Let'sMotiv Nord et Belgique n°62 - avril 2011

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/ avril 2011 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire

Road to Nowhere, Monte Hellman // Impressions d'égypte © Denis Dailleux / Agence Vu // Béthune 2011 © Yoshi Omori

Let’smotiv - avril 2011 - #62

08 News Café Salé pour le Japon, L'odysée de Kubrick, Lagarfeld voit bleu... 12 Rencontre Arthur Frayer dans la peau d'un maton 16 Reportage En plein Caire : L'égypte intime

24 Portfolio Paul Humphrey, drôle d'Insect !

30 événements Béthune 2011, capitale régionale de la culture

38 Musique Dossier spécial Les Paradis Artificiels, Pilooski, Battles, DJ Premier, Peter Bjorn & John, James Blake, Lykke Li…

50 l'écran, Cinéma Monte Hellman en route pour Nowhere, BIFFF, les rockers à Pina de Wim Wenders

60 Exposition Festival de la Photo de Knokke, Portraits de la Pensée,

74 Théâtre Les Turbulentes, La Compil d'Avril, Pierre Rigal, Israel Galvan,

Pierre Tal Coat, Adolf Wölfli, Laurent Petit, Le tricot dans la mode... Agenda Made In China, Chris Esquerre, Philippe Decouflé... Agenda

88 Littérature Colères du présent

90 Livres Summer Crossing de Laura Henno, La Mort d'un pirate d'Adrian

92 Agenda concerts

Johns et le Post-Punk selon Philippe Robert

91 Disques Metronomy, The Strokes et GaBLé sur notre platine

98 Le mot de la fin L'actualité à la Louche


Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07

redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com GraphisME : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: pub.nord@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° :

Thibaut Allemand, Alexis Annaix, Faustine Bigeast, Olivier Clairouin, Denis Dailleux, Mathieu Dauchy, Jacques Dauphin (Louche Actu), Florent Delval, Cédric Delvallez, Louis Dieu, Grégory Escouflaire, Edlef Kowalyk, Carole Lafontan, Evodie Liévin, Hakima Lounas, Alex Masson, Raphaël Nieuwjaer, Baptiste Ostré, Marion Quillard, Gilbert Sinoué, Yann Vetter, Olivia Volpi

Couverture : Paul Insect, www.paulinsect.com, www.insect.co.uk diffusion : C*RED

www.letsmotiv.com Let'smotiv Bordeaux

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9 rue André Darbon - 33300 Bordeaux Tél : +33 524 07 80 43 redaction.bordeaux@letsmotiv.com Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.bruxelles@letsmotiv.com

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Let’smotiv est une publication d’Urban Press, www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 - info@urban-press.com Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc Rédacteur en chef : Nicolas Pattou Rédactrices en chef adjointes : Léa Daniel - Judith Oliver Secrétaire de rédaction : Carole Lafontan Direction Artistique : pao@letsmotiv.com Cécile Fauré, Christophe Gentillon

Publicité Nationale : Stéphanie Ganet, +33 561 14 78 37 pub@letsmotiv.com Régie publicitaire : Proxirégie : salvatore@proxiregie.fr Administration : adm@urban-press.com Impression : Imprimerie Ménard, 31682 Labège Papier issu de forêts gérées durablement

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> musique des XXe et XXIe siècles

FRAGMENTS du 2 au 6 mai 2011

Théâtre d’Arras

Lundi 2 mai 20h Gabrielli, Murail, Matalon, Markeas Spectacle du violoncelliste Fabrice Bihan

Jeudi 5 20h Debussy et Fauré Magali Léger et Michael Levinas

Mardi 3 20h Steve Reich

Vendredi 6 20h30 Levinas, Bach, Debussy ensemble utopik

Mercredi 4 20h Samuel Sighicelli - Wilhem Latchoumia L’île solaire - musique vidéo

Pass Fragments 40 € (5 concerts) / TP : 18 € - TR : 11 € Renseignements/réservations 03 21 71 66 16 – billetterie@theatredarras.com




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© Joslin

En bref… Dessine-moi le Japon

Tout le monde ne se lance pas dans l'humanitaire en vendant ses petites culottes. La preuve avec Projet Tsunami, initié par des dizaines d'illustrateurs issus, entre autres, de l'excellente communauté Café Salé (CFSL). Ouverte à tous jusqu'au 10 avril, l'initiative réunit déjà une cinquantaine de dessins sur le thème du Japon. Le but ? Organiser une vente aux enchères (à la Galerie Arludik, le 30 avril à Paris) puis une édition spéciale et une exposition itinérante. Tous les bénéfices seront reversés à l'association Give2Asia, pour soutenir les victimes de la catastrophe japonaise. ❥ http://cfsl.net/tsunami

Du pain sur la planche Rien ne se perd, tout se transforme, disait Lavoisier ? Haroshi ne vous dira pas le contraire, lui qui offre une seconde vie à ses vieux skates. Quand elles ont cassé leur pipe dans un ultime 3-6 flip, les planches de ce Japonais rejoignent son atelier pour être désossées. En recomposant et en recollant les strates de bois, cet adepte des couleurs acidulées et de l'esthétique pop cisèle d'incroyables sculptures hyperréalistes. Baskets, pommes, morceaux d'anatomie... Avec la marqueterie, cet autodidacte s'en sort comme sur des roulettes. ❥ haroshi.com

Télex

21000 € ! Voilà ce que deux compères australiens ont volé en aspirant le fond d'une fontaine à souhaits à l'aide d'une pompe. S'ils avaient visé la Fontaine de Trévi, à Rome, ils seraient millionnaires !


La Mort 2.0 À croire que le marché du trépas se porte bien. Après le Salon de la mort (8 au 10.04 à Paris), voici Mistercroc.com, un site macabre qui permet de prévoir, mieux qu'avec Madame Irma, ce qui se passera lorsque votre heure aura sonné. Cérémonie, enterrement, donation, tout y passe, jusqu'aux consignes à laisser derrière vous pour votre hamster boulimique. Sur un ton décalé, le site annonce : « c’est votre dernière chance de dire ce que vous avez à dire, allez-y ! Lâchezvous ! ». Les deux frères à l'origine de Mistercroc.com devaient être sacrément imbibés d'eau de vie. ❥ www.mistercroc.com

Le sentier de la gloire Depuis des mois, les fans de Kubrick sont sur les starting-blocks. La Cinémathèque Française consacre au réalisateur de génie une rétrospective passionnante, réunissant l'intégralité de ses archives. Carnets de notes, scénarios, photos, costumes, projets non aboutis, vidéos... sur plus de 1000 m², l'immersion est totale. Ou comment mesurer l'extrême méticulosité de l'Américain, qui prévoyait tout, de la position des cadavres (Spartacus) jusqu'à la manière de caresser un chat (Barry Lyndon). ❥ Jusqu'au 21.07, Paris, Cinémathèque, +33 171 19 33 38

Une marinière contre le naufrage Pour restaurer l’image des Bleus, quoi de mieux qu’un nouveau maillot ? Domenech en aurait rêvé, Nike, aidé de Karl Lagerfeld, l’a fait. Rappelons au passage que l'équipementier américain a signé un contrat avec la FFF jusqu’en 2018, pour un montant de près de 43 millions d’euros annuels. La jolie marinière bleue et blanche du styliste, réservée aux matchs extérieurs, ne passera pas inaperçue. Raison de plus pour assurer sur le terrain et ne pas porter de bonnet d'âne.

Le concept de capitale régionale de la culture (voir p.30), initié par la Région Nord Pas de Calais fait tâche d'huile ! La Communauté Wallonie-Bruxelles vient de désigner la ville de La Louvière « Métropole Culture » en 2012. Une idée très inspirée !


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Pomme de discorde On observait déjà, atterrés, l'éclosion de centaines d'applications stupides et autres scanners déshabillant sur les I-Phones. Mais là, les bras nous en sont tombés ! Un petit jeu, tendrement appelé « Gay Cure » et placé en libre accès sur l'Apple Store, proposait de nous débarrasser d'une « tare » : l'homosexualité. à l'origine de cette idée nauséabonde, Exodus, une organisation américaine ultra-catholique. Au moment de notre bouclage, ce jeu homophobe a déclenché une telle fronde (pétition de plus de 100 000 signatures) qu'Apple ôtait tout juste ce gros vers de sa pomme.

Abou Dhabi Boudé

Independant Day

L'Ile de Saadiyat, à Abou Dhabi, crée régulièrement la sensation (ouverture du Louvre...). Mais derrière les projets pharaoniques et l'audace des constructions, se cache une réalité moins reluisante. à l'initiative de l'ONG Human Rights Watch, 130 plasticiens appellent ainsi à boycotter le futur Musée de Guggenheim (ouverture en 2013) pour dénoncer les conditions de travail déplorables des milliers d'ouvriers est-asiatiques investis sur le chantier. Les artistes, majoritairement moyen-orientaux menacent d'ores et déjà de priver l'institution de leurs œuvres. ❥ http://gulflabor.

Né aux USA il y a quatre ans, le Record Store Day a depuis essaimé en Europe. Ce 16 avril, les disquaires indépendants français sont à la fête : surgissent dans les bacs des maxis, albums et 45 Tours inédits signés par de grands noms (Franz Ferdinand, Benjamin Biolay, Fujiya & Miyagi, Arctic Monkeys...). Pas la peine de fureter sur iTunes, Amazon ou à la Fnac du coin : ces galettes ne sont disponibles que chez les disquaires indés. L’occasion, s’il en fallait vraiment une, de se ruer à Minor Place (Lille) ou Vynilla (Gand), deux des nombreux partenaires de cette chouette initiative. ❥ www.calif.fr

wordpress.com/sign-the-petition

Télex

Hey Girlz, besoin d'un break ? Ça tombe bien, la compétition internationale de danse hip-hop Battle of the Year s'ouvre enfin aux femmes. On compte sur vous le 8 avril pour tenir la dragée haute aux B-Boyz qui s'affronteront le lendemain à la halle de glisse à Lille. 16h>22h. www.botyfrance.com, http://halledeglisse.ucpa.com




rencontre |

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Arthur Frayer Marche à l'ombre Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Jean-Marc Gourdon, Sin City © Rico Torres, courtesy of Dimension Films

« J’étais devenu plus surveillant que journaliste. Les rôles se confondaient, ce n’était pas sain. J’avais atteint les limites de l’expérience », déclare Arthur Frayer d’une voix douce. Ce journaliste de 28 ans souhaitait enquêter sur les prisons - c’est quoi la vie d’un maton ? Et celle d’un détenu ? Mais quand la presse s’intéresse à elle, la Pénitentiaire bloque. Ou colle de trop près. C’est pourquoi Arthur Frayer a changé de vie. Passé le concours de surveillant. Et travaillé quatre mois dans différents centres de détention. Aussi édifiant qu’instructif, son récit dépeint des gens ordinaires. Des deux côtés des barreaux. Pour ce livre, vous avez dissimulé votre identité de journaliste. Fautil avancer à visage masqué pour réaliser une bonne enquête ? Non, l’infiltration n’est pas une fin en soi. Je l’ai fait car le sujet m’y obligeait. Mais, il ne faut pas que cela devienne systématique. Dans le cas présent, il fallait surmonter la psychose sécuritaire du système pénitentiaire, qui pense que laisser

les mains libres aux journalistes se retournera forcément contre lui. En préparant ce reportage, aviezvous des clichés en tête ? Mes quelques idées reçues sur les surveillants ont volé en éclat. J’imaginais des types un peu bourrus qui jouaient les cow-boys. J’en ai rencontrés, mais ils sont très marginaux. J’ai surtout vu des gens >


complètement dépassés que l’on fait courir comme des tarés sur la coursive. Plus précisément, quel est le rôle d’un maton ? Officiellement, c’est la réinsertion et le dialogue. Pallier les petits riens qui s’accumulent. Aller chercher un formulaire. Veiller à ce que la détention se passe le mieux possible. En 1974, Giscard avait déclaré que la prison devait strictement se limiter à « la suppression de liberté ». Mais dans les faits, elle atteint beaucoup d’autres droits : le droit à la santé, au travail... Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans ce métier ? Le fait que la vie à l’extérieur et à l’intérieur se mélangent. C’est très dur de couper les ponts. On a beau bouquiner, faire du sport, on y pense

toujours, il y a l’appréhension d’y retourner, c’est un métier qui nous habite et les gens qui font ça vingt ou trente ans sont pas mal bouffés. Et pour les détenus, la réinsertion est-elle réellement envisagée ? C’est un concept inscrit dans la loi. ça donne bonne conscience, mais sur le terrain, on vérifie le contraire. On parle plutôt d’école du crime. La dignité humaine est souvent mise à mal : problème d’hygiène, fouille à corps... Les détenus ont droit à trois douches par semaine maximum, sauf s’ils travaillent ou font du sport. Le code de procédure pénale le prévoit. Certains ne se lavent pas, ce qui énerve les autres, qui pourraient alors se laver plus souvent. Quant aux fouilles à corps, c’est parfois nécessaire, mais on pourrait


rencontre |

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« Au nom de la sécurité, certaines mesures sont appliquées avec trop de zèle » souvent les éviter. Le grand problème de la Pénitentiaire, c’est qu’au nom de la sécurité, de nombreuses mesures sont appliquées avec trop de zèle. Ce sont des usages abusifs de la loi. Surveiller Et Punir de Michel Foucault est-il toujours d’actualité ? Ce livre traite de façon plus globale des différentes institutions de la société comme moyens de contrôle. Au sujet de l’enfermement, Foucault évoque les « infimes matérialités ». Tous ces petits riens en prison qui paraissent insignifiants mais qui, finalement, comptent énormément : du matériel défectueux comme une télé ou un frigo. à l’extérieur, en cas de panne, il y a une garantie de réparation. Pas en prison. Il faut attendre des semaines avant que l’on vienne les changer. Il y a également les courriers sans réponse. Un détenu peut écrire cinq fois au chef pour demander à travailler sans obtenir de réponse. Lorsque ❥

le détenu va le voir, le chef lui rétorque d’écrire à nouveau. Et c’est ainsi que des prisonniers pètent un câble. Que changeriez-vous, si le Ministère de la Justice vous le demandait ? Il suffirait de revenir à la loi de 1875, qui garantit l’encellulement individuel. Un détenu par cellule. On l'a sans cesse repoussé - il y a un moratoire jusqu’en 2014, faute de moyens. Pourtant, les détenus seraient plus apaisés et vivraient mieux leur détention. Alors qu’à trois ou quatre dans 9 m2, on se marche dessus, on s’engueule pour un rien, pour la bouffe ou le programme télé et les plus costauds font la loi... Et un monde sans prison ? ça reste du domaine de l’utopie. à défaut de prison, il faudrait des centres fermés, plus petits, de 20 à 30 places, avec un personnel qui soit plus éducateur que surveillant. /

à lire / Dans la peau d'un maton, éd. Fayard, 296 pages, 17,90 e



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En plein Caire texte ¬ Gilbert Sinoué - photos ¬ Denis Dailleux / Agence Vu

En février, la révolution égyptienne a occupé tous les esprits. Avant que le monde ne tourne son regard vers l’insurrection lybienne. Puis l’apocalypse japonaise... Délaissant l’emballement médiatique, Let’s Motiv n’oublie pas les rives du Nil. Et invite l’éminent auteur égyptien Gilbert Sinoué à présenter son pays natal. Il nous fait l'honneur de sélectionner et commenter des photographies emblématiques, réalisées par Denis Dailleux pour leur ouvrage commun, Impressions d’égypte. Une sorte de dictionnaire amoureux, loin des cartes postales de Khéops ou des vues de la place Tahrir. Où le pharaonique laisse place à l’intime. « Je suis né d’une ville enceinte de lumière qu’un fleuve têtu traverse lentement. Je suis né entre deux rives, femelles engrossées, qui bataillent le désert depuis la nuit des temps. C’est ici, par hasard, que la nature survit parmi les ombres vertes, vaguement disséminées. Par hasard aussi, que le vent ensemence les cités palmeraies. Je suis né d’un limon inséminé de tout ; d’un pays à l’été infini et qui n’en finit pas. Les dieux l’ont parcouru un soir d’il y a longtemps, signant au pied des dunes leurs gestes démesurés. Depuis lors, Horus, Harmakhis, Maât, et leurs frères, sommeillent dans une vallée

royale en allée du présent, tandis que leurs enfants, boueux, surnuméraires, cherchent désespérément le dernier lac sacré. C’est ici que tout se noue dans la sueur des mots, le croisement des regards, les langueurs anonymes. Ici que l’on apprend le vrai sens du mot destin, de l’écrit, du mektoub, l’autre pseudonyme de Dieu. De retour en égypte, l’image de mon jeune corps m’est apparue et celle des chambres tièdes, parfumées, et celle des voluptés passées. J’ai alors revu des rues qui ont perdu leur visage, des femmes et des hommes qui ont cessé d’exister, des théâtres et des cafés défunts ». >


Le Caire

Le Caire vibre toujours sous les coups de boutoir du désert et toujours le vent soulève la chevelure calcaire du Mokattam, pulvérise des volutes de sable qui s’élèvent, tourbillonnent, virevoltent avant de saupoudrer les fenêtres, les terrasses, les ruelles, les minarets, les devantures, les cordes à linge. Poussière millénaire, combat perdu d’avance. À peine quelques mètres dégagés, tout est à recommencer. Fatalité. Qu’importe ! Telle est la volonté du Tout-Puissant. Patience. Patience. Le peuple égyptien n’est fait que de patience.


Les cafés

Je n’en ai pas fait le compte. Mais mon père évoquait le nombre de vingt mille, voire trente mille ahawi. Cafés éphémères ou centenaires, aux improbables tables disposées sur un trottoir. Il m’est arrivé d’en croiser, érigés contre un mur, qui ne comprenaient qu’un petit réchaud et quelques tabourets. Les vrais cafés sont les cafés baladis, populaires, qui vibrent dans des recoins de ruelles poussiéreuses, le long des trottoirs, à l’ombre des avenues grouillantes, parsemés de chaises en paille bancales.


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L'égypte au singulier

Hier, nos mères, et avant elles nos grands-mères, marchaient, le long de l’avenue Kasr-el-Nil, bras nus, vêtues à la dernière mode de Paris, pomponnées, visage à découvert. Elles étaient pourtant de fières musulmanes. Les dignes filles du Prophète. Pourquoi aujourd’hui leurs filles avancent-elles masquées ? Torturées d’interdits, de silences imposés, le corps anéanti par les ténèbres. Mais peut-être suis-je dans l'erreur ? Etait-ce dans un autre pays ? Ou alors, je n'ai croisé que des infidèles.


Danse

Pour les Arabes, cet art, car il s’agit bien d’un art, porte le nom de raqs el charki, danse orientale, reconnue comme l’une des plus vieilles danses du monde et dont l’origine lointaine se perd dans la nuit des temps. Dans les années soixante, il y avait Samia Gamal ou Nagwa Fouad. J’ai pu les admirer plus d’une fois. Et pour l’adolescent que j’étais, leur silhouette demeura longtemps porteuse de désirs inavouables.


Mouled

Le Mouled est une « fête patronale » attachée au culte d’un saint particulier mais aussi une grande fête foraine, avec ses balançoires, ses cracheurs de feu et ses stands de tir. L’Égypte compte chaque année plus de trois cents célébrations de ce genre. Pour les confiseurs, c’est une « saison » d’abondance au cours de laquelle on use et abuse de quantités pharaoniques de sucre et de colorants à faire chavirer les partisans du bio. /


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Paul Humphrey Drôle d'Insect Design, illustration... // Londres // www.paulinsect.com

Texte ¬ Carole Lafontan

S'il est moins connu que Banksy ou Damien Hirst, Paul Insect (de son vrai nom, Paul Humphrey) fait partie de ces artistes déjà cultes qui tiennent le haut du pavé en matière de street-art. On l'a d'ailleurs vu peindre sur le mur de séparation en Palestine aux côtés du pochoiriste anglais, avant d'apparaître sur sa galerie d'art en ligne, Pictures On Walls. Ce designer britannique cultive, en solo ou au sein du studio graphique Insect (créé en 1995 avec Luke Davies), un style pop décadent, empreint de touches morbides. Citant Andy Warhol ou Roy Lichtenstein, il plonge les icônes de la société de consommation dans l'acide (une esthétique entre SF, montages photographiques et cultures urbaines) et les égratigne de ses influences punk. Lorgnant avec intelligence du côté du surréaliste Man Ray et du social-réaliste John Heartfield (un artiste qui protesta vivement contre le nationalisme allemand, avec des photomontages politiques hyper provoc), une pointe d’excentricité et d’humour noir en sus, à l'image de cette tête de bébé avec un micro-processeur à la place du cerveau. Paul Insect travaille pour les grandes marques (Nike, Motorola, Adidas, MTV...), et, quand il ne se tourne pas vers la mode ou le design, il s’attaque à l’industrie musicale (Blue Dog Records, Archive…). Notre couverture de ce mois-ci est d'ailleurs une pochette réalisée d'abord pour Dj Shadow. Lui-même contribue, avec son ami Luke, à des formations électro déjantées : House of Wax et Wolves, éditées chez le label berlinois Tresor Records. Encore un touche-à-tout de génie... mais à six pattes ?! /






© Jean-Marie Ochowiec

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Béthune 2011, Capitale régionale de la Culture Les Lumières de la Ville texte ¬ Judith Oliver

« Gotan Project gratuit sur la Grand Place ? J'en rêvais, Béthune l'a fait », lâche le Sénateur du Nord dans un éclat de rire. On n'aura rarement vu Daniel Percheron aussi détendu. Mais il y a de quoi. Le lancement officiel de Béthune 2011, Capitale régionale de la culture met fin à plus de deux ans de chantier. Rénovation de sites patrimoniaux, mobilisation des forces vives locales, confection d'expositions dignes de Paris, New York ou Shanghai... à quelques jours de la fête d'ouverture, les partenaires se réjouissent du chemin parcouru, et nous avec. Let's Motiv vous guide dans les méandres de cette dense manifestation.


Le Principe Initiative régionale inédite en France, le label Capitale Régionale de la Culture vise à prolonger les succès de Lille 2004 dans le reste du Nord Pas de Calais. Après Valenciennes en 2007 et avant Dunkerque (2013) ou Maubeuge (2015), c'est donc à Béthune de bénéficier de subventions ad hoc pour animer une programmation culturelle et artistique d'envergure et créer des lieux ou dispositifs pérennes. Dans un contexte où les subsides publiques fondent comme neige au soleil, ce tremplin économique, touristique et citoyen est un fait rare. Mais il commence à essaimer, notamment en Belgique où la Louvière vient d'être désignée Métropole Culture pour 2012.

Quelques chiffres 12 millions d'euros

investis par la Région, Artois Comm. et la ville de Béthune

90 évènements (600 dates) dans les 59 communes de l'agglomération Plus de 1000 artistes à Béthune et Bruay-la-Buissière Plus de 500 attendus

000 visiteurs

Z'arts Up © DR

Acte 1

Comme dans toute bonne comédie, Béthune sera le théâtre de trois actes. Le premier, printanier et pimpant, commence tout feu tout flammes le 2 avril pour bien planter le décor. Cuivres astiqués des harmonies locales, véloslucioles (Bicylc'L.E.D), spots dignes d'un dancefloor (Curry&Coco, Jamaica, Beat Torrent, Gotan Project) et étincelles d'un grandiose spectacle pyrotechnique (Art Zoyd et Groupe F) : pour sûr, les deux mois à venir sont placés sous le signe de la lumière. « L'ouverture sera résolument contemporaine, esthétique et raffinée » commente Olivier Connan, le pilote de l'évènement. Avant de nous présenter les différents temps forts de la pièce. Tout commence avec l'exposition Matière-Lumière, qui réunit en trois lieux, des dizaines d'installations immersives et >


Gotan Project © Julien Mignot

événement |

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d'œuvres à la pointe de la technologie (voir encadré). En écho, Yann Kersalé habille la piscine art déco de Bruay d'un voile onirique tandis que Krijn de Koning fait jouer mille reflets sur la façade du Beffroi. Enfin, Claude Lévêque, Alain Fleischer, AntiVJ ou François Andes métamorphosent le Lab-Labanque avec leurs projections. Une fois ces grands jalons posés, c'est l'entrée en scène d'une nuée de compagnies et chorégraphes, poètes et conteurs, qui sèment les paillettes jusqu'aux moindres recoins de l'agglomération. La première partie des réjouissances s'achève, fin mai, dans un bouquet final, avec un festival Z'Arts Up plus explosif que jamais et We Were Horses, une création inédite de Bartabas et Carolyn Carlson.

Acte 2

Comme l'eau-vive Le deuxième acte déplace l'action vers le port, pour renouer avec l'histoire batelière de Béthune. Dans la liesse d'un grand bal populaire, y accosteront 5

péniches soutenant chacune une discipline artistique : l'opéra, le théâtre, la danse, la musique (La Péniche de Lille) ou encore la littérature (11 écrivains en résidence à quai). Le long du canal s'organisent pique-niques géants, fiestas et séances de ciné de plein air. Car période estivale oblige, le reste du programme s'apprécie à ciel ouvert. En dehors, bien sûr, de l'impressionnante exposition Transformer (qui réunit robots et autres installations mutantes, comme cette DS de Chico McMurtrie qui se déploie en un robot de 18 m), les manifestations nous emmènent sur les routes du bassin minier, à la découverte d'un patrimoine méconnu et incroyablement riche. Des trésors Art Déco aux friches industrielles en passant par les corons de la Cité des Électriciens (voir n°juin), c'est tout un territoire qui se mobilise.

Acte 3

Home sweet home Enfin, cet automne, la programmation se fait plus « intérieure ». Ambiance velours >


Réincarnation © Li Hui

Matière-Lumière Figure familière des manifestations septentrionales (Lille 2004, Lille 3000, festival Via) et internationales (Berlin, Shanghai, Istanbul…) Richard Castelli n'a pas ménagé ses efforts pour Béthune 2011. Observateur de longue date des interactions entre lumières, art et nouvelles technologies, il a sollicité ses réseaux internationaux (le MACRO de Rome et le Sentral d'Istanbul) pour réunir 17 installations triées sur le volet. Robert Lepage, Jean-Michel Bruyère, Shiro Takatani, Saburo Teshigawara ou encore Erwin Redl y révèlent, souvent pour la première fois (7 premières françaises, 3 mondiales), leurs dispositifs audio-visuels expérimentaux, architectures lumineuses et autres environnements immersifs.

En aparté

Lab Labanque © Jean-Marie Ochowiec

« La capitale régionale ? Un label inédit qui permet de hisser le pavillon artistique et culturel sur une ville ». Daniel Percheron, président du Conseil Régional « J'estime que la culture n'est pas à négliger en temps de crise. Au contraire, elle permet de faire ce petit pas de côté qui transforme notre regard sur notre situation, notre contexte socio économique ». Alain Wacheux, maire de Bruay et président d'Artois Comm « L'émancipation de chacun reste un objectif primordial. Une fois les projecteurs éteints, resteront quelques sémaphores : la place rénovée au pied du Beffroi, un théâtre centenaire et une piscine art déco restaurés ». Catherine Genisson, vice-présidente du Conseil Régional « Les Trois Grâces de Lucas Cranach seront du voyage. Je leur ferai les honneurs dus à leurs 480 ans ! » Stéphane Saint-André, maire de Béthune


rouge et feu de bois. à mille lieues des débuts de saison marqués par une esthétique futuriste, le troisième volet fait la part belle à l'art ancien, au théâtre classique et aux arts lyriques. Aux cimaises de la Chapelle Saint-Pry rénovée pour l'occasion, des œuvres du Louvre entoureront ainsi une toile de Lucas Cranach, les Trois Grâces, que le musée devrait confier pendant trois mois aux organisateurs. Parallèlement, au Lab-Labanque, l'institution parisienne ménage une programmation plus contemporaine. Enfin, sur les tréteaux des quatre théâtres de Béthune, les grands noms jouent des coudes. Résidence de la Comédie Française, qui incarne Racine ou Desproges et dispense master-classes, créations de Joël Pommerat, Blandine Savetier et Thierry Roisin ou adaptation sous chapiteau du chef d'œuvre de Leoncavallo Pagliacci... Pour sûr, la cité artésienne se donne des airs de capitale. Ceux qui aiment prendront le train. /

Les Trois Grâces, Lucas Cranach © DR

Création Carlson-Bartabas © Yoshi Omori

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Animaris, Theo Jansen © Loek van der Klis (Transformer)

Informations Pratiques ➜ Fête d'ouverture 2.04, 12h>0h, Grand Place ; Garage, 360, Lab-Labanque Inauguration des expositions // Bicyc'L.E.D. défilé de vélos éclairés // Curry and Coco (18h) ; Jamaïca (19h10), Gotan Project (20h30), Beat Torrent (22h30), gratuit, Grand Place // Esquisses artésienne (10 harmonies d'Artois. Comm) // Art Zoyd & Groupe F (22h) // Club Funk (Soulist, TM Juke et Souleance, 0h) et Club Electro (Mekaniki Kantik, 0h) ➜ Expositions Matière Lumière, 2.04>29.05, Grand Place, Garage et 360 L'appartement, une métaphore du monde, 2.04> 31.07, Lab-Labanque L'esprit du lieu (A. Fleischer, C. Lévêque, T. Senet, F. Andes...), 2.04> 31.07, Lab-Labanque Curio-sité[s], 7.05>10.07,

Chapelle Saint-Pry Transformer, 14.06>31.07, 360 Le Louvre à Béthune, oct > déc, Lab-Labanque, Chapelle St Pry ➜ Architecture & Patrimoine Visites guidées Art Déco, 3.04, 15.05, 5.06, 17.07, 14.08 et 4.09 de 15h30 à 17h30. Rdv Off. du Tourisme Sur les routes de l’Art Déco “Circuit Bus & Ciné Gouter, 17.04, 18.09 et 23.10 de 14h30 à 18h, Rdv Off. du Tourisme Découverte du Stade-Parc de Bruay avec Thierry Moral (visite contée nocturne), les 22.04, 20.05, 30.09, 28.10 de 20h30 à 22h, et les 3.06, 17.07, 7.08 de 21h30 à 23h. Rdv Maison du Parc, Bruay. ➜ Spectacles Cercles/Fictions (J. Pommerat), 4>8.04, Comédie de Béthune

Oh les beaux Jours (S. Beckett, MeS B. Savetier), 13&14.04, Comédie de Béthune Paysages partagés (Th. Duchatelet), 30.04, Béthune Kitchen Circus, 23>26.05, divers lieux My Life is a Jukebox, 4.06, 18h et 20h30, Haisnes Qui va là ?, 1.06>14.07, chez les habitants Leoncavallo Pagliacci (la Clef des Chants), 7>16.10, Béthune et Barlin Comédie française, 28.11>11.12, Béthune et Bruay ➜ Autres Les Atalantes (Péniches Culturelles), du 18.06 au 2.07, Port de Plaisance Lettres Nomades (la péniche du livre), à partir du 23.05, Port de Plaisance Beffroi Numérique, à partir du 7.05




On pense bien sûr à Baudelaire, chantre des vertus libératrices de l'opium et du haschich. Mais ces paradis artificiels-là ne s'atteignent qu'avec une toute autre drogue : l'enivrante ambiance des concerts. Pour la quatrième année consécutive, le tourneur lillois A Gauche De la Lune prodigue à tous les métropolitains en manque son festival annuel. Ou soixante (bonnes) occasions de décoller. D'Alpha Blondy à Morcheeba, en passant par Florent Marchet, Aloe Blacc et Paul Kalkbrenner, AGDL dispense toutes sortes de shoot. Let's Motiv vous aide à choisir le vôtre. Prescription. textes ¬ Mathieu Dauchy, Olivia Volpi, Thibaut Allemand, Cédric Delvallez - photos ¬ DR, Jif

Paul Kalkbrenner

Paul Kalkbrenner + Addicitive Tv + Bodi Bill 22.04, 20h30, Lille, Aéronef, 26,40€, +33 320 13 50 00

Dans Berlin Calling, Paul Kalkbrenner incarne un dj berlinois hésitant entre faire la fête à mort et vivre en adulte. Pas vu ? Pas grave : le film n’a rien d’exceptionnel. En revanche, procurez-vous la bandeson, enivrante tech-house à la fois froide et groovy composée par le producteur Allemand en collaboration avec Sascha Funke. En particulier le single Sky and Sand, sept minutes de charme électronique porté par la voix chaude de Fritz, le frère de Paul. Autre film : le docu où l’on voit un Kalkbrenner en tournée (2010), toujours prêt à faire vibrer la foule. Étonnant de voir comment ce type peut, avec un laptop et une table de mixage, susciter une ferveur qui rend les gens beaux (les cyniques diront que c’est le cadreur qui fait ça). Admettez que ça vous tente, faitesvous donc un film sur la piste de danse.


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Fujiya & Miyagi S'il y a une soirée pour laquelle il faut cocher « Attending » sur Facebook, c'est bien celle-là. Une affiche qui fleure bon l'« electronica-krautrock » ! D'abord, le groupe anglais Fujiya & Miyagi, qui n'est pas un duo japonais, revient au Grand Mix armé d'un 4e album toujours très élégant (Ventriloquizzing). Leur disque probablement le plus abouti est délicatement monotone, sans être neurasthénique. Tout le génie de Fujiya & Miyagi tient justement dans cet irrésistible appel à se trémousser, sans jamais hausser le ton. La scène ne tremble donc pas sous les pirouettes du quatuor, mais leur synthèse de rock

feutré et d'électro minimaliste révèle un groove imparable. Pour ouvrir la soirée, Jon Hopkins et surtout Gold Panda, dérouleront leurs couches synthétiques dans toute la salle. Le premier, prodige du piano et héritier de Brian Eno, est un fascinant adepte des nappes ambiantes. Le second, déjà connu des aficionados electro de la métropole, a sorti un album magistral sur le label de Matthew Dear. Nul doute que cet animal faussement nonchalant, passé maître dans l'art des samples, entre electronica et « free-folk », marquera les spectateurs qui seront arrivés dès l'ouverture.

FUJIYA & MIYAGI + GOLD PANDA + JON HOPKINS 21.04, 20h, Tourcoing, Le Grand Mix, 17/14€, +33 320 70 10 00


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Cabaret Freaks

Loin de vouloir tristement capitaliser sur l’actualité, les productions du Possible débarquent à la Gare Saint Sauveur pour un Cabaret Freaks « spécial Japon ». Transfiguration loufoque de la culture artistique nippone, cette soirée complètement marteau mêle théâtre d’ombres (Bogan), mix de musiques traditionnelles (Mr Magnetix), performances interactives et fringues délirantes (une malle à disposition du public). Le tout dans une déco digne du théâtre nô. Alors à vos baguettes, freaks en tous genres !

15.05, 20h, Lille, Gare St Sauveur, entrée libre, +33 328 52 30 00

Yann Tiersen à une époque pas si lointaine, Yann Tiersen faisait partie du paysage français. En biais (façon Comelade) et en retrait (habillant souvent des sujets consacrés à notre vieux terroir). Quelques ritournelles (Amélie Poulain) l’avaient catalogué comme le chantre d’une nostalgie sépia. Mais on l’a dit, écrit et répété, Yann Tiersen n’avait rien à voir avec la gentille nunuche de Montmartre. Le Brestois avait une carrière avant et, surtout, après. Pour achever de s’en convaincre, il suffit d'écouter Dust Lane (2010) sur lequel s’invite, entre autres, Syd Matters. Yann Tiersen + Greenshapes + Syd Matters 17.04, 19h30, Lille, le Splendid, 28,60e, +33 320 56 46 16

Du 13 au 22.04, Lille, Aéronef, Splendid, Zénith, Sébastopol, Grand Mix, Pass entre 33 et 55€, www.lesparadisartificiels.fr À voir aussi / Ayo, Brisa Roché, Yodelice, Florent Marchet, Sexy Sushi, Rafale (13.04)//Soprano, Raggasonic, Flobots, Paul Séré, Apocalyptica, Les Hurlements d'Léo (14.04)// Aaron, Morcheeba, Lilly Wood and the Prick, Housse de Racket, Stromae, (15.04)//Alpha Blondy, The Congos, The Abyssinians, Shaka Ponk, Nasser, Tahiti 80, Cascadeur, The Tellers, Filewile (16.04)//Syd Matters, Greenshape, Été 67 (17.04)//Julian Perretta (18.04)//Sarah W. Papsun, She’s a boy (19.04)//Aloe Blacc, Gizelle Smith (20.04)//Gold Panda, Jon Hopkins, Pigeon John, Qwel & Maker (21.04)//Addictive TV, Bodi Bill, Gentleman & Evolution Band (22.04)...



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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ DR

Pilooski

L'art du libertinage Moitié de Discodéine, ex-petit ami du D-I-R-T-Y Sound System, et complice d'Alain Finkielkrautrock, Pilooski tripote la musique d'hier et fricote avec celle de demain. Polygame endurci, il ne résiste ni aux avances de la soul, ni à la fièvre du disco. Fichtre, la tentation est plus forte que jamais. Comment refuser ce rencard du 24 avril sur la piste moite du Magazine Club ?

Les edits du D-I-R-T-Y Soundsystem et votre remix du fameux Beggin' de Frankie Valli ont marqué les esprits. D'où vient cette passion pour l'edit ? Petit, j'adorais m'amuser avec mes cassettes audio, à couper, coller, ajouter des sons que j'enregistrais à la télévision. Sur le même principe, j'ai commencé à faire des edits pour jouer en soirée mes vieux morceaux préférés. Je coupais certaines longueurs, j'amplifiais l'intensité des passages clé et je les jouais en club ! Discodeine par contre, est un projet

100% électronique, avec quelques morceaux sombres. Cultivez-vous ce mélange des genres ? On n'est pas du tout dans un délire obscurantiste, on ne cherche pas à tout prix à taper dans l'expérimental pour se donner un genre. Sur ce disque, on a essayé de faire cohabiter des morceaux hédonistes et d'autres, plus intenses, qui n'ont même pas été enregistrés au même moment. D'ailleurs, Synchronize avec Jarvis Cocker, l'un des morceaux phare de l'album, arrive étonnamment en fin de


PILOOSKI + KENNY DOPE 24.04, 23h, Lille, Magazine Club, 13€, www.magazineclub.fr à visiter / alainfinkielkrautrock.blogspot.com à écouter / Discodeine – Discodéine

lecture. Comment avez-vous conçu le tracklisting ? Un peu comme un DJ set, en alternant les ambiances, en construisant une suite logique. On nous a demandé de placer Synchronize au début, mais pour nous, ça n'avait pas de sens. Il devait arriver à la fin pour que l'ensemble soit cohérent. Comment s'est passé la collaboration avec Jarvis Cocker ? On ne le connaissait pas mais on s'est rendu compte il y a quelques années qu'il commandait les edits D-I-R-T-Y sur

Internet. Pour Synchronize, on cherchait une voix de blanc qui sonne un peu black. On voulait éviter le côté trop technique et carré d'une voix de black, alors on a pensé à lui. Et il a tout de suite accepté. Tu joues avec Kenny Dope le 24 avril, connais-tu son travail ? Je connais surtout ce qu'il faisait à l'époque de Masters at Work, j'aimais beaucoup leur touche « brute ». Mais je ne sais pas du tout où il en est aujourd'hui, donc content de le redécouvrir bientôt. /


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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Wintergreen, DR

Le rappel des troupes Math rock, post-rock... Depuis huit ans déjà, ces New-Yorkais prennent un malin plaisir à brouiller outrageusement les pistes au moyen d’un son joyeusement indéchiffrable, pour tout remettre en question sur scène. La décennie écoulée fut celle du retour aux valeurs fondamentales (la redécouverte du rock’n’roll, pour faire bref) et de la réappropriation de genres oubliés (le bazar electroclash, le métissage africain dans la pop ou l’electro). Mais en sousmain, quelques audacieux traçaient leur propre voie. On pourrait citer, une fois de plus, Animal Collective, éternels outsiders intronisés hérauts d’une pop déviante devenue presque norme. Battles relève aussi de ce cas de figure. Né quatuor, la formation réunissait quelques grands noms issus des sphères du math rock, du metal avant-gardiste ou de l’electro (Helmet, Tomahwak, Don Caballero, Prefuse 73). Après quelques Ep’s explosant ces influences (et judicieusement réédités par Warp), Battles publie, en 2007, Mirrored. Un disque âpre et défricheur, porté par un hymne pop imparable, Atlas (gnomes sous amphés et beats algorythmiques, pour aller vite). Depuis, plus rien, si ce n’est un album solo du démissionnaire Tyondai Braxton - et un second Lp prometteur, en juin. Pourtant, Battles n’a jamais quitté les esprits et même élargi son influence (de Pivot à Ed Wood Jr). Alors, on pourrait évoquer des prestations scéniques maîtrisant le chaos avec une précision ambidextre - ou d’autres métaphores navrantes. Résumons en une dizaine de mots : Battles sur scène, c’est l’Histoire en marche. / ❥

11.04, 19h, Battles + Dan Deacon + Oneohtrix Point Never... Bruxelles, Ancienne Belgique, 20e 12.04, 20h, Battles + Mi Ami + Diva, Lille, L'Aéronef, 17/13e, +33 320 13 50 00



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texte ¬ Judith Oliver - photo ¬ DR

texte ¬ Olivier Clairouin - photo ¬ DR

Dj Premier

Peter Bjorn and John

« Pre-pre-pre-premier ». Le gimmick est aussi imparable que la cloche de Pavlov : on salive, rien qu'à l'entendre. Normal, la signature de Chris E. Martin aka Dj Premier annonce une salve délectable de samples mythiques de la côte Est. Moitié du légendaire groupe Gangstarr, ce turntablist virtuose figure parmi les producteurs les plus prolixes du rap américain. C'est à lui que l'on doit, en plus d'une trentaine de mix-tapes et compil instrumentales, les meilleurs albums du hip-hop. De M.O.P à Mos Def en passant par Jay-Z, Kool G, Krs-One, Notorious Big, Dilated People ou Fat Joe, ce natif de Huston a collaboré avec la crème des MC. Ses apparitions sur le Vieux Continent sont assez rares pour déchaîner les foules. Avec sa sélection de « cuts » et de « rare plays », le DJ va mettre le Grand Mix à feu et à samples. /

Mon premier bondit frénétiquement avant de se ruer dans la foule en chantant. Mon second est l'un des rares batteurs à écraser ses fûts en se tenant debout. Mon troisième dialogue avec sa basse comme deux amants au premier jour. Mon tout tient en trois prénoms et investit ce mois-ci le Botanique à Bruxelles : Peter Bjorn and John ! Deux ans après un cinquième album en demiteinte (Living Thing), les Suédois sont prêts à en découdre. Si les sifflotements caractéristiques de leur hymne fédérateur Young Folks risquent de résonner dans la salle, les trois petits génies du rock mettront surtout à l'épreuve leur dernier opus sorti fin mars : Gimme Some. Gageons que la pochette de ce dernier, une main difforme arborant un trio de pouces levés, annonce déjà un retour en force. /

6.04, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 13/16€, +33 320 70 10 00

8.04, 20h, Bruxelles, Botanique, 18/15/12€, www.botanique.be



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texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ DR

texte ¬ Olivier Clairouin - photo ¬ DR

James Blake

Lykke Li

Issu de la scène dubstep londonienne, James Blake a étonné avec ses premiers EP's (CMYK, Klavierwerke) autant qu'il a déçu avec son premier album, nettement plus mainstream (cf. n°60). Privilégiant le piano/voix aux expérimentations sonores, le jeune producteur réduit désormais ses parties instrumentales au strict minimum. Sur scène, batteur et guitariste en font le moins possible. Le drum set ne comporte d'ailleurs ni fûts ni cymbales. Il s'apparente à un nuage lointain et vaporeux, brume flottante nimbant la voix pop/soul du chanteur. Comme l'album, le live se vit comme un voyage en apesanteur. Les compositions de James Blake distillent leur charme abstrait et diluent nos dernières réticences. Dans un souffle qu'on a pas vu venir. /

Depuis Youth Novels, son premier album, Lykke Li a bien mûri. Sur les pistes de son nouvel opus, Wounded Rhymes, la Scandinave exhibe des plaies amoureuses. Elle jette un voile sombre sur sa pop (faussement) naïve tout en insufflant une énergie tribale. Tambours, orgue et choeurs gros traduisent habilement ses peines (Sadness Is A Blessing) et augmentent sa sensualité ravageuse (Get Some). Sur scène, toute habillée de noir et juchée sur des talons, la petite protégée de Bjorn Yttling – de Peter, Bjorn and John – laisse son corps suivre le flot des percussions, tourne sur elle-même en se jetant d'un pied sur l'autre. Instinctive, Lykke Li alterne instants intimistes et élans libérateurs, jouant avec son public comme avec ses sentiments. C'est sûr : we gonna get some. /

12.04, 20h, Bruxelles, Botanique, 19/13€, www.botanique.be 26.04, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 16/13€, +33 320 70 10 00

23.04, 20h, Tourcoing, Grand Mix, 13/16€, +33 320 70 10 00, www.legrandmix.com



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Monte Hellman Nuits américaines propos recueillis par ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Capricci

Aussi vénéré que méconnu, Monte Hellman n'avait plus tourné depuis 1989. Ses fans (dont Gallo et Tarantino !), jamais remis du choc de The Shooting ou de Two-lane Blacktop, continuaient pourtant d'espérer. Miracle, donc, que ce Road to Nowhere, où Hellman sonde les abîmes de l'image à l'ère numérique (il fut le premier à utiliser le fameux appareil photo Canon 5 D Mark II). Faux-semblants, film-dans-le-film, mythologie hollywoodienne, le spectateur se perd avec délice dans un dédale taillé au cœur même du cinéma. Comment vous sentiez-vous à l'idée de diriger à nouveau un film ? J'ai travaillé sur tellement de projets (Silent Night, Stanley's Girlfriend, etc.) durant toutes ces années que je n'ai pris conscience du temps écoulé que lorsque qu'on me l'a fait remarquer. C'est toujours pareil, en fait. Je suis très nerveux, jusqu'au moment où je mets les pieds sur le plateau et qu'on commence à tourner. Je ne suis jamais certain de me rappeler comment faire.

Road to Nowhere est-il un bon reflet du tournage lui-même ? Oui. Il y a beaucoup de films qui racontent des tournages, mais je crois que c'est le seul qui soit en même temps un vrai documentaire. On a tourné avec plusieurs Canon en même temps, ce qui permet d'avoir à la fois un plan de « fiction », puis un autre qui montre justement l'équipe en train de tourner ce plan. Lorsqu'on voit le plateau, les caravanes, personne ne fait semblant. Dans certaines scènes, on découvre


« Tous mes films racontent la même histoire » même un type qui tourne un vrai documentaire sur le tournage ! Il y a tellement de niveaux... À travers le personnage du réalisateur Mitchell Haven, vous énoncez beaucoup de vos idées sur le cinéma. Est-ce votre « Lettre à un jeune cinéaste » ?

Je travaille avec Steven Gaydos (le scénariste, ndlr) depuis des années, et nous voulions effectivement montrer notre façon de travailler, mais ce n'est pas pour autant un film éducatif. C'est un divertissement. Je ne pense pas qu'on puisse réellement apprendre à quelqu'un à diriger, ou à jouer. >


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Alors quel est le propos du film? J'ai réalisé des films dans des genres et des milieux très différents, sans toujours participer activement au scénario. Pourtant, tous racontent exactement la même histoire, qui se trouve aussi être celle de Tirez sur le pianiste, de Truffaut : un personnage écartelé entre la passion de son métier, et la recherche de l'amour. En effet, vous racontez une histoire d'amour entre un réalisateur et son actrice. Êtes-vous souvent tombé amoureux durant un tournage ? Le fait de tourner ne me rend pas amoureux : je peux fantasmer une idylle simplement à partir d'une image ou des paroles d'une chanson. C'est une coïncidence. Mais ici, Mitchell tombe avant tout amoureux d'un personnage de son film, de l'idée incarnée par « Velma Duran ». Celle-ci stimule son ❥

imagination. Il aime sa création, et ce n'est que par extension que cela le touche personnellement. Vous citez souvent Vertigo, de Hitchcock, à propos de Road to Nowhere… Oui. C'est une référence majeure, même si nous n'y avions pas pensé au départ. En fait, il y a beaucoup d'autres références. Sur Facebook, nous avons lancé un concours : essayer de trouver cent films auquel Road to Nowhere fait allusion. Pour l'instant, nous en avons une soixantaine. Où en est votre prochain projet ? Nous avons grimpé à peu près 10 % de la montagne. Nous avons trouvé un peu d'argent, j'ai bon espoir que nous tournions en début d'année prochaine. Pouvez-vous nous en parler ? Ce sera encore la même histoire... /

Road to nowhere, sortie le 6.04, avec Shannyn Sossamon, Dominique Swain, Cliff De Young Two-lane Blacktop en copie restaurée, au Studio 5 de Flagey, Bruxelles, jusqu'au 28.04 Sympathy for the devil, Entretiens avec Emmanuel Burdeau, Capricci, 188 p., 13,50€



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texte ¬ Florent Delval photo ¬ Bifff, jan lievens

En gore en forme Le Brussels International Fantastic Film Festival est l’occasion de découvrir que la folie douce typiquement belge est universellement partagée. Pour la 29e année, cette institution vous convie à des réjouissances gores qui n’ont pas perdu leur esprit frondeur. Lors de la conférence de presse inaugurale du BIFFF, le bourgmestre de Bruxelles prend la parole, pour saluer ce festival qui, après vingt-neuf ans, est devenu une institution. Mais à la place des poncifs d’usage, il salue la pertinence du thème de cette année, la schizophrénie, dans le contexte politique actuel de la Belgique, avant d’inviter ses collègues ministres à la traditionnelle Zombie Parade. Si l’on évoque souvent l’impertinence de l’humour belge, on connaît moins sa tradition fantastique. Il s’agit en fait du même point de vue décalé sur la réalité dont l’expression la plus marquante a été le surréalisme. Côtoyant volontiers les territoires parallèles, peuplés de succubes nymphomanes, le BIFFF ne se prend pas au sérieux. Ce qui ne l’empêche pas d’être engagé à sa manière. Au programme, quasiment aucun blockbuster, mais une cinématographie alternative qui invite des productions du monde entier. Par ailleurs, le BIFFF sait être fidèle à des auteurs qu’il défend depuis de nombreuses années, comme le hongkongais Tsui Hark ou Shinya Tsukamoto qui poursuit sa saga cyberberpunk épileptique Tetsuo. De même, il met à l'honneur Kim Jee-Woon avec un film de vengeance qui a horrifié la censure coréenne ou John Carpenter qui après dix ans d’absence revient avec un The Ward aux accents old school. / ❥

BIFFF du 7 au 19.04, Bruxelles, Tour & Taxis, www.festivalfantastique.org, Tetsuo, 13.04, 00h // The Ward, 18.04, 20h // Detective Dee, 10.04, 20h



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texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ DR

texte ¬ Alex Masson - photo ¬ Neue Road Movies, GmbH Donata Wenders, Les Films Du Losange

Rockers à l'écran

Pina

Depuis les débuts d'Elvis à Hollywood, on ne compte plus les icônes du rock passées de la scène à l'écran. Avec plus ou moins de succès. Quand il ne s'agit pas simplement (pour l'artiste) de se faire plaisir, il est bien souvent question (pour la production) de gonfler les recettes du Box Office. Heureusement, la Cinematek de Bruxelles voit clair sur cette route jalonnée de nanars (Sous le ciel bleu d'Hawaï ou Le shérif de ces dames avec Le King ne sont pas au programme). La sélection de « rockers à l'écran » convoque des valeurs sûres : Monte Hellman et son Beach Boy (Dennis Wilson dans Macadam à deux voies, voir p.50), Nagisha Oshima (David Bowie mémorable dans Furyo), Sam Peckinpah et le beau Bob Dylan (Pat Garett & Billy the Kid), Johnnie To et Johnny-ToutCourt (heureusement muet dans Vengeance). That's all rocks ! /

À vrai dire, ce que raconte ce documentaire sur la chorégraphe (qui nous a quittés en 2009) n’est pas des plus passionnants. On y voit des danseurs qui ont travaillé avec elle, faire son hagiographie, à coups de « elle était géniale », « quelle grande artiste ». De Pina Bausch, on apprendra donc rien de plus que la version officielle. C’est en revanche son travail qui saute aux yeux. Littéralement même, Pina étant tourné dans une 3D qui met James Cameron à l'amende. Avec ce procédé, Wenders révèle toute la puissance des ballets de Bausch. Et confirme que la danse est, avant tout, un spectacle vivant. En 1991, le réalisateur s’interrogeait sur le futur des images avec le passionnant Jusqu’au bout du rêve. Il trouve ici une réponse concrète avec Pina, un film qui révolutionne la place du spectateur, désormais remis, physiquement, au cœur du cinéma. /

jusqu'au 29.04, Bruxelles, Cinematek, +32 2 551 19 19, www.cinematek.be

De Wim Wenders. Avec Pina Bausch, Regina Advento, Malou Airoudo... Sortie le 6.04





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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Valérie Belin, Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont, Paris

Contours flous Alors que les beaux jours annoncent le retour des flâneurs sur la digue de Knokke, la station balnéaire inaugure son traditionnel festival de photographie. Après une édition consacrée aux clichés de mode en 2010, l'équipe sonde une autre forme très codifiée : le portrait. Un genre abordé de profil, pour mieux sortir du cadre. Face à nous, Brad Pitt en caleçon blanc, noyé dans une vive lumière bleue. L'image n'a pas seulement pour effet de faire hurler les midinettes. Elle trouble. Car si on ne voyait pas la pluie tomber par seaux – façon Singing in the rain, on croirait à une photographie. Les modèles de Robert Wilson tiennent la pose, immobiles. Comme s'ils attendaient patiemment le bruit du déclencheur. Mais c'est armé d'une caméra que le metteur en scène américain portraiture ses sujets, telles des icônes. Des stars, prix Nobel, animaux ou anonymes, lâchés dans un décor qui foisonne de clins d'œil (mythologiques, cinématographiques ou pop). Avec sa série VOOM, 50 portraits vidéos réalisés entre 2004 et 2006, Wilson repousse les limites du genre. Arrêts sur images Valérie Belin partage avec le photographe américain un sens de la théâtralité horsnorme. Retouchées jusqu'à en devenir étranges, ses femmes ont les yeux dans le vague et la fixité d'une poupée. La jeune française pousse l'artifice pour mieux jeter le jour sur notre besoin constant de transformation, prolongeant ses séries sur les sosies, les avatars et les bodybuilders. On est heureux de fuir ces figures désincarnées pour l'authenticité des modèles de Marc Trivier (Kantor, Müller, Beckett, Bacon ou Wahrol) ou des lauréats du World Press Photo 2010. Et, de rejoindre finalement une galerie de portraits réalisés de 1933 à 1980 sur la plage de Knokke... / ❥

Future Portraits - Festival International de la Photo de Knokke-Heist du 10.04 au 13.06, Knokke, Centre culturel Scharpoord, Pavillon d’exposition (plage), Musée de la région du Zwin, Lagunahal..., tlj, 10>19h (sf galeries, variables), pass 8/5€, + 32 5 063 04 30


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texte ¬ Yann Vetter photo ¬ Hendrick Ter Brugghen, Heraclite © Amsterdam Rijksmuseum

La chair obscure de la pensée Fruit d’un partenariat entre le Palais des Beaux-Arts de Lille et l’association Citéphilo, « Portraits de la Pensée » présente des peintures du xviie ayant pour objet la philosophie et ses penseurs. Un panorama vivant et sensuel qui a forgé notre imaginaire collectif. Comment matérialiser la pensée autrement que par la parole ? Comment la révéler dans un langage universel, concrètement, au détour d'un corps, d'un visage ou d'un geste ? Voilà tout le propos de cette exposition qui réunit une cinquantaine de toiles de l'âge d'or des écoles italienne, hollandaise et espagnole. Jadis, les portraits de philosophes mendiants symbolisaient déjà la richesse intérieure et la recherche d’un modèle humaniste face au matérialisme. Au xviie siècle, il s'agit de montrer que la pensée est un acte et la philosophie un cheminement. Ce mouvement se lit dans la dynamique des regards, qui cherchent vers le ciel ou le monde l’énergie et l’objet de leur quête. On croit déceler le surgissement des idées dans le passage de l’ombre à la lumière. Chez Ribera, premier peintre sériel, le corps est nerveux, concentré. Chez les flamands c’est l’expressivité qui s’affiche, tel le rire ironique de Démocrite. Chez Giordano la fabrique des idées est figurée par une sorte de corps de métier : une galerie de travailleurs aux muscles saillants, maniant des outils. En contrepoint à cette exhibition de la pensée, on entre dans une introspection intimiste de Bill Viola où ne sont présents que le corps du spectateur et le souffle de l’âme. Une invitation à méditer. / ❥

Portraits de la pensée jusqu’au 13.06. Lille, Palais des beaux-arts, lun 14h>18h, mer>dim 10h>18h. 5/7€ + visioguide 1€. Rencontres-débats le 14.04 (T.Todorov) et le 28.04, +33 320 06 78 00



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texte ¬ Florent Delval photo ¬ Détail, Dans les champs © Passeurs d'images Tal Coat, ADAGP Paris, SABAM Belgique

Abstraction Poétique Au fil de sa carrière, Pierre Tal-Coat a souvent remis sa pratique en question, renonçant parallèlement à la reconnaissance immédiate. Avec cette rétrospective de 160 œuvres, le BAM de Mons rend enfin au peintre ses lettres de noblesse. Par son engagement artistique sans faille, Pierre Tal-Coat est une figure d’une autre époque. Irréductible à toute école, à tout mouvement, il a traversé le xxe siècle, en prenant ses distances avec le marché de l'art, lui préférant la compagnie des poètes et des philosophes. Aujourd’hui, il n’est pas salué au même titre qu’un Nicolas de Staël (voire d’un Bernard Buffet, récemment réhabilité), même s'il a aussi stimulé l’art français à un moment où tous les regards se tournaient vers les Etats-Unis. Le BAM a choisi de présenter avant tout la période d’Après-Guerre où Tal-Coat est au sommet de son lyrisme. Ainsi ne verrons-nous pas les essais inspirés de l'expressionnisme allemand ou du cubisme mais les toiles abstraites qu’il peindra jusqu’à sa mort. En 1946, il rencontre le poète André Du Bouchet, avec lequel il collabore. Cette exposition s'intéresse particulièrement à leurs dialogues. Elle montre non seulement leurs travaux communs, mais aussi l'influence de leurs longues promenades dans la nature. La peinture de Tal-Coat s’éloigne ainsi de la représentation (un cheminement visible dans la série « Profils sous l’eau » au début de la visite), tout en restant profondément liée à l’observation du réel. / ❥

Pierre Tal-Coat , Peintures et dessins jusqu'au 17.07, Mons, BAM, mar>dim, 12h>18h, 6/3€, +32 65 40 53 30



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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ détail, Fondation Adolf Wölfli (Musée des Beaux-Arts Berne, Suisse)

Le réenchantement du monde 1200m². Il n'en fallait pas moins pour cerner une œuvre d'art aussi totale. Un projet fou, pharaonique et fascinant, ciselé toute une vie par un homme : Adolf Wölfli. Pour la première fois dans l'Hexagone, le LaM retrace le cheminement précis (150 œuvres) de ce créateur génial, interné à Berne en 1895. Adölf Wölfli est un cas à part dans l'art brut. Pour mille et une raison, bien sûr. Mais un détail frappe : sa reconnaissance précoce par des artistes. Et son influence considérable, dans de nombreux domaines, comme la littérature ou la musique. Aujourd'hui encore, historiens de l'art, linguistes ou musicologues travaillent fascinés au décryptage des quelque 25 000 pages et 1600 dessins d'Adölf Wölfli. Cet orphelin suisse placé tôt en captivité, puis interné pour schizophrénie, a passé sa vie reclus. Pendant trente ans, il s'est recréé un monde, imaginant toutes ses composantes (langage, écriture, géographie, science, culture, histoire) lors d'improbables récits. Pour nous aider à entrer dans cet impressionnant système où se mêlent dessins, textes, chiffres et notes de musique, le LaM procède par étapes. Comme la cimaise bleue qui serpente entre les salles, l'on remonte le fil de l'autobiographie à l'autofiction. Pour glisser, plus profondément encore, dans les méandres de partitions de musique cryptiques, synthèses complexes de son univers tout entier. Une passionnante aventure, que le parcours rythme habilement en offrant des alcôves d'écoute, une reconstitution de la cellule de Wölfli et de nombreuses vidéos, traductions et archives. / ❥

Adolf Wölfli Univers du 9.04 au 3.07, Villeneuve d'Ascq, LaM, mar>dim, 10h>18h, 10/7€, +33 320 19 68 68



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texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Charles Altorffer

texte ¬ Judith Oliver - photo ¬ Tilda Swinton for Sandra Backlund © Craig McDean

Youpi Yeah

Le tricot dans la mode

Malgré son titre digne d'un sketch de Dany Boon (Je vais bien...), la nouvelle exposition de la MFW se propose très sérieusement de nous « coucher sur le divan » pour déceler nos « névroses urbaines ». En guise d'analystes, Laurent Petit et Charles Altorffer. à la tête de l'Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine fraîchement rebaptisée Urban Psychoanalysis International Agency (UPIA, « youpi yeah », donc), ce binôme multiplie depuis 2008 les conférences dans les villes françaises. Maniant les mots et l'absurde avec habileté, Laurent Petit fouille dans l'histoire des quartiers, chatouille la peur ordinaire et relève les aberrations architecturales. La maison Folie offre ici une (décapante) séance de rattrapage avec cette rétrospective, qui retrace l'histoire de l'agence, son protocole, ses résultats et ses « extrapolations ». /

Let's Motiv ne recrute pas particulièrement parmi les septuagénaires, et pourtant, la rédaction s'est enthousiasmée à l'idée d'en savoir plus sur... le tricot. Le Mode Museum d'Anvers, réputé pour ses rétrospectives thématiques superbement scénographiées, a inauguré il y a peu sa nouvelle exposition. Le Tricot dans la Mode sonde, à l'échelle européenne, les relations étroites qu'entretiennent laine et usages sociaux, fil et évolutions techniques, volume et créativité. Posées sur des tables d'atelier ou suspendues au milieu de grands panneaux de maille, les pièces de haute-couture répondent aux photos de défilés, aux plans de machines et aux archives dans des allers et retours historiques constants. Des mailles denses et serrées pour filer un très bon coton. /

jusqu'au 15.05, Lille, Maison Folie de Wazemmes, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>19h, entrée libre, +33 320 95 08 82

jusqu'au 14.08, Anvers, MoMu, mar>dim, 10h>18h, 7/5€, +32 3 470 27 70



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agenda 1968, Peter Stämpfli, Impala Sport Sedan © ADAGP Paris

Six milliards d'autres Après Paris, Shanghai, Rangoon, New York ou Sao Paolo, l'exposition de Yann Arthus Bertrand poursuit son tour du monde. Depuis le 17 décembre, elle fait escale dans la capitale belge, louant la diversité humaine à Tour & Taxis. Au cœur du dispositif, une impressionnante installation audiovisuelle présentant des extraits de quelque 5600 interviews réalisées dans 78 pays. Une galerie de portraits complétée de milliers de photos. La terre vue des êtres. ❥ Bruxelles, jusqu'au 19.06, Tour et Taxis, 9h>17h, sf we, 10h>19h, +32 2 549 60 49

L'art est un sport de combat Un an après « One Shot », exposition consacrée au football dans l'art contemporain (BPS22, Charleroi), le musée des beaux-arts de Calais joue les prolongations. Sous la houlette de Jean-Marc Huitorel, l'institution se penche sur la fascination des plasticiens pour les sports de combat. Pour arbitrer ce face à face, les œuvres de 17 artistes, d'Auguste Rodin à Yves Trémorin en passant par Satch Hoyt, Alain Séchas ou Mohamed Bourouissa. De quoi mettre KO. ❥ Calais, du 9.04 au 20.09, MBA, mar>dim, 10h>12h, de 14h>18h, +33 321 46 48 40

Mary Joy in her livingroom © Simone Lueck

Simone Lueck, Leonard Freed et Fernand Dumenier Nul besoin de présenter Leonard Freed, de l'agence Magnum. Ses splendides reportages « façon Taxi Driver » sur la police américaine ne manquent pas d'attirer les foules. Tant mieux : c'est l'occasion de découvrir le travail de Simone Lueck, une consœur moins connue mais aussi talentueuse. Avec la complicité de ses modèles, la Californienne immortalise des personnes âgées dans des poses de pin-up. Un sujet tout sauf facile, qu'elle traite sans moquerie et avec finesse. ❥ Charleroi, jusqu'au 15.05, Musée de la photographie, mar>dim, 10h>18h, +32 71 43 58 10

Les années 1968 Les années 1968. Comme s'il s'agissait d'une décennie, font l'objet de la nouvelle exposition. Durant un an, le LAAC nous replonge dans cette période d'effervescence sociale et politique à travers un grand medley d'œuvres et d'objets d'époque. De Car Crash d'Andy Warhol à Allen Ginsberg de Bernard Rancillac, en passant par des pochettes de vinyles ou des affiches de Mai 68, le parcours reflète la libéralisation des mœurs et les idéaux de la Beat Generation. ❥ Dunkerque, jusqu'au 9.03.12, LAAC, mar> dim, 10>12h15, 14h>18h30 +33 328 29 56 00


Fleurs © Archives Balthasar Burkhard

Mineurs d'ailleurs, Charbonnage de Jerada, Maroc © Charles Henneghien

© J.M. Alberola

Femme vue de face, au vêtemnt ouvert © DR, Musée Rodin

Balthasar Burkhard

Rodin, le plaisir infini du dessin

Changement de saison oblige, sur les murs du Mac's poussent désormais les mille fleurs du printemps. Pivoine, iris, pavot, lisianthus... captés en pleine éclosion, les bourgeons s'affichent sur d'immenses photographies couleurs. Hommage au grand photographe Balthasar Burkhard, décédé en avril dernier, cette rétrospective fait également la part belle aux clichés noirs et blancs qui ont fait la réputation du Suisse. Paysages, villes, animaux, fleurs : qu'importe le sujet, tant qu'il est sublimé.

De la chair tourmentée, des corps en torsion, des visages burinés. Les sculptures de Rodin fascinent par leur justesse et leur expressivité « arrachées à la glaise ». Ses dessins et aquarelles, beaucoup moins connus, leur sont diamétralement opposés : trait délicat, pointe graphite à peine posée, couleurs douces, volupté. Cette exposition majeure articule le plan et le volume en confrontant les esquisses (66 dessins dont 22 inédits) à 9 sculptures de danse rarement montrées.

❥ Hornu, jusqu'au 29.05, Mac's (site du Grand Hornu), mar>dim, 10h>18h, +32 65 65 21 21

❥ Le Cateau-Cambrésis, jusqu'au 13.06, musée Matisse, 10h>18h sf mar, + 33 327 84 64 50

Mineurs d'ici et d'ailleurs J.M. Alberola, l'œuvre imprimée Le Centre de la Gravure inaugure en grandes pompes sa nouvelle extension. Pour l'occasion, il consacre cet espace de 1000m² à une importante rétrospective (250 pièces) du peintre et cinéaste Jean-Michel Alberola. Sa profession de foi ? « Tordre le cou aux images prêtes à consommer et aux mots prêts à penser ». Pour vous en convaincre, précipitez-vous sur ses estampes et livres d'artistes. ❥ La Louvière, jusqu'au 15.05, Centre de la Gravure et de l'Image Imprimée, mar>dim, 10h>18h, +32 64 27 87 27

Le front ruisselant, le visage noirci par la poussière, un mineur prend son déjeuner au milieu des piliers qui soutiennent son étroite galerie. Ce cliché de Paul Walet date de 1960. Mais appartient-il vraiment au passé ? Des dizaines de photos plus contemporaines nous prouvent l'inverse. Que ce soit au Brésil, en Bolivie, en Afrique du Sud, en Pologne... nombreux sont ceux qui vivent suspendus au coup de grisou. Des images souvent magnifiques, pour esquisser un métier harassant. ❥ Lewarde, jusqu'au 5.06, Centre Historique Minier, tlj 9h>19h30, +33 327 95 82 82


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agenda Blues, Booze & Bbq © YZ Back to the roots

michael Snow, The Corner of Braque and Picasso Streets © Power Plant coll. M. Snow

Blues, Booze & Bbq

Solo Snow

En collaboration avec le Delta Blues Museum de Clarksdale, la maison Folie de Moulins relate la survivance du blues dans le Mississipi à travers une splendide série photographique de Michael Loyd Young. Prises dans des troquets (les fameux « juke joints »), sur scène ou tout simplement dans la rue, ces images (hautes) en couleurs attestent de l'attachement de ces habitants au blues, plus d'un siècle après sa naissance.

Retour au Fresnoy pour Michael Snow, cinéaste-plasticien et professeur invité en 1997. Plus et moins qu'une rétrospective, c'est un parcours choisi à travers quatre décennies de recherches avant-gardistes sur l'image (fixe et animée), le son, et les conditions de la représentation. Nul hermétisme, ici : chaque œuvre est une expérience qui interroge son propre dispositif, décrassant les perceptions et construisant une réflexion magistrale sur le médium.

❥ Lille, 8.04>26.06, Maison Folie de Moulins,

❥ Tourcoing, jusqu'au 24.04, Le Fresnoy, mer>dim 14h>19h, (sf ven, sam 21h), +33 320 28 38 00

mer>dim, 14>19h, +33 320 95 08 82

Le Geste de l’Ecrit Quel dénominateur commun entre David Lynch, Henri Michaux, Pierre Alechinsky et les Perrin&Perrin ? Apparemment aucun. Pourtant, tous partagent une fascination pour l'écriture, la lettre et le signe qu'ils traduisent de diverses manières (transposition du geste calligraphique, élaboration d'une langue, utilisation du récit...). La création verrière, trop rarement présentée dans son interaction avec d'autres champs artistiques, est ici confrontée à des toiles et vidéos contemporaines. ❥ Sars-Poteries, du 2.04 au 3.10, muséeatelier du Verre, tlj (sf mar), 10h>12h30, 13h30> 18h, +33 327 61 61 44

Le Mont Analogue Après la Moldavie (2009) et les Balkans (2010), la plateforme d'art contemporain Be-Part se penche sur la situation du Caucase. Pour ce faire, elle convoque un plasticien arménien fasciné par les questions d'héritage et d'identité (Mekhitar Garabedian), un collectif plein d'ironie et de bonnes idées (Slavs and Tartars) et le vidéaste belge Pieter Geenen. Chacun s'introduit dans les méandres de l'histoire en pointant un symbole : le Mont Analogue, allégorie des tensions turco-arméniennes. ❥ Waregem, jusqu'au 22.04, Be-Part, tlj, 11h>17h, +32 56 62 94 10



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Le boulon desserre la vis !

texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Un tour de manège © DR

Les eaux calmes de l'Escaut rythment les jours et les saisons de Vieux-Condé. Impassibles. Quand, par une belle journée d'avril, dévalent 30 000 personnes dans un torrent de fanfares et de confettis. Commencent alors les Turbulentes, un festival des Arts de la rue qui porte bien son nom. Pendant un week-end, le visage de Vieux-Condé change du tout au tout. La tranquille bourgade devient l'eldorado du théâtre de rue, accueillant sur ses places acrobates et jongleurs, parades et marionnettes. Cette année, une trentaine de compagnies françaises, belges ou allemandes dévoilent sur le pavé leurs toutes dernières créations. Notamment D'Irque & Fien, talentueux duo de circassiens qui nous avait régalés avec Oh Suivant !. Mais aussi les Espagnols de Voala Project, qui jouent en première française Muaré, un impressionnant spectacle aérien composé de treize trapézistes et d'un groupe de rock (The Beautiful Taste). Autre invité de marque, Luc Amoros et sa Page Blanche, une immense fresque peinte en direct et en musique sur un grand échafaudage. C'est le chantier Un échafaudage, des palissades ? Le petit plus de cette 13e édition du festival, c'est justement le thème du « chantier détourné ». Un clin d'œil, bien sûr, aux travaux de rénovation du Boulon et à sa réouverture en septembre prochain. Mais aussi une façon d'impliquer localement les associations et les écoles en les chargeant du décor. Car « ce qui fait la force du festival de Vieux-Condé, précise la directrice Virginie Foucault, c'est sa manière de concerner les populations », et d'ajouter : « le cœur de notre démarche, c'est d'inscrire de façon durable les arts de la rue sur le territoire ». À bon entendeur, salut ! / ❥

Les Turbulentes 29.04>1.05, 19h, ven, 15h, sam & dim, Vieux-Condé. Prog : www.lesturbulentes.com Prog (horaires sous réserve) : parades Fresnes sur Escault et Petite Forêt les 23 et 24.04 // Page Blanche de la cie Amoros, 29.04 (22h15) et 30.04 (22h) // Muaré de Voala Project, le 30.04 (23h15) // Caroussel des Moutons, D'Irque et Fien, 30.04 (16h&19h), 1.05 (17h) // Un tour de Manège, Cie Babylone, 29.04 (21h), 30.04 (20h45) & 1.05 (18h)


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texte ¬ Louis Dieu photo ¬ Nicolas Joubard

Compil'Action On peut l'appeler festival, ou pas. Objet protéiforme par excellence, la Compil d'Avril se joue des épithètes et ambitionne de « fluidifier le regard sur la danse ». Organisé par Charleroi-Danses, ce projet a germé il y a 5 ans dans l'esprit de Pierre Droulers. « Ce qui compte avant tout, c'est de trouver les bonnes correspondances entre les pièces » avance Pierre Droulers, père fondateur et actuel coordinateur de la Compil d'Avril. Née en 2006 de fructueuses interactions entre plasticiens et danseurs, la première édition « témoignait des connivences entre diverses disciplines, en prenant la danse comme point de départ et lieu de convergence ». Une idée poussée lors de la deuxième édition (2008) et qu'entend cimenter la troisième : « On y trouve de tout ; des performances comme des essais, des formes abouties et d'autres non finies ». Un côté expérimental qui tient au parcours même de Pierre Droulers : « Je suis peut-être le fil rouge de cette Compil, finalement : étant programmateur amateur, je marche à l'intuition. J'invite le public à l'échange en articulant le sensible et le spectaculaire, le facile d'accès et l'ardu ». À cette mise en écho de plusieurs pratiques (théâtre, musique, vidéo) s'ajoute une réflexion sur la place de l'interprète : « Cette Compil tente de faire le point sur le rôle du danseur. Elle aborde aussi notre rapport au temps en réintroduisant la mémoire dans les corps des danseurs ». Et cela, à La Raffinerie, « lieu porteur d'une mémoire architecturale forte » : un endroit tout indiqué. / ❥

Compil d'Avril 1er > 9.04, Bruxelles, La Raffinerie, Les Brigittines et La Bellone, soirée 15/10/5€, pass 60/40€, +32 71 20 56 40, www.charleroi-danses.be



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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ Pierre Grosbois

Rock’n roll attitude Pierre Rigal ne fait pas les choses à moitié. Quand il était athlète, dans une autre vie, il faisait partie de l’équipe de France junior. Et quand il se lance dans la danse, avec son compère toulousain Aurélien Bory, c’est pour gagner ses lettres de noblesse. Pari gagné avec Micro, sa cinquième pièce. Un torse nu. Un corps anonyme qui fantasme une posture de rock star. Et tout est dit de la tension dramaturgique imaginée ici par Pierre Rigal. Micro, « spectacle global », comme il aime le répéter, est une ode amusée à la culture rock, un hommage à peine détourné. Et quand des perles de sueurs longent son torse scintillant jusqu’au jean moulant de rigueur, Rigal lui-même deviendrait presque fantasme. Sur scène, il est très vite rejoint par trois musiciens et une danseuse-chanteuse. Chamane d’un soir, il les manipule, les trimballe, les fait jouer dans tous les sens, et surtout à l’envers. Le concert se modèle dans les mains du démiurge. Car Rigal ne se contente pas de détourner les codes du concert rock, comme Mathilde Monnier a pu le faire avant lui. Il ne fait pas que jouer avec le matos, non : il s’en sert, et plutôt bien. Micro est un véritable concert rock. « C’est un rêve d’adolescent, explique Rigal. Les destins tragiques des rock stars m’ont toujours fasciné ! » La bande-son est actuellement en train d’être enregistrée : le CD sera bientôt en vente. « On ne sait pas bien comment, mais l’essentiel est de créer ! » / ❥

Micro - Pierre Rigal 9.04, 20h, Douai, L’Hippodrome, 22/16/9€, +33 327 99 66 60



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texte ¬ Judith Oliver - photo ¬ Felix vazquez

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ théâtre octobre

Israël Galvan

Made In China

Ceux qui l'ont vu ne s'en sont jamais vraiment remis. Le corps tendu comme une virgule, le front ruisselant et les cheveux dans les yeux, Israël Galvan piétine avec ferveur les codes du flamenco. Sa danse, à l'os, dépouille le genre de ses oripeaux pour mieux l'habiller de références bibliques (l'Apocalypse selon St Jean pour El Final), plastiques, ou tauromachiques. Ce fils d'une dynastie flamenca cristallise sans la folkloriser l'essence de la culture andalouse. Certains repéreront ainsi les clins d'œil à des bailaores mythiques (La Edad de Oro rend hommage à ceux des années 1930), quand d'autres apprécieront surtout son impertinence envers l'académisme. Virilité mâtinée de déhanchements féminins, théâtralité parfois clownesque, abstraction inhabituelle, Israël attrape un genre par les cornes pour mieux le galvaniser. /

Le comble du comble, pour une entreprise de traitement de déchets, c'est d'être recyclée. Alors quand un groupe chinois fait main basse sur leur compagnie, trois cadres et une secrétaire entrent dans le brouillard : qui ira à Shanghai ? Qui restera sur la touche ? Ce sera à la DRH d'en décider. Interprétée par Sophie Bourdon, parfaitement exécrable dans ce rôle, celle-ci va jouer sur toutes les gammes de la faiblesse humaine : compétition, suspicion, manipulation... Avec Made In China, Thierry Debroux et le Théâtre Octobre dressent un portrait au vitriol du monde de l'entreprise à l'heure des délocalisations. Servis par le jeu des comédiens et la sobriété du décor (vidéos et lumières basse tension) les dialogues sont acérés comme des couperets. Ils tranchent dans le vif pour mieux crever l'abcès. /

❥ ❥

El Final... 2.04, 20h30, Charleroi, PBA, +32 71 31 44 20 La Edad de Oro, 5&6.04, 20h, Valenciennes, le Phénix // 7.04, 20h, Maubeuge, La Luna

De Thierry Debroux, MeS Didier Kerckaert 6>8.04, 20h30, sf jeu 19h30, Mouscron, Centre Marius Staquet (La Virgule), 18/8€, +33 320 27 13 63



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texte ¬ Alexis Annaix - photo ¬ DR

texte ¬ Alexis Annaix - photo ¬ Xavier Lambours

Chris Esquerre

Philippe Decouflé

Chris Esquerre revient de loin. Réchappé du monde de l’entreprise et du commerce international dans lequel il a travaillé pendant plusieurs années, il a privilégié une carrière artistique. Un bon choix vu son aura grandissante dans le petit monde de la télé. Pour ce one-man-show, le chroniqueur pincesans-rire, reprend sa fameuse « revue de presse des journaux que personne ne lit », un concept qui a déjà fait ses preuves sur le plateau de l'édition Spéciale (Canal Plus). Avec le plus grand sérieux du monde, le facétieux Chris tire de la « poésie » de ces publications injustement ignorées de tous. Et le public de retrouver avec délectation des grands classiques du genre comme Le betteravier français, Question Boulange ou Réussir la chèvre. /

Decouflé s’amuse et ça fait plus de vingt ans que ça dure ! Pour beaucoup, il est celui qui a mis en scène les cérémonies des J.O. d’Albertville en 1992 (à seulement 31 ans). étiqueté chorégraphe populaire, il cultive une oeuvre certes généreuse mais ne cède jamais à la facilité. Si Octopus s'affiche plus sombre que les précédentes créations de la compagnie, les interprètes révèlent un grand sens de l’humour. Ils oscillent entre grâce et loufoquerie, accompagnés par la silhouette dégingandée de Christophe Salengro, l'éternel président de Groland sur Canal Plus. Les musiciens « rock » de Nosfell et le violoncelliste Pierre Le Bourgeois participent à ce ballet jubilatoire, tandis que la vidéo, complice des danseurs, renforce sa dimension magique. /

7 et 8.04, 20h, Lille, Le Prato (dans le cadre des Extravagants) de 5 à 17€, +33 320 52 71 24, www.leprato.fr

13 > 15.04, 20h30, Roubaix, Colisée, de 8 à 32€, +33 320 24 07 07, www.coliseeroubaix.com



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agenda Antilopes © DR

Antilopes 1>9.04

Vestiges H. Mankell / MeS Ch. Sermet

Première pièce du « Printemps africain » au rideau de Bruxelles, Antilopes est l'œuvre d'un maître du polar, le Suédois Henning Mankell. Entre drame et comédie, ce huis-clos désenchanté met en exergue les difficultés de l'Occident à soutenir les pays du Sud. Entre bonne volonté et scepticisme, trois personnages investis dans l'aide au développement s'interrogent, non sans ambivalence. Une critique acerbe de l'humanitaire vu comme un business florissant. ❥ 20h30, sf mer 19h30 & dim 15h, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, +32 2 507 82 00

Cercles/Fictions 4>8.04

Cercles © Elisabeth Careccio

J. Pommerat

Entre clins d'œil auto-biographiques et romanesque déluré, Cercles/ Fictions est déjà considérée comme l'une des pièces les plus abouties de Joël Pommerat. Au milieu des gradins circulaires, cinq récits s'entrecroisent autour d'une thématique, celle de l'asservissement et des relations dominants-dominés. Et d'une figure récurrente, sorte de monsieur Loyal. Lumières caravagesques, sobriété du jeu, l'ensemble génère une chape inquiétante et confondante d'une redoutable efficacité. ❥ 20h, Béthune, le Palace (comédie de Béthune), 18/8e, +33 321 63 29 19

5.04, 7.04, 22&23.04 Cendres La Rouge/MeS D. Cousin

Sinistre laboratoire que celui de la paléontologue Martha. Toutes sortes de squelettes y languissent, parfois pour y revenir à la vie. Comme dans La Zoétie, leur précédent spectacle, les Lillois de Cendres la Rouge ressuscitent leur « ossuaire dégingandé ». Un théâtre d'objet féerique, tour à tour merveilleux et inquiétant, qui fait l'éloge de l'imagination comme moyen d'enrichissement. ❥ 5.04, 20h30, Hazebrouck, Centre A. Malraux // 7.04, 20h30, Dunkerque, Atelier Culture La Piscine // 22.04, 14h30 & 20h30, 23.04, 20h30, Roubaix, Condition publique.

Têtes rondes et têtes pointues 5>15.04

B. Brecht / MeS C. Rauck

D'un côté, les Tchouques, grands propriétaires à têtes rondes. De l'autre, les Tchiches, petits paysans à têtes pointues. Aussi, quand la crise secoue le beau pays de Yahoo, les têtes rondes entreprennent de nettoyer la région de leur rivaux naturels. Une allégorie du nazisme que Christophe Rauck, grand spécialiste de Bertolt Brecht, a choisi de traiter via la symbolique des masques et du paraître. Avec verve et humour... ❥ 20h30, sf le 10.05 16h, Tourcoing, L'Idéal, 3 à 23 e, +33 320 14 24 24


Vestiges © Eric Le Brun

Têtes rondes… © Anne Nordmann

Le P'tit monde © Philippe Cibille

Les Orphelines © Stephane Janou

Le P'tit monde

Temps fort Portugal

5>15.04

8>16.04

Depuis huit ans déjà, le festival P'tit Monde pointe son nez au printemps. Au total, une dizaine de spectacles adaptés aux ados (Mon Géant traite de l'amitié entre une petite fille et sa poupée suite à un accident de voiture) comme aux tout-petits (Embrasser la lune, fable nocturne accessible dès 18 mois, comme le parcours sensitif de Lapin). Théâtre d'objets, arts plastiques, cinéma... ou comment grandir en s'amusant. ❥ Hazebrouck, Centre André Malraux,

Belle façon de baisser le rideau : avant de lancer son chantier de rénovation, le Bateau-Feu nous délecte d'un bouquet final aux couleurs du Portugal. Fado vibrant (Katia Guerreiro), accordéonistes virtuoses (Danças Ocultas), spectacle multimédia sur la révolte républicaine de 1910 (A Republica Dança) ou impressionnant mât chinois (à deux pas de là-haut) complètent une belle affiche de danse. Pour l'occasion, le Ballet de Lorraine reprend deux pièces du génial Paulo Ribeiro. Viva Portugal ! ❥ Dunkerque, Bateau Feu, Studio 43 et

Espace Flandres et divers lieux, www.centreandremalraux.com

Les Orphelines

Conservatoire, www.lebateaufeu.com

6>9.04, 14.04 M. Aubert / MeS. J. Bert

L'argent !?

Faut-il encore présenter Johanny Bert et ses incroyables pantins de kraft ? Après Phi-Phi et l'Opéra du Dragon, le metteur en scène revient agiter ses marionnettes en région. Avec, toujours, cette patte poétique et cette constance dans les thèmes sensibles, politiques ou sociaux. Épaulé par Marion Aubert, il se frotte cette fois à la question des infanticides féminins dans certaines régions du monde. Un spectacle jeune public (!), aux multiples niveaux de réception. ❥ 6 et 9.04, 18h, 8.04, 20h30, Arras, Théâtre,

12>14.04 Christophe Tarkos/collectif ildi ! eldi

+33 321 71 66 16 // 14.04, 20h, Douai, L'Hippodrome, +33 327 99 66 66

Quel est notre rapport à l'argent ? Comment l'évoquer au théâtre ? Voilà les questions auxquelles répond le collectif lyonnais Ildi ! Eldi! en s'appropriant la pièce de Christophe Tarkos. Dans une mise en scène intentionnellement pauvre et dépouillée, Sophie Cattani et ses deux comparses soulèvent les paradoxes de notre relation avec notre compte en banque. Une mise à distance indispensable en cette période de crise. ❥ 20h, sf jeu 19h, Villeneuve d'Ascq, Rose des vents, +33 320 61 96 96


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agenda La puce à l'oreille © DR

Artifact © Johan Persson

La Trastienda

La puce à l'oreille

13>18.04 E. Vargas/ Teatro de los Sentidos

23.04>17.05 Feydeau / MeS B. Lefrancq

Nombreux sont ceux que La Ville et son Ombre, présentée en 2008 à la maison Folie de Moulins, a marqués. Ce labyrinthe urbain plongé dans la pénombre révélait aux Lillois l'originalité du Théâtre des Sens (Barcelone) mené par Enrique Vargas. Devenu un fidèle de la capitale des Flandres, l’anthropologue, dramaturge et poète revient avec La Trastienda, de « petits excercices sur le bien vivre et le bien mourir » qu'il conçoit comme une déambulation ludique et sensorielle. ❥ 19h + 21h (13>16.04), 17h + 19h (17.04), 15h + 19h (18.04), Lille, maison Folie de Wazemmes, 13/10e, +33 320 78 86 86

Traverse 13.04 & 6.05

T. Guerry/C. Rocailleux

Depuis qu'ils ont fondé la Cie ARSCOM en 2001, Thomas Guerry (chorégraphe) et Camille Rocailleux (compositeur) mêlent avec brio chant, danse, percussions et mime. Dans Traverse, ils accouchent d'un concert total où les corps, bruits, sons et instruments se complètent avec inventivité. Et humour. Car les quatre interprètes nous entraînent dans une série d'aventures délirantes et... rythmées ! ❥ 13.04, 14h30, Armentières, Vivat, +33 328 51 40 40 // 6.05, 20h, St Omer, Comédie de l'Aa, +33 321 38 55 24

Tout commence avec un colis (faussement) suspect. Puis il y a ce rendezvous bidon au Minet-Galant – où tous les personnages finissent par se retrouver. S'ensuit un hilarant chassé-croisé de faux-amants, de vrai sosie et de maîtresses imaginaires. D'innombrables quiproquos viennent plonger les Chandebise dans la confusion la plus totale. Heureusement, grâce à l'expérience de l'auteur en matière de vaudeville, il n'en est rien pour le spectateur. ❥ 20h15, sf dim 15h, Bruxelles, Théâtre des Galeries, 9 à 23e, +32 2 512 04 07

Artifact 28>30.04 Chor. W. Forsythe/ Ballet Royal des Flandres

1984. à sa création, Artifact trouble plus qu'elle ne suscite l'unanimité. Chorégraphie visionnaire et tourbillonnante, cette création de Forsythe bouscule les conventions du ballet. Figures et pas de danse classique déconstruits et refondus dans des enchaînements vifs et puissants, innovations gestuelles multiples, transformation de la relation soliste-groupe, place du texte... Repris aujourd'hui par le ballet de Flandres, Artifact n'a rien perdu de sa force. ❥ 20h15, Bruxelles, Théâtre national, de 17,5 à 35e, +32 2 203 53 03



à l'occasion du 10e salon du livre, l'ouvrage anniversaire, Colère du présent de Jean-Bernard Pouy paraît aux éd. Baleine.


littérature |

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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR

Poings à la ligne Dixième Salon du Livre d’expression populaire et de critique sociale. Rien que ça. Armé de notre cynisme légendaire et d’un petit sourire narquois, on imagine déjà le raout gentiment citoyen façon forum de Libé. Mais vu de près, on ravale notre morgue, pour saluer le boulot abattu par l’association Colères du Présent. État des lieux. Dix ans que la structure arrageoise promeut une littérature de combat. Et nombreux sont les auteurs (Pouy, Daeninckx, Tardi, on en passe) qui se sont arrêtés dans la cité de Robespierre. Autant d’ouvrages aux idées neuves ou tues - la révolte, le partage, la lutte des classes et ses répercussions intimes... Tout ceci, feuilleté dans un fauteuil confortable, par une population habituée à la lecture. Pas la plus défavorisée, donc. Mais, ce salon organisé chaque 1er mai n'est que la surface émergée de l'iceberg. Il consacre les actions menées toute l’année par Colères du Présent. Une vitrine pour les pavés Cette association ne se contente pas de remettre des prix (avec Florence ❥

Aubenas en présidente du Jury), d’accueillir les Pinçon-Charlot, sociologues trop isolés ou de diffuser les films de René Vautier et Gérard Mordillat (on avait encensé ici Les Vivants Et les Morts). L’association se charge également d’inoculer le goût et le sens (révolutionnaires) de la lecture aux classes les moins aisées : ça passe, par exemple, par des ateliers d'écriture et d'édition réalisés auprès de bénéficiaires du RMI ou de salariés précaires. Pour mémoire, Frédéric H. Fajardie (on saluera la sienne), fut adepte de ce type de démarche : parrain du festival, compagnon de route et de plume des grévistes de l’usine Métaleurop, il nous planta voici trois ans, un 1er mai, ironie du sort. Mais sans aucun cynisme. /

1.05,10h>21h, Arras, Quartier des Arts, Place de la Madeleine et du Théâtre, Hôtel de Guines, gratuit. Avec Gérard Mordillat (le 29.04), les Pinçon-Charlot, René Vautier, Serge Tessot-Gay et Paul Bloas... infos sur www.coleresdupresent.com


chroniques |

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livres SUMMER CROSSING

La mort d'un pirate

Laura Henno | Éd. Filigranes

Adrian Johns | Éd. Zones sensibles

Summer Crossing se vit comme une traversée contemplative. Une plongée dans l'univers de Laura Henno. Entre deux textes critiques, les 32 photographies couleurs de cette Lilloise de 34 ans captent le regard et retiennent longuement notre attention. Méticuleusement, l'artiste met en scène ses protagonistes : le lieu (paysages naturels ou intérieurs sobres), la lumière (contre-jour, clair-obscur) et l’individu, principalement l’adolescent. Chacun des clichés résulte d’un long cheminement pour ménager leur « potentiel narratif ». Si ce premier livre dresse une belle rétrospective des recherches menées depuis une dizaine d’années, la progression perceptible dans ses créations entrouvre de nouvelles portes. 68p., 25€. Evodie Liévin

1966. Reginald Calvert, tête pensante de Radio City, est abattu par Oliver Smedley, directeur d’une radio concurrente... Ainsi commence La Mort d'un pirate. Entre essai historique et roman policier, cette 1re publication de Zones Sensibles (Bruxelles) revient sur les origines de la radiodiffusion dans les années 20 pour se clore à l'orée des seventies, sur la chute précipitée des stations pirates. Adrian Johns décrit avec précision la lutte qui opposa pendant un demi-siècle les défenseurs du monopole d’État (BBC), aux partisans des radios libres. Si le début digne d'un thriller nous tient en haleine, l'intrigue perd parfois son souffle. La faute à de denses détours historiques, destinés à un public plus averti que celui de Good Morning England. 320 p., 22€. Cédric Delvallez

Post-Punk, No Wave, Indus & Noise Philippe Robert | Éd. Le Mot Et Le Reste Après avoir exploré de nombreuses niches musicales, Philippe Robert s’intéresse au Post-punk. Peu ou prou le même sujet que Simon Reynolds dans Rip It Up And Start Again ! (Allia, 2007), avec cependant un détour par la noise, grande oubliée du critique britannique. Après une intro intéressante, où Robert pose les bases et délimite son sujet, l’auteur établit une discographie aussi subjective que sélective - on comptera les manques (rien sur Death In June ?), mais on découvre aussi pas mal de noms in/méconnus. Dommage, cependant, que le format imposé limite souvent les textes : si on se serait bien passé d’un énième texte sur Joy Division, on aurait bien voulu en savoir un peu plus sur Hair Police ou The New Blockaders. Un tome 2 ? 304p, 20€. Thibaut Allemand


disques Metronomy

THE STROKES

The English Riviera | Because Music

Angles | RCA/Sony Music

Trois ans après Nights Out, déjà excellent mais d’une qualité d’enregistrement moindre, la formation britannique signe ici l’album parfait. À la fois érudit et accessible, The English Riviera mélange electropop, Intelligent Dance Music, hymnes discofunk (The Bay) et ballades ternaires (Trouble)... Bourré de tubes (Everything Goes My Way, She Wants) et homogène d'un bout à l'autre, ce petit bijou confirme le talent déjà bien établi du leader Joseph Mount. Les arrangements sont brillants (We Broke Free), les mélodies imparables (The Look) et les compositions d'une complexité ingénieusement dissimulée (Corinne). Comme ses prédécesseurs, ce troisième opus s'écoute en boucle avec la tête et les jambes. Cédric Delvallez

Après cinq ans de silence et deux-trois projets annexes, The Strokes était attendu comme le Messie, mais au tournant. Armé du single de l’année (Under Cover Of Darkness, stupéfiant de puissance maîtrisée) le brelan new-yorkais remonte tranquillement sur le toit du monde. De là-haut, il toise la plèbe et pioche dans les récentes avancées (Ratatat, le second MGMT) ou les classiques (New Order, Slade) pour concocter dix chansons façonnées par l’inspiration humaine (la chaleur brisée du timbre de Casablancas) et la technologie de pointe (autrefois chantre d’un son cradingue, The Strokes manie désormais le ProTools à merveille). Sans annoncer les dix piges à venir (comme Is This It ? le fit en 2001), Angles est simplement parfait. Thibaut Allemand

GaBLé CuTE HoRSe CuT | Loaf Recordings Ce trio défie les genres et les codes musicaux par une recherche de l’insolite. Cette fois, des instruments détraqués ont pris possession de l’esprit du groupe (THe SToNe aND THe WoLF). Toutes sortes d’objets (aspirateur, moteur, jouets d’enfants…) se mêlent aux cris et aux chuchotements pour former un tintamarre musical. C’est le principe de l’art brut : on collectionne les bruits familiers, on bricole spontanément en passant d’une idée à l’autre (19 titres au total). En apparence du moins, car derrière ce chaos primitif aux allures d’improvisation, les collages et montages sonores ne cessent de se perfectionner au fil des albums et éveillent en nous une variété d’émotions, depuis la mélancolie de CyaNuRe ou SaMBa, jusqu'à l’énergie punk de WHo TeLLS You. GaBLé c’est l’enfance de l’art ! Yann Vetter


agenda |

92

concerts Ven 01.04 Booba Bruxelles, Event Brewery, 19h, 24,50e June Bug Lille, Musée d’histoire naturelle (MHN Lille), 19h, grat Crystal Distortion + 69DB Bruxelles, Magasin 4, 19h, 15/12e Chase & Status Anvers, Trix, 20h, 23/20e StRanted Horse Tourcoing, Grand Mix, 20h, 10e Chapel Club + De Staat Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e Leisure + Cravach + Youinjureyourself Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8/6/4e Les Ogres de Barback Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 26/23e Turnsteak Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 5e Status Quo Lille, Zénith Arena, 20h, 56,5/45,5e Jaga Jazzist + DJ Big Train Courtrai, De Kreun, 20h, nc Aaron Bruxelles, Forest National, 20h, 31e No One Is Innocent Lille, Splendid, 20h, 26e ONL Roubaix, Le Colisée, 20h, 30/10e

Amiens, La Lune des Pirates, 22h, nc Electric Rescue + missNoa + Czeski + Mth Lille, Kiosk, 22h, nc UFO + U-Man Lille, Etik Club, 23h, 5e One Man Party Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Sam 02.04 John Grant + Alessi’s Ark Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 15h, nc Teenage Party + Hushpuppies Tourcoing, Grand Mix, 19h, 5e Koor & Stem Ixelles, Flagey Studio, 19h, 12/10/6e

Lexicon + Paranoyan Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8e Tribute to the Inmates Lillers, L’Abattoir, 21h, nc Boo Boo Davis + Honeymen Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 10e Egyptrixx + Renart + Mth Lille, Kiosk, 22h, nc Marcel Dettmann + Ryan Elliot Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e Simian Mobile Disco Anvers, Petrol, 23h, 13/10e Deetron + Zadig Lille, Etik Club, 23h, 7e

Bal à Fives : Le Global + DJ Housatonic Lille, Salle des fêtes de Fives, 19h, 4/2e

Rory Phillips Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Australian Pink Floyd Show Lille, Zénith Arena, 20h, 56,5/45,5e

Yuksek +The Shoes +The Magician + Mustang Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 13/8e

Sandrine Piau Lille, Opéra, 20h, 21/5e Zaz Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 26/23e Stupeflip + Klakomaniak Lille, L’Aéronef, 20h, 15e Austra Lille, La Péniche, 20h, 8e The 69 Eyes Anvers, Trix, 20h, 17/14e 86 Crew + 65 Mines Street Bruxelles, Magasin 4, 20h

CharlElie Liévin, Centre Culturel, 20h, 25/22e

Thomas Fersen Roubaix, Le Colisée, 20h, 32/28e

Muzzix : John Edwards + Tony Bevan + Mark Sanders + Thomas Tilly Lille, La Malterie, 20h, 9/7e

Muzzix : Konk Pack + Duo des M + Abdelaï Bennani Lille, La Malterie, 20h, 9/7e

Dez Mona

Ennio Marchetto Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 25/22e

Joyce Jonathan Lille, Splendid, 20h, 26e

Matthias Tanzmann Louvain, Silo, 23h, 12/10e

Dim 03.04 Belleruche Lille, L’Aéronef, 18h, 12/6e René Aubry Béthune, Théâtre de Béthune, 18h, 13,7/11,7e Cee Lo Green Anvers, Trix, 19h, 30/27e Low Anthem (The) Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 21/18e Mark Helias’ Open Loose Lille, La Malterie, 20h, 9/7e

Lun 04.04 Nas and Damian Jr Gong’ Marley Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 45/42e


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Vialka Gand, Cafe Video, 22h, nc

Mar 05.04 Bilal, Title & Delvis Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 19/17,5e Danakil Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 18/15e Booba Ixelles, Louise Gallery, 20h, nc, The Bees Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12e Grant Hart + Needle and The Pain Reaction Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e

Eddy Mitchell Dunkerque, Le Kursaal, 20h, 70/45e Domino : Mika Vainio + Thomas Ankersmit + Hildur Gundadottir Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e Dj Premier Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e The Chapman Family Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 19/16e

Ven 08.04 Domino : Alva Noto + Carsten Nicolai + Blixa Bargeld + Cindytalk + Meat Beat Manifesto Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 19h, 16e Sons Of Salem + Alwaid + Zaang + Heonia Lille, La Rumeur, 19h, nc Peter Bjorn & John Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15e

Gootch Gand, Cafe Video, 22h, nc

Soprano Bruxelles, Forest National, 20h, 37e

Jeu 07.04

Marcel Azzola Valenciennes, Le Phénix, 20h, 28/26/22e

Shugo Tokumaru Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 13/10e

The Jim Jones Revue +The BellRays Lille, L’Aéronef, 19h, 22/18e

Avishaï Cohen Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e

Eddy Mitchell Lille, Zénith Arena, 20h, 70/45e

Yelle Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12e

Dan Deacon + Rainbow Arabia + Baths Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e

My Disco Jacket + Hub Lille, La Rumeur, 20h, 2e

Hooverphonic Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 25/20e

Eleh + Aymeric de Tapol Bruxelles, Beursschouwburg, 20h, 6e Tom Pintens Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, grat

Domino : Hype Williams + oOoOO + Darkstar Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e Dum Dum Girls Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 16/12e

Nid & Sancy Anvers, Trix, 20h, 13/10e

Beat Assailant Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Brigitte Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 8,8e Blake Worrel + Busdriver Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 10/7e

Mer 06.04

The Do + Random Recipe Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16e

Asian Dub Fundation Lille, Splendid, 20h, 23e

Yuko + Horses Leuven, Stuk, 20h, 12/10/8e

Danakil Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16e

La Rumeur + Specta Villeneuve d’Ascq, La Ferme d’en Haut, 21h, 6/4e

Grant Hart + Pauwel de Meyer Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 12/10/8e

Kid Congo Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 21h, 12/10e

Cold Cave + Ignatz Courtrai, De Kreun, 20h, nc The Do Lille, L’Aéronef, 20h, 25/20e She Keeps Bees Lille, La Péniche, 20h, 8e

Delbi Lille, Splendid, 20h, 13e The Subs + Partyharders Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 17/15,5e

Les Malpolis Lille, Le Biplan, 22h, nc Berlinaire : Modeselektor + Bodi Bill + Siriusmo Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 26/21e


agenda |

94

concerts Igor Vicente + missNoa Lille, Kiosk, 22h, nc Ken Ishii Anvers, Petrol, 22h, 13/10e Matthus Raman + Matthew D Lille, Etik Club, 23h, 5e Jean Nipon Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Sam 09.04 Cyberber + Breizh Amazir Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 19h, 12/8e Zombie Zombie + Cercueil + Joy As A Toy + Philippe Petit Bruxelles, Magasin 4, 19h, 17/14e Africa Unite Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 18/15e

Vooruit, 22h, 26/21e

19h, 20e

Andrew Weatherall + Monoblok + Pussy Selector + Czeski Lille, Kiosk, 22h, nc

Chocolate Genius Leuven, Het Depot, 19h, 16/14e

LouLou Players + Fred Hush (Dj) + Clementine Courtrai, De Kreun, 22h, nc Mary Has A Gun Lille, Le Biplan, 22h, 12e Dj Caroll Lille, Artefact Café, 22h, grat Lee Jones + Compuphonic Bruxelles, The Wood, 23h, grat Josh Wink +DJ Efdemin Bruxelles, Fuse, 23h, 12/7e Benales + UFO Lille, Etik Club, 23h, 5e James Holden + Kate Wax Louvain, Silo, 23h, 8e

I’m From Barcelona Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16e

Wirspielen Die Ganze Nacht Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 13/8e

L’Empiafée Lille, Splendid, 20h, 33e

Justin Robertson Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Arbouretum Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 10/5e

Dop + Jamie Jones Bruxelles, Fuse, 23h, 8e

Agnes Obel + Clare Louise Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 16e Spookhuisje + Wu Lyf Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e General Lee Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 8,8e La Nuit Borderline : Lena Deluxe + Delbi Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e

Yakine + Isam Bruxelles, The Wood, 23h, grat

Dim 10.04 Deerhunter + Lower Dens Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 16/13e

Deerhunter + Lower Dens Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14e

Mar 12.04 José Gonzales Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 28/25e Junip + Little Scream Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 25e Eli ‘Paperboy’ Reed Leuven, Het Depot, 19h, 15/13e Rupa & the April Fishes Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 10/5e James Blake Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16e Buster Keaton (ciné concert) Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 6e Domino : Merzbow + Sightings + Liturgy Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e Battles Lille, L’Aéronef, 20h, 17/13e The Young Gods Arlon, Entrepôt, 20h, 20/15e

Jamiroquai Bruxelles, Forest National, 20h

Mer 13.04

Katie Melua Lille, Zénith Arena, 20h, 56,5/34,5e

Buster Keaton (ciné concert) Arras, Théâtre d’Arras, 18h, 6e

Bernard Lavilliers Lille, Zénith Arena, 20h, 43e

Belle and Sebastian Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25e

Les Malpolis Lillers, L’Abattoir, 21h, 8/6e

Lun 11.04

Berlinaire : Tiefschwarz + Tobi Neumann + Onur Ôzer Gand, Culturell Centrum

Domino : Battles + Dan Deacon + Factory Floor Bruxelles, L’Ancienne Belgique,

The Cesarians + Tormenta Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Paradis artificiels : Sexy Sushi + Rafale Lille, Splendid, 19h, 22e Paradis artificiels : Yodelice + Florent Marchet Lille, Th. Sébastopol, 19h, 22e


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Paradis artificiels : Oh La La ! Lille, La Péniche, 20h, 8e The Young Gods + Thot Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15e Paradis artificiels : Brisa Roché + Ayo Lille, L’Aéronef, 20h, 27,50e

Paradis artificiels : Aaron + Morcheeba + Lilly Wood and the Prick + Housse de racket Lille, Zénith Arena, 19h, 31,9e

Sam 16.04

Jean Louis Aubert Dunkerque, Le Kursaal, 20h, 43/37e

Paradis artificiels : Alpha Blondy +The Congos + Abyssinians Lille, Zénith Arena, 19h, 29,7e

Paradis artificiels : Shaka Ponk + Losers + Nasser Lille, Splendid, 19h, 23,1e

Jeu 14.04

Queen Bishop Valenciennes, Le Phénix, 20h, 16/14/13e

Paradis artificiels : Soprano + Raggasonic Lille, Zénith Arena, 19h, 29,7e

Paradis artificiels : The Amplifetes Lille, La Péniche, 20h, 8e

Florent Marchet + Tervuren Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 14/12e

Paradis artificiels : Stromae Lille, Splendid, 20h, 28,6e

Paradis artificiels : Tahiti 80 + Cascadeur +The Tellers TAHITI 80 + CASCADEUR + TELLERS Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 18/15e

The Subs + Teddiedrum Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 16e

Carl Barat Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16e

Paradis artificiels : Filewile Lille, La Péniche, 20h, 8e

Gallina la Lupa Maubeuge, Le Manège Scène Nationale, 20h, 6e

Baths Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10e

Paradis artificiels : Lou Lesage Lille, La Péniche, 20h, 8e

Das Pop Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/16e

Zita Swoon +The Flying Horseman Gent, Handelsbeurs, 20h, 22,5e

The Dears Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e

Arno Calais, Le Channel, 20h, 6e

Paradis artificiels : Apocalyptica + dagoba Lille, L’Aéronef, 20h, 28,60e Paradis artificiels : Florent Vintrignier + Les hurlements d’léo Tourcoing, Grand Mix, 20h, 17,90e Thomas Fersen Amiens, Maison de la Culture d’Amiens, 20h, nc The Young Gods + Cercueil Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 16/14/12e Les Ptits Conç’ Ad Lib Lille, Le Biplan, 22h, 2e Hard Bass Dealer Lille, Kiosk, 22h, nc

Ven 15.04

Boban I Marko Markovic Orkestar Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 14/12/10e Ours + David Solinas Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e The Bollock Brothers Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 30/26,75e Total Science + DJ SS Anvers, Petrol, 22h, 12/9e Kiosk on Friday : missNoa + Climaxx Lille, Kiosk, 22h, nc U-Man + UFO Lille, Etik Club, 23h, 5e Sound Pellegrino Thermal Team Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Dysenthry + Sans Ouate et les Cotons Tiges Lille, La Rumeur, 20h, 3e

Kiss and Drive +The Big Hat Band + Ziggy Namur, Belvédère, 20h, 6e Soul of Death Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 12/9e Redlight +Dj Bibz + Mr Explicit + Dj Keutch Lille, Kiosk, 22h, nc Seth Troxler Louvain, Silo, 23h, 8e Who Made Who Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 13/8e Matthus Raman + Benales Lille, Etik Club, 23h, 5e Art Point M Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Dim 17.04 Bonobo + Aziz Lille, L’Aéronef, 18h, 15/10e Paradis artificiels : Eté 67 Lille, La Péniche, 18h, 8e


agenda |

96

concerts GZA (Wu Tang Clan) Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 25/22e

Lisa Germano Tourcoing, Hospice d’Havré, 20h, nc

After Paul : missNoa + Fabre + Climaxx Lille, Kiosk, 22h, nc

Paradis artificiels : Yann Tiersen + Syd Matters + Greenshape Lille, Splendid, 19h, 28,6e

Stromae Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e

Matthus Raman + U-Man Lille, Etik Club, 23h, 5e

Asian Dub Fundation Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e Lisa Germano Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 14e Alborosie Anvers, Petrol, 21h, 25/21e

Lun 18.04 Paradis artificiels : Julian Perretta + Florrie Lille, Splendid, 19h, 22e Dead Meadow Anvers, Trix, 20h, 14/11e

Mar 19.04 The Congo and the Abyssinians Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 25/22e

Paradis artificiels : Lail Arad Lille, La Péniche, 20h, 8e Paradis artificiels : Aloe Blacc + Gizelle Smith Lille, L’Aéronef, 20h, 25,30e

Piou + Peo Watson Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Sam 23.04

Jeu 21.04

BetiZFest : High Tone + Elisa do Brasil +La Ruda Cambrai, Palais des Grottes, 14h, 14/11e

Pigeon John Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 2e

Radio Slave + Anja Schneider + Prinz Gand, Culturell Centrum Vooruit, 17h, 14e

Paradis artificiels : Fujiya & Miyagi + Gold Panda + Jon Hopkins Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17/14e

Lord Mouse +The Branlarians Lille, Maison Folie Moulins, 19h, 5/3e

Paradis artificiels : Vismets Lille, La Péniche, 20h, 8e

Arsenal Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 26e

Arsenal Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 26e

O-nyx + Dyssidence Lille, La Rumeur, 20h, 5e

Ven 22.04

Enslaved + Negura Bunget Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e

Gabriel Rios + Jef Neve Anvers, Trix, 19h, 22/19e

Lykke Li Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e

Lisa Germano Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14e

Arsenal Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 26e

Yevgueni Gent, Handelsbeurs, 20h, 16/13e

Paradis artificiels : She’s a Boy + Sarah Papsun Lille, La Péniche, 20h, 8e

Paradis artificiels : Zoe Lille, La Péniche, 20h, 5e

Aeroplane Namur, Belvédère, 22h, 10/8e

Paradis artificiels : Gentleman & EVOLUTION BAND + Rupa & the April Fishes Lille, Splendid, 20h, 22e

Breakbot + Zoostick Crew Lille, Kiosk, 22h, nc

Does it Offend You, Yeah ? Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12e

Noah and the Whale Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e Dead Meadow + Spindrift Lille, La Malterie, 20h, 7/5e

Mer 20.04 The Soundtrack of our Lives Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 15/12e

Two Cow Garage + Naked With You Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e Paradis artificiels : Paul Kalkbrenner + Addictive TV Lille, L’Aéronef, 20h, 26,40e

Matthus Raman + UFO Lille, Etik Club, 23h, 5e One Man Party Lille, Magazine Club, 23h, 5e Apparat Louvain, Silo, 23h, 8e Soulclap + Wolf and Lamb Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 13/8e


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Dim 24.04 Vismets + PVT + Joy + Great Mountain Fire + Applause +The Bony King Of Nowhere +The Van Jets + Drums Are For Parades + Chevreuil + Lone Wolf + Ultraphallus Pont-à-celles, Parc du Prieuré, 12h, 29/24e BetiZFest : Madball + Loudblast + Zuul FX Cambrai, Palais des Grottes, 14h, 14/11e Mampy Lille, Maison Folie Moulins, 15h, grat

Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13e

Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 21/18e

Noah and the Whale Lille, L’Aéronef, 20h, 15/10e

Mintzkov Gent, Handelsbeurs, 20h, 18/15e

Le C.U.L Lille, Le Biplan, 20h, 8/6e

Mer 27.04 Severin Lille, La Péniche, 20h, 8e Milow + Martin & James Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 27/24e

Jeu 28.04

Nitzer Ebb + Die Krupps Anvers, Trix, 19h, 30/25e

Tom McRae Bruges, Cactus Muziekcentrum, 19h, 20/15e

Cali Bruxelles, Forest National, 20h, 34e

Cheveu + Crusaders of Love Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 2e

Balthazar Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 21/18e

The Subs Leuven, Het Depot, 19h, 15/13e

Kenny Dope + Pilooski + Aziz Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Lun 25.04

My Little Cheap Dictaphone +The Bony King Of Nowhere Arlon, Entrepôt, 20h, 20/15e

Drums Are For Parades Arlon, Entrepôt, 20h, 12/10e

Milow + Martin & James Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 27/24e

Our Ceasing Voice Gand, Cafe Video, 22h, nc

Mar 26.04 Ovo + Extra Life + Joy As A Toy Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Gorki Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 19/16e Arno Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, nc

Rainbow Arabia Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10e Arnaud Fleurent-Didier Mons, Théâtre Royal, 20h, 15/10e Zone Libre vs Casey & B. James + Nouvel R Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e Bonaparte + Margaret Catcher Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e

James Blake Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e

Ven 29.04

Beardyman

Staff Benda Bilili + Hoquets

Dog Eat Dog Arlon, Entrepôt, 20h, 22/17e Joe et la Machine Lille, Le Biplan, 22h, nc Pepperpot + missNoa Lille, Kiosk, 22h, nc Wesh vs Freaky + Aziz Lille, Supermarket, 23h, grat The Glimmers Lille, Magazine Club, 23h, 5e David Asko + Kiko Lille, Etik Club, 23h, 7e

Sam 30.04 Enslaved + Negura Bunget Anvers, Trix, 20h, 16/13e Philippe Geubels + Broken Glass Hereos +The Van Jets Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, nc, François & The Atlas Mountain Lille, La Péniche, 20h, 7e Rien + Guest Lille, La Malterie, 20h, 7e Elliot Murphy + RMS Arlon, Entrepôt, 20h, 20/15e Bot’Ox Etterbeek, Atelier 210, 21h, 13/10e Hervé AK + Pussy Selector + Czeski Lille, Kiosk, 22h, nc Andreya Triana + Daedelus Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 11/5e Geoffroy Lille, Magazine Club, 23h, 5e U-Man + UFO Lille, Etik Club, 23h, 5e The Subs + Highbloo Anvers, Petrol, 23h, 15/10e


le mot de la fin |

98

Avec ses acolytes louches, Jacques Dauphin taille un costard à la presse régionale et réinvente l'actualité à coups de ciseaux. En l'améliorant. à visiter / www.loucheactu.blogspot.com, louche.net




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