opéra de Lille, 20h, nc, +33 328 38 40 50
WILL O’BRIEN + DAVE COPP + DJ PIERRE + ROBERT HOOD Anvers, Petrol, 23h, 10/8e, +32 3 226 49 63
LE PEUPLE DE L’HERBE Lille, Splendid, 20h, nc, +33 320 33 17 34
ANTI-POP CONSORTIUM Anvers, Trix, 20h30, 15/12e, +32 3 670 09 00
MOWGLI + SOLO Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89
REVOLVER + NARROW TERENCE Tourcoing, Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00
CARATINI PLAYS MINGUS Armentières, Vivat, 20h30, nc, +33 320 77 18 77
Fight Klub : KAP BAMBINO Bruxelles, K-nal, 23h, 10/5e, +32 0 324 73 47
CORDILLERA + NARCISSO PEREZ ET AMIGOS Lille, Biplan, 22h, 4,5e, +33 320 12 91 11
Enchanteurs : MAXI MONSTER MUSIC SHOW Béthune, Théâtre Le Poche, 20h30, 7/5/3e, +33 321 64 37 37
Unity Party : BOULAONE + DJ KEUTCH + DJ TITO + DJ IRON Lille, Kiosk, 23h, 7/5e, +33 320 49 75 99
jeu 11.03
THE BELLRAYS + THE FLESHTONES Calais, Gérard Philipe, 20h30, 5e, +33 321 46 90 00
INGRID MANK Bruxelles, Ancienne Belgique, 12h30, gratuit, +32 2 548 24 24
Enchanteurs : SKWEEZE ME
BUTCH + TOFKE GUAPERAS + HERMANEZ + MASSIMO GIRARDI + SOUND FX + LINS Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70
SIGMA + CAMO & KROOKED + NETSKY + MURDOCK + WONTIME + TEEZER + MC QUEST ONE Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64
agenda |
125
sam 13.03 GET WELL SOON Lille, Aéronef, 20h, 17/13e, +33 320 13 50 00 Disco Volante : THE GLIMMERS + THOMAS DE SOETE + COOK-E & MATIC + YA’MO VS JENSEN + DAVIDOV + DUUB + BLACK FRANK Ostende, Kursaal, 20h, 15/10e, +32 5 970 55 11 Génies Eternels : ONL Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 18/15e, +33 321 64 37 37 Enchanteurs : LA CANAILLE + KA JAZZ Dourges, Salle Bruno, 20h30, 5/3e A Travers Chants : VOLO + MANOEF Saint-Saulve, Espace Athena, 20h30, 12/9e, +33 327 28 15 30 SWEET COFFEE + LIZE ACCOE + BUSCEMI Anvers, Petrol, 21h, 15/10e, +32 3 226 49 63 THE NEON JUDGEMENT Gand, Vooruit, 22h, 16/14,25e, +32 9 267 28 28 French Pop Mission : BIGMONEYMAKERS + LET IT BLEED Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 DERRICK MAY + SOLO + DEG + DJ PIERRE Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89 SUPERPITCHER Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e Black & Gold : DAVIDOV + NEON Gand, Culture Club, 23h, 10/5e, +32 9 233 09 46 SHINEDOE + VIE + LADY LEKTRIX + SEBA LECOMPTE Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54
MARK FARINA + MASSIMO DA COSTA + JACK’N JAZZ Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64
dim 14.03 ZUT Armentières, Vivat, 17h, 6e, +33 320 77 18 77 Enchanteurs : CLAIRELISE + LOÏC LANTOINE + LA RUE KETANOU + GÉRARD MOREL + ALEXIS HK + JEHAN + CLARIKA Avion, Louis Aragon, 17h, 12/10e, +33 321 79 44 89
mer 17.03 Verve et Laconisme : le Quatuor à Cordes au XXe siècle Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50 JP NATAF + COCOROYAL Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 RICKIE LEE JONES Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32 EMILY LOIZEAU Douai, Hippodrome, 20h, 22/9e, +33 327 99 66 60
ANE BRUN + AMÉLIE Roubaix, Cave aux Poètes, 18h, 8/6/4e, +33 320 27 70 10
PIERRE LAPOINTE + CASCADEUR Lille, Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00
WHY ? + I MIGHT BE WRONG + JOSIAH WOLF Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32
CLAIRE DANJOU Lille, Péniche du Pianiste, 20h, 8/6e, +33 320 57 14 40
lun 15.03 BLOOD RED SHOES Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 ROBERT FRANCIS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
mar 16.03 FIXKES Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
MICHEL MAINIL QUARTET + BERTRAND GAUGUET + OLIVIER BENOÎT + NINH LÊ QUAN Lille, Malterie, 20h30, 9/7e, +33 320 15 13 21 JEANNE CHERHAL Roubaix, Colisée, 20h30, 25/8e, +33 320 24 07 07
jeu 18.03 SOAP&SKIN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 JEANNE CHERHAL Bruxelles, Botanique, 20h, 25/22/19e, +32 2 218 37 32
HADOUKEN! Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
LOS CAMPESINOS! Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
GIRLS Lille, Aéronef, 20h, 17/13e, +33 320 13 50 00
ZJAKKI WILLEMS Courtrai, De Kreun, 20h, gratuit, +32 5 637 06 44
SLAMA (LA) Lille, Biplan, 21h, gratuit, +33 320 12 91 11
THIS CITY Lille, Péniche du Pianiste, 20h, nc, +33 320 57 14 40
concerts OREGONE + PLASTICINES Amiens, Lune des Pirates, 20h30, nc, +33 322 97 88 01
Saint-Saulve, Espace Athena, 20h30, 12/9e, +33 327 28 15 30
49 SWIMMING POOL Lille, Péniche du Pianiste, 20h, nc, +33 320 57 14 40
ALPHABEAT Anvers, Trix, 20h30, 18/15e, +32 3 670 09 00
POST WAR YEARS + TAPE TUM + UNDER BYEN Anvers, Petrol, 21h, 14/10e, +32 3 226 49 63
PIERPOLJAK Lille, Splendid, 20h, 28e, +33 320 33 17 34
Enchanteurs : PPFC + FACE À LA MER Cambrin, SDF, 20h30, 8/5e, +33 321 63 26 63 INDOCHINE Lille, Zénith Arena, 20h30, 35e, +33 320 14 15 16 NITS (THE) + YULES Wattrelos, Boîte à Musique, 20h30, nc, +33 320 02 24 71 DAVIDOV + BUZZ Gand, Culture Club, 22h, 5e, +32 9 233 09 46 DON TOMASINO & TUTTI QUANTI Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
ven 19.03 IAMX Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 27/24e, +32 2 548 24 24 RETRIBUTION GOSPEL CHOIR + DJ STORM Courtrai, De Kreun, 20h, 7/10/12e, +32 5 637 06 44 ANGE Lille, Sébastopol, 20h, nc, +33 320 54 44 50 INDOCHINE Douai Cedex, GAYANT EXPO, 20h30, nc, +33 327 93 19 31 LES ENCHANTEURS : LA RUDA Méricourt, Salle Ladoumègue, 20h30, 8/5e FOREIGN BEGGARS + AFROJAWS Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10/8/6e, +33 320 27 70 10 A Travers Chants : BALIMURPHY + NOUMENE TOBAR
PIERRE SOUCHON + TOM GRAFIN Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
RADONI’S TRIBE Mouscron, Marius Staquet, 20h, nc, +32 5 686 01 60 NOAH AND THE WHALE + ROKEN IS DODELIJK Tourcoing, Grand Mix, 20h, 10/7e, +33 320 70 10 00
ACID INVADERS + SHAMAN + ACID KIRK + AUTOKINETIK + NICOLAS DUVOISIN + TIM BERNER + NOMHAD + MADMIPS Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89
FUN LOVIN’ CRIMINALS + THE CHEMISTS Anvers, Trix, 20h30, 25/22e, +32 3 670 09 00
The Fresh Tunes of Bel Air : DJ GUS + DJ SENSE Gand, Culture Club, 23h, 8e, +32 9 233 09 46
Enchanteurs : TANTE ADÈLE ET LA FAMILLE Billy-Montigny, Léon Delfosse, 20h30, 8/5e
MR SCRUFF Gand, Vooruit, 23h, 13/11,5e, +32 9 267 28 28
Enchanteurs : BARCELLA + L’HERBE FOLLE Noyelles-Godault, Matisse, 20h30, 5/3e, +33 321 13 83 83
THOMAS SCHUMACHER + MAXIM LANY + PETE HOWL + COLE Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54 Fête de l’Animation : AUTECHRE + ROB HALL + RUSSELL HASWELL + DIDGIT Lille, Tripostal, 23h, 10e
sam 20.03 THE AVETT BROTHERS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 HUSKY RESCUE Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 BRENDAN PERRY Bruxelles, Botanique, 20h, 28/25/22e, +32 2 218 37 32 THE ALBUM LEAF + THE GO-FIND Lille, Aéronef, 20h, 12/6e, +33 320 13 50 00
ROKEN IS DODELIJK + NOAH AND THE WHALE Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10/7e, +33 320 27 70 10 A Travers Chants : KARIMOUCHE + CHLOÉ LACAN Saint-Saulve, Espace Athena, 20h30, 12/9e, +33 327 28 15 30 CLAMPDOWN + OM MANI Béthune, Théâtre Le Poche, 20h45, nc, +33 321 64 37 37 Carte Blanche : OUTRE MESURE Lille, Malterie, 20h45, 7/5e, +33 320 15 13 21 SLAGSMALSKLUBBEN + VERMIN TWINS + FREDO & THANG + FANKLUB DEEJAYS + HERMANOS INGLESOS Anvers, Petrol, 22h, 13/10e, +32 3 226 49 63
agenda |
127
MUSIC IN YOUR ROOM Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
CLARE AND THE REASONS Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32
VANBORN Courtrai, De Kreun, 20h, 7/10/12e, +32 5 637 06 44
PETER VAN HOESEN + ANJA SCHNEIDER + DONATO DOZZY + DJ PIERRE Bruxelles, Fuse Club, 23h, 10/5e, +32 2 511 97 89
GIFT OF GAB Anvers, Trix, 20h30, 15/12e, +32 3 670 09 00
TAXI TAXI! + ISBELLS Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28
mar 23.03
Anges et Démons : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, nc, +33 320 12 82 40
BAPTISTE TROTIGNON Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 22/14e, +33 321 71 76 30
PORNORAMA Lille, Péniche du Pianiste, 20h, nc, +33 320 57 14 40
OWEN PALLETT Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
LONELADY + LENA DELUXE Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 8/6/4e, +33 320 27 70 10
WHY ? + JOSIAH WOLF Lille, Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00
Tremplin So’Nord : THE LITCHI BROTHERS Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
I’m A Cliché label night : BO’TOX + COSMO VITELLI Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e THE GLIMMERS + DAVIDOV + THE ODD WORD Gand, Culture Club, 23h, 10/5e, +32 9 233 09 46 Tanz Mal! : RAINER WEICHHOLD + FRED NASEN + SNU & MATTHEW + JENSEN + LEESA Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54
KYRIE KRISTMANSON Lille, Péniche du Pianiste, 20h, nc, +33 320 57 14 40
CANDIE HANK + PUYO PUYO + EAT RABBIT + THIAZ ITCH Lille, Tripostal, 23h, 5e
Enchanteurs : KARPATT Evin-Malmaison, Salle A. Dutilleul, 20h30, 8/5e,
MARCEL DETTMANN + STEFFI + DJ DARKO Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64
VINCENT BRUSEL + MIKE VARLET Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
dim 21.03
TONY CURTIS + TLP AKA TROUBLEMAN + CRUCIAL P Gand, Decadance, 23h, nc, +32 9 329 00 54
WILDSCAT JAZZ CLUB Lille, Biplan, 17h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 FINAL FANTASY Lille, Aéronef, 18h, 15/10e, +33 320 13 50 00 THE BLACK NAPKINS + THE AMES ROOM Lille, Malterie, 18h, 9/7e, +33 320 15 13 21 METHOD MAN + STREETLIFE + CILVARINGZ + MATHEMATICS Anvers, Petrol, 20h, 25/21e, +32 3 226 49 63 PIERRE LAPOINTE Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32
mer 24.03 Vagabondage et Romantisme III Lille, Opéra de Lille, 20h, 8e, +33 328 38 40 50 JOSÉ JAMES Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 TOM MCRAE + BRIAN WRIGHT Bruxelles, Botanique, 20h, 20/17e, +32 2 218 37 32 DANIEL HÉLIN Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 MINTZKOV + WALLACE
jeu 25.03 YODELICE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24 WALLACE VANBORN + LANDFILL Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 TAXI TAXI! Bruxelles, Botanique, 20h, 11/8/5e, +32 2 218 37 32 THE HEAVY Bruxelles, Botanique, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 HOCUS POCUS Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20/17e, +32 2 218 37 32 YOUSSOU N’DOUR Lille, Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00 BOOGERS Lille, Péniche du Pianiste, 20h, 6e, +33 320 57 14 40 Enchanteurs : IMBERT IMBERT Courrières, Auditorium, 20h30, 8/5e PÉLICAN FRISÉ (LE) Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
concerts RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 22h30, gratuit, +32 3 226 38 70
ven 26.03 REVEREND HORTON HEAT + SUPERSUCKERS + DEADBOLT + THE GRAVE BROTHERS Anvers, Trix, 19h30, 20/17e, +32 3 670 09 00 SINIK Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/23e, +32 2 548 24 24 MASS HYSTERIA + THE WAOW Bruxelles, Botanique, 20h, 17/14/11e, +32 2 218 37 32 Orchestre du Conservatoire de Lille Lille, Opéra de Lille, 20h, nc, +33 328 38 40 50 HOCUS POCUS Lille, Splendid, 20h, nc, +33 320 33 17 34 ANGELIC UPSTARTS Anvers, Trix, 20h30, 17/14e, +32 3 670 09 00 NATURAL MISFITS + NEW YORK SKA JAZZ ENSEMBLE Calais, Gérard Philipe, 20h30, 5e, +33 321 46 90 00 FLORENT MARCHET Liévin, Centre Culturel, 20h30, 13/8e, +33 321 44 85 15 Enchanteurs : ALEXIS HK + BENOÎT MOREL Noyelles Godault, Centre Léo Lagrange, 20h30, 8/5e A Travers Chants : MANU GALURE + LOLA BAI Saint-Saulve, Espace Athena, 20h30, 12/9e, +33 327 28 15 30 PONI HOAX Béthune, Théâtre Le Poche, 20h45, nc, +33 321 64 37 37 THE GASLAMP KILLER + FALTY DL + SBTRKT + EMALKAY Anvers, Petrol, 22h, 13/10e, +32 3 226 49 63
LILACOUSTIC Lille, Biplan, 22h, 5,5e, +33 320 12 91 11 Brussels Electronic Music Festival : HEXSTATIC + SYLVAIN CHAUVEAU + FADER + THOMAS BRINKMANN + FADY ONE + DJ DARKO Bruxelles, Bozar, 22h30, 35/30e, +32 2 507 82 00 RICARDO VILLALOBOS + DEG + DJ PIERRE Bruxelles, Fuse Club, 23h, 9/13e, +32 2 511 97 89 Fight Klub : DRUMDERGROUND + COSY MOZZY Bruxelles, K-nal, 23h, 10/5e, +32 0 324 73 47
Houdain, Salle du COSEC, 20h30, 8/5e Enchanteurs : LES PROUTS Marles-Mines, Salle Gentils, 20h30, 8/5e, A Travers Chants : AS DE TRÈFLE + LA GOUTTE Saint-Saulve, Espace Athena, 20h30, 12/9e, +33 327 28 15 30 AQME + MASS HYSTERIA Tourcoing, Grand Mix, 20h30, 17.7e, +33 320 70 10 00 JUNIOR KELLY + WARRIOR KING & FIREHOUSE Anvers, Petrol, 21h, 25/20e, +32 3 226 49 63
DOC SCOTT + BASSLINE MC Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99
TRIGGERFINGER + BOSTON TEA PARTY + ZOÉ Dunkerque, 4 Ecluses, 21h, 9/6e, +33 328 63 82 40
DROON + SICKBOY + R-MIT + YOGI RUMBLIST Roubaix, Cave aux Poètes, 23h, 10/8e, +33 320 27 70 10
PAT BOL Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
sam 27.03 PHOENIX Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24 Brussels Electronic Music Festival : CLUSTER + D*FUSE + CHRIS DE LUCA + AUFGANG + SEÏ A Bruxelles, Bozar, 20h, 35/30e, +32 2 507 82 00 ARCH ENEMY + SAMAEL + DYLATH LEEN + KLANG!!! Lille, Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00 YETI LANE Lille, Péniche du Pianiste, 20h, nc, +33 320 57 14 40 Enchanteurs : LES TOUFFES KRÉTIENNES Grenay, EC R. Coutteure, 20h30, 8/5e, +33 321 45 69 50 Enchanteurs : MONSIEUR ROUX + ALEE
POPOF Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e
dim 28.03 Brussels Electronic Music Festival : JÓHANN JÓHANNSSON + CYCLO + CEDRIC STEVENS + CHRISTOPHE BAILLEAU + ODAKA + THE AKTIVIST Bruxelles, Bozar, 18h, 35/30e, +32 2 507 82 00 THE FOUR TOPS + THE TEMPTATIONS Roubaix, Colisée, 19h, 62/51e, +33 320 24 07 07 PAT BOL Lille, Biplan, 20h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
lun 29.03 DOBET GNAHORÉ + MANOU GALLO
agenda |
129
Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24
Roubaix, Colisée, 20h, 56,50e, +33 320 24 07 07
TOMMY EMMANUEL Lille, Splendid, 20h30, nc, +33 320 33 17 34
BRAND NUBIAN + THE BEATNUTS Tourcoing, Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00
mar 30.03 LONELADY Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 YVES PEETERS GROUP Gand, Vooruit, 20h, 12/8e, +32 9 267 28 28 THE HEAVY Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00 DANCE YOURSELF TO DEATH Lille, Péniche du Pianiste, 20h, nc, +33 320 57 14 40 JESSIE EVANS + DANCE YOURSELF TO DEATH Amiens, Lune des Pirates, 20h30, nc, +33 322 97 88 01 TUMI & THE VOLUME Armentières, Vivat, 20h30, nc, +33 320 77 18 77
mer 31.03 ALLA FRANCESCA Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50 JOSH ROUSE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 21/18e, +32 2 548 24 24 MAXIMILIAN HECKER Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 THE GO FIND + LIESA VAN DER AA Gand, Vooruit, 20h, 12/8e, +32 9 267 28 28 THE BLOODY BEETROOTS Lille, Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00 The Australian Pink Floyd Show
NATHEN MAXWELL + THE ORIGINAL BUNNY GANG Anvers, Trix, 20h30, 13/10e, +32 3 670 09 00 Enchanteurs : ALBERT MARCOEUR Oignies, 9/9 Bis, 20h30, 8/5e KALIWATCHA Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
jeu 01.04 MEURIS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 THE TOASTERS + PEPPER SEED Bruxelles, Botanique, 20h, 12/9/6e, +32 2 218 37 32 CHAIN & THE GANG Lille, Aéronef, 20h, 12/6e, +33 320 13 50 00 Enchanteurs : ALBERT MARCOEUR + LA JARRY Leforest, Chapiteau Droit de Cité, 20h30, 8/5e ELLERY ESKELIN + ANDREA PARKINS + JIM BLACK Lille, Malterie, 20h30, 9/7e, +33 320 15 13 21 TOM MCRAE Tourcoing, Grand Mix, 20h30, 17,70e, +33 320 70 10 00 STEVEN GOEGEBUER + HENK RIJCKAERT Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h45, nc, +32 2 548 24 24
LES WAMPAS + ELECTRIC DUCKS + THE ELDERBERRIES Lille, Aéronef, 19h30, nc, +33 320 13 50 00 FREAKY AGE + MINT Anvers, Petrol, 20h, 13/10e, +32 3 226 49 63 THE GASLAMP KILLER + FALTY DL Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 THEE SILVER MT. ZION MEMORIAL ORCHESTRA Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32 THE LEGENDARY PINK DOTS + CEBO Bruxelles, Botanique, 20h, 14/11/8e, +32 2 218 37 32 STEVE VON TILL + HARVESTMAN + AMENRA Courtrai, De Kreun, 20h, 7/10/12e, +32 5 637 06 44 MELODY GARDOT Roubaix, Colisée, 20h, 49.50e, +33 320 24 07 07 JEAN-LOUIS MURAT + LENA DELUXE Tourcoing, Grand Mix, 20h, 20/17e, +33 320 70 10 00 SARAH BLASKO + SYDNEY WAYSER Amiens, Lune des Pirates, 20h30, nc, +33 322 97 88 01 DIVING WITH ANDY + REVOLVER Calais, Gérard Philipe, 20h30, 5e, +33 321 46 90 00 Enchanteurs : DEBOUT SUR LE ZINC Leforest, Chapiteau Droit de Cité, 20h30, 8/5e
RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 22h30, gratuit, +32 3 226 38 70
HERNAN CATTANEO + POLE FOLDER + DJ X-IAN + UGUR YURT Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70
ven 02.04
Fight Klub : LES PETITS PILOUS Bruxelles, K-nal, 23h, 10/5e, +32 0 324 73 47
le mot de la fin |
130
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Un truc cool…
Black cube
En 2009, Brock Davis s'est lancé un défi : "Make something cool every day". Cet illustrateur facétieux et photographe hypersensible a terminé l'année en beauté avec 365 créations (photo)graphiques ! Voici un extrait du calendrier très personnel d'un mec définitivement cool.