let'smotiv nord & belgique n°63

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mai 2011

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GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire

Dennis Hopper © Taschen // Nuits Botanique, Sufjan Stevens © Marzuki Stevens // CCCP © Frédéric Chaubin

Let’smotiv - mai 2011 - #63

08 News Michael est de retour, Les Gérard de la politique, du cannabis

12 Reportage CCCP : du cosmique dans l'ère !

pour sauver le Japon, la vache qui se prenait pour un cheval...

20 Portfolio Zoveck, sous le soleil de Mexico

26 Musique Les Nuits Bota, The Shoes, Metronomy, Jamie xx, Laibach, les Ondes Magnétiques, Peter Hook, Rakim, Toro Y Moi, DJ Shadow

42 à Cinéma Cannes à Dunkerque, L'homme d'à côté, Zombies révolution Lille, Revolución

48 événement Le Printemps à Saint Sauveur 52 Expositions Matière-Lumière, Hungry Eyes, Rodin et le dessin, Blues Booze & BBQ, Pudeurs et colères de femmes... Agenda

66 Théâtre Le Kunstenfestivaldesarts, les Belles Sorties, le Comte de Bouderbala, Z'Arts Up, Josse de Pauw, Bartabas & Carlson, les 24h, Guillon... Agenda

84 Littérature Dennis Hopper : le livre événement

88 Livres L'écologie en bas de chez moi (I. Gran), Branleurs (Jules et Tom

90 Disques Mockasin, Art Department, WhoMadeWho, Panda Bear, Bibio

Fradet), Martine Laval, Brady Udall, Ersi Sotiropoulos

92 Agenda concerts

98 Le mot de la fin L'actualité à la Louche


Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07

redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com GraphisME : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: pub.nord@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° :

Thibaut Allemand, Marc Bertin, Faustine Bigeast, Camille Bourleaud, Frédéric Chaubin, Mathieu Dauchy, Jacques Dauphin (Louche Actu), Florent Delval, Cédric Delvallez, Grégory Escouflaire, Simon Gryvant, Carole Lafontan, Hakima Lounas, Alex Masson, Raphaël Nieuwjaer, Baptiste Ostré, Marion Quillard, Nicolas Trespallé, Yann Vetter, Olivia Volpi

Couverture : Zoveck, www.zoveck.com diffusion : C*RED

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Let’smotiv est une publication d’Urban Press, www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 - info@urban-press.com Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc Rédacteur en chef : Nicolas Pattou Rédactrices en chef adjointes : Léa Daniel - Judith Oliver Secrétaire de rédaction : Carole Lafontan Direction Artistique : pao@letsmotiv.com Cécile Fauré, Christophe Gentillon

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© Ian Cox

En bref… Bonne pioche !

Un maestro du marteau. Véritable boss du burin. Avec ses portraits sculptés à même les façades, Alexandre Farto aka Vhils bluffe tout le monde. Y compris Banksy qui l'a pris sous son aile en 2008. Du haut de ses 26 ans (dont 13 ans de pratique !), le Portugais renouvelle le street art en délaissant les bombes. Bois, briques, épaisses couches d'affiches, Vhils gratte et lacère comme d'autres évident des pochoirs. Jugez vous-même : la vidéo Scratching the Surface ou sa collaboration au clip d'Orelha Negra sont explosifs ! ❥ www.alexandrefarto.com

La Vierge et l'Enfant Presque deux ans après sa mort, Michael Jackson crée toujours la polémique. L'objet du scandale ? Une statue du King of pop dépassant d'une fenêtre à Londres, tenant un bébé au dessus du vide, comme il le fit en 2002 à Berlin. Ironiquement baptisée Madonna and Child par sa conceptrice suédoise Maria Von Köhler, cette reproduction sème la colère parmi les fans. Des menaces de mort auraient même été proférées. C'est qu'on ne plaisante pas avec le sacré. Demandez un peu aux intégristes qui ont saccagé Piss Christ.

Télex

La Culture fait tourner les têtes : Jack Lang prend les rênes du FRAC Nord-Pas-deCalais, tandis que Xavier Dectot, ancien conservateur au musée du Moyen Âge de Cluny à Paris, vient d'être nommé directeur du Louvre-Lens.


Un pari fumeux Et si la solution, pour sauver le Japon, c'était le cannabis ? On ne cherche pas à vous enfumer : des expériences réalisées à Tchernobyl démontrent (certes, selon le site Canaweed (!)), que les plants de Marie-Jeanne, de tournesol et de colza ont la faculté de purifier les zones radioactives. Un phénomène appelé « phytoremédiation », permettrait d'éliminer les métaux lourds du sol par accumulation des radionucléides dans les racines. Il faudrait bien sûr brûler la récolte en fin de saison, puis la traiter. à ne surtout pas goûter sous peine d'y voir de toutes les couleurs. ❥ www.cannaweed.com

La vache !

Politique spectacle

On connaissait Babe, le cochon qui se prenait pour un chien de berger. Voici Luna, une jeune vache convaincue d'être un cheval (oui, vous avez bien lu). Une jeune Bavaroise frustrée de ne pas posséder de Mustang l'a en effet apprivoisée pendant son tendre vêlage. Avec plus d'efficacité que Robert Redford murmurant à l'oreille d'un équidé, Regina Mayer a interdit à la bête de ruminer. Mieux que ça, la vache aurait pris goût aux balades en forêt et même au saut d'obstacle. Le cœur a ses raisons que la Nature ne connaît point.

« Gérard du vieux machin, fabriqué sous Mitterrand, qui n'a plus aucune chance de rien, mais qui s'accroche quand même, au lieu d'aller pêcher la crevette avec Jospin sur l'Ile de Ré ». On reconnaît bien le ton des trois tueurs qui décernent depuis 2006 d'immondes parpaings dorés à tout le gratin du petit et du grand écran. Frédéric Royer, Arnaud Demanche et Stéphane Rose ont décidé d'élargir leur cérémonie parodique aux hommes politiques. 23 « Gérard » seront ainsi attribués le 10 mai prochain en direct, sur Paris Première. Ces Razzie Awards à la française n'ont pas fini de faire parler d'eux !

Schwarzy n'a pas fini de nous étonner. Après les podiums de Mister Univers, Hollywood et la Californie, l'acteur de 63 ans part à la conquête de l'Europe. Selon le magazine Newsweek, Arnold Schwarzenegger briguerait le poste de président de l'Union Européenne. Une direction musclée !


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Démarrage en kot Des filles et des garçons réunis sous le même toit, unis par l'amitié et la collocation, ça vous dit quelque chose ? Friends ? Presque : sa version noire-jaune-rouge. Nouveauté attendue du petit écran, le Kot réunit quatre jeunes Belges dans une série à sketchs (11 épisodes de 2 minutes), qui, pour dire vrai, relève davantage de Kaamelott, Un gars Une fille ou Samantha Oups ! que du célèbre sitcom américain. Imaginée par Laurent Denis (scénario) et Jean-Baptiste Delannoy (réalisation), cette nouvelle saga sera diffusée à partir du 23 mai sur MTV.

Une bonne blague ?

Les clefs du paradis

Souvenez-vous : la cour de récré, les dents collées, les feintes à deux balles. Carambar a marqué des générations entières de culottes courtes avec son caramel dur et ses emballages surprise. La célèbre marque ouvre à tous un concours de (mauvaises) blagues sur le net jusqu'au 30 juin. Creusez-vous, votre heure de gloire est peut-être venue. Mais ne comptez QUE sur la gloire. Car sous couvert de franche camaraderie, Carambar a tout compris. En plus d'une belle opération de com', il fait travailler ses auteurs à l'œil. Quelle chute !

Être à la tête d'un pays, ça vous dit ? Alors réservez-donc toute (ou presque) la principauté du Liechtenstein pour la modique somme de 48 000€ la nuit (sic!). Ce prix comprend l'hébergement de 150 personnes, ainsi que la personnalisation de la monnaie et des plaques de rue. Contre un petit extra, les riches locataires ont également droit à une procession médiévale et à une statue en cire à leur effigie. Et pour le symbole, la clef du pays leur est remise lors d'une cérémonie au... Parlement. Ou comment devenir le maître du paradis... fiscal.

Télex

Un mariage moins cher ? Lancez l'opération pub contre nourriture et faites-vous offrir votre banquet contre quelques logos bien placés ! En France, le premier mariage sponsorisé a eu lieu en 2008. La Belgique vient d'autoriser cette tendance en provenance des States.



CCCP

Du cosmique dans l'ère texte ¬ Thibaut Allemand photos ¬ Frédéric Chaubin

L'audacieuse soucoupe encastrée de l'Institut ukrainien de recherche et de développement scientifique et technique. (L. Novikov, F. Touriev) Kiev, Ukraine, 1971.


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De l’architecture soviétique, l’imaginaire collectif conserve quelques clichés : des bâtiments rectilignes, massifs, tristes et gris. Pourtant, entre 1970 et 1990, sont apparues des formes nouvelles, porteuses d’une étrange poésie : des buildings, sanatoriums, gymnases, facultés... Malgré leur importance (en nombre et en taille), ces constructions disséminées en Russie et dans les ex-républiques soviétiques ont été abandonnées voire oubliées. Pris de passion pour ces vestiges d’une autre époque, Frédéric Chaubin a parcouru l’ex-URSS pour les révéler au monde. Et exhumer leur histoire, en autodidacte curieux.

K

iev, Ukraine. Un feu rouge ordinaire. Une rue bruyante. Un arrêt de bus banal. Tout est normal. Sauf cette soucoupe volante encastrée dans un bâtiment, l'Institut de Recherche et de Développement Scientifique et Technique. Kaliningrad, Russie. Un paysage bucolique. Et un immeuble, la Maison des Soviets, avec une curieuse façade aux allures de tête de robot. Personne ne semble y prêter attention. Ces constructions ahurissantes font partie du décor. Pour les populations locales, elles sont les derniers témoins d’un passé refoulé pour plonger à corps perdus dans l’économie de marché. Le monde dit libre.

L’imagination au pouvoir Gigantesques, ces ministères, sanatoriums, universités, centres de

loisirs ou de redressement jaillissent des plaines et des plages, déployant leurs formes futuristes, leurs courbes audacieuses et leur imaginaire spatial. Une beauté de l’inutile rompant avec les angles droits traditionnellement rattachés à l’esthétique soviétique. Les ingénieurs, fonctionnaires et anonymes, souhaitaient-ils marquer le paysage de leur empreinte ? Peut-être, mais pas seulement. Ces bâtiments sont le fruit d’une imagination débridée, mais aussi les derniers avatars de traditions locales, le reflet d’une époque marquée par la science-fiction et la surenchère aéronautique avec le bloc de l'Ouest. En attendant, la diversité des édifices frappe. Autant que leur liberté formelle. Ils n’obéissent à aucune école, à aucun canon, et continuent d’interroger. Comment de tels édifices ont-ils pu naître dans >


Le centre de repos Droujba, chef-d'Ĺ“uvre d'Igor Vassilevsky. Lorsqu'il vit le jour sur la mer Noire, il fut pris par la Turquie et le Pentagone pour une rampe de lancement. En suspension entre les trois piliers de soutènement : la piscine d'eau de mer. (I. Vassilevsky, Y. Stefantchouk) Yalta, Ukraine, 1985.


Le four solaire « Solntse » a vu le jour en URSS pour rivaliser avec le four d'Odeillo construit dans les Pyrénées françaises. Avec son condensateur d'énergie solaire, il a pour vocation de tester la résistance des matériaux aux températures extrêmes. (V. Zakharov, O. Taouchnakov) Parkent, Ouzbékistan, 1986.


Construit avec l'appui d'Edouard Chevardnadze, le Palais des cérémonies semble une cathédrale surplombant le fleuve Koura. (R. Djorbenadze, V. Orbeladze) Tbilissi, Géorgie, 1985.


Inspiré par les plus belles utopies suprématistes, le ministère géorgien des Autoroutes et son ancrage au sol réduit. (G. Tchakhava-, S. Djalaganiya, T. Tkhilava, W. Klinberg) Tbilissi, Géorgie, 1974.

« Le reflet d’une époque marquée par la science-fiction » une URSS peu réputée pour son ouverture d'esprit ? Indubitablement, ces esthétiques tardives, grandes absentes des livres d'architecture, sont le reflet d'un lent processus de décomposition de l’autorité étatique.

Clichés peu ordinaires Frédéric Chaubin est tout sauf un historien. Photographe, journaliste et rédacteur en chef de Citizen K, il s'est lancé dans cette archéologie subjective un peu au hasard. Tout a commencé en Géorgie, à Tbilisi,

avec un vieil ouvrage d'architecture en cyrillique. Et s'est terminé en une quête de plusieurs milliers de kilomètres. « J’ai cherché des perles sur un tas de fumier », s'amuse-t-il. Loin de toute nostalgie ou réhabilitation de l’URSS, le photographe revendique une vision romantique de ces lieux fantomatiques. Armé de vieux appareils chromatiques, il opte pour une approche à mille lieues de la photographie objective de l’école de Düsseldorf (Andreas Gursky, par exemple), et s’approche parfois des


Le mythique cirque de Kazan. (G. Pitchouiev, A. Tagantsiev) Tatarstan, 1967.

peintres classiques russes du xixe siècle. « Bon, je m’en suis aperçu après, sourit Chaubin. Mais ça me permet de faire le malin... ». N’empêche, reste une impression de puissance qui éclate à chaque page. « Certains plans ont été recadrés pour l’ouvrage, regrette l’auteur. Mais je cherche toujours l’angle idéal pour leur conférer une dimension monumentale. Prendre ces étrangetés dans des cadres bucoliques, neutres, presque mièvres relève finalement de la carte postale. Je joue avec l’onirisme, avec l’imaginaire que suscitent ces construc❥

tions. » Dommage, cependant, que l’esthète n’ait pu rencontrer les ouvriers qui ont parfois travaillé dix ans sur ces chantiers. En revanche, il a échangé avec quelques architectes, et souhaiterait « leur consacrer un documentaire. Mais pas en vidéo. Le film casserait tout le charme que possède la photographie. » Aujourd’hui redécouvertes, ces formidables utopies concrètes pourraient inspirer des créateurs d’ici, s’ils n’étaient soumis à d’autres pressions, à commencer par l’exigence de rentabilité. Architectes de tous les pays, unissez-vous ? /

à lire / CCCP, Cosmic Communist Constructions Photographed, Frédéric Chaubin, éd. Taschen, 312p., 39,99e - à voir / CCCP, l'exposition, jusqu'au 31.05, Bruxelles, Taschen Store, lun>sam 11h>19h ; dim 12h>18h, +32 2 513 80 23



portfolio |

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Zoveck Estudio Sous le soleil de Mexico Design graphique, collage, illustration… // Mexique // www.zoveck.com

Texte ¬ Carole Lafontan

Le Zoveck Estudio… c'est tout un poème. Un univers bariolé, frais, foutraque et exotique que l'on doit à l'association, en 2004, de deux jeunes designers mexicains. Sonia Romero et Julio « El Valiente » Carrasco ont fait leurs premières armes dans des agences de pub et maisons d'édition à Barcelone. Avant de revenir à Mexico pour fonder leur studio, doté d'un site Internet aux allures de cirque itinérant. Leurs illustrations et collages révèlent un grand sens de l'humour et un amour du kitsch, du baroque, du décalé. Chacune de leurs créations embrasse la richesse iconographique du Mexique. Bien souvent, il est question d'une réinterprétation décomplexée de l'imagerie pieuse et populaire. Les artistes facétieux multiplient les clins d'œil surréalistes aux symboles du pays : ornements floraux, icônes religieuses et pré-hispaniques, couleurs vives, lucha libre... Quand ils n'ont pas le nez sur leur palette graphique, ils puisent leur inspiration dans les objets du quotidien, arpentant régulièrement les marchés aux puces pour offrir une seconde vie à de vieux objets (jouets, mobilier, photos...) que l'on retrouvera sur des affiches, pages web et autres couvertures de magazines (Harper's Bazaar, Marie Claire, Infashion Brides, Celebrity, Rolling Stone...). Le portfolio qui suit ne déroge pas à la règle : les bras de Ken se mêlent aux ex-voto, les jambes de pin-up fifties narguent les gravures en noir et blanc, la tête d'une antilope sert une icône virginale. Vive le mélange des genres, gringos ! /






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Les Nuits

Botanique textes ¬ Mathieu Dauchy, Grégory Escouflaire, Cédric Delvallez photos ¬ DR, Marzuki Stevens

Les prés carrés, les haies bien taillées, la pelouse ras des pâquerettes... Au Botanique, on préfère laisser la musique pousser librement. Quitte à laisser germer quelques mauvaises herbes : avec plus d'une centaine d'invités durant ces « Nuits », la salle de concerts bruxelloise n'est pas constamment fertile. Qu'importe ! Entre les jolies plantes consensuelles (Asa, Cocoon, Mélanie Laurent...) et les troncs d'une autre époque (Père Ubu), il reste moult fleurs à cueillir. Notre bouquet porte ainsi les couleurs de Sufjan Stevens, Animal Collective, Suuns ou Congotronics vs Rockers.

Animal Collective

C’était début 2009 et on s’en souvient comme si c’était hier : Animal Collective sortait son 9e album, Merriweather Post Pavilion, et devenait le groupe le plus branché du monde. Aujourd'hui, le gang de Baltimore, toujours l'un des plus influents et créatifs de la génération 2.0, refait surface avec, paraît-il, un nouveau disque, et le retour aux affaires de Deakin qui avait quitté le groupe en 2006. Son comeback devrait en toute logique insuffler une nouvelle dynamique, probablement aussi tribale qu'à l’époque de l’élégiaque Feels et du foutraque Sung Tongs… Quoi qu’il en soit, on est finalement sûrs d’une seule chose : un live d’Animal Collective reste une expérience hors du commun, pleine de surprises et d’étincelles. Suivez le lapin blanc ! G.E. 18.05, 20h, Cirque Royal, 26/20€


Sufjan Stevens Il affichait déjà une sensibilité chrétienne (Seven Swans, Songs For Christmas), une fibre patriotique (Michigan, Illinois) et une passion pour l'astrologie chinoise (Enjoy Your Rabbit, Run Rabbit Run). Avec The Age Of Adz, Sufjan Stevens dévoile une toute autre facette de sa personnalité : celle du savant fou. Tout juste sorti d'une profonde crise identitaire, doublée d'une étrange maladie nerveuse, le bel Américain livrait en octobre dernier son premier véritable album depuis Come on Feel the Illinoise (2005). Les banjos ont fait place aux logiciels informatiques, et les textes purement narratifs à une poésie abstraite et instinctive (Vesuvius).

Sonorités électroniques et bidouillages d'ingé-son, qu'il avait déjà explorés sur Enjoy Your Rabbit (2001) et The BQE (2009), créent une mystérieuse ambiance (Too Much), dans laquelle sa voix suave, elle aussi soumise à de nombreux effets sonores (Impossible Soul), trouve parfaitement sa place. Un disque sublime, donc, mais délicat à adapter au live, tant la production est dense et sophistiquée. C'est d'ailleurs avec l'ingénieur du son DM Stith, qui l'a aidé à peaufiner The Age Of Adz, que Sufjan Stevens et ses musiciens partagent la scène du Cirque Royal. La première tournée européenne du songwriter depuis cinq longues années. C.D.

10.05, 20h, Bruxelles, Cirque Royal, +32 2 218 20 15 - Complet !


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Sunns Congotronics Vs Rockers Pour célébrer trente ans d’activisme musical, le label bruxellois Crammed Discs a décidé de frapper très fort ! Il associe dix musiciens congolais à dix autres d’Europe et des Etats-Unis dans un esprit de fête loin des clichés bobos façon Lonely Planet. Faisant directement écho à la compilation Tradi-Mods vs Rockers sortie fin 2010, cette soirée exceptionnelle (une création mondiale !) est un heureux mariage entre l’ancestral et le moderne, le rock et le tribal, les likembés et les riffs. Pas de la musique du monde, non : de la musique-monde, sans étiquettes ni frontières. ça va bouger-bouger ! G.E. KONONO N°1, KASAI ALLSTARS, DEERHOOF, GIRLS IN HAWAII, JUANA MOLINA, WILDBIRDS & PEACEDRUMS + SKELETONS + HOQUETS 12.05, 20h, Cirque Royal, 23/20e

La très bonne surprise de Montréal fait une halte par chez nous ! Une belle session de rattrapage pour ceux qui n'avaient pas fait le déplacement jusqu'à Courtrai (il y a quelques semaines) de se confronter à de percutantes giclées electro-noise. Suuns devance largement ses concurrents « rock à tendance technoïde ». Il tire son auditoire vers le haut en exploitant le mix guitares-sonorités électroniques radicales avec une maturité impressionnante. à côté d'eux, les Arctic Monkeys font penser à Dora l'Exploratrice. M.D. The Crookes + Mirrors + Suuns 22.05, 20h, La Rotonde, 16/13/10€ à voir aussi / Suuns 21.05, 20h30, Amiens, La Lune des Pirates, 11€

Du 10 au 29.05, Bruxelles, Botanique,+32 2 218 37 32, www.botanique.be Sufjan Stevens, DM Stith (10.05) //"Congotronics vs Rockers" feat. Konono n°1, Deerhoof, Girls in Hawaii, Skeletons, Hoquets... (12.05) // Florent Marchet, Bertrand Belin, Cocoon, Cascadeur, The Bony King Of Nowhere, Black Box Revelation, Pere Ubu... (13.05) // The Dodos, Laurent Garnier, An Pierlé, Joseph Arthur, Mélanie Laurent, Thomas Dybdahl ...(14.05) // Kiss the Anus of a Black Cat, Katerine... (15.05) // Kurt Vile, Moriarty, Jacques Duvall, Stranded Horse, Vismets, Nasser, Agnes Obel... (17.05) // Asa, Andreya Triana, Gang Gang Dance, Black Lips, Animal Collective... (18.05) // Chapelier Fou, Intergalactic Lovers, Yodelice, Lilly Wood & The Prick... (19.05) // Spank Rock, Amanda Blank... (20.05) // Grant Lee Buffalo, Caribou, Montevideo, Applause... (21.05) // The Crookes, Suuns, Mercury Rev, The Walkmen... (22.05) // dEUS, (23.05) // Danyel Waro...(29.05)



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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ The Shoes © DR

Pop, Shebam, Wizz… La pop en concert, c’est trop souvent des jeunes gens à mèche qui enquillent des rengaines formatées, applaudis, le petit doigt en l’air et le slim à mi-fesse, par un public bien peigné qui tient mal l’alcool. Mais ce soir, les augures s’accordent à prédire tout autre chose. Du fun, le vrai, avec des petits morceaux sales dedans et une ribambelle de beats. The Shoes met un revigorant coup de pied au derrière de la monotonie. Avec l’album Crack my bones (voir Letsmotiv n°61), ce duo rémois montre que la bonne électropop moderne peut être éclectique et cohérente. Derrière une grande sophistication, il ne cache pas sa saine ambition de faire danser les foules, et s’en est donné les moyens avec des collaborations de bonne facture : Gonzales, Cock’nBull Kid, The Bewitched Hands… Les percussions sont omniprésentes. à tel point que pour la scène, on attend 2 batteurs formant une sorte de batucada moderne. Des beats, disions-nous. Avec We are Enfant Terrible, qui célèbre ce soir la sortie de son premier album Explicit Pictures, ce sera en fait du 8-bits. C’est-à-dire ces « blip », « dzoing » et autres « wiiip » que piaillaient les antiques consoles de jeux à la moindre occasion, et que certains cinglés bidouillent pour faire de la musique. Souvent, le résultat est amusant mais limité. Pas ici, où le mélange des genres vaut plus que la somme des éléments : une pop un peu dark + un 8-bits taquin + une électro indubitablement entrainante x un sens certain du fun = 12 morceaux qui accrochent durablement l'oreille. L’enthousiasme de ce groupe promet un concert qui envoie du bois. / ❥

The Shoes + We are Enfant Terrible + Rocky + Marklion DJ SET 6.05, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 13/10€, +33 320 70 10 00, www.legrandmix.com



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texte ¬ Marc Bertin photo ¬ Gregoire Alexandre

Countdown to Ecstasy Cherchant comme à son habitude une figure de proue pour porter dignement les couleurs de l’Union Jack, le Royaume-Uni place plus d’un espoir en Metronomy. Sauveur providentiel d’une nation sans repère, le quartet a préféré filer « à l’anglaise » vers un fantasme pop en guise d'adieu au dancefloor. Projet mené par Joseph Mount depuis 1999, Metronomy est entré dans la danse grâce à une poignée de remixes autorisés ou (souvent) pas, avant la sortie de Pip Paine en 2006. Pourtant, ce n’est que deux ans plus tard, avec Nights Out et les imparables My Heart Rate Rapid ou Holiday, que le groupe impose sa griffe à la face du mainstream - la relecture de Heartbreaker par Kris Evans se classant n°1 des clubs anglais. Une belle récompense pour le natif du Devon, multi instrumentiste autodidacte, chanteur par défaut, remixeur frénétique et inspiré, porté sur une production D.I.Y. L’an passé, après un changement de line up - Gabriel Stebbing remplacé par Anna Prior à la batterie et Gbenga Adelekan à la basse -, le quatuor a pu sereinement envisager The English Riviera. Reconnaissant s’être (re)plongé dans certains classiques 1970, Mount a visiblement cherché à capturer une certaine humeur capable d’adoucir un recueil plus ou moins electro-pop. Comme du Steely Dan post-moderne ou du Saint-Etienne en descente de Fleetwood Mac. Grande est la tentation de parler d’album de la maturité. Pas aisé à franchir, à l'écoute de Trouble, résumé idoine des ambitions de son leader bien décidé à s’imposer comme songwriter. / ❥

Metronomy + guests 6.05, 19h30, Bruxelles, Vk*, 16/13€, +32 2 414 29 07 25.05, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 16/13€, +33 320 70 10 00



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texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ DR

texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ DR

Jamie xx

Laibach

Après avoir brillé au sein de The xx, Jamie Smith continue son ascension fulgurante en solo. Et le jeune Anglais n'en finit plus de surprendre. Entre autres avec We're New Here, remix complet du dernier album de Gil Scott-Heron, mythique songwriter de quarante ans son ainé. Ou encore ses versions particulièrement remarquées de Rolling In The Deep (Adele) et You've Got the Love (Florence + The Machine). Loin de se contenter d'ajouter quelques nappes de synthé ou autres boîtes à rythmes à ces chansons, Jamie xx revisite intégralement leur construction. Tendance dubstep (Tremel de Glasser), electronica (Basic Space des xx) : la réinterprétation dépasse souvent l'original (Money Box d'Eliza Doolittle). Et l'orfèvre londonien confirme son statut de petit prodige de la production. /

Laibach, ou trente ans de légende suintant le mystère. Et le souffre, aussi. Soyons clairs : non, les Slovènes de Laibach ne sont pas fascistes. Peu de chance de croiser le fan club de Claude Guéant dans la salle, donc. En revanche, le quatuor aime jouer avec les codes du totalitarisme - rythmes martiaux, chants virils, musique néo-classique ou postindus, oriflammes qui claquent au vent et soif d’absolu. De grands romantiques, en somme. Qui questionnent l’inconscient collectif et son rapport à la culture populaire (leurs reprises de standards des Beatles, de Queen ou d’hymnes nationaux). Enfin, Laibach est membre de la NSK (Neue Slovenishe Kunst), collectif artistique fondateur d’une micronation virtuelle, sorte de Groland où l’on file droit. Une fascinante démarche politique et esthétique trans-disciplinaire nimbée d’une bonne dose d’humour. à froid. /

6.05, 22h, Gand, Vooruit, 17/15,5€, +32 9 267 28 28 // 7.05, 22h, Liège, Caserne Fonck, 11,5€, +32 4 343 42 47

9.05, 20h, Lille, l’Aéronef, 17/13€, +33 320 13 50 50



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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ A. Rebotini © DR

Comme un aimant Après avoir mis six fois le feu en ville avec la Roubaix’s Burning, la Cave aux Poètes dépasse son goût pour le clubbing. Pour élargir le spectre des musiques électroniques : un nouveau festival, les Ondes Magnétiques, rayonne pendant 10 jours sur la métropole lilloise avec des lives, des performances et de l'art vidéo. « C’est un parcours, plus qu’un festival », précise Bénédicte Froidure, directrice artistique de la Cave. « Un festival implique une grande échelle. Mais certains publics souhaitent des évènements à taille humaine, une promiscuité avec les artistes », dans de bien jolis écrins : les réservoirs du Huchon, l’hospice d’Havré, la ferme du Gauquier… De petites salles propices à la rencontre avec des talents émergents : « Nous invitons des artistes qui ne remplissent pas (encore, ndlr) les stades, et ne sont pas non plus programmés dans les clubs ». Parce que la musique électronique ne se limite pas aux beats exaltants du dancefloor, mais se déploie sur un éventail nettement plus riche et chamarré. « Cette partie émergée, plus calme, mérite une écoute attentive » insiste Bénédicte. Elle avoue d'ailleurs un coup de cœur dans la programmation pour le concert exceptionnel de Bachar Mar-Khalifé. Ce musicien libanais, de formation classique et au parcours riche d’influences, présentera ce soirlà (21.05) le fruit de sa résidence artistique à la Cave. La rédaction, elle, en pince pour Poni Hoax (14.05), dont elle suit fidèlement les performances pop néo-disco dark depuis le début : une attraction magnétique ? / ❥

Ondes Magnétiques, du 12 au 21.05, Tourcoing, Roubaix, divers lieux, www.lesondesmagnetiques.com avec Arnaud Rebotini, The Konki Duet, Tristesse Contemporaine, Poni Hoax, Spectrum, Etienne Jaumet, Bachar Mar-Khalifé, Peter Digital Orchestra…



musique |

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texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ Mark Blinch

texte ¬ Hakima Lounas - photo ¬ DR

Peter Hook

Rakim

Avant de fonder le plus grand groupe de tous les temps (New Order), Peter Hook, le meilleur bassiste du monde, roucoulait dans un combo obscur, Joy Division, mené par un joyeux drille nommé Ian Curtis. Aujourd’hui, Hooky rend hommage à son ami mort il y a trente-et-un ans. Et monte sur scène, entouré de quelques potes, dont son fils à la... basse (sic !). Si Unknown Pleasures (1979), premier album de Joy Div’, n’est pas joué en intégralité, le Crochet et sa bande piochent largement dans cet album noir, sans snober Love Will Tear Us Apart, qui avait pas trop mal marché. Avis aux corbacs idolâtres de l’employé de Pôle-Emploi Manchester : il ne s’agit pas de remplacer Curtis, mais de faire (re)vivre des morceaux (accessoirement co-écrits par Hook lui-même) qui ont survécu à leurs créateurs - c’est à ça, entre autres, qu’on reconnaît une grande chanson. /

D'abord, comment parler de Rakim sans citer Eric B ? à l'aune des années 80, le talentueux MC est littéralement porté par l'art du sampling de son comparse. La paire enchaîne les succès. Avec Paid In Full, ils font même coup double : ce titre a largement inspiré l'hymne club planétaire Pump Up The Volume!. Pour ses deux premiers albums solo, Rakim s'entoure des meilleurs, de DJ Premier (l'inoubliable When I Be on the Mic) à Pete Rock en passant par Clark Kent. Puis, entre l'authenticité du rap new-yorkais et la fraîcheur des productions de la côte ouest, Rakim cherche ses marques. Ouvert aux idées neuves de Jake One, Nottz, Nick Wiz et bien d'autres, il accouche d'un album décevant, à l'exception de titres comme It Won't Be Long ou Psychic Love. Mais assis sur une œuvre solide, Rakim peut bien déraper encore un peu. Notre admiration pour lui reste intacte. /

12.05, 20h, Lille, l’Aéronef, 17/13€, +33 320 13 50 50

13.05, 19h30, Bruxelles, VK*, 25/22€, +32 2 414 29 07



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texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ Bryan Bush

texte ¬ Mathieu Dauchy - photo ¬ DR

Toro y moi

Dj Shadow

L'année passée, une « scène » musicale est née aux États-Unis. Par commodité, on l'a baptisée Chillwave. Comprendre de l'électro-pop atmosphérique, bricolée sur des synthétiseurs analogiques par quelques étudiants fauchés. Dans cette catégorie fumeuse, Toro y Moi tire largement son épingle du jeu. L'américain de 23 ans a signé à quelques mois d'intervalle deux albums d'une élégance formelle absolue. à les écouter, il semble d'ailleurs que notre ami possède une grande culture musicale. à un carrefour d'influences contradictoires, on perçoit autant de la pop sixties que du rap expérimental façon J Dilla (une référence affichée). Ses compositions soyeuses ravissent les tympans les plus délicats, notamment en concert où l'on a véritablement l'impression de marcher sur du coton. /

Dj Shadow, c'est un peu le Picasso du hip-hop instrumental. Son Guernica, l'album Endtroducing (1996), tout premier disque de hip-hop uniquement composé à base de samples (dit-on). Depuis ce coup de maître, pourtant, Josh Davis n'a plus révolutionné grand chose. Pas de période bleue ou rose grandiose, si ce n'est un deuxième album, The Private Press qui vieillit très bien, des collaborations et des apparitions en veux-tu-en-voilà. Au point qu'il est difficile de se situer précisément dans la discographie du Californien. On annonce un 4e album solo cette année, pour succéder à The Outsider, qui n'a pas laissé de trace considérable. Finalement, c'est toujours l'auteur d'Endtroducing que l'on acclame. Après tout, il n'est pas donné à tout le monde de marquer l'Histoire de la musique avec un seul disque. /

17.05, 20h, Gand, Charlatan, 13/10€, +32 9 224 24 57

25.05, 19h30, Gand, Vooruit, 32/29,50€, +32 926 728 20



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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Viridiana © Tamasa Diff

Cannes bis Cinéma, palmiers, tapis rouge, paparazzi... Cannes ? Oui, mais à Dunkerque ! Pour la 3e édition de son festival rétrospectif, le Studio 43 a mis les petits plats dans les grands. Un programme aussi éclectique que brillant, et un invité d'exception : Jean-Claude Carrière. Sans le cirque de Denisot, vive le cinéma ! Plutôt que de « transformer notre salle en salon télé géant pour la cérémonie cannoise, nous avons privilégié l’échange et la cinéphilie. » Ainsi parle Caroline Grimault, directrice-programmatrice du Studio 43. Et, en effet, si le lieu promet quelques paillettes lors d'une sympathique parodie de la montée des marches, c'est pour mieux exposer les films. En ouverture (gratuite !), Jean-Claude Carrière vient témoigner de « son » festival, et présenter Taking off, dont il fut co-scénariste. Film longtemps disparu de Milos Forman, un portrait caustique et sensible de l'Amérique des 70's à travers deux générations en rupture, regorgeant de scènes d'anthologie (dont l'une, enfumée, autorise le calembour de notre titre...). L'occasion aussi peut-être, pour Carrière, d'évoquer sa fructueuse collaboration avec Luis Bunuel, en revoyant le toujours irrévérencieux Viridiana. Toiles de fond Plus qu'un évènement, « Cannes à Dunkerque » reflète une exigence permanente (voir notamment la « Toile de Maître » mensuelle : la projection d'un classique suivie d'une conférence). Comme l'explique Caroline Grimault, « L’idée est vraiment de montrer les films derrière les paillettes. Même si notre quotidien de salle indépendante n’est pas toujours aussi glamour, nous essayons de préserver toute l’année cette magie pour nos spectateurs. » On marche ! / ❥

Cannes à Dunkerque 11>22.05, Dunkerque, Studio 43, entrée libre pour la cérémonie d'ouverture, et tarifs habituels pour les séances (3/5/6€). Prog : Eve, Riff-Raff, Taking off, Viridiana, La Salamandre, Excalibur...


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texte ¬ Faustine Bigeast photo ¬ Bodega Films

Un voisin qui vous veut du bien Avec leur nouveau film, les réalisateurs Mariano Cohn et Gastón Duprat s’amusent à déstabiliser le spectateur. Comédie à la tension et à l’humour sourds, L’Homme d’à côté met en scène un conflit larvé entre deux personnages manichéens. Pour mieux révéler, ensuite, la complexité de la nature humaine. Buenos Aires. Une maison à l’architecture équilibrée, intemporelle. La seule qu’ait construite Le Corbusier sur tout le continent américain. Voilà le décor de L’Homme d’à côté. Ou plutôt, voilà l’un de ses personnages principaux. Car, à elle seule, elle cristallise l’intrigue du film en éclairant ce qui oppose Leonardo à son voisin Víctor. Le premier y vit en sanctificateur. Il est designer, parvenu. Le second est son profanateur. Il est mystérieux, du genre inquiétant. Dans un monde où les murs mitoyens n’existeraient pas, l’un et l’autre ne se seraient jamais rencontrés. Simplement, en Argentine, comme ailleurs, les murs mitoyens existent. Et un besoin irrépressible de lumière pousse l’ostrogoth à percer une ouverture dans ce qui devient, alors, la cloison de la discorde. Le point de départ est tel que Mariano Cohn et Gastón Duprat nous rangent immédiatement du côté de sa « victime ». Cependant, au fur et à mesure des confrontations plus ou moins directes qu’ils orchestrent entre leurs deux personnages, ils nous dévoilent la palette bigarrée de leurs personnalités. Au point de les faire passer du noir au blanc, du blanc au noir. Le résultat est surprenant et le final, détonant. / ❥

L'homme d'à côté De Mariano Cohn et Gastón Duprat. Avec Rafael Spregelburd, Daniel Aráoz, Inés Budassi… Sortie le 4.05



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texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ White Zombie © DR

texte ¬ Alex Masson - photo ¬ Tamasa Distribution

Zombies Revolution

Revolución

à l'arrivée des beaux-jours, les zombies se terrent dans quelque cave obscure, dites-vous ? On vous a menti : ceux-ci prennent d'assaut la Gare Saint-Sauveur le vendredi 13 (mauvais présage !) et le cinéma l'Univers le 14. À la carte : le tout premier film avec des morts-vivants, White Zombie des frères Halperin, ainsi que Planète Terreur (Robert Rodriguez) et Kung Fu Zombie (Hwa Hung), délicieusement médiocres et excessifs. Pour digérer tout ça, que diriezvous d'une petite marche en ville façon Shawn of the dead ? Révisez donc votre démarche dégingandée, affichez votre air le plus sombre, l'Univers se charge de transformer votre teint de pêche en mine blafarde (atelier maquillage). Enfin, si vous craignez de traumatiser quelques passants, filez au Grand Bal Zombie (DJ Blondin) vous fondre parmi les mordus d'électro. ça va saigner ! / ❥

13 et 14.05, Lille, Gare Saint-Sauveur, l'Univers, animations gratuites, 3€ les 2 films, zombiesrevolution.free.fr

Que reste-t-il de la révolution mexicaine cent ans après ? Un film à sketches, signé par la jeune génération de cinéastes locaux (des trentenaires ou presque), fait le bilan. Comme souvent, le résultat est inégal, mais tous les segments sont liés par un discours commun : au début du xxie siècle, on vit aussi mal au Mexique qu’au début du précédent. La situation est peut-être même pire. L’activisme de Villa n’est plus qu’une utopie, le sketch de Rodrigo Pla le confirme : on y voit son propre fils se faire manipuler par des politiciens lors d’une commémoration. Le peuple lui, continue à se faire exploiter, comme la caissière de supermarché du film de Chenillo. Parmi ces histoires, on peut préférer l'impressionnant brulôt de Reygadas, véritable prophétie d’un chaos qui gronde et pourrait s’emparer du pays. Et refaire l’Histoire. / ❥

De Gael García Bernal et Diego Luna, avec F. Eimbcke, A. Escalante, C. Reygadas, P. Riggen, R. García, R. Pla, M. Chenillo et G. Naranjo. Sortie le 11.05



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— Le Printemps —

à Saint Sauveur Paranoïa - Hôtel Europa - Exposition Game Art Elle fête à peine son 3e printemps. Pourtant, le jour du vernissage, la foule qui s'y pressait rivalisait de densité avec la célèbre braderie. Dans le cœur des Lillois, c'est un peu comme si cette Gare St Sauveur avait toujours existé. Lieu de rendez-vous entre amis, cour de récré géante, source familiale de réhydratation culturelle... ce sémaphore convivial, planté à l'entrée de Moulins, a comblé un vide, tout en excentrant la vie lilloise. Depuis mi avril, l'ancienne gare de fret vit au rythme d'une nouvelle saison imaginée par Lille3000 : Le Printemps à St Sauveur. Terminus, tout le monde s'y rend ! Judith Oliver — Gare Saint-Sauveur — maxime dufour photographies


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int -sa Droit au Vélo, Culture et Flonflons, l'ONL, l'Univers, les rencontres audiovisuelles, Call 911, RIF, les Latitudes Contemporaines et j'en passe !), les installations de Paranoïa s'offrent en toile de fond pendant toute la durée du Printemps à St Sauveur.

Phobies en folie Petite sœur de Dancing Machine (2010) et des Nouveaux Monstres (2009), cousine pas si éloignée des expositions futuristes de Lille 2004, Paranoïa plonge la gare Saint Sauveur dans un bain de Science Fiction. L'ombre d'Orwell plane sur les vingt-neuf installations interactives réalisées par de jeunes artistes internationaux. On s'en aperçoit dès l'entrée. Souriez, vous êtes filmés :

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est clairement le genre d'endroit où l'on peut se rendre à l'aveugle. En famille ou entre potes, à midi ou à minuit, certains d'y passer un bon moment. Au minimum, on y casse une graine en regardant les gosses graffiter les murs à coup de craie et se prendre pour Nadal avec leur raquette en plastique. La terrasse est comble ? Pas grave, dans la semi obscurité de la Halle A, il y toujours un hôtel des plus farfelus à visiter ou à occuper, un tipi où abandonner sa progéniture, et une exposition gratuite (quand ce n'est pas trois) à visiter. Car en dehors des week-ends où la Gare est prise d'assaut et animée par les acteurs associatifs et culturels locaux (AGDL,

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Mai Juin 2011

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— Paranoïa — Vigilance 1.0 Martin Le Chevalier


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— exposition game art — Arcade Empty Good

un portique de sécurité se charge d'analyser votre visage pour y déceler les traits de contrevenants à l'ordre public. Une fois cette parodie effrayante des technologies biométriques passée - et donc fraîchement rebaptisés Paris Hilton ou Hannibal Lecter-, on ne se sent pas moins épiés. Le rideau que Niklas Roy a créé pour la vitrine de son atelier berlinois suit nos moindres faits et gestes. Et s'interpose avec un zèle incongru, entre nous et la fenêtre. Après s'être amusés avec un jeu de vidéo-surveillance (Martin Le Chevallier), s'être fait surprendre par un ordinateur devin, avoir perdu pied dans une projection vidéo immersive ou s'être frottés à une plante génétiquement modifiée, on est ravis d'aller se poser au calme dans un des canapés de l'Hôtel Europa (revu et corrigé par Rémi Pagart et son escadrille de graphistes et graffeurs). Ou de se lover dans l'une des reconstitutions kitchs de salon campées dans l'exposition Game Art jusqu'à fin mai. Car pour se remettre de la paranoïa ambiante, rien de tel que de revivre les belles heures de Pacman accroché à son joystick. /

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— Hôtel europa — maxime dufour photographies

infos pratiques

Expositions — Paranoïa + SFR Jeunes Talents (exposition photo sur le thème de la paranoïa), jusqu'au 15.08

— Game Art (films, installations artistiques et ludi-

de courts-métrages + quiz/atelier), tous les mercredis jusqu'au 19 juin

Prochains week-ends — 6-8.05 : Concerts (Puss in Boots +Lill, Live-jazz,

ques autour du 8bit et des jeux vidéos), jusqu'au 22.01, mar>dim, 12h>19h, entrée libre

Macbeth revisited)

Cinéma

l'Univers + Nuits DocumentA.L.)

— 13-15.05 : Cinéma (Zombie révolution de

Sélection de films déclinant la thématique de la peur, des mutants, des extra-terrestres etc.

— 20-22.05 : Muzzix (jazz, musiques improvisées

Avec Le Géant de fer, La traversée du temps, l'Homme qui rétrécit, Laban Le petit fantôme, Wallace et Gromit et le Lapin Garou, BBBBRRRRRRRRR! Et Futuristik (sélections

— 27-29.05 : Concerts (The Gendarme, bal rockab, Caravane Vanne -WZ l'accordéon), braderies (livres jeunesse/bd, Broc à vélo), Fête du vélo. — 2-5.06 : Spécial Tire-Laine (concerts)

et/ou expérimentales, installations sonores)

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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Erwin Redl, MATRIX II © Ira Lippke

Et la lumière fut ! « Matière-Lumière marque la fin d'un cycle entamé lors du précédent millénaire ». Richard Castelli serait-il l'éminence grise d'un obscur culte solaire ? Pas du tout ! Le spécialiste des interactions entre art, lumière et nouvelles technologies nous présente la première exposition phare de Béthune, capitale régionale de la culture. Cela fait des années que Richard Castelli fait le grand écart entre le Nord-Pas-deCalais et les spots internationaux de l'art contemporain. Entre une région à laquelle il est attaché (Directeur artistique de Lille 2004, figure familière de Lille3000 ou de Via, producteur d'Art Zoyd...) et des réseaux berlinois, new-yorkais, romains, shanghaïen et stambouliotes qu'il côtoie pour chaque nouveau projet. « C'est d'ailleurs grâce à l'aide du Macro (Rome) et du Borusan Müzik Evi (Istanbul) que l'on a pu réunir ces œuvres, qui, autrement, auraient été hors de propos d'un point du vue financier. C'est une chance incroyable de pouvoir montrer ces installations dans une ville de moins de 30 000 habitants ». Lux, calme et volupté Dispositifs de projection 360°, vidéos 3D, stéréoscopies, environnements interactifs ou immersifs... l'exposition Matière-Lumière s'expérimente plus qu'elle ne se visite. Ici, on contemple la surface d'un bassin se rider dans la pénombre, mû par de sourdes vibrations sonores (Ondulation, Th. Macintosh). Là, on pénètre dans une architecture lumineuse qui strie l'espace de ses leds verts (Matrix II, E. Redl). Ailleurs, on se plonge dans un tunnel d'images qui semblent nous frôler (La Dispersion du Fils, J.M. Bruyère). Richard Castelli ne s'est pas contenté de trier ses artistes sur le volet. Il a également « réfléchi au rythme et à la dramaturgie de l'exposition ». Voilà un homme éclairé. / ❥

Matière - Lumière jusqu'au 29.05, Béthune, 360, Garage et Grand Place (dôme), mar>dim, 12h>19h (sf ven, 22h), entrée libre, +33 321 63 04 70


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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Colt 45 © dimitri Tsykalov

Un art consommé Depuis une dizaine d'années, la cuisine envahit les librairies. Avec 26 000 nouveaux titres par an, le secteur est devenu le principal employeur des photographes professionnels. Pourtant, ce genre en pleine mutation n'a jamais bénéficié de la même reconnaissance que la photo de mode ou documentaire. à Anvers, le FoMu a décidé de mettre les pieds dans le plat. Stimuler nos papilles par les pupilles, voilà une promesse alléchante. Et un pari intelligent, qui à coup sûr attirera au Fotomuseum une foule bien plus large que les simples amateurs de photographie. Tamara Berghmans, commissaire de l'exposition Hungry Eyes, compte bien en profiter pour faire bouger nos repères sur un domaine que l'on associe à tort à des enjeux strictement commerciaux. Aussi a-t-elle réuni trois approches très différentes : « Tony Le Duc est un photographe culinaire flamand consacré à l'international. Dimitry Tsykalov, lui, sculpte la nourriture pour en tirer des images choquantes (un colt en aloyau, un masque à gaz en steak... ndlr). Enfin, Valérie Belin, artiste conceptuelle, accentue le caractère sculptural des aliments et réduit la vaisselle à quelque rais de lumière ». L'exposition ménage une progression du plus au moins évident, des quelque 120 clichés et livres de Tony Le Duc aux grands formats carnassiers du Russe. Mais elle distingue bien les artistes pour éviter toute comparaison et apprécier comment chacun révolutionne les codes. Une expo à dévorer des yeux. / ❥

Hungry Eyes jusqu'au 5.06, Anvers, Fotomuseum (FoMu), mar>dim, 10h>18h, 6/4€, +32 3 242 93 à lire / l'interview de Tamara Berghmans sur www.letsmotiv.com



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texte ¬ Faustine Bigeast photo ¬ Détail, Femme allongée, aux jambes écartées, le vêtement relevé © DR

L’art du mouvement Exposition à contempler jusqu’au 13 juin, Rodin, le plaisir infini du dessin est l’une des belles surprises de ce printemps. À travers elle, le musée départemental du Cateau-Cambrésis privilégie la qualité à la quantité, pour nous faire découvrir un pan méconnu de l’œuvre de l’artiste. Dans notre esprit, Rodin était sculpteur avant tout. La raison : des monuments tels que le Baiser, les Bourgeois de Calais, la Porte de l’Enfer… Pourtant, le Maître ne s’est pas limité à représenter les corps en volume. Pour preuve, le musée qui lui est dédié, à Paris, possède pas moins de 7000 dessins de sa main. C’est de cette collection, d’une richesse incroyable mais rarement dévoilée au public, que sont issues les 66 esquisses et aquarelles montrées au Cateau-Cambrésis. Une recherche commune les réunit et les anime, celle du mouvement. L’exposition est une fenêtre entrebâillée sur une facette inattendue de Rodin, dont les traits apparaissent graciles, à peine appuyés. Elle est aussi un aperçu sur une quête artistique – le désir de saisir la vie – qui renouvelle radicalement la pratique traditionnelle du dessin d’après modèle. Sobrement scénographiée par Dominique Szymusiak, Conservatrice en Chef du musée Matisse, elle s’organise autour de plusieurs thèmes, dont ceux de la couleur et de la volupté. Ainsi, pourrez-vous vous délecter de subtils croquis de danseuses cambodgiennes et de nus érotiques, abrités dans un cabinet secret. Autant de révélations. / ❥

Rodin, le plaisir infini du dessin jusqu’au 13.06, Le Cateau-Cambrésis, Musée Matisse, 10h>18h sf mar, 7/5e, +33 327 84 64 50



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texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ YZ, Back to the roots

texte ¬ Camille Bourleaud photo ¬ Amedeo M. Turello

Blues Booze & Bbq

Pudeurs et colères de femmes

Il y a tout juste un siècle, naissait Robert Johnson, et, avec lui, le mythique Delta blues. à tous ceux qui croyaient cette musique morte et enterrée, rendez-vous à la maison Folie de Moulins ! Jusqu'à fin juin, Michael Loyd Young relate la survivance de cette forme rurale et plaintive du blues dans les collines du Nord Mississippi. Parmi ses 32 photographies en couleur, on reconnaît Pat Thomas, Johnny Billington, le prince de la nuit (et travailleur agricole) Willie Seaberry ; les juke joints et leurs barbecues fumants (Sarah's Kitchen, Club Ebony) ; ou encore de simples autochtones, entourés de vieilles Cadillacs... Mais, l'exposition ne se limite pas à la photographie : des ouvrages (Feel like Going Home, Le peuple du blues) et une bande-son nous guident au plus profond du bayou. /

à la Villa Empain, la burqa bavarde avec le bas résille. Plus de 35 créateurs de tous pays se sont frottés au thème de la pudeur féminine. Résultat : une expo mêlant voiles, khôl et seins nus. Où le corps s'exhibe et se cache. Par crainte ou par respect, par honte ou par réflexe. Entre émancipation et contrainte, l'Orient flirte avec l'Occident : la directrice de la Fondation Boghossian, Diane Hennebert, rappelle que dans les années 50 « nos grands-mères ne sortaient pas sans leur foulard ou leur chapeau ». à l'heure où le voile fait débat, l'Iranienne Shadi Ghadirian joue la carte de la provoc' en remplaçant le visage d'une femme en tchador par un gant de vaisselle. à côté des broderies érotico-élégantes de Ghada Amer, le vidéaste Pierrick Sorin plonge des gogos danseuses à la plastique parfaite dans un aquarium. /

jusqu'au 26.06, Lille, maison Folie de Moulins, mer>dim, 14h>19h, entrée libre, +33 320 95 08 82

jusqu'au 25.09, Bruxelles, Fondation Boghossian (Villa Empain), tlj sf lun. 10h>18h30, de 7 à 10€, +32 2 627 52 30



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agenda Le tricot © Sandra Backlund

Sans Titre © Pierre Charpin

Le tricot dans la mode

Pierre Charpin

Le Modemuseum sonde, à l'échelle européenne, les relations étroites qu'entretiennent laine et usages sociaux, fil et évolutions techniques, volume et créativité. Posées sur des tables d'atelier ou suspendues au milieu de grands panneaux de maille, les pièces de haute-couture répondent aux photos de défilés, aux plans de machines et aux archives dans des allers et retours historiques constants. Des mailles denses et serrées pour filer un très bon coton.

S'il arrondit toujours les angles, Pierre Charpin ne s'écarte jamais de sa ligne : des formes minimales et sculpturales, des couleurs délicates, un humour rehaussé d'un goût prononcé pour le jeu. Le GHI a confié au designer français le soin de rassembler 10 ans de création (design industriel comme éditions limitées, dessins et vidéos). Comme les Frères Bouroullec en 2009, il transforme l'ancien Magasin aux Foins en une vaste installation dont il signe la scénographie.

❥ Anvers, jusqu'au 14.08, MoMu, mar>dim, 10h>18h, +32 3 470 27 70

L'art est un sport de combat Un an après « One Shot », exposition consacrée au football dans l'art contemporain (BPS22, Charleroi), le musée des beaux-arts de Calais joue les prolongations. Sous la houlette de Jean-Marc Huitorel, l'institution se penche sur la fascination des plasticiens pour les sports de combat. Pour arbitrer ce face à face, les œuvres de 17 artistes, d'Auguste Rodin à Yves Trémorin en passant par Satch Hoyt, Alain Séchas ou Mohamed Bourouissa. De quoi mettre KO. ❥ Calais, jusqu'au 20.09, MBA, mar>dim, 10h>12h, 14h>18h, +33 321 46 48 40

❥ Hornu, 1.05>11.09, Grand Hornu Images, mar>dim, 10h>18h, +32 65 65 21 21

Future Portraits Alors que les flâneurs profitent de la digue de Knokke, la station balnéaire inaugure son traditionnel festival de photographie. Après une édition consacrée aux clichés de mode, l'équipe sonde une autre forme très codifiée : le portrait. De Robert Wilson à Valérie Belin, en passant par Marc Trivier et des photos souvenirs réalisées sur la plage entre 1933 et 1980, le genre est abordé de profil, pour mieux sortir du cadre. ❥ Knokke-Heist, jusqu'au 13.06, Centre Scharpoord, Pavillon (plage), Musée de la région du Zwin, Lagunahal..., tlj, 10>19h (sf galeries, variables), + 32 5 063 04 30



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agenda Flesh II © Dany Danino

Authentik © Abazedatome

Flesh II

Portraits de la pensée

La saison des barbecues a stimulé la pousse de vos canines ? Tant mieux : voici une exposition dévorante pour mordus de chair fraîche. Les six peintres et sculpteurs (Dany Danino, Hughes Dubuisson, Jacques Dujardin, Karine Jollet...) réunis ici mettent le corps à l'épreuve. Quel que soit leur médium (bic, textile, plâtre, viande et crépine !), ils s'intéressent à la texture de notre anatomie, de nos organes et s'en inspirent pour leurs compositions, tantôt hyperréalistes, tantôt fantasmagoriques.

Comment matérialiser la pensée ? Comment révéler le cheminement du philosophe au détour d'un corps, d'un visage, d'un geste ? Voilà le propos de cette exposition qui réunit cinquante toiles de l'âge d'or des écoles italienne, hollandaise et espagnole. De Giordano ou Ribera au caravagisme d'Utrecht en passant par Velasquez, le surgissement des idées se donne à voir diversement. Dans la dynamique des regards, l'expressivité des faciès, le corps au travail ou le passage de l’ombre à la lumière...

❥ La Louvière, 7.05>12.06, musée Ianchelevici,

❥ Lille, jusqu'au 13.06, Palais des beaux-arts, lun 14h>18h, mer>dim, 10h>18h, +33 320 06 78 00

mar>dim, 14h>18 h, +32 64 28 25 30

Mineurs d'ici et d'ailleurs Le front ruisselant, le visage noirci par la poussière, un mineur prend son déjeuner au milieu de son étroite galerie. Ce cliché de Paul Walet date de 1960. Mais appartient-il vraiment au passé ? Des dizaines de photos plus contemporaines nous prouvent l'inverse. Que ce soit au Brésil, en Bolivie, en Afrique du Sud, en Pologne... nombreux sont ceux qui vivent suspendus au coup de grisou. Des images souvent magnifiques, pour esquisser un métier harassant. ❥ Lewarde, jusqu'au 5.06, Centre Historique Minier, tlj 9h>19h30, +33 327 95 82 82

Authentik, carte blanche à Abazedatome « Quand je découvrais le mouvement graffiti, c'était avec NTM dans les oreilles », confie Mohamed Azaoum, alias Atome, virtuose de la bombe. Pas étonnant qu'il ait, avec son complice Baze (Sabar Boudemagh), choisi de citer le groupe de rap dans le titre de leur rétrospective. Toiles grand format et photos in situ (France, Belgique, Thailande, New York...) retracent 10 ans passés à couvrir les murs de lettres intriquées. ❥ Lille, jusqu'au 19.06, Espace Le Carré, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>13h, 15h>18h, +33 320 49 52 81



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agenda Dans les champs © Passeurs d'images, Tal Coat, ADAGP Paris, SABAM Belgique

Détail, Fondation Adolf Wölfli (Musée des BeauxArts Berne, Suisse)

Pierre Tal-Coat Peintures et dessins

Journal d'un quelqu'un

Irréductible à toute école, Pierre TalCoat a traversé le xxe siècle en préférant la compagnie des écrivains aux fluctuations du marché de l'art. Cette rétrospective consacrée à l'Après-Guerre pointe ainsi sa complicité avec le poète André Du Bouchet et l'importance de leurs longues promenades dans la nature. Car si cette peinture privilégie l'épure et les jeux de matières, elle reste profondément liée à l’observation du réel.

On connaît plus la bête de scène que le plasticien. Et pourtant, le directeur du Prato, « théâtre International de quartier » dédié aux arts du burlesque, a obtenu une carte blanche au MUba. En écho à son Mignon Palace, présenté au théâtre de l'Idéal à Tourcoing, Gilles Defacque expose des autoportraits, des extraits de son traité « de la photo ratée » ou du journal « du fugace », des extraits sonores entrecoupés de conférences éphémères...

❥ Mons, jusqu'au 17.07, BAM, mar>dim, 12h>18h, +32 65 40 53 30

❥ Tourcoing, 14.05>19.09, Muba, tlj sf mar, 13h>18h, +33 320 28 91 60

Le Geste de l’Ecrit

Adolf Wölfli Univers

Quel dénominateur commun entre David Lynch, Henri Michaux, Pierre Alechinsky et les Perrin&Perrin ? Apparemment aucun. Pourtant, tous partagent une fascination pour l'écriture, la lettre et le signe qu'ils traduisent de diverses manières (transposition du geste calligraphique, élaboration d'une langue, utilisation du récit...). La création verrière, trop rarement présentée dans son interaction avec d'autres champs artistiques, est ici confrontée à des toiles et vidéos contemporaines. ❥ Sars-Poteries, jusqu'au 3.10, musée-atelier du Verre, tlj (sf mar), 10h>12h30, 13h30> 18h, +33 327 61 61 44

1200m². Il n'en fallait pas moins pour cerner un projet aussi fou, pharaonique et fascinant. Pour la première fois dans l'Hexagone, le LaM retrace le cheminement précis (150 œuvres) d'Adolf Wölfli, figure majeure de l'art brut internée à Berne pendant trente ans. à travers quelque 25 000 pages et 1 600 dessins, l'on découvre le monde complexe qu'il s'est recréé depuis sa cellule. Un impressionnant système où se mêlent dessins, textes, chiffres et notes de musique. ❥ Villeneuve d'Ascq, jusqu'au 3.07, LaM, mar>dim, 10h>18h, +33 320 19 68 68




Aux arts, et cætera texte ¬ Florent Delval photo ¬ We are the undamaged Others © Toshiki Okada

S’il n’est pas le plus ancien du genre*, le kunstenfestivaldesarts a très vite acquis un statut à part. Festival bilingue soutenu par les deux principales communautés de Belgique, il s'est stratégiquement positionné à l'ouverture de la saison estivale. Et s'offre donc avant tout le monde de prestigieuses premières (treize cette année). Créé il y a 17 ans, le KFDA s'est d'emblée imposé sur la carte des festivals européens. Son apparition correspond certes à une époque où la danse belge insufflait une nouvelle dynamique aux arts de la scène. Mais le « Kunsten » a surtout attiré les regards grâce à une programmation audacieuse. Un puzzle hétéroclite de formes qui présente un motif commun : à leur manière, parfois paradoxale et contradictoire, les artistes à l'affiche sont tous engagés. Le cru 2011, marqué par des fidélités (T. Okada, E. Salomon, B. Charmatz...), ne déroge pas à la règle. Demandez le programme ! Comment évoquer en quelques lignes la désinvolture punk de Jan Decorte; la pertinence des vidéos de Sven Augustijnen, qui réécrit l’Histoire belge ; le théâtre distancié et pourtant très pragmatique du New-yorkais Richard Maxwell ; les performances d’Edith Kaldor, qui à l’instar du Libanais Walid Raad, réinventent le langage documentaire ou l'expressionnisme absurde de René Pollesch, un des piliers de la Volksbühne ? Ouf ! Chacun dressera sa propre sélection. En notant ce symbole : en prenant comme QG le RITS, école de cinéma et de théâtre, le festival ne s’inscrit pas seulement au cœur de la ville, mais au cœur de la société, soutenant ainsi la jeune création qui peine à se faire entendre dans ce contexte de budget culturel exsangue. / *Festival d'Automne, d'Avignon...

Kunstenfestivaldesarts 011 du 6 au 28.05, Bruxelles, divers lieux (Théatre National, Kaaitheater, KVS, Ateliers Claus, Arenberg, Beurschouwburg, Les Brigittines, Théatre des Tanneurs...) ,+ 32 70 22 21 99, www.kfda.be

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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Les Oranges © Max Rosereau

Sorties de scène Le 29 mars dernier, Lille Métropole inaugurait avec succès un nouveau dispositif culturel : Les Belles Sorties. Une initiative fort louable, qui invite les fleurons du spectacle vivant lillois à poser leurs valises dans des communes de moins de 15 000 habitants. Et à y donner une représentation pour moins de 5€. Le constat des élus était simple, nous explique-t-on à Lille Métropole. L'agglomération est un territoire particulièrement riche en matière d'offre culturelle mais avec un maillage inégal. Et pour cause : 69 des 87 communes membres comptent moins de 15 000 âmes. Trop peu pour développer une politique culturelle et faire vivre un théâtre ou une salle de concerts à l'année. La structure intercommunale a décidé de prendre le choses en mains avec d'autant plus de motivation que cet aspect géographique se double souvent d'une intimidation sociale et financière. L'Opéra de Lille, le Théâtre du Nord ou le CCN, trois des sept structures sollicitées pour l'opération, sont souvent perçues comme réservés aux élites. Alors proposer, pour moins de 5€, des spectacles de premier ordre dans des bibliothèques, salles des fêtes ou églises voisines revient à tordre le cou aux préjugés. Ici, point de velours rouge, mais des mises en scène saluées par la critique (Les Oranges, de L. Hatat ; Aujourd'hui en m'habillant, Oiseau Mouche), des clowns formidables (Le Cabaret Express), des chorégraphes réputés (Th. Lebrun, C. Sagna, C. Carlson...), des spectacles jeunes public (A. Sajaloli), et des musiciens accomplis (prog. Opéra, Aéronef). Par ici la sortie ! / ❥

Les Belles Sorties toute l'année dans la Métropole lilloise avec l'Aéronef, l'Opéra de Lille, le CCN, Danse à Lille, Le Grand Bleu, L'Oiseau-Mouche, Le Prato. Programme complet sur www.lillemetropole.fr



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texte ¬ Hakima Lounas - photo ¬ DR

texte ¬ Judith Oliver - photo ¬ D. Chauvin

Le comte de Bouderbala

Z'Arts Up! #12

Rares sont les membres du Jamel Comedy Club qui se sont révélés être de grands humoristes. Au milieu des interminables boutades communautaristes et fanfaronnades de l'émission, seuls Fabrice Éboué et le Comte de Bouderbala ont tiré leur épingle du jeu. Ces deux-là ont confirmé en tournée un jeu de scène et un sens de l'écriture nettement plus subtil et personnel. Bouderbala, en particulier, ancien basketteur pro et polyglotte, donne dans l'humour pince-sans-rire en passant à la moulinette l'actualité politique ou sportive. Constamment entre New York et Paris, il prend un malin plaisir à confronter les deux cultures, rappelant volontiers à ses spectateurs américains que Napoléon leur a jadis revendu la Lousiane pour 200 francs... Humble et audacieux à la fois, ce persifleur ne fait pas grincer que les planches. /

La voix rauque, le sourire en coin, Chantal Lamarre annonce la couleur. « Ce sera une édition plus-plus, cette année, Béthune capitale régionale de la culture oblige ». Et de nous expliquer comment Culture Commune prépare son traditionnel festival de théâtre de rue depuis un an, en compagnie de troubadours anglais. Des mamies excentriques grimpant sur leurs caddies, des super Nannies trimballant des landaus de légumes, des serveurs burlesques. Mais surtout les impressionnants pyrotechniciens gallois du NoFit State Circus, qui créent pour l'ouverture Barricade1, avec des Béthunois. Entre les féériques chorégraphies aériennes des Studios de Cirque2 et les entêtants Tambours de la Muerte de Transe Express3... Chantal Lamarre nous l'assure : cette 12e édition relève du grand spectacle. Haut les arts ! /

le 6.05, 20h, Lille, Le Splendid, 26,40€, +33 320 33 20 17

20>22.05, Béthune, divers lieux, grat, +33 321 14 25 55, 1ven, 20h30, pl. de la Communication // 2sam, 23h, Grand Place // 3sam, 21h30, Bd J. Moulin, Bd Voltaire



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texte ¬ Yann Vetter photo ¬ Kur van der Elst

Requiem pour des idées La nouvelle création de Josse de Pauw et Jan Kuijken veut exhumer la voix des visionnaires condamnés pour leur pensée subversive. Les Pendus est le « concert dramatique » d’un ensemble à cordes auquel répondent cinq acteurs suspendus dans les airs : deux comédiens flamands et trois chanteurs en latin. Josse de Pauw est un acteur et metteur en scène belge emblématique. En 2006 avec L’âme des termites il faisait déjà dialoguer des musiciens avec un scientifique dont la pensée, d’abord rationnelle, subissait les inflexions chaotiques de ses passions. Une polyphonie surprenante mais réussie. Sa nouvelle pièce réunit la musique, le chant lyrique et le discours polémique pour représenter cette tension entre l’émotion et la raison (dont l’alchimie est nécessaire pour exprimer une pensée individuelle originale). Il décrivait d'ailleurs cet équilibre ainsi en 2009 : « Alors que chaque mot que j’utilise quand j’écris un texte est lourd, la musique est libre. » La scénographie exploite cette gravité : les notes s’élèvent vers les acteurs alors que leurs propos, véritable charge contre les pouvoirs établis, pèsent sur nos esprits. Car l’auteur veut redonner la parole à ceux qui suivent des vents contraires au-dessus de la foule, à la recherche de vérités qui dérangent l’ordre bien-pensant, tels Galilée ou Giordano Bruno. De Pauw nous invite ainsi à rester sur nos gardes : « Les gens veulent suivre la masse. Mais la masse est dangereuse, comme on l’a vu dans les années 30. Le théâtre et le jeu peuvent contrecarrer ce danger-là. » / ❥

Les Pendus - Josse de Pauw, Jan Kuijken 13.05, 20h, Douai, L’Hippodrome, 22/16/9€, +33 327 99 66 60 17>18.05, 20h, Villeneuve d’Ascq, Rose des vents, 20€, +33 320 61 96 96



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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ Yoshi Omori

Le manège dansant Avec We were horses, Carolyn Carlson réalise un rêve : composer avec Bartabas, le maître du spectacle équestre une chorégraphie inédite. Une pièce où l’homme et l’animal, le danseur et le cheval, ne font plus qu’un. Au centre, l’être humain. Le mouvement, la danse, les corps enchevêtrés et suppliants. Autour, le cheval. La force brute, la liberté, l’instinct. Avec, la transe hypnotique de Philip Glass, sa tourbillonnante Music in twelve parts. Les seize danseurs de la compagnie de Carolyn Carlson, célébrée dans le monde entier, rencontrent les douze écuyers de l’Académie du spectacle équestre de Bartabas, consacrée partout ailleurs. Ensemble, ils déchirent l’espace, pour mieux inviter à la méditation. Pour Bartabas, qui a toujours conçu son Académie comme un corps de ballet, « ce type de rencontre artistique est un accomplissement ultime. » « Je ne connaissais pas Carolyn personnellement, ajoute-t-il, et je pense que c’est mieux. Car chacun apporte son univers, défend ses idées, tout simplement, sans les adapter pour plaire à l’autre. » We were horses sera présenté dans le cadre de Béthune, capitale régionale de la culture en 2011, à Bruay-la-Buissière. « Quand le sauvage rencontre le dompté, décrit la chorégraphe du CCN de Roubaix, quand l’inébranlable rencontre la grâce, quand le cheval rencontre l’homme, quand l’instinct partagé devient la quête de liberté… » Alors plus aucune frontière ne résiste. Et toutes les portes s’ouvrent. / ❥

We were horses du 27.05 au 1.06 (sf lun), à 20h30 (sf dim 17h), Friche industrielle Plastic Omnium, Bruay-la-Buissière, 16,80e, +33 320 24 66 66



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texte ¬ Judith Oliver - photo ¬ La Vie © DR

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ Pascal Ito

Les 24h

Stéphane Guillon

S'il n'était pas un personnage de fiction, Jack Bauer quitterait les néons de la cellule anti-terroriste pour l'Hippodrome de Douai. La mission qui l'attend là-bas est autrement plus plaisante : profiter d'un maximum de spectacles pendant 24h chrono. Bien sûr, les formes que la Scène nationale propose ce week-end-là sont un peu hors normes et comptent leur lot de bizarreries : des squelettes hybrides (Vestiges), une pseudo instit qui fait des acrobaties sur son tableau (Rhizikon), un purgatoire clownesque (La Vie)... Reste que notre superhéros américain aurait un sacré problème à régler : composer son programme idéal pour deux après-midi et une nuit. Entre du cinéma, une session de French Cancan, des percussions africaines, un blues intimiste et le récit d'une Alice aux pays des abattoirs... Mission (im)possible ? /

Caustique, moqueur, polémique... les adjectifs ne manquent pas pour décrire Stéphane Guillon. D'aucuns diront même « méchant », et l'intéressé de confirmer : « Si, ''l'humour s'arrête là où la méchanceté commence (comme s'était offusqué DSK), il ne me reste plus rien ». Heureusement, dans Liberté surveillée, mauvaise foi et humour corrosif sont toujours au rendez-vous. à travers sketches, saynètes et revues de presse, l'humoriste pique là où ça fait mal. Qu'il imite son meilleur ennemi Nicolas Sarkozy ou qu'il campe divers personnages (un milliardaire cynique, un gardien de prison, un professeur d'histoire en l'an 2050...), la formule fait mouche. Le chroniqueur écarté de la matinale de France Inter, mais toujours sur Canal + n'a qu'à (pas) bien se tenir ! /

du 21.05, 15h au 22.05, 15h, Douai, Hippodrome, Théâtre Municipal, Collégiale St Pierre, 2>10€, +33 327 99 66 66

1.06, 20h30, Béthune, Théâtre municipal, 30/26€, Complet !, +33 321 64 37 64



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agenda Matsukaze © Bernd Uhlig

Slips Inside 1>14.05

Murmures des murs © Richard Haughton

Murmures des murs cie Okidok

3&4.05, 10&11.05 V. Thierrée-Chaplin

On se souvient de leurs clowns russes, oniriques à souhait dans leur ample robe de lin (HaHaHa). On les retrouve ici, l'air minable, vêtus d'un slip rembourré. Si on peine à les reconnaître, les deux zouaves d'Okidok conservent leur sens du grotesque qui avait eu raison de nos zygomatiques. De pitreries en acrobaties, ces Belges entretiennent notre fou rire jusqu'à l'épuisement. ❥ 1.05, Braine Le Comte, s. des fêtes // 5.05,

Au delà de ses films, Charlie Chaplin a laissé au monde du spectacle un précieux héritage : sa descendance. Dans Murmures des murs, on retrouve sa fille Victoria à la mise en scène, et sa petitefille Aurélia sur les planches et dans les airs. Acrobate née, la jeune comédienne escalade des façades d’immeubles, pénètre dans des appartements vides. La famille Thiérée éblouit toute l'assistance par sa maîtrise de l'illusion. ❥ 20h (3.05), 19h (4.05), Valenciennes,

La Louvière, le Palace // 6.05, Ath, le Palace // 7.07, Eghezée, C. Culturel // //13.05, Chenée, C. Culturel //14.05, Remicourt, C. Culturel

Matsukaze 3>11.05

T. Hosokawa/MeS S. Waltz

Création mondiale attendue, Matsukaze bouscule prodigieusement la tradition du Théâtre Nô. Comme pour Hanjo en 2004, Toshio Hosokawa s'est entouré d'une immense chorégraphe, Sacha Waltz, pour revisiter ce texte du xive. Avec sobriété, ils renforcent l'onirisme de cet opéra dramatique en adaptant l'histoire de Matsukaze et Murasame, deux sœurs mortes de chagrin, dont les esprits errent sur la baie de Suma à la recherche de l'Amour. ❥ 20h, sf dim, 15h, Bruxelles, théâtre de la Monnaie, 10 à 108e, +32 7 023 39 39

Phénix, 28/9e, +33 327 32 32 32 // 10&11.05, 20h30, Roubaix, Colisée, 32/8e, +33 320 24 07 07

Antoine Lemaire 3>6.05 puis 10>14.05

Alors que le Garage accueille Mes amours au loin, un texte qu'il a écrit pour Nadia Ghandafar, le talentueux Antoine Lemaire présente à la Rose des Vents un diptyque ironique et sarcastique. Vivre est devenu difficile mais possible explore le désenchantement de deux générations, les 20-25 ans et les seniors. Deux points de vue traduits avec humour par des prises de parole directes. ❥ Mes amours au loin, 3>6.05, Roubaix, Oiseau-Mouche // Diptyque Vivre est devenu difficile…, 10>14.05, Villeneuve d'Ascq, Rose des Vents



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agenda Elles en (c)rient…, Ch'ti Lyrics © Laure Prognon

Au bois Lacté

Ma Chambre Froide

5>22.05

12&13.05

D. Thomas/MeS S. Seide

Ma Chambre Froide @ Elisabeth Carecchio

J. Pommerat

En adaptant le texte d'un célèbre poète gallois, Stuart Seide sort du registre dramatique stricto sensu. Séduit par le phrasé particulier de Dylan Thomas et par sa description polyphonique du petit village de Laugharne, le directeur du théâtre du Nord a trouvé matière à d'habiles glissements de points de vue. Associés à deux narrateurs, neuf acteurs incarnent ainsi quelque 70 personnages, dévoilant leurs secrets dans un décor de pub anglais particulièrement « boisé ». ❥ mar>sam, 20h, sf jeu, 19h, dim, 16h, Lille,

Depuis Les Marchands (2006), Joël Pommerat affiche un goût certain pour les « spectacles-mosaïque ». Dans Ma chambre froide, une fois encore, de petits fragments d'histoires sans rapport apparent se croisent, se mêlent et s'entrechoquent. Avec, au centre du décor circulaire et aux confluents de toutes les intrigues, Estelle, une jeune caissière exploitée par ses collègues pour sa gentillesse sans faille. ❥ 20h (12.05), 20h30 (13.05), Arras, Théâtre

Théâtre du Nord, 7 à 23e, +33 320 14 24 24

20>23.05

Elles en (c)rient encore 6>28.05

Pour la troisième année consécutive, le Prato rend hommage au beau sexe. Pendant un mois, s'enchaînent one woman show cinglant (Nouara Naghouche : Sacrifices), contorsionniste virtuose (Angela Laurier : Deversoir, J'aimerais pourvoir rire), chanteuses patoisantes (Ch'ti Lyrics) et clowns déjantées (Pauline Couic, Banquet de la St SIDA). Le théâtre a tout de même admis « un Zizi » au milieu de ces femmes. Mais pas n'importe lequel : celui du travesti Tom Neal. ❥ Lille, le Prato, www.leprato.fr

d'Arras, 12 à 24e, +33 321 71 66 16

Habit(u)ation A.-C. Vandalem

Une famille écrasée par l'ennui. Au milieu, la petite Annie, prête à tout pour réaliser son rêve : partir un jour pour le Grand Nord. « Un fantasme que sa famille nourrit et sape en même temps. Prise par cette double contrainte, elle va initier le mouvement », explique AnneCécile Vandalem. Le deuxième volet de sa trilogie (après (Self) Service), aborde avec davantage de noirceur le poids des habitudes et le thème de l'agonie. Le décor, métaphorique (machineries), ne fait qu'ajouter à notre malaise. ❥ 20h15 (20&23.05), 19h (21.05), 15h (22.05), Bruxelles, Théâtre National, 16/12e, +32 2 203 41 55



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agenda Borrowed Light © Tanja Ahola

Kitchen Circus

Borrowed Light 21.05

Rhizikon © Cécile Long

T. Saarinen

23>26.05

F. Marillier

Un chant a capella, magnifique, aérien. Sur les voix de la prestigieuse Boston Camerata, une silhouette se détache de la pénombre, vite rejointe par un groupe de danseurs. S'entame alors un intense ballet, sublimé par un clair obscur saisissant. Les bras s'élèvent comme pour convoquer Dieu, puis les corps se jettent au sol avec une charge expressive rare. Une création de Tero Saarinen saluée par la presse internationale. Une pièce mystique ! ❥ 20h30, Roubaix, Colisée, 25/8e,

C'est dans la cuisine familiale que François Marillier s'est formé aux percussions. Rien d'étonnant à ce qu'il se remette à taper sur des casseroles. Dans Kitchen Circus, il invite amateurs et amis musiciens à former un orchestre de verres, de marmites et de couverts. De nombreux autres ingrédients sont de la partie : bruissements de feuilles de salade, ballet de spaghetti... Une batterie de cuisine hors du commun ! ❥ 20h, Béthune, Comédie de Béthune, 7 à

+33 320 24 07 07

18e, +33 321 63 29 19

The Desdemona Project

Rhizikon 21&22.05

C. Moglia

26>29.05

T. Morrison / MeS P. Sellars

Un grand tableau vert, une craie et une éponge ; voilà tout ce dont Chloé Moglia a besoin pour « flirter avec la mort ». Dangereusement suspendue à la verticale, toujours prête à tomber, l'acrobate dépeint sa fascination pour le risque et la mise en danger de soi-même. Portés par un astucieux montage sonore, ses gestes sont paradoxalement très élégants et confiants. Même au terme des vingt-cinq minutes de spectacle : la chute est calculée au centième de millimètre près. ❥ 16h30 (21.05), 10h30 + 14h (22.05),

En 2009, Peter Sellars mettait en scène Othello, célèbre pièce de Shakespeare ; il a aujourd'hui décidé de la détourner. Avec Toni Morrison (prix Pulitzer 1988, prix Nobel de littérature 1993), ils donnent voix à Desdémone, jeune femme aimante et dévouée que le « Maure de Venise » tue par erreur. De l'au-delà, le personnage dialogue en musique (Rokia Traoré) avec la servante africaine qui l'a élevée. Sur la condition féminine, la condition noire ; un habile dépoussiérage du drame shakespearien. ❥ 20h, Bruxelles, KVS (Bozar), 36/20 e,

Douai, Hippodrome, 3/2e, +33 327 99 66 66

+32 2 210 11 12



littérature |

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Dennis Hopper Easy Photographer Texte ¬ Faustine Bigeast Photos ¬ Dennis Hopper

Dennis Hopper en quelques clichés, c’est : des années de défonce à la coke et de déglingue au rhum, un caractère explosif qui a passablement dynamité ses relations avec les sacro-saints studios hollywoodiens, et un film hippieculte en tant que réalisateur, Easy Rider. En publiant un livre de ses photographies, dont plus d’un tiers est inédit, les éditions Taschen resserrent le cadre. Et focalisent notre attention sur le rôle du comédien dans la production artistique des fabuleuses sixties.


Bruce Conner (in tub), Toni Basil, Teri Garr and Ann Marshall, 1965 Š 2011 The Dennis Hopper Trust


Dennis Hopper © Terry Richardson

Son impétuosité – qui a fini par le quitter –, Dennis Hopper la devait à ses écarts éthyliques et cocaïnés, comme à sa volonté intransigeante de bousculer un cinéma américain empesé. Elle lui a valu pas mal de déboires. Mais, jamais, elle ne l’a empêché de se créer des amitiés solides parmi les grands noms d’un Los Angeles de légende. L’une d’entre elles a peut-être compté plus que les autres, en raison de l’influence majeure qu’elle a eue sur son jeu d’acteur et sur son désir de photos. Cette amitié est celle qui l’a lié à James Dean. Une relation de maître à élève s’est instaurée

entre les deux hommes sur le tournage de Géant. Alors que La Fureur de vivre, filmée un an plus tôt, a signé le début d’une vie culturelle active pour Hopper, qui fréquenta les galeries avec l’acteur de génie et se mit à la photographie sur ses conseils. Celle-ci est vite devenue un moyen comme un autre de s’occuper et de s’ouvrir les voies de la réalisation. Tandis que les années 60 furent son sujet de prédilection. Photogénique Amérique Comme son titre l’indique, Dennis Hopper : Photographs 1961-1967 s’intéresse à une période très


Biker Couple, 1961/2009 © 2011 The Dennis Hopper Trust

circonscrite du travail photographique du comédien. Il faut dire qu’il a remisé son Nikon 35mm au placard après avoir réalisé Easy Rider, en 69. Qu’importe, il a été très prolifique avant cette date, se frottant aussi bien à l’expression abstraite qu’au portrait. L’Amérique en plein bouleversement culturel a été pour lui une source d’inspiration extraordinaire. Ses clichés de la marche vers Montgomery, pour les droits civiques, en sont un exemple saisissant. Au

même titre que ses scènes de rues, pittoresques, d’une incroyable beauté. Prises en lumière naturelle et plein cadre, elles ont valeur de témoignages sur une époque révolue, mythique. À leur côté, se sont glissés quelques instantanés de figures hollywoodiennes tout aussi mythiques, apportant à l’ouvrage une petite touche de paillettes en plus de sa dimension documentaire. Des figures telles que le magnétique Paul Newman. Rien de moins. /

à lire /Dennis Hopper : Photographs 1961-1967, éd. Taschen, 544 pages, 49,99€


livres |

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L'écologie en bas de chez moi Iegor Gran | Éd. P.O.L Il faut sauver la planète. Comprenez : il faut sauver l’humanité. Car les réchauffements climatiques, les glaciations, et autres radiations de nappes phréatiques, elle en vu d’autres, la Terre. Elle tiendra. Alors pourquoi sauver la planète ? « Parce que c’est bô » répond Yann Arthus-Bertrand, le Looping du développement durable. Et les coins moches, on en fait quoi, Yannou ? L’écologie esthétisée me débecte. D’où ma joie à l’arrivée de ce pamphlet de Iegor Gran, qui compare derechef Arthus-Bertrand à... Leni Riefenstahl. Pas de demi-mesure, le genre l’exige. Alors, sous une tonne de mauvaise foi, un style à l’ironie pesante et de très longues notes de bas de page, fusent quelques éclairs de lucidité : Iegor Gran attaque les entreprises opportunément Bio, la culpabilité généralisée ou... la bêtise façon « Café du Commerce » de certains climato-sceptiques. Mais Gran, lui aussi, possède peu d’arguments. C’est embêtant. Ses idées bénéficiaient pourtant ici d’une tribune. Elles se résument à une opposition digne d'un adolescent en pleine crise, à un bête conflit Nature contre Culture trop rapidement réglé. Une consolation : le fait qu’on ait coupé des arbres pour imprimer sa bile doit lui faire plaisir. 224p., 15,5€. Thibaut Allemand

BRANLEUR(S) Jules et Tom Fradet | Éd. Manolosanctis Sociologues impitoyables de notre époque épique, les frères Fradet se penchent sur le cas de deux ados de la région nantaise, observés comme des cobayes représentatifs de la « jeunesse France » d’aujourd’hui. Tout en circonvolution et en courbe, le binôme repose sur un rocker fan de tuning, qui passerait presque pour un petit malin, et sur un grand échalas chevelu au regard bovin qui fantasme, comme il se doit, sur la copine de son ami. Entre odyssée campagnarde à la recherche d’une planque de shit et soirée picole dans une maison anonyme de banlieue, l’album avance à coups de petites saynètes plus que par un cheminement narratif précis. À peine esquissé, le portrait de ces Lucky Luke de l’asphalte n’en reste pas moins aussi cruel que rigolo. 72 p., 14,50€. Nicolas Trespallé


chroniques Quinze kilomètres trois

Le Polygame Solitaire

Martine Laval | Éd. Liana Levi-Piccolo

Brady Udall | Éd. Albin Michel

« Ça prend du temps, le désœuvrement, un dimanche d'hiver ». Surtout pour deux adolescentes de quatorze ans. Les quinze kilomètres trois qui séparent Calais du Cap BlancNez sont leur virée secrète. On le sait, c'est pour mardi ; on les suit sur ce bout de chemin, frêles silhouettes sur leurs petites guiboles, en route vers une destination sans lendemain. Le narrateur décrit la libération de leur carcan en interrogeant – entre autresune prof, un cousin, une lectrice et le paysage, tous témoins de cette fugue. Un roman court mais percutant écrit par Martine Laval, grand reporter à Télérama et Calaisienne, qui donne à lire « la patience des gens qui n'espèrent plus » ; un récit d'une belle finesse sensible. 64p., 4€. Simon Gryvant

De Brady Udall, on a tout aimé. Et l'on avait hâte de retrouver le plaisir trop rare procuré par chacune de ses oeuvres. Chantre salué d’un Ouest américain âpre et attachant, le romancier relate les insuffisances et manquements (religieux, autant que personnels) d'un mormon de 45 ans. Il explore ainsi les répercussions familiales d’une conduite désastreuse, dictée par la faiblesse, sinon par la lâcheté. Ses personnages sont complexes, tiraillés par la vie, impuissants face à ses caprices. Mais, comme toujours, la bienveillance à leur égard exsude de chaque phrase. Avec un art consommé de la narration, il tient le lecteur en haleine. Et lui fait regretter d’avoir, à nouveau, à tourner la dernière page. 754p., 24€. Faustine Bigeast

Dompter la bête Ersi Sotiropoulos | Éd. Quidam Poète épuisé. Mari, père et fils pitoyables. À l'aube de la cinquantaine, il ne reste plus grand-chose d'Avris Pavlopoulos, si ce n'est une vigueur toujours renouvelée pour sa jeune maîtresse. Et la triste habitude de regarder, en spectateur, le monde par les fenêtres de sa maison bien entretenue sur les hauteurs d'Athènes. Comment s'arracher au ronronnement du quotidien ? Aux impressions fugaces et trompeuses, fossilisées par les souvenirs ? Dans l'écume crépitante des mots, Avris fait sienne la fin du Gatsby de Fitzgerald : « C'est ainsi que nous nous débattons, comme des barques contre le courant, sans cesse repoussés vers le passé ». 233 p., 20 €. Raphaël Nieuwjaer


disques |

90

CONNAN MOCKASIN Forever Dolphin Love | Phantasy Records / Because Étonnant, ce premier album de Connan Mockasin. Premier ? En fait, le quatrième ou le cinquième, on ne sait plus, tant les informations disponibles sur le Néo-Zélandais sont rares. Toujours est-il que ce vague et doux sosie de Klaus Kinski a entamé une carrière aux antipodes mais, face au silence des kiwis, il a préféré s’envoler pour la grisaille londonienne, histoire d’y faire jaillir ses chansons lumineuses d’une voix enfantine et asexuée. Étonnant, aussi, de découvrir cet essai sur le label tenu par... Erol Alkan, DJ chypriote exilé aussi à Londres qu’on savait ouvert d’esprit (a produit Late of The Pier, Klaxons) mais très porté sur le dancefloor. Pas de ça ici : un album de folk solaire et lunatique, alternant les cavalcades (Egon Hosford), les clins d’œil bossa (Megumy The Milkway Above) ou citant ouvertement le Jean-Claude Vannier de Melody Nelson (It’s Choade My Dear). Bardé d’intitulés ridicules, Forever Dolphin Love (tout de même) ouvre un chemin séduisant, côtoie le fantôme de Syd Barrett, les rêveries de Robert Wyatt, le folk bien tordu du jeune Bowie, voire les effluves du dernier MGMT (Please Turn Me Into The Snat). Le genre d’artiste à suivre à la trace – mais tâchons déjà de dégotter ses premiers essais. Thibaut Allemand

Art Departement The Drawing Board | Crosstown Rebels / La Baleine Art Department, c'est l'association de Kenny Glasgow, figure mythique de la house de Chicago, et de Jonny White, DJ canadien en pleine ascension. Sous l'impulsion de Damian Lazarus, les deux compères livrent The Drawing Board, qui serait l'acte de renaissance d'une musique à la fois originelle et avant-gardiste. On le croit volontiers. Les onze tracks de cet album rappellent de toute évidence les grandes heures de la house illinoise. Une ambiance deep, moite, renouant avec l'héritage garage qui tranche avec les productions poussives du moment (bataillons de voix r'n'b ou électro minimaliste désincarnée). Non content de renouveler le genre, Art Department poussera nombre d'entre nous, nostalgiques, dans les bacs à la recherche des pionniers. Vers un nouveau summer of love ? Mathieu Dauchy


chroniques WhoMadeWho

PANDA BEAR

Knee Deep | Kompakt / Module

Tomboy | Paw Tracks/La Baleine

Les trois talentueux Danois electro-poppunkoïdes de WhoMadeWho sont enfoncés jusqu'au genoux (Knee deep). Certes, mais dans quoi ? Les poussières de l’hôtel en construction où ils se sont enfermés pour composer ? Des embrouilles mesquines avec leur label ? Un peu dans tout ça, mais surtout dans beaucoup de créativité. Knee deep n’est en fait que la moitié d’un diptyque. La moitié la plus sombre, mais pas sinistre. De We’re alive, it’s a miracle à There’s an answer, le trio exalte des mélodies électroniques graves et hypnotiques, des chants inspirés des 60s psychédéliques, avec cette finition ciselée qui a fait la réputation de WhoMadeWho. Un Knee deep qui appelle plutôt le knee jerk, en fait, et qui donne envie de s’y plonger jusqu’aux oreilles. Olivia Volpi

Avant-gardiste, Panda Bear pose ici les bases des quinze ans à venir. Transfigurant ethos, pathos et logos en une seule et même entité, Tomboy interroge notre rapport à la modernité et... Trêve de plaisanterie : Panda Bear signe un album creux et rempli d’auto-indulgence. Contre toute attente. Jamais remis des chœurs des Beach Boys, Noah Lennox les refait tout seul (Last Night At The Jetty), braille le reste du temps, posant le tout sur des nappes synthétiques déjà entendues chez... Animal Collective. Rien qui ne vienne surprendre ni rappeler les travaux passés du Panda. à force de se faire tresser des lauriers, l’Américain se repose et concocte cette gelée sonore. Qui ne questionne qu’une seule chose, finalement : notre rapport au temps. Et à l’ennui. Thibaut Allemand

BIBIO Mind Bokeh|Warp/Differ-Ant L’attente était grande à l’encontre de Stephen Wilkinson, dont les débuts enthousiasmants sur Mush ont retenu toute l’attention de Warp, ayant certainement décelé chez lui un possible héritier de Boards of Canada. Que faire après avoir mis tout le monde à genoux avec Ambivalence Avenue ? On imagine aisément son angoisse. Là où son prédécesseur musardait entre leftfield et electronica, Mind Bokeh sonne plus grave, si ce n’est mature dans son ambition comme son écriture. Certes, il flotte toujours un sentiment de rêverie, mais l’atmosphère cotonneuse a cédé la place à une réelle maîtrise du propos, paradoxalement renforcée par son option vintage. Un disque bien plus complexe qu’il n’y paraît, pariant sur l’intelligence et le temps. Le mainstream selon Bibio ? Encore ! Marc Bertin


agenda |

92

concerts Dim 01.05

AB Box, 20h, complet

Ven 06.05

Knut + Keelhaul Lille, La Malterie, 18h, 9e

Ron Sexsmith Gent, Handelsbeurs, 20h, 20/17e

Len Faki + Matthus Raman Lille, Etik Club, 00h, 5e

Macabre + Birdflesh Dunkerque, Les 4 Ecluses, 18h, 9/6e

The Original Wailers Charleroi, Coliseum, 20h, 25/20e

Tarja Anvers, Trix, 19h, 26/24e

Sanseverino + Les Tit’ Nassels Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 18/15e

Alela Diane & Wild Divine Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 21/18e Youngblood Brass Band Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 16/13e

Filles à retordre # 14 : Le Prince Miiaou + Oy Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6/4e

Lun 02.05

marc Ribot & Ceramic Dog Bruxelles, Recyclart, 21h, 10/8e

Murphy’s Law Anvers, Trix, 19h, 16/13e Cali Lille, Zénith Arena, 20h, 35,2e Electro et harmonie : L’Orchestre de l’harmonie de Roubaix + Monoblok Roubaix, La Condition Publique, 20h, 6/4e Les Ramoneurs de menhirs Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e

Keelhaul Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

Jeu 05.05

The Shoes + We Are Enfant Terrible + Rocky Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e

Loudon Wainwright III Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 23/20e

Fishbone + PPz30 Bruxelles, Magasin 4, 19h, 12e

Yuri Landman Courtrai, De Kreun, 20h, grat

Magali Léger + Michael Levinas Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 18/11/8e

Metronomy Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 16/13e

Mar 03.05 Jack Parow + Undefined Leuven, Het Depot, 19h, 15/13e Talvin Singh Gand, De Centrale, 19h, 18/15e Steve Reich Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 18/11/8e Queens Of The Stone Age Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, complet Pneu + Ed Wood Jr Lille, La Malterie, 20h, 7e

Mer 04.05 Fantômes acoustiques : l’Ensemble Cairn Lille, Opéra, 18h, 8/5e Barn Owl Courtrai, De Kreun, 20h, 7/4e Jamie Woon Bruxelles, L’Ancienne Belgique/

Black Milk +The Compositives Two Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e Jean Louis Aubert Lille, Zénith Arena, 20h, 43/37e Festival de Flandres : The Hilliard Ensemble Courtrai, Eglise St-Martin, 20h, 18/13e Slim Cessna’s Auto Club +The Red Light Rumors Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 15/12e Earth + Sabbath Assembly Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 18/15e Barrio Populo Lille, Le Biplan, 22h, 7/5e Beat Traffic : Vannoo + Joan.B vs Swe3t + Louis Corleone + Dj Alex + Dj Ice Lille, Kiosk, 22h, nc

Le Bal des Enragés Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e The Brandt Brauer Frick Ensemble Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 14/11e Razen + Basketball Bruxelles, Recyclart, 21h, 5e House Party #2 : Dj Mehdi Lille, Artefact Café, 21h, 5e Arnaud RebotinI Amiens, La Lune des Pirates, 21h, 12e Chloé + Pussy Selector + Monoblok + Miss Noa Lille, Kiosk, 22h, nc Jamie xx + Bibio Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 17/14e Gullivan Lille, Le Biplan, 22h, 7/5e Aftershow The Shoes : We Are Enfant Terrible


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Dj Set + Rocky Dj set Lille, Magazine Club, 23h, 5€

Sam 07.05 U-Man + Matthew D Lille, Etik Club, 00h, 5e Mr. Magnetik Anvers, Petrol, 00h, 10/8e Cruel Hand + Surge Of Fury + Spinkick + Headshot + Saviour + Golden Bullet + Forget Your Fears + United Blood + XviciousX Courtrai, De Kreun, 14h, 10/7e Roken is Dodelijk Dunkerque, Les 4 Ecluses, 16h, 5e Etran Finatawa Maubeuge, Le Manège Scène Nationale, 16h, 3e Vessels + Bikinians Gand, Le Charlatan, 20h, 11/8e

DJs + Hugo Mendez + Farai + Aziz + Skooly Deeka Lille, Maison Folie de Wazemmes, 22h, 13/10e

Ensemble Courtrai, Schouwburg, 20h, 17/13e

Seth Troxler Bruxelles, Fuse, 23h, 12/7e

Mer 11.05

Gesaffelstein Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e Brodinski + Péo Watson Lille, Magazine Club, 23h, 5€

Dim 08.05 Le Bal des Enragés Bruxelles, Magasin 4, 17h, 10e Cisco Herzhaft Lille, Le Modjo, 18h, grat Red Snapper + Frown Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 18/15e

Lun 09.05

La Souris Déglinguée Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e

Laibach + Blondin Lille, L’Aéronef, 20h, 17/13e

Jean Louis Aubert Bruxelles, Forest National, 20h, 44e

Fitz and The Tantrums Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Macbeth : l’ONL Lille, Opéra, 20h, 64/45/28/12/5e

Mar 10.05

Raketkanon + Kingdom Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e Misia Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, 18/15e Naughty by Nature Anvers, Petrol, 21h, 18/15e Czeski + Gym X + Mth Lille, Kiosk, 22h, nc

Macbeth : l’ONL Lille, Opéra, 20h, 64/45/28/12/5e Alela Diane Lille, Splendid, 20h, 25,3e congotronics : Deerhoof + Girls in Hawaii + Hoquets + J. Molina + Skeletons Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 23/20e

The Headshakers Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e

Sufjan Stevens Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 28/24e

Jamie xx Liège, La Caserne Fonck, 22h, 11,5e

Gentleman + Jahcoustix Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 24/21e

Boogie Night : Fanga +Speedometer + WeFunk

Festival de Flandres : Claire Croizé + Oxalys

Rowan Hellier + Sholto Kynoch Lille, Opéra, 18h, 8/5e Panic! At the Disco Anvers, Trix, 19h, 23/20e Creep + Handsome Furs Gand, Le Charlatan, 20h, 15/12e Mount Kimbie Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, complet David Thomas Broughton Lille, La Péniche, 20h, 7e Yvan Robilliard Trio Valenciennes, Le Phénix, 20h, 16/14e Scout Niblett Bruxelles, Ateliers Claus, 20h, 10/8e Whomadewho Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 12e

Jeu 12.05 Intergalactic Lovers Leuven, Het Depot, 19h, 14/12e Ondes Magnétiques : Arnaud Rebotini + Museum Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e Macbeth : l’ONL Lille, Opéra, 20h, 64/45/28/12/5e Crystal fighters Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, complet Fabrice Alleman Lille, La Péniche, 20h, 13,8e Tourcoing Jazz Club : Sherman Robertson Tourcoing, Hospice d’Havré, 20h, 15/12/9e


agenda |

94

concerts Ven 13.05

Sam 14.05

Matthus Raman + UFO Lille, Etik Club, 00h, 5e

back to bionic : egyptian lover Lille, Etik Club, 00h, 5e

Pere Ubu Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 19/16/13e Cocoon + Cascadeur + The Bony King Of Nowhere Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 24/21e Quatuor Ébène Lille, Opéra, 20h, 21/16/12/8/5e Glasvegas Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e L’Enfance Rouge + DJ Faccia di Merda + DJ Tewfik al-Firansyy Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 5/3e Florent Marchet + Bertrand Belin Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15/12e The Black Box Revelation Bruxelles, Le Botanique/ Chapiteau, 20h, 19/16/13e Ondes Magnétiques : The Konki Duet + Tristesse Contemporaine Lys-lez-Lannoy, La Ferme du Gauquier, 20h, 8/6/4e Rakim Bruxelles, VK* Concerts, 21h, 25/22e Delbi and the 3 Fantastics Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 8/5e Manu-L + Pao + Miss Noa + Climaxx Lille, Kiosk, 22h, nc Joy Orbison + XXXY Bruxelles, Recyclart, 22h, 10e Green Velvet + So Tasty Lille, Magazine Club, 23h, 5€ Green Velvet Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Festival de Flandres : Heiner Goebbels Courtrai, Budascoop, 16h, 8e Ondes Magnétiques : Poni Hoax + Christian Fennesz + Barbara Panther + Pan Aurora Roubaix, La Condition Publique, 18h, 15/10/8e Festival de Flandres : Piet Kuijken + Anouk De Clercq + Anton Aeki Courtrai, Le Théâtre Antigone, 18h, 14/10e Joseph Arthur + Mélanie Laurent Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 23/20e Shannon Wright + 31 Knots + mars red sky Lille, L’Aéronef, 20h, 13/12e

Something à la mode Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Jehro + Peïo Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 21h, 18/15e Che Sudaka Bruxelles, VK* Concerts, 21h, 16/13e Made In Berlin : Sierra_ Sam & Marcus Vector Lille, Kiosk, 22h, nc Hospitality + London Elektricity + Cyantific Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 13/10e Art Point M + Clémentine Lille, Magazine Club, 23h, 5€ Brodinski Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e

Dim 15.05

An Pierlé and White Velvet Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 22/19/16e

Festival de Flandres : Stadsmuziek Courtrai, Schouwburg, 13h, 16/12e

Thomas Dybdahl Bruxelles, Le Botanique/ Museum, 20h, 15/12/9e

Royal Republic Lille, La Péniche, 18h, 8e

The Dodos + The Luyas Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 16/13/10e Laurent Garnier Bruxelles, Le Botanique/ Chapiteau, 20h, 22/19/16e Festival de Flandres : Brussels Philarmonic Courtrai, Schouwburg, 20h, 21/18/15/12e Dubians Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 5/3e Dan Charleroi, Coliseum, 20h, 18/16e Pere Ubu Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 16/14/12e

Joseph Arthur + Moony Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e Little Dragon + Thus Owls Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, complet Katerine Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 25/22e Macbeth : l’ONL Lille, Opéra, 20h, 64/45/28/12/5e Thee Oh Sees Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e blick bassy + Alina Orlova Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e


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Lun 16.05 Parts & Labor + Moloko Velocet Lille, La Malterie, 20h, 7e Stanley Brinks & the Kaniks Freshard Bruxelles, Ateliers Claus, 20h, 10e Pole Folder + Caspar + Dj Don Santos Bruxelles, Fuse, 23h, 12/7e

Mar 17.05 Saxon Anvers, Trix, 19h30, nc Akron/Family Bruxelles, Le Botanique/ Museum, 20h, 15/12/9e Kurt Vile & the Violators Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e Emeralds + Manngold Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e Moriarty + Jacques Duvall Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 26/23e Stanley Brinks Lille, La Péniche, 20h, 8e Vismets + Nasser + Deportivo Bruxelles, Le Botanique/ Chapiteau, 20h, 19/16/13e Toro y moi + Skeletons Gand, Le Charlatan, 20h, 13/10e Agnes Obel + Alina Orlova Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e Gli Incogniti + Amandine + Les Têtes Raides Lille, L’Aéronef, 20h, 26,8e

Mer 18.05 Empyr + Elvis Black Stars Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 19h, 19/16e

Akron/Family Courtrai, De Kreun, 20h, 14/11e Black Lips Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e Leif Vollebekk Lille, La Péniche, 20h, 8e Macbeth : l’ONL Lille, Opéra, 20h, 64/45/28/12/5e Gang Gang Dance Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e Asa + Andreya Triana + Madjo Bruxelles, Le Botanique/ Chapiteau, 20h, 22/19/16e Kurt Vile & the Violators Gand, Le Charlatan, 20h, 14/11e Philip Catherine & Jacky Terrasson Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 18/15e

Intergalactic Lovers Bruxelles, Le Botanique/ Chapiteau, 20h, 16/13/10e Ycare Lille, La Péniche, 20h, 8e Festival de Flandres : Ensemble Emanon & Elise Caluwaerts Courtrai, Le Théâtre Antigone, 20h, 15/11e Cyril Mokaiesh Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 10e Hushpuppies Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 13e Ondes Magnétiques : + Cosmic Control feat. Etienne Jaumet + Spectrum Tourcoing, Hospice d’Havré, 20h, 10/8/6e Lord Zeljko + Selector D-Day + SelektorTaz Lille, Kiosk, 22h, nc,

Animal Collective Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 26/23/20e

Ven 20.05

De Kift + Numero H Lille, L’Aéronef, 20h, 10e

U-Man + UFO Lille, Etik Club, 00h, 5e

The Tellers Gand, Vooruit, 22h , gratuit

Bombes 2 Bal Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 18h, 5e

Jeu 19.05

Wild Beasts Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e

L’Enfance Rouge + C74 Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Chapelier Fou + Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e Yodelice + Lilly Wood and the Prick Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 19/16/13e Lady Linn and Her Magnificent Seven Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e Bill Callahan Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e

13&God + Action Beat Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e Arsenal Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 29/26e Lady Linn & her Magnificent Seven Gent, Handelsbeurs, 20h, 20/17e Décalages Sonores : The Amplifetes + Marklion + Myra Lee Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10e


agenda |

96

concerts The Black Heart Procession Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 17/14e

l’ONL Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, 18/15e

Ondes Magnétiques : Etienne Jaumet + Dicta:phone Lille, La Malterie, 20h, 8/6/4e

Suuns Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 11e

Elliot Murphy Lillers, L’Abattoir, 22h, 15/12e

Crippled Black Phoenix Lille, La Malterie, 20h, 7e

Hello @ Kiosk : Mickael Stravöstrand + Pepperpot + Miss Noa + Fabre Lille, Kiosk, 22h, nc

Cooh + Balkansky Lille, Kiosk, 22h, 7/5e

Jean Nipon + Aziz Lille, Magazine Club, 23h, 5€

Sam 21.05 Grant Lee Buffalo Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 26/23e Cyril Mokaiesh + Cactus in Love Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e Low + Joy Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e Charles de Goal Lille, La Péniche, 20h, 8e Steak Number 8 + Salvador Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e Caribou + Montevideo + Vessels Bruxelles, Le Botanique/ Chapiteau, 20h, 22/19/16e

Are U Jazz Tonight : Dj Caroll Lille, Artefact Café, 22h, gratuit Ondes Magnétiques : Peter Digital Orchestra + Plapla Pinky + Fletch + DJ Acid K Roubaix, La Cave aux Poètes, 23h, 10/8/6e Axel Boman Bruxelles, Fuse, 23h, 12/7e Justin Robertson + So Glove Lille, Magazine Club, 23h, 5€ Tiga Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e Peter Van Hoesen + U-Man Lille, Etik Club, 00h, 5e

Dim 22.05 Nicolas Stavy Arras, Théâtre d’Arras, 11h, 18/11/8e

Pneu Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e

Festival de Flandres : Sarband SARBAND Courtrai, Le Théâtre Antigone, 15h, 18/13e

Macbeth : l’ONL Lille, Opéra, 20h, 64/45/28/12/5e

Mountains + Oubys Bruxelles, Ateliers Claus, 15h, 5e

Festival de Flandres : La quintette à cordes Kuijken KUIJKEN Courtrai, Le Théâtre Antigone, 20h, 15/6e

Gonjasufi + Spectrum Anvers, Trix, 19h, 18/15e

The Slackers Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 16/13e

Orangerie, 20h, 18/15/12e The Crookes + Mirrors + Suuns Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 16/13/10e

Lun 23.05 Salem + Gonjasufi Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e The Wombats Anvers, Trix, 20h, 20/17e Ariel Pink’s Haunted Graffiti + SX Courtrai, De Kreun, 20h, 14/11e Ryuichi Sakamoto Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Théâtre, 20h, 33/30e Guano Apes Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 19/16e Brooklyn Funk Essentials Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 14/11e

Mar 24.05 Queens Of The Stone Age Anvers, Trix, 19h Hundreds Lille, La Péniche, 20h, 6e Macbeth : l’ONL Lille, Opéra, 20h, 64/45/28/12/5e Thomas Dybdahl Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e Laure Chailloux Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 8/6e L’Enfance Rouge Lille, La Malterie, 20h, 9/7e Mr Roux Lille, Le Biplan, 21h, 7,5/5,5e

Mercury Rev +The Walkmen Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 26/23e

Mer 25.05

Twin Shadow Bruxelles, Le Botanique/

Dj Shadow Gand, Culturell Centrum


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Vooruit, 19h, 32/29,5e Jóhann Jóhannsson Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Théâtre, 20h, 23/20e

The Rural Alberta Advantage Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e

Metronomy Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e

Jérémie Ternoy Quartet Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 18/11/8e

Tribute to Bob Marley : Groundation Anvers, Petrol, 20h, 27/23e

Dj Kentaro Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 15/13,5e

Salif Keita Roubaix, Le Colisée, 20h, 32/28/23/21/8e

We Will Folk You : June and Lula + Tim Vantol Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 9/6e

Mr Roux Lille, Le Biplan, 21h, 7,5/5,5e

Jeu 26.05 L’Orchestre d’harmonie de Lille-Fives Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 7/5e Oxbow Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e Le Concerto des deux mondes + Chemins croisés Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 7/5e Hell’s Kitchen Lille, La Péniche, 20h, 6e

Starslinger + Afrojaws Lille, Kiosk, 22h, nc The Glimmers + Sir Piou Lille, Magazine Club, 23h, 5€

Sam 28.05

Dub (R)evolution + Conscious Sounds + Dougie Conscious & King General + Slimmah Sound Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 12/9e Peter Van Hoesen + Lucy Bruxelles, Fuse, 23h, 12/7e The Revenge Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e One Man Party + La Mèche Lille, Magazine Club, 23h, 5€ Justus Kohncke Bruxelles, Recyclart, 23h, 10/8e Scratch Foufoune Lille, Etik Club, 00h, 5e

Dim 29.05

Wazem Slam Lille, Maison Folie de Wazemmes - Auberge, 15h, grat

Stéfan Stalanowski + Agata Majka Arras, Théâtre d’Arras, 11h, 18/11/8e

Akhenaton + Faf Larage Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e

Group Doueh Lille, L’Aéronef, 18h, 10e

Nazareth Lille, Splendid, 20h, 30e

Yuko + Dark Dark Dark Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 12/9e

Marc Lavoine Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 42/39/33e

Somabogota + Softly Spoken Magic Spells Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 3e

Groundation Charleroi, Coliseum, 20h, 27/23e

Sorif Roubaix, La Condition Publique, 20h, 12/8e

Pete Yorn Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Ven 27.05

Radio Ultra Modern Anvers, Trix, 21h, 13/10e

Mar 31.05

U-Man + Matthus Raman Lille, Etik Club, 00h, 5e

Brigitte + Lolito + Ok Bonnie Arras, Théâtre d’Arras, 21h, 6e

The Books + Two Left Ears Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e

Matmos + Oval Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 22/19e Mon côté Punk Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 7/5e Macbeth : l’ONL Lille, Opéra, 20h, 64/45/28/12/5e

Bobik ou Sacha Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 21h, 10e Titan Parano Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 9/6e Pierre + Miss Noa + Mth Lille, Kiosk, 22h, nc

Lun 30.05

Chilly Gonzales Bruxelles, Théâtre 140, 20h, 27e Tenko + Barbara Dang Lille, La Malterie, 20h, 7/5e Histoire De Vies Lille, Maison Folie de Wazemmes - Auberge, 20h, grat


le mot de la fin |

98

Avec ses acolytes louches, Jacques Dauphin taille un costard à la presse régionale et réinvente l'actualité à coups de ciseaux. En l'améliorant. à visiter / www.loucheactu.blogspot.com, www.jacquesdauphin.blogspot.com




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