n째55 / septembre 2010 / GRATUIT
nord & belgique Cultures et tendances urbaines
Sommaire
reportage © Olivier Blaise/LightMediation // Name, Ellen Allien © DR // Design September © Olivier Gregoire
Let’smotiv - septembre 2010 - #55
6 News
12 Reportage
Kabul Dreams : Rock en Afghanistan. Accords et Désaccords
20 Rencontre Matt Black & Peter Quick : Boss du label Ninja Tune. 20
e
anniversaire des Tortues Géniales
24 Musique N.A.M.E, RADAR, Interpol, Gun's & Roses, Fortune... 44 Chroniques disques NEU!, Matthew Dear, Adam Kesher, Zola Jesus… 48 Cinéma Benda Bilili ! Sur la route du Staff; Black Diamond, sombre trafic
52 Portfolio Wrong Right Wrong, d'Achim Lippoth : Sois un homme, papa !
58
événement Design September : À la table des créateurs !
62 Exposition Miro, Dancing Machines, Biennale de photo d'Ottignies, La rentrée des galeries... agenda
72 Dossier
Les Fabriques Culturelles : destination création
78 Théâtre Le Gardenia d'Alain Platel, Pal Frenak, le Cirque Plume..., agenda 88 Littérature Fanny Chiarello, l'apocalypse à l'échelle du salon 90 Chroniques livres Moebius, Carver, Foster Wallace, Gifford et Borgetto 92 Agenda concerts
98 Playlist Ils tournent, ils tournent sur les platines de la rédaction
Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07
redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com Graphiste : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: Nicolas Pattou - nicolas.pattou@tacteel.fr Hakima Lounas - h.lounas@letsmotiv.com
Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Faustine Bigeast, Olivier Blaise, Paul Carra, Audrey Chauveau, Mathieu Dauchy, Florent Delval, Cédric Delvallez, Grégory Escouflaire, Carole Lafontan, François Lecocq, Justine Leuregans, Achim Lippoth, Hakima Lounas, Alex Masson, Raphaël Nieuwjaer, Louise Padox, Clément Perrin, Marion Quillard, Olivia Volpi
Couverture : Achim Lippoth, www.lippoth.com
Let'smotiv Bordeaux
Let’smotiv Méditerranée
Let’smotiv Bruxelles
Let'smotiv Portugal
Let'smotiv Lyon
Let’smotiv Toulouse
31-33 rue Buhan - 33000 Bordeaux Tél : +33 556 52 09 95 - Fax : +33 556 52 12 98 redaction.bordeaux@letsmotiv.com rue des Eburons, 34 - 1000 bruxelles Tél : +32 2 265 19 86 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com 5 place Louis Chazette - 69001 Lyon Tél : +33 482 53 05 71 - Fax : +33 482 53 05 70 redaction.lyon@letsmotiv.com
BP 2172 - 34027 Montpellier Cedex 1 Tél : +33 499 61 51 12 - Fax : +33 467 92 26 43 redaction.med@letsmotiv.com Rua Ofélia da Cruz Costa, 922, 2°dto, 4455-138 Lavra Tél : +351 968 604 752 revista.sai@letsmotiv.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 redaction.tlse@letsmotiv.com
Let’smotiv est une publication d’Urban Press, www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 - info@urban-press.com Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc Rédacteur en chef : Nicolas Pattou Rédactrice en chef adjointe : Léa Daniel Secrétaires de rédaction : Carole Lafontan, Judith Oliver Direction Artistique : pao@letsmotiv.com Cécile Fauré, Christophe Gentillon
Publicité Nationale : Stéphanie Ganet, +33 561 14 78 37 pub@letsmotiv.com Régie publicitaire : Proxirégie : salvatore@proxiregie.fr Administration : adm@urban-press.com Impression : Imprimerie Ménard, 31682 Labège Papier issu de forêts gérées durablement
www.letsmotiv.com L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Magazine gratuit - Membre de l’OJD, Bureau de la presse gratuite d’information. Ne pas jeter sur la voie publique.
news |
6
En bref…
© DR
Foire du trône
Le Grand nulle part. Ces cabinets où l’on s’enferme, fuyant le regard des autres, cherchant à se faire oublier… Un lieu qu’on imagine difficilement devenir l’objet d’une exposition à ciel ouvert, au beau milieu de Paris. C’est pourtant l’idée brillante d’un syndicat de l’Assainissement parisien : offrir aux latrines du monde entier le droit de s’afficher fièrement. En pleine rue. Les 46 photos XXL placardées Bd de la Bastille réservent parfois des surprises. De taille : Ronis, Le Querrec, Doisneau, le Prince Charles. On vous laisse deviner qui est derrière ou devant l’objectif. ❥ Du 9.09 au 20.10, www.siaap.fr
© Les Produits de l'Epicerie
Contre-culture
Télex
Un musicien jouant de la flûte avec des légumes frais au milieu de milliers de pleurotes. On se croirait sous l'effet d'un puissant psychotrope. Pourtant, aucun des champignons qui poussent ici n'est hallucinogène. Derrière cette impressionnante « unité de production fongique » installée à la Condition Publique, un collectif lillois de plasticiens et d'architectes : les Saprophytes. Du 18 septembre au 16 octobre, leur drôle de culture sert de scénographie originale à une multitude de concerts, séances de cinéma, de lectures et parcours littéraires. Vivre à crédit. L'expression est familière. Elle l'est moins quand on parle d'écologie. Pourtant, depuis le 21 août, nous avons explosé notre « budget écologique » pour l’année 2010 : eau, matières premières, on est à sec ! // 7h, ni plus ni moins, c'est ce qu'il nous faut passer dans les bras de Morphée pour ne pas augmenter nos risques cardio-vasculaires.
news |
8
À couper le souffle ! Souffler dans le ballon peut vous sauver la vie, et pas uniquement au volant. Car si votre haleine peut révéler aux « képis » votre goût pour les apéritifs, elle permettra bientôt de détecter les cancers du poumon, du sein, des intestins ou de la prostate. C'est ce qu'ont découvert les chercheurs de l'Institut technologique israélien Technion. Une méthode simple, rapide, bon marché et à priori fiable, qui, si elle est validée par la communauté scientifique et médicale, rendra l'un des plus grands fléaux de notre époque aussi inoffensif qu'une légère cuite.
Tumi and the Volume © DR
Qui suis-je ?
Plongée sonique
Gainsboug ? Lama ? Il est bien question de musique, mais vous n'y êtes pas. Serge est un tout nouveau bimestriel que vous devriez croiser dans les kiosques dès le 21 septembre. Il s’annonce comme chic et populaire, dédié à toute la chanson d’expression française, qu’elle soit rock, pop, électro, hip-hop ou chanson. Ce titre imaginé par Patrice Bardot (Tsugi) et Didier Varrod (France Inter, Electron libre) pourrait devenir l’étalon de référence de la presse spécialisée. Enquêtes approfondies, rencontres, reportages, portraits… le sommaire comme l’équipe semblent pour le moins alléchants. Affaire à suivre, donc. De près. ❥
Chaque année, les tentacules du Poulpaphone progressent dans les eaux troubles du hip-hop. Entre Dj Dee Nasty, tout droit revenu des années 90 avec un set funk et un projet collectif (Urbanswing), Peter Punk (alias Disiz la Peste) et Tumi & the Volume, l'affiche 2010 laisse la part belle aux ultrabasses. Pour enfoncer le clou, l'animal a pris dans ses filets quelques formations dub ou drum&bass. Ceci dit, grâce à ses multiples membres, le festival embrasse toujours de nombreuses esthétiques, du post punk (Skip the use) à l'électro en passant par du piano acoustique (Mekanik Kantatik). ❥ Du 8 au 10.10, Boulogne, site de
www.myspace.com/sergemagazine
Garomanche, 6/4€, www.agglo-boulonnais.fr
Télex
Béthune, son beffroi et... ses homonymes américaines ! Appareil photo en bandoulière, Kristina Solomoukha traverse les Etats-Unis, à la recherche de villes nommées Béthune. Son travail sera restitué en janvier 2011 à Lab-Labanque. // De Paris à Lille, il n'y a qu'une autoroute A1. 211 Km de bitume qui voient défiler quotidiennement 35 000 véhicules... La plus surveillée de France. Souriez, vous êtes filmés !
news |
10
Ligne de conduite
© D.R/CNAP/Christian Marclay
Dieu qu’elle était belle ! Le regard bronze, les cheveux roux, des phéromones à vous faire rater l’arrêt de métro. Soudain, son téléphone sonne. Et là... le mythe s’effondre. La belle amazone a dégainé un Blackberry plutôt qu’un Iphone. Le site de rencontres anglais OkCupid est pourtant formel : les détenteurs d’Iphone sont définitivement plus tactiles que ceux qui possèdent des smartphones concurrents. À 30 ans, les iPhoneuses auraient en moyenne 12,3 partenaires sexuels, contre 8,8 pour les Blackberriennes. Suffit pas de garder la ligne.
Zoom Festival
À l’unisson
On savait Beauvais à quelques heures de destinations exotiques comme Lisbonne. On ignorait cependant que l’Ouvre Boîte proposait une alternative à l’aéroport low cost local. Porté par l’ASCA, le tout nouveau Zoom Festival propose ainsi un tour du Portugal et de la Bretagne en 5 jours. L’offre est évidemment « tout compris » : concerts, ciné-concerts, exposition, débats, courts-métrages s’enchaînent gaiement, sur fond de cornemuses et d’électro picarde. Le tout, à un prix dérisoire (42€). Ryan Air n’a qu’à bien se tenir !
Depuis 7 ans, City Sonic explore les innovations technologiques en matière sonore. Imaginées par une cinquantaine d’artistes belges et internationaux, performances audio et installations s’invitent à Mons, dans les jardins privés autour du Beffroi (Sonic Garden Party) et dans les sites patrimoniaux (Machine à Eau, Abattoirs, Salle Saint-Georges). Pour retrouver parapluies jouant de l’accordéon (Diane Landry), méduses numériques (Todor Todoroff) et installations de radio vintages (Lab[au]), il vous suffit de tendre l’oreille ! ❥ Jusqu’au
❥ www.zoomfestival.fr
12.09, Mons, gratuit, www.citysonics.be
Télex
Le musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq rouvrira le 25 septembre. L'occasion de redécouvrir ses impressionnantes collections d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut. // Les insectes sont nos amis, il faut les manger aussi... Marcel Dicke, prof. d'entomologie aux Pays Bas est catégorique : pour survivre à 9 milliards sur la Terre (2050), il faudra compter sur cette source de protéines. Qu'à cela ne tienne, on en absorberait déjà 500g/an... à notre insu dans la nourriture industrielle.
Accords et DĂŠsaccords
Un reportage d'Olivier Blaise/LightMediation
Les Kabul Dreams reportage |
12
reportage |
14
Le pari peut sembler insensé, dans un pays en proie à la guerre, aux attentats et à la menace islamiste. Il y a un peu plus d’un an, trois jeunes ont décidé de secouer la scène musicale afghane en créant les « Kabul Dreams ». Un groupe de rock, intrus parmi les formations traditionnelles et les chants religieux. Avec leurs mélodies guillerettes et leurs faux airs de pop anglo-saxone, les compositions de Sulyman Qardash (20 ans, chant - guitare), Mujtaba Habibi (24 ans, batterie) et Sid Ahmed (28 ans, basse) ont lancé un pavé dans la mare. En tout cas, vu de l’étranger. Car à Kaboul, les choses sont beaucoup plus compliquées…
C
entre-ville de Kaboul, quartier de Quala-Fatula. Dans cette rue défoncée où les voitures contournent avec soin les mille plaies de la chaussée, trois silhouettes rejoignent leur « studio » : une simple et minuscule pièce dans une maison, insonorisée par un expatrié australien. C’est dans ce havre inattendu que nos rockers de Kaboul peaufinent leurs dernières compositions. Ici, pas d’instrument traditionnel en vue, mais une jungle de câbles, des amplificateurs, une batterie… et une Fender blanche que Sulyman fait décoller dans une série de riffs. Les trois musiciens sont issus de régions aussi diverses que leurs ethnies (ouzbek, tadjik et pashtoun). Sulyman chante en anglais. Un parti pris, qu’ils revendiquent : chanter en anglais, c’est un moyen de gommer leurs différences. Car malgré leurs origines diverses, ils se considèrent
Afghans avant tout. Ils appartiennent à un peuple qui se bat pour survivre malgré la guerre.
Groupe sous influences Oasis, Coldplay, Radiohead, les Beatles… ces trois jeunes hommes reconnaissent bien volontiers être sous influence directe de la pop anglo-saxonne. Une musique occidentale qu’ils ont tous trois découverte à l’étranger, alors qu’ils fuyaient le régime des Talibans (1996-2001) qui avait interdit toute musique autre que religieuse. Réfugiés respectivement en Ouzbékistan, au Pakistan et en Iran, Sulyman, Sid et Mutjaba écoutent alors du rock, du reggae, du punk... Neuf ans après leur retour au pays (après la chute officielle des Talibans, suite aux attentats du 11 septembre 2001) l’avenir est plus que jamais incertain. Et jouer des mélodies entraînantes en Afghanistan, >
Sulyman Qardash (guitare), Mujtaba Habibi (batterie), Sid Ahmed (basse). The Kabul Dreams en studio Ă Kaboul, Afghanistan.
« En concert, les Kabul Dreams composent avec la peur constante des attentats et des enlèvements. »
reportage |
17
Kabul Dreams, le seul groupe de rock d'Afghanistan, au bar Martini Ă Kaboul, mars 2010.
revient à prendre des risques autrement plus sérieux que des mauvaises critiques ! Sulyman et ses amis sont conscients d’être une cible potentielle aux yeux des Talibans et des extrémistes. D’autant que les médias occidentaux s’intéressent à eux. Ainsi, le gouvernement de Karzai, en pleine négociation avec les Talibans, leur a fait comprendre qu’il fallait mieux se mettre à la musique traditionnelle !
Briser le silence Mais le groupe fait acte de résistance. Et surmonte au jour le jour des difficultés que ne laissent pas soupçonner leurs mélodies sucrées. Rien que pour se procurer des instruments, amplificateurs et divers accessoires électriques dignes de ce nom… On ne trouve rien à Kaboul, sauf des contrefaçons chinoises avec un son atroce. Dans la
capitale, pas de société de production musicale, pas de manager, même pas d’autres groupes de rock avec qui le trio pourrait échanger conseils, critiques ou matériel. Pour se produire en concert, les Kabul Dreams composent avec des règles de sécurité draconiennes, mais surtout avec la peur constante des attentats et des enlèvements. Sulyman, Sid et Mutjaba ont beau ne pas être des novices (ils ont déjà joué à plusieurs reprises à l’université de Kaboul, et en Inde lors du South Asian Band Festival de 2009), ils doivent se contenter des scènes de quelques bars et restaurants pour expatriés et riches afghans, ou de rares mariages. Ils comptent aujourd’hui sur la protection de l’ambassade américaine, qui leur a promis un concert - mais pour l’instant aucune date n’est fixée.
reportage |
19
Heureusement, le buzz qu’ils entretiennent sur Internet les encourage, tout comme les messages de soutien qu’ils reçoivent du monde entier. En particulier d’Iran, où il est aussi très difficile d’exister en tant que groupe de rock. Alors envers et contre tout, le trio continue d’assurer la promotion de son premier album. Un opus de cinq titres, sorti à Kaboul à la fin du mois de juin. Son titre ? I wanna runaway. Un propos qui résonne avec force aux oreilles de la jeunesse afghane. Ici, 68 % de la population a moins de 25 ans et c’est peu dire que la plupart rêve de s’enfuir sous d’autres cieux.
Sortie de scène Ce jour-là, les Kabul Dreams enregistrent leur dernière chanson. Des paroles qui rendent hommage aux victimes du crash aérien du 21 mai 2010 dans
les montagnes de l’Hindou Kouch. La répétition se termine, Suleyman rejoint les studios d’Ariana TV, une chaîne de télévision privée où il présente le JT en ouzbek. Sid rentre chez lui, il faut réviser, demain c’est une journée d’examens à l’université où il termine ses études d’économie. Mujtaba se rend dans les locaux d’une société de communication, il termine le mixage de la bande son d’une publicité pour l’armée afghane. Malgré le contexte hostile, le trio persiste et signe. Il prend un véritable plaisir à jouer et distille une sacrée dose d’optimisme. Fiers de ce premier opus, les trois complices préparent la sortie d’un nouvel album de 12 titres en 2011. / ❥ P our retrouver les Kabul Dreams sur Internet / www.kabuldreams.com et www.myspace.com/kabuldreams
rencontre |
20
Ninja Tune Tortue géniale
Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Peter Quicke, Matt Black, Jon More - By Colin Hawkins 2000 © Coldcut
Coldcut, Amon Tobin, Dj Food, Kid Koala, Roots Manuva… N’en jetez plus ! Ces noms ont tous marqué les vingt dernières années dans des genres très différents. Un dénominateur commun : leur label, Ninja Tune. Cette maison a régné sur la fin du siècle dernier et le début du millénaire, armée de lignes artistique et graphique inclassables, éclectiques et futuristes. Un peu comme Warp. Matt Black, accompagné de Peter Quick (l’autre dirigeant des Ninja) revient sur deux décennies de créations électroniques.
Pourquoi avoir fondé Ninja Tune ? Matt Black : Au milieu des années 80, Jonathan More et moi rencontrions un grand succès avec Coldcut. Nous étions signés chez Big Life, mais nous avions soif d’indépendance et d’expérimentation. Nous voulions également avoir un contrôle total sur notre label. Nous avons donc fondé Ninja Tune. C’était un choix aussi artistique que politique. Coldcut est d’ailleurs très engagé politiquement. Pas trop difficile de donner une portée politique à la dance music ? Non. On s’inscrit dans une longue tradition, dans l’art en général et la musique en particulier : le folk, les protest songs, le punk rock. J’aimerais bien que Ninja Tune soit plus engagé, mais on ne peut pas dire aux musiciens ce qu’ils doivent penser. Cette liberté est la raison d’être de notre label ! Cela dit, les artistes Ninja Tune ne vendraient pas leur musique à McDonald’s, par exemple. McDo, certes, mais certains titres de Coldcut ont tout de même servi
pour des publicités, non ? C’est vrai, mais c’était au cas par cas. Et, on a vite réalisé que c’était une erreur. Depuis, on refuse tout en bloc. Et ce n’est pas facile car l’argent, pour un label indépendant, c’est le nerf de la guerre. Parlons un peu des festivités de ce vingtième anniversaire : des soirées exceptionnelles, un coffret… À quoi s’attendre, Ninja Tune Pour Les Nuls ? Peter Quick : (Rires) Pas du tout ! Il ne s’agit pas d’un best of ou d’une rétrospective. On y trouvera en majorité des inédits. Le reste sera constitué de remixes ou de tracks d’artistes connectés à Ninja Tune sans y être signés, comme Flying Lotus… Ces six Cds dessinent les contours de l’avenir : en vingt ans, on aurait pu devenir gras et blasés. Mais on est restés passionnés. >
Richard Johnston © Martin Le Santo-Smith
« L’électro reste le terrain d’expérimentation le plus excitant ! »
Qu’est-ce qui a changé, alors, en vingt ans ? Matt Black : Les musiques électroniques ont explosé et investi toutes les disciplines. Le monde entier a été submergé par l’électro. Cela tient à plusieurs choses : la démocratisation des logiciels, tout d’abord. Ils sont quasiment gratuits. Ou très chers, mais tout le monde les cracke. Et malgré le revival actuel, le rock est ennuyeux. L’électro reste le terrain d’expérimentation le plus excitant. Pas faux. Mais beaucoup d’artistes électro se tournent vers des formes plus traditionnelles : Jamie Lidell et la soul, Fink et le folk… Oui, mais ils n’ont pas renoncé à l’électro pour autant. De toute façon, nous sommes dans l’ère de l’électronique : à partir du moment où tu enregistres, l’électronique entre en jeu, même sur du matériel analogique ! Alors, je conçois l’envie d’échapper aux boucles, qui finissent par lasser. Mais finalement, c’est ça la musique : une suite de schémas avec des variations. Comme disait Brian Eno : pour innover en restant populaire, il faut donner
Coldcut Live in France 2006 © Cerezal Callizo
aux gens 60 % qu’ils connaissent, et 40 % de neuf. Si tu arrives avec 100 % de neuf, ils ne peuvent même pas le comprendre. Avez-vous fondé des sous-labels pour ne pas dérouter votre public ? Peter Quick : Exactement. Nous sommes très ouverts, mais on ne peut être présent dans tous les domaines. Big Dada est un bon exemple. À travers ce label, nous souhaitions défendre les musiques noires et le hip-hop anglais… Matt Black : Mais, les gens seraient un peu perdus si ça paraissait chez Ninja Tune. Ça m’ennuie de le nommer ainsi, mais c’est du marketing. Ou de la lisibilité, tout simplement. Une autre caractéristique de Ninja Tune, c’est l’ouverture au jazz… Mais certainement ! Prends Kid Koala, qui a joué à Montreux : c’est un turntablist jazz. Les programma-
rencontre |
23
Ninja Office 2010 © Martin LeSanto Smith
teurs ont craint que leurs festivals ne soient fréquentés que par des nostalgiques assez âgés, obsédés par un son datant d’un demi-siècle. Or l’électro, c’est du jazz : on utilise ce qu’on a, on expérimente… Pas besoin de saxo pour faire du jazz ! Ce cosmopolitisme est assez londonien, non ? Tout à fait. Ninja Tune n’aurait pu naître ailleurs. C’est la ville où l’on a appris à mixer, sortir, faire des disques, des fêtes… Notre énergie vient de Londres, car c’est un véritable creuset. Les gens viennent dans cette ville pour réussir, il y a eu plusieurs vagues d’immigration, on y parle trois cents langues. On le sent quand on se balade dans la rue. C’est probablement pour cela qu’on mélange autant les genres, et les gens : Amon Tobin est brésilien, Jaga Jazzist norvégien, et ils confrontent les styles ! /
❥
Sorties le 20.09 / • Coffret spécial tirage limité (6 Cds de titres inédits et de remixes originaux, 6 vinyles, livre de 200 p., posters etc...) • Double CD (inédits d'Amon Tobin, Bonobo, Kid Koala, Mr Scruff, Dj Vadim, The Heavy...) • Double CD (nouveaux remixes d'Autreche, Switch, Cut Chemist, Metronomy, Herbert...) Expo / Ninja Tune XX, du 9.09 au 2.10, Paris, Galerie Chappe, entrée libre, +31 142 62 42 12 Soirées / • à L'Ancienne Belgique, Bruxelles, le 30.09, 20 h : Amon Tobin, Andreya Triana, Bonobo, Coldcut, DJ Food, Eskmo, Kid Koala, Roots Manuva… complet ! • Au Centre Pompidou, Paris, les 15 et 17.09 : Andreya Triana feat Fink & Bonobo, The Cinematic Orchestra... • À l'Elysée Montmartre, Paris, 10.09 : Bonobo, Dj Vadim, Speech Debelle, Dj Food &DK... // 17.09 : Mr Scruff, Roots Manuva, The Herbalizer DJ's, 22 h, 25 € • À la machine du Moulin Rouge, Paris, 1.10 : Amon Tobin, Coldcut, Kid Koala... 21 h, 35 €
What's your name ?
texte ¬ Olivia Volpi, illustration ¬ Angèle Capelle
musique |
25
Depuis 5 ans, c’est le rendez-vous électronique de la rentrée : le N.A.M.E. ! Un évènement atypique, à l’image d’Art Point M, la compagnie roubaisienne qui le porte. Une programmation musicale exigeante, une exposition, des friches industrielles : parlons-en avec Sabine Duthoit, sa fringante porte-parole. Le A. du NAME, c’est pour Arts. En cinq éditions, on est passé « du multimédia ludique, mais très pointu, avec Ac+lia, Mezza di Voce », à des expositions à la fois plus personnelles et plus graves. « Quand on a créé le NAME, les nouvelles technologies dans l’art étaient très prégnantes. Puis, il y a 3 ans, Fanny (Bouyagui, la charismatique chef de file d’Art Point M) a estimé qu’il y avait des choses plus importantes à aborder. On a décidé d’exposer son travail sur les migrants de Calais, et on a convoqué des artistes qui menaient une réflexion sur les flux migratoires, la quête d’identité, comme Bjorn Bellus. Ensuite, Fanny a fait le lien entre l’histoire de son père, arrivé le 24 décembre 1957 en France, à Marseille, et ce qu’on voyait à la télé : les bateaux échoués sur les plages d’Espagne ou d’Italie… Elle m’a d’abord emmenée avec elle au point de départ, à Agadez (Niger) ». Et cette année, elles se sont rendues au point d’arrivée, à Castel Volturno (Italie). À l’espoir du départ se substitue la profonde détresse d’une arrivée vers nulle part, dans une ville « où règne une ambiance de Far-West et d’apartheid au cœur de l’Europe ». Très documentée,
Sabine décrit l’impact des politiques nationales ou mafieuses sur la vie de ces clandestins qui officiellement n’existent pas… Il semble loin, l’hédonisme du dance-floor.
Ce qu’Art Point M Le N.A.M.E. fonctionne sur un principe simple et assumé : « La photographie de ce que nous, Art Point M, aimons à un moment donné ». Un principe qui en agace certains autant qu’il en séduit d’autres, et qui permet de concilier intentions politiques et musique électronique. En 2010, on se trémoussera devant l’incontournable Ellen Allien, mais aussi Busy P, Maetrik, Robag Wruhme (voir p.26)… Une sélection qui s’écarte du droit chemin de l’électronique minimale, sans pour autant le renier. Autre particularité du NAME : l’amour des friches industrielles. Après le Tri Postal, la Condition Publique et la Gare Saint-Sauveur, la grand-messe se tiendra cette année dans la zone industrielle de La Tossée, à Tourcoing. Un lieu saisissant où l’on pratiquait le peignage, jusqu’à ce que l’industrie tombe en rade. Art Point M s’est échiné à sécuriser et électrifier un des bâtiments. Au public désormais d’électriser la piste… >
musique |
26
Paul
Kalkbrenner
Infos pratiques
© Kalkbrenner, Gloseup
Chloé Musique
Incontestablement, son live est un must minimal. Un trip élégant, léger, mélancolique et néanmoins groovy. Vous l’avez peut-être vu dans Berlin Calling, film dont il interprète le héros et dont il a composé la bande originale. À votre tour, vous danserez ici jusqu’à l’effondrement.
On la range souvent par erreur dans la catégorie « minimale », alors qu’elle développe plutôt une électro acoustique très personnelle. Cholé est une fille droite dans ses bottes, toujours là où on ne l’attend pas. Avec son deuxième album, One in other, elle cultive son côté sombre, pas sinistre pour autant. Son nouveau live, transforme la tristesse en une expérience hypnotique et envoûtante.
Ebony Bones Cette femme tabasse, déchire tout, envoie du bois (ce sont des métaphores pour dire que c’est vraiment une bête de scène : elle n’agresse personne, en vrai). On pourrait s’étendre sur son look Mir Couleur, mais sa musique, indubitablement électronique, punk dans l’âme et funk dans la chaleur, est encore plus exubérante. /
17.09 : Paul Kalkbrenner, Ebony Bones, Radio Slave, Uffie, Busy P, Myd, Mathus Raman… 17/19€, La Tossée, Tourcoing, de 22h à 6h. 18.09 : Chloé, Laurent Garnier, Ellen Allien, Boys Noize, Erol Alkan, Robag Wruhme, Maetrik, Antony Collins…17/19€, La Tossée, Tourcoing, de 22h à 6h. >> Navettes gratuites entre La Tossée et la gare de Lille, toute la nuit. 22.09 : Monsieur Nopac, APM001, Seuil…7/9€, Kursaal, Dunkerque, de 22h à 6h. >> Mais aussi, à Lille, des mixes gratuits tous les après-midi à la gare Saint-Sauveur (Aziz, Boulaone, Farai…), des cours de deejaying pour les enfants et une soirée afro-beat au Peekaboo. Exposition « Soyez les bienvenus - Un an après », du 23.09 au 31.10, à la Gare Saint-Sauveur, Lille. Et une expo spéciale au Bar Parallèle… Masterclasses Formations de 1 à 2 jours aux logiciels Ableton Live, Reason, Transversal, Logic Studio ou encore Modul8, sur inscription, Forum des Sciences, Villeneuve d’Ascq. Renseignements : www.lenamefestival.com
musique |
28
texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ The Judge
Trésor caché Parfois, lassé, on pense que tous les groupes de pop sont interchangeables. On peine souvent à les identifier : même look, mêmes synthés, mêmes rythmiques… Et puis arrive la formation qui a un petit quelque chose en plus. C’est le cas de Fortune, qui nous entraîne dans sa roue. Présentation. Ils sont trois, ils font de la synth-pop, ils s’appellent Fortune. On leur donnerait une déclaration d’impôts sans confession, tant ils ressemblent à d’honnêtes ronds-decuir qui tenteraient parfois de s’encanailler en arborant du prêt-à-porter de cowboy urbain. Pour instiller un semblant de sexy au clip de leur single Gimme, extrait de leur premier album Staring at the ice melt (voir Let'smotiv mars), ils ont dû faire appel à une fille très souple qui danse en culotte. Et pourtant, il y a quelque chose de subtilement vénéneux dans leurs morceaux. À première écoute, une joyeuse pop mâtinée d’un peu d’éléctronique, on fredonne, on tape du pied, on hoche la tête avec entrain. Mais avec un peu d’attention, on perçoit comme un petit courant d’air malsain qui s’infiltre entre les bondissantes rythmiques. À première vue, ils ont l’air un peu timoré. Mais en cherchant un peu, on s’aperçoit qu’ils se soignent. Aux Buttes-Chaumont, ils n’hésitent pas à affronter au grand air un public qui ne les attendait pas, juchés sur d’humbles tables Ikea*. Fortune est un groupe moins évident qu’il n’y paraît. Et en plus, ce soir, ils seront précédés par le virulent duo lillois Green Vaughan, on peut donc s’attendre à un concert détonnant. / *voir leur prestation de Nothing sur www.le-hiboo.com
❥
FORTUNE 15.09, 20h30, Roubaix, Cave aux Poètes, 10/8/6€, + 33 320 27 70 10, www.caveauxpoetes.com
musique |
30
texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Absynthe Minded © DR
Le fin du fin... pour la fin Du 17 au 19 septembre, le paisible village de Leffinge accueille Lee « Scratch » Perry, Mix Master Mike, Roots Manuva, Paul Weller... autant de légendes qui se sont tenues bien loin du grand raout estival. Alors, qui a dit que la saison des festivals était terminée ? Leffingeleuren est aujourd'hui une institution. « Et oui ! 34 ans après sa création, la formule fonctionne toujours aussi bien ! » s'amuse fièrement Lode Pauwels, le directeur de Vzw De Zwerver. Comment pourrait-il en être autrement ? Le rendez-vous adoucit la rentrée et ses obligations avec un line-up de qualité, composé d'artistes que l'on a pas beaucoup vu cet été : Roots Manuva peaufinait jusqu'à présent son nouvel album (Duppy Writer/sortie le 6.09) et travaillait au lancement d'un label ; la figure de proue de la culture mod, Paul Weller, ne quitte pratiquement plus sa chère Angleterre et le précurseur de la dub-music, Lee Perry, vit actuellement reclus dans les alpages helvétiques. Tout comme le célébrissime dj des Beastie Boys, Mix Master Mike, ces formations donnent une profondeur de champ à une manifestation orientée vers les musiques actuelles (Ebony Bones, Deer Tick, Hindi Zahra...), et notamment la nouvelle scène flamande. Aux côtés des excellents Drums Are For Parades, on retrouve ainsi les mélodies aériennes d'Absynthe Minded. Sans compter les Black Box Revelation, coqueluches de la scène garage rock ! Parfaite conclusion pour un festival qui maintient la barre très haut. / ❥
Leffingeleuren festival Prog : Paul Weller, The Van Jets, Babylon Circus, Wolf Parade, Balthazar... (17.09) / Mix Master Mike, Lee Perry, Absynthe Minded, Roots Manuva, Le Peuple de l'Herbe, Hindi Zahra, Ebony Bones, Drums Are For Parades... (18.09) / Admiral Freebee, The Black Box Revelation... (19.09) du 17 au 19.09, Leffinge, 39/33e, pass 3j. : 83,73e, www.leffingeleurenfestival.be
Radar texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Emily Jane White © Angel Ceballos
Septembre, sa rentrée, ses feuilles mortes… et son Radar Festival. « Son quoi ? » s’interroge le béotien. « Ben tu sais, les trois soirs où t’es calé au Grand Mix, à Tourcoing, à t’en prendre plein les oreilles, en gardant à l’esprit qu’il ne faudra pas rater le dernier métro », répondon. Sans trop savoir quoi ajouter. Car pour nous aussi, le Radar restait flou. Pas vraiment amateur de mystères, on est allé poser deux-trois questions à Julien Guillaume et Vincent Nocrekul, respectivement programmateur et chargé de com’ de la salle tourquennoise.
musique |
33
« Jusqu’ici, le festival partait un peu dans tous les sens » se souvient Vincent. Pas faux. Mais c’est ce qui fait la force du Grand Mix : se soucier (un peu) de la viabilité du projet, et (beaucoup) de l’offre artistique. « Désormais, on offre une véritable unité de temps et de lieux, ajoute Julien » Diantre ! On se croirait au théâtre ! N’empêche, l’endroit est une condition importante de l’affiche proposée. Difficile de rivaliser avec les grands festivals anglais ou allemands quand on a une jauge de 600 places... Délaissant le gigantisme, le Radar se fait petit et investit l’Hospice d’Havré, lieu chaleureux (malgré un nom qui sent bon le formol) pour des afterworks où se produiront Emily Jane White et Musée Mécanique. « Une centaine de places, un lieu intimiste, idéal pour les guitares en bois ! » plaisante Vincent. Autre nouveauté : un match de football. L’inclassable Red mettra en musique la légendaire rencontre France-RFA, de 1982. « C’est un match mythique, s'enthousiasme Julien, il y avait une vraie tension dramatique. » On en revient au sixième art… Trois soirs, trois endroits mais aucun concert simultané, donc la possibilité de tout voir. Pour mieux saisir la richesse du Radar, qui représente, selon Julien, « la vitrine du Grand Mix. On concentre sur ce long weekend ce qui fait notre identité : rock indé, indie pop, folk… pop moderne, quoi. » Avec une vitrine pareille, on n’attend pas les soldes. /
Pass de la réedaction
Anna Calvi Une Anglaise nourrie à PJ Harvey et aux Buckley. La révélation de l’année selon Brian Eno. On veut bien le croire. Mais on se fera un avis nous-mêmes, hein !
Part Chimp Batterie Panzer, cris de guerre et riffs Stuka, la Blitzkrieg menée par Part Chimp force le respect.
musique |
34
PVT (Pivot) On peut faire confiance à PVT pour tout péter, entre déflagrations mathrock et montées vangeliennes.
Muséee Meécanique Rien à voir avec l’Automobile Club de l’Ouest. Des Américains, hors du temps et en apesanteur, dont les chansons finement ourlées brillent par leur délicatesse.
Caribou Expert en exercices de style, le mathématicien prolifique bluffe son monde avec une sunshine pop, qu’il éclabousse à grands coups d’electro liquide. On plongera sans attendre dans ces mélopées enchantées.
Infos pratiques Le 9.09 : Musée Mécanique, 18h30, Hospice d’Havré Caribou / Black Mountain / Here We Go Magic / Deer Tick / Symphonie Electro-Ménagère, 19h30, Grand Mix le 10.09 Séville ’82 (Ciné-concert), 18h30, Le Fresnoy Archie Bronson Outfit/
Part Chimp /Nurses / Damien Jurado / Symphonie Electro-Ménagère, 19h30, Grand Mix le 11.09 : Emily Jane White,18h30, Hospice d’Havré PVT (Pivot) / Anna Calvi / Timber Timbre / Symphonie Electro-Ménagère, 19h30, Grand Mix
tarifs : Hospice d’Havré, Fresnoy : 6€; Grand Mix, jeu 17/20€, ven et sam 12/15€, pass 3 soirs, 36/42€ Renseignements : +33 320 70 10 00, www.legrandmix.com Le Grand Mix, 5, Place Notre-Dame, 59300 Tourcoing
musique |
36
texte ¬ Justine Leuregans photo ¬ Jelle Wagenaar
Vague de froid Un son ténébreux, froid et mécanique souvent comparé à Joy Division. Du rock indie fricotant gentiment avec la Cold Wave et le Post-Punk. Interpol n’a pas toujours été épargné par la critique. Mais le groupe riposte. Après trois ans d’entraînement intensif, le revoici en tournée, avec un nouvel opus sous le bras. Inspection des troupes. C’est sous l’aile bienveillante du fameux label Matador qu’Interpol sort son premier album Turn On The Bright Lights en 2002. Un joli flashback to the 80’s adressé à un public pas si averti. Paul Banks et ses musiciens avaient discrètement imposé leurs mélodies sombres, largement avant le fameux revival de feu Joy Division porté par Control, le biopic d’Anton Corbijn. Le groupe revendique clairement son allégeance à The Cure, mais sans le plagier. Il évolue brillamment dans un répertoire qu’il vénère. Pourquoi pas, après tout ? Rien n’empêche ces New-Yorkais de revisiter et dépasser un son a priori daté et de le sortir de sa torpeur. Après un décevant Our Love To Admire (2007), on attend avec impatience de les voir défendre leur nouvel album baptisé…Interpol. Car sur scène, la formation homonyme reste une machine bien huilée, emmenée par des guitares complexes et une magistrale voix d’outre-tombe. L’ensemble est parfaitement peigné et huilé. Comme la mèche de son charismatique chanteur, en quelque sorte. / ❥
Interpol 21.09, 20h30, Lille, Aéronef, 29,70€, www.aeronef-spectacles.com 22 et 23.09, Bruxelles, Stade du Roi Baudouin, (1ere partie de U2), de 30 à 150€, +32 900 260 60
musique |
38
texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ Chinese D
âge Tendre et Tête de Mort Sur combien de murs d’adolescents ont été punaisés les posters des bad boys Axl Rose et Slash ? Le duo représente à lui seul un genre typique des années 80-90 : le hard-rock de stade (ou hard-rock FM). Aujourd’hui on peut le dire : la seule chose un peu hard chez les Guns, c’était leurs pantalons en cuir... Il est facile de regarder le passé avec un oeil moqueur, et il le serait tout autant de comparer la tournée 2010 de (ce qui reste de) Guns N’ Roses à une gloubiboulga night réservée aux nostalgiques des nuques longues. Guns N’ Roses sans le guitariste culte Slash, laissé sur le bord de la route par son pote Axl, c’est un peu comme Hélène sans les Garçons. Mais alors, ce Guns version 2010, à quoi ça rime ? Il faut dire que le dernier album en date, Chinese Democracy, sorti fin 2008, était devenu l’arlésienne de l’industrie du disque : 10 ans de gestation pour un budget digne d’un navet de James Cameron ! Depuis, Axl Rose et ses nouveaux comparses prennent certainement le temps de savourer cet accouchement en étirant au maximum leur tournée mondiale, tout en gardant à l’esprit que la scène est devenue – de loin – plus rentable que le disque. Tout de même, comme sous Reagan, le bandana sur la tête, la bouche pleine de « Hasta la vista, baby », que nous nous rendrons au Zénith de Lille pour danser entre trentenaires et quadras sur You Could Be Mine ou Sweet Child O’Mine. En nous rappelant aussi de Jessica, qu’on avait fougueusement peloté grâce à November Rain... / ❥
Guns N’ Roses le 2.10, 20h, Lille, Zénith, de 49,90€ à 69,70€, +33 320 33 17 34 30.09, Anvers, Sportpaleis, 55/45e, +32 900 260 60
musique |
40
texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR
FLCTTNS (Félicitations) ! Deux ans déjà ? À l’époque, le tandem de Brooklyn était omniprésent, certains avaient éradiqué jusqu’à la dernière voyelle de leur vocabulaire. Quant à nous, on se perdait en conjectures sur la prononciation de ce nom : Management, MGMT, voire Emdjièmti. En toute franchise, on se fichait de ces Yakaris hippies et peinturlurés. Oui, bon, d’accord, de leur premier essai vadrouilleur émanait une mollesse essentielle (Weekend Wars, The Youth…). Et puis Kids était assez malin, dans son genre. Mais Electric Feel, tout en voix de fausset sur basse fonky, relevait tout de même de la bande-son officielle du purgatoire. Bref, on était joyeusement passé à côté d’Oracular Spectacular (2008). Et ce n’était pas leurs prestations scéniques outrepassant les limites du scandaleux qui allaient nous convaincre. Alors forcément, lorsque parut Congratulations (2010) et sa pochette inspirée de Sonic le Hérisson, on a loupé un battement. On l’a écouté, sans a priori ou presque. Coup de foudre. Une production démente signée Sonic Boom (tête « pensante » de Spacemen 3), pas manchot pour faire sonner guitares, clavecins et congas. Hymnes à l’hélium et déclarations d’amour à Brian Eno ou Dan Treacy (Television Personalities). Pas un single, mais douze minutes de Flash Delirium – poudre aux yeux post-psyché, s’il n’y avait un véritable sens du songwriting et de la mélodie. Depuis, on a viré notre cuti : la pochette est magnifique (plus beau, t’es à Naples) et MGMT sont les plus grands performers que le monde ait connu. C’est vrai : les derniers convertis sont toujours les plus dangereux. / ❥
MGMT 3.10, Ancienne Belgique, Bruxelles,
complet !
Leonard Cohen
© DR
Le retour de Léo la Poisse ! Au printemps dernier, Leonard Cohen avait dû annuler sa tournée. Sur le mot d’excuse : problème de dos après la gym. À son âge… Mais les ennuis avaient commencé il y a longtemps déjà : voici deux ans, le pape du folk ténébreux se faisait rouler dans la farine par son producteur. Et se voyait bien obligé de repartir sur des scènes quittées vingt ans plus tôt, histoire de renflouer les caisses. Faut croire que l’auteur de Hey That's No Way To Say Goodbye y a pris goût. Sinon, quoi de neuf ? Son dernier Lp studio en date, Dear Heather (2004), était franchement indigne – mais un Live In London assez magistral, paru durant la tournée, augure d’un concert au cordeau, précis et mené de main de maître par la légende vivante. En espérant qu’il se tienne tranquille d’ici là… Thibaut Allemand ❥ 25.09, 20h, Lille, Zénith, 128 / 73€, +33 320 33 17 34
Joanna Newsom Pas banale, cette Joanna. Armée seulement d’une harpe, cette barde a su imposer ses compositions immémoriales et son timbre grinçant dans la scène pop indé. C’était pas gagné : épuré et dur d’accès, Ys (2007) lançait un défi à l’auditeur. L’autre défi aurait pu être Have One On Me (en gros « Buvez un coup à ma santé »), triple album paru cette année et s’étirant sur près de deux heures et demie. Une corvée ? Tu parles ! Cette œuvre s’avale d’un trait. On pourrait pérorer sur le fait que les indie kids se pâment devant la blonde Américaine et ricanent à l’évocation de figures bretonnes comme Alan Stivell ou Annie Ebrel. Au contraire : on saluera une artiste qui a su tracer un parcours singulier, aux références guère usitées… et qui n’attendent que d’être (re) découvertes. Thibaut Allemand ❥ 23.09, 20h, Lille, L'Aéronef, 22/18€, +33 320 13 50 00
© Annabel Mehran
musique |
42
musique |
44
chroniques NEU! Neu!’86 | Grönland Ce disque, on n’aurait jamais dû l’entendre. Totems incontournables pour les scènes (post) punk, ambient ou electro, tous les albums de Neu! sont réédités. Tous ? Oui. Si les trois premiers avaient été dépoussiérés, il y a neuf ans, le petit dernier, un peu bâtard, était renié. Débutée en 1971, achevée en 75, l’épopée de Neu! tanguait sur le roulis de nappes synthétiques, de riffs de boucher teuton sous speed, de synthés plus romantiques que l’œuvre complète de Goethe, le tout posé sur la fameuse rythmique motorik, qui suçait la roue de Moe Tucker. En 1986, Klaus Dinger et Michael Rother tentaient un retour. Bidouillaient deci delà, ne parvenant à se mettre d’accord sur une direction commune. Le résultat, Neu!’86 parut enfin en 1995, sous la forme d’un bootleg. Seul survivant, Rother en a modifié ici la tracklist, transformant, par exemple, la longue plage d’ouverture Nazionale en une courte Intro. Restent quelques classiques immédiats (l’ambient Elanoizan, le loureedien Crazy, l’échappée Wave Mother…) et des concessions à l’époque aux allures de plaisanteries potaches (une reprise de La Bamba). En fait, cette redécouverte évoque souvent l’impression laissée par Clear (1983), de Cybotron – quelques passages douteux, mais un ensemble génial. Sauf que, si Cybotron débutait, Neu! avait déjà derrière lui trois coups de maître. Nur für Fans, quoi. Thibaut Allemand
MATTHEW DEAR Black City | Ghostly International Deuxième long format de Matthew Dear, Black City se révèle finalement moins sombre qu’annoncé. Ici de « tube » aussi évident que Don & Sherri (bien que Slowdance ou You put a smell on me puissent prétendre à ce titre), mais un florilège de morceaux ambitieux où l’Américain délaisse son côté techno (et son projet Audion) pour une pop moderne, bizarroïde et volontiers druggy. Plus qu’aux sonorités de Detroit et Chicago, c’est au groove bancal de l’école new yorkaise (Juan Mclean en tête) que l’on pense à l’écoute de Soil to Seed ou Monkey. Quelques moments d’introspection et un ovni discoïde plus tard (Little People), on se dit que Matthew Dear est décidément bien à l’aise dans son costume de gourou du dancefloor un brin décadent. Clément Perrin
musique |
46
chroniques ZOLA JESUS
Adam Kesher
Stridulum II | Souterrain Transmission / PIAS
Challenging Nature Disque Primeur Pour illustrer le single Hundreds years later, le groupe Adam Kesher s’est offert un clip très poétique où des jeunes traversent de longues étendues sablonneuses en transportant une vitre (vont-ils la briser ? Non, car elle est probablement en plastique). On se demande bien pourquoi ce premier album, Challenging Nature, ne ressemble en rien à une traversée du désert. Certes, la synth-pop des cinq Bordelais libère parfois des volutes lyriques qui évoquent l’exaltation du voyage initiatique. Et leur nom fait référence à un personnage de Mulholand Drive du sinueux David Lynch. Mais en dehors de ça, leur musique est plutôt carrée et efficace, et invite nettement plus à la piste de danse qu’au road-movie. À vrai dire, tant mieux. Olivia Volpi
Repérée il y a quelques mois, cette jeune étudiante en philo du Wisconsin et ses chansons post-indus intriguaient. Mêlant chant lyrique abrasif et sonorités gentiment harsh noise, elle enchaînait les Ep’s tendus et signait un premier album aventurier, bruitiste et lo-fi. Pour ce deuxième Lp (mais réédition allongée d’un maxi printanier), Zola Jesus a nettoyé ce son, ne laissant que sa voix, des chorales ruinées et une rythmique ultralourde. Jouant avec l’écho et le silence, Nika Roza Danilova construit un monde étrange, en noir et gris, guère éloigné des abysses entrevues chez Fever Ray. Mais loin d’être une copie blafarde de la Suédoise, elle ressuscite les vocalises hantées de Siouxsie et le groove rentré de SPK. Indispensable. Thibaut Allemand
Seu Jorge and Almaz Stones Throw / Discograph Le plus touche-à-tout des cariocas a retrouvé le chemin des studios. Chico Buarque ? Non. Seu Jorge ! L’un des représentants du nouveau son made in Brazil. Il joue de sa voix rauque et soul aussi bien sur du rock que de la samba. Cette fois accompagné du groupe Almaz, il rend hommage à des musiques qui l’ont inspiré. Il revisite les standards brésiliens, européens et américains dans une atmosphère psychédéliquement jazz et soulement samba. Sur la piste 2 on trouve notamment une surprenante version du Das Model de Kraftwerk. La reprise de cet hymne eletro lorgne tellement vers le western qu’on l’imagine sans mal dans un prochain Tarantino. Plus loin, un Rock with you du King of Pop Michael semble avoir ingurgité du LSD tant il progresse au ralenti. Brillant et hallucinogène ! Audrey Chauveau
cinéma |
48
texte ¬ Grégory Escouflaire photo ¬ Christophe Mac Pherson
Benda Bilili ! « Au-delà des apparences » : tel est le sens, en lingala, de « Staff Benda Bilili », ce groupe congolais qui enflamme aujourd’hui les scènes du monde entier. Un fabuleux message d’espoir, quand on sait la misère physique, sociale et politique qu’ont connue ces huit musiciens dans les rues de Kinshasa. Benda Bilili !, le film, retrace leur parcours, de la « jungle » au succès populaire et critique. Immersion dans Kinshasa, « Kin la poubelle » et ses milliers d’exclus. « C’est la loi du plus fort ici, sinon t’es juste foutu », marmonne un gamin esseulé, un « shégué » comme on dit, qui trouve pour seul réconfort la compagnie de ces handicapés regroupés en petits gangs solidaires, au zoo et dans le centre-ville. Il y a « Papa » Ricky le leader du groupe, Coco, Junana, et le petit Roger, recueilli par le Staff à 13 ans. Il joue d’un étrange instrument : le « satongé », une guitare de fortune, constituée d’une boîte de conserve, d’un arc de bois, et d'un fil de fer en
guise de corde… Dans cet environnement meurtri, leurs seules armes, dixit Ricky, sont donc « le talent et l’optimisme » : peu importe que la polio les ait freinés, un jour, dans leur élan vital, les voilà prêts à « frapper fort ». Ils veulent devenir « la nouvelle coqueluche » du pays voire « du monde », en suivant les traces de leurs illustres prédécesseurs, Papa Wemba, Werrason et, plus récemment, Konono n°1. Buena Vista, Bilili ! « Un jour, c’est sûr, on réussira », confie ainsi Ricky au début du documentaire,
vissé sur son tricycle, la guitare en bandoulière. Cinq ans plus tard (on est en 2004), la prophétie se réalise et le Staff déboule chez nous pour une tournée triomphale, devant des blancs éberlués. Durant toute cette période, Renaud Barret et Florent de la Tullaye ont suivi Ricky, Roger et toute la bande, du rond-point Sonas, leur QG délabré, aux hôtels cinq ❥
étoiles de Copenhague et des festivals d’été. « Depuis qu’on a créé le monde, on n’a pas encore vu ça ! », plaisante le Staff en parlant de sa musique, un mix tonifiant de rumba, de blues et de funk. Comme leur premier album, plein de joie et d’espoir, ce film, remarqué en ouverture de la quinzaine des réalisateurs de Cannes frappe... Très très fort ! /
Benda Bilili! Documentaire réalisé par Renaud Barret, Florent de La Tullaye, avec Cubain Kabeya, Paulin Kiara-Maigi, Roger Landu, sortie le 8. 09. En Belgique > sortie le 22.09
cinéma |
50
texte ¬ Alex Masson photo ¬ Shellac
Refaire le match Du Mondial à la mondialisation, il n’y a qu’un pas, que franchit Black Diamond. Un saisissant documentaire sur les coulisses du foot-business et ses coups, pas francs du tout. Le foot n’est plus une histoire de sport depuis longtemps, mais une histoire de chiffres. Que ce soit le nombre de buts marqués dans les matches ou le montant, toujours plus faramineux, du coût des contrats des joueurs. Maintenant que le Mondial 2010 est terminé, tout peut rentrer dans l’ordre - les Bleus renégocient avec leurs sponsors et l’Afrique du Sud retourne à sa lutte des classes. Black diamond permet toutefois de ne pas clore la parenthèse du début d’été comme ça. Le film de Pascale Lamche refait le match en décortiquant les règles du foot-business. Notamment celles qui concernent l’Afrique. Les filets des buts en cachent d’autres, ceux d’une nasse où sont pris des dizaines de mômes. On l’aura compris dès le titre, Lamche les envisage comme une matière précieuse, faisant l’objet d’un véritable trafic d’influences. Black diamond mérite mieux que la petite lucarne de Téléfoot : le terrain du film est beaucoup plus grand, ses multiples anecdotes à base de matches truqués, manipulations ou corruptions ne se résument pas à dénoncer l’exploitation des rêves de gamins. C’est le portrait des inquiétantes mœurs à l’ère de la mondialisation qui se joue ici. Avec, pour seul coach, l’argent et ses motivations douteuses. Black diamond peut se passer d’une mise en scène soignée, les faits qu’il expose remplissent l’écran. / ❥
Black Diamond De Pascale Lamche. Sortie le 15.09
Achim Lippoth
portfolio |
52
Enfantillages Photographie // Cologne, Allemagne // www.lippoth.com
Né à Ilshofen en 1968, Achim Lippoth - l’auteur de notre couverture du mois découvre la photographie pendant ses études à l’université de Cologne. 1992 sonne le début de sa carrière en freelance. 1995, la création de son propre magazine, Kid’s Wear, qui devient rapidement une référence incontournable dans le milieu de la mode enfantine. En 1998, Achim fait ses débuts en tant que réalisateur pour la société de production Markenfilm. Fort de nombreux prix pour ses travaux publicitaires et personnels, il collabore aujourd’hui avec les marques et journaux internationaux les plus prestigieux (The New York Times, Life, Wallpaper, Vogue, Stern...). Chez Achim Lippoth, les enfants ont toujours le dernier mot... et le premier
texte ¬ Carole Lafontan
plan ! Ne laissant rien au hasard dans ses compositions, le photographe cherche à « capturer ces instants où se dévoilent tous les traits de leur personnalité ». À travers des mises en scène ingénieuses, il pointe la complexité du passage de l’enfance à l’âge adulte. Toujours avec un sens de l’humour ineffable. Dans cette série Wrong Right Wrong, les rôles et responsabilités sont ainsi inversés : dans ces situations empruntées à la vie quotidienne, le fils d’une dizaine d’années semble tenir à boutde-bras son dépressif de père. Derrière l’absurdité des scènes ou leur grande beauté plastique affleure comme toujours chez Lippoth, cette sensible question : comment grandir et trouver sa place d’adulte sans perdre ses rêves d’enfant ? /
1
texte ¬ Judith Oliver
Design September Impensable à Paris : aller prendre le thé chez un designer internationalement reconnu. Et, dans le cadre intime de son atelier, l'interroger sur les dessous de ses créations ! À Bruxelles, c'est devenu possible grâce au mois du design (Design September, pour les intimes). Comme Jean François D'Or, Charles Kaisin ou Xavier Lust, une vingtaine de créateurs ouvrent leurs portes pour inoculer au plus grand nombre le virus du design. Un dispositif qui s'insère dans un riche programme d'expositions et de rencontres. Suivez le guide.
événement |
59
2
4
❖ 3
« Design September offre une vitrine au dynamisme de la ville, mais il sert aussi de tremplin à de jeunes créateurs », explique Marie Pok, de Best Of Publishing. Voilà quatre ans que la maison d’édition a lancé, avec les associations, galeries et musées de la ville, cette salve d’expositions et de rencontres qui laissent la part belle à « la jeunesse et la fraîcheur ». Bien sûr, pour être crédible, Design September mise sur quelques grands noms : l'Italien Michele de Lucchi (The Gallery/ Flagey), le Finlandais Harri Koskinen (Diito/Flagey), Alain Berteau, Jules Wabbes (Galeries Royales St Hubert), les designers présentés à la Centrale Electrique (Fighting the Box : 20 Belgian Designers) ou à l'Atomium (Intersections. Belgian Design). Mais il défend, à l'autre extrémité de l'échelle, les tout jeunes lauréats du prix Dynamo (La Loge). Ou encore le très prometteur
1. © Danny Venlet/Lylo Viteo 2. S-table black © Xavier Lust 3. Quilt series, 2007 © Frank Tielemans 4. Borders © Damien Gernay
tandem Joon & Jung (cf p. suiv.). « Ces artistes en début de carrière nous ont séduits, poursuit Marie. À travers eux, on essaye de donner une visibilité à des productions parallèles et alternatives. »
Offre à tiroirs Alternatives. C'est justement l'intérêt de Design September : proposer, à côté des expositions, une succession de rendezvous plus inattendus. Comme les Designers Open Doors, ces portes-ouvertes d'ateliers qui s’étendent cette année aux graphistes et architectes (les 25 et 26 septembre). Ou encore le marché aux puces, qui attire toujours plus de passionnés à Tour et Taxis. Plus insolite encore, une soirée Pecha Kucha à Recyclart; une surenchère délurée d'images et de discours absurdes, imaginé sur le mode du speed dating. Si avec ça, vos enfants ne veulent pas devenir designers, il vous reste qu’à toucher du bois. >
Cloud Stool, Form from Everyday © Joon&Jung
Joon&Jung
Rencontre
Origamis raffinés, parapluies ou fauteuils en forme de nuages, rideaux délicatement brodés... les objets qu'imaginent Joon&Jung sont d'une rare poésie. Attachés au concept plus qu'à la fonction, ce couple de designers coréens formés à la Design Academy d'Eindhoven présente ses toutes dernières créations dans deux lieux de la capitale. Les galeries Jonas et Isabelle Azaïs. Rencontre avec l'une des révélations du festival. Quelle est votre conception du design ? Nous avons besoin de raconter une histoire à travers nos créations. Pour nous, le design est un médium. Il permet une communication directe et intime avec les gens.
La production industrielle vous attire-t-elle ? Oui et non. La production de masse contribue à baisser les coûts et rendre les objets plus accessibles. En cela, elle contribue à l'égalitarisme, même si elle pose de vrais problèmes (environnementaux, standardisation....). D'un autre côté, nous sommes sensibles au travail
des artistes et artisans, qui élaborent de beaux objets et osent des assemblages de matériaux audacieux. La céramique, le bois, le métal, le papier ou le tissu… nos matériaux de prédilection relèvent d'ailleurs de cette sphère là. Nous essayons de tenir une position intermédiaire : entre la liberté des éditions limitées et les avantages de la production industrielle. Nous avons ainsi l'intention de construire notre propre machine de prototypage et cherchons des fournisseurs adaptés aux petites quantités. Comment travaillez-vous tous les deux ? Nous travaillons souvent ensemble du début à la fin d’un projet. Mais nous avons des qualités et des savoir-faire distincts. Joons est logique et pratique, mais bardé d’idées utopiques et farfelues. Pour l’essentiel, les aspects techniques reposent sur ses connaissances. Je suis davantage dans l'émotion et la sensibilité. Et suis très attentive au sens et à l'expression tactile. Quelles sont vos sources d'inspiration ? Les gens, la nature et les petites expériences du quotidien. Il nous arrive bien sûr de nous inspirer de grandes œuvres d'artistes, de designers ou architectes tels que Do-Ho Suh, Bruno Munari, Michel Gondry, ou Erwin Wurm. Leur travail est porteur de belles histoires et nous les admirons. / ❥
Humanism & Form – Joon & Jung I’am too sad to separate, 9>30.09, Galerie Isabelle Azaïs, +32 488 23 86 73 Hands-on Chair, 9>30.09, Jonas Gallery, +32 2 503 50 55
Infos pratiques Expositions ✖ Fighting the Box : 20 Belgian Designers. 20 Stories behind the products - A. Berteau, BIG-GAME, J.-F.
D'Or, C. Kaisin, X. Lust, S. Willenz… Centrale Electrique, jusqu’au 3.10, +32 2 279 64 45 ✖ Intersection. Belgian Design
N. Destino, J.-F. D'Or et L. Herman Atomium, 6.09>14.11, +32 475 47 74 ✖ Perspective sur le design populaire des années 1980 - Mouche Shop, 9.09>1.10, +32 486 50 76 84 ✖ Dynamo Belgian Young Design Arwards - Musée d’architecture la Loge, 14.09>10.10, +32 477 37 95 80 ✖ Michele de Lucchi - The Gallery, 17.09>3.10, +32 2 217 63 58 ✖ Finland Attitude - H. Koskinen, A. Aalto, T. Wirkkala, K. Franck… Diito, 18.09>3.10, +32 646 16 10
A voir aussi :
✖ Brussels Design Market - 12.09 dès 7h, Tours et Taxis, +32 2 477 64 28 85 ✖ Pecha Kucha - 21.09, 20h, Recyclart, +32 2 349 35 95 ✖ Designers Open Doors 25 et 26.09. Liste complète sur www.designseptember.be ✖ Conférences - 10>22.09, Flagey, Recyclart et Bozar, www. designseptember.be +32 2 279 64 45
événement |
61
exposition |
62
texte ¬ Judith Oliver photo ¬ DR
Miro, mon beau miroir… Faites vite ! Il ne vous reste plus qu’un mois pour profiter de l’exposition « Miro, au-delà de la peinture ». En une soixantaine de lithographies originales, cet hommage brugeois au maître catalan balaye les deux dernières décennies de sa vie (1960-80). Autant qu’il témoigne de son goût pour les multiples. Une fois n’est pas coutume, la Venise du Nord grouille de touristes. Et la déambulation vers l’ancien hôpital Saint Jean s’apparente à un chemin de croix. Qu’importe ! L’effort est mérité. Car une fois franchies la porte cochère, la cour pavée et les quelques marches, cohue et calèches se font oublier. L’on pénètre dans une alcôve intimiste, un long couloir aux murs chocolat, où s’égrainent photos et petits formats. Sur cette teinte sobre, les œuvres de Miro paraissent encore plus explosives. Points rouges, aplats verts, bleus, jaunes, tâches et épais traits noirs s’offrent au regard dans ce qu’ils ont de plus dynamiques. Il faut dire que tout est fait pour que l’on se plonge sans retenue dans chacune des lithographies. L’étroitesse des pièces force une grande proximité avec les œuvres. Tandis que la Gymnopédie de Satie (clin d’œil à l’une des plus belles lithos présentées, Erik Satie poèmes et chansons 1) se charge de ralentir notre rythme cardiaque. Signes, symboles et formes abstraites se font plus que jamais réceptacle de nos projections. Habile, le parcours ménage une progression chronologique (couloir) émaillée de parenthèses thématiques (salles). Il démontre la recherche constante de Miro de « [se] rapprocher, par la peinture, des masses humaines ». / ❥
Miro : au-delà de la peinture jusqu’au 3.10, Bruges, Kulturcentrum Oud St.-Jan, mar>dim, 10h>17h, 8/6€, +32 50 47 61 00
exposition |
64
texte ¬ François Lecocq photo ¬ La Trocambulante
Un monde parfait… ou presque Pour sa septième édition, la Biennale de la photographie d’Ottignies – Louvain-la-Neuve propose 20 expositions dans 8 lieux sur le thème fédérateur « Un monde parfait ». À côté des grands noms (Erwitt, Depardon...), elle nous fait découvrir de jeunes talents. Gros plan. Jean-Marc Bodson, commissaire de l’édition 2010 et photographe enseignant au « 75 », veut nous rappeler le caractère équivoque des images à travers un programme varié. Sous l’intitulé « Un monde parfait. Photographie optimiste ou cinglants démentis », il fait cohabiter des travaux de natures très différentes avec, d’un côté, des œuvres d’auteurs reconnus et, de l’autre, des images dites « domestiques », c’est à dire ce qui compose le gros de la production planétaire : les photos de et par la famille. En cela, il génère une intéressante tension entre les clichés rarement optimistes associés au reportage ou aux démarches plus plasticiennes et les poncifs de prétendu bonheur qui se rapportent à la photo souvenir. La programmation imaginée par J.M. Bodson invite aussi à interroger, encore et toujours, la portée profonde des images fixes dans un monde qui en charrie des quantités considérables à une vitesse vertigineuse. À côté des figures comme Parr, Kollar, Streuli et Le Mounier, la Biennale d’Ottignies ménage des rendez-vous avec de jeunes talents, issus des écoles belges et mis en avant depuis 2007 par la revue View et le site soyons.net. Impossible de tout citer, en tout cas ne manquez pas le photo- concert « Root africaine ». / ❥
7e Biennale d'Ottignies du 16.09 au 17.10, Ottignies-Louvain-la-Neuve, jeu> dim, 11h>18h, 6/3€, +32 10 45 69 96 – www.biennale7.be //« Root africaine », Sclavis-Romano-Texier + Le Querrec, 21.09, 20h30, Aula Magna, 14/11/8€
Brussel’s art Days Wim Delvoye © galerie Rodolphe Janssen
© A.L.I.C.E.
Elles sont trente. Et s’associent pour un jeu de piste artistique à l’échelle de la capitale. Les 11 et 12 septembre prochains, les meilleures galeries d’art contemporain de Bruxelles (Baronian Fancey, B. Gladstone, Amine Rech, N. Obadia, X. Hufkens, R . Janssen, C. Bastide, J. Mot….) ouvrent leurs portes en même temps. Ce sont les Brussel Art Days. Un vernissage simultané qui s’apprécie à pied ou en bus. Pendant le week-end, chacun est invité à profiter des expositions collectives et solo shows (Sol LeWitt chez A. Rech, Lucien Hervé chez Keitelman, Gianno Motti chez Dependance, Sixeart chez A.L.I.C.E, Simon Willem chez E. Lévy…). Pour enfoncer le clou, le collectif Komplot se charge de nous surprendre avec une soirée de gala plutôt… iconoclaste. Judith Oliver ❥ 11 et 12.09, Bruxelles, divers lieux, 12h>20h, gratuit, www.brusselartdays.com.
Dancing Machine James Cameron avait-il raison ? L’omniprésence des machines autour de nous se confirme. Une petite armée d'installations robotiques a pris possession de la Gare St Sauveur à Lille. Elle tente une approche avec notre espèce en se frottant au plus « humain » des arts : la danse. Ces intelligences artificielles nous donnent des leçons de claquettes (Solenoid B/Peter William Holden), nous incitent à former des chorales (Squeeeeque/Alexis O'hara). Les plus audacieuses dispensent carrément des cours de danse (Ven A Bailar Conmigo/Blanca Li). On a cherché partout le gros bouton rouge qui, comme au cinéma, nous permettrait de sortir de cette hallucination futuriste. Le seul que l'on a trouvé a déclenché un tourbillon de polystyrène à vous donner le vertige (Nemo Observatorium/Lawrence Malstaf). Le tout sans lunettes 3D ! Cédric Delvallez ❥ jusu'au 31.10, Lille, Gare St Sauveur, mer>dim, 12h>19h, +33 320 31 30 00 AutoGene Short © Peter Holden
exposition |
66
agenda Stephen Jones, John Galliano, Autumn Winter, 2004-2005 © E. Tordoir, Catwalkpictures.com
Stephen Jones, et l'accent de la mode Briton, excentrique... on pourrait croire ce chapelier tout droit sorti du Pays des Merveilles. Méconnu du grand public, Stephen Jones a relevé des centaines de défilés de ses coiffes improbables, pimentant les collections des plus grands créateurs (Gaultier, Galliano, Comme des Garçons, Mugler, Dior...). Le MoMu revient sur la carrière de ce modiste influent à travers plus de 120 couvre-chefs, extraits de films et photographies... ❥ ANVERS, du 8.09 au 13.02.11, MoMu, mar> dim, 10h>18h, +32 3 470 27 70
L'or du Japon © DR
Esprit Lingerie Pour fêter son 1er anniversaire, la cité internationale de la dentelle et de la mode s'est piquée de lever le voile sur les dessous. Au fil d'un parcours en 8 étapes, on perçoit les évolutions qui les ont transformées en objet de mode. Mœurs, coupes, progrès industriels, image sociale : de spécimens rares en affiches publicitaires, de films en créations contemporaines, on saura tout sur le passage de la vulgarité à l'insouciance, de l'érotisme au raffinement, de l'intime à l'assumé. ❥ Calais, jusqu’au 07.11, Calais, Cité de la Dentelle et de la Mode, tlj sauf mar, de 10h à 18h, +33 321 00 42 30
L'or du Japon On comprend, face au raffinement extrême des motifs et des incrustations de nacre, que l'exposition de ces 170 pièces soit jugée d'intérêt national. Mais au- delà de leur grande beauté, ces cabinets écritoires, coffres et autres objets décoratifs japonais partagent une caractéristique rare : ils témoignent des méthodes et motifs en vogue avant l'occidentalisation de l'ère Meiji. Aux trois-quarts inédits, ces chefs d'œuvres appartiennent tous aux collections françaises. Il était temps qu'ils sortent des réserves ! ❥ ARRAS, Musée des beaux-arts, tlj sf mar, 9h30>12h, 14h>17h30, +33 321 71 26 43
David Lynch, Lithos 2007-2009 En 2007, Lynch découvre la lithographie dans l’atelier où ont travaillé Matisse, Picasso... Ces premiers travaux, une série de 12 plaques de zinc aux tons vifs, ouvrent l’enfilade de salles. Chacune d'elles abrite son lot de grands formats, réunis par affinités thématiques et techniques. Le parcours foisonne de clins d’œil aux motifs lynchéens qui s’épanouissent dans cet ancien arsenal au plafond rond. ❥ Gravelines, jusqu'au 17.10, Musée du dessin et de l’estampe originale, tlj (sf mar), 14h>18h, we et j. fériés, 10h>12h, 15h>18h, +33 328 51 81 00
exposition |
69
Fred Sathal, "Volage Sauvage", 2002 © Manu & Camillo
Collectif sillage, Projet montage photo. 8 bandes © J. Vandamme
à toutes les morts © DR
Amnesia, Rouge © Dimitri Vazemsky
À toutes les morts,...
Héros ou martyrs
...égales et cachées dans la nuit. Tel est le (gai) titre de la nouvelle exposition du MAC's. Ne vous imaginez pas pour autant un circuit jalonné de cadavres ! Taraudé par les questions du souvenir, de l'héritage et de la trace, le commissaire de l'exposition Laurent Busine a réuni, aux côtés d'œuvres d'artistes contemporains sur la mort (Boltanski, Fabro, Feldmann, Gordon, Penone...), des dizaines d'ex-votos, photos, reliques et autres objets de curiosité. Mortel ! ❥ Hornu, jusqu'au 10.10, MAC's, mar>dim,
Reflet de l'histoire industrielle et sociale des pays, la condition du mineur a connu d'importantes fluctuations réglementaires. Des valorisations et dévalorisations successives que l'on retrouve dans la manière dont l'opinion publique appréhende cette profession. C'est ce que nous prouve ce parcours chronologique (de 1720 à 1992) et thématique, qui croise archives, photos et vidéos d'époque. ❥ Lewarde, jusqu'au 31.12, Centre Historique
10h>18h, +32 65 65 21 21
Impermanence créations du collectif Sillages Vieille malterie, ancienne cimenterie ou boulangerie... les plasticiens, sculpteurs et photographes du collectif Sillages se plaisent à investir des lieux abandonnés. Chaque année depuis 1997, ils s'approprient murs et espaces pour des créations éphémères, mais cohérentes. Campés cette fois au rezde-chaussée du château Gilson, ils se jouent de nos sens en multipliant projections, cinétismes et effets d'optique. ❥ La Louvière, du 14.09 au 17.10, château Gilson, mar>ven, 10h>12h, 14h>17h, we 14h>18h, 02 64 21 51 21
Minier, tlj, 9h>17h30, +33 327 95 82 82
Amnesia Comment perpétuer le devoir de mémoire ? Comment transmettre aux générations futures le souvenir et les leçons de la seconde guerre mondiale ? C'est la question que se sont posée 9 artistes français et allemands contemporains, dont 5 de la région de Lille (Marie-Odile Candas, Philémon, Arnaud Verley, Eric Monbel et Dimitri Vazemsky). Inspirés de l'esthétique nationale socialiste, d'anecdotes familiales ou d'objets utilisés dans les camps, leurs œuvres s'engagent contre l'amnésie. ❥ Lille, jusqu'au 19.09, Hospice Comtesse, tlj (sf lun matin et mar), 10h>12h30, 14h>18h, +33 328 36 84 00
exposition |
70
agenda Curiosités acoustiques, La sirène à ondes © Philip Barnard
Verdures, Sylvie Vandenhoucke © Philippe Robin, MAV
Curiosités acoustiques
Verdures
Sirène à disque, phonautographe, comparateur optique de mouvements vibratoires, capsule manométrique, sirène à ondes...?!!?! Mais à quoi peuvent bien servir ces drôles de machines ? Pour se mettre au diapason, il faut manipuler, souffler, parler dans un micro et surtout tendre l'oreille. Car toutes ces « curiosités » à mi-chemin entre art et science ont été inventées au xixe siècle pour étudier le son. ❥ Lille, jusqu'au 31.12, Musée d'histoire na-
Avec une minutie et une délicatesse toutes féminines, Sylvie Vandenhoucke couvre tableaux, surfaces et volumes de fragiles pétales de verre. Le complexe agencement de ces écailles opaques, à peine plus grandes que des confettis, ne s'apprécie pas au premier coup d'œil. Pour que se révèlent les jeux de relief et de texture, il faudra s'approcher des 6 installations, les observer de près, et trouver l'angle idéal pour voir la lumière se refléter sur cette fine peau de verre. ❥ Sars-Poteries, jusqu'au 7.11, musée
turelle, lun>ven (sf mar), 9h>12h, 14h>17h, dim, 10h>17h, +33 328 55 30 80
Transfiguration Hervé Robillard n'a pas choisi ce titre au hasard. Avec un sens impressionnant du cadrage et de la composition, il charge bobines et outils de production de l'ancienne manufacture des Flandres d'une multitude de significations. « User de la forme, de la matière, de la texture, faire vibrer la délicatesse d'un motif, jouer de la transparence et de l'opacité des tissus » autant de procédés qui subliment ces sujets et les érigent en symboles de l'histoire roubaisienne. ❥ Roubaix, du 16.09 au 7.11, Manufecture des Flandres mar>dim, 14h>18h, +33 320 20 98 92
atelier du verre, tlj (sf mar), 10h>12h30, 13h30> 18h, +33 327 59 51 05
Scène de crime Qui n'a jamais rêvé d'être flic, ne serait-ce que le temps d'une exposition ? Scène de crime vous plonge dans l'univers troublant de la police scientifique : tests ADN, interrogatoires... à vous de démasquer le meurtrier ! Et si vous pensez vivre une expérience similaire bien installé devant les Experts, détrompezvous : l'expo est déconseillée aux moins de dix ans. Cette fois, il faudra vous retrousser les manches... ❥ VILLENEUVE D'ASCQ, du 14.09 au 13.03.11, Forum Dép. des Sciences, mar>ven, 10>17h30, we, 14h30>18h30, +33 320 19 36 13
Les Fabriques Culturelles maison Folie de Moulins (Lille)
Création originale texte ¬ Judith Oliver photos ¬ Lille Métropole
Saviez-vous qu’il existait un pont invisible, à l’échelle de la métropole lilloise ? Une passerelle aux assises bien solides, que nul d'entre nous ne peut discerner à l’œil nu ? Ce réseau, charpenté dans l’ombre pendant près de cinq ans, relie discrètement 6 maisons Folie, le Vivat d’Armentières, la Condition Publique de Roubaix, le Nautilys de Comines, et les Arcades de Fâches-Thumesnil. Et constitue un remarquable tremplin pour les formations artistiques et musicales de la région. Visite guidée dans les méandres pas si secrets des « Fabriques Culturelles ».
dossier|
73
maison Folie de Beaulieu (Lomme)
17,6 millions d'€
Le budget de Lille Métropole alloué à la culture en 2009. 6 fois plus qu’en 2002.
850 000€
Le montant de l'enveloppe annuelle consacrée à la mise en réseau des Fabriques Culturelles.
avez nécessairement croisé Vous quelques-unes des faces émergées de cette architecture ténue. Elles se présentent sous la forme de dispositifs d’accompagnement des pratiques amateurs (Tour de Chauffe*) ou de résidences de création. Parfois, elles apparaissent au grand jour, comme pendant les grandes manifestations culturelles métropolitaines (Lille3000, Quinzaine de l’Entorse…). Mais bien souvent, elles se montrent plus furtivement, à travers le choix de programmations thématiques communes. On compte une quinzaine rien que pour l'année 2010. Comme « la place du faux dans l’art », développé fin septembre par la maison Folie de Wazemmes, puis par le Colysée et l’Hospice d’Havré. Ou encore
Hospice d'Havré (Tourcoing)
l'art brut et contemporain, clin d’œil de 4 structures dont la Condition Publique et la maison Folie de Moulins à la réouverture du LAM. Si l’essentiel de l’édifice reste dans l’ombre, il est constitué de réunions et d’outils bel et bien tangibles, mis en place au fil des ans. Ainsi, une fois par mois, les programmateurs et directeurs artistiques des différentes « Fabriques Culturelles » se retrouvent autour d’une table où s’échangent idées d’exposition, projets de création et réseaux d’artistes. La force de ce dispositif doit beaucoup à l'enthousiasme et au charisme de personnes comme Jean Baptiste Haquette (ancien directeur de la maison Folie de Moulins), Eric Dupont (Arcades), Eliane Dheygere >
(Vivat), Olivier Sergent (maison Folie de Wazemmes) ou Marie Chuffart (Colysée Lambersart) pour ne citer qu'eux. Mais il doit surtout à l'engagement presque militant des programmateurs, très portés sur le soutien à la création. Ainsi, de nombreux artistes ont pu bénéficier de résidences et projets mutualisés: Dimitry Wazemsky, Metalovoice, France Distraction... sans compter les quelque 400 formations amateurs passées par le dispositif Tour de Chauffe*. Ce tremplin à l’échelle de la métropole a fait ses preuves et devrait inclure, à l’avenir, de nouveaux acteurs. C'est d'ailleurs dans cette perspective (entre autres) qu'a émergé ce nouvel intitulé à l'acception plus large de « Fabriques Culturelles ». Il s'agit de resserrer le maillage culturel de la métropole puis de l'Eurométropole autour d’acteurs qui garantissent une programmation pluridisciplinaire et mènent un travail en direction de leur territoire proche (tarification accessible, ateliers, rencontres...). À la veille du 5e anniversai-
Ferme d'en Haut
re de cette mise en réseau, les Fabriques Culturelles se dotent d'un nouvel outil. Le guide « Lille MAP Fabriques Culturelles », qui reprend la programmation semestrielle de ses différents membres autour d'une carte de la métropole. Voilà de quoi contribuer à la visibilité, mais aussi à la lisibilité de cet étonnant dispositif. Et de quoi lui donner un nouvel élan ! / *Porté par les directeurs des Arcades, du Nautilys et de la Ferme d’en Haut.
Les Fabriques culturelles
en quelques dates
2004 : création de 10 maisons Folie dans l’Eurométropole 2005 : Lille Métropole Communauté Urbaine crée Lille Métropole En Tous Sens et soutient la création du dispositif « Tour de Chauffe », premiers jalons du réseau.
2010 : le réseau accueille toujours de nouveaux acteurs (la Condition Publique
et la maison Folie de Beaulieu) et se rebaptise « Fabriques Culturelles », référence au passé industriel de nombreux équipements et à leur pouvoir créatif. Lancement du guide « Lille MAP Fabriques Culturelles ».
dossier|
75
interview
Catherine Cullen
>> Conseillère communautaire déléguée à la culture pour Lille Métropole, suit le projet depuis son origine.
Pouvez-vous nous rappeler les compétences de Lille Métropole en matière de Culture ? L'agglomération n'a pas à proprement parler de compétence culturelle : c'est à une volonté politique forte que l'on doit son soutien financier à des équipements métropolitains (Opéra de Lille, Condition Publique, LaM, ONL) ou à leur mise en réseau. Ce dernier point représente aujourd'hui, à travers le réseau des Fabriques Culturelles, la principale action de Lille Métropole. D'où est venue l'idée de ce réseau ? Après 2004, il nous a semblé important de pérenniser la dynamique créée par les maisons Folie en favorisant la circulation des artistes locaux et internationaux mais
aussi du public. C'était une façon de conforter le maillage culturel de la métropole. Aujourd'hui, ce réseau a évolué, d'où le choix d'une acception plus large, les « Fabriques culturelles ». Il constitue un dispositif unique et sans précédent pour les équipes artistiques.
« un dispositif unique et sans précédent pour les équipes
»
artistiques.
C'est à dire ? Du point de vue des artistes, cela offre la possibilité de se frotter à une métropole d' 1 200 000 habitants en entamant une résidence dans une maison Folie, en restituant le travail ailleurs, en menant un atelier de quartier dans une troisième... Du point de vue des publics, cela permet de suivre le travail des artistes dans des lieux et des formats différents.
Le réseau devrait-il évoluer ? Certainement, surtout dans la perspective de l'Eurométropole. C'est tout l'intérêt du changement de nom du réseau mais aussi du guide « Lille MAP Fabriques Culturelles », qui invite à chaque publication un acteur belge. /
point de vue Unité de Production fongique © Les Produits de l'Epicerie
Anne-Isabelle Vignaud
>> La nouvelle directrice de la Condition Publique participe aux réunions des Fabriques Culturelles depuis novembre 2009
Quelles ont été vos impressions en rejoignant le réseau ? Jeanne Bossuyt (Hospice d'Havré) m’avait annoncé une famille. C’est vrai qu’il y a quelque chose de cet ordrelà. J'étais frappée, en arrivant ici, de constater que les gens se parlent beaucoup, se coordonnent. Et se mettent vraiment au service des artistes et de leurs créations, en mutualisant les moyens pour accompagner leur production. C’est quelque chose qui fonctionne particulièrement bien dans ce réseau. C'est l’idée que vous faisiez du maillage culturel métropolitain ? On dit partout qu'il est, dans le Nord, spécialement dense et riche. Et bien, le réel dépasse l’imagination. C’est stupéfiant de voir à quel point cette région a le goût du risque, de l’imagination et
de l’audace. En tant que professionnelle, je trouve qu’il y a ici une vraie stimulation du terrain et des habitudes des publics qui posent un agréable défi. Vous a-t-il été difficile de vous insérer ? Non, au contraire ! Quelques-unes des compagnies accueillies cette année à la Condition Publique sont également soutenues par les Fabriques, comme la compagnie Osmonde ou la Torgnole. Travailler ensemble a donc coulé de source. Reste à trouver une manière spécifique de contribuer au réseau et d'accompagner les équipes. C'est le plus intéressant.
Comment voyez-vous les choses ? Pour que notre lieu joue un rôle particulier dans le parcours des artistes, on voudrait permettre un vrai saut d'échelle. On va par exemple créer une champignonnière monumentale, avec le collectif lillois Saprophytes qui servira de scénographie originale à des projets théâtraux et littéraires. Ce collectif a été en résidence à Moulins, a travaillé avec Wazemmes et a répondu à un appel à projet de la Ferme d'en Haut... On leur donne ici la possibilité de faire en très grand ce qu'ils ont fait en tout petit ! /
temoignage
Julien Fournet A ne pas rater… >> Retour sur le parcours du collectif France Distraction et de l'Amicale de Production, (Halory Goerger, Antoine Defoort, Bélinda Annaloro et Julien Fournet) au sein des Fabriques Culturelles.
> Arts brut et contemporain Trouble Pictural, du 11.09 au 31.10, Colysée de Lambersart
Alter Ego : Marionnettes numériques et Alfredo Aceto, du 19.10 au 19.12, MFM > Architecture Unité de Production Fongique V2.0 18.09>16.10, Condition Publique de Roubaix
Que vous ont apporté les Fabriques ? Le réseau a été présent à un moment stratégique. Il nous a permis, après Indigence = élégance et Cheval, de nous lancer dans un travail de création plus ambitieux (le spectacle &&&&& & &&&), étalé sur 2 ans, avec des impératifs financiers plus lourds. C’est cette fameuse « marche manquante » qui fait cruellement défaut en France : il n’existe que très peu de lieux intermédiaires pour jouer ce rôle d'accompagnateur, contrairement à la Belgique qui propose de véritables lieux de recherche (les werkplaats). Le Vivat et la maison folie de Wazemmes nous ont aidé avec générosité alors que le projet pouvait sembler fragile. La suite fut bonne : prix du jury au festival VIA à Maubeuge (2007), une belle première à la MF de Wazemmes (2008) et maintenant une quarantaine de représentations à Gand, aux Pays-bas, à Genève, à Lisbonne, à Rennes (TNB), au festival d’Aurillac... et bientôt au Québec et à Paris (Théâtre National de Chaillot en mars). /
Jean Prouvé et le progrès social, 3.12>5.02, Tourcoing, Hospice d'Havré
> Les Faussaires La Part des Faux, 16.10 >28.11, MFW Maître d'art et art du faux, 6.11>5.12, Colysée de Lambersart
> Parcours d'Afriques S. Kossoko et E. Tambwe, 6.11, Vivat Sali ni Seydou, 19 et 20.11, Condition Publique Cie J. Dossavie, 25.11, MFW > Londres (Lille3000) London, 2.12 >5.12 (animations), MFW Soirée London, 3.12, (dj) MFM Babelondres, 4.12, (slam) Condition Publique > Tour de Chauffe 10> 27.11, Nautilys, Ferme d'en Haut et Arcades, www.tourdechauffe.fr
www.lillemetropole.fr ou www.lillemap.fr
dossier |
Trouble Pictural © DR
Tour de Chauffe, Madjo © DR
77
théâtre & danse |
78
texte ¬ Marion Quillard photo ¬ Luk Monsaert
La dame au gardénia Out of context n’a pas fini de tourner, mais qu’importe : Alain Platel a présenté en Avignon sa nouvelle création, Gardenia. L’histoire d’un cabaret où se joue la mémoire d’une bande de travestis. Une idée originale de l’actrice Vanessa Van Dürme. Dans son jardin secret, Vanessa Van Dürme cultivait une idée. Un germe de projet qu’elle arrosait de temps à autre. Quelques mois plus tard, son Gardenia fut présenté à un jardinier belge connu pour l’acuité de son regard, un certain Alain Platel. Intrigué, il demanda à Vanessa d’où lui était venue cette trouvaille. « Je suis tombée sur un documentaire espagnol qui parlait d’un cabaret de travestis, répondit-elle. Un cabaret très, très minable. C’était leur dernier spectacle, et j’ai eu le sentiment qu’ils jouaient leur vie… » Alain Platel fut ému. Faut dire : il connaît bien cette Vanessa à la voix rauque et aux larges épaules. Ce n’est pas la première fois qu’elle lui retourne le cœur à coups de tranches de vie. En 2006 déjà, avec Regarde Maman je danse, elle déballait les mémoires d’une floraison chaotique, où masculin et féminin se confondent et se confrontent dans une lutte à mort. Dans Gardenia, la lutte est terminée. Les protagonistes sont trop vieux, trop usés, pour continuer à se battre contre la génétique. Ils sont hommes, ils sont femmes, qu’importe au fond, puisque tout leur rappelle qu’ils sont « différents ». Dans ce cabaret aux allures de réunions d’anciens, on se travestit une dernière fois, mais on ne triche jamais autant que ceux qui n’ont jamais essayé. Au fond des cœurs, ne reste que « l’espoir de vieillir en beauté ». Celui de ne jamais faner. / ❥
Gardenia – Alain Platel du 15 au 19.09, 20h (sauf dim 15h), KVS, Bruxelles, 16/20€, +32 2 210 11 12
théâtre & danse |
80
texte ¬ François Lecocq photo ¬ Anna Kirschner
Double je Twins, création tous publics (enfants et adultes) du chorégraphe Pal Frenák, ouvre la saison de la Rose des vents en convoquant le thème de la gémellité et sa grande question : comment vivre avec et sans toi ? « Malgré l’ovule partagé, le voyage qui suit la naissance est asynchrone pour les jumeaux. Ils doivent y trouver l’unité de leur propre personnage » ! Un bon résumé de Twins, créée en 2009 par le Franco-hongrois Pal Frenak, chorégraphe fidèle à la Rose des Vents de Villeneuve d'Ascq. Cette création prolonge Mil an, œuvre de 2006 qui abordait le thème du duo en associant un danseur et une marionnette à taille humaine. Pour Twins, le plateau est cette fois occupé par deux danseurs, dotés chacun d’un simple slip noir et maquillés de masques blancs, auxquels s’ajoutent parfois deux marionnettes. Comme souvent chez Frenák, la scénographie est épurée, voire froide, la musique électronique signée du compositeur complice Attila Gergely, et la danse, très engagée, laisse rarement la quiétude s’y mêler. Les deux frères jumeaux, dans l’horizontalité du plateau et parfois dans la verticalité d’une nacelle, questionnent leur rapport à cet autre, visiblement semblable en tout point. En apparence seulement, car cet alter ego fait naître des sentiments et réactions passionnés et intimes, suscite une extrême solitude (autre thème récurrent chez Frenák) et parfois une jalousie s’exprimant par la brutalité physique. Une partition dansée qui aboutit non pas à une complicité fraternelle mais à un face à face tout en fureur corporelle. / ❥
Twins le 30.09, 14h30 (séance scolaire), le 1.10, 19h, et le 2.10, 17h (pour la présentation de la saison, gratuit), Villeneuve d'Ascq, La Rose des Vents, 20/16/5€, +33 320 61 96 96, www.larose.fr
théâtre & danse |
82
texte ¬ Marion Quillard photo ¬ Atelier du peintre © anthony voisin
La toile de Plume De retour à Roubaix après le succès de Plic Ploc, le Cirque Plume nous invite dans l’Atelier du Peintre. Dans ce musée sans parcours fléché, la visite se fait dans tous les sens, et surtout dans le mauvais. « Il y a 25 ans, je voulais être peintre. Mais j’ai très vite compris que cet art m’engloutirait. » Alors Bernard Kudlak a délaissé son pinceau pour se consacrer au spectacle vivant. Depuis 1984, son Cirque Plume parcourt les scènes du monde entier. N’empêche, la peinture lui colle à la peau. Alors pour combler ce besoin organique, Kudlak a flanqué des pinceaux dans les doigts de camarades. Il a imaginé un atelier de brico-acrobaties où peintres et circassiens seraient voisins. Tout commence avec un Vélasquez, les Ménines : un homme peint et l’on ne peut deviner ce qu’il dessine qu’en observant, dans son dos, le miroir qui met en scène ses deux modèles. « Quelle est la place du public dans tout ça ? », se demande Kudlak. Il fallait redonner au regard son pouvoir subversif. Désacraliser la peinture. Et imaginer un musée où l’on pourrait faire un pied de nez au surveillant sans qu’il nous pourchasse avec son balai. Dans cet atelier loufoque et exubérant, les toiles prennent vie dans des tableaux mouvants et émouvants. Dans un élan de poésie, Laura Smith, si menue dans sa robe à volants, se jette sur un trampoline métamorphosé en lit de pétales rouges. Et depuis que l’Atelier du peintre tourne, Kudlak a craqué : « Je me suis monté un petit atelier à moi. C’est trop tard maintenant, je suis totalement accro. » / ❥
L’Atelier du peintre du 5 au 10.10, 20h30 (sauf dim 15h), Roubaix, Colisée, 32/28/23€, +33 320 24 07 07
théâtre & danse |
84
agenda Monkey Sandwich © Pieter Jan De Pue
Monkey Sandwich
Soirée Cirque
10 & 11.09 W. Vandekeybus / Cie Ultima Vez
du 24 au 29.09
Si l'on guette chaque nouvelle création de Wim Vandekeybus, l'on ne sait jamais à quoi s'attendre. Musiciens, acteurs, danseurs, vidéos, textes constituent le matériau changeant de ses chorégraphies. Une fois de plus, le Flamand explore de nouveaux terrains, laissant le tout jeune Damien Chapelle composer avec un film bouleversant. Un tête-à-tête assorti de belles trouvailles de mise en scène. ❥ 20h, Bruxelles, KVS, 20/16€, +32 2 210 11 12. Tournée en octobre en Belgique (Cultuurcentrum Brugge, Vooruit, Stuck Leuven, KVS) puis en France.
Life and Times, episode 1 23>25.09 Nature theater of Oklahoma
Un pari : demander à un membre de la compagnie, Kristin Worrall, de raconter sa vie en 10 coups de téléphone et 16h de conversation. Tirer de ces souvenirs anodins et universels, le livret d'une comédie musicale aussi unique qu'excentrique (10 épisodes - 24h en tout). En septembre, nous avons rendez-vous avec son premier acte : l’enfance de Kristin, qui, pour l'occasion, a dû se remettre à la flûte. Hauts les cœurs ! ❥ 20h30, Bruxelles, Kaaitheater, 16/12 €, +32 2 201 59 59
Soirée Cirque, Miroir-miroir © Christophe Raynaud de Lage
Une silhouette longiligne entre en scène. Contourne un piano. Entame sur ses notes une aérienne chorégraphie, en équilibre sur un trapèze-miroir. L'image a marqué les esprits en Avignon l'année dernière. Miroir Miroir (Mélissa Von Vépy) vient ici clore en beauté une soirée dédiée à la jeune génération de circassiens belges (Marijke Gevers) et français (Cie Les petits Bras, Cridacompagny), animée par le magicien Gili. ❥ 24.09, 20h, Roeselare, De Spil; 25.09, 17h, Courtrai, Schouwburg, 26.09, 20h30, Eekloo, Centre Culturel de Herbakker, 28.09, 20h30, Dunkerque, Bateau-Feu, 29, 20h, Lille, Prato.
Portes Ouvertes du Vivat 25.09 M. Benoît, S. Reutena, A. Defoort, J. Fournet, H. Goerger, J. Nioche...
Rentrée oblige, l'ambiance est potache. La faute à l'équipe du Vivat et à ses résidents délurés, qui nous ont mitonné un chapelet de récrés artistiques : une chorégraphie collective sur les Doors (J. Nioche), des dispositifs interactifs (M. Benoît, O. Normand, A. Defoort), un jeu de l'oie géant (J. Fournet), une enquête sur le sentiment amoureux (S. Reutena)... et des places à gagner ! ❥ dès 16h, Armentières, Vivat, gratuit, +33 320 77 18 77
théâtre & danse |
86
agenda Human articulations © Laurent Massenat
L'immédiat 5>8.10
Human (articulations) C. Boitel
Pour tout décor, un amas d'objets de récupération : chaises, jerricanes en plastique, brouettes... empilés dans un équilibre précaire. Au beau milieu de ce capharnaüm insensé, Camille Boitel et ses quatre acolytes se livrent à de virevoltantes acrobaties, déclenchant des avalanches de rires, de cintres et de cartons. Une fois de plus, l'élève d'Annie Fratellini excelle, conciliant avec brio virtuosité technique, efficacité burlesque et portée métaphysique. Quel cirque ! ❥ 20h, Béthune, Comédie de Béthune, de 7 à 18€, +33 321 63 29 19
Le Convenienze ed Inconvenienze Teatrali 2 & 3.10 G. Donizetti / MeS F. Carpentries
C'est l'envers du décor : un opéra sur... l'opéra. De la première lecture du texte à la répétition générale en costumes, toutes les étapes de la conception du spectacle nous sont dévoilées en chanson : ambitions et frustrations du metteur en scène, rapports de force entre acteurs… L’humour caustique et le rythme virevoltant servent ici une lucidité aigre-douce. Une fine réflexion sur le théâtre à laquelle se frottent de jeunes solistes, sous l’égide de François de Carpentries. ❥ 20h, Arras, théâtre d'Arras, 18/11€, +33 321 71 66 16
Alice Et Caetera © Pidz
5 >6.10 C. Huysman / Cie Les Hommes penchés
Christophe Huysman part en croisade contre les petites injustices du quotidien. Tout ce qui rend l'homme moderne instable, victime de ses incertitudes. L'auteur traduit ce déséquilibre par un texte et des chorégraphies déstructurées : comme la vie, la pièce est sinueuse, constituée d’ascensions impressionnantes (voltiges sur les mats chinois), de chutes et de heurts. Tenue par ce fil solide que Huysman tend entre le cirque et le théâtre. ❥ 20h, Valenciennes, le Phénix, de 9 à 16€, +33 327 32 32 32
Alice Et Caetera 7 & 8.10 D. Fo et F. Rame / MeS S. Seide
Une fresque en technicolor (Alice aux pays sans merveilles), le récit poignant d'une femme qui peine à s'affranchir de son époux (Je rentre à la maison) une satire vaudevillesque sur l’idéal du couple libéré (Couple ouvert à deux battants). Voici les trois perles que Stuart Seide a réuni pour achever nos zygomatiques, aidé par de tout jeunes acteurs de l'EPSAD, notamment les remarquables Caroline Mounier, Sébastien Amblard et Jonathan Heckel. ❥ 20h, Douai, Hippodrome, de 9 à 22€, +33 327 99 66 66
To
su ute l'a r le ctu
tsm alité oti cultu v.c relle om
L'agenda
> Quoi, où, quand ? L'essentiel de l'actualité culturelle
Le magazine
> Consulter, télécharger ou s'abonner à Let'smotiv > Les derniers articles
Let'sFamily
> Rejoignez la communauté de Let'smotiv !
littérature |
88
texte ¬ Paul Carra photo ¬ Patrice Normand
Une fin du monde à l’échelle du salon
L’Eternité n’est pas si longue… et la mort pas si grave, pourrait-on dire à la lecture du neuvième roman de Fanny Chiarello. Depuis ses premières publications chez Page à Page (Lille) ou aux Carnets du Dessert de Lune (Bruxelles), cette jeune auteure lilloise connaît un parcours ascensionnel. Le personnage principal, Nora, est une jeune femme en mal de vivre, qui trouve dans l’amitié des raisons de tenir. Au fil du livre, elle découvre qu’une épidémie ravage l’humanité. Elle oscille entre la joie de vivre un événement exceptionnel et la déception car la mort qui caractérisait son identité de suicidaire est devenue banale, voire triviale. Dernier refuge, l’écriture : « si je veux dormir dans un monde si décevant, je n’ai d’autre choix que de me raconter des histoires comme si j’étais mon propre enfant ». L’apocalypse se mue alors en roman plus intime, lorsque la colocation devient le dernier espace d’humanité partagé. Fanny Chiarello ne perd pas de vue ses anciennes thématiques et les renouvelle dans cette histoire. On retrouve des échos de Push the Push Button qui traitait d’une canicule, ou de certaines nouvelles du recueil Tout le monde est allongé sur le dos, soutenus ici par une intrigue solide. Elle garde également ce style particulier, cet humour qui confère à ses personnages un vrai second degré, et permet au lecteur de suivre le désastre le sourire aux lèvres. Un neuvième roman maîtrisé, et un talent consacré par cette première publication chez l’Olivier. / ❥
À Lire / L’éternité n’est pas si longue, éd. L’Olivier, sept. 2010, 300p., 19€ - Mais aussi : éd. Page à Page, Pocket : Tu vas me faire mourir mon lapin, Tout le monde est allongé sur le dos, Push the Push Button / éd. Carnets du Dessert de Lune : Je respire discrètement par le nez, Collier de nouilles
chroniques Arzak T1/ L’Arpenteur Moebius | éd. Glénat Voilà des mois voire des années que les fans sont sur les starting-blocks, portés par une improbable rumeur : le grand Moebius ressusciterait son héros mythique, Arzach (alias Harzak, Harzack, Harzach...). Né avec les premiers numéros de Métal Hurlant (1975-76), ce personnage mystérieux monté sur une cyber-mouette est devenu culte. Et pour cause ! Les planches de l’époque, assemblage stupéfiant de tableaux muets et contemplatifs, sont un chef d’œuvre fondateur qui annonce l’immense le talent de son auteur, le schizophrène Jean Giraud, alias Gir, alias Moebius. Les fans ne s’y sont pas trompés, car à 77 ans, le dessinateur remet son héros en selle. Avec un génialissime album, à paraître le 15 septembre. L’Arpenteur nous replonge dans une histoire laissée sans suite. Ou plutôt, nous la raconte autrement. Cette fois, il y a des balises, des informations, du texte, des dialogues. Moins de mystère, certes. Mais cela n’empêche pas les magnifiques cases de se faire réceptacle de nos multiples projections. Cette révolution, amorcée l’année dernière avec une publication de dessins annotés, n’accouche pas d’un album révolutionnaire. Juste d’un meilleur Moebius. Des planches que vous ne vous lassez pas de regarder, parce qu’elles vous absorbent. Arzaaak ! 72p., 18€. (Voir aussi l’exposition «MOEBIUS TRANSE FORME» à la Fondation Cartier de Paris). Judith Oliver
L’autre versant du monde J. Borgetto (photo) et C. Rancé (texte) |Éd. Filigranes L'Argentine et le Chili, deux territoires de « l’extrême ouest et du sud ultime » comme les nomme Christiane Rancé, dans le texte introductif à cette escapade aux points de vue panoramiques. Dans la lignée des Frank, Evans, Depardon et Plossu, mais avec une touche perso, Borgetto trimballe son rolleiflex à portée d’œil pour saisir, tout en noir et blanc et en contrastes, des paysages grandioses rehaussés de lumières brutes et denses. Chemin faisant, il immortalise également des rencontres avec les autochtones, vivant en harmonie dans ces immensités étrangères aux Européens. Un road-movie, tout en images fixes, des contreforts andins aux limites maritimes australes... sans autre intention que celle de transmettre une expérience marquante. 84p., 25€. François Lecocq
Débutants & Parlez-moi d'amour
UNE ÉDUCATION AMÉRICAINE
Raymond Carver | Éd. De l'Olivier
Barry Gifford | Éd. 13e Note
Premiers tomes de l'intégrale du génial nouvelliste américain, Débutants et Parlez-moi d'amour composent un diptyque aussi brillants que perturbants. Le premier est la version, inédite, que Carver voulait publier, mais que son éditeur a taillée, produisant ce qu'on croyait être le propre de son style (concis, précis, elliptique). Cette lecture en miroir suscite alors bien des questions : qu'est-ce qu'un artiste ? Comment, avec qui et contre quoi, une œuvre se construit ? S'il manque un appareil critique plus fourni sur leurs genèses, ces œuvres, essentielles, reposent, en creux, la question de l'original et de l'authentique. Mais, plus, elles redonnent place à une (ou deux ?) voix toujours singulière. 333 p., 22€ et 186 p., 14€. Raphaël Nieuwjaer
Ensemble de courts textes qui mettent en scène un même personnage, Une éducation américaine est dépourvue de cohérence apparente. Le lecteur y suit sans logique temporelle les pérégrinations de Roy, un jeune garçon curieux, à travers le Chicago des années 50. Originale sur le plan de la forme, l’œuvre de Barry Gifford l’est également sur le plan du style. Car, son écriture est teintée d’une poésie et d’une élégance rares. Évocatrice et impressionniste, elle fait surgir un univers mythique, où se croisent et se côtoient, comme dans un mirage, des figures truculentes aux noms aussi folkloriques que la Vipère ou Face de Requin. Son charme suranné nous appelle alors irrésistiblement à lui. 336 p., 19€. Faustine Bigeast
La fille aux cheveux étranges & C’est de l’eau David Foster Wallace |Éd. Au Diable Vauvert Le suicide de Foster Wallace semble avoir précipité son entrée au panthéon des auteurs américains et par là même la traduction de son œuvre interrompue. Si ses publications sortent maintenant régulièrement au Diable Vauvert, il est évident que son Infinite Jest (« Infiniment dérisoire ») est le monolithe noir que traducteurs et éditeurs contournent inexorablement. Complexe, à la démesure d’un Pynchon, il est le centre d’une galaxie où gravitent nouvelles, articles et petites formes. Incapable de dépasser son opus magna, Foster Wallace a ensuite composé en mode mineur, mais son génie affleure en permanence. Publié cet été, La fille aux cheveux étranges en est une introduction idéale tandis que C’est de l’eau est à réserver aux amateurs avertis. 500 p., 25€. Florent Delval
littérature |
91
concerts Jeu 02.09 Black Diamond Heavies Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00
Ven 03.09 Eclipse - Pink Floyd Story Bruxelles, Forest National, 20h, 49/39e, +32 7 025 20 20 Ben Debreyne Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Just Friday : Cimaï + Miss Noa + Climaxx Lille, Kiosk, 22h, 5e, +33 320 49 75 99 Jack! By House On Fire : Gene Farris + Brett Johnson + Tom Smeyers + Rob Lowe + Sound Architecture + Joachim + Zef Felicien + Jeff More Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 8e, +32 3 226 38 70 So Tasty : Chris Carrier + Al-X + Mess + Moka Lille, Supermarket, 23h, 5e, +33 320 52 86 59
Sam 04.09 Rijsel Mussels : UFO + James Bacon Lille, Kiosk, 22h, 5e, +33 320 49 75 99 Bartholomeo + Patrick Schmidt + Chicks For Free + 2winz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 5e, +32 3 226 38 70 Tensnake + Mickey + Daryl + Guy Ohm + Dirk Abracada Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e Link 2 Years : Bruno Pronsato + Dilo + Deg Bruxelles, Fuse Club, 23h, nc, +32 2 511 97 89
Spaiky Indie Party : Panteros666 + Terminus + Lepolair + So Péo + Cities Make Landscapes Disappear Lille, Supermarket, 23h, 3e, +33 320 52 86 59
Mer 08.09 LCD Soundsystem Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 30/26e, +32 9 267 28 28 Bai Kamara Jr +DJ Lefto Ixelles, Le Tavernier, 21h, grat, +32 2 640 71 91 Waiting For Eve Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
Jeu 09.09 Radar : Musee Mecanique Tourcoing, Hospice d’Havré, 18h, 6e, +33 359 63 43 53 Radar : Caribou + Black Mountain + Here we go Magic + Deer Tick Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, 20/17e, +33 320 70 10 00 Baby Monster Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, nc, +32 2 218 37 32 Alex et sa Guitare Lille, Le Biplan, 20h, 8/6e, +33 320 12 91 11 Ralpheus Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, nc, +32 3 226 38 70 Alexi Kantrall Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
Ven 10.09 Radar : Séville 82 Tourcoing, Le Fresnoy, 18h, 6e, +33 320 28 38 00
Rewind-mini-FEST : The Klinik + Das Ich + Crash Course In Science Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 27/27,75e, +32 9 267 28 28 Radar : Archie Bronson Outfit + Nurses + Part Chimp Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, 15/12e, +33 320 70 10 00 The Violent Scaredy Cats Lille, La Rumeur, 21h, 3e, +33 320 52 71 97 Lucky Birthday : DJ Nils Devty + Miss Noa + Climaxx Lille, Kiosk, 22h, 7e, +33 320 49 75 99 Scratch Song Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Matthus Raman + UFO Bruxelles, TheWax Club, 22h, nc, info@ thewaxclub.com Drumderground : Futurebound + Drumsound + Simon Bassline Smith + Wonder Bruxelles, Fuse Club, 23h, nc, +32 2 511 97 89 Peoples Presents Cadenza Showcase : Reboot + Robert Dietz + Hermanez + Tofke + Rotek & Anexx + Johan Bogers + Izaakson Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e, +32 3 226 38 70
Sam 11.09 Raismesfest : Eluveitie + Poncharello + THE Swamp + Tronckh + Uriah Heep Raismes, Château de la Princesse Arenberg, 13h, 30e, +33 327 36 73 43 Radar : PVT + Anna Calvi + Timber Timbre Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, 16,80e, +33 320 70 10 00 Orchestre National
agenda |
93
de Lille Arras, Casino, 20h, nc, +33 321 71 45 96 Obszon Geschopf Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 Club Soda Festival : Dj Aziz + Canblaster + Mightyfools + Dada Life + Dr Lektroluv + Whizz Kidz + Moody Mike + Rakka + TLP + Brookes Brothers + Murdock + Netsky + Dubpets + DJVC Avelgem, Spikkerelle, 21h, 15e Arsène Lupunk Trio Cambrai, Le Garage Café, 21h, 4e, +33 327 81 29 75 Shiko Shiko + Alek et les Japonaises Lille, Le Biplan, 22h, 5e, +33 320 12 91 11
Apokalyptischen Reiter + Freedom Call… Raismes, Château de la Princesse Arenberg, 11h, 30e, +33 327 36 73 43 Wintersleep Anvers, Trix, 20h, 11,50e, +32 3 670 09 00 Indochine Lille, Zénith Arena, 20h, 35e, +33 320 14 15 16
Lun 13.09 Dead To Me + Off With Their Heads Anvers, Trix, 19h, 10,25e, +32 3 670 09 00
Mar 14.09
Panik Attack : Miro Pajic + UFO + James Bacon + U-Man Lille, Kiosk, 22h, 10e, +33 320 49 75 99
Blue Velvet Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 12/6e, +32 2 218 37 32
Smos And Baby Bee + Bottle Pop + 2winz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 5e, +32 3 226 38 70
PVT Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13,50e, +32 2 218 37 32
Official Kompakt Total 11 Compilation Party : Jo Saurbier + Jatoma + Superpitcher + Justus Hohncke + Mugwump + Jennifer Cardini + Michael Mayer Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 13/8e
Mer 15.09 Phosphorescent + Timber Timbre Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32
Ostgut Label Night : Cassy + Steffi + Marcel Fengler + Deg Bruxelles, Fuse Club, 23h, nc, +32 2 511 97 89
Isobel Campbell & Mark Lanegan Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 26/23e, +32 2 548 24 24
Dim 12.09
Fortune + Green Vaughan Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, nc, +33 320 27 70 10
Raismesfest : Andre Matos + Bloody Mary + Crackmind +Die
Apurba Mukherjee Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
Jeu 16.09 Windmill Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 12/8e, +32 9 267 28 28 Steve Hill Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Josh Ritter And The Royal City Band + Dawn Landes And The Hounds Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e Peter Gabriel Bruxelles, Forest National, 20h, 95/60e, +32 2 340 21 23 Grasscut Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, nc, +32 2 218 37 32 Lucky Dragons + Karaocake Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 9,70/7,70e, +33 320 27 70 10 Alex et sa Guitare Lille, Le Biplan, 20h, 8/6e, +33 320 12 91 11 Tournée Générale + la Division Nada Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Ralpheus Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, nc, +32 3 226 38 70
Ven 17.09 NAME Festival : Bubble Lille, Gare Saint-Sauveur, 18h, nc Disiz aka Peter Punk Lille, L’Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00 Leffingeleuren Music Festivalen : Paul Weller + Tocadisco +The Van Jets + BABYLONE CIRCUS + WOLF PARADE + BALTHAZAR + ... Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 19h, 35,50e, +32 5 970 08 22
concerts And Evil Dare Lille, La Rumeur, 20h, nc Orchestre National de Lille Seclin, La Collégiale, 20h, nc, +33 320 90 08 46 Dollarqueen + Storm Cambrai, Le Garage Café, 21h, 3e, +33 327 81 29 75 NAME Festival : Matthus Raman + Radio Slave + Ebony Bones + Paul Kalkbrenner + APM001 + MYD + Uffie + Busy P + Damian Lazarus + dyed soundorom + James Bacon + UFO + Agaric Tourcoing, La Tossée à l’union, 22h, 19/17e Mi Casa? Kiosk! : Phil Weeks + Cimaï + Miss Noa + Climaxx Lille, Kiosk, 22h, 10e, +33 320 49 75 99 Push It Club : Ben Klock + Prinz + Akira + Ben Dover Djs Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 8e, +32 3 226 38 70
Sam 18.09 NAME Festival : So Glove + Mr Charles + So Tasty Lille, Gare Saint-Sauveur, 16h, nc Leffingeleuren Music Festivalen : Mix Master Mike + Absynthe Minded + Lee Scratch Perry + Hindi ZAHRA + ROOTS MANUVA + EBONY BONES + DRUMS ARE FOR PARADES + ... Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 14h, 35,50e, +32 5 970 08 22 Les Blaireaux + Pat Bol + Djemdi +Les Males Heureux Lille, Splendid, 19h, 15e, +33 320 33 17 34 Orchestre National de
Lille Orchies, Salle De Sports Léo Lagrange, 20h, nc Blonde Redhead Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 21/18e, +32 2 548 24 24 Original Chaotic Addiction Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 Rhonny Ventat Funky Jazz Band Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, nc, +32 5 686 01 60 B-Siders Backing Band + Daddy Clean + Youth Rising Cambrai, Le Garage Café, 21h, 3e, +33 327 81 29 75 Bit Klit : UFO + James Bacon + U-Man Lille, Kiosk, 22h, 5e, +33 320 49 75 99 French Fries + Hector And Nate + Le Petit Belge + Vhyce + Mme Edwaar Courtrai, De Kreun, 22h, nc, +32 5 637 06 44 NAME Festival : Elagua + Anthony Collins + Laurent Garnier + Ellen Allien + Peo Watson + Chloé + Transforma + Erol Alkan + Boys Noize + Robag Wruhme + Czeski + Clément Meyer + Maetrik Tourcoing, La Tossée à l’union, 22h, 19/17e L/S welcomes Kistuné : Gildas + Mustang + Wirspielen + Rick Shiver + So’Lex Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 10/5e, Sasha + Pole Folder + X-Ian + Deniz Burnay + Bahia Latina + 2winz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 15e, +32 3 226 38 70 I Love Techno Pre Party :
Dave Clarke + Deg + Paul Kalkbrenner + Gemmy + Highbloo + Mary Anne Hobbs + Sound of Stereo Bruxelles, Fuse Club, 23h, nc, +32 2 511 97 89
Dim 19.09 NAME Festival : Dj Aziz + Dj Boulaone Lille, Gare Saint-Sauveur, 14h, nc Leffingeleuren Music Festivalen : Wilco + Admiral Freebee + Deer Tick + THE BLACK BOX REVELATION + TRICKY AND TYLER + ... Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 15h, 35,50e, +32 5 970 08 22 Horse Feathers + Hanne Hukkelberg Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 15/13,50e, +32 9 267 28 28 Ekaterina Metchetina Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 22/14e, +33 321 71 76 30
Lun 20.09 Deer Tick Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13,50e, +32 2 218 37 32 Ólafur Arnalds Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 13/10/7e, +32 2 218 37 32
Mar 21.09 Interpol Lille, L’Aéronef, 19h, 29,70e, +33 320 13 50 00 Philip Selway Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
agenda |
95
Michael Rother and friends present NEU! Music : Hallogallo 2010 Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 24/20e, +32 9 267 28 28
Mer 22.09 Zoom Festival : Les Ours du Scorff Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 14h, 6/4e, +33 344 10 30 80 Mystery Jets + Sad Day For Puppets Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 Balthazar Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 Jason Derülo Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 34/31e, +32 2 548 24 24 Christophe Mae Lille, Zénith Arena, 20h, 59/39e, +33 320 14 15 16 Johannes Bauer + Luc Ex + Isabelle Duthoit + Olivier Benoît Lille, La Malterie, 20h, 7/5e, +33 320 15 13 21
Jeu 23.09 Venus In Flames Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 12h, grat, +32 2 548 24 24 Joanna Newsom Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00 Flobard Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 Les Nuits du Soir : Music For Rabbits + Nestor! + Drums Are For Parades + Auryn + Polyphonic Size
Bruxelles, Le Botanique, 20h, 7e, +32 2 218 37 32 Alex et sa Guitare Lille, Le Biplan, 20h, 8/6e, +33 320 12 91 11 Tourcoing Jazz Club : Thomas Enhco Trio Tourcoing, Hospice d’Havré, 20h, 14/9e, +33 359 63 43 53 Zoom Festival : Ohrella Negra + X Makeena + Success + Module Club & Lombric + Dead Combo Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 21h, 16/13e, +33 344 10 30 80 La Gargote Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Magic Arm Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, grat, +32 9 267 28 28 Ralpheus Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, nc, +32 3 226 38 70
Ven 24.09 Love Amongst Ruin Featuring Steve Hewitt Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 15/12/9e, +32 2 218 37 32 Ensemble Takht Attourath Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 22/14e, +33 321 71 76 30 Drums Are For Parades Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 15/11e, +32 9 267 28 28 Zoom Festival : Percubaba + Terrakota + Vapata + Electric Bazar Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 16/13e, +33 344 10 30 80 Julos Beaucarne Lillers, L’Abattoir, 21h, nc, +33 321 64 07 65
Umbrelladelika ! label night 2.0 : Lowdjo + Polle Van De Gash + Egon Fisk + Phoebus And Shepherd + Sunken Foal + Herrmutt Lobby + Fulgeance + Baconhead + RoachBugincan Bruxelles, Recyclart, 21h, 10e, +32 2 289 00 59 Stef! Et Les Maillots Jaunes + Deule de Bois Lille, La Rumeur, 21h, 3e, +33 320 52 71 97 Straight Music Label Night: Pao + maiRo + Miss Noa + Climaxx Lille, Kiosk, 22h, 7e, +33 320 49 75 99 PPFC Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Plan B : Yousef + Igor + Deejames +DJ Joeri + John Denis + Radio FG + X-Ian + Phill Da Cunha + Lawrens + Anaelle Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 8e, +32 3 226 38 70
Sam 25.09 Doe Ne Keer Moeite Noisefest II : Spleen + Kanonnevlees + Anus Nocturnum + Unholy Analog Noisemachine + ... Courtrai, De Kreun, 14h, nc, +32 5 637 06 44 NAME Festival : Farai + MainRo + Jr From Dallas Lille, Gare Saint-Sauveur, 16h, nc Naif + Gappa Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 16/13/10e, +32 2 218 37 32 The Neon Judgement Anvers, Trix, 20h, 16,75e, +32 3 670 09 00 Guido Belcanto
agenda |
96
concerts Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 21/18e, +32 2 548 24 24 Leonard Cohen Lille, Zénith Arena, 20h, 128/73e, +33 320 14 15 16 Jef Neve Trio Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 18/14e, +32 9 267 28 28 Timber Timbre Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 the Language of Through Hypothesis Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 Zoom Festival : Arnold + Mazgani + Oquestrada + Red Cardell +The Legendary Tiger Man + A Naïfa + Maion & Wenn Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 16/13e, +33 344 10 30 80 Clinton Fearon + Jaqee +El Maestro Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e, +33 321 46 90 00 Dusk And Darkness + Oxymor Cambrai, Le Garage Café, 21h, 2e, +33 327 81 29 75 Julos Beaucarne Lillers, L’Abattoir, 21h, nc, +33 321 64 07 65 After N.A.M.E. : Monoblok + Pussy Selector + UFO + James Bacon Lille, Kiosk, 22h, 7e, +33 320 49 75 99 NAME Festival : Monsieur Nopac + Seuil + Dop + APM001 Dunkerque, Le Kursaal, 22h, 9/7e, +33 328 65 81 81 Bollock Brothers + Buzz Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 RKK + Dj Caroll
Lille, La Péniche, 22h, 5e, +33 320 57 14 40
Vooruit, 20h, 19/17,5e, +32 9 267 28 28
Bartholomeo + Patrick Schmidt + 2winz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 5e, +32 3 226 38 70
The Divine Comedy + Cathy Davey Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 20/17/14e, +32 2 218 37 32
Fritz Kalkbrenner + Wirspielen + Montecosy + L-Fetes Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/8e
Goldfrapp + Wagner Lille, L’Aéronef, 20h, 30,80e, +33 320 13 50 00
Jeff Mills + Deg Bruxelles, Fuse Club, 23h, nc, +32 2 511 97 89
Mer 29.09
THE DIVINE COMEDY Lille, Sebastopol, 20h30, 29e, +33 3 20 33 17 34
Jacky Matte Lille, La Péniche, 20h, 13e, +33 320 57 14 40
DIM 26.09
Jeu 30.09
NAME Festival : DJ Edsik + Sijey Lille, Gare Saint-Sauveur, 14h
Killing Joke Lille, L’Aéronef, 20h, nc, +33 320 13 50 00
Zoom Festival : Rasta Campagne + IMG + Loups Folk + Micronologie + Tribal Jâze + Hip Hop local/rural Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 15h, 5/3e, +33 344 10 30 80
Nicolas Kummert + Hervé Samb + Nicolas Thys + Alexi Tuomarila + ... Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 12/8e, +32 9 267 28 28
THE Fiction Plane Lille, Splendid, 19h, 25e, +33 320 33 17 34
Lun 27.09 Gong Lille, Splendid, 20h, 30e, +33 320 33 17 34
Mar 28.09 10 CC Leuven, Het Depot, 20h, 27,25e, +32 1 622 06 03 Bedroom Community : Sam Amidon + Valgeir Sigurdsson + Ben Frost + Nico Muhly Gand, Culturell Centrum
Ninja Tune XX : Amon Tobin + Adreya Triana + Bonobo + Coldcut + Daedelus + Dorian Concept + Kid Koala + King Cannibal + Poirier + Roots Manuva Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Nouvelle Vague + 49 Swimming Pool Lille, Splendid, 20h, 24,20e, +33 320 33 17 34 Alex et sa Guitare Lille, Le Biplan, 20h, 8/6e, +33 320 12 91 11 Dr Feelgood Mouscron, Centre CulturelMarius Staquet, 20h, 24e, +32 5 686 01 60
playlist |
98
Stare into the sun | NWFree Music Graffiti6 transcende les genres. Housy, funky, folky, ce titre est avant tout sacrément punchy ! Ce jeune duo vient d'accoucher d'un hit efficace et immédiat, taillé pour un bon spot pub. Excuses | Rough Trade Records Ne vous excusez pas d'avoir produit un morceau majestueux, empreint d'une douce mélancolie. Ce tourbillon de cordes et de chœurs harmonieux nous plonge dans un état de grâce absolue. We Can't Fly | Eskimo Recordings Nos remixeurs préférés passent à la production, chic ! Des synthés disco, un soupçon de reggae, une chorale sémillante... We Can't Fly ? Pas sûr, ce titre nous fait bel et bien décoller ! Guettez l'album, il sort en octobre. Columbia « Je te plumerai la tête », une menace française reprise ici en refrain ! Le producteur d'Amy Winehouse (Mark Ronson) chatouille des claviers vintage. Résultat, une pop hybride bien ficelée. Le clip rétro-futuriste est giga bath !