let'smotiv nord & belgique n°61

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n째61 / mars 2011 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire Let’smotiv - mars 2011 - #61

© Simone Lueck // VIA, jean la chance © Huma Rosentalski // Maceo Parker © DR

08 News Maurizio Cattelan, La Gaîté Lyrique, Al Pacino, Denis Robert…

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Reportage Destination Londres : L'habit ne fait pas le Chap !

20 Portfolio Sean Freeman, un graphiste de caractère 26 événement Lille Art Fair : l'art est notre affaire

32 Portrait De Valse Teefjes : le choeur des 22 salopes

34 Musique Hercules and Love Affair, Maceo Parker, Bozar Night, The Kills, Anika, Isolee, Kid Koala, Marianne Faithfull, Booba, Common…

48 Cinéma FIGRA, Fête de l'animation, Waste Land de Lucy Walker 54 Exposition Les Fenêtres qui parlent, Michael Snow, Le Mont Analogue, Dito, Balthasar Burkhard… Agenda

66 Théâtre

Festival VIA, Mois du Cirque, La Métamorphose, Libertés de Séjour, Les Repérages, Festival Dé-sordres, Le Moche... Agenda

84 Littérature James Ellroy, enquête de sens 88 Livres Anthologie du graphisme, F. Werst, F. Viscogliosi, N. Algren, F. Exley 90 Disques The Shoes, Mogwai, Keren Ann, Munk, Toro y Moi...

92 Agenda concerts

98 Le mot de la fin Martin Vidberg a décidément la patate !


Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07

redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com GraphisME : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: pub.nord@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° :

Thibaut Allemand, Alain Allanic, Faustine Bigeast, Elisabeth Blanchet, Paul Carra, Olivier Clairouin, Mathieu Dauchy, Florent Delval, Cédric Delvallez, Hugo Dewasmes, Vincent Dierickx, Louis Dieu, Grégory Escouflaire, Edlef Kowalyk, Carole Lafontan, Hakima Lounas, Raphaël Nieuwjaer, Lucile Olauré, Baptiste Ostré, Manuel Plaza, Martin Vidberg, Olivia Volpi

Couverture : Sean Freeman, www.thereis.co.uk diffusion : C*RED

www.letsmotiv.com Let'smotiv Bordeaux

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Let’smotiv Bruxelles

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33 rue André Darbon - 33300 Bordeaux Tél : +33 524 07 80 43 redaction.bordeaux@letsmotiv.com Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com

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Let’smotiv est une publication d’Urban Press, www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 - info@urban-press.com Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc Rédacteur en chef : Nicolas Pattou Rédactrices en chef adjointes : Léa Daniel - Judith Oliver Secrétaire de rédaction : Carole Lafontan Direction Artistique : pao@letsmotiv.com Cécile Fauré, Christophe Gentillon

Publicité Nationale : Stéphanie Ganet, +33 561 14 78 37 pub@letsmotiv.com Régie publicitaire : Proxirégie : salvatore@proxiregie.fr Administration : adm@urban-press.com Impression : Imprimerie Ménard, 31682 Labège Papier issu de forêts gérées durablement

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© DR

En bref… En mode majeur

Mettre le doigt là où ça fait mal. Voilà ce que Maurizio Cattelan ose sans complexe depuis le 24 septembre dernier. L'artiste italien le plus côté du monde a placé sous le nez des traders de la Bourse de Milan un monumental doigt d'honneur sculpté. Comble de l'ironie, la statue de marbre se donne des airs de vestige romain avec ses 11 mètres de haut et ses fausses brisures. Devant le succès populaire de cette provocation potache, la mairie vient de décider que Maurizio Cattelan narguerait encore sept mois (jusqu'à fin septembre) Giuseppe Vegas, le nouveau président de l’autorité boursière. Sacré coup de pouce !

La Gaîté Lyrique

© Vincent Fillon

Du Second Empire au 2.0. Le grand écart a de quoi faire pâlir la Pietragalla, mais il réjouit la jeunesse parisienne ! Laissée à l'abandon depuis 14 ans, la Gaîté Lyrique renoue avec le grand spectacle : une programmation axée sur les arts numériques, des expositions, 3 salles de concerts et des studios d'enregistrement. L'ancien théâtre d'Offenbach se donne des airs de laboratoire branché. Jugez plutôt le line-up de l'inauguration. Du 2 au 6 mars, on découvrira l'architecture de Manuelle Gautrand et la crème de l'électropop mondiale (James Murphy Pilooski, Mondkopf, Konono n°1, Para One et Tacteel...). ❥ www.gaite-lyrique.net

Télex

Un peintre français (Matisse), une superstar habituée aux rôles de mafioso (Al Pacino), et une réalisatrice indienne. Voici les ingrédients épicés d'un futur biopic consacré au Fauve français. De quoi s'emmêler les pinceaux. Masterpiece, sortie prévue en 2012.


Aux âmes citoyens !

En ces temps d’effervescence politique – blocage en Belgique, avancée au Maghreb - voici un festival qui veut réveiller notre esprit citoyen. Son but ? Replacer la philosophie au centre de la vie ordinaire. Le festival «Escales» vise à en faire l’arme du peuple, quitte à utiliser les grands moyens. Ateliers ludiques autour de la musique et du spectacle vivant, dégustation philo autour du vin et du chocolat, analyse de séries et de films. Le tout, en présence d'invités de marque : Michel Onfray et Raphaël Enthoven.

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> 31 mars, Louvain-la-Neuve & Wavre, www.escales.be

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Pop & Rosbif

Piqûre de rappel

Et si on causait brit pop ? « Ah ouais, Oasis et Blur, on connaît... ». Oui, mais quid des Kinks, The Jam et des Specials ? Et surtout, que partagent ces formations, à part l’amour immodéré du fish and chips trempé dans un nuage de lait ? Y a-t-il un esprit, une ironie, bref, une identité anglaise ? C’est ce que le volubile Alex Mélis tente de déchiffrer, armé d’une pile de disques et pas mal d’humour anglo-normand. S’ensuit un blind-test animé par Ness et David (Peek A Boo). formez vos équipes et inscrivez-vous vite ! ❥ 4.03, 19h30, Lille, Aéronef, gratuit

Les charmeurs de serpents indiens ont-ils marqué un panier ? C'est que craignent quatre chercheurs du département psychiatrie de Ranchi. D'après leur enquête (Substance abuse), la morsure de reptile autrefois rituelle (Sud de l'Inde) deviendrait une pratique de substitution pour les junkies en manque. Mieux que la méthadone, le venin de la bestiole aurait des vertus antianxiolotiques sans risque de dépendance. Enfin, sans risque... sachant que 20 000 personnes meurent dans le monde des suites d'une morsure de serpent, on nous fait avaler une belle couleuvre.

www.aeronef-spectacles.com

Noir ou blanc, le chocolat s'expose à Lille Grand Palais du 4 au 6 mars. Des centaines d'exposants internationaux, des dégustations, des défilés de robes comestibles... pour sûr ce salon est à croquer. lille.salon-du-chocolat.com


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Le temps de l'innocence

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The Jelly Bellies © DR

Les journaux qui l’avaient descendu en ont peu parlé. Pourtant, quelle bonne nouvelle ! Denis Robert est innocenté. Enfin. Car sa vie fut bien pourrie par les procès, suite à une enquête salutaire sur Clearstream - cette officine luxembourgeoise bien pratique pour blanchir de l’argent. Après dix ans d’acharnement judiciaire et médiatique, de visites d’huissiers, de procédures coûteuses et, heureusement, un solide comité de soutien, le Lorrain a enfin été lavé de tout soupçon et son travail, reconnu à sa juste valeur !

Besoin d'un break ?

Par ici la sortie

La fine fleur de la danse hip-hop déboule à Bozar pour mettre Bruxelles à feu et à samples. New style, krump, break, poppin, house, lock, smurf... pour sa 10e édition, le festival Lezarts Danses Urbaines réunit pas moins de 30 crews triées sur le volet. RAF, les champions du monde de l’« International World Hip Hop Dance Championship 2009 », ou encore Pro Phenomen rivaliseront de virtuosité face à Unity, Bruce Blanchard (BOSS Team) ou European Project (Storm). Le festival rend également hommage aux breakers de la galerie Ravenstein, figures mythiques des années 1990. ❥ Les 11.03, 19h et 12.03,

Nostalgiques du Boccacio, des free parties belges et du très prisé Berghain, réjouissezvous ! Un nouveau temple de la techno a ouvert ses portes à Lille. Ambiance industrielle, mobilier rouge, enceintes de première bourre... l'Etik Club s'annonce déjà comme le nouveau spot des mélomanes. Prolongement du label Signaletik connu pour ses soirées en région, ce club couvre un large spectre musical, de la house au dub-techno. Quand la crème de la scène électro lilloise n'est pas de la partie (UFO, Matthus Raman, matthew_d...), Peter Van Hoesen, Terence Fixmer, Zadig ou Electric Rescue (les résidents) se chargent d'enflammer le dancefloor. ❥ www.etikclub.com

18h, Bruxelles, Bozar +32 2 538 15 12

Télex

Après son succès de l'année dernière, le festival Le beau Chapiteau remet le couvert du 23 au 31 mars. Entre le jazz manouche de Sanseverino et Swing Gadgé et les chants médiévaux /(Tristan et Yseult), l'on passera entre les mains habiles des Bonimenteurs pour une loterie érotique. www.ccrc.be



texte et photos ÂŹ Elisabeth Blanchet

L'habit ne fait pas le chap !


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Ils ont des allures « upper class » avec leurs costumes en tweed, leurs pipes et leurs moustaches impeccables... Mais ne vous fiez pas aux apparences, derrière leurs tenues et leurs bonnes manières, les « chaps » (comprenez « les bons gars ») sont les charmants agitateurs d'un mouvement révolutionnaire tout en style. Rencontre avec ces anarcho-dandys prêts à renverser une société indifférente et inélégante !

«

L'

idée des Chaps Olympics m'est venue dans un pub après quelques pintes... comme toutes mes idées d'ailleurs », se souvient Torquil, assis sur une banquette du pub de Soho, The French House. Aux Chap Olympics, on ne lance pas des javelots mais des sandwichs au concombre. On pratique l'escrime, certes, mais à coups de homards en plastique. Plus hilarantes les unes que les autres, les épreuves se déroulent dans un square du centre de Londres depuis l'été 2004. Des milliers de chaps s'y retrouvent sur leur 31, armés d'ombrelles, de parapluies, de cannes mais surtout de paniers à pique-niques regorgeant de Pimm's*, Martini et autres gin tonics... Pas de tests anti-dopage à chaque bosquet de Bedford Square. Au contraire, tout abus est bienvenu. De loin, la scène évoque un tournage de film mais très vite, on se rend compte que ce sont de vrais gens, qui, tout simplement aiment s'habiller : des inconditionnels de l'époque victorienne aux années 50, en passant par l'entre

deux-guerres, la tenue du Chap n'est pas cantonnée à une époque. Tous les – bons – goûts sont dans la nature de ce parc de Bloomsbury.

Est « chap » qui veut « Tout le monde peut devenir chap ou chapette », explique Gustav Temple, créateur, avec son comparse Vic Darkwood, du magazine The Chap (Savoir vivre révolutionnaire pour gentleman moderne) et d'un manifeste du Chapisme. C'était il y a treize ans. D'un fanzine vendu sous le manteau (de tweed), The Chap est devenu la bible d'un nombre croissant d'anarcho-dandys. Une nouvelle espèce d'insurgés identifiable à ses tenues irréprochables. « Tout est dans la démarche, l'effort de trouver les vêtements qui correspondent à sa personnalité », explique Gustav. Lui même se reconnaît entièrement dans le look des années 1940, une époque, où, malgré la guerre, « les gens étaient toujours impeccables et distingués ». Mais le Chapisme ne se résume pas aux costumes trois pièces, chapeaux melon et aux > *liqueur anglaise


Les Olympiades chaps ou Jeux olympiques de l'excentricité qui se déroulent chaque année, mi-juillet, dans le centre de Londres. Plus de 400 « athlètes » s’affrontent lors d’épreuves redoutables.


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Torquil et Minna, fondateurs des Chaps Olympics.

cravates flamboyantes. Derrière son appel à la pratique de la dérive drolatique (car le chap ne pontifie pas), le mouvement défend de vrais idéaux. Il se présente même comme « un appel à la libération des hommes et des femmes contre l'asservissement du salariat […], le totalitarisme des écrans d'ordinateurs, des téléphones portables et de toutes ces chaînes qui nous donnent l'illusion d'atteindre une connaissance mondialisée, pour au bout du compte nous surveiller ».

Révolution ou régression L'allure de dandy détaché et les bonnes manières cacheraient-elles donc

un vrai mouvement révolutionnaire ? « Oui, nous sommes très proches des mouvements anti-globalisation, explique Torquil, qui a collaboré pour la première fois à The Chap en 1999 en publiant un hilarant 73 façons de tirer son chapeau !. « Nous sommes aussi anti-chaînes, anti-corporate, contre le sexisme et le racisme », poursuit-il. Pourtant, vu de loin, dans le mouvement chap, il y a quand même un côté Prince Charles (le roi des Chaps ?), un poil conservateur et passéiste, notamment en matière de design et d'architecture... Dans le genre progressiste, on a vu mieux, non ? Gustav admet connaître une petite poignée de chaps rétrogrades, >


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Gustav Temple

figés dans le passé. « Mais, ceuxlà finissent par s'isoler du reste du monde ». Pour lui, il est hors de question de remonter le temps. Au contraire : « le Chapisme est une ouverture généreuse aux autres . Il « recrute » toutes classes sociales, sexes et nationalités confondus ». Et Torquil d'ajouter : « Hier, j'ai rencontré un groupe de nouveaux chaps. Je ne suis toujours pas sûr du sexe de l'un d'entre eux. Et on s'en fout ! ».

La France, l'autre pays du chapisme ? Héritier d'une longue tradition de dandys britanniques, de Beau Brummell à Mick Jaegger en passant par Oscar Wilde, David Niven ❥

et Stephen Fry, le chapisme aurait-il pu voir le jour dans un autre pays ? Pour Gustav, cela semble peu plausible. Il manque aux Français un « je ne sais quoi » d'excentricité et d'humour qui les empêcherait de cultiver cet art de la dérision. Serions-nous donc trop cartésiens pour adhérer à ce petit traité anti vulgocratie ? Pourtant, le manifeste chap de Gustav vient d'être traduit en français et le tweed, les bretelles et les moustaches commencent à faire des émules de ce côté-ci de la Manche. Et bien au-delà, car un nombre croissant de gentlemen modernes de tous pays semble concerné, prêt à s'unir pour préparer ce « soulèvement par le charme » ! /

à visiter / www.thechap.net à lire / Le Manifeste Chap de Gustav Temple, éditions des Équateurs, 137 p., 20 e et fin mars Am I A Chap ? de Gustav Temple, éditions Beautiful Books


Page illustrĂŠe du Manifeste The Chap de Gustav Temple.


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Sean Freeman Artiste de caractère Typographie, illustration // Londres // www.thereis.co.uk

Texte ¬ Carole Lafontan

N’y allons pas par quatre chemins. L’illustrateur et designer graphique Sean Freeman figure parmi les artistes les plus innovants et les plus intéressants du moment. À Londres, le talentueux Sean développe sa créativité débordante sur tous les terrains : pub, presse, édition, expositions... Nike, Microsoft, Momentum Pictures - entre autres - lui ont fait confiance, tandis que de grands magazines tels que Computer Arts, The New York Times ou Wired, ont publié ses incroyables créations typographiques. Son credo ? S'amuser avec les matières, tester leur potentiel et créer des caractères qui allient sens et signe, réalisme et stylisation, lisibilité et esthétique. Prenons Hot, l'image choisie pour notre couverture. Au départ, il s'agit d'une commande de l'éditeur Harper Collins pour illustrer la biographie d'un pompier. Il n'en faut pas plus pour inspirer Sean, fan d'expérimentations. Pour arriver à ses fins, il s'arme d'un chalumeau et d'un paquet d'assiettes en plastique et fait fondre les lettres, comme s'il brûlait l'intérieur d'un casque. Des heures de travail (le jeune homme réalise 30 à 40 essais avant de concevoir le parfait lettrage) et des dizaines de photos plus tard, le résultat est saisissant. Même combat pour Fear, en belle place dans notre portfolio. Le Londonien s'est amusé à casser de la glace pour obtenir des caractères explosifs, réalistes à souhait. Et surtout, ne lui dites pas que ses créations ne vous font ni chaud ni froid... Il serait capable de le prendre au pied de la lettre ! /



Carte Postale




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Lille Art

FAir

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texte / Judith Oliver

Oyez familles, jeunes couples, mécènes et collectionneurs... La grand messe septentrionale de l'art contemporain s'apprête à rouvrir ses portes ! Galvanisée par son succès de l'année dernière (plus de 13 000 personnes de la région et de l'étranger), l'équipe de Lille Art Fair a monté une édition plus riche que jamais. Du 24 au 27 mars prochains, soixante-quinze exposants dont un tiers de nouvelles galeries nous donnent rendez-vous pour une immense chasse au trésor.

Moquette foncée, cimaises blanches, béton brut. Il n'y a pas à dire, la foire 2010 enregistrait un net embellissement. La froide architecture industrielle de Lille Grand Palais se donnait presque des airs de loft. Rien d'étouffant ou de surchargé dans ce dédale de stands, de sculptures et d'installations. Et une ambiance plutôt animée et bon enfant. Derrière

cette petite révolution, une équipe enthousiaste et surtout un homme de terrain, Didier Vesse. Cet ancien galeriste connaît bien son affaire. Avant de co-organiser ses propres foires et de reprendre la direction artistique de Lille Art Fair en 2010, il a été du côté des exposants. Alors cette année encore, ce perfectionniste a dessiné le plan de l'évènement à la


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Tina, Flight Data Recorder © Sylvester Engbrox - Galerie Vivoequidem

main, prenant bien soin de dégager des îlots esthétiques et de rythmer la foire. Comme l'année passée, de nombreux stands seront dédiés à un seul artiste. Entre les alcôves occupées par les galeristes et éditeurs, on appréciera ainsi les sculptures de carton et bronzes de Pierre Riba, les peintures de Pierre-Marie Brisson, mais aussi le travail d'une dizaine

de photographes, plasticiens, céramistes et designers. Car ici, l'art se décline sous toutes ses formes. De l'installation monumentale au polaroid, du tableau à la vidéo, … mais aussi de l'unique au multiple.

Foire estampillée La foire lilloise compte en effet depuis l'an dernier un espace consacré à >


New York © Tony Soulié - Galerie Eric & Valérie GALEA

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Masque Gorille © Galerie mazel, Bernard Pras

Le tour des

Galeries

l'estampe et à l'édition, autour des prestigieuses enseignes Pasnic et Bramsen (voir encadré). L'ambiance de cette « Print Art Fair » est pour le moins passionnée. Des spécialistes de la sérigraphie, de la gravure et de la digigraphie animent des ateliers dans la joie et la bonne humeur. Tandis que dans la foule de curieux, les questions fusent et les vocations naissent. Alain Buyse se souvient

encore du plaisir qu'il a éprouvé à « générer de l'enthousiasme » et à « dépoussiérer l'estampe, tous procédés confondus ». Le sérigraphe lillois, pourtant peu adepte des salons, s'était réjoui de la création de cette foire dans la foire. « Cela permet de faire découvrir au plus grand nombre un médium aux possibilités infinies, très prisé des artistes. Paradoxalement, l'estampe reste une grande

Etape 1 : Mazel La monumentale tête de gorille juchée à l'entrée de la foire vous a surpris ? La suite du bestiaire, c'est ici ! Les incroyables formes et crânes animaliers du sculpteur Quentin Garel font face aux photos d'un spécialiste de l'anamorphose, Bernard Pras.


© Duo Billen-Derumier- Louise DS Galerie

délaissée du marché de l'art. Il est vrai qu'elle est beaucoup moins rémunératrice qu'une œuvre originale. Les galeristes ont beau adorer ça (ils en possèdent beaucoup), ils les considèrent bien souvent comme un pis-aller commercial. Sans compter les préjugés, qui associent l'estampe à de vieilles illustrations jaunissantes dans un coin de musée ».

Zoom on art

Octopuspecies © Dr Courbe

Si la foire s'adresse à un très large public d'amateurs d'art, elle ménage aussi les goûts plus pointus de son autre clientèle, les mécènes et >

Foule, Folon © 2011

Exposition

Prestige

Folon

à la tête de son « agence de voyages imaginaires », Jean-Michel Folon a ouvert bien des esprits. Avec ses aquarelles, sérigraphies et dessins de presse aux apparences naïves et enfantines, il a séduit des générations entières. Son secret ? Une créativité sans borne, doublée d'un engagement profond. Car à y regarder de plus près, derrière les rondeurs et les tonalités pastel, affleure un message souvent virulent et caustique. Il n'y a qu'à faire le tour de l'exposition pour s'en convaincre. Écologie, mutation des villes, absurdité ordinaire, Folon en précurseur, dénonce avec son arme favorite : la poésie. Avec le soutien de la Fondation Folon et des Editions Francis Delille.

Etape 2 : Maud b & Iséo Bigre, ce mystérieux Dr. Courbe ne manque pas d'humour. Spécialiste d'« artiologie » , ce plasticien foutraque nous place face à d'étranges spécimens de cerveaux et de squelettes. Un drôle de cabinet artisticomedical... pour une galerie parisienne nomade et engagée, chez qui il est toujours intéressant de discuter !


L'attente © Cyrille Charro - Colorfield Gallery

Not yet ready for a date © b.spark, Tournesols Art Gallery

Le pont des arts © Sha Zijian

collectionneurs. Parmi les 65 galeries et éditeurs, nombreux sont ceux qui présentent des artistes côtés (Ben, Alechinsky, Combas...). Mais cette année, Lille Art Fair met aussi l'accent sur la vidéo, un média de plus en plus apprécié par ce public averti. Le galeriste spécialisé Laurent Padel (galerie ARTenACT) en est convaincu : « la vidéo offre aux artistes contemporains de nombreuses possibilités de création et d'expression. Comme tout média, il a besoin d'un certain temps pour trouver son marché, à l'image de ce que fut la photographie en son

temps. Mais il procure de l'étonnement. Et l'étonnement est la clef de l'émerveillement ». Dans un espace consacré, la « Video Art Fair », galeries (Bacqueville, ARTenACT...) et structures culturelles (Fresnoy, Espace Croisé) nous invitent donc à stopper notre course pour profiter, dans un fauteuil, d'une foultitude de projections. Alors, la Fair est dans le sac ? /

Etape 3 : ARTenACT L'une des vidéos projetées vous a déconcerté ou séduit ? Touchez-en un mot à Laurent Padel, il vous répondra avec grand plaisir. Enseignant à l'université, docteur en philosophie et en esthétique, ce galeriste est intarissable sur les sept artistes internationaux qu'il présente. A l'image de leurs vidéos, l'on risque de causer écologie et société ou langage et communication.


© Maxime Dufour

Print

Homme poisson © Grisor

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Fair

ARt

La sérigraphie, la digigraphie, le livre d'artiste, l'estampe : voilà un marchepied idéal pour entamer une collection. Plus accessibles en termes esthétiques et surtout financiers, les pièces présentées par les dix exposants de cette Print Art Fair ont de quoi nous inoculer le virus ! Mais attention ! Pas de concessions artistiques ni de sous-oeuvres en vue. Comme le rappelle Alain Buyse, sérigraphe, « les artistes y mettent parfois plus d'application que pour des originaux, car l'enjeu est de taille : multiplier son œuvre et la montrer au plus grand nombre ». Il existe d'ailleurs des collectionneurs spécialisés dans l'estampe. Ceux-là trouveront sûrement la perle rare parmi les Kijno, Villeglé, Alechinsky, Topor, Wyckaert, exposés par les éditions Pasnic et Clot Bramsen. à moins que ce ne soit parmi les livres-objets d'Art Symbiose, les affiches et sérigraphies de l'Atelier d'Éditions Populaires ou les dessins de Prodomus. Et vous, céderez-vous à la tentation ?

Etape 4 : 138 Entre les toiles de Peter Klasen et les sculptures de Michel Wohlfahrt, quelques belles pièces épurées de Charly Bounan. Ses réalisations en altuglas bardées de lignes colorées témoignent de la nouvelle place accordée au design dans cette foire.

❥ LILLE ART FAIR 2011 - 4e éDITION du 24 au 27.03, Lille, Lille Grand Palais, 11h>20h (sf dim, 19h), www.lilleartfair.com Tarifs : Pass 3j 8/5€, catalogue + entrée 15€ // Soirées spéciales : Vernissage : 23.03, 19h (sur invitation) // Nuit de l’Art (performances et animations, : 24.03, 18h>23h. // Conférences : L'artiste et la galerie : l'art d'être ensemble (T. Torregrossa, 24.03) // L'art contemporain : la guerre des goûts (Raurich, 25.03) // L'histoire de l'art moderne et contemporain (Raurich, 26.03) // L'art et l'argent (F. Objois, 26.03) // L'art et la psychanalyse (F. Objois, 27.03).


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texte ¬ Vincent Dierickx photo ¬ Chiavetta

De Valse Teefjes Le Choeur des 22 salopes

L'air de ne pas y toucher, les Valse Teefjes commencent à être très connues... à Gand. Pour une chorale d'amateures, c'est chose rare. Copines avant d'être collègues, ces Flamandes attachantes et délurées s'amusent à reprendre dans leurs dialectes les plus grands succès de la chanson mondiale. En 2006, Gertrude, peintre, expose des portraits d’Elvis Presley dans une galerie gantoise. Lors du vernissage, en interprétant elle-même quelques chansons du King, elle allume sans le savoir les premiers feux d'un extraordinaire chœur : « Ça a pris tout de suite ! On était trois, on aurait voulu chanter dès la semaine suivante… mais on ne savait pas quoi ! » Régine propose alors de « changer » les textes des chansons d’Elvis, « pour voir... ». Les mauvaises

idées s’enchaînent, et s’impose enfin celle d’une écriture collective (entretemps, le girls band s’est élargi) sur des standards de la pop, du rock, du disco, bref « sur tout ce qu’[elles ont] envie de chanter », mais en patois ! Elles donnent le la Une architecte, des enseignantes et fonctionnaires, des chômeuses, une peintre, deux actrices, une écrivaine, une femme d’affaires, une infirmière,


une peintre en bâtiment... Et pas d’hommes ! Bien cachées derrière leurs tenues flamboyantes elles n’ont pas d’âge, pas de statut social, pas de rang. Toutes ces personnalités dégagent une force redoutable sur scène. Leur spectacle (en gantois, alostois, brugeois, bruxellois, ostendais, campinois) est un concentré d'audace et de drôlerie. Accompagnées de cinq musiciennes professionnelles, ces redoutables guerrières donnent l'assaut à Adamo, Abba ou Jeannette (Porque te vas). Affublées d’un fourreau en strass

ou d’un ensemble fleuri, les Teefjes ne craignent pas la faute de goût ! Elles recyclent leurs vieilles robes et n’ont pas peur des bottes en caoutchouc léopard ni des tabliers en nylon. Il faut dire que leur nom annonce la couleur. En néerlandais, une « valse teefje », c’est une femme méchante ! Plus prosaïquement, une salope. Et l’adjectif « vals », utilisé seul, signifie aussi « faux ». « Il y a un jeu de mots bien confortable pour nous, avec un nom comme ça, si nous chantons mal, le public peut croire que c’est fait exprès ! ». /

DE VALSE TEEFJES Au festival de la Communauté flamande à Westmalle le 11.07, aux 35 ans du Forum des femmes flamandes à Gand le 8.10.11, et sur valseteefjes.be


musique |

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texte ¬ Olivier Clairouin photo ¬ DR

House music lovers Retour à la basse, priorité aux cordes et aux voix ! Après avoir lorgné vers la musique disco, Hercules and Love Affair fait un nouveau bond dans le temps. Avec Blue Songs, son deuxième album, la formation polymorphe de New York se tourne aujourd'hui vers la house des années 80. Adieu Antony Hegarty et DFA Records. Andrew Butler, tête pensante du projet Hercules and Love Affair, a fait place nette. En quittant le label de LCD Soundsystem pour la petite enseigne Moshi Moshi, le DJ new yorkais continue d'explorer l'histoire des musiques électroniques sans chercher à figer son style. Pour Blue Songs, il s'est adjoint l'aide de Mark Pistel, ancien producteur de Grace Jones ou Meat Beat Manifesto (influence majeure de groupes comme Prodigy). Résultat : une basse ronde, un rythme en général plus nerveux que le premier album (Hercules and Love Affair, sorti en 2008) et un vibrant hommage aux racines gay de la house new yorkaise des années 80. Exit donc la formation de cuivres et les percussions en concert, place aux boîtes à rythmes et aux instrus synthétiques. Pendant qu'au fond de la scène Butler triture ses boutons, la transexuelle Aerea Negrot fait exploser au micro sa sensualité exacerbée, transformant la fosse des sceptiques en une foule compacte de danseurs surexcités. Entre elle, la timide Kim Ann Foxman et le chanteur Shaun Wright, Hercules and Love Affair revendique la transgression des genres, musicaux comme sexuels. / ❥

HERCULES AND LOVE AFFAIR 6.03, 20h, Bruxelles, Botanique, 21/18€, +32 2 218 37 32, www.botanique.be



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texte ¬ Hugo Dewasmes photo ¬ Sylvain Hardy

That's all Funk Maceo Parker a fait de Lille l'une des rares étapes françaises de sa tournée. Depuis des mois, les fans de Funk sont donc sur les starting blocks. Souliers vernis aux pieds et prêts à se déhancher. Comment résister à la tentation de se frotter au mythe ? Lorsqu'il est recruté par James Brown en 1964, le batteur Melvin Parker parvient à imposer ses frères Maceo, saxophoniste, et Kellis, tromboniste. Il ne se doute pas que démarre alors une exceptionnelle carrière pour le premier qui restera aux côtés du « Godfather of soul » pendant plus de 25 ans. Las des sautes d'humeur et de l'autoritarisme du maître, il le délaisse pour le mythique Funkadelic et s'impose alors comme une figure majeure du funk. À l'aube des années 1990, fort de ces richissimes expériences et bouillonnant d'idées, Maceo Parker développe ses propres projets. L’album Life on Planet Groove (1992) devient le symbole de cette nouvelle carrière : un savant cocktail, conciliant la rigueur acquise à l'école Brown et l'inventivité de George Clinton. Passé du statut d’homme de l’ombre à celui de frontman sans se départir de sa bonhomie, il électrise les foules à chacune de ses apparitions. Et si les critiques ne l'épargnent pas toujours, lui reprochant parfois un jeu « simpliste », Maceo Parker n'y attache que peu d'importance. Le succès populaire qu'il remporte reste incontestablement sa plus belle victoire ! Une véritable histoire d’amour avec le public, qui dure depuis 40 ans. Rien de plus normal lorsqu’on est né un 14 février… / ❥

Maceo Parker 26.03, 20h30, Lille, Théâtre du Casino Barrière, 25,90/28,90€, +33 328 14 45 00



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texte ¬ Judith Oliver - photo ¬ DR

texte ¬ Gregory Escouflaire - photo ¬ P. Broderick © DR

Kid Koala

Bozar Night

Durant la tournée anniversaire de Ninja Tune (20 ans !), il a débarqué dans une lumière rose, flanqué d'un déguisement de Koala. Pas vraiment des airs de tueur, ce Kid. Mais il la manie bien, son arme. Excellemment bien. Et une fois aux platines (de 3 à 6 !), ce petit bout de Turntablist est une vraie bête de scène. Maniant le scratching à la perfection, Kid Koala, aka Eric San met ses techniques géniales au service d'une culture discographique sans borne. Jazz, chansons des années 1920, beat hip-hop, blues... le Canadien fond ces esthétiques dans un style unique, abstrait, scandé de cuts, de scratchs, de cris. On comprend que Dan The Automator (Deltron 3030, Gorillaz) ou Mike Patton (Loveage, Peeping Tom) aient fait appel à lui. Il renouvelle sacrément le genre, l'animal ! Sans jamais, toutefois, perdre de vue le dancefloor. /

Après deux éditions sans éclat, la Bozar Night revient avec une affiche plus téméraire et réfléchie, qui mixe néo-musique de chambre (Jacaszek), folktronica de salon (Peter Broderick), bass music (Headhunter, BunZerO) et technopunk roboratif (T. Raumschmiere). Petite sœur de feu le Brussels Electronic Music Festival, cette soirée devrait donc assouvir les besoins des fans de beats les plus intransigeants. Comme d’habitude, les expos en cours (Luc Tuymans et les Maîtres flamands/vénitiens) sont accessibles jusqu’aux douze coups de minuit, avant que la fête ne démarre dans les allées et le hall du Palais. Si Ed & Kim, Mezzdub ou BunZerO sont là pour défendre les couleurs belges, c’est surtout Shackleton qui fera l’événement : du dubstep qui ne dit pas son nom, post-colonial et filandreux. « Wooot !!! », comme on dit. /

10.03, 22h, Lille, Aéronef, 10/15€, +33 320 13 50 00 // 11.03, 21h, Gand, Vooruit, 16,5€ (avec Lefto, Kode 9 vs Space Ape, Ghost Poet, Jamie Woon...), +32 9 267 28 28

26.03, 20h>4h, Bruxelles, Bozar, 10/7€, www.bozar.be



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Anika © DR

à cause des glaçons Apparue à l’automne, sans un bruit - sinon celui, sourd et lourd, de son dub narcotique et narquois - Anika demeure relativement méconnue. Ces deux dates à Anvers et Tourcoing sont l’occasion de briser la glace, pour mieux jeter un froid. Signataire d’un grand disque aux reflets noirâtres, Anika fut rapidement rangée dans la case « cousine de Fever Ray et Zola Jesus ». Pourtant, la frêle Anglaise tient plus de Beth Gibbons - mais une Gibbons débarrassée des oripeaux soul. Pas un hasard si Geoff Barrow (Portishead) s’est penché sur le cas Anika, pour mieux l’accompagner avec Beak>. Au programme ? Kraut fuligineux et dub polaire, reprises décharnées de classiques de Dylan, Yoko Ono ou Skeeter Davis. Méconnaissables, ces titres glacés évoquent plus souvent de grands oubliés de l’afterpunk tels Basement 5, Yargo ou encore Leslie Winer. Reste à vérifier que le poison suinte sur les planches. Sincèrement, on vous conseille la date tourquennoise. Si on n’attend pas grand’chose de Glasser (variations scolaires à la Kate Bush, pompage de Björk, tribalisme bien peigné), on y fêtera la sortie du nouvel album de Cercueil. Erostrate, deuxième essai aussi trouble qu’imparable, extirpe le trio des malentendus (gothique, ce genre de choses) et le place au rang de groupe majeur. Pour l’anecdote, la date française, intégrée au festival Les Femmes S’en Mêlent, fait silence sur la présence du Dj set de Martk Lion, alias Vincent Thierion, de Dat Politics. La raison ? le festival « de filles » ne peut promouvoir un garçon. On entend déjà Eric Z. s’étrangler ! / ❥

Anika (solo) : 28.03, 19h30, Trix Bar, Borgerhout, 11,5e, +32 3 670 09 00, www.trixonline.be Anika + Cercueil + Glasser + Martk Lion : 29.03, 20h, Grand Mix, Tourcoing, 10/13e, +33 320 70 10 00, www.legrandmix.com


2010 / 2011

chansonhumourdansemusique

R COM’ RIGAUX

René Aubry Dimanche 3 avril 2011 - 18 h 00

BOULEVARD VICTOR-HUGO - F 62400 BÉTHUNE Informations et réservations :

INFOLINE 03 21 64 37 37 RÉSEAUX FNAC, TICKETNET ET DIGITICK

www.theatre-bethune.fr

5-LETS-BETH-MARS2011-SANSEVERINO2:Mise en page 1 14/02/11 09:05 Page 2010 / 2011

Sanseverino en duo

Samedi 12 mars 2011 - 20 h 30

R COM’ RIGAUX - Photo : Philipp

chansonhumourdansemusique

BOULEVARD VICTOR-HUGO - F 62400 BÉTHUNE Informations et réservations :

INFOLINE 03 21 64 37 37 RÉSEAUX FNAC, TICKETNET ET DIGITICK

www.theatre-bethune.fr


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texte ¬ Gregory Escouflaire - photo ¬ DR

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ Edouard Plongeon

Isolee

The Kills

Rajko Müller est ce qu’on appelle un visionnaire : il est venu, il a vu, il a vaincu, en ce jour béni de l’an 2000 où déboule Beau Mot Plage - aujourd’hui un classique. Micro/minimal/house, le beat invite à l’apaisement : de toutes les matières, c’est la ouate qu’il préfère. Ça faisait six ans qu’on attendait la suite de l’excellent We Are Monster, et on n’est pas déçu. sorti sur le label du versatile DJ Koze, Well Spent Youth s’apprivoise lentement et se danse sûrement (même couché). Autant dire que la venue d'Isolee au Libertine Supersport (K-Nal) est à marquer d’une pierre blanche, tant il est rare en live et dj set… Mieux qu’un essaim d’hirondelles qui annoncent le printemps, ce Francfortois redonne à la tech-house ses plus belles couleurs : minimal, mais il fait le maximum ! /

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe : les Kills sont de passage en Europe ! Inutile de dire que les places s’arrachent déjà comme des petits pains. Et comme les escales sont rares (une seule date France – au Bataclan de Paris-, et en Belgique – au Trix d’Anvers-), nombreux seront les laissés-pour-compte. Pour se consoler, ces derniers devront attendre le 4 avril et la sortie officielle du très attendu Blood Pressures. Trois ans qu'on attendait ce 4e album du duo anglo-américain ! Une oeuvre qui s'annonce d'ores et déjà foisonnante. Les premières écoutes révèlent un rock sombre et sensuel porté par des guitares incandescentes. Alison et Jamie y jouent tous les instruments, y compris piano et mellotron. Si vous ne tenez vraiment plus, prêtez-donc une oreille au premier extrait, l’excellent Satellite, actuellement disponible sur Internet. /

26.03, 23h, Bruxelles, Libertine Supersport/K-Nal, tarif 5/12e www.libertinesupersport.be Well Spent Youth, sorti chez Pampa Records

29.03, 19h30, Anvers, Trix, 24€, +33 336 70 09 00 // 6.04, 19h30, Paris, Bataclan, complet, +33 143 14 00 30



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Patrick Swirc

Les métamorphoses de Marianne « Bonsoir Lille ! » avait souri Marianne Faithfull voici deux ans. Nous étions à Aulnoye-Aymeries. On a volontiers pardonné, car l’Anglaise a suspendu le temps, armée d’un répertoire mariant les mélodies pop à l’humeur blues, les cuivres jazz au chant éraflé. Un grand moment. Il serait assez facile de noircir des pages entières sur la Sister Morphine et ses frasques légendaires. On évoquerait bien sûr les Stones, les drogues, mais aussi Godard (Made In USA, 1967) ou encore Delon (The Girl On A Motorcycle, 1968). Et cette voix autrefois cristalline devenue peu à peu voilée. On pourrait, mais Marianne Faithfull elle-même n’a jamais capitalisé sur ce passé sulfureux. Preuve en est sa réinvention depuis le mitan des 80’s et ses collaborations avec des artistes aussi divers que Beck, Voulzy, Jarvis Cocker, Lou Reed ou Daho. La petite-nièce de Sacher-Masoch a suivi une voie plus sereine depuis quelques années. Easy Come, Easy Go (2008) témoigne d’un amour sincère pour les chansons des autres. Et, si elle taquine parfois la plume, elle transforme surtout des classiques en leur offrant de nouveaux niveaux de lectures. Sur scène, Lady F. ne masque pas les ans et fait preuve d’une dignité classique et classieuse. à la différence d’autres icônes de l’époque (vous avez dit Iggy ?), on ne va pas voir Marianne pour ce qu’elle fut jadis, mais pour ce qu’elle est aujourd’hui. / ❥

Marianne Faithfull 29.03, 20h, Roubaix, Colisée, 46€, +33 320 24 28 24, www.coliseeroubaix.com 31.03, 21h, Boulogne-Sur-Mer, Espace de la Faïencerie, 10/12€, +33 321 80 64 42



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texte ¬ Hakima Lounas - photo ¬ DR

texte ¬ Grégory Escouflaire - photo ¬ Matt Doyle

Common

Booba

Malgré un récent morceau avec Kanye West et Kid Cudi (Poke Her Face), plusieurs productions Neptunes et collaborations avec Lauryn Hill, Erykah Badu, Q-tip etc., Common continue de susciter des regards circonspects. « C'est qui celui-là ? ». La tête nue et la barbe généreuse, Lonnie Rashied Lynn a entamé sa carrière de rappeur il y a vingt ans à Chicago, berceau de la house music. Dans cet environnement peu marqué par la culture hip-hop, Common cultive un style innovant, pétri de cuivres et de samples bien sentis. Son succès reste confidentiel en Europe, et pourtant, ce jeune loup accomplit de beaux miracles. Le magistral Electric Circus, habile mélange de rap et d'électronique, sorti en 2002, en est un bel exemple. Après Mos Def l'an dernier et Common ce mois-ci, le Vooruit fait vraiment défiler les piliers du genre. /

Avec son cinquième album solo, Lunatic, sorti fin 2010, Booba a pris « à César ce qui est à Aimé Césaire ». Son « rap à Parkinson » « prend le beat en levrette », mais sa « clique est fraîche » (Mala, Djé, 92I,…) et sa camelote du meilleur niveau. Le crunk français, c’est lui, « en mode Mollah Omar – flammes de Zippo sur les olives ». Entre Boulbi, Dakar et Miami, Booba fait péter les punchlines comme si sa plume était un flingue. Une putain de boucherie, qui fascine, hypnotise, dégoûte ou scandalise. De toute façon « si tu kiffes ap, t’écoutes ap », mais réduire Booba a du bodybuilding ce serait rater le coche. Ouais, kho : ce type en a autant dans le slip que dans le cerveau, et sa place est là-haut, entre NTM et ce bon vieil Oxmo. Après Liège il débarque à Bruxelles, au BEB, une grosse salle de banquets. Pour un 1er avril, c’est un gros poisson ! /

31.03, 19h30, Gand, Vooruit (Democrazy), 34,50€, +32 9 267 28 28

1.04, 19h, Bruxelles, Brussels Event Brewery, 24,50€, www.boobalunatic.com



cinéma |

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Docs en stock texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Haiti - La blessure de l'ame - de Cécile Allegra et Raoul Seigneur

Le grand reportage est-il condamné au formatage des cases télé ? Aux plongées sensationnalistes au cœur de la douane, de la police ou de la prostitution ? Pas forcément, nous répond Georges MarqueBouaret, délégué général du FIGRA. Il le prouve encore, en cette 18e édition, avec 42 films triés sur le volet. Signe de réussite, les organisateurs du FIGRA n'ont jamais reçu autant de films que cette année. Plus de 300, en provenance du monde entier. Voilà qui a causé quelques nuits blanches aux sélectionneurs. « Plus qu'à éliminer des films, normalement le travail consiste à en choisir, afin de construire

un programme cohérent. Vous imaginez bien que ce n'est pas facile ! », confie Georges Marque-Bouaret. Si certaines thématiques sont récurrentes (la faim, la justice...), d'autres s'affirment en dessinant le contour de préoccupations contemporaines, tel l'environnement. Comme le constate Georges Marque-


Bouaret, « c'est une sélection plus grave que les autres années, avec des films qui font réfléchir, qui interrogent et permettent de prendre du recul. » Quoi de neuf, doc ? Cette édition privilégie les formes d'écriture alternatives. Benoit Labourdette (créateur du festival Pocket Films, à Paris) envisagera ainsi les créations via les caméras des téléphones porta-

bles, tandis que des conférences seront consacrées au web-doc. Une manière de prendre le pouls de formes balbutiantes, mais qui ne manqueront pas de se développer. Le FIGRA permet enfin de rencontrer de nombreux réalisateurs venus présenter leur film (Paul Moreira, Marie-Monique Robin,...) ou encore Edwy Plenel pour son travail avec MediaPart. De quoi réveiller les consciences. /

FIGRA 23>27.03, Le Touquet, divers lieux, pass complet 15€, +33 4 42 08 52 34, www.figra.fr


cinéma |

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texte ¬ Edlef Kowalyk photo ¬ Studiosoi Angel

C'est animé près de chez vous Plus de 50 heures de films et de séries, 100 professionnels pour les analyser et 10 000 visiteurs attendus. La fête de l'animation et ses hordes de fans reviennent à Lille et ça promet ! Jeux vidéo, concerts et Cosplay à gogo : le marathon commence de bonne heure à la gare Saint-Sauveur pour finir bien plus tard au Tri postal. Pendant les trois jours que dure la fête de l'animation, on fait parfois de curieuses rencontres. Surtout du côté de la gare Saint-Sauveur. Perruques flashy, épées en papier alu, costumes d'écolières nippones et superhéros à toutes les sauces... Des fans d'animation nippone, l'esprit festif et débridé, se rendent à la convention Univers Asie. Karaoké, défilé de Cosplay, quizz... le spectacle risque d'être haut en couleurs ! La programmation de la japanimation annonce d'ailleurs une sélection riche en avant-premières (Colorful, Evangelion 2.22...). Toutefois, l'univers de l'animation ne se borne pas au manga. L'équipe organisatrice (les Rencontres audiovisuelles) fait donc la part belle aux créations françaises et belges. Un focus particulier est même accordé à l'Allemagne. Entre L'Hybride, le Palais des Beaux-Arts, la Gare Saint Sauveur et le Tri-Postal, on ne sait plus où donner de la tête. Projections, rencontres avec les réalisateurs (dont Enki Bilal, l'invité d'honneur), débats, expo déjantée sur les jeux vidéo et soirée au Tri postal avec la crème de la musique 8-bits (Meneo, Microman..) et du dubstep (Scuba, Cuedo..)... Préparez vous à un week-end en mode accéléré ! / ❥

du 17.03 au 20.03, Lille, Gare Saint-Sauveur, L'Hybride, Palais des Beaux-Arts ; Tourcoing, le Fresnoy, Tri postal, Plaine Images. Pass journée : 6€, Séance : 3€, Pass : 20€, www.fete-anim.com, + 33 320 53 24 84



cinéma |

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texte ¬ Baptiste Ostré photo ¬ Vik Muniz studio

Waste Land, poubelle la vie

En prenant pour sujet la plus grande décharge du monde, située à Rio de Janeiro et des trieurs qui y travaillent parfois depuis l'âge de 7 ans... Waste Land a été immédiatement catalogué comme un documentaire écolo. Pourtant, la visite de ce site avec l'artiste Vik Muniz, en quête de beauté malgré tout, élargit sacrément l'horizon. Proche de l'amateurisme, la caméra portée et ses gros zooms disgracieux laissent au départ craindre le pire. Une fois arrivé à Jardim Gramacho, non loin de Rio de Janeiro, le dispostif de Lucy Walker change de dimension. Toujours dans l'intimité, la cinéaste filme la décharge tantôt comme un champ de bataille, tantôt comme d'improbables Moissons du ciel : s'il ne sème plus rien, l'homme récolte et transforme toujours. Durant trois ans, la réalisatrice a suivi Vik Muniz, artiste célèbre pour ses toiles exécutées avec des matériaux de récupération. Fils d'un quartier pauvre de São Paulo, il s'avance dans la décharge avec une question en tête : « L'art peut-il changer la vie ? ». Le générique apportera une réponse globalement positive. Mais, plus tôt, l'artiste comprendra que ce sont avant tout les catadores, ces trieurs dont il tire le portrait, qui l'ont changé, lui. Moins porté par le misérabilisme que par une rieuse et communicative joie de vivre, Waste Land se situe finalement dans la veine de récents documentaires artistiques. Une sorte de chaînon manquant entre Faites le mur ! et Woman are heroes. / ❥

De Lucy Walker. Avec Vik Muniz. Sortie le 23.03



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texte ¬ Edlef Kowalyk photo ¬ DR

Fenêtres sur l'Art Prêter sa fenêtre à un artiste pour qu'il soit vu de tous. Voilà la belle idée qui a germé il y a dix ans, dans les rues de Lille. Aujourd'hui, l'initiative citoyenne « les fenêtres qui parlent » atteint des records de participation : pour cette édition anniversaire, pas moins de 2000 fenêtres ont été réquisitionnées. En ce deuxième week-end de mars, une ambiance toute conviviale règne à Wazemmes. Un peu partout dans les ruelles et impasses, des curieux s'égarent pour découvrir les œuvres qui s'y cachent. Ici un peintre s'apprête à dispenser la touche finale à sa fresque. Là une troupe d'acteurs s'invite sur le trottoir. Un peu plus loin, à la buvette de la place Casquette, une fanfare répand joie et bonne humeur. Haut lieu de la vie culturelle lilloise, Wazemmes est l'un des 19 quartiers de la métropole participant aux « Fenêtres qui parlent ». Depuis sa création en 2001, sous la houlette du collectif d'associations Asso-Metro-Reso, l'opération ne cesse de s'étendre. Tous voisins ! Le secret de la réussite ? Sa dimension participative. « Chaque habitant peut organiser de manière libre et autonome des fenêtres qui parlent dans son quartier », explique Benjamin Gourdin, du collectif AMR. « De notre côté, nous les mettons en relation avec des artistes et apportons notre aide si nécessaire ». Un modèle alternatif, démocratique et citoyen qui fonctionne très bien à cette échelle. Les (trop rares) relations avec les voisins se muent ici en amitié, les rencontres avec les artistes marquent les esprits. Et chacun de renouer gaiement avec la tradition des fêtes de quartier. Cette année, anniversaire oblige, les réjouissances durent trois semaines (22 rendez-vous), avec 15 créations in-situ et « 13 fenêtres surprises » dédiées aux planches inédites de dessinateurs de BD. / ❥

Les fenêtres qui parlent #10 du 19.03 au 10.04, lancement officiel au parc de Géants le 12.03 à 12h12, programme complet disponible sur www.lesfenetresquiparlent.org. Quartiers/villes concernés: Fives, Hellemmes, Wazemmes, St Maurice, Lille Sud, Esquermes, Loos, Villeneuve d'Ascq, Roubaix, Halluin, Tourcoing...


exposition |

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texte ¬ Judith Oliver - photo ¬ Détail - sarmas © Mekhitar Garabedian, courtesy of Hoet Bekaert Gallery

texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ installation that cela dat © DR

Le Mont Analogue

Solo Snow

Waregem. A priori, pas une destination phare de l'art contemporain. Détrompezvous ! Depuis la création de Be-Part en 2006, la petite ville flamande s'est imposée aux esthètes comme une étape idéale entre Gand et Lille. En plus de ses résidences, ce lieu dédié à la création contemporaine propose trois expositions annuelles sur des thématiques (souvent) géopolitiques. Après la Moldavie (2009) et les Balkans (2010), Be-Part se penche sur la situation complexe du Caucase. En guise d'analystes, un plasticien arménien fasciné par les questions d'héritage et d'identité (Mekhitar Garabedian), un collectif plein d'ironie et de bonnes idées (Slavs and Tartars) et le vidéaste belge Pieter Geenen. Chacun à sa manière s'introduit dans les méandres de l'histoire pour prendre à bras le corps un symbole : le Mont Analogue, allégorie des tensions turco-arméniennes. /

Retour au Fresnoy pour le cinéasteplasticien (musicien, peintre, photographe... !) Michael Snow, qui en avait essuyé les plâtres comme professeur invité, en 1997. Plus et moins qu'une rétrospective, c'est un parcours choisi d'une grande intelligence, à travers quatre décennies de recherches avantgardistes sur l'image (fixe et animée), le son, et les conditions de la représentation. Nul hermétisme, cependant, mais une profondeur malicieuse. Chaque œuvre est une expérience qui engage à un rare point d'intensité dans son dispositif, décrassant les perceptions tout en construisant une réflexion magistrale sur le médium. L'idée fait corps avec le spectateur (Diagonale, ou Observer). À ne pas rater, le bouleversant Souffle solaire. N'attendez donc pas le dégel... /

jusqu'au 22.04, Waregem, Be-Part, Plateforme d'art actuel, tlj, 11h>17h, gratuit +32 56 62 94 10

jusqu'au 24.04, Tourcoing, Le Fresnoy, 3,8/3/1,5€, mer>dim 14h>19h, (sf ven, sam 21h), +33 320 28 38 00



exposition |

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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Fleurs © Archives Balthasar Burkhard

texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ J. Linotte

Balthasar Burkhard

Dito From Scratch 2011

Quelques jours se sont écoulés depuis la fin de l'exposition Giuseppe Penone. Et l'on sent déjà comme un changement de saison : en lieu et place des troncs d'arbres nus de l'Arte Povera poussent désormais les mille fleurs du printemps. Pivoine, iris, pavot, lisianthus... captés en pleine éclosion, les bourgeons s'affichent sur d'immenses photographies couleurs (1,30 m). Le Mac's (Grand Hornu) rend en effet hommage au grand photographe helvète Balthasar Burkhard, décédé en avril dernier. à côté de ses toutes dernières séries florales, la rétrospective fait la part belle aux clichés noirs et blancs et héliogravures qui ont fait la réputation du Suisse. Paysages (Namibie, Alpes...), villes, animaux, malgré la diversité des sujets, le traitement est identique. Plastique. Attentif à la lumière. Entre réalisme et sublimation. /

Peut-on réellement créer collectivement ? Oui, répondent en chœur les 8 designers de Dito. Mais à condition de s’astreindre à une discipline rigoureuse ! Caroline Ziegler, de Dito confirme : « Concrètement, nous basons notre travail sur un répertoire de formes, de couleurs, de matériaux, de principes et de concepts, apportés par chacun des membres et approuvés par l’ensemble. Chacun choisit quelques cartes, et élabore un projet, soumis à l’avis et à l’intervention du collectif. C’est difficile, mais nous nous imposons la démocratie : toute œuvre Dito doit être approuvée par tous, et chacun met la main à la pâte jusqu’à ce que ce soit le cas ». Une démarche téméraire et séduisante, un mobilier qui s’expose sous forme de maquettes, dessins et photographies auxquels, le Grand Hornu Images a réservé une mise en scène qui vaut le détour. /

jusqu'au 29.05, Hornu, Mac's (site du Grand Hornu), mar>dim, 10h>18h, 6/4e, +32 65 65 21 21, www.grand-hornu.be

jusqu'au 29.05, Hornu, Grand Hornu Images, mar>dim 10h>18h, 6€, +32 65 613 881, www.grand-hornu.be



exposition |

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agenda © Marc Ghuisoland, Norbert Ghisoland

Mary Joy in her livingroom © Simone Lueck

Liam Gillick et Lawrence Weiner

Du Plancher au Podium

Quand deux figures incontournables de l'art (néo)conceptuel se rencontrent, on s'attend à des étincelles. Et en effet. Le Young British Artist Liam Gillick et le New Yorkais Lawrence Weiner ont imaginé ensemble une immense œuvre pour le sol du MKHA (1600m², tout de même). Déjouant les préjugés (art conceptuel = hermétique, dématérialisé, etc.), ils nous proposent une création ludique et immersive constituée de bandes noires, jaunes et orange et de phrases piquantes.

Entre le port d'où arrivent la soie, le lin ou le coton bruts et la lingerie fine des tapis rouges, il n'y a qu'un fil. Une fibre que le photographe Philippe Schienger a remontée à travers quelque 400 clichés, juxtaposés sur les murs comme dans un atelier. Il suit la métamorphose de la chrysalide, de l'ambiance matinale des quais aux mains noircies par les machines Leavers. Des lumières feutrées des cabinets de stylistes aux crépitements des podiums.

11h>18h (sf jeu. 21h), +32 3 260 99 99

❥ Calais, jusqu'au 30.04, Cité internationale de la dentelle et de la mode, tlj sf mar, 10h> 17h, +33 321 00 42 30

Norbert Ghisoland

S. Lueck, L. Freed et F. Dumenier

à l'étroit dans leurs beaux atours (tenues de baptême et velours du dimanche), les familles de mineurs se tiennent là, fières comme Artaban. Mais il est des détails qui ne trompent pas. Un regard triste, un bouton manquant, une semelle usée... Pendant près de quarante ans, Ghisoland a fait prendre la pose aux habitants du Borinage. à une époque où la photographie se démocratise, il leur fait oublier un temps leur morne condition. Un témoignage unique et poignant.

Nul besoin de présenter Leonard Freed, célébrissime photographe de l'agence Magnum. Ses splendides reportages « façon Taxi Driver » sur la police américaine ne manqueront pas d'attirer les foules. Tant mieux : c'est l'occasion de découvrir le travail de Simone Lueck, une consœur moins connue mais aussi talentueuse. Avec la complicité de ses modèles, la Californienne immortalise des personnes âgées dans des poses de pin-up. Un sujet tout sauf facile, qu'elle traite sans moquerie et avec finesse.

❥ Bruxelles, jusqu'au 24.04, Botanique, Museum, mer>dim, 12h>20h, +32 2 218 37 32

❥ Charleroi, jusqu'au 15.05, Musée de la photo, mar>dim, 10h>18h, +32 71 43 58 10

❥ Anvers, jusqu'au 22.05, MKHA, mar>dim,



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agenda Je reve et je fais, Sagy Magicnsmooth, Japan Subway © Homardpayette

J.M. Alberola, l'œuvre imprimée Le Centre de la Gravure inaugure en grandes pompes sa nouvelle extension. Pour l'occasion, il consacre cet espace de 1000m² à une importante rétrospective (250 pièces) du peintre et cinéaste Jean-Michel Alberola. Sa profession de foi ? « Tordre le cou aux images prêtes à consommer et aux mots prêts à penser ». Pour vous en convaincre, précipitez-vous sur ses estampes et livres d'artistes.

Drôles d'estampes, Oh ! © Sebastien Darras

Je rêve et je fais Jeune photographe lillois, Homardpayette (aka Dominique Shine) est devenu en quelques années un artiste reconnu doublé d'une référence dans le monde de la danse hip-hop. Première mouture d'un futur livre dédié à cette culture, l'exposition réunit 75 clichés de l'artiste. Enfin... pas que : un système interactif complète les photos sous forme de performances, d'interviews et de reportages restituant le parcours de l'artiste. Le tout, au milieu des bancs, des graffs et des cartons.

❥ La Louvière, jusqu'au 15.05, Centre de la Gravure et de l'Image Imprimée, mar>dim, 10h>18h, +32 64 27 87 27

❥ Lille, jusqu'au 20.03, Lille, MFW, mer>sam, 14h>19h, dim 10>19h, +33 320 78 20 23

Mineurs d'ici et d'ailleurs

Drôles d'estampes

Le front ruisselant, le visage noirci par la poussière, un mineur prend son déjeuner au milieu des piliers qui soutiennent son étroite galerie. Ce cliché de Paul Walet date de 1960. Mais appartient-il vraiment au passé ? Des dizaines de photos plus contemporaines nous prouvent l'inverse. Que ce soit au Brésil, en Bolivie, en Afrique du Sud, en Pologne... nombreux sont ceux qui vivent suspendus au coup de grisou. Des images souvent magnifiques, pour esquisser un métier harassant.

« Drôles d'estampes ». Pour sûr, ici, on s'amuse beaucoup, entre les calembours de Christian Zeimert, le comique absurde de Glen Baxter et la verve des illustrations de presse (Canard Enchaîné, Assiette au Beurre, Willem, Honoré, Daeye...). Et quand il n'épingle pas nos politiciens, l'humour met à distance notre mortalité. Comme dans cet impressionnant ensemble de calaveras et lithographies mexicaines (Posada, Mendès...) placée au cœur de cet hommage à l'estampe populaire.

❥ Lewarde, jusqu'au 5.06, Centre Historique

mer>sam, 14h>19h, dim 10h>13h, 15h>18h, +33 320 55 53 72

Minier, tlj 9h>19h30, +33 327 95 82 82.

❥ Lille, jusqu'au 3.04, Espace Le Carré,



exposition |

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agenda Portraits De La Pensée, Hendrick Ter Brugghen Heraclite © Amsterdam Rijksmuseum

Zoonomia, Great Stuffed Rabbit © Christian Gonzenbach

L'œil écoute

Zoonomia, de la nature humaine

Après son exposition sur les doubles, la maison Folie de Moulins achève de brouiller nos repères. Elle s'attaque désormais à nos sens, qu'elle passe sans complexe au shaker. Ici, on écoute des photos (Philippe Lenglet), on dessine sur des sons (Bobik ou Sacha), on se promène les yeux fermés dans un paysage sonore. Conçu comme un parcours interactif, « L'œil écoute » repose sur une série d'ateliers animés par des artistes et conteurs. Bien vu, non ?

Squelettes impossibles, renardeaux taxidermisés à l'envers, ossature de baleine en bois, gommes usées en forme de silex... Brrr ! Mais où sommesnous ? à la Condition Publique, pardi ! Le Suisse Christian Gonzenbach a transformé l'ancien entrepôt de laine en pastiches de zoo et de musée d'histoire naturelle. En interrogeant notre rapport aux animaux, le plasticien et vidéaste helvète cherche décidément la petite bête.

❥ Lille , jusqu'au 27.03, maison Folie de Mou-

❥ Roubaix, jusqu'au 27.03, Condition Publique, mar>sam, 14h>18h, +33 328 33 48 33

lins, mer>dim, 14h>19h, +33 320 95 08 82

Portraits de la pensée

Cor Dekkinga - CoBrA

Imaginée avec l'équipe du festival Cité Philo, Portraits de la Pensée met à l'honneur le xviie. De Madrid à Naples en passant par Utrecht et Rome, l'Europe connaît une effervescence spirituelle et philosophique que les tableaux du siècle d'or traduisent admirablement. Figure du penseur récurrente, traits du visage et regards soignés, les 50 chefs-d'œuvre de Velasquez, Ribera et Giordano figent la pensée et la donnent à lire (expressions, vêtements...). En contrepoint, une vidéo de Bill Viola sur St Jean de la Croix.

Pour sûr, il nous faudra quelques années avant que les 4000m² du LaM n'aient plus de secret pour nous. Entre la richesse des fonds permanents (art brut, moderne et contemporain) et les expositions temporaires, l'institution ne manque pas de ressort. Dernière preuve en date, l'exposition Thema sur CoBrA. à quelques semaines de la grande rétrospective sur Adolf Wölfi, le musée dédie une de ses alcôves à Cor Dekkinga, un photographe néerlandais qui a immortalisé les principaux artistes du mouvement.

❥ Lille, du 11.03 au 13.06, Palais des beauxarts, lun 14h>18h, mar>dim, 10h>18h.

❥ Villeneuve d'Ascq, jusqu'au 29.05, LaM, tlj 10h>18h, +33 320 19 68 88



thÊâtre & danse | 66


texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Un Homme Debout © Luciana Poletto

Tournez Manèges ! Des deux côtés de la frontière, c'est l'ébullition. Plus que quatre ans avant le titre prestigieux de capitale européenne (Mons 2015) et régionale (Maubeuge 2015) de la culture ! à cheval sur ces deux villes, le festival VIA prend résolument des airs de répétitions festives. « Le festival n'est pas un simple empilage de projets montois et maubeugeois ! C'est un ensemble harmonieux où les artistes, les professionnels et le public échangent ». On pourrait prendre les propos d'Yves Vasseur et Didier Fusillier pour une rhétorique bien huilée. Mais c'est sans compter sur l'ancienneté et la sincérité de leur projet transfrontalier. Depuis près de 25 ans, le festival Via sert de vitrine aux Manèges de Mons et de Maubeuge. Avec un mot d'ordre : proposer une exposition d'œuvres numériques interactives. Et prolonger l'innovation par un dense programme théâtral. Via à l'envi(e) ! « On aime les OVNI, les œuvres qui ne rentrent dans aucune catégorie » poursuit gaiement Didier Fusillier. Pas étonnant qu'avec une ligne artistique pareille, on se retrouve face à installations inclassables (18 cette année !), des squelettes improbables (Vestiges) ou des spectacles qui tiennent autant de la danse que de l'art optique (génial Hiroaki Umeda). Et comme si ça ne suffisait pas, la performance s'invite au gré de « parcours urbains ». Aussi foutraque qu'il puisse paraître, le festival ne tolère aucun compromis artistique. S'il défriche à gogo, il se pique aussi de défendre le théâtre français auprès des producteurs étrangers (invités pour l'occasion). Cyril Teste, Fabrice Murgia, François Orsoni, Hubert Colas, Sophie Perez et Vincent Macaigne... défendent pour l'occasion leurs dernières créations. Ces Manèges-là n'ont pas fini de faire tourner les cœurs. / ❥

Festival Via 20.03 > 3.04, Mons (Manège, gare, centre ville, maison Folie), Maubeuge (Manège, Luna, Espace Sculfort) Jeumont (gare, Centre André Malraux), Feignies (espace G. Philippe), 11/8€, Pass 40€, expo 3€, 2 spectacles + expo 15€, parcours urbain 4€. Bus gratuits. +33 327 65 65 40, +32 65 39 59 39, www.lemanege.com


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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Frederic mei

Cirque sans frontières Préparez-vous à un mois à tiroirs. Le Prato de Lille et la maison de la Culture de Tournai célèbrent une collaboration franco-belge unique en son genre : le Plôt. Tout commence dans la ville aux cinq clochers, sur le tapis de la Piste aux Espoirs. Pour finir à Lille, dans une déferlante burlesque. Vendredi 4 mars, 18h32. Un câble de 230 m a été tendu entre le Beffroi de Tournai et l'Eglise St Quentin. C'est à peine si l'on distingue la frêle silhouette du funambule, Olivier Zimmerman, pendant cette vertigineuse traversée. Brrr ! Voilà une spectaculaire façon d'inaugurer un mois de cirque et de liesse autour des dix ans du Plôt. Sous chapiteau, dans la Halle aux Draps, dans les rues ou en salle, la programmation de la Piste aux Espoirs jongle entre amateurs prodiges (un concours qui a fait la réputation du festival), professionnels en herbe (les 5 meilleures écoles internationales) et artistes confirmés. Parmi eux, l'on retrouve d'ailleurs de nombreux fidèles. La Compagnie XY présente une impressionnante série de portés acrobatiques (18 sur scène !) dix sept ans après leur première participation. Sibling, les clowneries magiques de Doblemandole, la talentueuse Chloé Moglia ou encore Okidok font également partie des habitués. Côté français, le Prato prolonge notre plaisir jusqu'au 22 mars, avec une salve de spectacles acides (Ludor Citrik, Poupinou) et enchanteurs (Meli Melo), dont deux créations géniales de Jean-Baptiste André. Tous en piste ? / ❥

Le Mois du Cirque au Plôt 21e Piste aux espoirs – du 2 au 7.03, Tournai, divers lieux, gratuit ou de 5 à 16€, 2 places achetées, 1 spectacle gratuit, +32 69 25 30 80 Mois du cirque au Prato – du 3 au 22.03, Lille, Prato, 13/17€ (sf Meli Melo, 2€), +33 320 52 71 24



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texte ¬ Faustine Bigeast photo ¬ Musiques croisées © Frédéric Iovino

Kafka à l’Opéra À sa réouverture, en 2003, l’Opéra de Lille s'est engagé à mettre la création lyrique à l’honneur. L’on peut dire, aujourd’hui, qu’il n’a pas trahi cette belle promesse. La preuve avec cette première de La Métamorphose, incursion en terre kafkaïenne du compositeur Michaël Levinas. En conférence de presse, Michaël Levinas entretient le mystère. Ce qui l’a fait s’intéresser intimement à La Métamorphose, il ne le dira pas. Par retenue, peut-être. Par facétie, sans doute. Mais, s’il y a une chose qu’il ne peut cacher tant elle lui délie la langue, c’est la passion qu’il éprouve pour la musicalité du texte de Kafka. Cette passion est à l’origine même de l’adaptation dans laquelle il s’est lancé. Afin qu’elle trouve sa pleine expression, afin d’éviter aussi toute profanation, le musicien s’entoure très vite de deux auteurs avec lesquels il se sent des affinités créatives. Valère Novarina tout d’abord, dramaturge de la transfiguration qui ne touchera finalement pas à la nouvelle de l’écrivain tchèque, préférant proposer le prologue Je, tu, il, conçu comme un appel au premier acte. Emmanuel Moses, ensuite, qui deviendra son « maître en dialogues ». La transformation, le nœud de l’œuvre originale, n’en reste pas moins un défi, voire un écueil. Comment la traiter ? Ici, en tout cas, pas question de la représenter. Le public l’entendra grâce à l’hybridation informatique du chant de Fabrice di Falco, contre-ténor et interprète principal. Le résultat promet d’être my(s)t(h)ique ! / ❥

La Métamorphose 7>15.03, 20h (sf dim 16h), Lille, Opéra, de 5 à 31€, +33 820 48 90 00 Happy Day Métamorphoses, le 12.03, 12h>18h30, entrée libre



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texte ¬ Edlef Kowalyk photo ¬ David Darrault

Calais roule des mécaniques Chaque année, aux beaux jours, le Channel confie ses clefs et ses 40 000 m² à un collectif d'artistes. C'est au tour de La Machine, façonneurs d'imaginaire nantais, de bénéficier d'une carte blanche placée sous le signe de la mécanique et de l'émerveillement. Avec leurs 18 semi-remorques de bagages, les membres de La Machine (sous la direction de François Delarozière) préparent forcément quelque chose de grandiose. Ce collectif spécialisé dans le théâtre de rue ne ménage jamais ses effets. On se souvient de leur collaboration avec Royal Deluxe ou encore de cet extraordinaire éléphant géant venu des Indes (sculpture urbaine mécanique) à Nantes. On s'attend donc à voir débarquer ici des objets de spectacle atypiques. Cette année, La Machine assure très exceptionnellement la quasi totalité de la programmation. Un choix qu'explique Francis Peduzzi, directeur du Channel : « la proposition de François Delarozière était déjà tellement complète qu'il nous a paru anecdotique d'inviter d'autres compagnies ». Partie prenante d'une déambulation jubilatoire, les spectateurs prêteront ici yeux et oreilles à une drôle de Symphonie Mécanique pétrie de surprises. Ils activeront leurs cellules grises au labo, quand ils ne se repaîtront pas d'un merveilleux repas-spectacle orchestré par la loi des rouages (Dîner des petites mécaniques). Mais le clou du spectacle sera sans doute l'invitée, dont l'identité est gardée jalousement par l'équipe organisatrice... / ❥

Libertés de Séjour 12>26.03, Calais, Channel, hor. var., gratuit sauf Symphonies mécaniques (3€) et Le dîner des petites mécaniques (15€), +33 321 46 77 00. Programme complet sur www.lechannel.fr



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texte ¬ Louis Dieu photo ¬ Score © Xavier Boyer

Poétique des corps Curieux, pluriel et métissé. Voilà ce qui caractérise au mieux le 17e festival Les Repérages. Ces rencontres internationales de la jeune chorégraphie font la part belle aux échanges entre artistes d'origines et de sensibilités diverses. Avec un leitmotiv : révéler cette richesse au grand public. Les langages du corps sont-ils les mêmes d'un pays à l'autre ? C'est peut-être à cette question que Les Repérages ont voulu répondre : du Brésil à la Croatie, de la Finlande à l'Italie, le festival part à la découverte des chorégraphes de demain en présentant durant trois jours les productions de seize compagnies. Cet esprit d'ouverture, l'Israélien Yuval Pick l'a fait sien avec Score, présenté en ouverture à la Condition Publique. « J'ai recueilli les murmures de ma terre natale, raconte le chorégraphe, sondé l'ambiance de villages druzes, de fêtes juives et de quartiers arabes car les bruits façonnent la personnalité d'un endroit. » Par cette recherche électro-acoustique sur les langues qui le constituent, c'est notre propre identité que Yuval Pick interroge. Comme si célébrer l'intime appelait l'universel. « Mon propos n'est pas politique mais poétique, insiste-il. C'est un regard d'amour sur ce qui unit les gens de cette terre. » Sur scène, le trio recompose le miroir identitaire brisé via une mosaïque corporelle en équilibre instable. « L'asymétrie est centrale dans mon travail, admet Yuval, j'aborde les corps comme matière brute. » Et de conclure : « ce sont eux qui expriment la liberté ». / ❥

FESTIVAL Les Repérages 20>27.03, Roubaix (Condition Publique, Gymnase, CCN), Lille (maison Folie de Wazemmes), Charleroi (Charleroi/Danses, Ecurie, Ancre), 14/7€, pass 25€, +33 320 20 70 30 à voir / Score, Yuval Pick : 24.03, 20h30, Roubaix, Condition Publique



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texte ¬ Olivia Volpi - photo ¬ DR

texte ¬ Edlef Kowalyk - photo ¬ Christophe Leroy

Dé-sordres

Le Moche

Homme, femme ou… ? Et comment ? Et pourquoi ? L’association Rencontres Féministes vous invite cordialement, durant le festival Dé-sordres, à vous poser des questions sur ces normes de genre qui jalonnent la société. « C’est un projet à la fois politique et artistique », explique Sarah Elghazi. « Il y a un public militant qui n’est pas forcément sensibilisé avec la dimension artistique, le fait d’exprimer une idée par le biais de l’art. Et un public très friand de culture, pas nécessairement inscrit dans une réflexion politique. » C’est aussi un projet ambitieux, qui va de l’exploration photographique du soi à l’exposition performative de l’intime, du documentaire des années 70 à l’atelier « Drag king », en passant évidemment par des discussions enflammées sur ces sujets brûlants. Alors, on se les pose, ces questions ? /

Dans une société où la beauté est plus que jamais un critère de réussite, quelle place reste-t-il aux laids ? En s'emparant du texte mordant de Marius von Mayenburg, la compagnie BVZK s'attaque au despotisme qui formate nos identités. Ici le moche c'est Lette, un ingénieur brillant qui cède aux sirènes de la chirurgie esthétique pour avantager sa carrière. Le résultat correspond tellement aux canons de la beauté que tout le monde réclame le même visage. Les clones fleurissent alors dans la rue... Mis en scène par Nora Granovsky, cet univers angoissant tire la science-fiction vers le cauchemar. Un trouble renforcé par de constants changements de rôles (4 comédiens pour huit personnages). La scénographie, minimaliste, soutenue par une lumière remarquable sert le rythme de la pièce. Un spectacle impressionnant ! /

3.03, Femmeuse-action#24, performance revigorante de Cécile Proust, Lille, MFW, 21h // dès 4.04, expo photo, Lille, MFW // 13.03, La jeune fille et la morve, 19h, Roubaix, Oiseau-Mouche... Prog. sur rencontresfeministes.over-blog.org

30.03>2.04, 20h30, sf jeu 19h, Lille, Théâtre de la Verrière, de 10 à 14€, +33 320 54 96 75



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agenda Rêve d'automne © Pascal Victor, ArtComArt

Demain

Rêve d'Automne

8.03 & 18>19.03

Chor. M.Noiret

Variation autour de la 7e symphonie de Beethoven, Demain offre un solo puissant et introspectif sur le thème de la révolte. Comme à son habitude, la danse appartient à un système rigoureux, où corps, vidéo, lumières et musique interagissent et se répondent. Cette fois, Michèle Noiret évoque son vécu, les réflexions qui la traversent, ajoutant ainsi la voix aux matériaux habituels de ses compositions. ❥ 8.03, 20h30, Douai, Hippodrome, de 9 à 22 €, +33 327 99 66 66

❥ 18&19.03, 20h15, Liège, Caserne Fonck, 9 à 18€, +32 4 342 00 00

Shitz 8>12.03

k-Rush © Attila Glazer

H. Levin / C. Moyer

Dans la lignée de ses cabarets satiriques, Hanokh Levin dépeint ici une famille gangrenée par l'individualisme à travers un ensemble de saynètes acides entrecoupées de chansons. Père avare et arriviste, mère rêvant d'Amérique et fille boulimique pressée de s'enfuir avec le premier venu, les Shitz atteignent d'indécents sommets de cupidité et d'égoïsme. Critique féroce, la pièce épingle l'hypocrisie et le consumérisme moderne. Et Christophe Moyer d'accentuer encore sa portée politique. ❥ 20h, Béthune, Comédie de Béthune, 7 à 18€, +33 321 63 29 19

8>18.03

J. Fosse / P. Chéreau

Jouée à guichets fermés à Paris, cette pièce du Norvégien Jon Fosse rassemble vivants et morts dans un cimetière. Ou plutôt un musée. Car Patrice Chéreau a créé cette pièce pour le Louvre avant de l'adapter aux planches. Dans ce temple du passé, l'on découvre un homme et une femme dont l'amour ne s'est jamais éteint. Ménageant le trouble (lequel des deux est décédé ?) et un large panel d'émotions, Valeria Bruni-Tedeschi et Pascal Greggory incarnent magnifiquement ce couple. Faites vite, les places sont déjà rares ! ❥ 20h, sf jeu 19h & dim 16h, Lille, Théâtre du Nord, de 10 à 23€, + 33 320 14 24 24

K.Rush 9 & 10.03

P. Frenàk

Gestes puissants et frénétiques, violence crue, K.Rush réunit tous les ingrédients d'un bon Pal Frenàk. Dans cette nouvelle création, le chorégraphe hongrois décortique la dynamique de la course en voiture jusqu'à l'inévitable collision. Le tout, à la manière d'un film. Sur la route, dans de rutilantes américaines, les passions humaines se déchaînent, dans une transe virtuose que l'on traverse à 200 kilomètres heure. ❥ 20h sf jeu 19h, Vill. d'Ascq, Rose des vents, de 16 à 20€, + 33 320 61 96 96



théâtre & danse |

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agenda Nebbia © Valerie Remise

Le Chant des sirènes © Huma Rosentalski

Comédie sur un quai de gare

Le Chant des sirènes 10&11.03

C. Orain

Après son Strip-tease olé-olé, Cédric Orain nous confronte aux voix aguicheuses des sirènes. S'inspirant des textes de Pascal Quignard, le spectacle effeuille cette fois le pouvoir parfois néfaste de la musique qui « saisit les âmes et les somme d'obéir ». Entre théâtre et récital, mythologies et anecdotes personnelles, trois comédiens chantent sur scène, certes moins séduisants que leurs muses, mais tout aussi irrésistibles. ❥ 20h30, Vivat, Armentières, 18/13/6€, + 33 320 77 18 77

Nebbia 12>13.03 & 17>19.03 Cirque E loize / T eatro Sunil

Après l'éblouissant Rain, le dernier volet de la Trilogie du Ciel arrive enfin dans nos contrées ! Véritable petit bijou de poésie et de virtuosité, ce nouveau spectacle du Cirque E loize nous entraine dans un univers onirique où règne la Nebbia (Brouillard en italien). Avec leur airs de burlesque des années 1930, les Canadiens nous offrent une suite d'images d'une beauté rare entre grâce et précision technique. Jubilatoire ! ❥ 20h30, sauf jeu 19h00, Dunkerque, BateauFeu, 18 à 22€, + 33 328 51 40 40

❥ 20h30, sauf dim 15h00, Roubaix, Colisée, de 8 à 32€, + 33 320 24 07 07

11&12.03

S. Beckett/cie BVZK

Cette pièce sur l'amour, la filiation mais surtout la solitude existentielle a fait l'objet d'un traitement scénographique volontairement léger pour coller aux impératifs d'une tournée itinérante. L'univers sonore, lui, est particulièrement soigné. En quelques bruits, l'ambiance du quai de gare est restituée. Simone, speakerine plus vraie que nature, ponctue avec humour ce huis clos loufoque... Ceux qui aiment prendront le train. ❥ 11.03, Courrières, Médiathèque 12.03, Carvin, Centre Effel

La mégère à peu près apprivoisée 18>19.03 A. Michalik

Voici sans doute l'une des œuvres les moins jouées du grand Shakespeare. La faute peut être à son interminable monologue final ou à son côté franchement sexiste. Qu'à cela ne tienne ! Les trublions de la compagnie Los figaros ont offert un sacré lifting au texte pour rétablir franchement la parité et le transformer en véritable bombe d'euphorisation massive. On brûle d'impatience ! ❥ 20h30, sf jeu 19h30, Tourcoing, La Virgule, de 14 à 18€, +33 320 27 13 63



théâtre & danse |

82

agenda Daddy © John Hogg

L'orchestre perdu

Daddy... 19&20.03

Festival XS, Ayelen Parolin © Kosi Hidama

Chor. R. Orlin

Des townships de Johannesbourg où elle enseigna la danse jusqu'à la prestigieuse scène de l'Opéra de Paris, Robyn Orlin a imposé ses idées et ses titres à rallonge. Daddy, I've seen this piece six times before and I still don't know why they are hurting each other... en est la parfaite illustration. Condition de la femme, racisme, clichés sur l'Afrique et snobisme artistique sont détournés avec dérision. Et sur scène, de prétentieux cygnes blancs roulent le ballet classique et l'Afrique post-apartheid dans la farine. ❥ 20h, sf dim 16h, Lille, Opéra, de 5 à 21€, + 33 820 48 90 00

Festival XS

25&26.03

C. Huysman

Une mère et sa fille, un soldat et un rescapé, un assassin et une victime : ces personnages que tout oppose ont en commun de vivre et de raconter la guerre, la lutte pour le pouvoir, la déshumanisation du monde. à travers trois pièces très différentes (de la tragédie au vaudeville), mais toujours dans un décor minimaliste fait de rideaux, Christophe Huysman explore la notion d'espoir qui subsiste en nous face à l'adversité. ❥ 20h, Valenciennes, Le Phénix, de 13 à 16€, + 33 327 32 32 32

Focus Defoort / Goerger / Fournet

24>26.03

29.03>2.04 A. Defoort / H. Goerger / J. Fournet

« Les grands soirs des petites formes » : pendant un week-end, 17 compagnies belges (Peeping Tom, Th. Smits, F. Bloch, Union Suspecte...) se relaient au Théâtre National pour y présenter des spectacles de 5 à 20 minutes. Du monde étrange de Kathy Acker (Black Tarentula), aux marionnettes du Tof Theatre en passant par la danse minimaliste de Louise Vanneste, les performances s'enchaînent dans un jouissif speed dating théâtral. ❥ Bruxelles, Théâtre National, pass 1j 10€/ 3j

Si trois personnes devaient incarner l'expression « gais lurons », ce seraient sans doute Antoine Defoort, Halory Goerger et Julien Fournet. Leur créneau ? L'absurde, un comique relevé de folie, avec une bonne dose de bricolages d'informatique et de science-fiction. Combats « de câbles et d’épée », gestes en 8-bits, football 4.0, concert avec des plantes ou de flûte à bec avec le nez (Cheval,Indigence=Elégance et &...) : une bonne occasion de s'aérer le disque dur ! ❥ 20h30, Bruxelles, Théâtre les Tanneurs,

16€, +32 2 203 53 03

de 7,5 à 10 €, +32 2 512 17 84



littérature |

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Enquêtes de sens

texte ¬ Florent Delval photo ¬ James Ellroy © Philippe Matsas / Opale / editions Payot Rivages

Il est là dans le vestibule de l’hôtel, presque jovial. L’atmosphère est détendue, loin de ce que l’attachée de presse avait promis : « Vous allez voir, il répond à peine aux questions ». Rencontre avec un écrivain populaire mais intransigeant, à l’occasion de la sortie d’un essai autobiographique, La malédiction Hilliker : James Ellroy. Avant de rencontrer James Ellroy, on imagine un tas de choses. Il y a tout d’abord le misanthrope qui joue au génie mégalo devant des journalistes pressés. Mais, derrière ce masque médiatique, on sait qu’on trouvera aussi le visage torturé du peintre d’une Amérique malade. En guise de paysages : les bureaux des politiciens corrompus, les couloirs de la CIA et les scènes de crimes. Son regard est hanté par une société dont il traque les plus obscurs travers. Pourtant, il sait que l’essentiel lui échappera toujours : il ne retrouvera jamais l’assassin de sa mère… pas plus que sa mère elle-même, Jean Hilliker. Pire encore : à force de réécriture, le souvenir s’efface. « à l’intérieur de moi, son statut

a radicalement changé : elle est devenue un personnage ». Leitmotiv romanesque (Le Dahlia Noir), ou sujet d’enquête exhaustive (Ma part d’ombre), ce traumatisme initial influença sa vie et plus particulièrement ses rapports amoureux. Dans chaque roman, ses relations successives deviennent des personnages qui sont autant d’incarnations potentielles de la défunte. Mais James Ellroy est un prosaïque. Pas la peine de l’entraîner sur le terrain de l’interprétation psychologique. Il veut uniquement des faits. Je suis un historien « J’engage des chercheurs qui compilent des feuilles d’événements et qui établissent des chronologies. Cela m’évite >


«

Le monde qu'il dépeint est le théâtre d'une décadence politique et culturelle.

»


littérature |

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❖ Les femmes, variations de la figure maternelle, sont au cœur de l'œuvre d'Ellroy. Ici, Le Dahlia Noir et L.A. Confidential, adaptés au cinéma.

de commettre des erreurs factuelles. Je détermine l’époque, les lieux, quelques évènements, le passage de l’histoire que je veux dépeindre mais je ne connais pas les détails. Ils les mettent en place pour moi. Je lis toutes ces feuilles pour d'écrire de manière convaincante ces périodes que je n’ai jamais vécues ». Il y a chez Ellroy un souci de la vérité, typique de la littérature américaine. Si on le relève, il esquive : « Je ne suis pas assez éduqué pour pouvoir comparer. » Toutefois, contrairement à ce qu’il prétend, il n’est pas coupé du monde des lettres et se reconnaît même dans certains de ses contemporains. « Je partage la vision de Mr William Vollmann. Je suis à la recherche de la vérité et de la beauté. ❥

La vérité pour moi est ce qui motive les être humains au plus profond d’euxmêmes. ». Le maître du roman noir ne cache pas son conservatisme. Attaché aux valeurs d’une Amérique mythique, il déteste notre monde actuel comme les années qu’il dépeint sont pour lui le théâtre d'une décadence politique et culturelle. « Je méprise le rock’n’roll. Je suis un historien. Et pour moi le rock est vraiment un aspect mineur des états-Unis des années 60. Je n’éprouve donc pas le besoin d’en parler. » déclare-t-il par exemple. C’est donc en toute logique qu’il remontera à nouveau le temps pour composer sa prochaine grande saga. Un second L.A. Quartet, qui se déroule à Los Angeles durant la Seconde Guerre Mondiale. /

La Malédiction Hilliker, éd. Payot & Rivages, 288 pages, 20e



livres |

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Anthologie du graphisme B. Gomez-Palacio, A. Vit | Éd. Pyramyd Cette anthologie s'adresse aux graphistes confirmés, mais vise aussi un large public de néophytes et artistes en quête de vocation. Avec quelque quatre cents entrées et de très nombreuses illustrations, les prétentions de cet ouvrage sont multiples. D'abord embrasser, au niveau international et sur un siècle, l'histoire de cette discipline artistique. Mais aussi, pêle-mêle : offrir un précis technique (grille, composition, hiérarchie, couleurs, typos, impression, finitions...), balayer les divers champs d'application du graphisme et lister les incontournables livres, écoles, critiques, musées et figures du métier. Le chantier est à ce point pharaonique que les éditeurs annoncent déjà un tome 2. Chaque entrée ou pays mériterait à lui seul une analyse beaucoup plus poussée voire un ouvrage complet. Malgré ses 400 pages, cette anthologie est loin d'être exhaustive. Mais était-ce réellement son objectif ? Pyramyd propose ici une synthèse très fonctionnelle : textes brefs et descriptifs, définitions clés, chronologies, shémas... Une petite bible qui ne manquera pas d'élargir votre palette (graphique) ! 400p., 45€. Lucile Olauré

Ma Vie De Garçon Fabio Viscogliosi | Éd. Attila Dans un no man’s land aux propriétés physiques vertigineuses, un jeune hydrocéphale en sous-vêtements et socquettes se heurte à une réalité mouvante. Ainsi nous apparaît la Vie de Garçon de Fabio Viscogliosi, passionnant touche-à-tout (musicien, plasticien, auteur de romans et de livres illustrés). à l’onirisme du dessin répond l’ironie de l’épigramme : brève confession ; aveu sibyllin. Dans ce décalage accueillant peuvent tour à tour éclore la mélancolie, le burlesque, le merveilleux. Ce récit (autobio)graphique suggère une mue, hors du temps. Sa réédition augmentée (l’ouvrage était paru au Seuil en 2003) dévoile un épilogue inédit, plus explicite : l’horizon ne se dégagera qu'au prix d’un sacrifice ; celui de l’image. L’enchantement, lui, persistera. 128 p., 16e. Manuel Plaza


chroniques Ward ( 1er-2e siècle)

UN MEUBLÉ DANS LA PÉNOMBRE

Frédéric Werst | Éd. Seuil

Nelson Algren | Éd. 13e Note

Soient une langue ancienne, mais imaginaire, le « Ward », et son traducteur, Frédéric Werst. La traduction n’est qu’une proposition : une grammaire et un lexique en fin d’ouvrage permettent de l’améliorer. « Une langue n’est pas seulement un système de signes, c’est un système de valeurs ; et ce n’est pas une vision du monde, c’est une production de monde ». Ici, la production est totale et prend la forme d’une anthologie de textes médicaux, philosophiques, historiques, politiques, poétiques. à travers ce travail que l’on devine titanesque, se développe une réflexion sur l’évolution et la disparition des langues, des cultures, du sens de la vie. Une aventure ambitieuse et hallucinée dont on attend la suite avec impatience. 410p., 22€. Paul Carra

Nelson Algren est de ses écrivains qui font la beauté de la littérature. Engagé, s’étant entièrement rangé du « côté des perdants », il n’a jamais failli au devoir qu’il s’était assigné : réhabiliter les laissés-pour-compte, les bannis, les honnis, leur donner enfin leurs lettres de noblesse. Un meublé dans la pénombre en est la preuve éclatante. Recueil inespéré mêlant poèmes, essais, reportages et ébauches prometteuses du Piège, un roman inachevé, il foisonne de personnages pittoresques. Il nous donne à voir un Chicago disparu, celui des combinards de génie, des prostituées généreuses et des drogués magnifiques. Sa poésie devient alors un manifeste qui nous révèle leur grandeur. 416 p., 19€. Faustine Bigeast

Le Dernier Stade De La Soif Frederick Exley | Éd. Monsieur Toussaint Louverture Ce titre renvoie de façon pavlovienne à d’autres grands buveurs - Charles Bukowski ou Alexis Violet. Fausse route : l’alcool irrigue cette autobiographie déguisée mais son auteur dessine, en creux, le portrait d’une génération crevant d’échapper à un American way of life pointé comme seul horizon, et croulant sous le poids de figures tutélaires (ici un père idéalisé, là-bas un sportif acclamé) auxquelles on s’accroche pourtant. Exley, disparu en 1992, signe un roman âpre et douloureux, qui secoue le lecteur et le renvoie à sa propre médiocrité. Relevé par une ironie mordante, Le Dernier Stade... reste un classique US trop méconnu, sauvé de l’oubli par une maison d’édition qui soigne le détail - on tenait à le préciser. 448p., 23e. Thibaut Allemand


disques |

90

The Shoes Crack my Bones | Green United Music / PIAS Avant, Guillaume Brière et Benjamin Lebeau jouaient du rock sous la bannière de The Film. Ne sachant plus trop sur quel pied danser, ils sont devenus The Shoes en 2008 pour balancer une électro-pop qui marche toujours très fort. Voici Crack my Bones, leur premier album, dont l’écoute requiert cirage, embauchoirs et une sacrée collection de pompes. Des baskets pour Investigator, morceau d’ouverture discrètement dansant. Des souliers vernis pour le groovy Wolf under the Moon : c’est la moindre des choses, Gonzales est au piano tandis que The Bewitched Hands font les choristes. Avec Cliché, on enfile ses escarpins à talons aiguilles (oui, vous aussi messieurs), en l’honneur de l’électro-pop Cock’n Bull Kid, qui allège, avec une voix claire, la basse un peu dark de ce morceau entêtant. Changement de rythme : exit les escarpins, chaussons des bottes militaro-majorettes pour l’enthousiasmant Time to dance, porté par un chœur de pom-pom girls qui envoient un « T-I, M-E-T-O-D, A-N, C in the city » à faire remuer les popotins les plus récalcitrants. Fin de soirée, sortie de club : on s’assied sur le trottoir, les tatanes autour du cou, on se laisse doucement bercer par la pop mélancolique de Crack my bones, en se disant qu’on ne tardera pas à trouver chaussure à son pied. Olivia Volpi

TORO Y MOI Underneath the Pine | Carpark Records Chazwick Bundick (alias Toro Y Moi), le dit lui-même : il ne s'est jamais senti à l'aise avec l'étiquette « chillwave ». Résultat, l'Américain amorce un virage résolument pop sur ce deuxième album, à grand renfort de batterie (Good Hold) et de guitare acoustique (Before I'm Done) là où s'étiraient auparavant des nappes sonores interminables (Blessa) et des beats hâchés (Talamak). à peine un an s'est écoulé depuis la sortie de Causers of This. Peut-être aurait-il fallu prendre plus son temps ? Car malgré quelques titres planants (Divina) qui témoignent d'une production toujours maîtrisée, son nouvel opus présente un encéphalogramme désespérément plat. On s'y intéresse, un peu, puis on finit par s'ennuyer, beaucoup. Allez Chaz, au suivant ! Olivier Clairouin


chroniques KEREN ANN

MUNK

101 | Delabel/EMI

The bird and the beat | Module

Peu sensible à ses premiers essais francophones, on avait (re)découvert Keren Ann avec Not Going Anywhere (2003), dans lequel la belle se laissait aller à de langoureuses ballades mélancoliques. Un charme décuplé par un éponyme album velvetien paru en 2007. Aussi brillants soient-ils, ces disques sont bien peu de choses comparés à 101, véritable chef d’œuvre de Keren Ann Zeidel. Délaissant les contingences de la volupté, la voyageuse sans attaches signe des chansons sensibles mais nerveuses, amoureuses (parfois) mais lucides (toujours). D’un renversant single crypto-disco (My Name Is Trouble) aux volutes glaciales de Strange Weather, Keren Ann surprend, déroute et détonne dans une scène française bien trop petite pour elle. Alain Allanic

« You're not alone in the disco, baby ! ». Le label allemand Gomma annonce la couleur avec une nonchalance qui laisse penser que son équipe travaille en short en rollers devant une Playstation. D'ailleurs, c'est tellement détendu dans ces bureaux que les patrons prennent eux-mêmes le temps d'enregistrer des disques. ça s'appelle Munk, et leur prochaine livraison, The Bird And The Beat n'hésite pas à déterrer des boucles synthétiques perdues dans les années 90. Leurs titres vantent un hédonisme naïf, bon enfant, irrésistible. Tout aussi rafraichissants que nos souvenirs liés aux rondelles Pogs© ou à nos précieuses cartes Magic© ! Allez hop ! Tous en short au Peach Pit de Beverly Hills et on playliste : La Musica, Keep My Secret ou Rue de Rome ! Mathieu Dauchy

MOGWAI Hardcore will never die, but you will|Rock Action Les écossais de Mogwai n’avaient rien publié depuis le décevant The Hawk Is Howling (2008) et autant dire qu'on ne les attendait plus vraiment au tournant. Cela fait un bail qu’on baille : depuis Rock Action (2001), bref une petite éternité… Pas évident de renouveler le post-rock, ce genre instrumental qui utilise la stagnation comme figure de style. Alors, quoi de neuf chez Mogwai ? Rien du tout, ou presque : Mexican grand prix surprend un minimum avec son rythme roboratif, limite kraut, et Letters to the Metro ressemble à du Sophia sans les lyrics kleenex. Ailleurs, on retrouve du Mogwai classique voire old school (à cause de la production de Paul Savage, comme sur Young Team en 97 ?), bref du bon Mogwai - mais sans aucune surprise. Et les Gremlins ils déboulent quand ? Grégory Escouflaire


agenda |

92

concerts Mar 01.03 Sea of Bees Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e Efterklang Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/13e The Pains of being pure at heart + Dj Pacman 77 Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10e Hurts Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, complet An Pierle and White Velvet Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 20/16e

Mer 02.03 Métamorphoses Baroques Lille, Opéra, 18h, 8/5e Hooverphonic + Triggerfinger Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc Cloud Control Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e Spokes Gand, Cafe Video, 21h, nc

Jeu 03.03 Kim Novak Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e The Buttshakers + Leo’s Trio Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e Christian Mendoza Group Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 14/10e Les Rois de la Suède Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e The Bewitched Hands Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e Chali 2na + Jayfly Muzziq Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e Stranded Horse + Hoquets

Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6e The Dissidents Lille, Le Biplan, 22h, grat Joan Baez + Vannoo + Louis Corleone + Fab Irwin Lille, Kiosk, 23h, grat

Sam 05.03 Wir Sind Helden Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e Mona Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e

Ven 04.03

Love Amongst Ruin Lille, La Péniche, 20h, 8e

Château Brutal Lille, Gare Saint-Sauveur, 19h, grat

Big Panda + Break the cave Lille, La Rumeur, 20h, 4e

A Brand +The Galacticos Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 16/14,50e

Love Amongst Ruin Lille, La Péniche, 20h, 8e

Tony Joe White Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 22/18e Nostalgia 77 + Hidden Orchestra + Sir Lobster Courtrai, De Kreun, 20h, 12/10e Stromae Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, complet Karaocake +La Féline Lille, La Péniche, 20h, 10e Bertrand Belin + Severin Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 14e Boduf Songs + Low Vertical Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/6e Splash Wave + Ô Superman Lille, La Malterie, 20h, 7e Afu-ra +Dj Stamiff + Saknes Lille, Artefact Café, 21h, 10/9e Danakil + Systema Solar Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 21h, 8/6e Baz Art A Nanas Lille, Le Biplan, 22h, 5e Cocoon Label Night : Joris Voorn + Tofke + Deltano Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, 12e Hubert Birthday : Hubert + Nils + Devty Lille, Kiosk, 23h, 5e

Blues Zoulous Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, grat Moodymann + Tomaz + Red D Louvain, Silo, 21h, 10e Ridoo Gand, Cafe Video, 21h, nc Dj Stamiff Lille, Le Modjo, 21h, grat The Hundred in the Hands Bruxelles, Libertine Supersport, 22h, 12/5e The Postits + June Bug Lille, Le Biplan, 22h, 7/5e Fabio.F + Grooverider Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 18/15e Hey Today ! + Mr. Magnetik Anvers, Petrol, 23h, 10/8e Fab’ s birthday : Soliman + PussySelektor + Mth Lille, Kiosk, 23h, 7e Peter van Hoesen + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 12/7e Chic Comme Chez Cois Gand, Culture Club, 23h, nc Broken Glass Heroes +The Black Box Revelation Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 12e

Dim 06.03 Karimouche


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

James Blunt Bruxelles, Forest National, 20h, 50/42e

Musth + Steak Number 8 Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e

Tall Ships Gand, Cafe Video, 21h, nc

Tony Melvil Liévin, Centre Culturel, 20h, nc

Bo Ningen Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e

Mer 09.03

Sonata Arctica + Labyrinth Anvers, Trix, 19h, 25/23e

Carnaval de fantômes Lille, Opéra, 18h, 8/5e

Pierrick Pedron Dunkerque, Jazz Club, 20h, 15/10e

Turbulence + Warrior King Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 25/22,50e

Tu Fawning + Kiss and Drive Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 5e

Saint-Saulve, MJC Espace Athena, 16h, 27/21e Tous voisins : Elisa Roz Lille, Maison Folie Moulins, 18h, grat

Hercules and Love Affair Bruxelles, Le Botanique, 20h, 21/18e Kiss the Anus of a Black Cat Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 10/7e Buffalo Tom Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e Mike Posner Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/13e Oh No ! Oh My ! Gand, Cafe Video, 21h, nc Paye Ton Schtreimeul Lille, Le Modjo, 21h, grat Dj Cosmic + Dj Krizz Gand, Culture Club, 23h, nc

Lun 07.03 Litfiba Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 35/32e Electric Wizard Anvers, Trix, 20h, 18/15e Fabian Simon Gand, Cafe Video, 21h, nc

Triggerfinger Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, nc, complet

L’oeil écoute : Duel de Steven Spielberg : Olivier Mellano Villeneuve d’Ascq, La Ferme d’en Haut, 20h, 6/4e Air Concert : Klakomaniak Lille, Le Modjo, 21h, grat

The Joy Formidable Bruxelles, Le Botanique, 20h, 21/18e

Ceux qui Marchent Debout + Boris Viande Arras, Théâtre d’Arras, 21h, 6e,

June and Lula Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 14/10e

Kid Koala Lille, L’Aéronef, 22h, 15/10e

Batalj + Mr Marcaille Lille, La Malterie, 20h, 7/5e The Mojo Filters Gand, Cafe Video, 21h, nc The Black’s Cadillac + Kimrise Lille, Le Biplan, 22h, 4,5e Free Moral Agents Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, grat

Jeu 10.03 Les Vulgaires Machins Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7,50e, NLF3 + Hub Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e

Duuub Gand, Decadance, 22h, nc Hlaime + Batignolles Lille, Le Biplan, 22h, 8e

Ven 11.03 Olivier Benoît Lille, Minor Place Records, 18h, nc La Mélodia + Thug Angel et 13Hor + Suppa Fly Dj’s Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc L’oeil écoute : Akosh & Gildas Etevenard Duo Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 8/6e The Aggrolites Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Jeanne Balibar + Buridane Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/6e

Mar 08.03

Gunter Carnaval + Leopold Skin Lille, La Péniche, 20h, 7e

Mulatu Astatke Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 22/19,50e

Gruff Rhys Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e

HK et Les Saltimbanks + Arsène Lupunk Trio Saint-Saulve, MJC Espace Athena, 20h, 27/21e,

K’s Choice Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, complet

Katy Perry Bruxelles, Forest National, 20h, 39e

Soledad Brothers + Reverend James Leg Diksmuide, Muziekclub 4AD,


agenda |

94

concerts 20h, 12/8e

Malraux, 19h, 13/9e

Tri Yann Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, nc

Lady Linn Courtrai, De Kreun, 20h, 15/13e

THE Swamp Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 12/8e Seth Gueko Wattrelos, La Boîte à Musique, 20h, 12e Pierrick Pedron Dunkerque, Jazz Club, 20h, 15/10e Léoparleur Béthune, Th. Le Poche, 20h, 7/5e Katia Vlerick Gand, Cafe Video, 21h, nc LeFtO + Kid Koala + Kode9 Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 16,50e Boris Viande Lille, Le Modjo, 21h, grat The Elderberries Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 10/7e Secret Cinema + joachim + Prinz + âme Louvain, Silo, 21h, 10e

Triggerfinger Anvers, Trix, 20h, 23/20e Selah Sue Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 21/18e

Arsene Lapin Lille, Le Biplan, 17h, grat Reveille Lille, La Péniche, 18h, 7e Gone Bald + Poino Bruxelles, Magasin 4, 19h, 6e Decemberists Anvers, Trix, 19h, 21/18e

ONL Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20e

The Bony King Of Nowhere Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 12/9e

The Monochrome Set + JFG and The Regulars Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e

Selah Sue Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 18e

Irma Lille, La Péniche, 20h, 8e

The Aggrolites Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 21/19,50e

Sanseverino Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, 24/20e Pierrick Pedron Dunkerque, Jazz Club, 20h, nc Amikal Sonic Lille, Le Modjo, 21h, grat Seth Gueko + Ph Clan Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 9/6e

Lun 14.03 KT Tunstall Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 29/26e Royal Republic Lille, La Péniche, 20h, 8e Please Me Gand, Cafe Video, 21h, nc

Anja Schneider + Heidi Louvain, Silo, 21h, 10e

Carus Thompson Lille, Le Biplan, 21h, 5e

The Head Shakers Roubaix, Bar Live, 21h, nc

Mar 15.03

Face à la Mer Lille, Le Biplan, 22h, 7/5e

Ben L’Oncle Soul Lille, L’Aéronef, 20h, 25,30e

Laurent Garnier + Scan X Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, 18e

Agoria Bruxelles, Libertine Supersport, 22h, 12/5e

Abd Al Malik Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e

Kavinsky + Paul Chambers Gand, Culture Club, 23h, 10/8e

DJ Chic Gand, Culture Club, 23h, nc

Oy! Oy! Trio Lille, Le Biplan, 21h, grat

Cesare + Disorder Lille, Kiosk, 23h, 7e

dÉbruit + Dj Aziz Lille, Kiosk, 23h, 8/5e

Mer 16.03

Sam 12.03

Tiefschwarz + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e

Dans le salon de Mondonville Lille, Opéra, 18h, 8/5e

Dim 13.03

Sons of Otis + Beehoover + Zippo Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e

DJ Vadim Presents : The Electric + Young Fathers Lille, L’Aéronef, 22h, 15/10e El Manos Lille, Le Biplan, 22h, 5e

Didier Laloy + Perry Rose Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 18/15e The Bilbocks + Lena Deluxe + Shiko Shiko + Beat Torrent Hazebrouck , Centre André

L’Orchestre d’improvisation éphémère : Olivier Benoît Lille, La Malterie, 16h, grat

Tina Dico Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/13e


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Yael Naim Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 30,20e The Bony King Of Nowhere Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e Madjo Lille, Splendid, 20h, 19e Young Rebel Set Gand, Cafe Video, 21h, nc Aymerick Lille, Le Biplan, 22h, 5e

Jeu 17.03 Peter Orins Lille, Café le Ici, 18h, nc Woods Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 5e LA Familya + Mister Aya Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e Mademoiselle K Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17,60e Epica Lille, Splendid, 20h, 26e Yael Naim Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 33/30e Charles Pasi Lille, La Péniche, 20h, 8e Syd Matters Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 13/10e Dark Dark Dark + Faustine Seilman Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/6e

Hellemmes , Salle Coget, 19h, nc Beethoven Wagner Strauss Franck avec ONL Lille, Nouveau Siècle, 19h, 30/6e Mogwai + Rm Hubbert Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e Melingo Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e Eric Davidson Courtrai, De Kreun, 20h, 10/8e

William Schotte Cambrai, Le Garage Café, 20h, 6e Gang of Four Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16e Lydia Lunch and the big sexy noise + Zëro Bruxelles, Magasin 4, 20h, 16/13e

Zora +Le Pied de la Pompe Saint-Saulve, MJC Espace Athena, 20h, 27/21e

IamX Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e

Lynx Lynx + Mayo Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, grat

Cosmo Soloriens And The Cosmo Drama Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 14/10e

Jarring Effects + Kaly Live Dub + Brain Damage + Uzul Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 16/13e Camille Bazbaz Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Gogol 1er Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 10e Guerilla Poubelle Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 10/7e lionel melka Lille, Le Biplan, 22h, 6e Derrick Carter Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, nc Climaxx + missNoa Lille, Kiosk, 23h, 5e

Mth + Czeski Lille, Kiosk, 23h, grat

Ven 18.03

Sam 19.03

Overkill + Destruction Anvers, Trix, 19h, 26/23e

Jean-Jacques Milteau Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20e

Sébastien Beaumont

Warriorz + Rustie Courtrai, De Kreun, 20h, 13/11e

Les Misters des Voix Picardes Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 12/8e

meneo + Ben et Bene + Buskerdroid + Microman + Computer Truck + Vj RealMyop Lille, Tripostal, 23h, 9,70e

Café para Dos Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e

Puggy Lille, Splendid, 20h, 26e

Les Beaux jours du Studio 125 Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, nc Belle du Berry + TAJ Saint-Saulve, MJC Espace Athena, 20h, 27/21e Rythm And Pleasur Lille, Le Modjo, 21h, grat Dj Das Gand, Cafe Video, 21h, nc Azari et III + Black Van + Mickey + Guy-Ohm Bruxelles, Libertine Supersport, 22h, 12/5e Velocity Bird + Duellum Lille, Le Biplan, 22h, 5e Hernan Cattaneo Anvers, Le Café d’Anvers, 22h, 20/15e Dj Sake Gand, Culture Club, 23h, nc Scuba + Kuedo + Jamie Vex’d Lille, Tripostal, 23h, 9,7e Dr Lektroluv + Spacid Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 16/13e Pan Pot + Deg


agenda |

96

concerts Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e Guestarach + James Bacon Lille, Kiosk, 23h, 7e

Dim 20.03 Damien robitaille Caudry, Pôle Scènes mitoyennes, 15h, 23/17e Ben L’Oncle Soul Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 16h, 22/20e Hjaltalin + We are the Birds Lille, L’Aéronef, 18h, 12/6e Jean Louis Costes Bruxelles, Magasin 4, 20h, 6e Lady Linn Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e

Lun 21.03

Grands Motets Lille, Opéra, 20h, 31/16e

La Louvière, Centre Culturel Régional du Centre, 20h, nc

White Lies Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, complet

Soirée Club Sandwich : Écran Total Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 5/3e

Slayer + Megadeth Bruxelles, Forest National, 20h, 49e

Jeu 24.03 Overmars + Binaire Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e Yevgueni Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/10e Troy Von Balthazar Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e Brune + Brigitte Lille, Splendid, 20h, 22e Low VerticaL Leuven, Stuk, 20h, 10/8e

Seefeel Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e Les Tambours du Bronx Armentières, Le Vivat, 20h, 25e Kelpe + Two Left Ears Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/6e Scorn + Submerged + Enduser + Junior Market Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 12/8e Brigitte Saint-Saulve, MJC Espace Athena, 20h, 27/21e

Les Tais Rien ! Lille, Le Modjo, 21h, grat

Green Vaughan + Irma Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7/5e

Allo Darlin’ Leuven, Stuk, 20h, 5e

Lord Zeljko + Selector D-Day Lille, Kiosk, 23h, 5e

Booka Shade + Darko Louvain, Silo, 21h, grat

Mar 22.03

Ven 25.03

Grands Motets Lille, Opéra, 20h, 31/16e

Akro Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e

The Ghost of a Thousand Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 9/6e

Puggy Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, complet

Sophie Hunger Bruxelles, Le Botanique, 20h, 15/12e Beady Eye Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, complet

Charles Aznavour Bruxelles, Forest National, 20h, 147/57e

We Are Animal Lille, La Malterie, 20h, 5e

Cassius +The Human League + Buraka Som Sistema + Crystal fighters + Aeroplane + Mustang Bruxelles, Tour & Taxis, 20h, 35e

Mer 23.03

Miyavi Lille, Splendid, 20h, 33e

The Go! Team Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/13e

Syd Matters + Troy Von Balthazar Namur, Théâtre Royal, 20h, 15e

Patrick Rondat + Willow Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e

Akouarioum Douai, L’Hippodrome, 20h, nc

Paul Sere Lille, La Péniche, 20h, 13e

Le Beau Chapiteau : Swing Gadjé

Nick + Dj Myno Gand, Decadance, 22h, nc Matt Walsh + Climaxx Lille, Kiosk, 23h, 9/7e

Sam 26.03 Eluveitie + Korpiklaani Anvers, Trix, 14h, 32/30e Charles Aznavour Bruxelles, Forest National, 20h, 147/57e Jacaszek + Peter Broderick + T.Raumschmiere + Shackleton + Headhunter + Ed & Kim Bruxelles, Bozar, 20h, 10/7e Bloodshot + Strike Back Bruxelles, Magasin 4, 20h, 7e Mogwai


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, complet

Norman Palm Gand, Cafe Video, 21h, nc

Joan Baez Lille, Nouveau Siècle, 20h, 69/49e

Lun 28.03

Dan Le Sac vs Scroobius Pip Bruxelles, Le Botanique, 20h, 15/12e

Anika Anvers, Trix, 19h, 13/10e

Gaetan Roussel Lille, L’Aéronef, 20h, 28,80e

Katerine Liévin, Centre Culturel, 20h, 25/22e

Le Beau Chapiteau : Tristan et Yseut La Louvière, Centre Culturel Régional du Centre, 20h, nc

Joy Amiens, La Lune des Pirates, 22h, nc

Macéo Parker Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 27/18e

Everything Everything Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e

Killerpilze + Copofty Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17,80e

Aloe Blacc Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 24/21e

DJ Hope Lille, Le Modjo, 21h, grat

Mar 29.03

M.E.Et.In.G + Gleizkrew Lille, La Malterie, 20h, 9/7e

Jean Paul Grouve Roubaix, Bar Live, 21h, nc Dj Lode Gand, Cafe Video, 21h, nc Michael Mayer + Jennifer Cardini + CoMa Louvain, Silo, 21h, 10e The Vibrators Lillers, L’Abattoir, 21h, 8/6e Isolée + Robag Wruhme Bruxelles, Libertine Supersport, 22h, 12/5e It’s a f*cking R*ckin Bottle Night ! Gand, Culture Club, 23h, nc Dj Pass +Dj Aziz Lille, Kiosk, 23h, 8e

Dim 27.03 Tous voisins : Bobik ou Sacha + Philippe Lenglet + Olivier Benoît Lille, Maison Folie Moulins, 14h, grat

Oud et instruments du Monde Lille, Maison Folie de Wazemmes, 19h, nc The Kills Anvers, Trix, 19h, 25/22e The Boxer Rebellion Bruxelles, Le Botanique, 20h, 15/9e Cercueil + Glasser + Anika Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e Ayo Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 33/30e True Live Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e Sanseverino Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 22/12e Marianne Faithfull Roubaix, Le Colisée, 20h, 45/41e

20h, 25/22e

Jeu 31.03 Bertrand Belin + Tony Melvil Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e Yevgueni Leuven, Het Depot, 19h, 19/16e Common Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 37/33,50e Selah Sue + Dez Mona Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e I Blame Coco Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/16e Uli Jon Roth + Electric Sun Lille, Splendid, 20h, 28e Jaga Jazzist Anvers, Trix, 20h, 17/14e Le Beau Chapiteau : Sanseverino La Louvière, Centre Culturel Régional du Centre, 20h, nc Miyavi Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/13e Les Fatals Picards +Les Rois de la Suède Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 20/17e

Mer 30.03

Chocolate Genius Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e

Hortensia du Samba Lille, L’Aéronef, 18h, 8/4e

Turquie l’art du Ney Lille, Opéra, 18h, 8/5e

Laure Chailloux + Louis Bronx Lille, Maison Folie Moulins, 20h, grat

Marianne Faithfull Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 21h, 12/10e

The Twilight Singers Bruxelles, L’Ancienne Belgique,

The Bony King Of Nowhere Leuven, Het Depot, 19h, 14/12e

Albin de la Simone Amiens, La Lune des Pirates, 22h, nc


le mot de la fin |

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Martin Vidberg, dessinateur et scénariste, passe l'actualité au crible de son humour. Connu pour son blog « l'actu en patates » il nous fait le plaisir de clore le magazine par une planche qui n'arrondit pas forcément les angles. à visiter / vidberg.blog.lemonde.fr, www.martinvidberg.com - à lire / Perdus sur l'île déserte, éd. Diantre Eds




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