let'smotiv nord et belgique n° 67

Page 1

n째67 / octobre 2011 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines





Sommaire

Africa America © Philippe Guionie // Elektro Kif © Laurent Paillier // Portfolio © Alex Trochut

Let’smotiv - octobre 2011 - #67

08 News Yayoi Kusama, la piscine de Roubaix, un unijambiste en cavale, les

12 Rencontre Didier Varrod : radio-activités

baskets de Marty McFly…

16 Reportage Africa-America : Histoire transatlantique 24 Portfolio Alex Trochut imprime sa touche

30 Musique Festival Ground Zero, Apparat, Tourcoing Jazz, SBTRKT, Poulpaphone, Sonic City, Dez Mona, Les Inrocks…

44 Cinéma Fest. 2 Valenciennes, Giorgio Moroder, Hors Satan, Octobre à Paris…

50 Évènement Europalia Brasil 56 Expositions Van Beirendonck, Lanskoy, Collector, Les Mécaniques Poétiques, Le Modèle a bougé, Le Louvre à Béthune… Agenda

70 Théâtre Ubu, Le Bruit des os qui craquent, Les Âmes mortes, Une Société de services, The Rake’s progress, Sortir du corps, Le Boulon… Agenda

86 Littérature Le Centre Régional du Livre et des Lettres

88 Livres Dan Simmons, Lydia Lunch, François Bégaudeau, Jiro Taniguchi &

90 Disques CANT, Joakim, Rodriguez Jr, M83, Future Islands…

Baku Yumemakura, Alessandro Piperno

92 Agenda concerts

98 Le mot de la fin Mark Jenkins : un dernier scotch pour la route


Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07

redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Thibaut Allemand redaction.nord@letsmotiv.com GraphisME : Cécile Fauré - Christophe Gentillon Publicité: pub.nord@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° :

Beague François-Xavier, Bertin Marc, Bigeast Faustine, Briant-Froidure Bénédicte, Carra Paul, Dauchy Mathieu, De Point-Zéro Antoine, Delcourt Maxime, Delval Florent, Delvallez Cédric, Escouflaire Grégory, Guionie Philippe, Jenkins Mark, Lafontan Carole, Lounas Hakima, Nieuwjaer Raphaël, Oliver Judith (bon voyage !), Pontevo Paolo, Saez Capucine, Trespallé Nicolas, Trochut Alex

Couverture : Alex Trochut, www.alextrochut.com diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

www.letsmotiv.com Let'smotiv Bordeaux

Let’smotiv Méditerranée

Let’smotiv Bruxelles

Let’smotiv Toulouse

9 rue André Darbon - 33300 Bordeaux Tél : +33 524 07 80 43 redaction.bordeaux@letsmotiv.com Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com

BP 2172 - 34027 Montpellier Cedex 1 Tél : +33 953 02 46 96 redaction.med@letsmotiv.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 redaction.tlse@letsmotiv.com

Let’smotiv est une publication d’Urban Press, www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 - info@urban-press.com Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc Rédacteur en chef : Nicolas Pattou RédactEURS en chef adjointS : Léa Daniel - Thibaut Allemenad Secrétaire de rédaction : Carole Lafontan Direction Artistique : pao@letsmotiv.com Cécile Fauré, Christophe Gentillon

Publicité Nationale : Damien Larrieu, +33 561 14 78 37 pub@letsmotiv.com Régie publicitaire : Proxirégie : salvatore@proxiregie.fr Administration : adm@urban-press.com Impression : Imprimerie Ménard, 31682 Labège Papier issu de forêts gérées durablement

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Magazine gratuit - Membre de l’OJD, Bureau de la presse gratuite d’information. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.



news |

8

Yayoi Kusama

En bref… Yayoi Kusama De passage à la gare Lille-Europe, vous avez forcément aperçu ces fleurs gigantesques et colorées, offrant à cet espace de béton un faux-air de cour d’école maternelle. Sa conceptrice, la Japonaise Yayoi Kusama, est à l’honneur au Centre Pompidou. À 72 ans, Kusama a toujours eu de sérieux problème de pois : elle en colle partout, du sol au plafond ! Mais cantonner la Nippone à ces motifs serait réducteur. Cette rétrospective dévoile plusieurs facettes d’une artiste conceptuelle, intime d’Andy Warhol et d'Yves Klein, et proche de la ligne pop-com’ de Takashi Murakami. ❥ Du 10.10.11 au 9.01.12, Centre Pompidou, Paris, www.centrepompidou.fr

Le Monopoly du cœur « Casse toi pôv’con ! ». Ces mots contiennent toute la classe et la retenue du génie de l’Elysée. 4 ans après, on ne va pas revenir dessus... enfin si. Car Thomas Vidberg (Journal d’un remplaçant, l’Actu en patates ou, plus récemment, notre antépénultième page) a dessiné Casse toi pôv’con !, le jeu. Où il s’agit de jouer Martine, François, Nicolas et les autres et tâche de devenir, tout bêtement, le plus populaire. Un jeu sans prétention, histoire d’animer les débats houleux des fêtes de fin d’année, entre le bon père centriste, la cousine féministe et le vieux tonton pas raciste mais quand même. Talonnettes non incluses. ❥ Cocktail Games, 9€

Télex

« Sur ma Remington portative/ J’ai écrit ton nom Laetitia... » Tu parles ! Comme tout le monde, Serge Gainsbourg utilisait un vieux Bic. N’empêche, ses brouillons seront vendus aux enchères, à 18 000 euros pour certains, le 9 novembre prochain à Sotheby’s Paris. On n’ose imaginer la cote des papiers de Francis Cabrel qui, lui, écrit à l’encre de tes yeux.



news |

10

Comment se faire la belle Comment échapper à la surveillance d’un bracelet électronique ? Assigné à résidence, Christopher Lowcock, 29 ans, a trouvé la parade. Unijambiste, cet Anglais malin a recouvert sa prothèse d’un plâtre lors de la pose dudit bracelet. La justice, aveugle, s’est laissée berner, et il suffisait au jeune homme de changer de prothèse pour se balader tranquillement. Etait-il en cheville avec les membres de la société chargés de le surveiller ? En tout cas, ces derniers ont été mis à pied.

© Alain Leprince,M.A.I.A.D., Roubaix

Plongée picturale

Basket to the future

Dix ans, déjà, que l’ancienne piscine de Roubaix abrite le Musée d’art et d’industrie. Pour fêter sa première décennie, l’écrin dessiné par Albert Baert prévoit un weekend de festivités, du 21 au 23.10. En plus de l’accès gratuit aux cinq expositions (dont la principale retrace dix années de programmation, de la peinture à la sculpture en passant par les costumes de Chrystel Zingiro) et de l’annonce du lauréat de l’extension du musée, un bal prolongera la soirée directement sur le bassin – recouvert pour l’occasion. ❥ www.roubaix-lapiscine.com

Nom de Zeus ! Nike met en vente les Air Mag futuristes portées par Marty McFly dans Retour Vers Le Futur 2. Avec quatre ans d’avance sur le film (l’action se déroule en 2015), Michael J. Fox rechausse ainsi les fameuses sneakers – laçage automatique en moins – pour la bonne cause. Tous les bénéfices vont à sa Fondation contre la maladie de Parkinson, dont il souffre lui-même. Et avec seulement 1 500 exemplaires en circulation, les enchères grimpent plus vite que les 88 miles/h (jusqu’à 4 000 € !). Espérons que cela ne crée pas de rupture dans le continuum espace temps.

Télex

À ceux qui veulent voir leur bobine sur grand écran, le cinéma l’Univers à Lille organise une projection de courts-métrages amateurs le vendredi 28. Peu importe le format (DVD, mini-DV, DV-cam, VHS, 8mm) et le sujet, Écran Ouvert permet à chacun de se faire des films. Retournez vos chef-d’œuvres à l’Univers avant le 21.10 !




rencontre |

13

Didier Varrod Radioscopie

propos recueillis par ¬ Antoine de Point-Zéro photos ¬ Radio France, Christophe Abramowitz

Qu’il s’agisse de chanson française à travers le magazine Serge, ou bien de musiques électroniques sur France Inter, Didier Varrod est un ardent défenseur des amours multiples. Jusqu’alors, il côtoyait alternativement les deux univers, cette nouvelle saison radiophonique lui permet de satisfaire une autre obsession : favoriser les rencontres entre les genres. Tout un programme.

En juin dernier, Électron Libre tirait sa révérence, quelle est la raison de cet arrêt ? On était arrivé à la fin d’un cycle. Recevoir Laurent Garnier, Agoria ou Chloé, que j’aime beaucoup, simplement parce qu’ils sortent un nouvel album, ne me convenait plus. Je n’avais plus la même motivation. Et j’avais envie de passer le témoin. Quel bilan tirez-vous de cette aventure ? J’avoue m’être posé beaucoup de questions après la dernière en public, en voyant tous les gens présents témoigner leur attachement à l’émission. C’était très émouvant mais ma mission, imposer les musiques électroniques au

sein d’un programme de service public, était accomplie. Cela dit, je laisse ma place et elle n’est pas prise. Votre nouvelle émission, Quand la musique donne, redistribue les cartes du paysage musical français. Il s’agit de créer une rencontre entre deux artistes de générations ou de styles différents. L’émission a lieu dans un créneau où, depuis 15 ans, il y n’a que de la musique classique. À cette heure, il me semble aussi important de présenter des artistes comme Alex Beaupain ou Orelsan que Laurent Garnier ou Justice par exemple, et que ces derniers ne soient pas cantonnés aux émissions de nuit. >


rencontre |

14

Comment se sont passées les premières émissions ? Le concept fonctionne pour l’instant, l’ouverture semble possible. Avec Bernard Lavilliers et Cyril Mokaiesh, on a autant parlé d’engagement que de techno parade, de relations entre sport et musique mais aussi de Dj Mehdi. J’étais très ému, c’était important de lui rendre hommage, d’autant que j’ai failli prendre son morceau Pocket Piano comme générique. Par ailleurs, vous animez la chronique musicale Encore un matin sur France Inter. Est-ce facile de trouver un bon disque chaque jour ? Non, mais le cahier des charges impliquant la diversité m’encourage à piocher dans toute l’Europe. Ainsi, j’ai récemment vanté les mérites d’Alina Orlova, une chanteuse pop lituanienne. Heureusement aussi que l’industrie musicale a bien changé avec Internet. Si je devais chroniquer uniquement des disques sortis physiquement, je serais très très mal. Serge vient de fêter son premier anniversaire. Où en êtes-vous ? C’est une expérience passionnante. Au

delà du contexte de crise que connaît le secteur, la presse musicale a ses habitudes, ses propres codes que nous n’avons pas vraiment respectés : il n’y pas de chroniques de disque dans le magazine, nous faisons écrire les artistes à travers des journaux, des carnets de bord… Il faut habituer les lecteurs à ces partis pris. Le magazine s’intéresse exclusivement à la chanson française, ce positionnement n’est-ils pas frustrant ? Non parce qu’on a un paysage musical très singulier. C’est une vraie valeur ajoutée qu’il faut défendre. Cette chanson française vise une certaine forme d’excellence dans son écriture, ce qui n’est pas forcément le cas de la pop anglo-saxonne. Des artistes comme Miossec, Dominique A ou encore Joseph d’Anvers ont un vrai rapport à la culture, à la poésie, à la musique et à son histoire. Aujourd’hui, la scène est extrêmement vivante. Elle n’a pas la même colonne vertébrale qu’il y a 10 ans. Elle s’étend de Housse de Racket à Cali en passant par Debout Sur Le Zinc. Il n’y a pas « d’école », c’est une diversité complexe qu’il faut aborder. /

À écouter / Quand la musique donne, le vendredi de 16h à 17h sur France Inter Encore un matin, du lundi au vendredi à 7h24 sur France Inter. À lire / Magazine Serge, tous les 2 mois en kiosque, 5e



2008, Venezuela


Histoire transatlantique

reportage |

texte et photos ÂŹ Philippe Guionie

Africa-America 17


reportage |

18

Nous connaissons les influences africaines au Brésil et dans les Caraïbes, mais que savons-nous de la présence de populations noires dans la partie andine du continent sud-américain ? Du Venezuela à la Colombie, de la Bolivie au Chili, de l’Équateur au Pérou, les afrodescendants sont les dignes héritiers de cette histoire douloureuse de l’esclavage transatlantique.

À

partir du XVIe siècle, l’économie de plantation en Amérique espagnole s’est développée sur les côtes atlantique et pacifique avec l’importation massive d’esclaves venus d’Afrique. Sur la côte vénézuélienne de l’État d’Aragua, subsistent des éléments culturels aux racines africaines. À l’instar de la Santeria et son cortège d’orishas, respectivement religion et divinités d’ascendance congolaise. Les fêtes

« Plus ou moins métissés mais largement méprisés »

de la Saint Jean-Baptiste du 21 au 23 juin enflamment aussi des villes comme Chuao ou El Playón, qui deviennent pour l’occasion le théâtre d’une vaste chorégraphie nautique où chaque village affiche sa statuette du Saint, baptisée ensuite dans l’océan purificateur.

Besoin de reconnaissance À des degrés divers, tous sont à la recherche de lointaines racines africaines. Plus ou moins métissés mais largement méprisés, ils sont tiraillés entre l’évocation fantasmée d’une terre originelle et le quotidien dans leur pays natal, au sein duquel ils souhaitent exister à part entière. Ces populations vivent aujourd’hui un tournant historique, exprimant publiquement leur culture plurielle, syncrétisme original entre influences indigènes, colonisation espagnole et origines africaines. > Re-


2009, Venezuela

2010, Bolivie


2009, Équateur

2008, Venezuela


2009, Venezuela

présentant 12 % de la population en Colombie, 4 à 5 % en Équateur et au Pérou et moins de 1 % en Bolivie, les afrodescendants veulent être identifiés comme minorités dans les recensements nationaux, pour bénéficier de programmes d’aides sociales (réservés aux Indiens indigènes) dont ils sont souvent exclus.

Accéder à la propriété À ce titre, l’Équateur représente un exemple criant et singulier à la fois. Dans ce petit pays andin, les afrodescendants ne représentent que

5 % de la population totale. Près de la moitié des membres de cette minorité vit sous le seuil de pauvreté. Et les femmes sont d’autant plus frappées : presque 20 % d’entre elles sont privées d’emploi, quand le taux de chômage moyen est d’environ 5 %. Et à peine une afrodescendante sur sept possède une maison. Pourtant, certaines d’entre elles se retroussent les manches pour résister : unies au sein de l’association des femmes afro-équatoriennes de Carcelen Bajo (un quartier pauvre en périphérie de la capitale, Quito), elles ont créé une coopérative. Ses membres mettent >


2009, Colombie


2009, Colombie

en commun un capital de départ et, aidés par quelques institutions locales, visent à créer un nouveau quartier, où chacun sera propriétaire. María Teresa Suárez est la figure de proue de ce projet ambitieux, social et émancipateur, dans lequel se reconnaissent de nombreuses mères de famille, célibataires ou non. Suárez pourrait devenir - qui sait ? l’égérie d’un nouveau mouvement des droit civiques, luttant à la fois ❥

contre le racisme sous-jacent, la pauvreté, et le patriarcat. Unique en son genre, cet exemple est symptomatique de l’affirmation identitaire des populations afrodescendantes de ce début de XXIe siècle. Plus que jamais, elles se battent pour dépasser ces frontières physiques ou psychologiques, réelles ou imaginaires dans lesquelles plusieurs siècles de colonisation espagnole les ont enfermées. /

À lire / Africa-America, photographies Philippe Guionie, textes de Christian Caujolle et JeanChristophe Rufin, Diaphane éditions, 230 p., 45e. À voir / Exposition à la galerie Polka à Paris (12, rue Saint-Gilles, 75003 Paris) du 08.11 au 30.01.12 www.philippe-guionie.com, Philippe Guionie est membre de l'agence Myop (www.myop.fr/fr/photographe/philippe-guionie)



portfolio |

25

Alex Trochut Lettre ou le néant

Design, illustration, typographie // Barcelone // www.alextrochut.com

texte ¬ Carole Lafontan

C’est bien connu, les chiens ne font pas des chats. Le graphiste et designer barcelonais Alex Trochut, 30 ans, en est la preuve vivante. Petit-fils de Joan Trochut (1920-1980), typographe célèbre pour avoir, dans les années 40, inventé la SuperTipo Veloz (système de formes modulables permettant de créer son propre alphabet), Alex a hérité d’un sacré caractère. En 2007, après des études de graphisme chez Elisava - la plus ancienne école de design espagnole -, Alex s’engage dans la police (d’écriture) en devenant graphiste illustrateur freelance. Convaincu du potentiel ludique qu’offre ce matériel abstrait, le Catalan gagne ses lettres de noblesse et devient une référence mondiale. En témoigne cette impressionnante liste de clients : Nike, The Rolling Stones, Coca-Cola, Converse, Adidas, Saatchi and Saatchi... On en passe. Alex Trochut a horreur du vide et cherche constamment de nouveaux terrains d’expression. L’occasion pour lui de mettre sa créativité au service de projets ambitieux et novateurs. Pour en savoir plus sur sa philosophie de travail et tenter de percer l’intimité de son atelier, jetez-vous sur More is more (Index Book, 2011). Cette sublime monographie, à la couverture phosphorescente (un subtil effet « glow in the dark » sur un monogramme fouillé et baroque à souhait), illustre parfaitement combien son art gagne à sortir de l’ombre et apparaître en pleine lumière. /






événement |

30

Groundzero textes ¬ Hakima Lounas, Thibaut Allemand, Cédric Delvallez

festival

La 4e édition de Ground Zero fait fi de toute chapelle. Elle rassemble un maximum d'artistes dans un maximum de styles en un minimum de temps. Éclectisme, ouverture d'esprit et ligne artistique élastique permettent de satisfaire tous les goûts (malgré l'absence criminelle de turbo-zouk) et toutes les bourses – ou presque -, de la crèche à la maison de retraite. Ce marathon en forme de labyrinthe peut aussi en déboussoler plus d'un. Petite sélection pour ne pas perdre le nord.

DELS

© DR

Voici l’un des artistes les plus innovants de la décennie et la fierté du label Big Dada ! Graphiste, vidéaste et MC, Dels a écrit son premier album à Ipswich, ville anonyme à une centaine de kilomètres de Londres. De l’apathie ambiante, il ne reste rien sur son GOB (2011) à l’électro grime castagneur. Entouré de Joe Goddard (Hot Chip), Micachu (& the Shapes) et Kwes (The XX), les productions du rappeur sont puissantes et nerveuses : un savant mélange entre hip-hop, grime, électro, abstract et pop. Ses contes urbains sont servis comme des uppercuts par un flow impeccable. Un live à découvrir de toute urgence puisque Dels a conçu, parait-il, un décor aussi léché que ses clips. H.L.

|

24.10, 20h, Lille, La Péniche, 10 € et le 26.10, Amiens, Lune des Pirates 11/8 €


© Cat Stevens

Death In Vegas

Au mitan des 90’s, l’apparition de Death In Vegas constitua l’une des plus belles nouvelles de l’après britpop. Typiquement anglais, ce tandem était l’enfant bâtard de la culture des soundsystems dub, du rock primitif aux ramifications dégénérées et de la techno de l’axe Chicago-Detroit-Düsseldorf. Entre autres influences des marges. En quatre albums variés et viciés, excellant dans tous les genres et invitant la crème (Paul Weller, Dot Allison, Iggy Pop, Bobby Gillespie...), le duo britannique prit des allures de conquérant. Puis disparut sept ans durant. Parti à New York, Richard Fearless avait fondé un nouveau groupe de rock, à l’ancienne. En 2011, il est revenu. Seul. La véritable conscience altérée de la formation signe en solitaire un cinquième album pas facile d’approche. Alors, comment ce rat de studio appréhende-t-il la scène ? Comme une énième guerre mondiale. Accompagné de musiciens, mais fidèle à son approche narrative de DJ, Fearless joue sur la répétition hypnotique, barde d’acid house des murailles de guitares et noie dans la réverb’ les derniers râles de ses machines. Ni plus, ni moins. T.A.

|

31.10, 19h30, Lille, Le Splendid, 27,50 € et aussi le 30.10, 20h, Bruxelles, L’Orangerie, 16,75 €


Patti Smith

John Cale

Patti Smith, c'est d'abord un album immortel, Horses (1975). Mais aussi des recueils de poésie, The Night (1976), des expositions d'art, Strange Messenger (2002), de la littérature, Just Kids (2010), et bien d'autres choses encore... Son concert au théâtre Sébastopol constitue un événement tout comme sa lecture de poésie au Tri Postal. La fille spirituelle d'Arthur Rimbaud et d'Allen Ginsberg, éternelle touche-à-tout, trouvera les mots pour conclure le festival en beauté. C.D.

Résumer le monument John Cale en 500 signes ? Impossible : l’édifice gallois a plusieurs entrées, et il faudrait citer, en vrac, l’avant-garde new-yorkaise (La Monte Young), le vénéneux Velvet et une carrière solo éclatée et nébuleuse (entre expérimentations, pop revêche et folk conceptuel). Et ses productions, aussi ! Des Stooges aux Happy Mondays en passant par cette bonne vieille Patti Smith. Nous, on visitera le mythe en curieux, en se souvenant de sa présence au générique de Pop Model (1986) de Lio. T.A

|

|

2.11, 18h30 (lecture), 20h00 (concert), Lille, Tri Postal, Théâtre Sébastopol, 50/35 €

Infos pratiques

Du 19.10 au 2.11, Lille Théâtre Sébastopol : Caravan Palace (19.10)// Patti Smith (02.11) L’Aéronef : Cabaret Freaks avec Arnaud Rebotini (21.10)//Fink + Greenshape (24.10)//Brigitte + Marketa Irglova (23.10)//Amon Amarth + As I Lay Dying + Septicflesh (27.10) Le Grand Mix : L + Mansfield TYA (27.10)

24.10, 19h30, Lille, le Splendid, 26,40 €

Le Splendid : John Cale + Slow Joe & The Ginger Accident (24.10)//Death In Vegas (31.10)// Absynthe Minded + Viva Brother (02.11) La Cave aux Poètes : Sayem + Rocky (28.10) La Péniche : DELS (24.10)//The Glitch Mob + Polinski (25.10)//Young Galaxy (27.10)//Ginkoa (28.10)//Doctor Flake (29.10) Info : www.groundzerofestival.fr

© DR

© DR

32



musique |

34

texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ Apparat Band © Constantin Falk

Appareil pop Aux côtés d’Ellen Allien ou de Modeselektor, Apparat a produit au fil des années 2000 une techno cérébrale dont pouvait s’enorgueillir la scène IDM (Intelligent Dance Music). Sans délaisser ses machines, le Berlinois met aussi à profit son expérience électronique au sein d’une formation pop contemplative. À l’instar de Carl Craig, précurseur de la techno de Détroit qui a monté un live jazz, Apparat s’éloigne de l’électronique pure avec The Devil’s Walk (2011). Un virage qu’il assume et explique : « Au moment où tout s’est retrouvé sur ordinateur, [...] je me suis dit qu’il n’y aurait plus rien de nouveau à expérimenter. » Flanqué de Joshua Eustis et de Fredo Nogueira (Telefon Tel Aviv), il enregistre une première mouture de l’album lors d’un séjour inspiré au Mexique. En résulte une pop majestueuse et mélancolique, qu’Apparat retravaille un an durant avec Patrick “Nackt” Christensen, co-producteur du disque. Toujours plus exigeant, le quatuor questionne la place de chaque instrument (violoncelle, trombone, piano, guitare...), jusqu’à soigner le moindre bruit de fond. Le talent d’Apparat - au-delà de son chant étonnamment juste - transparait dans la légèreté de la production, qui rend l’ensemble infiniment sophistiqué, élégant. Un miracle au regard de la myriade de couches sonores présentes sur la version initiale. Apparat Band a déjà fait ses preuves en première partie de Radiohead. S’ils ont conquis Thom Yorke, gageons que le quatuor séduira le public du Grand Mix et de l’AB. / ❥

APPARAT BAND 18h, 9.10, Tourcoing, Grand Mix, 17/14€, +33 (0)3 20 70 10 00 20h, 23.10, Bruxelles, Ancienne Belgique, 19/16€, +32 (0)2 548 24 24



musique |

36

texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Anthony Joseph & The Spasm Band © Fred Thomas

All that jazz ! Pour ses 25 ans, le Tourcoing Jazz explore de nouveaux horizons. Audelà de la riche et dense programmation du Festival Planètes, l’Association Culturelle Tourquennoise (ACT) prolonge les agapes pour marquer d’une croix blanche ce quart de siècle d’existence. Le festival reste conforme à sa double dimension jazz-musiques du monde. Il affiche aussi bien du fado (Antonio Zambujo) et de la musique tzigane (Bratsch) que du be-bop dans la pure tradition de Charlie Parker (Stefano Di Battista). Il ménage aussi des rendez-vous exceptionnels : après Herbie Hancock en 2008 et Chick Corea l’an passé, l’ACT convie le saxophoniste Sonny Rollins pour clôturer le festival ! Une certaine assise qui n’empêche pas les prises de risque. On pense notamment à la rencontre audacieuse entre le violon de Didier Lockwood et le violoncelle de Vincent Ségal, pour un duo « qui n’a jamais existé et qui probablement n’existera plus », insiste Patrick Dréhan, directeur artistique du festival. Mais aussi à l’abondance de manifestations instaurées pour l’occasion dans la métropole lilloise : exposition Let’s Dance au Fresnoy (cf. agenda), conférence de Jean-Paul Levet sur l’argot noir américain... Sans oublier le rendez-vous mensuel du Jazz Club à l’Hospice d’Havré (Jam Session, Didier Malherbe/Eric Lôhrer). Autant de regards croisés sur le jazz qui prolongent le plaisir tard dans l’année jusqu’à... l’édition suivante. / ❥

Tourcoing Jazz Festival Planètes Du 15 au 29.10, Tourcoing, de 3 à 45€, +33 (0)3 59 63 43 63, www.tourcoing-jazz-festival.com Prog : Ibrahim Maalouf (15.10) // Avishaï Cohen (16.10) // Didier Lockwood & Vincent Ségal, Imany, Stéphane Belmondo Quartet (18.10) // Bratsch (19.10) // Anthony Joseph & The Spasm Band, Stefano Di Battista, Antonio Zambujo (21.10) // Orchestre Luter (23.10) // Sonny Rollins (29.10)…



musique |

38

texte ¬ Antoine de Point-Zéro - photo ¬ © Thomas Cooksey

texte ¬ Capucine Saez - photo ¬ Hudson Mohawke © Alex Flach

SBTRKT

Le Poulpaphone

Dans un sillon déjà ouvert par Burial et creusé par James Blake, Mount Kimbie ou encore Jamie XX, Aaron Jerome alias SBTRKT (à prononcer Subtract) donne ses lettres de noblesse au post-dubstep. Ces producteurs proposent une approche beaucoup plus minimale du dubstep, s’inspirant de productions plus pop, et utilisant bien souvent ci et là des samples travaillés de vocaux R’n’b. Poussant ce syncrétisme à son paroxysme, SBTRKT sort un premier album remarqué (SBTRKT, 2011) sur lequel on retrouve, entre autres, le quatuor suédois Little Dragon, ou Roses Gabor (entendue chez Ty et Roots Manuva). Ses productions groovy et sensuelles rassemblent dans un même élan un public averti et celui des grands festivals. /

Programmation tentaculaire et pointue, la matrice boulonnaise du Poulpaphone ne puise pas ses artistes dans un même filet. Depuis 2005, cette sonde musicale remonte de nouveaux courants. Pour Lisa Torres, la programmatrice, « c’est le choix de défendre des artistes originaux, pas forcément médiatisés, qui méritent d’être connus ». Brisa Roché, les Brigitte, The Glitch Mob et Pigeon John forment la tête d’affiche éclectique dans ce décor industriel. Mais ce sont des noms hybrides comme Jazzsteppa, l’insolent Hudson Mohawke, le slam de Milk Coffe & Sugar ou l’électro heavy core de [Trap] qui combleront l’appétit tantalien des mordus de métissages. /

11.10, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet !

Prog : Hudson Mohawke, Hyphen Hyphen, Jazzsteppa, King Charles... (14.10) // Brigitte, Brisa Roché, Milk Coffee & Sugar, Pigeon John, The Glitch Mob... (15.10) 14 et 15.10, 20h>2h, 8/5€ (par soir), Outreau/Boulogne-sur-Mer, Site de Garromanche, + 33 (0)3 21 10 28 52



musique |

40

texte ¬ Grégory Escouflaire photo ¬ Liars © DR

Menteurs mentors Proposer à un groupe de choisir lui-même les artistes à l’affiche : c’est l’idée séduisante du festival Sonic City. Cette fois, c'est Liars qui s’y colle, et on n’est pas déçu : de Washed Out aux Melvins, le spectre balayé est large… Et hypersonique, forcément. Après trois éditions « curated by » (comme on dit dans le jargon) Millionaire, Dälek et Deerhoof, c’est donc au tour du trio new-yorkais de jouer les programmateurs. A l’instar des fameux ATP, le groupe ou l’artiste à l’honneur jouit d’une liberté totale : rien d’étonnant dès lors à ce qu’on retrouve HTRK (des voisins en quelque sorte, au sein du petit label Blast First, une sous-division de Mute Records), Oneida (d'autres potes) ou Sightings (oui, encore des potes) au menu de ces deux jours. Pour faire vite, ces trois groupes ont poussé dans le même terreau sonore que Liars : le noise-rock qui tangue et qui harangue, infernal et tribal. La surprise vient d’ailleurs : du côté de la grande famille de l'electronique dégénérée, avec Ernest Green et son projet chillwave Washed Out, sans oublier le post punk acid et industriel de Factory Floor, ou la tête pensante du dub synthétique à la berlinoise, le (très) rare Mark Ernestus. En tête d’affiche, comme par hasard, Liars, dont chaque live est une fessée des sens, et Melvins, l’un des groupes de rock les plus influents de ses 25 dernières années (demandez à Kurt Cobain). King Buzzo et sa bande avaient retourné le De Kreun voici deux ans : on imagine sans mal qu’ils vont remettre ça. Amis Liars : merci. / ❥

SONIC CITY : Liars, Factory Floor, Oneida, Legendary Pink Dots, Mark Ernestus (Rhythm&Sound) feat. Tikiman... (29.10) // Melvins, Htrk, Sightings, Tannhäuser Sterben & Das Tod, Standish & Carlyon, Washed Out… (30.10), Courtrai, De Kreun, Conservatoriumplein, 30 e (1 jour) / 50 e (2 jours), +32 (0)56 370 644, www.dekreun.be



musique |

42

texte ¬ Mathieu Dauchy - photo ¬ © Tom Verbruggen

texte ¬ Hakima Lounas - photo ¬ Miles Kane © L. Ellis

Dez Mona

Festival Les Inrocks

Dez Mona bousculait déjà très bien l’espace-temps avec une pop sépia enrichie en extraits désuets d’accordéon et de contrebasse, et surtout, grâce à la voix incroyable de Grégory Frateur. Qui assume totalement ses talents de castrat dans un nouveau projet nommé Sága Opéra. Les orfèvres anversois s’entourent d’un orchestre baroque (viole de gambe, théorbe, harpe) et, au vu des quelques extraits laissés sur le net, cette extension semble tellement naturelle qu’on aura du mal à revoir le groupe dans ses plus simples atours. C’est tout le mal que la Cave aux Poètes et Roubaix à l’Accordéon nous imposent, puisque Dez Mona vient présenter son répertoire classique, comme un inespéré retour vers nos premières amours. Des maîtres du temps on vous dit ! /

L’hebdo culturel propose cette année une sélection imparfaite, qui réserve les artistes les plus excitants au public parisien. Mais, si l’on fait l’impasse sur la folk neurasthénique de Laura Marling et la pop grandiloquente de Morning Parade, les dates lilloises restent attrayantes. Les férus de dubstep mâtiné de soul goûteront les compositions de James Blake. Dans un registre pop rock, les Friendly Fires, emmenés par le sensuel Ed Macfarlane, raviront les cœurs, avec leur troisième album sous le bras. Sans oublier l’indie pop insouciante de Foster The People qui mérite également le déplacement – ne serait-ce que pour avoir un avis sur ce groupe ultra buzzé. Quant à La Femme, on vous parlait déjà cet été de ce quatuor nymphomane, adepte d’un garage-surf synthétique, entre les Shadows et Taxi Girl. Immanquable ! /

21.10, 20h30, Festival Roubaix à l'Accordéon, La Cave aux Poètes, 2€, www.caveauxpoetes.com

James Blake, Cults, La Femme… (3.11) // Friendly Fires, Foster the People, Miles Kane… (4.11), 19h30, Lille, Aéronef, 22/18€ (par soir), +33 (0)3 20 13 50 00



cinéma |

44

texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Boxing Gym © Frederick Wizeman

Double détente La passion parfois ne suffit plus à faire vivre un festival de cinéma, surtout quand la ville qui l’accueille ne possède ni le glamour, ni les infrastructures de Cannes ou Deauville. C’est le constat émis par Patricia Lasou, après 21 ans à la tête du Festival du Film d’Aventures de Valenciennes. Menée par Jean-Marc Delcambre, une nouvelle équipe trace de nouvelles pistes. En conservant les fondamentaux (dont les compétitions, son jury professionnel, ses prix récompensant une fiction et un documentaire) tout en s’ouvrant à d’autres horizons, cette édition mise sur la rencontre, l’interaction et le ré-investissement du centre-ville et de l’agglomération. Si le Gaumont reste le lieu des projections, un « village » du festival s’installe dans le hall de la mairie, et un ciné-bus (le « Tatiroulant ») sillonne les environs (Marly, Petite-Forêt...). Outre une rétrospective d’une vingtaine de biopics à (re)découvrir (Raging Bull, Gandhi, Che...), et un hommage rendu au célèbre documentariste Frederick Wiseman, l’action se déroule hors des salles obscures, à la rencontre de quelques hommes de l’ombre : le bruiteur Jean-Pierre Lelong, le superviseur d’armes Christophe Maratier, ou encore une table ronde avec le stéréographe Alain Derobe, qui officia sur la 3D du documentaire Pina (2011) de Wim Wenders. Sans oublier de nombreuses animations, au cours desquelles le public peut s’initier aux techniques numériques du cinéma et du jeu vidéo (morphing, etc). / ❥

FESTIVAL DE VALENCIENNES 10>16.10, Valenciennes, Cinéma Gaumont et divers lieux, compétition documentaire (10>12.10), compétition fiction (12>15.10), journée numérique (12.10) rétrospective biopics... + 33 (0)3 27 26 78 82 et www.festival2valenciennes.com


D

A N IO

N GA

IT S O XP

Persona © 1966 AB Svensk Filmindustri / photo: Bo A. Vibenius

E

Ingmar Bergman vérité & mensonge

14-10-2011 > 15-01-2012 Provinciaal Cultuurcentrum

B-Excursion: Train + Tram + Entrée En vente dans les gares SNCB

Caermersklooster

www.caermersklooster.be / www.filmfestival.be


cinéma |

46

texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Giorigio Moroder © DR

Munich Machine Lifetime Achievement Award. C’est la récompense, un brin pompeuse, attribuée à Giorgio Moroder pour l’ensemble de sa contribution au Septième Art. L’Italo-germain moustachu, pourvoyeur d’un son disco-cardiaque, a en effet imposé sa patte sur quelques bobines épatantes. Retour sur un compositeur de légende. À 71 ans, Giorgio « Hansjörg » Moroder peut se targuer d’avoir mis en musique quelques moments forts du grand écran : le passage à la douane de Midnight Express (1978), la chute de Tony Montana (Scarface, 1983)... Et on n’a pas évoqué – tant mieux ? - sa relecture du Metropolis de Fritz Lang, en 1984. Mais Moroder ne fut pas uniquement compositeur de bandes originales, et son apport décisif au disco et à la synthpop n’est pas négligeable : produisant Bowie ou Blondie, traumatisant Depeche Mode, The Hacker ou Yan Wagner. Après Phil Spector, et bien avant Timbaland, Moroder incarne cette race de producteurs passés de l’ombre à la lumière. La sensualité sophistiquée de Donna Summer ne serait rien sans ce beat robotique, véritable marque de fabrique. Présent aux World Soundtrack Awards, Moroder verra son répertoire joué par le Brussels Philarmonic. Il y a dans ce geste une étrange consécration institutionnelle, la « grande » culture se penchant vers le divertissement populaire. Mais d’un point de vue strictement musical, l’expérience est alléchante - et évoque, de loin, le traitement réservé à Kraftwerk par les cordes du Balanescu Quartet. Mais puissance dix. / ❥

Giorgio Moroder et le Brussels Philarmonic 22.10, 20h, Gand, Kuipke, 47/37/27€, +32 (0)9 242 80 79



cinéma |

48

texte ¬ Raphaël Nieuwjaer - photo ¬ © DR

texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ © DR

Hors Satan

Octobre à Paris

On ne saura pas ce qui s’est passé entre « elle » et son « beau-père ». Mais « le gars » (ainsi sont-ils nommés au générique) le tue, et la libère. Elle suit alors ce vagabond dans ses marches, ses prières et ses exorcismes à travers les paysages désolés et les lumières nordiques de la Côte d’Opale. Le gars peut guérir et tuer, sans raison. Elle voudrait se donner à lui, qui la refuse. De fait, Dumont ne filme plus la possibilité de l’amour ou la rencontre de deux corps. Il pointe la fascination du mal et cette question qui nous hante : pourquoi vit-on avec ce qui nous détruit ? Ce cheminement torturé, entre ciel et terre, cris et pépiements, aboutit, enfin, au pardon d’une fille pour sa mère. Le cinéma devient alors le lieu du miracle. /

Le 17 octobre 1961, présent sur les quais de Seine lors du massacre des Algériens par la police française, Jacques Panijel décide de témoigner. Dans les semaines qui suivent, soutenu par Le Monde mais lâché par les cinéastes de la Nouvelle Vague (même eux !), ce scientifique monte ce film tout seul, ou presque. Et reconstitue clandestinement, dans le quartier de la Goutte d’Or, la préparation de la marche pacifiste. Ajoute photos de l’évènement et témoignages de quelques survivants pour compléter ce documentaire. Interdit durant de longues années, ce film sort enfin. La tête haute. Décédé en décembre dernier, Panijel aurait souhaité un codicille, pour affirmer que cette tragédie relève du crime d’État. En vain. Reste un témoignage rare, et précieux. /

Hors satan De Bruno Dumont, avec David Dewaele, Alexandra Lematre... Sortie le 19.10

De Jacques Panijel, sortie nationale le 19.10 10.10, 20h30, Lille, Cinéma L’Univers, 3€, +33 (0)3 20 52 73 48



événement |

50

Capoeira © Marisa Vianna

A R P O U E A I L texte ¬ Judith Oliver

On le connaît comme le pays de tous les excès. Kilos de plumes, litres de silicone, kilomètres de plages. Démentielles mégalopoles et inégalités sociales record. Le Brésil est bien sûr tout cela. Mais avec ses 8 millions de km² et ses 190 millions d’habitants, la sainte patrie du Futebol dépasse largement ces idées reçues. À rebours du discours des telenovelas, Europalia propose une plongée de quatre mois dans l’histoire des arts et la création contemporaine brésiliennes. Alignant près de 600 concerts, expositions, spectacles et conférences, la biennale célèbre les chantres géniaux d’une culture mosaïque.


Le principe Europalia est une association internationale à but non lucratif (asbl) aux confluents de la diplomatie et de l’action culturelle. Créée en 1969, elle a d’abord contribué à la construction d’une identité européenne, en consacrant ses biennales pluridisciplinaires aux différents États membres. Mais très vite, l’asbl s’est ouverte aux pays extra-européens (Mexique, Japon...) pour « promouvoir l’échange entre les peuples ». Après la Russie (2005) et la Chine (2009), c’est au Brésil de témoigner de la vivacité de sa scène artistique. Chaque édition donne lieu à des créations et des traductions inédites. Elle est aussi l’occasion d’apprécier des œuvres rarement sorties de leur pays d’origine.

Triste topique : tout le monde ou presque peut citer le nom de trois milliardaires à crampons qui font la fierté du Brésil. Mais qui saurait citer celui de trois artistes ? « Sur cent personnes, même à la sortie de l’opéra ou du palais des Beaux-arts, on est très étonnés du peu qui savent répondre » confirme, lucide, Kristine De Mulder, directrice générale d’Europalia. Véritable brasier artistique, le Brésil honore pourtant tous les jours son incandescente étymologie. La création d’aujourd’hui se fonde sur une multitude de traditions et d’héritage (afro-brésilien, japonais, syrien, libanais, arabe ou européen). L’icône Gilberto Gil le soulignait d’ailleurs, à son accession au ministère de la Culture, en 2003 : « la multiplicité culturelle du Brésil est un fait (…). À vrai dire, elle est même, aujourd’hui, un de nos traits identitaires les plus évidents ». >

Boi Bumba © Marisa Viana


Walter Firmo

Quelques chiffres Musique 3 ans de préparation 2650 œuvres, dont 800 du patrimoine exceptionnel

600 événements 200 partenaires Plus de

culturels en Belgique, en France et aux Pays-Bas

un million de visiteurs

Plus d’ attendus

22 expositions, 99 spectacles, 10 temps-fort thématiques.

de synthèse

Ce métissage et ce syncrétisme - que l’on retrouve jusque dans les pratiques religieuses - se donne à entendre dans la musique, élément central de la vie quotidienne. Les particularismes régionaux (Choro, Forro, Frevo, Coco, Maracatu...) nourrissent les genres fédérateurs et populaires comme la Samba ou la Bossa Nova. Le tout, dans un renouvellement perpétuel du genre : du tropicalisme de Tom Zé à la synthèse contemporaine de Ceù et Tulipe Ruiz (dite MPB ou Musique Populaire Brésilienne). Sans oublier les expérimentations de Renatto Borgetti ou d’Hermeto Pascoal. Consciente « que ces noms immensément connus au Brésil » ne nous sont pas familiers, l’équipe d’Europalia propose des week-end thématiques : un type de musique, un instrument,


L’art au Brésil Difficile de faire un choix parmi les 22 expositions, qui couvrent autant de facettes de l’art brésilien. Commencer au palais des Beaux-arts présente néanmoins quelques avantages. Y sont réunis un panorama de la photographie historique et contemporaine, un zoom sur l’architecte Paulo Mendes da Rocha... et deux des quatre expositions « phare » : Brazil, Brasil et Art In Brasil. Avec leurs chefs-d’œuvre historiques, leurs Volpi ou leurs Tarsila do Amaral, elles retracent l’évolution de l’art du XIXe siècle à nos jours. Scindée en deux, cette rétrospective donne des repères et dévoile une scène contemporaine dramatiquement sous-représentée en Europe, malgré sa richesse et sa qualité. Jugez plutôt les œuvres puissantes d’Henrique Oliviera ou de Cildo Meireles.

Scène ouverte

Mais ne cherchons pas plus loin. Thème central de cette édition, la diversidade guide toute la programmation. En théâtre et en danse, elle offre une leçon d’excellence : musicalité, esthétisme, rigueur technique et créativité... les compagnies redoublent d’ingéniosité pour bousculer les traditions. Ici la capoeira (Balé Folklorico de Bahia), là la danse de salon (cie Mimulus), ailleurs la bossa nova (cie Quasar) ou le hiphop (génial Membros). De leur côté, les dramaturges (Enrique Diaz, Zé Celso) et performers (Michel Groismans) >

© Ding Musa

la scène underground... Futé ! Chacun d’eux permet de découvrir un panel de formations, des plus traditionnelles (Vehla Guarda Di Portela, Marlui Miranda...) aux plus innovantes (DJ Dolores, VJ Milena Sà...).

François-Thomas Germain

12.10 > 15.01, Bruxelles, Bozar, mar>dim, 10h>18h (sf jeu, 21h), 6 à 12€, www.bozar.be


En apparté avec Kristine Demulder

détournent les codes occidentaux et déjouent nos attentes. Bref, ne ratez vraiment rien de la sélection experte du curateur Joao Carlos Couto. Dans les expositions, l’offre est tout aussi large. Des joyaux ethnographiques (Indios do Brasil) à la flore (Terra Brasilis), en passant par l’art de rue (A Rua), les 22 expositions balayent un large spectre des pratiques artisanales, rituelles et artistiques, relayées et prolongées par une riche offre cinématographique et littéraire. C’est à nous refiler des complexes d’infériorité. Voilà enfin l’occasion de déciller les yeux. Avec ou sans tongs ! /

Informations pratiques

Du 4.10.11 au 15.01.12, Anvers, Bruxelles, Hornu, La Louvière, Mons, Ostende, Valenciennes... Programme complet des concerts, expositions, spectacles, rétrospectives cinéma et rendez-vous littéraires sur www.europalia.be

Comment rester objectifs ? C’est tout l’enjeu des deux ans et demi de préparation. On fait en sorte que chaque événement soit le résultat d’une collaboration entre un expert brésilien et un commissaire européen. On combine la grande maîtrise du premier avec le recul du second. Par ailleurs, nous ne nous sommes pas arrêtés aux grands centres : les zones rurales, moins connues, sont aussi des espaces de création en pleine effervescence. Danse folklorique © Leerkrachten

Gigantes © Marina Franca & Marilia Felippe

Ne montrez-vous pas le Brésil sous son meilleur jour ? Non, tout n’est pas « clair de lune et eau de rose », comme on dit en flamand. Les inégalités économiques, la situation des indiens d’Amazonie... ne sont pas éludés. Sujets de chansons, de pièces ou d’œuvres d’art, ces questions sont omniprésentes. Elles ont aussi inspiré des projets comme celui du cinéaste belge John Erbuer et des enfants des favelas, Retratos Brasileiros.



exposition |

56

texte ¬ Florent Delval photo ¬ Revolution © Elisabeth Broekaert

En mode combat Envahi par les aliens sous acides et les Pères Noël priapiques, le MoMu d’Anvers accueille l’univers du plus fameux couturier belge : Walter Van Beirendonck. Fluo et baroques, ses créations envisagent avant tout la mode comme un vecteur d’engagement. « Adolescent, Walter m’inspirait énormément, confia un jour le couturier JP Lespagnard. En effet, porter du Van Beirendonck dans un petit village des Ardennes était une véritable affirmation à mes yeux. Et à ceux des villageois aussi ! ». Dans les années 80, Anvers devient une capitale de la mode grâce à une génération de jeunes créateurs. Si chacun apporte alors sa touche et bouscule les codes, Walter Van Beirendonck va plus loin et remet en question le concept même d’élégance : il faut en effet une bonne dose d’autodérision pour se glisser dans ces formes qui doivent plus aux cartoons qu’à la statuaire grecque. Cette distance ironique vis-à-vis de l’image de soi, et par là, de la société, fait rimer esthétique et politique. Dans cette exposition en forme de collage, la chronologie s’efface pour mettre en avant les idées, et les faire dialoguer avec des œuvres de Mike Kelley ou d’Orlan. Les mots imprimés sur les tissus retrouvent la force des slogans, les mises en scène naïves des collections racontent l’horreur naissante du sida, les personnages queer et barbus remettent en question la dictature des normes, etc... Un regret toutefois face à cet univers débridé : que Bono n’ait pas assumé le costume de Godzilla orange. / ❥

Walter Van Beirendonck – Dream the World Awake Jusqu’au 19.02.12, Anvers, MoMu – Musée de la Mode de la Province d’Anvers, mar>dim 10h>18h, 8/6€ (-26 ans : 1€),+32 (0)3 470 27 70, www.momu.be



exposition |

58

texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ André Lanskoy, Autoportrait au chapeau melon, photo : M. Anssens © Adagp Paris, 2011.

La palette du Blanc Cette exposition retrace le parcours pictural d’un Russe blanc amoureux des couleurs. Apparaît en filigrane l’influence de l’époque et du mécénat sur le travail de l’artiste. L’occasion de s’interroger sur le rapport entre l’inspiration et les contraintes matérielles. En 1918, âgé de 16 ans, André Lanskoy fuit la révolution bolchévique, s’enrôle dans l’armée Blanche (pro-tsariste) avant de rejoindre Paris trois ans plus tard et de se consacrer à la peinture. Influencées par le travail de Chaïm Soutine ou Marc Chagall, ses premières toiles, figuratives, négligent le tracé au profit de la couleur. Membre de l’officieuse École de Paris, Lanskoy connait un petit succès dès 1925. Mais la crise de 1929 dévie cette jolie carrière. Heureusement, il est soutenu par un mécène, Roger Dutilleul, dont les goûts s’avèrent déterminants. Ouvert à l’innovation formelle, Lanskoy échange avec ce collectionneur passionné par l’abstraction de Klee ou Kandinsky. En 1943, le Russe rompt définitivement avec la figuration et explore de nouveaux modes d’expressions : illustrations de livres, mosaïques, collages, tapisseries... Au point d’influencer à son tour le jeune Nicolas de Staël. Jusqu’à son dernier souffle, Lanskoy poursuit inlassablement ses recherches sur la couleur, la géométrie, la démultiplication des points de vue… Accrochant, aux côtés de plus de cent cinquante œuvres de l’intéressé, celles de ses contemporains et maîtres, cette rétrospective permet de saisir avec nuances le cheminement de ce grand peintre. / ❥

LANSKOY 24.09.2011 > 15.01.2012, Villeneuve-d’Ascq, LAM, mar>dim, 10h>18h, 7/5€, +33 (0)3 20 19 68 68, à noter : le 11.10, 18h, Lille, Opéra, conférence « Les Russes à Paris : écrivains, peintres et musiciens durant l’entre-deux guerre » 5,5/3€



exposition |

60

texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Stiletto Studios Short Rest, 1983 FNAC 01-54, Centre national des arts plastiques © CNAP/ photo : Y.Chenot, Paris

Pièces de collection Lille3000 propose au Tripostal un nouveau panorama de la création contemporaine. Cette fois, l’œil sollicité n’est plus celui d’un collectionneur privé comme Pinault en 2007 ou Saatchi en 2010, mais celui de l’État. L’occasion de fêter 220 ans de mécénat public en presque autant d’œuvres. Le Centre National des Arts Plastiques a beau compter près de 90 000 peintures, sculptures, photos, vidéos et meubles design, rares sont ceux qui en soupçonnent l’existence. Ventilé dans les musées de l’hexagone, ce riche fonds a une particularité : promouvoir les artistes vivants. Que l’on ne s’étonne pas de trouver, dans ce parcours choisi, des œuvres de 2010 et des créations in situ. Divisé en trois étages, Collector adresse quelques clins d’œil aux segments historiques du CNAP (une Venus de Milo, quelques Matisse, Ingres ou Man Ray...) mais se concentre sur ces quatre dernières décennies. Le rez-de-chaussée explore le rapport des artistes à l’histoire de l’art, les phénomènes de citation et d’emprunt. Outre certaines raretés (la DS de G. Orozco ou la série complète d’ombres de R. Fauguet), cette mise en bouche ne manque pas d’humour (le futurisme russe façon mortadelle...). Aux étages, la scénographie s’aère et les installations deviennent monumentales. Annoncé par la Campbell Soup de Warhol, le premier plateau se consacre à la postérité du pop art et du ready made, tandis que le second retrace l’effacement progressif de la figure au profit de l’épure. Accessible, cette pertinente sélection devrait encore dépasser le million de visiteurs ! / ❥

COLLECTOR 5.10.11>1.01.12, Lille, Tripostal, mer>dim, 10h>19h, sf ven&sam, 22h, 6/4€, www.lille3000.com. À voir aussi à Tourcoing (Muba), à Villeneuve d’Ascq (LaM). Programme off (Dj Chloé, E. de Crécy, Q. Dupieux, V. Epplay) au Palais des Beaux-arts de Lille...



exposition |

62

texte ¬ Maxime Delcourt photo ¬ Double culbuto © Yann Nguema

Symphonie Mécanique Et si... Et si les vieux objets perdaient leur fonction première ? Et si la high tech était moins glacée ? Et si nos vieux greniers renfermaient des trésors de poésie ? Ne cherchez plus : Les Mécaniques Poétiques propose un voyage visuel et sonore à la lisière d’une féérie industrielle. Compositeur, bassiste et graphiste d’Ez3kiel (formation dub electro-acoustique – pour le dire vite), Yann Nguema envisage Les Mécaniques Poétiques comme l’union des arts de la scène, des vieilles machines ordinaires et de la haute technologie. Construites avec l’appui de chercheurs lyonnais et grenoblois, ces dix installations hybrides, numériques et modulables subjuguent et renvoient à l’univers de Caro et Jeunet (La Cité Des Enfants Perdus, par exemple). Yann aime voir ce qu’il entend et réciproquement. Des matières et alliages nobles telles que le bois, le cuivre ou le fer deviennent générateurs d’onirisme, tel ce piano dont jaillissent des images. Ou ce biclou dont les freins, la sonnette ou le pédalier font naviguer d’un monde à l’autre. Yann détourne les différentes innovations technologiques (capteurs de mouvements, etc.) et fantasme un passé irréel en les habillant de façon surannée. Un caractère du courant steampunk, cette esthétique uchronique ancrée dans le XIXe siècle industriel. En adéquation avec les fondements interactifs de leur album Naphtaline (2007), oeuvre transdisciplinaire et multimédia. Et si, un jour, ces Mécaniques Poétiques investissaient le grand écran ? / ❥

LES MÉCANIQUES POÉTIQUES Du 8.10 au 20.11, Lille, Maison Folie de Wazemmes,me>sam 14h>19h, dim 10h>19h, entrée libre, + 33 (0)3 20 78 20 23



exposition |

64

texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Hans Bellmer, La poupée, 1937-1949. Collection de la Province de Hainaut.

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ Les Trois Grâces de Lucas Cranach dit l'Ancien, 1531 © Musée du Louvre, Martine Beck-Coppola

Le Modèle a bougé

Le Louvre à Béthune

Visitant son ami, le peintre Eugène Carrière, Edgar Degas s’étonnait du flou nimbant un portrait féminin. « Le modèle a bougé ? » lance-t-il. De cette boutade, Raphaël Pirenne et Yoann Van Parys ont tiré une exposition ambitieuse, traçant des lignes invisibles à travers deux siècles de création. S’appuyant sur la peinture, la photo, la sculpture ou la vidéo (entre autres), et sur les oeuvres de Carrière ou Degas (forcément !), Duchamp, Cartier-Bresson, Cézanne ou Matisse, le tandem utilise cinq salles pour poser autant de grandes questions. Sur l’effet de flou, le travail sur le mouvement ou encore l’atelier, haut-lieu d’expérimentation. Mais aussi le rapport entre l’artiste et son modèle, ou la recherche de la muse. /

En attendant l’ouverture du LouvreLens en 2012, le plus grand musée de France s’associe à la Capitale Régionale de la Culture 2011 à travers une exposition en deux volets. En premier lieu, il est question d’une déclinaison du thème mythologique des Trois Grâces à partir du tableau de Cranach l’Ancien, récemment classé « Trésor national ». Celle-ci rassemble une vingtaine d’œuvres témoignant du retour à l’antique à l’époque moderne. Puis, place à la relecture des collections du Louvre par des artistes contemporains. Jan Fabre, Ange Leccia, Louise Bourgeois... ou encore Nan Goldin et Mimmo Jodice, abolissent les frontières du temps en interrogeant des oeuvres classiques. Ces « contrepoints » révèlent aussi l’influence des maîtres du passé sur les artistes de notre temps. /

10.09>05.02.12, Mons, BAM, mar>dim, 12h>18h, 6/3€, +32 (0)6 540 53 30

8.10>31.12, Béthune, Lab-Labanque, Chapelle Saint-Pry, 12>19h (sf sam & dim, 10>19h), entrée libre, +33 (0)3 21 63 00 00



exposition |

66

agenda Photomnales © Delafontaine

Le Progrés venait du ciel © Sabena

Les Photaumnales

Le progrès venait du ciel

Éclectique et éclatée, la 8e édition des Photaumnales est conçue autour d’un maître-mot : « Ensemble ». On navigue d’un continent à l’autre, au gré de témoignages visuels d’une vingtaine de photographes du monde entier. Sans omettre aucune culture. Citons ici le travail sur les Roms suivis par le danois Joakim Eskildsen, les ouvriers français en grève ou le réalisme mélancolique des clichés de Simon Roberts, consacrés aux loisirs britanniques. De beaux voyages immobiles en perspective.

Dix ans déjà que la Sabena a fait faillite. La Sabena ? L’ancien fleuron de l’aéronautique belge. Née en 1923, cette compagnie fut longtemps à la pointe du progrès. Une épopée ici retracée en regardant par le petit bout... du hublot : sièges, costumes d’hôtesses, moteurs, affiches... Autant de détails chargés d’Histoire, reflets d’une ère durant laquelle les avancées techniques laissaient penser que tout devenait possible.

❥ Beauvais et sa périphérie, jusqu’au 6.11, entrée libre,www.photaumnales.fr

Yto Barrada : Riffs

❥ Bruxelles, jusqu’au 2.02.12, Musée du Cinquantenaire, mar>ven, 9h30>17h, sam>dim,10h>17h, + 32 (0)2 741 72 11

Henri-Jean Closon, peintre belge à Montparnasse

Les rapports Nord-Sud, l’expansion des villes, le stéréotype occidental... En les prenant de biais, Yto Barrada pose un regard neuf sur des problématiques pourtant communes. L’artiste franco-marocaine présente, à 40 ans, sa première exposition individuelle et dévoile une œuvre humaniste. Associant librement thèmes, époques et techniques (sculpture, photographie et vidéo), l’accrochage peut dérouter mais il offre une vision globale et fidèle du travail de Barrada.

Après René Guiette ou Edmond Van Dooren, le musée Magritte poursuit son voyage au cœur de la peinture abstraite du XXe siècle. Consacrée à Henri-Jean Closon, cette exposition présente des œuvres significatives et documents personnels du peintre belge. En s’arrêtant particulièrement sur ses recherches sur la couleur, ainsi que sa traversée du Paris des années 1950, aux côtés de Picasso, Man Ray, Cocteau et bien d’autres.

❥ Bruxelles, jusqu’au 31.12, Wiels, mer>dim, 11h>18h, +32 (0)2 340 00 50

❥ Bruxelles, Jusqu’au 22.01.12, Musée Magritte, mer>dim, 10>18h, +32 (0)2 428 26 26



exposition |

68

agenda Europunk, Kandeggina Gang © Coll. Stefano Steve

Lets Dance, Jammin' the Blues © La Cinémathèque de la Danse

Europunk

Watch This Space

Faisant fi des querelles byzantines (New York ou Londres ? 1975 ou 76 ?), Europunk ne bloque pas non plus sur trois accords de guitare. On interroge ici la culture visuelle punk : affiches, fanzines, vêtements... 500 pièces témoins d’un mouvement disparate et éclaté. De Jamie Reid (la pochette des Sex Pistols) aux pirates de Libération (le collectif Bazooka), toute l’Europe est touchée par cet art qui refusait de s’assumer ainsi. En vain.

Quelques chiffres : 17 artistes, 13 lieux d’exposition et 12 villes situées de chaque côté de la frontière franco-belge. De quoi courir d’une cité à l’autre, à la chasse aux talents émergents en matière de dessin. Mille et une techniques et au moins autant de supports sont convoqués. En attendant de découvrir ce vaste parcours, on reste sensible aux cartes mentales du territoire imaginées par Mira Sanders.

❥ Charleroi, 22.10>22.01.12, B.P.S.22, mer>dim 12h>18h, +32 (0)7 127 29 71

Apparitions Exposition maîtresse de L’Automne à St Sauveur, Apparitions décrit une réalité dominée par l’illusion, les ombres, les répétitions... Issues pour la plupart de collections publiques, une vingtaine d’œuvres plastiques, visuelles ou sonores invite le spectateur à reconsidérer son rapport au temps (La mer/Ange Leccia) et à l’imagination (Le hibou/Bertrand Gadenne), à travers un parcours contemplatif où l’on passe du réel au trompe-l’œil, de l’éphémère à l’infini. ❥ Lille, jusqu’au 31.10, Gare St Sauveur, mar>dim, 12h>19h, +33 (0)3 28 52 30 00

❥ Nord-Pas-de-Calais/Wallonie/ Bruxelles, du 07.10 au 17.12, www.50degresnord.com

Let’s Dance Au commencement étaient le jazz, la danse et le cinéma. De leur association, Jo Milgram a gardé un témoignage unique que le Fresnoy, en collaboration avec la Cinémathèque de la Danse, propose aujourd’hui de redécouvrir – de Duke Ellington dans Cabin In The Sky à Cab Calloway dans Stormy Weather en passant par les fameux tap-dancers de Sur un air de charleston de Jean Renoir... Chaussez donc vos claquettes et enfilez vos Zoot suits, cette expo va faire du bruit ! ❥ Tourcoing, du 15.10 au 21.12, le Fresnoy, mer>dim, 14>19h, sf ven & sam, 14>21h, +33 (0)3 20 28 38 04




texte ¬ François-Xavier Beague photo ¬ Richard Aujard

Fin de règne Le Roi abdique et s’offre une cure de servitude : une autre manière de donner libre cours à ses accès de malveillance absurde. L’occasion pour Dan Jemmett, metteur en scène, de se pencher à nouveau sur le cas Ubu , et d’enfoncer les lignes car cette fois-ci, Cantona est de la partie. Retour sur la Grande Gidouille en guise de reconnaissance du ventre : c’est avec le premier volet du cycle de Jarry que Dan Jemmet a commencé d’exercer ses talents de ce côté-ci de la Manche. Un choix d’évidence pour cet ancien marionnettiste : « Ubu est à placer à côté de Punch & Judy, dans la tradition des marionnettes à gaine. Or, je voulais travailler à un théâtre d’objets ». Un matériau idéal, aussi, lorsqu’on veut soustraire le spectacle aux contraintes d’une lecture prédéfinie. « Le champ d’interprétation doit rester très ouvert. Un tel archétype permet de toucher à quelque chose de plus essentiel que la critique de tel ou tel régime politique. C’est un écueil courant avec Ubu. Selon moi, Ubu doit offrir un théâtre des pulsions, pas de l’intellect ». Ouh ! Ah ! Ubu Roi ! C’est d’aiIleurs un mouvement de cet ordre qui l’a conduit à choisir Éric Cantona, une figure aussi exposée qu’intrigante pour prêter vie aux petitesses et à la démesure du roi déchu. « Il fallait quelqu’un qui ne soit pas juste un comédien. Éric possède en lui-même quelque chose de mystérieux, une autre dimension qui lui permet d’incarner ce texte. Les tentatives d’un simple acteur sont toujours "à côté" ». À côté, peut-être, mais l’affiche demeure on ne peut plus solide (V. Crouzet, G. Calo) : de quoi éveiller beaucoup plus qu’une bienveillante curiosité. / ❥

Ubu enchaîné 4>7.10, 20h, Valenciennes, Le Phénix, 22 € ; 9/17 € : abonnés, +33 (0)3 27 32 32 32 8>15.11, 20h30, Namur, Théâtre, 7.5 € à 32 € +32 (0)8 122 60 26

théâtre & danse |

71


théâtre & danse |

72

texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ © DR

Le Théâtre des opérations Un conflit en Afrique. Ou ailleurs. Deux jeunes filles, enfants-soldats malgré elles (forcément), prennent la fuite. Quelques années plus tard, une infirmière témoigne de leur calvaire devant une assemblée officielle. Au Théâtre de Poche, ce texte à trois voix signé de la Québécoise Suzanne Lebeau prend de nouvelles dimensions. Un tel sujet exige une mise en forme parfaite. Ici, quelques couleurs évoquent la jungle, des bruits anxiogènes symbolisent la fuite, mais « pas de cris d’oiseaux ou de crocodiles en carton ! » plaisante le metteur en scène Roland Mahauden. Jouant sur le temps (la fuite des enfants, le témoignage de l’infirmière), les acteurs sont parfois séparés par un voile de tulle. Une mise en scène d’une sobriété exemplaire. La particularité réside dans le traitement réservé au texte : pas dénaturé, non. Mais en grand connaisseur de l’Afrique Noire, Mahauden a auditionné, en République Démocratique du Congo et au Rwanda, deux jeunes filles pour tenir les rôles principaux. Et fait traduire leurs textes en Lingala et en Kinyarwanda. « Les Francophones ne s’apercevront pas que ce ne sont pas les mêmes langues, explique Mahauden. Mais c’est symbolique, d’autant que ces deux pays sont encore en conflit ». Un symbole qui prendra toute sa force lorsque la pièce sera jouée en RDC. Et Mahauden, en passeur, de donner le texte à des compagnies locales. Rien de mieux pour faire circuler la culture. Et ouvrir les yeux sur le drame des 500 000 enfants-soldats à travers le monde. / ❥

Le Bruit Des os Qui Craquent – R. Mahauden Jusqu’au 22.10, 20h30, Bruxelles, Théâtre de Poche, de 1,25 à 16€, +32 (0)2 649 17 27



théâtre & danse |

74

texte ¬ Faustine Bigeast - photo ¬ © Victor Tonelli

texte ¬ Hakima Lounas - photo ¬ © DR

Les âmes mortes

Une société de services

La littérature russe est aussi variée qu’elle est intense et habitée ; Stuart Seide en a fait l’un des jalons de la nouvelle saison du Théâtre du Nord. Résolument axée sur le questionnement social, celle-ci s’ouvre non pas par une pièce, mais par l’adaptation d’un roman foisonnant : Les Âmes mortes. Chef-d’œuvre inachevé, le texte de Gogol se distingue par la médiocrité et la noirceur humaines qu’il dépeint si brillamment. Anton Kouznetsov a pris le parti d’en exhaler l’humour sans pour autant le délester de sa portée satirique. Rythmée, sa mise en scène fait la part belle au jeu d’Hervé Briaux, Véra Ermakova et Laurent Manzoni. Les acteurs laissent en effet éclater leur talent en interprétant une galerie de portraits éloquents. L’esprit slave est bien là et il a de beaux restes. /

On a tous une image figée du télé-marketing : une fourmilière d’opérateurs casqués, confinés dans un open space sinistre, menant des enquêtes auprès de particuliers pas coopératifs. Une réalité pas si éloignée de celle des ateliers de montage automobiles, où les gestes chronométrés empêchent tout épanouissement personnel. Qu’en est-il de la société idéale des « services » promise dans les années 60 ? De la valorisation de l’individu, de l’abolition des conditions de travail déplorables imposées par le taylorisme ? Françoise Bloch et son équipe dénoncent l’illusion du secteur tertiaire. L’humour et le ton léger des cinq acteurs surligne l’absurdité de la situation, sur un plateau de télé-marketing où la vidéo et le son abolissent toute forme d’intimité au travail. /

7>15.10, 20h30 (sf dim 16h), Tourcoing, Idéal, 23/7€, +33 (0)3 20 14 24 24, www.theatredunord.fr Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation, le 13.10

Du 11 au 15.10, 20h30, Bruxelles, Les Tanneurs, 5/7,5/10€, +32 (0)2 502 37 43



théâtre & danse |

76

texte ¬ Faustine Bigeast photo ¬ Frédéric Iovino

Papillonnage lyrique Coup d’envoi de la saison 2011/2012 de l’Opéra de Lille, The Rake’s Progress a de quoi séduire néophytes et réfractaires à l’expression lyrique. Fable sombre, mais ironique, cette Carrière d’un libertin (pour la VF) allie esthétique néoclassique et théâtralité comique. Une mise en bouche digeste, en somme. The Rake’s Progress n’a pas toujours fait l’unanimité. Montée à Venise en 1951, l’œuvre a déclenché l’ire des critiques. Stravinski ne serait qu’un vulgaire plagiaire. Il faut dire que le compositeur a librement puisé dans l’esthétique classique, laissant entendre des références à Mozart, Gluck ou encore Haydn. Selon Arie van Beek, cependant, celles-ci ne seraient pas fautives. Le nouveau directeur musical de l’Orchestre de Picardie, chargé de ressusciter le son net et percutant qui en émane, y voit plutôt une filiation logique dans la mesure où « rien ne se crée jamais de rien ». Surtout, il y voit la source d’une vraie identité musicale, moderne par son anachronisme même. Soucieux de la respecter, il vise à retrouver la transparence instrumentale d’origine, comme la clarté du clavecin. David Lescot, metteur en scène, homme de théâtre « moliérisé », met quant à lui l’accent sur la dimension existentielle du livret. L’évolution du décor, bucolique puis urbain, souligne la spirale de débauche et le cycle de vie d’un jouisseur qui perd tout d’en avoir trop voulu. Tandis que l’interprétation des chanteurs déploie un humour qui abolit toute morale puritaine ou doctrinaire. Du léger, on vous dit. Et dans le bon sens du terme. / ❥

THE RAKE’S PROGRESS [LA CARRIÈRE D’UN LIBERTIN] 8>19.10, 20h (sf dim 16h), Lille, Opéra, de 5 à 64€, +33 (0)8 20 48 90 00, www.opera-lille.fr Rencontre avec l’équipe artistique, le 16.10, 18h40, entrée libre



théâtre & danse |

78

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ © Frédéric Lovino

texte ¬ Hakima Lounas - photo ¬ Léandre © DR

Sortir du corps

Léandre & les Rois Vagabonds

Cinq comédiens de l’Oiseau-Mouche, serrés dans leurs costumes d’époque comme dans une camisole de force. Progressivement, les décors tombent. Les corps se libèrent des vêtements. Ils prennent la parole. Quelle parole ? Celle de l’auteur Valère Novarina, si dense et poétique. Le metteur en scène Cédric Orain la partage avec les artistes résidents du théâtre roubaisien, tous en situation de handicap mental. « C’est écrit pour eux, ça leur colle à la peau », explique-t-il . Une alchimie qui l’a poussé à combiner trois textes du dramaturge (Lettres aux acteurs, Pour Louis de Funès et L’Opérette imaginaire) nourrissant une réflexion nouvelle sur la parole au théâtre. Et ailleurs. /

On vous l’annonçait dans le numéro de septembre : le Boulon, Pôle régional des arts de rue, rouvre ses portes après moult travaux d’embellissement. La maison sise à Vieux-Condé dispose désormais d’un lieu taillé pour sa programmation turbulente, ses résidences et ateliers artistiques, ses spectacles loufoques. À l’image de celui des Rois Vagabonds, un tandem de clowns musiciens qui interprète et dépoussière deux figures classiques : le clown blanc et l’Auguste dans Concerto pour 2 clowns. Ici, la parole s’efface au profit du mime, des acrobaties de la musique, renforçant notre émotion. Programmé le même soir, Leandre Ribera (clown « routard » bien connu des scènes espagnoles) mise sur la simplicité de son jeu et ses récits poétiques pour gagner le cœur du public. /

du 13 au 21.10, 20h30 (sf dim, relâche, et mer 19, 19h), Roubaix, l’OiseauMouche / le Garage, 12/10/8/6€, +33 (0)3 20 65 96 50 // En tournée dans le Nord-Pas de Calais jusqu’au printemps 2012.

22.10, 19h30, Vieux-Condé, le Boulon, 9/6€, +33 (0)3 27 20 35 40



théâtre & danse |

80

agenda L'instant T © DR

Guantanamouk, Mourade et Nabil © Bart Grietens

Les toiles dans la ville

Guantanamouk

Jusqu’au 3.11

5>14.10

Plus qu’un mois pour profiter du festival des arts du cirque porté par le Prato et le Plôt Lille-Tournai. Avec un programme toujours aussi fédérateur : spectacles familiaux (Cie Rasposo), seuls en scène tordants (Bonaventure Gacon, Emma la clown), petites formes tous terrains (le Tournage imaginaire)... Vingt spectacles, autant de partenaires et plus de cinquante représentations. À consommer sans modération. ❥ Armentières (Vivat), Hazebrouck (A. Malraux),

Haroun et Medhi sont incarcérés à Guantanamo. L’un est islamiste antiUSA, l’autre menfoutiste fan de l’Oncle Sam. Tout les oppose mais ils doivent vivre ensemble, l’un sur l’autre, en s’inventant un nouveau quotidien. Mieux : une nouvelle patrie où se projeter, nommé Guantanamouk. Réalisateur de la pochade remarquable Les Barons (2008), Nabil Ben Yadir s’empare d’un drame actuel pour en tirer une réflexion teintée d’onirisme. ❥ 20h30, me>sam, sf dim>15h et

Métropole lilloise (Prato, MFM, MFW, Gare St Sauveur…), www.prato.fr

mar>12h30, relâche les 07 et 10.10, Bruxelles, KVS, +32 (0)2 210 11 12

L’Instant T

Cendrillon

7>22.10

Antoine Lemaire

N. Ben Yadir

du 11 au 29.10 C. Perrault /J. Pommerat

Dans la continuité de ses travaux sur la confession intime (Vivre sans but transcendant est devenu possible, Tenderness), Antoine Lemaire fait ici l’autopsie d’un couple de quadragénaires. Comme en thérapie, les deux personnages exposent au public leurs états d’âme, leurs doutes, leurs remords... A travers une succession de confidences, ils tentent de retrouver cet Instant T où leur amour est mort. ❥ 20h30, sf jeu, 19h30, & dim, 15h30,

Le Petit Chaperon Rouge, Pinocchio et maintenant Cendrillon : expert èsrelecture de contes, Joël Pommerat offre un nouveau visage aux héros de notre enfance, quitte à piétiner nos souvenirs naïfs. Dans cette mystérieuse adaptation, Pommerat s’attarde sur le deuil de Cendrillon après la mort de sa mère et bat en brèche les clichés sur la figure de la fée ou de la sorcière. ❥ 19h30 ou 20h15 (sf 15, 23, 29 à 14h),

mar>dim, Tourcoing, la Virgule, 18/14/8/6e, +33 (0)3 20 27 13 63

Bruxelles, Théâtre National, 19/15/10e, +32 (0)2 203 53 03



théâtre & danse |

82

agenda Dunas © DR

ElektroKif © Laurent Paillier

La vie dans les plis

Dunas

12>20.10 Blandine Savetier / Thierry Roisin / Olivier Benoit

14.10 Maria Pagés / Sidi Larbi Cherkaoui

Henri Michaux considérait l’« être » comme un territoire à explorer. Fuyant une réalité trop austère, le poète plongeait dans les méandres de la psyché dans une œuvre au style personnel, pétrie de néologismes. Ici, deux metteurs en scène, un compositeur, neuf musiciens et huit comédiens donnent vie à sa prose à travers une création pluridisciplinaire et contemplative. ❥ 20h, Béthune, Le Palace, 7/15e, +33 (0)3 21 63 29 19

21.10 Cie Caryatides

Les réseaux sociaux et le blogging façonnent de nouvelles identités, virtuelles, numériques. Les Caryatides proposent de confronter image réelle et faux-semblant en diffusant simultanément une version modifiée (son, lumière etc.) de la scène jouée en direct. La démarche scientifique ne s’arrête pas là. L’image et/ou le son évoluent en fonction de données corporelles captées dans le public. Le théâtre 2.0 ? ❥ 20h30, Lille, Maison Folie Wazemmes, 10/8e, +33 (0)3 20 78 86 86

+33 (0)3 27 99 66 60

Elektro Kif

Des-engagements 13 & 14.10

Le désert, espace de liberté et terre de danger sert de toile de fond au projet audacieux de la flamenca sevillane (Maria Pagès) et du chorégraphe belgo-marocain (Sidi Larbi Cherkaoui). Ce tandem évolue dans un corps à corps fougueux, au milieu de dunes représentées par des toiles beige. La musique, jouée live, relève encore le rythme du spectacle avec des compositions flamenco, arabes ou médiévales signées Szymon Brzoska. ❥ 20h, Douai, Hippodrome, 28/23e,

Blanca Li

Après le hip-hop (Macadam Macadam), le jazz et le flamenco (Poeta en Nueva York), Blanca Li s’aventure sur le terrain des musiques électroniques. Avec huit jeunes danseurs de la région parisienne, la chorégraphe espagnole rapproche magistralement la Culture de rue de la scène théâtrale. Au beau milieu d’un décor de lycée, Elektro Kif associe gymnastique et tecktonik, jumpstyle et breakdance sur un rythme effréné qui ne laisse de répit ni aux acteurs ni aux spectateurs. ❥ 20h30, Béthune, Théâtre municipal, 14/10e, +33 (0)3 21 64 37 37



théâtre & danse |

84

agenda Marionnette dans tous ses états, Inconsole © DR

Philippe Quesne, L'Effet de Serge, amour Pierre Gro © Argyroglo Callias Bey

Marionnette dans tous ses états

Amen (Le Vicaire)

22&23.10

26.10 > 20.11 de R. Hochhuth / J.-C. Idée

Rendez-vous à Moulins pour la 7e édition de la Marionnette dans tous ses états. Théâtre d’ombres (Dériverie), d’objets (Le Casier de la Reine), plateau de cinéma miniature (L’aurore), spectacles pour enfants (L’inconsolé, Infinité)... Le temps d’un week-end, pantins et figurines en tout genre se réunissent à la Maison Folie. La nouveauté ? Des parcours secrets hors les murs. Choisissez votre formule de trois spectacles et laissez-vous guider. Les organisateurs se chargent de tirer les ficelles. ❥ 14h45, 16h45 & 18h45, Lille, MFM,

« Comme les fleurs de la terre sous l’épaisse couche de l’hiver attendent les souffles tièdes du printemps, les Juifs doivent savoir attendre en priant, et dans la confiance, l’heure des consolations célestes. » Voilà la réponse (dans le texte) de Pie XII, alerté par un officier SS et un jésuite du sort réservé aux Juifs. Cette pièce classique de Hochhuth, popularisée par l’adaptation de Costa-Gavras, pointe la passivité des autorités politiques et religieuses face à l’horreur. ❥ 20h15 (sf le 5.10, les 11, 13, 19 et 25.11 à

5/3/2e, +33 (0)3 20 95 08 82

15h), Bruxelles, Théâtre des Galeries, 11 à 24e, + 32 (0)2 512 04 07

Philippe Quesne 26>29.10

Les pièces de Philippe Quesne sont réputées pour stimuler l’imagination. Ici, on pioche le titre avant de s’attaquer au script. Le récent Big Bang (2010), onomatopée à l’origine de l’Univers, laisse libre cours aux improvisations de la joyeuse troupe du Vivarium Studio, quand l’acclamé L’Effet de Serge (2007), absurde et cheap, met en abyme la condition de comédien. Avec trois bouts de ficelles. Mais pas au bout du rouleau. ❥ 20h30, Bruxelles, Kaaitheater, L’Effet De Serge (26.10), Big Bang (27 et 28.10), 16/12 e, +32 (0)2 201 59 59

Les rêves d’Einstein 29 & 30.10

Perchés dans les airs, les circassiens de la compagnie brésilienne Intrepida Trupe défient les lois de la gravité. Exécuter des figures de skate en apesanteur ou marcher sur la tête sont de simples formalités pour ces corps rebelles. Cette pièce allie rigueur technique, grâce et... relativité, dans une ambiance feutrée propice à l’évasion. Parfaite combinaison symbolisant la légèreté du rêve et la science d’Einstein. ❥ 20h30 (le 29) et 16h (le 30), Bruxelles, Halles de Schaerbeek, 17/12e, +32 (0)2 218 21 07



littérature |

86

texte ¬ Judith Oliver illustration ¬ Autoportrait © Jean-Baptiste Bourgois

Noces de papier Sorj Chalandon, Jean-Louis Fournier, Lydie Salvayre... Le chapelet d’invités de ce café littéraire suffit à attirer l’œil du « livrovore » lambda. Pourtant, ce sont les plus petits caractères de l’affiche qui créent la surprise. L’événement associe équipes du Furet du Nord et libraires indépendants. Une première que l’on doit au Centre Régional du Livre et des Lettres. Une soirée à la bonne franquette, sans sacralisation ni dédicace. Des tables, des bières, une sélection des meilleures pages de la rentrée... voilà à quoi devrait ressembler cette soirée du 20 octobre. Au programme, treize convives venus défendre un premier roman (A. Jenni, C. Lunoir...), un livre de la maturité (J.L Fournier, S. Chalandon...) ou le souvenir d’une résidence commune (A. Dhée et C. Fives). Le tout, entrecoupé des saillies absurdes de Gilles Defacque ou Laurent Petit et couronné d’un grand bal. Originale dans son

déroulé, cette soirée l’est surtout dans son principe. Elle célèbre un temps fort de la vie littéraire autant qu’un métier. « Les libraires abattent un travail énorme de repérage, de lecture, de médiation. À travers leurs coups de cœur, nous voulions célébrer l’importance de ces passeurs » explique Léon Azathkanian, directeur du CRLL. Ressources humaines Depuis sa création en 2008, ce centre de ressources (équivalent du CRRAV pour le cinéma) travaille à la valorisation et au rapproche-


ment des acteurs du livre et de la lecture en Nord Pas-de-Calais. Une région où l’illettrisme record (15 %) côtoie des sommets de consommation (9,5 millions d’ouvrages empruntés tous les ans), où le dynamisme des bibliothécaires, éditeurs et libraires n’a d’égal que leur fragilité. Grâce à son site internet et à sa revue trimestrielle

Eulalie, le CRLL « a permis à toute une communauté professionnelle de se reconnaître comme telle » et de mesurer « l’excellence des projets et productions régionales ». Le résultat ? Des collaborations inédites, comme cette soirée coorganisée par le site collaboratif Libfly, le Furet du Nord et l’association LIBR’aire. /

Cafés et bal littéraires 20.10, 19h, Lille, Gare St Sauveur, entrée libre, +33 (0)3 21 53 02 23 19h : Cafés littéraires avec S. Chalandon, J.-L. Fournier, L. salvayre, A. Dhée, C. Fives, V. Goby, M. Quint, A. Jenni... // 21h30 : Bal littéraire avec Los Globalitos (Tire Laine)


livres |

88

Drood Dan Simmons | Éd. Robert Laffont À sa mort en 1870, Charles Dickens laisse Le Mystère d’Edwin Drood inachevé et ses lecteurs, en proie à une frustration énorme. Les spéculations vont bon train, et nombreux sont ceux qui, dès le XIXe, imaginent une fin à ce feuilleton à suspense, enquête tendue dans les fumeries d’opium londoniennes. Dan Simmons reprend ici le flambeau, pour mieux jeter au feu nos attentes. S’appuyant sur des détails véridiques de leurs vies et œuvres respectives, l’auteur de L’Échiquier du Mal et du cycle d’Hypérion ressuscite Charles Dickens et son ami écrivain Wilkie Collins. Dans Drood, intrigue complexe jonchée de chausse-trappes, il confie à son narrateur opiomane, Collins, le soin de combler les blancs de la biographie de « l’Inimitable ». En éternel second piqué d’une amusante jalousie, il retrace les dernières années de son mentor - depuis son accident de train en 1865. Avec un sens du romanesque et une méticulosité admirables, Simmons confirme ses talents de caméléon littéraire. Plagiant le style victorien, l’Américain imagine la rencontre de Charles Dickens avec le mystérieux Drood, personnage qui lui aurait inspiré son dernier roman. Haletant, Drood se double ainsi d’une réflexion sur les ressorts de la création et de la popularité. 880p., 23,50 €. Judith Oliver

PARADOXIA, JOURNAL D’UNE PRÉDATRICE Lydia Lunch | Éd. Au Diable Vauvert (réédition) Journal d’une prédatrice, assurément. Fermons les yeux sur la couverture, d’une bêtise insondable. Ce qu’elle contient ne saurait s’y résumer, tant il s’agit ici d’une obsession plus dérangeante qu’un cunnilingus athlétique, plus radicale qu’un doigt tendu. Guère étonnant que Selby l’ait préfacé, même si son enthousiasme est minimal, et que Lunch jamais n’approche l’amour sublime et violent que dégagent ses livres. Qu’importe. Voilà une description hallucinée et rageuse des bas-fonds, dans laquelle une femme tend un miroir à la violence masculine. Pas de romance, mais des rapports de pouvoir, dont chacun est une lutte à mort par le sexe. La folie rôde, mord et détruit avant que n’arrive, comme un flash, la libération. 238p., 18 €. Raphaël Nieuwjaer


chroniques GARÔDEN

Persécution

Jiro Taniguchi & Baku Yumemakura | Sakka

Alessandro Piperno | Éd. Liana Levi

Symbole du manga zen et contemplatif depuis L’Homme qui marche, Taniguchi fait figure de vieux sage jetant sur la vie un voile mélancolique et doucereux qui fait tout son talent. À lire cette œuvre de jeunesse de la fin 80, c’est à se demander si par le passé, le dessinateur ne se transformait pas, les soirs de pleine lune, en dangereux possédé rêvant de cartilages écrasés, de bagarres urbaines, de corps moites, de regard teigneux, de gerbes de sang et de femmes lascives et ardentes vibrant sous la force brute. Ce Taniguchi old school – qui étonnera plus d’un habitué – dévoile le monde du catch à travers le désir de vengeance d’un gros minet très costaud mais qui veut le devenir encore plus. Si vous aimez les films de gladiateurs... 288p., 12,50€. Nicolas Trespallé

« C’est le 13 juillet 1986 qu’un désir inconfortable de n’être jamais venu au monde s’empara de Leo Pontecorvo ». Car ce soir-là, en plein repas de famille devant le journal télévisé, une brèche s’est ouverte dans la vie bien réglée de ce cancérologue pour enfants si réputé. Sa photo apparaît sur l’écran, son nom est cité, associé à des propos monstrueux : il aurait tenté de séduire une mineure, ex-copine de son fils. Alors que son monde s’écroule, Leo, impuissant, détaché, s’enferme dans le silence, ce qui alimente la présomption de culpabilité. Par le récit de la chute de la maison Pontecorvo, l’auteur dézingue le système médiatico-judiciaire en un roman satirique, violent et drôle. Redoutable, insoutenable, implacable. 420p., 22€. Paulo Pontevo

Tu Seras Ecrivain Mon Fils François Bégaudeau| Éd. Bréal Signé de l’écrivain punk rock François Bégaudeau, ce bouquin bref relève en quelque sorte de la compilation de faces B. Soit toutes les vannes non utilisées pour son Antimanuel De Littérature (même éditeur, 2008). À l’origine, il y a l’envie chez le Nantais d’abattre le mythe de l’Ecrivain. Avec un grand E. Qui vivrait reclus, sérieux comme un pape, tout entier dévoué à la Littérature, cette maîtresse ingrate. Belle idée, mais voilà : si la plume lorgne vers Desproges (cette confrontation permanente entre écriture soutenue et oralité), l’inspiration, elle, ne va pas au-delà de quelques gags et clichés éculés. Bégaudeau manque son sujet. Pire : l’ironie en étendard, il menace, lui aussi, de se transformer en cliché vivant. Etonnant, non ? 128p., 14,90€. Thibaut Allemand


disques |

90

CANT

Joakim Nothing Gold | Tigersushi/ Records Module

Dreams come true | Terrible Records/Warp Multi-instrumentiste au sein de Grizzly Bear, producteur de Dirty Projectors, Twin Shadows et The Morning Benders : à trente ans, Chris Taylor a déjà un CV qui pèse lourd. En solo, il s’affirme en tant que chanteur et dessine les contours d’une pop moderne exigeante et subtile. Secondé à la production par George Lewis Jr (Twin Shadow, donc), Taylor cumule instrumentation ambitieuse (clarinette, sons de basses rares, etc.) et pluie d’effets sans jamais perdre le fil de la mélodie. En dehors du morceau-titre, au son néo-indus menaçant, l’album est relativement accessible. La voix chaude de Chris Taylor donne même à entendre une soul ardente sur The Edge, non sans rappeler un certain D’Angelo, qu’il cite en référence. De bout en bout, ce premier album surprend par sa maturité et son hardiesse. Hakima Lounas

Figure incontournable de la scène électronique française, Joakim Bouaziz brille paradoxalement par sa faculté à n’être jamais devenu mainstream, dans la tradition du musicien pour musiciens. Fondateur de Tigersushi, dj, producteur, remixeur, ses pairs le vénèrent tant pour son érudition que pour sa discrétion faite homme. Et ce n’est pas son quatrième album studio qui risque de bouleverser le cours ordinaire des choses. D’humeur foncièrement mélancolique, Nothing Gold navigue entre John Carpenter et disco spatiale, Art of Noise et Roedelius avec le souci constant d’écrire des « chansons » - à l’encontre d’un nouveau recueil d’hymnes pour clubbers extatiques. Mélodique à souhait, dominé par un piano en mode mineur, un disque en forme d’autoportrait intime, beau et grave. Marc Bertin

François & The Atlas Mountains E Volo love | Domino/PIAS Première signature française du label Domino, révélation des Francos et remarqué à Rock en Seine, François & The Atlas Mountains est attendu au tournant à l’occasion de la sortie d’E Volo Love. Un album qui débute par le refrain Soyons les plus beaux a intérêt à tenir ses promesses ! On retrouve sur ce disque le charisme troublant du Charentais, qui évolue à mi-chemin entre pop bigarrée et chanson sophistiquée. E Volo Love est un très beau disque dont on aurait toutefois attendu des mélodies plus panachées. Les influences africaines de François, très présentes sur le premier album et largement perceptibles sur scène, se font, ici, plus timides. Il ne dévoile qu’une partie de son monde. C’est à la fois la cause d’une mini-déception et d’un immense espoir. Mathieu Dauchy


chroniques Rodriguez Jr

M83 Hurry Up, We’re Dreaming | Mute/Naïve

Bittersweet | Mobilee/La Baleine Avec The Youngsters, Olivier Mateu a écrit certaines des plus belles pages de F-Com (le label de Laurent Garnier). Depuis quelques années, il explore sous le pseudo Rodriguez Jr une techhouse solaire et dansante, dans le parfait esprit de sa nouvelle maison, Mobilee (tenue par Anja Schneider). Trop souvent, le cap du premier album solo prend la forme d’un simple enchaînement de titres dancefloors. Écueil contourné ici avec brio. House tournée vers Chicago (Shapes I See), deep (Los Matadores), vocale (Music Don’t Lie), ou dub techno revisitant Basic Channel (The Ubiquitous Dr Pook), chaque pièce amène sans fioriture à l’essentiel, l’émotion, le groove. Bittersweet ne révolutionne rien, mais insuffle une simplicité évidente, qu’on appelle aussi la classe. Clément Perrin

Certainement épris d’ivresse depuis son installation à Los Angeles, Anthony Gonzalez s’est mis en tête de composer un roboratif double album, conçu durant plus d’un an, et produit par Justin Meldal-Johnsen, fidèle de Beck. Plus que jamais dans la réinterprétation de l’imaginaire 80, le trentenaire poursuit ses rêves techno pop. Toutefois, s’il fait encore preuve d’une subtile science dans sa capacité à créer des ambiances cinématographiques à grand renfort de synthétiseurs (l’école Michael Mann), le flirt middle of the road est poussé à l’extrême (le solo de saxophone sur Midnight City). Entre Wan Chung, Flash & The Pan et Jan Hammer, Hurry Up, We’re Dreaming n’en retient que l’emphase, version stadium rock. Cette grandiloquence fait peine au regard du brillant passé de M83. Marc Bertin

FUTURE ISLANDS On The Water | Thrill Jockey/Differ-ant Découvrir le troisième album de ce trio de Baltimore, c’est s’indigner d’être passé à côté des deux premiers. À l’écoute de On the Water, on est tout d’abord hanté par cette voix de gorge, profonde, caverneuse, chargée d’une émotion qui mène parfois au bord des larmes. Mélodies pop cosmiques, basse post-wave hypnotique, Future Islands nous balade entre mélancolie et euphorie sans jamais tomber dans le pathos ou la mièvrerie. Enregistré par le Géo Trouvetou des musiques électroniques (Dan Deacon), On the Water est un album à explorer à l’infini. On y découvre sans arrêt de nouvelles touches de synthés, violoncelles, xylophones subtilement glissées. Et l’on n’a plus qu’une envie : se plonger dans l’œuvre complète de ce groupe magnétique. Que l’on espère voir enfin exploser. Bénédicte Briant-Froidure


agenda |

92

concerts Sam 01.10

19h, grat

Anna Calvi Lille, Splendid, 19h, 25e

Yuksek Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16/13e

Salvatore Adamo Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 46e Waz Festi Soul : La Blonde Emoi + Ravalson & friends Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 8e Matt Elliott Lille, La Péniche, 20h, 8e Lonely Drifter Karen Lille, L’Aéronef, 20h, grat Dick Annegarn Bruxelles, Théâtre 140, 20h, 25e Marvin + Ed Wood Jr Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 5€/grat. pour abonnés Matthias Tanzmann Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e Aeroplane + Mustang Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, nc

Dim 02.10 Patti Smith Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 45e

Lun 03.10 Aun + Kodiak Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e Anna Calvi Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/16e

Mar 04.10 Noah and the Whale Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e

Mer 05.10 Rubik Roubaix, La Cave aux Poètes,

Saul Williams + Mc Luvin Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e Ozark Henry Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 26e Brett Anderson Leuven, Stuk, 20h, 16/14e Pink Martini Roubaix, Le Colisée, 20h, 45/41/37e

Jeu 06.10 Steak Number 8 Courtrai, De Kreun, 17h, grat La Canaille + Paranoyan Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e Deportivo Lille, Splendid, 20h, 20e Fink Bruxelles, Le Botanique, 20h, complet Thomas Dutronc Maubeuge, La Luna, 20h, 15/20e The Subways + The Dukes Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14/17e The Bony King Of Nowhere Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 18/15e Comic Symphonic : Marc Jolivet Roubaix, Le Colisée, 20h, 37/33/27e

Instrumental Douai, L’Hippodrome, 20h, nc Metronomy Lille, L’Aéronef, 20h, 24,20t Miossec + Jim Yamouridis Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19/22e Carmen Maria Vega + MeLL Liévin, Centre Culturel, 20h, 15/13/10e ONL Hazebrouck, Espace Flandre, 20h, 17/13e Nasser Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Alex Beaupain Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7/5/3e Mondkopf + Christine Amiens, La Lune des Pirates, 21h, 10e So Tasty + Huggy Anton Lille, Magazine Club, 23h, 5e Mr Scruff Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 14/12e Partyharders + Rafale Roubaix, La Cave aux Poètes, 23h, 11/8e

Sam 08.10 Final Flash + The Luyas Bruxelles, VK*, 20h, grat Danakil + Broussaï Lille, L’Aéronef, 20h, nc Cinema Novo La Louvière, Le Palace, 20h, nc

Within Temptation Lille, L’Aéronef, 20h, 31e

Miossec Bruxelles, Le Botanique, 20h, 26/23/20e

Ven 07.10

Karimouche Liévin, Centre Culturel, 20h, 15/13/10e

Das Efx + Dj Aral Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 19/16e Ars Nova Ensemble

Michel Jonasz Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 39/36/30e


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Zun Zun Egui + This is the Kit Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6/4e True Window Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h30, 10/8/6e Merlot + Arsène Lupunk Trio Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 8/6e Kitsune Club Night : The Magician + Jerry Bouthier + Two Doors Cinema Club Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, nc La Mèche + High C Lille, Magazine Club, 23h, 5e Butch + Pierre + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e

Dim 09.10 Florent Marchet Liévin, Centre Culturel, 17h, 15/13/10e I’m From Barcelona Lille, L’Aéronef, 18h, 12e Apparat Band + Owlle Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 14/17e Just Doo Hits + Filochards + Lénine Renaud Lille, Gare Saint-Sauveur, 19h, grat Ulan Bator + Heliogabale Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Xzibit Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 30/27e US3 Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 20/17e

Lun 10.10 Alela Diane & Wild Divine Anvers, Trix, 19h, 21/18e Chris Bailey & H-Burns Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e

Mar 11.10 Nine Below Zero + EDDIE & THE HOT RODS + Dr Feelgood Lille, Splendid, 20h, 30e Ceu Valenciennes, Le Phénix, 20h, 16/14e

Petite-Forêt, Espace Culturel Barbara, 20h, 10/8e Broken Glass Heroes Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 22/18/5e C.W. Stoneking & HiPrimitive Orchestra Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e

Connan Mockasin Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e

Les Ogres de Barback Liège, La Caserne Fonck, 20h, 28/23e

SBTRKT Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, Complet

Dub Inc Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/26e

ONL Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 30/24/12/8e

Yael Naim Valenciennes, Le Phénix, 20h, 31/28e

Herman Düne Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 15e

Louis Chedid Amiens, Maison de la Culture d’Amiens, 20h, 14/35e

Mer 12.10

Chucho Valdes Septet Roubaix, Le Colisée, 20h, 32/27/24e

Heidenfest : Finntroll + Turisas + Alestorm Lille, L’Aéronef, 18h, 18/22e Admiral Freebee Gent, Handelsbeurs, 20h, 25/23e Dub Trio Bruxelles, Le Botanique, 20h, 17/14/11e The Do Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e ONL Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 30/24/12/8e An Pierle + Yael Naim Hazebrouck, Espace Flandre, 20h, 28/21e

Jeu 13.10 Lavach Mons, Le Manège de Mons, 20h, 6e Mother Mother Lille, La Péniche, 20h, 8e Laetitia Sheriff

Camélia Jordana Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, nc

Ven 14.10 Jennifer Cardini Lille, Etik Club, 00h, 9/7e The Experimental Tropic Blues Band + MALE BONDING Lille, L’Aéronef, 20h, 10e/grat. pour abonnés Medi + FM Leati Lille, Splendid, 20h, 19e Skip The Use + Bison Bisou Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14/11e Poulpaphone : Hudson Mohawke + Dj Soulist + Jazzsteppa + Hyphen Hyphen + Trap + True Live Boulogne-sur-Mer, Site indutriel de Garromanche, 20h, 8/5e Billie + Mathilde Braure Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7/5/3e


agenda |

94

concerts Peaches DJ SET Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 15/13,5e

Lefrog vs Curtis Zeki Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, nc

Jean-Marc Padovani Tourcoing, Théâtre de l’Idéal, 20h, 15/13/10e

Miss Gwen + Miss Noa + Clementine Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Reboot + Mathias Kaden Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e

Mar 18.10

Sam 15.10 Noisefest : Prurient + Lust For Youth Courtrai, De Kreun, 14h, nc Dubioza Kolektiv + Dj Rakija Lille, Salle des fêtes de Fives, 19h, 4/2e

Renaissance Man + Teki Latex + So Glove Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Dim 16.10 Avishaï Cohen Tourcoing, Théâtre Municipal Raymond Devos, 17h, 18/15/13e

The Unexpected 4 Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, nc

La Velha Guarda Da Portela Valenciennes, Le Phénix, 17h, 22/20/17e

The Subways Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16/13e

Soul Asylum Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 30/33e

Corleone Lille, La Péniche, 20h, 10e

Bjorn Berge Lille, La Péniche, 20h, 10e

Mademoiselle K Liévin, Centre Culturel, 20h, 25/22/20e

The Kooks Bruxelles, Forest National, 20h, 32e

Skinny Lister + Jef Kino Lille, L’Aéronef, 20h, 8/6/4e

Bob Dylan + Mark Knopfler Lille, Zénith Arena, 20h, 63/88e

Amadou et Mariam Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 36/33/27e Tourcoing Jazz Festival : Ibrahim Maalouf Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 15/13/10e Poulpaphone : Brisa Roché + Brigitte + The Glitch Mob + Milk Coffee & Sugar + The Lanskies + Turnsteak + Pigeon John Boulogne-sur-Mer, Site indutriel de Garromanche, 20h, 8/5e Medine + Veerus Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 7/10e Nine Below Zero + Dr Feelgood Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 21h, 20/18e Axel Boman + The Swiss +

Lun 17.10

Tourcoing Jazz Festival : Therain-Dille Tourcoing, Hospice d’Havré, 18h, 8/4e The Vaccines Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 24/21e SebastiAn Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16/13e Stéphane Belmondo Tourcoing, Théâtre Municipal Raymond Devos, 20h, 14/12/10e Peter Murphy Leuven, Het Depot, 20h, 22/19e Musica Nuda + Massot, Florizoone & Horbaczewski Trio Mouscron, Centre culturel, 20h, 14/12/10e Imany Tourcoing, Magic Mirror, 21h, 17/15/11e

Mer 19.10

The Lords of Altamont Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e

Sidony Box Tourcoing, Magic Mirror, 12h, grat

Ane Brun Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/13/10e

Tinariwen Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 26/23e

Charles Bradley Leuven, Het Depot, 20h, 20/17e

Saul Williams Courtrai, De Kreun, 20h, 18/15/12e

New Order Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, complet

Ground Zero : Caravan Palace Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 28e

Yuck Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e Didier Lockwood + Vincent Ségal + Stuart Seide +

Howe Gelb Leuven, Het Depot, 20h, 16/13e Ozark Henry


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Mons, Lotto Club, 20h, 25/18e Skip The Use Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e Baptiste Trotignon + Tigran Hamasyan + Monty Alexander Trio Tourcoing, Théâtre Municipal Raymond Devos, 20h, 22/20/18/15e Feist Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 28/25e Bratsch Tourcoing, Magic Mirror, 21h, 17/15/11e

Jeu 20.10 Hugues Rousé Tourcoing, Magic Mirror, 12h, grat Jean-Philippe Viret + Nancy Houston Tourcoing, Hospice d’Havré, 18h, 10/8/4e La Mathilde + Saso and the W. Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e The Glitch Mob Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 17/14e Pat Travers Lille, Splendid, 20h, 23e Seun Kuti et Egypt 80 Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 22/25e Saul Williams Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16/13e Architecture In HelsinkI Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e Orchestre National de Jazz + Eric Longsworth trio & chœurs Tourcoing, Théâtre Municipal Raymond Devos, 20h, 20/18/15/13e Malted Milk

Tourcoing, Magic Mirror, 21h, 17/15/11e

Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Mad Professor + Charlyx Bround Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 9/12e

Sam 22.10

Ven 21.10

Jérémie Ternoy Trio Tourcoing, Hospice d’Havré, 16h, grat

The Head Shakers Tourcoing, Magic Mirror, 12h, grat António Zambujo Tourcoing, Hospice d’Havré, 18h, 10/8/4e Skip The Use + Caravan Palace Liège, La Caserne Fonck, 18h, 20e

JFC Big Band Tourcoing, Magic Mirror, 12h, grat

Fink + Jean-Louis Murat Liège, La Caserne Fonck, 17h, 20e Ndidi O Tourcoing, Magic Mirror, 18h, 12/10/8/6e

Michael Franti + Spearhead Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 26/29e

Youn Sun Nah + Nikki Yanofsky Tourcoing, Théâtre Municipal Raymond Devos, 20h, 22/20/18/15e

Why ? Bruxelles, Le Botanique, 20h, 18/15/12e

Lisa Ekdahl Bruxelles, Le Botanique, 20h, 28/25e

Erik Truffaz + Anna Aaron + Stefano Di Battista Tourcoing, Théâtre Municipal Raymond Devos, 20h, 22/20/18/15e

Thomas Fersen Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 29/33e

Architecture In Helsinki + Lo-Fi-Fink Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 17/14e Dez Mona + Tribal Jâze Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 2e ImProvista : Michel Portal + Bernard Lubat Calais, Le Channel, 20h, 6e Hell-O-Tiki + Deux Gars Dans Le Jardin Arlon, Entrepôt, 20h, nc Anthony Joseph and the Spasm Band Tourcoing, Magic Mirror, 21h, 17/15/11e Cabaret Freaks : Arnaud Rebotini Lille, L’Aéronef, 21h, 18e Dj Mess Birthday : So Tasty

Pete & The Pirates Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10/7e Skip The Use La Louvière, Le Palace, 20h, nc Orchestre International du Vetex Roubaix, La Condition Publique, 20h, 8/5e We Are Toxic + Unstable Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 2e Pak + Yolk Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 5/8e Boubacar Traoré Tourcoing, Magic Mirror, 21h, 17/15/11e Adam Beyer Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e APM001 + Fantome Lille, Magazine Club, 23h, 5e


agenda |

96

concerts

Retrouvez l’intégralité des concerts sur

John Tejada + Lefrog Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, nc

Wild Beasts Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 11/14e

parapluie Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 5/3e

Dim 23.10

ONL Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 30/24/12/8e

Ivan Smagghe Lille, Magazine Club, 23h, 5e

L’Orchestre Luter Tourcoing, Magic Mirror, 16h, 17/15/11e Les Touffes Krétiennes + Lénine Renaud Roubaix, La Cave aux Poètes, 18h, 10/8/6e Brigitte Lille, L’Aéronef, 19h, complet Apparat Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/16e

Lun 24.10 John Cale Lille, Splendid, 19h, 24e Ground Zero : Dels Lille, La Péniche, 20h, 10e Fink + Greenshape Lille, L’Aéronef, 20h, 10/Gratuit abonnés Lenny Kravitz Lille, Zénith Arena, 20h, 40/62e ONL Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 30/24/12/8e

Mar 25.10 Sizzla + Judgement Yard Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 26/24e The Glitch Mob Lille, La Péniche, 20h, 11e Paul Personne Lille, Splendid, 20h, 33e Wanda Jackson Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e The Joy Formidable Bruxelles, Le Botanique, 20h, 17/14/11e

Mer 26.10 Admiral Freebee Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 22/25e Jean-Louis Murat Lille, Splendid, 20h, 30e Groundation Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 21h, 8/6e

Sam 29.10 The Ex + Cactus Truck Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 13/10e Pigeon John + Bikinians Namur, Belvédère, 20h, 10/8e Sonny Rollins Roubaix, Le Colisée, 20h, 45/42/38e

Jeu 27.10

Erol Alkan + Mustang Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, nc

Amon Amarth + As I Lay Dying Lille, L’Aéronef, 19h, 24e

La Mèche + Sir Piou Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Bon Iver Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, complet

Franco Cinelli Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e

Young Galaxy Lille, La Péniche, 20h, 8e Mansfield Tya Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 18e Celtic Legends Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 48/42/36/33e

Ven 28.10 Lille de Manhattan : Amalya + Dreadful Lemons Lille, Gare Saint-Sauveur, 19h, grat Motörhead Bruxelles, Forest National, 20h, 40e Ozark Henry Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 30/25e Joseph d’Anvers Lille, Splendid, 20h, 23e Ginkgoa Lille, La Péniche, 20h, 6e Trois roues sous un

Technasia + Spacid Anvers, Petrol, 23h, 16/13e

Dim 30.10 Tom Zé Valenciennes, Le Phénix, 17h, 22/20/17e dEUS Lille, L’Aéronef, 18h, 22/18e Death in Vegas Bruxelles, Le Botanique, 20h, 18/15/12e

Lun 31.10 Death in Vegas Lille, Splendid, 19h, 25e The Shoes Leuven, Het Depot, 20h, 15/13e Motörhead Lille, Zénith Arena, 20h, 44/50e Selah Sue Bruxelles, Forest National, 20h, 30e



le mot de la fin |

98

Marc Jenkins manie l'adhésif comme personne, et il est loin d'être au bout du rouleau. Depuis 2003, le Street Artist américain pertube notre quotidien avec ses « Tape Men » – des moulages grandeur nature laissés dans des lieux ou postures improbables. Scotchant ! à visiter / www.xmarkjenkinsx.com/




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.