let'smotiv nord et belgique n° 70

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n째70 / janvier 2012 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire

La Louvière, Nuit d'Ouverture, Malaya © DR // Kate Moss © Peter Lindbergh // Megasoma Actaeon © Laurent Seroussi

Let’smotiv - janvier 2012 - #70

06 News Victor Enrich, le retour de Rubens, maths et musiques, festival

10 Rencontre Alexis Jenni : L’art français de la guerre

d’Angoulême, les 50 bougies de la 4L, Grimbergen ville ouverte, Legoland…

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ortfolio Laurent Seroussi : Microcosmique P Musique Baxter Dury, Danton Eeprom, Mastodon, Orelsan, Echo & The Bunnymen, Duran Duran, Arctic Monkeys, The Black Keys, Les TransArdentes

36 Cinéma Take Shelter, Festival International du Film d’Art,

42 Évènement La Louvière Métropole Culture 2012

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Le Havre, De l’encre

Expositions Peter Lindbergh, Kama Sutra, Jasper Johns, Louis Boilly, Le papier, Coca-Cola et le design… Agenda Théâtre Philippe Caubère, Britannicus, Comédie tchétchène, Vivat la danse !, La trilogie des femmes, Week-end poil à gratter, L’ogresse des archives, Please kill me, Cirque Eloize, Marie-Claude Pietragalla… Agenda

88 L ittérature Georges Simenon 90 Livres Craig Thompson, Shungiku Uchida, Sébastien Marnier,

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Denis Roulleau, Joyce Carol Oates

isques The Roots, Shin Joong Hyun, Jonathan Wilson D Dvd Deep end, Killing Bono, Le combat dans l’île Agenda concerts Le mot de la fin Janol Apin : Métropolisson


Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07

redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Thibaut Allemand & Cédric Delvallez redaction.nord@letsmotiv.com GraphisME : Cécile Fauré - Christophe Gentillon Publicité: pub.nord@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° :

Alexis Annaix, Janol Apin, François Annycke, François-Xavier Béague, Marc Bertin, Madeleine Bourgois, Pascal Cebulski, Clémence Casses, Mathieu Dauchy, Maxime Delcourt, Ludovic Deleu, Florent Delval, Marine Durand, Grégory Escoufflaire, Vincent Lançon, Hakima Lounas, Raphaël Nieuwjaer, Baptiste Ostré, Clément Perrin, Capucine Saez, Laurent Seroussi, Nicolas Trespallé, Olivia Volpi

Couverture : Goliathus Regius © Laurent Seroussi, www.laurentseroussi.com diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

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En bref… Building pudding Non, Victor Enrich n’est pas un architecte fêlé, adepte de projets insensés. Cet infographiste catalan en a eu assez de travailler la 3D toute la journée sans utiliser son imagination. Il a libéré son geste créatif et retouché des édifices à grands coups de palette graphique. Ici, New York doré à l’or fin, là un building en forme de flingue, ou un autre aux allures de gruyère... Au-delà de l’aspect ludique et fantasmagorique, son travail questionne notre vision de l’urbanisme. ❥ www.victorenrich.com

Salut l’artiste ! 1792. Les troupes révolutionnaires françaises se font refaire le portrait par l’armée austro-belge près de Tournai. Deux ans plus tard, les Bleus en dévastent la cathédrale, escamotant au passage Le Triomphe De Judas Macchabée de Rubens - désormais exposé à Nantes. Aujourd’hui, Tournai demande à la cité des Ducs de Bretagne de lui rendre le tableau. Mais quelques Français en rajoutent une couche, accusant le musée de Tervuren (Bruxelles) de conserver quantité d’œuvres volées... Finalement, à qui appartient ce Rubens ? On s’emmêle les pinceaux. Gérard Blot, Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux © domaine public

Télex

Rue 89 dans l’impasse ? C’est ce que prédisent certains commentateurs depuis l’annonce de son rachat par Claude Perdriel (Nouvel Obs). Son fondateur, Pierre Haski, concède une « part de renoncement » tant la voie de l’autonomie était un cheval de bataille du site créé en 2007. Il tient cependant à réaffirmer le caractère indépendant de sa rédaction.

© Victor Enrich, Medusa

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S = (p1Xc1) + (p2Xc2) +...+ (p23xc23) Voici la formule établie (très sérieusement) par des scientifiques de l’Université de Bristol pour calculer... le potentiel de réussite d’une chanson. Selon 23 critères (rythme, intensité sonore, durée du morceau...), on peut ainsi prédire si un titre va exploser les charts ou, au contraire, faire un flop. Et puisque tout est relatif, le poids « p » de ces caractéristiques évolue selon l’époque (on dansait plus dans les 80’s et au fil du temps, les chansons qui atteignent les charts deviennent de plus en plus bruyantes). Alors, déchiffré, le secret du Top 50 ? ❥ www.scoreahit.com

© Art Spiegelman

© DR

Maus costaud !

50 bougies

Frôlant l’annulation en 2010, le festival bd d’Angoulême fait preuve d’une belle vigueur et d’une ambition renouvelée. Pour sa 39e édition, l’évènement se tourne vers l’international, avec 98 albums présentés, dont une grande part d’auteurs étrangers. Surtout, il s’offre la présidence d’Art Spiegelman, auteur du mythique Maus et unique lauréat bd du Prix Pullitzer. L’illustrateur révélera par ailleurs l’envers de son œuvre phare dans le livre MetaMaus (sortie le 18.01) avant qu’une exposition ne lui rende hommage à Beaubourg, de mars à avril. ❥ Du 25 au 29.01, www.bdangouleme.com

Pleins phares sur la plus célèbre des Renault ! Grâce à la simplicité et la fiabilité de sa mécanique, la 4L entre dans la cinquantaine. L’occasion pour la Cité de l’Auto de Mulhouse de revenir sur l’histoire de la fameuse « voiture blue-jean », en alignant quinze modèles exceptionnels (Gendarmerie, Darty, Parisienne...) autour de six grands thèmes (séries spéciales, vocation utilitaire...). Voilà un anniversaire qui ne risque pas de capoter ! ❥ Jusqu’au 16.01, Mulhouse, Cité de l’automobile, 13h>17h, sf sam & dim 10h>17h, 10,5/8,2€, + 33 (0)3 89 33 23 21

Les Beach Boys sur le front... de mer ! Après la parution de l’arlésienne Smile (2011), les Californiens alignent rééditions, best of, box set, et même un nouvel album en 2012 ! Cerise sur le rouleau : après des années de brouille, les survivants de l’été sans fin remonteront sur scène pour une cinquantaine de dates à travers le monde. Wouldn’t it be nice ? www.thebeachboys.com


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Vive le brassage ! Le même genre d’histoire pas très drôle était arrivé en 2010 à Overijse, une petite commune située en périphérie de Bruxelles. Aujourd’hui, c’est au tour de Grimbergen de se faire mousser : dans son journal communal et sur son site web, la mairie appelait à la délation des commerçants ne s’exprimant pas en néerlandais ! L’affaire avait vraiment un goût amer. Rapidement éventée, elle a donné la gueule de bois à de nombreux Belges, francophones ou pas. La mairie a retiré aussi sec son appel nauséabond. Une petite Leffe pour fêter ça ?

© DR

Tout est joué Puisque le monde est un vaste terrain de jeu, voici l’année 2011 revue et corrigée en... Lego ! L’équipe du quotidien The Guardian (le Libé anglais, pour aller vite) s’est amusée à reconstituer les faits marquants de ces derniers mois à l’aide des célèbres figurines danoises. Des émeutes londoniennes à la rébellion lybienne, de l’inévitable hommage à Steve Jobs à Occupy Wall Street, ces grands gamins s’en sont donné à cœur joie, n’omettant aucun détail – voir Barack Obama à la Maison-Blanche, lors de l’assaut donné chez Oussama Ben Laden... Visible sur Flickr, ce projet change du traditionnel portfolio de fin d’année. On attend quand même la version Playmobil ! ❥ www.guardian.co.uk

Télex

Ça y est ! L’Homme entre dans l’ère futuriste qu’il imaginait hier. Le géant américain de l’informatique IBM prédit d’ici à 2017 l’avènement de machines capables de lire les pensées – façon X-Men ou Skywalker. Une bonne nouvelle pour les milliers d’ados victimes d’arthrite à force de taper des sms !




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propos recueillis par ¬ François Annycke photo ¬ © C. Helie Gallimard

Alexis Jenni

De bonne guerre Alexis Jenni a beaucoup fait parler de lui ces derniers mois – Prix Goncourt oblige ! L’ennui, c’est qu’on évoquait plus souvent son quotidien de professeur de SVT (peu commun chez les lauréats du prix, il est vrai), que le cœur de son ouvrage, L’art français de la guerre. Un succès critique et public pour un sujet difficile : le rapport de la France à son armée. Retour sur les motivations d’une telle entreprise, à l’heure où la Grande Muette est impliquée dans une dizaine d’opérations extérieures (Afghanistan, Côte d’Ivoire, Darfour, Kosovo, Liban, Tchad...). Votre roman retrace l’épopée des guerres dans lesquelles la France s’est impliquée de 1942 à 1962 pour en pointer les séquelles. Pourquoi un tel sujet ? Actuellement, la France est empêtrée dans des notions un peu confuses d’identité et d’histoire. J’ai tenté d’appréhender tout cela dans ce roman. Cette obsession nationale est pleine d’enjeux très révélateurs de notre époque. Mais je précise que c’est plus de la littérature que de l’histoire. J’aime bien votre qualification d’épopée car c’est exactement ce que j’ai voulu faire, un roman d’aventure, épique justement, un grand spectacle. Pourquoi avoir choisi cette période ? Entre 1942 et 1962, on retrouve les mêmes protagonistes, le même genre

de guerres, régies par les mêmes principes. En 1962, on bascule dans un autre monde. C’est la France d’après, qui s’enrichit et se modernise. C’est une période nouvelle pour le pays et pour son implication dans le monde. Ce sont également des guerres coloniales. L’exemple français est-il comparable aux autres empires coloniaux ? Non. Au Royaume-Uni par exemple, la décolonisation fut moins brutale. La France tient au concept d’identité nationale. Elle a créé des liens organiques entre la métropole et ses colonies, selon des principes d’universalisme, d’intégration. Il n’a jamais été question de cela avec les Anglais. Or, la notion d’universalité va à l’encontre de cette réalité >


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Fantassin francais, Afghanistan © DR

Légionnaire, Guerre d'Indochine, 1954 © DR


« La France est empêtrée dans des notions confuses d’identité » coloniale, une zone de non-droit où les droits de l’homme étaient bafoués. Mais il n’y a aucune prise de conscience de ce genre dans la philosophie politique française. Ce non-dit me paraît grave. Le débat sur le côté positif ou négatif de la colonisation pose problème. C’est un impensé collectif qui continue à nous travailler. Est-ce pour cela que vous vous appuyez sur Salagnon, son côté « salaud », ses éructations et ses histoires de massacres dans la jungle ? Salagnon est un personnage de roman, un type normal placé dans une situation impossible. Cette situation elle-même ne peut que provoquer des horreurs. Insister sur ce personnage banal qui devient un « salaud » permet au lecteur de se glisser dans sa peau, de le sentir, de s’imaginer dans des circonstances extrêmes. Voyez-vous une différence entre ces conflits et les guerres récentes en Afghanistan ou en Libye ? Tout d’abord, ce ne sont pas des guerres coloniales comme en Indochine ou en Algérie. En Libye, il n’est pas question de soldats au sol, et l’armée française a soutenu une rébellion locale. En Afgha-

nistan, la logique est aussi différente : c’est une action internationale, sans la volonté de mettre toute une population au pas, sans idée d’intégration, sans cette violence symbolique qui caractérise les conflits en Indochine ou en Algérie. Recevoir le Prix Goncourt vous a-t-il stimulé ou freiné dans votre écriture ? À vrai dire, cette récompense m’a surtout beaucoup occupé. J’ai passé tout mon temps libre dans des salons et des rencontres... Cette distinction fait plaisir, mais ce ne sera pas si évident de se remettre à écrire. Le public sera plus attentif. Avant, je n’étais pas publié, j’écrivais pour moi. Maintenant, il faut résister à la tentation de l’autocensure. Et en tant qu’enseignant ? Cela a-t-il changé votre rapport avec vos élèves ? C’est sûr, certains enfants m’ont fait signer des livres pour leurs parents. Maintenant, je retourne un peu à la biologie et c’est très bien comme ça. Je suis leur professeur, je leur parle de science, cela me permet aussi de souffler. Ainsi, mon narcissisme n’explose pas (rires). D’ailleurs, ce prix ne remplit pas toute ma vie. Tout le monde en parle autour de moi sauf en classe. /

❥ À lire / Alexis Jenni, L’art français de la guerre, Gallimard, 632 p., 21 €

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Laurent Seroussi Microcosmique

Photographies // Laurent Seroussi // www.laurentseroussi.com

texte ¬ Ludovic Deleu

Joli parcours que celui du photographe Laurent Seroussi ! Un cursus brillant (Arts Déco à Paris, London College of Printing et Cooper Union à New York), une maîtrise balèze du carré magique (photographie, palette graphique, vidéo clip et publicité) et un tableau de chasse impressionnant. À la volée : Bashung flottant dans les nénuphars d’une Fantaisie Militaire, Renan Luce déplumant sa guitare, Yael Naim sur pilotis, l’univers ludicoonirique de -M-... Autant de pochettes, clips et autres identités visuelles désormais imprimées dans la mémoire collective. Le Français décompose, fractionne, fusionne. Effectuée pour le simple plaisir, cette série intitulée Insectes dévoile une partie des inspirations de cet insatiable expérimentateur. Après l’eau et le végétal, c’est ici le microcosme du peuple de l’herbe qui s’hybride avec l’humain (ou l’inverse) en de poétiques mutations génétiques. Cette collection de spécimens mêle entomologie et glamour et pare les femmes de troublantes enveloppes corporelles. / Laurent Seroussi est représenté par la Galerie Annie Gabrielli à Montpellier. http://galerieanniegabrielli.com - 06 71 28 53 24







1 - Fulgore 2 - Megasoma Actaeon 3 - Phyllium Giganteum 4 - Mormolyce Phyllodes 5 - Scolopandra Subspinipes 6 - Titanacris Albipes



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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ © DR

Le syndrôme

Dark Vador Le mois dernier, on parvenait à évoquer Femi Kuti sans (quasiment) mentionner son père. Cette fois-ci disons-le, Baxter Dury est le fils d’Ian Dury, auteur de la trinité « Sex & Drugs & Rock’n’roll». Comment, en étant élevé à coups de tels préceptes, devenir avocat, architecte ou embrasser un métier autre que musicien ? Baxter Dury n’a pas résolu ce problème, et comme dans un conte triste pour enfants, il est devenu chanteur le jour de la mort de son père, en 2000. Depuis, l’Anglais a eu le temps de réaliser trois excellents albums. Happy Soup, paru en août dernier, s’est enfin fait remarquer et a obligé les journalistes à labourer le champ lexical de la filiation… Pour mieux le remballer : Baxter marche dans les pas de son père, mais sur une autre cadence. Père indigne Comme s’il avait trop vu son punk de père faire n’importe quoi, Baxou a pris du recul et consciencieusement évité le mauvais goût qui aurait consisté à reproduire les plus commentées des provocations paternelles. Baxter se montre discret et timide et, en réponse quasi-oedipienne au fait qu’Ian Dury détestait les Beatles, développe de savoureuses mélodies pop dont la nonchalance rappelle The Flaming Lips ou encore The Married Monk, le flegme britannique en plus. Baxter Dury raconte des histoires sensibles et vraies, celles de Claire ou d’Isabel, les deux accueillantes chansons ouvrant l’album et qui mettent immédiatement l’auditeur à son aise. À l’heure où Lulu Gainsbourg est encensé pour son art du mimétisme, mieux vaut se pencher sur des artistes qui se dégagent de leur encombrant patronyme. / ❥

baxter dury 14.01, Bruxelles, Botanique/Rotonde, complet ! // 17.04, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 14/11€, +33 (0)3 20 70 10 00


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texte ¬ Clément Perrin photo ¬ © DR

Sex, Drugs & Techno On ne lui fera évidemment pas l’insulte de le classer dans la catégorie « electro rock ». Mais Danton Eeprom dresse un pont entre caves humides et dancefloors moites. Un personnage à part dans le paysage électronique. Après une année blanche en 2011, il débarque début janvier à Lille. Sur la pochette de son unique album (paru en 2009, déjà), un Danton Eeprom contemplatif chevauche une monture au sexe proéminent. Image singulière qui capte l’attention et intrigue. Tout comme le parcours atypique du Marseillais exilé à Londres. Enfant du rock, Danton a fait une entrée fracassante sur la scène techno avec une poignée de titres (Confessions Of An English Opium-Eater, Grindhouse, Face Control). Mais aussi en enchaînant les prestations survoltées, à mille lieues du classique (et poussif) live / laptop inhérent à la techno. Pourtant, dans ce costume d’artificier des dancefloors, cantonné au format maxi, Danton se sent à l’étroit. Yes Is More, son essai sur long format le libère du carcan de la « musique dansante » et reflète plus justement l’univers du personnage. Entre garage, pop et techno, cet album élégant et embrumé entretient le personnage de dandy décadent imposé au fil des ans. Pour autant, on ne va pas se mentir, en 2011 Danton Eeprom s’est fait plutôt rare, derrière les platines comme dans les bacs (un seul remix sur Infiné au compteur). Une absence qui nous autorise à l’attendre de pied ferme (dans le cadre de la résidence Electric Circus organisée par les activistes locaux Matthus Raman et Pao & mainRo) le 7 janvier au Magazine. / ❥

Danton Eeprom 07.01, 23h, Lille, Magazine Club, 5€, www.magazineclub.fr



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texte ¬ Grégory Escouflaire - photo ¬ © Cindy Frey

texte ¬ Olivia Volpi - photo ¬ © DR

Mastodon

Orelsan

Bonne nouvelle pour les amateurs de rock soi-disant dur : six ans après leur dernière tête d’affiche en Belgique, les Ricains de Mastodon déboulent à l’AB pour défendre The Hunter, sans aucun doute leur disque le plus accessible. La chasse aux acouphènes est ouverte car Mastodon, c’est pas de la petite bière. Formé en 1999 par quatre potes d’Atlanta fans de heavy, de stoner et de prog’, ce groupe est parvenu, en une seule décennie, à brandir haut et fort (très fort) l’étendard d’un rock âpre et couillu, mais pas couillon. Il y a du King Crimson et du Melvins chez ces énergumènes, et désormais du chant, du vrai, comme s’il fallait tordre le cou aux idées préconçues (le metal, c’est mal). Même Feist est fan, c’est dire : la belle et les bêtes préparent d’ailleurs un maxi pour le Record Store Day, en avril prochain. /

Orelsan ? Ce serait notre Eminem national, si on en croit la presse. Certes, il est blanc et vaguement prolo, mais les points communs s’arrêtent là. Il n’a ni talent, ni charisme, ni sens du rythme ou de la rime. Depuis son premier album, Perdu D’avance, en 2009, il étale son univers, célébration de la vacuité d’une vie passée vautré devant un écran. Dont la notoriété doit beaucoup à ces malaisées de féministes, qui le trouvent sexiste. Après une tape sur les doigts, la presse reconnait la fraîcheur de ce jeune artiste, et l’adoube unanimement. Il faut dire que, cornaqué par des pros, il offre pour son second essai, Le Chant Des Sirènes, un son et une image d’une qualité indéniable, mais au service d’un rap toujours creux, inoffensif et vidé de tout enjeu politique. Autant de place en moins pour le rap des Casey, La Rumeur et consorts, autrement plus piquant et averti. / ❥

19.01, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, Complet !

26.01, 20h, Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 16/11€, + 33 (0)3 44 10 30 80 // 27.01, 20h, Lille, Aéronef, 22/18€, + 33 (0)3 20 13 50 00, // 28.01, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, Complet !



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ © DR

Echo-Graphie Quatre gosses de la classe ouvrière, les docks de Liverpool, des chansons pop éternelles. The Beatles ? Trop tôt. The Coral ? Trop tard. The Pale Fountains ? Pas loin mais non : Echo And The Bunnymen n’est donc plus forcément le nom qui vient à l’esprit lorsque l’on songe aux rives de la Mersey. N’empêche, depuis trente ans, avec des hauts et des bas, le groupe mène sa barque. Une barque qui ornait d’ailleurs la pochette du quatrième Lp de la bande (Ocean Rain, 1984). Porté par un morceau intemporel (The Killing Moon) et quelques merveilles (Crystal Days, Seven Seas), cette œuvre a conféré aux Britanniques un statut d’intouchables faiseurs de mélodies, encore cités aujourd’hui par The Mary Onettes ou Editors. Une consécration pour le songwriting de McCulloch et de son guitariste Will Sergeant. Depuis 1980, cette écriture s’était affinée, plongeant dans un psychédélisme noir fortement influencé par The Doors, rehaussé de cordes et porté par des textes toujours nébuleux. En 1989, McCulloch se fait la malle, le groupe enregistre un album sans lui (tiens, comme The Doors !). Traversée du désert. En 1997, la pop anglaise revient sur le devant de la scène, et les vétérans avec. Depuis lors, le groupe a publié une poignée d’albums dispensables, certes, mais fonctionnant plutôt bien sur le terrain de la nostalgie et de la cure de jouvence. Le dernier en date se nomme d’ailleurs The Fountain (2009). / ❥

Echo And The Bunnymen 20.01, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, 28/25€, +32 (0)2 548 24 24



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texte ¬ Olivia Volpi - photo ¬ © Stephanie Pistel

texte ¬ Vincent Lançon - photo ¬ © DR

Duran Duran

Arctic Monkeys

Durand Durand, c’est le savant fou dans le film Barbarella (1968), le créateur d’une terrible machine de torture qui tue à force de plaisir. Duran Duran, le groupe, a toujours su se retirer habilement avant que son public ne meurt de bonheur. Depuis 1978, il impose ses synthés romantico-new-wave pas mièvres et ses vidéos léchées, marquant chaque décennie de ses tubes avant de disparaître, pour mieux revenir. 1981 : le clip de Girls On Film, parodies de fantasmes de camionneur, est conçu pour être censuré à la télévision mais diffusé en clubs. 2011 : pour celui de Girl Panic !, les top-models des années 90 incarnent les membres de Duran Duran, sur une musique produite par Mark Ronson. Commercial mais pointu, novateur mais pas chef de file, dans l’air du temps mais vieillissant (plutôt) bien : on est prêt à remettre deux sous dans cette machine à plaisir. /

Avouons-le : Arctic Monkeys demeure le groupe le plus surestimé des années 2000. Mais à en croire les éloges émanant de glorieux anciens tels Cocker, Weller ou les Gallagher, peut-être ne sommes-nous pas nés du bon côté de la Manche. Amusant, en revanche, d’observer le parcours des quatre lads, anciens pourvoyeurs de romances nerveuses trempées dans le fish’n’chips, devenus chantres d’un stoner rock. Comme une manière pour la formation de se lancer à la conquête des USA, en utilisant ses propres armes – mais en chipant au passage le logo de Black Sabbath (Masters Of Reality, 1971)... Lors de cette tournée, Miles Kane et ses chansons jaunies ouvrent les hostilités. Un dernier espoir subsiste : qu’Alex Turner rejoigne Kane sur scène, pour entonner des titres de The Last Shadow Puppets. Le seul et unique bon groupe dans lequel la paire ait officié. /

29.01, 20h30, Bruxelles, Forest National, 55€, +32 (0)9 006 95 00

01.02, 20h, Lille, Zénith, 35.20€, +33 (0)3 20 14 15 16



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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ © Danny Clinch

Blues brothers Jusqu’en 2010, les Black Keys formaient un tandem de talentueux autistes, tapi dans l’ombre ondoyante des White Stripes. Les faux-frères d’Akron (Ohio) jouaient la carte de la régularité, se contentant de cinq albums honorables, l’aval de la critique et l’estime des connaisseurs. Ça, c’était avant Brothers. Jadis, la protubérante barbe rousse du chanteur et guitariste Dan Auerbach, la chevelure hirsute de son acolyte, le batteur Patrick Carney, leurs mines défraichies et leur dégaine de losers assumés les tenaient à distance des hipsters de Brooklyn et des béotiens de L.A. Leur musique aussi. En bons puristes, les Keys donnaient dans le blues rock du dimanche soir, vibrant et mollasson. Le divorce de Dan fut un déclic dans l’histoire du groupe. Débarrassé de ses problèmes capillaires et conjugaux, le duo accouche donc du fameux Brothers – aidé par Danger Mouse, un producteur aux grandes oreilles. Rythmes accélérés, mélodies appuyées, guitare nerveuse, batterie idoine et clips cocasses : le duo pond un disque jubilatoire. Et le succès ne se fait pas attendre. N’en déplaise aux mordus de blues à papa, les Black Keys maintiennent le cap avec leur dernier-né, El Camino. Tout en frénésie bancale, cet album tient ses promesses. Musiques de pub – rien de péjoratif – (Stop Stop, Gold On The Ceiling), ballades rock bicéphales (Little Black Submarines) ou douceurs anachroniques (Nova Baby, Dead And Gone), nos faux losers tapent désormais dans le blues rock du samedi soir ! / ❥

THE BLACK KEYS 23.01, 20h, Anvers, Lotto Arena, 34€, www.sportpaleis.be // 24.01, 20h, Lille, Zénith, 35€, + 33 (0)3 20 14 15 16



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texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Simian Mobile Disco © DR

Tout feu tout flamme Version courte et hivernale des Ardentes, les TransArdentes, est une belle piqûre de rappel electro du début d’année. Un rendez-vous affichant une telle distribution de DJ’s rivalise sans complexe avec ses homologues gantois ou anversois. Liège : une nouvelle place pour la musique électronique ? Ca se discute. « Il y a peu de clubs à Liège, on trouve surtout des soirées itinérantes, des one shot », soulève le programmateur du festival Jean-Yves Reumont en pensant aux collectifs Party Harders ou Forma.T. Une lacune en partie comblée dès 2006 avec l’apparition des TransArdentes. Dédiée aux « musiques électroniques au sens large », cette soirée investit les Halles des Foires et n’oublie aucune école : techno pure, electro, la scène dubstep-drum’n’bass, sans omettre les talents belges (Bad Dancer, Moonlight Matters...). Notez tout de même que la Pyramid Room s’annonce immanquable avec les habituels mais excellents Cassius, Boys Noize et Birdy Nam Nam. Autre point d’orgue : le DJ-set de Simian Mobile Disco à la Cube Room, les deux Anglais cultivant désormais une techno minimale (Delicacies, 2010) très éloignée de leurs débuts. Ne reste plus qu’à mentionner les Ardentes Club, qui tout le printemps feront la liaison avec le festival d’été (Le Peuple de L’Herbe, Gesaffelstein...). Ainsi que la possibilité que, d’ici 2014, les Ardentes deviennent une structure à l’année, bien calée entre quatre murs. / ❥

LES TRANSARDENTES 28.01, 18h, Liège, Halles des Foires, 42/35€, www.lestransardentes.be Prog : Simian Mobile Disco DJ set, Cassius, Boys Noize, Birdy Nam Nam live, DJ Fresh, Noisia, Dirtyphonics live, Moonlight Matters, Modestep live, Nina Kraviz, Max Cooper, Arnaud Rebotini live, Bad Dancer…




texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ © Grove Hill Productions

Mort d'une nation En deux films seulement, Jeff Nichols s’est imposé comme un réalisateur important. Avec Shotgun Stories (2008), tragédie sur fond de vengeance dans un village sudiste et l’apocalyptique Take Shelter (Grand prix de la critique à Cannes 2011), il compose une fascinante allégorie de l’Amérique contemporaine. Curtis LaForche (Michael Shannon) est-il schizophrène, comme sa mère ? Pourquoi ce père de famille est-il en proie à des cauchemars et des hallucinations ? Que sent-il approcher, lorsqu’il imagine que le ciel gronde ou éclate en gouttes d’une poisse jaunâtre ? Comme dans Melancholia (2011), la fin du monde est imminente. Mais si Lars Von Trier l’accueillait avec soulagement, ici l’angoisse domine. Décrivant minutieusement la vie quotidienne, Nichols atteint une puissance allégorique rare. A travers les difficultés économiques d’une famille banale il pointe la fragilité d’un système et, pire, de l’Amérique comme utopie. Krach Rarement on aura vu une telle importance accordée à l’argent - celui, quotidien, que l’on gagne dollar après dollar, et qu’un crédit, une maladie grave, risquent d’engloutir. Le mythe de l’American way of life inscrite dans une terre d’abondance qu’il suffisait de faire fructifier, se délite. Il n’y a alors plus de refuge, ni dans la famille, l’amitié ou la communauté, ni dans les institutions. En ce sens, Nichols réussit un passionnant film politique : la tempête qui menace cette utopie ne vient pas, comme d’habitude, de l’extérieur. Elle est le souffle de son propre effondrement. / ❥

TAKE SHELTER De Jeff Nichols, avec Michael Shannon, Jessica Chastain, Tova Stewart,... Sortie le 4 janvier.

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texte ¬ Marine Durand photo ¬ Niki De Saint Phalle et Jean Tinguely, Les Bonnie And Clyde De L’art de Louise Faure et Anne Julien, France, 2010 © DR

L’art fait son cinéma FIFA/Fresnoy, une affaire qui roule. Pour la dixième année consécutive, le Studio national des arts contemporains projette le palmarès du Festival International du Film sur l’Art de Montréal. Séance de rattrapage grâce à douze films reflétant la créativité des artistes autant que celle des réalisateurs. Nonchalamment accoudée à une table de jardin, elle parle de leur rencontre. De son admiration pour son travail, et de l’instant où elle est tombée amoureuse de lui, alors qu’il écrasait sa cigarette dans un beurrier. Assis en face d’elle, il la regarde, complice et amant depuis 20 ans. Dans Niki de Saint Phalle Et Jean Tinguely, Les Bonnie And Clyde De l’Art, Louise Faure et Anne Julien retracent le parcours des deux sculpteurs, entrés dans le mouvement des Nouveaux Réalistes dans l’effervescence artistique de l’après-guerre. C’est l’un des deux films que le Fresnoy a choisi de présenter en ouverture de ce mini-festival, dans l’écrin du Palais des Beaux-Arts de Lille. « Il existe beaucoup d’enjeux communs au festival et à notre structure », explique Christelle Dhiver, qui coordonne le FIFA au Fresnoy. De Basquiat à T.S. Eliot, de Patrice Chéreau à Marguerite Yourcenar, les douze long-métrages primés, projetés en VO et traduits en direct, abordent tous les arts. Une façon d’interroger le processus de création pour certains. De mettre en lumière une rencontre artistique pour d’autres, comme ce portrait du malicieux Joann Sfar par l’acteur et désormais réalisateur Mathieu Amalric. Qui a promis d’être présent à la projection, le 28 janvier à 20 heures au Fresnoy. / ❥

fifa/fresnoy 26.01, 19h30, Lille, Palais des Beaux-Arts, libre sur réservation. +33 (0)3 20 06 78 00 27 >29.01, Tourcoing, Le Fresnoy. 5/4,5€. Pass 8€. +33 (0)3 20 28 38 00



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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer - photo ¬ © DR

texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ © DR

Le Havre

De l’encre

Au Havre ou à Helsinki, Kaurismäki réinvente la ville à sa manière, unique. Petits bistrots chaleureux, bicoques propres et bien rangées, boulangerie qui sent bon le pain chaud. Ce pourrait être de la nostalgie façon Amélie Poulain, mais le Finlandais confronte toujours son utopie à la réalité. Marcel Marx, cireur de chaussures, recueille un jeune sanspapier rescapé d’un conteneur oublié sur les quais. À la solidarité de Marx, pauvre et noble, répond l’enflure médiatique et la traque policière. La part politique du film est certes un peu faible. Pourtant, cette humanité inconditionnelle et irréductible nous touche. Et cette clarté de la ligne dans la composition, ce montage des plans proche de la BD, et cette simplicité sans faille du récit, éblouissent. Kaurismäki est bien le vrai héritier (communiste !) de Hergé. /

Nejma aligne les petits boulots et deale un peu. Surtout, l’étudiante écrit et pose un flow vindicatif (on pense souvent à… La Rumeur) en compagnie de son producteur. Dans la dèche et contactée par une major, la jeune femme accepte, à contre-cœur, de devenir ghostwriter (nègre, quoi) et rédige les textes cucul la praline de Diomède, un gentil slammeur. Un poil manichéen avec le monde des majors, sauf pour qui connait Pascal Nègre, De l’Encre jongle entre humour à froid (Diomède, caricature du pathétique Abd Al Malik) et cinéma social. Les hauts-parleurs de la Rumeur filment caméra à l’épaule, au plus près des corps et des regards. Et signent une belle fiction sur le hip-hop (français), ses codes et sa ligne de conduite, pas loin d’un Kéchiche dans son insolent réalisme (la scène du kébab, celle du repas en famille). Coup d’essai, coup de maître ! /

Un film d’Aki Kaurismäki avec André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Darroussin, Blondin Miguel, Elina Salo, Evelyne Didi, Quoc Dung Nguyen, Laika. Sortie le 21/12

Un film de Ekoué et Hamé, avec Karine Guignard, Reda Kateb, Béatrice Dalle... 17.01, 20h, Bruxelles, CC Jacques Franck, 5/4€ (en présence des réalisateurs, dans le cadre du Festival Lezart Urbains) www.lezarts-urbains.be



MusĂŠe de mariemont

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LA LO UV IÈ 20 R E 12 événement |

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texte ¬ Thibaut Allemand

Une année impertinente ! La Louvière est un endroit à part. Malgré de célèbres lieux culturels (du Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée au musée Ianchelevici), elle reste désespérément absente des guides touristiques. Labellisée Métropole Culturelle 2012, la ville réussit le pari insensé de se transformer en conservant son identité. Rebelle, fière et ouvrière, wallonne et cosmopolite, la Cité des loups et ses habitants mettent leur patrimoine en valeur et préparent l’avenir.

villes impliquées (autour de La Louvière)

En visite dans la région, le 04 juin 1888. Le roi Léopold II est accueilli par six mille personnes criant « Vive la République ! » et autres slogans anti-monarchistes. Un peu plus de cent ans plus tard, Léo s’est fait la malle, l’ascenseur a tenu le choc et La Louvière attendit… 1985 pour obtenir le statut de ville ! Anecdotique, cette petite aventure en dit pourtant long sur l’esprit frondeur de la cité. Non, elle n’a pas le passé florissant, tout en draperies et dentelles, d’autres villes belges aux lointaines origines médiévales. Mais elle possède d’autres richesses que le statut de Métropole Culturelle permet de (re)découvrir.

Suivez le guide !

Comment ne pas s’égarer parmi les 170 évènements “labellisés” et les innombrables projets off ? Pour s’y retrouver, l’année a été découpée en plusieurs saisons. Au printemps, la littérature, le théâtre et la danse sont à l’honneur, dans une joyeuse alternance de spectacles professionnels ou participatifs. >

2

1

millions

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par jour

d’euros de budget


Le Principe Le label « Metropole Culture », décerné par la Wallonie et la Fédération Wallonie – Bruxelles, permet à une ville de recevoir de nombreux subsides pour mettre en valeur son patrimoine et révéler son dynamisme culturel – forcément. Liège en a bénéficié il y a deux ans. En 2014, ce sera au tour de Molenbeek-SaintJean, une commune bruxelloise. Le Centre Culturel Régional du Centre a établi ce vaste programme avec une centaine d’associations, en s’appuyant sur quatre points : évoquer le passé ouvrier de la ville, mettre en valeur son esprit insolent, impliquer la population et célébrer sa multiculuralité.

Collage montage, Boi du Luc

Quelques chiffres

manifestations

labellisées durant l’année

30 à 40 000 carnavaleux

attendus les 18, 19 et 20 mars

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Nuit d'ouverture, Malaya

La Soirée d’Ouverture

le 21.01

Une fête populaire en plein air, un 21 janvier ? “ On n’a peur de rien ! ” lâche Vincent Dierickx, du CCRC. Cette grande soirée s’inscrit dans les « soumonces », soit - pour les Français - une préparation du carnaval. On y trouve une parade urbaine, bien sûr, mais pas de feux d’artifices. Mieux : des mascletà. Des quoi ? des mascletà ! Originaire de Valence, en Espagne, cette tradition relève du spectacle pyrotechnique et synchronise des milliers d’énormes pétards. Le résultat ? Une fumée de tous les diables et un tatapoum d’enfer. Quoi de mieux pour démarrer l’année qu’une belle boum ?

Canal historique du centre

La saison chaude sera le moment idéal pour redécouvrir des infrastructures auxquels les habitants sont habitués, mais qui peuvent émerveiller plus d’un flâneur venu d’ailleurs : on peut ainsi faire un saut du côté du canal. Historique, le canal. Croisières théâtrales, promenades musicales, autant de façons de mettre en valeur ces quatre ascenseurs hydrauliques uniques en Europe. Cet automne, quelques rendez-vous reprendront leurs droits, comme le traditionnel et triennal Opéra-Urbain (Décrocher La Lune) où les Fêtes de la Francophonie. De quoi se diriger tranquillement vers la fin de l’année et une fête de clôture au moins aussi folle que celle d’ouverture… Voilà pour les grandes lignes.


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Vues sur murs, Muga

Changement de peau

Cela dit, n’y voyez pas un parcours balisé où l’on se rendrait en file indienne, mais quelques repères dans un joyeux foutoir où se bousculent également concerts (des piquantes Vedettes au frappadingue David Bartholomé), cinéma (La Résidence 5 Sur 5 et ses documentaires) ou expositions (Vue sur Murs, Glissement de Terrains…) et ce n’est que la face émergée de l’iceberg. Ailleurs, la ville est transformée par une renaissance urbaine et un joyeux esprit forain. D’un côté, la construction d’un nouveau quartier autour de trois places centrales. De l’autre, un immense chapiteau, pouvant accueillir 850 personnes. Un chapiteau ? Et oui : si La Louvière compte plusieurs compagnies théâtrales, elle ne possède pas les murs pour les accueillir. C’est pourquoi la Cie Baladins du Miroir a prêté mâts et toiles pour plusieurs spectacles d’envergure (Aaron, Thomas Fersen…). Ainsi, même bardée d’honneur, la cité conserve un côté artisanal et - employons les grands mots – humain. >

Vues sur murs L’imprimé dans l’art urbain Trente ans après sa naissance dans les rues du Bronx, le street art investit la Louvière, par le biais du Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée. Qui ne fait d’ailleurs pas les choses à moitié. On ne citera ici que quelques noms à la volée, tant la liste est longue et prestigieuse. A grands coups de bombes et de pochoirs (Jef Aerosol, Miss Tic, Muga...), d’affiches (Obey), ou encore de mosaïques (Space Invader), redécoreront joliment les murs de l’auguste musée, avant d’éclabousser ceux du centreville. La Louvière sous les bombes ! 26.05>02.09, Centre-ville et Centre de la gravure et de l’image imprimée, mar>dim, 10h>18h, 3 à 5€, http://www. centredelagravure.be


2 Royal Boch, la dernière défaïence En avril 2011, la faïencerie Royal Boch, fleuron de l’industrie louviéroise, fermait ses portes et laissait des centaines d’ouvriers sur le carreau (de faïence). Accompagnés par la Compagnie Maritime !, ces travailleurs racontent leurs luttes et leur quotidien dans un spectacle écrit, monté et joué par eux-mêmes. En amont, les écoliers participent à des ateliers pédagogiques et théâtraux sur le sujet. Ou comment, d’un drame social, tirer une œuvre d’art et recoller les morceaux de la mosaïque sociale. 01&04.03, 17h, La Louvière, Palace, +32 (0)64 215 121

Royal Boch, Vaisselle cassée

Glissement de terrain Une exposition qui interroge la notion d’impertinence comme acte de résistance et de survivance dans nos sociétés contemporaines. du 22.09 au 23.12, La Louvière, Musée Ianchelevici


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La louvière en questions GPS

50 km au sud de Bruxelles, 90 km à l’est de Lille, 20 km à l’est de Mons, 30 km au nord-ouest de Charleroi, 180 km de Dunkerque. Les Vedettes © Emmanuel Hungrecker

Who’s who La Louvière a vu naître quelques vedettes ! Commençons par D’jobri : ce chansonnier, poète et comédien a marqué la première moitié du XXe siècle au point de connaître les honneurs d’un géant à son effigie. Dans les 50’s, les éditions Daily-Bul, initiées par Pol Bury et André Balthazar, ont publié des textes de Roland Topor, entre autres. Ce mouvement développe une pensée originale, assez absurde, en droite lignée du Collège de Pataphysique et des Surréalistes. Enfin, moins bubulle que baballe, saluons les exploits internationaux des Louviérois Enzo Scifo et Eden Hazard, qui ont d’ores et déjà marqué l’histoire du football !

Chef, un p’tit verre ! Le Balthaz’Art et le café des Arts : comme leurs noms l’indiquent, deux cafés où les artistes viennent étancher leur soif... de reconnaissance !

Tous à table Le Grain de Sel : un estaminet bistronomique. On vous conseille les excellents boulets sauce lapin à la Saint-Feuillien (une bière locale) !

Se mettre au vert Le parc Warocqué, à quelques encablures du centre-ville. Abritant quelques monuments à la gloire de figures locales. C’est le poumon vert de la ville – on y trouve des arbustes chinois ! Idéal pour un pique-nique... ou digérer les boulets sauce lapin.

Le Chapiteau, Arsenic

Informations Pratiques Du 09.01 au 23.12.12 Programme complet sur www.lalouviere2012.eu et au +32 (0)6 426 15 00


Mariacarla Boscono, New York, Usa, 2008

Intime de la mode Peter Lindbergh texte ¬ F-X Béague


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Combien d’artistes peuvent se flatter d’avoir à ce point modelé nos représentations ? En vingt-cinq ans d’une carrière de star parmi les photographes, Peter Lindbergh n’a pas seulement garni les pages des plus illustres magazines, et fixé l’esprit d’une époque : il en a créé les icônes. Rétrospective au FoMu d’Anvers. >


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Angela Lindvall, Chris Dye, Warner Bros. Studios, Burbank, Usa, 2004

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n peut s’en défendre, ou le déplorer, mais la photographie de mode, normative comme peut l’être son sujet, nous façonne. Sous ce rapport, difficile de contester que Peter Lindbergh ait été un artisan majeur de notre environnement visuel. Ne seraitce que pour avoir initié la consécration médiatique du top model : les 90’s, décennie des Cindy, Naomi et Linda, c’est lui. Jusqu’à saturation, diront certains – la plupart de ses confrères ayant bientôt réglé leur pas, et leur diaphragme, sur le sien. Publiée dans les revues aux plus forts tirages – Vogue, Harper’s Bazaar – son œuvre s’impose, de ce point de vue au moins, comme incontournable. ❥

Mieux qu’un défilé. Si les clichés de mode sont, évidemment, généreusement représentés dans cette rétrospective, l’exposition nous présente cependant une œuvre beaucoup plus diverse qu’on ne l’imagine : le noir et blanc de rigueur, au service d’une touche résolument expressionniste, demeure, certes, et confère à ses travaux une évidente unité de style. Mais son œil s’affranchit souvent des contraintes de la commande : dans ses créations plus récentes, l’urbanisme et les références cinématographiques viennent épaissir le trait dramatique des regards et des corps. Ainsi d’une série consacrée à Berlin ou encore à New York. Quant à la valeur artistique de ce corpus ? William Klein n’a pas fait autre chose. /

PETER LINDBERGH Jusqu’au 29.01, Anvers, FotoMuseum, mar>dim, 10h>18h, 7€ (-12 ans : entrée libre), +32 (0)3 242 93 00, www.fotomseum.be


Kate Moss, New York, Usa, 1994



texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ École des Beaux-Arts © Luc Boegly

Missionnaires

de l’architecture Titre racoleur à première vue, « Kama Sutra » synthétise pourtant au mieux la nouvelle exposition de la Maison de l’Architecture et de la Ville. Au-delà du thème – le couplage de l’architecture contemporaine et du patrimoine –, ce terme induit parfaitement les notions de plaisir et de jeu glissées dans la scénographie. Explications. « On peut très bien aborder des thèmes sérieux en étant agréable et facile d’accès », affirme Gaëlle Hamonic, vice-présidente de la Maison de l’Architecture à Paris, où l’exposition fut conçue en 2010. Kama Sutra étale cinquante projets de réhabilitation du patrimoine à travers un parcours ludique, constitué de photographies et d’explications intelligibles aux yeux des néophytes. De l’ancien entrepôt devenu médiathèque Malraux de Strasbourg à la Résidence Gemini de Copenhague (de gigantesques silos transformés en logements de standing), l’exposition illustre une multitude d’interventions sur des sites d’abord voués à disparaître. Elle rend aussi compte de l’évolution des mentalités sur cette pratique : « l’expertise est plus intelligente aujourd’hui », confirme Gaëlle. « On ne démolira plus demain comme hier », conclut aussi joliment l’équipe de la MAV. French Touch Sur l’ensemble de ces « positions » architecturales, cinq seulement sont étrangères à l’Hexagone : « Nous souhaitons montrer que la France regorge de talents, que son architecture est vraiment libre, multiple et variée. Il est important que le public et les étudiants en architecture, comprennent que les projets audacieux n’appartiennent pas seulement aux pays scandinaves ou ibériques », assure Gaëlle. Ainsi, concernant la région Nord-Pas de Calais, on retrouve l’École Supérieure des Beaux-Arts de Valenciennes, le Fresnoy de Tourcoing et la Cité de la Dentelle de Calais. Trois sites qu’il convient également d’aller visiter sur place ! / ❥

KAMA SUTRA, 50 positions d’architecture 17.01>17.03, Lille, MAV, mar>sam, 10h>12h30, 14h>17h, sf sam 11h>18h, entrée libre, +33 (0)3 66 64 78 08

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texte ¬ Florent Delval photo ¬ Jasper Johns, 1981, Savarin © DR

Travaux manuels Il est l’un des derniers grands maîtres vivants du pop art, mais son style embrasse tout l’art du XXe siècle. La Fondation De Lijnen 11, près d’Ostende, nous propose de découvrir l’œuvre de Jasper Johns sous un angle inédit. Une récente étude a révélé qu’avec Damien Hirst et Jeff Koons, Jasper Johns était l’artiste vivant le plus populaire sur Internet. Cela peut paraître étrange, tant il diffère des deux autres. En effet, Johns reste avant tout un peintre, ce qui lui évite toute démesure ou accointance avec l’entertainment. De plus son style est assez sec, fondé sur l’accumulation systématique de motifs : drapeau américain, cibles ou chiffres. Toutefois, il reste un des pères du pop art qu’il a contribué à faire naître et en ceci rejoint ces descendants aussi connus que conspués : Hirst, Koons ou Murakami. Il y a cependant chez Jasper Johns une certaine idée de l’art héritée de l’abstraction avec laquelle il ne rompt pas. Son travail est manuel, minutieux autant qu’accidenté, loin des méthodes industrielles qu’a engendrées le pop. De ce fait, le parti pris de la fondation De 11 Lijnen s’avère très pertinent : répertorier la figure de la main dans l’œuvre de Johns. Ce lieu, qui a accueilli auparavant Louise Bourgeois ou Niele Toroni, propose au travers principalement de gravures, mais aussi de quelques peintures, de suivre ce fil rouge. Cette empreinte toute personnelle reste comme un défi à la reproduction systématique de l’image. / ❥

Jasper Johns – Hands 1963/2011 Jusqu’au 11.02, Oudenburg, Fondation De 11 Lijnen, ven & sam, 14h>18h, ou sur rendez-vous, entrée libre, +32 (0)5 927 07 57, www.de11lijnen.com



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Portrait d’un fils de Boilly, v.1795-1800 Huile sur papier, 18 x 14 cm Lille, Palais des Beaux-Arts © RMN - Le Mage

Trompe le monde Un petit maître. Le genre d’expression un peu dédaigneuse qui colle à Louis Boilly. Trop touche-à-tout, trop facétieux, trop léger pour qu’on le prenne au sérieux. Utilisant ces mêmes arguments, cette rétrospective réhabilite, en près de deux cents pièces, un peintre moins commun et plus moderne qu’il n’y paraît. Boilly ne serait qu’un « faiseur », un petit David. Et comme le « lèche-cul de sa majesté » (©Pierre Desproges), l’autodidacte Louis Boilly (1761-1845) a traversé six régimes. Mais lui ne s’est jamais rangé du côté du pouvoir, demeurant simple témoin de son époque. Ce portraitiste de métier en aurait réalisé plus de trois mille. Excellant indifféremment dans le dessin ou la peinture à l’huile, Boilly a également composé quelques scènes galantes un peu grivoises et lisibles à double ou triple-sens. L’un de ses chefs-d’œuvre, Le Triomphe De Marat (1794) représente le député montagnard porté par le peuple. Un peuple vivant, détaillé, et loin d’une quelconque allégorie : ces tableaux respirent la vie et le mouvement. Dans la même veine vibrante, les scènes de bistrot ou de billard annoncent déjà Baudelaire, qui mettra de la vapeur dans la poésie. Joliment scénographié à la façon d’appartements du xviiie siècle, cet accrochage dévoile aussi la modernité d’une œuvre éclaboussée d’un romantisme très anglais, quelques natures mortes préfigurant celles de Fantin-Latour, et des trompe-l’œil incroyables. Inutile de les détailler ici : il faut les voir pour le croire, et se convaincre que Boilly est bien plus qu’un petit maître. / ❥

Louis boilly Jusqu’au 06.02, Lille, Palais des Beaux-Arts, mer>dim, 10h>18h, lun, 14h>18h, 7/6/5€, +33 (0)3 20 06 78 00



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texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ © Paper, Fedde le Grand

texte ¬ Marine Durand - photo ¬ © The Coca Cola Company

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Coca-Cola : 125 years of design

À l’heure de la dématérialisation des supports d’information, une exposition sur le papier peut paraître un brin déplacée. Mais, sans polémiquer, l’Hospice d’Havré se concentre sur l’utilisation du précieux matériau dans les arts plastiques et le design : paper toys de Shin Tanaka au niveau de l’accueil, mobilier Le Klint au réfectoire... Et une salle d’exposition entièrement dédiée à Jacques Villeglé, membre fondateur du Nouveau Réalisme et instigateur de la lacération d’affiches. Cinq de ses œuvres (DC Lille rue Littré, Autoportraits...), plus une de Dimitri Vazemsky lui rendant hommage, illustrent cette technique de détournement de l’image que l’artiste développa dans les années 50 avec feu son ami Raymond Hains. Autant dire que cet événement a toutes les chances de faire un… carton. /

De Coca-Cola, on connaissait déjà l’origine pharmaceutique ou la « recette secrète » jamais égalée. À l’occasion des 125 ans de la marque, le musée du design de Gand revient sur l’histoire de la célèbre boisson, et montre l’importance du design dans le statut légendaire du soda. Publicités des années 50 (avec des stars telles Clark Gable) à aujourd’hui, canettes ou produits dérivés, The Coca-Cola Company a puisé une centaine de pièces dans ses archives d’Atlanta pour célébrer une success-story devenue symbole de l’américanisme. L’occasion de découvrir l’évolution de la fameuse « bouteille à contours », reconnaissable les yeux fermés. Mais aussi de démonter certains mythes : le père Noël vêtu de rouge et blanc aurait existé bien avant que la marque ne s’en empare. /

Jusqu’au 12.02, Tourcoing, Hospice d’Havré, tlj sf mar, 13h30>18h, entrée libre, +33 (0)3 59 63 43 53

Jusqu’au 26.02, Gand, Design museum, mar>dim, 10h>18h, 5/3,75€, +32 (0)9 267 99 99, design.museum.gent.be



agenda Van Beirendonck, 2001, Revolution © Elisabeth Broekaert

Jean Dubuffet, Tour aux Figures, 1967-1968, Coll. Fondation Dubuffet, Paris, © Fondation Dubuffet, SABAM 2011

Walter Van Beiredonck

Chromos, l’enfance de la publicité

L’ironie et l’autodérision sont les deux piliers du travail de Walter Van Beiredonck. Fluo et baroque, l’univers du couturier belge remet en question le concept même d’élégance. Cette distance ironique vis-à-vis de l’image de soi, et par là, de la société, fait rimer esthétique et politique. Dans cette exposition en forme de collage, la chronologie s’efface pour mettre en avant les idées, et les faire dialoguer avec des œuvres de Mike Kelley ou d’Orlan.

Au XIXe siècle, la publicité utilisait un procédé d’impression en couleurs appelé chromolithographie. Prospectus, cartes porcelaine, tickets de tramway… les chromos deviennent le principal support de la réclame. Ici classés par marques (Liebig) ou par thèmes (le chocolat, la parfumerie), ces « témoins imprimés de notre passé » illustrent le quotidien d’autrefois et l’évolution des mentalités populaires.

❥ Anvers, jusqu’au 19.02, MoMu, mar>dim 10h>18h, +32 (0)3 470 27 70

Dubuffet, architecte Bien sûr, Jean Dubuffet est le père de l’Art brut. Mais cette expo dévoile un tout autre pan de son travail. 1962 : le peintre installe son atelier au Touquet, délaisse la peinture pour la sculpture et l’architecture. De cette période, le musée d’Ixelles a sélectionné 120 œuvres. Monumentales (La Closerie Falbala) ou à taille humaine (Le Mur Bleu), allusives ou abstraites, elles représentent la partie la moins connue de sa carrière. Mais pas la moins intéressante. ❥ Bruxelles, jusqu’au 22.01, musée d’Ixelles, mar>dim, 9h30>17h, +32 (0)2 515 64 21

❥ Bruxelles, jusqu’au 05.02, Centre d’Art de Rouge-Cloître, tlj sauf lun & ven, 14h>17h, +32 (0)2 660 55 97

Fascination baroque Rubens, Duquesnoy, Pompe... Aussi célèbres soient ces noms, la sculpture baroque n’avait jamais connu les honneurs d’une rétrospective. Affront joliment réparé ici ; une soixantaine de sculptures (forcément) et une quinzaine de dessins balisent un parcours en trois temps : le processus de création, l’importance de la religion, et enfin quelques ivoires et portraits, signes du goût de l’époque. De quoi (re)découvrir les XVII et XVIIIe siècles sous un autre jour. ❥ Cassel, jusqu’au 29.01, Musée départemental de Flandre, mar>sam, 10h>12h30, 14h>18h, dim 10h>18h, + 33 (0)3 59 73 45 60


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Fascination Baroque, L’été et l’automne, Laurent Delvaux © RMN Jean Gille Berizzi

Europunk, Kandeggina Gang © Coll. Stefano Steve

Le Temps des cerises Utopie collective, immense espoir ouvrier réprimé dans un bain de sang, la Commune de Paris demeure un épisode malheureusement occulté de l’Histoire de France. À la centaine de photos originales, en petit format et présentées sous une douce lumière, s’ajoutent quelques reliques, tels un laisser-passer ou des images stéréoscopiques. Les premiers pas du photoreportage, en quelque sorte. ❥ Charleroi, jusqu’au 15.01, Musée de la Photographie, mar>dim, 10h>18h, +32 (0)714 358 10

Michel Francois, Le monde et les bras, 1996 © Michel Francois

Charles Burns, Brick by Brick, Iggy Pop, cover 1990 © Charles Burns

Michel François 45.000 affiches. 1994-2011 Sous son objectif, sculptures et installations prennent une nouvelle dimension. Surtout lorsque ces clichés sont imprimés en très grand format (180 x 120 cm). Entre 1994 et 2001, Michel François a réalisé une grande affiche à chacune de ses 45 expositions. Les voici réunies. Mieux : les voici offertes, car ces 45 affiches, éditées à 1 000 exemplaires, sont laissées à la libre disposition des visiteurs. De quoi offrir une seconde vie à ces images intrigantes. ❥ Grand-Hornu, jusqu’au 29.01, Mac’s, mar>dim 10h>18h, +32 (0)6 565 21 21

Europunk Faisant fi des querelles byzantines (New York ou Londres ? 1975 ou 76 ?), Europunk ne bloque pas non plus sur trois accords de guitare. On interroge ici la culture visuelle punk : affiches, fanzines, vêtements... 500 pièces témoins d’un mouvement disparate et éclaté. De Jamie Reid (la pochette des Sex Pistols) aux pirates de Libération (le collectif Bazooka), toute l’Europe est touchée par cet art qui refusait de s’assumer ainsi. En vain. ❥ Charleroi, jusqu’au 22.01, B.P.S.22, mer>dim, 12h>18h, +32 (0)7 127 29 71

Charles Burns De ses débuts au sein du magazine RAW jusqu’au récent Toxic, de pochettes de disques en carnets photographiques, sans oublier des couvertures de magazines, des publicités légendaires et le monument Black Hole, le M Museum ne laisse rien dans l’ombre. Co-organisée par le maître himself, cette rétrospective unique aligne 300 œuvres, dont une majorité de planches originales. ❥ Leuven, jusqu’au 11.03, M Museum, tlj 11h>18h, (sf jeu 11h>22h), fermé le mercredi, +32 (0)1 627 29 29,


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agenda Tintin et Milou chez les Arumbayas © Hergé Moulinsart

Paysage Mental, Robert Delporte, Sans titre, ca. 1980, coll. privée © MUba Eugène Leroy Tourcoing

Tintin et Milou chez les Arumbayas

Inlandsis

Dans le cadre d’Europalia Brasil, le Musée Hergé se penche sur la tribu fictive de L’Oreille Cassée. Aux côtés des planches originales du dessinateur belge, on trouve ainsi des pièces d’art amazonien l’ayant inspiré. Têtes réduites, sarbacanes... et bien sûr le célèbre fétiche Chimu – le diamant en moins et les oreilles intactes. L’occasion de découvrir les travaux d’un grand explorateur belge, le Marquis de Wavrin.

Signifiant littéralement « calotte polaire », Inlandsis prend pour thème l’Arctique. Conçues en résidence à l’atelier départemental du verre, cinq installations témoignent de la fascination de Michèle Perozeni pour cette région. Bois de cerfs ou de caribous (Péril en la demeure), boqueteau miniature (Forêt improbable), ossements suspendus (Bois en souffrance)… Ces sculptures en verre ultra-minutieuses ne laissent aucun public de glace.

❥ Louvain-la-Neuve, jusqu’au 04.03, Musée Hergé, mar>dim, 10h30>17h30, sf sam & dim 10h>18h, +32 (0)1 048 84 21

❥ Sars Poteries, jusqu’au 04.03, Musée-Atelier du verre, mer>lun 10h>12h30, 13h30>18h, +33 (0)3 21 6 161 44

Le modèle a bougé

Paysage mental, le dessin sans dessein

L’effet de flou nimbant un portrait signé Eugène Carrière étonnait Edgar Degas, qui lança : « Le modèle a bougé ? ». Cette célèbre boutade donne lieu à une exposition ambitieuse. Avec quelques noms (Degas, Cartier-Bresson, Duchamp...), et de nombreux supports (peinture, photo, sculpture, vidéo...), le BAM répond à de grandes questions. Sur l’effet de flou, le travail sur le mouvement ou encore l’atelier. Mais aussi sur le rapport entre l’artiste et son modèle, ou la recherche de la muse. ❥ Mons, jusqu’au 05.02, BAM, mar>dim, 12h>18h, +32 (0)6 540 53 30

Dans le cadre du projet transfrontalier Dessiner-Tracer, le MUba explore les origines mentales de l’art pictural. Dessins automatiques, esquisses, fantasmes... Plus de 200 œuvres sondent l’âme de dessinateurs de notre temps. Corps-objets d’Elmar Trenkwalder, mégalopoles utopistes de Mamadou Cissé... Figuratifs ou abstraits, ces « dessins sans dessein » rappellent que derrière toute œuvre, il y a d’abord les « rêveries intérieures » de son créateur. ❥ Tourcoing, jusqu’au 30.01, MUba, mer>lun, 13>18h, +33 (0)3 20 28 91 60



« Je souhaitais rendre hommage à mon premier maître »


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texte ¬ Thibaut Allemand photos ¬ Babafish © DR

Philippe Caubere On dirait le Sud

« Décrire André Benedetto en quelques mots ? » s’étonne Philippe Caubère. « C’est impossible ». Impossible également de retranscrire en quelques pages son urgence de crier ou son discours passionné et exalté. À travers Urgent ! Crier, spectacle réunissant fragments de textes et de poèmes signés Benedetto, Caubère glorifie sa terre, le Sud, met à sac le théâtre contemporain et multiplie digressions intéressantes et raccourcis étonnants. L’acteur électrique invoque le ressenti plutôt qu’une quelconque science et remet également quelques préjugés à leur place – en douceur, mais fermement. Qui était André Benedetto ? C’est un des hommes de théâtre les plus importants du XXe siècle : un homme de troupe, à la fois auteur, acteur, et metteur en scène, à la manière de Molière ou de l’Italien Eduardo De Filippo. Benedetto n’a pas déguisé ses origines ou ses sources d’inspirations pour réussir à Paris. Il est proche de Brecht, avec son regard poétique posé sur la politique, et proche d’Artaud pour sa folie, sa truculence. C’est un vrai saltimbanque politique et rock’n’roll. Mais il n’a rien à voir avec le théâtre contemporain, qui a

sombré dans un intellectualisme un peu frelaté, où les metteurs en scène sont des profs de français recyclés. Quelle est l’origine de cette pièce Urgent ! Crier ? Je souhaitais rendre hommage à mon premier maître. Et le déclic est venu avec le texte de Benedetto intitulé Jean Vilar acteur-sud. Il raconte que le festival d’Avignon fut créé par un acteur méditerranéen, venu du Mistral, et non par un metteur en scène, un élu ou un technocrate. >


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Mai 68 tient une place importante dans ce spectacle. Mai 68 fut une véritable révolution culturelle, littéraire, artistique et politique. Le rock’n’roll et le théâtre sont les deux seules formes d’art qui ont incarné ce moment. Je le montre sur scène à travers les poèmes, les films, les photos, la musique, et je joue des textes qui évoquent le théâtre et le Sud : Vilar, Raimu, Paul Preboist, Artaud ou encore Gilles Sandier. Ce dernier était un critique issu du haut-snobisme parisien, mais était à l’écoute du Sud. Mais qu’est-ce que le Sud ? Le Sud, c’est ce pays qui réunissait le bassin méditerranéen, la Provence, le Sud-Est, le Sud-Ouest. La culture européenne vient des troubadours, de l’Occitanie. Les gens qui ont l’accent sont héritiers d’une autre langue, d’une autre pensée qui remontent au Moyen-Âge. Pour être révolutionnaire, il faut plonger dans ses origines, et l’on comprend enfin d’où l’on vient et qui l’on est. ❥

Que pensez-vous du théâtre contemporain ? Ce n’est plus que de l’intellectualisme, de la performance. Bien sûr, j’exagère. Il faudrait y aller tous les soirs pour être un véritable juge. Mais pour l’instant, je déteste de tout mon être ce que j’en vois ! J’aime la littérature contemporaine, le cinéma contemporain... Mais ce théâtre m’atterre à chaque fois. Je ne dis pas que c’était mieux avant. Tout ce que je sais, c’est que ce n’est pas bien maintenant. Question mégalo : pensez-vous qu’un jour, un auteur prendre un de vos textes en votre hommage ? Mais je suis mégalo, donc pas de souci ! Je ne pense pas qu’un acteur reprendra un de mes textes. Mais une troupe, oui. Les rôles sont écrits, c’est tout à fait possible, et je l’ai déjà vu. Je travaille énormément pour la postérité : je n’ai pas d’enfant, enfin pas que je sache... Mes enfants, ce sont mes pièces. Et j’espère que cette histoire que j’ai jouée et racontée, cette jeunesse dans les 70’s, sera racontée par d’autres. /

Urgent ! Crier (Mis en scène et interprété par P. Caubère) 17>21.01, 20h, (sf sam 21, 19h), Lille, Le Prato, 20/15/5€, +33 (0)3 20 52 71 24



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texte ¬ F-X Béague photo ¬ © Pheric Legrand

Britannicus inspire À l’aube du règne de la démence - celui de Néron -, la préférence d’Agrippine pour ce fils adoptif causera la perte du successeur légitime : Britannicus. Un classique parmi les classiques, mais une première pour Françoise Delrue, metteure en scène plus familière du répertoire allemand contemporain. Françoise Delrue entend rendre hommage à l’une de ces émotions artistiques où naissent les vocations. Retour aux sources d’un engagement théâtral qui contribua à placer le Nord sur la carte des Scènes nationales : trente ans après avoir assisté à l’interprétation qu’en donna Gildas Bourdet, elle et sa troupe (le Théâtre de la Bardane) interrogent la modernité de ce jalon de l’esthétique Grand-siècle. Ce tribut, pourtant, ne constitue pas uniquement une sorte de point de passage obligatoire. Sans doute, les thèmes invariants de la tragédie (l’art politique et la conduite des états, la responsabilité individuelle) ont assuré la pérennité du genre et constamment porté les metteurs en scène à faire « la démonstration scénique » de son actualité. Mais l’Histoire est un décor : ici, ce sont avant tout les fureurs d’Agrippine et le basculement de Néron qui occupent le devant de la scène. Outre son exigence formelle, cette œuvre contient une trame psychologique où se révèle la folie humaine, propre à alimenter une « fascination pour les personnages monstrueux ». / ❥

BRITANNICUS 17>21.01, 20h (sf jeu et sam 19h), Villeneuve d’Ascq, La Rose des Vents, 5 à 20€, +33 (0)3 20 61 96 96 // 24 & 25.01, 20h, Douai, Hippodrome, 3 à 23€, + 33 (0)3 27 99 66 66 17.02, 20h30, Armentières, Vivat, 7 à 18€, +33 (0)3 20 77 18 77 // 21> 23.02 20h, Arras,Théâtre municipal, 8 à 18€, +33 (0)3 21 71 66 16



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ © Viesavies

Jusque dans les chiottes ! 2002, Moscou, théâtre de la Doubrovka. On joue Nord-Ost, pièce du répertoire tout à la gloire de l’âme russe. Entracte. Irruption d’une cinquantaine de militants armés tchétchènes. Et trois jours de prise d’otages. Que s’est-il passé ? On ne le saura jamais vraiment. Tchétchènes abattus, membres du public gazés par les forces spéciales russes… la réalité faisait irruption sur scène. Remué, Yoann Lavabre prit la plume créant une fiction à partir de faits dont on sait finalement peu. Ce texte attire l’attention de Bruno Lajara, qui travaillait depuis longtemps sur la violence. « On ne s’intéresse pas assez aux racines de la violence, explique le metteur en scène, aux conditions qui peuvent pousser des jeunes gens à mourir pour une cause ». Comédie Tchétchène reprend les choses après l’entracte, et débute par une comédie musicale, « bien pourrie, façon Kamel Ouali », avant de basculer dans la terreur. Cette tension permanente est servie par neuf acteurs qui alternent les rôles, tantôt russes tantôt tchétchènes, évoquent les deux cultures et utilisent l’humour noir comme une soupape. Pour mieux glacer d’effroi la seconde d’après. « Il ne s’agit pas d’agresser le public, précise Lajara. Après tout, les gens présents sont déjà sensibles à ce genre de questions ». Sans donner de réponse, cette œuvre pose de bonnes questions. « C’est tout de même résolument anti-Poutine », ajoute Bruno Lajara. La bonne nouvelle, c’est que la pièce a été traduite dans la langue de Medvedev. La mauvaise, c’est qu’il faudra sans doute attendre longtemps avant qu’elle ne soit montée... / ❥

Comédie Tchéchène (Pas toujours très Drôle) 19&20.01, 20h30, Grenay, Esp. Ronnie Coutteure, 3 à 15€, + 33 (0)3 21 45 69 50 24&25.01, 20h30, Lille, Maison Folie Wazemmes, 12/8€, +33 (0)3 20 78 86 86



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texte ¬ Clémence Casses photo ¬ Black'n'Blues © Gilles Toutevoix

Danse avec les mots La quinzième édition du festival Vivat la danse ! se place sous le signe des artistes qui ont ressenti le besoin de s’exprimer en « prenant langue ». La danse ne se suffirait-elle plus à elle-même ? Le langage des corps ne nous parlerait-il plus ? Pas sûr. Cette année, de nombreux artistes utilisent, en plus de leur corps, le texte, la voix ou le chant pour exprimer leurs idéaux politiques et poétiques. Ainsi, Je suis venue nous invite à régler le conflit du Proche-Orient en prenant exemple sur le modèle belge. Le discours oscille entre utopie et réalisme froid. Puis, lorsque les mots ne suffisent plus, Yalda Younes et Gaspard Delanoë passent par le flamenco pour illustrer - avec humour - une réalité géopolitique plus grave. Imaginez un peu nos politiciens danser derrière leur tribune… On peut aussi s’interroger sur la bêtise raciste en fustigeant les stéréotypes de la figure du noir américain des années 1830 à nos jours (Black’n’Blues) ou encore découvrir une vision kaléidoscopique de la réalité pétrie de secrets volés, de vrais faux témoignages recueillis en privé ou en public par Sophiatou Kossoko (Them No Go See). La parole n’est pas l’unique moyen d’expression ici mis en exergue. La sculpture, la musique et les nouvelles technologies nourrissent la chorégraphie de Mylène Benoit, artiste associé au Vivat. Plus inattendue, est l’hypnose qu’utilise Joris Lacoste dans Le Vrai Spectacle, ambitieux projet de rêverie collective. Au final, cinq jours de festival, dix propositions et un programme alléchant qui fait beaucoup... parler. / ❥

vivat la danse 28.01>03.02, Armentières, Le Vivat et divers lieux, Pass « Vivat la danse ! » : 10 spectacles + un week end d’initiation aux « Danses qui swinguent » 40€, Navettes gratuites au départ de la place de la République à Lille, www.levivat.net



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texte ¬ Alexis Annaix - photo ¬ © Jean-Louis Fernandez

texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ © DR

La Trilogie des Femmes

Weekend Poil À Gratter

Wajdi Mouawad reprend Les Trachiniennes, Antigone et Electre, trois tragédies de Sophocle. Et pour donner un coup de fouet à ces pièces, il convoque sur scène un chœur « rock », porté par trois musiciens et les compositions de Bertrand Cantat. Pour le dramaturge libano-québécois, il s’agit de faire exploser « l’énergie émotive » et la furie de ces femmes illustres. Le duo CantatMouawad lorgne vers The Doors et Nirvana. Déjà, avec sa précédente trilogie, Le Sang Des Promesses, le metteur en scène avait attiré un public jeune avec des pièces pourtant assez éprouvantes. Des Femmes s’annonce comme un nouveau challenge qui consiste à moderniser le répertoire antique. Cette trilogie s’apprécie en plusieurs parties, ou dans son intégralité (7h environ) pour les plus passionnés. /

Troisième édition de ce weekend annuel dédié aux « formes théâtrales, ludiques et engagées ». Parmi les cinq compagnies invitées, Zepatrecathodics propose un stage introductif autour du conte, de la marionnette et du théâtre d’objets. L’occasion de se préparer à leur dépoussiérage des fables de notre enfance. La Compagnie À, elle, déploie une pièce joyeusement blasphématoire (Ma Foi), adaptée du Concile d’Amour d’Oskar Panizza. Une époque bénie où l’on bouffait du curé à tous les repas. Mais c’est sans aucun doute le faux breton (et vrai Manceau) Ronan Tablantec que l’on attend d’un pied aussi ferme que marin. Affublé d’un ciré jaune, il conte férocement les vicissitudes de la vie de marin-pêcheur, à grands renforts d’accessoires loufoques et de vacheries envers les gosses. Jubilatoire ! /

11 > 15.01, Mons, Le Manège, 8 à 11€, +32 (0)6 539 59 39 // 18 > 22.01, Namur, Théâtre Royal, 6 à 21€, +32 (0)8 122 60 26

20>22.01, Hazebrouck, Centre André Malraux, 9/6€, divers horaires : www.centreandremalraux.com



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texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ © DR

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ © Pierre Grobois

L’Ogresse

Please

Derrière ce titre sibyllin se cache la nouvelle création de François et Christian Ben Aïm. Souhaitant enrichir une ancienne pièce de ce dernier – le solo Louves (2008) –, les deux frères convoquent neuf danseurs, circassiens et musiciens pour revisiter l’univers du conte. Mais loin d’eux l’idée de se cantonner à une réécriture de Cendrillon ou d’un autre classique. Ici se croisent tout un panel de personnages féériques (le chaperon rouge, la belle au bois dormant...) ou bien réels (un SDF, un kamikaze...). Ainsi, les frères Ben Aïm jouent sur deux dimensions et, en attribuant les rôles féminins à des hommes, interrogent notre rapport au travestissement, à la métamorphose. Une manière d’allier sensualité et virilité dans cette chorégraphie surréaliste. /

En gribouillant ce slogan sur son T-shirt, Richard Hell manqua de se faire étriper par des fans ravis de pouvoir lui « rendre service ». Assez stupéfiante pour devenir emblématique du mouvement punk, cette anecdote conduisit ensuite Legs McNeil et Gillian McCain à baptiser ainsi leur ouvrage sur le punk U.S. Fruit de centaines d’heures d’entretiens, ce pavé constitue le terreau du spectacle de Mathieu Bauer. Retenant les meilleurs témoignages, et – comme à son habitude – les associant à l’audiovisuel, le metteur en scène livre sa propre vision du mouvement. Seulement, Matthias Girbig paraît un brin inoffensif en Dee Dee Ramone. Idem pour Kate Strong en égérie destroy. Et l’adaptation musicale de Sylvain Cartigny est très loin de l’esthétique punk rock. Une séance de rattrapage tout de même nécessaire pour qui n’a jamais lu le livre. /

des archives et son chien

20.01, 20h30, Roubaix, Colisée, 5 à 18€, +33 (0)3 20 24 07 07

kill me

24>27.01, 20h30, Bruxelles, Théâtre 140, 18/15/8€, +32 (0)2 733 97 08



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texte ¬ Pascal Cebulski - photo ¬ © Théâtre T & Cie Valérie Remise 2009

texte ¬ Vincent Lançon - photo ¬ © Pascal Elliott

iD, Cirque Éloize

La tentation d’Eve

Jets et Sharks rivalisant d’acrobaties sur des beats électro ou hip-hop : iD, c’est West Side Story dans une ville d’aujourd’hui. En plus furieux, donc. Pour affirmer leur iDentité, les clans s’affrontent à travers des figures de BMX, de trampoline et de breakdance – le tout fondu avec des numéros de contorsion, de mât chinois ou de jonglerie. Cirque, danse, théâtre : iD fait perdre tout repère, frôlant de près le spectateur pour le provoquer et l’emporter. La dernière (grosse) production du Cirque Éloize, petit frère québécois du Cirque du Soleil et fondé en 1993, marque un changement de génération. « Le spectacle de la folle énergie de la jeunesse » selon le metteur en scène Jeannot Painchaud. Qui s’est intelligemment entouré du chorégraphe Mourad Merzouki pour mettre en scène sa version, sensationnelle et très dansée, du chaos de l’urbanité. /

Le titre est ambitieux, le propos tout autant, le pari relevé ! En s’emparant de la condition des femmes à travers les âges, Marie-Claude Pietragalla aurait pu se briser les os. Mais c’est avec classe et grâce que l’ex-danseuse étoile de l’Opéra de Paris met en scène les ambitions et les oppressions du deuxième sexe. Dans ce spectacle transdisiciplinaire, la Pietra incarne le genre féminin, de la première à la business woman, en passant par toutes les autres, enceintes, guerrières, mariées, voilées... Mêlant habilement danse (forcément), théâtre, conte, vidéo, manipulation de marionnette (avec laquelle elle entame un dialogue onirique), passant du néo-classique à Daft Punk, cette fresque solitaire pose aussi la question du temps qui passe – que la Corse défie avec une maestria qui force le respect. Essentialiste ? Peut-être. Essentiel ? Sans aucun doute. /

26>29.01, 20h30 (sf dim 17h), Roubaix, Colisée, 21 à 32€, +33 (0)3 20 24 07 07

02.02, Lille, Théâtre de l’Hôtel Casino Barrière, 44/40,90e + 33 (0)3 28 14 45 55



agenda Hairspray © DR

Par hasard et pas rasé © Philippe Delacroix

Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué

Hairspray

Jusqu’au 28.01

6&7.01 M. O’Donnell, T. Meehan, J. Waters / F. De Carpentries

H. Buten/M. Pinglaut

Déjà porté à l’écran par Jean-Claude Sussfeld en 1994, le best-seller d’Howard Buten se voit adapté à la scène. L’histoire du petit Gil – interné dans un centre pour enfants pour avoir chéri Jessica de façon « trop adulte » – traite du repli sur soi, du décalage entre la logique des enfants et celle des plus grands... Dans un langage parlé fidèle au livre, les comédiens du Public nous ramènent ainsi à cet âge où tout restait encore à découvrir. ❥ 20h30, Bruxelles, Théâtre le Public, 25/22/20€, +32 (0)8 009 44 44

Revue 2012 Jusqu’au 5.02 B. Lefrancq, R. Ruben, A. Leleux, M.-P. Kumps, D. Michels

Humour et glamour… C’est la traditionnelle Revue hivernale du Théâtre des Galeries. Dix humoristes, imitateurs et chanteurs belges dissèquent l’actualité et partent en guerre contre la sinistrose ambiante et le politiquement correct. Incarnant de multiples personnages, ils reviennent sur les petits et grands événements de l’année 2011. Un zapping comme on n'en voit jamais à la télé ! ❥ 20h15, sauf dim 15h, mar>dim, Bruxelles, Théâtre des Galeries, de 11 à 24€, +32 (0)2 512 04 07

Hairspray (1988) est le plus célèbre film de John Waters. C’est aussi une comédie musicale créée à Broadway en 2002. Ars Lyrica, la plus new-yorkaise des compagnies belges, donne vie à cette pièce du répertoire déviant et déluré. François De Carpentries y met en scène une vingtaine d’acteurs pour conter l’histoire de Tracy, jeune fille obèse et complexée. Se profilent la ségrégation aux USA dans les années 60, l’apparition du rock’n’roll et l’importance de la télé. ❥ 20h (séance supp. à 15h le 07.01), Bruxelles, Bozar, 28/15€, 32 (0)2 507 82 00

Par hasard et pas rasé 6&7.01

P. Duquesne/C. Grandville

Clope au bec, cheveux gras, et (évidemment) pas rasé, Philippe Duquesne fait un Gainsbourg plus vrai que nature. Même voix grave et éraillée, même silhouette fatiguée, l’acteur revisite le répertoire de l’homme à tête de chou. Et bien que sérieux dans l’imitation, l’ancien Deschiens n’hésite pas à taquiner le public ou ses musiciens entre deux morceaux. Une création vraiment pas rasoir ! ❥ 20h, Valenciennes, Phénix, 22/20/17€, +33 (0)3 27 32 32 32


Nostalgie de l'avenir, Pola poudré © DR

Attraction / Cirque Ici, Johann Le Guillerm © Ph. Cibille

Le Grand C © Christophe Raynaud de Lage

La nostalgie de l’avenir

Le Grand C

10>21.01

11.01

A.Tchékhof/M. Saduis

Pour cette transposition contemporaine de La Mouette de Tchekhov, Myriam Saduis resserre l’action sur six personnages au lieu de treize, et use d’une épanadiplose (la pièce s’ouvre et se conclut sur le suicide de Constantin) laissant ainsi ouverte la porte à plusieurs interprétations. Des histoire de non-dits, de tensions et de violence intimes et familiales jamais loin de Festen (1998). ❥ 20h30, sf mer 19h30, mar>sam Bruxelles, Théâtre Océan Nord, +32 (0)2 216 75 55

Attraction / Cirque Ici 17&18, 20&21.01

J. Le Guillerm

Ancien du Cirque Archaos, l’équilibriste et plasticien Johan Le Guillerm est un habitué du Channel (citons la création de Secret, en 2003). Depuis dix ans, le projet Attraction constitue un work-in-progress mené autour du point. Seul en piste, il rend compte de ses travaux minutieux avec un Secret mutant, comprenant anciens et nouveaux numéros. Au-delà des représentations, Le Guillerm propose un étonnant parcours-installation hybride, visible du 8 au 22 janvier. ❥ 20h30 (sf 21 : 19h30), Calais, le Channel, 6€, +33 (0)3 21 46 77 00

Au moins j'aurais laissé un beau cadavre © Christophe Raynaud de Lage

Cie XY

C comme collectif ! La Cie nordiste délaisse les duos (Laisser-Porter, 2005) pour un spectacle de portés acrobatiques à dix-huit gymnastes ! Pyramides et colonnes en troisième hauteur, lancers croisés des poids plumes… Une combinaison de volumes reposant exclusivement sur le langage des corps, une performance qui donne le vertige ! ❥ 20h30, Roubaix, Colisée, 32/8€, +33 (0)3 20 24 07 07 // et aussi 13&14.01, 20h, Gand, Vooruit, 15/13€, +32 (0)9 267 28 28 24.01, 20h30, Vieux-Condé, le Boulon, 12/10€, +33 (0)3 27 20 35 40

Au moins j’aurais laissé un beau cadavre 11&12.01 de Shakespeare/V. Macaigne

En 2009, Vincent Macaigne équarrissait L’Idiot de Dostoïevski à grands renforts d’ingrédients gore et de sons industriels. Cette fois, il s’attaque à Shakespeare avec une vingtaine d’acteurs pourrissant définitivement le royaume du Danemark. Provocateur et outrancier, ce théâtre appelle des réactions contrastées mais, que voulez-vous, on ne fait pas d’Hamlet sans casser des oeufs. ❥ 20h, Douai, Hippodrome, Complet ! // 14 & 15.02, Valenciennes, Phénix, 9 à 16€, +33 (0)3 27 32 32 32

théâtre

& danse |

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agenda La jeune fille et la morve © Kaleb

Appartements témoins © La Virgule

La jeune fille et la morve

Appartements témoins

11&13.01

13.01>3.02

Mathieu Jedrazak / Brigitte Nielsen Society

La Brigitte Nielsen Society abat les cloisons entre théâtre, danse, musique et performance. Seule, Amélie Poirier allie mouvements et monologues. Sa voix-off aborde l’angoisse, la perte de l’identité, le question du « je » et du rapport à l’autre. Tout à la fois douloureuse et introspective, cette performance met du baume sur nos souffrances. ❥ 11 & 13.01, Roubaix, le Garage, www. oiseau-mouche.org // et aussi 12.01, Dunkerque, la Piscine, www.atelierculture.fr // 28.01, Valenciennes, Le Vivat, www.levivat.net

J.-M. Chotteau

Créé à partir des chutes des témoignages de Habiter La Mémoire (2011), ce petit format met en scène un... mur de boîtes aux lettres, seul vestige d’une barre HLM fraichement abattue. Livrant les souvenirs des anciens habitants (tous interprétés par Éric Leblanc), la paroi orpheline donne une voix aux vrais sinistrés de la rénovation urbaine. Ainsi, Jean-Marc Chotteau cultive un théâtre de proximité, empreint d’humanité. ❥ 20h30, sf jeu 10h30 & dim 15h30, mar>dim, Tourcoing, la Virgule, 18/14/8€, +33 (0)3 20 27 13 63

Les amis du président

Une histoire dite par un idiot

11>19.01

17&18.01

A. Gautré/P. Pradinas

Plus de trente ans après leur première collaboration (Place de Breteuil, 1977), Alain Gautré et Pierre Pradinas se retrouvent pour aborder la politique. Suite à une soirée électorale, au milieu des tables vides et des cadavres de bouteilles, deux amis politiciens finissent en tête à tête, l’un ayant pour mission de liquider l’autre. Un bras de fer magistral, impeccablement servi par Thierry Gimenez et Stéphan Wojtowicz. ❥ 20h, sf jeu 19h & dim 16h, mar>dim, Lille, Théâtre du Nord, 23/3€, +33 (0)3 20 14 24 24

C. Piret

Premier volet du projet Cinéma Inside, la nouvelle création du théâtre de chambre - 232U gravite logiquement autour du 7e art, et plus précisément du « cinéma de nos vies ». Découpée en deux espaces de jeu (un plateau de tournage et ses coulisses), la scène devient le lieu d’un road movie déjanté où installations vidéo, hommeorchestre et performances d’acteurs s’entremêlent. Soyez sympa, rembobinez ! ❥ Aulnoye-Aimeries, 232U, www.theatredechambre.com // et aussi, 26>28.01, Dunkerque, le Méridien // 1>3.02, Béthune, Comédie // 14.02, Feignies, Espace Gérard Philippe // 21>24.02, Villeneuve d’Ascq, Rose des Vents



théâtre & danse |

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agenda Le jour où ma mère a rencontré John Wayne © Simon Wyffels

Le bénéfice du doute 19>21.01

Daphnis e Chloe © Guy Delahaye

Lignes de faille C.Rizzo

25>27.01 D’après N. Huston / C. Marnas

On ne présente plus Christian Rizzo. Mais on se souvient de Mon Amour (2008), créé pour l’Opéra de Lille. Le plasticien et styliste (entre autres) revêt sa tenue de chorégraphe pour poursuivre son travail sur l’épure du décor, des corps et des mouvements. Et s’allie à l’électronicien Scanner, dont les compositions abstraites résonnent en trois dimensions. À noter, une rencontre avec C. Rizzo le 20, à l’issue de la représentation. ❥ 20h, Lille, Opéra, de 5 à 64€,

Adaptée du célèbre roman de Nancy Huston, cette saga se déroule sur trois continents et durant plus d’un demi-siècle. Mais à rebours : depuis les lendemains du 11-Septembre à l’Allemagne d’après guerre, de Bush à Hitler, quatre générations et autant de personnages se posent une même question : « Pourquoi ? ». Aux USA, en Israël ou à Berlin, toutes les actions se déroulent dans une cuisine. Une façon de mêler la petite histoire à la grande, la cellule familiale à la société – puisque même l’intime est politique. ❥ 19h, Béthune, Le Palace, 7 à 18€,

+33 (0)8 20 48 90 00

Le jour où ma mère a rencontré John Wayne 19>24.01

Rachid Bouali

Comment la mère de Rachid Bouali a-t-elle pu mener de front carrière professionnelle et vie de famille ? Serait-elle exceptionnelle ? En fait, pas tant que ça. S’appuyant sur son vécu, et sur des témoignages de Nordistes et de Bretons, Rachid Bouali incarne une galerie de personnages hauts en couleurs, des « héros du quotidien » : les mères, les pères, les enfants, les voisins... Et livre un regard tendre, drôle mais lucide sur la figure de la mère. ❥ 14h30 (sf 20 & 21.01 : 20h, et séance supp à 20h le 24.01), Lille, le Grand Bleu, 6 à 12€, +33 (0)3 20 09 88 44.

+33 (0)3 21 63 29 19

Daphnis é Chloé 28.01

J-C Gallotta / CCN Grenoble

Créée pour la première fois en 1982, ce ballet épuré pour un trio marqua les esprits – et la danse contemporaine. Le voici ressuscité par Jean-Claude Gallotta avec trois nouveaux danseurs. Sur une partition de piano ré-enregistrée par Henry Torgue, Gallotta parvient à recréer la magie d’une histoire aux personnages flous (qui est Daphnis ? Qui est Pan ?). L’amour naissant est là, impétueux, sauvage, indiscipliné. Un (nouveau) chef-d’oeuvre. ❥ 20h30, Béthune, Théâtre Municipal, 10/14€, +33 (0)3 21 64 37 37



littérature |

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texte ¬ François Annycke photo ¬ George Simenon, Suzy Prim and Georges Colin leave their handprints at a cabaret in Paris in 1952 © AP Photo

Forçat de la plume On le connaît pour le personnage de Maigret. Il est l’auteur d’une œuvre bien plus impressionnante. Sous près de 25 pseudonymes, Georges Simenon a signé quelque 376 romans, 155 nouvelles et 25 textes autobiographiques. Une vie et un legs remarquables présentés en ouverture du Musée des Lettres et Manuscrits de Bruxelles. Le musée est situé dans l’un des joyaux urbains de Bruxelles, les Galeries Royales Saint-Hubert. Un lieu qui s’accorde aux collections précieuses d’écrits datant du Moyen Âge à nos jours. Le choix du sujet de l’exposition inaugurale était presque naturel. Simenon est en effet l’auteur belge le plus traduit au monde, et l’un des plus vendus. Né à Liège en 1903, mort à Lausanne en 1989, cet écrivain a véritablement traversé le siècle et l’Occident, se trouvant au gré des événements en Belgique, en France, en Amérique, en Suisse. L’accrochage présente cette chronologie, en une muséographie sobre et claire, par le biais de lettres destinées à des journaux, ses amis ou ses éditeurs. Mais aussi des photographies et une vidéo. Cependant, et c’est là le véritable apport du musée, on voit aussi l’auteur quasiment à l’œuvre. Sont exposés ses calendriers d’écriture, les enveloppes sur lesquelles il note les informations importantes pour le récit qu’il invente au fil de la plume, ses rituels de travail, des épreuves... Critiqué de son vivant, soit disant trop populaire, Simenon méritait cette redécouverte intime de sa vie et de son œuvre. / ❥

Georges simenon, parcours d'un écrivain belge Jusqu’au 24.02, Bruxelles, Musée des Lettres et Manuscrits, mar>dim 10h>19h (sf jeu, 10h>21h) 7/5€, +32 (0)2 514 71 87



livres |

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Habibi Craig Thompson | Éd.Casterman Encore enfant, Dodola est vendue à un scribe d’âge mûr. Ce dernier lui apprend la lecture, et lui transmet les leçons du Coran. L’homme est assassiné par des voleurs, Dodola réduite à l’esclavage, mais la jeune femme s’échappe avec un nouveau-né, Zam. Elle élève le jeune garçon dans l’épave d’un bateau échoué en plein désert, et l’éduque en lui contant des histoires. Évidemment, on songe aux Mille Et Une Nuit. Mais cette fable tient également de la réflexion sur la culture arabe et islamique, vue par le prisme d’un Américain qui aura passé sept ans sur sa planche à dessin. Craig Thompson abordait déjà la religion dans son premier chef-d’œuvre, Blankets (2003), évoquant son adolescence dans une famille stricte du Wisconsin. Ici, le dessinateur mêle les traditions US (ce trait héritier de Will Eisner) et arabes (ces arabesques, calligraphies et autres enluminures soigneusement reproduites) et compose une œuvrefleuve qui s’avale d’un trait. Didactique mais pas indigeste, magnifique sans ostentation, Thompson réussit une fois de plus un subtil numéro d’équilibriste sur phylactère. Enfin un Américain qui s’attaque au monde arabe sans faire de morts ! 670p., 24,95€. Thibaut Allemand

LA PETITE AMIE DE MINAMI Shungiku Uchida | Éd.IMHO Pas de trash pour une fois chez l’indé déglingué IMHO, qui nous offre une romance adolescente aux accents fantastiques entre un lycéen et sa petite amie devenue aussi petite qu’une main. On ne saura rien des motifs de la réduction de la dulcinée, la mangaka Shungiku Uchida - échappée de l’incontournable revue historique du manga alternatif Garô - préférant se concentrer sur la nature de cette relation bizarre déstabilisante, prétexte à des quiproquos parfois gentiment polissons. Sans tomber dans le vertige métaphysique du style de L’homme qui rétrécit, les histoires traitent surtout de la difficulté de vivre à deux lorsque l’on est confronté à la différence avec cet humour espiègle et ce voile de gravité pudique qu’on ne trouve plus guère dans la production manga contemporaine. 196p., 9,90€. Nicolas Trespallé


chroniques Mimi

Culture rock l’encyclopédie

Sébastien Marnier Éd. Fayard Évidemment, un titre pareil ne risque pas d’attirer les foules. Pourtant, ça vaut la peine de se pencher sur Mimi. Car ce premier roman comporte une sincérité rare et un style très actuel. À la première personne, Stéphane Marnier narre le cheminement d’un gosse défavorisé, JP, qui martyrise le chouchou de la classe (Mimi, donc) avant de devenir son chauffeur particulier. Addictif (chapitres très courts, redoutable oralité, nombreux dialogues...), cet ouvrage est traversé par l’obsession sexuelle, le malaise des banlieues, l’homophobie ou encore l’impossibilité de guérir totalement des blessures de l’enfance... Un livre pleinement de son époque, servi par un Grand Marnier ! 464 p., 22€. Cédric Delvallez

De Denis Roulleau Éd. Flammarion Auteur du Dictionnaire de la littérature rock (2008), Denis Roulleau prolonge le plaisir avec cet abécédaire décalé. Ne pas se laisser rebuter par la couverture, détournement (original ?) de la pochette des Sex Pistols. Avec ses nombreuses illustrations, photos et citations, la mise en page faussement fouillie fait éclater un esprit proche des pulp magazines, au diapason d’une écriture qui ne se prend pas (trop) au sérieux. Parmi ce répertoire de livres, films, objets ou looks, certaines anecdotes ne surprendront pas ceux qui ont le rock chevillé au corps. Ce qui n’empêche pas d’y replonger avec plaisir, le livre embrassant au maximum une culture aux contours pas toujours évidents. Excepté peut-être pour Pete Townshend, selon lequel il n’est pas besoin de jouer du rock’n’roll pour être rock. 298p., 25€. Baptiste Ostré

J’AI RÉUSSI À RESTER EN VIE Joyce Carol Oates | Éd. Philippe Rey Comment survit-on à la disparition d’un compagnon de quarante-sept ans ? Comment se lève-t-on le matin pour continuer à mener une vie sociale, et dans le cas d’un écrivain, artistique ? En titubant, en chutant, « meurtrie et néanmoins résolue à être, ou à sembler, résiliente », dit Joyce Carol Oates dans ce « journal de deuil », écrit après la mort de son mari en 2008 des suites d’une pneumonie. Entre conseils pratiques à l’usage de la veuve et analyse introspective d’un bonheur disparu, la femme publique raconte l’épouse. Ultra prolifique (plus de soixante textes de fiction, autant d’essais, de poèmes...), l’auteure trouve dans l’expérience du manque et d’une existence devenue vaine une nouvelle source d’inspiration. Un précieux témoignage. 480p., 24€. Madeleine Bourgois


disques The Roots

Shin Joong Hyun

Undun, Island | Def Jam / Barclay Records

Beautiful Rivers And Mountains (1958-1974) | Light In The Attic

Undun, un disque, une histoire. Celle, fictive, de Redford Stephens, criminel mort à 25 ans. Sur ce treizième album, The Roots, référence hip-hop depuis 1987, raconte sans éloge ni jugement la vie torturée du jeune homme. Mélodies poignantes et mélancoliques, on est loin de The Seed 2.0, martelé sur les ondes en 2002. Véritable questionnement intérieur, Undun s’écoute comme on regarde un bon film. Si les influences jazz et soul demeurent bien présentes, les sonorités piochées dans les méandres de la pop indé (Make My) et de la musique classique (Possibility, Will To Power, Finality ou encore Redford, écrit par Sufjan Stevens) brossent le portrait sombre de Redford. Pas de tube vendeur, mais un concept finement élaboré et interprété par la voix de Black Thought. Un album existentialiste et terriblement humain. Capucine Saez

S’il était un personnage de Borges, il serait ce Pierre Ménard auteur du Quichotte, qui réécrivit le chef-d’œuvre de lui-même, sans l’imiter. Mais comme Shin Joong Hyun est Coréen, guitariste, producteur, et qu’il a écumé les bases américaines stationnées dans son pays, c’est le rock qu’il a réinventé. Pas sur le mode de l’adaptation pittoresque : en tête chercheuse, et selon une trajectoire qui, partie d’Elvis, lui fera croiser celles du folk (The Sun) et du psychédélisme le plus sombre (The Man Who Must Leave). Cette étonnante compilation, conçue comme une introduction à son œuvre pléthorique, administre quatorze fois la preuve que les mêmes causes réjouissantes devaient engendrer les mêmes effets désirables, de part et d’autre du Pacifique. F-X Béague

JONATHAN WILSON Gentle Spirit | Bella Union/Cooperative Music D’aucuns qualifient ce genre de geste de « rêverie », on ne saurait leur donner tort. Natif de Caroline du Nord, Jonathan Wilson s’ingénie à faire revivre l’esprit mythique de Laurel Canyon, ce phalanstère californien apparu spontanément à la fin des années 1960 et dont la liste des divinités est l’une des plus fournies de l’histoire de la pop west coast. Réactionnaire mais nullement nostalgique, heureux dans son temps, l’ancien Muscadine accomplit avec ce deuxième album une tentative de folk-rock épris d’absolu, entre Quicksilver Messenger Service et Neil Young, The Byrds et Jackson Browne. Hormis une surprenante relecture de Gordon Lightfoot (The Way I Feel), Gentle Spirit s’impose tel un trésor inédit, resurgissant avec toute la magie intacte d’une époque fascinante. En concert le 4.02 (Lille) et le 5.02 (Anvers). Marc Bertin


dvd DEEP END (1970)

KILLING BONO (2011)

Jerzy Skolimowski Carlotta Films

De Nick Hamm Pyramide Vidéo

Tourné à la fin des années 1960, dans la grisaille et le frimas de l’East End londonien, Deep End suit les destinées sentimentales du timide Mike, 15 ans. Récemment embauché dans un lugubre établissement de bains publics, l’adolescent tombe sous le charme de Susan, incandescente collègue plus âgée, maîtresse soumise d’un professeur d’éducation physique assez pleutre. En dépit d’un parfum pop, d’une photographie sublime et d’une bande-son parfaite (Cat Stevens, Can), Deep End se pose à l’exact opposé de Blow Up (1966) vision fantasmatique du Swinging London. L’amour et le désir se fracassant sur l’indifférence et la frustration, l’obsession devient forcément mortifère. Les élans du cœur sont parfois aussi désespérés que vouloir retrouver un diamant dans la neige. Marc Bertin

1976, Dublin : Neil McCornick et son jeune frère Ivan fondent Shook Up ! et rêvent de gloire. Trois pâtés de maisons plus loin, Bono et ses amis créent U2... Adaptation très libre du destin contrarié de McCormick, Killing Bono possédait tout le potentiel pour une espèce de biopic hilarant façon Spinal Tap (1984). En effet, comment ne pas transformer le plomb en or avec la carrière calamiteuse du groupe qui a vécu jusqu’à sa fin dans l’ombre du mastodonte irlandais ? Tout était là : Dublin à la fin des années 1970, le vent salutaire du punk, la description de l’industrie musicale, l’antagonisme des égos, l’incroyable série de revers, l’ascension irrésistible… Las, en dépit d’une distribution plutôt bien sentie, le film peine à trouver ses marques. On n’ose imaginer un tel matériel entre les mains du regretté Blake Edwards ou celles de Cameron Crowe. Marc Bertin

LE COMBAT DANS L’ÎLE (1961) Alain Cavalier | Arte Éditions Porté par le couple sublime Schneider-Trintignant, le premier film d’Alain Cavalier affronte les tourments amoureux à l’aune de l’Histoire, suivant le parcours d’un militant d’extrême droite cherchant à assassiner un député. La tentative échoue et précipite Clément dans une fuite sans fin dont l’issue ne pourra se révéler que fatale, sur fond d’idéaux trahis et de manipulation. Difficile de faire abstraction de la guerre d’Algérie qui contamina plus d’une œuvre, de Jacques Demy à Jacques Rozier en passant par Jean-Luc Godard. Derrière l’apparence d’un drame intime, voire « existentialiste », Le Combat Dans L’Île dresse le portrait sans concession des « deux France » nées après la Libération. 50 ans plus tard, ce film sidère par son absolue maîtrise et sa confondante modernité. Marc Bertin

chroniques |

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agenda |

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concerts Dim 01.01 After New-year : Dany Rodriguez DJ Set + Nutownproject DJ Set Liège, InsideOut, 06h, 5e Steven Redant + Ben Manson + Jon Doe + Paul Heron + Kenne Perry + Elias + Andrei Stan + Antoine De La Cruz + Chris Bekker + Oliver M + Dikky Vendetta + Bubu Bruxelles, Fuse, 21h, 25/20e Karotte + Gregor Tresher + Pole Folder + Massimo Girardi + Hermanez + Viktoria Andrasevic + Dennis Caressa Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 15e Black Frank + Gentil + L.Bossa + Damien Yanos Gand, Culture Club, 23h, 10/5e

Mar 03.01 Soirée hommage à Hervé Destroy Lille, Centre Culturel Libertaire, 20h, Participation libre

22/20/17/9e Kitoslev Lille, Le Biplan, 20h, nc Del Cielo + Peru Peru + Dylan Municipal Lille, La Péniche, 20h, 8e DJ Skevitz Lille, La Rumeur, 20h, 2e Trixie Whitley Solo Gent, Handelsbeurs, 20h, 20/17e North Lights + Nanophonyk + Mr Magnetik + The G + System D + Dj Baz + Jack Le Coiffeur + Matmat Liège, InsideOut, 23h, 5/3e

Sam 07.01 My Small Garden Lille, La Rumeur, 20h, 2e The Devil’s Blood Anvers, Trix, 20h, 16/13e Bartok & Dvorak : ONL + Denis Kozhukhin (piano) Lens, Colisée, 20h, nc

Mer 04.01

Philippe Kozak + Joffsy + Carbon 14 + Gregor Potter + Smile Liège, InsideOut, 23h, 7e

Back at Sea + Sending Lights + Wind’s Last Blow Lille, La Rumeur, 20h, 5e

Danton Eeprom + Mainro & Pao + Matthus Raman Lille, Magazine Club, 23h, 5e

The Love Compartment Gand, Cafe Video, 20h, grat

Long Live The Ping Of Kop ! : Jichael Mackson + Nathan Oye + Pierre + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 11/7e

Jeu 05.01 Naziha Azzouz + Nora Thiele + Hend Zouari Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, grat

Lun 09.01 Paper Beats Scissors Gand, Cafe Video, 20h, grat

Kavinsky Lille, Magazine Club, 23h, 7e

Mar 10.01

Ven 06.01

Marcus Foster + Foy Vance Lille, La Péniche, 20h, 8e

Philippe Duquesne chante Gainsbourg Valenciennes, Le Phénix, 20h,

Cymbals Eat Guitars Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e

Bartok & Dvorak : ONL + Denis Kozhukhin (piano) Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 30/24/12e

Mer 11.01 L’Evolution Des Espèces : Les Solistes du Concert d’Astrée Lille, Opéra, 18h, 8e Gwar + Sister + Collapse Anvers, Trix, 19h, 18/15e The Computers Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 11/8/5e Julien Clerc Dunkerque, Le Kursaal, 20h, 60/48e Didier Lockwood & Les Jazz Angels Valenciennes, Le Phénix, 20h, 28/26/22/9e Alain Chamfort Aulnoye-Aymeries, Théâtre Léo Ferré, 20h, 15/10e Cape Coast Radio Gand, Cafe Video, 20h, grat Bartok & Dvorak : ONL + Denis Kozhukhin (piano) Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 30/24/12e

Jeu 12.01 Naná Vasconcelos + Ivan Paduart Quintet Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 14/12/10e Drumcat Roubaix, Le Colisée, 20h, 32/28/23/21e Jean-Pierre Como Trio + Louis Winsberg Trio « Flamenco et Tzigane » Dunkerque, Jazz Club, 20h, 15/10/7e

Ven 13.01 PussySelektor


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Lille, Etik Club, 00h, 5e

Marius Staquet, 20h, 12/10/8e

Freaky Fridays Mouscron, Factory Studio, 18h, grat

Noiserv + J. Keens Balloon Flight + Mirel Wagner Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 9/7/5e

Denis Kozhukhin + Orchestre National de Lille Dunkerque, Le Kursaal, 20h, nc

Black Stone Raiders Anvers, Petrol, 22h, 14e

Bad Taste + Les Agaces Pissette + General Lille, La Rumeur, 20h, 3e

Breakbot + Irfane + Peo Watson Lille, Magazine Club, 23h, 10e

Lola Lafon + Jeancristophe Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7/5/3e

Dim 15.01

Admiral Freebee Roulers, Cultuurcentrum De Spil, 20h, 20/18e My name is Billie Holiday : Viktor Lazlo Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 14/12/10e ONL Dunkerque, Le Bateau Feu, 20h, 15/12/9e Laboratoire ! : [nu] + Bi-Ki ? Lille, La Malterie, 20h, 7/5e Popof + Lilith + Illario + Tofke Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e The Glimmers + Fantome Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Sam 14.01 Baxter Dury Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e Kimmerya + Embrace Your Punishment Lille, La Rumeur, 20h, nc Ny Malagasy Orkestra + Tao Ravao Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 12/18e Manu Dibango Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 28/25e Fabrizio Graceffa Quartet Mouscron, Centre Culturel

Quatuor Debussy Armentières, Le Vivat, 17h, 23/18/13/11e The Pains Of Being Pure At Heart Lille, La Péniche, 18h, 11e

Mar 17.01 Quatuor Amon Charleroi, Centre Culturel Eden, 12h, 6/5e Never Shout Never Anvers, Trix, 19h, 16/13e The Pains Of Being Pure At Heart Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e Dear Read Gand, Cafe Video, 20h, grat

Mer 18.01 Les Anches Rebelles : Wu Wei + Pascal Contet Lille, Opéra, 18h, 8e The Men Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e

Christian Pruvost + Nicolas Mahieux Lille, La Malterie, 19h, grat Mira Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Claire Denamur Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 16/13/10e Kristov Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, grat Mastodon Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 33/30e Ictus Gent, Handelsbeurs, 20h, 17/13/5e

Ven 20.01 Juddu Combo Mouscron, Factory Studio, 18h, grat FESTIVAL ROCK LE GIBUS Hénin-Beaumont, L’Escapade, 19h, 10/8e Paul Personne Denain, Théâtre Municipal, 20h, 26/21e Falling Man + Dans Dans Gand, Le Charlatan, 20h, 7e Zsuzsanna Varkonyi Douai, L’Hippodrome, 20h, 23/17/9/3e Thomas Dutronc Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 36/32e Smoove & Turrell Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15/12e

Expats Gand, Cafe Video, 20h, grat

No Additional Kocaïna + Dead Rats + Sick & Sad Lille, La Rumeur, 20h, 3e

Jeu 19.01

Echo and the Bunnymen Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e

L’Oiseau Vert La Louvière, Le Splendide (chapiteau) , 14h, 5e Vernissage de Revolucio :

Dear Reader + Laura Gibson Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e


agenda |

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concerts Salut Brassens : Joël Favreau Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 14/12/10e The Dubtapes Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e La Femme Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6e CrimCrum#13 : Christian Pruvost & Nicolas Mahieux + Peter Orins Lille, La Malterie, 20h, 7/5e Thomas Truax + Hassan K + Frédérique Rousseau Charleroi, Le Vecteur, 21h, grat APM001 Lille, Magazine Club, 23h, 5e My Disco Jacket + Gachette of the Mastiff + Douglas & The Beauties Bruxelles, Mr Wrong, 23h, 6e

Sam 21.01 Ta mère à St-So ! : JFunk + Christine Lille, Gare Saint-Sauveur, 19h, grat FESTIVAL ROCK LE GIBUS Hénin-Beaumont, L’Escapade, 19h, 10/8e

Nicoletta Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 36/33/27e

Le Yéti Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e

Oniromencie + 8 Uneven Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, grat

Henry Rollins Leuven, Het Depot, 20h, 23/20/18e

The Rott Childs Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e Riva Starr Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Dim 22.01 fDELUXE Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e Ledisi Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 18/15/12e

Lun 23.01 The Black Keys Anvers, Lotto Arena, 20h, 34e Ed Laurie Gand, Cafe Video, 20h, grat

Mar 24.01 Bonnie « Prince » Billy + Susanna Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 32/28,5e

Scream Anvers, Trix, 19h, 18/15e

THE BLACK KEYS + PORTUGAL THE MAN Lille, Zénith, 20h, 35e

The Notwist + Joasinho Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e

Boyz II Men Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 39/36e

Phantom & The ravendove + Swimming London Lille, La Rumeur, 20h, 3e

Pablo Andres Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e

We Are Enfant Terrible + Douglas & The Beauties Lille, L’Aéronef, 20h, 10e/ gratuit abonnés

Mer 25.01

Ansatz Der Machine Courtrai, De Kreun, 20h, 11/8e The Walkabouts Gent, Handelsbeurs, 20h, 25/22e

Conical Intersect : Dirk Noyen Basson Lille, Opéra, 18h, 8e Spinvis Roulers, Cultuurcentrum De Spil, 20h, 18/16e

VNV Nation Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 31/26e Look & Trees Gand, Cafe Video, 20h, grat

Jeu 26.01 Dropkick Murphys Bruxelles, Forest National, 19h, 34,5e Loney Dear + Ansatz Der Machine Gent, Handelsbeurs, 19h, 12e Brigitte Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 26/23/21/18e AaRON Unplugged & Waves + Nadeah La Louvière, Le Splendide (chapiteau) , 20h, 32e Orelsan Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 16/11e Liz Green Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 13/10/7e L’Opéra du Pauvre Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/9e Apoplexie Lille, La Rumeur, 20h, grat Asking Alexandria + Bless The Fall + Chelsea Grin Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e Maria Goretti Quartet + Video Kill Guitar + Tommy Gun + Panzerino Charleroi, Le Vecteur, 21h, 5e

Ven 27.01 Buritaca + Los Callejeros


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Bruxelles, VK* Concerts, 16h, grat Mind Mouscron, Factory Studio, 18h, grat Kapitan Korsakov + Rape Blossoms + DJ Mauro Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 13/11,5e Denis Kozhukhin (piano) Lomme, Maison Folie de Beaulieu, 20h, nc Bjorn Berge + Lewis Floyd Henry Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Eepocampe Lille, La Rumeur, 20h, nc Andre Klenes + Surprise Guest Charleroi, Centre Culturel Eden, 20h, 12/9e Orelsan Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e Mezzos en duo : Karine Deshayes + Delphine Haidan Lille, Opéra, 20h, 21/16/12/8/5e Circum Grand Orchestra Villeneuve d’Ascq, La Rose des Vents, 20h, 16/20e Aaron Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 38/35e Jane Birkin Gent, Handelsbeurs, 20h, 33/30e

Sam 28.01 Les TransArdentes 2012 : Boys Noize + Cassius + Birdy Nam Nam live + Simian Mobile Disco Dj Set + Arnaud Rebotini live + The Japanese Popstars live + Dirtyphonics live + DJ Fresh + Bad Dancer + Dub Timus Soundsystem + Folie Douce + Foreign Beggars live + Karl M + Kastor & Dice + La Disco Mafia + Laurenzinho + Annie Mac + Max Cooper + Mickey + Modestep live + Moonlight Matters + Breakage & SP:MC + Nina Kraviz + Noisia + NT89 + Riva Starr + Sigma + Spoek Mathambo + Sub Focus & MC ID + TWR72 Liège, Halles des Foires, 18h, 42/35e Still Rising + Protagora + Eleven Coaster Lille, La Rumeur, 20h, 3e Loney Dear Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Paris Jazz Big Band Lomme, Maison Folie de Beaulieu, 20h, nc Orelsan Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 28/25e Les Prêtres Bruxelles, Forest National, 20h, 41/36e

Orchestre National de Belgique Charleroi, Centre Culturel Eden, 16h, 15/12e The Glenn Miller Memorial Orchestra Lille, Théâtre Sébastopol, 19h, 26.30/38.30e The Beat Leuven, Het Depot, 19h, 18/15/13e A Pale Horse Named Death + Blood Runs Deep Anvers, Trix, 19h, 17/14e Gym Class Heroes + TBC Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 17/14e Amatorski Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 19/16e Duran Duran Bruxelles, Forest National, 20h, 56e

Lun 30.01 Matt Elliott + Léo88Man Lille, La Péniche, 20h, 9e The Australian Pink Floyd Show Roubaix, Le Colisée, 20h, 56, 50/46,50e Henry Floyd Lewis Gand, Cafe Video, 20h, grat

Mar 31.01 Rubato Charleroi, Centre Culturel Eden, 12h, 6/5e

Köhn + Floris Vanhoof + Urpf PLanze Lille, La Malterie, 20h, 7/5e

Tribute to Fred Astaire : Stanislas Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 39/36/34e

Chloé Lacan Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 8e

Buurman Gent, Handelsbeurs, 20h, 33/20e

Improvista : Michel Portal + Bernard Lubat Hazebrouck , Centre André Malraux, 20h, 12/9/7e

Radical Face Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

We Are Enfant Terrible Bruxelles, Mr Wrong, 23h, 5e

UB40 Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 38/35e

So Tasty + Guests Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Dim 29.01 Denis Kozhukhin +

Justice Lille, L’Aéronef, 20h, 29.80e


le mot de la fin |

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Photographe pour l'AFP le jour, Janol Apin ne rejoint pas son terrier le soir venu. Non ! Cet adepte du jeu de mots et de la mise en scène insolite court d'autres lièvres dans le métro parisien. L'animal bondit de station en station et signe des clichés poétiques et ludiques. À lire / Métropolisson (Éd. LaCarothe) - À visiter / www.janol-apin.com




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