Let's Motiv nord & belgique n°71

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n°71 / février

2012 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire L'invention du sauvage, Exposition coloniale © Groupe de recherche Achac, Paris / coll. part / DR // Dangereusement Jeune, William Klein, Boy+Girl+Bobbed Hair, New York, 1955, Courtesy Fifty One Fine Art Photography

Let’smotiv - février 2012 - #71

06 News The Velvet Underground vs Andy Warhol, le baby-foot de l'Aéronef,

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Travelling Bruxelles, une mouche nommée Beyoncé, Larusso à l'ombre des cyprès…

Rencontre Pascal Blanchard : L'invention du sauvage

16 Portfolio Jamel Shabazz : L'illustre anonyme 26 Dirty Musique Ez3kiel, Joakim, Chloé, Battant, Hyperdub, Azari & III, Mustang, Beaches, Chairlift

40 Cinéma Go Go Tales, Festival Anima, Irving Thalberg, La Taupe

48 Expositions Dangereusement jeune, Un visage, des visages,

Visions fugitives, Barbiers chirurgiens, Cy Twombly, Tintin et les Arumbayas, Marten Toonder... Agenda

62 Théâtre Corps Furieux, Fabrice Murgia, Qui est Monsieur Schmitt ?,

Marionnettes à Moulins, VRAK Festival, Kaddish, Les Atomics, le Suicidé, Les Sisyphe, Les petits pas… Agenda

82 Littérature Matthew O'Brien : Sous les tapis de Vegas

86 Livres Simon Reynolds, Ariel Kenig, Tao Lin, Steve Tesich, Pierre Gagnon 88 Disques Trevor Jackson, Django Django, Mein Sohn William,

90 Agenda concerts

Porcelain Raft, Earth

98 Le mot de la fin Janol Apin, métropolisson


Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com redaction.bruxelles@letsmotiv.com

www.letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com Membre du réseau Let’smotiv Magazines L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeur de l’édition : Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com Rédaction : Thibaut Allemand Cédric Delvallez redaction.nord@letsmotiv.com GraphisME : Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com Publicité : pub.nord@letsmotiv.com administration : Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

Let’smotiv est une publication d’Urban Press www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 Fax : +33 561 14 25 22 Mail : info@urban-press.com

Ont collaboré à ce n° : Janol Apin, François Annycke, François-Xavier Béague, Madeleine Bourgois, Camille Bourleaud, Antoine Carbonnaux, Pascal Cebulski, Clémence Casses, Mathieu Dauchy, Maxime Delcourt, Florent Delval, Marine Durand, Carole Lafontan, Vincent Lançon, Hakima Lounas, Alex Masson, Raphaël Nieuwjaer, Antoine Pecquet, Clément Perrin, Olivia Volpi Couverture : Jamel Shabazz, www.jamelshabazz.com diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc Rédacteur en chef : Nicolas Pattou Direction Artistique : Cécile Fauré, Christophe Gentillon Régie publicitaire : Proxirégie / salvatore@proxiregie.fr Impression : Imprimerie Ménard, 31682 Labège

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



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En bref… Banana Split Cette banane symbolise le Velvet Underground. Et Andy Warhol, aussi. D'ailleurs, la fondation Warhol en profite pour écouler du merchandising hors de prix, et siglé du fameux fruit phallique (étui d'ordinateur à 60$, sac à dos à 150$...). Ce qui irrite le déjà peu chatouilleux Lou Reed. Pour lui, ces produits nuisent à l'image du Velvet. C'est vrai : vidée de sa substance, cette image ne signifie plus grand'chose. Paraîtrait même que certains magazines profitent de ce visuel légendaire pour ouvrir leurs pages news... Scandaleux.

© DR

Rock de stade

Télex

Le foot et la musique, c'est une longue histoire. A l'Aéronef, on ne jure plus que par le ballon rond et chaque journée débute par l'écoute religieuse de Zinedine, de Pascal Obispo. Et l'on trouve même au bar un baby-foot redessiné par Cé bien fait et Kwt Prod', customisé par Marcus B. ; l'engin permet de défendre avec The Hives, de passer aux White Stripes et de marquer un but à Elvis en lobbant les Daft Punk. Un regret, seulement : Rick Allen, batteur manchot de Def Leppard, est resté sur le banc de touche. Il n'a pourtant jamais fait de faute de main. La Ville de Mons, le Royal Photo-Club Montois, le Musée de la Photo de Charleroi et la Fondation Mons 2015 organisent un concours ayant pour thème « Mons, une ville à vivre aujourd’hui, une ville à rêver pour demain ». À tenter si vous sentez l'âme d'un Richard Dumas, d'un Jamel Shabazz ou d'un paparazzi... www.mons2015.eu


Que la force soit avec lui ! George Lucas prend sa retraite ! Branlebas de combat chez les amateurs de popcorn, un peu moins chez les amoureux de cinéma. Il faut dire que si l'homme est universellement connu pour être l'auteur de Star Wars, il n' a réalisé que... sept longs métrages en une cinquantaine d'années ! Pour le reste, ce grand enfant aux poches bien pleines a surtout produit des suites pas toujours heureuses de ces succès. Alors certes, THX 138, oui, American Graffiti, évidemment, La Guerre des Etoiles. Mais bon sang, Jar Jar Binks, cet affreux lapin ! Sans parler des demi-secondes inédites ou des reliftings que Star Wars a subi Non, vraiment, bonne retraite, Mr Lucas !

Beyoncé fait mouche ! L'ex-Destiny's Child vient de se voir rendre un drôle d'hommage par des scientifiques désœuvrés. Découverte en1981 dans l'Etat du Queensland, une espèce rarissime de taon n'avait jamais obtenu d'appellation officielle. Son postérieur proéminent a tapé dans l'oeil des chercheurs mélomanes, qui ont pensé à Madame Jay-Z – d'où ce nom : Scaptia Plinthina beyonceae. Belle injustice pour J-Lo qui, jalouse, menacerait de leur coller un procès aux fesses !

Crêpes-frites Amis nordistes, camarades belges, vous passez une semaine en Bretagne mais vous avez déjà le mal du plat pays ? Rendezvous à Rennes ! Une semaine durant, le Festival Travelling explore une capitale via le septième art. On avait déjà fait un tour à Dublin ou Mexico (entre autres). Cette année, on (re)visite Bruxelles en 184 films et quelques ciné-concerts. Tous styles et époques confondus, ces longs métrages donnent un aperçu panoramique de la capitale de l'Europe. On y croise Jan Bucquoy, Noël Godin, Bouli Lanners (une rétro et une carte blanche), mais aussi Jaco Von Dormael ou Schuitten & Peeters... ❥ 7>14.02,

Rennes, divers lieux, www.clairobscur.info

La nuit bruxelloise est en deuil : le concept des soirées Libertine Supersport au K-NAL n'est plus. Une raison parmi tant d'autres : « Les rendez-vous hebdomadaires dans un club de cette taille ne seraient pas assez rentables », déplore l'organisateur Lorenzo Serra. Qui n'exclut pas des soirées plus sporadiques mais tout aussi excitantes. Espérons ! www.libertinesupersport.be


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Arrêt Ostende

© Joëlle Dollé

La bande d'arrêt d'urgence, c'est ce mince couloir utilisé en cas de panne ou d'incident sur l'autoroute. Mais pas seulement. En Flandre, on peut désormais échapper aux embouteillages en empruntant cette voie – 30 % des automobilistes ne se gênent plus et la région l'a autorisé aux heures de pointe. Ce qui surprend et pose quelques problèmes aux conducteurs prudents... Espérons que cette voie reprenne son rôle initial : un endroit calme pour tout ce qui relève de la petite sieste, de la pause-pipi ou de la fondue entre amis. Des arrêts urgents, quoi.

Insane in the brain A force de vanter les mérites de la beuh, il fallait que ça arrive : B-Real (Cypress Hill) a totalement pété les plombs. Preuve en est avec Untouchable, un duo avec... Larusso ! Vous ne voyez plus de qui il s'agit ? Normal : cette brave fille le promettait dès 1998 avec Tu M'Oublieras. L'ex-frisée flamboyante, aujourd'hui brune, se nomme désormais L.L (Cool J ?!). Canular ou simple n'importe quoi ? Bref, pas grand'chose à dire de plus, si ce n'est qu'on a rien compris à cette histoire. Qu'on oubliera vite, espérons.

Télex

Pas de bras, pas de couettabra ! « Dormir avec la barbe au-dessus ou audessous des couvertures ? » s'énervait le capitaine Haddock dans Coke en stock. Et les bras ? Ah, les bras... ça tombe bien : la réalisatrice Nathalie Mauger et la costumière Claire Guéneau ont conçu la couettabra. Idéal pour lire, zapper ou tricoter au lit sans s'exposer au froid, ce « kit confort » comprend une couette à manches longues, une housse réversible et des taies d'oreiller assorties. Le tout à partir de 120€, quand même – qui a dit que ça coûtait un bras ? ❥ www.couettabra.com

La Famille s'agrandit ! Art Point M a le plaisir de vous annoncer la naissance de son site web. Petit mais déjà bien portant, le joli bébé gazouille déjà, raconte sa vie sur un blog, chantonne dans quelques podcasts, et s'enflamme déjà pour le NAME festival à venir. Son nom ? www.familynamerecords.com. C'est un peu lourd à porter, mais il s'y fera.



Les Pygmées au Royal Aquarium, Guillermo Antonio Farini avec ses Earthmen © Pitt Rivers Museum, University of Oxford


rencontre |

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Pascal Blanchard

© La Découverte, Louis Monier

L'invention du sauvage

propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand

Aussi choquant que cela puisse paraître, les zoos humains ont existé. Il y a moins de cent ans, on exhibait des hommes, des femmes et des enfants venus, entre autres, d'Afrique, d'Asie ou d'Océanie. Organisés sur le modèle de véritables spectacles, avec tournées et impresarios, ces zoos attiraient des millions de gens dans les grandes capitales occidentales. Commissaire scientifique de l'instructive exposition Exhibitions, L'invention du Sauvage, Pascal Blanchard a étudié ces divertissements pas comme les autres. Sans jugement moralisateur, pour mieux démonter les mécanismes du racisme.

De quelle manière ces zoos humains ont-ils « inventé le sauvage » ? On y montre ce que le public veut voir : du surprenant, du monstrueux, de l'animalité… le spectateur est étonné, mais il est également conforté dans ses croyances, car on joue sur les poncifs et les stéréotypes

populaires. Cela dit, les impresarios étaient imaginatifs, et continuaient sans cesse à fabriquer de nouveaux mythes. à l'époque, on ne voyageait pas. Il n'y a donc pas de point de comparaison. Et ces spectacles, aussi mensongers soientils, deviennent réalité. >


« L'approche morale du racisme est inutile » Tout ceci comporte aussi une dimension très utilitaire : il s'agit de justifier la présence coloniale. Comment cela ? En 1900, la plupart des Occidentaux pensent le monde à travers la race. Mais cela ne s'est pas fait en un coup de baguette magique ! C'est un lent processus dont les zoos humains furent, entre autres, les vecteurs, tout comme le théâtre, le cinéma ou la littérature. Montrer ces gens en les désignant comme des sauvages justifiait l'idée qu'ils étaient inférieurs, et qu'on avait le droit de les coloniser. Tout cela

n'était pas acquis dans les opinions à l'époque, bien au contraire ! Si l'on fait de la propagande, c'est bien qu'il faut convaincre les gens. Y a-t-il eu des réactions d'indignation face à ce type d'exhibitions ? Infiniment peu. Il faut bien comprendre que toutes les classes sociales sont captivées : de la bourgeoisie qui va aux Folies-Bergères voir la revue Zoulou ou le clown Chocolat, jusqu'au grand public qui piquenique au jardin d'acclimatation. En 1900, l'exposition Universelle de Paris accueille 50 millions de visiteurs, 30 autres millions se déplacent à


Wembley en 1925. Enfin, l'exposition coloniale de Paris, six ans plus tard, accueille 33 millions de personnes. Les zoos humains sont un divertissement de masse. Cette exposition au Musée Branly relève-t-elle du devoir de mémoire ? Non. La notion de devoir de mémoire ne s'applique pas. Il s'agit d'un espace de savoir et de connaissance. C'est très complexe : certains impresarios étaient eux-mêmes noirs, par exemple. Les personnes exhibées étaient parfois rémunérées. De plus, un grand nombre de gens s'ouvre à d'autres cultures à travers ces exhibitions. Notamment des figures célèbres. Lorsque Picasso achète une carte postale d'Edmond Fortier durant l'exposition coloniale du grand Palais, en 1906, il en peint Les Demoiselles

page de gauche : Groupe de nègres © musée du quai Branly page de droite : L'exposition coloniale, Le Rire © Groupe de recherche Achac, Paris / coll. part / DR Cirque Robinson © Groupe de recherche Achac, Paris / coll. part / DR

d'Avignon et il révolutionne l'art. Rodin y découvre les danseuses cambodgiennes et avec, le mouvement de l'Orient. On ne peut pas mesurer la complexité de cette période. Pourquoi reste-t-elle si méconnue ? Pour deux raisons. Tout d'abord, c'est le monde du cirque, du spectacle, des bateleurs. Et très peu de chercheurs se sont penchés sur le sujet, car il est populaire. C'est un peu méprisant. De plus, l'étude >


D'autres pays entreprennent-ils ce travail de recherches ? Certains ont beaucoup de mal. Au Japon, c'est tabou : il a été très difficile de contacter des conservateurs de musée pour obtenir des pièces. L'Allemagne et les Pays-Bas commencent à travailler sur le sujet. Finalement, ce sont des pays comme la Suisse, l'Angleterre, les USA et la France qui sont le plus en avance. Pour une fois, on a envie de dire « cocorico » ! C'est la première exposition internationale de ce type au monde, dans un musée national. On doit aussi beaucoup à Lilian Thuram d'avoir accéléré les choses. ❖

Bochisman nommée Strinée (32 ans) © musée du quai Branly, photo Louis Rousseau

des zoos humains est à rapprocher de l'Histoire des stéréotypes, de l'esclavage, de la colonisation et de la décolonisation. Et nous ne sommes qu'aux prémices de la recherche concernant cette Histoire. C'est également pourquoi je refuse le terme de devoir de mémoire. Je préfère aborder le racisme en tant que mécanisme culturel qui a fabriqué une pensée politique. Lutter contre le racisme en restant dans une approche morale, sans passer par l'étude de ses mécanismes, est inutile. ❥

Aujourd'hui, reste-t-il des préjugés datant de cette époque ? Bien sûr. Les préjugés d'aujourd'hui n'effacent pas ceux d'hier : c'est un mille-feuilles, ils s'additionnent. Exhiber l'Autre dans un zoo au milieu des animaux laisse des traces : il n'est pas dans la même humanité que nous, il est plus proche de la nature que de la culture. Tout ceci fait partie d'une culture du regard. La recherche en étant à ses balbutiements, ce regard n'est pas décolonisé et il perdure dans nos sociétés. Nous n'avons pas dans notre pays un musée de l'Histoire coloniale. Mais il y a vingt-deux musées des sabots. Alors que 15 millions de Français ou d'étrangers ont un aïeul né outre-mer. /

à voir / Exhibitions, l'invention du sauvage. Jusqu'au 3.06, Paris, Musée du quai Branly, mar>mer & dim, 11h>19h, jeu>sam, 11h>21h,10/7€, + 33 (0)1 56 61 70 00 à lire / La France Noire, Trois siècles de présences (la Découverte, 2011) et aussi Zoos Humains, Au temps des exhibitions humaines, dir. N. Bancel, P. Blanchard, G. Boëtsch, S. Lemaire (La Découverte, 2004)




L'illustre anonyme

Jamel

Shabazz

Photographie et arts // Brooklyn, NY // www.jamelshabazz.com

texte ¬ Thibaut Allemand

Un nom qui sonne comme une formule magique, des épithètes élogieux à ne plus savoir qu'en faire, une œuvre immédiatement identifiable et une aura mondiale. Ce fils de photographe qui a grandi à Brooklyn manie l'objectif dès le plus jeune âge. Légendaires, ses clichés réalisés dans les seventies ont saisi les prémices du mouvement hip-hop (B-Boys et Fly-girls en goguette, un swag à tomber). Il fut parfois perçu, à tort, comme un photographe fashion. Pourtant, son travail refuse l'exubérance clinquante d'un David LaChapelle. Shabazz cherche tout simplement à percer l'âme de chacun. Ça sonne un peu naïf, mais on a affaire à un incurable humaniste. Armé en permanence de deux appareils (pellicule ou numérique, couleurs ou noir et blanc, peu lui importe), il sillonne les rues à la rencontre d'inconnus, passe près d'une heure à discuter avec eux avant de prendre une photo – et une seule. Le résultat semble couler de source, sans effet de manches ni ostentation. Shabazz est-il un génie ? Peut-être. Un photographe du dimanche, sans aucun doute. Au sens propre du terme car il a toujours appréhendé la photographie comme un loisir. Chargé de sens, certes, mais un loisir. Consciencieux et engagé, cet artiste a souvent refusé des millions de dollars proposés par des marques d'alcools ou de cigarettes contredisant ses valeurs. Et c'est pourquoi il n'a jamais réellement vécu de son talent. Son vrai métier, c'était gardien de prison. À la retraite depuis peu, il poursuit ses pérégrinations autour de la planète, de la Corée au Brésil, du Maroc à la France. Et continue d'accoster des anonymes, au hasard, dans le simple but de faire connaissance. Pour mieux les immortaliser. / à voir / JAMEL SHABAZZ Represent : 1980-2011, la rétrospective. Scénographie par Mikostic & la Yeah ! Produzione ; Musique & bande originale par Boulaone 11.02>25.03, Lille, Maison Folie de Wazemmes, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>19h, entrée libre, + 33 (0)3 20 78 20 23, www.mfwazemmes-lille.fr à lire / Seconds Of My Life (PowerHouse Books / Import), 220p., 35€ (2007) Back in The Days, 10th Anniversary Edition (PoweHouse Books / Import), 128p., 35€ (2011)










Ez3kiel

Symphonie achevée propos recueillis par ¬ Maxime Delcourt photo ¬ Naphtaline Orchestra Tour © DR

Cet automne, la maison Folie de Wazemmes, à Lille, présentait Les Mécaniques Poétiques : des installations créées par le bassiste du groupe Ez3kiel marquées par l'univers onirique de Caro et Jeunet. Avides de nouvelles rencontres, les musiciens ont élu domicile à Lille, pour préparer un set en compagnie des Symphonistes Européens de Pierre-Yves Gronier. Expérimental et hypnotique, ce spectacle clôture en beauté l'expérience nordiste des Tourangeaux. Rencontre avec le guitariste et machiniste Johann Guillon.


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Quelle est l’idée de départ des Mécaniques Poétiques ? Nous souhaitions prolonger le DVDRom de notre album Naphtaline (ndlr. 2005). Ce DVD contenait plusieurs tableaux interactifs et modifiables selon ses envies, au niveau du son comme de l'image. Yann Nguema, notre bassiste, a décliné ici la douzaine de tableaux en installations mécaniques. Comment le public a-t-il réagi à l’exposition ? Elle a enthousiasmé 12 000 visiteurs ! On éprouve la même fierté lorsqu’on voit du monde à nos concerts. Certes, les grands médias ne s’intéressent pas à nous, on ne vend pas beaucoup d’albums, mais on reste plus ouvert que jamais à de nouvelles expériences.

Comment mesurez-vous le chemin parcouru depuis 1992 ? Nous avons cultivé un son reconnaissable, en puisant dans le dub, le hiphop, l’électro ou le rock. Au-delà des étiquettes, notre démarche se veut sensorielle. Les logiciels nous incitent à évoluer, à travailler notre son autrement. L’arrivée de Stéphane, il y a cinq-six ans, a profondément changé notre manière d’appréhender notre musique. Tout comme les rencontres avec Yann Tiersen, Hint, Nosfell ou le groupe belge Daau. Avec ces derniers, on a fait deux longues tournées durant lesquelles on s'inspirait mutuellement. Ces échanges ont énormément influencé le son de Naphtaline. >


« Nous rêvions de jouer avec un orchestre symphonique » En quoi consiste désormais le Naphtaline Orchestra ? Nous rêvions depuis longtemps de jouer sur scène avec un orchestre symphonique. Et l'occasion s'est présentée de travailler avec l’Orchestre National de Grenoble. Jérôme Copin, chef de projet Art numériques et technologiques à la Mairie de Lille, nous a proposé de renouveler l’expérience ici. Nous avons alors rencontré les symphonistes européens de l’école de musique des Bois-Blancs. Lors de de concert, nous exécuterons avec l'orchestre des titres issus de Naphtaline ainsi que des extraits de notre dernier album studio, Battlefield (ndlr.2008). Il n'y aura pas ❥

19.02, 18h, Lille, Théâtre Sébastopol, complet !

de nouvelles compositions, à l'exception des intermèdes et une reprise de Lux æterna tirée de la bande originale de Requiem For A Dream (ndlr.2000) qu’on jouait avec Daau. Ce travail visuel influencera-t-il vos futures productions ? On y réfléchit. On n'a pas fixé de cap. Un album supplémentaire, pour quoi faire ? Une tournée ? Un spectacle ? Choisirait-on des lieux toujours plus inhabituels ? Actuellement, on se trouve dans un laboratoire extrêmement bordélique ! Quoi qu'il en soit, notre modèle économique nous oblige à travailler vite pour vivre. /




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texte ¬ Clément Perrin photo ¬ DR

Sacrée Soirée La vie nocturne lilloise se porte bien. La scène techno française, plutôt pas mal non plus. Le 3 février c’est double ration de bon son avec Joakim et Chloé. Deux valeurs sûres, deux trajectoires pas vraiment parallèles mais qui vont bien dans le même sens. Joakim et Chloé. Ces deux prénoms incarnent ce que la scène électronique française a de mieux à offrir. Avec son label, Tigersushi, Joakim a écrit une belle page discographique de la dernière décennie, mêlant allègrement musiques savante et dansante. Pour Chloé, la maison mère s’appelle Kill The Dj. Depuis ses débuts, ce sanctuaire des plus estimables conjugue techno et indie rock par le biais d’illustres ambassadeurs (Battant, Remote, Ivan Smagghe). Deux structures porteuses d’une vision de la musique audacieuse et intransigeante. Coup double Au risque de nous perdre, Joakim explore des terres inconnues depuis le jazz mutant de l'album Tiger Sushi (1999, sous le nom de Joakim Lone Octet) au dernier Nothing Gold (2003) en passant par ses élucubrations krautpop sur Monsters & Silly Song (2006). Idem pour Chloé, qui s'est détournée d’un dancefloor très accaparant pour visiter un monde downtempo et onirique (The Waiting Room, 2007 puis One In Other, 2010). Plutôt que se lover dans le quotidien douillet du Dj producteur, ces deux artistes surgissent là où on ne les attend pas, quitte à dérouter leurs fans de la première heure. Alors, choix cornélien en vue ? Heureusement non, grâce à une programmation qui autorise un coup double, consécutif . On commence la soirée avec Joakim (et Pan Aurora) au Grand Mix, avant de prendre la direction du Magazine Club où Chloé nous attend avec Monoblok & PSLKTR, et Czeski. Elle est pas belle la vie ? / ❥

3.02, 20h30, Joakim + Pan Aurora, Tourcoing, Grand Mix. 10€/ gratuit abonnés, + 33 (0)3 20 70 10 00 // 3.02, 23h, Chloé + Monoblok & PSLKTR, Czeski, Lille, Magazine Club, 7€, +33 (0)3 20 90 88 62


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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ Battant © DR

De la musique de gonzesse ? Battant n’a jamais aussi bien porté son nom. Le batteur et moitié emblématique du groupe, Joel Dever, s'est suicidé en septembre à l’âge bien tendre de 25 ans. La seconde moitié, Chloé Raunet, emporte son deuil sur les routes pour défendre leur deuxième album. Parce que ce disque, ce groupe, c’était selon elle la partie heureuse de la vie de Joel. Tout comme No Head (2009), As I Ride With No Horse suinte la nervosité agacée, la fièvre post-ado, sur fond de rock electro mais punk dans ses bidouillages crânes. Le tout assumé avec rage par une Chloé Raunet qui veut en découdre avec la vie, la mort, et la scène toute seule. Une fille qui donne du fil à retordre aux stéréotypes, ça va sans dire. Voilà pourquoi la Cave aux Poètes la présente dans cette soirée Filles à Retordre. Entourées de consoeurs qui sont loin d'être mièvres et ne susurrent pas des chansons d’amour en ondulant dans des robes à fleurs. Ne trouvez-vous pas que le rôle des femmes se limite souvent à celui de faire-valoir ? Demandez donc à Bénédicte Froidure, la directrice de la Cave et auteure d'un édifiant mémoire sur le sujet. Elle aura l'occasion de vous répondre en compagnie de la sociologue Hyacinthe Ravet, lors d'une conférence sur ce thème. On y (re)découvrira que s'il y a peu de musiciennes, ce n’est pas parce que les femmes préfèrent mitonner des cupcakes. Mais parce que le rock est un milieu machiste, comme tous les autres. Faut-il, pour compenser, des soirées « spéciales filles » ? Peut-être. Peut-être pas. En tout cas, Battant joue ce soir. / ❥

Battant + saso 4.02, 19h, conférence, Roubaix, ARA, entrée libre, ww.ara-asso.fr / 20h30, Cave aux Poètes, Roubaix, 10/8/6€, + 33 (0)3 20 27 70 10



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texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ DR

texte ¬ Antoine Carbonnaux - photo ¬ DR

Label hyperdub

Azari & III

Dubstep ? Ces derniers temps, l'étiquette est utilisée à tort et à travers – en gros, dès que les basses vrombissent un peu. Difficile de définir précisément le genre, enfant bâtard de la drum & bass, du UK-garage et du 2-Step. Amoureux des débats byzantins, bonsoir. Musique sombre, lourde, blafarde et trippée, le dubstep se vit en live : estomac maltraité, palpitant agressé, cerveau retourné, tel est le doux châtiment délivré par ces amoureux de voix fantomatiques, de woobles vibrionnants et de basses qui trépassent. Fondé par Kode9, Hyperdub incarne le label-phare du genre, sans jamais s'y cantonner. La preuve ce soir : les Dj-sets du boss Kode9, d'Ikonika (tout en proto-IDM pachydermique et boîteuse) précédés d'un live d'un vieux de la vieille (King Midas Sound) promettent quelques beaux étourdissements. /

Reckless With Your Love, Hungry For The Power... autant de tubes qui ont dopé les dancefloors en 2011. En puisant ses influences dans un son typique de la fin des années 80, ce quatuor canadien remonte le courant électronique avec classe. Entre esthétique disco, Chicago house et énergie rave, il délivre une musique sensuelle, moite et fiévreuse. En live, Dinamo Azari et Alexander III, les deux producteurs, s’activent derrière synthé et batterie électronique, tandis que Fritz Helder et Starving Yet Full, aussi brillants chanteurs que danseurs, font monter la température en front de scène. Un show fantaisiste assurément queer mais qui ne tombe jamais dans l’excès kitsch. Alternant hymnes club et digressions hypnotiques, Azari & III offre une belle parenthèse hédoniste aux sous-sols de nos grises métropoles. /

10.02, 21h, Lille, L'Aéronef, 15/10€, + 33 (0)3 20 13 50 00

12.02, 20h, Bruxelles, Botanique, 17€, +32 (0)2 218 37 32



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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR

Le mors aux dents La scène se déroule à la Péniche, en mai 2010, lors du dernier concert lillois de Mustang : « à poil ! » avait crié un gros lourd. Le genre à gueuler « rock'n'rooooll ! » dans les concerts de… rock. Alors, le chanteur Jean Felzine ne s'est pas départi de son calme. S'est penché tranquillement vers l'animal, lâchant : « La prochaine chanson, c'est un slow. T'invite ta voisine. Sinon, toute la salle te hue ». Calme, distinction, élégance. ça, c'est Mustang. Les trois Clermontois ayant un temps souffert d'une image de simples revivalistes rockab', il est temps de rétablir la vérité : Mustang ne donne pas dans le pastiche, a choisi trois points cardinaux radicaux (Elvis, The Stooges, Suicide) pour mieux s'en défaire, signant deux albums parfaits et salutaires, à la croisée des chemins entre la chanson française, et le rock'n'roll primitif, la pop sophistiquée et la soul brûlante, le tout parcouru de quelques effets synthétiques. On craignait cependant d'avoir à faire, une fois de plus, à de glorieux héros disparaissant dans une indifférence aussi générale que franchouillarde. Or, Mustang connaît désormais un succès qui dépasse la simple estime, et on se réjouit de retrouver ces trois vauriens charismatiques, tenant la scène comme on défie la bande d'en face : Gretsch à la main, menton levé et regard fier, sûr de son talent et de chansons classieuses, modernes et populaires. / ❥

mustang 29.02, Lille, L'Aéronef, 10€/Gratuit pour les abonnés, + 33 (0)3 20 13 50 00 23.03, 20h30, Amiens, Lune des Pirates, 12/9€, +33 (0)3 22 97 88 01



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texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ DR

texte ¬ Hakima Lounas - photo ¬ Tom Hines

Dirty Beaches

Chairlift

S’il fallait ne retenir qu'une seule des deux composantes du pseudo d’Alex Zhang Hungtai, ce serait « Dirty ». Car l’auteur des huit plages de l'album Badlands (2011) affiche une esthétique lo-fi, voire carrément cradingue – que l'on retrouve dans la photo ci-dessus. Au croisement de Suicide et Gang Of Four, le Canadien maltraite sa guitare post-punk et sa voix de crooner d'outretombe sur des boucles pré-enregistrées. Ce one-man band invite tout de même régulièrement un saxo free jazz sur scène. Expérimentale, volontiers bruitiste, sa musique peut en dérouter plus d'un : Dirty Beaches se contrefout de la pureté des mélodies ou de la beauté des harmoniques. Il s'agit au contraire d'offrir un peu de terreur, d'inattendu. Un petit frisson, à défaut du grand. /

En 2008, Chairlift n’était à nos yeux qu’une énième bande fringante et éphémère de Brooklyn. Les multiples collaborations (Washed Out, Violens, Flosstradamus, Das Racist…), le départ d’Aaron Pfenning et les vertus du temps qui passe semblent avoir nourri le tandem restant (Caroline Polachek et Patrick Wimberly). Avec Something, leur second album, Chairlift dépasse enfin le simple hommage aux années 80 et nous lance sur la piste d’une synth-pop ingénieuse aux références plurielles. Lorgnant parfois vers l’art rock à la Kate Bush ou les choeurs façon Michael Jackson, le duo élargit sa palette, sublimé par la performance vocale désarmante de Caroline Polachek. Reste à voir si la magie opère aussi bien sur scène que sur disque ! /

15.02, 20h30, Amiens, la Lune des Pirates, 10/7€, +33 (0)3 22 97 88 01 // 16.02, 19h30, Roubaix, l'Alimentation, 2€, +33 (0)3 28 33 57 57 // 21.02, 20h, Courtrai, De Kreun, 10/7€, +32 (0)5 637 06 44

21.02, 20h, Gand, Charlatan Club/Democrazy, 14/11€, www.democrazy.be // 3.03, 20h, Tourcoing, Le Grand Mix, 14/11€, +33 (0)3 20 70 10 00 // 4.03, 20h, Bruxelles, Rotonde, 13/10/7€, + 32 (0)2 218 37 32




texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ DR

Déshabillez moi Présenté hors compétition à Cannes en 2007, Go Go Tales faisait partie de ces films « invisibles » qui attisent la curiosité, intriguent et semblent légitimer le téléchargement illégal... Par bonheur, le huisclos fiévreux et sexy d'Abel Ferrara rejoint enfin son écrin naturel, les salles obscures. Depuis quelques temps, les mavericks vieillissants du cinéma américain (Carpenter, Dante, De Palma,...) peinent à tourner et/ou à distribuer leurs œuvres. Pas moins de quatre films passés plus ou moins à la trappe pour le réalisateur de Bad Lieutenant (1992), c'est beaucoup. Surtout lorsqu'ils sont de la qualité de Chelsea Hotel (2008), documentaire sorti directement en DVD. Go Go Tales n'est d'ailleurs pas sans lien avec ce dernier, en particulier dans le désir de Ferrara de montrer quelques obstinés essayant de maintenir une utopie au cœur d'un New York voué à la rentabilisation de son espace et de son image. The show must go on Cousin du Cosmo Vitelli de Cassavetes (Meurtre D'un Bookmaker Chinois, 1976), voici Ray Ruby (Willem Dafoe), patron endetté d'un club, le Paradise, qui ne rapporte pas grand-chose. Les go-go danseuses menacent de faire grève et la propriétaire de vendre à une grande enseigne. Le destin du Paradise se trouve alors suspendu à un ticket de loterie gagnant... mais temporairement perdu. L'ensemble oscille entre film à sketches (chacun fait son « numéro », parfois très drôle, sur scène ou en coulisses) et bain amniotique (temporalité flottante, nimbes de lumière colorée, travellings langoureux sur les danseuses). La trivialité et l'onirisme se lient et se délient sans cesse. Jusqu'à produire l'état de rêve éveillé, soit la drogue du cinéphile. À consommer en salles, donc. / ❥

Go Go Tales D'Abel Ferrara, avec Willem Dafoe, Bob Hoskins, Matthew Modine, Asia Argento... Sortie le 8.02

théâtre & danse |

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texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Homemade (Britt Raes) © KASK

Les trente glorieuses Créé en 1982, le festival Anima affiche un remarquable essor. Jugez plutôt : ce rendez-vous annuel a projeté les œuvres d'un Tim Burton encore inconnu et multiplié sa fréquentation par vingt. Véritable institution bruxelloise, il a quitté le petit atelier des temps héroïques pour l’imposant Flagey. Retour sur 30 années de recherche et de création. « Au début, on était tout content quand on avait trois nouveaux longs métrages à présenter », se souvient, amusé, le co-directeur Philipe Moins. Effectuant désormais sa sélection parmi plus de mille projets – tout formats confondus –, il mesure le long chemin parcouru : « Il y a eu trois grands bouleversements : la professionnalisation du métier, l’abolition de la frontière entre les animations artistique et commerciale, et l’apparition des nouvelles technologies ». Pour Anima, seuls l'esprit de compétition et la volonté d'avancer sont immuables. Les concours constituent « l'épine dorsale du festival, poursuit Philippe Moins. Ils révèlent les tendances de demain ». Il cite alors les longs métrages Aloïs Nebel (2011) du tchèque Tomas Lunak et Tatsumi (2011) du japonais Eric Khoo comme deux nouveautés incontournables. Puis le court Romance (1999) de Georges Schwizgebel, sommité de l'animation suisse. Résolument tourné vers l'avenir, Anima n'en délaisse pas pour autant ses anciennes valeurs : « Nous ne crachons pas sur le jeune public, insiste le co-directeur. Cela tient à l'histoire du festival. Et puis, c'est un public d'avenir... ». Peut-être même les Tim Burton du futur. Qui sait ? / ❥

ANIMA 17>26.02, Bruxelles (Flagey), Liège, Charleroi & Gand, 7,5/6,5/5,5€ (pass : 65€), +32 (0)2 641 10 20



cinéma |

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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer - photo ¬ Freaks © DR

texte ¬ Alex Masson - photo ¬ DR

Irving Thalberg

La Taupe

Selon Jean-Luc Godard, « Irving Thalberg a été le seul qui chaque jour pensait 52 films ». Le fait est que l'Américain, né en 1899, fut l'un des premiers grands producteurs hollywoodiens. Mort à 37 ans, ce visionnaire a respecté avec un temps d'avance la devise de James Dean « vivre vite et mourir jeune ». Produisant 400 films en une quinzaine d'années, il a contribué à forger le système des studios, plaçant le producteur en situation de contrôle total, du synopsis au montage. Certes, on lui reproche encore d'avoir sacrifié les longs-métrages d'Erich Von Stroheim. Mais son audace à produire les films dérangeants de Tod Browning (Freaks, 1932) et son éclectisme éclairé (des Marx Brothers aux adaptations de Shakespeare !) en font une figure à part. Ou, comme l'avait surnommé F. Scott Fitzgerald, « le dernier nabab ». /

Morse (2008), faux film de vampire et vraie réflexion sur l'adolescence, avait révélé Tom Alfredson. Aujourd'hui, le Suédois s'empare et détourne le cinéma d'espionnage à l'ancienne en adaptant un best-seller de John Le Carré. Viré suite à une affaire mal gérée, Smiley, un ponte du MI6, est réintégré pour démasquer l'agent anglais qui refile des infos au KGB. Si l'enquête est palpitante, le plus estomaquant des coups tordus n'est pas la révélation de l'identité du traître. C'est cette description d'un milieu absurde, où la guerre froide n'est pas toujours là où on pense. À agent double, film double : La Taupe renoue en apparence avec un certain cinéma britannique des seventies, mais s'impose comme une peinture terriblement moderne de l'usage de la morale dans les sphères du pouvoir. /

Prog : Le Baiser, Hallelujah !, Billy The Kid, Trader Horn, La Belle De Saïgon, Freaks, Grand Hotel, Une Nuit À L'Opéra... Jusqu'au 28.02, Bruxelles, Cinematek, 3/1€, +32 (0)2 551 19 19

De Tomas Alfredson. Avec Mark Strong, John Hurt, Gary Oldman... Sortie le 8.02






ZUS et coutumes

exposition |

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texte ¬ C. Delvallez - photo ¬ N. Clauss

Que sait-on des quartiers populaires de Mantes-la-Jolie ou des Trois Ponts à Roubaix ? Hormis les clichés rebattus par les médias, pas grand-chose. Créée après des mois de rencontre avec les habitants, l’exposition Un visage, des visages en dresse le portrait depuis l’intérieur et bouscule ces stéréotypes. Catherine Poncin et Damaris Risch ont arpenté la ville de Roubaix pour composer une Ode à neuf voix. Présentant neuf habitants du quartier du Pile, l’œuvre s'apprécie en trois temps : accueilli par un montage sonore mixant des extraits d’interviews, des bruits de rue et des micro-samples de Jean Kowalski, le public découvre des photographies suspendues puis des « portraits filmés » muets. « Ce choix de dissocier le son, l’image fixe et le mouvement témoigne de la fragmentation de l’être », précise Damaris. Et de conclure : « C’est un long chemin de concilier ses multiples origines, de parvenir à s'affirmer comme individu, puis d'apprendre à vivre avec les autres ». Sous la cagoule Lorsque Nicolas Clauss mit le cap sur les Terres Arbitraires – quelques-unes des 751 ZUS* –, « on le prit pour un flic ! », sourit Yassine, habitant des Trois Ponts devenu membre de l'équipe technique. Conçue comme une chanson – avec ses structures répétitives mais aussi des séquences aléatoires –, cette installation oppose l’image et le son, soit les visages des habitants des cités face au « discours malsain, dangereux, bête et méchant des médias et des politiques », explique Clauss. À l'heure de la mystification du « jeune de banlieue », ces deux œuvres mettent en avant la face cachée des cités françaises : vivantes, joyeuses, et fières de leur multiculturalisme. / * Charmante abréviation des Zones Urbaines Sensibles définies par les pouvoirs public en 1996 (les Pyramides à Évry, le Mirail à Toulouse…).

UN VISAGE, DES VISAGES jusqu’au 11.03, Roubaix, la Condition Publique, mar>dim, 14h>18h (visite guidée les sam & dim à 15h), entrée libre, +33 (0)3 28 33 57 57


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texte ¬ Marine Durand photo ¬ Alexander Schellow, Tirana, Animation, 2011, Production: Films de Force Majeure, Kindly supported by: T.I.C.A.B. - Tirana Contemporary Art Biennial

Magie de l'éphémère Le Fresnoy accueille le programme Dessiner-Tracer. Mais, le Studio National des Arts Contemporains ne pouvait se contenter de simples esquisses. Animé, transformé ou hybride, le dessin est ici célébré sous toutes ses formes. Visions fugitives confirme la vigueur de l’œuvre d’animation, capable d’égratigner subtilement la société contemporaine. Une silhouette hésitante sur un panneau de LED, des héros enfantins désincarnés, un voilier fantôme surgissant de la brume quand se présente un spectateur… « L’animation, c’est tout cela », semblent dire ces dessins de l’éphémère, aussi divers que le sont les 27 artistes exposés. « Les œuvres d’animation permettent de pénétrer dans la tête des gens, de percevoir leurs fantasmes, angoisses et espoirs, qu’ils soient collectifs ou individuels », explique Marie-Thérèse Champesme, co-commissaire de l’exposition. Comme l’Allemand Alexander Schellow qui choisit de puiser dans ses souvenirs. Grâce au documentaire d’animation Tirana, il présente, à l’encre de Chine, trois regards sur la situation politique de l’Albanie. Les Riches Douaniers ont préféré exploiter les possibilités offertes par les nouvelles technologies. Seul dans l’obscurité, leur Migrant Solitaire, dont le design s’inspire du célèbre jeu vidéo Grand Theft Auto, court vers un eldorado occidental où il ne trouvera que désillusions. Ancrées dans le réel, ces visions fugitives sont à savourer comme autant d’histoires ouvrant une porte sur l’imaginaire. / ❥

Visions fugitives 11.02>15.04, Tourcoing, Le Fresnoy, mer, jeu, dim 14h>19h, ven, sam 14h>21h, 4/3€, entrée libre le dimanche. + 33 (0)3 20 28 38 00




exposition |

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Le Péril Jeune texte ¬ Antoine Pecquet photo ¬ Oleg Dou, Bambi, Toystory 2008, Courtesy Flatland Gallery

C’est rarement sans un frisson qu’on entre dans une institution psychiatrique. Au Musée du Dr Guislain, sis dans l’hôpital du même nom, ce frisson renforce l’impact des expositions. Cette institution hors normes présente jusqu’en mai Dangereusement jeune, une méditation artistique sur l’enfance en souffrance. Joseph Guislain, médecin humaniste, conçut l’hôpital psychiatrique de Gand comme un « lieu de repos agréable », aéré et sans grilles. Cette ouverture perdure au sein de l’établissement, qui intègre un musée de la psychiatrie et organise des expositions de calibre international. « Nous voulons coller à l’actualité, explique Patrick Allegaert, directeur artistique. Il y a ici, comme en France, un débat sur les troubles juvéniles : autisme et hyperactivité. Or beaucoup d’artistes ont des choses à dire sur la souffrance infantile. » De fait, Dangereusement Jeune en impose par le casting pléthorique, de Paul Klee à Banksy en passant par Diane Arbus, Désirée Dolron et bien d’autres. Show troublant Dans une scénographie sombre, oppressante, l’image de l’enfant fait office de fil conducteur insoupçonné entre des univers plastiques aussi divers que le réalisme social, les arts premiers ou la scène contemporaine. Faisant fi des questionnements prévisibles et des thèses rassurantes, Dangereusement Jeune tourne vite à l’expérience troublante, voire chaotique malgré la construction réfléchie de l’expo. Certaines pièces, comme la layette confectionnée avec des pansements sales par Ilse Roman, les portraits de gamins sniffeurs de colle de Sergueï Bratkov, ou la fillette misérable peinte par François Thévenot, sont poignantes. Loin des « verts paradis », l’enfant s’y dessine comme l’être le plus vulnérable à la démence du monde. / ❥

Gevaarlijkjong /Dangereusement jeune jusqu’au 20.06, Gand, Musée du Dr Guislain, mar>ven, 9h>17h, sam & dim, 13h>17h, 6/4/1€, +32 (0)9 216 35 95


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texte ¬ F-X Béague photo ¬ Détail, Montanus met chirurgen © DR

texte ¬ Florent Delval - photo ¬ Painting Detail Roses Gaeta, courtesy Schirmer Mosel Verlag Fondazione Nicola del Roscio

Cy Twombly

Des barbiers chirurgiens aux saints antipesteux...

Photographs 1951-2010

Les voûtes de l’Hôpital Saint-Jean résonnent presque des râles et prières des malades qu’il recueillait. Mais aussi de l’enthousiasme vite refroidi des médecins à l’essai de nouveaux remèdes. C’est qu’aux temps héroïques du clystère et de la saignée, l’institution se situait à la pointe d’un savoir édifié à vue d’urines ou d’almanachs astrologiques. De prescriptions hasardeuses en invocations désespérées, les œuvres rassemblées témoignent de ce moment où la science peine encore à concevoir l’origine des maux, mais commence à le disputer aux saints guérisseurs. Tous ces tableaux, imprimés et gravures dressent, certes, une chronique de l’échec thérapeutique. Mais aussi d’un acharnement qui laisse entrevoir, au-delà de l’impuissance humaine face au châtiment divin, un possible secours du côté de la Raison. /

Ceci n'est pas une grande rétrospective. Mais les polaroids de Cy Twombly apparus quelques temps avant sa mort en 2010 ne sont-ils que de simples curiosités ? L’œuvre singulière de Twombly, qui a construit son style en marge de l'expressionnisme abstrait, s’exprime surtout par la peinture : des motifs figuratifs, mais exécutés avec l’énergie gestuelle d’un Jackson Pollock. L’usage de la couleur et les objets représentés font le lien entre ces deux pratiques, mais c’est le rapport au temps qui donne sa cohérence à l’ensemble. Même si les polaroids sont retravaillés après coup, notamment à la photocopieuse, Twombly reste l’artiste de l’instantané. L’exposition à Bozar rend à ce travail photographique, accumulé en secret depuis les années 50, la place qui lui est due en le confrontant directement au reste de sa production. /

jusqu'au 26.02, Bruges, Musée de l’Hôpital Saint-Jean, 9h30>17h, tous les jours sauf lundi, 8/6/1€, www.brugge.be

1.02 >29.04, Bruxelles, Bozar, mar>dim, 10h>18h, jeu, 21h, 16/10€, + 32 (0)2 507 82 00



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texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Hergé Moulinsart

texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ Stichting het Toonder Auteursrecht -Tom POes en de nachtmnerrie

Tintin et Milou

Marten Toonder

chez les Arumbayas Pendant que Steven Spielberg projette Les Aventures de Tintin en 3D, le Musée Hergé revient au début du xxe siècle : sur les pas de la tribu fictive des Arumbayas (L'Oreille Cassée, 1937). Inspiré des récits de voyage d'explorateurs belges tels que le Marquis de Wavrin ou Henri Lavachery, ce 6e album plonge le célèbre reporter à la houpette au cœur de la forêt amazonienne. Aux côtés des planches originales de l'auteur, on trouve ainsi des objets l’ayant inspiré (têtes réduites, totems, sarbacanes...), une sublime collection de papillons, ainsi que des archives de la Cinematek (Au Pays Du Scalp, 1931), des Musées royaux d'Art et d'Histoire ou du Muséum des Sciences naturelles. Sans oublier les fameux fétiches Chimu. Dont un – le vrai ! – est dissimulé au milieu de l'exposition. À vous de le retrouver ! / ❥

jusqu’au 4.03, Louvain-la-Neuve, Musée Hergé, mar>dim, 10h30>17h30, sam & dim, 10h>18h, 9/7/5e, +32 (0)1 048 84 21

On reconnaît la patte de Toonder à ce trait rond, à ces animaux personnifiés et expressifs, à ces histoires en trois cases charmantes, un brin moralistes et joliment désuètes : Panda ou Tom Pouce en sont de beaux exemples, et figurent en bonne place dans cet accrochage retraçant la vie et l'œuvre du « Walt Disney européen ». Disparu en 2005, Toonder, reste méconnu dans nos contrées. Comment un artiste aussi prolifique, fondateur d'un studio et son nom et employeur de quelquesuns de plus fins pinceaux de l'aprèsguerre, a pu ainsi tomber dans l'oubli ? C'est que Toonder, plus habitué des quotidiens régionaux comme la Nouvelle République ou Presse-Océan, n'a jamais signé une seule BD cartonnée – qui lui aurait, peut-être, assuré une autre postérité. / ❥

7.02 > 23.09, Bruxelles, CBBD, mar>dim, 10h>18h, 8/6€,+32 (0)2 219 19 80



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agenda Le Progrès venait du ciel © curatelle Sabena

Présent, Installation chasse aux cerfs © Jacques Lennep

Le progrès venait du ciel

Présent

Ancien fleuron de l’aéronautique belge, cette compagnie née en 1923 fut longtemps à la pointe du progrès. Une épopée ici retracée en regardant par le petit bout... du hublot : sièges, costumes d’hôtesses, moteurs, affiches... Autant de détails chargés d’Histoire, reflets d’une ère durant laquelle les avancées techniques semblaient tout rendre possible.

Pour ses 300 ans, l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles convoque 30 de ses anciens élèves, toutes générations et disciplines confondues. Stephan Balleux, Michel Barzin (devenu professeur à son tour), Kikie Crêvecœur, Anne-Sophie De Visscher... Des noms raisonnant désormais bien au-delà des murs de la prestigieuse école. Une fenêtre grande ouverte sur cinquante années de création contemporaine et de transmission du savoir artistique.

❥ Bruxelles, jusqu’au 26.02, Musée du Cinquantenaire, mar>ven, 9h30>17h, sam>dim, 10h>17h, + 32 (0)2 741 72 11

❥ Bruxelles, 16.02>22.04, La Centrale Électrique, mar>dim, 10h>18h, +32 (0)2 279 64 44

Georges Simenon, parcours d'un écrivain belge

Le baroque en Flandre

Il fut l’auteur des Maigret, bien sûr, mais aussi d’une œuvre pléthorique, publiée sous près de 25 pseudonymes ! Une vie et un legs remarquables, servis par une muséographie sobre et claire. Sont exposés ici des lettres, photos, vidéos, mais aussi ses calendriers d’écriture, des enveloppes noircies de notes, ses rituels de travail, des épreuves... Critiqué de son vivant, soi-disant trop populaire, Simenon méritait cette redécouverte intime de sa vie et de son œuvre.

Rubens, Van Dyck ou Jordaens sont quelques-uns des grands noms mis à l'honneur ici. Issues des fonds de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, les dizaines d'œuvres présentées témoignent du renouveau iconographique baroque (mouvement, contrastes...) et de son incroyable diversité (peintures, estampes, sculptures...). Une façon de replonger dans le contexte de la ContreRéforme, où la défense des convictions politiques et religieuses passait déjà par l'expression artistique.

❥ Bruxelles, jusqu’au 24.02, Musée des Lettres et Manuscrits, mar>dim 10h>19h (sf jeu, 10h>21h), +32 (0)2 514 71 87

❥Douai, 24.02>28.05, Musée de la Chartreuse, tlj, 10h>12h, 14h>18h, fermé mardi, +33 (0)3 27 71 38 80


Le baroque en Flandre, Martyre de sainte Catherine, Anton van Dyck © ENSBA_Paris

Coca-Cola, Contourbottle for Coca Cola, Alexander Samuelson © The CocaCola Company

Video still, Courtesy of the artist and hoet bekaert gallery1 © 2011 Mekhitar Garabedian

Kama Sutra, Le Fresnoy © Maxime Dufour

Coca-Cola : 125 years of design

Charles Burns

Puisant des centaines de pièces dans les archives gigantesques du siège de la marque rouge et blanche, à Atlanta, ce déballage s'intéresse à l'aspect iconique du soda noir. Alignant publicités, distributeurs automatiques ou produits dérivés, l'accrochage démonte également un ou deux mythes : le père Noël vêtu de rouge et blanc aurait existé bien avant que la marque ne s’en empare.

De ses débuts au sein du magazine RAW jusqu’au récent Toxic, de pochettes de disques en carnets photographiques, sans oublier des couvertures de magazines, des publicités légendaires et le monument Black Hole, le M Museum ne laisse rien dans l’ombre. Co-organisée par le maître himself, cette rétrospective unique aligne 300 œuvres, dont une majorité de planches originales.

❥ Gand, jusqu’au 26.02, Design museum, mar>dim, 10h>18h, +32 (0)9 267 99 99

Mekhitar Garabedian : Without Even Leaving, We Are Already No Longer There Première exposition solo de Mekhitar Garabedian ! D'origine arménienne, ayant vécu au Liban et en Syrie avant de s'installer en Belgique, l'artiste explore ici la structuration de l'identité des individus dans une société toujours plus marquée par les migrations. En rassemblant textes et photos, le globe-trotter présente son travail des cinq dernières années. Et lève le voile sur sa « bibliothèque » (fonds d'objets qui constituent les éléments de base de son œuvre). ❥Gand, jusqu'au 26.02, SMAK, mar>dim,10h>18h, +32 (0)9 240 76 01

❥ Leuven, jusqu’au 11.03, M Museum, tlj 11h>18h, (sf jeu 11h>22h), fermé mercredi, +32 (0)1 627 29 29

Kama Sutra, 50 positions d’architecture Légèrement provocateur, ce titre synthétise pourtant au mieux le thème – le couplage de l’architecture contemporaine et du patrimoine – et les notions de plaisir et de jeu glissées dans la scénographie. L'accrochage révèle cinquante projets de réhabilitation du patrimoine à travers un parcours ludique, constitué de photographies et d’explications intelligibles aux yeux des néophytes. Pour juger sur pièce, on peut aussi se rendre au Fresnoy de Tourcoing, un modèle de rénovation architecturale ! ❥ Lille, jusqu'au 17.03, MAV, mar>sam, 10h>12h30, 14h>17h, sf sam 11h>18h, +33 (0)3 66 64 78 08


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agenda Jacqueline aux fleurs, Picasso © DR

ZOOM, Photographies naturalistes grand format Habitué des pages de Geo, expert de la faune sauvage, Gilles Martin rend visible l'infiniment petit. Ici, la vie microscopique se donne de grands airs, au format 120 X 180 cm. L'agrandissement confine à l'abstrait : une libellule devient créature féroce, un simple caillou recèle de multiples facettes... Ce jeu sur nos perceptions permet de reconsidérer le visible et l'invisible. ❥ Lille, 15.02>20.05, Musée d'Histoire Naturelle, lun>ven, 9h>12h, 14h>17h, sf dim, 10h>17h, fermé mardi et samedi, +33 (0)3 28 55 30 80

Picasso à l'œuvre dans l'objectif de David Douglas Duncan À travers une sélection de clichés réalisés entre 1956 et 1973, Picasso se révèle dans l’intimité de sa vie d’artiste. Et finit par dévoiler ses méthodes de travail, tiraillées entre concentration et exubérance. Ce dialogue permet de revoir des créations extraordinaires de ces années d’intense activité, comme La Tête de taureau, La Femme aux clefs ou de rares vues d'ateliers. ❥ Roubaix, 18.02>20.05, La Piscine, mar>jeu, 11h>18h, ven, 11h>20h, sam>dim, 13h>18h +33 (0)3 20 69 23 60

ZOOM © DR

Inlandsis Signifiant littéralement « calotte polaire », Inlandsis prend pour thème l’Arctique. Conçues en résidence à l’Atelier départemental du verre, cinq installations témoignent de la fascination de Michèle Perozeni pour cette région. Bois de cerfs ou de caribous (Péril en la demeure), boqueteau miniature (Forêt improbable), ossements suspendus (Bois en souffrance)… Ces sculptures en verre ultra-minutieuses ne laissent aucun public de glace. ❥ Sars Poteries, jusqu’au 4.03, Musée-Atelier du verre, mer>lun 10h>12h30, 13h30>18h, +33 (0)3 21 6 161 44

Enlever / Révéler - Edda Renouf Si la plupart des artistes s'expriment en recouvrant, en remplissant, bref, en ajoutant de la matière sur le support, Edda Renouf s'intéresse avant tout au support. Cette trentaine de peintures et cette quarantaine de dessins replacent la toile au centre du processus créatif : en enlevant un fil de lin ici, en incisant là, Renouf étudie et concentre ses recherches sur « l'énergie de la matière ». Cette figure du post-minimalisme américain se voit consacrer sa première exposition muséale par le LAM. ❥ V.d'Ascq, 14.02>20.05, LaM, mar>dim, 10h>18h, +33 (0)3 20 19 68 68




texte ¬ Clémences Casses photo ¬ Asphalte © Pierre Grosbois

Corps à corps Un divertissement chaste, la danse ? Rien n'est moins sûr : sans remonter à l'Antiquité, ces dernières années ont vu le retour de l'effeuillage burlesque, sans parler des clips aux naïades dénudées. Le Bateau feu de Dunkerque s’inspire de ce renouveau en proposant des spectacles qui traitent la question du corps avec un programme tout public, mais aussi parfois réservé aux adultes, où la sensualité est le maitre-mot. La programmation tout public de Corps Furieux s'intéresse à la vie quotidienne. Dans Face Nord, quatre acrobates expérimentent les possibilités et les limites physiques des corps luttant contre la gravité : un éloge de la persévérance, de la confiance et de la complémentarité face à l'individualisme. Autre thème, autre enjeu : la pièce Asphalte mêle danses hip-hop et contemporaine, et dénonce la robotisation des individus dans les capitales urbaines. Pierre Rigal effectue ici une composition graphique et sonore d’une précision millimétrique, dans laquelle les danseurs parviennent à créer des images fixes tout en étant en perpétuel mouvement. à cœur perdu Attention ! Certaines manifestations ne s'adressent pas à tout le monde. Le Studio 43 diffuse deux chefs-d'œuvre de l'érotisme nippon : L’empire Des Sens (1976) et Le Soldat Dieu (2010). Ici, se confondent violence et sexualité, politique et morale, passion et mort. Plus léger et très drôle, la pièce de la compagnie Emilie Valantin qui ranime la littérature d'un Jean de la Fontaine privilégiant l'étude des mœurs amoureuses à son bestiaire habituel. Des marionnettes et un harmonium illustrent ces contes coquins méconnus. Au cœur de l’hiver, le Bateau Feu réchauffe les corps ! / ❥

Corps Furieux du 2 au 17.02, Dunkerque, Le Bateau Feu, 12/9€, +33 (0)3 28 51 40 40

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texte ¬ Madeleine Bourgois photo ¬ Cici Olsson

Génération virtuelle De Bruxelles à Tokyo, le jeune auteur-metteur en scène belge Fabrice Murgia promène un théâtre hybride qui ne semble pas connaître de frontières. Ses créations sont de minutieux dispositifs mêlant vidéo et arts numériques, incitant l'acteur à s'y trouver une nouvelle place, et le spectateur à repenser sa perception de la scène. « Je suis un malade d’information. J'ouvre mon écran toutes les cinq minutes, ça devient gênant », reconnaît Fabrice Murgia. Une manie bien contemporaine que l'on retrouve dans ses spectacles. Pour Life : Reset / Chronique d'une ville épuisée et Exils, il a utilisé le même procédé : une toile séparant le public de la scène, sur laquelle sont projetés textes, photos ou vidéos. Est-on devant son ordinateur, sa console de jeu, sa télé ? En tout cas, nous sommes de plus en plus seuls, nous montrent les spectacles de Murgia. « Life : Reset parle de l'émergence d'une nouvelle forme de solitude via Internet et les réseaux sociaux. J'essaie de faire résonner les mondes virtuels comme des utopies. L'impalpable est extrêmement théâtral pour moi ». Exils quitte la sphère du web pour interroger la réalité de la démocratie en Europe, à travers le traitement des migrants dans les centres fermés. Préférant les questions aux réponses, Fabrice Murgia refuse d'affirmer un point de vue clair : « Au delà du politique, c'est le sentiment d'exils de nos vies, d'effacement derrière un système, qui m'intéresse ». / ❥

Exils, jusqu'au 11.02, Bruxelles, Théâtre National, mar >sam 20h30 (sf mer 19h30), 20/11€, +32 (0)2 203 53 03 Life : Reset / Chronique d'une ville épuisée, 15>17.02, Courtrai, Théâtre Antigone, 20h, 10/5€, +32(0)562 408 87



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texte ¬ Vincent Lançon - photo ¬ DR

texte ¬ C. Delvallez - photo ¬ Aux commencements © DR

Qui est Monsieur

Marionnettes

Mr et Mme Bélier dinent chez eux. Le téléphone sonne. Mais les Bélier n'ont pas le téléphone... Au bout du fil, on demande Mr Schmitt. Les Bélier se sont trompés, et sont enfermés dans l'appartement d'un autre ! Pourtant, des éléments tendent à prouver qu'ils sont bien Mr et Mme Schmitt. Pour résoudre le mystère, s'affairent un flic et un psychiatre, mais rien n'y fait... La Quatrième Dimension commençait aussi très simplement. Et l'on pense forcément à Beckett, Ionesco ou, plus près de nous, au film La Moustache (2005) d'Emmanuel Carrère. Montrée à Paris, sur une mise en scène de José Paul et Stéphane Cottin, avec Richard Berry dans le rôle-titre, cette pièce de Sébastien Thiéry a divisé la critique. Gageons que cette création, orchestrée par Bernard Cogniaux, ne laissera, elle non plus, personne indifférent. /

Particulièrement attachée au théâtre d’objets, la maison Folie de Moulins consacre son mois de février à la marionnette. Elle accueille d'abord en résidence la Cie Valise, pour les premières d' À perte de sens et In utero. Sous-titrée « Manipulation de fœtus, broderie d’organes et autres fantasmes », cette dernière création détaille sans ménagement les différentes étapes de la grossesse : utérus en tissu, nourrissons tricotés... Un peu trop hard pour les enfants, donc. Pas grave : les « P'tits mercredis » rattrape le coup avec deux spectacles ludiques et poétiques, dont l'un nous ramène Aux commencements des choses et l'autre dans une Baignoire interdite (festival Petits Pas, cf. p. 74). Ainsi, la MFM explore un large spectre du théâtre d'objets. Sérieuse, décalée, terrifiante... la marionnette revient dans tous ses états ! /

Schmitt ?

1>15.02 et 16>25.03, 20h15, sf dim 19 et sam 11.02, séance suppl. à 15h, relâche le lundi, Bruxelles, Th. Des Galeries, 24/18/10€, + 32 (0)2 512 04 07

à Moulins

4.02>4.03, Lille, Maison Folie de Moulins, 2 à 5,5€ (13/10€ pour les ateliers Monstre & beauté, mar>ven, 14h30>16h30), www.mfmoulins-lille.fr




texte ¬ Florent Delval photo ¬ Jihyé Jung

Le temps de la recherche Le théâtre de L’L est ce qu’on peut appeler une institution à Bruxelles. Il a déjà soufflé vingt bougies ! Pourtant, depuis deux ans le VRAK Festival marque un nouveau départ : lassée des saisons théâtrales s’enchaînant au même rythme, Michèle Braconnier, aux commandes depuis le début, a décidé de casser la routine. Si le lieu ferme généralement ses portes au public, l’activité redouble dans un espace devenu plus intime. Sans doute serez-vous tentés de jeter un œil dans l’embrasure, mais il faudra attendre le rendez-vous annuel du Vrak pour être invité. Quand vous rencontrerez finalement ces jeunes artistes, sur la scène, ils vous accueilleront à un moment-clé d’un long processus de recherche, se déroulant parfois sur de nombreux mois. à l'ombre des jeunes auteurs Le VRAK festival offre une série de parcours personnels inscrits dans la durée. « On ne réfléchit plus en termes de productions, mais en termes d’artistes » résume Laurence Pateet, de l’équipe de L’L. Si certaines pièces sont des reprises déjà rodées (Marlon, d’Aude Lachaise), certaines formes sont encore des esquisses. La programmation reste toutefois équilibrée afin de conserver l'aspect ludique de l'ensemble. Ainsi, Emmanuel Eggermont, croisé au côté de Raimund Hogue, monte T-wall, une pièce aboutie, aux côtés d’un essai qui ne porte pas encore de nom. Antoine Defoort, révélé par L’L aux côtés d’Halory Georger et Julien Fournet, détourne, comme à son habitude, les formes et transforme ce processus de recherche et de rencontre avec le public en Jeu de l’oie du spectacle vivant. Sans doute est-ce ainsi qu’il faut aborder ce festival dont les règles s’inventent au fur et à mesure qu’on y participe ! / ❥

VRAK Festival N°3, du 9 au 12.02, Bruxelles, divers lieux, Prix unique pour tout le festival : 10e, +32(0)2 512 49 69, www.llasbl.be

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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ C. Parodi

La renaissance du théâtre « Ce récit, c'est la tentative d'un homme d'écrire sa vie pour lui donner un sens » explique Paul Camus. La voix est douce et libère ses mots avec une précision extrême. Difficile d'imaginer que c'est le même acteur qui, seul en scène, s'arme d'un regard si intense et fend l'air de ses bras, littéralement habité par ce texte fort, chargé de douleur. Signé Imre Kertész, Kaddish Pour L'Enfant Qui Ne Naîtra Pas est le monologue d'un homme rescapé d'Auschwitz. Le Kaddish, c'est la prière des morts, dans la religion juive. Il y conte l'impossibilité à donner la vie dans un monde traumatisé par l'Holocauste. « Si on me disait que désormais, je jouerais ce texte jusqu'à la fin de mes jours, je serai comblé, affirme Camus, car il est d'une grande complexité. Ce n'est pas un hymne à la fin du monde, mais une réflexion sur la vie et l'espoir ». Une œuvre abordée de façon « sans doute plus apaisée » aujourd'hui, car c'est la seconde fois que Paul Camus reprend cette pièce depuis sa création à Genève, en 2003. « J’adore l’idée de reprise, poursuit Isabelle Pousseur, directrice du Théâtre Océan Nord, qui a adapté et mis en scène Kaddish. Le temps a passé, on trouve une autre respiration, des éléments nouveaux ». Ce temps qui passe, Isabelle Pousseur le laisse à ses comédiens et aux (jeunes) compagnies qui investissent le Théâtre Océan Nord. Un lieu pas comme les autres, voué principalement à la création, aux ateliers, et à la réflexion sur le théâtre. La Compagnie fête cette année ses trente bougies. Le Kaddish n'est pas pour demain ! / ❥

Kaddish, Pour L'Enfant Qui Ne Naîtra Pas 14>25.02, Bruxelles, Théâtre Océan Nord, mar>sam, 20h30, sf mer, 19h30, 10/7,5/5€, + 32 (0)2 216 75 55



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texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ DR

texte ¬ F-X Béague - photo ¬ Philippe Delacroix

Les Atomics

Le Suicidé

Durant quelques années, le collectif HVDZ a parcouru le monde, du Nord de la France au Brésil, s'installant dans des quartiers populaires pour des résidences de deux semaines. Histoire de sortir des théâtres, prendre l'air, écouter d'autres voix et croiser de nouveaux regards. Ces voyages ont rapproché les artistes et les riverains, les mots de Toni Negri et ceux de la voisine d'en face. Un échange, plutôt qu'un choc des cultures. En naissait un spectacle, suivi d'une discussion (la Veillée) avec un public rarement habitué au théâtre. Aujourd'hui, le temps est venu pour ces circassiens, danseurs, vidéastes, acrobates, comédiens et autres plasticiens de s'interroger sur cette expérience – en utilisant évidemment leurs savoir-faire. Les Atomics ressemble au making-of des Veillées. C'est surtout un spectacle total, inclassable et populaire. /

Ou comment une fringale nocturne peut avoir raison de votre vie : Sémione s’éclipse dans la cuisine d’un appartement communautaire. Mais son absence réveille les soupçons d’envies suicidaires qu’on lui prête. Une méprise qui lui vaut de jouer avec l’idée d’en finir, et à chacun de ses comparses de lui en exposer le bénéfice... Seconde pièce de N. Erdman, Le Suicidé (1928) étudie la condition tragique et grotesque des hommes, quand seul celui qui n’a plus rien à perdre peut porter un message. En pleine stalinisation, l’auteur s’exposait aux pires déconvenues. Mais c’est d’abord pour le plaisir du « jeu collectif et l’audace, la liberté, la folie d’une pièce sans tabou », que Patrick Pineau, metteur en scène, s’est emparé de ce texte, retraduit pour l’occasion par André Markowicz, spécialiste de Dostoïevski. /

9.02, 19h30, & 10.02, 20h30, Loos-enGohelle, La Fabrique, 15/12/8/3€, + 33 (0)3 21 14 25 35 // et aussi 13>16.03 à Béthune, La Comédie // et le 2.06 à Douai, Hippodrome

15.02>23.02, Lille, Théâtre du Nord, 20h, sauf jeudi, 19h, et dimanche, 16h, relâche le lundi, 3 à 23€, +33 (0)3 20 14 24 24



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texte ¬ Pascal Cebulski - photo ¬ Aime

texte ¬ Clémences Casses - photo ¬ DR

Les Sisyphe

Les Petits Pas

Pierre qui roule depuis sa création en 2003, Les Sisyphe fait sauter ses participants pendant les dix-huit minutes d’une version live épique de The End, des Doors. Cette fois-ci, 70 enfants d’Armentières et de Courtrai sont réunis pour renouveler cette infernale séquence de sauts sur place. La performance, pure dépense, pousse à l’épuisement. Et fait ainsi jouer les 8-10 ans avec leur image (impossible à contrôler), leurs limites et leurs revendications. Sauter est inutile ? Créer ne sert à rien ? Réflexion sur les activités dites improductives, Les Sisyphe représente pourtant « ce qu’il y a de plus humain en chacun de nous », selon la chorégraphe Julie Nioche. Comme une irrépressible envie de bouger, d’échapper à la gravité, d’éprouver et de défier la réalité. Une envie sacrément utile. /

L'association Danse à Lille sensibilise les plus jeunes à la danse contemporaine en dix jours, cinq spectacles et de nombreuses rencontres. Mais un festival pour enfants dépasse parfois le divertissement, il peut aussi instruire et faire réfléchir. Lou(p), y es-tu ?, par exemple, revisite le conte du Petit Chaperon Rouge en montrant le processus d’émancipation de jeune fille naïve à femme cultivée. Les Petits Pas, c'est aussi l’occasion de réviser dix grandes dates de la danse contemporaine : de la première chorégraphie filmée par les frères Lumières jusqu'aux Jeux Olympiques d’Albertville. Ou de (re)voir Pina (2011), de Wim Wenders, un hommage à la célèbre chorégraphe allemande Pina Bausch. Tout comme les enfants, le festival grandit d’année en année et ne compte pas s’arrêter là. /

15.02, Armentières, le Vivat, 15h, gratuit, +33 (0)3 20 77 18 77 17.02, Courtrai, Concertstudio, 13h30, gratuit, +32 056 23 98 55

11>23.02, Roubaix, Lille et la métropole lilloise, 7/5/3€, + 33 (0)3 20 20 70 30



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agenda Fuenteovejuna © Javier Del Real

Une histoire dite par un idiot

Fuenteovejuna

1>3.02

3.02

C. Piret

Premier volet du projet Cinéma Inside, la nouvelle création du Théâtre de Chambre - 232U gravite logiquement autour du 7e art, et plus précisément du « cinéma de nos vies ». Découpée en deux espaces de jeu (un plateau de tournage et ses coulisses), la scène devient le lieu d’un road movie déjanté où installations vidéo, homme-orchestre et performances d’acteurs s’entremêlent. Soyez sympa, rembobinez ! ❥ Béthune, Comédie, 7 à 18€ // et aussi 14.02, Feignies, Espace G. Philippe, 20h, 11/8€ // 21>24.02, V. d’Ascq, Rose des Vents, 5 à 20€

Passion 2 & 4>5.02

P. Dusapin/S. Waltz

Pascal Dusapin relit à sa manière quatre opéras de Monteverdi (dont L'Orfeo, 1607). Alliant danseurs, choristes et solistes (la soprano canadienne Barbara Hannigan et le baryton autrichien Georg Nigl), ce nouvel ouvrage lyrique réinvente le mythe d'Orphée et de sa femme Eurydice. L'occasion pour le compositeur français de retravailler avec la chorégraphe berlinoise Sacha Waltz – après leur collaboration sur Medea, présenté à l’Opéra de Lille en 2009. ❥ Lille, Opéra, 20h (sf le 5 à 16h), de 5 à 31€, +33 (0)8 20 48 90 00

Qui sommes-je ? © Sileks

L. de Vega/A. Gades

1476. Une vague de rébellion explose dans la petite ville andalouse de Fuenteovejuna. Plus tard, le dramaturge Lope de Vega devait en tirer une comedia exaltant la révolte des petites gens contre l'oppression. Une épopée dont le chorégraphe Antonio Gades s'inspire ici totalement. Magnifiquement costumés, une trentaine de danseurs nous replongent dans le climat de l'époque (femmes au lavoir, fêtes populaires...), mêlant flamenco, école bolera et autres danses hispaniques. ❥ Roubaix, Colisée, 20h30, de 8 à 39€, +33 (0)3 20 24 07 07

Qui sommes-je ? 6>10.02

C. Paga

Cédric Paga (alias Ludor Citrik) fantasme de retourner à l'origine du clown. L'horrible Ludor de Je ne suis pas un numéro (également créé au Prato en 2003) s'interroge sur la constitution de sa propre personnalité. Plus qu'un simple spectacle, Qui sommes-je ? est donc un essai sur la praxis du clown. Un témoignage de réflexion, d'amour et de respect envers cet art auquel l'acide Citrik se dévoue corps et âme depuis vingt ans. ❥ Lille, le Prato, 20h, 5 à 17€ +33 (0)3 20 52 71 24


This is how you will disappe

Cendrillon © COOPER

Je nous tiens debout © DR

Cendrillon 8.02

This is how you will disappear © Christophe Raynaud De Lage

Tempête sous un crâne C. Perrault /J. Pommerat

Le Petit Chaperon Rouge, Pinocchio et maintenant Cendrillon : expert ès relecture de contes, Joël Pommerat offre un nouveau visage aux héros de notre enfance, quitte à piétiner nos souvenirs naïfs. Dans cette mystérieuse adaptation, Pommerat s’attarde sur le deuil de Cendrillon après la mort de sa mère et bat en brèche les clichés sur la figure de la fée ou de la sorcière. ❥ Tournai, Maison de la Culture, 20h, 8 à 20€, +32(0) 692 530 80

Je nous tiens debout 8 >10.02

Tempête sous un crâne © Pierre Dolzani

Les Encombrantes

En solo, duo ou trio, les voix de ces trois slammeuses ne perdent jamais le rythme. Écriture engageante et poésie engagée, les trois femmes remettent en question le machisme, l'hétérosexisme et les notions de genre. Des questions brûlantes soulevées avec tendresse et violence, rire et passion, réflexion et drôlerie dans un spectacle décapant, dont on ne sort pas tout à fait le – ou la – même. ❥ Roubaix, Th. De l'Oiseau-Mouche, 20h30, (sf mer 08, 19h), 6 à 12€, +33(0)3 20 65 96 50

8>16.02 V.Hugo / J.Bellorini & C. de la Guillonnière

Porter une fresque comme Les Misérables (1862) sur les planches avec seulement cinq comédiens et deux musiciens tenait de la gageure. Pari tenu grâce à la Cie Air De Lune, qui reste fidèle au texte et au souffle hugolien, tout en estompant les frontières entre narration et incarnation. Ici empreints d'une certaine musicalité, ces mots évoquent parfois l'absurde tragique cher à Beckett. ❥ 20h (sf dim., 16h), Lille, Théâtre du Nord, 3 à 23€, +33 (0)3 20 14 24 24 // 18.02, Calais, le Channel, 19h30, 6€, + 33(0)3 21 46 77 00

This is how you will disappear 9 & 10.02

D.Cooper / G. Vienne

La plasticienne et metteuse en scène G. Vienne signe une tragédie saturée entre trois hommes : un jeune sportif sain, un entraîneur autoritaire et une rock star semblable à Peter Doherty. Trois archétypes perdus dans un décor sylvestre inquiétant. Rapport de forces et contrôle des passions sont quelquesuns des enjeux soulevés ici. Le tout paré d'un halo de mystère et soutenu par les drones de S. O'Malley (Sunn O)))) et P. Rehberg (patron des Éditions Mego). ❥ Bruxelles, Kaaitheater, 20h30, 16/12€, +32 (0)2 201 59 59


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agenda Mes nuits sans Robert © Dany Goossens

Orphelins © Théâtre du prisme

Spartacus

Innana

9 & 10.02 C. Dancoisne / Th La Licorne

10.02

Avec ses marionnettes et objets hétéroclites, Claire Dancoisne sculpte des images propres à éveiller l'imagination des spectateurs. Et traduit la violence de ce soulèvement d'esclaves. Trois comédiens-manipulateurs lèvent des armées miniatures, conduisent un éléphant géant, actionnent des dizaines de pieds entravés au milieu d'une arène... le tout, soutenu par deux chanteurs lyriques. ❥ Hazebrouck, Centre André Malraux, 20h30,

Première création de Carolyn Carlson au CCN en 2005, Innana est une ode sublime à la féminité. Sous la figure symbolique de la déesse sumérienne, sept danseuses multiplient les profils (guerrière, amante...) et combinent des styles aux variations fascinantes. Le tout dans un décor de briques signé Euan BurnetSmith. Et sur une musique originale d'Armand Amar, agrémentée de chansons de Bruce Springsteen ou Tom Waits. ❥ Roubaix, Colisée, 20h30, de 8 à 25€,

17/13€, +33 (0)3 28 44 28 58

+33 (0)3 20 24 07 07

Mes nuits sans Robert 10.02

C. Carlson/E. Burnet-Smith

V. Gallo

« Les accessoires du 7e art qui transcendent notre vision de l'amour ». Vaste programme ! Chargée de présenter une conférence sur le sujet, Louise passe sa mémoire de cinéphage en revue : le verre de Bogart dans Casablanca, d'accord. Mais la culotte de Bridget Jones, aussi ! Le public n'y mettant pas du sien, Louise perd ses moyens... Véronique Gallo dessine avec humour, le portrait d'une trentenaire célibataire, perdue dans ses souvenirs et reprenant le script de sa propre vie. ❥ Perwez, Le Foyer- Centre Culturel, 20h30, 15/13€ // 11.02 à Braine l'Alleud, Centre Culturel // 14.02, Mouscron, Centre Marius Staquet // 18.02, Braives // 28.02, Dinant

Orphelins 10>25.02

D.Kelly / A. Anckaert

Pourquoi Liam rentre chez sa sœur Helen le visage couvert de sang ? A-t-il réellement aidé un jeune blessé sur le trottoir, comme il le prétend ? Ses explications sont contradictoires... Ce huisclos familial met le spectateur mal à l'aise, posant la question : « Qu'aurais-je fait ? ». Sur fond de violences urbaines, ce thriller psychologique interroge l'intimité d'une famille, les rapports entre la morale et le droit. Le rythme haletant, les répliques courtes renforcent le sentiment d'oppression. ❥ Tourcoing, la Virgule, 20h30, sf jeu, 19h30 et dim, 15h30, relâche lun, 8 à 18€ // 6.04 Lomme, MF Beaulieu



théâtre & danse |

80

agenda FiniFini © DR

Au moins j'aurais laissé un beau cadavre © Christophe Raynaud de Lage

Au moins j’aurais laissé un beau cadavre 14 & 15.02 Shakespeare/V. Macaigne

En 2009, Vincent Macaigne équarrissait L’Idiot de Dostoïevski à grands renforts d’ingrédients gore et de sons industriels. Cette fois, il s’attaque à Shakespeare avec une vingtaine d’acteurs pourrissant définitivement le royaume du Danemark. Provocateur et outrancier, ce théâtre appelle des réactions contrastées mais, que voulez-vous, on ne fait pas d’Hamlet sans casser des œufs. ❥ Valenciennes, Phénix, 19h, 9 à 16€, +33 (0)3 27 32 32 32

Dancing with the sound hobbyist 16.02

Rosas & Zita Swoon Group

D'un côté, Zita Swoon, l'un des groupes belges les plus inventifs qui soient. De l'autre, Simon Mayer, de la Cie Rosas (menée par l'éminente Anne Teresa de Keersmaker). Ensemble, le danseur et le groupe composent un spectacle total et hybride, tenant autant du concert rock que de la danse contemporaine – en anglais, il y a un verbe, unique, pour ces deux actions : to perform. Et il s'agit bien là d'une performance, la réunion de l'énergie animale de Zita et celle, chorégraphiée, de Mayer. ❥ Charleroi, Les Ecuries, 20h, 15/10€, +32 0)713 112 12

Britannicus 17.02

Racine / F. Delrue

Si les thèmes invariants de la tragédie (l'honneur, la vengeance, l'homme face à son destin) ont assuré la pérennité du genre, Françoise Delrue et le Théâtre de la Bardane utilisent ici l'Histoire comme un décor : ce sont avant tout les fureurs d’Agrippine et le basculement de Néron qui occupent le devant de la scène. Outre son exigence formelle, cette œuvre contient une trame psychologique où se révèle la folie humaine, alimentant une fascination pour les personnages monstrueux. ❥ Armentières, Le Vivat, 20h30, 6 à 18€, +33 (0)3 20 77 18 77 // 21>23.02, 20h, Arras, Th. Municipal, 18/12/8€, +33 (0)3 21 71 66 16

FiniFini 21>24.02

D. Bouvet

Après Né (2002) et Kifélozof (2003), qui évoquaient la naissance, Damien Bouvet s'intéresse à la mort à travers FiniFini, créé en 2006. Un virage à 180 degrés qui n'entame en rien la fantaisie du comédien. Arborant différents costumes de clown (chaussures immenses, nez rouge écarlate), et déployant une galerie de personnages (de Marilyn à Peter Pan), Bouvet utilise le rire pour plier la Grande Faucheuse ! ❥ Lille, Le Grand Bleu, 20h (sf le 23 à 14h30), de 6 à 12€, +33 (0)3 20 09 88 44




littérature |

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Matthew O'Brien Sous les tapis texte ¬ François Annycke photo ¬ Danny Mollohan

de Vegas

Las Vegas, concentration du rêve américain le plus clinquant, où les mythes d'avenir radieux sont servis depuis des décennies sous un ciel sans nuage. Mais à l'ombre des fantasmes cupides, vivent des victimes aux poches trouées. Des vies que Matthew O'Brien (re)place sous la lumière dans un texte sobre et percutant.


« Nous avons mis les pieds dans une zone ignorée tant par les touristes que par la population de Las Vegas. Pour une ville qui servait de toile de fond à tant de films et de séries télévisées, disséquée dans la presse et les livres, nous avions posé le pied en territoire vierge ! Un monde underground (…) que United Artists, E !, Frommer's et Maxime avaient jusqu'alors snobés, trop occupés à investiguer les tables de poker et à mater les poitrines des showgirls ». Dans la grande tradition du journalisme Gonzo (hyper subjectivité et immersion dans l'objet d'étude), Matthew O'Brien s'est enfoncé dans les égouts de cette ville-lumière du désert. Y a rencontré ses... habitants ! Et tiré des

« C'était une expérience à la fois angoissante et captivante » portraits sensibles, mais sans apitoiement. « L'une des rencontres les plus surprenantes fut celle d'un gars nommé Lawrence, se souvient-il. Il vivait dans un canal d'évacuation humide. Son campement était situé au-dessus des écoulements. Il était poète et m'a récité certains de ses vers spontanément, là,


dans l'obscurité. C'était une expérience à la fois angoissante et captivante ». L'Amérique six pieds sous terre Sous Les Néons et son successeur, Blue Angel Motel, passent au scalpel le mythe américain, dans un style dépouillé et direct : « J'explore les canalisations et je raconte ce que je vois ». Des jeunes, des vieux, une mère et son fils, des vivants, des morts... Tout un peuple enseveli replacé sous la lumière grâce à des textes et des photos brutes, sans fard. On pense au

récent London Orbital (2010) de Iain Sinclair, ou au Livre Blanc (2007) de Philippe Vasset. « L'histoire est écrite par les vainqueurs, ce qui est d'autant plus vrai à Vegas. Elle est racontée par les responsables de casinos, les politiques ou les génies des relations publiques. Moi, je voulais donner la parole aux perdants », dit-il. O'Brien s'est alors engouffré dans les lézardes des décors en carton-pâte pour y retrouver les exclus du système. Et leur redonner une humanité. /

à lire / Matthew O'Brien, Sous Les Néons, Inculte, 360 p., 20e Blue Angel Motel, Inculte, 280 p.,18e


livres |

86

Rétromania Simon Reynolds | Éd. Le Mot Et Le Reste Que retiendra-t-on des années 2000 ? Ce fut la « décennie du re- », constate amèrement Simon Reynolds, 49 ans. Revivals, rééditions, remix… La culture populaire se serait contentée de « recycler son passé pour s'inventer un futur ». Concentré sur la musique, et sans jamais négliger les autres champs culturels (mode, design, littérature, cinéma, télévision...), Rétromania expose les raisons de cet assèchement. Parmi elles : l'accès illimité à la musique (et l'incessante (re)découverte de son passé), la paupérisation du son (merci le mp3 !) et la fascination des musiciens pour un Âge d'or prétendu (le Summer Of Love, les free-parties...). Bien sûr la mode rétro ne date pas d'hier, mais elle a pris des proportions inquiétantes : reformations en série, réinterprétation d'albums cultes dans leur intégralité, fétichisation du vinyle ou d'affiches liées à un style particulier… La culture pop est aujourd'hui une pièce de musée. Collectionneur, critique musical et historien émérite (Rip It Up And Start Again, 2007), Simon Reynolds s'appuie sur une bibliographie dantesque. La démonstration est foutrement convaincante, mais subsiste une question : que nous réserve l'avenir ? 480 p., 26€. Cédric Delvallez

Le Miracle

Ariel Kenig | Éd. L'Olivier

Dans cette atmosphère de pré-campagne électorale, il est des sujets qui laissent songeur. Ainsi ce livre d'Ariel Kenig, qu'un premier contact rapide pourrait condamner. Le propos : Pierre Sarkozy (le « producteur ») est miraculeusement sauvé d'une catastrophe naturelle au Brésil, et le narrateur a pu obtenir des photos exclusives des vacances qu'il passait là-bas, façon Fouquet's junior. Par contamination people et besoin d'argent, il démarche les journaux à scandales... avant de retrouver ces fameuses photos sur Facebook. A partir d'un sujet qui semble racoleur, l'auteur vise nos sociétés noyées sous un déluge d'images, les collusions entre médias et politique et surtout l'humiliation du plus grand nombre par une caste de puissants. Il souligne nos inquiétantes démissions en ces temps d'indignations stériles. 160p., 16€. François Annycke


chroniques Richard Yates

Karoo

Tao Lin | Éd. Diable Vauvert

Steve Tesich | Monsieur Toussaint Louverture

L'écrivain américain Richard Yates n'est nommé que de rares fois dans le roman, une référence parmi d'autres dans un name-dropping où se croisent American Apparel ou Starbucks. Tao Lin compose le tableau d'une génération déprimée mais romantique, qui noie sa frustration dans l'humour noir et l'hyperconsommation. Dakota Fanning et Haley Joel Osment sont amoureux via Gmail. Elle a 16 ans et mange trop dans le New Jersey, il en a 22 et écrit des poèmes à New-York. Il va tenter de la sauver de l'anxiété et de la boulimie. S'il ne suffit pas de raconter des histoires de gosses de riches suicidaires pour devenir le nouveau Bret Easton Ellis, Tao Lin parvient à rendre émouvants ces deux êtres, produits dérivés d'un système qu'ils méprisent. 303p., 20€. Madeleine Bourgois

Après Le Dernier Stade De La Soif de Frederick Exley (publié l'an dernier), on espérait de M. Louverture un autre « Grand roman américain inconnu ». Hélas, Karoo, malgré son ambition, peine à entrer dans le club. Saul « Doc » Karoo est le type que Hollywood appelle pour lifter les films « bancals ». Cinquantenaire au bout du rouleau, il se voit offrir, par hasard, l'occasion de corriger le scénario de sa vie en rabotant un chef-d'oeuvre pas assez commercial. La ficelle est épaisse. Tesich (aussi scénariste) la rend néanmoins plausible par la minutie et la causticité de son étude psychologique et sociale. Malgré tout, les longueurs l'emportent sur la vivacité du trait, et l'intérêt s'épuise. On ne peut que le regretter. 608 pages, 22€. Raphaël Nieuwjaer

J’ai vendu ma bagnole à un Polonais Pierre Gagnon | Éd. Autrement C’est une série d’anecdotes à la saveur un peu rétro. Comme des petits contes qui brassent des souvenirs d’enfance désabusés, nostalgiques ou traumatisants. Tous liés irrévocablement à la route. À ses voyages, ses accidents, aux mauvaises rencontres qu’elle peut provoquer, aux charmants animaux égarés sur le bas-côté ou encore aux balades voyeuristes des jeunes cyclistes au clair de lune. Le style est brut, plein d’humour et de pudeur. Pierre Gagnon brosse des portraits enlevés de personnages, du Polonais amateur de voitures allemandes au cycliste en fin de carrière. Soudain, le propos s’assombrit et l’auteur aborde des sujets plus douloureux. Avec tact et réalisme. L’exclusion, la fugue, la culpabilité. Un livre qui se lit sur les chapeaux de roue. 155 p., 12€. Camille Bourleaud


disques |

88

TREVOR JACKSON Metal Dance : Industrial, Post Punk EBM : Classics & Rarities ‘80-‘88 | Strut Rec/La Baleine Mélomane éclectique, remixeur prolixe, tête pensante de Playgroup, Trevor Jackson a, en quelque sorte, façonné nos années 2000 en contribuant justement au revival 80's : son label, Output, réunissait Colder ou Black Strobe, et pris en licence les premières sorties DFA (LCD Soundsystem, The Rapture). Ici, le Britannique tire de sa besace quelques perles oubliées, fruit de journées passées à farfouiller dans les bacs postpunk, indus et EBM – voire New Beat. Evidemment, quelques noms rappelleront aux anciens les nuits gantoises : Cabaret Voltaire, Nitzer Ebb, DAF ou SPK (et, non, pas de trace de Front 242 ici). On déniche quelques merveilles au son aussi cheap qu'actuel, dont The Bubblemen (ce groove frappadingue et inquiétant), le disco cadavérique de John Carpenter, ou la tentative synthétique aussi ratée que touchante de Pete Shelley (Buzzcocks). Enfin, on tombe sous le charme de Hard Cops , tout en synthés enchanteurs et rythmes rigoristes, Je Suis passée (Dub) serait en quelque sorte le meilleur titre de Mute... jamais publié chez Mute. Une fois de plus, les archéologues de Strut Records font reluire le passé pour lui donner de faux-airs de futur. Thibaut Allemand

Django Django Django Django| Because/WEA Les groupes portant un nom double sont toujours d’actualité. Ça mériterait un festival complet, avec à l'affiche Duran Duran, Talk Talk, Shiko Shiko ou GusGus (avec Miou-Miou pour marraine à Baden-Baden). En attendant, les Irlando-Ecossais de Django au carré proposent un album spécial crise qui en renferme au moins cinq autres. Passant d’une pop électronique très actuelle (le single Waveforms) au psychobilly d’outre-tombe (Wor), le quatuor insulaire ne s’embarrasse pas de ligne directrice, privilégiant la qualité d’écriture et une franche remise en cause des canons de la pop. On a pu les voir en France aux Transmusicales 2009, puis en première partie de Metronomy, mais on attend de pied ferme l’émancipation scénique de ces fils spirituels de The Beta Band. Sur la scène d'un festival du bégaiement ? Mathieu Dauchy


chroniques Mein Sohn William Mein Sohn William | Ici D'Ailleurs / Differ-Ant Le Rennais Mein Sohn William, alias Dorian Taburet, est un électron libre. Et aussi un putain d'excité sur scène. Chacune de ses apparitions live est une expérience à vivre au pouvoir addictif certain. Non sans rappeler la démesure expérimentale de compatriotes tels Cheveu ou Gablé, avec qui il a d'ailleurs partagé des orgies scéniques. Pas étonnant que l'équipe des Transmusicales ait flashé sur le bonhomme. Inventif, bidouilleur mais aussi décomplexé et sincère, cet artiste hors-normes n'a pas son pareil pour porter un post noise folk aventureux. Qui casse les frontières stylistiques et offre un langage musical à la fois dissonant et mélodieux. Le tout avec l'étoffe joyeusement déglinguée d'un Chilly Gonzales pour le côté entertainer. La claque du mois. Carole Lafontan

PORCELAIN RAFT Strange Weekend | Secretly Canadian / Differ-Ant Entre ciel et terre, Mauro Remiddi détient les clés d’une dream pop qui ne se contente pas de faire planer. Le fondateur des défunts Sunny Day Sets Fire s’est réfugié dans son home studio londonien pour créer seul, sous la bannière de Porcelain Raft. Bidouilleur né, l’Italien n’aurait pu se contenter de compositions éthérées et doucereuses. Pétrie de détails sonores délicatement insérés, la dream pop de Porcelain Raft se rapproche d’un art rock langoureux. De bruitages étourdissants en échos fantomatiques, les dix morceaux qui résultent de ce voyage intérieur offrent une échappée shoegaze de haute volée. Un premier album étonnamment abouti donc, à découvrir aussi en première partie de M83 (le 16.03 à Tourcoing). Hakima Lounas

EARTH Angels Of Darkness, Demons Of Light II | Southern Lord/ Differ-Ant Près de vingt ans après Earth 2 : Special Low Frequency Version (1993), on présente encore et toujours Earth comme les parrains du drone metal. Pas totalement faux. Mais depuis Hex (2005), Dylan Carlson et les siens ont considérablement illuminé le propos, laissant les bourdons au vestiaire au profit d'une réverb' élégante. La lenteur est reine et le son, toujours aussi imposant. Earth poursuit sa peinture au noir des grands espaces américains à la façon d'un Neil Young (la BO décharnée de Dead Man, 1995). Du Neil Young joué par Black Sabbath, en quelque sorte. Plus qu'une simple suite du précédent, ce second volet ouvre même de nouvelles voies au quatuor, à en juger par le morceau conclusif qui lorgne vers un jazz massif et opiacé. De beaux lendemains en perspective. Thibaut Allemand


agenda |

90

concerts Mer 01.02 Frontières Invisibles : Laure Delcampe + Lionel Bams Lille, Opéra, 18h, 8/5e The Sounds + The Limousines + Kids At The Bar Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 16/13e The Havana Lounge Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 29/26e Jazz & Beyond Deluxe : Inwolves + aNoo Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 16/14/12e Arctic Monkeys Lille, Zénith Arena, 20h, 35,20e Airs de Giuseppe Verdi, Alfredo Catalani et Umberto Giordano : ONL Roubaix, Le Colisée, 20h, 8 à 30e ProPulse : Pale Grey + Taïfun + Kiss and Drive Bruxelles, Le Botanique, 20h, 7e S.C.U.M Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Random Recipe Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6/4e Little Trouble Kids Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 12e Expats Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, grat GZA (Wu Tang Clan) Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 27/25,75e Sub Culture : Subagenda + Audiophonic + Lenimal Gand, Decadance, 22h, nc

Jeu 02.02 Ghostpoet Anvers, Trix Club, 19h, 16/13e

Jeudis Musique : Nostalgia 77 Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e

Ghostpoet + Uphigh Collective + Lefto Leuven, Het Depot, 19h, 16/13/11e

Dj Krush Anniversary Tour Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 18/15e

Dope D.O.D. + Elegant Perverts + Radical XP Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 12/9e

Kid Bombardos Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/7e

Archimède + Bertaga Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e

ProPulse : Driving Dead Girl + The Link + Exuviated + Komah + The K. Bruxelles, Le Botanique, 20h, 7e

Shaka Ponk Lille, L’Aéronef, 20h, Complet

Megafaun Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e The Ritch Kids + Dead Astro Pilot + Dominique Strauss Korn Lille, La Péniche, 20h, 8e Amatorski Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 17/14e Gabriel Rios + Jef Neve Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 28/25e Christian Fennesz + Kamilya Jubran + Arifa Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 16/14/12e Are you club tonight ? : Dj Caroll + Kay Suzuki Arras, Théâtre d’Arras, 21h, 6e Mad-D & Vista + DJ Licious Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, grat

Ven 03.02 Origin + Psycroptic Bruxelles, Magasin 4, 19h, 14/10e Four Year Strong + This Time Next Year Anvers, Trix Bar, 19h, 14/11e Wild Flag + Teddiedrum Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 13/10,5e

Titan Parano + Delbi Solo Lille, La Péniche, 20h, 8e Mohamed Bajeddoub & Kamel El Harrachi Amiens, Maison de la Culture, 20h, 26/11e Dans Dans + Falling Man Bruxelles, Ateliers Claus, 20h, 8e ProPulse : Crazy Lady Madrid + Kupid Kids + V.O. + Applause + Noa Moon Bruxelles, Le Botanique, 20h, 7e 3 Minutes sur mer Lille, La Rumeur, 20h, 5e Sunday Bell Ringers + Senne Guns Gent, Handelsbeurs, 20h, 13/10e Smile Comines, Le Nautilys, 20h, 3/2e Psy’Aviah + Anamorphosis Arlon, Entrepôt, 20h, 10/8e The Ames Room Trio Lille, maison Folie de Wazemmes, 20h, 7/5e Cyril Mokaiesh Seclin, Salle des Fêtes, 20h, 8/6e Turbulence + Black Prophet + Civalizee Foundation + Irie Nation Anvers, Petrol, 22h, 20/16e


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Vikter Duplaix + Boddhi Bruxelles, The Wax Club, 22h, grat Antoine De La Cruz + Steven Redant Bruxelles, Fuse, 22h, 20/15/10e Chloé + Monoblok & PSLKTR + Czeski Lille, Magazine Club, 23h, 7e Subb-An feat. Beckford + Aquarius Heaven Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e

Sam 04.02 We Came As Romans Anvers, Trix Club, 19h, 20/17e Apéro concert : Zytoum Lille, maison Folie Moulins, 19h, grat Bal à Fives : Toninho Almeida and The Three + Pan en Nord Lille, Salle des fêtes de Fives, 19h, 4,5/2,5/Gratuit pour les moins de 16 anse

ProPulse : Glÿph + Squeaky Lobster + Compuphonic + Ssaliva Bruxelles, Le Botanique, 20h, 7e Jennie Abrahamson + The Forest & The Trees Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, grat Bobik ou Sacha Lille, La Malterie, 20h, 7/5e Archimède + Martin Angor Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 16/11e Battant + Saso Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6/4e Noisy Decade Arlon, Entrepôt, 20h, 10/8e Little Trouble Kids + Falling Man Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e Eric Lareine et leurs Enfants + Dimitri Liévin, Centre Culturel, 20h, 15/13/10e

Jennie Abrahamson + The Forest & The Trees Bruxelles, VK* Concerts, 19h, grat

La Dispute + Former Thieves + Khalid K Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 10/7e

Periphery Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Luc De Vos solo Gand, DOK, 21h, grat

Wild Palms + Let It Bleed Lille, La Péniche, 20h, 8e

Kelpe + Funckarma + LeBelge-Electrod Bruxelles, Recyclart, 22h, 5e

Dim 05.02 Andreas Brantelio + Francesco Piemontesi Gand, Handelsbeurs, 15h, 22/18/5e Urban Trad + Didier Laloy + Dirk Naessens Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 15h, 22/19e Thin Lizzy Anvers, Trix, 19h, 27/25e Jonathan Wilson Anvers, Trix Club, 19h, 13/12e Megafaun + Geppetto & The Whales Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 16/13e Sallie Ford & The Sound Outside Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e

Lun 06.02 Pierre Lapointe Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 20/17/14e

Mar 07.02 Rich Robinson + Beuzak Leuven, Het Depot, 19h, 17/14/12e Sarah Ferri Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

The Montesas + Louis Katorz + Dandy Flo Anvers, Petrol, 22h, 15/10e

L’HEURE ESPAGNOLE : Valentiana Orchestra Valenciennes, Le Phénix, 20h, 16/14/13/9e

The Glimmers + Peo Watson Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Izia Lille, L’Aéronef, 20h, 28e

Hans Liberg Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Théâtre, 20h, 33/30e

Bartholomeo + Patrick Schmidt + Smos + 2winz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 7e

Mer 08.02

Megafaun Charleroi, Centre Culturel Eden, 20h, 11/9e

Nashua + Lipp-E + DJ Solveg + Erik Bo + DJ Mes + Ginn G Gand, Decadance, 23h, nc

Jonathan Wilson Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e Emika Courtrai, De Kreun, 20h, 12/9e Danishmendt + Edremerion Lille, La Rumeur, 20h, 6e

Khalid K présente Le tour du monde en 80 voix Dunkerque, Les 4 Ecluses, 14h, 6/5e Pascal Dusapin + Ensemble


agenda |

92

concerts Accroche Note Lille, Opéra, 18h, 8/5e Hollie Cook + Prince Fatty + Horseman Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 18/15e

Howler Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Ed Wood Jr + Electric Electric Lille, La Péniche, 20h, 9e

Balam Acab + oOoOO Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e

Hollie Cook + Horseman Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 16/11e

James Ferraro Bruxelles, Ateliers Claus, 20h, 8e

BachibouSouk + Les Zap Heros Lille, Splendid, 22h, 6e

Sefyu Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 24e

Mad-D & Vista + Neon Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, grat

Sepalcure Opwijk, Nijdrop, 20h, 8e

Ven 10.02

Lonesome French Cowboy + Amélie Lille, La Péniche, 20h, 9e

The Hickey Underworld Anvers, Trix, 19h, 16/13e

Zazie Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 55/45/40e

Sarah Ferri + Zinger Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 13/11,5e

Dee Nice Lille, Magazine Club, 23h, 5e Mathias Tanzmann + Sossa Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 15e Mashed Paper Klub + Gsus! + Dzy The Owl Liège, InsideOut, 23h, 5e

Sam 11.02 Play@home #3 : Forest Sessions #3 + Soft Crayon Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 5e Fatlip Lille, La Péniche, 20h, 11e Louis Bertignac Lille, L’Aéronef, 20h, 38e De Mens Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/16e

Yuksek + Rocky Lille, Splendid, 20h, 22e

The Real Tuesday Weld Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e

Kode9 (DJ Set) + Ikonika (DJ Set) + King Midas Sound Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e

Piwaï + The Hectic Dull Sound Lille, La Rumeur, 20h, 3e Nada Surf Lille, Splendid, 20h, 23,10e

Jeu 09.02

Little Trouble Kids + Sista Flex Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Vincent Liben Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 16/13/10e

Gussie P & Matic Horns + Forward Fever Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 13/10/8e

Bed Rugs Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, grat Blouse Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, grat

Lips In Sugar Lille, La Rumeur, 20h, nc Zwerm, Mr Probe & G. Frateur + Dez Mona & Box Gand, Handelsbeurs, 20h, 16/12e The Maccabees Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e Kitty, Daisy & Lewis + Lindi Ortega + Oh! Tiger Mountain Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14/11e

The Filaments + Deadline + The Usual Suspects Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e Merdan Taplak Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e Chlorine Free + Koma Sound System Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 8/5e Vandaveer + This is the Kit + June Bug Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 10€/Gratuit abonnése

Ace Out Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 5e The Vegabonds + Vandaveer Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 10/6e Tang Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7e Von Durden + The Father, The Son & The Holy Simon Namur, Belvédère, 20h, 8e Hermanez + Bartholomeo + BP + 2winz + Dj B-Kay Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 7e Hertz : Eric Sneo + Darren Price + Paul Langley Anvers, Petrol, 23h, 15/12e


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Patrick Schmidt + Massimo Girardi + Joachim + 2winz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 7e Felix Da Housecat Lille, Magazine Club, 23h, 10e

Dim 12.02 Thierry Rosbach Arras, Théâtre d’Arras, 11h, 18/12/8e Chris Brokaw + Stephen O’malley Gand, DOK, 20h, 9/7e Nada Surf Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, Complet ! Gilby Clarke Wattrelos, La Boîte à Musique, 20h, 18/15e Azari & III Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e Kitty, Daisy & Lewis Gent, Handelsbeurs, 20h, 23/20e Lindi Ortega Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e I Break Horses Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e

Lun 13.02 Jedi Mind Tricks + Dilated Peoples + Supafly Ladies Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 30/26,5e Grouplove Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Nicole Scherzinger Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 33/30e Stephen O’malley + Chris Brokaw + Jesus Is My Son Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e Kina Grannis

Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e Michel Portal Amiens, Maison de la Culture d’Amiens, 20h, 13 à 30e

Two Gallants Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 12/10/8e Coolman + Imran Shah Gand, Decadance, 22h, nc

Mar 14.02

Jeu 16.02

Lady Linn & her Magnificent Seven Gand, NTGent, 19h, 22/19e

Dirty Beaches + Piano Chat Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e

Daphné Armentières, Le Vivat, 20h, 23/18/13/11e Joe Henry Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 26/23e

Mer 15.02 Vocalises ! : Julie Fuchs + Alphonse Cemin Lille, Opéra, 18h, 8/5e Gavin DeGraw Anvers, Trix Club, 19h, 18/15e Bosco Delrey Gand, Le Charlatan, 20h, 13/10e Le Peuple de l’Herbe Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e Les Cowboys Fringants Bruxelles, Forest National, 20h, 31,5e Aldebert Lille, Splendid, 20h, 24e SBTRKT + Karin Park Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 11/8e Craig Taborn Solo Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, 14/12,5/10e Mama Rosin + Dirty Beaches Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/7e Green Vaughan + Sam Nolin Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6/4e

Pias Nites 2012 : Mogwai + Tom Smith + Agnes Obel + Daan + Joan As Police Woman + Roscoe Bruxelles, Tour & Taxis, 19h, 42/35e Brahms : Concerto pour Piano et Orchestre N° 1 et Symphonie N° 1 : ONL Roubaix, Le Colisée, 20h, 8 à 30e Aldebert Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 24/21/18e tUnE-YaRdS + Blouse + Arrington De Dionyso Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 11/8e Le Pélican Frisé + Les Apatrides Lille, La Rumeur, 20h, nc Hidden Orchestra Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 8/5e Boom Bip Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e Het Zesde Metaal + Roosbeef Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Hilke Ros (Amatorski) Courtrai, De Kreun, 20h, grat BaliMurphy Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 23/20/17e The Last Picasso : John Watts Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 11/9/7e


agenda |

94

concerts CrimCrum#14 : Wabla + Olivier Benoît Lille, La Malterie, 20h, 7/5e

Michel Cloup Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6e

Degadezoo Lille, Splendid, 22h, 6/5e

CrimCrum#14 : Wabla + Claire Bergerault Lille, La Malterie, 20h, 7/5e

Mad-D & Vista + Dj Twelve Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, grat

Ven 17.02 Pias Nites 2012 : 2ManyDj’s + Laurent Garnier + Scan X + Modeselektor + Etienne de Crécy + M83 + Mr Nô + The Toxic Avenger Bruxelles, Tour & Taxis, 19h, 42/35e

Oldelaf + Gilliane Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 12e Ijahman Levi + Jah Shakespear Anvers, Petrol, 21h, 25/20e Kulturama : Borgore + Gemini + AKS + Koan Sound Leuven, Het Depot, 22h, 15/12e

Jono McCleery + Eric Bling Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e June Bug + Apple Pie + S.Libar Bully-les-Mines, Espace François Mitterand, 20h, nc Little Trouble Kids Gand, Le Charlatan, 20h, 10/7e Cixxc Lille, La Rumeur, 20h, grat Gavin Friday Gent, Handelsbeurs, 20h, 28/25e Merdan Taplak Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e

Gavin Friday Leuven, Het Depot, 19h, 18/15e

Mightyfools + La Menace Party Crew + Jurassic Fightclub + Octave Crew Lille, Etik Club, 23h, 7e

Le Peuple de l’Herbe Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 17/15,5e

DJ Figure + Counterstrike + Calvertron + One87 Bruxelles, Fuse, 23h, nc

Pi4 Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 12/10/8e

Les Apatrides Lille, La Rumeur, 20h, 5e

Adrian Sherwood Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 13/11,5e

EARR Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, 12/10/8,5e

Yves V + MC Conrad + Djaxx Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 10e

Kitty, Daisy & Lewis + Possessed By Paul James Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 13/9e

Luc Van Acker Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e Première Ligne Liège, La Zone, 20h, 5e Cercueil + Pale Grey Wattrelos, La Boîte à Musique, 20h, 9e NZCA + Lines Lille, La Péniche, 20h, 9e Strictly Machines : Digii5 + DKC + Rhumz + Mikrobot + VJ Seve Lille, Gare St-Sauveur, 20h, grat Le Bonheur + Mostly Other People Do The Killing Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, 14/12,5/10e David Bartholomé + Teme Tan + Robin Arlon, Entrepôt, 20h, 14/12e Nostalgia 77 Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 13/9e

Sam 18.02 Length Of Time + Hangman’s Chair Bruxelles, Magasin 4, 18h, 10e The Oppressed + Cop On Fire Liège, La Zone, 20h, 5e Winston McAnuff & Bazbaz Orchestra Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 20h, 8/6e The Hickey Underworld + Deadsets + Steven H Courtrai, De Kreun, 20h, 13/10e Concerto pour piano no 1 et Symphonie no 1 Johannes Brahms : ONL Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/9e

JFC Big Band Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 18/12/8e

Shabazz Palaces + Azer Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e Thomas Dutronc Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, 33/29e Cali Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 36/33/27e Monolake + Anstam + Farben + DJ Actress Bruxelles, Recyclart, 21h, 15/13,5e Kulturama : Skream + Blawan + Ben Westbeech Leuven, Het Depot, 22h, 18/15e Andrew Weatherall Anvers, Petrol, 22h, 12/8e


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Fred Hush & Brooke Johnston Lille, Magazine Club, 23h, nc Retro Acid : Woody McBride + Random XS + Spacid + Joost de Lyser Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 16/13e

Dim 19.02 Ialma Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Théâtre, 17h, 19/16e Ez3kiel «Naphtaline Orchestra» avec les Symphonistes Européens Lille, Théâtre Sébastopol, 18h, Complet ! Thomas Dutronc Béthune, Théâtre de Béthune, 18h, 33/29e Gum Takes Tooth + Millions of Them + Aksu Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Full Of Hate : Cannibal Corpse + Behemoth Anvers, Trix, 19h, nc The Hickey Underworld Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 16/13/11e

Lun 20.02 Melissa Etheridge Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 39/36e Pterodactyl + Shiko Shiko Lille, La Malterie, 20h, 7/5e François Méchali Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, grat Pterodactyl + Shiko Shiko Lille, La Malterie, 20h, 7/5e

Mar 21.02 Hanni El Khatib + Coming Soon Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14/11e

les Louise Mitchels + The Blue Amiens, La Lune des Pirates, 20h, grat Dirty Beaches Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e Brahms : Concerto pour Piano et Orchestre N° 1 et Symphonie N° 1 : ONL Roubaix, Le Colisée, 20h, 8 à 30e

SIMON FINN + Sam Nolin Lille, La Malterie, 20h, 7/5e Ben Mazué Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e Lenzman + Zero T + Proxima + One87 Gand, Decadance, 22h, nc

Jeu 23.02

Active Child Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e

The Hickey Underworld Leuven, Het Depot, 19h, 17/14/12e

Chairlift + o F F Love Gand, Le Charlatan, 20h, 14/11e

All Cannibals + Bison Bisou Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e

Lee Scratch Perry + The Mad Professor Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 26/23,5e

Cloud Control Anvers, Trix Bar, 19h, 15/12e

Mer 22.02

Superlijm + JFJ Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Musique De La Nahda Lille, Opéra, 18h, 8/5e

Les Dubsters Lille, La Rumeur, 20h, nc

The War On Drugs Anvers, Trix Club, 19h, 15/12e

Admiral Freebee Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 24/20e

Scroobius Pip + B.Dolan Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e tUnE-YaRdS + Caterpillarmen Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e Kasabian Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 35/31e The Hickey Underworld Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Kurt Vile & the Violators Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15/12e Simple Minds Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 48/43/38e Sharon Jones & The Dap Kings Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e

Superlijm + JFJ Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 13/9e

Rhodri Davies + Eliane Radigue + John Butcher Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, 6e

C.W. Stoneking Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 23/20e

Marcel et son Orchestre Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 13e

Tang Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 3e

Mad-D & Vista + Dj Twelve Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, grat


agenda |

96

concerts Ven 24.02 Adam Cohen Leuven, Het Depot, 19h, 20/17/15e 3 Doors Down + Seether Anvers, Trix, 19h, 30/28e The Jacks Lille, La Rumeur, 20h, nc Julien Clerc Bruxelles, Forest National, 20h, 64/52/39/32e Pulled Apart By Horse Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e Gauntlet Hair Bruxelles, Ateliers Claus, 20h, 8e Ladylike Dragons + Meltones Wattrelos, La Boîte à Musique, 20h, 9/6/3e Speech Debelle Gand, Le Charlatan, 20h, 15/12e R-Wan + La Mordue Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 15/11e Flying The Band Comines, Le Nautilys, 20h, 3/2e Cresst #02 : Misanthrop & Phace + Dj Hidden Anvers, Petrol, 22h, 12/10e Deetron + Felipe Venegas + Joachim + BP Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e Fritz Kalkbrenner Lille, Magazine Club, 23h, nc

Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Dawes Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Pura Vida feat. Congo Roy Opwijk, Nijdrop, 20h, 10e Randy Newman Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 37/34e

Lun 27.02 Burning Heads + The Rebel Assholes Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

Fireback Lille, La Rumeur, 20h, nc

Youth Lagoon Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e

Peru Peru + We Are Enfant Terrible Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7e

Tarja + Benigted Soul Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 31/28e

What About It (cover Patti Smith) + The G-Clamps Arlon, Entrepôt, 20h, 10/8e

Mar 28.02

Subb-An + Ultrasone Gand, Decadance, 23h, nc Discobar A Moeder Anvers, Petrol, 23h, 8e

Dim 26.02 The Hickey Underworld Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 17/15,5e Tycho Anvers, Trix Club, 19h, 13/10e Rodrigo y Gabriela & The C.U.B.A. Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 41/37e Kylesa + Ken Mode + Circle Take Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e

Sam 25.02

A Winged Victory For The Sullen + Sleepingdog Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 12/8/6e

Sunrise Avenue + TBC Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 15/12e

Dry The River Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e

Norma Jean + The Chariot Anvers, Trix Club, 19h, 18/15e

LMFAO Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, Complet !

The Subways Leuven, Het Depot, 19h, 19/16/14e

Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e

Burning Heads + The Rebel Assholes

Rise Against Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, Complet ! Renée Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 13/11,5e Kasabian Lille, Zénith Arena, 20h, 31,80e The Locos Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e St. Vincent Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 17/14/11e Aldo Romano, Louis Sclavis • Henri Texier Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 20/18/16e We Have Band + Sobo Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/7e

Mer 29.02 Pterodactyl + Codasync Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Liesa Van der Aa Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 12/8e Mustang + Vison Lille, L’Aéronef, 20h, 10€/ Gratuit abonnés



le mot de la fin |

98

Photographe pour l'AFP le jour, Janol Apin ne rejoint pas son terrier le soir venu. Non ! Cet adepte du jeu de mots et de la mise en scène insolite court d'autres lièvres dans le métro parisien. L'animal bondit de station en station et signe des clichés poétiques et ludiques. À lire / Métropolisson (Éd. LaCarothe) - À visiter / www.janol-apin.com




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