n째77 / septembre 2012 / GRATUIT
nord & belgique Cultures et tendances urbaines
Sommaire
Wrong © DR
Let’smotiv - septembre 2012 - #77
06 news Cinéma syrien, Pantone humain, Colorful umbrellas, Nid douillet, Frigo Marshall...
70 théâtre & danse
Le Bourgeois Gentilhomme selon Podalydès, la rentrée du Théâtre du Nord, Natural Theater of Oklahoma, Festival ça Bouge !, Pylade, Rafales d'art, Agenda
12 portfolio
Stevie Gee : surfin' USA
18 dossier clubs NAME Festival, interview Jennifer Cardini, Le Kiosk, Magazine Club, Libertine Supersport, Bruxelles by night...
34 musique Mustang, Burgalat, El-P, Best Coast, Leffingeleuren, Cie du Tire-Laine, NZCA/Lines, Dead Can Dance, Le Poulpaphone
48 cinéma Wrong, Gébo et
84 rencontre
88 livres Pascal Quignard,
Carole Fives, Thierry Hesse, David Foster Wallace, Jérôme Ferrari
90 disques Yeasayer, Waka Flocka Flame, Twin Shadow, Rich Aucoin, Malka Spigel
l'Ombre, Cinéma Punk
52 événement Design September 56 Exposition Centre de
Lewarde, Madame Grès, Roe Ethridge, Le zizi sexuel, City Sonic, Leigh Ledare, Agenda
Emmanuel Poncet :
éloge des tubes
92 agenda concerts
98 Le mot de la fin Nicolas Jaoul
Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com redaction.bruxelles@letsmotiv.com
www.letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com
Membre du réseau Let’smotiv Magazines L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Ont collaboré à ce n° : François Annycke, François-Xavier Béague, Paul Carra, Clémence Casses, Mathieu Dauchy, Hugo Dewasmes, Marine Durand, Grégory Escouflaire, Stevie Gee, Audrey Jeamart, Vincent Lançon, Raphaël Nieuwjaer, Nicolette Olivetti, Clément Perrin, Olivia Volpi Couverture : Steevie Gee - steviegee.com - avec l'aimable autorisation de l'Agence Stem - stemagency.com
Direction de l’édition / Rédaction en chef : Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com
administration : Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com
Rédaction : Thibaut Allemand - Florian Koldyka redaction.nord@letsmotiv.com
Impression : Imprimerie Ménard 31682 Labège
Direction Artistique / graphisme : Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com
diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)
Publicité : pub.nord@letsmotiv.com
Let’smotiv est une publication d’Urban Press www.urban-press.com
L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
A Flood in Baath Country © Meyar Roumi - Arte France - AMIP
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En bref… Que peut le cinéma ? Tandis que Bachar Al-Asad martyrise son peuple dans une relative indifférence, Bozar Cinema et la Cinematek consacrent trois jours au cinéma syrien. Muselés par le régime, des réalisateurs célébrés dans les festivals internationaux, tels Osama Mohammad ou Hala Abdallah dénoncent inlassablement la propagande officielle. Mais que peut le cinéma ? Depuis le début de la guerre civile (au printemps 2011 !), les images jouent un rôle prépondérant. Les activistes rivalisent de créativité armés de petites caméras. Leurs témoignages présentés ici avec des œuvres classiques et soutenus par des débats, sont très précieux. 14>16.09, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, www.bozar.be
Pantone humain
© Angelica Dass
Réalisé par l'artiste brésilienne Angelica Dass, Humanae est un inventaire chromatique des différentes pigmentations humaines (en constante évolution). La couleur de peau de chaque volontaire renvoie à une référence du fameux nuancier Pantone. Et le fond de chaque photo reflète à son tour le ton exact du sujet. Troublant, mais pas de panique ! Il ne s'agit pas d'une obscure collecte d'ADN ou d'un douteux tableau de classification raciale. Voyez-y plutôt une ode à la diversité, aux couleurs, aux différences... et un beau challenge à relever pour les prochaines pubs Benetton. www.humanae.tumblr.com
Télex
Le beatmaker lillois Soufien3000 est désormais l'un des producteurs officiels d'A$ap Rocky, nouveau riche du gangsta rap américain. La rencontre eut lieu tout bêtement sur le chat Facebook. www.soundcloud.com/soufien3000
agueda, Portugal © Patricia Almeida
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Colorful umbrellas
© DR
© O*GE
Pour supporter cet été inconstant (juillet pourri, août suffocant), on aurait dû faire un tour à Agueda. Là-bas, le studio Ivotaveres avait tout prévu. Pour ré-enchanter le pavé portugais, les artistes ont modelé la lumière en couvrant une rue entière de parapluies multicolores. Bientôt à Cherbourg ? www.ivotavares.net
Au pied du nid
Rock de cuisine
Un chouette cadeau pour les mômes, qui change des traditionnels lit-voiture ou lit de princesse. Partant du principe que le cocooning signifie littéralement « rester dans le nid » (à peu de choses près, hein) O*GE Creative Group a mis au point un lit en forme... de nid. C'est bête comme chou, mais ça ravira toutes les mères-poules !
Un élément pour garder au frais vos dernières compositions ! Ou ce qui peut les accompagner... Ce frigo conçu à partir de pièces d'amplis Marshall, d'une valeur de 240 euros, arbore la signature de son mythique concepteur et des boutons de contrôle qui montent jusqu'à 11 ! De quoi entamer vos répétitions en pleine forme.
www.oge-architects.com
148 000 000
marshallfridge.com
C'est le nombre, en livres sterling, qu'est prêt à débourser un Anglais pour reformer les Guns N'Roses dans son line-up originel (oui, avec Slash et Duff !). Bonne idée ! à l'inverse, c'est ce qu'il faudrait nous verser pour accepter de voir les Guns dans le line-up actuel.
Contes et légendes Illustration http://steviegee.com // Avec l'aimable autorisation de l'Agence Stem (www.stemagency.com) texte ¬ Vincent Lançon
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tevie Gee, donc. Prononcez « Djii ». Oui, comme les Bee Gees ou Mouloudji. On lui a demandé. Et c'est à peu près la seule chose qu'on certifie à propos de cet artiste insaisissable, « fils d'un guitariste de jazz manouche et d'une diseuse de bonne aventure ». Peut-on le croire aujourd'hui à trentedeux ans, « marié-deux enfants et un chat dans le Nord de Londres » ? On a connu vie plus trépidante, surtout pour un type devenu illustrateur après, au
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choix, s'être fait virer de la Marine pour son comportement « trop hardcore », ou avoir été pêcheur en haute mer du côté du Nouveau-Mexique. Nourri à Sonic Youth et Dennis Hopper, Raymond Pettibon et Ernest Hemingway, armé de ses marqueurs et de Photoshop, l'Anglais affiche une production variée, au trait vif et incisif. Émanent de ces dessins un sentiment d'urgence, une envie d'accomplir les choses vite et bien, laissant la priorité au jeu de mot, à l'humour potache,
et à un certain esprit de subversion désabusé. Ces illustrations rappellent parfois celles de Macbess (notre portfolio de septembre 2011), traversées par un esprit rock'nroll – ou affilié. Elles reflètent une Amérique des années 50 fantasmée, gavée de références aux comics, aux films d'action, au surf, à la moto, à la baston de rue ou aux Indiens. Sans jamais se prendre au sérieux, cette œuvre instinctive provoque un heureux déplacement spatio-temporel. On s'y croirait ! /
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ier clu s s o D r clubs • Dossier c • s lu•bsDo•ssDioesrscielrubclub s • Dossier clubs • s lub c r e i Dossier s s o •D s b u l c r e • Dossi er clubs
ossier clubs Dossie
texte / Mathieu Dauchy photo / Brodinski © DR, Art Ponit M
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Festival
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Name Terminée, la saison des festivals ? Loin de là. Grâce au NAME et à l'équipe d'Art Point M, la deuxième quinzaine de septembre croule sous les BPM. Pour la huitième année consécutive, des milliers de clubbers avisés vont prendre un bain de musiques électroniques. Premier tour de piste avec Sabine Duthoit, porte-parole d’Art Point M !
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Les activistes d'Art Point M ne sont pas simplement des organisateurs de soirées électro. C’est une compagnie dont le vaisseau-amiral – le NAME, donc – est une véritable histoire de famille, avec le Conseil Général du Nord en tonton généreux (il finance le projet depuis la première édition), et Ellen Allien, dont la fidélité ne se dément pas, en marraine et caution artistique allemande. Une famille élargie, donc : refusant de se cantonner à la capitale des Flandres, le NAME prend l'air du large à Dunkerque et traîne ses guêtres à Maubeuge.
Open bar L'atout majeur du NAME, c’est une affiche à la fois ouverte et totalement cohérente. « Certes, dans les premières années, la programmation privilégiait la techno minimale. Sensibles aux nouvelles productions, on est aussi le reflet d'un moment » concède Sabine, avant de s'enthousiasmer : « Le NAME doit surtout provoquer des rencontres. C'est un festival où l'on programme ce qu’on aime, sans œillère ! ». D’où la place laissée aux groupes live (comme Rocky cette année) et à un large éventail de courants esthétiques. On attend ici de pied ferme le live atmosphérique de Nicolas Jaar, celui, plus martial, de Gesaffelstein, ou luxuriant de John Talabot. Sans oublier le set des chouchous de la rédaction, Art Department, animé par l'un des pionniers de la house canadienne Kenny Glasgow. Enfin, doit-on encore insister sur les mérites de l'exilée musicale Jennifer Cardini ?
Technomades
MUSIQUE 15.09, 17h>00h, Before electro libre : D-zine, Péteur et Stéveun, Tyze, Ep1kananbeat, Ridoodiskoo… L’Espadrille, plage de Malo-les-Bains, entrée libre 15.09, 22h>06h, Âme (live), Kasper Bjorke, People Get Real, Elagua, APM 001 (Vj's : Mr Nuage, Trii) Dunkerque, Kursaal, Place du Casino, 9/7€ 21.09, 18h>00h, Faraï, So Tasty, Dleek Lille, Gare St Sauveur, entrée libre 21.09, 22h>06h, Art Department, Ellen Allien, SebastiAn (live), Kavinsky, Simian Mobile Disco, John Talabot (live), Nicolas Jaar (live), Jennifer Cardini, Maceo Plex, Busy P, Krazy Baldhead, Peo Watson, Matthus Raman, Deiva & Djos, Tourcoing, la Tossée, 26/24€ 22.09, 20h30>00h, Jennifer Cardini,
Clémentine, Gran Cavaliere (live), Laurent De La Rive Gauche, Aziz & Boulaone Lille, Gare St Sauveur, entrée libre 22.09, 22h>06h, Richie Hawtin, Heartthrob, Gesaffelstein (live), Radio Slave & Tom gandey, Matador (live), Brodinski, Ambivalent, Benoit & Sergio (live), Club Cheval, Rocky (live), Soul Clap, Ben Vedren (live), AIC, Miss Noa, APM 001 Tourcoing, la Tossée, 26/24€ Vj's : Haime, Video Jack, Dub Video, Fanny Bouyagui MASTERCLASSES 27>29.09, 10h>18h, Formations à Ableton Live, Max Msp, à la musique pour jeux vidéos, au VJ-ing... Tourcoing, L’Imaginarium – Plaine image 99A Bd Descat Accès : Métro Ligne 2 / Alsace 15€ (1 j.) / 25€ (2 j.) / 30€ (3 j.)
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L’autre secret du NAME, c’est d’investir des lieux atypiques. Né en 2005 au Tri postal à Lille, débarqué une année à la Condition Publique à Roubaix, il s'installe pour la troisième (et sans doute avant-dernière) fois à la Tossée,
à Tourcoing en 2012. « Un site industriel qui donne un côté rave aux soirées, ce qui nous ravit », explique Sabine. Cette année, le festival prend une autre dimension, avec la venue du pape en personne, Richie Hawtin : « On essayait de le booker depuis des années, on avait les moyens de l’accueillir depuis la première édition. Cette fois, le calendrier a joué en notre faveur ! », explique tranquillement Sabine, qui sait que cette confirmation propulse le NAME au rang des événements électroniques majeurs.
propos recueillis par ¬ Florian Koldyka photos ¬ Kompakt
- Interview
Jennifer
Cardini
Ex-résidente du Pulp et du Rex Club, un pied chez Kompakt et l'autre chez Kill The DJ, la niçoise Jennifer Cardini vit et travaille à Cologne. Ses sets déploient une techno abrasive, sombre, moite et hors-tendance. Entre deux avions, elle nous accorde un peu de son temps, évoque la création de son label et son passage à Lille.
Vous lancez aujourd'hui le label Correspondant. Pourquoi ce choix ? Après 10 ans de résidence au Rex, j'ai pensé que les soirées Correspondant pouvaient se décliner de façon plus concrète. Histoire de tenir quelque chose entre les mains, pas juste de simples flyers. On m'a toujours donné beaucoup de démos et certaines sont très bonnes. Alors pourquoi ne pas les publier ? Quelle en sera la ligne artistique ? L'affectif. Je pourrais tout à fait sortir des disques dans l'esprit de Chromatics, Beach House ou Connan Mockasin. De manière générale, Violator de Depeche Mode ou n'importe quel album de Tindersticks sont des incontournables pour moi. J'écoute peu de
musiques électroniques à la maison, car je passe trois à quatre heures à préparer mes sets du weekend. Alors le reste du temps, je mets autre chose. En ce moment, le Requiem de Mozart tourne pas mal. L'euphorie et la danse ne semblent pas être vos priorités... Non, pourtant ma musique est précisément ma définition de la danse et de l'euphorie. Il existe des recette faciles, un peu vulgaires et surutilisées, mais ça ne me correspond pas. Et puis, je vais me faire taper sur les doigts en disant cela, mais il n'existe pas non plus des milliers de bons disques dancefloor. Alors, non, je n'envoie pas la sauce à chaque fois, je favorise l'émotionnel.
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Ça vient aussi de mon éducation de clubbeuse. Lorsque j'ai commencé à sortir, j'aimais les afters, les nappes, la musique plus profonde. Mais de quatre à six heures, quand ça tabassait, j'étais plutôt dehors. La confusion totale, l'excès de montées et d'effets ne me touchent pas.
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« Je n'envoie pas la sauce à chaque fois, je favorise l'émotionnel »
Le 21.09 (nuit 2), de 0 à 2h, Tourcoing + Before le 22.09, de 19 à 21h, Lille, Gare Saint-Sauveur
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Qu'est ce que vous venez chercher au NAME ? L'ambiance est conviviale, les affiches sont soignées, rigolotes. En France, il y a les Nuits Sonores et le NAME, qui me correspond d'autant plus par son aspect club. Mon passage à la Condition Publique m'avait beaucoup plu. Et puis la nourriture est super bonne. Je viens pour bien manger ! (Rires.)
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Richie Hawtin Quel que soit l'alias choisi (Plastikman, F.U.S.E., Robotman...), Richie Hawtin délivre une techno nette, épurée et... minimale. Héritier de Juan Atkins et de Brian Eno, de Derrick May et de Manuel Göttsching, le Canadien a tout simplement changé la face de l'électronique des vingt dernières années.
Art Department
Simian Mobile Disco
Piliers de la scène techno/house de Toronto dès les années 90, le tandem associe les mélodies aux synthés, une ligne de basse imposante, et la voix pleine de réverb' de Kenny Glasgow. Pour mémoire, le tube Without You, en 2010, c'était eux.
James Ford et James Shaw domestiquent le dancefloor depuis 2005. Comme jadis les Chemical Brothers et aujourd'hui Hot Chip ou Pantha du Prince, leurs sets dessinent les portes d'entrées entre l'électro et la pop.
Nicolas Jaar Nourri à Satie et Villalobos, ce jeune prodige américain fit sensation en 2011 avec un premier album intitulé Space Is Only Noise. Ses compositions délicates soufflent le chaud et le froid. convoquant des basses profondes, des arrangements lumineux et des choeurs soul. Sur scène, il s'entoure d'une « vraie » formation (guitare, piano, batterie, saxo, machines...).
John Talabot
Kavinsky
Fin est l'album providentiel de 2012. Insaisissable et ambitieux, John Talabot transcende les figures imposées de la house comme celles de l'electronica. Ainsi déployé, le syncrétisme du Catalan donnera à la Tossée des airs de Sonar Festival !
Depuis 2007 et son Ep 1986 (2007) Kavinsky a signé quelques Ep's rétrofuturistes coincés entre Carpenter et Moroder. Cinématographique ? C'est exact. Et lui qui jouait le chef des Chivers (Steak, 2007) fut enfin mis en lumière par le sombre film Drive (2011).
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propos recueillis par ¬ Clément Perrin photos ¬ DR
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LE KIOSK - Interview
Dr FAB or DJ Czeski
Né en 2004, le Kiosk fut, durant sept ans, une institution des nuits lilloises et le premier « vrai » club techno de la ville. Paul Kalkbrenner ou Justice y sont passés bien avant de remplir les stades. Après une fermeture d'un an pour liquidation judiciaire, entouré d’une nouvelle équipe, Fabrice Fayaud poursuit l’aventure. Et fait ici le point sur la réouverture attendue du lieu. Le Kiosk a changé de visage, quelles sont les nouveautés ? Une terrasse à l’entrée du club, ouverte de 18h à 22h. Un habillage plus design,
un sas d’isolation phonique, un bar flambant neuf tout en acier qui optimise l’espace. L’étage est désormais consacré à la régie son et lumière, et
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au studio de notre label (ndlr : le label Beat Boutik). Du coup, fini l’escalier et beaucoup plus de place sur le dancefloor ! Une nouvelle scène permet également d’accueillir des groupes. Cette scène, c’est la grande nouveauté... C’est ça. Le mardi et le mercredi nous accueillons des groupes pop, rock, psychobilly… Le jeudi est consacré à la scène drum’n’bass, hip-hop, dub ou dubstep. Les vendredi et samedi sont vraiment club, techno, house... Enfin, on ouvre le dimanche soir, avec une programmation plus deep pour bien finir le week-end.
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« L'ouverture d'autres lieux entretemps nous pousse à être inventifs. » de crise économique, on va y aller tranquillement. Comment te démarqueras-tu des clubs lillois apparus ces dernières années ? On a lancé le Kiosk à l'aube du clubbing à Lille. L'ouverture d'autres lieux entretemps nous pousse à être inventifs. Avec les changements et installations effectués, on soutiendra plus que jamais de nouveaux concepts de soirées. Dès le 8.09, mar>dim, 18h>07h, Kiosk, 28 rue de Wazemmes,
Lille, www.kiosk-club.fr www.facebook.com/ BeatBoutik
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Peux-tu nous en dire plus sur la programmation club ? On s'appuie sur une équipe de résidents : Miss Noa, MTH, Ote Rama, Monoblok & Pussyselektor, Atmosoul, Gym X, Mix Jagger, Cricket Spiel. Motus pour les premier noms, ce sera la surprise. Mais on ne va pas démarrer avec un surbooking. Vu le contexte
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texte / Nicolette Olivetti photo / Emilie Denis
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Magazine Club Après une fermeture estivale scandaleusement plus longue que prévue, le Magazine Club a les portes qui démangent et les habitués, les pieds qui frétillent. Du coup, il s’offre une rentrée en fanfare, audacieuse et hétéroclite, où le clubbing prendra des formes inédites. Péo Watson, son programmateur, lève un coin du voile. Programmation 31.08, Re-Opening Party : Jesse Rose, 7€ 1.09, « Secousse », Bisou Français, … 7€ 7.09, Green Velvet, 8€ 8.09, Dirty Sound System + Ariel Wizman, 7€ 14.09, Booka Shade, Mainro & Paro, 10€ 15. 09, Sound Pellegrino Thermal Team, So Glove, 8€ 20.09, Le Nouvel An Belge, 8€ 28.09, Cirque du Soir, 12e 29.09, Ivan Smagghe, APM001, 7€ Lille, 23h>07h, www.magazineclub.fr, www.facebook.com/ magazineclub
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Rudes vacances pour le Magazine. En mai, l'endroit affichait une santé insolente, alignant par exemple 2ManyDJ's et James Murphy à quelques jours d'intervalle. Mais fin juin, la sentence tombait : trois mois de fermeture pour ne pas avoir repéré un trafic de drogue. Une décision plutôt contestable, sachant que les responsables se sont toujours pliés en quatre pour respecter la législation. Bref. Le club, qui fêtera bientôt ses deux ans, compte bien rebondir. Côtés invités, le Magazine fait fort avec une légende house de Chicago (Green Velvet, si !), mais aussi « Booka Shade, un son old school qui plaît aux trentenaires, explique Péo. Et le lendemain, San Pellegrino, dans la descendance du label Institubes ». Et pour clôturer le NAME, Ivan Smagghe. « Un des meilleurs DJs de ces dernières années. Il a toujours de nouveaux tracks à faire écouter ! », s’emballe Péo. Par ailleurs, le club se permet des propositions plus étonnantes, comme l'hybride afrobeat/électronique de Bisou Français et ses graffs réalisés en direct ou Cirque du Soir, convoquant acrobates, DJs et transformistes… Tout comme le Kiosk, le Magazine renouvelle les vieilles formules du clubbing. Saine émulation en perspective, donc. Qui en sortira vainqueur ? Le public, évidemment !
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Dossier
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LIBERTINE SUPERSPORT - Interview
Lorenzo Serra
En janvier dernier le Libertine Supersport débranchait brutalement ses platines. Le succès de ses soirées nées en 2009, plébiscitées par les lecteurs de Trax, semblait pourtant évident. C'est la stupéfaction dans le monde du clubbing eurorégional ! Les encouragements affluent au point que l'enseigne brille -déjà- avec autant d'éclat dans une autre maison. Mise au point avec le co-directeur.
Vous avez annoncé la disparition du LS l'hiver dernier, que s'est-il passé ? Défendre une programmation artistique innovante avec un énorme bâtiment à gérer (le K-NAL) est difficilement viable. Bruxelles est une ville trop petite pour faire tourner deux clubs majeurs, comme le Libertine Supersport et le Fuse. D'autant que les musiques électroniques sont nettement moins segmentées qu'il y a sept ou huit ans. Alors, pourquoi avez-vous relancé le projet LS ? Je me suis dit qu'on pouvait revenir en force, en cultivant l'événementiel, la rare-
té, sans dépendre d'un club. Nous avons alors repris les commandes avec Dirk de Ruyck (fondateur du légendaire Culture Club à Gand) pour nous promener sans œillère dans la musique électronique, le deuxième vendredi de chaque mois. Nos résidents sont Mickey, Le Frog, ATTAR !, Rick Shiver et A.N.D.Y. Quelles sont les esthétiques auxquelles vous êtes sensibles actuellement ? Nous évoluons sur trois terrains, un clair obscur assez mélodieux (Âme, Dixon, Agoria), un autre plus musclé (Brodinski), ou ouvertement plus pop (The Magician, Azari & III, Sam Sparro).
Pourquoi revenir au Mirano ? Ce n'est pas un choix par défaut, car on avait bien d'autres options. L'endroit a changé depuis l'époque où on y organisait les soirées Dirty Dancing. Des ondes incroyables se dégagent de cet ancien cinéma qui reste l'un des plus beaux de Belgique. Il y a tout pour la nuit : les coins, les recoins, pour se perdre ou se rencontrer... Nous soulignerons notre caractère événementiel (musique et déco) car le Mirano est aussi un club ouvert tous les samedis sur un mode très commercial. Comment se porte la nuit à Bruxelles ? Très bien ! Aujourd'hui, le public souhaite
vivre les choses différemment, dans les cafés et les petits clubs aux tarifs très bas. Le centre s'est déplacé vers Ixelles, Saint-Gilles avec une ribambelle de bars qui ont ouvert ces quatre ou cinq dernières années, où l'on peut se rendre à pied, pour voir un concert ou danser. à l'opposé, les clubs dont la programmation est hyper commerciale marchent aussi très fort. Il y en a quatre qui raflent la mise : Les Jeux d'Hiver, le You, Le Fiesta club et le Mirano. Prog : le 14.09 : Kompakt label night avec Michael Mayer, Sasha Funke... // le 12.10, soirée anniversaire (avec Bond:ish,Infinity ink, Duke Dumont...), Bruxelles, Ciné Mirano, 8/13 €, www.libertinesupersport.be
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texte / Grégory Escouflaire photos / Quentin De Wispelaere
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Ceci n’est pas du clubbing
Bruxelles n’est pas Berlin, mais sa situation centrale et ses humeurs nonchalantes conviennent bien aux clubbers de tous poils. Les fans d’electro, de funk ou de groove en général s'y croisent constamment. Est-il donc possible de saisir l'esprit des soirées dans la capitale belge ? Parler clubbing à Bruxelles n’a aucun sens si l’on s’en tient à l’étymologie, puisque les clubs se comptent sur le doigt d’une main : on pense bien sûr au Fuse, qui reste une référence mondiale en la matière, ainsi qu’au Mirano, pour les soirées Libertine Supersport (voir p.28). Sans oublier le Wood dans le Bois de la Cambre, qui jouit d’une excellente réputation « à la berlinoise » (le club Watergate s’y invite régulièrement) malgré les clichés d’usage et de voisinage (Bois = Jeux d’Hiver = BCBG). Le clubbing bruxellois s’organise donc, le plus souvent, sous forme de soirées plus ou moins itinérantes, qui prennent leurs quartiers dans un lieu (un bar, un chancre, une institution…) pour en déguerpir aussitôt : les collectifs
aiment varier les plaisirs, en dépit de résidences dans les bars hipsters du centre (Mr Wong, Café Central, Bonnefoi) et d’ailleurs (Maison du Peuple et Potemkine, à Saint-Gilles). On pense ainsi à la Catclub et à la Zukunft, deux concepts de soirées « minimales » organisées par Lady Jane et Fady One, et à la Leftorium de Geoffrey (aka Mugwump, signé chez Kompakt), en ce moment au Bazaar. Dans six mois cet article sera sans doute obsolète, mais c’est ça le clubbing : sans cesse fluctuant, nomade et versatile… à l’image d’une ville en mouvement permanent. www.fuse.be, www.libertinesupersport.be, www.catclub.be, www.leftorium.be, www.zkft.be, www.strictlyniceness.com, www.bulex.be
propos recueillis par ¬ François-Xavier Béague photo ¬ J.-B. Mondino
Rencontre
Mustang
Au grand galop
Mustang s'est imposé comme la figure de proue d'une jeune scène pop française (citons Aline, Cracbooms, Pendentif...). Le secret de la réussite ? Deux bons albums, et la scène, surtout. Entretien avec le chanteur Jean Felzine pour commenter son irrésistible course. Vous feuille de route est chargée, depuis deux ans… C’est avec les concerts qu’on est vraiment devenus musiciens, et on peut encore s’améliorer. Les esthétiques qu’on affectionne demandent de la précision. Mais un jazzman sourirait devant nos trucs. Nous souhaitons simplement proposer des chansons bien ficelées. Cependant, on n’a pas encore eu LE hit. Moins pour l'orgueil que pour l'argent, qui permettrait de passer plus de temps en studio pour tester de nouvelles choses. Trouve-t-on encore le moyen de se surprendre entre musiciens quand on a atteint ce degré de préparation ? D'abord, il faut avoir les morceaux dans les doigts. Bien sûr, il arrive qu’on passe
en mode automatique, c’est inévitable. Mais c’est aussi à ce prix qu’on peut se permettre des surprises. Quel est le meilleur gage d’efficacité du groupe devant son public ? C'est de voir les gens danser. On revient du Japon, et c'était curieux. Le public n’est pas du tout réceptif aux mêmes chansons qu’ici. Notre single La Princesse Au Petit Pois n'a pas pris. Il faut dire qu’on nous y avait vendus comme un pur groupe de rock, ce que nous ne sommes pas. Ce sont des puristes ! Chez nous aussi, certains ont dû froncer du sourcil devant votre reprise de Booba… Aucun second degré là-dedans. Je
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mes pas m o s e n s u » « no e de rock p u gro r u un p l’ai beaucoup écouté quand j’avais 17 ans. J'entends trop souvent dire que les rappeurs maîtrisent à peine cinquante mots. Or, leurs textes sont hyper travaillés, et Booba emmène son auditeur avec une telle autorité... C’est pas difficile : une chanson, il faut que ça touche les gens. Il n’y a pas de règle, ce n’est pas une histoire de simplicité ou de sophistication.
On vous sent très exigeant vis-à-vis de vous-même. Vous avez bien un motif de fierté tout de même ? Oui. Collégiens qu’on était, sans facultés particulières, on est devenus musiciens, ensemble. Capables de sortir des chansons qui tiennent la route. On en a fait deux albums et on tourne. C’est quand même pas mal. Mais bon, maintenant, on voudrait le tube...
Mustang 13.09, 20h, Roubaix, La Cave aux Poètes, (+ The Scales) 8/6€, +33 (0)3 20 27 70 10 13.11, 20h, Lens, Le Colisée, 11,70/8,20€, +33 (0)3 21 28 37 41
texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR
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Par ici la sortie ! Devinette : quel est le point commun entre Einstürzende Neubauten, Michel Houellebecq et Laibach ? Une haine viscérale envers le déclin de la civilisation occidentale ? Il y avait plus simple : Bertrand Burgalat. Qui a travaillé avec tous ces artistes pas faciles. Et quelques autres plus consensuels (Alizée ou Marc Lavoine). Retour sur un malentendu. De la mélancolie synthétique de The Sssound Of Mmmusic (2000) à la légèreté de Toutes Directions (2012), Burgalat compose une œuvre discrète, variée mais inégalement appréciée. Or, le Corse s'est toujours échiné à trouver le son ou le mot juste, alliant une certaine pop française sophistiquée à la mélodie anglo-saxonne et à la rigueur germanique. Bref, un chanteur profondément européen, qui aurait dû remporter un succès immédiat. Mais rien n'y fait, le « grand public » boude, sans doute intimidé par ce songwriter, producteur et arrangeur qu'on dit snob, pointu, kitsch... Cette réputation lui colle à la peau comme ses chemises en Lycra. Est-elle justifiée ? Pas vraiment. Monsieur B.B. joue certes avec des codes esthétiques datés, mais il refuse de s'enfermer dans le rôle d'un « personnage ». Preuve est faite avec son label, Tricatel, qui a hébergé aussi bien la french pop made in USA d'April March, l'electropop de Ladytron ou la tête chercheuse Chassol. Et, ce concert (gratuit) programmé par L'Aéronef à Erquinghem-Lys, dans le cadre des Belles Sorties de Lille Métropole, enfonce le clou. Plutôt qu'un lieu smart et une audience snob, Burgalat va à la rencontre du public dont il rêve – le peuple, avec un grand P. / Bertrand Burgalat 18.09, 20h, Erquinghem-Lys, Espace AgoraLys, gratuit, résa conseillée au +33 (0)3 20 77 87 97
2012
septeMbre déceMbre
13.09 Mustang + The Scales 26.09 NZCA/Lines + Im Takt Les Yeux D’la Tête + Slivo Electric Klub + DJ Pushit
12.10
(Roubaix à L’accoRdéon)
17.10
(Roubaix à L’accoRdéon)
20.10
(Roubaix à L’accoRdéon)
25.10
Summer Rebellion + Fla$$h + Horla Patrie
BATpointG
(GRound ZeRo) Great Mountain Fire + Caandides
31.10 Kids Tempo Club : Les Frères Casquette 02.11
(GRound ZeRo) SingTank + Weekend Affair
07.11 Monogrenade + Head Full of Flames 08.11 The Popes + Steve Axel B. 16.11 Scratch Bandits Crew + Pomrad + Unno 18.11 Papier Tigre + Electric Electric 20.11 Lydia Lunch’s Putan Club + The Rustle of the Stars 25.11 Midi Jazz / Midi Brunch avec La Palma et le Chef Simon 15.12 Shiko Shiko + Guest
texte ¬ Grégory Escouflaire photo ¬ DR
musique |
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Brooklyn sous les bombes Qu’il rappe en solo ou produise du balèze (Killer Mike, Mr. Muthafuckin’ eXquire, Cannibal Ox), Jaime Meline aka El-P incarne le hip-hop comme on l’aime : sans œillères, loin des canevas (dance) FM et affranchi de la banale posture gangsta rap. Heureuse nouvelle : ce producteur génial se pointe à Bruxelles. Un récital attendu. Il y a 16 ans déjà, El-P braquait nos esgourdes avec deux autres types, Bigg Jus et Mr. Len, au sein de Company Flow. Un EP (Funcrusher) et quelques tracks plus tard, le trio devient culte. « Independent as fuck » clamait leur slogan, et ça n’a pas changé. Nous sommes en 2012, année charnière pour notre New-Yorkais : d’abord, la fin du monde approche, une belle aubaine pour notre prédicateur qui perpétue la tradition paranoïaque de Philip K. Dick ou George Orwell. C'est aussi l'année du grand retour d'El-P, devant et derrière le mic’. Paru en mai dernier sur Fat Possum, Cancer 4 Cure, son quatrième album solo, fut l'une des grandes claques de l’année. Parmi les autres belles torgnoles, citons celle de Killer Mike et son excellent R.A.P. Music... toujours mis en son par monsieur. Bref, 2012 pourrait bien être l’année El-P, si l’on privilégie les beats qui raclent, l’humour noir et le concours de sales gueules. Froids et tenaces comme l’acier, les machines rappellent ici le son du label Def Jux (forcément, il en est le co-fondateur), le flow est habile et volubile, clinique et cynique. Pour conclure, El-P, en solo ou à la prod’, n’a rien perdu de sa foi et de sa gnaque. / El-P 21.09, 19h30, Bruxelles, VK*, 17/14€, +32 (0)2 414 29 07, www.vkconcerts.be
texte ¬ F.-X. Béague - photo ¬ David Blacksmaller
texte ¬ Florian Koldyka - photo ¬ Beirut © Samuel Kirszenbaum
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Leffingeleuren
Best Coast
En marge de la concurrentielle industrie du live, Leffingeleuren tire son épingle du jeu avec une programmation singulière. Ici, on écarte scrupuleusement les cumulards de l'été (pas le moindre Metronomy, Selah Sue, Shaka Ponk ou Stuck In The Sound à l'horizon). Clôturant la saison des festivals, cet événement privilégie les jeunes pousses indie (Tu Fawning, Big Harp, Spinvis, The Subways) et le retour de groupes attendus (Beirut, Japandroids, Joss Stone, Staff Benda Bilili). Depuis 36 ans, il parachève une formule qui marche, préférant la qualité à la quantité. Un public fidèle, des conditions d'écoute optimales, cette manifestation en bordure de mer a des allures de Route du Rock belge. Le plus petit des grands festivals ? /
Best Coast a eu son moment, mais Bethany Consentino et Bobb Bruno, instigateurs du petit prodige garagepop de 2010 (l’album Crazy For You), veulent faire carrière. Sans artifice de production (congédié, le lustre spectorien), et sans se contenter de la moitié d’un riff des Sonics. Soit, en bon américain dans le texte : dans une veine plus country et taillée au plus près du songwriting – quitte à rendre le produit un peu générique (The Only Place, 2012). Un démaquillage pertinent : c’est qu’on trouve ailleurs tant d’avortons mélodiques déguisés en symphonies adolescentes... Ex-heureux élus du buzz, les Californiens ont choisi d’avancer sans masque à la rencontre d’un public que ce virage a pu dérouter. Dos au mur, et face à une alternative simple : la disgrâce ou la consécration. On peut saluer leur courage. Au moins. /
Prog : The Van Jets, The Subways, Sleepy Sun, Klaxons DJ-set, JD Mc Pherson, Telepathe, Tu Fawning, Howlin' Rain (14.09)... / Joss Stone, Nneka, Black Box Revelation, Japandroids, Wolf People, Speech Debelle, King Tuff, Compact Disk Dummies (15.09)... / Beirut, Absynthe Minded, Kitty, Daisy and Lewis, Staff Benda Bilili, Spinvis (16.09)... 14 >16.09, Leffinge, pass 3j 93/82€, 1j 44/37€, www.leffingeleurenfestival.be
22.09, 19h30, Bruxelles, Witloof Bar, 16/13/10€, +32 (0)2 218 37 32, www.botanique.be
texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Olivier wicquart
musique |
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La caravane passe Aussi enthousiasmants soient-ils, certains sujets ne sont pas faciles à traiter en une page. Ainsi du 20e anniversaire de la Cie du Tire-Laine. Collectif réunissant d'infatigables musiciens, conteurs, saltimbanques et voyageurs issus des quartiers populaires lillois – et d'ailleurs. Retour rapide, donc, sur un joli parcours. Un parcours ? Une épopée, oui ! En 1992, Arnaud Van Lancker, soudeur 39 heures par semaine, musicien le reste du temps, monte une petite association baptisée Tire-Laine. Soit pickpocket, en argot – un clin d'œil à la mauvaise réputation des Gitans, Tziganes et autres Roms. Un démarrage sans prétention, histoire de récolter des fonds, pour jouer dans les cafés de Lille, du Nord de la France, et pourquoi pas même en Belgique ? Vingt ans plus tard, la compagnie a finalement joué dans les pays de l'Est, monté des projets au MoyenOrient et organisé des concerts de musique klezmer dans les camps de réfugiés palestiniens. Le Tire-Laine, en 2012, ce sont 35 musiciens répartis en 17 formations. Et le plus étonnant avec eux est que tout à l'air simple. Ou naturel, en tout cas. Comme il a paru naturel à la troupe, heureuse dans les quartiers populaires (Wazemmes, puis Moulins depuis 2007), de quitter un temps ses murs pour fêter son 20e anniversaire à l'Aéronef. Histoire de ne pas se laisser enfermer dans leur joli pré carré, et rencontrer un autre public. Bref, fidèles et curieux retrouveront ici le sens de la fête, du mélange et de l'ouverture qui a toujours caractérisé cette généreuse compagnie. / Les vingt ans du Tire-Laine - 21 & 22.09, 20h, Lille, L'Aéronef, pass 2 j. 20/30€ (21.09) Klavan Gadje, Arnaud Van Lancker Quartet & Invités, 13/7€ // (22.09) Taraf Dékalé + Esma Redzepova et l’Ensemble Teodosievski, 18/14€
texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ DR
texte ¬ Vincent Lançon - photo ¬ Robert Self
musique |
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NZCA/Lines
Dead Can Dance
Oui, il y a du Metronomy dans cette pop limpide et synthétique. Les deux formations ont le même mixeur (Ash Workman), et Michael Lovett, alias NZCA/ Lines, n'est autre que le frangin de Gabriel Stebbing, guitariste de... Metronomy. Vous suivez ? Bref ! NZCA/Lines est le projet presque solitaire de Lovett. Presque, car il faut compter sur la présence de Charlie Alex March, songwriter aussi doué que méconnu, qui a aidé le jeune Anglais a mettre de l'ordre dans ses idées. Le résultat ? Des hymnes de poche aux atours enchanteurs, mêlant la quintessence de la pop ligne claire (les arpèges de Okinawa Channels) et la modernité inhumaine d'un certain R&B – lorsque cinq producteurs bossent comme des fous sur un seul morceau, genre. Reste à savoir si ce minutieux travail d'orfèvre ET de laborantin passe la rampe sur scène... Réponse sur les planches, donc. /
Nombreux sont ceux qui, redoutant un morbide décorum gothique, n'ont jamais humé les volutes de Dead Can Dance. Cette formation n'a pourtant rien à voir avec quelques obscurs corbacs. à la fois pure émanation du chaudron post-punk, quasi-orpheline de toute parenté, l'œuvre paradoxale de Dead Can Dance se situe à la croisée des traditions africaines, orientales et médiévales européennes. Mêlant instruments ancestraux et synthétiques, portées par le chant diaphane de Lisa Gerrard et celui, tellurique, de Brendan Perry, leurs chansons semblent surgir du fond des âges. Alors, même si leur dernier Lp paru cet été se situe un peu en deçà de nos espérances, cette unique date belge est l'occasion pour les rares chanceux (tous les billets ont filé en quelques minutes) de se plonger dans une ambiance hiératique. Placée sous le signe de l'œcuménisme. /
25.09, 20h30, Amiens, Lune des Pirates (+ Breton), 10€/gratuit, +33 (0)3 22 97 88 01 26.09, 20h30, Roubaix, La Cave aux Poètes (+ Im Takt), 10/8/6€,+33 (0)3 20 27 70 10
29.09, 20h, Bruxelles, Cirque Royal, Complet, +32 (0)2 218 37 32 , www.botanique.be
texte ¬ Vincent Lançon photo ¬ Who Made Who © DR
musique |
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L'appel du large Pas question d'insinuer que Boulogne n'entend rien aux musiques actuelles. Mais l'offre était rare, c'est indéniable ; peu de structures, des artistes qui préfèrent s'arrêter à Lille, Bruxelles et parfois Dunkerque... Dur. Mais pas insurmontable. Un exemple ? Le Poulpaphone. Créé il y a une petite dizaine d'années, ce festival se définit comme une vitrine de la création contemporaine – comme beaucoup d'autres, c'est vrai. Pourtant, ici, quelque chose diffère... Pas étonnant, donc, d'y trouver quelques grands noms, tels que l'architecte de la techno française Etienne de Crecy ! Le co-auteur de deux albums fondateurs sous le nom de Motorbass (Pansoul) et Superdiscount rejoint ici son cube hypnotique. Les incontournables Skip The Use (ex-gloires locales devenues bankables) et 1995, jamais remis de la compile Rappatitude (1990, et oui !) trônent aussi en haut de l'affiche. Mais là où certains se contentent d'aligner les vedettes en dépit de toute ligne artistique, le Poulpaphone utilise ces locomotives pour tracter des artistes trop rares. Citons le set de The Saoulz Brotherz, qui peut compter sur le featuring du légendaire Gérard Baste, entre autres. Le tandem avait invité une tripotée de rappers sur son premier LP, et beaucoup feront le déplacement pour l'occasion. Citons enfin le jeune Rennais Mein Sohn William (improbable chaînon manquant entre The Ex et GaBlé), ou encore les damnés Danois de WhoMadeWho et leur pop funk de pois sauteurs. Le tout dans des hangars réaménagés et agrandis, histoire de contenir le vaste panorama des musiques d'aujourd'hui. / LE POULPAPHONE : WhoMadeWho, Skip The Use, Etienne de Crecy, Mein Sohn William, Kelpe, Scratch Bandit Crew (5.10) / The Saoul Brotherz, Dub Pistols, 1995, Triggerfinger, Manimal… (6.10) 5 & 6.10, Boulogne Sur Mer/Outreau, Zone de Garromanche , 8/6€ par soir, www.poulpaphone.com
texte ¬ Audrey Jeamart photo ¬ Quentin Dupieux
cinéma |
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Wrong
Après la claque Rubber (2010), ou l’épopée meurtrière d’un pneu télékinésique, on attendait Quentin Dupieux (alias Mr Oizo) au tournant. Il revient avec un film régi par l’absurde, déjà présenté au dernier festival de Sundance. Wrong s’avère décalé, iconoclaste, mais surtout, très drôle. La journée commence mal pour Dolph. Son chien Paul a disparu. Le maître désemparé se lance donc à la recherche du toutou, une quête qui le mènera jusqu’à une mystérieuse société d’enlèvements d’animaux. Précisons que Dolph (excellent bien que méconnu Jack Plotnick) vit dans un monde où le réveil passe de 7:59 à 7:60, où une simple commande de pizza se transforme en discussion de dix minutes sur le logo de la société, et qu’il travaille dans un bureau où tombe une pluie diluvienne. Des situations d’autant plus drôles qu’elles paraissent normales dans un monde où l'étrangeté domine, proche de La Quatrième Dimension. Démonstration par l'absurde Cette œuvre doit beaucoup à sa galerie de personnages, et à ses acteurs. Autour du Dolph et de son jeu dramatique renforçant le décalage, gravitent un jardinier à l’accent à couper au couteau (Eric Judor, héros de Steak, le premier long-métrage de Dupieux, sorti en 2007), un détective bonhomme, ou le complètement barré Master Chang. Surtout, le film regorge de détails drolatiques à dénicher dans le scénario et au détour d'un plan. Ainsi, il ne s’essouffle pas, et rebondit avec bonheur d’un non-sens à un autre. L'image est particulièrement soignée, Dupieux abandonnant l'appareil photo 5D Mark II de Rubber pour renouer avec le 35mm. Vous vous demandiez si Wrong tiendrait la route ? Rassurez-vous, le troisième film de Dupieux en a vraiment sous le capot. / Wrong, de Quentin Dupieux, Avec Jack Plotnick, Eric Judor, Alexis Dziena, Steve Little, William Fichtner...Sortie le 5.09.
texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ Derek Jarman
texte ¬ Raphaël Nieuwjaer - photo ¬ Jorge Trepa
cinéma |
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Gébo et l'ombre
Rétrospective punk
À 103 ans, le réalisateur Manoel de Oliveira continue de tourner à un rythme de métronome. Après L'Étrange Affaire Angelica (2011), troublante réflexion sur le pouvoir des images, le maître Portugais adapte, en français, une pièce de son compatriote Raul Brandão. Gébo, sa femme et leur belle-fille vivent dans l'attente de João, leur fils unique et époux. Parti depuis des années, il réapparait une nuit. Plus que le choc des retrouvailles, le film explore la profondeur des mensonges qui soudent la famille autour du disparu. Fidèle à la structure de la pièce et composé de longs plans séquences fixes (superbement cadrés et éclairés par Renato Berta), Gébo et l'ombre déploie une parole accidentée. Et fait se rencontrer deux des voix les plus singulières du cinéma français : celle de Michael Lonsdale et de Jeanne Moreau. /
Ah, le punk rock ! Des cimaises aux étagères, des planches aux soirées Thema d'Arte, c'est devenu un marronnier culturel pour vieux nostalgiques et jeunots fantasmant ce bref séisme aux infinies répliques. N'empêche, cette rétrospective s'avère implacable. Alignant classiques (Rude Boy, ou la Nouvelle Vague façon The Clash) et galéjades (Rock'n'roll High School, avec les Ramones), les francstireurs du Nova dégainent quelques documentaires sur le punk est-européen (East Punk Memories, Boot Factory) ou le cyberpunk nippon (Shinya Tsukamoto). Et on court partout à l'annonce de L'Affaire Des Divisions Morituri, de FJ Ossang, dont les œuvres demeurent cultes et (car ?) introuvables. Pas de doute : protéiforme, l'esthétique punk traverse les époques. Est-ce un marronnier ? Certainement. Mais de cet arbre-ci, on n'a pas encore cueilli tous les fruits. /
Un film de Manoel De Oliveira Avec Michael Lonsdale, Claudia Cardinale, Jeanne Moreau, Ricardo Trêpa... Sortie le 26.09
programme complet : www.nova-cinema.org, 13.09>7.10, jeu>dim, 16h,18h,20h,22h,00h Bruxelles, Nova Cinema, 5/3,5€ +32 (0)2 511 24 77
texte ¬ Audrey Jeamart photo ¬ Lampe binic © Ionna Vautrin studio
événement
Le design
sous toutes les coutures
Une nouvelle directrice artistique, un nouveau volet baptisé Shops, une plus large place accordée au graphisme et au textile : Design September entame sa mue et se positionne plus que jamais comme Le rendez-vous du design, pour les passionnés et les professionnels.
exposition |
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« Design September est à l’image du design lui-même : en perpétuelle évolution ! »
D
epuis six ans, Design September marque la rentrée culturelle bruxelloise avec une centaine d’événements dédiés au... design. Des expositions, portes ouvertes d’ateliers d’artistes ou conférences sont organisées suite à un vaste appel à projets. Cette édition gagne en cohérence et en profondeur sous l’égide de sa nouvelle directrice artistique, Delphine Vercauteren. « J’ai souhaité élargir l’esprit du mot design et du festival » explique-t-elle. Cela
se traduit par l’intégration d’un volet Shops, soit des expos-magasins où l’on peut acheter les produits. Car le design ne relève pas uniquement de l'art, mais aussi du commerce. De plus, une large place est accordée au graphisme (Visual Grammar au Mad Brussels, le nouveau centre bruxellois de la mode et du design) et au textile (visite du studio de création textile No More Twist ou conférence de la directrice artistique de Marimekko). >
Marques de fabrique Aujourd'hui, le pari est de dépasser le cadre strict d’un festival pour devenir un véritable acteur du monde du design. Comment ? En favorisant les échanges et les rencontres entre lieux d’exposition, passionnés et professionnels, qui pourront se retrouver à la D | Platform afin de confronter leurs idées et d'influencer, ensemble, le design de demain. Un pied dans la culture, l'autre dans la vente, la manifestation crée des liens, des synergies et permet à d’autres projets de voir le jour. « Design September est à l’image du design lui-même : en perpétuelle évolution ! » lance Delphine Vercauteren. Profitez donc de cet instantané ! Design September 6>30.09, Divers lieux, Bruxelles, gratuit (sauf design market le samedi, plasticarium et conférences), +32 (0)2 349 35 95, www.designseptember.be
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1. Citrange © Quentin de Coster / Royal VKB 2. BROKIS TEO © Kristina Hrabetova / Brokis 3. Mutation Series 5315 © Maarten De Ceulaer 4. KLEUR © Luc-Roymans
texte ¬ Florian Koldyka photo ¬ DR
exposition |
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Une mine d'informations Moroses, les cités ouvrières du Nord-Pas de Calais ? Pas si sûr. Au début de l'été, le bassin minier était inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO, et le Centre Historique Minier de Lewarde fête ses trente ans. Ou comment se souvenir du passé pour réussir sa reconversion. L'exposition Des Machines et des Hommes illustre les techniques d'extraction du charbon durant cette épopée industrielle (1720-1990). Un parcours articulé autour de douze verbes propres au vocabulaire ouvrier (foncer, épuiser, rouler...). Maquettes de chevalements soutenant les puits, photographies de terrils et jeux de pistes invitent à découvrir la complexité des machines. Jusqu'en 1850, on extrait le précieux minerai à la seule force des gueules noires et des chevaux. Puis, l'exploitation se mécanise progressivement et gagne en puissance, mais demeure sous la contrainte de veines minces, plissées et profondes. « S'il existe une nostalgie du charbon, elle est moins relative à ce métier pénible qu'aux valeurs associées de fierté et de solidarité » précise Karine Sprimont, directrice de la communication du Centre. Qui renchérit : « L'inscription à l'UNESCO est la reconnaissance des sacrifices de ces hommes. Mais être classé ne signifie pas être figé. C'est un patrimoine évolutif ». En effet, les corons sont encore habités et les terrils, aménagés pour des randonnées pédestres ou du... ski sur piste synthétique. « Avec ses cathédrales pour uniques montagnes » (Brel), et son « ciel comme seul horizon » (Bachelet) le Nord est certes un territoire plat, mais ne manque pas de ressources. / Des Machines Et Des Hommes Jusqu'au 31.12, Lewarde, Centre Historique Minier, tlj 9h>19h30, 9/4,70€, +33 (0)3 27 95 82 82
exposition |
texte ¬ Marine Durand photo ¬ Robe de soir, Printemps/Été 1975 © Stéphane Piera/ Quidam de Revel/Roger-Viollet + Bas-relief exposé par Alix dans la salle de la Grande Couture du Pavillon français à l’Exposition internationale de New-York en 1939 © Boris Lipnitzki / Roger-Viollet
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De la couture à la sculpture Un peu trop oubliées, les robes de Madame Grès continuent d'inspirer nombre de créateurs contemporains. Cette rétrospective rend hommage à la couturière prodige parisienne, acclamée en son temps mais qui finit ses jours dans l’indifférence. Un style : minimaliste. Un matériau : le jersey de soie. Mais surtout une technique, le pli très serré, qui devint sa marque de fabrique jusqu’à prendre son nom : le pli Grès. En 50 ans de carrière, Germaine Krebs a marqué de son empreinte la mode contemporaine. Les 80 vêtements emblématiques exposés au MoMu sont là pour nous le rappeler. Drapés virtuoses d’inspiration hellénistique, découpes sensuelles et teintes monochromes, les robes fourreaux et tailleurs de la couturière étonnent par leur modernité - Azzedine Alaïa ou Jean-Paul Gaultier vénèrent ses collections. Pourtant, « Je voulais être un sculpteur. Pour moi, c’est la même chose de travailler le tissu ou la pierre » répétait Madame Grès, épouse du sculpteur Serge Czerefkov. Bannissant le fil et les aiguilles, c’est directement sur ses modèles (dont Edith Piaf ou la princesse Grace de Monaco) qu’elle façonne l’étoffe et construit ses volumes. Déjà présentées en 2011 au musée Bourdelle à Paris, ses créations trouvent cette fois un écho dans les œuvres du plasticien belge Renato Nicolodi, concepteur de la scénographie. Des clichés de Cecil Beaton ou Henry Clarke complètent la rétrospective du MoMu, qui réhabilite enfin une créatrice dont le nom ne renvoie plus, pour beaucoup, qu’à un parfum mythique : Cabochard, de Grès. / Madame Grès : mode sculpturale 12.09.12 > 10.02.13, Anvers, MoMu – Musée de la Mode de la Province d’Anvers, mar>dim, 10h>18h, 8/6€ (-26 ans : 1€), +32 (0)3 470 27 70, www.momu.be
texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ Roe Ethridge
texte ¬ Clémence Casses - photo ¬ Zep
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Zizi sexuel l'expo !
Roe Ethridge
à l’heure du tout-Internet, les images pornos circulent aussi vite que les Lolcats. Facile alors pour les pré-ados de se faire leur propre éducation sexuelle. Mais leur vision de l’amour risque d’être un peu erronée. Comment aborder ce sujet avec les 9-14 ans en utilisant les mots justes ? Zizi sexuel l’expo ! (adaptation du fameux Guide du zizi sexuel de Zep (2001)) imagine l'intimité de Titeuf et de son amie Nadia pour aborder l’amour, la puberté et la sexualité, en mêlant manipulations ludiques et données scientifiques. On oublie parfois le romantisme pour passer à la pratique, depuis « l’essoreuse à langues » à la « ola des capotes » pour éviter le « cancer du sida ». Les parents peuvent laisser leur progéniture découvrir ce vaste sujet en toute quiétude. Le ton décalé de cette expo n'entame pas la qualité de son contenu, validé par des spécialistes de l'enfance. /
Un travail de commande bride-t-il la créativité ? La publicité impose-t-elle des contraintes écrasantes pour faire vendre ? Ce vaste débat entre art et commerce paraît caduc, à l'heure où l'on encense des VRP comme Jeff Koons. N'empêche, Roe Ehridge soulève à nouveau la question. Pour la résoudre aussitôt. Car ce photographe commercial se pique d'art conceptuel, passe d'une activité à l'autre avec suffisamment d'aisance pour subvertir l'une ET l'autre. Ainsi de ces photos extrêmement léchées de modèles telles que Marloes Horst (2010). Ailleurs, on saisit un instant d'intimité (Sarah Beth with Pipe, 2006). Mais l'Américain convainc le plus lorsqu'il réactualise une nature morte (Apple and Cigarettes, 2004) ou dévoile un magnifique coucher de soleil... d'un cliché confondant. Ethridge, ou la banalité tordue puis érigée en art. /
jusqu'au 3.03 2013, Villeneuve d'Ascq, Forum Départemental des Sciences, 4/2€, gratuit pour les -18 ans, +33 (0)3 59 73 96 00
27.09.12>13.01.2013, Leuven, M Museum, lun>dim, 11h>18h, sf jeu, 11h>22h, fermé le mercredi, 9/7/5/3€, +32 (0)16 27 29 29, www.mleuven.be/fr
texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ A dream into the Real. Very sensuous, cheerful, SWF, 38, gifted, charming looking for a distinguished, very affluent hi-end art lover, a patron to share great heights. Ext#6910’ © Leigh Ledare
texte ¬ Vincent Lançon photo ¬ In Order © Douglas Henderson
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City Sonic
Leigh Ledare, et al.
C'est l'un des derniers festivals de la saison. C'est aussi l'un des plus ambitieux. Depuis dix ans, City Sonic invite à (re) découvrir le centre-ville de Mons par le biais... du son. On y trouve des concerts d'envergure (citons le pionnier électronique Charlemagne Palestine) mais aussi des dizaines d'installations avant-gardistes dans des lieux patrimoniaux telles que des églises. Sur le papier, le programme peut décontenancer – ainsi des œuvres plastiques silencieuses de Max Neuhaus ; mais entre les oreilles, ces concepts prennent toute leur dimension. Pas étonnant alors que Bruxelles et Huy aient été séduites, proposant elles aussi leurs créations sonores. On recommande tout particulièrement Out-Takes, de Pierre Belouin, qui s'intéresse aux prises de voix de chanteurs mythiques (Joe Strummer, Nick Cave et Mona Soyok). Immanquable. Entendu ?/
Leigh Ledare fut assistant de Larry Clark... et ça se ressent : même obsession des corps, même propension à gratter les croûtes, à provoquer la gêne. L'une de ses plus célèbres séries met en scène la propre mère du photographe dans des positions sexuellement explicites. Un témoignage d'un complexe d'Œdipe mal réglé, une réflexion entre l'artiste et son « objet », et la volonté de mettre le spectateur face à son rapport à l'image, à son propre voyeurisme. Si ce travail, nimbé d'un parfum de scandale, n'est pas totalement inédit (songeons au jusqu'au-boutisme de Richard Kern ou à l'hypocrisie de Haneke dans Funny Games, 1997), il fait sans doute de l'ombre à une œuvre plus complexe. À nous de juger, avec une centaine de pièces regroupant presque toutes ses photographies, mais aussi des vidéos et quelques nouvelles productions jamais exposées. /
jusqu'au 16.09.12, Mons, divers lieux // 27.09>14.10, Bruxelles, Cinéma Galeries // jusqu'au 17.10, Bruxelles, Flagey // 7.09 >7.10, Huy, divers lieux +32 (0)6 559 08 89, www.citysonic.be
8.09 >25.11, Bruxelles, WIELS, mer>dim, 11h>18h, (>21h les 1ers et 3e mercredis du mois), 8/5/3€ (gratuit -12ans et les 1ers mercredis du mois), +32 (0)2 340 00 53, www.wiels.org
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agenda From Here On, Photo Opportunities Beijing, 2007 © Corinne Vionnet
From Here On Google Earth, Street View, Facebook, Flickr... les artistes s'emparent d'images postées sur la Toile pour les subvertir (les photos-montages de Thomas Mailaender). D'autres préfèrent le flou artistique pour dévoiler des réalités niées (la place Tian'anmen vue par Corinne Vionnet). Exposant le travail d'une trentaine de créateurs, le FoMu pointe en outre la propriété intellectuelle, l'intimité et s'interroge sur le futur de la photographie. ANVERS, FoMu, jusqu'au 30.09, mar>dim, 10h>18h, 7/5€ (-26 ans : 1€, gratuit -12 ans), +32 (0) 3 242 93 00
Pigments terre La couleur, vue à travers les matériaux bruts (charbon de bois, terre de Sienne...). Penché sur la période 19502010, reposant sur quatre thèmes (le minéral, le végétal, l'animal, les quatre éléments), l'accrochage confronte 11 artistes contemporains. Ceux-ci sont revenus aux sources de la matière pour explorer les qualités propres de la couleur. Les œuvres de Raoul Ubac, Jan Fabre ou Piero Manzoni offrent un retour à la terre salutaire. BOULOGNE-SUR-MER, Château-Musée, jusqu'au 17.09, tlj sf mar, 10h>12h30, 14h, 17h30, dim,10h>12h30, 14h30>18h, 4,50/3€, www.ville-boulogne-sur-mer.fr
Dave Anderson, Charleroi 2010 © Dave Anderson
GOAAAL ! Un siècle de football belge Voici un aperçu du don de l’Union Royale Belge des Sociétés de FootballAssociation (URBSFA) aux Archives de l'Etat. Cette exposition dribble avec les supports : photographies, affiches, caricatures, rapport d’arbitres, tickets d’entrée, objets de collection, dossiers des clubs, dont les fameux Diables Rouges, évidemment… Un siècle de football belge illustré, classé par thèmes footballistiques et sociaux. Le pied ! BRUXELLES, Salle d’expo des Archives gales du Royaume, jusqu'au 29.09, mar>ven, 8h30>18h ; lun, 8h30>16h ; sam 9h>12h3013h>16h entrée libre, www.arch.be
Dave Anderson - Charleroi Quelques semaines après le projet Inside Out/Smile, Charleroi est, une fois de plus, l'objet du désir d'un photographe. Avec Rough Beauty, l'Américain Dave Anderson rendait déjà son humanité à Vidor, ville paumée au fin-fond du Texas. Aujourd'hui, il saisit la mutation urbaine de la métropole sambrienne, par le biais de ses habitants, posant ou captés sur le vif. Avec une délicatesse rare et humanité. CHARLEROI, Musée de la Photographie, 22.09>20.01.2013, mar>dim, 10h>18h, 6/4/3€, +32 (0)7 136 46 45
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agenda Claude Aïello, Jarre Russie © Sophie Zénon pour la Fondation Bettencourt Schueller
Passeurs, François Oliver © Judith Oliver
Claude Aïello et les designers
Fenêtres sur jardin
C'est à Vallauris, cité nichée dans le sud de la France et Mecque de la céramique, que travaille Claude Aïello. Ce créateur mêle les traditions ancestrales et les techniques contemporaines de la céramique, collaborant avec d'illustres designers (Branzi, Bovesse, les frères Bouroullec, on en passe...). Cette riche exposition, sans être exhaustive, offre un large panorama de l'artiste, lauréat 2010 du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main.
Lucien Brongniart a photographié en 3D près de 80 jardins de sa ville natale, La Louvière. Entre nains de jardins, vergers et potagers, ces clichés témoignent de l'aménagement des sols terreux. Stéréoscopiques et disposées à différents endroits de la ville, ces photos en 3D révèlent une puissante force d'attraction. Mais, pour voir la nature revenir ainsi au galop, des lunettes anaglyphes (un verre bleu, l’autre rouge) sont nécessaires !
GRAND-HORNU, MAC's, 9.09>16.12, mar>dim, 10h>18h, 6/4/2€, +32 (0)6 565 21 21
Jaume Plensa Spectaculaire, le travail du catalan Jaume Plensa marque l’espace public de nombreuses grandes villes (Chicago, Nice, Gateshead...) et célèbre le corps et l’humanité tout en défiant les traditionnels rapports d’échelle et de pesanteur. Séduit par le Musée du Dessin et de l’Estampe de Gravelines, il révèle ici une partie de son œuvre graphique, dont plusieurs inédits. GRAVELINES, Musée du Dessin et de l'Estampe Originale, jusqu'au 14.10, lun>ven (sf mar), 14h>17h, sam>dim, 15h>18h, 2€ / gratuit, + 33 (0)3 28 51 81 00
LA LOUVIÈRE, Maison du tourisme, 14.09> 4.11, Château Gilson et les commerces du centre-ville, +32 (0)6 421 51 21
Passeurs Le Colysée présente les travaux de trois artistes rivalisant d'humilité. Si l'on apprécie les courbes croisées du peintre Bonduau et l'âpreté de la céramiste Hélène Soète, on reste subjugué par les sculptures de François Oliver. à partir du zinc récupéré dans le VieuxLille (gouttières, plaques de toit...), l'artiste crée des figures, des monuments guerriers. L'ensemble charrie des traumatismes causés par les dernières guerres et leurs génocides. LAMBERSART, Le Colysée, 8.09>4.11, mer>sam, 13h30>18h30, dim, 13h>19h, gratuit, +33 (0)3 20 00 60 06
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agenda Sol LeWitt, Wall Drawing #356BB © SABAM, Lieven Herreman – M Leuven, 2012
Babel, La Tour de Bruxelles en hiver © Eric de Ville
Sol LeWitt, Colors
Eugène Leroy, le dessin
24 dessins muraux du père de l'art conceptuel américain, soit un aperçu tout en couleurs de l'œuvre de Sol LeWitt. Les wall drawings ne se transportent pas : on les recrée, toujours différents... mais toujours conformes à des consignes rigoureuses qui en organisent le tracé. Placés sous l'autorité des assistants du maître, 70 artistes locaux exécutent la juste combinaison de formes et de couleurs qui fait de chaque œuvre un petit système.
Cette présentation d’un ensemble inédit des dessins et carnets du peintre Eugène Leroy (1910-2000) est un événement. Crayon, gouache, fusain, pastel… la révélation de ce pan méconnu de son œuvre délivre pourtant moins de clés qu’elle ne pose de questions. De la réinterprétation des maîtres qui l’ont influencée à la disparition progressive du motif, ces dessins prolongent notre dialogue avec une œuvre où se joue d’abord la quête du plaisir de « faire ».
LEUVEN, M-Museum, jusqu'au 14.10, tlj sf mer,11h>18h (11h>22h le jeudi), 9/7/5/3€ (moins de 13 ans, entrée libre), +32 (0)1 627 29 29, www.mleuven.be
TOURCOING, Muba, jusqu'au 17.09, tlj, 13h>18h (sauf mardi et jours fériés), 5/3€ (- de 18 ans et Tourquennois, gratuit), +33 (0)3 20 28 91 60
Babel
Hiroshi Sugimoto
Épisode majeur de la Genèse, l'érection de la Tour de Babel par les rescapés du Déluge, puis sa condamnation et sa destruction divines constituent un sujet de prédilection pour les artistes depuis le XVIe siècle. On s'intéresse ici à son interprétation contemporaine, avec 85 peintures, installations, photos, vidéos et planches originales de BD de Jef Aerosol à Jan Fabre en passant par François Bouq. Elle est Babel, la vie ?
Ce Japonais se penche sur l'histoire de la représentation, des sciences et de la photographie. Photogenic Drawing est un hommage au pionnier de la photographie Henry Fox Talbot. La seconde exposition, Lightning Fields, est une série réalisée grâce à une cage de Faraday. Ces œuvres dévoilent des détails que l'œil, ébloui, ne voit jamais. C'est là tout le travail de Sugimoto et l'un des enjeux de la photographie : nous montrer le réel que nous ne voyons pas.
LILLE, Palais des Beaux Arts, jusqu'au 14.01.13, lun, 14h>18h, mer>dim, 10h>18h, 8/5/3€, +33 (0)3 20 06 78 00
V. D'ASCQ, LaM, jusqu'au 7.10, mar>dim, 10h>18h, 10/7/5€, +33 (0)3 20 19 68 88
Connaissance des arts
Denis Podalydès s’attaque à un classique parmi les classiques : Le Bourgeois Gentilhomme. Reprenant la forme originale de la pièce de Molière, il convoque tous les arts sur scène, et en offre une version moderne et enlevée. Le personnage de Monsieur Jourdain a offert au théâtre comique certains de ses passages les plus célèbres. La tirade « Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour » résonne dans toutes les salles de classe. Il fallait donc de l’audace pour s’attaquer à un mythe comme Le Bourgeois Gentilhomme. Et encore plus pour représenter la pièce dans sa forme d’origine : la comédie-ballet, telle qu’elle fut présentée en 1640 à la Cour de Louis xiv. Denis Podalydès, aux commandes de cette nouvelle version euphorique, s’est entouré d'illustres artistes pour mener à bien son projet de spectacle total, mêlant chorégraphie, musique, chants lyriques et théâtre. Les costumes, qui associent avec brio brocarts clinquants et imprimés léopards, sont signés Christian Lacroix (déjà partenaire du metteur en scène pour Cyrano de Bergerac en 2006) tandis qu' Eric Ruf prend en main la scénographie. La communion des arts Sur scène, la magie opère. Les corps virevoltants répondent aux mélodies de Lully jouées par l’Ensemble Baroque de Limoges. Un ballet de notes ponctue les dialogues savoureux de Molière. Et surtout, on rit franchement devant ce Bourgeois burlesque et les pitreries de Pascal Rénéric, incroyable Monsieur Jourdain : il bondit, s’esclaffe, gesticule en apprenti gentilhomme. Il émeut, aussi, en bourgeois balourd et incompris, essayant vainement de s’élever -toujours- au rang des « personnes de qualité ». Le spectacle offert par Podalydès, qui gagnerait à être un peu plus concis (la pièce dure 2h50) est une réussite. Quatre rappels ne sauraient mentir. / Le Bourgeois Gentilhomme 2 & 3.10, 20h, Arras, Théâtre d’Arras, 30/20€, +33(0)3 21 71 66 16, // 23>25.10, 19h30 (sauf le 24.10, 20h30) Amiens, Maison de la Culture, 15 à 36€, +33 (0)3 22 97 79 79 // 9>16.11, 20h15 (sauf le 14.11, 19h) Liège, Th. De la Place, tlj sf dim & lun, 25/8€, +32 (0)4 342 00 00
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texte ¬ Marine Durand illustration ¬ Christian Lacroix
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texte ¬ François-Xavier Béague photo ¬ F. Lovino
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Culture intensive Seize spectacles, un festival, et tout un volant d’actions vouées à entretenir le lien qui unit la création, la formation des comédiens et l’échange avec le public : la nouvelle saison du Théâtre du Nord traduit les ambitions d’une scène résolument ouverte sur le monde et offerte aux créateurs. Quinze ans après l’arrivée de Stuart Seide à la tête du Centre Dramatique, le programme a des allures de jubilé. Les productions maison sont à l’honneur (une création pour Seide, et pour les deux artistes associés, I. Bonnaud et J. Vincey), mais c’est d’abord en hôte bienveillant que Stuart Seide invite ses pairs à « s’emparer des plateaux ». Pour interroger les usages formels (Clôture de l’amour, de P. Rambert), les préjugés académiques (L. Hatat exhume Nanine de Voltaire), et ménager de véritables chocs (intrigante adaptation du Théorème de Pasolini par G. Jarzyna)… Bousculer le spectateur ? « Pas forcément. On essaie d’être une caisse de résonance, insiste J. Sallé, secrétaire général, il s’agit d’aller là où les textes font mal – ou du bien - ici et maintenant ». Le Théâtre du Nord ne néglige pas l'avenir qui passe par la transmission. Un exemple ? La mise en scène de La Supplication par un ancien élève de l’EPSAD (l’école d’art dramatique créée à l’initiative du directeur). Quant à la jeune création, on pourra la cueillir en pousses dans le cadre de la seconde édition du festival Prémices, en mai. Libre de tout pré-conditionnement : la programmation n’a – délibérément - pas encore été finalisée. Produits maison, produits de saison : reste à faire son marché ! / Au bois lacté - de Dylan Thomas, mis en scène de Stuart Seide 26.09>12.10, 20h, Théâtre du Nord, Lille, mar>sam sf jeu, 19h, dim, 16h, 3 à 25€, +33 (0)3 20 14 24 24 // 23>24.10, 20h, La Comédie de Béthune, 18/8/7€, +33 (0)3 21 63 29 19
texte ¬ Hugo Dewasmes photo ¬ Anna Stocher-Burgtheate, Wien
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Ode au quotidien À partir de seize heures d’enregistrements téléphoniques, la compagnie américaine Nature Theater of Oklahoma a composé une œuvre fleuve de... vingt-quatre heures. Zoom sur les épisodes 3 et 4 d'une série qui s'appréciera en 10 volets. Impressionnant. Dignes héritiers de Warhol et représentants emblématiques du New American Theater, Pavol Liska et Kelly Copper bousculent les codes de la mise en scène et de l’interprétation. « Nous nous servons de matériaux à portée de main (…). à travers une manipulation extrêmement formelle et un effort surhumain, nous parvenons à changer notre perception de la réalité quotidienne pour l’étendre au-delà de la salle de spectacle, et rejoindre le monde dans lequel on vit » expliquent-ils. Une des artistes de la compagnie a raconté sa vie au téléphone. Tout a été enregistré, au soupir près. D'une banalité a priori confondante, ce texte ensuite subverti donne naissance à une représentation du quotidien complètement chamboulée. Spectateurs ou acteurs, chacun est confronté à des bribes de vie qui font écho à sa propre histoire. Après deux premiers épisodes consacrés à la prime enfance sur le mode de la comédie musicale, on évoque ici l’adolescence et le corps qui change, les premières cigarettes et la rébellion, dans un huis-clos étonnant. Jubilatoire, drôle et absurde à la fois, ce Life and Times 3 & 4 se suffit à lui-même : fidèle à l’esprit des bonnes séries américaines, il n’est pas nécessaire d’avoir vu les épisodes précédents pour suivre ! / Life and Times, épisodes 3 & 4 (Nature Theater of Oklahoma) 28>30.09, 19h (sf dim 30, 15h), Bruxelles, Kaaitheater, 16/12€, +32 (0)2 201 59 59 3>7.10, 19h, (sf dim 07, 16h), Anvers, DeSingel Campus des arts, 22/18/14/8€, +32 (0)3 248 28 28
texte ¬ Florian Koldyka photo ¬ DR
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Sous toutes les ficelles Du Muppet Show aux Puppetmastaz, en passant par les Guignols de l'Info ou Malvira, la marionnette est un indémodable du monde du spectacle. Le festival Ça Bouge ! met en relief la conception de l'objet, sa vitalité et invite à découvrir l'envers du décor. à travers le théâtre d’objet, le théâtre d’ombre, les ateliers de manipulation ou le cinéma d'animation, la marionnette capitalise tous les champs de la création. à Tournai, la Compagnie Adonk !, résidente, place ses jeunes comédiens dans la peau de marionnettes, chaque « pantin-humain » étant soutenu par un danseur et un comédien. Sur le fond, les artistes invités privilégient le conte, la satire ou la réflexion existentielle. Dans tous les cas, les neuf spectacles à l'affiche élèvent la marionnette au rang de héros populaire idéal. Cette ouverture interdisciplinaire témoigne de l'actualité d'un genre multi-séculaire. Françoise Flabat, directrice du Créa-Théâtre et du Centre de la Marionnette de la Communauté française de Belgique, précise : « Il existe une récurrence marionnettique. En terme géographique également, chaque ville ou région possède son personnage : Jacques à Tournai, Walt à Bruxelles, Gaspard en Allemagne, Punch & Jody en Angleterre ». Par ailleurs, l'exposition Marionnettes du Monde, entre Terre et Ciel, propose le versant inanimé du Festival. Portées, à fils, à gaine, à triangle, ou à gueule, plus de 2500 pièces originaires d'Europe, d'Asie et d'Afrique sont exposées. Un moment propice à l'observation des détails de fabrication ! / Festival Ça bouge ! Théâtre, Objet et Marionnette 27 > 30.09, 10/6/4€ (gratuit jeudi 27.09), pass sam>dim : 15/10€, www.festivalmarionnette.be Exposition Marionnettes du Monde, entre Ciel et Terre Jusqu'au 9.06.13, Tournai, Centre de la Marionnette, 2,5/2€, mar>ven, 9h>12h30 - 14h>17h, sam>dim et jours fériés, 14h>18h, www.maisondelamarionnette.be
texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ Lisa Rastl
texte ¬ Florian Koldyka - photo ¬ Jef Bonifacino
théâtre & danse |
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Pylade
Rafales d'Art
Le trône d'Argos est vacant, n'attendant que son roi, Oreste. Mais ce dernier a voyagé, découvert la démocratie et, épaulé de son loyal cousin Pylade, souhaite en finir avec la monarchie. Jusqu'à ce qu'il hume le parfum du pouvoir et trahisse ses idéaux... Rédigée par Pierre Palo Pasolini en 1966, cette poésie en vers libres, adaptée ici par Lazare Gousseau, est un brulôt contre les tragédies politiques du xxe siècle, la société de consommation et, surtout, constitue un parfait exemple de ce que Pasolini nommait le théâtre de la parole. Ancienne usine de menuiserie métallique et de soudure, La Carthago Delenda Est accueille cette représentation dans un vaste décorum manufacturier. Un lieu idéal pour défendre ce pamphlet contre la vanité du pouvoir, servi par une quinzaine de comédiens au jeu et au costume d'une remarquable sobriété. /
En 2013, Dunkerque sera labellisée Capitale régionale de la Culture , mais le Bateau Feu n'aura pas achevé ses travaux. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le théâtre emblématique a essaimé (à Hazebrouck, Bray-Dunes, Gravelines, on en passe...). Et pour fêter la rentrée, le navire errant propose les Rafales d'Art, un weekend dédié à la danse et au théâtre. La Place du Général-de-Gaulle et le Musée des BeauxArts accueillent trois formes courtes, histoire d'attirer le passionné et de happer le passant. On guette déjà les performances colorées de la compagnie Willie Dorner qui rompent définitivement avec la grisaille. Une belle façon d'aller à la rencontre des publics, mais qui se concrétise vraiment, pour une fois. /
13>29, 20h30, Bruxelles, Le Rideau / La Carthago Delenda Est, 20/8€, +32 (0)2 737 16 01
Prog : Danse : Voleuse (J. Nioche et V. Mira/A.I.M.E.), Petites formes dansées (Cie Gilles Vérièpe), Cette immense intimité (F. Guillot / Cie Retouramont), Bodies in urban spaces (Cie Willi Dorner). Théâtre : Mademoiselle au bord du loup, la nuit (Benoit Schwartz / Cie La Bao Acou) 21 & 22.09, Dunkerque, Place du Gal-de-Gaulle, Musée des Beaux-Arts, place Charles-Valentin et agglo, gratuit, www.lebateaufeu.com
théâtre & danse |
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agenda Rencontres Inattendues, Gnawa © Jamal Bibdal
Un point c'est tout © Adrien M / Claire B
Rencontres Inattendues
It’s my life and I do what I want
jusqu'au 2.09
15>29.09
Disséminées dans plusieurs lieux de Tournai, ces Rencontres interrogent des patrimoines immatériels, notamment la philosophie et la musique. On y croise Luc Ferry, mais aussi des penseurs comme M. Serres ou R. Vaneigem entourés de musiciens chevronnés (J. Delbart, K. Izry...). L'évènement affiche des rendez-vous polymorphes : ainsi d'un apéro philo, de banquets, de débats... Éclairées et ludiques, ces Rencontres sont bien plus... attendues qu'elles n'en ont l'air !
Résumer le xxe siècle sur les planches est une entreprise trop complexe. Mieux vaut l'appréhender plus subtilement, à travers la figure d'un Nééerlandais très influent comme Willem Kroon. Un peintre, metteur en scène, traducteur, auteur et performer au parcours insensé qui croisa Beckett ou les fondateurs de l'Arte Povera. Mais a-til vraiment existé ? Google en doute. Qu'importe, rien n'entame le génie créatif du tandem Sartenaer/Dermul, qui navigue entre le vrai et le faux.
Tournai, Divers lieux, Pass 60€, +32 (0)6 925 30 80, www.lesinattendues.be
Bruxelles, Th. Des Tanneurs, tlj sf 16,17, 23 & 24, 20h30, 10/7,5/5 €, +32 (0)2 512 17 84
Panique au Plazza
Un Point c'est tout
12.09>7.10
R.Cooney/B Lefrancq
Un emploi du temps de ministre n'est pas si chargé qu'on l'imagine. Supposé être présent dans l'hémicycle, Philippe Coïc retrouve en catimini France Benamou, collaboratrice du leader de l'opposition. La découverte d'un cadavre va contrarier leurs projets amoureux... Ce vaudeville légendaire est transcendé par la mise en scène de B. Lefrancq et des acteurs irréprochables. Bruxelles, Th. des Galeries, 20h15, (sf 16, 22, 23, 30.09 & 7.10 : 15h), 24/18/10€ // 9.10, Uccle, Centre Culturel, 20h15, 26/14e, www.ccu.be
16.09
P. Sartenaer & G. Dermul
Cie Adrien M / Claire B
Une célébration de l'union de la danse, du théâtre et des arts visuels ! Marchant sur des lignes, sautant de rocher en rocher, se protégeant de la pluie, Adrien Mondot et Claire Bardanne composent de subtiles chorégraphies impliquant des projections numériques. Un dialogue s'engage autour de la figure du point. Ces faux-semblants bien inspirés soutiennent aussi une conférence sur l'envers du décor. Nous, on en retient surtout la poésie. Lille, maison-Folie Wazemmes, 19h, entrée libre sur réservation au +33 (0)3 20 49 50 20
théâtre & danse |
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agenda Lamento © Julien Lambert
Lamento 20>22.09
Ghost Road Monteverdi / M.A. De Mey
Durant l'écriture de L'Arianna, Monteverdi perdit son épouse. Puis l'interprète principale décéda. Enfin, le manuscrit partit presque totalement en fumée. Et c'est d'après le seul fragment conservé que Michèle Anne De Mey a créé ce Lamento pour la danseuse Gabriella Iacono. Sur une scène nimbée d'un clair-obscur, l'alter-ego de De Mey danse la douleur d'Ariane délaissée par Thésée. Toute la force de ce solo réside dans sa capacité à transcender et réactualiser le mythe. Charleroi, Les Écuries, 20h30, 12/8€, +32 (0)71 31 12 12
Vagues à l'âme 28 & 29.09
Paroles gelées © Polo Garat - Odessa
Mastoc Production
On estime à 7 ans l' « âge de raison », celui où la mémoire sort de sa quiescence pour devenir mature. Vagues à l'âme en appelle à cet état d'éveil en mêlant chants, danses, ombres chinoises et vidéos montées à partir de souvenirs matériels : photos de famille, journal intime, films de vacances. L'implication des habitants renforce la singularité de cet événement interdisciplinaire, qui ouvre joyeusement le début de saison du Boulon ! Vieux-Condé, le Boulon, 20h30, 9/6€, +33 (0)3 27 20 35 44
25.09>6.10
F. Murgia/Artara
Mythique, la route 66. Mais désertée depuis près de 30 ans au profit d'autoroutes plus rapides. Et quid des derniers riverains de ce serpent de bitume ? Ghost Road est le monologue imaginé d'un de ces survivants perdant pied, mêlant son histoire personnelle au fantasme d'une vie autrement menée. En sourdine, des vidéos tournées sur place illustrent un récit mis en musique par D. Pauwels. Cet opéra parlé est le premier volet d'une trilogie qui nous emmènera à Fukushima, puis dans une mine chilienne... À suivre. Bruxelles, Th. Nat. De la Communauté Française, 20h15, mer 19h15, 19/15/10€, + 32 (0)2 203 53 03
Paroles gelées 2>4.10 D'après F. Rabelais / J. Bellorino & Cie Air de Lune
Après s'être attaqué à Hugo (Tempête sous un crâne, 2010), J. Bellorini entame l'œuvre de Rabelais en adaptant un extrait du Quart-Livre (1552). Picaresque et endiablé, ce voyage mêle théâtre, rock, chant lyrique et subtiles outrances, et se voit servi par treize comédiens et musiciens possédant la truculence verbale du père de Pantagruel. Béthune, La Comédie, 20h, 18/14/8/7€, +33 (0)3 21 63 29 19
Rencontre
Emmanuel Poncet à pleins tubes
Propos reccueillis par ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Alph. B. Seny
e itournell r a l e d e ism « Le mécan e fascine » m
littérature |
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Da Funk des Daft Punk - 1996 / Baby One More Time de Britney Spears - 1998 / Blue Monday de New Order - 1983
« Il y a quelques années, je rédigeais une chronique hebdomadaire, dans Libération, intitulée Tubes à essai, se souvient Emmanuel Poncet. Or, un soir un collègue éméché m'a chopé au col, pour me hurler « Non mais t'as pas bientôt fini avec Britney Spears ?! » On a failli en venir aux mains ! » Le journaliste en rit aujourd'hui, mais y voit également une anecdote symptomatique du rapport qu'entretient une certaine intelligentsia avec les succès populaires. L'une des nombreuses questions soulevées par son ouvrage, Éloge Des Tubes. Rencontre. Quel est le point de point de départ de votre ouvrage ? C'est I Gotta Feeling, des Black Eyed Peas, qui m'a littéralement obsédé. Ce que j'aime, dans les tubes, c'est cette effraction. On se fait hacker le cerveau au-delà de nos belles intentions esthé-
tiques et de notre bagage culturel. I Gotta Feeling est emblématique : un morceau viral, téléchargé sur iTunes et vu sur YouTube des millions de fois. Surtout, c'est un tube de synthèse, qui condense tous les ingrédients des titres commerciaux d'aujourd'hui : >
I Gotta Feeling des Black Eyed Peas - 2010. Produit par le DJ français David Guetta : un record absolu (700 millions de vues sur YouTube, téléchargé 7 millions de fois, 14 semaines en tête des charts aux USA).
Can't Get You Out of My Head de Kylie Minogue - 2000. 10 millions d'exemplaires vendus à travers le monde. Le virus auditif le plus redoutable selon le professeur James Kellaris de l'Université de Cincinnati.
un riff de guitare, une ligne de basse accrocheuse, des exclamations de type « mazeltov ! » et une comptine « monday, tuesday ». David Guetta l'a qualifié de « hook of the hook », et c'est exactement cela : l'hameçon des hameçons. C'est très démagogique, mais ça ne me pose aucun problème. Je peux également être touché par un blockbuster intelligemment écrit et efficace. Vous citez Phil Spector, qui clamait « Il faut que ça reste stupide ». Plus c'est con, plus ça marche ? Oui, sauf qu'il y a con et con. Prenons Sensations, d'Arthur Rimbaud, « Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers / Picoté par les blés, fouler l'herbe menue... », ça a l'air gnangnan dit ainsi,
mais les grandes œuvres d'art sont toujours sur une ligne de crête entre le coup de génie et le truc de faiseur cynique, le sublime et le ridicule, le stupide et le Beau. Les Daft Punk le racontent très bien : au moment de composer Da Funk, l'un des deux trouvait la mélodie géniale et l'autre, franchement pas terrible. Mais leurs arrangements ont fait de ce morceau un classique. Enfin, Spector a beau dire ça, il a quand même créé le mur du son, accordant un soin extrême aux arrangements. Donc c'était une stupidité raisonnée. Peut-on prédire si une chanson sera un tube ? Il n'y a heureusement aucun algorithme ou formule secrète. Mais certains y tra-
littérature |
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vaillent. Prenons l'exemple de Rihanna. Elle s'entoure d'une myriade de producteurs et compositeurs, mais pas seulement. Dans son équipe, on trouve Ester Dean, 26 ans, chargée de trouver des hooks, de noter des bouts de mélodies ou de phrases entendues dans la rue ou ailleurs. Ce sont des reflets de l'air du temps que Rihanna pourra inclure dans ses chansons. Or, la formule a ses limites : Umbrella a marché sur les dancefloors du monde entier. Mais les titres plus récents, comme S&M, sont ratés, on voit trop les ficelles. Certes, un morceau peut être mauvais et marcher, mais je crois que les auditeurs font le tri. Nous aurions dû commencer par là : un tube, est-ce toujours un succès commercial ? Non, pas forcément. Au moment où je vous parle, mon tube du moment, c'est Trouble In My Mind, de Pusha T avec Tyler, The Creator. Je l'ai entendu dans un magasin et il ne m'a pas quitté depuis. De la même manière que Black Eyed Peas m'avait obsédé en 2010. Comme dix ans auparavant, Kylie, Oxmo Puccino ou Antipop Consortium. Un tube renferme évidemment une définition commerciale, mais il peut également s'agir d'un hit underground, un morceau electro pointu. Je ne fais pas de distinction, et je pense que l'on est au-delà des codes esthétiques. C'est le mécanisme de la ritournelle qui me fascine.
Umbrella de Rihanna - 2007. Numéro 1 pendant 10 semaines au Royaume-Uni. 10 millions d'ex. vendus. Un record dans les années 2000.
De ritournelle, justement, il est souvent question dans l'ouvrage... Les ritournelles se trouvent aussi aussi bien dans un disque d'electro minimale que dans un morceau commercial. Certains psychiatres expliquent que tout se joue avant cinq ans. Est-on marqué à vie par une mélodie que l'on aurait entendu tout petit, voire in utero ? Eston à la recherche d'une pulsation originale qu'on essaie de retrouver à travers toutes ces boucles ? À quoi peut bien nous renvoyer la ligne de basse d'un Daft Punk ou d'un New Order qui nous colle des frissons ? J'aime l'idée que l'on aurait un thème musical inconscient, enfoui. Une musique que l'on chercherait toute sa vie en achetant des disques. Une variation infinie autour d'un même thème. /
à lire : Emmanuel Poncet, Éloge Des Tubes (Éd. Nil), 234p., 18,50€
livres |
88
LES DÉSARÇONNÉS Pascal Quignard | Éd.Grasset Montaigne, Abellard, Agrippa d'Aubigné... Tous écrivant après une chute de cheval ; tous désarçonnés. Victimes de la même déconvenue, Saul devient Saint-Paul, La Palisse maréchal de France se mue en expert de la tautologie. Les exemples sont nombreux mais Pascal Quignard ne s'arrête pas à cette série d'anecdotes. L'image du désarçonné lui permet de reprendre cette vaste entreprise intitulée Le Dernier Royaume, initiée en 1998 avec La Vie Secrète. Ce septième tome regroupe des aphorismes, poèmes, contes, analyses philosophiques, légendes, mythes... Différentes formes approfondissent les mêmes sujets : qu'est-ce qui définit l'homme ? Qu'est-ce qui le distingue de l'animal ? La violence, la guerre, la politique ? L'amour ? Le plaisir ? Le symbole du cheval est également largement analysé : image de la soumission volontaire, champ lexical riche de sens (mors, remords, anicroche, amants se chevauchant...). Puis, la chute rappelle l'expérience de vie et de mort - telle que l'auteur l'a vécue d'ailleurs. Avec au final, en creux, la définition de l'écrivain lui-même : celui qui vit en dehors du groupe (« J'arrête d'obéir, je quitte la meute, j'écris »). 341 p., 20€. François Annycke
Que nos vies aient l'air d'un film parfait Carole Fives | Éd. Le Passage Après un recueil de nouvelles (Quand Nous Serons Heureux, prix Technikart 2009), un texte pour la jeunesse et une œuvre co-écrite avec Amandine Dhée, Carole Fives livre ici son premier roman. Nous sommes dans les années 80 ; un frère et une sœur sont déchirés par le divorce des parents, utilisés dans un conflit qui les dépasse. Le point de vue est changeant : le « je » est tour à tour celui de la sœur, du père, de la mère et du frère, Tom, à qui s'adresse le livre. Ce roman mêle profondeur des sentiments et justesse de la langue. Comme la chanson qui en a inspiré le titre, la petite musique mélancolique de Carole Fives distille son amertume sucrée bien après que la dernière des pages soit digérée. Preuve qu'il a su toucher. 160p., 14€. François Annycke
chroniques L'INCONSCIENCE
Le Roi pâle
Thierry Hesse | Éd. L'Olivier
David Foster Wallace | Éd. Le Diable Vauvert
Le coma, expérience littéraire ultime ? Magloire s'y était frotté il y a peu (Présents, 2012). Le thème est revisité avec ce beau roman. à Metz, Carl est dans le coma, après avoir vécu une révolution dans sa vie de quasi-quinquagénaire bien rangée. Ce cadre dans une mutuelle a successivement créé sa propre agence, découvert son homosexualité avant une défenestration finale. Marcus, longtemps bourlingueur, semble paradoxalement plus sage en tant qu'universitaire roubaisien. Ces deux existences parallèles révèlent un continent d'incompréhensions. L'auteur interroge ainsi les chimères qui soutiennent nos vies. Aussi contrastés soient-ils, ces rêves nous bercent. Malgré les regrets ou la nostalgie qu'ils charrient, ils rendent notre monde supportable. 325p., 19,50€. Paul Carra
L'entreprise semblait désespérée ou impossible. Mener le processus d'édition d'un livre à son terme malgré la mort de son auteur. Surtout dans le cas d'un perfectionniste comme David Foster Wallace... Le roman étrange qui en résulte traite de l'ennui dans une agence du centre des impôts de l'Illinois. Les changements de point de vue, passages autobiographiques et longues descriptions retiennent le temps. Personnages et paysages subissent aussi cette distorsion de la réalité, comme une plongée dans un monde si aseptisé qu'il en devient intriguant. Entre Kafka et W ou le Souvenir d'enfance (1975) de Perec, l'écriture riche et cumulative de Wallace cultive un univers raffiné. Le roi est pâle mais le livre, riche et profond. 656p., 29€. François Annycke
LE SERMON SUR LA CHUTE DE ROME Jérôme Ferrari | Éd. Actes Sud « Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt. » Ce monde, cela peut être Rome (comme dans le sermon de Saint-Augustin qui a donné le sujet et le titre de cet ouvrage), un village corse, ou partout ailleurs. Chaque individu crée le sien, le construit et le voit disparaître. Poursuivant une œuvre qui mêle la profondeur philosophique au roman, Ferrari plonge dans l'esthétique tragique de l'âme humaine pour en tirer un texte à l'écriture exigeante, où le beau et l'atroce se côtoient. Cet éclairage singulier sur l'un des textes fondateurs de nos sociétés contemporaines amène le lecteur à une vertigineuse réflexion en miroir : le livre (et même ce numéro de Let's Motiv !) n'est-il pas lui-même un monde condamné à la disparition ? 193p., 19€. Paul Carra
disques |
90
Yeasayer Flagrant World | Mute / Naïve Trop têtu pour se résoudre aux formats pop établis, Yeasayer compose de sinueuses lignes rythmiques, délibérément complexes. Évoquant tour à tour Holy Fuck ou Animal Collective, Flagrant World prolonge les expérimentations du précédent album (2010). Équipés de nouveaux séquenceurs ElecTribe, les New-yorkais mènent une danse funèbre : voix vocodée et batteries synthétiques capitonnent les boucles. Psychédélique, païen, et inspiré par l'un des albums berlinois de Bowie (Lodger, 1979), ce disque évoque les craintes de son auteur (Demon Road), le dernier soupir (Blue Paper, référence au certificat de décès ?) ou encore le souhait d'immortalité (Longevity). Henrietta rend ainsi hommage à feu Henrietta Lacks, dont les cellules (connues sous le nom de lignée HeLa) sont les premières à avoir été cultivées in vitro. Leader en plein doute, Chris Keating revient à l'essentiel, à ses premiers penchants pour le R&B contemporain. Ça tombe bien, le cousin clinquant du hip-hop n'est-il pas le support idéal pour s'épancher sur des beats futuristes ? Florian Koldyka
Waka Flocka Flame Triple F Life Friends, Fans, and Family | Warner Bros Atlanta constitue l'un des foyers du rap gangsta m'as-tu-vu (T.I.) ou déconnant (Outkast). Bon, c'est aussi la ville de Martin Luther King, mais on vous épargnera ici le couplet sur le hiphop et ses revendications politiques. Normal, il est question de crunk, un sous-genre local qui se roule dans la fange à 80BPM. Fils de l'ancienne productrice de Gucci Mane (un bon départ, donc), Waka Flocka Flame balance son argot de cancre belliqueux directement dans les jugulaires. Son Triple F bénéficie de featurings attendus (Nicky Minaj, Ludacris, Drake), avec des textes bas du front, une rafale de mots creux et de thèmes roturiers : filles, drogues & guns, bref la routine. Si le délicat 50 cent a déjà pris neuf balles, combien pour cette brute épaisse ? Florian Koldyka
chroniques TWIN SHADOW
Rich Aucoin
Confess | 4AD/ Naïve
We’re All Dying To Live | Platinum/ Differ-ant
Twin Shadow : La référence à la dualité est significative, il y a bien quelque chose d’ambivalent dans les morceaux de l’Américain George Lewis Jr. Ce son très daté new wave eighties pourrait être un peu rance, mais il est paradoxalement la bande-son idéale de 2012, des soirées « moustache » et du déhanché dont on n’a eu honte qu’entre 1990 et 2010. De même ces pop songs endimanchées, aux rythmiques presque house sont tempérées par la gravité qu’incarne à merveille la voix de crooner de Lewis (qui rappelle Morrissey sur certains titres comme The One). Twin Shadow confirme le bien qu’on avait pensé de Forget voici deux ans avec ce Confess à la beauté sidérante : dix titres d'une singulière qualité. Mathieu Dauchy
Ce disque pourrait être étiqueté AOC du Canada. Rich Aucoin, songwriter baba cool, a réuni près de 500 de ses compatriotes – musiciens, choristes, amis… – pour enregistrer ce We’re All Dying To Live qui annonce clairement son optimisme. C’est à un album plein de couleurs, plein de gens, donc, et même plein tout court (22 pistes) qu’on a affaire, sans pour autant verser dans le vide-poche. Le gourou Rich a composé de belles pièces pop-folk dont l’origine canadienne est confirmée par une grandiloquence typique et des arrangements luxuriants. Si l’ensemble a tendance à partir dans tous les sens (et parfois même dans des impasses), le disque contient ça et là de petites merveilles (le tube It) qui méritent qu’on s’y attarde. Mathieu Dauchy
MALKA SPIGEL Every Day Is Like The First Day | Swim~/ Differ-Ant Minimal Compact, c’était infiniment plus que Joy Division sur un lit d’houmous, et Malka Spigel, la bassiste du quintette israélien, n’est pas seulement l’épouse de Colin Newman (de Wire). On ne peut plus personnel, son troisième album solo, tout en arpèges et motifs hypnotiques, confine même à l’ambient (ce que laissaient entrevoir les essais du couple, avec Githead). C’est une suite plus qu’un album : déclinées en variations atmosphériques, ses mélopées dessinent les contours d’une rêverie où l’exil, le nomadisme restent prégnants – et poignants dans leur expression. Propice à la méditation, ce disque collaboratif (il bénéficie – entre autres - de contributions de Johnny Marr, Alexander Balanescu et LoneLady), se voit d’ailleurs autant qu’il s’écoute. François-Xavier Béague
agenda |
92
concerts Sam 01.09
Mer 05.09
Les Météors Lille, Gare St-Sauveur, 18h, grat
Hannah Cohen Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 14/11/8e
Loveless Age... Verviers, Spirit Of 66, 21h, 10e Massimo Girardi + Joachim Anvers, Café d'Anvers, 22h, 7e Radioclit + Desirre Lille, Magazine Club, 23h, 7e DJ Efdemin + Geoffroy Mugwump + Prince Off Bruxelles, Leftorium, 23h, 10e Neon + Thony V... Gand, Culture Club, 23h, nc
Fatoumata Diawara Bruxelles, Bozar, 20h, 14/12e Headspace + Haken Verviers, Spirit Of 66, 20h, 15e Marni Jazz festival : Dana Leong trio Bruxelles, Théâtre Marni, 20h, 13/10/8e Mellino Hesdin, Th. Municipal, 20h, 5e
Beat Traffic vs Etik Lille, Etik Club, 23h, gratuit
Jeu 06.09
Gary Beck + A. Brehme... Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e
DirtyFest : Les Fragueules + La Familya + Justin Blaiz + Va l'dire à Ta Mère... Boulogne-sur-Mer, Red Bar, 14h, (pass 4j : 15e)/ 1j : 5e
Dim 02.09 Karine Bergot + Greg Varlet + Christophe Tram... Lille, Gare St-Sauveur, 16h, grat
The Obssessed + Goatclocks Bruxelles, Magasin 4, 19h, 17/14e
Lesbian Bruxelles, Magasin 4, 19h, 11e
Crocodiles Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 19h, 16/13/10e
Nasdaq + Castles + Celebrate your mother... Liège, InsideOut, 20h, 5e Beat Traffic vs Etik Lille, Etik Club, 23h, gratuit
Lun 03.09 Family of the Year Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 19h, 14/11/8e Ben Poole Verviers, Spirit Of 66, 20h, 12e Lawrence Arabia Gand, Cafe Video, 21h, gratuit
Mar 04.09 Kimbra Bruxelles, Bota, 19h, 20/14e The Flower Kings Verviers, Spirit Of 66, 20h, 25e
Jack White Anvers, Lotto Arena, 20h, 35e Apéros Indus : Bronco Billy + Barako Bahamas... Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, gratuit Guy Do + Mad-D & Vista... Anvers, Café d'Anvers, 23h, grat
Ven 07.09 DirtyFest : John Doe + Green trip + Spookshook + Scarlet + Hamilton... Boulogne-sur-Mer, Red Bar, 14h, (pass 4j : 15e)/ 1j : 5e Marni Jazz festival : Sébastien Walnier... Bruxelles, Théâtre Marni, 20h, 13/10/8e DMC Belgium 2012 : DJ
Nelson + Rémon Jr... Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e Janne / B-stoned (Rolling Stones Tribute) Courtrai, De Kortrijkse Schouwburg, 20h, gratuit Folk Festival Musiques et Traditions ! : 21 BOuTONS + Duo Leemans-Driessens... Huy, Centre culturel de Huy, 20h, (pass 3j : 50/40/30e)/1j : (gratuit -12ans) 15/12e Gibson Brothers + Vigon... Braine l'Alleud, 21h, 20e DJ Lefto + Surfing Leons... Liège, Caserne Fonck, 22h, 7e Maxime Dangles + Dj Ice... Lille, Etik Club, 23h, 7e Green Velvet + Fred Hush Lille, Magazine Club, 23h, 8e Maayan Nidam + Tofke... Anvers, Café d’Anvers, 00h, 12e
Sam 08.09 Folk Festival Musiques et Traditions ! : Marin/Marin + David Munnelly Band... Huy, Centre culturel de Huy, 11h, (pass 3j : 50/40/30e)/1j : 30/24/15e DirtyFest : Sons of Disaster + 6 days after + Netfastcore... Boulogne-sur-Mer, Red Bar, 14h, (pass 4j : 15e)/ 1j : 5e Drums Are For Parades + Naughty Mouse + Maria... Bruxelles, Magasin 4, 19h, nc Terrible Feelings... Lille, La Rumeur, 20h, 3e Saladin + ZERKO + MELFIANO + K.L.M.... Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, gratuit Tribute to Metallica : Skor Verviers, Spirit Of 66, 21h, 12e Festival Les Unes Fois d'un
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Soir : Monofocus Houtaing, Grand Place, 22h, grat
Black Market III... Verviers, Spirit Of 66, 20h, 12e
BP + Bartholomeo... Anvers, Café d'Anvers, 22h, 7e
Perfume Genius Esch-sur-Alzette, Rockhal, 20h, gratuit
Retro Acid : Hardfloor + G-Force + Francky Jones + Spacid + Steve Cop... Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 16/13e Culture Club Opening Night Gand, Culture Club, 23h, nc Dirty Sound System + Ariel Wizman, Peo Watson... Lille, Magazine Club, 23h, 7e Âme + Dixon + Pierre + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e
Mar 11.09 Master + Fleshless... Lille, La Rumeur, 19h, 8e Creature With The Atom Brain Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 14/11/8e
Perfume Genius Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 20/17e
Kalky + Brandy + Climaxx Lille, Etik Club, 23h, 5e
George Michael Bruxelles, Forest National, 20h, 126,5/96,5/84,5/74,5/64,5e
Dim 09.09
Mer 12.09
Folk Festival Musiques et Traditions ! : Cecilia + Limbrant & A Râse Dè Têrre + Baila Tocamos... Huy, Centre culturel de Huy, 11h, (pass 3j : 50/40/30e)/1j : (gratuit -12ans) 20/16e
Norah Jones Bruxelles, Forest National, 20h, 65/61/55/51e
DirtyFest : Pink Falda + Mind + Myrha... Boulogne-sur-Mer, Red Bar, 14h, (pass 4j : 15e)/ 1j : 5e Buildings + The K. Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Buzz on your lips + Dirty Beaches + Mongolito Bruxelles, Les Atelier Claus, 20h, 10e Dirty Beaches Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, 10e Lilith Brugge, Concertgebouw, 20h, 20e
Lun 10.09 Fat 32 + Hassan K... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e The View Bruxelles, Bota, 19h, 17/11e
Mister Yclub Bruxelles, The Wood, 23h, grat
Jeu 13.09 Mustang + The Scales Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 8/6/0e Kid Ink Anvers, Trix, 19h, 20/17e Globul + Ludwig Buez... Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, gratuit 24Pesos Verviers, Spirit Of 66, 20h, 12e Marni Jazz festival : Laïla Amezian TriOde Bruxelles, Théâtre Marni, 20h, 13/10/8e Socrade + King Kool Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 5e Beverly Jo Scott Louvain-la-Neuve, La Ferme du Biéreau, 20h, 18/16/12e
Ven 14.09 Reggae Bus Festival : Blackboard Jungle Soundsystem + Mad Professor Bruxelles, Tour & Taxis, 16h, (pass 2j: 25e)/10e Agobun Sound System + Dub Fi Youth Lille, La Rumeur, 18h, gratuit Leffingeleuren Festival : The Van Jets + The Subways + Sleepy Sun + Klaxons DJ set + Telepathe + Tu Fawning + Howlin' Rain Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 18h, 93/82e(pass 2j) /44/37e (1j) Japandroids Molenbeek, La Chocolaterie, 19h, 15/12e Anchorsong Lille, Gare St-Sauveur, 20h, grat David Bartholomé + La Fabrique Lille, L'Aéronef, 20h, gratuit abonné/11e Orchestre National de Lille Aire sur la Lys, La Collégiale, 20h, 30/24/12e Booka Shade... Lille, Magazine Club, 23h, 10e Wellatribe Crew Lille, Etik Club, 23h, 5e KOMPAKT LABEL NIGHT : Michael Mayer + Saschienne + Barnt + Shumixokinawa 69 + Mickey + Rick Shiver Bruxelles, Mirano, 23h, 13/8e Move D + Rob Lowe... Anvers, Café d’Anvers, 00h, 9e
Sam 15.09 Reggae Bus Festival : Channel One + King Shiloh + Aba Shanti-I... Bruxelles, Tour & Taxis, 14h, 15e
agenda |
94
concerts Goûter-concert : David Bartholomé + La Fabrique Lille, L'Aéronef, 16h, 5/3e (+1e /accompagnateur)
Lille, Magazine Club, 23h, 8e
Leffingeleuren Festival : Joss Stone + Nneka + The Black Box Revelation + Japandroids + Speech Debelle + King Tuff + Compact Disk Dummies... Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 18h, 93/82e (pass 2j) /44/37e (1j)
H-Burns + The Lumbers... Lille, Gare St-Sauveur, 11h, grat
Ensiferum + Profane Omen Anvers, Trix, 19h, 23/21e
Festival de WallonieHainaut : Premières Scènes La Louvière, Eglise SaintJoseph, 16h, gratuit
Mimi Verderame Quartet Mouscron, Ctre Marius Staquet, 20h, 12/10/8e Black Dice Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 12e Kathy Adam + Steve Houben Bruxelles, Théâtre Marni, 20h, 13/10/8e Orchestre Natio. de Lille Lille, Eglise Saint-Michel, 20h, 30/24/12e Crocodiles + Guest Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/7e N.A.M.E. Festival : Elagua + People Get Real + Kasper Bjorke + Âme + APM001 Dunkerque, Le Kursaal, 22h, 11/9/8/7e Prinz + Smos... Anvers, Café d'Anvers, 22h, 7e DJ Bern by Beat Traffic Lille, Etik Club, 23h, 5e John Talabot + Mondkopf... Anvers, Petrol Club, 23h, 14/9e Maceo Plex Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e We Play House Recordings presents : Tama Sumo + Tibson & Leroy... Gand, Decadance, 23h, nc So Glove + Sound Pellegrino Thermal Team
Dim 16.09
Orchestre royal de chambre de Wallonie La Louvière, Le Splendide (chapiteau) , 16h, nc Sheetah et les Weissmuller Roubaix, La Condition Publique, 16h, gratuit
Wintersleep... Anvers, Trix, 19h, 14/11e Calexico + Laura Gibson Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 25e Body / Head Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e
Jeu 20.09 Bozar Electronic Arts Festival : Silver Apples + The Haxan Cloak... Bruxelles, Bozar, 19h, 20e BRNS + Reiziger... Anvers, Trix, 19h, gratuit
Leffingeleuren Festival : Beirut + Absynthe Minded + Kitty, Daisy & Lewis + Staff Benda Bilili + Spinvis Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 18h, 44/37e
David Bartholomé Hazebrouck, Espace Flandres, 19h, 10/7e
Lean Left Anvers, Trix, 19h, 14/11e
Moon Safari Verviers, Spirit Of 66, 20h, 15e
Lun 17.09
Pierpoljak Lille, Etik Club, 20h, nc
The Men + King Tuff Anvers, Trix, 19h, 14/11e
Pierrick Pedron Dunkerque, Jazz Club, 20h, 15/10/7e
Cult Of Youth... Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7/0e
Mar 18.09 Walls of Jericho... Anvers, Trix, 19h, 18/15e The Men Bruxelles, VK*, 19h, 14/11e
Wovenhand Leuven, 30CC, 20h, 28/27/24/22/16/14e
Venetian Snares + Kid606... Bruxelles, Fuse, 22h, 15e Nouvel An belge : MUMBAÏ SCIENCE + PARTY HARDERS Lille, Magazine Club, 23h, 8e
Ven 21.09
Hawklords... Verviers, Spirit Of 66, 20h, 20e
N.A.M.E. Festival : Farai + So Tasty + DJ Dleek Lille, Gare St-Sauveur, 18h, grat
Bertrand Burgalat + Marvin Hood Erquinghem-Lys, L'Espace Agoralys, 20h, gratuit
Bozar Electronic Arts Festival : Gold Panda + Hype Williams... Bruxelles, Bozar, 19h, 20e
Mer 19.09
Motorcombo... Bruxelles, Recyclart, 19h, grat.
Toe Bruxelles, Magasin 4, 19h, 15/12e
Torche + Castles... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 14/11e
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La Dispute + Title Fight... Anvers, Trix, 19h, 17/14e EL-P Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 17/14e Graham Coxon Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 20/17/14e icônes Lille, Casino Barrière, 19h30, 67e (dîner spectacle), 20h30, 30e (cocktail spectacle) Orchestre National de Lille Orchies, Le Pacbo, 20h, 30/24/12e Pierpoljak + Jagan + Taya Liège, Le Tipi, 20h, 8e Les 20 ans du Tire-Laine : Arnaud Van Lancker Quartet + Klavan Gadjé Lille, L'Aéronef, 20h, 13/7 (Pass 2 soirs 30/20e) Gabriel Rios + Sherman Courtrai, De Kortrijkse Schouwburg, 20h, 21/19/18/16e Pierrick Pedron Dunkerque, Jazz Club, 20h, 15/10/7e The Wedding Present Gand, Le Charlatan, 21h, 10/7e N.A.M.E. Festival : Kavinsky + Simian Mobile Disco + Maceo Plex + SebastiAn + Ellen Allien + Art Department + John Talabot + Busy P + Krazy Baldhead + Jennifer Cardini + Nicolas Jaar + Peo Watson + Matthus Raman + Deiva & Djos Tourcoing, La Tossée à l'union, 22h, 31/29/26/24e Deg + Syncope + Epidemie... Anvers, Petrol Club, 22h, 6e Lady Chann + DJ Sticky Lille, Etik Club, 23h, 10e Dave Lambert + Prinz +
Jerry May + Djaxx... Anvers,Café d’Anvers, 00h, 10e
Sam 22.09 N.A.M.E. Festival : Aziz & Boulaone + Laurent de la Rive Gauche + Jennifer Cardini + Gran Cavaliere + Clementine Lille, Gare St-Sauveur, 14h, grat Woodrock : Wallace Vanborn + Ed & Kim + Kapitan Korsakov... Gand, DOK, 15h, (pass 2j 23/15e Bozar Electronic Arts Festival : Andy Stott + Raime + Peter Van Hoesen + Sendai + Geoffroy Mugwump... Bruxelles, Bozar, 16h, 20e Best Coast Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 19h, 16/13/10e We Have Band Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 18/15/12e Monkey3 + Glowsun... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 12e Charlie Winston Lille, Zénith Arena, 20h, 39.60/32e 20 ans du Tire-Laine : Taraf Dekalé + Esma Redzepova et l’Ensemble Teodosievski Lille, L'Aéronef, 20h, 18/14e (Pass 2 soirs 30/20 e) Lucie Carton Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 20/7e Nouk + Arnomatic (Arno) Courtrai, De Kortrijkse Schouwburg, 20h, Gratuit, Orchestre Natio. de Lille Outreau, Le Phénix, 20h, 30/24/12e N.A.M.E. Festival : Richie Hawtin + Brodinski + Gesaffelstein + Club Cheval + Radio Slave &
Tom Gandey + APM001 + Ambivalent + Benoit & Sergio + Matador + Soul Clap + Rocky + Heartthrob + AIC + Miss Noa... Tourcoing, La Tossée à l'union, 22h, 31/29/26/24e Marco Carola + Tofke... Anvers,Café d'Anvers, 22h, 15e Matt Houston Lille, Etik Club, 23h, 10e Joris Voorn... Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e
Dim 23.09 Stef Kamil Carlens Bruges, Cactus, 14h, nc L'Arpenteur Lille, Gare St-Sauveur, 15h, grat Woodrock : Sioen + Arquettes + Nevermind Nessie + This kid + Destine.. Gand, DOK, 15h, 15e Tu Fawning + Marvin Hood Lille, La Malterie, 18h, 7/5e Gaggle Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 19/16/13e
Lun 24.09 Breton + Little Trouble Kids Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, gratuit abonné/10e Dan Deacon + Deep Time Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 15/12/9e Electric Guest... Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 19/16/13e Yeasayer Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 24/21e
Mar 25.09 Missiles Of October... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e
agenda |
96
concerts
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Lights Anvers, Trix, 19h, 14/11e
Ven 28.09
Husky + Renée Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 14/11/8e
Paco Osuna + Paul Ritch... Anvers, Café d'Anvers, 00h, 16/12e
Breton + NZCA / Lines Amiens, La Lune des Pirates, 20h, gratuit abonné/10e
White Hills + Cave Anvers, Trix, 15h, 20e
Les fouteurs de Joie Douai, L'Hippodrome, 20h, 8e Sébastien Dewaele + Thierry Derckel Dunkerque, Jazz Club, 20h, grat
Mer 26.09 Dad Rocks! + Ô Superman Lille, La Malterie, 20h, 7/5e Bilt Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 14e NZCA / Lines + Im Takt Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e Mister Yclub Bruxelles, The Wood, 23h, nc
Jeu 27.09 The Hard-Ons... Anvers, Trix, 19h, 15/12e The Rippers + Belle de Luxe + Mon Colonel & PapyHarder... Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, gratuit Renaud Garcia-Fons Mouscron, Ctre Staquet, 20h, 5e Orchestre Natio. de Lille Audruicq, Salle de Tennis, 20h, 30/24/12e Ensemble Ictus Gent, Handelsbeurs, 20h, 17/13/5e Amadou et Mariam La Louvière, Cour Parconche, 21h, nc Fuck you Stupid Loser Gand, Le Charlatan, 22h, nc
Les fouteurs de Joie Douai, L'Hippodrome, 20h, 8e Shurik'n Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 22/20e New Lows + Full of Hell Gand, Le Charlatan, 20h, 7e Heideroosjes Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 21/18e Yael Naim + David Donatien Douai, L'Hippodrome, 20h, 28/23e Orchestre Natio. DE Lille Hazebrouck, Espace Flandre, 20h, 30/24/12e Highbloo & Friends : THE SUBS + PARTYHARDERS... La Louvière, Tente Blanche, 21h, gratuit Cirque du soir Lille, Magazine Club, 23h, 12e Strukture Label night Lille, Etik Club, 23h, 7e
Sam 29.09 BOY Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 17/14/11e Maximilian Hecker Lille, Divers Lieux, 20h, 18e Oldelaf + Dam Barnum Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e En partenariat avec Call 911 : Finale régionale du buzz booster NPdC : MC Metis + Feini X-Crew + PsyKokondriak + Veerus... Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 3e
Dead Can Dance Bruxelles, complet ! Kiss the Anus of a Black Cat + Silvester Anfang + Spooky Dolls Surgery Liège, La Zone, 20h, 8e Noa Moon + Roscoe Arlon, Entrepôt, 20h, gratuit Cave + Betunizer + Blazer Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, gratuit Orchestre National de Lille Fourmies, Théâtre Municipal Jean Ferrat, 20h, 30/24/12e Tribute to AC/DC : High Voltage Verviers, Spirit Of 66, 21h, 13e Log To "guest surprise" Lille, Etik Club, 23h, nc Joris Voorn + Pierre + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e Ivan Smagghe + APM001... Lille, Magazine Club, 23h, 7e
Dim 30.09 Nico Duportal & His Rythm Dudes Willems, La Base de loisirs de Six Bonniers, 17h, gratuit Wolfest : Les Philosophes de le Rue + Mass Memory + Mood + Screaming Flames... Lille, Splendid, 17h, 13e Therion + Elyose... Anvers, Trix, 19h, 26/24e Cold Specks Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 16/13/10e Death in Vegas Gand, Le Vooruit - Balzaal Vooruit, 19h, 16e Colour Haze Anvers, Trix, 20h, 18/15e Fun + Walk The Moon Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 25/22e
le mot de la fin |
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Nicolas Jaoul s'est lancé un défi : réaliser un dessin par jour. Visibles sur son site web, ses œuvres astucieuses, entre détournements absurdes et jeux de mots potaches s'inscrivent dans la grande tradition des caricaturistes. Voici notre sélection du mois ! À visiter / www.facebook.com/nicolasjaoul - nicolasjaoul.tumblr.com