n째84 / avril 2013 / GRATUIT
nord & belgique Cultures et tendances urbaines
Sommaire Let’smotiv - avril 2013
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n ews Ciraolo, 22e Marché des modes, Littér@tweet, La recette de la fricadelle, Dessinez, c'est gagné !, Braquage de Banksy, Pantone aux échalottes...
10 portfolio Kristof Luyckx 16 événement Dunkerque 2013, Capitale Culturelle
22 dossier Paysages industriels
42 portrait Soufien3000 44 rencontre Aufgang, Futur classique 48
m usique Les Paradis Artificiels, Aline et Granville, Naïve New Beaters, Les 25 ans du 4AD, Ben Klock, !!!, Willy Moon, King Krule, The Melvins Lite
60 cinéma Berberian Sound Studio, Flammes, Au Nom Du Fils, Brussels International Fantastic Film Festival, Cinémondes
Rhino in Fog, 2003 © Geert Goiris
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66 Exposition David Lynch, Epidermiques #2, Astuguevieille, Maria Marshall, Play Again, Geert Goiris, Kandinsky, Les Gaulois… Agenda
82 t héâtre & danse L'Homme qui valait 35 milliards, Blé, Karl Marx, le retour, À la française, Orlin et Prejlocaj, Les Turbulentes, Orlando, Pourquoi j'ai mangé mon père, De la dope, du fric et des putes !... Agenda
98 rencontre Michka Assayas 102 littérature Colères du Présent 104 livres Femen, Alice Zeniter, Paul Colize, Aïssa Lacheb
106 disques Conny Plank, Bernard Lenoir, Objet Sonore, Kavinsky, M. De Biasio
108 agenda concerts et soirées 114 Le Mot de la fin Les séries télé d'Albert Exergian
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Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F - 59000 Lille tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com redaction.bruxelles@letsmotiv.com
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Direction de l’édition / Rédaction en chef : Nicolas Pattou
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Rédaction : Thibaut Allemand
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Elsa Fortant
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Direction Artistique / graphisme : Cécile Fauré
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Couverture : Kristof Luyckx
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diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)
Ont collaboré à ce n° : François Annycke, François-Xavier Béague, Sylvain Coatleven, Julien Collinet, Mathieu Dauchy, Florent Delval, Cédric Delvallez, Sophie Desplat, Hugo Dewasmes, Marine Durand, Grégory Escouflaire, Clément Gagliano, Audrey Jeamart, Aurore Krol, Thibault Krause, Vincent Lançon, Kristof Luyckx, Joris Naessens, Clément Perrin, Olivia Volpi et plus si affinités. Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
en Bref
Le chilien Fabian Ciraolo projette des figures mythiques dans notre modernité (Marylin, Che Guevara, Charlie Chaplin ou ici, Frida Kahlo rebaptisée « Frida del Rey »). Rhabillés façon 2013 (en lorgnant du côté des anges de la télé-réalité, quand même) et arborant des T-Shirts floqués de groupes en vogue, ces célébrités prennent un sérieux coup de jeune. Roublard, Ciraolo pousse le vice en les coinçant dans des décors flashy à l'aérosol rose et violet, et se joue du mauvais goût. Ou comment transformer des images chargées d'histoire en vignettes kitsch. Pierre & Gilles vont être jaloux. fabianciraolo.blogspot.fr
© Fabian Ciraolo
Hibernatus
22e Marché des modes
© Sébastien Gras
« T'es sûr que ça me va ? Et c'est pas cher en plus ! Ce sont des pièces uniques ? Ah, mais tu m'avais pas dit qu'il y aurait autant de jeunes couturiers ! Une centaine de stylistes ! On trouve des bijoux, des sacs, des robes, et même des habits pour les gamins ! Je vais pouvoir acheter un truc à mon neveu ! ». Voici un résumé de trois jours passés au Marché des Modes, au milieu d'une centaine de jeunes créateurs et stylistes dévoilant l'étendue de leurs talents. 03>05.05, Roubaix, ENSAIT, Vestiaire, www.maisonsdemode.com
Telex
Star Wars racheté par Walt Disney, et Star Wars VII dans les tuyaux, vous le saviez. Mark Hammill, qui interprétait Luke Skywalker, en sera. Vous étiez au courant. Mais dans quels autres films a-t-il joué ? On fait moins les malins, hein ?!
news
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Littér@tweet Le gazouillis, l'avenir de la littérature ? Le quotidien montréalais Le Devoir a proposé à plusieurs célébrités (Bernard Pivot, Tahar Ben Jelloun...) de signer une nouvelle en 140 signes. Quelque part entre la micro-nouvelle et le haïku, le résultat est déroutant. C'est la première fois qu'on arrive au bout du triste Alexandre Jardin, et on aime bien celle de Tonino Benacquista : « Tandis qu'un caïman lui arrachait le bras, il dit : « Je suis gaucher ! » pour prouver au saurien lequel des deux était l’animal à sang froid. » www.ledevoir.com/documents/pdf/140.pdf
Broodje Frikandel - Gebroeders Ko.
Le cheval déguisé en bœuf chez Findus, les bons chocolats d'Ikea... Nous, on s'en fiche : on se nourrit exclusivement de fricadelles. Pas de quoi s'inquiéter, la recette est inconnue ! Pas de chance… Télé-Moustique vient de révéler la recette : on y trouve 40 % de déchets de poulet, 25 % de déchets de porc et 2 % de déchets de cheval... On se rabat sur les Bicky Burgers ?
© Jim'll Paint It
Ils sont odieux, mais c'est divin !
Dessinez c'est gagné Il se nomme Jim, tient un tumblr, et dessine absolument TOUT ce qu'on lui demande. Jarvis Cocker allongé dans le métro londonien, sapé en sapeur pompier et jouant du clavecin, par exemple. Ou Robocop au Tesco. Et ici, Morrissey mangeant un cheval. La liste est longue. Le résultat, pas loin de Beavis and Butt-Head, interroge moins sur la santé mentale de l'artiste que sur celle de tous ces anonymes... www.jimllpaintit.tumblr.com
Bon, Ewan McGregor, qui jouait le jeune Obi-Wan Kenobi, ne sera sans doute pas de la partie. Pas grave, il s'en remettra en replongeant dans la drogue avec ses vieux poteaux de Glasgow : Danny « JO 2012 » Boyle va offrir une suite à Transpotting // Autre chef-d'œuvre : Dumb et Dumber II, par les Farelly, et avec Jim Carrey et Jeff Daniels !
© DR
© Christophe Pilate
news
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Braquage de Banksy Le street art est-il compatible avec la notion de propriété ? On dirait bien. à Brighton, le propriétaire d'un pub, sur lequel Banksy avait peint deux fameux bobbies amoureux, a revendu cette œuvre à une galerie new-yorkaise pour une petite fortune. à Tottenham, on a été moins délicat, en arrachant un pochoir (avec le mur, tant qu'à faire), finalement retrouvé à… Miami, dans une vente aux enchères ! De son côté, le parisien Christophe Pilate, alias Brandksy, détourne les œuvres de l'Anglais contestataire en y apposant des logos de grandes marques. Paradoxe : le résultat ressemble à une publicité ET au détournement de celle-ci. Le serpent qui se mord la queue ? www.brandksy.tumblr.com
Les goûts et les couleurs
© David Schwen
Adepte de détournements en tous genres (il avait déjà signé des typographies à base d'aliments), l'américain David Schwenn imagine désormais le fameux nuancier Pantone (vous savez, ce système de normalisation de classement des couleurs) à base de... nourriture, encore une fois. Mais ce n'est pas tout ! En plus des couleurs, ce graphiste gourmet marie les saveurs : jambon et fromage, bacon et œufs... De quoi ravir papilles et pupilles, donc. www.dschwen.com, www.pantonepairings.com
Telex
Syedou Cisse et Bakary Diallo présentent Un autre regard sur le Mali au Palais de Tokyo (jusqu'au 15.04). Les vidéos d'Hicham Berrada enchantent la Fondation Pierre Bergé (dépêchez-vous, c'est jusqu'au 04.04). Et ces trois jeunes gens sont élèves du Fresnoy. Cocorico !
kristof Luyckx ça cartoon
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êlant noir et blanc et couleurs vives, voire flashy, imaginaire enfantin (cette guerre des robots) et franche déconne (ce petit chien posé dans le panier d'un biker du dimanche), le gantois Kristof Luyckx, 32 ans, aligne les crayonnés délirants et les trouvailles graphiques avec une régularité métronomique. Nous autres, petits francophones, pensons immédiatement à Pierre La Police, dont les élucubrations visuelles et narratives firent les belles heures des Inrockuptibles et, aujourd'hui, de SoFoot ou SoFilm – entre autres. Mais le Belge avoue n'avoir jamais entendu parler de ce cousin d'outre-Quiévrain. Parmi ses (nombreuses) influences, notre dessinateur cite les personnages mal à l'aise de Daniel Clowes, le minutieux Chris Ware et, en premier lieu, David Shrigley. Et c'est vrai que l'ombre du Britannique plane sur ces œuvres (apparemment) simplistes et volontiers potaches, n'ayant d'autre but que
portfolio
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de faire sourire – ce qui n'est pas une mince affaire. Ce name-dropping ne doit pas étouffer le réel talent de Krystof Luyckx, qui ne s'illustre pas uniquement dans le dessin ; il est également animateur vidéo, histoire de donner vie à ses dessins. Et de vivre, aussi, puisque ce touche-à-tout réalise également des publicités. « C'est pourquoi, je ne me considère pas comme un artiste underground, même si certaines agences de pub trouvent mon travail bizarre. Si je voulais vraiment être indépendant, je ne servirais pas de grandes marques ». Une lucidité qui dénote avec ces dessins hallucinés. Vincent Lançon
à visiter / www.kristofluyckx.be à voir /26 & 27.04, Hasselt, Festival graphique Beyonderground, www.beyonderground.com
dun_ ker_ que
événement
Texte ¬ Thibaut Allemand Photo ¬ Activité portuaire © CUD
La cité de Jean Bart déborde de mythes industriels et de légendes marines. Comme pas mal de ports, c'est vrai : Brest ou Le Havre renferment aussi leur part de fables. Mais Dunkerque est particulière. Cet autre Finistère posé face à l'Angleterre, à deux pas de la Belgique et au cœur de la Flandre maritime, traversé par de multiples courants, affiche une identité extrêmement forte. la ville évoque les dockers, ouvriers, et marins. le chômage et la pluie, aussi, parfois. Songer à Dunkerque, c'est avant tout penser aux Dunkerquois. À leur sens de l'hospitalité et de la fête. À tous ces carnavaleux qui, près de trois mois durant, plaquent de la couleur sur la grisaille environnante. Clichés ? Sans doute. Mais le secret de la vaste programmation de cette Capitale Régionale de la Culture 2013 réside justement dans la mise à sac des idées reçues autant que dans la mise en valeur d'un riche patrimoine !
Chi ffres clés 3
The World Street Dance, Team Bboy France 2011 © Homard Payette
saisons
600 5000 20
rendez-vous culturels artistes mobilisés
communes du Dunkerquois impliquées dans l’opération
12 M€
de budget pour la Capitale régionale de la culture
100 M€
investis sur le territoire dans des équipements culturels pérennes
princi
pe
Après Valenciennes en 2007, Béthune en 2011 et avant Maubeuge en 2015, c'est donc à Dunkerque d'être désignée Capitale Régionale de la Culture et de bénéficier de subventions ad hoc pour animer une programmation culturelle et artistique d'envergure et créer des lieux ou dispositifs pérennes. Dans un contexte où les subsides publiques fondent comme neige au soleil, ce tremplin économique, touristique et citoyen est un fait rare. Une initiative régionale inédite en France qui essaime en Belgique : l'an passé, La Louvière était désignée « Métropole Culture ».
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ugez plutôt : 5 000 artistes et 600 rendez-vous (plus de trois par jour !) répartis en trois saisons. Il est évidemment impossible, de résumer ici toutes les propositions en matière de théâtre, de danse, d'exposition, de musique, de cinéma, de littérature, de sport – voire de projets croisant toutes ces disciplines. Outre une soirée d'ouverture enthousiasmante (voir p. 19), on retient bien sûr l'Escale à Dunkerque qui invite à mettre les voiles (voir p.21). Quelques jours plus tard, l'Instrumentarium réunit les meilleurs ensembles à vent de la région, rejoints par ceux du Kent et de Flandre occidentale. On attend aussi de pied ferme le Grand Voyage, réunissant 14 compagnies professionnelles et 800 amateurs dans une vaste déambulation de rue mêlant chars, acrobaties, chorégraphies, chants et théâtre. Au LAAC, pas de déjà-vu, mais du « déjà-fait », avec Poétique d'Objets, belle exposition consacrée au ready-made (voir p. 79). Enfin, citons le fil rouge de toute cette année, La Saga Des Photons, une fiction pyrotechnique imaginée par le prestigieux Groupe F (voir p. 20).
Soirée d' Ouverture
Ouverture de Dunkerque 2013, ez3kiel, Extended Tour © DR
Tous ensemble, ouais ! L'intérêt majeur de ce gigantesque dispositif réside avant tout dans l'intervention des habitants qui ont ancré moult projets dans le dunkerquois. Jean-Pierre Noël, chargé des grands événements à la communauté urbaine de Dunkerque, évoque une « démocratie participative ». Un terme souvent galvaudé auquel on rend ici ses lettres de noblesse. Placer l'imagination au pouvoir a permis l'éclosion de 80 projets, tantôt farfelus (le championnat du monde de ricochets fluorescents titille notre curiosité), et d'autres, éminemment civiques. Ainsi de Reflets du Monde, organisé par Coud'Pouce. Coud'Pouce ? Une association d'aide à la réinsertion sociale et professionnelle qui a travaillé avec la dramaturge Brigitte Mounier pour mettre en scène, ou plutôt à flots, un défilé de mode sur les eaux, qui mêle mode, natation synchronisée et théâtre. Un parfait exemple de la synergie impulsée par cette Capitale Culturelle, encourageant les rencontres créateurs et citoyens. ▲
Le Grand Voyage © Franceline Borrel
Pour la soirée d'ouverture, rendez-vous au Pôle Marine. Les 4 Ecluses, LA salle de musiques actuelles de Dunkerque, organise la soirée et a vu les choses en grand. Outre les enfants du pays (les Lillois synth-punk de We Are Enfant Terrible), on signale un arrivage de Champenois bien frais (The Bewitched Hands et Yuksek) et, cerise sur le gâteau, Ez3kiel propose une performance exceptionnelle, intitulée Ez3kiel Extended, qui réunit, outre les fameux Tourangeaux, quinze musiciens venus d'horizons différents. 06.04, Dunkerque, Pôle Marine, 18h30, gratuit !
événement
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De la suite dans les idées Devant cette avalanche de propositions, une question nous taraude tout de même : la culture comme remède à la crise, ça sonne bien, et ce fut d'ailleurs le moteur du Louvre-Lens ou des festivités organisées par Lille 3000 (Fantastic, dernièrement). Mais quid de l'avenir ? Certes, l'agglomération dunkerquoise, étendue à Bergues, bénéficie d'un budget conséquent pour l'année 2013. Cela permet de proposer 95% de manifestations gratuites, ou n'excédant jamais 10 euros. Mais qu'en serat-il ensuite ? Nul ne le sait. En revanche, de nombreuses transformations, elles, s'annoncent pérennes : ainsi des nouveaux locaux du FRAC, de la rénovation du Bateau-Feu ou encore des 4 Ecluses, précieuse salle de concerts qui disposera bientôt de locaux de répétition. Tous ces chantiers ouvrent de nouveaux horizons à la cité portuaire, vers laquelle on reviendra tout au long de l'année 2013 – au moins.
La Saga Des Photons, Thierry Nava © Groupe F
gr oupe
F
Reconnue dans le monde entier pour ses talents pyrotechniques, scénographiques et narratifs, le Groupe F a illuminé, entre autres, la clôture des JO de Barcelone en 1992, la Tour Eiffel pour le passage à l'an 2000, ou encore le Burj Khalifa de Dubaï. À Dunkerque, le collectif aurait pu se contenter de faire parler la poudre avant de prendre celle d'escampette, mais les artistes ont préféré imaginer un projet sur le long terme. Ainsi, d'avril à décembre, le Groupe F propose La Saga des Photons, huit rendez-vous et autant d'épisodes d'une histoire centrée sur des sites du Dunker-
quois. S'appuyant sur les sons, symboles, histoires, architectures, paysages légendes ou... anecdotes de chaque lieu, la compagnie tisse un conte visuel mêlant pyrotechnie, land art et théâtre à ciel ouvert. Bref, LE feuilleton qui fera des étincelles ! 06.04, Dunkerque, Port, Môle 1 et 2 // 24 & 25.05, Coudekerque Branche, Parc d'Agglomération Fort Louis // 26.07, Leffrinckoucke, Plage Batterie des Dunes Dewulf // 21.09, Gravelines, Canal Olympique Parc des Rives de l'Aa // 13>22.12 et 26>27.12, Communes à confirmer // 28.12, Dunkerque, Place du Gal de Gaulle. à visiter / www.groupef.com
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Escale à Dunkerque, Morgenster © DR
Des dizaines de grands voiliers du monde entier se donnent rendez-vous à Dunkerque pour cette Escale organisée sous le patronage du prestigieux Tall Ship's Race. Vieux gréements, impressionnants trois-mâts et autres géants des mers viennent mouiller dans la cité du corsaire Jean Bart. On peut visiter le fameux Kruzenshtern (second plus grand voilier du monde), prendre la mer à bord de l'Artémis ou se promener sur les quais en profitant des chants marins ou du répertoire du légendaire Bagad de LannBihoué. Tonnerre de... Dunkerque, en fait. 30.05>02.06, tlj sf mar, 10h>12h45, 13h30>18h. Vacances scolaires : tlj, mêmes horaires. www.museeportuaire.com
le Musée Por tuai r e Posté face à la Duchesse-Anne (fameux trois mâts fin comme un oiseau), le Musée Portuaire touche au port, de la mer du Nord à la Méditerranée. Le parcours dévoile ces catalyseurs économiques, politiques et culturels. Lieux de travail, de mythes et de perdition, les ports ont toujours hanté l'imaginaire collectif. Cette exposition a été montée avec le concours de 13 musées portuaires étrangers (Barcelone, Rotterdam, Aberdeen, Anvers, Londres, Kotka, Venise...).
Musée Portuaire © CUD
02.06>12.01.2014, tlj sf mar, 10h>12h45, 13h30>18h, (vacances scolaires, tlj, mêmes horaires), 5/4€, www.museeportuaire.com Dunkerque, Capitale Culturelle 2013 du 6.04 au 28.12, (Saison 1 : 6.04>5.07 / Saison 2 : 6.07>13.09 / Saison 3 : 14.09> 28.12), toute la programmation détaillée sur www.dunkerque-culture2013.fr Venir / en voiture : A25 depuis Lille, A16 depuis la Belgique et Boulogne-Calais, www.covoiturage-dunkerque.fr / en train : TGV Dunkerque-PARIS, www.ter-sncf.com // Séjourner / l’Office de Tourisme et des Congrès de Dunkerque Dunes de Flandre propose des packs touristiques complets, www.ot-dunkerque.fr
événement
es cale dunkerqu
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dossier
paysages industriels Dossier réalisé par ¬ Nicolas Pattou, Thibaut Allemand et Audrey Jeamart
De la Condition Publique de Roubaix à la Caserne Fonck de Liège, de la constellation des maisons Folie à Lille au Rockerill de Charleroi en passant par Dunkerque, Bruxelles, Mons ou Maubeuge, les témoins du passé industriel sont légion. Réhabilités en lieux de culture ou laissés à l'abandon, en centre ville ou à la périphérie de nos cités, ces sites industriels font partie de notre paysage. À tel point qu'on en oublierait leur histoire. Pourtant, ils sont au cœur des préoccupations de moult défricheurs. Rendez-vous sur le terrain avec l'universitaire Jean-François Belhoste, l'artiste Vincent J. Stoker, en passant par les vaillants Urbexeurs ou le photographe Nicolas Coutable. On laisse le bleu au vestiaire et on va prendre l'air !
Architectures et paysages industriels — p. 24
Vincent J Stoker — p. 28
© Audrey Jeamart
Gonfreville L'orcher © Pierre-Olivier Deschamps / VU'
Urbex — p. 32
Nicolas Coutable — p. 36
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interview
Jean-François Belhoste La marche de l'histoire Propos recueillis par ¬ Nicolas Pattou Photos ¬ Pierre-Olivier Deschamps / VU'
Docteur en histoire, Jean-François Belhoste fut en charge de l'Inventaire général du patrimoine industriel et technique au Ministère de la Culture et co-signe un ouvrage passionnant, dans lequel il se penche sur notre patrimoine industriel. Historique, architectural, esthétique, ce vaste héritage de près de cinq siècles, longtemps négligé, est aujourd'hui redécouvert, défendu, réhabilité voire... totalement transformé. Vous évoquez l'invention d'un patrimoine, pourquoi employer un terme aussi fort ? On s'est battu avec Paul Smith (co-rédacteur) auprès de l'éditeur pour maintenir ce terme. La réhabilitation de ces vestiges passe par un processus qui relève de l'invention. Car leur avenir, au moment où on les abandonne, c'est plutôt la destruction. C'est la logique de la table rase.
et en Lorraine, du fait du charbon, entre autres. Mais l'industrie en France s'est implantée sur l'ensemble du territoire. Et aujourd'hui encore, l'Aéronautique est présente dans le Sud-Ouest et l'industrie pétrolière, le long de la Seine, entre Paris et Le Havre. Quelles sont les principales évolutions qui jalonnent l'architecture industrielle ? Elle a souvent été innovatrice. Notamment dans l'utilisation du métal, du béton armé ou encore de la brique décorative. Cette dernière a progressivement rendu ces bâtiments moins austères en Picardie, en haute Normandie et dans le Nord.
Sur les 30 sites sélectionnés, doit-on s'attendre à une sur-représentation du Nord et Nord-Est ? Il est vrai que depuis la deuxième moitié du xixe siècle, l'industrie lourde est concentrée dans le Nord- Pas de Calais ▲
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page 24 : Centrale de Chinon A1, berceau du nucléaire civil. Au sommet du réacteur, les dispositifs de renouvellement de l'uranium et des 60 barres de contrôle. Ci-dessus : Usine Menier et la chocolaterie Vue d'ensemble du moulin Saulnier.
Pourquoi certains bâtiments témoignent d'une recherche esthétique ? Certains manufacturiers voulaient montrer ostensiblement leur puissance et leur réussite. Les industries soucieuses d'une certaine image de marque, tels le luxe ou l'agroalimentaire, sont davantage sensibles au geste architectural que l'industrie sidérurgique ou minière. Vraiment ? Vous avez raison, dans le monde de la mine, le chevalement fait montre d'une véritable recherche et cultive une vraie singularité. De plus, certains bâtiments ont été construits sans souci esthétique
mais sont, in fine, considérés comme beaux. La beauté est très variable selon les époques. Le parti-pris rationaliste, efficace et épuré de ces constructions plaît davantage aujourd'hui. La comparaison avec les cathédrales ou les châteaux est-elle fondée ? Pour certaines grandes usines textiles de la moitié du xixe, les références aux styles gothique ou néo-gothique sont évidentes. On évoque alors des cathédrales ou des châteaux de l'industrie. On note aussi une inspiration seigneuriale. La Motte-Bossut à Roubaix ressemble ainsi à une espèce de château fort. Je déplore d'ailleurs le parti pris de sa restauration, qui a accentué cette référence en ajoutant un pont-levis... Quelle est l'attitude du secteur industriel contemporain vis-à-vis de ces sites ?
Quels type de bâtiments ou d'industries privilégions-nous ? Dans les 830 lieux répertoriés en France, on compte de nombreux moulins. C'est le côté pittoresque. Les usines textiles sont souvent réutilisées pour leur robustesse. Quant aux hautfourneaux, à part les contempler ou se promener autour, il n'y a pas grandchose à en faire. On voit aussi fleurir de nombreuses friches culturelles. Qu'en pensez-vous ? En effet, c'est l'une des solutions les plus répandues. Mais il faut sortir de cette exclusive. Ces grands espaces peuvent accueillir des choses très variées. Alors, pourquoi pas des logements ? Et plus compliqué, mais tout aussi indispensable, une activité productive, du commerce, de petites industries modernes. À Roubaix par exemple, on trouve la Condition Publique, mais aussi un célèbre Espace commercial baptisé l'Usine, sans parler des lieux tournés vers les nouveaux médias. Il y a d'infinies possibilités, à condition d'être imaginatif.
Leur réaffectation en espace festifs ou ludiques servirait-elle à conjurer ce sort ? Dans le Nord de la France, par exemple, les habitants ont longtemps cherché à rayer l'image noire qui collait à la région. C'est compréhensible, mais cela a failli se faire au détriment de l'histoire de la mine. Et contrairement à l'Angleterre, où tous les terrils ont été rasés, on les a conservés. C'est d'ailleurs par ces résidus, par les terrils que cette histoire a fait son entrée au Patrimoine, avant les chevalements, les clochers, puis les carreaux, préservés à Lewarde, Oignies et Wallers. Pour aboutir à une inscription au Patrimoine mondial de l'Unesco ! Retrouvez l'intégralité de l'interview sur www.letsmotiv.com À lire / Architectures et paysages industriels L'invention d'un patrimoine de Jean-François Belhoste et Paul Smith, photos : PierreOlivier Deschamps / VU', éd. La Martinière, 272 p., 65€ Ci-dessous : Bassin Minier Nord à Wallers-Arenberg - l'un des quatre grands «sites de la mémoire » du bassin minier, la fosse conserve trois générations de chevalements.
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Les mentalités évoluent progressivement. Il n'est désormais pas plus rentable de faire du neuf que de réhabiliter du vieux... Mais si cela gêne un projet d'extension, on n'hésitera pas à raser. Sauf les bâtiments protégés au titre des Monuments Historiques, qu'on ne peut pas sacrifier sans accord du Ministère de la Culture. Les industriels le vivent parfois comme une contrainte insupportable, mais préserver un lieu améliore aussi leur image de marque.
Vincent J. Stoker
— Le chant des ruines
l’appareil au centre de l’architecture pour ne privilégier ni le plafond, ni le sol, mais considérer toutes les parties équitablement ». Jouant avec les symétries, les perspectives, les points et lignes de fuites, ces grands formats n'en disent pas plus sur leur origines. C'est au spectateur de spéculer, d'imaginer quelle fut la vie de ces ruines magnifiques – ou, tout au moins, magnifiées. Néanmoins, Vincent nous confie parcourir les usines abandonnées de la Ruhr, d'anciens asiles psychiatriques britanniques ou encore le port de Gdansk. Si le sous-titre de cette série, La chute tragique, peut sembler fort, il traduit l'impression ressentie
« Je m’intéresse aux endroits dont on ne vient plus perturber la lente existence, explique Vincent Stoker. Je me penche sur des espaces dépossédés de leurs sens et de leurs fonctions, hors du temps ». Pour sa série Heterotopia, la chute tragique, l'artiste pénètre dans ces autres (hetero) lieux (topos), abandonnés, voire oubliés, pour les surprendre au bord de l'effacement.
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i l'on est stupéfié en découvrant le travail de Vincent J. Stoker, on devine que le photographe fut lui aussi tétanisé en approchant ces vestiges. Mais là où le commun des mortels aurait photographié ces lieux dans les moindres recoins, des grandes façades abîmées jusqu'au moindre boulon rouillé, le Français saisit leur immensité en une seule image : « Je place
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devant ces ruines d'une ère pas si lointaine – la nôtre. Érigés pour la plupart durant un xxe siècle marqué par les grandes utopies collectives, ces bâtiments à l'agonie posent question sur la pérennité de notre civilisation. « On peut considérer ces bâtiments comme des formes amoindries et diminuées ou alors au contraire, comme des lieux où la vie ne s’éteint pas, modère l'artiste. Ces vestiges témoignent d’une résistance et semblent lancer un défi au temps et à la furie des hommes ». En effet, ces images soulignent les fantasmes d'architectes désireux, comme Icare et la tour de Babel avant eux, de construire toujours plus grand, toujours plus haut… rêvant, en vain, d'éternité – car la Nature aura toujours le dernier mot. À quand les images des ruines de Dubaï ? Thibaut Allemand
à voir / Architectures Domestiques, jusqu'au 13.04, galerie Alain Gutharc, Paris, www.alaingutharc.com L’œil photographique, du 21.09.13 au 09.02.14, FRAC Auvergne, Clermont-Ferrand, www.cnap.fr/ loeil-photographique L'île de Montmajour, du 05.05 au 03.11, Christian Lacroix présente les hétérotopies (entre autres œuvres) à l'Abbaye de Montmajour dans le cadre de Marseille 2013 Hétérotopia, sept-oct. 2013, Galerie Alain Gutharc, Paris à visiter / www.vincent-j-stoker.com
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urbex Les nouveaux explorateurs Texte ¬ Audrey Jeamart Photos ¬ Audrey Jeamart & Thibault Krause
Urbex. Ce nom barbare, abréviation d'urban exploration, désigne l'exploration photographique de lieux abandonnés, interdits ou difficiles d’accès. Bénéficiant dans nos contrées de nombreuses friches et bâtiments à l’abandon, le phénomène a pris de l’ampleur. Mais les motivations des explorateurs sont variées et les fruits de leurs quêtes, inégaux. Phénomène de mode ? Goût sincère pour les ruines ? Chaussons nos crampons et allons voir.
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uffit-il de prendre son appareil photo et de pénétrer dans une usine ou une masure désertée, une ancienne chapelle ou un hôpital décrépi pour se dire explorateur urbain ? Non, car derrière l’Urbex, se déploient une philosophie et un code de conduite, énoncée par le canadien Jeff Chapman dans les années 90 : « Take nothing but pictures, leave nothing but footsteps » (« Ne prenez rien d'autre que des photos, ne laissez rien d'autre que des empreintes de pas »). Jeu de pistes Ce respect pour les lieux s'accompagne également d'un certain goût du secret : l’Hôtel Torrance, le Château des Singes ou le Home Sweet Home ne sont que des pseudonymes destinés à préserver les emplacements exacts, afin d’éviter les actes mal intentionnés (RIP le Château Clochard, détruit l’été dernier par un incendie vraisemblablement criminel). Si certaines adresses sont échangées entre passionnés, la quête d'un spot convoité fait partie du plaisir de tout urbexeur. Entre la recherche et le partage du trophée que représentent les clichés, n’oublions pas que l’explorateur aura reçu sa dose d’adrénaline : surveillance à déjouer (bien qu’une discussion suffise parfois, mais pas toujours, pour pouvoir continuer), accès à dégoter, squatteurs à éviter, planchers croulants à contourner… la dangerosité
fait aussi partie du jeu, et a d’ailleurs contribué à développer une facette « tourisme extrême » de l’urbex. Ainsi, de nombreux explorateurs publient leur butin – des photographies, donc - sur un site, un blog ou une page Facebook. De l’urbex à l’art Historiquement, le but de l’exploration est d’abord de garder une trace, un témoignage du passé. Et parfois, le prestige des lieux (ampleur ou ori-
ginalité architecturale, rareté, etc.) a alors tendance à primer sur la qualité esthétique. N’évoquons même pas les photographes cédant aux sirènes du phénomène de mode, qui shootent au milieu de ruines des mannequins court vêtues, il ne s’agit pas là d’urbex. Certains sombrent également dans la retouche numérique à outrance, dont le résultat très artificel dénature les clichés. Mais de nombreux urbexeurs nourrissent aussi des aspirations esthé-
tiques et artistiques, attirés avant tout par la poésie des vestiges, la beauté de ce qui fut et n’est plus, l’âme, l’aura de ces lieux appartenant à un passé révolu. Le butin-témoignage devient alors expression artistique à part entière. Peut-on alors encore parler d’urbex ? En tout cas, si les profils varient, un élément demeure : l’immuable attrait des ruines, que les explorations, aussi nombreuses soient-elles, ne sauraient dépouiller de leur mystère.
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Nicolas coutable Photodidacte Ces photos ont été prises dans les régions de Lille, Dunkerque, Bruxelles... Dévastés et désolés, ces lieux semblent déserts. Ou presque. Sur les murs délabrés, quelques graffitis. Au-delà de l'indéniable qualité graphique de ces clichés, quelque chose se joue, hors-champ...
page 36 : Galerie d'art contemporain, Lille – 2012 page 38 : Malo-les-Bains – 2012 page 39 : Quelque part entre la France et la Belgique – 2012 à visiter / Coutable-Nicolas sur www.facebook.com
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ors de l'espace circonscrit à ce qui est saisi. Hors de l'espace temporel, aussi : sur ces sols en friche, détritus jetés et meubles flingués témoignent d'une occupation passée... ou actuelle. La présence humaine est bien réelle, mais absente. Nicolas Coutable préfère évoquer le monde en creux, dans ses restes. « Notre société évolue, et crée forcément des déchets, explique le photographe amateur de 22 ans. Des lieux sont construits, des bâtiments habités puis délaissés, mais ne disparaissent jamais tout à fait. On les retrouve habités par des squatteurs, peints par des graffeurs ». Le tag passionne cet autodidacte qui n'a jamais graffé lui-même, mais admire «l'anonymat de cette culture, cette façon de laisser une trace sans chercher la célébrité ». Cette démarche sied à notre homme, qui ne possède toujours pas de site Internet, ne se considère pas comme un artiste, et continue de s'investir dans l'association Kavalk'art. Cette modestie traverse son travail : « J'utilise un Bridge, qui possède moins de fonctions qu'un Reflex, et je développe au format classique 10x15 cm. C'est plus intime, moins ostentatoire. Quant au noir et blanc, c'est moins tapeà-l'œil ». On lui parle de l'Urbex, de ces gens qui tentent de découvrir des lieux interdits et/ou méconnus, mais Nicolas Coutable avoue n'en avoir jamais entendu parler. Pourtant, c'est bien ce qu'il pratique depuis quelques années. Ce Monsieur Jourdain de l'exploration urbaine franchira-t-il un jour le Rubicon de l'exposition ? C'est tout ce qu'on lui souhaite ! Thibaut Allemand
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A$AP Rocky © Brock Fetch
Birdy Nam Nam © Samuel Kirszenbaum
Soufien3000
Soufien3000 © DR
Ça commence par un clic sur le bouton « ajouter » de Facebook, qui va lier deux jeunes de 24 ans. Classique. L’un est de Pérenchies, Nord-Pas de Calais, l’autre de Harlem, New York. L’un est étudiant et apprenti beatmaker, l’autre est MC et s’apprête à signer un contrat de 3 millions de dollars avec Sony. Étonnant, non ?
portrait
Il y a moins d’un an, Soufien3000 était en licence pro « e-commerce ». Sur son laptop, il s’adonnait au beatmaà écouter / king avec des logiciels libres. Rien de plus banal. Moins Evil Nine feat. Danny Brown - The Black Brad banal est le message Facebook signé A$AP Rocky, nouPitt (Soufien3000 Remix) velle sensation du rap US, qui déclare son admiration au Birdy Nam Nam feat. jeune Français. En un éclair, Soufien3000 se retrouve Teki Latex - Cadillac crédité sur une mixtape, puis sur l’album du New-Yorkais. Dreams (Soufien 3000 « Je n’ai pas validé la licence pro, mais j’ai bien géré la remix) mission e-commerce », confie dans un sourire ce grand A$AP Rocky feat. Fat gaillard à la bonhomie évidente. Son pote A$AP, il a pu Tony - Get Lit (prod. Soufien3000) le rencontrer en personne à l’occasion de ses concerts parisiens. « C’est un mec normal de 24 ans », répond-il, A$AP Rocky - Acid Drip (prod. Soufien3000) étonné qu’on nourrisse des fantasmes sur un rappeur millionnaire. Mais l'histoire de Soufien3000 ne relève à visiter / pas uniquement du miracle ou du conte de fées, et www.soundcloud.com/ s'explique notamment par une connaissance encyclopésoufien3000 dique du hip-hop. « Exclusivement du rap US. Ce n'est à suivre / pas du snobisme, mais tout ce qui est frais et nouveau twitter.com/ vient des Etats-Unis », affirme-t-il comme une évidence. _Soufien3000 Sur la Toile, il streame tout : les pionniers, la West Coast, le drill de Chicago, le trap rap d'Atlanta, les starlettes… Ses productions, dont les beats éthérés et les samples issus de l'ambient ou des musiques expérimentales, sont classées dans le genre cloud rap (comme Lil B ou Clams Casino avant lui). Évidemment, les sollicitations se multiplient, mais l’humilité (et la prudence avisée) de Soufien l’empêchent d'en dire plus. On a déjà vu son nom associé à Birdy Nam Nam ou au rappeur Issue. Mais quand on lui demande quelle serait la collaboration de ses rêves, Soufien répond qu’il l’a déjà eue avec A$AP. Mathieu Dauchy
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« Beaucoup de
musiciens classiques
apprécient Aufgang »
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interview
aufgang Futur classique Propos recueillis par ¬ Clément Perrin Photos ¬ Aymeric Westrich, Rami Khalifé et Francesco Tristano © Fabien Breuil
Depuis 2005, Aufgang dresse un pont entre musique classique et techno. Le trio cosmopolite, (un Libanais, un Luxembourgeois, un Français) fut l'une des nombreuses révélations de l’excellent label Infiné. Aufgang poursuit son irrésistible ascension avec Istiklaliya, nouvel album qui lorgne plus encore du côté de la techno et surtout des dancefloors. Rencontre avec le batteur, Aymeric Westrich. Quelle est la genèse d’Aufgang ? Nous nous sommes rencontrés en 2000, à New York, durant nos études. Rami Khalifé et Francesco Tristano m'ont initié aux musiques électroniques. New York était plutôt un bon terrain de découvertes. Nous sortions souvent, notamment au Vinyl où Danny Tennaglia avait une résidence et nous a bien « formés ». Le minimalisme de Plastikman m'a aussi beaucoup influencé.
Votre premier album est paru en 2009. Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps ? Nous n’avons pas fini nos études en même temps, et nous étions très pris par nos projets respectifs. Pour ma part, je bossais sur le premier album de Kery James, Si C'était À Refaire (ndlr. 2001). Mais Aufgang existait tout de même et en 2005, on a joué notre premier live, au Sonar à Barcelone.
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Vos influences sont très vastes : musique classique, jazz, techno, rock... C'est vrai. On nous décrit parfois comme un groupe de fusion, au sens jazz du terme, mais cela ne nous convient pas vraiment. En dépit de notre background classique, Francesco et Rami sont passionnés par le rock et moi, par le hip-hop. Aufgang réunit toutes ces influences. Qui fait quoi dans Aufgang ? Rami et Francesco sont pianistes de formation, moi batteur. Pour les arrangements et la composition, il n'y a pas vraiment de fonction définie, nos rôles sont presque interchangeables. Sur le dernier LP, Rachel’s Run est le seul titre que l’on ait composé d’une traite. Pour le reste, nous réassemblons différentes
sessions. Nous utilisons l'ordinateur pour séquencer des parties rythmiques, créer des boucles... C'est un quatrième membre, en quelque sorte. Quelles leçons avez-vous retenues du Conservatoire ? Un certain amour de l'écriture. La musique électronique offre d’autres perspectives et plus de libertés que le milieu classique, qui demeure très conservateur. Mais il ne faut pas caricaturer : beaucoup de musiciens classiques apprécient Aufgang. Istiklaliya est plus dansant encore que vos précédentes productions... Notre premier album (ndlr. Aufgang, 2009) parut trop rigide à certains. Ici, on a voulu conserver la spontanéité,
mais faire quelque chose d’encore plus direct, de plus dansant. Un album avec plus de montées ! (ndlr : Aufgang signifie élever en allemand). Quelle est la signification de Istiklaliya, d'ailleurs ? C’est un mot que l’on trouve très joli. Il signifie indépendance en arabe. On l’avait choisi il y a longtemps et contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’y a rien de politique, aucun rapport avec le Printemps arabe. C’est juste pour la beauté phonétique, et ce qu’il évoque. À propos d'indépendance, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre label historique, Infiné ? C’est une belle histoire. Nous les avons rencontrés en 2005, à Barcelone, à
l'occasion de notre première date. Francesco les connaissait déjà un peu. Le label n’était pas encore lancé et notre maxi devait d’ailleurs en être la première référence. Mais comme on a un peu traîné, il en fut la deuxième. On ne s’est pas quitté depuis.
à écouter / Istiklaliya, sortie le 15.04 (label Infiné) à visiter / www.infine-music.com
24.04 Lille, L’Aéronef, 20h, 17/13€, www.aeronef-spectacles.com 11.05, Bruxelles, Cirque Royal, 19h, 20/17/14€, www.botanique.be, www.cirque-royal.org
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artificiels
Évitons de sombrer dans l'évocation du printemps et autres fadaises. N'empêche, l'arrivée des Paradis Artificiels sonne toujours le glas de l'hiver – ce moment où l'on enchaîne les concerts mais où, c'est vrai, on rate parfois le début, pris en otage par une terrasse de bistrot. Pour cette septième édition, parmi les valeurs sûres (Archive, Peter Von Poehl) et les grands noms de demain (La Femme, Evening Hymns...), on a fait notre choix. Forcément réducteur, mais plein de promesses !
Sinkane
Voici quatre ans, Ahmed Gallab, alias Sinkane, signait un premier LP passé inaperçu – et c'est dommage : enfumé et noirâtre, malade et cramé, cet album relevait de rencontres nocturnes entre free jazz énervé, psychédélisme abîmé et noise mourante. Le disque idéal du petitdéjeuner, donc. Or, sans doute navré de jouer devant des parterres de cerveaux flingués, et se souvenant qu'il côtoyait quand même la crème de l'indie rock en vogue (tenant la batterie pour Caribou, Of Montreal ou Born Ruffians), le musicien s'est mis en tête de signer un album plus frais. C'est réussi. Sinkane dessine désormais une soul détendue et vaporeuse, réactualisée à l'autotune, s'autorisant des détours par le free jazz et le funk automatique. Ce touche-à-tout fut l'une des (nombreuses) révélations des dernières Trans Musicales de Rennes - autant dire qu'on attend beaucoup de lui sur scène. Thibaut Allemand
14.04, Lille, La Péniche, 18h, 11€
Poni Hoax
(2008). Antibodies ou The Paper Bride marquent un disque plus sombre encore, mais qui n'oublie jamais le dancefloor. Et sur scène ? Ce n’est pas encore ça. Chanteur blème et ténébreux, Nicolas Ker tente d’être un frontman bondissant et joyeux : évidemment, ça ne marche pas, et tout le monde est très mal à l’aise. Mais à force de concerts, le miracle se produit. Poni Hoax s’abandonne à la musique, et au bonheur d’être là. Le quintette se révèle enfin un groupe de scène simple, généreux et très efficace. Et ça, malheureusement, ce n’est plus si fréquent dans la pop. Au vu de la teneur de leur dernier album, A State Of War, les Parisiens vont peutêtre enfin être reconnus comme le groupe pop français. Ferez-vous partie de ceux qui pourront dire « J’y étais » ?
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Poni Hoax au Grand Mix ? Prenez votre ticket avant même de finir cet article ! Ne laissez pas passer cette occasion : c’est peut-être la dernière fois que vous pourrez les apprécier dans une salle à taille humaine, avant qu’un succès bien mérité ne les installe dans des stades bondés pour leurs prochains concerts. En 2005, sur la foi d'un irrésistible single anxiogène et glacial, Budapest, Poni Hoax prend la route. Le pari n’est pas gagné : sur scène, les musiciens regardent leurs chaussures bien cirées et suintent l’angoisse. Poni Hoax, un groupe de studio ? Peut-être, mais un très bon groupe, comme le prouve le deuxième album, Images Of Sigrid
Olivia Volpi
© Agnes Dherbeys
Poni Hoax + The Amplifetes, 16.04,Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19,80/18/15€ Et aussi / Poni Hoax, 01.06, Dunkerque, Cargo Le Stubnitz, 20h30, 5e
Laissant derrière elle sa crinière blonde peroxydée, une tournée outre-Atlantique et deux EP, La Femme quitte définitivement l'adolescence. Enfin, la formation à géométrie variable (et chanteuses interchangeables) y travaille durement. La vingtaine à peine entamée, La Femme se tourne sur un passé proche – un temps où les sixties étaient revues et corrigées par le prisme des eighties. Espérons que ces clins d'œil au surf (les guitares carillonnantes de Sur La Planche, 2010), ou à une certaine idée d'un yé-yé novö attireront de nombreux prétendants. Cette femme-là semble unique dans le paysage pop français. Et ce que femme veut... Elsa Fortant
Bright Moments
Ce nom ne vous dit peut-être rien. Mais si l'on évoque les fanfares brûlantes illuminant les disques de Beirut (et des fatigants Arcade Fire, aussi), vous voyez de quoi on parle. Kelly Pratt, c'est son nom, imagine une pop orchestrée et finement ouvragée, mêlant mélodies grandes ouvertes, instruments désuets (accordéons, trompettes, etc.) et production brillante. Jetez donc une oreille à Natives, son premier LP. Et tant que vous y êtes, à son remix balkanique de I.C.U. de Lou Doillon. Bright Moments, ou la classe discrète, mais AVEC tambours et trompettes. Thibaut Allemand
10.04, Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 18/15€ + 10.05, Bruxelles, Orangerie, 20h, 17/14/11€
18.04, Lille, La Péniche, 20h, 11€ Du 08 au 18.04, Métropole Lilloise, La Péniche, Le Grand Mix, Le Splendid, Théâtre Sébastopol, Église Sainte-Catherine, L'Hospice Gantois, L'Aéronef, Peek A Boo, Zénith, www.lesparadisartificiels.fr Prog : An Pierlé (08.04, Complet !) // Maissiat + Fiodor Dream Dog + Lidwine (08.04) // Birth Of Joy (09.04) // The Popopopops (10.04) // Asaf Avidan + Fredrika Stahl (10.04, Complet !) // Naïve New Beaters (11.04) // Evening Hymns + Titan Parano (12.04) // Archive + Fun + The Bewitched Hands (12.04) // Superpoze (13.04) // Cœur de Pirate + Arman Méliès (15.04) // Elephant (16.04) // Phoebe Jean & The Air Force + Andromakers (17.04) // Peter Von Poehl (18.04) // BB Brunes + Absynthe Minded (18.04, Complet !)
© Laurent Chouard
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Aline © Daarwin - AKA
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Tombés pour la France Ce n'est pas un scoop : la scène pop francophone est en pleine effervescence. Plurielle et polymorphe, des pionniers Mustang au nouveau venu Perez en passant par Pendentif, Lescop ou La Femme, on ne compte plus les formations renouvelant la langue de Darc, Daho ou Jacno. État des lieux avec deux formations (pas si) proches, Granville et Aline. On passera rapidement sur le cas Granville. Non pas pour les opposer à Aline, dans une triste querelle de scribouillard, mais tout simplement parce que son premier album s'est avéré décevant, mélangeant naïveté et niaiserie, fantasmes sixties alignant les clichés comme autant de cartes postales, le tout mâtiné d'un chant façon France Gall ou... Cœur de Pirate. Fort heureusement, le double plateau présenté par le Grand Mix s'ouvre avec des (presque) vétérans, autrefois connus de quelques-uns sous le nom de Young Michelin. Si le chaloupé Je Bois Et Puis Je Danse, ne représente pas vraiment un premier LP parfait, il aura au moins mis Aline sur le devant de la scène. De plus, son texte fonctionne autant à 15 qu'à 45 ans, comme la plupart des chansons présentes sur cet album héritier d'une ligne claire qui doit pas mal aux Smiths, mais doté d'un vrai caractère. Oh, bien sûr, certains évoqueront à leur endroit un certain passéisme. Terrible erreur : ces chansons-là sont simples, sincères et touchent – osons le mot – à l'universel. À l'éternel, même ? Et pourquoi pas ? Thibaut Allemand Granville + Aline 20.04, Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 10/13/5€ pour les moins de 18 ans, www.legrandmix.com Sous réserve : showcase d'Aline à Lille, Minor Place, dans l'après-midi, www.facebook.com/minorplacerecords
Naïve New Beaters Grosses vannes, pseudonymes débiles et looks improbables, certes. Mais mélodistes hors-pair, arrangeurs tip-top et interprètes chevronnés. Si les Naïve New Beaters enrobent leur musique sous une couche de potacherie un peu indigeste, ils prennent la chose pop (et hip-hop, et rock, et electro) très au sérieux. Sitôt dans les oreilles, leurs deux albums deviennent rapidement addictifs. That's Entertainment, comme disait l'autre.
25 ans du 4AD En 1988, il fallait oser baptiser un club d'après l'un des labels emblématiques de l'époque – la maison anglaise hébergeait entre autres Bauhaus, Cocteau Twins, Dead Can Dance, Pixies... Mais ici aussi, règne l'ouverture d'esprit : folk, noise, world, electro, entre autres, ont droit de cité dans ce lieu intimiste. Pour fêter l'événement, 25 concerts, dont ceux de la diva glacée Anika, du trio electro musclé K-X-P, des comptines noirâtres de Chelsea Wolfe ou encore des revenants punk rock Stiff Little Fingers. À dans 25 ans ! Diskmuide, 4AD, entre autres : 12.04, Anika // 13.04, 25 ans 4AD : The Party //21.04, Stiff Little Fingers // 04.05, K-X-P, BRNS // 08.05, Chelsea Wolfe..., plus d'infos sur : www.4ad.be
11.04, Lille, L'Aéronef, 19h30, gratuit
© Sven Marquardt
ben klock En activité depuis 15 ans, cet Allemand incarne le renouveau d’une techno radicale. Figure du Berghain berlinois et de son pendant discographique, Ostgut Ton, Ben Klock allie une technique concise et épurée à des sélections infaillibles. Pas étonnant de le retrouver auprès du Lillois Terence Fixmer, autre légendaire artificier techno. 06.04, Lille, Magazine Club, 23h, 10/5€, www.magazineclub.fr
© Jelle Vermeersch
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Un point c'est tout ! Lorsqu'apparut !!! il y a bientôt 15 ans, le groupe expliquait que son nom se prononçait... comme on voulait. Instinct grégaire oblige, tout le monde a répété chk chk chk. Dommage. Poï Poï Poï ou Gloup Gloup Gloup, ça sonnait bien. Alors, ici, nous allons rester sobre et évoquer Les Trois Points d'Exclamation. Au début des années 2000, on s'attendait à tout, sauf à un retour des guitares, des vestes en cuir et des Converse. Mais on s'attendait encore moins à voir débarquer huit New-Yorkais (et assimilés) hirsutes en... short, tenue officielle d'Iron Maiden et des Red Hot Chili Peppers. Ainsi, l'apparition des Trois Points d'Exclamation détonnait, mais leur musique faisait sens en plein revival punk funk – The Rapture sortait encore de bons disques et le label DFA faisait la pluie et (surtout) le beau temps sur la pop moderne. Signés sur un label plutôt habitué aux électroniciens en pyjama (Warp), Les Trois Points d'Exclamation vantaient le retour à la fête, à l'hédonisme et à la consommation effrénée d'ecstasy. On eût tôt fait de les comparer aux Happy Mondays, autres gourmets chimiques. Quatre albums plus tard, l'énergie est la même, mais le propos a évolué, !!! délaissant les tourneries de dix minutes tout en proposant des titres plus ramassés et plus électroniques – quelque chose comme une techno organique ? Il y a de ça, bien qu'on puisse leur préférer Out Hud, groupe cousin mais, hélas, moins célèbre que !!!, dont la carrière ne semble pas prête de connaître un point final. Thibaut Allemand !!! 26.04, Lille, L'Aéronef, 20h, 20/14€, www.aeronef-spectacles.com 06.05, Bruxelles, Le Chapiteau Botanique, 19h30, 23/20/17€, www.botanique.be
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Willy Moon Marier des fantasmes rock'n'roll 50's au son de l'époque ; bonne idée concrétisée par Suicide, Primal Scream ou Mustang. Willy Moon mêle Grestch rutilantes, chœurs doo-wop et hoquets façon Buddy Holly à une surproduction (dite) moderne. Pas de chance, c'est surproduit et rappelle parfois Fatboy Slim. Bref, c'est plutôt raté, faute de chansons dignes de ce nom. Mais, qui sait ? Ça vaut peut-être la peine sur scène. Vous nous direz. 12.04, Bruxelles, La Rotonde, 19h30, 16/13/10€, www.botanique.be
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the melvins Lite
King Krule À l'heure de découvrir ces lignes, vous en aurez déjà lu des centaines sur le contraste entre le physique malingre du rouquin King Krule et sa voix, ténébreuse et râpeuse. Ou sur sa musique inclassable, mariant les arpèges de guitare façon Vinny Reilly (The Durutti Column), à un flow heurté et mélodieux malgré lui. Miracle : sur scène, l'enfant triste transcende ses rêveries grisâtres, et touche en plein cœur. 18.04, Anvers, Trix, 19h30, 16/13€, www.trixonline.be
Voici une formation impossible à résumer en quelques lignes. Néanmoins et en une seule phrase, dites-vous bien qu'un groupe aussi influent, n'ayant pas publié un seul mauvais album en près de trente ans, ayant à chaque fois réussi à se renouveler (le plus souvent en virant un bassiste), et abordé, en vrac et en en oubliant quelques-uns, classic rock, stoner, doom, sludge, drone, rock psychédélique et ce, sans jamais se départir d'un certain humour, mérite d'être vu au moins une fois dans sa vie.
23.04, Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 20/17€, www.legrandmix.com 24.04, Bruxelles, Club de Vaartkapoen, 19h30, 21/18€, www.vaartkapoen.be
© Wild Side Films / Le Pacte
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berberian sound studio
fausses pistes Un studio de cinéma dans l'Italie des années 70. C'est dans le studio Berberian qu'est post-synchronisé le film The Equestrian Vortex, énième giallo comme la Botte en a fourni des centaines durant la décennie. On suppose, car on ne verra pas une image de ce long-métrage. En revanche, on entendra sa bande-son, faite de hurlements, de sorcières qu'on noie, de membres qu'on découpe…
C
ette piste son est supervisée par Gilderoy, quadra britannique replet et mal dans sa peau, qui ne sait pas pourquoi on l'a engagé. On assiste au making-of : des choux qu'on tranche pour imiter le bruit de corps éventrés, par exemple. Peu à peu, d'étranges phénomènes perturbent Gilderoy, qui ne sait plus ce qui relève du film ou de la réalité… Cette figure de l'Anglais bien mis basculant dans l'étrangeté renvoie bien sûr à The Wicker Man (1971) de
Tom Hardy. On pense également à David Lynch, maître du déboussolement. On pourra d'ailleurs gloser longtemps, et sans réponse possible, sur la fin du film, assez incompréhensible. La forme l'emporte sur le fond On était venu à Berberian Sound Studio via sa bande originale, signée Broadcast. Et l'on découvre un longmétrage qui confine à la perfection visuelle : de gros plans sur des boutons en fondus fantasmagoriques, Peter Strickland signe un deuxième essai sophistiqué. Si la lenteur de l'histoire, souvent répétitive, et l'ennui relatif qui s'en dégage, participent du charme de l'œuvre, on en sort pourtant perplexe.
Oui, tous les ingrédients (acteurs, atmosphère, photographie et… son, donc) étaient réunis pour faire un grand film fantastique britannique, mais Strickland semble perdre le fil narratif en cours de route. Dommage. Cette rêverie laisse simplement songeur. C'est déjà pas mal. Thibaut Allemand
Berberian Sound Studio, de Peter Strickland Avec Toby Jones, Cosimo Fusco, Eugenia Caruso, Antonio Mancino... Sortie le 03.04
© DR
cinéma
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flammes
Jouer avec le feu Contemporain de Jean Eustache et de Philippe Garrel, figure d'un cinéma underground des années 70, l'espagnol Adolpho Arrietta reste un cinéaste singulier et attachant. Son premier long-métrage, Flammes, réalisé en 1978, ressort dans une version remontée. Une bonne occasion de (re)découvrir une œuvre injustement méconnue. Barbara, une petite fille, vit avec son père et sa préceptrice dans une vieille maison de campagne isolée. Une nuit, elle rêve qu'un pompier s'introduit dans sa chambre par la fenêtre. Jeune femme, Barbara retrouve ce rêve d'enfant, s'en empare et le poursuit, pour finalement s'y confronter, au risque de s'y perdre... en tombant amoureuse d'un pompier. Teinté de mélancolie et de désinvolture, ce (quasi) huis-clos se déroule dans une ambiance éthérée, détachée du temps. Les personnages évoluent au rythme de leurs visions, de leurs désirs, et se laissent aller à un drôle de jeu de l'amour et du hasard empreint de légèreté. Mais ce film n'est pas dénué de tensions : entre le père et sa fille, puis entre cette dernière et son frère (Pascal Greggory, dans l'un de ses premiers rôles). Tensions également entre un certain classicisme musical (Ravel, Debussy) et une forme de surréalisme qui relie Flammes à Buñuel et Cocteau. Notons que le rôle de Barbara est interprété par une jeune actrice débutante, à l'époque inconnue du grand public : Caroline Loeb. La même qui, huit ans plus tard, plongera la France dans une ambiance nettement moins pyromane, mais tout aussi cotonneuse, avec son tube textile C'est La Ouate. Vision prémonitoire ? Sylvain Coatleven Flammes, d'Adolpho Arrietta Avec Caroline Loeb, Xavier Grandes, Dionys Mascolo... Sortie le 18.04
Cinémondes Neuvième édition pour le Festival International du Film Indépendant de Lille, et toujours autant de bobines inédites provenant du monde entier. Sans délaisser le patrimoine local, comme le prouve L'Étoile Du Jour (2012), placé en ouverture, qui réunit au bord de la mer du Nord Iggy Pop, Denis Lavant, Tchéky Karyo, Natacha Régnier, Béatrice Dalle et Bruno Putzulu. Les grands thèmes de cette édition (cinéma et danse, cinéma bis, tables rondes...), annoncent des moments rares. Une belle routine, en fait. 08>14.04, Lille, Gare Saint-Sauveur, L'Hybride, L’Univers, Le Palais des Beaux-Arts, séance : 3/2€, Pass : 25/15€, www.fifilille.com
A Fantastic Fear Of Everything © Universal Pictures
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L'étoile Du Jour © Sophie Blondy
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BIFF Le Brussels International Film Festival fêtait ses 30 ans l'an passé. Il quitte le giron de Tour & Taxis pour les hauteurs du Palais des BeauxArts. Une sorte de reconnaissance pour cette institution bruxelloise hors-norme. Non contente d'être une référence pour tous les amateurs de cinéma bis, déviant, voire Z, le BIFF propose plus de 100 films originaires d'une trentaine de pays, dont 5 avant-premières mondiales. À noter, les œuvres d'illustres rejetons (Cronenberg, Lynch et Cassavetes), une journée du cinéma belge, un focus sur la production irlandaise et le retour d'une icône vivante : Dario Argento. C'est pas fantastique ? 02>13.04, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, Horaires, prix, www.festivalfantastique.org
© DR
Au Nom Du Fils
Une fervente croyante, animatrice sur une station de radio catholique, est confrontée à la pédophilie des prêtres et au suicide de son fils. Face au silence de l'Église, la foi cède place à la violence. À mi-chemin entre La Vie Est Un Long Fleuve Tranquille (1988) et Kill Bill (2003), voici un pamphlet féroce. Pour la bourgeoisie mocassins-serre-tête, l'heure de la vengeance a sonné !
De Vincent Lannoo, avec Astrid Whettnall, Philippe Nahon, Achille Ridolfi... Sortie le 03.04
Hand Of Dreams © David Lynch
Man In The Rain © David Lynch
exposition
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Pierre de taille Après Gravelines en 2010, c'est au tour de La Louvière de présenter les estampes de David Lynch assorties d'un ensemble de courts-métrages rares et captivants. Cette exposition multimédia revisite les méandres créatifs de l'artiste et donne aux visiteurs quelques clés de sa cosmogonie. Ancien élève de l'école d'art de Philadelphie, Lynch n'a jamais renié sa passion pour l'image fixe. En 2007, juste après la sortie de son dernier film (Inland Empire, 2006), il traduit en lithographie des dessins abstraits réalisés sur postit. Près de 170 lithographies naissent ensuite sur les pierres de l'atelier parisien Idem où il revient chaque année. L'exposition au Centre de la Gravure retient le thème du corps en morceau via un accrochage intelligent. En réponse au court-métrage Six Men Getting Sick (1967), les dessins débitent : bras, mains, oeil... Corps écorchés, corps mélangés ; les couples formés sur le papier ont d'étranges contours. Explorer les abysses, sonder les profondeurs Parmi les autres obsessions du maître, citons le feu, la nature, les insectes, la maison ou encore la ville. Il aurait d'ailleurs choisi d'être exposé à La Louvière plutôt qu'à Bruxelles car le cadre post-industriel de cette ville résonne fortement avec les 120 estampes et la dizaine de courts-métrages sélectionnés. La muséographie entre, ombre et lumière, est en parfait accord avec son sujet. Pour Chris Rodley, biographe de Lynch, le cinéaste « ne cesse de regarder sous les pierres pour découvrir de la noirceur et de la pourriture ». Les pierres et bois lithographiques en révèlent une belle part et plongent le visiteur dans ses failles les plus intimes. François Annycke
David Lynch, Circle of dreams Jusqu'au 19.05, La Louvière, Centre de la Gravure et de l'image imprimée, mar>dim, 10h>18h, 6/4/2€, www.centredelagravure.be En complément, cycle Lynch proposé par le cinéma Ciné Stuart (Sailor et Lula, le 11.04 // Inland Empire, le 25.04...), www.cinestuart.cinenews.be
Au fil de l’aiguille La scène se déroule à Béthune l’été dernier : l’association Kraft annonce l’ouverture d’épidermiques, sa nouvelle exposition sur le tatouage… et essuie aussitôt plusieurs plaintes. « Protégeons nos enfants ! » hurlent des parents furieux. Mais après quelques jours, ceux-ci se rétractent tous. Pourquoi ? « En jugeant sur pièces, ils ont compris qu'il n'était pas question d'une bête incitation à la modification corporelle », se souvient, un peu navrée, la commissaire d’exposition Blandine Roselle. Aujourd’hui présenté à Lille, ce projet réunit une trentaine de grands noms du milieu (Mike Giant, Alex Binnie ou le Lillois Greg Briko), mais aussi des illustrateurs, plasticiens, photographes… Ainsi, épidermiques pointe habilement les échanges entre art contemporain et tatouage. On trouve toutes sortes de curiosités : ici, un Christ blanc recouvert d’un motif organique (Christ de Jean-Luc Moerman) ; là, une fresque vidéo valorisant la diversité des styles (L-ink de Lydie JeanDit-Pannel)… Tribal, réaliste, abstrait ou même biomécanique, le tattoo est décliné sur tous les supports. Au fil d’un accrochage divisé en six sections (l’atelier, le tatoué, la prison, la religion, le féminisme...) l’histoire remonte doucement à la surface. Petit à petit, les liens avec l’art contemporain s’affinent (Curatordeus d’Enrique Marty). Alors, pour le repaire d'anciens taulards, de prostituées et les clichés en général, on repassera. En revanche, cette exposition constructive nous aiguille autant vers la galerie d’art que vers le salon de tatouage. Cédric Delvallez éPIDERMIQUES #2 Jusqu’au 12.05, Lille, maison Folie de Wazemmes, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>19h, gratuit, www.mfwazemmes.mairie-lille.fr
Snake © SIXO
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Bracelet éponge © A. Leprince © ADAGP, Paris 2013
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Voyage en terre inconnue La Piscine met à l’honneur l'un de ses plus grands donateurs ; Christian Astuguvieille. Au travers d’une exposition éponyme, ce créateur nous convie à la rencontre d’une société fantastique. Né en 1946 à Paris, ce designer de formation a exercé ses talents dans des domaines très variés. Citons son implication au sein de l’atelier des enfants du Centre Pompidou, ou ses collaborations variées avec l’industrie du luxe (directeur artistique des parfums Rochas, Nina Ricci, puis du label japonais Comme des Garçons depuis 1992). Ici, sont réunies plus de 200 œuvres en un espace pensé pour accueillir les reliques d’une civilisation imaginaire. Dès l'entrée, on est placé au cœur d'une agora, encerclé par les effigies de divinités. Utilisant, entre autres, le bronze, l'éponge ou la corde (de chanvre, de coton naturelle ou patinée), l'artiste donne naissance à une œuvre-monde où l'on retrouve des bijoux, des meubles, des dessins, des sculptures totémiques témoins de cette civilisation chimérique. En toile de fond, sur le mur, s’inventent les écritures imaginaires. Texte sacré énigmatique, des courbes noircissent 119 panneaux assemblés en une fresque monumentale créée expressément pour l'occasion. L’œil ainsi rassasié, il est permis de rejoindre le Parcours des sens de La Piscine. Une installation permanente imaginée par Astuguevielle lui-même, multipliant les axes d'approche des œuvres aux quatre coins du musée (commodes tactiles, recréation de bruits d'enfants jouant dans une piscine, mouillettes parfumées...) pour parachever l'immersion artistique. Clément Gagliano Astuguevieille Jusqu’au 19.05, Roubaix, La Piscine, mar>jeu, 11h>18h, ven, 11h>20h, sam>dim, 13h>18h, 8/5€/ gratuit, www.roubaix-lapiscine.com
When I Grow Up © Maria Marshall
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Le bon plan Si, à travers le monde, les galeries les plus prestigieuses exposent le travail de la vidéaste Maria Marshall, jamais un musée n’avait présenté une vision d’ensemble de son œuvre. Quinze ans de carrière résumées en douze courtes vidéos ? Cela peut sembler peu, mais elles ont besoin d'espace pour exister, au sens propre (jusqu’à 5 mètres de haut) comme au figuré. Dans une première salle, la lumière vacillante d’un écran de télé fend régulièrement l’obscurité. Les spectateurs se dispersent dans ce faux cinéma privé de siège. On comprend alors que le rapport à l’espace est primordial chez cette sculptrice de formation, née en 1966. Si l’on peut parfois repérer un travelling évoquant Shining (1980), le vocabulaire de Maria Marshall a peu à voir avec le septième art. Ces vidéos en boucles, très courtes, souvent muettes et peu montées constituent des propositions plus plastiques que narratives. Ceci explique sans doute le soin minutieux apporté à la qualité de la photographie : noir et blanc granuleux et hors du temps, Super-8 nostalgique, mais aussi d’impeccables images tournées avec l’aide d’un opérateur de publicité. Existe-t-il un style Maria Marshall ? Pas vraiment. Mais des thèmes récurrents, portés par des visages d’enfants. Et une volonté constante de surprendre, par une économie de moyens ou par des effets spéciaux assez bluffants, comme cet objectif semblant s’enfoncer littéralement dans le corps de l’artiste. Florent Delval Maria Marshall : I Love You Mummy / I Hate You Jusqu'au 02.06, MAC's, Hornu, tous les jours sauf lundi, 10h>18h, 6/4/2€, www.mac-s.be
© AFJV
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Le jeu dépasse les bornes Quel meilleur endroit que l'Imaginarium, cet îlot de créativité situé au cœur de la Plaine Images, pour développer Play Again, soit toute une saison consacrée au jeu vidéo ? Autour de cette invitation à re-jouer gravitent ateliers, tables rondes, rencontres et une exposition, le Musée Pop du Jeu Vidéo, véritable légitimation d'une culture vidéoludique ! « S'il devait y avoir un musée du jeu vidéo, sans doute devrait-il être dans le Nord, un territoire qui rassemble tous les acteurs de cet univers au plus haut niveau » glisse Pierre Giner, directeur artistique de l'Imaginarium et commissaire de l'exposition. En effet, le Nord-Pas de Calais se place deuxième région créatrice de jeux vidéos de France avec un chiffre d'affaires estimé à 350 millions d'euros. Au détour d'une borne Pong, une Game Boy géante saisit d'emblée le visiteur ! Instructif, l'accrochage offre une vision multidimensionnelle du jeu vidéo : histoire, état des lieux et perspectives de développement aussi bien techniques, professionnelles, économiques que culturelles. Ludique, le parcours se transforme en salle de jeu, accueillant des grands classiques (Mario Bros), des jeux « indés » reconnus (Limbogame) ou des découvertes (Hotline Miami). Évolutif, le corpus s'enrichit au fur et à mesure, avec la participation de grands invités, dont Paola Antonelli (commissaire artistique au MoMA, New-York). Artistique, cette saison se clôture en musique avec l'interprétation des grands thèmes tels Sonic, Zelda ou Final Fantasy par un pianiste de l'Orchestre National de Lille. Une manifestation à fond les manettes ! Elsa Fortant Play Again/Musée Pop du Jeu Vidéo Jusqu'au 13.07, Tourcoing, Imaginarium, mer>ven, 11h>18h, sam et dim 14h>18h, gratuit, www.imaginarium-society.org // Lille Piano(s) Festival /o.n.l. Play Again, 16.06, 17h30, gratuit
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Geert Goiris Ce photographe belge réalise des clichés fantastiques sans aucun artifice. En saisissant des lieux apparemment désertés, traversés par des figures discrètes, il cultive une tension entre la nature et l'homme. Ses images à forte charge poétique ne portant aucun indice autorisent toutes les interprétations. Il revient donc au spectateur de discerner le vrai du faux. Mais veut-on vraiment connaître la vérité ?
Grand théoricien de l'art, Kandinsky a bouleversé et entremêlé de nombreux courants artistiques, en témoignent ses fameuses « Improvisations », sorte de partitions chromatiques. S'intéressant à la période 1901-1922, qui vit naître l'abstraction, le parcours met en exergue l'influence du maître sur ses pairs et ses liens avec la culture populaire. Ainsi, parmi les 150 œuvres exposées, les figures éminentes symbolistes (Mikhail Larionov) et avant-gardistes russes trouvent naturellement leur place. Jusqu'au 30.06, Bruxelles, Musées Royaux de Belgique, mar>dim, 10h>18h30, mer, 20h, 17,5 à 6,5€, www.expo-kandinsky.be
Jusqu'au 19.05, Leuven, M Museum, tlj sf mer, 11h>18h, jeu 22h, 9/7/5/3€, www.mleuven.be
© Zunic Méaume Salmon, Toldru
Gaulois, une expo renversante Ils sont irréductibles, friands de sangliers, hirsutes, nippés de haillons et vivent dans la fôret ; enfin, il paraît. Car à la lumière des fouilles réalisées ces vingt dernières années, clichés et idées reçues sur les Gaulois volent en éclats. Archéologue d'un jour, le visiteur découvre ici une civilisation sophistiquée au fil de reconstitutions, ateliers interactifs et un spectacle audiovisuel. La Gaule est pliée. 02.04>09.03.14, tlj sf lundi, mar>ven, 10h>17h30, sam et dim 14h30>18h30, 5/4/3/2e/gratuit, www.forumdepartementaldessciences.fr
Tache noire I, 1912, Wassily Kandinsky © Russian Museum, St. Petersburg
Fool's Gold, 2007 © Geert Goiris
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Kandinsky & Russia
Le Colonel Kadhafi en uniforme de la Luchtmacht lors du sommet arabe à Tripoli, Lybie, 2 December 1977 © Courtesy Michael Christopher Brown/Human Rights Watch
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Power ! Photos ! Freedom ! Depuis les images de propagande du régime Kadhafi (qui était sacrément photogénique, convenons-en) jusqu'aux récentes images capturées par des journalistes-citoyens durant le Printemps Arabe, le FotoMuseum d'Anvers passe au scanner un demi-siècle de photos choc. L'occasion de s'interroger sur la force graphique des ces mises en scène millimétrées, des ces images parfois volées, et de leur conséquences parfois tragiques et/ou libératrices. Anvers, jusqu'au 09.06, FotoMuseum, mar>dim, 10h>18h, 7/5/1€, www.fotomuseum.be
Neo Rauch, The obsession of the demiurge, selected works 1993-2012 Figure de la Nouvelle École de Leipzig, Neo Rauch brasse, entre autres, l'esthétique réaliste socialiste, l'abstraction teintée de surréalisme, le pop art et la BD. En sept salles, on parcourt, de façon inversement chronologique, près de 70 œuvres placées sous le signe du Démiurge. Et entre nous, ce sont bien ses œuvres de jeunesse qui sont les plus percutantes, voire les plus abouties. Bruxelles, jusqu'au 19.05, Palais des beauxarts,mar>dim, 10h>18h, jeu, 21h, 10/8/6/4€, www.bozar.be
Vandersteen, conteur d’histoires Willy Vandersteen n'était pas un saint – en témoignent les caricatures antisémites publiées durant la guerre, ou les relents racistes de certaines cases de Bob et Bobette. Mais il serait stupide de balayer d'un revers de main l'oeuvre foisonnante de l'Hergé flamand. Raccourci ? Oui. Sa ligne claire est plus folle, plus azimutée, aussi. L'Anversois, qui aurait eu 100 ans cette année, a élevé la BD au rang d'art populaire. Brxuelles, jusqu'au 01.09, CBBD, tlj sf lun, 10h>18h, 8/6/3€, www.cbbd.be
Plein les yeux ! Au fil des siècles, le corps fut repoussé au-delà de ses limites au nom d'une certaine élégance. à travers des silhouettes emblématiques, la Cité de de la Dentelle et de la Mode revient sur cinq siècles de théâtralisation par le vêtement. Costumes, photos, croquis, peintures, extraits de films et pièces de haute couture (Christian Dior, Givenchy, Thierry Mugler) dévoilent des corps corsetés ou dénudés, enserrés ou libérés et ce, pour mieux les mettre en valeur. CALAIS, jusqu'au 28.04, Cité internationale de la Dentelle et de la Mode, tlj sf mar, 10h>18h, 5/2,5€, www.cite-dentelle.fr
Bernardi Roig, Sound exercises © DR
Neo Rauch,Rauch © courtesy Galerie EIGEN + ART Leipzig/Berlin and David Zwirner, New York © Uwe Walter, Berlin
Charles Paulicevich, Variation Concours canin, champs de foire... Ce photographe s'intéresse à la théâtralisation du quotidien et pose un regard neutre sur ses codes et ses artifices. Dans cet ordinaire revêtu de ses plus beaux atours, Paulicevich capte des instantanés de vie. Ni reportage, ni documentaire, ces images s’énoncent comme des formes hybrides, encourageant une analyse plus approfondie. Charleroi, jusqu'au 12.05, Musée de la Photographie, mar>dim, 10h>18h, 6/4/3€, grat – de 12 ans, www.museephoto.be
Charif Benhelima The Allochtoon Né à Bruxelles en 1967 de parents juifs marocains, Benhelima a signé deux œuvres en rapport avec son identité. La série de photographies Welcome to Belgium est le fruit de neuf ans de recherches sur la notion d'étranger. Quant à l'installation Semites : A Wall under Construction, elle est en prise directe avec ses origines. Benhelima présente ici ces deux œuvres, accompagnées d'une troisième, The Allochtoon, qui aborde la question du regard de l'autre et de l'identité – encore. Insoluble question, propice à toutes les créations ! Charleroi, jusqu'au 26.05, BPS22, mer>dim, 12h>18h, 3/2/1,25€, www.bps22.hainaut.be
Poétique d'objets Depuis 1913 et le premier ready-made de Duchamp, pléthore d'artistes se sont emparés d'objets « déjà-faits ». Présentés en l'état, détournés, voire détruits, ces ustensiles devenues œuvres d'art relèvent de la poésie et se piquent de politique. Oui, mais comment ? Réponse magistrale avec Duchamp, donc, mais aussi Man Ray, Arman, Niki de Saint-Phalle ou César. Ce panorama prestigieux croise la création colorée de François Schmitt et œuvre « arachnéenne » de l'américaine Sarah Sze. Duinkerque, 06.04>15.09, LAAC, tlj sf lun, 10h>12h15, 14h>18h, 4,5/1,5€, www.dunkerque-tourisme.fr
Bernardi Roig L’œil du connaisseur Les amateurs de B. Roig ne tiennent plus en place ! En effet, une dizaine de sculptures/installations, issues de collections privées, qui sont ici présentées. Dans la sobriété de l'espace, les néons semblent donner vie à ces moulages blancs, grandeur nature, du corps de son propre père et d'amis. Une belle façon de faire dialoguer le travail du Majorquain avec les œuvres statuaires du roumain Ianchelevici. La Louvière, jusqu'au 26.05, Musée Lanchelivici, mar>dim, 14h>18h, 3/2/1,50€, www.ianchelevici.be
Jockum Nordström, Djuren är vårt hopp (Les Animaux sont notre espoir) © Courtesy David Zwirner, Galleri Magnus Karlsson et Zeno X Gallery © Adagp Paris, 2013 © Peter Cox
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Promesses ?!
Je t'aime... Moi non plus
Puisque les Mayas n'ont pas tenu leur supposée promesse, pourquoi ne pas se tourner vers Dürer ? Autour de la réédition de l’intégralité des planches de L’Apocalypse de Saint Jean par le maître allemand, de nombreux artistes contemporains proposent des estampes explorant les croyances et superstitions populaires – le tout avec humour et dérision. Parallèlement, les Ateliers d’Editions Populaires rééditent des travaux de François Ide, Tom de Pékin, Anne Van der Linden...
Doisneau, Ensor, Goldin et, bien sûr, Eugene Leroy font partie de la petite trentaine d'artistes qui questionnent la relation amoureuse et la séparation. Peintures, gravures, dessins, photographies et sculptures dévoilent la large palette d'un sentiment (presque) vieux comme le monde, l'amour, et révèlent ses différentes représentations et interprétations.
Lille, jusqu'au 26.05, Espace Le Carré, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>13h, 15h>18h, gratuit, +33 (0)3 20 74 46 96
Jockum Nordström
Les Esprits de la forêt Les Compagnies Pseudonymo et Succursale101 réinterprètent la tradition de la marionnette picarde. À travers six maisons reliées par des tunnels, on croise un atelier-école de manipulation, un éclossoir à créatures minuscules ou la grande chambre des marionnettes. Mieux ! Ou pire : on a soi-même la sensation d'être observé... et si ces esprits hantaient vraiment ces lieux ? Brrr... Roubaix, jusqu'au 26.05, La Condition Publique, mar>dim, 14>18h, 5/2€, www.laconditionpublique.com
Tourcoing, jusqu'au 17.06, MUba Eugène Leroy, tlj sf mar, 13h>18h, 5/3€, www.muba-tourcoing.fr
En cinq salles, une vingtaine de dessins au crayon sur papier, près de quarante collages et une dizaine de sculptures en carton, l'expert comme le curieux ont de quoi se réjouir. D'apparence candide, le travail de Nordström jongle avec les références culturelles suédoises, relate des scènes de la vie quotidienne ou s'essaie à l'architecture en réalisant des... immeubles en carton. L'érudition au service d'une naïveté revigorante, le Suédois pousse l'art contemporain dans des retranchements inattendus. Villeneuve d'Ascq, jusqu'au 19.05, LaM, mar>dim, 10h>18h, 10/7€, www.musee-lam.fr
© Dominique Houcmant
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mittal hurlant Fidèles au théâtre engagé dont ils ont fait leur marque de fabrique, les membres du collectif Mensuel adaptent L’Homme Qui Valait 35 Milliards, le roman social de leur complice Nicolas Ancion. Kidnapping artistique et crise de la sidérurgie en Europe se croisent dans une comédie décapante, forcément ancrée dans l’actualité. à Liège, un haut-fourneau va fermer. Devant le désespoir des ouvriers, Richard Moors, plasticien au chômage, croit tenir l’idée qui lui apportera enfin la reconnaissance. Aidé d’une équipe de bras cassés, il décide d’enlever le magnat indien Lakshmi Mittal, propriétaire des aciéries du même nom, pour le forcer à reproduire des œuvres d’art controversées du xxe siècle (la Fontaine de Duchamp, le Carré blanc sur fond blanc de Malévitch...). Comment faire tenir le pitch, loufoque à souhait, de L’Homme Qui Valait 35 Milliards sur une scène de théâtre ? En multipliant les formes : sur le plateau, deux musiciens, auxquels se joignent parfois les trois acteurs, ponctuent les séquences narratives ; quant au cinéma, il s’invite via un court-métrage de 15 minutes pour lequel une centaine de figurants ont accepté de se déshabiller. Une épopée à portée universelle Dans un contexte de morosité économique, le théâtre du collectif Mensuel cherche à éveiller les consciences. « Nous avons été surpris par le manque de questionnement du public face à une ville, Liège, qui perdait son identité », explique Renaud Riga. Et si le décor est celui de la Cité ardente, on y reconnait nombre d’anciens bassins ouvriers de Belgique, de Grande-Bretagne ou de France qui, ayant raté leur reconversion industrielle, ont dû s’incliner devant les logiques destructrices de quelques puissants. Marine Durand L’homme qui valait 35 milliards 23.04 > 26.04, Charleroi, PBA, 20h30 sauf mer 19h, 14/9€, www.charleroi-culture.be jusqu'au 27.04, Charleroi, Rockerill, expo sur le bassin sidérurgique de la ville (festival De chair et d’acier)
© Flore Bleiberg
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LA VOIX DE SON MAÎTRE ? Le triptyque Pré-Blé-Fusée est le fruit d'un travail d'expérimentation mené par les Belges de la Clinic Orgasm Society, régulièrement salué ces dernières années. Inspiré de l'expérience de Stanley Milgram, le second volet, Blé, s’interroge sur l'importance des codes dans notre société et sur notre capacité à les affronter. Ou pas. Entre 1960 et 1963, l'expérience du psychologue américain Milgram cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité jugée légitime (policiers, scientifiques...), sur fond de décharges électriques. Si certains ordres posent des problèmes de conscience, comment l'individu réagira-t-il ? Inspirée par cette étude, la Clinic Orgasm Society invite sur scène cinq protagonistes (des amateurs sollicités en amont par le théâtre) et les projette au cœur du spectacle. Suivant les instructions transmises dans un casque audio, chacun devient l'acteur d’une histoire dont il ne contrôle jamais le déroulement. La représentation débute par le quotidien banal d’une famille qui exécute des gestes simples. Les codes de la « normalité » sont d'abord respectés. Mais peu à peu, les événements prennent un tour étrange, parfois comique, bousculant les rapports entre les personnages… Continueront-ils à s’adapter, pour ne pas s’écarter de la norme ? Cette forme inédite de représentation chamboule dans la foulée les codes du jeu. Elle place le spectateur dans une position d’observateur critique d’une société normée dont il est certainement un représentant anonyme. Déroutant. Hugo Dewasmes Blé 11>13.04, Lille, Le Grand Bleu, 20h + 14h30 le 12.04, 13/11/10/6€, www.legrandbleu.com
Marx, ilsreviens, sont devenus fous ! Et si Karl Marx, décédé voici 130 ans, revenait sur Terre ? Qu'auraitil à nous dire sur son héritage, sur le siècle écoulé ou le monde actuel ? Derrière ce pitch saugrenu, se cache une pièce revigorante, qui abat quelques contre-vérités pour nous faire (re)découvrir un illustre méconnu. D'Howard Zinn (1922-2010) on ne connaissait principalement que la formidable Histoire Populaire des États-Unis (2002). Ou son adaptation en BD en 2009. Or, Zinn, historien et politologue, n'était pas étranger aux planches. Dans la dernière de ses trois pièces, l'Américain imaginait Marx revenu sur Terre. Mais pourquoi faire ? « Pour changer le monde et évoquer les injustices, guerres et l'exploitation qui persiste, explique Fabrice Gardin, metteur en scène. Il souhaite aussi se dissocier du stalinisme ». Vrai que les théories de Marx n'ont rien à voir avec les « états ouvriers dégénérés », comme les nommait Trotsky. Si ce monologue au décor sobre démontre que la pensée critique de Marx demeure pertinente, elle offre également de la chair et une voix au philosophe mythique interprété par Michel Poncelet. On devine la truculence, le mauvais caractère et même... l'humour de ce penseur majeur du xixe siècle. On croise également, évoquées ou incarnées par ce même Poncelet, des figures comme Bakounine, Engels, ou encore son épouse Jenny et sa fille Eleonore. Enfin, on ne peut que saluer cette mise en lumière d'un révolutionnaire qui souhaitait « que la philosophie redescende du ciel vers la Terre ». Thibaut Allemand Karl Marx, le retour 19.04>25.05, Bruxelles, Le Théâtre des Martyrs, mar, 19h, mer>sam, 20h15, 28.04 & 12.05, 16h, et 18.05, 19h, 16,50/14/10,50€, www.theatredesmartyrs.be
Michel Poncelet © F. Gardin
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Robyn Orlin / Angelin Prejlocaj
à la française Une soirée divertissante pour des dirigeants réunis lors d'un quelconque G20. Ayant fait ses preuves aux Césars, Edouard Baer est chargé d'animer ce gala. L'ennui, c'est que le play-boy lunaire a... oublié de préparer quoi que ce soit, puisqu'il « travaillait » au bar. S'en suit une succession de saynètes azimutées, où l'on croise au hasard Marianne, Piaf, Bécassine, Napoléon ou... un chat qui joue la Marseillaise au piano ! Accompagné, selon les soirs, par B. Duquesne, V. Lacoste, L. Bekhti (entre nombreux autres) Baer tient à célébrer la France au cours de cette réception – et dans ce spectacle aussi, peut-être. Drôle et parfois émouvant, notre maître de cérémonie signe une pièce à sa (dé)mesure dont il a le secret. Si l'on peut cependant regretter ce goût de la fantaisie automatique, les inconditionnels, eux, ont déjà leurs billets. Thibaut Allemand 02 & 03.05 Roubaix, Le Colisée, 20h30, 39/37/30/27/8€, www.coliseeroubaix.com
Robyn Orlin et Angelin Preljocaj, figures majeures de la danse contemporaine, ne s'étaient jamais penchés sur le hiphop. Une commande de Suresnes Cité Danse leur en a donné une belle occasion. Avec With Astonishment We Note The Dog, R. Orlin, l’enfant terrible de la danse performative sud-africaine offre une variation canine pleine de dérision. On y retrouve sa marque de fabrique : présence des sept interprètes dans la salle, happening, humour et théâtralisation. Une chorégraphie sous forme de battle, où la relation au chien traduit, en creux, les rapports de force et de domination des communautés humaines. Angelin Preljocaj brosse quant à lui un Royaume-Uni à la beauté intemporelle. Pour l'occasion, il convoque quatre figures d’amazones modernes au service d'une danse hypnotique. Un diptyque où l’émotion et l’élégance succèdent à la cocasserie iconoclaste. Aurore Krol 16 & 17.04, Namur, Théâtre Royal, 20h30, 28/25/20/15/10/8€, www.theatredenamur.be © Dan Aucante
© D. Angeli
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Cooperatzia © D. Bossis
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La voie est libre Depuis quinze printemps, le Boulon prend ses aises dans les rues de Vieux Condé ! Sous l'impulsion de cette association culturelle (devenue pôle régional des arts de la rue), s'enchaînent une trentaine de spectacles le temps d'un week-end. Les Turbulentes, festival d'arts de rue ou un moment rare de partage entre les habitants, la ville et les artistes. Une déferlante de bonne humeur s'abat sur la commune du Valenciennois. La manifestation convie danseurs, comédiens, jongleurs, marionnettistes et artistes inclassables à enchanter la ville. Et les Vieux-Condéens à redécouvrir leur cité. On y retrouve bien sûr les formes traditionnelles des arts de la rue : cirque, théâtre d'objets, déambulations ou entre-sort (pièces extrêmement courtes et accueillant un nombre restreint de spectateurs). Mais également des performances spectaculaires dignes des grandes parades, telle Générik Vapeur baladant une demidouzaine de voitures tirées par un tracteur. Lorsque les pavés ne suffisent plus, les créations s'emparent des lieux emblématiques - ainsi de la salle du Boulon, devenant personnage à part entière de Cooperatzia de G. Bistaki, une chorégraphie pour tuiles et sacs à main. Le festival octroie une place de choix à des spectaclescoup de poing, tel Donnez-nous votre argent, trio théâtral absurde sur le monde financier (lui aussi absurde) par la compagnie N°8. L'inattendu est à chaque coin de rue, ici un atelier de couture itinérant baptisé La Guerre Des Boutons, là un voyage sonore autour de la Terre par la cie Caracol... de quoi courir la ville ! Elsa Fortant Les Turbulentes, 15e festival des arts de la rue du Valenciennois 3>5.05, Vieux-Condé, divers lieux, gratuit, programmation complète sur www.lesturbulentes.com et www.leboulon.fr
© Koenbroos
© Axelle Madelin
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Orlando
Ah ! La folle épopée du frère de Dalida et mentor d'Hélène Ségara enfin au théâtre ! Non ? Bon. Créé par V. Woolf, Orlando est un Anglais né à la fin du xvie siècle qui mourut en... 1928, non sans avoir vécu des aventures picaresques, de la Perfide Albion jusqu'en Orient. Cette réflexion sur l'amour, l'art, l'immortalité, possible autobiographie déguisée de son auteure, est ici jouée par l'excellente Katelijne Damen, seule en scène. 09.04, Douai, l'Hippodrome, 20h, 21/17/10/3€, www.hippodromedouai.com // 03>05.05, Mons, Manège, www.lemanege.com
Pourquoi j'ai mangé mon père Ah ! Les Pierrafeu vont enfin brûler les planches ! Non ? Bon. À l'origine, un roman signé Roy Lewis, conte philosophique, initiatique et bourré d'humour. Ernest, jeune homme préhistorique, raconte les aventures de sa famille, qui découvre le feu et l'humanisme, le nomadisme et l'exogamie – bref, des gens éclairés, mais contrariés par le réactionnaire Oncle Vania (Tchekhov, es-tu là ?). Seul en scène, Damien Ricour joue tous les rôles avec une énergie folle, nous donnant à rire et surtout, à méditer. Ou comment faire d'un silex deux coups. 24 & 25.04.La Louvière, Le Palace, 20h, 13/10€, www.ccrc.be
De la dope, du fric et des putes ! Ah ! Dodo la Saumure, le Carlton, Domini... Non ? Bon. Derrière ce titre provoc' et bien macho, un conte initiatique (encore) relatant l'histoire de Damien et Paco, jeunes désœuvrés bercés par les illusions des années Tapie. Un texte fort, mis en musique par Junior Cony, figure du rock alternatif (Bérurier Noir, Ludiwig Von 88) et dub hexagonal. 11.04, Roubaix, La Condition Publique, 20h, 5€, www.laconditionpublique.com
Elles en rient encore, Modèles © Pierre Grobois
théâtre
&
danse
94
agenda
Elles en rient encore
Chatroom
Jusqu'au 12.04
03 & 23.04 E. Walsh/S. de Braekeleer
Ce festival consacré à l'humour fait par (mais pas seulement pour) des femmes propose une dizaine de pièces, de théâtre d'objets, de spectacles de clowns décapants... Avec entre autres, l'enfance canadienne d'Angela Laurier ou la pièce Modèles de la Cie La Part des Anges, initiée à partir de témoignages de comédiennes et d'extraits de Duras, Bourdieu, Despentes et Simone de Beauvoir.
Dans Sa Majesté Des Mouches (1954) de W. Golding, des enfants étaient livrés à eux-mêmes après le crash d'un avion sur une île déserte. Débute alors la construction d'une nouvelle société, qui laisse peu à peu place au tribalisme et à la violence. On repense souvent à ce roman devant ces six ados. L'île déserte, ici, c'est la Toile, où chacun dialogue derrière son écran. Drôle et tendu, vif et incisif, cette pièce explore les méandres du Web et, surtout, de la psyché adolescente.
Lille, Le Prato, 20h, 17/13/8,5/5€, www.leprato.fr 4&5.04, L'Angela Bête d'Angela Laurier + 11&12.04, Capilotractées de Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen Béthune, La Comédie, 3>5.04, 20h, Modèles, 18>7€, www.comediedebethune.org
Le Prénom Jusqu'au 14.04 M. Delaporte & A. de la Patellière
Une banale dispute autour du prénom de l'enfant à venir crée un joli huis-clos, jouant avec les codes du théâtre de boulevard pour mieux les dézinguer. Incisive et mordante, âpre et hilarante, cette pièce, créée avec Bruel et portée à l'écran, est ici reprise par Martine Wicquet, avec l'excellent Stéphane De Groodt. Nom de nom ! Bruxelles, Th. Des Galeries, mar>dim, 20h15 + dim 24.03, 15h, sam 30.03, 15h, 24/22/18/14/13/11/10€, www.trg.be
Feignies, Esp. Cult. G.Philippe, 3.04, 20h,11/8€, www.ville-feignies.fr/egp Mons, Le Manège, 23.04, 13h30 & 20h, 11/8€, www.lemanege.com
Les Rustres 03>05.04
C. Goldoni/ D. Scahaise
Carlo Goldoni (1707-1793) oppose quatre jeunes femmes vives et malignes à quatre vieux barbons vénitiens et machistes – les rustres en question, donc. Si elle date de 1760, cette comédie se voit réactualisée par des costumes plus contemporains mais surtout, frappe par son étonnante modernité, dont la légèreté étourdit, éblouit, et ravit ! Mouscron, Centre Marius Staquet, 20h30, sf jeu, 19h30, 18 à 6€, www.lavirgule.com
Fin de partie © Philippe Delacroix
Panorama © Michel Calvaca
Panorama
Fin de partie
04, 05, 09, 10.04 Cie DCA, P. Decouflé
05 & 06.04 S.Beckett / B. Levy/ Cie Lire aux éclats
Philippe Découflé a tout de même mis en scène l'ouverture des JO d'Albertville, en 1992. Ce n'est pas rien. Ici, est proposé un florilège de trente ans de scène – citons Vague café, Sombreros, Shazam! ou encore Codex. Ou comment conjuguer, de la façon la plus noble qui soit, la danse contemporaine et les arts populaires, tels le cinéma, la bande dessinée ou le cirque. Maubeuge, Le Manège, 04 & 05.04, Complet ! Calais, Le Channel, 09 & 10.04, 20h30, 6€, www.lechannel.fr
Les Criminels 04>12.04
F. Bruckner/R. Brunel
Un immeuble, des appartements et des habitants dont les existences s'entrecroisent. Vous pensez à La Vie, Mode d'Emploi (1978) de Pérec ? Bien vu. Sauf que ce texte, rédigé en 1928 par Bruckner, décrit sans fard la société allemande des années 20. Le tout filmé, pardon, mis en scène par un Brunel qui s'inspire largement du cinéma (plans larges et serrés, champ et hors-champ...). Un chef-d'œuvre méconnu à redécouvrir. Lille, Th. Du Nord, mar>dim, 20h, sf 07.04, 16h, et 11.04, 19h, 25/20/10/7€, www.theatredunord.fr
Beckett franchit un cap avec Fin De Partie (1957), certainement la plus dure de ses œuvres – donc la plus hilarante, aussi. Ces personnages (Hamm, aveugle et tyrannique, son fils Clov, gentil mais idiot, et ses parents) sont proches de la fin, et s'envoient à la figure le fiel des dernières heures. Cruauté, bêtise et absurdité forment la sainte-trinité d'une pièce plutôt traumatisante. Arras, Théâtre, 20h, 21/17/13/10/9€, www.theatredarras.fr
El Djoudour 09.04
Abou Lagraa
Lagraa a un pied en Algérie et l'autre à Lyon, où a débuté sa belle carrière de danseur et de chorégraphe. En réunissant pour la première fois le Ballet contemporain algérien et les danseurs de La Baraka, l'artiste se penche sur cette dualité. Il pose sur ces cultures un regard distancié et les marie à l'envi. Ainsi, les chants chaouïs de la cantatrice berbère Houria Aïchi se mêlent à l'electro d’O. Innocenti. La preuve qu'en greffant plusieurs Djoudour (ou racines) on obtient de généreux fruits. Valenciennes, le Phénix, 20h, 28/26/22/15€, www.lephenix.fr
agenda
Germinal © Alain Rico
théâtre
&
danse
96
Sous leurs pieds, le paradis
Red Brick #B
10.04
30.04>04.05
R. El Meddeb & T. Lebrun
Chorégraphié par les illustres Thomas Lebrun et Radhouane El Meddeb, interprété par ce dernier, voici un solo étrange, où la virtuosité du danseur tunisien ne prend jamais le pas sur l'émotion et la réflexion. Émotion devant ce corps massif rivalisant de féminité, de légèreté et de douceur, qui finit par entrer en transe au son d'Oum Kalthoum. Réflexion, car cette création reste longtemps en tête et pousse à la revoir, afin d'en saisir toutes les aspérités, dans leurs moindres détails. Roubaix, Le Gymnase, 20h30, 14/7/5€, www.dansealille.com
Mademoiselle au bord du loup, face cachée 10 & 11.04 B.Schwartz/Cie La Bao Acou
La saison dernière, nous était conté Le Petit Chaperon Rouge. En septembre, il faisait l'objet d'une déambulation nocturne. Aujourd'hui, B. Schwartz présente le dernier volet de ce triptyque inspiré de la célèbre histoire. Installé au centre d'un cube, le conteur se fait acteur et répond à toutes les questions qu'on avait jamais osé poser sur la gamine vêtue de vermillon... Dunkerque, Salle du Méridien, 20h30, 12/9/7€ www.lebateaufeu.com
Mis en place par le CCN, le dispositif Red Brick soutient les jeunes compagnies de danse, de l'accueil en résidence jusqu'à la représentation. Après un premier volet, l'automne dernier, cette deuxième phase accompagne la carrière de Chinatsu Kosakatani. Cette danseuse et désormais chorégraphe scrute le tissu des relations humaines et sonde nos failles intimes avec délicatesse, non sans humour. En parallèle, on découvre les fresques poétiques de Yutaka Nakata ou un solo existentiel de German Jauregui, ex-interprète de Wim Vandekeybus. Roubaix, CCN, 20h30, 10/8/5€, www.ccn-roubaix.com
Germinal 30.04
A. Defoort & H. Goerger
8 m², est-ce suffisant pour refaire le monde ? D'après Antoine Defoort et Halory Goerger, oui ! Précisons que ce Germinal n'a rien à voir avec celui de Zola. Dès lors, le tandem se permet tout, joue avec les mots, aligne les commentaires farfelus au sens pas si absurde, et transforme cet espace réduit en un jardin des possibles. Une création où tout peut... germer. Armentières, Le Vivat, 20h30, 18/13/6€, www.levivat.net // 21>25.05, Bruxelles, Kunstenfestivaldesarts, www.kfda.be
« Écrire nécessite une carence ou une faille
»
littérature
99
interview
MICHKA ASSAYAS Combat rock Propos recueillis par ¬ Sylvain Coatleven Photos ¬ Denis Rouvre, DR
Enfant, Michka Assayas consignait sur de petites fiches toutes les informations disponibles sur ses musiciens préférés. Ça vous pose un homme. Et explique sans doute la publication de son projet pharaonique, Le Dictionnaire du Rock (2001). Entre-temps, Michka Assayas fut critique-rock, à Rock & Folk et aux Inrockuptibles notamment. Un livre compilant certains de ses articles vient de paraître. L’occasion parfaite pour revenir sur le métier de critique et cerner trente ans de changements dans le rock, de Joy Division à aujourd’hui. Pourquoi ce livre ? C'est une commande de l'éditeur, Yves Jolivet, qui souhaitait conserver une trace de ces textes, et la mémoire de toutes ces années (début 1980 - 2000). Je n'avais pas l'intention d'élever un monument à ma propre gloire.
Ils m’ont regardé goguenards, l’air de dire « un candidat de plus... ». Et à ma grande stupéfaction, ils étaient intéressés. Je me souviens avoir fait un bond par dessus la table basse, une voie s'ouvrait à moi. Ces articles ont-ils une résonance particulière aujourd'hui ? à l'époque j'étais super sérieux, déterminé à défendre la musique que je « représentais » et qui me semblait révolutionnaire. Je militais pour que les mecs qui écoutent Dire Straits écoutent aussi
Comment êtes-vous entré à Rock&Folk ? à quoi ressemblait ce journal à l’époque ? À un fanzine ! J’ai pris mon courage à deux mains pour déposer quelques textes à Paringaux et à son équipe. ▲
Bernard Sumner (Joy Division / New Order)
littérature
100
Joy Division. Mais c'était pas facile. Je rencontrais des gens qui avaient interviewé Jimi Hendrix... Pour eux, j'étais vraiment un petit merdeux à lunettes. Vous défendiez aussi une certaine idée de la jeunesse. Un critique-rock doit-il forcément avoir moins de trente ans ? Non. La question n’était pas d'être érudit. Il fallait surtout de la foi et du culot. D'ailleurs, je me suis toujours efforcé d’écrire d’une manière « classique ». Je voulais éviter toute forme de jeunisme. À 21 ans, on m'avait donné la parole, mais on pouvait me la retirer à tout moment. Il fallait faire vite. Souhaitiez-vous marquer une rupture avec les aînés ? Oui. Le cliché du type assis dans un bar enfumé, une pin-up sur chaque genou et une bouteille de Jack Daniel's à la
main, ça m'exaspérait à fond. Tous ces mecs qui jouaient là-dessus pour faire rock'n'roll... Mais j'étais impressionné par ceux qui jouaient leur peau là-dedans. J'en croisais certains à Pigalle ou devant chez New Rose, en me demandant si un an plus tard ils seraient toujours vivants. En même temps, ils étaient tous très sympas, ouverts, et ne méprisaient pas des positions plus intellectuelles. N'êtes-vous pas du tout sensible aux mythes du rock'n'roll ? Je pensais avoir manqué « l'âge d'or » de la musique en ne vivant pas celui des Beatles. Écrire nécessite une carence ou une faille. Si l'on estime que tout va dans le bon sens, on ne prend pas la plume. Je souhaitais témoigner du pourrissement de notre civilisation et défendre une nouvelle sensibilité
littérature
101
« Je souhaitais défendre une nouvelle
sensibilité artistique . » artistique, dont le punk rock fut le point de départ. La new wave était également très excitante. Ce n'était pas une musique sinistre, mais au contraire très dynamique, très intense. Vous avez d'ailleurs défendu Joy Division, notamment leur concert aux Bains-Douches, en 1979... Si on croyait tous ceux qui racontent y avoir assisté, on remplirait deux Zéniths. Des concerts comme celui de Joy Division, il y en avait beaucoup aux Bains-Douches. Ils réunissaient entre 50 et 70 personnes à tout casser. Ce soir-là, on a reçu un coup sur la tête. Pourtant, le son était pourri. Ian Curtis donnait l'impression de ne pas vouloir être là et ça, c'était nouveau. Il y avait une naïveté, aujourd'hui perdue. Y a-t-il des mouvements contemporains à côté desquels vous êtes passés ? Oui, beaucoup ! Le funk, pour commencer. Mais aussi l'acid-house, la techno, les raves. J'avais déjà trente ans, et j'ai du mal à passer la nuit dehors. À part Public Enemy, je ne me suis pas beaucoup intéressé au hip-hop. Tout le monde à ses limites !
Depuis vos débuts, la critique rock a évolué, du fait notamment d'Internet. Internet participe de la standardisation ambiante. Il y a comme une norme du « bon goût ». Ce qu'il faut avoir écouté, ce qu'il faut aimer ou rejeter. Il n'y a rien de plus chiant. Et puis, lorsque j'entends des trucs vraiment nuls, personne ne réagit. On est dans une espèce de qualité moyenne de tout. Ce n'est pas internet qui a « tué » la musique et la critique, mais la consommation. Une musique superficielle inspire une critique superficielle.
Retrouvez l'intégralité de l'interview sur www.letsmotiv.com
à lire / In A Lonely Place : Écrits Rock (Éd. Le Mot Et Le Reste, 328p., 23€)
© Antoine Repessé
littérature
102
Cerises & marronniers L'ennui avec les marronniers de la presse, ce n'est pas leur fréquence (ça fait partie du concept), mais la difficulté pour le scribouillard à trouver un angle à peu près neuf chaque année. Heureusement, le Salon du Livre d'Arras, organisé par Colères du Présent, offre une multitude de points de vue. Et un sacré coup de jeune. À force d'évoquer ce salon du livre, on pensait avoir tout passé en revue. Le parrainage du regretté Frédéric H. Fajardie, les ateliers d'écriture auprès de populations défavorisées, la diffusion de longs-métrages signés Mordillat, la venue de pointures des sciences sociales (comme l'historienne féministe Michèle Perrot pour Mélancolie Ouvrière, 2013). Mais cette année, notre lectorat prenant de l'âge et, parfois même, se reproduisant, on va se pencher sur les piou-pious, les zouzous, les bambins, les gamins. Outre le traditionnel Prix des Lycéens (qui donne lieu à des querelles acharnées entre plusieurs centain, ou encore Insolence : un devoir ?), ce sont des dizaines d'éditeurs jeunesse qui s'invitent dans la cité de Robespierre. Et l'on en profite pour saluer l'excellente revue Dada, qui rend tous les arts (classiques, modernes, contemporains...) abordables aux plus jeunes – et pas seulement. On doit bien avouer qu'on dévore ce magazine sacrément bien pensé et présenté, qui vaut mieux que nombre d'ennuyeuses monographies. Colères du Présent ? Joie de demain ! Thibaut Allemand Colères du Présent 09.04>18.05, Arras et divers lieux dans le Pas de Calais. 1er mai, Salon du livre, 10h>19h, Arras entre la place de la Vacquerie et celle du Théâtre, gratuit. Débat (Quand la littérature jeunesse s'engage, Ils ont amianté le monde, Energies et dépendances, Genres, sexes et sexualités par-delà les frontières, Les nouvelles tribus du foot, Insolence, un devoir. ?...) et concerts (Lénine Renaud, Christian Paccoud...), www.coleresdupresent.com
chroniques
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Femen
de Galia Ackerman (éd. Calmann-Lévy)
Leurs actions seins nus aux cris de « l’Ukraine n’est pas un bordel ! » leur ont valu l’attention des médias pendant l’Euro 2012. Désormais implantées en France, les fondatrices de Femen dévoilent, avec la journaliste Galia Ackerman, la naissance de leur engagement et leurs ambitions pour les femmes. Renouveau du féminisme ou militantisme sexiste et contreproductif ? Les activistes esprit de lutte de Femen divisent. Avec ce manifeste, les quatre Ukrainiennes à l’origine du mouveLes militantes citent La ment tentent d’éclairer sur leurs méthodes Femme et le socialisme (1883) du social-démocrate et de clarifier un message souvent brouillé. allemand August Bebel Lors de mises en scène choc, Anna, Sacha, (1840-1913) comme leur livre Oksana et Inna souhaitent combattre à la fois de chevet. les dictatures, les religions ou la prostitution, Ukraine, Biélorussie, France... coupables d’entraver la liberté des femmes. sont quelques-uns des Récupérer un « droit de propriété » sur le corps pays où les Femen ont été féminin devient alors leur meilleure arme tabassées. contre l’oppression du système patriarcal. Et « Femen » signifie « cuisse » ça marcherait : selon elles, la rage qui bouilen latin. Un nom choisi « au lonne dans ce féminisme à la cuisse ferme hasard sur Internet parce qu’il a trouvé un écho inattendu en Europe, où sonnait bien ». les Femen auraient ouvert plusieurs centres d’entraînement, et dans le monde arabe. On ne peut qu’admirer le courage de ces « sextrémistes » prêtent à risquer leur vie pour leurs idées. Hélas, elles ne parviennent pas à éviter le piège de la caricature masculine – l’homme est invariablement ramené au triptyque foot, bière, sexe - et de la contradiction : ainsi, une fille qui « pèse 120 kilos ne correspond pas vraiment à l’image des Femen » explique l’une d’entre elles. Comme une légère impression de gâchis. 280 p., 17,50e. Marine Durand
livres SOMBRE DIMANCHE
Back Up
Alice Zeniter (Éd. Albin Michel)
Paul Colize (Éd. Folio Policier)
Tout fleure bon la nostalgie dans ce roman aux épaisseurs tragiques. Sur un fond couleur sépia, on découvre la famille Mandy à travers les yeux du jeune Imre, l'un des résidents de cette maison du bord du chemin de fer. La Hongrie est communiste, mais le mur de Berlin tombe et bientôt, l'Ouest fait son apparition dans ces vies ordinaires – apparaissent les sex-shops, mais aussi une jeune Allemande et, surtout, une certaine idée du bonheur à l'occidentale qui perturbe Imre. Dans cette écriture fine, singulière et à mot couverts, le sort des femmes demeure particulièrement mystérieux, et Imre cherche à en percer les secrets. « Ce pays n'a pas de bonheur pour nous ». Une belle fresque historique pour les amoureux du genre. 285 p., 19€. François Annycke
2010, Bruxelles, Gare du Midi : un homme est renversé par une voiture. Victime du Locked-In Syndrome, il est bien vivant mais son identité reste un mystère. Tout comme la disparition des membres du groupe Pearl Harbor en 1967... A priori sans lien, ces deux évènements constituent le fil rouge de ce roman noir. Les personnages sont confrontés à des questions qui les dépassent, ancrées dans les sixties tumultueuses, et le lecteur voyage entre Londres, Paris et Berlin. Récit à voix multiples, Colize renoue avec une certaine tradition du polar francophone, Didier Daeninckx en tête, l'engagement en moins. L'ensemble tombe parfois dans un excès de didactisme mais réussit sa tentative de faire cohabiter les petites histoires d'individus qui subissent la grande. 492 p., 7,50€. Sylvain Coatleven
SCÈNES DE LA VIE CARCÉRALE Aïssa Lacheb (Éd. Au Diable Vauvert) En 2001, Aïssa Lacheb forçait la porte du monde littéraire avec son vibrant Plaidoyer Pour Les Justes. Douze ans et quatre romans plus tard, cet autodidacte, qui a passé dix ans derrière les barreaux pour vol à main armée, revient sur son expérience de la prison. Les souvenirs sont intacts, le langage direct et limpide. En petites scènes efficaces, l’ex-détenu nous fait pénétrer dans un « lieu de perdition » auquel il s’est toujours senti étranger, lui qui en cellule s'intéressait aux philosophes comme au... traité de Maastricht. L’auteur porte un regard sévère sur un système où les prisonniers sont abandonnés à un état végétatif. Comment dites-vous ? La prison, lieu de réinsertion ? 168 p., 15€. Marine Durand
chroniques
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Who’s that man A Tribute To Conny Plank Compilation (Grönland/PIAS) Aucune théorie de l’évolution n’étant parvenue à établir la parenté du fracas indus, des nappes ambient, des récréations synth-pop et du free-jazz teuton, cette anthologie représente une petite révolution darwinienne : en rendant hommage à Conny Plank, producteur, gourou de la synthèse sonore et pionnier du séquençage, elle nous dévoile le chaînon manquant. Car c’est dans l’antre de ce colosse (Conny’s Place, près de Cologne) que s’est jouée - et enregistrée - toute une histoire des musiques expérimentales, depuis les heures les plus chevelues du krautrock jusqu’à la mort du producteur, en 1987. Dans l’intervalle, l’illustre méconnu a mis ses tripes dans sa console et sa patte, un peu partout : on est frappé par la cohérence que revêt, à l’écoute, le voisinage des grands anciens –les plages contemplatives de Moebius et Roedelius- et la froide brutalité de DAF. Et de découvertes (le glaçant Signal, de la japonaise Phew), en retrouvailles (qu’il était beau, l’Eurythmics d’avant Sweet Dreams…), c’est avec un enthousiasme d’explorateur qu’on se prend à exhumer ensuite quelques-unes des perles ignorées par cet hommage (le premier Rita Mitsouko, au hasard). Finalement, ce n'est pas ce coffret qui pourrait nous coûter le plus cher… F-X Béague
Bernard Lenoir L'Inrockuptible Compilation (EMI) Le John Peel français ? N'exagérons rien, on n'a jamais entendu Napalm Death dans son émission sur France Inter, par exemple. Bernard Lenoir avait un faible pour une certaine école pop, plutôt mélodique, mélancolique et indépendante. Deux ans après sa retraite, sort un florilège des artistes défendus par le monsieur : quelques français (Murat, Dominique A, Bashung...) et pas mal de Britanniques : Field Mice, The Sundays, The Cure bien sûr (Just Like Heaven était le générique des Enfants Du Rock, auquel Lenoir a collaboré). Pas de Smiths, non, mais des reprises en ukrainien par... The Ukrainians (mené par le guitariste du Wedding Present, présent ici). On s'amuse quand même du titre, vampirisé par un hebdomadaire qui avait plus de tenue dans ses jeunes années... Thibaut Allemand
disques Objet Sonore
KAVINSKY
(Roy Music/ Universal Distribution)
Outrun (Record Makers/ Mercury/Universal)
« La bande originale de LA nuit parisienne ». D'abord... qu'est ce qu'une nuit parisienne ? Pour le magazine Le Bonbon Nuit et le label Roy Music, instigateurs du projet, loin de l'agitation des bars et clubs, c'est une déambulation sur fond d'électropop introspective (Gilb'r, Joakim, Benjamin Paulin). Bigarrée, la sélection réunit inédits et titres rares, références et jeunes pousses de la chanson française, Brigitte Fontaine et Les Fils du Calvaire en tête. Dès le premier titre, le road-trip mental débute. Electro aérienne, pop contemplative et cold wave suave composent un subtil crescendo. L'esprit s'élève et se laisse emporter par l'expérimental Good Day Today signé David Lynch. Puis, la seconde partie de l'album, d'un romantisme lunaire et sans relief, sonne le glas de cette trop courte nuit. Elsa Fortant
Certes, Testarossa Autodrive, Dead Cruiser et Grand Canyon sont issus d'EP parus il y a parfois sept ans, Nightcall a été propulsé par la BO de Drive (2011), et même Odd Look et RoadGame, ont été utilisés dans des pubs pour voitures. Ce qui n'enlève rien à la qualité des sept nouvelles compositions, nourries à la culture 80's. Elles intègrent efficacement synthés rétros et samples de vieux mangas (Dragon Ball Z sur Rampage) ou des clins d'œil à d'antiques jeux vidéos (Outrun). Évoquant souvent Daft Punk, l'électro lente et rythmée de Vincent Bergeley atteint sa vitesse de croisière avec le très musclé Protovision. Parsemé de quelques voix (Mobb Deep, SebastiAn) ce roadmovie sonore captive. N'en déplaise au Bonbon, voilà une bande originale, une vraie. Elsa Fortant
MÉLANIE DE BIASIO No Deal (PIAS) Qu’une chanteuse de jazz se retrouve signée sur un label plutôt indie (PIAS) devrait donner le la, comme si c’était un gage de différence, de refus de purisme étriqué. Le timbre délicat de la divine Carolo embrasse inlassablement nos oreilles, en se lovant dans un écrin soyeux (piano/batterie) que le silence exp(l)ose, par touches. On pense alors à l'épure d'un Mark Hollis (Talk Talk), ou à l'album Out Of Season, paru en 2002 et signé Beth Gibbons & Rustin' Man (alias Paul Webb, ex-bassiste de Talk Talk, justement). Ici aussi, on laisse souffler les notes, un autre monde s’ouvre le temps d’une fissure. Si un ange est passé, on l’a sans doute raté : pas grave, il est là, quelque part, à vous de le trouver. Grégory Escouflaire
agenda
108
concerts Lun 01.04
Jeu 04.04
Horses + The Glücks + Hear, Hear (a, cheer) + Rhinos Are People Too + Soldier's Heart Diksmuide, Muziekclub 4AD, 16h, gratuit
The Pretty Things Verviers, Spirit Of 66, 20h, 23e
Aestrid Gand, Cafe Video, 21h, gratuit
Ciné-Concert Desperados de R. Rodriguez : Bikini Machine Lille, L'Aéronef, 20h, 10e/ gratuit abonnés
Mar 02.04
Barbara Carlotti Valenciennes, Le Phénix, 20h, 23,80/21,80e
Busy Signal + High Voltage Gand, Culturell Centrum Vooruit/Bal, 19h, 19,75e
Matthew E. White... Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 15/12e
Raashan Ahmad + Moodprint Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 8/6/gratuit
Vêpres de la vierge : Le Concert d’Astrée Lille, Opéra, 20h, 33/24/17/9/5e
Paul Thomas Saunders Lille, La Péniche, 20h, 12/11e
Booba Lille, Zénith Arena, 20h, 39/32e
Voca People Roubaix, Le Colisée, 20h, 45/41/37/34/8e
Juveniles + Paul Thomas Saunders Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 9/6e
Mer 03.04
Kid Congo and the Pink Monkey Birds Wattrelos, La Boîte à Musique, 20h, 9/6/3e
Paysages poétiques : Dominik Köninger Lille, Opéra, 18h, 9/5e Abraham Inc Arras, Théâtre d'Arras, 20h, 21/17/13/10/9e Anti-pop Consortium Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 16/13e Troy Von Balthazar Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 14/11/8e Juke Boxes Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 15/12e Family of Dog + Body Cunt Gand, Le Charlatan, 21h, 10/8e The Happy Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, gratuit Knalpot Gand, Cafe Video, 21h, gratuit
Tremplin DJ Electro Libre Dunkerque, 4 Ecluses, 20h, 4e Charles Hayward... Charleroi, Vecteur (Le), 20h, 7e Tirebouschtroumphe et Schtroumphe Bouffon + The Raunchy Rumors Bruxelles, Recyclart, 20h, grat.
Marble Sounds + I Am Oak Anvers, Trix, 19h, 14/11e Dez Mona Gand, Culturell Centrum Vooruit/Bal, 19h, 17,75e Anna Caterina Antonacci + Orchestre Natio. de Lille Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45/14e Giuseppe Martucci + Gustav Mahler Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45/10e Axel Bauer La Louvière, Le Splendide (chapiteau), 20h, 18e Vêpres de la vierge : Le Concert d’Astrée Lille, Opéra, 20h, 33/24/17/9/5e Josephine + Ladylike Lily Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 15/12e TEEN Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, 5e Tété Seclin, Théâtre des Cordières, 20h, 17/14e Henri Texier Dunkerque, Jazz Club, 20h, 15/10/7e Chronixx + King Stur Gav... Anvers, Petrol Club, 21h, 26/21e Hardcore Revival #2 : Dj Radium + Dyna + Djules... Rumbeck, Back2, 22h, 10e
Devil Sold His Soul + Anorak Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 10/7e
BPM Contest + Wild Night Contest Aftershow Lille, Magazine Club, 22h, 5e/ gratuit
Henri Texier Dunkerque, Jazz Club, 20h, 15/10/7e
Tape tape & Lgndz unltd. present Josh Wink Anvers, Café d’Anvers, 23h, 12E
Ven 05.04
Sam 06.04
Rocé + Flynt... Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, 10e/gratuit
Ecodag Diksmuide, Muziekclub 4AD, 14h, gratuit
Retrouvez l’intégralité des concerts sur
Uri Caine Lille, Nouveau Siècle, 17h, 8/5e
Henri Texier Dunkerque, Jazz Club, 20h, 15/10/7e
Dunkerque 2013 : Fête d’ouverture ! : We Are Enfant Terrible + The Bewitched Hands + Ez3kiel Extended + Yuksek Dunkerque, Pôle Marine, 18h, gratuit
The Skints Lillers, L'Abattoir, 21h, 15/12/10e
Electric Orange + Temple Of Nothing + Mongolito Liège, La Zone, 20h, 8e De chair et d'acier II : Muckrackers + Tat2noisact + Dorsale... Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, 6e Jeff Kino Lille, Splendid, 20h, 10,80e Secret Vibes Lille, Gare Saint-Sauveur, 20h, gratuit Bobik ou Sacha Hénin-Beaumont, L'Escapade, 20h, 10/8/7e
J-Funk Lille, Le Biplan, 22h, 6e Ben Klock + T. Fixmer Lille, Magazine Club, 22h, 10/5e
Mar 09.04 Sightings + The Naked Shell + Hugo Ficher Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Birth Of Joy Lille, La Péniche, 20h, 12/11e Lisa Germano... Gent, Handelsbeurs, 20h, 18/15e
Raresh + Umlaut + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 13/9e
Chilly Gonzales Lens, Colisée, 20h, 16,7/13e
Dim 07.04
The Rabeats (The Beatles) Roubaix, Le Colisée, 20h, 39/35/30/27/8e
Intronaut + Castle Bruxelles, Magasin 4, 18h, 15/12e Trip Sélectif : Strograss Lille, maison Folie Moulins, 18h, nc Sinkane Anvers, Trix, 19h, 14/11e
Lun 08.04
Mélissa Laveaux + Pale Grey Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e
Mer 10.04 Veillée douce : Ensemble Fa7 Arras, Théâtre d'Arras, 10h, 8e
Jaga Jazzist... Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Théâtre, 20h, 23e
Reel Big Fish Courtrai, De Kreun, 19h, 14/17e
Duo de harpes : Annie Lavoisier + Maria José Jeannin Lopez Lille, Opéra, 18h, 9/5e
Puggy Lille, L'Aéronef, 20h, 28e
Joe Cocker Anvers, Lotto Arena, 20h, 69/59/49/41e
The Sheepdogs + Madé J Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 14/11/8e
Une Nuit à Makala : Yannick Noah + M Pokora + Marc Lavoine + Amel Bent + Orelsan + Grand Corps Malade… Lille, Zénith Arena, 20h, 30/25e
Bonaparte + La Femme Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 18/15e
José James Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 19e Abraham Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7/5/45/3e Sandra Nkaké + A.S.A.P. Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Gravetemple Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 15/13/11e Le Quatuor Roubaix, Le Colisée, 20h, 39/35/30/27/8e Melody Gardot Lille, Théâtre de l'Hotel Casino Barrière, 20h, 59,80/48,80e
Maissiat + Fiodor Dream Dog + Lidwine Lille, La Péniche, 20h, 11/10e -M- Amiens, Zénith, 20h, 59/45/32/40e Anthony Joseph and the Spasm Band + Mélissa Laveaux Arras, Théâtre d'Arras, 20h, 21/17/13/10/9e
The Popopops Lille, L'Aéronef, 20h, 12/11e Saez Lille, Zénith Arena, 20h, 30e Ryoji Ikeda Brugge, Concertgebouw, 20h, 15e Aline + Pendentif Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/7e Gael Faye + Des Fourmis dans les Mains Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e
agenda
110
concerts Sightings... Lille, La Malterie, 20h, 9/7e Elmo + Gari Greu Wattrelos, La Boîte à Musique, 20h, 9/6/3e Lili Grace Gand, Cafe Video, 21h, gratuit
Jeu 11.04 Pallbearer + King Hiss... Anvers, Trix, 19h, 14/11e Goran Bregovic Brugge, Concertgebouw, 19h, 40/34/32/27/24/20/16/12e Isbells + Marble Sounds Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 17,75e Ricard Live Music Tour : Naive New Beaters + Colours In The Street Lille, L'Aéronef, 20h, gratuit Susheela Raman Douai, L'Hippodrome, 20h, 30/25/20/16e Retro Stefson Lille, La Péniche, 20h, 9/8e Dez Mona Courtrai, De Kreun, 20h, 17/14e 1995 Lille, Splendid, 20h, 26e Manu Katché Quartet Armentières, Le Vivat, 20h, 25/18/11e
Ven 12.04 Liesa Van der Aa... Brugge, Concertgebouw, 19h, 11/8/6/5,5e Archive + Fun + The Bewitched Hands Lille, Zénith Arena, 19h, 40e Willy Moon... Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 16/13/10e Evening Hymns + Titan Parano Lille, La Péniche, 20h, 12/11e
Le Biplan fête ses 15 ans : Kharo + Les fils de flûte + Chiens d’Mer + Les Blaireaux Lille, Le Biplan, 20h, 3e Takfarinas Lille, Splendid, 20h, 25e De chair et d'acier III : Eden Roque + Miss Tetanos... Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, gratuit Orchestre national de Lille Boulogne sur Mer, Théâtre Municipal Monsigny, 20h, 16/21e An Pierle + Elephanz Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Anika + Tape Cuts Tape Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/0e Feria de Fronteras : Mafiasko Taxi Lille, maison Folie Moulins, 20h, 5,5/3,5e Crookers Lille, Magazine Club, 22h, 10/5e CATZ N DOGZ + PARACHUTE YOUTH + TOM RUIJG + DACTYLO… Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 13/8e
Sam 13.04
20h, gratuit Le Biplan fête ses 15 ans ! : OBDURATE + FLOW + THE SKALOGG S + ECLECTEK Lille, Le Biplan, 20h, 3e Anika + Psychic Ills... Bruxelles, Magasin 4, 20h, 15/13,5e Superpoze Lille, La Péniche, 20h, 11/10e The Growlers Anvers, Trix, 20h, 13/10e Gilles Peterson + Brit Mala + Troumaca + Lefto Leuven, Het Depot, 20h, 70/19/16/14e William Sheller... Huy, Centre culturel de Huy, 20h, 40e The Vibrators Lillers, L'Abattoir, 21h, 10/8e Surgeon + James Ruskin + Luke Vibert + DJ Food... Anvers, Petrol Club, 22h, 20/16e Acid Washed + The Stress Bruxelles, Recyclart, 23h, 10/8e Dave Clarke... Bruxelles, Fuse, 23h, 13/9e Fred Hush Invites You Lille, Magazine Club, 23h, gratuit
Red Piet : Magic Mole Trio + Mean + Raketkanon + Drums Are For Parades... Gand, Le Charlatan, 17h, 12e
Dim 14.04
La Nocturne : Skip The Use + Louis Aguilar + Okay Monday + Persian Rabbit + Rocky (Dj set) Lille, Place François Mitterand, 19h, gratuit
Alexis HK + Tony Melvil Roubaix, La Condition Publique, 18h, 14/12/10e
Sinead O'Connor Brugge, Concertgebouw, 19h, 35/30/28/25e
Steve Hackett Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 34e
25 Jaar AD, The Party Diksmuide, Muziekclub 4AD,
Heymoonshaker Lille, La Péniche, 20h, 10/9e
Sinkane Lille, La Péniche, 18h, 9/8e
Lun 15.04
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Coeur de Pirate + Arman Méliès Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 33/29,70e
Mar 16.04 Bright Moments Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 8e Dez Mona Leuven, Het Depot, 20h, 18/15/13e Eros Ramazzotti Bruxelles, Forest National, 20h, 57e Elephant Lille, La Péniche, 20h, 12/11e The Amplifetes + Poni Hoax Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 18/15e Gravetemple + Syndrom Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 15/13/11e
Mer 17.04 Ozark Henry Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 32e Phoebe Jean And The Air Force + Andromakers Lille, La Péniche, 20h, 12/11e De chair et d'acier IV : Soumonces! + Bureau Of Atomic Tourism Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, nc Puce Moment Lille, L'Aéronef, 20h, gratuit Counting Crows Anvers, Lotto Arena, 20h, 50e
Jeu 18.04 Ostrogoth Bruxelles, Magasin 4, 19h, 15/12e Sophie Hunger Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 17/14/12e
King Krule Anvers, Trix Club, 19h, 16/13e John Grant Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 19/16/13e The Soft Moon Anvers, Trix, 19h, 18/16e Peter Von Poehl Lille, Eglise Sainte Catherine, 20h, 16,80e Eros Ramazzotti Anvers, Lotto Arena, 20h, 80/72/59/49e Amatorski Anvers, DeSingel, 20h, 22/18/14/8e Bright Moments + PAON Lille, La Péniche, 20h, 12/11e Lisa Van Der Aa + Sacha Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 5e/gratuit
Ven 19.04 Camera + The Soft Moon + The Neutrinos Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e
Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 12/10/8e Mr. Scruff Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 13,75e
Sam 20.04 Hip-Hop Games #3 Lille, Maison Folie de Wazemmes, 16h, 12/8e Theme Park Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 14/11/8e Child Bite + Kabul Golf Club + H.O.Z Lille, L'Aéronef, 20h, 8/4e Karl Hyde + Farao Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Théâtre, 20h, 28e De chair et d'acier V : The Ex + Selvhenter + Api Uiz Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, 10/8e Granville + Aline Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10/5e
Africa Unite Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 17/14e
Alexandre Furnelle quartet Mouscron, C. Culturel Marius Staquet, 20h, 12/10/8e
Ash Borer + Fell Voices Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 15/12e
Françoiz Breut Liège, CC Les Chiroux, 20h, 13/10e
When Mc's Unite Courtrai, De Kreun, 20h, 12e
Voca People Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 45,5/40,5/35,5/30,5e
Funky Booty Shake + The Mighty Mocambos + Dj Caroll Lille, Gare Saint-Sauveur, 20h, gratuit Zs + Prairie + Zoho + Tropic of Coldness Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e De Dolfijntjes + Steven H Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 15/13/11e Reverend Zack and the Bluespreachers
The Soft Moon Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10e/gratuit Pomrad + Lefto + Okon & The Movement + OohWee Anvers, Trix, 21h, 10/7e The Twinkle Brothers Bruxelles, VK* Concerts, 21h, 25/22e De Brassers... Bruxelles, Beursschouwburg, 21h, 8e
agenda
112
concerts Guti + Tini + Livio & Roby... Bruxelles, Fuse, 23h, 13/9e
Marble Sounds... Leuven, Stuk, 20h, 14/12/10e
Dim 21.04
Mer 24.04
Some Better Days Lille, Gare St-Sauveur, 18h, nc
The Residents Leuven, Het Depot, 20h, 27/24e
The Pharcyde + Dj Imani... Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 16,75e
Veronica Falls Lille, La Péniche, 20h, 12/11e
Endless Boogie... Anvers, Trix, 19h, 13/10e Tall Ships Lille, La Péniche, 20h, 10/9e Ozark Henry Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 33e Stiff Little Fingers + Unwanted Tattoo Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 15/13/11e
Lun 22.04 Wolf Eyes... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 10e Sherman Leuven, Het Depot, 20h, gratuit Coeur de Pirate Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 28e Beth Orton Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 25e Half Moon Run + Plants & Animals Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e
Mar 23.04 Efterklang... Courtrai, De Kreun, 20h, 21/18/15e
Ibrahim Maalouf Bruxelles, Bozar, 20h, 20e Alpha Blondy... Wattrelos, Salle Roger Salengro, 20h, 25/20e Steel Pulse Lille, Splendid, 20h, 27,50e Salvatore Adamo Ostende, Casino Kursaal, 20h, 55/45e Electric Electric Opwijk, Nijdrop, 20h, 10/7e Compact Disk Dummies Gand, Le Charlatan, 20h, 12/9e Lilly Wood & The Prick Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h, 18/16/13e Aufgang Lille, L'Aéronef, 20h, 17/13e Orchestre National de Lille + Xu Zhong Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45/14e Melvins Lite Bruxelles, VK* Concerts, 21h, 20/18e Go March Gand, Cafe Video, 21h, gratuit
Jeu 25.04 Ufomammut Anvers, Trix, 20h, 15/12e
Melvins Lite Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 20/17e
The Bootleg Beatles Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 26e
Afro Cuban All Stars Leuven, Het Depot, 20h, 32/29/26e
Orchestre National de
King Creosote + Caandides Lille, La Péniche, 20h, 12/11e
Lille + Xu Zhong Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45/14e Fred Wesley + DJ Caroll Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 15/12e Ibrahim Maalouf Borgerhout, De Roma, 20h, 18/16e
Ven 26.04 Las Vargas + Madame Dame + Stouffi the Stouves + Klink Clock + Les Météors Lille, Gare St-Sauveur, 18h, grat Benjamin Biolay Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 39e Lydia Lunch’s Putan Club Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e Daan Opwijk, Nijdrop, 20h, 20e De chair et d’acier VI : Bazooka + Paint Fumes + No Matter what you Say Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, 8e C. Sen Liège, La Zone, 20h, 9/7e !!! (Chk, Chk, Chk) + Goose... Lille, L’Aéronef, 20h, 19/14e Wannes Cappelle Solo + Flying Horseman + Talike Gelle Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 14/12/10e Compact Disk Dummies Courtrai, De Kreun, 20h, 13/10/7e DJ Fresh + Doctor p. + Feed Me Anvers, Lotto Arena, 20h, 34e Femi Kuti Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 20/17/5e Orchestre National de Lille + Xu Zhong Dunkerque, Le Kursaal, 20h, 45 à 14e
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Urban Rituals Fest. : Paul Metzger + Stevie Wishart Bruxelles, Les Brigittines, 20h, 10e The Luyas Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 21h, 7/5e Lopsided Lille, Le Biplan, 22h, 6e Dub Revolution : Eastern Roots + Upfront Family... Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, nc Flash Cocotte Bruxelles, Mr Wong, 22h, nc Joey Beltram + Black Francis + Coupé + Enzo Anvers, Petrol Club, 23h, 9e
Sam 27.04 Jayce Lewis + Black Veil Brides Anvers, Trix, 19h, 27/25e Bastian Baker Lille, Splendid, 20h, 30e The Excitements Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 11/8/6/5,5e Electric Electric + Le Colisée Liège, La Zone, 20h, 7e The Bony King Of Nowhere + Scarlett O’Hanna + Reena Riot Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 14/12/10e Thomas Fersen Louvain-la-Neuve, La Ferme du Biéreau, 20h, 27/25e Mac Abbé et le Zombi Orchestra + Dusk Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 5e
Rhadoo + Ken & Davy... Bruxelles, Fuse, 23h, 13/9e
Dim 28.04 11 Bancroche Lille, Gare St-Sauveur, 18h, grat Marie-Pierre Arthur + Robi Roubaix, La Cave aux Poètes, 18h, 10/8/6e Mathieu Boogaerts... Arlon, Entrepôt, 19h, 25/22e Giedré Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 20/17/14e Daedelus + LTGL Hasselt, Muziekodroom, 20h, 12/9e Julien Clerc Gand, Theatre de Capitole, 20h, 90/50/45/35e Chez Hélène La Louvière, Le Palace, 20h, gratuit Villagers + Marco Z Gent, Handelsbeurs, 20h, 20/17,5e Urban Rituals Festival : Amir El Saffar + Ensemble Phoenix Münich Bruxelles, Les Brigittines, 20h, 10e
Mar 30.04 Valerie June Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 17/14/11e James Last Anvers, Lotto Arena, 19h, 89/79/69/59/49e Lordi Anvers, Trix, 19h, 22/20e Juliane Chleide + Emily Loizeau Arlon, L’Eglise du Sacré-Coeur, 19h, 32/29e Jazz Station Big Band La Louvière, Le Palace, 20h, grat Bozar Night 2013 : Holy Other + Letherette + Jets + D/R/U/G/S + Old Apparatus + James Ferraro + Cupp Cave + Squeaky Lobster + Dj Sofa + Aguila Bruxelles, Bozar, 20h, 13/10e Gablé + Shiko Shiko + H-Burns + Virage Arlon, Entrepôt, 20h, 20/17e The Walkmen Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 20/17e
Lun 29.04
Volta : Le Franc Belge + De Mens + Absynthe Minded + DJ 4T4 + Discosluts + David Galle Gand, Culturell Centrum Vooruit/Theatre, 20h, 23/20/18/14e
The Staves Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 15/12e
Newton Faulkner Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, Complet
Lescop + An Orange Car Crashed Arlon, Entrepôt, 20h, 27/24e H-Burns Lille, La Péniche, 20h, 11/10e
Sexion d’Assaut Dunkerque, Casino de Dunkerque, 20h, 42/34e
Julien Clerc Borgerhout, De Roma, 20h, 30/28e
Liesa Van der Aa Courtrai, De Kreun, 22h, 12/9e
Piano Club Gand, Cafe Video, 21h, gratuit
Brussels Jazz Orchestra + David Linx + Maria Joao Valenciennes, Le Phénix, 20h, 30/28e Motorpsycho + Bed Rugs Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 20/18/16e BoysNoize Records Label Nigh : Djedjotronic + Housemeister + SCNTST Bruxelles, Mr Wong, 22h, nc
le mot de la fin
114
Minimaliste et autrichien, Albert Exergian est un amoureux des courbes parfaites et des lignes bien droites. Il excelle dans l'art de résumer les séries télévisées – forcément mythiques, et toutes époques confondues – Un symbole et quelques couleurs suffisent. Somptueux ! à visiter / www.exergian.com www.exergian.tumblr.com