let'smotiv nord & belgique n°59

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n째59

/ janvier 2011 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire

© Emilie Denis

Let’smotiv - janvier 2011 - #59

06 News

10 Rencontre Stéphane Hessel. 93 ans de réflexion 14 Portfolio Stéphane Carricondo sur le fil

22 Dossier

Sur la piste des disquaires, clubs et bars à Lille

36 Musique Graffiti 6, Godspeed You!, Roubaix's Burning, les Transardentes, Ivan Smagghe & Jef K, Arbeid Adelt

46 Cinéma Burdeau et Les Soprano, Another Year, la BM du Seigneur… 54 Portrait David Martin, un chef au musée

58 Exposition Quand je serai petite, David Seymour, Mezzo, Cranach, Tenir, Debout, Jean Prouvé, Ensor… agenda

72 Théâtre Sur la Route, Vivat la danse!, Rosas Danst Rosas, Chouf

Ouchouf, La Tragédie du roi Richard II, week-end poil à gratter… agenda

86 Littérature La Contre-Allée en bonne voie 88 Livres Fritz Haber, Hound Dog, Comédie Mode d'emploi, Cabeza de Vaca... 90 Disques Agoria, Salem, Marianne Faithfull, Tradi-Mods vs Rockers, Crocodiles...

92 Agenda concerts

98 Le mot de la fin

Martin Vidberg a décidément la patate !


Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07

redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com Graphiste : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: pub.nord@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° :

Thibaut Allemand, Paul Carra, Mathieu Dauchy, Florent Delval, Emilie Denis, Anthoni Dominguez, Grégory Escouflaire, Maylis Jean-Préau, Edlef Kowalyk, Marie-Lucile Kubacki, Carole Lafontan, Hakima Lounas, Ariane Mélazzini-Déjean, Raphaël Nieuwjaer, Baptiste Ostré, Clément Perrin, Marion Quillard, Martin Vidberg, Isabel Vittodi, Olivia Volpi

Couverture : Stéphane Carricondo, www.stephanecarricondo.com diffusion : C*RED

www.letsmotiv.com Let'smotiv Bordeaux

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Let’smotiv Bruxelles

Let’smotiv Toulouse

31-33 rue Buhan - 33000 Bordeaux Tél : +33 556 52 09 95 - Fax : +33 556 52 12 98 redaction.bordeaux@letsmotiv.com Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com

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Let’smotiv est une publication d’Urban Press, www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 - info@urban-press.com Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc Rédacteur en chef : Nicolas Pattou Rédactrices en chef adjointes : Léa Daniel - Judith Oliver Secrétaire de rédaction : Carole Lafontan Direction Artistique : pao@letsmotiv.com Cécile Fauré, Christophe Gentillon

Publicité Nationale : Stéphanie Ganet, +33 561 14 78 37 pub@letsmotiv.com Régie publicitaire : Proxirégie : salvatore@proxiregie.fr Administration : adm@urban-press.com Impression : Imprimerie Ménard, 31682 Labège Papier issu de forêts gérées durablement

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Magazine gratuit - Membre de l’OJD, Bureau de la presse gratuite d’information. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.



Mac attack ! Ses photos crèvent l'écran. Et ce n'est pas peu dire. Pendant un an, Michael Tompert a scrupuleusement défoncé tous les objets Apple qui lui passaient sous la main. Avec le photographe Paul Fairchild, il a immortalisé ces I-phones, I-macs ou I-pods brûlés, écrasés et percés. « Je ne critique pas Apple mais je n'aime pas voir leurs créations devenir intouchables, iconiques » explique l'ancien graphic designer de la firme. À travers ces séries très grand format exposées depuis le 12 décembre en Californie (expo 12LVE à Palo Alto), il dénonce un culte matérialiste. Mais surtout la métamorphose de cette boîte à l'ambiance potache et aux convictions anti-establishment.

© Baru

Case départ !

Télex

Après avoir gagné le Grand Prix d’Angoulême en 2010, Baru, le dessinateur des Quéquette Blues, revient en Charente pour présider la 38e édition du festival. Un grand cru, avec les derniers faits d'armes de Moebius, Trondheim, Joe Sacco, Larcenet, le génial David Vandermeulen (cf. p. 88) et la jeune Julie Marot (voir n°51). Pour tous les amateurs de 9e art, c'est bien sûr le moment de collecter les dédicaces. Mais aussi de pénétrer le Monde de Troy, de voyager en mangasie ou de profiter d'une exposition sur Snoopy ou la jeune BD belge. Nul besoin de vous faire un dessin, foncez. ❥ Du

27 au 30.01 www.bdangouleme.com

Sur E-bay, on trouve de tout. Si vous ne nous croyez pas, filez donc voir l'annonce de ce Belge qui vend « de la bonne neige bien fraîche », tout droit venue de son jardin. Pour la modique somme de 50 100 €, un produit remis en mains propres. Sacrément givré !

© Tompert et fairchild

En bref…


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Cinéma Paradiso

Banzaï !

Naruto, Sailor Moon, Nicky Larson... qui n'a jamais rêvé le temps d'un soir de se glisser dans la peau de son personnage préféré ? Et bien, amateurs de Cosplay, enfilez vos tenues les plus kawaï : la Nuit du Manga vous attend. Au milieu des déguisements, des cheveux roses et autres accessoires en latex, vous verrez trois longs-métrages (Voyage de Chihiro, Memories, Tamala 2010) dans un esprit 100% nouilles, sushi et sumo. ❥ Pour plus d'infos : www.ccrc.be. 28.01, 20h>1h30, La Louvière, cinéma Le Stuart

© DR

© DR

« Remarquable, Orson Welles, dans le dernier George Lucas. Marilyn, par contre, assez moyenne... » pourra-t-on glisser au détour d'une prochaine conversation mondaine. Aussi fou que cela puisse paraître, le célèbre réalisateur américain a en effet envisagé de recruter ses prochains comédiens dans le royaume des morts. La technique Frankenstein ? Pas du tout : ayant racheté les droits de nombreux films interprétés par des stars hollywoodiennes disparues, le père de Star Wars compte nous époustoufler avec un prochain métrage tout en trucages numériques. Finies, les heures de casting passées à chercher le prochain Harrison Ford !

Les caprices de Silvio

Un matin au Palazzo Chigi, le petit Silvio B. fait venir deux statues en marbre de Mars et Vénus datées de 175 ap. J.C. : « Pourquoi les sculptures en Chine ont l’air d’être neuves alors qu’aux nôtres manquent des bras et des têtes ? ». Après une séance de bistouri à 70 000 €, Dieu et Déesse ont retrouvé mains et pénis. Alors que les maîtres de la Renaissance italienne se retournent dans leur tombe et que le budget de la Culture est amputé de moitié, Silvio B. est content : son palais, il est aussi beau que celui d’un milliardaire chinois.

Belgotron... un mutant venu de l'espace ? Presque : un jeu bilingue sur la Belgique destiné à tout le monde ! Composé d'un quizz irrésistiblement drôle et d'un jeu de stratégie. www.belgotron.be // à l'occasion de la sortie de Balises, le collectif Light Motiv expose à la galerie des Tanneurs à Lille.


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L’art crève l’écran

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Le Québec est à portée d’écrans ! Le Fresnoy de Tourcoing présente aux cinéphiles et amateurs d’art le 28e palmarès du très réputé Festival International du Film sur l’Art (FIFA) de Montréal. Ce rendez-vous célèbre la créativité des artistes et pénètre quelques-uns de leurs secrets. En 2011, on suit un orchestre, un projet musical engagé au Liban, on (re)découvre Vian, Marc Séguin… ou Eugène Leroy. En effet, Alain Fleisher projette, aux côtés de la sélection son film sur le peintre tourquennois. ❥ 27>30.01, www.fresnoy.net

Grâce posthume

En 1969, quand il montre son sexe au milieu d'un concert, Jim Morrisson s'en sort avec un beau scandale et une très sérieuse accusation d'exhibitionnisme. 41 ans après les faits, à l'initiative du gouverneur sortant de Floride, le chanteur a enfin été amnistié. À Singapour, on doit se réjouir ! Car là-bas, on ne s'est jamais autant baladé nu qu'en 2010. La police a enregistré 105 plaintes pour exhibitionnisme durant les six premiers mois de l'année, soit plus d'une tous les deux jours. Les psychiatres s’interrogent encore sur l'augmentation de ce phénomène. En attendant, ces nouveaux adeptes du nudisme urbain risquent 3 mois de prison et 1145 € d'amende.

Télex

Lettres recommandées

« Un rendez-vous où les langues résonnent, où les mots importent, où le plaisir emporte » : on en a l’eau à la bouche ! Ni salon du livre, ni rencontre littéraire, ce nouveau temps fort du Channel mérite bien son nom : Entre les lignes. Ici, pas question d’écouter sagement. Il convient d’échanger de bons mots avec une troupe italienne, de laisser ses enfants en atelier philo ou aux bons soins du poète en chef Alain Serres, de débattre de la lecture avec auteurs et illustrateurs. Un vaste programme que l’on entamera lové au creux d’une bibliothèque, au théâtre, ou pris au jeu de la rencontre littéraire éclair. ❥ 21>23.01, www.lechannel.org

Ça y est ! Après Bruxelles, c'est au tour de Lille de monter en selle. Dans la capitale des Flandres, la petite reine mise à disposition du public s'appellera Vélille. Vivement septembre !




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Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Indigène éditions

Stéphane Hessel 93 ans de réflexion

« Ce ne sont pas des idées neuves, mais il était nécessaire de les rappeler », prévient Stéphane Hessel, auteur du succès surprise de l’automne : Indignez-vous !, un appel bref qui enfonce parfois des portes ouvertes, mais laisse briller une lueur d’espoir. Ce jeune homme de 93 ans fut résistant, déporté, corédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et diplomate, entre autres. Aujourd’hui, l’idéaliste ne se décourage pas et repart au combat. Certaines de ses prises de positions surprennent, mais l’essentiel est ailleurs : tant qu’on est indigné, on n’est pas résigné. Aujourd’hui, quelles sont les raisons de s’indigner ? La dégradation de la planète. Et l’écart sans cesse croissant entre très riches et très pauvres. En France, on expulse des sans-papiers et les plus pauvres n’ont pas de logement. Tous ces problèmes sont éminemment liés. Aucun des défis graves de notre époque, y compris le terrorisme, ne peut être pris en compte indépendamment des autres. L’injustice sociale se combat à l’échelle mondiale.

Concrètement, que proposez-vous ? Évidemment, le constat ne suffit pas. Pour agir, il faut s’engager dans des partis politiques neufs comme Europe Ecologie. Ou s’investir en faveur du développement. AgriSud aide de très petites entreprises agricoles dans le monde entier. Il s’agit surtout de ne pas rester les bras ballants car rien n’est inéluctable. Votre livre cite souvent le programme du Conseil National de la >


dérable. Cette nouvelle fortune n’a simplement pas été répartie de façon équitable.

Bande de Gaza, novembre 2010 © La Voix de l'enfant

Résistance. Ce programme est-il encore d’actualité ? Il le reste dans ses valeurs fondamentales, celles d’une véritable démocratie sociale. Nous lui devons la Sécurité Sociale ou la retraite, par exemple. Or, ces valeurs ne sont plus du tout soutenues par le gouvernement. Il n’y a, paraît-il, plus d’argent pour les retraites, alors que ces cinquante dernières années, la production des richesses s’est accrue de façon consi-

Parlons un peu de votre parcours. Vous avez côtoyé le Général de Gaulle. Nombreux sont ceux qui revendiquent son héritage… Son importance historique permet à des gens de tous bords de s’en réclamer, pour son courage, son intelligence politique ou son sens de la dignité. Sur ce point, il faut lui rendre hommage, car il a sauvé l’honneur de la France et je suis fier d’avoir servi sous son commandement. En plus, il eut, à partir de 1958, la tâche difficile de mettre un terme à la colonisation et à la guerre d’Algérie. Donc malgré les reproches sur sa politique intérieure, c’est une figure importante. Au même titre que Jeanne d’Arc. Mais je préfère que l’on se souvienne de Pierre Mendès-France, qui était le plus intègre des hommes d’état français. Je regrette qu’il ait quitté


« Hortefeux et Besson envisagent l'immigration sans aucune dignité » le pouvoir trop tôt : il aurait pu faire beaucoup pour notre pays. De 1945 à 1981, vous avez été diplomate. Des regrets, des satisfactions ? Ce fut toujours passionnant, très stimulant. Mais au-delà de cette satisfaction personnelle, cette carrière ne fut pas glorieuse. J’ai essuyé beaucoup d’échecs, surtout dans le développement des pays du Sud et dans les migrations. Les migrations, justement : en 1989, vous êtes membre du Haut Conseil à l’Intégration. Quel bilan tirez-vous de ce passage ? L’immigration fut mal abordée par tous les gouvernements successifs, sauf celui du PS, lorsque Jean-Pierre Chevènement était Ministre de l’Intérieur. C’est celui qui a le mieux compris les problèmes à résoudre. Chevènement ? Ce n’est pas l’avis des associations de défense de sans-papiers. Il a tout traité au cas par cas, et n’a jamais abrogé les lois Debré ! Non, il a bien plus régularisé que n’importe qui, et les lois qu’il a

rédigées avec Patrick Weil permirent de mieux traiter les migrations en France qu’on ne l’a fait depuis. Je suis d’ailleurs très mécontent de la façon dont Brice Hortefeux et éric Besson envisagent cette question, sans aucune dignité. Vous avez participé à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Or, elle est souvent bafouée sur l’autel du commerce. Seriezvous favorable au boycott de la Chine, par exemple ? Vous ne me ferez pas dire qu’il faut boycotter la Chine. C’est une puissance avec laquelle il faut entretenir des relations nécessaires pour le développement général du monde. Mais la Chine doit rester sensible à ce qu’on lui dit sur les droits des Tibétains ou des Ouïghours. Le boycott devrait s’appliquer pour un autre pays au moins, qui est membre des Nations Unies depuis sa naissance : l’état d’Israël. Il n’a cessé, ces quarante dernières années, d’occuper et de coloniser son voisin palestinien, en violation de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. /

À lire / Indignez-vous !, Éd. Indigène, 32 p., 3 €

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Stéphane

Carricondo Cartographe de l’âme Illustration, dessin, arts graphiques... // Bagneux // www.stephanecarricondo.com, www.sans-fin.com, 9eme.net

Suivre le trait élégant de Stéphane Carricondo, c’est comme partir à la conquête de territoires inconnus. Nos corps et nos âmes apparaissent sous un jour nouveau grâce à son dessin filaire, si caractéristique. Une formation en arts graphiques pour seul bagage, cet humble explorateur des temps modernes se sert de son solide coup de crayon pour tirer le portrait de ses contemporains. Co-fondateur du brillantissime collectif d’artistes 9ème Concept avec Jerk45 et Ned dans les années 1990 (à qui l’on doit par exemple l’expo Sang 9 éditée ensuite en livre chez Kitchen 93 et qui est aujourd’hui sur tous les fronts : expos, livres, films...), Stéphane Carricondo « est un bavard. Il fait parler sa peinture pour s’exprimer autrement que par les mots ». Ses illustrations comme ses toiles numériques sont autant de fenêtres ouvertes sur le monde. Fasciné par l’Homme, l’artiste cultive son penchant ethnographique jusque dans son travail d’édition, notamment pour l’étonnant livreobjet Infini, réalisé avec le musicien Medline. Ici, le son converse avec le dessin. La poésie avec le rythme. Certaines de ces images sont présentées ici appuyées par celles de l’ouvrage Bases (éd. Pyramyd), réalisé avec Ned en 2008. Désormais, le style de Stéphane Carricondo tend vers des œuvres de plus en plus déstructurées. Les visages nervurés s’effacent peu à peu derrière un fond d’éléments graphiques et de motifs tribaux… La spontanéité du geste rejoint alors la maitrise du détail, inaugurant une dimension plus intime et spirituelle. / > Carole Lafontan




Ceet - Toulouse - 1989.





Tober & Der - Copenhague - 2001


Bienvenue au club dossier réalis ent Perrin é par ¬ Olivia Volpi, Th ibaut Allemand, Mathieu Dauchy, Clém photos ¬ Emilie Denis - illustrations ¬ Cécile Fauré


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Les frimas de l’hiver n’auront pas raison de la capitale des Flandres. Au contraire, la nuit lilloise n'a jamais été en meilleure forme. Sous des néons flambant neufs, la scène électro alternative gagne de nouvelles chapelles (Magazine Club, Etik, Modjo…). Un an après son inauguration, la Péniche a quant à elle rejoint la rade des meilleures salles de concerts. Et lorsque le jour se lève, les mélomanes de tous poils ne sont pas en reste. Les bars essaiment contre vents et morosité, tandis que de jeunes disquaires tiennent tête à la crise du disque (Besides Records, Minor Place). Saluant toutes ces initiatives qui gonflent les rangs des valeureux pionniers (Kiosk, Rockmitaine ou Cave aux Poètes), Let's Motiv propose un joyeux tour de piste !


Magazine Club Il y a 4 ans, le Supermarket ajoutait sa pierre à l’édifice du clubbing lillois. On découvrait à sa tête Péo, Paulo et Darius. Depuis, le trio a eu envie de pousser les murs. Il est passé de la supérette à la grande surface, en investissant les quelque 600 m2 de l’ancien Opéra Night. Un an de travaux plus tard, voici le Magazine Club. Prêts pour un tour du propriétaire avec Péo Watson, directeur et dj résident ?

La Preuve par 3 ➦ interview intégrale sur letsmotiv.com

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Dj Clémentine - Elle a assuré le tout premier set du Magazine Club et c’était terrible. Passionnée par l’histoire et les sonorités de la house music, elle assume depuis plus de dix ans une certaine (bonne) idée du dance-floor, préférant l’authenticité aux sirènes de la mode : ce qui lui vaut le coup de cœur de la rédaction.


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Gris béton, bleu néon

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ue de Trévise. « Un emplacement idéal, avec les avantages, sans les inconvénients, des boîtes rurales et urbaines. C’est en ville, pas loin du centre, détaille Péo. Nous n’avons pas de voisins : ça veut dire qu’on a une vraie marge de manœuvre sur la puissance sonore et sur la qualité de diffusion. Et comme ce n’est pas un quartier résidentiel, il y a beaucoup de place pour se garer ».

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Ambiance type underground : un couloir obscur, éclairé quand même par deux ou trois néons publicitaires aguicheurs. Au bout, un escalier qui mène directement vers la musique et les spotlights. Votre mobilité est réduite ? Alors, à vous l’autre couloir, le lumineux, en pente délicate, et son ascenseur futuriste. Une fois en haut, on lance un regard circulaire avec le flegme calculé de celui qui vient d’arriver. Des murs bleu nuit, des colonnes en béton moulé. Un plafond strié de traits lumineux façon TRON, qui alterne lignes, diagonales et carrés colorés. À gauche, le bar V.I.P. Tables hautes, bouteilles de champagne, vue imprenable sur la piste. À droite, le bar à cocktails : tables basses, boissons délicates, un son adouci qui autorise les conversations. Tiens, mais qu’est-ce que c’est, là-bas, cette alcôve vitrée, avec ce damier noir et blanc hypnotique ? C’est le fumoir, bien sûr. Un troisième bar, à bières, cette fois, et, au cœur du club, la vaste piste de danse. Au fait, Péo, c’est qui les Djs ? >

Nu Architectuuratelier - Armand Eeckels et Halewijn Lievens, les architectes de Nu, font de bien belles choses, mais n’avaient jamais conçu de club. Alors ils ont consulté quelques confrères : ceux qui ont transformé le Mirano en Dirty Dancing, et les créateurs du Culture Club. Il y a pire, comme références.


Devine qui vient mixer… « Des résidents d’univers très différents, avec un point commun : une culture musicale très large. Steve, des Soulwax, vient du rock n’roll. Jean Nippon était batteur dans un groupe punk hardcore : depuis, il a une étiquette plus électronique kids. Les Glimmers, rois de la disco-freak. Le Bruxellois Geoffroy Mungwump, très techno mélodique. Le Londonien Justin Robertson, qui a un côté electro-disco-new wave… Nous, on leur demande, dans leur style musical, de faire les sets les plus house possible. La house est à la fois consensuelle et très riche. Avec souvent un sample de funk, de disco, de rock, de ❥

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pop. Une pure musique de danse, inventée pour le clubbing. » Pari audacieux, le Magazine Club a décidé de ne pas annoncer sa programmation, et mise tout sur son ambiance : « on ne veut pas retomber dans une logique de plateau, comme au Supermarket. Ça conduit à surenchérir sans cesse et les noms branchés ne sont pas toujours ceux qui font les meilleurs sets. On veut que ce soit le Club qui attire le public, pas le nom du Dj. Pour cela, dans tous les domaines, on s’est entourés des gens dont on aime vraiment le travail : des Djs, des graphistes, des architectes, un champion de cocktail. C’est pour ça que le Club est beau ». / O.V.

Magazine Club, Lille, 84 rue de Trévise, ven, sam & veille jours fériés, 23h>7h Résidents : APM 001 (Art Point M - Lille), Clémentine (Spacepigs - Lille), Mugwump (Kompakt - Bruxelles), The Glimmers (K7 - Gand), Jean Nipon (Institubes - Paris), Justin Robertson (Bugged Out - Londres), La Mèche (French Revolution – Londres), Lies & Thangs (Soulwax – Gand), One Man Party (Soulwax – Gand), So Glove, Péo Watson, Sir Piou, Mess, Stereo Pleasure, Gauthier Seys…

Victor Delpierre -

Vous voyez Tom Cruise dans Cocktail ? Victor Delpierre n’est pas comme ça. Pas de jonglerie au shaker, mais une sérieuse formation en lycée hôtelier puis dans des établissements de luxe. Outre les classiques, ce Champion de France (2007) a imaginé pour le bar à cocktails des breuvages inédits.


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Etik Club

Issus du monde associatif, Ludo et Guillaume sont bien décidés à offrir un nouveau temple aux technophiles du Nord de la France et de Belgique. Ces deux passionnés envisagent l'Etik Club comme un prolongement de leur label Signaletik, créé fin 2008 et désormais reconnu. Installé dans l'ancien Platinum, boulevard JB Lebas, le club minimal a subi un lifting salutaire, avec un système son et lumière flambant neuf. Dancefloor spacieux, espace chill-out classe et confortable pour une capacité totale de 400 personnes... Vivement l'ouverture, courant janvier ! /C.P. ❥

Etik Club, Lille, 29 bd Jean Baptiste Lebas, www.etikclub.com

En aparté

Le Kiosk Fondateur du club pionnier en matière de musiques électroniques à Lille (2004), Fabrice fait presque office de vétéran. Toujours dans la place, il nous livre son sentiment sur le clubbing dans la métropole. Peux-tu nous rappeler la ligne artistique du Kiosk ? Nos jours d'ouverture coïncident avec trois styles musicaux : la techno le samedi, la house le vendredi et l'electro le jeudi. On travaille avec des résidents qui accompagnent les guests et invités prestigieux. Du coup, le public s'y retrouve musicalement. Y a-t-il de la place pour plusieurs clubs spécialistes des musiques électroniques à Lille ? Plus on est de fous plus on rit ! Si ces clubs sont et restent pointus les gens suivront. Le tout, c'est de maintenir ce niveau d’exigence chaque week-end. Nous, on n'a pas baissé la garde. À terme, la différence se fera làdessus : pérennité et qualité. Les autres

changeront de conduite artistique ou fermeront tout simplement. Quelle position adoptes-tu par rapport à tes nouveaux confrères ? En premier lieu, j’opte pour une attitude de respect car je sais ce que c'est d'ouvrir un lieu. Ensuite, cela conforte notre remise en question, car nous ne sommes plus le seul club à proposer une alternative musicale. Alors, j'adopte la solution des grands travaux, effectués dès la rentrée prochaine avec un projet de fou ! / C.P.

Programme de janvier page 44. Lille, 28 Rue de Wazemmes, +33 320 49 75 99

Télex

Amateurs de beats efficaces et défricheurs, n'oublions pas le Supermarket (futur club hip-hop ?), ni les autres scènes de la métropole. À commencer par la Cave aux Poètes que Béné électrise sans relâche à coups de Roubaix's Burning (voir p. 40)



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La Péniche La Péniche du Pianiste était une petite institution dans le cercle des cabarets et dîners-spectacles lillois. Il y a un an, le producteur de concerts A Gauche De La Lune s'est rué à l'abordage du bateau avec pour mot d'ordre : Rock the boat ! L'équipage d'AGDL a bien jeté l’ancre de sa Péniche dans la rade des salles de concerts recommandables de la métropole. Les matelots n'ont pas ménagé leurs efforts : un lifting à bâbord comme à tribord, pour offrir des conditions d'accueil optimales aux artistes comme au public. Avec 240 concerts et plus de 13 000 spectateurs en un an, on a bien affaire à une salle de concerts logée dans une péniche et non pas à un bateau doté d’une simple scène. Mais quelle folie pousse un producteur naviguant souvent au Zénith à s'occuper d'un rafiot embarquant une centaine de personnes ? « Le même principe que celui qui régit nos festivals Les Paradis Artificiels et Ground Zero : la volonté de mettre en avant nos coups de cœur musicaux, si confidentiels soient-ils, avec un lieu pour les accueillir dignement », explique Perrine d'AGDL. Ajoutons à cet élan philanthropique le caractère stratégique, pour un tourneur, de disposer de sa propre salle, et ainsi d'élargir ses capacités d'accueil d'artistes. À la barre, Yann et Arnaud, respectivement régisseur et gérant historique du lieu, se targuent d'avoir déjà accueilli à bord Lilly Wood & The Prick, Band Of Skulls, Timber Timbre ou encore Bertrand Belin. en plus d'une quantité non négligeable de soirées en tous genres, d'humoristes et de résidences d'artistes. Difficile de dégager une identité artistique dans cette offre pléthorique, mais en Péniche la croisière, de tous les concerts, s'amuse. / M.D. ❥

Prog : 8.01, Daniel Darc 8 / 15.01, Bal Adhoc / 20.01, Imany / 26.01, Ackboo / 30.01, Oh No Oh My / 5.02, Clara Clara / 10.02, Family Of The Year / 25.02, Peru Peru + Benoit Pioulard La Péniche, Avenue Cuvier (sur la Deûle, face à l'Esplanade), www.lapeniche-lille.com


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Le Modjo Le Modjo, c'est l'idée qui germait depuis un bon moment chez Ludwig, Julien, Aurélien et Olivier. En mode restaurant le midi, avec une carte établie en fonction des produits frais. Version bar le soir, avec une programmation musicale enchaînant sans complexe rock, blues, techno, jazz... En plus des cinq à six concerts hebdomadaires, le lieu propose des soirées thématiques originales : œnologie, biérologie, contes, expos, théâtre, flamenco… Un concept ouvert, envisageant la culture sous toutes ses formes. Le pari est plus que tenu. Depuis son ouverture en mai, le Modjo ne désemplit pas et draine une clientèle sacrément fidèle. Attirée autant par les gros riffs de guitare que par les soirées raclettes. / C.P. ❥

Lille, 108 rue du marché, +33 359 89 96 65

Artefact

Le socio-éducatif, c’était leur boulot, mais pas vraiment leur passion. Alors, Phiseth le capoeiriste et Gabriel le rappeur métal-fusion se sont associés à Dj Asfalte pour ouvrir en mars dernier l’Artefact, un lieu hybride et modulable. Expositions, standup (Lille Comedy Club), théâtre, rencontres de jeunes créateurs d’entreprises, soirées cubaines, concerts reggae, Ipod battles, slam et live hip-hop… Dont leur coup d’éclat de la rentrée : Afrika Bambaataa ! à la surprise générale, le leader de la Zulu Nation a préféré ce petit troquet flambant neuf aux grandes scènes de la métropole. Pour ceux qui auraient raté ce grand moment, ils remettent ça ce moisci avec Shabaam Sahdeeq (le grand copain de Busta Rhymes, Redman, Method Man, Common ou Talib Kweli). / M.D. ❥ Lille, 98bis bd Victor Hugo, mar>jeu 17h>0h, ven 17h>1h, sam 19h>2h, www.artefactcafe.com

Télex

Caf&diskaire : Un lieu où l’on achète et❥vend des disques en sirotant un petit crème ❥ Le FESTIVAL 4x4 - du 9 au 12.12, www.4x4music. FESTIVAL 4x4 - du 9 au 12.12, www.4x4music. devant un concert. Environ 2 500 références à prix réduits (disques, DVD, livres et BD). Lille, 79 eu FESTIVAL 4x4 - du 9 au 12.12,

Rue Colbert, lun> sam, 11h>19h30.

eu FESTIVAL 4x4 - du 9 au 12.12,



Besides Records « Être disquaire, c’était un rêve, une idée en l’air… Ça n’est devenu sérieux qu’en décembre 2009 », se souvient Julien Bernhardt, heureux tenancier de Besides Records. « En septembre dernier, on n'avait pas encore de local. Dès qu’on l’a trouvé, on a tout refait en un mois. Et voilà ! » Et voilà. 80 m2 et 5000 disques calés dans une ruelle paumée qui ne le restera pas longtemps, car ce magasin s’adresse à… tout le monde. « Nous voulions avant tout être généralistes », explique Julien, 25 ans et Parisien. Son acolyte Alex Gabet, quatre ans de plus, est Lillois. Le tandem a conscience qu’à Paname, l’hyperspécialisation est de mise « tandis qu’à Lille, pas un seul magasin généraliste de vinyles au centreville ». Tombé dans le pétrole à 17 ans, le vendeur croit en ce support, « qui s’est plus vendu en 2009 qu’en 1978. Tant que les gens n’auront pas de presse à vinyle chez eux, ça devrait aller ». Les nouveautés sont abordables mais certaines occasions, pas toujours données. Le duo maîtrise son sujet (et les côtes), à force d’écumer les brocantes et de surfer sur le web. « Alex passait par eBay. Moi, par Discogs*. On se fournit encore là pour les raretés. » Mais alors quel intérêt de passer par Besides, si la toile offre le même choix ? « Les gens évitent la perte d’un colis ou un disque rayé. Et puis il y a l’échange, la rencontre ». Et l’avenir ? Pas mal de surprises en perspective, dont la création d’un label qui rééditerait des introuvables « en vinyle, évidemment ». / T.A. *Célèbre base de données en ligne répertoriant les productions de musique électronique.

Lille, 47 rue d Amiens, lun> sam, 10h>20h, + 33 320 95 43 55


dossier |

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Nuloop

Urban Music

À Nuloop, il faut montrer patte blanche et sonner pour entrer. Mais on y trouve de tout : amplis Marshall, sampler denier cri, bonne vieille Technics, guitares... et une petite centaine de disques seulement. « Nous les vendons surtout sur Internet » explique Pascal. Si la boutique a ouvert en 2006, NuLoop était connu des amateurs d'electro via son site, créé à l'orée du siècle. « Ici, on a commencé par du matériel, des platines, des samplers. Puis on s'est ouverts à tous les instruments car le marché du disque s'est effondré depuis trois ans ». Et le gigantesque-retourdu-vinyle ? « C'est valable pour le rock au sens large, Beatles, Gainsbourg, les indés, modère Pascal. Les Dj's se sont tirés une balle dans le pied en passant au logiciel Serato. Leurs fans les ont suivi et mixent maintenant des mp3 ». / T.A.Lille, 28 rue du Court Debout, mar>sam, ❥

Urban Music… Ah ouais, le magasin hip-hop ? Non : black music. Du hip-hop donc, mais aussi de la soul, du funk, du reggae… mais pas de R&B façon Rihanna ou Black Eyed Peas. Pour ce genre de vices, il y a la Fnac, et c’est juste à côté. Dix piges déjà que la petite échoppe a ouvert ses portes. Cinq mille disques, surtout des vinyles neufs ou d’occasion, soigneusement sélectionnés par Pascal. « On propose une musique de qualité. Enfin, à mes yeux ! » sourit le taulier qui mixe régulièrement au Supermarket, sous l’alias Dj Pass. Pas mal de belles occases dans tous les styles d’ébène et questions nouveautés, on est servis, puisque Pascal ne bosse qu’avec des distributeurs anglais ou américains, « plus à la page que les européens ». Et le tout à des prix vraiment corrects. C’est bien urbain. / T.A.

13h>19h, +33 892 23 11 23

Lille, 30 rue St Nicolas, lun, 14h>19h / MarSam, 14h-19h, +33 320 63 90 83


Minor Place « Vouloir sauver les disquaires indépendants équivaut à placer une perfusion sur un cadavre. » Imprimée sur les flyers promos de Minor Place et attribuée à Pascal N., cette boutade a provoqué l’ire de l’idéologue de la Star Ac’. Il a donc dépêché un émissaire sur place, qui n’a même pas jeté un œil aux disques. Il aurait dû, pourtant ! Car Ambroise Yon s’est fait plaisir. Après six ans passés chez O’CD, « je ne voulais plus laisser mes goûts au vestiaire. Le patron n'acceptait que des disques que sa mère et sa sœur connaissaient ». Autrement dit, pas grandchose. Ici, ça déborde : pop indé, guitares en bois, soul vintage, reggae enfumé ou metal expérimental, le maître des lieux essaie de ne proposer que des disques qu’il aime. Sans les classer par genre, histoire de laisser jouer le hasard. Sourire affable et un brin commerçant, ce trentenaire conseille, reste à l’écoute et dégotte les raretés en un tournemain. Il travaille principalement avec des distributeurs indépendants, et commande indifféremment Cds ou vinyles. On en revient à ces bonnes vieilles galettes noires… Encore un nostalgique du son chaud et surtout pas compressé ? « Bof, c’est peut-être vrai, mais chez moi, je n’ai pas de matériel suffisamment bon pour apprécier la différence ». La clientèle old school compare déjà Minor Place à la Boucherie Moderne. Pascal, viens faire un tour ! / T.A. ❥

Lille, 44 bis rue du plat, lun>sam, 11h>19h30.


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Harmonia Mundi

Harmonia Mundi a ouvert ses portes, il y a quinze ans, juste en face de la Fnac… D'abord spécialisée en musique classique, la boutique abonde en blues, jazz et musiques du monde. Des références de qualité, souvent exclusives. À côté des CD et vinyles, l'échoppe propose depuis peu livres pour enfants, documentaires passionnants et ouvrages musicaux (Le Mot et le Reste, Allia...). Rapport à la crise du disque ? « Non, c'est surtout pour offrir un large choix, dans des domaines transversaux » tempère Arnaud. / T.A. ❥ Lille, 9 Rue Sec Arembault, lun 15h>19h, mar>jeu 10h>13h, 15h>19h, ven>sam 10h>19h, +33 320 30 98 36

En aparté

Rockmitaine Patron de Rockmitaine, Nénesse est une figure du quartier de Wazemmes, aussi modeste que discrète. C’est à lui que revient le mot de la fin. Pour les fouineurs, tu es une institution à Lille. Oh non, moi je vends des T-shirts. Et un peu de disques à côté. J’ai commencé en 1987 avec une partie des miens. On regrette toujours un peu. À l'époque, on ne voulait plus entendre parler du vinyle. J’ai racheté des collections, les ai revendues… parfois aux mêmes gens. Le retour du vinyle, tu en penses quoi ? Moi, je n’ai jamais lâché. On nous disait que le CD serait increvable, qu’on pourrait manger un steak-frites dessus… C’était faux ! Aujourd’hui, certains vinyles sont devenus des objets de collection, et ça va trop loin. Certains achètent un disque mais ne l’écoutent pas, pour ne pas l’user… Tant mieux pour le prochain !

Et l’arrivée de nouveaux disquaires ? Plus il y a de disquaires, plus on rit ! Les gens se déplacent pour cinq boutiques, pas pour une seule. Moi, je ne vais pas chez les concurrents, pour ne pas être influencé. Je découvre la musique de façon brute. La loi de l’occase. J’écoute tous les disques que je vends. Ça me permet de découvrir des tas de choses. À l’ouverture du magasin, je ne connaissais pas un centième de ce que je connais aujourd’hui. / T.A.

112 rue des Postes, Lille, ouvert le mardi de 10h à 20h

Télex

La Nébuleuse : Ce studio d’enregistrement restaure vos vieux vinyles et vos bandes

analogiques. Mieux, son équipe les grave sur CD à l’unité. Ça paraît… nébuleux ? Passez y faire un (33) tour ! 108, rue de Cambrai, Lille. www.la-nebuleuse.com +33 320 04 76 07


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texte ¬ Edlef Kowalyk photo ¬ DR

C'est de la bombe ! Inconnu il y a encore quelques mois, Graffiti6 ensorcelle les foules outre-Manche. Depuis qu'il a servi d'hymne estival au journal The Sun en 2009, le single Stare Into the Sun est dans toutes les têtes. Une 2e couche de leur concentré jubilatoire de pop, de funk et de soul recouvre désormais le continent. Foncez à Bruxelles pour mieux les voir en peinture. Rien ne prédisposait Jamie Scott et Tommy D à s'associer. Encore moins à produire les lumineuses compositions de Colours. Jamie, le séduisant chanteur donnait dans la guimauve romantique, traînant sa panoplie chapeau-marcel-yeux-implorants. Son 2e album, Park Bench Theories (2007), dans un genre folk rock soporifique tenait moins de Cat Stevens et Simon and Garfunkel (ses icônes revendiquées) que du mielleux Enrique Iglesias (pour qui il compose, c'est dire !). Tommy D., c'est le négatif de son acolyte. Air taciturne, regard fuyant... malgré l'homonymie avec une star du porno gay, le Dj n'a rien d’un sexe symbole. Mais ses talents de producteur sont reconnus, et malgré le dispensable I’m Too Sexy de Right Said Fred’s en 1991, il a collaboré avec Jay-Z, Kanye West ou Tom Jones. C'est à lui que l'on doit l'efficacité de Stone in my Heart ou Annie you save Me. Exploitant avec brio la voix de fausset de Jamie, Tommy D. prend donc nos jambes en otage à coup de mélodies entêtantes et de boucles indie-néo-disco, taillées pour le dancefloor. Certes, l'album Colours pourrait bien ne pas survivre au passage de la prochaine brigade anti-tag. Reste qu'on les attend au pied du mur, au Bota. Pas vous ? / ❥

GRAFFITI6 12.01, 20h, Botanique, 11/8€, +32 2 218 37 32



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texte ¬ Grégory Escouflaire photo ¬ Konstandinos Dagas

La Messe est Dite Alors qu’on entre de plain-pied dans une nouvelle décennie musicale, certains anars du post-rock nineties ont décidé de relustrer leurs scies : après un hiatus de sept ans, Godspeed You! Black Emperor se la joue donc en mode « revival », mais sans gruger ses fans. Épique, et puis c’est tout. Les petits malins vous le diront : « Le post-rock, c’était avant », quand Mogwai « craignait Satan » et Tortoise affolait nos tympans à chaque emballement de vibraphone… À l’heure de la chillwave, du shitgaze et du dubstep-wonky-purple (quoi ?), les envolées de cordes (guitares ou violons) évoquent des temps plus romantiques. En attendant, Efrim, Moya, Sophie et tous les autres (ils sont huit ou neuf), gardent la même ligne de conduite, envers et contre tout, avec la même ardeur qu’avant et le même engagement physique. Après l’annonce de leur comeback en avril dernier, GY!BE se lance donc dans une (brève) tournée qui devrait, c’est sûr, remettre les pendules à l’heure. Car si le post-rock, cette étiquette fourre-tout, est (presque) devenue une private joke à l’ère 2.0 (comme le grunge en son temps), il en faut plus aux Canadiens pour se laisser abattre. « Nous sommes toujours autant bornés et enragés », avouaient-ils dans leur fairepart de retrouvailles. On les croit. Leurs disques demeurent des chefs-d’œuvre d’intensité. Efrim et sa fière fratrie jouent de la musique comme si le monde naissait. Et en live c’est mieux qu’un bête poème : c’est une litanie. Amen. / ❥

Godspeed You! Black Emperor 15.01, 20h, Bruxelles, Botanique, complet! 2.02, 20h30, Diksmuide, Musiekclub 4AD, complet!



musique |

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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ Bot'Ox © WillyHuvey

electro sur un plateau De David Guetta à Paul Kalkbrenner, la musique électronique connaît autant de variantes que les recettes de pâtes. Qu'à cela ne tienne, l'équipe expérimentée de la Cave aux Poètes sert la meilleure formule dans le genre. Goûtons sans modération les ingrédients de la 16e Roubaix’s Burning : Bot'Ox et Mickey. Bot’Ox rassemble Julien Briffaz et Benjamin Boguet, soit la moitié de Tekel et le tout de Cosmo Vitelli. Ces deux têtes bien connues des clubs parisiens brocardent les codes de la musique conventionnelle. Ainsi, ils décrivent leur premier album, Babylon by car, comme « une thérapie contre la joie et l'harmonie ». Pourtant, on se régale à l’écoute de ce manifeste d'électronica délicate et progressive. Les littérateurs ne tarissent d’ailleurs pas d’éloges à ce sujet : « avec un peu de chance, dans 10 ans, l'album de Bot'Ox n'aura pas pris une ride ». Sans doute la raison pour laquelle Mickey se réjouit d’apparaître sur la même carte que Bot'Ox. Ce natif de Nice, d’une vingtaine d’années, se souvient encore du jour où Renaud Deru (directeur artistique du Libertine Supersport à Bruxelles) l’a félicité après un set dans un bar de Bruxelles, avant de l’inviter à rejoindre la table des résidents de son club. Depuis, l’étoile montante dispense des remixes et productions bien assaisonnés. Il a récemment offert une cure de jouvence à Afrique Adieu de Michel Sardou (vous avez bien lu) et sorti un premier EP sur l'illustre label Relish. Entre l'élite électronique parisienne et la nu-disco bruxelloise, la Cave aux Poètes a magistralement remis le couvert. / ❥

ROUBAIX'S BURNING #16 Prog : Bot'Ox + Mickey + Marklion + DJ Potard 21.01, 23h, Roubaix, Cave aux Poètes, 10/8/6€, +33 320 27 70 10



musique |

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texte ¬ Clément Perrin photo ¬ Dj Hell © DR

Dans la cour des grands Un vrai tour de force. Quatre ans ont suffi pour imposer ce festival. Avec un line-up tout feu tout flamme, les Transardentes embrasent chaque hiver la ville de Liège. Un mastodonte électronique de plus en Belgique ? Peut-être, mais unique en son genre en Wallonie. Les Transardentes ont réparé ce que l'on pouvait considérer comme une anomalie en Belgique, pays de cocagne des grands festivals musicaux. Pendant que la Flandre enchaînait 10 days Off, Tomorrow Land et I Love Techno, la Wallonie sommeillait. Et puis, en 2008, Liège a ouvert sa grand-messe electro. Et quelle messe ! Il faut dire que la ville était taillée pour ça, avec une scène locale en pleine ébullition, connue dans tout le pays (Compuphonic, Surfing Leons, Partyharders...). Occupant depuis le début les Halles des Foires, les Transardentes se classent dans la catégorie « festival de hangar ». Structure certes impersonnelle, mais gigantisme nécessaire pour accueillir des hordes de clubbers chauffés à blanc. Sur le vaste dancefloor, on retrouve un esprit de communion, un sens de la fête immodéré, éminemment liégeois. Il suffit de capter au petit matin, sur le quai de la gare ou dans les rues, les regards épanouis des clubbers pour s'en convaincre..... Très peu semblent prêts à filer au lit. Parions qu'après avoir gouté ce line-up 2010, reflet fidèle des tendances de la scène actuelle (Dj Hell, Martyn, Borgore, Carte Blanche, Marcel Dettmann .....) la Cité Ardente aura, cette fois encore, bien mérité son nom. / ❥

Les Transardentes 29.01, Liège, Halle des Foires, 37/30€, www.transardentes.be prog : A-Trak, Skream & MC Sgt pokes, Dj Medhi & Riton, The Count & Sinden, Dave Clarke, Dj Hell, Brodinski, Proxy, Len Faki, Marcel Dettmann, Shed Live, Canblaster, Nero, Jamie XX, Borgore, Martyn…



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texte ¬ Edlef Kowalyk - photo ¬ DR

texte ¬ Olivia Volpi - photo ¬ Koen Bauters

La rentrée du Kiosk

Arbeid Adelt

Décidément, 2011 s’annonce riche en matière d’électro à Lille. Tandis que de nouveaux clubs ouvrent (cf dossier p.27), le Kiosk, spot historique de la métropole fait un retour en force. Et de quelle manière ! Le line-up de janvier est pour le moins alléchant. D’abord avec le légendaire Jef K. Ancien résident des inénarrables soirées Respect ou du Robert Johnson à Frankfort, patron de labels… Entre deux dates internationales, le maestro répand ici sa bonne vibration deep, sexy et groovy. Deux semaines plus tard, place à Ivan Smagghe. DJ français ultra respecté, ex-vendeur chez feu Rough Trade, ex-journaliste à Radio Nova, et co-auteur sous le nom de Black Strobe d’irrésistibles hymnes dansants. Le terrible Ivan oscille entre sensualité froide et dynamique et son mix ciselé révèle une impressionnante érudition. /

Vous connaissez PIL ? Public Image Limited ? Mais si, le groupe que John « Johnny Rooten » Lydon a fondé après les Sex Pistols. Un de ses premiers hits, c’est Death Disco, œuvre triste et entraînante dédiée à Maman Rotten. En 1987, les Belges d’Arbeid Adelt ! (« le travail annoblit ! », paraît-il) le reprennent et le malmènent pour en faire une pièce maîtresse des dancings. Arbeid Adelt !, c’est le ridicule et la précision assumés, dans un genre qu’on pourrait qualifier d’absurdo-wave (quand on comprend les paroles). En 1981, pour leur premier concert, ils n’ont que deux morceaux : pas de complexe, ils jouent 7 minutes et remballent. Ils écriront ensuite deux albums, qui leur vaudront autant de succès que de scandales, les classant parmi les grands groupes belges. /

7.01, 22h30, Jef K + Devty + résidents,7€ // 15.01, 22h30, Ivan Smagghe + PussySelektor + Remain + résidents, 9€

21.01, 20h30, 4AD, Diskmuide, 12/10/8€, www.4ad.be // 4.02, 20h, Bruxelles, AB, 19/16€, +32 2 548 24 24


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cinéma |

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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ DR

Emmanuel

Burdeau

Tête de série Les Soprano (1999-2007) reposent en paix ? Sûrement pas ! L'œuvre de David Chase n'en finit pas de hanter ses spectateurs, comme de questionner la critique. Parce qu'à travers la vie et les doutes des mafieux du New Jersey, l’auteur a définitivement secoué le cocotier des idées préconçues sur le cinéma et la télé. Jusqu'à entrer au Moma, sans effraction. Retour sur cette première pierre artistique du xxie siècle, avec Emmanuel Burdeau, critique et directeur d'une nouvelle collection passionnante chez Capricci. Que reste-t-il aujourd'hui des Soprano ? La série des années 2000. Le sommet de ce qu’on a pu appeler l’« âge d’or » du genre. Et une chaîne : HBO. Un fonctionnement qui peut évoquer celui des studios hollywoodiens d’antan. Une grande liberté laissée aux « auteurs ». Avec le temps, Les Soprano sont devenus une sorte de chef d’œuvre classique, un grand récit pour une époque qui en manque peut-être.

Comment aborde-t-on une œuvre aussi monumentale ? Par étapes. Il faut revoir tous les épisodes, prendre des notes pour établir une « continuité » qui sert de base. Et puis, faire un plan. Il y a un certain confort, et un grand bonheur, en vérité : les 75 heures des Soprano constituent une sorte de super-film où l’on peut circuler librement.


Justement, avez-vous pris en compte la temporalité propre à cette série ? Oui, on peut imaginer que les créateurs ne savent pas trop où ils vont lorsqu’ils réalisent le pilote. Puis, avec le succès, des personnages arrivent, d'autres meurent ou changent parce que le public ne les aime pas, ou parce que les acteurs veulent être mieux traités. Il y a donc plusieurs niveaux de lectures. Le temps du récit ; celui de la diffusion ; celui de la réception par le public et le temps d’y revenir sur DVD, ou en écrivant. Comment imaginez-vous David Chase au travail ? Je l'ai rencontré pour un long entretien très intéressant. Je pense qu'il y a beaucoup de lui dans le personnage de Tony Soprano. C'est quelqu'un d'irascible, extrêmement angoissé. On raconte qu'il est difficile : il virait des scénaristes, refaisait le montage, contrôlait toutes les

musiques. Les choses se sont construites progressivement. Il a été de plus en plus ambitieux, glissant des références littéraires inattendues, traitant des sujets qui n'avaient pas leur place dans des séries télé. D’ailleurs, le spectre du cinéma hante les Soprano… Certainement, la série a été créée par quelqu'un qui aurait aimé faire du cinéma. Chase traite trois questions qui se croisent sans cesse : la Mafia, l'Histoire et le cinéma. C’est ce qui rend la question des Soprano passionnante. Les uns diront que c’est de la télévision et les autres du cinéma. Tous auront tort. C’est de la télé traversée par le cinéma, de la télé qui regarde le cinéma. En France, il semble y avoir une carence de pensée par rapport à la TV. Quand Assayas tourne Carlos, il se dé-


« C'est de la télévision traversée par le cinéma. » fend de faire de la télévision, comme si c’était honteux… Oui, on a assisté à quelque chose de comique à Cannes, un discours qui avait au moins dix ans de retard. Avec les gardiens du temple, qui identifieraient ce qu’on peut appeler « cinéma »… Pour moi, quelque chose qui passe à la TV, c'est de la TV, et quelque chose qui passe au cinéma, c'est du cinéma. Je n'en fais pas un critère. En plus, désormais, il faut s'interroger sur la façon dont on regarde ces nouvelles œuvres. Elles sont liées aux nouvelles pratiques des spectateurs, comme le DVD, la VOD, le téléchargement. Tout à ❥

coup, on sort du circuit des sorties en salles ou du programme télé. Comment voyez-vous l’avenir des séries à la TV ? Ne craignez-vous pas un épuisement par la surenchère ? Je pense que les Soprano ont bien évité cela. Une série qui m'inquiète, par contre, malgré toutes ses qualités, c'est Mad Men. Il y a un côté « série de luxe ». Là, on est au bord de la surenchère. /

La Passion de Tony Soprano, Emmanuel Burdeau, 7,95 €, 97 p., Ed. Capricci


cinéma |

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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Another Year © DR

Traversée solitaire Rentré bredouille de Cannes où il avait reçu la Palme d'or pour Secrets et mensonges en 1996, Mike Leigh a dû se contenter du « coup de coeur critique » du jury pour son dernier film, Another Year. En attendant le succès public qu'il mérite ? À quoi repère-t-on un film anglais ? À l'accent, certes, mais surtout aux « gens ordinaires » qui le peuplent. Ni jeunes, ni sveltes, ni beaux, les corps anonymes sont sa matière, son territoire, et avec eux la banalité du quotidien. Au rythme des saisons, les solitudes se frôlent et se cognent dans le charmant foyer de Tom et Gerri, quinquas peinards rayonnants d'amour. Autour d'eux, une bande de bras cassés, galerie de paumés à la recherche dudit amour, des autres et d'eux-mêmes. Du vieux pote boudiné par son tee-shirt à la gloire de la bière, les portraits sont noirs, justes et touchants. Le personnage le plus bouleversant reste Mary (Lesley Manville, superbe). Couvrant sa hantise de la solitude par une frénésie verbale et un léger penchant pour l'alcool, elle est la figure tragique du film. Ignorée par ceux qu'elle désire, elle repousse ses rares prétendants. La mise en scène de Mike Leigh, avec ses séquences étirées, fait jaillir toute la vanité et la cruauté des relations humaines. Le bonheur y apparaît comme la contemplation tranquille du malheur des autres. Et, quand enfin la parole ralentit, que le temps de réfléchir arrive, ne s'offrent ni l'apaisement, ni la compassion, mais le constat d'une solitude absolue. Au milieu des autres, le silence n'en est que plus effrayant. / ❥

Another year, de Mike Leigh sortie le 22.12, durée 2h09, avec Jim Broadbent, Lesley Manville, Ruth Sheen...



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texte ¬ Edlef Kowalyk photo ¬ DR

texte ¬ Baptiste Ostré photo ¬ Capricci Films

Le Tati

La BM

Roulant

du Seigneur

Depuis 2009, un drôle de bus sillonne notre région. À la différence de ses semblables qui marchent au pétrole, celuici carbure aux pellicules 16 mm pour diriger ses passagers vers les contrées inexplorées du cinéma d'auteur. Ce curieux ovni capable de se transformer en salle obscure comme en salle de spectacles a été imaginé par Marie et Rémi, deux Lillois passionnés de 7e art. À bord de leur charmant « Théâtre Ambulant Très Intimiste » (TATI) : vingt sièges tout au plus encadrent un vieux projecteur dont le doux bruit agrémente les films de Len Lye, Martin Arnold ou encore John Nathan Campbell. Sans compter que Rémi, votre « guide chauffeur » ne manque jamais d'anecdotes croustillantes sur les œuvres et leurs auteurs. Prenez donc votre ticket ! /

Alors qu’il brûle les papiers d’une voiture volée, le Yéniche Fred Dorkel rencontre un envoyé de Dieu. Entre documentaire et fiction, La BM du Seigneur est le récit tragi-comique de sa confession. Et à travers elle, Jean-Charles Hue filme une communauté méconnue de gens du voyage, bien qu’elle soit la plus répandue en Europe. Une communauté qui se sert les coudes, certes. Qui se déchire aussi ; se combat, souvent, continuellement. Avant de se réconcilier. Des pirates régulièrement à l’assaut de terres étrangères (ces « chouraveurs » en quête de scooters ou de grosses cylindrées, comme autant de navires à dérober pour affirmer leur liberté) mais revenant toujours vers l’île où les attendent femmes et enfants. Des naufragés sur une aire d’accueil de Beauvais. /

Le Tati Roulant Retrouvez l'agenda du bus sur www.tatiroulant.fr

De Jean-Charles Hue. Avec Fred Dorkel, Joseph Dorkel, Michaël Dauber... Sortie le 26.01



David Martin Un chef au musée texte ¬ Florent Delval photo ¬ Blueclic G.Miclotte pour Sensum.be, Philippe De Gobert

Il y a quelques semaines, le restaurant de BOZAR a fait peau neuve. La nouvelle pourrait être anecdotique si le lieu, fermé depuis des années, n’était pas placé sous le double patronage d’Horta pour la décoration et de David Martin pour la carte. Dans ce bâtiment classé, le chef étoilé décline ses classiques de manière iconoclaste. Visite à quelques heures de notre bouclage et de l'inauguration.


portrait |

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A

vant même de franchir la porte du chantier, David Martin tombe en admiration devant les détails des finitions d’époque. Après de nombreuses années de fermeture, ce lieu dessiné par Horta revient lentement à la vie sous l'égide du jeune chef étoilé qui, dans cet écrin, proposera sa carte aux amateurs d’art. Au milieu de la poussière ambiante, il évoque l’architecture avec tant d’enthousiasme que l’on pourrait croire à un discours bien rôdé. Mais l'excitation de David Martin n'est pas feinte, on dirait un enfant dans un magasin de jouets. Et derrière ce regard ébahi, se cache une vision singulière de la cuisine qui s’est affirmée à la Paix, sa brasserie sise à Anderlecht.

Cuisine et dépendances David Martin imagine déjà des clients attablés, d’autres en train de discuter avec le cuisinier dont les fourneaux donnent directement sur la salle. Car sa conception de la cuisine ne s’arrête pas à l’aspect gustatif. Elle comprend aussi la manière dont son lieu s’intègre dans l’espace urbain. Si on lui demande ce qu’est une brasserie, il décrit des allées et venues de travailleurs de tous horizons sociaux. Les tables doivent être proches les unes des autres permettant d’engager la conversation avec son voisin. À BOZAR, on prendra sûrement plus son temps, mais il espère tout de même attirer une clientèle locale et s’insère dans la vie du quartier. Comme Horta, David Martin ne supporte pas >


portrait |

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que l’on confonde raffinement et superficialité, aussi a-t-il besoin d’un restaurant vivant, où l’expérimentation sert toujours un but concret. De la cuisine moléculaire, il ne garde que quelques techniques et s’amuse de ce qui, selon lui, restera une mode passagère. Cet enfant de parents basque et alsacien est un terrien, pragmatique, tout en étant un véritable esthète. À ce titre, il admire les installations d’inspiration architecturale de son ami Jan de Cock ou encore les peintures impertinentes de Matthieu Ronsse. Garder la patate Cette dualité entre héritage et innovation est au cœur de la cuisine de David Martin. Elle lui a été transmise par les grands chefs, lorsqu’il était apprenti ou second. Encore admiratif, il décrit avec quelle simplicité Alain Passard coupait ❥

la viande. Et confirme que ce n’est pas l’originalité qui fait le chef, mais le style. Ainsi, le four où se consume du charbon argentin mélangé à des pieds de vignes bordelaises de vingtcinq ans d’âge donne un fumet unique à sa cuisine qu’il qualifie de belge. Il y a dix ans David Martin ne soupçonnait d’ailleurs pas l’existence de cette gastronomie simple et variée, « presque exclusivement constituée de pommes de terre ». C’est donc un peu inquiet qu’il a postulé au restaurant de l’Hôtel Méridien de Bruxelles. Mais, après un entretien de sept heures, il a rapidement trouvé à qui parler. Depuis, il n’imagine plus quitter la Belgique et pas seulement parce qu’il est marié à une Bruxelloise. Tous ses plats sont élaborés en hommage à cette cuisine conviviale découverte notamment à La Roue d’Or, la brasserie historique à deux pas de la Grand Place. /

David Martin, Brasserie du Palais de Beaux-Arts de Bruxelles (Bozar) Bruxelles, Rue Baron Horta, 3, tlj, 12h> 23h, 100 couverts, Plat du jour (midi) 13€, Menu (entrée + plat ou plat + dessert) 22€, +32 2 503 00 00



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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Le String © Muriel Rodolosse

Jeux d'enfants Depuis 2008, le musée des beaux-arts de Calais puise dans l'œuvre fertile de Lewis Carroll des clefs inédites pour articuler création contemporaine et collection permanente. Et nous prouve, avec cette 3e exposition tirée d'Alice au Pays des Merveilles, que cette porte d'entrée est moins étroite qu'elle n'y paraît. Jeu d'échelles, démultiplication des corps et choses... aucun doute possible : dès l’entrée du musée, nous voilà en terre Carollienne. Sur le mur, l'on retrouve ce monumental dessin de Françoise Pétrovitch qui, tel le lapin blanc, nous a mené jusqu'ici : en ville, nombreuses étaient les affiches arborant cette Petite fille à l'arrosoir à l'intrigante disproportion. Ridiculement petits à côté d'elle, l'on entame notre traversée du miroir : un tunnel jalonné d'images ambiguës, interlopes, sinon hallucinatoires. Sur les deux étages et jusqu'au beau milieu des fonds permanents ont été disposées 70 œuvres et créations d'Anthony Freestone, Laura Henno, Marie Hendriks, Françoise Pétrovitch et Muriel Rodolosse. L'effet de nombre et la présence de séries exacerbent la cohérence de l'exposition et rendent facilement accessible l'univers propre à chaque artiste. L'enfance, la figure de la fillette, du double ou encore le rapport faussé au temps nous poursuivent comme le chat du Cheshire : vision fugace, omniprésente, saisissante. Enfin, pas si fugace car les tableaux animaliers de Muriel Rodelosse, les regards perdus captés par Laura Henno ou les subtiles photos et vidéos de Marie Hendriks nous hanteront encore longtemps... / ❥

Quand je serai petite jusqu'au 27.02, Calais, musée des beaux arts, mar>sam, 10h>12h, 14h>17h, 4/2€, +33 321 46 48 40. 13.01, 18h15, rencontre avec Marie Hendriks



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texte ¬ Grégory Escouflaire photo ¬ Détail, Archipel des Cyclades, 1951© David Seymour, Magnum Photos

Droit au coeur Après Robert Capa, c’est au tour de David Seymour, alias « Chim » d’être célébré au Musée juif de Belgique, à Bruxelles. Moins connu que ses pairs fondateurs de l’agence Magnum (Capa et Cartier-Bresson), David Seymour reste pourtant l’un des grands activistes du photojournalisme. Son jeune collègue Burt Glinn disait de lui : « Chim n’était pas seulement l’ange gardien des photographes en mission, mais aussi un rabbin qui révélait la gravité des temps en Europe ». De la Guerre Civile espagnole à la naissance de l’Etat d’Israël, cet ex-Polonais devenu Américain se placera toujours « au cœur de l’action », jusqu’à sa mort tragique à l’automne 1956, tué par une rafale de mitraillettes en pleine guerre de Suez. S’il démarre sa carrière pendant le Front Populaire, il réalise ses plus beaux reportages pour Magnum en Italie et dans l’Allemagne d’après l’Apocalypse. Il se tiendra aussi aux avant-postes de la reconstruction européenne, témoin privilégié d’une société qui envisage enfin l’avenir. Les prises de vue de David Seymour débordent d’humanisme. à l’instar de cette pietà ibérique qui allaite son enfant lors d’un meeting anti-franquiste. « Chim utilisait son appareil comme un médecin sort son stéthoscope, appliquant son diagnostic à l’état du cœur », confiait Cartier-Bresson. Le coeur est au centre de son oeuvre, et c’est pourquoi elle parle tant à nos sens. David Seymour n’était pas seulement un « vrai photographe » (dixit Capa), c’était aussi un homme de foi et de courage. Il est grand temps qu’on s’en souvienne. / ❥

David Seymour (Chim) - Un photographe humaniste jusqu’au 27.02, Bruxelles, Musée juif de Belgique, mar>dim, 10h>17h, 5/3e, +32 2 512 19 63



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texte ¬ Anthoni Dominguez photo ¬ DR

texte ¬ Florent Delval - photo ¬ The Elder A Female Personification of Justice © DR

Mezzo

Le monde de Lucas Cranach

Emblématique pour toute une génération du 9e art et des cultures alternatives, l’œuvre de Pascal Mesenburg alias Mezzo marque par sa noirceur, sa teinte rock et ses accents expressionnistes. Depuis sa collaboration avec Pirus, notamment pour Les Désarmés, jusqu’à sa présence à l’Espace Bis aux côtés du collectif Wild Ink en 2009, cet illustrateur talentueux donne à voir des paysages hallucinés, marqués à l’encre noire et au fer rouge. Mezzo multiplie les esthétiques dans ses sérigraphies, BD, affiches de concerts et pochettes d'albums. Imagerie jazz rétro, délires psychédéliques, couleurs franches... ses illustrations trouvent leur place dans le festival D’hiver rock. Pour l’occasion, l'on retrouve illustrations et planches, dont certaines préfigurent le tome 3 du Roi des Mouches. /

Lucas Cranach est un artiste emblématique de la Renaissance allemande (xvie siècle), en même temps qu’il annonce les changements tumultueux de la Réforme. Cette époque sans pareille a porté aux nues son compatriote Dürer, mais Cranach reste un de ses pairs incontestés. Si l’on se déplace surtout pour ses hypnotiques Vénus aux yeux en amandes et aux traits si particuliers, cette exposition permet de découvrir des périodes moins connues de son travail. Pour vraiment apprécier ces 150 œuvres, Bozar redessine leur contexte d’origine et ce qui liait Cranach au monde artistique de son époque. Ainsi, on peut tenter de percer les secrets de ces toiles aux symboles oubliés ou se laisser envoûter par leur évidente beauté. /

du 22.01 au 20.02, Tournai, Maison de la Culture, mar>ven, 10h30>18h, sam, 9h>18h et dim, 14h>18h, +32 69 25 30 80

jusqu'au 23.01, Bruxelles, Bozar, mar>dim, 10h>18h (sf jeu 21h), 10/8e, +32 2 507 82 00, www.bozar.be



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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ William Wegman, Collection Frac Limousin © Galerie Baudouin Lebon

De bonne tenue Proportions monumentales, verrières début xxe : le musée des beauxarts de Valenciennes n'est pas vraiment taillé pour l'art contemporain. Il se prête davantage à la paisible contemplation de primitifs flamands, de Watteau, de Carpeaux. C'est en tout cas ce qu'on croyait jusqu'à ce qu'une certaine conservatrice bouscule nos habitudes. Cette conservatrice, c'est Emmanuelle Delapierre, « une spécialiste du xviie », pas vraiment experte en art contemporain mais très allergique aux oppositions de chapelles. Partisane du dialogue et de la transversalité, elle a fait appel à Marie-Claire Sellier, historienne de l'art et psychanalyste. Ensemble, elles ont commis en 2005 l'exposition d'art contemporain La peau est ce qu'il y a de plus profond. Un pavé dans la mare tranquille des collections permanentes du musée. Avec Tenir, debout, elles récidivent. Imaginée comme « un parcours initiatique », l'exposition déroule son fil rouge, celui de l'engagement, de la résistance, de notre manière d'être au monde en une série de verbes d'action. « (Se) tenir », puis « tenir bon », « faire face » ou encore « faire bloc » nous mettent ainsi, à travers une sélection de photos, d'installations, de toiles ou de vidéos, devant notre propre posture. Partage-t-on l'ironie de William Wegman quand il se met en scène sous les traits d'un chien? L'humilité de Herman de vries, de Jimmie Durhan ou encore de ces femmes indiennes immortalisées par Achinto Bhadra ? Une exposition sans concession jalonnée de partis pris forts, qui pour sûr, tiennent debout. / ❥

Tenir, debout jusqu'au 6.11, Valenciennes, Musée des beaux-arts, tlj (sf mar), 10h>18h (sf jeu, 20h), 5/2,5€, +33 327 22 57 20



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texte ¬ Anthoni Dominguez - photo ¬ Détail, L’étonnement du masque Wouse © Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers

texte ¬ Edlef Kowalyk - photo ¬ DR

Jean Prouvé

et le progrès social Au sortir de la guerre, Jean Prouvé rêvait d'un habitat solide, esthétique et économique, façonné avec ses matériaux de prédilection : l'acier et l'aluminium. L'un de ses projets (avorté) émergea à Tourcoing en 1952 : les fameuses « maisons métropole » ou « l'école en aluminium » en témoignent. L'occasion pour l'hospice d'Havré de rendre hommage à cet architecte du xxe qui avait imaginé la construction en série d'habitations provisoires grâce à leur modularité et leur démontabilité. Cette vision avant-gardiste et pragmatique dépouille constructions et mobilier de tout ornement pour ne garder que la fonctionnalité et la beauté brute des matériaux industriels. Plans, photos, dessins et mobilier rares restituent cette vision originale, entre art, industrie et conscience sociale. / ❥

jusqu'au 6.02, Tourcoing, Hospice d'Havré, tlj (sf mar) 13h30>18h, +33 359 63 43 53

Hareng saur Ensor et l’art contemporain À l’image d’un Georges Braque tardivement reconnu, James Ensor fait partie de ces artistes mal-aimés de leur vivant, des sommités que l’histoire de l’art a longtemps oubliées au fond de la réserve. Le MSK et le SMAK de Gand entendent rendre ses lettres de noblesse au peintre ostendais, en confrontant ses toiles à des œuvres contemporaines qui se placent, directement ou non, dans son sillage. Ainsi, L’Entrée du Christ de Jérusalem rencontre The Modern Procession de Francis Alÿs, pendant que La vieille dame aux masques sourit à la French Maid de George Condo. Les univers d’Ugo Rondinone ou encore Eija-Liisa Ahtila croisent ainsi les scènes carnavalesques et autres squelettes ensoriens, dans une exposition placée sous le signe de la foule, de la satire et de la mort. / ❥

jusqu’au 27.02, Gand, MSK et SMAK, mar>dim, 10h>18h, 3 à 6e, +32 9 240 76 01



agenda Stephen Jones © Nick Knight

Stephen Jones, et l'accent de la mode Briton, excentrique... on pourrait croire ce chapelier tout droit sorti du Pays des Merveilles. Méconnu du grand public, Stephen Jones a relevé des centaines de défilés de ses coiffes improbables, pimentant les collections des plus grands créateurs (Gaultier, Galliano, Comme des Garçons, Mugler, Dior...). Le MoMu revient sur la carrière de ce modiste influent à travers plus de 120 couvre-chefs, extraits de films et photographies... ❥ ANVERS, jusqu'au 13.02, MoMu, mar>dim,

Trésors de la BD © peter Madsen

Ensor démasqué Bas les masques ! Le « prince des peintres » se révèle dans une confrontation d'œuvres à l'ampleur inédite. Aux pièces maîtresses du KMSKA d'Anvers (La mangeuse d'huîtres, Adam et Eve chassés du paradis, L'Intrigue...) s'ajoutent près de 140 dessins et études rarement exposés en raison de leur fragilité. Du réalisme au grotesque, des scènes de genre aux figures masquées, la scénographie dégage les motifs récurrents du maître et souligne l'évolution de son travail. ❥ Bruxelles, jusqu'au 13.02, 10h>18h,

10h>18h, +32 3 470 27 70

Bozar, Espace culturel ING, +32 2 547 22 92

Trésors de la BD européenne

Entre Paradis et Enfer, Mourir au Moyen Âge

Pour passer l'hiver dans la joie et la bonne humeur, le CBBD réalise un tour d'Europe des plus éminents chantres du 9e art. Soit 50 dessinateurs majeurs, incarnant la BD franco-belge, mais aussi les traditions italienne, portugaise, suédoise, anglaise ou polonaise. Les originaux choisis ont en commun d'avoir été très rarement exposés, puisque majoritairement issus de collections privées. Franquin, Hergé, Pratt, Gotlib, Rosinski ou encore David Lloyd comme vous ne les avez encore jamais vus... ❥ Bruxelles, jusqu'au 30.01, CBBD, mar>dim, 10h>18h, +32 2 219 19 80

Au grand dam des passionnés, rares sont les expositions d'envergure consacrées au Moyen-Âge et à ses œuvres délicates. Le musée du Cinquantenaire relève le défi en réunissant 250 pièces d'époque pour ausculter le rapport à la mort dans la période médiévale. Des pratiques païennes héritées de l'Antiquité (vie) à l'art moralisateur du xvie, l'exposition mêle pédagogie et rigueur scientifique. Histoire, archéologie, religion, anthropologie, le parcours offre une immersion complète. ❥ Bruxelles, jusqu'au 24.04, musée du Cinquantenaire, mar>dim, 10h>17h, +32 274 172 11


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Giuseppe Penone, Pelle di Foglie, detali © DR

Les esquimaux…, Masque Inuit, Collection particulière © F. Kleinefenn

Des veines, au ciel, ouvertes – G. Penone

La Route de la Soie, Heads On Plate, Courtesy of the Saatchi Gallery © Hayv Kahraman

Manières noires, Smoked chairs © Coll. Province du Hainaut, Maarten Baas

La Route de la Soie – Saatchi Gallery

Figure de proue de l’Arte povera, Giuseppe Penone revient en Belgique avec une exposition monographique. Au total, une trentaine d’œuvres comprenant de nombreuses créations des années 2000 mais aussi quelques pièces historiques des années 70 et 80. Soit un panorama cohérent du cheminement artistique de cet artiste, qui excelle à questionner le rapport de l’homme au végétal et au minéral. Une œuvre majeure ! ❥ Hornu, jusqu'au 3.02, MAC’S, mar>dim

Imaginée à partir des fonds indiens, chinois et moyen-orientaux de la fameuse Saatchi Gallery, la Route de la Soie propose une soixantaine de peintures et d'installations aussi accessibles qu'engagées. Conditions de travail des ouvriers, position de la femme, religion, conflits, mutations sociales et économiques… les artistes dressent un portrait complexe de leurs sociétés en mutation. Comme pour chaque œuvre isolément, le tableau final a l’intelligence d’être en demi-teinte. ❥ Lille, jusqu’au 23.01, Tri Postal, mer>dim,

10h>18h, +32 65 65 21 21.

10h>19h, www.lille3000.com

Les esquimaux vus par Matisse

Manières noires

Contrairement à ce qu’annonce le titre, il est moins question du maître Fauve que de son gendre, le critique d’art George Duthuit. Au contact des surréalistes, pendant la guerre, ce dernier découvre la richesse symbolique de l’art Inuit. Partageant son intérêt, Matisse collabore à un remarquable essai poétique illustré. On en savoure les planches originales au milieu de masques Inuit prêtés par le musée de Boulogne-sur-mer. ❥ Le Cateau-Cambrésis, jusqu'au 6.02,

Symbole de mort ou d'insoumission, synonyme d'élégance et de raffinement, le noir s'est drapé de significations pour le moins antinomiques. C'est peut-être ce qui justifie la fascination des artistes pour cette tonalité longtemps considérée comme une non-couleur. Plasticiens (Dubuffet, Broodthaers, Boltanski…), designers (Wanders, Dixon), dessinateurs (Tardi, Pratt), photographes (Sugimoto), stylistes (Chanel, Westwood...) : Manières Noires fait toute la lumière sur l'usage du noir dans les arts. ❥ Mons, jusqu'au 13.02, BAM, mar>dim,

Musée Matisse, tlj (sf mar.), 10h>18h, +33 327 84 64 50

12h>18h, +32 65 40 53 30


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agenda karen Lamonte, Vanitas Oval mirror, 2004 © Gabriel Urbanek

Triennale de l'affiche politique Un vaste concours, à l'échelle de la planète : demander aux graphistes d'exprimer leur point de vue sur une thématique de société à travers une affiche. Sélectionner ensuite parmi les centaines de propositions du monde entier les 150 plus pertinentes. Vous obtenez ainsi une triennale qui comble le public d'une exposition de grande qualité et auréole les artistes de dizaine de prix. Scotchant, non ? ❥ Mons, jusqu'au 30.04, Mundaneum, mar>dim, 13h>17h, sf dim, 18h, 065 39 54 87

Habiter poétiquement le monde, Willem Van Genk © KLMDonation, L’Aracine, LaM

Eugène Leroy, Exposition du centenaire Artiste atypique, jeux de textures uniques, Eugène Leroy (1910-2000) s'est toujours situé en marge de la scène artistique française. Loin des préoccupations du marché de l'art, il a mené ses recherches dans la contemplation solitaire des grands maîtres. Pour son centenaire, le Muba de Tourcoing lui rend un vibrant hommage à travers 150 peintures dont les nombreuses toiles inédites de la donation des fils Leroy (2009). ❥ Tourcoing, jusqu'au 31.03.11, Muba,

Réflexions féminines - Karen Lamonte

tlj (sf mar) 13h>18h, +33 320 28 91 60

Aux murs, nimbés de lumière, de fragiles miroirs nous renvoient l’expression pensive ou torturée d’un inconnu. Homme ou enfant, le visage que Karen Lamonte a emprisonné dans le verre est saisissant de réalisme. Plus loin, l'artiste verrière américaine a campé de majestueuses et fragiles robes drapées. Là encore, les détails sont troublants : un nombril, l’ombre d’une fesse, la subtile empreinte d’une colonne vertébrale… le modèle n’est plus là, mais l’étoffe transparente semble encore habitée. Grandiose ! ❥ Sars Poteries, jusqu’au 13.03, Musée

Habiter Poétiquement le monde

atelier du verre, tlj (sf mar), 10h>12h30, 13h30>14h, +33 327 61 61 44

L'artiste, par son œuvre, permettrait de comprendre le monde. Cette idée, dans la pure tradition romantique, sert de point de départ à la première exposition temporaire du LaM. Un impressionnant rapprochement d'art brut, d'art moderne et contemporain (350 œuvres), qui nous conduit de petites séries obsessionnelles en installations monumentales, en compagnie de « fous » et poètes (Michaud, Mallarmé...), d'artistes (Beuys, Broodthaers, Filliou, André...) et de cinéastes (Fleischer, Levitt...). ❥ Villeneuve d'Ascq, jusqu'au 30.01, LaM, mar>dim, 10h>18h, +33 320 19 68 88.



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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ Sebastien Armengol

La vie à petits pas « Je ne veux pas exhiber mon corps blessé, je veux le faire danser. Je veux le faire exister dans sa nouvelle et différente beauté. » Avec une audace salvatrice, Antoine Rigot est remonté sur le fil. Et Sur la route retrace cette lutte contre le corps handicapé, le long chemin de la reconquête de soi. Un accident de parcours. Ce n’est finalement que ça, la paraplégie d’Antoine. Elle aurait pu le clouer au lit jusqu’à la fin de ses jours. Mais le funambule voyait les choses autrement : sa vie sera sur le fil, ou ne sera pas. Alors il a commencé à bouger les orteils. À se tenir debout. À marcher, même, à tous petits pas. Dix ans se sont écoulés depuis que sa nuque s’est écrasée dans les profondeurs trompeuses d’une mer agitée. Et aujourd’hui, Antoine Rigot remonte sur scène. Le corps abîmé, certes. Mais qu’importe, du moment qu'il sente le fil se dérouler sous la plante de ses pieds. Depuis 25 ans, il cabriole dans les airs, à la recherche d’un équilibre qu’il a toujours préféré précaire. C’est là-haut qu’il a rencontré Agathe, sa femme. « Depuis, nos numéros ne font que ça, raconter le plaisir et la fragilité de la relation de couple » raconte-t-il. Sur la route est l’histoire d’une résilience prodigieuse. C'est aussi une drôle d’histoire d’amour entre un Œdipe et une Antigone, un blessé et une révoltée. Antoine n’est plus acrobate. Il ne virevolte plus dans les airs. Mais il tord le cou à tous les diagnostics, à la fatalité d’une vie sur le fil. Le funambule ploie, mais ne rompt pas. / ❥

Sur la route – les Colporteurs 18>19.01, 20h, Tournai, Maison de la culture, 16/12/8€, +32 69 25 30 80 // 21>23.01, 20h30 (sf. dim 16h), Halles de Schaerbeek, Bruxelles, 16€, +32 2 218 21 07 //25. 01, 20h, 26.01, 19h, Carvin, Salle des Fêtes (Cult. Com.), 15/12/8€, +33 321 14 25 55



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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Marc Domage

Danse : mode d'emploi Difficile de suivre le rythme de la création contemporaine... Chaque jour, des formes hybrides, déconcertantes, émergent dans le champ chorégraphique. Et si, comme le suggère le Vivat avec la 14e édition de son festival de danse, on prenait enfin le temps de comprendre ? « Prendre son temps ». L'adage de Vivat la Danse ! cru 2011 invite à une attitude patiente et curieuse. Comme pour nous prévenir de la grande diversité d'écritures chorégraphiques présentées toute la semaine ? Certainement ! Avec deux spectacles par soir (tous accessibles en bus depuis Lille) et 13 artistes invités, l'institution armentièroise nous fait entrer dans la danse. Celle, historique, mythique, qui offre une salutaire mise en perspective - Rosas danst Rosas d'Anne Teresa de Keersmaeker (cf p.76). Mais surtout celle qui innove, traitant les corps et les objets avec la même attention (Rizzo), se limitant à un mouvement rotatif (D. Linehan) ou se privant de partition (Improvisation, de Charmatz et Collignon). Certaines chorégraphies se passent même de danseurs, les remplaçant par de la fumée et des bulles de savon (Evaporated Landscapes de Mette Ingvarten). « Prendre son temps », c'est aussi le nom d'une formation ouverte à tous ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances. Deux jours de rencontres inaugurent ainsi le festival, pour nous rapprocher des artistes (J. Nioche, J. Leighton, E. Eggermont, M. Ingvartsen...) en pleine phase de travail. L'occasion rêvée pour poser les questions qui nous taraudent et nous plonger dans les méandres de la création. De quoi trouver un second son souffle. / ❥

Vivat la danse! #14 28.01>4.02, Armentières, Vivat, EPSM, Salon d'honneur de l'Hôtel de Ville, 18/13/6€, pass 5j/10 spectacles 40€, +33 320 77 18 77. Journées « prendre son temps », gratuite mais résa obligatoire



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texte ¬ Judith Oliver - photo ¬ Herman Sorgelos

texte ¬ Judith Oliver - photo ¬ Mario Del Curto

Rosas Danst Rosas

Chouf Ouchouf

Quatre femmes, allongées au fond d'une scène nue, propulsées dans une brusque chorégraphie au sol. Le silence, rythmé de courtes inspirations et de lentes expirations, ajoute encore à l'intensité des mouvements. Les gestes expressifs, parfois empruntés au quotidien (lassitude, sommeil agité...), sont repris en boucle jusqu'à épuisement des variations (hypersynchronie, canon, dissonance), soit pendant près de 30 minutes. Cette entame pour le moins radicale de la toute jeune Anne Teresa de Keersmaeker inaugure une pièce devenue œuvre de répertoire. Quatre actes (au sol, assis puis debout) qui, malgré les années, n'ont rien perdu de leur force d'interpellation. / ❥

12.01, 20h, Courtrai, Schouwburg, 11/15/21€, +32 56 23 98 55 // 14.01, 20h, Hasselt, Schouwburg, 22/20€, +32 11 22 99 31 // 22.01, 20h30, Dunkerque, Bateau Feu, 19/13€, +33 328 51 40 40 // 29.01, 21h30, Armentières, Vivat, 18/13€, +33 320 77 18 77 // au Kaaitheater (mars) puis au Phénix (mai)

Après nous avoir ébloui en décembre avec Öper Öpis, les metteurs en scène Martin Zimmerman et Dimitri De Perrot récidivent. Ils colorient nos planches septentrionales avec leur chatoyant Chouf Ouchouf. Pour ce tandem suisse passé maître dans l'art de sublimer par l'humour les gestes du quotidien, cette création a une saveur particulière. Elle est le fruit d'une collaboration féconde avec le groupe acrobatique de Tanger, porteur d'un savoir faire ancestral, mais peu habitué à se fondre dans une mise en scène contemporaine. Malgré des langues et des habitudes de travail différentes, les virtuoses Marocains et les deux Suisses signent ici un mélange inédit de cirque et de théâtre, mêlant portés traditionnels et acrobaties contemporaines dans une ambiance digne d’une médina. / ❥

14.01 (20h), 15.01 (19h), Valenciennes, Phénix, 22/20€, +33 327 32 32 32 // 25&26.01, Bruges, MaZ, 15/5€, +32 50 44 30 40, et en avril à Charleroi (PBA)



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texte ¬ Isabel Vittodi - photo ¬ C. Raynaud de Lage

texte ¬ Edlef Kowalyk - photo ¬ DR

La Tragédie

Week-end

émissaire d’un académisme à mille lieues des audaces polémiques de Jan Fabre ou de Castellucci, Jean-Baptiste Sastre n’a pas pour autant évité les critiques, cet été, en Avignon. La faute à un théâtre jugé « à l’ancienne, statique et déclamatoire », « une revanche du classicisme » que d’aucuns trouvent salutaire. Pour sûr, le Richard II du metteur en scène n’est pas à ranger du côté de l’avant-garde, même si la traduction de Frédéric Boyer ose un vocabulaire contemporain. Et si la scénographie est plastique, Sastre ne secoue en rien les codes du théâtre. Portée tout de même par d’excellents comédiens, notamment Denis Podalydès Jérôme Derre, Nathalie Richard, Bruno Sermonne et Alex Bogousslavsky, cette adaptation saisit la complexité toute shakespearienne des personnages. À commencer par leur roi déchu. /

Cinq spectacles, trois jours, une seule consigne : se tordre de rire. Poil à Gratter s’annonce comme un concentré de situations cocasses, d’humour noir et de clowneries diverses, sur lequel l’équipe du centre André Malraux aurait saupoudré une belle dose d’engagement. Il s’agit avant tout de mettre le doigt, là où ça démange. Comme le problème des retraites : plus la peine de s’égosiller dans la rue, l'inquiétant Docteur Storm réunit assez de cynisme pour l’éradiquer en une folle conférence : Une mort moderne. Mais il n’est pas seul. Bonaventure Gacon et son clown à moitié ivre (Par le Boudu), les zigotos du Bob théâtre aux tentations démiurgiques ou encore la kafkaïenne compagnie Tro-Héol sont aussi passés maîtres dans l’art de s’amuser de l’absurdité du monde…et de nous chatouiller l’esprit. /

du roi Richard II

20>22.01, 20h (sf sam, 19h), Valenciennes, Le Phénix // 3>4.02, 20h, Douai, Hippodrome // 22>26.02, 20h15, Liège, Théâtre de la Place //15.03, 19h30 & 16.03, 20h30, Amiens, maison de la culture

poil à gratter

21>23.01, Blaringhem (salle des fêtes), Boëseghem (Salle de l'amitié), Hazebrouck (Espace Flandres), Le Doulieu (Salle du Pérou), 9/5€, 20€ 4 spcl, +33 328 44 28 58, www.centreandremalraux.com



agenda Pacamambo © Francis Helgorsky

Dieu est un Dj 11.01

Buffo © Gregoire

Buffo F. Richter / F. Murgia

Qu'advient-il lorsque l'on vit en permanence sous l'œil des caméras ? Éléments de réponse avec cette pièce explosive sur la folie médiatique, qui passe au crible le désespoir et les rêves de la jeunesse occidentale. Elle et Lui, couple de jeunes paumés, vivent reclus dans leur « plateauappartement ». Croyant être libérés des normes, ils sont vite rattrapés par la nécessité de produire un show... grinçant ! ❥ 20h30 (sf mer 19h30, dim 15h), Bruxelles, Th. National, 9 à 19e, +32 2 203 53 03

Pacamambo 11 & 12.01 W. Mouawad / Cie Les Yeux Gourmands

Expliquer la mort aux enfants n'est pas chose aisée. Ce drame adapté du livre de Mouawad désacralise le sujet en se glissant dans la peau d'une fillette qui, pour faire son deuil, traverse tous les états, de l'incompréhension au sentiment d'injustice. Ce cheminement, permis par un refuge dans un monde imaginaire, évoque sans pathos la dureté du réel. Sans niaiserie non plus : les 5 comédiens veillent, avec leurs représentations intimistes, à préserver « l'énergie des mots écrits ». ❥ 11.01, 20h, Lens, Neuf de Cœur / 12.01, 15h, Hénin-Beaumont, Médiathèque, 12/15e, +33 321 14 25 55

12>14.01

H. Buten

« Mon optique n'est pas de créer un nouveau spectacle, mais (...) de perfectionner à l'infini un seul numéro ». Et bien... depuis le temps qu'il traîne son double grimé sur les planches de la planète (36 ans, tout de même !), Howard Buten atteint des sommets. À vrai dire, ce grand monsieur ne les a jamais vraiment quittés. La faute à ce mélange unique de sketches et de chants, de poésie et de comique. Mais surtout à ce merveilleux personnage, empreint d'émotion, qui suscite rires et attachement. ❥ 20h (sf mer 20h30), Lille, Prato, +33 320 52 71 24

L'Elixir d'Amour 12, 15, 18, 20, 23, 25&27.01 G. Donizetti / R. Brunel

Véritable petit bijoux du Bel Canto et du divertissement romantique, le 73e opéra du prolifique Donizetti bénéficie pour cette nouvelle adaptation du regard de Richard Brunel. S'écartant des clichés baroques et bucoliques qui prévalent habituellement, il souffle sur les rôles et la mise en scène un vent contemporain. À l'image de cette photographie de campagne industrialisée qui sert de décor iconoclaste à ce quadrille amoureux. ❥ 20h, (sf sam, 18h, dim 16h), Opéra de Lille, 5 à 64e, +33 820 48 90 00


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L'elixir d'amour © Frédéric iovino

Notte © DR

Notte

Be Your self © Chris Herzfeld

Short Stories © Frederic Iovino

Be Your Self Cie 14:20

18>20.01, 14&15.01 G. Stewart / ADT

La magie, une discipline kitch et désuète, bonne pour les cabarets de Patrick Sébastien ? Certainement pas ! Dans Notte, exit la baguette et les paillettes, place aux hologrammes et à la sobriété. Imaginé par la talentueuse compagnie 14:20, ce spectacle se joue habilement de nos 5 sens et renouvelle le genre, mêlant sans crier gare théâtre, danse, peinture, jonglerie et musique. Le tout, sur les vers de Soupault, Baudelaire et les haïkus de Basho. ❥ 20h, (sf jeu. 19h), Douai, Hippodrome,

« Notre identité est faite d’un nombre multiple de moi en compétition ». Tel est le point départ de ce nouveau fait d'armes de Gary Stewart. Physique et virtuose, la chorégraphie se déploie du hip-hop à la danse classique en passant par les arts martiaux. Et interagit avec les mille et unes ressources de la scénographie. On se régale de bout en bout, admirant la beauté des danseurs dans le feu des projections. ❥ 20h (sf jeu, 19h), V. d'Ascq, Rose des Vents,

13>15.01

8,5 à 15e, +33 327 99 66 66

Phi-Phi 14 & 15.01 H. Christiné / J. Bert, Cie Les Brigands

Emblématique opérette des années folles (C’est bête comme chou, Pour l’amour, il a des dispositions...) Phi-Phi est ici dépoussiérée par Johanny Bert et ses Brigands. Le spécialiste des marionnettes (L’Opéra de quat’sous, Kraff) et cette bande de comédiens élevés aux Monthy Python revisitent cette intrigue grecquo-vaudevillesque à l'aune de leur imagination délurée. Et nous servent, avec leurs avatars grandeur nature, une vision osée de ce classique. ❥ 20h30, (sf dim. 16h), Arras, Théâtre d'Arras, de 18 à 8e, +33 321 71 66 16

20/16e, +33 320 61 96 96 // 14 & 15.01, Bruges, Maz, 15/5e, +32 50 44 30 40

Short Stories 18 & 19.01, 22.01

C. Carlson

« A mystic Journey » (18 et 22.01), « The Halo of Madness » (19.01). Deux titres qui en disent long sur la charge expressive et symbolique des soli ou duos qui nous sont donnés à voir. Avec ses Short Stories, Carolyn Carlson tire quelques uns des fils rouges qui ont traversé sa carrière. Elle reprend ses plus belles pages (Li, Des vices et des vertus //Obscure download, Door#3) et les articule à des créations (Mandala // Man in a room). Pénétrant ! ❥ 20h30, Roubaix, Colisée, 25/22e, +33 320 24 07 07 22.01, 20h30, Béthune, Théâtre municipal, 12/10e, +33 321 64 37 37


théâtre & danse |

82

agenda Hamlet © Sophie Colleu

STIB

Hamlet 19.01

D. Bobée / Cie Rictus

Avec pour décor une morgue carrelée de noir et inondée d'eau, ce Hamlet ne passe pas inaperçu. On y reconnaît l'empreinte de David Bobée : un esthétisme à couper le souffle, une lecture accessible sans être superficielle et des interprètes issus de multiples disciplines. Loin des clichés du romantique torturé, Hamlet épouse les traits du comédien-acrobate Pierre Cartonnet. Son jeu, entre douceur enfantine et violence instinctive, retranscrit crûment la folie. To be or not to be ? Pour sûr, nous y serons ! ❥ 20h, Maubeuge, La Luna, 11/8e, +33 327 65 65 40

21.01>5.02

G.Damas / Cie Albertine

Porté par un tandem féminin drôle, juste et attachant, Stib nous propulse dans l'étroite cabine du tramway Bruxellois. Au milieu des anonymes, deux âmes solitaires que tout oppose se rapprochent à force de rencontres régulières. Eva la bourgeoise et Madga l'immigrée sachant à peine lire pourraient frôler la caricature si n'était le grand talent des comédiennes. Un « railtrip » à la sauce Thelma et Louise plein d'humour et d'intelligence ! ❥ 20h30 (sf jeu. 19h30 & dim. 15h30), Tourcoing, La Virgule, 18/14/8e, +33 320 27 13 63

Braquage

Traces 21>23.01

braquage © Beko

Cie 7 doigts de la main

Sous le chapiteau, un décor de fortune, rafistolé à coups de ruban adhésif. Et cinq personnages convaincus de vivre avec nous leurs derniers instants. Tel est le point de départ d’une performance toute en énergie, urbaine et poétique. En véritables virtuoses, les Québécois de la compagnie des 7 doigts de la main ne se contentent pas des figures acrobatiques traditionnelles. Ils y mêlent théâtre, danse, skate-board ou basket-ball. À couper le souffle ! ❥ 20h30 (sf dim, 17h), Roubaix, Colisée, 8 à 32e, +33 320 24 07 07

26 & 29.01

Cie Bakélite

Suspense, braquage et fous rires : voilà les ingrédients de ce guide du parfait petit malfaiteur. À l'aide d'un fatras d'objets du quotidien, une petite frappe (Olivier Rannou) décortique pas à pas les étapes d'un casse : faire fi des détecteurs de mouvements, percer un coffre, survivre à une course poursuite... Une confrontation habile entre les codes du cinéma et le théâtre d'objets et un détournement irrésistiblement drôle des clichés qui font le succès du genre. 16h, (sf sam. 17h), Calais, Le Channel, 3e, +33 321 46 77 00



théâtre & danse |

84

agenda Accords © Ursula Kaufmann

Monstre-moi © Pidz

Parsifal

Monstre-moi

27.01>20.02 R. Wagner / R. Castelluci

28 & 29.01 C. Viallon / Cie Caryatides

Figure fidèle du festival d'Avignon, Castelluci est passé maître pour créer des images fortes et inattendues. Comment alors ne pas être intrigué par la nouvelle ? Le metteur en scène italien s'attaque à Parsifal de Wagner, une fresque médiévale émaillée de références chrétiennes et mystiques. Ne s'étant encore jamais mesuré à l'opéra, on s'attend à ce que le sulfureux dramaturge revisite intégralement la quête du Graal par Perceval. ❥ 27.01, 18h & 30.01, 15h, Bruxelles,

L'Oiseau-Mouche et Cyril Viallon ont noué une relation qui tient autant de l'amitié que de la collaboration fertile. Depuis que le chorégraphe s'est frotté au handicap mental de l'équipe de comédiens de Roubaix avec Et Six Gisèle(s)(2005), il n'a eu de cesse de travailler sur la monstruosité ordinaire. Avec Monstre-moi, il prend cette question à bras le corps, tout en la rendant accessible au jeune public. Hymne à la tolérance, cette création alterne passages dansés et parlés, vidéos et musique. ❥ Ven, 10h & 14h30, sam 15h, Roubaix,

Th. de la Monnaie, 12,5 à 172,5 e, www.lamonnaie.be

Oh les beaux jours ! 25>28.01

S. Beckett / B. Savetier

« Rien n'est plus drôle que le malheur » disait Beckett. Cette pièce sur le vieillissement n'échappe pas à la règle : Winnie, une quinqua prisonnière d'un mamelon de terre, s'enfonce inexorablement vers sa fin. Fascinée par les périodes seuils de la vie et le trouble qu'elles suscitent (on se souvient de son adaptation de Barbe Bleue en 2009) Blandine Savetier réveille cette naïveté enfantine et cette imagination qui sommeillent en chacun de nous. ❥ 20h, Béthune, Comédie de Béthune, 7 à 18e, +33 321 63 29 19

Le Garage, 12/10e, +33 320 65 96 50

Accords 29 & 30.01

Th. Hauert / Zoo

Bien que jalousement gardé par Thomas Hauert, ce Zoo-là n'a rien d'une galerie d'animaux féroces. Certes, la spontanéité et l'instinct dominent. Mais pour mieux se plier aux règles de la composition chorégraphique. Les corps doivent être une transcription fidèle de la musique. Le chorégraphe bruxellois et ses danseurs rivalisent donc de rigueur et d'« écoute » pour que l'improvisation ne vire pas au bazar. Expérimental et passionnant ! ❥ sam, 20h30, dim 15h, Bruxelles, Kaaitheater, 16/12e, +32 2 201 59 59



littérature |

86

texte ¬ Marie-Lucile Kubacki photo ¬ Marie Point L

Chemins partagés Il y a un siècle, des ouvriers du quartier de Fives (Lille) fondaient un village en Argentine. Aujourd’hui l’histoire continue de s’écrire à la Contre-Allée, une maison d’édition associative à deux pas des friches industrielles, là où tout a commencé. Fives-Lille. Comme un reflet de Lille-Fives de l’autre côté de l’hémisphère. L’histoire débute en 1890 : des ouvriers Fivois partis installer un chemin de fer en Argentine donnent naissance à un village qu’on rebaptisera Vera y Pintado dans les années cinquante. En 2007, Benoît Verhille crée sa maison d’édition près des ruines de Fives Cail et décide de réveiller cette histoire. Messages sur les forums. Travail auprès de la population locale. « L’histoire de Vera y Pintado et celle de Fives sont les mêmes. Industrialisation, individus, collectif, déclin. Ils nous renvoient à nos propres questionnements et nous disent quelque chose de ce que nous sommes. » Les habitants du quartier s’emparent de l’affaire à coups d’affiches lors des « Fenêtres qui parlent », ils mettent leurs greniers sens dessus dessous en quête de documents d’époque tandis que le poète oulipien Robert Rapilly s’approprie leurs mots. Une œuvre collective, à l’image de cette drôle de maison d'édition participative: « Nous cherchons à construire un espace de recherches et de ressources, un dialogue entre les gens d’ici et les auteurs. Un espace où l’on pense l’évolution du quartier comme celle de l’individu dans le monde », poursuit Benoît Verhille. « Le local est souvent une porte vers l’universel ». / ❥

La Contre Allée - 57 rue de Flers, Lille-Fives, www.lacontreallee.com. À lire / Amandine Dhée, Du Bulgom et des hommes. Lucien Suel, D'azur et d'acier, mais aussi Carole Fives, Laure Chailloux, Louise Bronx, Francis Delabre... à noter / Rencontre avec Amandine Dhée et Lucien Suel, le 16.02, 17h, au Furet du Nord



chroniques Un vautour, c’est déjà presque un aigle - Fritz Haber T3 D. Vandermeulen | éd. Delcourt (Mirages) Aucun doute, David Vandermeulen accouche avec Fritz Haber d’un chef-d’œuvre. Splendides, les vignettes de cette biographie attestent de l’étendue de son génie. Le Belge délaisse les codes du 9e art, pour emprunter à ceux des premières photographies et du cinéma muet (« cartons », textes sous-titrés). Mêlant subtilement réalisme et suggestion, précision documentaire et flou plastique, ses lavis sépia travaillés à la javel marquent l’esprit. Mais ce n’est là que la face immergée de l’iceberg. Car avant d’être une magnifique BD, cette pentalogie dont voici le 3e tome est un document historique inédit. L’auteur s’est en effet plongé cinq ans dans l’histoire et la littérature allemandes avant d’entamer cette biographie du Nobel de Chimie, pionnier des engrais agricoles… et inventeur du gaz Moutarde. Pour chacun de ses tomes, il a rencontré historiens, philosophes, scientifiques. En résulte une finesse dans la manière de retranscrire les paradoxes des années troubles de l’avant-guerre. Et de traiter, à travers son complexe personnage et ses amis (Einstein, Rathenau…) la montée de l’antisémitisme, des nationalismes et la foi dans une science au service du développement industriel et militaire. Sélectionné au Festival d’Angoulême 2011. 155p., 17,50€. Judith Oliver

Cabeza de Vaca : relation de voyage De Alvar Nuñez | Éd. Actes Sud / Babel Conquistador, naufragé, esclave devenu chaman, l’Espagnol Alvar Nuñez a couché par écrit huit ans de vie partagée avec des tribus indiennes aujourd’hui éteintes. La réédition de ce carnet de bord complète la sortie au cinéma de l’inédit Cabeza de Vaca (1990) du Mexicain Nicolas Echevarria. Si ce dernier se concentre avant tout sur la transformation en « sorcier » d'Alvar Nuñez, le livre est avant tout remarquable d’un point de vue ethnographique. Inconnu en France, Nuñez a parcouru près de 7 000 kilomètres à pied, signant un grand épisode de la découverte du continent américain. Un voyage derrière lequel s’esquisse la naissance et le portrait d’un homme nouveau : ni espagnol, ni indien mais les deux à la fois. 240 p., 7,50 €. Baptiste Ostré


La Belle au bois d’ébène

Hound Dog Jerry Leiber et Mike Stoller | éd. Autour Du Livre

éd. Ravet-Anceau / Colères du Présent Ce roman noir en pays miné est un tour de force. Issu des ateliers d’écriture menés par Ricardo Montserrat auprès des pensionnaires du Phare, centre d’urgence pour sans-abri à Béthune, la Belle au Bois d'Ebène lance sur les routes anthracites une demandeuse d’asile, deux amoureuses, des paysans contestataires, des jeunes en colère, un journaliste sans scrupule, des flics maladroits… le tout, en à peine quelques pages. Les dessins de Babouse illustrent ce récit foisonnant et rebondissant, hésitant entre tonalité burlesque et destins dramatiques. Malgré quelques maladresses, l’association Colères du Présent transforme l'essai et signe ici le premier opus d’une collection de livres populaires et accessibles. 112 p., 5 €. Paul Carra

Leiber & Stoller. Ces noms ne vous disent peut-être rien, mais vous chantent beaucoup : Hound Dog, Stand By Me, Jailhouse Rock… De suite, les souvenirs s'enclenchent, non ? Jerry Leiber et Mike Stoller incarnent ces petites mains aux doigts de fées qui ont cousu des pop songs au fil d’or. Dans ces mémoires orales aux mille détails, les deux génies évoquent cet improbable parcours, celui de deux teenagers réunis par la musique, mais se tenant toujours à l’écart du cirque pop – c’est lui qui venait à eux, recevant une chanson (Elvis, Sinatra) ou leur piquant leurs secrets (Phil Spector). Modestes, Leiber & Stoller livrent tout, sauf le secret de leur incroyable songwriting. Tant mieux ? 308 p., 22€. Thibaut Allemand

Comédie, mode d'emploi Emmanuel Burdeau | Éd. Capricci Alors que les films du gang Apatow (Superbad, Walk Hard,...) peinent encore à trouver leur place en France (combien ne sont pas sortis en salles, ou seulement en VF ?), Emmanuel Burdeau a eu la bonne idée d'interroger le maître. Pas de révélations foudroyantes, mais un bilan sur la naissance d'un style, l'« integrated comedy », où le comique ne reposerait plus sur le simple gag, mais sur sa dissémination (voir passionnante intro). De la blague entre potes, qui tombe à plat ou rebondit à un niveau délirant, jusqu'au sketch du professionnel de la profession. Explosif ou en sourdine. L'entretien suggère, pour sa part, la fin d'une période, comme un pendant au nostalgique Funny People. Dur métier, que de faire rire ! 139 p., 13 €. Raphaël Nieuwjaer

littérature |

89


chroniques SALEM

CROCODILES

King Night | iamsound/Sony

Sleep Forever | Fat Possum/ Differ-Ant

Après le post-dubstep hanté de Raime et de Demdike Stare en 2010, l’année nouvelle débute sous les auspices du gothique. Avec ce premier disque orné d’un crucifix comme chez ces branques de Justice, la trinité Salem (deux mecs, une fille) se pose, là, en grosse hype mystère. Mais c’est quoi, ce truc ? De la witch house entre Carpenter et Fever Ray ? Une rave party black, comme dans « black metal » ? Dans « Salem » il y a « sale », et ces beats crasses, ces nappes qui suintent la bacchanale, ce flow spectral, cette cadence sous codéine, laissent comme une vilaine trace dans le slip et le cortex. On a beau se curer le tympan, rien n’y fait : Salem malaxe le dub, la synth wave et le punk goth avec une grosse torpeur qui nous scotche au bitume. Fume, c’est du lourd ! Grégory Escouflaire

Alors, ces Crocodiles ? Escroquerie ou coup de génie ? La presse est divisée, nous aussi. À l'heure où le mot Shoegaze est sur toutes les lèvres, le charismatique Brandon Welchez a lâché ses Crocodiles à la poursuite de ce revival. Le pire, c’est que c’est assez réussi. Aussi anthracite que sa pochette est mauve, ce second album regorge de pop songs noisy et noircies. Surtout novateur, pour qui n’a jamais entendu The Jesus And Mary Chain ou Spacemen 3 – un exploit, par les temps qui courent. Crocodiles joue le son du moment et Sleep Forever plait sur l’instant. De l’opportunisme de bonne foi, quoi. Mais dans le style joyeux pilleur de tombes, on préfèrera toujours Blank Dogs. Sortie le 24.01.

Thibaut Allemand

MARIANNE FAITHFULL Horses And High Heels | Naïve La vache ! Bon, pas un mot sur la pochette, on est d’accord ? Car pour le reste, Marianne Faithfull, classieuse, livre un album plus que digne. Sans véritable surprise (si ce n’est une ballade très Stones signée Laurent Voulzy), la tendre gorge éreintée griffe treize chansons élégantes et pas surannées. Co-signataire d’une bonne partie des morceaux, elle offre des classiques immédiats qui tiennent la comparaison avec les monuments repris. Ces derniers se voient conférer une tonalité plus sombre – cette version des Shangri-Las ! Impossible d'écouter ce timbre sans songer à tout ce qu’il a traversé. Mais pas de misérabilisme ni de voyeurisme ici. C’est simplement qu’une voix, c’est une vie. Et quelle vie ! Sortie le 31.01. Thibaut Allemand


disques |

91

VARIOUS

Agoria

Tradi-Mods vs Rockers | Alternative Takes on Congotronics Crammed

Impermanence | Infiné

Le label bruxellois Crammed n’a pas attendu un demi-siècle pour célébrer l’indépendance du Congo : il y a 7-8 ans déjà, il sortait le premier volume de la série « Congotronics », dédié au groupe Konono n°1… On connaît la suite : le succès, les tournées, les récompenses et tout le toutim. Aujourd’hui, le son « Congotronics » (du likembé électrifié, d’où l’étiquette « tradi-moderne ») passe à la moulinette rock, électro et folk. D’Animal Collective à Deerhoof, d’Andrew Bird à Shackleton, l’Internationale indie s’est emparée des pistes et donne sa vision d’un genre entre folklore tribal et rumba post-moderne. Vingt-six morceaux sous forme de reprises, d’inédits, d’alliances et d’amalgames : jamais le Congo n’a été si bobo. Grégory Escouflaire

Vous aimez beaucoup The green armchair, le précédent album d’Agoria, et vous attendez la suite avec impatience ? Alors faites comme si vous n’aviez pas vu qu’Impermanence était sorti. The green armchair : un ensemble homogène de morceaux électroniques denses et puissants. Impermanence : un éventail contrasté hésitant entre pop song intimiste et néo-house. Autrefois : un titre parfaitement érotique susurré en français (Wrong line). Maintenant : Carl Craig débite un texte qu’on croirait inspiré d’un porno à l’eau de rose (Speechless). Néanmoins, si vous aimez que la musique électronique explore d’autres espaces que le dancefloor (les cuivres, le piano, le violon et les cloches), vous pourrez être séduits par cet album qui se laisse le temps d’aller voir ailleurs s’il y est. Sortie le 24.01. Olivia Volpi

Overlow Sunny Side | 24 Rec. On se laisse rapidement déborder par les 5 titres étiquetés « infra hip no blues » de Sunny Side. Le premier projet solo du musicien et compositeur lillois Benjamin Collier (Junglebeanz, 10Dubians, La Caravane électro) est juste inclassable. Des riffs post rock rencontrent ici le son enfumé des claviers Rhodes et le rythme haletant d’une batterie. Dans cette (im)probable bande-son de film, on embarque illico pour New York downtown, au volant d’un taxi jaune transportant Marc Ribot, Neil Young, Q-Tip ou The Roots. Sans jamais perdre la direction de Sunny side, où l’histoire s’écrit sur fond de métissage ethnique. Ariane Mélazzini-Déjean ❥ Le 21.01, Lille, Aéronef


concerts Sam 01.01 King Kong Club : Fred Hush (Dj) + Dimitri Andréas + Mainro Deejay + Dj Houwen + Clercke Courtrai, De Kreun, 22h, 10/8e, +32 5 637 06 44 Neon + Davidou Gand, Culture Club, 22h, grat, +32 9 233 09 46 Seth Troxler + Bruno Schiavi + Joachim + Dimzen + Erik Heiting + Bas Struik Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, 12e, +32 3 226 38 70

Lun 03.01 The Ian Fays Gand, Cafe Video, 21h, nc

Mar 04.01 Percu Temps Douai, L’Hippodrome, 14h, 15/8,50e, +33 327 99 66 60

Mer 05.01

Mantovani Mozart Strauss : ONL Armentières, Le Vivat, 20h, 25/12e, +33 320 77 18 77 Birthmark + Mr Botibol Lille, La Malterie, 20h, 7e, +33 320 15 13 21 Cataract +The Set Up + Netfastcore Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 9/6e, +33 328 63 82 40 This is Not Hollywood Lille, Le Biplan, 22h, 5e, +33 320 12 91 11 Jef K + Devty + Cimaï + missNoa Lille, Kiosk, 23h, 7e, +33 320 49 75 99

Sam 08.01 Dj Boulaone Roubaix, La Condition Publique, 17h, nc, +33 328 33 48 33 Les Vainar Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97

Spokane 4774 Gand, Cafe Video, 21h, nc

Daniel Darc Lille, La Péniche, 21h, 17,7e, +33 320 57 14 40

Jeu 06.01

Soiree Didgeridoo : Matibhrama + Gauthier Aube + Shining Monkey Lille, Le Biplan, 21h, 5e, +33 320 12 91 11

Lily Kwhy Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 A Deux doigts de la pompe Lille, Le Biplan, 22h, 5e, +33 320 12 91 11 Mth + Czeski Lille, Kiosk, 23h, grat, +33 320 49 75 99

So’Lex + Rick Shiver + Mickey Bruxelles, Libertine Supersport, 22h, nc, +32 4 734 73 47 3

Ven 07.01

Resident night : UFO + Czeski + James Bacon Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99

Masters of Coconuts +The Geeks Lille, La Rumeur, 20h, 3e, +33 320 52 71 97

Resident Night : Peter Van Hoesen Bruxelles, Fuse, 23h, 6e, +32 2 511 97 89

Dim 09.01 June Bug Lille, Le Biplan, 17h, grat, +33 320 12 91 11

Lun 10.01 Mantovani Mozart Strauss : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, 30/6e, +33 320 12 82 40 Travels Gand, Cafe Video, 21h, nc

Mar 11.01 Robin Leduc +The Pacemakers Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Mantovani Mozart Strauss : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, 30/6e, +33 320 12 82 40 Folk Session Lille, Le Biplan, 21h, grat, +33 320 12 91 11

Mer 12.01 Made in Britain : Owen Willetts + Nathan Vale Lille, Opéra, 18h, 8/5e, +33 328 38 40 50 Graffiti6 Bruxelles, Le Botanique, 20h, 11/8e, +32 2 218 37 32 El Biplano Latino Lille, Le Biplan, 20h, 6,5/4,5e, +33 320 12 91 11 Codes in the Clouds Gand, Cafe Video, 21h, nc

Jeu 13.01 Lucas van den Eynde + Kathleen Vandenhoudt + Tiny Bertels + Tom Vanstiphout


agenda |

93

Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 19,75e, +32 9 267 28 28 Cock Robin Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 38e, +33 320 54 44 50 Les Voisins du d’sus +The Postits Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 Les Jeudis de Françoise : Pascal Mathieu + Sunnyjazzie Liévin, Centre Culturel, 20h, nc, +33 321 44 85 15 Wolf People Anvers, Trix, 20h, 10/7e, +32 3 670 09 00 The Real Nelly Olson + Nec Lille, Le Biplan, 22h, 5e, +33 320 12 91 11

Ven 14.01 Fuxx Fixxtion : Japanther + Andrew Hung dj set + zZz + Carusella + Mater Suspiria Vision + Shellshag + Becoming Real + Unison + Guilty Brothers Experience (the) + Mongolito Bruxelles, Magasin 4, 18h, 12e, +32 2 223 34 74 Arno Anvers, Trix, 20h, 31/28e, +32 3 670 09 00 Channel Zero Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Daphné Swan Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 Ravel Bizet Berlioz : ONL Lens, Colisée, 20h, 14,50/10,90e, Minnaars + Heliport Lille, La Malterie, 20h, 7e, +33 320 15 13 21

Didier Super Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 21h, 8/6e, +33 321 87 37 15

PussySelektor + Remain Lille, Kiosk, 23h, 9e, +33 320 49 75 99

Mike & The Rhythm Stars Béthune, Oxford Café, 22h, nc, +33 321 57 26 17

Dim 16.01

Just Friday : Cimaï + Climaxx + missNoa Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99

Sam 15.01 Adriaan Van den Hoof Leuven, Het Depot, 20h, nc, +32 1 622 06 03 Six Day After Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97 I Like Trains + Cecilia::Eyes Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e, +32 2 218 37 32 Godspeed You ! Black Emperor Bruxelles, Le Botanique, 20h, complet, +32 2 218 37 32 Channel Zero Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Liane Foly Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 39/30e, +33 328 14 46 00 Radiophilharmonie de Hanovre : Eivind Gullberg Jensen Amiens, Maison de la Culture d’Amiens, 20h, 27/11e, +33 322 97 79 77 Wirspielen + Mustang + Villa Nah + Frivolous + Daryl + Guy-Ohm Bruxelles, Libertine Supersport, 22h, nc, +32 4 734 73 47 3 Vernon + Igor Bruxelles, Fuse, 23h, 6e, +32 2 511 97 89 Wonky Tonk Club : Ivan Smagghe +

Accept Anvers, Trix, 19h, 25/23e, +32 3 670 09 00 Frontier Anvers, Trix, 19h30, 13/10e, +32 3 670 09 00 pg.lost Gand, Cafe Video, 21h, nc

Lun 17.01 Dancing with de sound Hobbyist : Zita Swoon + Anne Teresa de Keersmaeke + Rosas Amiens, Maison de la Culture d’Amiens, 20h, 18/12e, +33 322 97 79 77 Navel Gand, Cafe Video, 21h, nc

Mar 18.01 Imany Lille, La Péniche, 20h, 8e, +33 320 57 14 40

Mer 19.01 Piangete Occhi Miei Piangete : Solistes du Concert d’Astrée Lille, Opéra, 18h, 8/5e, +33 328 38 40 50 Hautekiet & De Leeuwwo Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 15,75e, +32 9 267 28 28 Freaksville Night : Laetitia Sadier + Miam Monster Miam + Marc Morgan Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e, +32 2 218 37 32


concerts Valerie Solanas Gand, Cafe Video, 21h, nc

Lille, L’Aéronef, 18h, grat, +33 320 13 50 00

Blues & Boeuf : Cisco Herzhaft Lille, Le Biplan, 22h, 5e, +33 320 12 91 11

Cercueil + Chamots + David Courtin + Hub Lomme, Maison Folie de Beaulieu, 19h, 5e, +33 320 22 93 66

Jeu 20.01

Levinas Camerata : Michael Levinas Lille, Opéra, 20h, 8/5e, +33 328 38 40 50

The Chiva Gantiva Bruxelles, VK* Concerts, 16h, grat, +32 2 414 29 07 Bring Me The Horizon +The Devil Wears Prada + Architects Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 23/20e, +32 2 548 24 24 Lasse Marhaug & Maja Ratkje Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24

Pony Pony Run Run Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24 New Cool Collective & Jules Deelder Leuven, Het Depot, 20h, 16/14e, +32 1 622 06 03

+ Dj Potard Roubaix, La Cave aux Poètes, 23h, 10/6e, +33 320 27 70 10

Sam 22.01 Sheer Terror + Rise and Fall + Right Direction + Supertouch +The City +DJ Gunslinger Anvers, Trix, 18h, 20/17e, +32 3 670 09 00 Hot Club de Paris Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e, +32 2 218 37 32 Kommil Foo De Luxe Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, e, +32 2 548 24 24

Jean Paul Grouve Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97

Notepok Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97

Imany Lille, La Péniche, 20h, 8e, +33 320 57 14 40

Hannelore Bedert Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24

Tremplin France ô Folies : Eclectek + Groovy Nations + Label Rose + Familya (La) + Tireurs 2 Lyrics Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 3e, +33 320 70 10 00

Laetitia Sadier + Spookhuisje Leuven, Stuk, 20h, 5e, +32 1 632 03 20

Mauro & The Grooms + Nieuw Zwart Trio + Pawlowski Anvers, Trix, 20h, 18/15e, +32 3 670 09 00

Djangofollies #17 : The Basily Family Bruxelles, Les Riches Claires, 20h, 14/11e, +32 2 548 25 80 Free Jazz : Radu Malfatti + Kevin Drumm + Lucio Capece Lille, La Malterie, 20h, 7/5e, +33 320 15 13 21 Bj Nilsen Bruxelles, Recyclart, 21h, 5e, +32 2 289 00 59 Klakomaniak + Sauvage FM Lille, Le Biplan, 22h, 5/3e, +33 320 12 91 11

Ven 21.01 Overlow

Arbeid Adelt ! Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 12/8e, +32 5 150 48 94 Djangofollies #17 : Koen De Cauter + Rony Verbiest Quartet Bruxelles, Les Riches Claires, 20h, 14/11e, +32 2 548 25 80 Louis Ronan Choisy + Tony Melvil Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 8,8/6,8e, +33 321 64 37 37 Shakedown Béthune, Oxford Café, 22h, nc, +33 321 57 26 17 DJ SY + Cimaï + Climaxx + missNoa Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99 Roubaix’s Burning #16 : Bot’Ox + Marklion + Mickey

Djangofollies #17 : David Reinhardt Trio Bruxelles, Les Riches Claires, 20h, 14/11e, +32 2 548 25 80 Serge Lama Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 39/30e, +33 328 14 46 00 Kanka + Alchemik Babylon Beats Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 9/6e, +33 328 63 82 40 Weird Souls Béthune, Oxford Café, 22h, nc, +33 321 57 26 17 Lucie Carton Lille, Le Biplan, 22h, 5e, +33 320 12 91 11 Matias Aguayo + Mashup + Fortyfive by L-Fêtes Bruxelles, Libertine Supersport, 22h, nc, +32 4 734 73 47 3 Resident night : Czeski +


agenda |

95

James Bacon + UFO Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99

Lille, Le Biplan, 22h, 5e, +33 320 12 91 11

K’s Choice Lille, L’Aéronef, 20h, 27,50e, +33 320 13 50 00

Luke Slater + Peter Van Hoesen Bruxelles, Fuse, 23h, 6e, +32 2 511 97 89

Mer 26.01

KKC Orchestra + Bazz Phaz Lille, Le Biplan, 22h, 5e, +33 320 12 91 11

Dim 23.01 Chopin Schumann : Nicolas Stavy Arras, Théâtre d’Arras, 11h, 18/8e, +33 321 71 76 30 Drake + Dj Cole Bruxelles, Forest National, 20h, 44e, +32 7 025 20 20 Kommil Foo De Luxe Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24 Djangofollies #17 : Lollo Meier + Fapy Lafertin Quartet Bruxelles, Les Riches Claires, 20h, 14/11e, +32 2 548 25 80

Lun 24.01

Mélodies Persanes : Ashkan Kamangari Lille, Opéra, 18h, 8/5e, +33 328 38 40 50 Ackboo Lille, La Péniche, 20h, 6e, +33 320 57 14 40 Pablo Moses Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, nc, +33 320 70 10 00 The Tubs Gand, Cafe Video, 21h, nc, Marble Sounds Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, grat, +32 9 267 28 28

Jeu 27.01 Roken is Dodelijk + Baden Baden Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e, +33 328 33 48 33

Kommil Foo De Luxe Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24

Glasser Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e, +32 2 218 37 32

Himalaya Gand, Cafe Video, 21h, nc,

Vegas! + Old Wounds + Oban Anvers, Trix, 20h, nc, +32 3 670 09 00

Mar 25.01 Walter Schreifels Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00 Au commencement Monteverdi : Sonia Wieder Atherton + Sarah Iancu Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/9e, +33 327 32 32 32 Meligrove Band Gand, Cafe Video, 21h, nc Label Rose + Blues in the Fog

Murder Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 13/9e, +32 9 267 28 28

Xilent + Square + Hope + Ersatz + BT KOD Lille, Kiosk, 23h, nc, +33 320 49 75 99

Ven 28.01 Soulsister Leuven, Het Depot, 20h, 24/21e, +32 1 622 06 03 Mauro & The Grooms Courtrai, De Kreun, 20h, 14/9e, +32 5 637 06 44 Louis Chedid Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 40/33e, +33 320 54 44 50 The Vaselines Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 10/0e, +33 320 70 10 00 Mendelssohn Beethoven : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, 30/6e, +33 320 12 82 40 The Phoenix Foundation Bruxelles, Le Botanique, 20h, 11/8e, +32 2 218 37 32 Cloé du Trèfle Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e, +32 2 218 37 32 Jena Lee Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24

Buurman Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24

Guillaume Grand Lille, La Péniche, 20h, 11e, +33 320 57 14 40

Mauro & The Grooms Leuven, Het Depot, 20h, 16/13e, +32 1 622 06 03

Ddamage + Debmaster + Turnsteak Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 9/6e, +33 322 97 88 01

Mendelssohn Beethoven : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, 30/6e, +33 320 12 82 40

Mighty Mo Rodgers Hénin-Beaumont, L’Escapade, 20h, 10e, +33 321 20 06 48


concerts Shiko Shiko + Is Tropical + KXP Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/4e, +33 320 27 70 10 Pennywise + That’s all Punx Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 24/21,50e, +32 9 267 28 28 Andreas et Nicolas Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 8,8/6,7e, +33 321 64 37 37 Legowelt + Alden Tyrell + Dj TLR + DJ Stel R Bruxelles, Recyclart, 22h, nc, +32 2 289 00 59 Artkan Electronic Bazaar Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Fabre + Cimaï + Climaxx + missNoa Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99

Sam 29.01 TransArdentes : A-Trak + Borgore + Brodinski + Canblaster + DJ Medhi & Riton + Congorock + Dave Clarke + DJ Hell + Emalkay + Highbloo + Jamie xx + Joker & MC Nomad + L-Vis 1990 + Len Faki + Logistics + Marcel Dettmann + Martyn + Nero + Netsky + Proxy +DJ Shed + Skream & Mc SGT Pokes + The Count & Sinden + Partyharders Squad Liège, Halles des Foires, 19h, 37/30e, +32 4 227 19 34

Christophe Guybet Lille, La Péniche, 20h, 15e, +33 320 57 14 40

Angels & Airwaves Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24

Oh No ! Oh My ! Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e, +32 2 218 37 32

Tom Wolf Gand, Cafe Video, 21h, nc

Jacques Higelin Béthune, Th. de Béthune, 20h, 30/26e, +33 321 64 37 37

Lun 31.01

Les Prouts Dunkerque, Le Kursaal, 20h, 12e, +33 328 65 81 81 Délicieuse Alexandra + La Tartine Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 6/4e, +33 322 97 88 01 Murder + True Bypass Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 11/7e, +32 5 150 48 94 Ali Love + Jean Montevideo + Andy Mustang + Boys Noize Records Bruxelles, Libertine Supersport, 22h, nc, +32 4 734 73 47 3 Maltosh Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11

Darkest Hour + Protest the Hero + Born of Osiris + Purified in Blood Anvers, Trix, 19h, 17/14e, +32 3 670 09 00 Murderdolls Anvers, Trix, 20h, 23e, +32 3 670 09 00 Angels & Airwaves Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24 Minnaars Gand, Cafe Video, 21h, nc

Mar 01.02 Masters of Reality +The Cult Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 36/33e, +32 2 548 24 24

Butch Bruxelles, Fuse, 23h, 6e, +32 2 511 97 89

An Pierle & White Velvet + Agnes Obel Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00

Leslie Kei + UFO + James Bacon Lille, Kiosk, 23h, 5e, +33 320 49 75 99

Les premiers Beethoven : Le Cercle de l’harmonie Lille, Opéra, 20h, 21/16e, +33 328 38 40 50

Dim 30.01

Mer 02.02

Oh No ! Oh My ! Lille, La Péniche, 18h, 8e, +33 320 57 14 40

L’art du Bel Canto : Marina De Liso + Marco Ricarcielli Lille, Opéra, 18h, 8/5e, +33 328 38 40 50

Smile Lille, La Rumeur, 20h, nc, +33 320 52 71 97

Texas Hippie Coalition + Diggeth Anvers, Trix, 19h, 13/10e, +32 3 670 09 00

Hooverphonic Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24

Hooverphonic Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 31/28e, +32 2 548 24 24

The Airborne Toxic Event Anvers, Trix, 19h, 17/14e, +32 3 670 09 00 The Script Bruxelles, L’Ancienne Belgique,


agenda |

97

20h, 24/21e, +32 2 548 24 24 Kris De Bruyne Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Le Cercle de l’harmonie Lille, Opéra, 20h, 21/16e, +33 328 38 40 50 Gaspard Proust Lille, Splendid, 20h, 28e, +33 320 33 17 34 Godspeed You ! Black Emperor Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 24/20e, +32 5 150 48 94

Jeu 03.02 The Vaselines Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 15/13,5e, +32 9 267 28 28 Delbi +The 3 Fantastics + June & Lula Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 2e, +33 320 27 70 10 Combichrist Anvers, Trix, 20h, 25/20e, +32 3 670 09 00 Alain Chamfort Roubaix, Le Colisée, 20h, 39/27e, +33 320 24 07 07 Chilly Gonzales Leuven, Stuk, 20h, 16/14e, +32 1 632 03 20

Ven 04.02 Chilly Gonzales Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 17/15,50e, +32 9 267 28 28 Arbeid Adelt ! Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/16e, +32 2 548 24 24 Rocksteady 7 + Campina Reggae Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, nc, +32 5 150 48 94

Marc Drouard + Raphaël Dumont + Arythmytique Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 7/5e, +33 322 97 88 01

L’Or des Cuivres : Spanish Brass & Ensemble Epsilon Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/17e, +33 327 32 32 32

Yaron Herman Trio Amiens, Maison de la Culture d’Amiens, 20h, 26/20e, +33 322 97 79 77

De Nieuwe Snaar Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 21/18e, +32 2 548 24 24

David Hallyday Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 43,50e, +33 320 54 44 50 Lilly Wood & the Prick + You & You Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e, +33 321 46 90 00 Benjamin Paulin + Cactus in Love Béthune, Th. Le Poche, 20h, 8,8/6,8e, +33 321 64 37 37 La Rumeur + Paranoyan Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 10/7e, +33 328 63 82 40 Les Mecs Eclectics + X Tof + Neon + Mystique + Laurent Wéry + Lenimal Gand, Culture Club, 21h, nc, +32 9 233 09 46 It’s Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 13/11,50e, +32 9 267 28 28

Sam 05.02 Kataklysm + Legion of the damned + Equilibrium + Manegarm + Milking the Goatmachine Anvers, Trix, 18h, 26/24e, +32 3 670 09 00 Colour Haze + Hypnos 69 + Rotor + Sungrazer Leuven, Het Depot, 18h, 16/13e, +32 1 622 06 03 Kylesa Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 16/13e, +32 2 414 29 07

Clara clara Lille, La Péniche, 20h, 6e, +33 320 57 14 40 Amiens Burning : I Am Un Chien +The Beyonders + Sobo Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 9/6e, +33 322 97 88 01 Les Blaireaux + Pat Bol Béthune, Th. de Béthune, 20h, 12/10e, +33 321 64 37 37 Panico + Golden Ultra Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6e, +33 320 27 70 10 Abba Mania Roubaix, Le Colisée, 20h, 39/35e, +33 320 24 07 07 Los Callejeros Bruxelles, VK* Concerts, 20h, grat, +32 2 414 29 07 Iphaze + Dub Orchestra Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 9/6e, +33 328 63 82 40

Dim 06.02 Bal Rockabilly : Rockin’ + Drinkin’ Guys Lille, Maison Folie Moulins, 14h, grat, +33 320 95 08 82 Les Blaireaux + Pat Bol Béthune, Th. de Béthune, 18h, 12/10e, +33 321 64 37 37 The Black Angels Anvers, Trix, 20h, 18/15e, +32 3 670 09 00 Kiss the Anus of a Black Cat + Ryan Francesconi + Wooden Wand Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24


le mot de la fin |

98

Martin Vidberg, dessinateur et scénariste passe l'actualité au crible de son humour. Connu pour son blog « l'actu en patates » il nous fait le plaisir de clore le magazine par une planche qui n'arrondit pas forcément les angles. à visiter / vidberg.blog.lemonde.fr, www.martinvidberg.com - à lire / Perdus sur l'île déserte, éd. Diantre Eds




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