let'smotiv nord n°51

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n째51

/ avril 2010 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire Let’smotiv - avril 2010 - #51

8 News

14 événement Lille Art Fair

24 Portfolio Plastikk Soldier 30 Rencontre Arnaud Elfort : le mobilier urbain anti-SDF

46 Mode Death Proof par Laurent Villarem

Lilel Art Fair © simon Roulet // Plastikk Soldier // Gildas & Masaya © Hiromix.

36 Reportage Ondes de choc : la radio en Haïti

52 Musique Interview Kitsuné, portrait David Lefranc : spécialiste du droit musical,

Les Paradis Artificiels, Fuck Buttons, Midlake, Selah

Sue, Holly Miranda, Late of the Pier…

76 Cinéma Documentaire au féminin, cycle super-héros

80

Portfolio United Colors of Fabrica 88 Expositions Traffic Jam, Pignon sur rue, One shot… Agenda

100 TLeshéâtre & Danse Seule dans ma peau d'âne, Opéra Pagaï, turbulentes, Ode Maritime… Agenda

114 Littérature Julie Maroh 116 Chroniques livres, disques

122 Agenda concerts et soirées

130 Le mot de la fin Un truc cool par Brock Davis


Let’smotiv Nord & Belgique

114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com Graphiste : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: Nicolas Pattou - nicolas.pattou@tacteel.fr Hakima Lounas - h.lounas@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Alain Allanic, Arthur Baches, Marc Bertin, Faustine Bigeast, Brock Davis, Sebastian Brzyski, Audrey Chauveau, Julien Collinet, Guillaume Courteheuse, Léa Daniel, Mathieu Dauchy, Fanny Delporte, Hugo Dewasmes, Arnaud Elfort, Carole Lafontan, Hakima Lounas, Estelle Morant, Marta Niedzwiecka, Baptiste Ostré, Louise Padox, Michel Paquot, Clément Perrin, Plastikk Soldier, Marion Quillard, Laurent Villarem, Olivia Volpi

Couverture : Plastikk Soldier, www.plastikk-soldier.com

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31-33 rue Buhan - 33000 Bordeaux Tél : +33 556 52 09 95 - Fax : +33 556 52 12 98 redaction.bordeaux@letsmotiv.com 114 rue Barthélemy Delespaul - 59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com 5 place Louis Chazette - 69001 Lyon Tél : +33 482 53 05 71 - Fax : +33 482 53 05 70 redaction.lyon@letsmotiv.com

BP 2172 - 34027 Montpellier Cedex 1 Tél : +33 499 61 51 12 - Fax : +33 467 92 26 43 redaction.med@letsmotiv.com Rua Ofélia da Cruz Costa, 922, 2°dto, 4455-138 Lavra Tél : +351 968 604 752 revista.sai@letsmotiv.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 redaction.tlse@letsmotiv.com

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J-C. de Castelbajac, défilé prêt-à-porter, printemps été 1984 © Guy Marineau

En bref… Un pied sur le podium

Après avoir joué avec succès sur la popularité du Playmobil, le musée des arts décoratifs de Paris ravive d’autres fantasmes du passé. Une histoire de la mode contemporaine retrace 40 ans de création à travers les défilés qui ont marqué leur époque. Dans un premier temps, l'institution décrypte, en 150 photos et 40 vidéos la haute couture des années 70 et 80. Cette exposition à lectures multiples suscitera certainement un nouvel engouement. Non seulement pour les admirables tenues des grands couturiers, mais aussi pour l’étude de la transformation des défilés en véritables shows. Vivement le deuxième volet (90-2000), prévu cet automne ! ❥ Jusqu'au 1.10, +33 144 55 57 50

Jurassic Farce !

© DR

Télex

À la bonne heure ! Yvan Arpa continue de dérégler le milieu de l'horlogerie de luxe. Après la montre n'indiquant pas l'heure, le cadran en pièces de fusée Appolo et poussière de lune, ce champion de Karaté a aussi cloué la concurrence au tatami en 2008 en utilisant la coque rouillée du Titanic (si, si). Mais, le provocateur Suisse vient de faire encore plus fort. Sa dernière création se dote d'un fond nacré réalisé en coprolite. Soit, pour remettre les pendules à l'heure, de la crotte de dinosaure, dont l'authenticité est certifiée par un notaire. Le photographe Arnaud Frich a remporté le record de la plus grande photo du monde, avec une vue panoramique de Paris à 26 gigapixels. Imprimée à taille réelle, elle serait large comme deux stades de foot.... www.paris-26-gigapixels.com // Un mystérieux acquéreur s’est offert l’unique copie privée de la Liste de Schindler (la vraie, pas le film de Spielberg) pour 2,2 millions de dollars.


news |

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Nettoyage à sec Le leader mondial du nettoyage à haute pression est proprement rincé. En janvier dernier, Kärcher s'est insurgé contre Fadela Amara, qui en avait remis une couche en reprenant la désormais célèbre métaphore de Nicolas Sarkozy. La marque familiale, à défaut de pouvoir lui ravaler la façade, s'était semblait-il contenté de passer un savon à la secrétaire d'Etat par communiqué interposé. Mais, elle a fait monter la vapeur. La marque Kärcher, exaspérée, s'est en effet désengagée des Journées Européennes du Patrimoine qu'elle sponsorisait à hauteur de 200 000€ et d'un projet de nettoyage du Palais Chaillot (qu'elle allait effectuer gracieusement). 2,5 millions de perte sèche, pour le ministre de la Culture, c'est la douche froide.

© Tremplin Milonga

© DR

Échelle de cordes

Balkan Beat

Loin d’être un simple concours corporate visant à éprouver son matériel en live, le tremplin de la célèbre chaîne d’instruments de musique Milonga s’avère un très efficace dispositif d’aide aux groupes émergents. En effet, avec plus de 1000 musiciens inscrits en 2008, 30 000 votants sur le site, une web radio et des concerts de sélections organisés en mai dans les magasins en région, Milonga encourage les musiciens indépendants à exprimer tout leur talent et favorise leur professionnalisation. Gageons que la finale à la Cigale, le 18 juin, nous fera découvrir une nouvelle star. ❥ Inscriptions et

Après avoir brillamment prôné le développement d'échanges culturels et musicaux durables dans la région Nord – Pas de Calais, l'association Rif se transforme en agence de voyages. Pour fêter ses 20 ans, elle a en effet imaginé un bal des plus exotiques. Première escale dans les pays de l'Est avec des musiciens de Bosnie-Herzégovine, de Serbie, et de l'orchestre national du Vetex (Balkan Banquets). Direction ensuite l'Afrique et l'Amérique avec les Dj de l'asso et le collectif parisien Stay Calm (Electro, funk, hip-hop). Bal Trans border, le 24 avril à la salle des fêtes de Fives. ❥ +33 320 49 52 81

votes sur www.tremplin-milonga.com

En 2010, la plus grande brocante belge consacrée au design (des 50' aux 80') étale encore plus généreusement ses puces. Frottez-vous donc à la 9e édition du Brussel Design Market à Tour et Taxis les 24 et 25 avril prochains. // Après Philippe De Villiers qui lui reproche son « satanisme », c’est au tour de Christine Boutin de vilipender la « culture de la mort » du festival métal Hellfest (18 au 20.06 à Clisson). Pour sûr, rien ne vaut le Puy du Fou !


news |

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La politique et l'impromptu R.I.A.D (ou Rencontres Impromptues des Arts D'aujourd'hui) est un festival pluridisciplinaire qui retient des thèmes politiques depuis sa création. En avril, les Dunkerquois sont invités à se projeter en 2029. Dans l'antre de la Duchesse Anne, à l'Atelier Culture, à l’université ou dans la rue, les spectacles, concerts, vidéos et performances esquissent avec humour les évolutions sociologiques, environnementales et économiques de notre monde. ❥ Les

6 et 7 mai, www.atelierculture.fr

Kate Mcintosh © Luc Massin

© DR

Trouble jeu

Des bougies à soufflets

La 6e édition du festival européen de la performance portée par les Halles de Schaerbeek (« Touble #6 ») s'annonce encore plus riche que les précédentes. La soirée d'inauguration place en effet la barre très haut : les Sud-Africains Steven Cohen et Robyn Orlin investissent le spectaculaire musée royal de l'Afrique Centrale (à Tervuren). Et présentent, au milieu des masques, deux pièces déjantées sur l'identité ethnique et les rapports de pouvoir. Aux Halles, une vingtaine d'artistes des quatre coins du monde se relayent, notamment la grande Esther Ferrer et la pyrotechnicienne Gwendoline Robin.

Swing Gadjé nous régale depuis 15 ans de ses chansons festives, de ses airs poétiques droits venus des steppes de l'Azerbaïdjan. De ceux qui vous prennent aux tripes et vous font danser, quels que soient l'heure et le lieu. Taillée pour la scène, cette formation-phare du TireLaine s'offre, en guise de cadeau, un concert événement au Sébastopol le 30 avril. L'occasion de découvrir leur 3e album, la 13 tribu. 10 places à gagner pour les plus réactifs ! ❥ Envoyez vite un

mail à musique.nord@letsmotiv.com.

Du 28.04 au 2.05, www.halles.be

Télex

La Nuit Myrtide, La Chienne, Le B.A.R., Alain Buyse, Pire Fiction, Ritagada, la Compagnie Générale d'Imaginaire et le Collectif La Girafe, bref, le meilleur de l'édition indépendante régionale tient salon à la maison Folie de Wazemmes du 23 au 25 avril. // L’école Estienne (art et industrie du livre, Paris) lance le Printemps de la Typo. Une première édition placée sous le signe de la transmission de l’écrit. www.ecole-estienne.fr



news |

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Des mots en l’air Il y a des créations qui se passent de commentaires. C’est le cas de Bookware, la bibliothèque suspendue, conçue par Mehtap Obuz pour Ilio. Majoritairement en feutre, en la dépliant, on ménage de petits espaces pour accueillir délicatement nos livres et magazines. Cette petite ruche littéraire compose avec les vides et les pleins, organise les pièces, sépare les lieux, mais décloisonne les idées. Bookwave - Bibliothèque suspendue, environ 1000 €

Le son qui cache la forêt Dans la plus pure tradition nordique du design organique, Marcos Ignacio Madia a imaginé un système de sonorisation modulable, à partir de blocs inspirés du tronc d’arbre. Chaque pièce représente un haut-parleur (partie inférieure pour les basses et blocs supérieurs pour les aigus). Le son se propage, tel d’invisibles branches sortant de ces étonnants troncs en plusieurs coloris. De quoi larguer nos vieilles baffles, restées au ras des pâquerettes. ❥ Enceintes Growin’ up, par Marcos Ignacio Madia

Sneakers & graffiti Des Reebok Basquiat ? Les sneakers-addict les ont probablement déjà repérées. Pour les autres (ou pour les retardataires), il s’agit d’une ligne de shoes (revisitant des classiques de la marque : Freestyle, Top Down et Exofit) créée en hommage à Jean-Michel Basquiat, l’un des pionniers du graffiti dans les années 80 et petit protégé d’Andy Warhol. Funky et ultra branchées, ces sneakers sont tout indiquées pour vos prochains vernissages... ❥

Sneakers Basquiat, Reebok, 80 à 120 €




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Simon Roulet © Jack Drougard Gallery texte ¬ Louise Padox

Art

Lille Galvanisée par l'arrivée d'un nouveau directeur artistique, l'équipe de Lille Art Fair a redoublé d'efforts pour offrir aux 12 000 visiteurs attendus un riche panorama de la création d'aujourd'hui. Depuis des mois, elle prépare activement la 3e édition de la foire d'art contemporain lilloise qui affiche de grandes nouveautés. Avec 60 galeries, 260 artistes, ce cru 2010 est plus prometteur que jamais. Rencontre avec Didier Vesse, la tête pensante de l'évènement, un ancien galeriste aussi esthète que lucide.

Fair2010


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Rory Gallagher

© Jef Aerosol

D

éplacements, coups de fil, rencontres, Didier Vesse enchaîne sans sourciller. Pour cet homme passé capitaine le 20 octobre dernier, il s’agit de mobiliser les troupes sans baisser la voilure. Car l’enjeu est de taille : la 3e édition de Lille Art Fair doit être une réussite. Mais curieusement, rien ne semble entamer la bonhomie de cet ancien courtier. La voix

posée, le visage débonnaire, on sent l'homme rompu à l’exercice. « J’ai été galeriste, donc je connais la solitude, les responsabilités et l’investissement liés à cette profession. Et puis je suis passé de l’autre côté du miroir, initiant les foires de Nîmes et de Grenoble. C’est dire si je suis conscient de l’énergie et de la disponibilité que suppose un tel évènement. » De cette double


expérience, Didier Vesse a tiré de nombreux enseignements pratiques. Et une capacité à anticiper les attentes des exposants. Il compte d’autant mieux les mettre à profit que sa participation, en tant que galeriste, aux précédentes éditions a affiné son diagnostic.

Nouvelle donne Chez Didier Vesse cohabitent passion et pragmatisme. La première l’incite à ouvrir les portes de la foire à un public le plus large possible, histoire d’inoculer en masse le virus du collectionneur. Prix d’entrée revu à la baisse, billet valable quatre jours (« laissons à chacun le temps de la flânerie et de la réflexion ») et, surtout, inauguration d’une « Print Art Fair » dédiée aux moins onéreuses estampes et éditions de livres d’artistes. Les simples curieux peuvent même profiter d’une exposition (comprenez sans mise en vente) de 13 créations sur le thème de la Cène*. Ceci dit, ces partis pris n’ont rien d’innocent. Et, du propre aveu du directeur, ils servent la logique commerciale de l’évènement. Pour rendre la foire crédible et attirer de prestigieuses enseignes, il faut que les amateurs d’art contemporains soient au rendez-vous. Et pour cela, il faut également que la foire soit belle. D’où le remaniement des stands pour dégager plus clairement les courants et esthétiques. D’où, également, la diversification des espaces proposés >

En aparté Michel Poitevin Collectionneur du Nord-Pas de Calais

Comment est née votre passion pour la collection ? En fréquentant assidûment les musées dans le sud de la France étant enfant. En commençant à travailler, dans les années 1970, j'ai pu acquérir mes premières oeuvres. Depuis, je suis devenu un « addict » et achète très régulièrement. Qu'avez-vous pensé des deux premières éditions de Lille Art Fair ? C'est une toute jeune foire, qui mérite d'être connue par les galeries les plus prestigieuses. Cela nécessite du temps. Mais déjà en 2008 et 2009, j'y ai vu des pièces très intéressantes et de belle qualité. Je pense, entre autres, à un Combas de 1985 ou un Raymond Hains, vendus en second marché. Cette foire s'adresse à qui, selon vous ? À la majorité des gens. C'est-à-dire aux personnes de la région et de la Belgique frontalière qui investissent avant tout dans l'art pour l’afficher chez eux. Elles trouveront de quoi satisfaire leurs attentes : de belles pièces de facture plus classique : gravures, photos, peintures ou sculptures.



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© Chiyu Uemae, Galerie Yume

Girl with Bicycle © Engbrox, Galerie Vivo Equidem

© Philippe Croq, Galerie D.X

Leslie 4, Cedrix Crespel © Galerie AD

Around the worl © Miwa Nishimura, La 5ème Galerie

Impressions cubaines © Vincent Goutal, Galerie Vivo Equidem


événement |

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aux exposants. « Chaque zone doit être esthétique et attractive. C’est pour cela que j’ai invité les galeristes à ne présenter qu’un ou deux artistes dans des espaces spécifiques. Non seulement ces One Man Shows aèrent la foire, mais ils permettent également de montrer des pièces monumentales comme des sculptures. Cette nouveauté a été très bien reçue. Un tiers des participants y a adhéré ».

En aparté Roger Castang Galeriste depuis 1996, établi à Perpignan

Lille Art Fame À un mois de l'inauguration, Didier Vesse sent déjà les retombées de son travail. Des grands noms ont déjà répondu présents, qui représentent des artistes comme Pouppeville, Combas, Clave, Perez, KRM, Alechinsky, Rousse ou Villeglé. Les galeries et éditeurs de la métropole lilloise, pour qui la foire rime souvent avec dangereux mastodonte, ont en partie surmonté leur appréhension. Et rejoint le Fresnoy et le musée de l’estampe de Gravelines sur la route du Grand Palais. Bien sûr, beaucoup reste encore à faire. « J’ai des objectifs ambitieux pour cette foire qui nécessiteront plus de quelques mois pour se réaliser ». Comme attirer davantage de galeries étrangères, si possible nord européennes, dans le sillage des enseignes belges et allemandes déjà attendues. Et rayonner jusqu'aux portes de Paris, Londres et Bruxelles. Pas de quoi, en tout cas, entamer les réserves d'enthousiasme du nouveau directeur... / * exposition Mise en Cène

Comment avez-vous entendu parler de Lille Art Fair ? Au moment de la toute première édition, un des artistes dont je défends le travail m'a parlé de cette foire et convaincu d'y participer. C'était alors un galop d'essai, mais j'étais très satisfait du potentiel de la région de Lille. C'est pour cela que je suis revenu, ensuite, aux éditions suivantes. En quoi la région vous semble-t-elle prometteuse? J'ai senti lors des trois éditions un véritable intérêt pour l'art contemporain, ce qui n'est pas le cas de toutes les villes. Les gens étaient très réceptifs, et puis relativement jeunes, disons entre 35 et 55 ans. Il s'agit d'une clientèle au fort pouvoir d'achat, insérée dans la vie active et intéressée par la création actuelle. On ressent un véritable goût pour la découverte. Qu'est-ce qu'une « bonne foire » ? Selon moi, c'est le rassemblement de 60 galeries importantes, d'un niveau qualitatif sensiblement identique.


Sperma Cri-Cri © Silvain, Galerie Depyper

Blue Face Target © Peter Klasen,

Galerie Elisabeth Couturier

Que présentez-vous cette année ? Je présente 5 artistes aguerris : Patrice Pallacio, associé à la nouvelle peinture ; Cherif et Reza (aka KRM), un couple d' « urban artists » connus; Patrick Loste et Balbino Giner, deux éminents peintres catalans, et enfin Lachezar, un couple de sculpteurs catalans dont les oeuvres sont particulièrement ludiques. Ce sont presque exclusivement des grands formats postérieurs à 2000.

Galerie Depyper

C'est d'ailleurs tout le travail du directeur artistique que d'assurer cette homogénéité dans le choix des participants. Ce n'est pas une tâche facile car on peut se faire des ennemis. Mais c'est le prix à payer pour que la foire fasse parler d'elle.

LILLE ART FAIR 2010 - 3e éDITION du 22 au 25.04, Lille, Grand Palais, 11h>20h (sf dim, 19h), 8/5€ pour les 4j, 15€ avec catalogue, www.lilleartfair.com Inauguration officielle le 21.04 à 19h. Nuit de l'art (soirée de performances et happenings) le 22.04 jusqu'à 23h




portfolio |

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Plastikk Soldier

®

Collectif, street art // France // www.plastikk-soldier.com

texte ¬ Carole Lafontan

L’école du Posca d’argent Plastikk Soldier®, voici un collectif que certains n’hésiteraient pas à citer en contre-exemple à leurs enfants : « travaille bien à l’école sinon tu finiras comme ces cancres de Plastikk Soldier® ». D’accord, reconnaissons que les élèves Macfly, Kko et Choco, fondateurs du crew, n’ont pas toujours obtenu le tableau d’honneur et les félicitations durant le premier trimestre de leur vie. Mais, à force de persévérance et à coups de marqueurs Posca, ils sont devenus de brillants artistes et infographistes. Oui, rien que ça. Avec, pour - noble - ambition, de faire de l’art urbain le fil rouge et le champ d’application de tous leurs projets (je sais, ça en jette). Déjà quatre ans que Plastikk Soldier® existe comme association et marque déposée. Elle n’a cessé de prendre de l’ampleur, rassemblant aujourd’hui une quinzaine d’artistes en France (photo, Dj, Mc, bijoux…). Elle participe ou initie de nombreux événements (festivals, marchés créatifs…), notamment l’exposition Poska Nostra®, dont la deuxième édition vient de s’achever à Saint-Étienne-du-Rouvray (76). Bref, Plastikk défend avant tout la cause des street-artists émergents. Retrouvons ici les créations de l’infographiste Macfly (auteur de la couv’ entre autres) et de Kko (plasticien), deux artistes résidents. Nettement plus intéressant que de s’attarder sur leurs anciens bulletins scolaires… /








rencontre |

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Survival Group

Arnaud Elfort Marche et crève Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Arnaud Elfort, Guillaume Schaller

« On n’est pas bien là, paisible, à la fraîche, décontracté du gland ? » Pas sûr que le Depardieu des Valseuses puisse sortir la même tirade en plein centre-ville aujourd’hui. Car pour être, ne serait-ce que paisible, mieux vaut se lever tôt. Et oublier de s’asseoir. Depuis une dizaine d’années, le plasticien Arnaud Elfort voit fleurir dans le métro ou les gares des équipements qui empêchent les SDF de se poser. Même les Assedic ont adopté ce genre de mobilier ! Son collectif, Survival Group, a donc organisé une performance pour dénoncer, avec force ironie, cette tendance. Dans la foulée, cette équipe a constitué un véritable herbier des piques, bancs inclinés, plots et autres joyeusetés vicieuses imaginées pour vider la rue.


Quel est le point de départ de cette banque de données ? Nous voulions constituer une documentation qui complète notre performance. Jusqu’alors, on n’avait pas saisi l’ampleur du phénomène. Nous ne percevions que ses plus violentes manifestations – les piques devant les banques, par exemple. Puis, notre regard est devenu plus affuté et on a découvert d’autres objets, des plots devant un porche ou sur une bouche d’aération, des bancs étrangement inclinés… On retrouve ce « mobilier » partout : aux états-Unis, à Londres, à Rennes, Paris… Quel que soit l’arrondissement ou l’orientation politique de la mairie, d’ailleurs. Justement, ce projet est-il politique ? Il y a évidemment une dimension sociale. Mais le terrain de l’art n’est

pas efficace pour mener ce genre d’opération. Il ne s’agit pas de faire la morale ni même de dégrader les objets, mais simplement de mettre l’accent sur leur fonction première. Je ne suis pas militant, mais, en tant que plasticien, je peux décoder ce mobilier, montrer sa véritable utilité derrière l’esthétique. Notre marge de manœuvre est dérisoire. Pour autant, si ce travail permet d’ouvrir les yeux à certains, c’est déjà ça de pris. Le contraste entre l’aspect décoratif et leur fonction réelle vous a-t-elle choqué ? Dans un premier temps, oui. Il s’agit parfois de jolis galets, par exemple. Mais finalement, le design, c’est quoi ? Rendre des objets plus beaux et plus désirables dans un seul but : les vendre. « Rendre la


« Une politique hygiéniste qui pousse à tout bétonner, à rendre la ville encore plus agressive » vie plus belle », comme on l’entend souvent, c’est du flan. Il s’agit avant tout de faire travailler l’industrie, la croissance… à l’image de Philippe Starck. Alors évidemment, les designers eux-mêmes se retrouvent face à un dilemme : se révolter contre ces armes potentielles, ou accepter de les créer, car il faut bien vivre… S’agit-il donc d’un véritable marché ? Bien sûr. Certaines entreprises vendent des plots anti-stationnement à l’unité. Avec un seul exemplaire, on

ne peut réaliser un dispositif antiSDF. Il en faut une vingtaine. C’est donc le client qui décide de son usage – rien n’est clairement énoncé. c’est beaucoup plus subtil. Avez-vous noté des innovations dans ce surprenant commerce ? Nous avons effectivement repéré quelques nouvelles « tendances », dont les doubles portes devant les garages. Une première grille amovible et télécommandée protège la porte « traditionnelle », en tôle ondulée. Ce système empêche quiconque de squatter sur le côté de l’entrée. >


rencontre |

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« C'est un dispositif pervers qui contraint sans recours à la force. » L’autre tendance, ce sont ces buissons denses et extrêmement touffus. Ce n’est pas par souci de créer un jardin, c’est réellement pour occuper l’espace. Et l’écologie, plutôt en vogue, est utilisée pour chasser les sans-abri. On déplace le problème plus qu’on ne le résout… Absolument. Moi-même, je n’ai pas de solution à offrir clé en main. Mais je constate qu’avant, les SDF trouvaient refuge dans le métro. À partir du moment où ils n’y ont plus accès, ils remontent en surface. Et à l’extérieur, on crée alors ces dispositifs qui les obligent encore à se déplacer. Cette politique hygiéniste pousse à tout bétonner, à rendre la ville encore plus agressive. Plus agressive, certes, mais ces constructions n’évitent-elles de faire usage de la force ? C’est vrai. D’ailleurs, elles n’interdisent pas de s’asseoir. On peut s’installer sur des piques ou sur un plan incliné, mais ce n’est pas confortable. Alors, on décidera « librement » de s’en aller. C’est un dispositif imperceptible mais per❥

À découvrir / www.survivalgroup.org

vers qui contraint sans recours à la force. Cette répression est présente, mais pas spectaculaire. Au-delà des SDF, ces équipements chassent tout le monde, finalement… Oui, nous nous sommes focalisés sur les sans-logis, car c’est ce qui nous paraissait le plus violent. Tout ceci fait partie intégrante d’un réinvestissement politique de l’espace public, qui concerne aussi la jeunesse, puisqu’on crée aussi du mobilier anti-skateurs. La rue, et plus généralement la ville, ont été repensées de manière sécuritaire – prenez les caméras de surveillance, omniprésentes. Autre exemple, la Gare du Nord : elle a été remodelée, elle est plus lumineuse, plus spacieuse, mais c’est un gigantesque centre commercial. D’espace de vie, la rue est devenue espace de flux. Si tu veux discuter, tu vas dans un bar. Il n’y a plus d’espace de gratuité où chacun peut se poser, échanger, hors des circuits commerciaux. C’est la condamnation de la position assise, et la redirection vers les espaces de consommation. /



Ondes de choc texte ¬ Julien Collinet - photos ¬ Arthur Baches et Julien Collinet

En Haïti, le séisme n’a pas sévi qu’à Port-au-Prince. 230 000 morts, peut être 300 000, soit l’une des catastrophes naturelles les plus meurtrières de l’histoire. À quelques kilomètres de l’épicentre, Petit-Goâve est dévasté. Ici, dix-sept stations radio se sont associées pour continuer leurs émissions malgré tout. Une initiative bénévole, sans publicité, révélant un certain amateurisme, mais une immense détermination.


reportage |

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Les hauts parleurs des transistors vibrent encore dans les camps de rĂŠfugiĂŠs.


reportage |

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« Face à la sinistrose, un simple transistor à piles les raccroche au monde. »

L

e soleil tape fort et la poussière balaie Petit-Goâve. À deux heures de Port-au-Prince, la petite ville côtière de 120 000 habitants a subi le séisme de plein fouet. Il ne reste plus rien de l’église et l’hôtel de ville va être rasé. Ici, l’aide internationale arrive au compte-gouttes. Dans une cour, sous une bâche, des mères de famille font frire des bananes. À côté, des hommes discutent de l’actualité. Au milieu des chèvres et des coqs. D’autres, armés de stylos bic, griffonnent des dizaines de feuilles de papier sur une table bancale. Ils sont tous journalistes. Concurrents il y a quelques semaines, ils travaillent de concert à un étonnant projet : les 17 directeurs de radios de Petit-Goâve ont décrété l’union locale pour continuer à émettre. Une démarche qui

peut sembler dérisoire : une grande partie des habitants de cette région a tout perdu. Mais, face à la sinistrose, un simple transistor à piles les raccroche au monde.

Reprise de l’antenne Jusqu’au 12 janvier, Élisée Sincere était fonctionnaire à la Cour des Comptes. Durant son chômage forcé, il a réussi à sauver des décombres l’émetteur de Radio Men Kontre, la station de son père. « Je me suis débrouillé pour le réparer, on n’avait pas de technicien sous la main, j’ai donc appris sur le tas ». Grâce à ce sauvetage inespéré, chaque jour, la communauté médiatique de la ville se relaie pour émettre* de 16 h à minuit avec, en point d’orgue, un grand « News show » de 17 h à 18 h. « On ne peut pas diffuser toute la journée, explique Mortigène, le père d’Elisée. L’essence coûte trop cher pour alimenter le groupe électrogène ». Trois gallons sont consommés chaque jour, soit une facture de 500 gourdes (près de 10 euros). Les caisses étant vides, les journalistes travaillent bénévolement et se cotisent pour régler la note. Malgré les drames personnels, ils sont venus dès le 14 janvier devant les locaux de Radio Men Kontre. > * sur la FM (104.1)


Dieudonné Délice et Bertonny Edouard, les deux présentateurs du journal. Dans l'inactivité ambiante, la radio sert souvent d'exutoire.


Centre-ville de Petit Goâve. / Habitant de Petit-Goâve devant sa maison détruite.

« Notre rôle est fondamental. Les gens avaient besoin d’être informés, poursuit Mortigène, ne serait-ce que pour recevoir de l’aide. Nous annonçons les distributions d’eau et de nourriture ».

Les moyens du bord La conférence de rédaction débute dès 6h du matin. Puis, chacun part en reportage jusqu’à 15 h. Jeff revient de la capitale avec une interview « exclusive » de l’ambassadeur canadien en Haïti. Il a supporté 5 h de tap-tap, les taxis collectifs locaux. À côté, Mac Arthur pirate avec un dictaphone un reportage diffusé par RFI sur son transistor. « C’est sur les ONG. Elles dépensent un fric considérable alors qu’on crève de faim ici », déplore-t-il. Le sujet passera dans le journal du soir. Sous une tente offerte par les Nations Unies,

Elisée peut lancer le jingle d’ouverture. Un PC vieillissant et un logiciel de montage freeware suffisent à faire tourner la machine. « C’est parti pour une heure de Bob Marley, les gens lui vouent un véritable culte ». Air Jordan aux pieds, Henri, vieux rasta édenté, la soixantaine bien consommée, apprécie. En rédaction, ça s’active, les assistants des deux animateurs n’ont toujours pas cessé d’écrire. Le fil du journal prend forme. Les deux « stars », Dieudonné Délice (Radio Klofapierre) et Bertonny Edouard (Radio Echo 2000) évoquent les risques du métier : « être journaliste est un métier extrêmement dangereux en Haïti ». Brignol Lindor, un ancien collègue d’Édouard a été assassiné le 3 janvier 2001 à coups de pierres et de machettes pour s’être publiquement opposé au dictateur Aristide. >



16 h, la rédaction est en ébullition.


Radio Men Kontre accueille sur sa fréquence les 17 stations de Petit Goâve.

« Être journaliste est un métier extrêmement dangereux en Haïti. » Derrière le micro 17 h. Élisée commence à installer le plateau. La table occupée par la rédac' est réquisitionnée. Il pose en urgence deux micros branchés à la console. C’est parti pour la grandmesse. Les animateurs lancent les titres, les journalistes se succèdent, dictaphone à la main, pour diffuser leurs reportages. Jeff, sans doute trop ému par son interview du jour, oublie de stopper sa K7. « On peut prendre une photo ensemble M. l’ambassadeur ? » Sourires gênés. Actualités locales, internationales, doléances enregistrées quelques minutes auparavant seront diffusées au cours du journal. Il est déjà 18 h, la nuit vient de tomber, place au débat. Les Haïtiens en sont par-

ticulièrement friands. Hitler Sisme et Roland Laguerre (19 et 20 ans) naviguent en roue libre sur Libération.fr et BBC News pour commenter l’actu. À côté, James Crown, le rappeur s’échauffe pour son émission. Un brin mégalo, T-shirt à son nom, « James Crown the real Man », s’essaie à une impro hasardeuse plus proche de Mariah Carey que de son idole 50 Cent. « Je passe du rap des bas quartiers à Port-Au-Prince, le centre névralgique du hip-hop Kreyol. » Le DJ de Radio Klofapierre spécialisé dans la chanson française prépare sa playlist. À minuit, le centre des médias cessera d’émettre et les Petits Goaviens s’endormiront sur un dernier tube de Gérard Lenorman. /




Photographe ¬ Laurent Vilarem (www.kubik.pro) en collaboration avec le retoucheur F. Blaszczyk // Photographes assistants ¬ B. Azais, E. Jondreville, N. Bergstrom // Modèles ¬ Stephania Matteagi, Mayui , "La Mule" // Maquilleuse - coiffure : K. Hamelle (avec les produits Helena Rubinstein) // Logistique : N. Laboucarié et Vivien Remerciements aux marques Lacoste, Schmoove et Last chance Garage (Denis et Jean-Luc)

Death Proof


mode |

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Stephania : Polo et jupe Lacoste


Stephania : Lunettes Bruno Chassignand, Robe Obey cool breeze, chaussures Lorel REPETTO La Mule : Tee shirt Eleven, Jean Energie, Baskets Vans Mayumi : Maillot Felicita, Sandales Recoleta Sessun


Stephania : Veste verte Blair Jacket 2, Veste et Combishort OBEY, Chaussures Repetto Lorel La mule : Veste zippÊe et marinière American Apparel, Short Fred Perry Mayumi : Maillot Felicita, Sandales Recoleta Sessun


La Mule : Lunettes Bruno Chassignand, Marinière American Apparel, AnaÍlle Jean Energie, : Combinaison Chaussures Franklin Schmoove & Marshall


Stephania : Robe et sac Sessun, sandales Lorel chez REPETTO


KitsunĂŠ Le look, le renard et la galette


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Interview Propos recueillis par ¬ Hakima Lounas - photos ¬ DR

Kitsuné. derrière ce nom saugrenu qui signifie renard en japonais, se cache un concept novateur alliant musique et mode, tradition et modernité. Gildas et Masaya, les rusés directeurs de ce label, rendent les grandes maisons de disques jalouses avec leur flair hors du commun. ils ont propulsé Hot Chip, les Klaxons et plus récemment La Roux sur le devant de la scène. Et, comme si cela ne suffisait pas, leur marque progresse en parallèle sur le marché de la mode, affichant déjà 5 collections élégantes et intemporelles. Rencontre sans coups de griffes depuis leur tanière du 1er arrondissement de Paris. Que faisiez-vous avant la création de Kitsuné ? Masaya : Avant de rencontrer Gildas, je travaillais pour une agence d'architecture et pour une boutique de vintage. Il y a 7 ans, lors d'un voyage au Japon, Gildas et moi avons décidé de créer Kitsuné. Gildas : Oui, à l'époque je travaillais encore avec Daft Punk. On avait emmené Masaya au Japon pour le tournage d'un court-métrage. Avant, je tenais une petite boutique de disques dont les deux

membres de Daft Punk (qui démarraient à peine) étaient clients. On s'entendait si bien que j’ai ensuite travaillé avec le duo pendant une quinzaine d'années, notamment en tant que label manager et conseiller artistique pour plusieurs pochettes d’albums. Comment définissez-vous la ligne artistique de votre label et de votre marque de vêtement ? M : Les vêtements Kitsuné sont à notre >


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« On n’a pas envie d’être underground. » image, ceux que Gildas et moi voulons porter tous les jours. On s'inspire du quotidien, ce sont des modèles simples, aux codes classiques mais d'une excellente facture. G : On cultive le chic à la française. On revendique la même image pour notre label clairement identifié à Paris. Sur le plan musical, on privilégie des artistes avec lesquels le courant passe et dont les chansons sont susceptibles de toucher un large public. Cela ne nous intéresse pas de faire des trucs underground. D’ailleurs, La Roux a décroché la première place des charts en Angleterre. Actuellement, Two Door Cinema Club tourne sur Virgin Radio, Ouï FM, le Mouv'... M : Nos exigences en matière de mode et de musique se rejoignent, on mise toujours sur la qualité et la longévité. On vise l'intemporel.

Pas de merchandising, mais les groupes Kitsuné sont bien habillés en Kitsuné, non ? G : Ça c'est autre chose… À la limite, ça nous gêne pour être tout à fait honnête. Dans les contrats, il n'est jamais stipulé que les artistes doivent porter du Kitsuné. Après, si les mecs apprécient notre marque, on ne va pas leur interdire ! Un tas d'artistes qui n’ont rien à voir avec nous portent aussi nos vêtements. M : Oui, Alexis de Hot Chip était encore à la boutique hier par exemple. Des personnalités du monde du cinéma, de la télé, et bien d’autres qui ne connaissent pas le label nous rendent visite.

Produisez-vous de la musique pour vendre des vêtements ou l'inverse ? G : À l'origine, on a simplement créé une marque de prêt-à-porter qui nous plaisait, en surveillant de près les matières, les coupes et la fabrication. Pour la musique, c'est pareil, on se fait plaisir sans chercher la facilité. Sans renvoyer l’une de nos activités vers l’autre, sans merchandising. Ce serait trop facile, on aime le challenge et l'idée que chaque activité soit complètement indépendante. D’ailleurs, je

Laquelle de vos activités est la plus rentable, la mode ou la musique ? G : Il y a certainement plus de marge à réaliser avec le vêtement en ce moment. En France, le marché du disque n'existe plus, il a chuté de 80 % en 5 ans. Mais, les gens trouvent normal de télécharger de la musique gratuitement. On essaie de se persuader que cela ne nuit à personne alors que tant d’artistes en souffrent. Maintenant, ils sont obligés d'avoir deux métiers. C'est ça l'industrie

pense que nos clients ne se croisent pas vraiment. Notre ligne de vêtements touche un public de 40 à 50 ans, tandis que notre musique concerne les 15-35 ans.


du disque aujourd'hui, pas autre chose. Chez nous, pour un album qu'on vend il y en a 30 ou 40 qui sont piratés… On a sorti celui de Two Door Cinema Club en digital à 5 €, alors qu'on ne se foute pas de notre gueule sur le mode « c'est trop cher ». Nous réalisons d’ailleurs plus de 60 % du chiffre en digital.

À quand un album de Gildas & Masaya ? G : (rires) Jamais... On ne sait pas composer de musique, autant laisser les autres s'en charger ! On est de très bons directeurs artistiques, chacun son métier… Les lecteurs de Let'smotiv peuvent nous en remercier ! /

à découvrir / Kitsuné Maison 9, « The Petit Bateau edition or The Cotton Issue » : sortie 26.04 jusqu'au 24 avril, Kitsuné participe à l'exposition « Esprit Factory » au Bon Marché, 38 Rue de Sèvres, Paris, +33 144 39 80 00


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texte ¬ Sebastian Brzyski photo ¬ Estelle Morant

David Lefranc

Droit au beat Partagée. C’est ainsi qu’est la carrière de David Lefranc, entre droit et musique. Portrait de cet avocat arrageois trentenaire, spécialiste de la propriété intellectuelle, qui a sorti dans les années quatre-vingt-dix plusieurs titres de techno avant d’enfiler la robe noire. Derrière cet air BCBG, cette figure angélique et ces vêtements sages se cache un homme qui évolue dans un entremonde. Quand on gratte, on découvre un avocat atypique. Et même déjanté. Façon Monty Python. La comparaison lui plaît. David Lefranc, 34 ans, inscrit au barreau d’Arras depuis 2006, a d’abord été un fondu de musique électronique avant d’embrasser la carrière de professeur de droit, spécialiste du code de la propriété intellectuelle, puis celle de « baveux », donc. Tellement

grisé par les beats synthétiques qu’il en a produit trois « maxi 45 tours », comme on disait au siècle dernier. Certains passeront sur radio Galaxie. C’était dans les années 93-94. « Mon premier pseudo était Nox mais la Sacem m’a dit que c’était déjà pris. Alors j’ai choisi The Necromorph. » Il rit. Techno mais pas trop Cette musique digitale lui permettait d’exprimer « un bouillonnement morbide » en lui. Quelques virées dans une >



portrait |

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boîte techno belge lui font passer son enthousiasme. Il aime cette musique, mais pas les gens qui l’écoutent. « Le milieu de la techno, j’ai toujours détesté. sans doute parce que j’étais un fils de bonne famille, trop douillet. » Les premières années de droit derrière lui, il lui faut trouver un sujet de mémoire. Il planchera sur le sample, forcément. Un travail salué par ses profs. Il enquille et soutient une thèse. Rangé des machines L’essentiel de son travail c’est aujourd’hui la propriété intellectuelle. Il intervient aussi parfois dans des

dossiers pénaux au tribunal d’Arras. Le bâtonnier est son cousin, Jean-Louis Lefranc. Le second dit du premier : « Sa façon de plaider n’est pas classique. C’est plus structuré d’un point de vue juridique et puis il a une culture littéraire qui donne une étoffe. » Le petit plus : un « humour à froid » très britton. Pour David Lefranc, « quand la musique est bonne, peu importe le genre ». Il est passé de la techno à la musique noire américaine. Ses machines, samplers et claviers, il les a rangées, fatigué du « bidouillage ». Il chante désormais en s’accompagnant au piano et il songe à faire de la bossa nova. /



On ira tous aux

Paradis Iggy And The Stooges The Prodigy Damien Lazarus Crookers Arrested Development + Fools Gold The Bewitched Hands On The Top Of Our Heads Yacht

Avec son festival de printemps, l’équipe d’À Gauche de la Lune propose 33 façons de fouler le sol ouateux du paradis. En troquant le ronchon Saint-Pierre contre une soixantaine de formations musicales, le tourneur septentrional

se

montre

bien décidé à accueillir les pêcheurs de tous bords. Chanson française, funk,


événement |

chacun aura le droit à son petit nuage.

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hip-hop, pop, rock, électro ou minimale, chacun aura le droit à son petit nuage. En chemin vers l'Eden, vous y croiserez quelques revenants célèbres (Iggy Pop, Arrested Development, Prodigy, Gladiators...) et des dizaines d'angelots fraîchement auréolés (Wave Machines, Yacht, Crookers, The Subs, Tender Forever...). Let'smotiv décrypte le programme de cette grand messe pour rendre, enfin, les voies du bonheur pénétrables.

française ☛ Chanson funk hip-hop

pop rock

électro

minimale


IGGY POP AND THE STOOGES 17.04, 19h, Lille, Zénith, 37/33€

L’histoire sans fin

© DR

Devenu VRP d’une démence à la marque déposée, Iggy Pop ramène son Sport-Elec au Zénith de Lille. On peut assister à la séance. Tout en se posant deux ou trois questions en chemin. texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Iggy © DR

Iggy Pop, c’est quoi ? Vu de loin, un pantin sec comme un coup de trique gesticulant, malgré son âge, durant un peu plus d’une heure. Et… c’est tout ? Disons qu’on sait à quoi s’attendre. Un garage rock primitif, (ou protopunk, appelez-ça comme vous voulez) et des tubes affreux, sales et méchants : 1969, I Wanna Be Your Dog, Search And Destroy, Raw Power, No Fun… Oh, ben ça doit valoir le coup, alors ! Pas sûr. Finalement, pourquoi aime-t-on Iggy Pop ? Pour une sauvagerie sans limites à l’époque des Stooges. Détruire l’utopie hippie à grands coups de tessons de bouteilles, créer le punk rock avec une demi-décennie d’avance. Finir en HP. En être sorti grâce à David Bowie. Enregistrer deux Lp’s majeurs à Berlin. Traverser le désert dans les 80’s. Signer un album à la Sinatra à l’orée du troisième millénaire. Et mourir ? Non, au lieu de ça, le sexagénaire enregistre deux disques miteux (l’un avec ses acolytes, l’autre en solo) et continue son numéro archi-rôdé sur toutes les scènes du monde – seuls les Ting Tings ont dû faire plus de festivals que The Stooges. Le plus triste, c’est que l’Iguane mime ici sa folie passée. On ne reproche pas aux bluesmen de vieillir. Ni à Lou Reed de revenir avec le Velvet. Car ces chansons sont adultes. Celles de The Stooges poussent leurs auteurs à surjouer un concentré de nihilisme adolescent. Anachronique. /


THE Prodigy Difficile de ne pas céder à la tentation du concert anachronique et régressif, de ceux qui vous rappellent la joyeuse débauche des premières raves parties. Des soirées underground que le big beat débridé de The Prodigy avait don de matérialiser, transpiration et sourire béat compris. On le sait, la cultissime machine à hymnes anglais s'est enrayée depuis les années 2000. Mais ne boudons pas notre plaisir et voyons si en live Liam et ses comparses demeurent des firestarters !

Crookers + Prodigy + The Subs 14.04, 19h30, Lille, Zénith, 33€

Prodigy + Crookers + The Subs 14.04, 19h30, Lille, Zénith, 33€

© DR

crookers Il y a 2 ans, la presse dénonçait les sons tapageurs des Crookers alors que les kids se tortillaient sur Day and Night. Retournement de veste inattendu, les détracteurs du duo transalpin sont devenus leurs plus grands zélateurs à la sortie de Tons of Friends (mars), premier album du duo. Un disque qui rassemble le pire du mainstream (Will I Am, Yelle) et le meilleur de l'indie (Miike Snow, Spank Rock). Un « mi-figue mi-raisin » qui nous pousse à voir le live, histoire de trancher une fois pour toute !

Family N.A.M.E

© DR

Family N.A.M.E : Damian Lazarus, Jamie Jones, Clive Henry, APM001 17.04, 22h, Lille, Tri Postal, 10/13€

Depuis 2009, le label du N.A.M.E festival place les grands pontes de l'électronique (Radio Slave, Chloé...) aux côtés de talentueuses découvertes. Outre ces maxis, cette grande famille organise régulièrement des soirées. Celle-ci met à l’honneur le label Crosstown Rebels avec Jamie Jones, Clive Henry et le boss Damian Lazarus. Quiconque a déjà assisté à une prestation de ce dernier sait à quel point il excelle dans les ambiances deep et hypnotiques. Une affiche présentée comme un avant-goût de la prochaine édition du festival...

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ARRESTED DEVELOPMENT + FOOL'S GOLD 17.04, Lille, L’Aéronef, PRIX ET HORAIRE ???

© Twovital

Double détente texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ Arrested development © Twovital

Dans l’Arme Fatale, le vieux sergent Murtaugh se coltine Riggs, un partenaire fougueux, pour une enquête assez coton. Aux Paradis Artificiels, c'est un peu pareil. Arrested Development, formation hip-hop mythique des années 90 partage la scène avec une bande de Californiens pétulants, Fool's Gold. Happy end et souvenirs garantis !

Cette analogie comporte évidemment des limites. Arrested Development n’a rien d’une formation de vieux ronchons. Au contraire, Speech et les siens se sont imposés grâce à des mélodies enjouées, des couplets positifs, loin des clichés du gangsta rap qui sévissait dans les années 90. Pas innocente pour autant, leur formule à base de hip—hop, funk, blues et soul comporte une subtile dose de revendication sociale dans la lignée de Sly & The Family Stone. Quant à Fools Gold, jeunes, mais déjà mûrs, ils ont livré l’un des disques les plus excitants de ces derniers mois. Ces Américains facétieux baladent leurs rythmes du continent Afrobeat aux îles Zouk, sans crainte d'y ajouter un chant en hébreu. Néanmoins, leur album n’a rien à faire dans la catégorie « world ». C’est là le tour de force de Fool’s Gold : offrir une excellente synthèse de la « sono mondiale », en se dégageant des boubous pastels et des attributs folkloriques, souvent synonymes d’un délavage occidental. Avec Arrested Development comme cerise (ou madeleine) sur ce gâteau haut en couleurs, inutile de vous préciser d’arriver bien à l’heure. /


The Bewitched + John & Jehn 15 avril, 19h30, Lille, Maison Folie Moulins, 13,80€

THE BEWITCHED HANDS ON THE TOP OF OUR HEADS

Yacht + Wave Machines 14.04, HEURE, Lille, Maison Folie Moulins, 13,80€

© Sarah Meadows

Repérés grâce à leur collaboration avec Yuksek (reprise de Tonight, featuring sur So Far Away From The Sea), cette joyeuse bande confirme la fertilité musicale du sol champenois. Comme Brodinski, The Shoes et donc Yuksek, ce groupe au nom ridiculement kilométrique est né à Reims, mais se distingue par son style bigarré. Inspiré par la folk américaine, The Bewitched balance ses insouciantes pop songs en brandissant guitares et tambourins. Les harmonies vocales confirment les inspirations 70's de ces 7 ensorcelés déjà ultra-bookés à l’étranger. Souhaitons-leur le même destin que Phoenix.

Yacht Un nom de bateau pour un groupe qui ne l'est pas, assurément. En combinant la production léchée de Hot Chip et le phrasé impeccable de New Young Pony Club (frappant à l'écoute de Psychic City), Yacht oscille entre électronique classieuse et pop dansante. Signé sur le label de LCD Soundsystem (DFA), le groupe de Portland a revisité la musique moderne sur son deuxième album, See Mystery Lights, dont la sortie en septembre est passée étonnamment inaperçu. L'équipe des Paradis contribue à sortir de l'anonymat ce fringant duo, en compagnie de Wave Machines, autre groupe de pop rock hélas tout aussi méconnu. De belles découvertes en perspective !

© DR

Les paradis artificiels Du 12 au 19.04 Lille, Tourcoing, Roubaix www.paradisartificiels.fr

à voir aussi / Nouvelle Vague, Gladiators, Wave Machines, Archive, Wax Tailor, Alice Russell, Absynthe Minded, Dan Le Sac, Black Box Revelation, Missill, Daniel Johnston…

APERO RCV « What’s Up » - Émission en direct de la Péniche, du 12 au 17.04 (mar > sam, de 18h à 19h30) THE BAZZOOKAS - Un SchoolBus américain avec une dizaine de musiciens sillonne les rues de Lille du Jeudi au dimanche pendant toute la durée du festival. www.myspace.com/bazzookas PASS - Les pass paradis artificiels (10 formules différentes, entre 22 et 66€) sont en vente exclusivement sur www. lesparadisartificiels.fr


musique |

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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ DR

Vibrante angoisse Indubitablement, la musique de Fuck Buttons est planante. Au point de faire délirer, voire halluciner, la presse musicale spécialisée. Qui la compare à « un lever de soleil sur la mer, qui se transformerait en supernova ». Ou nous dit que « jamais deux garçons ne se sont autant approchés de la fin du monde ». Nous sommes d’accord, ça ne veut pas dire grand chose. Mais ça témoigne au moins de l’enthousiasme que suscitent ces deux Bristoliens, apparus en 2004, et qui, depuis, ne cessent de faire parler d’eux, en bien. Tout commence à l’école d’art de Bristol, où ils étudient : l’un a besoin du talent de l’autre pour faire la bande-son de son film. Très naturellement, ils renoncent au graphisme pour se consacrer à la musique. Mais quelle musique, alors ? , me direz-vous. Un mélange de drone métal et de noise, vous répondrai-je. Ce qui ne vous avancera sans doute pas. Alors je vous dirai que Fuck Buttons compose une musique électronique épurée, répétitive, aérienne, assez anxiogène malgré sa légereté. Quelques synthés, des vieux micros Fischer-Price, un chant sans parole. Une expérience auditive étonnante : comment, avec si peu, engendrent-ils autant de tension ? Une question à laquelle vous aurez deux occasions de trouver des réponses, car les voilà en tournée pour célébrer la sortie de leur premier album, Tarot Sport. Des concerts qui ressemblent à des minis-festivals, puisqu’ils sont entourés d’au moins trois autres groupes. / ❥

FUCK BUTTONS 10.04, 20h, Courtrai, De Kreun, avec Three Trapped Tigers ; B-Kant Party met OA Joe Berluck ; Mauro Pawlowski…, 14€, +32 5 637 06 44 11.04, 17h, Bruxelles, AB, avec 65 Days Of Static, Mount Eerie, Tomàn, 18€, +32 2 348 24 24



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Bil Zelman

Prendre un enfant par la main On voudrait jouer les vieux cons, mais on a rarement l’occasion d’admirer une telle transformation. D’accord, il y eut Radiohead, qui prit tout le monde de court en attachant son indie rock à l’arbre pour bifurquer vers les autoroutes de l’abstract pop. Mais Midlake a véritablement grandi. Evolué. Fait son chemin, tout seul comme un grand. Entre nous, il y a seulement six ans, le groupe de Denton (Texas) nous faisait un peu l’effet d’un Tanguy. Sympathique, là n’est pas la question. Mais vraiment, trop appliqué à imiter ses modèles devant le miroir. Nous le laissions faire – fallait bien que jeunesse se passe – et puis, nous partagions les mêmes marottes : Grandaddy, The Flaming Lips… N’empêche, son premier Lp, Banman & Silvercork (2004), était une dissert’ un brin scolaire. Puis, un beau jour, Midlake a fait son baluchon et un bisou à ses influences, puis s’en est allé tracer sa propre route. Nous laissant, sa mère et moi, comme deux ronds de flan. La crise d’ado passée, le voilà qui rentre avec The Trials Of Van Occupanther (2006). « Damned ! » nous sommes nous écriés, ajoutant au charme désuet de l’album. Le gaillard revisitait l’héritage folk rock US 70’s, de Fleetwood Mac au Crazy Horse. à peine le temps de nous conter ses péripéties que Midlake filait dans les vertes contrées du folk britannique (Bert Jansch, Pentangle..). Harmonies vocales à tous les étages, batterie paternaliste, guitares vintagew et flûtes célestes, The Courage Of The Others (2009), c’est aussi et surtout le sien. C’est pas pour jouer les vieux cons, mais on est sacrément fiers de ce p’tit gars. / ❥

midlake 15.04, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 16/13€, +33 320 70 10 00 23.04, 20h, Anvers, Trix, 20/17€, +32 3 670 09 00



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texte ¬ Audrey Chauveau photo ¬ Rob Walbers

Le loup et l'agneau Le timbre délicatement éraillé, la voix puissante et souple comme un chat, Selah Sue a conquis la Belgique sans avoir sorti un seul album. Portée par son impétueuse jeunesse, sa guitare et de saisissants a cappella, elle s'est taillé de concerts en festivals, l'étoffe d'une grande chanteuse. Espérons qu'elle trouve enfin le chemin du studio. Teint de porcelaine, yeux célestes, crinière blonde. Des airs de poupée fragile vite démentis par une voix pénétrante. À 21 ans, Sanne Putseys de son vrai nom, passe du hip-hop au reggae avec une aisance et une maturité déconcertantes. La jolie brisure de sa voix soul rompt la mélancolie de sa guitare folk comme elle accentue l’énergie de son flow ragga. Milow, qui l'a repérée à 17 ans et placée sous les feux de la rampe, ne s'y est pas trompé. La jeune sirène a ensuite séduit Jamie Lidell et Pascale Picard, qui lui ont confié les premières parties de leurs concerts belges. À l’avenir, la belle souhaite collaborer avec des musiciens qui partagent son goût pour le métissage musical. Histoire de troquer sa guitare contre une instrumentation plus riche. Et mieux servir ses textes explorant les méandres obscurs de l'âme humaine. D'ici là, elle poursuit une tournée, évoluant entre le ragga péchu d'une meilleure Nneka et la soul excentrique d'Erykah Badu. Exigeante, elle prend son temps pour concocter un album à la hauteur de son ambition. En attendant son premier opus, on profitera donc de cette prestation scénique digne d'une diva black sur les planches de l'Ancienne Belgique. / ❥

Selah Sue 15.04, Bruxelles, Botanique,

complet ! + 16.04, Bruxelles, Ancienne Belgique, complet !



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Sebastian Mlynarski

Holly pop Pour réussir une intro ennuyeuse, j’ai un petit secret : placez les mots « premier album renversant », « Brooklyn » et « produit par David Sitek » dans la même phrase. Puis balancez sans coup férir les mots « révélation 2010 », histoire de corser le tout. Et hop ! Ni une ni deux, vous voici avec un début d’article qui suinte la banalité. Classe, non ? Et pourtant… On n’a pas trouvé mieux pour évoquer l’apparition d’Holly Miranda. Vingt-sept piges, un passage au sein de The Jealous Girlsfriends, l’envie de voler de ses propres ailes, et la voici qui signe The Magician's Private Library, un premier album, euh… renversant, qui placerait même cette jeune femme issue du vivier de Brooklyn (comme par hasard !) parmi les… révélations 2010 ? Tiercé dans le désordre, donc. En ajoutant tout de même que la production, assurée par le TV On The Radio en chef, David Sitek, y est pour beaucoup. Pour faire simple : on y retrouve tous les ingrédients qui faisaient mouche dans le premier Lp de Scarlett Johansson : sons marécageux, voix diaphane et nuageuse, subtilement retravaillée. Cet album stratosphérique renvoie à El Perro Del Mar ou Au Revoir Simone, et surtout à l’âge d’or du label 4AD (Cocteau Twins, This Mortal Coil…). Cette dream pop enchanteresse passera-t-elle la rampe, ou s’écrasera-t-elle lamentablement, dépourvue des effets et des efforts de son producteur ? Un seul moyen de le savoir. Mais si des pinailleurs comme The XX lui ont confié leurs premières parties, on peut s’attendre à un moment… pas banal. / ❥

Holly Miranda 22.04, 20h, Bruxelles, Botanique, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 25.04, 18, Tourcoing, Grand Mix, 10/7e, +33 320 70 10 00



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texte ¬ Clément Perrin photo ¬ David Blenkey

Chaos synthétique La rumeur bruisse, le nouvel album de Late Of The Pier, est en voie d’achèvement. En attendant sa sortie en fin d’année, la formation phare du nouveau rock british délivre deux singles, à apprécier lors de (trop) rares concerts. Les quatre adolescents de Late of The Pier, comme bien d'autres en 2008, ont été hâtivement qualifiés de « nouveaux MGMT ». Une comparaison flatteuse mais contestable, appuyée sur leur seul goût commun (et immodéré) pour les synthés psychédéliques. De fait, leur album Fantasy Black Channel laissait davantage supposer une filiation avec Metronomy ou Mistery Jets, voire Franz Ferdinand. Une complexe imbrication d'influences pop, électronique et métal, qui s'est d'ailleurs avérée bien moins facile d'accès et tubesque que celui des kids new-yorkais. Après s'être acoquiné à Erol Alkan pour leur premier opus, le quatuor, fait à nouveau appel au pape des nuits londoniennes. C'est le peu que l'on sache de ce nouveau cru, au nom toujours inconnu. Blueberry et récemment Best in the class (clip vivement déconseillé aux épileptiques), les deux singles jetés en pâture aux impatients que nous sommes, ne révèlent pas un virage à 180° mais plutôt deux ogives, dans la droite lignée du chaos synthétique de Fantasy Black Channel. Peut-être en apprendra-t-on plus le 23 à Bruxelles sur cet album que le leader Samuel Eastgate qualifie, dans un bel exercice de langue de bois, de « très spécial et secret ». / ❥

FIGHT KLUB : LATE OF THE PIER 23.04, 23h, Bruxelles, K-nal, 5/10€, +32 0 324 73 47 24.04, 23h, Gand, Make-Up, 9/6e, +32 9 329 74 10



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texte ¬ Marion Quillard photos ¬ DR

Femmes d’extérieur Ces femmes-là ne sont pas faites pour rester à la maison, un aspirateur dans une main, une quiche saumon-épinards dans l’autre. Si elles ont choisi le documentaire, c’est pour naviguer sur des histoires au long cours aux quatre coins de la planète. Et, accessoirement, pour narguer le monde très masculin du grand reportage.

Mi-mars. Délai d’impression oblige, on ne connaît pas encore le palmarès de la dernière édition du FIGRA, le festival international du grand reportage d’actualité du Touquet. Mais vue la liste des nommés, on parierait bien sur une femme. Pas vraiment une intuition, juste une règle de statistique : cette année, la gent féminine présente douze candidates. En face, neuf hom-

mes tentent de défendre la forteresse (un peu) misogyne du documentaire. Comme de nombreux métiers, la réalisation se féminise. Et les pionnières sont érigées en modèles. À l’instar de Marie-Monique Robin, icône du grand reportage depuis Le monde selon Monsanto (2008) : « Dans ce milieu, il faut savoir jouer du coude. » En 25 ans de métier, la dame de fer a prouvé qu’elle


pouvait se frotter aux grandes enquêtes et aux zones à risques. Le bout du monde ne lui fait pas peur, pas plus que les quolibets machistes. Cinéma de la modestie Question de génération. Hélène Desplanques, 30 ans, sélectionnée au FIGRA 2010 ne voit pas de différences entre les productions masculines et féminines. Elle parle de la joie d’avoir

à découvrir / http://figra.toofik.com

« l’impression de vivre plusieurs vies », de « cinéma de la modestie » et de « travail de fourmi. » « C’est un métier de liberté, analyse Georges MarqueBouaret, délégué général du FIGRA. C’est cela que viennent chercher les réalisatrices. » Mais pour Marie-Monique Robin, être une femme est avant tout un avantage : « On se faufile partout car on ne fait peur à personne ! » À bon entendeur… /


cinéma |

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texte ¬ Fanny Delporte photos ¬ Danger Diabolik © DR

Les justiciers de l'ombre Entre les salles de l'Univers, l'Hybride et Saint-Sauveur, il n'y a qu'un jet de toile façon Spiderman. L'occasion pour ce triangle d'or du cinéma alternatif lillois de s'associer, le temps d'une thématique consacrée aux super héros. Entre hommage sincère et franche rigolade. « L'année dernière, nous avons été victimes de notre succès avec la " Zombies Révolution ! ". On voulait remettre ça et pourquoi pas envisager un temps fort annuel autour d'un genre populaire » explique Nathanaëlle Leschevin, programmatrice à l'Univers, une salle dédiée notamment au cinéma d'auteur. Après les films le western spaghetti, la thématique était toute trouvée : les super héros ! Une esthétique d'autant plus intéressante qu'elle n'est pas née au cinéma : « On voulait montrer que le comics peut être transposé de façons très différentes sur grand écran ». Le programme balaye donc plusieurs continents et sous-genres : l'Italie avec Danger Diabolik, adapté d'une célèbre B.D. des 60' ; le Japon avec Zebraman, un regard sur la culture nippone du « sentaï »,comprenez Bioman ou Power Ranger. Des films qui, pour certains, illustrent la frontière parfois mince entre film de genre et... nanard. Ces différents niveaux de lecture intéressaient l'équipe : « Pour le film d'ouverture, par exemple, notre choix s'est porté sur le récent Watchmen : vrai succès populaire, mais boudé par la critique et les puristes ». En plus d'une soirée courts-métrages programmée à l'Hybride, le collectif propose aussi une « super exposition » montée grâce à deux plasticiens et un dessinateur, fondus de l'univers des vengeurs de l'ombre. Histoire de tomber le masque. / ❥

TEMPS FORT SUPER HéROS du 21 au 24.04, Lille, Cinémas Saint Sauveur, l'Univers et l'Hybride, de 3 à 4e (soirée à l'Hybride : gratuit pour les adhérents), +33 320 52 73 48 ou +33 320 88 24 66



Fabrica Communication, multimédia // Trévise, Italie // http://fabrica.it

texte ¬ Baptiste Ostré


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Jardin et façade de l'ancienne Villa Pastega, restaurée Tomorrow, Barcelona Radino (2009) par Tadao Ando © Francesco ❖ Remember


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United Cultures of Fabrica Après avoir réconcilié les couleurs, Benetton fusionne art et entreprise. Son Centre de recherches sur la communication, campé dans une monumentale villa à Trévise restaurée par l’architecte japonais Tadao Ando, explore les domaines artistiques liés à la communication visuelle et publicitaire. Dans cette « Fabrica », de jeunes talents venus des cinq continents servent en équipe la stratégie publicitaire de l’industriel. Divisé en plusieurs départements, le laboratoire se diversifie aussi dans des campagnes pour des ONG, Reporters Sans Frontières ou SOS Racisme. Depuis 1994, les happenings et images issus de ce vivier allient humour, ❥

force d’interpellation et esthétique, dans le sillage de la célébrissime campagne United Colors. Avec un tel brio que lesdits projets (illustration, design, musique, photo, multimédia) aboutissent parfois dans des institutions culturelles prestigieuses, comme Beaubourg avec l’exposition Les yeux ouverts en 2006. Encourageant l’expression de l’identité culturelle des auteurs, les projets portent un regard sur la société, l’économie, l’environnement ou encore les sciences. Art et industrie s’y conjuguent au lieu d’évoluer en parallèle. De la pépinière d’entreprise à la pépinière artistique : la Fabrica franchit le pas de la « culture industrielle ». /

À partir du 7 avril, la Fabrica inaugure la Maison d'édition, espace éphémère du Bon Marché Rive Gauche de Paris. Info : 38, rue de Sèvres, 75007 Paris, +33 144 39 80 00


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â?– 1. Fabrica : For the People, From the People - photo by Fabrica - 2. Edward Ryapkirghin in the ice

edge - photo by Carlos Casas 3. Colors 74 : Victims, front cover - photo by ImagineChina/Afp/Photo/ Grazia Neri - 4. Poisoning - photo by Piero Martinello


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â?– 1. Know your body - photo by Chiara Andrich, in collaboration with Fabrica Media - 2. Visual

Communication Tobacco - photo by Who 2009/Design Fabrica (N. An, P. Martinello)/Teeth - photo Province of British Columbia - 3. Colors 73 : Money - Golden Teeth - photo by Newsha Tavakolian 4. Operazione FZ - photo by Fabrica





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Un homme du monde texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Paradise is truth, Pascale Marthine Tayou © Ela Bialkowska, courtesy Galleria Continua San Gimignano Beijing, Le Moulin // Vieille Neuve © H. Schröder, , courtesy Galleria Continua San Gimignano Beijing, Le Moulin

Méconnu du grand public, Pascale Marthine Tayou défraye la chronique à chaque fois qu'il investit un lieu. De Moscou à Pékin en passant par Chicago, Cuba, Paris ou Venise, ses installations séduisent, par une synthèse inattendue de traditions locales et d'influences mondiales. Son exposition lilloise prouve une fois de plus la singularité de sa grammaire, entre arte povera et médiums modernes. Mains dans les poches, le pas léger, Pascale Marthine Tayou nous guide entre les piliers de béton de l'ancienne Gare St Sauveur. Commentant ses œuvres de phrases qui meurent toutes dans un éclat de rire, franc et généreux. Une simplicité trop rare chez les artistes de cet acabit. Adepte du nomadisme, ce plasticien d'origine camerounaise n'est d'aucun pays, d'aucun milieu social, d'aucune culture. Ou de tous à la fois. Où qu'il passe, il emporte un peu de ce qu'il voit. Ces esthétiques, situations, matériaux glanés ça et là se retrouvent ensuite assemblés dans des pièces hybrides. « Des œuvres de révolte », inspirées de cette mondialisation qu'il incarne et dont il observe les effets. Melting Pot Tout, jusqu'au titre de l'exposition, prouve l'omniprésence de cette problématique dans le travail du Camerounais. Conçue comme une installation unique, homogénéisée par une atmosphère lumineuse et sonore travaillée, Traffic Jam est un allègre carambolage d'influences et de médiums. Formes tribales, vieilles voitures camerounaises, objets de rebut -plastique, paille, bois-, rencontrent la photo numérique, la vidéo, le néon, les symboles d'aisance et de surconsommation. Jalonné de cabanes -évocation de la ville cosmopolite et de la case africaine-, le parcours s'apprécie comme une immersion sensorielle totale ponctuée d'images fortes. / ❥

TRAFFIC JAM – PASCALE MARTHINE TAYOU jusqu'au 13.06, Lille, Gare St Sauveur, mer>dim, 12h >19h, entrée libre, +33 328 52 30 00


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texte ¬ Marta Niedzwiecka photo ¬ Kenya, Nord-Kivu © Karel Prinsloo

Sortir des clichés Panorama de la photographie contemporaine africaine, les rencontres de Bamako sont l'une des rares alternatives au regard sensationnaliste et condescendant que l'on porte sur un continent pluriculturel. La Centrale Electrique accueille pour la deuxième fois le palmarès de cette prestigieuse compétition. Sociale, géographique ou culturelle, la « frontière » est le thème des 8e rencontres de Bamako. Costumes flashy, cravates rayées, les tenues saisies par Baudouin Mouanda inaugurent le parcours et donnent le ton. Beauté formelle et regard documentaire se mêlent sur cette sensible question. La ligne de démarcation entre misère, migration forcée et tenues bigarrées ornées de sourires, apparaît aussi fine qu’une natte. Comme sur les portraits d'Oumar Ly : devant, la dignité de ceux qui posent, derrière, la décrépitude du décor. Les photos d’albinos, « enfants de la lune », d’Alain Turpault ou encore les icônes transculturelles de Patrizia Guerresi, renseignent autant sur ce continent que le train des migrants de Jodi Bieber. Qualité, diversité, richesse de la biennale malienne sont habilement mises en avant par la sélection des directrices artistiques Laura Serani et Michket Krifa. Profitant du thème de la frontière, elles ont choisi des images qui interrogent les limites entre photographie et vidéo, esthétique et information, champ et hors champ. La Centrale électrique propose ainsi une sélection de 200 tirages et 8 vidéos. C’est le moment ou jamais de vous inviter en Afrique(s). / ❥

FRONTIERES - 8e édition des Rencontres de Bamako jusqu’au 16.05, Bruxelles, la Centrale électrique, mer>dim, 10h30>18h, 2 à 7€, +32 2 279 64 45



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texte ¬ Louise Padox photo ¬ S. Gallois

Le nez dans le guidon Dans nos contrées septentrionales, en matière de cycles, on en connaît un rayon (hum). Mais comme partout, les mordus de vélo ne pédalent pas en tandem : sport, moyen de transport ou symbole militant, à chaque cycliste son destrier, son circuit. Qu’importe ! L'exposition Pignon sur rue réunit tout le monde sur la ligne de départ pour une course en 3 étapes ! Pratique populaire par excellence, le vélo s'est vite frayé un chemin dans notre patrimoine culturel. Alors le problème de Blandine Roselle, la commissaire de Pignon Sur Rue, était plutôt de tailler dans le peloton. « À travers cet objet, on peut s'intéresser aux grandes courses, aux caractéristiques sociales des publics, aux paysages, à la politique... » explique-t-elle, presque essoufflée. Limitée dans l'espace - les trois étages de la maison folie de Wazemmes, tout de même -, Blandine s’est concentrée sur la place de l’engin dans nos imaginaires collectifs. L’exposition joue sur deux types d’associations. Au rez-de-chaussée, vélo rime avec maillot. Il s’agit de montrer, d’archives en maquettes, comment les fantasmes liés au biclou, aux grandes courses et à leurs icônes continuent de doper l’architecture et l’art contemporain. Aux étages, il est synonyme de modes de vies urbains et alternatifs. L’on y trouve évidemment des œuvres qui prônent des valeurs écologiques et l’adoption d’un rythme lent, comme l’amusant vélo à pieds de Max Knight. Mais aussi des installations et photos inspirées du BMX et du pignon fixe, autour desquels se sont développés une esthétique et des codes propres. / ❥

PIGNON SUR RUE – dans le cadre de la semaine de l’Entorse. du 3.04 au 6.06, Lille, maison Folie de Wazemmes, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>19h, entrée libre, +33 320 78 20 23



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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Epifania Futbolera © Javier Rodriguez

Coup franc Il fut long et énergique, le match qui opposa les milieux artistiques aux adeptes du ballon rond. Sans l'intervention d'un Warhol pour arbitrer en faveur de la pop culture, les plasticiens auraient déclaré forfait. Et l'exposition du BPS 22, sondant les rapports entre art contemporain et football, serait restée au vestiaire. Sous la verrière de l'ancienne université du travail, des ballons à perte de vue. Au sol, aux murs, aux écrans. Un unique objet, qui sert de point d'ancrage à une multiplicité de discours critiques. Pour Jota Castro, qui le taille dans le marbre, il s'agit de pointer la starification des joueurs depuis 30 ans. Transformée en mappemonde (Anekawa), couverte du visage d'hommes politiques (Geers) ou greffée sur un simulacre de crâne humain (Merino), la célèbre sphère bicolore se fait tour à tour symbole d'un engouement universel et image de la collusion avec les milieux politico-financiers. Pour Pierre-Olivier Rollin* qui nous tend fièrement un catalogue d'exposition aux allures d'album Panini, « le foot n'est pas en marge des problèmes de société, il les reflète. Source visuelle fertile, il condense métaphoriquement les enjeux du monde contemporain ». Par le regard acerbe et souvent amusé de Wim Delvoye, Pascale Marthine Tayou et d'une quarantaine de leurs confrères, crampons, calicots, cardigans et goals deviennent révélateurs des comportements collectifs, des écarts de richesse mondiaux, de la misogynie... Bref, une série de tirs en pleine lucarne. / *directeur du BPS 22

ONE SHOT jusqu'au 11.07, Charleroi, BPS 22, espace de création contemporaine, mer>dim, 12h>18, 3/2€, +32 71 27 29 71



agenda Noir, Les Cyclopes, Mannequin Linda Byrne, Viva Model Management © Olivier Theyskens

Noir « Black is beautiful ». L'adage ne s’est pas toujours appliqué à cette couleur sombre, longtemps symbole de deuil et de mort. Pour nous le prouver, le musée de la mode d’Anvers nous fait traverser les siècles de tableaux en costumes, de fourrures en dentelles jusqu’aux grands noms de la mode contemporaine. Les créations d’Ann Demeulemeester, Olivier Theyskens, Dirk Van Saene, Riccardo Tisci ou Chanel s’imposent magistralement dans ce parcours historique extrêmement bien mis en scène. ❥ ANVERS, jusqu’au 8.08, MOMU, mar>dim, 10h>18h, +32 3 470 27 70

Spectral Issue – Visual System Let'smotiv invite ceux que les arts numériques laissent sceptiques à se rendre dans l'ancienne banque de France de Béthune. L'installation lumineuse qui en occupe le rez-de-chaussée est un petit bijou de technologie et de poésie. Le talentueux collectif Visual System y a campé un dédale de leds interactives, une déferlante de couleurs qui trouble nos repères et revisite le lieu. Aux étages, Pascale Kaparis et Sophie Hèlejules livrent le fruit de leur résidence, un travail sur l'amour et le souvenir. ❥ BÉTHUNE, du 2.04 au 11.07, Lab-labanque, tlj, 14h>19h, +33 321 63 04 70

Visual system, Spectral issue © DR

Circulations, la radicalisation du monde Échafaudages, chantiers, camps de rétention, containers... sous leurs apparences lucides et désenchantées, les clichés de Philippe Bazin recèlent toujours une part de comique de situation. On retrouve cette ambivalence dans la quinzaine de séries (photos et vidéos) présentée sur les cimaises du musée de Calais. Jusque dans les beaux portraits d'adolescents, dont les visages touchent autant qu'ils rappellent d'amusants souvenirs. ❥ Calais, jusqu'au 27.06, musée des beauxarts, mar>sam, 10h>12h, 14h>18h, dim, 14h>18h, +33 321 46 48 40

Jens Olof Lasthein – White sea, Black sea Alors que le Rideau de Fer et la Guerre Froide divisent l’Europe, le Suédois Jens Olof Lasthein entreprend un voyage jusqu’à la Mer Noire, immortalisant sur son passage scènes de vie quotidienne et paysages. Autant d’images empreintes de mélancolie. D’une grande force d’interpellation, ses trente panoramiques saisissent avec justesse les conséquences psychologiques de la séparation de l’Europe, à l’Est. ❥ CHARLEROI, jusqu’au 16.05, musée de la photographie, mar>dim, 10h>18h, +32 71 36 46 45


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Jens Olof Lasthein, Grigoriopol transnistria © courtesy Fotografins Hus Stockholm

Heureusement l'art…, Mark Brusse, The Mountain-fish © Adam Rzepka, ADAGP Paris 2010

Le Fabuleux destin du Quotidien, Honeycomb vase © Libertiny courtesy MOMA, NY

Heureusement, l’art n’est pas raisonnable

ExpoX3 - Marc Bis, Jérôme Considérant, Nicolas Grimaud

Fasciné par les matériaux bruts et la récupération, Mark Brusse a produit une œuvre singulière, en marge des grands courants artistiques. L’on découvre cependant, grâce à cette double rétrospective, l’influence du nouveau réalisme français ou du minimalisme américain dans ses sculptures, installations (LAAC) et œuvres imprimées (Gravelines). ❥ DUNKERQUE, jusqu’au 16.09, LAAC,

Signalétiques, rubans et bâches de travaux publics, silhouettes de passants pressés... une myriade de signes urbains transforment le calme musée Ianchelevici en bouillonnant centre ville. Inspirés de ce riche vivier iconographique, trois jeunes artistes livrent leur regard amusé et critique sur la cité. Si Marc Bis et Nicolas Grimaud la représentent comme un théâtre d'ombres, Jérôme Considérant pointe l'absurde surenchère de panneaux routiers grâce à d'impossibles pictogrammes. ❥ La Louvière, Musée Ianchelevici,

mar>dim, 10h>12h15, 14h>18h30 +33 328 29 56 00 GRAVELINES, jusqu'au 16.05, Musée du dessin et de l’estampe originale, tlj sf mar, 14h>17h, we 15h>18h30, + 33 328 51 81 00

Le fabuleux destin du quotidien Où se situe la frontière entre objet et œuvre ? Où s'arrête le design où commence l'art ? Bien des designers produisent aujourd'hui des pièces non fonctionnelles, uniques, simplement appréciables pour leur beauté plastique. C'est dire si la question est délicate. Pour y répondre, les deux musées du Grand Hornu (Musée d'Arts Contemporains et Grand Hornu Images) mettent en regard leurs collections respectives. ❥ HORNU, jusqu’au 24.05, Grand Hornu, 10h>18h (sf lun), +32 65 65 21 21

jusqu'au 18.04, tlj, 14h>18h, +32 6 428 25 30

Robes rêvées Ou comment alimenter les fantasmes de toute petite fille qui se respecte avec une exposition de robes. En papier (I. de Borchgrave), miniatures (C. Noury), colorées (A. Ruiz de la Prada) ou graphiques (Tachdjian), ces tenues de conte de fées relèvent pourtant davantage d’une démarche plastique. Dans cet espace lumineux du Colysée, elles se laissent observer sous toutes les coutures, surprennent et font envie. On féliciterait presque ces 16 artistes de jouer ainsi à la poupée. ❥ LAMBERSART, jusqu’au 30.05, Colysée, mar>dim, 13h>18h (sf dim 18h), +33 320 00 60 06


agenda Henri Matisse, Le Rêve, © Succession Matisse, Paris © Collection Centre Pompidou, Dist. RMN / Adam Rzepka

Lydia D., muse et modèle La crinière blonde de la jeune modèle russe qui passa la porte de l’atelier de Matisse en 1932 aura marqué le peintre pendant de longues années. Les 15 toiles, 150 dessins et photographies qui jalonnent l’exposition en attestent. Issues de collections du monde entier, ces œuvres brossent le portrait de cette femme qui fut l’assistante et la muse du Fauve français pendant les deux dernières décennies de sa vie. ❥ LE CATEAU-CAMBRESIS, jusqu’au 30.05, musée départemental Matisse, tlj sf mar, 10h>18h, +33 327 84 64 50

L'équilibre et l'accident Dès les premiers pas dans l'entrée, l'on prépare nos zygomatiques : audessus de nos têtes tournoie un lustre en cristal, comme pris d'une folle envie de voler. Cette entame donne le ton : un second degré rare dans l'art, qui se manifeste des loufoques vidéos de Messieurs Delmotte, aux amusants clichés d'Edouard Levé ou de Thomas Mailaender. D'une qualité remarquable (Lippoth, Goicolea, couple Blume...), cette exposition de la biennale de Liège concile merveilleusement exigence et humour. ❥ Liège, jusqu'au 25.04, musée d'art wallon, mar>dim, 13h>18h, +32 4 221 92 31

Architecture miniature, Rainbow Tower © Nabito

La 3e dimension – architecture miniature Non, la maison de l'architecture et de la ville n'a pas soudainement eu envie de jouer à la dînette. Si elle a réuni autant de modèles miniaturisés, c'est pour mieux révéler l'importance des maquettes dans les projets architecturaux. À l'heure de la simulation 3D, elles restent le meilleur moyen d'apprécier les volumes et de donner corps à une idée. De l'ébauche préparatoire à la construction travaillée, les 26 petites maisons rivalisent de détails et d'originalité. ❥ LILLE, jusqu'au 30.04, MAV, mar>ven, 9h>12h30, 14h>17h30, sam 11h>18h, +33 320 14 61 16

« 6 jours à Rijsel » collectif du Grain à Moudre L'argentique en bandoulière, l'œil aux aguets, les quatre photographes du collectif du grain à moudre ont sillonné les quartiers sud et est de Lille. Ces lauréats de la bourse à la création 2008 ont ainsi guetté pendant leur résidence la moindre situation impromptue, le moindre détail, pour révéler justement l'ambiance de la ville. Une série juste, très loin de la carte postale folklorique. ❥ LILLE, du 2 au 23.04, Maison de la photographie, mer>sam, 10h>18h, +33 320 05 29 29


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Invitation à un voyage… © Aller simple pour Oklahoma

Lost and Found, Philippa Beveridge, The Human Presence of the Figure © Philippe Robin, MAV, Sars-Poteries

Invitation à un voyage immobile Que cache ce titre évoquant un meilleur Rimbaud ? Sept manières de fuir le quotidien sans bouger d’un pas. Comme cette vidéo déroulant d’un coup de pouce l’histoire du Flip-book à partir de la collection Pascal Fouché (300 spécimens). Ou cette salle consacrée à l’image animée, des premiers effets d’optique au cinéma d'animation (les yeux en face des trous). Dans les pages de carnets de voyages, dans un cabinet de rêveries ou dans la rue, l'imaginaire reprend ses droits... ❥ Lille, du 1.04 au 6.06, maison Folie de Moulins, mer>dim, 14h>19h, +33 320 95 08 82

Lost and Found Au rayon des objets trouvés, l’on s’attend évidemment à tomber sur des trésors qui révèlent un peu de la vie d’un anonyme. Mais il est moins courant que ces effets personnels soient en verre, comme c’est le cas au musée de SarsPoteries. L’Américaine Philippa Beveridge a en effet figé dans la transparence le contenu de sacs à main empruntés aux habitants. Photos, porte-bonheur, mots doux s’offrent ainsi aux yeux de tous dans de petites bourses translucides... ❥ SARS POTERIES, jusqu’au 14.06, Musée-atelier du verre, tlj sf mar, 10h>12h30, 13h30>18h, +33 327 59 51 05

Bill Viola, Reasons for Knocking at an Empty House © Kira Perov

Débauche de portraits, Autoportrait à la vanité © E. Leroy

Kuntzel et Viola, deux éternités proches C’est bien sûr l’histoire d’une amitié que révèle les installations vidéos du Fresnoy. Mais pas seulement. Bill Viola et Thierry Kuntzel, deux artistes de premier plan dans la création visuelle internationale, partagent également de multiples partis pris esthétiques. Comme cette propension à rendre l’écoulement des minutes palpable. Le parcours établit de nombreux parallèles entre les vidéos pour mettre en lumière les affinités qui liaient ces deux complices. ❥ TOURCOING, jusqu’au 25.04, Fresnoy, mer>dim, 14h>19h (sf ven et sam, 21h), +33 320 28 38 00

Débauche de portraits Motif formateur pour les uns, nécessité cathartique pour les autres, l'auto-portrait constitue, malgré ses apparences évidentes, un exercice périlleux. Comme on le voit à Tourcoing, sa justesse requiert l'introspection, mais elle n'exclut pas une bonne dose d'autodérision. De Rembrandt à Bacon en passant par Man Ray, Picasso, Pierre Yves Bohm et Eugène Leroy, les visages de 25 artistes se déclinent en deux et trois dimensions. ❥ TOURCOING, jusqu'au 28.06, MuBa Eugène Leroy, tlj (sf mar), 13h30>18h, +33 320 28 91 60



texte ¬ Marion Quillard photo ¬ Danica Bijeljac

Le conte est bon Les spectacles labellisés « Jeune public » recèlent parfois de petits bijoux : Seule dans ma peau d’âne est de ceux-là. De la matière brute de Perrault, Estelle Savasta, en talentueuse orfèvre, a fait naître un joyau, une pièce pleine de charme et de poésie. Il était une fois un roi, une reine, de l’amour et une enfant. Il était une fois une maman qui meurt et laisse l’enfant seule. Il était une fois un père, fou de chagrin, qui tombe amoureux de sa propre fille. Il était une fois une enfant qui fuit le désir de son père et se réfugie dans les bois. Seule sous une peau d’âne. Charles Perrault parlait d’inceste ; Estelle Savasta conte simplement le passage à l’âge adulte. Le parcours initiatique d’une enfant trop seule dans un monde trop grand : « Ce qui me plaît chez Peau d’âne, c’est surtout ce qui se passe sous la peau. C’est le symbole énorme de cette peau dans laquelle elle entre belle enfant en fuite, devient solitaire et crasseuse, et dont elle sort prête à aimer. » Chrysalide Et le public observe avec ravissement cette lente percée de la chrysalide, l’explosion d’une carapace trop longtemps perçue comme un refuge. « Je sais qu’elle lutte, qu’elle abandonne et que parfois elle pleure. Je sais que chaque fois que des larmes ruissèlent sur ses pieds, elle pousse un peu. » Sur le plateau, il n’y a pas grand-chose, rien qu’un univers de brico-bidouille qui symbolise une vie en désordre. Il n’y a pas non plus de mots, rien que des gestes, une langue des signes universelle. Et résonne la bande-son d’une enfance, avec des choses douces, des ritournelles déglinguées, des pleurs de violoncelle et des comptines. Un moment bouleversant, pour les petits comme pour les grands. / ❥

Seule dans ma peau d’âne Du 20 au 24.04, 14h30 (sauf mer 15h et samedi 18h, 2e séance jeudi à 10h), Lille, Le Grand Bleu, 12/6€, +33 320 09 88 44 6.05 (10h) et 7.05 (10h et 20h15), Sallaumines, MAC, 8/6/3e, +33 321 67 00 67

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texte ¬ Marc Bertin photo ¬ Eva Sanz

En rang par deux Révélé, en 1999, avec Mélomaniaques, Opéra Pagaï propose avec 80% de réussite une sixième création en forme de rentrée des classes malicieuse, détournant, avec la complicité des spectateurs, le principe de réalité. Un hommage à la fois tendre et amusé aux forces vives de l’enseignement. Collectif à géométrie variable, fondé à Bordeaux par Cyril Jaubert, Opéra Pagaï s’est fait une spécialité d’« interventions » in situ et de détournements de l’espace public. Fort d’une trentaine de membres, autour d’un noyau d’une douzaine de personnes, certains, dont Jaubert, se sont rencontrés à l’IUT carrière sociale – option culture et médiation. Avec son fonctionnement franchement original, proche du Petit Théâtre de Pain, la troupe a peu d’équivalent en France et conteste vigoureusement la catégorie « arts de la rue », trop réductrice à son goût, à laquelle on l’a rattachée dès l’origine. Diffusé depuis 2005, 80% de réussite propose au public une espèce de pèlerinage vers les souvenirs émus voire enfouis de l’école, le temps d’une matinée – et pas la moindre : celle de la rentrée des classes ! –, très souvent dans une école primaire vide de ses « vrais élèves ». L’occasion de croiser aussi bien les enseignants que la direction, mais aussi les conseillers d’éducation et d’orientation ou le personnel de service. Soit une plongée à la nostalgie douce-amère dans les verts paradis de l’enfance, les non-sens du système éducatif et le parcours de chacun… Du rire et du sens. Il y a pire comme punition. / ❥

80% de réussite – Opéra Pagaï les 10 (11h) et 11.04 (16h), Tournai, Maison de la Culture, de 9 à 16€, +32 6 925 30 80 les 21 (19h) et 22.05 (15h), Vieux Condé, Le Boulon, 6€, +33 327 20 35 40



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texte ¬ Hugo Dewasmes photo ¬ Mémento, Komplexkapharnaüm © Michel Wiart

L’esprit chahuteur Depuis 1999, les Turbulentes inaugurent en mai la grande saison des arts de la rue dans le valenciennois. À force d’audace et de persévérance, l’équipe du Boulon a hissé cette joyeuse manifestation au rang des festivals de référence en France. Inspection des troupes ! Les 30 avril, 1er et 2 mai, attendez-vous à quelques turbulences artistiques du côté de Vieux-Condé ! Pour ceux qui ont séché les cours d’histoire-géo au collège, Vieux-Condé est une petite bourgade de 10 000 habitants environ, située à 15 km de Valenciennes. Durant ces 3 jours, la ville devient une vaste cour de récréation traversée par des

compagnies de rues, des funambules en talons aiguilles, des chahuteurs de cabines téléphoniques ou des commandos pyrotechniques. Un seul mot d’ordre : pas de temps mort ! Parmi plus de 40 spectacles programmés, difficile de faire un choix. Notons


tout de même trois moments forts qui abordent la question de la citoyenneté. La Compagnie International Alligator revient sur la Révolution Française en 1789 secondes ! Les Espagnols de la cie Kamchatka, chargés de valises, s’interrogent sur notre rapport à l’autre. Enfin, Komplexkapharnaüm examine la notion de résistance, d’hier et d’aujourd’hui, à travers un parcours déambulatoire à cent à l’heure. Emmenée par sa directrice Virginie Foucault,

la sémillante équipe du Boulon (épaulée par une cinquantaine de bénévoles motivés et enthousiastes) dompte admirablement cette affiche dantesque. C’est aussi la clef du succès de ce festival, qui fédère d’ailleurs l’ensemble des habitants de la ville. Symbole de ce projet et de l’enthousiasme local, à plus long terme : les travaux du Boulon, le Pôle Régional des arts du cirque, ont (enfin) démarré… L’aventure ne fait finalement que commencer ! /

Les Turbulentes du 30.04 au 2.05, Vieux Condé, +33 327 20 35 40, www.lesturbulentes.com


théâtre & danse |

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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ DR

En solitaire Depuis les années 1950, Claude Régy épure ses mises en scène pour concentrer toute l'attention sur le verbe. Avec Ode Maritime, adaptation du poème fleuve de Fernando Pessoa, cette radicalité atteint son paroxysme. Pour le meilleur ou pour le pire. La scène est réduite à un simple ponton, plongé dans une semi pénombre. Derrière lui, une paroi concave en métal brossé. Le décor interdit tout repère, toute image qui serait extérieure au texte. Heureusement, d'ailleurs, car le millier de vers de l'Ode Maritime foisonne d'allégories. Jean Quentin Chatelain se charge alors de les faire naître dans l'esprit du spectateur, avec pour seule compagne, sa voix sourde et nasillarde, comme sortie des abysses. Suspendus à ses silences, à ses murmures, à ses cris, l'on suit les divagations du poète face à l'océan. Et l'on navigue, pendant plus de deux heures, de l'entrée d'un port au souvenir ému d'une maison d'enfance, traversant entre temps quelques violents récits de pirates. Avec ce comédien totalement immobile, Régy travaille pertinemment la frustration du spectateur. Il l'oblige à une écoute différente, sensible au rythme et aux allitérations : « le tissu sonore d'un texte délivre un autre sens que celui des mots. Il nous atteint dans des zones aussi profondes et inconscientes que le fait la musique », confie-t-il, à raison. Reste que ce minimalisme absolu est à double tranchant. Si l'on n’y adhère pas, la pièce semblera longue et ennuyeuse. Autant savoir dans quelle régate on se lance. / ❥

ODE MARITIME – F. Pessoa / C. Régy du 20 au 23.04, 20h (sf jeu 19h), Villeneuve d'Ascq, Rose des Vents, 19/16€, +33 320 61 96 96



agenda La visite de la vieille dame © DR

L'histoire du tigre © Marc Ginot

La visite de la vieille dame

The Naked Man

jusqu'au 18.04 F. Dürenmatt / J. de Decker

1 > 24.04

Le village de Güllen est au bord du gouffre financier. Lorsque Claire Zahanassian, richissime vieille dame, y met les pieds, c'est dans un but bien précis. Trahie il y a bien longtemps par son fiancé Alfred III, elle offre une récompense d'un milliard à qui l'assassinera. Porté par Louise Rocco – aussi actrice de cinéma – ce classique du Suisse Friedrich Dürrenmatt devient une cruelle fable sur ce poison qu'est l'argent. ❥ 20h15 (sf dim, 15h), Bruxelles, Théâtre des

Si vous souhaitez voir une biographie lisse de Charles Bukowski, passez votre chemin. Car le Naked Man de Christian Leblicq donne la parole à un certain Chinaski, sorte de Mister Hyde du célèbre poète américain. Lorsque la nuit tombe sur scène, c'est en bon pilier de bar que ce dernier déverse sur l'Amérique sa bile hargneuse, pourfend la tiédeur occidentale. Loin de tout pathétique, Jean-Marie Pétiniot insuffle une formidable énergie à ce tragique antihéros, et une virulence communicative. ❥ 20h30, Bruxelles, Théâtre de Poche,

Galeries, de 9 à 23€, +32 2 512 04 07

L'histoire du tigre 1 et 2.04 D. Fo/MeS P. Barayre / G. Nardella

Seul sur scène, doté d'une remarquable présence, Grégory Nardella incarne un soldat de l'Armée Rouge, gravement blessé. Refusant la balle libératrice de ses camarades, il part s'isoler en Himalaya où il croise une tigresse et son petit. Symboles de résistance à la barbarie humaine et à la politique obtuse, l'animal et le soldat finissent par s'apprivoiser. L'acteur, magistral, sait jouer du registre de la commedia dell'arte tout en préservant la finesse de la parabole. ❥ 1.04, 20h, 2.04, 19h, Valenciennes, le Phénix, +33 327 32 32 32

C. Bukowski / MeS C. Leblicq

de 7,5 à 15€, +32 2 649 17 27

Opening Night le 2.04 SlovaKs Dance Collective

Ils sont cinq hommes, autant de boules d'énergie prêtes à exploser sur scène. Puisant dans le répertoire du folklore slovaque, ces danseurs perpétuent la tradition dans des enchaînements dignes des grands chorégraphes flamands. Comme Anne Teresa de Keersmeaker ou Wim Vandekeybus, avec lesquels ils ont travaillés, les mouvements, expressifs, ne servent jamais une trame narrative. Ce qui n'exclut pas la fréquence de situations comiques. ❥ 20h30, Roubaix, Condition Publique, 18/14/12€, +33 328 33 48 33


théâtre & danse |

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The Naked Man © DR

Opening Night © Pablo Sanchez Del Valle

Précaution Inutile © Eric Legrand

Trajet Congo © Danny Willems

Trajet Congo

Forêt / Selva

7.04 > 1.05

20.04

À la veille du 50e anniversaire de l'indépendance du Congo, le KVS scelle 5 ans de collaboration avec ce pays d'Afrique. Une belle occasion de célébrer des liens artistiques de premier plan à travers une série de spectacles (danse, théâtre...) dont certains ont été élaborés à Kinshasa. Vedette internationale, Faustin Linyekula viendra présenter More more more... future, un concert hybride au cours duquel il déclame des textes d'Antoine Vumilia, prisonnier politique congolais. ❥ 20h30, Bruxelles, KVS, prix variés,

On ignore souvent le travail d'orfèvre réalisé par les éclairagistes. Sauf dans des spectacles comme celui-ci, où les jeux de lumières, omniprésents, deviennent personnage principal. Occupant l'espace, enveloppant les corps, les faisceaux servent une métaphore de la nature, réduisant l'être humain à la petitesse. Fruit du tandem formé par la chorégraphe Amélia Estevez et la créatrice de lumières Annie Leuridan, Forêt/Selva révèle une multitude d'images aussi fortes qu'éphémères. ❥ 20h30, Armentières, Vivat, 18/13€,

+32 2 210 11 12

A. Estevez / A. Leuridan

+33 320 77 18 77

Elles en rient encore

La précaution inutile

18 > 24.04

20 > 22.04 Beaumarchais / MeS L. Hatat

Quel est le point commun entre Meriem, Julie, Chloé, Nouara, Isabelle et Julia ? Ces petits brins de femmes bien différentes des autres préfèrent le nez rouge au rouge à lèvres. Pendant une semaine, sur les planches du Prato, ces clownesses de choc déclinent la poilade au féminin. De duos en solos, de fausse séance de psychanalyse (Emma sous le divan) en comédie italienne (Dario Fo), elles nous mènent par le bout du rire. Raahh, ces femmes ! ❥ Diverses heures, Lille, Prato, de 5 à 17€,

Dieu que l'on rit dans cette adaptation sémillante du Barbier de Séville ! Comme à son habitude, Laurent Hatat dépoussière avec succès un classique du xviiie choisissant costumes contemporains et jeunes acteurs portés sur le comique de situation et les mimiques. L'on retrouve ainsi une partie de l'équipe de Nathan le Sage, notamment les excellents Olivier Brabant et Azeddine Benamara ou la très alerte Mounya Boudiaf. Revigorant ! ❥ 19h (sf mar 20h30), Dunkerque, Bateau-

+33 320 52 71 24

feu, 18/12€, +33 328 51 40 40


théâtre & danse |

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agenda ébauche d'un portrait © Jean Julien Kraemer

Everything is political © Sébastien Chollet

Ébauche d'un portrait

Garbo n'a plus le sourire

20 > 29.04

V.Moeschier / V.Biefnot 22.04 > 22.05

J. L. Largarce / MeS F. Berreur

Maestro du verbe, esprit acéré et lucide, Jean-Luc Lagarce fut un observateur critique de son époque. Atteint du sida, cet homme de lettres -l'auteur contemporain le plus joué en France- a consigné méthodiquement ses réflexions dans des carnets, que l'un de ses proches confrères, François Berreur, a adapté au théâtre. Ce monologue incisif et poignant d'autocritique révèle autant sur le personnage qu'il instruit que sur la vie théâtrale des années 80. ❥ 20h30 (sf dim, 16h), Lille, Théâtre du Nord, +33 320 14 24 24

Everything is political 20.04 > 1.05 V. Mabardi / S. Chollet

« La musique est une force créatrice de notre quotidien ». Voilà le point de départ de Everything's political, un spectacle qui s'écoute autant qu'il se regarde. Trois histoires (celle d'un couple, d'une famille, d'une femme) sont entrecoupées de morceaux entiers de pop-rock, mis en scène à la manière de « vrais » clips. Les scènes de danse dans ce décor de cuisine introduisent une part de surréalisme, sans jamais tomber dans la parodie. ❥ 20h30, Bruxelles, Les Tanneurs, de 5 à 10€, +32 2 512 17 84

Dans la chaleur de l'été 1944, le projectionniste du cinéma Pathé rencontre Jeanne, une ouvreuse qui se rêve en actrice reconnue. Enfermé dans sa cabine, Louis vit par procuration à travers elle. Entre la peur au ventre et les bombardements, leur quotidien manque cruellement de liberté. Garbo n'a plus le sourire ressuscite toute l'ambiguïté des années 40, entre ambiance jazzy et avenir obstrué. 20h15 (sf dim et mer 28,15h), Bruxelles, Théâtre Royal du Parc, de 9,5 à 25€, +32 2 505 30 30

L'oral et hardi les 22 et 23.04 P. Verheggen / J. Bonnaffé

Qui mieux que Jacques Bonnaffé pouvait incarner la langue truculente de Jean-Pierre Verheggen, ce poète belge qui tricote ses phrases dans un jeu permanent d'allitérations et de glissements de sens ? Dans ce monologue relevé de notes de clarinette, Bonnaffé campe un politicien en campagne, et honore admirablement le texte de sa virtuosité d’acteur. ❥ 22.04, 20h30, Hazebrouck, centre A. Malraux, 9/6€, +33 328 44 28 58 23.04, 20h30, Dunkerque, Bateau-feu, 18/12€, +33 328 51 40 40



théâtre & danse |

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agenda Roméos et Juliettes © DR

Le Globe 23.04

Très chère Mathilde © DR

La grenouille et l'architecte T. Bedard

Perché sur une échelle, un expert entreprend de nous donner une grande leçon de géopolitique. Armé d'un clownesque assistant, d'une reproduction géante de la terre et d'un ton délibérément pédagogique, notre hôte semble intarissable. Et l'exposé hilarant. Au point qu'on en oublierait presque la justesse des énoncés (entre autres sur l'ethnocentrisme) et la complexité des situations. Thierry Bedard réussit son pari : intéresser petits et grands aux enjeux internationaux. ❥ 20h, Douai, Hippodrome, de 8 à 15€, +33 327 99 66 66

27 > 30.04

T. Roisin

A priori, les comptes-rendus de conseils municipaux n'ont rien de palpitant. Mais pour Thierry Roisin, ils sont un matériau documentaire unique sur les mécanismes de décision démocratiques. À partir de ces textes, il a construit une pièce chorale hautement divertissante pour 8 acteurs et trois musiciens. Cette satire sur la chose publique, créée l'an dernier, est ici reprise pour cause de succès. ❥ 20h30 (sf mar & jeu, 19h30), Béthune, Comédie de Béthune, de 6 à 17€, +33 321 63 29 19

Très chère Mathilde

Roméos et Juliettes

le 30.04 et le 5.05 I. Horovitz / L. Chollat

25.04 S. Lefrançois

Vous ne connaissez pas encore l'efficacité du théâtre étasunien ? Foncez voir cette pièce qu'Israel Horovitz a imaginé pour Line Renaud. L'icône française y incarne une enseignante retraitée dont la tranquille cohabitation avec Chloé, sa fille, est compromise par l'arrivée d'un Américain venu faire valoir ses droits sur l'appartement qu'elles occupent. Dans un décor assez classique, le trio démêle avec finesse les secrets de l'intrigue jusqu'au happy end. ❥ 30.04, 20h30, Roubaix, Colisée, 39/35€,

À mi-chemin entre la tenue d'époque et le survèt en polyamide... les costumes donnent le ton : la fidélité à Shakespeare ne sera que partielle. Ici, point de joutes verbales, plutôt des battles. Avec sa troupe de très jeunes danseurs, Sébastien Lefrançois ancre le célèbre drame amoureux dans les champs du hip-hop et du cirque. Et, pour achever de brouiller les pistes, il en appelle à l'électro-jazz relevé de musique classique de Laurent Coulson. Un mélange pour le moins audacieux, à défaut d'être complètement abouti. ❥ 16h, Arras, Casino, 17/11€, +33 321 71 66 16

+33 320 24 07 07 5.05, 20h, Lille, Sébastopol, 45€, +33 320 33 17 34




littérature |

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texte ¬ Michel Paquot photo ¬ Julie Maroh, Le Bleu est une couleur chaude

Du bleu à l’âme Prometteuse auteure nordiste, Julie Maroh aborde avec finesse l'homosexualité féminine dans un Le bleu est une couleur chaude, publié chez Glénat. Les planches ce premier album, magnifique, sont exposées au Centre de la BD à Bruxelles. L'occasion pour nous de rencontrer ce jeune talent. Sur la place du Général de Gaulle, à Lille, une adolescente se dirige, hésitante, vers un jeune garçon... En chemin, elle croise une fille légèrement plus âgée, aux cheveux bleus, dont le regard aimante le sien et la bouleverse. Après une expérience hétérosexuelle décevante, Clémentine va retrouver Emma et s’ouvrir à de nouvelles sensations, d’autres désirs. De très belles pages renvoyant au passé, en noir et blanc, marquées par un trait subtil et une opposition clair-obscur, alternent avec des planches en couleur illustrant le présent des personnages. En effet, Clémentine est morte. C’est en lisant son journal intime que son amie découvre ce qu'elle a vécu, confrontée aux regards des autres : une éducation sentimentale nourrie de solitude, d’espoirs et de doutes. À contre-courant « Comme en tant qu'auteure et lectrice, je dois faire constamment face à l'archétype amoureux homme/femme qui prédomine en littérature. L'envie d'aller à contre-courant, de raconter une histoire qui corresponde plus à ma réalité et à celle de milliers d'autres s'est vite imposée à moi », confie la jeune dessinatrice arrageoise installée à Bruxelles. Le graphisme choisi pour ce premier album est l’un des multiples auxquels s’essaie cette artiste particulièrement éclectique. Son Djou’s Blog, où l’on a suivi Les Aventures de Super Goui Goui et Le Baiser du jour, suite de dessins tendres et parfois coquins, attestent de sa virtuosité. Tout comme son journal humoristique Les cœurs exacerbés... à découvrir de toute urgence sur son nouveau site. / ❥

LE BLEU EST UNE COULEUR CHAUDE De Julie Maroh, Glénat, 160p., 14,99€, www.juliemaroh.com jusqu’au 18.04, Bruxelles, Centre belge de la Bande dessinée, tlj, 10h>18h, +32 2 219 19 80


chroniques Le quai de Ouistreham

Nous, les noyés Carsten Jensen| Éd. Libella/Maren Sell

Florence Aubenas | Éd. L’Olivier Florence Aubenas est journaliste. Et c’est à ce titre qu’elle parlait de la crise. Jusqu'à ce qu'elle décide de chercher du travail dans une ville où elle n’a pas d’attache, pour y décrocher un CDI. Elle se teint en blonde, garde son identité, et vit pendant six mois de ménages sur les ferrys, dans les campings, les entreprises… L’apprentissage passe par l’oubli de soi et par la quête permanente de petits emplois, « des heures ». Pas de jugements faciles, mais la description de sa vie de précaire, avec en creux l’évolution inquiétante d’un Pôle Emploi régi par les chiffres et la privatisation progressive de ses services. L’auteure partage avec talent et poésie cette expérience en lui conservant toute son humanité. 272p., 19€. Guillaume Courteheuse

Avis aux amateurs d’épopées maritimes : ce premier roman traduit en français d’un auteur danois est pour vous ! D’autant plus qu’il n’est pas écrit à la « va comme j’te pousse », à l’instar de bien des bouquins de ce type. C’est grâce au poids de ses bottes, qu’un marin est redescendu du ciel où l’avait envoyé l’explosion de son bateau lors de la guerre de 1848 contre l’Allemagne. Devenu célèbre à Marstal, port d’une île de la Baltique, il reprend la mer pour disparaître. S’ensuit une multitude d’histoires traversant les décennies et les océans, contées avec verve, passion et émotion. Ce roman est aussi une belle réflexion sur la mer qui attire les hommes -et parfois les avale- quand leurs mères ou veuves, pour ces mêmes raisons, la détestent. 700 p., 29€. Michel Paquot

LA VIE SECRÈTE DES JEUNES II Riad Sattouf | Éd. L’Association La Vie Secrète Des Jeunes, ce sont quelques tranches de vie, tragiques, comiques, affligeantes – souvent les trois à la fois. Des instants volés au coin d’une rue ou d’une rame de métro, dans un resto chic ou au McDo, comme une émission de Strip-Tease en huit cases. Grandes gueules écervelées, parents à la ramasse, lardons terribles ou jeunesse dorée forment ce bestiaire quotidien. Dans le premier volume, le dessinateur se faisait entomologiste, et prenait de la hauteur – au risque d’être hautain. Or, il change ici son fusil d’épaule, multiplie les angles, se met lui-même en scène, suscitant ainsi une véritable empathie pour ses personnages. On les aurait volontiers baffé dans la vie, ils sont touchants sur le papier. Miracle de la bédé ? 144 p., 19€. Thibaut Allemand


Sévère

WAVELAND

Régis Jauffret | Éd. Seuil

Frederick Barthelme Éd. Christian Bourgois

S’engouffrant plus profondément, de livre en livre, dans les obscurs mécanismes de l'âme humaine, Régis Jauffret (Clémence Picot, Univers, univers, Microfictions) a été fasciné par le procès Stern. Celui du richissime banquier assassiné – dans une combinaison en latex - par sa maîtresse, avec laquelle il entretenait des rapports SM. Se retranchant derrière le cache-sexe de la fiction (le romancier à tous les droits, n’est-ce pas ?), il donne la parole à la meurtrière pour dépeindre un monde où l’argent permet tout, baiser ouvertement la femme d’un autre, asservir des êtres humains ou contourner les lois. C’est assez répugnant et on sort écœuré de ce livre aussi vain qu’inutile. 161 p., 17€. Michel Paquot

Waveland, c’est l’histoire ordinaire d’un homme attiédi par le temps qui passe, par la vie et ses microséismes. Vaughn, le personnage principal, a connu des difficultés professionnelles et la mort de ses parents avant d’essuyer une séparation soudaine sans être brutale. Depuis lors, il vit auprès de Greta sur la côte du Mississipi, délesté de toute passion. Sa torpeur, Frederick Barthelme la traduit subtilement à travers une narration introspective qui alterne pans descriptifs et dialogues déconcertants parce que lacunaires. Son texte, néanmoins répétitif, manque parfois de rythme. Et, il laisse au lecteur un arrière-goût de mélancolie. Mais voilà justement sa plus belle qualité. 266 p., 16€. Faustine Bigeast

Exils Nuruddin Farah | Éd. Serpent à Plumes À peine descendu d'avion, Jeebleh mesure l'étendue des dégâts. 20 ans se sont écoulés depuis qu'il a fui la Somalie et trouvé asile à New York. La corruption et les conflits claniques ont défiguré son pays. De retour pour aider son meilleur ami à retrouver deux fillettes, Jeebleh découvre, effaré, une violence omniprésente et des oppositions qui semblent échapper à toute rationalité. Au fil des pages, l'on finit pourtant par cerner les logiques complexes qui sous-tendent la guerre civile. L'intrigue sert en effet de prétexte à un décryptage virtuose de la situation sociopolitique somalienne. Nuruddin Farah signe ici un chef d'œuvre qui puise sa force dans une langue poétique et imagée, et dans une habile contradiction des points de vue. 386 p., 23€. Louise Padox

littérature |

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musique |

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chroniques

Elektronische Musik Soul Jazz Records / Discograph

Krautrock = Rock Choucroute. Tu parles d’un nom ! Une étiquette collée par les Rosbifs sur la vague avant-gardiste qui submergea l’Allemagne durant les 60’s et 70’s. Et dont l’écume imprègne les scènes ambient, pop, punk rock, IDM ou techno minimale… En gros, sans Krautrock, Stereolab, Primal Scream, Beak>, Electrelane ou Turzi ne seraient pas les mêmes. Une bonne raison de se jeter sur la compilation Elektronische Musik, éditée par les archéologues de Soul Jazz Records. Les 60’s allemandes ? Une chambre en bazar, splittée et occupée militairement. En 68, la jeunesse souhaite « être orpheline » (rapport au passé nazi) et se cherche une identité. Elle succombe aux vices du rock’n’roll, mais à quoi bon singer les Anglo-saxons ? Alors, sans rejeter le rock progressif, des étudiants de bonne famille vont s’inspirer de musique concrète, de jazz ou de sons africains et défricher l’électronique. Ceci dit, le titre de ce florilège est trompeur : l’électronique n’est pas toujours le maître mot de ces compositions. Didactique, cette compilation réunit les artistes les plus évidents (Amon Düül II, Can, Faust…) de cette mouvance protéiforme mais incestueuse (Cluster, Neu!, Harmonia, La Düsseldorf ou les absents Kraftwerk comptent des membres en commun). Mais elle a surtout le mérite de présenter quelques formations plus obscures (Gila, Kollektiv, E.M.A.K.) ou légendaires (Ash Ra Tempel) dont on attend des rééditions dignes de ce nom. Enfin. Sortie le 19.04. Thibaut Allemand

Bonobo Black Sands | Ninja Tune / Pias Les naturalistes racontent que le Bonobo – grand singe du Zaïre – est une espèce en voie de disparition. Distingué, pacifique... son règne matriarcal n'a pas l'air fait pour durer. Ce qui n'est pas le cas de Simon Green. Ce compositeur de trip-hop aussi doué qu'il est anglais a choisi le nom de Bonobo pour régénérer la production downtempo. Une catégorie de musique électronique que l'on écoute plus que l'on ne danse (tournant parfois en rond). Petit génie de studio, Bonobo sample d'une main quand il interprète la plupart des passages instrumentaux de l'autre (cuivres, batterie, etc.). Ce quatrième album imprégné de jazz et de black music typique des 70’s, au groove indéniable, ne sombre jamais dans la redite. Cette figure de proue du label Ninja Tune n'a pas fini d'avoir le vent en poupe. Léa Daniel



musique |

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chroniques MIIKE SNOW

SAMBASSADEUR

Miike Snow | Columbia/Sony

European | Labrador/EMI

Sur un CV, il y a des lignes qui font bien : « producteur du tube interplanétaire Toxic de Britney Spears », par exemple. Les Suédois de Miike Snow sont les trois seules personnes au monde à pouvoir exhiber ce trophée. Du coup on leur prête bien volontiers une oreille, et après écoute, on signe. Déjà élu produit de l'année au Royaume-Uni, cet album contient 11 titres électro-pop suaves mais pas dégoulinants (pas « dégueus » aurait dit Gainsbourg). Le tube Animal est une porte d'entrée idéale pour pénétrer dans cet univers chaleureux (n'en déplaise à la pochette). Avec le très beau Silvia, on rêve de caresses dans un sauna de Stockholm, et même si Sans Soleil nous rappelle que l'été n'est pas encore là, nous voilà bien revigorés. Mathieu Dauchy

Niché au cœur du meilleur label pop suédois de la planète (Labrador Records), Sambassadeur ravive une flamme mélancolique qui a illuminé les albums de The Go Betweens ou de Belle & Sebastian. À la manière de Saint-Etienne, les Scandinaves composent des chansons pop(ulaires) donc destinées au plus grand nombre, sans jamais verser dans la facilité ou le racolage. Évidence mélodique façon Abba et arrangements lumineux à la Burt Bacharach sont les maîtres mots de ces compositions destinées à rester gravées dans les mémoires. Ne reste plus à espérer qu’European vous incite à fouiner dans le catalogue fourni de leur maison-mère, afin que les noms (trop obscurs) de Palle Carlberg ou Acid House Kings éclatent enfin à la face du monde. Thibaut Allemand

ANGUS & JULIA STONE Down The Way | EMI /Discograph La photo de plage en sépia illustrant ce premier Lp affiche derechef des références impeccables : The Smiths et The Pale Fountains. Le duo frangin-frangine dessine un folk au fusain, danse sur la pointe des pieds, et chante de jolies mélodies d’une voix grésillante pour lui, aigrelette pour elle. Las, le tout se retrouve flingué par une production lisse et lessivée – tous les instruments (arpèges acoustiques, éclairs électriques, touches blanches et noires, « violonnades » et autres « harmonicades ») étant traités au même niveau. Dommage car, au cours de cet album un poil trop long, se détachent de très jolies choses (On The Road, tout en slide et banjo). Pas la révélation donc, mais un nom qu’on garde en tête en attendant la suite, qu’on espère plus vibrante. Alain Allanic



concerts jeu 01 Studio Kortrijk : BALTHAZAR + SHAMEBOY + DE MAXX DJ’S Courtrai, De Kreun, 19h, 12/10/7e, +32 5 637 06 44 THEORY OF A DEADMAN + HALESTORM Anvers, Trix, 20h, 19/16e, +32 3 670 09 00

PARK + RADIO SLAVE Anvers, Petrol, 20h, 13/10e, +32 3 226 49 63 HEPCAT + DEADLINE Anvers, Trix, 20h, 20/17e, +32 3 670 09 00 TOMAN + THE SEVEN MILE JOURNEY Bruges, Cactus Club, 20h, 9/6e, +32 5 033 20 14

+33 321 71 76 30 PIGALLE Beauvais, Ouvre-Boîte, 21h, 15/12e, +33 344 10 30 80 MARVELAS SOMETHING + DAPTUNES Gand, Vooruit, 21h, 12/10,5e, +32 9 267 28 28

THE BLOODY BEETROOTS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24

Péniche Yourself #2 : C-MON & KYPSKI + NOBODY BEATS THE DRUM Lille, Péniche, 21h, 7e, +33 320 57 14 40

THEE SILVER MT. ZION MEMORIAL ORCHESTRA Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32

JOAKIM + VERMIN TWINS + HOWIE FUNHAM + WHO ARE WE Gand, Vooruit, 22h, 15/13,5e, +32 9 267 28 28

STEVE VON TILL + HARVESTMAN + AMENRA Courtrai, De Kreun, 20h, 7/10/12e, +32 5 637 06 44

THE TOASTERS + THE BLACK’S CADILLAC Lillers, Abattoir, 22h, 10/8e, +33 321 64 07 65

ELLERY ESKELIN + ANDREA PARKINS + JIM BLACK Lille, Malterie, 20h30, 9/7e, +33 320 15 13 21

12 ans du Biplan! : LA GOUTTE + DEULE DE BOIS + VERRATS HYDRAULIQUES + THE FUCKING AMAZING BIG BAND OF BIPLAN Lille, Biplan, 20h, 3e, +33 320 12 91 11

HERNAN CATTANEO + POLE FOLDER + DJ X-IAN + UGUR YURT Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70

TOM MCRAE + BRIAN WRIGHT Tourcoing, Grand Mix, 20h30, 17,70e, +33 320 70 10 00

MELODY GARDOT Roubaix, Colisée, 20h, 49.50e, +33 320 24 07 07

DANIEL KHAN & THE PAINTED BIRDS Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

JEAN-LOUIS MURAT + LENA DELUXE Tourcoing, Grand Mix, 20h, 20/17e, +33 320 70 10 00

RALF + SEROM & ASFALTE + DISCOBAR LASSY Anvers, Café d’Anvers, 22h30, gratuit, +32 3 226 38 70

DIVING WITH ANDY + REVOLVER Calais, Gérard Philipe, 20h30, 5e, +33 321 46 90 00

THE TOASTERS + PEPPER SEED Bruxelles, Botanique, 20h, 12/9/6e, +32 2 218 37 32 CHAIN & THE GANG + GREEN VAUGHAN Lille, Aéronef, 20h, 12/6e, +33 320 13 50 00 THE RODEO Lille, Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Enchanteurs : ALBERT MARCOEUR + LA JARRY Leforest, Chapiteau Droit de Cité, 20h30, 8/5e,

SAM DE BRUYN + SHINE A LIGHT Gent, Make Up, 23h, nc, +32 9 329 74 10

ven 02 LES WAMPAS + ELECTRIC DUCKS + THE ELDERBERRIES Lille, Aéronef, 19h30, nc, +33 320 13 50 00 FREAKY AGE + MINT + COLE

Fight Klub : LES PETITS PILOUS Bruxelles, K-nal, 23h, 10/5e, +32 0 324 73 47 LES MECS ECLECTICS + NEON Gand, Culture Club, 23h, 9/6e, +32 9 233 09 46 Hindu Night : THE VAN JETS + BLACKBOX REVELATION + FREAKY AGE + SHINE A LIGHT Gent, Make Up, 23h, nc, +32 9 329 74 10

Enchanteurs : DEBOUT SUR LE ZINC Leforest, Chapiteau Droit de Cité, 20h30, 8/5e,

Be There or Be Square : MIXHELL + GUESTRAPO + MARTI + DWARDZ Lille, Kiosk, 23h, 8/7e, +33 320 49 75 99

DIDIER SUPER + LES VRAOUMS Béthune, Théâtre Le Poche, 20h45, 7/5/3e, +33 321 64 37 37

So tasty VS Straght Music : MESS + AL-X + MAINRO + PAO Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59

Festival Musikampus : PILOT + PERU PERU Arras, Théâtre d’Arras, 21h, nc,

Roubaix’s Burning : DJ MÉHDI + BRODINSKI + DAS GLOW + SYLVIE CIOUS


agenda |

123

Roubaix,Salle Watremez, 23h, 15/10e

sam 03 THE BESNARD LAKES + STAD VAN LICHT + DJ TRIPOLI Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00

Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89 AEROPLANE + VILLA + MUSTANG + HORSE MEAT DISCO + EROL ALKAN’S «DISCO 3000» Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e

AQME + LIFE OF AGONY + PANIC CELL Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 27/24e, +32 2 548 24 24

Daily Dubstep : N TYPE + MALA + BREAKAGE + YOUNGSTA + KRYPTIC MINDS + GRIMELOCK Gand, Vooruit, 23h, 19/15e, +32 9 267 28 28

EAT LIONS + BOSTON TEA PARTY Courtrai, De Kreun, 20h, 5e, +32 5 637 06 44

PIET + MO & BENOELI + MR DEEPBASSUS Gent, Make Up, 23h, nc, +32 9 329 74 10

12 ans du Biplan! : STÉRÉOPUTE + KLAKOMANIAK + SHIKO SHIKO + VERRATS HYDRAULIQUES + THE FUCKING AMAZING BIG BAND OF BIPLAN Lille, Biplan, 20h, 3e, +33 320 12 91 11

Local On : LUTEZO + MATTHUS RAMAN + JAMES BACON Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99

Les Femmes s’en Mêlent : CHICKS ON SPEED + ROCK & JUNIOR Tourcoing, Grand Mix, 20h, 10e/gratuit, +33 320 70 10 00

Solidarité Haïti : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, nc, +33 320 12 82 40

LAURA MARLING Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

ONUR ÔZER + SECRET CINEMA + TOFKE GUAPERAS Anvers, Café d’Anvers, 22h, nc, +32 3 226 38 70

BPitch Control Label Night : ELLEN ALLIEN + THOMAS MULLER + DEG + PIERRE + ZANDER VT

TV GHOST + CRUSADERS OF LOVE Lille, Malterie, 18h, 7/5e, +33 320 15 13 21

dim 04

JEAN-LOUIS MURAT Namur, Théâtre Royal, 20h30, 36/20e, +32 8 122 60 26

BARTHOLOMEO + PATRICK SCHMIDT + 2WINZ Anvers, Café d’Anvers, 23h, 10/5e, +32 3 226 38 70

LITTLE ELMO + MAJORETTES + THE JACK LONDON SHOW + THE CATATONICS + THE BOY OUTSIDE + ZYFA Diksmuide, Muziekclub 4AD, 14h30, gratuit, +32 5 150 48 94

mar 06

EZ3KIEL + HINT + VUNENY Tourcoing, Grand Mix, 18h, 17/14e, +33 320 70 10 00

Titan Hits #8 Lille, Péniche, 22h, 5e, +33 320 57 14 40

lun 05

THREE CHEERS FOR DIRTY + AUTO + PEO WATSON Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59

NADJA + OVO + THRONES Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 10/7e, +32 5 150 48 94

DIDIER SUPER + LES VRAOUMS Béthune, Théâtre Le Poche, 20h45, 7/5/3e, +33 321 64 37 37

MATTHEW DEAR + CLAUDE VON STROKE Louvain, Silo, 23h, nc, +32 1 620 34 64

70’s Disco Funk & Soul : DR DIXCO + DON JOHNSON + THE LOVE BROTHERS Anvers, Petrol, 23h, 10/5e, +32 3 226 49 63 LES MECS ECLECTICS + MOONFLOWER + DAVID LATOUR Gand, Culture Club, 23h, 10e, +32 9 233 09 46 CLAUDE VON STROKE + ANDRÉ WINTER + PRINZ + LE PETIT BELGE Gent, Make Up, 23h, nc, +32 9 329 74 10

ZEROMANCER + NO MORE Anvers, Trix, 20h, 20/15e, +32 3 670 09 00

MOS DEF + FLOWLIFE BUMZ & BEAT DRUNX + DJ LEFTO + MC GUS Gand, Vooruit, 20h30, 37/33,5e, +32 9 267 28 28

mer 07 SOIL & «PIMP» Courtrai, De Kreun, 20h, 7/10/12e, +32 5 637 06 44

jeu 08 MT. EERIE + NO KIDS Courtrai, De Kreun, 20h, 7/10/12e, +32 5 637 06 44 FRANCK TURNER Lille, Péniche, 20h, 9e, +33 320 57 14 40


concerts CHAPELIER FOU + KOUDLAM Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10/8/6e, +33 320 27 70 10 SOMA Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 22h30, gratuit, +32 3 226 38 70 SHEWBY Lille, Kiosk, 23h, gratuit, +33 320 49 75 99

ven 09 AUTECHRE + ROB HALL + RUSSELL HASWELL + DIDJIT Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 23/20e, +32 2 548 24 24 TRASH TALK + ROLO TOMASSI Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 19h30, 15/12e, +32 2 414 29 07 FIRST AID KIT Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 BALOJI + ORCHESTRE DE LA KATUBA + HYPNOTIC BRASS ENSEMBLE + HUDSON MOHAWKE + DJ LEFTO + AZER Gand, Vooruit, 20h, 19/17,5e, +32 9 267 28 28 A SUNNY DAY IN GLASGOW + SEXUAL EARTHQUAKE IN KOBE + ANORAAK Amiens, Lune des Pirates, 20h30, 10e, +33 322 97 88 01 JOSSE DE PAUW Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 11/7e, +32 5 150 48 94 SHITDISCO + SUPERLUX + HIS DUDENESS + EDDIE ADAMS + KUTMASTERSHOK Namur, Belvédère, 20h30, nc, +32 8 181 39 00 Clubsteppin : THE OTHERS + PLASTICIAN + COOLY G + SCIENCE OF TWO Bruges, Cactus Club, 22h, 13/10e, +32 5 033 20 14

MILTON JACKSON + SHUR-IKAN + MASSIMO DA COSTA + CHEAP CHARLY MEN Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70 Techno NR:3 : AGORIA + PANTHA DU PRINCE + TOMAZ + COUPÉ Anvers, Petrol, 23h, 10/8e, +32 3 226 49 63 Fight Klub : MONDKOPF + BASKERVILLE Bruxelles, K-nal, 23h, 10/5e, +32 0 324 73 47 DJ ROM1 + DJ KEUTCH + DRUMSOUND Lille, Kiosk, 23h, 6/3e, +33 320 49 75 99

FUCK BUTTONS + THREE TRAPPED TIGERS + JOE BERLUCK + MAURO PAWLOWSKI Courtrai, De Kreun, 20h, 15e, +32 5 637 06 44 MAP (MINISTÈRE DES AFFAIRES POPULAIRES) + ALEE + GAZA TEAM Lille, Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00 TV BUDDHAS + NASTY BILLY HAMILTON Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 10/6e, +32 5 150 48 94 CHAMOTS + DAVID COURTIN Lille, Biplan, 20h30, 5e, +33 320 12 91 11

DEEPRAKER + ADOLPHE Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59

SMOS & BABY BEE + 2WINZ Anvers, Café d’Anvers, 23h, 10/5e, +32 3 226 38 70

sam 10

RARESH + PIERRE + ALEX SMOKE + DEG Bruxelles, Fuse Club, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89

BetiZFest : GÉRARD BASTE + DR VINCE + DJ ZEBRA + LES SALES MAJESTÉS Cambrai, PALAIS DES GROTTES, 14h30, 20/11e, FOOL’S GOLD + KELPE + RAIN MACHINE + THE STRANGE BOYS Bruxelles, Ancienne Belgique, 18h, 19/16e, +32 2 548 24 24 KARMA TO BURN + YEAR LONG DISASTER + SARDONIS Leuven, Het Depot, 19h, 14/12e, +32 1 622 06 03 TRISOMIE 21 + CRUISE [CTRL] + :CODES Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 19h30, 22/19e, +32 2 414 29 07 MULATU ASTATKE & THE HELIOCENTRICS Anvers, Trix, 20h, 20/17e, +32 3 670 09 00 BOY AND THE ECHO CHOIR + CARL + MIELE + Y.E.R.M.O Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24

RIVA STARR Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e TRAXX Lille, Kiosk, 23h, nc, +33 320 49 75 99 Furie : BEATAUCUE + DACTYLO + NUMERO 6 + KRISHKA Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59

dim 11 Betizfest : BLACK BOMB A + SHAKA PONK + ESPRIT DU CLAN (L’) + GRONIBARD Cambrai, PALAIS DES GROTTES, 15h, 11/14e, 65 DAYS OF STATIC + MOUNT EERIE + TOMAN + FUCK BUTTONS Bruxelles, Ancienne Belgique, 17h, nc, +32 2 548 24 24 THE STRANGE BOYS Lille, Aéronef, 18h, 10e, +33 320 13 50 00


agenda |

125

THE GLADIATORS + CRUCIAL P Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 19h30, 25/22e, +32 2 414 29 07

lun 12 LOSTPROPHETS + BLACKOUT Anvers, Trix, 19h30, 21/18e, +32 3 670 09 00 CRYSTAL ANTLERS + ASIWYFA + KAPITAN KORSAKOV Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Paradis Artificiels : FLORENT VINTRIGNER Lille, Péniche, 20h, 9e, +33 320 57 14 40 65 DAYS OF STATIC + KONG Amiens, Lune des Pirates, 20h30, 12/7e, +33 322 97 88 01 Paradis Artificiels : MULATU ASTATKE & THE HELIOCENTRICS Tourcoing, Grand Mix, 20h30, 19,80/17,80e, +33 320 70 10 00

mar 13 Domino Festival : DANIEL JOHNSTON AND THE BEAM ORCHESTRA Bruxelles, Ancienne Belgique, 18h, 25/22e, +32 2 548 24 24 COMPAGNIE DU TIRE-LAINE Roubaix, Condition Publique, 18h30, 10/1e, +33 328 33 48 33 Paradis Artificiels : NOUVELLE VAGUE + AN PIERLE & WHITE VELVET + AMÉLIE Lille, Sébastopol, 19h30, 25,30e, +33 320 54 44 50 Paradis Artificiels : EIFFEL + DA SILVA + AUTOMATIQ Lille, Splendid, 19h50, 22e, +33 320 33 17 34 Domino Festival : DAN LE SAC VS SCROOBIUS PIP Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24

BIBI TANGA & THE SELENITES Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 Paradis Artificiels : DANAKIL + THE GLADIATORS + REBELUTION Lille, Aéronef, 20h, 22e, +33 320 13 50 00 Paradis Artificiels : JULIEN PRAS Lille, Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Paradis Artificiels : OCEANA + BEN L’ONCLE SOUL Tourcoing, Grand Mix, 20h30, 17,80e, +33 320 70 10 00

mer 14 MADINA LAKE + YOUNG GUNS Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 19h30, 14/11e, +32 2 414 29 07 Paradis Artificiels : LOUDBLAST + GOROD + BETRAYING THE MARTYRS Lille, Splendid, 19h30, 22e, +33 320 33 17 34 Paradis Artificiels : THE PRODIGY + THE SUBS + CROOKERS Lille, Zénith Arena, 19h30, 33e, +33 320 14 15 16 TRANS AM + LAZER CRYSTAL Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00 Paradis Artificiels : WAVE MACHINES + YACHT Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 13,80e, +33 320 95 08 82 Paradis Artificiels : TENDER FOREVER Lille, Péniche, 20h, 9e, +33 320 57 14 40 Paradis Artificiels : SANSEVERINO + CARMEN MARIA VEGA Lille, Sébastopol, 20h, 27,50e, +33 320 54 44 50 KYLESA + DARK CASTLE + PNEU

Tourcoing, Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 After Show Prodigy : SPECIAL GUESTS... Lille, Kiosk, 23h, gratuit, +33 320 49 75 99

jeu 15 YACHT + MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE Anvers, Petrol, 20h, 12/9e, +32 3 226 49 63 SELAH SUE Bruxelles, Botanique, 20h, Complet, +32 2 218 37 32 -M- MATTHIEU CHÉDID Bruxelles, Forest National, 20h, 45/35e, +32 7 025 20 20 NONA MEZ + MILOW + TOM HELSEN Leuven, Het Depot, 20h, 13/10e, +32 1 622 06 03 BALKAN BEAT BOX Lille, Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00 Paradis Artificiels : THE BEWITCHED HANDS ON THE TOP OF OUR HEADS + JOHN & JEHN Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 13,80e, +33 320 95 08 82 Paradis Artificiels : ROYAL BANGS Lille, Péniche, 20h, 5e, +33 320 57 14 40 Paradis Artificiels : DICK ANNEGARN + LES MAUVAISES LANGUES + NEESKENS Lille, Sébastopol, 20h, 27,50e, +33 320 54 44 50 MIDLAKE + CASCADEUR Tourcoing, Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 ADMIRAL FREEBEE + WILLIE Gand, Vooruit, 20h30, 22/20,5e, +32 9 267 28 28 KWOON Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11


concerts ven 16 RAJERY + TINY LEGS TIM Diksmuide, Muziekclub 4AD, 00h, 11/7e, +32 5 150 48 94 Violons de la Paix : ENSEMBLE LAVACH Portel, Place Poincaré, 11h, gratuit Paradis Artificiels : ARCHIVE + WAX TAILOR + ALICE RUSSELL Lille, Zénith Arena, 19h30, 29,70e, +33 320 14 15 16 BALKAN BEAT BOX Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24 SELAH SUE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet, +32 2 548 24 24 WILD BEASTS + VILLAGERS Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 DIZIZ LA PESTE + KLM & CAPUCHON + SALADIN + EXODARAP Charleroi, Coliseum, 20h, 15/10e, 3271843791 DRUMS ARE FOR PARADES + SHINING Gand, Vooruit, 20h, 14/10e, +32 9 267 28 28 BLOOD RED SHOES + KING OF CONSPIRACY Lille, Aéronef, 20h, 15/10e, +33 320 13 50 00 Paradis Artificiels : MR DAY + DAN LE SAC VS SCROOBIUS PIP Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 13,80e, +33 320 95 08 82 Paradis Artificiels : CELLULIGHT Lille, Peek a Boo, 20h, gratuit, +33 320 57 05 15 Paradis Artificiels : MONTGOMERY Lille, Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Paradis Artificiels : LUKE + PUGGY + ABSYNTHE MINDED

Lille, Splendid, 20h, 22e, +33 320 33 17 34 Violons de la Paix : ORCHESTRE DE PICARDIE + DAVID GRIMAL + FRANK STROBEL Boulogne-sur-Mer, Salle Damremont, 20h30, nc, +33 321 87 37 15 Violons de la Paix : QUARTET FLORIN NICULESCU Boulogne-sur-Mer, Nausicaa, 21h, nc, +33 321 30 99 89 ZENZILE + LA DK DANSE Dunkerque, 4 Ecluses, 21h, 10/7e, +33 328 63 82 40 Paradis Artificiels : MISSILL + RACHIDA DARTI + BEN LE ROUGE Lille, Gare Saint-Sauveur, 21h, 12e Violons de la Paix : ENSEMBLE SWINGIN’ PARTOUT Boulogne sur Mer, Central Bar, 22h, nc, +33 321 80 13 04

Sonic City : THE GO! + SO COW + GEORGE TRIO / CHAD PEOPLE Courtrai, De Kreun, 14h, 17/22e, +32 5 637 06 44 Paradis Artificiels : IGGY & THE STOOGES + TRIGGERFINGER + BLACKBOX REVELATION + PROD STEWART Lille, Zénith Arena, 19h, 37,40e/33e, +33 320 14 15 16 Violons de la Paix : ACADÉMIE INTERNATIONALE DE VIOLON Saint-Martin-Boulogne, Salle Georges Brassens, 19h30, nc, +33 321 10 04 90 BIRDY NAM NAM Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24 DAAU Bruxelles, Botanique, 20h, 19/16/13e, +32 2 218 37 32

ALEX ET SA GUITARE Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

SHARKO + OK COWBOY! + LE PRINCE HARRY Charleroi, COLISEUM, 20h, 15/12e, 3271843791

MARK FARINA + PRINZ + DEE JAMES + RICARDO + BEN DOVER’S BOOTY DUTY Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70

Paradis Artificiels : ARRESTED DEVELOPMENT + FOOL’S GOLD + ISWHAT ?! Lille, Aéronef, 20h, 23,10e, +33 320 13 50 00

Paradis Artificiels : MOLECULE + MIKIX THE CAT Lille, Kiosk, 00h, 5e, +33 320 49 75 99

Paradis Artificiels : MICROKINO Lille, Gare Saint-Sauveur, 20h, gratuit

Paradis Artificiels : GRUM Lille, Supermarket, 00h, 5e, +33 320 52 86 59

Paradis Artificiels : FOLK AD HOC Lille, Gare Saint-Sauveur, 20h, gratuit

sam 17

Paradis Artificiels : HOOK & THE TWINS + GREEN VAUGHAN Lille, Péniche, 20h, 5e, +33 320 57 14 40

Violons de la Paix : SVETLIN ROUSSEV + JEANFRANÇOIS ZYGEL + DAVID GRIMAL + ENSEMBLE ICTUS Boulogne-sur-Mer, Théâtre de Monsigny, 14h, nc, +33 321 87 37 15

Violons de la Paix : ENSEMBLE «LES YEUX NOIRS» Boulogne-sur-Mer, LA FAÏENCERIE, 22h, nc, +33 321 80 64 42


agenda |

127

Viva Vida : DJ CAROLL Lille, Guapa Bar, 22h, gratuit, +33 320 54 82 55 AUDIOFLY + BARTHOLOMEO + PATRICK SCHMIDT + 2WINZ Anvers, Café d’Anvers, 23h, 12/8e, +32 3 226 38 70 16 Year Fuse : JEFF MILLS + DEG + GUILLAUME & THE COUTU DUMONTS + ONUR ÔZER Bruxelles, Fuse Club, 23h, 13/9e, +32 2 511 97 89 HENRIK SCHWARZ Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e, My techno is Rich : CZESKI + DJ ICE Lille, Kiosk, 23h, 6/3e, +33 320 49 75 99 Doc Party : Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59 Paradis Artificiels : DAMIAN LAZARUS + JAMIE JONES + CLIVE HENRY + APM001 + FANNY BOUYAGUI Lille, Tripostal, 23h, 13/10e

dim 18 Sonic City : DEERHOOF + THE KIDS + TALK NORMAL + BEN BUTLER & MOUSEPAD Courtrai, De Kreun, 14h, 17/22e, +32 5 637 06 44 Paradis Artificiels : TOMMIGUN + THE BAZZOUKAS + ATELIER MICROKINO Lille, Maison Folie Moulins, 14h, gratuit, +33 320 95 08 82 WILDSCAT JAZZ CLUB Lille, Biplan, 17h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 SATOKO FUJII Lille, Malterie, 18h, 9/7e, +33 320 15 13 21 THE LORDS OF ALTAMONT + ASHTONES + LES CHEFS Roubaix, Cave aux Poètes, 19h,

10e, +33 320 27 70 10 Paradis Artificiels : DANIEL JOHNSTON & THE BEAM + BLACK JOE LEWIS Lille, Splendid, 20h, 24,20e, +33 320 33 17 34

Bruxelles, Botanique, 20h, 11/8/5e, +32 2 218 37 32 GABRIEL RIOS + JEF NEVE + KOBE PROESMANS Leuven, Het Depot, 20h, 23/20e, +32 1 622 06 03

lun 19

AHMAD JAMAL Valenciennes, Phénix, 20h, 23/17e, +33 327 32 32 32

EVERYTHING EVERYTHING Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

Faust Roubaix, Colisée, 20h30, 55/45e, +33 320 24 07 07

INDOCHINE Bruxelles, Forest National, 20h, 56e, +32 7 025 20 20

mer 21

SHRINEBUILDER + KINGDOM Courtrai, De Kreun, 20h, 15e, +32 5 637 06 44

Le Liban Recomposé Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50

FEMI KUTI & THE POSITIVE FORCE Leuven, Het Depot, 20h, 26/24e, +32 1 622 06 03

DON MCLEAN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 38/35e, +32 2 548 24 24

Paradis Artificiels : COEUR DE PIRATE + FRÉDRIKA STAHL Lille, Sébastopol, 20h, 25,30e, +33 320 54 44 50 SENSATIONAL + SPECTRE + TWO LEAF EARS + DJ BERLIN Lille, Malterie, 20h30, 7e, +33 320 15 13 21

mar 20 THE BLACK BOX REVELATION + GENERAL FIASCO Anvers, Trix, 20h, 19/16e, +32 3 670 09 00 Fenêtre sur Bohuslav Martinu : ENSEMBLE INSTRUMENTAL D’ARRAS Arras, Théâtre d’Arras, 20h, nc, +33 321 71 76 30 KILLING JOKE Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24

TUNNG Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 RODRIGO Y GABRIELA Bruxelles, Forest National, 20h, 36/29e, +32 7 025 20 20 «Shift» : GUILLAUME DE CHASSY + ANTOINE CARLIER Tourcoing, Hospice d’Havré, 20h30, 14/9e, +33 359 63 43 53

jeu 22 DRAGIBUS Amiens, Lune des Pirates, 18h30, 7/6e, +33 322 97 88 01 Domino Festival : THE HUNDRED IN THE HANDS Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 12e, +32 2 548 24 24 GARTH KNOX Arras, Théâtre d’Arras, 20h, nc, +33 321 71 76 30

NEWTON FAULKNER Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24

Domino Festival : LOU REED’S METAL MACHINE TRIO Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 38/35e, +32 2 548 24 24

CHAPEL CLUB

HOLLY MIRANDA


concerts Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 THE VAN JETS Leuven, Het Depot, 20h, 16/13e, +32 1 622 06 03 BERNIE BONVOISIN Lille, Splendid, 20h, 25e, +33 320 33 17 34 BAISE EN VILLE + SAINCT LAURENS Lille, Malterie, 20h30, 9/7e, +33 320 15 13 21 LA RUMEUR Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10e, +33 320 27 70 10 MICHEL JONASZ TRIO Roubaix, Colisée, 20h30, 39/8e, +33 320 24 07 07 Hard Bass Dealers Radio Show : RCV KREW Lille, Kiosk, 22h, gratuit, +33 320 49 75 99

ven 23 Le Mythe de Faust : ONL Lille, Nouveau Siècle, 200h, nc, +33 320 12 82 40 CERCUEIL + KEIKI + BOSTON TEA PARTY + TRIKE Bruxelles, Magasin 4, 19h, nc, +32 2 223 34 74 MIDLAKE Anvers, Trix, 20h, 20/17e, +32 3 670 09 00 ZENI GEVA + YEAR OF NO LIGHT + ALTAR OF PLAGUES Courtrai, De Kreun, 20h, 7/10/12e, +32 5 637 06 44 THE NEW YORK DOLLS Leuven, Het Depot, 20h, 21/24e, +32 1 622 06 03 CURRY AND COCO + FLAIRS + TV GLORY + STEREOPLEASURE + DJ WALLACE Tourcoing, Grand Mix, 20h, 7/10e, +33 320 70 10 00 DE MENS + ETÉ 67 Diksmuide, Muziekclub 4AD,

20h30, 12/8e, +32 5 150 48 94

20h, 12e, +32 2 548 24 24

HUBUB + LA GRANDE PEREZADE Lille, Malterie, 20h30, 9/7e, +33 320 15 13 21

CRYSTAL CASTLES Bruxelles, Botanique, 20h, 18/15/12e, +32 2 218 37 32

SUCCESS + MARVIN HOOD Béthune, Théâtre Le Poche, 20h45, 7/5/3e, +33 321 64 37 37 FOOL’S GOLD + BIBI TANGA & THE SELENITES Beauvais, Ouvre-Boîte, 21h, 15/13,5/12e, +33 344 10 30 80 LORDS OF THE BLEEP III Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 SASCHA DIVE + JEANCEDRIC + SAYTEK + ANAELLE Anvers, Café d’Anvers, 23h, nc, +32 3 226 38 70 Fight Klub : LATE OF THE PIER Bruxelles, K-nal, 23h, 10/5e, +32 0 324 73 47 SOUND PELLEGRINO THERMAL TEAM + ARCADE + DOUSTER + LE PETIT BELGE Gent, Make Up, 23h, nc, +32 9 329 74 10 Booty Call : DJ KESMO + SUPA + GUESTARACH + LE JOUAGE + VINCENT DRAPO Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99 MR NÔ + ABSTRACT SOUND PROJECT + SILVOUPLAY + THE ONE DJ + TONY DIBAC Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59

sam 24 ONL Valenciennes, Phénix, 20h, 23/9e, +33 327 32 32 32 Bal à Fives : BALKAN BANQUETS + RIF CREW + STAY CALM Lille, Salle des fêtes de Fives, 19h30, 4/2e, LOU RHODES Bruxelles, Ancienne Belgique,

ORCHESTRE DE PICARDIE Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 18/15e, +33 321 64 37 37 ADMIRAL FREEBEE Bruges, Cactus Club, 20h30, 23/19e, +32 5 033 20 14 WHATEVER HIPPIE BITCH + OSNI Béthune, Théâtre Le Poche, 20h45, 5e, +33 321 64 37 37 Rampage : MARKY + JENNA G + MURDOCK + NETSKY Anvers, Trix, 22h, 13/10e, +32 3 670 09 00 MISTER SOAP & THE SMILING TOMATOES + VELOCITY BIRD Lille, Biplan, 22h, 5,5e, +33 320 12 91 11 FENECH SOLER + SHAMEBOY Anvers, Petrol, 23h, 13/10e, +32 3 226 49 63 16 Year Fuse : MONIKA KRUSE + LEN FAKI + MARCEL FENGLER + PETER VAN HOESEN + DEG + PIERRE Bruxelles, Fuse Club, 23h, 12/7e, +32 2 511 97 89 Sound Pellegrino Label Night : SOUND PELLEGRINO THERMAL TEAM Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e, LATE OF THE PIER + NOOB + OUR MAN FRED + CLEO + VANCE Gent, Make Up, 23h, nc, +32 9 329 74 10 «Peace Party» : APM001 + CZESKI + FANNY BOUYAGUI Lille, Kiosk, 23h, 7/3e, +33 320 49 75 99 JEROME PACMAN + MATTHUS RAMAN + FARAI + PIX Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59


agenda |

129

dim 25 HOLLY MIRANDA + ALICE LEWIS Tourcoing, Grand Mix, 18h, 10/7e, +33 320 70 10 00 DJ KRUSH + DJ BOOTSIE QUARTET + KOALA Bruxelles, VK - De Vaartkapoen, 19h30, 16/13e, +32 2 414 29 07

lun 26 ARID + ROADBURG Gand, Vooruit, 20h30, 22/19,5e, +32 9 267 28 28

mar 27

Bruges, Cactus Club, 20h, 11/8e, +32 5 033 20 14 THE RESIDENTS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33/30e, +32 2 548 24 24 LIGHTSPEED CHAMPION Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32 DE MENS + ETÉ 67 Gand, Vooruit, 20h, 16/15,5e, +32 9 267 28 28 BRIAN JONESTOWN MASSACRE Lille, Aéronef, 20h, 17/13e, +33 320 13 50 00 THE HUNDRED IN THE HANDS Lille, Péniche, 20h, nc, +33 320 57 14 40

THESE NEW PURITANS Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32

GUSH + BEAR IN HEAVEN Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10/8/6e, +33 320 27 70 10

EAGLE SEAGULL Bruxelles, Botanique, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32

jeu 29

MEURIS + LANDFILL Courtrai, De Kreun, 20h, 13e, +32 5 637 06 44

DE MENS Leuven, Het Depot, 20h, 16/14e, +32 1 622 06 03

ARID Leuven, Het Depot, 20h, 22/19e, +32 1 622 06 03

EFTERKLANG + HEATHER WOODS BRODERICK + LUMINOCOLOR Tourcoing, Grand Mix, 20h, 12/9e, +33 320 70 10 00

HOWARD HUGHES Lille, Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 THE BLACK BOX REVELATION Gand, Vooruit, 20h30, 21/19,5, +32 9 267 28 28 CAFÉ BERTRAND + SUBSONIC + DEAD DOG CAFÉ Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

mer 28 Vagabondage & Romantisme IV Lille, Opéra de Lille, 18h, 8e, +33 328 38 40 50 EAGLE SEAGULL + THE FUTURE DEAD

LABEL ROSE Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 RALF + SEROM & ASFALTE Anvers, Café d’Anvers, 22h30, gratuit, +32 3 226 38 70

ven 30 ADMIRAL FREEBEE + FEW BITS Anvers, Trix, 19h30, 22/19e, +32 3 670 09 00 NEW YOUNG PONY CLUB Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 STEAK NUMBER 8 Courtrai, De Kreun, 20h,

12/10e, +32 5 637 06 44 15 years Afrika Film Festival : BALOJI + TIMBILA STORIES Leuven, Het Depot, 20h, 18/15e, +32 1 622 06 03 ELI ‘PAPERBOY’ REED Lille, Aéronef, 20h, 17/13e, +33 320 13 50 00 Réinventions : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, nc, +33 320 12 82 40 DA SILVA + DAPHNÉ Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 12/10e, +33 321 64 37 37 LES BLAIREAUX + SYLVAIN DE SATURNE Calais, Gérard Philipe, 20h30, 5e, +33 321 46 90 00 DICK DALE + SPEEDBALL JR Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 20/16e, +32 5 150 48 94 GREMS + NT4 + DJ TROUBL Roubaix, Cave aux Poètes, 20h30, 10e, +33 320 27 70 10 8YCC : ARMAND VAN HELDEN + ETIENNE DE CRÉCY + DADA LIFE + SOUND OF STEREO + NEON + CASH MONEY + TLP AKA TROUBLEMAN + DAVIDOV + GUS & SENSE Gand, ICC, 21h, nc, JULIETTE KAPLA Lille, Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 MARCO CAROLA + HERMANEZ + TOFKE GUAPERAS + MASSIMO GIRARDI + ROMANO RAPESO + ALEKS NOTO + TECNUM + RUPERT HARVEY + JELLEN Anvers, Café d’Anvers, 23h, 15/10e, +32 3 226 38 70 Soul Food : BREAKAGE + STAMINA CREW Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99 THE FRENCHEES Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59


le mot de la fin |

130

Un truc cool…

Gum

En 2009, Brock Davis s'est lancé un défi : "Make something cool every day". Cet illustrateur facétieux et photographe hypersensible a terminé l'année en beauté avec 365 créations (photo)graphiques ! Voici un extrait du calendrier très personnel d'un mec définitivement cool.




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